Valeur Diagnostique Des Auto-Anticorps

March 21, 2018 | Author: Narjiss Azair | Category: Hypothyroidism, Autoimmune Disease, Systemic Lupus Erythematosus, Crohn's Disease, Rtt


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Immuno-analyse et biologie spécialisée (2012) 27, 233—236Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com REVUES GÉNÉRALES ET ANALYSES PROSPECTIVES Valeur diagnostique des auto-anticorps dans les maladies auto-immunes Diagnostic value in autoantibodies autoimmune diseases N. Benseffaj , O. Atouf , S. Ouadghiri , C. Brick , M. Essakalli ∗ Service de transfusion sanguine, UPR d’immunologie, faculté de médecine et de pharmacie, université Mohamed V Souissi, CHU Ibn Sina, 10000 Rabat, Maroc Recu le 17 avril 2012 ; accepté le 30 juin 2012 ¸ KEYWORDS Autoantibodies; Autoimmune diseases; Diagnostic Summary The evolution of research techniques and identification of autoantibodies has made them essential elements in the management of autoimmune diseases. Their presence among the diagnostic criteria and classification, their predictive power and their introduction as part of therapeutic monitoring make them valuable tools for the treatment of autoimmune diseases. © 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Résumé L’évolution des techniques de recherche et d’identification des auto-anticorps a fait d’eux des éléments incontournables dans la prise en charge des maladies auto-immunes. Leur présence parmi les critères de diagnostic et de classification, leur caractère prédictif et leur introduction comme élément du suivi thérapeutique en font de précieux outils pour la prise en charge des maladies auto-immunes. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. MOTS CLÉS Auto-anticorps ; Maladies auto-immunes ; Diagnostic Introduction La norme ISO 15189 définit les analyses de biologie médicale comme étant des analyses qui apportent des informations utiles au diagnostic, à la prévention ou au traitement des maladies ou à l’évaluation de l’état de santé d’êtres humains. L’utilisation en pratique des auto-anticorps (AC) au laboratoire répond parfaitement à cette approche. En effet, l’évolution, au cours des dernières décennies, des techniques de détection a fortement conforté la place de la ∗ Auteur correspondant. BP 2014, Rabat Ryad, Rabat Maroc. Adresse e-mail : [email protected] (M. Essakalli). recherche d’AC dans la prise en charge des maladies autoimmunes [1]. Les maladies auto-immunes sont caractérisées par la production d’AC de haute affinité ayant une valeur diagnostique seuil au dessus de laquelle ils sont pris en compte. Ainsi, les anticorps antinucléaires (ANA), l’anti-dsDNA, l’anti-Smith (Sm), les antiphospholipides (APL) sont caractéristiques du lupus. Le facteur rhumatoïde (FR) et les anti-protéines citrullinées (anti-CCP) sont retrouvés au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR). Dans le syndrome sec, les anti-Ro (anti-SSA) et/ou anti-La (anti-SSB) font partie des critères diagnostique. La présence des APL et de l’anti-bêta 2 glycoprotéine 1 (B2GP1) signe un syndrome des antiphospholipides (SAPL). Les hépatites auto-immunes (HAI) sont caractérisées par la présence de l’anti-liver kidney 0923-2532/$ – see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.immbio.2012.06.009 L’aspect cytoplasmique sur Hep2. Maladie cœliaque Les critères de diagnostic de 1969 de la maladie cœliaque et leur révision en 1990 ne tenaient pas compte des AC. La classification de certaines pathologies auto-immunes est basée sur la présence ou l’absence des AC correspondants. N. Trois des 11 items sont biologiques et parmi ces trois. elle est en faveur d’un anti-ARN polymérase I associé à la sclérodermie [5]. les premiers critères de diagnostic ont été proposés dès 1971 par le Collège Américain de rhumatologie (ACR) puis modifiés en 1982 pour tenir compte de la généralisation du test de dépistage des ANA en immunofluorescence indirecte (IFI) et éliminer les items peu spécifiques (tels le syndrome de Raynaud ou l’alopécie). le FR. D’autres peuvent donner une orientation diagnostique ou être utiles dans le diagnostic différentiel. Ces orientations doivent être confirmées par des tests plus spécifiques. Benseffaj et al.234 microsome (LKM). Ils sont retrouvés chez des sujets sains mais le plus souvent à des taux modérés. l’anti-soluble liver antigen (SLA) et les ANA. Syndrome des antiphospholipides Depuis que le SAPL a été individualisé. Un aspect moucheté grossier est en faveur d’un anti-ribonucléoprotéine (RNP). Ce n’est qu’à partir de 2005 que la recherche des AC anti-transglutaminase (TG) de classe IgA a figuré comme première étape du diagnostic [4]. d’au moins un des critères biologiques suivants. De grosses granulations orientent vers une cirrhose biliaire primitive (CBP) (AC anti-mitochondrie. ou d’un anti-Sm qui sont associés aux connectivites mixtes ou au lupus. dysmotilité œsophagienne. Une autre modification a été apportée en 1997 pour mettre à jour certains paramètres immunologiques et éliminer la recherche des cellules LE. Les AC anti-thyropéroxydase (TPO) sont associés à la maladie d’Hachimoto. l’existence d’une maladie auto-immune. ou SSB ce qui est en faveur d’un syndrome de GougerotSjögren ou d’un lupus. polyangéite microscopique ou maladie de Churg et Strauss avec p-ANCA et anti-myélopéroxydase (MPO) positifs dans 70 % des cas [6]. un aspect homogène fait rechercher des AC dirigés contre les dsDNA et les histones qui sont associés au lupus. La présence de quatre d’entre eux est nécessaire pour poser un diagnostic. Leur présence oriente le diagnostic vers une glomérulonéphrite nécrosante pauci-immune à ANCA : granulomatose de Wegener avec c-ANCA et anti-protéinase 3 (PR3) positifs dans 80 à 95 % des cas. Lorsque la fluorescence montre un aspect nucléolaire. télangiectasies). Un aspect moucheté moyen correspond à un anti-SSA. la présence d’un anti-cardiolipide (aCL) d’isotype IgG ou IgM et/ou la présence d’anti-B2GPI d’isotype IgG ou IgM [2]. son diagnostic repose sur l’existence à deux reprises. les premiers critères définis par l’ACR en 1987 étaient au nombre de sept dont un seul était biologique. sclérodactylie. . dirigé contre l’actine est associé à l’HAI et un aspect finement moucheté du cytoplasme est associé à Jo1 et évoque une polymyosite ou une dermatomyosite. Ils peuvent être également prédictifs de facteurs de risque ou être un critère de suivi thérapeutique. devenue obsolète. Lupus Dans le lupus. Il est donc impératif que les résultats d’une recherche d’AC soient interprétés en connaissance des éléments cliniques du patient. Certains aspects mixtes évoquent la présence de plusieurs AC. le biologiste oriente sa recherche vers un certain nombre d’AC et choisit le test à réaliser en seconde intention pour identifier les cibles antigéniques et poser le diagnostic. peu spécifique. Par ailleurs. Un marquage moucheté des noyaux comportant 46 grains réguliers fluorescents est en faveur d’un anti-centromère qui est associé au CREST syndrome (calcinose. Glomérulonéphrites Un autre exemple où les AC vont contribuer fortement à orienter le diagnostic est celui des glomérulonéphrites. Un aspect moucheté fin évoque un anti-Scl 70 spécifique de la sclérodermie. Polyarthrite rhumatoïde Dans la PR. Un aspect filamenteux (AML : anti-muscle lisse). Les critères de diagnostic sont actuellement au nombre de 11. ne doit pas être négligé. Selon l’aspect de la fluorescence. d’identification et de quantification plus performantes. Devant une glomérulonéphrite rapidement progressive avec installation de l’insuffisance rénale en quelques semaines la recherche des anticorps anti-cytoplasme des neutrophiles (ANCA) s’impose. deux sont immunologiques : la présence d’anticorps antiADN natif ou d’anti-Sm ou d’anticorps APL et la présence d’un titre anormal d’ANA [2]. Les AC sont donc de véritables marqueurs biologiques des maladies auto-immunes et leur détection a progressivement fait partie des outils de diagnostic en pratique courante. la présence de ces AC ne signifie pas. dans tous les cas. L’évolution s’est faite vers deux critères biologiques parmi les sept : le FR et les anti-CCP [3]. AMA). à 12 semaines d’intervalle au moins : la présence d’un anticoagulant circulant (« lupus anticoagulant » LA). Les auto-anticorps donnent une orientation diagnostique Recherche des anticorps antinucléaires L’exemple type de l’orientation du diagnostic par les AC est la recherche des ANA par IFI sur cellule Hep2. Ainsi. Certains sont caractéristiques d’une pathologie et leur présence fait partie des critères de diagnostic. Les auto-anticorps font partie des critères de diagnostic Les AC ont pris place parmi les critères diagnostiques d’un certain nombre de maladies auto-immunes du fait d’une meilleure compréhension des pathologies impliquant le système immunitaire et de la mise au point de techniques de dépistage. phénomène de Raynaud. Ils permettent de faire un diagnostic différentiel entre une forme diffuse et une forme limitée. Les Ac antiSaccharomyces cerevisiae (ASCA) sont présents dans 50 à 70 % des cas de maladie de Crohn alors qu’ils ne le sont que dans 5 à 15 % des RCH. Les AC anti-centromères et les AC anti-7-2 RNP sont caractéristiques des sclérodermies limitées (CREST).7]. Ils permettent aussi parfois d’évaluer l’évolution et le pronostic de nombreuses pathologies auto-immunes. notamment en cas de discordance des résultats. une fausse couche. Sclérodermies Les AC antinucléaires au cours des sclérodermies sont associés à des particularités cliniques. Les auto-anticorps sont à la base de la classification des maladies auto-immunes L’importance de la place des AC est aussi démontrée par le fait qu’ils font partie des critères biologiques de classification de certaines pathologies auto-immunes. Le titre de ces AC est important pour établir le risque d’évolutivité structurale. Conclusion En routine.14]. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. prédit un dysfonctionnement thyroïdien néonatal chez le nouveau-né [12]. plus sévère avec plus d’érosion articulaire [13. Dans le cas contraire. La recherche conjointe de ces deux AC est utile au diagnostic différentiel. Lorsque les ASCA sont positifs et les ANCA négatifs. ils sont associés aux syndromes de chevauchement [8]. Lorsque les titres d’antiCCP sont supérieurs à 200 UI la progression radiologique sera plus importante [15]. le SAPL est classé en catégorie IIb et dans la dernière catégorie (IIc) l’anti-B2GP1 est le seul AC positif. L’HAI de type I est caractérisée par la présence des ANA (50—70 % des cas) et celle des anticorps AML (80 %).Valeur diagnostique des auto-anticorps dans les maladies auto-immunes 235 Les auto-anticorps peuvent aider au diagnostic différentiel Dans un certain nombre de situations pathologiques où plusieurs diagnostics sont évoqués. Dans les sclérodermies diffuses. lors d’une grossesse chez une patiente atteinte de la maladie de Basedow. Sa présence constitue un facteur de risque de développer une telle pathologie ou de développer une hypothyroïdie sous interféron/interleukine 2 ou lithium. Lorsque l’anticardiolipine est seul positif. Les auto-anticorps peuvent constituer un élément du suivi thérapeutique Le dernier rôle et pas des moindres que l’on peut attribuer aux AC est le fait qu’ils soient dans certaines pathologies de bons indicateurs de l’évolution sous traitement. Les AC anti-thyroglobuline (anti-Tg) sont utilisés dans le suivi des patients atteints de cancers différenciés thyroïdiens (ATg + ) [12]. Hépatites auto-immunes La classification des HAI en type I et II est basée sur la présence ou l’absence d’AC. Pm/Scl et Ku. les p-ANCA sont détectés chez 6 à 20 % des patients atteints de la maladie de Crohn et chez 50 à 70 % des malades atteints de rectocolite hémorragique (RCH). Dans la première. les AC les plus observés sont les anti-topo-isomérase I (Scl70) et les anti-ARN polymérase. la RCH est plus probable [6. les AC peuvent apporter un élément en faveur de l’un ou de l’autre diagnostic. un échec d’insémination artificielle ou une hypothyroïdie néonatale [11]. Il est cependant nécessaire d’éviter certains pièges liés à l’existence d’AC non spécifiques par une bonne connaissance des limites de la valeur de ces marqueurs et par une collaboration étroite entre le biologiste et le clinicien. La probabilité d’une progression radiologique à dix ans est plus élevée chez les patients avec anti-CCP et FR que ceux qui ne présentent qu’un des deux AC. ASCA négatifs. le diagnostic est en faveur d’une maladie de Crohn. La présence de plusieurs AC est corrélée avec la survenue fréquente d’événements cliniques [9]. Polyarthrite rhumatoïde La présence des anti-CCP associé au FR est également prédictive d’une PR plus agressive. Les auto-anticorps peuvent être prédictifs d’un facteur de risque Pathologies thyroïdiennes C’est l’exemple de l’anti-TPO dont la recherche positive permet de poser le diagnostic d’une dysthyroïdie autoimmune. une dysthyroïdie sous amiodarone ou pendant la grossesse. Quant aux anti-U1 RNP. La présence d’un AC anti-récepteur de la thyréostimuline (TSH). Le dsDNA peut prédire des rechutes dans un certain nombre de cas de lupus et l’anti-C1q est prédictif d’une atteinte rénale au cours de cette maladie [2]. les AC sont devenus de véritables outils diagnostiques. Syndrome des antiphospholipides Les SAPL sont classés en quatre catégories selon le nombre et le type d’AC présents. Les anti-LKM et les anti-liver cytosol 1 (LC1) caractérisent les HAI de type II [10]. La catégorie IIa correspond à la présence du lupus anticoagulant seul. ANCA positifs. plusieurs critères biologiques sont présents. . Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin Dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. une thyroïdite du post-partum. patbio. Celadin M.2011. Rev Med Int 2010.doi.73:875—80. Diemert MC. Baillet A. [6] Renaudineau Y. [7] Emile C. Gourley M. 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