UPL2853_resume_cours_et_travaux_07_08

March 22, 2018 | Author: Ecaterina Daescu | Category: French People, Physics, Physics & Mathematics, Science, People


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ANNUAIREDU COLLÈGE DE FRANCE 2007-2008 RÉSUMÉ DES COURS ET TRAVAUX 108 e année PARIS 1 1 , p l a c e Ma rc e l i n - Be r t h e l o t ( Ve ) Photo couverture : Statue de Guillaume Budé (1467-1540) à l’origine de la fondation du Collège de France (par M. Bourgeois, 1880) La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © Collège de France, 2008, ISSN 0069-5580 ISBN 978-2-7226-0082-9 LE COLLÈGE DE FRANCE QUELQUES DONNÉES SUR SON HISTOIRE ET SON CARACTÈRE PROPRE I. LES ORIGINES Les lecteurs royaux. — Le Collège de France doit son origine à l’institution des lecteurs royaux par le roi François Ier, en 1530. L’Université de Paris avait alors le monopole de l’enseignement dans toute l’étendue de son ressort. Attachée à ses traditions comme à ses privilèges, elle se refusait aux innovations. Ses quatre facultés : Théologie, Droit, Médecine, Arts, prétendaient embrasser tout ce qu’il y avait d’utile et de licite en fait d’études et de savoir. Le latin était la seule langue dont on fît usage. Les sciences proprement dites, sauf la médecine, se réduisaient en somme au quadrivium du moyen âge. L’esprit étroit de la scolastique décadente y régnait universellement. Les écoles de Paris étaient surtout des foyers de dispute. On y argumentait assidûment ; on y apprenait peu de chose. Et il semblait bien difficile que cette corporation, jalouse et fermée, pût se réformer par elle-même ou se laisser réformer. Pourtant, un esprit nouveau, l’esprit de la Renaissance, se répandait à travers l’Europe. Les intelligences s’ouvraient à des curiosités inédites. Quelques précurseurs faisaient savoir quels trésors de pensée étaient contenus dans ces chefs-d’œuvre de l’Antiquité, que l’imprimerie avait commencé de propager. On se reprochait de les avoir ignorés ou méconnus. On demandait des maîtres capables de les interpréter et de les commenter. Sous l’influence d’Érasme, un généreux mécène flamand, Jérôme Busleiden, venait de fonder à Louvain, en 1518, un Collège des trois langues, où l’on traduisait des textes grecs, latins, hébreux, au grand scandale des aveugles champions d’une tradition sclérosée. L’Université de Paris restait étrangère à ce mouvement. François Ier, conseillé par le savant humaniste Guillaume Budé, « maître de sa librairie », ne s’attarda pas à la convaincre. Il institua en 1530, en vertu de son 6 autorité souveraine, six lecteurs royaux, deux pour le grec, Pierre Danès et Jacques Toussaint ; trois pour l’hébreu, Agathias Guidacerius, François Vatable et Paul Paradis ; un pour les mathématiques, Oronce Finé ; puis, un peu plus tard, en 1534, un autre lecteur, Barthélémy Masson (Latomus), pour l’éloquence latine. Les langues orientales autres que l’hébreu firent leur entrée au Collège avec Guillaume Postel (1538-1543), l’arabe en particulier, avec Arnoul de L’isle (1587-1613). Le succès justifia cette heureuse initiative. Les auditeurs affluèrent auprès des nouveaux maîtres. Par là, un coup mortel venait d’être porté aux arguties stériles, aux discussions à coups de syllogismes, aux recueils artificiels qui avaient trop longtemps tenu la place des textes eux-mêmes. Par l’étude des langues, on remontait aux sources. On y retrouvait le pur jaillissement d’une pensée libre et féconde. Ainsi naquit le Collège de France. Ne relevant que du roi, dégagés des entraves qu’imposaient aux maîtres de l’Université les statuts d’une corporation trois fois séculaire, affranchis des traditions et de la routine, novateurs par destination, les lecteurs royaux furent, pendant tout le xvie siècle, les meilleurs représentants de la science française. Le Collège, pourtant, n’avait pas encore de domicile à lui. Il ne constituait même pas une corporation distincte, à proprement parler ; il n’existait, comme personne morale, que par le groupement de ses maîtres sous le patronage du grand aumônier du roi. Mais son unité résultait de leur indépendance même. Et déjà, il assurait son avenir par la valeur et l’influence de quelques-uns d’entre eux, tels qu’Adrien Turnèbe, Pierre Ramus, Jean Dorat, Denis Lambin, Jean Passerat, comme aussi par la reconnaissance qu’ils inspiraient à d’illustres auditeurs, un Joachim du Bellay, un Ronsard, un Baïf, un Jacques Amyot. Leurs méthodes d’enseignement étaient variées. Les uns faisaient surtout œuvre de critiques et d’éditeurs de textes ; d’autres commentaient, quelquefois éloquemment, comme Pierre Ramus, les orateurs ou les philosophes, les historiens ou les poètes de l’antiquité classique. Tous, ou presque tous, étaient vraiment des initiateurs en même temps que des érudits. II. LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE Cette bonne renommée de l’institution royale se soutint pendant les xviie et xviiie siècles. Le Collège vit alors se préciser son organisation et s’accroître ses chaires, au nombre d’une vingtaine à la fin de l’Ancien Régime. Depuis le xviie siècle, les lecteurs royaux forment vraiment un corps, symbolisé par l’apparition, sur les affiches de cours, du nom définitif, sous sa forme latine : Collegium regium Galliarum. En 1610, le projet d’une demeure propre, élaboré sous Henri IV, connaît un début de réalisation : Louis XIII, âgé de 9 ans, pose la première pierre du Collège royal. Mais c’est seulement à la fin du xviiie siècle que Chalgrin le mènera à terme sur des plans entièrement remaniés ; les lecteurs royaux 7 possèdent désormais, sur la place de Cambrai, un lieu spécifique où enseigner et relèvent directement du secrétaire d’État chargé de la Maison du roi. En 1772, une décision royale réorganise entièrement la répartition des chaires de manière à intégrer les enseignements novateurs : physique de Newton, turc et persan, syriaque, droit de la nature et des gens, mécanique, littérature française, histoire, histoire naturelle, chimie — à côté des domaines de recherche déjà en place : médecine, anatomie, arabe, philosophie grecque, langue grecque, éloquence latine, poésie latine, droit canon, hébreu, mathématiques. Le Collège de France semble viser à justifier l’ambitieuse devise de son blason : Docet omnia et, de fait, il a « vocation à tout enseigner ». En même temps, son ouverture au monde et l’originalité de sa conception lui valent, presque seul entre les institutions de l’Ancien Régime, d’être épargné par la Révolution ; et, malgré plusieurs projets de réformation qui n’aboutirent pas, il se retrouve au temps de l’Empire, et par-delà, tel qu’il était auparavant, bénéficiant même d’une liberté accrue : la loi du 11 floréal an X (1er mai 1802) lui accorde en effet l’initiative de présentation des candidats, à l’origine de l’actuel système de cooptation. La souplesse de son organisation va lui permettre de s’adapter sans peine à des conceptions changeantes et de se prêter à tous les progrès. Ainsi s’expliquent son extension considérable au cours du xixe siècle et son rôle dans le développement d’un grand nombre de sciences. En fait, sous une apparence inchangée, il a subi une réelle transformation qui se continue au xxe siècle. Elle s’est accomplie, comme il est naturel, en accord intime avec celle qui se produisait simultanément au-dehors dans presque tous les ordres de connaissance. Mais il est à noter que, très souvent, c’est le Collège de France qui a frayé ou élargi les voies nouvelles, et qu’il continue de le faire. Pour compléter et préciser les données précédentes, on pourra se reporter à l’ouvrage d’Abel Lefranc, intitulé Histoire du Collège de France, Paris, 1893 ; au livre jubilaire Le Collège de France, publié en 1932, où vingt-cinq notices ont été consacrées à l’histoire de l’enseignement donné au Collège de France dans les principales disciplines de l’ordre littéraire et de l’ordre scientifique ; à la Revue de l’Enseignement supérieur qui a publié, sous la plume de Marcel Bataillon, dans son no 2 de 1962 (p. 1 à 50) un aperçu de l’histoire du Collège de France, de son fonctionnement institutionnel et de ses moyens d’action ; à la conférence d’ Yves Laporte publiée en 1990 sous forme de plaquette par le Collège de France ; à Christophe Charle et Éva Telkès, Les Professeurs du Collège de France, dictionnaire biographique 1901-1939, Institut national de Recherche pédagogique et Éditions du CNRS, Paris, 1988 ; Christophe Charle, « Le Collège de France », dans Les lieux de mémoire, sous la direction de Pierre Nora, II : La Nation, t. 3, p. 389-424. En 1998 est également publié le livre Les origines du Collège de France (1500-1560), sous la direction de Marc Fumaroli, 8 aux Éditions Klincksieck, et en 2006 le premier tome de l’Histoire du Collège de France : I. La Création 1530-1560, sous la direction d’André Tuilier, avec une préface de Marc Fumaroli, aux Éditions Fayard. III. LES CHAIRES DU COLLÈGE DE FRANCE DEPUIS LE XIXe SIÈCLE Antiquité grecque et romaine. — Dans la chaire de Langue et littérature grecques où s’étaient illustrés Jean-Baptiste Gail (1791-1829) et Jean-François Boissonade (1829-1855), Jean-Pierre Rossignol (1855-1892) eut comme successeurs Maurice Croiset (1893-1930) et Émile Bourguet (1932-1938). Une chaire d’Épigraphie et antiquités grecques a été instituée en 1877, et occupée successivement par Paul Foucart (1877-1926), Maurice Holleaux (1927-1932) et Louis Robert (1939-1974). Une chaire dénommée La Grèce et la formation de la pensée morale et politique a été créée en 1973 pour Mme Jacqueline de Romilly, première femme à occuper une chaire au Collège (1973-1984), puis transformée, en 1984, en chaire de Tradition et critique des textes grecs pour M. Jean Irigoin (1986-1992). — Gabriel Millet, qui occupa de 1926 à 1937 la chaire d’Esthétique et histoire de l’art, l’orienta vers l’étude du byzantinisme, auquel fut consacrée une chaire d’Archéologie paléo-chrétienne et byzantine pour André Grabar (1946-1966) puis une chaire d’Histoire et civilisation de Byzance pour Paul Lemerle (1967-1973) ; elle est devenue Histoire et civilisation du monde byzantin pour M. Gilbert Dagron de 1975 à 2001. En 1992, a été créée une chaire d’Histoire économique et monétaire de l’Orient hellenistique pour M. Georges Le Rider (1993-1998), et en 2002, une chaire d’Épigraphie et histoire des cités grecques occupée par M. Denis Knoepfler à partir de 2003. Une chaire de Philosophie grecque et latine eut comme titulaires Édouard Bosquillon (1775-1814), Jean-François Thurot (1814-1832), Théodore Jouffroy (1832-1837), Jules Barthélémy Saint-Hilaire (1838-1852), Émile Saisset (chargé de cours 1853-1857), Charles Lévêque (chargé de cours 1857-1860, titulaire 1861-1900), Henri Bergson (1900-1904). Une chaire d’Histoire de la pensée hellénistique et romaine a été créée en 1981 pour M. Pierre Hadot (19821991). Pour l’enseignement du latin, deux chaires existaient depuis l’Ancien Régime : l’Éloquence latine, tenue successivement par Pierre Gueroult (1809-1816), Jean-Louis Burnouf (1817-1844), Désiré Nisard (1844-1852), Wilhelm Rinn (1853-1854), Ernest Havet (1854-1885), et la Poésie Latine, par Jacques Delille (1778-1813), Pierre-François Tissot (1813-1821), Joseph Naudet (1821-1830), Pierre-François Tissot à nouveau (1830-1854), Charles-Augustin de Sainte-Beuve (1854-1869) qui, toutefois, ne put jamais enseigner. La prédominance de curiosités et de méthodes nouvelles se manifesta par la transformation de la chaire d’Éloquence 9 latine en Philologie latine, avec pour titulaire Louis Havet (1885-1925), et de la Poésie latine en Histoire de la littérature latine, occupée par Gaston Boissier (18691906) et Paul Monceaux (1907-1934). Ces enseignements ont été complétés par ceux de disciplines qui attestaient l’élargissement de l’horizon scientifique ; une chaire d’Épigraphie et antiquités romaines, créée en 1861, pour Léon Renier (18611885) a été occupée par Ernest Desjardins (1886), et ensuite par René Cagnat (1887-1930), puis, sous le titre élargi de Civilisation romaine, par Eugène Albertini (1932-1941), André Piganiol (1942-1954), et Jean Gagé (1955-1972) ; elle est devenue, de 1975 à 1999, Histoire de Rome pour M. Paul Veyne. Une chaire d’Histoire de l’Afrique du Nord, où furent spécialement étudiées les périodes romaine et post-romaine, a eu pour titulaire Stéphane Gsell (1912-1932). Une chaire d’Histoire de la langue latine, occupée par Alfred Ernout (1944-1951), a été transformée en 1951 en chaire de Littérature latine pour Pierre Courcelle (19511980). En 2000, une chaire intitulée Religion, institutions et société de la Rome antique a été créée pour M. John Scheid et est occupée depuis 2001. Une chaire de Numismatique de l’Antiquité et du Moyen Âge, inaugurée en 1908 par Ernest Babelon, a été transformée, en 1924, en une chaire de Numismatique de l’Antiquité, que Théodore Reinach a occupée jusqu’en 1928. Philosophie. — Un enseignement de Philosophie moderne créé en 1874 a été assuré par Jean Nourrisson (1874-1899), Gabriel Tarde (1900-1904), Henri Bergson (1904-1921), Édouard Le Roy (1921-1940), Louis Lavelle (1941-1951), Maurice Merleau-Ponty (1952-1961). En 1962, fut créée une chaire de Philosophie de la connaissance pour Jules Vuillemin qui l’occupa jusqu’en 1990. Une chaire d’Histoire de la philosophie au Moyen Âge, tenue de 1932 à 1950 par Étienne Gilson, a été remplacée par une chaire d’Histoire et technologie des systèmes philosophiques pour Martial Guéroult (1951-1962), et dénommée ensuite chaire d’Histoire de la pensée philosophique pour Jean Hyppolite (1963-1968). Cette chaire a été transformée en chaire d’Histoire des systèmes de pensée pour Michel Foucault (1970-1984), puis, de 1985 à 1990, en chaire d’Épistémologie comparative pour M. Gilles-Gaston Granger. Une chaire de Philosophie du langage et de la connaissance, créée en 1994, est occupée depuis 1995 par M. Jacques Bouveresse. En 1999, ont été créées une chaire de Philosophie des sciences biologiques et médicales pour Mme Anne Fagot-Largeault et une chaire de Philosophie et histoire des concepts scientifiques pour M. Ian Hacking (2001-2006). Linguistique générale. — L’enseignement de la Grammaire comparée fut inauguré au Collège de France par Michel Bréal (1866-1905), qui eut pour successeurs Antoine Meillet (1906-1936) et Émile Benveniste (1937-1972). Pendant un temps s’y trouva rattaché un Laboratoire de phonétique expérimentale, dont le premier directeur fut l’abbé Rousselot ; une chaire de Phonétique expérimentale fut occupée par ce savant de 1923 à 1924. Une chaire de Théorie linguistique est créée en 1986 pour M. Claude Hagège (1988-2006). 10 Langues, histoire et littératures occidentales. — L’enseignement de la Littérature française fut d’abord représenté par Antoine de Cournand (1784-1814) et Stanislas Andrieux (1814-1833). Ce fut le début d’une tradition à laquelle se rattachent les noms de Jean-Jacques Ampère (1833-1864), de Louis de Loménie (1864-1878), de Paul Albert (1878-1880), d’Émile Deschanel (1881-1903), d’Abel Lefranc (1904-1937). La chaire a été transformée en une chaire de Poétique, occupée par Paul Valéry (1937-1945), puis en une chaire d’Histoire des créations littéraires en France pour Jean Pommier (1946-1964). Cette chaire a été ensuite consacrée à l’enseignement de la Littérature française moderne ; elle a été occupée par M. Georges Blin de 1965 à 1988. Une chaire de Sémiologie littéraire a été créée pour Roland Barthes (1976-1980). En 1986, a été créée une chaire intitulée Rhétorique et société en Europe (xvie-xviie siècles) pour M. Marc Fumaroli (19872002) ; et une chaire de Littératures modernes de l’Europe néolatine a été créée pour M. Carlo Ossola en 1998. En 2005 sont créées une chaire de Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie, occupée à partir de 2006 par M. Antoine Compagnon, et une chaire intitulée Écrit et culture dans l’Europe moderne, occupée depuis 2006 par M. Roger Chartier. Une chaire spécialement consacrée à la Langue et littérature françaises du Moyen Âge, a été inaugurée par Paulin Paris (1853-1872), qui eut pour successeurs Gaston Paris (1872-1903), puis Joseph Bédier (1903-1936). Remplacée ensuite par une chaire d’Histoire du vocabulaire français occupée par Mario Roques (1937-1946), elle a été rétablie sous son ancien titre pour Félix Lecoy, de 1947 à 1974, puis en 1993 sous le titre de Littératures de la France médiévale pour M. Michel Zink. En 1905, une chaire d’Histoire et antiquités nationales s’y ajouta pour Camille Jullian (1905-1930), tenue ensuite par Albert Grenier (1936-1948). En 1964, a été créée une chaire d’Archéologie et histoire de la Gaule pour Paul-Marie Duval (1964-1982), transformée en 1983 en chaire d’Antiquités nationales pour M. Christian Goudineau. D’autre part, deux chaires nouvelles instituées en 1925 et en 1932, concernaient l’Europe médiévale : l’une, occupée par Edmond Faral (1925-1954), s’intitulait Littérature latine du Moyen Âge, l’autre déjà mentionnée en philosophie, fut occupée par Étienne Gilson, de 1932 à 1950. En 1969 a été créée une chaire d’Histoire des sociétés médiévales pour Georges Duby, devenue en 1991 Histoire de l’occident méditerranéen au Moyen Âge pour M. Pierre Toubert, qui l’a occupée de 1992 à 2003. Consacrée à l’activité extérieure de la France, une chaire, fondée par les principales colonies d’alors, a été occupée sous le titre d’Histoire coloniale par Alfred Martineau (1921-1935), puis, sous le titre d’Histoire de la colonisation, par Edmond Chassigneux (1939-1946), et ensuite, sous le titre d’Histoire de l’expansion de l’Occident, par Robert Montagné (1948-1954). 11 Enfin a été créée, en 1984, une chaire d’Histoire de la France contemporaine, pour M. Maurice Agulhon, qui l’a occupée jusqu’en 1997. La chaire de Langues et littératures slaves fut inaugurée en 1840 par le poète polonais, chargé de cours, Adam Mickiewicz (1840-1852) puis par Cyprien Robert (chargé de cours 1852-1857) et Alexandre Chodzko (chargé de cours 1857-1883), et occupée plus tard par Louis Léger (1885-1923), André Mazon (1923-1951) et André Vaillant (1952-1962). En 1992 a été créée une chaire d’Histoire moderne et contemporaine du monde russe pour M. François-Xavier Coquin (1993-2001). Une chaire de Langues et littératures de l’Europe méridionale, qui eut pour titulaires successifs Edgar Quinet (de 1841 à 1852 et de 1870 à 1875), Paul Meyer (18761906), Alfred Morel-Fatio (1907-1924), a été rétablie, en 1925, sous le titre d’Histoire des littératures comparées de l’Europe méridionale et de l’Amérique latine pour Paul Hazard (1925-1944). Depuis, deux des domaines qu’elle recouvrait ont été distingués par la création, en 1945 et en 1946, de deux chaires consacrées l’une aux Langues et littératures de la péninsule ibérique et de l’Amérique latine, tenue par Marcel Bataillon (1945-1965), puis par Israël Révah (1966-1973) ; l’autre à l’Histoire de la civilisation italienne pour Augustin Renaudet de 1946 à 1950, transformée en chaire de Langues et civilisation italienne pour André Pézard de 1951 à 1963. En 1992, une chaire de Langues et littératures romanes a été créée pour M. Harald Weinrich, qui l’occupa jusqu’en 1998. Une chaire de Langues et littératures d’origine germanique eut pour premiers titulaires Philarète Chasles (1841-1873) et Guillaume Guizot (1874-1892). Celui-ci fut suppléé par Jean-Jules Jusserand, puis par Arthur Chuquet, qui devint titulaire de la chaire en 1893 et l’occupa jusqu’en 1925. Lui succédèrent Charles Andler (1926-1933), Ernest Tonnelat (1934-1948), Fernand Mossé (1949-1956), et Robert Minder de 1957 à 1973. En 1984 a été créée une chaire de Grammaire et pensée allemandes, pour M. Jean-Marie Zemb, qui l’occupa jusqu’en 1998. Une chaire de Langues et littératures celtiques a été occupée par Henry d’arbois de Jubainville (1882-1910) puis par Joseph Loth (1910-1930). Une chaire de Civilisation américaine, créée en 1931, pour Bernard Faÿ (révoqué en 1945), a été transformée pour Marcel Giraud, de 1947 à 1971, en chaire d’Histoire de la civilisation de l’Amérique du Nord. Une chaire d’Étude de la création littéraire en langue anglaise a été créée en 2001 pour M. Michael Edwards (2003-2008). Langues, histoires et littératures orientales. — L’enseignement de l’Hébreu, le plus ancien de tous, donné par Étienne Quatremère (1819-1857), puis par Louis Dubeux (chargé de cours 1857-1861), a été illustré ensuite par Ernest Renan (1862-1864 et 1870-1892), par Salomon Munk (1864-1867) et par 12 Philippe Berger (1893-1910). Celui de l’Araméen a été assuré par Rubens Duval (1895-1907). Après un long intervalle, une chaire intitulée Hébreu et Araméen a été instituée de 1963 à 1971 pour André Dupont-Sommer ; puis pour André Caquot de 1972 à 1994. Une chaire d’Épigraphie et antiquités sémitiques a été créée pour Charles Clermont-Ganneau (1890-1923), une autre d’Histoire ancienne de l’Orient sémitique a été occupée par Isidore Lévy (1932-1941) et de 1995 à 2001, une chaire d’Antiquités sémitiques occupée par M. Javier Teixidor. L’égyptologie a fait son entrée au Collège avec son fondateur, Jean-François Champollion (1831-1832), dans une chaire d’Archéologie tenue ensuite par Jean-Antoine Letronne (1837-1848), puis par Charles Lenormant (1849-1859). Elle devint chaire de Philologie et archéologie égyptiennes avec Emmanuel de Rougé (1860-1872) et Gaston Maspero (1874-1916), fut reprise par Alexandre Moret (1923-1938), et occupée successivement par Pierre Lacau (1938-1947), Pierre Montet (1948-1956), Étienne Drioton (1957-1960), et Georges Posener (19611978). Elle a subsisté sous le titre d’Égyptologie pour M. Jean Leclant (1979-1990), puis pour M. Jean Yoyotte (1991-1997). En 1999, une chaire de Civilisation pharaonique : archéologie, philologie, histoire a été créée pour M. Nicolas Grimal. L’enseignement de l’assyriologie a été ouvert aussi par un fondateur, Jules Oppert (1874-1905), dans une chaire de Philologie et archéologie assyriennes où lui a succédé Charles Fossey (1906-1939). Après un intervalle, il a été repris par Édouard Dhorme (1945-1951) sous le titre de Philologie et archéologie assyro-babyloniennes et poursuivi sous celui d’Assyriologie par René Labat de 1952 à 1974, puis par M. Paul Garelli, de 1986 à 1995 et par M. Jean-Marie Durand depuis 1999. Une chaire d’Archéologie de l’Asie occidentale a été créée en 1953 pour Claude Schaeffer-Forrer qui l’a occupée jusqu’en 1969. Enfin, en 1973 était créée une chaire de Langues et civilisation de l’Asie Mineure pour Emmanuel Laroche, qui l’a occupée jusqu’en 1985. Une chaire d’Histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire d’Alexandre a été créée en 1998 pour M. Pierre Briant, qui l’occupe depuis 1999. La chaire d’Arabe a été tenue successivement par Antoine Caussin de Perceval (1783-1833), Armand-Pierre Caussin de Perceval (1833-1871), Charles-François Defrémery (1871-1883), Stanislas Guyard (1884), Adrien Barbier de Meynard (1885-1908), Paul Casanova (1909-1926), William Marçais (1927-1943). Elle a été transformée en chaire d’Histoire du monde arabe pour Jean Sauvaget (1946-1950). Devenue chaire de Langue et littérature arabes, elle a été occupée par Gaston Wiet (1951-1959). À côté d’elle, furent fondées : en 1902, une chaire de Sociologie et sociographie musulmanes, inaugurée par Alfred le Chatelier (1902-1925), occupée ensuite par Louis Massignon (1926-1954), modifié en chaire de Sociologie musulmane pour Henri Laoust de 1956 à 1975, et transformée en 1976 en une chaire de Langue et littérature arabes classiques pour M. André Miquel, occupée jusqu’en 1997 — puis en 1941, une chaire d’Histoire des arts de 13 l’Orient musulman pour Albert Gabriel (1941-1953). En 1956 était créée une chaire d’Histoire sociale de l’Islam contemporain, occupée par Jacques Berque jusqu’en 1981. Une chaire d’Histoire contemporaine du monde arabe est créée en 2003 pour M. Henry Laurens. Les chaires de turc et de persan ont été réunies de 1784 à 1805 par Pierre Ruffin, qui abandonna à partir de 1805 le persan au plus illustre islamisant de l’époque, Isaac Silvestre de Sacy (1806-1838). Lui succédèrent : Amédée Jaubert (18381847), Jules Mohl (1850-1876), Adrien Barbier de Meynard (1876-1885), James Darmesteter (1885-1894). Après Pierre Ruffin (1805-1822) l’enseignement du turc seul a été assuré par Daniel Kieffer (1822-1833), Alix Desgranges (18331854), Mathurin-Joseph Cor (1854), Abel Pavet de Courteille (chargé de cours 1854-1861, titulaire 1861-1889). En 1997, a été créée une chaire d’Histoire turque et ottomane pour M. Gilles Veinstein, qui l’occupe depuis 1999. Les domaines de recherche nouveaux entrés dans l’enseignement du Collège au xixe siècle ont d’abord été ceux de l’Inde et de la Chine, dont l’étude avait été amorcée en Europe par plusieurs orientalistes du Collège au siècle précédent. En 1814, furent créées ensemble les chaires de Sanscrit et de Chinois. La première a été inaugurée par Léonard de Chézy (1814-1832), illustrée par Eugène Burnouf (1932-1852), et reprise après un intervalle de suppléances par Édouard Foucaux (1862-1894), puis Sylvain Lévi (1894-1935) et Jules Bloch (1937-1951). L’enseignement y débordant traditionnellement le domaine du sanscrit, elle a repris en 1951, la dénomination de chaire de Langues et littératures de l’Inde et a eu pour titulaire Jean Filliozat de 1952 à 1978. En 1983 a été créée une chaire d’Histoire du monde indien pour M. Gérard Fussman, et, en 1993, une chaire de Langues et religions indo-iraniennes pour M. Jean Kellens. La seconde, dont l’enseignement s’est, de son côté, constamment étendu à l’ensemble de la sinologie, a été tenue par Jean-Pierre Abel-Rémusat (1814-1932), Stanislas Julien (1832-1873), Léon d’Hervey de Saint-Denys (1874-1892), Édouard Chavannes (1893-1918), Henri Maspero (1921-1945), Paul Demiéville (1946-1964), M. Jacques Gernet (1975-1992) ; depuis 1991 une chaire d’Histoire de la Chine moderne est occupée par M. Pierre-Étienne Will et une chaire d’Histoire intellectuelle de la Chine est confiée en 2008 à Mme Anne Cheng. Étendant le champ des enseignements aux pays d’influence indienne et chinoise et aux civilisations propres à ces pays, trois chaires ont été créées : la première de Langues, histoire et archéologie de l’Asie centrale pour Paul Pelliot (1911-1945), qui devait prendre le titre d’Histoire et civilisations de l’Asie centrale pour Louis Hambis, de 1965 à 1977, et se transformer en chaire de Sociographie de l’Asie du Sud-Est pour Lucien Bernot (1978-1985) ; la deuxième d’Histoire et philologie indochinoises pour Louis Finot (1920-1930), auquel ont succédé Jean Przyluski (1931-1944), puis Émile Gaspardone, de 1946 à 1965, et qui a été alors transformée en chaire d’Étude du monde chinois : institutions et concepts pour 14 Rolf A. Stein (1966-1981) ; enfin la troisième, sous le titre de Civilisations d’Extrême-Orient, a été occupée par Paul Mus (1946-1969). Une chaire d’Étude du Bouddhisme a été créée en 1970 pour André Bareau, qui l’a occupée jusqu’en 1991. Enfin, en 1979, a été créée une chaire de Civilisation japonaise pour Bernard Frank qui l’a occupée jusqu’en 1996. Droit et sciences humaines. — Depuis l’Ancien Régime existait une chaire de Droit de la nature et des gens, tenue au xixe siècle par Pierre de Pastoret (1804-1821), Xavier de Portets (1822-1854), Adolphe Franck (1856-1887). En 1831 commençait, avec Eugène Lerminier (1831-1849), un enseignement d’Histoire générale et philosophique des législations comparées, qui fut continué par Édouard Laboulaye (1849-1883), et par Jacques Flach (1884-1919). En 1979, une chaire de Droit international est créée pour René-Jean Dupuy qui l’a occupée jusqu’en 1989. Une chaire d’Études juridiques comparatives et internationalisation du droit a été créée en 2001 pour Mme Mireille Delmas-Marty qui l’occupe depuis 2002. Dès 1831, était instituée pour Jean-Baptiste Say une chaire d’Économie politique, qui fut occupée après lui par Pellegrino Rossi (1833-1840), Michel Chevalier (1840-1879), et Paul Leroy-Beaulieu (1880-1916). Une chaire d’Histoire des doctrines économiques, créée en 1871 pour Émile Levasseur, fut transformée sur sa demande en 1885 en chaire de Géographie, histoire et statistiques économiques. En 1911, elle devint chaire d’Étude des faits économiques et sociaux pour Marcel Marion (1912-1932). De 1955 à 1974 une chaire d’Analyse des faits économiques et sociaux a été occupée par François Perroux ; en 1987 a été créée une chaire d’Analyse économique pour M. Edmond Malinvaud qui l’a occupée jusqu’en 1993. Une chaire de Théorie économique et organisation sociale a été créée en 1998 pour M. Roger Guesnerie, qui l’occupe depuis 2000. En 1958 une chaire d’Anthropologie sociale était créée pour M. Claude LéviStrauss (1959-1982), et en 1971, une chaire d’Anthropologie physique pour Jacques Ruffié (1972-1992). En 1981, a été créée pour Mme Françoise Héritier une chaire d’Étude comparée des sociétés africaines (1982-1998) et en 1992 pour M. Nathan Wachtel une chaire d’Histoire et anthropologie des sociétés méso- et sudaméricaines (1992-2005). En 1999, une chaire d’Anthropologie de la nature a été créée pour M. Philippe Descola, qui l’occupe depuis 2000. En 1917, un cours complémentaire d’Assurances sociales fondé par Alfred Mayen, a été transformé, aux frais de la Ville de Paris et du Département de la Seine, en une chaire de Prévoyance et assistance sociales, qu’occupa Édouard Fuster (1917-1935). En 1920, une chaire instituée pour dix ans, à l’initiative de la Fédération des Sociétés coopératives, et affectée à l’Enseignement de la Coopération, a eu pour titulaire Charles Gide jusqu’en 1930. 15 Dans le même ordre d’études, d’autres développements se sont encore produits. Une chaire de Philosophie sociale, créée pour Jean Izoulet (1897-1929), a été transformée en chaire de Sociologie pour Marcel Mauss (1931-1942), puis en chaire de Psychologie collective pour Maurice Halbwachs (1944-1945). Une chaire d’Histoire et structure sociales de Paris et de la région parisienne, fondée par la Ville de Paris en 1950, a été occupée par Louis Chevalier (1952-1981). Une chaire d’Histoire du travail, fondée en 1907 par la Ville de Paris, a été occupée par Georges Renard (1907-1930), par François Simiand (1932-1935), puis, de 1936 à 1957, par Émile Coornaert. Une chaire de Démographie sociale : la vie des populations, lui a succédé et a eu pour titulaire Alfred Sauvy de 1959 à 1969. Cette chaire a été transformée en chaire de Sociologie de la civilisation moderne pour Raymond Aron de 1970 à 1978. Enfin a été créée, en 1981, une chaire de Sociologie pour Pierre Bourdieu (1981-2001). Une chaire d’Histoire moderne et contemporaine du politique a été créée en 2001 pour M. Pierre Rosanvallon. En 2005 est créée une chaire de Rationalité et sciences sociales, occupée par M. Jon Elster. Géographie. — Une chaire de Géographie humaine, créée grâce à une libéralité d’Albert Kahn, a été occupée de 1912 à 1930 par Jean Brunhes. En 1932 était créée la chaire de Géographie économique et politique, où enseigna André Siegfried (1933-1946). La Géographie historique de la France fut enseignée, de 1892 à 1911, par Auguste Longnon ; elle a été rétablie de 1947 à 1968 pour Roger Dion, puis transformée en chaire de Géographie du continent européen pour Maurice Le Lannou, de 1969 à 1976. Une chaire d’Étude du monde tropical (géographie physique et humaine) a été créée en 1946 pour Pierre Gourou (1947-1970). Histoire des religions. — Une chaire d’Histoire des religions, créée en 1880, a eu pour titulaires Albert Réville (1880-1906), Jean Réville (1907-1908), Alfred Loisy (1909-1932), Jean Baruzi (1933-1951) et Henri-Charles Puech (19521972). Une chaire d’Histoire des mentalités religieuses dans l’Occident moderne a été créée en 1973 pour M. Jean Delumeau qui l’a occupée de 1975 à 1994 et une chaire d’Étude comparée des religions antiques en 1973 pour Jean-Pierre Vernant, qui l’a occupée de 1975 à 1984. En 1977, a été créée une chaire intitulée Christianisme et gnoses dans l’Orient préislamique pour Antoine Guillaumont qui l’a occupée jusqu’en 1986 et en 1990 une chaire d’Histoire des syncrétismes de la fin de l’Antiquité pour M. Michel Tardieu (1991-2008). En 2006 est créée une chaire intitulée Milieux bibliques pour M. Thomas Römer. Préhistoire. — Fut créée, en 1929 une chaire de Préhistoire, tenue par l’abbé Henri Breuil (1929-1947), discipline reprise de 1969 à 1982 par André LeroiGourhan, puis transformée en 1982 en chaire de Paléoanthropologie et préhistoire pour M. Yves Coppens (1983-2005), elle-même transformée en chaire de 16 Paléontologie humaine en 2005. En 1993, une chaire de civilisations de l’Europe au Néolithique et à l’Âge du Bronze a été créée pour M. Jean Guilaine (1994-2007). Histoire générale. — L’histoire générale était professée au Collège de France depuis le dernier tiers du xviiie siècle. On l’associait alors à la morale, et cette union persista, nominalement au moins, pendant tout le xixe siècle. À Pierre Daunou (1819-1830), succédèrent Jean-Antoine Letronne (1831-1837), et Jules Michelet (1838-1852), puis, un peu plus tard, Joseph Guigniaut (1857-1862), et Alfred Maury (1862-1892). Une chaire d’Histoire de la civilisation moderne tenue par Lucien Febvre (1933-1949), puis par Fernand Braudel (1950-1972), subsiste pour M. Emmanuel Le Roy Ladurie, qui l’occupa de 1973 à 1999. En 1997, une chaire d’Histoire de la France des Lumières créée pour M. Daniel Roche (1999-2005), transformée en chaire intitulée Écrit et cultures dans l’Europe moderne pour M. Roger Chartier (2006). Une chaire de Civilisation indo-européenne a été occupée de 1948 à 1968 par Georges Dumézil. Une chaire d’Histoire générale des sciences, créée en 1891, a été occupée par Pierre Laffitte (1892-1903), Grégoire Wyrouboff (1903-1913) et Pierre Boutroux (1920-1922). Art. — Une chaire d’Esthétique et histoire de l’art, créée en 1878, a eu pour titulaires, successivement Charles Blanc (1878-1882), Eugène Guillaume (1882-1905) ; Georges Lafenestre (1905-1919), André Michel (1920-1925) (qui la spécialisa en Histoire de l’art français), Gabriel Millet (1926-1937), Henri Focillon (1938-1943). En 1970 a été créée une chaire d’Art et civilisation de la Renaissance en Italie pour André Chastel (1970-1984). Une des chaires fondées par la Ville de Paris, affectée en 1933 à l’Histoire de l’art monumental, a été occupée par Paul Léon (1933-1944). Une autre a été affectée à la Psychologie des arts plastiques pour René Huyghe de 1951 à 1976 ; désormais chaire d’État, elle a été transformée en 1976 en Histoire de la création artistique en France pour M. Jacques Thuillier, qui l’a occupée de 1977 à 1998. En 2000, une chaire d’Histoire de l’art européen médiéval et moderne a été créée pour M. Roland Recht qui l’occupe depuis 2001. Une chaire d’Intervention, technique et langage en musique a été créée en 1975 pour M. Pierre Boulez (1976-1995) ; elle fut transformée de 1996 à 1999 pour Jerzy Grotowski en chaire d’Anthropologie théâtrale. En 1980, a été créée pour M. Yves Bonnefoy, une chaire d’Études comparées de la fonction poétique (1981-1993). Mathématiques. — L’enseignement des mathématiques fut assuré par AntoineRémy Mauduit (1770-1815), Sylvestre-François Lacroix (1815-1843), Guillaume Libri-Carucci (1843-1848), Joseph Liouville (1851-1882), Camille Jordan (1883-1912), Georges Humbert (1912-1921), Henri Lebesgue (1921-1941). S’y ajoutait l’Astronomie, professée par Jérôme de Lalande (1768-1807), puis par 17 Jean-Baptiste Delambre (1807-1822) et Jacques Binet (1823-1856). La chaire d’Astronomie fut transformée, en 1856, en une chaire de Mécanique céleste pour Joseph Serret (1861-1885). Elle devint chaire de Mécanique analytique et mécanique céleste pour Maurice Lévy (1885-1908), et Jacques Hadamard (1909-1937). Une chaire de Mathématique et mécanique a été occupée de 1938 à 1972 par Szolem Mandelbrojt, puis transformée en chaire d’Analyse mathématique des systèmes et de leur contrôle pour Jacques-Louis Lions (1973-1998). Une chaire de Théorie des équations différentielles et fonctionnelles a été occupée par Jean Leray de 1947 à 1978. Une chaire d’Algèbre et géométrie occupée par M. Jean-Pierre Serre de 1956 à 1994 a été transformée, en 1995, en chaire intitulée Équations différentielles et systèmes dynamiques pour M. Jean-Christophe Yoccoz. Une chaire de Théorie des groupes a été créée pour M. Jacques Tits (1973-2000) ainsi qu’une chaire d’Analyse et géométrie depuis 1983 pour M. Alain Connes. En 1999, une chaire de Théorie des Nombres a été créée pour M. Don Zagier qui l’occupe depuis 2000. Une chaire d’Équations aux dérivées partielles et applications a été créée en 2001 pour M. Pierre-Louis Lions qui l’occupe depuis 2002. Physique. — En 1769, une chaire de Physique mathématique remplaça l’ancienne chaire de Philosophie grecque et latine ; Jacques-Antoine Cousin l’occupa jusqu’en 1800 ; il eut pour successeur Jean-Baptiste Biot, à la fois physicien et mathématicien (1801-1862). Devenue chaire de Physique générale et mathématique, elle fut occupée par Joseph Bertrand (1862-1900), Marcel Brillouin (1900-1931) ; sous le titre de Physique théorique, elle a été occupée par Léon Brillouin (1932-1949) et par Jean Laval (1950-1970), puis transformée en 1971 en chaire de Physique de la matière condensée pour Pierre-Gilles de Gennes (1971-2004). D’autre part, en 1786, fut créée une chaire de Physique générale et expérimentale, occupée par Louis Lefèvre-Gineau jusqu’en 1823, André-Marie Ampère (1824-1836), Félix Savart (1836-1841), Henri-Victor Régnault (1841-1871), Élie Mascart (1872-1908), Paul Langevin (1909-1946). À la chaire de Physique générale et expérimentale, tenue par Maurice de Broglie de 1942 à 1944 et sur laquelle fut réintégré Paul Langevin, révoqué en 1940, succéda une chaire de Physique atomique et moléculaire par transformation de la chaire de Physique mathématique créée en 1933 pour Albert Einstein et qu’il n’avait jamais occupée. Elle eut pour titulaire de 1946 à 1972 Francis Perrin auquel succéda M. Claude Cohen-Tannoudji, de 1973 à 2004. Une nouvelle chaire de Physique mathématique a été créée en 1951 pour André Lichnerowicz (1952-1986). Une chaire de Chimie nucléaire occupée par Frédéric Joliot (19371958) a été transformée de 1958 à 1972 en chaire de Physique nucléaire pour Louis Leprince-Ringuet puis en chaire de Physique corpusculaire de 1973 à 2004 pour M. Marcel Froissart. Une chaire de Physique cosmique, occupée de 1944 à 1962 par Alexandre Dauvillier, a été transformée en 1962 en chaire d’Astrophysique théorique pour M. Jean-Claude Pecker (1964-1988), puis, en 1989, en chaire d’Astrophysique observationnelle pour M. Antoine Labeyrie. Une chaire de Magnétisme nucléaire, créée en 1959, a été occupée par M. Anatole Abragam 18 jusqu’en 1985 et une chaire de Méthodes physiques de l’astronomie par André Lallemand de 1961 à 1974. En 1982, une chaire de Physique statistique a été créée pour M. Philippe Nozières (1983-2001). Une chaire nouvelle, créée par la loi de Finances de 1964, et portant le titre de Physique théorique des particules élémentaires a été occupée par M. Jacques Prentki jusqu’en 1983. En 2000, une chaire de Physique quantique a été créée pour M. Serge Haroche qui l’occupe depuis 2001. M. Gabriele Veneziano occupe depuis 2004 la chaire de Particules élémentaires, gravitation et cosmologie créée l’année précédente. En 2005 est créée une chaire de Physique mésoscopique, occupée depuis 2007 par M. Michel Devoret. Chimie. — Une chaire de Chimie et une chaire d’Histoire naturelle, fondées en 1774, furent quelque temps réunies, sous le titre de chaire de Chimie et histoire naturelle pour Jean Darcet, qui d’ailleurs limita son enseignement à la première de ces deux sciences. Le titre primitif de la chaire de Chimie fut repris quand la chaire fut attribuée à Nicolas Vauquelin (1801-1804) auquel succéda LouisJacques Thénard (1804-1845). En 1845, elle se spécialisa sous le titre de Chimie minérale, et elle eut pour titulaires Théophile-Jules Pelouze (1845-1850), AntoineJérôme Balard (1851-1876), Paul Schützenberger (1876-1897), Henri Le Chatelier (1898-1907) et Camille Matignon (1908-1934). Une autre chaire, attribuée à la Chimie organique, eut pour premier titulaire Marcelin Berthelot (1865-1907), auquel succédèrent Émile-Clément Jungfleisch (1908-1916), Charles Moureu (1917-1929), Marcel Delépine (1930-1941) et Charles Dufraisse (1942-1955) ; elle a été transformée en 1955 en chaire de Chimie organique des hormones, pour Alain Horeau (1956-1980). En 1979 a été créée pour M. Jean-Marie Lehn une chaire de Chimie des interactions moléculaires, et de 1996 à 1998 pour Jean Rouxel une chaire de Chimie des solides. En 2000, une chaire de Chimie de la matière condensée a été créée pour M. Jacques Livage qui l’occupe depuis 2001. En 2007 est créée une chaire de Chimie des processus biologiques pour M. Marc Fontecave. Histoire naturelle et sciences biologiques. — L’enseignement de l’histoire naturelle fondé en 1774 n’étant pas effectivement donné par Jean Darcet, une chaire consacrée à la seule Histoire naturelle fut créée en 1778 et attribuée à Louis Daubenton (1778-1799), puis à Georges Cuvier (1800-1832). Cette chaire nouvelle ne tarda pas à être elle-même dédoublée. D’une part, une chaire d’Histoire naturelle des corps inorganiques fut donnée à Léonce Élie de Beaumont (1832-1874) et fut ensuite occupée par Charles Sainte-Claire Deville (1875-1876), Ferdinand Fouqué (1877-1904), Auguste Michel-Lévy (1905-1911). À cette chaire succèdent une chaire de Géologie, occupée par Lucien Cayeux (1912-1936) puis une chaire de Géologie méditerranéenne pour Paul Fallot (1938-1960) et une chaire de Géodynamique pour M. Xavier Le Pichon (1986-2008). En 2000 est créée une chaire d’Évolution du climat et de l’océan pour M. Édouard Bard. Entretemps, une création temporaire de chaire consacrée aux Études coloniales, protistologie 19 pathologique a eu pour titulaire Louis Nattan-Larrier (1923-1943). D’autre part, une seconde chaire fut consacrée à l’Histoire naturelle des corps organisés : elle eut pour titulaires Georges Duvernoy (1837-1855), Pierre-Jean-Marie Flourens (1855-1867), Étienne-Jules Marey (1869-1904), Nicolas François-Franck (1905-1921), et André Mayer (1922-1946) ; elle a été transformée pour Jean Roche, de 1947 à 1972, en chaire de Biochimie générale et comparée, puis en chaire de Biochimie cellulaire pour M. François Gros (1973-1996) et enfin en 1996 en chaire d’Immunologie moléculaire pour M. Philippe Kourilsky. En 1980, une chaire de Bio-Énergétique cellulaire a été créée pour M. Pierre Joliot (1981-2002). En 1995 a été créée pour M. Armand de Ricqlès une chaire de Biologie historique et évolutionnisme. En 1844 fut créée une chaire d’Embryogénie comparée, tenue par Victor Coste (1844-1873), Édouard Balbiani (1874-1899), Félix Henneguy (1900-1928), puis par Emmanuel Fauré-Frémiet (1928-1954). Consacrée ensuite à l’Embryologie expérimentale, elle a été occupée de 1955 à 1974 par Étienne Wolff. Depuis 1974 elle a été transformée en chaire de Communications cellulaires pour M. Jean-Pierre Changeux (1976-2006). Enfin, en 1964, une chaire nouvelle a été créée par la loi de Finances sous le titre de Génétique cellulaire pour M. François Jacob (1965-1991). Elle a été transformée en chaire de Génétique moléculaire pour M. Pierre Chambon (1992-2002), puis en chaire de Génétique humaine pour M. Jean-Louis Mandel (2003). En 1967 était créée pour Jacques Monod une chaire de Biologie moléculaire, qui l’occupa jusqu’en 1973. Une chaire de Génétique et physiologie cellulaire a été créée en 2000 pour Mme Christine Petit, qui l’occupe depuis 2001, et une chaire de Processus morphogénétiques est créée en 2006, occupée à partir de 2007 par M. Alain Prochiantz. Médecine. — La médecine, enseignée au Collège dès le xvie siècle, disposait de quatre chaires, progressivement spécialisées. L’anatomie fut professée par Antoine Portal de 1773 à 1832, tandis que la médecine dite pratique était attribuée à d’autres titulaires, parmi lesquels JeanNicolas Corvisart (1796-1804), Jean-Noël Hallé (1805-1822), René-Théophile Laennec (1822-1826), et Joseph Récamier (1827-1830). François Magendie (1830-1855) eut pour successeurs Claude Bernard (1855-1878), Charles BrownSéquard (1878-1894), Arsène d’Arsonval (1894-1930) et Charles Nicolle (1932-1936). Une chaire d’Épidémiologie fut créée pour Hyacinthe Vincent (1925-1936). La chaire de Médecine a été occupée par René Leriche (1937-1950) ; transformée ensuite en chaire de Médecine expérimentale, elle a été occupée par Antoine Lacassagne (1951-1954), Charles Oberling (1955-1960), Bernard Halpern (1961-1975), M. Jean Dausset (1977-1987), et subsiste sous cette même dénomination pour M. Pierre Corvol (1989). 20 Furent encore créées successivement plusieurs chaires nouvelles : en 1875, une chaire d’Anatomie générale, occupée par Louis-Antoine Ranvier (1875-1911), et transformée d’abord en chaire d’Histologie comparée pour Jean Nageotte (1912-1937) puis en chaire de Morphologie expérimentale et endocrinologie pour Robert Courrier, de 1938 à 1966, puis en chaire de Physiologie cellulaire de 1967 à 1993 pour François Morel ; enfin en chaire de Biologie moléculaire des plantes pour Joseph Schell de 1994 à 1998. En 1903, une chaire de Pathologie générale et comparée fut créée pour Albert Charrin (1903-1907). Cette chaire fut transformée en chaire de Biologie générale, successivement occupée par le physiologiste Émile Gley de 1908 à 1930 et par le physico-chimiste Jacques Duclaux de 1931 à 1948. Elle fut remplacée par une chaire de Neuro-physiologie générale pour Alfred Fessard, de 1949 à 1971, et modifiée en 1971 en chaire de Neurophysiologie pour M. Yves Laporte, de 1972 à 1991. Elle est devenue depuis 1992 chaire de Physiologie de la perception et de l’action pour M. Alain Berthoz. En 1925, une chaire d’Histophysiologie, attribuée à Justin Jolly (1925-1940), a été remplacée par une chaire de Radiobiologie expérimentale, occupée par Antoine Lacassagne de 1941 à 1951 où il devint titulaire de la chaire de Médecine expérimentale mentionnée au paragraphe précédent ; cette chaire a repris de 1951 à 1966, son ancienne affectation pour Jacques Benoit ; elle est devenue en 1973 chaire de Physiologie du développement pour Alfred Jost (1974-1987), puis, chaire d’Embryologie cellulaire et moléculaire pour Mme Nicole Le Douarin (1988-2000). En 1993, une chaire de Fondements et Principes de la reproduction humaine a été créée pour M. Étienne-Émile Baulieu (1993-1998), transformée en 1998, en chaire de Biologie et génétique du développement pour M. Spyros ArtavanisTsakonas qui l’occupe depuis 2000. En 2006 est créée la chaire de Microbiologie et maladies infectieuses pour M. Philippe Sansonetti. En 1929, une chaire de Mécanique animale appliquée à l’aviation, attribuée à Antoine Magnan (1929-1938), a subsisté de 1939 à 1955 sous le titre d’Aérolocomotion mécanique et biologique, et a été occupée par Étienne Oehmichen. À ces disciplines s’ajoutèrent, en 1887, l’enseignement alors nouveau de la Psychologie expérimentale et comparée, confié successivement à Théodule Ribot (1888-1901) et à Pierre Janet (1902-1934), puis les chaires de : Physiologie des sensations, attribuée à Henri Piéron (1923-1951), Psychologie et éducation de l’enfance occupée par Henri Wallon (1937-1949) ainsi que Neuropsychologie du développement créée en 1975 pour Julian de Ajuriaguerra qui l’occupa jusqu’en 1981 et qui a été transformée, en 1982, en chaire de Neuropharmacologie pour M. Jacques Glowinski (1983-2006). En 2005 est créée la chaire de Psychologie cognitive expérimentale, confiée à M. Stanislas Dehaene la même année. Chaire européenne. — Cette chaire destinée à une personnalité scientifique originaire d’un pays membre de la communauté économique européenne, pour une année académique, a été créée en 1989. Elle a été occupée par M. Harald Weinrich, Professeur à l’Université de Munich qui a traité de la Mémoire 21 linguistique de l’Europe pendant l’année 1989-1990. Le Professeur Cesare Vasoli, de l’Université de Florence, nommé pour l’année 1990-1991, n’a pu assurer son enseignement à la suite d’un accident de santé. En 1991-1992, M. Wolf Lepenies, Professeur au Wissenschaftskolleg de l’Université libre de Berlin a traité du sujet suivant : Les intellectuels et la politique de l’esprit dans l’histoire européenne ; en 19921993, M. Umberto Eco, Professeur à l’Université de Bologne, de La quête d’une langue parfaite dans l’histoire de la culture européenne ; en 1993-1994, M. Werner Hildenbrand, Professeur à l’Université de Bonn, du Contenu empirique des théories économiques ; M. Norbert Ohler, Professeur à l’Université de Fribourg, en 19941995, de l’Apport des pèlerins à la formation de l’Europe ; M. Klaus Rajewski, Professeur à l’Université de Cologne, en 1995-1996, des Nouvelles approches génétiques chez la souris ; M. Pieter Westbroek, Professeur à l’Université de Leyde, en 1996-1997, de Géophysique : esquisse d’une nouvelle Science de la Terre ; M. Abram de Swaan, Professeur à l’Université d’Amsterdam, en 1997-1998, de Langue et culture dans la société transnationale ; M. Thomas W. Gaehtgens, Professeur à l’Université libre de Berlin, en 1998-1999, de l’Image des collections en Europe au XVIII e siècle ; M. Hans-Wilhelm Müller-Gärtner, Professeur à la Faculté de Médecine de Düsseldorf, en 1999-2000, des Bases neuronales de la conscience : apport de l’imagerie cérébrale ; M. Michael Edwards, Professeur à l’Université de Warwick, en 2000-2001, de Poétiques de l’anglais et du français ; M. Claudio Magris, Professeur à l’Université de Trieste, en 2001-2002, de Nihilisme et mélancolie. Jacobsen et son Niels Lyhne ; M. Hans Belting, Professeur à l’Université de Heideberg, en 2002-2003, de L’histoire du regard. Représentation et vision en Occident ; M. Theodor Berchem, Professeur émérite de l’Université de Wurzbourg, de L’Avenir de l’Université — l’Université de l’Avenir, en 2003-2004 ; M. Sandro Stringari, Directeur du Research and Development Center on BoseEinstein Condensation à Trente, de Condensation de Bose-Einstein et superfluidité, en 2004-2005. Les titulaires de cette chaire ont été ensuite, en 2005-2006, M. Maurice Bloch : L’anthropologie cognitive à l’épreuve du terrain ; en 2006-2007, M. Daniele Vitali : Les Celtes d’Italie ; en 2007-2008, M. Manfred Kropp : Études coraniques. En 2008-2009, cette chaire est thématisée « Savoirs contre pauvreté » et confiée à Mme Esther Duflo. Chaire internationale. — Créée en 1992 pour accueillir, pendant une année académique, des personnalités scientifiques originaires des pays de l’Europe de l’Est ou appartenant à d’autres continents, cette chaire a eu pour premier titulaire Bronislaw Geremek, Professeur à l’Académie des Sciences de Varsovie, qui a traité en 1992-1993 du sujet suivant : Histoire sociale : exclusions et solidarités. En 19931994, M. Zhang Guangda, Professeur à l’Université de Pékin, a traité de La Chine et les civilisations de l’Asie centrale du VII e au XI e siècle ; M. Orest Ranum, Professeur à l’Université Johns Hopkins de Baltimore, en 1994-1995, de La France des années 1650 ; histoire et historiographie ; M. Harris Memel-Fotê, Professeur à l’Université d’Abidjan, en 1995-1996, de L’esclavage lignager africain et l’anthropologie des Droits de l’Homme ; M. Igor Mel’čuk, Professeur à l’Université de Montréal, en 1996-1997, 22 de Linguistique « Sens-Texte » ; M. Brian Stock, Professeur à l’Université de Toronto, en 1997-1998, de La Connaissance de soi et la littérature autobiographique au Moyen Âge ; M. Patrice Higonnet, Professeur à l’Université d’Harvard, en 1998-1999, des Mythes de Paris, des Lumières au Surréalismes ; M. James Watson Cronin, Professeur à l’Université de Chicago, en 1999-2000, du Développement de la physique des particules et des grandes expériences ; M. Miklós Szabó, Professeur à l’Université Eötvös Loránd de Budapest, en 2000-2001, de l’Histoire des Celtes danubiens et leur romanisation ; M. Paul Farmer, Professeur à la Harvard Medical School de Boston, en 2001-2002, de La violence struturelle et la matérialité du social ; M. Stuart Edelstein, Professeur à l’Université de Genève, en 2002-2003, des Mécanismes de la transduction du signal en biologie. M. Jayant Vishnu Narlikar, Professeur à l’InterUniversity centre for Astronomy and Astrophysics de Pune (Inde) a traité en 20032004 de Cosmology : Theory and Observations ; M. A. M. Celâl Şengör, Professeur à l’Université technique d’Istanbul, en 2004-2005, de L’histoire de la tectonique depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’apparition de la tectonique des plaques : une étude épistémologique. Les titulaires de cette chaire ont été ensuite, en 2005-2006, M. Thomas Pavel : Comment écouter la littérature ? ; en 2006-2007, M. Guy Orban : La vision, mission du cerveau ; en 2007-2008, à M. Pierre Magistretti : Cellules gliales, neuroénergétique et maladies neuropsychiatriques. En 2008-2009, cette chaire est thématisée « Développement durable » et est confiée à M. Henri Leridon. Chaire de création artistique. — Créée en 2004 pour accueillir, pendant une année académique, une personnalité illustrant la création artistique contemporaine, et consacrée à toutes les formes de création artistique, cette chaire a eu pour premier titulaire, en 2005-2006, M. Christian de Portzamparc, architecte, qui a traité de : Architecture : figures du monde, figures du temps. La chaire est ensuite occupée, en 2006-2007, par M. Pascal Dusapin, compositeur, dont le cours a pour titre : Composer : musique, paradoxe, flux. En 2007-2008, la chaire est confiée à Mme Ariane Mnouchkine et en 2008-2009 à M. PierreLaurent Aimard. Chaire d’innovation technologique-Liliane Bettencourt. — Créée en 2007, en partenariat avec la fondation Bettencourt-Schueller, cette chaire a pour vocation d’accueillir, pour chaque année académique, un nouveau titulaire chargé de proposer un enseignement à la pointe de la recherche dans les secteurs hautement innovants des nanotechnologies, de l’informatique, des réseaux de communication, du transfert et du cryptage de données, des sciences du vivant. Le premier titulaire, en 2006-2007, a été M. Jean-Paul Clozel, chercheur et P.-D.G. de la société ActelionLtd, qui a traité de : La biotechnologie : de la science au médicament. En 2007-2008, la chaire est occupée par M. Gérard Berry, directeur scientifique de Esterel Technologies, qui s’est consacré à la question : Pourquoi et comment le monde devient numérique. Lui succède, pour 2008-2009, M. Mathias Fink, professeur à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris et directeur du Laboratoire Ondes et acoustique. L’année indiquée est celle de la délibération de l’Assemblée des Professeurs sur la création. .TABLEAU DES CHAIRES DEPUIS 1800 Chaire ancienne 1800 1 Physique mathématique Jacques-Antoine Cousin (1769-1800) Histoire naturelle Louis Daubenton (1778-1799) Chaire nouvelle Physique mathématique Jean-Baptiste Biot (1801-1862) Histoire naturelle Georges Cuvier (1800-1832) 1801 Chimie Jean Darcet (1774-1801) Chimie Nicolas Vauquelin (1801-1804) 1804 Droit de la nature et des gens Mathieu-Antoine Bouchaud (1773-1804) Chimie Nicolas Vauquelin (1801-1804) Création Droit de la nature et des gens Pierre de Pastoret (1804-1821) Chimie Louis-Jacques Thénard (1804-1845) Grec moderne Jean-Baptiste d’Ansse de Villoison (1804-1805) 1805 Persan et Turc Pierre Ruffin (1784-1805) Médecine Jean-Nicolas Corvisart (1796-1804) Persan Antoine-Isaac Silvestre de Sacy (1806-1838) Médecine Jean-Noël Hallé (1805-1822) 1. le maintien ou la transformation de la chaire. 24 Grec moderne Jean-Baptiste d’Ansse de Villoison (1804-1805) Turc Pierre Ruffin (1805-1822) 1807 Astronomie Jérôme de Lalande (1768-1807) Astronomie Jean-Baptiste Delambre (1807-1822) 1809 Éloquence latine Charles-François Dupuis (1787-1809) Éloquence latine Pierre Guéroult (1809-1816) 1812 Histoire et morale Pierre-Charles Lévesque (1791-1812) Histoire et morale Étienne Clavier (1812-1817) 1813 Poésie latine Jacques Delille (1778-1813) Poésie latine Pierre-François Tissot (1813-1821) 1814 Philosophie grecque et latine Édouard Bosquillon (1775-1814) Littérature française Antoine de Cournand (1784-1814) Création Langue et philosophie grecques Jean-François Thurot (1814-1832) Littérature française Stanislas Andrieux (1814-1833) Langues et littératures chinoise et tartare-mandchoue Jean-Pierre Abel-Remusat (1814-1832) Langue et littérature sanscrites Léonard de Chézy (1815-1832) 1815 Mathématiques Antoine-Rémy Mauduit (1770-1815) Mathématiques Sylvestre-François Lacroix (1815-1843) 1816 Éloquence latine Pierre Guéroult (1809-1816) Éloquence latine Jean-Louis Burnouf (1817-1844) 1817 Histoire et morale Étienne Clavier (1812-1817) Histoire et morale Pierre Daunou (1819-1830) 1819 Hébreu Prosper-Gabriel Audran (1799-1819) Hébreu Étienne-Marc Quatremère (1819-1857) Création . 25 1821 Droit de la nature et des gens Pierre de Pastoret (1804-1821) Poésie latine Pierre-François Tissot (révoqué) (1813-1821) Droit de la nature et des gens Xavier de Portets (1822-1854) Poésie latine Joseph Naudet (1821-1830) 1822 Médecine Jean-Noël Hallé (1805-1822) Turc Pierre Ruffin (1805-1822) Astronomie Jean-Baptiste Delambre (1807-1822) Médecine René-Théophile Laennec (1822-1826) Turc Daniel Kieffer (1822-1833) Astronomie Jacques Binet (1823-1856) 1823 Physique générale et expérimentale Louis Lefèvre-Gineau (révoqué) (1786-1823) Physique générale et expérimentale André-Marie Ampère (1824-1836) 1826 Médecine René-Théophile Laennec (1822-1826) Médecine Joseph Récamier (1827-1830) 1829 Langue et littérature grecques Jean-Baptiste Gail (1791-1829) Langue et littérature grecques Jean-François Boissonade (1829-1855) 1830 Histoire et morale Pierre Daunou (1819-1830) Poésie latine Joseph Naudet (1821-1830) Histoire et morale Jean-Antoine Letronne (1831-1837) Poésie latine Pierre-François Tissot (rétabli) (1830-1854) 1831 Médecine Joseph Récamier (1827-1830) Création Création Création Médecine François Magendie (1831-1855) Économie politique Jean-Baptiste Say (1831-1832) Archéologie Jean-François Champollion (1831-1832) Histoire générale et philosophique des législations comparées Eugène Lerminier (1831-1849) . puis Histoire naturelle des corps inorganiques Léonce Élie de beaumont (1832-1874) Langues et littératures chinoise et tartare-mandchoue Stanislas Julien (1832-1873) Philosophie grecque et latine Théodore Jouffroy (1832-1837) Langue et littérature sanscrites Eugène Burnouf (1832-1852) Économie politique Pellegrino Rossi (1833-1840) 1833 Arabe Antoine Caussin de Perceval (1784-1833) Littérature française Stanislas Andrieux (1814-1833) Turc Daniel Kieffer (1822-1833) Arabe Armand-Pierre Caussin de Perceval (1833-1871) Littérature française Jean-Jacques Ampère (1833-1853) Turc Alix Desgranges (1833-1854) 1836 Physique générale et expérimentale André-Marie Ampère (1824-1836) Physique générale et expérimentale Félix Savart (1836-1841) 1837 Archéologie Jean-François Champollion (1831-1832) Histoire et morale Jean-Antoine Letronne (1831-1837) Philosophie grecque et latine Théodore Jouffroy (1832-1837) Création Archéologie Jean-Antoine Letronne (1837-1848) Histoire et morale Jules Michelet (1838-1852) Philosophie grecque et latine Jules Barthélémy Saint-Hilaire (1838-1852) Histoire naturelle des corps organisés Georges Duvernoy (1837-1855) 1838 Persan Antoine-Isaac Silvestre de Sacy (1806-1838) Persan Amédée Jaubert (1838-1847) .26 1832 Anatomie Antoine Portal (1773-1832) Histoire naturelle Georges Cuvier (1800-1832) Langues et littératures chinoise et tartare-mandchoue Jean-Pierre Abel-Rémusat (1814-1832) Langue et philosophie grecques Jean-François Thurot (1814-1832) Langue et littérature sanscrites Léonard de Chézy (1815-1832) Économie politique Jean-Baptiste Say (1831-1832) Chaire supprimée Histoire naturelle. 27 1840 Économie politique Pellegrino Rossi (1833-1840) Création Économie politique Michel Chevalier (1840-1879) Langue et littérature slaves Adam Mickiewicz. chargé de cours (1840-1852) 1841 Physique générale et expérimentale Félix Savart (1836-1841) Création Physique générale et expérimentale Henri-Victor Régnault (1841-1871) Langues et littératures d’origine germanique Philarète Chasles (1841-1853) Création Langues et littératures de l’Europe méridionale Edgar Quinet (1841-1852) 1843 Mathématiques Sylvestre-François Lacroix (1843-1848) Mathématiques Guillaume Libri-Carucci (1815-1843) 1844 Éloquence latine Jean-Louis Burnouf (1817-1844) Création Éloquence latine Désiré Nisard (1844-1852) Embryogénie comparée Victor Coste (1844-1873) 1845 Chimie Louis-Jacques Thénard (1804-1845) Chimie minérale Théophile-Jules Pelouze (1845-1850) 1847 Persan Amédée Jaubert (1838-1847) Persan Jules Mohl (1850-1876) . chargé de cours (1840-1852) Langue et littérature slaves Cyprien Robert. Michelet. Jean-Martial Bineau Économie générale et statistique des travaux publics. Langue et littérature slaves Adam Mickiewicz. Joseph Decaisne Économie générale et statistique des mines. l’Assemblée Nationale rétablit les cinq chaires supprimées et leurs titulaires furent réintégrés au Collège. Armand Marrast Droit criminel. pour en créer douze nouvelles destinées à instituer une École d’Administration dont l’existence fut éphémère : Droit politique français et droit politique comparé. chargé de cours (1853-1857) Chaire nouvelle Révocation de Quinet. Alphonse de Lamartine Droit privé. Augustin Serres Économie générale et statistique de l’agriculture. un décret du gouvernement provisoire supprima cinq chaires : Économie politique. Législations comparées. Mickiewicz. Turc et Poésie latine. Alexandre Ledru-Rollin Mécanique. usines.28 1848 Le 7 avril 1848. Alfred-Charles Franquet de Franqueville Économie générale et statistique des finances et du commerce. Jean-Victor Poncelet. Louis-Antoine Garnier-Pagès Droit administratif. Faustin Hélie Économie générale et statistique de la population. arts et manufactures. Droit de la nature et des gens. Jean Reynaud Droit international et histoire des traités. Louis-Marie Delahaye de Cormenin Histoire des institutions administratives françaises et étrangères. Le 14 novembre 1848. Chaire ancienne 1849 Histoire générale et philosophique des législations comparées Édouard Laboulaye (1849-1883) Archéologie Jean-Antoine Letronne (1837-1848) Histoire des législations comparées Eugène Lerminier (1831-1849) Archéologie Charles Lenormant (1849-1859) 1850 Mathématiques Guillaume Libri-Carucci (1843-1848) Chimie minérale Théophile-Jules Pelouze (1845-1850) Mathématiques Joseph Liouville (1851-1882) Chimie minérale Antoine-Jérôme Balard (1851-1876) 1852 Langue et littérature sanscrites Eugène Burnouf (1832-1852) Langue et littérature sanscrites Théodore Pavie. chargé de cours (1852-1857) . chargé de cours (1854-1856). titulaire (1857-1862) Éloquence latine Ernest Havet (1854-1885) Turc Abel Pavet de Courteille. chargé de cours (1853-1857) Langues et littératures étrangères de l’Europe moderne Philarète Chasles (1853-1870) . titulaire (1861-1889) 1855 Langue et littérature grecques Jean-François Boissonade (1855-1892) Médecine François Magendie (1831-1855) Histoire naturelle des corps organisés Georges Duvernoy (1837-1855) Langue et littérature grecques Jean-Pierre Rossignol (1829-1855) Médecine Claude Bernard (1855-1878) Histoire naturelle des corps organisés Pierre-Jean-Marie Flourens (1855-1867) Langue et littérature françaises modernes Jean-Jacques Ampère (1853-1864) Philosophie grecque et latine Émile Saisset. titulaire (1856-1887) Poésie latine Charles-Augustin de Sainte-Beuve (1854-1869) Turc Mathurin-Joseph Cor (1854) Histoire et morale Joseph Guigniaut. chargé de cours (1854-1857).29 Éloquence latine Désiré Nisard (1844-1852) Éloquence latine Wilhelm Rinn (1853-1854) 1853 Littérature française Jean-Jacques Ampère (1833-1853) Philosophie grecque et latine Jules Barthélémy Saint-Hilaire (1838-1852) Fusion des chaires de : — Langues et littératures de l’Europe méridionale Edgar Quinet (révoqué) (1841-1852) — Langues et littératures d’origine germanique Philarète Chasles (1841-1853) Création Langue et littérature françaises du Moyen Âge Paulin Paris (1853-1872) 1854 Droit de la nature et des gens Xavier de Portets (1822-1854) Poésie latine Pierre-François Tissot (1830-1854) Turc Alix Desgranges (1833-1854) Histoire et morale Jules Michelet (révoqué) (1838-1852) Éloquence latine Wilhelm Rinn (1853-1854) Turc Mathurin-Joseph Cor (1854) Droit de la nature et des gens Adolphe Franck. chargé de cours (1854-1861). chaldaïque. chaldaïque. chargé de cours (1853-1857) Langues hébraïque. titulaire (1866-1905) 1865 Création Chimie organique Marcelin Berthelot (1865-1907) . chaldaïque. titulaire (1861-1900) Langue et littérature sanscrites Édouard Foucaux. chaldaïque. chargé de cours (1852-1857) Philosophie grecque et latine Émile Saisset. et syriaque Salomon Munk (1864-1867) Grammaire comparée Michel Bréal. et syriaque Ernest Renan (révoqué) (1862-1864) Création Langue et littérature françaises modernes Louis de Loménie (1864-1878) Langues hébraïque. chargé de cours (1853-1857) Langue et littérature sanscrites Théodore Pavie. titulaire (1862-1892) 1864 Langue et littérature françaises modernes Jean-Jacques Ampère (1853-1864) Langues hébraïque. et syriaque Louis Dubeux.30 1857 Hébreu Étienne-Marc Quatremère (1819-1857) Langue et littérature slaves Cyprien Robert. et syriaque Langues hébraïque. chargé de cours (1857-1883) Philosophie grecque et latine Charles Lévêque. chargé de cours (1857-1861) Ernerst Renan (1862-1864) Création Épigraphie et antiquités romaines Léon Renier (1861-1885) 1862 Physique mathématique Jean-Baptiste Biot (1801-1862) Histoire et morale Joseph Guigniaut (1857-1862) Physique générale et mathématique Joseph Bertrand (1862-1900) Histoire et morale Alfred Maury. chargé de cours (1857-1861) Langue et littérature slaves Alexandre Chodzko. chargé de cours (1861). titulaire (1862-1894) 1860 Astronomie Jacques Binet (1823-1856) Archéologie Charles Lenormant (1849-1859) Mécanique céleste Joseph Serret (1861-1885) Philologie et archéologie égyptiennes Emmanuel de Rougé (1860-1872) Langues hébraïque. chargé de cours (1857-1862). et syriaque Louis Dubeux. chaldaïque. chargé de cours (1864-1865). chargé de cours (1857-1860). 31 1869 Poésie latine Charles-Augustin De Sainte-Beuve (1854-1869) Histoire naturelle des corps organisés Pierre-Jean-Marie Flourens (1855-1867) Poésie latine Gaston Boissier (1869-1885) Histoire naturelle des corps organisés Étienne-Jules Marey (1869-1904) 1870 Langues et littératures étrangères de l’Europe moderne Philarète Chasles (1853-1870) Langues hébraïque. et syriaque Ernest Renan (rétabli) (1870-1892) Langues et littératures de l’Europe méridionale Edgar Quinet (1870-1875) 1871 Arabe Armand-Pierre Caussin de Perceval (1833-1871) Création Arabe Charles-François Defrémery (1871-1883) Histoire des doctrines économiques Émile Levasseur (1871-1885) 1872 Physique générale et expérimentale Henri-Victor Régnault (1841-1871) Langue et littérature françaises du Moyen Âge Paulin Paris (1853-1872) Physique générale et expérimentale Élie Mascart (1872-1908) Langue et littérature françaises du Moyen Âge Gaston Paris (1872-1903) 1873 Langues et littératures chinoise et tartare-mandchoue Stanislas Julien (1832-1873) Langues et littératures chinoise et tartare-mandchoue Léon d’Hervey de Saint-Denys (1874-1892) . chaldaïque. et syriaque Salomon Munk (1864-1867) Rétablissement Langues et littératures d’origine germanique Philarète Chasles (1870-1873) Langues hébraïque. chaldaïque. 32 Embryogénie comparée Victor Coste (1844-1873) Philologie et archéologie égyptiennes Emmanuel de Rougé (1860-1872) Langues et littératures d’origine germanique Philarète Chasles (1870-1873) Embryogénie comparée Édouard Balbiani (1874-1899) Philologie et archéologie égyptiennes Gaston Maspero (1874-1916) Langues et littératures d’origine germanique Guillaume Guizot (1874-1892) 1874 Histoire naturelle des corps inorganiques Léonce Élie de Beaumont (1832-1874) Création Création Histoire naturelle des corps inorganiques Charles Sainte-Claire Deville (1875-1876) Histoire de la philosophie moderne Jean Nourrisson (1874-1899) Philologie et archéologie assyriennes Jules Oppert (1874-1905) 1875 Langues et littératures de l’Europe méridionale Edgar Quinet (1870-1875) Création Langues et littératures de l’Europe méridionale Paul Meyer (1876-1906) Anatomie générale Louis Ranvier (1875-1911) 1876 Persan Jules Mohl (1850-1876) Chimie minérale Antoine-Jérôme Balard (1851-1876) Histoire naturelle des corps inorganiques Charles Sainte-Clairedeville (1875-1876) Persan Adrien Barbier Demeynard (1876-1885) Chimie minérale Paul Schützenberger (1876-1897) Histoire naturelle des corps inorganiques Ferdinand Fouqué (1877-1904) 1877 Création Épigraphie et antiquités grecques Paul Foucart (1877-1926) 1878 Médecine Claude Bernard (1855-1878) Langue et littérature françaises modernes Louis de Loménie (1864-1878) Création Médecine Charles-Édouard Brown-Séquard (1878-1894) Langue et littérature françaises modernes Paul Albert (1878-1880) Esthétique et histoire de l’art Charles Blanc (1878-1882) . 33 1880 Économie politique Michel Chevalier (1840-1879) Langue et littérature françaises modernes Paul Albert (1878-1880) Création Économie politique Paul Leroy-Beaulieu (1880-1916) Langue et littérature françaises modernes Émile Deschanel (1881-1903) Histoire des religions Albert Réville (1880-1906) 1882 Mathématiques Joseph Liouville (1851-1882) Esthétique et histoire de l’art Charles Blanc (1878-1882) Création Mathématiques Camille Jordan (1883-1912) Esthétique et histoire de l’art Eugène Guillaume (1882-1905) Langues et littératures celtiques Henry d’Arbois de Jubainville (1882-1910) 1883 Histoire des législations comparées Édouard Laboulaye (1849-1883) Arabe Charles-François Defrémery (1871-1883) Histoire des législations comparées Jacques Flach (1884-1919) Arabe Stanislas Guyard (1884) 1884 Langue et littérature slaves Alexandre Chodzko. et statistiques économiques Émile Levasseur (1885-1911) Langues et littératures de la Perse James Darmesteter (1885-1894) . chargé de cours (1857-1883) Arabe Stanislas Guyard (1884) Langues et littératures slaves Louis Léger (1885-1923) Arabe Adrien Barbier de Meynard (1885-1908) 1885 Éloquence latine Ernest Havet (1854-1885) Mécanique céleste Joseph Serret (1861-1885) Épigraphie et antiquités romaines Léon Renier (1861-1885) Poésie latine Gaston Boissier (1869-1885) Histoire des doctrines économiques Émile Levasseur (1871-1885) Persan Adrien Barbier de Meynard (1876-1885) Philologie latine Louis Havet (1885-1925) Mécanique analytique et mécanique céleste Maurice Lévy (1885-1908) Épigraphie et antiquités romaines Ernest Desjardins (1886) Histoire de la littérature latine Gaston Boissier (1885-1906) Géographie. histoire. chaldaïque et syriaque Ernest Renan (1870-1892) Langues et littératures d’origine germanique Guillaume Guizot (1874-1892) Langues et littératures chinoise et tartare-mandchoue Léon d’Hervey de Saint-Denys (1874-1892) Langue et littérature grecques Maurice Croiset (1893-1930) Langues et littératures hébraïque.34 1886 Épigraphie et antiquités romaines Ernest Desjardins (1886) Épigraphie et antiquités romaines René Cagnat (1887-1930) 1887 Droit de la nature et des gens Adolphe Franck (1856-1887) Psychologie expérimentale et comparée Théodule Ribot (1888-1901) 1890 Turc Abel Pavet de Courteille (1861-1889) Épigraphie et antiquités sémitiques Charles Clermont-Ganneau (1890-1923) 1892 Histoire et morale Alfred Maury (1862-1892) Création Géographie historique de la France Auguste Longnon (1892-1911) Histoire générale des sciences Pierre Laffitte (1892-1903) 1893 Langue et littérature grecques Jean-Pierre Rossignol (1855-1892) Langues hébraïque. chaldaïque. et syriaque Philippe Berger (1893-1910) Langues et littératures d’origine germanique Arthur Chuquet (1893-1925) Langues et littératures chinoise et tartare-mandchoue Édouard Chavannes (1893-1918) 1894 Langue et littérature sanscrites Édouard Foucaux (1862-1894) Médecine Charles-Édouard Brown-Séquard (1878-1894) Langues et littératures de la Perse James Darmesteter (1885-1894) Langue et littérature sanscrites Sylvain Lévi (1894-1935) Médecine Arsène d’Arsonval (1894-1930) Langue et littérature araméennes Rubens Duval (1894-1907) 1897 Chimie minérale Paul Schützenberger (1876-1897) Création Chimie minérale Henri Le Chatelier (1898-1907) Philosophie sociale Jean Izoulet (1897-1929) . 35 1899 Histoire de la philosophie moderne Jean Nourrisson (1874-1899) Embryogénie comparée Édouard Balbiani (1874-1899) Philosophie moderne Gabriel Tarde (1900-1904) Embryogénie comparée Félix Henneguy (1900-1928) 1900 Philosophie grecque et latine Charles Lévêque (1861-1900) Physique générale et mathématique Joseph Bertrand (1862-1900) Philosophie grecque et latine Henri Bergson (1900-1904) Physique générale et mathématique Marcel Brillouin (1900-1931) 1901 Psychologie expérimentale et comparée Théodule Ribot (1888-1901) Psychologie expérimentale et comparée Pierre Janet (1902-1934) 1902 Création Sociologie et sociographie musulmanes Alfred Le Chatelier (1902-1925) 1903 Langue et littérature françaises du Moyen Âge Gaston Paris (1872-1903) Histoire générale des sciences Pierre Laffitte (1892-1903) Création Langue et littérature françaises du Moyen Âge Joseph Bédier (1903-1936) Histoire générale des sciences Grégoire Wyrouboff (1903-1913) Pathologie générale et comparée Albert Charrin (1903-1907) 1904 Histoire naturelle des corps organisés Étienne-Jules Marey (1869-1904) Histoire naturelle des corps inorganiques Ferdinand Fouqué (1877-1904) Langue et littérature françaises modernes Émile Deschanel (1881-1903) Philosophie moderne Gabriel Tarde (1900-1904) Histoire naturelle des corps organisés Nicolas François-Franck (1905-1921) Histoire naturelle des corps inorganiques Auguste Michel-Lévy (1905-1911) Langue et littérature françaises modernes Abel Lefranc (1904-1937) Philosophie moderne Henri Bergson (1904-1921) 1905 Grammaire comparée Michel Bréal (1866-1905) Philologie et archéologie assyriennes Jules Oppert (1874-1905) Esthétique et histoire de l’art Eugène Guillaume (1882-1905) Grammaire comparée Antoine Meillet (1906-1936) Philologie et archéologie assyriennes Charles Fossey (1906-1939) Esthétique et histoire de l’art Georges Lafenestre (1905-1919) . réintégré en 1944) Langue et littérature arabes Paul Casanova (1909-1926) Numismatique de l’Antiquité et du Moyen Âge Ernest Babelon (1908-1924) Histoire des religions Alfred Loisy (1909-1932) 1909 Mécanique analytique et mécanique céleste Maurice Lévy (1885-1908) Mécanique analytique et mécanique céleste Jacques Hadamard (1909-1937) 1910 Langues et littératures celtiques Henry d’Arbois de Jubainville (1882-1910) Langues et littératures celtiques Joseph Loth (1910-1930) .36 Philosophie grecque et latine Henri Bergson (nommé en 1904 titulaire de la chaire dePhilosophie moderne) (1900-1904) Histoire et antiquités nationales Camille Jullian (1905-1930) 1906 Langues et littératures de l’Europe méridionale Paul Meyer (1876-1906) Histoire des religions Albert Réville (1880-1906) Histoire de la littérature latine Gaston Boissier (1885-1906) Langues et littératures de l’Europe méridionale Alfred Morel-Fatio (1907-1924) Histoire des religions Jean Réville (1907-1908) Histoire de la littérature latine Paul Monceaux (1907-1934) 1907 Chimie organique Marcelin Berthelot (1865-1907) Chimie minérale Henri Le Chatelier (1898-1907) Pathologie générale et comparée Albert Charrin (1903-1907) Création Chimie organique Émile Jungfleisch (1908-1916) Chimie minérale Camille Matignon (1908-1934) Biologie générale Émile Gley (1908-1930) Histoire du travail Georges Renard (1907-1930) 1908 Physique générale et expérimentale Élie Mascart (1872-1908) Arabe Adrien Barbier Demeynard (1885-1908) Langue et littérature araméennes Rubens Duval (1895-1907) Histoire des religions Jean Réville (1907-1908) Physique générale et expérimentale Paul Langevin (1909-1946) (révoqué en 1940. chaldaïque.37 1911 Langues et littératures hébraïque. et syriaque Philippe Berger (1893-1910) Langues. histoire et statistiques économiques Émile Levasseur (1885-1911) Géographie historique de la France Auguste Longnon (1892-1911) Histoire naturelle des corps inorganiques Lucien Cayeux (1912-1936) Création temporaire (fondation Albert Kahn) Histologie comparée Jean Nageotte (1912-1937) Mathématiques Georges Humbert (1912-1921) Étude des faits économiques et sociaux Marcel Marion (1912-1932) Histoire de l’Afrique du Nord Stéphane Gsell (1912-1932) Géologie Auguste Michel-Lévy (1905-1911) Géographie humaine Jean Brunhes (1912-1930) 1914 Histoire générale des sciences Grégoire Wyrouboff (1903-1913) Chaire supprimée 1916 Philologie et archéologie égyptiennes Gaston Maspero (1874-1916) Chimie organique Émile Jungfleisch (1908-1916) Création (fondation de la Ville de Paris) Chaire supprimée Chaire supprimée Prévoyance et assistance sociales Édouard Fuster (1917-1935) 1917 Économie politique Paul Leroy-Beaulieu (1880-1916) Chimie organique Charles Moureu (1917-1929) 1919 Langues et littératures chinoise et tartare-mandchoue Édouard Chavannes (1893-1918) Esthétique et histoire de l’art Georges Lafenestre (1905-1919) Langue et littérature chinoises Henri Maspero (1921-1945) Histoire de l’art français André Michel (1920-1925) 1920 Histoire des législations comparées Jacques Flach (1884-1919) Histoire des sciences Pierre Boutroux (1920-1922) . histoire et archéologie de l’Asie centrale Paul Pelliot (1911-1945) 1912 Anatomie générale Louis Ranvier (1875-1911) Mathématiques Camille Jordan (1883-1912) Géographie. protistologie pathologique Louis Nattan-Larrier (1923-1943) 1924 Langues et littératures de l’Europe méridionale Edmond Faral (1925-1954) Numismatique de l’Antiquité et du Moyen Âge Théodore Reinach (1924-1928) Littérature latine du Moyen Âge Alfred Morel-Fatio (1907-1924) Numismatique de l’Antiquité Ernest Babelon (1908-1924) 1925 Philologie latine Louis Havet (1885-1925) Langues et littératures d’origine germanique Arthur Chuquet (1893-1925) Phonétique expérimentale Jean Rousselot (1923-1924) Histoire des littératures comparées de l’Europe méridionale et de l’Amérique latine Paul Hazard (1925-1944) Langues et littératures d’origine germanique Charles Andler (1926-1933) Histophysiologie Justin Jolly (1925-1940) .38 Création Création temporaire Histoire et philologie indochinoises Louis Finot (1920-1930) Enseignement de la coopération Charles Gide (1921-1930) 1921 Philosophie moderne Henri Bergson (1904-1921) Histoire naturelle des corps organisés Nicolas François-Franck (1905-1921) Mathématiques Georges Humbert (1912-1921) Création Philosophie Édouard Leroy (1921-1940) Histoire naturelle des corps organisés André Mayer (1922-1946) Mathématiques Henri Lebesgue (1921-1941) Histoire coloniale Alfred Martineau (1921-1935) 1922 Histoire des sciences Pierre Boutroux (1920-1922) Égyptologie Alexandre Moret (1923-1938) 1923 Langues et littératures slaves Louis Léger (1885-1923) Épigraphie et antiquités sémitiques Charles Clermont-Ganneau (1890-1923) Création Création temporaire Langues et littératures slaves André Mazon (1923-1951) Physiologie des sensations Henri Piéron (1923-1951) Phonétique expérimentale Jean Rousselot (1923-1924) Études coloniales. 39 Création Épidémiologie Hyacinthe Vincent (1925-1936) 1926 Épigraphie et antiquités grecques Paul Foucart (1877-1926) Sociologie et sociographie musulmanes Alfred Le Chatelier (1902-1925) Langue et littérature arabes Paul Casanova (1909-1926) Histoire de l’art français André Michel (1920-1925) Épigraphie grecque Maurice Holleaux (1927-1932) Sociologie et sociographie musulmanes Louis Massignon (1926-1954) Langue et littérature arabes William Marçais (1927-1943) Esthétique et histoire de l’art Gabriel Millet (1926-1937) 1928 Embryogénie comparée Félix Henneguy (1900-1928) Embryogénie comparée Emmanuel Fauré-Frémiet (1928-1954) 1929 Philosophie sociale Jean Izoulet (1897-1929) Chimie organique Charles Moureu (1917-1929) Numismatique de l’Antiquité Théodore Reinach (1924-1928) Création Sociologie Marcel Mauss (1931-1942) Chimie organique Marcel Delépine (1930-1941) Préhistoire Henri Breuil (1929-1947) Mécanique animale appliquée de l’aviation Antoine Magnan (1929-1938) 1930 Histoire et philologie indochinoises Louis Finot (1920-1930) Histoire et philologie indochinoises Jean Przyluski (1931-1944) 1931 Épigraphie et antiquités romaines René Cagnat (1887-1930) Langue et littérature grecques Maurice Croiset (1893-1930) Médecine Arsène d’Arsonval (1894-1930) Physique générale et mathématique Marcel Brillouin (1900-1931) Histoire du travail Georges Renard (1907-1930) Biologie générale Émile Gley (1908-1930) Civilisation romaine Eugène Albertini (1932-1941) Langue et littérature grecques Émile Bourguet (1932-1938) Médecine Charles Nicolle (1932-1936) Physique théorique Léon Brillouin (1932-1949) Histoire du travail François Simiand (1932-1935) Biologie générale Jacques Duclaux (1931-1948) . Einstein.40 Langues et littératures celtiques Joseph Loth (1910-1930) Création Histoire de la philosophie au Moyen Âge Étienne Gilson (1932-1950) Civilisation américaine Bernard Faÿ (1932-1945) 1932 Histoire des religions Alfred Loisy (1909-1932) Histoire de l’Afrique du Nord Stéphane Gsell (1912-1932) Étude des faits économiques et sociaux Marcel Marion (1912-1932) Création temporaire (fondation de la Ville de Paris) Histoire de la civilisation moderne Lucien Febvre (1933-1949) Histoire ancienne de l’Orient sémitique Isidore Lévy (1932-1941) Géographie économique et politique André Siegfried (1933-1946) Histoire de l’art monumental Paul Léon (1932-1944) 1933 Langues et littératures d’origine germanique Charles Andler (1926-1933) Épigraphie grecque Maurice Holleaux (1927-1932) Création (pour A. qui ne devait jamais l’occuper) Suppression par décret des chaires de : Psychologie expérimentale et comparée Pierre Janet (1902-1934) Histoire de la littérature latine Paul Monceaux (1907-1934) Chimie minérale Camille Matignon (1908-1934) 1935 Histoire et antiquités nationales Camille Jullian (1905-1930) Prévoyance et assistance sociales Édouard Fuster (1917-1935) Histoire du travail François Simiand (1932-1935) Antiquités nationales Albert Grenier (1936-1948) Psychologie et éducation de l’enfance Henri Wallon (1937-1949) Histoire du travail Émile Coornaert (1936-1957) 1936 Langue et littérature sanscrites Sylvain Lévi (1894-1935) Médecine Charles Nicolle (1932-1936) Chimie nucléaire Frédéric Joliot (1937-1958) Langue et littérature sanscrites Jules Bloch (1937-1951) Langues et littératures d’origine germanique Ernest Tonnelat (1934-1948) Histoire des religions Jean Baruzi (1933-1951) Physique mathématique 1934 . réintégré en 1944) Philosophie Édouard Leroy (1921-1940) Mathématiques Henri Lebesgue (1921-1941) Histophysiologie Justin Jolly (1925-1940) Chimie organique Marcel Delépine (1930-1941) Histoire des arts de l’Orient musulman Albert Gabriel (1941-1953) Physique générale et expérimentale Maurice Debroglie (1942-1944). puis à nouveau Paul Langevin Philosophie Louis Lavelle (1941-1951) Affectation réservée Radiobiologie expérimentale Antoine Lacassagne (1941-1951) Chimie organique Charles Dufraisse (1942-1955) .41 1937 Langue et littérature françaises du Moyen Âge Joseph Bédier (1903-1936) Langue et littérature françaises modernes Paul Valéry (1937-1945) Grammaire comparée Antoine Meillet (1906-1936) Géologie Lucien Cayeux (1912-1936) Histoire coloniale Alfred Martineau (1921-1935) Épidémiologie Hyacinthe Vincent (1925-1936) Histoire du vocabulaire français Mario Roques (1937-1946) Poétique Abel Lefranc (1904-1937) Grammaire comparée Émile Benveniste (1937-1972) Géologie méditerranéenne Paul Fallot (1938-1960) Histoire de la colonisation Edmond Chassigneux (1939-1946) Médecine René Leriche (1937-1950) 1938 Mécanique analytique et mécanique céleste Jacques Hadamard (1909-1937) Histologie comparée Jean Nageotte (1912-1937) Égyptologie Alexandre Moret (1923-1938) Esthétique et histoire de l’art Gabriel Millet (1926-1937) Mécanique animale appliquée à l’aviation Antoine Magnan (1929-1938) Langue et littérature grecques Émile Bourguet (1932-1938) Mathématique et mécanique Szolem Mandelbrojt (1938-1972) Morphologie expérimentale et endocrinologie Robert Courrier (1938-1966) Égyptologie Pierre Lacau (1938-1947) Esthétique et histoire de l’art Henri Focillon (1938-1942) Aérolocomotion mécanique et biologique Étienne Œhmichen (1939-1955) Épigraphie et antiquités grecques Louis Robert (1939-1974) 1941 Philologie et archéologie assyriennes Charles Fossey (1906-1939) Physique générale et expérimentale Paul Langevin (1909-1946) (révoqué en 1940. postérieur de quelques mois. peut être parfois daté de l’année suivante. l’arrêté ministériel déclarant la vacance de la chaire.42 Civilisation romaine Eugène Albertini (1932-1941) Civilisation romaine André Piganiol (1942-1954) 1943-1944 Histoire des littératures comparées de l’Europe méridionale et de l’Amérique latine Paul Hazard (1925-1944) Sociologie Marcel Mauss (1931-1942) Esthétique et histoire de l’art Henri Focillon (révoqué) (1938-1942) Mathématique et mécanique Szolem Mandelbrojt (1938-1972) (révoqué en 1942. L’année indiquée est celle de la délibération de l’Assemblée des Professeurs. réintégré en 1944) Langues et littératures de la péninsule ibérique et de l’Amérique latine Marcel Bataillon (1945-1965) Psychologie collective Maurice Halbwachs (1944-1945) Histoire de la langue latine Alfred Ernout (1944-1951) Physique cosmique Alexandre Dauvillier (1944-1962) 1945 2 Langue et littérature chinoises Henri Maspero (1921-1945) Langue et littérature arabes William Marçais (1927-1943) Histoire ancienne de l’Orient sémitique Isidore Lévy (1932-1941) Physique mathématique (chaire créée pour A. Einstein en 1933) Poétique Paul Valéry (1937-1945) Psychologie collective Maurice Halbwachs (1944-1945) Langue et littérature chinoises Paul Demiéville (1946-1964) Histoire du monde arabe Jean Sauvaget (1946-1950) Philologie et archéologie assyro-babyloniennes Édouard Dhorme (1945-1951) Physique atomique et moléculaire Francis Perrin (1946-1972) Histoire des créations littéraires en France Jean Pommier (1946-1964) Histoire de la civilisation italienne Augustin Renaudet (1946-1950) 1946 Physique générale et expérimentale Paul Langevin (1909-1946) Langues. histoire et archéologie de l’Asie centrale Paul Pelliot (1911-1945) Histoire naturelle des corps organisés André Mayer (1922-1946) Histoire et philologie indochinoises Jean Przyluski (1931-1944) Théorie des équations différentielles et fonctionnelles Jean Leray (1947-1978) Archéologie paléochrétienne et byzantine André Grabar (1946-1966) Biochimie générale et comparée Jean Roche (1947-1972) Histoire et philologie indochinoises Émile Gaspardone (1946-1965) 2. . 43 Civilisation américaine Bernard Faÿ (révoqué) (1932-1945) Géographie économique et politique André Siegfried (1933-1946) Histoire du vocabulaire français Mario Roques (1937-1946) Création Histoire de la civilisation de l’Amérique du Nord Marcel Giraud (1947-1971) Étude du monde tropical Pierre Gourou (1947-1970) Langue et littérature françaises du Moyen Âge Félix Lecoy (1947-1974) Civilisations de l’Extrême-Orient Paul Mus (1946-1969) 1947 Préhistoire Henri Breuil (1929-1947) Égyptologie Pierre Lacau (1938-1947) Histoire de la colonisation Edmond Chassigneux (1939-1946) Géographie historique de la France Roger Dion (1948-1968) Égyptologie Pierre Montet (1948-1956) Histoire de l’expansion de l’Occident Robert Montagné (1948-1954) 1948 Biologie générale Jacques Duclaux (1931-1948) Langues et littératures d’origine germanique Ernest Tonnelat (1934-1948) Antiquités nationales Albert Grenier (1936-1948) Neurophysiologie générale Alfred Fessard (1949-1971) Langues et littératures d’origine germanique Fernand Mossé (1949-1956) Civilisation indo-européenne Georges Dumézil (1949-1968) 1949 Physique théorique Léon Brillouin (1932-1949) Histoire de la civilisation moderne Lucien Febvre (1933-1949) Psychologie et éducation de l’enfance Henri Wallon (1937-1949) Physique théorique Jean Laval (1950-1970) Histoire de la civilisation moderne Fernand Braudel (1950-1972) Psychologie des arts plastiques René Huyghe (1951-1976) 1950 Médecine René Leriche (1937-1950) Histoire de la civilisation italienne Augustin Renaudet (1946-1950) Histoire du monde arabe Jean Sauvaget (1946-1950) Création (fondation de la ville de Paris) Médecine expérimentale Antoine Lacassagne (1951-1954) Littérature et civilisation italiennes André Pézard (1951-1963) Langue et littérature arabes Gaston Wiet (1951-1959) Histoire et structure sociales de Paris et de la région parisienne Louis Chevalier (1952-1981) . 44 1951 Langues et littératures slaves André Mazon (1923-1951) Physiologie des sensations Henri Piéron (1923-1951) Histoire de la philosophie au Moyen Âge Étienne Gilson (1932-1950) Histoire des religions Jean Baruzi (1933-1951) Langue et littérature sanscrites Jules Bloch (1937-1951) Philosophie Louis Lavelle (1941-1951) Histoire de la langue latine Alfred Ernout (1944-1951) Philologie et archéologie assyro-babyloniennes Édouard Dhorme (1945-1951) Radiobiologie expérimentale Antoine Lacassagne (nommé en 1951. titulaire de la chaire de Médecine expérimentale créée l’année précédente) 1953 Histoire des arts de l’Orient musulman Claude Schaeffer-Forrer (1954-1969) Archéologie de l’Asie occidentale Albert Gabriel (1941-1953) 1954 Littérature latine du Moyen Âge Edmond Faral (1925-1954) Embryogénie comparée Emmanuel Fauré-Frémiet (1928-1954) Civilisation romaine André Piganiol (1942-1954) Médecine expérimentale Antoine Lacassagne (1951-1954) Analyse des faits économiques et sociaux François Perroux (1955-1974) Embryologie expérimentale Étienne Wolff (1955-1974) Civilisation romaine Jean Gagé (1955-1972) Médecine expérimentale Charles Oberling (1955-1960) 1955 Sociologie et sociographie musulmanes Louis Massignon (1926-1954) Aérolocomotion mécanique et biologique Étienne Œhmichen (1939-1955) Sociologie musulmane Henri Laoust (1956-1975) Algèbre et géométrie Jean-Pierre Serre (1956-1994) Langues et littératures slaves André Vaillant (1952-1962) Physique mathématique André Lichnerowicz (1952-1986) Histoire et technologie des systèmes philosophiques Martial Guéroult (1951-1962) Histoire des religions Henri-Charles Puech (1952-1972) Langues et littératures de l’Inde Jean Filliozat (1952-1978) Philosophie Maurice Merleau-Ponty (1952-1961) Littérature latine Pierre Courcelle (1952-1980) Assyriologie René Labat (1952-1974) Histophysiologie Jacques Benoit (1952-1966) . 45 Chimie organique Charles Dufraisse (1942-1955) Histoire de l’expansion de l’Occident Robert Montagné (1948-1954) Chimie organique des hormones Alain Horeau (1956-1980) Histoire sociale de l’Islam contemporain Jacques Berque (1956-1981) 1956 Égyptologie Pierre Montet (1948-1956) Philologie et archéologie égyptiennes Étienne Drioton (1957-1960) 1957 Langues et littératures d’origine germanique Fernand Mossé (1949-1956) Langues et littératures d’origine germanique Robert Minder (1957-1973) 1958 Histoire du travail Émile Coornaert (1936-1957) Chimie nucléaire Frédéric Joliot (1937-1958) Création Démographie sociale : la vie des populations Alfred Sauvy (1959-1969) Physique nucléaire Louis Leprince-Ringuet (1959-1972) Anthropologie sociale Claude Lévi-Strauss (1959-1982) 1959 Langue et littérature arabes Gaston Wiet (1951-1959) Magnétisme nucléaire Anatole Abragam (1960-1985) 1960 Géologie méditerranéenne Paul Fallot (1938-1960) Médecine expérimentale Charles Oberling (1955-1960) Philologie et archéologie égyptiennes Étienne Drioton (1957-1960) Méthodes physiques de l’astronomie André Lallemand (1961-1974) Médecine expérimentale Bernard Halpern (1961-1975) Philologie et archéologie égyptiennes Georges Posener (1961-1978) 1961 Philosophie Maurice Merleau-Ponty (1952-1961) Philosophie de la connaissance Jules Vuillemin (1962-1990) 1962 Histoire et technologie des systèmes philosophiques Martial Guéroult (1951-1962) Langues et littératures slaves André Vaillant (1952-1962) Histoire de la pensée philosophique Jean Hyppolite (1963-1968) Hébreu et araméen André Dupont-Sommer (1963-1971) . 46 1963 Physique cosmique Alexandre Dauvillier (1944-1962) Langue et littérature chinoises Paul Démiéville (1946-1964) Histoire des créations littéraires en France Georges Blin (1965-1988) Littérature et civilisation italiennes André Pézard (1951-1963) Création Création Astrophysique théorique Jean-Claude Pecker (1964-1988) Histoire et civilisations de l’Asie centrale Louis Hambis (1965-1977) Littérature française moderne Jean Pommier (1946-1964) Archéologie et histoire de la Gaule Paul-Marie Duval (1964-1982) Physique théorique des particules élémentaires Jacques Prentki (1965-1983) Génétique cellulaire François Jacob (1965-1991) 1965 Langues et littératures de la péninsule ibérique et de l’Amérique latine Marcel Bataillon (1945-1965) Histoire et philologie indochinoises Émile Gaspardone (1946-1965) Langues et littératures de la péninsule ibérique et de l’Amérique latine Israël Révah (1966-1973) Étude du monde chinois : institutions et concepts Rolf A. Stein (1966-1981) 1967 Morphologie expérimentale et endocrinologie Robert Courrier (1938-1966) Archéologie paléochrétienne et byzantine André Grabar (1946-1966) Histophysiologie Jacques Benoit (1952-1966) Physiologie cellulaire François Morel (1967-1993) Histoire et civilisation de Byzance Paul Lemerle (1967-1973) Biologie moléculaire Jacques Monod (1967-1973) 1968 Civilisation indo-européenne Georges Dumézil (1949-1968) Préhistoire André Leroi-Gourhan (1969-1982) 1969 Géographie historique de la France Roger Dion (1948-1968) Archéologie de l’Asie occidentale Claude Schaeffer-Forrer (1954-1969) Démographie sociale : la vie des populations Alfred Sauvy (1959-1969) Histoire de la pensée philosophique Jean Hyppolite (1963-1968) Géographie du continent européen Maurice Lelannou (1969-1976) Histoire des sociétés médiévales Georges Duby (1970-1991) Sociologie de la civilisation moderne Raymond Aron (1970-1978) Histoire des systèmes de pensée Michel Foucault (1970-1984) . 47 1970 Civilisations de l’Extrême-Orient Paul Mus (1946-1969) Étude du monde tropical Pierre Gourou (1947-1970) Physique théorique Jean Laval (1950-1970) Art et civilisation de la Renaissance en Italie André Chastel (1970-1984) Étude du Bouddhisme André Bareau (1971-1991) Physique de la matière condensée Pierre-Gilles de Gennes (1971-2004) 1971 Histoire de la civilisation de l’Amérique du Nord Marcel Giraud (1947-1971) Neurophysiologie générale Alfred Fessard (1949-1971) Hébreu et araméen André Dupont-Sommer (1963-1971) Anthropologie physique Jacques Ruffié (1972-1992) Neurophysiologie Yves Laporte (1972-1991) Hébreu et araméen André Caquot (1972-1994) 1972 Physique atomique et moléculaire Francis Perrin (1946-1972) Biochimie générale et comparée Jean Roche (1947-1972) Physique nucléaire Louis Leprince-Ringuet (1959-1972) Physique atomique et moléculaire Claude Cohen-Tannoudji (1973-2004) Biochimie cellulaire François Gros (1973-1996) Physique corpusculaire Marcel Froissart (1973-2004) 1973 Grammaire comparée Émile Benveniste (1937-1972) Mathématique et mécanique Szolem Mandelbrojt (1938-1972) Histoire de la civilisation moderne Fernand Braudel (1950-1972) Histoire des religions Henri-Charles Puech (1952-1972) Civilisation romaine Jean Gagé (1955-1972) Langues et littératures d’origine germanique Robert Minder (1957-1973) Langues et littératures de la péninsule ibérique et de l’Amérique latine Israël Révah (1966-1973) Langues et civilisation de l’Asie Mineure Emmanuel Laroche (1973-1985) Analyse mathématique des systèmes et de leur contrôle Jacques-Louis Lions (1973-1998) Histoire de la civilisation moderne Emmanuel Le Roy Ladurie (1973-1999) La Grèce et la formation de la pensée morale et politique Jacqueline de Romilly (1973-1984) Théorie des groupes Jacques Tits (1973-2000) Étude comparée des religions antiques Jean-Pierre Vernant (1975-1984) Histoire sociale et intellectuelle de la Chine Jacques Gernet (1975-1992) . technique et langage en musique Pierre Boulez (1976-1995) Histoire de Rome Paul-Marie Veyne (1976-1999) Histoire et civilisation du monde byzantin Gilbert Dagron (1975-2001) Langue et littérature arabes classiques André Miquel (1976-1997) 1976 Psychologie des arts plastiques René Huyghe (1951-1976) Médecine expérimentale Bernard Halpern (1961-1975) Géographie du continent européen Maurice Lelannou (1969-1976) Histoire de la création artistique en France Jacques Thuillier (1977-1998) Médecine expérimentale Jean Dausset (1977-1987) Christianisme et gnoses dans l’Orient préislamique Antoine Guillaumont (1977-1986) 1977 Histoire et civilisations de l’Asie centrale Louis Hambis (1965-1977) Sociographie de l’Asie du Sud-Est Lucien Bernot (1978-1985) 1978 Philologie et archéologie égyptiennes Georges Posener (1961-1978) Égyptologie Jean Leclant (1979-1990) 1979 Théorie des équations différentielles et fonctionnelles Jean Leray (1947-1978) Droit international René-Jean Dupuy (1979-1989) .48 Biologie moléculaire Jacques Monod (1967-1973) Histoire et civilisation de Byzance Paul Lemerle (1967-1973) Physiologie du développement Alfred Jost (1974-1987) Histoire des mentalités religieuses dans l’Occident moderne Jean Delumeau (1975-1994) 1974 Embryologie expérimentale Étienne Wolff (1955-1974) Méthodes physiques de l’astronomie André Lallemand (1961-1974) Communications cellulaires Jean-Pierre Changeux (1975-2006) Neuropsychologie du développement Julian de Ajuriaguerra (1975-1981) 1975 Épigraphie et antiquités grecques Louis Robert (1939-1974) Langue et littérature françaises du Moyen Âge Félix Lecoy (1947-1974) Assyriologie René Labat (1952-1974) Analyse des faits économiques et sociaux François Perroux (1955-1974) Sociologie musulmane Henri Laoust (1956-1975) Sémiologie littéraire Roland Barthes (1976-1980) Invention. Stein (1966-1981) Sociologie Pierre Bourdieu (1981-2001) Étude comparée des sociétés africaines Françoise Héritier (1982-1998) Histoire de la pensée hellénistique et romaine Pierre Hadot (1982-1991) 1982 Histoire sociale de l’Islam contemporain Jacques Berque (1956-1981) Préhistoire André Leroi-Gourhan (1969-1982) Neuropsychologie du développement Julian de Ajuriaguerra (1975-1981) Physique statistique Philippe Nozières (1983-2001) Paléoanthropologie et préhistoire Yves Coppens (1983-2005) Neuropharmacologie Jacques Glowinski (1982-2006) 1983 Anthropologie sociale Claude Lévi-Strauss (1959-1982) Archéologie et histoire de la Gaule Paul-Marie Duval (1964-1982) Physique théorique des particules élémentaires Jacques Prentki (1964-1983) Histoire du monde indien Gérard Fussman (1984) Antiquités nationales Christian Goudineau (1984) Analyse et géométrie Alain Connes (1984) 1984 La Grèce et la formation de la pensée morale et politique Jacqueline de Romilly (1973-1984) Étude comparée des religions antiques Jean-Pierre Vernant (1975-1984) Tradition et critique des textes grecs Jean Irigoin (1986-1992) Grammaire et pensée allemandes Jean-Marie Zemb (1986-1998) .49 Langues et littératures de l’Inde Jean Filliozat (1952-1978) Sociologie de la civilisation moderne Raymond Aron (1970-1978) Civilisation japonaise Bernard Frank (1979-1996) Chimie des interactions moléculaires Jean-Marie Lehn (1979) 1980 Chimie organique des hormones Alain Horeau (1956-1980) Sémiologie littéraire Roland Barthes (1976-1980) Bio-Énergétique cellulaire Pierre Joliot (1981-2002) Études comparées de la fonction poétique Yves Bonnefoy (1981-1993) 1981 Littérature latine Pierre Courcelle (1952-1980) Histoire et structure sociales de Paris et de la région parisienne Louis Chevalier (1952-1981) Étude du monde chinois : institutions et concepts Rolf A. 50 1985 Histoire des systèmes de pensée Michel Foucault (1970-1984) Art et civilisation de la Renaissance en Italie André Chastel (1970-1984) Langues et civilisation de l’Asie Mineure Emmanuel Laroche (1973-1985) Épistémologie comparative Gilles-Gaston Granger (1986-1991) Histoire de la France contemporaine Maurice Agulhon (1986-1997) Assyriologie Paul Garelli (1986-1995) 1986 Physique mathématique André Lichnerowicz (1952-1986) Magnétisme nucléaire Anatole Abragam (1960-1985) Christianisme et gnoses dans l’Orient préislamique Antoine Guillaumont (1977-1986) Sociographie de l’Asie du Sud-Est Lucien Bernot (1978-1985) Analyse économique Edmond Malinvaud (1987-1993) Géodynamique Xavier Le Pichon (1987-2008) Théorie linguistique Claude Hagège (1988-2006) Rhétorique et société en Europe (XVI e-XVII esiècles) Marc Fumaroli (1987-2002) 1987 Physiologie du développement Alfred Jost (1974-1987) Embryologie cellulaire et moléculaire Nicole Le Douarin (1988-2000) 1988 Médecine expérimentale Jean Dausset (1977-1987) Médecine expérimentale Pierre Corvol (1989) 1989 Astrophysique théorique Jean-Claude Pecker (1964-1988) Droit international René-Jean Dupuy (1979-1989) Création Astrophysique observationnelle Antoine Labeyrie (1991) Histoire des syncrétismes de la fin de l’Antiquité Michel Tardieu (1991-2008) Chaire européenne Harald Weinrich (1989-1990) 1990 Littérature française moderne Georges Blin (1965-1988) Égyptologie Jean Leclant (1979-1990) Histoire de la Chine moderne Pierre-Étienne Will (1991) Égyptologie Jean Yoyotte (1991-1997) . et sud-américaines Nathan Wachtel (1992-2005) Wolf Lepenies (1991-1992) 1992 Génétique cellulaire François Jacob (1964-1991) Étude du Bouddhisme André Bareau (1971-1991) Histoire sociale et intellectuelle de la Chine Jacques Gernet (1975-1992) Histoire de la pensée hellénistique et romaine Pierre Hadot (1982-1991) Chaire européenne Création Génétique moléculaire Pierre Chambon (1993-2002) Histoire moderne et contemporaine du monde russe François-Xavier Coquin (1993-2001) Langues et religions indo-iraniennes Jean Kellens (1993) Histoire économique et monétaire de l’Orient hellénistique Georges Le Rider (1993-1998) Umberto Eco (1992-1993) Chaire internationale Bronislaw Geremek (1992-1993) 1993 Anthropologie physique Jacques Ruffié (1972-1992) Études comparées de la fonction poétique Yves Bonnefoy (1981-1993) Tradition et critique des textes grecs Jean Irigoin (1986-1992) Chaire européenne Chaire internationale Fondements et principes de la reproduction humaine Étienne Baulieu (1993-1998) Littératures de la France médiévale Michel Zink (1994) Les civilisations de l’Europe au néolithique et à l’âge du bronze Jean Guilaine (1994-2007) Werner Hildenbrand (1993-1994) Zhang Guangda (1993-1994) 1994 Physiologie cellulaire François Morel (1967-1993) Hébreu et araméen André Caquot (1972-1994) Biologie moléculaire des plantes Joseph Schell (1994-1998) Antiquités sémitiques Javier Teixidor (1995-2001) .51 1991 Philosophie de la connaissance Jules Vuillemin (1962-1990) Histoire des sociétés médiévales Georges Duby (1970-1991) Neurophysiologie Yves Laporte (1972-1991) Épistémologie comparative Gilles-Gaston Granger (1986-1990) Chaire européenne Langues et littératures romanes Harald Weinrich (1992-1998) Histoire de l’Occident méditerranéen au Moyen Âge Pierre Toubert (1992-2003) Physiologie de la perception et de l’action Alain Berthoz (1992) Histoire et anthropologie des sociétés méso. technique et langage en musique Pierre Boulez (1976-1995) Assyriologie Paul Garelli (1986-1995) Chaire européenne Chaire internationale Équations différentielles et systèmes dynamiques Jean-Christophe Yoccoz (1996) Anthropologie théâtrale Jerzy Grotowski (1996-1999) Chimie des solides Jean Rouxel (1996-1998) Klaus Rajewski (1995-1996) Harris Memel-Fotê (1995-1996) 1996 Biochimie cellulaire François Gros (1973-1996) Chaire européenne Chaire internationale Immunologie moléculaire Philippe Kourilsky (1998) Pieter Westbroek (1996-1997) Igor Mel’čuk (1996-1997) 1997 Civilisation japonaise Bernard Frank (1979-1996) Égyptologie Jean Yoyotte (1991-1997) Chaire européenne Chaire internationale Histoire de la France des Lumières Daniel Roche (1999-2005) Histoire turque et ottomane Gilles Veinstein (1999) Abram Deswaan (1997-1998) Brian Stock (1997-1998) 1998 Langue et littérature arabes classiques André Miquel (1976-1997) Étude comparée des sociétés africaines Françoise Héritier (1982-1998) Histoire de la France comtemporaine Maurice Agulhon (1986-1997) Langues et littératures romanes Harald Weinrich (1992-1998) Assyriologie Jean-Marie Durand (1999) Littératures modernes de l’Europe néolatine Carlo Ossola (1999) Théorie économique et organisation sociale Roger Guesnerie (2000) Histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire d’Alexandre Pierre Briant (1999) .52 Histoire des mentalités religieuses dans l’Occident moderne Jean Delumeau (1975-1994) Analyse économique Edmond Malinvaud (1987-1993) Chaire européenne Chaire internationale Biologie historique et évolutionnisme Armand de Ricqlès (1995) Philosophie du langage et de la connaissance Jacques Bouveresse (1995) Norbert Ohler (1994-1995) Orest Ranum (1994-1995) 1995 Algèbre et géométrie Jean-Pierre Serre (1956-1994) Invention. 53 Fondements et principes de la reproduction humaine Spyros Artavanis-Tsakonas (2000) Chaire européenne Chaire internationale Biologie et génétique du développement Étienne-Émile Baulieu (1993-1998) Thomas W. philologie. Gaehtgens (1998-1999) Patrice Higonnet (1998-1999) 1999 Analyse mathématique des systèmes et de leur contrôle Jacques-Louis Lions (1973-1998) Histoire de la création artistique en France Jacques Thuillier (1977-1998) Grammaire et pensée allemandes Jean-Marie Zemb (1986-1998) Histoire économique et monétaire de l’Orient hellénistique Georges Le Rider (1993-1998) Biologie moléculaire des plantes Joseph Schell (1994-1998) Chimie des solides Jean Rouxel (1996-1998) Chaire européenne Chaire internationale Théorie des Nombres Don Zagier (2000) Philosophie des sciences biologiques et médicales Anne Fagot-Largeault (2000) Philosophie et histoire des concepts scientifiques Ian Hacking (2000-2006) Anthropologie de la Nature Philippe Descola (2000) Physique quantique Serge Haroche (2001) Civilisation pharaonique : Archéologie. institutions et société de la Rome antique John Scheid (2001) . histoire Nicolas Grimal (2000) Hans-Wilhelm Müler-Gärtner (1999-2000) James Watson Cronin (1999-2000) 2000 Histoire de la civilisation moderne Emmanuel Le Roy Ladurie (1973-1999) Histoire de Rome Paul Veyne (1976-1999) Physique statistique Philippe Nozières (1983-2001) Embryologie cellulaire et moléculaire Nicole Le Douarin (1988-2000) Anthropologie théâtrale Jerzy Grotowski (1996-1999) Chimie de la matière condensée Jacques Livage (2001) Histoire de l’art européen médiéval et moderne Roland Recht (2001) Évolution du climat et de l’océan Édouard Bard (2001) Génétique et physiologie cellulaire Christine Petit (2001) Religion. 54 Chaire européenne Chaire internationale Michael Edwards (2000-2001) Miklós Szabó (2000-2001) 2001 Théorie des groupes Jacques Tits (1973-2000) Sociologie Pierre Bourdieu (1981-2001) Antiquités sémitiques Javier Teixidor (1995-2001) Chaire européenne Chaire internationale Histoire moderne et contemporaine du politique Pierre Rosanvallon (2001) Études juridiques comparatives et internationalisation du droit Mireille Delmas-Marty (2002) Équations aux dérivées partielles et applications Pierre-Louis Lions (2002) Claudio Magris (2001-2002) Paul Farmer (2001-2002) 2002 Histoire et civilisation du monde byzantin Gilbert Dagron (1975-2001) Rhétorique et sociétés en Europe (XVI e-XVII esiècles) Marc Fumaroli (1987-2002) Histoire moderne et contemporaine du monde russe François-Xavier Coquin (1993-2001) Génétique moléculaire Pierre Chambon (1993-2002) Chaire européenne Chaire internationale Étude de la création littéraire en langue anglaise Michael Edwards (2003-2008) Épigraphie et histoire des cités grecques Denis Knoepfler (2003) Histoire contemporaine du monde arabe Henry Laurens (2003) Génétique humaine Jean-Louis Mandel (2003) Hans Belting (2002-2003) Stuart Edelstein (2002-2003) 2003 Bioénergétique cellulaire Pierre Joliot (1981-2002) Chaire européenne Chaire internationale Particules élémentaires. gravitation et cosmologie Gabriele Veneziano (2004) Theodor Berchem (2003-2004) Jayant Vishnu Narlikar (2003-2004) 2004 Physique atomique et moléculaire Claude Cohen-Tannoudji (1973-2004) Histoire de l’Occident méditerranéen au Moyen-Âge Pierre Toubert (1992-2003) Rationalité et sciences sociales Jon Elster (2006) Psychologie cognitive expérimentale Stanislas Dehaene (2005) . 55 Chaire européenne Chaire internationale Sandro Stringari (2004-2005) Celâl Sengör (2004-2005) 2005 Physique de la matière condensée Pierre-Gilles de Gennes (1971-2004) Physique corpusculaire Marcel Froissart (1973-2004) Histoire de la France des Lumières Daniel Roche (1999-2005) Chaire européenne Chaire internationale Chaire de création artistique Physique mésoscopique Michel Devoret (2007) Littérature française moderne et contemporaine : histoire. théorie Antoine Compagnon (2006) Écrit et cultures dans l’Europe moderne Roger Chartier (2006) Maurice Bloch (2005-2006) Thomas Pavel (2005-2006) Christian de Portzamparc (2005-2006) 2006 Histoire et anthropologie des sociétés méso-et sud-américaines Nathan Wachtel (1992-2005) Chaire européenne Chaire internationale Chaire de création artistique Chaire d’innovation technologiqueLiliane Bettencourt Processus morphogénétiques Alain Prochiantz (2007) Daniele Vitali (2006-2007) Guy Orban (2006-2007) Pascal Dusapin (2006-2007) Jean-Paul Clozel (2006-2007) 2007 Communications cellulaires Jean-Pierre Changeux (1975-2006) Neuropharmacologie Jacques Glowinski (1982-2006) Paléoanthropologie et préhistoire Yves Coppens (1983-2005) Théorie linguistique Claude Hagège (1988-2006) Les civilisations de l’Europe au néolithique et à l’âge du bronze Jean Guilaine (1994-2007) Philosophie et histoire des concepts scientifiques Ian Hacking (2000-2006) Chimie des processus biologiques Marc Fontecave (2008) Microbiologie et maladies infectieuses Philippe Sansonetti (2007) Paléontologie humaine Michel Brunet (2007) Milieux bibliques Thomas Römer (2007) Physique de la matière condensée Histoire intellectuelle de la Chine Anne Cheng (2008) . critique. Développpement durable Chaire de création artistique Chaire d’innovation technologiqueLiliane Bettencourt Henri Leridon (2008-2009) Pierre-Laurent Aimard (2008-2009) Mathias Fink (2008-2009) Chaire internationale .Savoirs contre pauvreté Esther Duflo (2008-2009) .56 Chaire européenne Chaire internationale Chaire de création artistique Chaire d’innovation technologiqueLiliane Bettencourt Manfred Kropp (2007-2008) Pierre Magistretti (2007-2008) Ariane Mnouchkine (2007-2008) Gérard Berry (2007-2008) 2008 Chaire européenne . l’un en première ligne. mais celles qui sont en voie de se faire » (Questions contemporaines p. Le Collège de France recrute sans condition de grades universitaires . les enseignements anciens peuvent disparaître ou se transformer. l’Assemblée des professeurs est appelée. et. à partir de 1969 intégration des trois chaires municipales dans le budget de l’État). à son tour. Il suffit qu’on soit en droit d’attendre d’eux. loi de finances du 24 mai 1951. dans le domaine de leurs recherches propres. il ne prépare à aucun examen et. par des vues personnelles. De plus en plus. non les branches de la Science qui sont faites. des enseignements nouveaux peuvent être institués. à des enseignements nouveaux qui n’avaient pas encore reçu ailleurs droit de cité. D’autre part. en principe. et dans les mêmes formes. Chaque fois qu’un de ces traitements devient disponible par retraite. par conséquent. parce qu’elle est sa raison d’être . Selon que les sciences diverses se modifient et selon que se produisent des hommes aptes à les faire progresser. Il appartient au Ministre de . LE RÔLE PROPRE ET L’ORGANISATION DU COLLÈGE DE FRANCE De cet historique des chaires. elle n’est liée. selon l’esprit de son royal fondateur. Dans un cas comme dans l’autre. Nulle part. par aucune condition de grade. démission ou décès d’un titulaire. du 4 août 1956. il est donc nécessaire qu’il y ait des chaires indépendantes où s’enseignent. de plus en plus. C’est ce qui a fait dire à Ernest Renan qu’« à côté des établissements où se garde le dépôt des connaissances acquises. le Collège de France n’a pas. Elle transmet les procès-verbaux de ses délibérations et ses votes au Ministre. elle peut. à décider à quel enseignement il conviendrait d’affecter le crédit qui se trouve ainsi sans emploi. l’autre en seconde . par des travaux originaux. la recherche scientifique ne jouit d’une indépendance aussi large. dans cette désignation. il lui est possible d’appeler à lui des savants qui ne sont pas des professeurs de carrière mais qui se sont signalés par des découvertes. dès que sa proposition est acceptée. de droit. ses enseignements ne sont assujettis à d’autre programme que celui défini chaque année par le titulaire de la chaire et approuvé par l’Assemblée des Professeurs. des résultats nouveaux. si elle juge préférable. et par là. elle désigne deux candidats. de chaires permanentes. du 30 décembre 1957 et de 1964 . Le nombre des chaires de professeurs titulaires est actuellement de cinquantedeux (décret du 22 juin 1934. deux candidats. qui communique les documents à l’une des cinq Académies de l’Institut de France : celle-ci présente. cette liberté est devenue sa loi. l’inviter à y substituer un enseignement différent. il ressort que le Collège de France a servi souvent. elle a déterminé son organisation. comme il a été dit plus haut. 144). Elle peut demander au Ministre le maintien de l’enseignement dont le titulaire vient de disparaître . et.57 IV. N’étant pas enfermé dans un cycle d’études invariables. et généralement dans l’ordre particulier de recherches auxquelles il s’applique à ce moment. éclaircissements personnels. Dans l’enseignement aussi prédomine le même principe de liberté. destinée à une personnalité scientifique originaire d’un pays membre de la Communauté économique européenne . La simple vulgarisation en est exclue. extraeuropéens à partir de 1992. Les professeurs s’accordent à prendre comme point de départ ce qui est connu et se proposent toujours d’y ajouter quelques éléments nouveaux : faits d’expérience. laquelle se traduit aussi bien. sans doute. Dans la pratique. en 2007. s’il y a lieu de faire place à un maître original. Il le soumet ensuite à l’approbation de l’Assemblée des professeurs du Collège. la liberté de transformation. Puis. qui accueille chaque année un professeur différent. est créée une nouvelle chaire annuelle. Chaque professeur choisit. en 2004 est créée une chaire de création artistique. Quelle qu’en soit la forme. À partir de 1970 le principe de chaires de « professeur associé » a été admis. en partenariat avec la fondation BettencourtSchueller. destinée à une personnalité originaire des pays de l’Europe de l’Est ou d’autres continents. et deux crédits de chaire ont été ouverts à cet effet au budget de l’État. une chaire dite internationale.58 choisir. Une partie de l’enseignement peut être donné dans des institutions françaises en dehors de Paris. le sujet de son cours dans le domaine scientifique qui lui est propre. consacrée à toutes les formes de création artistique. chaire d’Innovation technologique-Liliane Bettencourt. entre les candidats proposés. ne saurait être absolue . par des publications. cette possibilité a été étendue à l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur européens à partir de 1989. qui est un élément constitutif de l’institution du Collège. . un enseignement relatif à leurs recherches. En outre. — en 1991. par des missions. par les travaux divers qu’ils font eux-mêmes ou qu’ils suscitent et dirigent. vues ou interprétations propres. celui-ci est nommé par un décret du Président de la République. ou mieux. comme il a été indiqué plus haut. au reste. le futur professeur . analyses plus exactes ou synthèses plus suggestives. que cet enseignement même n’est que l’une des formes extérieures de leur activité scientifique. Enfin. il arrive qu’on juge nécessaire de conserver une chaire. en France ou dans d’autres pays . bien que de nombreuses chaires de même titre existent dans les Universités. l’Assemblée des Professeurs cherche à conserver une juste proportion entre chaires de Sciences exactes et chaires de Lettres et Sciences humaines. pendant un ou deux mois. d’année en année. les enseignements ont pour règle commune de viser au développement de la science. En outre deux chaires permettant l’accueil de savants étrangers pour la durée d’une année académique ont été créées : — en 1989. une chaire dite européenne. Des savants étrangers sont ainsi invités chaque année par l’Assemblée à venir au Collège donner. Il est entendu. L’Assemblée du Collège de France comprend les 52 professeurs titulaires avec voix délibérative . Jean-Antoine Letronne (1840-1848). le Chef de l’État. qui ne sont pas assujettis à des programmes. Il ne s’agit en aucun cas de préparation aux examens universitaires. modifie les textes antérieurs (décrets de 1911 et 1935). il n’y a ni immatriculation ni droits à payer. se familiariser avec leur méthode. Louis Thénard (1838-1840). à côté de lui. neuf professeurs.59 C’est pourquoi. Par une loi du 31 décembre 1932. dans la limite des places disponibles. outre l’Administrateur. nommé selon les mêmes règles. internationale et de création artistique peuvent y siéger avec voix consultative. et un secrétaire. L’accès des salles d’enseignement est entièrement libre. L’avis du Conseil d’établissement — qui comprend. aux leçons proprement dites. Isaac Silvestre de Sacy (1824-1838). exception faite pour les doctorats. l’établissement. Il préside l’Assemblée. Les cours du Collège étant ouverts à tous. Il est présenté par ses collègues et nommé par trois ans par décret du Président à la République. un vice-président. dont le bureau comprend. depuis l’institution de ce titre : Louis Lefèvre-Gineau (1800-1823). Un décret du 5 octobre 1990 portant organisation du Collège de France. Le Collège de France ne fait pas partie des Universités de Paris. Il est doté d’un Conseil d’établissement ». Il stipule notamment que « le Collège de France est administré par l’Assemblée du Collège de France. Celui-ci doit être pris parmi les professeurs. quatorze représentants élus des personnels et quatre personnalités extérieures — doit précéder la délibération de l’Assemblée dans les matières énumérées par le décret. l’un chargé des affaires culturelles et des relations extérieures. Voici la liste des Administrateurs du Collège. Il est dirigé par un administrateur assisté de deux directeurs adjoints. Elles sont surtout l’affaire de chercheurs déjà engagés dans une voie déterminée. toutes les décisions relatives aux intérêts généraux de l’établissement. l’autre chargé des affaires administratives et financières. par délégation. et. de la part de ceux qui les font auprès des professeurs. L’exécution de ces décisions et la direction des services sont confiées à un Administrateur. du ministre ayant en charge l’Enseignement supérieur et la Recherche. sous réserve de l’approbation ministérielle. viennent s’adjoindre les directions données aux recherches individuelles qui se font dans les divers laboratoires. choisis l’un et l’autre parmi les professeurs. Elle détermine la politique scientifique de l’établissement et joue également le rôle d’un Conseil d’administration. qui déjà était investi de la personnalité civile. sur la proposition du Ministre. ces recherches comportent toujours. Bien entendu. un travail personnel et vraiment scientifique. qui viennent demander les conseils de savants connus. Il relève directement de son protecteur. a été également doté de l’autonomie financière. profiter de leurs suggestions et des ressources spéciales qu’ils ont pu réunir. Jules . les deux professeurs associés dans les chaires européenne. C’est à l’Assemblée des professeurs qu’appartiennent. le revenu annuel est attribué aux laboratoires de biologie. et selon sa volonté. Marcel Bataillon (1955-1965). des dons importants dont les revenus doivent servir. épouse Voronoff. l’administrateur du Collège de France a été autorisé à accepter les legs faits au Collège par Gustave Schlumberger. de favoriser certains efforts de la pensée scientifique. Gaston Paris (1894. Les revenus des sommes provenant de ces legs doivent être affectés d’une part à des études d’histoire et d’archéologie byzantines. Édouard Laboulaye (1873-1883). « au progrès des connaissances ». Yves Laporte (1980-1991). Pierre Corvol. . l’administrateur du Collège de France a été autorisé à accepter. Gaston Boissier (1892-1894). Xavier Deportets (1852-1853). Wilhelm Rinn (1853-1854). Donation Voronoff Par décret du 28 septembre 1920.60 Barthélémy Saint-Hilaire (1848-1852). Donations Gustave Schlumberger Par décret du 24 juin 1932. Gilbert Dagron (1997-2000). Stanislas Julien (1854-1873). en souvenir de Winnaretta Singer. de façon générale. Joseph Bédier (1929-1936). d’autre part à des études de numismatique. Alain Horeau (19741980). André Miquel (1991-1997). la donation faite à cet établissement par Mme Frances Évelyn Bostwick. Edmond Faral (1937-1954).1903). Depuis le décès de la donatrice. Donation Jean Ébersolt Mme Jean Ébersolt a fait une donation en 1968 dont les arrérages doivent être affectés au développement des études d’Histoire et civilisation de Byzance. Émile Levasseur (1903-1911). princesse Edmond de Polignac. Maurice Croiset (19111929). au nom du Collège. Étienne Wolff (1966-1974). L’affectation précise des fonds est déterminée chaque année par l’Assemblée des professeurs. selon l’avis de l’Assemblée des professeurs. fondation Voronoff ». DONATIONS Les ressources mises à la disposition du Collège par divers donateurs lui permettent. d’histologie ou autres laboratoires similaires. chaque année. pour la création et l’entretien d’une « Station de chirurgie expérimentale. Don Singer-Polignac Le Collège de France a reçu depuis 1950. Ernest Renan (1883-1892). V. Jacques Glowinski (2000-2006). Fauve. par M. par M. en 1995 à M. les résultats de leurs recherches. en 1985 à M. du montant du prix de 10 000 dollars que lui a décerné l’organisation des Nations Unies pour ses travaux sur le cancer. en 2005 à Mme Ana Cumano. en 1991 à Mme Françoise Dieterlen. en 2004 à M. en 1989 à M. en 1990 à M. Le prix Dellheim pour l’année 2004 est attribué à M. après avoir fait de fortes études. en 1976. Jean. Serge Jard. Antonio Coutinho. Gérard Couly. par M. par M. seront jugés aptes à poursuivre leurs travaux dans les laboratoires du Collège de France. Dominique Stehelin. Pierre Tiollais. pour l’année 2005 à M. Guy Blaudin de Thé. Mariano Sigman. Michel Imbert. Les revenus de cette somme permettent d’inviter de jeunes biologistes français ou étrangers à venir chaque année au Collège exposer. en français. en 1978 à M. en 1980 à M. en 1968. Werner Graf. en 1999 à M. en 1988 à M. Claude Kordon . par le Docteur Patrick Derome . Le prix Delheim est attribué en 2007 à M. en 1972. Prix décerné en 1977 à Mme Andrée Tixier-Vidal. par Mme Nicole Le Douarin . L’Assemblée des professeurs du 20 février 1977. en 1977. en 1981 à M. Jacques Glowinski. en 1974. en 1975. Des conférences ont été données en 1966. Luc Montagnier .Paul Lévy . Pierre Freychet. en 1993 à M. Liyuan et pour l’année 2006 à M. Dellheim « pour aider les jeunes savants peu fortunés qui. son montant est de 1 600 €. Robert M. Stéphane Romero. en 1992 à Mme Anne-Marie Thierry. Jean Girard. par M. Emmanuel Pierrot-Deseilligny.61 Fondation Paul Dellheim Par décret du 5 juin 1956. François Chapeville . l’administrateur du Collège de France a été autorisé à accepter le don fait au Collège de France par Antoine Lacassagne. Alexeï Grantyn. par M. en 1971. Michel Bornens. a décidé que désormais serait attribué un prix Antoine Lacassagne auquel seraient associées deux conférences . en 1982 à M. Cohen . par le Docteur Michel Boiron . Georges N. François Cuzin. en 1973. Philippo Rijli. par le Docteur J. Jean-Antoine Giraud. Fazilleau. en 1970. en 1986 à M. en 2002 à M. en 1996 à M. en 1994 à M. en 1967. l’administrateur du Collège de France a été autorisé à accepter le legs fait au Collège de France par Mme J. Jean-François Nicolas. . en 1984 à M. qui fut titulaire de la chaire de Médecine expérimentale (de 1951 à 1954). en 1998 à Mme Marie-Aimée Teillet. Fondation Antoine Lacassagne Par décret du 6 janvier 1964. Jules-Alphonse Hoffmann. Michel Hamon. en 1987 à M. François Gros . Philippe Kourilsky. en 1983 à M. en 2007 à M. par M. en 1997 à M. en 2006 à M. Harel . en 1979 à M. en vue de recherches scientifiques susceptibles de contribuer au soulagement de l’humanité ». Alain Doucet. Thomas Bourgeron. qui fut titulaire de la chaire de Grammaire comparée (de 1906 à 1936). Léon Brillouin. F. Jacqueline Ferrand. Albert Laborde-Scar. Jean-Louis Destouches. Coty. Jacques Solomon. 1910. Jean Chazy. Paul Dubreil. Grégory Choodnovsky. Cédric Vilani. Jean-Louis Koszul. une charge de cours. 1901. André Weil. Claude Chevalley. Georges Bourion. Gérard Petiau. Bernard Malgrange. 1902. Ludovic Zoretti. 1905. Gaëtan Chenevier. suivant les vœux du donateur. 1912. Frédéric Roger. puis. Jacques Hadamard. Marcel Froissart. Pierre Boutroux. en 1894. Hubert Delange. Gabriel Pélissier. Bortniker. Osée Marcus. Alain Connes. Henri Galbrun. Jean Chazy. 1907. Laurent Schwartz. Jules Drach. Emmanuel FauréFremiet. Jules Bocquet. à partir de 1900. Henri Lebesgue. 1908. Jean-Benoît Bost. René de Possel. Émile Borel. Maurice Roseau. Paul Lévy. Émile Traynard. Maurice Janet. Émile Terroine. au bénéfice de mathématiciens âgés de moins de trente ans et s’étant signalés dans l’ordre des mathématiques théoriques ou appliquées. 1903.62 Legs Antoine Meillet Par décret du septembre 1937. Maurice Gevrey. Georges Giraud. Fondation Claude-Antoine Peccot Plusieurs donations successives (en 1886. René Baire. en 1902) ont permis de créer d’abord des bourses. Gabriel Mokobodzki. Émile Borel. Paul Frion. 1904. Gaston Julia. Élie Cartan. Les revenus de ce legs sont affectés à des études de linguistique théorique. Vincent Lafforgue. René Garnier. 1er . Daniel Dugué. René-Maurice Fréchet. Laurent Lafforgue. Gabriel Mesuret. Szolem Mandelbrojt. 1909. Hervé Jacquet. Wladimir Bernstein. Joseph Marty. Pierre Fatou. Yves Rocard. Louis-Emmanuel Leroy. Marcel Courtines. Philippe Michel. Pierre Cartier. Roger Apéry. Jean-Pierre Demailly. 1911. Paul Malliavin. Jean Combes. en outre. Henri Lebesgue. François Bruhat. Émile Borel. Pierre Boutroux. PaulAndré Meyer. Voici. Henri Cartan. Jacques Deny. transformées par la suite en prix . en 1897. Jacques Dufresnoy. l’administrateur du Collège de France a été autorisé à accepter le legs fait au Collège par Antoine Meillet. Haïm Brézis. Jean-Pierre Serre. Jean Leray. 1906. Noam Elkies. Lafore. la liste des personnes qui ont bénéficié des prix ou ont reçu la charge du cours : Bourses et prix À partir de 1885 : L. Jean Dieudonné. Roux. Chargés de cours 1900. depuis l’origine. Albert Chatelet. Michel Demazure. Guillaume Servant. Louis Rémy. Adolphe Bühl. 63 1913. 1921. Marcel Berger. Yves Rocard. 1955. 1950. 1922. Roger Apéry. 1928. Arnaud Denjoy. Paul-André Meyer. 1924. Jacques Solomon. Jean Zinn-Justin. 1949. Gaston Julia. 1938. Jean-Michel Bony. Jean Leray. Paul Lévy. 1918. Georges Bourion. 1957. Jean Ginibre. Roger Godement. Hervé Jacquet. Édouard-René Garnier. Maurice Roseau. 1935. Yvette Amice. André Neveu. Gustave Choquet. Jean-Pierre Ferrier. Alexandre Grothendieck. 1968. 1963. Paul Dubreil. Laurent Schwartz. 1973. Jean Favard. 1915. Georges Giraud. Michel Raynaud. 1942. 1964. René Thiry. 1976. 1954. 1967. Michel Hervé. Bernard Teissier. Jean Ville. Pierre Grisvard. Szolem Mandelbrojt. Maurice Janet. Gaston Julia. Pierre Cartier. Uriel Frisch. 1932. Jean-Marc Fontaine. 1927. 1953. 1943. René Lagrange. Joseph Kampé Defériet. Robert Deltheil. 1930. 1952. Marie-Antoinette Tonnelat. Pierre Gabriel. Claude Chabauty. René Depossel. Marie-Louise Dubreil-Jacotin. Jean-Louis Destouches. Jean-Pierre Serre. Jacques-Louis Lions. Édouard-René Garnier. 1975. 1945. 1970. Torsten Carleman. 1965. Louis Boutet de Monvel. Claude Chevalley. Henri Cartan. Gérard Pétiau. Claude Morlet. Jean-Louis Koszul. Philippe Nozières. 1925. 1919. Marcel Legaut. Paul Malliavin. Yvonne Fourès-Bruhat. 1969. 1956. 1961. Robert Roussarie. 1923. Maurice Gevrey. . Marcel Froissart. Bernard Malgrange 1960. Gabriel Mokobodzki. Haïm Brézis. 1941. André Weil. Hubert Delange. 1971. Jacques Deny. Jacques Neveu. 1926. Jacqueline Ferrand. Jean Combes. Jean-Pierre Kahane. Alain Connes. 1947. Frédéric Marty. Gérard Schiffmann. 1929. 1972. Jacques Dufresnoy. 1934. Henri Milloux. Léon Brillouin. Wladimir Bernstein. Pierre Deligne. 1958. Jean-Paul Benzécri. 1951. 1944. Evry Schatzman. 1931. 1937. 1920. Yves Meyer. Michel Demazure. François Laudenbach. 1914. Roger Temam. Michel Duflo. François Bruhat. 1946. André Lichnerowicz. Jean Delsarte. 1962. Jean Dieudonné. 1936. 1933. 1966. 1974. 1959. Loïc Merel. 1945. membre associé de l’Institut de France. Gilles Robert. 1990. en vue de la fondation. Pierre-Louis Lions. André Leroi-Gourhan. Jérémie Szeftel. . Gaëtan Chenevier. Noam Elkies. Olivier Mathieu. d’un cours complémentaire d’Antiquités américaines. 1983. Laure Saint-Raymond. Jean-Lin Journé. Wendelin Werner. Laurent Lafforgue. Jean-Bernard Baillon. Ricardo Perez-Marco. Christophe Soulé. Thierry Bodineau. 2001. Gilles Pisier. Grégory Choodnovsky. 2008. 1994. Raphaël Rouquier. 2007. Claude Viterbo. Julien Dubédat. Arnauld Beauville. Laurent Berger. 1946. Philippe Michel. Michel Waldschmidt. Jean-Christophe Yoccoz. Fondation Loubat Par deux décrets en date du 16 avril 1902 et 28 juillet 1903. puis au docteur Louis Capitan (1908-1929). Claire Voisin. Jean-François Legall. dans l’établissement. Raoul d’Harcourt 1943 Maurice Leenhardt. 2003. 1987. 1988. 1982. Jean-Loup Waldspurger. 1997. 1989. 1984. Jean Lannes. 1996. Denis Auroux. 1986. 1993. Fabrice Bethuel. Jean-Michel Coron. Laurent Clozel. le Collège de France a été autorisé à accepter la donation faite par le duc de Loubat. 1985. Christophe Breuil. Depuis 1939. Jean-Pierre Demailly. 1948. Joseph Oesterlé. Benoît Perthame. 1950. Erwan Rousseau. Guy Henniart. 1941. Stefaan Vaes. Marc Rosso. Michel Talagrand. 2005. Vincent Lafforgue. 1991. 2000. 1942. 2004. Jacques Soustelle. 1998. 1978. 1999. Guy Stresser-Péan. Henri Vallois. Christine Lescop. Frédéric Leroux. Joseph Ayoub. Bernard Gaveau. 2002. Luc Tartar. les revenus de cette fondation ont permis de demander des conférences à des américanistes. Emmanuel Breuillard. Bernard Larrouturou. Jean-Benoît Bost. Marcel Giraud. Laurent Fargues. Claude Lévi-Strauss. Voici la liste des conférenciers qui ont répondu à l’appel du Collège : 1939. Éric Séré. 1980. Artur Avila. 1981. Emmanuel Grenier. Ce cours a été confié à Léon Lejeal (1902-1907). Jean-Luc Brylinski. Frédéric Helein. Karine Beauchard. 1995. 1979. 1992. Franck Barthe. François Golse. Jean-Claude Sikorav. 2006.64 1977. Cédric Villani. une série de conférences ». Charles Michel. Jean Piaget. Christian Duverger. Georges D. G. 1984. Gino Luzzatto. Jon Landaburu. Michel Rostovtzeff. Danielle Lavallée. Nicolas Alexeieff. 1922. par un savant ou un penseur étranger désigné par les professeurs ou l’administrateur du Collège de France. 1956. Alfred Métraux. Albert Einstein. Théodor W. 2007. Philippe Descola. 1925. Laming-Emperaire. Christophe Nyrop. 1961. au moins une fois sur trois un philosophe ou un historien de sciences religieuses.65 1952. Oleg Grabar. Michonis a commencé en 1905. Maxime Kowalewsky. 1980. 1989. Ludovico Geymonat. Wolfgang Koehler. 1955. Charles Detolnay. 2002. 1945. Théodor W. Étienne Lamotte. 1997. . 1998. Jacob Jud. 1920. Jean-Claude Quilici. Harl Jaberg. Ettore Pais. A. 1908. 1917. 1938. Magnus Olsen. 1943. Jacques Galinier. Hrozny. 1942. 1918. 1929. M. 1915. 1973. 1937. Adorno. Birkoff. 1969. Joséphine Ioteyko. 1947. Édouard Montet. Raffaele Altamira. Giorgio Levi Della Vida. Ernest Muret. Stanislas Kot. 1977. Jehan Vellard. Franz Cumont. Albert Brachet. Alexandre Rosetti. Holger Pedersen. 1996. 1975. 1926. Adorno. 1906. Abaev. Carmen Bernand. Paul Rivet. 1974. 1936. et qui sera. 1965. 1953. 1935. 1916. Guglielmo Ferrero. Jacques Pirenne. 1965. Georges Larrouy. 1951. Hans Selye. Charles de La Vallée-Poussin. Jean Rudhart. 1995. 1940. 1934. David Wiggins. 1927. Pierre Clastres. Henri Pirenne-Anesaki. Franz Cumont. autant que les circonstances le permettront. Paul Frédéricq. 1930. Petrascheck. 1968. Gomperz. L’exécution des volontés de M. 2002. Xénopol. 1923. 1924. Jorga. 1912. Serge Gruzinski. Fondation Michonis Par décret du 10 mars 1903. Philippe Borgeaud. Édouard Naville. 1973. V. 2004. Voici la liste des conférenciers invités par le Collège : 1905.I. Albert Michotte. toutes les fois que ce sera possible. Georges Doutrepont. Lorentz. Nathan Wachtel. 1948. 1910. Delannoy. Frédéric Engel. Georges Dossin. Michonis a légué au Collège de France une somme dont les revenus doivent servir à « faire faire. 1914. 1933. Walter E. 1919. Pierre Rancastel. M. M. M. Doutrepont. Neil Sullivan. Chapire. M. Léon Lecornu. Chassinoit. Père Estugière. M. Leroux. M. M. M. Albert Dauzat. Valentin Nikiprowetzky. René Clozier. Matignon. M. Lenestour. Paul Kessler. M. M. M. M. Mlle Loyez. M. Lemagnen. M. Ce prix. Klein. M. M. M. Mlle Maitret. Marcel Simon. M. Jules Chauvin. Pierre Pascal. Paul Émard. Terroine. Paul Mazon. M. M. Biquard. M. M. M. M. M. Chauvin. M. M. Gaston Colin. M. M. Achille Millien. M. M. Sartre. Jost. Paul-Henri Michel. M. M. M. René Pintard. M. Mlle bezard. Delapparent. M. Lévy. M. baudot. Jean Fourquet. Homo. Louis Bodin. M. Casteras. Henri Rolland. M. Chaque section regroupe les titulaires de chaire pour lesquels les différentes Académies composant l’Institut ont concurremment avec le Collège le droit de présentation. M. M. M. M. Roux. Étienne Wolff. Philippe Glangeaud. Henri Clouzot. Jean Riché. M. Claude Blanchel. M. W. Brillaut. M. André Vaillant. André Pézard. M. M. Meyerson. M. M. M. M. Mme Boudréaux. Mme Martha Spitzer. Millon. M. Randouin. Marty. M. M. René Henry. l’abbé Busson. M. Julien Barat. M. M. M. André Chevalier. M. Guy Lasserre. Édouard Salles. Streiff. M. Umbegaun. Mlle Odette Taffanel. M. Armand Hampé. M. Georges Mayer. Champy. M. Boulard. Jacques Fontaine. M. Salovine. M. Foulet. M. André Adam. Martini. Prosper Alfaric. René Vallois. Misconi. Sommerfelt. Alfred Ernout. M. M. M. M. Lejeune. Daniel Estève. Mme d’Also. Fréjacques. Henri Heine. Roger Guillemin. M. Georges Lecarpentier. M. Ce prix a été attribué depuis sa fondation (1893) à M. M. Alfred Quinquaud. Valois. Mlle Marie Cochet. et Mme Marouseau. Les trois sections comprennent ensemble la totalité des professeurs. Caridroit. M. Maurice Leenhardt. Robert Courrier. Flato. M. R. M. M. Boris Ephrussi. M. M. M. M. est décerné tous les deux ans par l’Assemblée des professeurs. M. M. sur la présentation qui lui est faite. M. Mme Skreb-Guilcher. Laurent. P. Hallion. Bernard Leroy. Rév. Gilles Granger. Samara. Paul Pelissier. M. d’après un roulement déterminé. M. Jean- . M. M. Gaffiot. Jules Bloch. Yves Lecorre. M. M. M. M. Lacôte. M. M. M. Jean Filliozat. Mlle Marchal. Noailhon. Jean Pouilloux. Abel Lefranc. Albert Houstin. M. Boudréaux. Émile Benveniste. Alexandre Dufour. Ouveriaux. Gaston Cohen. Victor Goldschmidt. M. M. Ernest Charles. M. M. M. Contineau. Taha Hussein. M. LouisCharles Damais. Hervé Savon. M. Copaux.66 Fondation Saintour Par décret du 25 juillet 1889. M. M. M. M. Chabot. Pierre Leroux. Mlle Ioteyko. Michel Gaudin. M. M. l’administrateur du Collège de France a été autorisé à accepter le legs fait au Collège de France par le Dr Saintour pour la fondation d’un prix. M. M. André Landesman. Rolland. M. M. M. A. Mlle Alice Hulubet. Delaruelle. Hans Glattli. Marc Cohn. M. M. Charles Morazé. M. M. Paul Langevin. M. M. M. Turcan. M. M. M. M. Paul Garelli. Venceslas Kruta. Richard Gascon. par l’une des trois sections instituées à cet effet. M. Adigard des Gautries. Jules Driessens. M. Mlle Chevroton. Virolleaud. périodiquement revalorisé. M. Mlle Blanchard Demonge. l’Assemblée des Professeurs du Collège de France décidait à l’unanimité de créer une fondation dite Fondation Hugot du Collège de France consacrée. M. M. recherches et activités ayant un double caractère à la fois humaniste et pluridisciplinaire. M. Ricardo Uribevargas. philosophe coréen. Il a été décidé que ce prix serait attribué dans une discipline différente chaque année. Han Hee-Jin. « la rencontre de diverses disciplines qui œuvrent à la connaissance. est un mathématicien mexicain. Jean-Marie Durand. Pierre Milza. Loïc Merel. Willy Clarysse. le Conseil d’Administration de la Fondation a décidé de la création d’un « Prix de la Fondation Hugot du Collège de France ». Mme Marianne Mahn-Lot. Jacques Boutet de Monvel. le rapprochement. André Langaney. Pour ce faire. Woods Hole.67 Pierre Mahé. celui de 2005-2006 est M. historien néerlandais et celui de 2007-2008 est M. des meilleurs esprits animés de ce même souci ». Banyuls. à favoriser au mieux de ses moyens et en étroit accord avec le Collège de France. la Fondation s’efforce de développer toutes études. Ce prix consiste en l’attribution d’un poste de Maître de conférences au Collège de France (traditionnellement pour un an. M. L’établissement ainsi créé. Fondation Hugot du Collège de France En 1977. M. Le premier lauréat. M. M. les travaux de Jean Roche et de ses collaborateurs ont jeté les bases d’une biochimie comparée s’appuyant sur la grande diversité structurale et fonctionnelle des organismes marins. Le lauréat de l’année 2004-2005 est M. Piemontese. par décret en date du 7 février 1979. Roscoff. Wouter Henkelman. connu également sous le nom de Vivier-Laboratoire fut le premier d’une longue série : Naples. éventuellement renouvelable une fois) ainsi qu’une somme de 4 000 € versée par la Fondation Hugot. à la formation et à l’épanouissement de l’homme. conformément aux intentions de ses bienfaiteurs. Claude Ghesquière. Hélène et Jean-Pierre Hugot. M. biophysicien de la cochlée. pour l’année 2003-2004. En 2001. C’est à Concarneau que furent réalisés les premiers élevages de poissons marins. Plymouth. Christian Giaume. Les études de Laurent Chabry dans les années 1880 ont apporté les bases techniques et conceptuelles de l’embryologie expérimentale. par delà toutes les frontières. Le Conseil d’État. faisait droit à la demande de l’Assemblée reconnaissant comme établissement d’utilité publique autonome ladite Fondation. . Plus près de nous. M. Station Marine de Concarneau La Station de Biologie Marine de Concarneau a été fondée en 1859 par Victor Coste titulaire de la chaire d’Embryogénie au Collège de France. le collège des personnalités qualifiées qui fait appel à des personnalités de la société civile et académique et le collège des donateurs). . de moderniser des laboratoires. du Muséum. Fondation du Collège de France Le décret de création de la Fondation du Collège de France. La composition du Conseil illustre la volonté de dialogue et d’échange de la Fondation avec la société civile et les acteurs du monde économique. reconnue d’utilité publique. d’extension du Marinarium. de diffusion des connaissances. Cette Fondation a pour but. écobiochimie. a été publié au Journal officiel du 7 avril 2008. biologie des espèces des grands fonds sous leurs aspects fondamentaux mais aussi pratiques : biotechnologies. Le Conseil d’administration est assisté d’un Comité d’orientation scientifique composé de 6 à 8 membres issus du corps professoral du Collège de France. exposition ouverte au public et de modernisation des locaux scientifiques et de l’accueil des chercheurs et stagiaires a été élaboré. la station est devenue Station de Biologie Marine du Muséum National d’Histoire Naturelle et du Collège de France. Ce projet bénéficie du concours du Collège de France.68 Ainsi. La Fondation est administrée par un Conseil constitué de 12 membres (le collège des membres fondateurs constitué de professeurs de l’Institution. le développement et la valorisation des activités d’enseignement. de formation. de fonds européens et de l’aide des collectivités locales. la Station de Biologie Marine de Concarneau a offert sur près de 140 ans. d’accroître les ressources nécessaires à l’animation de la vie scientifique des chaires. la gestion scientifique et administrative étant assurée dans le cadre du Muséum National d’Histoire Naturelle. enzymes. Les fonds privés mobilisés permettront de répondre aux besoins de financement de projets de recherche de l’Institution. Un programme de réhabilitation des viviers. d’amplifier la formation des jeunes chercheurs. l’exemple d’une recherche parfois marginale au regard des activités pratiquées dans les autres laboratoires marins : endocrinologie comparée. en France et à l’étranger. le soutien. Ils serviront l’exigence d’une recherche de haut niveau tournée vers la société. partie historique du laboratoire. d’acquérir des équipements techniques de dernière génération. dans l’esprit du Collège de France et de son ouverture. Depuis 1996. de recherche. biomatériaux. de favoriser l’accès aux connaissances et aux dernières recherches menées par les chaires et par les équipes accueillies. gestion de l’espace marin. Décret du Président de la République (publié au Journal officiel du 25 juillet 2007) nommant Mme Ariane Mnouchkine professeure associée à temps plein au Collège de France sur la chaire de Création artistique 2007-2008...... et M..... Par arrêté ministériel............. sur la Chaire internationale 2007-2008.....CHRONIQUE DE L’ANNÉE ACADÉMIQUE 2007-2008 2007 20 juillet ... 13 septembre.. 30 juillet .... Thomas Römer professeur au Collège de France sur la chaire de Milieux bibliques.. Publication au Journal officiel de l’avis de création des chaires de Chimie des processus biologiques et d’Histoire intellectuelle de la Chine.... Michael Edwards et Michel Tardieu sont admis à faire valoir leurs droits à la retraite à compter du 1er septembre 2008.. 25 novembre ....... Michel Brunet professeur au Collège de France sur la chaire de Paléontologie humaine.. Décret du Président de la République (publié au Journal officiel du 22 juillet 2007) nommant M.......... Manfred Kropp professeur associé à temps plein au Collège de France sur la Chaire européenne 2007-2008. Pierre Magistretti professeur associé à temps plein au Collège de France.. 19 novembre .. 23 novembre ... Décret du Président de la République (publié au Journal officiel du 21 novembre 2007) nommant M......... Décret du Président de la République (publié au Journal officiel du 28 novembre 2007) nommant M.. Délibération de l’Assemblée des Professeurs demandant la création d’une chaire de Physique de la matière condensée (en remplacement de la chaire de Civilisations de l’Europe au Néolithique et à l’âge de bronze)... .... Gérard Berry professeur associé à temps plein au Collège de France sur la chaire d’Innovation technologique-Liliane Bettencourt 20072008 4 août . MM. 23 juillet ..... Décret du Président de la République (publié au Journal officiel du 1er août 2007) nommant M...... Philippe Sansonetti professeur au Collège de France sur la chaire de Microbiologie et maladies infectieuses...... et M. ........ Décret du Président de la République (publié au Journal officiel du 9 juillet 2008) nommant M...... Décret du Président de la République (publié au Journal officiel du 29 août 2008) nommant M... Publication au Journal officiel du décret de création de la Fondation du Collège de France. Par arrêté ministériel... Décret du Président de la République (publié au Journal officiel du 4 mai 2008) nommant Mme Anne Cheng professeure au Collège de France sur la chaire d’Histoire intellectuelle de la Chine et M........70 CHRONIQUE DE L’ANNÉE ACADÉMIQUE 20072008 2008 19 février.. Décret du Président de la République (publié au Journal officiel du 21 mai 2008) nommant Mme Esther Duflo professeure associée à temps plein au Collège de France sur la chaire internationale – Savoirs contre pauvreté 2008-2009......... Publication au Journal officiel de l’avis de création de la chaire de Physique de la matière condensée.... 11 juin . Pierre-Laurent Aimard professeur associé à temps plein au Collège de France sur la chaire de Création artistique 2008-2009....... Mme Anne Fagot-Largeault est admise à faire valoir ses droits à la retraite à compter du 1er septembre 2009....... Henri Léridon professeur associé à temps plein au Collège de France sur la chaire européenne – développement durable 2008-2009 et M..... Mathias Fink professeur associé à temps plein au Collège de France sur la chaire d’innovation technologique – Liliane Bettencourt 2008-2009.............. 19 mai ..... reconnue d’utilité publique. 27 août ... Marc Fontecave professeur au Collège de France sur la chaire de Chimie des processus biologiques....... 7 avril........... 2 mai ........... ............ 5 juillet .... le vin rouge de Chiraz en urine ? » Tout François Morel est là. François Morel aurait pu exploiter la technique des clairances rénales pour étudier la fonction du rein. la capacité du rein à réabsorber l’eau. Il ne s’est jamais départi de cette ligne de recherche. François Morel conclut sa leçon inaugurale au Collège par la mention d’un compagnon de longue date. Comme beaucoup de physiologistes rénaux dans les années cinquante. . il est licencié ès sciences et. François Morel était né à Genève en 1923. En fait. sinon un dispositif extraordinairement précis et ingénieux. quatre ans avant de passer son diplôme de Médecine.NÉCROLOGIE François MOREL (1923-2007) Le 9 mai 2007. titulaire de la chaire d’Endocrinologie et de morphologie expérimentale (1938-1966) au Collège de France. En 1944. après toute une vie consacrée à la recherche sur la physiologie rénale qu’il a réalisée en grande partie au Collège de France où il a été titulaire de la chaire de Physiologie cellulaire de 1967 à 1993. très vite. À cette époque. Son père était titulaire de la chaire de Psychiatrie dans cette ville. les électrolytes ou d’autres substances mais elle ne donne aucune indication sur les mécanismes de transport. s’est concentré sur la compréhension des mécanismes cellulaires aboutissant à la réabsorption de l’eau et des électrolytes par le rein. de 1947 jusqu’à la fin de son parcours au Collège en 1993. effectivement. il découvre le laboratoire de Robert Courrier. à qui il succédera en 1967. le rein. en citant une réflexion du poète danois Isak Dienesen qui met dans la bouche d’un marin arabe naviguant au large des côtes africaines sous un ciel étoilé : « Qu’est-ce en définitive que l’homme quand on y réfléchit un peu. François Morel nous quittait à l’âge de 84 ans. pour transformer. par le fait de rencontres fortuites. Cette approche permet d’aborder in vivo. ce qui l’a sans doute incité à entreprendre des études de médecine. de façon globale et quantitative. dans cette ironie distante vis-à-vis de son travail qui. avec un art consommé. il n’a jamais exercé la médecine car. il a été attiré par la démarche expérimentale. Afin de résoudre certaines questions de physiologie. Il analyse ensuite mathématiquement les résultats de ses expériences. ténacité et modestie. il met au point plusieurs micro-techniques ingénieuses et novatrices. François Morel est engagé comme médecin biologiste au CEA en 1948 et deviendra chef du laboratoire de Physiologie physicochimique du département de Biologie du CEA de Saclay. En s’appuyant sur la physiologie rénale. lui a permis pendant plusieurs années d’avoir le rare privilège d’accumuler des résultats originaux en l’absence de compétiteurs. Il sépare les différents segments du néphron par microdissection et développe les microméthodes biochimiques nécessaires à ses travaux. du glucagon. lui sert à analyser le transport vectoriel du sodium. à partir de 1967. il analyse les propriétés particulières du rein de la gerboise. des α-adrénergiques. qui lui a permis d’utiliser des produits radioactifs provenant du tout jeune CEA. Sa phrase favorite. . Il met au point une microméthode extrêmement sensible de dosage l’adénylate cyclase qui lui permet de déterminer les cellules cibles des hormones. François Morel possédait les qualités qu’une telle recherche exigeait : extrême minutie. Afin de comprendre en finesse les mécanismes mis en jeu dans les différents secteurs du rein. la fonction de divers types cellulaires dans un même segment tubulaire en termes de métabolisme intermédiaire et de réponse hormonale. Il suit le transport des ions et de l’eau à travers les membranes cellulaires en utilisant les isotopes radioactifs dont c’était l’une des premières applications en biologie. rigueur de l’analyse. Ses premières recherches ont été favorisées par sa rencontre avec Frédéric JoliotCurie au Collège de France. François Morel s’intéresse à l’action des hormones sur les différentes régions du néphron. Il montre la complexité et l’hétérogénéité des différents segments du néphron. L’épithélium de batracien. qui possède des analogies avec le tube urinifère de mammifère. comme il le souligne lui-même. que ses nombreux élèves français et étrangers ont gardée en mémoire.72 NÉCROLOGIE de sécrétion et de réabsorption qui sont impliqués. il fait appel à la physiologie comparée : pour étudier les mécanismes aboutissant à l’élaboration d’une urine concentrée. Il installera par la suite son laboratoire au Collège de France. était « Voyez. Il ne se donnait pas un rôle dans sa recherche mais valorisait son équipe et était attentif à ceux qui l’entouraient. Méthodologiste précis et rigoureux. Ce fut une période pionnière de la physiologie et de l’endocrinologie rénales qui. Il caractérise les récepteurs membranaires de la parathormone. de la vasopressine. Dans les années 70. c’est tout simple et ça marche ». de la calcitonine. François Morel étudie in vitro les différentes entités qui composent le tube néphronique en analysant les caractéristiques propres des différents segments du néphron. les modélise et en tire les conclusions. Il utilise la toute naissante technique de microperfusion des tubules rénaux. il a parfaitement démontré que l’on pouvait disséquer un organe complexe en ses différentes fonctions cellulaires et étudier en retour comment le travail des cellules spécialisées assure une grande fonction intégrée de l’organisme. un rongeur du désert qui n’excrète que quelques microlitres d’urine par mois. Il l’a constituée par 18 voyages qu’il avait intitulés « Calendrier de mes chasses aux papillons exotiques ». mais François Morel disait modestement qu’il avait eu la chance d’être du bon côté de la balance. qui supposait un mécanisme de concentration à contre-courant des urines. Il a estimé qu’il ne pouvait rester en marge des questions qui se posaient alors et déjà ! sur l’orientation et le développement de la recherche en France. Son action a été aussi déterminante comme membre du Conseil supérieur des universités dans la réforme des Diplômes d’études épprofondies en 1985. C’était un homme de devoir. il admirait la beauté des papillons et cherchait à en comprendre le mimétisme. Scientifique modeste. Lors de ma leçon inaugurale au Collège. je rappelais les cours de François Morel sur le mode d’action des hormones que nombre d’entre nous. et le Collège de France un ami. qu’il a constituée en partie avec Christian de Rouffignac. suivaient assidûment. affable. Sa collection de papillons. Chez François Morel.NÉCROLOGIE 73 Il se décrivait comme un manuel. Pierre Corvol. est exceptionnelle. comme un artisan qui. Nous gardons de lui un souvenir vivace. à l’inverse de l’artiste. il y avait le goût du bel ouvrage et l’émerveillement devant la nature. scientifiques ou médecins. notamment comme Président d’une action « Membranes biologiques » dans les années 60 où il a joué un rôle important. Il a vécu de près un débat scientifique entre deux théories qui s’opposaient sur les mécanismes de concentration des urines. La communauté scientifique nationale et internationale perd l’un des pionniers de la physiologie et de l’endocrinologie rénales. il a marqué toute une génération de chercheurs et de néphrologues qu’il a formée à une méthodologie rigoureuse et innovante au service d’idées et de concepts originaux. avait la faveur de François Morel. Elle s’est avérée exacte. Luimême ne s’est jamais attribué une grande théorie bien qu’il ait été souvent l’initiateur de nouveaux concepts. Il s’est impliqué dans plusieurs actions concertées de la Direction générale de la Recherche scientifique et technique (DGRST). le 29 juin 2008 . ni d’un homme de pouvoir. ne signe pas ses œuvres. prêt à rendre service et de haute tenue morale. Celle de Khun et Wirtz. A la fois esthète et scientifique. un des chercheurs de son laboratoire au CEA. François Morel n’avait rien d’un mondain. . SCIENCES MATHÉMATIQUES.RÉSUMÉ DES COURS ET TRAVAUX DE L’ANNÉE ACADÉMIQUE 2007-2008 I. PHYSIQUES ET NATURELLES . . ∀a j ∈ A.Analyse et géométrie M. ∀ξ. (5) Le A-module H∞ = ∩ Dom Dm est projectif de type fini. a]. en dimension p. Introduction J’ai donné cette année dans mon cours la solution d’un problème que j’avais formulé il y a quelques années et qui donne une caractérisation spectrale des variétés Riemanniennes. (2) [[D. ∫ . A) tel que πD (c) = 1 pour p impair. ∀a ∈ A. 2. b ∈ A. a] appartiennent au domaine de δm. sont (1) La valeur caractéristique μn de la résolvante de D vérifie μn = O(n–1/p). professeur Caractérisation spectrale des variétés 1. membre de l’Institut (Académie des Sciences).1) πD (a0 ⊗ a1 ⊗ … ⊗ a p) = a0[D. b] = 0 ∀a. T ]. a1] … [D. η ∈ H∞. ∫ L’application πD est définie par (2. Alain Connes. a et [D. (3) Pour tout a ∈ A. pour tout entier m où δ est la dérivation : δ(T ) = [|D|. πD (c) = γ est une /2 graduation. De plus l’égalité suivante le dote d’une structure hermitienne ( | ) : ξ. alors que pour p pair. (4) Il existe un cycle de Hochschild c ∈ Zp (A. Le symbole – représente la trace de Dixmier. aη = – a (ξ|η) |D|–p. a p]. Les axiomes et la caractérisation Les cinq conditions. pour tout entier m. J’avais montré dans un cours antérieur que l’opérateur D est alors un opérateur de Dirac. Lemme 3. vérifiant les cinq conditions ci-dessus. pour tout entier m (3) T est dans le domaine de δm. Soit (A. D) un triplet spectral. Soit (A.1. j b) Montrer que la mesure spectrale des a α ( j > 0) sur une « carte locale » est la mesure de Lebesgue. D) un triplet spectral.78 ALAIN CONNES Théorème 2. vérifiant les cinq conditions ci-dessus. De plus toute variété compacte orientée apparaît de cette manière. Il existe alors une variété compacte orientée X telle que A soit l’algèbre C ∞(X ) des fonctions de classe C ∞ sur X. Théorème 2. on suppose que : — la régularité (3) est vérifiée par tous les endomorphismes de H∞ . On suppose que la multiplicité de l’action de A ′′ dans H est 2 p/2. pour tout entier m (4) TH∞ ⊂ H∞ . avec c antisymétrique. c) Appliquer l’estimation de l’obstruction de Voiculescu sur les unités quasicentrales et en déduire que les « cartes locales » sont localement injectives. 3.e. H. La condition de réalité sélectionne ensuite les variétés spinorielles et l’action spectrale sélectionne la connection de Levi-Civita. Il existe alors une variété compacte X (spinc ) telle que A = C ∞(X ). T ] sont dans le domaine de δm. que l’image d’une « carte locale » aα contient un ouvert de p. D) où A ′′ est l’algèbre de von Neumann commutative fermeture faible de A. H.3. H. H. avec A commutative. Un triplet spectral est fortement régulier si tous les endomorphismes du A-module H∞ appartiennent au domaine de δm. Les conditions suivantes sont équivalentes : (1) T ∈ A (2) [D. Cette hypothèse de multiplicité est une forme faible de la dualité de Poincaré qui était la condition (6) de ma formulation du problème. On a aussi la variante suivante qui ne suppose plus la régularité forte. — le cycle de Hochschild c est antisymétrique.1. Il y a trois étapes dans la démonstration : a) Montrer que le spectre X de l’algèbre A est suffisamment grand i.2. avec A commutative. Topologie de A Le lemme suivant montre que le triplet spectral (A. définie ainsi : Définition 2. D) est uniquement déterminé par ( A ′′ . T ] est borné et T et [D. Soit T ∈ A ′′ . a ]) ≤ c ′ k k sk sobolev . on définit les normes de Sobolev sur A par (3. (5) L’isomorphisme algébrique H∞ = eAn est topologique.2. Soient ημ des générateurs du A-module H∞. (2) On a des estimés de Sobolev de la forme (3.1) m D Tξ = ∑ m k =0 m m−k δ k (T ) D ξ.3. n éléments auto-adjoints de A et f : n j une fonction de classe C ∞ définie sur un voisinage du spectre des aj. y ∈ A (3. s ′ > 0.3) pk(x) = ρk(x) . x 0 0 où ρk est une représentation de A. k ∀ξ ∈ Dom|D|m On montre alors que A est une algèbre de Fréchet avec les semi-normes sousmultiplicatives (3. c ′ < ∞ et des suites s k > 0.ANALYSE ET GÉOMÉTRIE 79 On utilise l’égalité : (3.…. ρk(x)= δ(x ) x x 0 δ k (x ) / k ! δ(x ) x a sobolev = ( s ∑ μ (1 + D 2 ) s / 2 aη μ 2 1/ 2 ) . aξ et le produit à valeurs dans A sont des applications (6) L’application (a. k k (3) Le spectre X = Spec(A) est métrisable.4). an) ∈ A appartient à A ⊂ A. . p ([ D . A est un espace de Fréchet nucléaire séparable.5) pk (a ) ≤ c k a sobolev . ∀a ∈ A a ∀a ∈ A avec c k < ∞. s′ k ∀x. ξ) continues A × H∞ → H∞ et H∞ × H∞ → A. Le Lemme 3. (4) Tout T ∈ EndA H∞ agit continûment dans H∞ et définit un opérateur borné dans H. (1) Munie des normes (3. associées à la condition de régularité. Alors f (a1.2) p k ( xy ) ≤ p k ( x ) p k ( y ). On a de plus la stabilité par calcul fonctionnel démontrée par Varilly et Rennie : Proposition 3.1 donne des estimés de Sobolev. Soient a j = a * .4) On a Proposition 3. On note que p0 = 0. H. Soit B l’algèbre des endomorphismes of H∞. Les Uα forment un recouvrement ouvert de X = Spec(A).1. . par l’égalité (4. Lemme 4. l’ouvert où ρα ne s’annule pas.e. où γj ∈ B et les δj sont des dérivations (4. Fonctions implicites et cartes locales Soit (A.6) On pose (4. On définit une espérance conditionnelle EA : EndA(H∞) → A. et δj ∈ DerA des dérivations telles que — chaque δj s’exponentie . Soit χ un caractère de A. pour ξj ∈ H∞.3) β 0 c = ∑ a α ω α .4) τ = Tr(e ) = ∑ j pj ∑ pj = 1. Le module où l’on peut supposer que les projectif de type fini H∞ sur A est de la forme H∞ = eAn.2) δ j ( a ) = i(ξ j [ D. et a = (a j ). La trace τ = Tr(e ) = ∑ e jj ∈ A détermine uniquement les projecteurs pj ∈ A associés à la dimension j de la fibre. a α (1) ] [ D.7) ρα = i 2 β β E A (γ ∑ ε (β )[ D.1) [ D. par (4. p éléments auto-adjoints de A.2. a α ( p ) ]). Lemme 4. On a une décomposition finie de la forme (4. sont auto-adjoints pour μ > 0. où e ∈ Mn(A) est un idempotent auto-adjoint. a ] = ∑ δ j ( a ) γ j . Par hypothèse le cycle c est de la forme : (4. D) un triplet spectral vérifiant les cinq conditions du §2.3. Soit A commutative. — le déterminant de la matrice χ(δj(ak)) n’est pas nul. β Cα = {x ∈ X | ρα(x) = 0} c et on désigne par Uα = C α son complément i. ∀T = (Tkl ) ∈ eMn(A)e On définit alors ρα ∈ A par p ( p +1) (4. ω α = ∑ ε(β )1 ⊗ a α (1) ⊗ α μ aα β β ⊗ aα ( p ) ∀a ∈ A. On utilise alors le lemme suivant : Lemme 4. ∀a ∈ A. a ]ξ j ).80 ALAIN CONNES 4.5) EA (T ) = ∑ j >0 1 pj j ∑Tkk . 1.6) [D. sous l’hypothèse de régularité. un voisinage Z de χ dans X = Spec(A) et W de 0 ∈ p tels que.ANALYSE ET GÉOMÉTRIE 81 Alors l’image par a de tout voisinage de χ dans Spec(A) contient un voisinage de a(χ) dans p. Un point crucial est la détermination du symbole principal de |D| sous la forme. le commutateur [D.4) τ →∞ lim τ −1 e iτ h | D | e − iτ hξ = |[ D. 5. Alors. Si l’on fait l’hypothèse de régularité forte de la Définition 2.1. h] | ξ . On a en effet : Lemme 5. t ∈ p. Proposition 5. Réciproquement. ξ2(1) = 0} 0 1 −1 0 Ainsi [D. pour tout κ ∈ Z. On notera que la commutativité de [D. H = L2([0. En effet considérons le triplet spectral (5. h] = ∂x h γ1. γ1= 2. h] commute avec h. [D. Remarque 5. pour tout h = h∗ ∈ A.2) s’exponentient. h]2 ∈ A. h]|.1. de W avec un voisinage de a(κ) dans p. h] avec h et l’auto-adjonction de D ne suffisent pas à entraîner la conclusion du Lemme 5.2. 1]) ⊗ avec la condition au bord (5. dépendant continûment de κ.) A = C∞([0. ∀x ∈ A. a ∈ A. 1]).5) [|[D.2 on obtient (5. h] est nul là où h atteint son maximum. h] ne s’annule pas en ce point. ∀h = h∗ ∈ A.) x + λδj(x) ≥ x . alors on a pour la convergence en norme dans H: (5. ∀h = h∗.2) sont dissipatives i. Mais pour h(x) = x le maximum est en x = 1 et [D. La Proposition 5. Dérivations dissipatives Commençons par la propriété de dissipativité des dérivations.) ξ2 Pour tout h ∈ A on a [D. (5. a]] = 0. cette propriété entraîne que les dérivations ± δj de la forme (4.2 montre que. Soit h = h∗ ∈ A. σt ∈ Aut(A). Supposons que les dérivations de la forme (4.2.e. l’application t a(κ ◦ σt) soit un diffeomorphisme. λ ∈ . (5.3. D= 0 −∂x ∂x 0 Dom D = {ξ = ξ 1 |ξ1(0) = 0. Il existe de plus une famille de classe C ∞.3. . ∀ξ ∈ Dom D. Tξ∗. Lemme 6. D) un triplet spectral régulier. pour toute suite bn ∈ A. La limite des A∗DA(1 + ε|D|)–1ξ donne Hξ . Dérivations auto-adjointes Nous dirons qu’un opérateur borné A est régulier si il appartient au domaine de δm pour tout m. le commutateur [D. h] est nul là où h atteint son maximum.η.η = Tη. la formule suivante définit un endomorphisme du A-module H∞ : ∀ζ ∈ H∞ (6.6. Théorème 5. Soit A un opérateur régulier. H. vérifiant les cinq conditions du §2. avec A commutative.1. Alors pour tout h = h∗ ∈ A. . Cela résulte du Théorème 5. H.1) Tξ. |χ(h)| maximum. Soit ξ. Corollaire 5. D) un triplet spectral avec A commutative vérifiant les cinq conditions du §2. D) un triplet spectral fortement régulier.1. Soit h = h∗ ∈ A. de support tendant vers {χ}.e.ξ Le résultat principal est le suivant : Théorème 6. Soit (A. Corollaire 5. Le domaine de la fermeture de H est l’ensemble des ξ ∈ H pour lesquels A∗DA(1 + ε|D|)–1ξ converge en norme pour ε → 0. bn ≤ 1. On a (6. h] s’annule là où h atteint son maximum. Soit (A.7) Grad(h) = [D2.4. Alors toute dérivation de A de la . h]bn → 0.2.2) Taξ. pour obtenir un opérateur de A dans A. H.5. i. Les dérivations ±δj du Lemme 4. ∀a. η ∈ H∞.4 et du Lemme 5. bη = ab∗Tξ.1 sont dissipatives.η(ζ) = (η|ζ)ξ. Soit (A.3. Alors l’opérateur H = A∗DA de domaine Dom D est essentiellement auto-adjoint. On applique ce résultat aux endomorphismes du A-module H∞ qui sont de rang un. Proposition 6.1. vérifiant la condition d’ordre un. b ∈ A. on a [D. où (η|ζ) est le produit à valeurs dans A.82 ALAIN CONNES On montre de plus que la régularité suffit à assurer la propriété de dissipativité du Lemme 5. Le symbole principal de l’opérateur (5. ∀a ∈ C(X ). A↑1 J où R + est l’ensemble partiellement ordonné des opérateurs positifs de rang fini. Alors pour tout t ∈ la mesure λ de (6. 1 de norme ≤ 1. — L’application (t. D). δ0(a) = i(ξ|[D. Soit V ⊂ Uα un ouvert et aα |V la restriction des aα ∈A au sousespace 1V H ⊂ H. . Nous dirons qu’une mesure μ est fortement équivalente à υ si et seulement si il existe c > 0 tel que cυ ≤ μ ≤ c–1υ. dans H.4. a]ξ). ∀y ∈ sα(V ). Proposition 6. δ0 et σt comme dans le Théorème 6. Soit (A. 1) L’obstruction de Voiculescu relative à un idéal J d’opérateurs compacts est donnée par (8. est le générateur d’un groupe à un paramètre d’automorphismes σt ∈ Aut(A) tels que — ∂t σt(a) = δ0(σt(a). — la multiplicité spectrale mac(y) vérifie −1 (7. ξ) est strictement positif sur V .1) mac ( y) ≥ n ( y) = #{ sα ( y) V } . On peut alors montrer directement la continuité absolue des mesures σ t∗ (λ) par rapport à λ.2. H.1. a j ] A∈R1+ .3) est localement équivalente à la mesure spectrale de la représentation de A = C(X ) dans H. .2) i. a) ∈ × A σt(a) ∈ A est continue.3) ad λ = – a|D|–p. ∀a ∈ A.e. — la restriction à V de la mesure spectrale associée à un vecteur ξ ∈ H∞ pour lequel (ξ.1) k J ({a j }) = lim inf max [ A. presque partout pour la mesure de Lebesgue. est fortement équivalente à ses transformées par σt . Forme locale des estimés L (p. Alors j — la mesure spectrale jointe des aα |V est la mesure de Lebesgue sur sα(V ) .ANALYSE ET GÉOMÉTRIE 83 forme (4. On a en effet : Lemme 7. On a de plus j j Théorème 7. Multiplicité spectrale La mesure (6. Pour tout ouvert V ⊂ X les mesures suivantes sont fortement équivalentes : — la restriction λ|V à V de la mesure λ de (6.3) . .3. Pour tout point χ ∈ X il existe p éléments auto-adjoints x μ ∈ A et une famille. à 1VH vérifie : (8. Il existe une constante finie κp telle que pour tous aj ∈ A et tout compact K ⊂ X on ait. L’algèbre A est localement l’algèbre des restrictions de fonctions C ∞ sur p à un ouvert borné de p. 1). Il existe m < ∞ tel que (8. avec J = L (p. b1 K =1 K κJ ({aj 1K }) ≤ κp max δ(aj) ∞(λ(K)) 1/p inf –b|D|–p. ∀x ∈ W = sα(V ) Corollaire 8.1.3. de classe C ∞.2. p — l’application t h(t) = χ ◦ τt est un homéomorphisme d’un voisinage de 0 dans avec un voisinage de χ . l’on montre que l’on peut doter le spectre X de A d’une unique structure de variété compacte lisse telle que A = C ∞(X ).4) −1 #( sα ( x) V ) ≤ m. tels que p — les x μ définissent un homéomorphisme d’un voisinage de χ avec un ouvert de . t ∈ p. En utilisant ce lemme.3 ainsi que l’existence de suffisamment d’automorphismes de A pour démontrer le lemme clef suivant : Lemme 9. ∀x ∈ W = sα(V ) .2.84 ALAIN CONNES Théorème 8. — l’application x ◦ h est un difféomorphisme local. V Corollaire 8.1. Il en résulte alors Lemme 9. Théorème de Reconstruction On utilise le Corollaire 8. l’inégalité (8. .2) où : λ(K ) = b∈A + . τ0 = id. Il existe C < ∞ tel que la multiplicité spectrale mac ( x) du spectre j j absolument continu de la restriction aα |V des aα .3) V mac ( x) ≤ C . τt ∈ Aut(A). M. Octobre 2007. New York. 1 conférence à Rutgers. Mai 2008. 5 conférences à Vanderbilt (Fifth Spring Institute in Non-commutative Geometry and Operator Algebras). American Mathematical Society. 1 conférence à ICTP. Consani. Noncommutative Geometry. Mai 2008. 1 conférence à NYU. A paraître dans JNT. Fun with 1. Vol. Octobre 2007. M. 1 conférence à l’IHÉS (50e anniversaire). Marcolli. Connes. Quantum Fields. 55. 2008.ANALYSE ET GÉOMÉTRIE 85 Conférences Septembre 2007. Mai 2008. Connes. 1 conférence à Oberwolfach. Octobre 2007. Publications A. Trieste. A. Marcolli. 3 conférences à Toronto (Fields Lectures). and Motives. C. Colloquium Publications. . . Le sous-décalage ∑ étant fixé. vs ∈ E s . Le cours a présenté des résultats obtenus en collaboration avec A. 2. nous . membre de l’Institut (Académie des Sciences). f est le décalage σ : ∑→∑. l’espace des paramètres est donc (S L(2. Un critère classique d’uniforme hyperbolicité est basé sur l’existence d’un champ de cônes vérifiant certaines propriétés. si n < 0. R ) qui ne dépend que de la lettre en position zéro dans un élément de ∑. avec A n ( x ) = A x n−1 … A x 0 = − −1 A x n1 … A x −1 si n ≥ 0. Bochi. Dans la situation considérée. Jean-Christophe Yoccoz. Avila et J. Les cocycles uniformément hyperboliques correspondent à une partie ouverte H qu’on se propose d’étudier. Un cocycle linéaire au-dessus de f est un isomorphisme F de E vérifiant f p = p F . c > 0 et une décomposition F-invariante E = E s ⊕ E u vérifiant F n (v s ) ≤ c λ n v s pour n ≥ 0. E est le produit ∑ × R2. A n ( x )v ). On va considérer la situation spécifique suivante : X est un sous-décalage de type fini ∑ sur un alphabet fini A. R )) A via la formule F n ( x . professeur Cours : cocycles uniformément hyperboliques 1. R )) A . Un tel cocycle est uniformément hyperbolique s’il existe 0 < λ < 1. Soient X un espace topologique. et F est déterminé par une application A : ∑ → SL(2.Équations différentielles et systèmes dynamiques M. et p : E → X un fibré vectoriel de base X. v ) = (σ n ( x ). Le cocycle F est donc déterminé par une famille ( Aα )α ∈A ∈(S L(2. F −n (v u ) ≤ c λ n v u pour n ≥ 0. f un homéomorphisme de X. vu ∈ E u . et la façon dont elles sont envoyées les unes dans les autres par les Aα. on fait appel à un autre critère d’uniforme hyperbolicité (valable pour les cocycles à valeurs dans SL (2. qui a un nombre fini de composantes connexes. stable) U α (resp. notons e s (x). pour chaque α ∈A s K α = e s ({ x ∈ . Lorsque ∑ est un décalage de type fini général. d’emploi plus simple. Pour x ∈ . les composantes connexes de U et S sont alternées − pour l’ordre cyclique de P1 et on a Aα U ⊂ U . Supposons inversement que le cocycle défini par ( Aα )α ∈A soit uniformément hyperbolique. R) sur une base compacte) : il faut et il suffit que la norme des produits An(x) croisse de façon uniformément exponentielle. la condition est qu’il existe des multicônes M α . De plus. Dans le cas général d’un décalage de type fini. Lorsque ∑ est un décalage complet. posons K s = e s (∑). En particulier. Alors S et U sont des parties compactes non vides et disjointes de P1 qui n’ont qu’un nombre fini de composantes connexes. S) de P1 dont le complémentaire est l’union des composantes connexes de P1 – Ku qui rencontrent K s (resp. Les parties U α et Aα Sα sont disjointes et leurs composantes connexes sont alternées. non vide et distincte de P1. des composantes connexes de P1 – K s qui rencontrent K u). x −1 = α }). stable) la partie U (resp. Dans ce cas. le cocycle associé à ( Aα )α ∈A est uniformément hyperbolique si et seulement s’il existe un multicône M tel que Aα M est contenu dans M pour tout α ∈A . restent les mêmes dans une composante connexe du lieu d’hyperbolicité H. Nous appelons multicône une partie ouverte de P1 = P1(R).88 JEANCHRISTOPHE YOCCOZ avons découvert un critère alternatif. Cette croissance est obtenue en munissant les multicônes de leur métrique de Hilbert. Sα sont compactes non vides et n’ont qu’un nombre fini de composantes connexes. Les parties U α . Le multicône Mα est un épaississement approprié de U α . . K u = e u (∑). Le critère est plus simple à énoncer lorsque ∑ est un décalage complet. x 0 = α }). basé sur la notion de multicône. u K α = e u ({ x ∈ . des −1 u s composantes connexes de P 1 − K α qui rencontrent Aα K α ). le nombre de composantes connexes. Aα 1 S ⊂ S pour tout α ∈A. Le multicône M est alors un épaississement approprié de U (ne rencontrant pas S). e u (x) les directions stables et instables (considérées comme des points de P1). Pour voir que ces conditions impliquent l’uniforme hyperbolicité. Appelons noyau instable (resp.α ∈A tels que Aβ Mα ⊂ Mβ pour chaque transition admissible α → β. On notera que les cônes stables et instables dépendent continûment des paramètres. on doit définir. Sα ) est alors le complémentaire de s u l’union des composantes connexes de P 1 − K α qui rencontrent Aα K α (resp. −1 On a Aβ U α ⊂ U β . Le noyau instable (resp. Aα Sβ ⊂ Sα pour chaque transition admissible α → β . Pour décrire toutes les composantes connexes de H. On désigne par E l’ensemble des paramètres ( Aα )α ∈A tels qu’il existe un point périodique x de ∑ (de période n) telle que la matrice An(x) associée soit elliptique. F décrivant M. Les éléments de Hid sont exactement les paires ( A. AB).ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES ET SYSTÈMES DYNAMIQUES 89 3.R))2 ne rencontre qu’un nombre fini de composantes connexes. . β tels que uAα = s Aβ. B ) ∈H telles que le noyau instable U a deux composantes connexes. on a un résultat plus précis. soit il existe des indices distincts α. + 1} A tel que (ε α A )α ∈A appartienne à cette composante pour toute matrice A telle que TrA > 2. Avila a montré que E est dense dans le complémentaire de H. Tr B > 2. Pour F ∈M. D’autre part. instable) d’une matrice hyperbolique A . On montre aisément qu’un N-uplet hyperbolique ( Aα )α ∈A appartient à H0 si et seulement si le cône instable U est connexe. Nous décrivons dans cette section le lieu d’hyperbolicité H lorsque ∑ est le décalage complet sur 2 symboles. Chaque HF a donc 8 composantes connexes. et on note M le monoïde (libre) engendré par F+. sA) la direction stable (resp. + On montre que Hid est contenu dans H − H0. B). on introduit les difféomorphismes de (S L(2. Deux composantes connexes distinctes sont d’adhérences disjointes. lorsque A est parabolique mais distincte de ± id. TrAB < −2. En fait. on pose HF = F−1 (Hid). TrA TrB TrAB < 0 . disjointe de H. Pour un sous-décalage de type fini général. Théorème – Les composantes de H sont exactement les composantes de H0 et les composantes des HF . C’est une partie ouverte de l’espace des paramètres. si un N-uplet ( Aα )α ∈A appartient à la frontière ∂H0 . F−. Pour le décalage complet sur deux symboles. B) telles + que Tr A > 2. B) = (BA. TrB > 2. F−(A. B) = (A. On suppose dans cette section que ∑ est un décalage complet sur N ≥ 2 symboles. on notera uA = sA l’unique direction invariante. Considérons la partie ouverte Hid de (S L(2. H id est l’union de deux composantes connexes de H qui se déduisent l’une de l’autre par une conjugaison renversant l’orientation de P1 et Hid est donc union de huit composantes de H. Il y a 2N composantes principales . De plus. On a désigné par uA (resp. alors soit l’une des matrices Aα est parabolique. Tr AB > 2. Notons H id la partie de Hid formée des matrices telles que TrA > 2. Une composante connexe de H est dite principale s’il existe (ε α )α ∈A ∈{−1. leur union est notée H0. une partie compacte de (SL(2. R))2 F+(A. R))2 formée des matrices (A. 4. B) appartient à une composante connexe de H associée à p q . B) qui n’appartient pas à H0 ∪ E et on applique le lemme. les cônes stable et instable ont chacun q composantes connexes. L’image Θ([0. x + p q mod 1. il existe une composante de (S U )c dont les extrémités sont sC et uC.1). IB = [1 − p q . 1). par ordre p q −j −j lexicographique décroissant. les mots Θ( R ip q (0)) et Θ 1( R ip1 q1 (0)). Pour x ∈[0. les mots Θ 0 ( R p0 q 0 (0)) et Θ( R p q (0)). B) est tordue. où q désigne la longueur du mot F(AB) et p le nombre d’occurences de B dans ce mot. AB) est tordue . par ordre lexicographique croissant. On dispose d’une description explicite des multicônes correspondant aux composantes non principales de H pour le décalage complet sur 2 symboles. 0 < j < q 0 . Θ1 sont définis à partir de p 0 q 0 . Le cas i) est impossible par hypothèse. posons j ( F ) = p q . p1 q1 ] l’intervalle de Farey dont p q est le centre. 1 0 < i < q1. On prend donc une paire (A. F ∈M. puis le mot Θ( R q1 q (0)) = Θ(1 − ). tr AB) au cours de ce processus. posons Notons Rp/q l’application x Θ( x ) = (θ ( R ip q x )) 0≤i < q . B) est tordue. B) est tordue si A et B ne sont pas elliptiques et (A. p1 q1 comme l’a été Θ à partir de p q ) : on commence par Θ0(0). Si on se trouve dans les cas iii) ou iv) on applique à nouveau le lemme à la paire obtenue. E et des HF . on veut montrer que (SL(2. Soit [ p 0 q 0 . et notons θ : [0.B} l’application qui vaut A sur IA et B sur IB. Θ1(0) puis on rencontre alternativement. . iii) (A. pour F ∈M*. ce qui résulte de l’étude de la dynamique sur les triplets (tr A.1)) = : O( p q ) est un ensemble de q mots de longueur q qui se déduisent les uns des autres par permutation cyclique. Si (A. Θ(0). Ceci étant.90 JEANCHRISTOPHE YOCCOZ Théorème – On a ∂E = ∂H = (H ∪ E )c . Notons M* le monoïde opposé de M . et les 2q composantes connexes du complémentaire de S U sont naturellement paramétrées par O : pour C ∈O. Il s’agit de voir qu’on ne peut indéfiniment éviter le cas ii). iv) (BA. On munit O( p 0 q 0 ) O( p1 q1 ) de l’ordre cyclique l’union disjointe O := O( p q ) suivant (où Θ0. On dit qu’une paire (A. et enfin alternativement. Fixons p q ∈Q ∩ (0. B) n’appartient pas à H0 .1). 1 − p/q). ii) ( A.1). B ) ∈ Hid . alors une et une seule des quatre propriétés suivantes est satisfaite : i) AB est elliptique . tr B.1] → { A. 5. L’application j est une bijection de M* sur Q ∩ (0. Indiquons quel est le lemme principal dans la démonstration des théorèmes précédents. Posons IA = [0. R))2 est l’union disjointe de H0. Lemme – Si (A. Par contre. Pour formaliser ceci. On revient dans cette section au cadre général d’un décalage ∑ de type fini. Chaque Aα définit une correspondance monotone C α. On appelle correspondance monotone une partie C de M × M telle que i) C ⊂ (Ms × Ms) ∪ (Mu × Mu) . On a remarqué plus haut que le nombre de composantes de S et U . 7. Cs s En résumé. U ). Notons FN le monoïde libre à N générateurs (indexés par l’alphabet A. c’est-à-dire que l’image de tout mot assez long est une correspondance constante . y) est soit (x++. On appelle rang de M le cardinal q = # Ms = # Mu. On dit qu’une correspondance monotone est constante si Cs et Cu le sont. Cet homomorphisme possède de plus les propriétés suivantes : il est hyperbolique. soit (x+. iv) C peut être muni d’un ordre cyclique tel que l’élément suivant (x. Inversement. xu ∈ Cu} d’une application Cu : Mu → Mu . on peut construire des exemples de morphismes hyperboliques réduits avec N > 2 qui ne sont associés à aucune composante de H. Les correspondances monotones forment un monoïde associatif C (M) pour la composition. lorsque N = 2. ainsi que la dynamique induite par les Aα sur les composantes de S et U . ii) C ∩ (Ms × Ms) est le graphe {(Cs(xs). xs ∈ Cs} d’une application Cs : Ms → Ms . et (Aα)α∈A un paramètre appartenant à ∂H. Soient alors H une composante connexe du lieu d’hyperbolicité H. y). . Les éléments de Ms (reps. xs). tout morphisme hyperbolique réduit est associé à exactement 4 composantes de H (se déduisant les unes des autres par changements de signes). iii) C ∩ (Mu × Mu) est le graphe {(xu. on introduit la notion de multicône combinatoire : un ensemble fini M = Mu Ms muni d’un ordre cyclique tel que Mu et Ms soient de même cardinal et alternés. restent invariants par déformation donc constants dans chaque composante connexe de H. donc on a un homomorphisme de FN dans C (M). α et il est réduit. c’est-à-dire que les images des C u recouvrent Mu et les images des α recouvrent M . On suppose dans cette section que ∑ est un décalage complet sur N ≥ 2 symboles. Mu) correspondent aux composantes de S (resp. y+). y++) (on note x+ l’élément suivant x pour l’ordre cyclique de M). soit (x.ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES ET SYSTÈMES DYNAMIQUES 91 6. à chaque composante de H est associée un multicône combinatoire M et un morphisme hyperbolique réduit de FN dans C (M). Cu (xu)). Localement dans l’espace des paramètres. comme c’est le . puisqu’il a une infinité de composantes connexes. les entiers k. ii) (connexion hétérocline) il existe des points périodiques x. l. Par contre. Al(y) soient hyperboliques et on ait : An(z) · u(Ak(x)) = s(Al(y)). pour le décalage complet sur 2 symboles. C0) en deux composantes . 9. de période respective u s k et l. même pour les décalages complets sur N ≥ 3 symboles. toute partie compacte de l’espace des paramètres ne rencontre qu’un nombre fini de composantes connexes de H. De plus. c’est-à-dire telles qu’il existe une partie compacte K de (SL(2. H lui-même n’est pas (en général) semi-algébrique.92 JEANCHRISTOPHE YOCCOZ Théorème – L’une au moins des deux propriétés suivantes a lieu : i) il existe un point périodique x de ∑. H n’est pas une composante principale. B0. R))3 avec ( A0 . on peut montrer qu’aucun produit des Aα ne peut être égal à ± id. tel que |trAk(x)| = 2 . Corollaire – Chaque composante connexe de H est un ensemble semi-algébrique. C0) ∈ + (SL(2. On aimerait aussi savoir si on a toujours ∂H = ∂E = (H cas pour le décalage complet sur 2 symboles. y de ∑. R))N vérifiant H ⊂ g gKg −1 ? On dispose d’un critère intéressant pour tester cette propriété : une partie Z de (SL(2. B 0 ) ∈ H id C 0uB 0 = sA0. en raison d’un phénomène de bifurcation hétérocline. Lorsque ∑ est un décalage complet. On a étudié une occurrence de ce phénomène : on a un triplet (A0. Mentionnons ici simplement l’une d’entre elles : existe-t-il des composantes connexes H de H qui soient bornées modulo conjugaison.R))N est bornée modulo conjugaison si et seulement si chacune des fonctions trAα. un entier n ≥ 0 et un point z ∈W loc ( x ) ∩ σ −nW loc ( y ) tels que Ak(x). de période k. l’une est contenue dans H tandis que l’autre rencontre H suivant une suite de composantes connexes dont les combinatoires associées sont de plus en plus compliquées. On a vu que. 8. n sont majorés par une constante ne dépendant que de H. Le bord de chaque composante est aussi semi-algébrique. Ceci n’est plus vrai quand on considère le décalage complet sur 3 symboles. B0. De nombreuses questions concernant H et ses composantes connexes restent ouvertes. et (Aα) ∈ ∂H comme ci-dessus. l’hypersurface {CuB = sA} sépare un voisinage V de (A0. E )c. trAαAβ est bornée sur Z. Brésil. Paris. Canada. – Exponential mixing for the Teichmüller flow. Astérisque (311). 143-211 (avec A. 385-401. Suisse. Paris. et une cinquième lors d’un workshop la semaine suivante. Math. 5-16 mai 2008 : Mission à l’Université de Montréal. Publ. IHP. Buff et A. 17 décembre-21 décembre 2007 : Mission à la Scuola Normale Superiore de Pise. Gouezel). Italie. Avila et S. Titulaire de la chaire Aisenstadt. . 2007. Espagne. Trieste. 5 mars 2008 : Conférence lors de la journée de Rham à l’École Polytechnique de Lausanne. exposé n° 966. Publications – Ensembles de Julia de mesure positive et disques de Siegel des polynômes quadratiques [d’après X. 16 avril 2008 : Colloquium à l’Université Paris-Nord. 26-30 mai 2008 : Coorganisateur d’un colloque à la mémoire d’Adrien Douady à l’IHP. 7-18 juillet 2008 : Co-directeur d’une école d’été en Systèmes dynamiques à l’ICTP. j’ai donné 4 conférences dans ce cadre. Italie. Chéritat]. 2-6 juin 2008 : Une conférence lors d’un workshop “Dynamique dans l’espace de Teichmüller” à Roscoff. 4-8 février 2008 : Mini-cours de 4 conférences dans le cadre d’une École d’hiver à Séville. Volume 2005/2006.ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES ET SYSTÈMES DYNAMIQUES 93 Conférences. Séminaire Bourbaki. IHES (104). Missions 11 octobre 2007 : Colloquium à l’Université de Provence. 26 novembre-7 décembre 2007 : Mission à l’Instituto de Matematica Pura e Aplicada à Rio de Janeiro. 14 juin 2008 : Conférence au Séminaire Bourbaki. . Plus précisément. Ce type de situations est fréquent en Économie et en Finance où chaque agent (joueur) optimise ses actions en tenant compte d’informations globales c’est-à-dire moyennées sur l’ensemble des joueurs. L’objectif de cette théorie est d’introduire rigoureusement. Fokker-Planck. les équations du transport optimal de masse (problème de Monge-Kantorovich) ou les équations d’Euler-Lagrange associées à des problèmes de contrôle optimal d’EDP… . nous considérons des équilibres de Nash à N joueurs. c’est-à-dire optimisant leur comportement). a porté sur une théorie nouvelle élaborée en collaboration avec M. obtenons ainsi des systèmes d’un type nouveau d’Équations aux Dérivées Partielles (EDP en abrégé) non linéaires modélisant des équilibres (ou points de Nash) pour des continua de joueurs. Introduction Le cours. et analysons mathématiquement ces systèmes. chaque joueur interagissant avec les autres en « moyenne ». Boltzmann…). les équations des milieux poreux. suite de celui de l’an dernier. appelée théorie des « jeux à champ moyen ».Équations aux dérivées partielles et applications M. faisons tendre N vers l’infini. les équations de type Hartree de la Mécanique Quantique. D’autres domaines d’applications concernent les transports et l’étude du trafic ou la Biologie et l’Écologie. Les équations que nous introduisons de cette manière sont très générales et contiennent comme cas particuliers de nombreux systèmes et équations classiques : les équations elliptiques semilinéaires. les équations d’Euler compressibles de la Mécanique des Fluides. d’analyser et d’appliquer dans différents contextes une nouvelle classe de modèles mathématiques permettant d’étudier des situations faisant intervenir un très grand nombre de joueurs rationnels (au sens de l’Économie. membre de l’Institut (Académie des Sciences). Jean-Michel Lasry. Pierre-Louis Lions. Professeur Cours : Jeux à champ moyen (suite) 1. les modèles cinétiques (équations de Vlasov. nous avons implicitement considéré un ensemble homogène de joueurs « identiques » (en fait. Arch. théorie du transport et systèmes de particules (éventuellement stochastiques) en interaction. ou aussi simplement le cas 1. ayant les mêmes caractéristiques). Mech. 2. preprint. De plus. ou organismes vivants…). dont beaucoup restent à résoudre. Enfin. Les systèmes que nous introduisons dans ces cas contiennent alors comme cas particuliers des modèles de dynamique des populations ou de réactions chimiques… Cette année. Signalons en outre une direction importante de notre théorie : dans tout ce qui précède. p. Indiquons simplement qu’un cas particulier de notre théorie est celui où les joueurs n’ont plus de possibilité d’influer sur (en optimisant) leur comportement et sont alors soumis passivement aux interactions avec le reste des joueurs ce qui est bien sûr le cas des « particules » en Physique ou des éléments de matière en Mécanique des milieux continus. échanges d’attributs…). Propagation of chaos for the Boltzmann Equation. Il est donc clair que la classe de systèmes que nous obtenons par cette approche de modélisation est extrêmement vaste et que de très nombreuses questions d’Analyse Mathématique se posent. Signalons le travail antérieur d’A.96 PIERRELOUIS LIONS La terminologie « champ moyen » provient de la Physique et de la Mécanique et est naturelle puisque notre approche contient effectivement les théories classiques de champ moyen en Physique et en Mécanique (voir d’ailleurs les exemples mentionnés plus haut). indiquons que les résultats que nous présentons s’appliquent à de nombreux autres sujets que la théorie des jeux à champ moyen : EDP à N variables quand N tend vers l’infini. Ce cadre mathématique permet de comprendre le comportement asymptotique des fonctions symétriques d’un grand nombre de variables et de leur calcul différentiel. 2. Il est en fait utile et souvent réaliste d’introduire plusieurs catégories de joueurs (ou agents. 42 (1971). 1]d avec périodicité. Grunbaum 1 qui contient une esquisse du cadre général abstrait que nous introduisons. Fonctions symétriques d’un grand nombre de variables Afin de simplifier la présentation et les notations. chaque catégorie étant composée d’un très grand nombre de « joueurs identiques ». le cours a porté sur le cadre théorique mathématique nécessaire à la justification (rigoureuse) de la limite quand le nombre de joueurs N tend vers l’infini. grandes déviations pour des EDP stochastiques. ainsi que des solutions symétriques d’EDP en très grande dimension. . et les considérations heuristiques d’A. nous ne considérons ici que le cas de variables décrivant un ensemble Q = O où O est un ouvert borné régulier de d (d ≥ 1) muni de la métrique euclidienne usuelle (|x – y|) — nous pourrions aussi bien considérer le tore ou [0. le nombre total de joueurs n’est pas nécessairement constant dans le temps (naissance et mort. Anal. Matytsin 2. On the large N limit of the Itzykson-Zuber integral. 323-345.. Rat. . dp (X.Y σ ). X a pour loi m1. Y a pour loi m2} (en tout cas pour p < ∞) ou de Lévy-Prohorov dLP (m1. ∀ σ ∈ SN. Enfin. Y).ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES ET APPLICATIONS 97 d’un espace métrique Q compact quelconque. Malheureusement. d ). Y ∈ Q LP ( X . uN (X ) = uN (Xσ). dLP (m X .Y ) = ( N ∑ x i − y i p )1/p i =1 N (pour 1 σ ∈S N p 1 ∞). modules de continuité en d ∞ . espace N métrique compact pour les distances dites de Wasserstein dp (m1. σ ∈S N L’idée essentielle sera de considérer un point X = (x1. On suppose que ⎧sup sup | u N ( X ) |< ∞. …. où X = (x1. on notera Pp l’espace P muni de la distance dp et P = P2. …. soit une variable aléatoire dans un espace de probabilité (Ω. on peut extraire une sous-suite (encore notée uN pour simplifier) telle qu’il existe U ∈ C (P ) vérifiant (2) N →∞ X ∈Q N lim N sup | u N ( X ) − U (m X ) | = 0 Remarques : i) De multiples variantes et extensions de ce résultat sont possibles (plusieurs groupes de variables symétriques.d ⎪−u N (Y ) | / X . d LP ( X . Y ).Y σ ). réitération. …. xN) ∈ QN (identifié à ses permutations…) comme soit une mesure de probabilité « empirique » N mX = 1 N ∑ δ x . P) i N i =1 nontrivial (fixé dans tout ce qui suit) prenant les valeurs x1. N En observant que les mesures m X sont denses dans P. lim sup sup{| u N ( X ) ⎪ ⎪ N X ∈Q d ε →0 N ⎪ ⎨ ⎪ N . N }). la terminologie consacrée oublie que les distances dp ont été introduites (et identifiées dans le cas p = 1) par Monge et Kantorovich.e. …. …. L’objectif étant de comprendre le comportement quand N tend vers l’infini de suites de fonctions « continues » uN(x1. xN). Toutes ces distances (à nouveau si p < ∞) induisent sur P la convergence faible des mesures et N N N N on a bien d p (m X . …. Y ) = inf {ε > 0 / N (#{i / x i − y i > ε }) < ε }.Y ) = inf d LP ( X . …. xσ(N ))) et SN désigne le groupe des permutations de l’ensemble {1. m2) = inf {E [|X – Y|p]1/p / X ∈ L p (Ω . xd) ∈ QN (i. xN avec probabilité 1 . mY ) = dp (X. P (|X – Y | > ε) < ε}. on obtient facilement le Théorème 1 : Soit uN ∈ C (QN) symétrique. xN) symétriques par rapport à (x1. Y ) = inf d p ( X . m2) = inf {ε > 0. Xσ = (xσ(1). mY ) = dLP (X. il nous faut introduire diverses 1 métriques sur QN (et sur l’espace quotient QN/SN ) : d p ( X . ∀ X ∈ QN. On note enfin P = P (Q) l’ensemble des mesures de probabilité sur Q.Y ) < ε } = 0 ⎪ ⎩ (1) Alors. d LP ( X . demi-limites au sens des solutions de viscosité…). F. Calcul différentiel Le but est de définir sur P un calcul différentiel compatible avec la limite considérée au paragraphe précédent. ce qui n’est pas le cas du calcul différentiel élaboré (ou esquissé) dans l’espace (dit) de Wasserstein par de nombreux auteurs. On note CL le sous-espace vectoriel formé composé de telles fonctions. Théorème 2 : Soient U ∈ C (P). les combinaisons linéaires finies de monômes définis par. On suppose que uN converge vers U et que fN converge vers π. on a (4) QN uN d f N → U (m ) d π (m ) si N → ∞ P Remarque : Si π = δf (« chaos moléculaire »…) alors on déduit de (4) le fait suivant (5) QN | uN − QN u N d f N |2 d f N → 0 si N → ∞ 3. si ( fN)N 1 est une suite de mesures de probabilité sur Q N symétriques. . Le résultat ci-dessous est en quelque sorte dual d’un résultat classique à savoir le théorème d’Hewitt et Savage (que l’on peut en fait redémontrer très simplement grâce à notre point de vue…). d )) possédant la propriété d’invariance ou de symétrie suivante : U (X ) = U (Y ) si X et Y ont la même loi. uN ∈ C (QN) symétrique et fN ∈ P (QN) symétrique. étant donnés k 1 (ordre) et ϕ ∈ C (Qk) ou pour simplifier C ∞ (Qk) symétrique (coefficient). f k = ∫ f k + 1 faiblement.98 PIERRELOUIS LIONS ii) Un exemple important de fonctions U dans C (P ) est fourni par les polynômes i. π ∈ P (P). Alors. pour tout k 1. iii) Il sera utile dans la suite d’observer qu’une fonction U dans C (Pp) peut être identifiée à une fonction dans C (L p) (où L p = L p (Ω . vers f dxk + 1 (∀k 1). Bien sûr. La présentation la plus simple de notre calcul différentiel consiste en se servir d’une part de la structure Hilbertienne de L2 (Ω) et du calcul différentiel induit et d’autre part de la troisième remarque faite après le théorème 1. k (3) M k (m ) = QK ϕ i =1 dm( x i ) .e. après extraction éventuelle d’une sous-suite. Et l’ensemble des polynômes est dense dans C (application du théorème de Stone-Weierstrass ou démonstration constructive directe…). Rappelons que. On dit alors que fN converge vers π (et on dira que uN converge vers U si (2) a lieu). Et la donnée d’une telle suite consistante ( f k)k 1 est équivalente (Hewitt-Savage) à la donnée d’une mesure de probabilité π sur P telle que f k = ∫P k i =1 m( x i ) d π (m ). on k peut supposer que les marginales f N = ∫ f N ( X )dx k +1 …dx N convergent k ∈ P (Q k) symétrique. ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES ET APPLICATIONS 99 Plus précisément. y). On dit alors que U est différentiable en m0 ∈ P s’il existe X0 tel que L ( X 0 ) = m0 et U L est différentiable en X0 (on peut vérifier que cette propriété est équivalente à la différentiabilité de U L en tout point de L −1(m0 )). la notion naturelle de variations dans P correspond au transport des mesures par des champs de vecteur B sur d (ou sur Q…) supposés. Tout d’abord. il est naturel de définir les fonctions C k. U ∈ C 1 (P) si U L ∈C 1 ( L2 )… 1) sur P par ce Se posent alors les questions de savoir si le calcul différentiel que nous venons de définir est i) d’une part intrinsèque. Y )). Ensuite. Remarque : Bien sûr. m1 )) . U ∈ C 0. En N notant πN U la fonction symétrique définie sur QN par π N U ( X ) = U (m X ). y) ∈ P (Q 2). a (0 < α biais : par exemple. Si U est une fonction définie sur P (ou sur un voisinage de m0 ∈ P ) alors U L est définie sur L2 et U L ( X ) = U L (Y ) si X et Y ont même loi. Le deuxième point. ii) d’autre part cohérent avec la limite « N → ∞ ». alors U définie par U (m ) = U ( X ) si L ( X ) = m est différentiable en m0 = L ( X 0 ) et U ′( X 0 ) (∈ L2 (Ω)) est mesurable par rapport à la tribu engendrée par X0. U ∈C 1( P ) telles que : U U U sur P et U (m0 ) = U (m0 ). (8) |(πN U ) (Y ) – (πN U ) (X ) – (∇(πN U ) (X ). U (mt )| t =0+ dt existe et (6) (7) d U (m1 ) | d 2 (m0 . dt où mt est défini par ∫Q ϕ dmt = ∫Q2 ϕ ((1 – t) x + ty) dM (x. on montre que si U est différentiable en m0 alors U (mt ) est dérivable en t = 0 et d U (mt ) |t =0 = E[∇(U L )( X 0 ) B( X 0 )] où L ( X 0 ) = m0 dt De plus. on démontre que U ∈ C1 (P ) si et seulement si il existe un module de d continuité uniforme ω tel que. ∀ϕ C (Q).α ( L2 ). Y ∈ QN. En notant par (mt )t ∈ le groupe induit. Signalons qu’il est possible d’obtenir de nombreuses autres . on peut démontrer que si U est différentiable en X0 ∈ L2 et U ∈CL ( L2 ) (par exemple). peut s’illustrer par l’exemple suivant des résultats que nous avons obtenus. on note L l’application qui à X ∈ L2 (Ω) associe sa loi. α (P ) (0 α 1) si et seulement si U L ∈C L 0. réguliers. pour tous X. |U (m1 ) − U (m0 ) − Enfin. En identifiant différentielle et gradient grâce à la structure Hilbertienne de L2 (Ω). Bien sûr. m1 )ω (d 2 (m0 . Y – X )| d2 (X. C k. U est différentiable en m0 si et seulement si on peut trouver U . pour simplifier. on démontre que U ∈ C1 (P) si et seulement si πN U ∈ C 1 (QN ) et il existe un module de continuité uniforme ω indépendant de N tel que. Y ) ω (d2 (X. pour toute mesure M (x. à savoir la cohérence avec la limite étudiée précédemment. les résultats mentionnés ci-dessus ne sont que des échantillons (à peine) représentatifs du calcul différentiel mis en place et présenté dans le cours. Tel est bien le cas et nous nous contenterons d’illustrer ces deux faits par quelques exemples. Exemple 2 : Équation de diffusion à coefficients constants On considère la solution uN de (13) ∂u N ∂t − α2 2 ∑ i =1 N Δ xi u − N − β2 2 avec la condition initiale (10). on peut alors écrire une équation « Eikonale » dans P et démontrer que la formule (12) est bien l’unique solution (de viscosité) de cette équation. d’introduire des méthodes de régularisation et d’étudier l’approximation (par exemple par des polynômes)… Enfin.Y ) 2 . t ) = inf U 0 (m ′ ) + m′∈P Grâce au calcul différentiel introduit ci-dessus. +∞[ i 0 uN |t =0= u N 0 0 → où u N est symétrique et u N N U 0 ∈ C ( P ). nous pouvons ainsi introduire une notion de fonction convexe sur P (U est convexe si U L est convexe sur L2) qui a de nombreuses applications… 4. uN est symétrique et u N N U ∈ C ( P ×[0. m ′ ) 2 . 2t Bien sûr. 2t 1 d 2 (m. + ∞[ ) donnée par (12) U (m. Exemple 1 : Équation eikonale On considère la solution uN (solution de viscosité) de (9) ∂u N +N ∂t avec la condition initiale (10) ∑|∇x u N |2 = 0 dans ( i d )N ×]0. Équations aux dérivées partielles Là encore. ∞[ ) où U est l’unique solution (de viscosité par exemple) d’une équation de diffusion sur P que l’on peut écrire formellement comme (14) ∂U ∂t i .100 PIERRELOUIS LIONS caractérisations. ) = 0 et U |t =0 = U 0 ∂x i ∂x i 2 ∑ i =1 d ∂m ∂m Il est bien sûr possible et utile d’aller au-delà de ces deux exemples. La solution (de viscosité) de (9) est donnée par la formule de Lax-Oleinik (11) u N ( X . t ) = inf u N (Y ) + 1 d 2 ( X . . Là encore. nous nous contenterons de quelques exemples. ce que nous ferons dans le cours de l’année 2008-2009. on démontre que u N N U ∈ C ( P ×[0. α2 2 Δm ) − β2 D 2U ( . j =1 ∑ ∇x ∇x U N = 0 dans ( i j N d ) N ×]0. + ∞[ + (∇U . — 28 mars 2008 : Herbert Koch (Université de Bonn). Méthodes adaptatives en dynamique moléculaire. Séminaire de Mathématiques Appliquées — 12 octobre 2007 : Olivier Pironneau (Laboratoire J. Allemagne).-L. New numerical solvers for Hydro.-L. — 23 novembre 2007 : Nizar Touzi (CMAP. Quelques résultats d’hypocoercivité en théorie cinétique collisionnelle. — 23 mai 2008 : Nader Masmoudi (Courant Institute of Mathematical Science). De la théorie de PerronFrobenius à la programmation dynamique et vice versa. Régularité d’EDS rétrogrades et approches probabilistes pour la résolution d’équations semilinéaires paraboliques. — 14 mars 2008 : Radu Ignat (Université de Paris-Sud 11). — 15 février 2008 : Jean-François Le Gall (Université de Paris-Sud 11). — 9 novembre 2007 : Christian Klingenberg (Université de Wuerzburg. Université Paris 6). New York).ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES ET APPLICATIONS 101 Cours et Séminaire Cours : Le cours a eu lieu du 12 octobre 2007 au 11 janvier 2008. — 4 avril 2008 : Tony Lelièvre (CERMICS. — 25 janvier 2008 : Stéphane Gaubert (INRIA-Rocquencourt). . Homogénéisation symplectique. Méthode de Monte Carlo pour les EDP non linéaires. Université Paris-Dauphine). — 18 janvier 2008 : Pierre Cardaliaguet (Université de Brest). Propagation d’interfaces avec termes non locaux. — 14 décembre 2007 : Clément Mouhot (Ceremade. Autour des grandes cartes planaires aléatoires. Zooms numériques et méthodes de sous-domaines. « Rigidité » dans les matériaux fracturés.-L. Université Paris-Dauphine). Triangulations adaptatives et algorithmes greedy pour l’approximation et l’apprentissage. Lions. Strong uniqueness for elliptic and parabolic equations. Vortex dans des condensats de Bose-Einstein en rotation rapide. — 21 mars 2008 : Peter Constantin (Université de Chicago). Lions.and Magnetohydrodynamics. Un résultat de compacité pour l’état de Landau en micromagnétisme. — 16 novembre 2007 : Xavier Blanc (Laboratoire J. ENPC). Contrôle optimal singulier pour quelques équations aux dérivées partielles. Modèles microscopiques pour la conductivité thermique. — 7 décembre 2007 : Stefano Olla (Ceremade. — 19 octobre 2007 : Bruno Bouchard (Ceremade. Université Paris-Dauphine). — 30 novembre 2007 : Albert Cohen (Laboratoire J. — 1er février 2008 : Sylvia Serfaty (Université de Paris 6 & Courant Institute. Lions. — 11 avril 2008 : Claude Viterbo (École Polytechnique). Université Paris 6). Encore et toujours l’équation de la chaleur. École Polytechnique). — 11 janvier 2008 : Jean-Michel Morel (CMLA-ENS Cachan). Passage à la limite de Klein-Gordon-Zakharov vers Schrödinger non linéaire. Particles and Fluids. Configurations de vortex dans le modèle de Ginzburg-Landau de la supraconductivité. Université Paris 6). — 8 février 2008 : Sergio Guerrero Rodriguez (Université de Paris 6). — 16 mai 2008 : Antonin Chambolle (École Polytechnique). 24 (2007). Musiela.-M. Paris. — 20 juin 2008 : Graeme Milton (University of Utah).D.-M. 21 (2008). Chiappori et J. En collaboration avec J. Anal. 1-16. p. C. — Mean Field Games.-M. Lasry. p. 2008. 2 (2007). p. 229-260. 344 (2007).-M. Economica. Arch.H. Non Linear Analysis. Publications — Towards a self-consistent theory of volatility. P.102 PIERRELOUIS LIONS — 30 mai 2008 : François Golse (École Polytechnique). Le gaz de Lorentz périodique dans la limite de Boltzmann-Grad. Acad. — Trois chapitres du Lecture Notes in Maths.-M. Cardialaguet et P. Sci. — Existence and uniqueness of solutions to Fokker-Planck type equations with irregular coefficients.P. Maths. 1272-1317. Non Linear Analysis. En collaboration avec X. — Préface de Finance and Sustainable Developement. — Large investor trading impacts on volatility. Blanc et C. — Deux remarques sur les flots généralisés d’équations différentielles ordinaires. Lasry. En collaboration avec J. En collaboration avec X.-A. Sci. Sur l’équation du transport stochastique et les EDS avec dérive irrégulière. C.R. 33 (2008). En collaboration avec J. Masmoudi. — Atomistic to continuum limits for computational materials science.-M. Acad.E. . Université Paris-Dauphine). En collaboration avec J. Annales de l’I. 184 (2007).R. 391-426. 361-368.. p. Hauray et C. Mech. — Instantaneous self-fulfilling of long-term prophecies on the probabilistic distribution of financial asset values. p. — Global existence of weak solutions to some micro-macro models. Variational principles for elastodynamics and Maxwell’s equations in inhomogeneous bodies. 41 (2007). Paris-Princeton Lectures In Mathematical Finance 2004. Paris.E. Annales de l’I. Japanese Journal of Mathematics. En collaboration avec M. 41 (2007). — Molecular simulation and related topics : some open mathematical problems. — On the energy of some microscopic stochastic lattices. p. — 6 juin 2008 : Massimiliano Gubinelli (Université de Paris-Sud). p. En collaboration avec N.P. Lasry. 24 (2007). 103-172. Comm. En collaboration avec M. En collaboration avec M. Le Bris.. ESAIM M2AN. — Convexity and non-convexity of option prices for SABR models. 311-323. En collaboration avec C. p. Convergence entropique et inégalités fonctionnelles. En collaboration avec P. p. Berlin. p. (2007). Pures Appl. 24 (2007). 303-340.H. Le Bris. — Préface du numéro spécial de ESAIM M2AN sur la Modélisation Moléculaire. 759-764. Musiela. Paris. En collaboration avec P. Le Bris. Non-linearity. Souganidis. # 1919. Blanc et C. En collaboration avec J. — A discussion about the homogenization of moving interfaces. Lasry. 345 (2007). Le Bris. Rat. Lasry. Blanc et C. — Correlations and bounds for stochastic volatility models.H. Annales de l’I. Non Linear Analysis. Lasry. — 13 juin 2008 : Ivan Gentil (Ceremade. Springer. — Résumé du Cours au Collège de France (2006-2007) : Jeux à champ moyen.P. En collaboration avec X. 15-20. Le Bris. A paraître dans J. — Stochastic homogenization and random lattices. — Professeur à temps partiel à l’École Polytechnique. — Conférence « Magna ». . — Conférence au Congrès « 8th International Conference on Operations Research ». Grenade (7-9 avril 2008). de l’Académie des Sciences d’Italie. Invitations. Mello (27 juin 2008). Responsabilités collectives et fonctions diverses — Membre de l’Académie des Sciences . Tunis (5 février 2008). — Président du Conseil Scientifique du CEA-DAM. « Analyses. — Cours (4 h) à l’École d’Été. « Topics in PDE and applications 2008 ». — Cours (6 h) dans le cadre du « Collège de France à Bruxelles ». modèles et simulations ». Ischia. Rio de Janeiro (6 mai 2008). — Conférence publique à l’Académie des Sciences. UFRJ. — Conférence dans un lycée dans le cadre de la « Junior Academy ». 21-22 avril 2008). — Conférence au Colloque « Chicago-Paris Workshop in Financial Mathematics ». Bibliothèque Nationale (4 février 2008). Rosario (26 octobre 2007). Naples (11-14 octobre 2007). Conférences — Conférence au Colloque « Geometric Function Theory and Nonlinear Analysis ». — Conférences du Collège de France à Tunis « L’homme artificiel ». — Président du Conseil Scientifique de France Telecom. — Président du Conseil Scientifique d’EDF. (18 octobre 2007). Rio de Janeiro (8 mai 2008). — Président du Conseil Scientifique de la Chaire de Finance et Développement Durable de l’Université Paris-Dauphine. — Conférence pour l’élection à l’Académie des Sciences d’Argentine. de l’Istituto Lombardo. — Président du Conseil Scientifique de la Fondation de Recherche pour l’Aéronautique et l’Espace. — Cours (2 h) à l’Université de La Havane (28 février 2008). — Conférence COPEA. — Cours (8 h) à l’Université du Texas à Austin (10-21 février 2008). d’Argentine et du Brésil . Vienne (17 octobre 2007).ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES ET APPLICATIONS 103 Missions. — Président du Conseil Scientifique de l’ENS puis Membre du Conseil d’Administration de l’ENS. on the occasion of the 60th birthday of Tadeusz Iwaniec. Château de la Princesse. Vienne. — Président du Conseil Scientifique de ParisTech. La Havane. de l’Académie des Technologies . — Conférence à l’Académie des Sciences d’Autriche : Johann Radon Lectures. — Cours (8 h) à l’Université du Texas à Austin (13-26 janvier 2008). Académie des Sciences du Brésil. — Membre du Haut Conseil de la Science et de la Technologie. — Membre du Visiting Committee du CEA. Cuba (28 février 2008). — Président du jury du prix « Science et Défense ». Bruxelles (15-16 avril 2008. — Conseiller Scientifique auprès de BNP PARIBAS. . — Membre de la Société des Amis du Palais de la Découverte. — Membre fondateur du Comité International de l’« International Summer School of Applied Mathematics ». — Membre du Scientific Advisory Panel de l’European Mathematical Society. EADS-ST. CALYON. — Membre du Comité d’Orientation de l’ENS. — Membre du Conseil Scientifique de la Fondation du Risque.104 PIERRELOUIS LIONS — Membre du Conseil Scientifique de l’Institut Europlace de Finance. — Membre de l’International Advisory Board de l’Institute of Mathematical Sciences de l’Imperial College. — Membre du Conseil d’Administration de la Fondation d’Entreprise IXIS. Chinese Academy of Sciences. — Membre du Board of Trustees et du Conseil Scientifique de l’IMDEA (Madrid). — Administrateur de Sark et Channel Bridge. — Membre du Comité des Programmes Scientifiques du CNES. Fisiche e Mathematiche « Vito Volterra ». Morningside Institute. — Membre de l’International Advisory Board of the Scuola di Dottorato in Scienze Astronomiche. Chimiche. REECH. — Membre du Conseil d’Administration et du Conseil Scientifique de la Fondation Sciences Mathématiques de Paris. ζ(6 ) = π6 945 . … . dans ses travaux datés de 1734 et 1749. ζ( s ) = ∑ ns n=1 ∞ 1 . Cette partie ne sera pas reproduite ici. sauf pour rappeler qu’Euler.Théorie des nombres M. 1 ζ( s ) = ∏ −s . Travaux d’Euler L’année 2007 ayant été le 300e anniversaire de la naissance d’Euler. Les invariants en question. Don Zagier. • la décomposition multiplicative de cette fonction comme produit portant sur les nombres premiers. a trouvé : • la définition de la fonction zêta dite « de Riemann » comme somme infinie. ζ( 4 ) = π4 90 . professeur Cours : Fonctions de Green et valeurs spéciales de fonctions L Le thème du cours de cette année était le lien entre les valeurs spéciales des fonctions L motiviques (et de leurs dérivées) d’un côté et les invariants algébrogéométriques des objets auxquels ces fonctions sont liées de l’autre. p premier 1 − p • les formules ζ(2 ) = π2 6 . le cours a commencé par un aperçu historique des travaux d’Euler sur les fonctions zêta. se calculent à l’aide de fonctions spéciales telles que les fonctions logarithme ou polylogarithme dans les situations les plus simples et des fonctions de Green dans des situations plus générales. du type « régulateur généralisé ». 106 et plus généralement DON ZAGIER (k > 0 pair. donnés tous les deux par Riemann dans son mémoire célèbre de 1859. ζ(−1) = − B ζ(k ) = − k (2i π ) k (1) 1 2 1 1 . énoncé de l’équation fonctionnelle) pour cette fonction. • les formules ζ(0) = − .. valeurs spéciales pour s = 1. et pour s ∈ ≤ 0. Une telle fonction est toujours donnée par une ∞ série de Dirichlet du type L( s ) = L X ( s ) = ∑ a(n ) / n s où les an sont des entiers n=1 (ou des entiers algébriques) liés aux propriétés d’un certain objet algébrique ou . 3. … 12 120 et plus généralement (k > 0. En d’autres mots. . • l’équation fonctionnelle (sans démonstration) ζ(1 − s ) = 2 cos( πs Γ( s ) B ζ(1 − k ) = (−1) k −1 k (2) 2 (2 π ) s ) ζ( s ) de la fonction ζ (s) pour s réel. 7. avec des arguments théoriques et des vérifications numériques à haute précision pour appuyer cette conjecture . • l’extension de ζ (s) à des valeurs de s inférieures à 1 . χ ) = ∑ ∞ χ(n ) n=1 ns = 1− 1 1 + −… 3s 5s pour le caractère χ (n) = (– 4/n) et les généralisations de toutes les propriétés cidessus (produit d’Euler. Bk = k-ième nombre de Bernoulli) k pour les valeurs de ζ (s) pour s un entier négatif . Euler a trouvé toutes les propriétés essentielles de la fonction zêta connues actuellement sauf la preuve de l’équation fonctionnelle et l’énoncé de l’hypothèse de Riemann. Bk = k-ième nombre de Bernoulli) 2k pour les valeurs de ζ (s) pour s un entier pair strictement positif . ζ(−3) = . prolongement à s < 1.. 5. Fonctions zêta motiviques La liste des propriétés de ζ (s) trouvées par Euler peut nous servir encore aujourd’hui comme guide dans l’étude des fonctions zêta et fonctions L qui nous intéressent en théorie des nombres. ζ(−4 ) = 0. ζ(−2 ) = 0. • la définition de la série L « de Dirichlet » L( s . et γ (s) = π –s/2 Γ (s/2). signe +. ρ). ζ (s). ζF (s). χ). comme le pôle en s = 1 de ζ (s)) . et on a l’équation fonctionnelle (3) avec k = 1. signe +. 4. 2. L (s. et les αj dans (4) sont égaux à 0 ou à 1. 3. où γ (s) est une fonction de la forme s + α1 s +αd ) … Γ( ) ( A ∈ >0 . Ces fonctions. Plus précisément. Ici on a a (n) = χ (n). où χ : → est un caractère de Dirichlet. et γ (s) comme dans (4) avec d = 1 et α1 = 0 ou 1 selon la valeur de χ (– 1). L (s. Ici encore on a k = 1. les racines du polynôme Pp (t) (pour les p pour lesquels le degré est égal à d ) et tous leurs conjugués algébriques ont la valeur absolue p–(k–1)/2. qui généralisent les trois précédentes. l’entier k dans l’équation fonctionnelle (3) est égal à 1. elle a un produit d’Euler de la forme LX (s) = p φp ( p–s). où X* est un objet algébrique/ géométrique « dual » à X ) pour un certain entier k > 0. Ici on a a (n) = 1 pour tout n. 1. l’entier d défini par (4) ou par le degré des facteurs d’Euler de la fonction zêta est égal au degré [F : ]. toujours avec le même k (hypothèse de Riemann globale). une forme automorphe.) . avec le même entier d que dans (4) . sont attachées à une représentation irréductible ρ du groupe de Galois d’une extension galoisienne F/ . dans les cas les plus intéressants. α d ∈ ) (4) 2 2 liée aux propriétés de X sur le corps ou . avec le même entier k que dans (3) (hypothèse de Riemann locale) . α 1. etc. Fonctions L d’Artin. γ ( s ) = A s Γ( Regardons quelques exemples avant de continuer. une représentation galoisienne. Fonctions zêta de Dedekind. et il y a des formules spéciales qui donnent les valeurs de LX (s) pour certaines valeurs intégrales de l’argument s. où φp (t) est une fonction rationnelle dont les coefficients sont liés aux propriétés p-adiques de X . la fonction φp (t) est égale à 1/(1 – t) pour tout p. la fonction φp (t) est égale à 1/(1 – χ (p)t). et on a une équation fonctionnelle du type (3) avec k = 1. elle a une équation fonctionnelle du type L X ( s ) := γ ( s ) L X ( s ) = ± L X (k − s ) (3) (où quelquefois L X ( s ) = w L X *(k − s ) avec |w| = 1. ….THÉORIE DES NOMBRES 107 géométrique X (qui peut être un corps de nombres. Fonction zêta de Riemann. la fonction LX (s) est une fonction dont on sait ou dont on conjecture qu’elle est entière (ou ne possède qu’un nombre fini de pôles. une variété algébrique sur un corps de nombres. tandis que le nombre d . Fonctions L de Dirichlet. les fonctions φp (t) intervenant dans le produit d’Euler ont la forme 1/Pp (t) où Pp (t) est un polynôme de degré d pour presque tout nombre premier p (et < d pour les autres). et on conjecture que toutes les racines de la fonction L X ( s ) se trouvent sur la droite (s) = k/2. Dans ce cas le nombre a (n) ∈ ≥0 compte le nombre des idéaux entiers de norme n dans un corps de nombre fixé F . le nombre de chaque type étant déterminé par le nombre de plongements réels de F dans . 7. | a( p ) | ≤ 2 p . Si f ( z ) = ∑ a(n )e 2i πnz n=0 est une forme modulaire sur Γ0 (N ). s). avec k = 2. Les ∞ . identiques avec les fonctions du type 7. s) = n >0 a (n)n–s a un produit d’Euler Pp (p–s)–1 avec Pp (t) = 1 – a (p)t + pk–1t 2 pour p N et possède un prolongement analytique (entière si f est parabolique. α1 = 0 et α2 = 1. 6. α2 = 1. α1 = 0. et que l’hypothèse de Riemann généralisée prédit ℜ( s ) = 1 pour 2 les racines de la fonction zêta dont il s’agit). Fonction L d’une courbe elliptique.). alors la série de Dirichlet L (f. et avec un seul pôle en s = k sinon) et équation fonctionnelle du type (3) avec d = 2. Fonction L d’une courbe. sauf que les polynômes Pp (t) pour p générique ont le degré d = 2g. L (C. Pour une courbe elliptique E/ on définit L (E. L’hypothèse de Riemann locale est connue encore dans ce cas. qui généralise les deux précédents. Bien sûr. Fonction L de Hecke d’une forme modulaire. que les racines des polynômes Pp (t) ont toutes la valeur absolue 1. il y a les fonctions L attachées aux formes automorphes (mais qui seront. En voici quelques-uns. Ça ne sera plus le cas dans les exemples venant de la géométrie. est l’inégalité connue. propre pour les opérateurs de Hecke et normalisée par a (1) = 1. Enfin. L (E. On n’a aucune définition directe de ces fonctions comme séries de Dirichlet (et c’est l’une des raisons principales pour la difficulté de démontrer leurs propriétés essentielles telles que le prolongement analytique ou l’équation fonctionnelle). 8. s). mais non-triviale. Dans cet exemple. s) et l’équation fonctionnelle. d’après le programme de Langlands. L ( f . On en mentionne deux. s) = Pp ( p–s)–1. mais extrêmement difficiles (théorème de Wiles et al. dans beaucoup de cas). sont également connus.108 DON ZAGIER (défini soit par le nombre de fonctions gamma intervenant dans le facteur gamma de l’équation fonctionnelle. on associe au groupe i-ième de cohomologie d’une variété X définie sur une fonction L donnée par un produit eulerien dans lequel Pp (t) est un polynôme de degré d = dim H i (X ) (i-ième nombre de Betti) et qui satisfait à l’hypothèse de Riemann locale avec k = i + 1 (conjecture de Weil. avec k = d = 2. démontrée par Deligne). 5. Tous ces exemples sont liés aux corps de nombres ou aux « motifs de dimension 0 » et ont k = 1 (c’est-à-dire que l’équation fonctionnelle relie les valeurs s et 1 – s de l’argument de la fonction zêta. où g est le genre de la courbe C définie sur . Le prolongement analytique de L (E. on n’a aucune démonstration du prolongement analytique ou de l’équation fonctionnelle en général. d = 2. Fonctions L associées à la cohomologie d’une variété. soit par le degré des facteurs d’Euler typiques de la fonction L) est égal au degré de la représentation ρ. s). mais le prolongement analytique et l’équation fonctionnelle restent conjecturales sauf pour certains cas particuliers comme les courbes modulaires. La définition de la fonction L dans ce cas est analogue au cas des courbes elliptiques. où Pp (t) = 1 – a ( p)t + pt2 avec a ( p) = p + 1 – |E ( p)| pour presque tout p. L’hypothèse de Riemann locale. cette fonction L est donnée par un produit eulerien du type Pp (p–s)–1 avec Pp (t) = (1 – pk–1t) (1 – (a (p)2 – 2pk–1) t + p2k–2t2) pour p N.THÉORIE DES NOMBRES 109 résultats d’Eichler et Shimura (pour k = 2) et Deligne (en général) implique que cette fonction est du type 7. et les éléments de la matrice qui définit le régulateur sont des logarithmes d’unités algébriques. Ces conjectures contiennent comme cas spéciaux des conjectures classiques célèbres telle que la conjecture de Stark. et donc que l’hypothèse de Riemann locale |a (p)| ≤ 2p(k–1)/2 (hypothèse de Ramanujan) est vérifiée. Alors la valeur de L (s0). dans laquelle L (s) est la fonction L d’une courbe elliptique E sur . 9. sera un carré dans son corps de définition naturel. par exemple. sera conjecturalement un multiple algébrique d’une certaine − période (= intégrale d’une forme différentielle définie sur sur un cycle fermé). On a une équation fonctionnelle du type (3) (avec k remplacé par 2k – 1) et facteur gamma donné par (4) avec d = 3. Pour f comme ci-dessus. et démontrées dans certains cas. Son prolongement méromorphe a été démontré par Rankin et Selberg et son prolongement holomorphe (pour f parabolique) par Shimura et l’auteur. Des propriétés semblables sont conjecturées. d’après des conjectures dues à Bloch. voir le résumé de cours de 2001-2002). Nous en reprenons quelques-uns ici. pour les fonctions L associées aux produits symétriques de degré supérieur de f. avec équation fonctionnelle donnée par (3) et (4). s0 = 1. alors la valeur de la dérivée r-ième de L ( s ) en s = s0 (ou s = k – s0) sera le produit d’une période et d’un « régulateur » défini comme le déterminant d’une certaine matrice réelle de taille r × r. et les éléments de la matrice qui définit le régulateur sont donnés par les hauteurs des points rationnels sur E. correctement normalisées. s). ou la conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer. si s0 est un entier quelconque et on note par r l’ordre de L ( s ) en s = s0 (ou s = k – s0). On appelle critique une valeur entière s0 de l’argument s telle que ni s0 ni k – s0 sont des pôles du facteur gamma γ (s). Plus généralement. Une autre généralisation de la conjecture de Deligne est l’énoncé que si l’argument central s0 = k/2 est critique. r est conjecturalement égal au rang du groupe de Mordell-Weil de E. s0 = 0. L (Sym2 f. divisée par une période correctement normalisée. Fonction L du carré symétrique d’une forme modulaire. Valeurs spéciales Les valeurs spéciales (1) et (2) de ζ (s) données par Euler ont une vaste généralisation conjecturale due à Deligne. C’est le cas. alors la valeur de la série L en s0. . où L (s) est du type 4. ci-dessus. Beilinson et Scholl. qui est toujours un carré) et pour les valeurs centrales des séries L associées aux caractères de Hecke. dans la conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer (où la valeur centrale normalisée est égale à l’ordre du groupe de Shafarevich-Tate. De nombreux exemples spéciaux de ces conjectures ont été discutés dans le cours. Supposons donnée une fonction L motivique. sont toujours des carrés (théorème de Villegas et l’auteur . qui. des conjectures générales sur les périodes nous permettraient d’espérer pouvoir démontrer l’égalité voulue. égale au produit de la période réelle ΩE de E et du régulateur R = det (〈Pi. cette fois de taille (r + 1) × (r + 1). Pr . La conjecture de Birch et SwinnertonDyer prédit que la série L de E aura un zéro d’ordre exactement r en s = 1 (ce que l’on sait dans certains cas) et que la dérivée L(r) (E. (Pour l’instant la conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer n’est vérifiée que numériquement dans aucun cas avec r > 1. Beilinson et Goncharov.) Valeurs des fonctions zêta de Dedekind et polylogarithmes Il s’agit ici des conjectures énoncées il y a quelques années par l’auteur. qui est appuyée par beaucoup de calculs numériques et arguments théoriques.. Kontsevich et l’auteur il y a quelques années et présenté dans le cours. serait alors de démontrer que la valeur L(r) (E. On a expliqué aussi comment on peut retrouver les fonctions Dm (x) comme des fonctions de Green associées au quotient du demiplan de Poincaré modulo le groupe des translations par des entiers. 1) aussi s’exprime en termes des périodes des formes algébriques . des idées et résultats de Bloch et de Beilinson impliquent que la valeur non-critique L (E.j =1. si c’était le cas. Fonctions L des courbes sur en s = 2 Si E est une courbe elliptique. dit que le produit ΩER s’écrit lui-même comme le déterminant d’une matrice. de la fonction dilogarithme elliptique associée à E. au moins dans des cas concrets. s’exprimeraient comme le déterminant d’une matrice ayant comme coefficients des combinaisons linéaires rationnelles des valeurs de la m-ième fonction polylogarithme Dm (convenablement définie) avec arguments dans F. . 1) sera. d’après lesquelles les valeurs en s = m de la fonction zêta de Dedekind ζF (s) d’un corps de nombres F quelconque. avec générateurs (modulo torsion) P1. où 〈⋅. ⋅〉 est l’accouplement canonique sur E ( ) ⊗ . à un facteur élémentaire près. à coefficients dans . est dans un certain sens typique de la situation générale.110 DON ZAGIER Le régulateur dans la conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer Soit E/ une courbe elliptique avec groupe de Mordell-Weil de rang r.. et démontrées dans certains cas par Deligne. La grande question. qui a été explicité dans un article de M. Un cas particulier d’un résultat de Scholl. évaluée dans des points algébriques de E.. Pj〉i.. Cette conjecture. L’espace vectoriel sous-jacent à cette matrice est le « m-ième groupe de Bloch » et devrait être isomorphe au K-groupe algébrique K2m–1 (F ) ⊗ . 2) peut s’exprimer comme un multiple simple d’une combinaison linéaire. et pour un entier m > 1 quelconque. la fonction dilogarithme elliptique dont il s’agit est définie comme la somme sur une orbite de q de la . avec la métrique hyperbolique. dont les coefficients sont des périodes « mixtes » de la courbe. encore non résolue. (Si on écrit E ( ) comme */q pour un nombre complexe q avec |q| < 1....r). Un aspect intéressant est le lien entre les fonctions de Green qui interviennent ici et les fonctions polylogarithmes qui interviennent dans les conjectures concernant les valeurs spéciales des fonctions zêta de Dedekind. et l’un des arguments de la fonction de Green est −1) ont été présentés dans le cours. qui a été étudié et vérifié numériquement dans beaucoup de cas (tous hyperelliptiques. Ce cas. k/2) des séries L des formes modulaires (propres pour les opérateurs de Hecke) de poids pair k et des valeurs de certaines fonctions de Green modulaires associées aux quotients du demi-plan de Poincaré par un groupe fuchsien. a été discuté en détail.THÉORIE DES NOMBRES 111 fonction dilogarithme modifiée qui intervient dans le calcul des valeurs des fonctions zêta de Dedekind en s = 2. . Dokchitser et l’auteur. ). mais aussi (dans le même cas) pour l’étude arithmétique des valeurs de la fonction modulaire j (z) dans des points z à multiplication complexe. Le groupe sur lequel ces intégrales doivent être évaluées est le K-groupe algébrique K2 (C/ ). de Jeu. Pour k > 2. Valeurs des fonctions de Green modulaires Dans des travaux joints avec B.) Une description précise des combinaisons linéaires permises a été donnée il y a quelques années par l’auteur (avec des corrections dues à Schappacher et Rolshausen dans certains cas) et présentée dans le cours. de genre allant jusqu’à 6) dans un article récent de R. un lien a été établi entre les dérivées centrales L′ (f. mais sont trop techniques pour être repris ici. Ces résultats dans le cas k = 2 avaient des conséquences pour la conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer. et des résultats très récents de A. Gross il y a un certain nombre d’années. Mellit qui démontrent l’algébricité prédite dans certains cas (notamment quand k = 4. Un nombre de résultats obtenus par l’auteur dans l’entretemps. le groupe modulaire en question est SL (2. Si on remplace E par une courbe C/ de genre g > 1. Les conjectures et résultats peuvent s’interpréter aussi comme des énoncés sur les valeurs spéciales de certaines fonctions qui satisfont à une équation différentielle à coefficients rationnels ou algébriques. mais ne sont plus donnés en termes d’une fonction explicite comme le dilogarithme elliptique. Le problème de construire des éléments non-triviaux du K-groupe K2 (C ) dans ces cas mène à des problèmes élémentaires en théorie des nombres où il s’agit de trouver des polynômes f définis sur pour lesquels f (x)2 – f (0)2 se factorise en autant de facteurs rationnels que possible. avec la métrique hyperbolique. un exemple typique étant la décomposition (x6 + 2x5 – 787x4 – 188x3 + 150012x 2 – 149040x – 3326400) 2 – 3326400 2 = (x – 22) (x – 20) (x – 18) (x – 12) (x – 10) (x – 1)x (x + 7) (x + 15) (x + 18) (x + 23) (x + 24). 2) en termes d’un certain régulateur dont les coefficients sont des intégrales sur la courbe. T. ils ont mené à une conjecture d’après laquelle les valeurs de ces fonctions de Green dans les arguments à multiplication complexe seraient dans certains cas les logarithmes de nombres algébriques. les conjectures générales impliquent toujours une expression pour L (C. Banff International Research Station. Max-Planck-Institut für Mathematik. où f (x) est une fonction dont n=1 le comportement pour x petit est connu ? 2. A500) des An ? 4. Paris. … à haute précision à partir d’un nombre limité (par exemple. Max-Planck-Institut für Mathematik. janvier 2008 : The Riemann zeta function and the Selberg zeta function as determinants. α. Université de Bordeaux I. C2. …. Quel est le comportement asymptotique quand x tend vers 0 d’une série lentement convergente de la forme ∑ f (nx ) . comment peut-on trouver les premiers coefficients A. Number Theory Seminar. janvier et février 2008 : Asymptotic methods (deux conférences). Universität Bonn. Allemagne. novembre 2007 : Les « mock theta functions » de Ramanujan (d’après Zwegers et Bringmann-Ono). C0. Lille. x = 1060 à 100 chiffres près ? De tels problèmes se posent partout en mathématiques et en physique mathématique mais les méthodes pour les résoudre de façon efficace ne sont en général pas très bien connues. Canada. an pourrait être le nombre de partitions de n) dont on connaît ∞ « explicitement » la fonction génératrice ∑ an x n ? n=0 ∞ 3. Conférence à l’occasion du 60e anniversaire d’Henri Cohen. octobre 2007 : Quantum modular forms. Allemagne. décembre 2007 : Les fausses formes modulaires. Conférence à l’occasion du 80e anniversaire de Friedrich Hirzebruch. Bonn. Bonn. Colloque. Comment trouve-t-on une formule asymptotique précise pour des nombres an (par exemple. Banff. Hausdorff Mathematics Institute. Institut Henri Poincaré. Workshop « Random matrices and number theory ». C1. Bonn. Si on a une suite de nombres An (par exemple. Bonn. pour lequel Kontsevich a trouvé une récurrence non-linéaire) dont on conjecture qu’ils ont un comportement asymptotique de la forme An ∼ nαe An (C0 + C1n–1 + C2n–2 + …). Allemagne. Conférence sur « Lowdimensional Topology and Number Theory ». Conférences pour membres de l’école doctorale « IMPRS ».112 DON ZAGIER Cours à l’École Normale Supérieure : « Bouillon Mathématique » Dans le cours « Bouillon » de cette année on a présenté des méthodes explicites qui permettent de résoudre des diverses types de problèmes asymptotiques tels que : 1. Allemagne. octobre 2007 : Verknotete Modulformen. ∞ . janvier 2008 : Gaussian periods and finite projective planes. Université de Lille I. Conférences invitées Bordeaux. Comment calculerait-on la valeur de la fonction S ( x ) = ∑ n=1 sin( x / n ) / n de Hardy-Littlewood pour. An pourrait être le nombre de courbes algébriques de degré n passant par 3n – 1 points génériques dans le plan. disons. octobre 2007 : Modularity and three-manifolds. A1. Séminaire Bourbaki. Israël. Bonn. juin 2008 : On the conjecture of Birch and Swinnerton-Dyer. juin et juillet 2008 : Periods of modular forms (trois conférences). Intercity number theory seminar « L-functions and friends ». Hausdorff Institute for Mathematics. Allemagne. Conférence populaire dans le cadre du programme « Zahlen. Conférence pour lycéens. University of Texas. Allemagne. Max-Planck-Institut für Mathematik. Conférences pour membres de l’école doctorale « IMPRS ». États-Unis. mai 2008 : Differential equations and curves on Hilbert modular surfaces. Colloquium. Workshop on Mirror Symmetry. Louisiana. Bonn. Irlande. juillet 2008 : Von Zahlentheorie zu Knotentheorie zu Quantentheorie. Invariants and Modular Forms. avril 2008 : Quantum ideas in number theory and vice versa. Second Japanese-German number theory workshop. février 2008 : Spectral decomposition and the Rankin-Selberg method. Fermat curves. Trinity College. Bielefeld. Allemagne. avril 2008 : The amazing five-term relation. Allemagne. Amsterdam. Pays-Bas. Bayreuth. janvier 2008 : Warum ich von Primzahlen träume. Conférence « Hirz80 » en l’honneur du 80e anniversaire de Friedrich Hirzebruch. Conférence plénière à l’occasion du 15e anniversaire de l’Institut Ernst Schrödinger. Texas. bitte! ». Nixdorf-Zentrum. Utrecht. juillet 2008 : Mock theta functions. Workshop on Gauge Theory. avril 2008 : Mock modular forms. « Nacht der offenen Tür » du Max-Planck-Institut für Mathematik. Allemagne. Bonn. and Gaussian periods. mai 2008 : The mysterious mock theta functions of Ramanujan. Universiteit Amsterdam. Bar-Ilan. Bonn.THÉORIE DES NOMBRES 113 Paderborn. juin 2008 : Das Geheimleben der Zahlen. Conférence populaire. mai 2008 : Diophant und die diophantischen Gleichungen. Allemagne. Haifa. Max-Planck-Institut für Mathematik. Number theory seminar. University of Haifa. Conférence générale dans la série « Jahrtausendprobleme der Mathematik ». Bonn. Allemagne. Colloquium. Colloquium. avril 2008 : The « q » of « quantum » (trois conférences). Austin. février 2008 : Mock theta functions and their applications. Allemagne. Trinity College. Amsterdam. Max-Planck-Institut für Mathematik. Bonn. États-Unis. Vienne. Workshop on Codes. University College Dublin et Trinity College. Louisiana State University. Allemagne. juillet 2008 : Teichmüller curves and modular forms. février 2008 : Modular Green’s functions. Israël. Baton Rouge. février 2008 : Finite projective planes. Conférence spéciale dans le cadre du Tag der Mathematik de l’Université de Bayreuth. . avril 2008 : Gaussian periods and finite projective planes. Dublin. Conférence d’intérêt général dans le cadre du programme « Mathe für alle—Vorlesungen im Freien ». Autriche. Pays-Bas. Irlande. Dublin. Université de Bar-Ilan. avril 2008 : Modular forms and not-so-modular forms in mathematics and physics. Conférence populaire. Bonn. Moduli spaces and Representation Theory. Allemagne. Pays-Bas. juillet 2008 : Diophantische Gleichungen: 2000 Jahre alt und noch nicht gelöst. Dublin. indefinite theta series and wallcrossing formulas. Irlande. Porcelli Lectures 2008. Colloquium Universiteit Utrecht. juin 2008 : Rapporteur et membre du jury. Zinger) Some properties of hypergeometric series associated with mirror symmetry. Algebra Colloquium. 2006-2007. no 3.n »). diffusé le 12 mai 2008. Bonn. Pays-Bas. 163-177. à paraître dans Astérisque. Exact and asymptotic formulas for vn. Commun. Tokyo University of Science. Vanhove. Universiteit Utrecht. discussion publique avec R. Allemagne. thèse de Oliver Lorscheid (« Toroidal automorphic forms for function fields »). .114 DON ZAGIER Tokyo. Appendice à « Sequences of enumerative geometry : congruences and asymptotics » par D. diffusé le 29 avril 2008. Séminaire Bourbaki. Ramanujan’s mock theta functions and their applications (d’après Zwegers and Bringmann-Ono). Publications et Prépublications (avec L. Taschner. Evaluation of S (m. mars 2008 : Entretien enregistré avec WDR. Integral solutions of Apéry-like recurrence equations. Fields Institute Communications 54 (2008). pp. Israël. Emmy Noether Institute. Utrecht. Universität Bonn. Autres Missions et Activités Bonn. no 986. Japon. Deutsche Union der Akademien der Wissenschaften. CRM Proceedings and Lecture Notes of the American Mathematical Society. 20 pages. Appendice à « Low energy expansion of the four-particle genusone amplitude in type II superstring theory » par M. juin 2008 : « Mathematik im Gespräch ». Bonn. Allemagne. Weng) Deligne products of line bundles over moduli spaces of curves. Moree. Centre de Recherches Mathématiques. 33-34. 281 (2008). JHEP 02 (2008). Tokyo. Paris. Bar-Ilan. thèse de Sarah Carr (« Multizeta values : Lie algebras and periods on 0. Tokyo University. Allemagne. Berlin. 020. août 2008 : q-series and modularity. 47 (2008). (avec A. mai 2009 : Membre du jury. Russo et P. International Conference on History of Mathematics in Memory of Seki Takakazu. Dans Modular Forms and String Duality. juin 2008 : Rapporteur et membre du jury pour la thèse de mon étudiant Anton Mellit (« Higher Green’s functions for modular forms »). Akademientag. mai 2008 : Beirat (comité scientifique). in Math. 18 pages. Université de Paris 6. pp. J. 21-24. à paraître dans Experimental Mathematics. Allemagne. A paraître dans Groups and Symmetries : From the Neolithic Scots to John McKay. Green. février 2008 : Entretien enregistré avec Deutschlandfunk. août 2008 : The mathematics of and around Seki Takakazu as seen through the eyes of a contemporary mathematician. 793-803. 60e année. Japon. Grünberg et P. n). pp. Phys. plus directement. Ces expériences sont réalisées sur des champs de quelques photons piégés pendant une fraction de seconde dans une cavité de très grand facteur de qualité. superpositions cohérentes d’états photoniques de phase ou d’amplitudes différentes.org. à l’invitation de l’université de cette ville. Serge Haroche. Cette propriété les rend potentiellement utiles à la détection ultra-sensible de faibles perturbations. Ces mesures QND permettent la reconstruction complète de l’état quantique du champ dans la cavité. Chaque leçon était accompagnée d’une présentation par ordinateur consultable dès le jour du cours sur le site internet du Collège de France et de l’Ecole normale supérieure ou. de janvier à mars 2008. membre de l’Institut (Académie des Sciences). en redonnant le même résultat tant que le système n’est pas perturbé. Elles constituent une nouvelle façon de « voir » la lumière en suivant en temps réel les trajectoires stochastiques du nombre de photons et en enregistrant les sauts quantiques associés à la perte ou à la création d’un seul quantum. professeur Le cours de l’année 2007-2008 Le cours donné au Collège de France. Celles-ci projettent le système mesuré dans un des états propres de l’observable mesurée et peuvent être répétées un grand nombre de fois.cqed. à l’adresse internet www. était intitulé « Mesures quantiques non destructives ». Un tiers de l’enseignement de la chaire a par ailleurs été donné à Chicago. Il s’est ensuite focalisé sur l’analyse des mesures non destructives (Quantum Non-Demolition ou QND en anglais). ouvrant la voie à l’étude détaillée des états de type « chat de Schrödinger ». Il a analysé les propriétés fondamentales de la mesure en physique quantique et ses relations avec les concepts de complémentarité. Un des cours a été présenté dans le cadre des Colloquiums du département de physique de l’université et les autres donnés . L’histoire des mesures QND de la lumière a été rappelée et les expériences récentes d’électrodynamique quantique en cavité qui ont permis la détection non destructive de photons uniques ont été décrites.Physique quantique M. d’intrication et de décohérence. Einstein et Schrödinger). Par « mesure » on comprend au sens large toute expérience qui extrait de l’information d’un système quantique. établie par R. 7. 5. Généralités sur les mesures quantiques non-destructives (QND). 2. Perspectives ouvertes par les mesures QND en électrodynamique quantique en cavité. en physique quantique une mesure est un processus plus complexe. a traité les questions suivantes : 1. La théorie de la mesure de la lumière. a reposé dans un contexte moderne les questions posées dans les années 1920. j’ai décrit les mesures non-destructives de lumière réalisées dans mon groupe de recherche à l’ENS (voir plus loin). depuis Planck (1900). 3. la leçon a abordé le problème plus spécifique de la mesure quantique de la lumière. 4. 6. La première leçon a commencé par rappeler de façon générale les propriétés essentielles de la mesure d’un système microscopique en physique quantique. relations d’incertitude de Heisenberg) et des impossibilités (par exemple théorème de « non-clonage » d’un état inconnu). Comptage QND de 0 ou 1 photon. Dans ces présentations.116 SERGE HAROCHE aux étudiants et post-docs dans le domaine de la physique atomique et de l’optique quantique. Le cours donné à Paris. Comptage QND de N photons : projection progressive du champ. Comprendre la mesure de la lumière dans la théorie quantique a toujours préoccupé les physiciens. le comptage de photons. Ce transfert s’effectue en général . Les propriétés de la mesure quantique entraînent des limitations (certaines mesures sont incompatibles entre elles — cf. née avec le laser en 1960. Le champ électromagnétique est un système central en physique. Le résultat de la mesure et son effet sur le système sont décrits de façon statistique. Ces caractéristiques. la théorie ne pouvant que déterminer la loi de probabilité du processus (« Dieu joue aux dés »). L’essentiel de l’information qui nous provient du monde est véhiculé par lui. constitue le cadre d’analyse de toutes les expériences d’optique. Alors qu’en physique classique. dans lequel l’état de l’objet mesuré est en général modifié. réparti sur sept leçons. peuvent être exploitées de façon positive pour réaliser des opérations impossibles en physique classique (cryptographie et calcul quantiques). Mesures généralisées et POVM (Positive Operator Valued Measures). L’optique quantique. Après ces rappels généraux. souvent décrites négativement. le système étudié peut se trouver dans un état indépendant de tout observateur et être mesuré sans perturbation. La mesure de la lumière implique son interaction avec un milieu matériel auquel l’information véhiculée par le champ est transférée. Expériences QND en électrodynamique quantique avec des atomes de Rydberg. Mesures projectives en physique quantique. Glauber (1963). Einstein (1905) et les débuts de la mécanique quantique moderne (expériences de pensée de Bohr. La dualité de la lumière (onde et ensemble de photons à la fois) joue un rôle fondamental dans cette théorie. La troisième leçon a introduit les mesures QND du champ électromagnétique. superposition symétrique de spins ½. comment détecter les photons de façon non absorptive. Le lien entre mesures généralisées. L’importance de la décohérence dans le processus de mesure a été soulignée. Les incertitudes sur les mesures de variables conjuguées ont été rappelées. dans lequel il semble que l’information soit obtenue « sans que le système mesuré ait interagi avec l’appareil ». Nous avons montré que l’acquisition partielle d’information résultant du couplage de S avec un seul qubit est un POVM et avons décrit comment l’accumulation de mesures POVM résultant du couplage avec un ensemble de qubits se transforme en mesure projective. comme dans d’autres cas du même genre.PHYSIQUE QUANTIQUE 117 par absorption d’énergie (effet photo-électrique étudié par Einstein en 1905). les laissant présents après la mesure. Un cas particulier important de mesure généralisée est défini par un ensemble d’opérateurs hermitiques positifs formant un « POVM » (Positive Operator Valued Measure). de l’utilisation indue de concepts classiques pour décrire une situation quantique. Le paradoxe provient. un modèle simple de processus de mesure est réalisé par le couplage d’un système quantique S à un ensemble de N spins ou « qubits » de mesure indépendants (constituant un moment angulaire J = N/2). POVM et mesure projective a été rappelé et un certain nombre d’exemples intéressants pour la suite ont été présentés. Comme nous l’avions vu dans la première leçon. Cette destruction est une limitation des expériences d’optique non imposée par la physique quantique. Le but en est de mesurer une observable du champ sans la perturber de façon à pouvoir répéter la mesure et retrouver le même résultat dans une mesure ultérieure. Ces mesures qui donnent une information plus ou moins partielle sur l’état d’un système quantique correspondent souvent à des situations plus proches des expériences réelles que les mesures projectives. depuis les années 1970. L’énergie du . Il s’agit de la mesure projective d’une observable qui ne change pas entre deux détections successives sous l’effet de l’évolution Hamiltonienne. Nous avons ensuite décrit différents modèles d’appareils réalisant une mesure projective idéale. Les physiciens se sont demandés. Certains aspects « paradoxaux » de la mesure ont été soulignés (effet Zenon). les propriétés des corrélations entre mesures effectuées sur des parties spatialement séparées d’un système nous ont conduit à rappeler l’aspect non-local de la physique quantique. et la limite que ces incertitudes imposent sur la précision des mesures a été discutée. Nous avons en particulier analysé un modèle simple dans lequel l’appareil de mesure est un moment angulaire. nous avons décrit des mesures « généralisées » n’obéissant pas aux critères restrictifs de la mesure projective idéale de von Neumann. Nous avons aussi montré que l’acquisition d’information sur S résultant de la mesure POVM s’apparente à un processus d’inférence bayesienne en théorie des probabilités. si bien que le champ est détruit par la mesure. Un tel procédé dit QND (pour Quantum Non-Demolition) ouvrirait la voie à de nombreuses applications. Nous avons conclu la leçon en considérant un exemple curieux de mesure. Enfin. Dans la deuxième leçon. Le photon n’étant pas détruit. Le détecteur D mesure l’état final de l’atome. A partir de la quatrième leçon. L’information fournie par chaque atome est binaire. Deux expériences ont été analysées. Nous avons enfin analysé les méthodes de préparation et de détection des atomes de Rydberg circulaires et leur sélection en vitesse. à condition d’éviter l’absorption de photons dans le détecteur. à l’image de la description de l’ancienne théorie des quanta de Bohr. L’analyse s’appuie soit sur une description des champs en terme de vecteurs d’états (ce qui est bien adapté au cas où la mesure projette le champ sur un état de Fock). Nous avons présenté quelques modèles simples de mesures QND. après C. soit sur l’effet Kerr croisé dans un milieu optique non linéaire. Nous avons évoqué brièvement des expériences de CQED faites dans le domaine optique pour les distinguer des études micro-onde qui nous intéresseront plus particulièrement ici. dont nous avons commencé par rappeler les principes. sans absorber le . par une seconde impulsion R2. La cinquième leçon a été consacrée aux expériences d’électrodynamique en cavité micro-onde détectant. la mesure peut en principe être indéfiniment répétée. Le champ laisse une empreinte sur la phase d’une superposition d’états atomiques. soit sur une discussion en terme de bruit de photon. Les deux approches sont bien sûr équivalentes à la limite continue. basées soit sur la détection de la pression de radiation exercée sur un miroir (mesures optomécaniques). qui atteint la résolution des quanta de rayonnement. la condition QND étant réalisée en ajustant le temps d’interaction pour que l’atome revienne dans son état initial.118 SERGE HAROCHE champ et son nombre de photons sont des observables pouvant être mesurées de façon QND. des photons uniques piégés. Nous avons consacré l’essentiel de la leçon aux atomes. Nous avons analysé l’effet en retour de la mesure sur la phase du champ. leur susceptibilité aux champs électriques et leur couplage à la cavité. nous avons abordé la description du comptage non destructif de photons micro-ondes dans une cavité de très grand facteur de qualité. L’ensemble R1-R2 est un interféromètre de Ramsey. commode lorsque la mesure ne discrimine pas les photons individuels et que le champ apparaît comme une variable continue fluctuante. en n’introduisant les concepts quantiques (quantification des orbites atomiques et du champ rayonné) que de façon minimale. ce qui nous a conduit à définir de façon rigoureuse un opérateur de phase. et laissé la description de la cavité pour la leçon suivante. La méthode QND de comptage utilise pour détecter les photons les propriétés remarquables des atomes de Rydberg dans des états circulaires couplés à une cavité micro-onde supraconductrice. Un aspect remarquable du principe de correspondance est que les propriétés des états circulaires (dont tous les nombres quantiques sont grands) peuvent se comprendre à partir d’une description quasi-classique. exploite les concepts de l’Electrodynamique Quantique en Cavité (CQED). Les sondes du champ sont des atomes de Rydberg traversant un à un la cavité C. Nous avons décrit ainsi classiquement le rayonnement de ces états circulaires. ce qui suffit pour discriminer entre 0 et 1 photon. La première (1999) exploite une interaction atome-cavité résonnante. sans les détruire. préparée avant l’entrée des atomes dans C par une première impulsion micro-onde R1 et analysée. Cette méthode QND. trop court pour de multiples répétitions de la mesure. La seconde expérience (2006) utilise une interaction dispersive non-résonnante et une cavité stockant les photons pendant un temps très long (Tc = 0. a une probabilité négligeable de contenir plus d’un photon. La répétition de la mesure correspondant au passage dans C d’ensembles d’atomes successifs. nous avons commencé par des rappels théoriques sur les états du système atome-champ dans la cavité. π/4…. qui peut déterminer n avec seulement m~log2 nm atomes. assimilable à n si le champ. on observe l’évolution progressive du champ vers un état de Fock. La septième et dernière leçon nous a permis d’apporter quelques précisions sur les mesures QND de champs piégé micro-onde et de conclure le cours sur quelques perspectives. Chaque atome. utilisant successivement des atomes soumis à des déphasages Φ0 = π. En détectant les ‘spins’ de cet ensemble un à un. sort alors de l’appareil en pointant le long de l’une de deux directions opposées. le comptage QND reste possible en modifiant Φ0. Des centaines de mesures indépendantes du même photon ont permis d’observer pour la première fois les sauts quantiques associés à l’annihilation et la création de photons dans les miroirs de la cavité. Quand Φ0 = π. décrit comme un spin. La sixième leçon a montré comment la méthode de mesure QND dispersive de 0 ou 1 photon peut être généralisée au comptage d’un nombre de photons supérieur à 1. on reconstruit la fonction de Wigner de ces . En injectant dans C un champ cohérent d’homodynage et en continuant à mesurer de façon QND avec les atomes suivants la parité de n.PHYSIQUE QUANTIQUE 119 photon (impulsion Rabi 2π). Après quelques rappels et remarques générales. entre l’état initial cohérent et l’état de Fock final. Nous avons décrit le principe d’une variante de cette expérience. Avant de décrire ces expériences. Nous avons vu (leçon 6) que la mesure d’une séquence de m atomes traversant un à un une cavité C en étant tous soumis au même déphasage par photon Φ0 réduit progressivement le champ à un état de Fock |n>. nous avons analysé cette procédure de mesure idéale de la lumière en l’appliquant à un petit champ cohérent. Pour des champs plus grands. où nm est la borne supérieure de n. La valeur de n ne peut plus être obtenue à l’aide d’un seul ‘spin’ mais doit être extraite d’un ensemble d’atomes. Nous nous sommes intéressé ensuite au premier état intermédiaire du champ. due à la relaxation du champ.13 s). indiquant que C contient 0 ou 1 photon. L’action en retour de la mesure QND produit après détection du premier atome une superposition d’états du champ avec 2 phases classiques différentes. π/2. Le réglage Φ0=π est adapté à la mesure de la parité du nombre n de quanta. qu’un nombre pair ou impair de photons. les composantes de ce « chat de Schrödinger » ont des amplitudes opposées et ne contiennent. Le nombre m augmente comme nm2. suivant l’état final de l’atome. très faible. révèle la cascade en marches d’escalier du nombre de photons vers le vide. ce qu’on appelle l’effondrement ou ‘collapse’ de sa fonction d’onde. Nous avons rappelé que la mesure d’un quantum de lumière unique nécessitait que le déphasage Φ0 induit par un photon sur le dipôle atomique vaille π. Elle a été faite dans une cavité amortie en un temps TC = 1 ms. Vahid Sandoghdar. Deux leçons étaient réservées aux étudiants en thèse (graduate students) et aux post-docs en physique atomique et en optique quantique. 28 janvier 2008 : Circuit QED : Quantum Optics of Electrical Circuits. un colloquium plus général intitulé « Counting photons without destroying them: an ideal measurement of light » a été donné à l’ensemble du département de physique de l’université. Nous avons enfin conclu la leçon par la description d’une expérience d’effet Zénon sur un champ mesuré de façon répétée et par une brève présentation des études sur la non-localité que nous comptons effectuer. Dotsenko qui faisait suite au cours. Deux autres leçons étaient destinées aux étudiants en maîtrise (undergraduates) et ont constitué une introduction générale à l’optique quantique et au refroidissement des atomes par laser. Igor Dotsenko. Zurich. 11 février 2008 : Chatons de Schrödinger et états non gaussiens de la lumière : de nouveaux outils pour les communications quantiques. ETH. 4 février 2008 : Optical manipulation of quantum dot spins. Colorado. Philippe Grangier.120 SERGE HAROCHE ‘chats’ et on étudie en temps réel leur décohérence.ENS et Collège de France. En voici la liste dans l’ordre où ils ont été donnés : 21 janvier 2008 : Interférence à un photon. Steven Girvin. JILA et Université de Boulder. Institut d’Optique. Jean-François Roch. Nous avons présenté le principe de ces expériences qui ont été décrites plus en détail dans le séminaire de I. Atac Imamoglu. avec deux cavités. Palaiseau. Enseignement du Collège de France « hors les murs » L’enseignement donné à Chicago en octobre 2008 était destiné aux étudiants et chercheurs du département de physique de l’Université de Chicago. Elles ont porté sur la description des expériences QND en électrodynamique quantique en cavité traitées dans le cours donné à Paris (contenu des leçons 5 à 7 décrites ci-dessus). complémentarité et expérience à choix retardé de Wheeler. Les séminaires de l’année 2007-2008 Une série de sept séminaires accompagnait le cours du Collège de France à Paris en le complétant et en en illustrant différents aspects. 10 mars 2008 : Tomography of photonic Schrödinger cats in a cavity. 25 février 2008 : Cavity-free efficient coupling of single photons and single emitters. Enfin. ETH Zurich. dans le prolongement de ces expériences. Jun Ye. LKB. 3 mars 2008 : Precision quantum metrology with lattice-confined ultracold atoms. ENS-Cachan. . Yale University. — Février 2008 : Communication invitée au Workshop SQUINT (Southwest Quantum information and technology) : « Quantum Non-Demolition counting of photons in Cavity QED ». — Décembre 2007 : Séminaire à Harvard University : « Quantum Non-Demolition measurement of light and tomography of photonic Schrödinger cats in Cavity QED ». life and death of trapped photons ». — Septembre 2007 : Communication invitée à la Conférence « Photons. Haroche a donné les séminaires. — Mars 2008 : Conférence invitée au Meeting de la Société Finlandaise de Physique : « Trapping and counting photons without destroying them: a new way to look at light ». Mexico. Cambridge. Finlande. — Août 2007 : Quatre cours à l’École Latino Américaine de Physique. — Octobre 2007 : Communication invitée à la Conférence QIPC 2007 : « Quantum Non-Demolition Counting of Photons in a Cavity : an ideal measurement of light ». NouveauMexique. cours et conférences suivants entre juillet 2007 et juin 2008 : — Août 2007 : Communication invitée à la Gordon Research Conference on Quantum Control of Light and Matter : « From Quantum Non-demolition measurements of photons to the control of quantum states of light in a cavity ». États-Unis. — Octobre 2007 : Colloquium à Argonne National Laboratories : « Quantum nondemolition measurement of light : The birth. Florence. Turku. Atoms and Qubits » de la Royal Society : « Quantum non-demolition counting of photons in a cavity: an ideal measurement of light ». Santa Fe. — Février 2008 : Colloquium à Los Alamos : « Quantum Non Demolition counting of photons and Schrödinger cat tomography in Cavity QED experiments ». Barcelone. — Janvier 2008 : Communication invitée à la Conférence « Quantum Noise in Strongly Correlated Systems : “Non-destructive photon counting and reconstruction of photonic ‘Schrödinger cat’ states” in cavity QED ». — Mars 2008 : Présentation invitée à la Young Atom Optician Conference : « Trapping and counting photons without destroying them : a new way to look at light ». ELAF 2007 : « Quantum information with atoms and photons in cavities ». S. États-Unis. États-Unis. — Janvier 2008 : Présentation au Colloque ANR Lumière : « Champs mésoscopiques nonlocaux en electrodynamique quantique en cavité ». — Janvier 2008 : Conférence à l’École polytechnique : « Voir sans détruire la lumière : vie et mort de photons dans une cavité ». Italie. Londres. University College. Los Alamos. Illinois. Institut Weizman. — Novembre 2007 : Colloquium à l’Université d’Oxford : « Counting photons without destroying them: an ideal measurement of light ».PHYSIQUE QUANTIQUE 121 Autres conférences et séminaires de Serge Haroche En dehors de ses cours au Collège de France et à Chicago. Newport. — Décembre 2007 : Colloquium à MIT : « Trapping and counting photons without destroying them: a new way to look at light ». Nouveau-Mexique. Israël. États-Unis. Argonne. États-Unis. — Septembre 2007 : Communication invitée à la Conférence QuAMP 2007 : « Quantum non-demolition counting of photons applied to the investigation of non-classical states of light ». Londres. Cambridge. . Orsay. Bielefeld. — Mai 2008 : Présentation invitée au Solvay Workshop on Bits. Bruxelles. Autriche. Wisconsin. — Avril 2008 : Communication invitée à la Conference on precision measurements with quantum gases : « QND photon counting applied to the preparation and reconstruction of Schrödinger cat states of light trapped in a cavity ». Vienne. Nos recherches se poursuivent depuis quelques années dans deux directions : d’une part. Innsbruck. Activités de recherche Le travail de recherche de S. — Avril 2008 : Séminaire à l’Université du Wisconsin : « Reconstructing the Wigner function of a photonic Schrödinger cat in a cavity : a movie of decoherence ». Un des chercheurs du groupe est un visiteur postdoctoral recruté sur un poste de maître de conférence au Collège de France. Autriche. Quanta. Madison. complémentarité et décohérence) et de leurs applications dans des systèmes constitués d’atomes en interaction avec des photons. Italie. nous étudions des états non-classiques de champs mésoscopiques piégés dans des cavités de très grand facteur de qualité. Il y co-dirige. Allemagne. Italie. — Juin 2008 : Conférence invitée au Symposium en l’Honneur du 75e anniversaire de Peter Toschek : « From atom to light quantum jumps : applying to photons the wizard tricks learned from Peter Toschek and his ion trapper colleagues ».Haroche se déroule au sein du Laboratoire Kastler Brossel (LKB) de l’École normale supérieure. Le thème général des recherches du groupe porte sur l’étude des effets quantiques (intrication. Hambourg. — Avril 2008 : Colloquium à l’Université d’Innsbruck : « Quantum non-demolition photon counting & Schrödinger cat states reconstruction in a cavity ». États-Unis. Monsieur Igor Dotsenko (de nationalité ukrainienne). Lund.122 SERGE HAROCHE — Avril 2008 : Rydberg lecture à l’Université de Lund : « Trapping and counting photons without destroying them: a new way to look at light ». Un rapport d’activité complet est rédigé tous les deux ans pour le comité national du CNRS et contient une analyse détaillée des problèmes scientifiques abordés par le groupe et un bilan des résultats nouveaux. Suède. Trente. — Avril 2008 : Colloquium à l’Université du Wisconsin : « Trapping and counting photons without destroying them: a new way to look at light ». and Complex System: « Generating and reconstructing non-classical photonic states in Cavity QED : present stage and perspectives ». — Mai 2008 : Colloquium à l’Université technologique de Vienne : « Time-resolved reconstruction of photonic Schrödinger cats in a cavity : a movie of decoherence ». Madison. avec ses collègues JeanMichel Raimond (Professeur à Paris VI et à l’Institut universitaire de France) et Michel Brune (Directeur de recherche au CNRS) une équipe de chercheurs et d’étudiants (groupe d’électrodynamique quantique en cavité). États-Unis. — Mai 2008 : Conférence invitée au Workshop on Quantum Phenomena and Information « Reconstructing the Wigner function of photonic Schrödinger cats in a cavity : a movie of decoherence ». d’autre part nous réalisons des . — Avril 2008 : Colloquium à l’université de Bielefeld : « Trapping and counting photons without destroying them : a new way to look at light ». Trieste. Wisconsin. Il s’agit du fameux effet Zénon. La problématique de ces deux types d’expériences a été détaillée dans le résumé de cours et travaux antérieurs et nous nous contenterons d’indiquer ici les résultats obtenus au cours de la dernière année. On sait que dans ces conditions. on réalise une simple opération de translation de l’état du champ dans l’espace des phases (plan de Fresnel). analysé théoriquement depuis longtemps en physique quantique et observé sur un certain nombre de systèmes simples au cours des dernières années. On peut ainsi directement mesurer les éléments diagonaux de la matrice densité du champ dans la base des états nombre. ou. en la répétant un grand nombre de fois. de façon équivalente. Si on le mesure entre deux impulsions. sa distribution de Wigner. Bien que la mesure QND ne fournisse en principe qu’une information sur le nombre de photons. on obtient un ensemble de contraintes qui déterminent complètement l’opérateur densité du champ. en raison de sa projection répétée sur l’état initial. on peut l’utiliser pour réaliser une « tomographie » complète d’un état quantique arbitraire préparé dans la cavité. Cette opération redistribue les éléments de matrice non diagonaux de l’opérateur densité du champ de sorte que la mesure de la probabilité du nombre de photons de l’état translaté devient sensible à ces éléments non diagonaux. le vide. toute évolution cohérente du système peut se trouver inhibée.PHYSIQUE QUANTIQUE 123 « puces » à atomes piégeant de petits échantillons d’atomes froids au voisinage de circuits supraconducteurs. 1) Gel de l’évolution cohérente d’un champ quantique dans une cavité : une démonstration de l’effet Zénon quantique La mesure QND du champ décrite dans le résumé des travaux de l’année dernière permet une observation répétée d’un système quantique. En couplant une source classique au mode de la cavité contenant le champ à mesurer. Avec notre montage nous avons pu en faire une démonstration spectaculaire en gelant le champ dans une cavité excitée par une succession d’impulsions micro-onde en phase. . Si on réalise cette mesure pour un nombre suffisant de translations différentes de l’état à mesurer. Si le champ est laissé libre entre ces impulsions. En effet notre mesure du nombre de photons permet. de mesurer la probabilité d’occurrence d’un nombre de photon donné dans un état quelconque du champ. L’expérience confirme en tous points les prévisions théoriques et permet d’interpréter cet effet Zénon comme résultant de l’action en retour de la mesure du nombre de photons sur la phase du champ. cette construction du champ est empêchée et il reste très proche de son état initial. il se bâtit dans la cavité sous l’effet constructif des excitations successives. 2) Reconstruction d’états non classiques du champ piégé dans une cavité La mesure quantique non destructive (QND) du nombre de photons a également ouvert la voie à des expériences nouvelles de reconstruction complète de l’état d’un champ piégé. Toute la difficulté est cependant de disposer d’un modèle théorique qui rende bien compte de la réponse du supraconducteur. c’est à dire observer toutes les étapes de son passage à travers la frontière floue entre les mondes quantique et classique.124 SERGE HAROCHE Nous venons d’appliquer cette méthode à la mesure de la fonction de Wigner des états nombre de photons (états de Fock) préparés par notre méthode de mesure non destructive. superpositions quantiques de deux champs quasi-classiques de phases différentes. très différent des systèmes à température ambiante réalisés jusqu’alors. Un des principaux défis posé par les puces à atomes est de parvenir à amener l’échantillon atomique à proximité de la surface. On comprend bien les raisons physiques de ce phénomène : les atomes s’approchent en effet de matériaux dans lesquels existent des fluctuations thermiques de courant. 3) Expérience de puce à atome cryogénique Après la réalisation de pièges à atome sur puce à courants supraconducteurs et l’observation de la première condensation de Bose Einstein dans ce système (voir résumé des travaux précédent). Le bruit magnétique devient très important à courte distance du fait du rayonnement en champ proche des sources de courant. nous avons passé la dernière année à analyser la durée de vie des atomes dans ce type de piège. Or ce type de perte est diminué drastiquement dans le cas des matériaux supraconducteurs. au vu des résultats préliminaires. Leur préparation peut être vue comme l’action en retour d’une mesure QND du nombre de photons sur son observable conjuguée. Nous avons engagé une collaboration avec des chercheurs du Laboratoire Pierre Aigrain spécialistes de la question. Il y a un certain débat sur cette question au sein de la communauté des théoriciens de la supraconductivité. . Ces dernières rayonnent un champ magnétique aléatoire au niveau des atomes dont certaines composantes spectrales induisent des transitions vers des niveaux Zeeman non piégés. Il a malheureusement été observé que le temps de vie des atomes dans le piège décroît de manière importante à très courte distance de surfaces métalliques. Nous devrions bientôt apporter des réponses théoriques sur l’effet des vortex sur le temps de vie des atomes. Les modèles les plus simples de supraconductivité prédisent une augmentation de la durée de vie des atomes dans le piège de plus de 6 ordres de grandeurs par rapport à un métal normal. On attend une situation radicalement différente dans le cas des supraconducteurs. importants pour de nombreuses expériences. C’est en effet dans ce régime que l’on obtient les plus grands confinements. la phase du champ. Il semble. nous pouvons enregistrer le film de la décohérence d’un chat de Schrödinger. sont préparés par la détection du premier atome utilisé pour la mesure QND du champ. Ces états. Le théorème fluctuation-dissipation permet de relier le taux de pertes du piège à la dissipation du métal par effet Joule à la fréquence de transition atomique. en particulier dans le cas des supraconducteurs de type II (comme le niobium) dans lesquels existent des vortex de champ magnétique. et d’états « chats de Schrödinger » du champ. En appliquant notre protocole de reconstruction complète de l’état quantique du champ après un délai variable. Deléglise. Brune. Atteindre ou approcher les très longs temps de piégeage prédits par la théorie est un but difficile. Freezing coherent field growth in a cavity by quantum Zeno effect. « Measuring the photon number parity in a cavity : from light quantum jumps to the tomography of non-classical field states ». European Physical Journal-Special Topics. Pour vérifier ces prévisions. 4. éditeurs. AIP (2008). Raimond. Guerlin. 9. Haroche : Bose-Einstein condensation on a superconducting atom chip. Raimond et S. Kuhr. Deléglise. . Deléglise. 81. Kuhr. S. Stroud. M. C. 5.juin 2008) 1. Nogues. soumis à publication (juin 2008).-M. 8. mais indispensable si l’on veut tirer avantage des puces cryogéniques. J. S. 56004 (2008). I. Bernu. J. U. Nous avons à cette fin réduit significativement les sources de bruit technique dans notre expérience. Lupascu. mais qu’elle la laisse cependant très supérieure à ce qu’elle est en présence de métaux normaux. Publications du groupe d’électrodynamique quantique en cavité (juillet 2007 . Haroche. M.-M. Deléglise.-M.R. J. éditeurs. Brune.H. M. Roux. 889 (2007). Brune. Guerlin. T. Haroche. Sayrin. Dotsenko. A. soumis à publication (juillet 2008). S. Eberly et C. M. L. Raimond et S.-M. « Observing quanum jumps of light by Quantum Non-Demolition measurements » dans Coherence and Quantum Optics IX. C. J. J. Bernu. 54. 448.-M. C.-M. Phys. Ceci nous a permis d’augmenter d’un facteur 5 le temps de vie rapporté précédemment et ouvre la voie à une mesure réaliste de la dissipation dans les puces supraconductrices. Holberg . J. S. Sayrin. N. S. Gleyzes. Volume : 159 pages : 19 (2008). Guerlin. Bigelow. S. Deléglise. « Schrödinger cat states and decoherence studies in cavity QED ». Haroche. Bernu. Kuhr. Gleyzes. J. M. S. Sayrin. C. 6. Proceedings of the Durban Conference « Theoretical and experimental foundations of modern technologies ». N. Nature.P. Raimond et S. Nierregarten. « A short history of Cavity Quantum Elecrodynamics » dans Coherence and Quantum Optics IX. Brune.H. 2. Emmert. Ero. S. S. 3. Stroud.P. Dotsenko. Brune et J. Raimond et S. M. Busk Hoff. « Quantum Non-Demolition counting of photons in a cavity » dans Laser Spectrsocopy XVIII. Bernu. Journal of Modern Optics. I. S. Gleyzes. Eberly et C. J. 2101 (2007). S. Haroche. « Progressive field state collapse and quantum non-demolition photon counting ». J. C. bernu. Kuhr. Raimond and M. C. Brune. 7. Brune et J. J. S. J. Reconstruction of non-classical cavity field states and movie of their decoherence. J. C.PHYSIQUE QUANTIQUE 125 que la présence des vortex raccourcisse la durée de vie des atomes.-M. Haroche. A. il est essentiel du point de vue expérimental de pouvoir mesurer de très longs temps de vie dans le piège sans être limité par des causes de bruit technique. Bergquist et M. Haroche. Kasevich editeurs. Bigelow. S. Haroche. Raimond et S.-M. S. Brune. Raimond. M. J. AIP (2008). Sayrin. C. G. Lett. J. World Scientific (2008). S.R. S. Haroche. . en l’occurrence celui d’un mode électromagnétique du circuit. le temps de latence. lesquels sont largement indépendants des détails de la représentation.Physique mésoscopique M. la consommation d’énergie. le volume de données. L’élément d’information quantique. comme les définitions concernant les variables de nœuds et les variables de boucles. limitée aux situations où le traitement quantique des signaux et des circuits est en continuation la plus directe du traitement classique. Dans ce cours. Toutefois. etc. les lois de Kirchhoff et les relations constitutives des éléments du circuit. le bit quantique est constitué d’une paire de niveaux quantiques — généralement le niveau fondamental et le premier niveau excité — d’un degré de liberté élémentaire. la notion de bit. unité élémentaire d’information. quand on s’intéresse aux limites ultimes des paramètres du traitement de l’information comme le débit. professeur 1. C’est le cas par exemple lorsqu’on aborde les opérations booléennes. est explorée la physique des dispositifs et des systèmes électroniques qui traitent l’information au niveau le plus élémentaire : le un et le zéro sont représentés par la présence et l’absence d’un quantum d’excitation des champs électromagnétiques dans le circuit. Ceci est justifié par l’universalité de la plupart des algorithmes et des protocoles de communication. Enseignement au Collège 1. Les leçons de cette année ont constitué une introduction à ce domaine.1. On a compris depuis le milieu des années 90 que l’information quantique est extrêmement puissante quand il s’agit de . à partir de l’exemple simple d’un circuit résonant LC (inductance + capacitance). est souvent discutée en termes abstraits. la nature physique et les interactions mutuelles des degrés de liberté porteurs de l’information deviennent cruciales. Cours de l’année 2008 : « Signaux et circuits quantiques » En informatique. La première leçon a commencé par quelques rappels de théorie des circuits classiques.. Michel Devoret. dissociés d’une implémentation particulière. membre de l’Institut (Académie des Sciences). La troisième leçon a été consacrée à la décomposition d’un signal se propageant le long d’une ligne de transmission en modes discrets orthogonaux. Il est remarquable qu’un signal d’énergie finie puisse être décomposé sur une base d’ondes continues à la fois localisées en temps et en fréquence. mais avec des index opposés en fréquence. pour isoler une paire de niveaux. nous avons abordé le problème que pose l’écriture de l’hamiltonien dans un circuit quantique arbitraire. Qu’en est-il dans les circuits ? Le rôle de la position et de l’impulsion est joué par le flux et la charge. Nous avons introduit les concepts de base de la théorie des ondelettes. la boîte à paires de Cooper. On arrive ainsi aux états discrets correspondant aux photons. Lorsque les propriétés de celle-ci sont bien acquises. on peut introduire la seconde quantification : elle consiste à déclarer comme variables conjuguées les amplitudes complexes de deux modes discrets de même index de position en temps. Pour les atomes. ce dernier possède la désagréable propriété d’avoir toutes les transitions entre niveaux voisins situées à la même fréquence. les ondelettes sousjacentes constituant la « fonction d’onde » des photons. comme on utiliserait ceux d’un oscillateur harmonique mécanique ? En fait. Il faut remarquer que . au pas en fréquence de la base. Cet élément est une jonction tunnel Josephson. qui joue le rôle d’une inductance dont la valeur varie avec le courant. non-dissipatif. Il faut donc introduire dans le circuit un élément nonlinéaire. qui est constituée d’une simple jonction tunnel en série avec une capacité et une source de courant. On arrive ainsi au circuit quantique élémentaire qui comprend un minimum d’élément. On arrive ainsi à la quantification des modes électromagnétiques d’une ligne de transmission. Dans la seconde leçon. Mais comment en pratique implémenter les bits quantiques ? Peut-on tout simplement utiliser les niveaux quantiques d’un circuit LC. l’hamiltonien quantique s’obtient simplement en traitant les variables conjuguées du problème classique — position et impulsion des électrons — comme des opérateurs qui ne commutent pas. La largeur du rectangle correspond au pas en temps de la base. et sa hauteur. Cette seconde quantification implique l’existence d’états discrets pour la fonction d’onde décrivant l’amplitude des deux modes. lequel rappelle la portée d’une partition de musique. Cette segmentation discrète correspond à une « première quantification » des signaux. il y a celle de flux généralisé aux bornes d’un élément quelconque qui n’est pas nécessairement une inductance. en traitant celle-ci comme une chaîne d’oscillateurs LC couplés.128 MICHEL DEVORET représenter de façon minimale les relations contenues dans la donnée d’une fonction. Ce circuit est l’équivalent d’un simple atome hydrogénoïde en physique atomique. Parmi les notions surprenantes des circuits quantiques. On peut se convaincre de la validité des relations de commutation entre charge et flux à partir des relations de commutation entre champ électrique et champ magnétique en électrodynamique quantique. Chaque onde de base peut être représentée par un rectangle dans le plan temps-fréquence. Ces opérateurs canoniquement conjugués sont définis à partir des intégrales temporelles de la tension et du courant dans une branche du circuit. cette densité spectrale est asymétrique : les fréquences positives. Ainsi. . qui remplace la partie dissipative de l’impédance par une ligne de transmission semi-infinie (modes propagatifs). sont plus intenses que les fréquences négatives. comme une fonction gaussienne. De même. établir pour une impédance quelconque la relation entre la partie réelle de l’impédance et la densité spectrale des fluctuations du bruit Johnson. La cinquième leçon a commencé par le rappel de la relation entre le nombre de photons dans un mode propagatif et les valeurs moyennes quadratiques correspondantes des courants et des tensions. la valeur moyenne de l’anti-commutateur est donnée par la même fonction de Dirac. on peut calculer les fluctuations des quantités électriques pour un circuit LC. peuplée par un champ thermique incident. En revanche. il faut introduire les opérateurs de création et d’annihilation de mode. à partir de la décomposition du signal en ondes de vecteurs d’onde bien déterminés. non pas d’une pointe de flèche. aux équations de diffusion des champs sur le noyau formé de la partie réactive du circuit. Nous avons présenté ce calcul de la densité spectrale à la fois en prenant le point de vue de Caldeira-Leggett. On peut représenter un état semi-classique par une généralisation du vecteur de Fresnel. qui représente l’amplitude et la phase moyenne de l’état dans le plan des quadratures. à partir des ondelettes définies dans la leçon précédente. On arrive ainsi à des expressions commodes pour les calculs . nous avons établi l’expression des opérateurs de champ dans l’espace des fréquences. mais multipliée par une fonction analogue au nombre moyen de photons d’un oscillateur. mais pour retrouver le sens physique des opérateurs. Ces opérateurs de modes permettent de spécifier rigoureusement l’état du champ dans une ligne de transmission. surnommée parfois « sucette de Fresnel » : on munit le segment du vecteur.PHYSIQUE MÉSOSCOPIQUE 129 cette fonction d’onde ne peut pas avoir tous ses moments finis à la fois en fréquence et en temps. le théorème fluctuation-dissipation quantique peut-il être vu comme une conséquence de la propriété de symétrie du circuit : ce dernier ne peut pas distinguer. en l’occurrence celles de point zéro. qui correspondent aux processus d’émission spontanée et stimulée du circuit connecté à l’impédance. un signal déterministe du bruit thermique. et le point de vue de Nyquist. mais d’un disque dont le rayon donne l’écart type des fluctuations. Dans le cas quantique. et par là. Le formalisme entrée-sortie est très utile pour passer des équations du circuit avec les deux termes de dissipation et de forçage. dans l’état thermique. et servir en même temps de patron pour une base discrète. dans le processus de diffusion des champs conduits par la ligne de transmission. un état avec un nombre de photons bien déterminé (état dit de Fock) correspond à une figure avec symétrie de rotation comportant une série d’anneaux. où l’impédance est remplacée par une série infinie d’oscillateurs harmoniques (modes stationnaires). Le commutateur de ces opérateurs de champ est singulier : il est donné par une fonction de Dirac faisant intervenir la somme des fréquences. À partir de ce type de relation. qui correspondent aux processus d’absorption. le nombre d’anneaux étant égal au nombre de photons. par exemple un état semi-classique du champ. Au cours de la quatrième leçon. on peut donc avec un tel dispositif observer la compression du bruit dans les corrélations entre le signal direct et le signal image. laquelle propriété traduit à son tour mathématiquement la conservation de l’information par ce circuit actif. Expérimentalement. ce qui est réalisé en pratique avec un circulateur. Le point de départ est le théorème de Caves. Au mode de signal doit donc être adjoint un mode image. 2 juillet 2008 : Série de deux leçons données dans le cadre de l’International School of Physics « Enrico Fermi ». Il est soumis à un principe dérivé de la relation . Flavius Schakert. est simple : il faut utiliser le nombre minimum de modes possibles. en dépit de la non-conservation de l’énergie. En pratique l’implémentation de la mutuelle variable dans le temps est réalisée à l’aide d’un modulateur en anneau Josephson. La leçon s’est achevée par une courte discussion sur le programme de l’année 2008-2009. qui stipule qu’un amplificateur préservant la phase doit nécessairement ajouter au signal une intensité de bruit — comptée en se référant à l’entrée — équivalente à un demi-photon par mode du signal. Cette matrice possède la remarquable propriété d’être symplectique. Archana Kamal et Adam Marblestone) Le phénomène d’amplification des signaux électriques par un composant électronique actif est à la base d’un grand nombre d’applications dans tous les domaines de la physique. circulant dans une ligne annexe. En nous basant sur la théorie entrée-sortie. 7 et 12 novembre 2007 : Série de trois leçons données au département de Physique Appliquée de Yale. La symétrie de type pont de Wheatstone du modulateur en anneau privilégie les termes de mélange à trois ondes dans l’hamiltonien. Comment atteindre cette limite quantique ? La solution. c’est-à-dire 2.W. 2. par rapport aux termes de couplage parasites qui favorisent le chaos dynamique et donc un excès de bruit. Chacun des oscillateurs est couplé à la ligne de transmission servant à injecter et à extraire les modes signal et image. dans le cas de l’amplificateur paramétrique non-dégénéré. si l’on compte le mode à amplifier. en les mesurant par interférence. 3.130 MICHEL DEVORET La sixième leçon a été consacrée au processus d’amplification paramétrique. Signaux et circuits quantiques (en collaboration avec Nicolas Bergeal. qui poursuivra cette revue des phénomènes quantiques dans les circuits supraconducteurs microondes. Quantum Coherence in Solid State Systems. Beinecke. Le modèle le plus élémentaire de ce type d’amplificateur consiste en deux circuits LC couplés par une inductance mutuelle variant sinusoïdalement dans le temps à la fréquence de la pompe. et qui se focalisera sur les aspects non-perturbatifs. Ce cours de physique mésoscopique s’intitulait « Single Electron Effects ». nous avons établi la matrice de diffusion pour un tel circuit. dans le cadre de la chaire F.1. Enseignement en dehors du Collège 5. qui comprend quatre jonctions tunnel formant une boucle dans laquelle est envoyé un demi-quantum de flux magnétique. Activité de recherche 3. Le but de notre recherche est d’abord de montrer que l’on peut effectivement atteindre en pratique le régime où le bruit d’un amplificateur « utile » n’est limité que par le bruit quantique. une bande passante de l’ordre de 1 MHz et un gain de l’ordre de 30 dB. qui est une boîte à paires de Cooper dans laquelle on a augmenté le rapport entre l’énergie Josephson et l’énergie de charge. Le deuxième qubit met en jeu une approche encore plus radicale. Le gain dépasse 40 dB. Les mesures des temps de décohérence T1 et T2 sont en cours. Nous travaillons dans le régime micro-onde. la capacité ajoutée à la jonction tunnel est obtenue par une ligne de transmission dans laquelle la jonction est insérée en série. 3. Aucune limitation n’intervient en revanche pour un amplificateur qui ne mesure d’un signal qu’une composante ou que son énergie. Même si l’on n’atteint pas encore la limite ultime. par degré de liberté amplificateur. . Nos résultats indiquent un facteur 3 par rapport à la limite quantique. Qubits supraconducteurs (en collaboration avec Markus Brink. Le premier qubit est basé sur le « transmon ». basée sur un modulateur en anneau Josephson. nous avons réalisé et mesuré une version plus avancée de ce type d’amplificateur. tout en préservant. Dans ce nouveau qubit. Cette année. Nous avons réalisé la mesure de la température de bruit du système complet en nous basant sur le bruit auto-calibré d’un nanofil de cuivre. Nick Masluk et Vladimir Manucharyan) Nous avons mis au point cette année deux nouveaux qubits supraconducteurs. au lieu de la configuration parallèle précédemment explorée dans le groupe de R. un tel résultat représente néanmoins une amélioration d’un facteur 30 par rapport aux meilleurs amplificateurs cryogéniques microonde basés sur les transistors HEMT. tout en rendant possible un contrôle du dispositif par la charge alternative des signaux sonde.2. Schoelkopf. basé sur des réseaux de jonctions tunnel Josephson pompés par irradiation micro-onde. Nous shuntons une jonction de grande énergie de charge par une très forte inductance réalisée grâce à un réseau de 50 jonctions tunnel en série. Nous utilisons des résonateurs micro-ondes supraconducteurs dans lesquels est placé un milieu non-linéaire purement dispersif. de façon à rendre le circuit insensible aux fluctuations de charge du substrat. et l’analyse du spectre devrait permettre de remonter aux paramètres de l’hamiltonien avec une excellente précision. ce qui sera très utile pour ensuite mesurer la dissipation du circuit de manière contrôlée. et ensuite de vérifier les prédictions théoriques concernant le bruit ajouté au signal.PHYSIQUE MÉSOSCOPIQUE 131 d’incertitude de Heisenberg : un amplificateur préservant la phase ajoute au moins un bruit dont l’énergie correspond à un demi-photon à la fréquence du signal. c’est-à-dire la perte d’information quantique d’un circuit. La limite quantique devrait être atteinte du fait de l’absence de dissipation parasite dans ce type de système. avec des fréquences de signaux aux alentours de f = 10 GHz et des températures T << hf/k ∼ 500 mK. Ce shunt des courants continus supprime complètement les fluctuations de charge. La mesure spectroscopique des niveaux d’énergie du système est en cours. Le but de cette recherche est de comprendre les facteurs influant sur la décohérence. and Devoret M.... Phys... Fissette S. Blais A. 014525 (2007)..A.J.I. [12] Bergeal N.M. [14] Bergeal N.. Manucharyan V. Dispersive Bifurcation of a Microwave Superconducting Resonator Cavity incorporating a Josephson Junction. B 76.3452].J. Nature 449.M.. [13] Devoret M. Esteve D. arXiv:0706.. Girvin S. De l’atome aux machines quantiques..J. Gambetta J. Schoelkopf R...... Schoelkopf R.. H. Schreier J.A. Siddiqi I.. Schreier J. Chow J.. Houck A.132 4. Manucharyan V.I. Girvin S. [9] Devoret. Collège de France / Fayard. Coupling superconducting qubits via a cavity bus... Schuster D. .. Vijay R.....A. [6] Majer J. [10] Houck A. B 76. F..M. Houck A.. Vion D.R. Frunzio L. Schreier J..M. Metcalfe M... [11] Schreier J. Ithier G.. Devoret M.H. J.. Fissette S. Girvin S.. Analog information processing at the quantum limit with a Josephson ring modulator. Controlling the spontaneous emission of a superconducting transmon qubit. Chow J... Vijay R. B 77. [5] Boulant N. Suppressing charge noise decoherence in superconducting charge qubits....M. Girvin S..I. Wallraff A... Chow J. Frunzio L. Rigetti C. M. Devoret M..M. 2008 (à paraître).. en préparation.. Pierre. Rev. Schuster D. S.... Johnson B.J. Schakert F. Nature (London) 445.J.. Rev.M.R. Siddiqi I. Wallraff A. Rev. Schoelkopf R.. Koch Jens... Vijay R..J. Gambetta J. Johnson.. Phys. Frunzio L... Frunzio L.H.A.. Johnson B.. Johnson B.. Gambetta J. Schuster D. Gambetta J. Submitted to Physical Review Letters. Rev.. Majer J. M.A.. Schoelkopf. [4] Houck A.H. Rev... A 76. 515-518 (2007) [CondMat/0608693]... and Devoret M. Devoret M.. Blais A. Chow J..M. and Devoret M. [8] Koch J. Majer J.M. Yu T.H.M.H..M. Resolving Photon Number States in a Superconducting Circuit.A. Schoelkopf R. 443-447 (2007). Rf Bifurcation of a Josephson Junction : Microwave Embedding Circuit Requirements. Houck A. 767-779 (2007).331 (2007).. Schuster D.M. Riggetti C.... 76...A. [2] Manucharian V. Koch Jens. Generating single microwave photons in a circuit.. Vijay R. Devoret M..I..0765]. Meeson P... B.. Nguyen F. 042319 (2007).. Phys.. Houck A. Wallraff A. [3] Schuster D. 080502 (2008).. Girvin S. Boaknin E. Frunzio L.. and Schoelkopf R.A. 328 .A.M. Quantum Nondemolition Readout Using a Josephson Bifurcation amplifier.....A. [Cond-Mat/0702445].. Majer J. Vijay R.. Leçon inaugurale. Measuring a Quantronium qubit with the Cavity Bifurcation Amplifier. R.. Blais A.. Annalen Der Physik 16..M. 174516 (2007) [Cond-Mat.M. Boaknin E. Gambetta J..M.I. and Devoret M.....M. Parametric Amplification with the Josephson Ring Modulator. Manucharian V. [Cond-Mat/0612576] Phys. Girvin S. E. and Schoelkopf R. and Devoret M. Metcalfe M.. Devoret M. Frunzio L. [7] Metcalfe M. Siddiqi I. Girvin. Girvin S.. Gambetta J. Nature 449... Publications MICHEL DEVORET [1] Boaknin E.H.. Phys.. and Devoret M.R.. Charge insensitive qubit design from optimizing the Cooper-Pair Box. Lett 101.I.H.H. Schreier J.. Schoelkopf R.. Rev. Siddiqi I. Circuit-QED: How strong can the coupling between a Josephson junction atom and a transmission line resonator be ?.. Koch Jens. Submitted to Nature Physics (2008) [arXiv:0805.H. Phys.H..A.J. Schuster D. Schoelkopf R... Frunzio L. Johnson B. 014524 (2007).. Schoelkopf R. Frunzio L. Devoret M. Siddiqi I..S. Girvin S.R.. 180502(R) (2008). Juin 2008 : Séminaire général de Physique. Cambridge. Conférences 5. Décembre 2007 : Decoherence in Superconducting Qubits. Proc. Snowbird. Pennsylvania. ESPCI. USA. State College. ESPCI. Avril 2008 : Quantum Information Seminar.1 Exposés donnés sur invitation Octobre 2007 : CIFAR meeting on Quant. USA. Stanford. Mai 2008 : Journées Supraconductivité. Rhode Island.PHYSIQUE MÉSOSCOPIQUE 133 5. California. Paris.. Berkeley. Massachussetts. Mars 2008 : Physics Colloquium. Penn State University. MIT. Inf. . Utah. Janvier 2008 : Physics of Quantum Electronics. Paris. USA. USA. Newport. California. USA. USA. Avril 2008 : Stanford Photonics Research Center Meeting. . présenté avec l’aide d’un fichier « Power Point ». dont 11 de cours proprement dit et 7 heures de séminaires. le cas d’intérêt pour les interactions faibles. Le cours de l’année 2007-2008 : « Le modèle standard et ses extensions » Après la parenthèse 2006-2007 (cours donné entièrement à l’étranger). Les deux cours précédents ayant porté sur les interactions fortes (dans leurs aspects perturbatives et non perturbatives respectivement). et ensuite inséré sur les sites en français et en anglais de la chaire. Le deuxième cours.1. Chaque cours et séminaire. Nous sommes revenu. à son tour. « QED et QCD : un rappel ». un résumé des concepts de base de la QED (comme théorie des interactions électromagnétiques) et de la QCD (comme théorie des interactions fortes) qui avaient été couverts dans les cours 2004-2005 et 2005-2006. le cours de l’année 2007-2008 a repris le chemin initié en 2004-2005 et 2005-2006 afin de compléter la présentation du modèle standard des particules élémentaires. fut. en particulier. donné en partie par le professeur Riccardo Barbieri de l’École Normale (Scuola Normale) de Pise et en partie par le professeur Ferruccio Feruglio de l’Université de Padoue. sur l’importante distinction entre le cas de fermions dans une représentation réelle du groupe de jauge (les cas de la QED et QCD) et celui d’une représentation complexe (fermions « chiraux »). ce dernier cours se concentra sur le secteur dit électrofaible du Modèle Standard (MS). Enseignement au Collège 1. « Théories de jauge : un rappel ». fut un résumé des principales notions (déjà discutée en 2004-2005) qui sont à la base des théories de jauge. Le cours s’est déroulé en 18 heures. . gravitation et cosmologie M.Particules élémentaires. membre de l’Institut (Académie des Sciences). professeur 1. Le premier cours. a été imprimé et distribué avant chaque cours. Gabriele Veneziano. Le sixième cours. Dans le septième cours. Nous avons terminée avec un exemple de calculs des corrections radiatives. le développement de la théorie des interactions faibles. « Brisure spontanée de symétries ». ses conséquences phénoménologiques sont très importantes. Nous avons aussi souligné que ce mécanisme. mais quantitativement pas encore parfait. . voir ci-dessous) en ce qui concerne les masses et les oscillations des neutrinos.136 GABRIELE VENEZIANO Le troisième cours. nous avons discuté des représentations auxquelles les fermions doivent appartenir et. est capable d’introduire les mélanges observés dans les courants chargées aussi qu’une phase qui détermine la violation de la symétrie CP. « Plusieurs familles : mécanisme de GIM et matrice CKM ». nous avons discuté de la généralisation du modèle précédant au cas. On a rappelé comment. Dans le cinquième cours. c’est-à-dire sans tenir compte des corrections radiatives. nous avons tiré les conséquences expérimentales du modèle présenté au cours précédent dans l’approximation dite à « arbre ». Ensuite. le MS avec trois générations évite d’une façon très naturelle l’apparition de courants neutres avec changement de saveur (FCNC) et. en même temps. nous avons utilisé les éléments déjà introduits pour définir le modèle standard des interactions électrofaibles dans les cas d’une seule famille (ou génération) de quarks et de leptons. Nous avons aussi observé que le neutrino reste sans masse. a retracé. nécessite l’introduction d’un champ scalaire à côté des champs de jauge et des champs de fermions. « Prédictions au niveau arbre pour une famille ». en particulier pour cette dernière. nous avons souligné la nécessité d’un mécanisme de brisure de la symétrie de jauge sans quoi tous les fermions resteraient sans masse. à partir de sa première formulation par Enrico Fermi en 1934. après avoir souligné l’importante distinction entre la brisure de symétries globales et locales. nous avons discuté des principales caractéristiques et conséquences de chacune et. les interactions électromagnétiques et faibles en utilisant le groupe de jauge SU(2)xU(1). L’accord est qualitativement bon. le fameux mécanisme de Higgs dans le cas le plus simple du groupe U(1). Le huitième cours. où il y a trois familles de quarks et de leptons. dans ses grandes lignes. Dans le quatrième cours. d’une façon unifiée. « Autres conséquences du Modèle Standard ». « Interactions faibles : du modèle de Fermi à une théorie de jauge ». en même temps. Pourtant. celui qui concerne le soi-disant paramètre ρ. malgré la brisure de la symétrie. Même si conceptuellement la généralisation est simple. l’idée est née qu’une théorie de jauge puisse décrire. « Boson de Higgs et Lagrangien pour une seule famille ». a porté sur d’autres conséquences du modèle standard en particulier dans la physique de mésons K neutres et (en préparation des séminaires spécialisés du professeur Feruglio. au moins dans sa forme la plus simple. au moins d’introduire un nouveau type de neutrino qui est neutre par rapport à toutes les interactions de jauge. à travers les différentes découvertes expérimentales. apparemment choisi par la Nature. Ainsi. avec leurs avantages relatifs. « Supersymétrie et le MSSM ». En même temps elle permet à priori certains processus qui ne sont pas observés. ont été discutés. Ensuite. Italie) a donné deux séminaires intitulés « La physique de la saveur dans le MS » et « Violation de la symétrie CP dans le MS ».PARTICULES ÉLÉMENTAIRES. Italie). « Théories de Grand Unification ». Il a donné ainsi un cadre très complet de la situation actuelle à la fois expérimentale et théorique dans ce nouveau domaine très excitant de la physique des particules. Pise. le sujet des deux derniers cours et séminaires. le neuvième cours. Il a souligné qu’un accord entre la . les mélanges et oscillations des mésons K neutres. Le premier été centré sur la phénoménologie de la matrice CKM. nous dira sans doute si la supersymétrie existe bien aux énergies qui seront atteignables. le dixième cours. nous avons présenté des modèles. Néanmoins. a introduit le concept de supersymétrie.2. C’était. « Secteur de Higgs : questions de réglage fin » a entamé une critique bien connue du MS comme ayant besoin d’une quantité importante de « réglage fin » afin de maintenir la masse du boson de Higgs suffisamment basse. en même temps. Le nouvel accélérateur de particules du CERN. Premièrement. les tests d’unitarieté. 1. une introduction à certains modèles qui vont au-delà du MS. Donc la supériorité du modèle supersymétrique par rapport au modèle standard n’est pas de tout évidente. aussi que sur les bornes relatives aux processus de FCNC (tels que μ → e γ). le professeur Riccardo Barbieri (Scuola Normale Superiore. le LHC. d’abord comme construction théorique et après comme une possible résolution du problème de réglage fin discuté dans le neuvième cours. mélanges et oscillations des neutrinos : les données expérimentales » et « Masses. la supersymétrie n’élimine pas complètement ce problème. il a fait le point sur les tests de précision du MS à travers des expériences de physique atomique et surtout avec les données de l’accélérateur LEP du CERN. Les séminaires liés au cours Après les premières 8 heures de cours. le professeur Barbieri est encore intervenue à trois reprises. mélanges et oscillations des neutrinos : la théorie ». Dans le deuxième séminaire. GRAVITATION ET COSMOLOGIE 137 Après une première série de séminaires par les professeurs Riccardo Barbieri et Ferruccio Feruglio (voir ci-dessous). Les exemples des groupes SU(5) et O(10). Dans le onzième cours. dans « Le tests de précision du MS ». dits de Grand Unification (GUT). le professeur Barbieri a illustré les phénomènes de violation de la symétrie CP (toujours dans le système des K neutres) et leur calcul dans le modèle standard. où les trois interactions non gravitationnelles découleraient d’une théorie de jauge basée sur un groupe de jauge techniquement dit « simple » et donc avec des relations entre les différentes constants de couplage et les différentes masses des particules. Ces séminaires ont été suivis par deux autres donnés par le professeur Ferruccio Feruglio (Université de Padoue. qui a développé la physique des neutrinos dans le MS sous les titres « Masses. . Même si cette classe de théorie est esthétiquement attrayante. nous sommes toujours confrontés à des problèmes de divergences infrarouges qui nous empêchent. Dans son dernier séminaire. Voici un aperçu de cette activité de recherche. peu après. et le APC (après son départ du Collège). mais réadaptée. pour l’instant. 3. Un exemple de ce genre c’est la théorie dite du « techni-couleur ». Depuis 2005. au « Collegio di Milano » (un Collège qui réunit un nombre sélectionné d’étudiants universitaires de la métropole milanaise de toutes disciplines).1. son accord avec les tests de précision est loin d’être évident. d’arriver à des conclusions fermes. Dans ce cas de figure. Ensuite le séminaire « Modèles sans le boson de Higgs ». presente e futuro ». 3. Pologne) nous avons essayé de généraliser les modèles de mécanique quantique matricielle déjà étudiés au cas d’une théorie de champs supersymétrique en deux dimensions spatiotemporelles. Particules élémentaires Avec le professeur Jacek Wosiek (Université de Cracovie. et pourquoi les théoriciens de particules y sont tellement intéressés aujourd’hui. a été donnée. la chaire fait aussi partie de la Fédération « Interactions Fondamentales » avec le LPT-ENS. les LPNHE et LPTHE de Paris 6. « Où la nouvelle physique peut-elle se cacher ? ». comment elle s’est développée depuis sa découverte. Conférence sur la théorie des cordes pour les étudiants des lycées à Florence: son but était d’expliquer en quoi consiste la théorie des cordes. le professeur Barbieri a donné un panorama très complet des expériences qui pourraient dénicher de la physique qui va au-delà de celle du MS soit en utilisant de très hautes énergies (comme au LHC) soit par des mesures à basse énergie mais d’une très grande précision. 2. Activité de recherche Elle a porté sur les trois sujets de l’intitulé de la chaire en particulier sur les questions liées à la gravitation classique et quantique dans le cadre de la théorie des cordes. il n’y aurait pas une véritable particule de Higgs. suivi d’une liste des publications scientifiques correspondantes. Une conférence portant le même titre. suivie d’un débat. En dépit d’un progrès indiscutable.138 GABRIELE VENEZIANO théorie et les données expérimentales a besoin de corrections radiatives et que cet accord est tout à fait remarquable si le boson de Higgs est assez léger pour être produit aux énergies du LHC. Enseignement en dehors du Collège Mai 2008 : « 40 anni di teoria delle stringhe : passato. porta sur des modèles où le mécanisme de Higgs est induit par autre chose qu’un champ scalaire. Wosiek). le docteur Giovanni Marozzi (Université de Bologne). Publications 1. Les résultats.2. Maharana). Il s’agit de la publication d’un manuscrit. une phase de contraction qui. GRAVITATION ET COSMOLOGIE 139 3. Nous avons fait des progrès considérables. « Towards and S-Matrix description of gravitational collapse » (avec D.3. p. 2. rien est sortie en forme de publication sur ce sujet. soudain. obtenus dans un contexte complètement quantique. Gasperini et J. « Exploring an S-Matrix for gravitational collapse » (avec J. Utilisant des méthodes à la fois analytiques et numériques. se transforme en expansion sans qu’aucune quantité physique ne dépasse les bornes dictées par les dimensions finies des cordes (« cosmologie à rebondissement »). mais. 3. Gravitation L’étude théorique des collisions entre particules légères à énergies transplanckiennes.PARTICULES ÉLÉMENTAIRES. 3. Amati et M. « Non-local field theory suggested by Dual Models » dans « String theory and fundamental interactions » (éditeurs : M. Cette dernière année. Cosmologie La théorie des cordes suggère de nouveaux scénarios cosmologiques où la « singularité » du big-bang (c’est-à-dire l’instant où plusieurs quantités physiques seraient devenues infinies) est remplacé par un « big bounce ». a été poursuivie dans le but de mieux comprendre le problème de l’information en physique quantique des trous noirs. . Springer (2008). que je n’avais jamais terminé. écrit en 1973. « Exploring an S-Matrix for gravitational collapse II : a momentum space analysis » (avec J. 4. un progrès considérable sur ce problème a été accompli. nous avons essayé de vérifier si la contre-réaction à la production cosmologique de particules pourrait induire le rebondissement désiré. s’accordent très bien avec les estimations classiques et pourraient indiquer la façon avec laquelle l’information est récupérée dans un processus quantique de collision de particules ou de cordes. 4. Il est maintenant publié dans sa forme originale dans un livre avec les contributions d’un nombre de mes collaborateurs en l’occasion de mes 65 ans. nous avons résolu les équations de mouvement qui découlent d’une action efficace en deux dimensions de l’espace que nous avions proposé il y a une quinzaine d’années. avec le professeur Maurizio Gasperini (Universitè de Bari) et un jeune chercheur. Wosiek). JHEP02 (2008) 049. Récemment. 29. pour l’instant. JHEP09 (2008) 023. JHEP09 (2008) 024. Cette ligne de recherche a été poursuivie en collaboration avec le professeur Jacek Wosiek. Ciafaloni). avec les professeurs Daniele Amati (Université de Trieste) et Marcello Ciafaloni (Université de Florence). Santa Barbara. décembre 2007. atelier sur « Non-perturbative gauge theories » Édimbourg. UCSB/KITP. 10. « Diverse prospettive di sviluppo della teoria quantistica della gravitazione ». Conférences 5. 4. « Transplanckian Superstring Collisions I ». Bures-sur-Yvette. Émission de Radio France (France Culture). Colloque à l’Universitè de Bologne. 19. 6. 8. black holes. symposium « The two cultures : shared problems ». « Transplanckian scattering. Université des Hawaii. « String Theory : Is Einstein’s dream being realized ? ». mai 2008. « Towards an S-matrix description of gravitational collapse ». Collège de France. Paris. « Towards an S-matrix for gravitational collapse ». Orsay. avril 2008. tempo e materia : l’ultima parola è ancora quella di Einstein ? ». avril 2008.1. 12. « Transplanckian Superstring Collisions II ». séminaire joint des théoriciens. « La théorie des cordes est-elle morte ? ». 17. juin 2008. 14. « Towards an S-matrix for gravitational collapse ». janvier 2008. décembre 2007. conférence pour les étudiants du « Collegio di Milano ». 22. avril 2008. La Sapienza. « Il modello standard dell’Universo : successi ed enigmi ». Florence. 7. « Farewell talk : A sample of yet unfinished projects ». « Towards an S-matrix description of gravitational collapse ». 13. 20. Bruxelles. « L’unité de la physique et la cosmologie ». série « Cultures d’Europe ». 16. UCLA. « Towards an S-matrix description of gravitational collapse ». 15.140 5. « Recent progress in transplanckian scattering ». conférence pour étudiants des Lycées. mardi de l’Administrateur. octobre 2007. 3. 9. . « Le grand Collisionneur d’hadrons (LHC) du CERN et ses enjeux ». (à l’occasion de la chaire Blaise Pascal du Professeur Michail Shifman). mai 2008. juin 2008. 2. Paris. IHP. décembre 2007. 18. Conférence « Spazio. août 2007. conférence pour le 50e anniversaire de l’IHES. Universitad Autonoma Madrid. Genève. UCLA. juin 2008. Conférence grand public. Université de Californie à Irvine. « Planar equivalence : an update ». CERN. novembre 2007. Sesto Fiorentino. décembre 2007. Università di Roma. Conférences sur invitation GABRIELE VENEZIANO 1. avril 2008. Venise. « Did Time have a beginning ? ». « Le Modèle standard de l’Univers : Succès et énigmes ». juin 2008. 21. Université de Padoue. Colloque Université Pierre et Marie Curie. and the information paradox ». septembre 2007. conférence « Non perturbative gauge theories » GGI. « 40 anni di teoria delle stringhe : passato presente e futuro ». mai 2008. 11. mai 2008. septembre 2007. 5. « Planar equivalence : an update ». « 40 anni di teoria delle stringhe : passato presente e futuro ». 2. Organisation de conférences et d’ateliers Comme membre de la FRIF (Fédération de Recherche Interactions Fondamentales) la chaire a contribué à l’organisation d’un nombre d’ateliers à Paris. Paris. je fais partie d’un nouveau comité de l’Académie des sciences. ENS. Paris. Prix. le comité s’est réuni pour sélectionner les propositions d’atelier pour l’année 2009. CERN. GRAVITATION ET COSMOLOGIE 141 5. poursuivant le même but. Depuis. dont je faisais partie. Literary and Historical Society. . notamment : — « Black holes. 26-28 mai 2008. 8. Participation à des Comités — Comité d’évaluation de l’école de doctorat Galileo Galilei de l’ Université de Pise. — Membre du Comité d’organisation de la Conférence « Marcel Grossmann ». En novembre 2007. — Depuis janvier 2007 l’Institut de Physique Nucléaire Italien (INFN) m’a chargé de suivre les activités du GGI avec une présence de plusieurs semaines pendant chaque atelier. Groupes de travail Le groupe de travail de l’Académie des sciences « Unités de base et constantes fondamentales ». and the information paradox». — Chaire du « Wolfgang Pauli Committee ». black rings and modular forms ». IHP. 7. août 2007. a commencé ses travaux à l’automne 2007. qui. — « Gravitational scattering. black holes. Genève. Trois propositions ont été sélectionnées. Paris. juillet 2009. distinctions Juillet 2008 : James Joyce Award. a présenté ses recommandations finales au Bureau international des Poids et Mesures en octobre 2006. University College Dublin. 6.PARTICULES ÉLÉMENTAIRES. J’ai donc passé au GGI quelques semaines en automne 2007 et au printemps 2008 et je planifie d’y retourner pendant l’automne 2008. — Chaire de l’« Advisory Committee » de l’Institut Galileo Galilei (GGI) à Arcetri (Florence). nommé « Science et métrologie ». Irlande (sera consigné officiellement en mai 2009). . L’équipe de géodynamique comprend en 2008 treize personnes : trois chercheurs permanents. ce qui a permis une interaction plus étroite avec le laboratoire d’Édouard Bard. un ingénieur informatique et un agent technique permanents. L’intérêt de l’équipe repose sur la relation entre les processus de déformation superficielle et les processus profonds en mettant l’accent sur l’importance des forces de gravité et sur le rôle des fluides. . près d’Aix-en-Provence. Activités scientifiques de juin 2007 à juin 2008 Xavier Le Pichon avait dirigé le Laboratoire de Géologie de l’École normale supérieure. pour que l’équipe de recherche de sa chaire de Géodynamique forme avec l’équipe de recherche de la chaire d’Evolution du climat et de l’océan d’Édouard Bard une antenne du Collège de France accueillie par l’université Paul Cézanne. dans des locaux fournis par l’université Paul Cézanne d’Aix-Marseille. 2 et 3 octobre 2008 pour mener une réflexion sur les grands problèmes de géodynamique qui ont été traités depuis 1986 dans le cadre des cours de la chaire de géodynamique. Le 16 septembre 2005 le nouveau bâtiment dit « Trocadéro » mis à la disposition de l’antenne du Collège de France par l’Europôle de l’Arbois a été inauguré. Un colloque aura lieu à Saint Maximin dans le Var les 1er. Notre équipe de recherche a un accord-cadre avec la compagnie pétrolière Total pour profiter des synergies dans nos intérêts de recherche. un chercheur en cours de thèse. six post-doctorants.Géodynamique M. il s’est délocalisé près du laboratoire du Cérège sur l’Europôle de l’Arbois. Xavier Le Pichon. Au 1er juillet 2003. professeur COURS : Le cours n’a pas eu lieu. membre de l’Institut (Académie des Sciences). Ce colloque donnera lieu à la publication d’un livre. La connaissance du contexte géodynamique et tectonique est utile à la recherche pétrolière et c’est sur cette base qu’une collaboration scientifique avec l’industrie pétrolière a pu être développée. un agent technique sous contrat temporaire. Ce travail a été présenté lors du colloque organisé en juin 2007 à Aix en Provence. Le début des opérations de forage IODP avec le navire Japonais Chikyu a eu lieu fin 2007 sur Nankai (projet Nantroseize). Un second axe est lié à la technologie sous-marine avec en particulier une participation aux efforts internationaux pour implanter des observatoires sous-marins sur les marges continentales. la surveillance de la faille Nord Anatolienne en Mer de Marmara et le volet puits instrumentés de l’observatoire en Mer Ligure. ce qui nous permet de relocaliser la microsismicité de cette région prise en compte dans la détermination du risque sismique pour la centrale de Cadarache et le nouveau projet ITER. L’étude géodynamique de zones tectoniquement actives en collaboration avec l’Industrie s’appuie sur un accord-cadre avec la compagnie Total. Total) et de PME locales (SOACSY.144 XAVIER LE PICHON L’originalité de notre équipe tient à la coopération étroite avec l’industrie qui se traduit dans le financement de thèses. Deux sur les trois thèses sous contrat engagées sur ce thème ont été défendues à la fin de l’année 2007. Cet axe est sous la responsabilité de Claude Rangin. Il fera l’objet d’un numéro spécial de la Société Géologique de France qui sera publié au début de l’année 2009. un contrat de recherche avec le CEA. Un effort considérable a continué à se porter sur la compréhension du contexte géodynamique du grand séisme de Sumatra du 26 décembre 2004 qui avait été . Mais grâce à l’IRSN. Ces trois projets sont des projets à long terme. et des contrats ponctuels avec les PME locales. L’analyse de profils sismiques et leur vérité terrain est privilégiée. EOSYS). Les principaux chantiers sont l’étude de la zone sismogène sur la marge de subduction japonaise dans le cadre du programme de forage IODP. conçu en collaboration avec Géosciences Azur et l’Ifremer. Les chantiers Marmara et Ligure entrent dans le cadre du réseau d’excellence Européen Esonet. Avec le CEA et en collaboration avec Total. Une campagne effectuée avec le navire Atalante et le submersible Nautile d’Ifremer en mer de Marmara a eu lieu en mai et juin 2007 sous la direction de Pierre Henry pour étudier les sorties de fluide le long de la Faille Nord Anatolienne et leur lien possible avec l’activité sismique. Cet axe est sous la responsabilité de Pierre Henry. nous étudions la part de la tectonique gravitaire dans la tectonique active de la Provence en testant un modèle de glissement en masse sur des couches sédimentaires ductiles. toutes les recherches conduisant à des publications. de post-doctorants et de recherches. L’axe principal de nos recherches est l’étude géodynamique de zones tectoniquement actives menées avec la collaboration de grands organismes de recherche publics et industriels (CEA. Avec Total les projets sont centrés sur la déformation des réservoirs dans le bassin du Bengale et le Golfe du Mexique en privilégiant les relations entre déformation crustale et glissements superficiels dans leur cadre géodynamique global. L’objectif principal de la participation de l’équipe aux projets d’observatoire sous-marin est la compréhension du couplage fluide-mécanique dans les zones de faille et sous les pentes sous-marines instables. nous avons pu disposer des données du réseau sismique de la Moyenne Durance. Du 17/10/07 au 19/10/07 : Conférence au Colloque du Collège de France à Paris : « De l’autorité ». Une participation de Claude Rangin à la campagne de l’IFREMER  Sumatra Aftershocks  avait permis de participer à une analyse fine de la déformation sur cette marge de subduction très particulière. Du 15 au 16/04/08 : Conférence pour l’Office Chrétien des handicapés à Bruxelles (Belgique). Par ailleurs. Le 24 avril 2008 : Conférence pour la Société de Géographie à Marseille. Ce recueil met à la disposition des chercheurs sous forme électronique et graphique les synthèses géodynamiques (données et interprétations) obtenues dans le cadre de notre collaboration avec TOTAL et PEMEX. Il est le fruit de la stratégie de recherche que nous avons adoptée dans notre programme de géodynamique des zones actives menées avec l’aide de l’industrie. Il faut enfin noter la publication cette année à la Société Géologique de France et à l’American Association of Petroleum Geologists d’un recueil de travaux concernant la partie occidentale du Golfe du Mexique. Du 21/02/08 au 28/02/08 : « Comité DPDC du Concile Pontifical pour la Culture » (Réunion et visite d’évaluation à Rome (Italie). Du 17/08/07 au 21/08/07 : Conférence au Colloque « Science and Truth » à Rimini (Italie). Du 16/11/07 au 19/11/07 : Meeting DPDC — Projet STOQ — Universités Pontificales Romaines à Rome (Italie). Nous préparons maintenant un nouveau recueil sur nos programmes concernant la Marge du Golfe du Bengale. Activités diverses de Xavier Le Pichon Le 11 juillet 2007 : Réunion de travail chez TOTAL / La Défense — Réunion de travail sur projets Mexique et Sumatra. Ils mettent en évidence le rôle structurant des rides des zones de fracture océaniques qui sont subduites obliquement sous la marge. . Le 11 juin 2008 : Conférence sur la Tectonique des Plaques au Musée de la Géologie de Digne (Alpes de Haute Provence). Du 19/09/07 au 20/09/07 : Conférence au Colloque OCT (Ocean-Continent Transition) à l’Institut Océanographique à Paris. Jing Yi Lin et Tanguy Maury ont repris la localisation des microséismes enregistrés durant la campagne. Le 23 janvier 2008 : Séminaire au Laboratoire Départemental de la Préhistoire du Lazaret à Nice. Les résultats obtenus ont été publiés dans deux articles et les résultats finaux ont été présentés dans deux autres articles soumis à publication. Du 03/12/07 au 05/12/07 : Conférence inaugurale au Symposium « Middle East Basins Evolution » à Paris.GÉODYNAMIQUE 145 l’objet du cours principal de Xavier Le Pichon en 2006. Du 08/04/08 au 11/04/08 : Discours inaugural du Consortium Interuniversitaire « Scuola per l’Alta Formazione » du 8 au 11 avril à Catane (Italie). . Xavier. n° 2. 552-270.. Tokyo.. D. Soc. doi :10. France. N. H. Le Pichon X. Lin. Charlotte Le Roy C... 59. C. Gravity Tectonics and Plate Motions: The western margin of the Gulf of Mexico. Tardy M. (Eds) — Le printemps des chercheurs 2008 : 44-47. 179. Mercier de Lepinay.. 112.. T.-K. Sci. G. and Klingelhoefer.C. Sumatra Earthquake research indicates why rupture propagated northward. Flotté N. Henry. 117-128.. A new interpretation of deep penetration multichannel seismic reflection lines. 147-160 Le Roy C. and Le Pichon X.01. 2. and Peterson-Rodriguez R. 6. Introduction. 2007..-C. Bull. Henry.. 179. Soc. Aranda-García M. 2007. Rangin. Catteneo. Tertiary extension in the northern Gulf of Mexico. Soc.Y. Numerical model of fluid pressure solitary wave propagation along the decollement of an accretionary wedge : application to the Nankaï wedge.. Geofluids. J.. Lin. P. n° 2. J. C. Res.-L. EOS. (2008). The Rio Bravo Fault. Fluide rime-t-il avec séisme. 88-103. 221-225. Cagatay. Heat Flow...N. M. Flotte N. Rangin C. 86. Bourlange. 175-185. Yamaguchi. Neogene crustal shear zone along the western Gulf of Mexico margin and its implications for gravity sliding processes: Evidences from 2D and 3D multichannel seismic data. Hai Nguyen Thi Ngoc. S.146 XAVIER LE PICHON Publications de l’équipe de Géodynamique depuis juin 2007 Origin of the Southern Okinawa Trough volcanism from detailed seismic tomography. Sibuet. 2008. Umber. 26th December 2004 Great Sumatra-Andaman Earthquake : co-seismic and post-seismic motions in northern Sumatra. Geophys. France... Le Pichon X. Japan.C. Neogene left-lateral shearing along .. and L. Pekdeger. 107-116.. Aranda-Garcia.C.09. Zitter.. Geol. F. J.. Zitter T.. G. figures on CD..1029/2006JB004703. Deep Sea Research Part 1 55 (4)... Malod. Earth Planets Space. Martinez-Reyes. C.. Lett.. 179.Bull. Thermal regime of the NW shelf of the Gulf of Mexico. P. Graindorge. Henry P. Bull. Martinez Reyes J. and Martínez-Reyes J.. (2008). Aloisi. Husson L. Husson.2008. Schneider. C. a new interpretation of multichannel seismic data. France.. Rangin.. P.. J. Geol.1016/j. Rangin C. and the Sumatra Aftershocks Team. Le Roy C... Henry. Soc. Earth Planetary Science Letters. F. Rangin. S.. Andréani L. (2008)... In : Lima. P. and the Sumatra Aftershocks Team. S. (2008).. Active margins. 2007. J. Geol. B. Bulletin de la Société Géologique de France. G. n° 2. Al-Samir. A. dont Rangin Claude. doi : 10. 2007. J. Cenozoic crustal deformation of the offshore Burgos basin region (NE Gulf of Mexico). Sibuet. and Rangin C.-Y. (2008). J.. Le Pichon. J.. Klingelhoefer. Andréani L. and C. SINGH. Spatial variations in the frequency magnitude distribution of earthquakes in the southwestern Okinawa Trough. Wallmann... Lee. Inserm.1016/j. Delaygue. Le Pichon. France. 161-174. and Hsu. C. Lee. France. Flotte N. S.. Tesmer... Rangin C.. J. Earth Planet. 2005. Soc. M. editor : Ocean Policy Research Foundation. X.. 179. J. 179. 263..005. epsl2007.-K. T. Bull.. Fornacciari... S.. in The establishment of the outer limits of the continental shelf beyond 200 nautical miles — Its international circumstances and its scientific aspects. M. F. M. Le Pichon X.. 179.002. and Martinez-Reyes J. Bull. 497-502. Lin. Rangin. Maury. Geol.... Hsu.dsr.. doi: 10.. Le Pichon X. n° 2. 1-12. a major late Eocene-Oligocene left-lateral shear zone.. Husson L. Singh. A. Le Pichon X.. Geol.A. B08308. and Lericolais. Sultan. Cold seeps along the main Marmara fault in the Sea of Marmara (Turkey). K. 153-165. S. in press.. 139-145. Aranda-Garcia M.S..-Y. Sibuet. n° 2. M. and Hsu S. Le Pichon X. X. Microseisismicity and faulting in the southwestern Okinawa Trough.-Y. Klingelhoefer. (2008). Tectonophysics..-C. Le Pichon. Lee C. Geophys. Rangin. Rangin C. 20.. Lee C. S. in Antoine Compagnon (sous la direction de). A. and Henry.. Paris.-Y. and Crozon J. northeastern Taiwan. Collard. F. (2008). in press. Revil. Tectonics. (2008).. and Sibuet J. S.. Chamot-Rooke. M. Masson. Linde.. Bolève. Lin.. Klingelhoefer F. and Rangin.. (2008). 195-208.GÉODYNAMIQUE 147 the Veracruz Fault: the eastern boundary of the Southern Mexico Block. accepted. S.2007. J. N. C. Sibuet J. A.... accepted. 179. De l’autorité. P.. 150-153. 209-223. C. T. Sibuet J.. Soc.-C.. U Min Swe. Geophys... U Than Min. X (2008).. (2008). Hsu S.-C. Byrdina. S. Sismicité et volcanisme dans le sud-ouest du bassin arrière-arc d’Okinawa (Nord-Est Taiwan). Lin J.-K. France. Bulletin de la Société Géologique de France. France. n° 2. Structure of the Okinawa Trough from reflection and wide-angle seismic data. . Detection and localization of hydromechanical disturbances in a sandbox using the slfpotential method. A. Maurin. Terra Nova. Northward rupture propagation of the 2004 Sumatra-Andaman Earthquake to 18°N: Evidences from geodetic and marine data in southern Myanmar. Lin J. Res. Geol. Lin J. J..-Y.-K. L’adoption d’une théorie scientifique. U Win Naing.. 195-216. Odile Jacob.030. A.-Y. F... and Klingelhoefer F. available online 28 November 2007. l’effet de serre. Lee C..11.2007.-K. and Martinez-Reyes J.1016/j. U Khin Maung Kyi (2008). Variations of b-values at the western edge of the Ryukyu subduction zone. available online 28 November 2007. N.11. T. accepted. Sibuet J. 179. Jardani.. in press.. doi :10. Andréani L. in press. The Southern Mexico Block : main boundaries and new estimation for its Quaternary motion. Le Pichon. doi :10. Hsu S. Crespy... tecto.. Bull.-C. la Tectonique des Plaques. Soc. Delescluse. Pelleau P. Auffret Y.1016/j. Tectonophysics.. J.031. F.tecto. Geol.. Bull. Structure and kinematics of the Indo-Burmese Wedge : recent and fast growth of the outer wedge. P.. n° 2. Res. Maurin. Pollitz. . Ces variations du cycle du carbone ont été accompagnées d’une chute de la teneur atmosphérique en gaz carbonique (plus de 500 ppm en moins de 10 millions d’années). Édouard Bard. matérialisée par une augmentation de la productivité planctonique de la zone australe. nous avons abordé en détail la transition Eocène-Oligocène. de la profondeur de compensation de la calcite. La période en question va de l’optimum du début de l’ère Tertiaire aux glaciations du Quaternaire. Elle correspond aussi à une transition faunistique bien connue depuis le début du xxe siècle (« Grande Coupure » de Stehlin). . Le cycle du carbone a lui aussi subi une variation importante. d’environ un kilomètre. Après avoir revu brièvement les causes de l’optimum éocène. une élévation du rapport 13C/12C océanique et un approfondissement. professeur Histoire du climat : d’une Terre chaude à l’Eocène aux glaciations du Pléistocène Le cours de cette année a été consacré à la suite de l’histoire du climat de la Terre abordé en 2006-2007.Évolution du climat et de l’océan M. Cette glaciation a été accompagnée d’une perturbation massive de l’érosion chimique globale mise en évidence par des indicateurs isotopiques (par ex. il y a environ 33 millions d’années. montre bien que les deux pôles se sont englacés de façon synchrone. Il s’agit d’une transition climatique majeure mise en évidence à l’échelle mondiale dans les sédiments marins et continentaux à toutes les latitudes. L’étude de la distribution des débris rocheux transportés par les icebergs. Lors du cours. en Atlantique Nord et dans les Océans Arctique et Austral. La comparaison entre les données des isotopes de l’oxygène et de paléotempératures océaniques suggèrent que cet événement correspond à une augmentation drastique du volume des glaces polaires. isotopes du strontium) et minéralogiques (distribution des minéraux argileux). une attention particulière a été portée sur l’événement Oi-1. Les faunes se sont adaptées à ces changements de la végétation et du climat. Néanmoins. à de fortes températures et à des saisons sèches. avec une configuration orbitale particulière caractérisée par une faible insolation estivale aux hautes latitudes.150 ÉDOUARD BARD Plusieurs types de causes ont été proposés pour expliquer la dégradation climatique de la transition Eocène-Oligocène. graminivore) et l’adaptation à la course dans un paysage de steppes et de savanes ouvertes. L’ouverture des passages de Drake et de Tasmanie et l’établissement du courant circumpolaire antarctique. ces configurations orbitales favorables aux . L’analyse des isotopes de l’oxygène aux différentes latitudes de l’océan mondial. Les variations orbitales expliqueraient la nature abrupte du phénomène. des causes liées à l’influence de la géodynamique sur le cycle du carbone : d’une part. en particulier les mammifères avec les évolutions caractéristiques des équidés et des proboscidiens traduisant les changements de régime alimentaire (folivore vs. Et enfin. Cette période correspond aussi à l’expansion des plantes en C4. indique que le forçage prépondérant est l’effet de serre du gaz carbonique. Les variations orbitales pourraient expliquer certains événements comme l’épisode glaciaire Mi-1 vers 23 millions d’années et l’intensification des glaciations à partir de trois millions d’années. il y a environ 25 millions d’années. la surrection de l’Himalaya et du plateau Tibétain a eu un impact majeur sur la circulation atmosphérique. Les reconstitutions de la teneur en gaz carbonique ne montrent pas d’accord entre les différents indicateurs. montre que le climat mondial se réchauffe fortement à la transition OligocèneMiocène. Plusieurs causes ont été envisagées pour expliquer la dégradation mio-pliocène. notamment ceux des graminées. une baisse limitée d’environ un quart du taux d’accrétion océanique et d’autre part (surtout) la conséquence de la collision de la plaque Indienne avec le continent asiatique. L’étude des sédiments océaniques et continentaux confirme le caractère mondial du réchauffement miocène. la mousson et sur l’altération physique et chimique des roches cristallines de cette région du globe. l’enregistrement considéré comme le plus fiable ne montre pratiquement pas de variation de la pCO2 entre 20 et 7 millions d’années avant le présent ce qui suggère que d’autres causes sont à l’origine des fluctuations climatiques observées. Néanmoins. adaptées à de basses teneurs en CO2. ainsi qu’à partir d’une hausse généralisée du rapport isotopique 13C/12C mesuré dans les dents d’herbivores. La transition de la flore est reconstituée à partir des pollens. Des causes d’origine astronomique. Le climat mondial se refroidit progressivement à partir du milieu du Miocène. n’auraient qu’un rôle secondaire. mais ce n’est que vers trois millions d’années avant le présent que le climat se dégrade vraiment avec une nouvelle intensification glaciaire au Pliocène. les paléosols et la matière organique sédimentaire. En effet. Des causes physiographiques (ouverture des passages de Drake et de Tasmanie) expliquant l’établissement du courant circumpolaire de l’Océan Austral qui aurait entrainé l’isolement climatique de l’Antarctique et son entrée en glaciation. La modélisation numérique prenant en compte ces différents effets. La période considérée correspond effectivement à l’établissement de la circulation moderne avec l’ouverture du détroit de Fram. d’autre part. montre que l’influence du cycle de précession d’environ 19-23 000 ans est pratiquement absent avant 900 000 ans et .4 million d’années et d’environ 100 000 ans après 700 000 ans avant le présent. Ces multiples modifications de l’océan ont eu de nombreuses répercussions sur le climat mondial.ÉVOLUTION DU CLIMAT ET DE L’OCÉAN 151 glaciations sont cycliques et il est donc probable que d’autres causes sont responsables de la tendance à long terme sur plus de dix millions d’années. La prise en compte de la stratification du Pacifique Nord semble indispensable pour expliquer l’installation de la calotte nord-américaine. Même si les continents avaient à peu près leurs géométries et positions actuelles. la migration vers le Nord de la Nouvelle-Guinée serait à l’origine du refroidissement de l’Océan Indien et de l’assèchement de l’Afrique de l’Est entre quatre et trois millions d’années avant le présent. traduisant les contrastes de salinité de surface et de ventilation profonde de ces deux océans. Par contre. Au niveau de la zone intertropicale. D’autres séries géochimiques ont permis de mettre en évidence l’établissement de la stratification en salinité du Pacifique Nord (halocline) vers trois millions d’années avant le présent. la cyclicité d’environ 100 000 ans fait encore l’objet de nombreuses recherches car le cycle de l’excentricité orbitale. Le cycle de 41 000 ans est clairement lié au cycle de l’obliquité de l’axe de rotation de la Terre. Par ailleurs. il est nécessaire de considérer les résultats de la modélisation numérique. une évolution de la fréquence des épisodes glaciaires : avec une cyclicité de 41 000 ans avant 1. conduisant globalement à l’installation de grandes calottes de glace dans l’hémisphère nord. L’étude de la répartition des faunes et la mise en évidence de migrations à grande échelle (ex. on assiste à une évolution caractéristique des cycles glaciaires : d’une part une lente intensification des glaciations (les calottes sont de plus en plus volumineuses) et. des deux Amériques). plusieurs « petits » changements de la physiographie ont probablement eu un impact sur la circulation océanique globale. Les simulations récentes confirment l’impact de la fermeture de l’Isthme de Panama sur la température et les précipitations de l’hémisphère nord. la bande de fréquence de 100 000 ans est relativement diffuse et pourrait être liée à des multiples de l’obliquité (82 000 et 123 000 ans). la fermeture de l’Isthme de Panama et un changement de la géométrie du Passage Indonésien. son influence sur l’insolation étant extrêmement faible. ne peut en rendre compte. ont permis de suivre ces changements sur les continents. Afin de quantifier l’impact des variations des flux de chaleur océanique sur l’évaporation et les précipitations. Au cours des quatre derniers millions d’années. d’environ 100 000 ans. étudiée finement à partir du rapport 18O/16O de l’océan profond. L’impact de ces variations physiographiques sur la circulation océanique est indéniable comme le montre l’analyse géochimique comparée des sédiments carbonatés de l’Atlantique et du Pacifique. L’évolution du volume des glaces continentales. la présence en base de calotte de sédiments gorgés d’eau qui favorisent l’écoulement (couche lubrifiante). Le faible volume des calottes antérieures à la transition serait une condition de cette compensation. qui peut pénétrer dans les crevasses jusqu’en base de calotte. D’autres chercheurs pensent que l’énergie solaire totale reçue en été contrôle la vitesse de variation en masse des calottes. comme l’élévation de l’inlandsis qui contribue à sa préservation. est appelé la « transition mi-Pléistocène » (MPT en Anglais). Avant la transition mi-Pléistocène. Plusieurs hypothèses ont donc été proposées pour en rendre compte. notamment les différents facteurs qui régissent l’accumulation hivernale et l’ablation estivale. Cette énergie totale estivale dépend essentiellement de l’obliquité ce qui expliquerait la dominance de cette fréquence avant la transition mi-Pléistocène. Une autre explication possible est l’érosion mécanique du régolithe.152 ÉDOUARD BARD qu’il apparaît dans les enregistrements avec le cycle de 100 000 ans. Ce bouleversement des caractéristiques. Pour comprendre les causes de cette évolution. Le bilan de masse dépend évidemment de la température et des précipitations sous forme de neige. les données disponibles sur la pCO2 ne suggèrent pas d’évolution significative dans ce sens (l’enregistrement sur 800 000 ans à partir des bulles d’air des glaces de l’Antarctique montrant même une augmentation de la pCO2 des périodes glaciaires). en amplitude et fréquence du phénomène glaciaire. la subsidence isostatique qui entraîne une rétroaction positive sur la croissance et la fonte de la calotte. Il est aussi crucial de tenir compte d’autres facteurs qui agissent sur le bilan de glace. Plusieurs mécanismes ont été envisagés pour expliquer les caractéristiques de la transition mi-Pléistocène. ce phénomène pouvant être amplifé par l’eau des lacs supraglaciaires. formée pendant la fonte estivale. Certains chercheurs ont envisagé qu’une baisse à long terme de la teneur atmosphérique en gaz carbonique aurait favorisé les glaciations. . la présence du régolithe. Néanmoins. la formation d’une plate-forme ou barrière de glace (ice shelf en Anglais) lorsque la calotte déborde sur l’océan. Cependant. L’érosion de cette couche lubrifiante aurait ensuite permis aux calottes de croître beaucoup plus en altitude et donc en volume global. Cette hypothèse est fondée sur des observations géologiques suggérant que les calottes précédant la transition auraient été très étendues en surface alors même que leurs masses étaient plus faibles (en particulier la calotte nord-américaine). couche d’altérite formée aux périodes chaudes du Tertiaire. aurait conduit à l’étalement des calottes. les paramètres orbitaux ne permettent pas d’expliquer à eux seuls la transition graduelle en amplitude et fréquence. L’absence des cycles de précession dans l’enregistrement du volume des glaces continentales pourrait être expliqué par une compensation des variations des inlandsis des deux hémisphères subissant des changements d’insolation en antiphase. j’ai fait quelques rappels sur la dynamique des calottes de glace. Les données paléothermométriques indiquent un refroidissement généralisé d’environ 4 °C pendant les phases glaciaires. mais relativement lent en moyenne mondiale : quelques degrés sur dix mille ans. la cartographie des banquises des deux hémisphères suggère que leur influence était beaucoup plus marquée pendant les phases froides. Ce forçage serait dominant sous les tropiques ce qui expliquerait leur refroidissement d’environ 2 °C. notamment le CO2 (baisse de 100 ppm). notamment en raison de l’influence de l’océan sur les plateformes de glace périphériques ainsi que d’autres connexions possibles liées à des rétroactions du cycle du carbone comme en témoignent l’émergence du cycle à 100 000 de la pCO2 atmosphérique et les variations du rapport isotopique 13C/12C benthique de l’Atlantique et du Pacifique (et du gradient entre ces deux océans).ÉVOLUTION DU CLIMAT ET DE L’OCÉAN 153 Des inlandsis beaucoup plus gros auraient conduit à une synchronisation interhémisphérique. La datation uranium-thorium des coraux fossiles indique que le niveau marin s’est abaissé de plus d’une centaine de mètres pendant les glaciations et a dépassé le niveau actuel pendant quelques périodes rares et brèves. L’augmentation postglaciaire du CO2 atmosphérique n’est pas la cause du réchauffement initial. De multiples indicateurs mesurés dans plusieurs types d’archives géologiques permettent de reconstituer le climat des grandes glaciations du dernier million d’années. Au premier ordre. La comparaison de séries de température aux différentes latitudes indique une amplification d’environ un facteur deux à trois. Ces grandes fluctuations du cycle du carbone à partir de la transition mi-Pléistocène signalent la séquestration du CO2 dans l’océan profond et illustrent l’importance probable de l’effet de serre pour expliquer la sévérité des conditions glaciaires postérieures à la transition. traduisant l’existence de rétroactions positives spécifiques aux zones polaires. l’effet de la solubilité (4 %/°C ≈ 10 ppm/°C) n’est . La moitié de cette hausse serait liée à la réduction de moitié de la calotte Groenlandaise. Le réchauffement post-glaciaire est rapide à l’échelle géologique. avec une amplification marquée sur les continents et les latitudes les plus hautes. En particulier. Le bilan des forçages radiatifs de la dernière glaciation suggère que la baisse des teneurs en gaz à effet de serre. La dernière transition glaciaire-interglaciaire a été étudiée avec une bonne résolution temporelle ce qui permet de quantifier les déphasages entre les multiples paramètres du climat. est responsable pour environ un tiers de la perturbation climatique. les observations de l’amplification polaire et du refroidissement tropical sont compatibles avec la sensibilité climatique estimée par les modèles numériques. de niveau marin et de pCO2 globalement en phase. notamment le Dernier Interglaciaire centré vers 125 000 ans avant le présent (environ + 7 m). Ainsi. mais il n’est pas non plus une simple réponse au réchauffement océanique. Par exemple. la comparaison entre les enregistrements des sédiments marins et des glaces polaires montre que les grands cycles glaciaires d’environ 100 000 ans sont caractérisés par des variations de température. Néanmoins. 130 m en 15 000 ans. . 10 °C en quelques décennies au Groenland) et des refroidissements transitoires : l’événement du Dryas Récent dans l’Hémisphère Nord et le Renversement Froid Antarctique dans la zone Australe (Antarctic Cold Reversal en Anglais). Dans sa jeunesse. Globalement. L’augmentation de CO2 observée. il y a environ 14 500 ans. La remontée moyenne est relativement lente. différentes observations ont permis de mettre en évidence la variabilité de l’activité du soleil. un colloque de séminaires a été consacré au rôle du Soleil comparé à ceux des autres forçages climatiques.154 ÉDOUARD BARD responsable que d’environ 20 ppm. La comparaison et la modélisation géophysique des niveaux marins observés en Atlantique et dans le Pacifique permettent de localiser les sources de glace et la chronologie de la fonte des différents inlandsis de la dernière période glaciaire. son activité a augmenté d’environ 30 %. Le réchauffement semble avoir été initié par l’augmentation de l’insolation estivale liée aux variations de l’orbite terrestre. varie en fait à de nombreuses échelles de temps. ont permis ainsi de démontrer l’existence d’une cyclicité très prononcée de 11 ans. mais précède l’essentiel du réchauffement. au cours des derniers siècles. l’enregistrement le plus fiable est celui du niveau marin obtenu par la datation uranium-thorium des coraux fossiles prélevés en forant les récifs coralliens. Depuis la formation du Soleil. CH4. Plus proches de nous. il y a environ 4. la « constante solaire » (l’éclairement ou l’irradiance). Dans certaines zones. la surface de la Terre recevait donc moins d’énergie. La fonte des calottes de glace peut être étudiée en cartographiant et en datant les moraines terminales sur les continents. notamment ceux des îles de La Barbade dans les Caraïbes et de Tahiti en Polynésie. Il s’agit d’une rétroaction positive expliquant environ le tiers de l’amplitude thermique. les enregistrements indiquent même de grandes amplitudes. le niveau marin suit le réchauffement postglaciaire avec un retard de plusieurs millénaires. N2O) a suivi les premiers signes locaux d’élévation de température. mais elle ponctuée d’accélération(s) causée(s) par la débâcle des calottes : plusieurs mètres par siècle pour l’événement « Melt Water Pulse 1A » qui a eu lieu. ce qui a probablement contribué à expliquer certaines périodes de glaciation extrême. Les aurores boréales. ainsi que les taches solaires observées depuis l’invention de la lunette astronomique. ainsi que des variations cycliques ou irrégulières sur plusieurs dizaines et centaines d’années. des accélérations brusques (par ex.6 milliards d’années. environ 100 ppm. est liée à de nombreuses rétroactions du cycle du carbone impliquant notamment l’océan profond comme le montrent les enregistrements du 13C/12C des foraminifères benthiques. L’augmentation de l’effet de serre (CO2. La chronologie et la structure du réchauffement postglaciaire sont variables d’une région à une autre. Pour compléter le cours sur l’histoire du climat. Le flux d’énergie reçue du Soleil. depuis seulement une trentaine d’années. les isotopes cosmogéniques. lancé en 1995. mais aussi d’en prévoir l’évolution.ÉVOLUTION DU CLIMAT ET DE L’OCÉAN 155 Ces variations de l’activité solaire ont pu être rapprochées des hauts et bas climatiques en Europe. du Laboratoire Plasmas Stellaires et Astrophysique Nucléaire du CEA. tendance qui au plus serait très limitée. leur très bonne correspondance est une preuve de leur fiabilité comme traceurs de l’activité du Soleil. Des modèles de complexités différentes permettent ainsi de tester différentes hypothèses de fonctionnement. tous ces enregistrements sont trop indirects pour permettre de quantifier par eux-mêmes les variations du flux d’énergie solaire. notamment des différentes composantes sensibles à l’activité du soleil. Des mesures du flux de particules cosmiques mais aussi de la perturbation du champ magnétique à la surface de la Terre. C’est pour cette raison que le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) n’attribue à l’augmentation du flux d’énergie solaire qu’une contribution très limitée au réchauffement global du dernier siècle. Malheureusement. formés par l’interaction du rayonnement cosmique sur l’atmosphère. il a fallu attendre les mesures suffisamment précises des satellites. D’autres mesures indirectes de l’activité du soleil permettent des reconstitutions avant l’ère des satellites. à Saclay. Au-delà. les nombreuses études qui ont tenté d’expliquer les variations climatiques des derniers siècles aux derniers millénaires à l’aide de l’activité du soleil ne reposent que sur des corrélations empiriques. le « Petit Age Glaciaire » du xive au xviiie siècle correspond globalement à une période de faible activité du Soleil (Minima de Maunder. Ainsi. Comme l’origine commune aux enregistrements de ces deux isotopes est l’activité du Soleil. reconstitués par les historiens. Tel était le but de ce colloque. tandis que le réchauffement global du climat qui a suivi est contemporain d’une augmentation de cette activité. notamment le carbone-14 et le béryllium-10. Une partie de la dynamique interne du . tous deux contrôlés par le champ magnétique solaire. Pourtant. L’éclairement total varie ainsi d’environ 0. et confirmés par les paléoclimatologues. a ainsi exposé l’apport de la modélisation à la connaissance du fonctionnement de notre étoile. permettent de remonter sur plus d’un siècle. Les mécanismes physiques qui pourraient expliquer l’impact climatique de l’activité solaire restent à découvrir. ont conduit à une vision nouvelle du Soleil.1 % au cours d’un cycle de 11 ans. Spörer et Wolf). Ces trente années d’observations ne permettent pas de prouver l’existence d’une tendance pluridécennale de l’éclairement. pour pouvoir quantifier ce flux d’énergie solaire et en démontrer les variations. Pour cette raison. qui se proposait ainsi de faire le point à la fois sur le fonctionnement du Soleil et sur celui du système climatique. L’enjeu de cet impact sur la prévision des changements climatiques futurs est tel qu’il est très important de progresser par des approches pluridisciplinaires associant les astrophysiciens aux climatologues. Sylvaine Turck-Chièze. sont des outils très précieux car ils permettent de remonter sur plusieurs milliers d’années dans le passé. Elle a aussi dressé un bilan des connaissances actuelles et rappelé que les observations du satellite SoHO. de l’Office Météorologique Britannique (Meteorological Office. il a été proposé que leur formation pourrait être influencée par l’activité du Soleil. Gérard Thuillier.156 ÉDOUARD BARD Soleil a été élucidée. les modèles permettent de décomposer cette réponse entre les différentes interactions propres au système climatique. à Verrières-le-Buisson. Gérard Thuillier nous a présenté l’expérience PICARD dont l’objectif est de mesurer l’irradiance solaire totale ainsi que le diamètre du soleil. mais de nouveaux projets sont en cours afin de fournir de nouvelles données. a montré quels sont les impacts de l’activité du Soleil sur l’environnement de la planète Terre. Olivier Boucher. notamment le cycle du carbone. notamment dans le cadre du GIEC. a exposé les principales propriétés radiatives des nuages et les différents moyens de mesure de ces propriétés à l’échelle globale. cependant des questions persistent encore sur le cœur solaire et sur l’interaction entre le champ magnétique de la région radiative et celui de la région convective. a montré comment les modèles climatiques permettent de mieux comprendre la réponse du climat à une perturbation externe (sensibilité du climat à un forçage). qui présente une variabilité bien supérieure à celle de l’irradiance totale. En outre. Hadley Centre). Enfin. Il a également insisté sur la composante ultraviolette (UV) de ces émissions. Claudia Stubenrauch. a expliqué comment les modèles actuels du climat prennent en compte les interactions internes au système climatique basées sur les cycles biogéochimiques. Thierry Dudok de Wit. Sandrine Bony-Léna. Il n’existe pas d’accord général pour les reconstitutions de l’éclairement solaire total pour le passé. Ainsi. du Service d’Aéronomie du CNRS. du même Laboratoire de Météorologie Dynamique. il est donc capital d’avoir des mesures aussi complètes que possible de cette composante. a ensuite exposé les principaux forçages climatiques et les mécanismes possibles de l’impact climatique du soleil. ces deux paramètres étant peut-être liés. Ces modèles prévoient ainsi que ces interactions amplifient un réchauffement dû aux gaz à effet de serre. en termes de bombardement de particules et d’émissions d’ondes électromagnétiques notamment. du Laboratoire de Physique et Chimie de l’Environnement et de l’Université d’Orléans. Ces modèles sont utilisés pour réaliser des projections des changements climatiques sur le prochain siècle. du Laboratoire de Météorologie Dynamique du CNRS et de l’Ecole Polytechnique. plutôt que de le limiter. le cycle 24. Les nuages jouent des rôles importants mais complexes dans le système climatique. Un des résultats importants est de limiter la contribution des nuages à environ un quart de la réponse globale . En particulier. Cette expérience embarquée devrait être mise en orbite l’année prochaine dans les conditions idéales de développement du prochain cycle solaire. et dont l’impact sur la stratosphère (via la formation de l’ozone) pourrait représenter un mécanisme important. Claudia Stubenrauch a ainsi montré que les différents types de mesures par satellites sont complémentaires et doivent être associées afin d’avoir une information complète sur les différents nuages et leurs propriétés. Ecole Normale Supérieure. Ecole Polytechnique) « Modélisation de la réponse du climat à un forçage externe ». Aix-en-Provence. Bruxelles et Cambridge). Belgique) « Notre exceptionnellement long interglaciaire ». Utrecht-Texel.ÉVOLUTION DU CLIMAT ET DE L’OCÉAN 157 du climat. Ecole Polytechnique) « Propriétés des nuages et leur variabilité à partir des observations spatiales ». Verrières-le-Buisson) « Les forçages externes du système climatique et l’expérience PICARD ». — Sylvaine Turck-Chièze (Laboratoire Plasmas Stellaires et Astrophysique Nucléaire du CEA. mais dont les objectifs de recherche se rejoignent. Ce colloque a permis de faire le point sur l’état des connaissances actuelles et des nombreuses questions qui subsistent encore. Institut d’Etudes Politiques : « Notre société face au climat ». Cette journée consacrée aux variations climatiques et au rôle du Soleil et autres forçages externes fut l’occasion de réunir des scientifiques appartenant à différentes communautés. 22 mai 2008 : « Paleomonsoon records viewed from the ocean ». Autres cours et conférences de l’année 2007-2008 Aix-en-Provence. — Sandrine Bony-Léna (Laboratoire de Météorologie Dynamique. — Gérard Thuillier (Service d’Aéronomie du CNRS. — Claudia Stubenrauch (Laboratoire de Météorologie Dynamique. CNRS et Université d’Orléans) « Relations Soleil-Terre et le rôle de la composante UV ». Ainsi. Hadley Centre. Ecole Normale Supérieure. Europôle de l’Arbois : « Variations climatiques naturelles et anthropiques ». Belgique) « Isotopes des gaz dans la glace et changements climatiques ». Les séminaires de l’année 2007-2008 En complémentarité avec les douze cours (à Paris. cette composante du climat ne pourrait amplifier les variations de l’activité solaire de manière plus importante. 22 janvier 2008. — Thierry Dudok de Wit (Laboratoire de Physique et Chimie de l’Environnement. CNRS. CNRS. Chicago. neuf séminaires ont été organisés dont la liste est donnée ci-dessous par ordre chronologique. Lamont-Doherty Earth Observatory de l’Université Columbia New York. Angleterre) « Cycles biogéochimiques et rétroactions climatiques ». même si l’activité solaire jouait un rôle via ces nuages. 3 décembre 2007. Dans le cadre du colloque intitulé : « Variations climatiques : rôle du Soleil et des autres forçages externes » organisé le 30 mai 2008 à Paris (Amphithéâtre Marguerite de Navarre) : — Edouard Bard (Collège de France) « Perspectives historiques et paléoclimatiques ». . — Roland Souchez (Université Libre de Bruxelles. Kiel. Saclay) « Fonctionnement du Soleil et origines de sa variabilité ». — Olivier Boucher (Meteorological Office. Dans le cadre du colloque intitulé « Climats du passé et du futur » organisé le 13 février 2008 au Palais des Académies de Belgique (Bruxelles) en collaboration avec l’Université Libre de Bruxelles : — André Berger (Université Catholique de Louvain. 230-236 (2008).158 ÉDOUARD BARD Paris. Marine Geology 254. la carotte couvre les derniers 65 000 ans à une profondeur de 1 300 m. l’équipe de la Chaire de l’Évolution du Climat et de l’Océan a poursuivi son étude de la variabilité solaire à long terme et de son impact sur le climat mondial. de mettre en évidence des minima solaires encore plus anciens. La chimie préparative du béryllium (extraction et purification) est réalisée dans le laboratoire de la chaire de l’évolution du climat et de l’océan (bâtiment Trocadéro de l’Arbois). collaboration avec le CSNSM et le LSCE). Lericolais G. 26 juin 2008. Activités de recherches Cette année. et d’après une première datation. Ce forage au Dôme Talos a été réalisé dans le cadre du projet TALDICE mené principalement par une collaboration franco-italienne.. Notre reconstitution de l’irradiance solaire sur 1 000 ans a été choisie par les modélisateurs du climat comme courbe de forçage « étalon » (cf. p.N. Les mesures de 10Be peuvent maintenant être faites au CEREGE à l’aide du nouvel accélérateur de 5MV ASTER installé sur le campus de l’Arbois à Aix-enProvence. a atteint 1 619. et d’autre part. L’équipe est impliquée dans le programme de mesure du 10Be sur une nouvelle carotte de glace. Nos recherches à ce sujet sont fondées sur la comparaison d’enregistrements totalement indépendants : le 14C mesuré dans les cernes d’arbres et le béryllium 10 analysé dans les glaces de l’Antarctique (14C et 10Be sont deux cosmonucléides formés dans la haute atmosphère). Sancar U. La glace formant le fond du forage est très ancienne.K.. . Publications 2008 Eris K.F. 479 du rapport IPCC-GIEC 2007). site proche de la mer de Ross. Menot G. Bard E.. Cette étude est en cours d’extension pour les sept derniers millénaires (comparaison de la courbe 14C INTCAL04 avec les données 10Be de la carotte de glace de Vostok en Antarctique Central . Cagatay M. Le forage a été échantillonné pour les mesures du 10Be et les échantillons de glace sont stockés dans un entrepôt frigorifique à proximité du CEREGE.. Sénat OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) : « L’enjeu de la multidisciplinarité pour comprendre le changement climatique ». Le projet reçoit un soutien national de l’INSU (programme LEFE Talos Dome) et de l’IPEV pour la logistique polaire. Ces séries ont permis. south of Istanbul » by Hiscott et al..B..20 m de profondeur. Ryan W. Reply to Comment on « the timing and evolution of the post-glacial transgression across the Sea of Marmara shelf.. de retrouver les périodes de faible activité solaire déjà connues des astronomes grâce aux comptages des taches solaires et aux observations directes d’aurores boréales. Le forage de Dôme Talos. d’une part. in « Les géosciences au service de l’Homme : comprendre l’avenir ». sous presse. doi:10.. 1-16 (2008).. Barler S. Bard E. Eris K. Bard E. préface.F.. Bard E.. Bard E. Geochemistry Geophysics Geosystems (G-cubed) 9 (4).1029/2006GC001480... Quaternary Science Reviews. Quaternary Science Reviews.. éditions Hirlé. 2007 Bard E.. Rees G. Vidal L..... Sonzogni C. Bard E. Bard E. Yiou F. Bard E.. GB4008..L.1029/2007GC001904.. Q04037. 1-18 (2007).. Delaygue G.B. Evidence of ventilation changes in the Arabian Sea during the Late Quaternary : implication for denitrification and nitrous oxide emission. Raisbeck G.. Les variations climatiques du passé et de l’avenir. 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Accepter des actions qui nous coûtent. from U/Th dating of submerged corals : Results from IODP expedition 310 « Tahiti sea level ». Hamelin B. Hamelin B. Bard E. 11. p. La paléoclimatologie nous parle. Seard C.... — Camoin G. Durand N. Deschamps P... Durand N. Comme si Paris était déplacée à la latitude de Bordeaux. Bard E. Deglacial Melt Water Pulse 1A revisited from the new IODP Tahiti record. Bard E. Bard E.. p. Le Figaro. Reef accretion during the post-glacial sea-level rise at Tahiti (French Polynesia) : I. Turon J. Thomas A. Deschamps P. Yokoyama Y.C. 3-4 février 2007. 38-39. — Naughton F. Pfeiffer M. Vienne. Bard E.. Hathorne E. Asami R. Membre nommé du Conseil de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR).160 ÉDOUARD BARD L’Echo (Belgique). Deschamps P.. Deschamps P..Y. Alternative mechanisms explaining the complex pattern of Heinrich events in the North Atlantic mid-latitudes... Cahyarini S...L. — Felis T. Camoin G..D. Camoin G. Matsuzaki H. Millennial scale thermocline ventilation changes in the Indian Ocean as implied from aragonite preservation in the Arabian Sea. 14 février 2008.. Sanchez Goni M.. Bard E. Henderson G. Durand N. — Deschamps P. Membre du Conseil du laboratoire NOSAMS de la Woods-Hole Oceanographic Institution (USA).M. Cartapanis O. — Leduc G. Vidal L. Camoin G. Hamelin B.L. — Thomas A... Joly C. 12.L.. Yokoyama Y. Duprat J. Lowstand sea levels from U-Th dating of pre-LGM corals : results from IODP expedition 310 « Tahiti sea level ».. Conférences dans le cadre de colloques internationaux Londres. Bard E.. Bard E.. 24 avril 2008. Bard E. p... Durand N.... Cortijo E. Yokoyama Y.. . La menace d’un changement climatique dangereux se confirme. Kageyama M... — Böning P. 13-18 juillet 2008.. Henderson G. Vancouver.. 27-28 janvier 2007.. The Leverhulme Climate Symposium 2008. — Thomas A.. La Libre Belgique. The Wiley Lecture : The last deglaciation and its impacts in the North Atlantic and adjoining seas..O.. Malaizé B.. Pronounced interannual variability in South Pacific temperatures during the early deglacial — coral-based results from IODP Expedition 310. Webster J. #310 expedition « Tahiti sea level ».F.. Rostek F. Hamelin B.M. Modes of Eastern Equatorial Pacific thermocline variability : implications for ENSO dynamics over the last glacial period. The timings of sea level change during the last glacial cycle.. Henderson G.-L.. p. Sarkozy et du Prince Albert II (Monaco. .-L.ÉVOLUTION DU CLIMAT ET DE L’OCÉAN 161 Membre de la délégation du gouvernement français accompagnant le Ministre J. Londres). Participant à l’audition au Sénat (OPECST) au sujet de la création d’un observatoire de l’Arctique (Paris. Wiley Lecture de la Quaternary Research Association (Royal Geographical Society. Indonésie. décembre 2007). Participant à la table ronde sur le climat en présence du Président N. 25 avril 2008). 26 juin 2008). Borloo à la Conférence sur le Changement Climatique des Nations Unies (Bali. Distinction 2008. . Lyu Abe. Des essais d’observation utilisant trois miroirs espacés de 10 m sont prévus au début 2009. explorée depuis une dizaine d’années. apparaît prometteuse. Dejonghe et H. II. Jean-Gabriel Cuby. Tristan Guillot. Guy Perrin et Hervé Le Coroller. comportant un miroir mosaïque de 25 à 42 m. Ces différents points ont été abordés dans le cours. professeur I. Le Coroller) L’agrandissement du prototype est en chantier à l’Observatoire de HauteProvence. membre de l’Institut (Académie des Sciences). par rapport aux interféromètres plus classiques comportant un petit nombre de grandes ouvertures. encore nommés « hypertélescopes ». Antoine Labeyrie.Astrophysique observationnelle M. Hypertelescope prototype Carlina-tech (J. Activités de recherche du Laboratoire d’Interféromètrie Stellaire et Exo-planétaire ( LISE) Le groupe de recherche LISE associé à la chaire d’Astrophysique Observationnelle est hébergé à l’Observatoire de Haute Provence et à l’Observatoire de la Côted’Azur. sur ses sites de Grasse et de l’Observatoire de Calern. La voie des télescopes géants dilués. Didier Pelat. D’autre part. les techniques visant à leur mise en œuvre se mettent en place. Jean Surdej. la compréhension théorique de ces instruments et de leurs propriétés d’imagerie progresse et confirme l’amélioration de leur sensibilité. Cours et séminaires Les progrès en cours et prévisibles des observations astronomiques à haute résolution angulaire ont encore fait l’objet du cours de cette année. D’une part. Un grand défi est de parvenir à rendre les hypertélescopes utilisables pour observer les objets les plus faiblement lumineux auxquels accèdent les télescopes classiques et leurs versions à venir nommées « Extrêmement Grands Télescopes ». et certains l’ont été dans les séminaires de Roberto Gilmozzi. avec une participation active de ses services techniques. Michel Aurière. . jusqu’à une centaine éventuellement. un système d’asservissement permettant de stabiliser le trépied de câbles du ballon a hélium et ainsi d’améliorer la stabilité de l’ensemble du dispositif optique de l’hypertélescope est actuellement réalisé par des techniciens et ingénieurs de l’Observatoire de Haute-Provence. est simultanément étudiée.164 ANTOINE LABEYRIE Prévu initialement pour une ouverture diluée dont la dimension atteindrait 18 m. prévue pour 2009/2010. est également étudiée. en attendant la disponibilité de la version agrandie mentionnée ci-après. un correcteur compact d’aberration sphérique et un densifieur de pupille. Cela nécessiterait le déménagement de l’instrument sur un site plus favorable. a été construite en collaboration avec l’Observatoire de la Côte-d’Azur. Le nombre des petits miroirs collecteurs pourrait aussi être accru. D. avec l’aide de stagiaires. a été étudié à l’aide du logiciel de simulations optiques Zemax et est en cours de construction à l’Observatoire de Haute-Provence. et d’évaluer les performances intrinsèques de l’instrument. et un correcteur focal à deux miroirs. La mise en service du prototype Carlina à l’Observatoire de Haute-Provence. J. Une caméra à comptage de photons. notamment en observant des objets faibles (magnitude > 12). ce qui aurait révélé l’erreur catastrophique de fabrication optique apparue plus tard dans l’espace). il pourrait être agrandi ultérieurement à 36 m s’il s’avère possible de construire un correcteur focal d’aberration sphérique ouvert à F/1. dispositif optique destiné a concentrer la lumière sur un nombre réduit de franges. permettra de valider l’intégralité de la chaîne optique de l’hypertélescope. fait un montage d’essai du système de métrologie à laser servant à co-sphériser les miroirs collecteurs avec une précision de l’ordre du micron. Enfin. destinée à entreprendre un programme scientifique d’imagerie directe sur de nombreuses étoiles et sources extra-galactiques. J. L’utilité d’entamer. Rabou) Une version agrandie. P. . permettant des temps de pause très courts afin de « figer » la turbulence. ont augmenté le prototype en installant un troisième miroir collecteur. s’il s’avère utile. Le densifieur de pupille. Ils ont aussi. revenu de séjour postdoctoral à Hawaii. H. au foyer d’un miroir primaire dilué dont le diamètre atteindrait 100 ou 200 m et l’ouverture relative F/1. Dejonghe et H. Ils préparent des observations de franges à trois ouvertures. Vernet. en attendant un plus grand nombre. Le Coroller. Etude d’un hypertélescope à ouverture de 100 à 200 m (A. De tels essais sont peut-être évitables par une modélisation poussée du système (le télescope Hubble de la NASA n’avait pas été validé en visant une étoile avant son lancement. Labeyrie. à cette échelle. Après les premiers essais d’interférence qui ont validé partiellement le concept dit d’hypertélescope Carlina. Elle pourrait comporter. Elle devrait ouvrir la voie pour un projet ultérieur à plus grande échelle. Dejonghe. bien résolues avec les dimensions d’ouverture de 18 ou 36 m. d’entreprendre un programme d’observation sur des étoiles super-géantes. des essais préalables sur une étoile artificielle ou bien sur l’étoile Polaire visée en exploitant la pente d’une falaise. Le Coroller. O. L’un des sites candidats étudiés par l’Europe. telles que les galaxies lointaines observées par les ELTs.ASTROPHYSIQUE OBSERVATIONNELLE 165 Après la construction. riches en information. l’observation pourrait débuter avant de disposer d’optique adaptative corrigeant la turbulence atmosphérique. notamment par l’Europe. interrompue par un col dont la topographie pourrait convenir pour un hypertélescope Carlina. est une longue crête orientée nord-sud. D. pour étendre à des sources très faibles ses capacités d’imagerie à haute résolution. Vernet. utilisant un système laser modifié. l’instrument deviendrait utilisable sur des sources faibles. Ce dernier y gagnerait beaucoup quant à la science accessible. dont le principe fut d’abord publié par Foy et Labeyrie en 1985. sur lesquels elles permettent depuis quelques années d’étendre à des sources très faiblement lumineuses les techniques d’optique adaptative. Version pour hypertélescope d’une optique adaptative avec étoile guide laser (A. H. S’il s’avère possible d’ajouter un système d’étoile guide laser. est apparue. Labeyrie. et donc d’observer des objets très lointains avec une résolution améliorée. Le Coroller. Il ne semblait pas facile d’adapter une étoile laser à un hypertélescope. mentionné ci-après. des versions terrestres pourraient donc devenir utilisable pour les observations de cosmologie sur les galaxies faibles et lointaines. Cependant. à Barrosa dans les Pyrénées espagnoles. Faisabilité d’un hypertélescope couplé à un « Extremely Large Télescope » (ELT) Les projets actuels de construction d’ELTs. laquelle affecte la mise en phase des faisceaux. En attendant la construction d’hypertélescopes dans l’espace. lesquelles sont plus favorables qu’aux latitudes plus basses pour le vent. Labeyrie) Les systèmes d’étoiles guide laser. Prospection de sites pour un hypertélescope (A. sans toutefois renseigner sur la fréquence des nuits utilisables. La théorie a pu être vérifiée en partie avec un montage de laboratoire. Dejonghe. lequel pourrait être couplé interféromètriquement avec l’ELT.oamp. Une seule nuit d’observation avec un petit télescope portant une caméra a montré que la turbulence locale peut atteindre une bonne qualité. ont été mis en œuvre sur les plus grands télescopes. . avec une résolution améliorée d’un facteur 10 à 20 (www. J. soulèvent la question des possibilités de couplage avec un hypertélescope. Lardière) La prospection entamée les années précédentes a été poursuivie en mesurant la turbulence sur l’un des sites visités. Dans un second temps. une optique adaptative devrait former directement des images à haute résolution. qui a permis de retrouver la résolution théorique des grands télescopes classiques. Mais les données météorologiques ont permis d’en avoir une idée grossière en précisant les statistiques de vent et de nébulosité sur ce site. sur la sierra Macon dans les Andes d’Argentine. Il faudrait alors recourir à la méthode d’interféromètrie des tavelures. une possibilité de solution.fr/lise/). fr/infoglueDeliverLive/www/OHP/Actualit%E9s?contentId=1148).oamp. Astrophysics. il n’existe pas de façon unique de déduire du tenseur absolu champ électromagnétique les champs électrique et magnétique physiquement mesurables. Dans cette approche les équations sont écrites à l’aide d’invariants vis-à-vis des transformations générales des coordonnées d’espacetemps. L’interprétation physique des équations tensorielles décrivant la supraconductivité dans le cadre de la relativité générale présente des difficultés dues au fait que les relations permettant de passer des grandeurs tensorielles absolues aux grandeurs physiquement mesurables ne sont pas définies de manière univoque. Il existe dans la littérature une autre approche pour l’interprétation des équations tensorielles absolues de la relativité générale. 2008). Ce résultat est atteint : (i) par l’introduction. utilisant de petits miroirs piégés par des faisceaux de laser. mais il s’agirait maintenant de constituer un grand miroir dilué en piégeant de petits miroirs solides.doi. http://dx. situé non loin sur le versant français de la chaîne. org/10. les équations tensorielles absolues sont écrites sous une forme semblable à celle de la physique newtonienne et interprétées en employant le langage de la physique classique. De grands miroirs formés de nano-particules piégées par laser avaient été étudiés les années précédentes. Par exemple.166 ANTOINE LABEYRIE et raisonnablement favorables pour la nébulosité. Krikorian) R. L’Observatoire du Pic du Midi. Le calcul de leur comportement est plus facile. Cette méthode. a un caractère purement tensoriel . au moyen d’opérateurs de projections convenablement définis. Les champs électrique et magnétique. Cette version est mentionnée de façon préliminaire dans une publication résumant la proposition (Labeyrie et al. définis à l’aide des composantes anholonomiques du tenseur champ électromagnétique sont donc des scalaires qui se transforment selon les lois de la relativité restreinte dans un changement de repères orthonormés. Labeyrie) Après la proposition faite l’année précédente à l’Agence Spatiale Européenne (www. Astrophysique théorique et relativité générale (R. la méthode des projections de Cattaneo. est réputé pour fournir occasionnellement des images exceptionnelles. ainsi que leur mise en œuvre. est apparue la possibilité d’une version « éthérée ».1007/s10686-008-9123-8). laquelle peut être expérimentée en laboratoire. Cette méthode a été notamment utilisée pour obtenir les expressions des champs électrique et magnétique à l’intérieur des supraconducteurs de type I et II (Nuovo Cimento. 2007. de grandeurs « standard » relatives au système de référence associé au système de . Une première approche adoptée pour la formulation des équations tensorielles en terme de grandeurs physiquement mesurables a été la méthode des tétrades. contrairement à l’approche anholonomique.. Krikorian a poursuivi l’étude de certains aspects de la supraconductivité dans un espace-temps courbe. Etude d’un hypertélescope dans l’espace (A. 2008. (ii) en définissant un opérateur de dérivation transverse... 2008. upgradable high-resolution imaging. Publications.A. partielle ou covariante.doi. Labeyrie. « Luciola hypertelescope space observatory: versatile.. from stars to deep-field cosmology ». Astrophysics 51. invité à faire une présentation au colloque « Extremely Large Telescopes at Different Wavelengths » à Lund (Suède) les 29 et 30 novembre 2007.A. Ce travail a fait l’objet d’une publication. proc. à paraître dans Experimental Astronomy. Nuovo Cimento B 122. Labeyrie et al. 217. Sedrakian D.A. « Steps toward hypertelescopes on Earth and in space ». Labeyrie les 18 et 19 mars 2008. A. 184501-1.org/10. Rev. D.M.fr/lise) a été mis à jour et amélioré par Mme V. III.A.oamp. 401. Conférence publique et site web A. « Le regard des géants : les grands télescopes du futur changeront-ils notre conception actuelle de l’Univers ? » Planétarium de Vaulx-en-Velin.. 2008. Le Coroller et A. 123.. 2007.. Labeyrie. Université d’état d’Erevan. ont rassemblé une vingtaine de chercheurs français et étrangers. 58. Les équations tensorielles absolues de London écrites à l’aide de ces grandeurs « standard » ont donc la même forme que les équations vectorielles classiques reliant la vitesse du superélectron au champ électromagnétique avec des termes supplémentaires représentant l’influence du champ de gravitation. Présentations invitées et séminaires A. « Superconductivity in curved space-time and the object of anholonomity ». Garcia qui prend en charge sa maintenance et l’implantation d’une version en anglais. séminaires et conférences Krikorian R. & Dejonghe J. En collaboration avec D. Nuovo CimentoB. . Phys Rew B 76.M. & Sedrakian D.1007/s10686-008-9123-8. Marseille 2008 Deux journées de discussion sur le « Cophasage des ELTs. Krikorian R. Le site web du LISE (www. ces grandeurs se transformant selon les lois tensorielles classiques vis-à-vis des changements de coordonnées internes au système de référence . séminaire à l’Observatoire de Lyon. Labeyrie A. Les expressions des champs électrique et magnétique déduites des équations « standard » ont été comparées à celles obtenues par la méthode anholonomique. Sedrakian. 20 mars 2008. organisées au Collège de France par H. Labeyrie. la méthode de Cattaneo a été utilisée pour l’interprétation physique des équations covariantes décrivant les propriétés des supraconducteurs de type II. « Etoile guide laser pour hypertélescope ». s’en est acquitté par vidéo-conférence. Krikorian R. 21 mars 2008. SPIE conf. « Tetrad formulation of the dynamical equations of type II superconductors in curved space-time ».ASTROPHYSIQUE OBSERVATIONNELLE 167 coordonnées physiquement admissibles . 2007. & Krikorian R. « Superconductivity in curved space-time and Cattaneo’s projection method »... 2008. http://dx. Ce travail sera soumis à la revue Phys. « Covariant formulation of the basic equations of quantum vortices in type2 superconductors ». interféromètres et hypertélescopes ». Le Coroller H. . Des cours ont été donnés à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg (3 h).Chimie des interactions moléculaires M. utilisant par exemple l’α-cyclodextrine. V. membre de l’Institut (Académie des Sciences). Ces effets supramoléculaires peuvent résulter de la coordination d’ions métalliques (cours 2005-2006). telles que celles des cyclodextrines et des cucurbituriles. de la formation de liaisons hydrogène. d’interactions électrostatiques. a) Cavités organiques : cyclodextrines. Lomonossov de Moscou (4 h) et à la City University de Hong Kong (4 h). à former des complexes d’inclusion avec de nombreux substrats moléculaires. Cours au collège de France 1) Autoorganisation supramoléculaire d’architectures entrelacées L’autoorganisation d’architectures entrelacées de type rotaxanes. . cucurbituriles La formation de rotaxanes a mis en œuvre l’aptitude de cavités moléculaires de grande taille. professeur Le cours de l’année 2007-2008 a porté sur « Autoorganisation moléculaire et supramoléculaire ». caténanes et nœuds moléculaires met à profit l’assistance d’effets supramoléculaires pour mettre en place les différents composants qui seront ensuite connectés par des réactions post-assemblage. Jean-Marie Lehn. de forces de Van der Waals. à l’Université d’Etat M. Deux différentes stratégies de synthèse ont été mises au point. H 2N O O O O O O 2N O NH2 1. des rotaxanes dérivant de la [6] cucurbiturile ont été obtenus.170 JEANMARIE LEHN La formation de polyrotaxanes et de caténanes a aussi été réalisée. CD 2. F NO2 NO2 O 2N N H O O O O O O O 2N N H NO2 De manière analogue. . avec des cations polyammonium et des caténanes. y compris des polyrotaxanes. De nombreuses superstructures de ce type ont été obtenues. .CHIMIE DES INTERACTIONS MOLÉCULAIRES 171 b) Polyéthers macrocycliques Les polyéthers macrocycliques forment des rotaxanes avec des cations ammonium qui s’insèrent dans la cavité centrale par formation de liaisons hydrogène avec les sites oxygène. et poly-rotaxanes et caténanes. Cette approche s’est révélée particulièrement fructueuse et a permis d’obtenir de nombreuses architectures mono.B PP 34C 10 ].172 JEANMARIE LEHN Structures RX c) Macrocycles Accepteur/Donneur L’introduction de groupements riches en électrons (Donneurs) ou pauvres en électrons (Accepteurs) dans un récepteur macrocyclique permet l’insertion d’un substrat contenant le groupe complémentaire dans la cavité centrale.3X [2]rotaxane .4P F 6 [8 7. 85.3X N N + 3X R oom Temp erature + N N Br Br 86 Br O O O O O Insertion B PP3 4C 10 O O O O + N H 4PF 6 O O O O O O 4PF 6 3X O + O O O O + + + + Cyclisation O Br O O O + O O O O O O 88.2PF 6 + + + M eC N 2PF 6 87 . NH4PF6 / H2O MeCN 1/5DN38C10 91.4PF6 94. O O O O O O O O O or O O O O O O O O O O N N BPP34C10 2. 2) Autoorganisation de brins moléculaires a) Chaînes polyhétérocycliques Le repliement de brins moléculaires peut être contrôlé par la mise en œuvre de codons de repliement (« folding codons ») présentant une conformation préférée. .2PF6 Br Br 92 O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O + 20% + O O O O O O + 4PF6 + or 4PF6 + 31% + O O O O O + O O O O O + O O O O 93. Contrôle Électrochimique de la Position du Cyclophane Tétracationique dans une « Navette » Supramoléculaire Linéaire à Deux Stations Des rotaxanes et caténanes ont aussi été obtenus en utilisant l’effet de support d’un anion complexé.4PF6 De tels rotaxanes ont été mis en œuvre pour la réalisation de dispositifs supramoléculaires présentant des mouvements moléculaires par déplacement contrôlé d’un composant par rapport à un autre.CHIMIE DES INTERACTIONS MOLÉCULAIRES 173 O + N N + 1. .174 JEANMARIE LEHN Ainsi des groupes aza-hétérocycliques connectés en position α des atomes d’azote donnent lieu à une orientation transoïde par rapport aux liaisons C-C de connexion. Le remplacement d’un groupe pyridine par une hydrazone facilite beaucoup la synthèse de ces brins moléculaires et permet d’obtenir ainsi des hélices à tours multiples. un codon de linéarité.60 Å N N N N N N N N N N N N N N N N N N N NN N De plus cette méthode rend accessible la génération de polymères hélicoïdaux par polycondensation. force un brin moléculaire à adopter une forme hélicoïdale ou linéaire ou une combinaison de deux. On peut ainsi obtenir des hélices moléculaires à tours multiples. Il en résulte qu’une séquence de quelques groupes. choisis de façon adéquate. Ainsi une séquence pyridine-pyrimidine-pyridine est un codon d’hélicité et une séquence de groupes pyridine. H C 3 N N N CH3 N N N N N CH3 N N N CH3 N N N N N CH3 N N N CH3 N N N N N CH3 N N N N N CH3 N N N N N CH3 N N N CH3 N N N N N N N N NN N N N N N N NN N N N 11. des enchaînements de groupes pyridine-carboxamides conduisent au repliement en hélice. En particulier. Elle ouvre d’intéressantes perspectives pour la génération de molécules synthétiques de forme contrôlée et imposée. ces brins hélicoïdaux ont aussi l’aptitude de former des dimères en double hélice. . Crystal Structure of Double Helical Heptamer En conclusion.CHIMIE DES INTERACTIONS MOLÉCULAIRES 175 H N N H N n H N N N R2 N R1 N N N N N N H N H2N N R1 N H N N H2 + O H C N R2 N H C O R2 N N H N N H NH N N NH N N N H R1 N N N N H N N N N H N N N N N N R2 R1= Me O OMe OMe R2= N N NH N N NH N N N N R2 b) Chaînes pyridine-carboxamides Différents autres éléments structuraux ont été utilisés. la mise au point de codons structuraux rend possible le contrôle de l’autoorganisation de brins moléculaires. du fait de la formation de liaisons hydrogène. De plus. ainsi que pour la compréhension des facteurs déterminant la conformation des molécules biologiques. 23 juin 2008. Adrian-Mihail Stadler (CNRS. Nucelotide Sequence Controls the Efficiency of Electron Injection and Transport in Duplex DNA. Strasbourg). Nathan Schultheiss (Kansas State University). 2 octobre 2007. À Strasbourg : Peter Stang (University of Utah). Electron Paramagnetic Resonance: A Tool for the Study of the Magnetic Properties of Molecular Materials. Expansion of the Scope of the [2 + 2] Cycloaddition/ Retro-Electrocyclisation Cascade Between Electron Rich Alkynes and TCNE. The Extracellular Hemoglobin of the Annelid Polychaete Arenicola Marina : A Natural Oxygen Carrier for Human Health. Strasbourg et Institut de Nanotechnologie. 17 décembre 2007. Intelligent Gelsl – An Approach to Artificial Muscles and Soft Tissue. 11 décembre 2007. 5 mars 2008. Résumé des activités de recherche A Laboratoire de chimie supramoléculaire (ISIS. 12 février 2008. Auto-Organisation et Mouvements Moléculaires. 11 juillet 2007. Nanoscale Molecular Architecture : Design and SelfAssembly of Metallocyclic Polygons and Polyhedra via Coordination. Exploration des métallo-biosites avec des calixarènes « complexes ». Les métaux poreux sur mesure. Koumbis (Aristotle University of Thessaloniki). Jean-Pierre Bucher (IPCMS. Total Synthesis of Syributins. 1er avril 2008. Université Louis Pasteur. ISIS. Strasbourg et UMR 7006 du CNRS) I — Dispositifs fonctionnels moléculaires et supramoléculaires 1) Dispositifs optiques Les propriétés optiques d’assemblées supramoléculaires de groupes porphyriniques pourvus d’unités de reconnaissance moléculaire complémentaires ont été étudiées. 19 mars 2008. 22 février 2008. Philippe Turek (Institut de Chimie.176 JEANMARIE LEHN Séminaires À Paris : — Olivia Reinaud (Université de Paris Descartes). . Balancing Intermolecular Interactions in the Design and Synthesis of Supermolecules. Philippe Reutenauer (ETH Zürich). — Gérard Férey (Institut Lavoisier de l’Université de Versailles). 26 février 2008. Yoshihito Osada (Hokkaido University). Raymond Weiss (Université Louis Pasteur). Les Peroxidases et leurs Mécanismes. Strasbourg). Probing Electronic and Magnetic Properties of Atomic and Molecular Clusters with Sharp Tips. Steven Rokita (University of Maryland). Karlsruhe). Franck Zal (CNRS Roscoff ). Alexandre Varnek (Université Louis Pasteur). Alexandros E. 22 octobre 2007. 29 janvier 2008. Secosyrins and Syringolides. From Databases to in silico Design of New Compounds. CHIMIE DES INTERACTIONS MOLÉCULAIRES 177 Elles sont le siège de transferts d’énergie dont la vitesse et l’efficacité dépendent de la géométrie supramoléculaire (1). Un complexe paramagnétique tétranucléaire du fer(II) en forme de grille [2 x 2] s’est révélé être une nanosonde magnétique de très haute sensibilité de la formation de liaisons hydrogène (A. Stefankiewicz). 2) Dispositifs électroniques et magnétiques Les complexes linéaires multinucléaires du ruthénium(II) formés par des ligands polytopiques à sites tridendates présentent un remarquable comportement de « fil moléculaire » (2). . à partir de composants hydrazino-pyridine. La formation sélective de grilles [2 × 2] hétérométalliques directement par autoorganisation avec sélection des cations et régiosélectivité a été étudiée (J.et bi-nucléaires (hélicates) (4). A. Le mécanisme de formation des grilles [2 × 2] a été étudié par RMN (M. Stefankiewicz). Ramirez.M. Cao). à partir de composants hydrazide (X. III — Autoorganisation de systèmes organiques 1) Hélicité de brins moléculaires Des brins moléculaires contenant des groupes 1. Lalloz-Vogel. Des ligands bis-tridentates forment avec des cations lourds (HgII.-N. PbII) des architectures de coordination de type grille ou ratelier (5).178 3) Dispositifs nanomécaniques JEANMARIE LEHN Des mouvements moléculaires réversibles peuvent être induits dans des brins moléculaires oligopyridine-dicarboxamide par protonation et déprotonation (3). — en position « latérale ». La mise en évidence des effets de cette multivalence repose sur l’apparition de propriétés nouvelles. II — Autoorganisation de systèmes inorganiques 1) Hélicates Un ligand de type quaterpyridine forme des complexes hélicoïdaux mono. Des grilles fonctionnalisées destinées notamment à l’autoorganisation sur surface métallique ou avec des nanoparticules métallique ont été synthétisées (A. notamment complexantes (X. Cao). Marquis). A. L’étude des mouvements moléculaires couplés par complexation et décomplexation successives de brins moléculaires polytopiques a été poursuivie (M. Stadler). 2) Superstructures en « grille » [2 × 2] L’autoassemblage de grilles métallosupramoléculaires [2 × 2] à partir de ligands fonctionnalisés permet la génération de multivalences avec présentation de huit groupements fonctionnels soit : — en position « axiale ». . Stadler).8-naphtyridine adoptent une conformation hélicoïdale et forment des assemblées oligomériques avec des cations oligo-ammoniums (6). 2) Matériaux / Polymères supramoléculaires Des mesures de rhéologie et de diffusion de lumière dynamique ont permis d’étudier les propriétés dynamiques de solutions semi-diluées de polymères supramoléculaires (8). .CHIMIE DES INTERACTIONS MOLÉCULAIRES 179 Des brins moléculaires à sous-unités hétérocycliques présentent une diastéréoisomérie hélicoïdale (7). Des monocouches incorporant deux composants ont été obtenues et la formation d’ordre à l’échelle subnanométrique a été mise en évidence par STM (10). La structure moléculaire et la morphologie de polymères supramoléculaires formés à partir de monomères portant des groupes de reconnaissance complémentaires de type Janus a été étudiée (9). . Les hydrogels basés sur des quadruplexes formés par un dérivé hydrazide de la guanosine effectuent une sélection structurale et une libération controlée de molécules bioactives (12). IV — Chimie Dynamique Constitutionnelle (CDC) 1) Sélection / Adaptation en Chimie Dynamique Constitutionnelle L’évolution forcée d’une bibliothèque dynamique constitutionnelle (BDC) de brins hélicoïdaux sous l’effet de la complexation d’ions a été étudiée par des mesures de RMN DOSY. Cette méthode permet d’analyser la composition de la bibliothèque en fonction des rayons hydrodynamiques des espèces présentes (13).180 JEANMARIE LEHN Une étude détaillée par diffusion de neutrons aux petits angles a été réalisée sur la modulation par décoration dynamique de la structure de gels générés par des quadruplexes de guanosine (11). Chmielewski). a été explorée. Polymères covalents réversibles Des optodynamères ont été obtenus. la formation d’hémiacétals entre alcools et groupes carbonyles. conduisant à la génération de couleur et de fluorescence à l’interface entre deux films de dynamères différents (15). Ce type de commutation constitutionnelle donne lieu à des phénomènes très intéressants d’adaptation par sélection de composants sous l’effet du changement de morphologie ainsi qu’en fonction de la nature de l’effecteur (ions métalliques de différentes tailles) (S. Drahonovsky). Ulrich). 2) Dynamères covalents. de type W et U.CHIMIE DES INTERACTIONS MOLÉCULAIRES 181 La mise en œuvre d’une nouvelle réaction réservible en CDC. Folmer-Andersen). l’interconversion entre deux formes. Schulteiss). . Elle permet la génération de BDC. Des processus de sélection multiple faisant intervenir différents composants de grilles [2 × 2] sont en cours d’étude (M. en particulier sous l’effet de la complexation de cations (D. La possibilité d’influencer le comportement d’une BDC par complexation des constituants a été explorée (N. L’adaptation d’une BDC à un changement de forme de l’un des composants permet d’opérer une commutation constitutionnelle entre deux types d’espèces. a été réalisée dans un système dynamique. Ainsi. La mise au point de mesures de l’effet de l’application d’un champ gravitationnel par ultracentrifugation sur une BDC a été poursuivie (F. Elle conduit à une commutation entre un état macrocyclique et un état polymérique (14). 182 JEANMARIE LEHN La transformation des propriétés mécaniques et optiques de films de métallodynamères neutres par échange constitutionnel a été réalisée (16). Les mélanges dynamiques obtenus par formation réversible d’hydrazones permettent d’effectuer une libération controlée d’aldéhydes et de cétones volatiles (18). Une modification de constitution de dynamères par interconversion entre une solution et un état solide démontre une capacité d’adaptation de tels systèmes à l’environnement (17).accepteur présentant un repliement de chaine (S. . La modification de taille de dynamères amphiphiles sous l’effet de la température et la sélection de composants par effet hydrophobe ont été réalisées (F. Une sélection de composants par complexation de cations métalliques a été démontrée pour des dynamères donneur. Fujii). FolmerAndersen). 46. J. Helical Folding of Oligopyridinedicarboxamide Strands. I. Hnatejko. Lehn. Z. J. Ed. Lehn. Quaterpyridine Ligands Forming Helical Complexes of Mono. 2. Stadler. A.Biodynamères La synthèse de divers composants permettant la génération de BDC d’analogues d’acides nucléiques a été réalisée (19). Campagna. L. Eur. J. G.R. 13. V. Nastasi.-M. Koumbis. M. 8411-8427. T. Stefankiewicz.and Dinuclear (Helicate) Forms. 2007. Chem.-M. Pothukanuri). P. Berova. Angew. J. J. 13. Nifaitis. Loiseau. Inorg. J. Lehn. Syntheses and Energy Transfer in Multiporphyrinic Arrays SelfAssembled with Hydrogen-Bonding Recognition Groups and Comparison with Covalent Steroidal Models. J.. A. Eur. X. 5. A. G. A. S. H. Kalt. 2008. Walesa. Riedel. Chem. Drain. G. Hauschild. Coordination Architectures of Large Heavy Metal . J. Lehn. A. J. Une revue a été rédigée sur l’autoassemblage et la chimie combinatoire dynamique à la fois dans des systèmes chimiques et des systèmes biologiques (22).-M. C. Les résultats obtenus sur la génération de glycodynamères fluorescents ont été publiés (20). Ramirez. Huuskonen. Rissanen. Zeller. L’effecteur inositol-trispyrophosphate (ITPP) présente des propriétés très prometteuses à la fois dans le domaine cardiovasculaire et en oncologie.S. F. Duarte). Patrioniak. L’action de ces effecteurs sur la courbe d’oxygénation de l’hémoglobine a été mesurée in vitro et in vivo (C.-M. Berl. Jankowski. V — Chimie Bioorganique et Médicinale La synthèse de différentes classes d’effecteurs allostériques de l’hémoglobine a été poursuivie (K.-M. N. Lebedkin.. 5466-5479. 2910-2920. Lehn. M.-M. Kolomiets. Publications 1. Chem. F. Int. V.M. de même que la formation d’analogues dynamiques d’oligosocchariodes de type arabinofuranoside (21). Allouche. J. Molecular Wire Type Behavior of Polycationic Multinuclear Rack-Type RuII Complexes of Polytopic HydrazoneBased Ligands. Smeureanu. Balaban. 6144-6147. 3. Brelot.M. Prokhorenko. Ciesielski. Kubicki.. R. Harrowfield. Huang. L. S. J..CHIMIE DES INTERACTIONS MOLÉCULAIRES 183 3) Biopolymères dynamiques. 2007. F.-Mihail Stadler. Harrowfield. Eur. 2007. 4. K. E. S. J.M. Fylaktakidou. V. Pescitelli. Chem. J. Soc.. Y.-M. D. 10. Lehn. J. 2007. 2008. Lalloz-Vogel. Ed. 11. Buhler. Mol. Crystallization-Driven Constitutional Changes of Dynamic Polymers in Response to Neat/Solution Conditions. A.-M. 59.-M. J. J. 3. 47. L. D. Harrowfield.-M. Liq. Angew. Biopolymers.. J. Ed. 47. 3556-3559. Levrand. Chem. 134-139. E. Asian J.-M. Acta. N.-M. Triggle. Structural Selection in G-Quartet-Based Hydrogels and Controlled Release of Bioactive Molecules.. M. 2240-2243.-M. J. N. 4360-4362. J. 2007. Kolomiets. Angew. J.. 4363-4365. Barboiu. Allouche. Synthesis of Components for the Generation of Constitutional Dynamic Analogues of Nucleic Acids.-J. Helical Diastereomerism in Self-Organization of Molecular Strands. Lehn. Reversible switching between macrocyclic and polymeric states by morphological control in a constitutional dynamic system. . 2007. Int. 255-259. Chem. Chow. Oxford. 16.-M. . Taylor. Chem Commun. Chem. Cryst. Chem. 1-20.-M. Chem.. 91.. Schmutz. 21.. Commun. DOSY NMR Experiments as a Tool for the Analysis of Constitutional and Motional Dynamic Processes: Implementation for the Driven Evolution of Dynamic Combinatorial Libraries of Helical Strands. Sarazin.A. Lehn. S. 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Sreenivasachary. Helv.T. 46. L. 2484-2488. Giuseppone. 2008. 2007. 468. Structure of Supramolecular Polymers Generated via Self-Assembly through Hydrogen Bonds. J. 73.-J. 18. Sreenivasachary. Y. . 76. J. Chim. Cheuk-Fai Chow. Cuccia. 9. San Sebastián. . Heidelberg. La Notion d’Émergence en Chimie. Von der Materie zum Leben : Chemie ? Chemie ! • Séminaire “questions d’émergence”. From Supramolecular Chemistry to Constitutional Dynamic Chemistry. Fudan University. Paris. and Adaption in Chemical Systems. Self-Organization and Functional Supramolecular Devices. Self-Organization by Design and by Selection. Bucarest. Collège de France. • 100th Anniversary of Annual Korean Chemical Society Meeting. 6 juin 2008. • France-Hong Kong Distinguished Lecture. • Academia Europaea – Klaus Tschira Foundation “Complexity”. 5 mars 2008. Perspectives in Chemistry: From Supramolecular Chemistry to Constitutional Chemistry. Daegu. 19 mai 2008. 30 octobre 2007. 1er mai 2008. 23-28 septembre 2007. Chemistry: Retrospects and Prospects. B) laboratoire de chimie des interactions moléculaires Collège de France Du fait des difficultés engendrées par les travaux de rénovation des locaux.CHIMIE DES INTERACTIONS MOLÉCULAIRES 185 Conférences présentées sur invitation Professeur Jean-Marie Lehn 47 conférences. Shangai. Jena. • “Contemporary Chemistry Conferences”. Metallosupramolecular Architectures and Beyond. • XXI Sitges Conference on Statistical Mechanics. Technion. Functional Nanostructures and Dynamic Materials through Self-Organization. 18 mai 2008. National Symposium with International Participation. Haifa. Perspectives in Chemistry: From Supramolecular Chemistry to Constitutional Dynamic Chemistry. Universitat de Barcelona. Paris. St Petersburg. Steps towards Complex Matter: Information. Nanotechnologies: research and education. 18 octobre 2007. 25-26 avril 2008. 8 octobre 2007. • III St Petersburg Meeting of Nobel Prize Laureates. • 3rd International Symposium on Novel Materials and Synthesis (NMS-III). City University of Hong Kong. le laboratoire de Chimie de Interactions Moléculaires a été fermé. Perspectives in Chemistry: From Supramolecular Chemistry to Constitutional Dynamic Chemistry. Self-Organization. 20 octobre 2007. Universität Karlsruhe (TH). École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). 24 janvier 2008. Karlsruhe. 26 juin 2008. • Distinguished Schulich Lectureship Award Colloquium. Technion. • The Technion’s Nobel Laureates Symposium. • XVIIIth Mendeleev Congress. Moscou. • Symposium on Metal-Rich Compounds. • DeGennes Days. Haifa. From Supramolecular Chemistry to Constitutional Dynamic Chemistry. 3 septembre 2007. Nanoscience and Nanotechnology — The SelfOrganization Approach. 14 mai 2008. From Matter to Life : Chemistry ? Chemistry! • Ernst-Abbe-Kolloqium. Israel Institute of Technology. dont par exemple : • Trends in Nanotechnology International Conference (TNT2007). B. J. Self-Assembled Lamellar Complexes of siRNA with Lipidic Aminoglycoside Derivatives Promote Efficient siRNA Delivery and Interference. Lehn. M. Proc.186 JEANMARIE LEHN Il a été montré que les lipo-aminoglycosides obtenus antérieurement présentent un transfert et une interférence de siRNA (23). . Lambert. 104. Desigaux. O. 16534-16539. Il a été nommé Membre d’Honneur de cette société ainsi que Grand Officier dans l’Ordre du Mérite Culturel de Roumanie (section Recherche Scientifique). P. Il a été nommé Professeur Honoraire de l’Université de Zhejiang (Hangzhou) et de l’Université Normale du Shaanxi (Xi’an).-P. L. Acad. Distinctions — Prix — Nominations Jean-Marie Lehn a reçu des Doctorats Honoris Causa de l’Université de Patras et de l’Université Babeş-Bolyai (Cluj-Napoca) ainsi que la Médaille Costin Nenitzescu de la Société Roumaine de Chimie. Pitard. 23. R. Nat. 42. Sci. Chevre. 2007. Vigneron. J. E. Lehn.-M. Letrou-Bonneval. Sainlos. USA. à celui du fer. Aujourd’hui. qu’en mettant à profit la conductivité ou les propriétés de luminescence des frustules de silice. des biomatériaux nanostructurés Les diatomées. Le but de ce cours était de montrer comment des micro-organismes pouvaient intervenir dans l’élaboration de matériaux nanostructurés. présentent une structure poreuse tout à fait remarquable couramment utilisée pour la réalisation de filtres ou de supports de catalyseurs. On forme ainsi des nano-matériaux à base d’oxydes . Pour cela. micro-algues unicellulaires. nous avons développé les exemples suivants. 1. Les diatomées. Jacques Livage. C’est ainsi. Nous avons progressivement réussi à maîtriser le feu de façon à obtenir des températures de plus en plus élevées. Il est en fait possible d’utiliser directement ces frustules dans la conception de dispositifs électroniques. on peut réaliser des micro-capteurs capables de détecter des traces de certains gaz. membre de l’Institut (Académie des Sciences). professeur Les matériaux nanostructurés L’élaboration de matériaux par l’homme remonte à la découverte du feu. dont le diamètre est de l’ordre de quelques microns.Chimie de la matière condensée M. le vivant nous offre des exemples remarquables qui remontent souvent au début du Cambrien. Ces frustules. à l’ère du silicium et de l’informatique. La porosité régulière et hiérarchisée de ces frustules présente même des propriétés de cristal photonique On a montré récemment que la silice pouvait être modifiée chimiquement sans altérer la morphologie des frustules. Dans ce domaine. nous cherchons à élaborer des matériaux nanostructurés répondant aux exigences des nanotechnologies modernes. Ceci nous a permis de passer de l’âge du cuivre et du bronze. élaborent des exosquelettes de silice (frustules) qui les protègent tout en laissant passer la lumière nécessaire à leur activité photosynthétique. On peut jouer sur la complémentarité des deux brins d’ADN pour associer les nano-composants et réaliser de véritables circuits tels que des transistors à effet de champ ! 4. réseaux carrés. On peut aussi réaliser des nanotubes métalliques (Au. pour élaborer des nanotubes de silice. Les chaperons moléculaires. Deux types de virus ont été pris comme exemples dans le cours. Une commutation réversible d’un état isolant (OFF) à un état conducteur (ON) est observée au-dessus d’une tension seuil. intérieure ou extérieure du peptide. Des dispositifs de commutation ont même été publiés récemment dans lesquels les virus. Il est même possible de réduire toute la silice en silicium élément de base de l’électronique moderne. qui se présentent sous forme d’anneaux peuvent être utilisés pour déposer de façon régulière. . des nanoparticules semi-conductrices qui pourraient intervenir comme nanocomposants dans les mémoires flash des clés USB ! 3. Pt. Matériaux nanostructurés et polypeptides Les peptides peuvent être utilisés pour lier entre-elles. Cu. de façon contrôlée. qui se présente sous forme d’un bâtonnet de 300 nm de long. Les peptides présentent souvent des structures tubulaires que l’on peut utiliser comme templates pour élaborer des nanotubes. Il permet d’élaborer des nanotubes d’oxydes (SiO2. puis réduits in situ pour donner des nanofils conducteurs ou semi-conducteurs. C’est ainsi que l’équipe animée par Franck Artzner a utilisé un polypeptide. Pd. Ni. oxydes. Le contrôle de l’information génétique (ARN ou ADN) permet de contrôler la nature de l’enveloppe protéique qui les recouvrent et dans laquelle certains acides aminés peuvent servir de germe pour nucléer la croissance de nanoparticules. voire même des édifices 3D. Cu. …) et même de polymères (polyaniline). a été abondamment étudiée comme template pour la réalisation de nanocomposants dans les circuits électroniques. recouverts de nanoparticules métalliques sont insérés entre deux électrodes. un ensemble de nanoparticules minérales (métaux. 2. • Le virus de la mosaïque du tabac. Fe3O4) de semi-conducteurs (PbS. Des ions métalliques peuvent être insérés entre les deux brins de l’ADN ou fixés à leur surface via les groupements phosphates. le lanréotide. semi-conducteurs).188 JACQUES LIVAGE MgO. Les nanoparticules s’associent pour former nanostructures en chaînes. TiO2 ou BaTiO3. Un choix judicieux des acides aminés constituant le peptide permet d’initier la précipitation d’un composé choisi à la surface. Virus et nanomatériaux De nombreux virus ont été utilisés pour élaborer des nanomatériaux. De l’ADN aux transistors L’ADN.…) et les déposer entre deux électrodes pour réaliser des nanocircuits électroniques. CdS) de métaux (Co. molécule de base de la vie. surface et symétrie.CHIMIE DE LA MATIÈRE CONDENSÉE 189 • Le bactériophage M13 a aussi été largement utilisé pour l’élaboration de nanomatériaux. contrôle de forme et propriétés physiques par Bruno Chaudret (Chimie de coordination – Toulouse) • La tectonique moléculaire. en particulier par l’équipe d’Angela Belcher aux USA. un mariage à trois par Denis Fichou (Nanostructures – CEA) . Les bactéries Par rapport aux exemples précédents. On peut. Mn. Paris VII) • Nanoparticules organométalliques : chimie de surface. La plus belle réalisation est sans aucun doute l’élaboration de nanofils d’oxyde de cobalt Co3O4 qui peuvent servir d’électrode réversible dans des nanobatteries au lithium. Les séminaires 6 séminaires ont accompagné le cours afin de l’illustrer. simplement en introduisant des ions étrangers dans le milieu de culture. des nanosphères de sélénium. Une application originale consiste à utiliser des bactéries. transformer ces particules en spinelles. Ce virus. Zn. des molécules aux architectures périodiques par Mir Wais Hosseini (chimie de coordination organique – Strasbourg) • Les nano-médicaments. recouvertes de nanoparticules d’or. des nanocristaux de CdS et même des nanotubes de sulfure d’arsenic. possède un manteau protéïque plus complexe. plus long que le précédent (880 nm). une nouvelle approche thérapeutique des maladies graves par Patrick Couvreur (Pharmacie – Chatenay Malabry) • Matériaux hybrides nano-structurés par Clément Sanchez (Chimie de la matière condensée – Paris VI) • Molécules. comme capteur d’humidité. Le gonflement réversible de la membrane de peptidoglycane modifie la distance entre particules métalliques et donc la résistivité du bio-composant. • Micro-algues et. les bactéries sont des objets vivants dont le métabolisme peut être mis à profit pour réaliser la synthèse de nanoparticules minérales. MFe2O4 (M = Co. Cinq familles de peptides différentes peuvent être génétiquement modifiées ce qui ouvre de vastes perspectives. Les cultures de bactéries vivant dans des milieux extrêmes permettent de précipiter des sphères creuses de ZnS. nanomatériaux par Roberta Brayner (Itodis. L’exemple des magnéto-bactéries qui élaborent des chaînes de nanocristaux d’oxyde de fer magnétique Fe3O4 est bien connu. …). 5. Martin-Jézéquel (Université de Nantes) Afin de pouvoir mener une étude simultanée des parties minérales et organiques. 13C et 15N et étudiées selon des méthodes de polarisation croisée. D’autre part. Cette technique nous a permis de discriminer des molécules rigides et mobiles. Ce dernier résultat est particulièrement intéressant car il suggère que le rôle des lipides dans la formation de la silice chez les diatomées a été sous-évalué jusqu’à maintenant. versatile precursors for nanostructured materials’. nous avons étudié par RMN à l’état solide la coquille siliceuse des diatomées. sont encore mal connus. les 26 et 27 février 2008 sur la synthèse et les propriétés d’oxydes de vanadium . — la compréhension des conditions de survie d’organismes vivants au sein de structures minérales synthétique. ces diatomées ont été cultivées en présence de substrats enrichis en 29Si. Cette démarche s’articule selon trois thématiques principales : — l’étude des phénomènes de biominéralisation . — l’élaboration de matériaux et nanomatériaux bio-composites à visées médicales ou biotechnologiques . des protéines mais aussi des lipides. Activités de recherche 2007-2008 Notre démarche vise à explorer les domaines d’interface entre la biologie et les sciences des matériaux. Ce travail a été effectué en collaboration avec V. c’est-à-dire associées ou non au réseau de silice. Aussi une étude directe du matériau biologique est elle nécessaire. après leur culture puis en fonction de différents traitements chimiques. Dans ce cadre. Biominéralisation de la silice : approche analytique et modèles chimiques Les processus biologiques intervenant dans la formation de la silice chez les êtres vivants. • A Uppsala. . la coquille contenait encore des carbohydrates.190 Cours et séminaires à l’étranger JACQUES LIVAGE Cette année nous avons présenté deux séries de cours et séminaires à l’étranger : • A Tunis. Un certain nombre de molécules associées à la silice biogénique ont pu être identifiées mais l’étude de leur interaction vis-à-vis de la minéralisation ne permet pas encore de reproduire in vitro la complexité des organisations minérales observées in vivo. les traitements nécessaires à l’extraction de ces molécules peuvent entraîner leur dégradation. Nous avons ainsi pu démontrer que même après des traitements chimiques intensifs. en particulier chez les diatomées. deux cours ‘the sol-gel process’ et un séminaire ‘vanadium oxide gels. Ce travail est effectué dans le cadre d’une thèse en co-encadrement avec l’USTHB (Algérie).connus pour être impliqués dans la formation des rubans de V2O5. nous avons établi le diagramme de phase du système [gélatine-vanadate] à 40 °C et pH acide. Nous avons d’ores et déjà pu montrer que la présence de la silice permettait de stabiliser des solutions de carboxymethylcellulose. Nous avons ainsi mis en évidence l’existence d’une séparation de phase en deux temps laissant apparaître trois régions distinctes : liquide homogène. Sur la base d’une étude détaillée de chaque région (RMN liquide et solide du 51V. L’étude actuelle porte sur l’encapsulation de catalase dans ces matériaux à teneur variable en silice et à l’étude de stress hydrique. un impact très significatif sur le processus de fusion des . domaine macroscopiquement biphasique (une phase visqueuse riche en gélatine en équilibre avec une phase diluée). Cette silice joue un rôle de gestion des stress biotiques et abiotiques mais les mécanismes associés sont encore mal connus. afin de créer une synergie entre la complexité structurale et la biocompatibilité des premiers avec les propriétés physiques (optiques. ces études sont poursuivies à travers l’établissement de cartes de corrélation bi-dimensionnelle qui devrait nous permettre d’identifier les connectivités entre la matière organique et le réseau minéral. En particulier. nous cherchons à associer des macromolécules biologiques et des phases inorganiques.CHIMIE DE LA MATIÈRE CONDENSÉE 191 Actuellement. Djabourov (ESPCI). nous avons proposé un mécanisme de formation de ces phases fondé sur un processus de coacervation complexe déjà décrit pour des systèmes comprenant deux espèces polyélectrolytes de charges opposées. Nous avons mis en évidence une faible influence des clusters inorganiques sur la formation des triples hélices de gélatine à température ambiante et en revanche.…) des seconds. En collaboration avec M. Carn. Matériaux et nanomatériaux biocomposites Depuis quelques années. modifiant ainsi leurs propriétés de diffusion. magnétiques. nous avons poursuivi l’étude concernant l’association entre des macromolécules de gélatine et des clusters polyoxovanadates de type décavanadate [H2V10O28]4. thermique et photochimique sur leur activité enzymatique. dispersion colloïdale métastable. Il est en effet connu que la silice est présente à des taux de 1 % à 10 % en masse chez certaines plantes. dans le cadre du poste d’ATER du Collège de France de F. Nous cherchons donc à mimer des tissus végétaux silicifiés en élaborant des matériaux hybrides cellulose/silice et à évaluer leur impact sur la stabilisation de systèmes enzymatiques liés à la gestion du stress oxydatif. nous avons cette année abordé un nouvel aspect lié à la biominéralisation chez les plantes supérieures. diffusion de la lumière). En parallèle. Nous avons poursuivi les mesures de rhéologie dans le domaine liquide homogène que l’on a combiné à celles de μ-DSC dans le but de sonder l’influence d’espèces vanadate fortement chargées négativement sur le changement de conformation de la gélatine. DRX. Payen (IMN). comportement mécanique en traction). Ces expériences permettent de sonder l’espace interfoliaire des phases CsV3O8 ou les connectivités spatiales entre les ions Cs+ et le réseau de liaisons hydrogène du décavanadate de césium. Ceci suggère qu’une fraction du médicament est adsorbée à la surface des nanocomposites et non encapsulée. nous avons pu observer un départ très rapide mais partiel de la molécule lors de sa dispersion en milieu aqueux. la nitrofurantoïne. F. Fayolle (ENSAM. nous avons effectué une caractérisation détaillée de la phase visqueuse obtenue dans le domaine bi-phasique après retour à l’ambiante (ATG. Cette même molécule a été encapsulée dans des nanoparticules combinant acide alginique et silice obtenues par voie aérosol. Hajjar. C’est pourquoi. au sein de ces particules. UPMC) et L. DSC. Dans un deuxième temps. Ces résultats nous permettent de mieux appréhender les conditions optimales pour la mise au point de nanovecteurs hybrides afin de pouvoir étendre notre stratégie à d’autres biopolymères de structure et de charge différente. . Y. d’autres noyaux comme 133Cs ont également été étudiés et nous avons pu attribuer de façon claire les signaux RMN aux sites vanadium et césium des structures cristallographiques et préciser la localisation des sites OH du cluster inorganique. nous avons approfondi notre connaissance des systèmes nanoparticulaires hybrides associant un biopolymère et la silice. Truflandier. Man (SIEN. L’influence de la matrice organique sur la croissance d’un réseau de V2O5 a également été montrée. Il peut être facilement mis sous forme de film et se comporte mécaniquement comme un élastomère avec une contribution significative du réseau de triples hélices. Boucher. nous avons continué notre approche consistant à coupler des expériences RMN à des calculs ab-initio sur le décavanadate de césium et des phases lamellaires de type CsV3O8. Outre le noyau 51V. M. Ce travail a été effectué en collaboration avec R. RMN solide 51V. Nous avons mis en évidence notamment que ce matériau hybride possède une stœchiométrie bien déterminée. Paris). nous avons cherché à encapsuler une molécule antibiotique. Nous avons pu ainsi vérifier que ce médicament restait présent tout au long de la synthèse au sein des nanocomposites. nous avons cherché à optimiser notre approche de synthèse de nanocomposites gélatine/silice par nano-émulsion afin de réduire la dispersité en taille des particules obtenues. Dans un premier temps. Les mesures en traction ont été effectuées en collaboration avec B. cette dispersité ayant un très fort impact sur la délivrance de médicaments in vivo. Dans ce cas. La spectroscopie RMN du solide est une technique intéressante pour caractériser des matériaux hybrides désordonnés. et ce indépendamment de la composition (rapport silice/alginate) de la particule. Enfin. Nous avons également effectué des expériences 133Cs-1H HETCOR CP MAS qui n’ont jamais été reportées dans la littérature. En parallèle. Millot et P. Elle suppose cependant la connaissance de la réponse spectrale de composés modèles.192 JACQUES LIVAGE triples hélices. Paris et C. Ce résultat surprenant a été discuté et comparé au comportement « modèle » d’une solution de collagène natif (100 % de triples hélices). une lyse cellulaire a été observée lors d’une mise en contact prolongé des cellules avec les colloïdes inorganiques. Ce travail s’effectue en collaboration avec R. Dans ce cas. nous étudions actuellement l’effet de la transition sol-gel sur le comportement et la survie de micro-algues présentant une importante motilité. un taux de viabilité de 50 % est obtenu pour une durée d’un mois. Un nombre important de cations métalliques étant cytotoxique. probablement due à un temps de gel trop rapide (quelques dizaines de secondes pour l’alumine contre 3-4 minutes pour la silice). dans le cadre d’une thèse en co-encadrement financée par le réseau C’nano IdF et le CNRS. . Notre démarche actuelle vise à étendre ce procédé à d’autres hôtes minéraux. Ces résultats indiquent que le succès de l’encapsulation dépend non seulement des paramètres chimiques de la synthèse mais aussi de facteurs physiques liés à la contrainte mécanique imposée par la formation du gel et/ou à l’interaction colloïdes/paroi cellulaire. Cette approche nous a permis de réaliser la première encapsulation cellulaire par voie sol-gel dans une matrice d’alumine. Nous avons observé une perte importante (60 %) de viabilité lors de l’encapsulation. Afin de vérifier cette dernière hypothèse. nous cherchons actuellement à encapsuler des micro-algues au sein de gels inorganiques.CHIMIE DE LA MATIÈRE CONDENSÉE 193 Encapsulation cellulaire en milieu minéral Le futur développement de nouveaux dispositifs biotechnologiques utilisant des activités cellulaires va dépendre des possibilités d’intégrer des organismes vivants au sein de matériaux fonctionnels. de conserver leur activité métabolique pendant un mois et de les utiliser pour synthétiser des molécules d’intérêt thérapeutique. en présence de glycérol. nous avons cherché à encapsuler des bactéries E. Nous avons déjà démontré qu’il était possible d’immobiliser des bactéries au sein de gels de silice. Paris). afin d’évaluer la capacité des poly-saccharides extra-cellulaires de ces organismes à protéger les cellules des stress physiques induits par l’encapsulation. Cependant. qui induit un stress important sur les bactéries Escherishia coli. En parallèle. Ce résultat est similaire à celui obtenu pour les gels de silice et suggère que ces matrices d’alumine constituent un environnement favorable à la survie des bactéries. La principale difficulté est de mettre au point une voie de synthèse de la matrice minérale qui soit compatible avec la survie cellulaire. Brayner (ITODYS. En suivant une approche similaire. Paris VII) et A. Couté (MNHN. coli dans des gels de zircone. nous avons exploré la possibilité de former des gels inorganiques par une voie colloïdale. c’est-à-dire à partir de nanoparticules préformées. eds.M. M. J. Brun. J. A. Acc. eds . El-Hammari. C. 28 (2007) 445-453. Livage. R. J. Pharm. A. Fiévet. F. Saoiabi. N. Chem. Tharamani. 2 (2007) 461-468. • Sol-gel encapsulation of cells is not limited to silica : bacteria long-term viability in alumina matrices. Livage.S. Livage. C. J. T. 19 (2007) 3988-3999. N. Lett. N. Chehimi. C. C. N. Coradin. Coradin. Amoura. Livage. Ruiz-Hitzky. J. L. Chandrappa.M. • Contribution of multi-nuclear solid state NMR to characterization of the Thalassiosira pseudonana diatom cell wall. Chem. Backov. • Potentialities of silica/alginate nanoparticles as HYbrid MAgnetic Carriers. Chehimi. dans Biomineralization : from Paleontology to Materials Science . T. Livage. Coradin.M. El-Nahal. T. Int. 181 (2008) 848-854. Wiley-VCH (2007) p. Ariga. 61 (2007) 4553-4558. • First Example of Biopolymer-Polyoxometalate Complex Coacervation in GelatinDecavanadate Mixtures. G. Livage. Chanéac. Boissière. P. V. H.J. Livage. M. J. El-Ashgar. M. B. Nanosci. L. J. C. Masse. Coradin. Roux. N. Steunou. J. Coradin. Solid State Chem. R. Boissière. Roux. Nanoscale Res. Dispersion Sci. Chanéac. Lett. . S. M. T. M. Brayner. Devoisselle. F.M. E. B. Livage. N. Binet.M. Nassif. T. J. Abdoul-Aribi. J. Gautier. J. P. Livage. Res. J. F. Achard. Nagaraju. Chem. C. Laurent. Brayner. G. Lvov. Colloids Surf. 344 (2007) 128-134. Editorial Universitaria (2007) p. Allouche. F. Coradin. its characterization and applications. • Bio-controlled growth of oxides and metallic nanoparticles. T. C. Brayner. G. F. R. 7 (2007) 4649–4654. Laghzizil. M. Marroun. T. • Organically modified porous hydroxyapatites : a comparison between alkylphosphonate grafting and citrate chelation. Coradin. 159-192. J. • Aqueous Silicates in Biological Sol-Gel : New Perspectives for Old Precursors. M. Nanotechnol. El-Nahal.M. • Designing nanotextured vanadium oxide-based macroscopic fibers : application as alcoholic sensors. Steunou. N. Martin-Jezequel. Connan. Hémadi. 419-430. I. Ribot. Fernandez. Chem. Coradin. • A new route synthesis of immobilized-polysiloxane iminodiacetic ligand system. T. J. Arias. Coradin. Leroy. 40 (2007) 819. Babonneau..T. J.J.M.F. Lopez. Mater. Bioanal. M. R. Mater. Soft Matter 4 (2008) 735-738. K. 65 (2008) 140-148. Babonneau. R. C. El-Ashgar. (2007) 4015-4017. Roux. Anal. Livage. J. J. 390 (2008) 1889-1898. Livage. J. Y. C. Livage. Lopez. P.N.194 JACQUES LIVAGE Publications 2007-2008 • Macrocyclic polysiloxane immobilized ligand system and its structural characterization. Carn. • Biomimetic dual templating of silica by poly-saccharide/protein assemblies. J. Livage. Brayner. Djabourov. J. Maquet. Coradin. Babot. Tesson. Livage. Technol.L. Masse. J. • From diatoms to bio-inspired materials… and back. M. C. O. • Hydrothermal synthesis of amorphous MoS2 nanofiber bundles via acidification of ammonium molybdate tetrahydrate. I.M. J. Allouche. T. T. • Design of iron oxide/silica/alginate HYbrid MAgnetic Carriers (HYMAC). Gautier. Commun. dans Bio-inorganic Hybrid Nanomaterials . J. et qui permettent des études ciblées sur des gènes et des populations particulières. Depuis plus de 50 ans. mais certaines vont augmenter de fréquence. grâce au séquençage du génome humain et de certains primates (chimpanzé en 2005. et discuté certains des résultats les plus marquants obtenus dans les dernières années. ces phénomènes ont été étudié chez l’homme pour des protéines puis pour des gènes « candidats » montrant des propriétés particulières : polymorphisme important (gènes HLA) ou montrant une grande variation de fréquence dans diverses populations (et il faut rappeler évidemment les travaux des professeurs au Collège de France. jusqu’à la fixation éventuelle dans certaines populations. et aux spectaculaires développements technologiques qui sous-tendent ces grands projets. Jacques Ruffié et Jean Dausset). Le séquençage en cours du génome d’homme de Néandertal va apporter également des données précieuses. professeur Enseignement Une série de 5 cours a été donnée au Collège en mars 2008 sur un thème de très grande actualité : « Évolution du génome humain et gènes soumis à sélection positive ». Des variations génétiques apparaissent à chaque génération et la plupart disparaissent ou restent extrêmement rares. sous l’effet de la dérive génétique et de pression de sélection négative (pour les variants délétères) ou positive (pour les variants ayant une valeur adaptative). . caractérisant en 2007 plus de 3 millions de « Single Nucleotide Polymorphisms » et leur organisation en haplotypes dans 4 populations humaines). Cette série de cours a présenté les approches méthodologiques utilisées pour identifier des gènes soumis à sélection positive. macaque rhésus en 2007) et à l’étude systématique du polymorphisme du génome humain (projet HapMap. membre de l’institut (Académie des Sciences). Jean-Louis Mandel.Génétique humaine M. Depuis une dizaine d’années. en soulignant dans certains cas les controverses quant à leur interprétation. on constate une explosion des connaissances. L’hypothèse généralement admise est celle de la balance entre la protection contre l’effet mutagénique des UV dans des régions très ensoleillées. favorisant une peau claire dans des régions peu ensoleillées. et la présence d’une mutation inactivant ce gène dans cette population (Lamason et al. et enfin. Nat.. L’analyse approfondie des haplotypes permet maintenant d’estimer l’âge de ces variants. Genet. car débutant par l’analyse d’un mutant classique de pigmentation dans le poisson zèbre (le mutant golden). Un cours a été consacré aux découvertes récentes concernant des gènes et leurs variants associés aux différences de couleurs de peau. Nielsen et al. et le rôle des UV dans la transformation de la vitamine D (antirachitique). des yeux et des cheveux. Un cours a été consacré à l’adaptation génétique aux conditions alimentaires dans les populations humaines. favorisant une peau foncée. Les exemples classiques (étudiés au cours des 50 dernières années) de sélection dans les régions d’endémie paludéenne de mutations affectant les gènes globine et responsables d’hémoglobinopathies (anémie falciforme. Science 2006 . illustrent le fait que selon les cas. pour différentes échelles de temps depuis la séparation de l’ancêtre commun au chimpanzé et à l’homme. montre également des caractéristiques indiquant une sélection positive dans certaines populations. thalassémies) ou la glucose 6 phosphate deshydrogénase (G6PD). pour l’analyse des évolutions plus récentes.. La découverte du rôle du gène SLC24A5 dans la pigmentation de la peau humaine est particulièrement frappante. d’yeux ou de cheveux. la probabilité d’une sélection positive dans une région du génome : proportion de changements fonctionnels (affectant la séquence protéique) au cours de l’évolution des primates. Le gène EDAR (récepteur de l’ectodysplasine) impliqué dans le développement de la peau. c’est la variation du nombre de copies . 2005). Pour l’amylase (impliquée dans la digestibilité de l’amidon). où le lait est devenu un apport alimentaire important (la sélection de variants différents est une exemple de convergence évolutive). différences de fréquence allélique entre populations et longueur des haplotypes communs (cf. distribution des fréquences de polymorphismes. Des études ultérieures ont montré l’implication d’un gène similaire (SLC45A2) dans le même phénotype. 2007). Rev. des cheveux et des glandes sudoripares..196 JEANLOUIS MANDEL Le premier cours a présenté l’organisation en haplotypes des polymorphismes du génome et son interprétation. un même variant peut conférer un avantage sélectif ou être au contraire délétère. il a été montré qu’une combinatoire de polymorphismes dans 6 gènes est associée aux variations de pigmentation de la peau. 2007). puis l’identification d’un homologue humain du gène.. Récemment. sans permettre une prédiction individuelle exacte de ces phénotypes (Sulem et al. Sabeti et al. mais aussi dans d’autres populations pratiquant une agriculture pastorale. et les types de mesures permettant d’estimer. et notamment des allèles dérivés (ceux qui ne correspondent pas à la séquence déduite de l’ancêtre commun des hominidés et du chimpanzé). définissant une grande région de très faible diversité génétique dans la population européenne. On observe une forte sélection de variants non codants modifiant la régulation de l’expression de la lactase dans la population européenne. Le dernier cours a porté sur l’apparition ou la disparition de gènes au cours de l’évolution des grands primates. Un cours (4 h) sur la génétique des maladies communes (multifactorielles) a été donné à l’Université de Strasbourg. Sabeti et al. modèles de souris . 2008). illustrant les difficultés de ces approches.. Son programme a montré. ci-dessous. allant dans plusieurs cas discutés au cours du colloque jusqu’à des essais cliniques. La datation de l’inactivation dans l’évolution humaine d’un gène myosine (MYH16) dont l’expression est spécifique de muscles masticatoires.. approches thérapeutiques » a été organisé dans le cadre des enseignements de la chaire les 15 et 16 avril 2008. rapport sur les travaux de recherche). 2004. Enfin. et dans l’apprentissage de chants d’oiseau (modèle du mandarin. Un colloque intitulé « Actualités dans le domaine des maladies monogéniques : mécanismes physiopathologiques. Nature Genet. Il est intéressant de noter que des études impliquent également le gène FOXP2 dans la vocalisation ultrasonique chez les souris. a été suivi par un public nombreux et attentif. amphiphysine) (cf. Quintana-Murci. Nature 2007. ou zebra finch). du gène aux malades et aux familles ». impliquant des phénomènes de sélection dans l’évolution des fonctions cognitives pour les gènes FOXP2 (dans l’évolution du langage) et les gènes ASPM et MCPH1. Les exposés ont également illustré la diversité des modèles expérimentaux utilisés : modèles cellulaires. et une conférence à l’Université Victor Segalen Bordeaux 2 sur « Maladies monogéniques. Ce colloque soutenu par l’Association Française contre les Myopathies. obésité) dans le mode de vie actuel. et du rôle de cet événement dans la gracilisation de la mâchoire des hominidés et dans le développement de l’encéphale.. de l’équipe de L. comment l’étude des mécanismes physiopathologiques de maladies monogéniques a permis de proposer et développer des stratégies thérapeutiques.. McCollum et al. 2007) sont en faveur de la « thrifty gene hypothesis » qui propose que des variants permettant de limiter la dépense énergétique dans des périodes de restriction alimentaire ont été sélectionnés. 2006).GÉNÉTIQUE HUMAINE 197 du gène qui paraît conférer une avantage sélectif. Les approches systématiques de recherche de régions soumises à sélection positive sur l’ensemble du génome ont été présentées et leurs limitations discutées (cf. Un autre cours a été consacré aux études. aux interprétations parfois controversées. les études récentes de polymorphismes prédisposant au diabète de type 2 (Sladek et al. dont des mutations rares sont associées à des microcéphalies monogéniques. Un cours au Collège et une conférence à l’Université et CHU Bordeaux 2 ont porté sur : Myopathies centronucléaires: un lien inattendu entre phosphoinositides et des protéines impliquées dans le remodelage membranaire (dynamine 2. et prédisposent aux maladies métaboliques (diabète. sont très controversés (Stedman et al. qui a fait également partie de l’enseignement national pour les internes de la spécialité de génétique médicale. au travers de 20 conférences. Ainsi.. l’apparition de la vision trichromate apparaît corrélée à la perte de nombreux gènes de récepteurs olfactifs ou de l’organe voméronasal (gène TRPC2). et Barreiro et al. à l’amphithéâtre Guillaume Budé. Les aspects précliniques d’études physiopathologiques et de cibles thérapeutiques potentielles ont été abordés notamment pour le syndrome de retard mental avec X fragile (modèles drosophile et souris ayant abouti à l’identification de récepteurs au glutamate mGluR comme cible thérapeutique . le miglustat (utilisé dans le traitement de la maladie de Gaucher).-L. pour la proposition. pour un traitement spécifique des patients atteints de mucoviscidose et porteurs de la mutation la plus fréquente. une maladie exceptionnellement rare entraînant un vieillissement accéléré . permettant des cribles génétiques (pour la recherche de gènes pouvant modifier le phénotype) ou pharmacologiques. Université de Poitiers) et Olivier Morand (Actelion Pharmaceuticals. INSERM). Illkirch/Strasbourg). l’ataxie de Friedreich (modèles souris. Isabelle Richard CNRS/Généthon. 4) Nicolas Lévy (INSERM/CHU Timone Marseille). par Nathalie Cartier (INSERM/Hôpital SaintVincent-de-Paul) qui développe avec Patrick Aubourg la thérapie génique utilisant un vecteur lentiviral. les myopathies dues à un déficit en alpha-sarcoglycane (modèle souris. qui a fait l’objet d’une première étude clinique avec des résultats biologiques encourageants . Paris) a présenté les propriétés d’une molécule (PTC124) permettant un « readthrough » traductionnel de mutations non-sens. elegans et la drosophile. Suisse). INSERM/Paris 7). J. par Gert-Jan Van Ommen (Center for Human Genetics. Anne Joutel. IGBMC. de l’utilisation d’une molécule. Leiden). la myopathie de Duchenne (modèles nématode et souris. Laurent Segalat. Thomas Voit (Institut de Myologie. à partir de l’étude de modèles cellulaires. Des approches de thérapie génique ont été présentées : 1) pour la myopathie de Duchenne avec la stratégie de « saut d’exon » pour rétablir une phase de lecture dans l’ARN messager dystrophine. qui à partir de modèles cellulaires et de souris a proposé l’utilisation d’un traitement combiné par statines et aminobiphosphonates pour inhiber la prénylation des formes tronquées de prélamine 1 responsables de la progeria. 3) Jean Bastin (CNRS/Necker-Enfants Malades) pour la correction de déficits génétiques du métabolisme oxydatif mitochondrial par le bézafibrate . une maladie démyelinisante gravissime. mutations retrouvées fréquemment dans de très nombreuses maladies génétiques. 2) Frédéric Becq (CNRS. et également la correction de cellules souches . et les stratégies d’essais cliniques chez des patients atteints de mucoviscidose ou de myopathie de Duchenne et porteurs de telles mutations. Hélène Puccio. qui utilise un vecteur viral (AAV). 2) pour l’adrénoleucodystrophie. et le syndrome CADASIL de démence vasculaire impliquant le gène NOTCH3 (modèle souris. 5) Arnold Munnich (INSERM/Université Descartes) qui a décrit un premier essai clinique d’un chélateur du fer dans l’ataxie de Friedreich. IGBMC Illkirch/Strasbourg). qui développe une stratégie par oligonucléotides anti-sens. Mandel. CGMC CNRS.198 JEANLOUIS MANDEL génétiquement modifiées reproduisant les mutations observées chez l’homme. et qui a présenté les premières données de l’essai clinique en . Evry). Lyon/ Villeurbanne). pour le syndrome de Marfan impliquant la voie de signalisation du TGFβ. et Luis Garcia (Institut de Myologie. Le passage de l’étude physiopathologique à des essais cliniques en cours a été illustré par 1) Bart Loeys (Université de Gand). ΔF508 . mais aussi utilisation d’organismes tels que le nématode C. avec des résultats prometteurs d’utilisation d’une thérapie pharmacologique (losartan) . et labellisée équipe FRM 2007). et montré comment la compréhension des mécanismes permet de définir des approches thérapeutiques rationnelles par supplémentation des molécules déficientes. des approches neurochirurgicales de neuromodulation électrique du cerveau permettent d’obtenir des résultats thérapeutiques importants dans des maladies génétiques du tonus (dystonie) ou du mouvement (dyskinésie). pionnier dans le domaine de la thérapie génique. Bernard Barataud (Généthon. Mandel. Gainesville FL USA) : Etudes précliniques en thérapie génique . dirigé par J. une douzaine de communications par affiche sur les thèmes du colloque ont été présentées par de jeunes chercheurs. Il se consacre essentiellement à l’étude des mécanismes génétiques et physiopathologiques de maladies monogéniques neurologiques ou musculaires. qui ont fait l’objet de discussions animées. Ségolène Aymé (Orphanet.GÉNÉTIQUE HUMAINE 199 cours.-L. 2) Myopathies myotubulaire et centronucléaires et analyse fonctionnelle d’une nouvelle famille de phosphoinositides phosphatases : les myotubularines (équipe codirigée avec Jocelyn Laporte. a brossé un tableau des déficits immunitaires monogéniques. Jean-Louis Mandel est plus particulièrement impliqué dans les thématiques suivantes : 1) Syndrome de retard mental avec chromosome X fragile et fonction de la protéine FMRP (avec Hervé Moine. succès et revers du règlement sur les médicaments orphelins . promu DR2 INSERM en 2007. Enfin. immunomodulation par des cytokines. thérapie cellulaire ou génique. Des aspects plus généraux de la problématique du développement thérapeutique pour les maladies rares que sont les maladies monogéniques ont été présentés par Philippe Moullier (INSERM et CHU Nantes. et College of Medicine. Des aspects de recherche clinique sont également développés dans le laboratoire hospitalier de diagnostic génétique du CHU de Strasbourg. Recherche Le groupe de recherche en génétique humaine fait partie du département de Neurobiologie et Génétique de l’IGBMC (Institut de Génétique et Biologie Moléculaire et Cellulaire. Unité Inserm U596 et Université Louis Pasteur de Strasbourg). le premier pour ce type de vecteur. Alain Fischer (INSERM/Hôpital Necker Enfants Malades). Paris) : Des thérapies pour les maladies génétiques. Jean-Louis Mandel a été nommé en juin 2008 directeur de l’Institut Clinique de la Souris (ICS). grâce aux progrès dans le domaine des neurosciences. CR1 CNRS). . Jocelyn Laporte a été également lauréat d’un Prix du comité Alsace de la Fondation pour la Recherche Médicale. INSERM SC11. Evry) : Généthon. Philippe Coubes (Centre Gui de Chauliac/CNRS/INSERM Montpellier) a montré de manière spectaculaire comment. une très importante plateforme technologique associée à l’IGBMC et impliquée dans la création et le phénotypage de souris génétiquement modifiées. UMR 7104 du CNRS. de la cartographie du génome à l’Autorisation de Mise sur le Marché : le chemin du médicament. Afin de caractériser la fonction et les mécanismes d’action de cette protéine. Hélène Puccio (promue DR2 INSERM en 2007) et son équipe s’intéressent aux mécanismes physiopathologiques de l’ataxie de Friedreich. 1) Syndrome de retard mental avec chromosome X fragile et fonction de la protéine FMRP (thème codirigé par H. entraînant sa répression transcriptionnelle. et aux études de corrélation génotype/phénotype pour cette pathologie très hétérogène.-L. Faculté de Médecine de Strasbourg). 2005). dans le but notamment d’identifier des oncogènes impliqués dans la progression tumorale ou des marqueurs génomiques associés au pronostic vital. impliquant la protéine kinase Rsk2).. Hélène Puccio est lauréate du prestigieux « ERC starting grant » du Conseil Européen de la Recherche pour son projet « Comprendre les mécanismes moléculaires impliqués dans les ataxies récessives liées à des déficits mitochondriaux : implication du métabolisme des noyaux fer-soufre ».. Le syndrome X-fragile représente la forme la plus fréquente de retard mental monogénique. L’équipe d’André Hanauer (MCU) étudie les mécanismes du syndrome de Coffin-Lowry (retard mental syndromique lié au chromosome X. Moine et J. 2001).200 JEANLOUIS MANDEL 3) En collaboration avec le Pr Hélène Dollfus (EA3949 et Equipe AVENIR/ INSERM . Nous avions retrouvé ce motif dans l’ARNm de la phosphatase PP2A et suggéré un rôle de FMRP dans le contrôle traductionnel de cette importante protéine régulatrice (Castets et al. Nous avons montré antérieurement que FMRP se lie de manière spécifique et avec une forte affinité aux ARNm contenant un motif structural de type « G(uanine)-quartet » (Schaeffer et al. Ce syndrome résulte d’une expansion instable de répétitions CGG dans le gène FMR1. nous avons entrepris d’identifier et caractériser des ARNm se liant à FMRP et pouvant constituer des cibles de son action. L’équipe dirigée par Michel Kœnig (PU-PH) se consacre à l’identification de gènes impliqués dans des formes d’ataxies récessives. dont la maladie de Huntington et l’ataxie spinocérébelleuse de type 7. FMR1 code pour la protéine FMRP (Fragile X Mental Retardation Protein) qui lie des ARN messagers au sein de complexes ribonucléoprotéiques associés aux polysomes et joue un rôle de régulation de la traduction et/ou de transport de ces ARNm. Mandel). Stanislas du Manoir (CR1 INSERM) et son équipe développent des stratégies d’étude des réarrangements chromosomiques (amplifications. Nos travaux récents suggèrent que l’interaction de FMRP . délétions) présents dans des tumeurs solides. nous menons une étude génétique du syndrome de Bardet-Biedl. Yvon Trottier (DR2 INSERM) dirige depuis 2006 l’équipe qui se consacre aux mécanismes pathogéniques des maladies neurodégénératives causées par des expansions de polyglutamine. La forme liée au chromosome X. ce G-quartet présente des propriétés activatrices de l’épissage et la liaison de FMRP avec ce motif pourrait constituer une boucle d’autorégulation (Didiot et al. L’équipe de B. 2008). En effet. et nous avons participé à l’identification de tous les gènes impliqués jusqu’à présent. 2008). localisation. FMRP contribuerait à l’efficacité de formation des granules de stress (article en préparation). stimulerait la traduction de cet ARNm (résultats soumis). Nous avons récemment montré expérimentalement la présence de motifs G-quartet et leur liaison par FMRP au niveau de la région 3′ non traduite de deux gènes importants pour la plasticité synaptique et précédemment proposés comme cible de FMRP (résultats non publiés). au niveau d’un G-quartet présent dans la région codante (exon 15).. Le mécanisme d’action de FMRP sur ses différents ARNm cibles est encore mal compris. en se liant à un motif structuré en tige-boucle présent au niveau du site d’initiation de la traduction. Nous concluons à une implication de FMRP et RISC dans des voies fonctionnelles distinctes. Nous avons montré que l’ARNm SOD1 ne contient pas de motif G-quartet et FMRP. Nice). Nous avons montré que FMRP : 1) n’est pas nécessaire à l’activité RISC dans les cellules. peut moduler l’épissage alternatif du gène FMR1. Nous avons entrepris d’analyser et comparer l’impact de FMRP sur le métabolisme de ces deux ARNm en culture de neurones primaires de souris : traduction.. Bardoni a observé que l’expression de la protéine superoxyde dismutase 1 codée par ce gène était diminuée dans le cerveau des souris déficientes en FMRP. nous avons caractérisé un nouvel ARNm lié par FMRP. Les myopathies centronucléaires (CNM) regroupent des myopathies rares caractérisées par une grande proportion de fibres musculaires atrophiques à noyaux centraux (les noyaux étant normalement périphériques). appelée myopathie myotubulaire. Les CNM sont regroupées en trois classes.GÉNÉTIQUE HUMAINE 201 avec son propre ARNm. 2) présente des propriétés de localisation intracellulaire et d’association aux polysomes distinctes de celles du complexe RISC. Le complexe SMN est déficient dans une importante pathologie du motoneurone. stabilité. Branlant (CNRS Nancy) nous avons mis en évidence une nouvelle interaction entre FMRP et le complexe SMN d’assemblage de particules ribonucléoprotéiques du spliceosome (Piazzon et al. 2) Myopathies myotubulaire et centronucléaires et analyse fonctionnelle de la voie des myotubularines (équipe codirigée par J. Nous avons récemment réanalysé l’association proposée par plusieurs laboratoires entre FMRP et le complexe RISC (RNA induced silencing complex). l’ARNm SOD1. l’amyotrophie spinale (SMA). Bardoni (CNRS.-L. avec A. Mandel. En collaboration avec B. Elle est due à des mutations dans le gène . Laporte et J. est la plus sévère et se traduit par une hypotonie généralisée qui entraîne souvent la mort du patient dans la première année. En collaboration avec l’équipe du Dr C. Buj-Bello). . 2007. 2005). et un mutant de drosophile montre une faiblesse musculaire associée à des anomalies des tubules-T. l’étude des mutations dans la dynamine 2. une protéine impliquée notamment dans les mécanismes d’endocytose et de trafic membranaire (Bitoun et al. pour certaines mutations de la dynamine 2 (EchanizLaguna et al. dont certaines sont associées à une forme de neuropathie périphérique de CharcotMarie-Tooth et tentons d’établir des corrélations génotype-phénotype. Les mutations faux-sens diminuent la fonction de tubulation des membranes alors qu’un des codons stop prématurés produit une protéine stable qui ne peut plus se lier avec un interacteur précédemment connu de l’amphiphysine 2.202 JEANLOUIS MANDEL MTM1 codant pour la myotubularine (Laporte et al. Nous avons poursuivi. 2000... 2007 et 2008) et la dynamine 2. Guicheney (Paris).. et sont généralement dues à des mutations de la dynamine 2. est en cours d’analyse. Par séquençage direct. 1996). dont deux mutations non sens (Nicot et al.. L’étude d’une grande famille avec myopathie centronucléaire dominante due à une mutation dynamine 2 non décrite antérieurement. 2007). complémentée dans les familles consanguines. 2003). Nous avons poursuivi la recherche de gènes impliqués dans les myopathies centronucléaires récessives. Les formes infantiles autosomiques récessives (ARCNM) sont de sévérité intermédiaire et nous avons récemment montré que certaines familles sont mutées dans le gène BIN1 codant pour l’amphiphysine 2. nous avons trouvé 4 variants à l’état homozygote dans des familles consanguines. Une étude transcriptomique globale au cours du développement de la pathologie musculaire dans ce modèle.. suggérant un recouvrement phénotypique entre myopathie et neuropathie. et à l’aide de cartographie par homozygotie. la dynamine 2. L’amphiphysine 2 était un bon candidat fonctionnel car cette protéine régule le trafic membranaire comme la myotubularine (Cao et al.. et une action sur le système nerveux central. Nous avons poursuivi d’autre part nos travaux sur la physiopathologie de la forme liée au chromosome X.. dont nous avons par la suite montré qu’elle définit une nouvelle famille de phosphoinositides phosphatases. a montré également des signes de neuropathie périphérique et de déficit cognitif peu sévères. en collaboration avec P. Biancalana (Strasbourg) et des cliniciens. ainsi que dans des biopsies musculaires de patients (en collaboration . V. par l’étude du modèle souris de déficience en myotubularine que nous avons construit antérieurement (Buj-Bello et al. 2002). 2007). Ce travail a donc révélé un lien moléculaire et fonctionnel entre 2 formes de myopathies centronucléaires. et résultats non publiés). agissant sur le PI3P et le PI3. Les familles recrutées étant peu informatives pour une analyse de liaison. une protéine interagissant avec la dynamine (Nicot et al.5P2 (Blondeau et al. nous avons opté pour une recherche de gènes candidats identifiés par analyse bio-informatique. Laporte et al. par cartographie d’homozygotie sur puces SNPs.. Les formes autosomiques dominantes (ADCNM) débutent à l’adolescence ou à l’âge adulte. identifiée très récemment dans une nouvelle famille. La deuxième mutation stop. et par leur rôle dans l’organisation des tubules T. en collaboration avec Vincent Jacquemond (Université Lyon 1/CNRS. Nous avons aussi poursuivi une approche de thérapie génique à l’aide de vecteur AAV (adeno-associated virus) exprimant la myotubularine. est muté dans des cas d’anomalies du développement génital masculin (hypospadias) (Fukami et al. adjacent au gène MTM1. En collaboration avec l’équipe de T. qui montrent certaines altérations précoces dans l’évolution de la pathologie (manuscrit en préparation).. la membrane plasmique des fibres musculaires (Buj-Bello et al. School) a montré des anomalies importantes (particulièrement dans le modèle souris) de l’expression de certains gènes impliqués dans la régulation de l’homéostasie calcique.. Ogata (Tokyo). et son inhibition augmente la production de testostérone par des cellules de Leydig tumorales (Fukami et al. Nous avons confirmé ces anomalies au niveau protéique. Harvard Med. nous avons montré que le gène CXorf6. son plus proche homologue MTMR2 étant muté dans une forme récessive sévère de neuropathie périphérique démyélinisante. à la fois par leur interaction avec les phosphoinositides. a des propriétés transactivatrices sur un gène de la voie Notch. Beggs. le gène Hes3.. avec atteinte des cellules de Schwann (Chojnowski et al. ce qui permettrait à terme d’envisager une thérapie par réexpression des gènes homologues et ainsi diminuer la réponse immunitaire. Nous testons maintenant par la même approche la capacité de protéines homologues à la myotubularine (MTMR1 et MTMR2) à améliorer le phénotype des souris Mtm1 KO.GÉNÉTIQUE HUMAINE 203 avec A.. Nous avons observé d’autre part des anomalies précoces de l’organisation des tubules T. à un niveau quasi-normal (Buj-Bello et al. 2008). corrige le positionnement des noyaux et augmente la masse musculaire ainsi que la force.. et montré que certaines d’entre elles survenaient précocément au cours du développement de la pathologie. 2007) et donc nous permettre de discriminer entre les alternatives de spécificité d’expression ou liée à la structure de la protéine. Villeurbanne) une étude électrophysiologique des courants calciques des fibres musculaires des souris déficientes en myotubularine. . 2007). Ceci permet de relier fonctionnellement les 3 protéines connues mutées dans les myopathies centronucléaires. Les anomalies de l’organisation des tubules T et de la fonctionnalité du couplage excitation contraction pourraient rendre compte de l’importante hypotonie musculaire observée chez les patients. 2008). Le gène CXorf6 code pour une protéine avec un domaine de type mastermind. et avons entrepris. ceci apportera également des informations précieuses sur les mécanismes de spécificité musculaire liées aux mutations du gène MTM1. Sur un plan plus fondamental. L’utilisation de la même approche pour surexprimer la myotubularine suggère que cette protéine régule l’homéostasie du sarcolemme. En effet une seule injection intramusculaire dans des souris déjà atteintes de faiblesse musculaire améliore de manière spectaculaire l’état pathologique du muscle. en collaboration avec le Généthon (Evry). Des résultats très positifs ont été obtenus sur notre modèle souris. 2008). Les protéines BBS6. de transmission autosomique récessive. Moras à l’IGBMC. Le phénotype indistinguable des patients porteurs de mutations dans des gènes BBS différents suggère que les protéines correspondantes pourraient être impliquées dans des complexes macromoléculaires (l’absence de l’un ou l’autre d’entre eux ayant alors le même effet négatif sur la fonction du complexe). Nous avons montré que ces 3 gènes définissent une branche spécifique des vertébrés au sein de cette superfamille dont les autres membres ont une origine beaucoup plus ancienne (Stoetzel et al. 9 gènes (dénommés BBS1 à 9) avaient été identifiés par des équipes américaines et anglaises. Il est caractérisé par une étonnante hétérogénéité génétique. L’utilisation d’une approche de cartographie par homozygotie dans des familles consanguines. . obésité. alors que 8 des 9 gènes BBS précédemment identifiés sont très conservés dans l’évolution. a permis de relier le syndrome BBS à des défauts dans l’assemblage ou la fonction de structures ciliées (cil primaire) et du centrosome. BBS10 est un gène majeur. Hélène Dollfus (Faculté de Médecine de Strasbourg). De manière surprenante. à l’aide de « puces SNP (single nucleotide polymorphism) ». BBS10 et BBS12 appartiennent. comme BBS6 à la superfamille des chaperonines de type II (Stoetzel et al. et même à l’algue Chlamydomonas). associe rétinite pigmentaire. en collaboration également avec l’équipe de D. en collaboration avec l’équipe de bioinformatique d’Olivier Poch à l’IGBMC nous a permis d’identifier en 2005-2006 deux nouveaux gènes (BBS10 et BBS12) particulièrement importants. Des travaux récents paraissent confirmer une telle hypothèse pour 7 protéines BBS présentes de manière stoechiométrique dans un complexe nommé BBSome (Nachury et al.. Dollfus) Le syndrome de Bardet-Biedl (BBS). contrastant avec la spécificité de la présentation clinique. 2007). et on peut donc faire l’hypothèse d’un complexe « chaperonin-like » qui contiendrait ces 3 protéines. De 2000 à 2005. 2007). Des études sont entreprises dans cette direction. dont les mutations ne rendent compte que d’environ 50 % des patients.204 JEANLOUIS MANDEL 3) Analyse génétique du syndrome de Bardet-Biedl (collaboration avec le Pr H. L’identification de ces gènes... 10 et 12 sont absentes de ce complexe. Nous participons à une étude initiée par le Prof. dont les mutations sont retrouvées chez plus de 20 % des patients (Stoetzel et al. Marion et H. Des résultats récents obtenus par V. les gènes BBS10 et BBS12 codent pour des protéines spécifiques des vertébrés et dont la séquence protéique évolue beaucoup plus rapidement que pour les autres gènes BBS (à l’exception du gène BBS6). La création de mutants avec inactivation conditionnelle des gènes BBS10 et 12 chez la souris est en cours. visant notamment à identifier de nouveaux gènes BBS. codant pour des protéines de types très divers et dont les fonctions étaient initialement inconnues. polydactylie. 2007).. anomalies rénales et atteinte cognitive. Dollfus suggèrent que les protéines BBS et le cil primaire jouent un rôle important dans la différenciation des préadipocytes et dans l’adipogenèse (résultats soumis). entre tous les organismes ciliés (de l’homme au nématode. qui devraient notamment permettre de répondre au problème du mécanisme (central ou périphérique) de l’obésité liée aux mutations BBS. 2006). et BBS12 rend compte de 5-6 % des familles. qui mènent entre autres à leur accumulation et leur agrégation dans le noyau des neurones. Nous avons déjà élucidé la structure de l’anticorps dans deux configurations différentes. avec une spécificité d’atteinte des neurones qui diffère selon la maladie.8 million de positions analysables (puces 6. Notre stratégie consiste à déterminer la structure de polyQ de longueur déterminée interagissant avec un partenaire. Une vingtaine de familles avec syndrome de Bardet-Biedl et sans mutation dans les gènes connus sont actuellement en cours d’analyse sur des puces contenant 1. La très haute densité de puces ADN utilisables pour l’analyse de SNPs et de dosage génique devrait permettre la détection de telles délétions. 1995. L’expansion de polyQ (au-delà d’environ 39 résidus) confère aux protéines mutées de nouvelles propriétés neurotoxiques. en l’occurrence un anticorps monoclonal anti-polyQ. et suggèrent au contraire une extrême hétérogénéité. Trottier 2003). Les analyses effectuées sur des familles consanguines pour lesquelles le gène n’est pas encore identifié nous permettent d’exclure la présence d’un gène pouvant expliquer plus de 10 % des cas. un motif retrouvé dans un grand nombre de protéines. Ceci complique l’identification de nouveaux gènes. mais aussi celle de l’anticorps. Trottier étudie la physiopathologie de la maladie de Huntington (MH) et l’ataxie spinocérébelleuse de type 7 (SCA7). et contenant donc de très nombreux gènes.GÉNÉTIQUE HUMAINE 205 La stratégie d’identification de nouveaux gènes BBS se poursuit (il reste environ 25 % de patients ne correspondant à aucun des gènes connus). Nous avons récemment entrepris une nouvelle approche basée sur l’observation qu’une proportion en général faible de mutations responsables de perte de fonction correspondent à des délétions touchant plusieurs exons du gène cible. Cette étape préliminaire nous guide actuellement dans l’analyse des cristaux formés par le complexe polyQ:anticorps. en l’absence de grandes familles informatives. Ces maladies neurodégénératives héréditaires sont dues à une expansion de répétitions CAG codant pour un homopolymère de glutamines (polyQ) dans des protéines cibles spécifiques de chaque maladie. nous avons conçu un . nous cherchons à élucider la structure spatiale de polyQ. avec K.. entrainant une dérégulation de l’expression de certains gènes et une dysfonction puis une mort neuronale. L’équipe s’intéresse aux propriétés structurales et d’agrégation des polyQ. notamment en sélectionnant les régions d’homozygotie chez des patients issus de familles consanguines. 2007). Mérienne) L’équipe de Y. sur la base de nos travaux antérieurs (Klein et al. D’autre part. ce qui devrait fournir une base pour générer par modélisation des inhibiteurs de l’agrégation. En collaboration avec le Dr A. Maladies à expansion de polyglutamine (Yvon Trottier. que nous avions caractérisé antérieurement (Trottier et al. car il existe de nombreuses régions candidates (sur la base des études d’homozygotie) de grande taille. mais dont la fonction reste inconnue.. Podjarny (IGBMC).0 d’Affymetrix). Cette stratégie doit nous permettre de révéler la structure de la polyQ. Crx. puis l’activité mesurée par électrorétinogramme (ERG) diminue progressivement et s’accompagne d’anomalies morphologiques des photorécepteurs : une perte des segments externes et internes. Troisièmement. Strasbourg). notamment des facteurs de transcription (Nrl. Les analyses sont effectuées in vitro dans un modèle cellulaire et dans un modèle souris. Plusieurs voies pathogéniques pourraient participer à cette « dédifférenciation » et sont actuellement à l’étude dans notre laboratoire. Ces photorécepteurs non différenciés et non fonctionnels survivent néanmoins jusqu’à un stade tardif de la pathologie.. 2006 .. L’étude du profil transcriptionnel de la rétine des souris SCA7 a révélé une forte répression des gènes spécifiques des photorécepteurs. nous étudions deux molécules chimiques qui semblent prévenir l’accumulation ainsi que l’agrégation des protéines mutées. 2007) et le Dr Nicolas Winssinger (ISIS.. manuscrit en préparation). UK) (Rousseau et al. 2004 . une altération de l’architecture du noyau avec une décondensation de la chromatine (Helmlinger et al. et que l’inactivation génétique de c-Jun retarde la rétinopathie des souris SCA7 (Mérienne et al.206 JEANLOUIS MANDEL polypeptide ayant des propriétés anti-agrégation in vitro. Ce projet est issu d’une collaboration avec le Dr Anne Bertolotti (Cambridge. Nr2e3) qui contrôlent la différenciation des photorécepteurs (Abou-Sleymane et al. nous avons récemment observé une activation microgliale importante aux stades précoces de la rétinopathie de ces souris.. Afin d’identifier les mécanismes de dysfonction et de dégénérescence neuronale. comme l’ataxine-7 fait partie du complexe TFTC qui régule la transcription en acétylant les histones (Helmlinger et al.. Nous poursuivons l’étude du potentiel thérapeutique de ce polypeptide dans un modèle drosophile de maladie à polyQ en collaboration avec le Dr Hervé Tricoire (CNRS/U. . Helmlinger et al. Nous nous intéressons également aux mécanismes d’action de ces molécules. 2006). il semble que l’ataxine-7 mutée causerait une dysfonction de TFTC qui mènerait à la décondensation générale de la chromatine (par hyperacétylation) et à la dérégulation des gènes spécifiques aux photorécepteurs (Helmlinger et al. Premièrement. 2004 . l’ataxine-7 mutée s’agrège dans les photorécepteurs et cause un stress en activant la voie Jnk/ c-Jun (Mérienne et al.. ou bien la phagocytose de la couche des segments des photorécepteurs. Deuxièmement. La rétine de ces souris se développe normalement jusqu’à 3 semaines d’âge. Dehay et al. Nous avons montré que c-Jun régule le facteur Nrl. nous étudions depuis plusieurs années un modèle souris SCA7. 2003). 2007). qui récapitule la dégénérescence rétinienne observée chez les patients. Également dans une perspective thérapeutique. où l’activité ERG est absente.. 2006 )... Ces données suggèrent que l’ataxine-7 mutée compromet le programme génétique de différenciation des photorécepteurs. une disparition des cils connecteurs associée à une réapparition de centrosomes ou de cils primaires périnucléaires. Paris 7). Nous tentons actuellement de savoir quel est le rôle de l’activation de la microglie : soit la sécrétion de facteurs de survie.. 2004). Yefimova et al. menant peut-être les photorécepteurs à se dédifférencier. Ces modèles conditionnels reproduisent l’essentiel des caractéristiques physiopathologiques et biochimiques de la pathologie humaine. Le rôle du stress oxydatif. le rôle central de la mitochondrie reste controversé puisqu’une machinerie cytosolique d’assemblage des centres Fe-S indépendante a été proposée.. par la construction et l’étude de modèles murins et de modèles cellulaires. L’expansion CAG dans le locus HD muté montre une forte instabilité -avec une tendance à un allongement additionnel. 2008). 2001 . est actuellement à l’étude dans la rétinopathie de ce modèle SCA7. 2004). nous avons récemment montré que la frataxine est nécessaire pour la biogenèse d’enzymes Fe-S nucléaires et cytosoliques. Allemagne) a permis de montrer que la protéine cytosolique huNbp35. par inactivation conditionnelle spatio-temporelle (système Cre-Lox) du gène de la frataxine (Puccio et al. Lill (Marburg. Puccio s’intéresse aux mécanismes physiopathologiques de l’ataxie de Friedreich (AF). est essentielle pour les protéines à noyau Fe-S cytosoliques et nucléaires et joue un rôle dans la régulation du fer (Stehling et al. 2007). gravement invalidante. et qu’il n’existe donc pas de machinerie de biosynthèse des noyaux Fe-S chez les mammifères complètement indépendante de la mitochondrie (Martelli et al. Elle est due à la diminution quantitative d’une protéine mitochondriale. Une collaboration avec l’équipe de Pr R. la région cible principale de la pathologie.GÉNÉTIQUE HUMAINE 207 Quatrièmement. K.. Simon et al. L’ataxie de Friedreich est une maladie autosomique récessive. et peu d’instabilité dans le cervelet. Physiopathologie de l’ataxie de Friedreich (équipe H. qui est aussi présent dans la pathogenèse de la maladie de Huntington (MH). caractérisée par une dégénérescence spino-cérébelleuse et une cardiomyopathie hypertrophique. Cependant. qui entraîne un déficit fonctionnel des protéines fer-soufre (Fe-S) et une accumulation intramitochondriale de fer. chez les mammifères.. indépendant de leur localisation cellulaire. il est probable que l’instabilité — et l’allongement — de l’expansion CAG dans le striatum contribue à la dégénérescence sélective de cette région du cerveau. la mitochondrie joue un rôle central pour la biosynthèse de tous les noyaux Fe-S. Mérienne étudie les mécanismes menant à l’instabilité sélective de l’expansion CAG dans le striatum. notamment la voie de réparation d’ADN. plus la pathologie est précoce et sévère. la frataxine. Dans la levure. une P-loop NTPase. Ces résultats ouvrent la porte sur de nouvelles pistes physiopathologiques. A travers les différents modèles murins générés. L’ensemble de ces résultats démontre l’existence d’une machinerie complexe pour l’assemblage des protéines à noyau Fe-S qui est peu étudiée chez les . une région épargnée. Puccio) L’équipe de H..dans le striatum. Comme les études corrélatives génotype-phénotype antérieures ont révélé que plus l’expansion est longue. Cette équipe a créé depuis plusieurs années des modèles souris de l’ataxie de Friedreich. nous avons constaté que la rétinopathie s’accompagne d’un stress oxydatif précoce important. en collaboration avec la plateforme de criblage du genopôle AlsaceLorraine. L’établissement de lignées cellulaires directement à partir des souris mutantes constitue donc un excellent système pour étudier les anomalies biochimiques liées à l’absence totale de frataxine. La frataxine (FXN) est une protéine mitochondriale synthétisée sous forme d’un précurseur de 210 acides aminés. Cependant. De plus. Nous avons également démontré que la forme m78-FXN est capable de restaurer la survie cellulaire de cellules déficientes en frataxine... L’étude fondamentale sur le métabolisme des protéines à Fe-S proposée dans le cadre de notre projet ERC permettra la compréhension des conséquences d’un déficit du métabolisme Fe-S de la mitochondrie dans les cellules neuronales. IGBMC) pour isoler par cytométrie de flux des cellules murines complètement délétées pour la frataxine. soumis). une protéine commençant à l’acide aminé 56 (m56-FXN) et deux autres récemment décrites en 2007. qui présente un défaut de prolifération cellulaire et certaines caractéristiques moléculaires de l’AF. en préparation). donc plus sévère. et que les deux autres formes décrites n’existaient pas sous forme endogène (Schmucker et al. En effet. trois formes différentes de la protéine mature ont été décrites : depuis 1998. Nous avons généré un modèle cellulaire par une stratégie d’antisens par ribozyme. Dans le but d’identifier de nouvelles molécules potentiellement thérapeutiques. Le criblage s’est . probablement par un arrêt du cycle cellulaire. nous avons démontré que m81-FXN était la forme mature majoritaire in vivo. nous avons déterminé que la maturation se faisait en deux étapes et que les formes m56-FXN et m78-FXN pouvaient être produites en conditions cellulaires lorsque que la maturation normale de la protéine était perturbée.208 JEANLOUIS MANDEL mammifères. soulignant une nouvelle fois le rôle important de la frataxine (CarelleCalmels et al. par des essais de mutagénèse dirigée. 2008). le site final de clivage de la forme mature m-FXN est sujet de controverses. Les lignées cellulaires de patients sont peu utiles pour des analyses biochimiques car phénotypiquement normales puisqu’elles sont issues de cellules épargnées par la maladie (lymphoblastes et fibroblastes). débutant à l’acide aminé 78 ou 81 respectivement (m78-FXN.and m81-FXN). Ce système nous a permis de montrer que l’absence totale en frataxine dans des fibroblastes conduit à la mort cellulaire. Par une analyse de spectrométrie de masse (en collaboration avec Manuela Argentini. Nous avons utilisé des lignées cellulaires murines portant un allèle d’inactivation conditionnelle de la frataxine en combinaison avec l’expression d’une recombinase EGFP-Cre (en collaboration avec Brigitte Kieffer. ainsi que pour un criblage à grande échelle de molécules potentiellement thérapeutiques. Son import et sa maturation dans la mitochondrie impliquent deux clivages N-terminaux. IGBMC). nous avons recherché des molécules susceptibles de restaurer le retard de croissance cellulaire par criblage robotisé des molécules de la chimiothèque Prestwick (1 500 molécules) (Carelle-Calmels. Un criblage à plus grande échelle est envisagé pour augmenter les chances de réussite. confirmation et dose-réponse. un déficit en succinate déshydrogénase et aconitase ainsi qu’une surcharge en fer est observée dans les muscles des patients.. nous avions identifié 48 molécules ayant un effet positif sur la croissance des cellules déficientes en frataxine. D’autres loci d’ataxie récessive ont été identifiés par analyse de liaison dans des familles consanguines avec d’autres formes d’ataxie. Récemment.GÉNÉTIQUE HUMAINE 209 effectué en 3 étapes : criblage initial. des fibres rouges déchiquetées (ragged red fibers).. Après confirmation. 2007). 2005. manuscrit en préparation).. Le Dr Marie Wattenhofer-Donzé. en la recherchant dans des myopathies mitochondriales nonexpliquées. Génétique moléculaire des ataxies récessives (équipe M. soumis. 2008. Ce modèle musculaire montre que l’absence totale de frataxine dans le muscle induit une myopathie mitochondriale avec des fibres musculaires de tailles variées. en particulier l’âge de début toujours supérieur à 8 ans et l’association avec une élévation de l’alpha-fœtoprotéine sérique qui en font de très bons critères d’orientation diagnostique. Nous avons ainsi participé à l’identification du gène du syndrome de Marinesco-Sjögren. une myopathie mitochondriale sévère avec une prolifération mitochondriale et une structure anormale des fibres musculaires. la présence de noyaux centraux. Malheureusement. L’analyse clinique de patients AOA2 confirmés par l’identification de mutations du gène de la sénataxine nous permet de mieux définir cette nouvelle forme d’ataxie. qui étudie ce modèle. et la recherche des gènes mutés a été entreprise (Gribaa et al. aucune des molécules n’a été retenue lors de la courbe dose-réponse. Khan et al.. Ces gènes codent pour trois protéines nucléaires. Ce gène est impliqué dans l’assemblage des noyaux Fe-S et est un partenaire direct de la frataxine... AOA2/gène senataxine en 2004) ainsi que plusieurs familles avec une forme très rare d’ataxie avec apraxie oculomotrice due à une mutation fondatrice dans le gène MRE11 (Fernet et al. 2008). Ceci suggère qu’il serait peut-être intéressant d’élargir le phénotype associé à la perte de fonction en frataxine. En accord avec le rôle de IscU. et d’identifier une élévation modérée de l’alphafœtoprotéine chez les porteurs hétérozygotes (Anheim et al. l’anomalie génétique responsable d’une myopathie mitochondriale avec acidose lactique a été identifiée : une mutation du gène ISCU menant à une anomalie d’épissage de son ARN messager. est titulaire d’un poste ATER du Collège de France pour les années 2006-2008. Tazir et al. des dépôts mitochondriaux de fer et un déficit spécifique des protéines à noyau Fe-S ainsi qu’une acidose lactique (Wattenhofer-Donzé. dont les deux premières sont impliquées dans la réparation des cassures de l’ADN. soumis). Koenig) L’équipe avait précédemment identifié les gènes impliqués dans des formes d’ataxie avec apraxie oculomotrice (AOA1/gène aprataxine en 2001 . Nous avons récemment généré un modèle murin déficient en frataxine dans le muscle squelettique. Il est intéressant de noter un cas clinique reporté dans la littérature d’un garçon avec un diagnostic moléculaire de l’AF présentant en plus des signes cliniques et électrophysiologiques d’AF. Gazulla et al. qui . Syndrome de Coffin-Lowry et kinase RSK2 (équipe A.. Lehesjoki (Helsinki) (Anttonen et al. qui est le paralogue le plus proche d’ADCK3. – 2 et – 5) est beaucoup plus ancienne puisque déjà présente chez les bactéries. comportant notamment des anomalies squelettiques progressives) et le rôle de la kinase RSK2 mutée dans ce syndrome et de ses homologues RSK1. L’analyse bioinformatique de la séquence ADCK3 et des protéines apparentées montre également qu’elles forment une famille de kinases ancestrales ayant de lointaines similitudes avec les phosphoinositide-kinases et les choline-kinases. Cette ataxie est donc la cinquième forme d’ataxie récessive due à un déficit d’une protéine mitochondriale.210 JEANLOUIS MANDEL associe une ataxie précoce. L’élucidation de la fonction d’ADCK3 devrait permettre d’identifier un mécanisme primitif de régulation de la synthèse de l’ATP (chaîne respiratoire) par l’ATP lui-même (co-substrat de la kinase) et d’éclairer par un angle nouveau l’origine des mécanismes de régulation biologique par les kinases. en collaboration avec l’équipe du Pr A. est la cause directe des mécanismes dégénératifs des voies cérébelleuses et spinocérebelleuses dans un nombre important de cas. une cataracte et un retard du développement psychomoteur. Ce gène code pour une kinase mitochondriale. un lipide essentiel au transport des électrons dans la chaîne respiratoire mitochondriale.-E.. une protéine. au moins lors d’un exercice musculaire. et une corrélation entre le niveau de répression d’ADCK4 et le taux résiduel en coenzyme Q10. impliquée dans la régulation de la synthèse du coenzyme Q10. 2004).. confirmant que le dysfonctionnement de cette organelle en général et de la chaîne respiratoire en particulier. L’analyse rétrospective des patients avec mutations ADCK3 confirme la présence d’un déficit modéré en coenzyme Q10 dans les fibroblastes en culture et d’une élévation modérée des lactates sanguins. des anomalies de la dentition (manuscrit en cours de . ADCK3. Elles présentent un retard de croissance osseuse (Yang et al. 2008). Nous avons étudié l’expression d’ADCK4. 3 et 4. Nous avons plus récemment identifié un nouveau gène d’ataxie récessive par l’analyse d’une grande famille consanguine d’origine algérienne (Lagier-Tourenne et al. Des souris invalidées pour le gène RSK2 ont été créées précédemment par l’équipe. suggérant que le substrat d’ADCK3 n’est pas nécessairement. 2008). La divergence entre les gènes ADCK3 et – 4 a probablement commencé au moment de la duplication génomique liée à l’apparition des vertébrés. 2005). La divergence avec les autres membres de la famille ADCK (ADCK1. dans les lignées de patients mutés pour ADCK3. Ces résultats suggèrent qu’ADCK4 est également impliqué dans la régulation de la synthèse du coenzyme Q10 (Lagier-Tourenne et al. Hanauer) L’équipe étudie les bases moléculaires du syndrome de Coffin-Lowry (retard mental syndromique lié au chromosome X. Les patients de quatre autres familles se sont avérés avoir des mutations du même gène.. une co-répression de ce dernier en présence de mutations ADCK3. ou probablement pas. Nous avons trouvé à la place d’une surexpression compensatrice attendue d’ADCK4. GÉNÉTIQUE HUMAINE 211 préparation) et des déficits d’apprentissage et de mémoire spatiale (Poirier et al. Les études en cours portent sur la croissance des neurites de neurones corticaux et hippocampiques. et nous avons montré que le niveau des formes phosphorylées (activées) de ERK1/2 était nettement augmenté chez les souris mutantes (+ 50 %).. in press). Ces résultats ont été rapportés dans une publication qui vient d’être acceptée dans le Journal of Cell Biology (Fisher et al. mais que les axones avaient une longueur significativement plus importante que les axones de motoneurones WT. Une dérégulation de la croissance des neurites pourrait ainsi contribuer au déficit fonctionnel du système nerveux des patients CLS et des souris déficientes pour RSK2. L’ensemble de ces résultats ont été publiés (Marques Pereira et al. l’excès de croissance axonale a pu être corrigé. L’équipe a récemment mis en évidence des anomalies de la voie dopaminergique au niveau du cortex de ces souris. La sérine 31 est essentiellement phosphorylée par la kinase ERK. Cette étude a montré que la survie de motoneurones (spinaux) de souris KO-RSK2 en culture était normale. était significativement augmenté dans le cortex de la souris KO-RSK2 alors que le taux de protéine TH totale est similaire chez les souris KO et les souris WT. Nous avons montré que le taux de la forme phosphorylée (active) sur la sérine 31 de la tyrosine hydroxylase (TH). ainsi que sur la morphogénèse de leurs épines dendritiques. l’enzyme limitante de la synthèse des catécholamines.001) au niveau du cortex. Les travaux en cours portent sur la caractérisation des conséquences de cette dérégulation du système dopaminergique pour la transmission synaptique. La surexpression d’une forme constitutivement active de RSK2 dans les motoneurones conduisait. . Finalement. en collaboration avec le groupe de Michael Gruss (Université de Magdebourg) de différents neurotransmetteurs a en effet révélé une augmentation des concentrations en dopamine (+ 45 %. 2006). Ce résultat a conduit l’équipe à explorer l’expression et la phosphorylation de différents acteurs de la voie dopaminergique.. L’équipe a par ailleurs collaboré à une étude portant sur les conséquences de l’inactivation de RSK2 pour la croissance axonale des motoneurones. mais non de l’hippocampe. L’ensemble des résultats suggère que dans des conditions physiologiques normales RSK2 régule négativement l’allongement des axones via la voie de signalisation MAPK/ERK. Cette étude confirme enfin la fonction inhibitrice exercée par RSK2 sur la voie Ras-ERK (elle avait déjà été rapportée auparavant. Nous avons également observé des augmentations significatives des niveaux d’expression du transporteur de la dopamine (DAT) et du récepteur dopamine DRD2 chez les souris mutantes. au contraire. Une étude par chromatographie HPLC. en appliquant un inhibiteur pharmacologique de MEK à des cultures de motoneurones déficients pour RSK2. Comme dans le cadre de notre étude sur le système dopaminergique. p = 0. à une réduction de la croissance axonale. une augmentation de 30-40 % de l’activité de ERK1/2 a aussi été constatée dans les motoneurones déficients pour RSK2 par rapport à des motoneurones WT.. Tous les autres neurotransmetteurs étaient présents à des taux normaux. 2008). mais basée sur des études in vitro). Arnold). des cancers du poumon de type épidermoïdes et adénocarcinomes (coll. 2008). Pour les formes épidermoïdes. on trouve notamment un récepteur ionotropique. La validation d’une dizaine de ces gènes par RT-PCR quantitative et par Western-blot a déjà été réalisée. Pour les deux histologies. N. Une confirmation par Q-PCR des aberrations trouvées devrait permettre de définir un set minimal de régions qui pourrait être à la base d’un prototype de test pronostique. Réarrangements génomiques dans les tumeurs solides (équipe S. la région la plus amplifiée est située en 3q et contient le gène SOX2 (manuscrit en préparation). une comparaison des transcriptomes d’hippocampe de souris invalidées pour RSK2 et de souris sauvages a été réalisée. Ces signatures génomiques seront validées par un ensemble de procédures statistiques. Nous avons développé une approche statistique originale pour identifier les régions associées au pronostic. délétions) des tumeurs solides par « CGH array » et analyse du transcriptome. qui avait été poursuivie ces dernières années. du Manoir développe des stratégies d’étude des réarrangements chromosomiques (amplifications.212 JEANLOUIS MANDEL Finalement.. une ségrégation partielle est obtenue sur la base de ces aberrations. Martinet. L’expression des gènes candidats sélectionnées . Elle a révélé des différences d’expression significatives pour une cinquantaine de gènes. La validation des autres gènes est en cours. Le dernier cas étudié a montré que le point de cassure sur le chromosome X était localisé dans une région dépourvue de gènes. Notre étude épidémiologique concernant une série de 1 200 cancers du poumon opéré au CHU de Nancy depuis 1988 (constituant la tumorothèque de Nancy) confirme le besoin de marqueurs pronostics pour les patients de stade I-II dont 45 % meurent de récurrence (publication soumise). faisant de ce gène exprimé dans le cerveau un candidat pour des formes autosomiques de retard mental (Dubos et al. a été arrêtée. du Manoir) L’équipe du Dr S. Ces études rétrospectives construites sur des cohortes très homogènes concernent des carcinomes de l’ovaire (coll. Pour les adénocarcinomes. Parmi les gènes validés dont l’expression est nettement augmentée dans l’hippocampe de souris déficientes pour RSK2. une amplification est présente uniquement chez les courts surviveurs et plusieurs régions de gains et pertes sont trouvées préférentiellement chez ceux-ci. Nous avons réalisé deux études rétrospectives (Adénocarcinomes : 73 cas et Epidermoïdes : 76 cas) de cancers du poumon de stade I-II stratifiées en deux groupes (survie < 25 mois et > 60 mois) par CGH-array. trois études ont été entreprises pour cribler les aberrations chromosomiques par CGH sur puces. Nancy). mais que le point de cassure autosomique interrompait le gène CDKL3 (une protéine kinase cdc2-related). le facteur de transcription RunX et un facteur d’initiation de la traduction jouant un rôle très important dans la traduction locale au niveau des dendrites. La recherche de nouveaux gènes de retard mental lié au X par l’étude de translocation X-autosome chez des femmes avec retard mental. Afin d’identifier des marqueurs génomiques pronostiques associés à des paramètres cliniques comme la survie. N. Plusieurs régions sont associées au mauvais pronostic. autosomal recessive spinocerebellar ataxia and epilepsy is localized at 16q21-q23. Nierengarten H. Gribaa M.. Oulad-Abdelghani M. 164 cancers du poumon (PNES-poumon) et 98 VADS (étude du groupe de B. une étude initiée par le Prof.. Biancalana V. Klein F.. Mandel J. Nicot A. Lagier-Tourenne C. Elmalik S..S.. Al-Rayess M. Cette étude publiée par le groupe de B. nous avons développé un programme automatisé..L. Backer J. H’mida D. Ce travail visait à identifier une signature moléculaire pronostique de l’apparition ultérieure de métastases dans les cancers VADS par l’exploration du transcriptome et des aberrations génomiques. Pathogenic and non-pathogenic polyglutamine tracts have similar structural properties: towards a length dependent toxicity gradient. Goebel H. Drouot N.-P. Neuromuscular disorders (2007) 17 : 955-959.. Traffic (2007) 8 : 1052-1067.S. et al... Wasylyk.L. and Kœnig M.. IGBMC). Pastore A.... 190 cancers colorectaux ont été étudiés. Liste des publications du groupe de génétique humaine de l’igbmc (depuis juillet 2007) Publications parues dans des revues de niveau international avec comité de lecture 2007 Cao C. A new form of childhood onset.... Bétard C. (programme DHOS en collaboration avec P. Almubarak M.. Pour faciliter l’interprétation des données des puces Agilent dans le contexte du retard mental. Stein M. J. Mandel J. Mohamed A. Subtle central and peripheral nervous system abnormalities in a family with centronuclear myopathy and a novel dynamin 2 gene mutation.GÉNÉTIQUE HUMAINE 213 par des filtres bibliographiques et bioinformatiques dans ces régions génomiques sera évaluée dans des tumeurs humaines primaires et dans des tests de croissance tumorale / micrométastase in vivo (souris Nudes). fournissant aux cliniciens une liste ordonnée des aberrations numériques ayant le plus de chances d’être causales du retard mental (sur la base de critères comme la taille et le contenu en gènes…) et devant être confirmées de façon prioritaire. ... Nous sommes impliqués dans un programme visant à faciliter l’interprétation de données de CGH sur puces dans le cadre de la description d’aneusomies segmentales pour des patients souffrant de retards mentaux... Anheim M. and Trottier Y. Faculté de Médecine de Strasbourg. Hélène Dollfus. Kabiraj M. Altschuh D.M. Carré S. Tranchant C. Laporte J. Salih M. Dans le cadre de notre plateforme CGH-array. Dondaine N.. Myotubularin lipid phosphatase binds the hVPS15/hVPS34 lipid kinase complex on endosomes.. Laporte J.... Wasylyk (Rickman D.. Franques J.. Zeder-Lutz G. 2008) rapporte plusieurs aberrations génomiques associées à la progression métastatique et pourraient être à la base du développement marqueurs pronostiques et de cibles thérapeutiques dans les cancers VADS métastatiques... visant à identifier de nouveaux gènes du syndrome de Bardet-Biedl). Biol.. Wandinger-Ness A. Mol.. Jonveaux. Echaniz-Laguna A. (2007) 371 : 235-244. Brain (2007) 130 : 1921-1928. Masino L. et dans le cadre d’une action du GIS maladies rares (en particulier. Nancy). * equal contributors. Wiedemann P. Martelli A. Mol. and contains the SF1 target sequence. Mandel J. Arch. The first large duplication of the RSK2 gene identified in a Coffin-Lowry syndrome patient. (2008) Part A 146A : 1267-1279. Wurth L... Pescia C. Bouvet S.. and Kœnig M. Cell Biol.M... Clinical and molecular findings of Ataxia with oculomotor apraxia type 2 in 4 families.. and Tranchant C. Pierson C.. Strabisms (2008) 12 : 186-189. Makri S.. Moine H. Morohashi K. Ass. Wagner H.. and Laporte J. Dubos A. gene-modified bone marrow-derived cells in the adult mouse retina..C. Helmlinger D. Reichenbach A..*. Neurol. Denèfle P. Douar A. Nat. Mack A. Wallgren-Pettersson C. Fleury M. Pannetier S. Cao C.M.F. J. British Journal of Ophthalmology (2008) 92 : 272-275. is mutated in a form of recessive ataxia associated with coenzyme Q10 deficiency. (2008) 17 : 2132-2143.O.. Kingston H.. Mutations in amphiphysin 2 (BIN1) disrupt interaction with dynamin 2 and cause autosomal recessive centronuclear myopathy.. and Ogata T. Tosch V.J.. Schultz P..W. Didiot M. Inactivation of the CDKL3 gene at 5q31.... Schwab Y... The Hsp90 chaperone controls the biogenesis of L7Ae RNPs through conserved machinery.H.. Genet. Fukami M. Ali-Pacha L. .. Schmucker S. Am.. Pediatr.. Tranchant C. Delaunoy J. Kœnig M. Lynch D. Stoppa-Lyonnet D... Danos O.. Spehner D. Garnier J. Seeliger M. Am. AAV-mediated intramuscular delivery of myotubularin corrects the myotubular myopathy phenotype in targeted murine muscle and suggests a function in plasma membrane homeostasis. 2008 Anheim M.1 by a balanced t(X. (2007) 16 : 2651-2658.. (2007) 39 : 1134-1139. Tazir M... Kato F.E.. Am. Bedrick E. Hum.S. DiMauro S. Montus M. Poch O... Genet... Laporte J.. an ancestral kinase. Fougerousse F... Toussaint A.. Genet. (2008) 36 : 4902-4912. Boettcher C. (2008) 65 (7) : 958-962.L. Moreira M..L. Opht. Hirano M.. Nicot A. J. Hum. Mandel J. Biol... Pradet-Balade B.. Baba T. Boulon S. Genet.*... Sequential Actions of Myotubularin Lipid Phosphatases Regulate Endosomal PI(3)P and Growth Factor Receptor Trafficking.. Durand M. and Salih M. Bertrand E. Benhassine T.. Drouot N... Oystreck D. Wattenhofer-Donzé M.... Allmang C. Long-term engraftment of systemically transplanted..L. Genet... Busso C....*.. 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Anheim M...5) translocation associated with nonspecific mild mental retardation.T.. Backer J. Jàdy B.. (2008) 283(9) : 5525-32.M. Assoum M. J.. Messaddeq N... Hum. Mol. Frataxin is essential for extramitochondrial Fe-S cluster proteins in mammalian tissues.. Reutenauer L. Barros M. ADCK3..C. Cell.C. and Puccio H. Franques J. Marmier-Gourrier N. Subramanian M. and Puccio H. Hanauer A... De Sèze J.. Brice A.. Zeniou-Meyer M. Conditional mouse models for Friedreich Ataxia.. The human Nbp35 is essential for both cytosolic iron-sulfur protein assembly and iron homeostasis.... J.. J...L. (Springer Verlag). Detection of myotubularin phosphatases activity on phosphoinositides in vitro and ex vivo. and C.. Durr A. Brice A. Pierik A. Original communication .. Schlotter F. Pharmacol.. Cossée M... Sci. Carelle-Calmels N. Traffic (2008) 9 : 1240-1249.. Chem. Rage F.J.. [Epub ahead of print] Nicot A. Lagier-Tourenne C. Chaigne D. 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Puccio H (2008).. Pediatr. Liu Y. Exp. Acad. Review.. Mutations de l’amphiphysine 2 (BIN1) dans les myopathies centronucléaires récessives.. Wilson R. Puccio H.. Massenet S. Gruss M. (2008) 167 : 517-523. Hirano M.. The in vivo mitochondrial two-step maturation of human frataxin.A. Lill R... Payrastre B. (2008) Sept. Santorelli F. Tronchère H.E.R. Delatycki M.. Fleury M.M.. Endosomal phosphoinositides and human diseases (Review).. Messer J.S.S.J.. Bader M.. Fleury M. Mandel J. Nicot A. . Methods in Mol. « Génome et médecine prédictive ». — Strasbourg-Weizmann symposium on « Transmembrane signaling » (IGBMC. le 19 février 2008. — Conférence « Maladies monogéniques. « 50 ans de recherche génétique dans le domaine de la déficience mentale ».-L. dynamine 2 et amphiphysine » à l’Université Bordeaux 2. « Les modèles génétiques animaux en recherche médicale ». approches thérapeutiques » au Collège de France (Paris) 15 et 16 avril 2008. du gène aux malades et aux familles » Université Victor Segalen Bordeaux 2. « Genetics of mental retardation ». — « Myopathies centronucléaires : un lien inattendu entre phosphoinositides. Conférences scientifiques. — VIII National medical genetics congress (Çanakkale . le 19 février 2008. — Assises de génétique humaine et médicale (Lille) du 17 au 19 janvier 2008. — Université de Tous les Savoirs. 4 au 6 juin 2008. Paris) du 17 au 19 septembre 2007. Genève. . le 24 mai 2008. participation à des congrès — Conférence « Des molécules à la cognition : Un hommage à Jean-Pierre Changeux (Institut Pasteur. Mandel (depuis juillet 2007) Conférences grand public — 50e anniversaire de l’association genevoise (INSIEME) de parents de personnes avec handicap mental. Strasbourg-Illkirch) 11 et 12 février 2008 (co-organisateur). « De la drosophile à la souris : l’exemple du syndrome X fragile » (organisateur du colloque). Modérateur de session. — Colloque inaugural IFR148 « Sciences et ingénierie en biologie Santé ». « Maladies génétiques : aspects physiopathologiques et pistes thérapeutiques ». Brest le 4 juin 2008. — Colloque « Actualités dans le domaine des maladies monogéniques : mécanismes physiopathologiques.Turkey) du 6 au 9 mai 2008.216 JEANLOUIS MANDEL Conférences données par J. « Fragile X syndrome : from diagnostic applications to pathomechanisms ». — Colloque AFSTAL (Association Française des Sciences et Techniques de l’Animal de Laboratoire) « Bonnes pratiques animales : partager l’éthique au quotidien » Strasbourg. Paris le 23 juin 2008. s’ajoutent celles de la perception définies par la . et de ses harmoniques ou multiples entiers de la fréquence fondamentale). définition de la fréquence caractéristique d’une corde vibrante ou fréquence fondamentale. 3e cours : l’environnement moléculaire de la transduction mécano-électrique. 1er cours : Faut-il repenser l’amplificateur cochléaire ? Le cours a débuté par un rappel des caractéristiques physiques du son. professeure TRAITEMENT DES SIGNAUX ACOUSTIQUES : DE LA CELLULE SENSORIELLE AUDITIVE AU COMPLEXE OLIVAIRE SUPÉRIEUR Le cours de l’année 2008 a présenté les avancées réalisées sur la transduction mécano-électrique auditive depuis 2002. A ces grandeurs physiques qui caractérisent la source sonore. membre de l’Institut (Académie des Sciences). et intensité sonore (amplitude) avec pour unité de mesure. date du précédent cours. suivies d’une introduction au cours de l’année 2009. qui portera sur la localisation de la source sonore. son pur et son complexe : hauteur du son (fréquence : notion introduite par Galilée.Génétique et physiologie cellulaire Mme Christine Petit. 4e cours : éléments du traitement du signal sonore par les neurones auditifs du ganglion cochléaire et des neurones des noyaux auditifs du tronc cérébral. le décibel (dB) (en réference à Graham Bell). les fonctions de transfert (a) dépolarisation membranaire-exocytose synaptique et (b) exocytose synaptique-stimulation des neurones auditifs . Les quatre cours ont traité des questions suivantes : 1er cours : faut-il repenser l’amplificateur cochléaire ? 2e cours : la transduction mécano-électrique : données physiologiques et moléculaires récentes . 218 CHRISTINE PETIT psychophysique et la psychoacoustique : tonie (sensation de la hauteur sonore, qui n’est pas la simple traduction de la fréquence sonore ; s’y rapporte le pitch anglosaxon, que certaines définitions restreignent cependant à la sensation de hauteur pour des sons mélodiques, musique, prosodie et langues tonales), sonie (perception de l’intensité sonore ; loudness en anglais) et timbre (perception sonore qui s’appuie sur le spectre fréquentiel, l’amplitude de chaque composante fréquentielle, et les caractérisiques temporelles des sons, temps d’installation de l’amplitude de l’enveloppe sonore, par exemple (McAdams et al, 1995). L’histoire du décibel est intimement liée à celle du téléphone. L’introduction du décibel répondait à la nécessité de disposer d’une mesure de la baisse de la puissance du son véhiculé par les câbles du téléphone. Son expression logarithmique repose sur la perception sensorielle, et « sa loi », connue sous le nom de loi de Fechner ou Weber-Fechner, selon laquelle la sensation d’intensité du son varie proportionellement avec le logarithme de l’intensité sonore physique, exprimée en watts/m2 (R = C log(S), relation dans laquelle R représente la sensation d’intensité sonore, S l’intensité du son et C une constante). Le décibel correspond approximativement au plus petit changement d’intensité sonore qu’un individu peut percevoir. Le décibel (dB) est un nombre sans dimension. L’intensité d’un son « IL » (IL = intensity level) s’exprime en dB par la relation IL = 10 log10(I/Ir) dB, soit le logarithme décimal du rapport de l’intensité du son, I (en watts/m2), à celle d’un son de référence, Ir (le facteur 10 traduisant l’expression en dB et non en Bel). En raison de la relation I = p2/Zc (où Zc est l’impédance caractéristique), la pression p, d’un son « SPL » (SPL = sound pressure level) en dB est donnée par, SPL = 10 log10(p/pr)2 = 20 log10(p/pr), soit le logarithme décimal du rapport de la pression du son incident, p (en newtons/m2 ou pascal : 1 N/m2 = 1 pascal (Pa)), à celle du son de référence, pr. Le son de référence a une intensité, Ir, de 10-12 W/m2, et une pression, pr, de 2 ⋅ 10-5 N/m2 (20 μPa ou 2 ⋅ 10-5 Pa). Il correspond à la plus petite intensité (et pression) décelée par l’oreille humaine, soit 0 dB (l’intensité du mouvement brownien est de – 20 dB). Pour un son donné, les valeurs en dB IL et en dB SPL sont identiques. L’élévation d’un seuil de perception auditive de 60 dB correspond au fait que la pression seuil perçue est 103 fois supérieure à la pression de référence et l’intensité seuil perçue est 106 fois l’intensité de référence; une variation de 20 dB correspond à une variation d’un ordre de grandeur de la pression acoustique et de deux ordres de grandeur de l’intensité acoustique. En clinique, on utilise le décibel « hearing level » HL, rapport du seuil de pression auditive observé chez le patient à celui d’un individu dont l’audition est normale. Il a été rappelé que le milieu affecte la vitesse de propagation et l’intensité du son qui le traverse, mais ne modifie pas sa fréquence. La densité du milieu (ρ) et son module d’élasticité (κ) (changement de la pression d’un milieu sous l’effet d’une force qui lui est appliquée, ou rigidité) modifient la vitesse de propagation (c) du son, en raison de la relation c = (κ/ρ)1/2. Plus le module d’élasticité est élevé, plus le son se propage vite ; plus la densité du milieu est élevée, moins le son se propage rapidement. Cependant, le son se propage plus vite dans l’eau que dans l’air car le GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 219 module d’élasticité de l’eau est beaucoup plus élevé que celui de l’air. Enfin, l’impédance caractéristique du milieu, Zc (mesurée en rayls), module à la fois l’intensité et la vitesse de propagation du son. L’impédance est l’inertie opposée par un système au passage d’un signal périodique (la grandeur inverse est l’admittance). La relation entre l’impédance caractéristique et l’intensité sonore sus-mentionnée (I = p2/Zc) montre que plus l’impédance caractéristique du milieu traversé est forte, plus l’intensité sonore diminue ; la relation entre impédance caractéristique et vitesse de propagation du son, Zc = roc, montre que plus l’impédance caractéristique d’un milieu est élevée, plus la vitesse de propagation du son est grande. Par ailleurs, dans un milieu donné, l’intensité sonore varie en relation inverse avec le carré de la distance à la source sonore. L’anatomie et l’histologie cochléaires ont été brièvement rappelées. Les trois fonctions de la cochlée, organe sensoriel auditif des mammifères, ont ensuite été évoquées : analyse spectrale, amplification de la stimulation sonore, et transduction mécano-électrique. Celles-ci rendent compte de ses performances exceptionnelles : une discrimination fréquentielle qui atteint 0,2 % à 1 000 Hz chez l’homme dans les expériences psychoacoustiques, une détection de sons dont l’énergie est proche de celle du bruit thermique, et une précision temporelle de réponse de l’ordre de la dizaine de microsecondes. Le cours s’est ensuite concentré sur la question de l’amplificateur cochléaire. L’amplificateur cochléaire Les vagues de pression qui atteignent le tympan sont transmises à la périlymphe de la rampe vestibulaire (scala vestibuli) de la cochlée par les osselets de l’oreille moyenne dont le dernier, l’étrier, vient frapper la membrane de la fenêtre ovale qui obture cette rampe. Une différence de pression est créée entre les différentes rampes de la cochlée, qui est transmise au canal membraneux cochléaire abritant le neuroépithélium auditif (organe de Corti). Il s’ensuit un déplacement, selon l’axe transverse, de la membrane basilaire sur laquelle repose l’organe de Corti. En examinant, par illumination stromboscopique au microscope, le mouvement de la membrane basilaire de cochlées humaines prélevées post mortem, von Bekesy avait observé que les pics de déplacement de cette membrane étaient distribués le long de l’axe longitudinal de la cochlée en fonction de la fréquence du son incident. Pour chaque fréquence, il existait un emplacement spécifique le long de l’axe longitudinal de la cochlée où le déplacement de la membrane basilaire était maximal. Von Bekesy avait ainsi découvert l’existence d’une carte fréquentielle de long de l’axe longitudinal de la cochlée (Von Bekesy, 1956). Cette relation entre la fréquence du son et l’emplacement où la vibration de la membrane basilaire est maximale, est appelée transformation tonopique. Von Bekesy reçut en 1961 le prix Nobel pour cette découverte. 220 CHRISTINE PETIT Bien vite, ces données suscitèrent des interrogations. Les pics de déplacement de la membrane basilaire étaient très larges en regard de la discrimination fréquentielle mise en evidence par les expériences psychoacoustiques. Ces dernières avaient, dès 1954, trouvé une traduction physiologique par les travaux de Ichiji Tasaki (Tasaki, 1954), qui montraient que chaque neurone auditif répond préférentiellement à une fréquence particulière. Ces courbes de réponse neuronale, dite courbes d’accord (seuil de la décharge neuronale en dB en fonction de la fréquence sonore), très pointues, plaidaient en faveur de l’existence d’un mécanisme additionnel de sélectivité fréquentielle. L’introduction de l’interférométrie-laser, qui autorisait des mesures beaucoup plus précises du mouvement de la membrane basilaire que les analyses stroboscopiques, couplée à l’enregistrement des réponses électriques neuronales, allait de fait montrer qu’in vivo, les vibrations maximales de la membrane basilaire étaient d’une part beaucoup plus amples, et d’autre part limitées à un emplacement plus restreint de la membrane basilaire pour une fréquence du son donnée. A la sélectivité « passive », grosssière, de la membrane basilaire (en rapport avec ses propriétés physiques), s’ajoutait donc une sélectivité « active » qui amplifiait le mouvement passif. Or l’existence d’un amplificateur cochléaire actif avait été prédite par Thomas Gold (Gold, 1948). En 1948, Gold avait souligné que la cochlée, remplie de liquide, ne pouvait pas être le site d’une résonance mécanique passive d’amplitude suffisante pour permettre la détection de sons dont l’énergie est proche de celle du bruit thermique, et, qui plus est, avec une bonne sélectivité fréquentielle. Il conclut à la nécessité d’une source d’énergie interne pour compenser la perte d’énergie par dissipation visqueuse. L’amplification du déplacement de la membrane basilaire varie de manière non linéaire avec l’intensité du stimulus. Le facteur d’amplification a trois régimes : il est maximal pour les intensités du son les plus faibles, décroit de manière non linéaire pour des intensités croissantes, et est quasiment nul au-delà de 60 dB. Au total, pour les 6 ordres de grandeur de la pression sonore auxquels la cochlée humaine est sensible, de 0 à 120 dB SPL, l’amplitude des vibrations de la membrane basilaire varie d’un facteur 100 (le déplacement au seuil auditif est de 0,1 nm ; son maximum est de 10 nm à 120 dB). L’amplification, non linéaire, est donc aussi compressive, puisque le gain de deux ordres de grandeur du déplacement de la membrane basilaire correspond à six ordres de grandeur pour la pression du son correspondant. Cette amplification est restreinte à la région de la cochlée où les cellules sensorielles ont une fréquence caractéristique proche de celle du son incident. En effet, chaque cellule sensorielle, dite cellule ciliée, répond préférentiellement à une fréquence particulière. L’amplification augmente donc aussi la sélectivité en fréquence de la réponse cochléaire. L’amplificateur, pour être efficace, doit imprimer une force sur la membrane basilaire en synchronie avec son déplacement cyclique provoqué par l’onde sonore. Cet amplificateur a aussi pour action, pense-t-on, de permettre de détecter des sons de haute fréquence, dont l’énergie dissipée par l’amortissement visqueux dans la cochlée est plus importante que pour les sons de basse fréquence. GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 221 En 1978, Peter Dallos (Dallos et Harris, 1978) montrait que les cellules ciliées externes (CCE) sont indispensables à la fonction d’amplification. La découverte de l’électromotilité de ces cellules il y a bientôt 25 ans (Brownell et al, 1985) (le phénomène avait cependant été évoqué dès 1967 par Goldstein et Mizukoshi (Goldstein et Mizukoshi, 1967), cf. cours 2002), paraissait avoir résolu l’origine de l’amplification. William Brownell découvrait que si on applique une dépolarisation à une CCE, elle se contracte ; la longueur de sa paroi latérale diminue, cette réduction pouvant atteindre 4 % de la longueur totale. Puis, il observait qu’un courant alternatif, qui mime en quelque sorte le cycle de dépolarisation-repolarisation de la CCE induit par le son, augmente la longueur de la CCE durant sa phase hyperpolarisante et la raccourcit durant sa phase dépolarisante. Il y a donc variation de longueur en fonction du voltage, et réciproquement, si on étire la cellule, elle s’hyperpolarise. Ces propriétés répondent à la définition d’un composant piézoélectrique. En réalité, ce n’est pas tant le changement de longueur que la force développée en parallèle avec ce changement de longueur qui est le paramètre physiologique à prendre en compte. Les caractéristiques de l’électromotilité des CCE répondent-elles à celles de l’amplificateur cochléaire ? La force produite par l’électromotilité est d’environ 100 pN/mV. La dépolarisation de la CCE peut atteindre 20 mV; la force produite peut donc atteindre environ 2 nN ; elle est du même ordre de grandeur que celle que les CCE appliquent sur la membrane basilaire. En revanche, cette force varie quasi linéairement avec le potentiel électrique de membrane pour des valeurs physiologiques de ce potentiel. La rigidité du corps cellulaire varie aussi avec le voltage, de 1 à 25 nN/mm, et cette variation est, elle aussi, presque linéaire. Ceci ne constitue pas un argument contre le fait que l’électromotilité soit à l’origine de l’amplification. En effet, la stimulation de la touffe ciliaire par le son engendre une variation non-linéaire du potentiel de membrane qui conférera une variation non-linéaire aux paramètres de l’électromotilité qui dépendent du voltage. L’idée qui prévaut est que l’amplificateur doit injecter de l’énergie, cycle par cycle, jusqu’à de très hautes fréquences, plus de 100 kHz chez la chauve-souris. Il n’est cependant pas démontré qu’une amplification à chaque cycle existe effectivement pour des fréquences très élevées du son. L’électromotilité peut-elle aussi opérer à des fréquences très élevées ? Quand des CCE sont soumises à un courant alternatif atteignant 70 kHz, leurs parois se contractent et se décontractent bien cycle par cycle. On notera toutefois qu’à ce jour, aucune vibration de la membrane basilaire excédant 13 kHz n’a été raportée. Enfin, un composant piézoélectrique a bien été identifié dans les parois des CCE. Il s’agit d’une protéine intégrale de membrane, qui a été nommée prestine, en référence à son aptitude de réponse à des sons de haute fréquence. Pourtant, une interrogation demeure, qui a conduit certains à remettre en question l’électromotilité comme mécanisme de l’amplification. La dépolarisation de la touffe cilaire (structure de réception de la stimulation sonore et site de la transduction) doit se propager aux parois latérales de la CCE. Or la constante électrique de temps de la membrane (produit de sa résistance électrique et de sa 222 CHRISTINE PETIT capacité) fait que cette membrane se comporte comme un filtre « passe-bas », c’est-à-dire qu’elle ne laisse passer sans déformation que des fréquences électriques inférieures à 1 kHz. Il y a là un véritable paradoxe, puisque l’électromotilité apparaît durant l’évolution chez les mammifères, quand l’organe auditif devient sensible aux sons de haute fréquence. Or, elle ne pourrait agir qu’à basse fréquence, à cause de la contrainte imposée par la constante électrique de temps de la membrane. Soit il y a un maillon manquant dans la caractérisation de l’amplification ou la compréhension du mode de stimulation électrique de la membrane plasmique conduisant à l’électromotilité, soit l’amplificateur ne se situe pas dans la paroi des CCE. De surcroît, il faut souligner que les vertébrés inférieurs, qui n’ont pas de CCE, ont cependant un seuil auditif très bas et une bonne sélectivité de leur réponse fréquentielle. C’est ainsi qu’au cours des dernières années, une hypothèse alternative a été proposée, qui place l’amplificateur dans la touffe ciliaire. En parallèle, d’autres fonctions ont été proposées pour l’électromotilité. Ainsi, elle pourrait positionner la touffe ciliaire des CCE dans sa zone de sensibilité maximale à la stimulation sonore. L’hypothèse alternative repose sur l’existence de mouvements spontanés de la touffe cilaire et de mouvements déclenchés par l’adaptation. Des oscillations spontanées de la touffe ciliaire ont été observées chez des vertébrés inférieurs, d’abord la tortue (Crawford et Fettiplace, 1985), puis la grenouille (Martin et Hudspeth, 1999). Elles démontrent l’existence de mouvements actifs de la touffe cilaire (Martin et Hudspeth, 1999). Les touffes ciliaires du saccule de grenouille (qui sont sensibles à des fréquences allant de 5 à 130 Hz) ont des oscillations spontanées bruitées, dont la fréquence va de 5 à 50 Hz, et l’amplitude de 25 à 100 nm. Leur stimulation par une fibre flexible à une fréquence donnée, conduit à une amplitude plus grande de leur mouvement lorsque la fréquence du stimulateur est proche de la fréquence caractéristique de leur oscillation spontanée. Il y a donc bien amplification de la stimulation par la touffe ciliaire. De plus, cette amplification a les caractéristiques de celle observée chez les mammifères. Elle possède une spécificité fréquentielle, et opère de façon non linéaire. Cependant, le facteur d’amplification que produit la résonance de la touffe cilaire est de l’ordre de 5 à 10, et non de 100, comme attendu chez les mammifères. Il faut cependant noter qu’il s’agit ici de la réponse d’une cellule unique chez la grenouille, alors que l’amplification mesurée chez les mammifères est le résultat de l’activité de plusieurs cellules. Ces oscillations spontanées cessent si l’on bloque le canal de transduction mécano-électrique par la gentamicine. Autre élément à l’appui du rôle du canal dans ces oscillations : elles sont dépendantes des ions Ca2+, comme l’est la cinétique de ce canal (voir ci-dessous). Si, par iontophorèse, on augmente la concentration des ions Ca2+ à la pointe des stéréocils, on accélère le mouvement de la touffe ciliaire et on diminue son amplitude. Si on chélate les ions Ca2+, on observe l’effet inverse. Des déplacements de la touffe cilaire des CCI induits par un courant alternatif transépithélial ont récemment été observés aussi chez la gerbille, dans un dispositif experimental qui, comme celui utilisé précédemment pour la grenouille, préserve l’intégrité des deux compartiments GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 223 liquidiens, endolymphatique et périlymphatique, de la cochlée (Chan et Hudspeth, 2005). Les déplacements induits de la touffe ciliaire persistaient quand les ions K+ de l’endolymphe étaient remplacés par les cations monovalents NMDG (N-methyl-D-glutamate), qui ne traversent pas le canal de transduction mécanoélectrique et le bloquent, tout en laissant passer les ions Ca2+. Dans ces conditions, c’est-à-dire en l’absence de dépolarisation (et donc d’électromotilité) mais en présence d’entrée d’ions Ca2+, les mouvements de la touffe ciliaire étaient encore observés. Si la stimulation était acoustique, l’amplitude du déplacement des stéréocils des CCI augmentait de manière non-linéaire et compressive (modérément) avec l’intensité de la stimulation, tout comme les potentiels microphoniques, potentiels électriques extracellulaires provenant pour l’essentiel de l’activité électrique des CCE. La dépendance de ces mouvements à l’égard des ions Ca2+ renvoie aux deux cibles calciques de la transduction mécano-électrique qui ont été proposées comme acteurs de l’adaptation (voir ci-dessous), les myosines pour l’adaptation lente, et le canal de transduction lui-même, pour l’adaptation rapide. L’autre considération à l’appui de la présence d’un amplificateur logé dans la touffe ciliaire est celle qui lie étroitement adaptation et mouvements de la touffe ciliaire. S’y ajoute un travail récent qui suggère l’existence d’une force produite par la touffe ciliaire des CCE. La discussion de ces travaux ne peut se faire sans un rappel de quelques éléments concernant la transduction mécano-électrique. Dès les premiers enregistrements du courant de transduction mécano-électrique, il est apparu que ce courant n’est pas nul lorsque la cellule sensorielle est dans une position de repos. Un certain pourcentage des canaux de transduction mécanoélectrique sont donc ouverts lorsque la touffe ciliaire est dans sa position de repos. Lorsque la touffe ciliaire est soumise par le son à un mouvement sinusoïdal autour de sa position de repos, ou défléchie par une fibre de verre rigide, son déplacement en direction des stéréocils les plus longs se traduit par une augmentation brutale du courant, liée à l’ouverture des canaux de transduction. Défléchie dans le sens opposé, ces canaux se ferment, le courant diminue. Leur ouverture conduit à l’entrée d’ions K+ et Ca2+, qui dépolarisent la cellule. Le seuil de déplacement de la touffe ciliaire qui conduit à une dépolarisation est d’environ 1 nm. En termes de pression, la pression la plus faible perçue par le système auditif est de 20 μPa. Des mesures récentes effectuées chez le cobaye ont permis d’évaluer qu’en réponse à un déplacement de la membrane basilaire de 100 nm, l’apex de la touffe cilaire des CCES de cobaye se déplaçait d’environ 30 nm (Fridberger et de Monvel, 2003 ; Fridberger et al, 2006). En 1984, Pickles découvre le lien apical des stéréocils (Pickles et al, 1984). D’emblée, son implication dans la transduction mécano-électrique est proposée. La transduction mécano-électrique auditive a alors été déjà bien explorée par le groupe de Jim Hudspeth qui, compte tenu du temps très bref entre stimulation mécanique et enregistrement du courant, avait proposé un an plus tôt, un modèle pour cette transduction, connu sous le nom de gating spring model, que l’on peut 224 CHRISTINE PETIT traduire par modèle du « ressort d’ouverture » (Corey et Hudspeth, 1983). Ce modèle stipule que l’ouverture du canal de transduction mécano-électrique est en rapport avec la tension qu’exercent sur lui des éléments élastiques qui lui sont couplés. Ces éléments élastiques se comportent comme un ressort (ressort de transduction). Si la tension dans ce ressort vient à baisser, les canaux se ferment. Le modèle associe donc la tension du ressort de transduction à la probabilité d’ouverture des canaux de transduction. Il faut une tension mécanique pour ouvrir le canal, et réciproquement, l’ouverture du canal produit une force (Howard et Hudspeth, 1988). La raideur de la touffe ciliaire a été mesurée dans le saccule de grenouille en 1988 (Howard et Hudspeth, 1988), et estimée à environ 1 mN/m (dans ces mesures, les liens latéraux qui unissent les stéréocils avaient sans doute été éliminés par le traitement enzymatique effectué au préalable). La moitié de la raideur avait alors été attribuée au canal de transduction mécano-électrique lui-même, et l’autre aux pivots des stéréocils. L’ouverture des canaux est par ailleurs associée à une baisse de rigidité de la touffe ciliaire, qui n’apparaît pas si le canal est bloqué alors que la touffe ciliaire est défléchie. Cet assouplissement lié à l’ouverture des canaux a reçu le nom de gating compliance (assouplissement d’ouverture). En 1991, Assad et Corey montraient qu’en présence de BAPTA, un chélateur des ions Ca2+, les liens apicaux étaient détruits et la transduction abolie ; les liens apicaux autorisés à régénérer, la transduction retrouvait sa valeur initiale (Assad et al, 1991). Ces auteurs produisirent alors un schéma de la transduction qui désignait le lien apical comme le ressort de transduction. En traitant les touffes ciliaires par le BAPTA, seul persiste 50 % de la raideur de la touffe ciliaire (tout comme après le blocage du canal de transduction mécano-électrique). Les calculs retrouvaient une raideur du gating spring, Kgs, d’une valeur de 0,5 à 1 mN/m. En 2000, des études en microscopie électronique conduites par Bechara Kachar (Kachar et al, 2000) révélèrent que le lien apical est composé de deux protofilaments enroulés en une hélice dextrogyre, dont la périodicité est d’environ 20 nm et le diamètre compris entre 5 et 10 nm, avec deux insertions apicales et trois basales. Cette structure du lien apical suggérait qu’il pouvait être, non pas élastique, mais rigide. Sa nature moléculaire, discutée dans le cadre du second cours, n’évoque pas, de fait, celle d’un lien élastique. L’idée prévaut aujourd’hui selon laquelle le gating spring est une structure intra-stéréociliaire associée directement ou indirectement au canal de transduction mécano-électrique. Comme mentionné précédemment, une relation a été établie au cours des dernières années entre adaptation de la transduction mécano-électrique et mouvement de la touffe cilaire. L’adaptation permet à tout système sensoriel de restaurer sa sensibilité à de petites stimulations transitoires, alors même qu’une forte stimulation statique se maintient. Si l’on prend l’exemple du saccule de la grenouille, organe vestibulaire très semblable, dans son fonctionnement, à la cochlée, il peut déceler des accélérations verticales du sol un million de fois plus GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 225 petites que celle du champ de gravitation terrestre (Narins et Lewis, 1984). Le processus d’adaptation consiste en la restauration de la probabilité d’ouverture des canaux de transduction mécano-électrique à une valeur proche de sa valeur de repos. En d’autres termes, il y aurait restauration de la tension du ressort de transduction, que la touffe ciliaire ait été défléchie en direction des grands stéréocils (ouverture des canaux) ou dans le sens opposé (fermeture des canaux). C’est ce que traduisent les courbes courant-déplacement établies à l’issue de l’adaptation, simples translations de la courbe initiale le long de l’axe des déplacements. La diminution du courant au cours de l’adaptation a un caractère bimodal. Chaque mode a des constantes de temps distinctes. Le premier a une constante de temps de l’ordre de la milliseconde ou moins (adaptation dite rapide), et le second, une constante de temps dix fois plus longue (adaptation dite lente). L’adaptation rapide a été étudiée en fonction de la fréquence caractéristique des cellules sensorielles auditives chez la tortue. Plus ces cellules ont une fréquence caractéristique élevée, plus leur constante de temps d’adaptation est petite. Cette observation a été étendue aux CCE de rat. D’où l’idée proposée selon laquelle c’est la cinétique d’adaptation rapide qui détermine la fréquence caractéristique de la cellule. Dans le 2e et le 3e cours, ont été présentées des avancées récentes portant sur la physiologie moléculaire des cellules sensorielles de la cochlée. L’implication de la cadhérine-23 et de la protocadhérine-15 dans la formation de liens transitoires de la touffe ciliaire en développement et du lien apical (tip link) a été discutée. Les molécules proposées pour entrer dans la composition du canal de transduction mécano-électrique ont été examinées à la lumière des propriétés biophysiques de ce canal. C’est un canal cationique non sélectif qui a une forte perméabilité pour les ions Ca2+. Sa perméabilité aux ions Ca2+ est 5 fois plus importante qu’aux ions Na+, aussi bien chez la grenouille, que chez la tortue et les mammifères. Sa perméabilité aux cations monovalents s’ordonne comme suit : elle est plus élevée pour le Cs+ que pour le K+, que pour le Na+, que pour le Li+. Bloqué par le Ca2+, ce canal l’est aussi par de fortes concentrations de magnésium (Mg2+), par de très faibles concentrations de lanthanium (La3+) ou de gadolinium (Gd3+) ou d’amiloride, ou par la dihydrostreptomycine, 50 à 100 μM. Il n’est pas sensible au voltage. Bien que les canaux de type TRP puissent encore être considérés comme d’excellents candidats, les deux qui ont été proposés à ce jour, TRPN1 et TRPA1, ont été éliminés. La nature moléculaire du moteur d’adaptation a fait l’objet d’une présentation, et les arguments en faveur d’un rôle central de la myosine 1c ont été examinés. Les éléments qui plaident en faveur de l’implication d’une autre myosine, la myosine VIIa, ont été discutés. Le rôle de la pompe calcique Pmca2 dans le rejet des ions Ca2+ hors de la touffe ciliaire a été rappelé, et son mode d’action examiné, en tenant compte de données génétiques obtenues chez l’homme et la souris, qui établissent son couplage fonctionnel avec la cadhérine-23. 226 CHRISTINE PETIT 4e cours : éléments du traitement du signal sonore par les neurones auditifs du ganglion cochléaire et les neurones des noyaux auditifs du tronc cérébral. Ont été brièvement abordés, le traitement des signaux acoustiques (fréquence, intensité et caractéristiques temporelles) dans les neurones du ganglion cochléaire, du noyau cochléaire, et les autres noyaux auditifs du tronc cérébral, complexe olivaire et noyaux du corps trapézoïde. Quelques éléments ont été introduits sur la localisation des sources sonores de basse fréquence dans le plan horizontal, avec les rebondissements récents qui remettent en cause un modèle bien établi, que l’on croyait généralisable à l’ensemble des espèces. Les neurones auditifs primaires: diversité et physiologie Dans le ganglion cochléaire, les neurones afférents, neurones de type I, sont dix foix plus nombreux que les CCI. Ce sont des neurones bipolaires, qui ne contactent qu’une seule CCI et ne forment qu’une seule synapse. Au niveau de chaque ruban synaptique, n’existe qu’une seule synapse (rubans synaptiques et neurones auditifs sont dans un rapport de 1). Ces neurones sont myélinisés et, curiosité, cette myélinisation s’étend au corps cellulaire, et même à la racine de la dendrite. Ont été introduites, les notions de fréquence caractéristique (fréquence de stimulation sonore pour laquelle le seuil de réponse est le plus bas) et de courbe d’accord (seuil de réponse à différentes fréquences) de ces neurones, et la mesure de leur sélectivité fréquentielle par le facteur de qualité Q10 dB (rapport entre la fréquence caractéristique du neurone et la différence des fréquences pour lesquelles les seuils de réponse du neurone sont supérieurs de 10 dB au seuil minimal). Cette valeur croît avec la sélectivité fréquentielle de la réponse. La courbe d’accord en fréquence de la membrane basilaire (définie pour une valeur donnée du déplacement) et celle des CCE (définie pour une valeur donnée du potentiel de récepteur) à un même emplacement cochléaire sont superposables. Les courbes d’accord en fréquence des CCI et de leurs neurones afférents sont également semblables. Tandis que les CCE répondent de manière synchrone au déplacement de la membrane basilaire, les CCI répondent de manière synchrone à sa vitesse de déplacement. Dans les situations pathologiques où la touffe ciliaire des CCE perd son ancrage dans la membrane tectoriale, les CCE répondent alors, non plus au déplacement de la membrane basilaire, mais à sa vitesse de déplacement (Legan et al, 2000). Le mécanisme de la stimulation des CCI est assez mal connu ; il implique la dynamique de la membrane tectoriale, et sans doute aussi celle de la lame réticulée (structure rigide formée par les régions apicales des cellules sensorielles et de leurs cellules de soutien, ainsi que par les jonctions entre ces cellules). Quelques éléments de la fonction de transfert mécano-électrique des CCI ont été rappelés. La dépolarisation de la CCI sous l’effet d’une stimulation sonore est au maximum de 20 mV (son potentiel de membrane passe ainsi d’environ – 60 mV à – 40 mV). Elle comporte deux composantes : une composante alternative (AC), GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 227 et une composante continue, ou directe (DC). La composante AC, dont la fréquence est la même que celle du son, n’existe que pour des fréquences inférieures à 4 ou 5 kHz ; sa part ne cesse de décroître, au profit de celle de la composante DC, à partir d’environ 1 kHz. Plus l’intensité du son augmente, jusqu’à 60 dB, plus, dans les CCI comme dans les CCE, les composantes DC et AC augmentent. Des données récentes indiquent qu’au delà de 60 dB, la composante DC augmente davantage que la composante AC. La constante de temps électrique de la membrane détermine une limite de fréquence, au delà de laquelle le potentiel de membrane cesse progressivement d’osciller. Les canaux BK, canaux potassiques de large conductance dépendant à la fois des ions Ca2+ et du voltage (Oliver et al, 2003 ; Marcotti et al, 2004), sont responsables d’un courant potassique sortant de cinétique rapide (courant IK,f). Lorsqu’on supprime ces canaux chez des souris génétiquement modifiées, la constante de temps électrique de la membrane des CCI augmente. La dépolarisation maximale de la CCI augmente considérablement (de 20 mV, elle passe à 80 mV). La dépolarisation est très retardée, créant un délai dans la réponse du neurone auditif, et la repolarisation est très incomplète. La composante AC diminue, tandis que la composante DC augmente. La dépolarisation rapide des CCI stimule les canaux calciques dépendant du voltage, de type L (Cav1.3) ; ils sont au nombre de 1 700 environ par CCI. La présence de 10 à 30 rubans synaptiques par CCI indique qu’une centaine de canaux calciques dépendant du voltage sont associés, en moyenne, à chaque ruban synaptique (leur répartition pourrait être très hétérogène). Les CCI matures ne sont innervées que par des neurones afférents, ou neurones de type I. Chez le chat, Charles Liberman (Liberman, 1982) a pu diviser ces neurones en trois sous-populations en fonction de leur taux de décharge spontanée (de 0 à 100 potentiels d’action par seconde) et de leur morphologie : neurones à taux de décharge spontanée faible (inférieur à 0,5 potentiel d’action par seconde) et de très petit diamètre, neurones à taux moyen de décharge spontanée (0,5 à 17 potentiels d’action par seconde) et de diamètre plus grand, neurones à taux élevé de décharge spontanée (supérieur à 17,5 potentiels d’action par seconde) et de grand diamètre. Ces propriétés sont corrélées avec des seuils de réponse distincts pour chacun des groupes. Plus le taux de décharge spontanée est élevé, plus le seuil de réponse du neurone est bas. Une CCI donnée paraît être innervée par plusieurs neurones de chacun des sous-types. Ces neurones ont une répartition topologique particulière. Les neurones à haut taux de décharge spontanée (bas seuil) sont localisés dans la région de la CCI qui se situe à proximité des cellules piliers internes. Il semble qu’ils établissent des synapses avec des rubans qui ont une taille plus petite que les autres, et un nombre plus faible de vésicules associées. Les projections centrales de ces différents sous-groupes de neurones sont elles aussi différentes. Tous ces neurones se projettent sur le noyau cochléaire, mais les neurones à taux de décharge spontanée faible ou moyen ont un beaucoup plus grand nombre de terminaisons nerveuses destinées à une innervation préférentielle de la région périphérique des petites cellules (voir ci-dessous). Ils sont à l’origine de 228 CHRISTINE PETIT réseaux neuronaux distincts au niveau du tronc cérébral, aussi, semble-t-il. Ces différents sous-groupes de neurones de type I sous-tendent donc un traitement distinct de l’information, qui concerne principalement l’intensité de la stimulation sonore. Ils ont aussi une dynamique de réponse différente d’un neurone à l’autre. Enfin, pour certains, leur seuil de réponse dépendrait de la durée de stimulation. Quelle est l’origine de leur hétérogéneité fonctionnelle ? La question sous-jacente est celle de la participation de la présynapse aux caractéristiques de la réponse neuronale. Comment ces neurones assurent-ils le codage en intensité et en fréquence ? Le codage en fréquence dans les neurones auditifs est différent pour les basses et les hautes fréquences. Les neurones auditifs ont des fréquences de décharge de potentiels d’action qui, comme pour tout neurone, ne peuvent excéder 600 Hz à 1 kHz en raison de la période réfractaire qui suit le potentiel d’action. En réponse à une stimulation sonore de basse fréquence, 300 Hz par exemple, les pics de potentiel d’action peuvent atteindre cette fréquence si l’intensité du son est forte. En tout état de cause, ces pics se situent tous précisément dans la même phase de l’onde sonore. Plus le son est de faible intensité, plus ces décharges sont rares. C’est collectivement que ces neurones peuvent reconstituer une fréquence de décharge identique et synchrone à celle de la stimulation sonore. Ceci s’applique aussi pour le traitement des sons jusqu’à 4 ou 5 kHz chez l’homme (peut-être jusqu’à 10 kHz). Chaque neurone décharge strictement dans la même phase de l’onde sonore, mais c’est seulement collectivement que les neurones reconstituent une fréquence de décharge de quelques kHz. Ce code temporel de l’information fréquentielle est fondé sur le « principe de la volée », par analogie avec une rangée de soldats qui, en tirant à différents moments, feraient un barrage de tir continu. Le codage fréquentiel pour les hautes fréquences repose exclusivement sur une information de position. La carte tonotopique cochléaire en est le socle. Elle est reproduite à chacun des différents étages du système auditif (voir ci-dessous). Comment s’effectue le codage en intensité des diverses fréquences ? On sait par les travaux de Rose (Rose et al, 1967) que l’intensité du son ne modifie ni la synchronisation au son de la réponse des neurones de type I à basse fréquence, ni leur délai de réponse. C’est parce que le délai synaptique n’est pas modulable par l’intensité de stimulation que le codage temporel des signaux sonores est extrêmement robuste. Sa haute précision est mise à profit pour localiser les sources sonores de basse fréquence (voir ci-dessous). A la question des mécanismes qui sous-tendent une synchronisation de décharges à l’identique quelle que soit l’importance de la dépolarisation de la CCI, les travaux d’Elisabeth Glowatzki (Glowatzki et Fuchs, 2002) apportent des éléments de réponse. En enregistrant les courants postsynaptiques au niveau des boutons dendritiques des neurones auditifs, elle a pu montrer que la fusion des vésicules synaptiques de la CCI à la membrane plasmique concerne en moyenne 4 à 7 vésicules en même temps, et que ces événements de fusion multivésiculaire sont les mêmes qu’il s’agisse des décharges spontanées ou des décharges provoquées, d’une faible ou d’une forte stimulation. Chaque événement de fusion est constant, il n’y a pas d’avance de phase lorsque l’intensité augmente (comme observé dans les autres GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 229 systèmes neuronaux). Seule varie, en fonction de l’intensité sonore, la probabilité d’apparition de l’événement. Ces études ont également permis de conclure que 90 % de l’adaptation observée dans la réponse neuronale provient de la machinerie présynaptique. Quant aux neurones auditifs, c’est encore collectivement qu’ils reconstitueraient une réponse à un large spectre d’intensité. A partir de ces données, on est amené à penser que l’exocytose de la CCI est d’une extrême précision temporelle, que la cochlée traite le paramètre d’intensité sonore en termes de probabilité d’événements d’exocytose dans la CCI, et que conjointement, les neurones auditifs auraient une diversité de seuils de réponse. Les noyaux auditifs du tronc cérébral et du mésencéphale Cellules sensorielles cochléaires et neurones auditifs ont une même origine embryologique, la placode otique, et constituent le système auditif périphérique. Au-delà, les voies auditives ascendantes appartiennent au système nerveux central. Le premier relais central est situé dans le noyau cochléaire. Ses projections sont principalement controlatérales. Au-delà du noyau cochléaire, les voies auditives ascendantes, d’ipsilatérales deviennent controlatérales. Le noyau cochléaire est situé dans la partie caudale du tronc cérébral. Il est divisé en trois grandes régions ou noyaux : noyau ventral antérieur (NVA), noyau ventral postérieur (NVP) et noyau dorsal (ND). Tout axone des neurones auditifs de type I qui pénétre dans le noyau cochléaire se divise en deux branches, une branche antérieure (ou ascendante) et une branche postérieure (ou descendante). La branche antérieure innerve le NVA. La branche postérieure innerve le NVP et le ND. Les projections des neurones auditifs sont ordonnées en fonction de la fréquence caractéristique de ces neurones, et constituent une carte tonopique dans laquelle, comme dans la cochlée, les basses fréquences sont traitées à l’apex du noyau (région antérieure) et les hautes fréquences à sa base (région postérieure). Ainsi, on peut considérer qu’il existe trois cartes tonotopiques distinctes au niveau du noyau cochléaire. Elles reçoivent une information semblable, et doivent donc en extraire des informations différentes. La population neuronale du noyau cochléaire est hétérogène. On distingue huit types de neurones qui diffèrent par leur morphologie et leur réponse électrique. Dans le NVA prédominent les neurones « en buisson », que la coloration de Nissl permet de séparer en neurones « sphériques » et neurones « globulaires ». Dans le NVP dominent des neurones « pieuvre » (octopus cells) et des neurones « multipolaires » (en coloration de Nissl) ou « étoilés » (en coloration de Golgi). Dans le ND, qui a un aspect lamellaire, prédominent des neurones fusiformes ou pyramidaux. Cette région comporte deux autres types de neurones de plus petite taille, petits neurones et neurones granulaires. Dans la profondeur du noyau cochléaire, se logent des neurones « géants ». 230 CHRISTINE PETIT Ces neurones ont des réponses électriques très diverses : réponse voisine de celle des neurones auditifs primaires, réponse avec une périodicité en rapport avec la stimulation sonore mais comportant une encoche au démarrage, réponse dite « en hachoir » avec des pics qui ne sont pas synchrones au son, réponse restreinte à la mise en place de la stimulation (comme celle des cellules « pieuvre »)… Des cellules peuvent appartenir à un même type et décharger selon plusieurs modes. Ainsi, les neurones en buisson déchargent selon trois modes : soit comme les neurones auditifs primaires, soit à la mise en place du signal acoustique, soit encore comme les neurones auditifs primaires, mais avec une encoche. Les neurones étoilés ou multipolaires ont deux modes de réponse : l’un « en hachoir », l’autre lors de la mise en place du signal acoustique. Les cellules « pieuvre » déchargent à la mise en place du signal, et les cellules fusiformes ou pyramidales ont divers profils de réponse électrique. Ces réponses électriques distinctes traduisent l’extraction de différentes informations à partir de la réponse des neurones auditifs primaires. Au-delà du noyau cochléaire, en raison des projections axonales bilatérales, chaque structure relais comporte une organisation tonotopique, et reçoit des informations provenant des deux oreilles. Le second relais central du système auditif, le complexe olivaire supérieur (COS), est aussi situé dans le tronc cérébral. Il comporte trois noyaux principaux, l’olive supérieure latérale (OSL), l’olive supérieure médiane (OSM), le corps trapézoïde et ses trois noyaux, latéral, ventral, et médian (noyau médian du corps trapézoïde ou NMCT), ainsi qu’un ensemble de noyaux de petite taille (noyaux périolivaires). Ces structures ont toutes une organisation tonotopique. Du noyau cochléaire, émergent trois voies majeures : les stries acoustiques ventrale, intermédiaire, et dorsale. La strie acoustique ventrale, ou corps trapézoïde, est formée par les axones qui proviennent des neurones en buisson du NCVA, et des neurones stellaires et « pieuvre » du NCVP. L’axone des cellules « en buisson » se termine essentiellement sur les trois principaux noyaux du COS, tandis que certains de ces axones continuent leur route à travers le lemnisque latéral jusqu’au colliculus inférieur. Celui des cellules sphériques en buisson se projette de façon bilatérale sur l’OSM, et ipsilatérale sur l’OSL, celui des cellules globulaires en buisson se projette en controlatéral sur les neurones du NMCT venant inhiber l’activité de l’OSL déclenchée par les cellules sphériques en buisson. La strie acoustique intermédiaire, ou strie de Held, inclut les axones des cellules « pieuvre » du NVP qui se terminent dans les noyaux périolivaires et, plus loin, dans le lemnisque latéral et le colliculus inférieur. Enfin, la « strie acoustique dorsale » contient les axones des neurones du NCD. Elle n’envoie aucune projection sur le complexe olivaire supérieur, et se termine, comme la strie acoustique intermédiaire, sur le colliculus inférieur et les noyaux du lemnisque latéral. Enfin, il existe bon nombre de projections internes au sein du noyau cochléaire. Les neurones du NMCT comportent les synapses géantes, ou calices de Held, qui sont considérées comme les plus grandes terminaisons synaptiques du cerveau des mammifères. L’extrémité axonale des cellules globulaires présentes dans le GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 231 noyau cochléaire opposé forme la région présynatique des calices de Held. Les neurones du NMCT qui forment la post-synapse, sont des neurones inhibiteurs glycinergiques, et se projettent sur divers noyaux du COS. Les axones des neurones du noyau cochléaire et du COS se projettent principalement vers le colliculus inférieur en formant un faisceau de fibres que l’on appelle le lemnisque latéral. Il existe aussi des noyaux du lemnisque latéral qui sont situés à l’intérieur du faisceau des fibres du lemnisque, et reçoivent des afférences du noyau cochléaire et du complexe olivaire. Le noyau du lemnisque latéral comporte deux zones, une zone dorsale et une zone ventrale. Le mésencéphale auditif se compose du colliculus inférieur. Il comporte quatre noyaux : central, dorsomédian, latéral, et dorsal. C’est un carrefour de voies auditives ascendantes et descendantes. Le noyau central a une structure lamellaire, et ne reçoit que des afférences provenant des centres auditifs inférieurs. Il est le siège d’une tonotopie stricte et comporte des cartes de représentation de plusieurs paramètres de la stimulation sonore, comme une carte des latences, une carte des courbes d’accord (« carte des Q10dB »), une carte de résolution temporelle, une carte de localisation spatiale… De nombreux facteurs indépendants du système auditif modulent l’activité électrique du colliculus inférieur : stimuli visuels et tactiles par exemple. Localisation de la source sonore Pour terminer, quelques éléments introductifs au cours de l’année suivante sur la localisation de la source sonore ont été présentés. La capacité de localiser la source sonore, parce qu’elle permet de localiser proies et prédateurs, contribue bien évidemment à la survie des animaux entendants. Orienter le pavillon de l’oreille ou tourner la tête pour déceler au mieux la localisation d’une proie, par exemple, permet d’élaborer une stratégie d’attaque sans être vu. La vague sonore, produite par une source externe, est diffractée par son interaction avec le pavillon de l’oreille et l’ensemble de la tête. Ce sont les caractéristiques temporelles et d’intensité du son ainsi diffracté qui vont fournir les substrats de la localisation de la source sonore. Dans leur description, désormais classique, de la localisation de la source sonore en champ libre chez l’homme, Stevens et Newman, en 1936 (Stevens et Newman, 1936), observèrent que l’homme localisait au mieux la source sonore dans le plan horizontal pour des fréquences du son, soit inférieures à 1 kHz, soit supérieures à 5 kHz. Ceci suggérait l’existence de deux mécanismes distincts de localisation de la source sonore dans le plan horizontal, l’un pour les basses fréquences, et l’autre pour les hautes fréquences. Cette dichotomie faisait écho à la théorie, dite théorie duplex, de l’écoute binaurale, proposée par Lord Rayleigh en 1907 (Strutt, 1907), et dont les premiers éléments avaient été apportés par Thomson en 1882. Selon Rayleigh, la tête peut créer une ombre acoustique pour l’oreille la plus distante de la source sonore, de 232 CHRISTINE PETIT sorte que l’intensité du son qui lui parvient est plus faible que celle du son qui parvient à l’autre oreille. Ces différences de niveau sonore sont dites différences d’intensité inter-auriculaires ou binaurales (en anglais interaural level difference, ILD en abrégé). Cependant, l’importance de la différence d’intensité interauriculaire dépend du contenu spectral de la stimulation. En effet, la tête se comporte comme un filtre passe-bas. Elle laisse passer les fréquences basses qui la contournent en raison de leur grande longueur d’onde, et qui par conséquent contribuent fort peu à la différence d’intensité interauriculaire. Avant Rayleigh, le temps qui sépare l’arrivée d’une onde sonore à une oreille et à l’autre, estimé à quelques centaines de microsecondes, avait été considéré comme trop bref pour être décelable par un système biologique. Rayleigh conclut au contraire que cette différence temporelle interauriculaire est décelable, et il propose qu’elle soit le fondement du principe de localisation des sons de basse fréquence (en anglais interaural time difference, ITD en abrégé). L’idée d’un double système de localisation de la source sonore s’est imposée. L’un, dédié aux hautes fréquences mis en oeuvre dans l’OSL, est fondé sur les différences d’intensité, et l’autre, dédié aux basses fréquences, mis en oeuvre dans le noyau laminaire chez les oiseaux et dans l’OSM chez les mammifères, est fondé sur les différences temporelles. L’intérêt majeur de l’écoute binaurale réside dans la localisation de la source sonore dans l’espace. Toutefois, un son sera perçu comme légèrement plus intense s’il est présenté aux deux oreilles (gain d’environ 3 décibels). De cette vision très schématique, il s’en suit que pour un patient qui a une surdité unilatérale, si le locuteur est situé du côté de l’oreille défaillante, l’oreille normale percevra correctement les basses fréquences, mais mal les hautes fréquences, en raison de l’ombre de la tête. Cette théorie vaut pour les sons purs. Pour la localisation de sources sonores complexes, la composante temporelle, même pour des sons de haute fréquence, est importante. Interviennent aussi les modulations fréquentielles et les modulations en amplitude. Seule a été discutée plus en détail la localisation dans le plan horizontal des sources sonores de basse fréquence. Soit une onde sonore située sur l’azimut 90° par rapport à la ligne médiane. L’onde sonore va parcourir le chemin d’une oreille à l’autre soit une distance égale au rayon de la tête plus une distance égale au quart de la circonférence de la tête. Le rayon de la tête est estimé à 9 cm, le quart de la circonférence de la tête à environ 14 cm, soit une distance totale à parcourir de 23 cm. Compte tenu de la vitesse du son dans l’air (343 m/s), la différence de temps entre l’arrivée du son à l’une et l’autre oreille est 670 μs. C’est le temps maximum du parcours. En effet, quand la source se rapproche de la position médiane, le délai entre l’arrivée des signaux sonores à l’une et l’autre oreille est toujours plus petit. Ce temps de 670 μs est égal à la période d’un son de 1 500 Hz. Il fixe la limite supérieure de la fréquence sonore d’une source qui pourra être localisée en se fondant sur la disparité temporelle binaurale. Pour des fréquences plus élevées, la localisation de la source sonore fait appel à la différence d’intensité (ILD). GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 233 Chez l’homme, le système auditif identifie deux sons comme provenant de deux sources distinctes si, l’une étant située dans le plan médian (0° azimutal), l’autre en est séparée d’au moins deux degrés. Ceci signifie que le système auditif distingue deux sons qui parviennent à l’une et l’autre oreille avec un décalage temporel de moins de 20 μs. C’est cet élément qui a permis de conclure à l’extrême précision temporelle du système auditif (au moins jusqu’à ses relais du tronc cérébral). Plus on s’éloigne de l’axe médian dans le plan horizontal, plus la capacité de résolution diminue. L’angle audible minimal varie avec la position azimutale et la fréquence de la source sonore. Sa valeur augmente quand la fréquence s’élève et que la source sonore s’approche du 90° azimutal. Pour toutes les fréquences, la perception de la directionalité est plus précise quand l’auditeur fait face à la source sonore. En l’absence de mobilité du pavillon de l’oreille, c’est la tête qui bouge pour optimiser la perception de la localisation des sources sonores. Nous avons ensuite brièvement considéré les bases neurales de la localisation azimutale des sources sonores de basse fréquence. Durant les cinquante dernières années, un seul modèle a servi d’explication à la façon dont le cerveau détermine la position de la source sonore de basse fréquence dans le plan horizontal : le modèle de coïncidence proposé par Lloyd Jeffress en 1948 (Jeffress, 1948). Il stipule que le cerveau transforme l’information du délai de temps relatif de l’arrivée du son à chacune des deux oreilles en une carte, dite carte spatiale auditive ou « carte ITD ». Ce modèle pose l’existence de neurones détecteurs de coïncidence. Leur décharge est maximale quand les potentiels d’action qui leur parviennent, à partir de chaque oreille, arrivent simultanément. Dans ce modèle, ces détecteurs de coïncidence reçoivent des informations excitatrices, qui leur parviennent via des axones qui véhiculent des signaux électriques provenant de chacune des deux oreilles. Ce modèle repose sur trois hypothèses : 1) il existe des neurones détecteurs de coïncidence ; ceux-ci reçoivent une information temporelle très précise venant de l’une et l’autre oreille ; ils ne peuvent interpréter qu’une information de décharge neuronale organisée en volée (voir ci-dessus), c’est-à-dire synchronisée au son ; 2) ils répondent de façon maximale lorsque les potentiels d’action venus de l’une et l’autre oreille arrivent simultanément; ils sont très sensibles à de toutes petites disparités dans le temps d’arrivée des potentiels d’action provenant de l’une et de l’autre oreille ; 3) ce sont des projections afférentes excitatrices venues de chaque oreille qui les stimulent, et c’est le temps cumulé des chemins acoustique et électrique parcourus depuis la source sonore jusqu’au détecteur (controlatéral par rapport à la source) qui est pris en compte. En ce qui concerne le chemin électrique, le modèle stipule que la détection de coïncidence est fondée sur le fait que les axones des neurones excitateurs ont des longueurs différentes, qui introduisent des délais électriques (« délais de ligne »). Le détecteur de coïncidence sera stimulé par des neurones dont la longueur axonale va permettre une décharge synchrone des neurones afférents issus de chacune des deux oreilles. Dans ce modèle, chaque neurone détecteur de coïncidence répond à un temps inter-auriculaire différent et spécifique, dit temps caractéristique de la détection temporelle. Les divers neurones dont le temps caractéristique de détection 234 CHRISTINE PETIT temporelle est différent sont organisés en une carte de temps caractéristique graduellement croissant. Un neurone détecteur signale la position de la source sonore par son taux de décharge maximal. Ce modèle a eu un impact considérable sur la recherche dans ce domaine. Il s’est révélé fécond pour interpréter la localisation des sources de basse fréquence chez l’oiseau. Les travaux élégants réalisés par Mazakazu Konishi et de Eric Knudsen voir revue, (Knudsen, 2002) à partir de 1978 sur la chouette effraie, qui chasse la nuit en utilisant exclusivement son audition pour localiser ses proies, paraissent valider ce modèle. Cette chouette se dirige vers ses proies grâce à une reconnaissance des vibrations qu’elles émettent. Celle-ci est fondée, dans le plan horizontal, sur les différences temporelles, et est particulièrement efficace pour des fréquences allant jusqu’à 7 ou 8 kHz. De fait, les décharges des neurones afférents sont en phase avec le son jusqu’à ces valeurs de fréquence. Les neurones détecteurs de coïncidence se situent dans le noyau laminaire. Pour lever toute ambiguïté dans l’interprétation des délais de réponse, cette carte est couplée à une carte fréquentielle, qui a une orientation perpendiculaire. Ainsi, chaque fréquence est en quelque sorte équipée de son détecteur d’ITD. Une « carte ITD » est le code de représentation de toutes les localisations des sources sonores dans le plan horizontal. L’ITD zéro, toujours représenté par un maximum de neurones, est l’ITD pour lequel la décharge maximale correspond à la position médiane de la source. Beaucoup de données électrophysiologiques obtenues chez la chouette effraie sont en accord avec ce modèle, et des axones de longueur hétérogène ont bien été mis en évidence dans le noyau laminaire. Chez les mammifères, des détecteurs de coïncidence sont situés dans l’OSM, mais leur mode d’activation paraît moins clair. Chez le chat, un substrat anatomique pour un mécanisme du type « délai de lignes » (différentes longueurs axonales) a été observé. Cependant, des travaux menés chez la gerbille (Brand et al, 2002 ; Kapfer et al, 2002) indiquent le rôle indispensable de neurones inhibiteurs glycinergiques du NMCT dans la réponse à un délai caractéristique des neurones de l’OSM. Ces neurones inhibiteurs, dont la décharge est aussi en phase avec le son, et non des longueurs d’axones différentes d’un neurone excitateur à l’autre, seraient le substrat des « cartes ITD » des mammifères. Références Assad J.A., Shepherd G.M., Corey D.P. (1991) Tip-link integrity and mechanical transduction in vertebrate hair cells. Neuron, 7, 985-994. Brand A., Behrend O., Marquardt T., McAlpine D., Grothe B. (2002) Precise inhibition is essential for microsecond interaural time difference coding. Nature, 417, 543-547. Brownell W.E., Bader C.R., Bertrand D., de Ribaupierre Y. (1985) Evoked mechanical responses of isolated cochlear outer hair cells. Science, 227, 194-196. Chan D.K., Hudspeth A.J. 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Origine des distorsions acoustiques dans l’oreille interne (Elisabeth Verpy, Dominique Weil, Michel Leibovici, Carine Houdon, Jean-Pierre Hardelin, Christine Petit ; en collaboration avec Paul Avan, Richard J. Goodyear, Guy P. Richardson, Ghislaine Hamard) (Verpy et al, 2008) C’est dans la cochlée que les messages sonores sont convertis par les cellules sensorielles auditives en dépolarisations qui libèrent le neurotransmetteur, créant une activation des neurones auditifs qui se propage jusqu’au cortex. Pour ce faire, les cellules ciliées externes amplifient les vibrations sonores tout en les filtrant pour éliminer les sons parasites. Toutefois, le traitement ainsi appliqué au son engendre des distorsions des ondes acoustiques considérables, au point d’être audibles sous forme de sons supplémentaires connus sous le nom de sons de Tartini, du nom du violoniste du xviie siècle qui les décrivit. Parce que l’oreille les réémet, ces sons de Tartini servent à dépister les surdités dès la naissance. En effet, leur absence traduit la lésion des cellules ciliées externes, presque toujours accompagnée de celle des cellules ciliées internes, authentiques cellules sensorielles. GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 237 Jusqu’ici on pensait que toutes les performances des cellules ciliées externes, amplification, filtrage des sons parasites, et distorsion, étaient dues à leurs canaux de transduction mécano-électrique pour lesquels la courbe courant/déplacement est sigmoïde. Nous avons montré, dans un travail mené en collaboration avec le Pr Paul Avan (Université d’Auvergne, Clermont-Ferrand), que ce n’est probablement pas exact. Chez des souris dont le gène qui code la stéréociline a été inactivé, il existe, avant l’apparition du déficit de l’acuité auditive, une courte période durant laquelle les cellules ciliées externes amplifient et filtrent normalement le son ; leurs canaux de transduction sont donc normaux, et pourtant elles ne distordent plus le son. Toute marque de distorsion des ondes a disparu : un son pur ne produit plus d’harmoniques ; aucune distorsion, électrique ou acoustique, n’est décelable. Chez ces souris mutantes, l’effet de masquage sonore est très diminué : en présence d’un mélange de sons, les diverses composantes du mélange coexistent alors que normalement, les plus intenses empêchent les plus faibles d’être perçues par le système auditif. La perception des sons complexes chez ces souris mutantes est sans doute gravement perturbée. Nous avons observé que la stéréociline est un composant de liens latéraux apicaux de la touffe ciliaire des cellules ciliées externes. Ces liens, dits top connectors, sont, avec le tip link, les seuls présents dans la touffe ciliaire adulte. Ceci nous a conduit à proposer que l’origine des distorsions acoustiques se tient dans les contraintes que ces liens latéraux imposent à la touffe ciliaire. Ils permettraient à une rigidité non-linéaire de la touffe ciliaire, autre que celle du canal de transduction mécano-électrique, de se manifester sous la forme de distorsions d’ondes. Une explication alternative serait que l’absence de ces liens déplace le « point d’opération » de la touffe ciliaire dans une zone de fonctionnement linéaire. 2. Un nouveau mécanisme responsable de la surdité liée à l’exposition au bruit (Amel Bahloul, Vincent Michel, Michel Leibovici, Jean-Pierre Hardelin, Dominique Weil, Christine Petit ; en collaboration avec Paul Avan) (Bahloul et al, soumis pour publication) Nous avions découvert, il y a quelques années, une nouvelle protéine des jonctions d’adhérence, la vézatine (Küssel-Andermann et al, 2000). Nous venons de définir sa topologie par une analyse biochimique. Elle comporte deux domaines transmembranaires très proches l’un de l’autre, et ses régions N- et C-terminales sont cytoplasmiques. Dans la cochlée, l’immunoréactivité de la vézatine aux jonctions entre les cellules ciliées et les cellules de soutien augmente entre le 4e et le 16e jour après la naissance, chez la souris. Nous avons observé, par immunomarquage de cellules MDCK, que la vézatine ne participe pas à la formation de leurs jonctions ; elle n’est recrutée aux jonctions que tardivement. Des doubles marquages réalisés sur des cochlées matures ont montré une colocalisation de la vézatine avec la radixine, la β-caténine et la caténine p120, aux jonctions entre cellules ciliées externes et cellules de Deiters. Vézatine et radixine après une exposition d’une minute à un son de 105 dB. De surcroît. Institut Curie) (Michalski et al. et le rôle de la vézatine dans la résistance au stress mécanique. Cette dernière pourrait donc permettre de lier la vézatine aux filaments d’actine des jonctions cellulaires. L’étude morphologique de la cochlée ne détecte aucune anomalie jusqu’à cet âge. l’harmonine-b est localisée au niveau du point supérieur d’insertion du lien apical dans le stéréocil (Lefèvre et al.238 CHRISTINE PETIT co-précipitent dans des extraits protéiques cochléaires. en collaboration avec Pascal Martin. Vincent Michel. puis de l’ensemble de la cochlée (24 semaines). une surdité progressive spontanée. nous avons généré des souris mutantes chez lesquelles le gène est délété uniquement dans les cellules sensorielles (la délétion ubiquitaire est létale). Ceci est une autre manifestation de la dissociation qui peut exister entre amplification et distorsion. la radixine ne co-précipite plus avec la vézatine. Nous avons étudié le rôle de l’harmonine. Cependant. et plus particulièrement des isoformes b. qui disparaissent de la base de la cochlée (en accord avec la perte auditive qui porte sur les hautes fréquences). Rôle de l’harmonine dans la transduction mécano-électrique auditive (Nicolas Michalski. Les cellules de l’apex de la cochlée sont peu atteintes par la perte cellulaire induite par l’exposition au bruit. Chez les souris mutantes. ont une altération de leur seuil auditif de l’ordre de 10 dB. les seuils auditifs ne sont pas différents de ceux des animaux témoins jusqu’à la 7e semaine. qui augmente jusqu’à atteindre une perte de 110 dB à 24 semaines. lorsque la radixine porte une mutation qui l’empêche de se lier aux filaments d’actine en raison d’un changement de conformation. 2008). accompagnées d’une perte massive de cellules ciliées. les souris mutantes deviennent irréversiblement sourdes. La vézatine interagit donc directement avec la forme « active » de la radixine. soumises à cette même stimulation sonore. suivie d’un retour à une audition normale. Les souris mutantes non exposées au bruit développent.. Christine Petit . d’abord les cellules ciliées externes. dans la transduction mécanoélectrique et l’adaptation en mettant à profit deux modèles murins : une souris dont le gène de l’harmonine a été inactivé . soumis pour publication) Nous avons montré chez la souris qu’à partir du jour 5 après la naissance (P5). qui touche principalement les cellules ciliées externes. qui constitueraient le lien apical. Pour étudier le rôle de la vézatine aux jonctions entre les cellules ciliées cochléaires et leurs cellules de soutien. 3. Ce travail a dévoilé le rôle des jonctions cellulaires des cellules sensorielles dans la surdité induite par le bruit. l’harmonine peut interagir directement in vitro avec la protocadhérine-15 et la cadhérine-23. Dominique Weil. Cependant. nous avons observé que les produits de distorsion ont un seuil qui est affecté avant celui de l’audition. Les souris sauvages. Diverses anomalies de la touffe ciliaire apparaissent chez les souris mutantes. après 7 semaines. De plus. Gaelle Lefèvre. Cette surdité est due à une mort cellulaire touchant les cellules ciliées. . Michel V.. contre toute attente. Avan P. is required for sound-resilience of cochlear hair cells. Caberlotto E. El-Amraoui A. bridges myosin VIIA to the cadherin-catenins complex. Martin P.. Perfettini I. nous avons trouvé des mutations dans l’un d’eux. 135. Lecuit M. Perfettini I.. Identification d’un gène responsable de la presbyacousie (Dominique Weil.. Roux I.. Lefèvre G. Verpy E.. EMBO J. cette surdité est à mettre en rapport avec une synthèse in situ de ce métabolite par les cellules sensorielles elles-mêmes. et une souris mutante Dfcr-2J/Dfcr-2J. nous avons mis en évidence une interaction directe entre l’harmonine et la myosine VIIa.. défectueuse uniquement pour les isoformes b de l’harmonine. Par séquençage des gènes de cette région.. Avan P.. Weil D. Hamard G. Lepelletier L. Development.. Safieddine S.. 255-258. Or.-P. moteur moléculaire que des expériences antérieures ont impliqué dans l’adaptation.. Références Bahloul A.. Michalski N. Anne-Laure Roudevitch.. Nature Neurosci. Simmler M. Lefèvre G.. Hardelin J. Nouaille S.J.. Leibovici M. 19. Cossart P. Wolfrum U. Bizard E. ce qui indique l’existence d’un mécanisme autocrine. EMBO Mol Med (submitted).. 456. nous ont permis de conclure que l’harmonine-b se comporte comme le ressort dont l’existence a été postulée pour rendre compte des limites de l’étendue de l’adaptation.-P. Petit C.. Christine Petit) L’étude de formes familiales de presbyacousie.P. (submitted)... et leur modélisation effectuée en collaboration avec Pascal Martin (Institut Curie).-C. Küssel-Andermann P. 1427-1437. Weil D. Elles en expriment également le récepteur.-Y..... Weil D.. Petit C. an integral membrane protein of adherens junctions.. (2000) Vezatin.. Michel V... 6020-6029.. Zuo J. (2008) A core cochlear phenotype in USH1 mouse mutants implicates fibrous links of the hair bundle in its cohesion. Michel V. Ces données prédisent de plus une liaison de l’harmonine-b aux moteurs d’adaptation. orientation and differential growth.. Hardelin J.. par analyse de liaison génétique portant sur l’ensemble du génome (en collaboration avec le Centre National de Génotypage) nous a permis d’identifier un locus impliqué. Tinevez J. Les résultats obtenus. Goodyear R.. des résultats récents nous incitent à penser que.. Petit C.. Nouaille S.. Petit C... Wolfrum U. Hardelin J. Alors que tout paraissait indiquer que cette surdité devait être mise sur le compte d’un désordre métabolique. Richardson G.-P.. . Petit C.GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 239 (Hmn-/-). (2008) Stereocilin-deficient mice reveal the origin of cochlear waveform distortions Nature. a novel transmembrane protein. The adaptation process of mechanoelectrical transduction in hair cells involves harmonin-b. 4. Vezatin. an actin-binding scaffold protein. Houdon C. Weil D. Anne Aubois. Leibovici M... Bizard E... Abel L.M. Nature Genet 40...and actin-binding protein... Yang T. Goodyear R. Safieddine S. 223-32. Michel V..J... Calvo F.. Meda P. Janel N. Kimberling W. Perfettini I.... Smith R. Michel V. Simon-Stoos K.. Küssel-Andermann P. Yanicostas C..M.... Orten D. (2008) A cochlear core phenotype in USH1 mouse mutants implicates fibrous links of the hair bundle in its cohesion. Proc Natl Acad Sci USA 104. et Petit C. 1427-37. Picard C. Legendre K. Caille D. J Cell Sci 120.240 CHRISTINE PETIT Publications du laboratoire (2007-2008) 2008 Lagresle-Peyrou C. Favero J. Wollnik B.M.. Alasti F. Safieddine S..-P. 800-804. Cramer C. El-Amraoui A.. Etournay R. Valensi F..P. 456. Fischer A..C. Hamard G. Avan P. Hardelin J. Roux I. Candotti F.L. Jones C.E. Lefèvre G. Coluccio LM. Bouleau Y. 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Paris) : Mouvements actifs de la touffe ciliaire des cellules mécano-sensorielles ciliées de l’oreille interne Jeudi 13 mars Cours : Les voies auditives afférentes et leurs relais Séminaire : Paul Avan (Laboratoire de Biophysique Sensorielle. 29 mai 2008 : Surdités héréditaires: qu’avons-nous appris par l’identification des gènes impliqués ? IGBMC.. et Petit C. Ecole Normale Supérieure. Lefèvre G.. Hardelin J. Sato M. IGBMC. 13. Baltimore. Petit C.. Weil D. Bahloul A.C. USA) : Time and intensity coding by the hair cell’s ribbon synapse Jeudi 27 mars Cours : Plasticité synaptique dans les voies auditives Séminaire : Christian Lorenzi (Psychologie de la Perception-Audition. Cereghini S.... Souilhol C. Chardenoux S. (2007) Conditional knock-out reveals that zygotic vezatin-null mouse embryos die at implantation. Institut Curie. Cours au Collège de France (6 heures) Les jeudis 14 février. Yagi H. Paris) : Effets de lésions cochléaires sur la perception de la parole 1.. Faculté de Médecine..-P.. Barral J. School of Medicine. . et Simmler M... mais de quelles origines ? Jeudi 20 mars Cours : Le codage de la stimulation sonore en fréquence et en intensité Séminaire : Paul Fuchs (Johns Hopkins University. Michalski N. 30 mai 2008 : Understanding molecular and cellular mechanisms of hearing: what can deafness genes teach us.. Cohen-Tannoudji M. (2007) Molecular characterization of the ankle link complex in cochlear hair cells and its role in the hair bundle functioning. Martin P. Cours en province Professeur invitant : Jean-Louis Mandel (Institut de Génétique et de Biologie Moléculaire et Cellulaire.. 6478-6488. Enseignement Enseignement au titre du Collège de France 1.GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 241 Hyenne V.a. 449-462.. Institut Pasteur. 29 mai 2008 : « Surdités héréditaires : qu’avons-nous appris par l’identification des gènes impliqués ? ».a tribute to Jean-Pierre Changeux. Invited by Pr Mats Ulfendahl : « Human hereditary deafness : From genes to the mechanisms of hearing ». Invited by Pr Ulf Pettersson : « Human hereditary deafness: beyond the genes. Force-Gated Ion Channels: From Structure to Sensation. Canadian College of Medical Geneticists Congress. 15-17 Sept 2007 : « Hereditary deafness and molecular physiology of hearing ». Principaux séminaires et conférences sur invitation 2007-2008 From Molecules to Cognition .Suède (1 heure). Uppsala. Cours à l’étranger : CHRISTINE PETIT Uppsala . Faculté de Médecine. Italy. HHMI Janelia Farm Research Campus. 10 June 2008. Thèses Raphaël Étournay. University. Paris. 4-7-2008 : « Cochlear mechano-electrical transduction : identification and functional characterisation of its components ». 12 June 2008. Beyond Newborn Hearing Screening : Infant and Childhood Hearing in Science and Clinical Practice.c. Professeur invitant : Ulf Petterson (Rudbeck laboratory. Nicolas Michalski. déc 2007 : « Hereditary sensory defects ». Cernobbio (Como). Thèse de Doctorat de l’Université Pierre et Marie Curie. 18-21 May 2008 : « Fibrous links of the hair bundle : structure and function enlightened by human deafness genes ». . USA. Vancouver. Rudbeck laboratory . Sweden. Tunisia. 10 juin 2008 . International Symposium on Biotechnology. the path to the mechanisms of hearing ». Systems biology of Hearing. the path to the mechanisms of hearing. Université Paris 7. Sfax. Canada. Ashburn. 30 May 2008 : « Understanding molecular and cellular mechanisms of hearing : what can deafness genes teach us ». Enseignements autres M2 Génétique Humaine et Neurobiologie (Erasmus). Strasbourg.242 1. 27 August 2008 : « Multidisciplinary experimental approaches and modelling of sensory hair bundle functioning ».Faculty of Medicine. 4-8 May 2008 : « From human hereditary deafness to the cellular and molecular mechanisms of hearing ». Thèse de Doctorat de l’Université Pierre et Marie Curie. Suède) : Human hereditary deafness: beyond the genes. Stockholm. 19-21 June 2008 : « Hereditary auditory neuropathies : from the genes to the pathogenesis ». 2. International congress. Karolinska Institutet. Strasbourg. Göteborg. University Uppsala. 12-12-2007 : « Surdités héréditaires : rôles de la myosine VIIa dans le développement de la cellule sensorielle auditive ». International Congress on Systems Biology. IGBMC. 16 Nov 2007: « Human hereditary deafness: from genes to pathogenesis ». NHS2008 Conference. Sweden. 25 sept 2007. Institut interdisciplinaire des Sciences du Vivant des Saints-Pères. Institut Pasteur. Colloques-débats Femmes d’Histoire . Palais des Congrès et de la Culture. Réunion RTRS (Réseau Thématique de Recherche et de Soins). Organisation de symposia et colloques « From Molecules to Cognition . 27 June 2007. International congress. Paris. 5 sept 2008 : « Surdités héréditaires : comment les gènes impliqués éclairent la physiologie auditive ». Bruxelles. Le Mans. Paris. Institut Pasteur. Göteborg. Sweden. 27 August 2008 : « Multidisciplinary experimental approaches and modelling of sensory hair bundle functioning ». European Parliament. 27 jan 2008 : « Des femmes à la tête de la recherche ».Femmes de sciences. Paris. 16 oct 2007. 29 oct 2007. Université Paris Descartes. Bringing the results of European research to the society. Paris.GÉNÉTIQUE ET PHYSIOLOGIE CELLULAIRE 243 Centre de Recherche des Cordeliers. Audition. Conférences « Grand public » « Mystères de la science biomédicale ».a tribute to Jean-Pierre Changeux ». Systems biology of Hearing. 6 nov 2007. Colloque Institut de la Vision-département de Neuroscience de l’Institut Pasteur. Paris. « Surdité héréditaire : quelles avancées ? quelles perspectives ? ». 15 sept 2008 : « Comment les surdités héréditaires humaines éclairent la physiologie moléculaire du système auditif ». International Congress on Systems Biology. 15-17 sept 2007. . Paris. Conférences de presse Appear « From Lab to Life ». Paris. Fondation pour la Recherche Médicale. Université Pierre-et-Marie Curie. . professeur La génétique moléculaire des organismes modèles : un paradigme de principes généraux en biologie Thème général des cours Le développement harmonieux et cohérent d’un organisme multicellulaire nécessite une parfaite coordination des interactions cellulaires. utilisée comme système modèle expérimental pour répondre à des questions-clé en biologie et en médecine. Drosophila melanogaster. Leurs dérèglements sont très souvent à l’origine des dysfonctionnements cellulaires responsables des pathologies. près d’un siècle. présenté en anglais le 21 mars sous le titre : « Drosophila melanogaster : un modèle expérimental pour l’étude des maladies humaines » Ce colloque d’une journée se proposait de donner à un novice un aperçu théorique détaillé de la mouche du fruit. pour répondre à ces différentes questions. Les séminaires ont été remplacés par un colloque. Drosophila est l’un des plus importants organismes modèles utilisés de nos jours par les biologistes.Biologie et génétique du développement M. Spyros Artavanis-Tsakonas. nous avons examiné les aspects de biologie cellulaire et moléculaire d’une voie de signalisation fondamentale conservée parmi tous les métazoaires. au cours de ces cours. comme système modèle. sur l’usage des systèmes modèles développés chez les vertébrés et les invertébrés. la Drosophile a permis d’accroître de manière . Au cours de la longue période historique de son utilisation. Au cours de ces leçons. Nous avons insisté. L’acquisition des connaissances de biologie fondamentale sur cette voie conduit à aborder des questions impliquées dans les processus pathologiques et en particulier lors de la tumorigenèse. Le séquençage du génome humain et celui de la mouche et leur grande homologie ont conduit les chercheurs à créer des outils sophistiqués disponibles dans la mouche et applicables aux maladies humaines. Reverse genetics. Spinal Muscular Atrophy. Huntington’s Disease. Alzheimer’s Disease. pendant le développement. P lacZ. entraînant ainsi plusieurs découvertes qui ont ébranlé les connaissances acquises au préalable. Inducible GAL4 expression. GAL4-UAS System.246 SPYROS ARTAVANISTSAKONAS significative et sur une large échelle notre compréhension des aspects fondamentaux de la biologie. Transposon insertion collections • Using flies to address human biology and behavior – Stem Cells. Drugs of Abuse. Polytene and Balancer Chromosomes. Sexual Behavior and Circuitry Les conférenciers étaient les suivants : Spyros Artavanis-Tsakonas – Collège de France – Department of Cell Biology.Department of Cell Biology. Gain of Function Screens • Advanced genetics – Tissue-specific Expression. Mark Kankel. Present and Future • Basic Drosophila skills – Husbandry. Cancer and Metastasis. P elements. Aneuploidy. mettant en évidence ses contraintes et ses limites afin d‘appréhender aisément la littérature sur la Drosophile et concevoir des expériences avec ce puissant système modèle. GFP tagging. Performing a Chemical Mutagenesis Screen. La détermination d’une lignée cellulaire donnée. dépend d’un ensemble complexe de signaux. Les thèmes suivants ont été abordés : • Drosophila as a model organism – Past. Germline Mosaics and ovoD. Nous essayons de comprendre comment une cellule souche indifférenciée répond pour se différencier à des signaux et évolue ainsi vers un état plus avancé de son développement. Harvard Medical School Doug Dimlich. et comment leurs actions sont intégrées dans différentes étapes du . Mutations and Phenoypes. Gene Mapping • Mutagenesis. Nous sommes plus particulièrement intéressés à définir la base moléculaire des règles à l’origine de ces mécanismes pléiotropiques. Basic Genetic Screens and Cloning – Generating Mutations. Anindya Sen . Genetic Mosaics. the FLP-FRT and MARCM Systems. Transgenesis. Au cours de cette journée. Alcoholism. RNAi. les participants aux colloque ont été invités à une démonstration des méthodologies génétiques et moléculaires disponibles couramment chez la mouche. Harvard Medical School Activité générale du laboratoire Notre recherche se concentre sur l’étude des mécanismes régissant le développement des organismes multicellulaires. Enhancer Trapping. Glenn Doughty. nous étudions une voie de signalisation fondamentale. Notre analyse génétique se fonde sur l’identification des « modificateurs » du signal Notch dans différents contextes du développement. elle semble plutôt moduler la capacité d’une cellule non différenciée à recevoir et/ou interpréter des signaux aboutissant à des phénomènes aussi nombreux que variés. nous poursuivrons ces travaux avec le projet d’ajouter quelques moyens technologiques à notre base expérimentale et méthodologique. qui est présente depuis le vers C. En utilisant la drosophile comme modèle expérimental. notamment le cancer. L’analyse de ces phénomènes devrait nous permettre non seulement de définir les processus biologiques fondamentaux. nous utilisons aussi des approches dites « génomiques » afin d’étudier la voie Notch dans le cadre d’une approche plus systématique. le fonctionnement anormal de la voie Notch chez l’Homme a été associé à de nombreuses pathologies. L’élément central de cette voie de signalisation est le récepteur de surface appelé Notch. Des mutations génétiques de la voie de signalisation Notch peuvent entraîner le développement anormal d’un éventail très large de structures chez les métazoaires. la voie Notch. Depuis peu. elegans jusqu’à l’homme est un régulateur fondamental des lignées cellulaires. la prolifération et l’apoptose. qui correspond à l’incapacité des cellules à répondre de manière appropriée aux signaux lors d’un développement normal. la souris et des cultures cellulaires comme modèles expérimentaux. conservée au cours de l’évolution : la voie Notch. La voie de signalisation Notch ne semble pas donner d’instructions très précises quant au devenir d’une lignée cellulaire. Notre approche se fonde sur des techniques de génétique et de biochimie en utilisant la drosophile. tels que la différentiation. Ainsi. Une grande partie de notre travail concerne l’étude des rapports génétiques et moléculaires entre les éléments de la voie Notch et d’autres éléments cellulaires qui peuvent agir pour modifier les signaux Notch. Nous essayons de comprendre les circuits cellulaires dans lesquels Notch est intégré pendant les processus de développement normaux et pathologiques. notre approche génétique visant à identifier de nouveaux « interacteurs » de Notch se complète maintenant par l’analyse . dont celles dites néo-plasiques. En outre. Entre autres. La question centrale de notre travail est de comprendre comment les signaux Notch s’impliquent dans d’autres facteurs cellulaires pour affecter le développement et l’entretien des systèmes cellulaires.BIOLOGIE ET GÉNÉTIQUE DU DÉVELOPPEMENT 247 développement pour affecter des décisions spécifiques. Dans l’avenir. En effet. Les fondements de notre projet résident dans les approches expérimentales décrites ci-dessous : a) Nous poursuivons l’analyse et la dissection de la voie Notch chez la drosophile en utilisant des méthodes génétiques et moléculaires. mais également de mettre en lumière les mécanismes liés aux pathologies humaines. Nous utilisons des approches génétiques et moléculaires pour étudier le mécanisme de signalisation du récepteur Notch et les divers éléments associés à la cascade d’éléments biochimiques définissant la voie. D’ailleurs. par le besoin de générer et d’identifier les mutants.248 SPYROS ARTAVANISTSAKONAS moléculaire des complexes protéiques en utilisant la technique de chromatographie d’affinité suivie par analyse en spectrométrie de masse ainsi que la technique du double hybride chez la levure. Cependant. qui couvre ~ 50 % du génome (la collection de mutants d’Exelixis). Plus particulièrement. Afin d’identifier les « modificateurs » de la voie Notch. à partir de lignées cellulaires et d’embryons de drosophile. correspondant à des mutants par insertion. Nous tirons profit de cette ressource en effectuant des criblages génétiques à haut débit afin de trouver quels sont les éléments modificateurs de la voie Notch. sont parfois quelque peu limitées. Notre approche comporte l’isolement biochimique des complexes de protéines par chromatographie d’affinité. notre capacité à effectuer des criblages à une vitesse sans précédent nous a incité à réexaminer quelques problèmes . D’autre part. La collection se compose de presque 20 000 souches différentes. Ensuite. Heidelberg). c) Les approches génétiques classiques. de prendre toute la mesure la complexité qui est la règle en biologie. les différents composants des complexes protéiques sont identifiés par analyse de spectrométrie de masse. b) Nous avons traditionnellement employé des moyens génétiques pour disséquer les circuits dans lesquels la signalisation Notch est intégrée. bien qu’efficaces pour la dissection et la compréhension de la voie Notch. par conséquent. nous tentons de comprendre les effets quantitatifs de la signalisation Notch sur la qualité du développement. Cette carte physique est en train d’être réalisée dans le cadre d’un projet ambitieux que nous avons initié et qui associe trois laboratoires (Harvard. nous effectuons aussi des criblages RNAi et des criblages de drogues. Notre laboratoire a aujourd’hui l’honneur d’être le « gardien » et le « distributeur » auprès de la communauté universitaire d’une collection très sophistiquée et unique de drosophiles. Berkeley et l’institut de TATA à Bangalore) ainsi qu’une entreprise de biotechnologies (Cellzome. D’une part. elle peut également être utilisée comme outil pour examiner de manière systématique et rapide les modifications éventuelles de phénotypes spécifiques. En d’autres mots. à haut débit. il est devenu clair qu’une compréhension complète des circuits Notch ne pourra se faire sans une cartographie complète des interactions entre protéines. Le projet consiste à identifier toutes les interactions physiques dans lesquelles l’ensemble des protéines (le protéome) est impliqué. la collection joue le rôle de dépôt pour des mutations spécifiques qui sont caractérisées à l’échelle moléculaire. nous tentons de répondre aux questions suivantes : — La nature de la réponse en termes de développement dépend-elle de la quantité du signal Notch ? — Comment les signaux Notch intègrent-ils leurs activités dans les divers contextes cellulaires qu’ils rencontrent pendant le développement ? Ces questions sont essentielles pour appréhender les différents aspects de la voie Notch et sa pléiotropie. dans la cellule. Répondre à ces questions nous permettrait également de comprendre la voie Notch en tant que système biologique et. d’une part. nous nous intéressons à l’état oligomère du récepteur et à ses interactions avec des facteurs intracellulaires et extracellulaires. d’autre part. Nous poursuivons la caractérisation moléculaire d’un modèle mammaire de cancer que nous avons développé chez la souris. Nous caractérisons également des lésions en régression et les comparons à des tumeurs induites par plusieurs oncogènes « classiques ». nous devrions pourvoir répondre à ces questions sur les aspects fondamentaux du processus de transduction du signal Notch. e) Dans le cadre de nos études utilisant des systèmes mammifères. En utilisant la microscopie électronique ainsi que l’analyse en microscopie optique : la technique du FRET. d’analyser les situations pathologiques dans lesquelles Notch est impliqué. À ce jour. Notre analyse est également complétée par un projet en collaboration avec le laboratoire de Joan Brugge (Harvard) qui utilise un système tridimensionnel de culture de cellules mammaires. Daniel Louvard à l’Institut Curie à Paris. où nous pouvons induire une néoplasie non-invasive en régression qui se développe en adénocarcinome invasif. un laboratoire dédié à l’étude de la cancérogenèse va s’installer. On utilise des modèles transgéniques pour étudier ces problèmes. Projet du laboratoire à l’Institut Curie Dans le cadre du nouveau pôle de Biologie du développement. Notre collaboration avec le laboratoire de Pr. Enfin. . chez la souris. de manière systématique — encore impossible il y a peu de temps. De nombreux travaux indiquent que Notch jouerait un rôle important dans divers aspects biologiques des cellules souches. En collaboration avec un collègue à Harvard (Tom Walz). que nous venons d’initier mais qui devrait se développer dans les années à venir. se concentre sur les aspects structuraux de Notch. Ces deux maladies sont des syndromes humains pléiotropiques dominants qui affectent le récepteur Notch et son ligand Jagged. rien n’est vraiment connu au sujet de ces aspects structuraux et leurs implications dans la fonction de Notch.BIOLOGIE ET GÉNÉTIQUE DU DÉVELOPPEMENT 249 classiques de la biologie du développement chez la drosophile. dans l’intestin. d) Un autre projet. nous avons lancé une étude qui vise à comprendre des aspects structuraux du récepteur Notch en utilisant la microscopie électronique. Nous utilisons des techniques génétiques et génomiques (puce à ADN) pour analyser les lésions qui contribuent à cette transition. nous examinons. actuellement en cours de construction à l’Institut Curie. consiste à examiner comment Notch peut affecter la différentiation de cellules souches. comment la modulation des signaux Notch peut influencer le devenir et le potentiel de prolifération des cellules souches et nous essayons. Tout d’abord. notre intérêt se porte aussi sur l’analyse et la compréhension de la base moléculaire des mutations associées aux syndromes de CADASIL et d’Alagille. tels que la détermination et la régénération ainsi que leur rapport possible avec Notch. les résultats seront comparés aux modèles transgéniques.250 SPYROS ARTAVANISTSAKONAS L’implication de la voie Notch dans l’oncogenèse Le rôle de la voie Notch dans le développement comme dans tous les processus essentiels est pléiotropique. Cette analyse commencera par une évaluation détaillée de l’activation de Notch en utilisant MMTV Cre dans l’épithélium mammaire. agissant à maintes reprises dans les différents contextes du développement. Des croisements avec des lignées Cre appropriées nous permettent d’activer le signal Notch dans des tissus spécifiques et d’étudier pour la première fois et de manière systématique les différences quantitatives et qualitatives entre ces quatre récepteurs. 2. et par voie de conséquence à des maladies . L’analyse phénotypique détaillée. Il a été démontré depuis longtemps la relation entre la dérégulation de Notch et la prolifération cellulaire. ils définissent notre base de travail pour ces expériences. utilisant des marqueurs immuno-cytochimiques et fluorescents requiert la disponibilité d’équipements d’imagerie optique spécifiques. ce qui n’est pas surprenant compte tenu de l’importance du rôle fondamental de cette voie de signalisation. et 4 introduites dans le chromosome Rosa. 2) d’analyser des éléments génétiques comme cibles d’activation de Notch . La dérégulation de Notch conduit à des déficiences dans chaque système biologique étudié. Objectifs Par l’utilisation de souris transgéniques (déjà en notre possession). nous proposons 1) d’étudier les conséquences de l’activation du récepteur Notch dans la glande mammaire et l’épithélium intestinal . Mais de récents travaux ont insisté sur la possibilité que le rôle de Notch dans les maladies humaines pouvait être plus ordinaire qu’il ne semblait initialement. Dans les deux cas. 3) d’examiner l’implication non autonome des signaux Notch dans les étapes de la prolifération et leur rôle potentiel sur les interactions épithélium-mésemchyme. et Villin Cre dans l’épithélium intestinal. Ces deux modèles ont fait l’objet de publications . 3. Il est donc apparu évident que la modulation du signal Notch pouvait être à la fois un paramètre important d’une maladie mais aussi une cible thérapeutique. Programme de recherche 1) Nous avons établi des lignées de quatre souris transgéniques qui hébergent des formes activées «Floxed » de chacun des quatre récepteurs Notch 1. que nous avons développés en activant le récepteur Notch 1. . Nous proposons d’étendre notre étude aux souris en utilisant des xénogreffes. . En outre. objectifs 1 et 3). nous avons démontré par notre analyse in vivo que dans l’épithélium mammaire.BIOLOGIE ET GÉNÉTIQUE DU DÉVELOPPEMENT 251 2) Nous avons développé un modèle de souris transgénique dans lequel l’activation du récepteur Notch 1 dans l’épithélium mammaire induit le développement rapide de néoplasmes dépendants de grossesse/lactation qui mettent en évidence une combinaison histopathologique caractéristique. Il est donc significatif que les tumeurs régressives. et 4 (voir ci-dessus. bien que des événements mutagéniques secondaires entraînent une malignité qualifiée. Nous souhaitons utiliser le même modèle pour étudier et comparer les conséquences sur la glande mammaire de l’activation de Notch 2. que nous avons poursuivie à la fois sur la drosophile et sur des cultures de cellules mammaires. 3. L’analyse. Nous allons suivre les phénomènes biologiques et moléculaires de quelquesunes de ces cibles et prévoyons de valider celles-ci sur des échantillons humains. mais semble faire apparaître dans les grossesses ultérieures des adénocarcinomes malins non-régressifs. Ce comportement cellulaire non autonome de Notch est le sujet d’une analyse systématique de notre laboratoire concernant la drosophile. observées dans la glande de lactation présentent un exemple de dérégulation de la prolifération qui semble précéder un dérangement de la mort cellulaire. Les cellules dans ces tumeurs conservent leur aptitude à répondre aux signaux apoptotiques pendant l’involution et en conséquence régressent. Une série d’expériences sont prévues pour tirer profit de ces observations afin d’étudier la capacité du signal Notch à agir sur divers types de cellules et aussi pour étudier en qualité et en quantité les différences sur les quatre récepteurs Notch. Dans nos tentatives pour identifier ces événements secondaires.en exprimant l’antagoniste Deltex de Notch. L’ensemble de cellules activées par Notch conserve sa possibilité à répondre à des stimuli apoptotiques et régresse dès l’involution de la glande mammaire. Cette approche expérimentale de notre analyse est fondée sur nos résultats se rapportant à une lignée cellulaire — (537M provenant de souris transgéniques MMTV) — capable d’induire des tumeurs greffées sur des « souris nudes » lorsque celle-ci est mélangée à des cellules exprimant Notch activé tandis qu’elle n’induit pas la formation de tumeurs lorsqu’elle est mélangée à des cellules qui n’expriment pas Notch. nous avons utilisé le CGH (Comparative Génomic Hybridization) pour comparer la régression avec la non-régression des tumeurs Notch. la Cyclin D1 est une cible in vivo des signaux Notch et que nous pouvons inhiber l’oncogenèse mammaire induite par Hras 1 dépendant de la cycline D1. Ce mélange de cellules qui inclut l’expression de cellules dans Notch activé provoque une réduction de la lactation (de près de 50 %) et accroît le niveau apparent de croissance des tumeurs. démontre que les cellules exprimant l’activation de Notch 1 peuvent stimuler une activité mitotique chez leurs voisins cellulaires. . S. (2008). J. Natl. Walz. (2008). Linking Notch signaling to ischemic stroke. Acad. S. (2008).. G. . Lake. Notch-Ras signal integration in Drosophila development : nodal points and complexity.K..K. Fre. Artavanis-Tsakonas.W. Lae. Z. CBE-Life Sciences Education. M. Huyghe. J... soumis à Nature Medicine. Biol. Moskowitz.. Lake. S. G. 105 (12) : 4856-61. Artavanis-Tsakonas S.. Louvi. S. Conformational variability of the intracellular domain of Drosophila Notch and its interaction with Suppressor of Hairless. J. Artavanis-Tsakonas S.. (2007). Kelly. R. Curr. (2007). D.. Artavanis-Tsakonas.. Pallavi.. Proc.. Savitz. S. Natl. USA 23 : 9591-6. Hurlbut. 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Le premier est la diffusion : les . il s’agit d’évocateurs de formes. le point de départ du cours est le problème du drapeau français tel qu’il est posé par Lewis Wolpert dans un article très important de 1967. une blanche et une rouge.Processus morphogénétiques M. ce qui me semble constituer le fond de l’affaire. le champ peut être divisé en plusieurs zones qui expriment des caractères différents. professeur Morphogènes et morphogenèse Le cours de la chaire des Processus morphogénétiques portait cette année sur la question des morphogènes. en principe. Dans cet article Wolpert propose un modèle très simple de patterning d’un champ morphogénétique. et entre source et puits un gradient continue de ce morphogène. Si on ajoute des effets seuils. Chaque cellule du champ reçoit une certaine dose de morphogène en fonction de sa position entre source et puits et répond à cette information de position par l’expression d’un caractère. à une certaine distance un puits qui dégrade le morphogène. d’où le « drapeau français » de Wolpert. Une source de morphogène. Cet article pose dès le début un grand nombre de problèmes qui sont loin d’être résolus et qui ont fait la substance du cours. peuvent créer des « patterns » à la suite d’un simple différentiel de diffusion. très éloignée des critères un peu contraignants qui président aujourd’hui au classement d’une substance dans la catégorie des morphogènes. La première définition du terme de morphogène nous vient d’un article de 1952 d’Alan Turing « Les bases moléculaires de la morphogenèse ». Au delà de Turing et de sa théorie des « gènes diffusibles ». Alain Prochiantz. Il reste que Turing dans cet article séminal a mis en place le principe de réaction-diffusion qui permet de comprendre. par exemple une zone bleue. Tout modèle doit donc intégrer cette notion de durée d’exposition. Mais la réalité est très éloignée de cette image. Un excellent exemple chez les vertébrés est fourni par sonic hedgehog (sHH) dont la diffusion à partir de la notochorde puis de la plaque du plancher détermine. La drosophile a constitué un objet d’étude essentiel à notre compréhension de la nature et du mode d’action de morphogènes. FGFs. c’est-à-dire que les noyaux se divisent mais baignent tous dans le même cytoplasme (les membranes se formeront plus tard). le modèle de Wolpert fut considéré très longtemps comme incontournable. l’équipe de Nüsslein-Volhard établit que la protéine Bicoïd est synthétisée au pôle antérieur. Wnts. Malgré ce caveat. le patron d’expression des gènes de développement le long de l’axe dorso-ventral du tube nerveux. migrent et acquièrent continûment des propriétés nouvelles. Le plus décisif fut l’étude de l’établissement de l’axe antéro-postérieur de l’embryon de Drosophile. la concentration efficace de morphogène dépend aussi du mode de transduction du signal et de la régulation de cette transduction. Il est intéressant. Son activité morphogénétique au niveau de la patte est aussi un grand classique. Dans ce cas comme dans celui d’autres morphogènes (BMPs. parfois démontrée. Le problème est plus compliqué. à partir de messagers ancrés à ce pôle et diffuse à travers l’embryon qui. que ne le laisse penser ce modèle idéal proposé par Wolpert en 1967 et dont l’évidente simplicité rallia tous les esprits (les bons). dont DPP (une parente des BMP). mais aussi pour d’autres de ces facteurs. en fonction de sa position est exposée. Un troisième obstacle est celui du temps. pas seulement pour le cas de Bicoïd que je viens d’évoquer. meurent. donc. est un syncitium. Une cellule. Sans entrer dans les détails. il est encore considéré comme valable dans certains de ses aspects. mais cette exposition dure plus ou moins longtemps. La taille totale de l’embryon est constante à ce stade et la protéine diffuse librement. rien ne s’y oppose. Sur ce modèle il fut découvert que de nombreux morphogènes apportent par diffusion une information de position déterminant le devenir morphologique et physiologique d’ensembles cellulaires. avec d’autres facteurs comme les Bone Morphogenetic Proteins (BMPs). Les cellules se divisent. et ironique. Un deuxième problème est que les champs morphogénétiques ne sont pas stables.…) l’existence d’un gradient né d’une diffusion a toujours été postulée. C’est ainsi que Bicoïd. Aussi parce qu’il a reçu de forts soutiens expérimentaux. On ne pouvait rêver mieux comme illustration du problème du drapeau français. certes à une certaine concentration de morphogène. (pourtant un facteur de transcription !) fut longtemps considéré comme morphogène idéal. Enfin (provisoirement car il ne s’agit pas d’être exhaustif ).254 ALAIN PROCHIANTZ morphogènes diffusent-ils ? Si on considère la surface des cellules comme une toile cirée. de constater que Wolpert lui-même vient d’écrire un article dans lequel il revient sur son idée de départ pour déclarer que les morphogènes ne diffusent pas. La surface des cellules est un maquis de protéines et de sucres complexes rendant très improbable que les morphogènes diffusent librement. à ce stade. Wingless . instruisant chaque noyau de sa position et régulant l’expression de gènes qui « coupent » l’embryon en trois domaines. D’où un problème intéressant de robustesse de la réponse malgré le bruit du signal. le mouvement des morphogènes.PROCESSUS MORPHOGÉNÉTIQUES 255 (Wg) et Hedgehog (HH). Ce sont là des freins à la diffusion qui nécessitent des stratégies de « contournement » impliquant l’existence de transporteurs. « l’argosome ». Wnt/Wg et sHH/HH par exemple. Eric Wieschaus et le mathématicien Stanislas Leibler publient un article dans lequel ils démontrent que le gradient de Bicoïd est très variable entre embryons mais que les bords qui sont déterminés et les domaines d’expression des gènes définissant les territoires morphogénétiques restent très stables dans leurs positions et étendues. sont modifiés par l’addition de séquences lipidiques hydrophobes. l’équipe de Nathalie Dostatni publie un autre article qui démontre que « contrary to recent reports proposing that the Bcd gradient is not sufficient to establish precise positional information. ne peut reposer sur une diffusion passive mais requiert des systèmes de transport. le cours s’est attardé sur Bicoïd. une chose est certaine. etc. va initier toute une série d’expériences au cours desquelles il sera démontré que la constante de diffusion de Bicoïd est dix fois inférieure à ce qui serait nécessaire pour établir un gradient et surtout pour que la longueur scalaire soit constante. Ce débat. Certains d’entre eux. La face basolatérale est extrêmement contournée et il est improbable que la diffusion puisse se faire autrement que par mouvement brownien. Si l’on prend l’épithélium à jonctions serrées du disque imaginal de l’aile de drosophile. Décryptons : Contrairement à ce que propose Huchmandzadeh. On se gardera . Sans vouloir énumérer tous les cas particuliers. Un autre paramètre est la structure du milieu. we show that Bcd drives precise and sharp expression of its target genes through a process that depends exclusively on its ability to activate transcription ». Cette question de la diffusion des morphogènes est centrale et dépasse largement le cas de Bicoïd. En 2002. Mais avant de développer le rôle de ces morphogènes dans la construction de l’aile de drosophile. de mécanismes de clivage des domaines actifs. ce qui n’empêche pas que la présence de matrice et de récepteurs de surface bloque cette diffusion. D’abord du côté des morphogènes et de leur structure. repose sur l’endocytose et l’exocytose des morphogènes. ce qui induit des interactions avec des lipide membranaires. Ce sont des molécules souvent chargées positivement et donc susceptibles d’interagir fortement avec des protéines de la matrice extracellulaire ou de récepteurs de surface de type protéoglycans. Une grande partie des exemples du cours pris dans la morphogenèse de l’aile de la Drosophile ont eu pour but de s’interroger sur ce point. Bahram Huchmandzadeh. ou d’un résidu cholestérol. Wieschaus et Liebler. aucun système de filtrage du bruit n’est nécessaire à la robustesse de la réponse génétique. Ce qui semble exclure une diffusion passive à partir d’une source antérieure et oblige à s’interroger sur la façon dont le gradient de Bicoïd se met en place au tout début du développement embryonnaire. Il y a plusieurs façons d’aborder le problème. Trois années plus tard. Un des systèmes de transport. le plus souvent. il est constitué de cellules polarisées avec une face basolatérale et une face apicale. elle rejoint très exactement les propositions initiales d’Alan Turing. Mais. les cils battent et ce battement est de nature à orienter les morphogènes. Par exemple. Il s’agit de longs prolongements cellulaires très fins. Cette solution a été examinée sur le plan théorique. Pour résumer les cils ont une double action : mécanique sur le transport des morphogènes et transductrice du signal dans la mesure où ils portent des récepteurs aux morphogènes. en même temps. sHH signale en se fixant à l’extrémité du cil sur son récepteur « patched/smoothened ». en contact avec le monde extérieur.256 ALAIN PROCHIANTZ d’entrer trop avant dans le débat sur la nécessité. . L’implication des cils a été démontrée à toutes les étapes du développement (par exemple l’établissement d’une dissymétrie droite/gauche) non sans conséquences sur l’étiologie de plusieurs pathologies. Ce cil est une sorte d’organe sensoriel qui présente des récepteurs à son extrémité. la région la plus antérieure du cerveau. En conclusion. et sur le plan expérimental. ou presque. le temps passé dans la vésicule d’endocytose. quand il s’agit de la formation de bords. Un exemple intéressant de ce concept se trouve dans la description d’un cas de morphogenèse adulte. et qui contactent les morphogènes à des distances parfois très grandes. Il est admis désormais que presque toutes les cellules ont un cil primaire. peut influencer l’activité du morphogène. car il est lié à la question de la durée d’exposition à un morphogène. le cours a abordé ces questions avec pour objectif de mettre en évidence les zones d’ombres. Ce transport planaire est une façon élégante d’échapper aux obstacles à la diffusion présents dans l’espace intercellulaire. Si la signalisation demande une endocytose. L’argosome peut signaliser mais il peut aussi en passant de cellule à cellule transporter les morphogènes sans que ceux-ci ne soient jamais. Des travaux récents impliquant plusieurs laboratoires et coordonnés par Arturo Alvarez Buylla démontrent que cette direction antérograde est induite par un facteur répulsif (Slit1/2) sécrété par le plexus choroïde et poussé en avant par le battement coordonné des cils qui bordent le ventricule. considérées comme de véritables morphogènes. Cela est d’autant plus proche de la réalité que les cellules porteuses de cils forment un épithélium à polarité planaire conduisant à une synchronisation du battement ciliaire. les contradictions expérimentales et les simplifications abusives de nombre des modèles qui circulent. Mais le modèle le plus populaire aujourd’hui est celui du cil. de l’endocytose pour que la signalisation prenne place. aussi vésicule de signalisation. Curieusement. Nous n’avons pas de proposition miracle. mais nous pensons que le phénomène de transduction des homéoprotéines. celui de la migration des cellules neurales de la zone subventriculaire (SVZ) vers le bulbe olfactif. constitue une solution intéressante. constitués de filaments d’actine. Ces cellules générées — à partir de cellules souches adultes — au niveau de l’épithélium qui borde le ventricule latéral migrent selon un courant antérograde et renouvellent les interneurones GABAergiques du bulbe olfactif. ou non. en collaboration avec David Holcman. Débat intéressant cependant. L’idée est que le temps mis pour que le signal remonte au corps cellulaire constitue une « mesure » de la distance. Un autre mode de transport à grande distance est le cytonème. variable aussi importante que sa concentration. Nat Rev Genet 8.F. T. 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Les premières données sont encourageantes dans la mesure où le blocage du passage intercellulaire de Pax6 chez le poulet au stade E2 induit une modification du patron d’expression de MNR2 et HB9. La stratégie est de suivre la façon dont les frontières entre territoires dorso-ventraux peuvent être modifiés quand on bloque le passage intercellulaire de certains facteurs de transcription de la classe des homéoprotéines en particulier Pax6 et Nkx2. INSERM et Ecole normale supérieure Maxime Dahan. Ces études menées en collaboration avec l’équipe de Jean-Léon Thomas à la Salpêtrière viennent de débuter et il est encore trop tôt pour tracer l’état des lieux. Morphogenèse et polarités cellulaire et planaire Yohan Bellaïche. CNRS. le Lundi 10 décembre 2007. Partie théorique et fondamentale Création de patterns Nous avons continué d’explorer la signification physiologique du mécanisme de signalisation par transfert intercellulaire de protéines à homéodomaine. . Ces études s’appuient sur quatre modèles. biologie cellulaire et modélisation Thiéry Galli. Cette journée a été divisée en 4 thèmes : I. CNRS et Ecole normale supérieure III. biologie cellulaire et modélisation Antoine Triller. Un premier modèle est la formation de bords le long de l’axe dorso-ventral du tube nerveux aux périodes précoces du développement. Collège de France et Ecole normale supérieure Recherche La recherche du laboratoire se divise. Villefrance-sur-mer Alain Prochiantz. Les données sont. UK) nous avons démontré (Brunet et al. D’autre part identifier les ARN messagers régulés au niveau traductionnel après internalisation de l’homéoprotéine. Parmi ces candidats nous avons eu la surprise de trouver des messagers mitochondriaux et nous développons. Cette réponse requière l’internalisation de la protéine par les cônes et repose sur une régulation de la traduction locale des ARN messagers des cônes par l’homéoprotéine. ici encore. Guidage axonal Dans une étude antérieure menée en collaboration avec le laboratoire de Christine Holt (Cambridge. l’hypothèse selon laquelle l’internalisation d’Engrailed entraîne une augmentation de l’activité du complexe I et la synthèse . 483. à la revue Neuron dans les semaines qui viennent. La neutralisation de la protéine extracellulaire in vivo entraîne une projection ectopique des neurones temporaux dans les domaines postérieurs du tectum. Nous avons aujourd’hui une dizaine de candidats sérieux qui seront bientôt testés (en collaboration avec le laboratoire de Christine Holt). sur cette base. UK). Nature. préliminaires mais elles suggèrent que cette opération modifie de façon non autonome cellulaire le développement de la veine transverse dans la partie antérieure de l’aile (à proximité de la frontière antéro-postérieure). Pour ce qui est de la caractérisation des messagers traduits. Cela nous a amené à développer le travail le long de deux axes. et Christine Holt (Cambridge. 2. nous avons utilisé une approche par puces à ADN en comparant dans diverses situations (Engrailed internalisé ou non) le population des messagers en cours de traduction (sur les polysomes). l’EphrinA5 en particulier. Allemagne). sous la forme d’un manuscrit révisé. sans implication de la transcription.PROCESSUS MORPHOGÉNÉTIQUES 261 Dans le même ordre d’idée nous avons utilisé. 2005) que les cônes de croissance des neurones ganglionnaires de la rétine (RGCs) d’origine nasale et temporale répondent de façon opposée (attraction et répulsion) quand ils sont placés dans un gradient de l’homéoprotéine Engrailed. en collaboration avec Forence Maschat (CNRS. La quantité de protéine à la surface correspond à 5 % de son contenu nucléaire. une stratégie de blocage du passage de l’homéoprotéine Engrailed dans le disque imaginal de l’aile de drosophile. Montpellier). Cette activité d’Engrailed se fait en coopération avec les Ephrins. D’une part vérifier que ce mécanisme opère in vivo au moment de la mise en place des connexion retine-tectum. Dans ce manuscrit nous démontrons sans ambiguïté les faits suivants : 1. La partie in vivo implique une collaboration avec Andrea Wizenmann et Wolfgang Wurst (Tübingen et Munich. Nous pouvons donc conclure que le transfert in vivo de l’homéoproteine Engrailed est nécessaire au patterning des projections de la rétine sur le tectum. 94-98. Engrailed (En1 et En2) sont exprimés à la surface du tectum selon un gradient antéro-postérieur. 3. Elle est pratiquement achevée et sera renvoyée. 503-517. Kasatkin et al. Reprenant les propriétés d’auto-activation et d’inhibition réciproque des homéoprotéines exprimées de part et d’autre d’une frontière. Cell. 156-178. 2008). La prochaine étape est donc de tester l’importance physiologique de cette reconnaissance en la bloquant in vivo au cours de la période critique. Harvard Medical School. J. 508-520. Période critique Dans ce travail (collaboration avec Takao Hensch. 2008).. 134. Cet ATP pourrait avoir une activité intracellulaire. proche de celui proposé par Turing en 1952. Nous le faisons en recherchant les cibles transcriptionnelles et traductionnelle d’Otx2 dans les neurones GABA à parvalbumine. nous avons développé des modèles pour tester les différents paramètres. tout particulièrement la robustesse. Un autre point important est de comprendre le mode de transduction du signal. Boston. Au cours de cette étude nous avons observé qu’Otx2 infusé dans le cortex est spécifiquement internalisé par les neurones GABA à parvalbumine. Theoretical Biol. est plausible et compatible avec les données de la littérature. 249. nous avons calculé que ce mécanisme. suggérant un mécanisme de reconnaissance spécifique. mais aussi extracellulaire après sécrétion et fixation sur des récepteurs purinergiques. Au cours de l’année écoulée nous avons accumulé des données qui soutiennent l’hypothèse de l’existence de sites de fixation constitués par des sucres complexes (glycosaminogycans). de ce mode de signalisation au cours de la mise en place de gradients morphogénétiques et de la formation de frontières entre territoires au sein du neuroépithélium. . Nous avons identifié dans la séquence d’Otx2 un domaine de 12 acides aminés responsable de cette reconnaissance. Bulletin of Mathematical Biology. 2007 . USA) nous avons démontré que la capture de l’homéoprotéine Otx2 par les interneurones GABAergiques à parvalbumine (couches 3 et 4 du cortex visuel binoculaire) ouvre la période critique (plasticité corticale) au cours de la maturation post-natale su système visuel. Ces calculs ont été publiés (Holcman et al.262 ALAIN PROCHIANTZ d’ATP. Modélisation En collaboration avec David Holcman (Ecole normale supérieure). 70. Nous testons actuellement cette hypothèse en mesurant l’ATP extracellulaire et en vérifiant si la réponse à Engrailed est modifiée par des agents pharmacologique interférant avec la voie de signalisation purinergique.. Ce travail fondé sur des pertes et gain de fonction d’Otx2 et des enregistrements électrophysiologiques est actuellement sous presse (Sugiyama et al. Grâce à une collaboration avec Ariel Ruiz i Altaba (Faculté de Médecine de Genève. comme son nom l’indique. Glaucome Le glaucome est provoqué par la mort des cellules ganglionnaires rétiniennes (RGCs). nous avions rapporté que la délétion d’un seul allèle En1 (donc un allèle Engrailed sur quatre) s’accompagne d’une mort progressive des neurones DA chez l’adulte. Cette fonction est exercée à travers le contrôle de la mort programmée de ces précurseurs neuronaux. une drogue qui s’attaque au Complexe I mitochondrial. par perte et gain de fonction.. Nos résultats suggèrent qu’Otx2 internalisé par les RGCs protège ces neurones contre une mort induite soit par l’axotomie (in vitro) soit par une neurotoxicité glutamatergique (in vivo). Les hypothèses sur le rôle d’Otx2 comme protéine thérapeutique ont donné lieu à un dépôt de brevet. nous avons comparé l’expression de HOP dans des tissus sains et des cellules souches tumorales de gliomes humains. Sur la base d’observations préliminaires. Nous avons démontré. de HOP (homeodomain only proteins) qui. 2007). 3. nous avons formé l’hypothèse d’un contrôle de la survie des RGCs par le passage de la protéine Otx2 entre les cellules bipolaires et les RGCs. Neurosci. nous avons mis au point des modèles in vitro et in vivo permettant de tester les propriétés protectrices d’Otx2 sur la mort des RGCs adultes. qui dégénèrent dans la maladie de Parkinson. Maladie de Parkinson L’homéoprotéine Engrailed (En1 et En2) est exprimée. Depuis nous avons donné du poids à cette hypothèse en démontrant qu’Engrailed internalisé par les neurones DA protège in vitro et in vivo contre leur mort spontanée. que cette mini-protéine est un anti-oncogène pour les cellules neurales souches adultes de l’hippocampe. 13.PROCESSUS MORPHOGÉNÉTIQUES 263 Etudes technologiques et applications thérapeutiques Gliomes Au cours de l’étude des cellules souches adultes présentes dans le système nerveux central. Nous sommes . mais aussi induite par le MPP+. est presque uniquement constituée d’un domaine de fixation à l’ADN (l’homéodomaine). CH). Dans le cadre d’un contrat industriel avec Fovea-SA. Les causes de cette mort ne sont pas établies avec certitude. 1063-1071. 27. HOP est réprimé dans ces cellules souches tumorales et l’induction de son expression les fait entrer en apoptose. suggérant un rôle important de HOP dans le processus oncogénique (De Toni et al. Isabelle Caillé avait observé l’expression. J. dans les noyaux dopaminergiques (DA) du mésencéphale. que je ne développe pas. Neural Dev. chez l’adulte. nous ont conduits a proposer qu’Engrailed pouvait se trouver dans le circuit génétique de la maladie de Parkinson. même si l’idée prédominante implique une augmentation anormale de la pression intraoculaire.. dans l’hippocampe. 2008). Cette observation et d’autres raisons. Au cours d’un travail publie en 2007 (Sonnier et al. A. Molecular Therapy. J. 2. Volovitch. Methods.. Modeling homeoprotein intercellular transfer unveils a parsimonious mechanism for gradient and boundary formation in early brain development. Egbers.. 6. J. 9. S. M. How can drug discovery for psychiatric disorders be improved ? Nature Reviews Drug Discovery. Neural. A. (2007). Trends in Neurosciences. A. Prochiantz* & TK Hensch*. 5. Di Nardo. 27. Morphogenetic gradients and the stability of boundaries between neighbouring morphogenetic regions. Kasatkin & A. 156-178. Cell. E. Aizawa. 9172-9181. Y. Ruiz. Dev. M.-C. Publications et brevets 2007-2008 Articles 1. A. Lesaffre. 3. Experience-dependent transport of Otx2 homeoprotein in the visual pathway activates postnatal cortical plasticity. chemistry can win over biology. A. D. . M. S. Caillé. 7. A. A. Prochiantz* & ML Montesinos (2007). U. (2007).. A. von Holst. Neural Development. Sonnier. Volovitch. (2008). 15. 6. 4. 8894-9000. 226-227. 119-120. 8. A. Agid. Chem. Di Nardo. V. 1063-1071. Identification of a signal peptide for unconventional secretion. Biol. Dupont. 13. 2. Beurdeley & A. Prochiantz & A. (2007). ce qui — à travers la piste purinergique — trace un lien avec les travaux décrits plus haut sur le guidage des axones. Di Nardo.A. I. De Toni. B. Regulation of survival in adult hippocampal stem cell lineages by the homeodomain only protein HOP. Mol. I. 189-201. Prochiantz & I. F. Brunet. Zbinden. Parmi ces cibles. 4. Volovitch. 134. Bizot. 503-517. 260-267. A. Biol. G.. 230-236. Trembleau. Faissner. 249. J. V. Le Pen. 30. M. Joliot. Altaba. L. Holcman. 35. 3. 3. A. Joliot (2007). 282. A. Trovero. Hartman. Shaping neural pathways with messenger homeoproteins (2007). Direct non-cell autonomous Pax6 activity regulates eye development in the zebrafish. 282. A. M. Chem. Matsuo. Prochiantz. (2007). et al. J. A. A protein fusion a day keeps the aggregates away. Nat. A. 2. Prochiantz. Prochiantz & D. Krebs & A. J. 2. A. For protein transduction. I. 70. 4. Nedelec (co-first).264 ALAIN PROCHIANTZ actuellement en train d’identifier les cibles transcriptionnelles et traductionnelles qui permettraient d’expliquer cette protection.-O. Biol. A ce jour nous avons plusieurs cibles candidates dont nous vérifions la validité dans des modèles in vivo. Holcman (2008). S.. (2007). Progressive loss of dopaminergic neurons in the ventral midbrain of adult mice heterozygote for Engrailed1 : a new genetic model for neurological and psychiatric disorders. Prochiantz (2007). Kasatkin. Neurosci. Prochiantz. L. 508-520. (2008). Epstein. J.. Bulletin of Mathematical Biology. A. Prochiantz. A. Dendritic localization and activity-dependent translation of En1 homeodomain transcription factor mRNA. on retrouve des messagers encodant des protéine du complexe I. Prochiantz & A. Revues et commentaires 1. Sonnier. Sugiyama. Cell. Neural stem cell/ progenitor cells express 20 tenascin isoforms that are differentially regulated by Pax6. Theor. Prochiantz & M. (2007). Neurosci. 3. France. CEINGE. Paris. 5. 30-31 August 2008. Keynote lecture. Leiden Lorentz center. 7th meeting of the German Neuroscience Society. Keynote lecture. Germany. Molecular mechanisms in neural patterning and differentiation. Chemistry and Biology Symposium of the Japan Society of Bioscience. 9 janvier 2008. March 29thApril 1st 2007. Prochiantz & K. Newport Rhode Island. Moya. 2. Napoli April 20th-22nd 2007. Conférences 2007-2008 1. 4. 2007. 6th international Symposium Neuronal mechanisms of Vision. Utilisation d’une Homéoprotéine de la famille Bicoïd pour le traitement du Glaucome. . N° 08/00110. March 25-28. 6. Ruhr Universtät Bochum October 11th-13th. Designing the Body Plan: Developmental mechanisms. A. Biotechnology and Agrochemistry. USA.PROCESSUS MORPHOGÉNÉTIQUES 265 Brevets 1. Nagoya September 27th 2008. 2007. August 10-15 2008. Göttingen. Brain Diseases and Molecular machines. The Cell-Penetrating Peptides (CPP) Satellite Meeting. Helsinki. Visual System Development Gordon Conference. Keynote lecture. 8. June 4th-8th. 7. . tenter d’identifier l’origine évolutive de tel ou tel gène.Immunologie moléculaire M. certaines bactéries se défendent contre l’intrusion d’ADN extérieur (bactérien ou viral) par le système de restriction-modification. principalement. professeur I. au travers notamment des homologues des . de même que les invertébrés. membre de l’Institut (Académie des Sciences). Ainsi. le sous-ensemble des gènes impliqués dans les défenses immunitaires. Il est accessible sur le site du Collège de France. Son périmètre est fonction de la définition du système immunitaire que l’on adopte et des appréciations que l’on porte sur la fonction des gènes. le point de référence habituel est le système immunitaire des mammifères. Cette question a fasciné les immunologistes qui recherchent depuis longtemps leurs origines évolutives. Les plantes possèdent un système immunitaire développé. Philippe Kourilsky. celui de l’homme et de la souris. être qualifiés d’immunitaires. Tous les êtres vivants sont dotés de mécanismes de défense qui protègent leur intégrité et peuvent. L’immunome de l’homme contient entre 5 % et 8 % des gènes humains. Les approches expérimentales habituelles se sont récemment enrichies des analyses génomiques qui sont pratiquées sur un nombre croissant d’organismes. l’immunome. et se livrer à des comparaisons et des hypothèses sur l’évolution des fonctions. on extrait. La génération de la diversité des anticorps et des récepteurs des cellules T figure parmi les traits caractéristiques de l’immunité adaptative. entre immunité adaptative et immunité innée. Bien entendu. On peut rechercher des filiations génétiques. au prix d’une extension de langage. produite par des décennies de recherche. On y repère la classification majeure. Enseignement Le cours 2007-2008 a porté sur « Les systèmes immunitaires dans l’évolution des espèces ».e. in silico. i. A partir de la séquence du génome entier d’une espèce donnée. et on n’évoquera ici que les enjeux scientifiques les plus importants. bien que fondé sur des agents moléculaires radicalement distincts. Dans tous les cas. les premiers disposant d’anticorps et de CMH et les autres pas. Contrairement à ce que l’on avait cru. Les plantes disposent d’un système d’immunité innée qui présente de nombreuses homologies avec celui des vertébrés et des invertébrés. Elles possèdent un deuxième dispositif qui s’apparente à l’immunité adaptative. depuis 1996. Les plantes l’utilisent pour se défendre contre les virus. Les invertébrés n’ont pas d’immunité adaptative. variables d’une espèce à l’autre. On s’est livré. en tant que telle. il n’y a donc pas eu une solution évolutive unique à la question de la génération de la diversité des anticorps. on s’est aussi rendu compte que l’immunité innée est d’une complexité inattendue. Dans le même temps. les oiseaux et les poissons. sa survie dépend essentiellement de son immunité innée. Ces observations ont conduit à rechercher l’importance éventuelle de l’interférence ARN dans les systèmes immunitaires des . Elle est particulièrement développée chez certains mammifères comme l’opossum. pendant plusieurs semaines. tout comme dans ses articulations avec l’immunité adaptative. qui semble effectivement très diversifiée. parfois considérables. La frontière se situe entre poissons avec et sans mâchoires. partant de l’homme pour aborder successivement les mammifères.268 PHILIPPE KOURILSKY gènes du Complexe Majeur d’Histocompatibilité (ou CMH). leur attention s’est à nouveau portée sur les gènes de l’immunité innée et sur plusieurs familles de récepteurs qui agissent comme détecteurs de différentes classes d’agents infectieux. on observe à la fois une forte conservation verticale de certains gènes qui représentent probablement une innovation évolutive critique. de l’interférence ARN est l’une des plus importantes des dix dernières années. d’autres vertébrés et enfin les invertébrés et les plantes. à une analyse « descendante » de l’immunité adaptative et de l’immunité innée. De plus. et des expansions horizontales. La découverte. ce dont l’immunome de l’oursin donne un exemple. mais leur immunité innée est parfois très sophistiquée. l’est moins chez des mammifères plus anciens. Une analyse transversale a conclu l’ensemble du cours. Toutefois. Elle est absente chez les invertébrés. Chez ce dernier. mais le dispositif est plus largement exploité pour la lutte contre l’invasion de transposons et la surveillance de l’intégrité du génome. certains gènes donnent lieu à des phénomènes d’épissage alternatif qui en diversifient les produits. la phase de croissance extraplacentaire du nouveau-né implique que. au cours des premières leçons. puisqu’il s’agit des petits ARN interférants. très développée et sophistiquée chez l’homme et chez la souris. récente. mettant en jeu jusqu’à des centaines de gènes. caractérisés par des motifs moléculaires dits LRR (Leucine Rich Repeats) et non par des modules de type IgSF de la superfamille des immunoglobulines. Mais l’étude de la lamproie et de la myxine a montré que celles-ci fabriquent des anticorps d’un type totalement différent. On observe que l’immunité adaptative. Le gène unique DSCAM. il existe chez les vertébrés au moins deux catégories d’anticorps possibles. on trouve les traces du combat évolutif entre les agents infectieux et leurs hôtes dans la multiplicité des systèmes d’échappement inventés par les agents infectieux et des contre-systèmes développés par leurs hôtes. . L’immunité anticipative pourrait donc faire le lien entre deux catégories conceptuelles traitées jusqu’à présent de façon trop distincte. Les vastes expansions génétiques observées dans des familles de gènes de l’immunité innée suggèrent qu’elles correspondent à une forme d’adaptation et/ou de sélection à telle ou telle niche écologique. concentrée sur l’homme. Il sert à la diversification des neurones. Ainsi. L’analyse évolutive des systèmes immunitaires induit donc un décentrage du regard. il y a plusieurs solutions. Il n’y a donc aucune relation bi-univoque entre motifs structuraux et telle ou telle fonction de l’immunité adaptative ou innée. non seulement dans l’immunité adaptative. mais apparemment aussi dans l’immunité innée. i. Dans ce cas. De même. Il est probable que ces derniers exploitent effectivement ce mécanisme. de même que sur la souris qui est censée lui servir — fort imparfaitement d’ailleurs — de modèle. l’évolution a sélectionné au moins deux types de colles « universelles » : les molécules à LRR et les modules de type IgSF. ou de variantes de ces derniers. comme dans bien d’autres. leur structure étant distincte et leur fonction quasi-identique. est la notion d’immunité anticipative. très légitimement. chez la drosophile. mais s’en servent indirectement dans l’immunité adaptative. L’étude des systèmes immunitaires dans l’évolution des espaces est donc riche d’enseignements. les deux sont utilisés.IMMUNOLOGIE MOLÉCULAIRE 269 mammifères. dans des processus de régulation plutôt que de reconnaissance directe. Mais faut-il nécessairement en conclure que chaque gène a été sélectionné de façon précise. L’attention des immunologistes reste. Elle ne se contente pas de nourrir l’histoire naturelle : elle est aussi source de nouveaux concepts. Au demeurant. On soulignera que certains agents infectieux synthétisent de petits ARN interférants pour circonvenir les défenses cellulaires. même pour une invention évolutive jugée remarquable. et pourrait bien être un prototype de dispositif anticipatif. au niveau moléculaire. Ils l’utilisent aussi pour surveiller l’intégrité du génome. par exemple pour lutter contre un agent infectieux donné présent dans la niche en question ? On peut imaginer à l’inverse que certains dispositifs de l’immunité innée sont anticipatifs en ce sens qu’ils produisent (par diversification génétique et épissage alternatif ). mais aussi dans l’immunité innée.e. La découverte d’autres principes fondateurs de l’immunité montre que. un jeu de structures capables d’anticiper la survenue de nouveaux agents infectieux. et les petits ARN interférents constituent chez les plantes un système que l’on peut considérer comme adaptatif. Ce qui brouille plus encore le tableau limpide que propose la distinction académique entre immunité innée et immunité adaptative. peut produire par épissage alternatif quelques 38 000 isoformes. L’analyse des récepteurs des cellules NK chez l’homme et la souris fournit d’ailleurs un bel exemple d’évolution convergente. INRA Bordeaux. — Multiple resistant traits control infection in plants • Olivier Voinnet. Switzerland. France. University of Basel. Date : Mardi 8 avril 2008. INRA Nouzilly. France. — RNA Silencing pathways and anti viral defense in plants BUGS AND INFECTION • Elena Levashina. INRA Jouy-en-Josas. • Jonathan Ewbank. Institut Pasteur Paris. France — A functional analysis of rainbow trout immune system • Jean-Pierre Levraud. France — Resistance to fungal infection in Caenorhabditis elegans THE IMMUNE SYSTEM IN CREATURES FROM WATER • Pierre Boudinot. strategies of prevention • Jean-Michel Escoubas.270 PHILIPPE KOURILSKY Le séminaire de la chaire a été organisé sous forme de colloque : Titre : « L’Arche de Noé immunologique : L’immunité chez les êtres des airs. CNRS Strasbourg. France — The zebrafish. des eaux et de la terre » (« Noah’s Ark and the Immune System : Immunity in living creatures from the sky. University of Marseille Luminy. Institut Pasteur Paris. — Immunity in disease-vector mosquitoes • Christine Coustau. IMMUNE DEFENSES IN PLANTS : • Olivier Le Gall. University of Montpellier. France — Eggs have their own antimicrobial defense systems . France. Lieu : Amphithéâtre Marguerite de Navarre (Collège de France) Organisateurs : Philippe Kourilsky et Dominique Buzoni-Gatel (INRA) Intervenants / Programme : AN OVERVIEW : • Louis Du Pasquier. the water. — Immunity in parasite-vector molluscs • Noël Tordo. Institut Pasteur Lille. France. France — X-tox : a new family of immune related protein specific to Lepidoptera. France — Bats as carrier of human diseases. CNRS Strasbourg. and the earth »). an enlightening tool to study the immune system in fish THE HEN OR THE EGG • Yves Nys. France — Vaccination against avian influenza infection CONCLUSION • Philippe Kourilsky. Palais du Luxemimplication pour la France ? » bourg. • Jim Kaufman. interventions publiques Date 11. Table ronde : Développement Durable et environnement : « Présentation de Facts » Conférence (CAS Albert Einstein Visiting Pro.2007 .10. University of Cambridge. Compton University. Conférences et colloques.2007 26.11.2007 Conférence ou Table ronde Lieu Colloque « Les sciences à l’UNESCO : quelle Sénat. France II. Paris. AFSSA Ploufragan. chemokines and their implication in resistance to chicken infection (in ovo vaccination).Wuhan Institute of Virofessorship) : « The Birth of Systems Immunology. UK — Cytokines.2007 12.09. • Véronique Jestin. Collège de France. logy (Chinese Academy of How it may help fighting infectious diseases » Sciences) Symposium  Animal Genomics for Animal Organisation Mondiale de Health » [Organisation Mondiale de la Santé la Santé Animale (OIE) à Animale (OIE)] : « The Human Genome and Paris biomedicine : past and future impacts » Chaire Santé et développement du CNAM : Conservatoire national des « La recherche sur les maladies oubliées dans le arts et métiers à Paris monde » Atelier technologique Société Française d’Im.sity Pekin (Chine) ment : What can Science do ? » Conférence (CAS Albert Einstein Visiting Pro.10. resistance to infection and insight into the origin of the adaptive immune system.Ecole normale supérieure munologie (SFI) : « Les approches globales des de Lyon (ENS) répertoires immunitaires. de la recherche au diagnostic ex-vivo » : « Répertoires Immunitaires : Analyse du système immunitaire humain (cellules T et B) » 10.IMMUNOLOGIE MOLÉCULAIRE 271 • Peter Kaiser.11.10. Paris.Capital Medical Univerfessorship) : « Health and Sustainable Develop.2007 06.2007 23. UK — The genomic organisation of the chicken MHC leads to gene coevolution. 06. etc. des partenariats publics privés. .2008 06. 2.12.05.01. Locaux de Radio Aligre. où Philippe Kourilsky anime plus particulièrement deux groupes de recherche (thèmes 2 et 3). Annexe).2008 III.2008 23. 1. Recherche Les activités de recherche de la Chaire d’Immunologie Moléculaire sont désormais conduites au sein de deux entités aux localisations distinctes. financé par l’Agence gouvernementale A*STAR. Di Santo) en collaboration avec le groupe animé par A. un grand système d’information » Conférence CLAS (pour le personnel CdF) : Amphi Budé.2008 21. Collège de « Santé et Développement durable : Que peut faire France la Science ? » 28. G. Collège de logique . Berry) : France « Le système immunitaire.2008 15.272 PHILIPPE KOURILSKY Date 06. Paris. SIgN. dans l’Unité dirigée par A. au sein du Singapore Immunology Network (SIgN). de la santé mondiale.04. Cumano (cf. Emission consacrée au Collège de France (avec Paris Michel Zink) 4th Biomedical Asia : « The evolving biomedical Suntec Singapore Internascience and industry » tional Convention and Exhibition Centre (Singapour) Conférence organisée par l’association « Scien.de Navarre. graphie et migrations » : « La question des maladies négligées » « Rendez-vous parisiens  sur Radio Aligre.Prof. dans l’U668 de l’INSERM (Directeur : J. Palais du Luxem(FMDD). » Colloque Informatique et Bioinformatique Amphithéâtre Marguerite (dans le cadre de la Chaire d’innovation techno.Sciences Po à Paris ces Po pour l’Afrique : « La recherche dans le domaine des maladies infectieuses. 1er thème). présidé par Philippe Kourilsky. A Singapour. A Paris.2007 Conférence ou Table ronde Lieu 5e Forum Mondial du Développement Durable Sénat. démo.05. Bandeira. Session « régulation sanitaire. inclut un centre de recherches qui comprend 6 000 m2 de laboratoires (cf.Liliane Bettencourt .bourg. des enjeux. Allemagne) (5.IMMUNOLOGIE MOLÉCULAIRE 273 1er thème : Répertoires des cellules immunitaires de l’homme et des cellules T régulatrices de la souris (A. pourrait être plus cytotoxique. avec une taille moyenne des clones de l’ordre de deux. France). Vigo. c) Analyse de souris « humanisées » (J. Lim) L’immunoscope reste une méthodologie de référence. Des méthodes d’analyse statistique permettent de mesurer plus rapidement que par le passé la dimension et la diversité des répertoires (J. une étude clinique a été entreprise sur la reconstitution des répertoires B après traitement du pemphigus vulgaire par l’anti-CD20 (Rituximab) (8). Portugal). Musette (Rouen. Bandeira) La dimension des répertoires des cellules T CD4+ CD25+ a été estimée. b) Applications à l’immunologie humaine et à la clinique (A. SIgN) Deux populations de macrophages CD14++ CD16– (80%) et CD14+ CD16+ (20 %) ont été étudiées. Lim) a) Poursuite de l’amélioration de l’Immunoscope (A. Di Santo. Lim) Il s’agit de souris RAG2/γc. Fisher. Le sous-ensemble minoritaire semble plus enclin à l’apoptose spontanée. Lim) . De plus. Necker) (4). Bandeira. avec Ph. aux séquenceurs à capillaires à haut débit (3). De façon remarquable. 2e thème : Analyse systémique des macrophages humains (Wong Siew Cheng. très puissante pour étudier les répertoires des cellules T et B. La reconstitution des répertoires B et T est analysée par l’Immunoscope. Les expériences de confirmation avec des T CD4+ Fox P3+ ont été réalisées récemment. le répertoire des Treg ne chevauche quasiment pas celui des cellules T naïves. Une amélioration technique importante réalisée en 2007-2008 a consisté à l’adapter. Elle a fait la preuve de son utilité dans le suivi clinique (1). Les résultats montrent que les Treg sont très diverses. . avec M. tout autant que dans de nombreux problèmes de recherche chez la souris (2). A. A.6) et en dermatologie avec l’Université de Californie (7). un article est en cours de rédaction. D’autres développements en cours incluent la mise au point de l’analyse des chaînes alpha du TCR. Mempel (Munich. d) Etude de la diversité des cellules T régulatrices de la souris (A. grâce notamment à l’écriture d’un nouveau logiciel. L’adaptation de la méthode aux cellules B a permis d’entreprendre des études en allergologie. avec l’aide des méthodes statistiques évoquées plus haut. qui sont greffées avec des cellules souches hématopoïétiques humaines dérivées de foie fœtal humain. Faro. ce qui suggère fortement que les Treg reconnaissent des ligands particuliers. et apparaît plus apte à l’adhésion et à la . L’immunoscope est toujours utilisé pour le suivi d’un groupe d’enfants dont l’immunodéficience a été corrigée par thérapie génique (A. IV.sg/ SIgN a pour mission de stimuler le développement de l’immunologie dans l’Etat de Singapour. Kourilsky a co-présidé pendant 2 ans le groupe de suivi.274 PHILIPPE KOURILSKY migration. Un réseau régional de collecte d’échantillons et de partage d’informations est en voie de constitution. SIgN a organisé sept colloques internationaux et noué des relations avec plusieurs institutions renommées. l’Institut Riken au Japon. Au cours des deux dernières années. du pilotage du laboratoire de haute sécurité BLS-4. a été notamment créée la Société Singapourienne d’Immunologie (dont le Président Honoraire est Ph. chargé entre autres. Les études de transcriptomique et de protéomique ont ouvert plusieurs voies d’investigation et hypothèses fonctionnelles. La caractérisation des macrophages infiltrant des tumeurs a été entreprise. ainsi qu’à identifier les épitopes T immunodominants (avec l’aide d’approches informatiques). principalement à Pékin (conférence au « Capital Medical University Pekin ») et à Wu-han. Il a. à ce titre. Ces chiffres ont vocation à doubler dans les deux ans à venir. il comprend une plate-forme sur le site de Biopolis et un réseau qui inclut les deux universités et les institutions hospitalières de Singapour. Conformément au plan élaboré par Ph. P. l’Institut Karolinska en Suède et l’université de Milan. Kourilsky). en Italie. SIgN) Le virus chikungunya est assez répandu en Asie (particulièrement en Inde) et quelques cas ont été rapportés à Singapour pour la première fois en 2007. titulaire de la chaire Albert Einstein de l’Académie des Sciences en Chine (CAS Albert Einstein Visiting Professorship). . Kourilsky en 2006 — plan approuvé par l’Agence A*STAR. effectué un séjour en Chine. Le centre de recherches qui se développe dans 6 000 m2 de laboratoires comprend d’ores et déjà une douzaine de groupes de recherches et plus de cent chercheurs. Les travaux en cours visent à améliorer le diagnostic (les confusions avec l’infection par le virus de la Dengue doivent être évitées). Sous l’impulsion de SIgN. où se trouve un institut de virologie (conférence au Wuhan Institute of Virology). 3e thème : Analyse des réponses immunitaires contre le virus chikungunya (Lisa Ng. Autres activités et nouvelles de la chaire • Philippe Kourilsky a été. Ce dernier est en cours de construction dans le cadre d’un partenariat franco-chinois qui avait été mis en place sous l’égide des Présidents des deux Républiques de France et de Chine en 2005 lors de la visite en France de ce dernier.edu.sign.a-star. au premier chef le Collège de France. ainsi que l’Institut Pasteur et l’INSERM en France. Un modèle de co-culture tridimensionnelle in vitro est en cours de mise au point (sphéroïdes) pour étudier dans quelles conditions ces macrophages peuvent devenir pro-tumorigènes. Annexe : Singapore Immunology Network (SIgN) http://www. L’intervention de ces macrophages dans divers phénomènes infectieux est à l’étude. Un projet de vaccinologie est à l’étude. pour l’année 2007-2008. A. Wertz. P. organisations gouvernementales et multilatérales. C. lors du Forum BioVision.institut. X. Hauer. Bristeau-Leprince.veolia. 20(1) : 105-16. B. Lim. F. institutions académiques. Rieux-Laucat and M. humanitaire. J. D. P.-P. se présente comme un outil de valorisation et de consolidation du capital de connaissances produit sur le terrain. J. Lemercier. Lim. A. Stockholm. • Philippe Kourilsky a été nommé en 2007. N. D. J. Publications 1. est de collecter et de diffuser un savoir. santé. Benjelloun. De ces activités résultent des connaissances. sans être exhaustives. Molecular Therapy (2008). des méthodologies. V. L’initiative FACTS.-L. F.aspx V. environnement. qui sont peu ou pas diffusés et partagés entre les intervenants de terrain. Huetz and P. A. Romana. lancée par Philippe Kourilsky. Chappedelaine. Brousse. Mateo. A. (2008). Jan. Kourilsky : Many human peripheral VH5-expressing IgM+ B cells display a unique heavy-chain rearrangement. J. Alain Juppé et Louis Schweitzer. Rivière. a rendu ses conclusions début juillet 2008. Le Lorc’h. membre de la Commission du Livre Blanc de la Diplomatie Française.E. Paques. Cavazzana-Calvo : Stable and functional lymphoid reconstitution in Artemis-deficient mice following lentiviral Artemis gene transfer into hematopoietic stem cells.org/fr/facts-initiative.double-negative T cells in patients with autoimmune lymphoproliferative syndrome (ALPS) express restricted Vβ TCR diversity and are clonally related to CD8+ T cells. Lim. Cette commission présidée par M. Blondeau. des savoir-faire. A. Galy. F. des expériences et des méthodes de résolution des problèmes. . promue par Philippe Kourilsky.IMMUNOLOGIE MOLÉCULAIRE 275 • Le comité exécutif de l’Institut National de la Recherche Scientifique (INRS)/ Université de Québec a renouvelé le mandat à titre de Professeur associé au Centre INRS-Institut Armand Frappier jusqu’au 31 mai 2010. Malassis-Seris. J. De Villartay and M. 3. Lesjean Pottier. La création de la revue internationale « FACTS Reports » a été rendue publique le 12 mars 2007. sur l’ensemble de la planète. Soulas-Sprauel. Le livre blanc a servi de base à un train des réformes Ministères des Affaires Etrangères annoncées fin août 2008 par le Ministère des Affaires Etrangères à l’occasion de la XIe conférence des Ambassadeurs à Paris (28-29 août 2008). ayant pour objectif d’améliorer l’efficacité des actions. Solary. Site internet : http://www. consultants. Fischer. E. A. Gougeon : Human TCR α/β+ CD4-CD8. A. Charneau. 2. A. Fischer. . La finalité de FACTS initiative. A. M. Int Immunol. éducation. à Lyon. S. F. S. des bonnes pratiques à l’aide d’une revue internationale « FACTS Reports ». Demerens. Garrigue. M. Magerus-Chatinet. mobilisent l’intervention de nombreux acteurs. autant de thématiques qui. Immunology (2008). fonctionnant selon les règles prévalant dans la communauté scientifique. ONG. • L’initiative « FACTS » (Field Action Science) Développement. 5. Delabesse. L. J Clin Invest. M. M. Hein. 120(5) : 1223-5. . Dal Cortivo.L. 7. d’Incan. Bedane. P. Ollert. Hein : Low-dose anti-IgE therapy in patients with atopic eczema with high serum IgE levels. Clappier.276 PHILIPPE KOURILSKY 4. S. Gilbert. (2008). Schnopp. Ring. H.-L. Jacquot. F. Joly : B-Cell Depletion Immunotherapy in Pemphigus : Effects on Cellular and Humoral Immune Responses. and P. N. V. Autoimmunity (2008). Belloni. I. Sorensen. N. P. Lemercier. Gershwin. J. A. L. . (2007). Weidinger. C. S. R. Dermatol. J. Lim. Morillon.J Allergy Clin Immunol. Lim. Lim. Lim. Wulffraat. Wintergerst. Leiva. S. Bushman. Weidinger.C. I. C.-C. J. Caccavelli. M. E. E. R. J Allergy Clin Immunol. Sigaux. D. M. J. Andres. Mempel : The IgE repertoire in PBMCs of atopic patients is characterized by individual rearrangements without variable region of the heavy immunoglobulin chain bias. Schnopp. A. Forema. Nov. 7. Lemercier. E. Gougeon. Hacein-Bey-Abina. K. Musette. (2007). 41(1) : 80-6. M. Hauer. F. 120(3) : 696-706. Kourlisky. S. Macintyre. Borkhardt. B. Velez. J. A. T. Ring. Blanche. Lemercier. Kenny. B. 8. U. Cavazzana-Calvo : Insertional oncogenesis in 4 patients after retrovirus-mediated gene therapy of SCID-X1. Gougeon : VH gene usage and CDR3 analysis of B cell receptor in the peripheral blood of patients with PBC. Luderschmidt. A.D. P. Asnafi. B. A. D. L. J. A. Sbornik. Jun. . A. E. Beldjord. M. C. . Lim. C. Radford. Moshous. Soulier. B. F.H. B. Ziai. R. Feb. A. S. Wang Gary. M. (2008) Aug. 19. A. A. Mouquet. Fischer and M. Invest. M. V. Tron. Garrigue. Brousse. Dutot. 6. Roujeau. Belohradsky. Sep. De nombreux mathématiciens adhèrent. ne peut qu’être frappé par la difficulté avec laquelle l’enfant se construit. explicitement ou implicitement. Pour Piaget. et qui préexiste au cerveau humain. le langage joue un rôle essentiel (cf.Psychologie cognitive expérimentale M. Stanislas Dehaene. la logique en constitue le fondement (« Le nombre entier peut ainsi être conçu comme une synthèse de la classe et de la relation asymétrique »). La position que j’ai défendue dans ce cours. à une hypothèse Platonicienne selon laquelle les mathématiques ne sont que l’exploration d’un monde à part. membre de l’Institut (Académie des Sciences). une compétence mathématique. Citons par exemple Alain Connes dans son débat avec Jean-Pierre Changeux : « Lorsqu’il se déplace dans la géographie des mathématiques. Il en conclut aisément à une pure construction mentale des objets mathématiques. cependant. le mathématicien perçoit peu à peu les contours et la structure incroyablement riche du monde mathématique. Il développe progressivement une sensibilité à la notion de simplicité qui lui donne accès à de nouvelles régions du paysage mathématique » (Changeux & Connes. la représentation mentale de l’un des plus simples et cependant des plus fondamentaux des objets mathématiques : le concept de nombre entier naturel. n’appartient à aucun de ces deux camps. et que l’on pourrait qualifier d’intuitionniste. 1989). Vygotsky : « la pensée ne s’exprime pas seulement en mots : elle vient au monde à travers eux »). par les méthodes de la psychologie cognitive. La nature et l’origine des objets mathématiques font débat depuis l’Antiquité. Elle postule que les fondements cognitifs des mathématiques doivent être recherchés dans une série . Pour d’autres. petit à petit. régi par ses propres contraintes. professeur Enseignement Cours : les fondements cognitifs de l’arithmétique élémentaire Le cours 2008 s’est attaché à analyser. Le psychologue du développement. les idées dont les propriétés sont reproductibles s’appellent des objets mathématiques. ou numérique le fondement même de l’entreprise mathématique. du temps. des objets mentaux. Toutefois. en ce qu’aucun cerveau ne la rejette : même les hommes du peuple et les illettrés savent compter et calculer ». Selon l’heureuse expression d’Elizabeth Spelke. loin d’être inaccessible à l’étude scientifique. et inaccessibilité à l’introspection consciente. dans le domaine de la cognition numérique élémentaire. leur comparaison. Il cite également la célèbre lettre d’Einstein : « les mots et le langage. 1995. que la variété des propriétés qu’on lui attribue soit issue d’un processus cognitif unique. et leur combinaison par des opérations d’addition et de soustraction. motrice. et du nombre. . Les mathématiques se construisent par la formalisation et la mise en liaison consciente de ces différentes intuitions. et nous verrons qu’un modèle mathématique simple peut en être proposé. Les entités psychiques qui servent d’éléments à la pensée sont certaines signes ou des images plus ou moins claires. Ainsi cette position se rattache-t-elle. Il permet une rapide évaluation du nombre d’objets présents dans des ensembles. Pour les mathématiciens Philip David et Reuben Hersh. pratiquement tous les grands mathématiciens disent faire appel à leur intuition. 1997). et l’étude des objets mentaux aux propriétés reproductibles s’appelle les mathématiques. Dès le xiiie siècle. « au sein des idées. Henri Poincaré voit également dans l’intuition spatiale. Ainsi l’intuition.278 STANISLAS DEHAENE d’intuitions fondamentales de l’espace. Il n’est pas certain. et que nous héritons d’un lointain passé où ces intuitions jouaient un rôle essentiel à la survie. dans l’une des plus célèbres enquêtes sur cette question. La difficulté consiste à définir précisément ce que l’on entend par intuition. écrits ou parlés. Jacques Hadamard. Roger Bacon notait que « la connaissance mathématique est presque innée en nous… elle est la plus facile des sciences. page 399). en effet. L’intuition est la faculté qui nous permet de réfléchir et d’examiner ces objets mentaux internes » (Davis. les recherches récentes délimitent assez précisément un ensemble de connaissances que l’on pourrait qualifier d’intuition numérique ou de sens des nombres (Dehaene. à l’intuitionnisme mathématique de Brouwer et Poincaré. 1945). automaticité. l’arithmétique élémentaire semble faire partie du noyau de connaissances de l’espèce humaine. de tout évidence. sans pour autant s’y identifier. suivie d’une illumination soudaine. partagées par de nombreuses espèces animales. l’Essai sur la psychologie de l’invention dans le domaine mathématique (Hadamard. ne semblent pas jouer le moindre rôle dans le mécanisme de ma pensée. possède une signature psychologique et neurale déchiffrable. décrit comment la plupart des découvertes mathématiques font suite à une longue période d’ « incubation » sans progression apparente. Son fonctionnement répond à trois traits caractéristiques de l’intuition : rapidité. De fait. Un sens du nombre est présent chez le nourrisson et repose sur des circuits cérébraux spécifiques que l’on retrouve chez d’autres primates. qui peuvent à “volonté” être reproduits ou combinés ». Hersh. & Marchisotto. consiste en l’intégration harmonieuse de ces différentes facettes symboliques et non-symboliques du nombre. ont montré qu’un adulte non-entraîné estime efficacement et rapidement des ensembles même très grands. voire des quaternions ou des matrices… Pour lui. tels que « 1053 ». chez l’animal et le très enfant. Il va de soi que le mathématicien souhaiterait prolonger cette liste en direction des entiers relatifs.PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 279 Les multiples facettes du concept de nombre Le concept de nombre recouvre des contenus assez divers. où la quantité 13 peut être présentée sous la forme concrète d’un nuage de 13 points ou d’une séquence de 13 sons. Cependant. le comptage. Toutefois. Enfin. — l’estimation permet d’évaluer. dont les principes ont été étudiés par Gelman et Gallistel (1978). chez l’adulte éduqué. au laboratoire. la psychologie cognitive ne s’est guère penchée sur ces concepts mathématiques de plus haut niveau. Le nombre est ici considéré comme la propriété d’un ensemble. ou trois objets) . Pour l’instant. permet d’énumérer avec précision un ensemble quelconque. On s’y réfère verbalement par le biais de nombres ordinaux (par exemple « treizième »). La perception de la numérosité L’adulte dispose d’au moins trois processus cognitifs distincts d’énumération. parties du corps). à laquelle on réfère souvent par les termes techniques de cardinalité ou de numérosité. et une loi de puissance relie les deux quantités (Izard & Dehaene. des nombres réels ou complexes. c’est-à-dire d’appréhension de la numérosité d’un ensemble d’objets : — la subitisation ou « subitizing » en anglais fait référence à l’appréhension immédiate des petites numérosités (un. chacun des objets énumérés avec une liste de référence qui peut être verbale (noms de nombres) ou non-verbale (doigts. Il importe donc d’introduire d’emblée quelques distinctions terminologiques essentielles. — enfin. Nous nous en tiendrons donc à la perception non-symbolique de la numérosité et sa mise en liaison avec les symboles écrits ou parlés des nombres. d’estimation et de comptage sont dissociables. la numérosité d’un ensemble de taille arbitraire. Le concept de nombre. l’ordinalité fait référence au rang d’un élément dans une série ordonnée. des fractions. Notre éducation nous a habitués aux symboles numériques : les nombres écrits en base 10 à l’aide des chiffres arabes. Des recherches récentes confirment que les trois processus de subitisation. 2008) . la psychologie cognitive montre l’importance. un par un. La distinction entre subitisation et . Il consiste à apparier. cependant. Les recherches de Véronique Izard. le nombre perçu n’est pas toujours relié linéairement au nombre effectivement présenté : la sous-estimation est fréquente. de la perception non-symbolique du nombre. peut-être considéré comme un nombre tout objet mental susceptible d’être manipulé selon certaines opérations cohérentes. ou exprimés à l’aide de noms de nombres tels que « mille cinquante trois ». deux. d’une manière approximative. lorsqu’ils voient 5 objets. Izard. croît linéairement avec le nombre estimé. Par exemple. selon une constante de proportionalité appelée coefficient de variation ou fraction de Weber. 2004). 20 ou 30 objets. le temps de réponse montre un soudain accroissement linéaire. Par exemple. 1994). Ainsi la subitisation se réduirait à une sorte d’« estimation précise ». deux ou trois objets dépasse celle attendue selon la loi de Weber. Feigenson. & Spelke. Le développement de la perception numérique Les tests Piagétiens de conservation du nombre et d’inclusion de classes ont initialement suggéré que le jeune enfant était dépourvu de mécanismes invariants d’appréhension du nombre.280 STANISLAS DEHAENE comptage est évidente lorsque l’on mesure le temps de dénomination de la numérosité d’un ensemble : au-delà de trois objets. Cohen. Pour les tous petits nombres. si le sujet a compté ou pas et combien d’objets ont été dénombrés (Piazza. 2 ou 3 sans pratiquement faire d’erreur. 2003). car elle aboutit à une précision suffisante pour discriminer et nommer les numérosités 1. Ainsi. cette conclusion a été nettement infirmée avec l’avènement de nouvelles méthodes d’expérimentation chez le très jeune enfant. . La précision avec laquelle nous détectons la présence d’un. 2008). la subitisation semble-t-elle faire appel à un système dédié. L’imagerie cérébrale détecte. 1992). & Dehaene. même lorsque les paramètres non-numériques tels que la densité et la surface totale sont constants (Xu & Spelke. mesurée par son écarttype. Jusqu’à très récemment. Wynn. Le Bihan. une soudaine amplification de l’activité dans un vaste réseau cérébral lié au comptage verbal. fondées sur l’adaptation et la réaction à la nouveauté ou à la violation de lois physiques. au laboratoire. Toutefois. car elle excède de très loin celle avec laquelle nous discriminons 10. Dehaene. 2000). peut-être celui lié à l’appréhension des objets discrets (« object tracking » ou « object files » system. au moins d’une façon approximative. De nombreuses études ont démontré une sensibilité à la numérosité chez l’enfant de 4-6 mois. développent une simultanagnosie (Dehaene & Cohen. 2004 . un bébé de six mois détecte quand la numérosité d’un ensemble change de 8 à 16 objets ou vice-versa. disparaître derrière un écran. l’estimation se caractérise par la loi de Weber : l’imprécision de l’estimation. Les enfants détectent également la violation des règles d’addition et de soustraction. puis 5 autres. à cette frontière. & Dehaene. Cependant. et qui comprend notamment les régions pariétales postérieures bilatérales associées aux mouvements de l’attention. Giacomini. la recherche de Susannah Revkin. ils s’attendent à voir apparaître environ 10 objets et expriment leur surprise en regardant plus longuement lorsque l’écran s’abaisse et révèle seulement 5 objets (McCrink & Wynn. Piazza. Une dissociation entre subitisation et comptage s’observe également chez certains patients qui. En effet. à la suite d’une lésion cérébrale. montre que cette explication ne suffit pas (Revkin. L’activité de ces régions est si caractéristique qu’elle permet de distinguer. il était possible de soutenir que l’estimation et la subitisation n’étaient que le reflet d’un seul et même processus. pratiquement essai par essai. la loi de Weber pourrait expliquer la subitisation. la grande distance qui sépare le résultat proposé du résultat correct nous permet de le rejeter sans faire le calcul exact (Ashcraft & Stazyk. Elle observe une psychophysique très similaire. cette entrée symbolique est rapidement et automatiquement traduite mentalement en une quantité approximative dont la manipulation interne obéit aux mêmes lois que celles de la manipulation des numérosités perçues sous forme d’ensembles d’objets. en particulier. soit aux paramètres non-numériques (Feigenson.PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 281 Si l’estimation est bien démontrée chez le très jeune enfant. La vérification des opérations symboliques démontre également un effet de distance numérique : lorsqu’une opération évidemment fausse nous est proposée. l’expérience fondatrice de Moyer et Landauer (1967) a montré que. Liens avec l’arithmétique symbolique Dans quelle mesure ces compétences précoces pour la manipulation des numérosités non-verbales sont-elles pertinentes pour la compréhension de l’intuition des symboles numériques à l’âge adulte ? De nombreuses expériences suggèrent que. & Dehaene. et la loi de Weber rend bien compte de l’ensemble de ces données. la précision des calculs étant simplement meilleure chez l’homme. Il est fascinant de constater que cette intuition numérique existe également chez de nombreuses espèces animales (pigeons. 2004). La taille des nombres influe également sur le jugement comparatif des nombres présentés sous forme symbolique. dès qu’un adulte éduqué perçoit un nom de nombre ou un nombre en notation arabe. notre temps de réponse varie en fonction inverse de la distance numérique qui les sépare. la perception des petites numérosités 1. lorsque nous décidons lequel de deux chiffres est le plus grand. selon le contexte. a systématiquement mis en parallèle les compétences arithmétiques de l’homme adulte et du singe macaque. 2007). Cependant de nouveaux résultats très récents indiquent que les enfants peuvent. à l’aide des potentiels évoqués. une lésion cérébrale peut faire perdre toute capacité de . Au laboratoire. dans des tâches qui sollicitaient la perception approximative des numérosités. Cordes and Brannon (2008) vont jusqu’à suggérer qu’il est plus simple. une discrimination des numérosités 2 et 3 en l’absence de tout artefact non-numérique (Izard. pour l’enfant. 2008). prêter attention soit à la numérosité. singes. Ainsi. Elizabeth Brannon.. tel est également le cas lorsque nous jugeons si deux nombres sont pareils ou différent — la réponse « différent » est plus lente pour 8 contre 7 que pour 8 contre 1. 2005). nous avons effectivement observé. dauphins…). dans la mesure où leur fraction de Weber est plus élevée dans le second cas. rats. Plus surprenant encore. 2 ou 3 a été plus débattue. lions. Enfin. de prêter attention au nombre qu’à la quantité totale de matière. leur addition et leur comparaison (Cantlon & Brannon. 1981). Ainsi tant la subitisation que l’estimation et la capacité de calcul approximatif semblent présents chez l’espèce humaine dès la première année de vie. Certains ont suggéré que leur discrimination n’était due qu’à des paramètres confondants tels que la quantité totale de matière (voir Feigenson et al. Dehaene-Lambertz. Les mécanismes cérébraux de l’arithmétique élémentaire Quels sont les mécanismes cérébraux de l’arithmétique élémentaire ? Les toutes premières études d’imagerie cérébrale. que la variabilité de l’effet de distance au cours de la comparaison numérique prédit la réussite scolaire en mathématiques. fondée sur la loi de Weber. Plus important encore. dans la mesure où elle s’active quelle que soit la notation utilisée pour présenter les nombres (chiffres arabes. Le Bihan. 2004). Japon. L’activation intrapariétale est également présente lorsque l’on présente des numérosités sous forme d’ensembles de points (Piazza. 2007). La région intrapariétale semble jouer un rôle important dans la représentation abstraite des nombres. ont rapidement isolé une région importante : dès qu’un adulte calcule mentalement. Pinel. Son activation est présente quel que soit le calcul effectué. Jean. McCarthy. fondée sur la loi de Weber. & Cohen. joue un rôle déterminant pour la bonne compréhension ultérieure de l’arithmétique symbolique. Izard. ce qui laissait penser qu’ils traduisaient mentalement les problèmes symboliques en quantités afin d’exploiter leur intuition non-symbolique. ils répondaient bien au delà du niveau du hasard (60-70 % de réussite). des problèmes verbaux tels que « Sarah possède 21 bonbons. ces résultats suggèrent que l’appréhension de la numérosité approximative et des relations de distance entre les nombres. une étude développementale a confirmé que l’intuition arithmétique des quantités approximatives précède et sous-tend l’apprentissage ultérieur de l’arithmétique symbolique (Gilmore. 1991). en a 34.282 STANISLAS DEHAENE calcul exact. en maternelle. apparaît-elle comme une compétence fondamentale qui transparaît dans de nombreuses tâches symboliques. ont donné à des enfants de 5 et 6 ans. Tout récemment. mais pas les scores de lecture. 2002). noms de nombres parlés ou écrits) et ce. Cette région occupe une position bien précise au sein d’une mosaïque de régions sensori-motrices impliquées dans les mouvements des yeux. Une méthode d’adaptation a permis de démontrer la convergence . chez des enfants un peu plus âgés (6-8 ans). Holloway et Ansari (2008) ont également rapporté. dans toutes les cultures qui ont pu être testées (Chine. États-Unis. et on lui en donne 30 de plus. Israël. de la main ou du doigt (Simon. et même lorsque le sujet se contente de comparer deux nombres ou de détecter la présence d’un chiffre parmi des lettres. Piazza. on observe une activation bilatérale des flancs du sillon intrapariétal (voir Dehaene. Pinel. leurs performances dans cette évaluation de l’intuition arithmétique corrélaient avec leur réussite en mathématiques à l’école. en TEP puis en IRM fonctionnelle. Le Bihan. Cependant. tout en laissant intact cette compétence basique pour l’approximation (Dehaene & Cohen. en SPECT. Cohen. & Dehaene. & Spelke. Gilmore et coll. ni des opérations d’addition et de soustraction. Ainsi l’approximation des quantités numériques. & Dehaene. Dans l’ensemble. quel que soit leur niveau socio-économique. 2003). Europe). Mangin. lui. Qui en a le plus ? » Les enfants n’avaient reçu aucun enseignement explicite des nombres de cette taille. et leurs performances suivaient la loi de Weber. PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 283 des représentations symboliques et non-symboliques des nombres dans cette région (Piazza. Chez l’adulte. interviennent à différentes étapes de représentation et de manipulation des nombres. 2007). La neuropsychologie de l’acalculie confirme globalement cette double dissociation : les lésions intrapariétales focales tendent à perturber l’intuition même des quantités numériques. corticaux et sous-corticaux. Ischebeck et al. en particulier. a montré que le cortex intrapariétal est activé. l’existence de populations de neurones dont le taux de décharge varie avec le nombre d’objets présentés. Pinel. Le Bihan. dans le cortex préfrontal et intrapariétal.. des réseaux étendus. Dehaene. ou l’estimation des numérosités. particulièrement dans l’hémisphère droit. étendue à l’enregistrement des potentiels évoqués chez le bébé de 2-3 mois. Ces résultats concordent avec l’hypothèse d’un noyau de compétences numériques. & Cohen. Des lésions intrapariétales précoces pourraient d’ailleurs être à l’origine de dyscalculies du développement chez certains enfants (Molko et al. et complété d’un second réseau associé aux stratégies de calcul symbolique acquises au cours de l’éducation. particulièrement les tables de multiplication (Delazer et al. & Dehaene. A la suite de travaux antérieurs de Thompson et coll. La manipulation des nombres exacts et les opérations de récupération des faits arithmétiques en mémoire. Ils ont découvert. la soustraction.. 2006). Spelke. tandis que les lésions des aires périsylviennes ou des noyaux gris centraux de l’hémisphère gauche tendent à perturber les tables arithmétiques mémorisées (Lemer. Certains . associé au cortex intrapariétal bilatéral. Les neurones des nombres L’une des découvertes les plus fascinantes de ces dernières années est certainement celles des mécanismes neurophysiologiques de l’arithmétique élémentaire chez le singe macaque. 1995). font appel à un vaste réseau qui implique le gyrus angulaire gauche et les aires périsylviennes du langage. & Tsivkin. 1999). notamment sous forme symbolique ou linguistique (Dehaene & Cohen. 2008). dès quelques mois de vie à la présentation d’ensemble d’objets dont la numérosité varie (Izard et al. La même méthode. présent dans toutes les cultures et indépendant du niveau d’éducation.. Il est cependant évident que cette région intrapariétale n’est pas la seule à contribuer aux opérations arithmétiques. Spelke. ont enregistré l’activité de centaines de neurones chez des singes éveillés qui avaient été entraînés à réaliser une tâche de comparaison différée des numérosités de deux ensembles d’objets. tandis que la région intrapariétale elle-même est maximalement activée lors des opérations d’approximation et de comparaison (Dehaene. 2003 .. l’activité corticale se déplace progressivement depuis la région intrapariétale vers le gyrus angulaire à mesure que le participant enregistre les faits correspondants en mémoire verbale. Pinel. 2003). Au cours de l’entraînement arithmétique. la comparaison. 2004). Andreas Nieder et Earl Miller. Stanescu. au Massachussetts Institute of Technology puis à l’Université de Tübingen. (1970) et Sawamura et coll (2002). dans des tâches aussi simples que l’addition. mais également relative à d’autres régions telles que les aires AIP et LIP impliquées dans les mouvements des yeux et de la main. ce qui correspond quantitativement à la loi de Weber. très semblable à celui observé chez le singe macaque (Piazza et al. Le profil détaillé des réponses de ces neurones indique un codage de la numérosité selon la loi de Weber. 2002).284 STANISLAS DEHAENE neurones sont activés préférentiellement par un objet unique. mais leur taux de décharge varie de façon monotone avec la numérosité. Il est à noter que les neurones pariétaux ont une réponse plus rapide. tandis que les neurones préfrontaux répondent préférentiellement au cours de la phase de délai de la tâche de réponse différée.. ils ne sont pas accordés à un nombre préféré. la méthode d’adaptation en IRMf a permis à mon laboratoire de démontrer. Notons que. Les deux propriétés — monotonie et rétinotopie — ont récemment été observées indirectement chez l’homme dans une illusion d’adaptation à la numérosité (Burr & Ross. dans une région pariétale plus latérale et postérieure (l’aire LIP). Chaque neurone présente en effet une courbe d’accord autour de sa numérosité préférée. d’autres par deux. ce qui suggère que ce second code neuronal de l’aire LIP pourrait également exister dans l’espèce humaine. avec une variabilité fixe et de forme Gaussienne. Elle implique qu’au niveau de la population de neurones. la largeur de la courbe croit linéairement avec la numérosité préférée. Ainsi. et même jusqu’à une trentaine d’objets (Nieder & Merten.. Cette représentation est dite « log-Gaussienne ». . l’aire VIP constitue un homologue plausible. le paramètre de nombre est représenté par un groupe épars de neurones selon un code partiellement distribué qui représente la numérosité approximative et non la cardinalité exacte. l’extraction initiale de l’information de numérosité se ferait dans l’aire VIP. Roitman et coll. Sur une échelle linéaire. coïncidant précisément avec celui qui avait été inféré des études psychophysiques chez l’homme. tout récemment. ces neurones possèdent des champs récepteurs limités et ne répondent donc qu’à la numérosité du sous-ensemble d’objets qui apparait dans une région rétinotopique bien délimitée — pas au nombre total d’objets présent sur la rétine. tandis que sa mémorisation impliquerait préférentiellement le cortex préfrontal. 2004). du segment horizontal du sillon intrapariétal qui est activé chez l’homme au cours de diverses opérations arithmétiques (Simon et al. En second lieu. (2007) ont découvert un second type de code neural de la numérosité. chez l’homme. lorsque les numérosités sont représentées sur une échelle logarithmique. Par sa localisation absolue. 2008). Ces « neurones des nombres » sont localisés dans le cortex préfrontal dorsolatéral. en croissant ou en décroissant avec le logarithme de la numérosité de l’ensemble présenté. Mais la description la plus compacte des réponses neuronales est une courbe d’accord constante. 2007). De fait. chez le singe. 2005). Les neurones de l’aire LIP diffèrent de ceux de l’aire VIP (étudiés par Nieder et Miller) en plusieurs points. dans les profondeurs du sillon intrapariétal. par trois. Tout d’abord. l’existence d’un codage cérébral log-Gaussien des numérosités. dans l’aire ventrale intrapariétale (VIP). mais également dans les lobes pariétaux. par quatre ou par cinq objets (Nieder. les neurones de VIP semblent répondre à l’ensemble du champ visuel. (3) seuillage de cette activation par des neurones avec des seuils croissants et une forte inhibition latérale. l’autre avec une courbe d’accord à une numérosité préférée ? Il convient d’interpréter ces résultats avec prudence. les neurones d’accumulation peuvent être identifiés aux neurones de l’aire LIP étudiés par Roitman et coll. sous forme d’un réseau de neurones formels.. De plus. 2007 . 2004). indépendamment de leur identité et de leur taille.PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 285 Un modèle mathématique de la décision numérique Pourquoi une telle coexistence de deux codes neuronaux distincts. 2007). la théorie de la détection du signal peut être appliquée très directement au code log-Gaussien. A partir de ce code neural log-Gaussien. à ce dernier niveau. (2) addition approximative de ces activations à travers l’ensemble de la carte. Ce modèle rend bien compte des compétences animales et humaines dans des tâches élémentaires de comparaison pareil-différent ou plus grand-plus petit (Dehaene. dans la mesure où ces deux populations de neurones n’ont été observées que très récemment. Cantlon & Brannon. sans pression de rapidité. les neurones de LIP projettent effectivement vers ceux de VIP. ce qui est compatible avec l’hypothèse qu’ils reçoivent des entrées convergentes de nombreux neurones rétinotopiques de l’aire LIP. la modélisation du temps de réponse fait appel à un modèle mathématique plus sophistiqué. 2004). capable de rendre compte des taux d’erreurs et des temps de réponse dans diverses tâches numériques élémentaires. La simulation de ce modèle par ordinateur. Il est à noter qu’anatomiquement.. montre qu’on aboutit naturellement. Toutefois. Piazza et al. ces résultats s’accordent bien avec un modèle théorique qui suppose que les neurones monotones et accordés constituent deux étapes distinctes de l’extraction d’une représentation invariante de la numérosité (Dehaene & Changeux. à un codage log-Gaussien de la numérosité. et que seul le taux d’erreurs doit donc être modélisé. dans des laboratoires différents. Ce . 1993 . par le moyen de « neurones d’accumulation » dont le niveau d’activité varie de façon monotone en fonction de la numérosité . la numérosité approximative peut être extraite d’une carte rétinienne détaillée en trois étapes successives : (1) codage rétinotopique des positions occupées par les objets. Il peut également être adapté à la dénomination des numérosités (Izard & Dehaene. un modèle mathématique de prise de décision.. Avec quelques adaptations. Selon ce modèle. chez des animaux différents et entraînés à des tâches numériques différentes. 2007). moyennant quelques hypothèses supplémentaires sur la combinaison des variances associées à chaque opérande (Barth et al. l’un avec une variation monotone du taux de décharge en fonction de la numérosité. a également été développé (Dehaene. Verguts & Fias. donc avec une quantité fixe d’activation pour chaque objet . 2006 . Lorsque la décision est prise en un temps fixe. ce qui conduit à une population de neurones accordés aux différentes numérosités. Lorsque la tâche implique une décision rapide en temps limité. tandis que les neurones accordés à la numérosité correspondraient aux neurones de l’aire LIP enregistrés par Nieder et Miller. 2008) et à l’addition ou à la soustraction de deux numérosités. soit à des numérosités appariées avec le symbole correspondant. avec une largeur fixe pour tous les nombres testés (1 à 5). et que l’acquisition de symboles pour les nombres change également en profondeur la représentation non-verbale des quantités numériques. L’analyse montre qu’au moins dans des tâches très simples telles que la comparaison de deux nombres. le réseau exposé aux symboles développe un nouveau type de représentation que l’on qualifie de linéaire avec une variabilité fixe. en sorte que la prise de décision met en jeu les quantités et non plus les symboles eux-mêmes. La réponse correspondante est alors sélectionnée. L’impact des symboles sur la cognition numérique Le modèle décrit ci-dessus suppose que l’acquisition des symboles numériques tels que les chiffres arabes consiste tout simplement à mettre en relation ces formes arbitraires avec la représentation log-Gaussienne des numérosités correspondantes. et la manière dont celle-ci varie avec la présence d’une tâche interférente. sont également expliqués en grand détail (Sigman & Dehaene. . pour l’un des réponses. 2002). la marche aléatoire de l’accumulateur atteint un seuil fixé à l’avance. Cependant. tous les neurones présentent la même courbe d’accord. Bien que les neurones restent accordés à la numérosité approximative. Verguts et Fias (2004) ont simulé l’apprentissage non-supervisé dans un réseau de neurones formels qui est exposé. L’influence de la distance entre les nombres à comparer est correctement modélisée. Cependant. soit à des numérosités seules. l’appariement avec des symboles modifie profondément cette représentation. et le modèle explique pourquoi la forme de cet effet diffère selon que l’on considère le taux d’erreur ou le temps de réponse moyen. La décision est prise lorsque. s’appuie sur certains neurones pariétaux et préfrontaux qui réalisent une accumulation des données stochastiques que les stimuli apportent en faveur de chacune des réponses possibles. Ainsi. avec une courbe d’accord log-Gaussienne. La courbe d’accord des neurones présente toujours un effet de distance. plusieurs éléments convergents suggèrent que cette vision est un peu trop simple. Dans le premier cas. sur la base de signaux bruités. La distribution des temps de réponse. On peut démontrer que ce mécanisme d’accumulation statistique avec seuil constitue un mécanisme optimal de prise de décision en temps réel (Gold & Shadlen. ils répondent de façon très précise à chaque symbole numérique.286 STANISLAS DEHAENE modèle se fonde sur les travaux de Mike Shadlen qui indiquent que la prise de décision en temps réel. le réseau développe des neurones « détecteurs de numérosité » très semblables à ceux décrits par Nieder et Miller. 2005). Cette accumulation peut alors décrite mathématiquement comme une marche aléatoire apparentée à un mouvement Brownien. le modèle log-Gaussien doublé d’une prise de décision par accumulation conduit à des prédictions très étroitement ajustées aux données expérimentales. D’autre part. mais avec une grande composante ‘tout-ou-rien’ doublé d’un petit effet linéaire. contrairement à la loi de Weber. dans le cortex intrapariétal.PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 287 La proposition théorique de Verguts et Fias pourrait expliquer plusieurs aspects de l’intuition attachée aux symboles numériques. au profit de régions occipito-temporales et pariétales gauches qui pourraient correspondre respectivement aux codes des symboles et des quantités. 2007). le codage des quantités semble plus précis dans l’hémisphère gauche que dans le droit et pourrait ressembler à celui prédit par le modèle. Représentation spatiale des nombres et synesthésie numérique L’éducation arithmétique s’accompagne d’un autre changement important : l’apprentissage de liens systématiques entre les nombres et l’espace. soit pour les numérosités. Les expériences d’IRM fonctionnelle de Piazza et coll. mais ne répondaient pas aux deux formats simultanément. la courbe d’accord des neurones ne se modifiait pas selon la notation. Tout récemment. 2007) présentent également de subtiles asymétries qui suggèrent que. Dans leur étude d’IRM fonctionnnelle du développement arithmétique. tant dans son activité de base que dans la taille de son effet de distance. 2004 . seul le cortex préfrontal. (2005) ont effectivement observé un déplacement massif de l’activité préfrontale avec l’âge.. ce qui suggère un raffinement de la précision du codage des nombres au sein de l’hémisphère gauche (Ansari & Dhital. chez l’animal. de nombreux neurones codaient simultanément pour le même nombre. ainsi que de probables différences d’architecture cérébrale. lorsque les nombres sont présentés sous forme symbolique. Rivera et coll. Ils ont entraîné deux singes à apparier des chiffres arabes entre 1 et 4 avec les numérosités correspondantes. Ainsi. Le peu de données dont nous disposons sur l’IRM fonctionnelle du développement de l’arithmétique suggère effectivement qu’au cours de l’éducation. de la droite réelle. un entraînement plus important. L’analyse fine des temps de réponse montre des différences non-négligeables entre la comparaison des nombres présentés sous forme symbolique et sous forme de numérosités d’ensembles de points. indépendamment de son format de présentation symbolique ou non-symbolique. Chez l’homme. des coordonnées Cartésiennes ou du plan complexe. De nombreuses études démontrent l’automaticité du lien entre les nombres et l’espace chez l’homme adulte : la simple présentation d’un chiffre arabe suffit à biaiser les . c’est surtout la région pariétale gauche qui est modifiée. Dans le cortex préfrontal dorsolatéral. Contrairement au modèle de Verguts et Fias. L’intuition d’une échelle spatiale des nombres joue un rôle essentiel en mathématiques. Diester et Nieder (2007) ont publié la toute première étude neurophysiologique des mécanismes cérébraux de l’acquisition des symboles chez le primate non-humain. pourraient entraîner une automatisation du signe et un transfert de ces neurones de conjonction vers les aires postérieures du cerveau. depuis la notion de mesure (géo-métrie) jusqu’à l’étude des nombres irrationnels. qui correspondent à l’emploi d’une représentation plus précise et plus linéaire des symboles numériques (Dehaene. Piazza et al. Etonnamment. semble susceptible de coder la relation arbitraire entre un symbole et sa signification. (Piazza & Dehaene. 2006). après l’apprentissage. les neurones se spécialisaient soit pour les chiffres arabes. 1993). Ces liens spatio-numériques demeurent non-conscients chez la plupart des personnes testées. L’association nombre-espace elle-même semble provenir des liens anatomiques très étroits qu’entretient la région intrapariétale moyenne. Siegler et Opfer (2003) ont présenté une tâche dans laquelle des enfants doivent disposer les nombres qu’on leur énonce sur un segment étiqueté par exemple avec le nombre 1 à gauche et le nombre 100 à droite. Les réponses ne deviennent linéaires que chez les enfants plus âgés. De plus. qui sont impliquées dans le mouvement des yeux et le codage des positions pertinentes de l’espace. Pinel. De nombreux indices . qui dérive de la loi de Weber. en direction de la droite pour les grands nombres et de la gauche pour les petits nombres. En effet. selon laquelle 10 se situe au milieu de 1 et de 100. & Pica. Avec Pierre Pica. nous avons obtenu des données d’IRM fonctionnelle. la simple présentation d’un nombre induit une activation latéralisée des régions pariétales postérieures (homologue plausible de l’aire LIP chez l’homme). la correspondance entre nombres et espace n’est pas entièrement fixe.288 STANISLAS DEHAENE réponses motrices et l’attention visuo-spatiale. 2008). leur accès à la conscience pourrait peut-être expliquer le phénomène de synesthésie numérique. & Dehaene. Spelke. En particulier. Elle se modifie considérablement au cours de développement et en fonction de l’éducation. Les enfants les plus jeunes (CP) placent les nombres en correspondance avec l’espace d’une façon certes monotone. en effet. Avec Ed Hubbard. au sens littéral. Piazza. nous avons montré que l’éducation joue un rôle essentiel : chez les indiens Mundurucus d’Amazonie. affirment voir. impliquée dans le codage du nombre. Izard. Bossini. de potentiels évoqués et de comportement qui vont dans ce sens. & Giraux. j’ai proposé que ce circuit VIP-LIP soit en partie recyclé pour l’arithmétique élémentaire (Hubbard. chez de rares individus. Cet « effet SNARC » (spatial-numerical association of response codes) dépend de variables attentionnelles et culturelles telles que la direction de l’écriture — la direction de l’effet tend à s’inverser dans les cultures qui lisent de droite à gauche (Dehaene. Véronique Izard et Elizabeth Spelke. Bien qu’intuitive et automatique. les nombres à des positions spatiales bien déterminées sur une échelle spatiale interne. L’échelle de similarité logarithmique. l’addition et la soustraction évoquent automatiquement un mouvement vers la droite et la gauche respectivement. entre 8 et 10 ans. Ces personnes. mais non-linéaire. Ils accordent beaucoup plus de place aux petits nombres et tendent à suivre une échelle compressive et logarithmique. avec les régions voisines impliquées dans le codage de l’espace. un circuit relie les aires LIP et VIP. Avec André Knops et Mariagrazia Ranzini. 2005). semble donc faire partie des intuitions fondamentales de l’humanité (étant entendu que cette intuition est approximative et n’inclut pas des propriétés mathématiques abstraites de la fonction logarithme telles que la transformation des sommes en produits). des personnes adultes mais dépourvues d’éducation mathématique répondent de façon logarithmique à des nombres entre 1 et 10 présentés de façon verbale ou non-symbolique (Dehaene. Cependant. sur la base d’une revue détaillée de ces questions. Son objectif explicite était de revisiter ce domaine initialement exploré par Jean Piaget et ses collaborateurs sous le regard critique des contributions récentes de la psychologie cognitive du développement. Le noyau de ces connaissances numériques consiste en une représentation log-Gaussienne de la numérosité approximative.PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 289 suggèrent que. qui démontre notamment une capacité hiérarchique d’appréhension du nombre d’ensembles d’objets. — Daniel Ansari (University of Western Ontario) s’est placé dans une perspective neuro-physiologique. Six chercheurs réputés sont venus présenter leurs contributions à ce domaine : — Marie-Pascale Noël (Université de Louvain) a présenté l’état actuel des connaissances sur la dyscalculie développementale. Ce noyau de connaissances est déjà présent chez le très jeune enfant et de nombreuses espèces animales. l’un des premiers écueils sur lesquels viennent buter les jeunes enfants. en effet. de juger que 8 est plus grand que 3. ses causes possibles et sa rééducation. bien que notre compréhension de la manière dont ce dernier est modifié par l’éducation demeure très imparfaite. notamment chez l’enfant d’âge scolaire. le séminaire a porté spécifiquement sur la représentation du nombre chez l’enfant. — Michel Fayol (Université de Clermont-Ferrand) s’est intéressé aux mécanismes de l’apprentissage du comptage et des faits arithmétiques. la représentation logarithmique n’a pas vraiment disparu. . Séminaire En complément du cours. Les échelles logarithmique et linéaire semblent coexister et être sélectionnées en fonction des instructions et du contexte de la tâche. Conclusion L’intuition arithmétique humaine consiste en un réseau complexe de connaissances qui vont de la capacité d’estimer rapidement la cardinalité approximative d’un ensemble à celle d’anticiper le résultat d’une addition. Le calcul constitue. et est associé à un circuit cérébral situé dans la région intrapariétale bilatérale. en expliquant quelle pouvait être la contribution des outils d’imagerie cérébrale à la compréhension du développement cognitif de l’enfant entre la naissance et l’adolescence. chez l’adulte éduqué. L’apprentissage des symboles de l’arithmétique formelle s’appuie fortement sur ce sens précoce des nombres. — Lisa Feigenson (Johns Hopkins University) a décrit ses recherches sur la cognition numérique chez le nourrisson. Il a présenté les toutes premières images du développement cérébral de l’arithmétique. Ce sera l’une des questions importantes de la recherche à venir. ou de voir les nombres dans l’espace et d’évaluer que 3 est plus proche de 1 que de 10. Un enjeu essentiel sera de mieux utiliser ces connaissances afin d’améliorer l’enseignement de l’arithmétique et de mieux comprendre l’origine des dyscalculies. son évaluation. (1988). accède à une représentation de la numérosité exacte. Curr Biol. Butterworth. — Enfin Elizabeth Spelke (Harvard University) a présenté un panorama étendu des recherches de son groupe sur le noyau des connaissances numériques chez le très jeune enfant. E. Matière à pensée. Basic math in monkeys and college students. A. (2006). P. Numerical Cognition. 14(2). Cohen. Kanwisher. Hubbard. Non-symbolic arithmetic in adults and young children. S. The difficulties of representing continuous extent in infancy : using number is just easier. & Wilson. Oxford. Pinel. par ce biais....M. J. J. Szeminska (1941). E. Molko. Blackwell. R. K. 218-224. 425-428.. & Ross. Harvard University Press. 9. N. Nature Reviews in Neuroscience. N. & Spelke. entre 2 ans et demi et 3 ans et demi. Macmillan. (2005). . Les recherches comportementales qu’elle a présentées visent à séparer les connaissances universelles de l’enfant de celles qu’il acquiert par le biais de l’éducation et de l’immersion dans une culture et un environnement linguistique spécifique. 1820-1828. S.. Gallistel (1978). and C. 185-196.H. D. (2008). 476-489. Piazza. New York : SpringerVerlag. Cognition. où celui-ci comprend soudainement ce qu’est le comptage et. E.. (1993). Il s’est appuyé sur plusieurs autres ouvrages et articles de revue : Piaget. & Stazyk. J. Current Opinion in Neurobiology. The Mathematical Brain. A visual sense of number.. Changeux. A.. (1981). 6(6). Age-related changes in the activation of the intraparietal sulcus during nonsymbolic magnitude processing : an event-related functional magnetic resonance imaging study.. & Brannon.. 79(2). B. J Cogn Neurosci. Ashcraft. Memory And Cognition. (2008).. E. 1997). (1999). C. 18(11). Dehaene. London. Barth. Nieder. & Connes. R. (2005).M. B. Bibliographie succincte Le cours a repris et mis à jour de nombreux éléments de mon livre La bosse des maths (Odile Jacob. PLoS Biol. Dehaene. & Dehaene.. & Brannon.290 STANISLAS DEHAENE — Matthieu Le Corre (Harvard University) est revenu sur une phase particulièrement importante du développement de l’enfant. (1989). « Counting on neurons : The neurobiology of numerical competence ». La génèse du nombre chez l’enfant. and A. 199-222. M. (2004). Burr. Dehaene. L. K. E.-P.. 98(3). The child‘s understanding of number. Principaux articles cités : Ansari. Mental addition : A test of three verification models. Cantlon. S. 5(12). (2006).M. La Mont. (2007). J. H.. Neuchâtel.H. A. & Dhital. Interactions between number and space in parietal cortex. 18(6). Gelman.. Fuson. J. S.. Paris : Odile Jacob. Delachaux & Niestlé. Child Dev. D.F. e328.. M. Cordes. Children’s counting and concepts of number. 435-448.. Arithmetic and the brain. Cambridge Mass. Nature Reviews in Neuroscience. J. S. Lipton. L. Dissociable mechanisms of subitizing and counting : neuropsychological evidence from simultanagnosic patients.. L.. P. Dehaene. E.. I. 776-781. Core systems of number. McCrink. Stanescu. L. J. S. Science.. Neuron.. & Dehaene. 527-574). (2008). Gilmore. (2004). McCarthy. 83-120. Sensori-motor foundations of higher cognition (pp.. P. S.. Cambridge Mass. L. Nature.. 1217-1220. M. Symbols and quantities in parietal cortex : Elements of a mathematical theory of number representation and manipulation. 970974. & Changeux. (1993).PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 291 Dehaene. & Wynn. L. . 487-506. Pinel. Diester.. (1995). P. Approximate quantities and exact number words : Dissociable systems... Dehaene. Pinel. Dehaene.. decisions.. 5. Izard. 95(3). Dehaene.... V. S. S. Dehaene. Development of elementary numerical abilities : A neuronal model. & Cohen.. Haggard & Y. P. Holloway. E. D. & Cohen.. (2008). Feigenson. Semantic associations between signs and numerical categories in the prefrontal cortex. 29. L. S.E. 20. S. Banburismus and the brain : decoding the relationship between sensory stimuli. S.S. J. & Cohen. The child’s understanding of number. & Spelke. 20(5). Spelke. & Cohen. Rossetti (Eds. (2002). Symbolic arithmetic knowledge without instruction. 1942-1958. 958-975.D. Large-number addition and subtraction by 9-monthold infants.. (1991). 390-407. (1994). J Exp Psychol Hum Percept Perform. Lemer. Neuropsychologia. Gelman. S. 320(5880). 8(7). (2007). (1993). Cognitive Neuropsychology. S. 15(11). Journal of Cognitive Neuroscience. Dehaene. 589-591. 284(5416). in press. Hubbard. I. (2007). Pinel. & Pica. Dehaene-Lambertz. Mathematical Cognition.. E. Mapping numerical magnitudes onto symbols : The numerical distance effect and individual differences in children’s mathematics achievement. A double-dissociation in infants’ representations of object arrays. M.. Bossini. Cognition. K. Three parietal circuits for number processing. & Dehaene. & Dehaene. S. Dehaene.... Calibrating the mental number line. Journal of Experimental Psychology : General. Interactions between number and space in parietal cortex. 41.. 299-308. V. (2004). 106(3). Neuropsychologia. R. : Harvard University Press. & Nieder. E. Mass. Piazza. & Ansari... C. L. 122. Piazza. K. & Giraux.M. (2003). Dehaene. E. 447(7144). & Tsivkin. S. Science.. S. Sci. & Cohen. A. Trends Cogn. 1045-1074. Attention & Performance XXII. 6(6). (2007). 1. Dehaene. E. Nat Rev Neurosci. Sources of mathematical thinking : behavioral and brain-imaging evidence. (2005). K. PLoS Biol..). in press.. R. Dehaene. C. Two mental calculation systems : A case study of severe acalculia with preserved approximation. Cognition. (1999). M.R. Gold. Izard. (2008). Psychol Sci. Feigenson.I. The mental representation of parity and numerical magnitude. and reward. Cambridge. V. In P. 371-396. : Harvard University Press.-P.N. G.. S. C. Log or linear ? Distinct intuitions of the number scale in Western and Amazonian indigene cultures.. & Gallistel. Distinct Cerebral Pathways for Object Identity and Number in Human Infants. 435-448. (2003). (2005). Spelke.. 1221-1247. S. Izard. Towards an anatomical and functional model of number processing. P. 36(2). S. J Exp Child Psychol. S. & Spelke. S. (1978). PLoS Biol.. B37-48. 307-314. & Shadlen. Spelke. (2008).. Cachia.. F. J Neurosci. & Spelke. Piazza. e208. D. J. (2005). eye.S. Neuron. calculation. Wynn.. A. J. & Dehaene. Cohen. S. P. P. & Dehaene. J Cogn Neurosci. Activités de recherche du laboratoire Nous mettons ici en valeur quelques résultats qui nous paraissent importants. 237-243. (2007). Verguts.E. & Menon. Pinel.. Xu. (2002). J. (2007). Le Bihan. E. & Dehaene. Topographical layout of hand.. New York : Norton. & Dehaene. T.. Piazza. Le Bihan. Cereb Cortex. M. Cereb Cortex. L.M. Revkin. Large number discrimination in 6-month-old infants. S. S. et al. K. 44(3). & Dehaene. & Dehaene. V. 1493-1504. 358.. O. (2008). 177-190. Does subitizing reflect numerical estimation ? Psychological Science. Neuron. Giacomini.. Rivera. M. 6(3). & Platt. (2003). M... 1237-1245. (2000). (1992). 14(3). From number neurons to mental arithmetic : the cognitive neuroscience of number sense.). Sigman.. Moyer.. 475-487... Brannon. 27(22). V. & Opfer. A. R. Nature. 74(1). Single-trial classification of parallel pre-attentive and serial attentive processes using functional magnetic resonance imaging. (2004). (2004). Eckert. 5(8). R. & Fias. & Dehaene.F. Siegler. 5986-5993.A.F. 293-305. LeBihan.. T. Neuron.. Counting on neurons : the neurobiology of numerical competence. L. & Landauer.. 547-555. A labeled-line code for small and large numerosities in the monkey prefrontal cortex. Mangin. . 1779-1790. Cohen... M.. S.292 STANISLAS DEHAENE Molko. Piazza. B1-B11. Nieder.K. Bruandet. D. in press.L.. Pinel.. PLoS Biol. Reiss. Developmental Changes in Mental Arithmetic : Evidence for Increased Functional Specialization in the Left Inferior Parietal Cortex. Addition and subtraction by human infants. The development of numerical estimation : evidence for multiple representations of numerical quantity. Cognition.. Parsing a cognitive task : a characterization of the mind’s bottleneck.D.. M. Gazzaniga (Ed.. S.. Piazza. e37.L. E. 15(11).. The cognitive neurosciences. A magnitude code common to numerosities and number symbols in human intraparietal cortex. Le Bihan. (2005). Brain Anatomy in Turner Syndrome : Evidence for Impaired Social and SpatialNumerical Networks. & Merten. Nieder. (2004). D. A. D. N. Le Bihan.. S. (2003). Simon. (2005). 53. Mangin. 215. S.M. and language-related areas in the human parietal lobe. Monotonic coding of numerosity in macaque lateral intraparietal area. M.. D. PLoS Biol. Psychol Sci. (2004)... S.. K. Riviere. (2007). 16(9). Izard. D.. 749-750. In M. J.. E. 1519-1520. M.S. Proc R Soc Lond B Biol Sci. Vient ensuite une liste complète des publications du laboratoire. Nature. W. Nat Rev Neurosci. V. Representation of number in animals and humans : a neural model. 33(3).S. M. Roitman. Izard.. Piazza. S. A.. M. (1967). 3(2).. Tuning curves for approximate numerosity in the human intraparietal sulcus. 3rd edition. 270(1521). Time required for judgements of numerical inequality. qui survenait précisément aux valeurs paramétriques prédites par le modèle (par exemple. cette région joue un rôle essentiel dans la lecture rapide. Journal of Cognitive . à un site correspondant au codage putatif des lettres isolées. avec effort. Au-delà de cette valeur seuil. 2008). a réalisé une thèse sur la représentation cérébrale des structures de phrases. Il semble important. Sur la base d’un modèle neuronal de l’architecture de cette région (Dehaene et coll. rotation. voire lettre à lettre. Les résultats ont montré un important ralentissement du temps de lecture. dans l’équipe de Christophe Pallier. des bigrammes ou ou des morphèmes des mots . 2005). d’examiner sa possible contribution aux troubles de la lecture chez certains enfants dyslexiques. chez l’adulte bien entraîné. suggérant une lecture attentive. l’aire de la forme visuelle des mots. les travaux du laboratoire sur les processus de lecture se sont souvent focalisés sur une petite région occipito-temporale gauche.. nous avons toutefois prédit que cette région devrait cesser de fonctionner efficacement dans certaines conditions de stimulation : — l’écartement des l e t t r e s . sans doute parce qu’elle empêche l’accès rapide aux connaissances orthographiques stockées dans les régions visuelles de l’hémisphère gauche. déplacement) étaient manipulés de façon paramétrique (Cohen et coll.. Nous avons donc mené une expérience de comportement et d’IRM fonctionnelle où ces trois facteurs (écartement. non-consciente. NeuroImage. — la rotation du mot. et indépendante de la longueur des mots. devrait empêcher les neurones de répondre à leur stimulus préféré. à l’avenir. les régions pariétales postérieures bilatérales (homologue plausible de l’aire LIP chez l’homme). Le réseau dorsal mis en évidence dans cette expérience joue vraisemblablement un rôle important dans toutes les conditions où la lecture est dégradée et rendue difficile. notamment au début de l’apprentissage chez l’enfant. deux espaces d’écart entre les lettres). L’expérience qui fait l’objet d’une première publication (Devauchelle et coll. les temps de lecture étaient soudainement affectés d’un important effet de longueur du mot. dans les trois conditions de ralentissement.PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 293 Mécanismes de la lecture : rôles distincts des voies ventrale et dorsale Par le passé. au-delà d’environ 40 degrés. En effet. au-delà de deux espaces. Compréhension du langage parlé : l’importance de la région temporale antérieure Anne-Dominique Devauchelle. La lecture sérielle s’accompagne également d’une amplification sélective de la partie postérieure de l’aire occipito-temporale ventrale. devrait empêcher l’activation des neurones-bigrammes supposés essentiels à l’identification rapide des mots . L’IRM a révélé les mécanismes cérébraux de ces phénomènes comportementaux : la lecture avec effort s’accompagne de l’entrée en activité d’un vaste réseau dorsal qui comprend systématiquement. TICS.. qu’il s’agisse des lettres. — enfin la présentation du mot dans l’hémichamp gauche a un effet délétère bien connu. etc. sous presse) visait à utiliser l’amorçage en IRM fonctionnelle afin d’examiner s’il existe des régions cérébrales qui codent pour des structures syntaxiques. Nos nouveaux résultats indiquent que l’intuition d’une association régulière entre les nombres et l’espace pré-existe à toute éducation en mathématiques. Une hypothèse très intéressante est que les régions temporales antérieures soient impliquées dans l’extraction de la structure abstraite ou « profonde » des phrases. qui pouvaient partager ou non. Celle-ci apparaît comme un candidat intéressant pour la représentation du sens des phrases et de l’agencement des rôles thématiques de leurs constituants. Véronique Izard. particulièrement dans la région temporale antérieure. etc. les intuitions mathématiques non-verbales. « c’est le taxi qui dépose le client ». et n’a guère accès à l’éducation mathématique.. un fort effet d’amorçage était observé. les participants lisaient ou écoutaient des phrases organisées par groupes de quatre. soit la même construction syntaxique. Ce résultat suggère que la construction syntaxique abstraite n’est pas représentée indépendamment des mots qui la véhiculent. Au cours de l’expérience. soit le même contenu lexico-sémantique. ce sont vos amis qui détestent les poireaux . 2008). nous avons montré que ces indiens possèdent un sens intuitif des relations nombre-espace (Dehaene et coll. Dans une étude récente. De nombreux travaux. « le client a été déposé par le taxi ». réalisés chez des adultes occidentaux. Ce peuple présente un lexique numérique restreint aux tous premiers nombres. montrent que. par exemple « le taxi dépose le client ». le même contenu était répété à l’aide de constructions syntaxiques distinctes. Cognition numérique : les liens entre le nombre et l’espace Depuis 2002. en collaboration avec Pierre Pica. Cet effet trouve son origine dans les liens qu’entretiennent les représentations numériques et spatiales dans le lobe pariétal (voir le cours de cette année). Le résultat le plus surprenant.294 STANISLAS DEHAENE Neuroscience. avec les méthodes de la psychologie cognitive. Dans cette condition également. Science. Dans un cas extrême. ce qui confirmait que ces régions linguistiques se prêtent bien à une étude par la méthode d’adaptation. réalisant ainsi une forme d’invariance pour leurs variations plus superficielles. toutefois. indépendamment des mots utilisés pour la réaliser (par exemple « c’est le taxi qui dépose le client . la même phrase était répétée quatre fois. Ainsi pouvons-nous étudier. Elizabeth Spelke. était l’absence d’effet d’amorçage dans une condition où l’on respectait toujours la même structure syntaxique. ou bien n’est pas conservée sous une forme explicite par des neurones reproductibles et sujets à l’adaptation. Dans la condition « lexico-sémantique ». Un fort effet d’adaptation à la répétition était alors observé dans la majorité du réseau de traitement des phrases. .). notre laboratoire s’intéresse à la cognition numérique chez les indiens Mundurucus d’Amazonie. le simple fait de penser à un nombre ou d’effectuer un calcul évoque automatiquement un biais spatial. Cette représentation suit la loi de Weber. Seuls deux essais d’entraînement sont proposés. nous ignorerions même qu’il existe un espacement constant entre les nombres 1. ils ne le placent pas vers le milieu. Chez l’enfant occidental. Cependant. Siegler et Opfer ont observé que la nature des liens entre nombre et espace change au cours du développement. même en l’absence d’éducation mathématique. soit sous forme non-symbolique (nuages de points. On sait que les tous petits ensembles d’objets (jusqu’à 3 ou 4) sont énumérés très rapidement et pratiquement sans erreurs. Lorsqu’on leur demande de situer le nombre 5 par exemple sur une droite graduée de 1 à 10. C’est entre 6 et 10 ans que l’enfant passe d’une représentation logarithmique à une représentation linéaire du nombre. De façon plus surprenante. On leur présente ensuite divers nombres. l’un avec le nombre 1. semble-t-il. La similarité entre les nombres semble jugée sur une échelle logarithmique car celle-ci respecte les rapports entre les nombres : 3 est placé au milieu de 1 et 9 en sorte qu’il y ait le même rapport entre 3 et 1 qu’entre 9 et 3. Les Mundurucus organisent spontanément les nombres dans l’espace suivant une échelle logarithmique.PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 295 L’expérience consiste à présenter aux Mundurucus. soit sous forme symbolique (noms de nombres en langue Mundurucu ou en portugais pour ceux qui le connaissent). mais reste inexpliquée. toutefois. Un modèle classique suppose que . cette recherche met en valeur le rôle essentiel de l’éducation dans le développement mathématique : en son absence. séquences de sons). on leur demande de le positionner sur cette droite. sur un écran d’ordinateur. Dans la mesure où ces nombres ne font intervenir que les extrémités de l’échelle. tous les adultes occidentaux adoptent spontanément une représentation linéaire. 3. 2. mais à proximité de 10 — c’est plutôt 3 ou 4 qui. Pour chaque nombre. l’autre avec le nombre 10. Ainsi cette relation apparaît intuitive et spontanée. Cette « subitisation » des petits nombres est connue depuis plus d’un siècle. 4… Cognition numérique : la distinction entre subitisation et estimation Un autre travail. tous les participants ont positionné intuitivement chaque nombre dans un ordre monotone. qui respectait une relation systématique entre le nombre et l’espace. une droite étiquetée à gauche par une représentation du nombre un et à droite par une représentation du nombre 10 (présentés sous forme de nuages de points). ils laissent les personnes entièrement libres de leurs choix pour les nombres intermédiaires. réalisé lors de la thèse de Susannah Revkin. Ainsi. Nos résultats signifient donc que ce sens de la mesure et de la linéarité des nombres s’apprend et n’est pas immédiatement intuitif. la forme que prend cette relation n’est pas linéaire. selon leur intuition. Par contraste. a exploré les mécanismes d’appréhension de la numérosité d’un ensemble d’objets. dans laquelle les nombres consécutifs sont équidistants quelle que soit leur taille – la même opération de « successeur » ou « + 1 » s’applique tout au long de la ligne numérique mentale. doit se situer au milieu de 1 et de 10. chez l’animal. cependant. pour les numérosités 1 à 4 que pour tous les autres nombres et notamment les dizaines de 10 à 40. ou 4 contre 12). 20.296 STANISLAS DEHAENE la subitisation n’est qu’une forme d’« estimation précise » : nous disposerions d’un mécanisme générique d’estimation soumis à la loi de Weber. 3. et avons comparé ces résultats à ceux de la tâche classique de dénomination de 1 à 8 points. Cette théorie unifiée de la subitisation et de l’estimation est séduisante dans la mesure où. rendu possible par . en particulier dans l’hémisphère droit. Un modèle réaliste du scalp et des sources corticales distribuées. soit en un changement de l’identité des objets. l’hypothèse qu’un seul et même mécanisme sous-tend l’estimation et le comptage. nous avons testé une conséquence directe de la loi de Weber : la précision devrait être la même lorsque les participants discriminent et dénomment les nombres 1.. Nous avons comparé les potentiels évoqués par des changements imprévisibles au sein d’un ensemble d’objets. 4 contre 8. et le temps de réponse nettement plus rapide. 30. 2006). la précision du codage numérique deviendrait suffisante pour discriminer chaque nombre de ses voisins. Ces résultats réfutent. militent en faveur d’un autre modèle selon lequel la subitisation fait appel à un mécanisme entièrement distinct et dédié. Les résultats ont mis en évidence une violation très nette de la loi de Weber : la précision est bien supérieure. sans qu’ils présentent la moindre discontinuité pour les petits nombres par rapport aux grands nombres. Afin de séparer ces possibilités théoriques. des neurones codant pour la numérosité et soumis à la loi de Weber ont effectivement été enregistrés. d’une manière directe. c’est-à-dire que son imprécision augmente de façon proportionnelle au nombre représenté. 40… (dans la mesure où leur rapports sont identiques). Le mécanisme qui permet la subitisation reste inconnu. Seule l’IRM avait permis de montrer l’implication de la région pariétale. Nous avons donc entraîné des participants français à dénommer rapidement et approximativement les dizaines de 10 à 80. 2. qui consistaient soit en un changement de nombre (2 contre 3. Cognition numérique : le sens des nombres chez le bébé de trois mois De nombreuses recherches comportementales indiquent qu’une authentique compétence numérique est présente chez l’enfant de quelques mois. les mécanismes cérébraux de cette compétence restaient indéterminés.. Les topographies des voltages au niveau du scalp ont démontré des réponses massives et bien différenciées aux deux types de changements. ce qui permettrait une dénomination rapide et précise. En collaboration avec Véronique Izard et Ghislaine Dehaene-Lambertz. particulièrement chez le très jeune enfant. nous avons pu montrer les premières images de l’activité cérébrale au cours d’un traitement numérique chez le bébé de trois mois (Izard et coll. Jusqu’à présent. Pour les tous petits nombres. PLOS Biology. dans le traitement des nombres chez l’enfant de 4 ans (Cantlon et coll. mais la recherche doit s’orienter vers des propriétés spécifiques à la représentation visuelle des petits ensembles d’objets. 2008). 4… et les nombres 10. Toutefois d’autres dissociations. Nos résultats démontrent que. et affectée par les mêmes facteurs expérimentaux. aux mécanismes qui permettent à une information d’accéder à la conscience. Nous en concluons que l’introspection subjective du temps consacré à une opération mentale corrèle avec la disponibilité d’un « espace de travail global » où se prennent les décisions et qui ne peut réaliser qu’une tâche à la fois. une partie des traitements mis en jeu n’est plus accessible à l’introspection. dans une situation de « période psychologique réfractaire » où deux tâches entrent en collision et sont réalisées l’une après l’autre. depuis plus d’une dizaine d’années. Accès à la conscience : limites de l’introspection Le laboratoire s’intéresse. ce qui n’est pas le cas lorsqu’une pression temporelle s’exerce pour réaliser deux tâches conjointes le plus rapidement possible.PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 297 notre travail antérieur d’IRM du bébé. Ces résultats suggèrent que le cerveau du bébé est hautement organisé et que la grande division entre voies visuelles dorsale et ventrale est déjà présente à trois mois de vie. le délai objectif qui affecte la seconde tâche disparaît totalement de l’introspection des participants. Cette méthode d’« introspection quantifiée » se situe au confluent de nos recherches sur les nombres et sur la conscience. particulièrement à gauche. dans une tâche de comparaison simple. qui pourrait sous-tendre le développement ultérieur de l’intuition arithmétique. 2008). le temps de réponse introspectif est une mesure très sensible. Les étapes de perception et d’exécution motrices ne sont accessibles à l’introspection que lorsque cette espace est disponible. Avec Guido Corallo. après chaque essai d’une tâche chronométrique. et l’on peut étudier les limites de cette introspection. nous avons développé une nouvelle méthode d’étude des capacités et des limites de l’introspection consciente (Corallo et coll. Psychological Science. Contrairement à beaucoup d’autres études. étroitement corrélée au temps de réponse objectif. Notre introspection semble limitée aux informations qui parviennent à ce goulot d’étranglement central. Toutefois. Ils soulignent la continuité du « sens des nombres » au fil du développement et pointent vers un biais d’organisation en faveur du lobe pariétal droit. elle consiste à interroger le volontaire. quel que soit l’intervalle entre les cibles associées à chaque tâche. De cette manière.. Jérôme Sackur et Mariano Sigman. En particulier. cette introspection n’est pas seulement qualitative ou verbale. a montré que le changement d’identité entrainait l’activation des régions occipito-temporales ventrales. mais elle est finement quantifiée : le volontaire utilise un curseur analogique ou une réponse numérique afin d’estimer. sur son introspection de son propre temps de réponse. En effet. . et prétendent avoir répondu à vitesse constante. des techniques classiques de chronométrie mentale telles que la méthode des facteurs additifs de Sternberg peuvent être appliquées au temps de réponse introspectif. en millisecondes. Ceux-ci ne se rendent pas compte que leurs réponses sont considérablement différées par l’exécution de la première tâche. tandis que le changement de nombre activait la région pariétale droite. ce qu’il estime être son temps de réponse. formulée clairement par Pashler. que les étapes perceptives et motrices peuvent être menées en parallèles. qui reflète effectivement l’entrée en activité d’un réseau distribué d’aires corticales associatives. qui impliquaient de prendre simultanément une décision auditive (comparaison de hauteur tonale) et une décision visuelle abstraite (comparison de nombres). qui se déploie avec plusieurs secondes de retard par rapport à l’activité neuronale. L’IRM est effectivement limitée par la lenteur de la réponse hémodynamique. L’enregistrement des potentiels évoqués à 256 électrodes a montré que le goulot d’étranglement se traduisait par un délai massif de la composante P3. Diverses expériences comportementales ont conduit à l’hypothèse. Toutefois. soit en dehors de cette période. nous avons développé des méthodes d’analyse temporelle en IRM fonctionnelle et en potentiels évoqués. 2008). la partie antérieure de l’insula et le cervelet était partagé par les deux étapes successives de décision. . tandis que les activations sensorielles antérieures (< 250 ms) étaient strictement non-affectées par l’interférence. Dans notre nouveau travail.298 STANISLAS DEHAENE Analyse temporelle de la collision mentale entre deux tâches Avec Mariano Sigman. à l’échelle de la centaine de millisecondes (Sigman et al. soit pendant la période d’interférence. A l’aide de l’IRM. ils délimitent les contours anatomiques et fonctionnels de ce réseau décisionnel qui semble systématiquement associé aux régions pariétales et préfrontales bilatérales — un système très proche de celui que nos travaux antérieurs associent à l’accès à la conscience. Les résultats confirment que le cerveau se comporte comme une architecture à la fois massivement parallèle (aux niveaux perceptifs et moteurs) et strictement sérielle (au niveau décisionnel). le cortex prémoteur. et bien que l’ensemble des opérations soit réalisé en environ une seconde. Journal of Neuroscience. De plus. tandis qu’un réseau pariéto-préfrontal bilatéral montrait un effet de délai lié au goulot d’étranglement. qui fait référence à l’impossibilité de réaliser deux tâches simultanément. Un délai de 300 millisecondes était injecté dans la tâche auditive. afin d’identifier précisément les aires corticales et les étapes d’activation cérébrale associées à ce goulot d’étranglement central (Sigman et Dehaene. Les aires sensorielles suivaient étroitement le moment de présentation du stimulus. mais qu’une étape de décision centrale impose un goulot d’étranglement où les opérations sont réalisées en série. un réseau étendu qui impliquait les régions pariétales postérieures.. Mariano Sigman et moi-même avons montré qu’une analyse de Fourier permettait de dépasser ces limites et d’obtenir des informations sur le décours temporel de l’activité neuronale sous-jacente. nous avons demandé à des volontaires de réaliser des tâches doubles. nous avons appliqué cette méthode au phénomène de « période psychologique réfractaire ». De plus. Pour tester cette hypothèse. nous avions montré que l’idée répandue que l’IRM fonctionnelle est largement dépourvue de résolution temporelle est fausse. l’une après l’autre. NeuroImage 2007). Par le passé. nous avons pu diviser les réseaux corticaux en souscomposantes en fonction de leurs caractéristiques temporelles. D.. 35.. A. 104. Dehaene. Roche. Cerebral Bases of Subliminal and Supraliminal Priming during Reading. S. D.. S.. Adam. Dynamics of prefrontal and cingulate activity during a reward-based logical deduction task. 106. L. 2007. 55. S. 2007. C... 18. S.. 105-120.. Jobert. Journal of Vision. D. 749-759. Dehaene. J. P. A. Parsing a sequence of brain activations at psychological times using fMRI. Pallier.. Del Cul. S. Naccache. & Dehaene-Lambertz. Neuron. 19643-19648.... Le Bihan. Brain and Education. C. Dehaene.. Fast reproducible identification and large-scale databasing of individual functional cognitive networks. Pelletier.. J. PLOS Biology.. 91 Dehaene. A. A. Cerebral Cortex. R. Mind. Meriaux. D. A...P. Nakamura. S. N. Del Cul. A. M.. 17. A. Willer. Dehaene. BMC Neuroscience. J. S. Talk-specific change of unconscious neural priming in the cerebral language network. C. 384398.. Dubus. 17. 2008. Sigman. 2007. Lebihan. S. 2019-2029. J. Intact subliminal processing and delayed conscious access in multiple sclerosis.. PNAS. Jobert.. 81. J. 45.. Baillet.. F.A. 293305. . M. Kouider. Del Cul. Reuter. NeuroImage. Dehaene.. 2007. A magnitude code common to numerosities and number symbols in human intraparietal cortex. S. Izard. S. Dehaene... Subliminal words durably affect neuronal activity. Lebihan. S. Baulac. Hasboun. Dehaene. Malikova.. K. 17. 1527-1531. Cultural recycling of cortical maps. 5(10). Poline. Cohen.. Kouider S.. 1221-1247. A. M. Le Bihan. Cognition. Pinel. 2683-2691. 2007. 2007. Audoin B. B.C.. 2007. Thirion. 53. 56.. J. S.. Le Bihan. 1324-3333. Serres. Le Bihan. B. L.. D. 143-156. L.. 2007. 1-10. Bottlander.. Dehaene. Neuron. L. L. V... Jobert. Golestani.. Molko. S. S... 1. Sigman. J. Dehaene.. Clemenceau. Naccache. Perception & Psychophysics. P. Poline. Pinel. NeuroImage. S.. Dehaene.. S. S. S. P. Roumenov.. S. Cerebral Cortex. Hierarcical coding of letter strings in the ventral stream : dissecting the inner organization of the visual word-form system. 2007. S. Vinckier.. Calibrating the mental number line.. Cohen. Analysis of a large fMRI cohort : Statistical and methodological issues for group analyses. 35.. 2007. Meriaux. Sigman. J. 2007... G. 8. Cherif.. Jobert.. Jobert. Landmann.. Lebihan. 2007. Neuropsychologia. D..-P. 28-47. A.. 2008.... Dehaene. 13. Pinel. Piazza. Lyon-Caen. NeuroReport.. e260. A. D. Brain dynamics underlying the non-linear threshold for access to consciousness.. Cerebral Cortex. K. 2007. D.. A few steps toward a science of mental life. Dehaene.PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 299 Publications (2007-2008) Articles originaux Thirion. S. Sackur. M. Gaillard. S. Jobert. 2007. L. Pappata. Illusory displacement due to object substitution near the consciousness threshold... Cohen. Dehaene.. Dehaene. 69.P. 575-582. D. N.. Dehaene. Brain structure predicts the learning of foreign speech sounds. A. I. Neuron. F. M. Cohen. Dehaene. McCrink. Ranjeva. 655-668. 2007. Moving along the number line : Operational momentum in non-symbolic arithmetic. O.B. S.. M. 2008. La Mémoire. Dehaene-Lambertz. 2007. 1-29. Dehaene.. NeuroImage. Dehaene. 2007. 2008. M. 2007.. 212-238.. Revkin. C.. Dehaene. Pallier. Sensori-motor foundations of higher cognition. Piazza. The Guilford Press New. Y. Dehaene. 2007.. S. Singer. 606-614.. Strüngmann Forum Report 1. Cortex (special issue) (sous presse). Izard. Chapitres de livre Wilson. Levels of processing during non-conscious perception : a critical review of visual masking. Azouvi. J. Pica.K. In Attention & Performance XXII. Distinct cerebral pathways for object identity and number in human infants. V. S. & Dehaene. S. S. M.. Spelke. 24.. A. G..J. Naccache.. 12171220. Jobert. V. P. Livres Dehaene. S.. P. 353-366. S. Reading normal and degraded words : contribution of the dorsal and ventral visual pathways.. Sackur.. Rizzi... 2008. S. 19. L. 49-69. E. Devauchelle. Dehaene. Dupont. R. ses désordres. Semantic processing of neglected numbers. D. pp. 2008. mass. PLOS Biol. P.300 STANISLAS DEHAENE Cohen. (sous presse). Les Neurones de la lecture. Oppenheim. S. 2007. A. Fischer (Eds) Human behavior. S.. 320. 857-875. P. Editions Le Manuscrit. pp. Dehaene. 673-682. MA : MIT Press. Perrin. 40. and Rossetti. S.. J Neuroscience (sous presse). R. pp. 44. C. Pinel. S. e11. L. Cogn. Brain mechanisms of serial and parallel processing during dual-task performance. Sigman. Cortex. Dehaene. Dehaene. Lemer. V.. Articles de revue Kouider. Pure alexia as a disconnection syndrome : New diffusion imaging evidence for an old concept. L. Kurt W. 2008. Harvard University Press.. Montavont. eds.. L’imagerie cérébrale peut-elle séparer mémoires conscientes et non conscientes ? In. Pica.. Izard. learning and the developing brain : Atypical development. Cohen. (Ed) Cambridge.. Dehaene.. Neurosci. Distinct forms of evidence accumulation ? In Better than conscious ? Implications for Performance and Institutional Analysis.. P. Log or Linear ? Distinct intuitions of the number scale in western and Amazonian indigene cultures. J. pp. Symbols and quantities in parietal cortex : elements of a mathematical theory of number representation and manipulation. Epelbaum. 527-374. In Donna Coch. V. Does subitizing reflect numerical estimation ? Psychological Science. A.. Dehaene. C. S. Paris : Odile Jacob. Cohen.. M. S.. P.. Conscious and Nonconscious Processes. Limits on introspection : Distorted subjective time during the dual-task bottleneck. Cahiers de l’Herne consacré à Chomsky. Dehaene.... Katz. ses mécanismes. C. 6. Sentence syntax and content in the human temporal lobe. Haggard. L. Mazevet. Sackur. Dehaene. Gaillard. Delmaire. S. Number sense and developmental dyscalculia. J.. Cambridge. Philosophical Translations of the Royal Society B.. 2007.. Quels sont les liens entre arithmétique et langage ? Une étude en Amazonie.¸ Vinckier. S. .D. Engel C. Geraldine Dawson. A. Psychological Science (sous presse).. Dehaene... F. S. M. Pradat-Diehl. 362. 2008.. Science. S. Izard. S. Sigman. S. S.. and W. Dehaene.. Izard. Corallo. G. L.. Battro (Ed). Cohen. & Boyousslavsky. O. In The educated brain.. 125-154. Singer. 2008. Godefroy.A.. 125-147.. eds.. Strüngmann Forum Report 1.. L. (Eds) Cambridge University Press. Nadel and M. R... MA : MIT Press. Neural coding in written words in the visual word form area. S. Mccabe. Engel C. Dehaene. Il a également été nommé membre de l’Académie Pontificale des Sciences. A. Shadlen. Dehaene. M. In Cognitive and Behavioral Neurology of Stroke. Cohen. S. P. M. M. Hansen & K. Cambridge.. Numerical and spatial intuitions: A role for posterior parietal cortex ? In Cognitive Biology : Evolutionary and Developmental Perspectives on Mind. Dehaene. 2008. Phelps. and W. Pugh (Eds). Peterson (Eds.. R. Distinctions Stanislas Dehaene a été nommé au grade de Chevalier dans l’Ordre national du mérite.) Elsevier. et a reçu le Dr A. ... S. Cornelissen. W.L. Ratcliff..PSYCHOLOGIE COGNITIVE EXPÉRIMENTALE 301 Platt. 2008. Menzel. In The visual word form area. Dehaene. 14. V. E.H.. Brain and Behavior.M. 232-248. S. S. Oxford University Press (sous presse) Hubbard. L.C. In Better than conscious ? Implications for Performance and Institutional Analysis. 8. J. Plassmann H. pp. Dehaene. L. E. In : Learning and Memory : A Comprehensive Reference. Cambridge University Press. A. J. 2008. Pinel. K.J. Wilson. Oxford. pp. Changeux.-P.) Cambridge.. Piazza. Cerebral constraints in reading and arithmetic: Education as a neuronal recycling process. Singer. Tommasi. P. Izard. The neuronal workspace model : conscious processing and learning. P. Heineken Prize for Cognitive Science de l’Académie Royale des Pays-Bas. MA : MIT Press (sous presse)... R.. S. L. Acalculia and Gerstmann’s syndrome. Dehaene. Menzel (Ed. . Dans cette série. Tous ces cours ont rempli les critères des cours du Collège de France et ont été annoncés comme tels (public large et interdépartemental ou grand public). Ces cours ont été donnés respectivement dans les Universités suivantes 1 : — Massachusetts Institute of Technology : 2 cours.Physiologie de la perception et de l’action M. l’un au département de Cognitive et Brain Sciences et l’autre au département d’Astronautics . — Département de Computer Sciences et à l’Institut d’étude avancée de Colombie Britannique (Vancouver. — Département de Neurosciences du California Institute of Technology (Caltech) à Los Angeles : 1 cours . nous avons abordé divers volets du problème des principes qui permettent au cerveau de simplifier la « Neurocomputation ». Professeur Cours Principes simplificateurs dans les mécanismes cérébraux de la perception et de l’action Le cours a été consacré aux principes simplificateurs qui sous tendent la perception et le contrôle du mouvement. — Institut de Brain Sciences et à l’Hôpital Neurologique de l’Université de Portland : 2 cours . Membre de l’Institut (Académie des Sciences). Alain Berthoz. Canada) : 3 cours . — Département de Psychologie de l’Université de Harvard (Cambridge. . USA) : 1 cours. — Laboratoire MBARI de Robotique et Biologie Marine à Monterey : 1 cours . — Département de Psychologie de l’Université Santa Barbara : 1 cours . 1. 304 ALAIN BERTHOZ Une première catégorie de principes simplificateurs concerne la perception. avec précision et avec de grandes capacités d’adaptation et de flexibilité. la ségrégation des voies visuelles en modules spécialisés.). Elles ont aussi permis d’engager de nouvelles collaborations. dans plusieurs conférences. Un des aspects les plus remarquables de la simplification dans les systèmes perceptifs vient des modalités de coopération multisensorielle et du caractère actif de la perception. Ensuite. etc. Nous avons décrit les travaux expérimentaux de notre laboratoire concernant l’enregistrement intracrânien de l’activité cérébrale chez des patients épileptiques dans les voies visuelles et oculomotrices. Jacob. le contrôle du regard et la relation entre vision et motricité oculaire. L’ensemble de ces travaux et de ces conférences faites devant des publics très variés dans des Universités toutes de très haut niveau m’ont donné l’occasion de confronter mes idées avec des collègues éminents. séparation du contrôle de la direction et la distance. en particulier avec l’Université de Vancouver. j’ai fait une synthèse des travaux sur les référentiels spatiaux pour montrer que le cerveau peut utiliser une variété de référentiels pour le contrôle de l’équilibre et de la locomotion (grâce au système vestibulaire qui crée une plateforme céphalique stabilisé). loi de la puissance 1/3. J’ai en effet forgé un concept nouveau qui rend compte de ce remarquable travail de l’évolution des organismes vivants pour résoudre des problèmes complexes avec des solutions qui ne sont pas simples mais simplexes. mais qui permettent aux organismes vivants d’agir très vite. sous le titre « La simplexité ». J’ai beaucoup apprécié la possibilité donnée aux Professeurs du Collège de France de donner leur cours à l’étranger car ce « grand tour » d’Universités de haut niveau et la confrontation d’opinions qu’elle à induite a été très fructueuse pour mes recherches et celles de notre laboratoire et. pour ceux qui voudront bien lire mon livre. car elles supposent souvent en réalité des processus très élaborés. J’ai résumé ces lois (co-variation planaire. J’ai aussi décrit des travaux très récents utilisant l’imagerie cérébrale et la réalité virtuelle concernant différents réseaux du cerveau qui sous tendent la manipulation des référentiels spatiaux et j’ai esquissé une théorie nouvelle que nous élaborons avec des mathématiciens concernant le fait que le cerveau n’utilise pas seulement la géométrie euclidienne mais aussi des géométries affinées. . J’ai suggéré que les mêmes lois simplificatrices très générales sont utilisées pour contrôler les trajectoires de la main et les trajectoires locomotrices. Nous avons décrit le fonctionnement du système visuel en analysant les mécanismes simplificateurs dans les bases neurales de l’anticipation perceptive. Nous avons décrit des études sur les mécanismes de la décision de regarder. chez O. je l’espère. J’ai fait une synthèse des travaux de notre laboratoire. Une deuxième catégorie de principes concerne le contrôle de la posture et de la marche. J’ai dégagé de tout ce travail d’enseignement et de résultats de nos travaux un concept nouveau qui va donner lieu à un livre à paraître au printemps 2009. H. « Le corps et le soi dans le cerveau » . Pr Olaf Blanke. Hôpital Sainte-Anne Paris). — 23 janvier : Dr J. Ce colloque sera publié par O. Kahane (Hôpital Nord.PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 305 Séminaires Le cerveau. Aglioti (Université La Sapienza. Rome). Une série de conférences a été donnée par le Pr I. Grèzes. Berthoz.-O. la construction de robots humanoïdes est un champ nouveau de l’intelligence artificielle et donne lieu à des coopérations importantes entre neurosciences et robotique. Ces séminaires on été complétés par un Colloque international les 11 et 12 juin 2008. Hicheur. Franck (Institut des Sciences Cognitives CNRS Lyon). Fondements cognitifs de la notion de point de vue ». — 13 février : Pr S. « A la recherche du temps perdu : bases neurales de la mémoire autobiographique et de ses dysfonctionnements ». Université de Strasbourg). Berthoz. Pr P. Pr A. Dr M. Lachaux (INSERM Lyon). « Sensation corporelle et représentation de soi » (en anglais avec traduction française) . Pr A. Altérations de la prise en compte du réel dans les psychoses » . Etudes comportementales et en imagerie cérébrale » . Haggard (Institute of Cognitive Neuroscience University College Londres). Krebs & Dr I. En effet. Dr S. . — Bérangère Thirioux. « Données récente sur les bases neurales et les applications cliniques de l’hypnose » . « Danser avec un funambule virtuel : étude en EEG des bases neurales de l’empathie ». Manning (Laboratoire de Neuropsychologie CNRS. — 20 février : Pr D. Grenoble) et Dr K. Laboratoire de Réalité virtuelle) « La simulation des foules par la réalité virtuelle » . Dr Ph. Piolino (Université Paris V). EPFL Lausanne. Près de 20 orateurs ont présenté des travaux interdisciplinaires. La question du réel est importante et donne lieu aujourd’hui à des approches multidisciplinaires qui vont de la neuropsychologie à la robotique.-P. Cette question a été discutée par des conférences de psychiatres. « L’expression corporelle des émotions ». — 6 février : Pr L. « Hallucination et schizophrénie ». « Les hallucinations. le réel et le virtuel Le séminaire du cours a été consacré cette année au thème suivant : « Le cerveau. le réel et le virtuel ». contrôler et moduler l’activité de son cerveau. « Brain TV : voir. J. intitulé : « La pluralité interprétative. Becchio (Université Paris Sud Orsay). « La notion de corps virtuel ». Houben. Thalmann (Ecole polytechnique de Lausanne.-L. LPPA. — 30 janvier : Pr P. Pr Gérard Jorland. Donikian (IRISA /CNRS Université de Rennes) « Comment s’inspirer des comportements humains pour réaliser des créatures virtuelles avec des images numériques ». Jerbi (LPPA Collège de France). Petit. Amada (INSERM. des neurologues. Bases du neurofeedback et des interfaces cerveau-machine ». Dr J. Takanishi sur la robotique humanoïde. « Le réel et la fiction dans la mémoire autobiographique. L. EHESS. Yahia-Cherif (LPPA Collège de France et Ecole Jacques Lecoq). Nous avons aussi accordé une attention particulière à la question de la mémoire autobiographique et les applications de la réalité virtuelle. Berthoz et Pr J. J. Jacob dans le cadre des « Travaux du Collège de France ». organisé avec les Professeurs Brian Stock (Université de Toronto) et Carlo Ossola (Collège de France). LPPA Collège de France. — 16 janvier : Pr N. des spécialistes de l’hypnose. discussion : Pr A. — Philippe Mongin (Ecole des Hautes Etudes Commerciales. Universalité des droits de l’homme et pluralité interprétative : l’exemple des droits de l’enfant. les images et la musique. . Pluralité de points de vue et culture : réflexions sur le conflit culturel. — Sara Cigada (Université de Milan). — Carlo Ossola (Collège de France). Aarhus University Hospital. Fondements historiques et cognitifs de la notion de point de vue Jeudi 12 juin 2008 — Brian Stock (Université de Toronto). — Alain Berthoz (Collège de France). CNRS). ENS). Utilisations du langage et développement de la capacité à maîtriser plusieurs points de vue chez l’enfant. Cognitive Neuroscience Center. Waterloo et les miroirs croisés de l’interprétation. L’émotion et la persuasion politique : lectures de Robespierre. Cognitive development during adolescence. Visions et voix : une herméneutique médiévale par les gestes. Danemark). Aux origines du dialogue des cultures chez l’enfant. Le paradoxe herméneutique. What is it to you ? Spatial perspectives in language and brain. Bases neurales des relations avec autrui. — Anne Andronikof (Université Paris X). Département de Sciences juridiques). Pragmatique de l’interprétation.Hôpital de la Salpétrière). Interpréter le discours de l’autre en psychologie clinique : projections et déviances. — Edy Veneziano (Université Paris Descartes . CNRS). de Stendhal à la théorie des jeux. Les formes et modèles du procès pénal . Les ambiguïtés du jugement. — Julie Grèzes (INSERM. — Dan Sperber (Ecole Normale Supérieure. — Jean-Claude Schmitt (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales).sauvegardes contre la manipulation ? — Emmanuel Decaux (Université Paris II). Sources historiques de la pluralité. CNRS/Paris IV. Le pluralisme religieux. — Carlo Severi (Ecole des Hautes études en Sciences Sociales et Collège de France). Politesse et point de vue dans les dialogues de la Renaissance italienne. — Stéphanie Burnett et Sarah Blakemore (University College. — Francisco Jarauta (Université de Murcia). Relativité de la traduction et relativisme. — Mikkel Wallentin (Center for Semiotics and Functionally Integrative Neuroscience. Dialogue des interprétations : les Tre filosofi de Giorgione. La manipulation mentale des points de vue : un des fondements de la tolérance ? — Olivier Houdé (Université Paris Descartes et Institut Universitaire de France). Institut Jean Nicot. — Heike Jung (Université de la Sarre. ENS).306 ALAIN BERTHOZ La pluralité interprétative. Londres). — Roland Jouvent (Université Paris VI . — Annick Paternoster (Universités de Leeds et Lugano). Vendredi 13 juin — Michel Tardieu (Collège de France).CNRS). — Barbara Cassin (Centre Léon Robin de Recherche sur la pensée antique. Les robots humanoïdes comme outils pour l’étude scientifique du comportement humain. sur la proposition du professeur Alain Berthoz. 26 juin : Pr G. a donné une série de leçons sur Rythms of the brain : 1. 4. La thèse de Céline Devisme (contrat Cifre avec Essilor) est centrée sur l’étude des gradients de disparité binoculaires horizontaux et verticaux et leur influence sur la perception du relief en vision périphérique. Neuronal synchrony : internally advancing assemblies in the hippocampus. mouvement de la main. Boucheny Notre équipe étudie la perception des caractéristiques géométriques et dynamiques des objets. Elle a également étudié l’influence de la vitesse oculaire pendant la poursuite sur la perception de la direction du mouvement d’une cible visuelle. déplacement de la tête. Ces études permettent de quantifier l’incidence des distorsions induites par le port de verres ophtalmiques. « Neuro-inspired motor anticipatory interface for teleoperation ». notamment dans le contexte de la perception active c’est-à-dire lorsque le sujet est engagé dans une tâche motrice impliquant une interaction forte entre le traitement des informations sensorielles et l’exécution d’une action motrice : mouvement du regard. dont une a été soutenue cette année. Relations entre la robotique des humanoïdes et la culture et la société au Japon. « Cognitive signals for brain . La thèse de Christian Boucheny (codirigée avec Georges-Pierre Bonneau.1. — 3 juillet : Dr E. invité par l’Assemblée des Professeurs. Torres (California Institute of Technology. Travaux de recherche des équipes du laboratoire 1. Lausanne Suisse).PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 307 Séminaires divers du laboratoire — 10 janvier : Dr J. Dijon). USA). — 26 mars : Pr A. Pozzo (INSERM U887. C.Computer interaction ». « Learning movement time from space in the primate Posterior Parietal Cortex ». Perception visuelle des objets et du mouvement J. Rossini (ESA/ESTEC Netherlands). Sirota (CMBN Rutgers Newark NJ. Neuronal synchrony : metabolic and wiring costs of excitatory and inhibitory systems. « le codage central de la gravité : approche comportementale et corrélats neuronaux ». Neuronal synchrony : oscillatory and non-oscillatory emergence of cell assemblies. sur la proposition du professeur Alain Berthoz. Newark. USA) invité par l’Assemblée des Professeurs. USA). C. EPFL. 2. « Role of oscillations in coordination of activity within and between the neocortex and hippocampus ». — 12 et 19. 3.B. Millan (IDIAP Research Institute. Buzsaki (Professeur à Rutgers University. Morvan. Deux conférences sur les sujets suivants : 1. Devisme. C. — 3 mars : Dr L. Neuronal synchrony : coupling of hippocampal and neocortical systems. . — 30 juin : Dr T. Droulez. Takanishi (Professeur à l’Université Waseda de Tokyo. Ces recherches sont organisées autour de 2 thèses. 2. — 25 et 27 février : Pr A. Japon). contrat Cifre EDF) a pour objectif l’étude psychophysique des méthodes de visualisation scientifique. APPROCHE PROBABILISTE ET PERCEPTION ACTIVE 1. Del R. L.308 ALAIN BERTHOZ notamment les techniques de rendu volumique et de restitution cinématique. Laurens Dans le cadre du programme européen BACS dont l’objectif est de démontrer l’intérêt de l’approche Bayésienne en robotique et pour les sciences cognitives. notre équipe s’intéresse plus particulièrement à l’implementation de l’inférence bayésienne par des réseaux de neurones biologiquement plausibles et à la modélisation des interactions multi-sensorielles (fusion d’informations) par des réseaux bayésiens auto-adaptatifs.3. 1. Enfin. la thèse de Simon Capern est centrée sur la modélisation de la perception du mouvement et des réseaux neuronaux codant les fréquences spatio-temporelles des stimuli visuels. les caractéristiques dynamiques de la perception du mouvement et les ambiguïtés qui résultent de l’équivalence gravité-inertie sont expliquées par les connaissances a priori quantifiées de façon probabiliste. couplant un oculomètre de précision à des algorithmes de simplification dans le cadre de la visualisation de grandes bases de données tridimensionnelles. J. Capern. en collaboration avec T. S. Droulez.2. La modélisation par mixture de gaussiennes de la distribution des boutons synaptiques fournit une représentation quantitative dense des données . 1. Dans ce modèle. Nous avons développé un modèle bayésien dynamique de la perception du mouvement propre à partir des informations vestibulaires (thèse de Jean Laurens). Approche probabiliste de la fusion d’information et de l’analyse de signaux biologiques J. Enfin. Chaperon & D. Colas. Foubert. Bennequin De nouveaux outils probabilistes ont été développés pour la calibration et à l’estimation de la pose de caméra ainsi qu’à l’extraction de données 3D à partir de séquences vidéo dans différentes conditions d’éclairage dans le cadre d’une collaboration avec EDF. Modélisation bayésienne des comportements sensori-moteurs J. Il a également mis en place de nouvelles méthodes de visualisation interactive. dans le cadre d’un stage post-doctoral. F. Droulez. codirigée par Pierre Bessière). Ces algorithmes sont utilisés dans l’interprétation et la numérisation 3D de bâtiments ou de sites préhistoriques (Lascaux) et archéologiques (Delphes). Nous avons également développé un modèle unifié de la perception des objets tridimensionnels à partir des informations visuels (flux optique) et de la connaissance du mouvement propre (signaux vestibulaires et moteurs). Ce modèle permet d’intégrer de façon cohérente les hypothèses de rigidité et de stationnarité et reproduit un grand nombre de résultats psychophysiques (thèse de Francis Colas. ainsi qu’un modèle (en collaboration avec Daniel Bennequin) de la distribution des réponses aux fréquences spatio-temporelles dans V1 qui rend compte des résultats décrits en imagerie optique. Camille Morvan a terminé une étude sur l’intégration des signaux rétiniens et de la copie efférente de la commande oculaire dans la perception de la vitesse d’une cible. Une revue des modèles de détection du mouvement a été réalisée. Tokyo. Une question ouverte est donc de comprendre par quels mécanismes et à quel niveau les probabilités sont codées et manipulées.1. 1. Tokyo. nous avons obtenu des cartes corticales avec une résolution spatiale de 20 μm et une résolution temporelle de 3 ms sur de grandes étendues de cortex. position. Université Paris 7).PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 309 neuro-anatomiques et un outil précis de détermination des clusters (thèse de Luc Foubert. mouvement. Bennequin (Institut de Mathématiques. A. En appliquant un colorant fluorescent voltage-sensible sur le cortex. Droulez (LPPA) et D. . 2. (Riken BSI. Droulez. A. L.4. Mise au point de l’utilisation de colorants sensibles au potentiel de membrane pour l’imagerie optique. en collaboration avec P. Premières données expérimentales L. Dans le cadre de sa thèse. Enfin l’analyse statistique fine du bruit des données d’imagerie optique corticale a permis de proposer de nouvelles méthodes de traitement applicables aux enregistrements en fluorescence voltagedépendante. Ces modèles supposent que le cerveau est capable de représenter des distributions de probabilités sur des variables pertinentes (forme. Tout récemment. Implementation des calculs probabilistes par les interactions biochimiques J. Audrey Houillon développe cette idée en l’appliquant au fonctionnement des photorécepteurs. nous explorons l’idée selon laquelle les réseaux biochimiques complexes de la signalisation cellulaire sont capables d’effectuer ces tâches computationnelles. J. En collaboration avec S. INTÉGRATION INTERHÉMISPHÉRIQUE ET PERCEPTIF SENSORIELLE C. Japon) La technique d’imagerie optique permet de mettre en image l’architecture fonctionnelle du cortex tant les domaines spatiaux que temporels. Son principe de fonctionnement en est le suivant : une caméra CCD à haute fréquence de rafraîchissement (500 Hz) est placée au-dessus de la préparation et enregistre les variations de réflexion d’une lumière incidente qui varient avec l’activité corticale. Tanaka (Riken BSI. En collaboration avec S. Milleret. Bessière Les modèles Bayésiens sont particulièrement efficaces pour rendre compte du comportement et de la perception face à des situations incertaines et des stimuli ambigus. Ribot. Milleret. Japon). codirigée par Chantal Milleret). ce qui correspond à une réelle prouesse technique. Foubert. etc. Houillon. Tanaka. nous avons en outre obtenu nos premières cartes transcalleuses au niveau du cortex visuel primaire du chat. simultanément au niveau des 2 hémisphères. Foubert. 2.) et d’effectuer des calculs probabilistes sur ces distributions. C. Grantyn. courant 2007. En collaboration avec Pierre Bessière. J. en préparation). b) double également le nombre d’amas synaptiques formés par ses arborisations . mais restent toutefois confinés aux couches supragranulaires. nous avons montré que : a) La surface corticale occupée par chaque terminaison calleuse chez les animaux MD est en moyenne 2 fois celle qui est observée chez les animaux NR .25 μm. la densité synaptique est grandement diminuée. nous avons aussi montré que l’occlusion monoculaire précoce : a) double l’étendue et le volume de l’arborisation terminale des axones calleux au niveau cortical chez l’adulte . Par une approximation ellipsoïdale. la plupart des terminaisons callosales présentes dans le cortex visuel primaire ont un tronc principal dont le diamètre est compris entre 0. C. Droulez (LPPA) et D. ces mêmes terminaisons calleuses ont un tronc principal de diamètre similaire à ceux des animaux normaux. en d’autres termes. Par la seconde méthode quantitative.. Analyse quantitative des effets d’une occlusion monoculaire précoce sur la morphologie des axones calleux L. Foubert. 2) Chez le chat adulte ayant subi une occlusion monoculaire précoce (MD).45 et 2. le nombre de boutons synaptiques terminaux s’accroît très significativement par rapport à la normale. on devrait mieux comprendre comment le corps calleux contribue à l’élaboration de la perception visuelle. Parallèlement. nous avons tenté de parfaire cette analyse comparative des axones calleux NR et MD par 2 analyses quantitatives sophistiquées de la dispersion globale des branches terminales et des boutons. Nous l’avons confirmé récemment. ces nouvelles méthodes d’analyse devraient permettre d’établir dans le futur une corrélation assez étroite entre l’anatomie et la fonction cérébrale. Bennequin (Institut de Mathématiques.2. Université Paris 7) Sur la base de simples observations. d) L’angle général de la distribution des branches terminales et des boutons synaptiques avec TZ est de 70° chez les NR alors qu’il est seulement de 49° chez les MD. c) Les arborisations terminales se terminent à 80 % dans TZ chez les animaux NR alors qu’elles ne terminent plus qu’à 20 % dans cette même région chez les animaux MD . En collaboration avec J. nous avons antérieurement montré que : 1) Chez le chat adulte normal (NR). Dans le contexte qui nous intéresse. Milleret. A17 et A18. Elles sont localisées presque exclusivement dans les couches supragranulaires (II/III) de la bordure entre les aires visuelles primaires 17 et 18 (TZ). Mais ils envahissent cette fois très largement TZ.310 ALAIN BERTHOZ 2. b) Le volume occupé par chaque terminaison axonale (= volume de l’ellipsoïde) est également en moyenne deux fois celui qui est occupé chez les animaux NR . Innocenti (Houzel et al. Au-delà. Au cours de l’année qui vient de s’écouler. 1994). Par là même. L’équipe l’a bien établi en collaboration avec G.. elle devrait beaucoup nous aider à établir une corrélation précise entre les connexions calleuses et les cartes spatio-temporelles qu’elles définissent. c) divise par 10 le rapport entre le volume des amas synaptiques et celui de l’arborisation terminale totale . avec un nombre relativement limité de boutons synaptiques. en combinant imagerie optique et étude anatomique (Rochefort et al. . chacune faisant appel aux mêmes réponses comportementales et présentant des indices comparables. dans une approche analytique a priori. Douchamps. F. La première approche à ce problème est d’analyser les corrélats comportementaux des cellules impliquées fortement dans les composantes principales. et l’état de synchronisation entre les structures. Benchenane. 3. Mais chacune des tâches implique des types de traitements d’informations différents. Le travail consistera alors à vérifier et à spécifier l’existence d’invariants (de façon purement spéculative — et à titre d’exemple — il se pourrait que seules les composantes principales recrutant des cellules corrélées à la préparation de l’action et à au résultat de cette action se réactivent). récompense. De façon assez similaire. V. Peyrache. M. préférence spatiale. En effet. A. etc. MÉMOIRE SPATIALE ET NAVIGATION S. Nos approches permettent à comprendre le lien qu’il existerait entre ces réactivations et l’apprentissage per se. Inversement. architecture synaptique et neurochimique). Analyses de l’activité d’ensembles de neurones lors de l’apprentissage et alternations de stratégie Les analyses de réactivations jusqu’à présent ne sont pas explicitement reliées à l’apprentissage de la tâche. la restriction du calcul des composantes principales peut se faire non pas sur les variables (l’activité cellulaire) mais sur des périodes d’intérêt définies de façon ad hoc (par exemple les périodes précédent ou suivant la récompense).PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 311 3. Tierney. il ne s’agit que d’une étude d’activité globale reposant sur des comparaisons de corrélations. Finalement. Il sera alors vérifié si ces composantes principales tendent à se réactiver ou non. Nous avons continué nos analyses des enregistrements multivoies chez les rats effectuant deux tâches différentes dans le même labyrinthe en forme de Y (trois bras séparés de 120°). qui dépendent des caractéristiques propres des régions impliquées (connexions anatomiques. Battaglia (Université de Amsterdam) Afin de mieux comprendre les interactions dynamiques au niveau de structures impliquées dans la planification et la prise de décision au cours de la navigation. en collaboration avec P. K. une dernière approche serait de trouver les composantes principales qui maximisent la réactivation (par exemple en calculant les composantes principales sur les périodes de sommeil suivant la tâche) et de regarder les corrélats comportementaux des cellules que les sous groupes cellulaires . Des classes de cellules peuvent être ainsi définies selon leurs sélectivités : préparation de l’action. nous continuons à employer une double approche comportementale et électrophysiologie. En comparant des réponses de neurones lorsque l’animal met en œuvre différents processus cognitifs. Khamassi. E. Tabuchi (LPPA). préférence à la position de la lumière.1. nous déterminons le profil d’activité d’ensemble de neurones correspondant.I. Wiener. les composantes principales seront calculées sur des sousgroupes de cellules prédéfinies en fonction de leurs corrélats comportementaux. Deux possibilités vont être alors possibles : ces pics correspondent à des coactivations ayant lieu toujours dans le même sens (pour deux cellules anti corrélées pendant l’éveil. Nos données montrent que les jours ou le rat atteint le critère de réussite de la tâche. un acteur important dans le traitement « off-line » des nouvelles informations. Nous évaluons maintenant la relation entre les décharges neuronales du LC et l’activité en ripples au niveau de l’hippocampe (en collaboration avec Adrien Peyrache. 2008). l’étude des corrélats comportementaux de ces deux cellules pourrait apporter une information d’un grand intérêt sur la nature de la réactivation. Au niveau de l’hippocampe. Eschenko. pendant le SWS. 2 h après l’apprentissage (Eschenko & Sara.. thalamo-corticales et hippocampiques tout à fait particulière. cela ne relève pas forcément du mécanisme physiologique. nous avons observé une augmentation du taux des oscillations à haut fréquence (ripples) (Eschenko et al. En effet. 3. Le système noradrénergique dans la plasticité des réseaux neuronaux lors de la remémoration et de la reconsolidation Susan J. Cette mesure de réactivation ne fournit en rien les détails des mécanismes physiologiques sous-jacents.312 ALAIN BERTHOZ se réactivant recrutent. la mesure de réactivation appliquée au période d’éveil fournit les temps pendant lesquels la mesure « prend » sa valeur (la corrélation est calculé sur une grand période. O. Max Planck Institute for Biological Cybernetics). au contraire. 2008). nous étudions les cohérences entre les potentiels de champs locaux dans la bande thêta entre l’hippocampe et le cortex préfrontal.2. DR1 (emerita) L’apprentissage modifie le pattern de sommeil consécutif chez le Rat. Pour étudier les relations entre les activités de l’hippocampe et du cortex préfrontal par biais des analyses des LFPs. on observe une augmentation de la cohérence au point de décision (bifurcation) dans le labyrinthe. et augmente la densité des fuseaux dans l’EEG cortical. On peut donc estimer que le LC est. S’il s’avère que les coactivations respectent un schéma invariant. Ces phénomènes oscillatoires ne sont pas indépendants et. Les décharges des cellules du LC sont synchronisées avec les oscillations lentes et les spindles au niveau du cortex préfrontal. tout au plus point elle les moments d’intérêt aussi bien pendant le sommeil (maximum de réactivation) que pendant l’éveil. De plus. de grandes synchronisations sont observées lors de cette phase de sommeil. Le sommeil à ondes lentes est caractérisé par des oscillations corticales. A la lumière de ces résultats impliquant le système noradrénergique . Cependant. il y a une augmentation systématique du taux de décharge des neurones noradrénergiques du LC pendant le SWS. Sara. mais seul certain laps de temps peuvent être cruciaux pour l’établissement d’une corrélation significative). Il sera très intéressant par exemple de regarder l’activité cellulaire pendant les pics de réactivations. avec l’hippocampe et le néocortex. les pics correspondent toujours à l’activation de l’une et à l’inhibition de l’autre) ou non. L’enregistrement simultané des potentiels de champs locaux dans le cortex préfrontal médian et l’hippocampe va nous permettre de corréler l’activité physiologique aux réactivations. déjà pratiqué au sein de l’équipe. de l’imitation et de la formation des entités collectives ? La théorie des « actes de parole » (Austin-SearleVanderveken) qui repose sur l’interprétation des actes sociaux en termes d’attitudes propositionnelles — donc de proposition — pourra-t-elle retrouver la dimension posturale des attitudes en renouant avec l’action ? Les données sur les corrélats neuraux de la préférence et du jugement de valeur suffisent-elles à combler le fossé entre l’être naturel et le devoir être ? A toutes ces questions la phénoménologie laisse entrevoir une réponse cohérente. Renonçant à faire reposer le sens propositionnel sur les capacités théorique et linguistique du sujet pensant. Berthoz (LPPA) L’ouvrage paru à l’automne 2006 (traduction anglaise à Oxford University Press 2008) a mis en place une interprétation de la physiologie de l’action dans la perspective du dernier Husserl.PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 313 dans le traitement d’information pendant le SWS. Etaient du même coup posés de nouveaux problèmes que nous avons traités en répondant à diverses invitations à des conférences dans des congrès internationaux. nous avons donc travaillé à une conception de la gradation continue du « faire sens » depuis les valeurs biologiques dont se chargent les patrons d’activité fonctionnelle des circuits cérébraux jusqu’aux actes intentionnels orientés vers un but et accessibles à l’expression dans le langage naturel. sinon unique. Physiologie de l’action et phénoménologie J. Contre la croyance en l’existence d’un seuil du sens ou d’une frontière entre non sens et sens. A. Husserl enracinait le sens du monde vécu de l’agent humain dans les systèmes kinesthésiques de son organisme. MÉMOIRE SPATIALE ET CONTRÔLE DU MOUVEMENT 4. . L’originalité de l’approche de la perception par la physiologie de l’action ressortait ainsi clairement par rapport à l’idéologie de la cognition à base de représentation et de transformation d’information externe. Le couplage avec l’enregistrement des ensembles.1. permettra d’élargir et approfondir nos connaissances sur la manière dont s’effectuent les interactions entre les réseaux neuronaux lors de l’apprentissage et la mise en mémoire. Petit (Université de Strasbourg). 4.-L. nous évaluerons la relation entre le décharge les neurones du LC et le « replay » des configurations d’activations des ensembles de cellules au niveau hippocampique et corticale. sur la base des affinités entre son analyse du vécu et la conception du dynamisme fonctionnel du cerveau comme théâtre d’un « effort de l’être vers le sens ». Quelle contribution les mécanismes fonctionnels du système nerveux peuvent-ils apporter au sens des actions pour l’agent lui-même ou un partenaire ? La découverte des systèmes résonnants du cerveau va-t-elle relancer le mouvement de naturalisation des sciences sociales en donnant la clé de l’empathie. ainsi que le rôle facilitateur du système noradrénergique dans ces interactions. Un tel modèle a été proposé dans une série de travaux menés par l’équipe de Dominey et Arbib au début des années 90. intégrant des connexions entre noyaux usuellement négligées. 2007) a permis la mise en place d’une preuve mathématique fondée sur des données neurobiologiques reliant cette élaboration à la géométrie des cartes.C. Sélection de l’action B. Génération des mouvements saccadiques Le colliculus supérieur a un rôle central dans l’exécution des mouvements saccadiques. A. Au-delà de cette simple mise à jour. doté d’une capacité de sélection supérieure à celle du précédent modèle de (Gurney et al. cortex intra-pariétal latéral. 1998) peut aider à comprendre la stabilité de fonctionnement du cerveau.). N.2. colliculus supérieur. de nombreux résultats expérimentaux récents suffisent à en justifier une mise à jour. Coninx. l’idée proposée par Slotine et Berthoz que la théorie de la contraction (Lohmiller et Slotine. Girard.2.. Nous avons proposé un nouveau modèle de ces boucles.1. Ces cartes ont des géométries particulières : linéaires ou logarithmiques-complexes. Slotine (NSL.J. Modèles computationnels contractants des circuits saccadiques : du tronc cérébral au cortex B. 4. etc. 2001a.314 ALAIN BERTHOZ 4.. MIT USA) Les saccades oculaires sont un objet d’étude privilégié en neurosciences. 2006). Paris 7) & J. 4.. Berthoz. Nous avons également démontré la contraction des /locally projected dynamical systems /(lPDS) introduits . 2006). Pise) dans le cadre du projet Neurobotics (Manfredi et al. A. dans le cas concret et très documenté des circuits saccadiques. cependant. A. Pham.-J. Un nouveau schéma de recollement a été proposé et s’est montré capable de corriger les erreurs systématiques de la méthode standard proposée par van Gisbergen et al. guidés par apprentissage par renforcement. Ils semblent impliqués dans des processus généraux de sélection. Slotine (NSL. Ce modèle a été conçu comme contractant. Girard. il est composé d’un empilement de cartes rétinotopiques encodant la position des cibles dans le champ visuel. Une étude de l’élaboration de la commande saccadique dans le colliculus supérieur et la formation réticulée (Tabareau et al. 2005. Berthoz (LPPA). en collaboration avec D. cervelet. ce projet de recherche a pour objectif d’évaluer. N. MIT) Les ganglions de la base sont un ensemble de noyaux sous-corticaux interconnectés formant des boucles parallèles avec le cortex frontal. en collaboration avec J. ganglions de la base) et corticaux (champs oculaires frontaux. Une implementation robotique préliminaire a été menée en collaboration avec le laboratoire ARTS (Scuola Superiore Sant’Anna.b) et capable d’amplification sélective du signal cortical (Girard et al. Tabareau. Q.2. (1987). qui a donné lieu à de nombreux allers-retours entre modélisateurs et expérimentateurs depuis plus de 30 ans.2. La richesse des données accumulées permet d’envisager la modélisation de l’ensemble de ces circuits. Bennequin (Institut de Mathématiques. La génération de saccades implique l’activation de nombreux circuits neuronaux sous-corticaux (formation réticulée. Tabareau. Des mesures de mouvements des yeux dans cette tâche ont été menées. en collaboration avec P. Contributions sensorielles pour la perception du mouvement M. une nouvelle tâche expérimentale. La relation entre la vitesse angulaire (rétinienne) et linéaire (égocentrique) n’est pas triviale. 1993) et avons proposé de les utiliser comme nouveau modèle de neurones artificiels (Girard et al. en d’autres termes j’exclue l’utilisation de toute stratégie cognitive de navigation reposant sur des repères visuels pour la perception du mouvement. F. Grenoble). Girard. Bessière (LIG. en collaboration avec P. B. un modèle de sélection de cibles pour les mouvements des yeux formalisé dans le cadre de la programmation bayésienne est en cours de développement. Bülthoff (MPI. 4. ces données sont utilisées au LPPA pour tester et ajuster les paramètres du modèle. vision centrale. Capelli (LPPA).1 Perception des vitesses lors de mouvements propres visuels M. Colas. vision périphérique). nous disposons d’un ensemble d’informations qui sont traitées par le cerveau et renseignent sur notre mouvement relatif et notre position dans le monde. Pretto et H. Parallèlement. 4. 4. inspirée du protocole MOT (Multiple Object Tracking) de Pylyshyn. Tübingen) Afin d’étudier le rôle de la prise en compte explicite de l’incertitude dans les processus de sélection de l’action. Berthoz (LPPA). T. Vidal.. et du contraste. Je travaille actuellement en collaboration avec Paolo Pretto au MPI à Tübingen. Le modèle contractant résultant a été appliqué à la résolution d’une tâche standard de survie en robotique autonome. sur un projet cherchant à caractériser l’extraction de la vitesse propre lors de translations visuelles sur un plan. Ce travail est intégré au projet européen Bayesian Approach to Cognitive Systems (BACS). Pretto. 2008). Canto Pereira. Bülthoff (MPI) Le traitement du flux optique joue un rôle fondamental dans l’analyse de notre mouvement. A. Il est fondé sur des cartes d’occupation reprenant la géométrie du colliculus supérieur. en coopération avec P. Nous avons mené une série d’expériences avec l’écran panoramique du Max Planck Institute (240° × 120° de champ) afin de caractériser le mécanisme de compensation de l’inclinaison du regard et l’influence de la zone visuelle disponible (champ de vision total. sujet de débats . Ce dernier point.3. et pourtant le monde que nous percevons ne se déforme pas lorsque nous nous déplaçons. Tanner et C. L. Tübingen) Ces travaux de recherches s’inscrivent dans le cadre général de l’étude de la perception du mouvement. H. Modèle Bayésien de la sélection de saccades F. A. Curio (MPI. Vidal. INRIA.2. mais réalisée avec un champ de vision plus large et avec les yeux libres de bouger a été proposée. Lorsque nous nous déplaçons. Flacher.3.H. Je m’intéresse dans ce projet aux informations visuelles non localisantes.PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 315 par (Dupuis et Nagurney.3. afin de montrer son efficacité en tant que Système de sélection de l’action. Les résultats mettent en évidence une dominance visuelle dans l’intégration sensorielle pour la perception de rotations pures. Vidal au MPI. mais dans le cas de mouvements décélérés. 4. nous étudions comment les informations internes (vestibulaires et proprioceptives) se combinent avec le flux optique pour créer un percept de mouvement propre. Nous avons examiné si à partir de stimulations visuelles seules. Capelli. . en collaboration avec H. Les résultats préliminaires montrent une amélioration du mécanisme de compensation rétino-topique vers égocentrique pour la perception des vitesses lors du stimulation large champs. la tâche consistait à estimer le TTC entre un observateur et un objet en mouvement accéléré vers lui.3.316 ALAIN BERTHOZ dans la littérature.H. mais aussi lorsque les yeux peuvent accompagner le mouvement. Dans ces études. il semblerait que l’estimation soit basée sur des informations de 1er ordre (prologation de la dernière vitesse). Vidal Peu d’études ont mis en évidence l’utilisation des informations d’accélération de l’objet pour l’estimation du Temps restant avant l’impact (TTC) dans les tâches d’interception (Rosenbaum. afin d’étudier le cas de rotations en lacet dans un contexte visio-vestibulaire. Vidal. 2001). Bülthoff (MPI) Des informations inertielles sont fournies par le système vestibulaire et les organes internes et des informations de position sont fournies par la proprioception. McIntyre et al. La tâche du sujet était de préciser à quel moment il atteindrait un drapeau placé devant lui sur chemin. A. 4. présente un intérêt majeur pour les simulateurs de conduite lors de la reproduction de situations accidentogènes provoquées par le brouillard. Des travaux préliminaires ont déjà été effectués par M.2 Perception et mémorisation de mouvements visio-vestibulaires M. l’information d’accélération peut être extraite afin d’effectuer correctement l’extrapolation du mouvement et donc l’estimation du TTC.. Dans le cadre d’un projet Européen Moves.3. Nous avons utilisé l’écran courbe du LPPA (185° de champ horizontal). Nous envisageons également d’étudier l’estimation du temps restant avant l’impact lors de stimulations visiovestibulaires car la mesure de l’accélération par nos capteurs vestibulaires pourrait venir compléter les informations visuelles afin d’améliorer les estimations du TTC établies à partir de celles-ci. M. 1975 . Capelli. De nombreuses études sur le rôle des informations vestibulaires dans la perception du mouvement ont été réalisées au LPPA dans le passé. Les résultats indiquent une prise en compte de l’accélération dans l’extrapolation du mouvement propre.3 Estimation du temps restant avant l’impact lors de mouvements propres A. et vers il était visuellement déplacé. L’objectif est de déterminer quelle sera la contribution respective de chacune des modalités et en particulier s’il y a une intégration continue avec les informations visuelles ou juste une prise en compte ponctuelle des informations vestibulaires. 5. Influence des stimulations visuelles et haptiques sur la représentation du schéma corporel I. Wicker (Institut de Neurosciences Cognitives de la Méditerranée-INCM. Dr C. Une telle déviation est corrélée directement à la plasticité rapide et réversible du schéma corporel humain. en particulier le cortex prémoteur et le cortex pariétal (Grèzes et al. Notre protocole expérimental consiste dans l’adaptation des manipulations portant sur l’induction de la plasticité rapide et réversible du schéma corporel humain. F. Marseille). Fruchart. Bayetti (LPPA CNRS Collège de France. de Gelder (Donders Lab for cognitive and affective neuroscience. Collaborateurs : Professeur A. Nous y introduisons un component sensorimoteur afin d’évaluer le potentiel rôle de l’agencivité et des processus efférents dans la modulation des processus de plasticité rapide du schéma corporel humain.1. Berthoz Nous cherchons à savoir le rôle de la plasticité rapide du schéma corporel humain dans le processus de substitution sensorielle visuo-haptique. son indice. Calmels (INSEP. tels que l’Illusion de la Main en Caoutchouc (Rubber Hand illusion). intentions et émotions d’autrui J. Ces structures sont activées de façon plus prononcée lorsque le sujet est capable de .4. Cette incongruité est censé provoquer une modulation et/où une déviation de la localisation du retour d’effort haptique au-delà des limites du schéma corporel envahissant l’espace péripersonal de l’individu. Bases neurales de la perception des actions. L. Dr S. Ce projet combine des approches. en représentant. La perception des actions d’autrui La perception d’une action est associée à des activations au sein de régions cérébrales connues pour leurs rôles dans préparation et l’exécution d’une action. 2003). Berthoz (Service de Psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte. Paris). Professeur B. CNRS. 4. Pichon. Tilburg University. à détecter les intentions et les émotions qui sont à l’origine de ce comportement et qui leurs sont associés. Olive & A. qui jouent un rôle crucial dans la communication et l’interaction sociale. comportementales et des techniques de neuro-imagerie fonctionnelle (IRMf) chez le sujet normal et pathologique. The Netherlands). Paris) Notre projet de recherche porte sur la perception et la compréhension des comportements moteurs réalisés par autrui. Grezes (LPPA). C. en conséquence.5. 4.PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 317 4. Dr B. Paris). Pouga. Notre protocole expérimental en psychophysiologie évalue les effets comportementals de l’individu confronté à un conflit de caractère multisensoriel visuo-haptique fondé sur l’introduction d’une incongruité spatiale entre l’endroit d’acquisition du retour d’effort haptique et la localisation visuelle de ce même endroit. S. Institut Mutualiste Montsouris. Berthoz. Le but est de décrire les mécanismes cognitifs et d’identifier les corrélats neuroanatomiques qui sont impliqués dans les capacités à comprendre la signification du comportement d’autrui. Des films ont été réalisés. a pour but d’étudier les bases neurales associées à la perception d’expressions corporelles d’émotions (peur et colère) et de tester le couplage entre émotion et action. Une même étude sur la peur a été réalisée chez des sujets sains et des sujets autistes — Asperger en collaboration avec le Dr Bruno Wicker... Crétual. Olivier (Université de Rennes). gyrus frontal inférieur et cortex prémoteur . Une meilleure connaissance du mode de fonctionnement du système résonance motrice pourrait avoir des implications directes par exemple dans le cadre de la rééducation. J. A.. un projet actuellement en cours a pour but d’examiner si ce phénomène de résonance motrice est activé chez des sportifs de haut niveau blessés. validés.6. ainsi que dans le cortex cingulaire antérieur qui joue un rôle dans la régulation émotionnelle (Pouga et al. Calmels.) afin de dégager l’influence des modalités sensorielles et motrices sur la formation des trajectoires complexes.318 ALAIN BERTHOZ reproduire. 2007). Wiener (Freiburg University. Toulouse). en collaboration avec le Professeur Alain Berthoz. région ayant un rôle crucial dans l’évaluation émotionnelle. En . Les résultats des deux premières études en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle suggéraient que la perception d’expressions corporelles de peur et de colère. Grèzes et al. le Professeur Béatrice De Gelder. Laumond (LAAS. La perception des expressions corporelles émotionnelles d’autrui Cette partie du projet. Nous nous intéressons par exemple à la locomotion exécutée dans diverses conditions expérimentales (avec/sans vision de la cible. 2006). Allemagne). 4. par rapport à une action n’appartenant pas à son répertoire moteur (Calvo-Mérino et al. seuls les témoins par rapport aux sujets autistes présentent des activations au sein du système émotionnel (amygdale. La gymnastique artistique a été choisie car c’est une des rares disciplines sportives où un/une athlète blessé(e) au membre supérieur (membre inférieur) peut poursuivre son entraînement en réalisant des mouvements sollicitant les membres inférieurs (membres supérieurs). Hicheur (Hertie Institut. Pichon et al. 2004. par rapport à une expression neutre. en marche avant/arrière.5.2.-J.. celle de se préparer à agir en réaction à l’émotion perçue (Grèzes et al. édités. L’expérience en IRMf a débuté en septembre 2007. vitesse lente/rapide. J. Calvo-Merino et al. 4.-H. J. Planification et contrôle de la locomotion chez l’homme H. engage une étape supplémentaire. sachant que ceux-ci sont temporairement dans l’incapacité de réaliser certains gestes en utilisant la technique d’IRMf.-P. Swann Pichon et Lydia Pouga. En collaboration avec le Dr C. Enfin. Nous montrons qu’il existe des différences cérébrales au sein de la population normale entre des sujets ayant des difficultés à identifier et à exprimer leurs émotions. en préparation). Allemagne). Slotine (MIT) Nos recherches actuelles portent principalement sur l’exploration des principes biologiques et mathématiques sous-tendant la formation des trajectoires locomotrices chez l’homme. A. sujets dits « alexithymique » et les autres au sein de l’amygdale. soumis). 2007. Bennequin (Université Paris VI). D. 4. Lors d’une troisième expérience. Berthoz L’objectif est d’étudier les stratégies cognitives de navigation de l’homme.8. l’utilisation de modifications posturales pour l’étude des kinesthèses. une cinquième expérience met en évidence les contributions relatives des informations visuelles géométriques et de type « amers visuels ». en coopération avec ARCHIVIDEO) Nous utilisons principalement deux types de perspective visuelle pour mémoriser un trajet dans l’espace : la perspective route et la perspective survol. Laou. A. Enfin. J. De plus. et que certains a priori biologiques influencent notre représentation de l’espace. et nous avons étudié le rôle des kinesthèses lors de cette planification de trajet. nous avons étudié l’effet d’un changement postural et de l’habituation sur le maintien d’un pattern locomoteur. La perspective .PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 319 partant de ces observations expérimentales. Lors des deux premières expériences. Le mémoire se termine sur les études effectuées dans un contexte industriel. La discussion de ce travail se focalise sur l’interaction possible des représentations de l’espace et des stratégies associées puis ouvre sur les questions théoriques que pose la thèse. nous étudions par exemple la stabilité des réseaux de neurones synchronisés soumis à des perturbations aléatoires. Une quatrième expérience nous a permis de montrer que la planification avec incertitude d’un trajet connu était réalisée de manière extrêmement performante par les sujets. Étude du changement de perspective visuelle dans la navigation spatiale humaine L. L’originalité de ce travail réside dans la définition et l’étude des kinesthèses ou indices du mouvement. nous avons pu tester l’effet d’un amorçage de type carte sur un apprentissage kinesthésique d’un trajet. Nous concluons que l’effet de l’amorçage sur un apprentissage kinesthésique d’un trajet est très différent suivant le type de tâche demandée. Wiener. 4. A. J. Navigation humaine dans des environnements complexes : contribution des indices kinesthésiques et effet d’A PRIORI M. nous construisons des modèles mathématiques qui font intervenir des principes tels que le contrôle optimal stochastique ou la géométrie affine et équi-affine. Lafon. Un autre axe de recherche que nous poursuivons est l’étude de systèmes dynamiques avec la théorie de la Contraction Nonlinéaire. Du point de vue des applications. l’introduction d’incertitude spatiale dans l’étude de la planification de trajet. Berthoz (Projet Européen Bacs) (Projet SCAN. Nous sommes en particulier entrain de développer une version stochastique de cette théorie. La thèse est également le résultat d’échanges entre le monde industriel et le monde académique. ce travail s’appuie sur des protocoles expérimentaux nouveaux : l’utilisation d’informations présentées préalablement à l’apprentissage d’un environnement. Barra. Nous avons demandé au sujet de réaliser plusieurs tâches d’orientation et de navigation pour nous rendre compte de l’interaction possible entre les représentations mais aussi entre les stratégies.7. Ce changement de perspective spontané active bilatéralement la jonction temporo-pariétale vers 500-600 ms. Suisse). De plus.. Blanke (EPFL. Pr Jorland (EHESS) & A. Les représentations de type route utilisent un cadre de référence égocentré dans lequel la localisation d’un objet se fait par rapport à celle de l’individu. Nous cherchons également à mieux caractériser les corrélats neuro-anatomiques des stratégies égocentrée et allocentrée en utilisant l’Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf. Berthoz (LPPA). menées en collaboration avec le Pr Blanke (EPFL. 2008. 2008a. tandis que les représentations de type survol sont construites dans un cadre de référence allocentré basé sur les relations spatiales entre les repères. Thirioux. selon un axe antéro-postérieur en fonction de l’orientation de l’avatar. reflétée dans le comportement par une symétrie par rotation.320 ALAIN BERTHOZ route (ou perspective égocentrée) correspond à la vision de l’espace en trois dimensions telle qu’un individu la perçoit lorsqu’il se déplace physiquement dans un environnement. un objectif complémentaire de nos travaux consiste à rechercher l’existence de différences entre les hommes et les femmes tant au niveau des stratégies de navigation que des régions cérébrales impliquées. En fonction de l’augmentation du degré de translation spatiale nécessaire à la transformation mentale. Sur le plan comportemental. en . c’est-à-dire à une vision de l’espace en deux dimensions. on observe une activation prédominante de la TPJ droite mais aussi une activation sélective du lobule pariétal inférieur gauche pour l’orientation de face.. Lausanne) Au cours d’expériences en électroencéphalographie. de profil ou de dos de la funambule. profile ou dos. en particulier le cortex dorsolatéral préfrontal droit et les aires prémotrices droites. 4. La perspective survol (ou perspective allocentrée) correspond quant à elle à une vue aérienne ou de type carte de l’environnement. mais aussi. 450-550 ms et 400-500 ms après l’onset du stimulus. Actuellement. collaboration avec NeuroSpin). par une transformation mentale du corps. nous avons réutilisé notre paradigme de symétrie par rotation et réflexion. Sur le plan neural. de façon sélective le cortex occipital droit pour l’orientation de face (Thirioux et al. Nos résultats montrent que lors d’une interaction sans tâche explicite avec un avatar présenté de face. en fonction de la présentation de face. les sujets prennent spontanément la perspective visuo-spatiale de celui-ci.9. sous presse). Empathie et Referentiels spatiaux B. en coopération avec O. Une tâche imposée de symétrie par réflexion active les systèmes résonnants. nous avons montré que deux réseaux partageant certaines aires cérébrales étaient impliqués dans ces deux stratégies (égocentrée et allocentrée) et que ces dernières pouvaient être mémorisées en parallèle. confirmant l’effet de rotation. élaboré en 2006 (Thirioux et al. il a été montré que ces deux types de perspective pouvaient engendrer des connaissances et des performances différentes. soumis) pour explorer les mécanismes neurocognitifs du changement de perspective lors d’une interaction spontanée avec autrui (Jorland et Thirioux. nos travaux de recherche portent sur l’effet du changement de perspective sur les performances de navigation dans une ville virtuelle (collaboration avec Archividéo et Clarté). Berthoz. activant l’insula gauche alors que la rotation imposée active l’insula droite (Thirioux et al. (Projet de la Fondation Cotrel) Dans une étude précédente. Pour l’orientation de face. Il s’agit plus particulièrement de caractériser (décours temporel. pour la mise en place de leur stratégie d’interaction avec autrui. Dupierrix. corrélats neuronaux) les processus sousjacents au changement de point de vue en combinant les méthodes comportementales et d’imageries cérébrales (EEG). Le point de vue route (ou égocentré) coïncide à la perspective perçue par l’individu lorsqu’il se déplace physiquement dans l’espace tandis que le point de vue survol (ou perspective allocentrée) correspond à une vue aérienne de l’espace. On observe le pattern inverse pour l’orientation de dos. Conséquences perceptives et motrices des asymétries cérébelleuses et vestibulaires dans la scoliose idiopathique D. 2008b. Si les recherches se sont centrées sur les processus liés à la manipulation de ces deux stratégies spatiales. Une nouvelle analyse a montré qu’un changement de perspective spontané. Nous avons également mis en évidence un lien direct entre ces asymétries et la présence de malformations au niveau des canaux semi-circulaires de l’oreille interne grâce à une modélisation réalisée à partir de données IRM. coût de traitement. très peu d’études ont concerné les mécanismes liés au changement de stratégies. non observable dans le comportement. semblable à un changement de perspective imposé dans une phase tardive des PE (entre 400 et 600 ms). en préparation pour Nature Neuroscience). 4. Notre projet de recherche vise à étudier la dynamique des changements de stratégies spatiales pour la navigation humaine. comme le point de vue « route » ou le point de vue « survol ».11. Ces résultats indiquent une activation très précoce des régions impliquées dans l’utilisation des référentiels spatiaux. passent de leur propre perspective visuo-spatiale à celle d’autrui. une étude oculomotrice approfondie des sujets scoliotiques a été . Dynamique des changements de perspective dans la navigation humaine E. A.. A. suggérant qu’une identification avec autrui. Pour vérifier une implication neurophysiologique de ces anomalies.10.PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 321 préparation pour Journal of Neuroscience). les résultats montrent une activation des systèmes résonants entre 0 et 500 ms. précèderait neurophysiologiquement le changement de perspective et la distinction avec autrui. Rousie (Université de Lille). s’en distingue cependant entre 70-100 ms après l’onset du stimulus. Berthoz. 4. Ces résultats montrent que les sujets. Projet MATISS. en coopération avec RENAULT La navigation humaine est une activité complexe nécessitant la manipulation simultanée ou successive de différentes perspectives de l’environnement. Enfin une dernière analyse révèle le dynamisme des changements de référentiels spatiaux précédant la stratégie définitive (rotation ou réflexion). nous avons démontré qu’il existait chez les sujets scoliotiques une asymétrie statistiquement significative de la base postérieure du crâne reflétant une asymétrie cérébelleuse sous-jacente. précédant le changement de perspective spontané. . 18(17) : 1797-800. Israël... K.. 26(8) : 2376-90. Minotti. & Berthoz.-P. Neuroreport. & Kahane.. : A Blueprint for Real-Time Functional Mapping via Human Intracranial Recordings ?. A. Arechavaleta. de De Waele…). Deborne.. a été mis en place. R. European Journal of Neuroscience. : The Formation of Trajectories during Goal-Oriented Locomotion in Humans. dans la première étude focalisé notre attention sur les canaux semi-circulaires. J. A. C. B.-P.. P. 1. de Pompeiano. Cette partie de l’étude sera assurée par le Docteur Salvetti. Par ailleurs. O. E. 2... Lobel. : Lateralized parietal activity during decision and preparation of saccades. Axe neurophysiologique : au niveau vestibulaire et cérébelleux : nous avions. J. des études expérimentales récentes ont mis en évidence des liens génétiques entre la formation du cervelet et de l’oreille interne. Pham.-C. PLoS ONE.. .. A. Q. Ces premiers résultats suggèrent de nouveaux axes de recherche. perception du schéma corporel… en plus des fonctions classiques de régulation motrices) : de nouveaux tests d’appréciation de la fonction cérébelleuse vont donc être utilisés. I.322 ALAIN BERTHOZ menée : elle a permis de mettre en évidence des torsions et des anomalies des poursuites oculaires relevant de dysfonctions vestibulaires. Bertrand.. Elle a pour but l’identification des gènes codant pour la formation de l’oreille interne et du cervelet chez l’homme puis la comparaison des loci identifiés entre sujets scoliotiques et sujets sains. R. S.. Des travaux récents sur le cervelet (Ito) ont ciblé des fonctions cognitives insoupçonnées du cervelet (représentation spatiale. Hoffmann. D. Pierrot-Deseilligny. — Lachaux. ophtalmologiste en charge des bilans oculaires des sujets. Milea. — Hicheur. A Stereotyped Behavior. I. Axe génétique : une collaboration avec le Professeur Nancy Miller. L. G.Cotrel. les anomalies oculomotrices que nous avons mises en évidence dans la première étude doivent être poursuivies notamment au niveau des poursuites oculaires. Ceux-ci ont reçu le soutien de la Fondation Yves Cotrel en novembre 2007 pour une durée de trois ans. : Temporal intervals production during passive self-motion in darkness. 2(10) : e1094. Lehericy.. Schoendorff... Laumond. Il est maintenant indispensable de nous intéresser à la fonction otolithique également impliquée dans la fonction posturale (études de Lacour. Berthoz. — Khonsari. Activités de la Chaire Publications Publications de l’équipe : Mémoire spatiale et contrôle du mouvement Responsable : Alain Berthoz Revue à comité de lecture 2007 — Capelli. Jerbi. 22 (2). D. Current Psychology Letters. Au niveau oculaire. H. également membre de la fondation Y. . Berthoz. Laumond... Intergr. A. . : Rapid detection of fear in body expressions.-L. — Schmidt.M. J. M. Berthoz. Muller.. Biological Cybernetics. Samson.. Hasboun. — Wiener. S... : Path planning under spatial uncertainty. & Berthoz. Brain Research.J. E. M. 1186 : 233-41. Tabareau. M.. D. — Van Heijnsbergen... S. Pham.. 289-303. B.. Lafon. H. — Milea. G. Feb 2008 . Berthoz. 2008 — Girard. & Berthoz.. Q. & Berthoz. : A unified probabilistic model of the perception of three-dimensional structure from optic flow. Dupont. J. A. P.. 6(3) : 379-401. Hasboun. : Distinct visual perspective taking strategies involve differently the left and right MTL structures. an ERP study. Samson. B. M. & Slotine. 16(3) : 604-18. Shah. Publications de l’équipe « Perception et exploration actives des objets » Responsable : Jacques Droulez Revue à comité de lecture 2007 — Colas. A.A.-J. N. 131 (Pt 2) : 523-34. Pochon.... Vision Research.. — Pham. Slotine.. S.. M. M. B. A.PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 323 — Lambrey. Hicheur.. & Berthoz. Biological Cybernetics. : Visuospatial working memory and changes of the point of view in 3D space. M.M. 36(3) : 955-68. II. A... M. J. M. Grèzes. : Commentary to Helena De Preester : The deep bodily origins of the subjective perspective : models and their problems ?.. B. 97(4) : 279-92... Consciousness and Cognition. Weiss.. Baulac. NeuroReport. & Bessière. 97(5) : 461-77. J. : Traveled distances : New insights into the role of optic flow.J. S.. — Petit. S. S. Vidal. 36(3) : 495-504.-P. Mem Cognit. Meeren.W.. C.. A. Amorim. 48.C.. Baulac. Neurosc.. de Gelder. Berthoz. Fink. N. 26(8) : 2391-2403. Brain.. J. Amorim. D. Brain.. Amorin. : Where Neuroscience and dynamic system theory meet autonomous robotics : a contracting basal ganglia model for action selection. P. A. A. M. P. Wexler. Q. Noulhiane.K. Bennequin. N. F. 18(12) : 1221-4.R.. Dupont. J. — Lambrey.. S. European Journal of Neuroscience. 21(4) : 628-641. Lobel. G.A. : The Formation of Trajectories during Goal-Oriented Locomotion in Humans. — Mossio. D. C. A..J. : Geometry of the superior colliculus mapping and efficient oculomotor computation.-J. H..R. Leboucher. D. Arechavaleta.. H. : Distinct visual perspective-taking strategies involve the left and right medial temporal lobe structures differently. PierrotDesseilligny.C. J. A.. : Gender differences in the use of external landmarks versus spatial representations updated by self-motion. D.. NeuroImage.. J-B.H.(2007) : Prefrontal cortex is involved in internal decision of forthcoming saccades.A. S. Neural Networks. Droulez. 131(2) : 523-34. — Lambrey. Noulhiane.. & Berthoz. Lehericy. A Maximum Smoothness Model.-C. Krause.. Berthoz. — Tabareau. M. and Girard.. J. . Born. B. Tanaka. J.P. Launay. Vision Research. : « Spatial decisions and neuronal activity in hippocampal projection zones in prefrontal cortex and striatum ». Philosophical Psychology.. S. W. & Milleret. P. 27(2) : 164-73.. Z. Publications de l’équipe : Développement perceptif et intégration interhémisphérique Responsable : Chantal Milleret Revue à comité de lecture 2007 — Rochefort. A. 36(3) : 804-21. L.. Neurobiol Dis. Ayaka. 48(6) : 753-64. : Keeping track of invisible individuals while exploring a spatial layout with partial cues : location-based and deictic direction-based strategies. Chapitres d’ouvrages collectifs 2008 — Battaglia.. K. Cheenne. 21(1) : 15-46. Moons.. Carmeliet. : Ageing and amyloid-beta peptide deposition contribute to an impaired brain tissue plasminogen activator activity by different mechanisms.. Peyrache. Sara. L. Mölle. In : .. Publications de l’équipe « Mémoire spatiale et navigation » Responsable : Sidney Wiener Revue à comité de lecture 2007 — Cacquevel. S. 15(4) : 222-8. Vivien.. : Anisotropy in the representation of direction preferences in cat area 18.. Eur. A. & Droulez. Learn Mem. J. Buzas. M. Delacourte. O. P. K. M. Eysel... Castel. J. & Droulez J. S. Neuroscience. O’Hashi. — Devisme. N. S. Buee.. C. Kisvarday. C. Ramadan.. 2008 — Ribot.J. 27(10) : 2773-80. H..324 2008 ALAIN BERTHOZ — Bullot.. NeuroImage.. Drobe. F. Monot A.. A. N. U...... : Sustained increase in hippocampal sharp-wave ripple activity during slow-wave sleep after learning. & Wiener S. M. : Layout of transcallosal activity in cat visual cortex revealed by optical imaging. J. 2008 — Eschenko. D.T. Benchenane. Khamassi.. : Stereoscopic depth perception in peripheral field and global processing of horizontal disparity gradient pattern.I. — Berthoz. (2007) : « Neural Basis of Saccadic Decision Making in the Human Cortex ». San Diego. : « Comment le cerveau s’y prend pour décider ». : « Les théories de Bergson sur la perception. : « Reconsolidation : historical perspectives and theoretical aspects ». A. Conférence plénière. Gouvieux les Chantilly. Ecole Normale supérieure. Vol. — Berthoz. — Berthoz. 27-29 septembre 2007. P.-P. Congrès Neuroriabilitazione e Robotica. Ecole militaire. : « Development and function of the balance system in the early years ».-J.Y. O. Institute for Neuro-physiological psychology. : « A mathematical proof of the coupling of the spatiotemporal transformation and the superior colliculus mapping ». Réunion SGA. Paris. Ed : S. — Jerbi. Kahane P. 29 novembre. : « Quels rapports l’homme entretient-il avec ses espaces ? ». Fourth International Conference on Virtual Storytelling. pp. Saint-Malo. Changeux et al. & Berthoz. Ed. pp. Les apports de la neurophysiologie à la compréhension de la prise de décision ».. 22 octobre. Colloque la neurophysiologie de la décision. Paris. Oxford University Press. 5-7 décembre. Château de Montvillargenne. : « Neural basis of the perception of space. Conférence Plénière. 289-311. Paris. A.J. 5 novembre. 1. Mizumori. Paris. F. 3-7 novembre. Shintaro.. Jacob. Congrès annuel de la Société de Neuroscience américaine. 22-23 septembre. Bennequin. Oise. Berthoz.. A. 16 octobre.J. Séminaire Approches plurielles de la décision. Elsevier.-P.-P. J. S. 199-216. : « Comment le cerveau s’y prend pour décider.. : « Perceptive integration and postural control ».. From Neural Code to Brain/Machine Interface. A. 13-14 décembre. B. France. au regard des données des neurosciences cognitives actuelles ». USA. A.. — Sara. — Berthoz. — Freyermuth S. Oxford. Colloque STIC Cité des Sciences à Paris. Kahane. 19th European Conference Neurodevelopment and learning difficulties. A. Autres travaux et activités de Alain Berthoz Chapitres d’ouvrages collectifs — Berthoz. A. Colloque Maladie d’Alzheimer : S’adapter au patient. . A. : « Bases neurales de la décision ». Collège de France. Byrne. pp. Conférences 2007 — Berthoz. Conférence Plénière. Bertrand. Lachaux J. : « Réalité virtuelle et Neurosciences ». & Lachaux. A. — Girard. Eds : J. — Berthoz. K. In : Learning and Memory : A Comprehensive Reference. la mémoire et le rire. & Berthoz A. 224-36. In : L’homme artificiel.. Italie. movement and emotions ». Colloque L’Evolution créatrice de Bergson cent ans après (1907-2007) : Epistémologie et Métaphysique.. L. D. J. Minotti. 28 septembre. N. (2007) : « L’homme virtuel ». Paris. pp. : « Towards Novel Brain Computer Interfaces via Online Detection of Gamma Oscillations in Intracerebral Recordings ». — Berthoz. A. Tabareau. Ecole Nationale d’Administration. — Berthoz. Ed : J. Paris. Springer. — Berthoz. O.PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 325 Hippocampal place fields : Relevance to learning and memory. A. Slotine. A. Rome. 461-75.. Pise.. In : Representation and Brain. 23 novembre. Organisation de réunions 2007 — Berthoz. 12-13 juin. Paris. — Berthoz. Paris. : Colloque « Mathématiques en Neurosciences ». 21e Journée d’étude La paralysie cérébrale. A.: « The human brain “projects” upon the world simplying principles and rules for perception and action ». Collège de France. A. F. Collège de France. &. 3 juin. : « La manipulation mentale des points de vue : un des fondements de la tolérance ? ». A. — Berthoz. Paris. Paris. & al. — Clarac. Ecole Normale Supérieure. 16-21 septembre 2007. Oise. Conférence Plénière. 10 juin. Château de Montvillargenne. et en coopération avec la Fondation IPSEN : Journée IPSEN Neurobiology of Umwelt « Comment les êtres humains perçoivent le monde ». Stock. : NEUROBOTICS Summer School 2007 BrainMachine Interface. Palais de l’UNESCO. A. — Berthoz. 20-22 juillet. Collège de France. P. A. & Kemeny. Berthoz. — Girault. 24 janvier. France. Collège de France. & Ossola. 18 février. Colloque La pluralité interprétative et les fondements historiques et cognitifs des changements de point de vue. 14 juin. & Laroche.. Berthoz. A. — Berthoz. . : « La pensée de Merleau-Ponty sur la perception au regard des neurosciences cognitives actuelles ». & al : Colloque From Neural code : to brain/machine interface. Enseignement — Dario. Volterra. Neurobotics Symposium.. Freiburg. — Berthoz. des situations complexes. Journée IPSEN Neurobiology of Umwelt : comment les êtres humains perçoivent le monde. J. : Séminaire « Images Virtuelles ». 18 février. Italie. 12 juin. — Berthoz. Italie. 5-7 juin. Ecole Nationale Supérieure de chimie de Paris. 16-21 septembre. 11 et 12 juin. Paris. — Berthoz. S. B. Collège de France.-A. C. 27-29 septembre 2007. P. Jerbi. & Biometrics : Colloque Analyse 3D du Mouvement. A. Paris. Paris. A. : « Cinématique de l’expression corporelle des émotions pendant la marche »... & Chemin. Paris. cognition.-Y. A. 2008 — Berthoz. Gouvieux-les-Chantilly. A. : Colloque final ACI. : « Neural principles of natural eye and limb movements that might be used in robotics ». A. : « Motricité. Volterra. à l’occasion du 15e anniversaire des Réunions des Utilisateurs Vicon. Paris.. Collège de France. : Colloque « La pluralité interprétative fondements historiques et cognitifs de la notion de point de vue ». K. : Brain . A. J.Machines Interfaces. 3 juin. — Berthoz. A. Le temps et l’espace chez Merleau-Ponty. Colloque Analyse 3D du Mouvement. A. perception». Berthoz.326 2008 ALAIN BERTHOZ — Berthoz. — Berthoz. Collège de France. A. des pratiques en mutation. Dario. Paris. A. Programme européen « Information Society TechnologieFurture and Emerging Technologies ». M. IP dans le EC IST programme « Integrating and strengthening the European research area (2002-2006) ». — Programme Human Frontier Science Program (Coordinateur B. Fondation Cotrel-Académie des Sciences (avec Mme D. Tübingen. .PHYSIOLOGIE DE LA PERCEPTION ET DE L’ACTION 327 Participation à l’organisation de la recherche — Membre du Comité des Programmes scientifiques du CNES. — Projet Européen Euréka MOVES sur les simulateurs avec la Société Renault et Max Planck Institut. — Projet NEUROPROBES. — Membre du Conseil pédagogique du Mastère de Sciences cognitives (Ecole doctorale 3C). — Membre du Comité Scientifique de l’AIST-CNRS Joint Japanese-French Robotics Laboratory (JRL). — Projet NEUROBOTICS. 29 mai 2008. 5 séances et un atelier. — Membre du Conseil scientifique de l’Institut de Neurosciences de Trinity College à Dublin. — Membre du Conseil scientifique du NEUROPOLE Ile-de-France et du RTRA « Ecole de Neurosciences de Paris ». — Membre de la Commission de diffusion culturelle du Conservatoire des Arts et Métiers. — Projet « Asymétries cranio-faciales ». (2008) : « Navigation humaine dans des environnements complexes : contribution des indices kinesthésiques et effet d’a priori ». Thèses — Lafon. 2007 & 2008. de Gelder-Tilbury) « L’Expression corporelle des émotions ». — Membre du Conseil consultatif pour la Science France/Japon. — Projet NEST WAYFINDING n° 12959. Contrats de recherche et coopérations internationales — Projet BACS : projet européen dans le cadre de Cognitive Systems. — Projet SCAN Pôle de compétitivité Bretagne avec la Société Archividéo. Collège de France. Tuebingen. Rousié). — Organisation et Présidence du séminaire de prospective de la RATP sur « Cognition et mobilité ». et TNO Hollande. — Président du Comité scientifique de l’œuvre Falret pour les maladies mentales. FP6-2003-Nest-Path de la Communauté européenne. Collaboration avec l’Industrie — Contrat avec la société Peugeot. — Membre du Conseil scientifique de l’institut Max Planck. . 1993). Le cours de l’année précédente avait montré que plusieurs peptides vasoactifs étaient impliqués dans la formation de nouveaux vaisseaux par des mécanismes impliquant l’angiogenèse et le remodelage vasculaire. L’isolement et la caractérisation du ligand endogène du récepteur APJ humain ont été réalisés par l’équipe de Tatemoto et al. professeur L’Apéline Le cours de la chaire de Médecine expérimentale a porté sur les propriétés d’un nouveau peptide vasoactif. membre de l’Institut (Académie des Sciences). 17 et 13 acides aminés. l’apéline. ces auteurs ont découvert qu’un peptide présent dans l’estomac de bœuf stimulait l’APJ. Il s’agit d’un récepteur à sept domaines transmembranaires découvert chez l’homme par O’Dowd et al. La . l’angiotensine et l’endothéline contrôlent non seulement le tonus vasculaire et régulent le flux sanguin régional mais ont aussi un effet proangiogénique et exercent un rôle dans la croissance de la paroi vasculaire. 1998). telle que l’apéline. Le récepteur APJ a été cloné en 1993 lors d’une recherche systématique de récepteurs apparentés au récepteur de l’angiotensine II. l’APJ. et en suivant son activation par la mesure de l’acidification extracellulaire. c’est par une démarche de « pharmacologie inverse » qu’a été identifiée l’apéline comme le ligand d’un récepteur jusque là orphelin. Pierre Corvol. Il partage une homologie de structure avec le récepteur CXC des chimiokines (CXCR4) et il agit comme co-récepteur du CD4 pour l’entrée du virus HIV-1 et SIV dans les cellules. En utilisant une lignée de culture cellulaire exprimant le récepteur APJ. la pré-proapéline. Bien qu’il soit analogue au récepteur de l’angiotensine II.Médecine expérimentale M. le séquençage et le clonage des fractions peptidiques actives a révélé qu’il existait trois peptides actifs de 36. issus d’un précurseur commun. (Gene. En effet. La purification. La découverte de l’apéline illustre bien la démarche actuelle de l’identification de certaines nouvelles molécules naturelles biologiques. (BBRC. Ainsi. D’autres peptides vasoactifs exercent une propriété similaire. ce récepteur ne lie pas l’angiotensine. dans la migration des futurs précurseurs myocardiques au cours de la gastrulation. au niveau du rein et des surrénales. L’apéline exerce un effet cardiaque inotrope positif et abaisse transitoirement et modestement la pression artérielle. les différents fragments d’apéline ont une affinité similaire pour APJ et agissent préférentiellement par la voie Gi1 ou Gi2. 36. Cette distribution correspond à des actions chez l’homme qui peuvent être brièvement synthétisées ainsi : au niveau central.. 17 et 13. Différentes voies de signalisation intracellulaire sont activées par le récepteur APJ. L’inactivation du système à ce stade entraîne des anomalies du développement cardiaque. L’apéline est exprimée précocément dans les régions intersomitiques avant même que ne se mette en place la formation des veines de cette région. Les apélines 36. l’apéline inhibe la production de vasopressine. la conversion de l’apéline 36 en apélines 17 et 13 est effectuée vraisemblablement par des proconvertases. L’apéline sous ses différentes formes. est présente dans les tissus. le récepteur APJ est exprimé dans tous les vaisseaux (en fait. L’angiotensin-converting enzyme 2 (ACE-2) hydrolyse avec une bonne efficacité catalytique l’apéline 13 en apéline 12 qui conserve une activité biologique. Le catabolisme de ces peptides.330 PIERRE CORVOL pré-proapéline (77 acides aminés) est convertie en apéline 36 puis en apéline 17 et 13. activation de la phospholipase C et des protéines kinases C par la voie Gq. Chez la grenouille (Xénope). Son origine tissulaire n’est pas connue avec précision (hypophysaire. J. Deux études ont montré le rôle de l’apéline et de son récepteur dans le développement cardiaque chez le poisson zèbre (Scott et al. 2004). l’hypophyse.. Elle joue enfin un rôle important dans le développement cardiovasculaire ainsi que l’ont révélé différents travaux. En revanche. Neurochem.. le cœur. ?…). Le système apéline n’est pas impliqué dans la vasculogenèse de cette espèce mais dans l’angiogenèse des vaisseaux intersomitiques : l’inactivation du système perturbe le développement des vaisseaux intersomitiques tandis que la surexpression d’apéline . 17 et 13 ont une affinité similaire pour le récepteur APJ. L’apéline agit sur les cellules gastriques en stimulant la libération de cholécystokinine . Le récepteur est couplé de façon négative à l’adénylyl cyclase par une protéine Gi. 2007) : dans cette espèce. L’apéline et son récepteur sont présents principalement dans le cerveau. Le processus de maturation de la pré-proapéline en apéline 36 n’est pas connu . mais la désensibilisation du récepteur dépend du type de fragment de l’apéline (L. tissu adipeux. Developmental Cell. on n’observe pas d’anomalies de l’angiogenèse primaire. L’apéline 17 est prédominante dans le plasma chez l’homme. activation de la p70 S6 kinase. le système apéline joue un rôle à un stade très précoce. cardiaque. selon le tissu concerné : phosphorylation de Akt. Messari et al. elle inhibe la secrétion d’insuline. le plasma et divers liquides biologiques. 2007 et Zeng et al.. le poumon. L’apéline est aussi présente dans le tissu adipeux. l’intestin. impliquée dans la progression du cycle cellulaire. Developmental Cell. il existe deux isoformes de ce récepteur). In vitro. module la prise d’eau et de nourriture et stimule la libération d’ACTH. autres. leur demi-vie et leur clairance ont peu été étudiés. Cette observation est à rapprocher de celle de l’effet hypotenseur modeste et transitoire de l’administration d’apéline par voie systémique.. 2007). Le mécanisme d’action de l’apéline est complexe et pourrait impliquer l’angiopoïétine 1 et son récepteur Tie2. 2003). Gene Expression Pattern.. Son effet dans l’angiogenèse tumorale reste encore à préciser. le système apéline serait impliqué dans la régulation du calibre vasculaire durant l’angiogenèse : le calibre des vaisseaux sanguins (notamment des vaisseaux dermiques et trachéaux) est réduit chez les souris dont le gène de l’apéline a été inactivé. au front des branches de division des capillaires en formation (tip cells) (Saint-Geniez et al. Biol. En définitive. L’apéline pourrait contrôler l’assemblage des cellules endothéliales et leur jonction intercellulaire par l’intermédiaire de protéines d’adhésion intercellulaires telles que VE-cadhérine et Claudin-5. 2004) ont montré que l’inactivation du récepteur de l’apéline n’entraînait pas d’anomalie macroscopique des organes étudiés chez la souris adulte (vaisseaux.ont une réponse pressive accrue à la perfusion d’angiotensine II. chez le poisson zèbre. L’apéline et son récepteur sont exprimés dans les vaisseaux rétiniens en post-natal. Le récepteur APJ de l’apéline est exprimé dans tous les territoires vasculaires de l’embryon de souris et l’apéline est présente dans les vaisseaux en formation (vaisseaux intersomitiques. une co-expression spatiale de ces deux molécules. cœur.. L’apéline est un agent angiogénique in vitro : elle a un effet mitogénique sur les cellules endothéliales (HUVEC) et un effet chimiotactique.. la formation de capillaires chez l’animal lorsqu’elle est implantée en sous-cutanée. le xénope et la souris. poumon. L’apéline est exprimée dans les tip cells et les veines mais elle n’est pas impliquée dans la vasculogenèse. La pression basale de ces animaux est normale mais les animaux APJ -/. L’apéline accroît le bourgeonnement de capillaires à partir d’explants aortiques et provoque une néoangiogenèse dans le modèle de la membrane chorioallantoïdienne de poulet. Selon un travail récent (Kidoya et al. Elle augmente la perméabilité des cellules endothéliales. Ses effets s’exercent de façon autocrine et paracrine et sont indépendants du VEGF. même s’il semble que l’apéline soit exprimée dans les tumeurs (Sorli et al. Oncogène 2007). reins). L’angiopoïétine induit l’expression d’apéline dans les vaisseaux dermiques de souris transgéniques surexprimant l’angiopoïétine 1 dans le derme. 2008). Le rôle physiologique du système apéline a été étudié chez des souris adultes dont le récepteur de l’apéline ou le gène de l’apéline a été inactivé par knock-out. on note une expression temporelle quasi simultanée de l’apéline et de son récepteur. EMBO J. Dev. Deux autres expériences plaident en faveur d’une contre-régulation de l’effet hypertenseur . elle favorise l’angiogenèse dans la cornée avasculaire. induit la formation de tubes pseudocapillaires en matrigel et elle participe au remodelage vasculaire au niveau des cellules musculaires lisses vasculaires. Biol. Enfin..MÉDECINE EXPÉRIMENTALE 331 induit une angiogenèse prématurée des veines intersomitiques. suggérant que l’apéline s’oppose à l’action vasopressive de l’angiotensine II. Chem. Ishida et al. (J. Le système apéline – récepteur APJ joue un rôle in vitro et in vivo dans l’angiogenèse. elle contrôle la perméabilité capillaire et est angiogénique dans le modèle de la patte ischémique chez le rongeur. bourgeons de membres) (Kalin et al. à six mois. et l’apéline et son récepteur sont aussi présents dans les cellules musculaires lisses de ces artères. sans que l’on observe toutefois de modification de type hypertrophie cardiaque. L’apéline se comporte comme un vasodilatateur artériel et veineux dont l’effet dépend de la production de NO par l’endothélium. Ainsi. De même. Toutefois.332 PIERRE CORVOL de l’angiotensine par le système apéline : en l’absence d’angiotensine II endogène (traitement par un inhibiteur de l’enzyme de conversion) ou en cas d’inactivation du récepteur de l’angiotensine II (animaux knock-out pour le récepteur AT1). l’activation de l’échangeur sodium-proton via PLC et PKC et l’activation indirecte de l’échangeur Na+/Ca++ via l’activation de Na+/H+. la perfusion d’angiotensine II entraîne une élévation de la pression artérielle plus importante chez les animaux dépourvus du récepteur APJ. 2004). on peut faire l’hypothèse qu’une élévation compensatrice de l’apéline aurait lieu dans un premier temps lors de l’insuffisance cardiaque par surcharge de pression. ce qui entraîne à son tour la vasodilatation. Cette action inotrope positive s’observe sur le cœur sain et lors de l’insuffisance cardiaque (Hashley et al. suivie d’ une baisse secondaire du peptide qui pourrait contribuer au développement de l’insuffisance cardiaque. Les mécanismes intracellulaires de l’effet inotrope positif de l’apéline pourraient impliquer plusieurs effecteurs : l’augmentation de la sensibilité des cardiomyocytes au calcium intracellulaire. Regul. ainsi que le débit cardiaque et la réserve contractile sans qu’il y ait toutefois de développement d’une hypertrophie cardiaque. une insuffisance cardiaque s’observe chez la souris dont le gène de l’apéline a été inactivé lorsque l’on créé une surcharge de pression (bandage aortique). Une étude du transcriptome du ventricule . In vivo. L’effet hypotenseur de l’apéline est médié par le monoxyde d’azote. (Circ. Ces anomalies peuvent être corrigées par la perfusion d’apéline 1-13 chez l’animal pendant 2 semaines. Elle augmente la contractilité myocardique. NO.. Res. L’apéline exerce une action inotrope positive puissante directe in vitro et in vivo. Il pourrait en être de même chez l’homme. Res. l’apéline a une action tout à fait originale et intéressante car elle entraîne à la fois une réduction de la précharge ventriculaire gauche et de la postcharge via une dilatation artérielle et veineuse. L’apéline joue donc probablement un rôle dans l’adaptation de la contractilité cardiaque au cours du vieillissement et en cas de surcharge de pression. sans anomalie histologique cardiaque patente. Cardiovasc. 2005). L’interaction avec le récepteur APJ entraîne alors une vasoconstriction. Peptides. Il n’existe pas d’anomalie cardiovasculaire apparente peu après la naissance chez la souris dont le gène de l’apéline a été inactivé dans l’étude rapportée par Kuba et al. L’apéline est exprimée au niveau de l’endothélium des artères coronaires. L’apéline est exprimée dans les oreillettes ainsi qu’à un niveau plus faible son récepteur (Kleinz et al. L’apéline produite par les cellules endothéliales agit de façon autocrine en stimulant le récepteur APJ endothélial qui induit la production de monoxyde d’azote. on observe un développement progressif d’une altération de la fonction contractile cardiaque à type de dysfonction systolique. L’apéline agit également de façon paracrine sur les cellules musculaires lisses vasculaires sousjacentes de la paroi vasculaire.. 2007). Ceci suggère que l’apéline pourrait être régulée de façon inverse à l’AVP par l’osmolalité. il apparaît utile de mesurer avec précision les taux d’apéline plasmatiques au cours de l’insuffisance cardiaque. de l’hétérogénéité des patients en insuffisance cardiaque et de la nécessité de tenir compte des autres facteurs qui peuvent être impliqués dans les variations des taux d’apéline plasmatiques. de façon indépendante de l’AVP. Ces résultats sont à rapprocher de ceux obtenus chez l’animal qui montrent que l’apéline joue un rôle dans l’homéostasie des volumes . L’AVP s’élève au cours de l’hyperosmolalité et négative la clairance de l’eau libre. la volémie intervient aussi dans la régulation de l’apéline plasmatique. L’apéline pourrait s’abaisser en cas d’hyperosmolalilé. De même. PNAS 2004). Circulation 2003). Les premiers travaux montreraient une élévation de l’apéline plasmatique durant les premiers stades de l’insuffisance cardiaque puis une baisse au cours de l’insuffisance cardiaque décompensée. Les premiers travaux ont montré qu’effectivement la déshydratation induit des variations inverses des taux d’apéline et d’AVP dans le plasma et l’hypothalamus chez le rat (De Mota et al. les résultats publiés jusqu’à présent sont dans l’ensemble difficiles à interpréter du fait de la difficulté du dosage. au moment où la fonction cardiaque a été améliorée... PNAS 2004).et d’hypoosmolalité plasmatique. travail qui n’a pas été réalisé à ce jour. l’apéline et l’AVP plasmatique. Un travail effectué chez l’homme sain a précisé les relations entre l’osmolalité plasmatique. L’élévation de plus de 10 % du volume plasmatique entraîne une augmentation du taux d’apéline (Azizi et al. Il serait donc intéressant d’étudier les effets régionaux et globaux de la perfusion de différents fragments d’apéline chez l’homme. au cours d’une perfusion de serum salé hypertonique et au cours d’une charge aqueuse afin de provoquer respectivement un état d’hyper.. Toutefois.. L’apéline est abondante dans l’hypophyse et l’hypothalamus et est co-exprimée avec l’arginine vasopressine (AVP) dans les corps cellulaires du noyau supraoptique. Toutefois. L’étude a été réalisée dans des conditions physiologiques. L’apéline est donc régulée à la fois par des barorécepteurs et des volorécepteurs.et de la post-charge ventriculaire. Il existe une interaction entre système apélinergique et vasopressinergique : l’activité électrique phasique des neurones AVP est diminuée par l’administration d’apéline par voie intracérébroventriculaire (De Mota et al. Cette étude a montré pour la première fois que l’apéline était régulée par un stimulus osmolaire chez l’homme : l’hyperosmolalité induite par le serum salé hypertonique provoque une élévation du taux d’AVP et un abaissement du taux d’apéline. Ses effets inotropes positifs sont préservés au cours de l’insuffisance cardiaque congestive expérimentale. JASN 2008).MÉDECINE EXPÉRIMENTALE 333 gauche avant et après assistance circulatoire chez des patients en insuffisance cardiaque terminale a montré que le gène de l’apéline s’élève de façon marquée après transplantation cardiaque ou après assistance circulatoire (Chang et al. telle que l’osmolalité plasmatique. elle a un effet cardioprotecteur lors de la souffrance myocardique aiguë et chronique et son administration n’entraîne pas d’hypertrophie cardiaque. L’apéline pourrait constituer une piste thérapeutique intéressante en pathologie cardiovasculaire car elle accroît la contractilité cardiaque en réduisant simultanément la pré. Peptides 2005). 13) sont rudimentaires. Elle abaisse le taux d’insuline et les triglycérides plasmatiques. Endocrinology 2005). mieux encore. En accord avec ces données chez l’animal. Toutefois. à dose pharmacologique. quel est le mécanisme d’action de cet effet (effet antiAVP. de façon similaire à l’insuline. Peu de choses sont connues sur l’origine de l’apéline plasmatique. Ils amènent à se poser de nouvelles questions : quel peut-être le rôle physiologique de l’élévation de l’apéline plasmatique et sa contribution à la diurèse ? . Les connaissances sur les fragments spécifiques de l’apéline (apéline 36. Il reste à savoir si cette augmentation correspond à un rôle causal direct ou indirect de l’apéline dans le mécanisme de ces affections. métabolisme énergétique et hydrominéral. In vitro. Des inhibiteurs de la dégradation . sur ses mécanismes de dégradation et d’élimination. Endocrinology.. L’apéline joue un rôle dans le développement cardiovasculaire chez le poisson zèbre. le Xénope.. l’apéline pourrait participer à la régulation de la secrétion et/ou de la production d’insuline (Winzell et al. la recherche sur l’apéline souffre du manque d’agonistes et d’antagonistes peptidiques ou. ainsi qu’in vivo. l’apéline du tissu adipeux s’abaisse au cours du jeûne et s’élève durant la reprise alimentaire. il n’est pas certain que l’apéline passe dans la lumière intestinale et qu’elle exerce des effets au niveau central. 2004). Actuellement. 17. L’apéline. une élévation des taux d’apéline chez les patients obèses avec hyperinsulinisme a été constatée chez l’homme (Boucher et al. Par ailleurs. Les variations des taux plasmatiques d’apéline sont parallèles à ceux de l’insulinémie : chez la souris. L’apéline est exprimée au niveau du tissu adipeux et dans le stroma vasculaire. Elle exerce des effets bénéfiques sur la fonction cardiovasculaire (effet inotrope positif avec action vasodilatrice dans les territoires artériel et veineux). Elle s’oppose à l’action de la vasopressine et de l’angiotensine II. Regul.. Endocrinology 2005). stimule les protéines découplantes et augmente la dépense énergétique (Higuchi et al. Les taux d’apéline plasmatique et dans le tissu adipeux et le plasma sont associés à un état d’obésité avec hyperinsulinémie chez la souris. etc. Endocrinology 2007). Ce cours a tenté de faire le point sur le système apélinergique. l’apéline est élevée au cours de l’insuffisance cardiaque et de l’obésité chez l’homme...334 PIERRE CORVOL sanguins au niveau central et rénal. non peptidiques de cette molécule. L’apéline est exprimée dans l’estomac et stimule la secrétion de cholécystokinine in vitro dans une lignée de cellules murines entéro-endocrine (Wang et al. quel pourrait être l’intérêt d’une classification des états d’hypo-osmolalité avec anomalie de concentration — dilution des urines par la mesure des taux d’apéline plasmatique ? quel serait l’intérêt de développer des agonistes ou des antagonistes de l’apéline sur le plan thérapeutique ? L’apéline doit être aussi considérée comme une adipokine. L’élévation de l’apéline pourrait être une réponse adaptative aux anomalies liées à l’obésité ou encore être corrélée à l’augmentation de la masse adipocytaire. sans effet apparent sur la prise de nourriture. Son expression s’accroît durant la différenciation des pré-adipocytes en adipocytes (Boucher et al. régule le métabolisme lipidique et l’adiposité chez la souris normale et obèse. un nouveau système impliqué dans différentes fonctions : cardiovasculaire. possible effet intrarénal) ? . 2008). Ce système découvert il y a quelques dix ans. K.MÉDECINE EXPÉRIMENTALE 335 de l’apéline pourraient permettre de potentialiser les différents peptides et d’élucider leurs effets en physiopathologie. Sutching. Nous avons développé un système simple pour distinguer les défauts du flux sanguin de ceux dus à la perte de fonction du récepteur de la neuropiline-1 chez la souris (Jones E. E. A. Del-Toro Estevez. C.. L. S. la présence de défauts dans le flux sanguin empêche souvent la mise en évidence précise du rôle du produit du gène muté. Brunet. Puisque les forces hémodynamiques sont importantes dans l’acquisition de la forme des vaisseaux. Rapport d’activité du laboratoire I — Contrôle moléculaire du développement vasculaire Équipe : A. Nous avons observé que les défauts du développement du réseau vasculaire chez les embryons neuropiline-1 KO se développaient en absence de flux sanguin. De plus. Eichmann. . L. comme l’angiotensine II dont elle semble contrecarrer certains des effets. nous avons cultivés les embryons ex utero en absence de flux sanguin. Larrivée. Pardanaud. En résumé. Ces embryons ‘no flow’ ont été créés en pratiquant une incision au niveau du cœur qui empêche la circulation embryonnaire. I. Mathivet. Bréant. l’apéline est un peptide à effet pléïotropique. B. formant ainsi des vaisseaux anormalement élargis et dépourvus de points de branchement. et al. Freitas. F. Jones. T. Une analyse de la migration des cellules endothéliales a montré que les cellules des embryons knockout étaient incapables de migrer à travers la matrice extracellulaire mais restaient piégées dans les vaisseaux déjà formés. Notre analyse d’embryons de souris homozygotes pour une délétion de ce récepteur a montré que des défauts dans le remodelage du système vasculaire du sac vitellin apparaissent au moment de la mise en place du flux sanguin. Pour distinguer les défauts induits par la perte de fonction de la Neuropiline-1 de ceux secondaires à une perfusion anormale. Y. Bouvrée. Discrimination entre défauts génétiques et hémodynamiques chez des mutants du récepteur de la neuropiline-1 La délétion de gènes importants pour le développement vasculaire provoque souvent des anomalies du flux sanguin. Les embryons peuvent survivre jusqu’à 24 heures dans une chambre rotative et leur réseau vasculaire est analysé par marquage immunohistochimique. Development. Xu. apparaît promoteur tant sur une vue intégrée de la fonction cardiovasculaire que sur les possibles applications en thérapeutique. R. Lebrin. l’injection d’un anticorps bloquant la liaison du VEGF à la neuropiline-1 dans des embryons sauvages reproduisait les anomalies du développement vasculaire. C. Pibouin 1. Jabouille. Facteurs de guidage des axones dans le système vasculaire Le bourgeonnement des capillaires partage des similarités avec celle du guidage axonal. PNAS 2007 .. contrôlant ainsi la formation d’un nombre limité de tip cells. 2. les cônes de croissances situés à l’extrémité de l’axone étendent de nombreux filopodes qui répondent aux facteurs de guidage présentes dans l’environnement. Sci. Ni les tip cells. Pendant ce processus. puisque le blocage de cette signalisation par un bloqueur du VEGF. Les cellules tip à la tête des capillaires en bourgeonnement sont induites par la mise en jeu du VEGF via son récepteur VEGFR2 (Gerhardt et al. Nature 2008). 3. Comme les tip cells situées en tête des capillaires. alors que celles ayant une activité moindre prennent la suite. Nature 441 : 746-9). L’inactivation de dll4 s’accompagne d’un changement du taux d’expression des récepteurs du VEGF (Tammela T. mais ne deviennent pas ‘tip’. L’expression de Dll4 est en aval de la signalisation du VEGF. le VEGFR soluble.. Contrôle moléculaire du guidage des capillaires : sélection des ‘tip cells’ L’angiogenèse par bourgeonnement procède de manière analogue à la morphogenèse des tubes épithéliaux de la trachée chez la Drosophile. y compris les Nétrines. 2003.. indiquant que DLL4 régule négativement la réponse des cellules endothéliales au VEGF et agit comme un frein de cette signalisation. mais il y a une compétition entre plusieurs cellules afin que celles présentant le plus fort taux d’activité du récepteur FGF prennent la tête. Ce système relativement simple peut être appliqué aux nombreux mutants chez lesquels des défauts hémodynamiques sont suspectés. L’inactivation génique d’un allèle de dll4 chez la souris provoque une formation excessive de tip cells dans le réseau capillaire de la rétine (Suchting S. diminue l’expression de DLL4 dans les tip cells. 2007). ni les autres cellules ne sont préspécifiées. Cette compétition implique une inhibition latérale médiée par Notch qui empêche des cellules surnuméraires de prendre la tête du bourgeon (Ghabrial & Krasnow. La sélection des ‘tip cells’ dans le système vasculaire est sous contrôle de voies de signalisation similaires. Med..336 PIERRE CORVOL Ces données montrent que les défauts du développement vasculaire chez les embryons neuropiline-1 knockout sont causés par la perte de fonction du récepteur et ne sont pas secondaires à une perfusion vasculaire anormale. Les cellules tip expriment aussi des taux importants de Delta-like 4 (Dll4). 2006. ces cellules répondent au facteur FGF (branchless) par une extension des filopodes et prennent la tête du bourgeon croissant. J Cell Biol 161 : 1163-77). des cellules uniques sont sélectionnées pour former le ‘tip’ (l’extrémité) d’un bourgeon . 2007. et al.. un ligand de Notch. Les cellules situées en arrière suivent. Nature 445 : 776-80). Un phénotype similaire est obtenu après inactivation pharmacologique de Notch au moyen d’inhibiteurs des γ-sécrétases ou après la délétion endothélial-spécifique inductible du récepteur Notch-1 (Hellström et al. et al. Parmi les récepteurs des facteurs de guidage axonal. Suchting S. plusieurs ont une expression restreinte . et al. J. C. A. Biol. Freitas C. Verine. L’hypoxie est un stimulus majeur de l’angiogenèse. la .. C. Ardidie-Robouant... Le but de notre équipe est i) la recherche de nouveaux gènes par deux approches complémentaires. 2007). Parmi les récepteurs de la Nétrine-1. Novartis Fund. UNC5B est exprimé sélectivement dans les cellules endothéliales. II — Hypoxie. 2008) et son rôle comme récepteur de guidage répulsif empêchant une vascularisation excessive semble aussi conservé (Bouvrée K.. 2008). 2007).. et al. transcriptomique et protéomique et ii) l’étude de leur rôle au cours de l’hypoxie cellulaire ou tissulaire ainsi que dans la régulation des différentes étapes de l’angiogenèse réactionnelle. Philippe. Bignon. Bréchot. A. est une approche thérapeutique prometteuse dans de nombreuses situations pathophysiologiques. Cazes. Gomez.. J. En effet. A. Gene & Dev. N. la formation de nouveaux vaisseaux sanguins à partir de vaisseaux préexistants. E. y compris dans les tip cells. Germain. Gauvrit. le traitement par la Nétrine-1 empêche la progression de ‘tip’ capillaires exprimant unc5b lors de la néovascularisation tumorale chez la souris (Larrivée B. Barret. Biol. Gene & Dev. sur lesquelles ont été immobilisés les cDNAs issus du criblage (en collaboration avec l’INSERM U533). Cette étude a été initiée par le criblage différentiel des ARNm (cDNA RDA) de cellules endothéliales soumises à un stress hypoxique par rapport aux mêmes cellules cultivées en condition témoin (normoxie). et al. Les résultats de ce criblage ont été vérifiés par des approches complémentaires telles que l’hybridation de puces cDNA. et al. S. Galaup. Monnot. 2008 . Angiogenesis 2008 . Muller. Suchting S. et al. Chomel. C. Dev. E. et al. M. notamment dans les cancers et les ischémies cardiovasculaires. Trois cent gènes dont l’expression est induite par l’hypoxie ont été identifiés. Symp. angiogenèse : protéines matricielles en pathologie cardiovasculaire et tumorale Équipe : S. La possibilité de diriger la croissance vasculaire pourrait avoir des implications thérapeutiques importantes. Durand Moduler l’angiogenèse. et al. L.MÉDECINE EXPÉRIMENTALE 337 aux vaisseaux sanguins. L’expression vasculaire d’unc5b est conservé au cours de l’évolution chez la souris et le poulet (Bouvrée K. Au cours de l’évolution et de la diversification de ces familles. L’analyse statistique des puces nous a permis de vérifier de façon globale l’induction par l’hypoxie d’une majorité de gènes issus du criblage et d’identifier des gènes dont les rôles dans les mécanismes de régulation de l’angiogenèse par l’hypoxie ne sont pas caractérisés : l’IGF-Binding Protein 3. l’expression d’un certain nombre de récepteurs a donc été annexée par le système vasculaire. Etienne. Dev. Des études de perte de fonction par délétion des gènes codant pour ces récepteurs chez la souris montrent que leur fonction de récepteur de guidage est conservée dans leur nouvel environnement tissulaire : les souris déficientes en unc5b ont une arborisation vasculaire aberrante aussi bien pendant la vie embryonnaire que pendant la néovascularisation induite expérimentalement chez l’adulte (Larrivée B. M. ANGPTL4 matricielle inhibe le bourgeonnement endothélial et la formation de tubes (Cazes. pourrait modifier le micro-environnement tumoral et ainsi affecter . une accumulation de la forme entière d’ANGPTL4 est observée dans les muscles ischémiques dans un modèle murin d’ischémie de patte (ligature-excision de l’artère fémorale) suggérant qu’ANGPTL4 pourrait exercer un rôle modulateur de l’angiogenèse sur les cellules de la paroi vasculaire dans un contexte hypoxique. le profil d’expression le plus convainquant sur des pièces d’amputation de patients souffrant d’ischémie critique des membres inférieurs ainsi que dans les pathologies tumorales (Le Jan. 2003). d’une part. présentaient. L’hybridation in situ nous a permis de caractériser l’expression de ces gènes apportant ainsi la preuve de la validité du criblage et la pertinence de certains marqueurs dans les tissus hypoxiques et angiogéniques (Le Jan. au cours de processus hypoxiques. à la fois après criblage cDNA RDA et analyse de puces cDNA. étaient les gènes dont l’expression était la plus fortement induite. Afin d’étudier la fonction de certains de ces gènes. Nous avons montré que l’expression de ce gène est induite par l’hypoxie dans les cellules endothéliales. L’interaction matricielle d’ANGPTL4 participe à la constitution d’un réservoir de molécules bioactives qui inhibe la migration et l’adhésion des cellules endothéliales. en particulier par l’intermédiaire des héparanes sulfates protéoglycans. Puis. In vivo.ou de microvaisseau et soumises à l’hypoxie. Elle est présente sous deux formes distinctes : 1. nous avons montré qu’ANGPTL4 est une protéine sécrétée dans les cultures primaires de cellules endothéliales humaines issues de macro.ANGPTL4 matricielle.ANGPTL4 soluble. Enfin. étant induit par l’hypoxie et interagissant avec la matrice extracellulaire. et d’autre part. protéines impliquées dans la maturation et la stabilisation des vaisseaux ainsi que dans le développement du système. 2006).338 PIERRE CORVOL neuritine et la Thioredoxin-interacting protein. ANGPTL4 appartient à la famille des angiopoiétines. Ces évènements s’accompagnent d’un étalement intermédiaire des HUVEC. 2006). ANGPTL4. Cette forme matricielle interagit très fortement avec la matrice extracellulaire. Nos efforts se sont donc concentrés sur l’étude de la fonction d’Angiopoietin-like 4 (ANGPTL4) et de la thrombospondine-1 (TSP1). 2003). présente dans le milieu de culture et soumise à une protéolyse extracellulaire (forme longue de 55 kDa et protéolysée de 35 kDa) 2. les critères de choix suivants ont été appliqués : 1) constituent-ils des marqueurs de pathologies (ischémie des membres inférieurs ou cancer) ? 2) Sont-ils des cibles thérapeutiques potentielles (protéines sécrétées ou récepteurs) ? 3) Comment sont-ils susceptibles de moduler la réponse angiogénique ? tsp1 et angptl4. L’ARNm d’ANGPTL4 est aussi exprimé spécifiquement dans les cellules tumorales des cancers conventionnels du rein (ou à cellules claires) pour lesquels ce gène constitue un marqueur diagnostique (Le Jan. Les analyses fonctionnelles réalisées in vitro ont confirmé cette hypothèse. associé à une modification du cytosquelette objectivée par une diminution des fibres de stress et des points focaux d’adhésion. associée à la matrice extracellulaire subendothéliale et non protéolysée (55 kDa). ostéonectine (SPARC) ou la thrombospondine 1 (TSP1) et IGFBP3. Les processus angiogéniques s’accompagnent d’un profond remodelage matriciel qui consiste aussi bien en la dégradation de la matrice extracellulaire en place qu’en l’établissement d’une matrice provisoire associée aux phénomènes dynamiques de migration cellulaire. l’expression d’ANGPTL4 par les cellules B16 inhibe leurs propriétés de migration. nous étudions le transcriptome ainsi que les propriétés angiogéniques de progéniteurs endothéliaux circulants adultes (Smadja. Nous avons montré. 2006). 2007) et (Smadja. il est important d’analyser le « sous-protéome » matriciel et en particulier l’expression de certains constituants matriciels. Les analyses des cibles moléculaires (récepteurs.MÉDECINE EXPÉRIMENTALE 339 les cellules tumorales mais aussi les cellules endothéliales intratumorales. que les cellules de carcinome pulmonaire 3LL xénogreffées sous la peau de souris et les cellules de mélanome murin B16F0 injectées dans le sinus rétro-orbital. par une analyse des protéines de la matrice extracellulaire produite par les cellules endothéliales in vitro. Le remodelage matriciel résulte donc à la fois des variations d’expression de gènes et des modifications post-traductionnelles des protéines exprimées. d’invasion et d’adhésion. Dans ce contexte. La formation de points focaux d’adhésion est aussi fortement réduite. Le profil d’expression de Cyr61. In vitro. Les cellules B16 forment des nodules qui restent intravasculaires au niveau pulmonaire. disponibles au laboratoire. Il est maintenant important de déterminer les caractéristiques moléculaires et fonctionnelles de l’interaction d’ANGPTL4 avec la matrice extracellulaire. Nov. la modulation de ces interactions pouvant contrôler la biodisponibilité d’ANGPTL4 dans les pathologies ischémiques tumorales comme cardiovasculaires (Chomel. La technique d’électrotransfert d’ADN a été utilisée pour exprimer ANGPTL4 in vivo chez la souris. montrant qu’ANGPTL4 inhibe aussi le processus d’extravasation. L’objectif de l’équipe est aussi d’analyser les modifications du microenvironnement vasculaire dans un contexte hypoxique. est en cours. Nov et CTGF). De plus. Dans le cadre d’un réseau INSERM dédié à l’étude des cellules souches. développent moins de métastases pulmonaires chez les souris électrotransférées avec ANGPTL4 que dans les souris contrôle. en collaboration avec l’UMR 8121 IGR. Ces phénomènes s’accompagnent d’une désorganisation du cytosquelette d’actine des cellules exprimant ANGPTL4. notamment des protéines matricellulaires auxquelles ANGPTL4 est apparentée. puis à la formation d’une lame basale permettant la stabilisation du vaisseau néoformé. 2008 soumis). TSP1 et ANGPTL4 a été établi au laboratoire dans le milieu de sécretion et la MEC de cultures primaires . 2008 soumis). ANGPTL4 inhibe la perméabilité vasculaire dans un test de Miles en réponse à l’histamine. Ces résultats montrent qu’ANGPTL4 inhibe les processus métastatiques en affectant la perméabilité vasculaire et les propriétés de motilité et d’invasion des cellules tumorales (Galaup. intégrines) et cellulaires (cellules de la paroi vasculaire ou cellules tumorales) ainsi que l’étude des souris invalidées pour le gène (angptl4 KO). Les cellules endothéliales expriment effectivement certains membres de cette famille tels que les CCN (Cyr61. I. C. Corvol. Fysekidis. H. G. a été réalisée par séparation en électrophorèse bidimensionnelle des protéines de la MEC de cultures primaires de cellules endothéliales de micro. Certaines de ces protéines sont accumulées dans la MEC subendothéliale hypoxique. Ainsi. M. M. Calderari. Kempf. Clemessy. C. M. Vincent. 2) la genèse des calcifications vasculaires et 3) l’angiogenèse du pancréas au cours du développement embryonnaire et son implication éventuelle dans le diabète. L’ensemble de ces travaux permettra de caractériser l’action concertée de protéines matricielles régulées par l’hypoxie. N. nous avons identifié par spectrométrie de masse des protéases et des enzymes de pontage et de réticulation de la MEC. Bracquard. Hubert. Les analyses de ces protéines de pontage de la MEC se poursuivent afin de déterminer leur rôle dans le remodelage matriciel et les réponses angiogéniques des cellules vasculaires. Système rénine-angiotensine a) Activation constitutive du récepteur de l’angiotensine II Le rôle du système rénine-angiotensine a été essentiellement étudié par la surexpression ou l’inactivation de ses différents composants chez l’animal. Larger.et macrovaisseaux cultivées en normoxie ou hypoxie. De plus. Cette approche permet l’analyse de facteurs bioactifs associés aux composants structuraux de la MEC. F. 2008 soumis). Michaud. Il n’existait pas jusqu’à présent de données concernant les effets d’une activation constitutive de l’un des gènes de ce système. Le laboratoire avait montré qu’il était possible de créer . le dernier étant encore au stade d’élaboration de programme de recherche. Gasc. Cousin. III — Angiogenèse normale et pathologique Équipe : P. en association avec des réseaux de collagènes et de laminines. sans a priori. Leroux-Berger. Nguyen. 2006). A. A. Lamandé. C. Bessonnat. une approche protéomique différentielle. Sainz L’équipe « Angiogenèse normale et pathologique » s’intéresse à différents sujets de recherche : 1) le rôle du système rénine-angiotensine dans la régulation du système cardiovasculaire et la fonction rénale . J-M. l’expression de la TSP1 in vivo est analysée dans les tissus ischémiques du modèle murin de patte ligaturée. S. L’expression de ces protéines est aussi fortement augmentée dans les tissus ischémiques de pattes de souris ligaturées. Parallèlement à cette caractérisation de protéines matricellulaires candidates. Chougnet. J. A. Caillard. Ledoux. E. Seuls seront brièvement rapportés ici les deux premiers sujets de recherche. S. D.340 PIERRE CORVOL d’HUVEC (Cazes. contribuant aux modifications du microenvironnement et impliquées dans les processus angiogéniques. 1. Queguiner. Les conséquences fonctionnelles de cette expression sont en cours dans le modèle de la patte ischèmique chez les souris sauvages et les souris invalidées pour le gène (tsp1 KO) (Bréchot. Invest. inactive. Le récepteur constitutivement activé remplace le récepteur AT1R. Elles ont une pression artérielle et une fonction rénale apparemment proches de celles des souris sauvages. avec une nette fibrose au niveau cardiaque et rénal. Il existe deux sites. En collaboration avec K. l’ACE inactive la bradykinine. J.. J.. nous avons créé une série de souris génétiquement modifiées pour le gène de l’ACE. le récepteur AT1R est spontanément activé. ce qui laissait suggérer que le domaine C-terminal suffisait à assurer l’ensemble des propriétés physiologiques de l’ACE (Fuchs S. Les données in vivo sont en accord avec celles observées in vitro : la réponse hypertensive et la durée de l’élévation de la pression artérielle sous angiotensine II sont plus marquées que chez les animaux sauvages. et al.MÉDECINE EXPÉRIMENTALE 341 une activation constitutive du récepteur AT1 de l’angiotensine II (AT1R) in vitro en associant une mutation ponctuelle (N111S) et une délétion de l’extrémité C-terminale intra-cytoplasmique.. De telles souris produisent un ACE dans les tissus somatiques et germinaux comme chez les souris sauvages. USA). Rôle du domaine C-terminal et phylogénie Rôle du domaine C-terminal. J. aldostérone paradoxalement à des valeurs « normales ». et n’est que partiellement internalisé et désensibilisé (Billet S. Afin de connaître les conséquences physiologiques d’une telle activation. Les données hormonologiques (rénine plasmatique basse. Elles ne possèdent qu’un site N-terminal actif. Bernstein (Emory Univ. un peptide vasodilatateur et natriurétique. 2007). Le domaine N-terminal a été inactivé sélectivement et un knock-in réalisé. la régulation de la pression artérielle est maintenue grâce à une stimulation intense de . b) Enzyme de conversion de l’angiotensine (ACE). un modèle knock-in de souris a été réalisé. Aucun phénotype patent n’a été observé. catalytique dans l’ACE. Biol. des souris chez qui le site catalytique du domaine C-terminal a été inactivé ont été créées (knock-in). L’ACE joue un rôle central dans le système rénineangiotensine car il convertit l’angiotensine I. Billet et al. Les souris chez qui AT1R est constitutivement activé développent une discrète hypertension artérielle (+ 20 mmHg). Clin. Atlanta. somme toute modeste. l’un appelé N-terminal et l’autre C-terminal. mais à l’activation locale du système rénineangiotensine. l’angiotensine II.. faute d’inhibiteurs puissants et sélectifs. Clin. Toutefois. Afin de répondre à cette question. 2004). Chem. en un octapeptide actif. Ces deux sites N. Ce nouveau modèle expérimental s’avère utile pour préciser le rôle de l’angiotensine II dans les organes cibles dans un contexte proche de celui de certaines formes d’hypertension humaine (S. Par ailleurs. 2007). et al. Dans ces conditions. compte tenu de l’abaissement du taux de rénine) sont similaires à celles observées dans un groupe d’hypertendus catégorisé comme à rénine basse et aldostérone normale. même en l’absence d’angiotensine II. Invest.et C-terminaux catalysent tous deux ces réactions enzymatiques in vitro mais leur rôle respectif in vivo n’a jamais pu être évalués. Ceci suggère que la fibrose dans ce cas n’est pas seulement liée à l’élévation de la pression artérielle. Fuchs et al. en collaboration avec Annette Koulakoff (Inserm U840 Collège de France Paris) et Charles Schwartz (Greenwood Genetic Center. Manuscrit soumis. Elle représente un élément de plus pour répondre aux questions sur les relations structure/activité et sur la spécialisation de l’ACE au cours de l’évolution (G. L’ACE est présente dans plusieurs espèces d’invertébrés alors même que ces espèces sont dépourvues des autres constituants du système rénine-angiotensine. Par ailleurs. est sensible à l’effet du chore et peut être inhibée par des inhibiteurs d’ACE de mammifère.. Son rôle possible dans la différenciation neuronale a débuté. Hypertension 2008). L’expression et la caractérisation de cette ACE révèle qu’il s’agit d’une dipeptidyl-carboxypeptidase fonctionnelle. Les travaux se porteront notamment sur l’enzyme responsable du clivage intracellulaire de (P)RR et sur les fonctions du (P)RR soluble. et l’ACE correspondant a été appelé XcACE. De même. Cette protéine clive l’angiotensine I en angiotensine II. Nguyen dans plusieurs directions : — Une étude sur l’expression de (P)RR a été réalisée dans le cerveau de souris adulte. . — La caractérisation des différentes formes moléculaires de (P)RR et. L’analyse in silico de données génomiques révèle qu’une séquence d’ADN pourrait coder pour des enzymes de type ACE. ce qui montre le rôle de l’activité enzymatique de l’ACE testiculaire dans la fertilité masculine (S. Le clonage d’un tel ACE putatif a été réalisé dans une bactérie phytopathogène. L’ACE pourrait jouer un rôle dans la reproduction chez les insectes. L’ACE chez les insectes et la sangsue sont des ACE possédant un seul site catalytique (à l’inverse des vertébrés chez qui existent deux sites catalytiques) et dépourvues d’une pièce hydrophobe d’ancrage transmembranaire. fonctionnelle dont le rôle n’est pas connu.342 PIERRE CORVOL la production rénale de rénine. Genes 2007). Rivière et al.. si la fonction rénale apparaît normale en situation physiologique habituelle. Ces résultats montrent que le domaine C-terminal est le principal site de clivage in vivo de l’angiotensine I. Ces données montrent que XcACE est une ACE ancestrale. les souris dont le domaine C-terminal de l’ACE est inactif ne peuvent pas concentrer de façon satisfaisante leurs urines lorsqu’elles sont soumises à une déshydratation. c) Récepteur de la rénine Les études sur les fonctions pléiotropiques du récepteur de la rénine et de la (pro)rénine (P)RR sont poursuivies dans le groupe de G. USA). les souris dépourvues d’un site catalytique C-terminal actif sont infertiles. en particulier. Présence d’une enzyme de conversion de l’angiotensine active chez une bactérie. la recherche d’une forme soluble du récepteur. Xanthonomas axonopodis. ce qui suggère que le domaine N-terminal ne peut compenser par lui seul l’activité du domaine C-terminal. la minéralisation de la matrice extracellulaire (MEC) apparaît exclusivement dans les os (et les dents) qui se forment soit directement par différentiation ostéoblastique soit par l’intermédiaire de cartilage lors d’une différentiation chondro-ostéoblastique. Ces résultats suggèrent que. Toutefois. — Enfin. ou encore l’insuffisance rénale. Il apparaît donc évident qu’une meilleure compréhension des mécanismes impliqués dans l’initiation et la progression de cette pathologie est essentielle pour améliorer la prévention et le traitement de ces minéralisations ectopiques. est fréquemment observée chez le sujet âgé ou comme complication chez le patient atteint de pathologies. il est désormais clairement établi que les calcifications vasculaires sont associées à des évènements cardiovasculaires. Bien que la physiopathologie de ces calcifications/minéralisations vasculaires soit bien documentée. une protéine γ-carboxylée de la MEC). SM22 spécifiques des cellules musculaires lisses vasculaires). la paroi artérielle peut être le siège. le diabète. peu de choses sont connues sur les processus moléculaires impliqués dans leur formation et leur développement dans la paroi artérielle. afin d’étudier le rôle de physiologique de (P)RR ainsi que son implication dans différents modèles pathologiques.MÉDECINE EXPÉRIMENTALE 343 — Une étude de l’expression de (P)RR dans le rein embryonnaire a été réalisée. dans certaines conditions pathologiques. diabète. le laboratoire devrait disposer très bientôt de souris floxées pour (P)RR. Ces souris seront croisées avec des souris Cre sous contrôle de différents promoteurs (podocine spécifique des cellules épithéliales rénales. lors des calcifications vasculaires. Ce programme est financé par le Conseil régional d’Ile de France sous la forme d’une allocation doctorale de 3 ans. En outre. telles que les artères. Bien que longtemps considérées comme bénignes. La minéralisation de la paroi vasculaire est un indicateur important de la morbi-mortalité cardiovasculaire. appelée plus couramment calcification vasculaire. telles que celles dépourvues de Matrix Gla Protein (Mgp. à la fois d’une différentiation chondroblastique à l’origine de l’apparition de cellules cartilagineuses dans le vaisseau affecté et d’une minéralisation indépendante de la présence d’ostéoblastes de ce même vaisseau. Cette minéralisation ectopique des vaisseaux. telles que l’athérosclérose. l’hypercholestérolémie. d’autres résultats générés par l’analyse de souris mutées. les conséquences de l’exposition du fœtus à un diabète maternel sur les taux de (P)RR seront étudiées. démontrent que la minéralisation de la paroi artérielle peut être initiée en absence d’ostéoblastes mais en présence de chondroblastes. Cependant. L’essentiel de la littérature suggère que le développement des calcifications vasculaires est due à la différentiation ostéoblastique de cellules musculaires lisses vasculaires en cellules osseuses dont la MEC subit une minéralisation. hypertension. 2. . par des mécanismes qu’il reste à découvrir. Bases moléculaires des calcifications vasculaires Dans les conditions physiologiques. une minéralisation ectopique et anormale peut se développer dans des tissus mous. Nguyen G. Rose M. grâce à l’analyse de deux modèles d’animaux présentant des calcifications vasculaires importantes . Galaup A. 2007. il existe une modulation réciproque des deux types de facteurs qui maintiennent chaque cellule qui les exprime dans leur phénotype propre. 2007. la surexpression de facteurs prochondrogéniques pourrait être responsable de la conversion des cellules musculaires lisses en chondrocytes... Magnon C. Renin receptor expression in human adipose tissue. en culture mais également in vivo. Physiol. and Lassau N... En conditions pathologiques. and Grino M. Germain S. Ceci confirme l’existence d’une trans-différentiation des cellules musculaires lisses vasculaire en cellules de cartilage au cours des processus de calcification. dans les conditions physiologiques. Inversement les facteurs vasculaires empêchent l’activité transcriptionnelle de facteurs pro-chondrogéniques. les buts de notre projet sont : 1) d’étudier les signaux et facteurs de transcription (notamment mais pas exclusivement certains candidats tels que Shh. 2) de déterminer. 292 : R274-R282.2 respectivement). Les résultats préliminaires obtenus au cours de ces derniers mois montrent : — La disparition de marqueurs des cellules musculaires lisses au profit de l’apparition de l’expression de marqueurs de cartilage lors du développement des calcifications vasculaires dans le modèle des souris déficientes en Mgp.. BMPs et GATA6. Dynamic assessment of antiangiogenic therapy by monitoring both tumoral vascularization and tissue degeneration. Perricaudet M. 14 : 108-117. Integr. Comp. Regul. Desbriere R. Rouffiac V. Opolon P. Connault E.. responsables de la formation de cartilage ectopique dans les artères. Liste de publications du laboratoire 2007-2008 Achard V. nous espérons que les résultats obtenus au terme de ce projet pourront ouvrir de nouvelles stratégies thérapeutiques destinées à bloquer très précocement l’apparition et le développement des calcifications chez les sujets à risque. Physiol. Roche A. ce programme de recherche fournira des informations nouvelles et déterminantes sur les mécanismes qui régulent les étapes précoces des complications cardiovasculaires. Gene Ther. les rôles et interactions spécifiques de ces molécules dans la transition phénotypique des cellules musculaires lisses en cellules cartilagineuses . Nkx3 ..344 PIERRE CORVOL Pour élucider les mécanismes moléculaires responsables de l’initiation de la minéralisation pathologique des vaisseaux. En identifiant les signaux et facteurs de transcription impliqués dans la transition des cellules musculaires lisses vasculaires en chondrocytes. — L’existence d’une inhibition de l’activité des facteurs vasculaires par les facteurs chondrogéniques.... J.. Ces résultats suggèrent ainsi que. Boullu-Ciocca S. Griscelli F. Par conséquent. Am. . 3) d’identifier et de caractériser des nouveaux régulateurs impliqués dans la minéralisation indépendante de l’apparition d’osteoblastes.. Bouvree K.. Perricaudet M. Nguyen G.. Klein J. 2007. Lamande N. Iwao H.-M.R. Cottrell G. Radiation and angiogenesis inhibition synergize to induce HIF-1α-mediated tumor apoptotic switch. 581 : 962-966.A... N.. Larrivee B. Lehn J. Muffat-Joly M... Metivier D. Acad. Tessier-Lavigne M.-M.W.. Proc. Binding kinetics of renin and prorenin in rat vascular smooth muscle cells overexpressing the human (pro)renin receptor. Helley D. 85 : 451-460.. 2007..-C. Hypertens. J... Med. 21 : 2433-2447.. Brechot N.. Steinhoff M. Elghozi J...H. Mol. Padilla B.. De Bruin R. and Sethi Investigators.. Müller D.. 2007. Sci. Opolon P. Escoubet B... Hamard G. Thomas J. Michaud A. Breant C. De Vries R. Krop M. Endothelin-converting enzyme-1 regulates endosomal sorting of calcitonin receptor-like receptor and beta-arrestins.. Duarte A. Bieche I. Brand M. Billet S. Gasc J. J.E... Bernstein K.-P..M. Hamming I. Larger E. Invest.. 2007. Prorenin is the endogenous agonist of the (pro)renin receptor. Conchon S. 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Nicolas Stenon (1667.Biologie historique et évolutionnisme Armand de Ricqlès. visant à la réalisation d’un Musée sur site (gisement dinosaurien de Tazouda) s‘intégrant dans un vaste projet de « Géoparc » dans le Haut Atlas. 15. sur tous les continents. ceux-ci ont-ils été progressivement capables de construire une interprétation naturaliste. il est réconfortant et salutaire de se tourner vers les « pères fondateurs ».1669). fossilisées et conservées dans les sédiments marins formant les assises de l’île. En un temps où le « néo-créationnisme » tente de s’emparer des esprits et essaye. 25 janvier . à leur époque. Cours 2007-2008 Vendredi 11. Comment. professeur ENSEIGNEMENTS 1. J’ai brièvement présenté ensuite. 8. j’ai consacré les deux premières séances à un point d’histoire de la paléontologie : les débuts de l’interprétation réaliste des fossiles. ni des « jeux de la nature » mais bien de véritables dent de squales. réaliste et scientifiquement fondée des fossiles ? J’ai montré en détail comment les « glossopètres » de l’Ile de Malte ont joué un rôle éminent dans cette aventure intellectuelle qui se déroule de la Renaissance à l’Age classique. 22 février. . 1. 18. Agostino Scilla (1670) et Paolo Boccone (1671). au titre de « l’actualité » des travaux de la chaire. les activités conduites depuis plusieurs années au Maroc. Les héros en sont Conrad Gesner (1565). et malgré un environnement créationniste (et diluvianiste) dominant. Michele Mercati (1574). de subvertir à l’école les enseignements scientifiques sur l’évolution. 7 et 9 mars 2008 (18 heures) Le retour à la source : l’évolution secondaire des tétrapodes vers les milieux aquatiques 2 — Les formes mésozoïques En prologue au Cours annoncé. Les « glossopetrae » ne sont pas la langue pétrifiée de Saint Paul (évangélisateur de Malte) et multipliée dans le sol « par la vertu des roches ». J’ai traité ensuite en détail le clade des Ichthyosaures (Ichthyopterygia ou « Parapsides »). paléobiologie. biomécanique. des hétérochronies de développement du squelette sont associées à l’adaptation secondaire au milieu aquatique.. J’ai enfin passé en revue le grand clade des Sauropterygia ou « Euryapsides » (Nothosaures. cette année. membres. Comme d’habitude. déploiement biostratigraphique et paléogéographique. paléoécologie.) on a d’abord traité de deux petits groupes anciens. comme chez les Urodèles. pour chaque groupe.. Après un rappel des caractéristiques ostéologiques fondamentales des amniotes (problème des fosses temporales. de nombreuses lignées s’adaptent en effet secondairement aux milieux aquatiques à partir d’ancêtres présumés terrestres. Parmi ces derniers. Ils sont célèbres par les implications paléogéographiques de leur répartition (Afrique du Sud et Amérique du sud exclusivement). Les Mésosaures constituent un petit groupe d’amniotes primitifs de taille médiocre (50 cm à 1. extinction…). l’évolution à cet égard de groupes d’importance variée. Les phénomènes extensifs de pachyostéosclérose intéressant la morphologie (côtes « en bananes ») et l’histologie de tout l’endosquelette sont très marqués et suggèrent que. etc.50 m) représentant les plus anciens reptiles très modifiés par leur adaptation à la vie aquatique (Carbonifère supérieur. La reconstitution du crâne chez Mesosaurus et Stereosternum avec des fosses temporales de type « synapside » n’est pas certaine et cet argument n’est plus guère accepté pour rapprocher les Mésosaures de la lignée mammalienne. analyse phylogénétique. Placodontes et Plésiosaures). De taille moyenne (1 à 3 m de long) ils ont des membres courts mais pas transformés en palettes natatoires. Ils ont vécu dans une mer épicontinentale sur le Gondwna. ayant servi d’argument fort en faveur du « Continent de Gondwana » bien avant l’élaboration de la « tectonique des plaques ». ayant suivi les dépôts de tillites glaciaires en Afrique du Sud (Groupe de Dwyka). Les découvertes de l’Ecole Suisse de Peyer dans le Trias des Alpes tessinoises (années 1930) de reptiles marins diapsides (Macrocnemus. les données d’histoire de la paléontologie et de la systématique (premières découvertes puis compréhension « classique » du groupe) avec les données récentes issues de la recherche moderne (nouvelles découvertes. soit par leur longévité géologique ou pour leur importance écologique. On a envisagé. Thalattosaurus et Nectosaurus ont une fosse temporale « basse » techniquement de type synapside (lignée mammalienne) bien que le reste de l’anatomie évoque plutôt les diapsides. j’ai tenté de croiser. Permien inférieur). soit par leur biodiversité.350 ARMAND DE RICQLÈS Le cours proprement dit a débuté par un rappel des éléments biologiques présentés l’année dernière à propos de l’adaptation secondaire de certains amphibiens aux milieux aquatiques (hétérochronies de développement dans l’histologie squelettique) en posant la question de la possible pertinence de ces mêmes mécanismes mais cette fois chez les amniotes (Reptilia).) assez comparables aux thalattosaures ont fait . Askeptosaurus. Les Thalattosaures forment un autre petit groupe de reptiles aquatiques découvert au début du xxe siècle dans le Trias supérieur de Californie. souvent rapprochés des Synapsides (lignée mammalienne) : Mésosaures et Thalattosaures. En fait. comme à Holzmaden (Toarcien du Wurtemberg). cette disposition a justifié de placer les ichthyosaures dans une « sous classe » particulière des Reptilia : les Parapsides. Xinpunsaurus et d’autres taxons ont récemment permis la construction d’un cladogramme du groupe. en notant l’importance des « fossilisations exceptionnelles » des traces du tégument. fusions. la création du Genre Ichthyosaurus par Koenig (1817) et l’intérêt de Cuvier qui fait acheter le premier spécimen pour le Muséum (1820). Pendant la plus grande partie du xxe siècle. recouvrements et disparitions des os dermiques de la joue et de la région temporale sont intervenus dans diverses lignées d’ichthyosaures. Les dents sont généralement coniques à carènes coupantes (fonction prédatrice). mais quelques formes triasiques (Phalarodon. mais la fosse temporale supérieure est particulière car typiquement limitée infèro-latéralement par le post frontal et le supra temporal. dès la base du Lias dans certaines lignées. la palette devenant alors étroite et très allongée (lignées « longipinnates » : Shastasauridés du Trias supérieur). Omphalosaurus…) se sont adaptées à la durophagie. Au contraire la palette peut s’élargir (« latipinnates ») avec . on aborde une radiation majeure de tétrapodes retournés au milieu aquatique. On est passé ensuite à la présentation anatomique générale du groupe. Il y a toujours hyperphalangie mais le nombre de doigts peut se réduire. les travaux comparatifs récents prenant en compte les formes du Trias et du Jurassique ont permis de résoudre le problème. La disposition crânienne des Ichthyosaures était apparue comme très singulière. On a également relaté l’histoire des premières iconographies de vulgarisation paléontologique à propos des ichthyosaures par de la Beche (1830) et Parley (1837). avec des dents à couronnes bulbeuses. et donc la pertinence même du concept de parapside : il s’agirait de diapsides typiques. qui semble s’être dispersé au Trias sur la rive nord de la Téthys. Avec le groupe des Ichthyopterygia (Ichthyosaures) constituant un grand clade naturel. dont l’origine à partir d’une membre pentadactyle « typique » de vertébré terrestre peut être désormais assez bien documentée grâce à la découverte de formes très primitives (Chaohusaurus) récemment décrites du Trias inférieur d’Anhui (Chine). A partir d’une disposition diapside « typique » plésiomorphe (Trias inférieur) une disposition parapside typique se réalise bien secondairement. Mc Gowan) avaient mis en doute l’existence de cette disposition anatomique. Cette hypothèse a été confirmée à partir des années 2000 par la découverte de formes nouvelles dans le Trias supérieur du Guizhou (Chine). Nous avons relaté l’histoire de ces premières découvertes (1814) sur les côtes du Dorset par Mary Anning. permettant ainsi de découvrir l’existence de nageoires dorsale et caudale supérieure uniquement tégumentaires. A partir des années 1970 de nouvelles études (Romer. La découverte de ce groupe en Angleterre au début du xixe siècle nous ramène aux origines mêmes de la paléontologie des vertébrés. Anshunsaurus. Il s’agit de diapsides. Des phénomènes de déplacements. Les membres antérieurs et postérieurs sont complètement transformés en palettes natatoires.BIOLOGIE HISTORIQUE ET ÉVOLUTIONNISME 351 rapidement soupçonner que ces derniers pourraient être des diapsides modifiés par perte de la fosse temporale supérieure. Les Shastasauridés du Trias supérieur. les principaux gisements européens « classiques » sont en Angleterre et en Allemagne et le groupe est également connu des bordures du Pacifique : Neuquèn (Argentine) et Wyoming (USA). Au fur et à mesure de leur évolution les ichthyosaures réalisent un profil plus hydrodynamique avec un tronc plus court. La biodiversité du groupe s’effondre lors de la transition Trias/Lias mais la lignée se poursuit avec des formes adaptées à la vie pélagique (Néoichthyosauria). A l’Albien (Sommet du Crétacé inférieur) leur répartition est encore très vaste : « continental seaway » sur l’Amérique du nord. telle la concentration d’individus immatures et de femelles gestantes dans d’éventuels . taille des orbites…) (Ichthyosaurus. Enfin la sédimentologie permet de préciser les habitats (formes néritiques ou pélagiques). La morphométrie renseigne sur l’évolution des modes de nage et suggère une physiologie « pseudo-endothermique » chez les espèces thuniformes. De nombreuses questions restent toutefois ouvertes. etc. Ce sont les types « classiques » d’ichthyosaures du Jurassique. De façon générale. Au Jurassique moyen. Ophtalmosaurus. Chine). L’histologie suggère une croissance rapide dans un contexte adaptatif très comparable à celui des Cétacés. Au Trias supérieur ils sont largement répartis depuis la région orientale (Japon. le groupe subit une nouvelle diminution de sa diversité mais persiste au Crétacé avec des formes telles que Platypterygius présentant une polydactylie.352 ARMAND DE RICQLÈS hyperdactylie. Au Jurassique terminal. représentent les premiers grands ichthyosaures (Cymbospondylus) et contiennent les géants du groupe (Shonisaurus : 15 à 20 m ?). Névada) surtout dans des sédiments marins côtiers. et qui proviennent de formes du Jurassique phylogénétiquement moins dérivées que le groupe Ichthyosaurus-Ophtalmosaurus. la morphologie des formes primitives (Trias inférieur) présente un corps allongé. Stenopterygius. vivant dans des environnements néritiques. et une caudale falciforme adaptée à la nage thuniforme. Les formes archaïques du Trias inférieur et moyen (Mixosaurus. En ce qui concerne la paléobiologie. nous avons présenté et discuté les données et l’argumentation concernant divers aspects du mode de vie. constituant de nombreux taxons de taille moyenne (3 m) à grande (7 m) et présentant chacun des autapomorphies variées (forme du rostre. au corps encore allongé et à la caudale plésiomorphe. avec une caudale dans le prolongement du tronc.). céphalopodes). en Europe alpine et centrale. Les ichthyosaures apparaissent au Trias inférieur de Chine (Chaohusaurus). Leptopterygius. La taphonomie informe sur la reproduction (viviparité) et l’alimentation (poissons. La phylogénie d’ensemble du groupe est désormais établie dans ses grandes lignes par l’analyse cladistique. Phalarodon) sont de petite taille. On a discuté ensuite de l’histoire de la répartition spatiale du clade qui est relativement bien documentée. adapté à la nage anguilliforme. au Spitzberg et en bordure du Pacifique (Colombie britannique. Russie du Sud et région australienne. Europe centrale. renflé. comme chez Platypterygius du Crétacé inférieur. la dynamique de leur différenciation donne toujours lieu à controverses. Il se poursuit au Jurassique par les formes pélagiques bien connues des . formes encore amphibies. Pour les uns. les membres pairs euxmêmes (et leurs ceintures) conservent toujours un rôle important. Dans ce cas. ne disparaissant qu’avec l’événement fini-Crétacé. comme chez les poissons. Seule est présente une fosse temporale supérieure homologue à celle des diapsides. selon des modalités toutefois assez variées. Chez les sauroptérygiens. De futures découvertes de terrain permettront sans doute de tester ces hypothèses. S’il paraît clair désormais qu’ils dérivent de quelque diapside terrestre « généralisé » et encore inconnu. le clade débute au Trias avec les nothosaures. Quand celui-ci disparaît. la découverte des plésiosaures ramène aux origines mêmes de la paléontologie scientifique. la différenciation initiale des ichthyosaures aurait été très rapide et concentrée à la base du Trias (base du Scythien). très peu modifiés par rapport aux formes jurassiques. Classiquement. voire majeur. L’autre grand rameau évolutif envisagé cette année est celui des Sauropterygia (ou Euryapsides) dont les représentants les plus connus sont les plésiosaures. J’ai enfin évoqué les problèmes d’origine et d’extinction du groupe. de taille petite ou moyenne. Le problème de l’origine des ichthyosaures demeure largement ouvert. très spécialisés dans la consommation de coquillages. la découverte du premier squelette complet par Mary Anning (1821) et l’achat par Constant Prévost. Globalement. une émargination de la bordure inféro-latérale de la joue et l’absence de quadrato-jugal suggèrent qu’une fosse temporale inférieure de diapside aurait pu être initialement présente. Comme celle des ichthyosaures. J’ai relaté les soupçons de Cuvier dessinant en Angleterre dès 1818 des os isolés de plésiosaures. Le terme d’Euryapside. les sauroptérygiens montrent une plus grande biodiversité et un plus long succès évolutif que les ichthyosaures. dans la locomotion. et les placodontes. désignant classiquement une « Sous Classe » des Reptilia. A sa place. Pour les autres. Chez ces derniers la propulsion était assurée par des ondulations latérales du tronc et de la queue. Les sauroptérygiens présentent un mode d’adaptation à la propulsion aquatique fondamentalement différent de celui des ichthyosaures. les membres pairs ne conservant que des fonctions de stabilisateurs et de gouvernes. fait allusion à la disposition particulière des fosses temporales. l’origine du groupe participe d’une dynamique de recolonisation rapide des habitats par rediversification des écosystèmes après la crise.BIOLOGIE HISTORIQUE ET ÉVOLUTIONNISME 353 « sites de reproduction » à la façon des Cétacés (Holzmaden ?). caractéristique du groupe. et donc limitée latéralement par le post orbitaire et le squamosal. à la suite d’une réduction progressive de son aire d’extension géographique connue. étaient déjà des « fossiles vivants » dans les écosystèmes marins du Crétacé. sensibles à l’énorme extinction fini-permienne. bien avant la fin du Crétacé supérieur. L’articulation carré/articulaire est reportée très postérieurement. du second squelette sub-complet pour le Muséum dès 1824. les derniers ichthyosaures. En revanche il n’y a pas de fosse temporale inférieure. le degré de spécialisation des premiers ichthyosaures connus du Spathien (Trias inférieur) implique une longue histoire permienne encore totalement inconnue. missionné par Cuvier. ) sont généralement des organismes plus spectaculaires que les pachypleurosaures (1. initialement classés parmi les nothosaures. entre autres synapomorphies. pusillus. de Chine. montre qu’ils constituent un premier clade basal des Sauropterygiens : les pachypleurosaures. En revanche. Avec ce modèle on dispose de « paléopopulations » (contrôle statistique) représentées par des individus complets (contrôle anatomique). peyeri et N. Ceresiosaurus. N. et qui est très proche de celle des mésosaures (voir ci-dessus). Le cou. du fait de nouvelles découvertes et de l’application de la méthode cladistique. qui se regroupe avec d’autres taxons de très petite taille et un peu plus récents du Trias inférieur et moyen d’Europe centrale (Dactylosaurus. Lariosaurus. A la suite des études récentes de O. les élasmosaures.. que nous avons détaillée. les problèmes paléobiologiques et évolutifs concenant des pachypleurosaures un peu plus récents et de plus grande taille. j’ai détaillé. dont l’ontogénie est connue. Simosaurus.354 ARMAND DE RICQLÈS plésiosaures à cou allongé et tête petite. à titre d’exemple.. Cymatosaurus. Le cladogramme suggère l’existence de plusieurs « lignées fantômes » répondant aux cladogenèses successives aboutissant aux quatre taxons décrits. etc. Ce clade est caractérisé. les trois autres espèces de Neusticosaurus étant de plus en plus dérivées. Les taxons concernés : Serpianosaurus et trois espèces successives de Neusticosaurus (Pachypleurosaurus) : N. L’analyse cladistique de ces taxons. edwardsii se succèdent localement dans la série stratigraphique. par une histomorphogenèse squelettique particulière. comprenant des séries de croissance (contrôle ontogénique). L’histoire paléontologique du groupe débute au Trias inférieur avec des organismes lacertiformes de petite taille (50 cm). Anarosaurus. Les Nothosaures proprement dits (Nothosaurus.50 m à 4 m). mais les quatre principales séquences fossilifères successives n’en représentent qu’un faible pourcentage temporel. avec toutefois des autopodes allongés mais sans hyperphalangie. Rieppel et coll..). présentant une grande diversité dans . Que souhaiter de mieux dans la documentation paléontologique ? La série stratigraphique représente une durée de 5 MA au maximum. et des pliosaures à cou court et à tête allongée. on n’en a nulle trace dans la documentation morphométrique et stratophénétique disponible. les plésiosaures y culminant avec des formes terminales de très grande taille. ce qui est conforme à leurs situations stratigraphiques respectives. se succédant dans le temps (contrôle stratigraphique) et l’espace en un même lieu (contrôle géographique). On saisit sur cet exemple en quoi l’analyse logique de la répartition taxinomique des états de caractères (analyse cladistique) pourrait éventuellement différer de la phylogénie concrète. La forme la plus basale est Keichousaurus. provenant des célèbres gisements du Monte San Giorgio (Tessin). le tronc et la queue sont allongés tandis que les membres pentadactyles sont relativement courts et robustes. Nous avons montré combien ce schéma général avait été enrichi et modulé par les recherches des deux dernières décennies. à la limite Anisien/Ladinien (Trias moyen). On retrouve les uns et les autres au Crétacé. L’analyse cladistique place Serpianosaurus comme taxon basal. qui suggère plutôt l’existence d’une seule lignée évoluant par anagenèse. Chine…). Les portions dorsales des ceintures étaient sans doute reliées à l’axe vertébral par de puissants systèmes ligamentaires. était de relativement petite taille et portée par un cou allongé. et plus ou moins allongée. Ils disposaient toutefois de deux « modules propulsifs » (pectoral et pelvien) au lieu d’un seul (pectoral) chez leurs analogues actuels. On avait soupçonné depuis longtemps qu’une famille très mal connue de nothosaures du Trias moyen. L’analyse cladistique d’ensemble du groupe tend à montrer que cette subdivision est plus écologique que phylogénétique. du Trias moyen du Nevada et de Yunguisaurus du Trias moyen de Chine relativement aux nothosaures et à Plesiosaurus (2006) confirme la position des pistosaures comme groupe-frêre externe des Plésiosaures. contrairement aux plésiosaures. aurait été à l’origine des plésiosaures. très complexe. L’analyse phylogénétique des caractères d’Angustasaurus. La nage pouvait encore impliquer des ondulations latérales du corps et de la queue. L’analyse phylogénétique du groupe. transmettant l’effort propulsif. à celle des pinnipèdes parmi les mammifères). Désormais on voit dans les plésiosaures (comme à la fin du xixe siècle) des pratiquants du « vol subaquatique » à la manière des tortues marines et des manchots actuels. Trias alpin. Les palettes natatoires postérieures (pelviennes) sont un peu plus développées que les antérieures (pectorales) chez les pliosaures. les pistosaures. Les nothosaures ne dépassent pas le sommet du Trias mais sont relayés dés le Lias par les premiers plésiosaures. Cette hypothèse a été confirmée récemment par la découverte de nouveaux pistosaures beaucoup plus complets. La tête triangulaire. La région troncale. on en est resté à une reconstruction proposée par Watson (1924) faisant des plésiosaures des « rameurs ». Moyen Orient. Des considérations hydrodynamiques et énergétiques suggèrent que les plésiosaures « classiques » à petite tête et long cou étaient des . mais devaient encore permettre la locomotion au sol (on a comparé leur situation. s’élargit assez considérablement et s’aplatit. n’a pas encore abouti à des conclusions robustes. C’était des organismes plutôt néritiques à rôle de superprédateurs dans les mers du Trias moyen et supérieur (Europe centrale (Muschekalk). Les membres sont toujours transformés en palettes natatoires plus ou moins allongées par un forte hyperphalangie (pas d‘hyperdactylie) et sont associés à un développement ventral considérable des ceintures scapulaires et pelviennes. avec d’emblée des formes pélagiques à tête plutôt petite et à cou long (plésiosaures proprement dits : Cryptocleidus) et des formes à grande tête et à cou court (type pliosaure : Peloneustes).BIOLOGIE HISTORIQUE ET ÉVOLUTIONNISME 355 leurs proportions crâniennes. Les membres pentadactyles assez peu modifiés sont cependant déjà adaptés à la vie aquatique. Celles-ci sont reliées ventralement par un puissant système de gastralia. On a relaté l’histoire des interprétations successives de la locomotion chez ces organismes. Pendant une bonne partie du xxe siècle. Les plésiosaures apparaissent avec la transgression liasique en Europe. Ceci pose le problème de l’origine de ces derniers. armée par des côtes puissantes. à cet égard. répondant à la réalisation itérative de deux « types adaptatifs » différents de grands prédateurs marins. Une analyse critique serrée de cette conception par Robinson (1975-76) tant du point de vue anatomique qu’écologique et énergétique a entraîné son abandon. 1995). beaucoup plus hydrodynamiques. La biomécanique dentaire et crânienne d’un superprédateur comme Pliosaurus a été analysée en détail et il a pu être montré que des carcasses flottées de dinosaures pouvaient entrer dans le régime (Taylor et al. pour des crânes de 30 à 50 cm chez les formes du Crétacé supérieur connues du centre et de l’ouest des USA. Celle d’un élasmosaure primitif dans le Jurassique inférieur français (Bardet 1999) est venue documenter l’origine de ces formes dominantes au Crétacé. Les rares données européennes issues du Maestrichthyen éponyme (Mulder 2000) indiquent également une persistance modeste du groupe jusqu’à l’extrême fin du Mésozoïque. Les plésiosaures à cou long évoluent au Crétacé vers des formes de très grande taille. Nous avons relaté une succession de découvertes récentes concernant le groupe. Des travaux phylogénétiques récents. les adultes acquièrent ensuite un squelette de structure allégée. à la façon des formes triasiques. Le cou très mobile s’allonge démesurément tandis que la queue se raccourcit en proportions relatives. en Utah (2007) ont confirmé que les Polycotylidés font partie d’un groupe de « plésiosaures à cou court » ou « faux pliosaures ». dont les relations phylogénétiques avec les autres Euryapsides ne font pas consensus. les supérieures et les inférieures s’entrecroisant. J’ai commencé . sans doute en relation avec la vie pélagique (Wiffen et al.356 ARMAND DE RICQLÈS nageurs d’endurance mais peu rapides. pouvant atteindre 12 à 15 mètres de long. les élasmosaures. Australiennes et Sud-Américaine/Antarctique. dans la nature actuelle. les découvertes d’Albright et al. Styxsosaurus ou Hydrotherosaurus. 1993). Très récemment. et ce jusqu’au Crétacé terminal. fondés en particulier sur la structure du palais chez Dolichorhynchops du Campanien (Crétacé supérieur) du Kansas. Les pliosaures. Les grandes dents faisaient saillies extérieurement. avec des formes parfois écologiquement très spécialisées dans la microphagie (Aristonectes). La position des plésiosaures et pliosaures au sein des écosystèmes marins du Jurassique supérieur a été systématiquement analysée sur le modèle de l’Oxford Clay (Martill 1994). « de type cétacé ». et réalisant ainsi une « trappe » à poissons ou à céphalopodes. Le « type pliosaure » est bien représenté au Crétacé par les Polycotylidés. telles que Thalassomedon. Ainsi les pliosaures apparaissent bien comme un écotype ayant évolué de façon polyphylétique. auraient été des nageurs plus rapides que l’on a pu comparer écologiquement à des orques. Les travaux paléohistologiques sur des séries de croissance d’élasmosaures et de pliosaures du Crétacé supérieur de Nouvelle Zélande ont apporté des données intéressantes. J’ai traité à part le groupe triasique des Placodontes. dont l’histoire peut être suivie en détail dans les régions Néo-Zélandaises. ont montré que ce groupe n’était pas apparenté directement aux pliosaures jurassiques mais qu’il fait partie d’un clade des Cryptocleidoidea (O’Keefe 2004) comprenant basalement des plésiosaures comme Muraenosaurus du Jurassique. Tandis que les jeunes ont un squelette pachyostique suggérant un rôle de « ballast » dans des environnements néritiques. Des ostéodermes se soudent à sa marge postéro-latérale et le corps s’aplatit dorso-ventralement.) se spécialisent davantage. J. 2. Une carapace constituée par des ostéodermes polygonaux se différencie dorsalement et ces placodontes en viennent ainsi à ressembler beaucoup. une grande forme (2 à 3 m) du Muschelkalk (Trias moyen) du domaine marin épicontinental (plates formes carbonatées) d’Europe centrale bordant le nord-ouest du domaine téthysien profond. en quelque sorte. Les membres. Les puissantes incisives proclives sont suivies sur le palais et la mandibule par quelques énormes « dents en pavés » à l’émail épais. Aucun placodonte ne dépasse le sommet du Trias. On a fait remarquer à cet égard que ces organismes spécialisés aux milieux néritiques n’ont pu s’adapter aux grandes transgressions liasiques. plus large que longue. partenaires scientifique A. Depuis une vingtaine d’années. Le crâne. de nombreux placodontes ont été découverts dans le Trias supérieur de Chine (Guizhou) : le groupe semble avoir évolué pendant tout le Trias dans les mers chaudes épicontinentales bordant le Nord de la Tethys. peu spécialisés. Il s’agit pour lui. Les ostéodermes dorsaux ne forment pas de carapace. au fil de la recherche. la queue reste allongée. Les autres familles de placodontes (Cyamodontidés : Cyamodus. de Ricqlès. Psephochelys. se raccourcit et s’élargit postérieurement pour faire place à une énorme musculature adductrice de la mandibule. propres à broyer les coquilles de mollusques marins. La notion de fonction : des sciences de la vie à la technologie. Fr. le biologiste utilise cette notion à chaque instant de son activité. Plachochelyidés : Plachochelys. la région pelvienne ayant une armure indépendante. de s’interroger sur sa pertinence ou sa signification. Chez Cyamodus et Psephoderma. elle prend une forme en selle. mais superficiellement. Psephoderma. Séminaire 2007-2008. d’un « outil intellectuel spontané » dont la disponibilité pratique permanente fait qu’il n’éprouve pas souvent le besoin. relativement courts mais peu modifiés. Houdé. Gayon. massif et solide. . Le crâne prend une forme triangulaire. Les côtes de morphologie complexe étaient complétées ventralement par des gastralia. ne devaient guère permettre une locomotion terrestre. est adapté à un régime conchylophage. C’était un animal plongeur au tronc rebondi et à la queue allongée. Chez Henodus. Comme Monsieur Jourdain faisant de la prose sans le savoir. Parot).BIOLOGIE HISTORIQUE ET ÉVOLUTIONNISME 357 par la présentation de Placodus gigas. L’évolution du groupe est dominée par l’adaptation à ce régime. Henodontidés : Henodus. etc. Pour le biologiste. restent bien développés. à des chéloniens. contrairement aux autres Sauropterygiens et aux Ichthyosaures qui s’adaptent alors à des modes de vie pélagiques. Sinocyamodus. La notion de fonction dans les sciences humaines. la carapace est en deux parties distinctes. Les membres. les 21-23 mai 2008 Organisé avec le Professeur Jean Gayon (Université Paris I Panthéon Sorbonne) dans le cadre de l’action concertée incitative (ACI). la notion de fonction est aussi familière qu’omniprésente dans tous les aspects de son travail. O. biologiques et médicale (Coordinat. si satisfaisante et si naturelle en apparence. l’omniprésente utilité de la fonction se comprend assez facilement parce qu’elle propose. De fait. du système. autrement dit l’explication de sa présence. est dans son effet physiologique lui même : on a donc affaire à une « explication finale » et non pas causale. L’explication par les causes finales est-elle inéluctable pour les sciences biologiques ? A mon sens. voire du rôle de l’espèce au sein de l’écosystème. véhiculée par le sang. aucun scientifique ne devrait se résoudre à l’admettre. ne serait-ce que de façon implicite et ramassée. on constate immédiatement un paradoxe. Un deuxième aspect frappant de la fonction. de celui de la cellule plus ou moins spécialisée. c’est paradoxalement sa réalité efficiente. en biologie. La « cause finale ». Expliquer. de l’organe. A tous les niveaux de cette hiérarchie. la cause devant toujours précéder l’effet. l’explication de l’hormone. au sens aristotélicien. de celui de l’hormone. plus ou moins revendiqué. est irrecevable pour les sciences ordinaires. Qu’il s’agisse du « site fonctionnel » de l’enzyme. Evoquer la fonction. Elle nous propose donc un perpétuel cheminement bi-directionnel selon l’axe de l’intégration organique. concrète et opérationnelle relativement au niveau biologique où l’on . qui inverse le sens de l’explication relativement au déroulement du temps. produite par une glande endocrine. autrement dit l’apparence d’une explication rationnelle des faits. La fonction de l’hormone. Il y a dans l’apparente légitimité des explications finales en biologie un « tour de passe-passe » de la nature qui découle de la dimension historique et généalogique de l’évolution. soit selon la voie descendante du réductionnisme. Dans le cas de l’hormone et de sa définition physiologique. dimension non prise en compte par les sciences nomologiques. à un finalisme plus ou moins généralisé. c’est donc toujours donner à saisir l’amorce d’une explication. soit selon la voie ascendante du compositionnisme. ou plutôt apparence seulement d’une explication ? En science. du rôle du neuromédiateur trans-synaptique. c’est donc d’aller réguler la marche de tel organe. au sens où l’entendent les sciences physico-chimiques. Songeons par exemple à la définition de l’hormone : « substance chimiquement définie. en effet. Pour tous. la fonction est partout. la fonction est apparemment une notion d’une grande utilité. une justification des données observées.358 ARMAND DE RICQLÈS Un premier aspect frappant de la notion de fonction est donc la constance de son usage par le biologiste — et je comprends sous ce terme aussi bien le biologiste moléculaire dans son laboratoire que le naturaliste de terrain qui peuvent être encore parfois — et heureusement — une seule et même personne. a pu souvent conduire. dans telle circonstance physiologique. et allant exercer sur un organe cible particulier appelé récepteur une action spécifique qui est son seul rôle ». Amorce d’une explication rationnelle. c’est donc remonter rétrospectivement des effets aux causes. ou plus ou moins honteux . et jusqu’à celui de l’organisme en tant que totalité intégrée au sein de la population. l’interprétation. l’explication par la fonction. à toutes les échelles de l’intégration organique du vivant puisqu’on la retrouve à tous les niveaux. c’est-à-dire la cause de son existence. une explication doit être causale. ou de celui du tissu. des difficultés fondamentales. indissociablement. Si la finalité intentionnelle consciente qui se manifeste dans les technologies humaines ne pose pas problème. à tous les niveaux d’intégration où on l’envisage. dans le dialogue — ou la confrontation — entre l’anatomie et la physiologie mais il serait aisé de montrer que cette opposition organise une systématique de tout l’ensemble des disciplines biologiques. l’écologie est une métaphysiologie des interactions supra-spécifiques. avec des caractéristiques précises en matière de composition. de la molécule à l’écosystème. . ou comme un concept général. « les structures sans les fonctions sont des cadavres. concrètement. ou structures. que selon l’axe des disciplines fonctionnelles. ainsi que le nombre limité de solutions structurales à un problème fonctionnel donné. ont des propriétés spécifiques qui découlent avec un degré de nécessité très fort. en canalisant le champ des possibles. pour le biologiste. qui dit fonction dit en réalité. la fonction ne peut être opérationnellement traitée comme une abstraction. On pourrait dire. sa transposition dans le domaine biologique soulève. qui débouche. au niveau des organismes. la fonction ne peut se concevoir effectivement sans l’existence de structures matérielles qui la soustendent et en constituent en quelque sorte le support. pourrait être la démographie. on l’a vu. les fonctions sans les structures sont des fantômes ». sur l’axe des disciplines structurales. émanant de leur constitution même. Comme le notait Wainwright avec humour. conséquences de l’universalité des lois physiques. ou une interaction spécifique. comme on l’a déjà souligné. de la géométrie et de la topologie. sur tout le problème de la finalité. en tant que manifestation concrète. Les structures. suggèrent que les systèmes de contraintes. ainsi que pourrait le faire le philosophe. et de façon générale des sciences positives. A cet égard la ressemblance entre les solutions fonctionnelles observées dans la nature et celles choisies en ingénièrie. Ainsi. mais bien comme une action. parce qu’elle est avant tout interaction plutôt que substance. de taille. De là à considérer que les fonctions des structures sont la raison même de l’existence de ces dernières. à la fois structural et fonctionnel. de forme et d’énergétique. On peut donc dire que les fonctions des structures sont des propriétés émergentes de cellesci.BIOLOGIE HISTORIQUE ET ÉVOLUTIONNISME 359 situe son exercice. en tant qu’objets concrets figurés. Ainsi. dès que l’on tente d’isoler conceptuellement sa nature propre. et cependant son apparence assez abstraite. par exemple. En effet. l’existence d’un couple structuro-fonctionnel indissociable. des lois de la physico-chimie. Le vivant est Janus bifrons. Le couple structure-fonction a trouvé son illustration la plus évidente. Son pendant. des propriétés particulières d’objets matériels. pèsent fortement sur toutes les réalisations structuro-fonctionnelles. c’est franchir un pas considérable autant que périlleux. La congruence entre la structure et la fonction s’observe partout en biologie comme en technologie. dans le cadre de la pratique des sciences biologiques. hic et nunc. mais ce n’est pas toujours le cas.360 ARMAND DE RICQLÈS La relation de congruence de la structure à la fonction. c’est bien aussi un concept structural. En ce sens. des évènements qui. ou mieux un ensemble structuré de sous-structures co-organisées. c’est à dire par la « traque » progressive par des structures potentiellement modifiables de fonctions de plus en plus congruentes aux conditions de milieux. où l’organisme peut être atomisé en une infinité de « traits structuro-fonctionnels ». D’un autre coté. évidente dans la machinerie vivante comme dans la technologie humaine. ou pour de toutes autres raisons ? On voit poindre au travers de ces interrogations les origines des deux grandes conceptions concurrentes — émergence systémique anhistorique ou fruit de l’histoire sélective — que l’épistémologie moderne propose pour des concepts de fonction débarrassés de tout finalisme. peuvent effectivement répondre à des fonctions. Toutes les structures organiques sont-elles strictement adaptées à une ou à des fonctions spécifiques ? tout changement évolutif se réalise-t-il nécessairement par l’adaptation des structures aux fonctions. amène immédiatement au concept clé d’adaptation. comme nous le rappellent tous les dysfonctionnements systémiques. en contexte approprié. celle-ci étant considérée comme un agent d’optimisation tout puissant. c’est-à-dire un fonctionnalisme explicite éludant. concept jouant un rôle moteur et central dans l’évolutionnisme. un système est souvent délimité. toute référence au finalisme. en contexte darwinien. Les interactions intervenant entre les éléments d’un système. chacun à la fois suscité. Ainsi. la notion de système occupe une situation intermédiaire et quelque peu ambivalente. comme pour celles des structures. dans ses aspects les plus orthodoxes. L’apport de l’œuvre d’un Stephen Jay Gould (1946-2002) a été largement de montrer combien ce « pan adaptationnisme » exagéré laissait sur le bord du chemin une multitude de considérations indispensables à une synthèse évolutive encore plus générale et pertinente. les fonctions des systèmes sont des propriétés émergentes déterminées par la constitution et la configuration même de ceux-ci. a pu sembler verser parfois dans un « pan-adaptationnisme » un peu excessif. c’est-à-dire pratiquement défini. Une fois encore. ou entre le système et l’extérieur constituent des activités. tel qu’il est généralement mis en œuvre par l’évolutionnisme contemporain. modulé et contrôlé par la sélection naturelle. Quoi qu’il en soit. En effet. par la ou les foncions qu’il réalise : c’est donc un ensemble fonctionnel. Relativement au couple structure/fonction. un système constitue toujours une structure. conditions elles mêmes perpétuellement changeantes ? La pluralité fonctionnelle des structures. au prix d’une adaptation sub-optimale n’est elle pas la clé du changement évolutif ? La théorie synthétique de l’évolution. les systèmes existent-ils « pour » accomplir les fonctions qu’ils remplissent ici et maintenant. . la critique gouldienne du pan-adaptationnisme ne remet pas en cause l’intérêt du concept de fonction. Matteo Mossio (IHPST. del País Basco. Laurent Clauzade (Un. Paris 5) Marie-Claude Lorne (Université de Brest & IHPST. Françoise Parot (Un. Session 3 : Fonction. de Heidelberg. de Pittsburgh. l’explication et l’esprit : 50 ans de réflexion sur la fonction biologique et l’explication fonctionnelle [Teleology. Peter McLaughlin (Un.. Un. Center for Philosophy of Science) : Functions and history [Le concept de fonction : importance de l’histoire]. Karen Neander (Duke Un. selection et adaptation Function. . explanation and the mind : 50 years of thinking about biological function and functional explanation]. Philippe Huneman (IHPST. [Phenomena. Paris) : Raisonnement fonctionnel et niveaux d’intégration en biologie [Functional reasoning and levels of organization in biology]. USA. Département de philosophie) : Rôle du couple « structure/fonction » dans la constitution de la biologie comme science [Role of the « structure/function » dichotomy in the constitution of Biology as a science]. Paris 1 & IHPST.BIOLOGIE HISTORIQUE ET ÉVOLUTIONNISME 361 Programme Mercredi 21 mai Introduction : Armand de Ricqlès & Jean Gayon Session 1 : Origines du discours fonctionnel dans les sciences de la vie et en psychologie Origins of functional discorse in the life sciences and in psychology Président de séance/Chair : Jean Gayon (IHPST) James Lennox (Un. Paris) : Phénomènes. Paris) : La téléologie. Department of Philosophy) : The Etiological Theory: An Update [L’approche étiologique : une mise à jour]. functions: the term « function » in French biology in the early 19th Cy]. Canada. Department of philosophy) : «What functions are good for »? [À quoi les fonctions sont-elles bonnes ?]. propriétés. USA. and adaptation Président de séance : Anne Fagot-Largeault (Professeur au Collège de France) Jean Gayon (IHPST. selection . properties. Espagne) : Functions and self-maintenance [Fonction et auto-maintien]. Allemagne. Session 2 : Théories philosophiques des fonctions Philosophical theories of function Président de séance/Chair : Françoise Parot (Un. Paris Descartes & IHPST. Paris) & Cristian Saborido (Departamento de Logica y Filosofía de la Ciencia. de Montréal. Paris) : Les psychologues fonctionnalistes de l’école de Chicago et le premier béhaviorisme [The functionalist psychologists of the Chicago School and the original Behaviorism]. François Duchesneau (Un. Paris) : Fonctions et adaptations : une démarcation conceptuelle [Function and adaptations: a conceptual demarcation]. fonctions : le terme « fonction » dans la biologie française du début du XIXe s. function and adaptation]. Italie) : Enamel structure analysis as a tool for reconstructing feeding behavior of fossil voles (Arvicolidae. fonction et adaptation [Functional analysis in paleontology of mammals — form. Stéphane Peigné (Muséum National d’Histoire Naturelle. Session 5 : Structures et fonctions cognitives Cognitive structures and fucntions Président de séance/Chair : Alain Berthoz (Collège de France) Olivier Houdé (Un. fonctions énigmatique [Extinct anatomies. Mammalia]. Paris) : Les fonctions des protéines [The functions of proteins]. Département Histoire de la Terre) : L’analyse fonctionnelle en paléontologie des mammifères — Forme. Roma. Jean-Moulin-Lyon 3 et IHPST. morpho-functional inferences from teeth and post-cranial skeleton]. 2) l’exemple du tissu osseux [Complex causality as the root of the structure/function relation problem : 1) general considerations . Scienze Geologiche. 2) the example of the bone tissue]. UMR 6095) : Fonctions et structure du développement cognitif [Functions and structure in cognitive development].362 ARMAND DE RICQLÈS Jeudi 22 mai Session 4 : Structures et fonctions en morphologie et paléontologie Structures and functions in morphology and palaeontology Président de séance/Chair : Olivier Houdé (Professeur à l’Université Paris 5) Armand de Ricqlès (Collège de France) & Jorge Cubo (Un. Paris Descartes. équipe « Développement et fonctionnement cognitifs ». Département Histoire de la Terre) : Structure et fonction chez les Carnivores placentaires : inférences morpho-fonctionnelles à partir des dents et du squelette post-crâniens [Structure and function in placental Carnivores . de Spencer à Sherrington et après [Physiology : the history of integration. Philippe Janvier (Muséum National d’Histoire Naturelle. UMR 7179) : Structure. Mammalia) [Analyse de la structure de l’émail comme outil pour reconstruire le comportement alimentaire des campagnols fossiles (Arvicolidae. Paris) : Physiologie : L’histoire de l’intégration. UMR 7179) : Le problème de la causalité complexe aux sources de la relation structuro-fonctionnelle . Session 6 : Attributions fonctionnelles en biologie expérimentale Functional ascriptions in experimental biology Président de séance/Chair : Philippe Kourilsky (Collège de France) Michel Morange (Ecole Normale Supérieure et IHPST. 1) généralités. Département Histoire de la Terre) : Anatomies éteintes. Rodentia. Denis Forest (Un. Paris 6. Christine Argot (Muséum National d’Histoire Naturelle. Università Roma Tre. fonction and evolution of the middle ear of extant and extinct vertebrates : paleobiological and phylogenetic interpretations]. from Spencer to Sherrington and beyond]. Federica Marcolini (Dip. Jean-Claude Dupont (Université de Picardie et IHPST. Paris) : Architecture et évolution de la fonction du langage [Architecture and evolution of the function of language]. Michel Laurin (CNRS. Rodentia. fonction et évolution de l’oreille moyenne des vertébrés actuels et éteints : interprétations paléobiologiques et phylogénétiques [Structure. enigmatic functions]. . Tim Lewens (Cambridge Un. Departamento de Filosofía. de Nantes & Equipe REHSEIS. Daniel Becquemont (Un. de Caen & IHPST. Paris) : Aspects métaboliques de la fonction de nutrition dans le débat sur les origines de la vie au milieu du XXe s. Espagne) : The problem of the emergence of functional diversity in prebiotic evolution [Le problème de l’émergence de la diversité fonctionnelle dans l’évolution prébiotique]. Alvaro Moreno (Universidad del Pais Vasco. Lyon 3 & IHPST. ‘mal-’ and ‘non-’ : the other side of functionality [‘Dys-’. Dys-’. Paris). Paris). functioning. Christophe Malaterre (IHPST. Paris) : Fonction. Session 8 : Fonction and dysfonction Function and dysfunction Président de séance/Chair : Pierre Corvol (Collège de France). Le raisonnement fonctionnel en psychiatrie [Functional reasoning in Psychiatry]. . de Montréal). ‘mal-’ et ‘non-’ : l’autre côté de la fonctionnalité]. [Metabolic aspects of the nutrition function in the debate over the Origins of Life in middle 20th Cy]. Paris) : Peut-on attribuer une fonction au système immunitaire ? [Can a function be ascribed to the immune system ?]. Vendredi 23 mai Session 7 : Fonctions et origines de la vie Functions and the origins of life Président de séance/Chair : François Duchesneau (Un. Ulrich Krohs (Universität Hamburg. multifonctionnalité en génétique du développement [Functions. Thomas Pradeu (Un. LPN & IHPST. Stéphane Tirard (Un. Lille 3) : « Design » histoire du mot et du concept : sciences de la nature. theology. aesthetics].BIOLOGIE HISTORIQUE ET ÉVOLUTIONNISME 363 Charles Galperin (IHPST. théologie. Department of Philosophy). Paris) : Attributions fonctionnelles dans le monde prébiotique : le cas des ribozymes [Functional Ascription in the Prebiotic World : the Case of Ribozymes]. multi-functionality in the Genetics of development]. Arnaud Plagnol (Université de Paris 8. Session 9 : Le raisonnement fonctionnel dans les sciences de l’ingénieur et dans les sciences de la vie Functional reasoning in engineering and the life sciences Président de séance : Armand de Ricqlès (Collège de France). fonctionnement. Elodie Giroux (Un.. esthétique [“Design” : history of the word and history of the concept : the concept — natural sciences. UK) : Foot on Natural Goodness : Normativity in Organisms and Artefacts [Foot et la bonté naturelle : de la normativité dans les organismes et dans les artéfacts]. Du concept de fonction biologique au concept de santé : les limites d’un transfert dans le domaine de la médecine [From the concept of biological function to the concept of health : the limits of a transfer into the field of medicine]. Ses composantes CNRS et Muséum rejoindront au 01/01/2009 l’UMR 7180 au MNHN tandis que ses composantes Paris VI rejoindront à la même date l’UFR 918 Géologie et Biodiversité/UMR-ISTEP (Directeur Professeur Ph. Ces dispositions resteront valables jusqu’au 31/12/2008. et constituée de quatre équipes. RECHERCHE 1. . Directeur de recheches au CNRS. au 01/01/2007 le relais du Professeur Jacques Castanet (Université Paris 6) pour assurer la direction de l’équipe de recherche « Squelette des vertébrés » dont la Chaire de Biologie historique et Evolutionnisme fait partie. Huchon) à l’Université Paris VI. Armand de Ricqlès). de Strasbourg 2 et IHPST. Olivier Houdé. Pieter Vermaas (Delft Un. Département Ecologie et Gestion de la Biodiversité. le CNRS et le MNHN sur le thème de la biologie comparative et de l’évolution des tissus squelettiques des vertébrés. C’est ainsi que notre équipe de recherche s’est vue contrainte de disparaître de facto. Françoise Longy (Un. animé par les responsables scientifiques des programmes de l’ACI / Debate with the public. Department of Philosophy) & Wybo Houkes (Eindhoven Un.364 ARMAND DE RICQLÈS Anick Abourachid (Muséum National d’Histoire Naturelle. est rattachée à l’UMR 7179 CNRS/UPMCP6/MNHN/Collège de France « Mécanismes adaptatifs : des organismes aux communautés » dirigée par le Dr Martine Perret. of Technology. dirigée par A. of Technology. pour des raisons de « lisibilité ». Le Docteur Michel Laurin à pris. Ainsi s’achève institutionnellement une aventure intellectuelle trans-disciplinaire et inter-établissements débutée en 1982 sous forme d’un contrat « jeune équipe » entre l’Université Paris VII. Laboratoire d’Ingénierie des Systèmes de Versailles) : L’idée de fonction en biologie et en robotique : témoignage d’une collaboration autour de « RoboCoq » [The idea of function in biology and robotics : testimony on a collaboration around « RoboCoq »]. Paris) : Pourquoi une même théorie pour les fonctions des organismes et des artefacts ? [Why looking for a unified theory of function in organisms and artefacts ?]. Philosophy and Ethics of Technology) : Making artefacts and designing functions [Fabriquer des artéfacts et concevoir des fonctions]. statuts et situation institutionnelle (juin 2008) Au titre du CNRS la Chaire de Biologie historique et Evolutionnisme du Collège de France. Les contraintes du « classement de Shangaï » ont entraîné. Discussion-Conclusion Débat avec la salle. UMR 7179) & Vincent Hugel (Université de Versailles. Généralités. une modification de la politique de certains de nos organismes de tutelles relativement aux UMR « multisceaux » comme la nôtre. Françoise Parot. led by the scientific coordinators of the programme (Jean Gayon. de Ricqlès. BIOLOGIE HISTORIQUE ET ÉVOLUTIONNISME 365 S’est donc posé le problème du rattachement institutionnel de la chaire de Biologie historique et Evolutionnisme du Collège de France relativement aux divers organismes impliqués. 48 : 259-269. In : H-G. & Bouya B.) Advances in monitor Research III. Activités de recherche 2007-2008 et travaux en cours Publications et Travaux 2007-2008 2007 (suite) Buffrénil V. 2007. 2007. 2007. & Keith P. Bourdon E. & Zylberberg L. Teleostei. Cybium. Fifty years after Enlow and Brown’s « Comparative histological study of fossil and recent bone tissues » (1956-58) : a review of Professor Donald H. Khemiri S. Fermon Y.) Advances in monitor Research III. New specimens of Lithoptila abdounensis (Aves. Buffrénil V de. 2007. Varanus niloticus.J. de Hémery G. Harvest of the Nile monitor. de.. In : H-G.. Three-item analysis : hierarchical representation and treatment of missing and inapplicable data.(1. Meunier F.. . Specialization of bone structure in Pachyvaranus crassispondylus Arambourg. Phaethontidae) from the Lower Eocene phosphates of Morocco.152) Zaragüeta Bagils R. Part II : Life history traits of harvested monitors.. Serrasalminae) dans le bassin du haut Maroni (Guyane française)..J. 16 :181-194. Mar. Amaghzaz M. Tometes lebaili (Osteichthyes. Biol. Krebs (eds. Harvest of the Nile monitor. Böhme & U. an aquatic squamate from the Late Cretaceous of the southern Tethyan margin. 1952. Mertensiella. nous avons cru de notre devoir de rattacher plutôt notre chaire à l’UFR 918/UMR-ISTEP de Paris VI.. Meunier F. in Sahelian Africa. W. Hémery G. (In Press). 2008 et sous presse Bourdon E. A new seabird (Aves. Lethaia 41 : 59-69. & Bouya B. Mertensiella 16 : 195-217. W. Horn. la composante Paris VI de notre équipe représente un très petit nombre de jeunes biologistes évolutionnistes rejoignant une grosse UFR de Géologie pour contribuer à l’animation d’un nouveau « pôle naturaliste » à l’Université. Mourer-Chauviré C.. En effet.. Ricqlès A. Bourdon E. Böhme & U. Age and growth of Engraulis encrasicolus (Clupeiformes .. Croissance et longévité du Watau yaike. de. 2007.. Buffrénil V. Gaamour A. 31(3) : 359-367. Bardet N. Krebs (eds.. Il nous a donc semblé que le soutien apporté par notre chaire à nos collègues et à ce projet justifiait ce choix. Comptes Rendus Palevol (6) 591-601. Bien que de forts liens humains et thématiques nous attachent depuis toujours au Muséum et à l’UMR 7180. (In Press). Part I : Demographic impact of professional capture technique. Engraulidae) in the Tunisian waters. Enlow’s contribution to paleohistology and comparative histology of bone. & Bouya B. Prophaethontidae) from the Lower Paleogene of Morocco. Comptes Rendus Palevol 6(6-7) : 527-534. Geobios.. Jegu M. Amaghzaz M. 2. cf. Horn. in Sahelian Africa. 2007. Pereda-Suberbiola X. Cah. Journal of Vertebrate Paleontology. Lord C. Varanus niloticus. . & Kacem A.. Paris : Belin.. Aquaculture. with comments on its phylogenetic and functional significance. 28 (3) : 685-691.H. (In Press). Sire J.C. (In Press).. 30(2) : 425-432. Cao N.. & Cubo J.0159. traducteur. & Meunier F.. Bulletin de la Société Géologique de France.. Uddenberg N. Astibia H.. Houssaye A.. de. Deschamps M. Zool. Knoll F. Renous S. 2008.. Palaeognathae. Castanet J.. Laurin M.. editors... In : Bels V. 2008. Berreteaga A. pathologie. & Sire J. de. Geodiversitas. Le squelette des poissons téléostéens : structure. Margerie E. INRA. Journal of Vertebrate Paleontology. Le Squelette de la Truite Arcen-Ciel. Vertebrates reach the land.366 ARMAND DE RICQLÈS Bourdon E. Padian K..). développement. Linné — Une passion pour la classification. Pereda Suberbiola X. On the origin of rapid growth rates in archosaurs and their ancient relatives: complementary histological studies on Triassic archosauriforms and the problem of a « phylogenetic signal » in bone histology. Buffrénil V. bone mineralization and bone compactness in farmed rainbow trout. functional and structural components of variation in bone growth rate of amniotes... 2007. de. 94 : 57-76. 2008.Y.. (sous presse a. 2008.. Assesment of « silent » vertebral abnormalities. Buffrénil V. Meunier F. Rage J..H. Kacem A. Three-item analysis and parsimony. Evolution and Development. Cubo J. Ouvrages et chapitres d’ouvrages 2007 (suite) Schmitz H. Soc. intersection tree and strict consensus : a biogeographical example.. 2008. Montès L. A new Transantarctic relationship: morphological evidence for a Rheidae-Dromaiidae-Casuariidae clade (Aves. de. Cyprinidae). Meunier F. Sanchez S. Ricqlès A.. (sous presse).... 2008. Östensson P.2008. Ricqlès A. Journal of Morphology. Squamata) from the Cenomanian (early Late Cretaceous) of France. ostariophysii.. Ratitae).J. 279 : 11-17. Fr.R. Cybium. Annales de Paléontologie... New data on the structure and the chondrocyte populations of the haemal cartilage of abdominal vertebrae in the adult carp Cyprinus carpio (Teleostei. Steyer S.) Paleontological evidence. Zylberberg L. (sous presse). physiologie. Bone vascular supply in monitor lizards (Squamata : Varanidae) : influence of size. Desdevises Y. Zoological Journal of the Linnean Society.J. El Azawi M.. Legendre P. Houssaye A.. Horner J. Paris : Muséum National d’Histoire Naturelle. Böhme W. Deschamps M. Bourdon E.J. Klembara J. Courty G. de. Castanet J. 2008 et sous presse Deschamps M. de.. Lecomte F. Biology letters. Bardet N. 269 : 533-543. Salamander-like development in a seymouriamorph revealed by palaeohistology. Zaragüeta Bagils R. Phylogenetic. Buffrénil V. growth and phylogeny. Meunier F. Laurin M. Bardet N. 10 : 217-227. In : B. Haffray P. 2008. 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Série de séminaires sur L’évolution de l’homme et l’évolution et l’adaptation du crâne des hominidés. Cubo).) 2007. de Ricqlès).BIOLOGIE HISTORIQUE ET ÉVOLUTIONNISME 371 M1 Blottière L. Contributions à des ouvrages collectifs — Pascal Picq. Printemps 2008. le 25 janvier 2008. Panama. — Créationnisme et dessein intelligent. Francophone de Gynécologie et Andrologie psychosomatique. 98-103. L’outil ne fait pas l’homme. 68-69. Dossier Pour la Science n° 57. 4-8. octobre/décembre 2007 : Editeur invité et rédaction d’articles : A l’ouest d’Homo sapiens. Archéologia 447. — Membre du conseil scientifique de la fondation Nicolas Hulot pour l’Homme et la Nature. 2007. juin-juillet 2008. — Membre du Jury des bourses de la Chancellerie . 139-148. 76-77. Congrès de la CNO/SOP de Paris. — Membre du conseil scientifique du Musée des Confluences. In : Max Poty (éd. — Scientifique référant auprès de l’Education nationale pour l’enseignement de l’évolution de l’Homme. — Pascal Picq. le 17 janvier 2008. 40-51. p. Pour la Science 357 : 50-51. — Evolution : rencontres avec Yves Coppens et Pascal Picq. — Faits et causes pour l’évolution. — Membre du comité de rédaction de la Revue du Palais de la Découverte. 40. Le Point Hors Série 18. Sophia Antipolis le 7 décembre 2007. — Sur la Trace de nos Ancêtres. Hôtel Mariott.372 ARMAND DE RICQLÈS — Pascal Picq. — La canine des Hominidés : évolution et adaptation. Espace Cardin. — Que répondre aux créationnistes ? Pour la Science : 52-54. séminaires. p. disciplines Littérature et Sciences humaines. Pour la Science 357 : 41-40. . — Président du jury de La Science se Livre. Agora Einstein. De l’importance de sauver les grands singes. — L’Homme et la machine : progrès technique ou évolution ? 1er Salon IMMOTOCDOMOTIC. Postface. Les éditions Ovadia.) 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Patnaik. . ces hominidés anciens du Miocène supérieur ont donné naissance aux Australopithèques . chronologie Leçon inaugurale. le plus ancien (155-160 000 ans) représentant actuellement décrit de notre espèce.6 Ma à 7 Ma aujourd’hui. paléobiogéographie. rudolfensis. le tchadien. sapiens idaltu. les plus anciens hominidés connus sont passés de 3. paléoenvironnements. Homo neanderthalensis. habilis et H. erectus) à la conquête du reste de l’Ancien Monde où les plus anciens sont actuellement connus à un peu moins de 2 Ma en Géorgie au Caucase. H. est également africain (Ethiopie). .Paléontologie humaine M. phylogénie. qui après une courte cohabitation vont être remplacés vers 28-30 000 ans par les hommes modernes. avec trois nouvelles espèces du Miocène supérieur : Ardipithecus kadabba l’Ethiopien et Orrorin tugenensis le Kenyan. Vers 800 000 ans on connaît Homo heidelbergensis qui donnera naissance en Europe aux Néanderthaliens. Herto. évolution. professeur Les hominidés anciens… une nouvelle histoire à la lumière des découvertes récentes Origine. eux-mêmes sûrement à l’origine entre 2 et 3 Ma des premiers représentants. le 27 mars 2008 : Origine et histoire des hominidés… Nouveaux paradigmes Depuis 1994. H. tandis que le plus ancien (7 Ma) est Sahelanthropus tchadensis dit Toumaï. C’est lui ou l’un de ses frères qui partira à la conquête du reste du Monde avec le succès que nous connaissons. Michel Brunet. du genre Homo qui va partir (H. Vers 4 Ma. Cours des 16 avril et 7 mai : Primates actuels et fossiles.…) et de la base de leur crâne (trou occipital en position antérieure. sont donc bien connus en Afrique et témoignent d’une origine africaine et ancienne (au moins 8 Ma) de l’humanité.376 MICHEL BRUNET Cours du 2 avril : L’Histoire de notre Histoire Les Sciences de l’Antiquité confondaient l’Origine de l’Univers.. canine supérieure sans crête aiguisoir.). fait preuve d’une vigueur persistante. à ce jour datés de 7 Ma. mais aussi dans l’Ancien monde.) caractérisés par la présence d’un rhinarium et d’une lèvre supérieure fendue. biochronologie. Chimpanzés et Humains). Les Primates se divisent en deux grands groupes les Strepsirhini (Lémuriformes s. Comme l’avait prédit Charles Darwin dès 1871. Orangsoutans. créé par Linné en 1758. Dans le cours.l. Les Sciences modernes ont montré que ces trois évènements étaient en réalité séparés par des milliards d’années. ainsi qu’en témoignent l’édition et la diffusion récentes d’un album photos couleur de luxe intitulé « Livre de la création ». rapports de parenté. La notion d’Homme fossile n’a été reconnue qu’en 1856. face nucale très inclinée . et des préhumains) sont considérés comme le groupe frère des Panidés (= les chimpanzés et les bonobos) avec lesquels ils partagent un ancêtre commun. biogéographie D’un point de vue paléontologique. au moment de la mise au jour des premiers restes de l’Homme de Neandertal. émail des dents plus épais que chez les grands singes. les plus anciens préhumains fossiles. et les grands singes : Hominoïdes (Gibbons. complexe C/P3 non aiguisoir mais de type broyeur. les Hominidés se distinguent des grands singes par des caractères anatomiques particuliers de leur denture (canines petites et assymétriques. l’Origine de la Terre et l’Origine de l’Homme.. Siamangs. Ces derniers se divisent à leur tour en deux groupes les singes : Cercopithécoïdes (Cercopithèques. Pourtant le courant néocréationniste. Cours du 9 avril : Biodiversité des Primates actuels Les Humains sont des Mammifères qui appartiennent à l’ordre des Primates (les Premiers). habilement grimé en « pseudoscience » sous le nom de dessein intelligent. non seulement par sa solide implantation sur le Continent Nord Américain. et les Haplorhini : Tarsiiformes & Simiiformes (= les singes) sans rhinarium et à lèvre supérieure soudée. Les Simiiformes regroupent les singes du Nouveau monde (Platyrrhini) et ceux de l’Ancien monde (Catarrhini). Babouins. les hominidés (= ensemble des humains actuels et fossiles. anatomie. Cet Ordre est actuellement représenté par plus de 200 espèces principalement arboricoles et vivant essentiellement dans les forêts tropicales et subtropicales. Gorilles. de lacs. Seule la découverte de nouveaux fossiles permettra de choisir entre ces deux hypothèses. Toumaï daté de 7 Ma est sûrement proche de cette dernière dichotomie qui peut. les plus anciens hominidés connus sont passés de 3. Cours du 14 mai : Les Hominidés du Miocène supérieur Depuis 1994. Orrorin tugenensis le Kenyan. les données sédimentologiques et paléobiologiques témoignent d’une mosaïque de paysages. = une soixantaine de chercheurs de 10 nationalités) qui conduit un programme de recherches transdisciplinaires autour de l’origine et de l’évolution des hominidés anciens et de leurs environnements successifs.6 Ma à 7 Ma.PALÉONTOLOGIE HUMAINE 377 vers l’arrière) en liaison avec un squelette appendiculaire (notamment au membre postérieur le pelvis. tandis que le plus ancien (7 Ma) est Sahelanthropus tchadensis dit Toumaï.58 Ma). où successivement elle a mis au jour un nouvel australopithèque. ni des chimpanzés..P.P. le delta de l’Okavango m’apparaît être un bon analogue avec un paysage mosaïque similaire de rivières. Dès 1967 Sarich et Wilson de l’Université de Californie à Berkeley ont montré que notre proximité génétique avec les chimpanzés est si grande (moins de 2 % de différence) que nous partageons un ancêtre commun.F.. un hominidé tchadien. Sahelanthropus tchadensis possède une combinaison unique de caractères primitifs et dérivés qui montre clairement qu’il ne peut être rapproché ni des gorilles. Cette population ancestrale (DAC : dernier ancêtre commun = LCA : last common ancestor) est sûrement Africaine. Dans le Miocène supérieur du Tchad. Australopithecus bahrelghazali. Actuellement dans le Kalahari central. de marécages. La M. prospecte et fouille dans le désert du Djourab au Nord Tchad. 2002) du Miocène supérieur (7 Ma). Depuis 1994 j’ai initié et dirigé la Mission Paléoanthropologique FrancoTchadienne (M.T. Dès le début du troisième millénaire trois nouvelles espèces ont été décrites dans le Miocène supérieur : Ardipithecus kadabba l’Ethiopien. mais des découvertes récentes en Eurasie soulèvent la question de la possibilité de leur origine asiatique. surnommé Abel (3. mais indique au contraire son appartenance au rameau humain et sa proximité temporelle avec le dernier ancêtre commun aux chimpanzés et aux humains. 1995) et plus tard un nouvel hominidé Sahelanthropus tchadensis (Brunet et al. L’origine de cet ensemble (Gorilles ((Chimpanzés) (Humains))) est généralement considérée comme africaine. Elle constitue le groupe frère des Gorilles dont elle s’est séparée vers 9-10 Ma. Ce plus ancien hominidé connu est une découverte majeure qui montre définitivement que les hypothèses d’une origine australe ou orientale du clade humain doivent être reconsidérées.F. de .T. le fémur et le tibia) adapté à une locomotion bipède. dans l’état actuel de nos connaissances être voisine de 8 Ma. au Bostwana. le premier trouvé à l’ouest de la vallée du grand Rift Africain (Brunet et al. 2 500 km à l’Ouest du grand Rift Africain. des molaires plutôt grandes à émail épais et cuspides bulbeuses . Ethiopie. afarensis. compte tenu de ce que l’on sait de leur crâne ou de leurs membres.9 Ma) . bahrelghazali (Abel). Aussi l’hypothèse qui invoquait le rôle déterminant de la savane herbeuse dans l’origine du rameau humain et de la bipédie fait dorénavant partie de l’histoire de notre histoire. Australopithecus bahrelghazali (3. A. une première prémolaire inf. Dans cette mosaïque les préférences écologiques de Toumaï sont encore en cours d’étude. une face grande et un cerveau relativement petit . Cette dernière espèce a été considérée par ses auteurs comme une forme ancestrale des hommes modernes. Foramen magnum en position antérieure . Middle Awash. il est de plus en plus clair que ces premiers hominidés fréquentaient des environnements boisés et n’étaient pas restreints à l’Afrique Australe et Orientale mais vivaient au contraire dans une zone géographique plus vaste incluant une partie de l’Afrique Sahélo-Saharienne : au moins l’Afrique centrale (Tchad) et probablement la Libye mais aussi l’Egypte et le Soudan. anamensis pour le moment le plus ancien mais aussi le plus primitif. comme les autres hominidés du Miocène supérieur Toumaï devait fréquenter des espaces boisés. etc.9-2. Maintenant. H. De plus. habilis et H. euxmêmes sûrement à l’origine entre 2 et 3 Ma des premiers représentants. du genre Homo.5-2.7 Ma) dont Lucy (3. ces trois hominidés du Miocène supérieur sont sûrement bipèdes.5 Ma). Enfin en 1995 j’ai décrit avec mon équipe la MPFT la première espèce connue à l’Ouest du grand Rift au Tchad dans le désert du Djourab.2 Ma) est la plus célèbre représentante.3 Ma) a été décrite en Afrique du Sud (enfant de Taung) par Raymond Dart en 1925. locomotion bipède. Australopithecus ghari.2-3. En Afrique orientale la plus ancienne est Australopithecus anamensis (4. puis A. est associée à des artefacts et à des ossements portant des traces de boucherie. Parmi leurs principales caractéristiques anatomiques il faut citer : des incisives et des canines petites / au poids du corps . . une face moins prognathe que chez les grands singes . une forme plus récente (Bouri. rudolfensis. afarensis (Lucy).58 Ma). de savane arborée. (P3) sans facette aiguisoir pour une canine sup. de prairies herbeuses et de zones désertiques. Toutes les espèces décrites sont africaines. A. garhi. Notamment l’étude des isotopes stables du carbone (13 C) de l’émail dentaire devrait permettre de mieux préciser son régime alimentaire. dérivée de A. Mais très probablement.378 MICHEL BRUNET zones boisées. . africanus et/ou A. 2. la mieux connue Australopithecus afarensis (3. Cours des 21 et 28 mai : Les Australopithèques (1) Dans l’état actuel de nos connaissances on peut penser que vers 4 Ma ces hominidés anciens du Miocène supérieur ont probablement donné naissance aux Australopithèques : A. sans crête aiguisoir . d’îlots forestiers. L’espèce type du genre Australopithecus africanus (3. Kromdraai et Drimolen. robustus (1. Sur le sol le mode de locomotion est la bipédie mais un mode de vie arboricole est conservé pour dormir.3 Ma. principalement sur le terrain la prospection de nouvelles aires géographiques (notamment toute l’Afrique Sahélo-Saharienne) mais aussi l’utilisation de nouvelles technologies (scanners synchrotron. Vallée de l’Omo. Ethiopie) et P.PALÉONTOLOGIE HUMAINE 379 Tous ces Australopithèques sont marqués par un fort dimorphisme sexuel. etc. imagerie 3D. à des caractères de bipède sont associés d’autres caractères qui indiquent encore la possibilité de grimper aux arbres : orientation de l’omoplate . En ce qui concerne la locomotion. membres postérieurs encore courts.1-1.1 Ma. Leur denture antérieure (incisives et canines) est très réduite tandis que les dents jugales (Pm et M) sont au contraire très développées. échapper aux prédateurs et se nourrir. Les relations de parenté entre ces formes robustes dépend de la nature des caractères partagés : homologues ou homoplasiques… et est donc l’objet de discussion au sein de la communauté scientifique.6-2. P.) vont induire immanquablement des changements drastiques pour l’ensemble de notre histoire. une espèce en Afrique du sud : P. pisiforme grand .5-2 Ma. Ces nouvelles approches. phalanges du pied longues et courbes . paléo ADN. Afrique du sud). . « Black Skull » (2. robustus a des dents avec un taux élevé de 13 C. suggérant un régime alimentaire avec des plantes en C4 (graminées) et de la viande. Cours du 11 juin : Histoire des préhumains… Ce que l’on croit savoir… Ce que l’on ne sait pas… En fonction de la diversité et de la multiplicité des nouvelles données de leur origine africaine au peuplement du reste du Monde l’histoire et l’évolution des hominidés anciens doivent être reconsidérées dans le cadre de nouveaux paradigmes. Swartkrans. biogéochimie isotopique. deux en Afrique orientale dont la plus ancienne : P. phalanges de la main courbes . aethiopicus. boisei (2. Cours du 4 juin : Les Paranthropes Vers 2. De même certains auteurs considèrent les paranthropes comme appartenant au genre Australopithecus. Ainsi Lucy et ses frères avaient une taille moyenne de 105 à 150 cm pour un poids d’environ 30 kg pour la plus petite femelle et 45 kg pour les grands mâles. Trois espèces ont été décrites.5 Ma un groupe d’australopithèques va spécialiser son régime alimentaire impliquant un changement morphologique vers des formes dites « robustes » qui sont généralement regroupées dans le genre Paranthropus. Afrique de l’Est) . avec une résolution spatiale appropriée. Pour ce faire. ou d’individus de très petite taille. DR2 CNRS. Séminaires 2007-2008 2 avril : Principes de l’analyse morphologique en paléoanthropologie : histoire de formes et histoire des formes avec Stéphane Ducrocq. De plus. C’est également le seul élément à la disposition du paléontologue lui permettant de baser ses interprétations. L’apparition de la bipédie chez l’homme livre de nombreux exemples de changements qui sont exprimés dans la morphologie squelettique. reconstructions 3D et analyse de la variabilité morphologique avec Renaud Lebrun. Différentes stratégies pour la reconstruction de fossiles de crânes de primates fossiles ont été présentées. IPHEP Université de Poitiers La forme est l’une des propriétés les plus importantes de la matière et constitue un marqueur essentiel de la biodiversité. et elle aide souvent à comprendre pourquoi une espèce a développé une adaptation plutôt qu’une autre. Le but ultime de l’information phylogénétique consiste à donner un sens aux schémas observés dans la nature. il est nécessaire de définir les états primitifs et évolués des caractères étudiés de façon à les replacer dans la phylogénie d’un ensemble d’individus. Cette phylogénie nous informe à terme sur l’identification et la classification des organismes. D’un point de vue quantitatif. Dr. l’histoire d’un individu ou du développement d’un individu. de l’Université de Montpellier II Grâce aux développements de l’imagerie médicale et de la microtomographie il est aujourd’hui possible d’accéder à la structure osseuse crânienne de fossiles très minéralisés. changement qui à leur tour ont eu une influence sur l’anatomie des tissus mous et la physiologie de l’individu. l’introduction des méthodes de morphométrie géométrique a constitué une . 9 avril : Fossiles. La paléontologie est donc une science pluri-disciplinaire qui exploite plusieurs outils (anatomie. où et quand est-il apparu ? … Bien qu’elles soient de mieux en mieux contraintes demeurent toujours des questions d’actualité. L’un des outils permettant de replacer une forme dans un cadre temporel et évolutif (relation ancêtredescendant) est la cladistique. La forme peut exprimer une fonction. imagerie. biologie.380 MICHEL BRUNET De telle sorte que les interrogations anciennes : D’où venons-nous… Qui sommesnous… Qui est l’ancêtre. mathématiques. le principe d’allométrie permet de définir la relation existant entre la forme et la taille d’un objet. biomécanique. Parallèlement aux progrès dans l’acquisition de données tridimensionnelles. informatique). l’utilisation de techniques de reconstruction tridimensionnelle ouvre la possibilité d’effectuer des analyses comparatives en incorporant des fossiles incomplets et/ou déformés. dans des niveaux un peu plus anciens. s’est également produite. Ces données récentes illustrent l’importance de la première partie de l’histoire des Anthropoïdes en Asie. 16 avril : Origine et évolution des Primates anthropoïdes en Asie : Relations avec la paléogéographie et les paléoenvironnements avec Jean-Jacques Jaeger. du désert de Libye.PALÉONTOLOGIE HUMAINE 381 véritable révolution pour la biologie comparative. et des voies paléogéographiques suivies entre l’Asie du Sud et l’Afrique se révèlent maintenant indispensable pour suivre en détail l’histoire ancienne de notre rameau. en préservant la géométrie de l’objet lors des analyses : ceci permet d’étudier des patrons de variabilité complexes à un niveau de détail inégalé. Mais récemment. Ces méthodes permettent de quantifier les changements phénotypiques au cours de l’évolution de manière globale. Une application de ces méthodes pour l’analyse de la variabilité de la morphologie crânienne chez les primates fossiles et actuels est donnée. Mais des découvertes très récentes. chez les premiers hominidés. les Amphipithécidés se distinguent par leurs caractères très modernes (position frontale des orbites et caractères de leur squelette post-crânien) par rapport à leurs contemporains africains. cette situation s’est trouvée modifiée grâce à la découverte d’Anthropoïdes primitifs dans des niveaux anciens de l’Eocène moyen et supérieur d’Asie. L’évolution de ces formes constitue donc un excellent modèle pour comprendre les modalités et les causes de ces mêmes transformations chez les Hominidés. vraisemblablement multiples. Les recherches en Inde. Parmi ces formes de grande taille. Professeur et Directeur IPHEP UMR 6046. Dans le même temps. Pakistan. mais beaucoup plus récente. Une adaptation similaire. CNRS Université de Poitiers Depuis des décennies. En effet. les données qui soutenaient une origine africaine ont pu être démenties grâce à d’autres découvertes paléontologiques. Thaïlande et Birmanie permettent de mettre en évidence d’une part la très grande ancienneté de ce groupe en Asie (55 Ma) ainsi que son extrême diversité. et cela malgré les informations contraires apportées par la phylogénie moléculaire.5 millions d’années. plus de 25 millions d’années après. qui a permis l’apparition des caractères modernes du crâne et de la denture qui traduisent une adaptation à un régime alimentaire à base de nourriture dure et abrasive. Une connaissance plus détaillée de ces immigrations. la radiation Eocène asiatique comprend des formes de très petite taille (moins de 200 grammes) ainsi que des formes pouvant atteindre une dizaine de kilogrammes. ce qui les situe au sein des formes les plus grandes de leur temps. Actuellement les plus anciens Anthropoïdes africains indiscutables sont datés de 37 millions d’années et proviennent du Fayoum en Egypte et en Algérie. Ils semblent avoir évolué sous un climat marqué par une forte saisonnalité. témoignent de la présence de formes asiatiques en Afrique dès 37. . il est admis que l’origine des Primates anthropoïdes s’est située en Afrique. Chine. Limité jusqu’à une date récente à la Grèce du nord. le genre Dryopithecus. Professeur émérite de l’Université de Poitiers Les Hominoïdes modernes renferment les grands singes. Se nourrissant de fruits ou de feuilles comme le montre sa dentition. Ce primate. Sivapithecus dans le sous-continent indien. disparaît au milieu du Miocène supérieur (– 8. que des autres. à l’orang se rencontrent au Miocène. Ces primates à la denture robuste constituent probablement la souche ancestrale dans laquelle s’enracinent les hominiens plus récents. En Europe. et son proche parent du Miocène supérieur Indopithecus. gibbon (Hylobates). orang-outan (Pongo).5 millions d’années). il avait un mode de vie sans doute proche de celui des grands singes africains actuels.5 Ma). gorille (Gorilla) et chimpanzé (Pan). sa robuste dentition lui permettait de subsister sous un climat plus sec en ajoutant à son régime des tubercules ou des racines. existait un autre primate. au sud-est de l’Europe. Vivant dans un milieu différent semblable à une savane. Les bifurcations entre les lignées conduisant aux formes actuelles se sont produites au cours de l’époque Miocène (entre – 23 et – 5. adapté au milieu forestier. se déplaçait dans la canopée à l’aide de ses bras allongés. qu’il broyait grâce à ses robustes mâchoires. également en Asie. Des genres apparentés.382 MICHEL BRUNET 7 mai : Les Hominoïdes eurasiatiques du Miocène et l’origine des Hominidae avec Louis de Bonis. il pourrait avoir été présent en Bulgarie et en Turquie tandis qu’une forme semblable mais appelée Nakalipithecus vient d’être découverte en Afrique dans un site daté de 10 Ma. présent de l’Espagne à la mer Noire depuis le Miocène moyen. 14 mai : Le temps en géologie : datations absolues avec Didier Bourles. ou Ankarapithecus en Asie Mineure. le plus grand primate connu (beaucoup plus grand qu’un gorille). le gorille et surtout le chimpanzé. Cette quête perpétuelle a conduit aux développements de nombreux concepts et de techniques qui peuvent être tout d’abord classés en deux catégories : les méthodes . UMR CNRS IRD). Les formes ancestrales des gibbons et siamangs (famille des Hylobatidae) sont mal connues mais elles étaient probablement asiatiques depuis longtemps. Professeur de l’Université d’Aix-Marseille (CEREGE. siamang (Symphalangus). Il nous faut aussi mentionner l’immense Gigantopithecus du Pléistocène de Chine. Sa denture et l’usure de ses dents sont voisines de celles des australopithèques découverts en Afrique dans des niveaux plus récents et ces similitudes révèlent une proche parenté entre ces deux ensembles. A la même époque. Khoratpithecus en Thaïlande. et l’homme. Contraindre temporellement les événements remarquables qui ont jalonné l’histoire géologique et biologique de la planète Terre est une préoccupation essentielle de l’humanité depuis le développement de la pensée rationnelle. La recherche des liens de parenté par différentes méthodes a montré que nous étions plus proches de deux d’entre eux. le genre Ouranopithecus. les méthodes de datation absolue utilisent des phénomènes de transformations physico-chimiques dont la vitesse est connue. la Spectrométrie de Masse par Accélérateur (SMA). un objet. les méthodes basées sur des phénomènes radioactifs. cette méthode a permis de dater de manière absolue les restes d’hominidés qui y furent découverts et notamment l’actuel doyen de l’humanité : Toumaï. soit jusque vers 45 000 ans. les uns par rapport aux autres. L’ensemble des principes et des phénomènes impliqués dans les diverses méthodes de datation relative et absolue les plus communément utilisées a tout d’abord été exposé. La datation absolue est une datation aboutissant à un résultat chiffré. le principe de continuité et le principe d’inclusion) et le principe d’identité paléontologique. tel que le Be-10. EPR/ESR. Elle peut concerner un événement. une couche géologique ou un niveau archéologique. a été développée afin de permettre d’identifier puis de compter les atomes formés dans l’environnement lors d’interactions entre les particules très énergétiques issues du rayonnement cosmique et les atomes constituant l’environnement terrestre. La mesure du degré de transformation permet de dater le début du processus considéré. parmi lesquelles on distingue les méthodes isochrones (U/Th. milieux de dépôts et paléo-environnements des Hominidés avec Mathieu Schuster. exprimé en années. de racémisation . l’évolution de la faune et de la flore. les méthodes basées sur des défauts cristallins (thermoluminescence. nucléides cosmogéniques. 21 mai : Sédimentologie. La datation relative regroupe l’ensemble des méthodes de datation permettant d’ordonner chronologiquement des événements géologiques ou biologiques. Depuis maintenant un peu plus de 25 ans. Rb/Sr…) des méthodes directes (Ar/Ar. Ainsi. Enfin. la SMA a non seulement permis de pousser à ses limites extrêmes la datation par le C-14. Au moins un million de fois plus sensible que toute autre technique existante.…) . Les principes géométriques (le principe de superposition. permettant potentiellement une datation absolue et continue sur les 15 derniers millions d’années. Récemment (2008) adaptée pour dater des dépôts sédimentaires continentaux déposés lors d’épisodes Lac Méga-Tchad dans le nord du bassin du lac Tchad.…). Quatre groupes principaux de méthodes peuvent être distingués : les méthodes basées sur des phénomènes de diffusion. les plus récents développements de cette technique ont été présentés à travers son application à la datation des restes d’hominidés Mio-Pliocène mis au jour dans le bassin du lac Tchad. le principe de recoupement. Le plus souvent. et en particulier . CR CNRS à l’Université de Poitiers L’évolution biologique est une résultante de la pression de sélection du milieu sur les êtres vivants. les méthodes basées sur des phénomènes cycliques (dendrochronologie…) .PALÉONTOLOGIE HUMAINE 383 de datation relative et les méthodes de datation absolue. mais également de développer l’utilisation de nouveaux nucléides cosmogéniques. la technique de SMA étant plus particulièrement développée. une nouvelle technique. c’est-à-dire un milieu naturel. La sédimentologie. siège à la fois d’une activité biologique et d’une activité géologique. La géologie sédimentaire est avant tout une discipline de terrain. est directement liée à l’environnement et à ses modifications au cours du temps. .. Ainsi. reliefs) qui structurent les paléo-environnements. basée sur l’observation des dépôts sédimentaires à différentes échelles (lamine. renseigne sur les milieux de dépôts. géométrie) appelée faciès sédimentaire. Elle permet ainsi de restituer les paysages physiques (e. bassin sédimentaire) et qui se nourrit de la connaissance des systèmes sédimentaires actuels. à travers l’étude des roches sédimentaires. Un changement de faciès dans l’enregistrement sédimentaire marque un changement dans la dynamique de dépôt. appliquée aux archives sédimentaires du Bassin du Tchad. strate. réseau hydrographique fossile) ou de repérer des zones d’affleurements. des crues éphémères et des lacs. Le faisceau de données ainsi obtenu contribue à restituer les environnements anciens.384 MICHEL BRUNET celles des Hominidés. permet de passer de l’étude des dépôts sédimentaires à la reconstruction de l’organisation spatiale des environnements à un moment donné. La connaissance des paléo-environnements successifs des Hominidés est donc indispensable pour comprendre leur évolution et leur distribution géographique. des dunes éoliennes. l’observation directe sur l’affleurement est une étape cruciale car elle permet de collecter les indices nécessaires à l’identification des faciès sédimentaires. Les milieux de dépôts identifiés jettent ainsi les bases d’un décor péri-lacustre que complète l’étude des paléo-faunes et paléo-flores afin de restituer les paléo-environnements de cette région-clef pour la compréhension de l’histoire de notre Histoire. lacs..g. Cette démarche. des sols à conduits racinaires et nidifications d’insectes. structures sédimentaires. affleurement. L’étude géomorphologique par télédétection (photos aériennes. fleuves. Sur le terrain.g. Le terme de « paléo-environnement » désigne une réalité qui comprend aussi bien le paysage physique que l’écosystème. leur dynamique et leur évolution dans l’espace et au cours du temps. Divers types de dépôts ont été reconnus : e. modèles numériques de terrain) est un complément indispensable à cette démarche et permet par exemple d’identifier dans le paysage les marques des anciens systèmes sédimentaires (e. contribue à la reconstruction des paléo-environnements des Hominidés anciens du Tchad (Sahelanthropus tchadensis et Australopithecus bahrelghazali). la reconstitution des paléo-environnements est par essence une démarche pluridisciplinaire où chaque spécialité apporte des données indépendantes mais complémentaires. images satellites.g. Chaque environnement possède sa signature sédimentaire propre (lithologie. Le « principe de Walther » qui propose que les superpositions de faciès représentent l’image verticale de ce qui existait de manière horizontale dans l’espace. Enfin. L’analyse de la composition isotopique de l’émail dentaire des mammifères consommateurs de végétaux (l’émail dentaire conserve une « trace » des signatures biochimiques des végétaux consommés). Une partie des interprétations paléoenvironnementales effectuées à l’aide des faunes est basée sur le principe d’actualisme. IPHEP Université de Poitiers Depuis une quinzaine d’années. A partir d’exemples précis. très précises. . L’analyse du couvert végétal nécessite moins de matériel fossile mais est souvent plus délicate à interpréter.PALÉONTOLOGIE HUMAINE 385 28 mai : La lecture de l’environnement des Hominidés anciens à l’aide des paramètres biotiques avec Patrick Vignaud. D’autre part. soit en comparant le milieu de vie d’une forme actuelle par rapport à une forme fossile proche. deux approches indirectes sont classiquement utilisées. Maître de Conférences et Directeur adjoint UMR 6046. Les macro-restes de végétaux étant très rarement conservés dans les sédiments. L’analyse des flores et des faunes découvertes associées aux restes d’Hominidés permet de préciser les conditions environnementales des écosystèmes dans lesquels sont apparus puis ont évolué les Hominidés. les différentes méthodes d’investigation ont été développées et les données interprétées. deux types de paramètres sont pris en compte dans les analyses : les paramètres abiotiques et les paramètres biotiques. Cette augmentation du nombre de restes fossiles oblige maintenant à reconsidérer les relations phylogénétiques entre les différentes formes mises au jour dans ces régions. Pour ce faire. nécessitent cependant le maximum de restes fossiles permettant ainsi de contraindre au mieux les interprétations. soit en analysant la structuration de l’assemblage. l’étude approfondie des microrestes végétaux (grains de pollens et phytolithes) permet aussi d’apporter des informations qui seront confrontées aux autres données issues de l’étude de la faune et de la flore afin de dresser un tableau des «paléo-paysages» dans lesquels sont apparus puis ont évolué les Hominidés. Ces méthodes. Il est ainsi possible de préciser un type d’écosystème à l’aide des caractéristiques d’un assemblage faunique. il est dorénavant clair que les études portant sur l’origine et l’évolution des Hominidés ne peuvent pas s’appréhender hors d’un contexte paléoenvironnemental bien compris. choisis dans le Mio-Pliocène du désert du Djourab au Nord Tchad. les découvertes de restes fossiles d’Hominidés anciens se multiplient dans les sédiments mio-pliocènes d’Afrique de l’Est et du Sud mais aussi d’Afrique Centrale. LSCE Gif-sur-Yvette Irradiée par le Soleil jeune et moins puissant qu’actuellement. parce qu’il est le plus ancien d’entre nous.. De plus. ! Toumaï avec ses 7 Ma. Pourtant par 2 fois au moins (au Paléoprotérozoique et au Néoprotérozoique) la Terre a pu être totalement englacée. Lui et nous. Les mécanismes physiques qui ont pu conduire et mettre fin à cette glaciation ont été exposés. mais également de la variabilité climatique très forte des périodes glaciaires.. Nous sommes donc tous sœurs et frères et nos différences majeures sont essentiellement marquées par la diversité de nos cultures… une richesse liée à notre histoire… . par son effet sur le climat et le cycle du Carbone. le climat de la Terre est régulé par la tectonique des plaques. les causes des glaciations sont identifiées (cycle de Milankovitch). Enfin. Notre planète a connu des périodes chaudes (Crétacé) et des glaciations (Permo-Carbonifère). notre origine est bien Africaine et unique. nous dit que ce que nous savons aujourd’hui de notre Histoire permet de confirmer la prédiction faite par Darwin en 1871. à l’échelle de quelques centaines d’années.386 MICHEL BRUNET 4 juin : Apports de la modélisation climatique à l’histoire de l’évolution de la vie et des hominidés avec Gilles Ramstein. tous ensemble. 11 juin : Histoire des préhumains… Ce que l’on croit savoir…Ce que l’on ne sait pas… Perspectives et discussions en rapport avec le cours avec Michel Brunet En science l’absence de preuve… n’est jamais la preuve de l’absence.. le bouleversement en cours de la composition de l’atmosphère terrestre d’origine anthropique qui impacte aussi les systèmes à temps de réponse plus long (dynamique de l’océan et de la cryosphère). Sur ces 2 exemples il a été montré que la modélisation du Climat apporte aussi des éléments importants. A partir d’une hiérarchie de modèles climatiques. il a été montré qu’on peut rendre compte des variations glaciaires/interglaciaires. ainsi que les implications éventuelles des glaciations/déglaciations globales sur le développement de la vie avant « l’explosion Cambrienne ». la Terre a pu échapper pendant la quasi totalité de son histoire à une glaciation totale grâce aux gaz à effet de serre. Directeur de Recherches au CEA.. nous partageons la même population ancestrale. pourrait induire une déstabilisation des calottes de glace et faire basculer une nouvelle fois le climat vers son mode le plus stable : chaud et sans calotte glaciaire. Le Quaternaire et particulièrement les derniers cycles climatiques sont très bien documentés grâce aux calottes de glace et aux sédiments marins et continentaux. et en paléontologie la validité d’une hypothèse a souvent une durée de vie qui s’arrête avec la découverte du prochain fossile mis au jour. Depuis 540 millions d’années. L. 21 septembre 2007 . PNAS 105 (9) : 3226-3231. convention de recherche entre l’Université de Poitiers. Nature 434 : 752-755. le CNAR et l’Université de . des plus anciens Hominidés (Sahelanthropus tchadensis Brunet & al. PNAS 105(9) : 3226-3231. 1996) connus à l’Ouest de la Rift Valley (Nature 378.T. Recherche Thématique : Histoire des Hominidés anciens (Mio-Pliocène) et de leurs paléoenvironnements Mots clés : Paléontologie. Phylogénie. Nature 434 : 755-759. — Ecole thématique du CNRS. Université Paris XI. 2005 . Mammifères Ongulés. 2005 . cours sur les hominidés anciens .F. 20 mars 2008 . — UE de Master 1 : « L’évolution en questions ». 2008). « Les Climats pré-Quaternaire : Des premières glaciations jusqu’à l’apparition des premiers Hominidés ». Parmi les résultats les plus saillants : Mio-Pliocène d’Afrique Centrale: Découverte au Tchad des premiers Australopithèques (Australopithecus bahrelghazali Brunet & al. Evolution. M. M.E. 273-275. Nature 419 : 582. Brunet).F. conférencier invité) . — M. — Université du temps libre Versailles. — Formation académique SVT.P. L’ensemble de ces découvertes récentes en Afrique Centrale conduit à revoir de manière drastique nos conceptions sur l’origine et les premières phases de l’histoire du rameau humain. Paléoécologie. Paléoenvironnements. Orléans. 25 février 2008 . Paléobiogéographie. 2002 .P. 2008). Université de Poitiers et Université du Caire . 2002) du continent africain (Nature 418 : 145-151. trois missions de terrain ont eu lieu depuis 2006 . — Collège Lenain de Tillemont. : Mission Paléoanthropologique Franco-Tchadienne (Dir. Biochronologie. 2002 . 2008 ) et de plus de 500 sites à vertébrés fossiles dans le Mio-Plio-Quaternaire du Tchad (Nature 418 : 152-155. Brunet). 2006 . deux missions de terrain ont eu lieu depuis 2007 . Direction ou participation à des programmes scientifiques nationaux et internationaux — M. collaboration scientifique entre Collège de France. Montreuil (93).P. Brunet) depuis 1994 . convention de recherche signée le 25 novembre 2005 entre l’Université de Poitiers et l’Université Al Fateh de Tripoli .F. 2005 . 10-12 octobre 2007 (Michel Brunet. Propriano. Science 311 : 821. 17 avril 2008. Conférence. rencontre avec les classes de 6e autour de l’origine des Hominidés. Hominidés anciens. PNAS 105 (9) : 3226-3231. Systématique. PNAS 102(52) :18836-41. : Mission Paléoanthropologique et Paléontologique Franco-Libyenne (Dir. 2002 . : Mission Paléoanthropologique et Paléontologique Franco-Egyptienne (Dir. 1995 . — M. Rouen. 15 avril 2008 . Orsay. Conférence. M. Conférence.PALÉONTOLOGIE HUMAINE 387 Enseignement hors Collège de France — Formation académique SVT. — Datations des séries sédimentaires à Hominidés anciens du Paléolac Tchad depuis le Miocène jusqu’à l’actuel (Direction : M. MNHN Paris soutenue le 21 janvier 2008 (M. Bourlès. BRUNET Rapporteur). USA (depuis 2000) . White. — La morphologie cérébrale de Toumaï (Miocène sup.F.A. USA . Apports croisés de l’étude paléontologique des paléoichtyofaunes et de la biogéochimie.I. Human Evolution Research Center (HERC) University of California at Berkeley. Barriel V. Pr. Brunet. University of California at Berkeley).H. BRUNET Président du Jury).’s Pr. Allocation MENRT (soutenue le 11 juillet 2008) (M. — CNRS/ECLIPSE : Les Hominidés anciens d’Afrique Centrale (2000-2008) . Université Poitiers. White. depuis 2003. anatomie. Howell & T.D. 01-01-2008) . BRUNET et F./R. Paugy (IRD Paris). HDR Otero O. Bangkok (THAILAND) (Directeur M. Université de Poitiers Lebatard E. IPHEP UMR CNRS 6046 de l’Université de Poitiers .P. Université de Poitiers. Allocation MENRT.C. Ce programme international (10 nationalités) et pluridisciplinaire regroupe maintenant une soixantaine de chercheurs .S. Libye. Cenozoic Paleontological Section. — Porteur d’un programme ANR 2005-2008 : « de l’origine des Anthropoïdes à l’émergence des Hominidés : Evolution et environnements ». Pinton A.D. Egypte Thèses de doctorat. Berkeley. F. Direction : O. — Milieux de vie et voies de dispersions des hominidés et anthropoïdes anciens. Paléodiversité et Paléoenvironnements. BRUNET et D. Cambridge. Guy. Prospections géologiques et fouilles paléontologiques en cours AFRIQUE : Tchad. USA . Siluriformes) du Miocène à l’Actuel : implications paléobiogéographiques dans la connaissance de la dispersion des Hominidés anciens. — Middle Awash Research Project (Ethiopie) — Dir.O. Reconstitution 3D. — N. — GDRI CNRS regroupant : Chaire de Paléontologie humaine du Collège de France . CEREGE) soutenue le 19 décembre 2007. Allocation MENRT. Depuis octobre 2008. IPHEP UMR 6046. du Tchad). : « Revealing Hominid Origins Initiative . Anthropology Department Harvard University. University of California.I. Soutenue le 18 décembre 2007 (M. Otero et J. T. National Science Foundation Project (co.F. Department of Mineral Resources. Mémoire d’Habilitation à Diriger des Recherches. BRUNET Président du Jury). Agèse (IRD Montpellier) et D. morphométrie et comparaison avec les Hominoïdes actuels et fossiles. IPHEP UMR 6046.388 MICHEL BRUNET N’Djamena (depuis1995). . (deux partenaires : Université de Poitiers et Université de Montpellier II) . UMR 5143. Direction : M. Bienvenu T. — Etude de la phylogénie et de la biodiversité des Mochokidae (Téléostéens. — Du caractère… à l’arbre phylogénétique ». Département de Paléontologie Université de N’Djamena . — Société des Sciences de Chatellerault.. biogeography .PALÉONTOLOGIE HUMAINE 389 Congrès et séminaires — Université Européenne d’été. Fête de la Science. Cosmogenic nuclide dating of Australopithecus bahrelghazali and Sahelanthropus tchadensis : Plio-Miocene Hominids from Chad  . 10 mars 2008 . April 2008.. Conférencier invité) Saint-Jean-d’Angely. Analytic Working Group – Carnivora . Egypte (Michel BRUNET. Guy F. — Colloque Edgar Morin : « La dimension humaine ». communication « Lebatard A. — XIVe Colloque de la Société de Biométrie Humaine. — International Conference on Paleoanthropology. — EGU annual meeting. Lihoreau F.10 years of fieldwork in Chad » . Géosciences. 20 septembre 2007 . — CCF N’Djaména (Tchad). « Evolution et développement » (Michel BRUNET. 5 mars 2008 . T.. BRUNET M. — Colloque « Emergencia de una Nueva Conciencia Ecologica ». — Office Cantonal de la Culture. Carnivores of Africa from the middle Miocene to the Pleistocene : new data. UPMC Paris. — Third International Conference on the Geology of the Tethys. Duringer Ph. Conférences invitées Toutes les conférences ont traité de l’histoire évolutive des Hominidés et de leurs environnements à la lumière des découvertes nouvelles.. South Valley University — Aswan Town. 15-17 octobre 2007 . communication M. Vignaud P. invited speaker) . BRUNET. — Institut ISIS. « Rien en biologie n’a de sens sinon à la lumière de l’évolution ». BRUNET : « L’Humanité Première ». Auditorium Marie Curie CNRS Paris.T. CCSTI Pierre Mendès France Poitiers. — Chanteloup. systematics. January 12-14. 4 octobre 2007 . 2008. 8 octobre 2007 . Jolivet. Vienna (Austria).. BRUNET. 27 septembre 2007 . M. ECA. Schuster M. Poitiers. de Bonis) . Vignaud P. Santiago du Chili... Workshop in the University of Poitiers : May 20th to May 23rd 2008 (coordinator L. — CCSTI Pierre Mendès France. BRUNET) . 14 juin 2008 (M. — Institut de Physique du Globe (IPG). Mackaye. evolution. invited speaker). E. Communication : « BRUNET M. Braucher R.. Section Archéologie & Paléontologie.. Bourlès D. Paleontology and Archaeology in Ethiopia. Sapanet et M. Ethiopia. 2008. Fronty. M. MNHN Paris : communication « Paléontologie et identification : du désert du Djourab à l’autoroute A10 » par P. . Université Pasteur Strasbourg. Année internationale de la Planète Terre. Economic Commission for Africa. 29-30 août 2007 . — Project NSF/RHOI (Collaboration HERC University of California. Ambiente 21. 14-16 novembre 2007. et MPFT — Elsewhere in Africa. Porrentruy (Suisse). 8-11 January. Berkeley) : Revealing Hominid Origins Initiative (RHOI).. 13 septembre 2007 . 2008. — Colloque CNRS « ECLIPSE 2 ». — Université de Rennes. Vouneuil-sous-Biard (86). — Colloque annuel de la Société d’Histoire et d’Epistémologie des Sciences de la Vie. 13 mars 2008 (M.. Dobzhansky. Conférencier invité) .. Addis Ababa. 13 novembre 2007 . Paris 11 avril 2008 . H.. Mackaye H. Carnivora) recovered in late Miocene deposits of the Djurab desert. Likius A. Late Miocene. et BRUNET M. présentation du documentaire fiction « Toumaï le nouvel Ancêtre » par Michel Brunet.. Vignaud P. — « Humains » Long métrage de fiction autour d’hominidés fossiles. Bull. Palaeogeography. Amiens. SEMLH 8 mai 2008 . 1er avril 2008.. Vignaud P. Genise J. et Brunet M. J. Mathieu Vidal. Vert. Duringer P. France Culture : Travaux publics par Jean Lebrun. Distinction Officier dans l’Ordre national du mérite : 29 février 2008.. — Auditorium Maurice Ravel. 178 (4) : 317-326. Lopez-Martinez N. Issy-les-Moulineaux. 27(2) : 285-294. Pal. Makaye H. et BRUNET M. Brunet) diffusé le 27 juin 2008. (2007) — A new Lagomorph from the Late Miocene of Chad (Central Africa). Bonis de L. 8 mars . Palaeoecology. (2007) — The oldest African fox (Vulpes riffautae n.. 14 juin 2008. Schuster M. Likius A. Chad. Palaeoclimatology. Likius A. Radio-TV France Inter : La tête au carrée. Canidae. 31 mars 2008 . 94 : 575-580. .T. Mackaye H. Diego Portales.. Likius A.. Jarnac. Chad : Auchenoglanis soye sp.. consultant scientifique). (2007) — New termite trace fossils : Galleries. et BRUNET M.. 251 : 323-353. Articles scientifiques parus au cours du second semestre  et du premier semestre  dans des revues internationales à comité de lecture et IF Bonis de L.. Soc.. (2007) — First occurrence of the ‘hunting hyena’ Chasmaporthetes in the late Miocene fossil bearing localities of Toros Menalla. Films — Festival du documentaire scientifique. nov. Chad (Africa).. Peigné S.. — Santiago du Chili. Vignaud P. France 2 & France 3...390 MICHEL BRUNET — Médiathèque. tournage été 2008 (Michel Brunet. Mackaye H.. Fr.T.. 22(1) : 1-20. Peigné S. Otero O. 15 mars 2008 . (2007) — A new Claroteid Catfish (Siluriformes) from the Upper Miocene of Toros-Menalla.. — France 2 : Un jour un destin « Chirac intime » (participation M. et BRUNET M. nests and fungus combs from the Chad basin of Africa (Upper Miocene-Lower Pliocene).T.. Presse écrite Nombreux interviews et articles. Naturwissenschaften. Géol. Vignaud P.T.F. Revista Espanola de Paleontologia. Vignaud P. sp.. J. BRUNET M.PALÉONTOLOGIE HUMAINE 391 Geraads D... Palevol. 105.T. Likius A.. et BRUNET M. Mackaye H. Bourlès D. Duringer P.-F... Global and Planetary Change.. Pal. Arnaud N..T. Guy F.. Coppens Y. Soc... et BRUNET M. Sci.. Linn.. Mackaye H.. de Bonis L. Lihoreau F. Lihoreau F. (2008) — De nouveaux restes de Primelephas dans le Mio-Pliocène du Nord du Tchad et révision du genre Primelephas. Vignaud P. 28(1) : 231-242. Sepulchre P. Nat.. Peigné S. et BRUNET M. 7 (2008) 227-236. Mammalia) from the late Miocene of Toros-Menalla (Chad). (2008) — Late Miocene Carnivora from Chad : Lutrinae (Mustelidae).. Ramstein G. Likius A. 247 : 81-99...... Vignaud P.. (2008) — Evolution of Lake Chad Basin hydrology during the mid-Holocene : a preliminary approach from lake to climate modelling. Lebatard A.E... .E... 61. Zool.. et BRUNET M. C...T.T.. Likius A. Monie P. 152 : 793-846. Mackaye HT.L. Mackaye H. Schuster M.T. and the symphysis of Australopithecus bahrelghazali. Blondel C.. Vert. Vignaud P. Likius A... 9 : 3226-3231. R.. USA. Krinner G. et BRUNET M. Girard J.. Mackaye H.. Vignaud P. Jolivet M. Vignaud P. (2008) — Symphyseal shape variation in extant and fossil hominoids. (2008) — Can fossil bones and teeth be dated using fission track analysis ? Chemical Geology. Reyss J. 41-48.. Proc. Jolivet M. Schuster M. Acad. Lihoreau F. Schmittbuhl M. Braucher R. Lebatard A. et BRUNET M. (2008) — New Hippotragini (Bovidae. Carcaillet J.. J. Journal of Human Evolution 55 (2008) 37-47. Mackaye H. Vignaud P. Vignaud P. (2008) — Cosmogenic nuclide dating of Sahelanthropus tchadensis and Australopithecus bahrelghazali : Mio-Pliocene hominids from Chad..L... . SCIENCES PHILOSOPHIQUES ET SOCIOLOGIQUES .II. . ou quelque . Intelligence au suprême degré. était. Cours On a repris et poursuivi l’examen de la question dont on était parti l’année dernière. trop profondément incroyant pour pouvoir prendre réellement au sérieux les efforts des philosophes et les inventions auxquelles ils aboutissent : « […] Je pense que l’impression prédominante que l’on recevait de Valéry était celle de l’intelligence. Jacques Bouveresse. Pour être philosophe. un système philosophique . On peut penser par exemple à ce que dit. ou qui défend. On a appelé Valéry un philosophe. en tout cas au sens où il comprenait lui-même le mot « philosophie ». il faut avoir une forme de foi et Valéry. Eliot à propos de l’attitude de Valéry et des raisons pour lesquelles il n’était pas et ne pouvait pas être philosophe. S. il faille avoir conservé une forme de naïveté dont nous ne sommes plus capables ou qu’un excès d’intelligence nous empêche désormais de prendre suffisamment au sérieux ce genre d’exercice. au sens ordinaire.Philosophie du langage et de la connaissance M. à savoir celle qui concerne le genre d’avenir que l’on peut raisonnablement attribuer en philosophie à la construction de systèmes et le genre d’intérêt que l’on peut. selon Eliot. est un homme qui construit. T. dans ce sens. attribuer encore aujourd’hui aux systèmes philosophiques qui ont été construits dans le passé. qui se désigne luimême. sur ce point. Il est possible que. professeur A. et type d’intelligence qui exclut la possibilité de la foi. pour ce qui est de sa relation à la philosophie. si on est convaincu que la philosophie devrait désormais renoncer à s’exprimer dans la forme du système. comme une sorte de barbare dans Athènes. Il faut au philosophes constructif une foi religieuse. et nous pouvons. dire que Valéry était trop intelligent pour être un philosophe. pour pouvoir construire encore des systèmes. implique une profonde mélancolie. Cela pourrait constituer une explication si on pense que la construction de systèmes philosophiques relève largement de la fiction et s’apparente à la création de mythes savants d’une certaine sorte. Mais un philosophe. ce qui explique sa façon. ont le passionnant et les conséquences nulles d’une partie d’échecs. Ou qu’il faut prendre telle précaution… 2 » Mais s’il est entendu. malgré tout. généralement. C’est. du reste. 75-77. c’est une des manifestations de l’homme civilisé. p. que ce qui s’y décide n’est pas forcément plus important que l’issue d’une simple partie d’échecs : « Discussion métaphysique. et pour faire enfin résonner à 1. et nous n’avons pas le droit de lui demander cela. 223-224. si etc. A la fin. au contraire. une attitude qui s’efforce. 1946. que l’on est tenu. ceux de son auteur ? Nietzsche. Son esprit était. et. « Leçon de Valéry ». mérite exactement d’être admiré ? Sont-ce en premier lieu les mérites de l’œuvre elle-même ou plutôt. 1935. dans une œuvre philosophique. L’incroyant radical qu’est Valéry ne suggère. Il n’y a qu’un seul degré plus élevé qu’il est possible à l’homme civilisé d’atteindre — et c’est d’unir le scepticisme le plus profond à la plus profonde foi. en sorte que sa philosophie se trouve exposée à l’accusation de n’être qu’un jeu compliqué. dans des cultures comme les nôtres. T. le plus souvent avec passion. S. On se ferait battre. bien entendu. les philosophes est dépourvu d’intérêt. Paris. Eliot. pouvoir y goûter des joies artistiques. in « Paul Valéry vivant ». dans La Philosophie à l’époque tragique des Grecs. qu’est-ce qui. 2. Analecta. est uniquement ce qu’il appelle la personnalité. Valéry était bien trop lucide pour pouvoir philosopher de cette façon . je crois. Ces disputes. dit-il. si les figures semblables sont possibles. . d’éprouver une certaine admiration et même une admiration spéciale pour la philosophie. de ressembler aussi peu que possible à la croyance et encore moins à la foi. p. ou insensible aux raisons émotives qui l’attachent à son système particulier. Précisément. une fois qu’il a été réfuté. en réalité. Mais Valéry n’était pas Pascal. affirme que tous les systèmes philosophiques du passé ont été réfutés et que ce qui peut encore nous intéresser dans un système philosophique. plus exactement. il ne lui est permis de construire que parce qu’il peut rester aveugle aux autres points de vue. — et même nihiliste 1. de faire de l’histoire de la philosophie : « Je raconte en la simplifiant l’histoire de ces philosophes : je ne veux extraire de chaque système que ce point qui est un fragment de personnalité et appartient à cette part d’irréfutable et d’indiscutable que l’histoire se doit de préserver. Cahiers du Sud. sur ce point. mais seulement qu’il est sans enjeu réel ou. en aucune façon que le genre d’exercice auquel se livrent. Parfois il en ressort aussi qu’il ne faut pas jouer tel coup désormais. Si l’espace est fini. C’est un premier pas pour retrouver et reconstruire par comparaison ces personnages. de considérer que le monde de la philosophie luimême est probablement partagé entre deux catégories de praticiens : ceux qui se comportent à l’égard de la philosophie comme de véritables croyants et ceux — de beaucoup les moins nombreux — qui adoptent. de plus en plus serrées. rien n’est plus — sinon que A est plus fort joueur que B.396 JACQUES BOUVERESSE substitut qui en tienne lieu . Paul Valéry. profondément destructeur. effectivement assez particulière. » On peut être tenté. Gallimard. — mais pouvoir jouer ce jeu. de Launay. Dans quel sens. à ses yeux. mais 3. Friedrich Nietzsche. traduit de l’allemand par Jean-Louis Backès. il ne faut pas s’attendre à ce que les « réfutations » de cette sorte produisent beaucoup d’effet sur eux. Ont-ils été réfutés parce qu’ils affirmaient des choses dont la fausseté a été établie depuis. textes et variantes établis par G. p. cependant. à la fois plus radicale et plus générale. » On peut peut-être réfuter un système. — Il y a eu un temps où on on cherchait à démontrer qu’il n’y a pas de Dieu. Et il semble vouloir dire par là que. bien entendu. Michel Haar et Marc B. C’est de cette façon-là que les philosophies peuvent être réfutées : en montrant comment elles ont pu apparaître et ce qui les a rendues pour un temps importantes. est la réfutation par l’histoire et la généalogie et elle est aussi la plus définitive. et qu’aucune connaissance ultérieure ne pourra nous ravir : le grand homme 3. I. par exemple grâce à des progrès qui ont été réalisés dans le domaine des sciences ou dans celui de la connaissance en général ? Parce que nous avons tout simplement cessé de croire et considérons comme impossible de croire ce qu’ils affirment ? Ou bien pour une raison différente. mais on ne peut sûrement pas réfuter un grand homme. 9-10. 1975. on montre comment la croyance qu’il y a un Dieu a pu naître et d’où cette croyance tient le poids et l’importance qu’elle a : de ce fait. Ma tâche consiste à mettre en lumière ce que nous serons obligés d’aimer et de vénérer toujours. les moyens mis en œuvre pour les atteindre peuvent continuer à susciter notre admiration parce qu’ils ont rendu possible la manifestation de quelque chose d’impérissable. celle sur laquelle on ne reviendra pas : « La réfutation historique comme la réfutation définitive. à savoir que c’est l’idée même de construire des systèmes qui a cessé d’être crédible ? La réponse de Nietzsche à ce genre de question est malgré tout assez claire et bien connue. Nietzsche nous dit aussi que. même quand les systèmes philosophiques sont reconnus comme faux. et même de le réfuter. Il semble. . et en particulier avec celui qui semble avoir été le plus important de tous.PHILOSOPHIE DU LANGAGE ET DE LA CONNAISSANCE 397 nouveau la polyphonie du tempérament grec. Mais. de façon générale. Coli et M. ils n’en contiennent pas moins quelque chose d’irréfutable. § 95). Montinari. même si nous ne pouvons plus être d’accord avec leurs objectifs. Paris. La Philosophie à l’époque tragique des Grecs. une preuve du contraire établissant qu’il n’y a pas de Dieu devient superflue » (Morgenröte. le sens historique. — aujourd’hui. comme une des choses dont les philosophes sont généralement le plus dépourvus est justement. suivi de Sur l’avenir de nos établissements d’enseignement. Gallimard. selon Nietzsche. faut-il comprendre exactement le mot « réfuter » quand on dit que tous les systèmes philosophiques qui ont été construits jusqu’à présent ont été réfutés ? Nietzsche ne donne pas beaucoup d’indications sur ce point. relativement facile de trouver des objections possibles contre n’importe quel système philosophique. à savoir une personnalité et un caractère exceptionnels. La réfutation la plus décisive. à savoir la vérité. à proprement parler. Clarendon Press. 103. Editions Allia. nous sommes 4. pour un domaine déterminé. » Ce que cela veut dire est que. ont toujours des réparations à faire. un défi qui a trait à la difficulté que l’on peut avoir. s’ils ne sont assurément pas vérifiables. Marginalia et autres fragments. si nous considérons une discipline quelconque qui a une prétention à la connaissance que l’on peut présumer légitime. tout en sachant que d’autres choix.398 JACQUES BOUVERESSE beaucoup plus difficile de concevoir que l’un quelconque d’entre eux puisse être vrai et de démontrer qu’il l’est effectivement. le Défi de l’Intégration pour ce domaine 5. 2007. qui contredisent le sien. textes choisis. ils ne sont pas non plus. même si l’on peut hésiter à dire d’eux qu’ils sont vrais. Edgar Allan Poe. . on a évoqué ce que Christopher Peacocke appelle le « défi de l’intégration ». Dans certains cas nous pouvons ne pas avoir les idées claires sur aucune des deux choses. la deuxième devrait les inquiéter et le ferait probablement s’ils n’étaient pas justement des ennemis de la philosophie. les systèmes philosophiques sont susceptibles. Selon Peacocke : « Nous pouvons avoir une conception claire des moyens par lesquels nous en venons ordinairement à connaître les propositions en question. à fournir à la fois une métaphysique et une épistémologie acceptables de la vérité pour les propositions de la discipline concernée. Gueroult et Vuillemin. de devenir irréparables. ils n’en continuent pas moins à représenter des possibilités de vérité entre lesquelles le philosophe est obligé de choisir. de même que le propriétaire de maison. Dans les dernières séances du cours de l’année dernière. Oxford. l’immortel auteur de Max und Moritz dit que : « Le philosophe. Mais aussi n’est-il pas désespérant de constater l’impossibilité d’imaginer qu’aucun système particulier soit vrai 4 ? » La première chose a plutôt tendance à réjouir les ennemis de la philosophie. présentés et traduits de l’anglais par Lionel Menasché. Christopher Peacocke. p. est-il certain que les systèmes philosophiques soient aussi faciles à réfuter qu’il le dit ? Il y a des auteurs qui pensent que. 5. Mais la dissymétrie à laquelle Poe fait référence est-elle aussi réelle qu’il le suggère ? Autrement dit. 1-2. au sens usuel du terme. » On peut avoir le sentiment qu’à partir d’un certain moment. Wilhelm Busch. une métaphysique et une épistémologie simultanément acceptables et à montrer qu’elles le sont. réfutables. sont également possibles et respectables. en rapport avec une entreprise cognitive quelconque. Si l’on en croit Edgar Poe : « Il est amusant de voir la facilité avec laquelle tout système philosophique peut être réfuté. Being Known. mais être incapables de voir comment nos méthodes réelles de formation de la croyance à propos de l’objet sur lequel elles portent peuvent être suffisantes pour connaître leur vérité. comme les maisons. J’appelle la tâche générale consistant à fournir. p. Paris. Néanmoins en même temps nous pouvons être incapables de fournir une quelconque explication plausible de conditions de vérité dont la connaissance du fait qu’elles sont satisfaites pourrait être obtenue par ces moyens. soutiennent que. Ou bien nous pouvons avoir une conception claire de ce qui est impliqué dans la vérité de la proposition. Mais même ce genre de chose n’est peut-être qu’une impression trompeuse. 1999. par exemple. . Il faut que le concept de vérité philosophique. au regard de l’idée que nous nous faisons de ce que peut être la connaissance en général. et l’idée que nous nous faisons du genre de vérités à la connaissance desquelles nous sommes censés avoir réussi à accéder grâce à eux. La raison pour laquelle le défi de l’intégration est important n’est pas difficile à comprendre. Comprendre la connaissance de ce que c’est pour une chose que d’être le cas. 2004. Peacocke s’exprime sur ce point de la façon suivante dans la conclusion de son livre. faire preuve d’un pessimisme exagéré que de dire que nous n’avons apparemment pas. p. ni sur les moyens de connaissance dont nous disposons pour accéder à une vérité de cette sorte. inversement. ce serait disposer d’une clé non seulement pour l’épistémologie et la métaphysique de ce domaine. en poursuivant l’agenda rationaliste à travers plus de domaines et de questions. de notre métaphysique avec notre épistémologie. J’ai argué que nous ne pouvons pas caractériser la rationalité sans invoquer cette notion. en venir à connaître la vérité en question. The Realm of Reason. avec les moyens que nous sommes censés avoir à notre disposition. Clarendon Press. Quand on échoue à réaliser l’intégration. ne rende pas impossible à comprendre et complètement mystérieux ou invraisemblable. 267. pour un domaine comme celui de la philosophie. dans un domaine donné.PHILOSOPHIE DU LANGAGE ET DE LA CONNAISSANCE 399 en droit de demander qu’elle dispose à la fois d’un concept compréhensible et acceptable de la vérité et d’une explication également compréhensible et acceptable de la manière dont la vérité en question peut être atteinte par les moyens dont nous disposons. The Realm of Reason : « Finalement. Comprendre notre appréhension de la vérité est une partie essentielle de nous comprendre nous-mêmes 6. mais pour la nature de nousmêmes comme penseurs rationnels. semble-t-il. par celui de la philosophie. » Ce n’est pas. Et. nous devrions. Le défi de l’intégration constitue un problème qui a été discuté abondamment dans le cas des 6. bien entendu. Il est probable qu’en réalité nous n’avons les idées tout à fait claires ni sur le sens auquel il peut être question de vérité dans le cas d’une discipline comme la philosophie. la manière dont nous pouvons. tel qu’il est expliqué par ceux qui l’utilisent. cela fait de façon caractéristique apparaître comme manifestement défectueuses les explications de ce que c’est pour un contenu concernant ce domaine que d’être vrai. un point de vue rationaliste. viser à obtenir une meilleure compréhension de la notion de connaissance de ce que c’est pour un contenu que d’être vrai. d’explication satisfaisante de ce que c’est pour un contenu ayant trait à ce domaine que d’être connu comme vrai. La notion de connaître ce que c’est pour un contenu donné que d’être vrai elle-même lie ensemble le métaphysique et l’épistémologique. Christopher Peacocke. Oxford. il ne doit pas y avoir une discordance complète ni même un écart trop important entre ce que nous savons des processus par lesquels se forment les croyances et les certitudes philosophiques. Elle informe notre conception de ce que c’est pour une transition que d’être rationnelle. Et on peut s’attendre à ce que ce défaut d’explication se révèle de façon particulièrement flagrante dans l’incapacité de résoudre le défi de l’intégration et même peut-être déjà de le prendre au sérieux. à commencer. tout au moins pour ceux qui souhaitent défendre dans tous les domaines. Dummett s’est référé comme étant le principe K. Göran Sundholm. il ne pourrait pas admettre l’abolition de la loi de Bivalence. C’est seulement en 1908 que la tension entre ce principe de Connaissabilité et le principe de Bivalence a été ressentie simultanément dans deux endroits différents. pour ses propres propositions. à peu près la même chose que « vérifiable » ou « susceptible d’être affirmé avec de bonnes raisons » ? Autrement dit. Moore est le premier à envisager des propositions vraies inconnaissables. est le principe auquel le Prof. en revanche. J. semble être. E. pour ceux qui acceptent d’utiliser le concept de vérité à propos de la philosophie. mais il a dû alors s’abstenir de reconnaître la loi de Bivalence et la loi du Tiers Exclu qui s’ensuit. à concilier la métaphysique et l’épistémologie de la vérité philosophique. on ne peut malheureusement dire d’aucune d’entre elles qu’elle ait été. De quelle façon faut-il se représenter. E. Brouwer. bien entendu. dans leur généralité complète 7. ce qui expliquerait que. « Vestiges of Realism ». étant un Réaliste. edited by Brian McGuinness and Gianluigi Oliveri. est-il concevable que les propositions philosophiques soient bel et bien vraies ou fausses. la relation qui existe entre la vérité et la possibilité pour nous de la reconnaître ? Est-il admissible que la philosophie utilise. celle qui consiste à éviter prudemment le problème. 7. sur ce point. à proprement parler. de façon particulièrement regrettable. bien entendu. Le premier est. Il l’a été beaucoup plus rarement dans le cas de la philosophie et pourtant il y aurait de nombreuses raisons de le poser. p. Dummett nous en a fait prendre conscience plus que n’importe qui d’autre. compte tenu du fait que. si les philosophes n’ont pas cessé de présenter comme vraies et d’asserter des propositions de l’espèce la plus diverse. G. entre deux grandes classes de systèmes philosophiques : les systèmes dogmatiques et les systèmes de l’examen. dans le cas de la philosophie. a adopté l’issue opposée. à savoir Cambridge et Amsterdam. un concept de vérité qui transcende largement toute possibilité de vérification. Kluwer Academic Publishers. 1994. dans sa réaction à cette tension dilemmatique et a choisi de conserver le principe de Connaissabilité de la vérité. mais le soient d’une manière telle que nous ne parviendrons peut-être jamais à savoir ce qu’il en est ? Ou bien faut-il rejeter complètement cette idée. Dordrecht/Boston/ London. dans un sens du mot « vérifier » qui soit. approprié à la nature de la discipline ? Ou bien « vrai » doit-il vouloir dire dans le cas de la philosophie elle-même. L’attitude la plus répandue. qui est aussi vénérable que celui de la Bivalence. dont l’intuitionnisme est une des formes fondamentales. la loi de la Bivalence. ce qui risque de nous placer dans une situation à bien des égards encore plus inconfortable ? Comme le dit Göran Sundholm : « Il y a deux principes traditionnels qui jouent un rôle central dans l’interaction entre la logique et l’épistémologie. alors il est possible en principe de savoir qu’elle est vraie. L’autre principe. L. comme le Prof. la loi du Tiers Exclu. 139-140. . vérifiée.400 JACQUES BOUVERESSE mathématiques. ou toutefois. selon Vuillemin. probablement pour signifier knowledge : si une proposition est vraie. » C’est la façon dont les philosophes ont réagi à cette tension qui est à l’origine de la distinction qui doit être faite pour commencer. in The Philosophy of Michael Dummett. puisqu’il pourrait bien y avoir des difficultés particulières. On s’est intéressé cette année. en ce qui concerne à la fois leurs conceptions respectives de la philosophie. à montrer comment les trois espèces principales de philosophies des mathématiques qui se sont divisées et affrontées au vingtième siècle : le logicisme. Car cela n’interdit évidemment pas de se poser la question de savoir quelle position exacte est susceptible d’occuper une philosophie comme celle de Quine dans la classification de Vuillemin et celle de savoir si la classification de Quine comporte ou non une lacune qui pourrait la rendre. Il a plutôt cherché. on est obligé de reconnaître qu’il ne s’embarrasse pas de nuances. utilisent une notion dogmatique de la vérité. par exemple.PHILOSOPHIE DU LANGAGE ET DE LA CONNAISSANCE 401 l’autre étant le scepticisme. si le critère de l’engagement ontologique est simple. indépendamment de la possibilité que nous avons (ou n’avons peut-être pas) de savoir s’il l’est ou non. une occasion de se demander aussi s’il est indispensable d’adopter une définition comme celle que Vuillemin donne de l’intuitionnisme pour pouvoir comprendre l’intuitionnisme comme philosophie des mathématiques et rendre justice à ce qu’il a été. puisque. comme leur nom l’indique. bien entendu. ce qui pourrait avoir pour conséquence qu’il ne fait pas suffisamment de différences. on a jugé nécessaire de regarder de près les ressemblances et les différences qui existent entre Quine et Vuillemin. plus modestement. Cette dernière question constitue. à l’opposition qui existe entre l’option réaliste et l’option intuitionniste. Un exemple typique de cela est la façon dont Quine traite le réalisme. et le genre de critères et de méthode qu’ils utilisent pour distinguer et classer les ontologies et les philosophies. qui soutient que les entités abstraites existent en soi et indépendamment de nos activités de connaissance. Les systèmes de l’examen choisissent d’utiliser une notion de la vérité qui ne peut être dissociée à ce point de celle de la vérifiabilité (dans le cas des mathématiques. peuvent être distinguées par les engagements ontologiques auxquels elles consentent ou refusent de consentir et comment le critère de l’engagement ontologique qu’il propose permet de clarifier les désaccords qu’il y a entre elles. objectif et impartial. incapable de définir l’intuitionnisme au sens de Vuillemin. mais également dans le domaine de la philosophie pratique elle-même. Avant d’aborder cet aspect du problème. comme on l’a rappelé. l’intuitionnisme et le formalisme. Les systèmes du premier type. l’idée qu’ils se font des relations qui existent entre la philosophie et les sciences. On pourrait sans doute être tenté d’objecter à cette confrontation que Quine n’a pas réellement cherché à construire une classification en bonne et due forme des différentes espèces de philosophies des mathématiques et encore moins. . des différentes espèces de philosophies tout court. bien entendu. comprise comme consistant dans l’adéquation de la proposition avec un état de choses objectif qui est réalisé ou ne l’est pas. non pas seulement sur le terrain de la philosophie des mathématiques et de la théorie de la connaissance en général. comme l’a souligné Joseph Vidal-Rosset. de façon particulièrement détaillée. Un des problèmes que soulève la position de Quine est évidemment que. de la démontrabilité). il ne fait guère de différence véritable entre deux positions comme ce qu’on pourrait appeler le platonisme dogmatique. Mais ce n’est sûrement pas le point le plus important. mais également à ceux de la morale et de l’esthétique. Et il y a enfin la question de savoir quelle est la place qui doit être attribuée à une philosophie comme celle de Quine dans la classification de Vuillemin.) Ce qui est constitutif de l’intuitionnisme. à ce qu’il appelle les « jugements de méthode ». Paris. « Je donne. peut être appliqué. qui se contente d’affirmer que nous sommes contraints d’accepter l’existence au moins de certains d’entre eux pour les besoins de la science. 7. non seulement aux objets de la connaissance proprement dite. De même. ce qui. p. comme on pouvait s’y attendre. dit-il au mot intuitionnisme un sens voisin de celui qu’il a reçu en philosophie des mathématiques. Or cette différence peut sembler justement essentielle. des réserves qui n’ont rien de surprenant. est celui de savoir comment il faut comprendre l’intuitionnisme et à quel endroit il convient exactement de le situer dans la classification des systèmes. .402 JACQUES BOUVERESSE et le platonisme que l’on pourrait appeler « pragmatique ». Les mathématiciens intuitionnistes se disputent sur la nature et la limite des constructions admissibles. De même un philosophe est intuitionniste […] quand il requiert des objets de la connaissance qu’ils fassent voir quelle méthode les rend légitimes. en ce senslà. même dans le cas des mathématiques. Vrin. pas grand-chose de proprement platonicien. chez Vuillemin. du point de vue philosophique. qu’ils soient concrets ou abstraits. (Le pragmatisme et l’éclectisme qui caractérisent la démarche de Quine et celle d’un bon nombre de philosophies contemporaines suscitent évidemment. 1994. nous renvoie. et donc d’une façon qui n’est pas vraiment dissociable de l’entreprise de la connaissance elle-même. qu’on a déjà mentionné. comme des philosophes typiquement intuitionnistes. Un mathématicien est dit intuitionniste quand il requiert d’une preuve d’existence qu’elle fournisse le moyen de construire l’objet. dans la classification des formes d’assertion fondamentales. La façon dont Quine traite la question du réalisme entraîne un affaiblissement certain de la position réaliste et nous laisse pour finir avec un réalisme qui est véritablement minimal et ne conserve indiscutablement. Et c’est de cette façon-là que le terme « intuitionnisme » est utilisé par Vuillemin dans sa classification. ce qui permet de ranger Épicure. de façon très naturelle. Un philosophe intuitionniste qui a construit 8. Jules Vuillemin. est moins le choix d’une réponse déterminée à la question ontologique de l’admissibilité des objets abstraits que celui qui consiste à exiger de tous les objets de connaissance possibles. compris de cette façon. Un autre problème. dans l’interprétation de Vuillemin. par exemple. les philosophes intuitionnistes se disputent sur la nature et les limites des méthodes de la connaissance 8 » Descartes et Kant peuvent évidemment être considérés. si toutefois on la considère comme suffisamment systématique pour mériter une place dans une classification qui est avant tout celle des formes de systèmes philosophiques. Le point de vue intuitionniste. qu’ils puissent exhiber la méthode de construction par laquelle ils peuvent être atteints. à côté de Descartes et de Kant dans la catégorie générale des intuitionnistes. L’Intuitionnisme kantien. de ce fait.PHILOSOPHIE DU LANGAGE ET DE LA CONNAISSANCE 403 un système philosophique complet appliquera au cas du vrai. 1984. du bien et du beau le même genre de traitement. alors que le fait d’être dépossédé de notre liberté est le principe du mal. explique Vuillemin. une loi de la nature. le principe en vertu duquel le doute doit se porter sur l’un des axiomes de l’argument et montrer l’étroite convenance de chaque système avec l’usage spécifique qu’il fait d’une modalité fondamentale pour définir ce qu’il entend par loi naturelle 10. En éthique. elle ne s’apparente pas à une forme d’intuitionnisme. Editions de Minuit. et son adversaire réaliste. Nécessité ou contingence. 4) la part de la foi et celle de la raison dans la philosophie et dans l’opposition entre les philosophies : la confrontation entre saint Anselme et Kant comme exemple d’une opposition entre le rationalisme dogmatique et le rationalisme intuitionniste . 10. la maîtrise de soi cartésienne. Vuillemin procède en remontant de la 9. de la contingence et de la liberté. d’inspiration kantienne. en contraste aussi bien avec le dogmatisme qu’avec le scepticisme moral 9. « Pour appliquer la méthode synthétique au dominateur. « Kant’s Moral Intuitionism ». l’autonomie kantienne résultent d’une reconnaissance commune de la primauté de la liberté. mais plutôt à une forme de scepticisme qui ne se reconnaît pas comme telle) . L’autarcie épicurienne. que Vuillemin décrit de la façon suivante : « Appelons intuitionniste un système qui rend ses définitions du vrai. dans un système philosophique. la conscience morale et le jugement de goût parviennent jusqu’à eux. à proprement parler. p. entre les systèmes de philosophie pratique. autrement à des questions du type suivant : 1) la théorie intuitionniste de la finalité esthétique chez Kant et la philosophie intuitionniste de la beauté dans la nature et dans l’art . ils optent de préférence pour le mécanisme strict et ils ne tolèrent la finalité qu’à titre d’idée régulatrice de la recherche. » Une partie conséquente du cours de cette année a été consacrée à cet aspect important et souvent un peu trop négligé de la confrontation entre l’intuitionnisme. du bien et de la beauté dépendantes de la méthode par laquelle la connaissance. le souverain bien n’est rien d’autre que la législation de notre liberté. admettent la contingence des lois de la nature. au sens élargi. dans le cas général et dans la philosophie en particulier. L’opposition entre les systèmes se traduit notamment par une divergence entre des conceptions différentes de ce qu’est. ce qui est une conséquence inévitable des exigences de constructivité imposées à la vérité. » Tous les systèmes intuitionnistes. Dans la dernière partie du cours. 5) le problème des relations entre la vérité. 275. 3) la philosophie du droit de Kant et la théorie de la justice de Rawls (Vuillemin a entrepris de démontrer que cette théorie s’est trompée sur ses véritables ancêtres et que. on est revenu à l’aporie de Diodore comme constituant un principe de division entre les systèmes de la nécessité. il faudra […] assigner. comme il est sous le contrôle de notre volonté. in L’intuitionnisme kantien. et. 57. . contrairement à ce qu’a soutenu son auteur. la connaissance et la croyance. p. l’intuitionnisme subordonne le souverain bien aux règles de la liberté. Jules Vuillemin. par exemple. 2) l’intuitionnisme moral et le problème de la décision . L’argument de Diodore et les systèmes philosophiques. Ou plutôt. Au terme d’un analyse détaillée des différentes espèces de lois (les lois classificatoires. Théorie. pour autant que l’idée d’un possible qui ne se réaliserait jamais semble constituer une limite imposée de façon inacceptable à la toute-puissance de Dieu. dont la doctrine est une forme d’intuitionnisme. un type de loi naturelle reconnu par elle comme valable et le choix d’une prémisse déterminée. de l’argument dominateur qui doit. le nominalisme des choses met en question la troisième prémisse. on en arrive. On peut constater une fois de plus qu’il y a une différence importante entre refuser simplement d’asserter un principe et affirmer explicitement sa négation. qui sera consacré à la façon dont on peut situer la philosophie de la nécessité et de la contingence de Leibniz par rapport au défi que représente l’aporie de Diodore. dont il existe quatre espèces différentes. On peut remarquer également que. « mis en demeure de préciser le statut du concept de possible qui ne se réalise jamais. le réalisme platonicien met en question le principe de nécessité conditionnelle. les intuitionnistes se contentent de la critiquer. alors que les nominalistes rejettent dogmatiquement cette prémisse. qui se sont succédé de la façon suivante : 9 janvier 2008 : Delphine Chapuis-Schmitz (University of Pittsburgh). 391). Le cours de l’année prochaine. explicite ou implicite. Séminaire Le séminaire de l’année 2007-2008 a été consacré à un thème qui était directement en rapport avec le sujet du cours et qui a donné l’occasion d’entendre une série de treize exposés. les lois causales et les règles de l’examen) et de la façon dont se comportent à leur égard les différents systèmes philosophiques. être mise en doute. C’est vrai d’Épicure. le conceptualisme aristotélicien met en question le principe de bivalence. selon elle. Ainsi. puis à l’édifice philosophique complet dans lequel cette loi trouve sa place. les systèmes intuitionnistes font preuve d’une même hésitation pour aboutir à une même fin de non recevoir » (Nécessité ou contingence. et de Kant. par exemple. même s’il donne l’impression de chercher à tout prix à conserver la troisième prémisse du Dominateur. sans avoir malheureusement permis d’entrer réellement dans les détails de l’argumentation qui permet à Vuillemin d’aboutir aux résultats qu’il expose. C’est à ce stade que s’est arrêté le cours de cette année. B. devra donc commencer par un retour sur celle-ci et sur le rôle déterminant et structurant que Vuillemin a choisi de lui faire jouer dans sa tentative de construction d’une sorte de métasystématique des systèmes de philosophie pratique. qui énonce qu’il y a des possibles qui ne se réalisent pas. en suivant Vuillemin. au tableau des correspondances qui existent entre une forme de système philosophique. méthode et vérité : en quel sens la philosophie peut-elle être systématique ? . de Descartes. etc. Épicure.404 JACQUES BOUVERESSE prémisse qui est récusée par un système philosophique dans l’aporie de Diodore à la conception d’un type déterminé de loi naturelle. p. met en question le principe du tiers exclu. Mais il faut remarquer que. contrairement. 25 mars : Jean-Jacques Rosat (Collège de France). mais il n’y en a pas non plus sur le genre de chose que doit être la philosophie. 30 janvier : Ophélia Deroy (Université Paris 12). Martial Gueroult et la philosophie de l’histoire de la philosophie.PHILOSOPHIE DU LANGAGE ET DE LA CONNAISSANCE 405 16 janvier : Pierre Jacob (Institut Jean Nicod. On pourrait dire. La présentation synoptique : ressemblance et morphologie. au cours desquelles ont été entendues et discutées des contributions de Jean-François Laplénie. La systématicité du dialogue en tant que « structure pragmatique » de la proposition élémentaire. Fabian Goppelsröder et Jacques Bouveresse. Pourquoi une philosophie de la psychologie doit-elle être synoptique et peut-elle l’être ? 2 avril : Jacques Bouveresse (Collège de France). que la question de savoir si la philosophie doit être systématique et en quel sens n’a rien perdu de son intérêt et que. Apories et Système. Au travail effectué dans le séminaire s’est ajouté celui du petit groupe de recherche franco-allemand qui se réunit depuis plusieurs années pour réfléchir à la question des relations entre la littérature et la philosophie. Le groupe a tenu cette année quatre séances. Ils ont montré. particulièrement positive et éclairante. à ce qui a été affirmé à maintes reprises. en reprenant le titre de l’un d’entre eux. en philosophie.. La philosophie et les deux images du monde. 20 février : Jocelyn Benoist (Université Paris 1). L’ontologie est-elle la clé d’un système philosophique ? 12 mars : Gerhard Heinzmann (Archives Poincaré. Le naturalisme méthodologique et le naturalisme métaphysique. Catrin Misselhorn. elle est toujours aussi loin d’être réglée. 13 février : Gabriella Crocco (Université d’Aix-en-Provence). Description. 19 mars : Kevin Mulligan (Université de Genève). Nancy). Les participants sont tombés d’accord pour essayer de poursuivre dans les années qui viennent une expérience qui s’est révélée. etc. 23 janvier : Aude Bandini (Collège de France). Paris). La philosophie analytique doit-elle être systématique ? 5 mars : Claudine Tiercelin (Université Paris 12). . Il n’y a pas d’accord en vue entre les philosophies. que la série de ces exposés a permis d’obtenir une vue à la fois beaucoup plus précise et plus complète du prix que l’on doit être prêt à payer aussi bien pour défendre le réalisme que pour défendre l’antiréalisme. 27 février : Fabrice Pataut (IHPST. la systématicité que l’antisystématicité. Le prix du réalisme. Paris). en tout cas. La philosophie contemporaine doit-elle être relativiste et peut-elle l’être ? 6 février : Denis Perrin (Université de Grenoble). une fois de plus. Sur les rapports de la philosophie et de la science dans la pensée contemporaine. conférence donnée à l’Université de Lausanne (Institut d’Etudes Politiques et Internationales). Articles et conférences — « Precisamos da verdade ? ». les ombres colorées et la nature de la couleur ». conférence inaugurale donnée aux Rencontres du Livre des Sciences Humaines. — « Goethe et Lichtenberg : le bleu du ciel. Fundacaon Calouste Gulbenkian/Gradiva. n° 26. — « Le pluralisme. Sur la littérature. 13 octobre 2007. p. vérité et connaissance ». Editions Agone. — La Connaissance de l’écrivain. organisée par le Département de Philosophie de l’Université de Genève. Espace des Blancs Manteaux. conférence donnée à l’invitation des Amis du Monde diplomatique (ENS. TECHNE. — Préface à la traduction française de Karl Bühler. 281-306. Lisbonne. — « Science et religion ». 2007. 2008. 2007. 20 novembre 2007. n° 38/39. 22 février 2008. Marseille. Liège. 18-19 octobre 2007 (à paraître dans les Actes du Colloque. p. B. Marseille. Sprachtheorie (1934). — « Peut-on ne pas croire ? ». 14 novembre 2007 . Marseille. automne 2008. contribution à la Journée sur La connaissance philosophique. 2007. contribution au Colloque de rentrée du Collège de France. Ouvrages — Les Voix de Karl Kraus : le satiriste et le prophète. Agone. — « “Au commencement était la presse …” Le pouvoir des médias et la rébellion de Karl Kraus : une leçon de résistance pour notre temps ? ». 20-36. 16 octobre 2007 (à paraître dans la revue Agone. Editions Agone. in Que valores para este tempo ?. — « Connaissance et littérature». 29 février 2008. conférence-débat organisée par a Librairie Pax. conférence donnée à l’invitation des Amis du Monde diplomatique (Versailles). p. conférence-débat organisée par la librairie L’Odeur du Temps. — « Littérature. l’éclectisme et le problème de la décision en philosophie ». aux Editions Odile Jacob). à paraître aux Editions Agone. 37-56. 28 mai 2008 (à paraître). Ulm). la vérité et la vie. n° 40) — « L’éthique de la croyance et la question du poids de l’autorité ». Marseille. — « Le besoin de croyance et le besoin de vérité ».406 JACQUES BOUVERESSE Publications A. 2008. — « Littérature et politique : Karl Kraus et “la troisième nuit de Walpurgis” ». . les 4 et 5 août 2008. Séoul. Être c’est devenir : l’expérience musicale. Intr. fait à Paris du 31 janvier au 27 mars 2008 (les jeudis. les 10 avril et 5 mai 2008 (salle 4). professeure L’enseignement de l’année 2007-2008 inclut un cours sur l’ontologie du devenir (suite). 2 Le cours comportait sept leçons de deux heures chacune (14 heures). et quelques illustrations (dont certaines sont reproduites ci-après). 1997). Un document était mis à la disposition des participants (et affiché après chaque leçon sur les sites web du Collège de France). D’un univers stable à un univers en devenir. En outre. 31 01 08 — 2. La sixième leçon a été donnée par un orateur invité : Pr. Interroger les sciences du vivant sur leur ontologie : quelle philosophie des sciences ? . le 19 juin 2008. et un séminaire sur les méthodologies de la recherche en psychiatrie.1. Ontologie biologique : de la reproduction à l’évolution. Approches du devenir — science et philosophie « there are not many real evolutionnists in this world » (Ghiselin. et une fois à Bonn (Allemagne). membre de l’Institut (Académie des Sciences). Ce document donnait. Cours Ontologie du devenir. outre les grandes lignes de la leçon (reproduites ci-après). un symposium international de philosophie de la médecine a été organisé à l’occasion du Congrès mondial de philosophie : WCP 2008. Corée. Université de Genève et Académie des sciences. amphithéâtre Halbwachs).Philosophie des sciences biologiques et médicales Anne Fagot-Largeault. des indications bibliographiques détaillées (non reproduites ici). de 10 h 30 à 12 h 30. sur une petite planète Terre où notre espèce prend conscience de sa précarité. qui s’est tenu en trois demi-journées. deux fois à Paris. Denis Duboule. 1830). « La philosophie sans la science perd bientôt de vue nos rapports réels avec la création. celle de la . de l’élever jusqu’à l’être . La philosophie comme prolongement spéculatif de la recherche scientifique.). That I do not bring in any discussions about Genesis etc. la science qui arrache l’âme à ce qui devient et la tire vers ce qui est? » (Platon. Il me fallut poser par instants le livre. wherever uniformity is increasing. 1851). diversification is the vestige of chance spontaneity.. [. [La doctrine de l’évolution bien comprise devient] « une magnifique explication de la succession des époques indiquées dans la Genèse... lien entre science et philosophie Philosophie de la nature (ou physique) d’Aristote. Il y a deux voies d’accès au réel. & such conclusions from them as seem to me fair » (Darwin. c’est-à-dire. Le Monde. Philosophie zoologique de Lamarck et philosophie naturelle de Herschel. la science sans la philosophie mériterait encore d’être cultivée pour les applications aux besoins de la vie . That I do not discuss origin of man.408 ANNE FAGOTLARGEAULT « Il s’agit d’opérer la conversion de l’âme d’un jour aussi ténébreux que la nuit vers le jour véritable. habit must be operative » (Peirce. Esquisse chez Peirce d’une théorie instructiviste de l’évolution. « Toute science de la nature est de la philosophie et toute vraie philosophie est une science naturelle » (Haeckel. Celle de la science est pratique et schématisante.. bien qu’il leur faille passer pour être » (Gilson.] Quelle est donc. et c’est ce que nous appellerons la vraie philosophie [. 1879). « In short. mais hors de là on ne voit pas qu’elle offre à la raison un élément digne d’elle. ni qu’elle puisse être prise pour le dernier but des travaux de l’esprit.. selon Cournot. On the other hand. processus (Whitehead). Bergson : la voie de l’intuition philosophique L’exposé de Le Roy précède celui de Bergson. « Le charme opéra de nouveau. « La musique est un exercice de métaphysique inconscient. « Would you advise me to tell Murray that my book is not more unorthodox than the subject makes inevitable. 1898). Cosmotheôros de Huyghens. and wherever diversity is increasing. Or. Méthodes ? « Nous ne pouvons pas être sûrs à priori que les lois de la nature sont immuables : nous ne pouvons que nous assurer si elles changent ou ne changent pas. & only give facts. République). en suspendre parfois la lecture comme on voudrait ralentir le flot de certaines musiques pour qu’elles ne passent point. 1960).. Glaucon. elles sont complémentaires. 2. et les procédés darwiniens sont probablement au nombre de ceux que Dieu a employés dans son œuvre » (Cte Begouen. 1866). La tradition religieuse occidentale plus accueillante pour l’idée darwinienne d’évolution que la tradition philosophique? Rappel : outils conceptuels proposés par la philosophie au xxe siècle : créativité (Bergson). 1859). toutes les recherches que l’on a faites à cet égard établissent qu’elles sont invariables » (Herschel.. 1.] Partout dans les sciences nous retrouvons la spéculation philosophique intimement unie à la partie positive ou proprement scientifique » (Cournot. there chance must be operative. Réception du message évolutionniste. pour s’égarer dans des espaces imaginaires . individuation (Simondon). dans lequel l’esprit ne sait pas qu’il fait de la philosophie » (Schopenhauer. 1911). « Mais choses et états ne sont que des vues prises par notre esprit sur le devenir. sur le caractère mystique (et non communicable ?) de l’intuition. « Je ne dis pas que la philosophie soit une science imparfaite. plus nous nous enfonçons dans la durée réelle. »] (Le Roy. en un fatras incompréhensible de faits dont les idées sont absentes. . ceux de biologistes influencés par ses idées montrent ce qu’on peut attendre de la philosophie sur cette voie. 3. Husserl : l’ancrage de la science dans la philosophie L’ambition de Husserl est de restaurer l’idéal scientifique. 1911). if life exists on them. « Si nous aimons à descendre par une intuition pénétrante et subtile jusqu’aux profondeurs intimes des Choses pour en saisir plus concrètement de jour en jour l’originalité fuyante et l’infinie richesse. Evolution is a creative process. Par ailleurs. La superstition du fait leur est commune » (Husserl.. 1911). « The outcome of the evolution of life on different planets. Il n’y a pas de choses. Il est douteux que le passage par l’épochè soit nécessaire. et les deux travaillent à changer la signification des idées en faits — à transformer toute réalité.. 1966).. plus nous nous replaçons dans la direction du principe. pourtant transcendant. Bergson précise : il veut développer une « métaphysique positive ». de retrouver ce lien. Et plus nous nous y enfonçons. « Plus nous nous habituons à penser et à percevoir toutes choses sub specie durationis. would have to be diverse. perdu par les sciences « positives ». il nous plaît aussi de réduire la Nature en formules de manière à la tenir condensée dans un schème que nous sachions résoudre en ses éléments premiers et reconstruire pièce à pièce avec les seules ressources de la raison. dont nous participons et dont l’éternité ne doit pas être une éternité d’immutabilité. Mais seule la science peut définitivement surmonter le besoin qui vient de la science. [. permettant la « saisie phénoménologique de l’essence ». 1907).PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 409 philosophie est contemplative et particularisante. « Naturalistes et historicistes luttent pour la Weltanschauung. en renouant le lien de la connaissance avec l’évidence fondatrice du cogito. il n’y a que des actions » (Bergson. Plus que les travaux de Husserl. Objections : sur l’opposition intellection/intuition. mais une éternité de vie : comment. « Le besoin ici provient de la science. je dis tout simplement qu’elle n’est point encore une science. C’est la tâche de la philosophie. etc. les philosophesphénoménologues se sont intéressés à la vie vécue plutôt qu’à la vie biologique. toute vie. Evolution is creative because it brings about novelties which never existed in the past » (Dobzhansky. c’est-à-dire (comme la science) « incontestée et susceptible d’un progrès rectiligne et indéfini ». mais procédant à rebours de la « pente naturelle » de notre intelligence qui est de plaquer sur une réalité mobile des concepts rigides. mais des choses et des problèmes » (Husserl. qu’elle n’a pas encore fait son début comme science » (Husserl.. Par l’intuition la philosophie « s’installe dans le mouvant et adopte la vie même des choses ». « la plus sublime et la plus rigoureuse de toutes les sciences ».] Il ne faut pas que l’impulsion philosophique surgisse des philosophies. autrement. 1899). Suivant que l’on a pris l’une de ces voies ou l’autre. et de maintenir le travail scientifique « dans des sphères d’intuition directe ». pourrions-nous vivre et nous mouvoir en elle ? In ea vivimus et movemur et sumus » (Bergson. 1911). Mais. Intr. et dont elle ne s’isolerait. des langues. making a country hotter or . Celui-ci est réhabilité à la fin du xxe siècle par l’historien A. but also of the causes which may change the climate of a portion of the earth’s surface. which in science is the entities that populate the universe and what really goes on in world of objective reality’ » (Ghiselin. on s’attend à ce que les sciences du vivant soient des sciences historiques. [. Cournot juge essentiel de distinguer. « We need to get beyond the language and come to grips with what the discourse is all about. le tableau qu’il donne implique une part de spéculation. qu’aux dépens de sa propre dignité » (Cournot. L’approche « analytique » est formelle et atemporelle. et « la composition historique tient plus de l’art que de la science ». minéralogie) et les sciences palætiologiques (histoire de la terre. et marginalise le modèle historique. les éléments historiques et les éléments scientifiques . 1952). aussi érudit et impartial que soit l’historien. L’orthodoxie épistémologique de la première partie du xxe siècle promeut le modèle nomologique de la science. Les scientifiques rencontrent couramment des questions théoriques que l’expérience ne permet pas (encore) de trancher. L’approche « historico-épistémologique » s’occupe surtout des démarches cognitives (concepts. « [science de la terre ou géologie] : in this science we have to treat. elevated or ruptured.410 ANNE FAGOTLARGEAULT « Les réactions et les activités spontanées de l’animal ne sont compréhensibles que si nous y voyons des actes. « La philosophie actuelle se trouve. dans cette transition d’une phénoménologie du sens vers un renouveau de l’ontologie » (van Peursen.. in : Rencontre Encounter Begegnung. et qui appellent des conjectures : celles-ci] restent dans le domaine de la spéculation philosophique. Diversité des approches en philosophie des sciences. 1851). 1997). Les sciences historiques sont-elles des sciences ? Whewell traite séparément les sciences classificatoires (qui opèrent selon la ressemblance : histoire naturelle. des styles artistiques) qui cherchent dans le passé l’origine causale d’un état présent. nous admettons que nous envisageons l’animal comme un sujet » (Buytendijk.. ne peut s’isoler complètement.2. et à ce qu’elles nous éclairent sur nos origines (phylogénies. dont la science. 1. comme l’un des « styles » de la pensée scientifique. 07 02 08 — 2. Mais il y a un problème des sciences historiques. Chercher une ontologie du côté des sciences du vivant relève de la tradition des « philosophies de la nature ». et qu’il s’agit d’un monde en évolution dont le principe d’ordre est généalogique. Les sciences de la vie comme sciences historiques « Nothing in biology makes sense except in the light of evolution » (Dobzhansky. si la chose était possible. tr. Donné qu’on s’intéresse ici au monde vivant. 1973).. quoi qu’on fasse. parentés génétiques). fr.. ce faisant. Crombie. Concl.. 1957). dans nos connaissances.. not only of the subterraneous forces by which parts of the earth’s crust are shaken. méthodes). Les explications de ce type sont construites sans référence à des lois générales. montrant comment le monde a été engendré par une série de processus naturels. 1859. influence qui peut s’étendre plus ou moins loin. 1982). we have to treat of the causes which modify the forms and habits of animals and vegetables. « prenons un exemple tiré des diverses langues humaines. they can extinguish old species and produce new » (Whewell. etc. 1851).. Using the method of hypothetical modelling. est aussi ancienne que la philosophie grecque (ex. « Les explications sur le mode du récit apparaissent dans la théorie de l’évolution à chaque moment où l’on discute d’événements singuliers d’importance majeure pour l’histoire de la vie .. 2. and are therefore incapable of being objectively grounded » (Nagel. « Tout fait en histoire de l’évolution se caractérise fondamentalement par sa singularité. 1961). » (Mayr. de Ricqlès évoque l’hypothèse de l’abandon du récit comme objectif de l’historien. Les explications historiques forment une part essentielle de la théorie de l’évolution » (Goudge. 1961).) du récit biblique de la création ? Force logique de la temporalité.. « Proposition XVI. he based his analysis and demonstrations upon the ontological and methodological principle of uniformity.. Crombie pense que l’ambition d’une cosmogonie scientifique. génétique moléculaire. « the obvious logical impossibility of re-enacting a given happening in the past does not prove that historical explanations for it are not testable.et de macro-évolutions et la saisie d’une opportunité » (Delsol.. for instance. again. paléontologie. 1991).PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 411 colder than in former ages. 1840). « La liaison historique consiste. « Descartes established a demonstrative style in the philosophical history of nature. dans une influence exercée par chaque événement sur les événements postérieurs. whether. by which the causation of change in the past could be inferred from observation of it in the present. un arrangement généalogique des races humaines présenterait la meilleure classification des diverses langues parlées actuellement dans le monde entier . Démocrite). consilience des présomptions ? A. Mais la jonction entre sciences historiques au sens étroit (histoire humaine) et au sens large (aspects historiques de la recherche en sciences de l’univers. . » (Darwin. La méga-évolution n’est qu’une somme de micro. 1994). preuve par accumulation. » (Cournot. de la vie) n’est pas réalisée. de la terre.. et les critères de « scientificité » du récit historique restent flous.. Mais qu’est-ce qui distingue le récit de l’évolution des vivants tel qu’il résulte des connaissances accumulées (en anatomie comparée. and of the extent to which the effects of such causes can proceed . tr fr Barbier). which could thus in turn be derived from the past » (Crombie.. online) regroupe 53 pays et atteste de l’existence de ce type de science. Le problème du récit historique Le Comité International des Sciences Historiques (voir : CISH/ICHS. Si nous possédions l’arbre généalogique complet de l’humanité. Une thèse ontologique « hérétique ». il n’y a ni lois générales. existant concrètement et ayant une relative autonomie ontologique . 1985). 2007). Mayr souligne que « évolution » ne signifie pas « progrès ». pour les individus. 1997). 1860). « Change is virtually a necessity under the concept of natural selection because the combined forces of competition and natural selection leave little alternative but either extinction or evolutionary progression » (Mayr. L’inférence historique Les individus changent (ils sont en devenir).412 ANNE FAGOTLARGEAULT « L’évolution étant la seule grande théorie unificatrice de toute la biologie. « Canada and Ontario are both individuals. Species. 3. Quel processus est la spéciation ? Darwin a trouvé son modèle dans les sciences économiques. . lois. Histoire vs. tranches d’âge) : les classes sont des universaux abstraits. controverses taxonomiques. « heresy has evolved into consensus » (Ghiselin. Les processus affectent des êtres réels. les espèces sont des individus. Un article soumis en 1965 au journal Systematic Zoology. 1974). et ce qui est historiquement contingent. ni propriétés définitionnelles. Classes et sous-classes. Tout et parties : l’individu est un tout non réductible à la juxtaposition de ses parties. 4. Interspecifically we have the struggle for the means of existence only. They stand to each other in the same relation as Homo sapiens does to any one of us human beings » (Ghiselin. non seulement qu’on ait amassé suffisamment de données empiriques sur des individus réels. mais aussi qu’on sache distinguer entre ce qui tenait à des contraintes logiques ou naturelles (lois). Les organismes qui font partie de l’espèce sont aussi des individus. Les organismes s’adaptent. « different kinds of competition occur between species and within them. Intraspecifically there occurs a competition with respect to genetical resources as well. Reconstituer l’histoire d’une lignée (phylogénie) ou d’une stratégie évolutive (ontogénie) demande. and even the resources contended for by organisms irrespective of species in the final analysis are directed toward the intraspecific struggle for reproductive success. Le problème des universaux en biologie. et des « lois ». Thèse de Ghiselin (1966) : pour un spécialiste de l’évolution. are the most extensive units in the natural economy such that reproductive competition occurs among their parts » (Ghiselin. auxquels peuvent s’appliquer des propriétés définitionnelles. son exposé et ses justifications scientifiques doivent faire appel à tous ses aspects : le récit doit y contribuer. Les faits d’évolution sont des processus. l’organisme est une communauté de cellules. mais n’y suffit pas » (Ricqlès. « Si les espèces n’existent pas. L’unité de l’espèce résulte des interactions entre ses parties : l’espèce est une communauté reproductive. then. the latter being a part of the former. 1997). Les espèces vivantes comme individus Dilemme des classifications. L’ontologie biologique est une ontologie stratifiée. en théorie des ensembles (ex. comment peuvent-elles évoluer ? » (Darwin. les espèces évoluent. I. in : FRT. « Our goal is an historical narrative that explains the successive configurations of living matter in terms of both individual events and laws of nature » (Ghiselin. Depuis la fin de l’année 2007 il est possible à chacun d’obtenir son profil génétique en s’adressant à un site internet. maladies de cause génétique.e. Ghiselin ne va pas jusqu’à dire que les individus sont des processus. « The laws of nature may tell us what is possible. Intr. For a lineage of organisms. L’essentialisme est incompatible avec une philosophie de l’évolution. à mesure qu’elles sont publiées. i. Éléments nomologiques — lois. entité gène. each whole and each part itself being an individual. 14 02 08 — 2. 1997). 1. that means making copies of itself. but only said that variations and the like are fortuitous » (Ghiselin. that means developing and maturing. causes. 319 : 139).PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 413 « The world is made up of wholes and parts. La science de l’évolution est synthétique quand elle permet de produire un récit permettant de repérer ce qui dans le cours de l’évolution tient à des lois ou régularités naturelles. that means changing its genes. 1981). ch.. among other things. Ghiselin se donne quatre catégories ontologiques : ce qui change (les substances. la place (situation dans l’espace-temps). Lois de Mendel. success means. des découvertes relatives aux SNPs (polymorphismes nucléotidiques simples).. 1987). 5). The only entities in the universe that can change or “do” anything are individuals » (Ghiselin. « Darwin never attributed anything to “chance” as a causal agent. An ideal evolutionary biology would present the entire history of life. sur une séquence d’ADN. thérapies géniques. entités ? « Genetics is. « In evolution. le processus du changement (action ou affection). among the biological disciplines. ce qui caractérise le changement (la propriété : quantité/qualité/relation/posture/état). les variations d’une seule base qui peuvent modifier le risque d’une maladie ou d’un trait (Science. but not ones that are identical with itself » (Ghiselin.3. Les SNPs sont. On peut aussi se tenir au courant. but that only limits the number of acceptable theses. en « réduisant » la biologie à la physico-chimie (Bouchard. For a reproducing organism. et ces individus ont une nature — une « essence » ou type). 1997). Jusqu’aux années 1970 le gène paraît être un bon candidat pour fonder une ontologie biologique. 1987). but that ideal is only beginning to be realized » (Ghiselin. Concl. et ce qui est contingent (l’occasion propice exploitée par un individu). and of course what laws applied and why. Mais il insiste sur l’importance pour les biologistes d’abandonner l’ontologie aristotélicienne (il n’existe que des individus. 2007). 11 Jan 2008. les individus). Mendel (1866) met en évidence des régularités dans la descendance . the most tightly associated with a definition of life » (Morange. the ability to change. as in economic life. For an organism. in a manner that made it clear what was historical accident and what was nomologically necessary. or whether the gene is a material particle. 1970). Avery. 1941) . 1934). IV. un génome humain (2003). la redondance . Le lien entre facteur génétique et protéine. […] L’être vivant représente bien l’exécution d’un dessein. mais qu’aucune intelligence n’a conçu. Bridges. le chromosome humain 22 (1999). 2000). de son développement. 1987). and can be localized there by purely genetic analysis » (Morgan. 1986). Nirenberg et coll. La voie du génie génétique est ouverte par Berg (ADN recombinant. 1944) du facteur responsable de la virulence des pneumocoques . l’ontogenèse: développement vs. pressenti par Garrod (1902). Essais de séquençage dès 1977. le génome d’un nématode (Caenorhabditis elegans. Les structures chromosomiques détiennent aussi les moyens de mettre ce programme à exécution. « Chaque œuf contient. In either case the unit is associated with a specific chromosome. un génome de souris (Nature. it does not make the slightest difference whether the gene is a hypothetical unit. Morgan avec son équipe (Sturtevant. 1958) . Bateson introduit les termes gène et génétique (1905) et Johannsen ceux de génotype et phénotype. 1998). aboutissant à la production d’insuline humaine par des bactéries (1978) et d’albumine humaine par des plants de tabac (1988). chiffré dans une sorte de code miniature. 5 Dec 2002). « La fibre chromosomique contient. tout son propre avenir. variabilité. est relancé par le slogan de Beadle & Tatum (un gène. un génome de plante (Arabidopsis thaliana. C’est de se reproduire » (Jacob.. une région du génome mitochondrial d’un reste de néanderthalien (1997). le génome d’un eucaryote (Saccharomyces cerevisiae. les étapes de son développement. mais qu’aucune volonté n’a choisi. Il tend vers un but. 1944). III. composition éclatée : dans les cellules eucaryotes les gènes sont fragmentés (exons/introns). L’organisme : régularité vs. Muller) étudie les mutations chez la drosophile et propose une théorie chromosomique de l’hérédité.. De Vries. Elles sont tout à la fois la loi et le pouvoir exécutif. 1972) et Mullis (PCR : 1983-4). c’est de préparer un programme identique pour la génération suivante. le plan de l’architecte et la technique du constructeur » (Schrödinger. amélioration des méthodes (Olson. Tentatives de thérapie génique (1990). Exploration de la diversité humaine : projet HapMap (2002-6). la forme et les propriétés de l’être qui en émergera. « There is no consensus of opinion amongst geneticists as to what the genes are — whether they are real or purely fictitious — because at the level at which the genetic experiments lie. Pauling qualifie l’anémie falciforme de maladie moléculaire .414 ANNE FAGOTLARGEAULT de plantes hybrides. de son fonctionnement. déchiffrent le code génétique (1961-6). 2000). 2. II. 1000 Genomes Project (2007). Sont séquencés : un chromosome de levure (Nature. Ce but. Crick énonce le dogme central de la biologie moléculaire (l’ADN est transcrit en ARN qui est traduit en protéine. Watson et Crick inventent la structure en double hélice de l’ADN (1953) . évolution Au cours des années 1970 l’unité théorique de la notion de gène s’effrite (Gros. de Vries développe la théorie des mutations (1901-3). premier succès sur des « enfants-bulles » (Fischer. Correns et von Tschermak redécouvrent ses travaux en 1900. 1995). dans les chromosomes reçus de ses parents. tout le devenir d’un organisme. le génome d’un procaryote (haemophilus influenzae. McLeod et McCarthy identifient la nature chimique (ADN. 1996). 1992) . Multiples fonctions (gènes de régulation/de structure). une enzyme. L’espèce : robustesse et historicité Cavalli-Sforza et Feldman (2003) font le point des méthodes issues de la génétique. « In announcing the death of the gene. 6). L’examen de l’ADN mitochondrial (transmis par la lignée maternelle) conforte l’hypothèse que notre Eve ancestrale est née en Afrique. ch.. 1997). l’ADN eucaryotique est.] For convenience of speech we may continue to call gene the structure. En biologie ou paléontologie le specimen est volontiers pris comme représentatif de l’espèce. What I wish to lay to rest is the notion of the gene as a master molecule controlling and organising development. provided we keep in mind that we are using a figure of speech as when in France we use the same word for tongue and language » (Pontecorvo. le siège d’un bricolage incessant » (Gros.. 2007) examine les résultats. En rester à la diversité des individus ? Les médecins ont une conscience aiguë de la variabilité inter. when there is no danger of confusion. c’est le développement qui est évolutif. Il faut « desserrer l’étreinte que les gènes ont constituée pour l’imagination des biologistes » (Keller.et intraindividuelle. not atomic edifices. En embryologie expérimentale. are obviously not megamolecules.. « There is probably no hope to construct a general or unified concept of the gene. Francisco Ayala (in : FRT.. 1992).. At best. comme l’a bien décrit F. 2007). il y a des familles de gènes (isogènes) présentant comme des variations sur un même thème. They are processes. Jacob. [. comme on l’a pensé à l’aube de la génétique. l’examen d’un fragment du chromosome Y . la « loi de Haeckel » a couvert des généralisations de l’ontogenèse à la phylogenèse. L’inférence de la partie au tout est imprudente. I have aimed to illustrate how evolution can be narrated from a developmental systems perspective that does not privilege any component of the system » (Gray. such a concept would be an indefinite disjunctive list of many possible structures and processes » (Gayon. in FRT. as unit of physiological action. L’entreprise de « réduction » a échoué (Gayon. or functions. et comme on en a un peu trop propagé l’idée. et des gènes sauteurs (transposons : reconnus dès 1942 par McClintock). une hiérarchie des gènes (gènes architectes). 3. « the genes.. I do not wish to argue that genes are not important in development.PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 415 est considérable (bégaiement). 2000). sûre de ses fondements physico-chimiques. Mais loin que l’évolution soit un développement. « les gènes des eucaryotes ne sont en aucune manière.. I wish to dislodge the gene from the privileged site it has occupied in our accounts of development and evolution. L’idée du programme est mise en question par la « reprogrammation » du noyau lors d’un clonage. […] Non. « in evolutionary biology sweeping generalizations are rarely correct. qui nous renseignent sur l’évolution humaine.. Les lignées conduisant respectivement à l’homme et au chimpanzé ont divergé il y a cinq ou six millions d’années. 1986). Even when something occurs “usually”. et dotée de lois permettant de prédire le développement de l’organisme à partir de son génome. this does not mean that it must occur always » (Mayr. des entités d’une immuable stabilité. 1952). La génétique n’a pas transformé la biologie en une science déductive. avec une marge d’incertitude liée au caractère fragmentaire des données. On voit ré-émerger des hypothèses sur des mécanismes de convergence évolutive (mutualisme. ce qu’il y a d’intrigant dans la découverte de ces gènes Hox […] est la conservation extraordinaire de ces gènes au cours de l’évolution. human ancestral populations must have consisted. En appui à la reconstruction historique. « Pour un biologiste s’intéressant à l’évolution.416 ANNE FAGOTLARGEAULT (transmis par la lignée paternelle) conforte la même hypothèse pour l’Adam ancestral. » (Maynard Smith. 1998). cela. This Eve. à la condition de supposer que ces « premiers parents » étaient une population d’au moins cent mille. 2007). of at least 100 000 individuals during the last 2 million years. il privilégie la formulation de lois générales. is not the only woman from which all present day humans descend. 2000). comme technique de mise en intrigue contrastant ce que les acteurs voulaient faire et ce que les événements ont été (en particulier. symbiose). chiffre conclu d’un examen de l’horloge moléculaire et des polymorphismes de fragments de gènes du système immunitaire (et confirmé par une simulation sur ordinateur). « Le plan du chromosome préfigure le plan de l’animal » (Le Douarin. « in order for actual humanity to possess 59 alleles of the gene DRB1.. Ricœur argumente en faveur de la composition narrative en histoire. Mais ces mécanismes sont inférés a posteriori de constatations relatives à l’histoire. et ne dispensent pas d’une réflexion sur le statut du lien généalogique dans une science historique (ce que Lorenzano appelle law of matching. les conséquences non voulues). Répétition vs. tandis que l’histoire des génomes (leur déploiement généalogique) explique leur état à un moment donné. citant Tobias (1991). Concl. 7). but a mtDNA molecule from which all current mtDNA molecules descend » (Ayala. ou plutôt qu’il y a dans toutes les sciences un mélange d’aspects historiques et nomologiques. in FRT. The minimum number of reproductive individuals who could have lived at any one time would have never been smaller than between 4 500 and 10 000 individuals » (Ayala. known as mitochondrial Eve. connaît-on des « mécanismes » évolutifs généraux qui régissent l’évolution ? La sélection naturelle (où l’on cherche à démêler la part des mutations aléatoires et celle des pressions de sélection) permet d’expliquer des divergences évolutives. present in Africa about 200 000 Years ago.. 1997).. bien qu’ayant concédé que cette distinction ne recouvre pas l’opposition entre sciences dures et molles. Mais ce modèle (qui ne vise que l’histoire au sens étroit) n’est pas transposable aux sciences de la vie. qui de l’état des génomes en divers points du temps (selon les restes fossiles dont on dispose) infère une histoire des génomes. however. Mais. Contre l’éclipse du récit dans l’épistémologie positiviste et dans l’école des Annales. ch. ou de modèles . nouveauté. alors que les structures dont ils programment le développement ont changé du tout au tout. « modern human mtDNA sequences coalesce in an ancestral sequence. signale le risque de circularité de ces raisonnements. Une remarque d’Ayala.. Un philosophe de la biologie comme Sober admet qu’il a des sciences historiques (au sens large). ou loi synoptique. Cela écarte la théorie du « goulot d’étranglement » à l’origine de notre espèce. on average. 21 02 08 — 2. apoptose). 1. en deux propositions: « tous les organismes vivants sont constitués de cellules » (Schleiden & Schwann. 1878). architecturées). épigénétique Le mot épigenèse vient du verbe grec épigignesthai (survenir). La solution vient avec la théorie cellulaire. nous avons substitué un seul élément. chez l’animal comme chez le végétal. « aux 21 éléments de Bichat. » (Cl. le repérage des gamètes comme cellules. et retour périodique à l’état unicellulaire (reproduction). de formuler la théorie cellulaire. organismes multicellulaires impliquant division du travail. La génétique élucide les modes de transmission des gènes. de processus formatif. Reconstructing genealogical relationships is the goal of a historical science » (Sober. Enrichissement ontologique — épigenèse. Épigenèse. fait qui démontre l’unité de structure de tous les êtres vivants.4. que nous avons appelé la création vitale et qui forme la contrepartie de la destruction vitale » (Cl. II. la cellule. « Some sciences try to discover general laws . épistémologie des sciences historiques et phénoménologie génétique additionnent leurs ressources pour réactiver cette visée noétique fondamentale de l’histoire que. au xixe siècle. Hartsoeker. parce que la thèse d’une formation progressive d’organes à partir d’une semence qui ne les contient pas semble aller contre le principe « qu’il doit y avoir au moins autant de réalité dans la cause que dans son effet ». il se rétablit par une sorte de synthèse organisatrice. pour faire bref. Bernard. Le Douarin (2007) affirme que les cellules souches sont « une invention de la multicellularité ». Descartes) et partisans de la préformation (Swammerdam. Les progrès de la microscopie optique ont permis. Bonnet) tourne plutôt à l’avantage des seconds. Schwann disait s’être convaincu de « l’individualité des cellules ». 1878).. eucaryotes (cellules à noyau. Il aurait été lancé par Harvey. others aim to uncover particular sequences of historical events. « métier d’historien. aux 21 tissus qui formaient pour lui les matériaux de l’organisme. 1875). fragilité (extinctions. Aux xviie et xviiie siècles. 1858). Il s’agit du développement embryonnaire. identique dans les deux règnes. Ch.. les données historiques servant seulement à choisir le modèle le plus vraisemblable. I.PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 417 d’évolution. à moins de supposer l’action d’une force occulte (Wolff). N. Intr. et établit des liens entre certains gènes et certains traits des . émergence. nous avons appelée intentionnalité historique » (Ricœur. Bernard. et « toute cellule naît d’une cellule » (Virchow. 1838-39). créativité naturelle « En même temps que l’organisme animal ou végétal se détruit par le fait même du fonctionnement vital. Le schéma généalogique qui rendrait compte à la fois des répétitions et des innovations est à trouver. et l’observation du processus de fécondation constitutif de la première cellule embryonnaire (Hertwig. 2000). le grand débat entre partisans de l’épigenèse (Harvey. 1983). et résume à trois les grandes inventions de la vie sur notre planète : procaryotes (cellules sans noyau). Émergence La distinction entre fait émergent (surprenant. et de la formation de l’organisme. 2002). Cette extrême stabilité semble compromise dans les cellules transformées ou cancéreuses » (Heard. since Mendel’s day. suggèrent de ne pas céder à la tentation d’attribuer a priori au génome une part majeure de l’information cellulaire. Émergentisme vs. l’analyse fine. Les théories de l’émergence sont des théories du devenir créateur. 1961). « L’invention de l’épigénétique a été. the former seems to demand organismic or non-atomistic theories » (Waddington. mais elle n’explique pas comment. réductionnisme. 2005). Les modèles épigénétiques ont toujours porté avec eux un parfum d’hérésie » (Morange. la modélisation de processus émergents vus comme processus de structuration (morphogenèse) : changements d’état de la matière à certains seuils de température. puis retour de l’émergence depuis le milieu du xxe siècle à travers la description. le génotype produit le phénotype. » (Kepes. non prédictible mécaniquement) et fait résultant (prédictible) date du xixe siècle. 2. on appelle épigénétique tout ce qui modifie l’action des gènes sans modifier la séquence d’ADN : régulation de l’expression des gènes (transcription. to cry aloud for an atomistic theory. tentation visiblement alimentée par la relative facilité d’accès à sa séquence. 2007). Marginalisation. III.. genèse des formes au cours du développement embryonnaire. une réaction contre les “insuffisances” de la génétique. maladies émergentes et propagation épidémique. influence sur l’architecture du cerveau (synaptogenèse) des interactions sensori-motrices avec le monde extérieur. propose qu’une science épigénétique étudie la manière dont les gènes interagissent avec leur environnement lors de la différenciation des cellules embryonnaires. traduction). émergence vs. 2005). Waddington. Morgan) la notion de « saut qualitatif » sur fond de continuité matérielle. survenance (supervenience). suite notamment à l’action de l’apprentissage et à l’expérience. interférence de petits ARN dans le processus de reproduction. gènes “peau claire”) . et celle de développement coordonné et organisé » (Changeux. « L’inactivation du chromosome X est un processus cellulaire normal mis en place tôt au cours de l’embryogenèse chez les mammifères femelles... Whereas the latter has seemed. L’évolution biologique vue comme « création naturelle » d’espèces vivantes de complexité croissante suggère aux initiateurs anglais de l’émergentisme (années 1920 : Alexander. « “Epigénétique”. à chaque fois. .. « Les riches modalités de l’épigénome. au milieu du xxe siècle. combine deux significations : l’idée de superposition à l’action des gènes. émergence de l’œil au cours de l’évolution des espèces. « We have in the study of development rather the opposite situation to that which confronts us in the study of heredity . au sens où je l’emploie. La stabilité de l’état inactif du chromosome X dans les cellules somatiques est due aux multiples marques épigénétiques qui sont mises en place au cours du développement. au cours du développement...418 ANNE FAGOTLARGEAULT organismes (ex. Depuis les années 1970. Elles nous incitent à abandonner la naïveté du déterminisme purement génétique sans sombrer dans un indéterminisme démenti par les faits. PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 419 ou plus généralement genèse de la complexité dans la nature et paliers de complexité. Les problématiques de l’émergence incluent celles de l’épigénétique. « I shall use the term “organic whole” to denote the fact that a whole has an intrinsic value different in amount from the sum of the values of its parts. » (Moore, 1903). « The higher quality emerges from the lower level of existence and has its roots therein, but it emerges therefrom, and it does not belong to that lower level, but constitutes its possessor a new order of existent with its special laws of behaviour. » (Alexander, 1920). « What is supervenient at any emergent stage of evolutionary progress is a new kind of relatedness — new terms in new relations — hitherto not in being. […] The higher entities are not only different in themselves ; but they act and react differently in presence of others » (Morgan, 1923). 3. Cellules souches Les faits de régénération (hydre, planaire, salamandre) et de réparation (cicatrisation) sont connus depuis longtemps. Au xixe siècle Cl. Bernard, puis P. Bert, anticipent la possibilité de mettre des tissus en culture, ce qui est réalisé en 1910. Qu’il existe des cellules souches (CS : précurseurs des cellules différenciées, et source de la régénération permanente des organismes) dans les tissus adultes (ex. le sang), on le sait dès le début du xxe siècle. Le propre des CS est qu’elles peuvent à la fois se multiplier à l’identique, pour redonner des CS, et se différencier pour engendrer des cellules spécialisées (« division asymétrique »). Paradoxe de la différenciation : un organisme complexe vient d’une seule cellule, et toutes les cellules de l’organisme achevé ont le même génome ; lors de l’embryogenèse, la cellule initiale totipotente donne lieu à des lignées cellulaires pluripotentes qui engendrent les cellules fonctionnelles spécialisées ; ce parcours est en principe irréversible (« dogme de l’irréversibilité de l’état différencié » : Le Douarin, 2007, III, 4). Le sort des cellules différenciées est de mourir et d’être remplacées (ex. renouvellement des cellules de l’épithélium intestinal). Depuis qu’on sait cultiver des CS issues de la masse cellulaire interne d’embryons au stade blastocyte (embryons murins : 1981, humains 1998), les chercheurs ont appris à dériver de ces CS des lignées et à conduire leur différenciation en cellules musculaires, nerveuses, etc. Ces travaux suscitent espoirs de thérapies régénératives (myopathies, traumatismes de la moelle épinière, etc.) et soucis relatifs à l’instrumentalisation d’embryons. La technique du transfert de noyau utilisée par Wilmut et coll., qui a permis en 1997 la naissance de la brebis Dolly, a montré que le noyau d’une cellule somatique (différenciée) peut être « reprogrammé » par le cytoplasme d’un ovocyte et retrouver sa totipotence. En 2006-7 la voie de la reprogrammation a été identifiée. Le dogme est tombé. « Si l’évolution a aboli le pouvoir de régénérer, elle a laissé celui de réparer» (Le Douarin, 2007). « Les succès récents du clonage animal démontrent que le noyau d’une cellule somatique adulte différenciée peut retourner à un état de type embryonnaire, lui permettant de repasser par les étapes qui conduisent à la naissance d’un animal viable et normal. […] Les mécanismes 420 ANNE FAGOTLARGEAULT moléculaires sous-jacents font désormais l’objet de nombreuses études, notamment pour comprendre les modifications des marques épigénétiques et les remaniements de structure chromatinienne impliqués dans cette reprogrammation » (Beaujean N., Martin C., Debey P., Renard J.-P., 2005). « Limitations on a differentiated cell’s pluripotency can be erased by nuclear transfer or by fusion with embryonic stem cells, but attempts to recapitulate this process of nuclear reprogramming by molecular means have failed. In this issue of Cell, Takahashi and Yamanaka (2006) take a rational approach to identifying a suite of embryonic transcription factors whose overexpression restores pluripotency to adult somatic cells » (Rodolfa & Eggan, 2006). « La confirmation éclatante de ces données par deux équipes de Harvard (Etats-Unis), celle de R. Jaenisch et celle de K. Hochedlinger, vient d’être publiée... cette découverte fera date, et les conséquences sur le plan conceptuel et médical seront sans doute considérables s’il s’avère que les observations peuvent être dupliquées chez l’homme » (Coulombel, 2007). « en 1962 J.B. Gurdon publiait les résultats d’expériences pionnières sur le transfert de noyau somatique dans des œufs de xénope, et l’obtention de grenouilles normales. Dans une revue autobiographique publiée en 2006, un mois avant la publication de Takahashi, il anticipait : “it may become possible to convert cells of an adult to an embryonic state without needing to use eggs. Overexpression of a DNA demethylase and other reprogramming molecules may be sufficient to generate ES-like cells”. Nous y sommes ! » (Coulombel, 2008). Concl. Clameurs de soulagement du côté des défenseurs de l’embryon humain : les chercheurs n’auront plus besoin d’aller chercher les embryons abandonnés dans les congélateurs de la procréation médicalement assistée, pour mettre au point d’utiles thérapies régénératives ? Mais la réalité est beaucoup moins limpide : a-t-on trouvé une nouvelle façon de faire des embryons « artificiels », ou une méthode dangereuse si elle conduisait à des applications thérapeutiques (le vecteur utilisé pour la reprogrammation est un rétrovirus), ou une machine à remonter le temps ? Le devenir de la cellule vivante est-il réversible ? « After the initial excitement, both sides [advocates and opponents of ES cell research] are finding that although iPS cells have answered some questions, they have also raised new ones » (Science, 1 Feb 2008). 13 03 08 — 2.5. Créativité scientifique — clones, hybrides, cybrides, biologie de synthèse « Il m’a semblé que l’esprit de découverte était un fait de la vie, un phénomène naturel » (Ch. Nicolle, 1932). Intr. Début 2008 : la synthèse complète d’un génome bactérien est annoncée dans Science par l’équipe de Craig Venter et Hamilton Smith ; onze étudiants franciliens remportent le premier prix du concours iGEM (international Genetically Engineered Machine competition), organisé par le MIT (Massachusetts Institute of Technology, Boston, nov 2007), pour leur invention d’un modèle d’organisme « multicellulaire bactérien ». Après l’ingénierie génétique des années 1970, voici l’avènement de l’ingénierie biologique (biological engineering). PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 421 « We have synthesized a 582970 base pair Mycoplasma genitalium genome. This synthetic genome, named M. genitalium JCVI-1.0, contains all the genes of wild-type M. Genitalium G37 except MG408, which was disrupted by an antibiotic marker to block pathogenicity... The methods described here will be generally useful for constructing large DNA molecules from chemically synthesized pieces and also from combinations of natural and synthetic DNA segments » (“Complete chemical synthesis, assembly and cloning of a Mycoplasma genitalium genome”, Science, 29 Feb 2008). 1. La synthèse comme programme de recherche Synthèse de l’urée, 1828 (Wöhler). De Lavoisier à Berthelot : naissance de la chimie de synthèse au xixe siècle. Implications ontologiques et épistémologiques : (1) la nature n’est pas saturée (il y a des possibles non actualisés, le naturel inclut le possible), (2) l’investigation scientifique porte sur les possibles, (3) la science est créatrice (techniquement, artistiquement), elle invente des êtres nouveaux. Certaines pratiques biotechnologiques sont très anciennes (art des fermentations : vin, fromage), la bioingénierie naît au xxe siècle. La construction par Paul Berg en 1972 d’une molécule d’ADN hybride, ou « recombinée », marque le début de l’ingénierie génétique (Debru, 2003, ch. 3). Avec le déchiffrage des génomes, le programme analytique atteint sa limite. Il est relayé au tournant du xxie siècle par une jeune et turbulente biologie systémique (holiste) et/ou constructiviste. Le laboratoire de Brenner réussit en 1984 la synthèse d’un gène codant pour une protéine, et invente en 1989 un système d’information génétique artificiellement étendu (AEGIS : six lettres au lieu de quatre) qui montre à quoi la vie pourrait ressembler, ailleurs... « La synthèse, procédant en vertu d’une loi génératrice, reproduit non-seulement les substances naturelles, mais aussi une infinité d’autres substances qui n’auraient jamais existé dans la nature. » « La chimie crée son objet. Cette faculté créatrice, semblable à celle de l’art lui-même, la distingue essentiellement des sciences naturelles et historiques » (Berthelot, 1864). « La chimie supramoléculaire présente de multiples connotations ; notamment, comme analyse des relations entre molécules, elle forme en quelque sorte une sociologie moléculaire. Les interactions moléculaires y définissent le lien interspécifique, l’action et la réaction, bref, le comportement des individus et des populations moléculaires... » (Lehn, 1980). « L’homme recrée la nature. Avec l’invention technique il va plus loin et introduit dans le monde des êtres qui ne s’y trouvaient pas. » (Leclercq, 1959). « possibility is more fundamental than existence » (Ghiselin, 1997). « ce que nous enseigne l’histoire de la connaissance est l’accroissement du champ du possible et la décroissance corrélative du champ de l’impossible » (Debru, 2003). « The 1990s was a festival of information about molecules [anatomy]. We were due for a move back to physiology. Systems biology is usually now taken to mean that in order to understand the behavior of a biological ensemble, one needs to study the whole, rather than its isolated parts » (Brent, 2004). « Synthesis offers opportunities for achieving these goals that observation and analysis do not. The use of synthesis in a way that complement analysis will be a main theme... » (Benner & Sismour, 2005). 422 ANNE FAGOTLARGEAULT 2. Clones, chimères, hybrides, cybrides Agriculture et élevage emploient des techniques de croisement entre espèces ou variétés différentes (mulet, bardot). La biologie du développement, et la mise au point des méthodes de la procréation médicalement assistée, ont depuis une trentaine d’années suscité des discussions autour d’une série de problèmes qu’un rapport britannique explicite (HFEA 2007). La fusion de cellules humaines et animales est largement utilisée dans la recherche, elle a été l’une des techniques utilisées pour la cartographie du génome humain. La création d’un hybride par fécondation d’un œuf de hamster par spermatozoïde humain est un test classique de la fertilité masculine (le développement est arrêté après la première division de l’œuf fécondé). La production d’hormone de croissance humaine par une souris implique le transfert d’un gène humain à l’embryon murin. Les animaux chimériques résultant de l’ajout à un embryon animal de cellules souches humaines permet de tester la pluripotence de celles-ci. Les cybrides, obtenus par transfert d’un noyau dans le cytoplasme d’une cellule embryonnaire d’espèce différente, ont aidé à comprendre le rôle du génome mitochondrial ; ils ont aussi permis des essais de clonage d’espèces en voie de disparition. Après une large consultation publique au printemps 2007, l’Autorité britannique a donné permission de créer des cybrides humains pour la recherche, « avec précaution et sous surveillance ». Cette technique a été éprouvée en Chine, en utilisant des ovocytes de lapine. Les pays qui interdisent la création d’embryons humains pour la recherche n’ont pas à se poser la question des cybrides. « There is a strong increase in agreement with creating embryos which contain mostly human and a small amount of animal genetic material in research if it may help to understand some diseases, for example Parkinson’s and Motor neurone disease (61 % agree compared to 35 % who agree with scientists creating an embryo which contains mostly human with a small amount of animal genetic material purely for research) » (HFEA, 2007). « If gametes can be termed “artificial ”, might children born of these gametes likewise be seen as artificial in some sense ? Can a stem cell be a parent ? » (Newsom & Smajdor, 2006). « The transplantation of adult human neural stem cells into prenatal non-humans offers an avenue for studying human neural cell development without direct use of human embryos. However, such experiments raise significant ethical concerns about mixing human and nonhuman materials in ways that could result in the development of human-nonhuman chimeras. » (Karpowicz, Cohen, van der Kooy, 2005). « Consider work by Yilin Cao and colleagues (1997), in which researchers evaluated whether a polymer template could be used to grow cartilage in the shape of a 3-year-old child’s auricle. In order to provide a hospitable environment for the cartilage to form, the template was inserted under the skin on the back of a mouse. Pictures from this experiment […] have been used by anti-biotechnology organizations to elicit negative aesthetic reactions... » (Streffer, 2005). « Any child who knows that her genetic parents were two men, or one man and two women, would know she is different. But knowing about this difference need not harm her — unless, of course, we tell her the difference is deviant » ( Johnston, 2007). PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 423 3. La biologie de synthèse (synthetic biology) Premiers congrès mondiaux : MIT Boston 2004, Berkeley 2006, Zurich 2007 ; le prochain à Hong Kong, oct. 2008. Une discipline émergente aux pouvoirs divins (Morton), ou le simple prolongement du génie génétique en génie biologique (Szybalski) ? « Life is what we make it » (Nature, 2005). Diversité des approches (ingénieurs vs. théoriciens). Objectifs en vue : simplifier, standardiser, routiniser des montages biologiques (interrupteurs, calculateurs) ; construire des organismes (bactéries, levures) producteurs de carburants (biofuel, éthanol), ou sécréteurs de médicaments (contre le paludisme), ou fabricants de nouveaux matériaux (caoutchouc, textiles), ou détecteurs de polluants (arsenic), ou chasseurs de cellules malades (cancer, HIV), ou capables de dégrader des contaminants dans le sol (pesticides). Risques et soucis : protéger la collectivité contre toute dissémination (accidentelle ou intentionnelle) d’organismes pathogènes, éviter la privatisation des nouvelles formes de vie (brevets), définir une politique de recherche lisible et démocratiquement débattue à l’échelle de la planète. « We want to demonstrate what the heck life is by constructing it » (Steen Rasmussen, in : Holmes, 2005). « When asked by interviewers [Daily Telegraph, May 27, 2006] if they are playing God, Venter’s Colleague Hamilton Smith gives a characteristically hubristic response : “We don’t play” » (ETCgroup, 2007). « A group of MIT engineers wanted to model the biological world. But, damn, some of nature’s designs were complicated ! So they started rebuilding from the ground up — and gave birth to synthetic biology » (Morton, “Life, reinvented”, WIRED magazine, Jan 2005, online). « The recent and ongoing interest in synthetic biology is being driven by at least four different groups : biologists, chemists, “re-writers” and engineers » (Endy, 2005). « Using BioBrick* standard biological parts [BB*], a synthetic biologist or biological engineer can already, to some extent, program living organisms in the same way a computer scientist can program a computer. » (the BioBricks Foundation, online bbf.openwetware.org). « There are a small number of projects that try to reduce the genome size of bacteria to a bare minimum (the top-down approach to synthetic organisms). In particular, two organisms have been addressed : E. coli and B. subtilis. And there is at least one minimal genome project that follows the reverse (bottom up) approach, which is to start with a bacterium that already appears to be stripped down to a bare minimum » (European Commission, 2005). « Synthetic biology represents a shift... from molecular biology to modular biology. The introduction of the modular approach in biology implies fundamental changes in the type of questions that are supposed to be asked in biology, how these are structured and the answers probed for. Therefore, we can speak of a paradigm shift » (de Vriend, 2006). « Synthetic biology aims to design and build new biological parts and systems or to modify existing ones to carry out novel tasks. It is an emerging research area, described by one researcher as “moving from reading the genetic code to writing it”. Prospects include new therapeutics, environmental biosensors and novel methods to produce food, drugs, chemicals or energy » (UK POSTnote, 2008). 424 ANNE FAGOTLARGEAULT Concl. À l’enthousiasme des promoteurs de la biologie de synthèse répond la virulence de ses détracteurs (qui évoquent le danger de bioterrorisme), et la prudence des institutions soucieuses de bonne gouvernance (programme européen SYNBIOSAFE). Certains pensent qu’il faudrait réunir un « Asilomar 2 » (Tucker & Zilinskas), d’autres penchent pour un dispositif d’accompagnement vigilant (ONG) ou d’encadrement (institutionnel, légal). La réflexion sur les enjeux psychosociaux et éthiques (synthétique !) est beaucoup plus avancée que la réflexion proprement philosophique : comment situer dans notre ontologie le vivant artificiel, ou de synthèse ? « At present, synthetic biology’s myriad implications can be glimpsed only dimly. The field clearly has the potential to bring about epochal changes in medicine, agriculture, industry, ethics, and politics, and a few decades from now it may have a profound influence on the definition of life, including what it means to be human. » (Tucker & Zilinskas, 2006). 20 03 08 — 2.6. L’évolution biologique et ses mécanismes. Orateur invité : Pr Denis Duboule Denis Duboule parle des gènes architectes, et de leur pléiotropie (mutifonctionnalité) qui met à mal le réductionnisme génétique. Il est réservé sur la possibilité que les sciences du développement et celles de l’évolution se fondent en une seule discipline (evo-devo), en raison des différences qu’elles présentent, tant dans leur statut épistémologique, que dans leurs référentiels de temps. Le ppt de ce cours a été affiché sur le site du Collège de France. 27 03 08 — 2.7. Quelle ontologie pour les sciences de la vie ? « La philosophie n’est pas seulement le retour de l’esprit à lui-même […] Elle est l’approfondissement du devenir en général, l’évolutionnisme vrai, et par conséquent le vrai prolongement de la science » (Bergson, 1907). Intr. Les êtres vivants sont des êtres en devenir. Ils sont le produit d’une histoire. L’explication par l’histoire a fait son entrée en biologie : exemple du gène « peau claire » (Gibbons A., « European skin turned pale only recently », Science, 2007, 316 : 364). On s’essaie ici à « l’approfondissement du devenir ». « Décrire un système vivant, c’est se référer aussi bien à la logique de son organisation qu’à celle de son évolution » (F. Jacob, 1970). 1. Temps, devenir, durée L’univers est en devenir. Dans le monde d’Aristote il y avait un temps et un mouvement de référence (ceux des astres). Le système newtonien suppose un temps absolu et universel. La découverte que la propagation de la lumière n’est pas instantanée, et la réflexion d’Einstein sur la simultanéité, ont conduit à l’abandon du temps universel. Avec la théorie de la relativité, il faut s’habituer à penser que le temps de chaque être est son temps propre, qui reflète son « être-au-monde » (sa PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 425 participation au devenir cosmologique). Les horloges biologiques, les rythmes circadiens, sont endogènes ; ils s’ajustent avec une certaine plasticité aux cycles cosmologiques ou à d’autres périodicités. On appelle devenir le temps interne, et durée le temps vécu. Le temps n’est pas réversible. Il peut être ralenti, ou accéléré. « le temps est cause par soi de destruction plutôt que de génération... à vrai dire, le temps n’en est pas la cause efficiente » « le temps est partout le même » (Aristote, Physique). « L’univers, quel qu’il puisse être, est tout d’une pièce, comme un océan » (Leibniz, Théodicée, 1710) — « tout corps se ressent de tout ce qui se fait dans l’univers » (Leibniz, Monadologie, 1714). « chaque être a sa durée particulière, en sorte qu’un instant de la durée de l’un peut coexister et coexiste en effet à plusieurs instants de la durée d’un autre. [...] Si l’on fait attention que nous n’avons pas proprement d’idée d’autre durée que la nôtre, puisque nous ne saurions nous former l’idée d’une durée quelconque que par comparaison avec la succession de nos pensées, on verra que c’est bien gratuitement qu’on suppose une durée qui soit la commune mesure de celle de tous les êtres » (Condillac, 1748). « Au temps immatériel des coordonnées cartésiennes, au temps théologique de Newton, le paradigme de causalité propagée de la relativité nous oblige à substituer un temps individuel, attaché à chaque chose et à chaque être » (R. Lestienne, 1990, 2003, p. 109). 2. Morphogenèse / individuation La genèse de formes (spatio-temporelles) n’est pas un privilège du vivant. Si l’on accepte l’hypothèse initiée par Lemaître (univers en expansion à partir de l’explosion d’un noyau initial), bien avant l’apparition de la vie terrestre, des êtres se forment dans l’univers : particules de matière, galaxies... Les vivants terrestres sont d’un ordre de grandeur intermédiaire entre les très grands objets et les très petits. D’Arcy Thompson montre que les formes vivantes sont relatives à des contraintes physiques. La forme inscrit dans le présent quelque chose du passé. Devenir, c’est prendre forme ? Un photon, une galaxie, sont-ils individués ? Processus d’individuation, critères d’individualité. « Faut-il qu’une goutte d’huile ou de graisse entende la géométrie, pour s’arrondir sur la surface de l’eau ? » (Leibniz, Théodicée, 1710). « En devenant présent, ce qui advient se matérialise ; mais du même coup, la matière s’est métamorphosée et a pris la forme de ce qui advient » (N. Grimaldi, 1993). « Life has a range of magnitude narrow indeed compared to that with which physical science deals; but it is wide enough to include three such discrepant conditions as those in which a man, an insect and a bacillus have their being and play their several roles. […] The predominant factors are no longer those of our scale ; we have come to the edge of a world of which we have no experience, and where all our preconceptions must be recast » (D’Arcy W. Thompson, 1917). 426 3. Vivre : persévérer dans l’être ANNE FAGOTLARGEAULT Le souci de l’individu vivant : subsister. Cellule, organisme, espèce : la conservation par le changement. Le « tout » survit en renouvelant ses parties. Cl. Bernard le dit de l’organisme : « nous nous représentons un courant de matière qui traverse incessamment l’organisme et le renouvelle dans sa substance en le maintenant dans sa forme » (1878, I, p. 35-36). Notions de structure dissipative et de système ouvert en thermodynamique loin de l’équilibre. Auto-organisation et hétéro-asservissement. Solidarité du vivant et de son monde. « Interaction constructive » (Pradeu, 2007). « Les corps inanimés ne dépendent pas du temps. Les corps vivants lui sont indissolublement liés. Chez eux, aucune structure ne peut être détachée de l’histoire » (Jacob, 1970). « La vie, réduite à sa notion la plus simple et la plus générale, est essentiellement caractérisée par le double mouvement continu d’absorption et d’exhalation, dû à l’action réciproque de l’organisme et du milieu ambiant, et propre à maintenir, entre certaines limites de variation, pendant un temps déterminé, l’intégrité de l’organisation » (Comte, 1835). « How would we express in terms of the statistical theory the marvellous faculty of a living organism, by which it delays the decay into thermodynamical equilibrium (death) ? We said before : “It feeds upon negative entropy”, attracting, as it were, a stream of negative entropy upon itself, to compensate the entropy increase it produces by living and thus to maintain itself on a stationary and fairly low entropy level » (Schrödinger, 1944). « Ce qui se présente comme une structure permanente à un certain niveau n’est en fait maintenu que par un échange continu de composants au niveau inférieur... » (von Bertalanffy, 1968 ; tr fr 1973). « Le degré d’organisation ou de création de néguentropie que nous pouvons obtenir est toujours inférieur à la quantité de néguentropie qu’il a fallu dépenser pour obtenir cette information préalable » (Lestienne, 2003). 4. Le devenir du vivant : naître, vivre, se reproduire et mourir Comment la vie est apparue, on l’ignore ; elle continue. Les êtres monocellulaires se reproduisent par division, d’où l’hypothèse d’August Weismann (« La durée de la vie », 1881) que la vie est potentiellement immortelle. Le devenir cellulaire dans un organisme complexe est un processus de différenciation, en principe irréversible : le destin de l’organisme complexe est le vieillissement et la mort. « Les deux inventions les plus importantes sont le sexe et la mort » (Jacob, 1970, p. 330) — elles « conditionnent » la possibilité d’une évolution. La mort inéluctable ? Eléments actuels du débat : cellules iPS, vieillissement des bactéries. Importance de la conservation dans l’évolution : la vie bâtit du neuf sur du déjà routinisé. « L’étude des éléments nucléaires révéla beaucoup de propriétés surprenantes. Ces structures, tout en pénétrant dans chaque cellule du corps, étaient, si l’on peut dire, à l’abri des caprices hasardeux de l’existence... » (Darlington, 1953, tr fr 1957). « D’après la théorie de la sélection naturelle, l’extinction des formes anciennes et la production des formes nouvelles perfectionnées sont deux faits intimement connexes » (Darwin, 1859, tr fr 1896). PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 427 « Sans pensée pour le dicter, sans imagination pour le renouveler, le programme génétique se transforme en se réalisant » (Jacob, 1970). 5. Emboîtements et degrés de complexité Lamarck voit la « chaîne animale » comme une série dont l’ordre naturel (celui dans lequel la nature l’a produite) va du simple au composé : la nature engendre les plus simples (génération spontanée), et on monte les degrés de l’organisation par un mécanisme que résume l’adage aristotélicien « les habitudes forment une seconde nature » (1809, I, ch. 7). Darwin n’accepte ni l’idée d’un plan de la nature, ni celle d’une tendance des vivants à compliquer leur organisation ; mais il admet que la différenciation des parties », et leur spécialisation pour diverses fonctions, puisse constituer un avantage adaptatif (1859, ch. 5). Les faits de sélection naturelle rendent compte de l’impact, sur le tout, d’événements survenus au niveau des parties (petites variations). Les faits de symbiose rendent compte de l’impact sur les parties d’événements globaux (réorganisations). « S’il est vrai que tous les corps vivans soient des productions de la nature, on ne peut se refuser à croire qu’elle n’a pu les produire que successivement, et non tous à la fois dans un temps sans durée ; or, si elle les a formés successivement, il y a lieu de penser que c’est par les plus simples qu’elle a commencé, n’ayant produit qu’en dernier lieu les organisations les plus composées » (Lamarck, 1809). « Il ne semble pas qu’il y ait une plus grande finalité dans la variabilité des êtres organiques ou dans l’action de la sélection naturelle, que dans la direction où souffle le vent » (Darwin, Autobiographie). « Tout objet que considère la biologie représente un système de systèmes... chaque niveau d’organisation doit être envisagé par référence à ceux qui lui sont juxtaposés » (Jacob, 1970). « The concrete enduring entities are organisms, so that the plan of the whole influences the very characters of the various subordinate organisms which enter into it » (Whitehead, 1925). 6. Le devenir en acte Bergson revendique pour la philosophie une intuition de la durée (qu’il refuse à la science). Simondon préconise une démarche analogique, et recourt à de nombreux exemples (dont celui de la cristallisation) pour dégager un schéma du processus d’individuation : une forme émerge d’un fond, la forme prend en un point (« acte structurant »), puis elle se propage (« opération transductive ») ; l’instant décisif est celui de la prise de forme. Lavelle médite sur l’actualisation de l’être au présent. Whitehead au contraire saisit l’instant présent comme ce qui relie le passé au futur. Pour Canguilhem, l’acte du vivant affirme une préférence, un choix de valeur. Ghiselin (1997, ch. 2) n’oublie pas l’autre aspect du processus (action/ affection, génération/destruction), que Jonas (1966, III, App. 2) reproche à Whitehead d’avoir gommé... 428 ANNE FAGOTLARGEAULT « Tout changement pouvant être (a) possible, (b) en train de s’accomplir, (c) accompli, l’expression “en acte” s’applique d’abord au moment b, par opposition, d’une part au moment a que désigne l’expression “en puissance” (ou “potentiellement”) ; de l’autre au moment c, c’est-à-dire au donné qui résulte de ce changement (Aristote tend à désigner le moment b par “energeia”, et le moment c par “entelecheia”) » (d’après Lalande, Vocabulaire de la philosophie). « L’individu n’est pas un être mais un acte, et l’être est individu comme agent de cet acte d’individuation par lequel il se manifeste et existe. » (Simondon, 1964). « S’il n’y a point d’autre être réel que l’être qui est en acte, c’est que l’être est l’acte même. Il est dans et par l’opération qui le produit ; il est cette opération » (Lavelle, 1939). « The creativity of the world is the throbbing emotion of the past hurling itself into a new transcendent fact » (Whitehead, 1933). « Nous pensons... que le fait pour un vivant de réagir par une maladie à une lésion, à une infestation, à une anarchie fonctionnelle traduit le fait fondamental que la vie n’est pas indifférente aux conditions dans lesquelles elle est possible, que la vie est polarité et par làmême position inconsciente de valeur, bref que la vie est en fait une activité normative » (Canguilhem, 1943). 7. Les forces vives ? L’acte d’individuation ne requiert-il pas un sujet (le Temps ?), un principe directeur (une Idée, un plan ?), une force (un vouloir) ? Le « principe vital » a été postulé sous diverses identités : âme, entéléchie, vouloir vivre, élan vital, téléonomie, et dans la version chinoise le « qi », flux d’énergie vitale coulant le long des « méridiens ». Des médecines « alternatives » recourent à ces principes pour justifier les pratiques de « transfert d’énergie ». Le physicien R. Lestienne (2003, p. 242) qualifie le temps de « sève du réel » et « âme de la matière » ; la durée bergsonienne est créatrice. L’embryologiste Hans Driesch reprend à Aristote le terme « entéléchie » pour désigner l’ordonnateur du développement, qui conduit un paquet de cellules à devenir un organisme différencié ; et la biologie du développement a des « gènes architectes ». Le cas de Freud est intéressant : parti de la distinction commune entre la faim (visant l’autoconservation) et l’amour (visant la conservation de l’espèce), il en vient à « désintriquer » ces pulsions en une « pulsion de mort » (visant le retour de la vie à l’état inorganique) et une pulsion sexuelle (qui par une « contrainte de répétition » fait un long détour pour aboutir au même point). « une morphologie est très importante, mais une énergétique est nécessaire » (Simondon, 1960). « l’entéléchie désigne ce qu’il y a d’autonome et d’irréductible dans l’ordre qui préside à la morphogenèse » « La morphogenèse est une épigenèse, non seulement au sens descriptif, mais encore au sens théorique. Il y a production dans l’espace d’une diversité, là où n’existait préalablement aucune diversité... il n’y a qu’une épigenèse, mais une épigenèse vitalistique » (Driesch, 1909; tr fr 1921). « Pour moi le principe vital, ce n’est point l’âme, mais, si je puis me permettre une expression chimique, le radical de l’âme : la volonté. Ce qu’on appelle l’âme est déjà un composé : c’est PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 429 la liaison de la volonté avec le noûs, l’intellect. [...] Dans toutes les fonctions organiques du corps, autant que dans ses actions extérieures, c’est la volonté qui constitue l’agent. » (Schopenhauer, 1836, 1854 ; tr. fr. 1969). « Une pulsion serait une poussée inhérente à l’organique doué de vie en vue de la réinstauration d’un état antérieur que cet être doué de vie a dû abandonner sous l’influence de forces perturbatrices externes » (Freud, 1920 ; tr. fr. OC, vol. 15). Concl. Gilbert Simondon écrivait en 1964 que « le problème de l’individuation serait résolu si nous savions ce qu’est l’information dans son rapport aux autres grandeurs fondamentales comme la quantité de matière ou la quantité d’énergie ». Il n’est pas certain qu’une mesure des niveaux d’organisation suffirait à tarir le questionnement ontologique. « La position centrale du problème de la vie ne signifie pas seulement qu’il faut lui accorder une voix décisive quand il s’agit de juger une ontologie donnée, mais aussi que tout traitement de ce problème doit convoquer le tout de l’ontologie » (Jonas, 1966 ; tr. fr. 2001). Séminaires I Itinéraires de recherche en psychiatrie Sous la forme de trois demi-journées de travail, le séminaire a entendu sept orateurs témoignant chacun d’une façon d’aborder la recherche psychiatrique. 2008-04-10, jeudi, 14 h-17 h 30, Paris, CDF, salle 4 : Frank Bellivier (CHU Créteil & INSERM U 841) analyse les difficultés des enquêtes génétiques (segregation analysis, linkage studies, pair studies, association studies, etc) visant à identifier des facteurs de vulnérabilité à divers types de troubles mentaux, et dressé un bilan provisoire des résultats obtenus. Bruno Falissard (Hôpital Paul Brousse, Villejuif & INSERM U 669) explique comment dans sa pratique de psychiatre d’enfants et adolescents il concilie les enseignements des neurosciences et ceux de la psychanalyse. 2008-05-05, lundi, 14 h-17 h 30, Paris, CDF, salle 2 : Pierre Magistretti (Collège de France & EPFL - Université de Lausanne) et Luc Mallet (Paris, Hôp. Pitié-Salpêtrière) présentent deux types d’exploration du cerveau humain : d’un côté le bilan énergétique cérébral, de l’autre les observations psychiatriques faites à l’occasion de l’implantation d’électrodes en vue du traitement de la maladie de Parkinson, ou de la maladie de Gilles de la Tourette. 2008-06-19, jeudi, Bonn, 9 h-13 h, Universitätsclub : Michael Quante (Universität Köln) démontre comment certains troubles psychiques mettent en évidence les limites de la notion traditionnelle de « personne ». Alain Leplège (Univ. Paris-VII Denis Diderot) réfléchit sur les raisons pour lesquelles une évaluation des interventions psychothérapeutiques par leurs résultats a été rejetée en France par les praticiens des psychothérapies analytiques. Felix Thiele (Europäische Akademie zur Erforschung wissenschaftlich-technischer Entwicklungen) cherche si la théorie de l’action en usage dans le droit pénal est compatible avec l’irresponsabilité reconnue aux malades mentaux pour certains de leurs actes. 430 ANNE FAGOTLARGEAULT II Philosophical problems in medicine Seoul, 04-05 Aug 2008 Dans le cadre du 22e Congrès mondial de philosophie (WCP 2008), qui s’est déroulé du 30 juillet au 5 août 2008 sur le campus de l’université nationale de Séoul (SNU), et à l’invitation de l’Association coréenne de philosophie (KPA), trois sessions satellites du congrès, d’une demi-journée chacune (coordonnées par AFL), se sont succédé les 4 et 5 août sous le titre général « Problèmes philosophiques en médecine ». Trois thèmes avaient été retenus : Concepts centraux, Comparaisons Orient-Occident, Problèmes cliniques. Douze orateurs ont contribué à l’échange : (1) « Core concepts » (KPA special session 09) — Chair Shinik Kang (Korea) ; Speakers AFL (France), In-Sok Yeo (Korea), Carlos Viesca (Mexico), Hee-Jin Han (Korea). (2) « East and West » (Roundtable) — Chair Hee-Jin Han (Korea) ; Speakers Sicheon Kim (Korea), Seonsam Na (Korea), Mark Kirsch (France), Renzong Qiu (China), Sukjoon Park (Korea). (3) « Clinical problems » (Roundtable) — Chair AFL ; Speakers Shinik Kang (Korea), Jean-Claude K. Dupont (France), Jongduck Choi (Korea), Juliana Gonzalez (Mexico). Cette série s’est achevée par une réception amicale au siège de la (jeune) Association coréenne de philosophie de la médecine. Les textes des présentations au congrès seront publiés dans les Actes. Parallèlement au congrès, Vincent Guillin (France) a donné huit heures de cours dans le cadre de l’école d’été, coordonnée par le Pr Dong-Yun Son, qui proposait à de jeunes lycéens une initiation à la philosophie, en même temps que la possibilité d’assister à certaines conférences du Congrès mondial. Autres interventions Conférences invitées 2007-09-20 : « De l’hygiène publique à la santé publique », aux Journées Jacques Lambert (Lambertiana), Grenoble. 2007-10-07 : « Ontologie du devenir : Bergson et l’Évolution créatrice », au Congrès annuel de l’Académie internationale de philosophie des sciences (AIPS), sur le thème du « temps, appréhendé à travers différentes disciplines ». 2007-10-09 : « La causalité en médecine », dans le cadre du séminaire AssoMat « Causalité, santé et médecine », Paris, ENS, Institut Jean Nicod. 2007-11-15 : « Styles in philosophy of science », conférence plénière, European Philosophy of Science Association (EPSA07), Madrid, Universidad Complutense. 2007-11-23 : « Le philosophe et la science, selon Bergson », Colloque international de clôture de l’Année Bergson, « L’évolution créatrice cent ans après. Épistémologie et métaphysique », Journée « épistémologie », Paris, Collège de France. 2007-11-29 : Déposition à l’Assemblée nationale, OPCST, « Sciences du vivant et société : la loi bioéthique de demain », audition publique. 2008-02-18 : « Anthropological physiology : von Uexküll, Portmann, Buytendijk », au colloque organisé par A. Berthoz, « Neurobiology of Umwelt : How Living Beings Perceive the World », Paris (Neuilly). 2008-04-03 : « Bioéthique et philosophie des sciences », dans le cadre des Journées philosophiques 2008 de l’Université de Limoges – IUFM. PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 431 2008-04-17 : « Individualisation et personnalisation », dans le cadre d’un Cycle organisé par l’Institut du droit de la famille et du patrimoine et l’Académie de médecine, « L’embryon, le fœtus, l’enfant. AMP et lois de bioéthique », 2e journée, « Le fœtus dans tous ses états : quel statut ? », Paris, Maison du Barreau. 2008-05-15 : « Nouvelles biotechnologies humaines », Brest, Centre d’Instruction Naval, à l’invitation du Commandant du Centre. 2008-06-17 « Qu’attendre de la connaissance des génomes », Paris, Université de tous les savoirs (Utls), série : « Qu’est-ce que la vie ? Où en est-on de la connaissance du génome ? ». 2008-06-20 : « Overview of children and adolescent’s health in France », dans le cadre d’une Journée franco-allemande sur « Santé des jeunes et défis pour la santé publique / Gesundheit for jungen Menschen und Herausforderungen an Public Health », Berlin, Ambassade de France. 2008-08-04 : « The challenge of etiological knowledge », Séoul, WCP 2008. Contributions à des travaux collectifs 1. réguliers — Académie des sciences, section (biologie humaine et sciences médicales), commissions (histoire des sciences et épistémologie, science et société, plis cachetés, CNFHPS), et groupe de travail sur la réforme de la première année des études médicales (coordonné par JeanFrançois Bach, Secrétaire perpétuel). — Institut International de Philosophie (IIP). Négociation sur le statut de la Bibliographie internationale de la philosophie (avec B. Saint-Sernin, auprès de : Vrin, CNRS) ; et participation aux Entretiens annuels, Seoul (31 jul-2 aug 2008). — Agence de Biomédecine : Collège d’experts « recherche sur l’embryon humain et les cellules embryonnaires ». — Haut Conseil de la Science et de la Technologie (HCST). — France-Stanford Center for Interdisciplinary Studies : Executive Committee, le 28 avril 2008 à Stanford, CA. 2. ponctuels — Plan Alzheimer, automne 2007. — MSH Lille (CS), et CS du réseau national des MSH. — Société des amis des universités de Paris (CA). — Cité des sciences (CS). — Comité pour la publication des Œuvres complètes de Georges Canguilhem (présidé par Jacques Bouveresse, Librairie philosophique Vrin). — Soutenances : sont mentionnées ici seulement les soutenances de personnes ayant travaillé sous direction AFL — trois doctorats fin 2007. Nicolas Lechopier, « Ethique de la recherche et démarcation. La scientificité de l’épidémiologie à l’épreuve des normes de confidentialité » (UP1, 27-09-07) ; Stéphanie Dupouy, « Le visage au scalpel : l’expression faciale dans l’œil des savants, 1750-1880 » (26-11-07) ; Fabrice Gzil « Problèmes philosophiques soulevés par la maladie d’Alzheimer – Histoire des sciences, épistémologie, éthique » (07-12-07). Les trois soutenances se sont conclues par la mention ‘Très honorable avec félicitations’, la troisième a été, de plus, couronnée par un prix du journal Le Monde assorti de publication aux PUF. 432 ANNE FAGOTLARGEAULT Publications : 2007 Livre Fagot-Largeault Anne, Rahman Shahid, Torres Juan Manuel, eds., The Influence of Genetics on Contemporary Thinking, Dordrecht : Springer, 2007 (Series : Logic, Epistemology, and the Unity of Science, 6). Articles ou chapitres « Controversias sobre células troncales », in : Juliana Gonzáles Valenzuela, coordinadora, Dilemas de bioética, Mexico : Universidad Nacional Autonoma (UNAM), 2007, 39-63. « Interview of François Jacob », xxix-lvi, and « Is DNA revolutionizing medicine ? », 137-150, in : The Influence of Genetics on Contemporary Thinking, 2007 (ci-dessus). « Philosophie des sciences », in : Philosophie, Paris : Eyrolles, coll. Mention, 2007, 109-133. « The fetus in perspective: the moral and the legal », in : Laurence Thomas, ed., Contemporary Debates in Social Philosophy, Oxford : Blackwell, 2008, 113-121. « Vivre le handicap et ses prothèses », in : J.-P. Changeux, Dir., L’homme artificiel, Paris : Odile Jacob, 2007, 247-261 et 310-312. « La compassion », in : Francis Jacques, Dir., Souffrir et mourir. Comment vivre l’invivable ? La fracture et l’espérance, Paris : Editions Parole et Silence, 2007, 59-73. « L’ontologie du devenir dans L’Évolution créatrice », in : Institut de France, Académie des sciences morales et politiques, Centenaire de la parution de L’Évolution créatrice de Henri Bergson, Paris : Palais de l’Institut, 2007 n° 10, 59-72. « Problèmes philosophiques posés par les biotechnologies: l’exemple de la recherche sur les cellules souches », in : Ioanna Kuçuradi, ed., The Proceedings of the Twenty-first World Congress of Philosophy - Philosophy Facing World Problems, Vol. 13, Ankara : Philosophical Society of Turkey, 137-146. Activités de la chaire L’excellente équipe 2007-08 se compose de Stéphane Soltani (secrétaire), Vincent Guillin (VG, Maître de conférences), Jean-Claude K. Dupont (JCD, ATER). Cette équipe a organisé (avec F. Worms, ENS) la partie CDF du Colloque international de clôture de l’année Bergson (23 nov.), et prêté aide au Pr Pierre Magistretti pour l’organisation matérielle de son colloque « Neurosciences et psychiatrie » (27 mai). Les conférenciers intervenant à la journée CDF du colloque Bergson « L’Évolution créatrice cent ans après. Épistémologie » étaient : P. Corvol, M. Canto-Sperber, A. Fagot-Largeault, J. Gayon, Dong-Hyun Son, F. Azouvi, A. François, A. de Ricqlès, P.-A. Miquel, Hee-Jin Han, A. Berthoz, H. Hude, A. Prochiantz. VG s’est chargé de la collecte des textes et de la relecture du manuscrit, qui a été livré à l’éditeur (PUF) au début de l’été 2008. Le dynamisme de l’équipe a permis de commencer à rattraper quelques retards de publication. Le manuscrit issu du séminaire Georges Canguilhem (10 juin 2005), resté en panne depuis le départ de H.-J. Han, a été relu et corrigé par JCD, PHILOSOPHIE DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET MÉDICALES 433 et livré à l’éditeur (Vrin) au printemps 2008. VG a pris en charge la relecture du manuscrit issu du séminaire « Evidence-Based Medicine » (28 mai 2004), qui sera prêt pour publication avant la fin de l’année 2008. Le séminaire interne, animé par VG, nous a permis d’entendre : François Lemaire (5 déc.) sur le second procès de Nuremberg, Jean-Noël Missa (31 jan.) sur l’histoire de la psychiatrie, un débat entre Fabrice Gzil, Valérie Gateau et Nicolas Lechopier sur leur façon de pratiquer la philosophie des sciences (27 mars), Marcela Iacub sur son livre Par le trou de la serrure. Histoire de la pudeur publique (22 mai), Dan Kevles (4 juin) sur l’horticulture américaine au xixe siècle. En plus de la participation au Congrès mondial (WCP 2008), JCD a fait une communication à un colloque en Oregon (18 mai) sur « la technique argumentative de la Cour européenne des droits de l’homme à la lumière de la Nouvelle rhétorique de Perelman » ; VG a fait une présentation à Oxford au colloque de la Société britannique d’histoire des sciences (04 juil.) sur « l’éthologie de J.S. Mill ». Par ailleurs, VG rédige en vue de publication une version modifiée de sa thèse (London, LSE, 2007), et JCD rédige sa thèse de doctorat. Histoire des syncrétismes de la fin de l’Antiquité M. Michel Tardieu, professeur Cours : Coutumes et légendes de la Haute-Mésopotamie d’après les recueils de contes syriaques La caravane de Midyat Parmi les divers recueils de contes oraux en araméen moderne relatifs à la HauteMésopotamie (régions du Jilu-Bohtan, Telkepe et Tûr ‘Abdîn), j’ai pour ma dernière année de cours au Collège de France fait le choix de m’en tenir aux collectages propres au Tûr ‘Abdîn et, dans ce domaine culturel extrêmement riche et diversifié malgré l’étendue restreinte de son territoire montagneux (500 km2 environ) qui domine la plaine de la Mésopotamie au Nord de Nisibe et que les gorges du Tigre délimitent au Nord et à l’Est, d’explorer de façon systématique le corpus publié par Prym et Socin à la fin du xixe siècle 1. Cet ouvrage représente, selon le mot d’Otto Jastrow (1968), un véritable musée de la culture syriaque vivante. Il a l’avantage d’être doublé par son corpus jumeau en kurde (Prym-Socin 1887 et Socin 1890) provenant du même conteur. L’autre avantage, essentiel, du recueil syriaque de Prym et Socin par rapport aux autres collectages et en particulier 1. Eugen Prym und Albert Socin, Der neu-aramaeische Dialekt des Tûr ‘Abdîn, Erster Teil : Die Texte, Zweiter Teil : Uebersetzung (une seconde page de titre donne pour cette deuxième partie également l’intitulé : Syrische Sagen und Maerchen aus dem Volksmunde gesammelt und uebersetzt), Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1881. À lire en parallèle avec les ouvrages et travaux suivants : Eugen Prym und Albert Socin, Kurdische Sammlungen. Erzaehlungen und Lieder in den Dialekten des Tûr ‘Abdîn und von Bohtan. Sammelt, herausgegeben und uebersetzt von Eugen Prym und Albert Socin, A. Die Texte ; B. Uebersetzung, St Petersburg, 1887-1890. Hellmut Ritter, Tûrôyo. Die Volksprache der syrischen Christen des Tûr ‘Abdîn, A/1 1967, A/2 1969, A/3 1971, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag ; B, Wörterbuch, 1979 ; C, Grammatik, 1990. Otto Jastrow, « Ein Märchen im neuaramäischen Dialekt von Mîdin (Tûr ‘Abdîn) », Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft, 118 (1968), p. 29-61. Bien que hors de la région étudiée, j’ajouterai cependant le collectage effectué à Axror par E. Cerulli, Testi neo-aramaici dell’Iran settentrionale, Napoli, Istituto Orientale, 1971. 436 MICHEL TARDIEU à celui d’Hellmut Ritter (cinq volumes dont trois de textes, qui ont près de 700 pages chacun), est que Prym et Socin ont transmis les histoires d’un conteur unique, Câno, originaire de Midyat, et que ce conteur était totalement illettré, bien que parlant quatre langues (l’araméen, le kurde kurmanci, l’arabe et le turc). Les informateurs de Ritter sont soit des jeunes gens venus du Tûr ‘Abdîn à Istanbul faire des études ou prendre un emploi en attendant le visa des services de l’émigration, ou bien des ecclésiastiques que Ritter a rencontrés au Tûr ‘Abdîn. Un exemple parmi d’autres : le transmetteur de sept contes recueillis par Ritter à Midyat (n° 21-27) est l’abouna Xori Nu‘man Aydın, chorévêque de l’église Barsaumo. Il est né en 1909 dans le village de Kfärze (Kefärze) à 25 km au NO de Midyat. Cinq ans après sa naissance, sa famille s’installe à Midyat, où il apprend à lire et devient le chef de la communauté syro-jacobite de Barsaumo composée de 500 familles. Les contes de Nu‘mân Aydın et l’ensemble des contes du corpus de Ritter sont des histoires souvent jolies, mais cette littérature orale garde malgré tout l’empreinte de l’écrit, c’est-à-dire de la littérature ecclésiastique et des préoccupations des prêtres. Elle ne peut s’empêcher d’être édifiante et de donner des leçons. On y cherchera en vain le rire et la satire, l’amour romantique et les plaisanteries grivoises, l’absurde et le merveilleux, la perfidie ou la révolte qu’on trouve dans les contes de Câno. Trois communautés, d’une même culture sociale et avec des liens tribaux identiques, vivaient imbriquées dans la Midyat du début des années 1860 : les Chrétiens jacobites qui sont des Araméens parlant syriaque, les Kurdes qui sont des indo-européens musulmans (sunnites, yézidis, et quelques familles shi‘ites) et qui parlent une langue iranienne (le kurde kumanci), les Mhallamiya qui sont musulmans, parlent un dialecte arabe avec beaucoup de traits dialectaux syriaques et dont l’origine ethnique est discutée : s’agit-il de Kurdes, d’Arabes, ou bien d’anciens Araméens chrétiens convertis à l’islam ? Le premier voyageur européen à avoir signalé cette population a été Niebuhr qui visita la région en 1766. Il considère les Mhallamiya comme des Kurdes. Sykes, au début du xxe s., pense qu’il s’agit d’anciens chrétiens syriaques qui au xvie s. auraient quitté l’Église jacobite et se seraient faits musulmans après le refus du patriarche de leur accorder la permission de manger de la viande durant le Carême, alors que sévissait une grande famine. Leurs femmes portent des vêtements rouges et ne sont pas voilées. Les Kurdes de Turquie parlant le kurmanci ne les reconnaissent pas comme Kurdes, ce sont pour eux des Arabes, étant donné qu’ils ne sont pas kurdophones (le critère d’identification retenu en ce cas est la langue). Quant aux Mhallamiya eux-mêmes, ils sont divisés sur la question de leur « identité nationale ». Certains pensent qu’ils sont d’anciens Sûryanis, c’est-à-dire des chrétiens syriaques islamisés et arabisés (critère retenu en ce cas : la religion), d’autres estiment qu’ils descendent de tribus arabes établies dans la région au moment des conquêtes (explication par l’histoire politique). Une troisième position a cours également, selon laquelle ils descendraient de tribus kurdes qui se seraient arabisées. Selon cette thèse pankurdiste, les syriaques seraient pareillement d’anciens Kurdes convertis au christianisme. HISTOIRE DES SYNCRÉTISMES DE LA FIN DE L’ANTIQUITÉ 437 Les orientalistes allemands, Eugen Prym et Albert Socin, n’ont pas connu Câno au Tûr ‘Abdîn, mais à Damas en mars 1869, où il travaillait comme manœuvre de chantier sur les échafaudages ou bien dans la fosse à chaux. Il appartenait à une colonie de chrétiens jacobites de Midyat établis à Damas depuis trois mois (fin décembre 1868). Tous ces gens avaient quitté leur patrie en raison de six années consécutives de famine due au fléau endémique des sauterelles et donné à leur migration la direction de Jérusalem. La marche de ces migrants syriaques prit-elle ainsi tout naturellement, comme l’explique Eugen Prym, la grand-route des caravanes, qui de l’Est de l’Empire turc menait, en contournant par le Nord en arc de cercle le désert syrien par Mardin, Diyarbakır et Urfa, aux grandes cités commerçantes d’Alep et Damas. Câno fit étape à Adana, le temps d’y gagner quelques sous pour permettre au groupe de poursuivre le voyage. Arrivés à Damas, les « pèlerins » de Jérusalem s’installèrent à Bâb Sharqî, vidé de ses habitants et en ruines depuis les massacres anti-chrétiens de 1860. Socialement, Câno était sûryani. À en juger par les histoires qu’il raconte, sa culture chrétienne semble totalement inexistante. Il n’y a pas le moindre indice, chez lui, d’une connaissance des Écritures. Deux seulement de ses histoires en araméen et en kurde portent sur des sujets bibliques. Mais, au témoignage même des orientalistes qui l’ont connu, Câno ignorait qu’il s’agissait d’histoires bibliques. Le n° 8 de la collection des contes syriaques (Le douzième fils de Jacob) est l’histoire de Joseph (Gn 37-48 ; Coran XII). De quel récit est tributaire le conteur ? Sa source est-elle une épopée kurde qui réutiliserait le récit coranique ? Il est difficile de trancher. Le n° 5 de la collection des contes kurdes (Le tyran impie) concerne, sans jamais le nommer, le personnage biblique de Nimrod, le géant impie, constructeur de la Tour de Babel. Selon l’historiographie jacobite, le géant nourrissait de sa chasse les constructeurs de la Tour, cela dura 40 ans, puis la Tour fut renversée par le vent et tua Nimrod. L’histoire chez Câno est probablement tributaire de ce qu’il a entendu raconter à l’église à ce sujet. Le gibbôr chasseur est chez lui la figure de l’impie absolu. Il défie la loi et la puissance divines en donnant ses filles en mariage à ses fils puis en construisant la Tour. La transgression de l’inceste est le premier acte du combat contre Dieu. Rire et façons de dire Les deux traits caractéristiques des discours narratifs de Câno sont d’abord l’inadéquation des réponses aux questions posées, ce qui a pour conséquence que les mots sont faits pour rire de tout, ensuite le transfert massif de la société humaine aux mondes non-humains des animaux et des géants. Le Tûr ‘Abdîn que décrivent archéologues et historiens est le pays des moines bâtisseurs. Pour Câno c’est la terre d’en-dessous, sans églises ni couvents, ni noms propres de lieux, ni chemins tracés, à la différence du pays d’en-haut, où chaque lieu a un nom, où le même endroit possède parfois plusieurs noms propres. Le territoire du conte syriaque se situe hors des villes et des villages, que délimitent les collines verdoyantes, les jardins et les vignes, espace indéfini, marqué par la montagne aride et les maisons abandonnées, 438 MICHEL TARDIEU pays de la soif et de la faim, des bêtes sauvages et des bandits, terre où le temps s’est arrêté, où les géants remplacent les humains, où les femmes ont des lieux qui leur sont propres (La fiancée du diable n° 45, La ville de Mush n° 19, Jeux d’enfants n° 30). Selon les conceptions cosmologiques du conteur, les quatre coins de la terre habitée reposent sur un rocher, et celui-ci sur des colonnes de fer. En descendant le plan incliné de cette terre, on arrive là où repose le couvercle du ciel. Le côté intérieur du couvercle est occupé par la course diurne du soleil vers l’Occident. Au-dessous de la terre commune (u-bäläd du-‘amm), se trouvent le pays des hommes nus ou des chiens, puis celui des djinns, au-dessous encore il y a le territoire des hybrides, puis celui des singes, ensuite celui des lions et enfin la terre des ténèbres. Le pays des nains, Hâcûc uMâcûc (Gog et Magog) est un peu partout entre ces mondes. Les Hâcûc sont nés des pertes séminales d’Adam mêlées à de la poussière, et ont pour particularité de prévoir leur mort. Ils s’accouplent comme les animaux et se déplacent avec une très grande rapidité. Chaque jour, ils rongent le rempart de Dhû-l-Qarnayn pour tenter d’apercevoir le soleil briller de l’autre côté. C’est donc un peuple de la nuit et ils sont noirs de peau. Ils aiment beaucoup les eaux douces des fleuves, mais préfèrent à toutes celles du lac de Tibériade (Xenge n° 36, L’échange des femmes n° 43, Le marchand de Mardin n° 44). Dans d’autres traditions, les Gog occupent le bout du monde et sont en lien avec les peuples turciques, chez Câno les Hâcûc sont l’un des mondes hypochthoniens, sorte de fourmis de l’invisible. À l’extrémité de ces mondes se situe, au-delà de l’Inde, le pays enchanté des Gurc, couvert de buissons d’épines, sans gouvernement. Les filles y sont très jolies et appartiennent à tous. L’inadéquation des réponses aux questions sert à fabriquer les histoires pour rire sur le dos des artisans et des chefs tribaux (Le molla, le teigneux et le yézidi n° 12, L’agha qui avait un fils maboul n° 13), et pour se moquer des bureaucrates et gratte-papiers (Le renard, l’âne et le chat n° 84, Le renard qui savait lire l’éthiopien n° 77). Les autorités et hiérarchies sociales dont les histoires de renard (au nombre de 22 dans le corpus syriaque) font la satire sont, d’un côté, l’institution politicojudiciaire que symbolise la fonction de kadi (syr. qoze) et, de l’autre, le clergé que représentent pour les communautés religieuses du Tûr les charges de molla (syr. malla) chez les musulmans et de curé (syr. qasho) chez les chrétiens. De par l’exercice et l’étendue de leurs attributions, ces dignitaires sont par excellence des professionnels de l’écriture, de l’encre, des registres, des livres. Un trait particulier des histoires de Câno est l’humour religieux (Le pèlerinage des animaux, kurde n° 3) et l’humour hagiographique (Le diable devenu portefaix, syriaque n° 53). Une contribution donnée aux MUSJ (59, 2006, p. 145-160) a traité du premier. J’ai donc cherché à comprendre le second par comparaison avec la légende populaire du Tûr racontant la domestication du diable par s. Malke. Hasan El-Shamy (Types of the Folktale in the Arab World, Bloomington, Indiana University Press, 2004, p. 710) rattache le conte 53 de Câno à la série des contestypes AT 1168, Various Ways of Expelling Devils (the Devil), qui sont des relations d’exorcismes. Aucune de leurs versions signalées dans la classification internationale HISTOIRE DES SYNCRÉTISMES DE LA FIN DE L’ANTIQUITÉ 439 ne correspond au conte araméen. Seul le premier épisode de ce récit fait état d’une guérison par exorcisme. Cette hagiographie a en fait un autre but. Il s’agit d’une domestication humoristique du diable pour en faire un aide et le mettre au service du saint fondateur d’un monastère. La classification d’El-Shamy est donc erronée. L’origine de l’histoire paraît bien à sa place, en tout cas, dans le folklore syriaque du Tûr. Je la comprends comme relation orale ré-élaborée pour justifier une croyance populaire qui concernait un puits de la région de Midyat, lié au cycle de Mor Malke. Dans la légende hagiographique rapportée par Câno, le diable qu’expulse Mor Malke de la fille du roi d’Égypte est chargé de porter au cou et sur la tête jusqu’au Tûr ‘Abdîn la margelle et l’auge, offertes par le roi d’Égypte reconnaissant et destinées à l’aménagement de l’eau que le saint a prévu pour son sanctuaire de Haute-Mésopotamie. Or, il existe une vie, en syriaque littéral, de Mor Malke, éditée par Paul Bedjan dans les Acta martyrum et sanctorum (t. 5, Leipzig, Harrassowitz, 1895, p. 421-469) d’après un manuscrit de la fin du xiie siècle (BN 236, fol. 86 ; Zotenberg 1874, p. 187-188), complété par un manuscrit de Londres (BL Add.14733, fol. 83). Sur la cinquantaine de pages de texte syriaque de cette vie, vingt portent sur l’histoire de la diablerie que Câno a racontée aux orientalistes allemands en araméen turoyo. Confrontons l’oral et l’écrit. La vie syriaque confirme que les pierres taillées que le saint fait transporter d’Égypte au Tûr ‘Abdîn par le diable sont effectivement destinées au monastère de s. Malke (Deir Mor Malke), à 2 km au sud de Kharabe ‘Ale (Khirbat Aleh, forme turcisée Harapali) dans le Djebel Izlo. La vie syriaque situe très correctement le monastère, non par le toponyme arabe, mais en utilisant l’ancien nom syro-grec de Kharabe ‘Ale : Arkah. Alors que la vie syriaque ainsi que le conte oral servent à montrer que l’apprivoisement du diable par le saint est nécessaire au transport des instruments de la distribution de l’eau et de l’organisation du paysage du monastère, en revanche on ne peut être que surpris de constater que l’hagiographie littéraire de s. Malke est organisée différemment que dans le conte oral. Chez Câno, le saint va en Égypte où il exorcise la fille du roi, mais ni le nom du roi ni celui de sa fille ne sont mentionnés, ni non plus d’ailleurs le nom du diable que le saint expulse du corps de la jeune fille. Dans la vie syriaque, c’est à Constantinople que le saint se rend, auprès de l’empereur Constantin qui l’a fait appeler pour qu’il guérisse sa propre fille, dénommée Asanasis. Le scénario de l’expulsion du diable et de la récompense du saint par le roi est identique dans la vie et dans le conte, mais la vie transmet le nom du diable, Astratasis, qu’omet Câno. L’épisode de la dispute chez les bédouins manque dans la vie syriaque. Celle-ci, en revanche, précise ce que dit Câno concernant les pierres portées par le diable jusqu’au monastère mésopotamien : autour du cou, en collier (un turban, dit un autre diable pour s’amuser) l’assise circulaire ou margelle formant le rebord supérieur visible du puits, et sur la tête, dressée comme une tour, la structure interne du puits en pierres de taille arrondies. Le spectacle devait être assez réjouissant, en effet. À qui donner l’avantage ici, à l’oral ou à l’écrit ? Florence Jullien a repéré que la trame de l’histoire racontée par Câno et la vie 440 MICHEL TARDIEU syriaque (guérison d’un possédé, transport d’une pierre par le diable, traversée du désert et construction d’un monastère) était réutilisée dans les traditions syroorientales de l’implantation du monachisme à al-Hîra et en Arabie du Nord-Est (communication faite au cours du 13 février 2008). La popularité de l’histoire hors de l’Église jacobite et la référence explicite à l’Égypte dans le conte oral donnent à penser plutôt à une dépendance de la vie littéraire par rapport à celui-ci et à un ajustement ecclésiastique gréco-orthodoxe. La mise en situation de la diablerie à la cour de Constantin n’est peut-être pas, cependant, une absurdité de la vie syriaque. Elle a probablement servi à situer dans un passé lointain les liens supposés des fondateurs syriaques du Tûr ‘Abdîn au monachisme copte que protégeait le Basileus. Mor Malke était, dit-on, le neveu de Mar Awgin, qui était un Égyptien originaire de Clysma. L’oncle et le neveu sont du même village. Les monastères de l’oncle et du neveu sont voisins au Tûr ‘Abdîn. De ce fait, le conte oral ne manque pas de pertinence en plaçant la diablerie plutôt en Égypte, chez un roi imaginaire anonyme. Quant à la structure du puits qui traverse les déserts à la verticale portée sur la tête du diable, elle annonce cette idiotie sublime prêtée à Nasr Eddin Hodja. Un jour, à la sortie de la mosquée, un paysan lui demande : « Ô Hodja, toi qui as des lumières sur toute chose en matière de religion, peux-tu me dire comment les Arabes ont bien pu faire pour construire des minarets en plein désert ? — C’était pourtant très facile, répond Nasr Eddin : il leur a suffi de renverser les puits » (J.-L. Maunoury, Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin, Paris, Phébus, 2002, p. 417). Les autres catégories d’histoires de Câno étudiées dans ce cours ont été celles dans lesquelles interviennent des thèmes propres aux chansons d’amour de Câno en kurde par comparaison à celles de la même région en araméen chrétien et juif (Boucles d’oreilles, Les bords de chemins) et, d’autre part, les histoires traitant explicitement de pratiques et de croyances religieuses (Le Barberousse jacobite de Hâh et la légende de la conversion du dernier païen). M.T. Séminaire 2008 Le séminaire de 2008 « Noms barbares 2 » a été la suite de celui organisé en 2007. Il s’est déroulé sous la forme d’un colloque international, en lien avec l’Agence Nationale de la Recherche, l’EPHE-Sciences religieuses et le CNRS (UMR 8584), et s’est tenu dans l’amphithéâtre Maurice Halbwachs, le 18 juin 2008. Les communications entendues ont été les suivantes : Michel Tardieu, La recherche sur les formes et les contextes de la pratique magique des noms barbares ; Lucia Saudelli (ATER Collège de France), Héraclite sur le nom de Zeus ; Jean Yoyotte (Professeur honoraire au Collège de France), Amon et Mout, et les mots nubiens ; Gregor Wurst (Université d’Augsbourg), Un magicien copte. Syncrétisme religieux dans l’Égypte chrétienne ; Gérard Roquet (EPHE), Fonction incantatoire HISTOIRE DES SYNCRÉTISMES DE LA FIN DE L’ANTIQUITÉ 441 du langage. Image, lettre, son, sens : manipulations cryptologiques ; Yvan Koenig (CNRS), Des « trigrammes panthéistes » ramessides aux gemmes magiques de l’époque impériale : le cas d’Abrasax ; Amina Kropp (Université de Heidelberg), Le rôle des noms barbares dans le déroulement d’une defixio d’après le corpus électronique des defixiones latines ; Silvia Pieri (Université de Pise), Numero e filosofia. Alcune note sul cosiddetto Ottavo libro di Mosè (PGM XIII) ; Michel Tardieu, La diversification de Kalyptos et son modèle logique. Reconstruire Zostrien (NHC VIII 112-113) ; Paolo Scarpi (Université de Padoue), Le discours vide de noms barbares ; Arnaud Sérandour (EPHE), Les noms barbares du Sefer ha-Razin ; Claude Gilliot (Université de Provence), Les lettres mystérieuses du Coran ; Manfred Kropp (Université de Mayence), Noms magiques d’Éthiopie ; Claudine Besset-Lavoine, Émilie Claude, Emiliano Fiori, Flavia Ruani, Anna Van den Kerchove (Doctorantes et doctorant de l’EPHE), Noms barbares en rituels gnostiques. Essai d’interprétation scénique. Histoire des christianismes orientaux Bibliothèque La Bibliothèque d’histoire des christianismes orientaux (ex-Bibliothèque d’histoire des religions du Collège de France) est un centre documentaire relevant de l’Institut du Proche-Orient ancien. Elle a été créée par Jean Baruzi en 1937. Ses spécialités d’origine sont la philosophie religieuse antique et moderne (théories de la religion et de la mystique) et l’histoire de la théologie hétérodoxe ancienne (surtout marcionite et gnostique). Ces orientations ont été poursuivies par H.-Ch. Puech, A. Guillaumont, et moi-même, aidé depuis 2001 de Florence Jullien (syriacisante de réputation internationale, ATER puis vacataire) avec la participation de Christelle Jullien (Chercheur au CNRS), tout en y développant les domaines suivants : littérature apocryphe chrétienne, judéochristianisme baptiste et mandéisme, monachisme syro-égyptien, manichéisme et iranologie, littérature syriaque dogmatique et historique. En alliant de la sorte philosophie et religion, ce centre documentaire représente un instrument de travail original et apprécié. La richesse des fonds dans certains des domaines énumérés, comme le mandéisme ou le manichéisme, en fait une bibliothèque de référence unique en France. Son service d’accueil et d’aide à la recherche auprès des doctorants et chercheurs français et étrangers, venant le plus souvent de l’École pratique des hautes études, de Paris IV-Sorbonne, de l’Institut Catholique de Paris et du CNRS, s’y effectue en collaboration avec les autres bibliothèques du site Cardinal Lemoine (Bibliothèque byzantine notamment et Études sémitiques). Le travail de catalogage en lien avec Catherine Piganiol (service général des Bibliothèques et Bibliothèque byzantine) a été engagé et mené à bien par Abdallah Khaldi de 2003 à 2008, afin d’enrichir la base bibliographique commune du Collège de France. 442 MICHEL TARDIEU Publications — « L’anneau perdu du roi Salomon : conte syriaque de la plaine de Mossoul », dans J.-L. Bacqué-Grammont (éd.), L’image de Salomon. Sources et postérités (Cahiers de la Société Asiatique, Nouvelle série 5), Paris-Louvain-Dudley, Peeters, 2007, p. 199-208. — « Le schème hérésiologique de désignation des adversaires dans l’inscription nestorienne chinoise de Xi’an », dans Christelle Jullien (éd.), Controverses des Chrétiens dans l’Iran sassanide (Studia Iranica 36, Chrétiens en terre d’Iran II), Paris, Association pour l’avancement des Études iraniennes, 2008, p. 207-226. — « Le sinapisme du missionnaire manichéen (P. Kellis Copte 35) », dans Estelle Oudot & Fabrice Poli (éd.), Epiphania. Études orientales, grecques et latines offertes à Aline Pourkier (Études anciennes, 34) Nancy, ADRA, & Paris, De Boccard, 2008, p. 461-472. — « L’apparition d’Aristote au calife al-Ma’mûn », Mélanges en hommage à Didier Pralon, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2008. Autres activités — Président du jury de soutenance de l’HDR de Florence Jullien, « Histoire des institutions et traditions du monde syriaque », Université de Provence, le 13 octobre 2007. — Présidence du Colloque international « Barhebraeus et la renaissance syriaque », organisé par Denise Aigle, Collège de France, 3 décembre 2007. Communication : « Le but de Barhebraeus dans les Histoires drôles » ; ce Colloque est l’objet d’un article, cosigné par D. Aigle et M. Tardieu, dans la Lettre du Collège de France, n° 22, février 2008, p. 32. — Participation aux travaux collectifs du projet de l’Agence nationale de la recherche, CENOB (Corpus des énoncés des noms barbares) avec les groupes de Padoue et de Bruxelles, EPHE-Sciences religieuses, le 7 mars 2008, et Collège de France, le 17 juin 2008. — Invitation aux Journées doctorales de l’université d’Aix-en-Provence sur les littéralismes dans les fondamentalismes, Le Caire, IFAO, 6-9 avril 2008. Communication : « Ignorer ce que lire veut dire chez les Sûryanis ». — Codirection de la thèse de doctorat de Lucia Saudelli (ATER au Collège de France), Héraclite et le témoignage de Philon d’Alexandrie, en co-tutelle franco-italienne (École Pratique des Hautes Études, Université « Carlo Bo » d’Urbino) et président du jury de soutenance, Paris, EPHE, 3 juillet 2008. — Présidence du Colloque international « Les monachismes d’Orient. Images, échanges, influences », organisé par Fl. Jullien et M.-J. Pierre, Collège de France, 11 juin 2008. Communication : « L’image des moines et des monastères dans les contes oraux syriaques ». — Participation au Colloque international « La pluralité interprétative. Fondements historiques et cognitifs de la notion de point de vue », organisé par A. Berthoz, C. Ossola, Br. Stock, Collège de France, 12 et 13 juin 2008. Communication : « Le pluralisme religieux ». — Participation au colloque international « Paul Pelliot (1878-1945). De l’histoire à la légende », organisé par Jean-Pierre Drège, Collège de France et Académie des Inscriptions et belles-lettres, jeudi 2 - vendredi 3 octobre 2008. Communication : « Les Chrétiens d’Orient dans l’œuvre de Paul Pelliot ». HISTOIRE DES SYNCRÉTISMES DE LA FIN DE L’ANTIQUITÉ 443 — Colloque international « Damascius et le néoplatonisme en région syrienne », organisé par Ph. Vallat, Damas, Institut Français du Proche-Orient, en lien avec l’EPHE-Sciences religieuses, 27-29 octobre 2008. Communication : « Le concept hellène précoranique de religion abrahamique chez les néoplatoniciens syriens. Tenants et aboutissants de la profession de foi de Marinus de Naplouse ». — Présidence du Colloque international « Auteurs et autorité des anciens textes littéraires ou religieux. Livres des hommes, livres de(s) dieu(x) », organisé par Maria Gorea, Collège de France, 1er et 2 décembre 2008. Communication : « La notion manichéenne d’auteur entre original et copie : statut comparé des livres à textes et à images ». Activités de la chaire Florence Jullien (Chercheur associé à l’Institut du Proche-Orient ancien du Collège de France) : responsable de la gestion des périodiques, collections et ouvrages de la Bibliothèque d’histoire des christianismes orientaux ; charge de Conférence 2007-2008 à l’EPHE Section des Sciences Religieuses, chaire des Christianismes orientaux : « Le monachisme dans le golfe Persique à l’époque sassanide ; étude du texte syriaque de la Chronique d’Édesse : traduction et commentaire (fin) » ; membre associé de l’équipe CNRS Centre d’Étude des Religions du Livre (UMR 8584) ; membre statutaire du Conseil d’administration de la Société d’études syriaques. Activités — Participation à la table-ronde de la Society of Oriental and African Studies : Christianity and monasticism in Iraq, Londres, 5 mai 2007. Communication : « The Great Monastery on Mount Izla and the Defence of the East-Syrian Identity ». — Membre du conseil scientifique et de publication du Colloque « Barhebraeus et la renaissance syriaque », Collège de France, UMR 8167, Laboratoire Islam médiéval, EPHE, 3 décembre 2007 au Collège de France, organisé en collaboration avec M. Tardieu, D. Aigle et H. Teule. Communication : « Une question de controverse religieuse: la Lettre au catholicos nestorien Mar Denha Ier ». — Organisatrice du Colloque : « Monachismes d’Orient. Images, Échanges, Influences », Paris, Collège de France, 11 juin 2008. Communication : « Types et topiques de l’Égypte : sur quelques moines syro-orientaux des vie-viie s. ». — Collaboration au projet onomastique de l’Académie des Sciences de Vienne (Autriche), co-dirigé par MM. Manfred Mayrhofer et Rüdiger Schmitt, en association avec M.P. Gignoux (DR honoraire EPHE-Sciences religieuses) et C. Jullien (UMR 7528) pour l’Iranisches Personennamenbuch, dictionnaire recensant tous les noms propres d’origine iranienne dans la littérature syriaque (parution prévue à la fin de l’année 2008). — Soutenance d’une Habilitation à diriger des recherches : « Histoire des institutions et traditions du monde syriaque », Université de Provence, le 13 octobre 2007, devant un jury composé de M. P.-G. Borbone (Professeur à l’Université de Pise), M. P. Boulhol (Professeur à l’Université de Provence), M. G. Dorival (Professeur à l’Université de Provence, Institut Universitaire de France), Mme M.-J. Pierre (Directeur d’études, EPHE-Sciences religieuses), M. M. Tardieu (Professeur au Collège de France), M. D. Taylor (Professeur à l’Oriental Institute, Oxford). 444 Publications MICHEL TARDIEU — « S’affirmer en s’opposant : les polémistes du Grand monastère (vie-viie siècle) », Controverses des Chrétiens dans l’Iran sassanide (Studia Iranica. Cahier 36), Paris 2008, p. 29-40. — Articles pour l’Encyclopaedia Iranica (parution prévue également sur le site web de l’Encyclopédie) : « Xvadahoy » ; « Abraham of Kashkar » ; « Babiy the Great » ; « Dadisho‘ » ; « Rabban Shapur » ; « East-Syrian convents in Sasanian Iran », 2008. — Compte rendu de M.-F. Baslez, Les persécutions dans l’Antiquité. Victimes, héros, martyrs (Paris, Fayard, 2007, 408 p.), Les Lettres Nouvelles (à paraître). — « Le monachisme dans le golfe Persique à l’époque sassanide », Annuaire de l’EPHE Sciences religieuses, 116 (2007-2008), sous presse. — Le monachisme en Perse. La réforme d’Abraham le Grand, père des moines de l’Orient (collection Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium 622, Subsidia 121), Louvain, 2008, 293 p. Lucia Saudelli (ATER au Collège de France du 1er septembre 2007 au 31 août 2008) : en travaillant sous la direction du Professeur, elle a pu achever la rédaction de sa thèse doctorale : Eraclito e la testimonianza di Filone di Alessandria (Héraclite et le témoignage de Philon d’Alexandrie), 476 p. Cette thèse de doctorat en cotutelle franco-italienne (École Pratique des Hautes Études, Paris, et Université « Carlo Bo » d’Urbino, Italie) a été soutenue à Paris, le 3 juillet 2008 et a obtenu la mention très honorable avec félicitations du jury à l’unanimité. Mlle Saudelli a en outre contribué très activement aux recherches scientifiques collectives de la Chaire (séminaires et publications), et collaboré à l’organisation des conférences et des colloques. Comme les autres utilisateurs et utilisatrices de la Bibliothèque des christianismes orientaux, elle a pris sa part de l’enrichissement des fonds documentaires et amélioré leur consultation, en se chargeant de la gestion des périodiques. Elle a procédé au renouvellement et à la mise à jour constante de la page Internet du Professeur (bibliographie, agenda, travaux et projets de l’équipe) en lien avec la responsable du site web du Collège de France. Communications et articles — Participation au Colloque international de The International Association for Presocratic Studies, Brigham Young University, Provo, Utah (USA), les 23-27 juin 2008 ; communication : « I “cadaveri” di Eraclito (fr. 96 DK) e la polemica neoplatonica di Simplicio ». — Communication au séminaire « Noms barbares 2 », chaire d’Histoire des syncrétismes de la fin de l’Antiquité de M. le Professeur M. Tardieu, Collège de France, 18 juin 2008 : « Héraclite sur le nom de Zeus ». — Participation à la Commission de doctorat en « Discipline Umanistiche (Sciences humaines) » de l’université « Carlo Bo » d’Urbino (Urbino), 7 novembre 2007, exposé sur l’achèvement des recherches de thèse. — « Kaulakau selon l’hérésiologie chrétienne », dans : Actes du Colloque international « Noms Barbares 1 » (Collège de France, 2007), collection « Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences Religieuses », Paris, 2008 (à paraître). HISTOIRE DES SYNCRÉTISMES DE LA FIN DE L’ANTIQUITÉ 445 — « Les fragments d’Héraclite et leur signification dans le corpus philonicum : le cas du fr. 60 DK », Actes du Colloque international « Philon d’Alexandrie » (Université libre de Bruxelles, 2007), collection « Monothéismes et philosophie », Brepols, Turnhout 2008 (à paraître). — « Les fragments d’Héraclite et l’influence gnostique chez Plotin, Enn. IV 8 [6], 1 », dans Pensée grecque et sagesse d’Orient. Hommage à Michel Tardieu, Bibliothèque de l’École des hautes études, Paris, 2008 (sous presse). — « La hodos anô kai katô d’Héraclite (fr. 22 B 60 DK/33 M) dans le De aeternitate mundi de Philon d’Alexandrie », The Studia Philonica Annual, 19 (2007), p. 29-58. — Compte rendu de G.P. Luttikhuizen, Gnostic Revisions of Genesis Stories and Early Jesus Traditions (Leiden-Boston 2006), Apocrypha 18 (2007), sous presse. Anthropologie de la nature M. Philippe Descola, professeur Le cours n’a pas eu lieu. Publications — « Le commerce des âmes. L’ontologie animique dans les Amériques », in Frédéric Laugrand et Jarich Oosten (sous la direction de), La nature des esprits dans les cosmologies autochtones, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2007, pp. 3-30. — « Passages de témoins », Le Débat 147, novembre-décembre 2007, pp. 136-53. — « Umano, più che umano », paginette festival filosofia n° 9, Modène, Fondazione Collegio San Carlo, 2007. — « Préface » à Le jardin du casoar, la forêt des Kasua. Savoir-être et savoir-faire écologiques de Florence Brunois, Paris, CNRS Editions — Editions de la MSH, 2007. — « A qui appartient la nature ? »/ « Who owns nature ? », La vie des idées, publication en ligne le 21/01/2008 sur le site www.laviedesidees.fr, rubrique « Essais ». — « Sur Lévi-Strauss, le structuralisme et l’anthropologie de la nature », entretien avec Marcel Hénaff, Philosophie 98, juin 2008, pp. 8-36. — « L’ombre de la croix », in Mark Alizart (sous la direction de) Traces du sacré : Visitations, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 2008, pp. 65-88. Autres activités — Directeur d’études à l’École des hautes Études en Sciences sociales. — Directeur du Laboratoire d’Anthropologie sociale (UMR 7130 du Collège de France, du CNRS et de l’EHESS). — Président de la Société des Américanistes, vice-président du conseil scientifique de la Fondation Fyssen. 448 PHILIPPE DESCOLA Colloques, enseignements et missions à l’étranger 1. Communications à des colloques : — « La patrimonialisation des espaces naturels », colloque « Figures et problèmes de la mondialisation », Institut du Monde Contemporain, Collège de France, 14/12/2007. — « From wholes to collectives », colloque « Beyond Holism », Université de Aarhus, Sandbjerg, 4-6 juillet 2008. 2. Conférences : — Université de Besançon, département de philosophie, « Nature et modernité », le 3/10/2007. — Université de Lille 1, département de géographie, conférence-débat « L’homme et la nature : continuités, discontinuités », le 26/11/2007. — Institut national de la recherche agronomique, Paris, conférence-débat : « Une culture naturelle ou des natures culturelles ? Un point de vue anthropologique », 29/11/2007. — Université libre de Bruxelles, cycle de conférences « Cultures d’Europe », « Les natures de l’homme », le 8/02/2008. — Carl Friedrich von Siemens Stiftung (Munich), « The Making of Images. An anthropological approach », le 12/02/08. — Université de Heidelberg, European Molecular Biology Laboratory, « Beyond Nature and Culture », le 20/02/2008. — Université de Cambridge, département d’anthropologie, « Ontology and Iconology », le 6/03/2008. 3. Missions à l’étranger : Le professeur a séjourné à Munich pendant une partie de l’année universitaire à l’invitation de la Carl Friedrich von Siemens Stiftung. Chaire théorie économique et organisation sociale M. Roger Guesnerie, professeur L’équilibre général et ses modèles (suite) : macroéconomie et commerce international (2007-2008) Après avoir abordé les problèmes de la production, (2001-2002), les aspects économiques de la consommation, (2000-2001), le cours a ensuite porté l’attention sur les marchés, passant successivement en revue les marchés du travail, de l’assurance, (2002-2003), les marchés de biens et la concurrence oligopolistique (2003-2004) et enfin les marchés financiers (2004-2006). Il a fait passer l’attention en 2007-2008 des éléments d’un système, les marchés, au système lui-même, le marché, ou encore, dans le vocabulaire de la profession, de l’équilibre partiel à l’équilibre général. L’attention avait été d’abord focalisée sur le modèle abstrait de l’équilibre général d’inspiration walrassienne, tel qu’il a été rénové par la théorie économique moderne. Le cours avait ainsi procédé à un examen critique des mérites et des limites du modèle, les séminaires éclairant la construction historique et ouvrant sur des applications ou des questions connexes. La problématique de l’équilibre général, même si le cœur walrassien du sujet peut apparaître superficiellement démodé, reste au cœur de la construction de la discipline économique. Elle irrigue la culture économique contemporaine, en étant présente aussi bien dans la théorie macro-économique que dans la théorie de la croissance ou celle du commerce international. Ces sujets étaient de fait au cœur du programme traité en 2007-2008. Si comme à l’habitude, le cours s’adressait à ceux qui souhaitent avoir une vue générale sur le sujet, qu’ils en soient relativement éloignés, ou, qu’en étant plus proches, ils cherchent à s’en distancier, le champ couvert a été plus large qu’à l’habitude. La théorie du commerce international, la théorie de la croissance et la théorie macroéconomique sont trois domaines de spécialité dont le champ propre est vaste et dont les savoirs reposent sur des traditions largement différenciées. Au-delà de leur problématique commune 450 ROGER GUESNERIE d’équilibre général au sens large, il y a cependant des justifications à un traitement plus unifié de ces sujets : la macroéconomie de court terme, que j’appelle macroéconomie tout court dans la suite et la macroéconomie de long terme, c’està-dire la théorie de la croissance, sont des sujets de plus en plus imbriqués, au sens où leur analyse sollicite des modélisations plus proches aujourd’hui qu’elles ne l’étaient hier. En particulier, le rapprochement entre les techniques d’analyse utilisées au sein de ces différents sujets s’est accentué avec l’utilisation grandissante d’hypothèses à la Dixit-Stiglitz, qui permettent de rompre avec la fiction du bien unique agrégé, pour introduire une variété de biens, et ce au prix d’une symmétrisation de l’espace des biens, qui même si elle est parfois très discutable voire caricaturale, enrichit l’analyse. De fait, des modélisations voisines ont été introduites aussi bien dans les nouvelles théories du commerce international que dans la théorie de la croissance endogène ou les nouveaux modèles keynésiens qui, aujourd’hui, donnent un rôle central à la concurrence oligopolistique. Le cours a normalement débuté par un bref rappel de la présentation faite antérieurement de l’équilibre général walrassien. Ce rappel mettait en exergue les forces de l’approche aussi bien que ses point aveugles ; il soulignait aussi la logique équilibre général de sujets qui allaient être abordés. Après cette introduction, la première partie du cours, intitulée, « traditions et modernité de la modélisation » faisait un tour d’horizon des modèles canoniques de chacun des sujets qui allaient être abordés, en soulignant les continuités et les ruptures. La théorie traditionnelle du commerce international a d’abord été présentée de façon à en faire apparaître à la fois la logique, les limites et les ambiguïtés descriptives ou normatives. L’argumentaire de l’avantage comparé de Ricardo, puis la logique de l’égalisation du prix des facteurs ont d’abord été brièvement rappelés pour être ensuite plus systématiquement réexaminés dans le cadre traditionnellement retenu, celui d’un modèle (dit modèle 2-2-2 ou modèle d’Heckscher-Ohlin) à deux biens, deux facteurs de production et deux pays. La clé de l’analyse tient dans la description des caractéristiques — primales en termes de quantités ou duales, en termes de prix — de la production agrégée atteignable, avec ou sans mobilité des facteurs, dans chacun des pays et dans « le monde » formé de ces deux pays. L’hypothèse de non renversement des intensités factorielles, qui donne un sens non ambigu au fait qu’un bien est plus intensif en un facteur qu’un autre, permet de renforcer les conclusions pour obtenir les énoncés célèbres de Stolper-Samuelson ou de Ribczinskii. Les outils ainsi mis au point ouvrent la porte à la meilleure compréhension des effets de l’ouverture du commerce, tant en ce qui concerne la structure de la production, (spécialisation ou non), que les effets sur la rémunération des facteurs dans chacun des pays participants. La théorie voit ainsi l’échange des biens, au moins jusqu’à un certain point, comme un voile à l’échange des facteurs. Tel était bien le point de vue d’Heckscher qui interprétait l’échange de produits THÉORIE ÉCONOMIQUE ET ORGANISATION SOCIALE 451 industriels européens contre des produits agricoles australiens au xixe siècle, comme l’échange du « travail européen contre la terre australienne ». La macroéconomie de court terme a été l’objet de débats intellectuels vifs depuis le début des années cinquante, débat dont le cours a tenté de clarifier les enjeux et d’éclairer la genèse. Le modèle IS-LM, référence dominante ou quasi-exclusive des manuels de macroéconomie des années cinquante, a été brièvement rappelé, d’abord dans une version walrassienne, puis dans la variante proposée par Hicks pour rendre compte des idées de Keynes. Aux critiques croissantes faites à ce que l’on a pu appeler la politique économique du modèle IS-LM, et dont les remises en question radicales de la courbe de Philips constituent un point d’orgue, se sont ajoutées toute une série de contestations méthodologiques. Paradoxalement, l’effort de rénovation théorique associé aux modèles à prix fixés, dont la logique et les résultats ont été soigneusement présentés dans le cours, a souligné les faiblesses du schéma plus qu’il n’y a remédié. Mais ce sont les progrès de l’économétrie des séries temporelles, rappelés de façon rapide dans le cours, qui ont peu à peu changé la perspective de la preuve empirique. Les modèles de cycles réels, modèles à horizon infini et agent représentatif mais qui mettent en avant des mécanismes walrassiens, s’inscrivent dans cette nouvelle perspective. Les outils (méthodes récursives) nécessaires à leur analyse ont été introduits et leur fonctionnement a été présenté de la façon la plus intuitive possible. La macro-économie des cycles réels constitue apparemment un changement de paradigme (Walras contre Keynes). En fait, comme on le verra plus loin, le changement prendra dans la suite plutôt la forme d’un changement de programme. La théorie traditionnelle de la croissance a été élaborée dans les années cinquante et soixante et est associée en particulier au nom de Solow. On le sait, cette théorie rend très imparfaitement compte de toute un série de faits empiriques sur les variations des niveaux de développement, faits qui ont été discutés et mis en perspective (avec les discussions sur la « convergence »). Avant de souligner ses limites, le cours a présenté les grandes lignes de cette théorie qui fait dépendre, à population constante, l’accroissement de la production de l’accumulation du capital et d’un progrès technique exogène. L’accumulation du capital par tête, qui rejoint asymptotiquement un niveau optimal, est gouverné par l’équation d’Euler qui décrit les interactions entre épargne et taux d’intérêt. Entre cette théorie de la croissance exogène et les théories plus récentes dites de la croissance endogène, se situent toute une série de visions intermédiaires. Par exemple, l’introduction du capital humain, qui joue un rôle parallèle au capital physique et qui est produit par l’éducation, conduit à retrouver une croissance exponentielle fondée sur l’accumulation indéfinie des capitaux plutôt que sur le deus ex machina du progrès technique. Les modèles de croissance endogène décrivent un monde où la décroissance de la productivité marginale est mise en échec (elle est constante dans le modèle AK). L’accent a été mis sur ceux qui attribuent la croissance du produit soit à la multiplication des biens soit à l’amélioration des techniques, produits de la Recherche-Développement d’entreprises protégées par des brevets. Dans le 452 ROGER GUESNERIE second cas, la croissance s’appuie sur la « destruction créatrice » chère à Schumpeter. La mécanique comparée des modèles évoqués, et il s’agit en l’occurrence de mécaniques complexes, a été analysée de la façon la plus intuitive possible, Cette revue rapide de la croissance endogène constituait une transition avec la seconde partie du cours intitulée « quelques tendance récentes », à laquelle elle aurait d’ailleurs pu être rattachée. Le premier bloc de cette partie a été consacré à la macroéconomie de court terme. Plusieurs coups de projecteurs ont été donnés sur des sujets traditionnellement sensibles ou intellectuellement actifs. A ainsi été évoquée la question classique de l’effet de la monnaie sur l’activité et la position inspirée de Lucas sur les effets de relance de l’inflation non anticipée. Le cadre analytique a été rappelé, en même temps que la possibilité d’apparition de solutions hétérodoxes au problème de Lucas. Deuxième coup de projecteur, cette fois sur ce que l’on appelle le nouveau modèle keynésien. La mécanique du modèle repose sur les changements de prix opérés à intervalle aléatoire par des entreprises disposant d’un pouvoir de marché. Le modèle est keynésien au sens où les prix, révisés périodiquement, n’apurent pas les marchés comme est censé le faire le commissaire priseur walrassien, mais la solution mise en avant même si elle reste artificielle, est plus satisfaisante que celle imaginée par Walras. L’analyse est de fait quelque peu réminiscente de celle du modèle IS-LM. La hausse des prix reflète les conditions présentes du marché des intrants et les anticipations d’inflation, faisant écho aux arbitrages de la courbe de Philips tandis qu’à l’équation d’Euler peut être associée une courbe de type IS. Troisième piste : l’incomplétude des marchés. La contrainte d’endettement par exemple modifie le comportement d’épargne des ménages, en suscitant une épargne de précaution, qui n’est pas liée à des hypothèses fines sur l’aversion au risque. Ce comportement a des conséquences tant sur le niveau d’épargne global que sur la propension marginale à consommer le revenu instantané, qui prend une valeur intermédiaire entre ce que suggère le modèle keynésien élémentaire et l’équation d’Euler des modèles à horizon infini. Les contraintes d’endettement auxquelles font face les entreprises accentuent également leur sensibilité à la conjoncture bien au-delà de ce que la logique des chocs des modèles de cycle réels suggère. Le dernier bloc portait sur les nouvelles théories du commerce. En mettant en exergue les rendements croissants et la différenciation des produits, les nouvelles théories enrichissent plus qu’elles ne contredisent la théorie factorielle à la H-O. L’introduction de rendements croissants a des effets significatifs sur l’analyse du commerce dans un contexte H-O, (« home magnification effect »). La concurrence sur les produits différenciés ajoute une dimension supplémentaire de gains à l’échange : le commerce enrichit la gamme des produits disponibles pour les consommateurs des pays participants. L’argumentaire est simple et convaincant dans le contexte d’une différenciation à la Dixit-Stiglitz, plus ambigu dans le cadre de différenciation horizontale. Cet avatar récent de la théorie du commerce, tout comme l’original, n’a que des incidences limitées sur la compréhension de la THÉORIE ÉCONOMIQUE ET ORGANISATION SOCIALE 453 croissance dite « exogène ». La théorie du commerce est apparemment susceptible d’avoir des interactions plus complexes avec la croissance, lorsque celle-ci est endogène. Les mécanismes mis en évidence dans les études qui traitent de ces problèmes et évoqués dans le cours sont au moins de trois ordres : — L’accroissement de l’espace du marché dû au commerce accroît la rente de détention du brevet et donc la recherche ; en d’autres termes, la taille du marché diminue le coût de production du progrès technique. Il y a donc là un bénéfice du commerce non pris en compte dans les modèles traditionnels. Cet effet est en même temps atténué, voire inversé lorsque l’extension de l’imitation suscitée par le commerce diminue la rentabilité privée de la découverte — L’endogénéité du progrès technique conduit à reprendre en profondeur à la fois l’étude des effets du commerce sur le développement et de ses effets distributifs au Nord et au Sud sous de multiples angles. Par exemple, l’accroissement au Nord de la production de progrès technique défensif a des effets sur la rémunération relative des qualifiés et des non qualifiés. Autre exemple, la spécialisation du Nord dans les technologies de pointe n’est elle pas, comme le soutenaient les auteurs marxistes des années 60 (Emmanuel et Amin) une spécialisation avantageuse, que dénature la théorie traditionnelle de l’avantage comparé ? N’est elle pas au contraire aujourd’hui, compte tenu de la stratégie du Sud et des effets d’imitation, une planche de salut illusoire pour les pays du Nord ? Sans prétendre aller au fond de tous ces problèmes, les modèles présentés dans le cours ont permis d’esquisser des théories certes parcellaires mais semble t-il, moins superficielles que celles qui sous tendent la discussion courante de politique économique. — La question de la mobilité des facteurs a été abordée sous deux angles. D’abord, un coup de projecteur a été donné sur l’étude des conditions qui assureraient l’optimalité d’un sentier de croissance endogène d’un monde en deux blocs, sans mobilité des facteurs, Ensuite, les effets théoriques des formes prises aujourd’hui par la délocalisation, le « dégroupage » des activités, ont été discutés. Deux colloques ont été organisés en parallèle au cours. 1. Colloque sur « problèmes ouverts de la macoréconomie », 28 mai 2008 L’objet du colloque, dans la suite du cours, était de fournir une vue synthétique des recherches les plus récentes sur les fluctuations macro-économiques. Simulations, imperfections de marché, horizon des agents ont été les thèmes abordés le matin, tandis que l’après midi a mis l’accent sur les problèmes de formation des prix et des anticipations. La liste des intervenants extérieurs et des thèmes traités est la suivante : Michel Juillard (PSE) « Les simulations macroéconomiques » ; Xavier Ragot (PSE) « Macroéconomie et marchés incomplets » ; Bertrand Wigniolle (PSE, Paris I) « Modèles à générations et macroéconomie » Arnaud Chéron (Université du Maine 454 ROGER GUESNERIE et EDHEC) « Les fluctuations macroéconomiques et le marché du travail » ; Florin Bilbiie (HEC, Paris) « The new keynesian model : recent developments ». 2. La notion de biens publics mondiaux : catégorie économique et/ou juridique Mercredi 25 juin (colloque organisé avec Mireille Delmas-Marty) La notion de bien public mondial, issue de la théorie économique, se trouve depuis une dizaine d’années à l’orée d’une réception par les systèmes de droit. Fortement présente dans les théories économiques qui inspirent bien des normes juridiques, comme par exemple depuis 1992 les instruments internationaux de lutte contre le changement climatique, elle a acquis une place centrale dans la boîte à outils conceptuelle des grandes institutions internationales. Dans ce contexte, un dialogue est nécessaire, entre économistes et juristes, sur la signification et le rôle de cette notion dans le processus de mondialisation. Les intervenants extérieurs ont été Jean-Charles Hourcade, directeur d’études à l’EHESS, directeur du CIRED ; Joël Maurice, Conseil général des Ponts et École d’Économie de Paris ; Marie-Angèle Hermitte, directeur de recherche au CNRS, directeur d’études à l’EHESS ; Jean-Bernard Auby, professeur à l’Institut d’Études Politiques de Paris ; Sandrine Maljean-Dubois, directeur de recherche au CNRS ; Anne Peters, professeur ordinaire à l’Université de Bâle, chaire de Droit international public et droit constitutionnel. Activités 1. Présentations invitées à des manifestations scientifiques : — 6-8 septembre 2007 : International Conference « General Equilibrium as Knowledge from Warlas Onwards », Université de Paris I Panthéon Sorbonne. Conférence invitée, « General Equilibrium : Meanings, Wrong Interpretations, and Misleading Interpretations ». — 15 novembre 2007 : Conferencia Banco Central de Chile, Santiago de Chile. Conférence invitée, « Macroeconomic and Monetary Policies from the Eductive Viewpoint ». — 30 mai : Warwick, conférence en l’honneur de C. Blackorby, conférence invitée : « Long run discount rates for environmental goods ». — 14 juin : Salerne, Gerard Debreu lecture, European workshop of mathematical economics, « Expectational coordination in economic contexts : a comparison of competing “eductive” criteria ». 2. Autres participation à des Conférences : — 15-16 juin 2007 : Colloque « Complementarities and Information », Barcelone. Présentation du texte : « Expectational Coordination in a classe of Economic Models Strategic Substitutabilities versus Strategic Complementarities ». THÉORIE ÉCONOMIQUE ET ORGANISATION SOCIALE 455 — 28-29 septembre 2007 : Workshop Paris X-Nanterre, « Expectations, Indeterminacy, and Economic Policy ». Conference intitulée « Expectational Coordination in a Class of Economic Models : Strategic Substitutabilities versus Strategic Complementarities ». — 1er octobre 2007 : Table ronde dans le cadre du colloque « Climate and Development in the Changing World Order : Untying the Gordian Knot », Paris. Discussion de Joseph Stiglitz (Columbia University) et Michael Grubb (Cambridge University, UK). — 12 décembre 2007 : Colloque « Economie et finance du développement durable : approches quantitatives », Université Paris Dauphine. Conference intitulée « Le calcul coûts-avantages des politiques climatiques ». 3. Autres présentations invitées — 10-11 septembre 2007 : World Bank Executive Directors’ Colloquium 2007, « Climate Change : Implications for the Bank’s Mission for Sustainable Development ». Conférence invitée « Optimal and Second-Best Carbon Mitigation Regimes ». — 17 octobre 2007 : European University Institute, Max Weber Lecture, « Global Warming and Climate Policies ». — 1er décembre 2007 : Colloque « Finance et développement durable : opposition ou partenariat ? », Principauté de Monaco. Conférence invitée « La conception économique des politiques climatiques ». 4. Séminaires — 16 octobre 2007 : European University, Florence. Séminaire « Expectational Coordination in Financial Markets ». — 23 octobre 2007, Columbia University, « Questions about climate policies ». — 24 octobre 2007, Institute for Advanced Studies, Princeton, « Expectational Coordination in a classe of Economic Models Strategic Substitutabilities versus Strategic Complementarities ». — 7 avril 2008 : séminaire Paris 1, « La coordination des anticipations en macroéconomie et politique monétaire : le point de vue « divinatoire ». — 20 mai, séminaire Centre Applications de Mathématiques Sociales, « La coordination des anticipations des agents économiques : une introduction au point de vue « divinatoire ». 5. Autres interventions — 5 juin 2007 : Rencontres Economiques de l’Institut de la Gestion Publique et du Développement Economique, « La Régulation de l’économie en France et en Europe ». Intervention intitulée « Le marché et les règles : quel rôle pour les politiques de concurrence ». — 24 septembre 2007 : Première rentrée solennelle de Clermont Université, conférence « Les enjeux des politiques climatiques ». — 18 et 19 octobre 2007 : Colloque de rentrée du Collège de France, intervention sur le thème « La suprématie des actionnaires en question(s) ». — 10 décembre 2007 : Colloque de la Fédération Française des Sociétés d’Assurance sous le titre « L’assurance et la planète », conférence plénière intitulée « Prendre la mesure du réchauffement climatique ». — 13 et 14 décembre 2007 : Colloque “Figures et problèmes de la mondialisation” sous les auspices de l’Institut du Monde Contemporain du Collège de France. Conférence intitulée “Gouvernance, marché, mondialisation”. remise du rapport au ministre. Alain Trognon. 29 mai. Paris : Débat avec Francis Mer sur l’Europe et la politique climatique. Divers — Présidence du comité d’audit sur « les Sciences Economiques et Sociales au lycée » Réunions 20 mars. — 20 juin 2008 : Conseil d’administration de l’université de Cergy-Pontoise. Marseille. 25 mars. et Roger Guesnerie. — 18 janvier 2008 : participation au Conseil Scientifique de l’IDEP. Armand Hatchuel. 10 avril 2008 — Présidence du Conseil scientifique. — Rapport au Ministre de l’Education Nationale de la mission d’audit des manuels et programmes de sciences économiques et sociales au lycée. — 12 février 2008 : Anniversaire du CEPII. 2008. 8 avril. — 11 avril : Intervention étudiants M1 PSE sur « science économique et mathématiques ». 12 juin 2008. Journées de l’Economie : 31 janvier. 13 mai. — 26 mai : conférence MEDAD. — 5 juin : Journée de l’Association des Comptables Nationaux. Alain Trannoy. juillet 2007. — Participation aux travaux du Comité Sen-Stiglitz. « La conception économique des politiques climatiques ». 12 ou 16 juin. 18 avril. dans le cadre des journées Prebat. juillet 2008. — 17 avril 2008 : Jury des chaires Blaise Pascal.456 ROGER GUESNERIE — 11 janvier 2008 : Participation et intervention au Colloque IFFRI sur les politiques climatiques. — 3 juin 2008 : Perpignan : débat avec Jean Bergougnoux. Publications Rapports — Synthèse de l’avis du CAE sur le projet d’élargissement de l’assiette des cotisations sociales employeurs. — 28 mars 2008 : Participation au Conseil Scientifique de la Revue d’Economie Politique. Groupe composé de : Michel Callon. en collaboration avec M. Christian de Boissieu. . Présidence de la session sur les « nouveaux indicateurs ». — Participation aux travaux du Conseil d’Analyse Economique. — Présidence du Comité Stratégique de l’Ecole d’économie de Paris : 12 mars. 4 juillet. — 24 juin 2008 : Bruxelles : intervention à la journée Bruegel sur la politique climatique. 9 avril. — Rapport du Groupe Guesnerie « Les Sciences Economiques et Sociales à l’Institut National de Recherche Agronomique ». — 8 avril 2008 : Présentation des conclusions du comité scientifique d’Economie et Statistique au comité de direction de l’INSEE. juillet-août 2007. p23-36 — « The design of climate policies : selected questions in analytical perspective » in « The design of climate policies ». 117. (MIT Press) (sous presse). Articles — « Commentaire sur le rapport Stern : quelques mots d’introduction ». Chapitres d’ouvrages — « The Economic design of climate institutions and policies » in « Finance and sustainable development ». 2008. 457-462. avec H. Fessler. proceedings conference Banco Central de Chile (sous presse). Revue d’Economie Politique.M Lasry et D. Economica. sous la direction de J. à paraître. — « Macro-economic and monetary policies from the “edcutive” viewpoint ». Guesnerie et Henry Tulkens. Paris.THÉORIE ÉCONOMIQUE ET ORGANISATION SOCIALE 457 Ouvrages (direction) — « The design of climate policies ». Tulkens. . sous la direction de R. . la notion de majorité peut s’imposer aisément à l’esprit. En tant que procédure. mais il n’en va pas de même si elle est comprise sociologiquement. L’enjeu décisif était de marquer une différence quant à l’origine du pouvoir et aux fondements de l’obligation politique. Une légitimité définie en ces termes s’est d’abord naturellement imposée comme rupture avec un ancien monde où des minorités dictaient leur loi. Nous en sommes toujours restés là. Pierre Rosanvallon. Leur assimilation routinière a fini par masquer la contradiction latente qui les sous-tendait. Partant de là. Nul ne songerait à la contester. ni même à la réfléchir. Se sont ainsi mêlés dans l’élection démocratique un principe de justification et une technique de décision. professeur Cours : « Les métamorphoses de la légitimité (la démocratie au XXIe siècle. Le passage de la célébration du Peuple ou de la Nation. L’idée que le peuple est la seule source légitime du pouvoir s’est imposée avec la force de l’évidence. . toujours au singulier. III) » L’onction populaire des gouvernants est pour nous la principale caractéristique d’un régime démocratique. Mais elle n’a guère été discutée. et de l’autre l’adoption d’une procédure pratique de choix. Il y a d’un côté l’affirmation générale. Les deux éléments ne sont en effet pas de même nature. Cet énoncé recouvre pourtant une approximation d’importance : l’assimilation pratique de la volonté générale à l’expression majoritaire. philosophique si l’on veut.Histoire moderne et contemporaine du politique M. ou de « l’immense majorité » suffisait alors à donner corps à l’affirmation des droits du nombre face à la volonté clairement particulière de régimes despotiques ou aristocratiques. d’un sujet politique. L’évocation de « la grande majorité ». à la règle majoritaire ne va pourtant pas de soi. le principe de majorité s’est ensuite fait reconnaître dans son sens plus étroitement procédural. Le fait que le vote de la majorité établisse la légitimité d’un pouvoir a en effet aussi été universellement admis comme une procédure identifiée à l’essence même du fait démocratique. tant les deux éléments se situent à des niveaux différents. L’idée première d’une enceinte de la raison publique où serait débattue à haute voix la définition de l’intérêt général s’est de fait dégradée en un système de marchandages asservis à des intérêts particuliers. qui avait été de son côté considéré depuis l’origine comme l’institution qui résumait l’esprit et la forme du gouvernement représentatif. du peuple. Cette perspective sociologique n’a cessé d’être renforcée par le réquisit moral d’égalité et l’impératif juridique de respect des droits. l’idée que le fonctionnement du système électoral majoritaire conduit à exprimer l’intérêt social a ainsi perdu toute crédibilité. se trouva bientôt substitué le constat de l’avènement de régimes engoncés dans l’étroitesse de leurs préoccupations. Le moment électoral a continué de son côté à mobiliser les énergies et à exprimer de véritables enjeux. appelant à considérer la valeur propre de chaque membre de la collectivité. Mais il n’a plus été cette fête chaleureuse de la citoyenneté qui avait dessiné le premier horizon du suffrage universel. perdait à l’inverse sa centralité et voyait son fonctionnement changer de nature. s’est imposé à partir de cette période comme le cœur effectif de la vie politique. les signes d’un précoce désenchantement se sont pour cela multipliés de toutes parts. mais on a cessé de croire à l’automaticité de ses vertus. La partie valant pour le tout. Première assimilation doublée d’une seconde : l’identification de la nature d’un régime à ses conditions d’établissement. comme si c’était une façon acceptable d’approcher une exigence plus forte. Le principe de l’élection des gouvernants a certes toujours dessiné un horizon procédural indépassable. alors que le suffrage universel (masculin) commençait tout juste à se généraliser en Europe. dont aucun des premiers théoriciens de la démocratie n’avait envisagé l’existence et le rôle. .460 PIERRE ROSANVALLON Elle acquiert dans ce dernier cas une dimension inévitablement arithmétique : elle désigne ce qui reste une fraction. Pendant toute cette période des années 1890-1920 au cours de laquelle s’amoncellent les ouvrages qui auscultent la « crise de la démocratie ». entraînant le règne des rivalités personnelles et des coteries. et donc d’un peuple figure de l’ensemble de la société. Or la justification du pouvoir par les urnes a toujours implicitement renvoyé à l’idée d’une volonté générale. et le moment électoral valant pour la durée du mandat : tels ont été les deux présupposés sur lesquels a été assise la légitimité d’un régime démocratique. Les mots de peuple et de nation qui n’avaient cessé de nourrir les attentes et les imaginations se sont alors trouvés comme rapetissés en étant noyés dans les méandres de l’agitation partisane et des clientèles. ce qui exprime la généralité sociale (le cours de 2007 avait longuement exploré la question qui n’a donc été que brièvement évoquée en 2008). Le monde électoral-parlementaire est davantage apparu gouverné par des logiques de particularité que par une exigence de généralité. Dès la fin du XIXe siècle. même si elle est dominante. au sens le plus large du terme. On a seulement fait dans comme si le plus grand nombre valait pour la totalité. Le système des partis. Le problème est que cette double fiction fondatrice est progressivement apparue comme l’expression d’une insupportable approximation. C’est ainsi l’horizon de l’unanimité qui a depuis l’origine sous-tendu l’idée démocratique : est démocratique. Au spectre du règne des masses. d’abord tant redouté par les libéraux. Le Parlement. Cette page a commencé à se tourner dans les années 1980. du fait de la relativisation et de la désacralisation de la fonction de l’élection. À côté de la légitimité d’établissement. Celle-ci a cessé d’être la simple courroie de transmission du pouvoir politique pour acquérir une marge d’autonomie fondée sur la compétence. et la légitimité comme adéquation à une norme ou à des valeurs. On a voulu que la « machine bureaucratique » puisse constituer en elle-même une force identifiée à la réalisation de l’intérêt général. Se liaient de la sorte les deux grandes façons de concevoir la légitimité : la légitimité dérivée de la reconnaissance sociale d’un pouvoir. appelant structurellement les fonctionnaires à s’identifier à leur mission. une deuxième appréhension de la légitimité démocratique a ainsi vu le jour : celle d’une identification à la généralité sociale. C’est en effet pendant cette période que s’édifie partout un État plus fort et mieux organisé. Dans le cas français. dans les faits. seront explorées. Le fait important est que son développement a été indissociable d’une entreprise de refondation de ses principes. Mais du sein de ce bouillonnement. à devenir « intéressés au désintéressement ». Les voies les plus extrêmes. la recherche d’un accès à la généralité par les vertus d’une gestion scientifique. la vision d’une sorte de corporatisme de l’universel. Les modèles du service public en France et de l’administration rationnelle aux Etats-Unis. vont s’efforcer de déterminer les moyens permettant à l’idéal démocratique de retrouver sa dimension substantielle primitive. Le but a été de corriger le projet problématique d’une expression unifiée des volontés par une forme de mise en œuvre plus réaliste et plus objective de la généralité sociale.HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE DU POLITIQUE 461 Face à ce qui a été ressenti comme un profond ébranlement. les régimes démocratiques ont ainsi progressivement reposé sur deux pieds : le suffrage universel et l’administration publique. La légitimation par les urnes a d’abord reculé. allant même jusqu’à ériger un moment le projet totalitaire en figure désirable du bien public. ont alors illustré les deux grandes façons de penser la poursuite de cet objectif. on le sait. Sans que les choses n’aient jamais été pleinement conceptualisées. De l’autre. celle-ci valait mandat indiscutable pour gouverner ensuite . au moins partiellement. des Lumières à Auguste Comte. ces années 18901920. Les « jacobins d’excellence » de la haute administration l’ont incarnée au même titre que les élus du peuple. encadrant la Grande Guerre. Cette entreprise a alors effectivement commencé à prendre corps. Elle a. celle de la consécration par les urnes. joué un rôle décisif en tant qu’élément compensateur de l’affaiblissement de la légitimité électorale. avaient donné à partir du tournant du XXe siècle une certaine assise aux régimes démocratiques. avaient invité à réaliser le bien public à l’écart des passions partisanes. va aussi émerger de façon plus discrète ce qui modifiera en profondeur les régimes démocratiques : la formation d’un véritable pouvoir administratif. ces deux dimensions de « l’arche sainte » du suffrage universel et du service public ont explicitement superposé leurs valeurs respectives dans l’idéologie républicaine. À l’âge « classique » du système représentatif. D’un côté. qui. Se trouvaient de la sorte réactualisés et réinsérés dans l’univers démocratique les anciens idéaux du gouvernement rationnel et de la politique positive. procédurale et substantielle. Ces deux formes croisées de légitimité. Si le sentiment d’une perte. politiques et parlementaires. en affaiblissant la respectabilité de l’État et en invitant à ériger le marché en nouvel instituteur du bien-être collectif. De nouvelles attentes citoyennes sont d’abord apparues. en effet. et partant des ressorts et . surplombant une société considérée comme mineure. une sorte de recomposition silencieuse s’est aussi engagée. s’est fortement fait ressentir. il s’éprouve plutôt comme une succession d’histoires singulières. « Peuple » est désormais aussi le pluriel de « minorité ». Plus concrètement. de compassion ou de proximité se sont par exemple affirmées de façon sensible. La minorité n’est plus la « petite part » (devant s’incliner devant une « grande part ») : elle est devenue une des multiples expressions diffractées de la totalité sociale. a changé de sens. L’élection a dorénavant une fonction plus réduite : elle ne fait que valider un mode de désignation des gouvernants. L’intérêt du plus grand nombre. L’aspiration à voir s’instaurer un régime serviteur de l’intérêt général s’est exprimée dans un langage et avec des références inédites. La haute fonction publique s’est trouvée la plus atteinte par cette évolution. La reconnaissance d’une technocratie parée des vertus de la rationalité et du désintéressement a aussi perdu son évidence dans une société plus lucide et plus éduquée. C’est pourquoi les sociétés contemporaines se comprennent de plus en plus à partir de la notion de minorité. est devenu du même coup économiquement inopérant et sociologiquement inacceptable. De son côté. La rhétorique néo-libérale a joué son rôle. correspondant à une appréhension renouvelée de la généralité démocratique. de pluralité. ne semblant plus capable d’incarner une force d’avenir dans un monde plus ouvert et moins prévisible. On présupposait en effet que les politiques à venir étaient incluses dans les termes du choix électoral. La notion de majorité. Le pouvoir administratif a donc été dépossédé des éléments moraux et professionnels qui lui avaient autrefois permis de s’imposer. une addition de situations spécifiques. d’un autre côté. La société se manifeste désormais sous les espèces d’une vaste déclinaison des conditions minoritaires. Les valeurs d’impartialité. ne peut plus être aussi facilement assimilé que dans le passé à celui d’une majorité. aux programmes bien définis et aux clivages clairement dessinés. le pouvoir administratif a été fortement délégitimé. L’affaissement de l’ancien système de double légitimité et les divers changements qui l’ont à la fois provoqué et accompagné à partir des années 1980 n’ont pas seulement entraîné un vide.462 PIERRE ROSANVALLON « librement ». Le « peuple » ne s’appréhende plus comme une masse homogène. structuré par des organisations disciplinées . Elle n’implique plus une légitimation a priori des politiques qui seront ensuite menées. L’affaiblissement de sa légitimité s’est ainsi ajouté à celui de la sphère électorale-représentative. Si elle reste parfaitement définie en termes juridiques. L’ancien style d’une action publique « bienveillante ». les nouvelles techniques d’organisation des services publics (le New Public Management) ont surtout introduit des méthodes qui ont conduit à dévaloriser la figure classique du fonctionnaire comme agent patenté de l’intérêt général. du seul fait de l’inscription de ce dernier dans un univers prévisible. elle l’est beaucoup moins en termes sociologiques. voire d’une décomposition. Ce n’est plus le cas. et plus encore de discerner les nouvelles formes démocratiques vers lesquelles il pourrait positivement évoluer. d’approcher l’objectif de constitution d’un pouvoir de la généralité sociale. Le service public renvoie quant à lui à l’idée d’une généralité objective : le fait que la raison publique ou l’intérêt général soient en quelque sorte identifiés aux structures mêmes de l’État républicain. à leurs équivoques. Devant l’affaissement ressenti de ces deux façons d’aborder les choses. Il convient donc de le décrire. Elle définit un pouvoir appréhendé comme un lieu vide. et à une variable de comportement (le maintien de la distance ou de l’équilibre).HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE DU POLITIQUE 463 des formes de la légitimité. Tout ceci dessine un paysage fort contrasté dont il faut appréhender la consistance et le devenir. Pour bien prendre la mesure de cette évolution. Le trait majeur qui caractérise le tournant des années 1980 consiste dans une reformulation latente des termes dans lesquels l’impératif démocratique d’expression de la généralité sociale est appréhendé. L’essentiel est en effet de tenter de dégager les concepts qui peuvent rendre intelligible ce monde émergent. Mais en même temps de ne pas en rester à ce stade. Tout en gardant le souci d’une description des discours et des expériences. La généralité est dans les deux cas considérée comme susceptible d’être adéquatement et positivement incarnée. Des institutions comme les autorités indépendantes ou les cours constitutionnelles ont parallèlement vu leur nombre et leur rôle s’accroître considérablement. — La réalisation de la généralité par le biais d’un travail de pluralisation des expressions de la souveraineté sociale. Une autre façon de gouverner semble enfin s’être esquissée avec la place croissante prise par l’attention à l’image et à la communication. plus indirectes. voire à leurs dangers. C’est une généralité négative. Le but est là de compliquer les sujets et les formes de la démocratie pour en réaliser les objectifs. La qualité de généralité d’une institution est constituée dans ce cas par le fait que personne ne peut se l’approprier. Leur description a été au cœur des développements du cours : — La réalisation de la généralité par détachement des particularités. Se mêlent encore de façon confuse l’esquisse de nouveaux possibles et l’amorce de pathologies menaçantes. C’est elle qui définit la position d’institutions comme les autorités de surveillance ou de régulation et les distingue au premier chef d’un pouvoir élu. Rien ne semble en effet joué. en restant attentifs à leurs inachèvements. C’est une généralité de démultiplication. Il s’agit notamment de corriger les inaccomplissements résultant de l’assimilation d’une majorité électorale à la volonté du corps social appréhendé dans sa globalité. Le suffrage universel repose sur une définition agrégative de cette dernière : c’est la masse des citoyens-électeurs dont l’expression dessine la figure de la volonté générale. on peut déceler l’émergence de trois autres manières. On peut considérer qu’une cour constitutionnelle participe d’une . distance raisonnée et organisée vis-à-vis des différentes parties impliquées dans une question. Elle renvoie à la fois à une variable de structure qui en est le support (le fait d’être indépendant). il faut repartir des visions précédemment dominantes de cette généralité. il convient donc de forger les idéaux-types qui permettraient de penser la maîtrise de cet univers en gestation. . mettant à distance toutes les particularités. Il y a dorénavant bien d’autres façons. d’être reconnu comme démocratiquement légitime. comme ce que suggéraient les notions de volonté générale et d’intérêt général. qui signifie prise de distance avec les cas d’espèces pour accéder à une conceptualisation. exprimant ce qu’on pourrait appeler le peuple principe. À rebours de l’approche de la constitution du social par un principe d’égalité juridique. du peuple-veto et du peuple-juge dessinant leur nouvelle vitalité en contrepoint de celle d’un peupleélecteur effectivement plus morose. Ce type de généralité est associé à une qualité de comportement. 1. — La réalisation de la généralité par prise en considération de la multiplicité des situations. La généralité constitue dans cette perspective un horizon régulateur . qui s’intéresse aux problèmes de tous. Dans La Contre-démocratie. Elles correspondent en quelque sorte aux trois stratégies possibles pour explorer un univers dans sa totalité : le considérer au télescope. La vie des démocraties s’élargit donc de plus en plus au-delà de la sphère électorale-représentative. le parcourir par des itinéraires différents. Ces différentes façons d’envisager la réalisation de la généralité ont en commun de reposer sur une approche de la totalité sociale qui n’est comprise ni sur le mode d’une agrégation arithmétique (avec l’idéal sous-jacent d’unanimité). multiplier les coupes au microscope. marquée par le souci des individus concrets. reconnaissance de toutes les singularités sociales. Cette véritable révolution de la légitimité participe d’un mouvement global de décentrement des démocraties. On pourrait parler pour cela d’une pratique de « descente en généralité » 1. C’est une généralité d’attention à la particularité. Trois nouvelles figures de la légitimité ont en conséquence commencé à se dessiner : la légitimité d’impartialité (liée à la mise en œuvre de la généralité négative) . j’ai ainsi décrit comment de nouvelles formes d’investissement politique avaient émergé. par l’étendue d’un champ d’attention. la légitimité de proximité (suivant la généralité d’attention à la particularité). la généralité est définie dans ce cas par un projet de prise en compte de la totalité des situations existantes. Par opposition à la notion sociologique usuelle de « montée en généralité ». il résulte de l’action d’un pouvoir qui n’oublie personne. les figures du peuple-surveillant.464 PIERRE ROSANVALLON telle entreprise lorsqu’elle veille à passer au tamis de la règle constitutionnelle. les décisions du parti majoritaire. Il est lié à un art de gouvernement qui est aux antipodes de la vision nomocratique. la légitimité de réflexivité (associée à la généralité de démultiplication) . Elle procède d’une immersion radicale dans le monde de la particularité. ni dans une perspective moniste (avec la référence à un intérêt social conçu comme la propriété stable d’un corps collectif ou d’une structure). à la fois concurrentes et complémentaires de la consécration par les urnes. Se prolonge en effet sur ce terrain la perte de centralité de l’expression électorale déjà observée dans l’ordre de l’activité citoyenne. Elles renvoient à la valorisation d’une vision beaucoup plus « dynamique » d’opérations de généralisation. elle n’est plus d’ordre substantiel. ces formes émergentes sont constituées par des qualités. elles ont un caractère hybride. Elles élargissent encore de cette façon les typologies classiques fondées sur la seule opposition de la légitimité par les fondements (input legitimacy) et de la légitimité par les résultats (output legitimacy) Cette distinction a certes son utilité : elle rappelle que la façon dont sont appréciées les actions des gouvernants entre en ligne de compte dans le jugement que portent sur eux les citoyens (et elle suggère que des instances non élues peuvent être reconnues comme légitimes pourvu qu’elles contribuent à la production de ce qui est reconnu comme socialement utile). Le régime de légitimité qui émerge conduit en effet à dépasser les termes de l’opposition traditionnelle entre les gardiens de la « généralité républicaine ». Nous avons montré dans le cours que la redéfinition de la légitimité procèdait d’une déconstruction et d’une redistribution de l’idée de généralité sociale. de réflexivité et de proximité superposent en effet les deux dimensions . surtout préoccupés par la substance des choses. et les champions d’une « démocratie forte ». La légitimité n’est donc jamais acquise dans leur cas. mais elles restent simultanément dépendantes du fait qu’elles doivent être socialement perçues comme telles. Les trois nouvelles légitimités font pour cela système. Séminaire : « L’État de la recherche en théorie politique (I) » Le séminaire a été organisé autour de six doubles séances au cours desquelles a été présenté et discuté l’état de la recherche en théorie politique dans quelques domaines essentiels. Ce point est essentiel : il traduit le fait que ces nouvelles figures sortent du cadre de la typologie usuelle distinguant la légitimité comme produit d’une reconnaissance sociale et la légitimité comme adéquation à une norme. Elles dérivent des caractéristiques des institutions. Elle reste toujours précaire. ont préparé la littérature abondante sur la démocratie délibérative. Il y a en effet plusieurs manières d’agir ou de parler « au nom de la société » et d’être représentatif. . Les légitimités d’impartialité. de leur capacité à incarner des valeurs et des principes. Ph. On peut de la sorte concevoir que leur déploiement puisse faire entrer les démocraties dans un nouvel âge. dépendante de la perception sociale de l’action et du comportement des institutions.HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE DU POLITIQUE 465 Contrairement aux légitimités d’établissement et d’identification qui étaient indissociables de propriétés considérées comme appartenant intrinsèquement à certains pouvoirs (l’élection ou le concours donnant un statut à ceux qui avaient triomphé de l’épreuve impliquée). se complétant pour définir de façon plus exigeante l’idéal démocratique. Urfalino a d’abord montré comment un certain nombre de travaux. continuellement remise en jeu. d’abord attentifs à l’intensité de la mobilisation sociale. consacrés à l’argumentation ou à la délibération. conduisant à en pluraliser radicalement les formes. dans les années 1990 et 2000. 1) Mercredi 12 mars : Philippe Urfalino (directeur de recherches au CNRS et directeur d’études à l’EHESS) : La démocratie délibérative. alors que dans les années 1960 on était loin de considérer que l’argumentation est au cœur de la vie politique. où domine le modèle souverain. en soulignant l’absence d’études systématiques en France. de défendre l’hypothèse selon laquelle un système fédéral ne doit se comprendre ni comme un Etat ni comme un Empire. et non comme un ordre politique. un renouvellement de la démocratie représentative. Elle se veut enfin. Beaud a proposé. selon Y. dans une certaine mesure. Si la notion retrouve un certain crédit. 4) Mercredi 2 avril : Pasquale Pasquino (Directeur de recherche au CNRS et Professeur à New York University) : Le principe de majorité.466 PIERRE ROSANVALLON Pour ressaisir la littérature consacrée à la démocratie délibérative. la présence des cours constitutionnelles montre les limites du principe majoritaire. dont la spécificité est qu’il permet de passer de l’égalité dans la décision (l’élection) à l’égalité dans la nomination. Mais il . l’Europe). dans la mesure où elle veut être une mise à l’épreuve de la responsabilité des gouvernants. C’est une forme politique autonome. Sintomer. à tous les niveaux. sachant que cette institution demande aux Etats souverains de se transformer en Etats-membres. à l’argumentation). La démocratie délibérative se veut comme une réponse au pluralisme : dans nos sociétés ne peut plus dominer un ordre normatif permettant un consensus. 3) Mercredi 26 mars : Olivier Beaud (Professeur à l’Université de Paris II) : Expériences et théorie du fédéralisme. Celui-ci est à la fois une règle d’autorisation et une règle de nomination. Sintomer l’a notamment montré en étudiant les usages du tirage au sort. O. contre cette littérature. 2) Mercredi 19 mars : Yves Sintomer (Professeur à l’Université de Paris VIII. La première a fondé en grande partie les réflexions sur la démocratie délibérative (qui consiste à renforcer la légitimité démocratique en faisant appel. est un effort pour mettre en place une discussion publique des affaires de la cité. Y. La démocratie participative. le fédéralisme est associé au féodalisme. et notamment des cours constitutionnelles. Or. Beaud a d’abord présenté une vue d’ensemble de la littérature consacrée au fédéralisme. directeur adjoint du Centre Marc Bloch à Berlin) : La démocratie participative. qui assume parfaitement d’être à la fois une union d’Etats et une institution. A la Révolution. c’est notamment parce que se créent des institutions internationales qui la mettent en jeu (la SDN. Il a montré que la théorie d’Habermas sur l’espace publique a ouvert deux voies. Elle est aussi une manière d’organiser une raison publique à partir de la mise en place d’argumentation. Les expériences de démocratie participative sont nombreuses et diverses. O. il importe de montrer qu’il faut la comprendre comme destinée à répondre à trois questions. P. L’élection des représentants n’est qu’une partie seulement de la réalité constitutionnelle de nos démocraties modernes. La seconde a présidé aux interrogations sur la possibilité d’une démocratie participative. Mais jamais dans cette littérature le fédéralisme n’est étudié pour lui-même : il y est souvent décrit comme une forme de décentralisation. Pasquino s’est attaché à expliciter le rôle et la légitimité des organes non élus. 6) Mercredi 16 avril : Claude Lefort (Directeur d’études à l’EHESS) : La pensée du politique : histoire et perspectives. l’écart entre deux espaces porteurs de volonté normative. — « Le sens de la Contre-démocratie ». Hiver 2007-2008. caractérisée par trois éléments. — « Identidad nacional y Democracia ». 701-715. la promotion de la délibération comme régime concurrentiel de la volonté générale. Enfin. les actes de lois votés par les représentants et les droits des représentés. Journal of History of Ideas. p. Dans l’Ancien Régime. le pouvoir monarchique était incorporé dans la personne du prince. Le conflit est alors institutionnalisé. Le principe du souverain doit être limité par un certain nombre de contrôles qui ne doivent pas être liés aux élections. La science politique méconnaît la nature profonde de la démocratie parce qu’elle laisse dans l’ombre la société dans laquelle elle s’est formée. par exemple. Claude Lefort s’est proposé d’éclairer la nature de la démocratie moderne à travers la distinction entre la politique (essentiellement tournée vers la considération du régime) et le politique. D’abord. janvier 2008. pp.HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE DU POLITIQUE 467 ne consiste pas à choisir une politique. Mais le principe de majorité ne peut décider de tout : il ne peut. Ce qu’il faut souligner. il est en crise parce qu’on considère qu’il pèse sur les institutions issues du vote populaire. 5) Mercredi 9 avril : Dominique Rousseau (Professeur à l’Université de Montpellier I) : Constitutionnalisme et démocratie. 1113-1115. c’est qu’il impose une forme spécifique d’égalité (toutes les opinions ont le même poids). octobre 2007. Commentaire. doctrine qui pense la démocratie par la constitution. Rousseau. qui veut en penser les conditions sociales. 104-120. — « L’Universalisme démocratique : histoire et problèmes ». . Ce qui le justifie. Esprit. le pouvoir dans une démocratie ne peut exister qu’en quête de sa légitimité. Volume 68. Publications scientifiques — « Intellectual History and Democracy ». selon D. Or. c’est un lieu vide. que pose la question du constitutionalisme. Numéro 4. Ensuite. La démocratie n’est pas localisable dans la société : elle est une forme de société. l’avènement de la société des individus comme objet de la constitution. n° 120. c’est que la constitution comme garantie des droits fondamentaux produit une démocratie d’un certain type. Au nom de quoi interdire au peuple de vouloir ce qu’il veut ? C’est la question. La démocratie n’est pas réductible à un certain nombre d’institutions. n° 47. février 2008. p. Archivos del Presente. La démocratie introduit dans cette perspective un bouleversement : le pouvoir n’est plus incorporé. abolir la séparation des pouvoirs ou remettre en cause des droits établis comme inviolables. Diasporiques. 30 novembre 2007 : Social Citizenship. 31 mai 2008 : Situation de la démocratie contemporaine. Paris-Normandie. 21 novembre 2007 : L’Avenir de l’idée de nation dans un monde globalisé. 10 janvier 2008. Le Théatre des idées. 24 novembre 2007. — « Le politique doit prouver son action » (entretien). 2e trimestre 2008. . — « Una democracia de espíritu religioso » (entretien). — Université La Sapienza (Rome).468 PIERRE ROSANVALLON Vulgarisation de la recherche — « La desconfianza es una virtud civica » (entretien). — « Entretien ». Página 12 (Argentine). — « Le nouvel âge des démocraties ». Conférences invitées à l’etranger — Institut Français du Royaume Uni (Londres). — « Peuple. — Séminaire du Gouvernement basque (Vitoria. — « La actividad diaria de los ciudadanos es actuar la desconfianza » (entretien). — « On fait comme si… » (entretien). 8 novembre 2007 : Democracy and European Institutions. p. — Université de Buenos-Aires (Argentine). 26 novembre 2007. — Maison « Vlaams-Nederlands Huis de Buren » (Bruxelles). 30 septembre 2007. — Alliance Française de Buenos-Aires (Argentine). 2008. public : Comment peut-on être vraiment démocrate ». Página 12 (Argentine). — « Un intelectual lejos panfleto » (entretien). 356-367. Ouest-France. La Nacion (Argentine). Espagne). décembre 2007. El Watan (Algérie). 25-26 avril 2008. 26 novembre 2007. in Nicolas Truong (éd). — Grandes conférences d’El Watan (Alger). Alternatives Économiques. 18 avril 2008 : La nouvelle légitimité démocratique. — Université de Leuwen (Belgique). Colloque européen d’Amalfi (Italie). Flammarion. 6 mai 2008. 26 avril 2008 : La démocratie et ses ennemis. n° 44. Clarin (Argentine). 29 novembre 2007 : La Démocratie multiple. 20 novembre 2007 : Confianza y desconfianza en la democracia. hors série n° 77. — « La démocratie face au marché ». dont cette recherche voudrait percer le mystère. 6 shilling et 8 pence à John Heminge. la somme de 6 livres. Enseignement et recherche A. officiellement désignés comme Grooms of the Chamber. les Comedies. Histories. & Tragedies de Shakespeare. six figureront dans le Folio de 1623 où le même John Heminge et son compagnon de scène Henry Condell réuniront. Un mois et demi plus tard. jouées elles aussi dans le palais royal et parmi elles « Cardenno ». il mentionne le versement de 93 livres. d’une pièce « called Cardenna ». Cardenno ou Cardenna. Londres 1613 En date du 20 mai 1613. C’est cette pièce. Le même « warrant » ordonne le paiement de soixante livres au même John Heminge pour les représentations de six autres pièces. l’un des acteurs et propriétaires de la troupe des King’s Men.Écrit et cultures dans l’Europe moderne M. Cours Les quatorze heures du cours donné entre octobre et décembre 2007 ont été consacrées à exposer les premiers résultats d’une recherche dont le point de départ se trouve dans un registre de comptes. au nom variable. professeur 1. celui où furent inscrits les paiements faits par le Trésorier de la Chambre du roi d’Angleterre. . Roger Chartier. 13 shilling et 4 pence est payée à John Heminge et « the rest of his fellows his Majesties servants and Players » pour la représentation devant le duc de Savoie. le prince électeur du Palatinat] ». pour la première fois. pour les représentations de quatorze pièces données durant les semaines ou les mois précédents devant « the Princes Highnes the Lady Elizabeth [la fille de Jacques Ier] and the Prince Pallatyne Elector [Frédéric. le 9 juillet 1613. hôte du souverain anglais. De ces quatorze pièces. parée des insignes monarchiques. le catafalque du prince Henry et son effigie de cire. Don Quichotte le rencontre au chapitre XXIII (de fait. qui par désespoir d’amour a fait retraite dans la Sierra Morena où il se conduit en homme sauvage. and Ed. En 1623. Il ne fait pas de doute. la pièce situe dans la péninsule ibérique un thème majeur des drames élisabéthains : les implacables obligations de l’honneur outragé. Les festivités des douze jours et du Carnaval sont donc marquées par la douleur du deuil et la joie de l’hyménée. et la référence espagnole. il a publié The Hospitall of incurable fooles de Tomaso Garzoni. et le 14 février 1613.470 ROGER CHARTIER Parmi les vingt pièces mentionnées par le paiement de la Chambre du Roi. Blount. il sera l’un des quatre libraires londoniens qui éditeront le Folio de Shakespeare et le seul dont le nom est mentionné à la dernière ligne de la page de titre : « Printed by Isaac Jaggard. Les malheurs de Cardenio. théâtral et éditorial. inspiré par Sénèque. qui fait du vice-roi du Portugal un tributaire du roi d’Espagne entré . Écrite entre 1582 et 1591. même si l’intrigue. Un à peine après sa traduction par Thomas Shelton. politike and militarie discourses de Montaigne dans la traduction de John Florio (dont il avait édité en 1598 le dictionnaire italien-anglais A Worlde of Wordes). sont exposés dans l’abbaye de Westminster. le chapitre IX du Troisième Livre du volume de 1605 qui était divisé en quatre parties) et il apprend son nom et son histoire au chapitre suivant. en effet. jour de la Saint Valentin. The Spanish Tragedy de Thomas Kyd. le visage brûlé par le soleil. né à Cordoue. en 1603 The Essayes or morall. pourquoi s’attacher plus particulièrement à « Cardenno » ? À l’évidence parce que ce titre renvoie à un livre publié par Edward Blount en 1612 : The History of the valorous and wittie Knight-Errant Don-Quixote of the Mancha. sa fille Elizabeth a épousé le prince du Palatinat. avec la première et plus fameuse des pièces espagnoles. le jeune noble andalou. pouvaient fournir une belle matière pour une pièce. les habits déchirés. sautant de rocher en rocher. la localisation de l’action dramatique en Espagne : ainsi. amoureux infortuné de Luscinda et trahi par son ami Fernando. Le second contexte est celui de la forte présence espagnole sur les scènes londoniennes. The Spanish Tragedy lie avec force le thème de la vengeance. et leur dénouement finalement heureux. l’histoire de Cervantès. 1623 ». Durant tout le temps des banquets et spectacles de Noël auxquels assistent les futurs époux. que Cardenno est Cardenio. le fils aîné de Jacques Ier. John Smethwick et William Aspley. en 1604 The Naturall and morall historie of the East and West Indies du Père José de Acosta. Elle prend différentes formes. inspire une pièce anglaise représentée à la cour. avec William Jaggard. et vraisemblablement après 1585. en 1607 l’Ars aulica de Lorenzo Ducci et en 1608 Of wisdome de Pierre Charron. Tout d’abord. La traduction de Thomas Shelton s’inscrit dans un double contexte. Inaugurant le genre des « revenge plays ». dont la première partie (qui ne l’était pas encore à cette date) a été imprimée à la fin de 1604 avec la date de publication de 1605 dans l’atelier madrilène de Juan de la Cuesta. et ce. Son éditeur. avait dès avant 1612 ouvert son catalogue aux traductions : en 1600. représentée en des jours de peine et de joie à la cour d’Angleterre : le 7 décembre 1612 est mort Henry. à la fois tragédie et comédie. Edward Blount. due à William Phiston. Dans la guerre puis dans la paix. et c’est sans doute dans cette seconde partie. les dramaturges. C’est dans ce contexte d’une forte présence théâtrale et éditoriale de la littérature castillane qu’est publiée en 1612 la traduction de Don Quichotte par Thomas Shelton. la référence espagnole habite l’imagination des auteurs anglais et. La figure divertissante et dérisoire de l’extravagant Armado est comme un contrepoint rassurant aux descriptions dénonciatrices des cruautés infligées par les Espagnols aux habitants du Nouveau Monde. parmi eux. signée à Londres en 1604 et à Madrid en 1605. Un second thème espagnol sur les scènes londoniennes est celui de l’Espagnol maniéré et poltron. tel Don Adriano de Armado. le personnage ainsi nommé par Dekker s’inscrit dans la dénonciation comique de l’Espagnol matamore et couard. si l’on privilégie la remarque de l’un des personnages. qui rappelle dans le prologue ou « induction » que depuis « seven years there hath been plays at this house » [« depuis sept ans on joue des pièces dans ce théâtre »]. vaniteux et superstitieux. des allusions à l’histoire du chevalier errant apparaissent dans plusieurs pièces. Sans grand rapport avec le Lazarillo castillan. s’écarte de la réalité historique contemporaine puisque. le Citizen. pas plus invincible que le fut l’Armada de son roi. intitulée Blurt Master-Constable. rappelées pour mettre en garde contre celles qu’ils pourraient perpétrer contre les Protestants. Mais son nom même atteste que les héros des fictions espagnoles sont familiers aux spectateurs et aux lecteurs anglais qui s’amusent de leurs multiples identités. attribuée à Beaumont et Fletcher sur la page de titre des éditions de 1635 mais considérée comme écrite par le seul Beaumont par la plupart des éditions modernes. Dès avant sa publication. amoureux ridicule et bravache fanfaron. le Lazarillo de la comédie est un proche parent de Don Adriano de Armado et sa supposée bravoure est démentie par les témoins de sa couardise. le Portugal est soumis directement à l’autorité du souverain castillan. La plus fameuse est The Knight of the Burning Pestle. Sa date pourrait être soit 1611. La première traduction du roman a été publiée par Abell Jeffes en 1586. Le Chevalier à l’ardent pilon. à suivre littéralement le texte de la dédicace de son éditeur Walter Burre à Robert Keysar. soit plus probablement 1607 ou 1608. En effet. que la pièce publiée en 1602 a trouvé son Espagnol. depuis 1582. Or the Spaniards Night-walke. la pièce a sans doute été représentée quelques années auparavant par la compagnie d’enfants qui depuis 1600 jouait dans le théâtre installé dans l’ancien couvent des Blackfriars. Si la première édition quarto ne date que de 1613. Elle porte sur la scène un personnage qui porte le nom du premier des « pícaros » : Lazarillo de Tormes. Dix ans plus tard est parue une traduction de la continuation du Lazarillo. où Lazarillo est devenu soldat. dans Love’s Labour’s Lost (Peines d’amour perdues) de Shakespeare. le « master of the Queen’s Revels Children » des Blackfriars. dont l’édition quarto — la première de toutes les éditions de ses pièces qui mentionne son nom sur la page de titre — est parue en 1598. maniéré et trompé. . attribuée à Thomas Dekker. le poète alambiqué.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 471 en guerre contre lui. En 1602 le libraire Henry Rockytt publie une pièce représentée par la troupe d’enfants des Children of Saint Paul. dans le chapitre III de la Seconde Partie (parue en 1615) que l’« on a déjà imprimé plus de douze mille exemplaires de cette histoire ». qui ne se limite ni à la péninsule ibérique.472 ROGER CHARTIER L’une ou l’autre date. soit en 1607. pose la même question : celle du rapport de la pièce avec Don Quichotte dont la traduction n’avait pas encore été publiée. Elles sont le contrepoint de celles de Ralph. la communauté des libraires et imprimeurs de Londres. l’hypothèse de sa lecture dans l’une ou l’autre des éditions en castillan publiée avant 1608 : cinq en 1605 (deux à Madrid. une en 1607 (à Bruxelles). le bachelier Samson Carrasco est peut-être en deçà de la vérité si l’on rappelle avec Alonso Víctor de Paredes. sur la scène des Blackfriars pour plaire à son patron et à la femme de celui-ci. que le tirage normal d’une édition est de 1 500 exemplaires. Tel sera le cas. dictionnaires et manuels destinés à enseigner l’espagnol publiés par les éditeurs londoniens. s’il veut vraiment apprendre à connaître les femmes : « Vous devez cesser de vivre dans votre . le 19 janvier 1611. cela explique pourquoi dès cette date plusieurs dramaturges font allusion au combat du chevalier errant contre les moulins à vent — ainsi George Wilkins dans The Miseries of Enforced Marriage et Thomas Middleton dans Your Five Gallant — et pourquoi en 1609 dans Epicoene de Ben Jonson Truewit donne ce conseil à Sir Dauphine. deux à Lisbonne. Le livre a été enregistré par Blount dans le Registre de la Stationers’ Company. Lorsqu’il mentionne. auteur vers 1680 du premier manuel sur l’art typographique en langue vulgaire. une en 1608 (à Madrid de nouveau). une à Valence). deux autres éditions du texte de Cervantès sont en circulation : celle de Milan en 1610 et la seconde de Bruxelles en 1611. et non dans leur parodie. d’autant qu’entre 1590 et 1605 nombreux sont les grammaires. S’il dit vrai. tout d’abord. Comment l’œuvre de Cervantès a-t-elle pu être connue en Angleterre avant la publication de sa traduction imprimée ? On ne peut écarter. la pièce représentée par les Queen’s Revels Children. compositeur et imprimeur à Séville puis Madrid. 1607-1608 ou 1611. ni à l’Amérique espagnole. Même s’il faut se garder d’une mise en parallèle trop étroite des situations et des motifs de la comédie et de l’histoire et même si Beaumont (avec ou sans Fletcher) puise son inspiration directement dans les romans de chevalerie eux-mêmes. lassés des satires contre les « Citizens » de Londres qui y sont jouées ordinairement. Avec neuf éditions parues avant 1612. et. il paraît assuré que le dramaturge connaissait les aventures de Don Quichotte. Shelton indique qu’il a traduit Don Quichotte en quarante jours cinq ou six ans auparavant. D’autres avaient pu le faire grâce à la circulation manuscrite de la traduction de Shelton avant même sa publication imprimée. Don Quichotte connaît une large circulation. de The London Merchant. Avant la traduction de Shelton. pensent-ils. « épicier errant ». dans la dédicace de sa traduction adressée à Lord Walden. en 1612. Il est plus que probable que certains lecteurs anglais ont lu Don Quichotte dans sa langue. que les hauts faits du « chevalier à l’ardent pilon » interrompront à de maintes reprises. Ce seraient donc 13 500 exemplaires du Quichotte qui circulèrent en castillan dans les dix années qui suivirent l’édition sortie de l’atelier de Juan de la Cuesta en 1605. le commis d’épicerie qui se fait « Grocer Errant ». d’ailleurs. aux cérémonies et aux fêtes. En l’absence du Cardenio de 1613. tels que les rappelle Samson Carrasco. alors. comme vous en avez l’habitude. Mais pourquoi. que c’est un peu plus du tiers des pièces représentées qui a eu au moins une édition imprimée. est tout à fait indépendant de l’histoire principale. et non du chevalier errant son héros principal ? Pourquoi annonce-t-elle par son titre que son intrigue sera celle des amours contrariées et finalement satisfaites du jeune noble andalou. Cette situation. » Les folies de don Quichotte ont donc été connues très tôt en Angleterre. c’est que son auteur y a inséré une nouvelle intitulée : Le Curieux impertinent. à partir d’une comparaison entre le nombre de titres connus et celui des textes existant. la « nouvelle » se trouve fortement et durablement liée aux pérégrinations du chevalier errant ? L’histoire de Cardenio pouvait fournir une bonne intrigue pour le genre tragi-comique. et vous rendre là où le thème est fréquent. son ami pris au jeu de la séduction. Brooks se montre un peu plus généreux et indique. n’a rien d’extraordinaire puisque la majorité des pièces représentées en Angleterre entre 1565 (date l’édition de la première tragédie anglaise. The Tragedie of Gordobuc de Thomas Norton et Thomas Sackville) et 1642 (date de la fermeture des théâtres) ne fut jamais imprimée. David Scott Kastan avance l’idée que moins du cinquième le fut alors que Douglas A. alors à la mode. le choix l’histoire de Cardenio qui présentait de plus grandes difficultés puisque. est en effet un récit dans le récit. Sa transformation en comédie était donc aisée et. Non pas qu’elle soit mauvaise ou mal écrite. seule une série d’hypothèses peut rendre compte de la décision qui transforme en une pièce de théâtre cette histoire d’amours racontée par plusieurs de ses protagonistes au fil des chapitres de Don Quichotte. Fletcher l’avait ainsi défini dans l’adresse au lecteur qui précède sa pièce. » La nouvelle du « Curieux impertinent ». dans les théâtres. The Faithful Shepherdess. et non les aventures comiques de l’hidalgo et son écuyer ? La réponse n’est pas aisée puisque jamais la pièce ne fut publiée et qu’il n’en subsiste ni édition ni manuscrit. dit le bachelier. Pourquoi. en 1608 : « Une tragi-comédie est ainsi appelée. L’un des reproches faits à Cervantès. qui occupe les chapitres XXXIII à XXXV. dans ce cas. The Second Maiden Tragedy. aux tournois. hors l’interruption créée par le combat de l’hidalgo endormi contre les outres de vin prises pour le géant usurpateur du royaume de Micomicon. alors. mais parce qu’elle n’est pas à sa place et n’a rien à voir avec l’histoire du seigneur don Quichotte. elle le fut puisqu’en 1611 une pièce de Thomas Middleton. la pièce représentée deux fois par les King’s Men à Whitehall fait-elle de Cardenio. et de Lotario (devenu Votarius). au demeurant. le mari trop curieux ou trop sûr de la vertu de sa femme. en 1613. lu à haute voix par le curé aux autres personnages (sauf don Quichotte) et qui. était d’avoir intercalé dans l’histoire du chevalier errant une « novela » : « L’un des défauts que l’on reproche à cette histoire. et parfois dans les églises. mais parce que personne . non parce qu’elle allie la gaîté aux tueries.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 473 chambre et avec Amadis de Gaule ou Don Quixote. porte sur la scène comme intrigue secondaire l’histoire d’Anselmo. à la cour. compose une comedia en trois « jornadas » ou trois actes intitulée Don Quijote de la Mancha. comme l’histoire parue en 1605.474 ROGER CHARTIER n’y trouve la mort (ce qui suffit à n’en pas faire une tragédie) bien que d’aucuns s’en approchent (ce qui suffit à n’en pas faire une comédie. Une pièce fondée sur Don Quichotte pouvait-elle ignorer son héros principal ? Ou bien devait-elle. ils représentèrent Cardenio. les adieux). laquelle doit être une représentation de personnages familiers. fidèle au texte de Cervantès. avec ses moments spectaculaires (la séduction de Dorotea par Fernando. mais les derniers vers de la pièce suggèrent qu’elle avait peut-être été représentée sous celui des « fils échangés » : « Y de los hijos trocados / aquí la comedia acaba. proposait des matériaux immédiatement utilisables pour une pièce de théâtre. peut-être en 1605 ou 1606 et en tous cas avant 1608. Si la traduction de Shelton. jouer des multiples effets que produit la rencontre entre les folies de don Quichotte et celles de Cardenio ? Le ou les auteurs de la pièce jouée à Londres en 1613 ne furent ni les seuls ni les premiers dramaturges à se confronter à un semblable dilemme. transformer en un récit linéaire ce qui était donné dans Don Quichotte comme une série de retours en arrière où chaque narration ajoutait des épisodes connus seulement par celui ou celle qui convoquait le passé dans sa mémoire ? Et. . à jamais fameux pour ses Mocedades del Cid. mais leurs amours sont finalement heureusement renoués et tout est bien qui finit bien. Très tôt après la publication de l’histoire. en effet. comment traiter sur le théâtre l’intrication des deux histoires qui advient dès lors que Dorotea accepte le rôle de la princesse Micomicona ? L’enjeu n’était pas mince car il pouvait conduire soit à représenter l’histoire des amours de Cardenio et Fernando sans la lier d’aucune manière aux aventures de don Quichotte. le mariage entre celui-ci et Luscinda. plus difficile encore. Comment. il n’en allait pas de même avec la construction même de l’intrigue. Quelques années auparavant. Nous ne saurons sans doute jamais comment ce que Cervantès désigne comme « ces aventures si enchevêtrées et si désespérées » (« tan trabados y desesperados negocios ») fut porté sur la scène du palais de Whitehall par les comédiens du roi lorsqu’en 1613. le dramaturge valencien Guillén de Castro. les reconnaissances et réconciliations entre les couples un temps désunis. ses dialogues dramatiques et ses monologues intérieurs. Guillén de Castro lui avait trouvé une solution. Les protagonistes y frôlent ou désirent la mort. / y del Caballero Andante / don Quijote de la Mancha » (vers 3100-3104) [« Et des fils échangés / Finit ici la comedia. Espagne 1605-1608 Les premières planches sur lesquelles montèrent don Quichotte et Cardenio furent celles d’un « corral de comedias ». avec de ces complications qui ne mettent nulle vie en cause). Elle sera publiée à Valence en 1618 avec ce titre de Don Quijote de la Mancha. » Les amours de Cardenio entraient tout à fait dans cette définition. / et du Chevalier Errant / don Quichotte de la Manche »]. par deux fois. soit à inventer une formule qui permettait d’associer sur la scène la déraison comique du chevalier errant et la nouvelle sentimentale des amants séparés puis réunis. celui du Marquis pour Dorotea. La pièce établit d’emblée une complicité avec ceux et celles qui ont lu ou connaissent le livre paru en 1605. et chacun dans la pièce perçoit qu’il y a là une anomalie mystérieuse qui ne peut être qu’une erreur de la Nature. Avec la « comedia » de Guillén de Castro. La didascalie fait sans doute référence à la description de don Quichotte au chapitre II. le fils du Duc auprès duquel Cardenio a été envoyé. mais le fils d’un paysan nommé Lisardo. Toutes ont été publiées dans les terres ibériques du roi très catholique (sauf celle de Bruxelles en 1607) : trois à Madrid chez Juan de la Cuesta.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 475 Malgré le titre. L’indication scénique indique : « Sale don Quijote en Rocinante. devraient être autres qu’ils ne sont. une en 1608. le nombre des éditions : cinq dans la seule année 1605. La plus fondamentale est celle qui fait de Cardenio. monté sur Rossinante et dans le costume qui est décrit dans son livre »]. une en 1607. fils de duc. Ils se divertiront en reconnaissant des citations littérales et prendront plaisir aux allusions qui leur rappelleront les épisodes de l’histoire. Luscinda. et celui plus immédiatement partagé par Cardenio et Lucinda. Mais peut-on supposer que Don Quichotte était dès les premiers mois ou années qui ont suivi sa publication une histoire déjà si fortement connue ? Plusieurs données peuvent étayer une semblable hypothèse. Mey réemploie pour la page de titre de la comedia Don Quixote . ici fils de paysan amoureux d’une étoile. Guillén de Castro en montre l’incongruité dès le premier acte. Dorotea et Fernando. Cardenio. le fils de paysan. fille du paysan Fideno. l’histoire que Guillén de Castro porte sur la scène est bien celle de Cardenio. présentent une semblable inégalité de condition qui explique tant la réticence de Cardenio à avouer son amour à une jeune « dama » dont le rang est sans commune mesure avec son propre état que la résistance de Dorotea face à la passion du Marquis. Guillén de Castro procède avec l’histoire de Cervantès comme le fait don Quichotte avec les romans de chevalerie et les romances qu’il a lus. la comedia manifeste les transformations apportées à l’histoire qui lui sert de source directe. Ayant introduit cette dissymétrie des conditions dans chacun des deux couples d’amants. Ce n’est qu’à la fin de la scène XIII de la comedia (dans le découpage moderne du premier acte de la pièce) qu’entre en scène don Quichotte. met en scène le scandale des discordances entre condition et conduite. Il suppose que le livre qui raconte les exploits du chevalier errant est déjà présent dans la mémoire des spectateurs et que les mots prononcés sur la scène les feront souvenir de leur lecture. ici nommé « El Marqués ». deux à Lisbonne et une à Valence chez Felipe Mey. y el vestido como le pintan en su libro » [« Entre don Quichotte. l’état et les sentiments. non plus un fils de noble. lorsqu’il apparaît aux deux « dames ». les deux amours. Tout d’abord. De ce fait. l’imprimeur de la Primera Parte de Guillén de Castro en 1618. Dès le premier acte. en fait deux filles de joie. postées à la porte de l’auberge. et le Marquis. l’histoire de Cardenio. A la noblesse de cœur et la bravoure du paysan Cardenio s’opposent la vilenie et la couardise du fils du Duc. le chevalier errant et son écuyer. surnom d’Amadis de Grecia. Ensuite. Guzman de Alfarache]. dans les divertissements de cour et les mascarades populaires qui prolongent la longue tradition parodique qui. rédigée en castillan par un voyageur allemand. dès le milieu de 1605. en 1605 ou 1606. d’autres entrent dans la carrière comme s’ils étaient le « Cavallero Antártico ». monté sur un pauvre roussin (« hum pobre quartão ruço »). la corrida qui a lieu sur la place de l’hôtel de ville inclut la « Aventuras del caballero don Quijote » et les festivités s’achèvent avec un pastiche des réjouissances de la cour. très précoce est la présence des deux héros de l’histoire. a accueilli dans les joutes et tournois aristocratiques des figures telles que « el Cavallero del Mundo al Revés » ou « el Cavallero que da las Higas a la Verde » — la couleur verte désignant les extravagances de la jeunesse. en 1607. alors capitale de la province de Parinacochas au Pérou.476 ROGER CHARTIER de la Mancha le même bois gravé. désigne parmi les livres de divertissement les plus appréciés des Espagnols « D. comme l’a montré Pedro Cátedra. En 1608. le portugais Thomé Pinheiro da Veiga décrit l’un de ses compatriotes. Jorge de Lima Barreto. Selon la relation manuscrite de la fête. entrant dans la lice la lance en avant. aux côtés de trois autres titres : La Celestina. d’une cape et de chausses de velours. ou « fiesta de sortija » organisées par don Pedro de Salamanca. la « Máscara de invención a lo pícaro del Dios Baco ». pour célébrer la nomination comme nouveau vice-roi de don Juan de Mendoza y Luna. apparaît d’abord. e. corregidor de Pausa. Très tôt également. qu’une Relación de las calidades de los españoles. C’est également très tôt après la publication de l’histoire. le prince Felipe. l’histoire de Cervantès était déjà suffisamment connue pour que puissent être identifiés à son héros les chevaliers les moins fortunés — ainsi ce Portugais qui utilise comme pauvre monture l’un des chevaux de sa voiture. lors de l’entrée du duc de Lerma. incorporée à ses domaines par la grâce royale. et la Primera Parte del Pícaro [i. La description n’implique pas que le noble portugais ait voulu se déguiser en don Quichotte. puis il change d’habit et concourt comme Bradaleon. qui représente un chevalier empanaché. le chevalier errant et ses compagnons sortent des pages du livre qui conte leurs aventures. la folie et. Un an auparavant. avec une compagnie de plus de cent Indiens. le « valido » de Philippe III. mais elle atteste pour le moins que. parfois. vêtu d’un grand chapeau. l’homosexualité. dans la ville de Tudela del Duero. Quixote de la Mancha ». Tous se présentent déguisés en chevaliers de romans : le « corregidor ». lors de la fête qui célèbre à Valladolid la naissance d’un héritier du trône. précédé par un « Sancho Panço » qui porte lunettes et un « habito de Christo ». plusieurs cavaliers entrent en compétition dans ce tournoi où il s’agit d’atteindre une cible placée dans la carrière. le « Cavallero . Lazarillo de Tormes. comme s’il était Don Quixóte. dès les commencements du XVIe siècle. en « Cavallero de la Ardiente Espada ». le chevalier errant se trouvait sur l’autre rive de l’Atlantique et participait avec d’autres illustres chevaliers aux joutes. marquis de Montesclaros. qui est aussi le « mantenedor » ou organisateur du tournoi. qu’il avait déjà utilisé en 1605 pour son édition de Don Quixote et en 1616 pour celle de la Segunda Parte. Le 10 juin 1605. Juan de Sarría. La nuit venue et achevée la fête où se sont côtoyés chevaliers de littérature. soit un an après leur départ de Séville. précédé par quatre « sauvages ». Miguel Méndez. en effet. comme l’indique la relation. Dans l’inventaire qui en est dressé se rencontrent 2895 volumes dont soixante-douze exemplaires de Don Quichotte. Les libraires de la métropole font ainsi parvenir de nombreux exemplaires de Don Quichotte à leurs correspondants américains. Si l’affirmation selon laquelle la quasi totalité de la première édition de l’histoire a été envoyée en Amérique semble quelque peu exagérée. L’un des compétiteurs. adresse à son confrère de Lima. ce qui l’apparente aux chevaliers parodiques des fêtes aristocratiques du siècle précédent et l’éloigne. le « Cavallero Venturoso » ou le « Dudado Furibundo » en habit de maure. dans la seule année 1605. Ce sont donc quarante-cinq caisses de livres dont le fils de Juan de Sarria accuse réception en mai 1606. juché sur son âne et portant le heaume de Mambrin. À suivre les registres de l’Archivo General de Indias. a choisi un autre héros : il entre sur la place comme le « Cavallero de la Triste Figura don Quixote de la Mancha. et par la « ynfanta Micomicona ». tan al natural y propio de como lo pintan en su libro » [« aussi exactement qu’ il est peint dans son livre »]. de la description qui le « peint » dans son livre. malgré ce que dit la relation. « anda en este rreyno disfraçado con nombre de Luis de Galves » [« est dans ce royaume connu sous le nom de Luis de Galves »]. le marchand Andrés de Hervas envoie 160 exemplaires en Nouvelle Espagne. cuello de dozabo »]. soit à travers le commerce de librairie. soixante et une caisses de livres. Don Luis de Córdoba qui. monté sur un cheval efflanqué. soit parce que certains des voyageurs transatlantiques ont emporté le livre avec eux. sur un autre bateau. par le curé et le barbier. huit caisses sont vendues à Panama et huit autres embarquées séparément pour atteindre Lima — les unes et les autres contenant très vraisemblablement des exemplaires du livre de Cervantès. vêtus en écuyer. À Pausa en 1607. faux maures. celle des premières éditions. don Quichotte. trois exemplaires destinés à Juan de Guevara font le voyage sur le Nuestra Señora del Rosario qui lui aussi doit débarquer à Carthagène et. Le « livre » de don Quichotte. le prix de la meilleure « invention » est donné au « Cavallero de la Triste Figura » pour l’exactitude de sa représentation et le rire général qu’elle . cent exemplaires que Diego Correa sont adressés sur un bateau du même nom à Antonio de Toro à Carthagène. Il en emporte neuf à Cuzco alors que soixante-trois restent dans la capitale. n’est pas inconnu dans les Indes espagnoles. véritables indiens et les élites espagnoles de Pausa. 262 exemplaires sont embarqués sur l’Espíritu Santo pour Clemente de Valdés. dans une localité justement située sur le chemin de Cuzo emprunté par Juan de Sarría et ses exemplaires de l’histoire. est doté d’un casque orné de plumes et d’une fraise [« morrión con mucha plumerería de gallos. il n’en demeure pas moins que très nombreux en sont les exemplaires qui y arrivent dès 1605. « vecino de México ». Il porte un masque « muy al propossito que rrepresentaba » [« tout à fait approprié pour le personnage qu’il représentait »] et est accompagné par Sancho.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 477 de la Selva ». En mars 1605. Au cours du long voyage. un libraire d’Alcalá de Henares. ainsi que l’ordonne notre sainte mère l’Église ?” ». au milieu de la plus grande confusion) qui culmine avec l’acceptation forcée de la jeune fille. la scène continue comme chez Cervantès avec l’évanouissement de Lucinda. leur traitement est fort différent. la fureur du Marquis et. en Amérique (ainsi à Mexico en 1621 lors la fête de béatification de San Isidro organisée par les ouvriers de la Platería Real). d’autre part. Après son départ. C’est un prêtre qui prononce les paroles rituelles : « Je dirai. Cardenio se rend sur les lieux. le mariage de Luscinda et Fernando dont plusieurs récits (ceux de Cardenio. En contraste avec cette ellipse initiale. Chez Cervantès. telle que la raconte la jeune paysanne. la fuite de la jeune fille. Les oui des époux et l’anneau passé au doigt de Luscinda les unissent à jamais : « je l’entendis déclarer d’une voix faible et mourante : “Oui. Dorotea et finalement Fernando lui-même) décrivent les épisodes successifs. » Le ressort dramatique dans le Quichotte vient du fait que ce mariage. finalement. Les héros de Cervantès demeureront durablement des figures familières. il vint à dire : “Voulez-vous prendre Madame Luscinda. la mise en scène spectaculaire des péripéties du mariage clôt l’acte. convaincue par la promesse de mariage. en Espagne lors des célébrations des béatifications de Thérèse d’Avila ou Ignace de Loyola. célébré en pleine conformité avec le rituel de l’Eglise. il est témoin de l’acceptation de Lucinda après que son père lui a ordonné de donner sa main au Marquis (« Sí la doy. au moment .478 ROGER CHARTIER a suscité. poursuivit Cardenio. et leur prenant à tous deux la main pour faire ce qui en tel cas est requis. mais il l’a condensée dans une action rapide (moins d’une centaine de vers séparent l’entrée du père de Lucinda accompagné du Marquis et le départ de Lucinda. vers 1985-1987 [« Oui. L’ acte commence alors que Dorotea a déjà été séduite et abandonnée. Guillén de Castro n’a donc pas manqué d’exploiter la théâtralité déjà présente dans le récit en prose. tandis qu’il lui passait l’anneau. Averti par un billet de Lucinda que lui remet Dorotea et qui lui annonce son prochain mariage. la découverte du billet et du poignard qu’elle celait sur son sein. pero forzada : / ¡pongo por testigo al Cielo! ». Dorotea rappelle qu’elle n’a cédé à Fernando qu’après les serments réitérés de celui-ci qui. elle respecte à la lettre le rituel catholique du mariage. qu’étant tous réunis dans la salle le curé de la paroisse entra . la séduction de Dorotea par Fernando. Guillén de Castro déploie le second acte de la comedia entre deux fortes scènes de Don Quichotte : d’une part. Sur la scène. ils se trouvèrent unis d’un indissoluble nœud. mais contrainte : / que le Ciel m’en soit témoin ! »]). En quelques vers. Cette brièveté n’est pas sans modifier profondément la signification de la scène. et dans toute l’Europe — ainsi à Dessau en 1614 pour le baptême du fils du Prince d’Anhalt. et le brusque changement de ses propres sentiments. le Marquis résume et la reddition de Dorotea. le seigneur don Fernando ici présent pour votre légitime époux. l’est entre deux époux qui sont déjà unis à un autre conjoint par la promesse qu’ils lui ont faite. Don Fernando répondit de même et. mobilisées dans de nombreuses fêtes. je le veux”. Caché comme l’est Dorotea. je la donne. Guillén de Castro édulcore la signification de la parole donnée par le Marquis à Dorotea. Guillén de Castro a préféré éviter la difficulté.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 479 de la quitter. mais comme l’atteste le dialogue entre Cardenio et le Marquis qui suit cet aveu. qui fait affirmer à Luscinda dans le billet trouvé sur son sein après son évanouissement qu’elle est déjà l’épouse de Cardenio. Mais c’est surtout ce que confirme le curé qui rappelle au fils du duc l’obligation aristocratique et chrétienne qu’entraîne une promesse de mariage tout en justifiant les unions socialement inégales lorsqu’elles sont accompagnées par d’honnêtes sentiments. suffisante pour que le mariage soit reconnu et consacré. Dans le second acte. en l’occurrence Lucinda et Dorotea: « Para estas ocasiones / soy Leandro el Animoso » (vers 1599-1600) [« En . Pour Dorotea. n’invoquent dans la comedia une promesse qui serait un premier mariage. En un temps où est vive la tension entre ces deux définitions du mariage. lui passe un anneau au doigt. plus encore que dans le premier. Fernando entend ces raisons. il lui a promis de l’épouser. suppose. que soit reconnu le primat de la parole donnée sur le rituel religieux et que soit annulé le mariage célébré entre Fernando et Luscinda. sans nécessité d’annulation d’une précédente union et sans excessive contradiction entre les paroles qui furent données et une cérémonie déjà célébrée. dans l’histoire de Cervantès. Jamais Dorotea. La restauration des premières unions. De semblable manière. promise contre son gré à un homme qu’elle n’aime pas. celle qui tient pour nécessaire mais suffisant l’échange des consentements et celle qui suppose la parole sacerdotale. et qui est un très bref rappel de la scène de la séduction de Dorotea. trahie par son séducteur. La promesse de mariage est ici privée de la force sacramentelle qu’elle conserve dans le récit de Cervantès. C’est ce que répètent les mots de Dorotea. l’union célébrée entre Fernando et Luscinda est pour celui-ci un « second mariage » dont le départ brutal de Fernando puis la fuite de Luscinda ont empêché la consommation. Certes. C’est cette même puissance de la parole donnée. qui s’est jetée aux pieds de Fernando lorsque les deux couples se retrouvent et se reconnaissent dans l’auberge de Juan Palomeque. ou Lucinda. L’histoire des amants enfin réunis n’en dit pas plus sur la manière dont devra et pourra être annulée l’union célébrée dans la maison des parents de Luscinda. Lucinda donne sa main au Marquis sur l’injonction de son père. du personnage grotesque et burlesque. La servante qui accompagne Lucinda le prend au mot lorsqu’il affirme qu’il est capable de vaincre dix géants et de défendre deux femmes en même temps. cette promesse n’est pas considérée comme suffisante pour sceller une union matrimoniale. sans cérémonie. mais en l’absence de tout prêtre aucune parole rituelle n’est prononcée avant le départ du Marquis à la suite du violent affrontement qui l’oppose à Teodoro. Elle voit là une raison pour garder espoir en la possible annulation de cette seconde union. fondées sur l’échange de promesses. Une telle prudence rend plus aisé le dénouement. et rend Luscinda à son Cardenio. don Quichotte remplit l’emploi du « gracioso ». revient à Dorotea et à sa promesse. sans accord des pères. sans présence ecclésiastique. celle des romances qui narraient la triste histoire de Léandre. ce qui est dire à la fois que ce fou est amusant et qu’il compose à merveille l’un des personnages obligés de toute comedia. et de Héro. avant de se jeter dans l’Hellespont imaginaire qu’est la scène du théâtre où il se met à nager : « Va nadando por el tablado. d’autre part. La flamme lui indiquera qu’il peut se jeter à la mer et traverser l’Hellespont pour la rejoindre. Sancho craint fort que son maître ne tombe de la scène (« ¡Qué te vas a despeñar! ». El peregrino en su patria. En introduisant ce motif dans sa « comedia ». Don Quichotte. de la troisième « jornada ». de personnage comique et risible que lui a assigné Guillén de Castro. Dès le début du troisième acte. / moins chaude que froide / dans tes hardes mouillées / ‘Ah ! Léandre de mes yeux !’ » (vers 1896-1898). juste avant la tension dramatique de la scène du mariage. Guillén de Castro donne au Duc une importance qu’il n’a pas chez Cervantès. qui s’est jetée du haut de la tour où elle l’attendait (l’un des plus fameux est le romance burlesque de Góngora de 1589) . celle des comédies mythologiques. Teodoro lui demande son secours pour laver l’affront qui . Guillén de Castro s’amuse à une double parodie : d’une part. Leandro de mis ojos! » : ce vers est une parodie des romances qui s’étaient emparés de l’histoire de Héro et Léandre transmise par les auteurs anciens. enlevée elle aussi. enlevée alors qu’elle se déclare dans le billet trouvée sur elle épouse de Cardenio. qui lui demandent justice pour le tort que son fils le Marquis a fait à leurs filles respectives : Lucinda. « ¡Ay. noyé une nuit où le vent a éteint la flamme qui le guidait. comme s’il était dans l’eau ». vers 257-263). Comme la prêtresse de Vénus. elle allumera un flambeau au sommet de la tour où elle attendra son amoureux. Les deux pères s’adressent à l’autorité suprême du Duc pour qu’il leur rende leur honneur. demande à Sancho de l’aider à ôter ses vêtements. La spirituelle « doncella » entre immédiatement dans le jeu et déclare que s’il est Léandre. il accueille les plaintes de Teodoro et de Fideno. La duègne de Lucinda lui reconnaît explicitement cet emploi lorsqu’elle s’exclame : « ¡El loco es gracioso! » (vers 1669). como si estuviera dentro del agua » / « Il nage sur les planches. et Dorotea. alors qu’il n’apparaît pas dans le répertoire des rôles endossés par le héros chez Cervantès. vers 1893 [« Tu vas basculer ! »]). telle la pièce intitulée Ero y Leandro que Lope de Vega mentionne dans la liste de ses comedias qu’il publie en 1604 dans la préface son roman chrétien. mais celui-ci sort en nageant et en se lamentant de ne point être accueilli par sa chère Héro.480 ROGER CHARTIER ces occasions / je suis Léandre le vaillant »]. Dans sa pièce. La transformation de don Quichotte en Léandre permet également à Guillén de Castro de situer. L’histoire. Sous les moqueries de la duègne de Lucinda. un moment de franc comique. elle est Héro. convaincu d’être au bord de la mer et d’apercevoir le flambeau allumé par Héro. Don Quichotte remplit ainsi parfaitement le rôle de « gracioso ». don Quichotte et la servante échangent les paroles que requièrent leurs nouveaux personnages : « Don Quijote : Répétons ce que vous direz / quand j’arriverai dans vos bras / mouillé et détruit » — « Je te dirai quand tu arriveras. mise en vers par Musée et Ovide dans les Héroïdes (livres XVII-XVIII) est évoquée par Virgile dans les Géorgiques (Livre III. On le voit lorsqu’il lève l’épée contre le Marquis. sa femme a confessé devant un notaire et de nombreux témoins que Cardenio n’était pas son fils. véritable « novela » sans rapport avec les exploits du chevalier errant qui n’en est pas même auditeur. et à l’absence du Duc. entre 1607 et 1609. les deux enfants ont bel et bien été échangés. « Don Quichotte de la Manche. à l’égalité de conditions entre Cardenio et Luscinda. Guillén de Castro noue ainsi le thème fréquent dans les comedias de l’honneur insulté. avant de le faire désarmer. il invente des personnages absents du premier récit et modifie l’intrigue selon les nécessités du théâtre — ou de l’idéologie. de Dorotea et de Fernando étaient fortement et durablement imbriqués avec les extravagances de don Quichotte. La double désignation de la pièce. Mais à la différence du Curioso impertinente. et la figure du prince souverain dont seule la justice peut châtier les coupables et rétablir dans leur dignité ceux et celles qui furent leurs victimes. et que le Marquis était. les amours de Cardenio et Luscinda. et au dénouement de la pièce. lui. Comme l’a tant de fois pressenti ou désiré le Duc. Sur son lit de mort. don Quichotte dans sa cage). En faisant du valeureux Cardenio un fils de paysan qui. c’est sous son autorité que Cardenio donne sa main à Lucinda et que le Marquis obtient son pardon en épousant Dorotea. ou les fils . comme le rapporte Lisardo. il a multiplié les rencontres et les dialogues où se croisent le héros et les autres personnages. comme dit la duègne. le fils qu’elle avait eu avec son mari. mais le fils du duc qu’elle avait reçu en nourrice. qui demande réparation. L’histoire confirme non seulement les sentiments du Duc mais aussi la règle qui gouverne immanquablement la relation entre les vertus et les conditions. Mais les unions qui avaient été nouées par les engagements échangés entre les amants ne peuvent advenir qu’une fois restauré l’accord qui doit exister entre le caractère et l’état. et où la folie de don Quichotte le met dans des situations ridicules et grotesques (don Quichotte battu par les serviteurs du Marquis. son autorité souveraine. au récit qui inspire sa pièce.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 481 lui a été fait et c’est une même raison qui conduit Fideno auprès du Duc. Guillén de Castro a pris le parti de conserver cette trame complexe et. Dans les deux pièces. Guillén de Castro ajoute une péripétie romanesque. Mais il fait plus. Comme dans la comedia El Curioso impertinente. seule capable de régler les conflits et de sceller les unions. en fait. il adapte avec liberté une « nouvelle » rencontrée dans le livre récemment paru de Cervantès. la comedia de Guillén de Castro exalte le pouvoir du prince. était celui d’un duc. Bien plus que l’histoire écrite par Cervantès. la fable du fils de duc pris pour un fils de paysan. arbitre des conflits et garant des unions. Aux retours sur le passé de Don Quichotte est ainsi substitué le déroulement chronologique des événements . s’il a détaché les scènes où « el loco es gracioso ». qui reconnaissait son fils dans le valeureux Cardenio bien plus que dans le vil Marquis. que Guillén de Castro composa dans les mêmes années que Don Quijote de la Macha. don Quichotte traversant la scène en nageant. Il rappelle aux spectateurs et aux lecteurs que l’ordre social obéit à des lois infaillibles qui font que bon sang ne saurait mentir. dans le goût des histoires tragiques et sentimentales. Un an plus tard. En allait-il de même dans la pièce représentée quelques années plus tard à Whitehall ? Si le Don Quijote de la Mancha de Guillén était très largement l’histoire de Cardenio. Nicolas Baudoin et un traducteur anonyme en avaient donné des extraits en français : le premier en traduisant la « Nouvelle du Curieux impertinent » dans une édition qui proposait face à face le texte espagnol et le texte français. l’histoire écrite par Cervantès avait circulé de diverses manières et était devenu fameuse. cette même année 1618. les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne jouèrent une pièce d’un auteur dont on ne sait presque rien. Un second détour par le continent. tirée de l’Astrée. pas même le prénom : Pichou. sont Les Avantures de Rosileon. en France cette fois-ci. traduite par Lancelot mais lue dans l’original castillan par Pichou. La pièce de Pichou est la première adaptation théâtrale en France de Don Quichotte. exprime bien le lien maintenu entre les deux histoires : celle de Cardenio. des Epreuves et Travaux de Persilès et Sigismunda. paraît en 1614. racontés par Cervantès aux chapitres XII et XIII. et La Filis de Scire. inspirée par une nouvelle de Céspedes y Meneses. peut aider à les étayer. Les Folies de Cardenio et L’Infidele Confidente sont qualifiées au titre de « tragi-comédie ». survenue sans doute à la fin de 1630 ou au commencement de 1631. Celle de la Seconde partie est publiée en 1618 dans une traduction de François de Rosset. reçoit un privilège de six ans pour la publication de l’œuvre. Tout comme en Angleterre. le libraire parisien François Targa. il ne subsiste aucun manuscrit et elle n’a jamais été imprimée. Dans leurs éditions de 1630 et 1631. Après ces traductions partielles. Dès 1608 et 1609. Les Folies de Cardenio sont l’une des quatre pièces composées par Pichou dans les trois années précédant sa mort. L’Infidele confidente. le dernier . qui anticipent sur toutes les adaptations qui s’attacheront aux « nouvelles » plus qu’à la totalité de l’histoire. intitulée Les Folies de Cardenio. due à César Oudin. elles aussi donnés à l’Hôtel de Bourgogne entre 1628 et 1630. le second en publiant selon la même formule une traduction des amours tragiques du berger Chrysostome (rebaptisé Philidon) et de Marcelle. Paris. le 26 août 1629. et en y insérant un discours de don Quichotte comparant les armes et les lettres qui suivait celui qu’il prononce aux chapitres XXXVII et XXVIII. Achevée d’imprimer en septembre. le livre comportant la pièce et les « Autres œuvres poëtiques du Sieur Pichou » (à savoir six poèmes) paraîtra avec la date de 1630.482 ROGER CHARTIER échangés ». dont la source est une traduction française en prose d’une « favola pastorale » de Guidobaldo Bonarelli della Rovere. La Filis de Scire de « comédie-pastorale ». mais qui reprenait mais aussi des éléments du chapitre XXI. traducteur avec François d’Audiguier des Nouvelles exemplaires en 1615 et. L’historien en est donc réduit à des hypothèses. Les trois autres. celle de don Quichotte. le Cardenio joué par les King’s Men était-il aussi l’histoire de don Quichotte ? De l’œuvre. la première traduction complète de l’histoire. 1628 En 1628. leur demandant qui elles étaient. qui est la première gravure à montrer dans une édition du texte don Quichotte et Sancho au naturel (sans recourir comme les éditions lisboètes ou valencienne de 1605 à un bois utilisé pour des romans de chevalerie). À n’en pas douter. L’Entrée en France de Don Quichot de la Manche (sans doute représentée entre 1616 et 1625). le curé. or. le barbier et le géant Ferragus. néanmoins. ainsi que la première édition qui rassemble les deux parties en 1625 attestent le succès de l’œuvre. Ils sont présents dans les ballets et les mascarades de la Cour. Magis d’Aigremont. 1625). Blount reprendra . qui s’approchent d’Auristela et Costanza : « Elles leur adressèrent la parole. Les rééditions de la traduction de la Première partie (en 1616. Après être entrés dans le royaume de France. 1620. nouée par les mariages de 1614 et enjeu fondamental dans la guerre européenne qui durera trente ans. que le frontispice de la traduction française de la seconde partie en 1618. en castillan. garde du corps de Dulcinée. il est certain que la connaissance de l’espagnol était fort répandue parmi les élites françaises du premier XVIIe siècle. la mascarade mobilise la figure classique du matamore espagnol au service d’une politique. publié de manière posthume en 1617. Le 3 février 1614. celle de la Seconde en 1622 chez Denis Moreau. Il ne manque pas l’allusion à l’un des plus célèbres épisodes de livre 1605 : le combat contre les moulins à vent. place un moulin au dernier plan de l’image. en France. Astolphe) et il est accompagné par Sancho. il n’est homme ni femme qui laisse d’apprendre la langue castillane. le chevalier errant est escorté par ses prédécésseurs (les chevaliers de la Table ronde. malgré l’art des enchanteurs malins / Domte des Rodomons transformez en moulins » (vers 993-994). qui s’enfuit au premier coup de feu. don Quichotte et Sancho sortirent très tôt des pages des livres qui. Son don Quichotte se désigne à l’acte III comme « Celui qui. La scène était devenu si fameuse. tant en Angleterre qu’en France. Après que les ambassadeurs de la Reine de Chine et de l’Infante des Isles fortunées lui ont remis les lettres de leurs souveraines qui lui promettent leur royaume et leur personne. commencée en Bohême en 1618. et le 29 janvier 1620. Cervantès en donne lui-même témoignage. dans ce même Louvre et en présence du roi. Mais. celle qui récuse l’alliance du roi de France avec l’Espagne. c’est la princesse Micomicona qui lui demande le secours de son bras. les pèlerins du Persilès n’ont aucune difficulté à se faire entendre des trois belles dames françaises rencontrées dans une hôtellerie provençale. disent leur histoire. Pichou pouvait donc aisément jouer avec la familiarité avec une histoire déjà connue de la plupart des spectateurs avait déjà. » L’exagération est évidente mais. le Ballet de Don Quichot est dansé au Louvre.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 483 roman de Cervantès. don Quichotte apparaît dans un autre ballet intitulé Les Chercheurs de Midy à Quatorze Heures. Mais tout comme en Espagne et en Amérique. d’autant que de nombreux lecteurs l’ont sans doute lue dans le texte original. le chevalier espagnol se révèle n’être qu’un bravache sans courage. les Amadis. quatre mois avant la publication de César Oudin. Dans une mascarade. car elles avaient reconnu des Espagnoles en ces pélerins . les quatre fils Aymon. en castillan ou en français. défié par un chevalier suédois. comme l’indiquent le titre et l’« Argument » de sa tragi-comédie. . celui d’une plainte qui dit sa douleur devant la double trahison (« Un rival me trahit et Luscinde me quitte ». sans la force sacramentelle des « espousailles ». également. vers 704). qui avait consacré un long poème intitulé « Stances sur la mort de Théophile en l’an 1626 » à Théophile de Viau. irrité par l’injure. Faut-il voir dans cette double récusation des définitions chrétiennes du mariage une prudence de Pichou. de qualifier de baroque. de même façon. Tout comme Guillén de Castro. qui ouvre le rituel en rappelant le rôle civilisateur du mariage et. après Rousset. après plusieurs mois d’incarcération et de service dans les armées de Montmorency ? Dans les deux premières scènes du troisième acte Pichou fait montre de sa maîtrise en contrastant l’immense monologue de Cardenio « dans le desert ». le terme de « desposorio » utilisé par Cervantès. Il se déploie en plusieurs temps. l’histoire principale qu’elle porte sur la scène est celle de Cardenio. / Chastier l’inconstante et punir le parjure » (vers 719-720). Celui-ci n’apparaît qu’à la cinquième scène de l’acte III. le regret de n’avoir pas tiré vengeance de l’insulte : « Au lieu que je pouvais. la cérémonie est conduite par le père de Lucinda qui enjoint à sa fille de donner sa main au Marquis sans qu’aucun prêtre ne soit présent. Le « saint » mariage est ainsi détaché de toute référence au rituel catholique et les serments ou promesses échangés par les jeunes gens ne sont que des signes leur fidélité amoureuse. qui était le mot choisi par César Oudin pour traduire. le poète que le parlement de Paris a condamné par contumace à être brûlé vif pour crime de lèse majesté divine en 1623 et qui est mort à Paris trois ans plus tard. Le monologue est un bel exemple de la poésie du macabre qui caractérise l’esthétique qu’il est convenu. réticent à mettre sur la scène des hommes d’Eglise puisque. Pichou ne manque pas de mobiliser sur le théâtre les ressources dramatiques de la scène du mariage entre Luscinde et Fernant. le curé du village de don Quichotte. n’apparaît chez lui que comme « le licentié »? Ou bien doit-on interpréter la théologie toute naturelle du « sacrificateur » comme une trace des idées et des amitiés libertines de Pichou. désigné comme tel par Cervantès et Guillén de Castro. qu’il avait publiée en 1612. Les deux premiers actes sont donc entièrement consacrés à l’intrigue nouée par la trahison de Fernant (le Fernando de Pichou) qui. mais en les transformant à sa façon. après avoir séduit Dorotée. pour Cardenio. s’en est éloigné et ne désire plus que conquérir Luscinde. long de 118 alexandrins. Le premier est. Dans la comedia. Mais. lors de la scène de séduction de Dorotea par Fernando.484 ROGER CHARTIER la même gravure pour son édition de 1620 de la Seconde partie et l’insérera dans des exemplaires de la traduction de la première partie. pas celle du chevalier errant. Pichou choisit une troisième voie en faisant officier un personnage nommé « le sacrificateur ». et les six strophes des stances de Luscinde « dans le monastere ». la nécessité du consentement. Seule la mort espérée pourra mettre fin à un sort si malheureux. Pichou n’a donc pas ignoré don Quichotte. la peine suscitée par la perte de l’être aimé. alors que le récit de Cardenio chez Cervantès mentionnait le rôle central du curé de la paroisse dans le rituel ainsi que la formule catholique du consentement des époux. Cardenio ne trouve son salut qu’en traversant à la nage le « torrent furieux » qui lui barre le passage. Les stances de Luscinde opposent le silence du couvent aux visions furieuses de Cardenio. l’île promise à Sancho au vers 1003. Cardenio est transporté dans le monde délicieux des amours pastorales où les » nymphes de ces forests » et les « deïtez bocagères » (vers 759) méritent son amour bien mieux que la cruelle infidèle. / Il faut que mon esprit s’abandonne au courroux » (vers 737-738) : avec ces vers la plainte de Cardenio se fait plus violente et emplit la nature toute entière. la paix retrouvée aux tourments jamais apaisés. il lui permet. et desja ces desers / Offrent à mon désir des objets que je sers » (vers 757758). et encore moins dans la comedia de Guillén de Castro puisque Lucinda s’y réfugie chez une amie et non dans un monastère. les rochers. / Ne sont-ce point icy vos fausses visions / Qui trompent mon esprit de ces illusions ? / Non. Doit-on entendre cet avantage donné à la passion humaine sur l’amour divin. Le « changement » est la règle dans un monde où la déraison fait de l’illusion une réalité plus réelle que celle livrée par les sens : « Spectres qui presentez dans l’horreur des tenebres / A nos sens endormis vos images funebres. on l’a dit. . Luscinde n’y trouve pas le repos qu’inspire le « divin mouvement » (vers 831) capable de détourner du faux dieu de l’amour : « Mais que me servent ces exemples. Corps morts et fantômes habitent un paysage bouleversé par d’horribles prodiges : « Ces arbres ont perdu leur figure et leur rang. et ma peur qui redouble / Voit que la terre tremble. au vers 994. Renonçant à Luscinde (« Je brise vos liens. et que le ciel se trouble » (vers 783-787). que rien ne suggère dans le texte de Cervantès. comme un autre signe du libertinage de Pichou ? Peut-être. » Celle-ci. Pichou s’appuie sur ce que les spectateurs savent déjà du personnage et de son histoire (le combat contre les moulins. la clôture du lieu saint à la nature ensauvagée. ont mis en vers ce motif obligé. La vision de béatitude se change en vision effroyable. les arbres doivent entendre le « bruit affreux » de ses pleurs et de ses sanglots. Pourtant. Tout comme Guillén de Castro. / Ce rocher est de flame. ces objets sont vrais.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 485 « C’est trop peu d’un transport si paisible et si doux. Dans son hallucination. Sa folie métamorphose la nature au gré de ses imaginations successives. Sa passion est intacte. plus forte que la « celeste ardeur » (vers 823) qui anime ses compagnes. comme dans tant d’autres œuvres qui. En tous cas. s’exprime par les visions de celui qui a perdu la raison. le heaume de Mambrin au vers 1134) pour dessiner un double portrait de don Quichotte : comme bravache. L’enchantement de dure pas : « Mais le prompt changement qui m’arrive en ces lieux ! Quelle nouvelle horreur espouvante mes yeux » (vers 777-778). de montrer la commune passion qui les habite. C’est à scène V de ce troisième acte que don Quichotte et Sancho entrent en scène. elles aussi. La didascalie indique que le mode du monologue a changé : « Il entre en folie. Les fleurs. et ce fleuve est de sang » (vers 789-790). après avoir construit les deux monologues de façon antithétique. / Puisque mon amour est si fort / Qu’il conserve un premier effort / Parmy la sainteté des temples ? » (vers 835-838). Pour bâtir cette scène burlesque. don Quichotte persévère dans la double identité que lui a donnée Pichou. et du chapitre XXIII. mais toutes deux participent d’une déraison qui dissocient les mots et les choses. le barbier rapproche une nouvelle fois les deux folies de don Quichotte et de Cardenio (« En recherchant un fou. de perfide Fernando ». lorsque le barbier doit être déguisé en demoiselle affligée dans le stratagème inventé par le curé pour ramener don Quichotte dans son village. avant que ce dernier. versant tous leurs traits sur nos corps embrassez. Effarouché par ces extravagances. quand le chevrier raconte comment Cardenio. qui déchiffre le monde avec les yeux des chevaliers de papier de ses chers romans. / Nous recompenseront des outrages passez. / Il me semble desja que ma main se desrobe / Aux merveilles que cache une envieuse robe. il lit à Sancho la lettre qu’il a écrite à Dulcinée et que Pichou a rédigée pour lui en alexandrins pompeux et convenus que l’édition présente sous le titre de « galimatias ». interrompu par le licencié. je treuve un insensé ». ainsi. permet à Pichou de lier les deux histoires. Amoureux ridicule. Seule l’apparition de Luscinde a rétabli dans son ordre cet univers déréglé et. ne sont pas identiques. à la fois. dans ses fureurs. Pichou se souvient. À la dernière scène de l’acte. le licencié et le curé savent l’ardeur du chevalier pour cette « beauté toute imaginaire » (vers 1144). forçant ces lieux funebres. / Il avait desarmé Jupiter du tonnerre. ne l’agresse comme s’il était le parjure Fernant. La folie hallucinée de Cardenio et les illusions de don Quichotte. Cardenio prend le barbier pour Luscinde et lui dit avec une explicite ardeur le désir qui l’habite : « Nos esprits s’uniront sur les bors de nos bouches. pour cet « objet chimérique » (vers 1152) qu’est Dulcinée. s’est apaisée la frayeur de Cardenio : « Lors qu’un astre amoureux. En les liant. et comme amoureux. vers 1222). voire la farce puisque. / Le sejour de Pluton estoit dessus la terre. Partis à la recherche de don Quichotte dans son « desert ». La rencontre avec Cardenio. Leur rencontre avec Cardenio à la deuxième scène de l’acte IV offre à Pichou la possibilité d’un nouveau et fort contraste.486 ROGER CHARTIER selon le stéréotype de l’Espagnol pleutre et vantard. qui « en folie sort d’un coin du bois ». / A fait sortir le jour du milieu des tenebres » (vers 1195-1196). La vision qu’il rappelle est celle d’un effroyable monde à l’envers : « Tous les astres cachoient leurs visages ternis. se jette sur Sancho et le roue de coups. du chapitre XXVII. La première réplique de Cardenio « en folie » inverse le mouvement de son grand monologue de l’acte précédent et conduit des ténébres à la lumière. / Et les quatre elemens paroissoient desunis . les deux folies. / Mille amours voleront à l’entour de nos couches / Et. Ils se veulent un équivalent . / et que ma passion languissante à dessein / S’egare entre les lys du visage et du sein » (vers 1227-1234). » (vers 1189-1192). dessillé de son horrible hallucination et tout à l’exaltation de son « adorable merveille ». La scène bascule alors dans le comique. il introduit dans sa tragi-comédie un moment de rire carnavalesque. a molesté l’un des bergers en le traitant de « fementido Fernando ». Quarante plus tard. un autre serviteur. / J’ay souffert mille maux. qui lui permettaient. Ainsi finit la comédie. tout ensemble. en effet. les « folies » de Cardenio deviennent celles de don Quichotte. . le don Quichotte de Pichou est mis en fuite par Fernant. hors son décor : au fond de la scène. Mais.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 487 français des archaïsmes et des extravagances dont le premier don Quichotte. que je connay mon esperance vaine. a parsemé sa propre lettre à Dulcinea del Toboso. le personnage impose progressivement sa présence dans la tragi-comédie et ce sont ses extravagances qui ouvrent et achèvent le cinquième acte. mes enfans. Au dernier acte de la tragi-comédie. réclamera ses gages à son maître précipité dans les flammes infernales. Il ne choisit pas celle où le chevalier mis en cage se croit victime d’un enchantement. Lecteur très attentif du texte de Cervantès. celui de Cervantès. conclut sa pièce avec un monologue désabusé de Sancho. où l’honneur nous appelle. / J’ay tout quitté pour luy. Bravache sans courage. une maison au toit de chaume qui est la taverne d’où sortent les personnages au dernier acte. lui aussi désenchanté. / Bastir les fondemens d’une paix eternelle » (vers 2105-2106). don Quichotte ne pouvait être que le contrepoint burlesque des infortunes des amants séparés. grande reyne. « Au diable soit le maistre et sa chevalerie ! / Ce penible mestier vient de sa resverie. Pichou achève sa pièce avec l’une des folies de l’hidalgo. retiré de la fable. attestent le bon accueil de la pièce. Il préfère faire retour au chapitre XXXV. tout comme chez Guillén de Castro (en dépit du titre de la comedia). côté jardin. plus en avant. Dans les Folies de Cardenio. l’autre chez François Targa. Fernant rosse Sancho et se moque de don Quichotte. un palais doté de deux ailes. En revanche les trois rééditions de la pièce en 1633 puis en 1634 (l’une chez Claude Marette en infraction du privilège de 1629. l’ermitage où Dorotée a cherché refuge et. même ainsi cantonné. sur celle située côté cour se trouve la fenêtre où Luscinde apparaît à Cardenio (Acte II. scène 2) . son écuyer et l’ami qui les a accompagnés dans le monastère dont ils ont arraché Luscinde. Il ne figure donc dans la pièce de Pichou qu’en relation avec eux : la rencontre avec Cardenio à l’acte III. la feinte de la princesse Micomicona à l’acte V. ma maison. qui avait publié les deux premières). lorsque le chevalier errant dit avoir vaincu le géant usurpateur du royaume de la princesse Micomicona. Ou presque. Des représentations de la tragi-comédie à l’Hôtel de Bourgogne. de pratiquer le genre nouveau de la tragi-comédie et de composer de longs monologues poétiques mobilisant les motifs favoris d’une esthétique de l’inconstance des êtres et des éléments. comme il écrit dans son « Argument ». j’ay perdu mon grison : / O dieux. À l’instar de Guillén de Castro. nous ne savons rien. Pichou. située entre les plaintes de la pastorale et l’effroi du macabre. Mais le temps de mettre fin à la feinte n’est pas encore venue et la tragi-comédie s’achève avec le départ de don Quichotte en route pour le royaume de l’infante restaurée dans son droit. / Que j’ay mal employé ma jeunesse et ma peine » (vers 2113-2118). Pichou en a retenu les « amoureuses traverses ». Dorotée et Cardenio continuent l’artifice qui maintient don Quichotte dans sa fantaisie : « Menez-nous. côté cour. c’est-à-dire un droit de propriété exclusive. Dès les premiers temps de sa réception. on ne sait rien. en 1624 et attribuée alors à « Damport » (pour Davenport). picaresque. quatre sont attribuées à Master William Shakespeare: « Henry ye. ils demeurent comme un contrepoint comique dans une intrigue qui est d’abord celle du mélancolique et furieux Cardenio. et non pas à l’auteur. The Merry Devill of Edmonton a pour sa part été . Si dans les deux textes qui nous sont parvenus grâce à leur éditions imprimées.488 ROGER CHARTIER Les trois œuvres qui ont porté des épisodes du livre de 1605 sur la scène (la comedia de Guillén de Castro. jamais nommé dans les comptes du trésorier de la Chambre du Roi. sinon qu’une pièce intitulée The History of Henry the First avait été autorisée. mais aussi comme une anthologie de « nouvelles » qui pouvaient fournir aux dramaturges une matière riche en coups de théâtre. celles de Cardenio. En 1613. pour réduire le droit versée à la Stationers’ Company. & Shakespeare ». ou « shareholders » de la compagnie. l’un des acteurs et propriétaires. mais aussi celle du « Curioso impertinente ». c’est la première histoire qui fut représentée par les King’s Men qui reçurent rétribution pour avoir diverti la cour. by Shakespeare. ce qui était en fait deux pièces différentes). & Hen: ye 2d. By Wm: Shakespeare ». le monopole de l’impression des œuvres qu’il a ainsi « entered ». & Davenport ». et même de plus en plus présents au fil des actes de la pièce française. La circulation du livre de Cervantès et sa traduction par Shelton offraient de nouvelles possibilités avec ses histoires emboîtées dans l’histoire. la tragi-comédie de Pichou) ont donc privilégié l’histoire sentimentale que Cervantès a croisée avec les exploits du chevalier et de son écuyer. et « The History of Cardenio. fait enregistrer. don Quichotte et Sancho ne sont pas absents. Il lui en coûte 20 shillings et 6 pence qui lui assurent. selon les règles de la communauté. ceux de Guillén de Castro et de Pichou. Londres 1653 Le 9 septembre 1653 le libraire Humphrey Moseley fait enregistrer par la communauté des libraires et imprimeurs londoniens. First. la pièce jouée à Londres. Guillén de Castro a lu ainsi le livre puisqu’il a porté sur les tréteaux des « corrales » non seulement l’histoire de Cardenio. la Stationers’ Company. Il a pu en aller de même dans l’Angleterre des commencements du XVIIe siècle où les adaptations théâtrales de nouvelles ou des romans étaient communes. du fourbe et finalement généreux Fernando et de deux jeunes femmes constantes dans leur amour. du curieux impertinent et du captif évadé des bagnes d’Alger. Don Quichotte est apparu non seulement comme la parodie comique des romans de chevalerie (et d’autres genres. selon un usage commun du temps. Des deux Henry. Moseley a présenté comme une seule pièce portant un double titre. pastoral ou théâtral). L’argent fut versé à John Heminge. les titres de quarante et une pièces de théâtre sur lesquelles il possède dès lors un « right in copy ». Parmi ces quarante et une pièces (et peut-être plus si l’on admet que. by Mr Fletcher. en sentiments violents et contrastés. « The merry Devill of Edmonton. en scènes dramatiques. « licensed ». c’est-à-dire énoncées comme des poèmes et émises comme des monnaies. William Shakespeare. La page de titre indique que la pièce a été « Written by the memorable Worthies/ of their time / Mr. Prince of Tyre. publiée seulement en 1634. ses épigrammes et ses poèmes. ensuite. pour leur édition des « Comedies. Reste The History of Cardenio qui est sans doute la pièce jouée quarante ans plus tôt à Whitehall et dont. la troisième des collaborations entre les deux dramaturges. All is True. ou The Two Noble Kinsmen. soit dix-neuf pièces. une pièce probablement composée en 1592 ou 1593. The Two Noble Kinsmen (Les deux nobles cousins). dont les « rights in copy » ont été apportés ou rachetés à leurs confrères par les libraires du consortium. De ce fait. à suivre le manuscrit qui en a été conservé. Thomas Dekker et. ils ont écarté les pièces dont ils savaient ou supposaient qu’elles avaient été écrites en collaboration : ainsi. Thomas Heywood. En . » étant placée à la hauteur de l’interligne qui les sépare. À la différence du Folio de 1616 voulu par Ben Jonson et qui présente sous le titre de « THE WORKES OF Benjamin Jonson » seulement neuf de ses pièces. l’adresse aux lecteurs). le Folio construit par Heminge et Condell comprend toutes les œuvres théâtrales écrites par Shakespeare. Pericles. Le sort des trois pièces fut fort différent. à la fois. pour la première fois. sans doute. aux corruptions introduites par les éditions fautives. Histories. les œuvres telles que l’« Author » les a « uttered ». jamais imprimée et que Shakespeare. Heminge et Condell n’ont donc retenu que les pièces dont ils avaient la certitude qu’elles avaient été produites par le seul génie de Shakespeare. The History de Cardenio serait. et dix-huit autres pièces jamais publiées et achetées à la troupe des King’s Men. révisa en 1603 ou 1604 avec Henry Chettle. devenue dans le Folio de 1623 The Famous History of the Life of Henry the Eight (Henry VIII) et qui fut peut-être écrite pour le mariage du 14 février 1613 entre la princesse Elizabeth et le prince Frederick. La monumentalisation de Shakespeare par le Folio. publiées par d’« injurieux imposteurs » (« injurious impostors ») et aux contraintes imposées par la collaboration. ses propres écrits. sans écart. les auteurs sont nommés : Fletcher et Shakespeare. hautement manifestée par les préliminaires (le portrait gravé. une telle collaboration entre les deux auteurs est tout à fait vraisemblable puisqu’entre 1612 et 1614 ils composèrent ensemble deux autres pièces : d’abord. à suivre le registre de la Stationer’s Company.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 489 enregistrée en 1607 et publiée quatre fois entre 1608 et 1653. Sir Thomas More. La rhétorique de Heminge et Condell soustrait le texte shakespearien. » dont les deux noms sont enserrés dans une grande accolade qui les unit. l’Électeur palatin . fidèle à leur projet qui entend réunir. comme ils le disent dans leur adresse « To the great Variety of Readers ». Heminge et Condell exclurent The Two Noble Kinsmen du Folio de 1623. les poèmes de louange. alors même que l’édition quarto de 1609 mentionnait le nom de Shakespeare sur la page de titre et qui a sans doute été écrite avec George Wilkins. mais aussi ses masques. Gent. « his owne writings ». John Fletcher. En 1613. l’abréviation « Gent. suppose l’effacement de la pratique collective du théâtre au profit de la construction d’un auteur singulier. Le Folio donne donc à lire au lecteur. & Tragedies » de Shakespeare. and / Mr. sept pièces sont ajoutées au trente-sept qui figurent dans les premier et le second Folios (1623 et 1632) ainsi que dans le premier état du troisième. indique : « Mr. Heminge et Condell devaient penser qu’il en allait ainsi de All is True. (ainsi. Pericles. parue en 1664. The History of Cardenio n’en fait pas partie. and now published by the Authours Originall Copies ». dans ce cas. The Life and Death of Thomas Lord Cromwell et The Puritan Widow. Histories. La raison en est simple : Cardenio n’a jamais été imprimée alors que les nouvelles pièces qui entrent dans le corpus shakespearien (et qui y resteront dans le quatrième Folio de 1685 et les éditions de Rowe et Pope en 1709 et 1725) ont toutes été publiées en format quarto au début du XVIIe siècle soit avec le nom de Shakespeare sur la page de titre (ainsi. Si dans la seconde émission du troisième Folio. Mais la pièce. une fausse date de 1600). les œuvres.490 ROGER CHARTIER imprimant les « papers » de Shakespeare sans ratures ni repentirs. et non comme All is True. 1602 et 1607). soit avec seulement les initiales W. seule Pericles le demeurera. lorsqu’il publie les trente-cinq pièces qui composent le Folio. mais s’ils possédaient un manuscrit de Cardenio. Moseley ne disposait vraisemblablement pas de tous les manuscrits qu’il fit enregistrer par la Stationers’ Company six années plus tard et parmi eux la seule pièce attribuée à John Fletcher dans la liste. le même Moseley associé à Robinson publie les Comedies and Tragedies écrites par Francis Beaumont et John Fletcher « Gentlemen » dans un Folio (le troisième pour le genre théâtral après ceux de 1616 et 1623) destiné à rassembler les pièces jamais imprimées que les deux dramaturges avaient composées ensemble ou non — ou comme l’annonce la page de titre « Never printed before. Leurs successeurs ne seront pas plus généreux. and Tragedies. WILLIAM SHAKESPEAR’S Comedies. Prince of Tyre et Sir John Oldcastle Lord Cobhan imprimées en 1605. L’attribution en 1653 de The History of Cardenio à deux dramaturges (le nom de Fletcher étant donné en premier et séparé de celui de Shakespeare par un point. comme si ce dernier avait été ajouté) témoigne pour l’une des caractéristiques . En 1647. la pièce que Moseley avait acquise mais qu’il n’imprima jamais. même si la paternité a dû en être partagée avec Thomas Wilkins. neuf ans après Shakespeare. mort en 1625. The History of Cardenio. The London Prodigal.S. And unto this Impression is added seven Playes. The History of Cardenio n’entrait donc pas dans les logiques qui ont construit. paru en 1663. le Folio donne à lire pour la première fois toutes les pièces qu’il a entièrement conçues. avec des dimensions variables. ou l’œuvre de William Shakespeare. si Humphrey Moseley est exact. Published according to the true Original Copies. 1609 et 1619 avec. publiées en 1595. La page de titre du livre de 1664. ils l’ont traité comme The Two Noble Kinsmen. The third Impression. avait un second auteur et aurait pu figurer dans l’édition des œuvres théâtrale de John Fletcher. elle non plus. Il n’en a rien été. Ils l’ont donc exclu du Folio. publié par Philip Chetwinde. The Tragedy of Locrine. 1608. La réédition du Folio en 1679 (où sont ajoutées dix-huit pièces) ne comprend pas. En 1647. A Yorkshire Tragedy. Des sept pièces acceptées alors comme shakespeariennes en 1664-65. never before Printed in Folio ». ou Henry VIII. Sur les 282 pièces mentionnées par Henslowe entre 1590 et 1609. Les volumes ont des formats homogènes (octavo pour les poèmes et les collections de pièces d’un même auteur. quarto pour les pièces publiées séparément). or at least a maine finger » [dans lesquelles j’ai mis ma seule main ou au moins le principal doigt]. Comme All is True. Un trait frappant est l’écart entre ce pourcentage très élevé d’œuvres écrites en collaboration et celui. leurs pages de titre ont des dispositions similaires et les frontispices présentent un portrait de l’auteur. La différence renvoie à la logique éditoriale qui. Pour mener à bien son projet. En 1653. Thomas Dekker apparaît comme auteur de quarante-cinq pièces : trente et une fois il a écrit en collaboration (dont dix-huit fois avec deux co-auteurs ou plus) et cinq fois il a travaillé sur des textes existants. À partir de 1645. Le premier est donné par la politique éditoriale du libraire.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 491 essentielles de la production théâtrale dans l’Angleterre des XVIe et XVIIe siècles : l’écriture à plusieurs mains. une fois pour des additions. est présent onze fois dans le journal : six fois pour une pièce écrite en collaboration (dont deux fois avec Dekker et d’autres dramaturges). à plusieurs auteurs dans les éditions imprimées et les registres de la Stationers’ Company. l’entreprise de Moseley donne cohérence à un corpus qui sépare la poésie et le théâtre d’autres genres textuels (histoire. les pièces écrites à plusieurs mains. récits. beaucoup plus modeste. qui prétendait en 1633 avoir écrit 220 pièces « in which I have had either an entire hand. des pièces attribuées. Sans doute moins que d’autres. Moseley a acquis et fait enregistrer par la Stationers’ Company un très grand nombre de pièces de théâtre du temps d’Elisabeth et des premiers Stuarts. les deux tiers ont au moins deux auteurs — mais souvent plus. sur les pages de titre des éditions imprimées. C’est ainsi qu’en 1646 Moseley et Robinson avaient « entré » trente pièces de Beaumont et Fletcher (qui seront publiées dans le Folio de 1647). il publie une série d’ouvrages qui proposent aux lecteurs les œuvres des poètes et des dramaturges anglais contemporains. Thomas Heywood. Shakespeare a lui aussi. écrit avec un autre — ou d’autres. voyages. etc. En un temps où ne sont reconnues ni la spécificité de la « littérature » ni la dignité de l’écriture pour la scène. Dans le journal de l’entrepreneur de théâtre Philip Henslowe. comme The Two Noble Kinsmen. quatre pièces de . l’enregistrement d’une « copy » de The Tragedy of Cardenio par Humphrey Moseley peut être situé dans un double contexte. comme l’atteste l’exclusion des pièces de théâtre de la bibliothèque rassemblée à Oxford par Bodley et ses bibliothécaires. à savoir 15 % pour 1590-99 et 18 % pour 1600-1609. ou à aucun. Le geste avait aussi une signification politique puisque depuis 1642 les théâtres avaient été fermés et les représentations publiques interdites. pour les mêmes décennies. à différents moments de sa carrière de dramaturge. assigne à un seul auteur. membre de la Stationer’ Company depuis 1633 et fervent royaliste.) et construit un répertoire qui ne retient que des auteurs modernes — ce qui lui confère une importance primordiale dans l’invention de l’idée même de « littérature anglaise ». le Cardenio perdu devait juxtaposer au fil des scènes les styles fort différents de Fletcher et de Shakespeare. / Mais un Commentateur Critique . En 1652. / With English matching Spanish wit. B. références érudites aux Anciens et allusions aux contemporains.492 ROGER CHARTIER Davenant. / Monté de nouveau sur Rossinante »]. cinq de Shirley (qu’il éditera en 1653). enregistrée en 1653. au dernier acte de The Spanish Tragedy de . rééditée en 1652. Gayton met à profit la nouvelle édition de la traduction de Shelton. Moseley aurait pu ou aurait dû en profiter pour publier le titre sur lequel il avait propriété depuis le 9 septembre 1653. puis suivent les commentaires en prose accrochés à de courtes citations copiées presque littéralement de la traduction de Shelton. / Ses Annotations sont appropriées au Texte. L’un des poèmes des préliminaires. commence ainsi : « The famous Errant Knight of Spaine / Once more here sallies forth againe. et la pièce de 1613. si ce n’est qu’avec trois autres titres (les deux parties de Henry the First et The Merry Devill of Edmonton). une de Wilson et une pièce anonyme. au moins en partie. deux de Carlell. qui inscrit le texte de Cervantes dans le double registre du burlesque et du carnavalesque et qui associe remarques grivoises. Cardenio et don Quichotte ne sont donc pas absents la révolution anglaise de la mi-XVIIe siècle. elle avait été composée. intitulé « On Don Quixot with Annotations ». Ouverts par une lecture de la fable de Borges El espejo y la máscara / Le miroir et le masque qui désigne avec une fulgurante acuité le chemin à suivre pour que les enchantements de la fiction soient replacés au sein des pratiques de l’écrit qui les nourrissent. Dans ce texte curieux. Le même poème présente l’« auteur » du livre : « Nor is our Author a Translator. corrigée et amendée. Séminaire Les sept séances du séminaire ont toutes été consacrées à des commentaires de textes liés au cours. nous léguant ainsi le mystère du Cardenio perdu. Chaque chapitre des quatre livres est introduit par un argument en vers qu’il a composé. The History of Cardenio enregistrée en 1653 n’avait pas une particulière importance. / Remounted upon Rosinante » [« Le fameux Chevalier Errant d’Espagne / Une fois de plus sort de chez lui. Le « right in copy » acquis par Moseley sur une pièce inspirée par Don Quichotte peut être également situé dans un autre contexte : le « revival » de l’histoire de Cervantès à la mi-XVIIe siècle en Angleterre. / His Notes he to the Text doth fit. Gayton propose un troisième récit en anglais des amours de Cardenio et Luscinda et de Dorotea et Fernando. et en 1654. Mais il ne l’a pas fait. s’en emparent et les transmettent. les commentaires se sont attachés à l’ « Induction » du Knight of the Burning Pestle de Beaumont (et peut-être Fletcher). / L’esprit Anglais égalant l’Espagnol]. est publiée et pour la première fois dans le format in-folio une réédition de la traduction de Shelton. après la traduction de 1612. / But a Criticall Commentator . » [Notre Auteur n’est pas un Traducteur. par l’un des quatre dramaturges dont les œuvres avaient été rassemblées dans le prestigieux format du Folio. Dans cette perspective. Edmund Gayton fait paraître son ouvrage Pleasant Notes upon Don Quixot. 2007. Agent of Change. Herausgegeben von Alfred Messerli un Roger Chartier. Arthur Goldhammer. Cultura escrita e literatura (séculos XI-XVIII). Contributions à des ouvrages collectifs — « Les chemins de l’écrit. e usi del libro. Laura Fólica. 17-41. Lire avec Ricœur ». pp. tr. Eisenstein. pp. — Inscrever e apagar. Barcelone. 2008. Print Culture after Elizabeth L. Tania M. aux deux premiers recueils de lieux communs qui utilisent des citations des poèmes et pièces de Shakespeare. le Belvedre. — « Mémoire et oubli. Les recueils d’œuvres complètes de théâtre au XVIIIe siècle. A Reappraisal ». Edric Caldicott et Claude Bourqui (dir. et. Eric N. Presses Universitaires de Vincennes. pp. Philadelphia. or The Garden of Muses et l’England’s Parnassus. Shevlin. Paul Ricœur et les sciences humaines. Schwabe Verlag. pp. Extrême-Occident. pp. Literature and Written Culture from the Eleventh to the Eighteenth Century. pp. and Eleanor F. tr. Qu’est-ce qu’écrire une Encyclopédie en Chine ?. Paris. sous la direction de Christian Delacroix. Le Parnasse du théâtre. 397-408. Amhertst and Boston. 2007. Bruxelles. Luzmara Curcino Ferreira. maneiras de ler ». Questões de leitura no hipertexto. scène II et Acte V. Taussig (org. 2007.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 493 Thomas Kyd. 13-25. 483-493. 2007. 2007. Buenos Aires. Presses de l’Université Paris-Sorbonne. François Dosse et Patrick Garcia. — La historia o la lectura del tiempo. Extrême Orient. 2007. 2.). pp. aux tirades d’Alcandre sur le théâtre (Acte II. Teorie e pratiche di cultura editriale. aux passages qui dans Hamlet mettent en scène l’écriture à plusieurs mains. pour finir. C. Testi. 2008. ordem dos livros. Katz. 2007. Georges Forestier. La Découverte. Bâle. scène V) dans l’Illusion comique de Corneille. Publications 1. — Escuchar a los muertos con los ojos. . Chemins de l’art en Europe V e-XVIII e siècle. — « The Printing Revolution. Lindquist. Paris. — « La muraille et les livres ». forme. University of Pennsylvania Press. tous deux parus en 1600. 2007. 200-219. ou le retour à Monte Verità ». — « De la scène à la page ». Europalia International/Fonds Mercator. 205-216. 2007. 231-248. Editora Unesp. Le grand atelier. Edited by Sabrina Alcorn Baron. K. São Paulo. tr. verba manent. 2007. pp. Che cos’è un libro ? Risposte a una demanda di Kant ». Gedisa. à la scène du mariage de Luscinda dans la comedia Don Quijote de la Mancha de Guillén de Castro. Hors-Série. Mar Garita Polo. Editora Universidade de Passo Fundo. Scripta volant. Ouvrages personnels — Inscription and Erasure. Collège de France / Fayard. Miguel Rettemaier. — Écouter les morts avec les yeux. préparé par Florence Bretelle-Establet et Karine Chemla. tr. a cura di Lodovica Braida e Albero Cadioli. 2007. University of Massachusetts Press. 29-34.). Schriftkultuen in Europa zwischen 1500 und 1900 / Les cultures de l’écrit en Europe entre 1500 et 1900. Edizioni Sylvestre Bonnard. — « L’apparition du livre imprimé ». Milan. — « A escrita na tela : ordem do discurso. — « La materialità dello scritto. 83-102. 19 septembre 2007.] — 4 conférences sur le thème Literatura y cultura escrita (¿Qué es un libro ?. D. Innovación y retos de la edición universitaria. Barcelone. Théorie et mythologie du livre. Université EAFIT. auteur du Quichotte ». 2007. . Unión de Editoriales Universitarias Españolas et Logroño. 3. — « Postface ». Medellin (Colombie). 37. 3. Literatura . sous la direction de Laura Lee Downs et Stéphane Gerson. Cornell University Press. pp. — « El pasado en el presente. Entre imposición y apropiación ». pp. Historia. 2007. Missions et Conférences 1. — « Lo privado y lo público. pp. Alcalá de Henares. 361-367. Madrid. pp. Why France ? American Historians Reflection an Enduring Fascination. Seuil. University of Pennsylvania. Ithaca et Londres. Philadelphia. Pourquoi la France ? Des historiens américains racontent leur passion pour l’Hexagone. — « Afterword». Printemps 2007. Edited by Laura Lee Downs and Stéphane Gerson. — Cardenio entre lenguas. 2007. — « La matérialité du texte : Réponse à une question de Kant ». Antropología y Fuentes Orales. 31 août-1er septembre 2007. Vol. Francisco Rico. 65-81. Paris. « ¿La muerte del libro ? Orden del discurso y orden de los libros ». 2007. 12 décembre 2007. 509519. Revista de Humanidades. n° 7. Literatura. pp. 16 octobre 2007. — « The Order of Books Revisited ». géneros y lugares. historia. pp. Glasgow. 7. — Cardenio entre páginas. 103-117 et pp. Articles — « Les auteurs n’écrivent pas les livres. El pasado en el presente. pp. 2007. Magda Polo Pujadas (coord. pp. Construcción histórica de una dicotomía ». Le livre français en France et en Russie. Moscou. 127-140. 13-27. 4. pp. Universidad de la Rioja. 145-157. « El pasado en el presente. pp. 5-16 (en russe). memoria e historia ». Co-herencia. Tucumán (Argentine) Université de Tucumán. Conférences prononcées à l’étranger [Les titres des conférences sont donnés dans la langue dans laquelle elles ont été prononcées.494 ROGER CHARTIER — « La universidad y la edición ». 119-129. Université de Barcelone. — La censura de la imprenta : los Voyages de Cyrano entre la circulación manuscrita y el taller tipográfico. memoria ». pas même les leurs. Université de Glasgow. Lecturas y lectores populares). 2007. Dimensioni e problemi della ricerca storica. fiestas y tablas. 227-232. 2007. Lo privado y lo publico. — Cardenio without Shakespeare : Guillén de Castro and Pichou. — « Storie senza frontera : Braudel e Cervantes ». « Lectores y lecturas populares. 2. 13-28. Modern Intellectual History. — Shakespeare between Binding and Commonplacing. (Material Text Seminar). 4 février 2008. 22 octobre 2007. pp.). Université de Alcaá de Henares. 2007. Agenda de la pensée contemporaine. 4. Duke University. Princeton University. Mexico. University of Windsor. Valencia. 10-13 septembre 2007. Princeton University (Department of Spanish Language and Literature). — Censorship in Early Modern Europe. Philadelphie. San José. Mexico. — Braudel and Cervantes. 2. Princeton. — Congreso de los Historiadores de América Central. 28 février 2008. 6 juin 2008. La construcción del sentido). prácticas de la representación.ÉCRIT ET CULTURES DANS L’EUROPE MODERNE 495 — Cardenio. Circulo de Bellas Artes. . — Jornadas Interescuelas de Historia. Université de Costa Rica. — Aprender a leer. Durham. Princeton. 12 mai 2008. — Publishing in Spain and Latin America. Université du Costa Rica. — Congreso de la Asociación de los Bibliotecarios de América Latina. La movilidad de los textos. 27 février 2008. — « Cómo lo pintan en su libro ». Fondo de Cultura Económica. Université de Barcelone. 3. 21-25 juillet 2008. 21 avril 2008. 27 mars 2008. Universidad Nacional Autónoma de Mexico. 9 juin 2008. Madrid. 11-12 décembre 2007. entre janvier et avril 2008 — The Mediterranean World at the Age of Don Quixote (séminaire pour undergraduates). — ¿La muerte del libro ?. Cours et séminaires Cours à l’Université de Pennsylvanie. Colloques internationaux — Cultura escrita : nuevos retos. 11 juin 2008. 2-5 juin 2008. Mexico. Princeton. — Cardenio y Don Quijote sobre las tablas. Madrid. nuevas perspectivas. Rio de Janeiro. leer para aprender. — 4 conférences sur le thème Literatura y cultura escrita (La fábrica del libro. 20 juin 2008. From the Exemplary Novels to Don Quixote. or How to Read and Perform a Lost Play. — Movilidad y materialidad de los textos : Don Quijote. 21 juillet 2008. UNIRIO. — Social Mobility and Textual Mobility. 19-21 septembre 2007. Círculo de Bellas Artes et Université Carlos III. Universidad Nacional Autónoma de Mexico (Departamento de Biblioteconomía). Princeton University. — What Is a Book ? (séminaire pour graduate students). Université de Tucumán. Las tres primeras iconografías de Don Quijote. 2-4 juillet 2008 — Cultura escrita y literatura (siglos XVI-XVIII). Mexico. Cours à l’Université International Menéndez Pelayo. San José. La materialidad de las obras. Windsor (Canada). Tucumán. 21 février 2008. Barcelone. Instituto Mora (Cátedra Marcel Bataillon). — Representaciones de las prácticas. . Histoire contemporaine du monde arabe M. il paraît inutile d’en donner ici un résumé. Comme le contenu de l’enseignement est disponible en téléchargement MP3 sur le site du Collège et qu’il sera ultérieurement publié dans une version plus complète. Les aspects historiques et juridiques du terrorisme font l’objet de la réflexion théorique engagée. pour comprendre les significations qui lui sont attribuées et les pratiques qu’il revêt. il s’agit de tenter une typologie historique du terrorisme. mais également les différents champs des sciences sociales. le terrorisme mobilise non seulement les acteurs politiques. au cours de cette journée. qui convient au débat des juristes et des historiens. . La méthode suivie a été à la fois une procédure annalistique distinguant chacune des conjonctures dans leur originalité propre et l’analyse des grands thèmes sous-jacents. articulée autour de la construction des États-nations et des formes de contestations politiques. On a terminé la lecture commentée du véritable monument que constituent les Mémoires d’Akram al-Hawrani. Le séminaire a porté comme les années précédentes sur l’autobiographie politique dans le monde. L’objectif étant de repérer dans le temps les glissements et la diversité des formes de violence politique. Pour la partie historique. c’est-à-dire la majeure partie de la « guerre des trois ans ». source inestimable pour l’histoire du Proche-Orient au xxe siècle. professeur Le cours a été consacré à la question de Palestine de juin 1967 à octobre 1969. En voici le programme indicatif. par les chaires des professeurs Mireille Delmas Marty (d’Études juridiques comparatives et internationalisation du droit) et Henry Laurens (Histoire du monde arabe contemporain). Henry Laurens. Une journée d’études en commun avec la chaire d’Études juridiques comparatives et internationalisation du droit a porté le 4 juin sur une typologie historique et communauté de valeurs. Thème d’actualité s’il en est. au regard de l’émergence d’une communauté mondiale de valeurs. Mireille Delmas-Marty. Les Guise et la Couronne de France.498 HENRY LAURENS Pour la partie juridique. La conjoncture politique a fait que les cours suivants n’ont pu être donnés. régional et international. Mireille Delmas-Marty et Henry Laurens : conclusions. L’objectif étant de repérer les transformations. 6-7 décembre 2007. Denis Crouzet.E. Institut de France. titulaire de la Chaire Blaise Pascal : Terrorisme et droit constitutionnel comparé. Professeur à l’Université de Paris II . . Professeur au Collège de France : Typologie juridique du terrorisme : durcissement des particularismes ou émergence d’une communauté mondiale de valeurs ? Stefano Manacorda. Jon Elster. Michel Rosenfeld. Session I : Pour une typologie historique du terrorisme. Directeur d’études à l’EHESS : De l’action révolutionnaire aux « bandes » au pouvoir : les komtajiliks ottomans au tournant du xxe siècle. de Paris : Le terrorisme selon l’Allemagne nazie et sa répression. New York University. Académie des Inscriptions et Belles Lettres. 1562. un colloque conjoint avec la chaire de Rationalité et sciences sociales de Jon Elster a été tenu les 6 et 7 décembre 2007 sur le sujet « Mimétisme et fausses représentations dans les guerres civiles ». Dans le cadre des activités de l’Institut du Contemporain. Professeur à l’Université de Naples II : Les conceptions de l’Union européenne en matière de terrorisme. Jean-Pierre Babelon. La guerre civile et les faux prophètes. Université Lyon II. Quatre heures de cours ont été données sur la Question de Palestine à l’université Saint Joseph de Beyrouth. Session II : Le terrorisme entre droit national. Collège de France. Emmanuel Decaux. Stephen Holmes. 1939-1945. Un dilemme herméneutique. Barbara Lambauer. interne et international. Cardozo School of Law. Olivier Christin. Masques et voiles dans les guerres civiles.Panthéon Assas : Terrorisme et droit international des droits de l’homme. de la répression pénale à la guerre contre le terrorisme. Noblesse et aristocratie françaises entre conquête de l’État et quête du salut au début des guerres de religion. Chercheur à l’I. Présentation du colloque par Jon Elster et Henry Laurens.P. Hamit Bozarslan. Université Paris IV. la démarche consiste à évoquer les définitions actuelles du terrorisme dans une perspective critique éclairée par différentes branches du droit. Henry Laurens. Professeur à la Benjamin N. Professeur au Collège de France : Le terrorisme comme personnage historique. Raisons et déraison de l’iconoclasme : Saumur. Hobbes. La production sociale de la violence politique : le cas de l’Irak. Ahmad BEYDOUN. Reina Sarkis. Quatre conférences ont eu lieu à l’Université de Georgetown et au Centre culturel français de Washington en février 2008. Comments on Leonard Binder’s « Identity. 2. Plusieurs entretiens dans la presse et dans des revues. 3. des Universités inter-âges. Professeur à l’Université de Beyrouth (Liban) a fait les quatres conférences suivantes : 1. Stanford University. Laurens a participé au colloque de rentrée du Collège de France sur l’autorité avec une communication l’Autorité sans l’État. Collège de France. Une conférence à Mascate en Oman à l’invitation du Ministère des Affaires religieuses en mars 2008. Une nouvelle donne intercommunautaire ? 4. l’Académie des sciences morales. Nombreuses interventions dans différentes instances allant de l’association parlementaire France-Égypte. 2e session. Le système politique libanais a-t-il un avenir ? Une publication rapide de ces conférences est prévue. 1re session. En coopération avec l’IISMM-EHESS et en liaison avec la Mairie de Paris un cycle de 16 conférences publiques a été organisé sur l’intitulé général Connaissance de l’Islam. Au mois de mai 2008. Collège de France. des associations culturelles. zone de conflits ?. Jihane Sfeir.. la Délégation de la Communauté Européenne à Paris. le professeur invité : M. Henry Laurens. Parcours politiques et modes d’engagement de combattants chiites dans la guerre civile libanaise. le lycée de Bondy.HISTOIRE CONTEMPORAINE DU MONDE ARABE 499 Jim Fearon. Culture. le Moyen-Orient. Qu’est-ce qu’une communauté confessionnelle ? Édouard Méténier. Du Pacte de 1943 à l’accord de Taef : les résistances à la déconfessionnalisation. . M. and Collective Action ».. Quatre participations à des jurys de thèse et d’habilitation. le cas des Palestiniens. Participations à diverses émissions radiophoniques et télévisuelles ainsi qu’à des documentaires télévisuelles. Collège de France. Deux conférences en Tunisie en avril 2008 à l’invitation de l’École normale supérieure et de la Chaire UNESCO de philosophie. Ce qu’« indépendance » voulait dire. Université Paris VII Altérations psychiques et guerres infinies. l’Islam au quotidien. dont la soutenance est prévue en décembre 2008. Participation aux sessions générales et aux ateliers. — Participation à l’activité de recherche de la chaire : Préparation d’un atelier de travail pour décembre 2008 sur le thème « L’écriture de l’histoire et ses enjeux : le cas de l’Irak » organisé conjointement par la chaire et par le CERMOM/INALCO. Beyrouth les 14 et 16 décembre 2007. Troisième Conférence et des Ateliers Culturels sur le Dialogue entre les Peuples et les Cultures dans la Zone Euroméditerranéenne et de Golfe. Turin le 21 septembre 2007. Alexandrie 19-21 janvier 2008. Première Rencontre européenne d’analyse des sociétés politiques. Les Sciences Sociales à L’épreuve du Monde Contemporain. mon activité a consisté à poser les bases du travail pour lequel le professeur Henry Laurens m’a proposé de rejoindre son équipe de jeunes chercheurs. sur le site internet du Collège. 15. Le Caire. La Greffe de la démocratie : les paradoxes de la longue durée. Citoyenneté et Identité palestiniennes. Mise en place avec Jihane SFEIR. l’Italie et l’Europe ? » Séminaire de l’Observatoire franco-italien. Colloque international organisé par l’Institut Européen en sciences des religions (IESR) l’École Pratique des Hautes Études (EPHE). de l’équipe de recherche constituée autour de la chaire. Quel avenir pour les chrétiens d’Orient ? Vendredi 16 et samedi 17 novembre 2007. . étant entendu que ma mission première réside dans l’achèvement de la rédaction de ma thèse de doctorat. sur le site internet du Collège. Sous le parrainage du Ministère des Affaires Étrangères. ATER au Collège de France Installé à mon poste depuis le 1er septembre 2007. — Assistance à l’activité d’enseignement de la chaire : Rédaction de la présentation du cours 2007-2008 pour publication sur la webpage de celle-ci. Hommage à Alain Roussillon. prévue en juin 2009. Paris 1er février 2008. d’un séminaire de recherche organisé conjointement par la chaire et l’IISMM sur le thème « Historiographie(s) du Monde Arabe Contemporain — Entre histoire(s) et mémoire(s) : formes et enjeux des conflits de légitimité » dont la mise en route est programmée pour le premier semestre 2009. Préparation d’une journée d’étude : « Les democratization studies à l’épreuve du terrain : le cas du Greater Middle-East » organisée par la chaire avec l’appui de l’IMC. 16 et 17 juin 2008.500 Participation à des colloques : HENRY LAURENS « Quelle Méditerranée pour la France. Activité de l’équipe Édouard Méténier. Création de la page Laboratoire sur la webpage de la chaire. Institute of Palestinian Studies et Institut Français du Proche-Orient. Enseignement 2008-2009 : Responsable du séminaire IISMM/Collège de France : « Historiographie contemporaine du monde arabe ». Paris-Beyrouth. Beyrouth (à paraître 2008). numéro spécial dirigé par Boris James. chercheure associée Recherche 2008-2009 : Post-doctorante responsable de la coordination du programme ANR Archiver : les pratiques historiographies au Moyen-Orient. Paris. « Kurdicités irakiennes : Aperçus historiques sur la présence kurde à Bagdad à l’époque moderne » pour la revue Études kurdes (Paris). Septembre 2007-décembre 2007 : Assistant Professor. Conférence internationale « L’ivresse de la liberté : la révolution de 1908 dans l’empire ottoman » organisé les 5. Refugees and Every Day Life » (Master Middle-East Studies). Institut d’études de l’Islam et des Sociétés du Monde Musulman (EHESS)/Collège de France. Jihane Sfeir. 5 (2007/2). Co-direction avec Édouard Méténier. vol.). Beyrouth. 2006-2008 : Participation au projet Cedre (CEIFR/CNRS/USJ) « Le passage des frontières ». Khalidi et Diane Riskedahl (ed. Edward Said Orientalism » et « Palestinian Condition : History. IPS/IFPO. numéro spécial dirigé par Riccardo Bocco : Situations conflictuels au MoyenOrient. Beyrouth/ Paris. 27 et 28 octobre 2007 à Istanbul par le TAARII et le Hollings Center.A.HISTOIRE CONTEMPORAINE DU MONDE ARABE 501 — Participation à des rencontres académiques : Conférence internationale « Unity and Diversity in Iraq : the Nation’s Past and Future » organisée les 26. Publications Ouvrage L’exil palestinien au Liban : le temps des origines 1947-1952. Université Américaine de Paris « Methodology on Islam (Master Middle-East Studies) : Frantz Fanon Wretched of the Earth. Contributions à des ouvrages collectifs « Palestinians in Lebanon : the Birth of the Enemy Within ». in M. 2008/1. en collaboration avec Louloua Al-Rachid. Les Kurdes d’Irak : approches historiques. IFPO/Karthala. 6 et 7 juin 2008 au Collège de France par la chaire d’histoire ottomane et l’UMR 8032 Études turcs et ottomanes du CNRS. — Publications remises aux éditeurs au cours de cette année : « La production sociale de la violence dans l’Irak post-baathiste ». . Palestinian Citizenships and Identities. pour la revue A Contrario (IUED/Université de Genève). 2008. Colloque « Masques et voiles dans les guerres civiles » organisé les 6 et 7 décembre 2007 au Collège de France par les professeurs Jon Elster et Henry Laurens. 2007-2009 : Participation au programme ANR « Mémoires de guerre » Institut Français du Proche-Orient et Université Saint-Joseph. 2008 19 juin : Intervention dans le cadre des jeudis de l’Institut du Monde Arabe sous le titre : « La mémoire palestinienne de 1948 ». 6-7 décembre : Participation au colloque organisé au Collège de France : « Masques et voiles dans les guerres civiles » (sous la direction de Henry Laurens et de Jon Elster). Arab and Islamic Studies in honor of John J. dans le cadre du programme ANR « Liban. 29 novembre : intervention au séminaire « Guerre et société dans le monde arabe contemporain : les figures du combattant » dirigé par Nadine Picaudou (CEMAf. Interventions 2007 13-14 décembre : participation au colloque « Palestinian Citizenships and Identities ». Paris. Bruxelles. Univ. en partenariat avec l’Université Saint-Joseph de Beyrouth en janvier 2007. 17 octobre : présentation avec Édouard Méténier du séminaire d’études IISMM/Collège de France : « Historiographie contemporaine du monde arabe ». Donohue s. un milieu. Beyrouth. 4 mars : Présentation de mon ouvrage « L’exil palestinien au Liban : le temps des origines.. Paris I) . 427-462. 24 Avril : Conférence à l’Institut Français du Proche-Orient autour de « L’exil palestinien au Liban ». 15 Mai : Intervention au Centre de Formation des Journalistes. 1947-1952 » Édité par Karthala et l’Institut français du Proche-Orient (2008). pp. Rabat. Orient-Institut. 2007. traces et usages » entamé à l’Institut Français du ProcheOrient. Univ. Collège de France. 29-31 octobre : Participation à la table-ronde « Regards croisés sur les recompositions sociales. Programme de Coopération pour la Recherche Universitaire et Scientifique. Paris I) . Intervention : « Citoyennetés. (CORUS/ENA Meknès/IRD). 5 décembre : participation à une journée d’étude organisée par le Laboratoire d’Anthropologie Urbaine (UPR34/CNRS). Paris. . Paris. animation d’un séminaire sur « Le monde des journalistes arabes. Intervention : « Nom de guerre : Bassel . (CHS. Intervention : « Palestinians in Lebanon : the Birth of the Enemy Within ».502 HENRY LAURENS « Éclatement d’une société et dispersion d’un peuple : les récits de la Hijra de 1948 ». in Leslie Tramontini et Chibli Mallat (ed.). territoriales et identitaires dans les pays du Sud ».j. Sylvie Thénault. Univ. Beyrouth. ». Leyla Dakhli De février à juin 2008. 18 Mai : Participation à la conférence autour des 60 ans de la Nakba. Paris. Paris. CNRS) : « Parcours politiques et modes d’engagement de combattants chiites dans la guerre civile libanaise ». Beyrouth. Intervention sur « Parcours politiques de combattants chiites dans la guerre civile libanaise ». Paris. Paris. Paris I) . un métier : questionnements et itinéraires » (séminaire EHESS accueilli dans les locaux du Collège de France). Portrait d’un combattant chiite. Raphaëlle Branche (CHS. From Baghdad to Beirut. mémoires de guerre : pratiques. Rabat. Pierre Vermeren (CEMAf. organisé par l’Institut Français du Proche-Orient (IFPO) et l’Institute for Palestine Studies (IPS) à l’Université Américaine de Beyrouth. Identités et territorialités palestiniennes». Mediterranean Meeting. parcours d’une génération intellectuelle en Syrie et au Liban (1908-1940) ». — Panel sur l’étude de la presse arabe. Routledge. éditions KhartalaIISMM (à paraître en septembre 2008). Chicago. Islamic Modernism.fr/document. pour Le Mouvement Social.univ-paris1. Episode and Discourse. 9-10 février. — Note de lecture de Bernard Rougier. 12 au 16 mars. mars 2008 « Pour une étude de l’émergence de la presse d’opinion dans le Bilad al-Shâm : le courrier des lecteurs ».php?id=1091. Maisonneuve et Larose. Harvard University Press. — Note de lecture de Mansoor Moaddel. Syrie et Liban.2008). Everyday Jihad. and Fundamentalism. pour les Annales HSS (à paraître n° 4 . Nationalism. . octobre 2007. The University of Chicago Press. The Rise of Militant Islam among Palestinians in Lebanon. Institut Européen Robert Schuman de Florence. 1908-1940. — « The “Mahjar” as literary and political territory in the first decades of the 20th century : the example of Amîn Rîhânî (1876-1940) ». Genèse des traditions et traditions réinventées. http://mouvement-social. Cambridge MA. L’exemple de la presse écrite levantine dans l’entre-deuxguerres ».HISTOIRE CONTEMPORAINE DU MONDE ARABE 503 Participation à des colloques et ateliers : — Nouveaux médias dans le monde arabe. colloque organisé par l’université de Lyon II. 2007. 2005. Florence. Publications — Une génération d’intellectuels arabes. « Les premiers temps de la modernisation du paysage médiatique arabe. in The Arab Intellectual and the Question of Modernity. in Savoirs et pouvoirs. forthcoming 2009. — « Le pouvoir aux savants. . on peut éviter l’arbitraire en déduisant de celles-ci des faits nouveaux (les novel facts de Imre Lakatos). la rationalité et les motivations intéressées. Concernant les deux composantes de la théorie économique que je viens de mentionner. Jon Elster. je défends dans le cours l’idée qu’il faut y renoncer. Ensemble. professeur L’irrationalité Ce cours sur l’irrationalité fait suite au cours de l’année précédente sur le désintéressement. Dans la mesure où la recherche de vérité doit l’emporter sur la quête de simplicité et dans la mesure où l’hypothèse de l’homme économique est réfutée par les observations empiriques. Le fait que ces hypothèses alternatives ne se laissent pas intégrer dans une théorie unifiée. j’ai fait appel à deux corps théoriques distincts. d’un côté les classiques de la pensée. il n’est pas vrai de dire que la première implique la seconde. on peut dire qu’un grand nombre d’économistes continuent d’utiliser les deux hypothèses du choix rationnel et des motivations intéressées. et d’un autre la psychologie et l’économie récentes. qui comporte souvent un brin de mauvaise foi. Strotz et élaborée par George Ainslie). Il s’agit là d’une vue simpliste et fausse. Pour attaquer la théorie du choix . les deux cours constituent les deux volets d’une critique de la théorie de l’homme économique. Comme dans ce dernier cours. je propose non pas tant un résumé du cours en tant que tel qu’une explicitation du concept d’irrationalité tel que le cours l’a déroulé.H. semblable à cet égard à la théorie du choix rationnel. cherchant les bonnes questions chez les classiques pour essayer ensuite de trouver les bonnes réponses chez les modernes. J’ajoute qu’en faisant appel à d’autres hypothèses (par exemple la théorie des perspectives proposée par Daniel Kahneman et Amos Tversky ou la théorie de l’escompte hyperbolique proposée par R. de Montaigne à Tocqueville. qui ont en leur faveur la simplicité et la parcimonie. ou homo economicus. Dans ce qui suit. ne saurait constituer une objection décisive.Rationalité et sciences sociales M. Sans trop caricaturer. dont le statut est assez différent. Or c’est une victoire trop facile. Il convient néanmoins d’observer que. Elle est un peu moins essentielle que les deux autres composantes. sont toutes à rejeter. il faut penser avoir agi pour le bien d’autrui. par réflexe. Cette composante est surtout importante dans les jeux stratégiques. leur motivation intéressée. l’élucidation complète de la psychologie individuelle ferait disparaître la sociologie. Il sait en particulier qu’ils sont rationnels. Il est tout à fait possible que certains comportements d’apparence altruiste soient en effet motivés par un désir d’autosatisfaction. en ce sens qu’on peut souvent obtenir des prédictions précises même dans le cas d’information imparfaite. car c’est une position qui n’est défendue par aucun économiste sérieux. tout ce que je dis dans ce cours sur les comportements irrationnels présuppose un cadre individualiste. contrairement à ce que l’on peut lire chez les durkheimiens. Qui défend l’une d’entre elles est accusé. bien entendu. les motivations intéressées. l’individualisme méthodologique n’implique ni la rationalité des agents ni leur motivation intéressée. En fait. Elle a pourtant une place dans le type idéal de l’homme économique. on ne peut pas garder à la fois l’hypothèse de motivations égocentriques et l’hypothèse de rationalité. d’accepter les autres. est celle de l’individualisme méthodologique. La théorie de l’homme économique comporte aussi une troisième composante : l’hypothèse que chaque agent est parfaitement informé de la situation de tous les autres acteurs. en gros. Une quatrième composante. sous la forme de la duperie de soi-même. pour lesquels il semble en effet aller de soi que l’agent rationnel ne poursuit que son intérêt propre. Si j’alloue une partie de mon revenu à la réduction de la pauvreté dans le tiers-monde. En réalité. Afin d’obtenir la satisfaction intime d’avoir fait le bien. on pourra mettre en question non seulement mon altruisme mais également ma rationalité. Il n’entre pas dans mon propos ici de défendre cette doctrine. On peut donc retenir cette dernière composante de la théorie de l’homme économique tout en rejetant ou en critiquant les trois autres. et qu’ils sont eux aussi parfaitement informés. et l’individualisme méthodologique — sont strictement indépendantes les unes des autres. Il existe pourtant une idéologie bien-pensante selon laquelle elles sont étroitement solidaires et. Le cours explore à cet égard ce que les économistes appellent le « warm glow » (dans ma terminologie « l’effet Valmont ») qui correspond au plaisir ressenti dans toute action altruiste. Le présent cours est . une motivation désintéressée comme l’altruisme est non seulement compatible avec la rationalité. mais elle l’exige. Or il faut ajouter que dans cette hypothèse il faut aussi présupposer l’irrationalité. le même souci désintéressé qui m’y conduit doit aussi me faire rechercher la fondation philanthropique qui en fasse le meilleur usage. Trois des idées dont je viens de parler — la rationalité.506 JON ELSTER rationnel il est sans doute commode de s’en prendre à ses avocats les plus grossiers. selon lequel. Si mon argent finit par profiter plus aux fonctionnaires de la fondation — ou aux dictateurs — qu’aux pauvres. à laquelle je souscris profondément. En de tels cas. C’est ainsi que l’on peut expliquer tous les dispositifs que nous construisons — ou que la société met à notre disposition — pour combattre la faiblesse de volonté. Indétermination et irrationalité 31 janvier. comme l’est aussi celle de rationalité par contraste avec laquelle elle se définit. L’escompte du futur 20 mars. Réduction et production de dissonance cognitive 14 février. C’est ce que j’appellerai « surrationalité ». la rationalité est une idée incontournable — transculturelle et transhistorique — au contraire de l’idée de motivations intéressées. Biais et heuristiques 10 avril. cependant. ou peut-être pascalien : « Il n’y a rien de si conforme à la raison que ce désaveu de la raison ». il peut aussi y avoir hypercorrection. Ce cours opère ainsi un va-et-vient constant entre le normatif et l’explicatif. Agir contre soi. Les passions 27 mars. La force normative de la rationalité sert de correctif permanent aux tendances irrationnelles spontanées. le comportement rationnel est de tous les temps. Il me semble plus exact de remonter à Leibniz. ainsi que je les ai décrits dans un livre récent. La théorie des perspectives 17 avril. qui concevait le choix par Dieu du meilleur des mondes possibles par analogie avec l’entrepreneur rationnel. Même si l’idée de la rationalité instrumentale est de date assez récente. Les croyances motivées 13 mars. Or comme toujours lorsqu’il y a des moyens de correction. On affirme souvent que la notion de rationalité instrumentale dans son sens contemporain date des années 1860-1870. La force normative de la rationalité est si puissante que nous sommes souvent tentés de l’appliquer hors de son domaine naturel. Vue d’ensemble Introduction L’idée d’irrationalité est d’origine relativement récente. Les structures élémentaires de la rationalité 24 janvier. La faiblesse de volonté 21 février. Introduction générale 17 janvier. quand eut lieu la révolution marginaliste en économie. La surrationalité 7 février. Le cours a suivi en gros le plan suivant : 10 janvier. Les passions (suite) 3 avril. Je tiens à souligner que du point de vue normatif. les phénomènes irrationnels étaient liés aux perturbations physiologiques et viscérales.RATIONALITÉ ET SCIENCES SOCIALES 507 largement une critique de la force explicative de la notion de rationalité. Pour les anciens. Ainsi la « critique » de la rationalité que je proposerai est en partie une critique au sens kantien. Il en va de même de l’irrationalité. L’irrationalité était essentiellement . qu’on va supposer transparents. 1 2 3 4 Lorsque la personne se trouve au point 1. Or quand la personne arrive au point 2. le bien plus grand lui semble préférable. Elle va donc choisir le bien moins grand. Il s’agit là d’une simple illusion que le cerveau corrige automatiquement sans que nous y fassions attention.508 JON ELSTER « chaude ». Lorsque la personne contemple le choix entre les biens au moment 1. Or nous savons aujourd’hui qu’il existe également une irrationalité « froide » qui n’est accompagnée d’aucune perturbation de l’organisme. il faut a priori définir la notion de rationalité dont on se sert. A ce point de l’exposé. n’est plus tenable aujourd’hui. . au sens large des anciens. le diagramme suggère pourtant ce qui sera confirmé plus loin. à quelque distance des deux bâtiments. en interprétant l’axe horizontal comme une dimension temporelle plutôt que spatiale et les hauteurs des bâtiments comme des biens qui deviennent accessibles aux moments 3 et 4 respectivement. Les lignes obliques représentent maintenant la valeur présente des deux biens aux divers moments du temps. l’essentiel est de comprendre que le présupposé traditionnel et implicite selon lequel l’irrationnel découle toujours des passions. leurs grandeurs apparentes relatives et leurs grandeurs réelles relatives sont les mêmes. mais au moment 2 la préférence s’est renversée. considérons une personne qui marche vers deux bâtiments. le bâtiment plus petit domine le plus grand. Pour en donner un exemple. les sciences sociales ont découvert un grand nombre de mécanismes précis qui sont générateurs de comportements irrationnels et dont il est longuement question dans ce cours. C’est un cas paradigmatique de l’irrationalité froide. ses finances et ses relations personnelles. D’un point de vue intuitif. De manière qualitative. Pour pouvoir affirmer l’irrationalité de tel ou tel comportement. Prenons le comportement de quelqu’un qui se soucie peu des conséquences éloignées dans le temps de ses actions présentes. Dans les trente dernières années. sauf le passage du temps. Le bâtiment le plus grand apparaît comme le plus grand. à savoir qu’il peut y avoir un changement de préférences sans que rien ne se passe. avec des conséquences négatives pour sa santé. On peut aussi lire le diagramme de manière différente. De même. la rationalité ou l’irrationalité d’une action n’est pas un attribut de l’action elle-même mais du processus qui l’engendre. De manière plus importante. l’intérêt des mécanismes de l’irrationalité est de fournir des outils pour l’explication de l’action. mais simplement parce qu’elle me semble la plus utile à mes fins. A mon avis. cet individu souffre des effets de ses actions. Ou bien. En ce qui concerne ces fins. produite par l’évolution. l’observateur peut la transformer en prédiction. mais la bêtise n’est pas la même chose que l’irrationalité. Une fois établie cette prescription. j’adopte une définition résolument subjective des notions du rationnel et de l’irrationnel. tels que la sélection naturelle. Du point de vue que j’adopte dans ce cours. je montre dans les deux conférences sur les passions que la simulation de la rationalité par la sélection naturelle risque d’être imparfaite. . Dans ce cours. non pas que cette définition soit plus « correcte » qu’une autre. il n’en est rien. et même d’abord. pour le dire encore autrement. La théorie du choix rationnel suggère des hypothèses dont on peut se servir pour rendre compte des comportements observés. Il importe de voir que cette vérification fournit un critère nécessaire mais non suffisant de la rationalité du comportement. Cela dit. et que les réactions émotionnelles au danger enfreignent souvent les normes de la rationalité. Elle dicte à l’agent ce qu’il doit faire afin de réaliser ses projets au mieux possible. elles sont surtout explicatives. D’un point de vue objectif. Il s’agit en quelque sorte d’une distinction entre la vente en gros et la vente au détail. Autrement dit. l’influence de la sélection naturelle sur la capacité à faire des choix rationnels délibérés est beaucoup plus importante que l’existence en nous. Le fait que la sélection naturelle ait produit des comportements qui sont souvent les mêmes que ceux qu’aurait choisis un agent rationnel ne prouve en rien qu’il s’agit d’actions rationnelles. On rencontre parfois l’idée de la rationalité des émotions. ce qui n’exclut pas que de son point de vue subjectif il fasse ce qui lui semble le mieux. même lorsque l’on peut démontrer que tel n’est pas le cas).RATIONALITÉ ET SCIENCES SOCIALES 509 on dirait sans doute que cet individu constitue le paradigme même de l’irrationalité. En posant comme hypothèse explicative que l’individu dont il s’agit est en effet rationnel. de réactions automatiques capables de simuler la rationalité. fondée sur l’efficacité des réactions émotionnelles et quasi automatiques aux situations dangereuses. idée qui d’ailleurs n’a pas de sens. une théorie normative. Le cours explore également les mécanismes susceptibles de « mimer » la rationalité (c’est-à-dire où tout se passe « comme si » l’agent était animé par la rationalité subjective. même un comportement qui est conforme aux prescriptions de la théorie du choix rationnel pourrait être le résultat d’un mécanisme irrationnel. Or à mon avis il ne faut pas confondre le caractère adaptatif de ces réactions et leur prétendu caractère rationnel. Le comportement des gouvernements occidentaux à la suite du 11 septembre 2001 en offre sans doute un exemple. Je serais prêt à dire qu’il se comporte bêtement. la théorie du choix rationnel est aussi. on vérifie celle-ci en comparant son comportement observé avec le comportement que recommande la théorie. une proposition empirique : ni les émotions ni le marché ne tendent en général à produire. même si de temps en temps il me faudra faire face aux implications contre-intuitives de cette approche. par exemple. Supposons maintenant que nous nous proposions de vérifier l’hypothèse de l’homme économique dans une situation précise. On peut néanmoins affirmer qu’ils se comportent comme s’ils étaient capables de calculs sophistiqués. dans cette perspective. Il y a de nombreuses disanalogies entre la sélection naturelle et la concurrence du marché. les sociétés de marché constituent un phénomène exceptionnel. c’est faux. des comportements adaptatifs. et qu’elle s’avère fausse. recherchent un seuil de satisfaction plutôt qu’un maximum. ne serait qu’un phénomène passager et éphémère. On pourrait penser que cette incohérence constitue un handicap sévère pour l’organisme. notamment à la concurrence du marché. dont la plus importante découle peut-être du fait que l’environnement économique change trop vite pour que la concurrence ait le temps d’éliminer les agents qui auraient choisi des critères de décision sous-optimaux. Ce raisonnement. d’affirmer que le toxicomane soit rationnel ? Je répondrai que ce n’est pas absurde. D’autre part. qui est un fait objectif. Dans la suite de ce cours. une proposition conceptuelle : l’adaptation. le plus souvent. D’une part. Ils coupent la poire en deux. est pourtant extrêmement faible. Puisque l’hypothèse comporte les diverses composantes qu’on a vues. les agents sociaux utilisent des critères de décisions souvent très grossiers. Ainsi. de manière systématique. Selon la thèse dite de Duhem-Quine. L’irrationalité. mais apparemment il n’en est rien. qui est un fait subjectif. la plupart des choix des agents sociaux ne se font pas dans le cadre d’une situation concurrentielle dont les perdants seraient éliminés. En second lieu. N’est-il pas absurde. la capacité à former des croyances bien fondées et à opérer des arbitrages cohérents entre les diverses fins qui s’imposent est essentielle. on peut faire appel à une analogie sociale de la sélection naturelle. nos . Dans la réalité. comme je l’ai indiqué dans le diagramme de tout à l’heure. il est difficile de savoir ce qu’il faut en conclure. Il existe maintenant une littérature considérable suggérant fortement que cet arbitrage est typiquement incohérent. n’a rien à voir avec la rationalité. qui est au fondement de l’hypothèse de la rationalité « comme si » adoptée par l’économie moderne. etc. j’insisterai toujours sur le caractère radicalement subjectif de la rationalité. dans l’histoire du monde. De plus. puisque ceux qui s’écartent du comportement optimal sont éliminés par le marché. Admettons que des femmes et des hommes de chair et de sang soient incapables d’accomplir les calculs pour lesquels les chercheurs ont besoin de plusieurs pages de mathématiques avancées.510 JON ELSTER Dans un environnement complexe. Finalement. Il convient ainsi de bien distinguer les deux propositions suivantes. même si. imitent le voisin. l’on pourrait réconcilier l’hypothèse de l’agent rationnel avec certaines modélisations de la rationalité qui lui imposent un fardeau cognitif très lourd. Le cours traite à cet égard du problème des poids relatifs qu’il convient d’accorder aux biens proches dans le temps et aux biens plus éloignés. sans qu’il en soit conscient. avec le premier Freud. Je citerai pourtant aussi des cas dans lesquels un agent semble adopter une croyance qui ne correspond ni à ce qu’il a de bonnes raisons de croire ni à ce qu’il désire être le cas. Il ne s’agit pas là d’un constat empirique. « Si je vote. mais en bloc et de manière simultanée. Ainsi l’on adopte parfois une opinion ou une croyance non pas parce qu’elle est appuyée par les observations ou les expériences. il est parfois difficile de savoir si les résultats d’une expérience donnée réfutent l’hypothèse de la rationalité ou celle d’une motivation intéressée. l’idée de la pulsion de mort est trop spéculative pour être d’une utilité quelconque. Ce serait l’explication par le désintéressement. de manière plus ou moins consciente. Une autre question très difficile concerne l’existence de croyances et d’émotions inconscientes. Même lorsqu’une expérience est conçue afin de sonder une hypothèse précise. Le cours en examine de nombreux exemples. On peut déduire leur existence à partir de leurs effets. un résultat négatif n’infirme pas forcément celle-ci. celui de Au-delà du principe de plaisir ? A mon avis. La réduction de la dissonance cognitive et la formation de croyances motivées sont des processus qui se déroulent « dans le dos » de l’agent. il semble y avoir non seulement une croyance motivée. ceux qui sont comme moi voteront aussi. Le cours n’offre pas de meilleure alternative. peut-on faire appel au second Freud. que les processus de l’inconscient sont sujets au Principe de Plaisir. mais d’une vérité conceptuelle. Pour expliquer pourquoi les électeurs se donnent la peine de voter. Attribuer cette capacité à l’inconscient serait donc en faire une conscience. mais également la . d’autres avec les mêmes caractéristiques que lui le feront également. L’inconscient est incapable de reculer pour mieux sauter. malheureusement. ce qui justement est un trait constitutif de la conscience. Dans le cas qui nous concerne ici. Dans mon cours de l’année dernière. Chaque individu se dirait.RATIONALITÉ ET SCIENCES SOCIALES 511 hypothèses ne confrontent pas le monde une par une. Il serait tentant de conclure. La propriété fondamentale de ces processus inconscients consiste en ce qu’ils sont dirigés vers la satisfaction immédiate. que s’il vote. un peu comme on a déduit l’existence de la matière noire dans l’univers. Agir en vue d’une fin éloignée présuppose que celle-ci soit représentée sur l’écran mental de l’agent. on peut comprendre leur vote comme un don à la société. mais pour le plaisir qu’on en tire. Dans les phénomènes de mauvaise foi ou de duperie de soi-même. Pour comprendre ces comportements. Je voudrais dire deux mots sur le rôle de l’inconscient dans les phénomènes irrationnels. On pourrait également interpréter leur décision de se déplacer pour voter comme l’effet d’une sorte de pensée magique. La nature exacte de ces processus nous est largement inconnue. j’ai cité le comportement électoral comme un exemple possible. Il me semble évident que les processus inconscients y jouent un rôle important. car il se peut que le coupable soit l’une des hypothèses auxiliaires adoptées implicitement ou explicitement par le chercheur. Qu’on pense par exemple à la jalousie d’Othello ou à celle du Narrateur chez Proust. » Ce serait l’explication par l’irrationalité. désirs et croyances. dira simplement qu’il est « fatigué ». on pourrait tester l’hypothèse d’une croyance inconsciente en annonçant au sujet que l’amant de sa femme va se trouver en tel lieu. L’idée d’émotion inconsciente est ambiguë. observé la transmutation de l’émotion de l’envie en indignation. En principe. mails il est difficile de nier l’existence du phénomène. a sous-estimé l’importance des relations causales. De plus. étant donné ses croyances. Dans la conférence sur les croyances motivées on voit que certaines expériences psychologiques suggèrent la possibilité d’une telle manipulation des sujets par leur inconscient. en soulignant uniquement l’optimalité de l’action rationnelle. La nature hideuse de l’envie induit un désir de la supprimer ou de la transmuer. mais même reléguée à l’inconscient.512 JON ELSTER suppression d’une croyance initiale plus pénible encore que mieux fondée. l’interprétation de ces résultats reste pourtant fragile. D’autre part. elles indiquent que ces désirs et ces croyances constituent les causes de l’action. par le ton des remarques dérogatoires que fait le sujet envieux sur l’objet de son émotion. et des émotions qu’on supprime. où le sujet se rend régulièrement. Afin qu’il puisse rester ignorant au niveau de la conscience. son inconscient l’empêche de se promener dans les parties de la ville où il risquerait de rencontrer son épouse avec son amant. les flèches indiquent que l’action choisie est le meilleur moyen de réaliser les désirs de l’agent. Or comme on le sait depuis Sartre. pour voir s’il évite d’y aller. Il y a des émotions qui s’ignorent. Un observateur peut constater la colère ou l’amour chez une personne qui n’a pas elle-même conscience de ressentir ces émotions. Tant que le problème de l’instance de la suppression n’est pas résolu. sans doute. On ne comprend pas très bien comment cela se fait. mais le sujet lui-même se voit dans un état de juste colère. Dans une culture qui n’a pas conceptualisé la notion de dépression. puisqu’elles représentent à la fois des relations de causalité et des relations d’optimalité. un jour donné. elle continue d’exercer une influence causale sur le comportement. Les émotions qu’on supprime mais qui persistent dans l’inconscient présentent un problème plus aigu. mais à une ignorance motivée. Nous avons affaire dans ce cas non pas à une simple ignorance. nommer l’instance mentale qui effectue cette suppression cause des problèmes formidables. Un observateur constate sans difficulté la persistance de l’envie. comme c’est apparemment le cas à Tahiti. Considérons l’exemple hypothétique suivant. Un homme se ment à lui-même sur la fidélité de son épouse. un jeune homme dont l’amie l’a quitté pour un autre et qui exhibe toutes les signes cliniques de la dépression. Les flèches épaisses ont une double interprétation. Considérons les rapports entre action. . Nous avons vu que Max Weber. il faut se demander si les croyances inconscientes ont en commun avec les croyances conscientes de pouvoir servir de prémisses à l’action. D’une part. ayant supprimé la conscience du fait qu’elle le trompe avec son meilleur ami. Voici le schéma de base qui sert de cadre conceptuel pour le cours tout entier. Nous avons tous. l’action principale se double d’une action secondaire ou préalable. Dans le cours. en revanche. ces relations causales ont évidemment une grande importance. est d’une importance fondamentale. On forme la croyance que le monde est tel qu’on voudrait qu’il soit. Je dis « en gros ». puisqu’on a déjà vu des cas. ce dernier explanandum comprend la quantité de ressources — que ce soit en temps ou en argent — que l’agent consacre à l’acquisition de nouvelles informations. en sus de celles qu’il possède déjà. dans lesquels l’agent tend à former les croyances qu’il a intérêt à trouver fausses. On verra notamment que plusieurs formes d’irrationalité ont leurs origines dans un investissement soit insuffisant soit excessif dans l’acquisition d’information. Sans entrer dans tous les détails. Cette influence causale équivaut en gros à prendre ses désirs pour des réalités.RATIONALITÉ ET SCIENCES SOCIALES 513 Action Désirs (préférences) Croyances (opinions) Informations Les flèches minces. De manière plus précise. Cette variable. mais également des croyances de l’agent et de sa recherche d’information. considérons simplement la flèche qui va des désirs vers les croyances. souvent négligée dans l’analyse du choix rationnel. comme celui de la jalousie d’Othello. Dans . Donc de manière générale. sauf si l’agent décide de ne recueillir aucune information supplémentaire. Le schéma représente l’explication non seulement d’une action. représentent des relations causales qui ne sont pas en même temps des rapports d’optimalité. L’acquisition d’information est une action ou un ensemble d’actions. Dans la guerre. à partir de données fragmentaires et parfois contradictoires. Certes. l’action principale et l’action secondaire coïncident. On se trouve avoir telle ou telle opinion. En revanche. On ne peut pas se décider à croire. l’idée de croyances rationnelles pourrait sembler mystérieuse. se fait d’une manière qui accorde à chacune d’entre elles son poids approprié. de pertinence et de fiabilité souvent très variables. Greenspan avait la capacité de deviner. Le cours essaie dans une certaine mesure de le justifier. par les conséquences qui en découlent. la formation de croyances ne constitue pas une action. Supposons qu’un général. plutôt que de procédures mécaniques susceptibles d’être enseignées et transmises. elle est étroitement liée aux qualités de jugement et de bon sens. Or les croyances se commandent en amont. avant de livrer une bataille. pour les croyances ordinaires. la méthode la plus sûre est souvent d’engager le combat. Dans le cas typique. octobre 28 2005). la synthèse spontanée des diverses éléments d’information. Dans cette perspective. c’est un processus passif. non pas d’en aval. La formation de croyances rationnelles est ainsi une question de capacités personnelles et intimes. sur l’ancien directeur de la Réserve Fédérale aux Etats-Unis Alan Greenspan. A mon avis. et c’est vrai aussi. ces idées n’ont pourtant aucune réalité psychologique. Chez celui qui possède ces qualités. Considérons par exemple le cas du fumeur qui voudrait arrêter de fumer mais qui n’y arrive pas. Comme je ne suis pas moi-même spécialiste en la matière. dit Napoléon. comment comprendre la formation des croyances ? Au fond. Plutôt que de s’appuyer sur des modèles formels de l’économie. la direction du vent économique (Paul Krugman. Pour y parvenir. par les raisons qui les justifient. L’achat d’une voiture est autre chose que les visites chez les vendeurs d’automobiles et la lecture des brochures. On ne peut pas à la fois croire que p et croire que la croyance que p est une conséquence de la décision de croire que p (Bernard Williams. A mon avis. . New York Times. Paul Krugman. Les spécialistes des sciences de la décision proposent toute une gamme de techniques qui sont supposées permettre la formation et la mise à jour de croyances rationnelles. in Problems of the Self ).514 JON ELSTER certains cas. Comme l’a démontré Bernard Williams dans un article justement célèbre. « Deciding to believe ». cette proposition est controversée. il s’agit pourtant d’actions distinctes. Il sait que s’il croyait que le risque de développer un cancer du poumon était certain. dont le possesseur lui-même ignore le mode d’opération. il arrêterait. Sartre dit quelque part qu’on tombe en mauvaise foi comme on tombe en sommeil. On peut citer ici les observations d’un économiste éminent. cherche à déterminer l’esprit combatif des troupes adverses. je pense. ce jugement pourrait sembler téméraire. « on s’engage et puis on voit ». même dans le cas où avoir une certaine croyance serait avantageuse. Cela dit. Il a donc intérêt à y croire. Cette distinction est pertinente pour les analyses de l’irrationalité synchronique. Même si l’on dit couramment. l’urgence l’est moins. esthétiques. je défends néanmoins l’idée que dans les choix faits sous l’impulsion de l’émotion. Enfin. Dans le cours. On peut ainsi préférer un bien moindre immédiat à un bien plus important mais futur. Les dernières expriment l’attitude envers le temps et envers le risque. Les préférences mettent nécessairement en jeu deux objets ou plusieurs. « A mon avis l’avortement est inacceptable ». il convient aussi de préciser que je n’utilise pas le mot « préférence » au sens d’un simple goût. éthiques ou autres. l’objet Y à l’objet Z. quand un agent préfère un bien sûr à un bien incertain ayant une valeur attendue plus élevée. hédoniques. et enfin Z à X. Le risque : l’agent préfère 100 euros à une loterie qui lui donne ou bien 50 euros avec une probabilité de 50 % ou bien 200 euros avec une probabilité de 50 %. les croyances et les opinions sont de nature exclusivement positive. Pour éviter tout malentendu. comme une préférence pour les oranges sur les pommes ou la préférence pour un candidat politique sur un autre. si par exemple on préfère un objet X à un autre objet Y. Je parlerai alors d’impatience. Un agent peut aussi avoir une préférence pour l’action immédiate par rapport à une action différée. Dans ma conception. Un système de préférences est susceptible d’être incohérent. Ainsi on peut parler d’un renversement de préférences. J’opère également une distinction dans le cours entre préférences substantielles et préférences formelles. L’urgence : l’agent préfère agir aujourd’hui pour obtenir 100 euros après-demain plutôt qu’agir demain pour obtenir 200 euros après-demain. Les premières expriment l’attitude de l’agent envers des objets spécifiques.RATIONALITÉ ET SCIENCES SOCIALES 515 Pour revenir au schéma. Dans ce cas. Ce sont des termes techniques qui couvrent toutes sortes de motivations. comme c’est le cas du désir d’être présent à ses propres funérailles pour y entendre son oraison funèbre. on observe souvent l’aversion pour le risque. mais seulement d’un changement de l’objet du désir. les antécédents directs de l’action sont les désirs (ou préférences) et les croyances (ou opinions) de l’agent. je parlerai d’urgence. je compte de telles propositions comme l’expression d’une préférence plutôt que d’une opinion. Tandis que l’impatience et le risque sont des phénomènes bien connus. tandis qu’un désir porte sur un seul objet et ne comporte en lui-même aucun élément comparatif. Pour illustrer : L’impatience : l’agent préfère 100 euros aujourd’hui à 200 euros dans un an. pour les comparer. Cette distinction va s’avérer importante dans les analyses de ce que l’on peut appeler l’irrationalité diachronique. Un désir est incohérent si la description de son objet comporte une contradiction. l’urgence est susceptible de prendre une importance considérable. ni le mot « désir » au sens d’une impulsion plus ou moins violente. Il vaut peut-être la peine de s’attarder un instant sur deux différences entre la notion de désir et celle de préférence. . Si la croyance comporte la première composante mais non pas la seconde. il s’agit d’une évaluation subjective. Les croyances qui portent sur les conséquences de l’action sont susceptibles d’avoir deux composantes. les phénomènes d’incertitude et d’ignorance affaiblissent la force normative et prédictive de la théorie du choix rationnel. D’une part. il peut du moins conclure que telle conséquence est plus probable que telle autre. La distinction est importante surtout en ce qui concerne la recherche d’informations supplémentaires. la situation peut comporter des « inconnus inconnus ». tandis qu’il peut exclure les conséquences V et W. Il y a souvent un arbitrage entre l’exploration en profondeur des conséquences du choix de l’une des options connues et l’exploration en extension du champ des options. Dans la pratique.516 JON ELSTER Les croyances sont ou bien factuelles ou bien causales. Par contraposition. Dans la présence d’inconnus inconnus. on imagine mal qu’il ne puisse pas s’appuyer sur cette connaissance afin de former une opinion sur la probabilité relative des diverses conséquences. On risque de mal choisir faute d’avoir assez réfléchi aux conséquences à long terme de chacune des actions possibles. Elles sont mutuellement exclusives et conjointement exhaustives. mais aussi faute d’avoir parcouru une gamme d’options suffisamment large. Y ou Z va se produire. Cet arbitrage est pourtant sujet à une incertitude profonde. de prendre des formes dont nous n’avons aujourd’hui aucune idée. Même s’il est parfois possible . unknown unknowns. Comme toute probabilité. Pourtant il convient de nuancer un peu. qui viennent en sus des « inconnus connus» dont on connaît la nature tout en ignorant leur probabilité. on ne peut pas lui imputer une appréciation précise des conséquences possibles. une connaissance moins complète de celles-ci limite sa capacité à faire un choix rationnel. même si elle peut s’appuyer en partie sur des fréquences objectives. l’agent peut croire que s’il fait A. si l’agent est vraiment incapable de dire quoi que ce soit sur la probabilité relative des conséquences. il peut assigner une probabilité numérique précise à chacune des conséquences. Puisque l’agent fait son choix en fonction des conséquences probables des diverses options. il convient de parler d’ignorance plutôt que d’incertitude. Le réchauffement climatique en est sans doute un bon exemple. elles portent sur l’existence des diverses actions qu’on pourrait choisir ainsi que sur les conséquences du choix de l’une d’entre elles. Dans la définition technique de l’incertitude. Autrement dit. une des conséquences X. Pour que l’agent puisse faire cette appréciation très précise. La pertinence de ces questions pour le thème du cours est double. D’autre part. il faut évidemment qu’il ait une connaissance très approfondie de la situation. et même presque certains. tandis que la présence des deux composantes définit une situation de risque. Même s’il est incapable d’assigner des probabilités quantitatives précises. Selon la formule désormais célèbre de Donald Rumsfeld. D’une part. Les effets lointains et indirects du réchauffement sont susceptibles. nous avons une situation d’incertitude. on suppose qu’exactement une des conséquences possibles va se produire. dans le langage des psychologues. il aura souvent l’embarras du choix parmi celles qui restent. comme lorsqu’on a une bonne opinion de soi. plutôt que d’une opinion bien fondée. En premier lieu. . plus faible. Il nous est très difficile d’accepter le fait que nous n’avons pas suffisamment d’information pour avoir une opinion sur un sujet donné. Elles servent à rendre plus probable ou moins coûteuse la réalisation des fins de l’agent. selon eux. En deuxième lieu. Essais III. tout ce que nous ne pouvons refuter (Montaigne. Il est vrai que certains chercheurs ont proposé l’idée selon laquelle un agent rationnel cherche l’arbitrage optimal entre une opinion plaisante ou agréable et une opinion bien fondée. de négliger les plaisirs que l’on peut tirer de la croyance que le monde est tel qu’on voudrait qu’il le soit. il faudrait évidemment que le choix d’une opinion agréable. Il s’engendre beaucoup d’abus au monde : ou pour dire plus hardiment. Dans une boutade amusante.). Albert Hirschman caractérise une certaine culture latino-américaine par le besoin d’avoir « une opinion ferme et instantanée sur n’importe quel sujet ». Selon Montaigne. de ce. il serait irrationnel. du manque de tolérance de l’ambiguïté. Comme j’en ai fait la remarque plus haut. soit un choix inconscient. les croyances et les opinions ont uniquement une valeur instrumentale. l’incertitude et l’ignorance sont des sources profondes d’irrationalité. tous les abus du monde s’engendrent. c’est le faire trop semblable à la conscience. Puisque le plaisir constitue la fin ultime de toute action. Ainsi il faudrait substituer à la notion de choix rationnel celle. Celui qui ignore les signes d’un cancer naissant aura peut-être une espérance de vie plus courte. avec moins d’angoisse. mais en revanche il aura vécu. Afin de tirer du plaisir d’une croyance agréable (le « warm glow ou effet Valmont »). de choix non irrationnel. D’autre part. L’esprit humain a horreur du vide. Dans le schéma de l’action rationnelle. Les multiples absurdités de ce raisonnement sont sans doute évidentes. il s’agit aussi d’une tendance tout à fait universelle. même si celui-ci est susceptible d’être augmenté par la surestimation des chances de victoire. mais cet avantage n’entre pas parmi les éléments du schéma.RATIONALITÉ ET SCIENCES SOCIALES 517 d’exclure certaines actions comme étant manifestement irrationnelles. Sans doute sont-elles aussi parfois sources de satisfaction intrinsèque. et il s’agit là d’une implication de plus grande portée. mais il sera néanmoins utile de les épeler. En dernier lieu. qu’on nous apprend à craindre de faire profession de nostre ignorance . supposons le. Celui qui se bat pour une cause ne le fait pas pour son plaisir personnel. XI. Même si ce trait est en l’occurrence culturel. la prémisse selon laquelle le plaisir est la fin ultime de toute action est indéfendable. et sommes tenus d’accepter. imputer à l’inconscient la capacité de calculer. il faut croire qu’elle est bien fondée. il n’y a aucune raison — empirique ou théorique — de penser que l’inconscient soit capable de faire les arbitrages qui s’imposent. Le cours se penche longuement sur les manifestations de cette crainte d’admettre notre ignorance ou. qui est la valeur de la meilleure utilisation alternative du temps consacré à la collecte d’information. représente par la boucle du diagramme. considérons d’abord l’impact des préférences formelles. ont plus de valeur que le gain net.518 JON ELSTER L’acquisition d’information est guidée par ce qu’on appelle « la règle d’arrêt rationnelle ». Même si le prix du ticket de métro est inférieur au gain brut escompté par l’achat au prix le plus bas. Il est parfois possible de résoudre cette difficulté par une sorte de tâtonnement. l’attitude envers le risque peut influer sur les ressources qu’on investit pour déterminer les taux d’accident des différentes compagnies aériennes. ou ayant seulement des précédents partiels. mais j’ignore la distribution de ceux-ci sur le terrain. on met parfois fin à des expériences médicales avant le temps prévu si le traitement expérimental s’avère rapidement si efficace qu’il serait contraire à l’éthique de le refuser au groupe de contrôle. la demi-heure de voyage aurait pu être consacrée à des activités qui. Il y a ensuite le coût d’opportunité. on doit définir les conditions dans lesquelles on arrêtera de chercher pour passer à l’action. De même. Les coûts d’acquisition de l’information se divisent en coûts directs et en coûts d’opportunité. pour l’agent. Avant de commencer la collecte d’information. à cueillir ? Même s’il n’y a pas de réponse générale. Supposons que je sois parti cueillir des champignons dans une région que je connais mal. car comment peut-on déterminer la valeur d’informations supplémentaires sans déjà les posséder ? Dans les situations qui se répètent régulièrement. tant bien que mal. . Si nous passons à l’impact des préférences sur l’acquisition d’information. Dans les situations sans précédent. De manière semblable. En ce qui concerne les bénéfices. Je reviendrai sur ce point la semaine prochaine. Dans l’achat d’un bien de consommation durable comme une voiture ou une machine à laver. il est plus difficile et parfois même impossible de déterminer la valeur attendue de la recherche. la solution peut se présenter d’elle-même si je tombe sur une concentration de champignons tellement dense que j’en aurai assez pour remplir mon panier. l’expérience peut nous guider. mot que j’utilise systématiquement pour nommer un agent qui attache peu d’importance aux conséquences éloignées dans le temps de son choix présent. Si l’on va de magasin en magasin pour acheter un produit donné le moins cher possible. La question qui se pose est la suivante: quand dois-je arrêter de chercher et commencer. Ainsi les médecins ont des connaissances très précises de l’accroissement de la probabilité de détection d’un cancer qui se produit avec chaque test supplémentaire. Supposons que nous ayons affaire à un agent « myope ». on frôle le paradoxe. Je sais qu’en général les champignons poussent en groupes. conditions qui dépendent à la fois des désirs de l’agent et de ses croyances. la négligence des coûts d’opportunité est susceptible d’être source d’irrationalité. il faut tenir compte du prix du taxi ou du ticket de métro. Considérons d’abord comment l’investissement dépend des bénéfices et des coûts attendus de l’information. cette personne n’a pas intérêt à passer beaucoup de temps à comparer la durée de vie des diverses marques. Comme on le voit dans le cours. dans le cadre d’un régime d’assurances-chômages généreuses qui leur permettent de maintenir un niveau de vie assez élevé. Cette deuxième personne investira certainement un plus grand effort que la première dans sa quête d’un emploi. le père de la génétique quantitative. sans lequel elle tire peu de plaisir de ses activités de loisir. Un agent rationnel chercherait si nécessaire à ajuster ses croyances. en acquérant des informations supplémentaires. sans se demander s’il pourrait y en avoir d’autres. Les désirs constituent les données primitives à partir desquelles se construisent les diverses optimisations dont je viens de parler. On observe un comportement apparenté chez les médecins qui arrêtent leur examen quand ils ont identifié une cause. Si vous regardez encore une fois le diagramme. dans lequel il s’agit uniquement de comprendre le comportement de l’agent à partir de la seule hypothèse de la rationalité subjective. J’en arrive maintenant à une question que vous vous êtes sans doute posée. vous constatez pourtant qu’il y a aussi une ligne mince — donc un mécanisme causal non rationnel — qui part des désirs pour arriver à l’information. Le paradoxe disparaît pourtant dans le contexte explicatif. n’a en soi rien d’irrationnel. Or dans de tels cas. Parfois. Au lieu de la règle d’arrêt rationnelle. il ne s’agit pas d’évaluer un désir ou un ordre de préférence d’un point de vue externe. J’ai déjà donné quelques illustrations de cette idée. mais il n’a aucune incitation d’ajuster ses désirs. Comme j’en ai déjà fait la remarque. ait utilisé ce principe dans ses recherches statistiques. par l’intermédiaire de la collecte d’information. Considérons deux personnes qui ont été licenciées et qui cherchent un nouvel emploi. Un exemple plus complexe. en cherchant des informations précises et détaillées sur le marché du travail qui lui permettent de former des croyances bien fondées sur ses chances d’être embauché. L’une d’entre elles ne s’intéresse au travail que pour le revenu qu’il lui procure. mais simplement de constater leur incohérence interne.RATIONALITÉ ET SCIENCES SOCIALES 519 Les préférences substantielles façonneront également l’acquisition d’informations supplémentaires. Comme vous le constatez. Puisqu’ils servent de critères de rationalité. ils ne sont pas susceptibles d’être évalués comme étant eux-mêmes plus ou moins rationnels. On vient de voir qu’un impact indirect. on peut adopter une « règle d’arrêt hédonique » et cesser la collecte d’information lorsque la croyance justifiée par les données accumulées est celle qu’on aimerait croire vraie. . la formation de croyances motivées s’opère en effet par un mécanisme plus subtil que la simple tendance à prendre ses désirs pour des réalités. Il semble par exemple que Gregor Mendel. à savoir le rôle unique et spécial des désirs dans l’analyse de l’action rationnelle. brièvement mentionné ici et dont je reparle longuement dans le cours. un impact direct des préférences sur les croyances n’est pas compatible avec les principes de la rationalité. On peut néanmoins qualifier un désir ou un système de préférences d’irrationnel s’il est incohérent. Certains trouveront sans doute bizarre l’affirmation qu’on peut être à la fois bête et rationnel. concerne les renversements de préférence à la suite du passage du temps. tandis que pour l’autre avoir un emploi est une condition essentielle du respect de soi. il n’y a aucune flèche épaisse qui aboutisse aux désirs. je propose de distinguer l’irrationalité non seulement de la bêtise. mais elle ne l’est pas si la seule et unique cause de son addiction se trouve dans le fait d’avoir un taux d’escompte du futur élevé. . semblable à l’agent myope qui est piégé dans et par son horizon temporel court. l’accusation est sans doute justifiée. J’explique dans le cours la logique de l’ignorance pluraliste par des exemples qui permettent aussi d’introduire une application importante de la théorie du choix rationnel. c’est-à-dire les comportements collectifs qui se maintiennent par les croyances fausses. 2007. L’individu myope est piégé. par exemple. Il serait facile. Pour simplifier il s’agit d’une situation où on suppose que la croyance ou le désir en question est peu répandu mais qu’il y une croyance très répandue qu’ils sont très répandus. qui s’avère en fait subsumer la bêtise. à savoir la théorie des jeux.520 JON ELSTER Le cours couvre également les cas de figure dans lesquels l’agent est piégé dans et par ses croyances. Revue Européenne des sciences sociales. Publications 2007-2008 « The night of August 4 1789 : A study in collective decision making ». ainsi que de « l’ignorance pluraliste ». Dans certains cas. A travers les exemples du Dilemme du Prisonnier ou du Jeu de l’Assurance. Bien que la psychologie ne soit pas encore en mesure d’expliquer la myopie de certains individus. de taxer de bêtise le toxicomane qui meurt d’une surdose à vingt ans. il est certain que celle-ci n’est jamais choisie. stables et s’auto-justifiant qu’ont les agents sociaux les uns des autres. mais également de la malchance. ne pourraient jouer le rôle fondateur d’une future communauté mondiale de valeurs qu’à la condition d’éviter tout fondamentalisme juridique. . professeure COURS : VERS UNE COMMUNAUTÉ DE VALEURS ? — LES DROITS FONDAMENTAUX Dans notre quête de valeurs communes. C’est seulement en 2008 que sera créée l’exception d’inconstitutionnalité. Un tel constat nous suggérait alors de renoncer à la métaphore architecturale de l’édifice construit sur des fondations qui se voudraient définitives. ceux dont la violation caractérise les crimes à vocation universelle. y compris le très emblématique crime « contre l’humanité ». membre de l’Institut (Académie des Sciences morales et politiques). celle des Interdits fondateurs. nous étions partis d’une intuition : on identifie plus facilement ce qui choque la conscience commune que ce qui lui plaît. Quand on passe à l’autre face. donc à la condition. Au plan international. et pas seulement inter/étatique. d’admettre une interprétation évolutive et à plusieurs niveaux. se construit sans fondations préalables.Études juridiques comparatives et internationalisation du droit Mireille Delmas-Marty. le mystère ne s’éclaircit pas pour autant. il faut attendre la même année 1974 pour que la France ratifie la 1. en intégrant des variables de temps et de lieu. D’où l’énigme de cette communauté mondiale qui pour devenir inter/humaine. Nous avions donc choisi de commencer par la face la plus sombre. Même à l’échelle nationale. le « socle » des droits de l’homme a été inscrit dans les constitutions bien après les « piliers » de la légalité et de la garantie judiciaire : en France. il faut attendre 1971 pour que le Conseil constitutionnel intègre la Déclaration des droits de l’homme de 1789 au « bloc de constitutionnalité » et 1974 pour qu’une réforme élargissant la procédure de saisine à un groupe de soixante parlementaires vienne transformer le Conseil en organe de contrôle quasi juridictionnel 1. Il fallut pourtant reconnaître que ces crimes internationaux. des interdits fondateurs aux droits que l’on persiste à nommer « fondamentaux ». et la qualifie. pour que les biens publics mondiaux puissent renforcer la dynamique des droits de l’homme et contribuer à la formation de valeurs universelles. Si la dynamique interactive des droits de l’homme peut contribuer à résoudre la contradiction. A la fois évolutifs et interactifs. qui présente cette diversité comme « caractéristique inhérente à l’humanité ». Si les droits de l’homme semblent encore écartelés entre une hominisation unificatrice et une humanisation qui s’est construite sur la différentiation des cultures. non pas comme un acte de foi énonçant des axiomes indémontrables. cette notion exprime en effet. il faudrait que la synergie ainsi créée soit assez puissante pour ordonner les valeurs et responsabiliser ceux qui les transgressent. les droits de l’homme ainsi compris ne « fondent » pas à proprement parler un édifice immobile mais suscitent un mouvement d’internationalisation des droits. au nom de la globalisation. les deux conditions d’une véritable communauté de droit. comme le confirme la convention de l’Unesco sur la diversité culturelle. En somme. Car il reste à résoudre la contradiction entre l’universalisme affirmé par la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) et le relativisme d’une humanisation qui s’est réalisée par différenciation. . l’idée qu’il serait possible de répondre à la globalisation par une solidarité transnationale et même transtemporelle.522 MIREILLE DELMASMARTY Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme (CESDH). puis 1981 pour qu’elle accepte le contrôle de la cour européenne et simultanément ratifie les deux pactes internationaux des Nations unies sur les droits de l’homme. mais comme un processus dynamique. il faut sans doute dépasser la vision qui assimile les droits fondamentaux aux seuls droits de l’homme et amorcer une réflexion plus large afin de situer l’universalisme des valeurs au confluent d’une triple évolution : l’évolution biologique (hominisation). Pour résoudre l’énigme. l’apparition de l’expression de « biens publics mondiaux » doit également être prise en considération car elle pourrait aider à résoudre les tensions entre hominisation et humanisation et contribuer ainsi à l’émergence de valeurs universalisables. des interdits fondateurs aux droits fondamentaux. elle aussi (tout comme la déclaration de 1997 l’avait fait du génome). éthique (humanisation) et technologique (globalisation). Mais pour relever le défi d’une communauté qui se construit sans fondements préalables. Malgré la dissymétrie apparente entre « droits » et « biens ». une solution pourrait aussi venir d’une vision élargie des droits fondamentaux qui engloberait non seulement les droits de l’homme mais encore les « biens publics mondiaux ». de « patrimoine commun de l’humanité ». il faut non seulement déplacer le regard. A condition de ne pas imposer. mais encore parcourir un long chemin. une unification trop rapide qui risquerait d’affaiblir l’humanisation. de la renaissance du droit naturel à la naissance d’un droit commun. notamment dans le langage du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la Banque mondiale. Les droits de l’homme ne peuvent en effet donner naissance à un véritable droit commun que s’ils sont perçus. ou encore de concevoir le statut des non humains (débat ouvert par la Déclaration sur les droits des animaux). du dialogue et de l’approfondissement. révélaient non seulement les conflits potentiels entre divers droits de l’homme mais aussi entre divers choix culturels sous-jacents. sinon créé du moins fortement accentué par le droit des droits de l’homme. à mesure que la rédaction des textes. internationales ou supranationales. nationales. on retrouve sans surprise les deux voies. recherche sur les cellules souches. Pour résoudre ces conflits. Ils se sont enrichis. que nous avions commencé à explorer à propos des interdits fondateurs. Cependant. qui étaient tous d’origine occidentale. tant par la multiplication des sources juridiques et la diversification de leur contenu que par leur mise en œuvre par les juridictions. mais il y eut un début d’échange transculturel. Du même coup. renouvellent chacun de ces débats. Nous avions montré au début de ce cours comment le « flou du droit ». de caractériser les peines et traitements inhumains ou dégradants (débats sur la torture. C’est d’ailleurs l’une des limites des études sociologiques ou philosophiques qui situent l’émergence d’un champ des droits de l’homme au carrefour du droit et de la politique que de ne pas suffisamment tenir compte de la tradition. Mais le monde n’est pas immobile et les découvertes scientifiques. l’observation ne devrait pas seulement porter sur l’effet de juridicisation des droits de l’homme dans le champ politique. Au choc des certitudes culturelles contradictoires s’ajoute l’instabilité née des incertitudes scientifiques. cette juridicisation des droits de l’homme ne va pas de soi. comme si l’intégration des droits de l’homme au champ juridique marquait une évolution continue. ainsi que les nouvelles technologies qui en résultent (procréation médicalement assistée. peine de mort). notamment à propos de l’article 1. qu’il s’agisse de situer le commencement de la vie (avortement) ou sa fin (euthanasie. les droits de l’homme se sont obscurcis. ou les châtiments corporels). mais aussi sur leur effet de perturbation politique dans le champ juridique traditionnel. Certes le projet avait été conçu à partir de la collecte des textes existants. désormais compétentes. notamment auprès des cours régionales des droits de l’homme. clonage humain etc. Pour ne pas compromettre l’universalisme de la déclaration. Le dialogue sera relancé. obligeant chaque culture à s’approfondir pour chercher une réponse compatible avec ses repères.ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 523 Les droits de l’homme : des valeurs universelles en question Soixante ans après la Déclaration du 18 décembre 1948. chaque fois que des désaccords apparaissent. puis les problèmes posés par leur interprétation. les droits de l’homme se sont à la fois enrichis et obscurcis.). avait bouleversé les montages institutionnels traditionnels. les rédacteurs ont finalement choisi d’éviter tout parti pris sur l’origine de l’égale dignité. en supprimant toute référence à Dieu comme à la nature. même en Occident. Le dialogue fut entrouvert à propos de la Déclaration universelle (DUDH). Pour être complète. . car les questions liées au respect du droit à la vie s’inscrivent dans des conceptions fortement enracinées dans l’histoire de chaque peuple. Nous avons tenté de le montrer à partir de trois couples antagoniques : « vie/ mort ». qui détermineraient des réponses supposées définitives. comme en témoignent d’une part des textes comme la convention sur « les droits de l’homme et la biomédecine » (Conseil de l’Europe) ou la déclaration sur « les droits de l’homme et la bioéthique » (Unesco). sont rendus au cas par cas. Condition de l’homme moderne. « humain/inhumain » et « humain/non humain ». Il n’est donc pas surprenant que les cours régionales des droits de l’homme soient restées particulièrement circonspectes 2. en passant par la légitime défense.524 MIREILLE DELMASMARTY C’est ainsi que sont nés les comités d’éthique dont les avis. du moins ces couples ont-ils le mérite d’illustrer la dynamique selon laquelle les droits de l’homme contribuent à l’élaboration. les interactions sont évidentes. de valeurs universalisables. admettant explicitement diverses exceptions. de la peine de mort à la guerre. les instruments internationaux n’en font pas une valeur absolue. purement consultatifs. d’autre part la casuistique des cours internationales. S’ils n’épuisent évidemment pas la question de l’universalisme des droits de l’homme. Le couple « vie/mort » Si toutes les cultures valorisent la vie humaine. 1988. les droits de l’homme fonctionnent moins comme des concepts constituant un socle de valeurs universelles. D’où notre hypothèse que. même s’ils sont dits « fondamentaux ». qu’on invoque les droits de l’homme directement ou par le biais des comités d’éthique. H. 142. Qu’il s’agisse d’attribuer le pouvoir de disposer de la vie. culturels et souvent religieux. Si les méthodes sont apparemment opposées. D’où les nombreux désaccords. Arendt. les réponses s’inscrivent en effet dans une diversité culturelle devenue source de désaccords. En somme. . interactive et évolutive. p. constatant que « la naissance et la mort des êtres humains ne sont pas de simples évènements naturels ». Calmann-Lévy. que comme des processus transformateurs qui déclenchent un mouvement de mise en compatibilité des différences. elle avait clairement souligné leur origine culturelle. l’universalisme se cherche toujours par le dialogue et l’approfondissement. Hannah Arendt évoquait la différence entre la vie humaine bornée par un commencement et une fin (bios) et le mouvement cyclique que la nature (zôè) impose à tout ce qui vit. ou encore de situer le moment de la naissance et de la mort. entre un droit international des droits de l’homme qui commence par définir des principes que l’on espère stables et la démarche éthique qui dégage des solutions nécessairement évolutives. C’est pourquoi. et laissant ouvertes des questions comme l’avortement ou l’euthanasie. renvoyées à la jurisprudence nationale et internationale. « ne connaissant ni mort ni naissance au sens où nous entendons ces mots » 2. S. comme les confrontations nées du dialogue des cultures. A ce titre. S’ajoutent les incertitudes nées des découvertes scientifiques et des nouvelles technologies biomédicales. à approfondir la réflexion confrontée aux nouvelles questions soulevées par les découvertes scientifiques. car la convergence apparente entre l’universalisme des sciences et celui des droits de l’homme ne doit pas laisser croire qu’ils sont identiques. sur soi-même ou sur autrui — ou de définir ses conséquences quant au droit de choisir sa propre mort — du suicide à l’euthanasie. Seul un renouvellement du formalisme juridique peut faciliter l’harmonisation internationale. L’hypothèse que nous avons proposé de vérifier est un peu différente dès lors que les droits de l’homme sont perçus. ils sont en interaction avec les données de fait. p. in La société internationale et les enjeux bioéthiques. en même temps que perturbé par les incertitudes scientifiques. Il est donc impossible de conclure sur ce seul couple vie/mort. Maljean-Dubois. Pedone. 85 sq. ce n’est pas en opposant la mort à la vie. S’il ouvre malgré tout la voie vers un certain universalisme des valeurs. La difficulté est que certaines innovations technologiques. Mathieu. comme on commence à l’envisager pour l’interdiction du clonage reproductif humain ou l’abolition de la peine de mort. mais sans doute en rappelant que le droit 3. au nom de valeurs communes qui pourraient conduire vers des réponses universalisables. y compris les données scientifiques qui peuvent être une incitation. qu’il s’agisse de situer le commencement du droit à la vie — avortement volontaire ou involontaire.ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 525 dans leurs interprétations. mais il ne dispense pas de fixer des limites à ne pas franchir. Pourtant un juriste comme Bernard Mathieu n’hésite pas à soutenir la thèse selon laquelle l’universalisme de la bioéthique est pour l’essentiel dérogatoire au regard de l’universalisme des droits de l’homme (dont il reconnaît d’ailleurs l’inspiration occidentale) 3. profondément marqué par la diversité culturelle. 2006. Certes la rencontre s’est faite lors du procès des médecins nazis devant les juges américains et le code de Nuremberg a servi de référence à l’adoption de la Déclaration d’Helsinki par l’Association médicale mondiale en 1964. dir. comme la recherche sur l’embryon. . non comme des concepts déjà stabilisés (des textes sacrés). ces deux exemples ont pour point commun de relier la vie au respect de la dignité humaine. ont été admises avant que le travail d’approfondissement ait permis à chaque culture d’adapter ses représentations de la vie et de la mort aux nouvelles questions qu’elles suscitent. en préservant des marges nationales. mais comme des processus transformateurs. Et le droit dit de la bioéthique reste marqué par cette origine commune avec le droit international pénal et celui des droits de l’homme. « La bioéthique ou comment déroger au droit commun des droits de l’homme ». comprise à la fois par référence à l’homme et à l’humanité. B. comme la procréation médicalement assistée (PMA renommée AMP par la loi de 1994). Apparemment très différents. C’est de l’humanité qu’il s’agit. mutation plus radicale qui pourrait annoncer de nouveaux conflits. l’évolution dans la représentation des valeurs à vocation universelle est tardive et sans doute inachevée. mais on découvrait seulement. le principe de dignité humaine est consacré en 1945 par la loi fondamentale allemande. Annoncé en tête de la DUDH. les formes nouvelles de sélection. nous l’avions évoquée l’an dernier à travers le « droit pénal de l’inhumain » qui se construit à partir des . Au plan national. ceux de l’homme dressé contre l’humanité. En somme. mais de la dignité emblème de cette communauté interhumaine qui accompagne la globalisation. qu’il traduise le refus de la déshumanisation d’êtres humains ou celui de leur fabrication. le principe égale dignité de tous les êtres humains est inscrit à l’article 1er et sera placé par la suite en tête de la Charte de l’Union européenne sur les droits fondamentaux. liées à l’AMP. dans les années 90. ou même de fabrication d’êtres humains (clonage reproductif ).526 MIREILLE DELMASMARTY à la vie est. C’est pourquoi le changement dans la représentation des valeurs est sans doute inachevé car de telles questions ne peuvent être résolues sur le seul plan des droits individuels reconnus à chaque être humain. par le préambule qui vise les « actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité ». et l’apparition de droits de l’humanité. En France. Le couple « humain/inhumain » Du couple « vie/mort » au couple « humain / inhumain ». Quant à l’extension des droits de l’homme à la dignité. notamment dans les camps nazis. Ce n’est pas un hasard si le Conseil a eu l’idée de « constitutionaliser » le principe de dignité à propos des lois bioéthiques : entre 1946 et 1994. bien au-delà du simple droit d’exister. pour que le refus de l’inhumain trouve à s’exprimer. dont l’exemple sera suivi par de nombreuses constitutions. le risque d’inhumanité a changé de visage. Tardive car il faudra des pratiques massives de déshumanisation. le refus de l’inhumain déclenche un double processus de transformation des valeurs : l’extension des droits de l’homme à la dignité. il faut toutefois attendre 1994 pour qu’une décision du Conseil constitutionnel vienne tirer de la référence à « la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine » (Préambule Constitution 1946 intégré au bloc de constitutionalité) le principe d’une protection constitutionnelle de la dignité humaine. On savait que l’inhumain pouvait se conjuguer avec le respect de la vie — l’esclavage et la torture ne tuent pas toujours — et l’on connaissait déjà les dérives de l’eugénisme. la reconnaissance d’une spécificité humaine qui interdit d’infliger volontairement la mort dans des conditions « inhumaines ». présente et à venir : il ne s’agit plus seulement de la dignité propre à chaque être humain. 1999. les rédacteurs de la DUDH n’ont pas facilité la tâche . parfois opposé à la peine de mort. 4. . B. les réponses juridiques laissent deviner un autre processus de transformation des valeurs : l’apparition de droits de l’humanité. ni à des peines ou traitements cruels. au besoin contre l’autonomie revendiquée par les individus. « La dignité de la personne humaine : un concept nouveau ». Bernard Edelman considère qu’il y aurait là deux systèmes de valeurs radicalement différents : si « la liberté est l’essence des droits de l’homme. Revet. On peut aussi s’interroger sur la nouvelle mesure de rétention de sûreté (loi février 2008). Mais la peine de mort n’épuise pas le débat sur les autres peines. 28-29. interhumaine et pas seulement interétatique. inhumains ou dégradants ». mais au droit international des droits de l’homme. qui oppose aux États l’inhumanité de la torture et traitements assimilés. Certes le Conseil constitutionnel juge qu’il ne s’agit pas d’une peine . par tranches d’un an. dir. Pavia et Th. p. L’apparition des droits de l’humanité devient en effet nécessaire face aux nouvelles technologies biomédicales d’intervention de plus en plus intrusives. ou plus largement les pratiques carcérales : la France a été à nouveau critiquée sur ce point par le Comité européen de prévention de la torture (rapport 2007). M. ils obligent à approfondir notre vision de l’humanité comme valeur à protéger au besoin contre les pratiques des États. notamment les châtiments corporels. Dès lors il fallait innover car les droits de l’homme traditionnels étaient insuffisants : c’est au nom de la dignité que l’article 5 de la DUDH pose le principe que « nul ne sera soumis à la torture. mais aussi contre les désirs des individus de sélectionner leurs descendants (eugénisme). Economica. 1er toute référence à Dieu comme à la nature. Il s’agit ici d’appliquer la même méthode. Edelman. Où situer désormais l’inhumain ? En écartant de l’art. De l’homme à l’humanité. in La dignité de la personne humaine. peut être renouvelée sans limite sur la base d’une dangerosité dont les critères restent incertains ? Tout se passe comme si la question de l’inhumain se déplaçait à mesure que les pratiques se font plus inventives. C’est d’ailleurs pourquoi l’extension des droits de l’homme à la dignité ne suffit pas : confrontés aux découvertes scientifiques qui pourraient conduire à l’inhumain par une autre voie. ou même de les fabriquer à leur image (par clonage). en fabricant l’être humain. mais ne pourrait-on qualifier de traitement inhumain une privation de liberté qui. il n’y aurait pas seulement extension mais aussi mutation car on quitterait la philosophie des droits de l’homme — défendre l’individu contre le risque de pratiques arbitraires du pouvoir — pour une philosophie de l’humanité — reconnaître l’appartenance de tous à une même communauté.ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 527 paradigmes du crime de guerre et du crime contre l’humanité.L. la dignité est l’essence de l’humanité » 4. non plus à des crimes internationaux imputables à des individus. et protéger celle-ci. du droit à l’éthique. C’est un défi considérable car ces pratiques sont parfois prévues en toute légalité par le droit pénal national. non plus à l’inhumain. ou de production d’êtres humains par clonage. telles que le clonage ou la parthénogénèse » . Et la réponse proposée semble transposable. éd. H. mais la dignité. « à la fois technique et symbolique ». dès lors que l’ectogénèse sera devenue une pratique familière — sinon familiale ! – adoptée par une proportion non négligeable de femmes ». J. sur la place de l’humain confronté. dir. L’utérus artificiel. elle fait surgir d’autres interrogations. 2007. annoncet-il. En somme. loin de les séparer. contre des pratiques de déshumanisation par autrui (torture commise par des agents de l’État) .528 MIREILLE DELMASMARTY Notre analyse un peu différente : certes l’apparition de droits de l’humanité est une mutation par rapport aux seuls droits de l’homme. Mais la synthèse que nous suggérons semble remettre en cause un humanisme qui était traditionnellement conçu comme un dualisme qui sépare nature /culture (y compris les technologies). permettant de contrôler les techniques et d’empêcher l’application éventuelle à l’espèce humaine de reproductions non sexuées. Il y aurait donc urgence à se mettre d’accord sur le couple « humain/inhumain ». permet de relier les deux conceptions : elle est de l’essence des droits de l’homme quand elle concerne l’être humain pris comme individu et le défend. risque de disparaître. Un autre verrou risque de disparaître avec les nouveaux développements technologiques qui nous annoncent déjà. Il explique que l’implantation dans un utérus naturel reste « un repère en même temps qu’un verrou. nouvelles ou renouvelées. mais elle caractérise aussi l’humanité. Pour résoudre les questions pratiques liées aux possibilités. 2005. dans un utérus artificiel] sera devenue possible » 5. pp. 43-81. 6. le refus de la déshumanisation comme celui de la fabrication d’être humains s’inscriraient au confluent de l’hominisation autour d’une seule espèce et de la différenciation des cultures qui caractérise l’humanisation. voire de fabrication d’êtres quasi humains (robots « humanoïdes »). Changeux. . mais au non humain. avec « l’homme artificiel » 6.P. Atlan. Odile Jacob. 5. Colloque du Collège de France. A défaut d’y parvenir. la possibilité d’hybrides de vivants et de machines. Henri Atlan nous annonce déjà que « le débat sur le clonage repartira de plus belle quand l’ectogénèse humaine [c’est-à-dire la gestation extracorporelle. Voir L’homme artificiel. or ce verrou. par exemple. comme valeur universalisable. Du même coup. consistant à définir l’humanité-valeur (formée selon deux processus de différentiation et d’intégration) par une double composante: la singularité de chaque être humain et son égale appartenance à la même communauté. de sélection d’être humains par eugénisme. on retrouve les difficultés que nous avions rencontrées à propos du crime contre l’humanité. Encore faut-il réussir à temps cette synthèse entre hominisation et humanisation qui commanderait l’universalisme du couple « humain/inhumain ». Seuil. 1989) qui semble calquer ces droits sur les droits de l’homme. dans leur prétention à l’universel. Colloque du Collège de France. également Par-delà nature et culture.ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 529 Le couple humain/non humain L’une des questions les plus obscures que posent les droits « de l’homme ». Pourtant tout se passe comme si le droit était à présent en première ligne pour remettre en cause les certitudes du naturalisme. est de savoir où situer l’humain par rapport au non humain. Il est en effet affirmé dès le préambule que « tout être vivant possède des droits naturels et que tout animal doté d’un système nerveux possède des droits particuliers » et l’article 8 va jusqu’à définir comme « génocide » tout acte « compromettant la survie d’une espèce sauvage et toute décision conduisant à un tel acte ». Gallimard. comme titulaire d’un patrimoine : on se souvient en effet que la notion de « patrimoine commun de l’humanité ». C’est une conception séparatiste. qui a finalement émergé et s’est stabilisée en Europe au cours des derniers siècles. 2005. par des propositions comme celle d’une Déclaration des droits de l’animal (adoptée lors d’une conférence à l’Unesco en1978. voire menacée. 13-14 déc. qu’il renvoie à l’animal ou à la nature. 176 et les tableaux pp. Descola. ce modèle semble avoir inspiré le droit international. apparue lors d’une conférence sur le droit de la mer. élargie aux générations futures. . se trouverait renforcée dans ses prérogatives. 2007. la résistance des courants écologiques se radicalise. Dans le champ juridique. 382. inédit . le non humain ne se séparerait plus aussi nettement de l’humain dans cette nouvelle conception du monde qui semble privilégier un monisme centré sur 7. Mais d’autre part l’humanité. ou encore le fond des mers et des océans (convention 1982). Ph. Philippe Descola la nomme « naturaliste » et la distingue de trois autres conceptions du couple humain / non humain en ce qu’elle considère les humains comme « les seuls à posséder le privilège de l’intériorité tout en se rattachant au continuum des nonhumains par leurs caractéristiques matérielles » 7. 416. D’une part la notion même d’humanisme juridique serait affaiblie. in Figures et problèmes de la mondialisation. mod. Écartelé entre la personnification de l’animal et la patrimonialisation de la nature. « La patrimonialisation des espaces naturels ». fut inscrite dans plusieurs conventions internationales pour désigner certains espaces naturels tels que la lune et autres corps célestes (convention 1979). conduisant à déclarer universel l’irréductible humain (art. L’ébranlement des certitudes humanistes pourrait conduire à l’éclatement car il tient à deux mouvements apparemment contradictoires. Sous l’effet conjugué des découvertes scientifiques et des innovations technologiques. 1 DUDH proclamant l’égale dignité de tous les êtres humains). Les certitudes qui nourrissaient cet humanisme juridique de séparation sont en effet ébranlées par une évolution qui suggère un renouvellement de l’humanisme juridique. à la fois dualiste et anthropocentrique. notamment p. 530 MIREILLE DELMASMARTY l’homme. Mais ce n’est sans doute qu’un modèle transitoire car aucun de ces deux mouvements n’est encore stabilisé. Par ses excès mêmes, un tel ébranlement pourrait annoncer une recomposition des valeurs conduisant vers un humanisme juridique d’un type nouveau qui ne reprend aucun des modèles existants, mais esquisse une sorte de synthèse entre eux. Le droit maintient en effet une distinction entre l’humain et le non humain, donc un certain dualisme, mais ce dualisme est atténué par une relation qui semble progressivement se dégager de l’anthropocentrisme, qu’il s’agisse de l’animal, perçu comme un être sensible qui ne serait assimilable ni à une personne physique, ni à une chose, ou de la nature, considérée non pas comme patrimoine mais plutôt comme bien commun. Philippe Descola, suggérait la voie d’un « universalisme relatif », au sens propre, c’est-à-dire se rapportant à une relation. C’est cette hypothèse que nous avons voulu transposer dans le champ juridique et explorer comme évolution possible d’un humanisme juridique « de mise en relation », qui construirait la relation de l’humain à l’animal, et plus largement à la nature, échappant ainsi à la fois au dualisme qui maintient une stricte opposition entre l’humain et le non humain et au monisme qui marque une continuité sans doute excessive. Plus l’on s’interroge sur la nature juridique de l’animal, plus le choix binaire entre le dualisme (l’animal est une chose qui n’a rien à voir avec l’homme) et le monisme (l’animal est une personne assimilable à l’homme) paraît inadapté pour rendre compte d’une évolution qui maintient une séparation entre l’humain et le non humain, mais organise leur relation. C’est ainsi que les promoteurs de la Charte constitutionnelle française de 2005 sur l’environnement, rappelant qu’elle avait été conçue « pour l’homme et non pour la nature elle-même », ont tenu à qualifier leur démarche d’écologie humaniste. Il reste à savoir quelle signification donner à cette formule d’apparence consensuelle. Certains commentateurs y voient la confirmation d’un humanisme centré sur l’homme. Toutefois le préambule souligne aussi « que l’homme exerce une influence croissante sur les conditions de la vie et sur sa propre évolution » et que « la diversité biologique, l’épanouissement de la personne et le progrès des sociétés humaines sont affectés par certains modes de consommation ou de production et par l’exploitation excessive des ressources naturelles ». Il en résulte que « les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins ». D’où l’énonciation, rare en matière constitutionnelle, exprimée sous la forme d’un devoir : « toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement » (art. 2). Quelles que soient les doutes sur la portée pratique de ce dispositif, il ouvre la voie à une protection plus autonome, que viennent d’ailleurs renforcer les articles 3 (devoir de prévention) et 5 (le fameux principe dit de précaution, alors qu’il incite plutôt à l’anticipation). Peut-être arrivons-nous ici aux limites des possibilités offertes par le concept de droits « de l’homme ». Ce qui devrait inciter les juristes à concevoir une relation ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 531 d’un type nouveau entre l’humain et le non humain, afin de mettre le droit au service de la relation entre les humains et les autres espèces vivantes, plutôt qu’au seul service du bon fonctionnement de la société humaine. La voie la plus radicale consisterait à faire de la diversité biologique un sujet de droit à part entière et de reconnaître ainsi la valeur intrinsèque du vivant non humain (cf. Constitution de la Confédération suisse). Mais cette valeur intrinsèque semble un leurre dès lors qu’on ne peut la définir et la défendre sans passer par l’homme. Pour imaginer ce qu’il nomme « le parlement des choses », Bruno Latour, empruntant à la fois aux modernes (la séparation de la nature et de la société), aux prémodernes (la non séparabilité des choses et des signes), et aux postmodernes (la dénaturalisation), s’oriente vers une autre voie, celle d’un « humanisme redistribué » où l’humain deviendrait médiateur 8. J’y vois une invitation à dépasser l’asymétrie du rapport juridique, qu’il s’agisse d’un droit de l’humain sur le non humain ou de l’inverse, de sorte que, dans sa relation au non humain, l’humanisme abandonne la forme bilatérale d’un droit pour celle unilatérale d’un « devoir ». Le changement est déjà inscrit dans de nombreux textes, qu’il s’agisse des animaux ou de la nature ; mais il ne suffit pas à définir un régime juridique. Pour y parvenir, nous tenterons d’explorer les possibilités offertes par cet étrange concept de « bien mondial », qui renvoie simultanément à l’économie (bien collectif ), à la politique (bien public) et à l’éthique (bien commun), et pourrait contribuer, par son ambiguïté même, à la formation de valeurs universelles. Les biens publics mondiaux : des valeurs universelles en formation ? Pour faire comprendre cette notion issue de la science économique, Roger Guesnerie cite un passage de Victor Hugo évoquant l’amour de la mère pour ses enfants : « Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier » qui résume les caractéristiques du bien public mondial, dont l’archétype serait la qualité du climat : « chacun en a sa part, » c’est-à-dire qu’on ne peut exclure quiconque de son usage, et « tous l’ont tout entier », c’est-à-dire qu’il n’y a pas de rivalité pour sa consommation. Ainsi « ma consommation ne détruit pas et n’interdit pas sa consommation par quiconque » 9. A première vue ces critères (bien non rival et non exclusif ), utilisés principalement par le PNUD et la Banque mondiale, sont difficilement transposables en droit. Pourtant le terme de bien public mondial émerge dans le champ juridique depuis dizaine d’années. Qu’il s’agisse de capacités humaines comme la santé ou de 8. B. Latour, Nous n’avons jamais été modernes, La découverte, 1997, p. 186. 9. R. Guesnerie, Kyoto et l’économie de l’effet de serre, rapport Conseil d’analyse économique, La documentation française, 2003, p. 22. 532 MIREILLE DELMASMARTY ressources naturelles, comme le climat, l’on pourrait y voir un processus dynamique qui permettrait une synergie entre le marché et les droits de l’homme, les valeurs marchandes et non marchandes. Appliquée à la qualité du climat, la qualification de bien public mondial conduit à introduire dans le droit de l’environnement un marché des permis d’émission, permis de polluer dit-on parfois, mais aussi permis fondés sur des quotas destinés à limiter la quantité d’émission de gaz à effets de serre (convention-cadre de Rio en 1992 et protocole de Kyoto en 1997). En revanche, appliquée à la santé, la même qualification, par une dynamique inverse, permet, pour certains médicaments, de créer des licences obligatoires qui limitent la logique du marché, comme en témoigne l’évolution du droit des brevets à l’OMC après la conférence de Doha en 2001. Les capacités humaines : santé et accès aux médicaments Définir la santé comme bien mondial n’est pas une évidence. D’abord perçue comme rupture de l’harmonie, la santé ne s’est différenciée des autres formes de malheur et de souffrance que progressivement et par des voies propres à chaque culture, déterminant des modèles différents de prévention sanitaire, qui vont du modèle magico-religieux au modèle contractuel, en passant par diverses formes de contrainte. En France, il faut attendre la Constitution de 1946 et la création de la « sécurité sociale » pour voir affirmé dans le préambule, repris par celui de 1958, que la Nation doit garantir à tous la protection de la santé. Un principe également consacré par le droit international, à partir de la création de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dont l’acte constitutif de 1946 affirme pour la première fois que « la possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain ». Peu après, la DUDH, associant les droits économiques, sociaux et culturels au droit à la dignité (art. 22), reconnaît explicitement à toute personne le droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé et les soins médicaux nécessaires (art. 25). Si la légitimité du droit à la santé semble ainsi admise, il resterait à le rendre universalisable à l’échelle mondiale. On mesure le chemin qui reste à parcourir quand on réalise que les habitants des pays en développement, qui représentent 75 % de la population mondiale, ne consomment que 8 % des médicaments vendus dans le monde. Malgré la création de l’OMS, le droit à la santé est sans doute resté l’un des droits le plus inégalement appliqués. Et les inégalités risquent de croître encore : à mesure que les systèmes de santé deviennent de plus en plus dépendants des développements technologiques, et nécessitent des investissements de plus en plus lourds, on peut craindre qu’ils s’orientent vers les produits destinés aux consommateurs les plus prospères, notamment en ce qui concerne la mise au point des médicaments, dont le prix intègre les droits de propriété intellectuelle. ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 533 Après la DUDH, de nombreux instruments internationaux reprennent et développent pourtant le principe d’un droit à la santé opposable aux États : à l’échelle mondiale avec le pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels PIDESC Onu (1966), ou les conventions sur la protection des femmes (1979) ou des enfants (1989) ; et à l’échelle régionale avec la charte sociale européenne (1961), la charte africaine (1981), le protocole additionnel à la Convention américaine (1988) et plus récemment la charte des droits fondamentaux de l’UE (Ch. IV Solidarité, art. 34 et 35), l’Europe étant seule à garantir le droit à l’assistance sociale et médicale. Mais c’est pourtant tardivement que les mécanismes de contrôle et de mise en œuvre seront mis en place, et ils restent très faibles au niveau mondial. Jointe à une certaine éclipse de l’OMS , cette faiblesse pourrait expliquer la montée en puissance de nouveaux acteurs, comme la Banque mondiale et le PNUD, qui vont introduire une logique économique : de droit opposable aux États, la santé deviendrait un bien relevant des marchés privés dont l’OMC serait le pivot : dérogeant au droit des brevets après la conférence de Doha en novembre 2001, certains médicaments et produits pharmaceutiques sont placés au confluent du marché et des droits de l’homme. L’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle (ADPIC), dont l’article 31 énonce un certain nombre de situations dans lesquelles les licences obligatoires sont compatibles avec la liberté du commerce, a en effet été complété en 2005 par une décision du 6 décembre 2005 (conférence de Hong Kong) qui ébauche une synergie entre marché et droits de l’homme. Les membres de l’OMC ont alors réussi à se mettre d’accord sur un sujet qui, audelà de leurs intérêts commerciaux immédiats, concerne la santé publique et plus directement la vie de millions de personnes, notamment en Afrique, touchées par certaines maladies infectieuses comme le VIH/sida, la tuberculose ou le paludisme. Le nouvel article 31bis a en effet pour objectif de permettre aux pays membres de l’OMC d’accorder les licences obligatoires en vue d’exporter des médicaments vers les pays sans capacités de fabrication, ou avec des capacités insuffisantes ; mais le contenu du texte est d’une extrême complexité. Malgré un premier bilan positif quant au traitement antirétroviral, le nouveau dispositif, critiqué à la fois par les ONG et par l’industrie pharmaceutique, est contourné par la multiplication d’accords bilatéraux qui se substituent à la vision multilatérale de l’OMC. La synergie entre marchés et droits de l’homme est d’autant plus difficile à réaliser que le droit à la santé ne peut être totalement séparé du droit à un environnement sain, le débat sur le couple « humain/non humain » étant désormais réactualisé sous l’angle des biens publics mondiaux. Les ressources naturelles : qualité du climat et maîtrise de l’effet de serre Pour comparer droits fondamentaux et biens publics mondiaux, il faut confronter la protection juridique du non humain aux mécanismes de marché introduits pour protéger le climat et maîtriser l’effet de serre. 534 MIREILLE DELMASMARTY En ce qui concerne les droits fondamentaux, la protection du non humain reste incertaine. Pendant un siècle (1872-1972), le modèle des Parcs nationaux a privilégié les valeurs esthétiques et la préservation des cycles naturels et le phénomène s’est encore accéléré à partir de 1972 : la superficie des zones protégées au titre de réserves naturelles a été multipliée par quatre, sous l’impulsion d’organismes internationaux comme l’UNESCO, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, ou l’United Nations Environment Program. L’ensemble des sites terrestres et marins concernés couvrent environ 19 millions de km², soit approximativement 12 % de la surface terrestre mondiale. Mais cette croissance des aires protégées s’accompagnait de fortes disparités de statut, la diversité des intérêts en jeu conduisant à un certain désordre conceptuel, marqué par des glissements progressifs, des parcs nationaux à la biodiversité, puis des ressources biologiques au développement durable. Inscrit en 1987 dans le rapport Bruntland pour tenter de concilier la poursuite de la croissance industrielle avec la préservation de l’environnement et des ressources biologiques, le développement durable serait caractérisé par les deux principes de gestion rationnelle (Déclaration de Stockholm, 1972) et de gestion intégrée, c’està-dire coordonnée à l’échelle globale (Agenda de Rio, 1992). Mais l’expression, critiquée comme le résultat confus d’un compromis diplomatique, ne suffit pas à résoudre les conflits de valeurs. La biodiversité reste en effet une abstraction qui ne prend sens qu’au plan global, y compris dans les pays développés, alors qu’au plan local apparaissent les aspects négatifs d’une protection qui contrarie les besoins économiques et sociaux de la population. Il n’en reste pas moins que le dernier rapport mondial sur le développement humain, élaboré par le PNUD pour la période 2007-2008, présente le changement climatique comme le problème « le plus important et le plus urgent ». Inspiré du 4e rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC, 2007), qui établit, malgré les incertitudes scientifiques, la part déterminante des activités humaines dans le changement climatique, et du rapport de Nicholas Stern The Economics of Climate Change, qui démontre que la prévention est plus économique que l’immobilisme, le rapport du PNUD place d’emblée le débat sur un plan éthique. Mais l’énoncé du problème ne donne pas la solution. La coopération internationale a permis d’améliorer la protection de la couche d’ozone (convention de Vienne, 1985 et protocole de Montréal, 1987). Il faudra attendre la convention-cadre de 1992 pour entrevoir, au nom du développement durable, un début de réponse aux changements climatiques. Pour assurer une certaine équité à l’échelle globale, il a fallu imaginer le principe de « responsabilités communes mais différenciées » (art. 3 principe 1). Il reste à le mettre en œuvre, en tenant compte de la spécificité des priorités nationales et régionales de développement (voir notamment art. 4, les engagements des pays développés et assimilés figurant à l’annexe 1), sans pour autant renoncer à l’objectif de protection de la planète. ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 535 D’où l’innovation qui consiste à donner toute sa signification à l’expression de bien public mondial en faisant intervenir les marchés comme instruments privilégiés d’une politique globale, à vocation supra/nationale, destinée à renforcer une coopération limitée aux relations inter/nationales. A défaut de gouvernement mondial, on tente ainsi de mondialiser la lutte contre l’effet de serre en utilisant les stratégies du marché. Pour évaluer ce choix, qui repose sur l’efficacité supposée du marché, il faut rappeler que le protocole de Kyoto définit les quantités d’émission de GES autorisées pour 2008-2012 selon des quotas fixés à chaque pays par référence à ses émissions en 1990. Pour entrer en vigueur le texte devait être ratifié par 55 pays représentant au moins 55 % des émissions. La seconde condition fut remplie en 2004, avec la ratification par la Russie. Et pourtant, bien qu’il ait été en 2007 ratifié par 156 États, la faiblesse du protocole est qu’il couvre seulement un tiers des émissions mondiales. La raison tient d’une part au refus persistant de la trentaine d’États qui n’ont ni signé, ni ratifié ce dispositif, y compris les USA qui détiennent pourtant le record du monde avec 6 tonnes de carbone par tête et par an (contre moins d’une demi tonne pour l’Inde) et 25 % des émissions mondiales. D’autre part, et c’est sans doute le point le plus faible du dispositif de Kyoto, l’espace du marché « carbone » qu’il instaure est limité, en application du principe des responsabilités différenciées qui a conduit à cantonner la mise en œuvre immédiate aux seuls pays développés. En termes d’efficacité, la solution consisterait à ouvrir l’Espace Kyoto aux pays en développement (PED). Mais ces derniers rappellent à juste titre que l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère relève de la responsabilité historique des pays développés, soulevant ainsi la question des critères de légitimité. C’est pourquoi la logique du marché ne suffit pas. Encore faut-il assurer la légitimité politique, qui conditionne la possibilité d’un contrôle international malgré l’absence de gouvernement mondial, et la légitimité éthique, qui permettrait de résoudre les conflits de valeurs malgré l’absence de constitution mondiale. Car le plus difficile à résoudre est le conflit que l’on peut rattacher, au-delà des biens publics mondiaux, à la notion sous-jacente de bien commun, qui semble prise entre un commun uniformisateur et un commun pluraliste. À cet égard, la technique juridique des responsabilités différenciées apparaît comme une tentative pour concevoir un commun qui ne soit uniforme ni dans l’espace ni dans le temps. Sans doute imparfaite, car elle laisse encore sans réponse la question des pays en développement, cette technique ne doit cependant pas être abandonnée, mais perfectionnée, et peut-être élargie à la solution d’autres conflits de valeurs, car elle permet d’admettre des hiérarchies variables selon les questions posées. On entrevoit ainsi que la véritable synergie entre droits fondamentaux et biens publics mondiaux repose sur la capacité des systèmes de droit à remplir un double rôle qui relie communauté de valeurs et communauté de droit : ordonner les valeurs et responsabiliser les acteurs. 536 MIREILLE DELMASMARTY Le rôle du droit dans l’émergence d’une communauté de valeurs Comme révélateur des valeurs, les systèmes de droit font surtout apparaître les incohérences qui les sous-tendent et la mondialisation semble annoncer, comme nous en avons vu de nombreux exemples, le grand désordre juridique du monde. Désordre juridique, mais aussi « anarchie des valeurs » selon Paul Valadier, une anarchie qui risquerait de nous condamner soit à un pessimisme de résignation, soit à un dogmatisme aveugle. « Mais le moraliste, ajoute-t-il, ne peut pas attendre des lendemains supposés meilleurs pour proposer comme sensée la moralisation de soi et de l’histoire : il lui faut donc tenter de montrer ou de suggérer, et telle est sa responsabilité intellectuelle, que des issues sont possibles et que les pleureurs sont au fond les complices du relativisme et du désespoir qu’ils dénoncent en en vivant » 10. Quand au juriste, il doit se souvenir que le droit ne se limite pas à nommer et classer les valeurs, il est aussi un instrument normatif et comme tel un processus transformateur, y compris dans la sphère internationale où, malgré l’absence de gouvernement mondial, les normes juridiques permettraient de dépasser le désordre et l’anarchie pour ordonner les valeurs, ou ordonner, par référence aux valeurs, les choix d’action ; et les ordonner de façon suffisamment rationnelle et objective pour réussir à responsabiliser les acteurs, publics ou privés, individuels ou collectifs, dans l’exercice de leurs pouvoirs. Ordonner les valeurs Du niveau national au niveau mondial, la transposition est difficile car les choix de valeurs, rarement explicités par des juges internationaux, ne sont ni débattus devant un parlement souverain, ni garantis dans leur mise en œuvre par un gouvernement mondial, mais négociés au gré des États. Il en résulte une prolifération de normes juridiques et leur fragmentation, à la fois verticale et horizontale. Telle que nous avons pu l’observer à propos des crimes à vocation universelle, des droits de l’homme, puis des biens publics mondiaux, cette fragmentation entraine la pluralité des échelles qui ordonnent les valeurs. La pluralité n’empêche pas toute tentative de mise en ordre, mais elle la rend plus incertaine qu’au niveau national. Même quand il s’agit de résoudre des conflits de valeurs propres à chaque système, et a fortiori quand il s’agit d’un conflit « intersystémique », les processus de mise en ordre permettent rarement de hiérarchiser et de stabiliser les valeurs. Pour assurer à la fois l’universalisme, le pluralisme et le pragmatisme, il faut le plus souvent tenter d’équilibrer les valeurs, en les conciliant de façon non exclusive, et d’anticiper sur les évolutions dans le temps. C’est dire la complexité des méthodes de mise en ordre. Pour résoudre les conflits de valeurs, les juristes disposent en effet de deux modèles. L’un consiste, en présence de plusieurs énoncés contradictoires, à ne 10. P. Valadier, L’anarchie des valeurs, Albin Michel, 1997, p. 165. ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 537 prendre en compte qu’un seul d’entre eux (au nom de la dignité écarter des pratiques comme la torture ou la peine de mort ayant pour but de protéger la sécurité). L’autre opère par conciliation ou pondération, afin d’appliquer partiellement chacune des valeurs en conflit (sécurité et liberté, vie privée et liberté d’expression, propriété privée et protection de l’environnement, etc.). En somme, le modèle d’exclusivité — ou de sub/ordination d’une valeur à l’autre car il impose la norme supérieure et écarte la norme inférieure — repose sur un processus de hiérarchisation, mais aussi de stabilisation quand la hiérarchie est fixée par avance selon la vision traditionnelle (moderne) de l’ordre, à la fois hiérarchique et stable. En revanche le modèle de pluralité — ou de co/ordination — suggère plutôt un processus de conciliation des valeurs. Toutefois les exemples étudiés, notamment dans le domaine des biotechnologies et des biens publics mondiaux, montrent que cette conciliation est réalisée de façon tantôt simultanée (équilibrage), tantôt successive (anticipation marquant l’importance nouvelle de la relation au temps et des vitesses de transformation). D’où l’émergence d’un autre type d’ordre (post moderne ?), interactif et évolutif, qui superpose au rêve, ou au cauchemar, de valeurs universelles reconnues à l’identique par une communauté humaine unifiée une réalité beaucoup plus complexe. Pour concilier des valeurs à première vue contraires et promouvoir une autre vision de l’ordre, interactif et évolutif, les juristes ont imaginé deux principes : le principe de proportionnalité, qui introduit une pondération facilitant l’équilibrage, et plus récemment le principe dit de précaution qui introduit en réalité une dynamique d’anticipation permettant d’intégrer le temps à la solution des conflits de valeurs (générations « futures », développement « durable »). Visant à prévenir des risques non seulement potentiels, mais graves et/ou irréversibles, le principe de précaution apparaît à la fois comme principe d’action, qui conditionne la prise de décision politique, et principe d’imputation, qui commande l’attribution d’un nouveau type de responsabilité. Dans les deux perspectives, il traduit un processus d’anticipation. Comme principe d’action, il incite, ou devrait inciter, les responsables politiques à ne pas attendre que le risque soit avéré pour mettre en place des procédures de recherche et d’évaluation sur les incertitudes qui concernent la menace de risques majeurs. Comme principe d’imputation, le principe de précaution aurait l’ambition de faire entrer l’évaluation des degrés d’incertitude dans le champ juridique. C’est dire le lien indissociable entre le type d’ordre qui sous-tend l’émergence d’une communauté mondiale de valeurs et la façon de responsabiliser les acteurs. Responsabiliser les acteurs Si le rôle du droit, dans l’émergence d’une communauté mondiale de valeurs, n’est pas de créer ces valeurs mais de contribuer à les ordonner, il est aussi, en cas de transgression, de responsabiliser les acteurs. 538 MIREILLE DELMASMARTY Mais comment limiter l’irresponsabilité souveraine des États et chefs d’États, non seulement dans le cas de crimes à vocation universelle, mais encore en cas de violation des droits de l’homme ou de transgression de valeurs qualifiées de biens publics mondiaux ? Et plus largement, comment reconnaître que la détention d’un pouvoir d’échelle globale (qu’il soit politique, économique, scientifique, médiatique, religieux ou culturel) implique le corollaire d’une responsabilité globale ? A ces questions, les réponses apportées dans les trois domaines que nous avons explorés sont à la fois fragmentaires et hétérogènes : si la responsabilité est au cœur du droit international pénal, elle ne concerne que les quelques individus accusés de crimes à vocation universelle ; en revanche, dans le domaine plus large des droits de l’homme, la responsabilité se limite pour l’essentiel aux États et semble refoulée pour les autres responsables potentiels, individus ou entreprises, comme s’il s’agissait de la face cachée des droits de l’homme. Enfin la responsabilité reste quasiment absente du débat sur les biens publics mondiaux, pour lesquels l’efficacité est d’abord recherchée dans les logiques du marché (politique des prix ou politique des quantités, par ex, pour les gaz à effet de serre). C’est pourtant dans ces trois domaines, où nous avons repéré l’émergence de valeurs communes, que pourrait se déployer, au confluent de l’universalisme des valeurs et de la globalisation de certains acteurs, un nouveau type de responsabilité, caractérisé par une double extension : une extension des conditions et des effets qui se traduit par une sorte de dilatation dans l’espace et dans le temps ; et une extension des sujets de droit qui entraîne la multiplication des acteurs. Quant à la dilatation de la responsabilité, les premières prises de conscience se situent dans les domaines apparemment très différents de la responsabilité pénale pour crimes à vocation universelle et de la responsabilité d’abord civile ou administrative, mais parfois pénale, dans les domaines de l’environnement et de la santé, au confluent des droits de l’homme et des biens publics mondiaux. Comme la notion de crime « contre l’humanité », celle de préjudice « écologique » est exemplaire car elle fait entrer dans la sphère juridique l’idée de fonder une obligation de répondre non pas à la personne directement lésée par notre faute, civile ou pénale, mais de répondre afin de préserver un état nécessaire à la vie collective. Significative d’une extension de la responsabilité hors de la sphère interindividuelle, cette conception évoque la notion de devoir qui avait toujours été maintenue à l’ombre des droits de l’homme pour éviter le risque de récupération politique par des régimes autoritaires ou totalitaires. Comme nous l’avons précédemment noté, à propos du couple humain/non humain, le terme de devoir s’impose pourtant pour définir une responsabilité humaine quand il s’agit de protéger des valeurs relevant du monde non humain, en raison de la dissymétrie qui caractérise notre relation à l’animal comme à la nature. Plutôt que de rattacher le devoir aux droits de l’homme, mieux vaut le déduire de la notion de bien public mondial, ce qui ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 539 permet d’y introduire le mécanisme de la responsabilité. Telle est d’ailleurs, semblet-il, la logique qui inspire, dans le prolongement du « Grenelle de l’environnement », le rapport de la Mission Lepage (15 janvier 2008). Dans le temps, la dilatation est plus difficile encore à concevoir, s’agissant d’une responsabilité dont le fait générateur, au lieu d’être inscrit dans le passé (punition de la faute) ou circonscrit au présent (réparation du dommage), se place au futur (conservation du vivant) et comme tel risque de s’étendre à l’infini. Comment concevoir un régime applicable à l’incertain et à l’infini ? A cette question redoutable, des réponses juridiques sont proposées, tant pour définir un régime de preuve, qui permettrait d’évaluer le risque de préjudice et de prouver le risque de causalité, que pour prévoir des faits justificatifs fondés sur l’acceptabilité sociale des risques. A défaut d’un tel régime juridique, l’extension de la responsabilité dans l’espace et l’allongement dans le temps de la portée de la responsabilité, pourraient avoir un effet inverse de l’effet souhaité dans la mesure où le sujet de la responsabilité pourrait ainsi devenir insaisissable, d’autant que la dilatation de la responsabilité s’accompagne d’un phénomène de multiplication des acteurs, qu’il s’agisse de déterminer les personnes imputables ou les titulaires de l’action en responsabilité. Quant aux personnes imputables, la responsabilité est d’abord attribuée aux États. Même si le droit international général conventionnel a peu progressé, une responsabilité peut être attribuée, en cas de violation des droits de l’homme, aux États qui ont accepté le recours individuel devant les cours régionales (Europe, Amérique latine, Afrique) ou le comité des droits de l’homme des Nations unies et peuvent faire l’objet d’un contrôle international. Encore faut-il distinguer du contrôle juridictionnel, mis en place au plan régional, le contrôle non juridictionnel, notamment celui du Comité des droits de l’homme des Nations unies, seul applicable au niveau mondial, qui a également fait son apparition dans le domaine des biens publics mondiaux, avec le dispositif d’observance prévu par le protocole de Kyoto à propos du changement climatique. Mais une communauté mondiale interhumaine ne saurait se limiter aux seuls États. Vu le rôle croissant des acteurs non étatiques, il est nécessaire de leur reconnaître une responsabilité. Outre les individus — dont la responsabilité peut être mise en cause pour des crimes à vocation universelle devant les juridictions pénales, soit internationales, soit nationales —, on entrevoit, s’agissant de la protection des valeurs qui sous-tendent les droits de l’homme et les biens publics mondiaux, une tendance nouvelle à responsabiliser les acteurs économiques déjà mondialisés que sont les entreprises multinationales, tant à partir du droit interne que du droit international. Quant aux titulaires d’actions en responsabilité, on est encore loin d’une conception harmonisée. S’agissant de l’action en responsabilité pénale pour des crimes à vocation universelle, la constitution de partie civile est exclue devant les 540 MIREILLE DELMASMARTY juridictions internationales mais la victime peut intervenir au procès et le rôle des personnes morales, et notamment des organisations non gouvernementales, est admis pour soutenir l’action des victimes et informer les juridictions pénales. S’agissant de l’action contre les États, il faut surtout noter la révolution juridique créée par la clause dite du recours individuel en matière de droits de l’homme. Si le recours auprès du Comité des droits de l’homme se limite en effet aux victimes individuelles, il est élargi auprès de la Cour européenne à toute ONG ou tout groupe de particuliers qui se prétendent victimes d’une violation et s’accompagne d’un rôle d’information plus largement admis. Cette mission d’information, voire de surveillance, apparaissant aussi comme un appoint à la mise en œuvre de la responsabilité en matière de biens publics mondiaux. Mais la technicité du débat ne doit pas occulter l’importance du changement éthique. Répondre à la victime, du dommage ou de la faute, dont les droits ont été lésés n’a pas le même sens que de répondre au nom d’un devoir de préservation de valeurs universelles qui concernent l’humanité présente et à venir et englobent la protection du non humain. D’une certaine façon, c’est aussi ce changement éthique que traduit la multiplication des titulaires d’une action en responsabilité qui devient action en solidarité. En conclusion, le recours à la valeur serait-il le talisman que l’on brandit hors contexte et hors histoire ? Paul Valadier suggère une réponse, plus modeste et plus pragmatique, « le recours à la valeur […] est un élément essentiel pour rassembler dans une unité (provisoire) de sens la diversité des données constitutives de l’action humaine » 11. Il invite à porter le poids du réel afin de découvrir dans cette épreuve jamais achevée non pas le chemin mais les chemins de la sagesse, des chemins sur lesquels il faut affronter de plein fouet « le désaveu de l’idéal par le réel phénoménal ». Ces chemins, il engage à les suivre à travers ce qu’il nomme une « praxéologie », une pratique qui ne renonce pas à l’éthique et pourrait mener vers un universel concret qu’il associe au bien commun. Aux juristes, il revient de montrer comment le droit pourrait réunir lui aussi une pratique et une éthique pour cheminer vers une communauté de valeurs. Empruntée à Vieira da Silva, la métaphore de « l’issue lumineuse » suggère que le droit pourrait éclairer les réponses en termes de valeurs et qu’un nouvel humanisme juridique, relationnel plutôt qu’anthropocentrique, est sans doute possible. Sans renoncer à la diversité des cultures, ni aux acquis des humanisations, il se donnerait les moyens de les ordonner, de façon ouverte car interactive et évolutive, autour de couples bipolaires, comme l’égale dignité ou le développement durable. C’est seulement par une telle humanisation réciproque que nous pourrons relever le défi d’une communauté sans dehors, désormais élargie à toute la planète, et concevoir ensemble un destin commun. 11. P. Valadier, précité, p. 157. ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 541 Séminaires — Séminaire conjoint avec la Chaire d’Histoire contemporaine du monde arabe (Henry Laurens), Typologie du terrorisme et communauté(s) de valeurs, 4 juin 2008. Thème d’actualité s’il en est, le terrorisme mobilise non seulement les acteurs politiques, mais également les différents champs des sciences sociales. La partie historique, dont l’objectif était de repérer dans le temps les glissements et la diversité des formes de violence politique, s’est orientée vers une typologie historique du terrorisme, articulée autour de la construction des États-nations et des formes de contestations politiques. La partie juridique visait, quant à elle, à repérer les transformations, de la répression pénale à la guerre contre le terrorisme, au regard de l’émergence d’une communauté mondiale de valeurs. Les définitions actuelles du terrorisme telles qu’elles résultent de différentes branches du droit, révèlent l’inadaptation tant du droit interne que du droit international aux réalités multiformes du terrorisme dans un monde globalisé. Les solutions proposées ont conduit à formuler une alternative : soit reconnaître les faiblesses du concept de terrorisme et préconiser l’utilisation d’autres qualifications pénales telles que les crimes de droit commun ou les crimes contre l’humanité selon les cas ; soit parvenir à une définition globale du terrorisme. Chaque hypothèse nécessite le respect de conditions à la fois de fond (proportionnalité de la réponse à l’attaque, respect des valeurs fondamentales de la communauté internationale comme la dignité humaine…) et de forme (trouver un arbitre qui puisse pallier l’absence d’une cour mondiale des droits de l’homme). — Séminaire conjoint avec la Chaire de Théorie économique et Organisation sociale (Roger Guesnerie), La notion de biens publics mondiaux : catégorie économique et/ou juridique, 25 juin 2008. La notion de bien public mondial, issue de la théorie économique, se trouve depuis une dizaine d’années à l’orée d’une réception par les systèmes de droit. Dans ce contexte, un dialogue est nécessaire, entre économistes et juristes, sur la signification et le rôle de cette notion dans le processus de mondialisation. La partie économique s’est d’abord orientée vers la terminologie et son rôle dans l’analyse : l’examen des négociations climatiques d’une part, et des interactions de la politique climatique et de l’exploitation des énergies fossiles d’autre part, a permis de souligner les tensions entre considérations économiques et juridiques, ainsi que la complexité de l’analyse politico-économique. Juridiquement, la notion de bien public mondial, à la différence, notamment, de celle de patrimoine commun de l’humanité, n’a pas été consacrée par des textes normatifs. Même si elle n’est pas directement opératoire et malgré les obstacles que rencontre cette notion, il n’est pas exclu qu’elle puisse être utilisée comme un processus dynamique, dont la mise en œuvre appelle une évaluation critique. A défaut d’une véritable synergie entre l’approche économique et l’approche juridique, le séminaire a permis 542 MIREILLE DELMASMARTY d’identifier une perspective institutionnelle (en l’absence de gouvernement mondial la notion de BPM permet d’ouvrir de nouveaux espaces de négociations et de suivi) et une perspective substantielle (la seule conception acceptable de la notion de bien commun étant un commun pluraliste permettant tout à la fois d’ordonner les valeurs, de responsabiliser les acteurs de façon différenciée et non uniforme). La recherche d’un bien commun pluraliste impose deux conditions : en pratique, il doit reposer à la fois sur le droit international et le droit interne et, en théorie, il impose de dépasser la vision traditionnelle d’un ordre juridique hiérarchisé et stable pour se donner les moyens de concevoir et mettre en œuvre un ordre interactif et évolutif. Enseignements à l’étranger Brésil : Université de São-Paulo (Chaire Levi-Strauss), du 3 au 17 octobre 2007, cours sur : « Le droit pénal de l’inhumain » et séminaires en relation avec le sujet du cours. Publications Ouvrage collectif Les chemins de l’harmonisation pénale, Harmonising Criminal Law, sous la direction de Mireille Delmas-Marty, Mark Pieth et Ulrich Sieber, UMR de droit comparé de Paris, volume 15, Paris, Société de législation comparée, 2008. Ouvrage (traduction) Les grands systèmes de politique criminelle, version en persan, vol. 2, Mizan, Téhéran (vol. 1 publié en 2002) Articles — « L’Adieu aux Barbares », Presses Univ. de Laval, Coll. Mercure du Nord/Verbatim, 2007, 44 p. — « Le paradigme de la guerre contre le crime : légitimer l’inhumain ? », RSC 2007, n° 3, pp. 461-472. — « Il paradigma della guerra contro il crimine : legittimare l’inumano ? » in Studi sulla questione criminale, Nuova serie di “Dei delitti e delle pene”, Carocci, Quadrimestrale, anno II, n. 2, 2007, pp. 21-37. — « La justice entre le robot et le roseau », in J.-P. Changeux (dir.) L’Homme artificiel, Odile Jacob, 2008, pp. 239-246. — « Au pays des nuages ordonnés », Revue ASPECTS, 2008, n° 1, pp. 13-26. — « Mondialisation et montée en puissance des juges » in Le dialogue des juges, Actes du Colloque organisé le 28 avril 2006 à l’Université libre de Bruxelles, Les Cahiers de l’Institut d’études sur la Justice n° 9, Bruxelles, Bruylant, 2007, pp. 95-114. — « Universalisme des droits de l’homme et dialogue des cultures : l’énigme d’une communauté mondiale sans fondations », in Aliança das Civilizaçoes, Interculturalismo e Direitos Humanos, Rio de Janeiro, Educam, pp. 85-97. ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 543 — « Le paradigme du crime contre l’humanité : construire l’humanité comme valeur », in Pierre Robert Baduel (dir), Construire un monde ? Mondialisation, pluralisme et universalisme, Paris, Maisonneuve & Larose, 2007, p. 227 sq. — « Globalization and Transnational Corporations », in Strafrecht und Wirtschaftsstrafrecht, Festrschrift für Klaus Tiedmann, Carl Heymanns Verlag, Munich, 2008, pp. 1291-1301. Laboratoire Réseaux ID : — Réseau ID franco-brésilien, Première rencontre 12, « Les violations graves des droits de l’homme et la lutte contre l’impunité — Évolution des relations entre droit international et droit interne », São-Paulo, 15-16 octobre 2007. — Réseau ID franco-américain, Troisième rencontre 13, « La qualité du climat et l’internationalisation du droit », Paris, 1-2 juillet 2008. 12. Participants : Sérgio Adorno (Professeur de sociologie de l’Université de São Paulo, Directeur du Núcleo de estudos da violência) ; Luiz Olavo Baptista (Professeur de droit international à l’Université de São Paulo, membre de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye) — excusé et représenté par Evandro Menezes de Carvalho (Professeur de « droit global et alternatives institutionnelles » à la Fondation Getúlio Vargas de Rio de Janeiro) ; Joaquim Barbosa (Juge au Supremo Tribunal Federal) ; Fabio Comparato (Professeur de droit public de l’Université de São Paulo) ; Emmanuel Decaux (Professeur de droit international à l’Université de Paris II) ; Mireille Delmas-Marty (Professeur au Collège de France, Membre de l’Institut de France) ; Jorge Fontoura (Consultant juridique du Sénat, Professeur de L’Institut Rio Branco) ; Celso Lafer (Professeur de droit international à l’Université de São Paulo, ancien Ministre des affaires étrangères) ; Kathia Martin-Chenut (Chercheur et Coordinatrice du Réseau ID franco-brésilien au Collège de France) ; Leonardo Nemer Brant (Professeur de droit international de l’Université fédérale de Minas Gerais, Président du CEDIN) ; Alain Pellet (Professeur de droit international à l’Université de Paris X) ; Claudia Perrone-Moises (Professeur de droit international à l’Université de São Paulo, chercheur au Centre d’études sur la violence de l’Université de São Paulo) ; Jean-Pierre Puissochet (ancien juge à la Cour de Justice des Communautés européennes) ; Francisco Rezek (ancien juge à la Cour internationale de justice et au Supremo Tribunal Federal, ancien Ministre des affaires étrangères du Brésil, ancien professeur de l’Université de Brasília, actuellement avocat et professeur à l’UNICEUB). 13. Participants : Diane Marie Amann, Professor, University of California, Davis, School of Law (Martin Luther King, Jr Hall) ; Jean-Bernard Auby, Professeur de droit public et directeur de la Chaire « Mutations de l’action publique et du droit public » à Sciences Po Paris ; George Bermann, Professor, Columbia University School of Law ; Stephen Breyer, Associate Justice, United States Supreme Court ; Guy Canivet, membre du Conseil constitutionnel ; Vivian Curran, Professor, University of Pittsburgh School of Law ; Mireille Delmas-Marty, professeur au Collège de France ; Olivier Dutheillet de Lamotte, membre du Conseil constitutionnel ; Hélène Ruiz Fabri, professeur à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, directrice de l’UMR de droit comparé de Paris ; William A. Fletcher, Circuit Judge, United States Court of Appeals for the Ninth Circuit ; Charles Fried, Professor, Harvard University Law School ; Harold Hongju Koh, Dean, Yale Law School ; Antoine Garapon, secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice ; Roger Guesnerie, Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Théorie économique et organisation sociale », président de l’École d’économie de Paris ; Mathias Guyomar, maître des requêtes au Conseil d’État ; Horatia Muir-Watt, professeur à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne ; Michel Rosenfeld, Professor, Benjamin Cardozo School of Law ; Jonathan Wiener, Professor, Duke Law School. 544 MIREILLE DELMASMARTY Recherche Figures de l’harmonisation du droit — Amérique Latine — Deuxième réunion, São Paulo, EDESP-FGV, 4 octobre 2007. — Troisième réunion et présentation publique, Brasilia, CEUB, 5-6 octobre 2007. — Quatrième réunion, São Paulo, EDESP-FGV, 5 août 2008. Recherche ATLAS (Armed Conflict, Peacekeeping, Transitional Justice : Law as Solution) — Programme européen (7e PCRDT) — Réunion de lancement, 7 février 2008, Collège de France. Colloques, conférences, Entretiens — « La mondialisation du droit », Conférence-débat ((cycle L’Occident en question), Bibliothèque de la Part-Dieu, Lyon, 13 septembre2007. — « Conclusions », XVe Congrès international de Défense sociale, Le droit pénal entre la guerre et la paix : Justice et coopération pénale dans les interventions militaires internationales, Tolède, Espagne, 20-22 sept. 2007. — Controverse avec Roger Pol-Droit « Peut-on éviter la torture ? », animée par Catherine Clément, Musée du Quai Branly, 25 octobre 2007. — Colloque de Paris (universités NYU Law, Cardozo et UMR de droit comparé de Paris I) Repenser le constitutionnalisme à l’âge de la mondialisation et de la privatisation, Présidence de la table-ronde « Faut-il ordonner le pluralisme ? », La Sorbonne, 25-26 octobre 2007. — Evening Lecture, « Dignité Humaine et Droits de l’Homme : vers un Univers Pluriel ? », European Science Foundation-LiU, Pathways of Human Dignity : From Cultural Traditions to a New Paradigm, Vadstena, Suède, 31 octobre-4 novembre 2007. — « Le paradigme du crime contre l’humanité : construire l’humanité comme valeur », Conférence Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, 23 novembre 2007, Tunis, Tunisie. — Participation au débat organisé autour du livre La Chine et la démocratie (M. DelmasMarty et P.-E. Will (dir.), Paris, Fayard, 2007) par le Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine, EHESS, Paris, 4 décembre 2007. — « Universalisme des droits de l’homme et dialogue des cultures : l’énigme d’une communauté mondiale sans fondations préalables », Conférence internationale, Alliance of Civilizations, Interculturalism and Human Rights, Université Candido Mendes, Rio de Janeiro, Brésil, 8-10 décembre 2007. — « Gouvernance et État de droit » et « La notion de biens publics mondiaux », in Figures et problèmes de la mondialisation, Institut du Monde Contemporain, Collège de France, 13 et 14 décembre 2007. — « Violence et massacres : vers un droit pénal de l’inhumain ? », Conférence Institut italien de Sciences humaines, Palazzo Strozzi, Florence, 3 mars 2008. — « La mondialisation du droit : vers une communauté de valeurs ? », Conférence ENS, Lyon, 24 janvier 2008. — « Le rôle du droit dans l’émergence d’une communauté de valeurs », Communication à l’Académie des sciences morales et politiques, 7 juillet 2008. ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 545 — Entretiens : avec Marianne Durand-Lacaze, « Les forces imaginantes du droit », Canal Académie, 1er février 2008, « La Chine et la démocratie », 2 mars 2008 ; avec Marc Kirsch, La lettre du Collège, mars 2008 ; avec M. Brillié-Champaux et S. Lavric, « La Chine, les droits de l’homme et les biens communs », 1er août 2008, Blog Dalloz, http://blog.dalloz. fr/blogdalloz/2008/08/la-chine-les-dr.html ; avec Geneviève Fraisse, « l’Europe des idées », BNF 16 avril 2008, diffusion France Culture 2 août 2008. Activités de l’Équipe Emmanuel Breen Emmanuel Breen, maître de conférences en droit public, a été mis à la disposition de la Chaire « Études juridiques comparatives et internationalisation du droit » par l’Université de Paris VIII Vincennes – Saint-Denis, durant l’année universitaire 2007-2008. Prenant la suite de Naomi Norberg, il a assuré la coordination du Réseau ID franco-américain, prenant en charge l’organisation d’une réunion internationale de juges et d’universitaires les 1er et 2 juillet 2008 à la Fondation Hugot du Collège de France, sur le thème : « Qualité du climat et internationalisation du droit ». Il a également assuré la traduction des conférences du professeur Onuma Yasuaki et conduit des recherches sur le thème des biens publics mondiaux et de la bonne gouvernance, contribuant ainsi à l’organisation du séminaire sur les biens publics mondiaux (25 juin 2008), après avoir participé au séminaire de la Chaire « Mutations de l’action publique et du droit public » de Sciences-Po Paris (11 avril 2008). Emmanuel Breen a été recruté par l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV) à compter du 1er septembre 2008, comme maître de conférences. Isabelle Fouchard Isabelle Fouchard a été affectée à la Chaire d’études juridiques comparatives et internationalisation du droit, en qualité d’ATER, le 1er septembre 2006. Elle a poursuivi ses recherches doctorales sur le sujet « Crime international : entre internationalisation du droit pénal et pénalisation du droit international », et a soutenu sa thèse à Genève le 3 septembre 2008. En outre, elle a contribué à la préparation des cours par la réalisation de recherches documentaires et la rédaction de notes, notamment sur la jurisprudence des tribunaux pénaux internationaux, le droit international général, le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme. Isabelle Fouchard a également participé au projet de recherches « Les figures de l’internationalisation du droit » en tant que rapporteur sur le thème « Statut de Rome et mise en place de la justice pénale internationale » ; ainsi qu’à l’organisation des séminaires et à la valorisation des activités de la Chaire, y compris leur diffusion. Elle a enfin collaboré à la réponse à un appel d’offre de la Commission européenne (7e PCRDT), qui a donné naissance au projet ATLAS (Armed Conflict, Peacekeeping, Transitional Justice : Law as Solution) auquel le Collège de France est associé avec six grands centres de recherches européens. Le projet ATLAS, coordonné par le CERDIN (Centre de recherche en droit 546 MIREILLE DELMASMARTY international) de l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), a débuté le 1er février 2008, pour 4 ans. Isabelle Fouchard occupera le poste de chercheur attaché au Collège de France pour ce projet à partir du 1er septembre 2008. Kathia Martin-Chenut Kathia Martin-Chenut a été affectée à la Chaire comme ATER (2005-2007), puis comme chercheur attaché au Collège pour le projet ATLAS mentionné ci-dessus (fév.-août 2008). Dans le cadre de ce projet, elle a développé des recherches sur la protection des enfants dans les conflits armés. Elle s’est également consacrée au développement de deux projets lancés en 2005 : le projet de recherche « Les figures de l’internationalisation du droit — Amérique Latine », dont elle assure la co-direction et le « Réseau ID franco-brésilien », dont elle assure la coordination. A cet effet, elle a organisé pour le projet « Figures de l’Internationalisation du droit » deux rencontres de l’équipe (São Paulo et Brasília, les 4 et 5 octobre 2007) et une présentation publique des résultats partiels de la recherche (Brasília, le 6 octobre 2007) ; tout en participant elle-même aux travaux en tant que rapporteur sur « l’internationalisation des droits de l’enfant » et co-rapporteur sur « l’internationalisation de la justice pénale ». Elle a assuré la coordination du Réseau ID franco-brésilien et pris en charge l’organisation de ses premières rencontres, qui ont eu lieu les 15 et 16 octobre 2007 à São Paulo sur un thème intitulé « Les violations graves des droits de l’homme et la lutte contre l’impunité — Évolution des relations entre droit international et droit interne ». Elle a, en outre, entrepris les démarches nécessaires pour que ces deux projets soient intégrés en 2009 aux activités officielles de l’Année de la France au Brésil. Kathia Martin-Chenut a également participé à une réunion d’experts des Nations unies sur les droits de l’homme et l’administration de la justice par les tribunaux militaires (Brasília, 27 à 29 novembre 2007) et à deux séminaires de l’UNESCO (Programme « Chemins de la pensée » : Rio de Janeiro, 13 et 14 novembre 2007 ; Paris, 10 juin 2008). Enfin, elle a soutenu une Habilitation à diriger des recherches (HDR) à l’Université de Paris I en février 2008 et enseigné à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences-Po) dans le cadre du cours « Les grands enjeux de la justice ». III. SCIENCES HISTORIQUES PHILOLOGIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES Civilisation pharaonique : archéologie, philologie, histoire M. Nicolas Grimal, membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), professeur Cours et séminaire Le temple d’Amon-Rê à Karnak : Héliopolis et l’Empire On a poursuivi cette année l’historique de la redécouverte des temples de Karnak, tout d’abord au cours du pachalik de Méhémet Ali, soit pratiquement toute la première moitié du xixe siècle (1805-1848). Partagée entre la recherche d’une affirmation nationale face à la Sublime Porte et un désir profond d’Occident, l’Egypte, fortement marquée par l’impulsion que lui donna Bonaparte, s’ouvre alors aux influences européennes. Mais, si Méhémet Ali avait parfaitement compris le parti que son pays pouvait tirer de l’Europe et de l’industrialisation, il offrait également à ses nouveaux partenaires une terre d’opportunités, attirant par là même ceux que poussait le désir de nouveaux horizons ou de fortunes rapides. L’engouement pour le passé de l’Egypte fut l’un des principaux moteurs de la venue d’hommes qui, pour des raisons diverses, se trouvaient à l’étroit dans une Europe que la Révolution française, puis les campagnes de Bonaparte avaient ouverte sur le monde. Fuyant une société dans laquelle ils ne trouvaient pas leur place, ou plus simplement poussés par l’appât du gain, ils apportèrent avec eux un esprit d’aventure, mûri des connaissances popularisées par les Lumières sur un fonds de réminiscences classiques. Deux figures de condottieres se détachent tout particulièrement : Bernardino Drovetti et Giovanni Belzoni. Le premier est très représentatif de cette génération déracinée par les tourmentes de la fin du xviiie siècle. En 1794, à 18 ans, il s’engage dans les troupes de Bonaparte, participe comme simple soldat à la campagne d’Egypte en 1798. Il fait ensuite la campagne d’Italie, se couvre de gloire en 1800 à Marengo contre les Autrichiens et finit colonel. Lorsque le Premier Consul demanda à Talleyrand d’envoyer au Caire un homme sûr pour occuper le poste nouvellement créé de consul général permanent, c’est lui qui fut choisi. dès juin 1824. cristallisant les oppositions locales sur les thèmes issus de la Révolution. lui aussi. Henry Salt. La première. puis en Egypte. il y renonce et se lance dans des études d’hydraulique. le français et l’anglais. il gagne sa vie pendant une dizaine d’années comme lutteur de foire. s’engagent alors dans une compétition sans merci. Carlo-Felice. où il arrive en 1815. découvreur de Petra et Abou Simbel — le lui présenta. mandaté par Charles X. au plus offrant sinon. Garibaldi. en revanche. L’infatigable lutteur mécanicien. Les deux consuls. Si ses compétences d’hydraulicien n’intéressent pas Méhémet Ali. lui. L’expédition de Morée. d’Italie ou des îles ioniennes. A 25 ans. en 1815. qui. il se consacra immédiatement à la recherche d’antiquités. était allé jusqu’en Nubie dès 1805. n’épargnant aucun moyen. le sculpteur marseillais Jacques Rifaud. engage Giovanni Belzoni. destiné à la vie monastique. Emigré à Londres. puis Louis-Philippe concrétiseront la dernière. qui sut en jouer avec habileté dans les pays que dominait son empire. Henry Salt comme consul au Caire. La troisième alla à la Prusse en 1836. Du côté de Drovetti. L’opposition à l’empire ottoman trouvait un fondement humaniste et libertaire dans la libération des peuples d’Egypte. Ainsi se retrouvent associés contre un rival commun des pays opposés entre eux sur d’autres terrains : l’empire ottoman. qu’il détestera toute sa vie. en 1811. lorsque Johann Burckhardt — autre aventurier converti à l’islam. aucune ruse. fut achetée en 1824 par roi de Piémont-Sardaigne. jouant de sa force exceptionnelle. ce sont essentiellement le nantais Frédéric Caillaud qui poussa son exploration jusqu’à la lointaine Méroë. en 1803. qui se déchiraient encore naguère en Egypte. à Jean-François Champollion le terrain sur lequel mettre à l’épreuve sa théorie. l’obélisque de . Elle constituait un puissant outil politique pour Napoléon. lié à l’autrichien. déplaça jusqu’en Alexandrie un des colosses du Ramesseum. mais plutôt par groupements sociaux. tout particulièrement celui de la liberté des nations. réunit contre lui la France et le Royaume Uni. Les premières années du xixe siècle restent assez confuses au Caire. Une tournée le conduit du Portugal à Malte. C’est cette collection qui fournit. probablement à cause des Français. du moins jusqu’à ce que Méhémet Ali l’emporte définitivement sur les Mamelouks. en quatre années. comme celui de la Franc-Maçonnerie : son essor fut largement favorisé par Méhémet Ali et se poursuivra jusque sous le règne de Farouk. il fuit l’Italie. sous le nom de Cheikh Ibrahim. à la France d’abord. dans l’intention de vendre les collections ainsi amassées. s’attachant des hommes que leur passion a aussi jetés dans cette aventure. Seule la deuxième des trois collections que rassembla Belzoni fut acquise par la France. sous Charles X. l’attention d’Henry Salt. grâce au même Jean-François Champollion. la plus importante. Dès cet instant les autres puissances européennes s’empressent auprès de lui. avant tout pour faire pièce à la Sublime Porte. un autre personnage haut en couleurs : né en 1778. tout comme Méhémet Ali feront de même… C’est dans ce contexte que le Royaume Uni envoie. en 1827. le personnage retient. ce padouan est un véritable colosse. Cette alliance — si tant est que l’on puisse employer le terme — ne se fait pas vraiment entre Etats.550 NICOLAS GRIMAL Débarqué en Egypte en 1802. pour cause de Restauration. en effet. la découverte de Champollion. des coups de feu sont échangés… En 1819. Il toucha à peu près tous les secteurs de Karnak . L’année suivante. la deuxième pyramide de Gîza. Or. de la . Drovetti reste maître du terrain. les hiéroglyphes sont approximatifs — mais que l’on se souvienne des fureurs que prenait Jean-François Champollion contre ceux de la Description ! Il ne faut. dont les monuments sont les premières victimes. et qui est aujourd’hui conservée au Musée archéologique de Florence. et. Car il n’a laissé aucune description de ses fouilles. naturellement. qui. dans l’espoir de mettre au jour de nouvelles statues de Sekhmet et au motif que « l’envahisseur français » y avait déjà porté la pioche. naturellement. les hasards de la politique française font que Drovetti est désormais totalement libre de son temps pour se consacrer à l’exploration archéologique de l’Egypte et du Soudan : il est. qui se mit au service de Drovetti dès son arrivée en Alexandrie en 1814. Jouant de ses appuis égyptiens. Angelleli. il reste toutefois difficile de savoir quelles furent exactement ses recherches. entra dans le temple d’Abou Simbel. illustré de 300 lithographies : seulement 250 ont été imprimées et leurs vestiges sont conservés au Musée communal de Nivelles en Belgique. en Nubie et lieux circonvoisins. qui accompagnait l’expédition a immortalisé les jours passés à étudier les temples de Karnak dans la magnifique toile qu’il réalisa pour le palais Pitti. Il s’attaque. et dont on retrouve en partie la trace sur les planches qu’il avait préparées à partir de croquis pour les réunir dans un Voyage en Egypte. pas oublier que le marseillais en ignorait la signification. écarté de ses fonctions officielles. La confrontation de ces dessins aux monuments originaux — en particulier pour les reliefs du temple d’Opet — montre des qualités que l’on a parfois déniées à tort à Rifaud. de 1816 à 1820. à l’enceinte de Mout. Mais jusque vers les années 1830. Dacier en 1822. puis la visite à Turin en 1824 et l’étude de la première collection Drovetti marquent deux étapes essentielles de l’extraordinaire production scientifique de Jean-François Champollion. le site est le théâtre d’affrontements entre une poignée d’aventuriers hauts en couleurs. PHILOLOGIE.CIVILISATION PHARAONIQUE : ARCHÉOLOGIE. vient contrecarrer ses projets à Thèbes . il fait occuper le terrain dès que le padouan a terminé sa première campagne . les rivaux en viennent aux mains à Karnak. mais se heurte à nouveau à l’équipe de son rival. Le véritable élan va suivre. probablement dû également à Angelleli. avec lequel il monte l’expédition franco-toscane en Egypte qu’ils conduiront tous deux en 1828. la tombe de Ramsès Ier et de Séthi Ier dans la Vallée des Rois. Le premier à conduire réellement des fouilles fut le marseillais Jean-Jacques Rifaud. Il trouve en Ippolito Rosellini un ami et un allié. La Lettre à M. HISTOIRE 551 Philae. celui-ci se tourne en 1817 vers le 8e pylône. à son tour. Au-delà de l’exotisme oriental — que l’on retrouve dans le portrait de Champollion. qui ne sont connues que par les objets qui en sont sortis. en effet. en 1816. fouilla à Karnak. depuis 1805 jusqu’en 1928. la confusion atteint son comble : Belzoni se brouille avec Salt. Certes. puis à Jérusalem. qui se retrouve. dans le mouvement de développement économique et de l’industrialisation voulues par Méhémet Ali. les monuments. essentiellement du Nouvel Empire. chevalier du Saint-Sépulcre. en effet. de l’architecture en calcaire de Karnak. pratiquement que les monuments démontés qui ont échappé aux chaufourniers. Dans les années 1840. On ne connaîtra ainsi. Car c’est surtout aux sources écrites que Champollion s’était intéressé sur place. et le premier qui eût à lutter contre fut le premier vrai fouilleur de Karnak : Auguste Mariette. pour l’Egypte. Il est dans le même temps successivement ingénieur civil. furent partiellement vidés des monuments de remploi qu’ils contenaient.552 NICOLAS GRIMAL collection Chateauminois à Vif — on y sent l’intense exaltation de ces jeunes savants. au terme de laquelle on aurait construit à Karnak. vivant une aventure extraordinaire. tandis que les autres disparaissaient à tout jamais. de 1833 à 1845. hélas ! un peu partout dans le pays : seuls les monuments bâtis en grès furent épargnés. d’architecture militaire à l’Ecole d’infanterie de Damiette. il enseignera à peine un an au Collège royal dans la « chaire d’archéologie » qui fut créée pour lui le 12 mars 1831. qui lui confie l’éducation des enfants d’Ibrahim Pacha. en effet. Les pylônes. Nous verrons ce qu’il convient d’en penser… Avant Mariette. il abandonne cette brillante carrière pour se consacrer à l’étude des hiéroglyphes et des civilisations . devinrent autant de carrières de pierres pour les chaufourniers. Karnak y figure en bonne place. il s’en éloigne et participe en 1826 à la guerre d’indépendance grecque . C’est son frère qui publiera les Monuments d’Egypte & de Nubie. ce qui détermina cette curieuse particularité. Revenu épuisé de son expédition. puis en grès plus tard. en particulier. où il réside de 1827 à 1844. Le remodelage du temple datant. d’où il repart. malheureusement. en calcaire au Moyen Empire. des lectures exactes des textes. lassé des querelles administratives et fasciné par les travaux de Champollion. pour la première fois. une autre figure de l’égyptologie naissante s’est rendue à Karnak : Achille Constant Théodore Emile Prisse d’Avennes. avec. l’idée s’est durablement installée. Cette tradition du primat des données textuelles sur l’archéologie aura la vie dure en égyptologie. on le retrouve ensuite secrétaire du gouverneur général des Indes. La moisson est riche. Mais en 1836. dans le droit fil de leurs prédécesseurs de l’expédition de Bonaparte. et principalement aux textes et représentations historiques. professeur de topographie à l’Académie militaire (Djihad Abad). Engagé dans des études d’ingénieur. et mourra le 4 mars 1832. Elle ne commencera à être connue du public. que deux ans après la mort de Champollion. Le vidage des parties des pylônes épargné donnera ainsi aux égyptologues une idée des monuments antérieurs à ceux qui les remploient faussée jusque là par cette question du matériau. Il y devient un familier de Méhémet-Ali. augmentées d’abondants commentaires. devenu maître héréditaire de l’Egypte en 1840. et tout particulièrement ceux de Karnak. qui lui permettaient de préciser les cadres d’une civilisation qu’il était le premier à lire. hydrographe. tout particulièrement pour 1. Il a relevé. l’Egypte. vient de Karnak. au nez et à la barbe de Lepsius. décrit. On a brièvement décrit cette année la « chambre » et indiqué les pistes d’études qui permettent de retracer. II. On y reviendra plus en détails l’an prochain 3. De retour en France. p. grâce à elle. 3. Excellent dessinateur. Sackho-Autissier : www. L’étude complète en paraîtra dans les Hommages dédiés à D.egyptologues. RdE 39 (1988). une masse énorme de notes et 29 momies. et dont la moisson scientifique marque une étape capitale dans l’étude et la connaissance des monuments égyptiens. p. lui. Au moment même où Prisse d’Avennes emportait la chambres des Ancêtres. Chargé par Napoléon III de missions en Egypte et au Proche-Orient. mais aussi collectionné. une partie de l’histoire de Karnak avant la grande réfection d’Ipet-sout réalisée par les souverains du Nouvel Empire. Prisse est fait chevalier de la Légion d’Honneur. . L’histoire de son démontage par Prisse. en 1860. l’Ethiopie. Silverman. la Perse. conservée au Louvre. compilée par Alain Arnaudiès. Dewachter. à la tête d’une expédition commanditée par le roi de Prusse. Prisse y donne des relevés très exacts. l’Arabie — où il visite la Mecque et Médine —. le premier successeur de Champollion. On trouvera sur le site www. puis de son transport. en 1848 chez Firmin Didot ses Monuments égyptiens […] pour faire suite aux Monuments de l’Egypte et de la Nubie de Champollion-le-Jeune : la première planche est consacrée à la chambre des Ancêtres 4. 300 dessins et peintures in-folio (certains atteignent huit mètres de long !). lui aussi « sauver » le précieux monuments ont déjà été maintes fois relatés 2. Le premier est le papyrus qui porte son nom. en effet. HISTOIRE 553 orientales. Prisse rapporte en France. Voir M. Le second. été compilés au début du deuxième millénaires. entre autres. aujourd’hui conservé à la Bibliothèque nationale de France. 1-16. en particulier des premiers éléments amarniens connus. la Nubie. devient un personnage officiel… Surtout.egypt. PHILOLOGIE. avec le talent et la verve que l’on retrouve dans ses autres ouvrages consacrés à l’art égyptien et à l’art oriental. 2. soit environ cinq siècles après la disparition de leurs auteurs. Voir l’excellent feuilleton d’A. Il s’agit de la « chambre des Ancêtres ». en fait. la Palestine. Deux monuments particulièrement importants sont aujourd’hui conservés en France grâce à lui. dont il fait don au Louvre… Ce personnage hors du commun fut. il a parcouru la Turquie. avec 14 planches sur 50. l’Abyssinie. auquel il vouait une admiration sans borne. 150 prises de vues architecturales et autant de photographie stéréoscopiques. qu’il acquit probablement au Caire — et non en Thébaïde — en 1843 1. Karl Richard Lepsius arrivait en Thébaïde. la Syrie. Au cours de son séjour au Proche-Orient. 4.CIVILISATION PHARAONIQUE : ARCHÉOLOGIE.edu/feuilleton/prisse.net la bibliographie exhaustive des temples de Karnak. il publie. et que l’on considère généralement comme le plus ancien traité de morale égyptien : les préceptes de Kagemni et les maximes de Ptahhotep y ont. qui espérait bien. et Karnak y tient une grande place. 209-210. Dont Prisse avait donné une étude en 1845 dans la Revue archéologique t. plus de 400 m d’estampages. dans ses Monuments arabes d’Egypte. — entre autres des monuments du Caire. 2001. Le milieu du xixe siècle voit les premiers photographes. accompagnés d’un texte explicatif et précédés d’une introduction par Maxime Du Camp. Il y donne la définition de cette nouvelle technique : « des dessins faits sur place et de bienveillantes communications de vues daguerréotypées m’ont permis d’apporter une grande exactitude dans la reproduction des merveilles de la vallée du Nil ». leur fournit un terrain de choix 5. partir à la découverte des pays du sud méditerranéen.554 NICOLAS GRIMAL Karnak. les deux hommes parcourent la vallée du Nil. Gustave Flaubert. chez Hauser : il s’agit d’un daguerréotype non signé représentant une maison de Rosette. combinant des vues réalistes. Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849. qui paraissent de 1849 à 1858 constituent à la fois un précieux état des lieux et un outil de travail toujours utilisé de nos jours. 5. Karnak et la Thébaïde y tiennent la première place. L’Egypte. Voyage en Orient. . Etude des différentes techniques et du matériel utilisés de 1839 à 1869. à compte d’auteur et en souscription. Pendant deux années. à tout prendre encore supérieure à des tentatives plus récentes. C’est à la même époque que les techniques de relevé connaissent un changement qui sera déterminant pour l’avenir : la photographie naissante vient dans un premier temps compléter le dessin. 1850 et 1851. Voir l’excellent ouvrage de Nicolas Le Guern. L’un des premiers clichés est publié par Joseph-Philibert Girault de Prangey. dix ans plus tard. que révèle le titre de l’ouvrage qu’il fait paraître en 1852 à Paris. dans le quartier franc du Caire . de Syrie et d’Asie Mineure. lui. 1846. Maxime du Camp. Gustave Flaubert raconte son voyage dans Par les champs & par les grèves. en briques apparentes et en encorbellement. la différence vient d’un personnage placé au premier plan : son compagnon de voyage. chargé d’une mission archéologique en Orient par le ministère de l’Instruction publique. voire une restitution de la ville antique de Karnak vue depuis le toit de la salle hypostyle. auquel elle ne se substituera jamais. L’Egypte et ses premiers photographes. naturellement. Le résultat est un ouvrage atypique. Les relevés. Paris. amassant souvenirs et descriptions pour l’un. mais aussi des vues à caractère ethnographiques. clichés et observations pour l’autre. affiche d’autres ambitions. dessins et commentaires parus dans les Denkmäler aus Aegypten und Nubien. à Paris. avec un portrait de Méhémet-Ali et un texte orné de vignettes. chez Gide et Baudry : En Egypte. dont la technique naissante a besoin d’une lumière forte et constante. Hector Horeau ouvre la voie à l’utilisation du daguerréotype comme support au dessin architectural en publiant en 1841 son Panorama d’Egypte et de Nubie. mais auquel elle sert aujourd’hui de plus en plus de support. Nubie. fournissant de précieux aperçus de l’état des monuments avant les travaux de Mariette. C’est à peu près le même cliché que Maxime du Camp réalise. Paris. des détails d’architecture. un panorama développé de la ville depuis la Citadelle —. à l’Imprimerie Bouchard-Buzard. Un petit oiseau blanc à tête et queue noires. l’œil du photographe donne au texte qui accompagnent ses clichés un sens de l’observation qui fait défaut au romancier. Je reste à l’ombre dans un coin. haute d’environ cinq pieds et demi. Dans un panier plat. Maxime du Camp est plus disert. Une comparaison entre les deux récits — celui de Gustave Flaubert et celui de Maxime du Camp — montre que. qu’il y a dans mon pays un homme très puissant qui me veut beaucoup de bien. plus précis également : « Malgré un vent violent qui.CIVILISATION PHARAONIQUE : ARCHÉOLOGIE. qu’il y a une dame vieille qui pense beaucoup à moi. Temple. descendant du mur qui est derrière moi. Je n’en prends qu’un exemple : la description de la visite des deux compagnons de voyage à Debod. une grande place. HISTOIRE 555 Karnak tient. 1974 p. 513. Il me prédit que « je recevrai à Assouan deux lettres. nous dit la bonne aventure. deux autres sont venus se mettre sur le chapiteau d’une colonne. à Hathor. fouillant le sol avec mon bâton de palmier : j’ai trouvé la moitié du sabot d’une vache. roi éthiopien. Parmi les sculptures mutilées et d’un style peu châtié. Trois portes encore debout en enfilades. il n’a pas été achevé. ralentissant la marche de la barque. nous arrivâmes le lendemain au village de Deboudeh. il fut continué et achevé par Auguste et Tibère. cet ouvrage reste plus un récit de voyage qu’une description scientifique. je suis parti seul . Avant de nous rembarquer. malgré le propos scientifique affiché par l’auteur. . naturellement. Voyage en Orient. il fait des cercles. Toutefois. tout bien décidé. Dans une des salles gît une niche monolithe en granit rose. aussi bien dans le texte que dans les deux volumes d’album qui l’accompagnent. Flaubert décrit ainsi l’épisode : « DEBOUT : Mercredi matin. et des carrés de pierres sur les portes attendent que l’on sculpte le globe avec l’uræus. où se dressent trois propylônes. plein de sable. éd. si ce n’est un roi à tête crépue. si la qualité littéraire n’est pas forcément du côté où on l’attendrait. un sorcier nègre. 6. et de ces cercles partent des lignes qu’il trace avec le doigt. C’était sans doute la cage. et subsidiairement à Osiris et à Isis. au nez épaté. Le temple est fort ruiné. que j’ai à la fois envie de voyager et d’être chez moi. destinée à la garde d’un épervier sacré. à gauche. contemporain de Ptolémée Philadelphe. placés à d’inégales distances et précédant un temple dédié à Ammon-Ra. Commencé par Ataramoun. mais que. PHILOLOGIE. est venu se poser tout en face et près de moi . Par les champs & par les grèves. le mur en certains endroits n’est pas encore ciselé. que j’avais eu l’intention d’emmener ma femme avec moi en voyage. comme je te l’ai déjà dit. sont un symbole de divinité. je ne vois rien qui offre un grand intérêt. et que de retour dans ma patrie je serai comblé d’honneurs 6 ». et le témoignage ainsi apporté sur l’état des monuments est de grande valeur. me permit de faire une longue course sous les palmiers et dans les champs de Demhid. elle est écornée et brisée. quand tout le monde a été parti. sur lequel Ammon-Bélier et Osiris-Epervier versent un flot de croix ansées qui. mais on peut voir encore les trous où s’enfonçait la grille aujourd’hui absente. car les pieds te démangent dès que tu es en repos . 166-167. parlant lentement. tu n’y resteras pas. d’un homme de lettres. je devais apprendre d’exécrables nouvelles. en 1850. Plusieurs choses étaient vraies parmi celles qu’il venait de me dire. tu dors aussi bien sous la tente que dans la maison .556 NICOLAS GRIMAL Lorsque j’arrivai à la cange. en effet. autant Maxime du Camp se passionne pour cette entreprise qui lui vaudra louanges et honneurs. ton coeur est noir. y traça certains signes entrecroisés. 1889. et qui veut vous dire votre bonne aventure. Le Gray est alors un peintre reconnu. en les lisant. me dit-il. Egypte et Nubie. p. Le Nil. Il s’arrêta.. je vis Joseph qui m’attendait debout sur le pont . un grand orage s’élèvera dans ta poitrine. il vint à moi rapidement : — Savez-vous ce qu’il y a de nouveau. je trouvai le surlendemain des lettres à Assouan . du négatif sur papier ciré sec. Je payai le magicien et la cange partit. mais il n’yen a pas : tu n’en recevras qu’au Kaire . tu feras encore des voyages sur des dromadaires. il se dirigea vers moi. Malgré son horoscope. en 1851. voilà un strego (sorcier) qui prétend pouvoir lire dans le sable. où tu as été longtemps malade . me prit la main. 7 » Autant Flaubert se lasse d’un voyage qui jour après jour l’ennuie un peu plus — n’écrit-il pas au bout de quelques semaines : « les temples égyptiens m’embêtent profondément — est-ce que ça va devenir comme les églises en Bretagne et comme les cascades dans les Pyrénées ? ô la réussite ! Faire ce qu’il faut faire ! être comme un jeune homme comme un voyageur (etc en poussant cela à l’infini) doit être ! » ? — . 5e éd. lui aussi. le fit remplir de sable et s’accroupit près des bastingages pendant que je me tenais devant lui. tu reviendras dans ton pays. Je consentis volontiers à l’expérience que me proposait Joseph. mais au Kaire. la baisa et resta immobile. Il appliqua la paume de sa main droite sur le sable. du négatif sur verre au collodion humide et. En effet. mais Joseph avait pu les lui indiquer après les avoir apprises de mon domestique. Le Nubien tira de dessous sa longue robe bleue un petit plat en cuivre. Fondateur de la Société héliographique — la future Société française de photographie — il participe à la Mission héliographique. signor. et tu pleureras comme un nouveau-né . il me dit sans lever les yeux sur moi : — Ton esprit n’a point de patrie. et. C’est un autre voyage en Orient qui va permettre d’imposer définitivement la photographie comme témoin de l’histoire : celui que Gustave Le Gray entreprend aux côtés. Il est connu depuis quelques années pour les superbes 7. Alexandre Dumas. Hachette. . tu penses trouver des lettres à Assouan. mais surtout l’inventeur. j’aperçus parmi les matelots un noir dont le visage intelligent dénotait une grande finesse . car ceux qui l’habitaient sont maintenant dans la trompette de l’ange du jugement dernier . à l’origine. Il se lance dans une vaste entreprise de relevé photographique de chaque ville et village du Royaume Uni. en 1864. Souvenirs d’Orient : album pittoresque des sites. Syrie et Palestine. le neveu de Nicephor Niepce. les photographes s’installeront durablement en Egypte. et il fuit ses créanciers en accompagnant Dumas en Italie. essentiellement en Egypte. De retour dans le Surrey. l’autre de la mer . jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Cinq ans plus tard. Il apprend la photographie avec Niepce de Saint-Victor. En 1872. Lidye. PHILOLOGIE. à 36 ans. en particulier de Karnak. Il était. puis par l’associé de celui-ci. villes et ruines les plus remarquables. dont le romantisme suscite alors l’enthousiasme. et laissèrent de nombreuses vues de monuments. maîtrisant un art désormais adulte. vendues rapidement dans plus de deux milles boutiques du Royaume-Uni. dont beaucoup. puis. Palestine et Syrie. pour la plupart hauts en couleurs figure Francis Frith. où Ismaïl Pacha le prend sous sa protection. il publie aux éditions Ducher un album de 100 photographies du Proche-Orient. et. prend des clichés poignants de Palerme bombardée et une photo romantique du dictateur autoproclamé qui fera le tour de l’Europe. au Caire. Il constitue ainsi un fonds de 15 000 tirages et 9 000 plaques stéréoscopiques. s’installe comme photographe à Beyrouth. relieur à Saint-Hippolyte-du-Fort. il quitte tout et part en Egypte. après neuf ans. Il obtient en 1878 une médaille à l’Exposition universelle de Paris. mais Le Gray est aussi mauvais gestionnaire que bon photographe. Henri et Emile. qui lui succède à Beyrouth. devient pasteur quaker et finit dans la peau d’un libéral extrême. qui collaborèrent à la fin du xixe siècle avec plusieurs archéologues. le résultat est une série de paysages marins au ciel tourmenté. Ses clichés servent de base à d’innombrables cartes postales. C’est cette nouvelle industrie que vont développer des photographes comme Félix Bonfils. et que le tourisme naissant rendra rapidement rentable. Napoléon III a fait de lui le photographe officiel de la Cour . Adrien. Elevé dans le Derbyshire par les Quakers. Sa femme. il abandonne la coutellerie en 1850 pour ouvrir un studio photographique à Liverpool. réalise des portraits en studio. puis il rentre en France en 1876 et publie une série de cinq albums. vendu dans le monde entier par des agents. Il faudrait encore citer les frères Béchard. Parmi ces pionniers. Abandonné sans ressources par Alexandre Dumas à Malte. Mais Gustave Le Gray a une postérité abondante et à sa suite. il s’installe en Alexandrie. Il « couvre » la révolution garibaldienne. Abraham Guiragossian. il se marie et crée sa propre société.CIVILISATION PHARAONIQUE : ARCHÉOLOGIE. De son relevé photographique vont naître des centaines de cartes postales. Ses clichés égyptiens lui valent une médaille de la Société française de photographie. hélas ! sont perdus. . il se rend en Syrie . Le fonds Bonfils est d’autant plus important qu’il est poursuivi jusqu’en 1918 par son fils. HISTOIRE 557 marines qu’il a réalisées sur la côte normande en combinant deux clichés : l’un du ciel. dont Gaston Maspero. tandis que lui multiplie les prises de vue. De ce long séjour égyptien datent de nombreux clichés. blessé. de la prodigieuse découverte de la cour de la Cachette aux derniers travaux du Centre franco-égyptien des temples de Karnak. ainsi que celle des colonnes 56 à 88. Etude topographique et archéologique. On trouvera ci-après la traduction provisoire de ce passage. . Ses clichés sont. Karnak. de la fin 1858 à 1860 et dans les premiers mois de 1874. chacun dans une partie de l’empire britannique : l’un. d’Isis actuellement au musée Vleeshuis d’Anvers. Il dégagea ainsi dans l’enceinte de Montou une statue d’albâtre d’Amenardis et une. auquel il ajoute la première étude des listes de peuples figurées sur les parois et pylônes du temple : Les listes géographiques des pylônes de Karnak comprenant la Palestine. Il faudra attendre 1895 pour que les travaux de dégagement et d’entretien du temple soient. le pays des Somâl. Dans l’enceinte d’Amon. ils devinrent britanniques en même temps que leur île natale. en 1906. Felice. en quelque sorte. aujourd’hui encore. ce sera le plus ancien vestige connu. de bronze. Ils enrichirent considérablement le fonds photographique de la fin du xixe siècle. Ouvrage publié sous les auspices de son altesse Ismail Khédive d’Egypte. Il identifie également l’emplacement de la fondation de Sésostris Ier. l’Ethiopie. dans ce que l’on appelle depuis la « cour du Moyen Empire. Les Annales de Thoutmosis III : étude et commentaire On a étudié cette année les colonnes 88 à 103. Surtout. faute de place. sur lesquels il apporte un témoignage qui vient compléter les premières photos prises par les archéologues eux-mêmes. Point n’est besoin de revenir ici sur sa carrière ni sur l’œuvre immense qu’il accomplit en Egypte. d’une série qui s’est continuée jusqu’à récemment. L’espace limité de ce rapport ne permet pas d’évoquer en détails les recherches et découvertes qui ont marqué plus d’un siècle de l’histoire récente du temple. Jusqu’à la découverte de la colonne d’Antef. Nous y reviendrons plus tard. À Karnak. plus particulièrement à Louqsor. associant un égyptologue et un architecte. essentiellement en Egypte. Il fut témoin des premiers grands travaux de Karnak.558 NICOLAS GRIMAL Deux personnages. Ouvrage publié sous les auspices de son altesse Ismail khédive d’Egypte. Le premier vrai fouilleur de Karnak fut Auguste Mariette. Mariette publie en 1875 le premier ouvrage entièrement consacré à Karnak. D’origine vénitienne et sans doute tous deux nés à Corfou. il entreprit de rapides campagnes de déblaiement. en Extrême Orient. vendus comme cartes postales sur place. Atlas. intégrer aux rapports des années précédentes. il découvre le socle du naos d’Amon. Antonio. sont à retenir pour notre propos : les frères Beato. daté d’Amenemhat Ier. que je n’ai pu. au fur et à mesure de l’étude des diverses parties du temple. enfin. Gaston Maspero et Georges Legrain constituent le premier « couple ». institutionnalisés et placés sous la responsabilité du tout jeune service des Antiquités. soit la fin de la campagne de l’an 23. où il exerça de 1860 jusqu’à sa mort. avec un appendice comprenant les principaux textes hiéroglyphiques découverts ou recueillis pendant les fouilles exécutées à Karnak. le second. sans avoir à nous soucier [de l’arrière de] (80) notre [armée]. Car on va [ … ]. Passer en revue les veilleurs de l’armée. après leur avoir passé la consigne: “ Fermeté ! ” et “ Vigilance ! ” Réveil en vie dans la tente de Celui qui est en vie. (74) jusqu’à remplir la plaine de cette vallée. PHILOLOGIE. Marche (58) vers le nord par Ma Majesté. 56-84 « L’an 23. en plein air. au bord de la rivière Qena. Assurer l’approvisionnement des officiers et les vivres pour les serviteurs. ” (84) Se reposer dans les quartiers de Celui qui est en Vie. à la septième heure du jour. santé et force à proximité de la ville de A[rou]na. fourbissez vos armes. et on fit cette proclamation devant le front des troupes : “ Equipez-vous. (celle des) troupes au sud et au nord également ! ” » . assi[se] (81) là. ” Sa Majesté fit [donc halte]. (78) [et lorsque sera parvenu jusqu’à nous]. qui ouvrait les chemins (59) devant <Ma> Majesté. [sans rencontrer] un seul [ennemi. Que notre maître victorieux nous écoute cette fois-ci ! (77) Que notre maître attende l’arrière de [son] arm[ée avec ses gens]. l’] (63) aile sud étant à Ta[anak. santé et force. l’avant de sortir à la hauteur de la vallée de Qena. (64) l’]aile nord sur le côté sud de […] (65) Et Sa Majesté de <les> haranguer : « [… (66) …] et ce vi[l] ennemi doit être abattu (67) [… (68) …] Amon [… (69) … (70) … Sa] Majesté […] au glaive plus puissant que (?) (71) […] l’ar[mée] de [Sa] Majesté [arriva] à (72) Arouna. sous l’étendard de <mon> père [AmonRê Seigneur des Trônes du Double Pays. [nous combattrons contre (79) ces montagnards]. (tandis que) Horakhty confortait le cœur de <mes> troupes. santé et force ! : (75) «“ Oui ! Sa Majesté est sortie avec [ses] troupes victorieuses et ils o[n]t investi la (76) vallée. Sa [Majesté fit] marche [à la tête de] son [armée]. (83) l’ombre [avait franchi (83) midi]. attendant l’arrière [de] son [armée] victorieuse. Alors on établit là le camp pour Sa Majesté. On vient dire à Sa Majesté : “ (la situation du) désert alentour est favorable. tandis que l’arrière de l’armée victorieuse de Sa Majesté était à la hauteur de la place (73) d’Arouna. Sa Majesté atteignit le sud de Megiddo. Et lorsque l’arrière de [la trou] (82) pe fut sorti sur ce chemin. l’arrière de l’armée. Car on va affronter au combat ce vil ennemi demain.CIVILISATION PHARAONIQUE : ARCHÉOLOGIE. Ils dirent alors à Sa Majesté — qu’Elle soit en vie. Santé et Force. 19e jour du premier mois de l’été : réveil en [vie] (57) dans la tente de (Celui qui est) doué de vie. form[ée] (62) en nombreux bataillons. Puis. alors. (60) et que <mon> père Amon {Seigneur des Trônes des Deux Terres} [ren]forçait le glaive de [Ma Majesté Montou étendant sa protection sur (61) Ma] Majesté. HISTOIRE 559 Annales I. alors elle [serait entrée] dans Megiddo sur le champ. chevaux et [ch]ars d’or plaqué d’électrum. tout en [laissant pendre (87)] des vêtements. en hâte. D’exalter Sa victoire. Alors. Ils abandonnèrent leurs chevaux et leurs chars d’argent et d’électrum. exactement.] . Et l’armée tout entière de marteler sa joie. Sa Majesté était ainsi plus puissante qu’eux. leurs bras sont sans force. Tel Horus le Vaillant.560 Annales I. pour les faire entrer dans leur ville ! Annales I 88-103 Alors la crainte de Sa Majesté [entre dans (88) leur corps]. Pour la victoire] Qu’il a donnée à son [fils] en ce jour. Parée des ornements du combat. le visage plein de terreur. Tel Montou thébain. De rendre grâce à Am[on. 21e jour. L’aile sud de l’armée de Sa Majesté s’étend vers la colline qui est au sud de [la vallée] de Qena. prisonniers. le jour de la fête de la Nouvelle Lune. Et ils emportèrent alors le butin qu’ils avaient fait: mains. le Maître des rites. et lorsqu’ils virent que Sa Majesté était plus forte qu’eux. tandis que l’on hissait le vil ennemi de Qadesh. leurs [batail]ons renversés au sol. et on les tira vers le haut par leurs vêtements dans cette ville. […] multicolores (90) […] . afin de les tirer en haut dans cette ville. qui était plaqu[ée d’ (89). 84-87 NICOLAS GRIMAL « 23e année de règne. Amon assurant sa protection <dans> la mêlée. Si seulement l’armée de Sa Majesté ne s’était pas alors attachée à piller les biens de ces ennemis. <Son> père Amon donnant la force à ses bras. premier mois de l’été.. la force [de Seth s’étendant sur] (86) ses membres.. (85) Sa Majesté avance sur le char d’électrum. ainsi que le vil ennemi de cette ville. Leurs chevaux et leurs chars plaqués d’or et d’électrum sont mis au pillage immédiatement comme libre [butin]. on donna à l’armée tout entière l’ordre du jour pour marcher [contre les ennemis]. Et l’armée victorieuse de Sa Majesté de compter ses biens ! Et on pilla la tente de [ce vil enne]mi. Et chanter les louanges] de Sa Majesté. [et] l’uræus s’empare d’eux. Car ces gens là avaient fermé cette ville. tels les poissons dans la poche d’eau. ils s’enfuirent en trébuchant vers Megiddo. Sa Majesté au milieu. à la tête de son armée. Apparition du roi au petit matin. l’aile nord au nord-est de Megiddo. vin. tant est puis[sante la crainte d’Amon sur les pays étrangers (95) [… pays étrang]ers. petit bét[ail] pour l’armée de Sa Majesté. Ils prirent la mesure de [cette vill]e. Sa Majesté en personne fermait l’est de cette cit[é. — d’apporter grain. . l’entourant de (palissades de) bois frais (faites) de tous leurs arbres fruitiers. tant est grande Sa force. flairer le sol devant la puissance de Sa Majesté. le splendide char plaqué d’électrum du [chef de] (97) [Megiddo …]. de faire connaître à ] chacun sa place. bœufs. contre ce vil ennemi et sa vile armée. [c’est bien par la volonté de Rê que tous ces pays] se retrouvent [dans cette cité] aujourd’hui. chargée de tributs. [c’est bien (91) …] » […] Et les chefs de corps d’exhor[ter leurs soldats. Et que ce sera prendre mille cités que prendre Megiddo ! Allez ! Courage ! Oui. implorer le souffle pour leur nez. [A]lors [tous les] chefs d’apporter à Sa puissance. turquoise. Une partie d’entre e[ux. 191 poulinières. nuit et jour …] qu’il entou]re d’un mur d’enceinte […] à l’aide de son enceinte. HISTOIRE 561 [Sa Majesté fit alors] cette [pro]clamation à son armée : « Allez ! [Courage. mes b]raves [soldats] ! Oui.CIVILISATION PHARAONIQUE : ARCHÉOLOGIE. chars de sa vile armée : 892. Puisque tous les chefs de tous les pays y sont en cage.. les chefs de ce pays vinrent. On plaça des [gens] pour garder la tente de Sa Majesté. Quant à tout ce que Sa Majesté a fait contre cette cité. en leur disant : « Courage et soyez vi[gilants] ! ».] poulains […]. Alors. et le surveillaitt en (92) personne. le char plaqué d’or et aux parements en or de ce vil ennemi. PHILOLOGIE. 2 041 chevaux. Dans le même temps. [. 6 étalons. chargés de leurs tributs : or. prit le chemin du] Sud. 83 mains. à qui on donna le nom de « Menkheperrê prend au piège les Asiatiques ». lapislazuli. cela a été consigné avec l’indication par jour à Son nom et par campagne [… (94) …] consigné sur un rouleau de cuir dans la demeure d’Amon à la date de ce jour. Puis Sa Majesté entreprit de [confir]mer les chefs (96) [de chaque cité …] [Liste des prises emportées par l’armée de Sa Majesté de la cité de Megiddo :] 340 prisonniers. Soit un total de 924. argent. sauf pour aller frapper à la porte de leur prison. (la) prenant au piège à l’aide de talus.. [Puis Sa Majesté] (93) […empêchant qu’un] seul d’entre eux sorte par l’arrière de cette muraille. à plat-ventre. des gobelets-tjebou. nombreux vêtements de ce vaincu. Cèdre recouvert d’or et de toutes sortes de pierres précieuses : un lit en forme de couche de ce vaincu. et des agents du domaine royal <en> établir le recensement. Ivoire. vases de bronze. afin que leur récolte soit emportée. 1 796 serviteurs et servantes. Ensuite. Soit un total de 1 784 deben. dont 5 Maryanou . (103) sans compter ce qui a été coupé lors de la prise par l’armée de Sa Majesté […]. Liste de la récolte emportée par Sa Majesté des domaines de Megiddo : 2 007 300 [+ X] sacs de farine. Bronze : belle cuirasse de combat du chef de Megi[ddo : 1. Soit un total de 2 503. Argent : une statue représentant (101) [ … ]. [Piquets en bois ] — mery plaqué d’argent de la tente de ce vaincu : 7. divers vases à boire. Liste de ce que le roi a emporté ensuite des biens de la demeure de ce vaincu. Ivoire et cèdre : 6 grandes tables. des coupes-dedet. de Anouges. [X +] 27 couteaux. Ebène plaqué (102) d’or : une statue de ce vaincu dont la tête est en l[apislazuli ? …]. de [Helenker. avec leurs enfants . 103 de ceux qui se sont rendus. (100) […] un grand vaseakounou en travail de Syrie. — celle de [Yen]oam. 1 929 bœufs. Ainsi que : Pierres fines et or : des coupes-dedet et divers vases. Arcs : 502.562 NICOLAS GRIMAL Bronze : belle cuirasse de combat de ce vil vaincu : 1. [L’armée de (98) Sa Majesté] s’empara également de […] 387 […]. 2 000 chèvres et 20 500 moutons. trois hampes à tête humaine. » . ainsi que les biens de] ceux qui avaient fait allégeance [emportés par] (99) : […] dont 30 [Maryanou] . […] ce […]. entièrement plaqué d’or. les champs furent transformés en domaines. Or en lingots trouvés aux mains des artisans. 47 enfants de ce [vaincu] et des chefs qui sont avec lui. ébène et cèdre plaqués or : 6 fauteuils de ce vaincu et 6 repose-pieds qui vont avec. Bronze] : belles cuirasses de combat de sa vile armée : 200. poussés par la fa[im] à quitter [ce vaincu]. la tête en or. des coupeskhentou. de grands chaudrons. en même temps que de l’argent en nombreux lingots : 966 deben et 1 kite. — En collaboration avec Emad Adly et Alain Arnaudiès. — Campagne d’étude à Karnak en novembre 2007 et décembre 2007.net. 12 décembre 2007. p. philologie. La voix des hiéroglyphes. 296-298.CIVILISATION PHARAONIQUE : ARCHÉOLOGIE. conférence prononcée à l’Université de Neufchâtel. . p. XIII-XXXVII. — « Temps et espace : la civilisation pharaonique est-elle immortelle ? ». espaces de la vie et de la mort. 231-249.egyptologues. Collège de France et Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Promenade au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. dans Compte rendus de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres 2006. p. chroniques archéologiques : Bulletin d’information archéologique et « Fouilles et travaux en Egypte et au Soudan ». A la demande de l’Administration du Collège de France. 27-28 mars 2008. 2005 ». — Expertise auprès de l’Académie des Sciences de Vienne pour la section Proche-Orient. Bulletin d’information archéologique 35 (janvierjuin 2007). 8. Paris. pour la revue Orientalia.egyptologues. objets de prestige et du quotidien ». — En collaboration avec Emad Adly. p. p. Publications — « L’œuvre architecturale de Thoutmosis III dans le temple de Karnak ». dans Géopolitique. Lyon. PHILOLOGIE. — Hommage à l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres : « Christophe Barbotin. — En collaboration avec Emad Adly. 17 janvier 2008. ne figurent dans ce rapport que les activités du titulaire de la chaire. conférence prononcée à l’Association Guillaume Budé. 176-283 et pl. 2005-2007 ». dans Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres 2006. Bulletin d’information archéologique 36 (juilletdécembre 2007).egyptologues. Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres 2006. dans Orientalia 76. — Participation au colloque international de la Société française d’Archéologie Classique « Grecs et Romains en Egypte. Revue de l’Institut international de Géopolitique 100. incluant les travaux de l’équipe et du cabinet d’égyptologie peut être consulté en ligne à l’adresse suivante : www. — « Les grandes expéditions scientifiques du xixe siècle sur support numérique : la Description de l’Egypte ». — Organisation. 359-364. 24-25 janvier 2008.net.net.net. « Fouilles et travaux en Egypte et au Soudan. « Langue et culture dans le Proche-Orient antique ». rapport complet en ligne sur www. INHA. histoire ». www. Le rapport complet. Annuaire du Collège de France 2007 . Territoires. Conférences et colloques — « L’Egypte pharaonique et l’ordre du monde antique ». Institut Khéops — Musée du Louvre. HISTOIRE 563 Travaux et publications  — En collaboration avec Emad Adly et Alain Arnaudiès.egyptologues. 7-12. 15 mars 2008. — « Civilisation pharaonique : archéologie. www. avec Nathalie Beaux et Bernard Pottier du colloque international « Image et conception du monde dans les écritures figuratives ». Bruxelles.564 Jurys de thèses NICOLAS GRIMAL — Présidence du jury de thèse de Doctorat présentée par Hanane Gaber-Kerious. — Présidence du jury de thèse de Doctorat présentée par Marie Millet. 29 février 2008. Le quartier des prêtres à l’est du lac Sacré dans le temple d’Amon de Karnak. TT 220). Toulouse. et intitulée Chronologie et transformations structurelles de l’habitat au cours du prédynastique. le mardi 11 septembre 2007. TT 219. Installations anterieures au Nouvel Empire au sud-est du lac Sacré du temple d’Amon de Karnak. . — Participation au jury de thèse de Doctorat de l’Université libre de Bruxelles présentée par Laurent Bavay sous le titre « Dis au potier qu’il me fasse une poterie-kôtôn ». — Présidence du jury de thèse de Doctorat présentée par Aurélia Masson. à l’Université Marc Bloch (Strasbourg-II). sous le titre Recherches sur les tombes inédites d’Amennakht et de ses fils Nebenmaât et Khameteri (Deir el-Médina TT 218. 12 février 2008. Edition des tombes et étude comparative des livres funéraires en contextes royal et privé. — Participation au jury de thèse de Doctorat de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Discipline : Archéologie) présentée par Nathalie Buchez. Archéologie et céramique de l’Antiquité tardive à nos jours dans la tombe thébaine n° 29 à Cheikh abd el-Gourna. Egypte (fouilles de l’Université Libre de Bruxelles). Apports des mobiliers céramiques funéraires et domestiques du site d’Adaïma (Haute-Egypte). devant l’Université de Paris Sorbonne le 12 mars 2008. devant l’Université de Paris Sorbonne le 23 juin 2008. chef comme contribules . on considère. n. C’est de cet effort pour contraindre les dieux que seraient apparues la magie et la divination dont l’Antiquité proche-orientale se trouve être sinon la patrie exclusive. il n’a que des serviteurs : à cela s’oppose la conception de l’individu libre. ils ont tout caché aux humains. À partir de la présente année. Jean-Marie Durand. Il faut ainsi leur arracher les secrets de la santé et de la réussite dans l’action. le monde politique est soumis à la puissance d’un seul : le roi a confisqué la toute puissance et. là encore. pour une période très bien documentée comme le xviiie siècle av. Pendant les années précédentes. face à lui. jalouses. il s’agissait d’examiner un autre thème à propos de l’exercice du pouvoir : de l’extérieur de la Mésopotamie. ne rêvant que de dormir. Ils ont gardé pour eux la vie. Certains chercheurs du domaine mésopotamien ont beaucoup durci cette notion selon laquelle les dieux ont besoin des hommes qui par ailleurs les gênent. que face à la toute puissance du roi. jusqu’à la bêtise. peu épanouies. d’une vision en apparence négative : les dieux mésopotamiens semblent avoir été des réalités lointaines. Il s’agit. surtout leur avenir. en effet. ils sont donc immortels. on a vu que c’est plutôt la notion de groupe qui existe et chacun essaie d’y trouver sa place.Assyriologie M. il existe en revanche la toute puissance des dieux. le citoyen grec. professeur Dans l’imaginaire occidental concernant le Proche-Orient. en choisissant toujours la documentation dans le même domaine très riche. .. è. au moins l’une des patries. c’est une réalité au sein de laquelle le chef du groupe et les membres pratiquent des relations complexes de solidarités. soucieuses uniquement de leur propre bien-être. Il « touche » l’animal. Les textes les plus anciens ont cette caractéristique d’être écrits de façon phonétique. Si cela apparaissait au détour d’une des rares lettres gardées pour le IIIe millénaire. dans les marchés et au cours de ses voyages. datent de la fin du monde sumérien. De fait. le vocabulaire de la divination. que l’homme sumérien particulier n’ait pas été intéressé par son avenir et qu’il n’ait eu la possibilité de rencontrer ou de solliciter. on . soit l’examen du foie mais. non encore intégrées au savoir des lettrés . d’origine savante. Il pourrait s’agir là de marqueurs de la pénétration du vieux monde sumérien par un esprit nouveau apporté par des populations de sentimentalité différente. qui provient de pratiques populaires. B) La pratique de la divination À l’époque paléo-babylonienne. Le nom du devin en sumérien est d’ailleurs « celui qui prend le chevreau ».566 JEANMARIE DURAND A) Pas de divination sumérienne Il y a. on procédait alors à un examen général des entrailles. à Babylone. un consensus selon lequel il n’existait pas de divination sumérienne . Elles ne semblent pas présenter un savoir réservé : elles devaient être accessibles à quiconque savait lire. on constate la très grande importance de l’hépatoscopie. en fait. à l’heure actuelle. c’est-à-dire surtout dans les textes de Mari. au moment où s’en multiplient les attestations. Les scribes qui les ont rédigées n’appartenaient pas à un monde de très haute culture. des gens d’autres cultures qui y recourraient. les lettres de Mari montrent une autre pratique très populaire. celle des « oiseaux de trou ». la nomination de la grande prêtresse et l’autorisation de faire reconstruire son temple donnée par le dieu. ce qui ne fait pas allusion à l’agneau cher aux Mésopotamiens. Cela rentre dans la problématique du rapport entre « public » et « privé » qui est pour nous très difficile d’accès à l’heure actuelle. ce n’est que dans l’usage récent qu’apparaissent de nombreux idéogrammes. sur les places publiques. cependant. ou d’un proverbe. les tîrânu. semble libre d’influences sumériennes . il n’en resterait pas moins qu’une telle anecdote n’irait pas au delà d’elle-même. De plus. Au IIIe millénaire les hautes questions politiques ne semblent pas être réglées au moyen d’actes de divination. mais rien ne dit qu’il en regarde les entrailles. Il semble donc bien que la divination soit un fait sémitique et récent. Parallèlement. à leur apparition elles sont encore très proches d’une science orale et le devin est avant tout un praticien. Il est peu vraisemblable. Les deux seuls sujets abordés. rien n’en suggère de fait la pratique au moins au niveau de l’État qui est le seul à nous être vraiment documenté. Beaucoup de faits militent pour montrer l’origine populaire de la divination : les tablettes divinatoires sont aussi grossières que les tablettes scolaires. babyloniennes et assyriennes. les traditions se contredisent et plus d’une fois le devin est obligé d’avouer qu’il est dans l’embarras ou que les critères à disposition conduisent à des choix ambigus. On se rend très vite compte que le souci n’est pas fondamentalement de connaître son avenir de façon précise. Ce dernier est donc compris comme un acte d’hospitalité où l’on fait manger les dieux et au cours duquel on engage la conversation avec eux. Avec le temps apparaissent à côté des actes isolés. On n’est donc plus dans le domaine de la théorie et des constructions par induction ou déduction qui sont censées avoir produit les grands corpus du Ier millénaire. consiste d’abord à faire manger la divinité. à partir d’une observation méticuleuse de données naturelles. un liquide précieux leur est versé. . mais vers celle du savant et du théoricien. Lors du sacrifice aux dieux. en général après l’avoir bien fait boire. accompagnés d’un vaste ensemble de commentaires. le terme technique utilisé nîqum signifie exactement « versement ». Cette possibilité n’est qu’une des conséquences de la divination. la constitution de grands corpus. lorsqu’il est «dans sa bière ». le sang de la victime. C’est le même terme qui sert à dire « repas » et « sacrifice ». Ce dernier. c’est-à-dire la distribution de jets de farine ou les irisations produites par de l’huile sur une surface plane ou liquide. Au cours de l’histoire mésopotamienne. On a une bonne illustration du fait dans la Nekyomancie d’Homère (Odyssée xi) où Ulysse fait parler les morts après leur avoir fait boire le sang des victimes. Il s’y noue un rapport personnel. Beaucoup d’anecdotes de Mari montrent que c’est au cours d’un repas qu’on fait parler l’autre. on ne voit pas le devin évoluer vers la figure du mage qui est celle par excellence du personnage oriental qui s’intéresse à l’avenir. C’est au moins la théorie car tous les cas ne sont pas prévus. dans l’idéologie mésopotamienne. C’est ce que Jean Bottéro considérait comme la naissance de l’esprit scientifique : l’observation du réel et l’oubli des critères personnels dans la décision. La consultation du corpus épistolaire mariote donne la possibilité d’observer la divination au fil des jours et dans son contexte événementiel précis. pratique dont le but est en fait tout autre. Cette dernière est au Ier millénaire la vraie science qui remplace la divination à partir des entrailles et devient la discipline reine. établissant une grille de lecture et des critères d’explications qui permettent de porter un verdict en introduisant le moins possible de critères personnels de choix. joyaux des bibliothèques royales récentes. Le moment de la boisson termine le banquet. L’acte divinatoire hépatoscopique se passe au moment du sacrifice. Un moderne peut se demander comment soûler une divinité.ASSYRIOLOGIE 567 recourait à l’aleuromancie ou la lécanomancie. qui recourent à des observations de bien plus grande ampleur : une série part des événements fortuits dans le monde : une autre de l’observation des astres. ce que l’on ne pouvait soupçonner en mettant en fiche la seule technique hépatoscopique. dans le rêve qui est un produit du sommeil. lors du sacrifice. Le moment divinatoire est ainsi celui où l’on peut savoir où l’on en est dans ses rapports avec la divinité. Lors du sacrifice la divinité peut décider de parler d’autre chose que du sujet où on l’invite ou de quelqu’un d’autre que celui qui l’interroge et il en est du même pour le rêve. comme on le croit souvent naïvement. avec la fin de l’empire néo-assyrien. 1. On voit ainsi que la « divination » n’est pas obligatoirement. parce que ceux qui l’étudient aujourd’hui sont obnubilés par la complexité des considérations techniques résultant de l’observation des données physiques : hépatoscopiques. en porte-à-faux sur le monde réel. à nos yeux de modernes. ou lui répond. tournée vers le futur humain ni la connaissance (inquiète) du sort réservé à l’individu. aussi bien du présent. Un autre point très important est que la divinité n’est pas. de la même façon qu’il y a envoi de messagers ou échanges épistolaires entre l’humain et le divin. le rêveur quitte le monde des hommes et entre dans un univers où il peut retrouver la divinité qui lui délivre un message. passive. Cette conduite englobe d’ailleurs prophéties et ordalies. Inversement. on interroge les dieux dans le cadre général de l’hémérologie . ou lors d’une incubation. L’hémérologie crée des « jours tabous » qui déterminent l’action humaine. On parle donc avec la divinité. lequel est à l’image de la mort. L’essence même de l’interrogation ominale est cachée par tous les arbres des faits relevant de la technique. ce qui explique qu’elle représente une conduite moins élaborée qu’à Babylone. dans le monde des hommes et c’est alors que le contact se noue. tant dans l’acte hépatoscopique. laquelle recourt effectivement à une enquête plus théorique. le présent ou le futur. C’est fondamentalement un phénomène général de communion qui n’est d’habitude pas perçu dans la documentation d’origine irakienne. ou piégée : elle peut prendre les devants pour donner un avis à un homme (surtout le roi. le terme qui signifie « serment » est le même que celui qui signifie « vie ». que du futur et — surtout — que du passé.568 JEANMARIE DURAND À l’époque. on réalise ainsi l’antiquité de pratiques que l’on croyait n’apparaître qu’à basse époque. même si cette conduite est. C) Le concret et le théorique La divination semble avoir été à Mari plus archaïque et plus concrète. déconnectée des contingences. . puis astrales. La divinité est en réalité attirée. que dans le rêve. d’après notre documentation) pour l’informer (ou s’informer !) sur le passé. pour s’en tenir aux deux domaines privilégiés de la divination ancienne. comme on le croirait. Une grande différence tient au fait qu’à Babylone. il y a deux sortes de sang même si on ne sait pas exactement lequel est utilisé . en marche vers une discipline qui pose ses principes et en tire des déductions. ni ne l’a fait “manger” à NPl. On ne sait malheureusement pas s’il s’agissait de la liste des fêtes oraculairement permises ou de celles décidées par le roi. plusieurs recours étaient connus: a) en ce qui concerne les lieux. Il n’existe qu’au début du règne des Bensim’alites. On doit lire cette tablette devant mon Seigneur. celui de la dynastie qu’il avait renversée et qui tirait ses origines du pays d’Akkad. Le second point tient à la détermination du sujet oraculaire. leurs guides prennent la tête des 3 000 hommes que mon Seigneur m’a envoyés… » De même lit-on dans ARM XXVI 114 : « J’ai procédé à l’interrogation oraculaire. ou de faire entrer en contact l’ensorceleur et son objet comme on le voit par le texte ARM XXVI 253 : « Voici ce qu’on a fait dire à la femme : “(Je jure) que ma fille. b) pour les personnes. il faut que les devins touchent le front des guides afin que. de nourriture.ASSYRIOLOGIE 569 On connaît l’importance du Livre des Fastes à Rome : fās est différent de jūs dans la mesure où s’opposent le droit dit par les dieux et celui qui est dit par les hommes. ni à la porte ni ailleurs. auquel Babylone appartenait. Les oracles que j’ai obtenus étaient bons… » Le geste de « toucher le front » revenait à marquer une personne explicitement comme le sujet de l’interrogation oraculaire. . sous forme de pain.3308+ : « J’ai fait recopier la route que l’armée doit prendre et j’ai fait envoyer (le tout) chez mon Seigneur. on se servait de sa sissiktum et d’une boucle de ses cheveux. Il pourrait donc s’agir d’un héritage de l’ancien ordre de choses. il est inattesté ensuite. Cette femme. J’ai touché le front du chef de pâture. » Dans l’acte hépatoscopique il y a également nécessité d’être « tout près » du sujet. À Mari le munûtum (« comput ») détenu par le roi et qu’on lui réclame comportait une sorte de calendrier cultuel. pour l’expédition dont les présages seront bons. Elle montre le lien qui relie divination et magie. Lorsqu’il s’agit d’un sujet « lointain ». 2. n’a donné du bois ensorcelé. de bière ou de quoi que ce soit. La magie a effectivement besoin de fragments de la personnalité visée pour opérer. le devin « touche » : il met le doigt sur la personne concernée pour la désigner. En accord avec les instructions de cette tablette. on opérait sur une motte de terre qui en provenait. Ainsi trouve-t-on dans A. Mârat-Eštar n’a pas fait d’ensorcellement contre NP”. Dans l’acte sacrificiel. C’est de la connaissance de ses données que dépendaient sessions des tribunaux et réunions des citoyens. vers le terrain planté de buissons. vers la couche du…. la marque de la personne. Détermination du libellé de l’interrogation L’important était de prononcer une formule très précise pour que la réponse du sort ne soit pas ambiguë. dont le domaine extrêmement conservateur dans ses pratiques est très proche des manipulations magiques. le corps des Soutéens. vers le wadi du Défilé. vers le Figuier du combat. les fantassins. tous ceux dont Hammu-rabi de Babylone forme sa troupe. Ô Soleil. en opposition les deux sangs que définit l’époque amorrite comportent les notions de vie et de race et ne servent que pour le rite de communion qui permet d’accroître la famille : ils participent à d’autres rituels étudiés d’autres années auparavant. vers la grand Grotte. La sissiktum a d’ailleurs valeur juridique : c’est un substitut du sceau qui définit la singularité d’une personne par le symbolisme des figures ou l’énonciation d’un nom et de la situation sociale (parenté. soldats qui obéissent à Marduk. comme le montre le détail de la conscription pour la campagne contre une ville (Tamîtu n° 1). » De tels textes succincts doivent être explicités par d’autres comme celui de la Tamîtu n° 4 : « Doivent-ils quitter par la porte de Padnu et marcher vers la cascade du Campement du Félin. Ô Tempête. doivent-ils bivouaquer aux Térébinthes ? Au soleil levant. vers les Gypses. « Cheveux » et « ongle » sont les parties vivantes du corps.3308 : « J’ai fait recopier la route que l’armée doit prendre et j’ai fait envoyer (le tout) chez mon Seigneur. ceux de la porte du palais. et ceux des pâtures du pays. Les cheveux sont. etc. vers le Pistachier rabougri. du fait de leur dynamisme qui les fait croître et qu’on peut prélever sans dommage pour l’intégrité physique . vers la Borne-frontière du (mont) Nikkur. vers le Moulin en ruine. 3. comme celles de A. ceux de la charrerie. à l’aube. les forces mobiles et les patrouilleurs. dieu du serment. » . nous n’avons plus gardé à Mari que des indications sommaires. ceux qui forment le gros des troupes. tout comme l’ongle dont l’empreinte peut servir à signer un texte.570 JEANMARIE DURAND On trouve ici un écho avec les rituels du Droit. tant gens de métier que démobilisables — doit-il (y) choisir et sélectionner chars et fantassins ? Pour ce qui est de la détermination de la route. doivent-ils quitter les Térébinthes. également. dieu de la divination ! les soldats du palais. titre). vers le lieu aux Térébinthes ? Au soir de ce jour. serviteur de mon Seigneur. dont la toison boucle. frotté (?). « Ô Soleil du jugement ! Ô Tempête du vœu et de la divination ! Me voici porteur pour vous d’un mâle. Si l’exigence de la précision est identique à Mari et à Babylone.)/ en bonne santé (A). une oblation.ASSYRIOLOGIE 571 4. La préparation de l’agneau du sacrifice Nous avons encore pour ce qui concerne la Babylonie : le rituel du devin. qui vient d’être déversé de “l’étroitesse” de la femelle . Il n’est donc pas étonnant qu’à Mari. à la fois à Babylone et à Mari. Mais Mari utilise pour « fixer le libellé d’une question oraculaire » le verbe kapâdum. selon le caractère favorable des présages qu’ils auront obtenus. » (ARM II 22 = LAPO 17 585). ce terme se prend en mauvaise part et signifie « prendre une décision mauvaise ». Ces six cents hommes de troupe s’établiront à (Nlieu). à côté du devin bârûm. au désir instinctif d’agir. On peut conclure de l’usage de Mari que « choisir les termes de la question oraculaire » est à peu près l’équivalent de notre « avoir un flash ». « sentir en soi le désir inspiré des dieux » de poser une question. il a généré dans la langue tardive un adverbe signifiant « rapidement ». marchera un devin babylonien. 5. fils d’une femelle. Sans étymologie claire. avec la troupe de Babylone. pur. pur (B. au sens propre du mot (enthousiasmos : le fait que le dieu soit en soi). le devin. Le devin est donc celui qui a les moyens de savoir quoi et comment demander à la divinité pour en avoir une réponse fiable. l’usage de kapâdum marque une différence entre les deux centres d’interrogation oraculaire : à Babylone. « comploter ». « À la tête de la troupe de mon Seigneur marchera NP. il existe la possibilité que se tienne un homme inspiré (l’âpilum. usage inconnu à Babylone. L’interrogation ominale Le fait de questionner la divinité n’inclut pas de terme technique et se dit normalement « questionner ». un agneau à teinte indécise. À Mari le rôle du devin relève plutôt de l’inspiration que de la réflexion. le « traducteur ») qui prend la parole et qui commente par enthousiasme. Il signifie en babylonien « avoir un désir incoercible ». (Lui) dont le pâtre n’a pas arraché de boucle à droite ni à gauche : voici que j’arrache pour toi à gauche et à droite une boucle de lui et que je la dépose pour toi ! » . Les devins formuleront le libellé de leurs présages et. il y aura des patrouilles par groupe de 150 hommes. et. « celui qui lit ». Il est très souvent associé à un verbe qui a le sens d’ « avoir un grand désir ». il est associé à la colère. C’est un acte hautement symbolique qui évoque le bris de l’enveloppe en argile qui protège un message. L’interrogation n’est jamais simple. tous les prédictions sont au pluriel šalmâ. En accédant aux viscères. Le pluriel signifie que le devin a fait la contre-épreuve ou l’a confiée à un assistant ou un collègue. Donne-nous des agneaux que nous retournions demain à la “donne” et que nous reprenions les présages. D) Les procédés à Mari L’interrogation unitaire porte le nom de qâtum (« main ») c’est l’ensemble des présages constatés lors du sacrifice d’un mouton. le devin prie pour indiquer les marques ominales qu’il veut voir apparaître. Sa nécessité permet de comprendre l’apparent désordre entre le singulier têrtum (présage) et son pluriel têrêtum.) Sur l’animal qui vient de naître. on demande à la divinité d’inscrire les sorts que le technicien aura pour tâche de repérer et d’interpréter. Comment interpréter cette grande prière ? Il est évident que le devin tente d’orienter la volonté divine en énumérant tout ce qui lui permettrait de lire que le sort réservé à son patient est bon . Pour reprendre le vocabulaire du jeu de des cartes à jouer. certainement vivant. 6. La signification du sacrifice de l’agneau à Babylone Le devin entreprend de fendre en deux l’agneau. c’est la « donne ». De fait. (Invocation aux dieux. Lorsqu’une interrogation a un mauvais résultat. mais en même temps on peut considérer que cette interminable énumération représente le pacte explicite passé entre devin et dieu pour fixer leur accord sur ce qui est bon et mauvais. Elle comporte toujours une « contreépreuve » ou « vérification ». Le devin ne choisit pas à l’aveuglette son agneau comme une « pochette surprise » qui révèle au déballage ses mystères. qâtum est l’équivalent du français « fois ». le devin réclame d’obtenir une nouvelle «donne » comme le montre ARM XXVI 186 : « Les présages que nous obtenons ne sont pas sains. Linguistiquement. qui est sans histoire. magrâ (« bon ») ou lupputâ (« mauvais »). comme deux alliés humains énumèrent. lors d’un accord. le devin prend connaissance du texte rédigé en toute liberté par le dieu. Elle ne porte que l’adresse et les signes de reconnaissance comme l’empreinte du sceau de l’expéditeur. Aussi étudie-t-il le comportement du mouton de sacrifice pour deviner si son sacrifice sera pour le bien ou non. » . sur qui n’ont eu d’action ni monde extérieur ni hommes. C’est la piqittum. ce qu’il faut faire et ne pas faire.572 JEANMARIE DURAND Sur cet animal qui est présenté comme un être encore indécis. comme une page blanche. bien moins coûteuses que le sacrifice de moutons. C’est donc bien un oiseau réel. au delà des frontières occidentales des Hittites vers le monde grec. Nougayrol a publié un texte intitulé « “Oiseau” ou oiseau ? » (Revue d’Assyriologie 61. Elles donnent plus tard naissance à l’immense corpus des prédictions qui fut exporté de par tout le ProcheOrient lorsque la culture babylonienne essaima. .ASSYRIOLOGIE 573 Chaque interrogation demande le sacrifice d’un nouvel animal. se soulève plusieurs fois : en campagne. La question était de savoir s’il s’agissait d’un vrai oiseau dont on examinait les taches corporelles ou d’une métonymie pour « mouton ». En fait. ou une partie de son foie. Le texte dit : Si. Il y a bien à l’Est pluralité de techniques pour prédire l’avenir. mais semblent s’exclure : elles ont en fait des motivations économiques propres. en fait. 1967). Si l’aile de l’oiseau. puis jusqu’au lointain Occident où chaque technique fut repensée et reconstruite. » Dans ARM XXVI 145. 1. Le rêve est réel. de techniques de substitution. une tache rouge se trouve . Quel était le libellé de la piqittum ? Un texte particulièrement détaillé indique qu’on y posait l’inverse de la question précédente. ARM XXVI 22 dit : « J’ai mené l’enquête par le moyen des “oiseaux de trou”. il n’y a pas de devin. Il s’agit. à l’époque de simples trous dans le mur. Les techniques ne concourent pas entre elles. il est dit : « Dans le district où j’habite. recouvrant les cultures divinatoires indigènes. les textes de Mari lèvent l’ambiguïté. J. Prouver la divination Par delà la pratique de la « confirmation » piqittum. la divination par l’hépatoscopie était-elle la seule technique de déterminer l’avenir ? Cela pose la question du recours à la technique des oiseaux. Les présages fortuits C’est un domaine où la comparaison de Mari et Babylone est intéressante. on ne me donne pas de colombes. présence de (Divinité). » etc. au bas de l’aisselle droite. l’ennemi réglera le compte de mon armée. Cette dernière position est celle des Dictionnaires. tout comme pour la lécanomancie ou l’aleuromancie. 2. de droite. » Tous les textes s’accordent à nous dire que ces colombes sont des oiseaux qui vivent dans les « fenêtres ». À sa naissance. il n’a qu’une poitrine. Les oracles étaient sains. l’armée du roi recevra une mission glorieuse. mais il vient d’une voisine de Babylone. une attention soutenue à l’égard d’événements auxquels on prête attention parce qu’on y voit un signe divin qu’il convient de déchiffrer. Un des cas les plus nets est celui des izbu. On opposera ARM XXVI 81 : « Le 14 du mois. à en juger par la ménologie. il y aura une famine et un roi qui a du renom [mourra]. n. On constate qu’aucun des événements rapportés qui feraient sens ominal au Ier millénaire n’a d’autre conséquence que de déclencher une interrogation oraculaire pour qu’on sache si c’est un signe des dieux ou non. dans une naissance anormale… » ARM XXVI 241 en donne un exemple : « (L’agneau) n’a qu’une tête . il se produit une éclipse. il se produit une éclipse. » etc. Si au mois d’Abum. comme une éclipse de lune. sa face est celle d’un ovin mâle . Mais le fait n’a pas valeur par lui-même. (il a) deux corps. fasse prendre des oracles pour son bien être et celui de la ville de Mari. (qu’un) cœur (qu’un seul) ensemble de viscères . la moisson se passera bien .è. depuis son nombril jusqu’à sa hanche. mon Seigneur. La population de la ville s’enfuira. là où il est. maintenant que mon Seigneur. J’ai pris les oracles pour le bien-être de mon Seigneur et celui du district supérieur. Or. une de ses épaules a été arrachée et l’on a. » Il n’y a pas de commentaire sur le fait rapporté. qui naissent avec une malformation. Le texte a été retrouvé à Mari. L’attitude ne serait pas la même au Ier millénaire. . Le Protocole des Devins de Mari fait allusion au phénomène. humains ou animaux. de ce fait. ARM XXVI 1 : « Le mauvais oracle défavorable qui se produira et que je verrai lors de la prise de présages pour Zimri-Lim. endommagé sa tête. on est sûr qu’à Babylone. là.574 JEANMARIE DURAND Mari montre au xviiie siècle av. où l’on fait immédiatement un rituel expiatoire. il y a eu une éclipse de lune et l’existence même de cette éclipse est un fait désagréable. on considérait déjà que l’éclipse avait un sens pour la divination de l’avenir. On appelle ainsi les nouveau-nés. Les événements astraux eux-mêmes entrent dans la même problématique. (mais). Il en est de même concernant les événements de la vie. Que mon seigneur ne s’inquiète pas ! » avec un texte qui énumère les éclipses en fonction des mois : « Si au mois de Tammuz. Il faut. c’est un microcosme d’où l’on induit l’état du macrocosme. le miroir magique où l’on peut voir le reflet des volontés divines. porte un titre évocateur « Si le foie est le miroir du ciel. les différentes parties du foie (dans la mesure ou on les connaît) ne donnent pas à Mari l’image du même monde qu’à Babylone. lorsque l’on suit les noms des parties du foie qu’examine le devin babylonien. la casuistique ominale fait l’objet d’autres études. C’est donc bien une visite chez le roi/dieu pour avoir quelque chose. On trouve ainsi la sissiktum au lieu du manzazzum. Voici la liste des parties dans l’ordre de consultation du foie : manzazzum = « présence divine ». Chacune de ces zones comprend des sous-parties . La vésicule est appelée « pasteur » . la 16e tablette de l’hépatoscopie. une zone toute entière est appelée « enclos ». à l’Ouest . var. Les Amorrites n’ont développé une typologie du signe ominal qu’à l’Est . En fait. La symbolique du foie : aller au palais réaliser ses désirs. Le foie ominal a été compris par les Babyloniens comme ce qui permettait d’interpréter le monde. naplastum « regard » padânum = le chemin pû tâbum = le mot agréable / bakchich danânum = renforcement » = zone royale surveillée bâb ekallim = porte du palais = on entre chez le roi / dieu šulmum = « salutation » martum = la vésicule = le Chef nîdi kussîm = les assises du trône ubânum = le doigt (le ministre. . Or. analogues aux Géorgiques de Virgile.ASSYRIOLOGIE 575 L’observation des astres ne sert encore que de datations du calendrier agricole. En Babylonie ancienne il s’agit d’arriver à un palais et d’y obtenir ce que l’on désire du roi divin. il y a encore une dichotomie très forte entre observations du quotidien et pratique de l’hépatoscopie. l’action) sibtum = prise. tenure (= la réussite de ce que l’on cherche). On n’est plus dans l’image d’une civilisation de citadins mais de pasteurs. » C’est une vision récente. il n’y a à l’Ouest qu’une discipline reine : c’est l’hépatoscopie qui est seule à pouvoir expliquer ce qui inquiète. Un traité récent. C’est là que l’on constate le clivage entre mentalités de l’Est et l’Ouest. E) Divination et représentation du monde 1. On voit donc qu’en définitive. n’est pas. je lui donnerai trône sur trône. qui l’ai élevé sur le haut de mes cuisses et qui l’ai fait revenir sur le trône de la maison de son père ? Depuis que je l’ai fait revenir sur le trône de la maison de son père. le devin est doublé par un prophète. je m’approprierai un bien dans son Domaine. Dans la région de l’Oronte. et je lui livrerai le pays. » L’interrogation oraculaire se poursuit en prophétie. maison sur maison. (b) On a déjà à Mari des parties ominales qui étaient tenues pour n’apparaître qu’à partir du Ier millénaire : c’est un indice qu’il y a eu des traditions divergentes de la doctrine babylonienne et qu’elles ont continué jusqu’à ce que les érudits du Ier millénaire entreprennent leur collecte. Maintenant. il devrait s’en suivre l’interprétation . C’est un trait constant dans les conduites magiques ou médicales de toutes époques. De fait. lors des interrogations oraculaires. territoire sur territoire. tout à fait à l’Occident. à l’époque moyenne. non de l’intelligence rayonnante. et ce que j’ai donné je (le) reprendrai. ce kapâdum. les seconds trouvent les mots qu’il faut. un verbe de sens positif : il signifie une idée plutôt irrationnelle. l’âpilum. le maître du trône. » Voilà ce qu’ont déclaré les répondants. Les premiers posent une question . des territoires et de la ville c’est moi. 2. qui provient de l’aspect ténébreux de l’individualité. Cela explique une autre différence majeure de l’Ouest avec Babylone. Si au contraire il accède à mon désir. S’il ne (me le) donne pas. Le prophète à côté du devin Le terme kapâdum a montré une différence essentielle entre devins babyloniens et mariotes. montrent l’existence d’une double tradition : syrienne (héritée de Mari) et babylonienne (empruntée). Or. puisque je l’ai fait revenir sur le trône de la maison de son père. on l’a vu. je lui ai donné à nouveau une résidence.576 JEANMARIE DURAND Pušqum « étroitesse » dans la zone du padânum est remplacé par le puzrum « zone royale ». Deux remarques : (a) les particularismes mariotes se retrouvent dans l’hépatoscopie hittite et les textes d’Emar. le dieu Tempête de Kallassu est présent : « Ne suis-je pas le dieu Tempête de Kallassu. intégrant à leur savoir toutes les traditions divergentes connues. ville sur ville. de son levant à son ponant. La constatation de la présence du sujet ominal est un préliminaire obligé . FM VII 39 : « Lors des interrogations oraculaires. (le dieu Tempête) est chaque fois présent. pour un homme important telle autre chose ».ASSYRIOLOGIE 577 d’un signe omineux et une apodose comme « Si tel signe se produit. Il y a bien des répondants à Babylone. comme on le verra. » Cette apodose est remplacée par un discours grandiloquent et d’expression poétique qui va bien au delà. « pour un particulier cela signifie telle chose . sont complètement imbriqués : il s’agit d’un niveau encore plus primitif que dans la zone médiane que documente Mari. au moment du sacrifice d’un homme du peuple. le dieu entreprend de parler au roi. l’inexistence de prophéties . Le devin. Dagan. À Babylone. un dieu qui t’a jusqu’ici favorisé te reprendra ses faveurs/ce qu’il t’a donné. Elle permet de voir que (a) il y avait bien alors autour du grand dieu local. vides d’utilité d’ailleurs. mais si le fait existe c’est parce que ce sont des Amorrites qui se sont installés dans ces régions. l’hépatoscopique et l’élocution prophétique. Mais l’extrême-Ouest a conservé un état de choses plus ancien. cet acte sacré est aussi interprété comme l’occasion pour la divinité de dépasser le rapport avec son fidèle pour proclamer quelque chose à un être plus lointain. Mari considère que le devin appartient à un monde inspiré . il est intéressant de se rendre compte que nul texte officiel du pays d’Akkad ni du pays de Sumer ne documente leur dire. le présage porte sa signification propre. Il y avait en fait plusieurs façons d’appréhender cette technique selon les lieux et les mentalités. ce dernier pratique bien le genre de l’apodose . on a voulu montrer tout particulièrement qu’il n’existait pas simplement une divination. Conclusion Dans cette introduction à la divination. laquelle se sclérose de plus en plus pour donner les grands recueils. C’est un fait d’emprunt à l’Est. où les deux genres de divination. jure d’observer si. comme il y a des prophéties dites par une divinité d’Ešnunna. à propos d’une observation sur le foie. Cette indifférence du pays d’Akkad envers le couple Devin-Prophète est signifiante. La prophétie est ici une apodose amplifiée. au Ier millénaire. désormais l’une est apparue dans un document de leur époque. des prophéties. cela est préalablement codifié. En revanche. son verdict de devin se coule déjà dans la forme rhétorique qui commandera la rédaction des grands corpus divinatoires. On constatait à l’époque où des Akkadiens dominent à Mari. La présence obligatoire d’un devin au moment du sacrifice mariote montre que l’on pense que le sacrifice n’est pas seulement un moyen de savoir où l’on en est avec son dieu (favorable/non favorable) . Le « répondant » « traduit » la pensée du dieu puisque tel est à l’époque le sens de la racine sur laquelle son nom est construit. L’apodose précise à l’occasion. Nous sommes dans l’extrême Ouest. . Il n’y a plus de message pour le roi derrière la réponse faite au particulier. mais que (b) on n’y prêtait pas attention. comme on le croit généralement. Maintenant que le cadre est posé. dans l’Est. Orientalia Lovaniensia Analecta 169. 356-371. dans « Tell Hariri/Mari Textes ».578 JEANMARIE DURAND Il apparaît. Paris. Activités de la chaire Publications du professeur Livres — La Nomenclature des habits et textiles dans les textes de Mari. qui révèle ses origines . — « La vengeance et les cas royaux ». Supplément au Dictionnaire de la Bible 14. col. — « Les nomades ». 2006 [2007]. Paris. — La Religion à l’époque amorrite d’après les archives de Mari. dans « Tell Hariri/Mari Textes ». les deux conduites tendent de plus en plus à diverger et l’enthousiasme est remplacé par un esprit de logique déductive. Articles — « Histoire d’une redécouverte : l’évolution d’une problématique (centre et périphérie) ». il s’agissait en principe de savoir où l’on en était de ses rapports avec la divinité . 97-99. Mesures mariotes avant la babylonisation de l’écriture ». Supplément au Dictionnaire de la Bible 14. ce n’était qu’un complément normal au sacrifice . avec recours à la prière ou aux purifications lorsque l’on se rend compte qu’il y a péril en la demeure. Paris. 2008. . 214-216. Paris. Dans l’Ouest. col. s’est construit désormais tout un système autonome qui entreprend de dégager des principes et d’en tirer des conclusions. 435-436. non de l’Est suméro-akkadien . elle a encore gardé à l’époque de Mari un aspect concret. 2008. p. dans « Tell Hariri/Mari Textes ». — « Le panthéon et les temples ». 216-220. Archives Royales de Mari XXX. sous presse. 2008. Supplément au Dictionnaire de la Bible 14. col. dans l’Ouest. selon ces analyses. Paris. — « L’amorrite et les particularités syriennes face au “suméro-akkadien” ». 2008. les formes primitives de cette conduite humaine montrent le devin comme quelqu’un qui fait la part de l’enthousiasme en lui . RA 100. Supplément au Dictionnaire de la Bible 14. Paris. sous presse. Supplément au Dictionnaire de la Bible 14. — « Chroniques du Moyen-Euphrate 6. on est en route vers une herméneutique qui doit déboucher sur la possibilité de forcer les secrets des dieux. il est donc normalement assisté d’un prophète . 298-324. dans l’Est. Dans l’Ouest. 2008. que l’hépatoscopie est un fait originaire de l’Ouest. il s’agira de voir comme cette attitude envers les secrets des Dieux peut influer sur l’exercice du pouvoir. col. Matériaux pour le Dictionnaire de Babylonien de Paris 1. dans « Tell Hariri/Mari Textes ». dans « Tell Hariri/Mari Textes ». Louvain. col. dans l’Est. Bacqué-Grammont. Tibet & E. Professeur à l’Université d’Etat de Russie. 231-235. Invitations Deux professeurs étrangers ont été invités à donner des cours au Collège de France. « ARM XXI 59 // ARM XXI 396 ». « À propos des shakkanakku de Mari ». Recherches de géographie historique ». Une seconde d’un mois en avril 2008 et une troisième de trois semaines en septembre-octobre 2008 de déchiffrement de textes cunéiformes au musée de Dêr ez-Zôr (Syrie). Leonid Kogan. le 7 décembre 2007 et y a présenté une communication sur « la réforme de l’écriture à Mari ». Istanbul. Filliozat. A. Konyar (éd. Mahé. 2008. J. Ziegler une table ronde se tenant à la fondation Hugot du Collège de France ayant pour thème « Du Habur vers l’Euphrate au IIe millénaire. « Les Shakkanakku de Mari.-C.-L. d’après les archives d’Ebla ». à Damas. ayant pour thème.-P. a présenté quatre conférences sur le thème « Les noms des plantes akkadiennes dans leur contexte sémitique ». J. Notes brèves — — — — « Le nom du désert en amorrite ». p. sur le thème « Originalité de la culture syrienne dans l’Antiquité » où il a présenté une communication sur « l’écriture en Syrie à l’époque amorrite ». Tarhan. au Collège de France. NABU 2008/43. NABU 2008/18.ASSYRIOLOGIE 579 — « “Un habit pour un oracle ! ” À propos d’une prophétie de Mari ». en février 2008. Le professeur a organisé le 5e colloque orientaliste « Divination et magie dans les cultures de l’Orient ». les 19-20 juin 2008. le 10 décembre 2007. et y a présenté une communication sur « Le royaume de Nagar d’après les archives d’Ebla et de Mari ». en collaboration avec les Pr P.). état de la question ». Muhibbe Darga Armagani. NABU 2007/56. . Professeur à l’Université « La Sapienza » de Rome. Le professeur a participé aux 8e journées d’études franco-syriennes sur les Archives de Mari (14-15 avril 2008). Mme Maria Giovanna Biga. Missions de terrain Le professeur a accompli 3 missions en Syrie. et M. Une première d’une semaine en janvier 2008 de déchiffrement de textes cunéiformes au musée de Raqqa (Syrie). Colloques Le professeur a organisé une table ronde se tenant à la fondation Hugot du Collège de France. NABU 2008/19. « Nouveaux textes de Tell Tâban ». Le professeur a organisé avec N. a présenté quatre conférences sur le thème « La Syrie au IIIe millénaire av. dans T. et J. . Voltaire l’a été d’une manière à la fois indirecte et insistante l’an dernier. Alexandre dans l’œuvre de Voltaire. 595-6). C’est à définir plus précisément la place de Voltaire dans l’historiographie d’Alexandre qu’a été consacré le cours de cette année. reste partielle et lacunaire (Annuaire 2004-5. Voltaire et les déistes anglais avaient déjà partiellement formulé la conception que Droysen exprima d’un Alexandre ouvrant la voie qui allait mener à l’avènement du christianisme. Pierre Briant. 618-622). dont l’auteur (Linguet) se présentait sans modestie comme l’héritier et le défenseur de la méthode historienne de Voltaire . 1769 2). le Siècle d’Alexandre venait en premier (Annuaire 2006-7. puisque l’on avait dédié une grande partie du cours à l’analyse du Siècle d’Alexandre (1762 1 . bien entendu. p. L’on a déjà observé pourquoi une telle opinion. d’une certaine manière Linguet développa jusqu’à son terme la fameuse affirmation de Voltaire.13-14 et XXI. L’on sait que traditionnellement Voltaire est considéré comme l’un des trois auteurs (avec Montesquieu et Linguet) à s’être montrés « favorables au conquérant ». sans être erronée. ou encore à des auteurs d’histoire grecque qui. ont explicité dans des chapitres parfois très longs leurs . selon laquelle il n’existait guère au cours de l’histoire que quatre siècles dignes d’être maintenus dans la mémoire des hommes .Histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire d’Alexandre M. tels Rollin et Mably en France. p. On a aussi rappelé qu’aux yeux d’Elias Bikerman (Renaissance 1944/5). Contrairement à Montesquieu (qui a réservé au sujet des développements très cohérents et très argumentés dans l’Esprit des Lois X.8). mais aussi. à mettre au jour les raisons pour lesquelles Voltaire a si fréquemment introduit le cas d’Alexandre dans le cours de son œuvre. Introduit à plusieurs reprises ici même depuis trois ans. professeur Alexandre le Grand aujourd’hui (VI) Histoire d’Alexandre et histoire de l’expansion et de l’identité européennes (iii). et à Linguet (qui lui a consacré un livre). où la balance du pouvoir est établie mieux qu’elle ne le fut en Grèce. il établit des distinctions : pour lui comme chez tous ses contemporains (Rollin. L’une des raisons. Histoire). lequel hennit le premier ?. sont portés à un point que la Grèce et Rome ne connurent jamais.… modernes perroquets qui répètent des paroles anciennes… » (Bible. on subjugue un nouveau monde. 1768). »). et le nôtre est presque tout changé . fondamentalement. l’Antiquité n’est pas pour lui un objet d’études digne pour l’historien : elle reste d’abord et avant tout une référence. on connaît mieux l’histoire ancienne à partir de la confrontation entre Grecs et Perses (cf. car les contradictions entre auteurs anciens paraissent insurmontables. encore moins un livre. De même pour l’histoire d’Alexandre.. ni fables insensées : tout y est vrai. c’est qu’aux yeux de Voltaire. L’opposition est fermement marquée avec l’histoire ancienne. qui font la gloire des États. (« Faut-il qu’au siècle où nous vivons on imprime encore le conte des Oreilles de Smerdis. 1765. sauf pour les « compilateurs. D’où ses conseils aux jeunes hommes « d’avoir une légère teinture de ces temps reculés ». admiration pour les transformations du monde induites par les grandes découvertes…. qui fonde beaucoup plus de villes que les autres n’en ont détruit. des légendes. la conquête turque de Constantinople. Voltaire n’a jamais ressenti la nécessité de consacrer un développement suivi et spécifique à Alexandre. aux petits détails près. on fait. et plus encore par les découvertes et la dilatation du monde connu : « Un nouveau système de politique s’établit .582 PIERRE BRIANT vues sur le conquérant et les résultats de sa conquête. et des mensonges. Une étude sérieuse de l’histoire ne devrait se faire que depuis « le temps où elle devient réellement intéressante pour nous : il me semble que c’est vers la fin du xve siècle […] ». refus de l’érudition. et on commerce avec la Chine plus aisément que de Paris à Madrid. décrite par Thucydide. On s’est interrogé sur ce constat. malgré les guerres que l’ambition des rois suscite. c’est là qu’on ne trouve ni prédictions chimériques. l’Europe chrétienne devient une espèce de république immense. c’est-à-dire l’histoire née du mouvement nouveau créé et symbolisé par l’imprimerie. la boussole. probablement la raison première. L’Amérique est découverte . . Tout est dit (et souvent répété !) : mépris pour les contes et légendes. 1776). et de Darius qui fut déclaré roi par son cheval. avec le secours de la boussole. Voilà l’histoire qu’il faut que tout homme sache . « Histoire » dans Encyclopédie. ni oracles menteurs. soit : « Après cette guerre du Péloponnèse. Mais. royaume des fables. ni faux miracles. prince digne d’être élevé par Aristote. Certes. le tour de l’Afrique.. encore plus destructives. où l’on peut puiser des exemples et des précédents. il n’était d’histoire que moderne et contemporaine. vient le tems célèbre d’Alexandre. dont il n’y a que les petits esprits qui se soucient beaucoup… » (Remarques sur l’histoire 1742). tout éloigne Voltaire d’un intérêt intrinsèque pour l’histoire ancienne. ou Pyrrhonisme IX. Les arts. Il convient donc de s’en tenir à l’essentiel. et même malgré les guerres de religion. & qui change le commerce de l’Univers » (Encyclopédie. Une correspondance perpétuelle en lie toutes les parties. Mably) et prédécesseurs (Bossuet). proscrivez. On m’a dit qu’en effet il avait commencé ses expéditions comme un héros. Je le suivis dans ses folies de l’Inde . mais il les a finies comme un fou : j’ai vu ce demi-dieu. du calendrier qu’il a réformé. formant des colonies. ou sa thèse. et portant ses conquêtes jusqu’à l’Inde. En deux mots : contre les « déclamateurs » qui. tel Boileau. car le contexte discursif l’impose. il convient de voir en lui un Législateur. des ridicules à Alexandre. J’ai vu le sobre disciple d’Aristote changé en un méprisable ivrogne. sur le roi macédonien. qu’ils appellent Alexandre insensé . au cours duquel le philosophe réduit Alexandre à un guerrier assoiffé de destructions et de sang : « Je ne l’ai vu que dans l’Inde et dans Babylone. On retrouve là les accusations habituellement portées depuis l’Antiquité contre l’évolution jugée négative d’Alexandre (destruction de Persépolis. que des hommes qu’il a fait égorger ?» (Œuvres XXII. pour contenter le caprice d’une misérable débauchée nommée Thaïs. Il y a évidemment ici et là des jugements moins favorables. contre lesquels Voltaire a polémiqué régulièrement. dans la vaine espérance de m’instruire. établissant le commerce.. et l’ouvreur de routes commerciales nouvelles semées de villes neuves. accusations que l’on trouve aussi au xviiie siècle chez des auteurs (Rollin. Au fond. l’histoire. Quel bon citoyen n’aimera pas mieux qu’on l’entretienne des villes et des ports que César a bâtis. je vous en conjure. Mably). le théâtre (1737) : « Si vous rendez compte de l’histoire ancienne. il suffirait presque de citer ses Conseils à un journaliste sur la philosophie. mais représentez-le donnant des lois au milieu de la guerre. philosophe impartial. 244). les références à Alexandre sont casuelles et le plus souvent répétitives. De même la position d’Alexandre est plutôt reléguée dans l’ombre dès lors que Voltaire oppose les victoires militaires du roi macédonien à « ce que Pierre le Grand a fait d’utile pour le genre humain » (Lettre à Prévost d’Exiles du 16 mars 1737). Laissez Juvénal et Boileau donner. ont déconsidéré Alexandre en conquérant et en guerrier téméraire et insensé. ou qu’il adresse des louanges de courtisan à Catherine : « Elle me paraît autant au-dessus d’Alexandre que le fondateur est au-dessus du destructeur » (Lettre à Shouvalov du . enfin je l’ai vu mourir à la fleur de son âge dans Babylone. massacres en Inde. ivrognerie…). qui sont aujourd’hui le centre du négoce de l’Orient. vous. p.HISTOIRE ET CIVILISATION DU MONDE ACHÉMÉNIDE 583 En-dehors de l’entrée « Alexandre » des Questions sur l’Encyclopédie (1771) et plus encore le commentaire sur le Livre II des Maccabées dans La Bible enfin expliquée (1776). et c’est ce qu’on néglige. pour s’être enivré comme le dernier des goujats de son armée ». où j’avais couru comme les autres. qu’ils eussent fatigué d’encens s’ils avaient vécu sous lui . fondant Alexandrie et Scanderon. Ainsi dans les Dialogues d’Evhémère (1777). C’est là surtout qu’il faut considérer les rois . si l’on voulait résumer son opinion positive. regardez dans Alexandre ce capitaine général de la Grèce… chargé de venger son pays… Ne le faites pas voir seulement subjuguant tout l’empire de l’ennemi des Grecs. devenu le plus cruel des barbares après avoir été le plus humain des Grecs. dont le rôle commercial reste toujours aussi puissant de notre temps (c’est-à-dire celui de Voltaire). toutes ces déclamations contre certains conquérants. J’arrivai auprès de lui lorsqu’au sortir de table il s’avisa de mettre le feu au superbe temple d’Esthékar. etc. du fond de leur cabinet. le dialogue entre Evhémère et Callicrate. où s’étendait la domination de Darius . quand on songe que c’est un jeune homme qui a changé le commerce du monde. Je voudrais qu’on eût jeté au fond de la mer toutes les histoires qui ne nous retracent que les vices et les fureurs des rois […] » (Lettre à Frédéric en janvier 1738). . nierait ou excuserait le meurtre de Clitus. C’est ce qui explique que Voltaire a repris inlassablement les mêmes propos favorables à Alexandre dans nombre de ses œuvres.584 PIERRE BRIANT 18 février 1768). on trouve assez étrange que Boileau le traite de fou.v. en écrivant l’histoire d’Alexandre. Voir par exemple l’échange de lettres entre Voltaire et Frédéric de Prusse en janvier-février 1774 : « Alexandre. rapprochement avec Alexandre et le meurtre de Clitus. mais j’élèverai le plus haut que je pourrai. sans doute . dans l’âge fougueux des plaisirs et dans l’ivresse des conquêtes. et celle du commerce du monde . a bâti plus de villes que tous les autres vainqueurs de l’Asie n’en ont détruit. non seulement ce qu’il a fait de grand et de beau. c’est qu’Alexandre. de voleur de grand chemin. De toute façon. s’attirerait le mépris et l’indignation » (Lettre au même du 27 mai 1759). qu’il eut autant de génie que de valeur . Mais il est vrai aussi que si Socrate s’était trouvé à la tête de l’expédition contre les Perses. attendu qu’il n’y a pas d’apparence que Boileau en eût fait autant en si peu d’années » (Questions sur l’Encyclopédie. « Tout ce qu’on peut recueillir de certain. Lancées dans le cours de propos très polémiques et très engagés (auprès de souverains dont il loue les qualités en les opposant aux vices d’Alexandre). de l’Égypte. ou introduites au cours d’un dialogue dont Voltaire n’est pas à proprement parler un locuteur. le plus dissolu et le plus emporté des hommes […] Il est certain qu’un caractère aussi peu modéré ne pouvait en aucune façon être comparé à Socrate. A ce point. exactement comme dans le cas de Pierre de Russie : « Il avait de grands défauts. tantôt de le faire enfermer et tantôt de le faire pendre… ». de la Grèce. Il n’entend pas non plus nier ou passer sous silence les meurtres jugés inexcusables : « Celui qui. qu’il changea la face de l’Asie. s. par cette foule de projets tous imaginés pour la grandeur de son pays. et qu’il propose au lieutenant de police la Reynie. 1. mais n’étaient-ils pas couverts par cet esprit créateur. Quant on a un peu réfléchi sur Alexandre. dont on a défiguré l’histoire du seul grand homme qu’on ait jamais vu parmi les conquérants de l’Asie. mais ce qu’il a voulu faire. il n’aurait peut-être pas égalé l’activité ni les résolutions hardies par lesquelles Alexandre dompta tant de nations » (réponse de Frédéric). physiques et morales. 1771). ces accusations ne sont que de peu de poids dès lors qu’on les rapporte à l’ensemble de l’œuvre. et qu’enfin Boileau ne devait pas tant se moquer de lui. à l’âge de vingt-quatre ans. par exemple : « Il n’est plus permis de parler d’Alexandre que pour dire des choses neuves et pour détruire les fables historiques. qui. 2. les « vices privés » d’Alexandre sont parfaitement compatibles avec ses « vertus publiques 1 ». Alexandre. avait conquis la Perse par trois batailles. et dont plusieurs ont été exécutés ? N’a-t-il pas établi les arts ? N’a-t-il pas enfin diminué le nombre des moines ? Votre Altesse royale a grande raison de détester ses vices et sa férocité 2 […] Je ne dissimulerai pas ses fautes. Comme il le précise dans son article des Questions sur l’Encyclopédie. Elle était l’entrepôt de l’Égypte. Il polémique contre tous les auteurs de son temps. Chap. construisit Alexandrie et Scanderon. de l’Europe et de l’Afrique. Voltaire interprète aussi le voyage de Vasco de Gama comme une sorte de fin de cycle ouvert par Alexandre : la circumnavigation de l’Afrique « changea le commerce de l’Univers ». y compris « des compilateurs estimables » (Prideaux. La Bible enfin expliquée (1776). et une entreprise qui se distingue par ce qu’elle a légué à l’avenir. « J’oserais lui rendre grâce au nom du genre humain ». p. envoya en Grèce les observations de Babylone. « Les Orientaux comparent Tamerlan à Alexandre . la lettre à M. et changea la face du commerce de l’Asie. cf. mais auxquels il donne une vigueur encore accrue. Au demeurant. dont le génie a été utile au genre humain (fondations de villes. et sur tous les conquérants qu’on veut lui égaler » (Essai sur les mœurs. dans le chapitre CXLI de l’Essai sur les mœurs sur le commerce des Portugais. Voilà. et sous les Ptolémées. mais [il est] fort inférieur au Macédonien. Parlant de l’empire d’Alexandre. Il estime qu’Alexandre a mené une « guerre légitime ». en quoi Alexandre l’emporte sur Tamerlan. ce me semble. et qu’il détruisit beaucoup de villes comme Gengis. Tel est bien le cas d’Alexandre. la seule « valeur » (dans le domaine militaire) n’est pas le critère de distinction décisif : il faut aussi du « génie » (dans le domaine des réalisations durables). Entre autres nombreux exemples. L’image que Voltaire s’est faite d’Alexandre s’insère parfaitement dans son discours sur le héros et le grand homme 3. En cela le roi macédonien est ‘moderne’. que son fondateur (« homme sans doute digne du nom de grand malgré ses vices ») « avait destiné[e] à être le centre du commerce et le lien des nations ». Les saccageurs de provinces ne sont que héros. Rollin). » . qui ont répété des fables inventées par Diodore. et bâtit des villes jusque dans les Indes. de l’Europe et des Indes » (Essai sur les mœurs. Justin. sans en bâtir une seule : au lieu qu’Alexandre. établit des colonies grecques au-delà de l’Oxus. CXLI).HISTOIRE ET CIVILISATION DU MONDE ACHÉMÉNIDE 585 Ou encore : « Alexandre. et sous les Romains. et au milieu de ses conquêtes rapides. et qui cependant fonda plus de villes qu’il n’en détruisit. Thériot (15 juillet 1735) : « J’appelle grands hommes tous ceux qui ont excellé dans l’utile ou dans l’agréable. extension du commerce). rétablit cette même Samarcande. et elle vint mettre fin à la prospérité d’Alexandrie. 807). Voltaire aurait donc pu parfaitement utiliser la formule introduite pour caractériser le monde nouveau né après les 3. qui fut depuis le siège de l’empire de Tarmerlan. sur Gengis. avait destiné sa ville d’Alexandrie à être le centre du commerce et le lien des nations : elle l’avait été en effet. où il reprend des idées et des jugements déjà exposés à plusieurs reprises. I. dans une vie très courte. Plutarque. La plume se fait même plus élogieuse encore dans l’une des dernières œuvres de Voltaire. en ce qu’il naquit chez une nation barbare. et sous les Arabes. en particulier des villes nombreuses et un développement inédit des liaisons commerciales. que des déclamateurs n’ont regardé que comme un destructeur. dont Alexandrie devint le magasin universel. homme sans doute digne du nom de grand malgré ses vices. À terme. nous avons jusqu’à présent dans la plupart de nos histoires universelles traité les autres hommes comme s’ils n’existaient pas. Les hommes s’accoutumèrent peu-à-peu à penser plus raisonnablement… ». C’est la raison pour laquelle Voltaire place Alexandre parmi les très rares personnages qui ont réellement modifié leur temps. En cela. en réalité. La Grèce. qui. d’où l’expression « Siècle d’Alexandre » : « On n’a point assez remarqué. L’histoire d’Alexandre s’intègre bien au souci de Voltaire de ne pas limiter ni restreindre le point de vue à la Grèce et à Rome 4 : Alexandre a parcouru tout l’espace entre la Macédoine et l’Indus. celle-ci fut reprise et développée par Linguet (Annuaire 2006-7. Voir par exemple Nouveau plan : « Frappés de l’éclat de cet empire [romain]. « c’est dans le second livre des Maccabées que l’on voit pour la première fois une notion claire de la vie éternelle et de la résurrection. chez Droysen. mais en même temps. Tartares dans le cas du second. plus de grâces et de goût. Même sous une forme balbutiante et très incomplète. et sous les Médicis. Scythes dans le cas du premier. qui devint bientôt le dogme des pharisiens. « nul homme n’eut plus d’esprit. quoique mêlée d’ombres épaisses. c’est en quelque sorte le premier siècle des lumières à l’échelle du monde connu : « Une nouvelle lumière. il insiste sur le rôle pionnier joué par le philosophe français dans la mise au jour de ce qui sera. les Romains. 625-6). la caractéristique fondamentale de l’époque hellénistique. Grâce à Alexandre et à ses généraux. D’où aussi les comparaisons et rapprochements nombreux entre les différents « conquérants de l’Asie ». l’un et l’autre confrontés à leurs barbares. . Traitant de la marche du Csar contre la Perse. Alexandre n’est pas simplement un précédent. L’opposition entre Tamerlan/barbare et Alexandre/civilisé va l’amener à évoquer parallèlement Alexandre et Pierre de Russie.586 PIERRE BRIANT grandes découvertes : « Une correspondance perpétuelle en lie toutes les parties ». se sont emparés de toute notre attention… ». » Dans l’esprit de Voltaire. Comme bien d’autres idées de Voltaire. plus d’amour pour les sciences que ce conquérant […. que le temps d’Alexandre fit une révolution dans l’esprit humain aussi grande que celle des empires de la terre. Alexandre est l’héritier d’Athènes (« cette lumière venait de la seule Athènes »). et qu’il détruisit beaucoup de villes comme Gengis. Voltaire (Histoire de Russie) 4. il est aussi un pionnier de l’aventure européenne. Il refuse toute assimilation entre Alexandre et Tamerlan. la richesse de la pensée et de la réflexion grecques passa aux « Juifs hellénistes ». et une partie de l’Afrique septentrionale ». est « fort inférieur…. l’Asie. sans en bâtir une seule… » (EM). On remarque encore dans ce second livre la croyance anticipée d’une espèce de purgatoire… ». vint éclairer l’Europe. de ses accroissements et de sa chute.] Ce fut un temps à peu près semblable à ce qu’on vit depuis sous César et Auguste. C’est évidemment cette œuvre de Voltaire que Bikerman avait à l’esprit lorsque dans son article de 1944/5. en ce qu’il naquit chez une nation barbare. p. 5. car son objectif constant a été la conquête de tout l’empire achéménide 5. Contre beaucoup d’auteurs (Sainctyon. Tantôt. C’est ainsi qu’on nous accable d’histoires anciennes. on les lit à peu près avec le même esprit qu’elles ont été faites. Venise. extension du commerce). Sainte-Croix consacre un long passage au discours scythe . il considère que Quinte-Curce « y a très bien suivi le style sentencieux et figuré de l’éloquence propre aux nations sauvages » . . comme les hommes du monde les plus justes . sans choix et sans jugement . Galand. nous donne l’idée d’un peuple qui avait besoin d’être soumis par une nation éclairée »). qui étendent le domaine de la civilisation. Il ne croit pas au « bon sauvage 7 ». on a présenté en détail le beau livre de Rolando Minuti. tantôt. Déjà introduit dans les discussions des érudits sur la crédibilité de l’auteur latin 8. Voilà ces hommes désintéressés et justes dont nos compilateurs vantent encore aujourd’hui l’équité quand ils copient Quinte-Curce. C’est de ces vastes campagnes que partirent les Huns pour aller jusqu’à Rome. qui ont permis au premier d’« embellir les déserts ». Il établit une assimilation entre les Scythes et les Tartares. Cf. et il souligne la nécessité de se protéger des barbares (en les attaquant). sous le nom de Mongols ou de Huns. ils ont asservi la Chine et les Indes . sous le nom de Turcs. et ils ont peint Alexandre. Voir par exemple ce qu’il écrit à propos des Gaulois et des Germains dans l’Avant-Propos de l’EM (« Ce que nous savons des Gaulois. vengeur de la Grèce et vainqueur de celui qui voulait l’asservir. 1994. avaient ravagé plusieurs fois l’Asie. en utilisant des moyens identiques ou comparables (fondations de ville. qu’il a lu dans le Voyage dans la Haute-Pensylvanie de Crèvecœur (1801). comme un brigand qui courait le monde sans raison et sans justice. par Jules César et par les autres auteurs romains. suit un rapprochement (classique à cette époque) avec le discours d’un chef indien de la nation Oneida. On ne songe pas que ces Tartares ne furent jamais que des destructeurs. Voltaire ne croit pas que ni l’un ni l’autre puissent être rangés dans sa catégorie du « grand homme ». Dans la deuxième édition de son Examen critique des anciens historiens d’Alexandre (1804). 8. et qui ont été les déprédateurs d’une grande partie du continent. dès lors que Pierre parvient aux Portes de Fer. et 6. le passage est cette fois utilisé par Voltaire à des fins de politique contemporaine. Scythes et Tartares ont en effet ont été depuis l’Antiquité une menace constante 6. ils ont chassé les Arabes qui avaient conquis une partie de l’Asie. ce sont ceux-là mêmes qui. se trouve donc dans la même situation qu’Alexandre face aux Scythes. et entre les Tartares et les Turcs : « Les Scythes sont ces mêmes barbares que nous avons depuis appelés Tartares . C’est ce qui. selon lui. Ils sont l’un et l’autre des « grands hommes ». La Mothe Le Vayer dès 1646. contre des peuples voués à transformer les pays fertiles en autant de déserts : « Les rhéteurs qui ont cru imiter Quinte-Curce se sont efforcés de nous faire regarder ces sauvages du Caucase et des déserts. Oriente barbarico e storiografia settecentesca. dans le même ouvrage (Histoire de Russie) et ailleurs. et on ne se met dans la tête que des erreurs ». longtemps avant Alexandre. Vis-à-vis des Tartares. Sur ce point. 7. affamés de rapine et de carnage.HISTOIRE ET CIVILISATION DU MONDE ACHÉMÉNIDE 587 ne manque pas de renvoyer à Alexandre. Petis de la Croix…) qui ont écrit des pages très positives sur Gengis et sur Tamerlan. l’amène à contester avec une extrême énergie la réalité du discours que Quinte-Curce fait tenir devant Alexandre à un ambassadeur scythe. Pierre. en concluant : « Vous avez donc grande raison de vouloir passer d’un coup aux nations qui ont été civilisées les premières ». chap. aussi ami des arts utiles. p. voir Lettre à Frédéric de Prusse vers le 25 janvier 1774. car ceux-ci « étaient compris parmi ces Tartares que l’Antiquité nommait Scythes » (EM. Mably et Alexandre le Grand ». et comme Alexandrie. mais dans un sens opposé à celui que Voltaire a voulu lui donner. des commerçants. des soldats. ses canaux et ses digues que la Hollande est admirable. de leurs connaissances et de vos talents ? Ce n’est point par ses chantiers. Le rapprochement qui suit entre Pierre et Alexandre. il fait de même de l’image de Pierre chez Voltaire dans De l’étude de l’histoire (1783). y compris le rapprochement entre Alexandre et Pierre. 2005-2006. comme dans l’Éloge funèbre du Csar (« le conquérant académicien ») prononcé par Fontenelle devant l’Académie des Sciences en novembre 1725 : « Cette Ville. Voltaire a en effet soutenu sans faillir Pierre puis Catherine dans leur lutte contre les Turcs. Le débat sur le « discours scythe » et sur Quinte-Curce est un élément de la polémique pro-russe et anti-turque de Voltaire. 10. Revue Montesquieu 8. 151-185. à qui il avait donné la naissance et son nom. qui fut parfois d’une extrême violence. s’il eût été capable d’en concevoir le dessein. vient redoubler la polémique menée par Mably contre Montesquieu : « Rien n’était impossible à Alexandre. Sur la polémique entre Voltaire et Rousseau. Mably y recourt lui aussi. « Montesquieu. L’un et l’autre « ont voulu changer le commerce du monde ». c’est par les lois qui ont établi sa liberté ». . On peut reprocher au czar Pierre 9. chez Voltaire. il voulut changer comme lui le commerce du monde. ce sont les Turcs dont il est question. plus appliqué à la législation. se trouva si heureusement située qu’elle changea la face du Commerce d’alors. des artistes . Après avoir mis fortement en doute dans ses Observations sur les Grecs (1749 et 1762) la vision développée par Montesquieu d’un Alexandre Législateur 9. cette fois à propos d’Alexandre. et en devint la capitale à la place de Tir. mais si vous ne leur avez pas d’abord appris à être citoyens. On est revenu sur Mably et de sa contestation des positions de Voltaire. contre lequel Voltaire avait polémiqué dans la Préface de l’Histoire de Russie 10.588 PIERRE BRIANT qu’Alexandre bâtit des villes dans leur propre pays . c’est en quoi j’oserais comparer Pierre le Grand à Alexandre : aussi actif. et la réponse du roi en date du 16 février 1774. La solidité de l’œuvre de Pierre avait déjà été mise en doute par Rousseau dans le Contrat social (1762). Mais. des constructeurs. et Saint-Petersbourg est rapprochée d’Alexandrie. LIII). de même Petersbourg changerait les Routes d’aujourd’huy et deviendrait le centre d’un des plus grands Commerces de l’Univers ». Mably y revient en 1783 : « Vous avez créé des matelots. et bâtit ou répara autant de villes qu’Alexandre » (Histoire de Russie). quel avantage durable la Russie retirera-t-elle de vos travaux. La comparaison entre Alexandre et Pierre n’est pas propre à Voltaire. était pour lui ce qu’était Alexandrie pour Alexandre son fondateur. au-delà des Scythes et des Tartares. c’est par cet esprit qui l’a formée. et il aurait pu donner aux Perses même le goût de la liberté. à propos de Linguet et de ses vues sur l’art perse. 2. Remarques sur les concessions de terres et de villages en Asie mineure occidentale. conference : The current state of the achemenet and MAVI programs.). Cours à l’étranger Oxford. p. comme Winckelmann. communication : From the Indus Countries to the Mediterranean : Administration and Logistics on the High Roads of the Achaemenid Empire. 2. From Darius to Alexander : some thoughts about continuity and change (Classics Centre). qu’il sera confondu avec les princes qui ont un règne glorieux . p. et on les a évaluées et interprétées dans le contexte des récits de voyageurs. au motif qu’il n’y a de beauté qu’à Athènes et en Grèce (cf. Voltaire se place résolument du côté de ceux qui (de Pauw par exemple). conférences : 1. 11 avril 2008.HISTOIRE ET CIVILISATION DU MONDE ACHÉMÉNIDE 589 premier de n’avoir pas profité de ses succès et de ses victoires pour établir un nouveau gouvernement dans son pays.). p. Bordeaux-Paris. Oriental Institute. Alexander and the irrigation-works in Babylonia and Elam. méprisent l’art de Persépolis. voir aussi Annuaire 2006-7. C’est pour ne l’avoir pas du moins tenté. 3. L’on a complété l’analyse par un exposé du débat né sur ce thème entre le comte de Caylus et le baron de Sainte-Croix. Hommages à Pierre Debord (Études 18). 8 avril 2008. largement empruntées à Voltaire). mais il ne sera jamais placé au rang des législateurs et des bienfaiteurs de leur nation ». XXIV . 2007. Chicago. Publications du professeur « Alexandre ‘héros des Lumières’ ». University of Brown (E. par exemple EM. 621-622. Achaemenid Art and the Internet (Maison française d’Oxford). dans le cadre du Colloque Highways and Road Systems : Comparative Perspectives (4-6 April 2008). et des études sur l’histoire de la civilisation et sur l’histoire de l’art. Séminaire Le Séminaire a eu lieu sous forme d’un Colloque international tenu au Collège de France les 9 et 10 novembre 2007 sur le sujet suivant : « Organisation des pouvoirs et contacts culturels dans les pays de l’empire achéménide ». 27-28 novembre 2007 : 1. Conférences et participations à des Colloques 4 avril 2008. Introduction. de l’époque achéménide à l’époque ottomane ». Scripta Anatolica. 165-191. « De Thémistocle à Lamartine. 321-345.U. on a explicité et analysé les vues de Voltaire sur les ruines de Persépolis.U. . 2007. Brun (éd. communication : Who Spoke to Whom ? Languages and Communication in the Achaemenid World and Alexander’s Empire.). University of Brown (E. 7 avril 2008. The Virtual and Interactive Achaemenid Museum. chap. Pour terminer. in : P. in : Cahiers parisiens. University of Tampa (Floride). dans le cadre de l’Annual Meeting of the Association of Ancient Historians (April 10-13). Paumard a établi une collaboration avec plusieurs chercheurs dans le cadre du programme Adonis du CNRS. 137-154.-M. p. 2008. in : Le profane et le divin. Il a donné des conférences à l’EPHE (sur la langue élamite des tablettes de Persépolis) et présenté des communications lors du Colloque achéménide de novembre 2007. Durand en mai 2008. la plateforme est capable d’enregistrer les données du MAVI et de les restituer depuis quelques mois. Le deuxième objectif est de publier cette plateforme sous licence open-source.590 PIERRE BRIANT « Histoire du Siècle d’Alexandre de Linguet ». maître de conférences en Génie informatique à Paris-XIII. éventuellement de la faire évoluer. 2008. il a poursuivi activement le développement d’une nouvelle version (dénommée Open melodie) du software. qui doit paraître en octobre 2008 dans la collection Achaemenid History (Leiden). (Recueil d’articles traduits en persan par Nahid Forughan). « L’Art achéménide ». Henkelman a effectué plusieurs séjours de travail à l’Oriental Institute de Chicago. 613-634. M. Pouvoir central et polycentrisme culturel dans l’empire achéménide. de façon à permettre à toute équipe souhaitant mettre en ligne des données scientifiques de la complexité de celles du MAVI. p. José Paumard. Téhéran. 2008. Fleurons du musée Barbier-Mueller. Enfin. sous la direction du professeur. W. . et de compléter ses fonctionnalités. Akhtaran. dans le cadre du programme de publication des tablettes de Persépolis. Studi Ellenistici XX. est depuis septembre 2007 rattaché aux chaires des professeurs Briant et Scheid. puis de la développer au cours des mois qui suivent. 106-115. Studi Ellenistici XX. Open melodie est actuellement en bêta-test interne. « Michael Rostovtzeff et le passage du monde achéménide au monde hellénistique ». sous-presse dans la Collection Persika. Il a également contribué à l’édition scientifique des Actes du Colloque 2006 sur les archives de Persépolis. 2008 Travaux des collaborateurs M. L’objectif est de disposer d’une version fonctionnelle en décembre 2008. dont il est maintenant co-directeur éditorial aux côtés de Mme Yannick Lintz (Musée du Louvre). Par ailleurs. J. Wouter Henkelman (maître de conférences associé 2006-8) a achevé la révision de sa thèse (Leiden 2006). Éd. « Retour sur Alexandre et les katarrraktes du Tigre. p. L’art de l’Antiquité. Directeur technique des programmes achemenet et MAVI. de pouvoir utiliser gratuitement cette plateforme. La deuxième phase consiste en le développement d’une interface en ligne pour le cœur du système. Il a pris part à diverses missions dans le cadre des programmes achemenet et MAVI. II (Suite et fin) ». Genève. Annuaire du Collège de France 197. p. 2006-7. qui permettra au programme MAVI (ou à tout autre) de gérer ses données internes de façon autonome. 155-218. donnant accès à l’ensemble de ses fonctionnalités. et lors d’un Colloque organisé par J. Briant et W. Par ailleurs. Briant et W. Une deuxième mission sur place devra être menée pour achever le travail de numérisation. a réalisé deux nouveaux ouvrages : Jean Kellens. Études avestiques et mazdéennes 2 (Persika 10). S. Un accord a été conclu et il entrera en application prochainement. Henkelman ont mené une mission à Berlin les 22-23 janvier 2008. 8.HISTOIRE ET CIVILISATION DU MONDE ACHÉMÉNIDE 591 Missions dans le cadre du MAVI P. . de Boccard. — Lors de missions menées indépendamment en avril et en juillet 2008. 22 et 29 mars 2007 (Persika 11). Directeur de l’Eurasien Abteilung du Deutsche Archäologisches Institut (DAI). L’archéologie du Fārs à l’époque hellénistique. qui seront disposées sur la base du MAVI. Sven Hansen. et son équipe. afin de discuter d’une collaboration avec le MAVI (numérisation de plusieurs milliers de photos prises sur des sites iraniens). Paris. Henkelman ont discuté à Bruxelles avec le Directeur des Musées d’Art royaux (le 13 mai 2008). Ils y ont rencontré M. assistante du professeur. en vue d’une collaboration entre le Musée et le MAVI. de Boccard. La mission a été redoublée le 9 juin. en compagnie de José Paumard et Salima Larabi. Un accord de collaboration a été conclu officiellement. 2007. Quatre leçons au Collège de France. Collection Persika Outre ses interventions et missions dans le cadre d’Achemenet (dont elle assure le Secrétariat éditorial) et du MAVI (voir ci-dessus). ils ont également eu des conversations avec le Directeur de l’Oriental Institute de Chicago (Gil Stein) et le Directeur du musée (Geoff Emberling) : le principe d’une collaboration est désormais acquis. Dans ce cadre. Larabi a mené une troisième mission de huit jours en juillet 2008 : elle a procédé à la numérisation de 1 300 photos. Paris. Salima Larabi. P. 15. Pierfrancesco Callieri. 2007. . au livre X. elle y était même reliée par un pont sur l’Euripe.-C. 2. Érétrie et son territoire. culturel et religieux que. le professeur a entretenu l’auditoire de ses recherches sur les cités béotiennes telles qu’elles apparaissent à travers le prisme de la description de Pausanias au livre IX de la Périégèse et dans les inscriptions. c’est donc être confronté à des sources littéraires et documentaires en partie différentes de celles qui ont été sollicitées pour la Béotie. Les contacts entre ces deux pays ont été extrêmement étroits à toutes les époques. au milieu du ive siècle avant J. car cet auteur n’a pas laissé de chapitre eubéen. Géographie IX. tant cette grande île. considérait l’Eubée comme un simple prolongement péninsulaire de la Béotie (voir Strabon. le chapitre eubéen ou Euboïkè syngraphè aurait ainsi pu former la matière d’un livre XI (selon un découpage qui ne remonte pas à l’auteur) où. il n’a pas changé de monde. longue de quelque 200 km. membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres).Épigraphie et histoire des cités grecques M. Il n’en reste pas moins vrai que. même l’Eubée centrale constitue un espace distinct. Denis Knoepfler. Prendre l’île d’Eubée pour objet d’étude.. Ce n’est donc pas sans raison que le grand historien Éphore. de même qu’il eut assurément le projet de traiter de la Locride Opontienne ou Orientale. du guide commode et fiable (le plus souvent) qu’est Pausanias. par rapport au pays béotien. au passage le plus étroit du canal Euboïque. professeur Cours : Une cité au cœur du monde méditerranéen antique. celle de l’Ouest . bien qu’il ait probablement eu l’ambition d’intégrer à sa Périégèse cette île pour ainsi dire continentale. tant du point de vue linguistique. Force est de prendre congé. En passant cette année de la Béotie vers l’Eubée. par la région d’Oponte et des Thermopyles qui fait face au cap . en particulier. histoire et institutions Séminaire : Lecture d’inscriptions eubéennes en rapport avec le cours Trois ans durant (2005-2007). après avoir achevé. est proche de la Grèce continentale : dès l’Antiquité. sa description de l’autre Locride. politique. le plus souvent. 2). Carystos et surtout Chalcis. privilégie l’histoire des ive et iiie s. pendant la plus grande partie de l’époque hellénistique et encore sous la domination de Rome. durant la période archaïque (viie-vie s. pas au point cependant qu’ils puissent prétendre exercer l’hégémonie sur l’ensemble de l’Eubée. tant sur le plan des sources littéraires que.. Mais à défaut de Pausanias. revenant en quelque sorte à son point de départ. Si cette cité mérite. puisque la région de Carystos se trouve à une petite journée de navigation du cap Sounion.594 DENIS KNOEPFLER Kénaion. de fait. la recherche sur l’histoire millénaire de cette cité a connu un notable développement. avant J. en dépit des vicissitudes. une œuvre aussi tardive et marginale (ou tenue pour telle) que Les vies des philosophes illustres de Diogène Laërce s’est avérée être une source capitale pour la phase hellénistique de l’histoire eubéenne par le biais de la biographie très bien informée que cet auteur du iiie siècle de notre ère a laissée du philosophe et homme d’État Ménédème d’Érétrie. Par ailleurs. Le site d’Érétrie est. époque d’apogée pour la cité. au point de vue de l’épigraphie et de l’archéologie. qui. ce n’est pas parce qu’elle n’aurait cessé d’occuper une position prépondérante par rapport aux trois autres grandes poleis de l’île. tandis que ses deux voisines immédiates. sans négliger les phases antérieures. où les deux cités de Chalcis et d’Histiée. le Pérégète aurait parcouru l’île dans toute sa longueur depuis l’extrémité nord-ouest.). puis de 1964 à nos jours par une équipe d’archéologues suisses en collaboration avec le Service grec des Antiquités. connaissent également un notable essor. au sein de la tétrapole eubéenne. Parallèlement. d’abord au tournant du xixe et du xxe s. c’est la qualité de la documentation qui s’y rapporte.-C. tend alors à se dépeupler et elle disparaîtra. de notre ère). surtout. Telle est du moins l’opinion personnelle que le professeur croit pouvoir soutenir sur cette question controversée. d’une taille comparable à celle d’Érétrie. qui a bénéficié à cet égard de sa proximité avec Athènes. objectivement. subsistent durant toute la période médiévale et moderne. Signalons ici qu’un aperçu synthétique du . Mais les Érétriens furent parmi les peuples grecs les plus touchés par les guerres médiques (490-479). le seul de l’Eubée qui ait fait l’objet de fouilles systématiques.. elle. une attention particulière. puis par la lourde domination athénienne . le redressement de leur cité est spectaculaire à partir de 411. à une date relativement précoce (vers le ive s. l’importance exceptionnelle d’Érétrie pour l’historien de l’Antiquité. Érétrie. par quoi s’ouvre en effet le livre I de la Périégèse. Certes. tant publiques que privées. Le cours donné en 2008 a donc permis de présenter un état des lieux. auquel le professeur a lui-même contribué par d’assez nombreux travaux depuis bientôt quarante ans. cela est dû en partie au fait qu’elles ont eu pour cadre un site dépourvu de toute implantation byzantine ou ottomane et relativement épargné encore par l’expansion urbaine de l’époque moderne et contemporaine. Et si les investigations y ont été particulièrement fructueuses. elle est indiscutablement une des cités majeures de la Grèce propre. comme en témoigne la grande majorité des inscriptions. qui se maintient. Ce qui fait. en effet. d’autres auteurs anciens — des plus prestigieux aux plus obscurs — fournissent de quoi éclairer le destin de la cité d’Érétrie. Paris 2007 = Mètis n. Novaro. réparti en de nombreux secteurs du site. 393 sqq. voire erronée. à laquelle s’est formée la communauté désignée. trop souvent étayées de manière insuffisante. et pour Érétrie en particulier.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 595 site et de son histoire figure dans l’ouvrage collectif édité par l’École suisse d’archéologie en Grèce en 2004. Bérard dans Technai. Le problème de la fondation ne saurait. Érétrie. c’est-à-dire dans le répertoire de la tragédie attique du ve s. être antérieure au viie s. domestiques et/ou funéraires. être traité en vase clos. Walker. de référence. avant notre ère. un indice allant nettement en ce sens. Mais cela ne préjuge évidemment pas de la date. c’est que la ville appelée Eretria n’est pas extrêmement ancienne. La question qui se pose est donc de savoir pour quelles raisons ce site doté à première vue de maints avantages naturels. L’absence presque totale de mythe de fondation et plus généralement de passé héroïque autour d’une dynastie royale était déjà.). SchnappGourbeillon. : quelle différence avec Thèbes. plus généralement A. bien sûr. aujourd’hui. Paris 2002. dans Ktema 2007. Aux origines de la Grèce. Cela ne signifie assurément pas que le site soit resté totalement vierge jusque vers 750. dans les sources littéraires. Bernand publié en 1985). Mais il est désormais certain qu’il n’y a pas de ville. ce n’est donc pas que le nom Eretria fasse son apparition seulement dans le Catalogue des Vaisseaux au chant II de l’Iliade — pièce rapportée qui ne saurait. puis de la cité en tant qu’État que le professeur a consacré ses premières leçons. 5. À la même date paraissait le livre de Keith G. sans parler d’Argos ! Ce qui est remarquable. en tout état de cause. qu’il s’agisse d’espaces sacrés. 2007. d’autant moins que. objet de nombreuses études récentes 1 . son espace constructible de bonne étendue entre le rivage et une colline rocheuse culminant à un peu plus de 100 m. à partir du viiie s. sinon de modèle. c’est-à-dire aux xv-xiie s. par l’ethnique Eretrieis. Guide de la cité antique. publics ( ?). on cherchera en vain le toponyme Eretria sur la « carte du tragique » (pour reprendre le titre d’un livre de A. date de l’émergence du premier habitat. . à des tentatives plus générales d’explication de la « poléogénèse ». avec son port protégé par une presqu’île. précisément.s. de la naissance de la polis grecque. Voir par exemple D. . en dehors du phénomène très complexe. p. qui pourrait être sensiblement plus haute. la connaissance que l’on a pu acquérir des commencements d’Érétrie sert souvent. avec des possibilités de défense autour de cette 1. ont été critiquées à diverses reprises. De fait.. Archaic Eretria. c’est bien plutôt le fait qu’aucun texte même plus tardif ne suggère une origine plus ancienne que l’époque d’Homère. dont les vues audacieuses. puisque la fouille extensive n’a livré aucun vestige significatif remontant à l’époque dite mycénienne. Ce qui semble désormais établi en l’occurrence. —. L’exploration archéologique est venue confirmer cette induction. ni même de bourgade à cet emplacement avant l’époque désignée sous le nom de « géométrique » (ixe-viiie s. Cl. Réflexions préliminaires sur la phase archaïque de l’histoire d’Érétrie C’est en effet aux débuts obscurs de la ville. 4. d’abord en un endroit caractérisé par un habitat dont les niveaux les plus anciens paraissent remonter à l’époque « protogéométrique » (xe s. p. L’absence d’un véritable port naturel — puisqu’au viiie s. Voir notamment sa communication dans les actes du colloque de Naples en 1998 (Euboica) ou. ville qu’on pourrait qualifier de « porthmique » (du mot porthmos. Située exactement en face de la baie d’Oropos (la moderne Skala Oropou). Mais cette impression est trompeuse. à 0.. et permet ensuite d’atteindre l’Eubée par voie de mer (sur ces deux routes. avec délimitation d’un espace urbain et implantation d’une ligne de défense : de fait. VII 28. d’où aussi la dispersion de l’habitat primitif. à vocation clairement artisanale. 3. Kunst 12. . D. la zone de la future ville. soit ophruoessa. comme d’autres cités commerçantes — ainsi Corinthe ou Chalcis — sont « isthmiques ». 1969. on doit avoir affaire au site de Graia. au plus tôt 3.1 sont fondamentales). toute l’histoire d’Érétrie. Chez Nonnos de Panopolis. p. qui la situaient près d’Oropos . Ant.596 DENIS KNOEPFLER citadelle (qui valut à la ville la même épithète que Corinthe avec l’Acrocorinthe. le grammairien Stéphane de Byzance. puisque pour un navire longeant la côte septentrionale de l’Attique. Ant. ni non plus acropolitaine à Érétrie avant la fin de l’époque dite archaïque. du milieu du viiie s. contourne le massif du Parnès.5 km de là environ vers l’ouest. c’est surtout le point d’arrivée d’une route terrestre fort importante qui. De fait. ce nouvel établissement continental. parle de Γραiα πoλις ’Ερετρiας. livre XIII au vers 199 : cf. Guide de la cité antique. il n’y a pas d’enceinte urbaine. de celui de Volo sur la Thessalie et la Grèce Centrale (2006). mais qui devient parfaitement intelligible si l’on fait de Eretrias l’adjectif féminin ’Ερετριaς. on le sait désormais. encore la presqu’île orientale reste un îlot — n’enlevait certes pas au site tout intérêt sur le plan des relations maritimes. 2004. Dionysiaques. maîtresses d’un isthmos naturel ou artificiel. négativement ou positivement. « sourcilleuse ». 82 sqq.. expression bizarre en grec. Kunst 51. plus récemment. doit nécessairement être mis en relation avec la première phase de l’histoire érétrienne. En fait c’est l’existence de ce passage qui a conditionné. p. Knoepfler.). les réflexions de Thucydide. soit de l’époque même de ce qu’il est convenu d’appeler la fondation d’Érétrie. cf. « traversée maritime »). au départ d’Athènes. une nouvelle implantation très remarquable datant. mais disparue ensuite sans laisser d’autres traces que littéraires chez Aristote et Strabon. de son côté. contrairement à ce que l’on a pu croire (ainsi encore Walker). Comme l’a vu le fouilleur. 91 sq. accolée au nom d’Érétrie dans l’épopée tardive 2). L’importance de ce facteur géographique dans le choix du site est confirmée par les fouilles menées en ces dernières années à l’ouest de l’actuelle Skala Oropou. le professeur Alexandros Mazarakis Ainian 4. elle. Il ne semble pas y avoir une fondation stricto sensu. 27. c’est-à-dire le milieu du vie s. localité mentionnée dans le Catalogue homérique parmi les villes béotiennes. la ville d’Érétrie se trouve placée à un endroit de passage des plus favorables. la baie d’Oropos est la première à offrir un mouillage . car au début du Ier millénaire encore. en particulier 94-95 . désormais bien attesté dans les 2. n’était en réalité qu’un delta en formation. puis. à commencer par l’Attique toute proche puisque une tradition faisait venir d’Athènes les fondateurs de Chalcis et d’Érétrie (chose dont il existe un écho — longtemps méconnu — dans les sources documentaires : voir Bull. Cette ville de Graia était dite « érétrienne ». qui a aujourd’hui les meilleures chances d’avoir été la véritable « capitale » des futurs Érétriens : c’est. un autre site protohistorique doit être pris en considération. après une phase très brillante à l’époque proto-géométrique encore. Parker. il est totalement abusif d’alléguer en sa faveur la distinction faite à deux reprises par Strabon (IX 2. sans doute au profit d’un endroit plus aisé à défendre. n° 267). une double erreur. l’ancienne aurait été détruite en 490 seulement et aurait été située dans la direction opposée. restant toujours la plus probable à ses yeux). selon le Géographe. ce qu’atteste du reste explicitement un fragment de l’historien local Nikokratès qualifiant Oropos de « fondation des Érétriens » (ktisma Erétriéôn) . dont la datation dans la seconde moitié du viiie s. fleuve béotien dont l’embouchure est toute voisine de ces établissements archaïques. par conséquent. l’identification au bourg chalcidien d’Argoura. proposée naguère par le professeur. 1997. comme le suggérait déjà. La tradition strabonienne comporterait. mais on a fait voir qu’elle repose sur des bases en réalité assez fragiles. Elle n’en continue pas moins à avoir d’assez nombreux adeptes : ainsi V. est désormais corroborée par des fouilles exécutées à Méthone même. épigr. Oropos est ainsi à placer dans le même contexte historique que celui qui vit les Eubéens de Chalcis et d’Érétrie fonder des « colonies » (apoikiai) en Occident (Sicile et Campanie) et dans le nord de l’Égée (golfe Thermaïque et péninsule Chalcidique). ce qui suffit à rendre bien douteuse cette théorie 5. Depuis longtemps. fut progressivement déserté à partir de 750. le nom même d’Oropos s’explique comme une variante dialectale d’origine érétrienne de l’hydronyme Asopos. Cette hypothèse ne manque pas de séduction. Quelle qu’ait été l’importance de Lefkandi (dont le nom antique n’est pas connu avec certitude. 11 . et le professeur a rappelé que. Néanmoins.). 2008.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 597 inscriptions. On a montré aussi qu’un lien étroit existait entre ces divers théâtres d’opération. Der lelantische Krieg. la plus grande partie de la population paraît avoir été de souche locale. à la fois chronologique et topographique. ou Walker dans sa récente synthèse érétrienne. de fait. Reste évidemment la question de savoir quelle était l’origine des gens qui vinrent occuper le site d’Érétrie. l’épisode des Érétriens à Corcyre et à Méthone (Quaest. 293A. selon lui. qui. En tout cas. à une dizaine 5. Gr. à en juger par l’uniformité de la céramique « géométrique » à travers toute l’Eubée centrale. Le temps paraît donc venu d’y renoncer. On ne peut certes exclure l’arrivée d’éléments étrangers à l’Eubée. Mor. . 1 et X 1. la conjecture a été faite que les premiers Érétriens pourraient avoir eu pour résidence le site archéologique de Lefkandi à 10 km à l’ouest d’Érétrie. 10) entre une ancienne ville (Παλαιà Èρbτρια) et la ville actuelle (â νäν Èρbτρια) puisque. car il s’agissait d’un comptoir fondé par les insulaires. chez Plutarque. 598 DENIS KNOEPFLER Plan du site archéologique d’Érétrie . à proximité immédiate des remparts d’Érétrie.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 599 Carte du territoire d’Érétrie dans l’Antiquité de km à l’est. par l’École suisse d’archéologie en Grèce ont confirmé l’ancienneté en même temps que la permanence de l’occupation des . à l’instigation du professeur. la colline de Paléoekklisiès — plus connue désormais sous le nom antique d’Amarynthos — au pied de laquelle se trouvait très certainement le sanctuaire d’Artémis Amarysia (longtemps cherché. mais à tort. Les fouilles entamées là. sur la base d’un texte de Strabon dont on a montré dès 1988 qu’une fois corrigé de manière très légère il vient en réalité corroborer une identification d’Amarynthos à Paléoekklisiès). 3).-C. sur laquelle on ne s’est arrêté que le temps d’en définir le cadre le plus vraisemblable. vers 600-580 : il ne s’agit donc pas. au-delà du fleuve Lélas ou Lélantos (comme on peut le déduire de la localisation du bourg chalcidien d’Argoura au voisinage de Lefkandi). Herrmann. à terme. Car il faut rapporter à ce conflit international — malgré les objections exprimées récemment à l’encontre d’une brillante suggestion faite en 1967 par J. Il paraît certain en effet que Mégare fut mêlée. l’alliance de Corinthe et de Samos. les tyrans de Corinthe soient restés dans l’orbite chalcido-samienne. n’implique nullement que. 1) et Thucydide (I 15. sous la forme A-ma-ru-to-de (adverbe de lieu-direction signifiant « vers Amarynthos »). Plus tard. il y eut déplacement du centre de gravité : la population de la plaine côtière vint s’installer sur le site plus aisément défendable d’Érétrie. Hérodote (V 99. or. dans un contexte politique profondément différent. Or. du moins pas pour Chalcis et Érétrie elles-mêmes. qui devait conserver tout son prestige sur le plan religieux. et L. des habitants de la ville nouvelle avec les cultivateurs et éleveurs de la riche plaine lélantine . sur un tombeau commun ou polyandreion. Mégare — éternelle rivale de Corinthe — a fort bien pu être dans le camp des adversaires de Milet.. à proprement parler. Cette haute antiquité résultait déjà du caractère préhellénique du toponyme Amarynthos. d’une guerre liée à la colonisation.-C. par conséquent. une lecture critique des deux sources principales. que cette guerre « lélantine » (comme l’appellent les modernes). La première chose à noter est que la victoire ne fut chalcidienne que dans la mesure où la cité de l’Euripe parvint à conserver la possession de toute la plaine.600 DENIS KNOEPFLER lieux. dans la seconde moitié du IIe millénaire avant J. On ne saurait donc plus douter qu’Amarynthos ait été. une sorte de capitale régionale. Robert — l’allusion qui est faite à un mégas polémos dans une longue épigramme de Milet gravée vers 200 avant J. Conflit aussi célèbre qu’obscur. d’où. Ce changement de résidence eut nécessairement des conséquences à la fois sur le trafic entre l’île et le point le plus proche du continent — d’où l’émergence du comptoir d’Oropos (appelé encore Graia à cette date) — et sur les relations. D’autre part. il y a là l’origine probable de la longue dispute entre les deux cités voisines désormais en plein essor. l’abandon du site de Lefkandi. d’autant plus que Mégariens et Milésiens se trouvaient alors en concurrence dans la Propontide et le Pont-Euxin . attestée pour l’extrême fin du viiie s. y compris sa partie orientale. à vrai dire. 732). très rapidement conflictuelles. a été confirmée encore par l’apparition de ce nom même dans les archives mycéniennes de la Cadmée de Thèbes. plus d’un siècle après. Inschr. par Thucydide. évoquant par ailleurs l’activité coloniale de cette cité dans le Pont-Euxin et faisant mention des gens de Mégare en tant qu’adversaires des Milésiens (P. tel est justement le contexte indiqué par . au surplus. comme Corinthe. sans abandonner pour autant le vieux bourg d’Amarynthos. Même si l’enchaînement des faits ne peut pas être reconstitué. impose de dater la phase panhellénique du conflit de la fin de l’époque archaïque seulement. à la guerre « lélantine » quand Milet prit le parti d’Érétrie et Samos celui de Chalcis. Vers 580. chose qui. von Milet VI 2. sans doute au profit de Chalcis. cf. hippotrophia. comme le suggère un jeune historien roumain. comme le relève Strabon en citant un ouvrage perdu d’Aristote. 8. puisque c’est seulement au début du vie siècle que se constitue un État thessalien très actif en Grèce centrale et dans l’Amphictionie pyléo-delphique. dans une zone dès alors colonisée par les Érétriens (établissement de Rhaikélos 8 non loin de Méthone et de la future Dikaia). Viviers. puisque celui-ci put visiblement compter sur leur appui pour mener à bien ses affaires en Thrace. Bull. avec du reste un débouché sur le golfe Euboïque en Malide 7. Khalikideis. De fait.). p. du reste Chalcis et Érétrie se trouvaient également à l’aube de grands changements politiques. Olynth. p. épigr. l’auteur de la Politique. Localisation : cf. Les jours de ce régime n’en étaient pas moins comptés. D. L’État thessalien . etc. XV 2-3) que l’oligarchie des hippeis était encore au pouvoir à Érétrie à l’époque du retour à Athènes du tyran Pisistrate. Jusque-là. 308. en revanche. d’après l’historien Konon (résumé dans la Bibliothèque de Photoius. 1995. qui était de caractère nettement censitaire (apo timèmatôn) pour l’accès aux magistratures. « Peissitratos’ Establishment on the Thermaic Gulf : a connection with Eretrian colonization ? ». cité toute voisine et donc a priori rivale d’Érétrie. des Carystiens et des Érétriens (Erétriéôn chôron). 8 C 447 : hé tôn Hippobotôn kalouménè politieia). les Hippobotai ou « éleveurs de chevaux ». en effet. que Chalcis et Érétrie avaient fondé notamment leurs colonies de Chalcidique : « lorsque prévalait le régime politique dit des Hippobotes » (X 1. chose que paraît confirmer un papyrus d’Oxyrhinchos (n° 2508) contenant les bribes d’un poème élégiaque qui fait mention côte à côte. dans le territoire d’Aineia . le pouvoir y avait été exercé par les membres d’une aristocratie équestre. Adrian Robu. M. qu’il faut placer son renversement par un certain Diagoras. 218. M. Il ressort d’autre part d’Hérodote V 99 (cf. Le fait que les Thessaliens aient participé à cette guerre aux côtés de Chalcis (Plutarque. Zarhnt. Erot. De fait. il est loisible d’y rattacher divers épisodes guerriers que nous font connaître d’autres sources littéraires ou documentaires : ainsi. Helly. La guerre « lélantine » n’a pu. Ce conflit ayant pu se développer sur plusieurs théâtres d’opération. vers 545. . il paraît y avoir eu rivalité aiguë entre ces deux cités lors de la fondation d’Héraclée Pontique vers 560-550. 186. car c’est encore avant la fin du vie s. 7. 1987. qui met ce comptoir au cap Karabournou. C’est sous leur domination. avec une cavalerie dont le rôle était « autrefois » — donc bien avant le ive siècle — prédominant dans la conduite de la guerre chez les Érétriens et les Chalcidiens notamment (Pol. une guerre livrée par les Milésiens en Eubée même contre les gens de Carystos. dans un contexte militaire. Athénaiôn Politieia. Voir B. aussi Aristote.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 601 l’épigramme 6. JHS 197. dans une thèse tout récemment soutenue sur la colonisation mégarienne. IV 1289b 35 : oion Eretrieis. dont Aristote est ici encore pratiquement 6. 17) est un argument supplémentaire en faveur d’une datation basse. 193-193. se prolonger après la conquête de l’Ionie par les Perses à partir du milieu du vie s. établit un lien explicite entre gouvernement oligarchique et élevage des chevaux. 44). Oligarchie des hippeis et « tyrannie » de Diagoras À cette date. Cela expliquerait qu’il ait pu ou dû. ce qui ne surprend guère quand on sait le rôle des alliances matrimoniales dans la société aristocratique et « tyrannique » grecque : deux exemples mettant précisément en scène un Érétrien. directement ou indirectement. ce qui amena les Érétriens à lui élever une « statue-portrait ».602 DENIS KNOEPFLER seul à faire mention (V 6. chassés d’Athènes en 510. appartenant aux Eupatrides ». ou une Érétrienne. ou plus récemment encore. vers 508. Mais à cette datation basse on a préféré généralement la chronologie plus haute préconisée par Fr. il faut pratiquement dans tous les cas en supposer l’existence. à un certain moment. mais seules de rares citations en ont été conservées. Robinson. W. n’est pas expressément attestée. Force serait donc de voir en Diagoras un « bon tyran » à la manière de Pisistrate (comme le fait Walker avec décision) ou au moins une espèce de Solon érétrien. puisque les Pisistratides. 1306a). 2006. dont une concerne justement ce Diagoras : en route pour Sparte. The First Democracies. cf. 1516 . quitter sa patrie et qu’il ait été honoré post mortem par une statue (honneur si considérable pour l’époque archaïque qu’on pourrait y voir un anachronisme. Claudia de Oliveira Gomes. Cette conclusion paraît effectivement raisonnable. En témoigne du reste un petit document parmi les inscriptions archaïques d’Érétrie. En revanche. ne purent apparemment plus bénéficier de l’appui des hippeis d’Érétrie. à celle d’Athènes. À défaut d’indice chronologique précis. Eupatridôn (IG I3. on a longtemps été tenté de placer cette révolution « démocratique » le plus tard possible. épigr. ont pu être évoqués. le personnage serait décédé à Corinthe. eikôn (Héraclide Lembos = FHG II 217). Stuttgart 1997. dont Diagoras aurait été l’émule. 1906). de caractère « démagogique ». 213). les premières statues 9. il apparaît de plus en plus clairement. qui a toutefois cru pouvoir faire un très audacieux pas supplémentaire en admettant que ces trois décennies correspondaient à la durée effective du « règne » de Diagoras. puisque Solon lui-même ne paraît pas y avoir eu droit. Bull. paru à Rennes en 2007. maintenant l’équilibre entre les prérogatives des anciens oligarques et les nouvelles aspirations populaires. Mais à quel moment situer le coup d’État de Diagoras ? On le saurait sans doute mieux si l’on possédait encore la « Constitution des Érétriens » (Erétriôn Politieia) produite vers 330 par l’École d’Aristote . La cité tyrannique. dont la tyrannie aurait été ainsi plus longue que celle de Pisistrate ou de Périandre ! Hypothèse bien invraisemblable. qui situe la chose entre 540 et 510. qui montrent combien cette aristocratie terrienne était liée. . dans le sillage de l’instauration de la démocratie à Athènes par Clisthène. La cause de cette katalysis (« dissolution ») aurait été un mariage. au vu de plusieurs travaux récents sur les débuts de la démocratie grecque — même si ceux-ci ignorent superbement l’exemple érétrien pourtant tout voisin d’Athènes 9 — que nulle part ne s’observe un passage direct de l’oligarchie à la démocratie : quand une phase de transition. Lysanias. Ainsi E. Histoire politique de la Grèce archaïque. l’épitaphe fort remarquable et souvent commentée (encore récemment) d’un certain « Chairiôn d’Athènes. Geyer (Topographie und Geschichte der Insel Euboia. Koisyra. et elle est adoptée maintenant par Walker (Archaic Eretria). par exemple. 2008. à l’heure de 10. Griechische Staatskunde. pu exister dans cette cité. Darmstadt 1967. cf. amis des tyrans athéniens. Munich 1926 . En conclusion. avec l’aide au moins passive des Érétriens. du reste. puis sur l’élément populaire. 549 . . Diagoras d’Érétrie se distingue néanmoins sur un point fondamental d’un législateur comme Solon : c’est précisément par le fait qu’il est l’auteur d’un acte révolutionnaire qui met fin au régime ancestral. Pol. De fait. Décrets érétriens n° I) ne saurait être antérieur à 500 et doit même être sensiblement postérieur à cette date (cela a pu être démontré en séminaire). Il dut avoir la sagesse de ne pas s’accrocher au pouvoir lorsque se produisit à Athènes la révolution de Clisthène. Griechische Tyrannis. Une cité dans la tourmente des guerres médiques : les Érétriens en expédition à Chypre et en déportation à Arderrika de Susiane Ce n’est donc. épigr. dans sa liste des « thalassocraties ». Bull. On est ainsi acculé à penser que si Diagoras a pu renverser les hippeis solidement installés au pouvoir depuis des générations. V 12. en somme. En 490. grand personnage allié aux tyrans de Sicyone). chose qui avait été pressentie par certains historiens modernes 10. Ainsi déjà Busolt-Swoboda. qu’inaugurer ce culte des libérateurs qui apparaissait aux yeux d’un Cicéron encore (voir son Pro Milone) comme une pratique typiquement hellénique. leurs premiers revers. dont le nom même n’est pas connu ou n’apparaît qu’incidemment (celui de Lysanias. 1316a 22) — connaissait une période plus ou moins prolongée de tyrannie ? D’autres tyrans ont. Berve. surtout H. que bien peu d’années avant le début du conflit avec l’Empire perse qu’Érétrie dut entrer en « isonomie ». Ce qui est certain — quoi qu’on en ait dit encore récemment (ainsi Walker) — c’est que le plus ancien document attestant l’existence à Érétrie du régime démocratique (IG XII Suppl. en fin de compte. c’est précisément en 506 que la Chronique d’Eusèbe. Or. sans doute au sortir d’un bref intermède de tyrannie populaire : cette réforme constitutionnelle pourrait devoir être mise en relation plus ou moins directe avec la mainmise des Athéniens sur les terres des « hippobotes » chalcidiens (Hérodote V 77 . à la patrios politeia. le peuple d’Érétrie n’aurait fait. fait commencer la période où Érétrie aurait été la principale puissance navale. il paraît probable que Diagoras fut à Érétrie l’homme qui sut saisir l’occasion de débarrasser sa cité d’un régime obsolète en s’appuyant d’abord sur une faction d’aristocrates mécontents. Ainsi rendrait-on compte au mieux de ce que le personnage ait été grandement honoré par ses compatriotes : en votant une statue à ce « dissoluteur » de l’oligarchie des hippeis. 236). vers 514. n’aurait-il pas été bien étonnant que l’Érétrie archaïque eût échappé à cette forme de pouvoir. cf. cela à un moment où les fils de Pisistrate connaissaient. provoquant ainsi une rupture dans l’histoire de la cité.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 603 honorifiques à Athènes étant celles des tyrannoctones Harmodios et Aristogiton peu après 508). cf. c’est qu’il eut bel et bien le pouvoir d’un tyran. quand pratiquement toutes les grandes cités — y compris sa voisine Chalcis (cf. Aristote. ce qui lui valut d’être chanté par le poète Simonide de Kéos dans une épigramme malheureusement perdue. Gr. 165-190 (cf. sous prétexte qu’il contient une évidente erreur chronologique (l’expédition vers Chypre ayant eu lieu après et non point avant la marche contre Sardes) . Dikaios et S. Malgré la faiblesse de leurs effectifs (quelques centaines d’hommes transportés sur cinq vaisseaux). Hérodote n’a pas méconnu ce haut fait. entre autres émissions chypriotes des alentours de 500. p. tandis que les Érétriens disposaient certainement d’au moins vingt navires. la belle dédicace d’un collège de « marins éternels ». le régime des hippeis appartenait en tout cas au passé de la cité. accuse le grand historien d’avoir passé sous silence leur principal exploit. Recueil d’inscriptions politiques et juridiques de l’archaïsme grec. qui la date comme toujours beaucoup trop haut. capitale régionale de l’Empire perse. Quaest. celle d’un atelier inconnu. p. n° 91. qui avait fait connaître. 1935. les Érétriens s’illustrèrent durant l’expédition contre Sardes. à la fin du ve s. même si Plutarque. Van Effenterre-F. Aeinautai 12 (le mot lui-même était déjà attesté une fois. P. 13. on a négligé un témoignage numismatique d’un grand intérêt. de toute nécessité. 12. puisque leur chef. D’autre part et surtout. 32). Ruzé. Dès 499 les Érétriens s’étaient engagés aux côtés des Athéniens dans le soulèvement des cités de l’Ionie contre le Grand Roi. qu’ils furent pratiquement les seuls Grecs continentaux à venir au secours de leurs frères d’Ionie (V 99). de même qu’on doit. amender le texte pour faire du complément bκ Κuπρου non pas la patrie des adversaires des Grecs en cette bataille navale (les Chypriotes ayant été d’emblée les alliés des Ioniens). dont le type de droit est certes assez commun (gueule de lion). infiniment plus rare. Reprise en dernier lieu chez H. dont cet auteur dit avoir trouvé la mention dans les Eretri(a)ka d’un certain Lysanias de Mallos (FGHist 426 F) : à savoir leur participation à une expédition navale destinée à repousser la flotte perse. fourni dès 1935 par un trésor monétaire trouvé fortuitement à Larnaka 13 (l’ancienne Kition). pour Milet — chose notable — par un texte de Plutarque. par quoi ils avaient contribué à la victoire des forces ioniennes sur les Chypriotes au large de la Pamphylie. en vertu d’une ancienne alliance. On a noté au passage que si les autres Eubéens s’abstinrent. Ce texte tardif a été le plus souvent rejeté ou ignoré. et non point par crainte de leurs désormais puissants voisins d’Athènes. qui leur permettaient de contrôler le trafic maritime dans tout le canal euboïque (au témoignage d’une célèbre inscription archaïque 11) . ce qui explique la rigueur du châtiment qu’ils eurent à subir. 1937) = IGCH n° 1272. . alors que celui du revers. l’athlète Eualkidas. Déjà le témoignage d’Hérodote est révélateur. Robinson Num. puisqu’il en ressort que c’est pour aider les gens de Milet. Walker. mais il est aisé de la rectifier sans compromettre l’information de base.604 DENIS KNOEPFLER l’attaque perse. mais le simple point de départ de la flotte perse en marche contre l’Ionie. perdit la vie en combattant. dans son traité Sur la Malignité d’Hérodote. 127. Chron. On a fait valoir les raisons de penser que leur engagement fut plus considérable qu’on ne le croit. Cf. c’est qu’ils n’avaient pas ou plus de flotte à cette date. 1. imite très fidèlement l’octapode ou 11. cette orientation vers les choses de la mer transparaît en d’autres documents érétriens : ainsi. encore. SEG XXXIV 898. 54-56 . ce bovidé. elle se trouve en face de la pointe orientale de Chypre. p. évitant ainsi de voir des traîtres ouvrir aux Perses les portes de la ville. En effet. euboia). Si l’éditrice. En réalité. la numismate suisse S. C’est donc la preuve qu’un roi chypriote. Egetmeyer. étant en quelque sorte l’emblème de l’Eubée riche en bovins. grâce à un exemplaire de grand module — aujourd’hui au Cabinet des Médailles de Paris — le nom du souverain qui les avait émises. alors que les Athéniens. A-ri-si-to-pato. au droit. ne laissant pas aux habitants le moyen de livrer bataille dans de bonnes conditions. les Perses se rapprochèrent le plus possible de la ville d’Érétrie par voie de mer. Kadmos 46. dans la baie même où se livra la bataille navale. est Téménos. le nom authentique. au moment de l’expédition de 499. bous. Hurter. colonie d’Érétrie sur la côte thrace. qu’il faut chercher sur le littoral s’étendant d’Érétrie à Amarynthos. obligés de s’enfermer dans leurs murs. Mais de cet auteur on n’a rien conservé d’autre. le premier des trois bourgs érétriens mentionnés par Hérodote dans ce contexte ne s’appelait pas Tamynai : ce nom résulte d’une correction érudite au xviiie s. pas plus qu’est due au hasard la présence des types érétriens dans le monnayage de Dikaia. exactement comme les deux autres localités (Aigilea/Aigalè et 14. a bien compris l’intérêt historique de ce trésor. eux. contrairement à ce que donnent à penser la plupart les éditeurs et traducteurs. . ayant vécu temporairement à Athènes. Après un premier débarquement à Carystos. Son récit de l’expédition punitive envoyée par Darius contre les Athéniens et les Érétriens témoigne en tout cas de sa connaissance des réalités topographiques (VI 100-101). c’est-à-dire Aristophantos 14. qui aurait dû être abandonnée depuis longtemps. le témoignage de Plutarque lui a échappé (comme à tous ses devanciers). S. peut-être à Marion ou mieux à Soloi. L’essentiel de ce que l’on sait sur les péripéties de la cité pendant la première guerre médique (490) vient d’Hérodote qui. dont on situera la capitale sur la côte nord de l’île. qui seul permet de comprendre la raison d’être des émissions du roi Aristophantos. devait être bien informé sur la grande île voisine. aussi M. en face de la Pamphylie. Quaderni Ticinesi 2006. pour l’inscription cf. un nouveau trésor est venu non seulement confirmer que ces monnaies circulaient avec celles d’Érétrie même (comme l’avait fait voir dès 1978 le célèbre trésor d’Asyut en Égypte) mais apporter. patrie de l’historien Lysanias. eurent le temps de se porter contre l’ennemi débarqué à Marathon. Quant à la cité de Mallos. une vache se retournant pour lécher son sabot. à une bonne vingtaine de km au nord-est de la ville. ils ne purent résister bien longtemps et furent victimes d’une trahison. et cette proximité géographique pourrait bien être à l’origine de l’intérêt qu’un citoyen d’une ville cilicienne fut amené à porter à l’histoire d’Érétrie. Hurter. ce qui explique assez pourquoi. Tout récemment.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 605 poulpe des monnaies frappées à Érétrie (avec.. car on sait aujourd’hui que Tamynai était non pas une localité côtière (près d’Aliveri) mais une bourgade située à l’intérieur des terres (près d’Avlonari). dans les manuscrits. Une telle convergence ne saurait être fortuite. voulut marquer ainsi son alliance avec les Érétriens venus à son secours. 2007 (2008). soit (en syllabaire local). que l’on constate l’adoption de cette version chez les auteurs de l’époque impériale (Seconde sophistique). c’est que le malheur même des Érétriens donnait un relief accru au courage et à la valeur militaire des fils d’Athènes face à un tel adversaire. 16. Platon lui-même s’en fit le garant dans le Ménéxène (40 B-C) d’abord à travers le discours patriotique de Socrate — censé reproduire un logos épitaphios d’Aspasie. à l’anéantissement de la ville (destruction si totale que son site en ruine aurait encore été visible. puisque. Ce n’est pas sans étonnement. Mais ce succès s’explique bien. d’autre part. Dès une époque relativement ancienne. dans un îlot extrêmement exigu de la rade de Styra. livrée au flamme — l’étendue de la destruction est l’objet d’une vive discussion entre archéologues (notamment sur le point de savoir dans quelle mesure fut détruit le temple d’Apollon Daphnéphoros. avant J. Knoepfler. non loin de la baie de Marathon. 2001.. dont la portée historique est assez faible. ce qui eut à la fois un effet positif et un effet négatif pour le peuple des Érétriens : si la ville elle-même fut. sous une forme certes un peu atténuée. p. d’Hérodote. comme une rumeur propagée par les Perses eux-mêmes et non nécessairement avérée. 103 sqq. la méthode de la sagèneia était clairement inapplicable. quelques jours durant. c’est qu’un certain nombre d’Érétriens furent effectivement emmenés en captivité jusque à Suse. p.. en réalité. échapper à la vindicte des Perses. puisque ces malheureux purent être tous parqués. C’est donc à une faible distance de la ville que les Perses débarquèrent. quoi qu’ait prétendu la tradition historiographique en dehors d’Hérodote. en revanche. décrite. Moggi. 1986. en effet. Pour la situation desquelles voir D. à la capture de toute la population par l’application de la tactique dite de la « prise au filet » (sagèneia). auteur d’une histoire de l’Attique déjà connue de Thucydide 16. la tendance a été de dramatiser à l’extrême la prise d’Érétrie. Studi Classici e Orientali 17. Il s’agit donc bien d’un discours idéologique. il est vrai. sinon à la mort. le récit de l’historien des guerres médiques prouve que le chiffre des prisonniers fut relativement modeste. bon nombre de citoyens vivant à la campagne put. au moins partiellement. achevé une quinzaine d’années plus tôt) — et si la population urbaine eut à l’évidence beaucoup à souffrir de cette attaque. par Hérodote lui-même (III 149 et surtout VI 32). On peut admettre cependant qu’il reposait en dernière analyse sur une tradition remontant peut-être à Hellanicos de Lesbos. mais en d’autres circonstances. 213 sq. résidence du roi Darius : le récit d’Hérodote 15. En fait. sous le nom de Palaia Eretria. Si les Athéniens étaient attachés à cette version. Décrets érétriens. Ces deux passages convergents prouvent donc qu’il existait à Athènes une tradition bien accréditée selon laquelle aucun Érétrien n’avait échappé à la captivité. bien plus crédible. dès le début du ive s. des siècles après l’événement selon Strabon) et. maîtresse de Périclès — puis dans les Lois (III 698 C-D).606 DENIS KNOEPFLER Choiriéai 15). Mais on signalera que pour M. Ce qui est sûr. d’une part. Platon n’a pas eu d’autre source qu’Hérodote. au mépris de celle. dès lors.-C. qui aurait abouti. . Pour un territoire aussi vaste que l’était dès alors l’Érétriade. à l’extrême fin de l’époque hellénistique. cela ne prouve évidemment pas qu’ils existaient toujours à l’époque d’Auguste. prédicateur et thaumaturge Apollonios de Tyane au cours du long voyage qu’il aurait fait jusqu’en Inde. qui précise que ces prisonniers — après un très long voyage — furent installés à une quarantaine de km de la capitale de l’Empire. 24). évoque encore ces Érétriens établis en Gordyène (XVII 1. qui fourmille d’invraisemblances et d’anachronismes. De ces témoignages se dégage l’impression que vers la fin du ive s. le professeur montre que tel est bien le caractère de cette prétendue visite. Dans un mémoire en préparation depuis longtemps.. Pour le sens de archaios/palaios chez Hdt. leurs monuments funéraires et honorifiques (pour les rois des Perses. On est d’autant plus surpris d’apprendre que le village des Érétriens aurait encore été visité.-C.-C. . voir Edm. à situer vers 440. leurs activités professionnelles. de Darius le Grand à Daridaios. on a pu montrer que le souvenir d’une population grecque installée au cœur de l’Empire perse subsistait chez les historiens d’Alexandre (ainsi Quinte-Curce comme aussi Diodore) et d’abord. Mais quel fut après cette date. Mais ce long excursus sur la situation des Érétriens. avec cet exemple. il put visiblement recueillir de la bouche d’un témoin oculaire des informations sur les Érétriens d’Arderrika. le sort des Érétriens d’Arderrika ? Si Xénophon. à proximité — relève l’historien (VI 119) — d’un « puits extraordinaire » fournissant trois produits différents : « car on y puise du bitume (asphaltos). Dès lors. du sel (hals) et de l’huile (élaion) » : nul doute. puisqu’il les décrit comme parlant toujours. cette population d’ores et déjà bilingue (diglôssos) n’était plus très éloignée de perdre définitivement son identité . on peut identifier sûrement ce témoin au médecin Ctésias de Cnide. comme cela a été reconnu de longue date. ne les mentionne pas dans son Anabase. bien sûr. alias Dareiaios ou Darius II. J.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 607 en porte témoignage. chose normale du reste. comporte un nombre élevé d’épisodes entièrement fictifs. à Arderrika. Lévy. c’est-à-dire leur parler d’origine 17. mort en 404) remonte manifestement à un témoin oculaire beaucoup plus ancien. Ktéma 2007. au milieu du ier siècle de notre ère. cet extrait de la romanesque Vie 17. mais sa biographie. que ces déportés se trouvèrent ainsi placés dans les parages d’un puits de pétrole. qui nous est connue essentiellement par la Vie d’Apollonios du sophiste Philostrate. dans les sources contemporaines (perdues). par le philosophe. leur ancienne langue (tèn archaian glôssan). car si Strabon. non sans confusion parfois sur leur origine ethnique ou sur le lieu de leur déportation. Le personnage est certainement historique. qui séjourna à la cour de Suse aux alentours de 400 avant J. à l’époque où lui-même écrivait (mekhri emeou). nom signifiant du reste « Eau bitumineuse ») demeure d’autant plus problématique qu’on est là dans une zone bouleversée par l’exploitation industrielle du précieux liquide et peut-être par les récents affrontements entre l’Iran et l’Irak. leur état de santé. Sur la base d’indices remarquablement convergents. Si Hérodote n’a pas nécessairement décrit cet endroit de visu. au début du iiie siècle ap. le premier qui soit attesté dans l’histoire de l’humanité ! Mais sa localisation dans la région de Dizful (peut-être à Kir-Ab. est sensiblement plus courte. et qui subsiste pour l’essentiel. . au moins. fournissant ainsi la preuve définitive que Ctésias était à la cour des Achéménides depuis 404 au moins. c’est une nouvelle période qui s’ouvre avec la mainmise romaine sur la Grèce. surtout.) On résumera ici plus succinctement la partie du cours qui a été consacrée à l’histoire de la cité après la période de domination athénienne (446-411). ce qui différencie les inscriptions érétriennes traditionnelles des monuments gravés selon le nouvel alphabet. Car c’est précisément l’expansion consécutive à l’année 411 qui donne à l’État érétrien la forme et les structures qu’il conservera intactes. de la part du professeur. J. du nom du plus célèbre des citoyens d’Érétrie. la libération d’Érétrie à l’automne 411 ouvre une période qui a fait l’objet. Mais l’auteur est convaincu que cette courte période d’autonomie et de prospérité relatives pour les Érétriens forme en réalité un tout.608 DENIS KNOEPFLER d’Apollonios devra être considéré. comme un « fragment » supplémentaire. En effet. Lenfant). jusqu’ici méconnu. selon toute vraisemblance. les descendants des prisonniers de 490 non seulement parlaient toujours le grec. jusqu’à la fin de la domination macédonienne au moins. ne s’étendant guère que de la fin du ive s. plus précisément de la guerre appelée lamiaque (323-322) à celle dite de Chrémonidès (268/7-261/1)..-C. dit attico-ionien. À l’extrême fin du ve s. On a fait voir aux auditeurs. toutes deux en relation avec l’histoire des cités dans leurs rapports avec la monarchie macédonienne. le vieil alphabet eubéen « épichorique ». sur le plan institutionnel et social. utilisant pour cela. 194 ou 191. pour son noyau essentiel. « La Cité de Ménédème » (IVe-IIIe siècles avant J. en dépit d’une longue série de vicissitudes. d’assez nombreuses études — travaux auxquels il est aisé de renvoyer le lecteur curieux d’en savoir davantage ou de mesurer la complexité des problèmes — et qui. De fait. L’époque qui mérite pleinement l’appellation de « siècle de Ménédème ». voire seulement 167 ou 146. avec ce qui précède comme avec ce qui suit immédiatement. destiné à paraître sous le titre de La cité de Ménédème. par plusieurs exemples examinés en séminaire. comme l’atteste en particulier un célèbre décret de l’année 411. alors qu’à Érétrie même celui-ci était justement en passe de sortir complètement de l’usage. autant qu’on en puisse juger. au milieu du iiie s. d’un grand intérêt pour la biographie du personnage. quelle que soit la date précise qu’il faille arrêter dans le cas d’Érétrie et de l’Eubée : 198. il est vrai. puisque du chiffre 88 indiqué par Philostrate pour le nombre d’années pendant lequel les Érétriens continuèrent à faire usage de l’écriture il devient possible d’inférer que le passage de Ctésias à Arderrika (probablement lors d’un déplacement de Suse à Ecbatane en compagnie de son royal patient Artaxerxès II) eut lieu exactement en 402 av..-C. Il y a donc bien une « Cité de Ménédème » qui se met en place dès le début du ive s. jusqu’à l’extrême fin du iiie s. des Persika de Ctésias (ouvrage récemment édité dans la Collection des Universités de France par les soins de D. doit être présentée de manière synthétique dans un ouvrage en préparation. mais ils l’écrivaient encore.. au témoignage de Pausanaias (I 29. Il a ainsi été possible de faire le point sur plusieurs documents athéniens mentionnant les Érétriens. soient les restes du tombeau public évoqué (certainement de seconde main) par Pausanias : jusqu’ici. épigr. Ainsi s’explique également qu’il ait utilisé le terme de épiteichisma (à ne pas corriger en teichisma avec la plupart des éditeurs) pour désigner le fort où quelques Athéniens purent se réfugier à l’issue de la bataille navale . Bull. Érétrie dans les affres de la guerre civile. car ce fort situé probablement sur la presqu’île de Pezonisi. On a montré que le récit de Thucydide (VIII 95) contenait une indication dont l’importance avait totalement échappé jusqu’ici aux commentateurs. il importait de reconsidérer une phase particulièrement troublée de l’histoire de la cité. On a contesté également que deux fragments d’une liste — dont un tout récemment publié (cf. un grand monument du Dèmosion Sèma athénien.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 609 Dans cette longue tranche d’histoire. L’arrière-plan politique de la libération de la cité. aucun vestige assuré ne paraît subsister du monument élevé pour les Athéniens morts à Érétrie en 411. entre 366 (date où la tyrannie fait son apparition pour Érétrie dans les sources littéraires). À la lumière de cette importante inscription. l’ancien teichisma était donc devenu un épiteichisma. On s’est demandé d’autre part. par conséquent. un fort installé en territoire ennemi. suite à la défaite des oligarques athéniens devant le port d’Érétrie en 411. 24) — d’Athéniens morts à la guerre. en séance de séminaire. publiée en 2002-2003 par les soins du professeur. dont le professeur avait montré naguère qu’il ne pouvait s’appliquer à la . époque où Thucydide rédigeait ce livre VIII. les questions qui ont été proposées à l’attention et à la critique des auditeurs ont été principalement les suivantes : I. comme en témoigne indirectement le compte des Hellénotames de l’année 409 (conservé au Louvre) : depuis 411 et jusqu’en 405. II. en particulier le décret IG II2 125. En effet. c’est faute d’avoir eu le loisir de revoir ce livre VIII. Il est apparu que cette opinion conduisait à une impasse et que le texte en question n’avait rien à voir avec les événements des années 413-411 (grande expédition de Sicile et campagnes subséquentes) mais qu’il devait être rapporté à des péripéties militaires diverses survenues en l’an 424. demeura en mains athéniennes même après la perte de l’Eubée. s’il a omis de le dire pour Érétrie. 2005. et 341 (époque où le tyran Kleitarchos fut abattu manu militari au terme d’une expédition menée par Athènes dans le but de libérer l’Eubée de l’emprise du roi Philippe de Macédoine). La nouvelle loi contre la tyrannie. clairement inachevé. si les Athéniens ont pu croire qu’ils avaient affaire à une cité « amie ». Thucydide l’a expressément signalé pour d’autres cités comme Thasos . ce qu’il n’était à l’évidence pas lors de la bataille de 411 : c’est un autre indice d’inachèvement de la rédaction. ce n’est point par naïveté ou aveuglement : c’est parce que les Érétriens avaient adopté précédemment le régime oligarchique prôné par les Quatre-Cents à Athènes . à la sortie du port. 13). si les historiens modernes étaient fondés à mettre en relation avec cette bataille l’épigramme qui surmontait. le professeur en donnera très prochainement une réédition critique — assortie pour la première fois d’une traduction française — dans le cadre de ses recherches archéologiques sur l’Artémision d’Amarynthos. qui mène la cité au bord de la guerre civile : « pauvres et malheureux Érétriens ». l’œuvre du seul parti démocratique installé à Porthmos avant son expulsion en 342 : ce texte législatif est certes constitué de strates successives. Si un nouveau supplément proposé par l’historien britannique Robert Parker a pu être d’emblée accepté. 68). C’était l’occasion aussi de reprendre en séminaire l’examen du règlement instituant un concours musical aux Artémisia. les Érétriens connaissent une nouvelle et ultime phase de tyrannie en 342 -341. Bull. les victimes à sacrifier. un écart de quelques années entre elle et la loi contre la tyrannie). III. qui voudrait distinguer pas moins de trois lois dans cet ensemble. la dernière pouvant être. p. reste le lieu d’exposition le plus vraisemblable de cette grande stèle. jusqu’à preuve du contraire. L’importance de cette biographie pour l’histoire de la Grèce à la fin du ive et plus encore au début du iiie s. Temporairement libérés de leur « tyran » Ploutarchos (allié de Midias. 2007. non pas la forteresse de Porthmos. a été largement entérinée par les spécialistes (cf. Il est apparu que le commentaire en était à reprendre sur plus d’un point. C’est manifestement à cette époque de lutte intense contre Kleitarchos et ses acolytes que se réfère. dans sa partie la plus originale. et tient d’un autre côté au fait que le récit de Diogène Laërce s’appuie en dernière analyse sur un noyau pratiquement contemporain. de toute nécessité. car cette belle inscription publiée il y a plus d’un siècle appartient manifestement au même contexte politique (même s’il faut admettre. datation qui. Chemin faisant. mais il a été tout entier réécrit au moment de la libération (comme la loi d’Eukratès à Athènes en 336). ZPE 161. l’emplacement de la fête. Les fondements chronologiques de la biographie du philosophe et homme d’État Ménédème et les décrets d’Érétrie entre 323 et 304. . n’est plus à démontrer : elle s’explique d’un côté par le fait que Ménédème a côtoyé bien des souverains hellénistiques et qu’il a lui-même exercé de hautes charges dans sa cité. le professeur a dû combattre en revanche l’interprétation et la chronologie d’une jeune historienne allemande (A. on a examiné quelques problèmes subsistant dans la restitution et l’interprétation de ce texte amputé. alors que les sources historiographiques font dramatiquement défaut . la manière d’organiser la guérilla contre les adversaires du régime démocratique (fort précisément défini comme étant la politeia où tous les citoyens sont admis au tirage au sort donnant accès à la boulè). épigr. le déroulement de la procession. avec les restitutions nouvelles qu’elle impliquait. 2008 n° 265). s’exclame l’auteur de la Midienne dans un discours de l’hiver 342/1 (IX 66). l’œuvre du biographe Antigone de Carystos. dans les termes les plus précis. Dössel : cf. la loi votée au lendemain de la libération de 341. le sens de plusieurs expressions ayant été méconnu : cela concerne en particulier le calendrier. etc. Lambert. selon elle. l’ennemi personnel de Démosthène). en dernier lieu S. puisqu’elle prévoit. et c’est l’Artémision d’Amarynthos qui.610 DENIS KNOEPFLER conjoncture de 357 mais devait être rapporté aux événements dramatiques de l’année 348 et ne datait lui-même que des alentours de 343. Mégariens et Érétriens ayant été alors parmi les très rares peuples à demeurer fidèles au régent Antipatros. alors que la leçon authentique lui donne en réalité 84 ans d’existence. plusieurs années après qu’il eut été obligé de fuir sa patrie pour des raisons politiques. précédée des deux divinités . n° VI-XIV). Ce fut le cas en particulier. où l’on a fait voir qu’il fallait reconnaître. son décès n’est survenu que vers 262. s’ajoutant à la conviction que Ménédème était mort à 74 ans. cependant. entre 322 et 310 environ de faire les longs séjours de formation à l’étranger qu’évoque le biographe. d’une inscription érétrienne particulièrement fameuse. En 1991. on a essayé de reconstituer. Or. Mais les informations fournies par ce texte ne sont utilisables que si elles peuvent être datées. Le professeur a pu montrer en effet aux auditeurs que seul le soulèvement de la plupart des cités de Grèce propre contre le pouvoir macédonien à la mort d’Alexandre en 323. permettait de rendre compte de cette opération insolite. Par ailleurs. datable des années 315-310. donnée à la leçon de la vulgate pour l’âge de Ménédème. eut tout le loisir. philologiquement injustifiée. Quelques-uns de ces documents ont été examinés en séances de séminaire. depuis l’historien Beloch en 1927. né vers 345/4. et c’est seulement après 304. tout à gauche. C’est donc dans ce cadre qu’il convient d’ordonner désormais les autres épisodes marquants de la biographie. document étudié naguère par le professseur dans le cadre d’un symposium du Collège de France organisé par son collègue Pierre Briant. que fût rendu à ses compatriotes le régime démocratique aboli ou suspendu après la prise de la ville par ce monarque 268/7 très probablement. les vicissitudes de la « cité de Ménédème ». Dès lors. qui faisait naître le philosophe vers 350 déjà et disparaître dès après cette victoire du roi Antigone sur les Galates. prolongeait son existence jusque vers 267. même s’il n’a pas été possible d’en envisager tous les aspects. : la préférence. elle conserve un fragment de sculpture en relief. à l’âge de 20 ans environ. du futur philosophe à Mégare comme garnisaire. soit 74 ans. Cette inscription parvenue au Musée épigraphique d’Athènes est malheureusement fort endommagée . une chronologie haute s’était imposée. où Ménédème né vers 339 seulement. de vives discussions : autour de la date-pivot qu’a constitué la bataille de Lysimacheia en 278. période particulièrement bien documentée (voir Décrets érétriens. tandis que.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 611 entre 300 et 250 environ. tout s’éclaire : Ménédème. outre un texte d’un intérêt capital sur le plan juridique et institutionnel. la convention pour l’assèchement du lac de Ptéchai. à l’aide cette fois des décrets érétriens parvenus jusqu’à nous. entre 322 et 301. la déesse-mère Léto tenant un sceptre. et pour l’interprétation duquel il a bénéficié des recherches de son élève et assistant Thierry Châtelain sur les modalités techniques d’une telle entreprise de drainage. voire plus tard encore. laps de temps pendant lequel il essaya en vain d’obtenir du roi Antigone. depuis au moins un siècle. le cadre chronologique de la Vie de Ménédème a été l’objet. on préférait à juste titre. son ancien élève. mais non sans rencontrer de sérieuses difficultés. qu’il a entamé sa carrière politique à Érétrie . Cette rallonge de dix ans a permis de dater correctement un épisode capital de la biographie : l’envoi. le professeur a pu démontrer que ces deux systèmes étaient l’un et l’autre rendus caducs par une erreur remontant à la fin du xviie s. une chronologie basse. sauvant ainsi sa cité de la menace « des tyrans ». qui l’avait prônée en 1960. Il sut également lui résister : dans un passage mal interprété ou même incorrectement édité. De fait. IV. quand ce fils d’Antigone le Borgne se rendit maître de toute la région : malgré l’autorité de Louis Robert. que s’est développée la carrière politique de Ménédème. le biographe indique qu’en tant que haut magistrat (proboulos). quand. décret non retrouvé . tandis que tout à droite figurait sans doute le dieu au nom duquel l’entrepreneur étranger Chairéphanès s’engageait vis-à-vis des Érétriens. De ce retour à la liberté vers 285 on a un témoignage épigraphique méconnu pendant plus d’un demimillénaire : c’est la « loi sacrée » copiée en 1436 par le célèbre voyageur Cyriaque d’Ancône. Ménédème fut plus d’une fois député auprès de lui par ses compatriotes : vers la fin du règne. Il n’en reste pas moins certain que la période béotienne d’Érétrie ne fut pas de longue durée. une somme colossale pour une cité de cette taille). C’est en bonne partie sous le règne de ce roi Démétrios Poliorcète. il fit obstacle à ceux qui cherchait à s’appuyer sur le roi pour établir une oligarchie. Proche à certains égards de ce souverain. Ménédème continua à exercer de hautes magistratures après le tournant de 287-286. décret qui fait état d’une libération de la cité et du rétablissement de la démocratie après le départ inopiné d’une garnison. il se vit confier la mission difficile d’obtenir un allègement de la très lourde dette que les Érétriens avaient accumulée (200 talents. Un tel épisode est parfaitement en situation dans la période 294-287. les ambassades de Ménédème avant et après le tournant de 286. partant pour l’Asie. toute vosine d’Érétrie — eut lieu dès 304. Mais cette exégèse si séduisante se heurte aujourd’hui à des objections dirimantes. Plusieurs documents attestent un prompt retour à l’autonomie et à ses institutions ancestrales : c’est déjà le cas du décret proposé par Ménédème en personne au lendemain de la victoire du roi Antigone à Lysimacheia en 278. époque de renouveau pour l’État fédéral béotien.612 DENIS KNOEPFLER majeures de la cité. Artémis Amarysia à la torche puis Apollon Daphéphoros (entièrement perdu) représenté avec la cithare comme sur un autre relief érétrien. puis leur restituer de fait leur autonomie. quand Démétrios imposait un régime de cette nature aux Athéniens eux-mêmes. Il faudra donc savoir y renoncer en faveur d’une datation au milieu des années 280. Depuis un fameux mémoire de Maurice Holleaux en 1897 — qui est un chef-d’œuvre insurpassable d’érudition critique et de rhétorique au service de l’intelligence historique — on a été convaincu que cette libération était à mettre en relation avec un épisode sensiblement plus ancien de l’histoire de l’Eubée dans ses rapports avec le Koinon béotien (Holleaux ayant su démontrer que la cité avait adhéré à la confédération voisine au moment de promulguer la loi en question). cette datation se heurte effet à des difficultés insurmontables : il faut donc abaisser l’époque de l’ambassade jusque vers 295. quand Oropos put être arrachée à la domination des Athéniens qui étaient alors les adversaires déclarés de Démétrios. dont Plutarque a laissé une biographie riche en informations. Mais il n’est plus possible d’admettre que la première ambassade du philosophe auprès de ce souverain — celle où il plaida « avec gravité » (et sans doute succès) la cause de la petite cité d’Oropos. le roi dut relâcher sa tutelle sur les cités de Grèce propre. La cité à l’époque du roi Démétrios. presque la moitié de l’Attique ou territoire d’Athènes . la loi sur les « technites dionysiaques » (acteurs et musiciens) émanant des quatre cités de l’île et datant à coup sûr de la domination de Démétrios Poliorcète (soit très probablement des années 295-287 environ). Bull. ont examiné avec les auditeurs une inscription eubéenne justement célèbre. 2007. gouverneur royal dont le nom figure en tête de ce document. elle a pu mettre en évidence l’intérêt exceptionnel de cette inscription. celle des phylai ou tribus. Wallace. C’est fort récemment seulement. qui put établir de façon incontestable que les quelque cinquante dèmes ou villages connus alors étaient regroupés en cinq « districts ». L’exposé du professeur a essayé de mettre en lumière les principales étapes de la recherche depuis plus d’un siècle. s’appelaient en fait chôroi. Il a montré qu’elles devaient être au nombre de six . Une étape importante fut franchie en 1947 avec l’étude du canadien W. comme cela fut plus tard démontré. n° 15). C’est d’une part que l’Érétriade ou Érétrique était un pays d’une étendue assez considérable. lesquels. La structure du corps civique et l’organisation du territoire à la haute époque hellénistique. épigr. un recensement complet de la population adulte mâle. qui n’est certes pas le moins intéressant. n° 327). qui témoigne éloquemment de la situation politique et financière critique d’Érétrie vers 260-250.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 613 mais conservé en partie par Diogène Laërce. La magistrature traditionnelle des probouloi survécut même à la mise sous tutelle de la cité après 267. C’est le reste d’une des six stèles où fut gravé. Tout récemment (2006). Bull. et c’est en fonction de cette division « tribale » que — sauf cas particulier (contexte militaire notamment) — se répartissaient les citoyens sur les grandes stèles conservées en totalité ou en partie. à la veille de la sécession d’Alexandre fils Cratère. à l’époque de Ménédème (dont le nom figure sur une des stèles). épigr. . 328). bien au-delà du cadre historique strictement eubéen (cf. Dans une séance de séminaire tenue le 18 avril 2008. l’historien danois Mogens Hansen a essayé de tirer parti de cette documentation désormais exploitable à des fins de démographie historique. que les travaux du professeur ont fait apparaître une structure qui avait été totalement négligée jusque-là. en revanche. quand apparurent les premières listes de citoyens portant un démotique. Il en a administré une nouvelle preuve en examinant un fragment encore inédit se rattachant à un morceau déjà connu (IG XII 9. le professeur d’abord puis surtout Mme Brigitte Le Guen. V. comme le prouve un décret publié par le professeur en 2001 (Décrets érétriens. qu’ils ont toutefois su adapter sans servilité aux réalités géographiques et démographiques locales. Spécialiste reconnue de l’histoire du théâtre grec en général et des associations d’artistes en particulier. 2007. et c’est d’autre part que les Érétriens ont visiblement été influencés par le modèle athénien. Sa méthode et les résultats obtenus ont fait l’objet d’une présentation critique (cf. Deux séances ont été finalement consacrées à cet aspect de l’enquête sur l’histoire d’Érétrie. 247). professeur à l’Université de Paris VIII. compte tenu du fait que très rares sont en définitive les cités qui offrent une documentation comparable sur les subdivisions territoriales et d’abord civiques. De fait. auteur d’une thèse maintenant achevée sur Les fortifications de l’Érétriade à l’époque classique et hellénistique. sur la base d’un témoignage décisif et d’un faisceau d’indices. bien sûr. secrétaire scientifique de École suisse d’achéologie en Grèce. a entretenu le public de ses recherches et de ses fouilles . qui est le garant du traité. contient une série de décrets portant sur les conditions et modalités de la réconciliation à effectuer au sein de la cité des Dikaiopolites. M. 2e fascicule (assorti des remarques du titulaire de la chaire lors de la communication faite par cet historien à l’Institut de France . de son économie et d’abord. 253-274. au site occupé aujourd’hui par la petite ville côtière de Nea Kallikrateia (à quelques 40 km de Thessalonique). Trouvée au printemps 2001 par le propriétaire d’un terrain situé sur une colline du village d’Aghia Paraskevi.-C. n° 263 et 339). on trouvera ici un bref résumé de sa présentation.. de son organisation. son exposé très richement illustré a montré tout ce qu’une exploration systématique du territoire apportait à la connaissance de la polis Eretriéôn. Ancient Macedonia. mais. cf. on connaît dans cette région d’autres colonies datant du ve siècle av. en grec moderne). 2008. chez Hérodote. qui s’est avéré être le véritable lieu de la découverte. vers 470 av. colonie d’Érétrie Le 30 mai 2008.). de son système de défense. aussi Bull. Sylvian Fachard. plus précisément de la pentékontaétia entre les guerres médiques et la guerre du Péloponnèse : c’est le cas de Bréa et surtout d’Amphipolis. d’un établissement archaïque et classique de caractère agricole). notamment avec la mention de cette cité entre Aineia et Potidaia dans la liste des théarodoques d’Épidaure. Papers read at the VIIth Symposium. si la colonie érétrienne de Dikaia été fondée seulement après les guerres médiques. longue de 105 lignes. . dans la basse vallée de l’Anthémonte.-C. En attendant le texte qu’il donnera dans les CRAI 2008. J. l’itinéraire de la flotte de Xerxès vers Thermè. cette inscription.614 DENIS KNOEPFLER Lors d’une séance de séminaire (16 mai 2008). Le texte est daté par la mention du roi Perdikkas III de Macédoine (365-359 av. Le premier résultat de l’étude a été de permettre de localiser la colonie érétrienne de Dikaia sur la côte orientale du golfe Thermaïque. La nouvelle inscription de Dikaia. La localisation de Dikaia sur la côte de la Crousside s’accorde parfaitement avec les témoignages épigraphiques. J. épig. J. non pas certes à l’endroit d’où proviendrait la stèle selon le paysan qui l’a remise au Service archéologique (malgré l’existence. le professeur Emmanuel Voutiras (Université de Thessalonique) a présenté le très important document qu’il vient de publier avec son collègue K. Mais cette objection peut aisément être écartée. à environ 15 km au sud-est de Thessalonique. La seule difficulté est que Dikaia ne figure pas dans l’énumération détaillée des bourgades côtières de la Crousside que fournit. (date limite basse).-C. là. Sismanidis. 2007 p. ainsi que le texte du serment par lequel ils s’engagent tous à maintenir la paix civile en respectant les accords et l’amnistie décrétés. au séminaire comme déjà dans le cours. toutes deux colonies athéniennes. il parvint à s’emparer de Potidée et de Toronè aux dépens des Chalcidiens. Ayant adhéré à la Seconde ligue athénienne dès sa fondation en 377 av. Mais en été 364 l’Athénien Timothéos revint avec une flotte plus importante et. exactement comme celui qu’ont révélé tout récemment. On notera cependant l’absence du rhotacisme.-C. Cette victoire permit sans doute à Perdikkas d’étendre son influence sur la Crousside. trait spécifiquement érétrien attesté au ve et dans la première moitié du ive s. à Érétrie même. y compris Dikaia. est purement érétrienne. cette zone du golfe Thermaïque limitrophe de la Confédération chalcidienne était devenue un enjeu important dans les manœuvres des grandes puissances. av. une cité de cette région. c’est la seconde explication qui paraît devoir être retenue. car elle contient des formes ioniennes qui se retrouvent dans les inscriptions d’Eubée (et en particulier d’Érétrie) et de la Chalcidique. il ne fait aucun doute qu’Apollon Daphnéphoros était la divinité principale de Dikaia comme d’Érétrie : . soit que Dikaia eût été fondée à une date encore antérieure à l’apparition de ce phénomène. de même que sur des monnaies de la même période. elle mentionne un sanctuaire d’Athéna. située sans doute sur l’acropole. Or. Compte tenu de la date proposée ci-dessus pour la fondation de Dikaia. telle qu’elle apparaît dans ce document. C’est ce qu’avait fait notamment Iphicrate. soit qu’elle eût subi de bonne heure l’influence du dialecte eubéen de ses voisins les Chalcidiens de Thrace.-C. Dans ce but. l’inscription n’est sans intérêt pour la langue parlée à Dikaia. J. il paraît possible de préciser encore davantage la date de l’inscription en fonction des événements survenus dans la région au cours de ces six ans. avec l’appui du jeune roi Perdikkas désormais majeur.. L’intérêt des rois de Macédoine pour la vallée de l’Anthémonte et la Crousside remonte haut dans le temps. sans grand succès.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 615 Bien qu’il ne s’agisse pas d’un texte purement dialectal. puisque tous les noms de personnes se retrouvent à Érétrie. L’inscription fournit également de précieuses informations sur la topographie publique et sacrée de la ville de Dikaia : outre l’agora et le sanctuaire d’Apollon Daphnéphoros. les fouilles menées sur l’acropole par S.) où il représente Kalindoia. Huber. J. de Therma. prétendant au trône de Macédoine. J.-C.). lequel ne connaît effectivement pas le rhotacisme. Pausanias avait le soutien des Chalcidiens de Thrace. La base de son pouvoir se trouvait donc dans la Mygdonie orientale. On peut montrer que si Perdikkas s’allia alors avec Timothéos. en 370/69. toujours hostiles aux tentatives des Athéniens pour remettre la main sur Amphipolis. Mais au début du ive s. ennemis à la fois d’Athènes et du royaume de Macédoine. Toutefois. À l’intérieur du bref règne de Perdikkas III (365-359 av. Athènes avait cherché à gagner le soutien des rois de Macédoine. Il faut remarquer aussi que l’onomastique de Dikaia. qui « disposait d’une armée de soldats grecs et s’était emparé d’Anthémonte. de Strepsa et de quelques autres places ». faute de moyens suffisants. on retrouve ce Pausanias parmi les théarodoques d’Épidaure (vers 360 av. Argaios. à l’exception d’un seul. J.. qui est sans aucun doute d’origine macédonienne. ami personnel d’Amyntas III. absence qui pourrait s’expliquer de deux manières. Dikaia se trouvait dans le camp des adversaires des Chalcidiens.-C. Très vraisemblablement. c’est pour lutter contre Pausanias. a fait l’objet d’un rapport détaillé d’ores et déjà publié (voir ci-dessous n° 7). il a assumé la responsabilité scientifique de la seconde campagne de fouille menée près d’Érétrie en Eubée par l’École suisse d’archéologie en Grèce en vue de mettre au jour le grand sanctuaire d’Artémis à Amarynthos. 1989). Le professeur a été associé au jury de la thèse M. membre étranger de 3e année de l’École française d’Athènes. Les cités grecques et la guerre en Asie Mineure à l’époque hellénistique. Thibaut Boulay. 6) : il est donc raisonnable de penser que la troisième de ces divinités majeures n’était autre qu’Artémis Amarysia. Cédric Brélaz. Il faudra désormais en modifier partiellement les conclusions en fonction de ce nouveau nom de mois. qui a reçu un large écho dans la presse grecque et helvétique. que l’on a de bonnes raisons de mettre en relation avec le sanctuaire recherché depuis si longtemps. qui garantit le serment. Voutiras (Université de Salonique) sur une nouvelle inscription de Dikaia de Thrace (1er juin 2008) . le professeur a poursuivi en Grèce ses travaux épigraphiques en rapport avec la topographie et l’histoire de la Béotie (édition commentée du livre IX de Pausanias) comme aussi de l’Eubée (dossiers d’inscriptions à publier). d’une grande fête annuelle appelée Daphnéphoria. Le nom de ce nouveau mois invite en outre à postuler l’existence. notamment épigraphiques. thèse dirigée par le professeur Maurice Sartre (Institut Universitaire de France) et soutenue devant . il a été chargé par la même Académie de faire rapport sur le mémoire de M. il a patronné la note d’information présentée par le professeur E. à venir dans les terrains à investiguer au voisinage.616 DENIS KNOEPFLER c’est ce dieu. En août-septembre 2007. La prééminence du culte d’Apollon Daphnéphoros est mise en évidence par la mention d’un mois nommé Daphnéphoriôn. et c’est à son profit que seront confisqués les biens des contrevenants éventuels. à Dikaia comme d’abord à Érétrie. en effet. L’identification définitive dépendra des trouvailles. Cette découverte. exactement comme dans la métropole. que l’on est tenté de placer en tête de l’année chalcido-érétrienne (qui commençait aux alentours du solstice d’hiver). ceux de 2007 ont révélé une structure fort importante. étudié naguère par le professeur Knoepfler dans le cadre d’une étude d’ensemble sur les calendriers des cités de l’Eubée et de leurs colonies (Journal des Savants. attesté ici pour la première fois : il s’agit sans aucun doute d’un emprunt au calendrier érétrien. Si les sondages de 2006 n’avaient pas été entièrement concluants à cet égard. Activités diverses Comme les années précédentes. On y apprend par ailleurs que « les sanctuaires les plus saints » de la cité étaient au nombre de trois (l. À l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. intitulé : « Les premiers comptes du sanctuaire d’Apollon à Délion et le concours panbéotien des Délia » (travail à paraître dans le périodique de cet établissement). Alain Bresson) : La cité de Rhodes : de la chronologie à l’histoire (20 décembre 2007) . André Laronde) : La perception et l’exploitation des milieux palustres dans l’Antiquité : La Grèce et ses marais (29 novembre 2007) . Szymanowski. Distinction Le professeur a reçu le Prix 2008 de l’Institut Neuchêlois. D’autre part. prof. — Adrian Robu (thèse en cotutelle avec l’Université du Mans. à savoir : — M. publiées à très brève échéance. Cette distinction lui a été octroyée lors d’une cérémonie publique le 15 mars 2008 au Musée Internationale de l’Horlogerie à La Chaux-de-Fonds. dans la Propontide et le Pont Euxin : histoire et institutions (19 février 2008) . (19 mai 2008). . La laudatio du lauréat a été prononcée par l’helléniste André Hurst. d’abord en tant que maître assistant. au moment de quitter la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel où il aura enseigné trente ans durant. pour la plupart. Thierry Châtelain (thèse en cotutelle avec l’Université de Paris IVSorbonne. ancien recteur de l’Université de Genève. texte dont une version remaniée et étoffée paraîtra très prochainement chez un éditeur parisien. il a eu la satisfaction de mener à soutenance la moitié environ des quelque dix thèses qu’il y dirigeait encore. — Frédéric Hurni : Théramène ne plaidera pas coupable. comme professeur titulaire de la chaire d’archéologie classique et d’histoire ancienne. Alexandru Avram) : La cité de Mégare et ses établissements coloniaux en Sicile. prof. en juin 2008. dès 1984. puis. — Fabienne Marchand : Tanagraïka Mnêmata : recherches sur le matériel archéologique et épigraphique provenant des anciennes fouilles de Tanagra en Béotie (ler avril 2008) . le professeur fit une conférence illustrée sur La patrie de Narcisse : un mythe antique enraciné dans la terre et dans l’histoire d’une cité grecque. il a reçu le titre de « professeur honoraire » de cette Université. organe culturel de la République et Canton de Neuchâtel (Suisse).ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 617 l’Université de Tours le 7 décembre 2007. Toutes ces thèses ont obtenu l’appréciation la plus favorable (summa cum laude) et seront. Mythes — dont Narcisse en deuxième mouvement —. Par ailleurs. prof. — Nathan Badoud (thèse en cotutelle avec l’Université de Bordeaux 3. Un homme politique athénien dans les révolutions athéniennes de la fin du V e siècle avant J. Après un intermède au cours duquel deux jeunes musiciennes suisses domiciliées à Bruxelles exécutèrent une sonate de K.-C. dans le cadre de sa dernière année d’enseignement à l’Université de Neuchâtel (Suisse). p. « Polymnis est-il l’authentique patronyme d’Épaminondas ? ». « Pausanias en Béotie. 12 juin 2008. 637-662. Conférences 1. The British Academy 2007. 4. 80. 9. « Un don des amis du Louvre au Département des Antiquités grecques. 57-62. Actes du V e Congrès International de dialectologie grecque. organisé à l’Université de Bâle par l’Association interdisciplinaire EIKONES. « Béotie . p. 3. p. in : M. . 11 janvier 2008. 3. Comptes Rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 2006 (2008). causerie présentée devant le Lycéum-Club de Neuchâtel. in : O. Pouvoir de l’image. « Un exemple d’aménagement du territoire dans l’Antiquité gréco-romaine : le dossier épigraphique de Coronée (Béotie) ». dans le Bulletin épigraphique de la Revue des Études Grecques 120. 4. le prof. Hatzopoulos (éd. Antike Kunst 51. 2007. 8 novembre 2007. 6. p. 165-171. « Un témoignage helvétique sur le quatrième centenaire du Collège de France ». dans quelles conditions ? ». « L’Étolie victorieuse des Galates à Delphes et à Thermos : réflexions autour d’une statue-trophée et de son image monétaire à l’époque des monarchies hellénistiques ». 2008. 3e partie : la Béotie du Copaïs ». « Du vallon des Muse Héliconiades à l’Éros thespien de Praxitèle avec Pausanias et François Chamoux ». 665-686 n° 304-334. 2008. 10-11 (= The Letter of Collège de France. p. « Débris d’évergésie au gymnase d’Érétrie ». ΦωΝΗΣ ΧΑΡΑΚΤΗΡ ΕΘΝΙΚΩΣ. Résumés des cours et travaux 2006-2007. 2008. p. 107.Eubée ». La Lettre du Collège de France 21. 5. edited by Elaine Matthews. sur quelles matières. Pise. 8. Revue de Philologie. « Enseigner au Collège de France : pour quel public. 26 septembre 2008. Fribourg-Paris. p.618 DENIS KNOEPFLER Colloques. 5. Annuaire du Collège de France. 2. 203-257. étrusques et romaines : la lettre d’Hadrien aux habitants de Naryka (Locride) ». La Lettre du Collège de France 23. communication à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dans le cadre de la journée d’hommage à l’helléniste François Chamoux (1915-2007). avec Alain Pasquier. London. communication donnée au colloque Image du pouvoir. Athènes 28-30 septembre 2006 (Mélétémata 52). Curty et M. 2006 (2008). 2008. 117-135. 17-18). Présentation à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres du volume collectif intitulé Old and New Worlds in Greek Onomastics. Publications 1. avec la collaboration de Thierry Châtelain.B. Paris. p. p. 7. Paris. Piérart (éd. 3. Carmine Ampolo.). 2. « Bilan et perspectives [conclusion du rapport sur la seconde campagne de fouille de l’École suisse d’archéologie en Grèce à Amarynthos. p. Eubée] ». 1283-1313. conférence-séminaire donnée à la Scuola Normale Superiorie di Pisa. Évergétisme et gymnasiarchie dans les cités hellénistiques.). 2007. 55-56. 19 mai 2008. de littérature et d’histoire ancienne. 2008. à l’invitation de son directeur. 1. Athènes 2007. avec une pl. Bâle. « Un apport épigraphique au texte reçu des Stratagèmata de Polyen ». « L’institution du concours musical des Artémisia d’Amarynthos : retour sur une inscription d’Érétrie un siècle après sa découverte ». M. ce qui lui permettra certainement d’achever sa thèse d’ici une année. constituée de près de deux cent cinquante inscriptions. elle a travaillé en particulier sur le corpus épigraphique. mais. il a poursuivi et poursuivra encore avec le professeur sa collaboration à l’entreprise des Testimonia Eretriensia. sans oublier ses rapports avec les autorités romaines jusque sous l’Empire. elle a pu obtenir un poste d’ATER au Département d’histoire de l’Université de Rennes 2 pour la rentrée universitaire 2008. qui lui permettront de présenter une analyse précise des instituions politiques et religieuses . jeune chercheur roumain. Il est coauteur de l’article signalé ci-dessus sous le n° 8. Thierry Châtelain. qui a fait carrière jusqu’ici dans l’enseignement secondaire. a pu achever sa thèse de doctorat consacrée à l’exploitation des terres marécageuses en Grèce ancienne. Au terme de son mandat au Collège. tout en ayant été fort honorablement classé en diverses universités françaises. titulaire d’un DEA de l’Université de Paris IVSorbonne. elle a pu effectuer un nouveau séjour en Grèce (Ecole française d’Athènes) pour compléter sa connaissance des réalités archéologiques de la ville et du territoire de Chéronée. doctorant à l’Université de Paris IV-Sorbonne (thèse sur Mylasa de Carie avec le prof. André Laronde). qui a pu avancer considérablement sa thèse sur la cité de Chéronée en Béotie.ÉPIGRAPHIE ET HISTOIRE DES CITÉS GRECQUES 619 Activités des collaborateurs Les titulaires des deux postes d’ATER accordés à la chaire d’épigraphie et d’histoire des cités grecques sont arrivés à la fin de leur mandat en septembre 2008. cela lui a permis d’obtenir l’inscription sur la liste d’aptitude à un poste de maître de conférence. Alexandru Avram). L’autre poste a été occupé. il n’a pas été en mesure de décrocher un poste dès cette année. patrie de Plutarque (voir rapport précédent). Damien Aubriet. de 2006 à 2008 également. L’un. Les deux nouveaux titulaires de ces postes pour l’année 2008/2009 sont MM. par Mlle Claire Grenet. . qu’il s’est engagé à mener jusqu’à son terme. Cette année. qui vient de soutenir à l’Université de Neuchâtel une thèse d’histoire ancienne (Mégare et ses colonies) élaborée sous la direction du professeur en cotutelle avec l’Université du Mans (prof. qu’il a soutenue à Neuchâtel le 29 novembre 2007 (voir ci-dessus sous « Autres activités ») et dont il prépare maintenant la publication . Par ailleurs. et Adrian Robu. tout en conservant des liens privilégiés avec ses voisines immédiates en Phocide ou avec la grande cité d’Orchomène sur le Copaïs. diplômée de l’Université de Lyon 2-Lumière. son intérêt s’est porté également sur la manière dont cette petite cité frontalière a été intégrée dans les structures et les organes de la Confédération béotienne. En juin 2008. . expliquait l’emploi par le poète. C’est en ces termes que le commentateur de l’Enéide de Virgile. . généralement la santé. On le trouve déjà dans la Deutsche Mythologie de Jakob Grimm. Pour désarmer le contresens potentiel. « il n’y a de source. qui ne soit sacrée ». Bagnères-deBigorre et tant d’autres stations thermales. qui fut publiée en 1835. Cette formule lapidaire met à l’aise le lecteur moderne qui est persuadé que le sujet n’a rien de surprenant. à Vichy. « source sacrée ». Voilà ce que le lecteur entend en lisant le commentaire de Servius. c’est cela que les Anciens étaient censés rechercher. on vénère et on supplie le sacré qui est dans l’eau pour obtenir un bienfait. institutions et société de la Rome antique M. Ferrières. 191-212) suffit pour résumer le thème : « À côté du culte des pierres. C’est la sacralité active de l’eau qui semble en cause. La formule de Servius n’a toutefois pas le sens que les modernes ont tendance à lui accorder après un siècle et demi de thermalisme.Religion. John Scheid. il existe en effet une approche particulière des phénomènes naturels et de leur culte. En France. Spa. des sources. Servius. Le thème du culte de l’eau s’est répandu à travers l’Europe du Nord. Ce culte très répandu paraît même avoir été celui qui répondait le mieux aux instincts religieux de nos populations primitives. de l’expression sacer fons. et qui s’inspire des pratiques populaires. DÉTERMINÉ PAR LA MYTHOLOGIE MODERNE Nullus enim fons non sacer. des lacs et des rivières. Ax. Et le lecteur pense immédiatement à Lourdes. en effet. au vers 84 du livre 7. des fontaines. qui exprime une vision chrétienne de la nature et de ses merveilles. professeur 1. COURS : LE CULTE DES EAUX ET DES SOURCES DANS LE MONDE ROMAIN UN SUJET PROBLÉMATIQUE. le thème est ressassé depuis la même époque. où le thème s’est fortement développé. Depuis l’époque romantique. Le début de la XVe leçon sur La religion des Gaulois d’Alexandre Bertrand (Paris 1887. nous avons examiné le mythe moderne qui détermine notre perception du culte des sources. La source est sacrée. en Allemagne et en France notamment. à côté du culte du soleil et du feu existait en Gaule le culte des eaux. Albert Grenier a consacré l’épais IVe volume de son Manuel d’architecture gallo-romain (Paris 1960) aux Villes et sanctuaires des eaux. Il est le produit de la race. les druides n’en ont point été les premiers missionnaires. comme celui des pierres. sont ceux où la multiplicité des eaux peut faire croire aux hommes que les dieux y tiennent assemblée ». le recensement fait par Grenier oriente « parfois le lecteur vers certaines conclusions hâtives ». Camille Jullian a écrit dans sa monumentale Histoire de la Gaule (VI. tout à fait superficielle. avaient abandonné aux druides le gouvernement des âmes. De ce fait. » Quant à l’antiquité évidente de ce culte. Jules Toutain le reprend dans le premier volume de ses Cultes païens dans l’Empire Romain (Paris. il l’a aussi étendu au culte des eaux dans la Grèce antique (Nouvelles études de mythologie et d’histoire des religions antiques. peuvent avoir été plus ou moins réglées. Ces superstitions. 19). Paris 1935. Paris 1920. » Ce genre de raisonnements n’est pas l’apanage exclusif des historiens et archéologues français. À la base de ces théories se trouve le postulat que tous les phénomènes religieux sont . se passe auprès des fontaines . À cette approche héritée de l’époque romantique et nationaliste s’est ajoutée plus récemment un thème tout aussi efficace : celui de la phénoménologie religieuse. sans clergé et d’ailleurs relativement peu nombreux. je peux citer l’article de Giancarlo Susini. Comme S. réglementées par les druides. telle qu’elle s’est diffusée sous l’influence des œuvres de Mircea Eliade. On ne peut l’attribuer aux Galates conquérants qui. ne peut s’installer qu’à proximité d’un point d’eau.622 JOHN SCHEID celui qui parlait le mieux à leur esprit et à leur cœur. 56) que « la moitié de la vie dévote. notamment 322). tout comme un village ou un établissement agricole. 268-294). l’a déjà souligné (« Cultes et sanctuaires des eaux en Gaule ». dans un article important réunissant les données sur les cultes salutaires et les cultes des eaux en Italie Cispadane. comme cela paraît avoir également été pour les feux solsticiaux . I. de chapelles et de croyants. « Culti salutari e delle acque : materiali antichi nella Cispadana ». s’il n’est pas préceltique. Ce culte. Ce culte a laissé sur le sol les traces les plus nombreuses et les plus profondes. comme celui du feu. Pour prendre un exemple. dans Archeologia 37. Dans la lignée de cette tradition. 321-338. ceux où l’on rassemble le plus d’idoles. Deyts. S. 1975. 372-284). et les lieux de rendez-vous les plus populaires. notamment p. 1986. est prédruidique. dans Studi romagnoli 26. 1907. qui. pour le moins. Bertrand considérait qu’il n’avait pas « été introduit par Rome en Gaule . ces pratiques qui relèvent de la vieille croyance aux esprits. 9-30. la liaison entre vital et sacramental ne peut pas être prise comme postulat. écrit qu’on trouvera difficilement un acte ou une manifestation de religiosité antique ou médiévale qui n’implique pas au fond un culte des eaux (Giancarlo Susini. se fit à peine sentir aux couches profondes de la population. l’influence religieuse des Romains en Gaule. par exemple. » Ce thème cher aux folkloristes eut une fortune particulière chez les historiens de l’Antiquité. Deyts conclut avec beaucoup de bons sens : « Un sanctuaire. l’épigraphiste éminent de Bologne. Nous oserions le qualifier de culte national par excellence. Rien dans cette superficialité anachronique ne surprend le lecteur d’aujourd’hui. à une réintégration dans le mode indifférencié de la préexistence… Le contact avec l’eau implique toujours la régénération . consacré au Eaux et au symbolisme aquatique commence par cette phrase : « Dans une formule sommaire. elle rajeunit. ou a attribué à des divinités indiennes des noms latins et viceversa. nous lisons que « Symbole cosmogonique. les historiens se sont progressivement aperçu que le comparatisme universel que pratique M. Eliade et ceux qui le suivent est en fait une interprétation du monde suivant des critères occidentaux modernes. par un processus de participation et de dégradation… est efficiente. féconde ou médicinale. elle guérit par un rituel magique ». le nombre de fontaines et de rivières guérissantes est considérable… hors de ces sources. car une immersion équivaut à une dissolution des formes. » Comme preuve pour ces affirmations. toute eau. sur le sacré qui résiderait et se manifesterait dans les phénomènes naturels. de la mystique lunaire. elles précèdent toute forme et supportent toute création. parce que la dissolution est suivie d’une ‘nouvelle naissance’. M. partout et toujours. et ainsi de suite. seules sont invoqués quelques citations et des résumés établis par des folkloristes. M. L’eau confère une ‘nouvelle naissance’ par un rite initiatique. Paris 19742. d’autres eaux possèdent une valeur en médecine populaire. et a créé des figures comme les Déesses mères. L’immersion dans l’eau symbolise la régression dans le préformel. d’une part. INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉ DE LA ROME ANTIQUE 623 identiques. des cultes solaires. Jamais un document précis n’est cité dans son contexte . Et ainsi de suite. elle guérit. réceptacle de tous les germes. la régénération totale. En France. De nos jours encore. et d’autres folkloristes. de la terre et de la fécondité (Traité d’histoire des religions. notamment au volume II. La critique de cette approche n’est plus à faire. elles sont à la fois fons et origo.RELIGION. les Eaux (avec majuscule) la remplissent partout : « Quelle que soit la structure des ensembles culturels dans lesquels elles se trouvent. et a eu pour conséquence que les théories phénoménologiques se sont harmonieusement coulées dans le moule de l’historiographie traditionnelle. la matrice de toutes les formes d’existence. Cette virtualité de toutes les formes. dans la Cornouaille. l’eau devient la substance magique et médicinale par excellence . Sous l’influence des anthropologues. Pour ce qui concerne le culte des eaux. les enfants malades sont immergés trois fois dans le puits de Saint-Mandron. qui tous reprennent et développent les théories romantiques sur les cultes naturels. » À l’appui. d’autre part. Un peu plus loin (169). Cette inclination à assimiler toute conception religieuse à la nôtre rejoint la perspective romantique et sa vénération de la nature sacralisée. Et encore « L’eau vive rajeunit et donne la vie éternelle . la nouvelle naissance. 175-303 (Paris 1905). Eliade institue les cultes des eaux à côté des dieux ouraniens. et pour cause : elle exprime élégamment la . Son cinquième chapitre. parce que l’immersion fertilise et augmente le potentiel de vie et de création. on pourrait dire que les eaux symbolisent la totalité des virtualités . des pierres et des arbres sacrés. Ce principe a conduit à une sorte de comparatisme direct dans lequel tout est censé correspondre à tout. Eliade cite le Folkore de France de Paul Sébillot. anglais ou allemands. Eliade cite des textes védiques. assure la vie éternelle ». 165-187). Les pages que Georg Wissowa (Religion und Kultus der Römer. même si elle était liée. comme ceux de Van der Leeuw ou de L. De la même manière. ou dans les autres travaux de la phénoménologie religieuse. » Et dans la suite. sur leur culte et leurs particularités et reconnaissent parfaitement le caractère guérisseur de certaines de ces divinités. G. Traité 38) et ceux qui adoptent leurs idées. et son point de vue sur la religiosité. Pas davantage que chez Wissowa. telle qu’elles a été définie dans le célèbre livre de Rudolf Otto sur Das Heilige (1917. et non une enquête historique. sur deux pages. on décèle trois a priori avant tout. mais sans invoquer comme argument la survivance de ces fonctions dans le folklore moderne. en face de Tellus qui les soutient et de Carna qui en rend efficaces les produits. le fait que dans les phénomènes naturels insolites se manifeste « le Sacré » est un premier a priori qu’il faut vérifier. la nôtre et celle des autres. Eliade (cf. C’est ce point de vue que nous avons adopté au cours de ces leçons. mais la propriété des divinités des sources ou des cours d’eau. Munich 19122. Revenons aux théories du passé concernant les eaux et les sources. qui aboutit au mystère de l’incarnation. tel qu’il a été forgé par quinze siècles de pensée et de pratique judéo-chrétienne. tout comme les écrits plus anciens des folkloristes et de ceux qui s’en inspirent réside dans une réflexion contemporaine sur la religiosité. à cette essence. Le véritable intérêt du Traité d’histoire des religions de M. presque indépendante de la divinité qui est en cause. Eliade. comme chez Eliade. mais il faut bien se comprendre et savoir de quoi on parle. le naturalisme religieux et ses avatars romantiques ne jouent un rôle dans l’œuvre de Dumézil. Lévy-Bruhl. près desquels et dans lesquels elles résident. . 379) : « En face de (l’)imposante représentation des forces qui animent l’agriculture et l’élevage. une concession faite à la phénoménologie ou au folklore ? D’une certaine manière oui. C’est une interprétation philosophique et théologique de l’histoire religieuse. traduit en français sous le titre Le Sacré en 1929). à une hiérophanie. Chez les folkloristes aussi bien que M. il donne un résumé de Wissowa. Tous ces travaux conféraient une substance suprahistorique à cette notion. la mention du culte des eaux. En revanche. Et par sacré.624 JOHN SCHEID communis opinio de l’Occident moderne. Dumézil se conforme à la constatation qu’il fait dans le chapitre de sa Religion romaine archaïque intitulé Forces et éléments (Paris 19872. les Romains n’ont pas fait large la part divine de l’eau. avec quelques remarques de son crû. 219-229) a consacrées aux divinités des sources et des fleuves donnent toutes les informations sur les divinités en cause. ces théories entendent une qualité intrinsèque et agissante. ne sont-ils pas déjà un choix. Le premier est fondamental et dépasse largement les eaux et les sources : tout phénomène naturel est censé être sacré. Mais l’intitulé du cours. En tout cas. mesurée à l’aune de nos concepts et a priori. Il va sans dire que cette position ne peut aller de pair qu’avec une approche très superficielle et réductrice des sources. les eaux et les sources ne sont pas pour nous les éléments vénérés en tant que tels. les documents obligent. Cette affirmation non plus n’est pas fausse. nous avons brièvement mentionné l’argument de la survivance. Malgré un avertissement (« Épigraphie et sanctuaires guérisseurs en Gaule ». et du culte le plus important de Sabine. 25-40). qui paraît être confirmée par des documents comme le passage de Servius cité plus haut. INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉ DE LA ROME ANTIQUE 625 La déduction de ce premier a priori est que l’eau. Usus veneratioque fontium. qui risquent de passer à côté de survivances précieuses » (Raymond Chevallier. notamment en raison des mutations religieuses et du style de vie. par exemple. dans l’archéologie. et que celles qui le sont opèrent selon d’autres modalités que nos centres thermaux modernes ou nos hôpitaux. au XVIe s. il convient de travailler sur les documents plutôt que de se fonder sur des intuitions déterminées par le folklore chrétien ou l’hagiographie mineure. Or les bâtiments et installations antiques furent rapidement abandonnés. Enfin. est sacrée en elle-même. Il s’agit sans aucun doute d’un des cultes aquatiques les plus connus de l’Italie antique. il ne vaut rien. Nous nous sommes par conséquent attaché dans ces cours à prouver une fois de plus. l’interprétation traditionnelle continue. Mais cette activité thérapeutique n’est pas la raison de leur caractère sacré et de leur culte. Mais pour ce faire. On peut par exemple lire dans un article et un ouvrage récents que nous ne parlerions en fait que des textes et des inscriptions. Fruizione e culto delle acque salutari nell’Italia romana <1993>. ne suffit pas pour établir l’existence d’un culte de source antique. l’étude récemment parue de Giovanna Alvino et de Tersilio Leggio (« Acque e culti salutari in Sabina ». Tivoli 2006. À ce propos.RELIGION. c’est-à-dire de façon très superficielle et acritique. explorées la truelle et le crayon à la main. le troisième a priori réside dans la vertu guérisseuse de l’eau. Le sujet est en lui-même passionnant. que toutes les sources et eaux ne sont pas guérisseuses. n’implique toutefois pas que ce caractère sacré doive être interprété comme le font Eliade ou les folkloristes. dans Mélanges de l’École Française de Rome. Usus veneratioque fontium. dans Lidio Gasperini. les humanistes . Antiquité 104. notamment 153). Il existe des divinités de sources qui ont des vertus salutaires ou curatives. nourriture du « pur intellectuel ». Tel qu’il est utilisé dans la bibliographie plus ancienne. en tant que phénomène naturel souvent surprenant. Fruizione e culto delle acque salutari nell’Italia romana <1993>. 1992. sur des matières aussi délicates et qui touchent aux mentalités profondes. il en irait différemment. sur le terrain. dans Lidio Gasperini. le scepticisme de mise chez les purs intellectuels — il s’agit de l’auteur de ce cours —. mais que dans la réalité. « Problématique de l’étude des cultes des eaux thermales : Gaule et Italie du Nord ». que certains collègues ont pris au sérieux. et au cours du Moyen Âge le site ne fut plus utilisé du tout. Constater que telle source se trouve près d’une église où se déroulent des dévotions et où auraient lieu des miracles.. Tivoli 2006. Et même plus tard. et notamment d’une source guérisseuse. On nous apprend dans cet article qu’« il convient… de mettre entre parenthèses. mais encore à l’aide des sources archéologiques explicites. 139-160. Ainsi. qui est régulièrement invoqué depuis le XIXe s. Cette déduction. non seulement à partir des documents explicites. qu’il s’agisse des textes littéraires et des inscriptions. et devrait mériter une attention scientifique plus grande. 17-54) examine-t-elle la question des Aquae Cutiliae. « Tipologia dell’inameno nella letteratura latina. il existe une longue solution de continuité. 1-5) et de Pline l’Ancien (Histoire naturelle 12. 3-5) que tous les auteurs ont invoqué depuis le début . nous nous rendons compte qu’entre la réutilisation d’un site au Moyen Âge ou l’époque moderne et l’abandon du lieu de culte antique. pour ainsi dire.). tel que nous l’avions développé il y a quelques années dans un colloque (O. qui ne provoquait toutefois pas l’extase mystique. Nous avons ensuite regardé de près les deux textes qui développent la signification des phénomènes naturels. Et il en va de même avec beaucoup d’autres sites antiques. Les forêts profondes. le contexte religieux du sanctuaire et sa fonction sont très différents. 1993. Seuls les phénomènes naturels inclus dans l’espace humain pouvaient susciter des émotions profondes. qui ne sont plus un lieu de cure de nos jours.626 JOHN SCHEID reconnaissaient que le souvenir thérapeutique des eaux avait survécu sur le plan local. le frisson éveillait la raison et des réactions religieuses tout à fait rationnelles. 10. Autrement dit. Les bois sacrés. il convient donc de disposer d’une documentation qui permet de reconstituer la vie du site pendant le Moyen Âge et l’époque moderne. les marécages. originelle. surtout ceux qui étaient situés sur le territoire rural des cités. quand nous disposons de sources documentaires. Naples. Ils correspondaient à ce que les philologues appellent le locus horridus. L’intérêt de ce type d’enquête dépasse le problème des cultes de source et concerne tous les lieux de culte. laids et terrifiants. et inversement. ils n’attiraient personne. ceux de Sénèque (Lettres à Lucilius 3. contraire du locus amoenus (cf. les deux savants démontrent que l’utilisation des eaux était désormais épisodique et dépourvue de tout aspect religieux. Ermanno Malaspina. beaucoup de sites thermaux actuels n’ont pas été utilisés dans l’Antiquité. mais que les qualités de l’eau ne correspondaient pas aux indications de Pline l’Ancien. Locus horridus. 1994. Dans un premier temps. Et quand le site est réutilisé. impressionnante et. Le concept de sanctuaire naturel dans l’Antiquité Nous avons conduit l’enquête en deux temps. paesaggio dionisiaco : una proposta di risistemazione ». Bien souvent. Pour se prononcer sur l’existence d’une survivance du culte d’une source. en y ajoutant quelques précisions. Tout au contraire. En tout cas. 13-20). paesaggio eroico. et de documents antiques établissant sans ambiguïté l’existence d’une exploitation de la source et de son culte. Elle est trop importante pour être invoquée à tort et à travers. la question des survivances n’est nullement inintéressante. 41. et sans le support d’un socle documentaire sérieux. les lacs insondables et la haute montagne situés à l’extérieur des espaces habités passaient pour chaotiques. Nous avons d’abord feuilleté les auteurs antiques pour découvrir quelle signification avaient pour eux les phénomènes naturels et notamment les sanctuaires de sources. Le spectacle de la nature intacte. L’effroi qu’ils soulevaient débouchait sur une réflexion concernant l’ordre des choses. de Cazanove (éd. suscitait chez les Anciens un certain effroi. dans Aufidus 23. nous avons repris le dossier des bois sacrés. 7-22). une « réalité numineuse » ou une « divinité ». Pline rappelle que les mythes ont peuplé les forêts de Silvains. un arbre pouvait être dédié à une divinité. la propriété et/ ou le lieu de résidence d’une divinité. 36-48 pour la bibliographie) a prouvé définitivement. est deus. ils ne sont pas des dieux eux-mêmes. non créées. ce qui ne correspond ni à l’intention ni à l’opinion de Sénèque. en raison de son aspect remarquable ou de son essence particulière. Le numen évoqué par Sénèque ne désigne jamais. 72-75) : les dieux habitent ces lieux. ou que son créateur et maître ne sont pas du monde des humains. Créé et poussé à des hauteurs ou des profondeurs effarantes par la volonté d’un dieu. « l’esprit ». Chez Sénèque. Nulle part. D’autre part. c’est dans les forêts que les dieux habitaient. ou la description de l’Antre de Cilicie par Pomponius Mela (Chorographie 1. INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉ DE LA ROME ANTIQUE 627 du XIXe s. à sa présence dans un lieu. stériles. de Faunes et de diverses sortes de déesses. Dumézil (La religion romaine archaïque. Sénèque et Pline considèrent les bois sacrés dans leur majesté comme des lieux intacts. un lucus révèle par son aspect miraculeux qu’il n’est pas de ce monde. incertum est. les exemples pris par Sénèque pour illustrer son argumentation ne peuvent pas être interprétés différemment : les bois sacrés. sombres. « les sources de fleuves ». Enfin. mais cet ébranlement frappe l’animus. Par conséquent. L’aspect exceptionnel du lieu signale l’intervention d’un dieu. toutefois. les sources chaudes ou les étangs insondables sont l’œuvre. Le texte de Sénèque est parfaitement clair. 352). les cavernes (non manu factas. qui ressemble tant à la Weltseele des Romantiques. habitat deus. Pline affirme que jadis les forêts servaient de temples aux divinités . déserts. non entretenues et non habitées par l’homme. il s’agit d’illustrer à Lucilius comment un spectacle extraordinaire conduit à la supposition qu’un dieu est à l’œuvre dans cette chose. Avant d’aller plus loin. aucun culte n’est rendu à des arbres. ou les arbres des dieux . contre les tenants de l’animisme. que ni les emplois du terme. Virgile n’écrit pas quis deus. Autrement l’homme idéal imaginé par Sénèque. Paris 19872. ou dans cet homme. il ne déclare que les dieux étaient des arbres. les fluminum capita. ni les contextes ne prouvent l’existence de cette forme divine diffuse et anonyme. avant de résider dans des temples construits de main d’homme. « ils se révèlent avec une sorte de puissance divine ». incertum est. serait lui-même dieu. à son action. nous avons souligné que les deux auteurs n’assimilent nullement les bois sacrés ou les autres phénomènes naturels surprenants à des divinités. sa volonté (numen). Le spectacle d’un vieux bois sacré provoque un choc. et non à la divinité de ce lieu ou de cet être. mais quis deus. G. Le merveilleux est un signe du divin. il renvoie à l’intervention d’une divinité. comme le sont également celui de Virgile racontant la visite d’Énée sur le site du futur Capitole (Enéide. Car Sénèque veut démontrer qu’il y a un dieu qui agit dans chacun d’entre nous. et à la Nature créatrice. Dans un exposé général sur les qualités des arbres. jusqu’à l’époque d’Auguste. Et le specus de Cilicie est augustus et uere sacer habitarique a diis et dignus et creditus. nihil non uenerabile et quasi cum aliquo numine se ostentat.RELIGION. 8. Les phénomènes naturels servent de preuve à son argumentation. . et même au-delà. « qui ne sont faites de main humaine »). et suscite un mouvement de recul respectueux plutôt qu’un élan mystique. dont on reconnaît qu’il est habité par le souffle d’un dieu. autrement dit comme des réalités non artificielles. d’une uis ou d’un numen divins. le nemus un ensemble d’arbres bien ordonné. . nemus et silua. Dans les rituels et sur le terrain. Daniel : « Un lucus est un ensemble d’arbres soumis à des obligations religieuses. il faut encore le souligner. Daniel. Le texte de référence est extrait du Commentaire de l’Enéide par le grammairien Servius. Car.v.) Cette définition est celle d’un grammairien du V e s. Les textes de Sénèque et de Pomponius Mela contiennent de nombreux renvois à la signification précise du terme sacer : habitare — augustus et uere sacer — habitarique a diis . silua diffusa et inculta. Devant l’apparent « silence » des sources non littéraires. dans le monde romain. . Ces deux ordres de documents appartiennent à deux univers différents. dans la version de P. qui ne sont pas exclusives. sans vouloir réduire entièrement les sources archéologiques et rituelles à cette définition. Quelle est alors la signification religieuse des bois sacrés à Rome ? Il ne s’agit pas de donner d’emblée une réponse globale. Même si elles ne s’appuient pas sur cette même réalité cultuelle. sur un plan plus général. nemus uero composita multitudo arborum . « ce qui appartient à un dieu ». sine adminiculo numinis — cum aliquo numine se ostentat. Commentaire de l’Énéide 1. et ne donne pas forcément le sens de ces termes et de ces réalités religieuses. nous pouvons débuter un raisonnement à partir de ces définitions. applicable à la fois aux représentations que nous trouvons dans les documents littéraires et aux témoignages liturgiques et archéologiques. On peut certes s’attendre à ce que ces deux ordres de sources se rejoignent. uis isto diuina descendit . poètes ou philosophes appartiennent à l’ordre de l’interprétation. Mais faute de mieux. et cela seulement « après consécration officielle par un agent du Peuple romain ». caelestis potentia agitat .628 JOHN SCHEID Sacrés en tant que propriété et lieu de résidence d’une divinité. dont les lois ne sont pas les mêmes. Le problème de la relation entre la nature et la religion se pose sans doute en d’autres termes dans d’autres civilisations. un lucus est. de manière implicite et suivant des contextes très variables. un bois sacré est une réalité « muette ». et se placent sur un plan général et dans une logique qui n’est régie par aucune contrainte rituelle. lucus enim est arborum multitudo cum religione. mais la prudence recommande de les analyser séparément. mais il semble que. qui ont pu en outre varier selon le lieu et le temps.v. une « clairière » ouverte dans un bois (Ernout-Meillet. il est nécessaire d’explorer dans un premier temps la signification du terme lucus chez les auteurs latins. c’est de cette manière qu’il faut comprendre les sources. sacer signifie. à proprement parler. les bois sacrés portent la marque du non-humain. L’approche archéologique et liturgique du problème est difficile. les définitions et les descriptions des antiquaires. dont seuls l’agencement et les règles liturgiques peuvent définir le caractère. du surhumain. et les deux autres termes désignant les forêts. il faut le préciser. Dictionnaire étymologique de la langue latine s. 310 : Interest… inter nemus et siluam et lucum . D’une part. Les érudits romains donnent des bois sacrés deux définitions concurrentes.. D’autre part. malgré les emplois métaphoriques du terme. les Romains établissent également une opposition entre le lucus. grammairiens.). et la silua une forêt épaisse et sans entretien » (Servius de P. Thesaurus Linguae latinae s. une intervention directe. était le lucus. appelé le Nemus d’Aricie. libérés et consacrés comme les temples. étant donné le côté négatif de l’événement. qui l’ordonne en bois harmonieux. les Romains « pensaient qu’il devenait d’emblée religiosus. parce qu’il ressent qu’une divinité y est déjà à l’œuvre. le dictateur latin Egerius Baebius dédia (dedicauit) le bois sacré de Diane dans le Bois d’Aricie. Des autres rien de tel n’est dit. 75-97. La différence est aussi marquée quand les augures définissent par la parole et libèrent un terrain afin de l’inaugurer. le lucus et le nemus ne sont ni épais ni privés d’entretien. le lucus n’est apparemment ni harmonieusement composé. 352). parce que la divinité paraissait l’avoir dédié à elle-même » (Paul Diacre. Deux faits permettent de mieux comprendre la nature des bois sacrés. Quand Énée visite le site de Rome. cela signifie. La silua est manifestement soustraite à toute action : elle est un ensemble d’arbres non entretenus. notamment 77). le Capitole l’impressionne. Mais il convient de nuancer cette conclusion : il s’agit d’interprétations et non de données cultuelles. ainsi que Filippo Coarelli a raison de le souligner (dans O. le lucus possède un statut sacré. 1993. sacer signifie « cultuel. (Enéide 8. id quod est fulmine ictum. Par rapport aux trois autres types de bois. quod eum deus sibi dicasse videretur). le lucus seul est toujours sacré. d’autre part. dans Quaderni del dipartimento di filologi. Dans ce texte religiosus désigne ce qui est marqué d’une obligation religieuse. composita multitudo. avec sans doute une nuance péjorative. En fait. Dans un cas. Naples. Et comme l’écrivent le grammairien Servius et le philologue italien Erm. le fait que les divinités paraissaient s’être consacré ces lieux à elles-mêmes. comme Malaspina le prouve. d’après Malaspina. d’après Caton. rituel » c’est-à-dire désigne une qualité créée par les mortels et non par les dieux.). c’est. que nous venons de citer. D’un lieu où la foudre était tombée. ni abandonné à lui-même . 28 Chassignet : Lucum Dianium in Nemore Aricino Egerius Baebius Tusculanus dedicauit dictator Latinus) situe le Lucus Dianius in Nemore Aricino. La partie sacrée de ce grand bois des Collines albaines. D’un côté. . il est soumis à des obligations religieuses. lié à des observations religieuses. Par exemple. pour citer le dictionnaire de Festus. la foudre qui tombe et désigne un lieu. la clairière cultuelle de Diane. après que les dieux eux-mêmes se sont consacré ces lieux. INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉ DE LA ROME ANTIQUE 629 Même s’ils sont composés d’arbres en nombre important. ils sont propriété d’une divinité. que le Nemus Aricinus était un toponyme. a linguistica e tradizione classica 1995 . 21 Jordan = 58 Peter = II. nemus n’a jamais la valence religieuse. Si Caton (Origines II. Les bois sacrés. d’après notre définition. Malaspina (« Nemus sacrum ? Il ruolo di nemus nel campo semantico del bosco sino a Virgilio : osservazioni di lessico e di etimologia ».RELIGION. Abrégé de Festus. 82 édition Lindsay : Fulguritum. qui locus statim fieri putabatur religiosus. En revanche. p. les bois sacrés étaient définis. dans l’autre un espace qui par ses caractéristiques apparaît comme une propriété divine. qui est reconnue et enregistrée comme telle par les humains. Ce qui paraît important. même si dans la langue poétique le terme peut s’appliquer aussi bien à silua qu’à saltus. de Cazanove (éd. contrairement au nemus ou à la silua. Enfin. Il en va de même avec les lieux foudroyés. 13-20). Le nemus est soumis à l’activité humaine. comme dans les bois sacrés que nous avons vus précédemment. A. la divinité réside avant tout dans un élément naturel. Pline parle d’une colline boisée et sombre. Die Naturauffassung in den Beschreibungen der Quelle am Lacus Larius (4. des frênes et des peupliers entourent le bassin de la source. dans Gymnasium. Le templum est un lieu installé en commun par Jupiter et les représentants de la cité. 95. en Ombrie (Lettres 8. les expiations et l’élagage rituel qui a lieu chaque année. Les sanctuaires des eaux d’après les Anciens À côté d’autres documents examinés. des Clitumnus (8. 131-149). Le lucus est une catégorie rituelle. une fois dégagée du bouillonnement qu’elle forme. « Plinius-Studien IV. . les clivages spatiaux sont nettement soulignés. sa définition par la parole et enfin l’inauguration. toujours d’après Pline. puisqu’il s’ouvre dans une forêt opaque. ici la source jaillissante. La lettre de Pline décrit avec une relative précision l’aménagement du site et les pratiques cultuelles qui étaient pratiquées. Mais ces interprétations ont l’avantage de révéler comment les Anciens comprenaient les phénomènes naturels surprenants. dans Cahiers du Centre Gustave Glotz 8. les rites des arvales en leur bois sacré montrent que le côté impénétrable et sauvage est en fait construit par les interdits. la plus belle description d’un sanctuaire de source est celle que Pline le Jeune fait de sa visite aux sources du Clitumne. 1997. boisée et ombragée par d’antiques cyprès. si bien qu’il est possible d’y compter les pièces (stipes) qu’on y jette et les cailloux qui brillent ». car il n’a laissé aucune trace. Le centre du sanctuaire est constitué par une source située au pied d’une colline à pente douce boisée de cyprès : « Une médiocre hauteur se dresse. était un lieu que les dieux avaient eux-mêmes créé et occupé. de la même manière que dans un bois sacré existe souvent un temple (E.630 JOHN SCHEID c’est-à-dire pour en faire un templum au sens premier. près de Mévania. 30). elle s’étale en un large bassin. 1988. Par ailleurs. formant de toute évidence une enclave sur le territoire de Spolète. Pline décrit l’aménagement de ces deux types de lieu cultuel de manière très précise. Il est extraurbain. 20) ». Dans le sanctuaire du Clitumne. le lieu de culte proprement dit s’étend dans une sorte de clairière. « Les sources du Clitumne. le reste ce sont des commentaires de rites ou des définitions lexicographiques. Enfin. Dubourdieu. Ce temple devait être modeste. limpide et transparente. 8) und des Lacus Vadimo (8. Lefèvre. Le lieu de culte n’a jamais été retrouvé. le bois sacré qui existait par exemple au Capitole avant la libération du lieu de toute servitude. À son pied la source jaillit et se répand par plusieurs filets inégaux . On a donc l’impression que. 236269). 8). De l’utilisation et du classement des sources littéraires ». pour toutes les citations. mais elle dispose également d’un temple construit au bord du bassin. qui peut correspondre au lucus de Clitumne évoqué par Properce (cf. et appartient à la colonie de Hispellum (Spello). un terrain orienté selon les points cardinaux et définis après consultation de Jupiter. Au sanctuaire de Clitumne. mais il est vraisemblable que la même voie était empruntée par ceux qui célébraient le culte ou consultaient. les grottes. is terminus sacri profanique (8. par exemple. il y en a de plus petites. donc à la surface de l’eau inviolable . entre propriété inviolable de la divinité et espace ouvert à l’utilisation humaine. son nom et quelques unes même leurs sources. 5). et pas sa puissance : quand il jaillit. Le sanctuaire du Clitumne l’était par la clarté exceptionnelle de son eau. sans doute parce que le lieu de culte proprement dit se situait en marge du lac. 8. De même qu’un chemin donne accès à un bois sacré. on peut atteindre par barque le centre du sanctuaire. et on y pénètre uniquement pour célébrer le culte. mais ce ne sont pas forcément des divinités de sources. et dans les fameux règlements des bois sacrés de Spolète et de Lucérie (ILLRP 505-6 et 504). ou de l’autel de Vulcain au Quirinal (ILS 4914). ayant chacune leur lieu d’origine. en deçà du pont. Autrement dit. décrit par Pline quelques lettres plus loin (8. 8. le fons ou les Nymphes de la divinité qui est leur maître. les bois sacrés. La distinction entre sacré et profane. Nous découvrons donc que les divinités vénérées près d’une source ne sont pas simplement la source. car Pline précise que certaines de ces divinités possèdent même une source. Un peu plus bas que le temple et son bassin. est attestée également sur une inscription de Tivoli (ILLRP 510). l’oracle. « Chacune a son culte spécial. car toute navigation y est interdite. Car outre Clitumne qui est comme le père des autres. une règle qui est attestée ailleurs. mais les propriétaires de la source. les sources chaudes ou les lacs d’une profondeur insondable. Pline distingue donc les Aquae. qui représente « la limite du sacré et du profane ». son temple est entouré des chapelles d’un certain nombre d’autres divinités.RELIGION. INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉ DE LA ROME ANTIQUE 631 Sur le bord de ce bassin se dresse un templum avec une statue de Clitumne en toge prétexte. Cette tenue n’est pas anodine. donc tout ce qui est en amont du pont. Conformément aux principes du polythéisme antique. c’est-à-dire propre à l’utilisation par les humains. Nous ignorons quels sont ces dieux. sont plus sévères. une aire consacrée ou la cella d’une aedes. En amont. C’est donc une règle de droit sacrée générale que Pline décrit ici. on peut seulement se déplacer en barque. il possède tout de suite une force et une puissance extraordinaires (8. sans toutefois pouvoir pénétrer dans l’eau. 5). Clitumne n’est pas seul dans son sanctuaire. Le sanctuaire de Clitumne ou le lac Vadimon appartiennent au même type de sanctuaire que les sources des grands cours d’eau. il s’agit toujours de phénomènes naturels surprenants. Les règles concernant le lac sacré Vadimon. 20. est aussi inviolable qu’un lucus. ». un pont se jette sur le Clitumne. autrement dit que son numen y est présent . La partie sacrée de la source. car elle indique que dans ce sanctuaire public la divinité exerce le pouvoir. et qu’on n’avait pas besoin d’aller plus loin. mais qui viennent se mêler à la rivière sur laquelle est un pont. pour utiliser l’énumération de Sénèque que nous avons commentée au début du cours. sa volonté et son pouvoir sont efficaces en ce lieu. 2 ). l’eau est profane. Pline ne décrit que l’aspect touristique de ce trajet en barque. pour préparer ou pour entretenir le sanctuaire. Maître du lieu. Le Lac Vadimon . celles qui ornent la patère dite d’Otañez (Fr. Enquête de terrain : les sanctuaires de sources dans le monde romain occidental Nous avons ensuite parcouru la partie occidentale de l’empire. qui est la résidence du dieu et de ses pairs. se mouvoir à leur surface. b. dans une clairière. marque la transition vers le deuxième bassin de la source. a. la force et la blancheur. d. où l’on peut pénétrer et dont ont peut aussi se servir. désormais profane. c. la source et l’eau qui s’en échappe sont clairement séparées d’un bassin ou d’un réceptacle. On peut aussi regarder la source. la source se déverse dans un premier bassin qui est sacré. Les mortels peuvent désormais se plonger dans l’eau de la source. En dépit de l’insuffisance de la documentation dans de . Ceux-ci peuvent les contempler. La source jaillit dans un bois sacré. contenant une eau qui est utilisable par les mortels. ce qui signifie sur le plan rituel. La sacralización del agua termal en la Peninsula Ibérica y el norte de Africa en el mundo antico. Dans les deux cas. ou la salubrité. Cette règle. la seule activité possible dans cette partie du lieu est le culte. célébré à distance prudente. la puiser et la manipuler. qu’il faudra essayer de détecter ailleurs. mais aussi l’inscription de la patère d’Otañez (Salus Umeritana) signalent des qualités surprenantes. que les hommes se bornaient à reconnaître et à consacrer comme telles. Les eaux sacrées sont donc intouchables par les humains. est en tous points conforme aux qualités spécifiques de l’espace sacré dans le droit sacré romain . sur le Clitumne on peut même faire une promenade en barque. qui est un pont dans les deux documents explicites : le Clitumne et la patère d’Otañez. Et Pline n’écrit rien de tel. au British Museum). Ces lieux naturels surprenants n’étaient pas sacrés en eux-mêmes. y faire des offrandes. Termalismo y religion. de l’autre la même eau. une limite. 47-48) et le manche d’une patère de Capheaton (Northumberland. comme nous l’avons vu. Madrid 1988. Dans un cas.632 JOHN SCHEID est merveilleux par ses îles flottantes. pour vérifier si l’aménagement des sanctuaires de source indubitables et bien attestés correspondait à ce portrait. pour les espaces qualifiés de sacrés. Le texte de Pline. et offrir des monnaies . la source jaillit sous un temple. qui est profane. où l’on ne peut pénétrer. du Nord au Sud. Tous les documents examinés permettent de dresser la liste des principales caractéristiques que les auteurs antiques donnent de l’aménagement rituel d’une source. qui sont autant de signes qu’une divinité est à l’œuvre . que les mortels ne peuvent pas entrer physiquement en contact avec elle . elle vaut pour les bois sacrés aussi bien que pour les temples. Diez de Velasco. D’un côté le bassin qui est sacré. mais jamais s’en servir pour des activités humaines. Ils l’étaient en tant qu’ils étaient la création immédiate d’une divinité et une propriété divine immédiate. Nous avons ensuite retrouvé cette représentation du sanctuaire de source dans deux images. 81. 2006. qui sont comme des petites divinités fonctionnelles. 239-268. et comme un instrument pour faire le bien. entre le lieu sacré. qui possèdent la source. Binsfeld. En Afrique romaine correspondent encore à ce modèle les sanctuaires de source des Aquae Septimianae près de Timgad (L. Quelle est la présence divine dans ces lieux ? Deux situations sont attestées : soit nous trouvons des « grands » dieux. strictement réservés au culte. dans Africa Romana 8. Birebent. et à Balaruc. Leschi. on discerne très bien la volonté de respecter la forme irrégulière de la source. 237-243 . Raepsaet-Charlier. propriété de la divinité. M. « Das Quellheiligtum in Zaghouan und die römische Wasserleitung nach Karthago ». Qu’est-ce en fin de compte une source dans l’antiquité ? 1. 321-349). telles . résurgence d’une source ou d’un cours d’eau. Recherches d’hydraulique romaine dans l’Est algérien. « Un centre de syncrétisme en Afrique : Thamugadi de Numidie ». Das Pilgerheiligtum des Apollo und der Sirona von Hochscheid im Hunsrück. chaude. À Bath. lac profond ou lac doté d’îles flottantes. 67-78. Soit nous trouvons seulement des Nymphes ou des Eaux. Dondin-Payre. que les Anciens ne vénéraient pas la Nature ou les Eaux. 1974. dans Comptes Rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 2005. Römische Abteilung. à température toujours égale. Bonn 1975 ). Etudes d’épigraphie. chez les Séquanes (W. 1991. en Narbonnaise (Carte Archéologique de la Gaule 03. Weisgerber. Aquae Romanae. « Henchir el-Hammam (antique Aquae Flavianae) ». Scheid « Nouvelles recherches archéologiques à Jebel Oust (Tunisie) ». de l’autre les thermes utilisant la source. qui est souvent à l’origine d’un fleuve. par exemple. où les mortels peuvent vaquer à leurs occupations. à Wallerborn (W. 284-321) ou les sanctuaires de Zaghouan et de Jebel Oust en Tunisie (Friedrich Rakob. Ben Abed. « Das Quellheiligtum Wallenborn bei Heckenmünster <Kreis Wittlich> ». autour de laquelle sont construits. ou y agissent. mais des divinités qui sont actives dans la nature. Bruxelles 2006. J. Alger 1962 (1964). dans M. J. 41-89 . dans Trierer Zeitschrift 32. La même configuration de l’espace est par exemple attestée à Villards d’Héria. 2. Paris 1957. 121-134. 1989). A. 240-245 . Ces lieux sont généralement signalés par des phénomènes extraordinaires : eau bouillonnante. INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉ DE LA ROME ANTIQUE 633 nombreux cas.Th. soufrée. puissance de l’eau. en pays trévire. Nous avons retrouvé la même bipartition des espaces. dans Aouras 3. Bref.). les Aquae Flavianae. dans Mitteilungen des Deutschen archäologischen Instituts. le résultat de cette enquête a été positif. Le Glay. « Un grand sanctuaire de la cité des Séquanes : Villards d’Héria ». le temple et ses annexes.RELIGION. pratiques cultuelles et territoires civiques dans l’Occident romain. comme un bien. d’un côté. M. 1969. En revanche le captage de la source n’est accessible aux visiteurs que par le regard.-P. Sanctuaires. Nous avons constaté. d’archéologie et d’histoire africaines. près de Théveste (J. toute une série de signes qu’une divinité occupe ce lieu. et se l’est même façonné pour son usage. très froide.) ou à Hochscheid (G. et la partie profane. Van Andringa. en lisant des textes descriptifs et des inscriptions antiques.). Laporte. quelques lacs ou grottes. si seulement la documentation est assez précise. alors que Fons. 5. le Draco. les Aquae en revanche expriment une vertu plus topographique. Il ne faut pas oublier que le culte a besoin d’eau. Le Genius loci. peut être observée sous plusieurs formes dans tout le monde romain occidental. une partie sacrée. et tous les phénomènes naturels ne sont pas l’objet d’un culte. Elle comprend. L’eau est sacrée. comme dans tout temple romain. Hercule. le technicien Esculape avec sa parèdre Hygie. Mais il arrive que l’on dédouble encore leur fonction. elle peut provenir d’une eau sacrée. tout therme comme un sanctuaire de source. sonorité (et par ce biais elles renvoient aux Muses). Les habitants d’une cité créent toujours un paysage religieux. quelques bois sacrés. comme son fils. de même que tous les bois. 3. En tout cas. et c’est à cela que servent beaucoup de bassins. ce choix n’est pas systématique. ils sélectionnent quelques sources. ou alors elles sont aux côtés de la divinité qui possède le site. mais disparaissent quand le lieu lui-même disparaît. toute vasque. qui est aussi medicus. qui renvoie à la sauvagerie du site. Certes. choisissant le lieu. dans le cadre d’un culte. le Serpent. Cette bipartition des espaces. Il ne faut pas considérer toute fontaine. Apollon. semble gérer l’ensemble de ce domaine. pour leur adjoindre les Vires. et elle garde des qualités éminentes qui énoncent certaines vertus de la source : salubrité. pour la cuisine sacrificielle. la Santé. en elle-même une source l’est toujours. et ensuite par la consécration publique (ou privée dans un domaine). 6. ce sont les sources dont l’activité est spectaculaire qui sont vénérées. Mais toutes les sources ne sont pas l’objet d’un culte organisé.634 JOHN SCHEID les Sondergötter de H. ou en Afrique. . pureté. Ce n’est pas n’importe quelle source qui est sacrée. Souvent. comme le soulignait le commentateur de Virgile que nous avons cité au début. efficacité. le dieu du passage. Toute l’eau d’un sanctuaire de source n’est donc pas sacrée. puisque l’eau qui surgit du sol est un phénomène extraordinaire. Nous avons aussi noté que si les Nymphes renvoient à la force propre des sources. Elles ne sont pas immortelles pour toujours. puisqu’il terrasse le mal. Parfois les Nymphes sont seules. et une partie profane. Tout ceci est très romain. comme les parts de viande que l’on consomme lors du banquet sacrificiel proviennent d’une victime consacrée et immolée à une divinité. mais aussi guérisseur à l’occasion. exprimant l’effet de son action. qui exprime toutes les qualités du lieu. Usener. Leur personnalité est limitée à leur fonction : salubrité. Cette dernière est même divinisée dans certains contextes. etc. pour les ablutions. L’organisation du lieu de culte est toujours très particulière. Silvanus. nymphées et thermes. le Numen. qui doivent exprimer leur relation avec l’action divine dans le territoire de leur cité. qui représentent la force de ces eaux. Mercure. 4. le dieu Source. grand découvreur de sources. Elle a été consacrée par le signe divin. À leurs côtés on peut trouver encore d’autres divinités. ) de réagir aux exposés faits en 2007. Il a permis à M. 4. — Conférence à l’Université de Yale (« Ritual and meaning of religion ») en avril 2008 . — Participation au colloque Staging Festivity. Figurationen des Theatralen in Europa. Université de Chicago (« Roman Sacrifice and the System of Being ») en avril 2008. 3.H.S. Les 27 et 28 mars 2008. — Participation au colloque sur The Centrality of Animal Sacrifice in Greek Religion : Ancient Reality or Modern Construct ?.RELIGION. le professeur a donné quatre séminaires à l’université Marc Bloch de Strasbourg sur « Les sanctuaires des eaux ». traité en 2007 sous forme de symposium. Université de Chicago (16 avril 2008). — Participation au colloque La « norme » religieuse à Lyon en novembre 2007. — Participation au VI Collegio di Diritto Romano (« Appartenenza religiosa e esclusione dalla città ») en janvier et septembre 2008. — Participation au colloque Les politiques du pardon à l’Université de Paris XIII (« La clémence d’Auguste ») en décembre 2007.S. la reconstruction détaillée et l’interprétation de la topographie du sanctuaire de Jebel Oust. Freie Universität Berlin (« Theater und Spiele im Rahmen der Ludi Saeculares von 17 vor und 204 nach Christus ») en mars 2008. à Oxford (« L’épigraphie latine et la religion »). Le professseur a fait cinq séminaires en relation avec le sujet. ainsi que les fragments d’inscriptions qui paraissent renvoyer au culte des Cereres à Carthage. Un sixième séminaire a été consacré au thème des Biens des sanctuaires en Italie.E. Conférences et participations à des colloques — Conférence lors de la séance d’ouverture au Congrès international d’épigraphie grecque et romaine. Yan Thomas (E. Nous avons ainsi examiné le problème archéologique de la mise en évidence d’un bois sacré. Séminaire : SANCTUAIRES ET CULTES Le séminaire a développé et approfondi certains aspects du cours. — Conférence à l’Université Marc Bloch de Strasbourg (« Hiérarchies spatiales et hiérarchies théologiques dans les sanctuaires romains ») le 27 mars 2008. Enseignements délocalisés Le professeur a donné un cours (« Der Sinn des Rituals bei den Römern ») et un séminaire (« Die Ritualpraxis und das Verständnis der religiösen Institutionen Roms ») à l’Université de Bonn. — Participation au colloque Iconographie et Religions dans le Maghreb antique et médiéval à Tunis (« Comment interpréter des figurations religieuses muettes ? L’exemple du décor de l’architrave du temple de Dea Dia à Rome ») en février 2008. — Workshop sur les Questions romaines de Plutarque. le 15 et le 16 janvier 2008. INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉ DE LA ROME ANTIQUE 635 2. — Participation à la Commission de recrutement de deux professeurs d’histoire ancienne à l’Université de Fribourg-en-Brisgau (avril/novembre 2008).). Il s’agissait d’affiner la liste des « champs » nécessaires à l’enregistrement des données. « La correspondance entre Georg Wissowa et Theodor Mommsen (1883-1901) ». (éd. J. Paumard (maître de conférences associé au Collège de France). dans R. 2007.-3. 159-190. Fondation Hardt. Jahrhunderts in der römischen Welt (Frankfurt. dans Rites et croyances dans les religions du monde romain (Entretiens sur l’Antiquité. dans G. en premier lieu. Genève 2007. M. 112-127.). Grenoble 2008. Wirbelauer). Bonnet. Activités de M. dans J. Paci (éd. A Companion to Roman Religion. Contributi all’epigrafia d’età augustea (Actes de la XIIIe Rencontre franco-italienne sur l’épigraphie du monde romain).. dans C. Johnston (éd. — « Le sens des rites. L’apport des correspondances à l’histoire des Travaux scientifiques. Elaboration de la base de données sur les lieux de cultes de l’Italie antique (Fana Templa Delubra) en collaboration avec J. 131-144. dans Minerva Medica in Valtrebbia. ATER 1. 19-10 nov. LIII). Scheid et J. — « Sacrifices for Gods and Ancestors ». — « Le pontife et le flamine : religion et histoire à Rome (Entretien) ». dans Y. 6. Ancient Religions.. Lehmann. Publications — (avec Th.I. dans Europe. Fabrice Bessière. Krings (éds. Plaisance 2008. Haensch. 2004). P. — (avec E. c’est-à-dire. — « Religions in contact ». Cologne 2007. Tournai 2007. 5. — Quatre leçons sur « Storia. 2007. Cambridge. L’hymne antique et son public. Der Alltag der römischen Administration in der Hohen Kaiserzeit. Herrschen und Verwalten. archeologia del rito » à l’Istituto Italiano di Scienze Umane de Florence en mai 2008. — Co-direction de la mission archéologique de Jebel Oust (Tunisie) en mai-juin. MA. V. Witteyer. Heinrichs (éd.). 155-212. 19-26. t. Körpergräber des 1.). Drew-Bear) « Les fragments des Res Gestae Divi Augusti découverts à Apollonia de Pisidie ». — « Il culto di Minerva in epoca romana e il suo rapporto colla Minerva di Travo ». 85-91. dans Fasold. Rüpke (éd. 39-71. 263-272. — « Körperbestattung und Verbrennungssitte aus der Sicht der schriftlichen Quellen ». Les hymnes dans le culte public de Rome ». — « Carmen et prière. Frankfort 2007. dans S.). L’exemple romain ». de définir le niveau de détail que l’on souhaite atteindre dans l’acquisition de l’information dans la perspective de permettre un enregistrement représentatif et rapide des données. Tivoli 2006.). storia delle religioni. — « Les activités religieuses des magistrats romains ».636 JOHN SCHEID — Séminaires à l’Université de Foggia (Italie). Le professeur a été nommé membre du Comité Supérieur de la Recherche et de l’Innovation au Grand-Duché de Luxembourg). S’écrire et écrire sur l’Antiquité. janvier-février 2008. M. Struck. 439-450. La réflexion a ensuite porté sur . 126-144. Périodisation des vestiges. Gaeng. . Vectorisation du plan levé manuellement (années 2001-2006) et ajout des plans partiels liés aux opérations de fouille. M. Metzler et de C. Bessière a été nommé le 1er mai 2008 Coordinateur du programme de recherche du Centre Européen du Mont-Beuvray (Bibracte EPCC). Début de la compilation de la documentation graphique du chantier de Jebel Oust. Reprise des données de terrain et rédaction du rapport d’activité de la campagne de fouilles à Jebel Oust (Tunisie) pendant l’année 2007. 6. Cette phase est achevée et une première version de la base est en cours de programmation.RELIGION. Stage de formation aux techniques de relevés archéologiques par « photoplan » et aux techniques de relevés topographiques au tachéomètre laser sous la direction de J. Mission de fouilles à Jebel Oust (Tunisie) dans le cadre de la campagne programmée sur la voie menant des thermes au sanctuaire (avril-mai 2008). INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉ DE LA ROME ANTIQUE 637 l’organisation des blocs de champs à l’intérieur du système informatique et sur leur relation les uns avec les autres. 4. 3. 5. afin de constituer le plan général du sanctuaire et du clivus. Séjours de travail à Rome chez l’éditeur Quasar qui publie la version papier du Corpus des lieux de cultes. Musée du Luxembourg. 2. . L’introduction (Y19. Jean Kellens. celui qui donne sa structure au calendrier religieux. La troisième strophe montre que le groupe des six entités formant avec Ahura Mazdā l’heptade canonique dite des Immortels bienfaisants était constituée et avait trouvé son rang énumératif. L’idée de base du commentaire de l’Ahuna Vairiia (Y19. 2. Mais elle a cette autre particularité de présenter avec insistance la récitation primordiale de l’Ahuna Vairiia par Ahura Mazdā comme le facteur déclenchant de la cosmogonie. Trois strophes situent cette récitation avant l’apparition du monde matériel. Elles ont permis de dégager les conclusions suivantes sur les chapitres 16 à 21 du Yasna. après Ahura Mazdā et avant les autres dieux du panthéon. 1.Langues et religions indo-iraniennes M.1-11) au commentaire de la première formule liminaire de l’Avesta ancien. professeur Cours : 1. 3. en tant qu’elles sont son œuvre. Métamorphose du panthéon avestique . . l’Ahuna Vairiia. si bien que le commentaire du texte de l’Ahuna Vairiia est aussi un commentaire sur la notion de « créations créées en premier ». Le créateur appartient à ses créations. et les créations appartiennent à leur créateur. Controverses récentes sur les textes vieil-avestiques. n’est. mais après celle des Immortels bienfaisants. L’autorité du créateur sur ses créations résulte du fait que le créateur est nécessairement antérieur à ses créations. Cette strophe est aussi la seule du corpus avestique à justifier cette relative préséance : ces entités sont les « créations créées en premier » d’Ahura Mazdā. qu’une des nombreuses et banales magnifications de la magie des textes sacrés. 2.12-14) est qu’il y a entre Ahura Mazdā et ses créations un lien d’appartenance réciproque. en tant qu’il est leur maître. Les litanies en yazamaide « nous sacrifions » du Y(asna) 16 témoignent du fait que le panthéon avestique a atteint son stade ultime de développement. pour une part. Huit leçons ont été consacrées à la première partie du cours. Le « bon » est sollicité. pouvoir religieux supranational). Le premier vers-pensée suscite chez Ahura Mazdā la prise de conscience que quelqu’un est pourvu de la qualité de « conforme à l’Agencement » (ašauuan). guerrier. Le troisième niveau du commentaire (Y19. Nous n’apprenons rien de leur origine. 4. Alors que la relation d’Ahura Mazdā aux entités Vohu Manah et Xšaϑra se traduit par l’appartenance réciproque. 6. pour être banni (Y19. pour appuyer les déclarations d’Ahura Mazdā sur les pouvoirs de l’Ahuna Vairiia (Y19. 5. Le « mauvais » entre en scène tout de suite après la récitation primordiale de l’Ahuna Vairiia. plus le pressurage de haoma. clan. Tout se passe comme s’ils se situaient hors cosmogonie et n’étaient pas des créations. quatre figures et style et cinq mots-clés. le lien d’appartenance s’ouvre et se transmet en chaîne : la « capacité » (xšaϑra) appartient à Aša et Aša appartient à la suite ininterrompue des hommes qui l’ont pris pour règle et ont entrepris de sacrifier. trois vers. 7. Le deuxième niveau du commentaire (Y19.9-11). Ces notions rhétoriques sont ensuite assimilées à des facteurs culturels et sociaux.1-3) configurent l’assistance (peut-être virtuelle) au sacrifice. les mots-clés avec les cercles de l’appartenance sociale (famille. de leur rapport au panthéon.16-18) fait l’analyse des divisions essentielles de l’Ahuna Vairiia. Le dieu qui a perçu l’homme comme ašauuan et l’homme qui a été proclamé ašauuan par le dieu ont en commun d’être « très bons » (vahišta). nous dit-il. le deuxième vers-parole suscite la composition et la récitation de tout l’Avesta ancien. les hommes ont accès à ce pouvoir qui leur fait originellement défaut. Un développement supplémentaire est accordé au niveau de la pensée. nation.640 JEAN KELLENS Du point de vue cosmogonique. juste avant le commentaire proprement dit. tribu.19-21) situe la triade pensée-motgeste dans la cosmogonie. de leur fonction. qui renvoie à la fonction de commanditaire du sacrifice).xšaϑra). allégorie de la capacité) des Immortels bienfaisants. La différence est que le premier a le pouvoir d’être très bon (xšaiiamna) et que le deuxième n’en a pas la liberté (auuasō. le troisième vers-geste permet de souligner l’énoncé du nom des Immortels bienfaisants. allégorie de la pensée) et du troisième (Xšaϑra. qui comporte. les vers avec la triade rituelle pensée-mot-geste. Le commentaire de l’Ašem Vohū consiste à définir la singularité d’Aša.15). Aša a le privilège de l’appartenance réflexive (« Aša appartient à Aša »). allégorie de l’ordre cosmique. Via Aša. les figures de style avec les fonctions sociales (prêtre. Le Y19 parle très peu des deux « esprits » (Mainiiu) incarnant le bien et le mal. Puis. La suite explique comment cette imperfection a pu être corrigée. agriculteur. la récitation primordiale de l’Ahuna Vairiia implique l’existence du premier (Vohu Manah. La nécessité conceptuelle de ce transfert paraît simple et univoque : l’autorité sur les divers cercles sociaux et l’appartenance à une fonction spécialisée sont les critères selon lesquels les officiants à peine investis (Y13. qui est le deuxième Immortel bienfaisant dans l’ordre énumératif. après s’être ainsi refermé sur lui-même. Selon quelles procédures ? . a donné deux conférences intitulées « The poetry of the Gathas : Mysteries of composition. D’une part. La deuxième partie du cours. avec des nuances donnant à comprendre que c’est un peu plus à un seul qu’à tous. 3) De nombreux indices sur la chronologie relative des textes avestiques devront être examinés soigneusement. Après qu’Ahura Mazdā l’a perçu et proclamé ašauuan. a donné quatre cours intitulés « Les quatre phases de la religion mazdéenne » pendant le mois de mai 2008. Albert de Jong. Cours extra muros Trois cours sur le Bagān Yašt et trois séminaires sur des questions de langues et de religions iraniennes anciennes ont été faits à l’Université de Bologne au siège de Ravenne entre le 26 mars et le 1er avril 2008. l’adaptateur moyen-avestique du YéAhē Hātąm et le commentateur avestique récent du Y21. Martin Schwartz.19.1 qui fait du sacrifice le moyen par lequel l’homme peut accéder à la haute « capacité » divine et gagner l’immortalité. professeur à l’Université de Berkeley. il explique l’origine archétypique et la finalité de ce que le collège sacerdotal vient d’entreprendre : un sacrifice. and the composition of mysteries » pendant la même période. est d’ores et déjà parue au Journal Asiatique (voir bibliographie). En faisant place au commentaire des trois formules liminaires de l’Avesta ancien.LANGUES ET RELIGIONS INDOIRANIENNES 641 8.22. Ahura Mazdā le remercie en récitant la strophe gâthique Y43. 9. qui a fait l’objet de deux leçons visant aussi à introduire aux conférences des professeurs invités. . M. Tous trois répondent par le même paradoxe : le sacrifice est dû à un seul et à tous. par lequel il fonde le sacrifice. 2) La question de la dignité sacrificielle des diverses divinités a été récurrente dans l’histoire du mazdéisme. une doctrine que l’on ne croyait documentée en avestique que par le misérable fragment introduit dans la traduction pehlevie du Videvdad 2. 10. l’arrangeur du Yasna poursuit un double but. Nous devons à la préservation de ces textes trois informations essentielles. Zaraϑuštra prend la parole et prononce le YéAhē Hātąm. Elle hante pareillement l’auteur vieil-avestique du Y51. il justifie la structure de son panthéon par l’ordre de succession des créations. celle du monde à l’état spirituel. 1) Nous disposons du récit de la première phase de la création. professeur à l’Université de Leiden. Le commentaire du YéAhē Hātąm (Y21) prolonge sous forme de dialogue le récit cosmogonique que tisse la succession des commentaires. Invitation de savants etrangers M. Séminaire : Lecture de textes en relation avec le sujet du cours Les textes lus sont ceux qui ont été commentés lors du cours. d’autre part. Taimering 2005 [2007]. Présidence du jury lors de la soutenance de la thèse L’Ard-Yašt de l’Avesta par M. Ronald E. 143-146. Wiesbaden 2007. Halle 2008. Hossein Najari. Iranian Languages and Texts from Iran and Turfan. « Quand Darius parle à Darius ». Journal Avestique 295. Demawend und Kasbeck. « Les cosmogonies iraniennes entre héritage et innovation ». Indogermanica. Vandœuvres — Genève 2007. Entretiens de la Fondation Hardt. Emmmerick Memorial Volume. Publications « L’amphipolarité sémantique et la démonisation des daivas ».642 JEAN KELLENS Colloques Participation à la VIe Conférence de la Societas Iranologica Europaea à Vienne du 18 au 22 septembre 2007. Annuaire du Collège de France 2006-2007. Participation à la conférence « Zoroastrian Past and Present » de l’Ancient India and Iran Trust à Cambridge le 7 et 8 juin 2008. . « Controverses actuelles sur la composition des Gâthâs ». 685-694 (avec une participation de Xavier Tremblay). « Résumé des cours et travaux de la chaire de Langues et religions indo-iraniennes du Collège de France ». Festschrift für Roland Bielmeier. 2007. 289-308.2. 505-512. Chomolangma. Festschrift für Gert Klingenschmitt. Rites et croyances dans les religions du monde romain. 283-288. « Liturgie et dialectique des âmes ». 2008. le 28 mai 2008. Activités diverses Une conférence sur le rituel mazdéen a été faite pour l’Association Clio à Paris le 16 janvier 2008. 257-289. N’était cette question de date. qui est plus le problème de la date de Nāgārjuna que celui de la date du Vkn. une analyse du 1. Gérard Fussman. Exception faite d’être l’un des textes supposés avoir influencé Nāgārjuna. vol. Bibliothèque du Muséon. 51. C’est la reconnaissance de ce fait (donc la destruction de l’ignorance) qui permet la libération. . Il expose sous forme d’aphorismes souvent énigmatiques le concept central du mahāyāna. la doctrine de la śūnyatā (littéralement : la viduité ou vacuité). selon laquelle on ne peut rien dire des phénomènes car ceux-ci ne sont qu’apparence. le Vkn ne semble pas avoir eu une très grande popularité en Inde. Professeur Cours et séminaire : Lecture du texte sanskrit du Vimalakīrtinirdeśa Le Vimalakīrtinirdeśa (désormais Vkn) est l’un des plus anciens et plus célèbres textes du mahāyāna. Louvain 1962. Par contre il fut l’objet de très nombreuses traductions chinoises (8) et de traductions tibétaines (2 ou 3).Histoire du monde indien M. Le Vkn a été connu en Europe au travers des versions chinoises et traduit en français par É. La date manifestement ancienne du Vkn et la netteté de ses affirmations l’ont souvent fait considérer comme une des sources du madhyamaka de Nāgārjuna. On y trouve la liste des traductions et celle des sources. on croirait plutôt le contraire : dans bien des cas le Vkn semble illustrer ou résumer Nāgārjuna. La traduction de Lamotte 1 est. Lamotte à partir d’une des trois traductions tibétaines. y compris la doctrine de la vacuité. C’est sans doute la raison pour laquelle l’original sanskrit en était perdu. comme toujours. un modèle d’érudition et de clarté. Les Chinois semblent avoir été fascinés par la façon dont le bodhisattva laïc Vimalakīrti « celui dont la gloire est sans tache » fait la leçon (nirdeśa) aux moines arhant premiers compagnons du Buddha et les ridiculise. Mais la majeure partie des savants préfère considérer que c’est l’inverse : Nāgārjuna développe les thèses du Vkn. L’Enseignement de Vimalakīrti (Vimalakīrtinirdeśa) traduit et annoté par Étienne Lamotte. sogdienne (1) et khotanaise (1). Cāndoka. suggérant quelques corrections. sa lecture minutieuse est loin d’être sans intérêt. au Bengale. « Ornement du flambeau de la connaissance ». Les deux textes n’ont guère de rapport l’un avec l’autre. à Lhasa. Nos collègues japonais de l’Université Taishō obtinrent en 2002 l’autorisation de le publier. sous les yeux. aient assuré que le texte sanskrit n’apportait pas de nouveautés majeures par rapport à la traduction chinoise de Xuangzang. sans les textes tibétain et chinois. le Jñānālokālamkāra. La remarquable traduction d’É. Kapstein à un moine tibétain du même nom ayant séjourné à Vikramaśīla. le texte des versions chinoises et tibétaine et ainsi suppléer à ma coupable ignorance en ce domaine. dont la rapidité mérite tous les éloges. une deuxième édition. sauf lorsque cette réunion est manifestement systématique car plusieurs fois attestée (cas du Bhaisajyaguru-sūtra suivi ou précédé du Vajracchedikā-sūtra). Deyadharmo’yam pravaramahāyānayāyinah bhiksuśīladhvajasya cad hatra punyam tat bhavatu ācāryopādhyāyamātāpitrpūrvamgamam krtvā sakalasatvarāśer anuttara jnānaphalāvāptaya iti// mahārājādhirājaśrīmadgopāladevarājye samvat 12 śrāmanadine  30 likhitam idam upasthāyakacāndokeneti // (Jñānālokālamkāra) . Lamotte restitue la phraséologie sanskrite du Vkn à partir des équivalences du grand dictionnaire sanskrit-tibétain dit Mahāvyutpatti. mais ils ont été copiés à un mois de distance par le même scribe. Bien que les éditeurs japonais. En d’autres termes. vers 1150. Śīladhvaja. Mais il ne connaissait pas le texte sanskrit luimême. 929-955) : comment sont choisis les textes qui figurent dans des recueils composites ? La réponse est ici que Śīladhvaja a probablement fait copier deux textes qui n’existaient pas dans la bibliothèque de son monastère et qu’il les a réunis pour obtenir un volume de taille normale. sur l’ordre du même moine. identifié par M. il n’est nul besoin que deux textes soient apparentés pour qu’ils soient réunis en un seul volume. Voici le texte non corrigé des deux colophons en question. C’est une des réponses possibles à la question que nous nous étions posée lors du séminaire de 2004 (Les bibliothèques des monastères bouddhiques indiens. en 2006. ce qui a permis un dialogue constant avec l’auditoire. Un manuscrit de celui-ci fut découvert en 1999 dans la bibliothèque du Potala. Lamotte permet d’étudier le texte sanskrit en ayant l’illusion de connaître à travers elle les traductions chinoises et tibétaines et en se dispensant de la plus grande partie des recherches de sources indispensables à la compréhension d’un tel texte. Elle exige quand même de l’auditoire un minimum de connaissances préalables. Le livre dans lequel se trouve le texte sanskrit du Vkn comprend un autre texte. Annuaire du Collège de France 2003-2004. Je remercie tout particulièrement mes collègues sinologues et tibétologues qui ont bien voulu participer à ses séances avec. Cela correspond à la date assignée au manuscrit par l’étude de sa graphie et explique le nom du moine : « Drapeau des vertus (héroïques)/de Vikramaśīla ». une tentative de datation et de très nombreuses notes indiquant si telle ou telle expression du Vkn est héritée ou au contraire novatrice.644 GÉRARD FUSSMAN contenu. Une première édition (copie diplomatique. avec en parallèle les traductions tibétaine et chinoises) parut en 2004 . C’est la raison pour laquelle le cours de cette année s’est confondu avec le séminaire. ainsi que celui de deux traductions postérieures. mais cela tient sans doute à son style de traduction (Lamotte. effectuée entre 222 et 229 de n. donc de beaucoup antérieure à notre manuscrit. utilisation de rāśi. Tous deux. Tous appartenaient à la partie indienne du catur-diśa samgha. achevée en 406. Ils étaient probablement considérés comme tels par les moines de Vikramaśīla. dans un texte à usage privé. p. Comme presque toujours. et probablement réalisée (Lamotte. La traduction la plus ancienne conservée. semble considérer que Zhi Qian a utilisé un texte sanskrit un peu plus court. Lamotte. il écrivait du sanskrit « hybride » en plein XIIe siècle. sakala. permettent de juger de la connaissance du sanskrit au Bengale au XIIe siècle. 4.è. la date des traductions chinoises constitue la donnée majeure. Le texte en est donné dans l’édition japonaise de 2004. En d’autres termes. Gopāladeva (III. facilitée par la disposition très claire de l’édition . utilisent le comput du royaume bengali. Entre août et septembre de l’an 12.HISTOIRE DU MONDE INDIEN 645 Deyadharmo’yam pravaramahāyānayāyino bhiksuśīladhvajasya yad atra punyam tad bhavatu ācāryopādhyāyamātāpitrpūrvamgamam krtvā sakalasatvarāśer anuttarajnāna  phalāvāptaya iti// śrīmadgopāladevarājye samvat 12 bhādradine 29 likhiteyam upasthāyakacāndokasyeti // (Vkn) Ces colophons. Kumārajīva est plus bref. c’est-à-dire se considèrent comme tout à fait indiens. p. La découverte du manuscrit contenant le texte sanskrit permet d’affiner la date du texte ou des états successifs du Vkn. p. achevée en 650. Cela devrait nous mettre en garde contre la tentation de dater un texte en fonction de son seul aspect linguistique. Cette même seconde ligne est historiquement intéressante : Śīladhvaja utilise comme scribe son serviteur personnel (upasthāyaka) Cāndoka.en raison de l’utilisation du mot rāśi-) à des constructions de type moyen ou même néoindien (non déclinaison de bhiksu-. Ce n’était manifestement pas le cas des moines chinois qui nous disent dans leurs récits ou avoir été traités avec mépris ou avoir suscité étonnement et admiration. celle de Kumārajīva. ou en tout cas plus attendu. 70). La comparaison du texte sanskrit avec celui de Zhi Qian. La seconde ligne montre que le rédacteur de cette partie du colophon prononçait iyam le neutre idam et utilisait le génitif en fonction d’instrumental tout en connaissant les formes et usages corrects.au lieu de sarva. 10). rédigés par les mêmes personnes (probablement Śīladhvaja pour la première ligne. Le texte traduit par Xuanzang devait être très proche de celui conservé dans le manuscrit sanskrit : on ne constate que des variations minimes et lorsqu’il y a divergence. Cāndoka pour la seconde) à un mois de distance. et celle de Xuangzang. le manuscrit donne souvent un sens meilleur.comme suffixe de pluriel = bengali -lok). Cette même seconde ligne devrait mettre en garde les historiens contre des analyses hâtives des variations de titres. est celle de Zhi Qian. L’origine tibétaine de Śīladhvaja n’y était pas plus exotique pour un Bengali de l’époque qu’une origine tamoule ou gilgitie. La première ligne mêle un sanskrit recherché (suffixe -yāyin. probablement) n’a certainement pas cessé d’être un mahārājādhirāja. 810) 2. . dont deux uniquement conservées de façon fragmentaire par des manuscrits de Dunhuang (Lamotte. d’une qualité littéraire bien supérieure à celle des grands sūtra du mahāyāna. en sanskrit bouddhique correct mais maladroit. est.è. Sous réserve d’une étude détaillée de l’ensemble du texte. Zhi Qian ne traduit pas le premier stotra (les stances de Ratnākara en I. lorsque les restitutions sanskrites de Lamotte ne correspondent pas au texte que nous lisons aujourd’hui grâce à nos collègues japonais. beaucoup plus vivaces. on peut donc reconnaître au moins trois « mains » dans ce texte dont l’unité foncière ne fait cependant pas de doute : c’est un texte très savamment composé. La version de Dharmatāśīla utilisée par Lamotte diffère légèrement de celle imprimée par les éditeurs japonais du texte sanskrit. et en prenant garde à ne pas tomber dans une critique subjective (higher criticism) qui attribuerait aux auteurs anciens nos goûts esthétiques. c’est en général parce que le Vkn emploie des mots plus rares et des expressions plus 2. 77). probablement plus anciens que les passages en prose et en sanskrit correct. et qui sont loin d’être suffisants ni véritablement démonstratifs. et des passages beaucoup plus brillants. faits de répétitions. Ces trois « mains » supposent une élaboration assez longue. Le vocabulaire est parfois très recherché. 10). donnent l’impression qu’il y a eu au moins trois « mains » dans le texte. Ainsi. L’analyse porte non sur le contenu philosophique ou pseudo-philosophique du contenu. p. Le texte incorpore en outre deux passages versifiés en sanskrit dit « hybride ». peut-être trois générations. La version sanskrite copiée par Cāndoka. très proche et de la traduction de Xuanzang (650) et de la traduction tibétaine de Dharmatāśīla (c.646 GÉRARD FUSSMAN japonaise. 19). On peut donc admettre que le Vkn sanskrit. mais qui n’ayant pas un rapport nécessaire au texte peuvent y avoir été incorporés postérieurement. au plus tard. en sanskrit plus élégant. Il est donc tout à fait possible que Zhi Qian ait utilisée une version du Vkn très semblable à celle dont nous disposons aujourd’hui et qu’il ait choisi d’en résumer ou d’en omettre des passages relativement brefs et jugés par lui d’importance secondaire. Il a en fait existé trois traductions tibétaines. ce qui ne signifie pas nécessairement qu’il ne l’ait pas connu : il peut avoir jugé inutile de traduire ces très médiocres vers. était achevé pour l’essentiel en 222. pas un texte fait de bric et de broc. malgré des inégalités incontestables de style ou de langue. qui la justifie avec des arguments plus forts que les miens. et laissent supposer l’existence d’une première version vers 100 de n. C’est l’opinion de Lamotte (p. On remarquera très facilement que coexistent des passages très plats. 1. déjà identifiés (je me demande comment) par Lamotte p. mais sur le style et l’état de la langue dans les parties non doctrinales. dans l’unique version que nous en possédions. montre que dans les premiers chapitres en tout cas Zhi Qian n’omet rien d’essentiel et traduit assez bien des passages en fort bon sanskrit. Les quelques sondages faits dans le texte. Il y a toujours un effet de surprise : on se demande ce que va dire Vimalakīrti. il n’y a aucune démonstration. l’enseignement de Vimalakīrti n’est en rien discursif. Le texte sanskrit du Vkn n’utilise pas très souvent . avec leurs millions de personnages et leurs miracles à répétition. il y avait contradiction entre les passages narratifs. souvent en rois ou princes (kumāra). Or Upāli. le Vkn joue sur les deux sens du mot pratisamlayana-. ainsi. Les exemples de ce type pourraient être multipliés. pas toujours vus par Lamotte qui traduit le texte comme s’il était uniquement philosophique. pour se moquer de Śāriputra. Il n’y a recherche de démonstration que chez les philosophes comme Nāgārjuna et les abhidharmistes. 33-37). normalement ne doit pas connaître le sanskrit et n’est même pas autorisé à l’entendre. C’est une suite d’aphorismes qui s’imposent d’eux-mêmes au croyant.HISTOIRE DU MONDE INDIEN 647 recherchées que les équivalents choisis par Lamotte dans la Mahāvyutpatti. même (et uniquement en ce qui me concerne) à travers Lamotte. āvilīkārsīh). La composition est très savante et permet une lecture chapitre par chapitre. s’adresse à Upāli en utilisant un vocabulaire relevé. Lorsqu’on lit. On a très rapidement fait un sort à l’émerveillement chinois devant le caractère laïc de Vimalakīrti : tous les bodhisattva sont laïcs. l’un très technique (méditation d’après déjeuner). on ne comprends pas pourquoi Upāli est interrogé par deux moines sur un point de discipline (sa spécialité). Comme dans la plupart des sūtra du mahāyāna. Dans le chapitre III. La science (vidyā)  est d’abord croyance en la vérité de l’enseignement et perception intuitive et inexprimable de ses vérités. Le sens est en général le même. elle ne s’apprend pas. et même passage par passage à l’intérieur d’un chapitre. La réponse est dans le texte sanskrit qui emploie. barbier. des composés cvī et des injonctifs (āgādhīkārsīh. les traductions chinoises et tibétaines. au début de III. l’autre très courant (sieste en début d’après-midi). il n’y a pas contradiction. On a montré en effet que pour un Européen. D’un point de vue bouddhiste. quant à lui. les arhant sont ridiculisés de façon très fine : ils sont décrits dans des situations correspondant au caractère et aux qualités que la légende leur attribue. Ainsi Upāli s’adresse-t-il aux deux moines en utilisant le duel. est celui relatif à Upāli (III. Vimalakīrti. Par exemple. Il y a des jeux de mots. Les fééries du récit-cadre ne sont pas plus stupéfiantes que les vérités énoncées par Vimalakīrti. L’un des passages les plus significatifs et de l’humour de l’auteur du Vkn et de sa maîtrise du sanskrit. Dans d’autres religions on appellerait cela le mystère de la foi (śraddhā). et une prédication affirmant que tout cela est illusion et détourne de la vraie connaissance et de la vraie libération. L’essentiel est de croire en la vérité de ces affirmations tranchées. Dans le Vkn. On est passé rapidement sur le contenu pseudo-philosophique du texte. et uniquement en cet endroit. le niveau de vocabulaire est différent. des formes rares en sanskrit bouddhique car trop classiques ou trop grammaticales par rapport au niveau de langue ordinaire des mahāyānasūtra. La vérité (jnāna) se voit. et représentés en la:cs. donc de basse caste. dont le récit-cadre. 10. un ksatriya pour les ksatriya. un moyen de vivre dans le monde des laïcs pour les amener au salut. Ce n’est manifestement pas sa caractéristique essentielle. 5c yasmin na vedita ca cittamanahpracārā. le sanskrit bouddhique tient plus à une volonté d’utiliser la langue-type des sūtra qu’à une incapacité à écrire du sanskrit paninéen. Pourquoi ? Il n’y a personne qui puisse mettre son éloquence en défaut. Le passage le plus significatif est III. Après Lamotte et en partie grâce à lui. à la fin du chapitre III. Activités de la chaire M. ce fut le fait de moines. dont rien ne permet de dire qu’ils aient défroqué. 4 nous dit qu’à l’occasion il exerce les fonctions d’un roi (rājakāryānupravistah) et II. le catalogage informatisé dans Portfolio Extensis et la numérisation des collections de photographies données à la photothèque de l’Institut d’Études Indiennes du Collège de France (plus de 26 000 clichés à ce 3. En d’autres termes. d’autres passages aussi. un brahmane pour les brahmanes etc.648 GÉRARD FUSSMAN l’expression grhapati. Le nombre de ces parallèles prouve surtout que la composition des mahāyānasūtra fut le fait de gens parfaitement au courant de notions et de textes enseignés seulement dans les monastères. 10. C’est du sanskrit bouddhique ordinaire. il est d’une variété jusqu’à présent inconnue. on constate qu’une grande partie des notions et des formules se trouvait déjà dans les sūtra anciens : idéologiquement le mahāyāna puise dans des conceptions anciennes. « maître de maison. architecte-cartographe. De même il faut couper en I. En d’autres termes. 10. Vimalikīrti est un tathāgata. Le début du chapitre II insiste sur le fait que son apparence de laïc n’est elle aussi qu’une illusion. En d’autres termes. 5 qu’il est un grhapati pour les grhapati. Il n’était pas inutile de le rappeler à propos d’un texte qui ridiculise ces mêmes moines. L’essentiel du cours a porté sur la lecture mot à mot du texte. Mme Scherrer-Schaub a fait remarquer qu’il suffit de couper naivātra ātma na ca kāraku vedako vā en I. L’étude a aussi porté sur la caractérisation linguistique du texte. 4c pour que le texte soit compréhensible et bouddhiquement correct. pour désigner Vimalakīrti. 4a na ca nāma asti na ca nāsti giram prabhāsi fait difficulté. riche propriétaire ». un effet de son habileté en moyens salvifiques (upāya-kauśalya). 10. gère l’informatique de la chaire et supervise l’identification. . ni moine ni bodhisattva. Quant au moyen-indien sous-jacent au stotra très sanskritisé de I. Aucune publication n’est envisagée. Éric Ollivier. faute de temps. le Professeur ayant malheureusement d’autres obligations. tibétain et chinois autres). II. Le sanskrit n’a rien de très particulier. 36 : « ne croyez pas que ce soit un grhapati. La lecture du texte s’étant arrêtée. le cours-séminaire sur le Vkn se poursuivra en 2008-2009. en particulier en ce qui concerne certaines formes adjectivo-verbales 3. mais le ou les auteurs étaient capables de faire beaucoup mieux : en témoigne le passage sur Upāli (supra). excepté le/un tathāgata : telle est la lumière qu’apporte sa sapience » (traduction libre . I. 373 pages. Elle assure par ailleurs le secrétariat de la chaire. Paris 2008. Séminaire : relecture d’inscriptions déjà plusieurs fois éditées ». Publications de l’Institut de Civilisation Indienne. Rtveladze du 15 avril au 8 mai 2008. délégué de l’Administrateur. 695-713. Président. Monuments bouddhiques de la région de Caboul/Kabul Buddhist Monuments. Mme Isabelle Szelagowski. Elle en fera paraître le n° 20 en octobre 2008. Gérard Fussman avec la collaboration d’Eric Ollivier et de Baba Murad. Il a participé à l’élaboration et à la réalisation du livre Monuments bouddhiques de la région de Caboul paru cette année (infra). II. 761 et 762. du Conseil scientifique des bibliothèques du Collège de France. juin 2008. Appartenance au Conseil scientifique de la BULAC (Bibliothèque Universitaire des Langues et Civilisations). Indira Gandhi Center for the Arts (New-Delhi) a donné le vendredi 4 avril 2008 une conférence intitulée « The building of the main cultural institutions in independant India » (voir La Lettre du Collège de France. gère les commandes de livres et les publications de l’Institut d’Études Indiennes et rédige la Lettre d’Information annuelle dudit Institut. n° 23 ». founder and former Secretary. Il a considérablement avancé son catalogue commenté des estampilles arabes en verre de la Bibliothèque nationale et Universitaire de Strasbourg. Monsieur Christian Bouy. Fussman et autres activités Direction de l’Institut d’Études Indiennes du Collège de France. s’est occupée de recherches documentaires et bibliographiques en relation avec le programme d’enseignement et de recherche de la chaire. Professeurs étrangers invités Mme Kapila Vatsyayan.HISTOIRE DU MONDE INDIEN 649 jour). 12-13). Annuaire du Collège de France 2006-2007. . Missions de M. a géré le catalogage et le rétrocatalogage de la Bibliothèque d’Études Indiennes. Publications « Cours : Les Guptas et le nationalisme indien. maître de conférences. maître de conférences. fasc. Mme Nathalie Lapierre a participé à la fouille de Kampyr Tepe (Ouzbékistan) sous la direction de notre collègue E. UMR 7528). Mission d’expertise de l’AERES (11 janvier 2008. Président de la SEECHAC (Société Européenne pour l’Étude des Civilisations de l’Himalaya et de l’Asie Centrale).650 GÉRARD FUSSMAN Appartenance au Comité Directeur de la Forschungsstelle für Felsbilder und Inschriften am Karakorum Highway de l’Académie d’Heidelberg. Conférence devant le personnel du Collège de France (pour le CLAS) le 10 janvier 2008 et au Musée Cernuschi (pour la SEECHAC) le 31 janvier 2008 : « Monuments bouddhiques de la région de Caboul ». Mission en Inde (7 au 16 février 2008) : visite des grottes bouddhiques de la région de Bombay pour la préparation d’un futur cours. . la famine. Le régime de Nankin n’impose définitivement son pouvoir à Xi’an qu’en octobre 1930. ou presque. la vie de la région (comme celle de beaucoup de régions en Chine) avait été dominée et rythmée par les rivalités de ces chefs d’armées dont le but principal. (La guerre contre les bases communistes situées dans le nord de la province est l’exception. ce qui ne l’avait pas empêché de se retourner contre lui. était d’accroître leur propre puissance en exploitant sans scrupule les ressources des territoires qu’ils étaient capables de contrôler. qui nourrissait des ambitions nationales et à qui le nouveau gouvernement nationaliste avait été contraint de laisser le contrôle du Nord-Ouest. après avoir défait les forces de Feng Yuxiang. l’un des « grands » seigneurs de la guerre de l’époque. mais elle a été conduite assez mollement et a cessé avec la proclamation du second « Front uni » fin 1936. la spirale descendante du sous-développement… L’automne 1930 marque un point tournant à beaucoup d’égards. d’abord. Politiquement et militairement. Pierre-Étienne Will. sinon toujours exclusif. les projets de modernisation avortés. Certains ont réussi à occuper plus ou moins longtemps le poste de gouverneur militaire du Shaanxi. Ces derniers ont été réduits un à un en 1927 et 1928 par les lieutenants de Feng Yuxiang. professeur Cette quatrième et dernière livraison sur l’histoire du Guanzhong (la plaine centrale du Shaanxi. et c’est à partir de là que le Shaanxi cesse de servir périodiquement de champ de bataille pour factions militaristes rivales. capitale Xi’an) au début de l’époque républicaine s’est concentrée sur la lente et difficile mise en route d’un « cycle vertueux de développement » dans la région à partir de la décennie 1930. le reste étant aux mains de militaristes locaux qui n’obéissaient à aucun ordre. mais leur pouvoir ne s’étendait jamais qu’à une fraction limitée du territoire de la province. c’est la fin ce qu’on peut appeler le cycle des seigneurs de la guerre. Dès les lendemains de la révolution de 1911.) . Nous avions retracé dans nos cours des trois dernières années l’histoire chaotique du Guanzhong pendant les deux décennies précédentes : la guerre civile. avec la sanction du gouvernement central.Histoire de la Chine moderne M. dont on parlait depuis 1912 et pour laquelle des études approfondies avaient été conduites au début des années 1920 sous la direction de l’ingénieur Li Yizhi. La coopération entre Chinois et étrangers.652 PIERREÉTIENNE WILL La fin de 1930 marque aussi la sortie d’une sécheresse qui dure depuis deux ans et qui s’est conjuguée aux exactions des militaires et à la désorganisation générale de la société pour causer l’une des plus épouvantables famines de l’histoire au Shaanxi et dans la province voisine du Gansu. nous l’avons examinée principalement dans le cadre de la CIFRC. et ces éléments virtuels ont mis du temps à s’actualiser et à produire leurs effets. et le mot d’ordre désormais est non seulement de secourir les populations affamées. et que dans des zones assez étendues le contrôle du gouvernement provincial restait très limité. d’autre part. De fait. à partir de l’installation du pouvoir nationaliste à Xi’an. si le retour à l’ordre a été proclamé dès sa prise de fonctions par le nouveau gouverneur de la province. Il est clair que la réalisation relativement rapide de ce chantier — la première tranche de ce qui s’appelle désormais le canal Jinghui 涇惠渠 a été inaugurée en juin 1932 — a été un signal fort pour les populations locales. c’est parce qu’en dépit de quelques soubresauts sans grand effet sur les conditions de vie de la population le Guanzhong a bénéficié. L’un des projets phares. en réalité certains incidents dont il sera question plus loin montrent qu’en 1932 ou 1933 encore l’insécurité était grande. c’est un véritable sentiment de renaissance qui s’exprime dans une quantité d’articles publiés à Xi’an juste après le changement de régime : cette transition politique de la fin 1930 a été vécue comme une sortie du tunnel et comme l’orée d’un nouveau cycle de tranquillité et de progrès économique. Notre exposé s’est concentré sur deux grands sujets : d’une part. Certes il ne s’agit encore que d’espoirs et de projets. le général Yang Hucheng. Pour ne prendre qu’un exemple. la réhabilitation du système d’irrigation du Weibei (sur la rive gauche de la rivière Wei. l’impact technique et économique du modèle de développement symbolisé par la modernisation du site du Weibei. comme nous l’avions vu l’an passé. l’un des principaux organismes philanthropiques de l’époque en Chine. même à proximité de Xi’an. le rôle de l’aide étrangère dans le processus de développement auquel on vient de faire allusion. Mais il est clair qu’une nouvelle dynamique s’est instaurée dans la région et que. mais aussi de jeter les bases du développement économique. qui était par sa constitution même un organisme . d’une stabilité politique qu’il n’avait pas connue depuis le milieu du xixe siècle. Le retour à l’ordre que laisse espérer l’entrée des nationalistes à Xi’an a convaincu les principales organisations philanthropiques du pays de revenir dans une région qu’elles avaient pour la plupart d’entre elles désertée par manque de sécurité. si une action dans la durée a été possible. Elles bénéficient du plein appui des nouvelles autorités provinciales. et plus précisément la nature des relations entre Chinois et experts étrangers . directement au nord de Xi’an). peut démarrer dès la fin 1930 grâce à l’appui de la China International Famine Relief Commission (CIFRC). d’expertise technique et d’aide internationale. bien au-delà de ce qui avait été prévu dans le contrat signé avec le gouvernement de la province. L’un de ses principes fondateurs était la parité entre responsables chinois et étrangers. les intermédiaires chargés de recruter la main d’œuvre. Avant de les aborder nous sommes revenu beaucoup plus en détail que précédemment sur l’organisation et le mode de fonctionnement de la CIFRC. voire passée sous silence. Lanzhou. rappelons-le. Xi-Lan 西蘭. sur un ensemble . i. dans les sources occidentales) qui a permis de réduire le temps de parcours de 18 à 3 jours et a notablement contribué à désenclaver l’extrême nord-ouest de la Chine. donc en principe pour le bien de la Chine — étaient-ils considérés par leurs interlocuteurs chinois. la capitale du Gansu.) Elle comptait un certain nombre de comités provinciaux (sept en 1922. Un autre des grands projets d’ingénierie civile de la CIFRC en Chine du Nord concernait également le Shaanxi : la transformation de l’ancienne route impériale reliant Xi’an et. les autorités locales civiles et militaires. mais sa réputation reposait aussi sur la qualité et la rigueur de sa gestion. d’un secrétariat général et de bureaux spécialisés. ses ingénieurs en ont eux-mêmes conçu et réalisé la partie techniquement la plus difficile.e. en une route adaptée à la circulation automobile (appelée route Silan. fondée. comment leur rôle et leur attitude étaient-ils perçus et ressentis ? À l’inverse. ou même de la Société des Nations. quinze en 1935) dont les activités étaient encadrées de près par les instances centrales. politiques mêmes. (Parmi ces derniers la majorité venaient du milieu des missions protestantes anglo-saxonnes. et le gouvernement provincial. comme la Croix-rouge américaine. Dès sa fondation elle a été l’organisation non gouvernementale disposant des moyens les plus importants en Chine. mais elles sont omniprésentes dans les sources traitant de problèmes de développement. des relations entre les ingénieurs et les administrateurs de la CIFRC et les habitants du Shaanxi avec lesquels ils étaient en contact constant : les travailleurs employés sur les chantiers. 700 km à l’ouest. que strictement économiques. Comment les étrangers — même travaillant dans le cadre d’entreprises de nature philanthropique. et en fin de compte elle a assuré l’essentiel du financement jusqu’en 1934. Pour toutes ces raisons il était intéressant d’examiner la nature même. les fournisseurs. doté d’un comité exécutif. qu’il s’agisse de la CIFRC ou de tout autre organisme comparable. sur le terrain. dans la plus grande partie de la littérature consacrée en Chine populaire à la reconstruction économique de la région après 1930. en novembre 1921.HISTOIRE DE LA CHINE MODERNE 653 sino-étranger et qui est restée une présence importante au Shaanxi jusqu’au milieu des années 1930 : c’est elle qui a relancé le projet du Weibei (auquel elle s’était déjà intéressée pendant la décennie précédente). Cette contribution est minimisée. au terme de la grande famine de 1920-1921 en Chine du Nord. comment les étrangers travaillant dans le cadre de l’assistance philanthropique considéraient-ils leurs interlocuteurs chinois ? Ces questions sont plus culturelles. dans le but de fédérer les associations provinciales sino-étrangères alors en activité et de créer une structure permanente et préventive. La CIFRC était un organisme centralisé. qui ne craignait pas les conflits. elle était la seule à posséder le savoir-faire et les capacités d’organisation nécessaires. même affichant le plus grand dévouement à la cause de la Chine. à qui l’on doit la monographie la plus complète sur la CIFRC (publiée à Taiwan en 2004). placée sous l’autorité du secrétaire général. Dès sa fondation la CIFRC avait mis sur pied une douzaine de sous-comités spécialisés (changshe fenwei banhui 常設分委辦會) où étaient invités divers experts supposés conduire des enquêtes et soumettre des propositions aux instances dirigeantes. qui s’avéraient nettement plus efficaces. Cette double structure n’allait pas sans redondance. et sur son carnet d’adresses à l’étranger. lequel a été dissout dès 1925 pour cause d’insuffisance de travail. l’inverse après cette date). remarque que ces bonnes relations sont d’autant plus remarquables que le nationalisme chinois était intense à l’époque et que dans de larges milieux les étrangers. Djang). La plupart des membres du comité exécutif étaient des grands notables bien connectés dans les milieux universitaires. Pendant la plus grande partie de l’histoire de la Commission les responsabilités de secrétaire général ont été assumées par un seul et même personnage. démontre que la CIFRC n’était pas . un ingénieur chimiste diplômé de l’Université Cornell dont il sera plus longuement question ci-dessous. sans parler du bureau d’ingénierie dont il sera question plus bas. En surface au moins la coopération était harmonieuse. composé de 11 personnes (6 Occidentaux et 5 Chinois jusqu’en 1928. ce dernier étant en fait le personnage clé de tout le dispositif. conservées à la Hoover Institution de Stanford. a rapidement marginalisé les ingénieurs distingués qui composaient le « comité technique » (jishu bu 技術部). le vice-président. Todd. Mais l’examen des archives privées de l’ingénieur Todd. les deux trésoriers et le secrétaire général. basés sur le principe des secours en échange de travail (gongzhen 工賑) : outre les moyens qu’elle était capable de mobiliser. Huang Wende 黃文德. les autorités se reposaient presque entièrement sur elle pour les travaux d’infrastructure lancés au moment des désastres naturels et des famines. Zhang Yuanshan 章元善 (Y. dans les milieux d’affaires. où les membres du bureau exerçaient de facto une influence dominante : le président. comportait également un certain nombre de bureaux spécialisés où travaillaient les employés de la Commission. Tel a été en particulier le cas du bureau d’ingénierie (gongcheng gu 工程股) placé sous la direction de l’ingénieur américain O.654 PIERREÉTIENNE WILL de procédures bien rodées. D’un intérêt particulier pour notre propos sont les relations entre dirigeants chinois et étrangers au sein de la Commission. étaient soupçonnés de servir les intérêts de l’impérialisme. recruté par la CIFRC en 1923 et que nous avons déjà souvent évoqué : Todd.J. au gouvernement et dans les ambassades étrangères. L’administration centrale (zonghui shiwusuo 總會事務所). et dans les faits la plupart des sous-comités ont progressivement perdu de leur influence au profit des bureaux. L’instance décisionnelle de la CIFRC était son comité exécutif. Jusqu’à ce que le gouvernement nationaliste ne tente sérieusement de reprendre la main au début des années 1930.S. Le premier était la mise en place d’un réseau de coopératives de crédit rural ayant pour objet d’aider les paysans à sortir de la pauvreté en leur enseignant comment s’organiser entre . ni de l’existence possible de factions au sein de l’équipe dirigeante.HISTOIRE DE LA CHINE MODERNE 655 toujours la réunion d’idéalistes passionnément dévoués au sauvetage de la Chine que suggère sa littérature officielle — ou plus précisément. et de l’autre occidentales. nous n’avons que des traces. Et ils avaient inévitablement quelque difficulté à accepter l’attitude paternaliste naturellement adoptée par leurs collègues européens et américains. les Chinois du comité exécutif de la CIFRC ou d’autres instances similaires restaient chinois.S. Les frictions entre l’un et l’autre étaient en partie déterminées par les choix stratégiques de la CIFRC. Les membres chinois de la direction de la CIFRC étaient tous anglophones. bien que sino-étrangère. Mais les indices ne manquent pas pour montrer que les choses étaient plus complexes. Exerçant par ailleurs de multiples responsabilités dans des instances purement chinoises. peut-être pas envers eux-mêmes. qui a très certainement tenu une place importante dans la vie de la Commission. des désaccords et des rivalités en amont. Même on ne peut plus occidentalisés. autrement dit leur société. qui font appel à des publications. était d’abord anglophone et fonctionnait suivant des principes et des procédures d’inspiration occidentale. de ces gens dont les Occidentaux aimaient à penser qu’ils leur ressemblaient. défendant des intérêts qui ne coïncident pas toujours et. surtout. et diplômés d’universités européennes ou américaines .J. ils ne s’entendaient pas toujours entre eux. Todd. Celle-ci en effet avait assez vite été conduite à concentrer ses efforts sur deux grands programmes. on peut supposer qu’ils n’étaient pas toujours à l’aise avec cette asymétrie en vertu de laquelle la CIFRC. à des archives et à des témoignages inconnus jusqu’alors. et tous étaient des notables qui savaient comment parler et se comporter dans les milieux occidentaux de Chine (plusieurs étaient membres du Rotary Club) — bref. beaucoup avaient servi dans la diplomatie. C’est ce que suggèrent également un certain nombre de publications chinoises récentes. visant l’un et l’autre à renforcer les capacités de résistance de la société rurale face aux désastres naturels et en même temps à diminuer l’impact potentiel de ces désastres par des mesures préventives. que si ses dirigeants étaient incontestablement idéalistes et dévoués. certains diraient même coloniales. Djang — l’un des fondateurs de la CIFRC et l’âme de l’organisation pendant une quinzaine d’années — et l’ingénieur en chef O. chrétiens la plupart du temps. de ses analyses. ou ne désiraient rien tant que de leur ressembler le plus possible. et qu’en particulier il pouvait y avoir de fortes tensions entre Chinois et Occidentaux. mais certainement envers la société chinoise. exprimant des sensibilités différentes — chinoises d’un côté. Le seul exemple dont nous ayons connaissance un peu concrètement concerne les relations difficiles entre le secrétaire général Y. des politiques qu’elle préconise. Les publications officielles de la CIFRC nous informent des décisions de la Commission. De tout cela. mais elles ne nous disent rien des débats. et tenaient à le rester. sur le monde de la philanthropie en général et sur la CIFRC en particulier. alors qu’au moment de sa fondation ceux-ci avaient été désignés comme sa principale vocation. et dont il avait tiré à l’époque une grande renommée. Particulièrement problématique. et de plus mené au nom d’une organisation qu’il dénonce comme un instrument de l’impérialisme américain. plutôt que d’avoir à limiter ses activités aux épisodes de calamités naturelles où la CIFRC avait vocation à intervenir et à solliciter des financements extérieurs (américains notamment.. cela nuisait incontestablement à la qualité et à la continuité du travail du département. une source de frictions. La réussite du programme de crédit rural dans la province pilote du Hebei (où se trouve Pékin et qui a gardé son nom impérial de Zhili jusqu’en 1928). était l’ambition de Todd d’entretenir en permanence un département d’ingénierie en état de marche et pourvu d’une équipe d’ingénieurs au complet. En dehors de ces périodes on était obligé de renvoyer le personnel et. Or. n’en avait que pour les grands projets d’infrastructure et essayait par tous les moyens de développer son département d’ingénierie et de renforcer sa propre position au sein de la CIFRC. économiquement et socialement . poste que Djang a assumé de 1935 à 1937. au moment des inondations catastrophiques du Yangzi. qui permettaient de combiner secours et édification d’infrastructures suivant la formule des secours en échange de travail déjà mentionnée. le second. un ingénieur chinois employé un temps à la CIFRC. Todd.S.656 PIERREÉTIENNE WILL eux. systèmes d’irrigation. c’étaient les grands travaux (digues. Djang. là encore. rédigés en Chine populaire en 1960. du point de vue de la Commission. comme l’illustrent d’abondance les correspondances conservées dans ses archives. les autorités nationalistes fassent appel à lui pour étendre le mouvement aux provinces du Sud de la Chine . Il y avait là. pour lesquels le principal conduit était une organisation appelée China Famine Relief USA Inc. inévitablement. Même si dans ses souvenirs. non seulement parce que Todd ne cachait pas son dédain pour le programme de coopératives rurales.S. routes) relevant du domaine de l’ingénierie civile. Djang pour qu’en 1931. après 1930 environ les priorités de la CIFRC ont commencé à changer dans un sens défavorable aux grands travaux. le succès de l’opération a conduit les autorités à lui confier en fin de compte la direction du programme de coopératives du gouvernement lui-même. en revanche. il n’en reste pas moins qu’il est visiblement très fier de ce qui a été sans conteste l’œuvre de sa vie. Djang tend à minimiser l’importance des coopératives en en parlant comme d’un mouvement réformiste incapable de s’attaquer aux causes socio-politiques profondes de la misère rurale. à laquelle on l’avait volontairement limité pendant les premières années. qui avait lancé le mouvement dès 1923 et en est resté l’inspirateur et le responsable pendant toute l’histoire de la Commission. mais aussi parce que les deux principales activités de la Commission se trouvaient en concurrence pour mobiliser ses ressources humaines et matérielles. La raison majeure de . comme le confirme le témoignage d’un certain Ma Xiqing 馬席慶. À la CIFRC l’homme des coopératives rurales était Y. a suffisamment contribué à la réputation de Y. domiciliée à New York). T.HISTOIRE DE LA CHINE MODERNE 657 ce retournement. En présence des étrangers. l’homme qui cherchait à le faire tomber n’était autre que le secrétaire général Djang. et lui-même. et peut-être plus encore une attitude impatiente et passablement arrogante envers les Chinois qui semble avoir créé beaucoup de problèmes. la propension de Todd à critiquer publiquement les choix stratégiques de la CIFRC. telle la CIFRC. Il est à vrai dire difficile de se faire une idée précise. avec laquelle il était d’ailleurs parfaitement à l’aise. et sa référence en matière d’expertise technique était la Société des Nations. Quoi qu’il en soit. alors ministre des finances et sans conteste l’un des hommes d’État les plus compétents au sein du gouvernement nationaliste . jusque dans son vêtement et son style de vie. (Il travaillera cependant pendant une année de plus pour la CIFRC avec des financements extérieurs. très active en Chine au milieu des années 1930 et dont la concurrence était plutôt mal vue des Américains. Soong (Song Ziwen 宋子文). dans ses souvenirs sur la CIFRC publiés en 1960. si l’on en croit les souvenirs de ses proches. la ligne de partage se situant plus ou moins entre Chinois et Américains : ce sont apparemment les membres chinois du Comité qui font adopter en juillet 1934 la décision de fermer le département d’ingénierie de la CIFRC et de remercier Todd. Son patron était le beau-frère de Chiang Kai-chek. alors même que ses fonctions l’amenaient à fréquenter quotidiennement la grande bourgeoisie sino-occidentale. lui étaient régulièrement reprochées par ses amis. mais il est peu douteux qu’il ressentait l’attitude d’un personnage qui laissait dire. mais il semble assez clair que le coût du département d’ingénierie et le « salaire d’expatrié » versé à son chef (65 % du budget de fonctionnement du département en 1933. V. et avec des moyens conséquents. ou Jingji weiyuanhui 經濟委員 會. ainsi que ses responsables lorsqu’il était en désaccord avec eux. qu’à partir de 1933. Djang dans tout cela n’est pas facile à évaluer . qui ne s’est pleinement matérialisé qu’au milieu des années 1930. insiste sur le réglementarisme très . fondée en 1931 mais qui n’a réellement exercé sa fonction de coordination nationale. plutôt que de les sous-traiter à des entreprises philanthropiques en partie contrôlées par des étrangers. et en plus il voulait être augmenté !) suscitaient des oppositions au sein du Comité exécutif. tout au plus celle d’un simple commis (clerk). qu’il n’avait pas la stature d’un « secrétaire ». Elles n’ont pu que s’ajouter au retournement de conjoncture dont il vient d’être question pour mettre en péril son emploi comme ingénieur en chef à la CIFRC : dès 1930 — alors que plusieurs de ses projets majeurs sont en cours de réalisation — quantité de correspondances nous montrent ses efforts pour trouver des financements extérieurs et sauver aussi bien son poste que son département . qui n’en faisaient pas partie. était le désir du gouvernement nationaliste de prendre directement en charge les programmes d’infrastructure. Tout indique par ailleurs que Djang affichait un nationalisme sans concession.) Le rôle de Y. d’après un témoignage chinois. il ne se montrait ni humble ni hautain mais tenait à « préserver sa dignité de Chinois ».S. et à l’en croire. L’organisme gouvernemental à qui était confiée la mise en œuvre de ces nouveaux programmes était la National Economic Commission (NEC). Les témoignages abondent également sur son intégrité. Avant l’apparition de l’ingénieur moderne la plupart de ces responsabilités étaient assumées par des fonctionnaires impériaux . Là encore les nombreux articles et conférences d’O. même les plus dévoués dans leurs efforts pour aider le pays à se sortir de ses difficultés et à se moderniser. sans parler du fait que l’on ne trouve pour ainsi dire rien sur ce sujet en langue chinoise. mais comme toujours il est difficile d’évaluer la réalité d’accusations d’ailleurs assez vagues. aggravée par beaucoup de préjugés de part et d’autre. mais aux travailleurs et aux collaborateurs avec qui les ingénieurs étrangers. même si c’était en la grossissant. de maintien de l’ordre. Mais c’est un fait que l’attitude de Todd. Comme le remarquait en son temps John K. jusqu’en 1949 la relation entre les deux pays a toujours été placée sous le signe de l’inégalité. (L’abondance des écrits d’O. bénéficiaire de l’aide et de la philanthropie américaines. ce genre d’accusation dépasse largement le cadre de la CIFRC. américains notamment. La bonne conscience américaine ne pouvait que heurter le nationalisme des Chinois. tels les dirigeants de la CIFRC. de résolution des conflits. la désinvolture et le complexe de supériorité et dont il explique comment il lui fallait les remettre à leur place. semble-t-il. et même à se comprendre. étaient en contact quotidien sur les chantiers.) En dehors des aspects purement techniques du métier. mais dans le cas des ingénieurs étrangers travaillant en Chine à l’époque républicaine elles posaient des problèmes particuliers puisqu’elles supposaient une . ne faisait que refléter. En fait.J. la Chine étant le partenaire en position de faiblesse. de façon très frappante si l’on se souvient que la CIFRC était supposée faire coopérer Chinois et étrangers. une façon d’être en Chine extrêmement répandue chez les Occidentaux qui y travaillaient. ainsi qu’un certain nombre de textes conservés dans ses archives.658 PIERREÉTIENNE WILL sourcilleux qu’il tentait non sans mal d’imposer à ses collègues étrangers. entre deux sensibilités qui avaient du mal à cohabiter. Todd s’explique autant par son sens de la promotion que par le leadership qui lui était reconnu dans la profession en Chine et la nécessité où il était de financer son département.) Dans tout les cas. (Dans un épisode au moins Todd est directement mis en cause. sans parler du contrôle sanitaire et de la prévention des épidémies. Todd. ne s’est exprimé de façon aussi concrète ni aussi abondante sur le fonctionnement des grands sites de travaux publics en Chine et sur la façon dont on y vivait.J. sont une source importante car personne. même les plus cosmopolites et les mieux disposés envers l’Occident. L’on pourrait dire qu’on a d’abord affaire à une opposition entre deux styles. Mais nous avons aussi voulu explorer ces relations en nous intéressant non plus aux notables occidentalisés. de commandement et de mobilisation. de négociation avec les autorités locales et les pourvoyeurs de main-d’œuvre. Fairbank dans son classique The United States and China. ces souvenirs incluent une section intitulée « la lutte avec les étrangers » (tong yangren de douzheng 同洋人的斗爭) — ces collaborateurs étrangers dont il n’a de cesse de souligner l’arrogance. à la grande satisfaction du personnel chinois. être à la tête d’un chantier en Chine comportait une grande part de gestion financière. en particulier. Quels que fussent les sentiments de sympathie occasionnellement exprimés par les ingénieurs occidentaux travaillant dans l’intérieur du pays ou par les militants des organismes philanthropiques. l’un des traits distinctifs des grands chantiers en Chine (jusque très récemment) était la masse considérable de travailleurs non qualifiés qu’il fallait conduire à la manœuvre. surtout sur des chantiers. Même si la condescendance pointe toujours. voire « stupide ».) Mais ces « coolies » constituaient malgré tout une masse dont il était essentiel de garder le contrôle et qui pouvait devenir rétive. qui ont beaucoup assisté la CIFRC et avant elle la Croix-rouge américaine dans leurs entreprises de travaux publics. Sans doute faut-il aussi tenir compte de ce qu’on pourrait appeler l’« exception américaine ». s’expliquant par le niveau très faible de mécanisation des opérations de construction et de transport et le coût extrêmement bas de la main-d’œuvre. affichent en général une certaine sympathie. basés sur le principe des secours en échange de travail et où l’on payait les travailleurs en rations calculées d’après le minimum vital. voire même une réelle admiration pour la dureté à la tâche. notamment par les ingénieurs chinois s’exprimant en anglais à propos de leurs compatriotes.HISTOIRE DE LA CHINE MODERNE 659 interaction directe et quotidienne avec des cadres et des travailleurs appartenant à une autre culture. l’ingéniosité et la bonne humeur de ceux qu’on appelait les « coolies ». surtout ceux de l’intérieur. dès lors qu’ils rencontraient une difficulté ou se heurtaient à des manières d’être ou de faire qui ne répondaient pas à leurs attentes ils étaient prompts à exprimer leur impatience ou leur inconfort sous la forme de clichés sur les Chinois renvoyant aux préjugés les plus répandus dans la société des expatriés de Shanghai ou d’ailleurs. les étrangers dont nous avons les témoignages. qui depuis . notamment la Grande-Bretagne. Or. surtout les Américains. doivent à leur relation aux gens ordinaires et à leur connaissance de la langue un contact beaucoup plus direct. remarque à plusieurs reprises que les missionnaires. Dans la Chine des années 1920 et 1930 l’Amérique était nettement mieux perçue que les autres puissances. (Il est intéressant de noter que le mot « coolie ». en tout cas prompte à écouter toutes les rumeurs. dont les capacités de ce point de vue semblent être toujours restées très limitées malgré ses quelque vingt années en Chine. était parfois employé. n’ayant pas les mêmes traditions professionnelles ni le même rapport au travail. et sans doute moins problématique. pour signifier « rétrograde ». dont l’ouverture et le dévouement au progrès de la Chine ne sauraient être mis en question. Il est évidemment impossible de généraliser. autrement dit les paysans qui constituaient l’essentiel de la force de travail. et ne parlant pas la même langue. L’aptitude à communiquer en chinois faisait certainement une différence. comme ceux de la CIFRC. avec leurs interlocuteurs chinois. et qu’ils sont souvent les plus efficaces lorsqu’il s’agit de recruter des travailleurs ou de négocier avec les chefs d’équipe et les fournisseurs. qui appartenait au jargon colonial de l’époque et n’a pas ici de connotation particulièrement péjorative. et qu’il fallait savoir manipuler et discipliner pour ne pas se laisser déborder. Todd. dangereuse même. et surtout.. Plus proche de notre sujet. jusque dans des régions aussi reculées que le Shaanxi ou le Gansu. la capitulation du gouvernement Wilson devant les exigences japonaises au moment du traité de Versailles en 1919 avait provoqué une vague d’indignation dans l’opinion publique américaine et ce que certains n’ont pas hésité à appeler un sentiment de culpabilité à l’égard de la Chine. qui était fondamentalement une entreprise sino-américaine. À les en croire.660 PIERREÉTIENNE WILL la guerre de l’Opium était l’incarnation par excellence de l’impérialisme et l’est restée jusqu’à la guerre du Pacifique (la diabolisation de l’impérialisme américain date de la guerre froide). mais encore. truqueurs. dont beaucoup étaient financés sur les fonds payés au titre de l’« indemnité boxeurs » et réaffectés au développement de l’éducation en Chine. Les « retours de l’étranger ». Il existait en outre aux État-Unis un fort courant de sympathie à l’égard de la Chine. encouragé par les missions protestantes à l’origine de la grande tradition américaine d’intervention humanitaire dans ce pays. nombre d’auteurs déplorent chez une majorité d’ingénieurs chinois. jouisseurs. Beaucoup d’Américains en Chine non seulement rêvaient d’établir une « relation spéciale » entre la Chine et l’Amérique. contrairement aux sympathiques coolies les membres plus favorisés de la société ont tendance à être paresseux. mais encore se sentaient investis d’une mission. excluant toute conquête territoriale. En dépit de leur participation active au système des traités et à l’invasion économique de la Chine les États-Unis ont toujours prétendu à la neutralité et se sont faits les champions de la politique de la porte ouverte. car ce sont en fin de compte ces gens-là qui sauveront la Chine. nos ingénieurs-missionnaires semblent considérer qu’il reste encore beaucoup à faire de ce point de vue. c’est un problème de civilisation et de « coutumes ». dénués de « morale nationale ». L’Amérique en retirait une réelle popularité. mais aussi imbus de valeurs typiquement américaines telles que le dévouement. etc. également par la présence nombreuse de boursiers chinois dans les universités américaines. en particulier les jeunes. l’intégrité. l’esprit d’équipe. et incapables de coopérer à des entreprises communes : tout cela. Les ingénieurs auxquels nous nous intéressons se qualifient volontiers d’« ingénieurs-missionnaires » : leur vocation est non seulement d’équiper la Chine pour la sortir du sous-développement. en est un des meilleurs exemples. cela va sans dire. Enfin. Or. de former une élite de cadres et de techniciens compétents. qui ont reçu une . voire dangereuse. corrompus. et ses ressortissants en tiraient d’incontestables avantages aussi bien moraux que commerciaux. une tendance à considérer que le travail manuel est indigne d’eux — d’aucuns y voient un effet de la tradition mandarinale — et un faible intérêt pour le travail pratique : ils préfèrent le bureau au terrain et le confort de la ville aux rigueurs d’un exil de plusieurs mois dans une région isolée. et en général sa promptitude à répondre aux sollicitations répétées des nombreuses entreprises philanthropiques actives pendant toute cette période : la CIFRC. Par là s’explique la réponse enthousiaste du public américain aux appels pour secourir les victimes de la grande famine de 1920-1921 — les organisations charitables américaines ont alors déversé sur la Chine des millions de dollars —. d’autant que la plupart ont été formés dans les mêmes universités qu’eux : Li Yizhi est l’exemple type de cette élite d’ingénieurs civils chinois chevronnés qui dans les années 1930 vont être appelés à concevoir et diriger les grands projets du gouvernement nationaliste. seul moyen de décourager les contestations. De la même façon. d’après eux. Ce que sont d’ailleurs incapables de leur inculquer. Ils se reconnaissent d’ailleurs des alliés sur place. quand ils voulaient bien s’en servir (ou la facturer) pour protéger les chantiers contre les attaques de bandits poussés par la misère. et d’autorité sur le terrain. par la perspective de la récolte d’opium en train d’être mise sur le marché. et c’est un point important. à tout le moins dominé par les impératifs militaires et fiscaux de gouvernements provinciaux identifiés peu ou prou avec les seigneurs de la guerre. Or. Seuls les « magistrats » responsables des districts disposaient de l’usage de la force.) Outre le personnel des chantiers et les jeunes collègues chinois qui les assistaient. à laquelle nous avons consacré un exposé lors du séminaire mentionné ci-dessous. On regrette aussi. semblent les plus exposés à ces faiblesses. la garantie de prix acceptables et prévisibles pour les approvisionnements et les fournitures ainsi que l’établissement d’une norme officielle pour les poids et mesures et pour les rémunérations. bien souvent dans une région reculée et dangereuse. avec lesquels ils entretiendront une polémique assez violente au milieu des années 1930 : à ces « ingénieurs en chambre » ils opposent les « ingénieurs en bras de chemise qui connaissent la Chine et ses rivières » — c’est-à-dire eux-mêmes. pendant les deux premières décennies de la République (et au-delà) ce contexte était souvent chaotique. basée à Pékin. (Beaucoup sont membres de l’Association of Chinese and American Engineers. que leur familiarité avec les problèmes de rivières « longues et boueuses » comme le Mississipi ou le Colorado rend particulièrement aptes à travailler sur le fleuve Jaune ou le Yangzi. ou simplement parce que c’était le jour de la paye — nous en avons cité plusieurs exemples. De même. les ingénieurs occidentaux en charge de grands projets devaient en permanence négocier avec les autorités locales. qui partagent les mêmes valeurs professionnelles et dont les sources montrent qu’ils les considèrent comme leurs égaux. rien de cela n’était concevable indépendamment du contexte administratif et politique dans lequel se déroulaient les travaux. fallait-il s’entendre avec les pouvoirs locaux et provinciaux .HISTOIRE DE LA CHINE MODERNE 661 formation théorique de haut niveau et sont particulièrement soucieux de promotion sociale. sans la collaboration ou au moins la neutralité desquelles la conduite d’un chantier en période de famine. devenait extrêmement difficile. les ingénieurs européens envoyés par la Société des Nations. si bien que du point de vue des pouvoirs locaux les grands travaux philanthropiques risquaient d’être une occasion de squeeze autant que de coopération pour le bien des populations. Telle est donc la « mission » que s’assignent Todd et ses collègues : enseigner par l’exemple à la jeune génération des ingénieurs chinois les vertus du contact avec les réalités physiques et sociales du terrain et la valeur du leadership et du management à l’américaine. de créativité. que les jeunes ingénieurs formés en Chine manquent trop souvent d’initiative. surtout au début des années 1920. Nous sommes revenu vers le Shaanxi et les chantiers dont nous avons déjà maintes fois parlé pour examiner la situation de ce point de vue. C’est ce que suggèrent en tout cas deux incidents révélateurs des conditions socio-politiques extrêmement difficiles dans lesquelles s’est enclenché le cycle de développement du Guanzhong. celui-ci était évidemment intéressé à leur réussite et donc à maintenir de bonnes relations avec la CIFRC et ses représentants sur place. le chantier du Weibei était resté une oasis de sécurité au milieu d’un environnement où le banditisme restait endémique : en effet le projet était populaire. considéré par Todd et les autorités de la CIFRC comme un crime crapuleux et un grand scandale. Cet incident. en compagnie de trois autres personnes alors qu’ils circulaient en voiture aux abords de Xi’an. même à quelques kilomètres de Xi’an.662 PIERREÉTIENNE WILL pour qu’ils évaluent les emprises à exproprier (right-of-way) et. Dans la mesure où le Weibei et la route Silan étaient des projets en coopération entre la CIFRC et le gouvernement provincial. car c’était à ce prix seulement qu’on pouvait espérer attirer de nouveau la philanthropie dans la région et impulser enfin le développement économique. a en réalité tout de la . vite oubliés dans l’enthousiasme des cérémonies d’inauguration. Surtout. dont les autorités de Xi’an auront à répondre et pour lequel elles devront payer des dédommagements. Les agresseurs sont des soldats de l’armée régulière. de trafic d’influence et de mécontentement. et qu’en outre son attitude n’était pas toujours très claire. et que celles-ci s’investissent dans la réussite des travaux entrepris et démontrent leur volonté de coopération. à en croire certaines sources. probablement plus que même les sources privées ne veulent bien le dire. Mais ces relations vont devenir extrêmement tendues après le meurtre d’un missionnaire suédois travaillant pour la CIFRC comme responsable administratif du chantier de la route Silan. les incidents en question montrent que deux ou trois ans plus tard le gouvernement de la province n’était pas toujours en mesure d’assurer la sécurité d’experts étrangers travaillant avec un organisme philanthropique sous contrat avec lui. et en outre. les voitures ont été volées et les corps ne seront jamais retrouvés. La première affaire survient très peu de temps après la mise en service de la première tranche du canal Jinghui en juin 1932. surtout. Or. Jusque-là les relations entre la CIFRC et les autorités de Xi’an (à commencer par le bureau d’hydraulique dirigé par Li Yizhi) avaient été dans l’ensemble harmonieuses en dépit de quelques problèmes techniques ou financiers. ce que les associations philanthropiques qui ouvraient les chantiers se refusaient à faire. un certain Tornvall. Bien que les sources officielles évoquent une collaboration sans nuages. qu’ils les indemnisent. une partie des « bandits locaux » (tufei) travaillaient en fait sur le chantier. Au moment de la prise de pouvoir des nationalistes à Xi’an fin 1930 le retour à l’ordre et l’éradication du banditisme avaient été proclamés comme une priorité absolue. Il y avait là une source constante de difficultés. Il était donc indispensable que la CIFRC (ou tout autre organisme comparable) établisse des relations de confiance avec les différentes autorités de la région. ces relations s’avèrent avoir été parfois assez compliquées. un Japonais. Deux sources chinoises indépendantes l’une de l’autre suggèrent que les victimes n’étaient peut-être pas entièrement innocentes. par un parti de bandits sur le site même du canal où il était retourné pour inspecter l’état des installations. était un espion.E. le général Sun Weiru 孫蔚如). (Henry Chuan. Chuan. en avril 1933. présent au Shaanxi pendant la famine de 1930 — suggère une sombre affaire de détournements de fonds et laisse entendre que Tornvall aurait pu être dénoncé par des personnes appartenant au comité provincial de la CIFRC. de sécurité. C’est alors qu’éclate la seconde affaire. un nommé Li Zhigang 李志剛. que Tornvall cherchait à sortir de la province une somme importante en dollars d’argent à un moment où c’était prohibé. était également chef des armées et le détachement incriminé dépendait d’un de ses proches lieutenants. qui était cousin d’un des dirigeants de la CIFRC. Les sources évoquent aussi un obscur trafic de voitures non encore payées (de tels trafics étaient fréquents dans le Far-West chinois à l’époque. précisément. Enfin. par le gouvernement du Shaanxi : il eût été dans tous les cas embarrassant de laisser en friche des projets proches de la finition (la route Silan était réalisée à 70 %). va s’avérer au . Eliassen et son compagnon de captivité. On discerne de toute façon derrière l’incident tout un arrière-plan de manœuvres. même jugées insuffisantes. réussissent à s’échapper séparément après avoir été promenés pendant une vingtaine de jours de cache en cache dans les collines escarpées qui surplombent le site au nord. et dont on attendait beaucoup en termes de développement économique et. Yang Hucheng. Pour un temps les relations entre la CIFRC et l’administration de Yang Hucheng vont devenir exécrables. ait mal tourné et qu’une grosse bavure ait ensuite été camouflée en crime. ou Quan Shaozhou. les responsables étant par ailleurs couverts par leurs chefs et par les autorités (le gouverneur du Shaanxi. une allusion dans une lettre de J. qui fera plus de bruit encore : le kidnapping de l’ingénieur Eliassen. un employé de la CIFRC qui avait dirigé le chantier du canal Jinghui. Les ingénieurs de la CIFRC sont retirés du terrain et les chantiers en cours sont arrêtés. et l’une des victimes de l’incident était un représentant américain des automobiles Ford en tournée dans la région) : il n’est nullement exclu qu’un contrôle militaire près de Xi’an. Baker — un expert américain proche de la CIFRC. peut-être basé sur des informations reçues. les voyageurs étaient en fait des espions recrutés par leur compagnon japonais et Yang Hucheng les aurait fait délibérément exécuter par ses troupes. Ils reprendront quelques mois plus tard (début 1933) après le versement de compensations. de tractations et d’initiatives dont il est difficile de savoir ce que connaissaient exactement Todd et ses collègues lorsqu’ils sont venus sur place pour enquêter et exiger des réparations : même dans leurs correspondances privées on soupçonne beaucoup de non-dit.HISTOIRE DE LA CHINE MODERNE 663 ténébreuse affaire. D’après les souvenirs en général très bien informés d’un proche de Yang Hucheng. suscitant un grave problème avec Chiang Kai-shek et de très vives pressions (attestées par ailleurs) de la part des ambassades concernées. et avant que la rançon qui avait été négociée par les autorités n’ait été versée. un assistant ingénieur nommé Henry S. déjà financés. et qu’un de ses compagnons de route. chef de l’association des paysans du Weibei-Ouest. tentent d’intervenir pour faire libérer les prisonniers en manifestant et en pétitionnant dans les villages du plateau : beaucoup profitent déjà de l’irrigation. alors qu’on n’aurait pas soupçonné que les guérillas communistes de la région soient à cette date capables d’agir. autant de thèmes qu’on trouve formulés ailleurs dans la littérature du Parti à l’époque. Les paysans de la plaine.) Mais les communistes. encouragés semble-t-il par Li Yizhi en personne. qui lui aussi semble avoir multiplié les états — ancien officier de l’armée régulière. dominant le parcours du canal Jinghui. que les bandits locaux qui se sont emparés d’Eliassen et Chuan s’étaient alliés avec un groupe de propagande communiste venu du nord de la province. qui ne bénéficie pas de l’irrigation alors que ses habitants avaient mis de grands espoirs dans les projets formulés par Li Yizhi et d’autres depuis les années 1920. mais la CIFRC a menacé de ne pas terminer le chantier et de retirer ses financements. même clandestinement. ancien agent du bureau d’irrigation du Shaanxi et responsable de la paye sur le chantier du Weibei. Cette écologie dangereuse semble surtout caractéristique de la région dite du « plateau ». dont le développement est en train de s’amorcer grâce au système hydraulique du Weibei en cours d’achèvement et où la valeur de la terre augmente corrélativement. On voit en fait se dessiner une dichotomie croissante entre ces terrasses inaccessibles à l’irrigation. se font manipuler par leurs contacts locaux et quittent assez vite la scène.664 PIERREÉTIENNE WILL cours d’un épilogue assez divertissant avoir escroqué les fonds supposés avoir payé sa propre libération et se conduire de manière quelque peu paranoïaque une fois démasqué et expulsé de l’organisation. soldats et travailleurs du chantier : tout le monde se connaît et l’on passe sans difficulté d’un groupe à l’autre. et la plaine immédiatement en dessous. Lorsque les récoltes sont mauvaises et que c’est la disette — comme c’est alors le cas dans la région —. où la seule eau disponible est celle qui tombe du ciel — et l’année 1933 a été catastrophique de ce point de vue —. qu’on peut reconstituer à partir des archives Todd — lesquelles confirment presque point par point la version romancée publiée vingt ans plus tard par Eliassen sous le titre Dragon Wang’s River —.) Par delà ses aspects rocambolesques. après une douzaine d’années de famine et de combats dans tout le Guanzhong le banditisme et la violence restent le moyen de survie le mieux adapté pour les habitants de ces piémonts particulièrement misérables. dont les chefs semblent fort cultivés politiquement. si près de la capitale du Shaanxi. que tout le monde connaît et auquel tout le monde s’adresse pour négocier (Li Yizhi notamment). et à présent leader des paysans passés au banditisme —. Son ambition. Comme le note Eliassen lui-même. l’affaire est à plusieurs égards révélatrice de la situation qui régnait alors dans la région. (Il semble y avoir eu à peu près à la même époque une tentative avortée pour créer un soviet rural dans le nord de la région du Weibei. non sans avoir dénoncé devant Eliassen la collaboration de la CIFRC avec l’impérialisme et son exploitation éhontée des travailleurs sur ses chantiers. Il y a d’abord ce détail inattendu. C’est de ce « bandit-land » que vient le chef des hors-la-loi. un certain Miao Jiaxiang. Le plus remarquable est l’osmose entre bandits. paysans. et celle des technocrates locaux dont . les rangs des bandits grossissent rapidement. parmi les mécontents. et qu’aussi bien la CIFRC que le bureau d’hydraulique du Shaanxi. l’embarras des autorités provinciales du Shaanxi est extrême et le ton adopté par Todd. frustrations et contestations du côté de la force de travail. (Les ingénieurs chinois semblent parfois plus sensibles à ces impératifs religieux ou sociaux que leurs collègues occidentaux considèrent comme injustifiables.) Le projet du Weibei n’a pas échappé à ces problèmes. mais qu’il sait certainement — ne serait-ce que par son ami Li Yizhi. qui a toujours été aux côtés de la CIFRC dans ses démêlés avec le gouvernement du Shaanxi —. tous ceux dont la vie quotidienne avait été bouleversée par cet immense chantier. pour le compte de qui Todd conduit un programme . c’est que pour toutes sortes de raisons. Pendant la captivité d’Eliassen et dans les semaines qui suivent.HISTOIRE DE LA CHINE MODERNE 665 Li Yizhi est le mentor respecté. militaires notamment. Il y avait en outre. et Todd se plaint en effet dans une lettre de ce que la plus grande partie des terres expropriées pour le canal Jinghui n’a jamais été remboursée. et ce en toute ignorance des contraintes techniques. qui s’est autoproclamé négociateur au nom de la CIFRC. même si les dispositions légales existaient. il existe quand même des indices suggérant que les choses ne se passaient pas toujours sans tensions. se fait particulièrement agressif. notamment les propriétaires qui avaient été expropriés de tout ou partie de leur patrimoine. Si Todd ou Eliassen tendent à donner une vision un peu idyllique des relations entre direction et travailleurs sur leurs chantiers (l’on ne dispose d’aucun témoignage chinois là-dessus). alors qu’il s’agissait contractuellement d’une responsabilité du gouvernement de la province et qu’il n’avait rien à y voir . si au moment de l’enlèvement d’Eliassen au printemps 1933 des progrès importants ont été accomplis au regard de la situation qui prévalait à la fin de 1930. Yan Xishan 閻錫山. Or. placée sous la houlette de son inamovible « gouverneur modèle ». Ce qu’il ne dit pas. (L’un de ses thèmes favoris à ce moment est d’opposer l’anarchie et l’arriération qui règnent au Shaanxi à la sécurité et à l’attitude coopérative des autorités dans la province voisine du Shanxi. On découvre aussi que la construction du canal Jinghui n’a pas fait que des heureux. est alors dans une situation financière proche de la banqueroute. ce gouvernement qu’il accuse d’être mauvais payeur pour tout. la situation reste précaire et il suffit d’un retour de sécheresse pour que l’insécurité redevienne un problème majeur. responsable de la partie aval du chantier. Plusieurs témoignages d’ingénieurs étrangers travaillant en Chine montrent qu’à cette époque les problèmes d’expropriation et d’indemnisation étaient loin d’avoir été résolus. n’évitaient pas toujours de recourir à la coercition. et apparemment Eliassen était tenu responsable par certains de ses ravisseurs du non remboursement des terres expropriées. ainsi que les manœuvres des gens influents pour éviter d’être expropriés de terrains avantageusement situés ou de cimetières familiaux. y compris les salaires de ses propres ingénieurs. et à leurs yeux c’était là un des principaux obstacles à une politique efficace d’infrastructures : partout sont dénoncées la mauvaise volonté des autorités à verser les indemnisations promises. est à terme d’enclencher un cycle de prospérité et de sécurité économique qui profite à toute la région et conduise par là-même à l’extinction du banditisme. Les politiques de développement menées au Shaanxi sous son égide doivent en effet être replacées dans le cadre plus général des efforts d’édification d’un État et d’une économie modernes entrepris par le régime nationaliste à partir du début des années 1930. mais elles changent aussi parce qu’entre temps Yang Hucheng. par l’historiographie officielle — ses sympathies de gauche étaient en effet connues et en 1949 il est passé sans états d’âme du côté du nouveau régime —. . entre autres choses. a été démis de ses fonctions de président du Shaanxi (il reste commandant des troupes de la province) et remplacé par un proche de Chiang Kai-shek. avec la mainmise des technocrates de la NEC et du ministère de l’Industrie sur l’ensemble des politiques de développement. (Les récentes élucubrations sur son statut de « taupe communiste » dans un ouvrage à succès sur Mao Zedong ne valent guère mieux. qui conservera le poste jusqu’à la fin 1936. c’est-à-dire libérée de l’emprise des capitaux étrangers . des affaires précédemment évoquées.) Les choses changent notablement quelques mois plus tard lorsque c’est au tour de la CIFRC d’être embarrassée par les détournements de fonds publics de son employé Henry Chuan . Le personnage de Shao Lizi est d’autant plus difficile à cerner qu’il a été récupéré comme « patriote » et compagnon de route. si incomplets aient-ils été. ainsi que son empressement à rencontrer les étrangers de passage : pour ces derniers en tout cas le contraste devait être assez fort avec le général et ex-chef de bandits Yang Hucheng.V.666 PIERREÉTIENNE WILL d’études en vue d’édifier divers ouvrages d’hydraulique. victime. et qu’il bénéficiait d’un environnement politique et économique beaucoup plus favorable que son prédécesseur. le peu de temps dont ils ont disposé avant que la guerre avec le Japon n’emporte tout. Soong. et c’est donc dans ce sens qu’ils ont surtout œuvré.) Mais tous les témoignages que nous avons cités s’accordent sur son intelligence. l’édification d’une Chine prospère et indépendante doit d’abord passer par celle d’une base industrielle « nationale » (minzu). L’année 1933 marque sans doute un point tournant. ainsi que par des désastres naturels majeurs comme la grande sécheresse de 1928-1930 dans le Nord-Ouest ou les inondations catastrophiques de la vallée du Yangzi en 1931. non sans un certain succès étant donné les contraintes qu’ils devaient affronter et. Dans leur vision comme dans celle de leur patron politique. Des projets forts de réforme et de reconstruction avaient été lancés dès l’installation du nouveau gouvernement à Nankin en 1928. son intégrité et son urbanité. le ministre des finances T. Il est vrai qu’il recueillait le fruit des efforts accomplis depuis 1930. si bien que les quelques travaux qui lui ont été consacrés versent systématiquement dans l’hagiographie et sont inutilisables. mais ils avaient été compromis par l’hostilité de plusieurs satrapes provinciaux au pouvoir de Chiang Kai-shek et par les conflits qui en étaient résultés (ainsi avec Feng Yuxiang). ceci sans parler des blocages causés par les conflits internes au Guomindang. Shao Lizi semble avoir œuvré avec une certaine efficacité pour sortir la province de l’arriération. surtout. voire comme crypto-communiste. avec qui d’ailleurs Shao Lizi a conservé d’excellentes relations dans les années suivantes. de façon beaucoup plus systématique et organisée qu’avant. Shao Lizi 邵力子 (1882-1967). de cet effort frénétique de mise en valeur des ressources du pays et de modernisation socioéconomique basée sur le progrès scientifique. grands magasins. Avant toutefois d’évoquer les fondamentaux de l’économie rurale (le crédit. Avant que le chemin de fer ne finisse par les atteindre. On voit ainsi apparaître des immeubles modernes — administrations. 2006).HISTOIRE DE LA CHINE MODERNE 667 Dans cette vision le développement de l’agriculture sert avant tout à soutenir la croissance industrielle en améliorant l’offre en matières premières et en développant un marché national pour les produits industriels modernes. un peu impressionniste sans doute. hôtels — dont certains sont d’une qualité architecturale comparable à ce qu’on trouve dans les concessions de la côte est. son amélioration surtout (pour la rendre compatible avec les normes des filatures industrielles). C’est ce qu’illustre le cas de la filière coton (étudié par Margherita Zanassi dans un chapitre de Saving the Nation. enfin la mise en place de coopératives rurales pour soutenir le mouvement. la circulation automobile cesse d’être une curiosité. Xi’an. les institutions modernes d’enseignement se multiplient. Or. plus ou moins carrossable depuis le début des années . L’expansion de la production cotonnière du Guanzhong. Le Guanzhong au milieu des années 1930 offre un peu l’image en réduction du dynamisme et de l’optimisme alors tellement frappants dans les régions plus proches du centre. avec l’encouragement et la collaboration des experts de la Société des Nations. l’enseignement). à ce moment. Il y a d’abord la capitale provinciale. les « fondamentaux » en question ne peuvent être dissociés d’un cadre où beaucoup d’autres choses étaient en train de changer. de ce que nous avons appelé les signes extérieurs de la modernisation dans la région du Guanzhong pendant la même période. tout cela a notablement contribué à la sortie du sous-développement qui s’amorce pour de bon. la gestion. immeubles de bureaux. qui fait l’objet d’une attention soutenue de la part du gouvernement à partir de 1933 et pour laquelle est mise sur pied une « Commission de direction du coton » (Mianye tongzhi weiyuanhui 棉業統制委員會). Là encore le temps n’a pas été laissé pour que cet effort puisse influencer en profondeur les conditions de vie et de production dans le monde rural — du moins pas partout. etc. plus précisément). il nous a paru intéressant de proposer un panorama. dont l’histoire urbaine au xxe siècle reste à écrire mais où les quelques témoignages de visiteurs étrangers que nous avons cités suggèrent d’assez considérables transformations pendant les années qui nous concernent (entre 1932 et 1937. les techniques. banques. dans la région. et qui a eu des effets importants à long terme. Mais le point crucial. parfois très sérieusement. là se produit incontestablement une mutation qu’on peut dire « scientifique ». ce sont les communications avec l’extérieur. qui avait été notre point de départ. Tout ceci intéresse directement le Shaanxi puisqu’il s’agit depuis les Qing d’une des principales régions productrices de coton en Chine. Xi’an et son hinterland n’étaient reliés aux centres vitaux du pays que par une route de terre (l’ancienne route impériale). En effet. Nous sommes en effet revenu en conclusion sur la question de l’irrigation au Shaanxi. l’électricité et le téléphone se généralisent (mais il n’y a pas encore de système d’adduction d’eau). et jusqu’au Gansu au début des années 1940. et devenant accessible aux conforts de la vie moderne. Pendant les deux années qui suivent la voie est prolongée de 173 km vers l’ouest. et Xi’an. mais il est incontestable que l’arrivée du chemin de fer a tout changé. L’arrivée du chemin de fer a radicalement désenclavé l’économie de la vallée de la Wei.B. qui a eu la malchance de visiter le Guanzhong dans de mauvaises conditions météorologiques. une description dantesque du trajet sous la pluie entre Tongguan. d’abord jusqu’à Tongguan en 1931. en remet-il un peu. qui séjournait alors en Chine comme étudiant. était programmé depuis avant la chute de l’empire. Le prolongement vers l’ouest de la grande transversale ferroviaire du Longhai. Il faut aussi tenir compte d’éléments moins immédiatement matériels (ou économiques) que ceux que nous venons d’énumérer. Concernant ce dernier point l’on est par exemple frappé par la qualité de la revue mensuelle d’hydraulique fondée par Li Yizhi en 1932. jusqu’à Baoji. Ce n’est pourtant qu’à l’été 1933 que le gouvernement nationaliste réussit à rétablir suffisamment son crédit international pour contracter des emprunts importants à l’étranger. Surtout. Les échanges avec les provinces centrales changent d’échelle. Il nous semble cependant que ce cycle de développement s’est amorcé un peu avant. Vermeer. tels que le développement du système éducatif et.668 PIERREÉTIENNE WILL 1920 mais totalement impraticable par temps de pluie : l’on a du célèbre sinologue tchèque Jaroslav Průšek. sinon sa splendeur du temps de la route de la soie. mais il avait dû être repoussé à plusieurs reprises par manque de financement ou pour cause de guerre civile. le niveau d’expertise scientifique disponible localement. l’on ne peut vraiment parler de développement économique au Shaanxi qu’après la connexion de Xi’an au réseau ferré. Pour E. le chemin de fer a rendu possible un début d’industrialisation. Peut-être Průšek. et une étude de l’ingénieur Todd sur les routes carrossables du Shaanxi au début 1931 donne en fait une image un peu moins catastrophique de la situation . ce qui est lié. puis jusqu’à Xi’an en décembre 1934. Du jour au lendemain Xi’an sort de la stagnation à laquelle elle semblait condamnée. lorsque la confrontation avec le Japon est apparue inévitable et que. et que par conséquent le chantier du Longhai peut trouver un financement adéquat et être mené à bien en un peu plus d’un an. à l’accès oriental du Guanzhong. qu’il compare à une forteresse assiégée au milieu d’un océan de boue. à commencer par l’édification du système d’irrigation du Weibei. accéléré encore par la guerre sino-japonaise lorsque certaines industries de l’intérieur sont venues se mettre à l’abri au Guanzhong. Les choses ont commencé à changer après l’invasion de la Mandchourie en septembre 1931. avec les premiers projets formulés au lendemain de l’installation du pouvoir nationaliste à Xi’an. retrouvant d’une certaine manière le rôle de centre de redistribution qui était le sien à l’époque impériale. le Shaanxi shuili . et parfois effectivement réalisés. pour cette raison. l’édification d’un « grand arrière » communiquant avec l’Asie centrale et l’URSS est devenue une priorité stratégique pour l’État. l’auteur qui a étudié le plus en détail l’économie de la vallée de la Wei entre 1930 et 1980 (dans un ouvrage paru en 1988). passe pour avoir été initiée par deux anciens du régime dissident de l’Armée de Pacification Nationale dont nous avions longuement parlé les années précédentes : Yu Youren. mais elle a rapidement acquis la réputation nationale qu’elle possède encore aujourd’hui. à Zhouzhi et à Xianyang —. mais les recherches qu’on y poursuivait et l’enseignement qu’on y dispensait n’ont été qu’un élément parmi d’autres dans la mutation de l’agriculture du Guanzhong qui s’amorce pendant ces quelques années et dont les effets se sont fait très progressivement sentir.HISTOIRE DE LA CHINE MODERNE 669 yuekan 陝西水利月刊. Ce n’était pas la seule de son genre dans la région — on en mentionne deux autres fondées pendant la même période. mais bien d’impulser un développement économique multiforme. disposait de vastes terrains expérimentaux. et là encore il faut citer en premier Li Yizhi. qui avait alors fondé un collège d’ingénierie dont la section d’hydraulique devait devenir. Certaines des personnalités associées à la création de l’Institut avaient une vision globale — et non pas simplement agronomique — du développement qu’ils appelaient de leurs vœux dans une région qui était encore. parvenue à son plein développement. De nouveau le nom de Li Yizhi s’impose. L’investissement dans l’enseignement technique remonte en fait au début des années 1920. à la fois pour son œuvre en tant que chef du bureau d’hydraulique du Shaanxi. industrialisation. et était logée dans des bâtiments high-tech édifiés par une des entreprises shanghaïennes les plus réputées de l’époque. aménagements hydrauliques. après diverses péripéties. elle se composait de six départements couvrant tous les domaines de l’agronomie et de la science forestière. aurait enseigné l’agriculture à l’humanité. transports modernes et enseignement était déjà celle de l’homme d’État modernisateur Zhang Jian 張謇 (1853-1926). essentiellement. le département d’hydraulique du célèbre Institut agronomique de Wugong et a été une pépinière d’ingénieurs pour le Shaanxi et au-delà. et qu’on la retrouve au sein du comité d’ingénieurs en charge du programme de la Huai . La création de l’Institut agronomique du Nord-Ouest (Xibei nongxueyuan 西北 農學院). David Pietz a montré dans son ouvrage sur les programmes d’aménagement de la rivière Huai à l’époque républicaine (Engineering the State. devenu une personnalité influente du régime nationaliste. dans laquelle il ne s’agissait pas simplement d’accroître la productivité et la sécurité de l’agriculture. qu’on peut considérer comme un des pères de l’ingénierie civile moderne en Chine. 2002) que cette vision combinant amélioration de l’agriculture. L’Institut d’agronomie de Wugong a joué un rôle de premier plan. qui contient une quantité d’articles techniques et d’économie agraire de grande qualité et a continué de paraître jusqu’en 1942. et le gouverneur Yang Hucheng. du nom du district où il avait son siège. situé sur la Wei un peu à l’ouest de Xi’an et réputé être le lieu où Houji 后稷. en 1936. l’un des héros fondateurs de la civilisation chinoise. où il a servi jusqu’à son dernier jour. L’Institut est également appelé l’École de Wugong 武功. et parce qu’il est représentatif d’une génération d’ingénieurs qui défendaient une approche intégrée de l’ingénierie hydraulique. L’École de Wugong semble avoir commencé à fonctionner dès 1932 . institutions de crédit. sous-développée. qui date de 1932. déjà mentionnée.S. a eu des effets spectaculaires. etc. diront les experts de la SDN) d’une trentaine de coopératives au Guanzhong . repeuplement et reconstruction des villages dévastés par la famine. et immédiats : triplement (au minimum) de la productivité par mu (confirmé par plusieurs sources concernant la culture du coton). qui donnera dans les vingt années suivantes naissance à sept autres projets sur le pourtour de la vallée de la Wei. qui supportaient mal que les précédents consignés depuis . de son propre aveu) avant d’être recruté par le gouvernement nationaliste pour prendre en charge le mouvement coopératif à l’échelle de tout le pays. lorsque les autorités se réclamant de la révolution nationaliste avaient tenté de centraliser et rationaliser les pratiques dans certains systèmes locaux à travers des associations hydrauliques élues démocratiquement et fonctionnant sous le contrôle des bureaux officiels d’hydraulique.670 PIERREÉTIENNE WILL après 1928. par delà. le modèle d’irrigation du Weibei. La mutation dans la gestion de l’irrigation avait en fait été initiée dès 1928. Mais on observe aussi l’amorce d’une mutation qualitative. décuplement de la valeur de la terre. dans la province du Hebei sous l’égide de la CIFRC et de son secrétaire général Zhang Yuanshan (Y. et l’année suivante Djang est invité par le gouverneur Shao Lizi à venir diriger le bureau de coopération de la province. Li Yizhi propose au lendemain de l’inauguration du canal Jinghui un plan visant à faire de la région du Weibei ce qu’il appelle « une zone économique complète » (zhengge de jingji quyu 整個的經 濟區域). Le Shaanxi dans les années 1930 a un peu été une terre de mission du mouvement coopératif rural né. Ainsi la Commission de direction du coton. de moindre ampleur mais techniquement comparables. poste qu’il occupera pendant deux ans (sans y être très présent. Djang). s’efforcet-elle de disséminer les meilleures variétés de semences et de soutenir économiquement les producteurs au moyen d’un programme de coopératives rurales leur donnant accès à un crédit moins cher et facilitant la commercialisation de leur production. dont Li Yizhi était le chef. Certains textes que nous avons découverts dans les archives locales avec notre collègue Christian Lamouroux montrent que cette volonté de centralisation rencontrait les plus vives oppositions de la part des notables traditionnellement responsables des communautés d’irrigation et du règlement des conflits. Au Shaanxi. financée par les revenus de l’irrigation et servant progressivement de modèle à l’ensemble de la région. Dès 1933 la CIFRC et le bureau de reconstruction de la province lancent le mouvement en organisant un stage qui semble avoir débouché sur la création rapide (hâtive. et dans les deux cas l’on peut parler d’une constante négociation entre les principes et le vocabulaire nouveaux introduits par les réformateurs et les traditions auxquelles les paysans restent par définition attachés. ouverture sur le marché national grâce au chemin de fer. Pour en revenir aux intrants fondamentaux de la production agricole. Indépendamment de tout input scientifique. la mutation dont nous avons parlé s’observe autant dans la gestion de l’irrigation que dans les pratiques agricoles proprement dites . comme on l’a vu. et. Cet héritage sera repris au moment de la collectivisation dans les années 1950. On engineering interaction between China and Germany in the first half of the 20th century ». sociaux et politiques du développement de la profession d’ingénieur. Académie des Sciences Morales et Politiques) : « La naissance du métier d’ingénieur en Chine : du génie maritime au génie civil. ainsi qu’un séminaire consacré aux sources de l’histoire moderne du Shaanxi. mais ce sera alors dans un contexte socioéconomique et politique entièrement nouveau. 1866-1911 ». tout cela sous la supervision étroite du bureau d’hydraulique. les débits. les charges d’alluvions ou les temps d’irrigation. Les interventions suivantes ont été proposées : Pierre-Étienne Will (Collège de France) : « Présentation générale et problématique ». Bruno Belhoste (Université Paris 1) : « Le système de formation des ingénieurs dans la première mondialisation : organisations nationales et circulations internationales ». Mais il est clair que le mouvement était irréversible : même s’il ménageait des compromis avec l’organisation traditionnelle des communautés en matière de partage de l’eau et d’entretien des canaux.HISTOIRE DE LA CHINE MODERNE 671 des siècles dans les registres ou gravés dans la pierre puissent être remis en question. Marianne Bastid-Bruguière (CNRS. en même temps que leur pouvoir coutumier. Delphine Spicq (Collège de France) : « Parcours d’ingénieur et enseignement technique à Tianjin ». Il s’agissait en somme d’optimiser les effets de l’irrigation et d’éviter les gaspillages et les disputes qui étaient le pain quotidien des organisations traditionnelles. et règles strictes pour le paiement des droits sur l’eau et le financement de l’entretien. le modèle instauré à grande échelle avec la modernisation de l’irrigation dans le Weibei sous l’égide du bureau d’hydraulique dirigé par Li Yizhi s’est rapidement imposé. * Le séminaire de cette année a pris la forme d’un colloque qui s’est réuni les 23 et 24 juin 2008 et a traité de « L’émergence de la profession d’ingénieur en Chine ». Iwo Amelung (Université de Francfort) : « The Yellow River in Germany. et « Militarism and the Revolutionary Connection in LateQing and Early Republican Shaanxi Province ». rationalisation de la distribution et de l’utilisation de l’eau en tenant compte des différents types de culture et des différents moments du cycle agricole. qu’elles s’attachaient à diffuser par le moyen de manuels distribués aux utilisateurs : méthodes « scientifiques » pour mesurer le terrain. ainsi que sur les aspects économiques. Des éléments de comparaison internationale ont également été présentés. . * Nous avons donné deux cours à l’Université Ca’Foscari de Venise sur les sujets suivants : « Engineers and State Building in Republican China : Li Yizhi (18821938) and his circle ». Il s’agissait de faire état de nouvelles recherches sur l’introduction en Chine des différentes disciplines de l’ingénierie moderne depuis la fin des Qing jusqu’à la fin des années 1930. Ces nouvelles procédures introduisaient de nouveaux concepts qu’on peut qualifier de « modernes ». Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme. Université Paris 1) : « De l’ingénieur à l’architecte : genèse d’une modernisation professionnelle dans l’industrie architecturale à Shanghai (fin xixe-début xxe siècle) ». . pp. 347-418. Late Imperial China. « Virtual Constitutionalism in Late Imperial China : The Case of the Ming Dynasty ». 29. Pierre-Étienne Will : « L’Association of Chinese and American Engineers et sa revue (19201940) ». in Stephanie Balme et Michael Dowdle (éd. Publications « La génération 1911 : Xi’an. in Alain Roux.). New York. Architecture-VilleDesign. 1830-1940 ». Natalie Delande-Liu (Département d’Histoire de l’Architecture. Yves Chevrier et Xiaohong Xiao-Planes (éd.). Constitutionalism and judicial power in China. Palgrave Mac Millan. pp. Citadins et citoyens dans la Chine du XX e siècle (Paris. sous presse. 1905-1930 ». 125-159. 2008). Konstantinos Chatzis (École Nationale des Ponts et Chaussées) : « L’émergence et l’affermissement de la profession d’ingénieur en Grèce. « Views of the Realm in Crisis : Testimonies on imperial audiences in the nineteenth century ». n° 1 Supplement (June 2008). Françoise Kreissler (INALCO) : « La Chine républicaine et la Société des Nations : contextes et programmes d’une coopération technique transcontinentale ».672 PIERREÉTIENNE WILL Xiaohong Xiao-Planes (INALCO) : « La formation et l’émergence des ingénieursentrepreneurs dans les années 1920 et 1930 ». comme pour les « Indo-Européens ». Un mot cependant sur les périodes « anciennes ». on a considéré que. Pendant près de cent cinquante ans. et que nous n’arrivons pas à surmonter. professeur I.Antiquités nationales M. le cours a été consacré à des réflexions reprenant quelques conclusions — centrées sur la période la plus récente de la protohistoire — et ouvrant quelques pistes de recherche. ce qui signifie probablement que le problème est mal posé. nous avons évoqué une . à partir d’une région « originelle » (indéterminée). Aujourd’hui. organisé conjointement par la chaire d’Antiquités nationales et le Centre Archéologique européen de Bibracte (Mont-Beuvray). constituée pour l’essentiel au XIXe siècle. On remonte jusqu’où ? Impasse de nos connaissances qui ne se fondent que sur des graffiti rarissimes et sur des vestiges archéologiques dont l’interprétation varie au fil des temps. celle des Gaulois. Tite-Live nous signale et décrit en Italie. Reste que. Pour en saisir la force. COURS Un colloque international s’étant tenu au Collège de France en juillet 2006 sur le thème « Celtes et gaulois : l’archéologie face à l’histoire ». Qu’est-ce qu’un Français ? On remonte aux Francs ? Mais ceux-ci étaient très romanisés. on ne dispose d’aucune théorie convaincante concernant l’origine et l’expansion (la culture dite campaniforme ?). début du premier Âge du Fer) entre diverses populations et des contacts évidents avec les Celtes. car elle est liée à notre histoire nationale. celle qui a forgé notre identité. ou plutôt que nous le posons en des termes simplificateurs. La linguistique (notamment fondée sur l’étude de la culture de Golasecca) et l’archéologie démontrent des contacts anciens (Bronze final. Christian Goudineau. plus tard. on ne peut plus retenir l’hypothèse d’un « berceau hallstattien » qui aurait essaimé vers les VIe-Ve siècles. les Celtes s’étaient lancés dans de grandes migrations comme celles que. Le problème essentiel tient à ce que les historiens actuels dénomment « instrumentalisation ». UN MONDE À CONQUÉRIR. Tel est l’état de notre enseignement et de la « culture » infligée aux élèves. Il était peuplé de Celtes venus du centre de l’Europe. Ils ont laissé de très beaux objets : casques. parce que l’archéologie de la France passe directement des grottes ornées du paléolithique supérieur à la période romaine — en ignorant toutes les découvertes qui ont démontré l’incroyable richesse du néolithique. . harnachements. des dieux terrifiants. dénommés « indogermaniques ». leurs dieux apparaissent sous des formes terrifiantes. Le territoire de la France était autrefois appelé la Gaule. Nous pourrons peut-être bientôt entrer dans un Reich agrandi. Les Gaulois les honorent dans des lieux sacrés. Permanence des oppositions qui remonte (au moins) à Jules César opposant Gaulois et Germains. Que l’archéologie nazie ait tenté de se réapproprier nombre de sites celtiques de l’est de la France n’a donc rien d’étonnant. de Normandie jusqu’en Gascogne. les seconds à laisser dans leur sauvagerie. À la différence des dieux grecs. la guerre. • Les Gaulois sont habiles au travail du bois et des métaux. • Les peuples de la Gaule sont organisés en tribus qui se querellent fréquemment. les cultes naturistes. sont avant tout des places fortes (oppida) construites sur des sites défensifs où l’on se rassemble pour la guerre. en passant par les sources de la Seine. Les actuels manuels d’histoire offerts aux collégiens n’inspirent que consternation. • Les Gaulois sont polythéistes. mais de l’habileté : c’est une description de type colonialiste (ou impérialiste). Aucune connaissance de l’archéologie ni des réflexions récentes et actuelles. de le rendre à la communauté germanique (…).674 CHRISTIAN GOUDINEAU exposition et un livre consacrés à « L’archéologie nazie à l’ouest du Reich ». des Âges du Bronze et du Fer — avec (toujours !) quelques lignes apitoyées ou réprobatrices sur ces malheureux (ou horribles) Gaulois que — heureusement — Rome vint civiliser. parures. souvent des forêts. mais on ne savait guère qu’elle avait tenté de « récupérer » les mégalithes armoricains et même nombre de vestiges du Bronze final. comme la route de l’étain. » Des tribus. non pas en tant que vaincus mais en tant qu’affranchis ! ». Leurs villes. autour d’un arbre ou d’une source. de la Bretagne à Massilia. où l’on trouve ces paroles prononcées le 20 juin 1942 à Berlin par un préhistorien français. peu nombreuses. les premiers assimilables. D’abord. Voilà qui démontre à la fois nos incertitudes sur la protohistoire ancienne et la force des nationalismes. Un exemple : « LA GAULE. On croirait lire un mauvais ouvrage des environs de 1840. Ils contrôlent de grandes routes de commerce. invité par Heinrich Himmler devant l’Institut scientifique de la SS : « Le devoir de l’Allemagne victorieuse est de libérer le pays bourguignon. sans la moindre réflexion préalable si bien qu’ils se font battre facilement par quiconque se donne la peine de manœuvrer ! De fait. mais par ailleurs dépourvue d’artifice et de vice. s’ils ont le dessous. ouvertement. dont nous avons étudié l’iconographie originelle et sa longue descendance. d’ailleurs très floue. vont se diffuser — surtout à Rome — les stéréotypes que l’on retrouve en Europe au XIXe siècle (et parfois encore aujourd’hui en d’autres lieux du monde) : c’est l’ennemi. mais une quasi-indifférence vis-àvis des Celtes. Ajoutons que. Des auteurs plus récents. on voit l’intérêt porté aux Égyptiens.ANTIQUITÉS NATIONALES 675 L’important est de comprendre pourquoi règnent de telles pesanteurs. Donc. nuanceront le tableau en ajoutant des correctifs. Si l’on se réfère à l’historiographie grecque. écrivant après la conquête. se laissent pousser les cheveux et . Il existe aussi une sorte d’arme en bois qui ressemble au « grosphos ». Voilà qui explique leurs conduites. elle les plonge dans la stupeur. tous guerriers réunis. mais ils sont meilleurs cavaliers que fantassins. le moment ou le prétexte). et ensuite de leur nombre. dont la portée dépasse celle d’une flèche et qu’ils utilisent tout particulièrement pour la chasse aux oiseaux. Ils portent le « sagum ». Les deux caractéristiques de l’« étranger » sont réunies chez eux : différence et inversion. les campagnes périodiques qui ont opposé ces Celtes aux rois de Pergame ont contribué à la constitution d’un « cliché » qui devait avoir la vie longue — les civilisés contre les barbares. et plus encore en rassemblant tous leurs parents. Avec l’irruption des Celtes-Gaulois dans l’histoire du monde civilisé. comme Strabon. lances en proportion et enfin le « madaris ». car ils sont grands. de reconstituer celui de Poséidonios — antérieur à la guerre des Gaules — en gommant les ajouts ultérieurs. les Dieux contre les Géants —. la race qu’on appelle aujourd’hui soit gallique soit galatique est à la fois éprise de guerre. bracelets aux bras et aux poignets) mais les personnages de haut rang portent des vêtements de couleur brillante brodés d’or. si on les provoque (quels que soient le lieu. Leur armement est à la mesure de leur grande taille : longue épée suspendue au côté droit. à partir du texte de Strabon. qui se lance à la main sans propulseur. un genre de javelot. on les voit prêts à tout risquer sans autre allié que leur force et leur résolution ! Leur force vient d’abord de leur physique. Il faudra qu’éclatent des conflits. Voici. impulsive et prompte à prendre les armes. lorsque plus fort qu’eux les expulsait. aux Scythes ou aux Perses. ce sont tous des guerriers par nature. comme un seul homme. Leur insondable légèreté les rend insupportables quand ils sont vainqueurs mais. plus on va vers le Nord et vers l’Océan. ils se précipitent au combat. sauf pour quelques traits de mœurs ou pour leur localisation géographique. long bouclier. à notre avis. Si on leur cherche querelle. C’est ainsi que non seulement ils portent des parures d’or (colliers au cou. plus leurs qualités de guerriers augmentent. Elles remontent très haut. Leur simplicité d’esprit et leur impulsivité s’augmentent de beaucoup de stupidité. de vantardise et d’amour des bijoux. ce qu’était la description : « Dans son ensemble. Leurs rassemblements énormes sont facilités par leur naïveté et leur spontanéité. car ils s’indignent toujours des injustices dont — à leur idée ! — leurs proches sont victimes ! C’est aussi ce trait qui explique que leurs migrations se soient faites facilement : ils se déplaçaient en bloc. Nous avons tenté. que ces « barbares » s’en prennent à l’Italie ou lancent des incursions en Grèce pour qu’ils s’attirent l’attention des historiens — après avoir retenu celle des politiques ! La création d’une confédération galate en Anatolie. il menace les vraies valeurs. Certains se servent également d’arcs et de frondes. il s’oppose au grand dessein (« intelligent design ») que les dieux ou la Providence ont chargé Rome d’accomplir. bouffants et.-C. Comment mieux démontrer la totale incompatibilité. C’est avec une laine à la fois fibreuse et aux extrémités touffues qu’ils tissent les « sagums » épais. l’Empereur Auguste. Hostilius Saserna fait émettre à Rome un denier célébrant une fois de plus la victoire de César. Or. la Grèce avait lancé des enquêtes ethnographiques. ils portent des tuniques fendues. . lorsqu’il s’occupa du cas des Gaules.-C. elles sont grandes. J’avais montré à l’époque que nous ne pouvions rien comprendre en nous en tenant à la géographie telle que nous la connaissons. J’ai repris un dossier ouvert ici-même il y a vingt ans. qu’ils appellent « lainal ». et ils les recouvrent d’un chaume épais. quatre ans après Alésia. au lieu de « chitônes ». qu’il fallait au contraire se référer aux conceptions de l’époque. Rien n’y fait. qui leur descendent jusqu’au bas-ventre et aux fesses. les Gaulois : l’étranger. y compris pour un loup !). à manches. Romains et Celtes s’étaient rencontrés depuis bien longtemps. arrondies. mais leur nature demeure ce qu’elle est. de même qu’ils s’assoient sur des lits faits de végétaux pour prendre leurs repas ! La nourriture surabondante. portant moustache et barbe non taillées — le contraire de ce que montrent les deniers frappés en Gaule ou les statues d’aristocrates depuis plusieurs décennies . En 48 avant J. le magistrat monétaire L. De même. même le char de combat avait depuis longtemps laissé place à d’autres techniques guerrières. il fait représenter un personnage hirsute. tout particulièrement de porc. C’est à même le sol que dorment. sont en liberté . (…) » On pourrait placer face à un tel texte nombre de descriptions presque identiques écrites par des explorateurs ou des conquérants européens découvrant les civilisations d’Orient. l’inintelligibilité entre deux mondes ? Rome avait conquis l’Italie du Nord — peuplée de Celtes —. la plupart d’entre eux. Grecs. pour se conformer aux stéréotypes. par la taille comme la vigueur et la rapidité. Quant à leurs maisons. Poséidonios écrit durant la première moitié du Ier siècle avant J. ont permis d’apprécier le poids des préjugés que nous ont transmis les textes grecs et latins. lorsque j’avais tenté de comprendre la bizarrerie de l’organisation qu’imposa. Pourtant. à base de lait et de viandes de toutes sortes. ils peuvent êtres domesticables. Les Celtes. d’Afrique ou d’Amérique. ils sont exceptionnels — aussi est-il dangereux de s’en approcher si l’on n’est pas habitué à eux. Certes. Mais telle est la force des images mentales. même la nuit. sans doute en raison de phénomènes comme la colonisation. Les années récentes.. ils peuvent se plier à l’action civilisatrice de Rome.676 CHRISTIAN GOUDINEAU utilisent des pantalons larges. faites de poteaux et de clayonnages. aujourd’hui encore. aussi bien frais que salé (leurs porcs. on a beaucoup avancé sur une piste qui s’avère de plus en plus féconde : la conception géographique du monde qui a inspiré nombre de descriptions et de commentaires. depuis les « polygones de Thyssen » jusqu’à la conception de « capitale multipolaire » ? Le foisonnement des idées. Nous avons repris le cas de la Gaule dans cette optique. le cas des Volques et des Voconces du Midi. géographie s’y mêlent intimement. notamment puisés dans les travaux récents de Patrick Thollard et Matthieu Poux. des tentatives initiales bien différentes. Les notions de la géographie contemporaine sont-elles adaptées à l’antiquité. le Cemmène (les chaînes du Massif Central) ouest-est. II. Cette réflexion nous a amené à prendre quelques exemples régionaux. tout en signalant que les nouvelles éditions des géographes et ethnographes antiques ne peuvent désormais échapper à ce cadre (on vient de le voir pour l’Ibérie). Sauf que Strabon et Pline signalent. L’organisation se comprend donc fort bien. Histoire. dans des textes longtemps négligés ou incompris. les fleuves coulant du sud au nord (sauf le Rhône). rectangles ou carrés. entre autres. SÉMINAIRES Les séminaires ont porté sur : — Les fouilles de l’Institut Curie à Paris. en y ajoutant notre grain de sel. non seulement pour des problèmes de délimitation de territoires mais aussi pour d’éventuelles expansions ou rétractions. l’insertion de nos études dans des débats contemporains. Didier Busson. puis celui des Arvernes. qui devait subsister trois siècles.ANTIQUITÉS NATIONALES 677 avec les Pyrénées nord-sud. Chargé de mission pour l’Archéologie à la Commission du Vieux-Paris. Nous avons examiné. mais toutes fondées sur la conception que le monde est organisé en formes géométriques. voilà qui suscite l’optimisme. qu’a voulues la Providence — conception philosophique remontant au plus loin de la pensée grecque et que le stoïcisme a diffusés. avec M. archéologie. si l’on suit ce cadre (carte ci-dessus). . 678 CHRISTIAN GOUDINEAU — Recherches récentes sur le site de la Cathédrale Saint-Pierre à Genève. Tulle. — « La Querelle des Origines ». Articles : — Plusieurs contributions dans Archéopages. et de celui de la Carte Archéologique de la Gaule (CNRS. Toulouse. 2008. Caen. Alésia et la bataille du Teutoburg. Représenter le pouvoir en France. et celui de l’HDR de Patrick Thollard. IV. Autun. DVD sur Lutèce. puis dans d’autres musées européens. RESPONSABILITÉS. ancien Archéologue cantonal. Francfort. — Cent cinquante ans après la découverte de la Tène : état des recherches sur l’Âge du Fer en Suisse. MEN. Directrice de recherche au CNRS. La Rochelle. les Gaulois et le sentiment national au XIXe siècle ». 2008. — Les nouvelles fouilles d’Aix-en-Provence. 152-157. Nombreuses participations ou interviews dans la presse écrite et audio-visuelle. 66. L’exposition sur la religion celtique. — « La Gaule. PUBLICATIONS Ouvrage : — Regard sur la Gaule. Il a présidé plusieurs jurys de thèse. Budapest. Dublin. Nantes. diffusions sur Arte. Nantes. Actes Sud. avec Mme Katherine Gruel. Catalogue d’exposition. Babel. 53-71. 2007. des conférences ou des colloques. avec M. La Turbie. Le Professeur a été fait docteur honoris causa de l’Université de Bologne. Bologne. avec Mme Núria Nin. revue de l’INRAP. ACTIVITÉS. présentée à Lyon en 2006. — Douze ans de recherches sur le sanctuaire de Mars Mullo à Allonnes (Sarthe). sur les fouilles suisses de Mormont. avant de se rendre à Berne. Rouen. Charles Bonnet. Grenoble. Archéologue de la Ville. Pouvoirs. Directeur du Musée Cantonal d’Archéologie et d’Histoire de Lausanne. Gilbert Kaenel. III. p. . a été reprise au Latenium de Neuchâtel. Beihefte der Francia. à Lyon. Louvain. MISSIONS Le Professeur a été renommé au Conseil d’Administration de l’Institut National de Recherche Archéologique Préventive (INRAP). Il est membre du Comité scientifique de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme d’Aix-en-Provence. Culture). Le Professeur est allé en mission pour des séminaires. avec M. En revanche — et cela reste significatif de leur attitude vis-à-vis du monde extérieur — ils accepteront très tôt des ambassades permanentes chez eux. ils ne l’adopteront qu’à moitié : eux-mêmes n’établiront pas de semblables ambassades dans les principales capitales européennes avant l’extrême fin du xviiie siècle. de par le monde. C’est à cette diplomatie ottomane en Europe. qu’ont été consacrés les trois derniers cours. En revanche. Se conformant aux usages immémoriaux en la matière. Voltaire parlera ainsi de « la mauvaise . professeur COURS : Istanbul. Comme on a toujours fait. carrefour diplomatique : l’établissement des ambassades permanentes européennes La pénétration ottomane en Europe. Elles sont naturellement amenées par les limites des capacités militaires du conquérant. ils n’adoptent pas. Gilles Veinstein. ils en envoient aussi à chaque fois que le besoin s’en fait sentir. des origines au xviiie siècle. Ces constatations ont fait l’objet du premier cours. au long de la période moderne. qui nouent entre eux (ainsi d’ailleurs qu’avec des partenaires musulmans en Asie) des coalitions d’une certaine puissance. les Ottomans pratiquent la diplomatie à travers l’échange d’ambassadeurs extraordinaires de différents rangs et caractères. Plus exactement.Histoire turque et ottomane M. bien entendu. Elles sont favorisées aussi par les divisions existant entre ces adversaires. mais aussi de relations qu’on peut qualifier de diplomatiques. les Ottomans ne faisant qu’en donner une adaptation. Cette question a fait l’objet du deuxième cours. d’ailleurs de plus en plus souple. mais. ils en reçoivent. de relations de guerre avec les Etats chrétiens européens. s’accompagne. Il en résultera une dissymétrie souvent remarquée. aux visées divergentes et concurrentes. Des traités de différents types sont conclus dont la nature renvoie aux principes fondamentaux du droit musulman des rapports avec les infidèles. à partir du milieu du xive siècle. aux prises avec des adversaires qui ne sont pas inertes. ce qui est moins connu. cette innovation qui apparaît dans l’Italie du xve siècle et qui sera désormais l’un des facteurs essentiels de la diplomatie européenne : l’établissement d’ambassadeurs résidents ou permanents. le baile accrédité auprès du basileus byzantin. Le dernier cours s’est attaché à cette particularité : les Turcs reçoivent des ambassadeurs permanents (quelques-uns du moins) mais n’en établissent pas à leur tour. Nous nous sommes demandé si. puisqu’il ne s’agit en rien d’une innovation mais de la simple reprise d’une institution bien antérieure. remontant au xie siècle. Le cas vénitien Le premier ambassadeur permanent dans la Constantinople ottomane fut le baile (bailo). nous nous sommes penché sur les conditions de création des quatre premières ambassades permanentes à Constantinople : celles de Venise (1454). Dans ces conditions. de fait. mais qui n’avait acquis toute son importance et ses caractéristiques qu’après la reconquête de Byzance par Michel Paléologue en 1265-1268. un rôle déjà important dans les relations diplomatiques entre le jeune Etat ottoman (dont les capitales sont successivement Bursa puis Edirne) et la Sérénissime. que lui-même (parmi d’autres dignitaires) serve d’ambassadeur extraordinaire auprès des sultans. Son autorité ne se limite pas à la capitale. joue. En d’autres termes. Le baile de Venise auprès du sultan ne fait en effet que prendre la suite du baile de Venise à Byzance — une institution très ancienne. Encore s’agit-il d’un cas bien différent de celui qui suivra quatre-vingts ans plus tard (l’établissement de l’ambassade de France). elle comprend trois volets principaux : le baile est à la fois un ambassadeur en charge des affaires politiques . d’Angleterre (1583) et enfin des Pays-Bas (1612). ou qu’il envoie ses émissaires à ces derniers. dès avant la conquête de Constantinople.680 GILLES VEINSTEIN politique de la Porte d’avoir toujours par vanité des ambassadeurs des princes chrétiens à Constantinople et de ne pas entretenir un seul agent dans les cours chrétiennes ». ce comportement résultait d’un principe. Les autres qui suivront au xviiie siècle. ne feront qu’emprunter une voie désormais bien tracée. un consul. de par sa position géopolitique. elle est détenue par des membres des grandes familles patriciennes spécialisées dans les affaires du Levant . protecteur des intérêts commerciaux de Venise et des droits de ses marchands . la substitution du pouvoir ottoman au pouvoir byzantin à Constantinople n’apporte pas de . nous avons cherché à évaluer ce qui revenait à l’Etat représenté et ce qu’avait été le comportement de la Porte. d’un axiome politique conçu a priori (dont le moteur aurait. de France (1535). administrant et jugeant les ressortissants vénitiens. Comme ce sera le cas à l’époque ottomane. Au surplus. tend à le suggérer. quitte à ce qu’ils y trouvent des avantages à l’usage et donc des justifications après coup. mais s’étend à l’empire byzantin dans son ensemble : il est Baiulus Venetorum in Constantinopoli et in toto imperio Romanie. soit dès l’année qui a suivi la conquête de la ville. Dans chacun des quatre cas considérés de plus près. la fonction se situe au sommet de la carrière diplomatique vénitienne . comme la formule qui précède. un chef de communauté. par exemple. été la vanité) ou s’il n’avait pas été plutôt le fruit de circonstances dans lesquelles les gouvernants ottomans auraient été plus ou moins passifs. c’est-à-dire le représentant de la république de Venise — et de loin puisqu’il est apparu dès 1454. Au demeurant. une menace formidable pèsera désormais de ce fait sur le Dominio da Mar de la République et ne cessera plus). et d’autre part de poursuivre ses conquêtes. tel qu’il est fixé par le droit hanéfite. on peut discerner la méfiance suscitée par cette présence étrangère. de son commerce et de sa neutralité. . notamment en Grèce. à travers les renouvellements successifs des capitulations vénitiennes. ce qui était déjà un acquis essentiel.HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 681 changement radical au dispositif diplomatique vénitien dans la région (même si. combien la diplomatie vénitienne progresse sur cette voie et réussit finalement à faire reconnaître par le sultan. Constantinople étant tombée entre-temps : par une décision du 17 juillet. Le sultan y consent par un acte du 18 avril 1454. Bayezid II. Encore fallait-il pour que la continuité s’opère ainsi que le conquérant ottoman s’y prêtât. annonçait au doge Leonardo Loredan son intention d’allonger jusqu’à trois ans le séjour du baile (Archives d’Etat de Venise. mais ce baile ne pouvait demeurer que pendant un an. avec sa suite. se heurtant donc apparemment à des résistances de l’autre partie. L’un des objectifs de la République est de rétablir le baile à Constantinople dans la plénitude de ses fonctions et prérogatives et de garantir ce statut par un traité (une « capitulation ») accordé sous serment par le sultan (un ‘ahdnâme). Elle devra néanmoins attendre le traité ottomano-vénitien de 1503. Une durée aussi brève ne pouvait que sembler incommode à la partie vénitienne. la totalité des droits et prérogatives de l’ancien baile de Byzance. le sénat. par ailleurs. avait vu l’objet de son ambassade être modifié en cours de route. pour que le sultan Bayezid II leur accorde un délai plus satisfaisant de trois ans. Le même Bartolomeo Marcello que le sénat vénitien avait dépêché à l’origine pour persuader le jeune sultan de faire la paix avec le basileus. ayant pris acte de la disparition du basileus. il traite avec Venise. au terme duquel il devait être remplacé. ne prescrivait plus à son ambassadeur que d’obtenir le renouvellement. à commencer par le baile lui-même. du traité vénéto-ottoman antérieur de 1451. Mehmed II dont l’objectif est d’assurer désormais la renaissance et la prospérité de la ville conquise dont il a décidé de faire sa nouvelle capitale. Minotto sera même exécuté en conséquence par les vainqueurs. Gerolamo Minotto. Dans une lettre des 3-12 octobre 1503. consécutif à la guerre entre les deux Etats des années 1499-1502. tirant les conclusions des négociations qui avaient été menées à ce sujet. et peut-être aussi un souci de se conformer à la durée du séjour autorisé à un musta’min. Le traité de 1454 acceptait déjà qu’un baile de Venise séjourne à Istanbul. dans la seconde moitié du xve et encore au début du xvie siècle. une fois le succès militaire obtenu. fait preuve d’un réalisme consommé. De même qu’il conclut un traité avec les Génois de Galata (qui l’avaient pourtant trahi durant le siège). l’orage étant passé. On peut constater. Elle n’y parviendra pas d’un seul coup. ratifié ensuite à Venise : le sultan a besoin de Venise. avaient apporté activement leur concours au basileus assiégé. Bailo a Costantinopoli. Les négociateurs vénitiens n’avaient d’ailleurs obtenu cette concession que in extremis. en vertu de son ‘ahdnâme. Rien n’était a priori évident sur ce point puisque les Vénitiens présents dans la capitale. Dans cette restriction manifestement imputable à la partie ottomane. celui-ci ne sera pas du ressort du juge local. d’autres articles relatifs au baile apparaîtront également dans les ‘ahdnâme vénitiens successifs. émis à l’occasion de l’avènement de Bayezid II. conformément à leurs usages (ayinlerince) ». s’il est impliqué dans un procès. Ces immunités sont avant tout d’ordre judicaire. n° 109). faisant passer à trois ans la durée d’exercice de l’office du baile (M. Si le sultan est . 1994. En ce sens. S’ils désobéissent (et de fait les marchands voyaient d’un mauvais oeil l’immixtion du baile et des autres consuls vénitiens dans leurs affaires). le baile est en quelque sorte intégré à l’appareil d’Etat ottoman. Il y est énoncé : « qu’il [le baile] vienne avec sa suite et qu’il s’établisse à Istanbul. cinq. Il est à noter que cette durée réglementaire de trois ans (appelée à un grand avenir puisqu’elle est encore la durée moyenne de séjour des ambassadeurs dans les usages internationaux) ne sera pas toujours strictement respectée dans les faits : des durées de séjour supérieures des bailes (quatre. mais devra être porté devant le « divan impérial ».682 GILLES VEINSTEIN busta 1. en raison de circonstances particulières. et qu’un autre vienne à sa place. Pedani. Par ailleurs. le baile ne pourra être tenu pour responsable des dettes des sujets vénitiens . essentielle à la notion d’ambassade permanente. anun yerine ol vechile bir dahi gele). de sorte qu’il s’y occupe des affaires des marchands vénitiens et qu’il règle les litiges de toutes natures qui lui seront soumis. préfigurant dans une certaine mesure les notions d’immunité diplomatique et de privilège d’exterritorialité. Ces affaires font donc partie des « causes réservées » de cette juridiction suprême. p. sans opposition des autorités ottomanes. celle de 1513 qui institue en outre un principe de succession automatique qui n’avait pas été formulé jusqu’ici. Outre la question de la durée de la mission. I « Documenti Turchi » dell’Archivio di Stato di Venezia. à la force publique ottomane : « que l’officier de police (subașı) en fonctions à Istanbul. Cette disposition est confirmée dans la capitulation suivante. qui s’imposeront par la suite dans le « droit des gens » (jus gentium). 41. de la même façon » (üç yıl tamam olmadın ol gide. De nouvelles clauses seront ajoutées dans les ‘ahdnâme de 1513 et 1517. Le doge répond au sultan par une lettre du 19 avril 1504 qu’il ratifie la correction apportée à la dernière capitulation. mais il lui est également loisible de recourir. Non seulement les droits de justice du baile sur ses administrés sont ainsi reconnus. six ans et même sept ans) seront observées dans la seconde moitié du xvie et au xviie siècle. L’essentiel est déjà présent dans celui de 1482. ne pourront le faire sans l’autorisation du baile. selon lesquelles les marchands vénitiens désireux de se rendre à Bursa et dans d’autres lieux de l’Empire. tel qu’il sera codifié en Occident. les mêmes traités reconnaissaient au baile certaines immunités constituant une sorte d’embryon d’un statut diplomatique du baile. en cas de besoin. Selon les capitulations de 1513.-P. n° 149). Il stipule en effet : « qu’il parte avant qu’une période de trois années ne s’achève. les officiers de police locaux devaient prêter main-forte aux bailes pour faire plier les récalcitrants. lui prête assistance dans les affaires qui le concernent ». B. quant à eux. Il est à noter également que les capitulations vénitiennes se réfèrent surtout au baile. et. Si tout ce qui définit la position du baile. Dans cette tâche. vous recommanderez les marchands et nos sujets à Sa Majesté [le sultan]. bien au contraire. le vin et les porcs). plus tard. portant sur la question suivante : le baile étant le représentant (vekil et kaymakam) des marchands vénitiens. étudié naguère par le regretté Bruno Simon : « Nous vous avons envoyé là-bas pour être notre baile. l’activité de ses nationaux. le mufti ne cite pas d’autre autorité que les passages des ‘ahdnâme relatifs au baile (ASV. le kaymakam. Bailo. car cela est une des principales raisons pour lesquelles nous vous avons envoyé là-bas ». L’ambassadeur est en effet un hôte. 339. On trouvera ainsi dans les archives du baile. dans deux de ses fonctions que nous avions déjà citées. comme il vous paraîtra expédient. la fonction consulaire garde toute son importance à l’époque ottomane. une fetvâ qu’il avait vraisemblablement sollicitée lui-même. il est assisté. Il s’agit d’immunités fiscales : l’exemption de droits de douane et des autres taxes sur les denrées destinées à l’approvisionnement du baile. Absentes des traités. d’autre part. ces derniers sont-ils habilités à lui demander des indemnités pour les marchandises qu’ils ont perdues ? Pour argumenter sa réponse. de son personnel et de sa suite (notamment les raisins. par un conseil de douze marchands (qui perdra toutefois de son importance après la guerre de Chypre) et. pendant le temps où vous serez en sa présence. n’en prendront pas moins la précaution de faire inscrire ces franchises fiscales de l’ambassadeur dans leurs capitulations. en présence du cadi d’Istanbul. D’autres immunités du baile sont au contraire absentes des ‘ahdnâme. la nécessité pour le baile de protéger et d’essayer de promouvoir. à partir de 1604). au même titre que les autres sources de droit reconnues dans l’empire. ces dernières immunités étaient peutêtre conçues par la Porte comme situées sur un autre registre : celui des lois de l’hospitalité. celles de consul et de chef de la communauté vénitienne. Le fait qu’à l’époque ottomane. n° 53). De fait. mais entreront dans l’usage et seront d’ailleurs régulièrement confirmées par cette autre source de droit que sont les ordres impériaux. les Vénitiens perdent au profit de nouveaux venus de l’ouest de l’Europe la place qui avait été la leur à l’époque byzantine (où seuls les Génois étaient pour eux des concurrents sérieux) n’exclut pas. comme à l’époque précédente. bien que souvent négligée par les historiens. finalement. par le . n’est pas inclus dans les ‘ahdnâme (il est d’ailleurs bien des domaines dans lesquels ces traités ne sont pas le seul instrument juridique applicable aux Vénitiens en général).HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 683 absent de la capitale. Vous ne manquerez pas dans toutes les occasions où cela leur sera nécessaire de donner à ces marchands et à nos sujets toute aide et faveur possibles. le baile sera entendu par son substitut. comme le veut la coutume. dans ce contexte difficile. en même temps — nous y reviendrons — qu’il est virtuellement un otage (les Français. Comme l’écrivait la Seigneurie vénitienne au baile Marino Cavalli (1560). ceux-ci constituent néanmoins un corpus auxquels les muftis peuvent se référer dans leurs consultations juridiques (fetvâ). Elle compense en partie par ce biais. les Cinque savi alla mercanzia. baile au moment de la guerre de Chypre et le grand vizir Sokollu Mehmed pacha. ne dépendent d’ailleurs pas tous au même titre du baile : si ce dernier garde. elles ont besoin de cet interlocuteur que viennent d’ailleurs fréquemment rejoindre à Constantinople des ambassadeurs extraordinaires quand les circonstances le réclament. De même. aux contrats qu’elles font et aux avanies qui leur sont imposées… » Cependant. que le sultan confirme par des exæquatur appelés berat. particulièrement de ceux qui l’intéressent le plus. en 1604. comme l’a montré M. Ottavio Bon. sa propre absence de résidents à l’extérieur. mais. ayant trait à leurs bateaux. sont emblématiques de la place que le représentant vénitien peut tenir dans la capitale ottomane. Conscientes de cet atout dans leur jeu avec les Turcs.684 GILLES VEINSTEIN réseau des consuls de Venise. Ce rôle politique notable est ce qui fait tout l’attrait de la fonction auprès des diplomates vénitiens. les anciens et prestigieux consuls de Syrie et d’Egypte restent désignés par le Maggior Consiglio et il leur arrive de correspondre directement avec la Porte qui leur donne volontiers. le droit de nommer des consuls dans les zones proches d’Istanbul. en revanche. Non seulement la Porte le reconnaît comme représentant de sa communauté. semble-t-il. accordant un crédit total au renseignement vénitien. les ‘ahdnâme ne citent pas expressément son rôle politique qui en fait non pas seulement un consul mais un authentique ambassadeur. dans le contexte mouvementé des relations entre le Grand Turc et la République (outre que cette fonction est onéreuse et expose par ailleurs le détenteur aux terribles épidémies sévissant en Orient). . elle lui offre son appui dans l’exercice de cette responsabilité. c’est aussi ce rôle politique qui fait le danger de la fonction. Pour ce qui est du rôle du baile comme chef de sa nation. Au surplus. comme nous l’avons vu. Ces consuls. comparait l’office à un jardin « dans lequel les roses et les autres fleurs sont les affaires publiques. le titre de bailes (ces deux consulats qui auront perdu beaucoup de leur importance seront finalement supprimés au milieu des années 1670). qu’elles font traduire en turc à l’intention de leurs partenaires ottomans. comme au Moyen Âge. les avvisi. Ces derniers en sont friands et attendent avec impatience leur arrivée à Istanbul. tandis que les épines et les mauvaises herbes sont les affaires des personnes privées. les autorités vénitiennes élaborent complaisamment des sortes de bulletins d’information. Géraud Poumarède dans sa thèse. les autorités ottomanes le reconnaissent d’autant plus naturellement dans les faits que les problèmes politiques avec Venise ne manquent pas et que. Si. Venise créera des postes consulaires nouveaux dans les colonies qui lui auront été enlevées par les Ottomans. Les rapports étroits (et même. dans la paix comme dans la guerre. la Porte met à profit sa présence pour bénéficier de l’incomparable réseau d’informations vénitien sur la situation politique et militaire des Etats européens. et ces postes seront laissés à la discrétion d’une institution créée par Venise au début du xvie siècle pour réactiver son commerce. à eux aussi. amicaux) ayant pu exister entre un Marc’Antonio Barbaro. il se poursuit tout naturellement au sein de la structure communautaire de l’Empire ottoman. sous contrôle (quelles que fussent les circonstances. 417). Le fait que les guerres avec Venise soient considérées comme des crises certes graves mais passagères et qui doivent immanquablement. soit en les jetant carrément en prison. Il aurait fallu l’intervention du grand vizir. répondait. il lui fut rétorqué que « les ambassadeurs répondaient de la parole donnée par leurs maîtres et [que]. Par exemple. ils devaient expier la violation » (Charrière. Cette dernière. semble-t-il. X. en même temps qu’un chantage plus ou moins explicite exercé à travers lui sur son gouvernement: il devenait alors pleinement l’otage qu’il avait été virtuellement jusque là. p. cette prise en otage des représentants étrangers fut fortement exploitée à l’appui de la thèse. n’en entretient pas moins une abondante correspondance avec le gouverneur vénitien de Chypre. Pendant cette même guerre. Même. mais les seconds. lors de la guerre vénéto-ottomane pour la possession de Salonique (1425-1430). à deux motivations : il fallait interdire à l’agent du pays ennemi toute activité d’espionnage et menées subversives . de vengeance dont l’ambassadeur faisait les frais. une fois les buts de guerre atteints. selon laquelle les Ottomans restaient en dehors du . seront toujours à disposition. du grand mufti et de plusieurs autres dignitaires pour l’en dissuader et le ramener au principe traditionnel de la simple captivité (Hammer. Paolo Preto dit même que la prison pouvait parfois être « dorée » et que la détention n’était pas toujours très sévère. aucun ambassadeur chrétien en poste à Istanbul ne fut jamais exécuté). comme lui-même le confie. ce qui n’arrivera plus par la suite. Charrière. A en croire certaines chroniques. explique la relative modération présidant à ces détentions. également aux arrêts dans la forteresse de cette ville. On rapporte ainsi qu’au début de la guerre de Crète.HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 685 Les Ottomans ont en effet pour principe de mettre aux arrêts. lors de la guerre vénéto-ottomane de 1537-1540. au moins. mais au comportement de Soliman le Magnifique vis-à-vis de Malvezzi. Lorsque ce dernier réclama au sultan l’élargissement de son ambassadeur. les deux ambassadeurs successifs (Nicolo Zorzi et Giacomo Dandolo) auraient non seulement été emprisonnés mais mis à mort par leurs geôliers. Les Vénitiens en ont fait l’expérience dès avant la conquête de Constantinople. se rapportant non à un ambassadeur vénitien. par nature. A cette fin. être suivies d’une reprise des bonnes relations habituelles. I. p. 112). un autre représentant vénitien. ambassadeur de Ferdinand de Habsbourg. soit en les assignant du moins à résidence les ambassadeurs (et tous les ressortissants qui tombent entre leurs mains) des pays avec lesquels ils sont en guerre. appliquée aux Vénitiens comme elle le sera à tout ambassadeur dont le pays entrait en guerre avec le sultan. mais il sera libéré dès novembre 1539 pour assister aux grandes fêtes de circoncision de deux fils de Soliman le Magnifique auxquelles il est convié (il est vrai que des pourparlers de paix étaient d’ores et déjà engagés . p. Un témoignage en est fourni. le sultan Ibrahim aurait eu l’intention de faire exécuter le baile de Venise. II. il utilise les services d’ « un janissaire digne de confiance ». en leur qualité d’otages. Impulsions intempestives et tentatives d’intimidation n’étaient toutefois pas exclues. Cela s’applique d’ailleurs aussi bien aux ambassadeurs extraordinaires qu’aux résidents. 211). le consul à Damas. mais il y avait sans doute aussi dans la mesure une dimension de rétorsion. le baile est bien entendu emprisonné. comme. son exceptionnalité. est demandeur et le sultan. soucieuse d’appuyer sur l’antériorité chronologique du représentant du roi sa primauté hiérarchique dans le corps diplomatique stambouliote. mais elle n’y trouve pas un secours suffisant.686 GILLES VEINSTEIN droit des gens. écrit-il. Soliman le Magnifique. La France cherche un contrepoids à ce redoutable adversaire en nouant des contacts avec les Etats chrétiens du reste de l’Europe (Pologne. Louise de Savoie. héritier des « rois catholiques » d’Espagne et des ducs de Bourgogne. chef de la maison de Habsbourg et Empereur élu du Saint Empire romain germanique. auteur de L’ambassadeur et ses fonctions et diplomate lui-même. en grave difficulté. s’attira par ses activités d’espionnage une arrestation dans le pays où il représentait le duc de Brunswick-Lunebourg. à la suite de la défaite de Pavie et de l’emprisonnement de François 1er à Madrid. Hongrie. Lorsque Wickford. mère du roi. Le rapprochement franco-ottoman naît de l’antagonisme entre François 1er et Charles-Quint. En revanche. Charles-Quint s’oppose aux prétentions italiennes du Valois (sur Gênes et Milan. donnaient l’exemple emblématique de la violation des immunités diplomatiques. il compare naturellement ses geôliers aux barbares turcs : « Les avanies étaient autrefois particulières aux Turcs. depuis quelque temps. un traitement privilégié des Français dans l’Empire ottoman. Transylvanie). elles se sont si bien communiquées à la chrétienté que les circoncis y pourraient venir apprendre quelque chose de plus que ce qu’ils savent ». Par rapport à ces particularités du cas vénitiens. Le cas français Si Venise a. immédiatement conscient des avantages symboliques et stratégiques d’une telle alliance. la France fait d’abord appel dans . Les sultans s’étaient peu à peu laissés convaincre de revenir sur ce point comme sur divers autres au statu quo antérieur à la conquête. jeté les bases des représentations permanentes à Istanbul. elle n’avait fait qu’obtenir progressivement de Mehmed II et de ses successeurs. voire sur le royaume de Naples). Compte tenu de l’innovation scandaleuse que représente ce rapprochement. contrairement à ce qui sera durablement la version officielle française. le rétablissement intégral de la position de son principal agent diplomatique et commercial en Méditerranée orientale : le baile. C’est alors que la régente. Le roi. vis-à-vis des Ottomans. et le roi lui-même se décident à tourner le dos à la politique traditionnelle des « rois très-chrétiens » vis-à-vis de l’islam en général et en dernier lieu. mais. accorde son amitié à un prince dont il ne méconnaît nullement la place sur l’échiquier européen — amitié qu’il inscrit d’emblée dans un rapport inégalitaire de protecteur à protégé. longtemps avant les autres Etats européens. Lui-même a des revendications sur l’héritage bourguignon et il constitue une menace pour le royaume qu’il encercle presque entièrement de ses possessions. La situation devient critique en 1525. elle présente l’originalité d’être une innovation absolue. la première. plus généralement. le cas français apparaît dans toute sa singularité. la Hollande. L’ambassade de France n’aura donc pas été la première. bien différentes des ambassades ordinaires. mais d’une partie de l’entourage du roi qui désapprouve entièrement cette orientation. Interviendront ainsi dans les premières années de l’alliance. sont admis au baisemain avec le cérémonial observé dans la campagne précédente. L’agent Antonio Rincon sera ainsi reçu par Soliman. p. l’ambassadeur français. en 1535. La connivence avec l’Infidèle est violemment dénoncée . le Napolitain César Cantelmo. le marchand Ragusain Séraphin Gučetić (ou Séraphin de Gozo). 478). aurait marqué un tournant. l’ambassade à Constantinople de Jean de la Forêt (Jehan de la Forest). les agents du roi sont traqués entre France et Turquie. V. non seulement de l’ennemi. celle de 1529. Le « secret du roi » n’en est pas moins rapidement éventé par le réseau d’espions de Charles-Quint. dès lors qu’il est utile au sultan de faire sonner bien haut leur présence aux oreilles de leurs adversaires. Joseph de Lamberg et Léonard de Nogarella. le croate Jean-François Frangipani. sont purement et simplement les « ambassadeurs (elçi) du pâdișâh de France » auxquels sont rendus les honneurs correspondant à l’état des relations entre le sultan et le prince qu’ils représentent et dont l’incognito n’est nullement respecté. Jean Zapolya (Hammer. une « trêve marchande » dont le genre hybride trahit bien la difficulté à donner forme — une forme avouable — à une entente sans précédent. Comme le note le journal de campagne de Soliman. le cas échéant officiellement accrédités auprès du roi de Hongrie et non directement auprès du sultan. ainsi que celui du roi de Pologne et les envoyés de Ferdinand. en juillet 1532. dans son camp de Belgrade comme un ambassadeur à part entière. ne font pas les distinguos auxquels les Européens sont attachés. acte signifiant sa volonté d’afficher désormais ouvertement son union avec le Turc. le désastre hongrois de Mohács de 1526 lui est imputé . Pour remplir des missions aussi délicates et dangereuses auprès de son nouvel allié. le premier traité franco-ottoman. à l’occasion de la réception du roi de Hongrie. le 5 juillet. François 1er choisira dans une première phase des hommes au profile particulier : ce sont des étrangers (le cas échéant de haute lignée). Des coups de canon seront tirés . ayant une certaine connaissance et expérience de l’est et du sud de l’Europe et résolument en rupture avec le système politique de Charles-Quint. il reviendra de négocier secrètement avec le grand vizir Ibrahim pacha. A ce dernier. Il est en effet unanimement considéré comme le premier véritable ambassadeur de France auprès du sultan : non plus un simple agent mais un ambassadeur en titre et établi à demeure .HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 687 une première phase à des émissaires secrets ou au moins discrets. également présents dans le camp et impatients de faire avancer leurs négociations avec les Turcs. Pour Soliman et ses pachas qui. entre les différentes sortes et les « caractères » inégaux des ambassadeurs. Tout devrait se passer à l’insu. François 1er ne la publiera qu’en janvier 1535. à Alep. des esprits avisés en même temps que des hommes d’action intrépides. par conséquent . le Castillan Antonio Rincon. au printemps 1534. de leur côté. Par rapport à cette première phase. un autre Italien. ces émissaires d’un genre particulier. de l’avis général des historiens des relations franco-ottomanes. Camillo Orsino. les tentes seront illuminées — un spectacle destiné à impressionner les deux émissaires des Habsbourg. prodigieux polyglotte. mais c’est bien de plans d’action militaire concertée avec le sultan qu’il s’agissait très précisément. La lettre royale que La Forêt devrait remettre à Soliman en disait assurément plus à ce sujet. en général. le texte des instructions remises à l’ambassadeur avant son départ. comme nous le verrons plus loin. Il avait acquis ainsi des connaissances en grec ancien et moderne et en italien. Certaines précautions avaient été prises pour ne pas faire apparaître le roi comme trahissant. Pourquoi. Par ailleurs. Le profile de La Forêt est tout à fait distinct de celui de ses prédécesseurs : c’est un Français. Cette durée — grosso modo un an et demi — correspondait-elle à la durée totale prévue (en fonction de quels critères ?) ou s’agissait-il d’un premier versement. mais nous ignorons jusqu’à quel point puisque cette lettre a disparu et que nous ne connaissons d’elle que l’allusion du sultan dans sa réponse. un clerc attaché à la maison du chancelier Duprat. établir une ambassade permanente et comment la concevait-on ? Nous connaissons. Hayreddîn Barberousse à Alger. ainsi que d’une demande d’aide financière (« ung million d’or »). les décisions prises. Ce dernier était chargé de rechercher des manuscrits grecs. Nous devons donc déduire des quelques faits connus. devenu « notaire et secrétaire du roi » . un des grands artisans de l’alliance franco-ottomane qui rédigera d’ailleurs ses instructions. de son propre chef. c’est aussi un homme qui avait voyagé dans sa jeunesse . la mission de La . à compléter éventuellement ? Rétrospectivement. Rien d’un aventurier par conséquent.688 GILLES VEINSTEIN un ambassadeur permanent. le 13 janvier 1535. à ce stade des relations bilatérales. il en portera le nombre à dix à la fin. Duprat y a détaillé les offres et les demandes que l’ambassadeur devait présenter successivement à l’amiral de la flotte. Sa présence donnait une teinture « culturelle » à la délégation : facteur de prestige mais peut-être aussi masque destiné à en dissimuler l’objet véritable. En revanche. dans les archives des affaires étrangères. la propension de François 1er à l’établissement d’ambassades permanentes puisque d’une seule qui existait au début de son règne. Quelle durée était envisagée pour celle-là ? La seule indication dont nous disposions à cet égard est le relevé selon lequel La Forêt avait reçu du Trésor. Cependant. originaire de la Limagne. à Venise et à Florence . le texte qui nous est parvenu ne précise rien sur ce qui nous préoccupe ici : la nature exacte de l’ambassade conçue par le roi et son chancelier. on a conservé. qui pourraient être utiles à sa mission. qui avait été l’élève de Lascaris. comme il convient à un véritable ambassadeur. la cause de la solidarité chrétienne. la somme de 11 260 livres tournois « pour sa dépense de 563 jours qu’il pourroit vacquer en l’estat et charge d’ambassadeur pour le Roy devers aucuns Princes et seigneurs du Pays d’aultre mer [Barberousse et Soliman qu’on évitait de nommer] ». émigré de Constantinople et bibliothécaire érudit de Laurent de Médicis. son propre cousin. les débats qu’a pu susciter le sujet. La Forêt avait été doté d’une suite qui comprenait notamment un secrétaire. Guillaume Postel. qui avait résidé à Rome. puis au sultan lui-même à Istanbul. Autre particularité de cette ambassade qui n’est probablement pas fortuite : pour la première fois. n’ont pas été mis au jour (contrairement aux cas anglais et hollandais que nous verrons plus loin). En fait. en Auvergne. Charles de Marillac. ainsi qu’un érudit. des sources précises sur ce qu’ont été alors les intentions des gouvernants français. Soliman a récemment. Le lieu de sa résidence elle-même est laissé dans le vague : « Constantinople. Si les conditions d’élaboration de l’innovation française ne nous sont ainsi pas entièrement connues. et le choix des articles était-il de son fait ? Quoi qu’il en soit. le 5 mars 1536. le feu de La Forest avoit faites et proposées » . et il n’entra donc pas en vigueur. fixait la durée de séjour du baile et instituait son remplacement automatique au bout de trois ans. puis le décès de La Forêt à Vlorë (Avlonya) au début de septembre 1537. Péra ou autre lieu de cet empire ». La relation avec la France n’est encore que conjoncturelle. Charrière. tel que la France en possède déjà un : le consul des Français et des Catalans d’Alexandrie — poste qui date de l’époque mamelouke et dont. il est à noter que le rédacteur du texte français a écarté ce qui. I. il est clair en tout cas qu’elle ne fit l’objet d’aucune concertation préalable avec le sultan et que celui-ci ne fut pas même averti qu’était . Par ailleurs. La genèse du texte de La Forêt pose également question : l’obtention de capitulations faisait-elle partie de sa mission (mais ses instructions n’en soufflent mot) ou prit-il l’initiative d’engager une négociation sur ce point. le baile français dont La Forêt a esquissé le portrait. telles que nous les avons retracées plus haut. p. le rédacteur note à chaque fois que les prérogatives demandées pour lui sont celles d’un baile ou d’un consul. Il s’agit en réalité d’un texte préparatoire de traité. d’un autre celui de ne pas effaroucher le sultan par une innovation trop ambitieuse dont il risquerait de prendre ombrage ? On discerne bien là la différence avec le cas vénitien : la relation vénétoottomane était structurelle pour les deux pays. Comment expliquer cette retenue sinon par un double souci : d’un côté. profile bas. D’une manière générale. Une des raisons possibles de l’interruption du processus est l’exécution du grand vizir. 413-414) . dirions-nous. Bien plus. D’une manière générale. fait. mais cela ne renseigne guère sur les intentions françaises initiales puisque deux impondérables interviendront : la décision de Soliman d’emmener l’ambassadeur avec lui en Albanie dans sa campagne de 1537. en 1528. il se désigne au contraire comme « conseillersecrétaire et ambassadeur du très-excellent et très-puissant prince François ». du vivant d’Ibrahim Bacha. peut-être après discussion avec Ibrahim pacha (le texte y fait allusion mais il pourrait s’agir d’une simple anticipation de ce qui aurait dû se produire). celui de ne pas trop compromettre ni engager le roi de France . rien ne distingue vraiment le baile envisagé d’un simple consul. Il est à relever aussi pour mieux situer la place de La Forêt que lui-même ne s’assimile pas personnellement à ce baile dont il esquisse la modeste figure : dans le préambule de son texte. dans le précédent vénitien. rédigé par La Forêt (Rincon le caractérisera en 1539 comme « des articles et capitulations qu’autrefois. Ce projet ne fut jamais ratifié et promulgué par le sultan. Si on y retrouve les principales prérogatives du baile vénitien. les articles retenus proviennent en droite ligne du modèle vénitien et le terme de baile appliqué au représentant français confirme bien la filiation. précisément.HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 689 Forêt aura duré deux ans et demi. un autre document apporte quelque lumière sur ce que pourrait être à l’avenir un résident français à la Porte : les passages concernant le « baile de France » dans ce qu’on a trop longtemps considéré à tort comme les capitulations de 1536 entre François 1er et Soliman le Magnifique. confirmé les privilèges. après la condamnation d’Ibrahim pacha. Il est reçu par le gouverneur de la capitale. un ambassadeur d’un genre inédit. mais sans le moindre commentaire et sans la moindre précision : c’est le bon plaisir du prince qui fait et défait sans explication. paradoxalement. par exemple. à notre Porte de félicité : qu’il demeure ! ». à la frontière de l’Irak et de la Syrie. menant au loin leur campagne contre la Perse. Peu après ce retour. manifestement. le sultan et le grand vizir sont absents. le sultan rassure pleinement son correspondant sur la poursuite de leur amitié et de leur concorde. comme l’a montré autrefois Jorjo Tadić. c’est-à-dire à l’audience du sultan qui suivait généralement et dont Rincon. le sultan relate au roi l’accueil qui a été réservé à son ambassadeur — un accueil qui. n’a. pas été aussi honorifique que pour ses prédécesseurs : il a été reçu par le « divan sublime ». et le sultan lui-même. accomplissant là une nouvelle mission. de Séraphin de Gozo. avait bénéficié. différent. Mais par ailleurs. L’ambassade permanente est donc acceptée. dans des formules rituelles qui prennent cependant ici une force particulière.690 GILLES VEINSTEIN envoyé vers lui. . Le journal de campagne désigne ce dernier comme França kralının elçisi. un simple sancakbey et il est si mal reçu qu’on peut se demander si cet officier avait été seulement informé de l’arrivée de ce représentant de l’allié de son maître (qui avait dû pourtant bénéficier d’un saufconduit) : à en croire le récit d’un témoin direct. dans le cadre de sa campagne de Baghdad. devant lequel il a fait part des instructions reçues de son maître. Soliman ne fait que sacrifier à la damnatio memoriæ de son ancien favori. et. Enfin le sultan réagit à l’initiative diplomatique du roi que. il n’a pas été admis au baisemain. Postel. Cette formulation laisse supposer qu’Ibrahim pacha était encore en fonction au moment de cette audience et qu’en ne mentionnant pas le grand vizir. mais seulement le « divan sublime ». par exemple. dans un second temps ses propos ont été rapportés au sultan. il l’aurait accusé de n’être qu’un espion « explorateur du royaume » (Le thrésor des prophéties de l’Univers) et il fallut bien de la présence d’esprit au nouveau venu pour se tirer de ce mauvais pas. sans plus de précision : il s’agit vraisemblablement. Il eut ensuite à attendre dans une relative inaction le retour à Istanbul de ses interlocuteurs : Ibrahim pacha à qui ses instructions prescrivaient de s’adresser en premier. l’exécution d’Ibrahim pacha prive l’ambassadeur de son partenaire privilégié. Dans l’importante lettre émise ce jour. il faudra attendre le 5 avril 1536 (soit dix mois après l’arrivée de La Forêt) pour que Soliman accuse enfin réception à François 1er des lettres d’accréditation de son ambassadeur. Il n’y aucune garantie pour l’avenir comme les Vénitiens en avaient fait inscrire dans leurs ‘ahdnâme. de celui qu’il recevra le 26 mai suivant. en ce printemps de 1535. Dans ces conditions. l’ambassade de La Forêt fut marquée par la malchance : lorsqu’il débarque à Istanbul le 8 juin 1535 (comme l’attestent les documents de Simanca découverts par Jean Aubin). peut-être en raison des circonstances politiques particulières. Pour le reste. Il reste que si La Forêt a eu droit à l’audience des vizirs. comme nous l’avons vu. il n’a découverte qu’après son retour de Perse : « vous avez ordonné à votre ambassadeur susdit de demeurer ici. Les documents officiels ottomans en prirent acte en leur attribuant le titre de kaymakam. ce résident était aussi un otage. « tant pour avoir souffert en ce pays l’espace de trois ans tant de travaulx. qu’il fut assassiné sur le Pô par les hommes du gouverneur du Milanais. L’ambassade de la Forêt ne fut pas heureuse : il échoua à maintenir de bonnes relations entre Venise et la Porte. y voyait la véritable raison du refus du sultan de lui accorder le congé qu’il désirait ardemment. traqué depuis longtemps par les Habsbourgeois. La campagne de 1537 qui fut marquée par le siège de Corfu. . le marquis del Vasto. Néanmoins. des « chargés d’affaires » tenaient l’ambassade à leur place. Tous deux furent vivement appréciés par le sultan. par des billets ou par l’intermédiaire du chef des eunuques blancs. le sultan ne tarde pas à constater l’intérêt d’avoir constamment sous la main un intermédiaire avec son allié qu’il considère comme étant autant à son service et soumis à ses ordres qu’à ceux du roi. le capitaine Polin. Marillac renvoya alors en France les membres de la suite du défunt pour qui tout ce séjour semble n’avoir été qu’une longue épreuve. longtemps privé de toutes instructions. mais on revint pour les successeurs immédiats de La Forêt au type d’hommes des premières missions : Rincon lui-même remplaça La Forêt après l’intérim de Marillac puis ce fut au tour d’un Français de nouveau. Triste oraison pour une première ambassade ! Le principe des ambassadeurs résidents à Istanbul n’en fut pas moins maintenu par la France. c’est à un retour de France où il s’était rendu sur ordre de Soliman. selon le portrait que brossera de lui Nicolas de Nicolay. « général des galères ». orné de plusieurs et diverses langues ». Peut-être y voit-il également le vivant symbole. quand les titulaires étaient ainsi absents de Constantinople. Il est difficile de parler d’ambassadeurs résidents dans leur cas puisqu’ils se déplacèrent beaucoup. Quand. signifiait son échec et.HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 691 D’ailleurs dans le contexte d’étroite collaboration militaire avec la France. Il n’en correspond pas moins directement avec le sultan. ennuys et fascheryes avec ceste barbare nation qu’il leur serait trop grief en endurer davantaige ». maladies. en faveur de son successeur d’Aramon. Au milieu des revirements continuels de l’allié français. Marillac. frappé par la peste. aux yeux de l’Europe chrétienne. Le secrétaire de La Forêt. « homme de grande littérature. le kaymakam laisse un autre kaymakam à sa place : Jean-Jacques de Cambray. du coin qu’il a enfoncé en son sein. fut ainsi le kaymakam de Polin. aussi bien d’ailleurs sur ordre du sultan que sur celui du roi. qui exercera l’intérim après la mort du premier. Polin surtout. une pratique qui se reproduisit par la suite. il y laissa la vie. le 2 juillet 1541. La conclusion du traité de Crépy en Valois le met un moment dans une position délicate. décidément peu soucieux du rang des ambassadeurs. le kapı ağa. Ainsi s’expliquerait qu’il tienne à se faire accompagner dans sa grande campagne maritime et terrestre de 1537 par l’ambassadeur et sa suite. d’Aramon décide de rentrer en France pour être éclairé sur les intentions du roi. possession vénitienne. fit l’admiration de l’Europe pour la rapidité de ses allées et retours entre la France et la Turquie. Gabriel de Luetz. « soubz couleur de dire qu’il n’a homme avec qui il puisse traicter les affaires ». mais un militaire. seigneur d’Aramon. Quant à Rincon. dans un esprit bien caractéristique de la Renaissance. Soliman écrit à ce dernier que son frère. il l’invitera à prendre part à la campagne navale de l’été 1552. François II.692 GILLES VEINSTEIN D’Aramon est renvoyé par François 1er à Istanbul. dans les moments forts de la coopération. En même temps. Néanmoins. Légitimée par l’usage. Elle n’est pas. Il se manifeste également par la communication directe existant. Cette ambassade durera six ans et verra le passage du règne de François 1er à celui de Henri II qui. dite de Tabriz. entre le sultan et lui. la concertation permanente existant dans la période entre les deux Etats. et qu’il lance sa flotte sur la côte d’Afrique. concrètement. l’ambassade permanente (on verra apparaître le terme de mukim pour rendre la notion de résident) n’a pas d’autre fondement en droit ottoman. l’ambassadeur. Pour faire oublier ses atermoiements passés et regagner auprès du sultan un prestige bien entamé. l’ambassadeur des Habsbourg. II. le cas vénitien qui est décidément à part). au soir de sa vie. conçue et maintenue par une volonté française. de tenir tel rang auprès du plus grand monarque du monde ». confirmera pleinement la politique pro-ottomane de son père. Unique représentation étrangère dans la capitale ottomane (excepté. A son retour. bien entendu. avait précédemment nommé le même Dolu « conformément à l’usage selon lequel vous avez un ambassadeur à notre Porte de Félicité » (Charrière. Le premier prend sur lui de le renvoyer en France en janvier 1551 pour communiquer ses plans au roi. comme son antécédent vénitien. Pierre Gilles. Nicolas de Nicolay). affluent alors vers la Turquie (Pierre Belon. François 1er donne à cette ambassade un lustre sans précédent : elle apporte des présents somptueux et comprend une suite splendide. Jean Chesneau. Même constatation chez Jacques Gassot : « Je pense que de nostre temps jamais ambassadeur ne chemina en tel ordre. à la première phase de la campagne de Perse. Il s’agit aussi de contrer les manœuvres à la Porte de Veltwick. elle matérialise la relation étroite. cette institution nouvelle ne subsiste que par l’acquiescement de fait du sultan qui en reconnaît pragmatiquement l’utilité et qui. en vertu de sa personnalité propre. veut relancer une nouvelle fois la coopération avec le Turc. inscrite dans un . Le crédit de l’ambassadeur se manifeste avec un éclat sans précédent. durant laquelle lui-même et sa suite voyagent dans l’équipage le plus magnifique : « quelle gloire pour cet ambassadeur et pour sa nation française. à la demande de Henri II. cette fois comme ambassadeur à part entière. p. écrira Brantôme. de 1548-1549. C’est avec l’ambassade de Gabriel d’Aramon qui va durer six ans qu’on prend pleinement la mesure de ce que signifie une ambassade permanente française à Constantinople. attendant désormais de ce dernier qu’il attaque non plus en Italie mais en Hongrie. après un moment de flottement. est le point de rencontre d’une pléiade d’hommes de lettres et savants français qui. Guillaume Postel. Le roi. 260). Jacques Gassot. qui cherche à prolonger la trêve austro-ottomane. A propos de la confirmation de Jean Dolu par Charles IX. équipage et réputation ». notamment à l’occasion de sa participation. accorde les sauf-conduits (amân-i șerîf ) nécessaires aux arrivants successifs et qui s’inquiète même quand le roi tarde à donner un successeur au détenteur précédent de l’office. en le dotant de deux galères à cet effet. mais (outre les droits de justice de l’ambassadeur et des consuls enfin reconnus) sur la préséance de celui-ci par rapport aux autres ambassadeurs présents à Constantinople. accepta de reconnaître la préséance française. font silence sur la question de l’ambassadeur. figureront dans les capitulations ultérieures. un ambassadeur (extraordinaire et non pas résident) d’Espagne. Pour revenir à la question de la préséance française. sur celle de la lignée royale française par rapport à celles de tous les autres princes et roi chrétiens. celles de 1569. d’autres mentions relatives aux prérogatives des ambassadeurs de France. l’Angleterre. Le besoin ne se fait pas sentir de donner suite aux articles que La Forêt avait esquissés à ce sujet. Il s’appliquait à toutes les autres nations chrétiennes . mais en la gravant dans le marbre des capitulations renouvelées qu’il lui accorda peu après. Faut-il y voir l’effet de l’hostilité de du Bourg et du grand vizir Sokollu Mehmed pacha à l’encontre de l’ambassadeur en titre du moment. en la justifiant sur l’antériorité de l’ambassade française et. Giovanni Margliani (Don Margliano) avait prétendu prendre le pas dans la cérémonie sur le Français Jacques de Germigny. émises par Selim II à l’instigation d’un envoyé extraordinaire. Le droit de pavillon était une conséquence de la position quasi-monopolistique de la France en tant qu’alliée du sultan. les premières capitulations qui seront accordées à la France. l’article correspondant ne portant pas sur l’existence même de cet officier qui. sans doute. le sultan était en négociations avec un autre concurrent de la France. Grantrie de Grandchamp ? La mention de l’ambassadeur dans les ‘ahdnâme accordés à la France n’apparaîtra en fait pour la première fois que dans la version de 1581. Chose remarquable. Le cas anglais Quelques marchands anglais commencent à lancer des opérations commerciales dans l’Empire ottoman vers le milieu du xvie siècle et y font preuve d’un grand dynamisme. Ils comprennent l’intérêt de court-circuiter les intermédiaires vénitiens dans les importations d’Orient et ils éprouvent rapidement le besoin de s’affranchir de l’obligation de naviguer sous pavillon français. le gouvernement du sultan d’alors. dont la rivalité s’avérerait bien plus durable. d’être établie. Murad III. Elles n’apportent aucune sanction a posteriori de ce qui existait de facto depuis trente cinq ans. Cette complaisance avait une explication : dans le même temps. Claude du Bourg. ne reprennent pas les projets de La Forêt sur ce point. et. en disait long sur les changements de la conjoncture diplomatique et de la place de la France à la Porte. Par la suite. notamment. non seulement dans sa lettre à Henri III de juillet 1580. A la suite de cet incident qui eut pour conséquence qu’aucun ambassadeur ne fut finalement convié aux obsèques. n’a plus besoin à cette époque. Cette obligation les rendait dépendants et entraînait le versement aux consuls français de droits dits de « consulage » qui se montaient à 2 % de la valeur des cargaisons. les funérailles du baile de Venise. dont le seul fait qu’elle était posée dans les années 1580. A cette occasion. Nicolo Barbarigo.HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 693 ‘ahdnâme. avait été soulevée par un événement anecdotique. plus largement. de passer par l’intermédiaire français. la protection française les mettant à l’abri des risques de leur situation de harbi. Le sultan. Il fait part à la reine des ordres qu’il a donnés à ses agents en tous lieux pour que les marchands anglais. fera preuve de la plus grande efficacité. Gênes. est un cas unique puisque. Il apparaît que si le facteur premier du rapprochement spectaculaire qui s’accomplit alors entre l’Angleterre de la grande Elisabeth et l’empire de Murad III. arrivé dans l’empire en 1578. ne soient pas molestés mais traités comme les Français et les Polonais (c’est-à-dire les ressortissants de pays ayant obtenu des capitulations). le sultan ne se soucie nullement. Jacques de Germigny est mal perçu). d’inspiration essentiellement commerciale (même si des considérations politiques viendront l’appuyer). Mustafa. William Harborne and the Trade with Turkey (1578-1582) (Oxford. est bien l’initiative anglaise. reste un guide précieux. A l’ouest. Reconnu dans les faits. Harborne . Contrairement aux assurances données à Henri III. dès les débuts de l’alliance franco-ottomane. factor et émissaire de deux négociants. Mais l’Anglais William Harborne. Lucques. Mais si la France reste en conséquence ménagée (et si le retard de cinq ans mis par Henri III à envoyer son nouvel ambassadeur. à la suite des premières démarches de Harborne. Cette lettre du 7 mars 1579. ne demande pas l’envoi d’un ambassadeur mais signale son entière bonne volonté à l’égard des ressortissants anglais. le droit de pavillon français fait l’objet d’une allusion dès les capitulations françaises de 1569. ce qui serait insulter l’avenir. sur terre comme sur mer. de Naples et de Sicile). Il n’est pas question pour autant d’en finir avec l’amitié acquise avec ce pays. Contre ce danger. dans ces premiers contacts avec la reine. le sultan prend l’initiative d’adresser une lettre à la reine Elisabeth. malgré la volonté exprimée par le roi « que toutes ces choses se fassent à son intervention et non autrement ». 1977) qui a rassemblé et analysé de près toute la documentation sur la question. Dans ces conditions. L’ouvrage de Suzanne Skilitter. Outre les Anglais. il se sent menacé par la politique de puissance du « roi catholique » Philippe II et redoute particulièrement les escadres de ce dernier en Méditerranée (les flottes d’Espagne.694 GILLES VEINSTEIN (Venise exceptée) voulant commercer avec l’empire. du fait de l’affaiblissement du royaume pris dans la tourmente des guerres de religion et des pressions espagnoles sur le pays. Plusieurs raisons l’expliquent : il est alors englué dans une longue guerre avec la Perse au Caucase. Milan. à la fois comme puissance navale prometteuse et comme nation protestante. c’est-à-dire d’infidèles en guerre avec les musulmans. le sultan y répond avec un empressement exceptionnel. et sera expressément officialisé dans les suivantes. le roi de France n’est plus l’allié chrétien idéal qu’il avait été. certes. c’est bien l’Angleterre qui répond le mieux aux nécessités de l’heure. Dans la foulée. d’étain et d’autres métaux en leur faveur. qui avait été jointe à l’original. plusieurs autres Etats tentaient vers la même époque d’échapper à cette tutelle française en nouant ou renouant des liens directs avec Istanbul : Florence. Edward Osborne et Richard Staper. conservée dans la traduction latine effectuée par un drogman de la Porte. elle présente le grand avantage au regard des Ottomans de ne pas être tenue par les interdits pontificaux d’exportation d’armes. A ce second titre. un sultan prend les devants et adresse à un prince chrétien autre chose qu’une réponse. pour la première fois. qui. la Turkey Company. peu après. rappelons-le. l’attaque de deux bateaux grecs se rendant de Patmos à Venise par un vaisseau corsaire anglais. peu après. compte tenu de son expérience et de ses succès passés sera nommé ambassadeur et séjournera cinq ans à Istanbul où il fera définitivement . le cas échéant. pour déterminer la part de chacun dans les dépenses entraînées par la mise sur pied de l’ambassade. au contraire. le Bark Roe. Celle-ci deviendra fameuse en tenant au xviie siècle la première place dans le commerce européen au Levant. au grand dam des ambassadeurs français et vénitien. sous l’appellation de Levant Company. la durée n’a. jamais été fixée). Les deux seront réunies en 1592. Les marchands de Londres cherchent à convaincre la reine qu’elle n’atteindra ces buts que « having her agent there contynualie resident ». A travers quelques pétitions et memoranda qui ont subsisté. Néanmoins. Il sera autorisé à rester au plus cinq ans (dans le cas français. un incident diplomatique. Comme les Vénitiens bien avant eux. question liée à celle de son coût. un simple agent. Germigny obtient même dans le renouvellement des capitulations françaises de 1581. et d’autre part sur la nature même de cette ambassade. Ils créent en septembre 1581 une société marchande. On voit. nous recueillons des échos des débats qui ont eu lieu sur les diverses solutions envisageables. la Venice Company. Après quoi. les Anglais établissent un lien nécessaire entre capitulations et ambassade permanente. C’est bien ce qui arrivera dans les faits : William Harborne. la protection de leurs droits et garanties au Levant. resterait sur place. et ce que les Polonais mettront encore beaucoup plus de temps à faire. Harborne. n’ont pas fait dans un premier temps. en s’assurant le concours de la reine et de son gouvernement. c’est-à-dire un envoyé de deuxième ordre. Les marchands sont convaincus que la ratification de leurs capitulations et. on se demandait par exemple s’il fallait envoyer un représentant permanent (dont le caractère serait à déterminer) ou un simple nuncio. ayant. en dépit du contretemps. été accompagné par un subalterne.HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 695 obtient sans peine en 1580 des capitulations analogues aux capitulations françaises de 1569. ce que les Français dont l’objectif était avant tout politique. ne peuvent être assurées que par l’envoi d’un ambassadeur permanent à Istanbul. Une autre sera créée en 1583. Ces derniers croient prendre leur revanche quand. mais les considérations financières amènent des échanges de vue entre la company et le gouvernement. La reine et son gouvernement n’y sont pas hostiles en principe (Angleterre et Turquie ont bien un ennemi commun : Philippe II). la mention explicite de l’Angleterre parmi les nations devant naviguer sous pavillon français. à son arrivée et à son départ. au-delà. les dédommagement fiscaux auxquels la company pourrait prétendre en échange de sa contribution. quant à lui. que le principe d’un ambassadeur permanent a été finalement retenu et qu’on entend obtenir pour lui le traitement le plus honorifique : il devra recevoir du sultan une allocation (ta‘ yin) maximale et être reçu par celui-ci. dont nous n’avions pas trouvé l’équivalent dans le cas français. le processus engagé. il laissera derrière lui un agent pour trois ans. ses commanditaires et les autres marchands concernés vont tout faire à Londres pour faire aboutir. interrompt le processus de ratification des capitulations anglaises. qui rentrerait après avoir remis son cadeau. A propos de l’importance du cadeau à présenter au sultan. il peut également acquérir dans certaines circonstances un rôle politique substantiel et ses instructions comportent en tout état de cause « la découverte de toutes les négociations et intrigues susceptibles de troubler la chrétienté ».R. au cours des années 1590. Viorel Panaite ( BNF. Bosscha Erdbrink (1975) et surtout A. A l’extrême fin du xvie et au début du xviie siècle. Son secrétaire. de G. plus exactement. quant à lui. récemment présentées par M. les ressortissants des Provinces-Unies. 161v). Aux yeux des Ottomans. même si. dès lors qu’ils naviguent sous pavillon français. Savary de Brèves ne dédaignant nullement de se faire délivrer des fetvâ par les șeyh ül-islâm à cette fin. devinrent l’enjeu principal de cette concurrence. catholiques et ralliés au maître espagnol à la France.696 GILLES VEINSTEIN ratifier les capitulations anglaises en 1583. S’occupant principalement du commerce. de Groot (1978). cet arrangement eut peu de conséquences puisque les EtatsGénéraux des provinces du nord obtinrent peu après leurs propres capitulations. Heeringa et les excellentes études. le grand vizir Kuyucu Murad pacha rendit son arbitrage entre les deux rivaux en donnant la protection des ressortissants des provinces du sud. n’étant jamais qu’un marchand. favorisait en réalité l’Angleterre puisque c’était surtout des marchands des provinces du nord (avant tout la Hollande et la Zélande) qui commerçaient avec le Levant. Le cas hollandais Nous sommes aidés pour retracer les débuts des relations entre l’Empire ottoman et la Hollande par les publications fondamentales. non sans peine et sans déboires. Edward Barton lui succédera et résidera pendant trois ans. notamment celui de Henri IV.. en dissidence par rapport au roi d’Espagne. Philippe III) à l’Angleterre. fol. Comprenant rapidement qu’ils n’étaient pas en position de faire revenir la Porte sur l’existence d’un résident « protestant » (Luteran elçisi pour les Turcs ) et de capitulations anglaises. nettement plus récentes. l’année précédente (ibid. de K. remontant au début du xxe siècle. fonds turc ancien n° 130 . Savary de Brèves. Le jugement (ou le préjugé) n’était pas tout à fait sans fondement dans la mesure où l’ambassadeur d’Angleterre restera l’employé à la fois du gouvernement et de la company. telle qu’elle avait été renouvelée. En 1598. de 1583 à 1591. dans le commerce du Levant. le plus souvent. s’efforcent du moins. et celle des ressortissants des provinces du nord. 53). de préserver leur droit de pavillon sur les nations tierces. En 1609. le roi s’en réservera la désignation. Blochet. L’arbitrage. les ambassadeurs de France. compte tenu de leur percée notable. reconnaissant leur droit. dépendant financièrement des deux. Ce succès anglais était un revers pour la France dont l’ambassadeur Savary de Lancosme se dédommagera en prétendant que lui seul était ambassadeur à Constantinople. . sous son apparente équité. la France obtient du sultan qu’un nișân soit accordé aux Hollandais. ms 130. Barton. les Provinces-Unies présentaient des avantages comparables à ceux de l’Angleterre. H. à bénéficier de toutes les garanties de la capitulation française. p. Au demeurant. les « Hollandais » ou. principalement protestants et restés en dissidence (malgré une trêve de douze ans conclue en 1609 avec le roi d’Espagne. ou comme cet ancien voiévode de Moldavie. également. Il est à noter que c’est en tant que kapudan pașa. ni de son grand-vizir Nasuh pacha. que de premiers contacts aient été pris très tôt entre les deux parties aux intérêts objectivement concordants : on en a des indices. mais du moins d’un très haut dignitaire. ni même du lieutenant (kaymakam) de ce dernier à Istanbul. fléau dont souffrait la navigation hollandaise. notamment. L’initiative prise par les Hollandais en 1604 de libérer les musulmans des chiourmes de l’escadre espagnole qu’ils avaient vaincue à Sluis dans les Flandres et de les renvoyer à leurs frais dans leurs pays d’origine. n’avait pas entraîné la réciprocité attendue. à l’instar des autres navigations européennes. c’est-à-dire qu’elle n’émane pas directement du sultan Ahmed 1er lui-même. demeurent obscures et sont de toutes façons restées sans effet. dans cette période politiquement très troublée allant du règne d’Ahmed 1er à celui de Murad IV. Stefan Bogdan. orfèvre et joaillier à Galata et qui a des frères marchands à Venise . kapudan pașa et même grand vizir. avides de jouer les intermédiaires incontournables entrent en scène comme ce Giacomo Ghisbrechti (Jacob Gijbertz). de faciliter la libération de leurs compatriotes capturés par les corsaires barbaresques. Il s’agissait enfin d’une puissance navale montante. qui avait eu l’occasion de se rendre en Hollande vers 1591. qui n’avait plus rien à prouver de son hostilité à l’Espagne contre laquelle il était en rébellion ouverte depuis la fin des années 1560. Il est probable. même si ces menées. faisant preuve d’une incontestable habileté à rebondir et à se maintenir dans les allées du pouvoir. secrètes par nature. lors de sa première affectation à ce poste. Les choses se précisent en tout cas aux lendemains des affaires de Sluis et de Gibraltar : des « messieurs bons offices ». qu’il a donné l’impulsion décisive au rapprochement ottomano-hollandais — illustration emblématique d’un phénomène plus général : la place des kapudan pașa ou du moins des plus ouverts et lucides d’entre eux. alors que c’était sur mer que les Turcs se sentaient menacés par les ambitions espagnoles. Halîl pacha.dans les relations de l’Empire ottoman avec le monde extérieur et. les Provinces-Unies ne pouvaient qu’être intéressées par des relations directes avec les Ottomans : ce serait un moyen d’échapper aux tutelles française et anglaise sur leur commerce levantin et. dans ces conditions. Gürci Mehmed pacha. occupant notamment la fonction de grand fauconnier qui l’avait mis en rapport avec les ambassadeurs étrangers dont il s’était fait hautement apprécier. à plusieurs reprises. il avait gravi les échelons d’une grande carrière ottomane. comme tel non tenu par les interdits pontificaux sur les exportations d’armes et de matériel stratégique en direction des pays musulmans . Mais l’élément déterminant est une initiative officielle. alors en campagne en Perse.HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 697 adaptés aux nécessités du moment. Il s’agissait d’un Etat protestant. De leur côté. A cet égard. il connaîtra des hauts et des bas. et la question restait entière. Natif de Maraş et issu du devșirme. les Etats européens : Hayreddin Barberousse avait joué un rôle crucial dans les débuts de l’alliance . qui est alors grand amiral (kapudan pașa) et membre du divan impérial. un événement fit beaucoup pour la réputation des Hollandais : la victoire en 1607 de l’amiral hollandais van Heemskerk sur la flotte espagnole à Gibraltar. Elle ne provient pas du centre du pouvoir. Par la suite. mais sera de nouveau. pensait-on. la nature et le rang de cet ambassadeur restaient à définir par la partie hollandaise. Pourtant. le prince Mauritz d’Orange. dès lors que le principe est admis d’emblée de saisir la main ainsi tendue. avait favorisé au contraire l’ambassadeur d’Angleterre Henry Lello en lui permettant d’obtenir les capitulations très avantageuses de 1601. fut traduite de l’ottoman en arabe et de l’arabe en flamand. acheminée par des marchands flamands établis à Venise. mais du moins un haut dignitaire ottoman. et c’est bien ce qui devient objet de discussion dans les Etats-Généraux et les différents Etats provinciaux. proposait des capitulations à un Etat chrétien et semblait même l’inciter à établir un ambassadeur à Constantinople. le sultan semble avoir exprimé le désir de voir un représentant de la République à sa Sublime Porte. Les gouvernants hollandais associent leurs marchands à ces discussions.698 GILLES VEINSTEIN franco-ottomane . On a conservé aujourd’hui la traduction flamande non de la lettre ellemême. il n’envisage pas un seul instant une coopération militaire comme celle qui avait pu exister quatre-vingts ans plus tôt entre la France et l’Empire ottoman. van Oldenbarnevelt. Selon ce qu’on peut déduire de cette traduction. entre le Maroc et les Provinces-Unies. En outre. De telles offres étaient inédites : pour la première fois. le Maroc du sultan Moulay-Zaydan et les Provinces-Unies. et surtout s’illusionnait sur les véritables intentions des Hollandais : ces derniers n’ont que défiance vis-à-vis des musulmans et s’ils sont pragmatiquement intéressés par un accord de commerce. On assiste alors à des débats analogues à ceux qui avaient existé une quarantaine d’années plus tôt chez les marchands de Londres et dans l’entourage de la reine Elizabeth — ces débats dont nous avons souligné qu’on ne retrouve pas de traces dans le cas français. En ce qui concerne Halîl pacha. cette idée reposait sur un malentendu dans la mesure où le kapudan sous-estimait les difficultés inhérentes aux relations entre l’Empire ottoman et le Maroc. mais d’une lettre d’accompagnement destinée au Stadhouder. Ces derniers jugent indispensable la présence d’un ambassadeur hollandais à Constantinople pour veiller au respect des capitulations qui leur seront accordées et à leurs intérêts . Le premier acte de Halîl pacha fut l’envoi en 1610 d’une lettre aux EtatsGénéraux des Provinces-Unies. non pas le sultan lui-même. pacifiste et artisan de la trêve de douze ans conclue en 1609 avec le roi d’Espagne Philippe III. La lettre dont l’original est perdu. En tout état de cause. Kılıç ‘Ali pacha avait été l’interlocuteur privilégié et le conseiller de l’ambassadeur de France Germigny. est celle d’une alliance entre l’Empire ottoman. Çigalazade Sinan pacha. 3). le sultan avait décidé d’accorder ses faveurs aux Hollandais et de leur reconnaître le droit de naviguer sous leurs propres couleurs (c’est-à-dire de leur octroyer des capitulations propres) en Syrie et dans le reste de l’Empire ottoman. la grande idée stratégique qu’il conçoit alors et à laquelle il restera fidèle dans la suite de sa carrière. Un autre Grand Amiral. conjuguant leurs forces contre l’Espagne. au demeurant très incertaine (Bosscha-Erdbrink. p. Cette traduction fut lue aux Etats-Généraux le 22 novembre 1610 et des copies en furent envoyées aux différents Etats des sept provinces du nord. Ce d’autant moins qu’ils sont alors sous l’influence prépondérante du Grand Pensionnaire de Hollande. c’est-à-dire les Morisques persécutés en Espagne. le choix de la personne qui serait en tout état de cause envoyée. De semblables arguments n’étaient pas sans force et pouvaient ruiner le projet des Hollandais et de Halîl pacha. Halîl pacha s’ingénia aussitôt à lever toutes les embûches qui l’attendaient. Néanmoins. C’est la première option qui prévalut. Sur ce point aussi. le parti prohollandais ne manquait pas de ressources à son tour. qui s’étaient réfugiés à Istanbul. A ces premiers appuis s’ajouteront. en se servant de l’entremise de l’ağa des eunuques noirs pour acheminer leur message au fond du sérail. Ce mémorandum (un ‘arz-u hâl) énonçait que la Hollande (Filandra) n’était nullement un Etat indépendant. doté d’un caractère plus élevé et d’une suite plus considérable. la France et l’Angleterre. le 14 mars 1612 dans la plus grande discrétion. près d’Istanbul. doté d’une suite réduite. d’autres soutiens de taille : celui du șeyh ül-islâm Mehmed. Öküz Mehmed pacha. autour de ce dernier. alors patriarche d’Alexandrie. La principale opposition à l’entreprise hollandaise provint naturellement de ceux dont elle risquait de concurrencer les positions acquises : l’ambassadeur de France. Cornelis Haga débarqua à Yeşilköy (San Stefano). mais seulement une province (beylerbeyilik) de l’Espagne qui continuait à en dominer effectivement les trois quarts (ce qui était la vérité). fut vite fait : il s’agissait de Cornelis Haga (Corneille de La Haye) un juriste qui avait déjà eu l’occasion de se rendre en Turquie et qui avait déjà accompli une mission diplomatique en Suède. laquelle pouvait au contraire faire d’eux des ennemis actifs de l’Empire ottoman. successeur de Halîl pacha. Grâce à ces ralliements. Il n’était donc pas digne du sultan de s’allier à de telles gens. l’influence de Johan van Oldebarneveldt fut déterminante : à des soucis d’économie. La question restait en suspend de savoir si on enverrait ce dernier en tant qu’émissaire extraordinaire et discret. Au surplus. Cyrille Loukaris. ces anti-hollandais ne restèrent pas inactifs. ceux qu’on appelait les « Grenadins ». les Hollandais ne seraient en aucune façon des alliés fiables du fait de la trêve qu’ils venaient de conclure avec Philippe III d’Espagne. Harlay de Sancy. l’agent autrichien. allant jusqu’à faire parvenir un mémorandum au sultan. par-dessus la tête de ses ministres dont ils se méfiaient. Contrairement à ce qui leur sera reproché ensuite. qui deviendrait plus tard patriarche de Constantinople. un mois et demi après son arrivée. dans un second temps. le baile de Venise. De même.HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 699 en général. à la mi-avril 1612. se conjuguait la volonté de ne pas s’engager au-delà d’un accord strictement commercial et aussi de ne pas heurter de front les anciens protecteurs de la Hollande. mais aussi un prélat orthodoxe. fils de Hoca Sa’dü-d-dîn et celui d’un mystique dont l’aura rayonnait depuis son couvent d’Üsküdar. Ils comprenaient. était également de leur côté. et l’ambassadeur d’Angleterre qui devait d’ailleurs changer de camp. une audience du sultan . Le kapudan pașa. Il réunissait à Istanbul tous les adversaires les plus résolus du catholicisme et de l’Espagne. On faisait aussi courir le bruit que Haga n’était qu’un simple courrier qui n’avait pas le pouvoir de négocier. se contentant d’apporter son cadeau et de négocier des capitulations pour rentrer aussitôt sa mission accomplie ou s’il resterait au contraire comme ambassadeur permanent sur le Bosphore. le cheikh Mahmûd Huda’i. un véritable royaume. qui était le guide spirituel de Halîl pacha. Haga obtenait. C’est pour faire taire ces insinuations troublantes que Halîl pacha poussa son protégé à faire d’une ambassade conçue comme temporaire une ambassade permanente. Haga était reconnu comme ambassadeur auprès de la Porte ottomane. Ils répondirent positivement et son ambassade temporaire fut ainsi transformée. Haga était supposé rentrer à la Haye pour y porter le rouleau magnifiquement calligraphié et enluminé sur lequel elles figuraient. Par ailleurs. en une ambassade permanente qui devait durer vingt-sept ans. ce qui permettait à ces derniers de devenir des connaisseurs incomparables du personnel politique et de la politique des sultans. il entamait ses négociations en présentant au kaymakam un projet de capitulations. tolérant des pratiques qui satisfaisaient des intérêts immédiats et flattaient d’autre part leur orgueil en concrétisant l’image. pôle d’attraction des souverains du monde. Ce sera d’ailleurs l’attitude ordinaire des gouvernements hollandais que de laisser leurs ambassadeurs à Constantinople pendant des durées record. ce ne fut pas le résultat d’une attitude volontariste et délibérée de leur part. reprenait celui des capitulations françaises et anglaises. Haga se voyait remettre le texte définitif des capitulations. Se familiarisant avec une pratique importée par certains. de même qu’il était peu disert sur les droits et prérogatives de cet ambassadeur hollandais.700 GILLES VEINSTEIN Ahmed 1er par laquelle il était consacré comme ambassadeur. Une fois ces capitulations obtenues. de plus en plus illusoire. Le jeu n’était pas sans danger pour . que. ils se contentèrent de laisser faire. ce que les Anglais n’avaient obtenu qu’en 1601 et que les Français n’obtiendront qu’en 1675. « au même titre que les autres ambassadeurs qui s’y trouvaient présents ». d’une Sublime Porte. et il écrivait le même jour aux EtatsGénéraux pour leur expliquer la situation et leur demander l’autorisation de ne pas quitter Constantinople. en d’autres termes. Par ailleurs. Pour des raisons diverses et dans des circonstances variées. pour ne pas heurter leurs anciens protecteurs. les Turcs seraient bernés. sur la durée de son séjour et son mécanisme de remplacement. mais stipulait néanmoins un droit de douane de 3 % au lieu des 5 % réglementaires. Cette perspective permettait aux adversaires de Haga de laisser entendre que ce retour marquerait la fin de toutes les illusions ottomanes sur un appui militaire des Hollandais et peut-être même de la neutralité hollandaise . ils l’instrumentalisèrent dans un second temps en l’imposant à d’autres qui ne l’avaient pas expressément demandée. Le 20 mai suivant. sur les instances du dignitaire ottoman. Le 6 juillet 1612. Le texte qui sera ratifié par le sultan. le texte restait muet. L’étude comparative des quatre cas envisagés confirme que le concept des ambassades permanentes était au départ doublement étranger aux Ottomans : non seulement eux-mêmes ne le pratiquèrent pas (pas avant la fin du xviiie siècle). traduction ottomane d’un brouillon sorti des mains de Van Oldenbarnevelt en personne. à laquelle ils manifesteraient leur soumission en s’y faisant représenter. mais s’ils laissèrent à d’autres le droit de le pratiquer chez eux. à l’instar des capitulations françaises et anglaises. le grand pensionnaire de Hollande agissant en promoteur zélé du commerce de son pays. les Hollandais s’étaient abstenus de demander un droit de pavillon à leur profit. à tout le moins échangent des informations. Colbert crée ainsi en 1669-1670. En tout état de cause. L’importance de ces derniers qu’on appelle drogmans ou truchements (ottoman : tercümân ou tercemân . Elle renvoie à celle du travail des interprètes. ce n’est pas là le cadre dans lequel la masse des affaires courantes sont traitées. également rédigés ou copiés en ottoman. Celles-ci sont présentées par des notes écrites des ambassadeurs de différents types (‘arz-u hâl. Les rencontres des ambassadeurs avec les sultans sont rares et prennent un caractère de plus en plus formel et même ritualisé. Deux catégories d’interprètes interviennent dans l’activité diplomatique : les drogmans des ambassades et ceux du divan impérial. est généralement soulignée dans les relations diplomatiques avec la Porte. mais sans qu’on distingue toujours suffisamment entre les différentes catégories d’interprètes et qu’on s’interroge sur la répartition des tâches entre elles. l’Ecole des « jeunes de langues » qui. Plusieurs Etats essayeront. leur religion.HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 701 l’indépendance de la Porte car elles accueillait ainsi à domicile des agents d’influence dont le poids irait croissant et que seules atténueraient les rivalités opposant les puissances représentées. La question relative à la rédaction des requêtes est d’ailleurs plus large et s’étend à d’autres textes nécessaires à l’activité des ambassades. moins dépendants des Ottomans. ou des juifs. avec le temps. plus fiables. Elles doivent nécessairement être rédigées en ottoman et la première question que nous nous sommes posée a eu trait aux auteurs de ce passage à l’ottoman. Ce sont des sujets dhimmî du Grand Seigneur. les modalités de leur communication avec les autorités ottomanes. de leur substituer des nationaux formés à cet effet. moins corruptibles. faute de se convaincre mutuellement. Les drogmans du divan sont . Les drogmans des ambassades ne sont jamais musulmans (se convertissent-ils. chaque pays ayant ses préférences). quand les circonstances ne les rendent pas carrément glaciales. en même temps que d’un jeu de commandements et de lettres diverses destinés à régler l’affaire. mais par l’origine de leurs membres respectifs. Les entretiens avec le grand vizir sont eux aussi généralement très protocolaires. takrîr) qui seront suivies de réponses. Toutefois. après plusieurs tâtonnements. ils sont aussitôt licenciés). arabe : mutardjim). mais il y a cependant des exceptions : certains grands vizirs et certains ambassadeurs nouent à l’occasion des relations plus personnelles et peuvent avoir des discussions politiques assez poussées à travers lesquelles les interlocuteurs. SÉMINAIRE : Introduction aux requêtes (‘arz-u hâl) L’étude des ambassades européennes à Istanbul conduit naturellement à tenter d’élucider leurs méthodes de travail. Ce sont des chrétiens (catholiques ou « schismatiques ». C’est sur ces notes initiales qui n’ont guère retenu jusqu’ici l’attention des historiens que nous avons entrepris de mettre l’accent. les gradués plus ou moins méritants de cette école ne combleront jamais l’ensemble des besoins des ambassades et des consulats et le recours aux dhimmî se poursuivra. trouve ses formules pédagogiques au début du xviiie siècle. leur parcours et leurs compétences. Elles se distinguent non seulement par l’employeur et le statut. au grand vizir ou au kapudan pașa. s’agissant des lettres adressées par les rois de France aux sultans. l’italien servait ainsi de langue intermédiaire. « La protection des chrétiens dans le régime des capitulations » . « Les résidences des ambassadeurs occidentaux à Istanbul et à Péra ». d’après nos premières investigations. En outre. comme on dira. Ces derniers rédigeaient soit sur la base d’indications orales. deviennent très influents et très riches.702 GILLES VEINSTEIN au contraire des musulmans (ce ne seront des Grecs ou. nous avons recueilli un certain nombre d’exemples concrets. Dans le cas de la France. Istanbul). traduisant. « Commerce et diplomatie dans le régime des capitulations » . il n’est pas exclu qu’à l’insuffisance du savoir faire se soient ajoutés des obstacles d’ordre religieux dans l’utilisation de l’alphabet arabe et de l’ottoman. qu’entre 1669 et 1821). Dans ces différents cas. En revanche. en matière de langue et aussi de protocole. en tout cas au xvie siècle. le texte français était d’abord traduit en italien par les drogmans de l’ambassade avant d’être remis aux interprètes du divan qui passaient à l’ottoman. se tournaient vers les drogmans de l’ambassade de France pour les aider à établir une première traduction italienne de ces lettres royales avant d’en faire la traduction ottomane. . Güneş Işıksel (doctorant EHESS). Nous constatons également que les ambassadeurs s’adressaient aussi à des « écrivains » (kâtib) ottomans (pas nécessairement cette fois des interprètes du divan) pour rédiger des lettres aux correspondants avec lesquels ils étaient en affaire. « Les allocations (ta‘ yin) accordées par les sultans aux ambassadeurs . comme un préambule à l’étude proprement dite des ‘arz-u hâl. etc.) convertis à l’islam et passés au service du sultan. dans l’état de nos connaissances d’exclure définitivement cette possibilité). jouent un rôle diplomatique de premier plan. « Prélude aux relations franco-ottomanes : les sièges de Beyrouth de 1403 et 1520 » . Albrecht Fuess (Universités d’Erfurt et de Tours ). Polonais. Frédéric Hitzel (CNRS). Italiens. elles ne les montrent pas. Nous avons conçu ces résultats qui sont provisoires et donc donnés avec prudence. pour s’acquitter convenablement de cette tâche. sont ambassadeurs et négociateurs. Hongrois. entre le xvie et le xviiie siècle. soit en traduisant un texte préalable en italien. c’est-à-dire en réalité des « renégats ». le plus souvent anciens prisonniers de guerre de provenances diverses (Allemands. les interprètes du divan. Si l’étude des archives des ambassades (celles de France et de Venise ont été particulièrement prises en considération) mettent bien en évidence le rôle de leurs drogmans comme traducteurs de l’ottoman en français ou en vénitien. leurs propres drogmans n’ayant manifestement pas les compétences nécessaires. des Phanariotes. à une époque où ils ignoraient le français. Le séminaire a d’autre part accueilli plusieurs exposés de collègues et d’étudiants avancés en rapport avec le sujet du cours : Elisabetta Borromeo (Collège de France). Edhem Eldem (Université du Bosphore. De façon analogue. d’ambassadeurs recourant aux interprètes du divan pour mettre en ottoman les ‘arz-u hâl ou autres notes qu’ils adressent au sultan. copiant ou rédigeant en ottoman (même si nous nous garderons. Certains — les drogmans en chef surtout —. appartenant à différentes périodes. . La question de l’approvisionnement (1544-1545 / 1551-1552) » dans F. Conférence à l’Université Paris-Sorbonne-Abu Dhabi : « L’Empire ottoman et les mers du sud au xvie siècle . . Golfe arabo-persique . Enjeux économiques et militaires en mer Noire (XIVe-XXIe siècles). CNRS). Participation au colloque : « Antoine Galland et Ali Ufkî Bey interprètes de la civilisation ottomane » . avec M. éds. Table ronde « Mamluks. 25 janvier 2008. A. centre culturel français d’Izmir. la chaire a été co-organisatrice de trois colloques internationaux qui se sont tenus au Collège de France : « Islamisation de l’Asie centrale. Mission de recherche dans les archives ottomanes de la Présidence du Conseil (Başbakanlık Osmanlı Arşivleri). « L’ivresse de la liberté. Communication : « Le serviteur des deux saints sanctuaires. p. éditions Istros. Communication : « A quoi servent les drogmans ? » (20-21 mai). Turcs et Ottomans ». Des Mamlouks aux Ottomans » (30 mai 2008). 10e rendez-vous de l’histoire. 2007. Braïla. Bély et G. mer Rouge. N. de la Vaissière . Participation au séminaire du Centre d’histoire des relations internationales dans les mondes modernes de l’Université de Paris-Sorbonne. Cândea. E. Institut d’Etudes anatoliennes. Bilici. Publications « Comment Soliman le Magnifique préparait ses campagnes. Thématique 2007-2008. 29-30 mai 2008 (avec M. Conférence : « les Turcs ottomans en marche vers l’Occident ». Blois. 21 octobre 2007. 25-30 août 2008. Visite des institutions de recherche historique de l’émirat d’Abu Dhabi (26-29 avril). IVe section. EPHE. Participation au 18e colloque du Comité international d’études pré-ottomanes et ottomanes (CIEPO). Zagreb. animé par L. Participation à une rencontre dans le cadre du programme sur les chancelleries musulmanes médiévales . Var. Poumarède : exposé sur « Les lieux de la diplomatie ottomane » (10 mai). IVe section). Popescu. Carqueiranne. Paris IV. Istanbul (14-18 avril ). Turcs et Ottomans ». faculté de philosophie. Participation à la table ronde « Mamluks. Vatin. 487-532. I. Communication : « Les documents émis par le kapudan pașa dans le fonds ottoman de Patmos ». 7-9 novembre 2007 (avec M. Istanbul (11-12 avril ) : Communication sur les lettres des sultans ottomans aux rois de France au xvie siècle. mer d’Oman ». Pratiques sociales et acculturation dans le monde turcosogdien ». François Georgeon.2008. EPHE. colloques. Collège de France. missions Participation au débat : « Les voies de la base dans l’islam ». CNRS). Organisation et présentation de l’atelier : « Les fonds d’archives ottomans conservés dans les îles grecques ». La chaire a reçu le professeur Peter Golden (Rutgers University) qui a donné quatre conférences sur « Les peuples turciques avant l’Islam » (mai 2008). « Envahisseurs ». La révolution de 1908 dans l’Empire ottoman » (5-7 juin 2008.HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 703 Conférences. Collège de France. Dans l’année universitaire 2007. The Ottoman Empire. Isis. néo-helléniques et sud-est européennes. 2007. éds. Ecole des hautes études en sciences sociales. Centre d’études byzantines. p.. V. Paris. éds. Rome. et la collection de monographies « Turcica » (un volume paru et trois volumes sous presse en 2007-2008). Kotzageorgis.. Actes du Colloque international.704 GILLES VEINSTEIN « Autour du berat de Pouqueville. Kolovos. dirigée par M. 71-88. dont le tome 39 (2007). François Georgeon (CNRS). Istanbul. Sariyannis. Köller. Revue d’Études turques (Peeters. « Etudes turques et ottomanes ». 5-7 décembre 2005 . Essays in honour of Suraiya Faroqhi. . S. Brill. « Les capitulations franco-ottomanes de 1536 sont-elles encore controversables ? » dans Living in the Ottoman Ecumenical Community. p. Leyde Boston 2008. « Les conditions de la prise de Constantinople en 1453 : un sujet d’intérêt commun pour le patriarche et le grand mufti » dans Le patriarcat œcuménique de Constantinople aux XIVe-XVIe siècles : rupture et continuité. Il dirige le pôle « Histoire ottomane » et deux des publications de cette équipe : Turcica. 333356. est paru. the Greek Lands : toward a social and economic history. Costantini et M. the Balkans. Laiou. Louvain). Équipe de recherche Le professeur est membre de l’équipe de l’EHESS et du Collège de France associée au CNRS. M. Ph. UMR 8032. commissaire de France à Jannina (1806) » dans E. 2007. en partant de la notion moderne de poésie pour remonter ensuite de la poésie contemporaine et de la définition contemporaine de la poésie jusqu’au Moyen Âge. dont il traduit The Poetic Principle. Le titre. bien entendu. Baudelaire lui-même étant largement redevable sur ce point à Edgar Allan Poe. était. . où il trouve l’idée qu’il ne peut exister de poésie épique. qui en exclut spontanément et instinctivement le narratif. professeur Pour la troisième et dernière année. est une idée moderne. au sens qu’a ce mot dans la terminologie littéraire. en jeu de mots : la poésie médiévale donne avec prédilection des nouvelles de l’amour . plus précisément à la façon dont elle peut gagner son statut poétique et être identifiée comme poésie à travers le récit et non pas malgré lui comme notre propre conception de la poésie nous induit spontanément à le penser. « La poésie comme récit (suite). les œuvres qu’on a prises en considération sont des nouvelles. née avec la « révolution baudelairienne ». C’est pourquoi ils ont réduit et identifié la poésie médiévale à la poésie lyrique. on avait posé la question de la poésie comme récit de façon générale et théorique. à travers les exemples proposés par la poésie médiévale. Car notre idée de la poésie. aux divers modes de relation que la poésie peut entretenir avec le récit . C’est pourquoi l’hypothèse que la poésie médiévale était une « poésie formelle » leur a paru d’autant plus séduisante qu’elle rencontrait leurs propres conceptions et qu’elle prêtait ainsi une modernité au Moyen Âge et des racines anciennes à la modernité. Il y a deux ans. puis par la conception de la poésie comme présence immédiate de l’être ou du monde.Littératures de la France médiévale M. Le cours avait alors tenté de montrer que les médiévistes de la seconde moitié du XXe siècle (ou les poètes de cette période intéressés par le Moyen Âge) ont appliqué rétrospectivement au Moyen Âge cette idée de la poésie. Elle est confortée plus tard par la notion de poésie pure. Des nouvelles dont le sujet est l’amour. le cours s’est intéressé. membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres). Michel Zink. qui s’enracinent dans des poèmes d’amour et qui sont elles-mêmes des poèmes. Des nouvelles de l’amour ». la première année. représentant exemplaire. parce que. et singulièrement cette poésie. dont ils savent révéler les obsessions et les tourments. soit la forme de la caricature de soi-même modelée par le regard prêté à autrui. Cette question touchait à la relation entre la littérature du Moyen Âge et le temps. si le poème recèle ainsi en lui un récit caché dont il permet l’affleurement. L’année dernière. disposition en vue de laquelle vidas et razos ont à l’évidence été rédigées et qui est celle des chansonniers copiés dans les ateliers de Vénétie. sous leur apparence de boniment volontiers railleur et dépréciatif à l’égard des poètes. Je suggérais alors que cette littérature. au sens où notre regretté collègue Jerzy Grotowski parlait de — et pratiquait — un « théâtre pauvre ». On l’a mise en relation avec la question même sur laquelle j’avais ouvert. à la fois terre à terre et farfelu. la latence de ce récit est soit celle du souvenir. ces récits. il y a quatorze ans. se définit et prend conscience d’elle-même en créant — au besoin de façon illusoire et comme en trompe-l’œil — l’impression d’une profondeur temporelle et d’un ancrage dans le passé. Plus encore. sur la façon dont l’effusion et le récit théâtralisé du moi se conjuguent dans la poésie du dit telle qu’elle se développe à partir du début du XIIIe siècle. de contrepoint souvent humoristique. on ne s’est pas contenté de poursuivre l’enquête à travers d’autres exemples. découvrant que. Pourquoi la question de la poésie comme récit se situe-t-elle dans cette perspective ? D’abord parce que l’effet fondateur de la poétique médiévale repose volontiers sur le souvenir fragmentaire ou estompé d’une histoire : la poésie naît du démembrement allusif d’un récit rejeté dans le passé. le cours s’est penché. soit celle du possible. une lecture souvent extrêmement perspicace et pénétrante de cette poésie. qui semblent se limiter à la plus plate des critiques biographiques sans même avoir le mérite de la fiabilité. On s’est particulièrement intéressé à Rutebeuf. non seulement de ces deux mouvements et de leur combinaison. qui alimentera tout un courant de la poésie française. Latence du souvenir : le poème peut se donner pour une allusion à un récit antérieur. La même question de la relation entre la littérature du Moyen Âge et le temps a ensuite commandé le cours sur « Froissart et le temps » et celui sur « La mémoire des troubadours ». déconcertante pour nous. mon enseignement au Collège de France. on a lu les vidas et les razos des troubadours occitans.706 MICHEL ZINK Après ces prolégomènes. a pour résultat de faire de ces manuscrits des prosimètres et ainsi d’intégrer chansons et récits au sein d’une même cohérence poétique. D’autre part. Cette année. du récit et non du commentaire critique. C’est ce qui fonde la poétique de l’épopée et ce qui donne la couleur de . à leurs chansons. sous la forme. C’était le fil directeur de ma leçon inaugurale et de ma première série de cours. mais encore de ce que j’ai appelé une « poésie pauvre ». font. mais rien de plus que l’affleurement. la disposition alternée et imbriquée des vidas et razos et des poèmes. non seulement de cette dérision de soi-même sous le regard de l’autre. soit la forme de l’allégorie décomposant le moi en ses diverses instances et les laissant s’exprimer ou s’affronter devant le for intérieur. Une théâtralisation qui peut revêtir. Existe-t-il déjà en ancien français ? En principe non : l’emploi du mot pour désigner une forme littéraire est un emprunt à l’italien comme cette forme elle-même. 8-32). les lais de Marie de France sont en continuité et en harmonie avec le prolongement narratif et argumentatif. ces deux paroles. dont il ne prétend pas se souvenir. sans référence particulière à l’idée de nouveauté. Aujourd’hui. non pas des récits en prose expliquant des poèmes antérieurs par des circonstances antérieures aux poèmes. ces deux récits. la situation est plus ambiguë. ce double sens est explicite dans le titre en jeu de mots des Cent nouvelles nouvelles. Latence du possible. Chrétien de Troyes limite chacun de ses romans au destin d’un seul héros. comme le font les razos étudiées l’année précédente. Entre ces deux activités. qui bifurquent en incise et s’enchaînent en rebondissements successifs à partir du v. Les considérations sur l’amour. on soupçonne des collusions ou des confusions. mais aussi de réflexion sur les formes et les notions littéraires. du Chevalier au Lion (v. sans la moindre idée d’une mise en forme littéraire. lui-même extraordinairement ambigu et subtil. On a cependant commencé par deux mises au point préalables d’histoire littéraire. qu’ils mentionnent. qui ont constitué pour l’essentiel la matière du cours. saisissable par une sorte d’aller-et-retour entre le poème et un récit. en même temps que poétique. mais se veut poème elle-même : un poème nourri de poèmes. impliquée et rendue nécessaire par la relation entre le poème lyrique et le poème narratif ou discursif qu’il engendre ou auquel il se réfère. Les textes narratifs pris en considération cette année étaient eux-mêmes des poèmes. qu’ils citent. le mot nouvelle désigne soit une œuvre littéraire narrative brève (anglais short story). en français et en occitan. Non pas des poèmes faisant allusion à des récits antérieurs. La situation ainsi décrite évoque évidemment celle des lais de Marie de France au regard des lais lyriques bretons. tout en l’enrichissant des résonances de l’immense histoire arthurienne. mieux connus que les lais bretons dont on sait au fond peu de chose. Cet exemple. a été le point de départ du cours. L’explicitation du récit latent ne se reporte pas à un avant le poème. utilisent ou remploient des poèmes lyriques antérieurs. la fable et le mensonge.LITTÉRATURES DE LA FRANCE MÉDIÉVALE 707 l’épopée aux chansons de toile. On a examiné une nouvelle fois le fameux début. des chansons de troubadours qu’offrent les novas occitanes. portait sur la conception médiévale de la brevitas et de l’amplificatio. L’une touchait la définition et l’emploi. si banal soit-il. mais aussi les saluts d’amour. dont ils s’inspirent ou qu’ils développent. mais des poèmes qui sont des récits et qui font allusion à —. le passé. En réalité. L’autre. 14. « Les nouvelles » désignent spécifiquement les informations diffusées par les média (anglais news). mais qu’au contraire il suscite. À cet égard. des . En moyen français. brouillent la simple opposition entre « raconter des nouvelles » et « parler d’Amours ». des termes de nouvelle et de novas. ceux des troubadours. le présent. soit une information inédite. mais pour mettre en parallèle l’utilisation ponctuelle plus précise que fait Marie de France d’autres poèmes lyriques. de se vouloir le prolongement des chansons des troubadours et de paraître juger cette relation ou ce dialogue avec les chansons plus importants que l’intérêt ou le piquant de l’anecdote qu’elles relatent.708 MICHEL ZINK rencontres ou des confrontations à fronts renversés. après avoir rappelé que la langue d’oc connaît deux mots. Au reste. et c’est bien ce que sera. mais la première. En réalité. n’a rien d’étonnant : quoi qu’on ait dit pour essayer de prouver le contraire. à strictement parler. après avoir rappelé la valeur particulière du « nouveau » et de la « nouveauté » au Moyen Âge. centrée sur le lyrisme. En apparence. c’est être dans l’ordre de la vérité. des nouvelles en vers. les novas rimadas elles-mêmes ne sont pas très nombreuses : à peine dix. et en ratissant large. mais dans le monde présent. on a défini ce que sont les novas occitanes. en couplets d’octosyllabes et longs généralement de quelques centaines de vers. par les rubriques des manuscrits ou dans le texte même. après avoir commenté le fait que novas est un pluriel. Elles ont la particularité d’être profondément enracinées dans l’univers lyrique. sur le point de savoir si. On peut même se demander si c’est vraiment la narration qui définit les novas. que celles-ci soient baptisées. Ce trait. et les genres narratifs y ont connu un développement remarquablement réduit. lais. « Raconter des nouvelles » peut conduire à « parler d’amour » : c’est ce qui se passera dans le roman. au vers 12 du Chevalier au Lion. puisque la « nouvelle » que raconte Calogrenant deviendra l’histoire d’amour d’Yvain. par les résonances littéraires et souvent même. S’agissant des novas. le second une information inédite. si important au regard du sujet du cours. par exemple en supposant sans preuves qu’une partie importante de cette littérature a été perdue. la poursuite de la poésie lyrique par une voie poétique non lyrique. L’incertitude demeure. la littérature occitane du Moyen Âge est essentiellement lyrique. dont l’intérêt est en soi immense. rien de plus simple : des poèmes narratifs composés. constitue un cas si particulier qu’elle n’est réunie aux autres que parce . ou jusqu’à un certain point. tandis que les nouvelles peuvent être vraies (ainsi. novas et novella. dans l’ordre de l’amour. Elles en diffèrent par le ton. le premier désignant une forme littéraire. Le titre du beau livre d’Alberto Limentani. L’eccezione narrativa décrit parfaitement cette réalité. brillant philologue italien trop tôt disparu. le contexte montre que ce mot met en branle pour l’auteur le mouvement d’un jeu ambigu entre récit. le mot « nouvelle » renvoie ou non à une forme littéraire. Dans le volume Nouvelles courtoises occitanes et françaises (Lettres gothiques. fiction. fabliaux ou plus tard nouvelles. Le lien entre poésie et amour passe par le questionnement sur la vérité du récit et sur celle de l’amour. contes. les novas occitanes diffèrent sensiblement de la plupart des nouvelles françaises. amour et vérité : un jeu éminemment poétique. parler d’amour. En somme. l’amour est du côté de la fable : la vérité est donc insaisissable. comme il se doit. 1997). par le contenu. Suzanne Thiolier-Méjean en retient six. Mais en tout état de cause. et non pas plutôt la glose poétique de la poésie. comme le sont aussi les lais narratifs. celui où le roman s’écrit. la leçon ambiguë du roman. dits. celle de Calogrenant) comme elles peuvent être des fables . Dans le passé idéal où le roman entend se situer. mais se prête à des prolongements dans l’ordre du récit. En conclusion à ce développement. Lola Badia et Amadeu J. d’une façon ou d’une autre. À l’origine de la poésie. publiée par ses inventeurs. précisément. En aquel temps c’om era gais. Les autres sont Castia Gilos attribué au catalan Raimon Vidal de Besalú. d’une œuvre récemment exhumée. elles ne méditent pas directement sur lui. enthousiasme se manifestant au printemps par des variations mélodiques de la voix chez le troubadour comme chez l’oiseau . récits et débats en vers fondés sur les chansons des troubadours. Les novas réunissent les deux activités.LITTÉRATURES DE LA FRANCE MÉDIÉVALE 709 que. Il faut y ajouter Abrils issi’e mays intrava. C’est le Roman d’Esther. car ils ne sont pas chantés. Leur refus de distinguer l’anecdote de la casuistique dit encore autre chose : que ce qui est nouveau. Le salut d’amour pousse à son terme la tendance de la canso au discours argumentatif et persuasif. adaptation en langue d’oc du livre biblique par un auteur juif et copiée en caractères hébreux. à la première personne. qui ne sont pas non plus des poèmes lyriques. est celle des novas au regard du trobar. Soberanas. Et Raimon Vidal prête spécifiquement à cette poésie chantée des troubadours. mais qui sont plus proches du lyrisme courtois que ne le sont les novas. La porosité de la frontière entre les novas et les chansons des troubadours a conduit à prendre en compte un autre type de poèmes. Frayre de Joy et Sor de Plaser. à ses yeux. qui se prête à l’extrapolation et au commentaire. le développement. montrent bien ainsi que pour leurs auteurs la poésie ne relève pas du récit à sa source. « Les uns racontaient des nouvelles. les autres parlaient d’amour ». Las novas del papagay d’Arnaud de Carcassès. dit Chrétien de Troyes. que . Cette liste pourrait à la rigueur être augmentée des trois poèmes provençalocatalans publiés par Amédée Pagès dans Romania en 1891 et. le début des Razos de trobar de Raimon Vidal de Besalú a permis de mieux cerner encore la place qui. Elles racontent et glosent cette mémoire du monde qui est condensée et recelée dans la poésie. car ce sont des poèmes subjectifs. elles ne racontent pas directement le monde. il y a le chant. le corpus est si mince. Les novas. tout le reste en est. qui est certainement de lui. bien qu’il s’agisse plus d’un « vrai » roman. Ce sont des nouvelles d’amour et des nouvelles de l’amour. Elles méditent et elles glosent sur l’amour et sur la condition de l’amoureux à partir de cas et à partir de poèmes — autrement dit à partir d’un corpus passé de l’amour. malheureusement mutilée et difficilement classable. Elles se situent au point où ces deux activités ne font qu’une. qui traitent les mêmes thèmes que les chansons. Lai on cobra sos dregs estatz de Peire Guilhem de Toulouse. mais se présentent comme des épîtres en vers (en couplets d’octosyllabes) adressées par le poète à sa dame. Les novas ne donnent pas directement des nouvelles du monde. dans lesquels le poète est supposé s’épancher : les « saluts d’amour ». ce n’est pas seulement une histoire inédite. encore de Raimon Vidal. mais aussi la méditation toujours fraîche et renouvelée — « nouvelle » au sens médiéval du terme — de la poésie. La ventura del cavaller N’Huc et Madona (« L’aventure du chevalier Hugues et de Madame »). Et ja non trobares mot (ben) ni mal dig. de donner de l’importance à ce qui sert l’argumentation ou l’effet recherché. poi[s] trobaires l’a mes en rima. que tot jorns [non sia] en remembransa. qu’il étudie sans cesse et qu’il reproduit à sa manière dans les Artes dicandi. Et la poésie comme récit. dictaminis. la poésie entre brevitas et amplificatio. La brevitas antique doit caractériser la narratio. car composer de la poésie et chanter sont la source de tout élan d’audace joyeuse. très présentes dans la réflexion médiévale sur l’art littéraire. Le salut d’amour exploite systématiquement les arguments ébauchés par la canso pour toucher le cœur de la dame. minuere désignant à l’inverse une atténuation qui peut revêtir d’autres formes que celle de l’abrègement (euphémisme. Et vous ne trouverez pas une parole ni un propos satirique. etc. Le poème narratif greffé sur un poème lyrique en est le développement. l’association et l’opposition des deux procédés inverses remonte à Quintilien : amplificare vel minuere (VIII. 4. qui ne soit désormais toujours en mémoire. dans tout cela ? Curtius clôt le chapitre XIII de son grand livre en suggérant qu’on était au Moyen Âge « lassé des longueurs de l’épopée ». Pour le Moyen Âge. tout récit est narratio. mais au sens où l’entend l’éloquence judiciaire. Mais il connaît aussi le procédé inverse. Le second point liminaire. qui permet. le poème lyrique qui se veut l’écho d’un récit s’y réfère brièvement ou de façon allusive. mais se réfèrent aux notions de brevitas et d’amplificatio. prétérition. 1). Il recherche donc un peu mécaniquement la brevitas et en fait systématiquement l’éloge. En un sens. par divers procédés de style. mystérieuse aussi. comme Curtius et d’autres l’ont abondamment montré. les chansons de geste ne cessent de s’allonger. Mais ce que Quintilien nomme amplificatio n’est pas l’allongement. En réalité. et non de la subordination rhétorique : il est naturel que des auteurs dont il est la langue maternelle conçoivent d’abord le style en termes d’allongement et d’abrègement. Et tout ce qu’il y a au monde de mal et de bien est mis en mémoire par les troubadours. Attentif comme il l’est aux enseignements de la rhétorique latine classique. ne pouvait être évité. Cassiodore) on est passé à l’idée que l’amplificatio est l’allongement et s’oppose à la brevitas. Il donne même des exemples où l’amplificatio se fonde sur la brièveté.). Peut-être peut-on aussi rapprocher très simplement cette évolution du fait que le vulgaire roman est syntaxiquement une langue de la coordination. praedicandi. et tout récit doit donc idéalement être bref. À l’inverse. Curtius cherche par quels cheminements (saint Jérôme. car trobars et chantars son movemens de totas galhardias. parfois dans . c’est-à-dire le récit des faits relatifs à la cause plaidée. de l’enchaînement narratif. le Moyen Âge sait l’importance de la brevitas comme de l’amplificatio dans la composition littéraire. dès lors qu’un troubadour l’a mis en rime. Ils ne le font pas spontanément ni inconsciemment.710 MICHEL ZINK nous désignons aujourd’hui sous le nom de poésie lyrique. une importance immense. prodigieuse. Mais il ne leur donne pas le même sens que l’Antiquité. mais l’insistance. puisqu’elle est la mémoire du monde : Et tot li mal e˙l ben del mon son mes en remembrance per trobadors. Les Artes dicandi enseignent à la fois l’abbreviatio et la dilatatio ou amplificatio. Mais enfin. Au moment de développer des poèmes allusifs. Qu’il s’agisse d’un manuscrit de Priscien est évidemment le fait du hasard. Les novas développent par le récit aussi bien que par l’argumentation une situation typique impliquée. bien entendu. semble-t-il. interruptions et rupture de la strophe et du refrain — surtout. le mot lai apparaît pour la première fois au IXe siècle sous la forme loîd dans un court poème irlandais copié dans un manuscrit de Priscien. de laid. un procédé et un effet du poème narratif fondé sur un poème lyrique. Pourquoi Priscien ? Ses Institutiones grammaticae. mais cette fois sans le dire. Les lais français à sujet breton revendiquent la même démarche à partir du récit « latent » des lais lyriques bretons — une latence dont la nature est difficile à définir. Le moine irlandais qui. à partir de 110. l’allongement accompagne la narration. a copié dans un manuscrit de Priscien quelques vers d’un poème l’a-t-il fait mû par une association de pensée du même genre ? On y lit : « Une haie d’arbustes m’entoure . plus qu’une tendance. Marie invoque l’auteur dans lequel la femme savante qu’elle est a appris le latin. fragmentaires peut-être. du refrain inséré. D’une façon générale. Son auteur a conscience sans doute de pratiquer l’amplificatio. sont remarquables par leurs nombreuses citations d’auteurs anciens. on ne peut s’empêcher de relever que Marie de France s’abrite derrière l’autorité de cet auteur (ceo testimoine Preciëns) dès le prologue de ses lais. par les chansons des troubadours (jalousie. Ce sont ces points qui ont été examinés d’abord. puis. faute de connaître assez précisément ces lais lyriques — et l’appliquent aussi. La brièveté est un phénomène lyrique : expression ramassée et énigmatique des troubadours. généralement de façon allusive. Quelle que soit son origine. La question du lai lui-même a été tellement étudiée et depuis si longtemps qu’il était inutile d’y revenir.LITTÉRATURES DE LA FRANCE MÉDIÉVALE 711 des proportions considérables. en vérité. à des compositions lyriques fondées sur la transposition . de refrain et d’écho. recours à des mètres très brefs. aux chansons des troubadours. le merle agile chante son loîd… » Ce mot désigne à l’évidence une composition musicale ou un chant. afin de provoquer la perspicacité du commentaire de leurs successeurs. conformément au génie de la langue vulgaire. On le sait. tentation de céder aux avances d’une maîtresse plus complaisante) . qui étaient au Moyen Âge le manuel classique pour l’apprentissage du latin. rigueur de la femme aimée. sinon pour un bref rappel. des effets de ressac. Il est naturel dès lors que l’allongement soit. pour moi. de façon à en révéler le sens. vers 830-850. C’est ce qui ressort des premières attestations de loîd. les saluts d’amour le font aussi dans un registre plus personnel et d’un point de vue subjectif qui est le même que celui des chansons. Jean Rychner a montré que leur évolution va vers l’allongement des laisses et vers la narration linéaire au détriment des laisses courtes et répétitives. obstacles à la rencontre des amants. ce qui permet de l’appliquer métaphoriquement au sifflement du merle. le mot Lai — Leich s’applique. mais qui est surtout un auteur célèbre pour avoir rassemblé des fragments poétiques. comme de Leih et de Leich en allemand. Le loîd se définit donc à coup sûr comme une pièce essentiellement musicale. pour dire que les anciens s’exprimaient dans leurs livres avec une obscurité volontaire. par une extrapolation de l’usage qu’elle en fait. je veux vous dire et vous raconter l’aventure à partir de laquelle les Bretons appelèrent ce lai Doon. l’histoire à partir de laquelle les Bretons ont fait un lai. dans lequel le mot lai paraît désigner les contes mêmes composés par Marie de France. Les deux traits se combinent de façon significative au début du lai anonyme de Doon : Doon. On a longuement commenté ce passage. sans la moindre référence musicale : Marie de France. beaucoup le connaissent . on en trouve une seule. dans le célèbre Livre de Leinster (vers 1160) et dans quelques autres manuscrits. 1. à peu de chose près. dit s’inspirer de « lais bretons » pour composer des contes en vers qu’elle appelle des « lais ». non encore réellement différenciées du latin. 1-19. l’auteur va raconter l’aventure à partir de laquelle les Bretons ont appelé ce lai Doon. été clarifié depuis longtemps. on peut suivre l’histoire de la forme poétique et musicale appelée lai ou Leich tout au long du Moyen Âge. Marie de France ou l’auteur anonyme disent toujours qu’ils racontent « l’aventure du lai ». D’autre part. « La ‘aventure’. et cela à une époque assez haute pour que la question ne se soit pas posée pour les langues romanes. au début et à la fin de chaque pièce ainsi que dans le prologue de Marie. et dans toutes les langues. cest lai sevent plusor : N’i a gueres bon harpëor Ne sache les notes harper . On . au texte souvent hermétique ou en apparence incohérent. sans autre difficulté que celles — considérables — qu’offrent son instabilité formelle et sa complexité musicale. Sur trente-cinq ou trente-six occurrences de ce genre. 1-6) Tous les bons musiciens savent jouer le lai de Doon . est employé après elle. auteur qui écrit en français. au moment. outre le latin. entre autres par la belle analyse de Martín de Riquer. el ‘lai’ y el ‘conte’. S’agissant de l’irlandais. le caractère musical des lais bretons dont s’inspirent les « lais narratifs » ne fait aucun doute et est mentionné à plusieurs reprises. D’une part. Mais les appelle-t-elle vraiment ainsi ? N’est-ce pas nous qui sommes à la fois contraints et justifiés de leur donner ce nom par le fait que le mot lai. des exemples de laid. Or. le mot peut désigner aussi une nouvelle ou un conte. p. il n’y a guère de bon harpeur qui ne sache en jouer la mélodie sur la harpe. mais connaît aussi. on trouve. à l’intention des apprentis poètes.712 MICHEL ZINK dans les langues celtiques ou germaniques du vers rythmique latin. Mais jamais l’auteur ne dit que le conte qu’il compose est un lai. Doon : ce lai. au XIIe siècle. On a cependant examiné systématiquement les occurrences du mot lai chez Marie de France et dans les « lais anonymes ». À partir de là. l’anglais et le « breton » (c’est-à-dire une langue celtique). au début de Bisclavret. dès son apparition en français. pour l’essentiel. Nes je vos voil dire e conter L’aventure dont li Breton Apelerent cest lai Doon. pour désigner des contes en vers plus ou moins analogues aux siens ? Ce débat ancien a. (v. de son côté. Et moi aussi. en Marie di Francia ». dans Filologia Romanza II. où est copié le Livre de Leinster. rendu ambigu par une erreur de transcription du manuscrit (unique en cet endroit) dans les deux éditions de référence et par une inexactitude de traduction fondée sur cette erreur même. sans ambiguïté. qui réserve une section aux « Lais de Bretaigne ». C’est donc l’idée du poème absent. comme celui du manuscrit BnF nouv.LITTÉRATURES DE LA FRANCE MÉDIÉVALE 713 a suggéré que le scribe de ce manuscrit British Library Harley 978. peut-être comme une introduction avant de l’interpréter. c’est le titre qui marque le conte comme le prolongement poétique d’un poème. et qu’elle appelle « l’aventure ». cela implique. Pourtant la situation. puisque ce poème est absent. pourquoi ne pas faire l’économie du lai intermédiaire ? Pourquoi en faire état ? Parce qu’il est la source ? Mais la source est-elle le lai musical ou ce qu’on racontait à son propos et autour de lui. si on va de l’aventure à l’aventure. sa trace. l’affirmation obstinée. Bref. qui poétisent le conte de Marie de France. Mais alors. Marie considère le récit qui lui fournit la matière de son conte. 1104. Acq. sa razo en somme ? Le lai n’est mentionné que comme résonance poétique et ancrage dans la tradition. pouvaient donner au mot lai le sens de « conte en vers » que Marie elle-même ne lui donnait pas encore. du récit dont le lai garde la mémoire à son propre récit. non que la razo qu’est le conte de Marie de France approfondit la poésie du poème. on porte une attention presque maniaque au titre du lai : c’est tout ce qui reste du lai breton dans le conte . copié à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle. Elle le dit en ces propres termes au début d’Eliduc : D’un mult anciën lai bretun Le cunte e tute la raisun Vus dirai… (v. sans doute avec des paroles. comme le dit Marie dans son prologue. joué sur la harpe. est très différente de celle des razos des troubadours. l’histoire à laquelle on le rattachait. c’est-à-dire remonte à l’aventure dont le lai conserve la mémoire. Car. C’est pour cela qu’elle a besoin de le mentionner et qu’elle ne peut aller directement de l’aventure à l’aventure. puisque la razo en est le succédané et est composée précisément pour qu’il ne soit pas oublié. comme la razo de la pièce poétique et musicale qu’est le lai breton. fr. mais particulièrement ceux de Chaitivel et du Lecheor. comme le feront les razos dans les chansonniers occitans. aliment du poème chanté et que le poème — à supposer même qu’il n’ait pas été purement musical — ne peut aborder que de façon allusive. Si l’on va de l’aventure à l’aventure en supposant — mais en supposant seulement — le lai lyrique entre les deux. le processus est le suivant : une aventure se produit . les Bretons en gardent la mémoire en composant un lai musical. tout en étant analogue. Marie (ou l’auteur anonyme) raconte l’histoire. . comme on l’a montré à partir de nombreux exemples. répétée. en attachant une grande importance au nom par lequel le lai est désigné . qu’elle veut en sauver la mémoire. copié entre 1261 et 1265. 1-3) Il est clair que l’expression dire le conte et la raison d’un lai — le lai étant une pièce musicale et poétique — signifie développer le récit latent. et l’allusion à Priscien : Marie invoque l’auteur ancien d’un traité de grammaire qui est également lu comme une anthologie de citations — autrement dit comme un recueil de fragments — pour dire que le sens des œuvres ne se découvre que peu à peu et que la réflexion des générations successives l’approfondit. qui s’enracinent explicitement dans les lais bretons. ne les citent jamais. il ne fait pas de doute qu’elle ait été liée au milieu Plantagenêt. dans cet esprit. des prolongements. des résonances. non seulement avec le même emploi dans un passage fameux du Conte du Graal de . La poésie de ses récits est de donner l’impression que ses récits s’enracinent dans des poèmes qui ne racontent pas tout. Pour montrer que. c’est que Marie de France a réussi à persuader ses lecteurs que le conte ne peut exister sans le poème. Comment s’en étonner ? Quelle qu’ait été l’identité de Marie de France. c’est qu’ils sont également redevables aux chansons de troubadour. Car même s’il n’est pas absolument certain que le senhal « Mon Aziman » désigne Aliénor d’Aquitaine et même si les renseignements que donne sur elle la vida écrite par Uc de Saint-Circ sont erronés. Il avait été souligné au début du cours que les novas s’enracinent explicitement dans les chansons des troubadours et qu’elles les citent constamment. Si ce mot a fini par désigner un conte racontant une histoire qui a d’autre part inspiré un poème. mais qui ne la racontent pas. être allé en Angleterre. tandis que les lais de Marie de France. Dante. C’est l’ensemble des effets. À elle d’en retrouver le sens et de l’approfondir. comme on le voit au chant IX du Purgatoire (v. une fois de plus. Rappelons-nous son prologue. par comparaison. le récit peut mettre au jour aussi bien que l’analyse ou le commentaire critiques. Celui qui a le mieux compris. Le sens. comme euphémisme désignant les faveurs ultimes accordées par une femme. même si elle a renoncé à adapter une œuvre latine. Mais ce qui rapproche les lais de Marie de France des novas. comme les razos des troubadours le montrent. L’exemple retenu pour illustrer l’usage que fait Marie de sa connaissance des troubadours a été son emploi de surplus. elle doit mettre en évidence que ses contes se fondent chaque fois sur des poèmes produits par chacune des ces histoires. il n’en demeure pas moins qu’il dédie explicitement deux chansons à Henri II Plantagenêt et qu’il semble bien. 13-15). à lire la chanson Lancan vei per mei la landa. 533 de Guigemar. que l’histoire en elle-même n’est rien sans cette mémoire fragile et allusive qui en oublie les péripéties et en concentre l’émotion. sans jamais cependant les citer ni s’en réclamer. C’est aussi le cas d’un grand nombre de troubadours. ce sont des « morceaux » musicaux et poétiques. des émois indicibles. des nœuds affectifs que recèle le poème et que. c’est. entre autres de Bernard de Ventadour. à l’exception de leurs titres : le rapport du récit en vers au poème lyrique est donc entièrement différent. son travail et son ambition restent les mêmes.714 MICHEL ZINK Le lai narratif n’existe que par métonymie. Son art de conteuse est pénétré de cette conviction. ce n’est pas seulement une idée ou une leçon abstraites. puisque. dans la pratique médiévale. la relation entre le lai musical et le récit. au v. précisément. un vêtement. Bernard recourt à l’integumentum métaphorique. ceux de l’herméneutique et de la poétique. le premier vers de la célèbre chanson d’adieu de son prédécesseur Guillaume IX. mais qui pourraient l’être davantage. qui s’est fait l’écho de son prédécesseur presque jusqu’au jeu de mots (que˙m donet un don tan gran dans la chanson de Guillaume IX. concrètement. le vêtement des figures poétiques ou du sens littéral qui recouvrent et dissimulent le sens second. une enveloppe qui recouvre et dissimule — l’étoffe. tous deux partageant le souci de ne pas l’exprimer jusqu’au bout et de ne pas dire l’indicible. le premier troubadour. À ce point. dissimule l’objet du désir et sa poursuite. concret : le manteau sous lequel se glissent les mains et qui voile. Voile. le vêtement : autant dire le manteau. dans le même sens. de plus au v. le voile. de même ces vers font très certainement allusion à la quatrième strophe de la chanson du même Guillaume IX. mais en l’inversant. qui. qui dissimule leur geste avide. prendetz esgardamen ! pensez. souhaite obtenir en plus le « plus ». E que˙m donet un don tan gran. Del plus. mais à l’audace retenue. le voile. littéral. Guillaume nomme l’integumentum concret. au plus ! De même qu’en commençant l’une des chansons où il fait mention à la fois du roi d’Angleterre et de son « Aimant » par Ge˙s de chantar no˙m pren talan. que la perspicacité du lecteur doit mettre au jour. il use d’un voile matériel. si˙us platz. 18 de la chanson Be˙m cuidei de chantar sofrir de Bernard de Ventadour : E car vos plac que˙m fezetz tan d’onor Et puisqu’il vous a plus de me faire tant d’honneur Lo jorn que˙m detz en baizan vostr’amor. Bernard reprend. dans laquelle le comte se souvient du jour où celle qu’il aime lui a accordé son amour : Enquer me membra d’un mati Que nos fezem de guerra fi. Chacun imagine à sa manière le surplus qui portera au comble sa félicité et chacun l’exprime à sa manière. L’étoffe. Au lieu du voile métaphorique d’un bref mot imprécis (plus). Il me souvient sans cesse d’un matin où nous avons mis fin à la guerre. Ab la dolchor del temps novel. integumentum : termes qui désignent une étoffe. et où elle me fit ce don immense : son amour et son anneau. que˙m fezetz tan d’onor dans la sienne). pour utiliser les termes qui étaient à cette époque même. chez les chartrains. Sa drudari’e son anel. que souhaitait-il ? Les deux vers qui terminent la strophe sont bien connus : Enquer me lais Dieux viure tan C’aja mas manz soz so mantel ! Que Dieu me laisse vivre assez longtemps pour que j’aie (un jour) mes mains sous son manteau ! Les deux poèmes sont ceux d’amants heureux. mais aussi avec celui. le jour où vous m’avez donné d’un baiser votre amour. involucrum. puisqu’il s’agit de dissimuler . Et Guillaume. s’il vous plaît. Bernard dissimule l’indicible sous le voile de l’euphémisme en en disant effectivement le moins possible et en se contentant de la brièveté abstraite du monosyllabe « plus » .LITTÉRATURES DE LA FRANCE MÉDIÉVALE 715 Chrétien de Troyes. Bernard. ou. celui des mots et. Pos de chantar m’es pres talentz. Guillaume s’abandonne à une imagination audacieuse. le suspens du poétique dans le déroulement de ce récit. Les troubadours. Au moment même du poème. n’entend plus résonner qu’une syllabe. c’est en glissant sur le « surplus » et en substituant au récit le renvoi allusif à une expérience commune et à une connaissance générale qu’elle fait pour un instant de la poésie lyrique le soutien et le substitut de son récit et qu’elle préserve. la rencontre. Nous devons bien nous contenter des poèmes dont. auprès de laquelle l’a conduit la nef enchantée. étape par étape. développé. allongé lui-même en « surplus ». mais plutôt comme une amplification assourdissante. une certaine complaisance. situent leur poème tout entier au point exact où il n’y a pas de récit : rien que la requête. Dona genser qe ne sai dir. dans le cadre du récit développé. l’aveu. trop minutieux et trop long pour être ici résumé. Peut-être existe-t-il une relation analogue entre les développements et les silences de ses récits d’une part. en réalité. Une telle proximité du désir que l’amant y est immergé. mais nous n’en savons rien. Marie. il n’y a rien à raconter. Peut-être procède-t-elle de la même façon au regard des lais bretons. au-delà de l’identité des motifs et des détails. utilise le « surplus » pour atténuer. ne voit plus ce qui lui est trop proche. Il a mis en évidence. On a ensuite étudié la situation des saluts d’amour entre chanson et roman à partir d’une comparaison entre l’insomnie amoureuse de Didon dans le Roman d’Enéas. pour détourner le regard du lecteur des deux amants couchés ensemble et placer en écran devant lui la connaissance abstraite de ce que « les autres ont l’habitude de faire » dans ce genre de circonstances. évoquée plus longuement encore dans son premier salut d’amour. le cri de l’insatiable. le monosyllabe « plus » éclate. au contraire. résonne. pour sa part. Mais ce n’est qu’alors. la tension poétique dans le salut d’amour entre une narration ordonnée et un ressassement obsessionnel dont le caractère onirique et le bouleversement sensuel se révèlent dans des détails. a fait appel à bien d’autres poèmes. Parvenue au moment où la pudeur interdit au récit de se poursuivre avec le même détail. « Plus ! » : en une seule syllabe. avec une discrétion apparente et. Dans ce cas précis. comme l’emploi particulier de . qui développe en près de quarante vers les cinq célèbres premiers vers du Livre IV de l’Enéide. l’amour naissant. Marie de France. de Cligès à Cerveri de Girona et à Auzias March. comme le font aussi les mains dont le manteau dissimule l’audace : le « plus » et les mains sous le manteau n’agissent pas comme des euphémismes. il ne se passe rien.716 MICHEL ZINK l’indicible. des points de suspension. pour leur part. mais en en gauchissant le sens. joue véritablement son rôle d’euphémisme. emplit l’imagination. et celle du poète Arnaud de Mareuil. une ellipse dans le récit. les premières privautés entre Guigemar et la jeune femme enfermée par son mari jaloux. que ce « plus ». en passant par d’autres troubadours et par le troisième salut d’amour d’Arnaud de Mareuil lui-même. dans le détail. raconte. le plus général possible. Cet examen. il emploie le mot le plus bref possible. nourrie du souvenir de ce qui s’est passé et de l’attente de ce qui pourrait se passer. les paroles et les silences des lais bretons d’autre part. aveuglante de trop de proximité. Il marque. elle se souvient du « plus » de Bernard de Ventadour et y recourt. elle s’inspire : ceux des troubadours. Dans cette pause du récit. faute de connaître ces lais. qu’il s’agisse des arguments du débat amoureux. et les questions posées par sa tradition manuscrite. est un remanieur de la version brève antérieure ou s’il est l’auteur de l’œuvre entière. Cette nouvelle est une variation sur le motif de l’oiseau messager. non comme la succession de péripéties nouvelles. L’histoire est ressassée. mais d’un récit conçu comme une exploration des strates de la conscience. C’est sa version qui a fait la gloire de la nouvelle. . Les manuscrits qui se terminent par un débat amoureux entre la dame et le chevalier restent dans la tonalité lyrique. Mais. Ce point a été illustré par la plus connue des novas. dans les ambiguïtés. Il n’est pas étonnant que cette tendance ait été accentuée par l’épisode lui-même outrancier de l’incendie du château. ils sont mis en valeur et soulignés par l’outrance et le comique du personnage du perroquet. entraînée hors du cadre lyrique qui lui est habituel. et non pas poursuivie. R poursuit le récit jusqu’à l’incendie du château par le perroquet. Le manuscrit R déplace l’intérêt sur une péripétie de fantaisie. Les autres manuscrits s’arrêtent au moment où le perroquet rend compte à son maître du succès de son ambassade ou concluent par un débat amoureux entre la dame et le chevalier. la relation entre les novas et les chansons a été abordée sous deux angles. Seul le ms. dans les contradictions et dans les obsessions de l’amour. un approfondissement et un ressassement. celle de la casuistique amoureuse. métaphore du feu de l’amour et preuve que la passion ne recule devant rien. Mais ils ressortent fortement dès lors qu’ils sont développés par le récit. vrp de l’amour. comme Didon. La nouvelle développe sous forme narrative la thématique des chansons. pour aller se confier à sa sœur Anne. Au bout de cette nuit passée dans les tourments amoureux. la Nouvelle du perroquet. Les manuscrits qui s’arrêtent au vers 140 présentent une version proche des chansons : pour le thème. bavard habile et satisfait de lui-même. qui se l’attribue et dont le nom n’apparaît que dans cette version et dans ce manuscrit. Bien que des arguments puissent être invoqués dans les deux sens. comme le pensaient les premiers philologues à s’être penchés sur ce texte.LITTÉRATURES DE LA FRANCE MÉDIÉVALE 717 deves ou le fait que le poète compare la satisfaction érotique qu’il lui semble éprouver en rêve à celle. Enfin. On voit l’intérêt que présente pour nous cette situation. sinon pour l’esprit. La fantaisie et le fantastique du motif sont naturels à la chanson et y trouvent leur place sans effort par la grâce de la brièveté allusive du poème. en poussant dans la direction qui est celle des autres novas. mais des amoureuses illustres. du cadre du verger. non des amoureux. qui permet ainsi aux amants de se retrouver brièvement pendant que tout le monde est occupé à éteindre le feu. selon les versions. on a suggéré que la version brève pourrait bien être la version d’origine. La poésie est bien une poésie du récit. Au lieu d’être voilés et spontanément acceptés. du motif du jaloux et plus encore de celui de l’oiseau messager. on n’est pas si loin des deux chansons de l’estournel de Marcabru. Arnaud ne se lèvera pas. elle la développe plus ou moins et elle la développe différemment. les novas comme développement des chansons. D’une part. sans que l’on puisse savoir si Arnaud de Carcassès. L’accomplissement du chant courtois. contez. Alison James (University of Chicago). maître de conférences à l’École Normale Supérieure : « Abréger les romans en prose : « visce de mauvais escrivain » ou art poétique du translater ? » Le 5 février. mais aussi une modification du sens. à l’université de Chicago et à l’université de Bonn. » Le 22 janvier. » L’exposé d’ouverture de Michel Zink a été suivi des communications suivantes : Elizabeth Poe (Tulane University). on a étudié le recours aux citations des troubadours dans les novas à partir d’une citation de Raimbaut d’Orange légèrement modifiée par Raimon Vidal de Besalú pour être insérée dans En aquel temps c’om era gais. Nancy Freeman Regalado (New York University). » Le 12 février. avec pour conséquence. « Who tells the stories of poetry / Qui raconte la poésie ?: Villon and his Readers ». en relation avec le cours. a accueilli six invités. David Hult (University of California. « In the Beginning was the Razo » . « Poetry. » Le 19 février. Sylvie Lefèvre. Nathalie Koble. Urbana-Champaign). À Paris. Music and Narrative in Guillaume de Machaut’s Motets » . tenté de montrer pourquoi le dialogue entre le narratif et le lyrique a pour effet d’imposer au premier une esthétique du fragment. Andrea Valentini. . S’agissant du cours. après une ouverture par le professeur. vous qui savez de nombre. Mark Payne (University of Chicago) et Eleonora Stoppino (University of Illinois. H. Le 15 janvier 2008. » Le séminaire s’est poursuivi à l’université de Chicago le vendredi 11 avril 2008. le séminaire. « Making Poems Tell Stories in Dante’s Vita Nuova » . Berkeley). non seulement une banalisation de la forme. maître de conférences à l’université de Limoges : « Entre pierreries et ombres. Kevin Brownlee (University of Pennsylvania). professeur à l’université de Tours : « La tentation lyrique ou allégorique des saluts-complaintes. Véronique Dominguez. Justin Steinberg (University of Chicago). Milena Mikhailova. « Thoughts of the mise en scène of the lyric voices : Alain Chartier’s Belle Dame sans Mercy » . docteur ès lettres : « Posture d’auteur et choix identitaire : si sui de France. » Le 29 janvier. Carla Rossi. La conclusion générale a. entre autres.718 MICHEL ZINK D’autre part. Le colloque s’est conclu sur une table ronde animée par Claudio Giunta (Università degli studi di Trento). six heures ont été délocalisées à l’université de Toulouse II. maître de conférences à l’université de Nantes : « Le théâtre comme récit : remarques sur la poétique de la Passion de Semur (XVe siècle). ingénieur de recherche au Collège de France : « Le récit comme poésie : les monologues lyriques dans quelques romans arthuriens en vers des XIIe et XIIIe siècles. sous la forme d’un colloque réuni autour de Michel Zink à l’initiative de Daisy Delogu sur le thème : « Ce que la poésie raconte. Toutes les heures de cours données à Paris ont été diffusées par France-Culture dans le cadre de l’émission « Éloge du savoir » et sont disponibles en podcast sur le site du Collège de France. alors même que les changements paraissent insignifiants. Johns Hopkins U.. dans Il Sole — 24 Ore. p. Fascinations. Dir. p. Éditions de Fallois. p. . Vérone. p. La vie ouverte en poésie ». n° 20. Initiales des chansonniers provençaux I et K (Paris. 36-38. p. « Jacques Le Goff et la voix poétique ». Nichols. 2007. 2007. « La narración de la poesia. 854 et 12473). De Boccard. entremetteur ou éternel mari ? ». p. mars 2008. dans France Forum. éd.. dans De los orígines de la narrativa corta en occidente. sous la direction d’Yves Bonnefoy. Édités par Olivier Cullin. Comptes rendus des séances de l’année 2006. Edizioni Fiorini. dans L’idée de frontière dans les littératures romanes. La prison et la nature de la poésie ». 27-29 avril 2006. dans « Le loro prigioni » : scritture dal carcere. automne 2007. Brepols. p. « Conclusions ». 2006 (parution 2008). Brepols. 25-27 février 2005. éd. p. BNF.LITTÉRATURES DE LA FRANCE MÉDIÉVALE 719 Activités du professeur Publications Livre Un portefeuille toulousain. Revista de la Bibliotheca Mystica et Philosophica Alois Maria Haas. Carlo Ossola). Presses Universitaires de Sofia « Saint Clément d’Ohrid ». 2007. 32 (trad. Actes du Colloque international. 2008. dans L’homme dans le texte. Presses de l’Université de Montréal. Sofia. 115-140. « Conclusions ». dans La conscience de soi de la poésie. P. p. 2008. 234 p. « Introduction. « El Grial o el mito de la salvación ». juillet-octobre. 161-169. Académie des inscriptions et belles-lettres : La Grèce antique sous le regard du Moyen Âge occidental. Articles « Paul Zumthor. 29-38. 1-18. 93-101. 2008. p. Mélanges offerts à Stoyan Atanassov à l’occasion de son 60e anniversaire. Portraits de troubadours. Presses universitaires de Sofia « Saint Clément d’Ohrid ». 1. ibid. 2007. 14-21. nouvelle série. « The Place of the Senses ». Seuil. dans La place de la musique dans la culture médiévale. Textes réunis par Stoyan Atanassov. p. dans L’Europe et le livre au Moyen Âge — II Hommage au Prof. 2007. 2006. dans Paul Zumthor. éd. Turnhout. ms. 453-457. 1476-1479 . TESSEL. 119-137. dans Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Anna Maria Babbi et Tobia Zanon. 187-193. Revue portugaise d’histoire du livre X.LA. « Medioevo al presente ». Lima (Pérou). 2007. 305-310 (parution automne 2007). Revista portuguesa de história do livro. Paris. 9 septembre 2007. éd. Stephen G. Heritage. Jean-Loup Lemaître et Françoise Vielliard. Poitiers. « Le XIIe siècle français : le rayonnement sans la puissance ». Jacques Le Goff. Ginebra magnolia. Claudio Galderisi et Cinzia Pignatelli. Vidas y razos de los trovadores occitanos ». dans La traduction vers le moyen français. 2008. p. Fr. Baltimore. 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Seuil. — Université de Vérone. 16-17 novembre 2007. 2) et sa razo » (21 mai 2008). maître de conférences Publications : « La pensée du rêve ». Les lundis du Collège de France. Beaulieu-sur-Mer. — Université de Toulouse-Le Mirail. Poésie. 22-23 octobre 2007. Paris. « Que peut la littérature secondaire ? » (23 mai 2008). Organisation scientifique de la rencontre.» Communication : « La poésie par le menu. Musée Condé 388 » (6 novembre 2007) — Aubervilliers. 547-584. Conférences Oxford. présidence du colloque et conclusions. « De l’utopie au carnaval : le théâtre du Moyen Âge » (12 novembre 2007). Hermann. Conclusions générales. 77-94. Paris. mas elha m’a (BdT 29. p. dans La Conscience de soi de la poésie. Activités de la chaire Odile Bombarde. cercle d’études médiévales « La Licorne ».720 MICHEL ZINK Participation à des colloques 4-6 octobre 2007. Actes des colloques de la Fondation Hugot. recherche et savoirs (Actes du colloque de Cerisy). Palazzo Guerrieri-Gonzaga. « Le Roman de Renard. « La chanson volée. « Nature et poésie au Moyen Âge » (13 février 2008).. Villa Lagarina (TN. — Université de Padoue. 24 mai 2008. Anc ieu non l’aic. « Les images du récit et l’esprit du poème : réflexions sur « l’histoire d’amour sans paroles » du manuscrit Chantilly. — Saint-Germain-en-Laye. « Poésie et psychanalyse : « ouvrez-moi cette porte… ». Claudio Galderisi et Michel Zink. p. Paris. Exposé d’ouverture. roman de la faim » (27 novembre 2007). Communication : « La Vie de sainte Élisabeth de Hongrie de Rutebeuf ». . Théâtre équestre Zingaro. « Rileggere il Medioevo ». — Université de Genève et Université de Zurich. Institut historique allemand — Institut hongrois : « Sainte Élisabeth (1207-1231). Académie des Inscriptions et Belles-Lettres). Paris. XIXe-XXe siècles ». dans Yves Bonnefoy. « Perspectives sur la littérature du Moyen Âge : à la recherche de la bonne distance » (22 novembre et 12 décembre 2007). Huit siècles de rayonnement européen ». séminaire international organisé par Anna Maria Babbi. XVIIIe colloque de la Villa Kérylos (Institut de France. Institut de France : « Les Académies en Europe au XXIe siècle ». maître de conférences Conférence : « Ces Messieurs de la Religion ».. republié pour avoir obtenu le prix de l’AIEF 2006). L’homme en tous genres. séminaire de M. 101. Bibliothèque de la Ville. — Université de Paris 3-Sorbonne nouvelle. p. p. Andrea Valentini. p. dans Claudio Galderisi et Cinzia Pignatelli dir. poétiques comparées. Université de Nancy III. — Université de Parme. t. la ‘Femme noire’ de Pierre Jean Jouve ». 2007. Brepols. (Colloque Baudelaire et Nerval. 2007.. « Sur la date et l’auteur du remaniement du Roman de la Rose par Gui de Mori ». Articles « Notice sur un manuscrit du Roman de la Rose acheté par la Bibliothèque nationale de France (n.a. Actes du IIe colloque de l’AIEMF (Université de Poitiers. Université de Zurich. 28047) ». à paraître en 2008. numéro thématique d’Itinéraires. La traduction vers le moyen français. 361-377 . Étude et édition des interpolations d’après le manuscrit Tournai. 27-29 avril 2006). 2007. n. 2007. 124. 14. 93-101. dans Cahiers de l’AIEF. 11. Bruxelles. 25-27 octobre 2007) « Du récit au poème. 353-365. s.. dans Romance Philology. 61. t. (Journée Visages de la poésie du XXe siècle. le Professeur Michel Zink. ingénieur de recherche Publications : Livre Le remaniement du Roman de la Rose par Gui de Mori. Conférences Collège de France. Académie royale de Belgique. t.LITTÉRATURES DE LA FRANCE MÉDIÉVALE 721 Colloques : « Mémoire fertile et souvenir rêvé ». « Anciens auteurs belges ». p. Spécificité du héros dans le roman occitan de Jaufré ». 24 janvier 2008) Catherine Fabre. 2006. 306 p. « Les gloses lexicales et philologiques dans la traduction de Valère Maxime par Simon de Hesdin » (28 mars 2008). conférence donnée à La Valette. « D’adolescent inconscient à chevalier inconstant.f. « Entre traduction et commentaire érudit : Simon de Hesdin ‘translateur’ de Valère Maxime ». Malte le 2 mai 2008. publication du Centre d’étude « Nouveaux espaces littéraires » (Université de Paris 13). « I monologhi del romanzo di Jaufre sono delle cansos ? » (5 mars 2008). dans Gary Ferguson dir. « Le récit comme poésie : les monologues lyriques dans quelques romans arthuriens en vers des XIIe et XIIIe siècles » (19 février 2008). Turnhout. 361-381 (publié une première fois dans Romania. 59. « The Medieval Translator ». . . ne se risquerait pas au-delà. vers la littérature comme action.Littérature française moderne et contemporaine : histoire. c’était une manière d’écarter un sujet qui n’avait pas été traité dans ce livre en réfutant toute récupération édifiante de la littérature. Plutôt que d’un tournant. critique. il pourrait s’agir . le scepticisme étaient donnés comme les seules morales littéraires possibles. professeur Cours : « Morales de Proust » Le cours a porté sur l’œuvre de Proust pour une deuxième année consécutive. après « Proust : Mémoire de la littérature » en 2006-2007. Morale et littérature À la veille du premier cours. un correspondant me rappela. que Le Démon de la théorie. et vers la critique comme pragmatique de la littérature. mais c’était aussi la preuve que la question se posait. l’irrésolution. se terminait par cette proposition : « La perplexité est la seule morale littéraire ». elle détruit les certitudes morales au lieu d’en donner ou de les consolider. qu’elle était ouverte. le doute. sujet risqué des deux côtés : du côté de la morale. Elle désillusionne et déniaise. qu’on ne le franchirait pas. À l’époque. La littérature ouvre à la perplexité morale — la complication. mais. Antoine Compagnon. et du côté de Proust. j’observais un tournant des études littéraires vers les usages et les pouvoirs de la littérature. Mais dans La Littérature. d’assurance éthique. car celui-ci a été longtemps tenu pour immoral ou amoral par la critique. Une double justification préalable fut donc nécessaire. pour s’étonner du titre de l’année et pour y relever une inconséquence. « Morales de Proust ». mais qu’on restait sur le seuil. La perplexité. la leçon inaugurale de la chaire donnée l’an dernier. pour quoi faire ?. théorie M. par opposition à toute forme de certitude morale. sur un sujet nouveau et tout autre. publié il y a dix ans (1998). l’embarras —. existentielle ou ontologique que pourrait procurer la lecture. car celle-ci a été longtemps tenue pour hors-jeu dans les études littéraires. perpétuée jusqu’au milieu du xxe siècle. On ne fait pas de littérature avec des bons sentiments. ce serait suffisant. La portée ou la valeur morale de la littérature relevait d’une tradition dont il était temps de se débarrasser : l’idée humaniste. il serait bien temps de me connaître. moins morale que moraliste ou moralisatrice. Le passage à l’éthique est un signe de l’âge. Mais c’est aussi un signe des temps : un « tournant éthique » a eu lieu dans les études littéraires au cours des années 1990. Mon attitude envers la littérature a changé. Qu’ai-je été ? Que suis-je ? En vérité. de l’ancienne critique. Après la théorie et l’histoire. d’un reniement ou même d’une trahison. pour un homme de ma génération grandi hors de la critique éthique et longtemps très éloigné d’elle. c’est la souveraineté de la transgression. On s’opposait autant à l’usage public et social qu’à l’usage privé et intime de la littérature. Hostiles à l’humanisme. qui tous deux impliquaient encore une éthique. en l’occurrence de la tragédie. qui rattachait la fonction de la littérature à son sens moral et qui définissait la catharsis — la purification ou purgation des passions et émotions. À présent je me dis que si ce qu’elle pouvait. il était démodé ou disqualifié au temps de ma formation : dans Critique et vérité. personnelles et collectives. s’était absenté de ces études depuis les années 1960 ou 1970 . La critique éthique était bourgeoise. pour le dire vite — comme un bienfait de la littérature. histoire littéraire et morale littéraire. Plusieurs explications peuvent être données de cet infléchissement. dressée contre la lecture éthique ou morale de la littérature. vision commune depuis Aristote. et elle réprouvait l’identification et l’empathie : un même discrédit frappait biographie et psychologie. On a longtemps cru qu’elle nous rendait plus intelligents. . la littérature nous rend meilleurs ! Quelle « moraline ». c’est l’expérience des limites. La nouvelle critique ignorait la psychologie des personnages au même titre que la biographie des auteurs. aurait dit Gide selon la rumeur. Roland Barthes s’élevait contre la morale défendue par l’ancienne critique. serait ainsi venu le temps de la critique. on se situait aussi après l’existentialisme et le marxisme. fût-ce une autre éthique : une politique de la littérature et une morale de l’engagement.724 ANTOINE COMPAGNON d’un revirement. ses normes implicites. Le « sujet ». je serais bien embarrassé de le dire. par exemple. ces deux ordres étant d’ailleurs solidaires et indémêlables : on croyait être original . » Un tournant moral engage un retour à soi. aux deux sens du terme. comme Stendhal commençait la Vie de Henry Brulard par ces mots : « Je vais avoir cinquante ans. Le structuralisme et le poststructuralisme tournaient le dos à l’éthique comme à la politique. suivant le mot de Nietzsche. idéologique. aliénante et aliénée : pensez-vous. c’était nous rendre meilleurs. c’est-à-dire de la réflexion sur les valeurs créées et transmises par la littérature. contre une vision de la littérature occidentale comme création et transmission de valeurs. non meilleurs. comme les deux faces. on s’aperçoit qu’on a tout juste été typique. Ma génération a donc été élevée. le recto et le verso. ses interdits bourgeois. qu’on vit mieux avec la littérature. On a longtemps pu se passer de poser des questions morales — en tout cas expressément morales — à la littérature. ou moins mauvais. La littérature. Le théâtre de Brecht cherchait à empêcher la résolution cathartique des émotions. du temps de l’existentialisme et du marxisme. Après la parenthèse. Ainsi l’éthique fut absente aux grandes heures de la théorie. Le narrateur de la Recherche du temps perdu le sait bien. L’interdit éthique n’était donc pas si contraignant que cela. des trois livres d’Aristote — message. La liberté et la responsabilité de l’écrivain étaient engagées dans le choix — éthique. une réaction éthique à la littérature est ordinaire et inéluctable : quand je lis un roman ou un drame. voici comment Barthes lui-même. revenue à la mode et qui définissait l’orateur par sa moralité comme vir bonus bene dicendi peritus. et la catharsis était vue comme un dispositif bourgeois. je m’intéresse aux conflits moraux qui se posent aux héros.LITTÉRATURE FRANÇAISE MODERNE ET CONTEMPORAINE 725 La fonction éthique de la littérature était déniée par la plupart des théoriciens : il y avait une illusion éthique auprès des autres illusions. de ses actions. aux choix auxquels la vie – vie fictive – les soumet : Phèdre dénoncera-t-elle Hippolyte ? Avec quelles conséquences ? Je les approuve ou bien je les condamne . nous ne cessons pas de lire ingénument comme si les livres pouvaient nous . permettait de passer à l’éthique. au Collège de France. Nous abordons la littérature avec un préjugé — une précompréhension herméneutique — en faveur de son interprétation morale. définissait cette dernière : « L’écriture est donc essentiellement la morale de la forme ». Plus platoniciens qu’aristotéliciens — la Poétique d’Aristote était restreinte à ses considérations formelles —. en tout cas je les juge. Mais la lecture morale de la littérature survivait de manière souterraine. ethos et pathos —. mais on n’a probablement jamais cessé de lire les fables de La Fontaine pour la morale. politique — d’une écriture plus ou moins bourgeoise ou neutre. Et il ne fut qu’une parenthèse vite refermée. un peu comme la religion dans les catacombes. de son voyeurisme ou de ses déloyautés. dans Le Degré zéro de l’écriture. et il ne s’imposait qu’à ceux qui le voulaient bien. Au reste. La lecture est une expérience. Nos habitudes de lecture sont héritées de la tradition morale depuis Aristote. même si elle restait implicite. à leurs dilemmes existentiels. on se méfiait des arts. ainsi s’intitula son premier cours. ou du « souci de soi » comme disait Foucault : « Vivre ensemble ». On n’en parlait pas ou on la réprouvait. les cours de Barthes étaient déjà marqués par le retour de l’éthique. L’éthique n’avait pas vraiment disparu. Sa conférence « Proust et moi » proposait sous ce titre non pas une comparaison. on insistait sur le premier au détriment des deux autres. et on les condamnait comme des manipulations. biographique. même si. ses lecteurs. référentielle et expressive. La rhétorique. de ses mensonges. le pas est sûrement trop vite franchi. dans les cours de français : on les dit aujourd’hui compromis par la pédagogie formaliste. et de morale à moralisante ou moralisatrice. qui rendent plus sensibles et non moins sensibles. mais une identification fondée sur l’usage moral du livre Proust pour se connaître soi-même. de son indifférence. une expérimentation et une épreuve morale. Avant elle. Aussi théoriciens que nous soyons. qui éprouve souvent le besoin de se justifier à nous. À l’école. l’universalisation ou la naturalisation du politique et de l’économique. La littérature — en particulier le roman — est une modalité privilégiée de la réflexion morale. Le récit et le roman ont ainsi longtemps servi à l’initiation morale des adolescents occidentaux. aliénée et aliénante. Il y a une éthique du récit par opposition à celle du traité ou du système. des lois et des paraboles. de la mauvaise foi. Ou encore : « La fonction du kantisme fut de justifier la morale bourgeoise en faisant d’elle la fille d’une raison législatrice de l’astronomie ». nous fournir un apprentissage moral. Et la poésie ? W. la pensée. Auden. certains philosophes moraux soutiennent même qu’elle est irremplaçable pour former le caractère. H. des vies. et notamment à la morale kantienne comme noyau de la morale faussement universelle : « […] toute la hardiesse de leur philosophie consista à identifier la société humaine. c’est-à-dire des rapports de classe et des valeurs d’un groupe. complexe et contextuelle. la mise en garde marxiste doit être prise au sérieux : l’éthique se confondrait avec l’idéologie . Elle doit être dépassée vers le politique. avec la morale bourgeoise. jugeait que la première question qui l’intéressait quand il lisait un poème était d’ordre technique : « Voici une machine verbale. L’éthique n’est jamais qu’une illusion intersubjective qui voile la réalité politique ou économique des commerces humains comme rapports sociaux. celle des règles et celle des récits. De façon que les attaques contre la société. de l’aveuglement sur sa condition. la morale humaines ». c’est-à-dire à l’exposition narrative ou dramatique de problèmes moraux. Paul Nizan s’en prenait ainsi aux philosophes bourgeois dans Les Chiens de garde. au sens le plus large. de l’hypocrisie ou de la duperie. que je citais déjà dans Le Démon de la théorie. toutes les raisons humaines possibles avec la raison bourgeoise. réflexion non systématique mais particularisante ou exemplaire. comme dans la Bible. incarnés dans des personnages. L’éthique est idéologique et bourgeoise . c’est une forme de la fausse conscience. La morale humaine. Comme telle. pour aller vite. toutes les sociétés humaines possibles avec la société bourgeoise. sous l’éthique.726 ANTOINE COMPAGNON donner des intuitions ou des idées morales. la morale bourgeoises parussent des attaques contre la société. se dissimulerait la légitimation. après les vies de saints et avant les jeux vidéo. Comment fonctionne-t-elle ? » Mais sa deuxième question était bien. comme si toute intersubjectivité — ainsi que toute subjectivité — était nécessairement factice. Suivant de très anciens modèles. trompeuse. morale : « Quelle sorte de type habite ce poème ? Quelle idée se fait-il de la belle vie ou du bon lieu ? Et quelle idée du mauvais lieu ? Que cache-t-il au lecteur ? Et que se cache-t-il aussi à lui-même ? » Morale et idéologie Certes. la raison humaine. l’instruction morale peut prendre deux formes. des subjectivités inventées et fictives. nous initier au contrôle de nos émotions. . La dimension éthique la plus évidente de la littérature tient au récit. la pensée. et de l’aliénation. . les nôtres. Suivant la déconstruction. Les valeurs ne sont pas intemporelles ni universelles. préalable. relatives. l’éthique est rejetée. la liberté et la responsabilité. il s’agit d’être plus intelligent. mais comme une aliénation. caractérisait certaines jolies bourgeoises pieuses et sèches que je voyais à la messe et dont plusieurs étaient enrôlées d’avance dans les milices de réserve de l’injustice » (I. et de savoir la prendre en défaut. figurent ici une allégorie du cant. autonome et rationnel. le moi ou le sujet est illusoire. XLVI). travestit la volonté de puissance d’un groupe. L’hypocrisie de moralité Proust n’était pas indifférent à ce travestissement de la morale. c’est-à-dire le pharisaïsme du Nouveau Testament. chap. 81). car elle élève en universaux — le bien et le mal — des valeurs particulières. puisque nous sommes sujets du système — linguistique et non plus économique — où moi et intention ne sont rien que des traces. à Combray. ou encore construites et. la phraséologie pieuse et l’affectation de bonté. comme l’intentionnalité et le choix. À propos des Vices et des Vertus de Padoue qui n’en ont pas l’air — passage essentiel pour la compréhension des morales de la Recherche du temps perdu —. en un mot. le sens des convenances. suivant l’excellente traduction de Stendhal (De l’amour. c’est-à-dire à la morale bourgeoise entendue comme principes et convenances. À l’école. Des deux bords. sur le modèle de la culture de masse et de la propagande. La Justice de Giotto et les bourgeoises de Combray. plus rusé qu’elle. théâtre du conformisme bourgeois. mais toujours contingentes. contre celles des autres : l’éthique déguise des rapports de domination. Il n’y a donc pas de sujet kantien. aliène et manipule. le narrateur décrit la Justice de Giotto en ces termes : « […] une Justice.LITTÉRATURE FRANÇAISE MODERNE ET CONTEMPORAINE 727 La critique déconstructrice de l’éthique est encore plus radicale : la subjectivité n’est pas un signifié transcendantal mais un simple effet de langage. les dames de patronage. La littérature n’est plus entendue non comme une libération. dont le visage grisâtre et mesquinement régulier était celui-là même qui. mais la méfiance à son égard. historiques et culturelles. La déconstruction de l’éthique humaniste comme impératif catégorique est ainsi accomplie : la moralité est fondée sur des concepts métaphysiques et des apories linguistiques. Il faut donc se méfier d’elle au lieu de lui faire confiance pour se libérer. Et la littérature. ou « l’hypocrisie de moralité ». on apprend non plus la confiance. contingentes. ou défense de l’ordre moral. et l’intérêt pour les personnages. idéologique ou métaphysique. suivant l’expression terrible de Stuart Hall. doyen des Cultural Studies angloaméricaines. trois scènes illustrent ce confort ou ce conformisme moral aliénant. en tant qu’éthique. Dès « Combray ». C’est le relativisme de toute morale qui disqualifie la lecture morale de la littérature. Elle fait de nous des « dupes de la culture » ou des « cultural dupes ». l’exécution d’une œuvre. 91-92). 10. la juste mesure. au milieu de la dissolution de tous ses préjugés moraux. La moralité de Combray relève de cette hypocrisie. 147). au dehors. M. parce que vous ressemblez à des tombeaux blanchis. scribes et Pharisiens hypocrites. comme les dames de patronage. Vinteuil » (I. amour-propre et bienveillance. 23. n’étant pas capables de faire pencher en ma faveur la juste balance des devoirs et des exigences de l’amitié sur un simple mouvement de leur imagination et de leur sensibilité. mais qui. l’ange du Jugement et le saint patron du baron de Charlus. avait longuement causé avec M. 13. qui ne m’enverraient pas inopinément une corbeille de fruits parce qu’ils auraient ce jour-là pensé à moi avec tendresse. Ces « bourgeoises pieuse et sèches » illustrent un lieu commun moral du Nouveau Testament : « Malheur à vous. dans la pure « hypocrisie de moralité ». Du moins c’est ce qu’elle prétend. 3) ou à la milice céleste. et Swann avec cette orgueilleuse charité de l’homme du monde qui. vous paraissez justes aux hommes. » L’ami du narrateur leur paraît trop émotionnel ou même hystérique. ne la fausseraient pas davantage à mon préjudice » (I. l’observance d’un régime. C’est l’habitude qui interdit les excès. 13). Swann. mais ils savaient d’instinct ou par expérience que les élans de notre sensibilité ont peu d’empire sur la suite de nos actes et la conduite de notre vie. Sa morale n’est pas coutumière : « Ils auraient préféré pour moi à Bloch des compagnons qui ne me donneraient pas plus qu’il n’est convenu d’accorder à ses amis. l’ensemble des Anges ayant saint Michel pour chef (Daniel. orgueil et charité. . La grande scène de cant à « Combray » a lieu lors de la rencontre de Swann et de Vinteuil : « Un jour que nous marchions avec Swann dans une rue de Combray. et que le respect des obligations morales. comme dans le fameux prologue de Gargantua. comme la balance de la justice : la morale bourgeoise n’accorde pas de privilèges. jouant contre le mariage de Swann ou les manières de Bloch : « Il n’était pas pourtant l’ami que mes parents eussent souhaité pour moi . Vinteuil qui débouchait d’une autre. mais elle ne commet pas non plus de préjudices. Ainsi vous. ardents et stériles. la fidélité aux amis. comme les principes de la famille du narrateur. qui au dehors paraissent beaux. confond ici vice et vertu. ne trouve dans l’infamie d’autrui qu’une raison d’exercer envers lui une bienveillance dont les témoignages chatouillent d’autant plus l’amour-propre de celui qui les donne. Mais Vinteuil n’est pas meilleur. s’était trouvé trop brusquement en face de nous pour avoir le temps de nous éviter . qu’il les sent plus précieux à celui qui les reçoit. ont un fondement plus sûr dans des habitudes aveugles que dans ces transports momentanés. mais au dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité » (Matthieu.728 ANTOINE COMPAGNON Les « milices de réserve » nous renvoient à la Bible. C’est l’habit qui ne fait pas le moine. 27-28). qui garantit l’équilibre. mais au dedans sont remplis d’ossements de morts et de toute immondice. ils avaient fini par penser que les larmes que lui avait fait verser l’indisposition de ma grand-mère n’étaient pas feintes . à la « Sainte milice » (Isaïe. Le narrateur n’est pas de ceux qui veulent faire des vices privés des vertus publiques. selon les règles de la morale bourgeoise . pour les contrebalancer. de l’hypocrisie de moralité des dames patronnesses. Montaigne. 825). en braves gens de même acabit) ils avaient l’air de sous-entendre qu’il n’était pas contrevenu à Montjouvain » (I. de l’identité et de la différence. tant les gens les plus sincères sont mêlés d’hypocrisie et dépouillent en causant avec une personne l’opinion qu’ils ont d’elle et expriment dès qu’elle n’est plus là. mes parents déplorèrent avec M. de nous déconcerter et de nous rendre perplexes ? Aussi ne confondons pas éthique et moralisme. La question éthique de la vie bonne était pour lui inséparable de la question politique et de la guerre civile : l’éthique et le politique étaient indémêlables. comme à Combray ? N’a-t-on pas besoin d’éthique — et de littérature — justement pour lutter contre le moralisme et le pharisaïsme ? Comme Proust le suggère souvent. en face de la méchanceté des bons. paternaliste. il y a heureusement la bonté des méchants. fût-elle laide et sotte. au contraire. Vinteuil le mariage de Swann au nom de principes et de convenances auxquels (par cela même qu’ils les invoquaient en commun avec lui. conservatrice. Une éthique peut être fondée sur la conscience de la différence avec l’autre. catégorique. un peu tory et de plus en plus surannée de la bonté ». sur l’honnêteté ou ce qu’on appelait jadis la beauté morale. cela ne signifie pas que la bonté fût moins sincère et moins ardente chez elle » (III. contre la raison d’État et le machiavélisme. avec la même enthousiaste vénération qui tient de spirituelles et jolies bourgeoises en respect et sous le charme d’une duchesse. nous dit-il. rappelant cette fois la parabole de la paille et de la poutre. aliénée. ajoute le narrateur. Tous deux sont pareillement victimes de la morale bourgeoise comme hypocrisie de moralité. dans « Des cannibales ». Les valeurs morales ne sont-elles donc jamais rien d’autre que de l’idéologie masquée ? Toute éthique est-elle forcément pharisienne. idéologique. le musicien prend en effet aussitôt sa revanche : « “Quel homme exquis”. d’une bonté de caste : « Mais. Montaigne liait la morale privée et la morale publique contre la cruauté . 147-148). sûre de son bon droit ? Tout jugement de valeur emporte-t-il une exclusion ? Ou bien n’est-ce pas le propre de la littérature d’ébranler les certitudes morales. ou celle des personnages de Dostoïevski qui sont incompréhensibles pour la reine de Naples avec sa « conception étroite. il défendait l’application d’une moralité privée dans la vie publique. La reine de Naples fait preuve d’une bonté aristocratique. sur la reconnaissance de l’autre. d’embarrasser le cant. Chacun des deux hommes connaît le défaut ou la fêlure de l’autre. et chacun se ment à lui-même. de l’aveuglement de Swann ou de Vinteuil. appelait à un retournement des valeurs.LITTÉRATURE FRANÇAISE MODERNE ET CONTEMPORAINE 729 Une fois que Swann leur a tourné le dos et que Vinteuil se retrouve seul avec les parents du narrateur. à la reconnaissance du même et de l’autre. celle de Charlus ou de la fille de Vinteuil et de son amie. quand Swann nous eut quittés. . conformiste. leur hypocrisie de moralité et leur cant. Mais toute éthique est-elle fatalement bourgeoise. celle de tous les pervers du roman. pharisienne. car cette bonté d’Ancien Régime tranche avec la fausse bonté des bourgeoises. “Quel homme exquis ! Quel malheur qu’il ait fait un mariage tout à fait déplacé !” / Et alors. hypocrite. « La parole est moitié à celuy qui parle. disait encore Montaigne (III. satisfaite de soi et moralisatrice. qui m’accompagnant une fois au Louvre. contre le roman à thèse. dans les idées morales. se sont élevés contre son usage édifiant. Il s’écrie encore : « Tous les imbéciles de la Bourgeoisie qui prononcent sans cesse les mots : “immoral. Baudelaire. Valéry ont fondé le refus de l’application de la littérature. qui a écrit le plus effroyablement pervers des livres. moralité dans l’art” et autres bêtises.730 ANTOINE COMPAGNON La « grande » littérature pourrait bien être celle qui empêche de s’ériger en juge et d’être catégorique dans ses jugements. la même profondeur de jugement et la même délicatesse de sentiment que les concierges et les filles entretenues. sûre de soi. je vous montrerai le portrait de l’honnête homme par excellence. et juste en face de celui de Madame de Genlis qui écrivit des contes moraux et ne se contenta pas de tromper la duchesse d’Orléans. L’éthique n’est pas fatalement pharisienne. laquelle était fort grande. me semblait ridicule. entre art et morale. La séparation de la moralité et de la littérarité est une idée à laquelle le narrateur tient et qu’il affirme à propos de Dostoïevski notamment : « Si je viens avec vous à Versailles comme nous avons convenu. Il ne s’agit même plus ici d’hiatus. Proust lui-même. morale. mais la supplicia en détournant d’elle ses enfants » (III. à l’identité et à la différence. et la théorie a été la queue de la modernité. / Seulement elle faisait autrefois de la contre-morale. contre l’art utile ou militant. travail L’avant-garde théorique jetait le soupçon sur l’usage moral de la littérature. a repris le flambeau : « L’idée d’un art populaire comme d’un art patriotique si même elle n’avait pas été dangereuse. celle qui nous ouvre à l’autre. et me tirant à chaque instant par la manche. Mallarmé. Précisons quand même qu’il n’y avait rien là de très nouveau. qui a fait écrire à Choderlos de Laclos Les Liaisons dangereuses » (IV. contre sa soumission à l’ordre moral. putain à cinq francs. de l’anti-bourgeois au bourgeois. par exemple chez les surréalistes. car le refus de la morale a été caractéristique de toute la modernité. me font penser à Louise Villedieu. Dans Mon cœur mis à nu. où elle n’était jamais allée. dans Le Temps retrouvé. Choderlos de Laclos. sur son instrumentation ou sa récupération idéologique. […] Ce n’est pas la bonté de son cœur vertueux. moitié à celuy qui l’escoute ». grâce à la littérature justement. Flaubert. » Passée d’une morale à la morale contraire. immoralité. et Baudelaire est lui aussi de ceux qui associent le roman au cant. me demandait. elle est toujours aussi moraliste. se mit à rougir. Baudelaire insistait sur leur incompatibilité et faisait de George Sand le type même du moralisme honni : « Sur George Sand. devant les statues et les . mais de chiasme. 466-467). — Aussi elle n’a jamais été artiste. 13). du meilleur des maris. 881). Elle a toujours été moraliste. / La femme Sand est le Prudhomme de l’immoralité. / […] Elle a. à se couvrir le visage. Hygiène. toute sa vie il a été à la recherche d’une Hygiène. le surintendant des Beaux-Arts. avant de tomber plus bas. une morale du « souci de soi » : « hygiène. mais non pas contre toute conduite morale. premier des modernes. la morale devient la conquête de soi ou la conduite de soi. revient souvent sur son sens de la discipline. car ils . Proust. c’est. Le Travail nous fortifie. qui donne le meilleur de lui-même sous une règle. sa foi dans le travail. Mais. Le Plaisir nous use. Et il n’y a que deux moyens pour échapper à ce cauchemar. morale. de considérer la minute présente comme la plus importante des minutes. L’idée est en effet ruskinienne : « Quand les hommes sont occupés comme ils doivent l’être. comme chez Baudelaire. 65). malade de la volonté. qui faisait revêtir les nudités des monuments publics. virgilien et stendhalien. comment on pouvait étaler publiquement de pareilles indécences. la dénonciation de l’art moraliste ne signifie pas l’absence de toute morale. velléitaire et procrastinateur comme Baudelaire. plaisir à se trouver avec les autres. Choisissons. et dans une autre de Matthieu : « Heureux les miséricordieux. comme Baudelaire. dans cette parole de Jean : « Marchez. pour l’oublier : le Plaisir et le Travail. Baudelaire défend une autre morale contre la moralité de l’art. II. / Que de pressentiments et de signes envoyés déjà par Dieu. Au contraire. avec des majuscules allégorisantes. qu’il est grandement temps d’agir. — À chaque minute nous sommes écrasés par l’idée et la sensation du temps. il n’est pas convaincu de la valeur morale de la liberté : « Je crois que nous mourons en effet. ascèse ou hygiène : « hygiène. L’article clé. Comme Ruskin. entre Plaisir et Travail. celle du Travail. conduite. mais de discipline ». de leur conversion réciproque. de la morale de Proust est annoncé dans Sodome et Gomorrhe I : « tout être suit son plaisir » (III. rappelant le vers de Virgile : « Trahit sua quemque voluptas » (Églogues. mais comme discipline. Il n’empêche que. répond-il en 1904 à une enquête. Baudelaire s’élève contre le moralisme de George Sand et du roman. comme les Vices et les Vertus ou comme Les Travaux et les Jours d’Hésiode travestis dans Les Plaisirs et les Jours de Proust. / Les feuilles de vigne du sieur Nieuwerkerke. optimisme.LITTÉRATURE FRANÇAISE MODERNE ET CONTEMPORAINE 731 tableaux immortels. » « Work while you have light » : dans sa préface à l’édition de 1871 de Sésame et les Lys. / — À Honfleur ! Le plus tôt possible. La liberté n’est pas bonne pour l’artiste. et Proust enchérissait dans sa traduction : « Et dès les plus bas degrés de l’échelle du travail. » Ainsi. s’il y a une morale de Proust. 35). et de faire ma perpétuelle volupté de mon tourment ordinaire. » Baudelaire se moque ici de l’amant de la princesse Mathilde. mais faute non pas de liberté. décrétait Ruskin dans Sésame et les Lys. leur plaisir naît de leur travail ». Du travail le plus humble naît un plaisir. pendant que vous avez la lumière » (12. » Proust n’a jamais abjuré la foi de Ruskin dans le travail : « Ce plaisir-là est satisfaction de soi. déjà chez Baudelaire. c’est-à-dire du Travail ! » Baudelaire fait l’apologie de la morale non pas comme devoir ni règles. 23). ou celle de la dialectique du Plaisir et du Travail. morale. c’est-à-dire le sens de sa vie et de son apostolat. Ruskin résumait le sens de son livre. quand vous le pourrez : travaillez.. non simplement la conscience de soi. il écrivait à son ami Georges de Lauris : « Georges. Il renvoie aussi à la moralité des comportements. […] non pas simplement comme agent. Parlant de littérature — de Baudelaire à Proust et au-delà —. Jugement moral et émotion morale Or Proust a été longtemps jugé immoral ou amoral. Il désigne d’abord le code moral.] étaient : “Travaillez pendant que vous avez encore la lumière” et “Soyez miséricordieux pendant que vous avez encore la miséricorde. sur les « pratiques de soi ». de Mauriac à Sartre — rappel historique qui a fait l’objet d’une autre leçon —. la manière dont on doit “se conduire”. dit en effet Foucault. sans une “ascétique” ou des “pratiques de soi” qui les appuient ». sur les « modes de subjectivation ». l’accent ne doit pas être mis sur le code moral qu’elle transmet. c’est-à-dire l’« ensemble de valeurs et de règles d’action qui sont proposées aux individus et aux groupes par l’intermédiaire d’appareils prescriptifs divers ». autre chose la conduite qu’on peut mesurer à cette règle. c’est-à-dire sur l’ascétique. mais la constitution de soi comme « sujet moral ». à la relation des conduites et des règles. de la littérature comme non édifiante. plus essentiel : « […] autre chose encore. […] dont on doit se constituer soi-même comme sujet moral ». sur l’exercice de la subjectivité et de l’intersubjectivité morales. précise-t-il. Or il n’y a pas de conduite morale.732 ANTOINE COMPAGNON obtiendront miséricorde » (5. Dans le roman. morale du Travail et Miséricorde. au « comportement réel des individus dans son rapport aux règles et valeurs ». mais bien sur la morale au troisième sens de Foucault. Tous ne suivent pas les règles de la même façon : un code étant donné. « il y a différentes manières de “se conduire” moralement. Ruskin a dit quelque part une chose sublime et qui doit être devant votre esprit chaque jour. comme peuvent l’être la famille et l’école. une action morale ne se résume pas en des actes conformes à des règles. plus subjectif. quand il a dit que les deux grands commandements de Dieu [. car c’est un troisième sens de la morale qui l’intéresse. Au moment de se mettre à son œuvre vers la fin de 1908. 7). dont ils obéissent ou résistent » : « Une chose. » Comme chez Baudelaire. est une règle de conduite . jusqu’à Bataille qui a fait de lui un héros nietzschéen défendant une morale souveraine contre la morale ordinaire. ni sur la moralité des comportements qu’elle décrit. « pas de constitution de soi du sujet moral sans des “modes de subjectivation”. Dans L’Usage des plaisirs. il y a chez Proust une autre morale. Proust ne devait jamais l’oublier. Foucault soulignait l’ambiguïté du mot « morale ». mais comme “sujet moral” de cette action ». Travail et miséricorde définissaient la réforme artistique et morale pour laquelle Ruskin milita. morale non du code mais de l’ascèse. Ainsi. mais implique un « rapport à soi ».” » Le même « beau commandement du Christ dans saint Jean » est repris par Proust dans une ébauche du début du Contre Sainte-Beuve : « Travaillez pendant que vous avez encore la lumière. » Mais ce n’est pas tout. l’artiste est en effet soumis à une autre morale que la morale .. à « la manière dont ils se soumettent […]. Il y a une morale de l’immoralité. que ce misérable musicien ait quitté le baron comme il l’a quitté. non pas pour une raison morale donc. et surtout le comportement de Morel. à la seule discipline de la construction de soi et de l’élaboration de son œuvre. La « morale artistique ». car il ne contribue pas à l’œuvre. Pourtant. il y a encore place dans la Recherche du temps perdu pour une émotion morale. dont il a le plus de remords. c’est-à-dire l’instinct de conservation de son talent. contrairement à elle. ni relève ni de la morale ordinaire ni de la morale extraordinaire. salement. malgré toutes les précautions du narrateur et ses tentatives de justification. scandalisent Jupien pour d’autres raisons qui soulignent elles aussi par contraste le mystère de la réaction du narrateur : « Non. qui lui est bien moins funeste. Pourtant. lui représente comme le plus coupable. cette révélation. Ce qui était une faute morale ancienne devient pour lui un choix de vie moderne. un code de l’honneur. morale supérieure. le snobisme est une faute plus grave que la débauche. Certes. lui fait « une peine infinie » (IV. un sens de l’honneur. Il ne porte pas de condamnation morale sur l’homosexualité de Saint-Loup. par exemple. Dès une note de Sésame et les Lys. bien plus que la débauche. le narrateur prétend se placer au-dessus de la morale ordinaire : « Personnellement je trouvais absolument indifférent au point de vue de la morale qu’on trouvât son plaisir auprès d’un homme ou d’une femme. Au-delà de la morale ordinaire et de la morale artistique. comme l’illustre l’un des épisodes qui ont le plus choqué les lecteurs et les critiques de Proust. Pourtant. La liaison de Robert et de Morel. dit-il. et c’est bien pourquoi il échoue à s’expliquer à lui-même ce qui l’affecte tant. Pour l’artiste. mais pour une cause difficilement explicable. irréductible à l’une ou à l’autre. Le narrateur amoralise la sexualité (moraliser un comportement. c’est l’universaliser et faire appel à la punition contre les transgressions de ce comportement). celui du bandit comme homme d’honneur et qui a son point d’honneur : « Jupien était sincère dans son indignation . chez les personnes dites immorales. 264). malgré sa doctrine morale souvent professée. » Morel a transgressé une autre morale que la morale ordinaire. Lorsque la vérité de la sexualité de Saint-Loup lui est indiquée par Jupien. L’expression rappelle la morale de Virgile et de Stendhal résumée déjà dans Sodome et Gomorrhe I sous la forme : « tout être suit son plaisir ». la liaison de Saint-Loup et de Morel blesse le narrateur. le coup de théâtre de la révélation de l’homosexualité de Saint-Loup dans Albertine disparue. 257). cette distinction nietzschéenne reprise par Bataille n’est pas encore suffisante.LITTÉRATURE FRANÇAISE MODERNE ET CONTEMPORAINE 733 commune. et trop naturel et humain qu’on le cherchât là où on pouvait le trouver » (IV. 256). le snobisme ou le carriérisme est décrit comme « le vice le plus grave pour l’homme de lettres. ce qui désole le narrateur n’est pas de cet ordre. mais encore un code moral. c’était son affaire. les indignations morales sont tout aussi fortes que chez les autres et changent seulement un peu d’objet. choix . se situe au-delà du bien et du mal. celui que sa morale instinctive. Il y a des choses qui ne se font pas » (IV. Mais se tourner vers le neveu. on peut bien le dire. l’ordre et l’échelle des vices étant dans une certaine mesure renversés pour l’homme de lettres ». De tout autre. on a moralisé d’autres choses. en situation. nouvelle parue dans La Revue blanche en 1893 et non recueillie dans Les Plaisirs et les Jours — sans doute à cause de cela —. Le doute que me laissaient les paroles d’Aimé ternissait toute notre amitié de Balbec et de Doncières. du temps de leur amitié. ou plutôt le narrateur repense à cette information qu’il avait d’abord niée. mais en même temps nous les comprenons. n’est-ce donc pas qu’il moralise certains comportements qui ont été ici transgressés par Saint-Loup ? La tentative de rationalisation échoue. On ne peut pas dire parce que la plupart des gens voient les objets qualifiés rouges. rationalisé. C’est cette amoralisation du plaisir qui a été perçue par les moralistes des années 1930. en repensant à ces histoires du lift et du restaurant où j’avais déjeuné avec Saint-Loup et Rachel j’étais obligé de faire un effort pour ne pas pleurer » (IV. comme l’acte de fumer. justifié par le narrateur. 264). » Cette analogie entre les couleurs et les désirs était prémonitoire et servait à naturaliser toutes les formes du désir. Restent pourtant cette émotion et ces larmes inexpliquées. Mais je pleurais en pensant que j’avais eu autrefois pour un Saint-Loup différent une affection si grande et que je sentais bien. de Mauriac à Sartre. ou de porter des fourrures.. Dès . sa liaison avec Charlie n’eût dû me faire aucune peine.734 ANTOINE COMPAGNON raisonné. Et pourtant je sentais bien que celle que j’éprouvais eût été aussi vive si Robert était resté célibataire. à ses nouvelles manières froides et évasives. rouges. toujours aussi vive : « L’apprendre de n’importe qui m’eût été indifférent.] il n’est pas moins moral — ou plutôt pas plus immoral qu’une femme trouve du plaisir avec une autre femme plutôt qu’avec un être d’un autre sexe. irréductibles à la morale artistique comme à la morale ordinaire de bourgeois et à la morale extraordinaires des bandits. 266). depuis qu’ils étaient devenus susceptibles de lui donner des désirs. face au raisonnement. Si on a aujourd’hui amoralisé la sexualité. Que nous disent cet échec de la rationalisation morale et cette émotion mystérieuse et récurrente ? Que. dans « Avant la nuit ». ne pouvant plus lui inspirer d’amitié » (IV. Puis Aimé lui apprend les aventures de Saint-Loup et du liftier dès la première année à Balbec. Il est naturel que tout être cherche son plaisir là où il peut le trouver : « Si donc Robert n’avait pas été marié. La cause de cet amour est dans une altération nerveuse qui l’est trop exclusivement pour comporter un contenu moral. de manger de la viande. Si le narrateur pleure. et l’émotion le saisit à nouveau. les hommes. on ne manque pas d’en moraliser d’autres. Ces larmes nous surprennent. Déjà. subsiste telle quelle une intuition morale particulière. de n’importe qui excepté de Robert. que ceux qui les voient violets se trompent. au jugement moral universalisable. ou comme une attaque de la moralité. l’amoralisation des conduites avait cours : « [. comme une démoralisation. et bien que je ne crusse pas à l’amitié. Mais quand on amoralise certains comportements. ce qu’il faisait m’eût été bien indifférent.. qu’il ne me rendait plus. ni en avoir jamais véritablement éprouvé pour Robert. on devient utilitariste et froidement rationnel. 794). rouges. La distinction entre le bien et le mal a-t-elle plus de réalité que celle du rouge et du violet ? Mon intérêt dans la Recherche du temps perdu — cette année — est donc allé non pas vers une morale ni vers une moralité de Proust. . Nombreuses sont dans le roman les situations de trouble moral. comme le prouvent ses larmes. tout simplement la beauté morale. surpris. à une émotion singulière. incapable d’expliquer la réaction que l’intuition morale a décidée en lui en dépit du jugement moral. jugeait Proust dès Les Plaisirs et les Jours. ou si quelques gènes nous manquaient. Nos intuitions morales sont instinctives. Il a bien. le calcul mental. interloqué. Si les lobes frontaux sont endommagés et que les émotions sont émoussées. soutiennent-ils. contrairement à ce qu’il avance dans La Prisonnière : « […] le sentiment de la justice. l’une rationnelle et l’autre émotionnelle. l’honnêteté. notre réaction serait différente. que ceux qui les voient violets se trompent ». Les larmes sont le signe de cette impossibilité.LITTÉRATURE FRANÇAISE MODERNE ET CONTEMPORAINE 735 qu’elles tombent. comme si nous avions un sens moral inné résultant de l’évolution. l’intuition morale. mais il reste quelque chose. car la même comparaison est faite aujourd’hui par des biologistes pour montrer que certaines parties de notre expérience subjective sont le produit de notre équipement biologique et n’ont pas de contrepartie objective dans le monde. mais il n’en verse pas moins des larmes irraisonnées face à la révélation de l’homosexualité de son ami Saint-Loup. le conflit qui oppose la rationalité (la raison. Ce genre de conflit. le raisonnement. la pureté. Toutes les fausses raisons de l’émotion ont été écartées. et si notre espèce avait évolué différemment. Beaucoup de larmes sont aussi répandues à la fin d’« Avant la nuit ». ou. tandis qu’une autre partie du cerveau se réserve les facultés cognitives. décontenancé. le mariage et l’amitié. elles deviennent nécessaires et elles nous convainquent. un sixième sens moral. dérouté. « On ne peut pas dire parce que la plupart des gens voient les objets qualifiés rouges. La différence entre le rouge et le violet est un trait de notre système nerveux commun. le raisonnement ou la rationalisation). ce qui n’est visiblement pas le cas du narrateur. Saint-Loup a trahi quelque chose que le narrateur ne sait pas exprimer. est analysé aujourd’hui par les neurosciences contemporaines qui ont repéré des zones du cerveau associées à l’émotion et d’autres zones dévolues à l’analyse rationnelle. représenté dans les larmes. m’était inconnu » (III. stupéfait. mais vers les conflits qui naissent de manière récurrente dans son roman entre un jugement moral rationnel et une intuition. comme les couleurs ou. La coïncidence est étonnante. un autre sens moral qui a été trahi : la loyauté. en un mot. ou de conflit entre deux moralités. la décision. Le narrateur est capable d’une approbation raisonnée de l’homosexualité en général. comme presque nous tous. Les larmes montrent la tension. Une partie des lobes frontaux est liée aux émotions. L’imagerie cérébrale permet d’observer l’impact de l’émotion sur la raison. la sincérité. Le narrateur est déconcerté. jusqu’à une complète absence de sens moral. une émotion ou un sentiment moral. en l’occurrence la tolérance du narrateur pour tous les plaisirs et désirs. « ces figures symboliques de Giotto dont M. Tours. « Petites sociologies morales dans la Recherche ». . que j’ai eu mon plus grand amour. 15 janvier 2008. de révolte contre une injustice. 22 janvier 2008. qui le fait souffrir. de l’autre côté la moralité du malheur. 619). quand le héros rejoint sa mère au dernier moment. Odette. Et la surprise cède aussitôt devant la nécessité de l’émotion morale. impurs. Jacques Dubois. est habituel et constant chez l’homme. 375). Cette perplexité est une variante du conflit de la raison et du sentiment.. à travers une série d’études de cas. c’est-à-dire de l’amour. « Amoralités proustiennes ». il s’écria en lui-même : “Dire que j’ai gâché des années de ma vie. a permis de prolonger et de préciser l’examen des morales de Proust. Ce sont donc des cas de perplexité morale dans le roman de Proust qui ont fait l’objet d’analyses rapprochées. pour une femme qui ne me plaisait pas. qu’il avait vu éprouver autrefois par sa propre mère. Swann m’avait donné des photographies » (I. ces yeux tristes. étant entendu que vices et vertus ne sont jamais tranchés. il n’y a personne qui puisse être plus insupportable ou plus gentil que ce petit-là. disait Montaigne. dans Albertine disparue.” » Séminaire Le séminaire. qui s’est tenu douze semaines à la suite du cours et sur le même sujet. « Proust et l’écriture du mensonge ». Philippe Chardin.736 ANTOINE COMPAGNON En voici un autre exemple dans unes des phrases les plus célèbres du roman. elle donne lieu à la même réaction de surprise que quand on apprend que Madame Swann et Odette de Crécy ne font qu’un : « Madame Swann ! Cela ne vous dit rien ? Odette de Crécy ? — Odette de Crécy ? Mais je me disais aussi. Mais savez-vous qu’elle ne doit plus être de la première jeunesse ! Je me rappelle que j’ai couché avec elle le jour de la démission de Mac-Mahon » (I.. Telle est aussi la conclusion de l’épisode de Sole mio à Venise. de la bonté et de la méchanceté. 263). Saint-Loup sont à la fois le mal et le remède. 29 janvier 2008.Marc-Bloch. qui n’était pas mon genre !” » (I. Université de Liège. comme « cette Odette sur le visage de qui [Swann] avait vu passer les mêmes sentiments de pitié pour un malheureux. coupés. Luc Fraisse. Le mélange des vertus et des vices. D’un côté la muflerie du jugement ou du choix rationnel : elle n’est « pas mon genre » . de gratitude pour un bienfait. que j’ai voulu mourir. mais qui est aussi une femme entretenue et cruelle. ta pauvre grand-mère le disait : C’est curieux. 413). 80). Pour le lecteur. dit-elle. Université Strasbourg II . Université François-Rabelais. mais toujours indistincts. suivant cette sentence : « On devient moral dès qu’on est malheureux » (I. des cas que nous avons rangés sous la liste des Vertus et des Vices de Padoue. du bien et du mal. après l’avoir fait souffrir : « “Tu sais. tout simplement la clausule d’« Un amour de Swann » : « Et avec cette muflerie intermittente qui reparaissait chez lui dès qu’il n’était plus malheureux et que baissait du même coup le niveau de sa moralité. Albertine. par ses amis » (I. Université de Londres. « Roman et mémoire ». University of Manchester. Université de Bordeaux III. Queen Mary College. 11 mars 2008. « Israël avant Israël ». Collège de France. 26 février 2008. Edward Hughes. Barcelone. no 83. « Les ennemis de Zola ». New York. « Les programmes : élaboration et contenu ». Acantilado. avril 2008. Joshua Landy. Université Paris VII . Maya Lavault. mai 2008. 12 février 2008. mais toujours pointures” : Montaigne et l’Ecclésiaste ». juin 2008. Université de Parme. Université Grenoble III . « Fables animales proustiennes ». Collège de France. « L’aveuglement volontaire ». Society of Dix-Neuviémistes. Université Stanford. Mireille Naturel. octobre 2007. trad. . « Après les antimodernes ». « L’histoire littéraire des écrivains ». Conférences « L’autorité ». « Roman et mémoire ». « “Un égoïsme utilisable pour autrui” : le statut normatif de l’auto-description chez Proust ». Los Ensayos. 2007. « “Vaines pointures. « La traversée de la critique ». Publications Articles « Préface » à Montaigne. Rome. novembre 2007. Raymonde Coudert. Katholieke Universiteit. Université de Tel Aviv. « Maintenir le canon ». 5 février 2008. 19 février 2008. « C’est à l’influence de quelqu’un qu’on juge de sa moralité ». 2008. « Roman et mémoire ». mars 2008. novembre 2007. octobre 2007. 18 mars 2008. Jon Elster. École normale supérieure.Proust et retour ». 25 mars 2008. J. Universidad Complutense. Françoise Leriche. Leuven. « Thibaudet à Genève ». mars 2008. co-organisation du colloque Paris IV-Sorbonne Columbia University. Université Columbia. « Moralité de la lecture : de la vision pédagogique de Ruskin à la complicité proustienne ». « Proust et la morale publique ». Pouvoirs (« L’Éducation nationale »). éd. Collège de France. avril 2008. Université Paris III . « La théorie baudelairienne des nombres ». mars 2008. « Histoire de crimes proustiens ». Université Paris IV .Sorbonne-Nouvelle. juin 2008. juin 2008. Université de Genève. Collège de France. Bayod Brau.Stendhal. 1er avril 2008. « Michel Butor : Montaigne . 4 mars 2008. 2007. Bibliothèque nationale de France. « Les mauvais sujets ». « Perspectives sur la culture populaire ».Sorbonne. Mariolina Bertini. La Licorne (« Baudelaire et les formes poétiques ». Yoshikazu Nakaji). no 122.Denis-Diderot. Società Universitaria per gli Studi di lingua e letteratura francese.LITTÉRATURE FRANÇAISE MODERNE ET CONTEMPORAINE 737 Élisabeth Ladenson. Madrid. co-organisation du colloque de rentrée. Membre de la commission sur la condition enseignante (commission Pochard). « Proust et le fait littéraire ». Président de la commission « Littérature classique et critique littéraire » du Centre national du livre (CNL). « Proust et la transposition de l’image à l’écriture : autour des éléments asiatiques ». Paris IV. AC. 2007. mars 2008. Membre du conseil scientifique de l’Institut des Hautes Études pour la Science et la Technologie (IHEST). « Comme la souffrance va plus loin en psychologie que la psychologie ! ». Mireille Naturel. 14 mars 2008. Tribunes « Le déclin français vu des États-Unis ». 2008. Université Paris Ouest. 2007 . Paris IV. Paris IV. février 2008. histoire et féerie : retour sur Les Bienveillantes ». Académie des inscriptions et belles-lettres . Membre du conseil scientifique du Collegium de Lyon. Critique (« Bergson »). Jacqueline Carroy et Nicole Edelman. no 120. « Nazisme. éd. « Thibaudet chargé de reliques ». 30 novembre 2007. no 726. 2008. . éd.738 ANTOINE COMPAGNON « Proust et la légende des siècles ». Membre du conseil scientifique de la Fondation des Treilles. Thèses soutenues sous la direction du professeur Jean-Baptiste Amadieu. « Le langage du corps dans À la recherche du temps perdu de Marcel Proust ». Le Figaro. Marcel Proust. Critique. « Les sciences humaines entre universités et CNRS ». Jean-Louis Cabanès. éd. « Vies parallèles ». Autres responsabilités Membre du Haut Conseil de l’Éducation. janvier 2008. « Montaigne ». Président du conseil scientifique de l’École normale supérieure. Insel-Verlag. Le Débat. juin 2008. Paris IV. 2008. Paris IV. Die Legende der Zeiten im Kunstwerk der Erinnerung. Les Frères Reinach. « L’Index romain et la littérature française de fiction au xixe siècle ». Paris IV. « Joseph Reinach et l’éloquence française ». « Les inventions techniques dans l’œuvre de Marcel Proust ». 21 juin 2008. Young-Hae Kim. décembre 2007.De Boccard. Commentaire. 23 janvier 2008. Hiroya Sakamoto. Frankfurt. décembre 2007. Paris IV. « Pour une poétique du hasard objectif ». Liza Gabaston. Le Monde des livres. Le Monde. Karlheinz Stierle. juillet 2008. tant vaut l’école ». Maxime Abolgassemi. no 732. Sophie Basch. HDR. 2008. Psychologies fin de siècle. « Tant vaut le maître. Michel Espagne et Jean Leclant. Yoko Matsubara. 2007. Membre du Haut Conseil de la Science et de la Technologie. Le Monde. « Proust et Racine : les références raciniennes dans les écrits de Proust ». no 150. à l’édition scientifique des Réflexions sur la littérature de Thibaudet. Au cours de ces deux années. M.LITTÉRATURE FRANÇAISE MODERNE ET CONTEMPORAINE 739 M. occupé par Jean-Baptiste Amadieu. Jean-Baptiste Amadieu. Dans la continuité de cette étude. il mena à terme une thèse de doctorat entreprise sous la direction du professeur et portant sur les archives inédites de la Congrégation romaine de l’Index. Ce travail qui éditait et commentait les fonds de la censure ecclésiastique concernant les œuvres littéraires françaises du xixe siècle examinées par le Saint-Siège. Amadieu collabora également à l’organisation du séminaire. la chaire lui accorda un séjour de recherche pour explorer les archives du Saint-Office récemment ouvertes pour le pontificat de Pie XI : examens censoriaux de Mauriac. ATER La chaire de Littérature française moderne et contemporaine compta pour la deuxième année consécutive un poste d’ATER. Gide. fut publiquement soutenu le 30 novembre 2007 et reçut les félicitations unanimes du jury. agrégé de Lettres modernes. et à l’édition des actes des séminaires de la chaire. . Claudel et Bernanos. . Littératures modernes de l’Europe néolatine M. par E. du degré. 2. de numero. 2007. du nombre. Dunod. de l’ordre des parties de l’univers. De hominis dignitate. dans la civilisation de la Renaissance (dans ses bases classiques et médiévales et dans sa réception moderne et contemporaine). 2002) . Carlo Ossola. 2004. avec la plus haute capacité philosophique 2 ». n° 2. Kabbalah and Interpretation. 176-177 : « ubi [Moses] vel ex professo de rerum omnium emanatione a Deo. professeur Renaissance et création 1. sur ce thème. G. et récemment de Giulio Busi. Paris. je cite de la traduction française par André Chastel. 1942. se sont trouvés confrontés les mythes de la Renovatio et de la Genèse. « Pic de la Mirandole et l’“Heptaplus” ». Les Kabbalistes chrétiens de la Renaissance. de François Secret. p. qui continue admirablement la tradition patristique des « hexamérons ». Nino Aragno. soulignant en elle — selon la récente résurgence humaniste de la tradition judaïque 1 — l’émanation nécessaire d’un « ordre du monde ». Garin. Heptaplus. L’enigma dell’ebraico nel Rinascimento. La Colombe. que Pic reconduit à la Genèse. 99 [avec une petite modification]. New Haven. Le projet figuratif de Michel-Ange n’a pas seulement un caractère apologétique. Les Cahiers d’Hermès. 1. Torino. 1963 . 1489. Yale University Press. à quelques lustres de distances. Pico della Mirandola. de gradu. De septiformi sex dierum geneseos enarratione. là où Moïse « traite expressément de l’émanation de toute chose à partir de Dieu. les nombreux essais de Moshe Idel (et notamment Absorbing Perfections. d’un côté par la Naissance de Vénus de Botticelli et de l’autre par les fresques de la Création sur la voûte de la Sixtine de Michel-Ange). . « Orgiasme » Le cours a étudié les modes littéraires et figuratifs à travers lesquels. p. reprint Torino. de ordine partium mundanarum altissime philosophatur » (texte latin en regard du texte italien) . de Jean Pic de la Mirandole. De Ente et Uno. Nino Aragno. Voir. de la création divine ou du retour de la mythologie classique (idéalement représentables. 1947. mais il est la continuation et l’accomplissement de la plus haute méditation de l’Humanisme italien : il suffit de rappeler l’Heptaplus. (…) si sarebbe quasi morto di fame » . circonscrire cette période allant de la fin du xve siècle à la 3. essendo ostinato a quella parte e facendo (come si chiamavano allora) il piagnone. 2005. come ottimo cristiano che egli era. dans l’historiographie moderne relative au xvie siècle. che ciò fu causa che egli abandonando il dipignere e non avendo entrate da vivere. citation vol. Die Kathedrale als Zeitenraum. II. p. d’une part. il faudrait. 308. Sandro prit parti pour cette secte. fr. La vita di Michelangelo nelle redazioni del 1550 e del 1568. commentée sous la dir. par Paola Barocchi. pour comprendre la nature des tensions qui. « Livre IV ». de la Vénus de Botticelli aux Fureurs héroïques de Giordano Bruno). p. 2 vol. 1972 (trad. trad. d’autre part. et simplement. à l’inverse. in Les Vies des meilleurs peintres. et — une fois encore — entièrement traversé par l’expérience savonarolienne : […] la meilleure [gravure] est le Triomphe de la foi de frère Jérôme Savonarole de Ferrare. comme on disait alors. il s’abstint de travailler. « Livre IX ». et ebbe in gran venerazione l’opere scritte da fra’ Girolamo Savonarola. it. trad. puisque là aussi Vasari (bien que dans le cadre de son apologie des Médicis) nous montre un tableau biographique bien plus contrasté. Accademia Senese degli Intronati. Ricciardi. I. Roma. Vasari. 1991. . le piagnone. sculpteurs et architectes. idéalement.742 CARLO OSSOLA Cette tension apocalyptique qui entoure de Prophètes et de Sibylles les scènes de la Genèse a pu être suggérée par les marbres polychromes du Duomo de Sienne 3 — comme si Michel-Ange avait porté à hauteur de plafond cette “histoire sacrée” qui à Sienne était au niveau du pavement —. et. peintre florentin. Ohly. di sorte che se Lorenzo de’ Medici (…) non l’avesse sovvenuto. Newton Compton. 121 . sculpteurs et architectes. A. obstinément attaché à ce parti et faisant. Vie de Sandro Botticello.. 1962. Il Duomo di Siena. Milano-Napoli. n’ayant plus les moyens de gagner sa vie. Il se retrouva vieux et pauvre et. Il [Michel-Ange] prenait grand plaisir à la Sainte Ecriture en excellent chrétien qu’il était et il eut une grande vénération pour les écrits du frère Jérôme Savonarole dont il avait entendu la voix en chaire 4. si diviò dal lavorare : onde in ultimo si trovò vecchio e povero. du Michel-Ange de la Sixtine au Tasse du Mondo creato et la Renaissance. Siena. I. il sombra dans le plus grand désordre. Arles. En effet. alimentent la polarité Création — Renaissance (et tout autant la lecture de leurs emblèmes : la création. 5. precipitò in disordine grandissimo. p. vol. d’André Chastel. si Laurent de Médicis ne l’avait soutenu […]. le versant “païen” de la Renaissance florentine. Vasari. de la prédication alors récente de Jérôme Savonarole : Dilettossi [Michelangelo] molto della Scrittura sacra. Perciò che. p. cit. G. Actes Sud. Coppola. On pourrait même suggérer que. selon la Vie de Michel-Ange de Vasari. il serait quasiment mort de faim 5. La cattedrale come spazio dei tempi. 494]. per avere udito la voce di quel frate in pergamo. 261 [« (…) onde il meglio che si vegga di sua mano è il trionfo della fede di fra’ Girolamo Savonarola da Ferrara : della setta del quale fu in guisa partigiano. Vie de Michel-Ange Buonarroti. ce qui l’amena à abandonner la peinture. on ne peut soutenir que Botticelli représente. 4. in Les Vies des meilleeurs peintres. de M. G. mais surtout elle tire son caractère d’“héroïque terribilité”. Zum Dom von Siena. vol. et éd. 1979). . Par ailleurs. Je renvoie à F. Cf. Napoli. 9. [Giordano Bruno]. En effet. Il s’agit de 45 feuillets de notes remontant au séjour en Italie de Warburg et de Gertrud Bing (Rimini. donnée à la Bibliotheca Hertziana de Rome en mai 1929. à quatre heures du matin. 2005. XVI-XVII. . Genèse et Apocalypse recueillies en un seul espace-temps) sont bien loin d’avoir trouvé une appréciation historiographique satisfaisante. A..929. mais elle offre également au lecteur quelques précieux inédits. 7. composé de 45 feuillets. Orvieto » fournissent une confirmation de quelques-unes des étapes du voyage. chacun avec ses détracteurs. De Laude. liées par ailleurs à la présence à Rome de Curtius 8). Continuità e variazione : studi su Ernst Robert Curtius e Aby Warburg. Désormais. La note. que l’école d’Aby Warburg semblait pourtant avoir imposée à l’historiographie des arts du xvie siècle. Begreifen] ». Perseus) ». 2007. placée en ouverture du cahier (op.LITTÉRATURES MODERNES DE L’EUROPE NÉOLATINE 743 fin du xvie entre les deux dates de deux bûchers : celui de Jérôme Savonarole (1498) et celui de Giordano Bruno (1600). d’après laquelle sont traduites les citations de Warburg. Solimene. Capoue. Orvieto. je cite de l’Introduzione de Maurizio Ghelardi. de nouveaux clairs-obscurs surgissent maintenant autour de la “Renaissance païenne”. par M. Le 26 octobre 1929. ou “Esthétique de l’énergie comme fonction logique dans le problème de l’orientation chez Giordano Bruno” : j’ai enfin choisi le titre de ma leçon inaugurale 7. le second volume de la traduction italienne des écrits d’Aby Warburg 6 — le premier a paru en 2004 chez le même éditeur — présente non seulement une vaste anthologie de la dernière partie de son activité de recherche et de sa vie. Ces notes indiquent immédiatement une direction forte de “lecture” de Giordano Bruno : « Renforcement de la révolte à travers l’action de saisir 9 » .Warburg. vol. Deux photographies de Warburg et Gertrud Bing. entre l’automne 1928 et le printemps 1929). datées respectivement « November 928 » et « 19. Si la question savonarolienne et le “prophétisme” michelangelesque (de la voûte de la Sixtine au mur du Jugement universel. Ghelardi. Torino. cit. et d’une feuille libre sur laquelle on peut lire : « Giordano Bruno. S. A.III. Rimini. » Il allait mourir seulement quelques heures plus tard. carnet de notes. p. chacun avec ses apologistes. Auffahrt 1929 (Mithras. Il convient en revanche de prêter attention ici au cahier concernant Bruno. 923). Ibid. dont les principaux sont les trois versions de sa conférence sur Ghirlandaio. Toutes les indications de page infra renvoient à cette édition. ascension et déification par le recours au mythe orphique de connaissance et de sacrifice : 6. 8.. p. et un cahier de notes fiévreuses sur Giordano Bruno. il notait : « Persée. Naples. Nino Aragno. l’œuvre de Warburg et son importance sont trop connues pour qu’il soit nécessaire de revenir sur l’emblématique conférence “hertzienne” (à laquelle Silvia De Laude a consacré d’importantes études. explicite la note de la ligne précédente : « Saisir et comprendre [Griff u. à la plume et au crayon. Warburg. Rome. II : La rinascita del paganesimo antico e altri scritti (1917-1929). qui a accompagné le savant — comme le retrace finement Maurizio Ghelardi dans son Introduzione — jusqu’à la veille de sa mort. Opere. impératif catégorique ou bien à le poser comme le défenseur d’un dionysisme “non endeuillé” : « Rétablissement de la dynamique / humaine (il ne s’agit pas de l’endeuillement) passionnelle / Giordano Bruno » 14. sous la dir. “brunienne”.. » 10.. / auprès des forces qui demeurent. 8 mai 1929 » et ayant pour titre Giordano Bruno. 14. les sans trêve. — et nulle part ne peut se refermer le cercle » (II. 15. note datée « Naples. und nirgends schließt sich der Kreis »]). Paris. hésitant à le situer. «Bruno // L’acte de l’adhésion héroïco-érotique au chaos et la Hylè / acte originel créateur du détachement qui produit l’espace de la pensée 16. 615).. Bruno) 11. Ibid. p.V. note du « 20. vol. de l’Ouvert de Rilke : « Tout est distance. du reste. parvenu au point où Actéon de prédateur devient proie de la solitude pensante 15 » . note du « 17. En français dans le texte de Warburg. p. face à don Quichotte. trad. où souffle — comme motif conducteur — le « Wolle die Wandlung » (II. 957. 975. note du « 23. Gallimard. note datée du « 12 mai 1929 — ai fini avec Gertrud Bing la lecture des Fureurs héroïques ».. et une lecture différente. 11. p.V. » La figure du Nolain frappe tant l’esprit de Warburg qu’il en demeure indécis. note du « 2. » Et presque à la même date : « Un jour : liquidation des ténèbres grâce à la lumière extérieure (Mithra) et à celle intérieure (G. 1928 don Quichotte Chevalier errant 12 du concept d’infinité “Défi” Giordano Bruno Hygin moralisé sur le fondement humain individuel à travers une émulsion dynamique la réforme de l’humaine causalité figurative Naissance de l’impératif catégorique 13. 941. A. XII. 930. trad.V. XX. p.744 CARLO OSSOLA « L’ascension imaginaire et le sacrifice en tant que pratique 10.. cit. 1929 ». 963.. 13. On peut. cit. 1928 ». 976). p. . p. [Giordano Bruno]. XII.. in Œuvres poétiques et théâtrales.. Ibid. / nous avons valeur de divin usage » (Sonnets à Orphée. 12. Ibid. Sonnets à Orphée. XII : « Veux la métamorphose » . La note doit être complétée par celle du jour suivant : « Transformation d’Actéon comme acte intuitif et totale adhésion à la contemplation [Schau] » (ibid. p.1929 Naples »]. je cite de la traduction de Maurice Regnaut. 606). XII. 610-611 [« Alles ist weit -. p. Warburg. II.. 1929 ». C’est là un thème qui mériterait de vastes recherches. 1997. Ibid. Il est indubitable qu’ici résonne le souvenir des Sonette an Orpheus de Rainer Maria Rilke. p. p. qualifier de très “brunienne” la conclusion du sonnet XXVII de la Deuxième Partie : « Tels que nous sommes. édités en 1923. jusqu’à le représenter comme un précurseur de Nietzsche : « Dans les Fureurs héroïques. 1928 ». 16. 979 [« 18. Ibid. cit. de Gerald Stieg. in Opere. parmi les fondateurs de l’impératif catégorique : Rome 2. 22. Dostoïevski.XII.1928 »]. du côté orphico-sacrificiel de la tradition classique : Actéon Daphné transformation poursuite mort 17. Warburg. texte inédit publié maintenant in Opere. Warburg penche. 19. brunianonietzschéenne. vol. Warburg..1929 »]. à commencer par Frances Yates. 865. 21. vol. Battisti.. et précisément au cours de ces mêmes semaines “bruniennes” durant lesquelles il prépare son compte rendu (du 18 mai 1929) sur L’Antique romain dans l’atelier de Ghirlandaio. A. 1960. I. Giordano Bruno vient résoudre l’aporie d’un “nietzschéisme sans Nietzsche” désormais en vigueur d’après les couleurs wagnériennes et les mythes aryens de plus en plus présents dans la propagande du national-socialisme (et qui. A. par exemple. Je me permets de renvoyer à mon cours « En pure perte » : le renoncement et le gratuit (textes des XIX e et XX e siècles). dans la pensée de Warburg. 112-145.. II. II. . et dès les notes de L’Exposition sur Ovide (1927). vol. de manière problématique. A. Warburg choisira la « fureur » orphique. 20. Paris. 863-869. face aux mêmes apories et à l’impératif d’“émerger du chaos”. Opere.LITTÉRATURES MODERNES DE L’EUROPE NÉOLATINE 745 Or. in Opere. II. p. citation p. [Giordano Bruno]. 18. Torino. L’antico romano nella bottega di Ghirlandaio. p. Ibid. E. p. Warburg. il ne sera pas indu de supposer que. et régénératrice. et sur la récente réception italienne. » Le « paganisme » warburgien — ainsi que l’a proposé Eugenio Battisti pour le thème des « bacchanales 22 » — est tout autre qu’un triomphe humaniste des « Grâces » et de la forme nue . Nietzsche a appris à voir Dionysos 18 » . cit. 18 maggio 1929.. cit. peut comprendre ce qu’elle est en mesure de reconnaître et de supporter des symboles olympiques. avait choisi l’Idiot / don Quichotte 20 . qui commence ainsi : « Nietzsche. nous a appris à considérer l’Antique à travers le symbole du double hermès Dionysos-Apollon» 17 . p. touchent aussi le cahier de Warburg : « Liquidation de la Bête […] // Vénération de l’énergie socialement utile 19 »). éd. vol. 2006.VI. Resoconto. dans son système. 952 [« 24. in Rinascimento e Barocco. alors. sur la base du développement de sa vision intérieure. p. Giordano Bruno venait ainsi accomplir (avec des conséquences qui se projetteront sur toute l’école warburgienne. 983 [« 10. in Opere. quand on sait l’importance que Warburg attribue. [Giordano Bruno]. saturée de mythes bruniens) la parabole amorcée par Warburg lors de son premier séjour en Italie et rappelée également dans son dernier cahier : « Botticelli (tapisserie) / Politien / Urbino / Giordano Bruno 21. CV : Résumés 2004-2005. Mitologie per Alfonso d’Este. au contraire. Collège de France. in Cours et Travaux du Collège de France. quand encore on se rappelle que dès 1908 (dans sa conférence Le Monde antique des Dieux et la première renaissance au nord et au sud ) c’est le Nietzsche dionysiaque qui capte son attention : « Chaque époque. Einaudi. p. cit. À la nôtre. dans la Naissance de la tragédie (1886). à la pensée de Nietzsche. 723-737. 504. . est aussi l’homme du but ultime. il est l’élément créateur qui perdure de façon indépendante.. . là esthétiquement et aujourd’hui techniquement. Les autres vont et viennent. p. vol. Rilke. qui traverse les siècles en restant jeune. vol. / ta voix gardant comme demeure le lion. Récits et essais. // Ô toi. la lecture faite par Warburg se plaçait sur le versant du « Rétablissement de la dynamique [. Parallèlement. trois fragments publiés dans la revue Ver sacrum sous le titre Über Kunst. dans une note du « 28. Warburg. cit. 23. C’est pourquoi celui qui en fait sa vision de la vie. Sur l’art [1]. II. Gallimard. je traduis).. Indubitablement. mais à procurer. II. l’oiseau.746 Proserpine Médée Polixène Orphée Méléagre Alceste CARLO OSSOLA enlèvement Enfers transformation expiation rite sacrifice humain expiation (extrême sacrifice) orgiasme Lamentation 23. p. A. I. et insatisfaisante. le roc. C’est de là encore que tu chantes. non pas à renouveler la création. en novembre 1898-mai 1899 . Warburg établit une distribution analogue : « Poursuite / Daphné I // Enlèvement / Proserpine II // Transformation / Actéon III /// Sacrifice humain / Médée Polixène 4 // extrême sacrifice / Orphée 5 // Lamentation / Méléagre Alceste 6 » (ibidem). elles t’ont achevé. Paris. C’est sur la même parabole que se concluait la première partie des Sonnets à Orphée : « Ivres de vengeance. XXVI . La mostra su Ovidio. sans aucun passé derrière lui. A. Warburg. il dure 26. et comment — mais se sera l’occasion d’un autre cours — la bataille que l’homme contemporain a engagée contre la mort tend. sous la direction de Cl. Ibid. cela nous est confirmé par une note écrite peu après : Le passé de l’Antique païen doit-il donc dominer nos idées maîtresses ? Renverser la question : devrions-nous donc oublier l’Antique si nous voulons parvenir à nous sentir invulnérables 25 ? « Création — mort » versus « sacrifice — invulnérabilité » : on voit bien comment la réflexion sur les modèles interprétatifs du xvie siècle touche à la nature même de l’homme moderne et de la société contemporaine. p. vol. p. Ce parcours “orphique” du mythe était un prélude à l’« Aboutissement de la dynamique poétique / épique et lyrique / dans le drame réel de l’époque moderne 24 ». Mais à quel point cette lecture était empreinte d’inquiétude. R. dieu perdu ! Ô toi. 670. 1927 ». au fond. 670. et donc des Pathosformen. l’artiste. l’invulnérabilité — une intangible durée qui est évoquée chez Rilke par une parabole semblable : Même si le monde doit un jour s’effondrer sous ses pieds. 1993. 26. et rongée de l’intérieur par l’hypothèque nietzschéenne. trace infinie ! » (I. La mostra su Ovidio. il est la méditative possibilité de mondes et de temps nouveaux. in Opere. David. 24.] passionnelle ». mis en pièces. / l’arbre. II. 678. voir maintenant Œuvres en prose. 671.. 25. M. en quelque recoin de la place sourire. parodiava gli argomenti di discussione di Roma . prend ainsi congé — encore une fois — de Savonarole. « Repos » Le panorama proposé par Aby Warburg s’étend sur une réalité principalement italienne. in qualche canto della piazza sorridere pietosamente il pallido viso di Nicolò Machiavelli 28. de la raison contre le mysticisme . plus sincèrement chrétiens . Einaudi — Gallimard. 1941. il ne voyait pas. 1870-1871 . lui rebelle. De même. de tous les marbres sculptés. mais il faudrait aller plus loin encore : la formule même de « renaissance du paganisme antique » semble être empruntée à Carducci. il suo artefice interno 29. que la réforme religieuse était réservée à d’autres peuples. toute matérielle. n° 4. lequel. Le Stanze. je souligne. § 5. l’opposition Savonarole — Machiavel sera corroborée par la Storia della letteratura italiana (1870-1871) de Francesco De Sanctis. je cite à partir de l’édition établie par N. Poliziano (Firenze. G. et lui. XIX : « La nuova scienza ». egli scomunicato. 1863). Discorso IV . et parmi la foule de ses piagnoni. Quello spirito della storia nella speculazione di Bruno è il fabbro del mondo. A. chap. Barbera. dans le finale de son chapitre consacré à Florence à la fin du xve siècle. pauvre frère. Carducci. p. de toutes les toiles peintes. 574-581. Au cours de ces mêmes années. Lettere Italiane. da tutte le tele dipinte. 378-379 . Récemment. allant de Ferrare à Florence aux xve et xvie siècles. annonçant la « Science nouvelle ». E non sentiva che la riforma d’Italia era il rinascimento pagano. che la riforma puramente religiosa era riservata ad altri popoli più sinceramente cristiani . véritable moment décisif de tout jugement sur la Renaissance italienne : Il Rinascimento sfolgorava da tutte le parti. l’Orfeo e le Rime di M. Et il ne sentait pas que la réforme d’Italie était la renaissance païenne. Storia della letteratura italiana. La Renaissance resplendissait de toutes parts. 1996. 2007. egli in nome del principio di autorità destinato a ben altri roghi. « Una lettera inedita di Aby Warburg a Giosue Carducci ». G. 29. Dello svolgimento della letteratura nazionale. 634. dans laquelle Machiavel prépare une route. lui excommunié. il parodiait les arguments de discussion de Rome . ses premiers essais se fondaient sur des lectures italiennes : dans “La Naissance de Vénus” et “Le Printemps” di Sandro Botticelli (1893). pauvre frère. da tutti i libri stampati in Firenze e in Italia irrompeva la ribellione della carne contro lo spirito. in Prose. Zanichelli. 27. Torino. da tutti i marmi scolpiti. de tous les livres imprimés à Florence et en Italie jaillissait la rébellion de la chair contre l’esprit. une science politico-philosophique en cohésion avec celle de Machiavel : Machiavelli aveva già parlato di uno spirito del mondo immortale ed immutabile. e tra le ridde de’ suoi piagnoni non vedeva. LIX.LITTÉRATURES MODERNES DE L’EUROPE NÉOLATINE 747 2. le pâle visage de Nicolas Machiavel. . Giovanna Cordibella 27 a évoqué l’importance de cette dette. p. Gallo et G. Ficara. Cordibella. De Sanctis. dont Bruno sera — à côté de Galilée — le prophète et le modèle. povero frate. F. povero frate. 28. p. à l’aventure humaine. Bologna. il rappelle les dettes qu’il a contractées envers l’édition des œuvres de Politien donnée par Giosue Carducci. en dressant ses innocents bûchers contre l’art et la nature. egli ribelle. 1868-1971 . fattore della storia secondo le sue leggi costitutive. ed egli. apitoyé. rizzando suoi roghi innocenti contro l’arte e la natura. lui destiné au nom du principe d’autorité à bien d’autres bûchers. della ragione contro il misticismo . rayer d’un trait de plume les pages qui ne nous plaisent pas […] . nous montrer que tout l’art du xvie siècle n’est que dissolution. chap. non civiltà. Pas de dieu. » 31. pas de patrie. pire. XVII : « Torquato Tasso ». De cette catastrophe il n’y avait aucune conscience nationale. et l’histoire de cette opposition italienne n’est rien d’autre que l’histoire de la lente reconstitution de la conscience nationale. nous voulions la refaire à notre gré. que nous. on en éprouvait même une certaine satisfaction 30.. e la storia di questa opposizione italiana non è altro se non la storia della lenta ricostituzione della coscienza nazionale. Di questa catastrofe non ci era una coscienza nazionale. S’opposant de manière explicite à De Sanctis qui avait déclaré : Parce que finalement c’est la vie italienne qui. non famiglia. Mais l’histoire est ce qu’elle est : que nous. cit. § 1. parce qu’elle n’était pas devenue une nation et qu’elle n’avait pas la conscience d’une nation . nous prouver que le mouvement de l’Italie au xvie siècle ne fut rien d’autre que l’oubli insouciant de la réalité et une manière de se préparer à bien mourir. que l’Italie devait mourir. plus sensible à la continuité historique d’une grande civilisation classique au xvie siècle italien. De Sanctis. de l’air courroucé des maîtres. pas de famille. qui elle aussi est la vie 31 . faiseur de l’histoire selon ses lois constitutives.. Qu’y avait-il dans la conscience ? Rien.748 CARLO OSSOLA Déjà Machiavel avait parlé d’un esprit du monde immortel et immuable. anzi ci era una certa soddisfazione. 623-624 : « Perché infine la vita italiana mancava [nel Cinquecento] per il vuoto della coscienza. faisait défaut [au xvie siècle]. pas de civilisation. Carducci le pressait sur le plan de la méthode historique : Il pourra bien. p. avec tout le brio de son ingéniosité. nous voulions revoir comme un thème d’écolier le grand livre des siècles et inscrire dessus. » . ne considérait pas la pensée mais les formes actives de la liberté que l’Italie perdait au xvie siècle. Dans la spéculation de Bruno. il pourra. tout cela 30. XIX : « La nuova scienza ». non patria. ou. Et c’était aussi l’époque où l’Italie non seulement ne parvenait pas à fonder la patrie mais perdait tout à fait son indépendance. § 1. Carducci. Et il n’y avait même plus la négation. son primat dans l’histoire du monde. par d’exquises subtilités. : De Sanctis]. Cosa ci era nella coscienza ? Nulla. e fondavano ciascuno la patria […]. cet historien de la littérature. pas d’humanité. nos corrections. parce qu’elle ne croyait pas. vide de conscience. 543 : « Quello era il tempo che i grandi stati d’Europa prendevano stabile assetto. p. en jugeait bien diversement. che anch’essa è vita. Non Dio. toutefois. Ibid. chap.. parce qu’elle n’avait pas opéré sa réforme religieuse. son artisan interne. sa liberté. ce philosophe de l’histoire [scil. E quello era il tempo che l’Italia non solo non riusciva a fondare la patria. il suo primato nella storia del mondo. cet esprit de l’histoire est le faiseur du monde. et que l’Italie était vouée à la dissolution. sa condamnation en bloc du Cinquecento est donc sans appel : C’était alors l’époque où les grands États d’Europe prenaient une assise stable. E non ci era più neppure la negazione. et fondaient chacun leur patrie […]. la sua libertà. éd. Ibid. ma perdeva affatto la sua indipendenza. non umanità. et elle fut le Concile de Trente de notre langue. 548 : « Fu allora che si formò l’Accademia della Crusca. le correzioni e. montrant l’inanité de la vigueur du politique par rapport à la durée des arts. crissent et œuvrent à illuminer le monde. […] Chère et sainte patrie ! Elle ouvrit les esprits à un monde supérieur de liberté et de raison. 4. mais ce n’est pas la vérité. 382-383 : « Potrà bene quel filosofo della storia [scil. il la renversait en paradoxe. p. tutto ciò è arbitrio o ginnastica d’ingegno. Dello svolgimento della letteratura nazionale. peggio. bien plus grande. Discorso V. cancellar d’un frego di penna le pagine che non ci gustano […] . sa renaissance ? 32. » . de toutes ses populations ? Aurait-elle eu ses échanges commerciaux unificateurs de l’Europe. « Ce fut alors que se forma l’Académie de la Crusca. perché non aveva operato la riforma della religione. une continuité sans palingénésie. renonçant aux Pathosformen de De Sanctis et de Warburg. […] E il canto de’ poeti supera il triste squillo delle trombe straniere. e che l’Italia doveva dissolversi perché non credeva. 32 À la condamnation prononcée par De Sanctis. G. sans “héroïques fureurs” et de laquelle jaillira « un monde supérieur de liberté et de raison » : Spectacle que d’aucuns pourront dire honteux et qui à moi m’apparaît plein de piété sacrée. son art conciliateur de l’antiquité et du moyen-âge. Discorso V. e fu il Concilio di Trento della nostra lingua. en reprenant à son compte la thèse de De Sanctis. 6. de poètes. et de tout fit don à l’Europe 34. potrà questo storico della letteratura con isquisite sottigliezze mostrarci che tutta l’arte del secolo decimosesto è dissoluzione. Storia della letteratura italiana.. Anch’essa scomunicò scrittori e pose dogmi »). con cipiglio di maestri. et les presses de Venise. pressée. et c’est même le contraire. ne cherchait pas dans la Renaissance une “régénération” mais une continuité. cotesto d’un popolo di filosofi di poeti di artisti. cit. d’artistes. Ma la storia è quel che è : volerla rifare noi a nostro senno. de la raison : Si elle [scil.LITTÉRATURES MODERNES DE L’EUROPE NÉOLATINE 749 est volonté arbitraire ou gymnastique de l’esprit. l’ayant domptée. e di tutto fe’ dono all’Europa. qui au milieu des soldats étrangers faisant irruption de toutes parts poursuit dans la douleur mais résolu son œuvre de civilisation. De Sanctis. Carducci. l’avait poussée comme un cheval de bataille aux conquêtes. une continuité de millénaires païens qui « avait fait païen […] le christianisme » . […] Cara e santa patria ! Ella aprì alle menti un mondo superiore di libertà e di ragione. qui partant de la littérature arrive jusqu’aux institutions de la langue 33. cit. Carducci opposera une pietas plus mesurée.. Dello svolgimento della letteratura nazionale. 1. » 33. p. che in mezzo ai soldati stranieri d’ogni parte irrompenti séguita accorato e sicuro l’opera sua di civiltà. 409-410 : « Spettacolo che altri potrà dir vergognoso e che a me apparisce pieno di sacra pietà. che l’Italia doveva morire perché non si era fatta nazione e non aveva la conscienza di nazione . Carducci. cit. Il s’agit de la conclusion même de l’essai. […] Et le chant des poètes recouvre la triste sonnerie du clairon. celui d’un peuple de philosophes. G. Carducci. l’inanité de la réforme religieuse par rapport à la liberté. chap. 34.. XVII. voler riveder noi come un tema scolastico il gran libro dei secoli e inscrivervi sopra. de Florence. e i torchi di Venezia di Firenze di Roma stridono all’opera d’illuminare il mondo. : l’Italie] s’était laissé manier par un Souabe ou par un Angevin ou par un Visconti qui. : il De Sanctis] con molta accensione d’ingegno provarci che il movimento dell’Italia nel secolo decimosesto altro non fu che oblio spensierato della realtà e un prepararsi a ben morire. aurait-elle accompli ce qu’elle a accompli à travers le libre développement de tous ses éléments. de Rome. battue. Elle aussi excommunia des auteurs et posa des dogmes » (F. ma non è il vero anzi è il contrario. p. spremuta. e tutto insieme perfetto apparve. Ibid. il suo rinascimento ? O avrebbe ella potuto produrlo con tale una rifioritura universale […] ? La riforma religiosa come avrebbe dovuto o potuto promuoverla o accettarla l’Italia. di tutte le sue genti ? Avrebbe ella avuto i suoi commerci unificatori d’Europa. l’avesse poi spinta come caval di battaglia alle conquiste.. e signore del tutto. 2. Ainsi cette grande contexture encore toute neuve. par un effet de miroir pour ainsi dire. avrebbe ella operato quel che operò nello svolgimento libero di tutti gli elementi suoi. Il mondo creato. la thèse que le Tasse. rien d’inchoatif. parce qu’il avait été créé par Dieu dans la perfection de ses formes : Anzi questa gran mole ancor novella. questo grande. qui s’était développée « dès l’an Mille 36 » et qui n’avait donc pas besoin de ces ruptures religieuses rénovatrices ou de ces rites de purification “sacrificiels” qui étaient en revanche sous-jacents au monde warburgien. dans la plénitude de son ingéniosité. ce grand. comment l’Italie aurait-elle dû ou pu la promouvoir ou l’accepter. ma del ciel gli stellanti ed aurei chiostri. p.] ? Ma è egli possibile a imaginare il rinascimento in Italia luterano ? E un Ariosto zuingliano ? Un Machiavelli puritano ? Un Raffaello calvinista ? Un Michelangelo quaquero ? No. Tasso. Discorso V. elle qui en politique plaçait. en son aspect déjà orné. […] 35. ella che nella politica poneva co ’l Machiavelli fattore. Ibid. ella che aveva fatto ad imagine sua pagano il cristianesimo ? Come avrebbe dovuto accettar da Lutero l’autorità della Bibbia. IV. . cette ligne de continuité. vraiment 35. La raison elle-même.. Questa con l’ali sue trapassa a volo non pur de l’aria i più ventosi campi. et tout ensemble apparut parfait. Milano. à savoir que l’univers n’avait rien connu de germinal. celui de la “création”. vol. avait exprimée dans son Mondo creato. VI. 385 : « Se [l’Italia] fossesi lasciata maneggiare da uno svevo o da un angioino o da un Visconti che. sur l’autre versant. domata. battuta. 386. p. elle qui avait fait païen à son image le christianisme ? Comment aurait-elle du accepter de Luther l’autorité de la Bible. T. il pensiero umano [. 1964. Au fond.750 CARLO OSSOLA Ou encore aurait-elle pu la produire avec un tel renouveau universel […] ? La réforme religieuse. avec Machiavel. e ne l’aspetto adorno 37. 266. dico io. ne connaît — et pourtant nous sommes à l’époque tridentine ! — que le « sublime honneur » de son propre exercice : Ma l’ardita ragion nulla ritiene.. in Opere. je cite de l’édition établie par B. veramente. dis-je. Maier. Rizzoli. » 36.. 1315-1318 . 37. Carducci confirmait. l’arte sua conciliatrice dell’antichità e del medio evo. mirabil mondo non conobbe l’infanzia. p. Carducci assumait. la pensée humaine comme créatrice et maîtresse de tout […] ? Mais est-il possible d’imaginer en Italie une renaissance luthérienne ? Et un Arioste zwinglien ? Un Machiavel puritain ? Un Raphaël calviniste ? Un Michel-Ange quaker ? Non. cette « civilisation ». cet admirable monde ne connut pas d’enfance. quant au Cinquecento. porte-drapeau de l’éternelle vitalité des formes païennes. […] Dunque s’acquetò Dio ne l’uom terreno. VII. Lavis. in aedibus Bernardini de Vitalibus. in Venetiis. ce fut pour que l’homme à la fin en Dieu s’apaisât.. in unum tendat et redeat ». de la « rifioritura universale » chère à Carducci. qui de ses ailes franchit non les seuls champs venteux de l’air. classiques. les formes bibliques de la Création ou celles. Ibid. Cantici primi tonus sextus.. XCVIIIv. correspondait — sur le versant de la “création” — le « repos » parfait. […] le Fils devait en l’homme et en membres humains se reposer. 39. VI. Vasoli. e l’uomo in sé non ha quiete o pace? […] E se ’n terra ne l’uom quetarsi ei volle. fu perché l’uomo in Dio s’acqueti al fine 39. 2008. sur lequel se conclut le Mondo creato : […] il Figlio devea ne l’uom quetarsi. 40 Lorsqu’on parcourt aujourd’hui. savants du xixe siècle et des débuts du xxe. au cœur du xvie siècle.. dans l’éternel présent de contemplation réciproque de Dieu en l’homme et de l’homme en Dieu. . p. par Francesco Giorgio Veneto : « atque tandem in se ipsum illa eadem omnia revocat [Deus] : ut totum mundanum enharmonium ab uno procedens. eux-mêmes victimes ou prophètes impatients de « ruptures instauratrices » (selon la formule de 38. Francisci Georgi Veneti De Harmonia mundi totius Cantica tria.. MDXXV. […] Ainsi par l’art de l’ingéniosité humaine prend-elle toutes choses et les assujettit À la longue continuité de la “renaissance”. La Finestra. p. Je cite du reprint. e ’n membra umane. 1791-1803 . unica vita et flatu consonantissimum. 282-283. [. éd.. 40. Mais rien ne retient la raison hardie. on devrait — avant de céder aux formules — se rappeler à quelles nappes ont puisé ceux qui les ont esquissées. et l’homme ne trouve en soi ni tranquillité ni paix ? […] Et si sur terre il voulut en l’homme se reposer. avec Introduzione de C. de la Renaissance.LITTÉRATURES MODERNES DE L’EUROPE NÉOLATINE 751 Così per arte de l’umano ingegno prende tutte le cose e fa soggette 38. Ainsi s’accomplissait ce « mundanum enharmonium » entonné. mais du ciel les arcades d’or étoilées. 123-152.] Dieu s’apaisa en l’homme ici-bas. dans l’historiographie moderne du xvie siècle. cit. Ibid. L’occhio di Waldemar Deonna. Botín ». Cantici tertii tonus septimus. Göttingen. Avant-propos. p. 18 . 2. p. Pourtant il y eut. Augustin au XVII e siècle. Introduzione. Olschki. essais réunis par F. Ossola. essais réunis par F. Wallstein. de Certeau. V-VI . « Le Genre humain ». Una civiltà e un lascito ». Ossola.752 CARLO OSSOLA Michel de Certeau) 41. XVI-XVII secolo. Santander. it. « Historien d’un silence ». p. Tra Bibbia e Surrealismo. : Torino. 2007. — Waldemar Deonna. 42. de Certeau. n° 47. Pendragon. p. concept qui radicalise la formule précédente d’« “errances” inauguratrices » (M. LXXVII. in Recherches de science religieuse. p. Fabula mistica. p. Activités du professeur Publications Livres — C. Viaje y metamorfosis. : Milan. De la historia a la literatura. 2008. Jarauta. Seuil.VV. weiträumig zu denken. «“Italia”. XXI. Vom Glück. 2008 [C. Ossola. p. p. 41. 26. Bologne. chap. 7-67]. 1987. 37-39. « Leopardi : préludes et passions ». it. — C. p. Florence. 83-99. texte publié et introduit par C. 2008. 19-38. 183). Psique. Discorso sugli Angeli Custodi. M.. Giard. Paris. trad. oggi » in Italianieuropei. Il simbolismo dell’occhio. p. in Die europäische « République des Lettres ». sous la direction de Yves Bonnefoy. — C. 2008 [C. Ossola. Luco. et De Harmonia mundi. 61-70. 10-13. — C. p. Seuil. 453-459. essais réunis par Lea Ritter Santini. — C. 208 [et p. — Michel de Certeau. Ossola. Bollati Boringhieri. du De harmonia mundi au Mondo creato. 2008 [C. et dans laquelle il n’est jamais ni consomption ni perte : Capillus de capite vestro non peribit 42. in Cenobio. del amor y del alma. in De la ciudad antigua a la cosmopolis. « Della pubblica felicità. Botín ». trad. La faiblesse de croire. in Conférence. — C. Ossola. LXIV. Introduzione. 2008. 11]. Ossola. Ossola. Ossola. p. et Augustinus sine tempore traditus. Über Carlo Denina. 2008. Un espacio lleno de plenitud. Jarauta. p. pp. 263-287]. — Jacques-Bénigne Bossuet. 301 : « coupure instauratrice »] . 1976. XII. une vision ni brisée ni palingénésique de l’univers : entièrement recueilli dans la perfection d’une création choyée de son Créateur. Ossola. dans AA. — C. Colloques de la Fondation Hugot du Collège de France (1993-2004). Michel de Certeau. Ossola. IX-XXIII]. Ossola. « L’énonciation mystique ». La Conscience de soi de la poésie. 10]. 1 (janvier-mars 2008). la citation à la p. 2007 [C. « Petit triptyque romain ». . « Actes du Colloque organisé par Carlo Ossola au Collège de France les 30 septembre et 1er octobre 2004 ». Paris. Textes réunis par Laurence Devillairs. p. Santander. in La estela de los viajes. Fundación Marcelino Botín [« Cuadernos de la Fundación M. texte établi et présenté par L. 2007. Jaca Book. XXVII-LIV]. Ossola. LVII. 183-215 . Articles et essais — C. Fundación Marcelino Botín [« Cuadernos de la Fundación M. tout au long du Cinquecento. 235-268. a donné quatre conférences. Michel Jeanneret. Université Johns Hopkins de Baltimore (U. Création. Jürgen Maehder. Université de Berne (Suisse) : « Deus artifex » : formes et histoire d’une métaphore — M. « Coup de pinceau » et création picturale chez le Titien — Mme Benedetta Papasogli. Genève. sur le sujet suivant : Des Larmes et des Saints. Collège de France. Michel Butor. Mouchel et C. ordre du monde. Carlo Ossola. en collaboration avec l’Institut d’Etudes Italiennes (ISI) de l’Université de la Suisse Italienne.S. poète avec les peintres — M. Droz. Michel Butor : des chronotopes — Mme Mireille Calle-Gruber. Montaigne-Proust et retour — Mme Laura Barile.) — M. Chaosmos — M.A. Ossola. 2008. Université de Fribourg (Suisse) : « Touche ». . avec la participation de : — M. Corrado Bologna. Université de Rome III (Italie) : Le geste « philosophique » de l’artiste et la création de l’ordre du monde Le 11 juin 2008. Victor Stoichita. Freie Universität de Berlin (Allemagne) : Olivier Messiaen au seuil de la musique sérielle : ordre numérique et création — M. Carlo Ossola. Piero Boitani. Antoine Compagnon. réunis et édités par Ch. avec la participation de : — M. Université de Paris III-Sorbonne. Michel Butor. Victor Stoichita. Collège de France. la création et l’ordre de la nature (XII e-XIV e s. Université de Lausanne (Suisse) : La papauté. Université de Genève (Suisse). Autour de l’œuvre de Michel Butor. Université de Sienne (Italie). Nativel. p. du 15 mai au 6 juin 2008. Activités de la Chaire Colloques Le 10 juin 2008.) : Versailles. Université de Fribourg (Suisse). Agostino Paravicini Bagliani. Les raisons “en blanc” du baroque italien. in République des Lettres. Conclusions Professeur invité M. République des Arts. Université de Rome La Sapienza (Italie) : De Monreale à Michelangelo : le Moteur mobile — M. Renaissance. Franchir les frontières : écritures et structures mobiles de Michel Butor — M. Lugano.LITTÉRATURES MODERNES DE L’EUROPE NÉOLATINE 753 — C. Mélanges en l’honneur de Marc Fumaroli. 247-262. Stefano Prandi. Collège de France : Introduction : origines et retours — M. Université LUMSSA de Rome (Italie) : « Création » et « créature » chez Fénelon — M. 754 CARLO OSSOLA Travaux scientifiques des collaborateurs — Christine Jacquet-Pfau. In margine al IV centenario. . immaginazione. Séminaire de Doctorat. 2007. fasc. Université de Pise (Italie). Paola Cattani. Ecole doctorale « Concepts et Langages ». 9-11 novembre 2006). éd. [à paraître courant 2008]. — « Il disegno di Leonardo da Vinci e la riflessione sulla creazione artistica in Paul Valéry e André Breton ». vol. 29 nov. 150-151. Dictionnaires et littérature. creazione. 14 mars 2008. Gabriele Quaranta. Université de Cergy-Pontoise. Arte e Architettura in Abruzzo e nel Regno al tempo dei Durazzo. — « Don Chisciotte nel Castello di Cheverny. Equipe d’accueil Sens. Genèse de l’Introduction à la méthode de Léonard de Vinci. pp. Pisa. Guardiagrele-Chieti.-1er déc. Histoire. architettura e parola poetica. Un ciclo dipinto del Seicento francese » Critica del testo. Ch. 2008. Texte. 2006 (Actes du Colloque Itinerari chisciotteschi moderni. Bardi Editore. 43. Rome.Collège de France — Bagliori dal Passato : il Palazzo Gallio in Alvito e i suoi dipinti tassiani. 2/2007. Sanna. 2007. Langages. Exposition Directrice de l’Exposition éditoriale organisée à l’occasion de la Journée internationale des dictionnaires. De la lexicographie informatique et de l’actualité lexicographique. pittura. — « Dictionnaires et correcteurs (informatiques) ». Roma. — « Paul Valéry e i fiori di Jean Paulhan : tra retorica e terrore ». 4/2007. Boursière Compagnia di San PaoloCollège de France — Paul Valéry e le arti visive. Maître de conférences au Collège de France. — « Statut de la synonymie lexicale dans un corpus encyclopédique de la fin du xixe siècle : La Grande Encyclopédie ». Gli affreschi quattrocenteschi della chiesa della Santa Croce a Genazzano » Universitates e Baronie. 26 octobre 2007. dans Valéry et Léonard : le drame d’une rencontre. Publications — « Lexicographie et terminologie au détour du xixe siècle : La Grande Encyclopédie. Rome 20-21 octobre 2006) — « Momenti di pittura. n° 168. Paris 4. en cours de publication dans la revue italienne « Il Confronto letterario ». Vogel. IX / 1-2. [sous presse] dans Immagine. — « Claude Hagège. 17 mars 2008. 2007. Ets. Combat pour le français. 24-38. (Actes du Colloque. a cura di A. 2003. Genèse de la terminologie contemporaine. 2e Journée d’étude du LDI-CergyPontoise (UMR 7187). GEHLF. pp. Peter Lang. Au nom de la diversité des langues et des cultures. Bern. in La Linguistique. Ecole normale supérieure. Disegno. Boursier Compagnia di San Paolo . dans Danielle Candel et Dan Savatovsky. En l’honneur de Jean-Marie Zemb. Communications à des colloques et journées d’études — « L’homme au travail ». 2007. Université de Rome « La Sapienza » (Italie). Université Paris-Sorbonne. — « Traces du dialogue de Valéry avec la critique vincienne dans le dossier génétique ». Istituti Poligrafici Italiani. Colloque international La Synonymie. que Shakespeare avait. Malgré une psychologie et des comportements pour la plupart volontairement superficiels. qui se placent au niveau auquel nous vivons le plus souvent. Banni et obligé de quitter Sylvia. même très secondaires . pour Shakespeare.Étude de la création littéraire en langue anglaise M. avec le langage frelaté qui les accompagne. Sylvia n’étant pas l’objet de son amour mais le sujet . du théâtre qui s’esquisse déjà dans cette œuvre de jeunesse. Shakespeare descend par moments dans l’être de ses personnages. que le théâtre invite le poète à renoncer au lyrisme du moi et à s’aventurer dans le je des autres. le don et le désir d’entrer dans la conscience de tous les personnages. dites et échangées. Le cours de cette année confirma ces suggestions. de manière remarquable. entre poésie et théâtre. à chercher une vérité transpersonnelle dans une poésie proprement dramatique . que chacune de ses pièces est un poème qui l’encourage à multiplier les points de vue avant de se mettre à les ordonner. qui pourrait être le tout premier ouvrage de Shakespeare. mais probablement très exacte. et quelle idée du théâtre le motivait. il commença avec Les Deux gentilhommes de Vérone. eut pour point de départ une question que j’avais posée dans un des cours de 2005-2006 sur La Poétique en questions : pourquoi le plus grand poète anglais choisit-il d’écrire avant tout pour le théâtre ? Reprendre cette réflexion en pensant à l’ensemble de ses pièces. Valentin comprend que c’est lui-même qu’il quitte. et afin d’indiquer une idée inattendue. Aborder ainsi la pièce permet de montrer qu’elle ne se contente pas de satiriser certaines conduites conventionnelles des amoureux et des amis. surtout quand l’être est en jeu. en leur donnant des perspectives nouvelles dans chacune des pièces analysées . incite à se demander aussi quel élargissement de l’idée même de la poésie ce choix implique. le théâtre transforme la poésie en paroles. professeur Le cours de la première heure. J’avais suggéré il y a deux ans que. Shakespeare : le poète au théâtre. comme aux Sonnets qui leur sont intimement associés. Michael Edwards. et qu’il peut devenir ainsi la recherche de la parole de l’autre . afin d’étudier les rapports qu’il crée dès le début. car le théâtre est le signe artistique le plus palpable et le plus complet du changement possible du monde. visible. le « ruisseau étoffé de joncs ». Une situation critique et pénible conduira bientôt au repentir de Proteus et à une nouvelle générosité chez Valentin. En même temps. en sonnets. où œuvre. Valentin se dit : « Comme ceci ressemble à un rêve ! Je vois.756 MICHAEL EDWARDS de son « essence » : « I leave to be. où plusieurs personnages écrivent des poèmes et parlent spontanément. et ainsi de suite. un lieu et un temps où tout change et peut continuer de changer. comédiens et spectateurs sont plongés dans le monde immédiat des sens. Shakespeare attire déjà l’attention sur le verbe fondamental en le laissant en suspens à la fin du vers. et il augmente déjà la force ontologique du mot par l’hésitation de la syntaxe. Son imagination s’exerçant toujours. ni d’un besoin de se montrer supérieur à ses rivaux. comiques ou tragiques. qui intéresse Shakespeare dès le début. mais que les critiques hésitent à accepter. par sa bonne influence. Un seul vers constitue déjà la mise en abyme de tout le théâtre shakespearien à venir. il semblerait que même ses êtres surnaturels habitent plus abondamment que nous le monde naturel : la plainte de la reine des fées dans Le Songe d’une nuit d’été ne cesse d’évoquer la « source caillouteuse ». à renouveler la réalité ordinaire. décor) qui sont eux-mêmes fictifs. selon Hamlet. et la « culpabilité ». et il découvre en lui à la fois la « honte ». illuminé […] »). je ne suis pas ». un simulacre. surpris dans la forêt par Valentin au moment où il menace Sylvia de la violer. n’est le signe ni d’un désir de ridiculiser la poésie de l’époque. Proteus demande pardon avec le vocabulaire du Livre des prières en commun. qui voit et qui entend. L’unité de ce Tout qui nous environne et qui nous pénètre est d’autant plus sensible. jusqu’aux rêves les plus éthérés. Il importe aussi de comprendre que. se repent par un de ces revirements rapides mais parfaitement véritables qui dénouent souvent les pièces de Shakespeare. permet à Shakespeare de voir se dérouler en un milieu concret toute la poésie dont il est capable et tout ce qu’il imagine. illumined […] » (« je cesse d’être / Si je ne suis pas par sa bonne influence / Nourri. en effet. le théâtre est le seul genre littéraire qui soit matériel. et le miroir que la pratique du théâtre tend à la nature. mais qui observe aussi une sorte de songe du réel. et choisir l’espace théâtral. du reste. une fiction qui s’incarne dans des faits (comédiens. est un miroir transformant. audible. et même de tout théâtre. dans le sens de l’espoir et du nouveau. dit-il. dans ses premières pièces. Devant la preuve soudaine et à peine croyable que son meilleur ami est en train de le trahir. costumes. Au moment même où Biron . Shakespeare donne une perspective éclairante sur cet art théâtral pleinement présent devant nous mais qui s’offre aussi comme un spectacle. Le rêve étrange du théâtre offre. Proteus. Et. Le repentir. si tôt dans sa réflexion. et les réalités les plus immatérielles d’autant mieux mises en relief. de temps à autre. qui peut enfermer en soi. Shakespeare ne dédaigne pas la poésie au sens le plus simple du mot en s’engageant dans l’écriture théâtrale. / If I be not by her fair influence / Fostered. qui ouvre vers autrui. par exemple. et j’entends… » On dirait la voix du spectateur. La foison de formes poétiques dans Peines d’amour perdues (vers 1594). où Valentin semble dire : « je cesse d’être si. certaines données de Peines d’amour perdues. Le sérieux de la pièce se révèle surtout en ce qu’elle approfondit la comédie. mais au triomphe d’un amour lucide et d’une comédie avertie du mal d’exister. La Princesse. Peines d’amour perdues annonce ce que j’ai appelé chez Shakespeare les comédies de l’émerveillement. que la vie. mais de vie. lui demande.ÉTUDE DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE EN LANGUE ANGLAISE 757 assure Rosaline qu’il renonce aux termes affectés et qu’il ne veut plus « faire la cour avec des rimes ». surtout par la juxtaposition saisissante. en se transformant en raillerie. pour une vivacité d’esprit telle qu’un mourant même pourrait s’en réjouir. soient poésie. Shakespeare répond au vœu que le réel. si Biron et Dumaine « s’émerveillent » de leurs bien-aimées. ce qui oblige la Princesse et ses amies à repartir et empêche les quatre mariages attendus d’avoir lieu. où il se passe si peu de choses. des affirmations mi-sérieuses. de « plaisirs. comme les Françaises qu’ils courtisent. les chansonniers et suites de sonnets qui s’adressent à Laure. Même les divertissements deviennent amers. et de « Forcer les infirmes en tourment à sourire ». en ouvrant le réel au poétique. que les enfants et les vieillards s’arrêtent pour l’écouter. à Stella et à tant d’autres. se moquent les uns des autres. et de s’étudier lui-même. à sa langue si douce et sémillante. sa déclaration d’amour prend néanmoins la forme d’un sonnet. non pas d’étudier l’art de vivre (le but de l’Académie qu’il voulait créer au début de la pièce). cependant. développent. Elle veut qu’il perde son esprit de dérision et qu’il se livre entièrement à son génie comique. Il convient de remarquer aussi que les Sonnets. au « rude logement » et aux « maigres vêtements ». surtout. est une suite de scènes comiques. En nous attirant de la prose vers la poésie. en exigeant du roi de Navarre qu’il s’isole pendant un an dans un lieu éloigné des plaisirs du monde. en les assombrissant. c’est parce qu’il est le seuil de l’émerveillement et qu’il se répand naturellement en louanges . pour voir si son offre de mariage survivra aux « gels ». La poésie surabondante ne conduit pas à l’échec de l’amour. au moment où Rosaline et Biron se regardent dans les yeux. mascarades et heures de gaieté ». et la langue des filles moqueuses « aussi tranchante / Que le fil du rasoir ». c’est parce que la beauté ravive qui la contemple. La mort ne fait pas avorter la pièce. et. mi-plaisantes . lorsque les Navarrois. comme la critique le prétend. les voilà. au lieu de rire devant l’exubérance de la vie. mariés. Si l’amour mène à la poésie. mais de vivre. la beauté n’étant pas une affaire d’esthétique. qu’une parole pleine nous place au sein de ce qui est et de ce que nous sommes. à Hélène. cependant. La comédie ne pouvant plus avancer après cette chute dans le malheur. du rire et de la mort. un messager survient pour annoncer la mort du roi de France. aux « jeûnes » . Elle veut qu’il quitte la moquerie pour le rire qui jaillit du bonheur d’exister. Elle place sa main dans la sienne en promettant d’être à lui. La condition qu’impose Rosaline à Biron est de rendre visite aux malades tous les jours pendant un an. sous condition. sont au cœur de la poésie. qui explorent les mêmes sujets que les pièces de la maturité de Shakespeare et qui ne furent rassemblés qu’en 1609. Ils prennent au sérieux. où la gaieté s’appauvrit. La pièce. dit-elle. danses. Si les Navarrois se lancent dans de prodigieuses hyperboles. selon la coutume de l’époque. « erreurs » (sonnets 95 et 96) dont l’infecte malgré tout le monde déchu. d’une perfection à sa perte. qui introduit le théâtre dans la poésie. « souillures ». en chacun des trois personnages principaux. son acquiescement aux plaisanteries . La dame brune du recueil. cependant. On pourrait appeler les Sonnets. l’idéalisation de la femme qu’entreprennent en général les suites de sonnets. d’une conscience lyrique afin d’acquérir une conscience dramatique. et. Elle aussi déchoit. afin de renforcer son examen sombre de la perte de l’Éden. où des révélations de sa trahison et de sa méchanceté foncière peuvent être suivies de poèmes chantant la confiance du locuteur et l’excellence de celui qu’il aime. tous anonymes : un « je » qui parle et qui est luimême poète. Shakespeare ne se livre pas à une misogynie futile et pathologique. la beauté du printemps et la largesse de l’automne (sonnet 53). à prendre place dans le concert des êtres (sonnet 8). à cause d’un va-et-vient continuel entre l’éloge et le blâme. une « grâce lascive » (sonnet 40) qui masque à peine toute la litanie des « péchés ». Il devrait être aussi l’objet irréprochable de la louange.758 MICHAEL EDWARDS d’Armado : « Amour est un diable. cependant. à plus juste titre que la pièce. prompt à pardonner et à souffrir pour un ami qu’il considère comme un moi au même titre que son propre moi. une femme mariée et un poète rival. inchangées et toujours actuelles (sonnet 108). afin d’explorer la dimension vraiment infernale de l’amour. et des prières quotidiennes de la liturgie. on le voit aussi trouble et injuste. Les Sonnets ressemblent à la vie : nous découvrons des êtres et des événements par fragments et selon une foule de perspectives. « vices ». Il n’est aucun mauvais ange sinon Amour ». Et cela culmine dans la chute du poète qui est censé composer le recueil. avec une générosité répondant à celle de la Nature. le passage de l’Éden à la Chute. Le refus du jeune homme. qui inclut parfois des poèmes dans ses pièces. on comprend mieux les Sonnets à les lire comme l’œuvre d’un dramaturge. « chaque jour nouveau et vieux » (sonnet 76). « l’ornement jeune du monde » (sonnet 1). Constant. révèle peu à peu sa laideur morale. Quatre personnages. incertaine et inachevée. l’occasion pour la poésie de redire le réel. et qui semble réunir en sa personne les charmes d’Adonis et d’Hélène. néanmoins. Ils répètent. le précipite dans la contemplation stérile de sa propre beauté. et tout frémit de significations sans que le sens en soit clair. mais choisit de renverser. dans le travail de Shakespeare au théâtre. est apparentée par ses cheveux et ses yeux noirs à la bien-aimée du Cantique des cantiques. son érotisme incontrôlé. et il reconnaît peu à peu son « péché d’amour de soi » (sonnet 62). un jeune célibataire. « fautes ». en trahissant le locuteur avec le beau jeune homme et finalement avec tout le monde. dans ses rapports avec sa maîtresse. avec tristesse et perspicacité. participent à une histoire discontinue. crédule. la présence d’un poète. noté dès le début. maîtresse du locuteur. dans les dix-sept premiers sonnets. On encourage le beau jeune homme. Et si l’on sent. à sortir. à se marier et à avoir des enfants. à bien y penser. Peines d’amour perdues. le jeune homme ne cesse de tomber. lui aussi. d’en répéter sans cesse l’inépuisable perfection : de s’approcher des réitérations du soleil. Celui qui paraît. Et dans une histoire dont on ne nous livre que des aperçus. ou plutôt la luxure. à l’une des amantes les plus fidèles de toutes les littératures. ou du moins du très mauvais. puisque Cressida se donne aussitôt à un autre . et il est vrai que le nombre de rôles satiriques est ici considérable. Il sait qu’au fond de son être se trouvent « de l’esprit larvé de malveillance et de la malveillance farcie d’esprit » . à cause de l’absence de vrai amour. mais s’aveugle sur tout le reste. par une métaphore qui revient. Les personnages sont aussi insaisissables. qu’il menace à la fin. et semble réfléchir sur notre besoin d’une fin satisfaisante. Sa satire. Il dérange surtout les dénouements. par exemple. On comprend avec Pandarus que les allusions pornographiques abondent dans la pièce. Les amants ne sont pas tragiquement séparés. La réflexion se précise dans Troilus et Cressida lorsque Agamemnon suppose que nul dessein des hommes n’atteint sa plénitude. désorganisés. il reconnaît s’être perdu « dans le labyrinthe de [sa] fureur ». avec une richesse d’expérience humaine qui excède toute tentative d’interprétation. Troilus demande à Pandarus d’être le « Charon » qui lui servira de guide vers les délices de la mort. et en faisant apparaître l’élan vers le possible par moments seulement et de façon partielle. vient de sa maladie sexuelle. ici-bas ». Shakespeare procède comme dans les trois pièces « à problème » : Troilus et Cressida. le monde n’ayant plus pour lui ni ordre ni sens. Hector ne meurt pas tragiquement. par exemple. Cressida fait tout pour ne pas le trahir en cédant à Diomède. pratique moins la satire que le travestissement : il discerne le grotesque. imminente. à l’aveuglement inévitable et à la culpabilité partagée. Même le jeu habituel entre vers et prose devient troublant : la prose de certains personnages brise parfois l’élan de la poésie des autres. comme dans les Sonnets. que ceux des Sonnets. avec Cressida. Shakespeare regarde fixement le monde comme il va. par leur inconsistance. La critique a tendance à y voir le signe de la désillusion de Shakespeare. de travers. le sens shakespearien de la nature multidimensionnelle et contradictoire de l’être humain devenant ici une vision de l’être. comme dans les Sonnets. puisque les Myrmidons lui tombent dessus quand il est désarmé. En écrivant un ouvrage qui s’éloigne des normes. Malgré quelques allusions au bien que nous fait la reconnaissance du péché et à « la mort de la mort » dans la rédemption du monde (sonnet 146). Mais il est important de découvrir la bonne perspective pour les observer. malgré aussi la fête de l’inventivité que constitue cette suite de sonnets qui renouvelle le genre de fond en comble. et il lui convient que le monde soit méprisable. Toute la pièce dévie à la fin. elle aussi. en se pénétrant du pire. et que l’exécution de nos entreprises les tire « Bias and thwart » (« De biais et de travers »). qui va. étant formé « sur la terre. et des personnages qui parlent généralement en vers passent dans la prose devant Ajax ou Thersite.ÉTUDE DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE EN LANGUE ANGLAISE 759 licencieuses. Il passe sa vie à railler. à la fois les défauts des personnages et la satire de ces défauts. et tout pour se laisser séduire. Pensant. par des paroles . Mesure pour mesure et Tout est bien qui finit bien — qui pourraient dater de 1601-1604 et avoir accompagné la composition de beaucoup de sonnets — où il choisit une perspective difficilement définissable afin de sonder la complexité de la condition humaine et de laisser la possibilité d’en sortir aussi problématique que dans la vie réelle. à sa première nuit d’amour. comme de l’action. Il situe ainsi. Thersite. fait voir que la sexualité corrompue d’Angelo nie. en annonçant que la fiancée de Claudio vient d’avoir un enfant. et qu’elle apporte la luxure jusque dans le signe. mais après une pause dans son combat singulier avec Hector il commence soudain à parler en vers. de construire. Ajax. célèbre la fertilité des humains comme participant de celle de la terre. Shakespeare revient si souvent à la sexualité parce que son abus frappe le principe même de la vie et altère l’élan originel et religieux de la nature : les Sonnets commencent par l’engendrement et se terminent par les bains chauds où l’on cherche à guérir la syphilis. dans une petite scène métaphorique. se transforme. l’art de créer. Il évoque le début de la Genèse et le tout premier commandement : « Soyez féconds. et en disant pour la première fois son admiration pour Achille. des qualités qu’il n’avait jamais rencontrées. Lucio. l’abondante réalité de celle-ci. le reflet. Comme les deux derniers sonnets. Au-delà de la satire se trouvent aussi des signes d’espoir. Dans Mesure pour mesure on voit aussi que le poète en Shakespeare écrit certains passages ouvertement poétiques. Le coup de génie de Shakespeare est de faire prononcer ces vers par Lucio. personnage relativement mineur. vers la lumière. au cœur même de la nature. eux aussi. en décrivant le vignoble puis le jardin par lesquels Angelo l’invite à passer afin de faire l’amour avec lui pour sauver son frère condamné à mort. de l’Éden. Celui-ci est rendu possible par une idée. par exemple. et l’œuvre cachée de la pièce aboutit à l’aperçu qu’il offre d’un changement. aperçoit l’harmonie du Tout et la possibilité du nouveau au moment où il se prépare à dénouer l’action. multipliez ». qui portent les émotions de la pièce et qui en suggèrent la forme signifiante. un stratagème. avec humilité et courtoisie. Il continue de parler en vers jusqu’à la fin.760 MICHAEL EDWARDS extraordinaires et d’une rare violence. à exprimer le nouvel être qu’il a acquis en observant. comme le représentant de l’humanité déchue observé sous l’angle du burlesque. à . en guidant les Grecs. Ajax. en rappelant également l’autre face des Sonnets et en créant la nostalgie de l’innocence. qui ouvrent. est présenté comme un chaos de contradictions. Ces trois « poèmes » marquent les trois temps de l’œuvre : le bonheur. et toute la vie féconde proclamée également par le nombre de femmes enceintes que la pièce contient ou mentionne. les maladies vénériennes. que l’œuvre de la pièce consiste à mettre discrètement en valeur. « sa matrice prodigue » attestant un « labour conjugal » comme la semaison amène la jachère à la « bonne foison ». d’un possible. et fait penser aux dix-sept premiers sonnets. sur l’exubérance au cœur de la création. On observe ici la poïèsis de Shakespeare. que le poète partage avec d’autres sortes d’écrivains et qui lui permet de travailler des matériaux même contraires en leur donnant un sens. qui tournent sur les maladies vénériennes et sur la fièvre inextinguible du désir. le malheur et leur dépassement. une direction. qui représente l’autre face du désir : la prostitution. le poème de Pandarus qui termine la pièce renvoie les spectateurs à leurs propres désirs et les engage dans le monde déchu que la pièce a sondé. chez son cousin. Isabelle. de transmettre aux spectateurs. la séparation entre sexualité et amour. finalement. Le Duc. regardant par une fenêtre de la prison et voyant que l’étoile du berger l’appelle à sortir ses bêtes et qu’il « fait presque jour ». Il est à noter d’abord. mais pas complètement. et d’accepter. dans Mesure pour mesure comme dans Tout est bien qui finit bien. qui revient déguisé en moine. et surtout sur la terre. qu’il explore et rejette de nouveau. En évoquant la Crucifixion au détour d’un vers. par une nouvelle humilité. dans l’intrigue secondaire de Tout est bien qui finit bien. qui amène au tribunal « deux bienfaiteurs notoires ». après la mort du vieux moi. En lisant une lettre qui lui prouve la bonté et l’humilité de sa femme — qui lui révèle une vie meilleure — « il a . est aussi peu aimable que le jeune aristocrate des Sonnets. Il est vrai que Bertrand. et en lui permettant. brièvement mais vraiment. que la comédie serait inapte à englober. manifeste sa lâcheté en trahissant les secrets de son camp. Isabelle soutient qu’il serait condamné lui-même par la loi divine. cependant. de fautes. et le deuxième. en lui donnant des mensonges intarissables regorgeant d’inventivité qui font venir. dont elle est la fiancée répudiée. qui commence par ressembler à la loi du talion (« œil pour œil »). Le poète en Shakespeare lui fait ajouter à ce motif répété et salutaire les substitutions comiques de mots perpétrées par le Clown. la raillerie. de l’existence de douleurs. comte de Roussillon. mais qui finit par signifier. en se donnant à Angelo. L’œuvre salutaire de la comédie consiste également à transformer le titre de la pièce : Mesure pour mesure. sous le rire moqueur. Pour persuader Angelo d’épargner Claudio. si Dieu n’avait pas trouvé un « remède ». comme tous les hommes. appelé à gouverner la ville de Vienne pendant son absence. la bonne mesure que l’on donne et la très bonne mesure que l’on reçoit. d’être à jamais la cause du rire chez les autres. La comédie précise son œuvre lorsque la « résurrection » de Claudio impose l’idée d’une vie après la mort. Mais n’est-ce pas parce que la comédie. en pardonnant sans mesure et en se donnant entièrement dans son pardon. un rire d’allégresse. de se connaître en profondeur. Angelo se repent. Isabelle accepte finalement de supplier le Duc d’épargner Angelo. d’envoyer à Angelo la tête d’un autre prisonnier à la place de celle de Claudio. menacé de mort par des soldats qui feignent d’appartenir à l’ennemi. grâce à la lecture attentive que Shakespeare semble avoir consacrée à l’expression dans chacun des Synoptiques. une fois démasqué. et elle termine la liste des substitutions. elle indique la réconciliation de la justice et de la miséricorde que toute la pièce recherche. est de substituer Marianne à Isabelle dans le lit d’Angelo. de désirs. mais sur le ridicule (je ris de vous). La critique suppose néanmoins que Shakespeare prend conscience. Le premier stratagème du Duc. lorsque Paroles. Tout procède du remplacement temporaire du Duc par Angelo. malgré tout le mal qu’elle lui reconnaît. non pas sur la joie (je ris avec vous). tel qu’il est et sans mesure. et une doctrine théologique qui le place dans un contexte infini et éternel. Shakespeare transforme le rire méprisant dont Paroles est la cible. pour prouver son aptitude à introduire partout sa vérité. d’accueillir sa disgrâce. Cette pièce qu’on appelle communément une comédie sombre. qu’elle croit meurtrier de son frère. Marianne trouve la profondeur de son amour. critique et rachète l’idée qui fonde la comédie. Elle consiste aussi à permettre aux personnages de se connaître pleinement et de se renouveler. doit prendre le risque d’un héros mauvais ? La comédie le change.ÉTUDE DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE EN LANGUE ANGLAISE 761 plusieurs facettes : la substitution. « ressuscite » à la fin. le fait qu’à l’époque finir bien signifiait avant tout mourir bien. soit de son orgueil ». Mais si nous sommes conscients de passer entre le monde surnaturel intermittent et le monde naturel des convoitises et les lâchetés. en quelques mots. d’ailleurs. il offre. elle conçoit une ruse d’un réalisme. Il est vrai aussi que la pièce semble partagée entre un conte magique et un récit réaliste. en attendant de savoir si les conditions apparemment impossibles qu’il avait posées avant de se réconcilier avec Hélène ont été satisfaites. Quand Iachimo décrit une tapisserie représentant la rencontre d’Antoine et Cléopâtre. Shakespeare a déjà donné à un Deuxième Seigneur anonyme cette pensée pascalienne avant la lettre : « La trame de notre vie est tissée avec des fils mélangés […] . et il semble s’intéresser à écrire une comédie qui tient parfaitement compte de ce qu’elle opère ses transformations des êtres et de la vie entière dans un monde divisé et radicalement imparfait. disons. comme le font tant de personnages shakespeariens afin de représenter de la manière la plus nette la transformation qui se situe au cœur de son œuvre. qui refuse la profonde réconciliation entre Hélène et Bertrand à laquelle on s’attend. Hélène. mentir) à la dernière scène. la totalité de l’univers en mouvement et les fables (les chevaux du soleil. la lampe d’Hespérus) par lesquelles nous l’imaginons. La pièce va bien de la mort vers la vie. que tout ne finit pas bien pleinement et aussitôt. Il entrevoit la conversion totale de l’être. comme le jeune homme des Sonnets. n’est-ce pas ce que Shakespeare cherche ? La discordance entre des types d’histoire et entre des styles d’écriture marque l’accès discontinu et provisoire à une réalité supérieure dans notre monde. cependant. dans la pièce qui annonce l’idée dans son titre. Shakespeare prend au sérieux. nos vertus seraient fières si nos fautes ne les fouettaient pas. médiéval (et qui vient. Dans Cymbeline. Il freine donc la résolution et la joie des dernières scènes afin de laisser personnages et spectateurs dans le vrai monde contradictoire et inaccompli que l’on retrouve en quittant le théâtre. Tous ces signes contradictoires culminent dans le dénouement. de Boccace). Il demeure. Hélène fait participer à son acte. débaucher Diane. et promet d’aimer toujours et ardemment sa femme. énigmatique. et nos vices désespéreraient s’ils n’étaient pas consolés par nos vertus ». par la poésie d’une incantation. mais il n’est que « presque » changé. Il se repent de ses actions (mépriser Hélène. Mais en réfléchissant de nouveau sur l’idée de dénouement. dit un témoin. qui pourrait dater de 1609-1610 et qui figure parmi ses dernières pièces. en disant que les . mais il semble hésiter aussi. malgré le titre de la pièce. et elle est en outre enceinte. finalement. Lorsqu’il décrit une sculpture représentant le bain de Diane. une petite leçon de poétique : la recréation du réel la plus convaincante est celle qui respecte les faits.762 MICHAEL EDWARDS presque été changé. En se substituant à Diane dans le lit de Bertrand. où le fleuve Cydnus déborde à cause « soit du nombre de barques. qui répand la rumeur de sa propre mort. insaisissable. en un autre homme ». En guérissant le roi d’une maladie incurable. et cela seulement pendant un moment. et qui laisse supposer. et que la vraie fin attendait après la mort. Shakespeare réfléchit continuellement sur la poésie et sur le théâtre. Le cours de la deuxième heure : Le Bonheur d’être ici. En voulant mourir vaillamment « To shame the guise o’ th’ world » (« Pour couvrir de honte les façons du monde »). comme le bois près d’Athènes dans Le Songe d’une nuit d’été. avant de retourner dans le monde ordinaire transformé par leur aventure. étrange. où j’avais mis en opposition . procéda également d’une réflexion déjà entamée. mais qui représentent parfaitement le simulacre qu’est le théâtre. qu’il fait honte aux usages du monde en s’habillant d’une fiction à la fois heuristique et transfiguratrice. lieux à la fois réels et autres qui sont l’occasion pour les personnages de découvrir d’autres dimensions du vécu et de changer. Shakespeare associe l’acte de se déguiser à celui de passer. c’est refuser la guise. d’un masque — rêve de Posthumus matérialisé devant les spectateurs. Shakespeare semble suggérer aussi que le théâtre même est un déguisement. une forme de vie supérieure. des personnages. par exemple. il s’étonne que l’art soit en même temps supérieur à la nature. que l’on croit morte mais qui n’est que droguée. pourtant déjà dans les secrets de l’intrigue. des événements — et infiniment inférieur puisque l’artiste ne dispose pas du principe de la vie. nous pouvons trouver mystérieux. / Hormis le mouvement et le souffle ». Posthumus fait penser que se dé-guiser. la fiction visible qu’il fait dérouler devant nous. comme il est un lieu autre où les spectateurs peuvent également se trouver en changeant. Avec la « résurrection » d’Imogène. merveilleux. durant la pièce. où Jupiter et des fantômes renforcent l’impression que participe à la pièce une puissance surnaturelle. La pièce est remarquable par le nombre de déguisements. grâce à sa faculté de transformer le monde par la neuve consonance des lignes et des volumes — on pourrait ajouter : des mots. L’art ne surpasse la vie que par sa capacité de suggérer. dans cette pièce qui constitue un résumé de son œuvre. en nous disant que c’est peut-être cela. dans un monde où l’être est en partie effacé. le nouvel être dont le monde aussi a besoin. Shakespeare rassemble plusieurs idées et pratiques qui sont des éléments fondamentaux du génie théâtral. qui ne sont pas nécessaires à l’action. l’apparence d’un monde corrompu. d’une série de révélations qui surprennent les personnages et qui peuvent étonner à un autre niveau les spectateurs. par l’être-autre. la voie vers l’être vrai passant nécessairement. tous les personnages principaux se trouvent en se hasardant au pays de Galles. Dans Cymbeline. En sondant le théâtre dans Cymbeline. se trouvent en se perdant sous des dehors d’emprunt. une sorte de hasard providentiel — et des obsèques d’Imogène. ou la Bohême dans Le Conte d’hiver. finalement. dans une communication de 2003 sur Claudel et Baudelaire lors d’un congrès de l’Association Guillaume Budé. la poésie : l’apparition quasi magique de ce qui est. une terre et un ciel renouvelés. le monde néanmoins explicable qui se révèle peu à peu.ÉTUDE DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE EN LANGUE ANGLAISE 763 figures étaient si vivantes que l’artiste paraissait comme une puissance créatrice qui « dépassait la nature. dans une seconde réalité. mais non pas de créer. Bien des personnages shakespeariens. et l’effet cumulatif. des choses évoquées. sous une autre apparence. et chercher en soi. avant de sortir dans un monde familier rendu étrange par la vision théâtrale. D’où la présence. dans les comédies comme dans les tragédies. dans le dénouement. s’élançant sur la route de la vie. exactement comme Rousseau : « je ne savais ni qui j’étais ni où j’étais ». Rousseau opère dans le monde réel de la Chute et du malheur. et comme Rousseau éprouve un « calme ravissant ». Whitman. quand il revient à lui. ni inquiétude ». ce serait se trouver l’objet d’un « présage favorable » qui commence déjà à se réaliser. qui laisse penser que le bonheur vise l’avenir. S’il ne sent « ni mal. elles expriment à la perfection deux convictions existentielles : ou bien qu’ici est le lieu où vivre. découvrent et chantent le bonheur de l’ici dans un monde trop évidemment malheureux et malade. se trouve. renversé par un chien danois. Lors du célèbre accident qu’il raconte au deuxième chapitre des Rêveries du promeneur solitaire (1782). l’inconnu. the world before me » (« libre. « The world was all before them » (« Le monde entier s’étendait devant eux ») . ni crainte. Adam et Ève découvrent que. comment la littérature. dans les premiers vers. Il dit. « free. le possible. Adam pense se réveiller « du plus profond sommeil ». dans l’Éden. perd connaissance et n’est conscient. telle qu’il la décrit pour l’ange Raphaël au livre 8. il a néanmoins reçu de multiples blessures . Sans représenter intégralement la réflexion de ces deux poètes. lorsque le malheur du monde est pleinement présent. Pour bien comprendre « Song of the Open Road » (« Chant de la route libre »). dans « la descente de Ménilmontant presque vis-à-vis du Galant Jardinier ». cependant. il se trouve couché « sur l’herbe fleurie » et tourne les yeux « vers le ciel » afin de contempler « l’ample firmament ». Je voulais étudier. dont il nous sait exclu . un bonheur d’être ici absolu et à peine concevable. dit-il. dans le cours. Si Adam et Ève avancent. malgré leur expulsion de l’Éden. en notant que cela lui arriva le « jeudi 24 octobre 1776 […] sur les 6 heures ». « à pas incertains et lents ». Il ne connaît que le « moment présent ». » Il existe une curieuse ressemblance entre cette « naissance » et celle d’Adam dans Le Paradis perdu de Milton. Il est à remarquer finalement qu’il situe avec précision cette expérience quasi mystique dans le temps et le lieu. il convient de remarquer qu’il reprend. les derniers vers du Paradis perdu. en nous rapprochant des êtres et du monde. Whitman a « le . que le poète américain Walt Whitman ajouta à la deuxième édition (1856) de ses Leaves of Grass (Feuilles d’herbe). en examinant une variété de perspectives sur la question dans plusieurs ouvrages fort différents les uns des autres. Rousseau. y compris la mort. le monde devant moi »). il voit l’Éden : la terre d’ici et la profondeur du ciel nocturne. il regarde en haut avec des « yeux émerveillés ».764 MICHAEL EDWARDS deux expressions : « le bonheur d’être ici » de Claudel (dans « Un après-midi à Cambridge ») et « N’importe où hors du monde » de Baudelaire (dans Le Spleen de Paris). et qu’être heureux. Milton imagine. un carrosse qui suivait le chien ayant failli lui passer sur le corps. de « quelques étoiles » et d’un « peu de verdure ». que du « ciel ». cet ici essentiel dans l’ici banal où il trouve son sens. et en réfléchissant à l’origine du mot bonheur. Pour Milton. le nouveau. Il place cette révélation transcendante dans la trame du réel ordinaire. et accessoirement la peinture et la musique. et il dit même : « Je naissais dans cet instant à la vie. ou bien que le malheur de l’ici nous oblige à chercher ailleurs le bonheur. leur rôle ? Pour T.) Pour Whitman. afin d’illuminer l’étrange par le familier. le chemin « me conduisant. en attente à tous moments. là où je veux ». le bonheur est ici.ÉTUDE DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE EN LANGUE ANGLAISE 765 cœur léger ». Il est persuadé aussi. il trouve sûrement le bonheur d’être ici dans un aller continu. et au lieu de se laisser guider par la « Providence ». Il est utile aussi de regarder les œuvres qui semblent plongées dans la misère. elles servent à nous faire voir plus clairement l’action que Dante raconte. dit-il. mais le rapport de plus en plus exact entre le poète et certaines présences du monde. Dante se sert constamment de comparaisons avec notre vie. à quel point ces comparaisons sont nombreuses ? Et a-t-on compris. « inépuisable » — d’où les nombreux catalogues qui s’enthousiasment du grain. publié après sa mort en 1850. comme lorsque des ombres prises sous une pluie de feu regardent Dante et Virgile en clignant des yeux. et le mouvement de ce qui est vers nous. (Il est instructif. non pas en premier lieu le travail que le poète effectue sur la langue et sur le vers. Eliot. non pas des paysages. non pas un pays. air qui me sers du souffle afin que je parle ! / Vous.S. Conscient de ce qu’il doit à cette réciprocité. mais une géographie. des objets du monde — et en continuelle expansion. il « choisit » sa direction. Il est convaincu que « L’est et l’ouest sont miens. un état : c’est le mouvement de l’être vers ce qui est. le nouveau poète que Whitman représente n’a pas besoin de Dieu. le mysticisme chrétien. cherche avant tout le bonheur. cependant. selon une exubérance de l’âme qui regarde. et transforme la prosodie et la syntaxe de Milton en adoptant la liberté autre du verset et d’une suite de phrases peu construites par la grammaire. « comme le vieux tailleur » qui cherche « le chas de l’aiguille » (chant 15). Même si on sent chez Whitman quelque optimisme « victorien » difficile à admettre. . Puisqu’il parle néanmoins de la vie après la mort et d’un lieu inconnu que nous peinons à imaginer. mais différent. L’Enfer de Dante concerne bien le malheur de l’ici : il sonde moins la souffrance des damnés qu’il ne crée un angle de vue infernal sur la vie terrestre (en attendant les angles de vue purificateur puis paradisiaque des deux autres cantiques). mais un continent. écrit-il. Whitman s’adresse ainsi au monde : « Toi. ni qui appelle le monde pour qu’il vienne dans le poème. dans une réaction incessante à tout ce que font glisser vers nous le temps et l’espace. objets qui appelez dans leur état diffus mes significations et qui leur donnez forme ! » Ce n’est plus le poète qui appelle les choses par leur nom. de noter que Wordsworth aussi revient aux derniers vers du Paradis perdu dans les premiers vers du Prélude. » Le bonheur n’est pas une émotion. mais qui réussissent à évoquer le bonheur. et le nord et le sud sont miens ». A-t-on remarqué. Donne forme. de la dimension « inaperçue » et « divine » du monde. et pas seulement pour l’histoire littéraire et l’évolution des idées. avec précision. « L’émanation de l’âme est le bonheur. mais les objets qui appellent ce qui flotte dans l’esprit du poète. Le vieux poète sent la présence de Dieu et reconnaît la tristesse d’un monde compromis . en l’imitant. cependant. la terre est « suffisante ». et qui remplace. et qu’il ne nous est pas indifférent. dans un désir semblable. / Maintenant il pénètre en nous. selon cette poétique sage qui mérite que l’on y réfléchisse. du toucher. d’aggiornamento. / Je pense qu’il se répand dans l’air. des moments de bonheur simple dans la vie ordinaire. si rien ne . le petit bateau (navicella). et décrit « la très jeune année » où un villageois qui. L’art authentique est celui qui permet de trouver un plaisir plus riche dans le réel commun : air. Au chant 16. retrouve « l’espoir » un peu plus tard. La plus extraordinaire occupe les quinze premiers vers du chant 24. ou d’une simple maison au bord de la mer ». est également l’image de ce que fait Dante dans son poème : abîmé dans le malheur et même l’enfer d’être ici. par un pertuis rond. puis se calme en le trouvant. bien des malheurs réels par l’effet de ces comparaisons. le désir. Bergotte « roula du canapé par terre […]. par cette parole neuve qui fait voir à nouveau les reflets ondoyants renvoyés par l’eau. Il était mort. Mort à jamais ? Qui peut le dire ? » Les deux questions sont imprévisibles et étonnantes. La dernière image de l’Enfer : « je vis les belles choses que porte le ciel. Proust œuvre de manière semblable dans le récit merveilleusement stratifié de La Prisonnière (1923). prenant du givre pour de la neige. tel je devins à entendre ces paroles » (chant 17).766 MICHAEL EDWARDS Oui. a déjà les ongles blêmes et tremble tout entier en regardant l’ombre. qui commencent ainsi : abattu. et il culmine dans les réflexions du narrateur. Le monstre appartient au mythe et au cauchemar . que le monde change de face. la fièvre quarte nous ramène à nos maladies dangereuses. il rencontre aussi de très nombreux bonheurs. en effet. de monter sur le dos du monstre Géryon. par ces « courants […] de soleil ». L’intérêt du passage sur la mort de Bergotte ne se résume pas. maison. et certaines comparaisons parlent même d’un malheur qui se transforme en bonheur. Dante fait dérouler devant le lecteur. dans cette scène agréable de bord de mer. comme dans l’impatience de Bergotte devant des tableaux d’un art factice « qui ne valait pas les courants d’air et de soleil d’un palazzo de Venise. Virgile ordonne à Dante. il ouvre sans cesse des fenêtres sur le bonheur et la beauté. cependant. et Dante écrit : « Tel celui qui. par exemple. soleil. « Comme le petit bateau sort du port à reculons ». Beaucoup de comparaisons nous sortent de l’enfer pour nous placer dans l’ici malheureux. Et par là nous sortîmes à revoir les étoiles ». » Géryon commence son vol avec Virgile et Dante sur le dos. et pour évoquer l’espoir. où s’entendait le bruit de l’eau qui tombait dans l’autre cercle. par la présence de la maladie. au fond de l’enfer. même au fond de notre enfer. écrit-il. en le recréant comme le fait Proust. par exemple. Dante sort d’un cercle de l’enfer : « J’étais déjà au lieu. et la possibilité. mais le rapport avec la réalité ordinaire est bien plus complexe. Puisque la chose à comparer est toute simple et se dit en trois vers : Virgile se fâche d’avoir manqué le chemin. Si le lecteur rencontre. ce long passage existe pour parler de la vie à la campagne. au « petit pan de mur jaune » tant commenté. qui ressemble à un cercle de l’Enfer par les sombres observations sur l’amour. mais où le bonheur d’être ici intervient souvent de façon soudaine. en comprenant son erreur et en voyant que. étant même le contraire du monstre gigantesque. se lamente de ne pas pouvoir sortir ses troupeaux. de la mort et surtout des mensonges incessants d’Albertine et du narrateur. sous l’effet du soleil. sentant le premier frisson de la fièvre quarte. et le narrateur continue en disant que. le rêve. « le monde a changé de face ». mer. pareil au bourdonnement que font les ruches. pour nous. être délicats. « dans nos conditions de vie ». et il est possible de racheter le temps qui passe. mais pour que cette duplicité ajoute au passage une signification supplémentaire. et. il cherche ce qui demeure accessible de ce towb de l’origine. où tout revient et rien n’est nouveau. dans la Genèse. Dans ce passage inséré au sein du roman. mais il aperçoit un début de réponse en réfléchissant au mot hébreu towb. mais du sentiment de l’obligation. Proust s’aventure dans une autre sorte de spéculation. le passé revit dans le présent comme il revivra à l’avenir. Il se demande si nous sommes destinés à toujours travailler et mourir. comme ailleurs dans À la recherche du temps perdu. semble-t-il. réel. l’auteur considère avec acuité de nombreuses facettes du malheur d’être ici. et de l’intuition de la simple possibilité qu’il existe un autre monde. de se croire tenu à « recommencer vingt fois un morceau ». dans un « comme si » qui semble le travailler et qui ouvre l’ouvrage à un autre genre de possible. Sa réponse : « il est bon (towb) pour un homme de manger et de boire et de se réjouir de son travail ». pour dire que Dieu préserve le passé et qu’il « fait toute chose belle en son temps ». il transforme sa notion du temps ennuyeux. peut paraître décevante. ou. malgré le fait qu’il n’y a aucune raison dans notre vie sur terre « pour que nous nous croyions obligés […] même à être polis ». pour le redire dans une autre sorte de discours : rien n’est perdu. La préexistence ne nous incite pas à nous élever jusqu’aux Idées platoniciennes. séparés — bon. intuition qui ne vient pas. tout est vanité ». de valoriser chaque moment du vécu. Il ne s’agit pas ici des vertus salvatrices de l’art — au contraire : un certain bonheur émane de la pensée que nous obéissons à des lois inconnues. et cela s’étend aussi à la vocation artistique. « l’artiste athée » n’ayant pas de raison non plus. beau. de l’art. où Dieu vit que tout ce qu’il créa fut towb. une multiplicité de sens qui sont. et il pose sans cesse une question pertinente : « Quel avantage revient-il à l’homme de tout le travail qu’il fait sous le soleil ? » Il ne trouve pas de sortie. mais à la lumière du récit. au fait que dans le récit de la Création. vrai. Dans cet opuscule de l’Ancien Testament dont on retient surtout le refrain : « Vanité des vanités. en le situant dans le malheur du monde connu. et qu’il « loue la joie ». ce qui donne de l’auteur une image très différente de celle d’un mélancolique désabusé de tout. S’il le place ici. « tout se passe dans notre vie comme si nous y entrions avec le faix d’obligations contractées dans une vie antérieure ». de la désobéissance d’Adam et Ève et de leur punition. qu’il s’enthousiasme en revenant constamment à l’idée pour lui ajouter de nouvelles précisions. mais de la personne. En voyant que c’est Dieu qui « donne… la joie ».ÉTUDE DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE EN LANGUE ANGLAISE 767 prouve que l’âme subsiste. mais à respecter une certaine morale : faire du bien. si l’on ne comprend pas qu’il trouve un bonheur d’être ici dans l’approfondissement quotidien de la réalité ordinaire. Même sa perspective sur la sagesse . ce n’est pas pour fournir encore un exemple de la duplicité d’Albertine (dont le mensonge fait que le narrateur se trompe sur la date exacte de la mort de Bergotte). et que savons-nous encore ? — s’associaient dans l’unité originelle. Il ne s’agit pas non plus de la survie de l’œuvre et du nom. L’Ecclésiaste peut étonner encore davantage. En examinant « ce qu’il est bon (towb) pour les fils de l’homme de faire sous les cieux ». une confession. puis tout à coup aux « Pluies et rosées ». c’est là son grand mal : il ne peut être longtemps attentif à ce qui est abstrait » ? Les détails du corps du monde sont-ils à connaître et à aimer. l’homme est tout enfoncé dans les choses sensibles . en prenant plaisir à s’enfoncer dans les choses sensibles. le bonheur terrestre sous le signe de la « crainte » et de l’« écoute » de Dieu. aux cieux. « Mers et fleuves » et « fontaines ». à la lune. aux poissons. mais une conscience incessante de l’autre. commencent par bénir Dieu avant de se lancer dans un chant passionné où ils demandent à tous les phénomènes de l’univers d’en faire autant. Pourquoi reconnaissons-nous l’obligation (pour rappeler Proust) de conserver les espèces ? Les petites choses sont-elles importantes ? — l’activité dans la rue au-delà de nos fenêtres. une lumière d’hiver qui argente les quais et qui devient visible sur les vaguelettes de la Seine — ou faut-il penser comme Fénelon. de sortir de soi. c’est apercevoir l’Éden. précisément. mais que les flammes épargnent. comme une obligation réjouissante. le bonheur d’un ici immense et harmonieux. Notons finalement la profondeur ici de l’acte poétique : en chantant ensemble leur poème. Donner ainsi à toute chose une importance en dehors de nous dans un ensemble numineux. peut-être. neiges. Faire appel aux éclairs. un autre vocabulaire). aux « Vents ». glaces. Un poème de l’Ancien Testament. on comprend pourquoi le chant est précédé de la prière de l’un des trois adolescents. mais qui est devenu le Benedicite des liturgies romaine et anglicane. les trois jeunes Hébreux que Nabuchodonosor a fait jeter dans une fournaise ardente. le passage du troisième chapitre de Daniel qui figure seulement dans la Bible grecque. en associant « Lumière et ténèbres » et « Rosées et bruines ». qui reconnaît que Dieu a agi avec justice en punissant les Hébreux par la captivité babylonienne. c’est créer. L’acte de se mettre en rapport avec l’universalité du monde ambiant est encore plus joyeux si l’on s’en sentait auparavant tout à fait séparé. des choses toutes proches : gelées. ou le corps humain et la réalité matérielle sont-ils pour nous une prison ? Dans le Benedicite. et le moyen de sortir de la misère et du désespoir se révèle être. non pas une conscience de soi. les trois . Ils s’adressent aux anges. Ils passent de façon vertigineuse entre les choses grandes et petites. un mouvement continu vers ce que Wordsworth appelle « les présences de la Nature » qui permet à la personne de se comprendre dans ses relations avec le Tout. ou du Réel. et qu’elle « donne la vie » à ceux qui la possèdent. aux nuages. aux « Feux et chaleurs de l’été ». Ils s’émerveillent de l’ici. aux « Froids et rigueurs de l’hiver ». et le rédacteur du texte finit par dire que l’auteur de ce « grand nombre de sentences » choisit ses mots « pour donner du plaisir ». au soleil. dans le deuxième des trois Dialogues sur l’éloquence (en utilisant.768 MICHAEL EDWARDS change dès qu’il s’aperçoit qu’elle est supérieure à la folie comme la lumière aux ténèbres (autre allusion au début de la Genèse). peut aider à réfléchir sur certaines questions concernant l’ici et son bonheur. En parcourant cette tout autre lecture de la Genèse. Un ouvrage apparemment assombri par le pessimisme recommande. aux baleines. non pas personnelle mais collective. qui exalte les créatures en même temps qu’il les invite à exalter Dieu. que depuis « le péché originel. au pire. il faudrait traverser « la région ténébreuse où l’on ne pourrait voir ni de jour ni de nuit » — et en écrivant un récit de voyage qui est en même temps un conte magique. à l’extrême orient de notre désir. Mandeville évoque le caractère fictif du réel. En s’aventurant. du cœur du feu créateur. au moi qui souffre et qui reconnaît ce dont il a besoin. d’un « ciel . que Valéry évoque dans une sorte de poème en prose inclus dans les Cahiers pour 1921. et il laisse supposer que le réel cherche un sens — ici. en disant une poésie vocative. Le livre commence comme un guide pour les pèlerins de la « Terre de promesse ». sur autre chose. comme le rêve ou la recherche de l’idéal. de John Mandeville. Puis. mais Mandeville quitte bientôt la géographie réelle afin de voyager. comme édénique. par moments. en imagination. l’imagination et la parole poétique. qui sont d’abord des villes et des églises. mais dans ce qu’il appelle le « par delà ». et il termine en demandant à ses lecteurs de prier Dieu de lui pardonner ses péchés. Conscient que la Merveille n’abolit pas la maladie et la mort. et leur nombre même se révèle démesuré. Ce désir étrange de croire que le Paradis est encore présent quelque part sur la terre vient sans doute en partie de notre impression que le monde se présente réellement. vers son idée de « l’Asie profonde ». au monde familier.ÉTUDE DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE EN LANGUE ANGLAISE 769 adolescents évitent le lyrisme du moi . deviennent de plus en plus prodigieuses. s’étant émerveillé du réel et de son possible. notre fantaisie. auquel nous mélangeons toujours notre imagination ou. Écrit en anglonormand vers 1356. Le Paradis est de toute façon inaccessible — pour aller vers cette clarté parfaite. Mandeville signalant qu’il lui est impossible de les raconter toutes. et pour être malade : il souffre de la goutte articulaire. la présence-absence du Paradis — comme une œuvre cherche un sens à composer. Les « merveilles » qu’il raconte. en visant. Après son grand voyage dans le fabuleux du possible. Certains ouvrages à moitié légendaires suggèrent à la fois le bonheur du réel et le bonheur du possible : les Voyages. ils créent un rapport chaleureux entre le monde et ce qu’il y a de plus profond en eux . Il revient en vue de son ouvrage : « j’ai mis ces choses-là en écrit ». le Paradis terrestre. La profondeur du bonheur quotidien vient de ce que le vécu ne donne pas seulement. devient l’expérience d’un grand Tout. comme plus tard tant de personnages shakespeariens. comme il souligne par ailleurs la multiplicité des êtres vivants qui peuplent le monde selon l’élan irrépressible de la Création. par exemple. ils renouvellent le monde par la mémoire. vers les royaumes du Grand Khan et de Prêtre Jean. comme celle de Whitman. mais qu’il l’attire aussi dans la trame des événements et le temps qui passe. il reconnaît en même temps le bonheur et le malheur d’être ici. grâce à une certaine lumière. qui est relié au monde familier par ses fleuves qui divisent les terres de Prêtre Jean en plusieurs régions. il retourne en Europe. et qui alimentent même le Nil et « toutes les eaux douces du monde ». ou à la beauté émerveillante de certains lieux. il découvre. d’une « immense plage ». à une réalité qu’il définit avec un certain génie. il figure parmi ces œuvres « françaises » peu connues en France qu’un des plaisirs de cette chaire a été de remettre en valeur. Le bain de mer. il revient au vrai lieu de l’écriture. non pas dans l’au-delà. par exemple. la totalité des créatures qu’ils ne voient pas. / Comme un grave pèlerin portant sa palme. un masque joué au château de Ludlow en 1634 qui constitue une méditation persévérante et admirablement multidimensionnelle sur le bonheur et l’ici. par exemple. non pas de soi. habitant des bois. de son être. où s’alignent vis. sorti de la mer. dans un magasin en province. Milton explore le rôle de la poésie en ce domaine dans Comus. « Se mouvoir dans le mouvement ». Milton évalue surtout la sensibilité à la beauté naturelle chez les deux personnages principaux : Comus. La jeune fille aussi décrit le soir : « when the grey-hooded Even / Like a sad votarist in palmer’s weed / Rose from the hindmost wheels of Phoebus’ wain » (« quand le Soir au capuchon gris. écrous. Puisque la quincaillerie « vogue vers l’éternel » et vend à satiété « les grands clous qui fulgurent ». et la jeune fille qui résiste à ses enchantements. Étant « virginales ». et observe que les rayons du soleil au couchant ne descendent plus vers la terre mais montent jusqu’à la voûte du ciel. 1943). / S’élevait des roues disparues du char de Phébus »). plutôt que la réflexion. La poésie naît d’un regard qui imagine. Dans « Quincaillerie » (Usage du temps. Par ses tout premiers mots. ces croix de grilles sont toutes neuves comme au commencement. pour éprouver l’existence. Lorsque le vent couvre les lames « d’écailles. comme on passe. ou que Valéry. de tuiles ». pour saisir que le quotidien n’est pas des objets en vrac. par exemple. fils de Circé et maître d’une drogue qui transforme la tête de l’homme en tête d’animal. afin d’en révéler peu à peu la dimension extraordinaire et tout aussi réelle. Sa sensibilité est détachée. ne procèdent pas de la rhétorique. clous. on passe. à la poésie. grâce à une attention accrue et à une mémoire fertile. des premiers mots : « Dans une quincaillerie ». ressentir dans le tréfonds de l’être incessant l’animation de toutes choses. on comprend que les métaphores. mais de la réalité. il dit le soir avec beaucoup de délicatesse : il évoque le rapport entre le haut du ciel et la vie sur terre en notant l’étoile qui enseigne au berger de rassembler son troupeau. Si . qu’avec l’eau qu’il étreint il enfante « mille étranges idées ». parfaitement exactes. En s’abandonnant au milieu. verrous et croix de grilles. se rappelle une figure de la poésie gréco-latine pour dire que le char du soleil rafraîchit son essieu brûlant dans les eaux de l’Atlantique. perçoit la beauté du monde et prend plaisir à en rehausser l’éclat à l’aide de la poésie. de la banalité à une grande lumière qui irradie le quotidien bien vécu. Jean Follain glisse dans un monde encore plus ordinaire. et son don poétique ne le conduit pas à honorer ni à aimer. Comus. « marche sur le miroir sans cesse repoli par la couche mince d’eau qui se recontracte ». solide et toujours là. cependant. aux derniers : « qui fulgurent ». se trouver ici et en même temps dans une réalité qui s’élargit. qui parle d’objets simples qui ne sont pas de simples objets. dans la lecture du poème. Le poème est une leçon de vie. mais un monde que l’on peut rencontrer. que la réciprocité entre son corps et le corps du monde donne naissance. c’est devenir un esprit et un corps qui œuvrent ensemble.770 MICHAEL EDWARDS énorme ». par un ici qui voyage vers un temps inconnu. mais de la réalité. qui demeure destructeur. et surtout d’une « eau universelle » et d’un « jeu divin » où les adjectifs ne décrivent pas les substantifs mais les développent. Il suffit de toucher les objets « pour sentir le poids du monde inéluctable ». Valéry découvre que son corps renouvelle son esprit. car Mnémosyne est « posée […] / Sur le pouls même de l’Être ». S’il dit aussi qu’Écho habite près des « rives verdoyantes » du Méandre ou dans un vallon « brodé de violettes » et qu’elle dort sur « un lit de mousse ». il éprouve la « certitude » de qui se réveille à l’ici. de toucher à l’être. l’Être n’étant pas une idée. et qu’en lissant le « plumage de . le soupir qui précède les mots. il y découvre. qui demeure après les bruits du monde et les sons du poème. Claudel parle aussi du « clair dialogue avec le silence inépuisable ». Ce « dialogue » avec le silence serait à mettre en rapport avec « l’interrogation » que le poète nouveau confie au « savant chœur de l’inextinguible Écho ». comme Claudel. De la même façon. sa comparaison est profondément exacte. Milton et Claudel invitent à réfléchir aussi sur le rapport entre le poète et le bonheur d’être ici avant même la naissance du poème. à l’acte poétique. où se trouvent ses deux frères. ou bien d’être à un commencement où tout est possible. Entendre le silence du silence. une ombre s’élève. et se met en rapport avec le réel en y apercevant le signe de sa croyance . un vaste silence qui soutient tout. selon la fable. ce ne sont pas ses propres mots qui reviennent vers lui. vers le lieu où naît. il apprend un bonheur éveillé qui est également un bonheur auquel on se réveille . Claudel. au contraire. Il décrit une certaine mauvaise écoute de la musique. et où l’on peut sans cesse trouver autre chose. elle voit aussi un pèlerin. à un pèlerin au capuchon gris. comme lorsque Comus imagine que les notes de la chanson se répandent dans la voûte nocturne. ou une mauvaise lecture de la poésie. au sommeil provoqué par une poésie qui s’enchante d’elle-même. où il sent quelque chose de « saint ». l’éveil provoqué par la poésie orientée vers le réel . et pour comprendre ces deux échanges inattendus il convient de revenir à Comus. en évoquant. ce serait voyager très loin dans ce qui est. mais des mots inouïs. au temps. en effet. en créant pour l’imagination. plongent la raison dans un « agréable sommeil » et une « douce folie ». en observant qu’au moment où le soleil disparaît. comme le bruit. Milton semble concevoir cette situation singulière (Écho ne peut répondre. qui prennent « l’âme emprisonnée » pour la bercer de « plaisirs élyséens ». c’est sans doute pour ne pas séparer le domaine mystérieux du silence et du son du réel le plus palpable. « La si sobre certitude d’un bonheur éveillé ».ÉTUDE DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE EN LANGUE ANGLAISE 771 elle pense à l’imagerie païenne. Le silence n’appartient pas. un mauvais regard sur la peinture. que j’avais commenté en 2006-2007 sous un autre angle. mais une Vie. Et ce silence au fond du silence nous attire vers le cœur battant du réel. et de suggérer que. cependant. Comus reconnaît que les chants de Circé et des Sirènes. dans sa chanson. regardant sur un sarcophage un bas-relief représentant les Muses. que les derniers mots qu’elle entend) afin de réfléchir. Dans Les Muses (19001904). lorsqu’un poète interroge le silence ou l’écho. où la jeune fille demande à Écho. perdus dans la forêt. écrit ceci : « dans le silence du silence / Mnémosyne soupire ». ou bien de se trouver au centre. différents de ceux qu’il avait eu l’intention d’écrire. comparable. le soir étant réellement le moment où des pensées graves viennent à l’esprit . Il oppose. elle renouvelle notre perception du soir. pour le poète mais non pas en lui. de « sacré ». et il suffit d’en devenir conscient pour avoir l’impression. Étonné par une chanson de la jeune fille. (Il pense peut-être à la lune qui fait soudain luire un nuage. du responsable de cette clairvoyante ivresse. qui s’étend sur toute sa largeur. comme si Manet était le nom du fabricant. ni la serveuse. la poésie n’est faite ni d’idées ni de mots. est la création de la serveuse réelle. comme dans l’Impressionnisme. des propositions sans doute louches. mais une profusion de lignes horizontales montre que le miroir est droit. dans le coin d’un tableau où règne partout ailleurs la vivacité de l’instant. L’homme du miroir. mais de paroles. comme pour Claudel. ces chants parlent néanmoins. et on peut penser que la scène impossible. Ici. ou de provoquer. Musique du réel indépendante de nos idées et de nos émotions. Notons finalement. Une des nombreuses façons d’associer la musique au bonheur d’être ici passe par les chants d’oiseaux. tend à la nature un miroir magique. Le reflet de celle-ci est déplacé à droite comme par un miroir courbe ou à facettes. un tableau figuratif. Manet signe l’ouvrage sur une bouteille. une question à l’Univers conçu comme une immense chambre de résonance. La serveuse qui nous regarde et son reflet qui nous tourne le dos retrouvent la disposition des personnages dans Portrait de Zacharie Astruc et Le Chemin de fer (toiles. L’ici devient mystérieux : le tableau est partagé (comme Le Balcon ou Le Skating) entre un premier plan plein de la vie immédiate des êtres et des objets et un arrièreplan secret. ses cheveux sont plus déployés sur sa nuque. Dans Un Bar aux Folies-Bergère. non pas la présence de l’au-delà. dans ce tableau où le réel s’ouvre à son propre arrière-fond imaginé. comme le poète. Il apporte aussi le temps qui dure et qui semble se libérer des moments qui passent. elles le font sourire. qui est souvent le sujet même du tableau. même réaliste. le tableau inclut un miroir. et la serveuse passée de l’autre côté du miroir est un peu plus corpulente. mais on sait qu’il ne reflète exactement ni les bouteilles sur le comptoir. et surtout de l’humour. comme les autres que j’ai mentionnées. Pour Milton. mais un au-delà de la présence. des rues de Paris. comme les poètes le sentent en les plaçant au point . qui commencent comme un soupir et qui résonnent dans la chambre de résonance de l’oreille. Manet trouve ainsi le moyen de rendre visible la vie intérieure d’un personnage. ou celle du peintre dans cette nouvelle géométrie de l’espace. des cafés-concerts. mais pour son dernier chef-d’œuvre il cherche aussi dans le lieu une profondeur autre. qui lui permet de passer le seuil de la présence immédiate afin de sonder. Manet continue de s’intéresser à la fraîcheur du maintenant. la présence à la fois de la mélancolie — la saturation du bleu — et de la joie. en enfreignant les règles de la peinture figurative. de 1881-1882. où l’ici est le monde moderne des gares. comme si le réel familier donnait sur un plus-loin étrange et attirant. La peinture établit des rapports multiples avec le bonheur d’être ici. et elle se penche davantage. où la serveuse reflétée se penche vers un homme en haut-de-forme afin d’écouter. qu’Un Bar aux Folies-Bergère reprend. figure le nouveau regard de Manet. qui usurpe notre place. résume et dépasse). Un miroir signifie notre désir de faire mirer la visibilité du monde dans l’altérité d’une surface qui change tout sans violer les lois de la vision . au chatoiement incessant des présences du monde.) La jeune fille pose. à un Silence qui capte d’autres voix et qui peut les répéter.772 MICHAEL EDWARDS corbeau » de l’obscurité. le chœur. tout à coup. et j’ai réfléchi également. où Haendel étudie à sa manière. mais une des leçons de l’engagement dans l’ici est que tout lieu est privilégié dès qu’une sorte de besoin vital du monde ambiant nous permet d’en discerner la richesse. dont on ne soupçonnait pas l’existence. à se rapprocher des rumeurs du monde. nous sommes même ce rapport. mais la joie profonde et pensive. Pour Milton. je n’ai pas parlé du bonheur d’être ici à propos d’une œuvre. et à faire dialoguer un chant d’oiseau avec le chant humain. Si j’ai parlé de Milton à plusieurs reprises dans ce cours. notre façon de voir et notre manière d’écouter. du commencement. Devenus attentifs. par exemple.ÉTUDE DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE EN LANGUE ANGLAISE 773 culminant de tant de reverdies. sur la « création littéraire » à laquelle cette chaire est consacrée. le Pont des Arts. sans paroles. qui. . Haendel ressent une joie très évidente à rapprocher les trilles de sa musique de celles de l’oiseau. dans sa pureté. les solistes suivis du chœur chantent « Alléluia ! » Dans une musique qui est en principe sacrée. dans ce contexte. l’orchestre prend la relève dans des phrases musicales qui rappellent la forme de l’expression. l’intègre finalement à la phraséologie et à la structure musicales de l’époque. du Chant des oiseaux de Janequin au Catalogue d’oiseaux de Messiaen. qui cherche. Je suppose qu’ils fascinent les musiciens parce qu’ils ressemblent à la voix humaine et qu’ils encouragent une musique désirable et impure. au-delà d’une simple imitation. Au dernier cours. la nuit. le monde autre de l’art. étincellent sous les pieds. la peinture et la musique. Purcell choisit. puis. « malgré la peine ». au lieu de s’en éloigner afin de créer. où nous soutiennent respectivement la poésie. Chez Haendel. la voix du rossignol est celle. tout en imitant le rossignol. Nous sommes par notre rapport aux lieux. deux poèmes de Milton épissés intelligemment (et complétés médiocrement) par Charles Jennens. mais de l’ici qui dure et qui s’approfondit . en 1740. les signes que nous fait la réalité quotidienne et qui sont différents pour chacun : les lumières. comme de fins sourires. au deuxième chapitre du Cantique des cantiques. Pour son My Beloved Spake (Mon bien-aimé a parlé). Le Pont des Arts est un lieu privilégié. nous vivons par notre langage. et la voix humaine. à entrer dans le jeu d’un chant extra-humain. qui suit traditionnellement une mention de Dieu. c’était en partie pour honorer le quatrième centenaire de sa naissance en 1608. non pas de l’ici qui s’ouvre à l’avenir. Milton voit dans le chant de l’alouette la victoire sur la nuit. d’une joie qui renaît. mais d’un lieu en particulier. du possible. qui cherche. venant du cœur obscur de la nuit. il Penseroso ed il Moderato. Purcell s’enthousiasme pour le retour des chants d’oiseaux et fait chanter un « alléluia ». elle ne figure pas l’allégresse. intervient pour la première fois en les chantant après les solistes. la flûte baroque. impose à la longue sa supériorité. C’est comme si la musique exprimait la nature en l’embellissant. La musique change de rythme et s’enflamme aux mots tout simples : « et le temps du chant des oiseaux est venu ». qui fut aussi ma leçon de clôture. nous apercevons les interventions du réel. l’annonce d’un commencement et de l’espoir et le bonheur d’être ici « in spite of sorrow ». composé vers 1680. Deux oiseaux figurent dans L’Allegro. entre les planches du tablier. à la pensée d’une musique printanière. où il est dit que l’hiver est parti. comme aux personnes . que la pluie a cessé et que les fleurs apparaissent. une reverdie. poésie. mais la vie). la mémoire. en nous réveillant (la vie est un rêve dont il faut sans cesse se réveiller). . en parlant du réel et du possible du réel. ou mieux. si Whitman voit « la terre en expansion à droite et à gauche ». vers autre chose. et pour mourir. le pont nous place entre l’immobilité des édifices et le mouvement de la Seine. vers l’autre rive. Elle est proche aussi en ce que chacune de ces interventions. Je voulais surtout que cette leçon de clôture soit une leçon d’ouverture. sous nos yeux. cette vision est à notre portée autant sur un pont de Paris que sur le continent américain. l’aval étant l’avenir. dans le domaine de la création littéraire. la joie mélancolique du surcroît de réalité qui attend et de la disparition. est tout à fait salutaire. ou à un effondrement. l’amont étant l’origine. que le lieu veut dire quelque chose. et pour cela une pelure d’orange abandonnée sous un des bancs du Pont des Arts peut être aussi efficace que la vue. qu’il cherche à devenir. qui est en suspens entre l’amont et l’aval sur une passerelle de bois elle-même suspendue au-dessus de l’eau périlleuse. ou le tout. Et les arts sont un pont. une pièce de théâtre. il peut faire penser aussi à un radeau. ou un récit.) Sur le Pont des Arts. mais je sais que le poème attend dans le lieu. l’ici-bas à l’ici-bas. c’est le sentiment que le lieu aussi attend de devenir poèmes. Chacun de ses détails peut aussi éloigner de ce que Whitman appelle. que tout lieu a une belle hauteur sous plafond. peut être à l’origine de la création d’une œuvre. un soir d’hiver. on se trouve dans une œuvre d’art : parmi de grandes architectures et au cœur du paysagisme urbain. l’aventure. on n’a pas besoin de cesser de vivre. Le pont partage aussi l’amont et l’aval. à une perte de soi qui. vit par le temps et sait que chaque instant est le moment opportun. c’est sans doute voir les choses telles qu’elles sont. mouvement de l’être vers l’être de l’autre. On sent également que. et chant par lequel nous rendons présente la présence du monde. Une des sources de la création littéraire. le fleuve associant à merveille les deux quand. mais qu’un pont relie aussi la terre à la terre. des arbres sous forme d’ombres se déplacent lentement sur les immeubles proches au passage d’un bateau-mouche illuminé. On sent ici que « l’être qui devient » (Antonio Machado).774 MICHAEL EDWARDS La littérature est donc toute proche. Puis. ces deux sens à la fois prosaïques et figuratifs. le bonheur du vécu et de l’appris. vers le réel. en remarquant la fumée verte du saule à la pointe du square du Vert Galant. baigné de nuit. dans le poème commenté. le possible. malgré les réverbères. entre le besoin de durer et le besoin également urgent de changer. le « noir emprisonnement » dans le soi « autre » et « louche » qui nous habite (ce n’est pas la mort que nous avons à craindre. Lorsqu’on regarde le lieu changer. Les auditeurs si sympathiques ayant demandé un bis. dans un geste horizontal et humble. de la Cour Carrée du Louvre. finalement. dans le rapport entre le lieu et le poète. on sent qu’un poème pourrait commencer ici. (Mourir. passage vers ce qui est. sous des flots de lumière dorés. j’ai lu mon poème « Le Pont des Arts ». Je ne sais pas si la sculpture attend dans la pierre. Fragile. par ce très vieux genre littéraire qu’est l’éloge. le passé. c’est autre chose. « Yves Bonnefoy et les Sonnets de Shakespeare ». Études. n° 150. juin 2008. pp. 76. Orbey. La littérature et l’espoir du lieu ». 292 p. le 7 juin 2008. juillet-septembre 2007. Prix Prix Dagnan-Bouveret de l’Académie des sciences morales et politiques pour De l’émerveillement. Continuum. pp. Champion. Le rêve et la ruse dans la traduction de la poésie. 19-29. « Variations sur L’Ecclésiaste ». Crypte Ararat. Arfuyen. « Autrement dit ». Paris. Colloques. Ecstacy and Understanding. et dans plusieurs journaux français et anglais. « Donald Davie et la difficulté d’être ». Londres. Paris. Études anglaises. « L’Eutopie. Le Genre Humain. à la radio. Entretiens à la télévision. Préface. 25-39. Membre. 2007. avril 2008.ÉTUDE DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE EN LANGUE ANGLAISE 775 Activités de la chaire Publications De l’émerveillement. 280-289. La Poésie de Geoffrey Hill et la modernité. Comité d’honneur des Amis de Rimbaud. sous la direction d’Yves Bonnefoy. 192-202. Grafe. « Le poème est … ». 2008. Littérature. entretiens Lecture de poèmes. Littérature et vanité : la trace de L’Ecclésiaste en littérature de Montaigne à Beckett. . lectures. Shakespeare poète. « Vues et revues de Paris » (cinq poèmes en versions française et anglaise). Gallet. La Conscience de soi de la poésie. 121-130. L’Harmattan. éd. Paris. pp. pp. sous la direction de Gérard Pfister. La poésie. pp. janvier 2008. 2008. Fayard. Syminton. Bonhomme. Port-Royal des Champs. « Shakespeare : le poète au théâtre ». 2008. Kilgore-Caradec. Harrison. Paris. « Unpropitious : Christian Poetry and ‘Now’ ». le 15 mars 2008. 2007. 95-106. 2008. éd. pp. éd. 69-79. p. New York. Société Française Shakespeare. pp. . 29 novembre 2007. Musée d’Orsay. Les mutations des discours sur l’art en France dans la seconde moitié du XVIII e siècle. Gibt es eine französische Rezeption der deutschen Kunstgeschichte ? ». bilans et perspectives.Histoire de l’art européen médiéval et moderne M. — « La réception du Romantisme allemand en France ». Ecole du Louvre. Académie royale de Belgique des Sciences et des Arts. Roland Recht. — Comité de rédaction de la revue Perspective. . membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres). conférence pour le centenaire du Deutscher Verein für Kunstwissenschaft. 30 août 2007. — « Gotische Architektur zwischen Abbild und Bauforschung. Université de Lausanne 14-16 février 2008. professeur 2007-2008 : Le cours n’a pas eu lieu cette année. 15 mars 2008. — Comité de rédaction de la revue en ligne artefakt. Activités du professeur Nouvelles responsabilités scientifiques — Comité de rédaction de la revue en ligne Histara. Bruxelles. Kunstgewerbemuseum. — « Goethe et Falconet ». Paris (Centre allemand d’histoire de l’art). communication au colloque Histoire de l’art du XIX e siècle (1848-1914). Participation à des colloques — Invité d’honneur aux Rencontres d’Archimède consacrées à l’avenir du patrimoine. Conférences — « Parler de l’art en Europe ». communication au colloque De la quête des règles au discours sur les fins. Berlin. Cluny. 13-14 septembre 2007. 10-12 avril. conférence dans le cadre de l’exposition Le grand atelier. dans Relire Panofsky. Basch. — France-Culture. — France-Culture. Chemins de l’art en Europe (V e – XVIII e siècle). catalogue de l’exposition Europalia. Colloque réuni les 22 et 23 juin 2007 à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. édition anglaise : The grand atelier. XIV. édition allemande : Atelier Europa. — « L’historien de l’art est-il naïf ? Remarques sur l’actualité de Panofsky ». (dir. S. p. M. p. 157-159. juil. Moritz sobre Winckelmann : a critica constitutive da historia da arte ». (dir. 235. Paris 2008. J./ août 2008. Paris 2008. édition flamande : Het meesterlijke atelier. Articles de presse et médias — Chronique mensuelle dans Le Journal des Arts. 62-73. p. 11-36. Peinture fraîche.778 Ouvrages : ROLAND RECHT — Le grand atelier. . Cycle de conférences au musée du Louvre du 19 novembre au 17 décembre 2001. dans Arte & Ensaios. Pathways of Art in Europe (5th-18th centuries). invité de Jean Daive. Dialogue entre art moderne et art contemporain dans la collection Würth.Beauxarts de Paris. Revista do Programa de Pos-Graduaçao em Artes Visuais EBA-UFRJ. septembre 2007. 166-173. 236-248. — Relire Panofsky. 200 pages. dans Les frères Reinach. Rio de Janeiro. n° 15. Meisterwerke Kunst aus 1300 Jahren. Bruxelles 2007 . — « Buren sobre Ryman. p. Louvre . 336 pages . 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Chaire de création artistique Mme Ariane Mnouchkine. . professeure associée Le cours n’a pas eu lieu. . on situait et on définissait les études coraniques comme étant une partie intégrante des études sémitiques. les heures du séminaire se révélèrent être. En effet. En conclusion. de par leur vivacité.Chaire européenne M. des heures de cours. celles-ci excédant. définition des termes techniques clés dans le Coran à partir de leur origine étrangère. — qui exigeaient une présentation faite par l’enseignant lui-même au premier plan et ne permettaient l’intervention des participants que dans les discussions consécutives à l’intervention du professeur. professeur associé Études coraniques Dans le cadre des enseignements donnés par la chaire annuelle européenne « Études coraniques » en 2007-2008. développement de l’orthographe coranique. les discussions postérieures aux heures de cours se distinguaient par l’engagement sérieux des intervenants qui étaient bien souvent des gens instruits et spécialistes dans des disciplines voisines. pas d’isolement splendide d’un . 14 heures de cours et 14 heures de séminaire ont été tenues. la réaction du public. moi compris. etc. le temps prévu. et cela était dû aux sujets particuliers qui furent abordés — mots d’origine éthiopienne dans le Coran. D’abord. du reste très assidu du début jusqu’à la fin des cours. Manfred Kropp. De la même façon. démontrait que le concept pédagogique de l’enseignement avait réussi et portait ses fruits de manière tangible au niveau de l’information et du savoir de tous les participants. Donc. en pratique. Le cours La leçon inaugurale ainsi que les trois premières heures de cours formaient une unité méthodologique qui avait comme but de démontrer à travers l’exemple de la sourate 85 Le Cercle zodiacal les diverses approches possibles du corpus et des textes coraniques selon un « bricolage intellectuel » effectué par le philologue et l’historien. voire positiviste. ce que l’on peut savoir de sa transmission orale et écrite. par les croyants musulmans. pour des raison diverses qu’il ne fallait pas trop exposer. comme étant à la fois une œuvre sacrée et une révélation directe et littérale de Dieu. Ce qui semble une position et une approche évidente et naturelle pour un chercheur et scientifique. littéraire. Cette position peut se résumer dans la formulation suivante : nous cherchons ce que l’on peut savoir de l’origine. suivie par la plupart des traducteurs occidentaux . les exemples de critique textuelle appliquée aux passages choisis du Coran qui furent présentés durant les heures de cours voulaient démontrer ce que l’on peut atteindre avec le matériel qui est déjà à notre disposition et avec les méthodes expérimentées et approuvées par la philologie historique. par un roi himyarite juif qui s’est passée plus de cent ans avant la révélation coranique. linguistique. envers ce corpus de texte qui est considéré. d’une édition historico-critique du texte coranique. etc. La conséquence la plus éclatante d’un tel comportement dans la recherche est le fait qu’on ne dispose pas. L’image suivante donne le texte en traduction française selon l’interprétation traditionnelle musulmane. à savoir la persécution des Chrétiens arabes. Ceci en citant ou en se référant au Coran.. on l’espère. Pour arriver à ce résultat ils doivent accepter quelques prémisses dans la compréhension du texte. il faut constater un fait surprenant : même la science et les études occidentales coraniques n’ont pas toujours suivi ces principes. Ce qui implique une position tout à fait séculière et rationnelle. en même temps. soit pour exemplifier l’éventail des méthodes à appliquer afin de trouver une hypothèse plausible pour l’origine. En attendant cet opus magnum qui. de la nature et de la fonction primordiale de ce texte apparemment produit en langue arabe (mais laquelle ?). Mais là. Les exégètes traditionnels y voient une référence du Coran à un événement historique. jusqu’à maintenant.784 MANFRED KROPP sujet singulier et extraordinaire. . va se réaliser durant le xxie siècle. à partir du viie siècle après J. Premier exemple : la sourate 85. mais une collocation du phénomène coranique avec l’histoire religieuse. etc.-C. du Proche-Orient antique et de la Basse Antiquité. en écartant dans un premier temps tout ce que l’on croyait à propos de ce texte. les études littéraires et religieuses comparées. on pointe les flèches vers les points névralgiques de cette interprétation. la linguistique comparée. la langue et le contenu du texte coranique. les premières inscriptions et les papyrus en langue arabe. la fonction première. bien que la tradition musulmane et d’autres traditions puissent aussi apporter de temps à autre des éléments valables concernant les témoins matériels et les sources primaires. 1-9 Le Cercle zodiacal Ce petit texte de 9 versets s’est révélé emblématique et tout à fait pertinent soit pour démontrer les particularités de la tradition et de l’interprétation musulmanes. à savoir les premiers manuscrits coraniques. dans la ville de Najran. donne son nom à la localité présumée pour l’événement. n’invitant pas à la réception critique du contenu. qui d’habitude veut dire « se venger de ». 5 – feu sans cesse alimenté – 6 tandis qu'ils étaient assis autour. exactement le contraire de la nature du texte en question. Néanmoins. le Digne de Louanges. de toute chose est Témoin. du four » résultent d’une interprétation ou bien d’une définition d’un mot rare et douteux en arabe (ukhduud). 8 ils ne les tourmentèrent que parce que ceux ci croyaient en Allah. il faut d’abord essayer de définir la situation communicative de ce petit texte. Et c’est. de caractère et de fonctions très diverses et divergentes. contre l’évidence de l’emploi du temps du verbe concerné en arabe qui indique ou bien le présent ou bien le futur. tandis que les serments d’habitude requièrent une promesse ou une menace postérieure. Les trois serments. le Bienfaiteur miséricordieux 1 Par le ciel renfermant les constellations 2 par le jour promis ! 3 par celui qui témoigne et ce dont il est témoigné !‘ 4 [Ils] ont été tués. ensuite. « Les hommes de la fosse. 9 à qui revient la royauté des Cieux et de la Terre. terme technique qui. Allah. en guise d’introduction. le reste du texte est mis au passé. la phrase suivante est comprise comme la constatation d’un fait du passé (« ils ont été tués »). dans son style solennel et surtout uniforme pour toutes les parties de ce corpus hétérogène. est une définition arbitraire du verbe arabe naqama. les Hommes du Four. Pour arriver à une interprétation alternative. dans le cadre du corpus coranique . ou bien tourmenter ». les points “névralgiques” qui demeurent Ou bien “qu’ils soient maudits”? Al-ukhduud: est-ce vraiment “le four”? Qui sont ces hommes? “Être assis” ou simplement “rester”? Ou bien “ce qu’ils font”? Qu’est-ce qu’ils ont vraiment fait? Qui sont “ils” et qui sont “ceux-ci”? Ou bien “(pour) qu’ils croient”? Il faut noter déjà maintenant que la récitation liturgique n’aide nullement à l’interprétation et à la compréhension du texte. le Puissant. mais à la contemplation et à la méditation religieuses sous l’influence de l’expérience esthétique du texte psalmodié. La récitation. sont pris dans leur sens littéral et on y voit une partie intégrale du texte.CHAIRE EUROPÉENNE 785 Versets 1-9 de la sourate 85 en discussion Au nom d'Allah. En conséquence. « Reprocher. composé de pièces d’origine. près de la ville de Najran. dans le verset 8. 7 témoins de ce qu'ils faisaient aux Croyants . est pensée pour donner au tout un caractère sacré et intouchable. on va le voir. ukhduud ne trouve pas d’explication satisfaisante à partir de l’arabe. de la terre et du ciel. Dans le cas de la sourate 85. de même. c’est bien la menace aux incroyants : « qu’ils périssent. Alors. se révèle comme étant un coup. ce qui correspond à une occurrence de tels hapax environ une page sur deux dans le texte imprimé. il ne faut pas trop creuser pour trouver un sens à chaque mot. Comment cette explosion de rage a-t-elle été transmise à l’écrit ? On peut s’imaginer qu’il s’agit du début d’une oraison bien construite et bien formulée. Mais qui t’enseigne ce qu’est ce mot et cette chose inconnus du public ? Le verset 5 n’est qu’une réponse. On sait maintenant qu’il veut dire un grand feu sans cesse . est une pièce hétérogène — la rupture se trouve après le verset 9 —. rares. mais aussi de belles promesses de paradis pour les croyants. N’oublions pas que le corpus relativement restreint d’environ 60 000 mots compte plus de 250 hapax legomena souvent de sens très douteux et disputé. surtout dans les sermons des présages et des poètes. qui présuppose la présence des questions rhétoriques qu’on retrouve souvent dans le Coran. Il est fort possible que cette hypothèse s’applique à bien d’autres passages similaires du Coran. Là. Ainsi. Le genre littéraire de ce texte explique les trois serments du début. très caractéristique des premières révélations. explication ou paraphrase du mot inconnu.786 MANFRED KROPP naturellement. Comme on l’a déjà dit : une promesse ou une menace doit suivre. Ce serait le caractère général . Disons dès maintenant que la sourate 85. les hommes de… » quoi ? ! Avec le mot énigmatique ukhduud. Il s’agit d’un énoncé bref et agité. voire étrangers ou inconnus. une explosion de colère intempérante d’un prédicateur ou d’un missionnaire qui voit son message rejeté par une partie — voire la grande partie — de son public. etc. ajouter de l’importance à son message avec des mots recherchés. utilisés comme un instrument rhétorique connu dans la littérature arabe pré-islamique. on rejoint une autre astuce rhétorique de l’orateur et du texte coranique en général : il veut impressionner son public. improvisée sur le moment et non transmise jusqu’à l’écriture. Mais il y a un lien logique et grammatical entre cette introduction et ce qui suit. obscurs. composée après coup par des rédacteurs postérieurs qui mettaient ensemble ces différentes parties du fait de la rime identique et du contenu similaire en quelque sorte. il faut s’imaginer une longue suite et un long développement de cette oraison. ou inconnu. on trouve des menaces du Jugement dernier et de la punition éternelle pour les incroyants. Avec de grands mots énigmatiques. bien que dans le cas de la sourate 85 des concepts religieux aient déjà pris partiellement la place d’autres expressions décrivant les grands phénomènes de la nature. on espère attirer l’attention du public à un moment donné : cela a bien la fonction d’une « sonnette ». telle qu’elle figure dans le corpus coranique. au verset précédent. Le fait qu’il s’agisse de quelque chose de volontairement incompréhensible est bien indiqué par la phrase suivante. compris comme étant une constatation du présent et du futur. par conséquent écrite comme un aide-mémoire . le caractère particulier de ce texte. très souvent sans relation logique avec ce qui suit. ou bien écrites ? — : un individu de langue araméenne qui traduirait en arabe ou bien un Arabe qui traduirait de l’araméen en arabe ? Le verbe araméen tbaC : il est. Ce séjour est un témoignage de ce qu’ils infligent aux croyants (l’orateur compris. L’araméen vient de nouveau à notre secours. Mais. c’est l’existence d’un calque linguistique en arabe qui serait modelé sur le verbe araméen. et est traduit dans un autre contexte. inviter ». Mais dans quelle langue ? Même si le mot araméen gdodaa n’est pas attesté pour le moment dans des textes religieux et parallèles au Coran. le verbe tbaC remplit les conditions requises. chercher à. mais pas d’une tradition orale authentique et ininterrompue. L’interprétation du verset 8 réside dans la définition du mot arabe naqama « se venger ? » et dans l’identification de l’agent pour ce verbe qui est en combinaison avec la sphère temporelle dans laquelle la phrase est située. Qui invite à croire en Dieu ? Les croyants. où le sens demanderait un complément arabe. doit avoir le sens de « demander. En syriaque.CHAIRE EUROPÉENNE 787 alimenté. C’est presque évident. le sens de la racine en araméen est. d’une flamme) ». Ce qui conduit au changement d’un point diacritique dans le texte canonique et reçu . du point de vue méthodologique. Le cas de naqama semble différent et plus compliqué. ce qui explique sa rage) dans le présent. ce qui est bien un indice qu’on disposait de manuscrits du texte. il faut trouver une langue. mais il a le sens grammaticalisé d’un verbe de temps prolongé : « ils vont rester dedans (éternellement) ». qui peut signifier « demander. avec l’alif prostheticum requis par la phonétique arabe. Notons au passage que le verbe qaCada « être assis » ne doit plus être compris dans le sens concret (les persécuteurs sont assis autour du grand feu où ils tourmentent leurs victimes). selon le contexte. surtout pour les cas des mots et expressions qui sont problématiques même pour la tradition musulmane. mais aussi dans d’autres langues araméennes. traduit correctement une fois par l’arabe naqama « se venger ». de nouveau : dans quelle langue ? Pour ukhduud / ujduud. chercher à » et « se venger » selon le contexte. en concordance avec la grammaire arabe. il faut d’abord traduire « pour qu’ils croient ». Naqama. et on lit. et puis un mot dans cette langue. Avec cela. dans . etc. et notamment le prédicateur. Si l’on continue. D’abord. le missionnaire. Ce qu’il faut supposer maintenant. Et il y a des incertitudes de la part des lecteurs et des exégètes musulmans dès le début de la tradition connue du texte.). araméen. en étant peut-être le fruit et le résultat de traductions. mais il faut le dire comme un principe de la critique textuelle dans les études coraniques : bien qu’elle soit des milliers de fois correcte. adapté à l’arabe tout simplement. entre d’autres. on a admis un mot étranger. la mise en place des points diacritiques du texte reçu et canonique est à remettre en question. Et cela ouvre une perspective pour l’interprétation alternative de ce qui précède. — seulement mentales. avec présent ou futur. on le postule comme hypothèse. les premiers témoins matériels ne connaissant ni points diacritiques ni autres signes de lectures (voyelles. « se lever (se dit de la poussière. ujduud avec le sens requis « flamme embrasée ». on arrive au dernier point névralgique pour le moment. ne leur ont harcelé (demandé) rien d’autre que de croire en Dieu. menace aux incroyants et infidèles. Le texte canonique en traduction : Sourate 112 Al-IkhlaaS « La Foi sincère » Au nom d’Allah. . versets 1-8 : 1. Allah le Seul (aS-Samad). en langue arabe. le Digne de Louanges. Par le témoignage absolu et complet ! 4. unique (aHad). en principe et dans l’usage répété. de la sourate 85. Il n’a pas engendré et n’a pas été engendré. Cet héritage aurait pu se former dans les périodes antérieures à l’islam où l’Arabie connaissait des mouvements missionnaires de toutes sortes — juifs. rythmée et rimée. a toute la chance d’être « pré-coranique ». considérée avec d’autres cas de textes coraniques. 3. mais bien construit. Par le ciel avec (son cercle de zodiaque qui paraît être) des tours ! 2. 2. qui. avec un rythme lourd et long et une rime de même nature (-uud). se prêtait à être répété. Deuxième exemple : la profession de foi de la sourate 112 Si déjà le passage bref. Mettons ensemble les pièces détachées de l’interprétation alternative de la sourate 85 « Le cercle zodiacal ». Ce n’était pas le cas et le mot est resté un pseudo hapax legomenon et un mot énigmatique dans le Coran. Ceux-ci (les croyants). Dis : Il est Allah. 1-8. – le feu (de l’enfer qui ne manquera jamais) d’alimentation ! – 6. en donnant témoignage (représenté par les tourments de la peine éternelle qui leur sera infligée) pour ce qu’ils font maintenant avec les croyants ! 8.788 MANFRED KROPP le sens de « demander » (p. le Puissant. les gens de la flamma flagrans – 5. Qu’ils soient maudits. voire même scandé dans les rues et sur les marchés comme un programme religieux. on va voir avec la profession de foi de la sourate un autre exemple de formule brève. nouvellement arrivé — bien dans l’esprit du prédicateur qui veut impressionner avec ses mots choisis. Talaba) d’une manière stéréotypée et mécanique toujours avec le même mot naqama. La traduction proposée cherche à sauver le parfum d’un mot étranger. le Bienfaiteur miséricordieux. exhortation et encouragement aux croyants — dans ce cas-là. chrétiens de diverses confessions — et serait le fruit linguistique et littéraire de tels mouvements dont l’islam naissant se serait emparé. Par le jour (du dernier jugement) promis ! 3. polémiques. aurait pu prendre le sens secondaire de « demander » en arabe courant. 4.e. 1. rares et inconnus — en choisissant un sens entre « se venger » et « demander ». harceler ». qui. tandis qu’ils resteront dedans (pour toujours) 7. N’est égal à Lui personne. le sens attesté pour le mot araméen étant « presser sur. en fait. d’être partie d’un héritage de textes religieux. Dans ce rapport. mais anti-trinitaire.CHAIRE EUROPÉENNE 789 Sourate 112 Al-IkhlaaS « la dévotion sincère » Un credo musulman et ses problèmes linguistiques Le Texte Les points névralgiques: vralgiques: névralgiques du point de vue linguistique ou philologique bien entendu. comme les deux autres sourates brèves qui la suivent à la fin de la rédaction canonique. on se limitera à un résumé de l’essentiel. Un tel texte peut être conçu dans des milieux chrétiens hétérodoxes. – La construction du nom de nombre "aHad" dans aHad" le premier verset qui précisément par sa pré cisé construction agrammaticale se révélera être un mot étranger – La signification du mot Samad et le rôle du verset 2 dans le contexte et la composition de la sourate – La forme et le sens du mot kufuc dans le quatrième verset. Un premier résultat de reconstruction d’une version originale orale de ce texte à partir des variantes attestées et selon les principes de la critique textuelle . ou bien juifs. les deux étant présents dans l’Arabie pré-islamique. dans la perspective des objectifs d’étude qui avaient été formulés. et d’une manière exhaustive. Cela va dans un sens d’interprétation qui a déjà été indiqué : il s’agit très probablement d’un petit texte religieux. quatriè verset. La tradition musulmane elle-même nous rapporte l’existence de doutes pour savoir si cette pièce. les soi disant variantes de lecture et de tradition orale ne sont que le résultat du travail des philologues postérieurs. où. Cette hypothèse est corroborée par le fait que la tradition des lectures offre pour ces passages de véritables variantes qui semblent bien être le reflet d’une tradition orale vivante. Leur action s’exerçait sur un texte dépourvu de points diacritiques et de voyelles. texte qu’ils ne comprenaient plus et qu’ils cherchaient à expliquer de leur mieux et selon leurs possibilités. la faaTiHa — espèce de prière introductive — font vraiment partie du texte révélé. on l’a déjà dit. En guise de conclusion: conclusion: Essai de reconstruction du prototype oral du texte écrit actuel Les « points névralgiques » ont été traités durant les heures de cours. Objectif de l’étude Mettre en relief l’importance et le rôle des variantes de lecture canoniques (qiraa‘aat) Description et exemple du principe stylistique: mot étranger suivi par une traduction ou une paraphrase en arabe Mettre en relief le rôle du «faux ami» dans la traduction: un mot arabe dans le texte est lr calque d‘un mot étranger. mais aussi dépourvu d’une véritable tradition orale. et la première sourate. Les résultats obtenus seront publiés sous la forme de divers articles séparés. un slogan polémique tripartite (on le verra). entendu. contrairement à tant d’autres textes et passages coraniques. Lorsqu’il est lu et compris comme le nombre arabe « un ». Le mot kufuc « égal » ouvre toute une série de questions. etc. mais également le nombre aHad « un. en passant. 328 A. Ainsi. Ce qui reste en terme de structure est une formule en trois parties. Le verset 2. le mot en question pourrait se révéler être une intarsia — « ornement étranger » — savante. autant de questions qui réclament une réponse avant qu’on puisse interpréter avec certitude le seul mot kufuc et sa fonction dans la phrase. mais aussi dans des textes arabes chrétiens du viiie siècle (fragment des psaumes bilingues de Damas) dans lesquels la langue n’est certainement pas un arabe classique et lettré. ensuite. et qui ne trouve pas de correspondant dans les langues arabes parlées modernes. C’est bien une explication du type obscurum per obscurior. parce que le mot arabe Samad est très rare et il fait partie plutôt du langage poétique . que la construction de la négation lam (verset 3) avec une forme du verbe préfixée pour le passé négatif. son sens semble être « compact. . unique » ont cette rime. l’hébreu eHad qui serait pris quasiment comme nom propre de Dieu en arabe. des questions qui mènent finalement au problème fondamental : de quelle langue (arabe) s’agit-il dans les premiers manuscrits coraniques ayant une orthographe purement consonantique. qui a fait couler autant d’encre que le mot qui devrait être expliqué. Pour proposer simplement la solution choisie. dépourvue de tout autre signe de lecture ? On peut ici seulement faire allusion au problème de l’existence d’un hamza dans cette langue coranique. il s’agit d’un slogan facile à mémoriser et à scander dans le public contre les adversaires religieux. mais une sorte de vernaculaire local. qui est retenue comme étant hautement littéraire et classique en arabe moderne. Là aussi. est une addition postérieure à la formule originale et se veut bien une explication et paraphrase de eHad en arabe et de sa construction. bien construite et rimée sur la rime -ad (typique pour les formules anti-trinitaires) car les mots walad « fils » ou « engendrer ». Notons. dur. Le mot problématique aHad « un » du verset 1 et sa construction grammaticale ont fait couler beaucoup d’encre depuis les premières études sur le Coran au début de l’exégèse musulmane jusqu’aux travaux scientifiques occidentaux — le dernier vers la fin du xxe siècle. la profession de foi juive en l’unicité de Dieu. ce qui correspondrait au fond avec l’idée de l’unicité de Dieu. il demeure des difficultés pour la construction syntaxique. disons que le verset 1 est bien évidemment une réminiscence du « SmaC Israel ». est bien attestée non seulement dans les premières inscriptions en langue arabe (par exemple celle d’en-Nemara. l’origine de l’alif otiosum et son usage. rocher. ». concernant d’abord l’orthographe des textes coraniques et de l’arabe dit « classique » et.). des quisquilia philologica.790 MANFRED KROPP est que le verset 2 serait une addition explicative postérieure qui se réfère au mot problématique. dernier mot du verset 1 : aHad (ou bien eHad ?). ainsi que la question de l’existence ou non d’une flexion désinentielle dans cette langue.D. non-vide. on l’a déjà dit. Q 72. qui. structure rythmique d’un slogan politico-religieux parfaitement équilibrée. un ». Lui donc – exalté soit-Il – est Un (Unique)! exalté soitUnique)! 2.taCaalaa . en premier rang desquels Jean Baptiste et Jésus (surtout l’histoire de sa naissance. Notre Seigneur n‘a pas pris 3. 1. En même temps. disons qu’avec les connaissances acquises et les méthodes éprouvées qui ont été appliquées. il faut constater que le genre est adapté à l’esprit de la langue arabe et de la littérature arabe. 3 Reconstruction de la formule originale et comparaison avec la version officielle l’application des connaissances acquises dans l’analyse de la sourate 112 à un vers de la sourate 72 al-Jinn “Les Djinns” Version officielle Wa-canna-huu – taCaalaa jaddu rabbi-naa – maa ttakhada SaaHibatan wa-laa waladaa Et Lui donc – que soit exaltée la grandeur . notamment le genre Soghito : structure en strophes avec un refrain constant et des parties narratives qui alternent avec des parties en dialogue. de Notre Seigneur! – • • n'a pas pris de compagne ou d'enfant. Ni compagne ni enfant! enfant! Eulogie en position correcte se référant à Dieu . il a été possible de déceler une autre de ces formules tripartites et anti-trinitaires coraniques dans le verset 3 de la sourate 72 Les Djinns.CHAIRE EUROPÉENNE 791 Et pour conclure le travail de critique textuelle et de reconstruction.Had! = 7 2. La version canonique cache bien par tous les moyens du camouflage philologique cette structure originale dans un seul vers au lieu de trois. Inna-huu . encore dite de Dieu. d’où le nom de la sourate). de même qu’elle efface un mot syriaque Had « unique. (Bloc thématique des cinq heures de cours du 6 mars au 17 avril 2008) La sourate 19 Maryam / Marie est une belle pièce narrative et poétique du Coran qui est composée de divers épisodes relatifs aux prophètes. en le remplaçant par un incompréhensible et mal placé jadd « la fortune » ou par des formes similaires. c’est-à-dire de l’arabe écrit en lettres syriaques. Points névralgiques: Eulogie prècede sa référence et se réfère à une des qualités de Dieu. Il faut encore bien des recherches comparées approfondies pour dresser un tableau de l’influence syriaque sur le Coran et surtout pour bien définir l’esprit et la structure de l’adaptation qui ne manque point de créativité et d’originalité. Rabb(a)-naa maa (i)ttakhad = 5(7) 3.1 sous form aHad) . mot savant Had = Dieu Unique (mot connu dans sourate 112. on y trouve tous les éléments essentiels de la poésie chrétienne syriaque. SaaHiba wa-laa walad! = 7 Troisième exemple : la sourate 19 Maryam /Marie : poésie religieuse parallèle à la poésie syriaque et des mots arabes chimériques qui sont le résultat d’une fausse lecture d’une Vorlage « modèle » garshouni. est exprimée par un mot étrange dans le contexte (jadd bonheur)! Reconstruction: 1. . Du point de vue littéraire. en outre. vus sous l’angle de l’hypothèse d’une influence araméenne ou syriaque. mais composés en langue arabe ! Phénomène bien connu par ailleurs dans la littérature arabe chrétienne .792 MANFRED KROPP Le texte de la sourate se prête à d’autres observations philologiques. Des mots arabes plutôt très rares (ce n’est pas par hasard qu’il s’agit d’hapax legomena dans le Coran même). En analysant les exemples présents dans les verset 97-98 de la sourate. rendues évidentes par des conjectures évidentes et heureuses dans le texte. sinon chimériques. Là. Cela jette une nouvelle lumière naturellement sur le sujet hautement disputé de l’existence d’une littérature arabe chrétienne avant l’islam. L’affaire se complique car. il faut admettre que dans le cas de ces Vorlagen « modèles ». Araméen /syriaque D / R deux lettres identiques à distinguer par des points diacritiques . il s’agissait de textes écrits en écriture syriaque. mal placés et difficiles à comprendre dans le contexte. voire racines. querelleurs ». en multipliant les exemples de fautes de lecture. la transposition. par exemple la racine WJL !). dont on pose l’origine en accord avec cette hypothèse de travail dans le temps pré-islamique. on arrive à proposer des conjectures ou émendations en supposant qu’il s’agit de fausses lectures de lettres araméennes. R et D sont identiques (sinon distingués par des points diacritiques) . chimériques dans le texte coranique . on arrivera dans le futur à bien consolider l’hypothèse en question. L et Cayn sont très similaires et assez souvent confondus. mieux. précisément les mots rikz « bruit faible. murmure » et ladd « adversaires. non seulement linguistique mais aussi du point de vue de l’écriture (n’oublions pas que l’écriture arabe n’est qu’une évolution particulière d’une ou des écritures araméennes). c’est-à-dire W (processus qui engendre bien d’autres mots. Du reste. Et en plus de cela. comme étant des fautes de lecture multiples. ce sont en effet les textes dits garchouni. le copiste voit la lettre D/R araméenne et écrit mécaniquement non la lettre arabe correspondante. se révèlent. la transcription des textes coraniques présumés garchouni produit d’autres fautes de lecture typiques : par exemple. mais la lettre arabe proche dans la forme optique. comme deuxième étape dans l’hypothèse. En tout cas. ils jettent de la lumière sur des Vorlagen « modèles » matériels dont s’est servi l’auteur (ou les auteurs) des textes réunis dans le corpus coranique. et que tu aux Pieux et que tu en avertisses un peuple avertisses un peuple irréductible. 97-98. Voici le résultat pour l’interprétation et la traduction du Coran de ce qui précède : Sourate Maryam Q 19. naturelle pour un linguiste sémitisant. afin que tu annonces la langue. on remplace rikz « le murmure » par dhikr « mémoire » et. un problème d’une autre nature. etc. le contexte l’exige parce que l’effacement de la mémoire est une deuxième mort. font bien partie d’une manière métaphorique commune aux langues sémitiques. nombre ! . pire que la mort physique ! — et ladd « les querelleurs » remplacé par Cadd « en (grand nombre) ». 97 Trad. cette interprétation. « ce qui a été facilité (par Dieu) dans (le Coran) ». Certes. mais qu’on a déjà vu en traitant la sourate 85 (le mot naqama) : le calque linguistique. Régis Blachère : Nous l’avons rendu (le Coran) facile [à Nous l’avons simplement facilité par ta voix pour que tu en fasses l’heureuse annonce comprendre] en ta langue. avec son mot clé yassara / tayassara (aussi en sourate 19. il faut remarquer que des mots fréquemment utilisés dans le Coran et interprétés par « faciliter. du point de vue stylistique. dans le contexte coranique. en effet. comme « traduire ». bonne nouvelle. En effet. hostile. Nous l‘avons traduit dans ta langue. Rappelons-nous que chacune des milliers et des milliers de récitations coraniques quotidiennes dans le monde entier sont introduites par la phrase stéréotypée: maa tayassara min …. 98). Cette phrase.CHAIRE EUROPÉENNE 793 Quant à la substitution des mots pour la sourate 19. élucider. tous ces mots veulent simplement dire « traduire ». Hamidullah : Trad. toujours dans les mêmes versets. ». afin que tu annonces la bonne nouvelle aux gens pieux. sera difficilement acceptable dans le monde musulman. éclaircir. mais pas sans exhorter les gens pieux en grand nouvelle. doit être comprise dans bien des cas. est beaucoup mieux dans son contexte. Reste. Sans pouvoir entrer trop dans les détails. M. selon le contexte. Cette explication est valable du point de vue du contenu . La nouvelle approche du Coran vise sa nature comme message religieux. proposé dans les années cinquante du siècle précédent par un chercheur français. Pour le linguiste et pour l’historien. comme acte de parole. Je me permets d’inclure ici le dernier paragraphe du cours lu le 17 avril 2008. Des actes de parole « pluri-adressés » (à plusieurs adresses) et leurs particularités peuvent être observés chaque jour dans la vie quotidienne. est capable d’ouvrir de nouvelles perspectives et de nouvelles voies dans les études coraniques. elle peut expliquer les parallèles avec les autres écritures sacrées de l’époque. la psychanalyse et leurs méthodes seront combinées à celles de la linguistique pragmatique des textes. Ainsi la psychologie. Une autre solution pour formuler une approche scientifique et un programme de recherche sur cet aspect du document semble plus plausible et réalisable. On pourrait penser. cela pose des problèmes. et notamment le concept de l’acte de parole « pluri-adressé ». comme elle l’a déjà fait dans les cas d’autres écrits religieux. comme cela a été. Leur analyse de la structure du discours coranique sera par conséquent quelque peu différente de celle des religieux. La première réévaluation nécessaire de la structure et de son analyse concerne. du messager. une conversation à travers un téléphone portable. comme on l’a vu. en fait. à moins qu’on veuille y voir une sorte de journal (actes) de l’enseignant anonyme de MuHammad. des conjectures et des émendations. bien que l’analyse de la structure proposée par la religion et par la foi puisse et doive devenir. Ce sont.794 MANFRED KROPP Après ce tour de force dans la forêt sauvage de la philologie. C’est. c’est un document provenant de la créativité humaine et de l’histoire humaine de la même façon que les autres textes et documents. mais hautement complémentaire. donc un acte d’impolitesse de premier . à son tour. de la critique textuelle. des fautes de lecture. Le cours avait comme sujet le Coran en tant que document linguistique et historique. l’objet d’une analyse scientifique. c’est bien une analyse de la fiction religieuse qui considère la source de l’inspiration comme étant un Dieu transcendant. en fait. Mettons la source d’inspiration à l’intérieur du medium. à des personnes qui instruisent l’auteur de ces textes. à haute voix dans un restaurant animé. « poly-» ou « pluri-adressés » (avec de doubles ou multiples adresses) mais aussi avec un caractère particulier. par exemple. Mais du point de vue du style et du rôle des locuteurs et des interlocuteurs. pour sauver l’hypothèse d’une source externe. le cours s’est conclu en ouvrant une perspective et un aperçu sur un champ de recherche quelque peu différent. et faisons-en une facette de sa personnalité. la nature de la source « d’inspiration ». Comment peut-on s’imaginer son rôle et sa place dans les circonstances historiques de sa première promulgation ? Est-il possible d’entrevoir le personnage et la psychologie de ce personnage qu’il faut présumer comme auteur ? Il semble que l’analyse des textes comme acte de parole. Ce que l’on a présenté. C’était déjà. des actes de parole spécifiques. notamment aux théories et aux approches des documents religieux de type coranique en tant qu’actes de parole. bien sûr. le reproche et la moquerie exprimés par des adversaires contemporains. de ses acteurs et de leurs rôles respectifs. Un autre exemple est le discours parlementaire.CHAIRE EUROPÉENNE 795 ordre ! (Au début de l’usage de cette manie. L’axe vertical. Le message prend la forme adaptée au public et s’adresse directement à lui. et les destinataires de la prédication du messager (au fond naturellement les destinataires indirects du premier message). Certes. de haut en bas. Le premier acte de parole qui est annoncé est rendu public parce qu’il est un élément nécessaire à la légitimation du messager. il faut accomplir un travail interdisciplinaire en liaison avec des psychologues et psychanalystes. etc. son style. mais c’est aussi une conversation qui a pour deuxième but (souvent le premier !) d’impressionner les gens qui sont autour et qui sont obligés d’écouter la conversation « en cachette ». Pour le discours religieux. mais aussi dans la nature de l’acte de parole. on a affaire à des personnages complexes et hors du commun dont l’étude et le déchiffrement des caractéristiques n’exigent pas seulement la participation des philologues. mais aussi l’essai. de vision ou quelque chose de similaire). Le cas du Coran est différent. le destinataire particulier du message.). et peutêtre le plus important.) C’est une conversation qui se déroule avec l’interlocuteur de l’autre côté de la chaîne de communication électronique. même s’il partage des éléments importants avec ceux qu’on vient de décrire brièvement. c’est-à-dire l’étude des circonstances et des situations qui ont produit ces énoncés. etc. dans bien des cas. au medium . à savoir le prophète. Il y a la source du message (Dieu. en mettant ces éléments en relation avec la personne qui a effectué la première mise en forme du discours. L’axe horizontal est propre à la relation entre le messager et le peuple des croyants. même à une distance de presque 1 500 ans. Mais souvent ce sont des récits courts (« J’ai eu la vision et l’ange m’a dit. ou des allusions (Jésus : « Comme le père m’a envoyé je vous envoie aussi. de passer par une étude de l’énonciation. »). du moins dans certaines de ses parties. des historiens et des linguistes pour étudier et pour analyser les énoncés (textes écrits et transmis). Mais l’autre aspect pragmatique de ce discours. agissent ici et interviennent pour une grande part. concerne les médias et donc un large public non déterminé. non seulement dans le contenu. son lexique et naturellement aussi sa réalisation concrète (l’énonciation). Et avec ces auteurs. est caractéristique d’un discours entre une source et un messager. le peuple en tant qu’il est intéressé par la politique. il était suffisant de poser le cellulaire « discrètement » sur la table. le locuteur parle et discute avec eux. Ces doubles et multiples fonctions d’un discours changent profondément sa nature. Pour atteindre cet objectif. »). il faut distinguer trois instances réparties sur deux axes. est quelque peu différent et plus compliqué parce que des éléments de fiction (on pourrait dire plus respectueusement des éléments d’inspiration. Pour le dire d’une manière brutale : les destinataires du message sont déclassés en voyeurs écoutant en cachette les secrets d’un acte de parole divine qui est destiné. Le discours religieux. le discours parlementaire s’adresse formellement aux collègues dans le parlement. les anges. etc. Quant à la fiction (certes le discours coranique est bien construit. C’est bien là un élément d’authenticité et de vérité du message. une fois bien établie. même fictif. en plus. La genèse du texte et son énonciation sont donc aussi un problème et un objet pour les études psychologiques. Ainsi. Mais on a vu l’exemple positif de la réaction des jinns envers le Coran. dans l’historiographie de toutes les époques et dans une certaine presse politique et documentaire d’aujourd’hui. . qui y voyons. tout le reste n’aura aucune base. ne veulent pas croire (l’enfer et la punition se trouvent nommés trois fois plus que le paradis et la bonne récompense). l’acte de parole premier et fictif fait bien partie du deuxième volet concret dont on a les traces. l’inspiration artistique existe dans ses manifestations et elle est construite en vue de son effet sur le public. malgré cette preuve d’authenticité. elles sont négatives de la part de ses adversaires. Sur cette base. C’est ensuite seulement que l’on pourra penser sérieusement à un travail interdisciplinaire entre linguistes et psychologues ou psychanalystes. la position de l’auditeur ou du lecteur perd encore en sympathie. sa source. À cela s’ajoute le phénomène d’identification graduelle et insidieuse du messager avec la source de son message. qui semble scindée d’une manière profonde. consciemment ou inconsciemment). Retournons au programme de recherche. on peut le dire. Si cela s’ajoute. du moins chez nous les Modernes. à l’usage fréquent de la menace envers ceux qui. mais cela est fait à la manière d’une abstraction totale du phénomène de l’expérience individuelle du medium avec son Dieu. toutefois. qui ensuite seulement lui fait part de la réalité vécue par luimême. d’une manière naïve. Cette source dans l’interprétation psychologique constitue une partie. et peu importe pour l’instant si ces textes sont passés par écrit tout de suite (ce qui est probable) et furent prononcés et récités sur la base d’un écrit par la suite. Mais sans un travail de bénédictin de la part des philologues et des historiens. me semble un indice et le phénomène d’une perte énorme de réalité et de contact avec elle. avec toutes les conséquences engendrées par cela. une méta-fiction dans la fiction. Pour la plupart. Le messager ne les présente pas comme émanant de son expérience directe et récente qu’il a sans doute. faite. La reconstruction des états historiques du texte devra toujours être à la base de chaque étude et interprétation ultérieures. Les réactions et les réponses éventuelles du public sur le message ne sont pas rapportées directement dans le texte. une facette de sa personnalité. mais instruite et avertie. Et cela provoque des réserves. pourraient se construire ce qu’on peut appeler un psychogramme de la personnalité source ou bien des sources des textes contenus dans le corpus coranique. trop de parallèles avec les fictions d’une réalité immédiate.796 MANFRED KROPP seul. En tout cas. en plus raffiné. Prenons un premier exemple d’étude et d’interprétation psychologique en tant que tentative de mettre en relief un trait du discours coranique. le fait de transformer l’expérience personnelle en observation d’un troisième acteur. Il les transforme en observation de Dieu. incitations. Ainsi les six premières heures traitaient en détail. Le Coran désigne. mon.p. disciples adversaires Groupes divers : juifs. et comme partie intégrante d’une recherche en cours. mais parle aussi de soimême en 3. les “vous. Ces deux phénomènes caractéristiques sont assez signifiants pour l’histoire et l’origine du corpus coranique. réponses Bloqués !I m transmis tel quel . Néanmoins. M. son” Un acte de parole pluri-adressé sur deux axes (verticale et horizontale) : la structure du discours coranique m monologue en sens unique contenu : histoires. ou bien la voie de transmission. le “toi. “Il. leur” croyants. adressés à M ou à M et P instructions pour la prédication à M Entrent dans m Et si S et M n’étaient rien d’autre que deux facettes d’une seule personnalité ? observés par S ! réactions. éthiopienne de ces deux termes religieux techniques et a fourni. chrétiens etc. pour la première . Les séminaires Les 14 séminaires accompagnant les heures de cours étaient dédiés en grande partie à l’approfondissement des questions et des problèmes soulevés et traités dans le cours. dont la forme élaborée a fait l’objet d’une publication (voir activités scientifiques et publications ci-dessous). consolations. avec des ajouts possibles Public du messager. ne faisant pas partie des sujets du cours. dans une dernière période. le medium.sg. Le travail a établi l’origine. ils. ton…” etc. Entre autres. l’influence éthiopienne sur le Coran et notamment les mots d’origine éthiopienne. nous. le messager . exhortations.CHAIRE EUROPÉENNE 797 S (source d’inspiration ou du texte) le “moi. votre. Le résultat de ces sessions s’est condensé dans une intervention à un colloque international en avril 2004. l’étude traite le groupement assez particulier des mots éthiopiens dans le corpus coranique ainsi qu’un essai d’établissement d’une chronologie relative de leur apparition dans les textes. il y avait là des blocs thématiques à part. l’Ancien Testament et l’Évangile par les mots injiil et — dans la lecture traditionnelle et canonique — tawraat. avec l’objectif de présenter des détails supplémentaires à des étudiants et à un public plus spécialisés. notre”. 798 MANFRED KROPP fois. Les résultats de ce bloc thématique sont en train d’être discutés et élaborés en contact direct avec des collègues et chercheurs spécialisés en la matière. Ce dernier. Gastfreund. Il s’agit des scènes reprises de la vie de l’auteur présumé de ces textes et de ses relations avec des personnes juives. La forme phonétique peut être décisive de temps à autre. Et c’est ainsi que les zones d’influence sur le Coran (et la langue arabe en général) se croisent et se rejoignent. 46) et a projeté un peu de lumière aussi sur les mécanismes (très humains) du progrès dans les études et la recherche. que l’on peut partiellement suivre dans les témoins matériels. 1875. soit une explication plausible de la forme arabe injiil à partir de l’éthiopien wängel. . la perspective du problème. Le premier pas vers la solution proposée par moimême. avec l’arabe pour forger des jeux de mots qui auraient bien pu insulter le personnage visé. comme tant d’autres termes dans le langage religieux de l’ancien éthiopien. 1875. Mais là aussi. Il s’agit surtout de la question des différentes matres lectionis utilisées pour noter la voyelle longue « a » (médiane). l’islam et le Coran. concept et mot purement arabes. Il est. bien difficile de décider si un emprunt lexical en arabe est passé directement d’un dialecte araméen ou bien a fait un détour à travers l’autre rive de la mer Rouge par l’éthiopien. Dans : ZDMG. L’hypothèse de travail posant qu’il s’agirait en effet de moqueries linguistiques réciproques a ainsi permis de résoudre une énigme d’exégèse coranique (Q 4. change rapidement quand le résultat d’une telle étude repose sur la lecture d’un mot ou d’un terme technique clé. 654-659. et il sera souvent. mise à l’écart par la science pendant longtemps. on a ouvert un autre bloc thématique très épineux et vraiment des quisquilia philologica : l’orthographe des premiers manuscrits coraniques et son développement. ou bien beriit (hébreu) ou barayt(aa) (araméen) « pacte (surtout de Dieu avec les hommes) ». ou bien araméenne (vernaculaire). qui ne se prive pas de réponses dures. soit une nouvelle lecture du terme technique pour l’AT en yoriit. Sinon il faut connaître — et hélas nos sources à disposition ne le permettent pas toujours — les circonstances historiques de chaque cas d’emprunt particulier. dérive à son tour de mots étrangers — en général grecs ou araméens. Un troisième bloc abordait une partie plutôt anecdotique dans divers passages coraniques. On laisse le lecteur imaginer pourquoi ces lignes ont été oubliées si vite : l’œuvre volumineuse de Sprenger sur Mohammed. exemption ». racontées non sans rage et indignation par l’auteur. Avec la discussion de la lecture tawraat ou bien yoriit. d’une thèse de doctorat d’un rabbin juif sur Mohammed et le Coran (Aloys Sprenger. Mohamed nach Talmud et Midrasch. 25. cr de J. parallèle exact de l’éthiopien oriit. Un exemple : cela fait bien une différence dans nombre de textes coraniques si on lit baraacaa « immunité. est la moquerie exercée par les juifs qui profitent de la proximité de leur langue (sacrée) hébraïque. a été fait par un savant autrichien il y a plus de cent ans maintenant dans son compte rendu. qui n’est pas notée dans la première étape du développement de l’écriture coranique. plein d’humour du reste. qui semblait apparaître tout à fait comme une question relevant de « l’art pour l’art ». Berlin. Un trait récurrent dans ces anecdotes. qui va bientôt être publiée dans un journal scientifique. Encyclopaedia Aethiopica. Articles dans dictionnaires ‘Āmda-Seyon . diffus verteilt oder an Glanzpunkten konzentriert.-10. qu’il recherche toujours dans un sens religieux. Volume 1 : A-C.Dabtarā . In : Christianisme Oriental. Reference Grammar of Amharic. 2003. Il y est condamné parce que le respect absolu de chaque lettre de la version canonique (la conviction d’une tradition orale authentique y comprise) de cette écriture sacrée. L’auteur dispose d’un savoir énorme et l’applique à son sujet en échafaudant des constructions de parallèles avec d’autres écritures sacrées. ohne zu hoeren — zu Koran 4/46 ». Markus und Karl-Heinz Ohlig (Eds. et peut-être aussi un scrupule relevant de la foi.Wissenschaft vom Christlichen Orient (Äthiopien) . Dans Oriens Christianus. 91.Lālibalā . ce qui donne le sens : « Ne t’adresse pas (à moi.Zar’a-Yā‘qob Zeitrechnung in : Kleines Lexikon des Christlichen Orients.Äthiopischer Buchdruck . Kerygme et Histoire. 2007. Dans ZDMG 136/1986. 2005. encore dans le xxe siècle.Ignazio Guidi . Groß.) 384-410.Äthiopische Kirche . Herausgegeben von Hubert Kaufhold. Ambros (« Hoere. einzeln oder zu Paaren.CHAIRE EUROPÉENNE 799 se révèle d’une actualité et d’une perspicacité considérables et elle est à rédecouvrir). 2. 2008. .Amharische Literatur . Schriften zur frühen Islamgeschichte und zum Koran. Mélanges offerts au père Michel Hayek. de résoudre l’énigme de ce passage coranique a été fait par feu l’éminent arabisant autrichien Arne A. (Inaarah. Comptes rendus Wolf Leslau. notamment l’AT. Wiesbaden : Harrassowitz. Dans : 2nd International Littmann Conference at Aksum — 100 Years German Aksum Expedition (DAE) 6. Volume 2 : D-Ha. In : Schlaglichter. sublime et caché de la phrase — selon la lecture canonique — « écoute sans écouter ». Äthiopische Arabesken im Koran : afro-asiatische Perlen auf Band gereiht. 15-22). sans être capable toutefois de présenter une solution plausible. With a note on verbal stoning. Berlin : Schiler. Wiesbaden. Monumentalised Accountancy from Ancient Ethiopia : The Stele of Maryam Anza.Äthiopische Klöster . Auflage des Kleinen Wörterbuchs des Christlichen Orients. l’empêchent de voir la solution évidente et requise par tout le contexte qui consiste à changer les points diacritiques d’une lettre et de changer deux voyelles.).Galāwdēwos . 1995. 331-341. Coordination Charles Chartouni. Dans Oriens Christianus.Eččagē . paru dans le même journal que le compte rendu de Sprenger et précisément cent ans après lui. 252-254. ce n’est pas ainsi qu’on attire mon oreille (mon attention) ! » Publications et activités de Manfred Kropp 2007-2008 Articles The Ethiopic Satan = Šaytān and its Quranic successor. Paris.Ludolf . Wiesbaden. et non pas en arabe : ismaC !). Die beiden ersten islamischen Jahrhunderte.Kebra Nagaśt . 91. Mohammed) en disant : iSmaC (avec la sifflante à l’hébreu ou l’araméenne. 3. 2007. 2007.Äthiopien . Januar 2006 (Sous presse). 2007. Le dernier essai. 250-254. Il s’agit. einzeln oder zu Paaren. dahi. tirés de diverses langues parlées. le 18 juin 2008. toute sorte de noms arbitrairement créés par la fantaisie. peut-être. (Inaarah. il s’agit donc d’une magie « blanche ». de rouleaux en cuir portés sur le corps ou bien suspendus aux murs des maisons. par exemple « celui qui frappe à midi ». On trouve. des anges. Noms barbares 2. Une autre catégorie est formée des noms parlants. el. qui n’est cependant pas prêtre. Le nom propre joue un rôle éminent dans la culture éthiopienne et dans les croyances populaires.-16. par des talismans protecteurs (contre maladies et malheurs de toute sorte). l’élément confère un sens général (guérison d’une certaine maladie . viennent ensuite les autres textes liturgiques et théologiques . figure dans beaucoup de textes magiques. le nom de Salomon lu à l’envers. On lui donne une signification arbitraire mais constante dans la . mais aussi des démons et des esprits méchants et malfaisants. bien que des exemples de magie « noire » soient attestés. De même. les magiciens éthiopiens sont toujours à la recherche du vrai et puissant nom de Dieu. C’est d’abord la Bible qui offre nombre des mots et des noms .) . en général. il ne faut pas oublier des traductions et des adaptations de traités magiques. Séminaire-colloque organisé par le professeur Michel Tardieu en partenariat avec l’ANR. Celui qui le détient a le pouvoir sur la personne. il utilise sa connaissance de l’écriture et des textes sacrés pour composer les textes magiques des rouleaux protecteurs et d’autres. 1. A côté de ses devoirs comme poète de poésie religieuse et comme chantre et danseur dans la liturgie. ahi. naturellement.) sont à ajouter aux mots ou bien à répéter librement pour former des termes nouveaux . Résumé : La magie éthiopienne est représentée. Voilà trois exemples typiques : – certains éléments de base (lis.). – le carré sator devient sador arador danat adera rodas et est interprété comme les noms des clous de la sainte croix. sorte de lettré et érudit de l’église éthiopienne. etc. L’objet magique est fait par un magicien de profession. Otzenhausen. 13. qui n’a rien à voir avec le grec melos. jusqu’au point que le nom se confonde avec la personne. dans les textes.800 Participations aux Congrès MANFRED KROPP Symposium : Frühe Islamgeschichte und der Koran /Early History of Islam and the Koran. la plupart du temps. etc. enfin. Publication en préparation. März 2008. Mais la source la plus riche et la plus exploitée pour la création des noms magiques et barbares sont des mots et des textes en langues étrangères. généralement un dabtara. « celui qui frappe dans l’ombre » pour désigner certaines maladies. et est. pis. – melos. transcrits en écriture éthiopienne. diffus verteilt oder an Glanzpunkten konzentriert » (sous presse). le CNRS et l’EPHE. partie de l’édifice d’une église. Intervention « Äthiopische Arabesken im Koran : afro-asiatische Perlen auf Band gereiht. surtout depuis l’arabe. Intervention « Noms magiques d’Ethiopie ». mot tout à fait artificiel. Ce mot et nom magique d’origine « barbare » a fait carrière. It would then be an attribute to the preceding qawm « people ». ‘Ad. et il est invoqué lors de la consécration de l’euchariste. according to the context of the two passages. tababi’a is formed. but it needs to be applied more consistently in Quranic studies in order to gain new insights into the history of its text and to steer interpretation away from age-old beaten tracks. Lut (Loth) etc. What remains of the common explanation is in the semantic field of the Arabic root. London from Thursday 24th — Saturday 26th July 2008. especially Sabaean or Himyarite. despite the efforts of outstanding Muslim commentators. Tradition takes it as a proper name in the sg. The proposed method is not new. besides the story of Queen Bilqis (this one also tributary to Biblical and Misdrashic sources).g. Other proper names have remained ambiguous or unclear since the beginning of the study of the Quranic texts. However. jusqu’à entrer dans la liturgie. their regions or towns as well as to some of the messengers. Sura 105). are likewise hypothetical (Sura 85 . There are proper names given to some of these people. and peoples. qawm tubba ? refers to « people who follow their example ». Other allusions to South Arabia and Yemen. where. Thus I do not intend to go astray or get lost in the « thicket » (al-Ayka) but try to give a different meaning to the « people of the Tubba » interpreted in the Muslim tradition as the powerful South Arabian. Salih and Hud. while others remain anonymous. some of the messengers. It may well originate in a common Arabic and can be explained by a common morphological pattern (participle or adjective in the plural). In general the allusion made twice in the Qur’an to the « people of the Tubba’ ? » is accepted as a vague historical memory of invasions or campaigns of South Arabian kings and armies into Central and Northwestern Arabia. « people of their kind ». « épée ardente » (de Dieu) ou bien « Saint Esprit ». . 38th Seminar for Arabian Studies. Résumé : One recurring theme of the Qur’an narrates the fates of peoples called upon by God’s messengers. And later « national » Yemenite tradition preserves the memory of the deeds and misdeeds of these kings. an expression with several parallels at least as far as morphology and syntax are concerned. to which a pl. « people who stick to them ».g. are commonly thought to be part of an Arabian historical or legendary heritage. refusing the divine call to confess His unity and suffering the subsequent divine wrath and punishment. There is an alternative way to interpret the presumed proper name. Behind these proper names are clearly known Biblical figures as Fir’awn (Pharao). kings. e. e. Intervention « People of powerful South Arabian kings or just “people like others” » (sous presse).CHAIRE EUROPÉENNE 801 tradition : « pierre précieuse ». But one gets the feeling that these stories (rather than the Tubba’ !) are intruders and stand out from most other attested peoples of Biblical origin. . différents auteurs ont proposé de calculer le coût énergétique de la transmission glutamatergique dans le cortex cérébral [1]. si l’on prend en considération les différents processus moléculaires liés à la . a été organisé en fin de cours. intitulé : « Cellules gliales. Etant donné que 85 % des synapses et des neurones présents dans le cortex utilisent le glutamate comme neurotransmetteur. Ainsi. Fondements de la neuroénergétique Le cours a débuté par la définition d’un certain nombre de concepts fondamentaux de la neuroénergétique. La question qui se pose donc est celle de savoir quels sont les mécanismes propres au cerveau qui requièrent ces demandes importantes d’énergie ? Pour répondre à cette question. Outre l’enseignement ex-cathedra. dans le cadre de la Chaire internationale. bien que ne représentant que 2 % du poids corporel total. par le système nerveux. professeur associé L’enseignement dispensé au cours de l’année académique 2007-2008. neuroénergétique et maladies neuropsychiatriques » a été centré sur les mécanismes cellulaires et moléculaires du métabolisme énergétique cérébral et sur le rôle que les cellules gliales jouent dans ces processus en condition physiologiques et pathologiques. un colloque. En effet. du cortex cérébral. En fait.Chaire internationale M. la neuroénergétique représente l’ensemble des processus énergétiques qui sont liés au traitement de l’information. Le cerveau est un organe qui a d’importantes demandes énergétiques. au sens large du terme. le premier cours s’est focalisé sur ce que l’on appelle le budget énergétique du cerveau et. d’une journée. en particulier. La neuroénergétique est un terme dérivé de celui de bioénergétique et qui se réfère aux mécanismes moléculaires et cellulaires de la production et de la consommation d’énergie qui sont directement liés à l’activité neuronale. son activité rend compte de 20 à 25 % de la consommation d’énergie totale de l’organisme. Pierre Magistretti. intitulé : « Neurosciences et psychanalyse : une rencontre autour de l’émergence de la singularité ». il apparaît que la transmission glutamatergique constitue environ 85 % du coût énergétique cérébral. on calcule une consommation globale d’énergie par la matière grise de 30 à 40 ATP/mmol/g/min. les fréquences de décharge et ont abouti à une estimation d’un coût .98 molécules d’ATP. donc par gramme [2]. en prenant en compte la densité synaptique.3 × 109 molécules d’ATP par neurone par seconde. tels que les potentiels d’action. Cette valeur correspond bien à celle mesurée par la technique du 2-déoxyglucose [3].2 × 107 neurones par cm3. Le maintien des potentiels de repos au niveau des neurones est estimé à 3. ce coût est de 70 000 molécules d’ATP et de 3 000 pour les récepteurs métabotropes. Si l’on ajoute à ces coûts la consommation liée aux effets post-synaptiques on aboutit à un coût global de 7 × 108 molécules d’ATP par neurone par potentiel d’action. 35 % pour les réponses postsynaptiques. la libération présynaptique. 11 000 molécules d’ATP sont nécessaires. 12 % pour le maintien des potentiels de repos et des gradients électrochimiques. Pour ce qui est des récepteurs NMDA. Pour ce qui est de la genèse et de la propagation du potentiel d’action. le coût énergétique est estimé à 3.5 msec (millisecondes) et une capacitance d’environ 12 pS (picosiemens). ce recyclage impliquant la transformation du glutamate en glutamine par l’astrocyte ainsi que sa métabolisation en alphacetoglutarate et en aspartate. Au niveau postsynaptique la libération d’une vésicule de glutamate active environ 15 à 50 canaux non-NMDA ayant un temps d’ouverture moyen de 1 à 1. le nombre de neurones par mm3. En intégrant ces coûts pour une fréquence de décharge à 4 Hz la consommation globale serait de 3. la transmission glutamatergique. on arrive à un coût global de 3.5 × 108 molécules d’ATP par seconde et au niveau astrocytaire 108 molécules d’ATP par seconde. les chiffres suivants ont été calculés. leur contribution relative se répartirait de la manière suivante : 47 % pour les potentiels d’action. la signalisation pré et postsynaptique combinée au recyclage astrocytaire du glutamate est estimée à 1. Ramené à un coût par vésicule de glutamate libérée. avec laquelle on obtient des valeurs de 30 à 50 mmol/g/min.6 × 105 molécules d’ATP par vésicule libérée. Pour ce qui est des différents processus liés à la neurotransmission glutamatergique. il ressort un coût d’environ 67 000 molécules d’ATP par vésicule de glutamate. Pour recycler le glutamate libéré par 4 000 vésicules. la recapture et le recyclage par les astrocytes périsynaptiques et l’action postsynaptique. Des calculs analogues ont été effectués chez le primate. En résumé. Avec une densité au niveau cortical d’environ 9. 3 % pour le recyclage glial du glutamate et 3 % pour l’activité de libération à partir des terminaisons [1].3 × 108 molécules d’ATP.804 PIERRE MAGISTRETTI neurotransmission glutamatergique. Si l’on met en relation cette consommation liée à la transmission glutamatergique avec la consommation globale d’énergie par le cortex cérébral. En considérant une force électrochimique d’environ 120 mV. notamment par des processus de fonctionnement commun à toutes les cellules de l’organisme. Dans la mesure où un potentiel d’action peut évoquer la libération de glutamate à partir d’environ 8 000 vésicules synaptique et en considérant une fréquence de 4 Hz. il en résulte une consommation d’environ 15 % qui serait déterminée par des mécanismes autres que la transmission glutamatergique. Dans cette partie du cours. sont exprimés de manière sélective au niveau des astrocytes. possédant des processus qui entourent. En effet. La navette lactate astrocyte-neurone Les différents éléments moléculaires de cette « navette lactate astrocyte-neurones » ont été caractérisés. Cette entrée de sodium active la sodium/potassium-ATPase qui en consommant de l’ATP en diminue la disponibilité et donc active comme. une des questions encore aujourd’hui ouvertes en neurobiologie et en neuroénergétique spécifiquement. les astrocytes ont une disposition morphologique particulière. ce qui correspond à peu près à un coût de 2. Le couplage métabolique neurone-glie Ayant déterminé quels sont les processus liés à l’activité neuronale qui consomment de l’énergie. se traduisent par une augmentation de la disponibilité de substrats énergétiques localement en lien direct avec l’activité neuronale. Au laboratoire. Ainsi. les travaux du laboratoire ont été présentés. le glucose recapté par ce mécanisme est relargué sous forme de lactate qui peut être consommé par le neurone après conversion en pyruvate. les transporteurs au monocarboxylate (MCT) qui permettent le transfert intercellulaire du lactate sont sélectivement exprimés : MCT1 au niveau astrocytaire et MCT2 au niveau neuronal. Ainsi la forme LDH1. par un mécanisme homéostatique. Le pyruvate peut intégrer le cycle de Krebs et produire par la phosphorylation oxydative à laquelle il est couplé 17 ATP par molécule [5]. Ces derniers processus périvasculaires sont appelés les pieds astrocytaires. l’expression de l’enzyme lactate deshydrogénase (LDH) présente aussi une distribution cellulaire sélective. par exemple le myocarde. En effet. Ainsi il semble exister un mécanisme direct de couplage entre l’activité synaptique et la consommation de glucose qui . le cours a abordé l’étude des mécanismes qui sont à la base du couplage entre l’activité neuronale et la consommation d’énergie. les profils synaptiques et d’autres qui recouvrent les parois des capillaires intraparenchymateux. en grande partie. par les astrocytes au travers de transporteurs spécifiques dénommés EAAC1 et EAAC2 qui utilisent le gradient électrochimique du sodium comme force électrochimique pour transporter le glutamate à l’intérieur de l’astrocyte contre son gradient chimique. de manière très efficace. De plus. en particulier. est celle de savoir comment les événements électrochimiques qui se produisent au niveau neuronal et.5 × 109 molécules d’ATP par neurone par potentiel d’action. l’entrée de glucose dans l’astrocyte. Ces travaux ont permis de mettre en évidence un rôle central d’un type particulier de cellules gliales dans ce couplage métabolique.5 fois inférieur à celui déterminé chez le rongeur [4]. forme qui est exprimée dans des tissus et cellules qui utilisent le lactate comme substrat comme.CHAIRE INTERNATIONALE 805 énergétique de 2. au niveau synaptique. nous avons démontré que le glutamate libéré présynaptiquement est recapté. De manière surprenante. est sélectivement exprimée au niveau neuronal alors que la forme LDH5. qui elle est exprimée dans les tissus glycolytiques produisant du lactate. En effet. bien que recapté par l’astrocyte. Les augmentations de sodium induites par le recaptage de GABA sont marginales avec une cinétique lente qui n’aboutit pas à une activation rapide de la sodium/potassium-ATPase. la grande majorité de ces neurones sont des interneurones. Le coût énergétique de la neurotransmission inhibitrice La question qui a été ensuite abordée dans le cours est celle du coût énergétique de la transmission inhibitrice.806 PIERRE MAGISTRETTI met en jeu les astrocytes. qui peut ensuite être utilisé comme substrat énergétique par les neurones [6]. . l’homéostasie sodique. Cette même vague sodique déclenche par les mécanismes décrits précédemment. divers laboratoires on démontré que cette vague calcique stimule la libération locale de glutamate à partir de l’astrocyte [9]. En effet. le couplage entre l’activité synaptique glutamatergique et l’utilisation de glucose n’a pas lieu [7]. ne modifie pas. En effet. de manière suffisante. environ 10 % des synapses corticales sont GABAergiques. Ce point de vue est d’ailleurs conforté par les expériences conduites au laboratoire qui ont démontré que le signal glutamatergique est amplifié du point de vue spatial par le biais des jonctions communicantes (gap junctions) qui existent entre les astrocytes. notamment au niveau du cortex cérébral. Les expériences ont été conduites dans les deux cas dans la voie somato-sensorielle qui connecte les vibrisses aux barrils. Une explication possible dès lors est que lors de la libération de glutamate dans une région corticale. Ces interneurones GABAergiques reçoivent eux-mêmes des afférences glutamatergiques. comme cela pouvait être prévu. le recaptage de glutamate par ces cellules et la production de lactate à partir de glucose importé depuis les capillaires. L’absence d’effet métabolique du GABA au niveau de l’astrocyte soulève la question du coût énergétique de la transmission inhibitrice et des mécanismes de couplage pour faire face à ces besoins. Le glutamate ainsi libéré à partir d’astrocytes est recapté par les astrocytes adjacents produisant. l’entrée de glucose et produit donc une vague métabolique. qu’en l’absence de cette molécule. le signal principal pour l’activation de la sodium/potassium-ATPase et la réponse métabolique qui lui est couplée. notamment par le biais des jonctions communicantes . Des expériences conduites par l’utilisation d’oligonucléotides antisens ciblés contre le transporteur au glutamate glial ont donné des résultats analogues [8]. Les résultats démontrent toutefois que le GABA. le glutamate stimule la production d’une vague calcique qui se propage de proche en proche entre les astrocytes. L’organisation synaptique des neurones GABAergiques fournit une piste de réflexion. une entrée de sodium et une propagation d’une vague sodique. l’entrée de glucose dans le parenchyme médié par la transmission glutamatergique fournit suffisamment d’énergie localement pour également faire face aux besoins énergétiques des interneurones GABAergiques. L’utilisation de souris chez lesquelles le gène codant pour le transporteur du glutamate glial a été invalidé a démontré clairement. Le GABA n’active donc pas la glycolyse astrocytaire. en présence de concentrations égales de lactate et de glucose. contrairement au glucose. par une simple conversion en pyruvate sous l’action de la lactate déshydrogénase. il s’agirait d’un substrat préférentiel. Ainsi. il semble que lors de l’activation. par des expériences de résonance magnétique par spectroscopie (MRS) il a été possible de démontrer que les neurones. dans un rapport de 9 à 1 [11]. il existe une utilisation rapide de lactate et son oxydation par les neurones. le lactate peut être utilisé sans aucun investissement d’ATP. est avantageuse du point de vue énergétique. donc . qu’en fait. Dès lors. En effet. lors de l’activité synaptique. Il apparaît dès lors que l’utilisation de ce substrat qui ne comporte pas investissement d’énergie. non seulement un substrat utilisable par les neurones mais.CHAIRE INTERNATIONALE 807 Ainsi. Lactate et transfert d’équivalents réducteurs D’autre part. D’après ces expériences. Ces expériences ont permis d’apporter des informations sur la cinétique et la séquence des processus qui constituent la navette lactate astrocyte neurone. consomment de manière préférentielle le lactate. À cette première phase. Ainsi ce mécanisme augmente considérablement le volume cortical au sein duquel le glucose est importé en réponse à l’activation synaptique [10]. Le lactate comme substrat énergétique pour l’activité neuronale L’utilisation de lactate comme substrat énergétique a également été discutée. il semble que le lactate soit. Kasischke et collaborateurs [12]. le lactate est transporté à travers les membranes via les transporteurs en monocarboxylate par un mécanisme de co-transport avec des protons. Cette amplification du signal métabolique permet également de fournir les substrats énergétiques aux interneurones GABAergiques qui ne semblent pas avoir de mécanisme de couplage neurométabolique direct. vraisemblablement du lactate et que le mécanisme médié par le transporteur au glutamate reconstitue ce pool extracellulaire de lactate pour les utilisations subséquentes [13]. suit une réponse glycolytique marquée par l’augmentation du signal NADH et qui est exclusivement localisé au niveau astrocytaire. est amplifié par l’existence de cette vague métabolique produite par la libération de glutamate par les astrocytes. suite à une activation neuronale. suite à l’activation métabolique localisée produite par la libération synaptique de glutamate. les neurones utilisent rapidement les substrats énergétiques disponibles dans l’espace extracellulaire. illustrée par une diminution du signal NADH localisée sélectivement au niveau neuronal. le couplage qui aboutit à l’entrée de glucose localement. La question de l’utilisation du lactate de manière préférentielle par les neurones a ensuite été abordée à la lumière de données bien établies de la biochimie ainsi que de données récentes fournies par la résonance magnétique spectroscopique. Ainsi. ont analysé par microscopie biphotonique le signal NADH/NAD+ comme marqueur de la glycolyse (augmentation du signal) ou de la phosphorylation oxydative (baisse de NADH). Une fois libéré dans l’espace extracellulaire. Cette dernière réaction nécessite des équivalents réducteurs sous forme de NADPH. qui peut être recaptée par le neurone. Les travaux de Dringen et collaborateurs [16] ont montré que les neurones dépendent des astrocytes pour la synthèse de glutathion. le glutathion synthétisé par l’astrocyte. En effet. est libéré dans l’espace extracellulaire au travers de transporteurs appartenant à la famille des multidrug resistance proteins (MRP). la conversion de lactate en pyruvate consomme du NAD+ et inhibe la consommation de glucose par les neurones. Un point qui a donc été particulièrement discuté dans le cours. un stimulus synaptique. est un des acides aminés qui constituent le glutathion avec la glycine et le glutamate. est celui la dépendance de l’astrocyte de la part du neurone. Cerdan et collaborateurs ont démontré que la navette lactate astrocyte neurone permettait d’effectuer un transfert d’équivalents réducteurs entre les astrocytes et les neurones [14]. Les résultats de Barros et collaborateurs [15] démontrent d’ailleurs une inhibition de la consommation de glucose par les neurones lors de l’activation neuronale. La glutathion réductase permet de régénérer le glutathion réduit. Ainsi. On voit donc que le neurone. le glutathion est clivé en un dipeptide. site important de production de radicaux libres dépend de l’astrocyte pour la fourniture d’équivalents réducteurs.808 PIERRE MAGISTRETTI d’un pouvoir réducteur. En effet. Ce peroxyde d’hydrogène représente en soi encore une molécule potentiellement toxique . . Il en dépend également pour la production de glutathion. non seulement du point de vue énergétique sous forme d’ATP mais également du point de vue de sa capacité réductrice. les neurones ne peuvent pas capter la cystine. de l’énergie rapidement utilisable pour la phosphorylation oxydative ainsi que des équivalents réducteurs. Des mécanismes d’inactivation de ces radicaux libres existent. l’utilisation de lactate par le neurone a le double avantage de fournir sous forme de lactate. notamment par l’activité de la superoxyde dismutase (SOD) qui permet la formation de peroxyde d’hydrogène à partir de radicaux libres. elle est toutefois prise en charge par l’enzyme glutathion peroxydase qui utilise la capacité réductrice du glutathion réduit pour produire de l’eau en consommant des équivalents réducteurs. lorsque le lactate est capté par les neurones. le glutamate. la cystéine-glycine. Ainsi. ces deux substrats métaboliques étant essentiels pour l’équilibre énergétique du neurone. En quoi la disponibilité d’équivalents réducteurs est-elle importante pour les neurones ? Entre ici en jeu le fait que les neurones ont une activité oxydative importante qui a comme effet collatéral une forte production de radicaux libres. qui une fois transformée en cystéine. Ainsi. déclenche la libération de lactate et de glutathion à partir de l’astrocyte. des travaux récents démontrent que le glutamate lui-même stimule la libération de glutathion à partir de l’astrocyte [17]. l’activité de la phosphorylation oxydative et d’enzymes tels les oxygénases sont des contributeurs importants à la formation de ces molécules qui présentent un danger pour l’intégrité cellulaire. De manière intéressante. La cystéineglycine est couplée ensuite au glutamate ce qui permet de produire le glutathion à l’intérieur du neurone. Ainsi. tous agissant pour l’essentiel. la pyruvate déshydrogénase. une resynthèse massive du glycogène est activée. Ainsi. Son activité oxydative est donc présente mais limitée. via des récepteurs spécifiques couplés à des protéines G qui ellesmêmes aboutissent à l’activation de la cascade AMP cyclique [21]. Dans ces mêmes expériences. L’acétate marqué par le carbone 13 est actuellement utilisé dans des expériences de résonance magnétique spectroscopique pour mesurer in vivo l’activité oxydative astrocytaire. lors de l’activation. Diverses explications sont possibles. la noradrénaline et l’adénosine. Des expériences conduites au laboratoire ont démontré l’existence d’un nombre restreint de neurotransmetteurs qui mobilisent le glycogène astrocytaire et aboutissent à la production de lactate. à l’exception de quelques neurones de grande taille au niveau du tronc cérébral. bien que présentant des densités mitochondriales appréciables. Des résultats du groupe de Sokoloff. En effet.CHAIRE INTERNATIONALE 809 Les flux métaboliques astrocytaires Une autre question concernant le couplage métabolique astrocyte-neurone a été abordée. des substrats énergétiques aux neurones sous forme de lactate. Les résultats récents du groupe de Nedergaard [20] qui ont procédé à une analyse transcriptomique à partir de préparations d’astrocytes isolés de manière aiguë et sélective. suite à l’effet glycogénolytique rapide qui se déploie en quelques secondes. les travaux de Waniewski ont montré que ce substrat est capté de manière sélective par les astrocytes [19]. Récemment. la mesure directe de l’activité oxydative basale de l’astrocyte a pu être réalisée. Le rôle de cette mobilisation du glycogène médié par certains neurotransmetteurs est de fournir. La conclusion qui peut être tirée à partir de ces expériences. En effet. serait inhibée au niveau de l’astrocyte. à savoir la présence de glycogène. montrent que le dichloroacétate qui a comme action d’activer la pyruvate déshydrogénase. du fait de son degré de phosphorylation. en utilisant l’acétate. L’une d’entre elles implique le fait que l’enzyme clé pour l’entrée du pyruvate dans le cycle de Krebs. le glycogène est exclusivement localisé au niveau astrocytaire. mais qui est rapidement dépassée par l’augmentation du flux glycolytique stimulé par le glutamate qui de fait aboutit à la production et libération de lactate même en présence d’oxygène par l’astrocyte. ont démontré la présence d’enzymes du cycle de Krebs et de la phosphorylation oxydative. est que l’astrocyte a une capacité oxydative réelle. Cette . Ces neurotransmetteurs sont le VIP. les auteurs ont toutefois démontré une importante production de lactate à partir de glucose par les astrocytes. Rôle du glycogène astrocytaire Le cours a ensuite abordé une caractéristique particulière du métabolisme astrocytaire. Des expériences conduites en laboratoire ont permis de démontrer un effet biphasique dans la régulation du métabolisme du glycogène astrocytaire par les neurotransmetteurs. diminue considérablement la production de lactate à partir de l’astrocyte [18]. afin d’éclairer le fait que l’astrocyte. produit du lactate en présence d’oxygène au lieu d’oxyder le pyruvate. les expériences d’autoradiographie au 2-désoxyglucose ont été réalisées chez ces souris au cours de l’apprentissage. la noradrénaline et l’adénosine qui aboutissent à l’induction de l’expression de PTG. Le PTG est une protéine de type « chaperone » qui favorise la compartimentalisation des enzymes responsables de la resynthèse de glycogène. le glucose sera stocké préférentiellement sous forme de glycogène plutôt que d’être utilisé. le cortex cérébral à une phase d’endormissement. Nous avons interprété ces résultats de la manière suivante : lors de la période d’éveil et d’activité. En effet.810 PIERRE MAGISTRETTI resynthèse dépend de l’induction de gènes. Ainsi. des résultats récents du laboratoire ont été présentés. du point de vue métabolique. Si cette période d’éveil est prolongée par une déprivation de sommeil. Afin d’identifier ce que l’on pourrait appeler une « trace métabolique » de la plasticité. De manière très frappante. le PTG présente une variation circadienne avec une augmentation de l’expression en fin de période d’éveil. apprentissage dont on sait qu’il s’accompagne de modifications de la plasticité synaptique au niveau de diverses régions de l’hippocampe. Une récupération de sommeil de 3 heures rétablit les niveaux de PTG et l’activité de la glycogène synthase. En quelques jours. voire indispensables à l’expression de la plasticité synaptique. dont 3 sont appâtés par de la nourriture. en effet il s’en suit une conséquence fonctionnelle dans la mesure où l’activité de la glycogène synthase est fortement augmentée [22]. lorsque l’on . Pour illustrer ce point. Il s’agit de l’hypothèse selon laquelle le couplage neurométabolique entre astrocytes et neurones pourrait être sujet à des mécanismes de plasticité comme le sont les mécanismes liés à la transmission synaptique. Ces animaux ont été soumis à un apprentissage spatial de type labyrinthe à 8 bras. des mécanismes transcriptionnels sont enclenchés par le VIP. une induction de l’expression de PTG aboutit à une orientation du métabolisme du glucose vers la synthèse de glycogène plutôt que vers la glycolyse. En d’autres termes la question posée est celle de savoir si des mécanismes de plasticité métabolique localisés au niveau astrocytaire sont nécessaires. Le gène qui est induit de manière significative est celui qui code pour le protein targeting glycogen (PTG). les souris apprennent à identifier les bras appâtés à partir de repères spatiaux . l’induction de PTG est massive. Une série d’expériences conduites au laboratoire a permis de montrer un rôle de cette resynthèse de glycogène induite par le PTG dans le cycle veille-sommeil. Cette augmentation de l’expression de PTG prépare. Un nouveau paradigme : la plasticité métabolique Un aspect nouveau abordé récemment au laboratoire a été présenté et discuté dans le cours. Cette série d’observations est en ligne avec le constat général d’un rôle homéostatique énergétique du sommeil [23]. En effet. Il a été mis en évidence une activation de différentes sous-régions de l’hippocampe qui varie selon le degré d’apprentissage. Il s’agit d’expériences d’apprentissage spatial chez la souris. ils atteignent l’objectif avec une précision proche de 100 %. dans ces conditions qui favorisent l’induction du sommeil. après 7 jours. Il ne s’agit pas seulement d’une augmentation de l’expression de gène . Ceci a été validé en démontrant qu’en présence d’astrocytes qui ont préalablement été exposés à des cytokines. en présence d’une performance comportementale identique. Actuellement. mesurées par PCR quantitative à partir de microdissections effectuées par microscopie à capture laser. Un deuxième aspect de la plasticité métabolique potentielle a été également présenté. obtenus au laboratoire. Afin d’aborder cette question. les expériences portent sur l’identification de gènes codant pour des protéines impliquées dans le couplage métabolique neurone-glie. Ces données laissent entrevoir la possibilité d’une plasticité métabolique qui s’installe au cours de l’apprentissage. Il est à noter que tous les effets des cytokines sur le phénotype métabolique astrocytaire sont potentialisés par la présence . Ces expériences ont par ailleurs été conduites en présence de la forme pathologique de la bêta-amyloïde. 5 jours après le dernier jour d’apprentissage. les neurones sont moins résistants à un stimulus potentiellement toxique comme un excès de glutamate. lorsque la performance comportementale est identique à celle observée au cours du rappel. est considérablement altéré. En effet. les cytokines augmentent significativement le captage de glucose en conditions basales par l’astrocyte tout en diminuant aussi bien le contenu en glycogène que la production de lactate. dans l’hippocampe d’animaux ayant suivi les protocoles d’apprentissage en utilisant la « trace métabolique » fournie par l’autoradiographie au 2DG comme index de localisation. La question posée était celle de savoir si des conditions pathologiques pourraient modifier le phénotype métabolique astrocytaire. nous avons exposé chroniquement les astrocytes à un environnement pro-inflammatoire représenté par les cytokines pro-inflammatoires comme l’interleukine 1 bêta ou le TNF alpha. sur la base de résultats très récents. Ainsi. L’astrocyte. Les résultats indiquent un effet important de l’environnement pro-inflammatoire qui aboutit à un profil métabolique de l’astrocyte considérablement différent.CHAIRE INTERNATIONALE 811 effectue une expérience de rappel. la production de radicaux libres par la phosphorylation oxydative est stimulée en même temps que le mécanisme contre-régulateur. des régions différentes sont activées. en présence de cytokines. Pour ce qui est de l’excès de glucose capté. les régions CA1 et CA3 sont activées [24]. le gyrus dentelé est la seule sous-région de l’hippocampe activée. comme stock énergétique et fournisseur de substrat énergétiques aux neurones. il est traité par la voie des pentoses phosphates et par le cycle de Krebs et la phosphorylation oxydative qui sont fortement augmentés [25]. On peut ainsi déduire qu’en présence d’un environnement proinflammatoire le rôle de l’astrocyte. la forme 1-42. Ainsi. qui est présente dans les plaques de patients présentant la maladie d’Alzheimer. se trouve donc métaboliquement dans une sorte de cycle futile au cours duquel la production de radicaux libres est augmentée en même que les mécanismes de défense contre ces derniers. On peut déduire également que la fonction neuroprotectrice de l’astrocyte se trouve ainsi diminuée. qui est la stimulation du shunt des pentoses qui représente la voie principale pour la production d’équivalents réducteurs qui permettent de neutraliser les radicaux libres. alors qu’à la fin de 9 jours d’apprentissage. notamment morphologiques. Sur la base des résultats expérimentaux mettant en évidence le rôle du couplage neuroastrocytaire. la bêta-amyloïde dans une certaine forme d’agrégation fibrillaire uniquement est internalisée par les astrocytes. Le premier aspect discuté concernait la technique de tomographie à émissions de positons (TEP) pour le 2-déoxyglucose marqué au 18Fluor. l’existence d’une glycolyse transitoire lors de l’activation. Ainsi. Neuroénergétique et imagerie cérébrale fonctionnelle Dans la partie finale du cours. cette constatation met en évidence le fait que des altérations au niveau astrocytaire des mécanismes de couplage entre le transport de glutamate et la glycolyse qu’il déclenche et qui aboutit à la libération de lactate. D’autres évidences de plasticité astrocytaire. cette augmentation de la couverture synaptique par des astrocytes s’accompagne également d’une surexpression des transporteurs au glutamate astrocytaire. pourraient être perturbées dans certaines pathologies et résulter en un signal en TEP altéré. les implications du couplage métabolique neuroneglie et de la neuroénergétique en général. Des expériences récentes conduites au laboratoire indiquent que cette internalisation de l’amyloïde par l’astrocyte est un mécanisme indispensable pour l’effet de cette protéine sur le phénotype métabolique de l’astrocyte.812 PIERRE MAGISTRETTI concomitante de bêta-amyloïde 1-42. le glutamate. Cette constatation n’enlève rien à la valeur de localisation de la technique dans la mesure où le signal de départ est un signal d’origine synaptique. permet de fournir des arguments pour proposer un rôle de cette glycolyse dans la production du signal BOLD (Blood ogygen level dependent signal) qui est à la base de l’imagerie . modifie la capacité des astrocytes à effectuer un soutien métabolique aux neurones. de manière sélective. nous a amenés à mettre en évidence un mécanisme d’internalisation de la bêta-amyloïde par l’astrocyte. Il semble dès lors que l’environnement extracellulaire qui caractérise la maladie d’Alzheimer au niveau cortical. à savoir la présence de cytokines pro-inflammatoires et de bêta-amyloïde. qui implique la mise en jeu de récepteurs de type « scavenger ». Cette technique permet de visualiser la consommation de glucose en réponse à une activité synaptique. se déployant en parallèle à des mécanismes de plasticité synaptique ont été fournies par divers laboratoires. L’étude de l’effet de la bêta-amyloïde dans sa forme toxique 1-42. Toutefois. De manière intéressante. La voie reste donc ouverte pour étudier les mécanismes qui associent de manière causale l’internalisation de la bêta-amyloïde par l’astrocyte et la modification de son phénotype métabolique. ont été discutée en relation à la genèse des signaux qui sont détectés par les techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle. on en déduit que l’accumulation du traceur se produit essentiellement au niveau astrocytaire. Ainsi Welker et collaborateurs [26] ont démontré une augmentation considérable de la couverture astrocytaire des épines dendritiques dans les barrils du cortex somato-sensoriel suite à une stimulation soutenue des vibrisses correspondantes. Par ailleurs. le signal BOLD est produit par un changement du rapport oxy/déoxyhémoglobine qui modifie les propriétés paramagnétiques du sang artériel qui irrigue la région activée. c’est-à-dire entre l’activité synaptique et la consommation de glucose mais également dans le couplage neurovasculaire. L’un de ces mécanismes proposé par divers investigateurs [28]. a été discuté. contrairement à ce que l’on pourrait penser. Dès lors. d’autres mécanismes postulés concernant un rôle des astrocytes dans le couplage neurovasculaire. c’est-à-dire le couplage entre l’activité synaptique et l’augmentation du débit sanguin local. En réalité. et que ce traitement du glucose est concomitant à l’arrivée de sang artériel en excès (hyperémie d’activation). ou du débit sanguin. Dans les deux cas. Ces travaux ont amené dans la discussion. l’astrocyte joue un rôle central dans ce couplage en détectant l’activité glutamatergique soit au moyen du transporteur au glutamate dans le cas du couplage neurométabolique. lié à l’imagerie cérébrale fonctionnelle et aux mécanismes cellulaires et moléculaires qui la sous-tendent. En effet. Ceci est toutefois cohérent par rapport au fait que. On voit donc que tout un faisceau de résultats récents pointent vers un rôle de l’astrocyte. il y ait une diminution de la concentration en oxyhémoglobine . soit par l’activation de récepteurs métabotropes dans le cas du couplage neurovasculaire. sont relativement modestes par rapport aux régions non activées. il existerait un lien entre la glycolyse aérobie astrocytaire et la modification du rapport oxy-déoxyhémoglobine qui aboutit à la production du signal BOLD. En effet. la glycolyse modifie le rapport NADH/NAD+ au niveau astrocytaire. ce changement de rapport entre NADH/NAD+ pourrait jouer un rôle vasodilatateur. à savoir une augmentation relative de l’oxyhémoglobine par rapport à la déoxyhémoglobine. l’augmentation de la consommation d’oxygène. non seulement dans le couplage neurométabolique. la question se pose de savoir quels sont les mécanismes impliqués dans la consommation très . Il s’agit là d’un paradoxe car on pourrait s’attendre que lors de l’activation. on sera en présence d’un excès d’oxyhémoglobine dont l’oxygène n’est pas immédiatement consommé. implique la formation de postanoïdes astrocytaires faisant suite à l’activation de récepteurs métabotropiques au glutamate. or il se produit de l’inverse. Ainsi. ou encore de la consommation de glucose dans les régions activées. donc d’augmentation du débit sanguin. ces augmentations métaboliques et vasculaires ne correspondent qu’à une augmentation de 10 à 15 % par rapport au niveau basal.CHAIRE INTERNATIONALE 813 par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Selon les travaux du groupe de Raichle [27]. L’existence de cette glycolyse transitoire qui aboutit à une production de lactate a été également discutée en termes du rôle potentiel des astrocytes dans le couplage neurovasculaire. Un paradoxe : la consommation d’énergie élevée en conditions « basales » Un autre aspect. si durant l’activation il se produit un traitement du glucose dans la région activée sans consommation initiale d’oxygène (glycolyse). En effet. en effet. les mécanismes cellulaires et moléculaires liés au couplage métabolique précédemment discuté. la libération synaptique de glutamate. Il se peut. Diverses hypothèses sont évoquées. Cette activité hors ligne consomme également de l’énergie. En effet. ceux exprimant un polymorphisme de l’apolipoprotéine 4 présentent déjà une baisse de la consommation de glucose dans des aires temporo-pariétales avant que l’on puisse mettre en évidence une atrophie corticale ou même des troubles cognitifs [32]. de l’énergie sera consommée. Le deuxième mécanisme évoqué pour rendre compte de cette consommation basale élevée. La première est celle d’un équilibre dynamique entre excitation et inhibition. Des observations récentes de Raichle et collaborateurs. est diminuée. notamment le cortex préfrontal médian. latéral et médian. En effet. ce système présente des caractéristiques développementales particulières avec notamment une hypoactivité. le cortex cingulaire postérieur médian. pourrait être nulle du point de vue électrophysiologique. Toutefois. par exemple.814 PIERRE MAGISTRETTI élevée que le cerveau fait en condition dite basale. Toutefois. on observe une diminution considérable de la consommation de glucose mesurée par TEP chez des patients souffrant d’une maladie d’Alzheimer. qui discutent la question de cette activité basale élevée. Cette observation soulève la possibilité que des altérations du métabolisme astrocytaire soient à l’origine. ou en tout cas qu’elles puissent . de nombreuses observations ont été réalisées par imagerie cérébrale fonctionnelle. soit contrecarrée par une activité inhibitrice prépondérante. le cerveau ne fonctionne pas uniquement en ligne lors de l’activation. avec la perte neuronale. et spécifiquement la maladie d’Alzheimer. que l’activation induite par le glutamate au niveau de circuits particuliers. qui est responsable de l’importation de glucose au sein du parenchyme cérébral. De manière fort intéressante. chez des enfants en dessous de 10 ans [31] . lorsqu’une activité spécifique est mise en jeu. Ceci n’est pas surprenant dans la mesure où. vont être opérationnels même si la sortie électrophysiologique est nulle. même sans activation particulière détectable électrophysiologiquement. Dès lors. ces mêmes régions. voire une absence. le précuneus et certaines zones du cortex pariétal. En particulier. dans lequel excitation et inhibition s’annulent. ont été évoquées [29]. Le mode par défaut concerne des régions corticales médianes. c’est également un des systèmes qui présentent des diminutions importantes lors de la maladie d’Alzheimer [31]. il existe certaines régions du cerveau dont l’activité augmente lorsque le sujet n’est pas concentré sur une tâche particulière. qu’elle soit sensorielle ou motrice. ce qui est le plus frappant est que chez des patients qui sont à risque pour la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs. La sortie de ce circuit. Raichle a défini ce système comme un « default mode » donc comme un mode par défaut. dont la signification reste encore à définir. mais des processus de traitement de l’information et de plasticité sont en action en permanence. diminuent leur activité [30]. Neuroénergétique et maladies neuropsychiatriques En ce qui concerne les maladies psychiatriques en général. est l’activité hors ligne ou activité de post-processing de l’information. liée à la plasticité synaptique. un processus pathologique qui aboutirait ensuite à la mort neuronale. Reconsolidation and the Integration of New Information with the Past ». il se trouve que c’est exactement ce qui est observé par cette technique d’imagerie. . Les conférenciers invités étaient les suivants : François Ansermet et Pierre Magistretti : « Plasticité et homéostasie à l’interface entre neurosciences et à la psychanalyse ». Ces expériences ont été conduites en réalisant la surexpression du transporteur au glucose GLUT1 et du transporteur au lactate MCT2 en transfectant les astrocytes avec des vecteurs viraux contenant le cDNA codant pour GLUT1 et les neurones avec des vecteurs aboutissant à la surexpression de MCT2. notamment dans le cortex dorsolatéral chez les patients dépressifs. Cette dernière est ensuite recaptée par les neurones afin de rétablir le pool de glutamate vésiculaire [34]. Or. Colloque Un colloque de clôture du cours intitulé « Neurosciences et psychanalyse : une rencontre autour de l’émergence de la singularité » s’est tenu le 27 mai 2008 à l’auditoire Marguerite de Navarre. dans lesquelles les astrocytes sont cultivés en présence de neurones. à savoir le gène codant pour le transporteur au glutamate glial et pour l’enzyme glutamique synthase. qui est impliquée dans le recyclage du glutamate sous forme de glutamine. Cristina Alberini : « The Dymanics of our Internal Representations : Memory Consolidation. Antonio Damasio : « A Neurobiology for Conscious and Unconscious Processing ». que les neurones résistent mieux à des stimulations nocives de type excitotoxique [33]. C’est dans cette optique que nous avons conduit au laboratoire des expériences de stimulation de l’échange métabolique astrocyte-neurones au cours desquels nous avons tenté d’augmenter l’augmentation du captage de glucose par l’astrocyte et le captage de lactate par les neurones.CHAIRE INTERNATIONALE 815 amplifier. Marc Jeannerod : « La psychotérapie neuronale ». Il y a donc là une relation entre les niveaux d’expression de molécules spécifiques gliales. dans des préparations in vitro. On peut donc postuler qu’une activité accrue de la navette lactate-astrocyte-neurones aboutisse à un effet neuroprotecteur. dans une étude par analyse de transcriptome. conduite sur des cerveaux post-mortem obtenus à partir de patients souffrant de dépression majeure. Ainsi. certains gènes se sont révélés être considérablement diminués dans leur expression. L’implication du couplage métabolique médié par les astrocytes dans d’autres pathologies psychiatriques peut également être évoquée. Ces résultats ont montré. Une diminution de la fonction de ce recyclage du glutamate devrait aboutir à une diminution de la signalisation qui permet l’importation de glucose dans le parenchyme cérébral et donc se traduire par une diminution du signal TEP. Marcus Raichle : « Two Views of Brain Function ». un signal par imagerie cérébrale fonctionnelle et une pathologie neuropsychiatrique. comme par exemple ceux qui concernent les états somatiques et le maintien de l’homéostasie. qui font aussi leur originalité. confocal microscopy. Marquet P. Un de ces points d’intersection est sans doute la notion de trace et de plasticité neuronale. Korenstein R. Toutefois le dialogue entre ces deux disciplines a été pour le moins difficile. 2008 Aug 20..J. Publications Rappaz B. Lionel Naccache : « De l’inconscient fictif à la fiction consciente ». Stimulation-induced increases of astrocytic oxidative metabolism in rats and humans investigated with 1-(11)C-acetate. D’autres. ouvrent vers des perspectives de recherche nouvelles.816 PIERRE MAGISTRETTI Michel Le Moal : « De l’homéostasie aux processus opposants : une dynamique psychobiologique ». Barbul A. difficiles à concilier.. Daniel Widlocher : « Neuropsychologie de l’imaginaire ». le langage propre à chaque champ est différent et ces deux disciplines ont des histoires divergentes. Pellerin L. 2008 Jul 9. Treyer V. Ce sont ces points d’intersection potentiels qui ont été abordés par les représentants de premier plan des deux disciplines invités à ce colloque. Pourtant neurosciences et psychanalyse partagent l’incontournable question de l’émergence de la singularité. Alim Benabid : « Du Parkinson à l’humeur. Dans ce type d’exercice il convient de bien se garder de tomber dans un syncrétisme simplificateur dans lequel les principes des deux ordres pourraient être interchangeables et par lequel psychanalyse et neurosciences y perdraient leur nature et leur tranchant.. notions du champ biologique qui sont à rapprocher de celles de pulsion et du principe de plaisir du champ freudien méritent d’être explorées. Buck A.J. Eric Laurent : « Usages des neurosciences pour la psychanalyse ». and impedance volume analyzer.. Wyss M.. L’idée de ce colloque a été de réunir d’éminents spécialistes des neurosciences et de la psychanalyse pour explorer les points de convergence potentiels entre ces deux disciplines que tout apparemment sépare et que l’on pourrait qualifier d’incommensurables. [Epub ahead of print]. [Epub ahead of print]. Quelles en sont les raisons ? Certes les cadres de référence sont sans commune mesure. Magistretti P. Emery Y.. Depeursinge C. J Cereb Blood Flow Metab. Comparative study of human erythrocytes by digital holographic microscopy. C’est dans ce contexte que s’est inscrit le colloque « Neurosciences et psychanalyse : une rencontre autour de l’émergence de la singularité »... Heer S. La démarche qui a animé ce colloque a été plutôt d’identifier des points d’intersection à partir desquels les concepts d’un domaine fertilisent la réflexion de l’autre.. le chemin questionnant du neurochirurgien ». L’existence de processus psychiques inconscients est un sujet d’intérêt et de recherche commun aux neurosciences et à la psychanalyse. .. Cytometry A.T. Weber B. Magistretti P... Magistretti P. Granziera C.D. 2007. 104(10) : 4188-4193.M... Petit J. Badaut J. TORC1 is a calcium. Regli L. Glia. Squire L.A. Charnay Y.. Merezhinskaya N. Proc Natl Acad Sci USA. 1341-2. 2007. Badaut J. Kovacs K. Thevenet J. Magistretti P. Magistretti P.. 2008. — 100th meeting of the Swiss Neurological Society. 2008 Apr 1 . Magistretti P.J.. Clarke S.J. 23 .. Allaman I... Allaman I. Hirt L. Proc Natl Acad Sci USA.... Costalat R.. 2008. Magistretti P. Thrombin-induced ischemic tolerance is prevented by inhibiting c-jun N-terminal kinase. Wiegler K. Bouras C. Bouzier-Sore A.J. Merle M. 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[3] Sokoloff et al. Science 305 : 50-52. 21 : 1133-1145. 2003. London. 85 : 3244-3253. FENS. — London Psychoanalytical Society. [4] Lennie. — Yale University. [5] Magistretti et al. J Neurosci Res. CHUV. J Neurosci. 2006. 1977. [13] Pellerin et Magistretti.. Department of Neuroscience. 1998. Il Ciocco. — International Meeting of ESCAP (European Society for Child and Adolescent Psychiatry). [9] Jourdain et al. . — University of Pennsylvania. Colloque des neurosciences cliniques. J Cereb Blood Flow Metab. 2004. Harlow. Department of Neuroscience. 23 : 1298-306. — 12th Neuronal degeneration workshop. [14] Ramirez et al. 2004.. Barcelona. — Phyloctetes Center. Current Biol 13 : 493-497.. Nat Neurosci. Department of Pediatrics. [10] Bernardinelli et al. 2001. [12] Kasischke et al. London. 1999. 2007. Florence. J Exp Biol. [15] Porras et al. — University of Ancona. 2003. 2003. Department of Physiology.. Paris. 21 : 404-412. 384 : 505-516. Science 305 : 99-103. Stockholm. Barcelona. 10 : 331-339. Paris. Liste des articles cités dans le rapport d’activité [1] Attwell and Laughlin..818 — — — — — — PIERRE MAGISTRETTI École Normale Supérieure. — VIII European Meeting on Glial Function. J Neurochem. — Glaxo Smith Kline. Science 283 : 496-497. [2] Breitenberg et Schütz. — Association Psicoanalitica de Argentina.. 2001. [11] Bouzier-Sore et al. 2nd ed. Ankara. Berlin : Springer. Annual Lecture. Verbier. — Wallenberg Symposium. [16] Dringen et Hirrlinger. Biol Chem. Gordon Research Conference on « Membrane transport proteins ». Neuron 37 : 275-286.. J Cereb Blood Flow Metab. Cortex : statistics and geometry of neuronal connectivity. Vlassenko et al. Proc Natl Acad Sci USA. 56 : 975-989. Lovatt et al.... Ros et al. Bliss et al. Proc Natl Acad Sci USA 103 : 1964-1969.. 2008. 1998.. 102 : 15653-15658. J Neurochem. J Neurosci. 2006. 2006. J Neurosci. Ann NY Acad Sci. 2005. 2005. 2008.. 16 : 1163-1167. Fox et al. Raichle et Mintun. 1992. 2003. 26 : 468-477. 2006. Petit et al. 2007. J Neurosci. Nat Rev Neurosci. Itoh et al. 24 : 6202-6208. Nat Neurosci. 2007. Genoud et al. 2002. 12 : 4923-4931. Proc Natl Acad Sci USA. Waniewski et Martin. 10 : 1369-1376. J Cereb Blood Flow Metab. Glia. Gavillet et al. 1097 : 94-113. Annu Rev Neurosci. J Neurosci.CHAIRE INTERNATIONALE 819 [17] [18] [19] [20] [21] [22] [23] [24] [25] [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32] [33] [34] Frade et al. 493 : 167-176. Choudray et al. 2006. 29 : 449-476. 8 : 700-711. PLoS Biology 6 : 1605-1611. Raichle et Gusnard. 18 : 5225-5233. 2008. Cirelli et Tononi. J Comp Neurol. 100 : 4879-4884.... 27 : 12255-12266. Iadecola et Nedergaard. 4 : 2057-2064 (e343). 105 : 1144-1152.. Eur J Neurosci. PLoS Biol.. 2007. 2007. . 2004. Reiman. Sorg et Magistretti. . et l’école Montessori des Pouces Verts dans la même ville. dans ses composantes quotidiennes. Or le non-savoir accepté est une cause de majeure de dépendance. Ces expériences m’ont permis d’entrevoir ce que les gens ne comprenaient pas. et culturelles. plutôt grand public que technique. j’ai pensé que la même approche « leçon de choses » s’appliquerait parfaitement au numérique. si tous parlent des effets. Ayant été lecteur assidu de ce genre d’ouvrage. Il sort chaque mois des livres sur la « révolution numérique ». industrielles. En effet. Il a été le tout premier cours d’informatique jamais donné au Collège de France. J’en citerai deux : l’association « Art Science Pensée » de ma ville de Mouans-Sartoux. pratiquement aucun ne parle du contenu et donc des causes. scientifiques. analysant ses impacts de tous ordres. à condition de trouver le bon niveau de description. où les grands progrès scientifiques considérables de l’époque étaient popularisés et vulgarisés dans d’excellents livres et revues. souvent même en revendiquant cette omission. Cette situation troublante doit être opposée à celle de la fin du 19e siècle et du début du 20e. ses racines restent largement inconnues ou incomprises. et est donc dangereux à terme. J’ai choisi de le conduire selon un point de vue non classique.Chaire d’innovation technologique — Liliane Bettencourt M. Professeur associé Pourquoi et comment le monde devient numérique 1. Introduction Le cours « pourquoi et comment le monde devient numérique » a été donné dans le cadre de la chaire annuelle d’innovation technologique Liliane Bettencourt. J’avais déjà pratiqué des conférences ou des enseignements selon ce point de vue en plusieurs circonstances. mes collègues informaticiens et moi-même observons depuis longtemps un phénomène étonnant : si tout le monde constate que le numérique transforme le monde de façon très rapide et très profonde. Gérard Berry Membre de l’Institut (Académie des sciences) et de l’Académie des technologies. et . certains prêchant l’enthousiasme et d’autres la résistance . au Lycée Marcel Bloch de Strasbourg. A ce titre. Actions sur l’enseignement Lors de la leçon inaugurale. Chaque séance s’est composée de deux parties : le cours proprement dit. 1. J’ai répété ma leçon inaugurale dans un lycée à Strasbourg. Après le cours. dans le cadre des journées de l’Académie des sciences en Alsace (28 mai) . chasses aux bugs. à SophiaAntipolis. réseaux. chacune consacrée à un grand sous-domaine de l’informatique : algorithmes.2. un colloque informatique et bio-informatique a été consacré à cinq sujets spécifiques. j’ai insisté sur le retard considérable pris sur le thème général de l’informatique par l’enseignement pré-universitaire en France. au colloque INIST / CNRS de Nancy (18 juin). cryptologie et conclusion. Mon cours au Collège peut être vu comme une extension de cette approche. Cette division m’a paru importante pour que ma relative ignorance de chaque sujet soit compensée par la grande connaissance d’un spécialiste. et un séminaire donné par une ou plusieurs personnalités extérieures. La leçon inaugurale a également été projetée dans diverses grandes écoles sans ma présence. langages de programmation. et je donnerai un séminaire similaire à la CCI d’Amiens (30 septembre). Sauf un (cryptologie). Je la répèterai encore en octobre à l’INRIA Rocquencourt (9 octobre) puis à l’INRIA Rennes (24 octobre). D’autres sujets importants comme les bases de données et systèmes d’informations n’ont pu être traités faute de temps. et je compte le faire dans d’autres. chacun présenté par un grand spécialiste du domaine. et pour que mon cours général soit complété par une intervention concernant un aspect plus spécifique mais important en terme de compréhension ou d’impact.3. J’espère qu’il aura contribué à lever le voile. J’ai également été chargé d’une mission sur l’enseignement de l’Informatique au lycée par l’Académie des sciences. circuits. sur invitation de l’école Polytech Nice et de l’INRIA (26 mai) . Conduite du cours Le cours s’est composé de la leçon inaugurale et de huit séances. 1. j’ai rencontré diverses associations de professeurs. Il faut noter que 28 étudiants de diverses universités se sont inscrits au cycle de cours. Répétitions de la leçon inaugurale J’ai répété quatre fois la leçon inaugurale en d’autres lieux : à l’Université de Grenoble.1. Cette affirmation a rencontré un écho certain dans diverses instances. sur invitation de ces organismes. et j’ai . et mon action se poursuit de plusieurs façons. dans le cadre de la journée dédiée à Louis Bolliet (16 mai) . J’ai donné une conférence « la révolution numérique dans les sciences » lors de la remise des prix des Olympiades de mathématiques (12 juin). devant des classes de première.822 GÉRARD BERRY donc de commencer à construire un discours leur permettant de comprendre — et d’aimer — le sujet. peu compatible avec l’entrée dans le 21e siècle. tous les cours et séminaires ont été mis en ligne en vidéo. images. validé pour leur formation. systèmes embarqués. 1. chercheurs ou industriels. L’existence d’un espace d’innovation sans frein. 17 janvier. j’ai présenté ma vision sous la forme d’une conjonction de quatre points : 1. toutes les informations prennent la forme unique de suites de nombres. Au niveau radiophonique. — Place de la toile. La numérisation permet de s’affranchir de l’ancestrale dépendance d’une information vis-à-vis de son support : papier pour l’écriture.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 823 donné un séminaire à l’université d’été des professeurs de mathématiques à St Flour en août 2008. 2 mars. revues et sites Internet. On peut alors leur appliquer deux types d’algorithmes combinables avec une totale liberté : — des algorithmes génériques. — Le pudding. Radio Nova.) et à deux émissions de télévision (France 3 et LCI). Michel Field et Olivier Duhamel. Jean Lebrun. avec un contribution fondamentale de Shannon qui a défini son sens et ses limites. Europe no 1 . 23 mai. France Culture. 4. etc. pour stocker. — Travaux publics. Ceux de la science et de la technologie de son utilisation. Ali Baddou. 2. J’ai aussi participé à des émissions radio plus courtes (France Bleue. indépendants du contenu. disque vinyle pour le son. RFI. encrypter et transporter l’information sans aucune perte. copier. Bref résumé de la leçon inaugurale Après avoir rappelé les très nombreux effets du passage au numérique et l’ignorance généralisée de ses causes. Le cours a été annoncé et suivi par des articles dans nombreux journaux. ce qui est impossible avec les représentations analogiques classiques. film argentique pour l’image. j’ai participé aux émissions suivantes : — Les matins de France Culture. — Science publique. 4 avril. Michel Alberganti.4. Retombées médiatiques Le cours a eu un impact médiatique important. J’ai enfin présidé le jury des prix scientifiques collectifs de l’Ecole Polytechnique (30 juin). L’idée de numérisation systématique est née dans les années 1950. 1. Nicolas Errera et Jean Croc. Une fois numérisées. le matin de la leçon inaugurale. France Culture. — Mediapolis. faite de circuits et logiciels. L’idée de numériser de façon homogène toutes sortes de données et de phénomènes. 2. 3. . France Culture. 13 et 20 avril. 12 mars. Caroline Broué et Thomas Baumgartner. Les fantastiques progrès de la machine à informations. comprimer (faiblement). Le coût d’un algorithme dépend fortement de la nature machine d’exécution. j’utilise le terme général de « machine à information » En effet. l’informatique étend la notion mathématique de mise en équations en la notion bien plus générale de mise en calculs. et l’algorithmique en est la science. L’algorithmique classique s’est concentrée sur les machines de type von Neumann. puisqu’elle en synthétise en quelque sorte une autre. La possibilité d’appliquer effectivement ces algorithmes à bas coût repose sur les progrès exponentiels des circuits électroniques et les avancées scientifiques dans leur conception et dans celle des logiciels. où une seule instruction est exécutée à chaque instant. Cours algorithmes Les algorithmes sont les éléments centraux de l’informatique. la situation est bien différente. Son but est de construire des algorithmes efficaces en fonction d’un jeu de primitives de base. En informatique. il a suffi de quelques mois pour passer de l’idée à la mise en service. De nombreux exemples sont fournis par la profusion d’idées nouvelles contribuant à l’expansion du Web : pour l’innovation majeure qu’est le moteur de recherches. Dans les sciences. La distance entre l’idée et l’application est très courte. En effet. qui poursuit celle réalisée par l’introduction des mathématiques.824 GÉRARD BERRY — des algorithmes spécifiques à un type de données : compression forte et amélioration d’images et de sons. et amplifie les possibilités très limitées du calcul manuel par celles quasi infinies du calcul automatique. L’algorithmique moderne . recherche dans les textes. La leçon s’est terminée par l’expression de l’inquiétude sur les insuffisances massives de l’enseignement. énergie dépensée. recherche de chemins optimaux dans des graphes. et d’étudier leur coût ou complexité. la plupart des circuits et logiciels sont maintenant enfouis dans des objets de toutes sortes. mesuré suivant divers paramètres : temps de calcul. le numérique conduit à une révolution généralisée. Plutôt que le terme « ordinateur ». Tout progrès demande d’abord la compréhension d’un monde préexistant extrêmement complexe. mémoire ou surface de circuit utilisée. algorithmes de calcul scientifique. L’évolution des machines à informations et de leurs applications ne se heurte pas à la complexité de la nature. et la vraie limite à l’expansion des innovations numériques est celle de l’imagination humaine. etc. la liste est interminable. et de façon plus générale de l’information scientifique et technique dans ce domaine crucial pour l’avenir. de façon invisible à l’utilisateur. l’espace d’innovation sans frein : dans des sciences physiques ou biologiques. qui évoque trop précisément l’utilisation d’un clavier et d’un écran. il y a souvent loin de l’idée à la réalisation. Insistons sur le point 4 ci-dessus. algorithmes géométriques en robotique ou en imagerie médicale. 3. on trie récursivement ces deux listes avec le même algorithme. posant p = p’ + 2n p” et q = q’ + 2n q”. Cette variété n’exclut pas une théorie générale : la plupart des algorithmes reposent sur un petit nombre de principes centraux illustrés dans le cours : dichotomie (diviser pour régner). Il existe des milliers d’algorithmes pour résoudre des milliers de problèmes de natures extrêmement variées : traitement de textes (recherche. on coupe p et q au milieu des poids forts et faibles. traitement d’objets géométriques (imagerie médicale. robotique). Le résultat final s est alors défini ainsi : s = t’ + 2n s”0 si r’ = 0. 3. calcul scientifique et mathématique. On coupe la liste donnée en deux parties égales (à 1 près). s”0 = p” + q” et s”1 = p” + q” + 1. de sons et de films (amélioration. ce qi est théoriquement optimal. le coût en temps de l’algorithme est logarithmique.). L’addition dichotomique illustre deux principes fondamentaux de l’algorithmique des circuits. On en extrait le nombre t’ formé des n premiers bits et le n + 1e bit de poids fort r’. Les algorithmes de l’école sont de coût linéaire dans le nombre de chiffres à cause de la propagation des retenues. recherche d’objets. ou asynchrones comme les supercalculateurs multiprocesseurs et maintenant les processeurs multicœurs.). conception assistée par ordinateur. On calcule alors en parallèle les trois sommes s’ = p’ + q’. qui est la retenue intermédiaire. orthographe. Addition entière Notre second exemple est l’addition de deux entiers. analyse. l’anticipation et l’échange temps-espace. qu’elles soient synchrones comme les circuits digitaux.2.1. D’autres algorithmes permettent d’améliorer le coût en moyenne. Tri de listes Notre premier exemple est le tri-fusion sur machine séquentielle. procéder récursivement ou itérativement. traitement d’images. qui illustre à lui seul de nombreux principes. Chaque somme est calculée récursivement avec un additionneur du même modèle La somme s’ des poids faibles contient n + 1 bits. etc. ce qui est beaucoup mieux que le coût usuel linéaire. contrôle en tempsréels de transports ou d’usines. gestion de communications et de réseaux. Des applications comme l’imagerie médicale utilisent une conjonction d’algorithmes complémentaires de types divers. La sélection entre s”0 et s”1 se fait en temps unitaire dans un circuit à l’aide de multiplexeurs parallèles. on anticipe le . ce coût reste le même quelque soit la liste de départ. compression. ce qui est important en pratique. exploiter l’aléatoire. Cependant. 3. synthèse d’image. Nous montrons comment faire mieux sur un circuit. puis on fusionne les deux listes triées en comparant itérativement leurs têtes. même si elle était déjà triée. etc.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 825 s’intéresse aussi aux machines parallèles. etc. etc. en additionnant deux nombres p et q par dichotomie/récursion : en supposant qu’ils ont 2n chiffres en base 2. Grâce à la dichotomie et à la récursion. ou s = t’ + 2n s”1 si r’ = 1. Le couple récursion/ dichotomie assure que le coût maximal en temps est de n log(n) pour une liste de taille n. Pour les poids forts. L’analyse d’algorithmes recèle beaucoup de surprises. en n log2(n) s’il y a n sommets. Nous montré leur construction à l’aide d’un petit logiciel fourni par l’INRIA. Les arêtes des polygones de Voronoï sont les médiatrices des côtés des triangles de Delaunay. On peut aussi minimiser l’énergie d’un diagramme. sans perturber le reste. Etant donné un ensemble E de points du plan. Il se fait en plusieurs étapes : calcul du point le plus bas. puis parcours itératif des points dans l’ordre ainsi établi pour déterminer les segments de l’enveloppe convexe. tri des angles entre ce point et les autres points. eux-mêmes caractérisés par le fait que leur cercle circonscrit ne contient aucun autre point de l’ensemble. Cet algorithme est fondamental en géométrie algorithmique. le diagramme de Voronoï associé découpe le plan en polygones contenant chacun un point p de E. et d’une dépense supplémentaire d’énergie. Le gain de temps est considérable.826 GÉRARD BERRY calcul de la retenue intermédiaire . La structure duale. puisqu’on utilise trois sous-additionneurs parallèles au lieu des deux strictement nécessaires. ce qu’on voit en cliquant et bougeant la souris à grande vitesse. formées de segments qui joignent les points de E perpendiculairement aux arêtes des polygones. utilisés par John Snow pour modéliser la propagation des épidémies dans les années 1850. 3. Algorithmes géométriques Notre troisième exemple concerne le calcul de l’enveloppe convexe d’un ensemble de points du plan. également idéal pour illustrer les notions d’algorithme incrémental et d’algorithme itératif.3. L’algorithme est illustré par une animation dans la vidéo et les transparents du cours. et le sont maintenant à grande échelle pour le calcul de maillages efficaces en calcul numérique. ce qui n’est pas évident a priori. même pour des algorithmes simples ! Les diagrammes de Voronoï constituent une structure fondamentale de la géométrie algorithmique. et tels que chaque point de l’intérieur d’un polygone est plus près de p que de tout autre point p’ de E. par exemple pour calculer l’intérieur d’un objet. Son analyse est remarquable sur un point : l’étape chère de l’algorithme est le tri des angles. Ils ont été introduits par Descartes pour étudier la répartition des constellations dans le ciel. quand celle-ci est connue. Il est très beau à voir fonctionner sur la . L’algorithme de Lloyd fournit une méthode itérative de minimisation par déplacement des points initiaux vers le centre de gravité. etc. Les autres étapes sont linéaires. Cette énergie n’est pas minimale quand le point caractéristique d’un polygone est distinct de son centre de gravité. comptée comme l’intégrale des carrés des distances de chaque point du domaine au point caractéristique du polygone auquel il appartient. puisque l’un des deux résultats de poids forts pré-calculés sera simplement jeté aux oubliettes. pour la représentation des objets 3D en synthèse d’image. L’efficacité est excellente. Ajouter un nouveau point à un diagramme existant se fait de façon incrémentale au voisinage de ce nouveau point. Les diagrammes de Voronoï ont de très nombreuses applications. les deux poids forts possibles sont déjà disponibles. mais au prix d’une perte en espace. est appelée triangulation de Delaunay. Savoir s’il existe des algorithmes toujours polynomiaux pour SAT et les problèmes NP-complets est considéré comme un des problèmes les plus difficiles des mathématiques actuelles. Bien que ces algorithmes soient très simples. reposant ici sur l’utilisation de fonctions de hachage pseudo-aléatoires. 3. Il se rencontre effectivement dans la nature. on ne connaît que des algorithmes exponentiels dans le cas le pire. horaires de train. P. le classement d’un grand nombre de documents selon leur similarité. Il a illustré un autre grand principe algorithmique.). son. section 11). Boudol et l’auteur. Les nombres premiers sont les seuls à survivre. faux. Séminaire : algorithmes probabilistes sur de grandes masses de données Le séminaire donné par Philippe Flajolet. Les machines chimiques sont utilisées pour modéliser les réseaux de types Internet. on met tous les nombres sauf 1 dans un grand chaudron. Il de plus caractéristique de la classe des problèmes NP-complets. l’exploitation positive de l’aléa. Ce modèle ultrasimple s’étend en une machine chimique générale. et certains phénomènes biologiques (cf. a été consacré aux algorithmes probabilistes sur de grandes masses de données. ou et non) peut être rendue vraie par un jeu de valeurs des variables. Pour ces problèmes. la détection d’intrusions et de virus dans un réseau. . 3. leur analyse fait appel à des mathématiques particulièrement sophistiquées. Le problème SAT et les algorithmes NP-complets Le cours a ensuite présenté le problème SAT de satisfaction Booléenne. Il est central pour la vérification formelle des circuits et programmes. et il fait l’objet d’une véritable compétition industrielle. 3. Banâtre et Le Métayer puis perfectionnée par G.5.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 827 démonstration. etc. Flajolet a montré l’efficacité de ces algorithmes dans un grand nombre de problèmes apparemment dissociés : le comptage approché de mots dans un livre avec très peu de mémoire et sans dictionnaire. image. en cassant leurs régularités potentielles. directeur de recherches à l’INRIA. texte. et. Etant pseudo-aléatoire. Un nombre p peut manger ses multiples quand il les rencontre. Nous avons présenté une variante parallèle du crible d’Eratosthène pour le calcul des nombres premiers. Une telle fonction va associer une information de taille fixe (par exemple 32 ou 64 bits) à n’importe quelle information d’entrée (mot. etc.6. dont l’objet est de savoir si une formule Booléenne (écrite avec des variables et les opérations vrai. et on les laisse être agités par le mouvement brownien. etc. par exemple pour expliquer le déplacement des soles cachées sous le sable pour guetter leur proie lorsqu’il faut laisser de la place à une nouvelle arrivante.P. elle va répartir équitablement les informations d’entrée dans les valeurs hachées. qui en comprend des centaines d’autres (emploi du temps. Ce problème élémentaire est en fait très difficile et mal compris. la migration des calculs dans les réseaux. Machines chimiques et nombres premiers Les algorithmes parallèles peuvent être très différents des algorithmes séquentiels. Intuitivement.4. introduite par J.). et tous les combats peuvent se faire en parallèle. voitures. cryptage. Le circuit comporte aussi des mémoires.1. Les principes des circuits digitaux synchrones Les circuits digitaux synchrones fonctionnent sur le mode binaire 0/1 en étant cadencés par une horloge. vélos. tous reliés par des réseaux hiérarchiques. ils se sont développés suivant la loi de Moore 1 : le nombre de transistors sur une puce double tous les 18 mois. des émetteurs récepteurs radio. Depuis les années 1970. Cette loi exponentielle est due aux progrès de la physique des transistors et à l’amélioration continuelle des techniques de fabrication. On prévoit qu’il y aura de l’ordre de mille circuits par humain d’ici une quinzaine d’années.). Cours circuits GÉRARD BERRY Les circuits électroniques sont le moteur du monde numérique. etc. et sera probablement freinée plus par des considérations énergétiques et économiques que par des problèmes physiques de miniaturisation. et par quelques circuits asynchrones sans horloges. Mettre autant de transistors sur une puce permet de fabriquer des circuits hétérogènes appelés systèmes sur puce (System on Chip ou SoCs en anglais). et le volume ne cesse d’augmenter. Du nom de Gordon Moore. Elle a des conséquences étonnantes : un microprocesseur comportait quelques milliers de transistors en 1975. des accélérateurs (graphique. Ce sont les plus importants et les seuls étudiés ici. etc. Un circuit digital synchrone se comporte électriquement comme un réseau acyclique de portes logiques reliées par des fils qui peuvent être portés à deux potentiels stables 0 et 1 Volt. maisons. et un milliard en 2005. utilisés pour la radio et la communication avec le monde physique. Le principe est simple et quasiment inchangé depuis les premiers ordinateurs: pendant un cycle d’horloge. quelque centaines de milliers en 1985. commandées toutes en même temps par l’horloge. 4. des mémoires. co-fondateur d’Intel. qui intègrent des processeurs de calcul. . non. prothèses médicales. et les mémoires basculent : leurs entrées au front deviennent leurs nouvelles sorties pour tout le cycle suivant.828 4. Au front montant suivant de l’horloge. La fréquence maximale de l’horloge est déterminée par la nécessité d’avoir stabilisé tous les fils au front montant. Ils se trouvent dans les objets de tous genres : téléphones. 1. et les mémoires maintiennent leurs sorties vers les portes à 0 ou 1. jouets. Elle se poursuit pour l’instant. des processeurs d’entrées/sorties. Les signaux se propagent dans le réseau de portes jusqu’à devenir stables aux sorties du circuit et aux entrées des mémoires. Ils sont complétés par les circuits analogiques. la plupart reliés en réseau. une dizaines de millions en 1995. tout cela à prix décroissant. l’environnement échantillonne les sorties. ou. Il s’en fait des milliards par an. avions. briques de base avec lesquelles on peut coder tout autre calcul. l’environnement maintient les entrées à 0 ou 1. trains. Les portes calculent les fonctions Booléennes et. comme expliqué pour l’addition à la section 3. placer et router sur le rectangle de silicium. 4. Il faut donc être sûr de son bon fonctionnement avant la mise en fabrication. La vérification fonctionnelle se fait soit par simulation. L’outillage est très cher et très gourmand. des unités de calcul arithmétique et logique. et sa complexité ne fait qu’augmenter. et exécute les calculs spécifiés.2. Une génération de circuits est caractérisée par la taille du transistor. Les étapes ont été successivement automatisées. Comme le circuit est fabriqué en une fois. Il a détaillé le principe lithographique de la fabrication.3. et les usines et leurs machines. L’accélération par spéculation repose sur des calculs réalisés en avance de phase mais potentiellement inutiles. actuellement 65 ou 50 nanomètres. Des complications considérables sont induites par le caractère non-linéaire des gravures modernes. Enfin. L’accélération par pipeline est un concept architectural fondamental identique à celui développé par Henry Ford pour ses usines de voitures : chaque opération est découpée en phases qui se suivent dans le temps. Il lit un programme en langage machine et des données. Beaucoup de détails fins doivent être réglés pour un fonctionnement efficace et sûr des pipelines.2. donnant naissance à une industrie spécifique.2. les longues et nombreuses étapes nécessaires. Electronic Design Automation : la synthèse de circuits La conception de circuits aussi gigantesques ne se fait évidemment plus à la main. de Cadence Systems Design. Elle revient couramment à 70 % du coût total. allant des niveaux abstraits du design fonctionnel vers le dessin concret des masques lithographiques qui servent à fabriquer les circuits. il faut . et celle des systèmes sur puce de tous ordres la rejoint en termes de difficultés. un microprocesseur comporte des décodeurs d’instructions. et est de moins en moins exhaustive. spéculations et caches. et toutes les phases d’instructions consécutives s’exécutent en parallèle. Les mémoires caches permettent de pallier la lenteur des mémoires externes (RAM) en utilisant des tampons locaux. déterminant alors à quelle vitesse peut tourner l’horloge. Il faut en fait une dizaine d’étapes logicielles.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 829 Les portes sont organisées en blocs architecturaux. des unités de gestion mémoire et des entrées/sorties. 4. C’est donc un goulot d’étranglement fondamental. Les outils EDA permettent une synthèse continue et automatique. Des exemples animés sont montré dans la vidéo et les transparents. L’architecture des processeurs modernes est vraiment aux limites des capacités humaines. qui reposent sur des images bien plus fines que la longueur d’onde de leurs sources lumineuses. Par exemple. le moindre bug de conception peut le rendre entièrement inopérant. dont le bon fonctionnement est aussi vérifié par logiciel. On part de langages de haut niveau pour générer des portes logiques. l’EDA (Electronic Design Automation). soit avec les méthodes formelles étudiées en 7. Séminaire : la fabrication des circuits La fabrication des circuits a été présentée dans le séminaire donné par Laurent Thénié. qu’on va dimensionner. Il s’agit de grimper encore des niveaux d’abstraction. Russel. et atteindra bientôt des dizaines de milliards d’euros. C’est un méta-circuit transformable à volonté en circuit précis par téléchargement d’une configuration binaire. Turing et Church se sont intéressé au problème de la définition précise du langage mathématique. qui est de même nature. Le futur des circuits De nombreuses difficultés de tous ordres risquent de ralentir l’évolution exponentielle : sur le plan technique. 5. sur le plan humain. . et la nécessité de rentabiliser une fabrication par de très grands volumes. On s’oriente vers des formes de redondance permettant de ne pas utiliser des parties de circuits non fonctionnelles. citons la difficulté de monter encore en fréquence. De nouvelles solutions apparaissent pour contourner ces problèmes. Mais bien les programmer reste un grand défi intellectuel. Le FPGA (Field Programmable Gate Array) a été introduit dans les années 1980. et le fabriquant n’est pas du tout concerné par ce que fait le circuit. bientôt rendu symboliques sous le 2. Cours langages de programmation Les langages de programmation sont l’instrument indispensable pour l’écriture des programmes. Les tests sont faits à partir de longues séquences fournies par les outils EDA.830 GÉRARD BERRY tester un à un tous les circuits fabriqués. il ne sera bientôt plus possible de fabriquer des circuits zéro défaut. qui peut demander des milliers de personnes. car un seul problème de fabrication (par exemple. Leur genèse précède celle des ordinateurs : les logiciens comme Frege. l’industrie de l’EDA évolue vers l’Electronic System Design ou ESL.Un problème majeur est que le prix de l’usine augmente considérablement avec chaque génération. une seule poussière) suffit à rendre un circuit inopérant. citons la complexité de la conception. Un même circuit physique peut être ainsi rapidement configuré en un très grand nombre de circuits logiques par l’utilisateur.4. l’industrie est une des plus lourdes ! 4. et les problèmes posés par la gestion d’horloges multiples . au prix d’un coût plus élevé et d’une densité moindre. Les premiers langages ont été les langages machines des ordinateurs. le coût extrême des investissements. les limites posées aux circuits par la chaleur dissipée. La fabrication est de fait très dissociée de la conception : les outils EDA définissent exactement ce qui doit être fabriqué et testé. Enfin. D’autres propositions étudient des circuits à grand nombre de processeurs simples programmables par logiciel. Bien que l’objet qu’elle fabrique soit l’un des plus légers. Pour gagner des ordres de grandeurs en taille et complexité de circuits. Ce qui est le sujet principal du travail de l’auteur. par exemple pour synthétiser complètement un circuit à partir de spécifications de type logiciel et prouver mathématiquement son bon fonctionnement 2. puis ML.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 831 nom d’assembleurs. de langages synchrones comme Esterel et Lustre (cf. L’évolution est Darwinienne : la survie d’un langage dépend de la création au bon moment d’un groupe grandissant d’utilisateurs écrivant de nouvelles applications : C est né d’Unix. Basic. et par le langage C né avec Unix. Java. a introduit les codes compacts embarqués (byte-code). présent dans toutes les applications bureautiques de Microsoft. avec comme primitives l’affectation de type X = (A + B) ∗C. D’autres langages sont plus spécifiques.). car concevoir un nouveau langage et . 5. Prolog a introduit la programmation par règles logiques et fait naître la famille des langages à contraintes. originellement destiné aux programmes temps-réel. etc. L’augmentation permanente de la taille des programmes a conduit à l’ajout de systèmes de modules ou de classes objet permettant de définir et de maintenir de vraies architectures logicielles (Modula. Les guerres de religion ont abondé : les gens du fonctionnel ne supportaient pas l’impératif et réciproquement. qui a augmenté le niveau d’abstraction en utilisant directement les expressions mathématiques comme (A + B) ∗C pour programmer. ADA. Tout ceci s’est bien calmé. on voit que le paysage linguistique est extrêmement complexe. et l’ajout de techniques de programmation parallèles dans les langages classiques (en général au moyen de threads. Avec les réseaux et la commande de processus temps-réel est apparu la nécessité d’écrire des programmes parallèles s’exécutant sur une ou plusieurs machines. d’où la naissance de langages asynchrones comme CSP puis ADA. php. et au puissant langage fonctionnel Haskell. python. FORTH. APL est dédié à l’écriture très compacte d’algorithmes matriciels. qui a donné naissance au populaire et rigoureux langage Caml développé à l’INRIA. repris par Java et Caml. dédié au calcul pour l’intelligence artificielle.). Un tournant a été apporté dans les années 1950 par FORTRAN (Formula Translator). est devenu Visual Basic.1. Java a crû avec le Web. comme ALGOL et PASCAL. Tous les langages précités permettent de programmer n’importe quel algorithme sur une machine monoprocesseur. SCHEME. Les langages de scripts. Si l’on ajoute la présence de plusieurs dialectes pour chaque langage (des centaines pour LISP). Le monde Darwinien des langages FORTRAN sera suivi dans les années 1960-70 par des langages plus riches et développés plus scientifiquement. Ce schéma est toujours valable. inaugurés par le shell d’Unix. 6. les boucles DO. des langages très différents verront le jour comme LISP. etc. Il faut alors un programme appelé compilateur pour traduire ces programmes de plus haut niveau en langage machine. et l’appel de fonctions définies elles-mêmes par des programmes. etc. etc. Ce langage fonctionnel (sans affectation) et d’exécution interactive sera suivi par SMALLTALK. petit langage interactif des années 60. En parallèle.3). Caml. la mise en séquence d’instructions. C++. ou flots d’exécutions coordonnés). les amateurs de langages interactifs ne supportaient pas de devoir attendre la fin d’une compilation. sont devenus très populaires pour les manipulations systèmes et le Web (tcl. perl. le style graphique propose une programmation plus visuelle que textuelle . le style parallèle abandonne l’idée de suivre un programme avec un doigt. CAML est mathématique et récursif. Elle est souvent traitée un peu par dessus la jambe : exécutez donc votre programme pour voir ce qu’il fait ! Pourtant. LISP est rond et récursif. Pascal. La sémantique des programmes définit ce qu’ils doivent faire. ont incorporé des systèmes de types de plus en plus riches. débogueur.3. Par ailleurs.832 GÉRARD BERRY l’ensemble de son outillage (compilateur. . et généricité pour écrire par exemple des files d’attente bien typées fonctionnant sur types paramétriques. qui définit le sens des programmes. Le typage évolue encore. le style logique définit les algorithmes par des combinaisons de règles individuellement simples. être sûr de ce qu’ils font. qui définit les programmes bien écrits. avec inférence de types pour éviter d’écrire les types à la main.2. C++. ML a fait un pas important en introduisant un système de types qui garantit mathématiquement l’absence d’erreur à l’exécution. il existe plusieurs styles syntaxiques capables à eux seuls de faire se battre les gens : C est piquant et impératif. Ada. LISP n’avait pas de types du tout. etc. les pointeurs sont autorisés ou non. Comme en art. C. et les prouver formellement. le style objet encapsule les données dans des classes fournissant des méthodes de traitement locales. un système de types. 5. qui assure avant d’exécuter les programmes qu’on n’additionnera pas des choux et des carottes. La communauté théorique sait maintenant définir complètement la sémantique d’un langage. La théorie des types est bien établie mathématiquement mais peut encore progresser pratiquement. le style impératif fait exactement l’inverse. Lustre et Esterel sont définis de façon mathématique et ne peuvent donner lieu à des erreurs d’interprétation. avoir une sémantique claire est indispensable pour avoir des programmes portables d’une machine à une autre. L’analyse syntaxique est un problème magnifiquement réglé depuis longtemps. etc. Il est fondamental pour détecter les erreurs avant l’exécution et donc avant qu’elles n’aient des conséquences. pourvu qu’il soit conçu pour. types et sémantiques Tout langage a trois composantes fondamentales : une syntaxe. 5. Pourquoi tant de langages ? Le nombre des langages est une conséquence normale de l’existence de nombreux styles pour exprimer un algorithme ou une classe d’algorithmes. Par exemple. etc. chaque style a son intérêt et combiner deux styles n’est jamais simple. Chaque style exprime un niveau d’abstraction particulier : le style fonctionnel décrit le résultat à obtenir plus que la façon de le calculer. FORTRAN n’avait que des nombres entiers et flottants. permettant de définir des structures de données complexes tout en détectant beaucoup d’erreurs.) demande un investissement de plus en plus considérable. la gestion de la mémoire est soit explicite soit implicite. et une sémantique. etc. des langages comme Caml. Syntaxe. soit par des communications spécifiques. calculer la trajectoire. de fiabilité et de sécurité bien supérieures. Il en a détaillé les différentes étapes : analyse syntaxique. Le domaine est en croissance très rapide et va aller en s’unifiant avec celui des réseaux. Le parallélisme est partagé par bien d’autres applications non embarquées. mécanismes d’exécution par piles. Cours systèmes embarqués Un système embarqué est un système informatique logiciel et matériel enfoui dans un objet afin de contrôler son activité et sa sécurité. Bien gérer le parallélisme déterministe est fondamental. voitures. optimisation. car les objets seront de plus en plus reliés entre eux. Parallélisme et déterminisme Les systèmes embarqués doivent le plus souvent concilier deux caractéristiques fondamentales : le parallélisme et le déterminisme.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 833 5. 6. avions.1. la façon de concevoir et de mettre au point les systèmes embarqués est très différente. en dépliant les boucles et en réordonnançant le code expansé obtenu pour pré-charger les données avant d’en avoir réellement besoin. etc. d’offrir des services à ses utilisateurs et de communiquer avec d’autres objets. Il est clair que la réaction d’une voiture à un coup de frein ou à un mouvement du volant doit être toujours la même dans les mêmes conditions de route. dans un système de pilotage. Il a enfin montré la possibilité d’écrire des compilateurs mathématiquement prouvés correct. exploit que son groupe a été le premier à réaliser et qui pourra avoir des impacts pratiques considérables à l’avenir. et génération de code. corriger la commande en fonction de cette trajectoire. etc. Directeur de Recherches à l’INRIA a présenté la compilation de programmes de haut niveau en code machine. il faut simultanément gérer les capteurs. par exemple par les applications Internet. Ils sont le plus souvent soumis à des contraintes d’autonomie. Le parallélisme résulte de la présence de nombreux composants devant agir de façon simultanée et coordonnée. Bien que leurs principes fondamentaux soient les mêmes que ceux des ordinateurs à clavier et écrans. trains. et même vélos. La situation est différente pour le . appareils photos et lecteurs MP3. analyse des types. allocation de registres. soit tout simplement par Internet. Ainsi. Le déterminisme est une contrainte sur le comportement du système. Il a montré qu’optimiser un programme demandait souvent de spéculer pour compenser la lenteur des mémoires. objets domotique. Séminaire : du langage à l’action Xavier Leroy. 6. en mémoire. stimulateurs cardiaques et prothèses intelligentes. surtout s’ils sont destinés à fonctionner en environnement hostile : il est clair que le taux de bugs acceptable pour le pilotage d’un avion soit être absolument minimal. qui exprime que toute exécution à partir de la même séquence d’entrées doit produire le même comportement. solliciter les actionneurs. allocation des données.4. Les systèmes embarqués sont extrêmement nombreux et variés : téléphones portable. 3. nucléaire. conduisant à du non-déterminisme. etc. ayant des sémantiques mathématiques parfaitement définies. ce qui est contraire à la contrainte de déterminisme. S’il est naturel pour les systèmes embarqués. Les méthodes synchrones Les méthodes synchrones sont fondées sur un principe complètement différent. ou pré-calculé et statique.2. Mais le raisonnement sur un système de tâche et sa vérification sont difficiles. avec leurs ateliers logiciels complets : éditeurs. Dans certains cas (Spark ADA). Dans ce cas. etc. 6. threads en Java. soit en programmes C ou ADA séquentiels. commande des réacteurs. on ne peut évidemment pas demander à un moteur de recherche de répondre toujours de la même façon à une question donnée. A titre d’exemple. et comment les vérifier formellement. ferroviaires. 6. des restrictions permettent d’assurer le déterminisme. Cette simplification théorique est analogue à celle de la vision logique des circuits électriques synchrones. soit en circuits électroniques. puisqu’il doit au contraire se mettre à jour en continu. alors déterministe. . Ils sont utilisés par de nombreuses sociétés industrielles dans les domaines avioniques. Méthodes classiques de programmation Les méthodes classiques pour la programmation des systèmes embarqués sont fondées sur une extension directe des méthodes de programmation séquentielle au cas parallèle. Celui-ci peut être dynamique. Le développement des théories mathématiques associées dans les 25 dernières années a montré comment compiler efficacement les programmes synchrones de façon efficace.834 GÉRARD BERRY déterminisme. Au moyen d’un système de tâches séquentielles gérées par un ordonnanceur. Elle permet le développement de langages et formalismes graphiques parallèles particulièrement simples et élégants. il ne l’est pas pour d’autres applications parallèles. simulateurs. né au début des années 1980 dans trois laboratoires français. 2. Elles supposent que les différents composants du système sont cadencés par la même horloge logique et savent communiquer en temps zéro. Par introduction directe dans un langage séquentiel : tasks en ADA. Par exemple. Les langages Lustre (CNRS Grenoble) et Esterel (Ecole des Mines et INRIA Sophia-Antipolis) sont développés et commercialisés par la société de l’auteur. les exécutions des différentes actions parallèles se font de façon asynchrone et non-déterministe. etc. plusieurs millions de lignes de code générées par SCADE assurent des fonctions essentielles dans l’Airbus A380 : pilotage. générateurs de code. vérifieurs. Le parallélisme peut être introduit de deux manières : 1. freinage. industrie lourde et électronique grand public. mais en calculant dessus manuellement ou automatiquement à l’aide de différentes logiques associées au langage de programmation. qui vérifient la validité et la complétude des vérifications faites par le constructeur. Une nouvelle norme DO-178C est définie par un groupe de travail international de 120 personnes fonctionnant sur le principe du consensus total. A l’opposé. Cette norme reconnaît clairement la spécificité du logiciel par rapport aux autres composants de l’avion. génération automatique de code et vérification formelle. Les tests reposent sur une exécution directe du circuit ou du programme dans son environnement réel ou simulé. — caractérisation de la couverture des exigences fonctionnelles (haut niveau) et du code (bas niveau) apportée par les tests . méthodes orientées objet.4. ou comment faire confiance au logiciel pour l’avionique critique Gérard Ladier. G.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 835 6. autonomes ou sur le simulateur avion . mais se heurte à des problèmes de complexité algorithmique dès que les questions sont trop dures ou les objets trop gros. L’ignorer ou la sous-estimer. Ladier a montré comment le processus de certification logicielle est mis en place chez Airbus. Elle mettra davantage l’accent sur un approche orientée produit. Elle permet des garanties à 100 %. et l’on observe les résultats. avec la qualification d’outils de haut niveau. Elle fait intervenir des autorités extérieures. a présenté les méthodes de certification du logiciel critique en avionique. Cours « la chasse aux bugs ». responsable des méthodes et de la qualité logicielle chez Airbus Industries. et comment il a permis d’obtenir des résultats exceptionnels : zéro bug détecté en vol sur l’A320 en plus de 50 millions d’heures de vol. Séminaire : La certification. conception fondé sur des modèles abstraits. — traçabilité complète entre toutes les étapes. c’est s’exposer à de graves conséquences. . 7. des exigences fonctionnelles au code et aux tests. le test ne peut jamais être exhaustif. La vérification des circuits et logiciels a pour but d’assurer la conformité aux spécifications. par test ou par calcul formel. et donc l’absence de bugs. Comme le nombre de cas d’exécution est a priori non borné. La vérification se fait par une conjonction d’activités concernant le processus de développement : — revues des codes et documentations . Les stimuli sont produits manuellement ou de façon aléatoire guidée. ou la vérification des programmes L’ensemble des cours a insisté sur la notion centrale de bug en informatique. qui définit les processus de vérification à appliquer à ces logiciels. la vérification formelle s’effectue sans exécuter le programme. et donc le besoin d’un traitement spécifique. Elle effectue de deux manières complémentaires. La norme imposée est la DO-178B. la couverture du code et celle des spécifications pour mesurer ce qui a été vérifié. avec observation de son comportement. — tests intensifs. ce qui a été démontré dans le cours avec l’outil Esterel Studio. le système d’exploitation ne pourra jamais se geler et devenir perpétuellement inactif.3. Prenons une propriété élémentaire comme « le programme p s’arrête-t-il quand on lui donne une donnée d ? ». On s’intéresse alors à des spécifications partielles. Une propriété comme « l’ascenseur ne voyagera jamais la porte ouverte » se montre maintenant sans difficulté à l’aide de systèmes de vérification standard. Turing a montré que cette 3. systèmes de contrôle/commande embarqués. Joseph Sifakis. ainsi qu’à l’introduction des techniques de vérification par model checking pour raisonner sur l’évolution des systèmes dans le temps 3. L’indécidabilité de la vérification des systèmes généraux Les programmes généraux peuvent être d’états infinis. Des propriétés de sous-systèmes critiques comme les caches et les pipelines sont aussi vérifiées formellement autant que possible mais restent très difficile. Une conjonction de telles propriétés peut quelquefois devenir une spécification complète. 7. et donc hors de portée des techniques précédentes. Qu’est-ce qu’une spécification ? GÉRARD BERRY La notion même de vérification pose immédiatement une difficulté essentielle : que veut réellement dire spécifier une application ? Dans les bons cas.836 7. Ils sont très nombreux dans les applications industrielles : circuits à mémoire limitée. etc. . du CNRS Grenoble. les choses sont simples : spécifier qu’une liste de nombres est triée est trivial : il s’agit de fournir une liste triée comportant les mêmes éléments avec la même multiplicité. pratiquement toutes les transformations élémentaires intervenant dans les étapes de synthèse mentionnées en 4.2 sont vérifiées formellement. La vérification des systèmes d’états finis Le cas le plus favorable pour la vérification est celui des systèmes d’états finis.2. interfaces hommemachine. qui ne peuvent prendre qu’un nombre fini d’états distincts. exigeant le respect de propriétés individuellement simples. Citons quelques exemples : l’ascenseur ne voyagera jamais la porte ouverte et finira par passer par tous les étages . industriellement nécessaire pour allouer les budgets correspondants. a obtenu le prix Turing 2007 pour la co-invention du model-checking. Pour toutes les applications industrielles. La correction totale du programme sera alors assurée.1. le grand problème ouvert reste la prédictibilité du coût de la vérification. Leur vérification formelle a fait récemment des progrès considérables. 7. Mais les choses sont beaucoup plus complexes pour le pilotage d’un avion ou le bon fonctionnement d’un microprocesseur ou d’un système d’exploitation.4. grâce aux avancées majeures sur le problème SAT discutées en 3. En conception assistée des circuits. le train d’atterrissage ne pourra jamais être rétracté quand l’avion est au sol . Ce type de vérification devient clef pour les systèmes embarqués critiques. L’homme qui affirme « je mens » ne peut ni mentir ni dire la vérité. ϕm(d) boucle si et seulement si et seulement si ϕd(d) ne boucle pas. la vérification de protocoles de sécurité pour cartes à puce. 7. Montrons ce résultat historique. et toute machine ϕ comme une fonction partielle sur les entiers définie si et seulement si p s’arrête sur d. c’est-à-dire non vérifiable par un algorithme prenant p et d comme données et s’exécutant toujours en temps fini. Par exemple.4. 5. Il est intéressant de noter que la partie la plus dure de cette preuve était celle d’un lemme considéré comme « folk result » par les mathématiciens qui avaient publiée la première preuve agréé par la communauté. Poser d = m fournit immédiatement une contradiction. les preuves de terminaison ou de correction d’algorithmes généraux peuvent être très techniques. HOL (Cambridge). Partant de systèmes assez rudimentaires comme Boyer-Moore (U. la preuve d’arrêt de l’algorithme de tri présenté en 3. On généralise le vieux paradoxe du menteur 4 de la façon suivante : supposons qu’il existe un programme a tel que le calcul ϕa (2p3q) s’arrête toujours et réponde 0 si ϕp(d) s’arrête et 1 si ϕp(d) ne s’arrête pas . A l’avenir. Systèmes d’aide à la preuve interactive Bien qu’elle pose une frontière fondamentale à la vérification.1 est simple. . voyant tout programme et toute donnée comme des nombres entiers p et d. Elles ont donc été mécanisées très tôt dans des systèmes d’assistance à la démonstration. la vérification d’un compilateur C en Coq par Xavier Leroy mentionnée en 5. Texas) et LCF (Stanford). En pratique. Isabelle (Cambridge). l’indécidabilité est contournable dans beaucoup de cas. et l’authentique exploit qu’est la vérification formelle du théorème des 4 couleurs par Georges Gonthier 5. puisque chaque appel récursif réduit la longueur des listes arguments. Ecrivons ϕp(d) pour l’application de p à d.4. On utilise d’abord le principe de numérisation de Gödel. Beaucoup d’autres propriétés élémentaires peuvent être montrées indécidables par réduction au problème de l’arrêt. Construisons un autre programme m ainsi : ϕm(d) = 0 si ϕa (2d3d) = 1 = ϕm(d) si ϕa (2d3d) = 0 Par construction. démontrant par l’absurde que a ne peut exister. le programme a fournirait alors un test total d’arrêt de p sur d. Des succès importants ont été obtenus récemment : la vérification des arithmétiques flottantes des microprocesseurs d’Intel et AMD. PVS (Stanford Research Institute) ou Coq (INRIA). car beaucoup de propriétés peuvent se prouver par récurrence. on est allé vers des systèmes beaucoup plus sophistiqués comme ACL-2 (MIT). par exemple l’équivalence de deux programmes p et q pour toutes données.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 837 propriété est indécidable en général. 4. 6. ce qui constitue un des plus grands succès actuels de la vérification formelle. professeur à l’Ecole Polytechnique.3. Il a montré que les algorithmes ont historiquement précédé les démonstrations.). et la sémantique opérationnelle structurelle de Plotkin fondée sur la définition d’une logique directement associée aux instructions du langage. L’interprétation abstraite repose sur un cadre général mathématiquement sophistiqué et sur le développement d’une collection de domaines abstraits (intervalles.838 GÉRARD BERRY il est hautement souhaitable de pouvoir disposer de bibliothèques d’algorithmes vérifiés formellement par ces méthodes. L’idée est de faire calculer symboliquement le programme selon les mêmes lois d’exécution mais sur des données plus abstraites. des rapports intimes Gilles Dowek. division par zéro. Conçues théoriquement dans les années 1970-1980. 7. Séminaire : l’interprétation abstraite Patrick Cousot. évidemment centrales pour la vérification des programmes. comme le prouvent de nombreuses tablettes d’argile de diverses origines. qu’il développe avec son équipe depuis trente ans. Cousot a développé le logiciel Astrée.et post conditions (prédicats valides avant et après l’exécution d’une instruction). celle de Scott fondées sur la théorie des treillis. Lien avec les langages de programmation L’objectif de la vérification formelle est de prouver la correction des programmes que l’on écrit effectivement. On peut alors approximer supérieurement l’ensemble des calculs possibles en temps fini. ces logiques voient leurs applications fleurir dans les systèmes d’aide à la vérification. L’équipe de P. comme des intervalles ou des polygones au lieu de nombres individuels. etc. 7.5. utilisé par Airbus pour vérifier l’absence d’exception arithmétique dans le code de pilotage de l’A380. a présenté l’interprétation abstraite. et détecter l’impossibilité de certaines erreurs critiques : accès à un tableau hors de ses bornes. AbsInt. on ne peut rien prouver sur un programme si on ne sait pas dire exactement ce qu’il fait. est l’auteur du livre « Les métamorphoses du calcul ». Séminaire : preuve et calcul. Or. Grand Prix de philosophie de l’Académie Française en 2007.7. Elle a été industrialisée par plusieurs sociétés (Polyspace. débordement arithmétique (erreur qui a conduit à l’explosion d’Ariane 501). Son implémentation demande une ingénierie subtile pour bien combiner les propriétés des différents domaines. octogones. 7. La notion de démonstration formelle a été introduite plus tard par .). Il a discuté les relations entre calcul et preuve. professeur à l’Ecole Normale Supérieure. ellipsoïdes. et que ces algorithmes étaient probablement prouvés corrects de façon non écrite. etc. Diverses méthodes de définitions sémantiques sont adaptées à la vérification formelle. Il faut donc que le langage dans lequel il est écrit ait une sémantique formelle au sens présenté en 5. Citons la logique de Floyd-Hoare à base de pré. Les réseaux de télécommunication avaient alors pour seul objectif la transmission de la voix. et fourni des entrées rapides sur Internet ADSL et le câble. passé au numérique dans les années 1960/70. La théorie de l’information de Shannon définit la quantité maximale d’information qu’on peut . La tendance moderne est la transmission sérielle bit par bit.1. l’industrie des télécommunications a évolué vers les services mobiles (GSM. et des applications de transfert de voix y sont apparues dans les années 2000. Les réseaux d’ordinateurs avaient un objectif initial bien différent : la transmission de fichiers entre machines distantes. par échantillonnage de niveaux ou détection de fronts. Dans le même temps. les bits étant codés par des fronts suffisamment nombreux pour reconstituer l’horloge de transmission sans la transmettre explicitement. avec toujours un front en milieu de cycle plus un front en début de cycle pour 0. Elle peut se faire un bit à la fois ou plusieurs bits en parallèle. On peut aussi multiplexer les communications sur un seul fil en travaillant en parallèle sur de nombreuses bandes de fréquences. Des théorèmes bien connus comme Thalès et Pythagore correspondent effectivement à des problèmes algorithmiques. Ce réseau des réseaux a très vite gagné en capacité. dont la transmission par paquets de bits. 8. 8. maintenant généralisée. La transmission point à point La brique de base est la transmission de l’information numérique d’un point à une autre par une liaison avec ou sans fil. avec des démonstrations corrélativement beaucoup plus grosses qu’il est nécessaire de vérifier elles-mêmes par ordinateur. après son expérimentation chez les militaires et les chercheurs. qui s’intéressent bien sûr à des objets beaucoup plus gros. probablement à partir d’algorithmes déjà existants ou inventés pour résoudre des problèmes précis. Elles balayent maintenant les télécommunications fixes. Rattrapage d’erreurs : les turbocodes La transmission point à point n’est jamais parfaite et peut altérer les bits. Cours réseaux Les réseaux connectent les machines à informations entre elles. L’ADSL en utilise 255. etc. Ils ont été introduits dans deux mondes différents : celui des télécommunications. La multiplicité des fronts fournit une quasi-horloge qui permet un décodage aisé. L’analyse de la preuve d’Euclide pour l’algorithme du calcul du pgcd par soustraction montre sa relation très étroite avec les méthodes modernes de preuves de programmes. etc. Leur développement a permis des progrès techniques essentiels en matière de transmission d’informations. avec ou sans transmission d’horloges. le code de Manchester différentiel associe au moins un front par bit. 8.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 839 les Grecs.). Cette histoire complexe repose sur des bases scientifiques et techniques que nous décrivons ici. Par exemple. Un tournant a été l’introduction publique d’Internet au milieu des années 1990. et celui des ordinateurs.2. avec multiplexage des communications sur les fils. avant d’être développée pour son intérêt propre et de fonder les mathématiques. La question est de savoir combien de bits il faut ajouter en fonction du rapport signal/bruit et comment les calculer. . sous forme de message spécial ou de bits spéciaux dans les messages. On savait alors ce double codage non optimal au sens de Shannon. déterminée par exemple par une station de base à l’aide de tirages aléatoires. chaque information apportée par un code aide l’autre. chaque station double la taille de sa fenêtre aléatoire. on les met en parallèle. Au décodage. Une station détecte une collision en comparant ce qu’elle émet avec ce qu’elle entend. C’est apparemment simple. On les trouve dans les bâtiments. ce qui est asymétrique. et les turbocodes sont en voir de généralisation. La première solution est d’éviter les collisions. Les réseaux à collision comme Ethernet acceptent les collisions entre stations parlant sur le réseau. comme toute découverte sur une horizontale ou une verticale d’un problème de mots croisés aide l’autre direction. et seule la station qui possède le jeton peut parler. ce qui est impossible dans les réseaux globaux. Son principe est d’ajouter au message des bits redondants. et connecter deux réseaux l’est encore plus car il faut tuer un des deux jetons. mais insérer dynamiquement une station dans le réseau peut être complexe. Chaque station émettrice attend un temps aléatoire avant de reparler. utilise deux codes successifs. Elle arrête alors son émission normale et émet une trame de brouillage détectable par les autres stations.3. qui permettent de reconstituer le message initial même altéré par la transmission. La théorie des codes correcteurs fournit le moyen de corriger les erreurs. etc. qui représentait l’état de l’art en 1994 quand sa norme a été définie. Cette restauration de la symétrie permet d’atteindre pratiquement la limite de Shannon.840 GÉRARD BERRY transmettre sur une ligne ayant un rapport signal sur bruit donné. Si une collision se reproduit immédiatement. qui produisent des collisions de messages. les automobiles. avec l’idée que l’aléatoire va séparer les émetteurs et supprimer les collisions. on fait tourner un jeton virtuel unique entre les stations. C’est la technique TDMA utilisée dans le téléphone GSM. Dans les réseaux à jetons. Au lieu de séquentialiser les deux codes. Les réseaux locaux Les réseaux locaux ont une portée de l’ordre de la centaine de mètres. La TNT (Télévision Numérique Terrestre). La question centrale est de régler les conflits entre stations désirant parler sur le réseau. De nombreux codes aux propriétés mathématiques diverses ont été proposés. trains ou avions. L’introduction des turbocodes par Claude Berrou et Alain Glavieux dans les années 1990 a résolu le problème en pratique. 8. Leurs temps de transmissions élémentaires sont faciles à borner. les usines. mais on ne pensait pas pouvoir faire mieux. Une autre technique pour éviter les collisions est de discriminer a priori les émetteurs en leur attribuant une fenêtre temporelle précise. Une méthode plus efficace serait que chaque station tire au sort si elle reparle immédiatement ou pas. Une fois l’allocation faite. etc. augmenter la résistance aux attaques. Des réseaux locaux plus déterministes sont en cours de déploiement en automobile ou avionique : citons TTP et FlexRay. satellites. Cependant. des ressources sont bloquées inutilement en cas de silence sur la ligne . etc. qui entre progressivement en fonction). Ils tendent à supplanter les réseaux de télécommunications classiques. qui peuvent cependant servir aussi à transporter les paquets Internet. Celui-ci n’a jamais de vision exacte de sa propre configuration. sites Web. La transmission repose sur un système d’adressage mondial hiérarchique et universel (adresses IP = Internet Protocol).). par exemple par surcharge des routeurs. Les tables de routage sont échangées dynamiquement sur le réseau entre les routeurs. il peut être refusé en cas de saturation des ressources . fibre optique. qui utilisent des protocoles fondés sur le temps absolu et la synchronisation d’horloges. Une transmission commence par l’établissement d’une communication. qui leurs disent à quel autre routeur ou équipement terminal transmettre un paquet reçu en fonction de son adresse. assurant ainsi une gestion quasi-optimale de tous les changements dans le réseau. Il n’y a donc pas de garantie de qualité. L’allocation de ressources est la base de la téléphonie classique. la transmission des paquets est très simple et la qualité garantie.4. commerce électronique. Pour gérer des centaines de milliards d’objets sur le réseau. augmenter considérablement les bandes passantes par tous les moyens utilisables (radio. et des variantes déterministes d’Ethernet. enfin. avec choix d’un chemin d’acheminement et allocation de ressources dans chacun des nœuds du chemin. Les réseaux de ce type sont robustes aux pannes. Les réseaux globaux Il existe deux grandes technologies de réseaux globaux : l’allocation de ressources et le routage dynamique. . par exemple pour synchroniser les freins et la suspension d’une voiture. souple et extensible. mais restent vulnérables aux attaques. Mais le plus spectaculaire reste l’extraordinaire panoplie d’innovations qu’ont permis les réseaux : courrier électronique. Toutes les techniques précitées présentent un certain degré d’indéterminisme qui peut être inacceptables pour les réseaux devant offrir des garanties de temps réel. Les routeurs maintiennent à jour des tables de routage. et repris dans le réseau ARPA puis dans le réseau Internet. 8. l’établissement de la communication est complexe et doit être repris à zéro cas de panne sur le chemin .CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 841 diminuant probabilistiquement et itérativement la taille de l’ensemble en collision par 2 (protocole de Kapetanakis). le système passe difficilement à l’échelle gigantesque des liaisons mondiales actuelles. Chaque paquet contient l’adresse complète de son destinataire et est transmis par des routeurs sans allocation de ressources. Le routage dynamique des paquets a été introduit initialement dans le réseau Cyclades de L. il faudra introduire un adressage beaucoup plus riche (celui d’IP v6. mais un mécanisme « best effort » simple. Pouzin. F. Nous en avons sélectionnées deux pour le séminaire associé au cours. 9. qui comprend trois sous-fonctions : le rapatriement des pages à collecter sur Internet. mais de transformer chaque récepteur d’un flux en un relais de transmission pour ce flux. Les moteurs modernes utilisent des milliers de PCs et indexent des dizaines de milliards de pages multilingues et bientôt multimedia.6. directeur de recherches à l’INRIA. Séminaire : qu’est-ce qu’un moteur de recherches ? François Bourdoncle. 8. tenait dans une grosse machine et indexait 100 millions de pages.5. 9. La recherche s’oriente maintenant vers d’autres applications.1. a présenté l’anatomie d’un moteur de recherche. Séminaire : de l’imagerie médicale au patient virtuel Nicholas Ayache. Les virus ont été la première application de cette technique . Le premier moteur Altavista. et le calcul et la présentation des réponses aux questions. Massoulié a détaillé le problème central du choix des paquets d’information à relayer à chaque instant par un terminal. Il a enfin discuté les immenses enjeux économiques associés. Séminaire : le pair à pair et la transmission épidémique d’information François Massoulié. Cette diffusion fournit un débit arbitrairement proche de l’optimal. Le meilleur algorithme semble être d’envoyer le dernier paquet utile de l’émetteur à une cible aléatoire.842 GÉRARD BERRY moteurs de recherche. etc. de Thomson. ainsi que le calcul de l’ordre des pages dans la réponse qui a construit la suprématie de Google. Bourdoncle a expliqué les algorithmes de construction et de consultation de l’index. La collecte des pages exploite la structure particulière du graphe des pages Web en « nœud papillon ». et occupe maintenant 80 % de la bande passante du Web. leur nom montre bien qu’ils se propagent de façon épidémique. travail coopératif. 8. ce qui est loin d’être intuitif. avec les grands portails comme centres d’aiguillage. Cours images Le cours image s’est composé d’une courte présentation suivie de trois séminaires décrits ci-dessous. F. avec délai optimal. leur indexation. co-fondateur de la société Exalead. a présenté la transmission d’information de pair à pair. qui est dominante pour la distribution (légale ou illégale) des films ou de la musique sur Internet. L’idée est de ne pas utiliser de serveur centralisé. Le pair à pair est très simple et très efficace. comme la réalisation de grands calculs distribués sur de très nombreux processeurs distants. Des variations subtiles d’algorithmes peuvent donner des résultats très différents. bien que reposant sur des décisions aléatoires et décentralisées. a présenté les progrès de la médecine et de la chirurgie induits par l’imagerie médicale et la modélisation . L’indexation repose sur un codage efficace des listes inverses mots vers documents. amélioration du contraste. qui change le nombre de points et la fréquence temporelle de leur flux. il sera meilleur de concevoir des zooms très simples et bon marché. contrôle de la réalisation et suivi. directeur scientifique de la société DxO Labs. Un bon exemple est le redimensionnement spatio-temporel des images. En numérique. Le séminaire s’est terminé par la présentation des nouvelles techniques d’imagerie microscopique in vivo. qui fait que les couleurs ne focalisent pas à la même distance.3. chose impossible en optique non-numérique. anatomie algorithmique du cerveau ou du cœur. etc. Plutôt que de concevoir des zooms chers à beaucoup de lentilles ayant des distorsions modérées mais complexes. Séminaire : traitement d’image pour télévision haute définition Stéphane Mallat. Les interpolations adaptées à l’expansion dans l’espace sont bien connues en . Au lieu d’essayer de diminuer l’aberration chromatique longitudinale de l’objectif. certains types de flous. on l’augmente par des matériaux adaptés. 9. 9. suivi de l’évolution des tumeurs. il est possible de défaire par logiciel les déformations des objectifs et capteurs : distorsions géométriques. simulation. On obtient ainsi une bonne netteté de 20 cm à l’infini.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 843 numérique du corps humain. Séminaire : pourquoi le numérique révolutionne la photographie Ce séminaire a été donné par Frédéric Guichard. aberrations chromatiques. a présenté divers algorithmes fondamentaux pour la télévision haute définition (TVHD) et leur implémentation matérielle. qui permettent par exemple d’explorer en temps réel les alvéoles pulmonaires au niveau des cellules individuelles. La photographie numérique repose sur un couple optique/ logiciel. N. Ceci améliore le diagnostic et fournit une aide à la thérapie médicamenteuse ou chirurgicale : planification. dont la puissance a été montrée par de nombreux exemples.) fournissent des images aux caractéristiques distinctes et complémentaires. professeur à l’Ecole Polytechnique et fondateur de la société Let It Wave. modèles électromécaniques du cœur avec simulations de pathologies. Ayache a présenté de nombreux exemples d’applications: neurochirurgie et chirurgie du foie assistées par ordinateur. IRM. TEP. Cette nouvelle approche révolutionne l’optique. etc. vert. en profitant du fait qu’on peut rendre une photo globalement nette si une seule de trois couleurs primaires (rouge. bleu) est nette. La TVHD demande des puissances de calcul considérables qui se comptent en téra-opérations par secondes (1012 ops). où le logiciel joue le rôle le plus important. séparant au mieux les hyperfocales de chaque couleur. On peut aussi fabriquer des objectifs numériques à grande profondeur de champ. Il est possible de fusionner ces images à l’aide d’algorithmes mathématiques pour obtenir des images résultantes 3D ou 4D donnant beaucoup plus d’informations que les images séparées. réduction du bruit.2. ayant des distorsions plus fortes mais faciles à défaire. Les nouvelles techniques d’imagerie (Scanner. passant par exemple une séquence vidéo standard en résolution supérieure et à 100 Hz. C’est ce que fait le logiciel DxO Optics Pro. et sera incontestablement un des très grands sujets d’avenir de la recherche scientifique. qui peuvent être plus efficaces que ceux fondés sut les grands nombres premiers comme RSA. sous peine de sautillements désagréables. Les échanges entre biologie et informatique sont doubles. et ceux à clef publique. Colloque informatique et bio-informatique Le 23 mai 2008 un colloque informatique et bio-informatique a terminé le cours. Passer à des modes de calculs de type plus biologique est donc particulièrement tentant . L’expansion dans le temps est plus complexe. efficaces mais susceptibles d’attaques lors du partage de la clef. qui est la science du transfert sûr de l’information entre parties. dont le fameux RSA (Rivest-Shamir-Adleman). la biologie n’est évidemment pas qu’une affaire de molécules. car elle demande une interpolation dynamique fine entre les images données pour créer les images manquantes. Mallat a présenté des techniques d’estimation de mouvement pixel par pixel. qui ont toujours échoué par échec du passage à l’échelle. qui est en plein bouillonnement. S’abstraire de la nature précise des molécules pour comprendre de façon plus globale les chemins d’information auxquels elles participent est la première étape . et a montré comment les implémenter efficacement sur des circuits dédiés. Stern a présenté les propriétés mathématiques des algorithmes sous-jacents. Il a également montré les faiblesses des algorithmes de compressions classiques de type MPEG et comment les éliminer à l’aide d’une nouvelle transformée en bandelettes.844 GÉRARD BERRY photographie. 10. En retour. puisque limités à faire très vite et très exactement des opérations individuellement stupides. très employé sur Internet. D’abord. Il y a deux types principaux de protocoles : ceux à clef partagées. ceux des ordinateurs restent en effet bien rudimentaires. sécurisation des échanges de clefs. etc. qui doit obéir à plusieurs critères : facilité de chiffrement et difficulté de déchiffrement. Comme les circuits actuels dépassent allègrement le milliard de transistors. la biologie devrait à terme fournir de nouvelles idées en termes de moyens de calcul. professeur à l’Ecole Normale Supérieure et président de la société Ingenico. notions elles-mêmes physiquement reliées et objets de l’informatique. Séminaire : la cryptologie Jacques Stern. Un élément essentiel en est le chiffrement des messages. Malgré leur extraordinaire efficacité. La matinée a été consacrée à la bio-informatique. Il a montré les nouveaux types d’attaque et leurs contre-mesures. La biologie offre une vision exactement inverse : faire lentement. bien plus fines que les techniques classiques qui opèrent sur des blocs. J. Celles-ci servent à transporter information et énergie dans le corps. S. mais il faudra se méfier des idées simplistes. puis les nouveaux algorithmes fondés sur les fonctions elliptiques. Il a enfin expliqué un cas pratique : la validation d’une transaction de carte bleue sur un terminal portable. 11. a présenté les concepts fondamentaux de la cryptologie. de façon pas très fiable mais massivement parallèle et probabiliste des opérations bien plus variées. les limitations de taille sont de moins en moins présentes. Le séquençage du génome est un exemple bien connu. a exposé la nouvelle vision des mécanismes globaux de calcul dans le cerveau fournie par les neurosciences computationnelles. il pourrait y avoir de l’ordre d’un millier d’objets informatisés et mis en réseau par être humain. D’ici une quinzaine d’années. Le cerveau brille également par ses capacités d’apprentissage. d’optimisation. de conduite. Cette nouvelle extension du monde numérique demandera une nouvelle approche pluridisciplinaire. L’après-midi du colloque a été consacrée à des sujets plus directement informatiques. a analysé comment cela pourrait se faire pour le système immunitaire vu comme un grand système d’informations. et de faire calculer des systèmes de résolution de contraintes Booléennes ou numériques pour répondre à beaucoup de questions inaccessibles à l’étude manuelle sur les chaînes réactionnelles. dues à la fois à la modification permanente des connections synaptiques en fonction des sollicitations externes et à l’ajustage permanents des critères d’évaluation probabilistes employés. et de communication. professeur à Berkeley et directeur du GIE Parades à Rome. il a montré que le cerveau fait essentiellement des évaluations probabilistes rapides et des choix assez simples. professeur au Collège de France.CHAIRE D’INNOVATION TECHNOLOGIQUE — LILIANE BETTANCOURT 845 indispensable pour ne pas être noyé par les détails. et biotechnologies. en a présenté un autre : l’étude des réactions chimiques dans la cellule au moyen de techniques originellement introduites pour la vérification formelle des circuits et programmes (cf. a enfin présenté les problèmes posés par la sécurité des . L’informatique fournit de nouveaux moyens d’étude des processus biologiques. Mais le système immunitaire un très grand système d’informations faisant intervenir des milliers de processus et de médiateurs dans de nombreux types de communications. Martin Abadi. par François Fages. La modélisation informatique de ces mécanismes apportera des contributions fondamentales à leur compréhension et à leur simulation informatique. qui iront des objets audio-visuels classiques aux prothèses médicales. A travers une série d’exemples. Dans le premier exposé. Alexandre Pouget. d’instrumenter les équations de cette machine avec des lois cinétiques probabilistes. et donc de nouvelles techniques de constructions d’objets et de systèmes. Philippe Kourilsky. L’idée est de présenter ces réactions dans le cadre conceptuel de la machine chimique (cf. directeur de recherches à l’INRIA. professeur à l’Université de Santa Cruz (Californie) et chercheur à Microsoft Research. a présenté l’évolution inéluctable du Web vers l’intégration des objets physiques. Les pucerons électroniques correspondants effectueront des fonctions de surveillance. intégrant informatique. et sa compréhension informationnelle prendra certainement beaucoup de temps. Le cerveau est évidemment un des organes les plus fascinants au niveau bioinformatique. Le Web comptera alors des téra-clients (téra = 1012). 3. Le second exposé. nanotechnologies. en particulier pour les activités motrices demandant de prendre des décisions non-triviales. 7.5) devenue ici BIOCHAM. en passant par tous les composants des maisons ou des systèmes de transports (cf.2). professeur à l’université de Rochester et en année sabbatique au Collège de France. Alberto Sangiovanni-Vincentelli. 6). Berry. comme on dit en anglais) pendant tout le cours. Introduction à la théorie des langages de programmation. Dowek. G. Les éditions de l’Ecole Polytechnique. 2008. 2007. Conception des circuits VLSI. Programmation synchrone de systèmes réactifs avec Esterel et les SyncCharts. Le Pommier.-M. Mais j’ai jugé que c’était indispensable. Y. F. Harel. 2008. Marion Susini et son équipe pour la rapidité et la qualité de l’installation des vidéos sur le Web. Eyrolles. Lévy. Addison-Wesley Publishing co. 1998 Publication G. Leur utilisation doit être encadrée par des protocoles très fins pour résister aux tentatives d’intrusions malignes de toutes sortes. Mais les codes secrets sont loin de suffire à garantir la sécurité. Bibliographie G. L’étude serrée des protocoles et standards à clefs publiques ou privées successivement proposés a permis d’augmenter considérablement leur sécurité. 2005. The Spirit of Computing. Pourquoi et comment le monde devient numérique. car il faut absolument tordre le cou à l’ignorance sur un sujet qui façonne autant notre vie quotidienne. fruits d’imaginations sans limites.. J. et donc faire mieux connaître la science informatique. D. et tous les personnels du Collège qui m’ont aidé avec gentillesse et efficacité. Conclusion Ce cours général sur le monde numérique a représenté un défi important. La science du secret. 2004. Algorithmics. Editions Odile Jacob. Les solutions reposent sur des protocoles de sécurité utilisant des techniques cryptographiques. Dunod. . Zaffalon. Les métamorphoses du calcul. Berry. institution merveilleuse et seul endroit (au monde ?) où donner ce genre de cours est possible. Le sujet reste évidemment très actif en raison de son importance stratégique. G. Fayard/Collège de France. 12. 2008. J. Dowek. Stern. Bonnassieux. ainsi que la Fondation Bettencourt-Schueller pour son soutien à la chaire d’innovation technologique. Sepulchre. J. 2006. Il n’était évidemment pas simple de présenter de façon pertinente les sujets individuellement très vastes de chacun des cours en deux heures.846 GÉRARD BERRY données et des interactions informatiques. Fayard/Collège de France. Anceau. Remerciements : je remercie le Collège de France. L. Je souhaite enfin remercier très chaleureusement Marie Chéron et Cécile Barnier qui m’ont aidé (supporté.-J. Presses Polytechniques Romandes. 2007. Pourquoi et comment le monde devient numérique. DxO pour les photographes. Ces problèmes sont devenus cruciaux avec la généralisation des échanges sur support banalisé de type Internet avec ou sans fil. aller encore. Poésie/Gallimard. — Le Grand Espace. suivi d’un entretien avec Daniel Bergez et d’un essai de Flavio Ermini. — Farhad Ostovani et le livre. présentation et traduction d’Yves Bonnefoy.PROFESSEURS HONORAIRES ACTIVITÉS. Mercure de France. 72 p. — « Une vie toujours attentive ». 2008. 170 p. 2007. 7-12. 2007. 2008. Livres — Raymond Mason. éd. n° 5. 2. 2007. les Cahiers de Marge. Rimbaud. avec deux eaux-fortes de Masafumi Yamamoto. — Shakespeare. La Voix antérieure. Poe. L’Âge d’homme. — La Longue Chaîne de l’ancre. Moretti & Vitali. Verdier. Mercure de France. Bergame. 2008. Galilée. 2007. p. Quelques publications en revue ou dans des ouvrages collectifs — « Quelques propositions quant aux Sonnets de Shakespeare » dans Shakespeare poète. 13-38. Les Sonnets précédés de Vénus et Adonis et du Viol de Lucrèce. Chênes-Bougerie. 2008. Cercle des Amis d’Éditart. Paris. — Il grande spazio (Le grand espace). 1981-1993 Principales publications depuis le 1er octobre 2007 1. Galilée. textes réunis par Emmanuel Rubio. Baudelaire. — Aller. — « Gilbert Lely le poète ». la liberté de l’esprit. p. 2008. 100 p. préface à : Eugenio De Signoribus. p. la poésie dévorante. p. — Traité du pianiste et autres écrits anciens. Bruxelles. 194 p. Actes du congrès 2006 de la Société française Shakespeare. 13-24. 128 p. Mallarmé. La lettre volée. 2008. Paris. 7-9. — « Préface » à : François Lallier. . 96 p. édition bilingue (traduction en italien de Feliciano Paoli). dans Gilbert Lely. Kimé. Ronde des convers. 2007. Yves Bonnefoy Études comparées de la fonction poétique. 2007. 348 p. 12 p. PUBLICATIONS M. p. éd. — 1er novembre. Bordeaux. (en préface : « mes souvenirs d’Arménie ». 2007. attribution du prix Horst Bienek de l’Académie de Bavière. Rosanna Warren. — « Au rendez-vous des amis ». — « Beelden van het absolute » (L’absolu et ses effigies) dans Nexus. 7-15). Pondick. Ljubljana. Prague. dans Yves Bonnefoy. . M. — 30 octobre. Auffret dir. traduction et critique poétique). & Chapman. par Arturo Carrera. Hisa poezije. Edizioni dell’Elefante. traductions diverses. — « La traduction au sens large. à Beijing. — « Enzo ». — « Ceux que tentent la religion devraient réfléchir à la poésie » (titre ajouté par l’éditeur). dans Littérature. salle Bourjac. Somogy éditions d’art. trad. 91-92. Ut musica pictura. 1630. Argumentum. Quelques autres activités — 18 octobre. Somogy/Lille. Le Nouvel Observateur. réception du prix Kafka à la Vieille Mairie de Prague. « Paroles d’introduction (2002) ». — « Dessins d’Hélène Garache ». traduction en neerlandais par Rokus Hofstede. 2007. pp. à l’occasion de la publication d’une anthologie. 11-13. colloque international Yves Bonnefoy. « Apparentements et filiations ». 28 juin 2008. 3. — 2 novembre. Éditions Pre-Textos. n° 50. Avec Jérôme Thélot. en tchèque et postface de Jiri Pelán. n° 25. attribution du Grand Prix de poésie de l’Académie chinoise. dans Poétique et ontologie. A propos d’Edgar Poe et de ses traducteurs ». 248 p. — « Ut musica pictura » dans Farhad Ostovani. 2007. 128 p. trad. Schütte. 92-96.-C. — Tarea de esperanza. en slovène par Nadja Dobnik et Ivan Dobnik. Les Caprices. — « Critique et poésie ». — « Nous sommes de simples étincelles » (titre ajouté par l’éditeur). dans Goya. 240 p. 5-10. nuit et lumière ». 9-24. Yves Bonnefoy válogatott írásai. Le Seuil. 136 p. Fribourg-en-Brisgau. 568 p. 465-477. p. Morimura. — Kép és jelenlét. rencontre au Collegium de Budapest. colloques de la Fondation Hugot du Collège de France (1993-2004) sous la direction de Yves Bonnefoy. n° 2277. p. 2008.848 PROFESSEURS HONORAIRES — « Le regard d’Yves Bonnefoy » (titre ajouté par l’éditeur). 2008. Naïri.. avril 2008. — 13 novembre. entretien avec Natacha Polony. 2007. 2007. n° 150. en esp. Traductions en volume — Oblà Prkna (Les Planches courbes). juin 2008 (Yves Bonnefoy. — Ukrivljene deske (Les Planches courbes). p. trad. — « Les Caprices. 14-43. dans Conférence. Ardua et William Blake & Co éd. Paris. 3-8. « Lettre du 26 octobre 2001 ». Per Enzo. Rome. 4. n° 474. dans La conscience de soi de la poésie. conférence et lecture à l’Institut français de Budapest.. Le Magazine littéraire. Discours sur « Kafka et la poésie ». présentation de Sepsi Enikö. exposé au Colloque « Quatre poètes » (organisé par Stéphane Michaud) à Paris III. — 12 novembre. p. traduction en arménien par Chouchanik Thamrazian. p. Antologia poetica. automne 2007. Lucio Mariani. Opus 2007. 2007. 432 p. Valence. — Rome. p. Le Genre humain. dans Charles Auffret. Palais des Beaux-Arts. 2008. Budapest. 2008. coll. Erevan. Poetikonove Lire. Archimbaut et J. p. 2008. 15-19. p. Morat Institut für Kunst und Kunstwissenschaft. entretien avec Didier Jacob. François Trémolières. J. « Le latin et la poésie française ».L. B. Avec Marlène Zarader. 16421652. D’intéressants résultats.PROFESSEURS HONORAIRES 849 — 9-10 avril 2008. L’ensemble de nos travaux seront exposés en détail dans le prochain rapport d’activité.F. Magnaval. Frisen. J. H. Li.E. A. rencontre au lycée Henri IV. participation à La poésie et autres pensées de l’être au monde. W. H. Seguela. Glidewell-Kenney. Coste. Niemiec. Lepert. dans le cadre de l’équipe que je codirige à l’IGBMC avec le Dr. Balard. — 25 mai. conférence et lecture à l’Université Stendhal à Grenoble. C. Desvergne. Pipy : IL-13 induces expression of C36 in human monocytes through PPARgamma activation. Goritz. Lagane. Metzger and F. Chambon and M.C. dans la voie de signalisation des estrogènes et dans la voie de signalisation de l’acide rétinoique. Doctorat Honoris Causa de l’Université d’Oxford. Levine : ERE-independent ERα signaling does not rescue sexual behavior but restores . 45604567. J. Berry. certains en collaboration avec des chercheurs français ou étrangers. Chambon. membre de l’Institut (Académie des Sciences) Génétique moléculaire. Olagnier. Immunol. D. ont porté comme les années précédentes sur le rôle joué par les voies de signalisation faisant intervenir la superfamille des récepteurs nucléaires. « Jean-Pierre Vernant et la poésie » à la journée d’hommage à Jean-Pierre Vernant. J. Liste des principales publications (juin 2007 – juillet 2008) Articles originaux G. J. M. Auwerx and B. A. J. lecture à la librairie Tschann.P. P. Jameson and J. Slezak. GLIA (2007) 55. Metzger. Endocrinology (2007) 148. C. J. Wahli. P. 1993-2003 Résumé de l’activité scientifique Les travaux effectués au cours de l’année écoulée. Daniel Metzger. Petkovich : Apoptotic extinction of germ cells in testes of Cyp26b1 knockout mice.A. ont été obtenus concernant la compréhension des mécanismes moléculaires et cellulaires qui sous-tendent le rôle joué par les récepteurs nucléaires. P. Jérôme Thélot. D. D. Patrick Née. McDevitt*. Pierre Chambon. Chambon. P. D. P. Eur. Daniel Lançon. d’une part dans le contrôle du métabolisme énergétique. Les recherches concernant la pathogénie des maladies atopiques sont actuellement activement poursuivies. — 24 mai. Weiss. A. Chambon. — 17 mai. la dermatite atopique et l’asthme. 1565-1576. Auhier. McLean. Maison de l’Amérique latine. Pfrieger : Transgenic mice for conditional gene manipulation in astroglial cells. journée d’étude à la Bibliothèque Municipale de Tours. et d’autre part dans la pathogénie des maladies atopiques. (2007) 37. J. M. M. F. BenoitVical. — 18 juin. — 27 mai. Metzger. C. S. E. Gieske. 811-823. Sci. J. 25212526. Coghill. Krust. Seillet. I. Takayanagi. B. Nature (2008) 452.J. J. Meziane. is required for optimal dendritic cell differentiation and CD40-induced cytokine production. S. Jiang. Acad. Harada. A. Kanno. inducible Cre-recombinase activation in vascular endothelium.K. Kim. C. Nakamura. D. Cell (2007) 130. Proc. Mosier. M. Acad. in press. P. P. T. Ignat. Holter. K. Krust. Guery : Estrogen receptor alpha.R. Orengo.A. P. D. Tucci. Y. Imai. Konishi. Drouin-Echinard. Acad. K. Takaoka. H. M. Khetchoumian. Gieske. Natl. Descombes. Y. Cammas. Ouagazzal. S. 52885294. Metzger : Temporally-controlled ablation of PTEN in adult mouse prostate epithelium generates a model of invasive prostatic adenocarcinoma. Hodivala-Dilke and M. B. D. Sci. Chambon and C. Krust. Huelsken : Cutaneous cancer stem cell maintenance is dependent on beta-catenin signallig. Kim.L. Teletin. P. Y. Cooper : Expanded CTG repeats within the DMPK 3’ UTR causes severe skeletal muscle wasting in an inducible mouse model for myotonic dystrophy. Natl. Martin. H. P. Al Banchaabouchi.M. K. S. Nakamura. L. Krust. P. Teletin. H. X. O. Chambon and R. Takeda. H. T. Cederroth. J. Ornitz and N. P. USA (2008) 105. J. Matsumoto. Sci. S.-D. D. (2008). Ratnacaram. M. M. A. Snipes and T. Immunol.Endocrinology (2007) 148. J. Chambon. 393-405. S. Itoh : Role of Fgf receptor 2c in adipocyte hypertrophy in mesenteric white adipose tissue.C. Tisserand. . C. S. Endocrinology (2007) 148. P. Birchmeier.J. but not beta. Kim.G. Kato : Estrogen prevents bone loss via estrogen recepor alpha and induction of Fas ligand in osteoclasts. Miwa. and J. Y. 1500-1506. USA (2008) 105. Chambon and C. Acad. Mark : Arterial calcifications and increased expression of vitamin D receptor targets in mice lacking TIF1alpha. C.C. Sato. Claxton. J. J. P. D. Hussenet. A. C. Chambon and D. Chambon. 650653. Arnal. Chambon and M. Kassen. Natl. Ko : Estrogen receptor alpha-induced cholecystokinin type A receptor expression in the female mouse pituitary. Y.J. Metzger. Cano.Nature Genetics (2007) 39. M. Proc. Nef : Estrogen receptor alpha is a major contributor to estrogen-mediated fetal testis dysgenesis and cryptorchidism. Ko : Pituitary gonadotroph estrogen receptor alpha is necessary for fertility in females. Metzger. P. Dennefeld. Hohl. S. W. Metzger. Laffont. 2433-2438.C. Koo. Sci.M. Igarashi. Endocrinology (2007) 195. Delpy. Chambon. Malanchi. M. D. T. Chambon. P. Endocrinology (2008) 149. Huber. Cell Endocrinol. Nishina. Losson and M. A. A. M. P. Gourdy. T. P. P. USA (2008) 105. J. H. Mol. V. Mandillo. Legan. USA (2008) 105.850 PROFESSEURS HONORAIRES normal testosterone secretion in male ERαKO mice. K. D. Chambon and S. M. A. P. K. and J. Lad. M. Lerouge. Nolan. Genesis (2008) 46. P. R. F. 25982603. Chambon. Natl. Kallnik. Metzger. Tisserand. Teletin. Mark : Sterility and absence of histopathological defects in non-reproductive organs of a novel mouse ERbeta-null mutant. Peinado. M. Schaad. Gale.C. 20-27.R. H. M. Hudgins. M. Mark. H. 5507-5519.V. Khetchoumian. Yamamoto. Azuma. Meng. Krust. Herquel. Chambon.F. LOSSON : Loss of the transcriptional intermediary factor 1 α (TIF1α) gene confers oncogenic activity to retinoic acid receptor α (RARα). A. Fruttiger : Efficient. Chambon. J. Y. Kostourou. K. 47-80. M. Takeuchi. 3661-3669. V. K. D. Antal.J. H. V. 2646-2651. (2008) 180. S.M.M. Jadeja. Vassalli and S. Proc. Proc. H. PROFESSEURS HONORAIRES 851 E. — TEIJIN Pharma Limited (Prof. Strasbourg. Yokohama. Faculty of Medicine (Prof. Japon. Golini. Marazziti. P. Brown. Schneider. Liao. H. le 29 août 2007. Chang. Wang. « Involvement of Nuclear Receptors (VDR. RXR) in the pathogenesis of atopic diseases ». T.B. M. VDR and RARγ in atopic diseases (dermatitis and asthma)» Séminaires donnés sur invitation par Pierre Chambon Juin 2007-Juillet 2008) — IMCB (Prof. S. Chambon : « Role of Nuclear Receptors RXRs. Takahashi. RAR. Chambon (Plenary Lecture) : « The role of Nuclear Receptors in atopic diseases ». le 28 août 2007. P. Yokohama. Chambon and F. (Luncheon Seminar) P. F. H. le 23 août 2007. Tocchini-Valentini and W. le 2 oct 2007.M. Mount Fuji (Japan) August 24-25. 2008. D. (Japan) October 3. Chambon and C.L. Tsai.C. A. Rosenthal. — 66th Annual Meeting of the Japanese Cancer Association. « Involvement of Nuclear Receptors in Atopic diseases (Atopic dermatitis and asthma) » — Department of Immunology.F. W. P. Liu : Modular patterning of structure and funtion of the striatum by retinoid receptor signaling. H. N. Auwerx. Küppers. Ghyselinck. Chambon : « Efficient engineering of cancer models through spatio-temporally-controlled somatic mutagenesis in the mouse» — Séance Statutaire de l’Académie de Sciences. Shigeaki Kato). Chambon. Chambon (Plenary Lecture) : « Involvement of nuclear receptors (VDR. Krust. Parker. . « Involvement of Nuclear Receptors and TSLP in the pathogenesis of atopic diseases ». (Plenary Lecture) P. 2008. Tsai.H. Tada Taniguchi).L. 2007. Wagner. W. H. P. Chambon : « Implication des récepteurs nucléaires de la vitamine D et de l’acide rétinoique dans la pathogénie des affections atopiques (eczéma et asthme) » — 15th MTA Anniversary at Karolinska Institutet. Tokyo. PNAS (2008) 105(18). Wurst : Reliatbility. J. Hiroshi Ichinose). G. Shigeyuki Ishii). (France) May 26-28. K. Stockholm. Physiol Genomics (2008) in press. RXR) in the pathogenesis of atopic diseases ». Conférences données sur invitation par Pierre Chambon dans le cadre de congrès et colloques Juin 2007-Juillet 2008 — 4th Meeting of Bone Biology Forum. Japon. Japon. S. 2007. Psychoneuroendocrinology (2008) in press. Yokohama.C. 6765-6770. Jacquot. I. « Involvement of Nuclear Receptors and TSLP in the pathogenesis of atopic diseases ». J.D. Tokyo. Krezel. Beyer : Fonctional alterations of the nigrostriatal dopamine system in estrogen receptor-alpha knockout (ERKO) mice. Lee. Tokyo. N. 2007.F. Lu. P. A. Riet. Y. — 66th Annual Meeting of the Japanese Cancer Association. Tokyo Institute of Technology (Prof. (Japan) October 4. (Plenary Lecture) P. RAR. Wu. robustness and Reproducibility in mouse behavioral phenotyping : a cross-laboratory study. — Department of Life Sciences. (Sweden) June 3-5. E.C. « Role of Nuclear Receptors RXRs. Medical School. J-F Arnal)... Learning Theory and Behavior. Anesthesiology. au modèle de « torsion quaternaire » qui fait intervenir un mouvement global de la molécule de récepteur nicotinique qui modifie simultanément les sites de liaison de l’acétylcholine dans le domaine synaptique et le canal ionique dans le domaine membranaire.. 2008. le 24 juin 2008.. Menzel (Ed. Byrne Editor. L’anesthésie générale entraîne des effets secondaires qui se manifestent par des troubles cognitifs dont l’ampleur s’aggrave avec l’âge et à la suite de lésions génétiques. Granon S. Dehaene S.). 2008. Le Sourd A. 729-758... Cloëz-Tayarani I. Sevoflurane anesthesia alters exploratory and anxiety-like behavior in mice lacking the β2 nicotinic acetylcholine receptor subunit Wiklund A. Cette revue reprend l’ensemble des articles publiés avec Stanislas Dehaene sur la théorie de l’espace neuronal conscient et sur sa récente mise à l’épreuve expérimentale par le groupe de Stanislas Dehaene et par d’autres groupes dans le monde. le 9 octobre 2007. Changeux J. Les implications médicales possibles de la théorie sont discutées.. M. Trends in Mol. Jean-Pierre Changeux. Cette revue traite de l’application du modèle de Monod-Wyman-Changeux aux récepteurs canaux en général et. 14 : 93-102. Med. sites qui tous se trouvent situés à l’interface entre sous-unités. Toulouse.-P. Les conséquences de l’anesthésie par le sevoflurane sont étudiées chez . Nicotinic receptors. & Taly A. allosteric proteins and medicine Changeux J. Faure P. Oxford : Elsevier.P. en particulier à propos de la schizophrénie et de l’autisme (restriction de l’accès à la conscience) et de la sclérose en plaque (lésions de la substance blanche altérant la capacité de l’espace conscient).. Eriksson L. VDR and RARγ in atopic diseases (dermatitis and asthma) ». 1975-2006 The neuronal workspace model : conscious processing and learning Changeux J.852 PROFESSEURS HONORAIRES — Department of Genetics and Development. Sundman E. « Implication des récepteurs nucléaires de la vitamine D et de l’acide rétinoique dans la pathogénie des affections atopiques (eczéma et asthme) ». Vol. Columbia University (Prof.-P. New York. 2008 (sous presse). plus spécifiquement. J. — Faculté de Médecine Toulouse-Rangueil (Dr. Gérard Karsenty). pp.-M. In : R. membre de l’Institut (Académie des Sciences) Communications cellulaires. 1 of Learning and Memory : A Comprehensive Reference. Sci. Proc. Changeux J... chez les souris β2-/-. Amadon A.. Changeux J. Levenson R.. à l’exception du circuit méso-cortico-limbique vraisemblablement sous le contrôle des récepteurs nicotiniques de type α7. Brain activation by short-term nicotine exposure in anesthetized wild-type and β2-nicotinic receptors knockout mice : a BOLD fMRI study Suarez S. 204 : 20570-20575. l’inducteur de croissance neuritique 1 réglé par les protéines G et le canal K+ activé par les protéines G suggère un lien entre récepteur nicotinique et signalisation intracellulaire par les protéines G. certains traits de l’organisation spatio-temporelle du comportement sont altérés et que l’anxiété s’accroît. Sci.. suggérant un rôle protecteur de la transmission cholinergique nicotinique contre l’effet de l’anesthésie.. 2007. Intracellular complexes of the β2 subunit of the nicotinic acetylcholine receptor in brain identified by proteomics. USA. Intracellular complexes of the β2 subunit of the nicotinic acetylcholine receptor in brain identified by proteomics Kabbani N. Wiklund A. Natl..M.-P. Acad. On trouve que. NY Acad.V. 2008 (sous presse).-P. moteur et somatosensoriel ainsi que l’aire tegmentale ventrale et la substance noire. Levenson R.... USA. 104 : 20570-20575. Psychopharmacology. Sci.-P.P. Changeux J. Le Bihan D. Les territoires activés incluent le cortex préfrontal antérieur. Chez les souris β2-/.. Woll M. L’interaction de la sous-unité β2 du récepteur nicotinique cérébral avec des protéines cytoplasmiques est suivie par spectrographie de masse après purification à partir de la boucle intracellulaire de β2 ou immunoprécipitation.M. Publications 2008 Articles — Taly A.PROFESSEURS HONORAIRES 853 les souris invalidées pour la sous-unité β2 du récepteur nicotinique cérébral. . Functional organization and conformational dynamics of the nicotinic receptor: a plausible structural interpretation of myasthenic mutations. Giacomini E.cette activation disparaît. Lindstrom J.. Publications Publication 2007 (fin) Article — Kabbani N. Granon S. Les territoires cérébraux activés par la nicotine injectée de manière systémique aiguë sont examinés par résonance magnétique fonctionnelle « Bold » chez la souris de type sauvage anesthésiée et chez son homologue invalidé pour la sous-unité β2 du récepteur nicotinique cérébral. Lindstrom J. Acad.-P. Woll M. Changeux J. Ann. Natl. Proc.P. 1132 : 42-52. L’association avec des protéines Gα... V... Acad.. Scholarpedia. Herdman M. Regional differential effects of chronic nicotine on brain α4 and α6-containing receptors. Corringer P. Trends in Mol. Deltheil T.-P.. Faure P. — Evrard A... Robledo P.... Chronic nicotine exposure has dissociable behavioural effects on control and β2-/..-P.I. Encyclopedia of Neuroscience. Rippka R. Genet.. Toxicon..-P. Le Sourd A... David D..... Eriksson L.J.mice. Nicotinic acetylcholine receptors. — Avale M. Editor-in-Chief.. Changeux J. Sci. Gardier A. Nicotine receptors.. 8 : 972-981. Squire. Changeux J. Amadon A. Sevoflurane anesthesia alters exploratory and anxiety-like behavior in mice lacking the β2 nicotinic acetylcholine receptor subunit.. Taly A. Med. Pharmacol. Corringer P. Oxford : Elsevier. Maldonado R... Ledreux A. Changeux J. J. Changeux J.E. Wiklund A.. Martin B.). Cardona A. 41 : 15991-15996.. Maskos U. Natl. Sundman E. 19(15) : 1545-1550. Dehaene S. Scholze P.. Nicotinic acetylcholine receptors. Tandeau de Marsac N. — Besson M. allosteric proteins and medicine. Damaj M.-P. Nghiêm Ho. Anesthesiology (sous presse). Pons S. 14 : 93-102..-P. . Byrne Editor.J. Granon S. Changeux J.. Granon S...854 PROFESSEURS HONORAIRES — Jackson K. Huck S. Kristufek D. 1228 : 8996.R. pp. In : Larry R. 52 : 163-174. Suarez S. Revues — Changeux J. Exp. Cloëz-Tayarani I. Neurosci. Molgo J. — Araoz R.-P. Le Bihan D... Granon S. Psychopharmacology (sous presse).. Vol. 1 of Learning and Memory : A Comprehensive Reference. 729-758. Behav. Collège International de NeuroPsychopharmacologie (CINP). Menzel (Ed.-P. Res. Changeux J. Soudant M. — Putz G.-P.. NeuroReport.-P.. 38(5) : 503-514... Proc. Brain Res.-P. Differential role of nicotinic acetylcholine receptor subunits in physical and affective nicotine withdrawal signs. Interplay of beta2* nicotinic receptors and dopamine pathways in the control of spontaneous locomotion. Ther. — Wiklund A. Academic Press. Nicotinic acetylcholine receptor-subunit mRNAs in the mouse superior cervical ganglion are regulated by development but not by deletion of distinct subunit genes. Learning Theory and Behavior. Brain activation by short-term nicotine exposure in anesthetized wild-type and β2nicotinic receptors knockout mice : a BOLD fMRI study.. A non-radioactive ligand-binding assay for detection of cyanobacterial anatoxins using Torpedo electrocyte membranes. USA. In : R. Cormier A.. Changeux J. Cloëz-Tayarani I.J.. Changeux J. Giacomini E. Abnormal response of dopaminergic neurons to nicotine without perturbation of nicotinic receptors in αCGRP knock-out mice.J.. — Even N. 3(1) : 3468 — Changeux J..-M.. — Corringer P. Faure P. The neuronal workspace model : conscious processing and learning.-P.. Munich (2008).. Distinctions — Pioneer Award for the fundamental discoveries concerning « The structure and function of the nicotinic acetylcholine receptor »..M. Changeux J. Changeux J... J. — Suarez S. Orr-Urtreger A. 325(1) : 302-312..-P... Granon S. Changeux J..-P.. J.J. Oxford (sous presse). — Conférence : « Is the brain the organ of truth ? ». à l’occasion du 60e anniversaire du Pr Hermona Soreq. — Conférence spéciale : « The logic of allosteric receptors and its consequences for chemical therapeutics ». — Conférence plénière : « The nicotinic acetylcholine receptor : from molecular biology to cognition ». — Conférence : « Modeling access to consciousness and its consequences for brain imaging ». Suède. Séance commune Académie des Sciences/Académie nationale de médecine « La Mémoire ». Science and Religion ». Autriche. 3-5 octobre 2007.PROFESSEURS HONORAIRES 855 — Neuronal Plasticity prize for the outstanding work in the domain of the Molecular Targets of Drug Abuse : « Short & long-term effects of nicotine on nicotinic receptors : a model of drug addiction ». Israël. colloques et symposia internationaux — Séance inaugurale du Collège de France en Belgique. « Vers une neuroscience de la personne humaine ». San Diego Convention Center. 6th Forum of the European Neuroscience. 15 novembre 2007. Principales conférences données sur invitation à des congrès. Stockholm. body. . 27 novembre 2007. 5-9 avril 2008. « The 13th International Conference on Thinking ». Fondation Ipsen. 9th Annual conference of the SRNT Europe. Jérusalem. Brain and Behavior ». and brain plasticity consequences in artistic contemplation and creation ». USA. — Conférence plénière : « Toward a neuroscience of the capable person : unity. 3031 août 2007. « Cholinergic signaling : from genes to environment ». Carthage. diversity and oneselfas-another ». Suisse. diversity and oneself-as-another ». Norrköping. Genève (2008). 17-21 juin 2007. — Conférence principale (Keynote) « Evolution of human intellect and culture : emotions. UK. 11 mars 2008. Lugano. Bruxelles : « Vers une conception nouvelle de la chimie du cerveau ». The Wellcome Trust Conference Centre. — Conférence : « Toward a neuroscience of the capable person : unity. International Balzan Foundation. — Conférences du Collège de France à Tunis : « Le récepteur de l’acétylcholine : une protéine allostérique membranaire engagée dans la transmission synaptique ». des Lettres et des Arts Beït al-Hikma. Karolinska Institute. 20-22 août 2007. — Conférence principale (Keynote) « Nicotinic receptors in the brain : from molecular level to cognition ». Grèce. Vienna Biocenter PhD symposium « Molecules to mind ». Spetses Summer School on Nuclear receptor signalling : from molecular mechanisms to integrative physiology. — Conférence d’ouverture : « The preclinical point of view : Nicotine and nicotinic receptors : from molecular biology to cognition ». 3 juin 2008. Tokyo. Vienne. Académie Tunisienne des Sciences. « Nicotinic acetylcholine receptors 2008 ». 26-31 août 2007. 23-26 avril 2008. Stockholm. Suède. Ile de Spetsaï. « 1st INCF Workshop on neuroimaging database integration ». Espagne. Suède. Symposium « Truth in the Humanities. — Conférence : « La dépendance de la nicotine : un modèle de mémoire à long terme ? » et Conclusions. Tunis. 12-14 juin 2008. Bibliothèque Nationale. Tunisie. — Conférence : « Nicotinic receptors and their role in brain function ». « International forum on intellectual unity II ». Hinxton. Paris. Madrid. Japon. — Conférence invité : ASPET’s Centennial meeting « Nicotinic receptors : a model for allosteric membrane protein ». 8 décembre 2007. 16-17 mai 2008. Cambridgeshire. 10 mars 2008. Nobel symposium « Genes. « From Entangled Photons to Atom Lasers ». 11 septembre 2007 : « A few personal recollections of the time spent with Maurice at Ecole Normale ». Suissse. République de Singapour. M. Journée scientifique organisée par le Muséum national d’Histoire naturelle et le Commissariat à l’énergique atomique. Conférence internationale en l’honneur du 85e anniversaire de CN Yang. 14 septembre 2007 : « Thirty years of friendship and collaboration with Alain. Italie. . — Conférence inaugurale de l’année universitaire 2007-2008 à l‘Institut Rachi. Athènes. Portugal. France. à paraître chez World Scientific. Lisbonne. Londres. Yang’s Symposium. — Wokshop dédié aux travaux et à la vie du Professeur Maurice Jacob. Atoms and Qubits 2007 (PAQ07) ». 33rd FEBS Congress & 11th IUBMB Conference. Troyes. Hommage au Professeur André Ménez « De l’évolution des toxines à l’évolution des espèces ». UK. Peter Knight’s 60th birthday. 17 octobre 2007 : « Une brève histoire de la lumière ». France.856 PROFESSEURS HONORAIRES — Conférence : « Le rôle de la bungarotoxine dans l’identification et l’élucidation de la structure du récepteur nicotinique ». 8 au 10 octobre 2007. « Photons. — Conférence : « The nicotinic acetylcholine receptor : a model of allosteric neurotransmittergated ion channel ». en collaboration avec David Guéry-Odelin d’un ouvrage ayant pour titre : « Advances in Atomic Physics — An overview ». Campus Polytechnique. 5 octobre 2007. Iguassu Falls. Grèce. « Les grandes conférences ». Palaiseau. Claude Cohen-Tannoudji. voies Recherche et Professionnelle). Paris. — Enregistrement pour la collection : « A voix haute » / Collège de France d’un CD intitulé « Lumière et Matière ». XIII International Symposium on Cholinergic Mechanisms. 16 au 17 septembre 2007. 29 juin-1er juillet 2008. « Promoting and Attracting Human Resources in S&T ». — Cérémonie de Remise de Diplôme (2e année du Master de Physique. 1973-2004 Publications — Rédaction. France. — Symposium international en l’honneur d’Alain Aspect à l’occasion de ses 60 ans. membre de l’Institut (Académie des Sciences) Physique atomique et moléculaire. Genève. Lyon. N. 1620 août 2008. 2 au 5 septembre 2007 : « Manipulating Atoms with Light Methods and Perspectives ». Conférences invitées à des conférences internationales Conférences spéciales et commémoratives — Conférence internationale organisée par la Royal Society de Londres. — C. 29 octobre au 3 novembre 2007 : « Ultracold atoms: Achievements and Perspectives ». — Participation à la conférence « The Future of Science and Technology in Europe ». 23 juin 2008. Muséum d’Histoire naturelle. Singapour. » — Conférence INFM à Rome. Brésil. — Conférence d’ouverture : « Short and long-term effect of nicotine on nicotinic receptors ». Membre du Comité Exécutif de l’International Human Rights Network of Academies and Scholarly Societies (IHRNASS). 22 au 27 juin 2008: « Ultracold Atoms — A model system for new investigations in physics ». Russie. depuis 2006. Paris. 26 mars 2008 : « Matière et lumière ». Chine. France. de l’Académie des Sciences). — Conférence invitée à l’Ecole Supérieure de Physique et Chimie de la Ville de Paris – 125e anniversaire de l’ESPCI — colloque dédié à la mémoire de Pierre-Gilles de Gennes. Membre du Conseil Scientifique de l’« IPSO » (Israeli-Palestinian Science Organisation). 27 mai 2008 : « Light and Matter. — 2nd meeting of the High-level Scientific Policy Advisory Committee (HISPAC). Membre du forum d’initiative franco-espagnol. Membre du Comité de Pilotage « Science à l’Ecole » depuis 2004. Secrétaire du CODHOS (Comité de Défense des Hommes de Science. Responsabilités diverses Président d’honneur du Conseil Scientifique de la Fondation France-Israël. à Paris. Membre du Conseil Scientifique de la Scuola Normale Superiore. à l‘European Space Agency (ESA). Pise. — Journées Scientifiques Inaugurales du Centre de Microéléctronique de Provence Georges Charpak. Saint-Etienne. The Modernity of Einstein’s Ideas ». Trieste. Chine. 02 juin 2008. Distinctions 8 novembre 2007 — Docteur Honoris Causa de la City University de Hong Kong. 8 au 9 mai 2008. Membre du Comité pour le Prix International pour l’alphabétisation scientifique des enfants de la planète. 21 au 22 novembre 2007 : « Atomes ultrafroids. France. Italie. Beer-Sheva. — Conférence devant les élèves de l’Ecole supérieure de Gestion. St Petersbourg. France. . 11 janvier 2008. Membre de l’HISPAC. — 37th Meeting of the ICTP Scientific Council. 3 avril 2008 : « Manipulation d’atomes par la lumière ». — Conférence à Nancy-Université. (High-level Science Policy Advisory Committee). France. Paris. Membre du Conseil Scientifique de l’ICTP (International Centre of Theoretical Physics). Gardanne. applications à la mesure du temps ». 29 et 30 janvier 2008 : « Du pompage optique aux atomes ultrafroids ». série de 10 cours dans le cadre de la Chaire « Professor at Large » de la « City University » de Hong Kong. Trieste. — Hyman and Irène Kreitman Annual Memorial Lecture. — Conférence internationale : « Third Nobel Prize Laureates Meeting — Science and Society ». — Conférence au Lycée Français de Londres. France. 3 au 17 novembre 2007 : « Laser cooling and trapping ». Ben-Gurion University of the Negev. Israël.PROFESSEURS HONORAIRES 857 — France-Hong Kong Distinguished Lectures Series. Membre du Conseil Scientifique de l’IFRAF (Institut Francilien de Recherche sur les Atomes froids) depuis 2004. UK. Muséologie A la demande d’un cabinet d’architectes français qui en avait gagné l’appel d’offre international. et interview donnée à ce sujet à Radio Moscou. Moscou : Participation au colloque : « la guerre russo-turque. professeur Histoire moderne et contemporaine du monde russe (1993-2001) 22-30 juin 2007. civilizacija (La Russie : le peuple. Institut d’histoire russe (Acad. Communication : « attitude de la France face au conflit russo-turc. membre de l’Institut (Académie des Sciences) Paléoanthropologie et préhistoire 1983-2005 Recherche Outre quelques sujets de recherches en cours depuis plusieurs années (rôle de l’environnement dans l’histoire de l’homme. narod. 581-591. M. organisé par divers instituts russes et ukrainiens sous le patronage du Centre culturel russe. Paris. Paris : Communication au colloque « La deuxième guerre mondiale : causes et résultats de la remise en cause des acquis de 1945 ». La problématique de ce projet est de progresser dans la compréhension de l’origine de l’Homme moderne : déploiement à partir d’un foyer africain unique ou évolution sur place de l’Homo erectus là où il est. et au Congrès de Berlin ». petite femelle de 3 mois découverte dans la presqu’île de Yamaal et âgée de plus de 40 000 ans) et préparé la 5e conférence internationale sur les Mammouths et leur famille (présidence. 27 février-5 mars 2008. Compte rendu critique. 35. Préface (p. François-Xavier Coquin. vol. 2008. Rossija. Moscou : Observateur étranger à Moscou et dans sa région à l’occasion des élections présidentielles du 2 mars 2008. Fabrice . 18771878 ». Moscou. praviteli. un collaborateur. n° 3. les dirigeants. Nous avons poursuivi par ailleurs la collecte de nouveaux restes de Mammouths et la gestion de leur analyse (en ce moment celle de Lyuba. Les Syrtes éd. A. session de préparation à Weimar en février 2008). 960 p. Narotchnitskïa « Que reste-t-il de notre victoire ? ». 9-27) à la traduction française de l’ouvrage de Natalija A. (sous presse). dans le nord-est du pays (mission sur le terrain au mois d’août 2007 et contrat de 5 ans avec le gouvernement mongole). Yves Coppens. des Sciences). 2007. p. j’ai engagé une prospection en Mongolie à la suite de la découverte d’une calotte crânienne humaine associée à du Rhinocéros laineux. 8-9 septembre 2008. la civilisation).858 PROFESSEURS HONORAIRES M.N. Nationalities Papers. 2005. par exemple). Sakharov. nous nous sommes employés. du programme HOPSEA. de Villers-sur-mer mais aussi du Transvaal Museum de Pretoria (exposition en 2007) du Musée d’Anthropologie préhistorique de la Principauté de Monaco (présidence du Comité international). p. 2007. Peste : entre Epidémies et Sociétés. Yves Coppens. Yves Coppens. 9. . in Sylvie Mercier de Flandre. de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Human Origins Patrimony South East Asia. Paléoanthropologie et préhistoire. du Puy (Crozatier). du Comité international d’évaluation des programmes Revealing Hominid Origins Initiative de la National Science Foundation (USA). 7. juillet 2007). de Carnac. Yves Coppens. n° 1. juin et décembre 2007. Annuaire 2008. résumés 2006-2007. p. Gestion de la recherche Je suis membre du Haut Conseil de la Science et de la Technologie (j’y ai été rapporteur du dossier sur la baisse d’attractivité de la Science). l’espoir. 106-107. 1983-2005. Gilles Boëtsch et Olivier Dutour. p. Le Quaternaire. Quaternaire. limites et spécificités. Francis Clark Howell. Capitol edition. du Musée d’Archéologie nationale de SaintGermain-en-Laye et de la Cité des Sciences et de l’Industrie de Paris. éditions du Signe. Strasbourg. Dominique Chevé. Préface. Avant propos in Michel Signoli. un musée de site. Publications (juin 2007-juin 2008) Anonyme (Yves Coppens). à concevoir en Corée. Sciences et Avenir. etc. Firenze University Press. in Patrick Norbert et Tanino Liberatore. Les Néandertaliens. des Musées de Vannes. Nature et rêveries. Biologie et Culture. p. Je suis par ailleurs toujours lié à certains projets du Museum national d’Histoire naturelle (conseil scientifique). Membres de l’Académie disparus. de la Chapelleaux-Saints. et moi. novembre 2007. 2007. p. Editions du Comité des travaux historiques et scientifiques. de Toulouse. 72-73 (bande dessinée). 2 et 4. Jeongok. à des programmes en cours des Museums ou Sociétés d’Histoire naturelle de Bordeaux.PROFESSEURS HONORAIRES 859 Demeter. Institut de France. sur un gisement. p. Je suis aussi Administrateur (pour le patrimoine) des TAAF. Préface. Académie des Sciences. Annuaire du Collège de France. Plague : Epidemics and Societies. 3 pages non paginées. Lucy. qui avait livré un outillage paléolithique (beaucoup de bifaces) de plus de 300 000 ans (accueil au Museum national d’Histoire naturelle de Paris et au Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye d’une délégation coréenne. 199-200. Terres Australes et Antarctiques françaises. Yves Coppens. 9-10. Human origins and past environments de recherche en Afrique du sud. Yves Coppens. Yves Coppens. 2007. 2008. Postface. de recherches en Asie et du programme HOPE. Préface. mars. p. Yves Coppens. volume 18. Quand le Singe est-il devenu Homme ?. 952-956. 2007. in Bernard Vandermeersch et Bruno Maureille eds. L’Homme et l’environnement. Yves Coppens.R. éditions Odile Jacob. président. Adrian Istoc. p. Hassane Taïsso Mackaye. Yves Coppens. Addis Abeba. de la Soc. Livres Patrick Norbert et Tanino Liberatore. 2008. Marie-Thérèse Iba-Zizen. Damdinsuren Tseveendorj. DVD video 2008 (DVD n° 1/4). 2007. 246 pages . Bull. 2007. 64 pages. Editoriale Jaca Book. Yves Coppens. p. Sacha Gepner. Origine de l’Homme et peuplement de la Terre. Yves Coppens. l’Odyssée de l’espèce. Yves Coppens (présidence). p. Scanner à rayons X et paléoanthropologie crânienne. Origine de l’Homme et peuplement de la Terre. l’espoir. 2008. Palevol. Natle de Médecine. Les mystères du XXIe siècle à Saint Tropez. p. Milan. et Mens. édition française. Paris. T. 2008. Michel Brunet. du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco. . 2007. 7-9 décembre 2007. Milan. du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco. climat meurtri. p. 19. Henry et Marie-Antoinette de Lumley et Yves Coppens. 7 (2008). Capitol Editions. Zoe : femmes du Monde. de Paris. 2008. éd. Yves Coppens raconte l’Homme. 2008. n. Soizik Moreau. Australopithèque afarensis. Le Seuil. Taillandier. Anthrop. Lucy. Yves Coppens. édition italienne. De nouveaux restes de Primelephas dans le Mio-Pliocène du Nord du Tchad et révision du genre Primelephas. Palevol. Odile Jacob. 1. Yves Coppens. 6. 40-48. 1069-1089. Découverte d’une calotte crânienne d’un Homo sapiens archaïque dans le Nord-Est de la Mongolie. avant-propos in Yves Coppens. Yves Coppens. Acad. Joël de Rosnay. 2007. in Le Climat dans tous ses états. La plus belle histoire du monde. Préhumains et origine de l’Homme in Yves Coppens. Dominique Simonnet. Lucy. climat conquis. éd. Gallimard 2007. la roue. 1-3 décembre 2006. Fabrice Lihoreau. 2001 in Titouan Lamazou. conseiller scientifique Yves Coppens. In Memoriam : Francis Clark Howell. 2008. 1-2.R. édition club pour le Grand Livre du Mois. p. 6-7. ed. climat subi. 74 pages (bande dessinée). éd. 2008. Yves Coppens. 22 ans d’amphi au Collège de France (1983-2005). Emmanuel-Alain Cabanis. Yves Coppens in Les secrets du cerveau. L’East Side story n’est plus. Origine de l’Homme et peuplement de la Terre. 191. 2005. L’Histoire de l’Homme.s. 12. p. p. Yves Coppens. 61 pages . Les mystères du XXIe siècle à Saint-Tropez. t. Editoriale Jaca Book. Hubert Reeves. Patrick Vignaud. président. C. C. 1996 . DVD video 2007. Le pied. n° 1. Yves Coppens. 5-6. 51-60. 73-75. Yves Coppens. 2008 . 7 (2008). Fabrice Demeter. du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco. édition basque. AT Magazine. 2008.860 PROFESSEURS HONORAIRES Yves Coppens. 17-25. 227-236. PierreHenri Giscard. Le origini dell’Uomo.. Jackie Badawi-Fayad. Comité scientifique international du Musée d'Anthropologie préhistorique de Monaco. Homo sapiens. Bull. Tsagaan Turbat. en anglais. au lycée français Jules Verne de Johannesburg (9 novembre 2007). 22-23 février 2008 (communication le 22 février 2008) . à la 8e édition des Mystères du XXIe siècle à Saint Tropez. Le climat dans tous ses états. 10-12 décembre 2007 (HOP sea network conference) (keynote address. 28-29 mars 2008 (conférence inaugurale le 28 mars 2008) . à Paris. à Paris. à Dinard (19 et 20 janvier 2008). 20e Colloque de la Société francophone de Primatologie. Participation à la 1st International Conference. allocutions Conférences à Pretoria. Des collections anatomiques aux objets de culte : conservation et exposition des restes humains dans les musées. aux Angles. à l’Interdisciplinary workshop on 3D Paleo-Anthropology. au Symposium de l’Eau (24 juin 2008). 30 mai-11 juin 2008. au Museum national d’Histoire naturelle. 7-9 décembre 2007 (invité d’honneur. Muséum national d’Histoire naturelle. Musée du Quai Branly. communications. à Nancy. Pyrénées-Orientales (3 mars 2008). pour la mairie du 11e arrondissement (30 octobre 2007). Conférences sur le Costa Marina (2). en anglais. mouvement et risque. pour le groupe Vinci (28 mars 2008). à Toulouse au Muséum d’Histoire naturelle (19 juin 2008). au restaurant le Doyen. au Musée de l’Homme. à Ajaccio (21 avril 2008). Jacques Malaterre réalisation. directeur scientifique.PROFESSEURS HONORAIRES 861 Audiovisuel Le climat dans tous ses états. Conférences. à Cannes. au Colloque IPSEN (Innovation for patient care). à Quiberon. 2007. L’odyssée de l’espèce. à l’Ecole Yves Coppens de Grand-Champ (Morbihan) (2 janvier 2008). croisière en Norvège. à Rueil (7 février 2008). au 9e Congrès de l’International Ocular Inflammation Society. en anglais) . en anglais) . coffret des 3 DVD. à la conférence Human Origins Patrimony. à Tautavel. France Télévision distribution. . à Paris. Ulaanbaatar (communication le 20 août 2007. à Saint Germain-en-Laye (15 septembre 2007). à l’Hôtel de ville (2 sessions successives le 21 septembre 2007). 22-26 octobre 2007 (conférence le 24 octobre 2007) . Paris 4e (6e. présidence de la session au Musée de l’Homme le 11 décembre 2007 et address for conclusion. aux Rencontres de Porto Vecchio (30 avril 2008). au mois de la préhistoire du Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Paris. Musée du Quai Branly. invités d’honneur. à Monaco. au Collège des Francs-Bourgeois. 36 Chroniques « Histoire d’Homme ». 5 fois un dimanche sur deux de septembre 2007 à juin 2008. Exposés dans des écoles : aux élèves de CM1-CM2 des écoles primaires de Nancy. à Villers-surmer (9 février 2008). 28 novembre 2007). Homo sapiens. Archaeological Research in Mongolia. Computer Science and Engineering Synergies for the future. aux Élus. le 9 décembre 2007) . 19-20 juin 2008 (présidence. communication le 8 décembre et conclusion. 15 septembre15 octobre 2007 (conférence inaugurale le 15 septembre 2007) . Le sacre de l’Homme. Pyrénées orientales (2 novembre 2007). à Marseille (10 octobre 2007). Paris (allocution le 19 septembre 2007. aux Rencontres de Paris sur les Primates et leurs habitats. Abbaye de Royaumont. Studies in Southeast Asia. Hôtel de Ville (22 septembre 2007). Les Mystères du XXIe siècle à Saint Tropez (8e édition). à la Fondation Prince Pierre (17 mars 2008). Yves Coppens. Translations cortico-motrices. Transvaal Museum (7 novembre 2007). Opéra (20 septembre 2007). aux élèves de plusieurs établissements (1res et Terminales) réunis au Casino de Trouville (8 février 2008). Muséum de Toulouse. Yves Coppens et Marie-Odile Monchicourt. pour la Société des Amis du Musée de l’Homme (19 mai 2008). le 12 décembre 2007) . 5 fois chaque lundi de juin 2007 à août 2007. Anatomy. allocution d’ouverture). au symposium international. 13-23 août 2007. 4 DVD video 2008. salle Olympe de Gouge. Hubert Reeves et Yves Coppens. 5 fois (30 juin-4 juillet 2008). à Nancy. Noëlle Perez Christiaens. novembre 2007. Opéra de Nancy. 27 septembre 2007 . 26 janvier 2008. membre du jury. 20 février 2008). Quel avenir pour la planète ? (12 novembre 2007). 20. aux élèves de secondes. Participation à 5 jurys : Diplôme de fin d’études d’architecture Magalie Rayebois : Un musée de paysage à Jeongok (Corée du Sud). Professeur des Universités (Université de Paris VII. au Club de la Chasse et de la Nature. 22 septembre 2007 . allocution au Salon du Livre de Nancy (sous le chapiteau). Rencontre et dédicace de l’album Lucy. dédicace de mes livres disponibles. Palais des Congrès. Quel avenir pour l’Homme ?. Contribution à l’étude d’une catégorie universelle de . 17 avril 2008 . Museum national d’Histoire naturelle. Fnac Saint-Lazare. Tautavel. dédicace de mes livres les plus récents. 16 avril 2008. aux étudiants étrangers de l’IUEFM à l’Hôtel de Ville de Nancy (22 septembre 2007). Allocutions à la mairie d’Ajaccio (27 septembre 2007). à la remise des insignes de Commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur à Madame Coquery-Vidrovitch. présentation des films Stantari au Palais des Congrès d’Ajaccio. librairie Nicole Maruani. 31 octobre 2007.862 PROFESSEURS HONORAIRES aux élèves de l’Ecole élémentaire des Angles (Pyrénées-Orientales) (6 mars 2008) . « Datations radiochronologiques des séries sédimentaires à Hominidés du Paléolac Tchad. 31 janvier 2008 . au Musée du Quai Branly. 22 octobre 2007. pour le 60e anniversaire de Sciences et Avenir. Pékin-Lascaux. Nancy. sur les Premiers Hommes de l’Europe. Doctorat d’Université Anne-Elisabeth Lebatard. Paris 13e. 26 juin 2008. Professeur des Universités (Observatoire de Paris. en qualité de Président 2007 . Ecole d’architecture de Paris La Villette. Université de Poitiers. allocution à l’Ecole Yves Coppens de Grand-Champ (Morbihan) à l’occasion de la cérémonie de dénomination de l’Ecole. porter. 22. au Palais des Arts de Dinard. premières et terminales de Saint-Sigisbert de Nancy (22 septembre 2007). 17 septembre 2007. « Porter sur soi. présentation du même livre à la presse. pour l’ouverture du Livre sur la Place. transporter. 23 septembre 2007 dédicace de L’Histoire de l’Homme. Allocutions à la remise des insignes de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur à Monsieur François Raulin. Allocution pour l’ouverture de l’exposition Mother Africa and Mrs Ples. septembre 2007 . se charger et se décharger sans dommage. participation au séminaire docu-fiction de France 2. Yves Coppens rapporteur et président. Présentation du livre L’Histoire de l’Homme aux représentants des éditions Odile Jacob. L’Odysée des Premiers Hommes en Europe. Le livre sur la place. 30 octobre 2007 . Paris 3e. aux élèves des Prépas du lycée Poincaré de Nancy (21 septembre 2007). Musée de Tautavel. 21. Musée de l’Homme. à un débat avec quelques collègues sur les changements climatiques. Patrimoine naturel et sociétés ». se porter. se comporter. pour la délégation de scientifiques chinois en voyage d’étude. pour l’ouverture de l’exposition Quel avenir pour les Grands Singes ? (19 janvier 2008). 8 novembre 2007 . l’espoir avec Tanino Liberatore. 23 mai 2008. Yves Coppens. en qualité d’Honorary Patron. présentation du livre d’Emmanuel Anati. depuis le Miocène supérieur ». Enseignement extérieur Master « Evolution. septembre 2007. Participation à un débat avec Henry de Lumley. 14 avril 2008). « Pierres dressées et coutumes funéraires dans les sociétés Konso et Gewada du Sud de l’Ethiopie ». Membre de la Fondation pour l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA) (renouvellement) . président de la 5e Conférence internationale sur les Mammouths et leur famille. Membre d’honneur de la Fondation Teilhard de Chardin. président. rapporteur. membre du Comité de parrainage international de la Cité du livre et de l’écriture. Université de Rennes 2. 2007. 2007 . Weimar. « Des données anatomiques à la simulation de la locomotion bipède. l’héritage du futur (en collaboration avec l’Unesco). Membre du Comité d’honneur du Comité scientifique pour l’étude du bébé Mammouth Lyuba. 2007 . 2007. président de Vocations patrimoine. au Chimpanzé et à Lucy (Al 288.1) ». Yves Coppens. Application à l’homme. Dynamique de l’Evolution humaine. 2007. Le Puy-en-Velay (Haute-Loire). membre du Comité d’honneur de la Fondation Nationale de Gérontologie et membre du Comité d’Honneur de son Prix Chronos de littérature. Président du Comité scientifique pour l’étude et la valorisation du site de Carnac (Ministère de la Culture de la Communication) . la chaîne comprendre (LCC). président du Comité scientifique international du Musée d’Anthropologie préhistorique de la Principauté de Monaco . Ajaccio. Institut de Zoologie de Saint Petersbourg.PROFESSEURS HONORAIRES 863 techniques : le transport des charges sur soi ». octobre 2007. Clartés. Membre de Comité d’orientation de la revue. 2008 . 2007 . . 2007 . Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales. Musée Crozatier. membre du Conseil d’Analyse de la Société (Premier Ministre) . Yves Coppens. Associations des anciens et des amis du CNRS. Yves Coppens. Cité des Sciences et de l’Industrie. 2007 . Bekele Metasebia. La Colle-surLoup. parrain des films Stantari. février 2008). Grandes Signatures. 2008 . parrain du mois de la Préhistoire 2007 du Musée d’Archéologie nationale. Université de Paris 1. membre du Comité de soutien pour la création d’une chaîne généraliste de Télévision nationale TNT consacrée à tous les patrimoines. membre de la commission du patrimoine historique et des sites archéologiques des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Membre du Conseil scientifique du Muséum national d’Histoire naturelle . membre du Comité scientifique d’honneur du Festival des Primates de l’Université de Liège. Alpes-Maritines. Co-vice-président de la Fondation Geneviève Laporte à Pierrebourg pour la protection des grands singes. Responsabilités diverses et fonctions nouvelles Membre du Haut Conseil de la Science et de la Technologie (Présidence de la République). membre du Conseil scientifique de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Assemblée nationale et Sénat). Honorary Research Associate of the Human Origins and past environments programme (HOPE) Transvaal Museum. 30 août-4 septembre 2010 (première réunion de travail. Panthéon-Sorbonne. président. membre d’Honneur de l’Association Rayonnement du CNRS. 2008. 2008. Conseiller scientifique de l’expo-dossier Quoi de neuf en paléoanthropologie ?. mai 2008. parrain du projet de Chaîne de télévision publique scientifique en TNT. décembre 2007. membre d’honneur de l’UPR 2147 du CNRS. membre du comité de parrainage du Réseau Mémoire de l’Environnement (renouvellement) . membre de la Commission d’avancement des personnels scientifiques du Museum . 2008. Saint-Germain-en-Laye . découvert en Sibérie occidentale. février 2009 . 2007 . Guillaume Nicolas. membre d’honneur de la Société des Amis du Palais de la Découverte (SAPADE). Espagne. novembre 2007 . editoriale Jaca Book. climat et impact sur les populations de l’Académie des Sciences de l’Institut de France. Parrain des célébrations à Bordeaux du tricentenaire de la naissance de Linné. 2008. 20-23 septembre 2007 . rue Yves Coppens. « Yves Coppens ». 27 octobre-29 octobre 2007. 3-7 mars 2009. Feeding the Planet. 31 octobre-4 novembre 2008 . 2008 (suite aux Rencontres Sciences et Sociétés d’Evian). des feuilles et des branches. 2008. 2007. Rome. 2007 et de Grand-Champ (Morbihan). membre du comité scientifique de l’exposition universelle de Milan. président d’honneur des célébrations du centenaire de la découverte de l’Homme de la Chapelle-aux-Saints. 13 octobre-27 octobre 2007. médailles des villes d’Ajaccio. Jardin Botanique de Bordeaux-Bastide. 2007-2008 . exposition Linné-trois siècles de Sciences naturelles. Yves Coppens racconta le origini dell’Uomo. Astéroïde Coppens 172850 (Union astronomique internationale. Museum national d’Histoire naturelle. Museum national d’Histoire naturelle. parrain de la Fondation pour la Recherche en Santé respiratoire. Franqueville-Saint-Pierre (agglomération rouennaise) (Seine maritime). président d’honneur de l’Institut des Déserts. Honorary patron de l’exposition du Transvaal Museum « Mother Africa and Mrs Ples ». Parrain du projet de traversée Ouest-Est du Sahara de Régis Belleville. savants. Musée de Vannes. Membre du Comité scientifique internatinal du Colloque Global change Social Sciences and humanities facing the Climate change challenges et keynote speaker. Rome. 2008. Bibliothèque municipale de Bordeaux-Mériadeck. Déserts d’Afrique et d’Arabie. Distinctions Commandeur du Mérite culturel de la Principauté de Monaco. inauguration 25 octobre 2007. 2008). forum Working together for Food safety. artistes. Ecole élémentaire « Yves Coppens » de Grand-Champ (Morbihan). Paris 22-23 septembre 2008 . novembre 2008 . Président du salon du livre de Nancy. . membre du Comité scientifique du Colloque vieillissement des Mystères du XXIe siècle. 26 janvier-30 septembre 2007. voyageurs. décembre 2008. prochains entretiens à Lyon en octobre 2008.864 PROFESSEURS HONORAIRES Porto-Vecchio. 3 août 2008. Saint-Tropez. 2007. salle capitulaire de la Cour Mably. Prix Andersen. exposition Salon du Champignon. « miglior libro di divulgazione » pour Yves Coppens (avec la collaboration de Soizik Moreau et Sacha Gepner). Milan. Patrón de Honor de la Fundación Josep Gibert. Société Linéenne de Bordeaux. Museum d’Histoire naturelle de Bordeaux. 2008 . 2015. Energy for Life. président d’honneur du XVe Colloque Avancées en Biométrie humaine. 2008. 28 septembre-22 décembre 2007. environnement. des fleurs. invité par la Pontificia Università Gregoriana pour participer à la conférence internationale Evolution and Evolution Theories. membre du Comité scientifique du Colloque. et baptême de l’Esplanade Linné. une des 7 personnalités retenues pour l’exposition Des Collections et des Hommes. 8-9 septembre 2008 . Président d’honneur du XIVe colloque international de la Société de Biométrie humaine Identification et authentification des personnes. juin-décembre 2008. 2007. Création des entretiens Yves Coppens-Michel Serres. 4 et 5 février 2015 . exposition Le voyage en Laponie de Carl von Linné. il mondo dell’infanzia. 2007. exposition Voici des fruits. novembre 2007 . Food security and Health Lifestyles. février 2008. Invité par la Pontifical Academy of Sciences pour participer au colloque Scientific Insights into the evolution of the Universe and of Life. Le livre sur la place. Paris. Nice. 42/3. Vspomogatel’nye istoričeskie discipliny XXX (Mélanges Igor Medvedev). 2007). Saint-Brieuc et Tunis. éd. p. — « From the mappa to the akakia : Symbolic drift ». Les grands dossiers : Entre image et écriture. — « Couronnes impériales. Forme. 2007. p. un portrait parlé ». 203-219. 1975-2001 Publications — « Vérité du miracle ». Quelques remarques sur l’historiographie française du Moyen Âge au XVIIIe siècle ». Le temps de l’histoire. sous la direction de Claude Carozzi et Huguette Taviani-Carozzi. dans Faire l’événement au Moyen Âge. usage. Maria A. dans Rossijskaja Akademia Nauk. 264-272. remise du prix de l’essai attribué par la Revue des Deux Mondes pour Décrire et peindre. Caen. — « L’icône.PROFESSEURS HONORAIRES 865 M. Sankt-Peterburgskoe Otdelenie. Studies in Honour of Averil Cameron. en outre. p. 475-493. 2007. « À propos du Livre des cérémonies de Constantin Porphyrogénète ». dans Byzantina Mediterranea. Activités — 14 mai 2008. à Aubervilliers. Hagit Amirav et Bas Ter Haar Romeny. 157-174. 1975-1994 Conférences et publications Jean Delumeau a donné en 2007-2008 des conférences à Paris et. Rivista di Storia e Letteratura Religiosa. dans Sciences humaines. Bibliothèque des Histoires. Essai sur le portrait iconique (Gallimard. — 21 mai 2008. Stassinopoulou. Klaus Belke. Cologne. Geburtstag. Jean Delumeau. p. 2007. Châteaulin. — « Une rhétorique de l’événement : l’astrologie ». Festschrift für Johannes Koder zum 65. Vienne. Louvain. Rennes. 50-55. . M. couleur des stemmata dans le cérémonial impérial du Xe siècle ». membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) Histoire et civilisation du monde byzantin. Andreas Külzer. SaintPétersbourg. 2007. dans From Rome to Constantinople. éd. 2006 (Atti del Convegno Internazionale : Pellegrinaggi santuari miracoli nel mondo cristiano tra storia e letteratura). Weimar. Publications de l’Université de Provence. p. Ewald Kislinger. 193-200. séminaire à l’Université d’Oxford. — « La France au miroir de Byzance. Gilbert Dagron. membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) Histoire des mentalités religieuses dans l’Occident moderne. p. 11 (juin-août 2008). de Michel David-Weill. Sont sorties les traductions suivantes de ses livres : en portugais (Brésil) de Guetter l’aurore . L’esprit en fête. Le comte de Caylus et le style « à la grecque ». 26 avril : Académie d’Aix en Provence. 54 pages. 15-21. dirigée par Mina Fattori. Accademia dei Lincei. sous la direction A. Barcelona. 2007. 9-23. collection Sources. . 592 p. 2007. p. « L’esprit de la diplomatie européenne ». Colson. Fayard. Fondation Martin Bodmer. De Paris à Saint-Pétersbourg. 1987-2002 Conférences et séminaires 25-27 février 2008 : Rome. en polonais de La plus belle histoire du bonheur. 266 pages. Préfaces de Jean-Baptiste Alexandre Le Blond. De Négociations européennes d’Henri IV à l’Europe des 27. Marc Fumaroli. présentation de la Revue République des Lettres. Robert Laffont. directrice de l’Institut de philosophie de La Sapienza. Pekar Lempereur et A. ensayo sobre una religión moderna. de Estienne Perret. Arcadia. Architecte 1679-1719. XXV fables des animaux. Le Cercle des Négociateurs. Paris. en russe de La Civilisation de la Renaissance . Pour une antenne de l’Institut d’Histoire de la République des Lettres.). 2007. traducción de Eduardo Gil Berra. Peiresc à Aix. 461 pages. Alain Baudry et Cie éditeur. 2007. 28-29 avril : Fondation Gulbenkian à Lisbonne. Publications Livres El Estado cultural. M.866 PROFESSEURS HONORAIRES Il a publié Le Mystère Campanella (Paris. 5 avril : Chantilly avec Mireille Huchon : Louise Labbé est-elle le prête-nom de Maurice Scève ? 7 avril : Mairie de Nancy. 3 mai : Conseil scientifique de l’ISU à Florence. A2C Medias éditeur. Paris. p. Traduit en espagnol : La educación de la libertad. PUF. Perspectives. Acantilado. 2008. 2008. Epílogo de Carlos García Gual. 2007. membre de l’Académie française et de l’Académie des inscriptions et belles-lettres Rhétorique et société en Europe (XVIe-XVIIe siècles). « Tocqueville. 2007. p. 110-112. Roma triumphans ? L’attualità dnell Francia del Setteceto. n° 1844. « Le misanthrope humaniste ». p. L’Express. p. Cahiers de l’Association internationale des études françaises. « Tocqueville et ses arrières-pensées ». Revue des Deux Mondes. Le Monde. Articles de presse « Montaigne. Flammarion. p. p. 73-77. 2007. La Repubblica. 21-52. Préface de Négociations européennes d’Henri IV à l’Europe des 27. 642 pages. « Pèlerinage à Ise ». « Cézanne tel que je le vois. 2008. 2007. Pekar Lempereur et A. « L’esprit de la diplomatie européenne ». sous la direction A. p. 2007. Roma. Ce que Cézanne donne à penser. « La ‘herencia de Amyot’ : La crítica de la novela de caballería y los orígenes de la novela moderna ». Janvier 2008. 11-30. « Une civilisation mondiale est une contradiction… ». Perspectives. 108-109. p. Wallstein Verlag. Intersezioni. « Le comte de Caylus et les origines françaises du ‘retour à l’Antique’ européen ». p. Valeurs actuelles. Juillet 2006. p. p. n° 1854. Rivages Poche/petite Bibliothèque. p. 6 septembre 2007. p.PROFESSEURS HONORAIRES 867 Postfaces de Chateaubriand. n° 541. Actes du colloque d’Aix-en-Provence. 2 novembre 2007. n° 60. Anales Cervantinos. p. Mai 2008. 157-168. Il Mulino.S. 11-19. p. Articles scientifiques « Chateaubriand et Goethe ». 2007. Le Point. 97-119. p. mercoledì 26 marzo 2008. 7. Le Point. 46-47. retour aux sources ». p. 60-61. Paris. Compte rendu de Les Disparus de Daniel Mendelsohn. . Die europäische République des lettres in der Zeit der Weimarer Klassik. LI (2006). « La Republica dellelettere e l’identità europea ». n° 2964. Fabrizio Serrra editore. 24/4/2008. Edizioni di Storia e Letteratura. N. Die europäische République des lettres in der Zeit der Weimarer Klassik. Acantilado. Introduction journée Paul-Louis Courier. Agosto 2007. Paris. 42. 94 : « Le Temps retrouvé de Mendelsohn ». Le Cercle des Négociateurs. p. A2C Medias éditeur. 15-21. vol. XXXIX. Anno XXVII. Gallimard. de Chateaubriand. à rebours de sa légende ». Colson. « L’invention de l’enfance chez Rousseau et Chateaubriand ». Juillet-août 2007. Rivista di storia delle idee. « Pour une relecture critique de « Tartuffe » ». Wallstein Verlag. Vendredi 15 juin 2007. 3. Enero . Studi Veneziani. Amour et Vieillesse. Le Monde.Diciembre 2007. Amor y vejez. « Oublier Saint-Simon ». 235-262. Le spectacle du monde. Le Point 1825. 23-61. « Das Vermächtnis der europäischen république des lettres ». Paris. 27 mars 2008. Paris. p. 2008. 2008. Vendredi 6 juillet 2007. p. 17 janvier 2008. 151-173. Perchè amò l’America ». 47-49. « Pour une Europe unie de l’esprit ». 17-30. p. traducción de José Ramon Monreal. p. avec Sophie Lannes. 2008. . — Communication au Colloque Les Signes. La Repubblica. Collège de France/Fayard. — Présentation de livre. Jean-Noël Robert. Sabado 1 IX 2007. avec Juan Pedro Quironero « Voe dificil que Sarkozy se atreava a romper con la vaca sagrada del Ministerio de Cultura ». coll. Janvier 2007. p. 844 p.). Entretiens – interview de Benedetta Craveri. Cahier 36. 2008. 122-123. 420 p. 1975-1992 Publications — Société et pensée chinoises aux XVIe et XVIIe siècles. Armand Colin. 121-127. 2007. Sabato 11 agosto 1007. Studia Iranica. 2007. ABC International. Divers — Allocution pour la remise d’épée à M. trad. avril-juin 2006. 2003. Gernet : « Langage. 766-70. 227-243. 644 p. Jacques Gernet. Catégorie ou fonction ». C. — Zhongguo shehui shi. « L’Italie et le don de la beauté ». rationalité. serbe corrigée du Monde chinois. 2008. 2007. mathématiques. chinoise du Monde chinois. « Il vecchio e la sirena ». — La Vie quotidienne en Chine à la veille de l’invasion mongole (1250-1276). Géopolitique n° 97. rééd. Paris. de la dernière trad. 51. p. n° 1. instruments de la pensée. 202 p. M. Clio. Le Point. 30 janv. Armand Colin. (éd. 2003. Grandes signatures. — « Remarques sur le contexte chinois de l’inscription de la stèle nestorienne de Xi’an ». J. Avril 2008. rééd. Philippe Picquier. ou le ‘Rêve américain’ ». Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Belgrade. Sierre.868 PROFESSEURS HONORAIRES « L’invention de l’enfance chez Rousseau et Chateaubriand ». 14-27. — Kniecki svet. 14-18 juillet 2008. Suisse. 22 mai 2008. membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) Histoire sociale et intellectuelle de la Chine. CR de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. in Jullien. Éd. p. « Stendhal. Controverses des chrétiens dans l’Iran sassanide. Nankin. Château Mercier. Vaquer. septembre-octobre 2005). Guilaine : Les enjeux de Sidari. Comptes rendus. (Corfu. pp. Mora. J. b.) : Pont de Roque Haute. Whittle et V. Govern d’Andorra. M. 1651-1652. Toulouse. Bouet (dir. in G. Paris.PROFESSEURS HONORAIRES 869 M. février 2008. Guilaine : Les racines de la Méditerranée et de l’Europe. J. Arvanitou-Metallinou (dir. M. 2008. 2007. 67 tableaux. Oxford University Press. Jean Guilaine Civilisations de l’Europe au Néolithique et à l’Âge du bronze.) : Les pèlerinages dans le monde à travers le temps et l’espace.-Y. Gandelin. de Chazelles : Les premières architectures de Chypre in A. Martinez Moreno. Clottes. 2007. Y. entre matériel et idéel. 4 fig. 2008. 14 fig. J. pp. Problems-Perspectives. Proceedings of the Conference Dedicated to Augustus Sordinas. Barbaza. J. 17 décembre 2004). pp. M. 202 p. The Mesolithic-Neolithic Transition in North-West Europe. Manen. pp. Guilaine : Le Néolithique et la naissance des sociétés complexes (Annales.-D. pp. Malaterre : Le Néolithique. Guilaine : Ô Bonne Mère…. J. Les têtes au carré. J. 22-27. juillet-octobre 2008. Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales/Centre de Recherche sur la Préhistoire et la Protohistoire de la Méditerranée.. Guilaine : D’une pierre deux coups : entre percussion posée et plurifonctionnalité. Bordeaux. F. Guilaine. Vigne (dirs. Guilaine et J. pp. D. 2007. 3 fig. 2006. J. 21-25 septembre 2004). 2007. Nouveaux regards sur la néolithisation de la France méditerranéenne. Simonnet : La plus belle histoire de l’homme. Vidard (dir. XXVIe Congrès Préhistorique de France (Avignon. Ouvrages J. Tchérémissinoff : Défunts néolithiques en Toulousain. pp. J. Martzluff (dirs. pp. 226 fig. The British Academy. V. 2007. 91-96. Guilaine et C. Remicourt. Picard. Editions du Seuil. Ausonius Editions. Société Préhistorique Française.-A. 79-86. J. Constructions de l’archéologie. 2008. Paris.. le poids des comportements “opportunistes” dans l’Epipaléolithique-Mésolithique pyrénéen in L. 13-20. Archéopages. 600 p. Martzluff. Bon. 332 p. Guilaine.) : Prehistória d’Andorra. Guilaine. INRAP. 2008. J. 95 p. A.) : D’Orient et d’Occident. P. Toulouse. Milcent . Mélanges offerts à Pierre Aupert. Fayard. Les fouilles à l’abri de la Margineda. pp. J. 9-10. Guilaine : Des pèlerinages dès la Préhistoire ? in J. Tome IV. Guilaine : Jalons historiographiques : le Néolithique. Cummings : Going Over. Léa. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. 60e année. 1994-2007 Publications a. J. 2008. 2007. Langaney. 127-132. Naissance des Civilisations in M. Les excavacions a la Balma de la Margineda (1979-1991). C. Centre de Recherche sur la Préhistoire et la Protohistoire de la Méditerranée/Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Astruc. Chélini (dir. 134 fig. M.) : Prehistoric Corfù and its adjacent areas. Articles J. J. 9 plans... 21-51. Guilaine : Préface in J.) : Abécédaire scientifique pour les curieux. Points 779. Guilaine et C. Sciences Humaines Editions. 441-448. Manen : From Mesolithic to Early Neolithic in the Western Mediterranean in A. M. Fondation Singer-Polignac. 1 fig. J. Kepkypa. J. R. 10 fig. 27 mars 2008. 13-15 décembre 2007. et son temps. Soulet. communication : « Entre Europe.870 PROFESSEURS HONORAIRES et S. une discipline ? ». Présidence du Comité Scientifique International de l’Institut de Préhistoire de l’Université de Cantabrie. Administration de la recherche Présidence du Comité d’AERES des UMR 5197 (Archéozoologie. film de X. Muséum National d’Histoire Naturelle. 23-25 janvier 2008. Montpellier. Paris. Boissinot dir. Université Paul Sabatier/ADREUC. Philibert (dirs. Pixcom/Boréales/France 2/France 5. 3. 2-4 octobre 2007 : « Les réchauffements climatiques. AERES. Satgé et F. 2007 (interview) La Cité de Carcassonne. Commission des présidents. Colloque international de Préhistoire maghrebine. Santander. Editions APDCA.) : Normes techniques et pratiques sociales. Col. XXVIe Rencontres internationales d’archéologie et d’histoire d’Antibes. communication : « Archéologie. Colloque Interdisciplinaire « Sciences et Politique ». Colloque « Archéologies frontalières : Alpes du sud. communication : « Sociétés néolithiques et environnements ». 14-15 septembre 2007 : « L’archéologie comme discipline » (Ph. Réponses des Ecosystèmes et des Sociétés ». pp. 3 films de 52’ (co-direction scientifique avec Yves Coppens) (Diffusion France 5. Juncosa. 17 janvier 2008. 147-160. 27-30 avril 2008. 2007 (séquence sur le site de Carsac) Otzi. film de Ph. conférence inaugurale : « Du Néolithique à l’Âge du bronze en Méditerranée » et présidence de session. archéobotanique : sociétés. Piémont. Idéologie. Colloque des Palynologues de langue française. 19 juin 2008. Côte d’Azur. au cœur de l’histoire. Colloque de la Société d’Anthropologie de Paris « Autour de la Méditerranée de la Préhistoire à nos jours ». Nice. Politique ». 2006. De la simplicité des outillages pré et protohistoriques. Asie et Afrique au Néolithique : la Méditerranée. 5-7 novembre 2007. Audio-visuel Films commentaires autour du « Sacre de l’Homme ». 10 et 17 décembre 2007) La Prehistoria à Moia (Barcelona).). Âge du bronze). communication : « The First Villagers to Conquer Europe : Migrations or Cultural Diffusions ? ». lien ou frontière culturelle ? » et présidence d’une session. l’homme des glaces. Antibes. Colloque « First Great Migrations of Peoples in History » UNESCO. 6 fig. Ligurie ». Paris. Editions Gallimard. . Carcassonne. CRDP. 27-29 juin 2008. « A voix haute » (enregistrement 28 mars 2008) Colloques/Réunions scientifiques EHESS/Université d’été. communication : « L’archéologie. pratiques et environnements) et 5198 (Histoire naturelle de l’homme préhistorique). présidence de séance et synthèse finale (Néolithique. Marseille. Toulouse. Tamanrasset (Algérie). présidence). L. Mme Françoise Héritier Étude comparée des sociétés africaines. — « Saisir l’insaisissable et le transmettre ». 2007. Theodoropoulou (Université de Paris I. Paris (SAPADE). Paris. Colloque annuel du Collège de France (12-13 octobre 2006). Rougé-Maillard (EHESS). Malaterre). 2008 : 11-36. Paris. Odile Jacob. A. Palais des Congrès. 39-59 in Jean-Pierre Changeux (sous la direction de) L’Homme artificiel. présidence). Société psychanalytique de Paris. L. L’Autre. Palais des Congrès. 27 octobre 2007 : débat sur le thème « L’homme. l’environnement et l’agriculture ». N. Autres activités — Jurys de thèses ou d’HDR de C. — Membre d’honneur de la Société des Amis du Palais de la Découverte. L’Homme. Tautavel. Paris. 16 février 2008. 18 octobre 2007 : présentation de l’ouvrage « Pont de Roque Haute. 2008 : 45-54. . — « Une anthropologue dans la Cité. — Membre du Comité scientifique du Musée d’Anthropologie Préhistorique (Principauté de Monaco). Marie-Rose Moro ». à l’occasion de la présentation de l’ouvrage « Les excavacions a la Balma de la Margineda (1979-1991) » : conférence « Aux racines de l’Andorre. 185-186. 26 octobre 2007 : conférence autour du film « Le Sacre de l’Homme » (J. Nespoulous (INALCO). Entretien avec Françoise Héritier par Michèle Fiéloux. artifice et imagination ». 1982-1998 Publications parues — « Chimères. 19-21 juin 2008). Smadja. — Membre du jury du prix « Clio-Archéologie » (20 juin 2008). Buchez (EHESS). Nouveaux regards sur la néolithisation du Sud de la France » (allocution). Cliniques. Salanova (Université de Paris I. Saint-Pons : Inauguration du Musée de la Préhistoire et de la sculpture mégalithique (allocution). Claire Mestre. L’anthropologue et le contemporain : autour de Marc Augé. Tautavel. 2 avril 2008 : Communication « Manifestations religieuses néolithiques ».PROFESSEURS HONORAIRES 871 Conférences/Débats Portiragnes. — Membre du Comité scientifique du Colloque en l’honneur du 25e anniversaire du Séminaire International « Représentations préhistoriques » (Musée de l’Homme. Principauté d’Andorre (Farga Rossell). pp. La Balma de la Margineda ». cultures et sociétés 9 (1). séminaire d’E. Acte 2. un peu ondulés. 2008. innover. 24 octobre 2007. 177-214 in Marx contemporain. pp. 112 p. Il pensiero della differenza. . Comment je suis devenue ethnologue. — Théâtre de l’Odéon. Séminaires — Dans le cadre du Laboratoire d’anthropologie sociale. Robert Laffont. Onze femmes racontent leur père. — À voix haute. 2000 . Paris. Paris. direction de l’atelier mensuel de l’équipe Corps et Affects avec Margarita Xanthakou. Conférence-débat sur la féminisation dans l’entreprise. Série À voix nue. Séminaire Diversités plurielles. éd. brun. femmes : les mécanismes de la différence ». Éditions Syllepses et Espaces Marx. Conférence plénière : « Hommes. Éditions Le Cavalier bleu. Paris. « Pour le meilleur et pour le pire : l’homme entre culture et barbarie ». Histoire des Trente (1977-2007). pp. Flammarion. Conférence : « Transparence et clandestinité ». Conférence-anniversaire de la parution de Masculin/féminin. Collection Espaces Marx : Explorer. Collection Odile Jacob bibliothèque. Paris. 9 octobre 2007. Les Revues parlées. les cheveux coiffés en arrière. — Centre Georges Pompidou. TDK. Collection Monde en cours. 2002. Conférences — Centre des jeunes dirigeants d’entreprise. 50 penseurs pour comprendre le XXI e siècle. — L’Identique et le différent. grand. Paris. 1997. 2008. voies vers l’égalité ». Le premier homme de ma vie. Eurosites Georges V. Sorbonne. Éditions de l’Aube. 2008. — Total. CD-R80. Economica Laterza. pp. Editori Laterza. avec Laure Adler. Paris. — « Il était beau. 8 octobre 2007. — Maschile e femminile. La Pensée de la différence. Colloques Internationaux — Réseau entre la ville et l’hôpital pour l’orthogénie. avec un beau regard… ». Prima edizione Nei Sagettari Laterza. Collection audio. Paris. — « Masculin/féminin : raisons de la hiérarchie. Entretiens avec Caroline Broué. Julia Kristeva. Réédition 2007. 175-192 in Olivia Benhamou. Taslima Nasreen et Jean-Pierre Vincent. 149-166 in Anne Dhoquois (sous la direction de).872 PROFESSEURS HONORAIRES — « Françoise Héritier » 9. Paris. ouvrage dirigé par Nicolas Truong avec le Festival d’Avignon. sur le thème Femmes empêchées. 2008. Débat autour de l’ouvrage Corps et Affects. Atelier de la pensée. 2008. Paris. — avec Jacques Delcuvellerie et Annette Wieviorka. 8 mars 2008. Biblioteca universale Laterza. 118-131 in Le Théâtre des idées. Séminaire Corps et sciences sociales sous la direction de Dominique Memmi et Florence Bellivier. 2000. 23 janvier 2008. confronter. 2008. Elisabeth Guigou. — EHESS. Paris. pp. Gallimard-Collège de France. Paris. 14 mars 2007. Paris. dans Cahiers de la Villa Kerylos XIX. AnnCdF 2006-2007.PROFESSEURS HONORAIRES 873 Activités diverses — — — — — Vice-Présidente de la Fondation Médéric-Alzheimer. M.66). sous la direction de S. 2008. M. p. Jean Leclant. Castellvi et Fl. 11. Basch.-P. Heijmans. président d’honneur de la Société asiatique. — Préface à Les Pyrénées orientales (C. — Adresse à la XIe Conférence internationale des études nubiennes. Varsovie. — Préface à Arles. Membre du Conseil d’Administration du Collège international de philosophie. Résumé des cours et travaux. Proceedings of the 11th Conference for Nubian Studies. par J. 2008.G. Leclant. Warsaw University. t. Membre du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie. Crau.A. 2008. 13/5. par M. — Préface à La correspondance entre Mikhail Rostovtzeff et Franz Cumont. Distinctions — Commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur.G. — Allocution d’ouverture au XVIIIe colloque de la Villa Kerylos. président honoraire du Haut-comité des Célébrations nationales. Mazière. p. Participation à plusieurs colloques et conférences (Paris. Membre du Comité de vigilance de l’Institut Pasteur. 1979-1990 Missions et activités Secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. 2007. Paris. publications des professeurs honoraires ». 2007. de la Société internationale des études nubiennes et de la Société française d’égyptologie. dans Between the Cataracts. Publications — Les frères Reinach. 4-6 octobre 2007 : « Pratiques et discours alimentaires en Méditerranée de l’Antiquité à la Renaissance ». Beaulieu). Paris. G. Paris. Paris. Espagne et J. XXXVI. 2008. membre de l’Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres) Égyptologie. Kotarba. 27 August2 September 2006. Rothé et M.A. — Nombreux hommages d’ouvrages récents à l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres. . Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Vice-président de la Commission nationale française de l’UNESCO. Camargue (C. Membre de l’Académie universelle des cultures. — « Missions et activités. 28 mars. Et puis en sept ou huit lustres de travail sur ce thème et sur des sujets proches (histoire rurale. parfaitement exploré aussi grâce aux travaux (belges) de Pierre Alexandre. même si la contribution marxienne en ce domaine fut insuffisante. Les marxistes.) j’ai eu le temps d’accumuler des données. Monterin) à la poussée du petit âge glaciaire (alpin) au terme du xvie siècle. Luterbacher. Mes trois livres très récents. comme l’a souligné l’un d’entre eux. 11 janvier 2008.874 PROFESSEURS HONORAIRES — Allocution à la Journée d’hommage à François Chamoux. Guy Lemarchand et de Guy Bois. historico-climatiques. dates larges). Mon maître Braudel. Journée France-Japon. AIBL/SEMPAM. complémentaires des miens de l’époque 2000-2008. en sa Méditerranée. eussent dû être à l’avant-garde de telles enquêtes : le climat. au titre d’une histoire humaine et comparée du climat. une « force de production » ? À vrai dire. elles ont rajeuni la question en tout ou partie. près d’une quarantaine d’années après l’Histoire du climat depuis l’An Mil (1967). Kautsky. Holzhauseer) j’ai décrit le petit âge glaciaire (FAG. ai-je récidivé. idem) ? C’est que depuis cette date du siècle précédent. on citera néanmoins. Fayard. peu connus. les noms respectés d’Alain Croix. 1973-1999 Pourquoi. du géographe U. résumés en un Abrégé d’Histoire du Climat (2007. Leclant a reçu le diplôme de docteur honoris causa de l’Université de Vienne. avec leurs conceptions matérialistes. etc. J. AIBL. parue chez Fayard ces temps-ci en deux volumes. hors marxisme. n’est-il pas lui aussi. J’ai affiné divers détails. tout en esquissant les grandes lignes du phénomène. Jean-Yves Grenier. Jean Nicolas. avec sa variabilité considérable. après quelques autres. bien des recherches nouvelles sont apparues . allant du ixe siècle au xiiie. M. Palais de l’Institut. allant de 1300 à 1860. fit allusion le premier (sur la base des travaux italiens. — Allocution. — Allocution d’accueil à la IVe Journée d’études nord-africaines : « Les monuments et les cultes funéraires ». remise à jour ensuite à plusieurs reprises. Palais de l’Institut. les contributions majeures de François Lebrun. Autriche. grands dépendeurs d’archives. notre illustre collègue. Distinctions Le 16 novembre 2007. selon le vocabulaire du vieux Karl. Emmanuel Le Roy Ladurie. membre de l’Institut (Académie des Sciences morales et politiques) Histoire de la civilisation moderne. AIBL. auxquels s’ajoutent. posent les bases d’une chronologie : celle du petit optimum médiéval alias POM. J’ai remis ce FAG en . M’aidant des enquêtes de l’école de Berne (Pfister. ou certaines d’entre elles. Jean Meuvret et Micheline Baulant ont beaucoup fait eux aussi pour établir la chronologie multiséculaire… et quotidienne des prix du blé (fort influencés par le climat de chaque année) et des dates de vendanges. Palais de l’Institut. 23 mai 2008. y compris 2007-2008. bien sûr. Livres Histoire humaine et comparée du climat. par météo trop froide et trop humide . etc. Jean-Claude Pecker. M. que soit créée dans le même esprit pfistérien une data bank à la française.) J’ai proposé. depuis dix siècles. compte tenu de l’existence. En France. les données disponibles ou enfouies dans les Archives sont littéralement innombrables. Soboul… Politisation. Christian Pfister nous a offert une superbe histoire du climat suisse de 1530 à nos jours. me semble-t-il. Fayard. Fayard. du moins quant à l’inscription chronologique de ces deux pré-révolutions et révolutions dont les causalités profondes nonécologiques. recensant les faits climatiques bon an mal an. . au sujet de la Fronde un ou plusieurs concepts de politisation du climat. déshydratation. Ils justifient. nous sont exposées par ailleurs dans les grands travaux de Furet. saison par saison.. mes ouvrages de ces dernières années. famines. d’une prestigieuse Chaire d’Evolution du climat et de l’océan dont notre éminent collègue Edouard Bard est le titulaire. etc. 2004 et 2006. On attend toujours. Abrégé de l’Histoire du Climat du Moyen Age à nos jours. leur brève mention dans le présent annuaire. Entretiens avec Anouchka Vasak..). 1964-1988 I. Travaux et publications a) Travaux en cours Mes travaux se poursuivent dans les directions suivantes : (i) L’étude et la publication des correspondances de Jérôme Lalande (en collaboration avec Mme Simone Dumont. 2007. ainsi que ceux de Pascal Yiou et de Madame Daux sur les dates de vendanges constituent des pierres d’attente à cet égard. et sans doute suis-je le premier coupable. culturelles. et 600 000 en 1709. 1 300 000 morts français en 1693 . membre de l’Institut (Académie des Sciences) Astrophysique théorique. Ozouf. etc. Sur ce point. mois par mois. Et puis la canicule de 1718-1719 avec ses 450 000 morts surtout infantiles (dysenterie. anticipatrices du global warming ? Avec sa vaste base CLIM-HIST. avec leur prélèvement mortel sur les populations. astronome à l’Observatoire de Paris). par ailleurs. 2 vol. l’Histoire doit donc céder le pas aux sciences dures.PROFESSEURS HONORAIRES 875 chantier dans mes dernières contributions et j’ai tenté par ailleurs d’en préciser l’impact humain. (politiques. qui va revenir à l’ordre du jour lors des grandes chaleurs de 2003 . Mes travaux susdits. Ils deviennent infiniment plus évidents en 1788-1789 et en 1845-1846-1848. -C. permettant leur datation (avec Mme A. 755-824.V. et sur Voltaire. La Méridienne de France. Françoise Launay. Wickramasinghe. 2007. un astronome des Lumières.-C. Pierre Bayart.. Le Programme de Versailles. P.. pour ce qui concerne l’astronomie. De Lumley. Au ciel de l’enfance. UK). dans : L’Astronomie. dans le quotidien Sud-Ouest. notamment les Bernouilli. Figurations de l’amas stellaire des Pléiades sur deux roches gravées de la région du Mont Bégo. cet article a été reproduit dans La Lettre du Collège de France. Inde. 2007. et von Zach. 2. J. et les conséquences cosmologiques de cette détermination (collaboration avec les Professeurs J. J. Cardiff. mai 2007. Lalandiana I. J. dans : L’astronomie. 2007 .. Lettres à sa chère Pantomaté . P. Pune. H. Galaxies de marée. (ii) Histoire du Collège de France. Romain. et se complètent par des textes (sous presse) sur Lalande. Interview par Mme Pinhas.-C. c) Préfaces des ouvrages suivants Simone Dumont.-C. pour l’Histoire du CNRS : Petite et grande histoire d’astrophysique. Vrin éd.. Correspondances de Jérôme Lalande. O.-C. globe-trotter de la physique solaire. p.876 PROFESSEURS HONORAIRES continuent par l’analyse de la correspondance de Lalande avec ses correspondants de l’Académie de Berlin. 2008.. 2007. (iv) Évaluation de l’influence de l’évolution stellaire dans les premières phases de la formation des planètes. (iii) Détermination de la contribution locale (stellaire et galactique) au rayonnement de fond du ciel dans les grandes longueurs d’onde des « microondes » radioélectriques. 2008. 2007. du Laboratoire de Paléo-anthropologie du Lautaret à Nice). Histoire de l’Académie des Sciences. P.. 1. n° 22 et n° 23. 20 juin 2008.. Narlikar. Echassoux. P. A. 111. (v) Continuation de l’étude de l’origine astronomique des pétroglyphes du Mont Bégo (Alpes-Maritimes). P. Lalande. Lettres à l’astronome Honoré Flaugergues. pour ce qui concerne l’astronomie . P. dans : L’anthropologie. Vuibert éd. Jules Janssen. P.. . sous presse. Échassoux et le Professeur H. volume II. Institut Français d’Histoire de l’Espace éd. d) Articles divers J. 229-230. J. 2008.. dans : Les débuts de la Recherche Spatiale Française : Au temps des fusées–sondes. Interview par Christian Seguin. b) Ouvrages Simone Dumont & J.-C. et C. Les astronomes du Collège de France.-C.. Baleares éd. J.. Vuibert éd. p. de Lumley. maladies professionnelles. Science and human development. 2 août 2007 : Conférence publique à l’Observatoire d’Abbadia : Les matins d’un astronome solaire. (7) École normale supérieure.-C. (8) Strasbourg. genèse au temps des révolutions). (3) Bourg-en-Bresse. Je préside le Comité éditorial de la Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine qui a mis en chantier plusieurs numéros spéciaux importants (fascisme italien. sur La (re)fondation des observatoires astronomiques sous la IIIe République. P. Je dirige et participe à l’édition des Mémoires. (2) Hendaye. 29 avril 2008. Astronomy of the microsecond. M. (10) Bordeaux. Colloque Lalande – Loewy. Chine. et sur Creationism in cosmology. Observatoire de Paris. Ce texte fondamental pour la culture et l’histoire du XVIIIe siècle français et européen a été publié dans le cadre d’une coopération Collège de France. colloque à l’Observatoire de Bordeaux-Floirac. J. 21-29 novembre 2007 : participation au Symposium de l’Union Astronomique Internationale. Daniel Roche Histoire de la France des Lumières. commencée en 2000 . 15-21 novembre 2007. Missions diverses. Observatoire de Strasbourg. (9) Strasbourg. Deux conférences en anglais sur Popularisation of science. 1999-2005 Activités de recherches Mes activités de recherches se poursuivent dans trois directions principales. en fin de colloque. conférences et colloques (1) 13 juin 2007. Contribution : Les modèles des atmosphères solaire et stellaires : construction et limites.PROFESSEURS HONORAIRES 877 II. Chine. Réunion mensuelle de l’Union Rationaliste. colloque en hommage à Robert Dautray sur Le transfert radiatif. Rédaction d’un mémoire en commun sur le rayonnement cosmologique. Ces deux textes seront publiés dans les Actes du colloque.Wickramasinghe. (6) Cardiff (Wales. IRIST. à l’occasion de l’exposition Lalande. 2008. Paris. conférence : Lalande et Bourg-en-Bresse. histoire du climat. Mes loisirs ou Journal d’événements tels qu’ils parviennent à ma connaissance (1753-1783). Université de Strasbourg. a présidé l’ensemble du Colloque et prononcé une Allocution d’ouverture . (5) Shanghai. 28 avril 2008. Conférence : Le débat sur le « big bang ». 9-10 octobre 2007. (4) Beijing. il en a tiré les Conclusions. UK) 11-18 décembre 2007 : discussions scientifiques à l’Université avec mon collègue anglais Ch. Conférence: Le traitement des images et les observations de galaxies. 29-30 mai 2008. 1) La participation à des activités d’organisation et de coordination éditoriale ou de diffusion. colloque organisé par le Center of Inquiry Transnational de Beijing. Contribution : Napoléon contre Lalande. guerres seront d’abord les trames principales de cette histoire socio-culturelle de la culture équestre. T. XVIe-XIXe siècles. Il s’agit de mesurer les circulations internationales et transnationales. A. Association pour l’Académie équestre de Versailles. 1. Bastien. de la route aux auberges. Québec Presses de l’Université de Laval. après avoir achevé l’enquête sur les capitales culturelles et contribué à conclure le volume. pédagogie. le séminaire de l’IHMC sera consacré à une réflexion générale critique sur l’historiographie et les méthodes à utiliser dans le projet. Le Temps des capitales culturelles européennes (XVIIIe-XXe siècle) (sous presse aux Editions Champvallon). Roche et D. 2) Je poursuis mon travail dans le domaine de la culture équestre. Simeon Prosper Hardy. ceux des usages politiques des circulations culturelles dans la construction des empires européens. enfin les questions des circulations artistiques. . La prochaine étape consiste à retrouver autrement ces transformations en reprenant l’analyse de l’économie matérielle et sociale de la distinction. L’Ombre du cheval. Il montre l’accroissement des chevaux suscité par le besoin d’énergie entre le XVIe et le XIXe siècle et il inverse l’habituelle analyse de l‘histoire des chevaux et des hommes en conférant à l’utilité. Le cheval moteur.878 PROFESSEURS HONORAIRES avec l’association de l’IHMC (CNRS-ENS). 3) Dans le cadre de l’IHMC. Le tome 1 est sorti au premier trimestre 2008. à l’aléa social dans les usages. le Cheval moteur. à l’aléa agricole dans l’élevage. dirigé par C. 400 p. 836 p. Parallèlement. celle du triomphe des véhicule. Pouvoir. 2008. ceux des savoirs sociaux et techniques. 479 p. Le sujet souligne l’importance d’une histoire des sciences et des techniques confrontée au vivant. à la ville. 2008. a été publié chez Fayard. les échanges et les refus culturels. Publications Livres A Cheval ! Ecuyers. vol. Paris. au monde des producteurs et des utilisateurs le rôle premier. 1753-1770. Roche et P. Paris. Reytier. il sera suivi d’une dizaine de volumes que complèteront les actes de rencontres organisées au Collège autour du texte. Dans une première étape. Au centre du livre. on retrouve les acteurs de deux révolutions majeures. Fayard. du village à la cité. 1. Mes loisirs. sous la direction de D. je participe à la mise en route d’une nouvelle entreprise consacrée à l’Histoire de l’internationalisation culturelle en Europe de 1750 à 1950. Un premier tome. celles de la sélection des nouveaux chevaux. il définira autour des quatre axes principaux le choix des problèmes à aborder : ceux du livre et des traductions. sous la direction de D. La culture équestre occidentale. Charle. amazones et cavaliers du XVIe au XXIe siècle. de l’Université de Laval au Canada et la collaboration de l’équipe du Professeur Pascal Bastien de l’Université du Québec à Montréal. Mme Jacqueline de Romilly. 28. conférence d’introduction au colloque sur la vertu. P. Nombreuses interviews sur ces divers sujets. De Fallois. 349-357. membre de l’Institut (Académie des Sciences) Algèbre et géométrie. 84-87. Besançon. — Two letters to Jaap Top. Annales de l’Université de Franche-Comté. in “Algebraic Geometry and its Applications” (J. « Ménétra et la femme ». pp. Mélanges Maurice Gresset. J. Oxford. 125 p. à l’Institut de France. pp.Co. J. Harvard. 1956-1994 Publications — Three letters to Walter Feit on group representations and quaternions. le 12 décembre 2007. 820.). 3) Autres activités — Divers articles sur la Grèce. 2008. du voyage à la philosophie ». 2) Conférences — « Osons parler de la vertu ! ».PROFESSEURS HONORAIRES 879 Articles « Voltaire. Chaumine.Publ. septembre-octobre 2007. Delsalle ed. 2008. World Sci. de l’Académie française et de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres La Grèce et la formation de la pensée morale et politique. M. (2008). 43-60. Algebra 319 (2008). le 25 janvier 2008. éd. 549-557. Cours — Finite Groups in Number Theory (10 exposés). 1973-1984 1) Livres — Le sourire innombrable. pp. — Participation au film de la série Empreintes pour France 5. janvier 2008. Rolland edit. . Studies on Voltaire.. et diverses introductions ou lettres d’introduction à des livres d’enseignement et de culture grecque ou de langue française. Jean-Pierre Serre. Hirschfeld & R. I.P. mai 2008. . — Lie groups and prime numbers.I.. — Variation with p of the number of solutions mod p of a system of polynomial equations. Il s’agit de la publication de la correspondance de Nicolas Poussin. un chapitre d’introduction : Charles Le Brun et la Galerie des Glaces : un moment de l’histoire de l’art français (p. et dans le grand volume imprimé par les éditions Faton. janvier 2008. octobre 2007. De cette expérience sont issus à la fin de 2007 un petit fascicule en couleurs de 128 pages publié par les éditions Gallimard. Après le contact direct avec les œuvres. — L’arithmétique des groupes de Cremona. Montréal. — Finite subgroups of G(k) where G is a reductive group.. Vancouver. nous ont empêché de faire état ici de ces travaux. Une occasion unique s’offrait d’examiner de tout près les peintures de Le Brun. décembre 2007 (2 exposés). les sculptures et les ornements. mai 2008. décembre 2007 . mai 2008. Lausanne. qui se croisaient avec de malencontreuses difficultés de santé. where Cr is the Cremona group in 2 variables. M.M. mais que des circonstances diverses nous avaient plusieurs fois contraint d’interrompre. Les temps de parution. 22-29). C. C. Distinction Doctorat honoris causa de l’université McGill.M. Bielefeld. et nous avons tenu à reprendre et conduire à sa fin un projet longtemps caressé.. Montréal. E. novembre 2007. juin 2008. Luminy. Chevaleret. — Finite subgroups of Cr(k). — Représentations linéaires des groupes finis en caractéristique p > 0. Marseille. Vancouver. — Sous-groupes finis du groupe de Cremona (propriétés arithmétiques).F. Brown University.L. Bielefeld. nous avons cru opportun de revenir durant cette année 2006-2007 au domaine de la réflexion. Luminy. février 2008. septembre 2007.R. Jacques Thuillier Histoire de la création artistique 1977-1998 Durant l’année des cours et travaux de 2005-2006 notre attention a été requise par un événement exceptionnel autant qu’inattendu : la restauration complète de la Galerie des Glaces au château de Versailles.880 PROFESSEURS HONORAIRES Exposés — Discrete groups of rotations in 3-space. — Comment utiliser les corps finis pour des problèmes concernant les corps infinis. décembre 2007.R. — Le groupe de Cremona. Harvard. février 2008. D’autre part le public des « poussinistes » s’est multiplié. il nous a semblé qu’il convenait de compléter la correspondance par la réunion des multiples testaments de l’artiste. ils offrent une image de Poussin. De plus. L’expérience de l’enseignement nous a trop prouvé l’utilité d’une annotation en marge de tous les textes anciens pour que nous ayons cru devoir nous contenter de brefs renvois. Le 22 mai. En un siècle seules peu de lettres nouvelles sont apparues . il a reçu le Prix spécial (Award) pour 2007 de la Japan Society for Promotion of Science qui lui a été remis par le professeur Ono. l’Angleterre et le Japon. En même temps il a bien souvent quelque peine à pénétrer l’orthographe et le vocabulaire du vieil artiste. non moins sincère. et secrétaire d’Etat à la Recherche. M. la grande exposition Poussin voulue par André Chastel et organisée au Louvre par Sir Anthony Blunt a multiplié les manifestations consacrées aux peintures et dessins de l’artiste. Il en va pareillement de l’inventaire après décès. l’Allemagne. Elle est due à Charles Jouanny. Mais elle n’a jamais été réimprimée et il est devenu malaisé d’en trouver un exemplaire. le professeur a participé à Madrid à la réunion du Comité des Publications de la Casa de Velázquez dont il est d’autre part membre du Conseil d’Administration.P. Ainsi. la Correspondance de Nicolas Poussin de Charles Jouanny comportait déjà xvi – 524 pages. Or ce public souhaite un texte minutieusement établi à partir des originaux de l’artiste. On les avait jusqu’ici négligés. l’Italie. Pierre Toubert. il a donné une série de conférences à l’Université de Nagoya (Japon). Il dépasse largement la France. Nous pensons livrer ainsi une approche commode de la correspondance qui nous reste de Poussin. En 1911. En marge des lettres. — Du 16 au 30 mai 2007. On ne s’étonnera pas qu’après cent ans la remise au point nous ait réclamé plus d’une année de travail. et par conséquent savante et intelligente. tout compte fait. en 1960.PROFESSEURS HONORAIRES 881 Le public et les érudits ne disposent que d’une édition qui remonte à 1911. Nous souhaitons seulement qu’elle puisse réveiller la critique. . membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) Histoire de l’Occident méditerranéen au Moyen Âge Rapport d’activité 2007-2008 I — Missions et activités — Les 3-6 mai 2007. Nous n’avons pas cru que doubler le texte de Poussin d’une version modernisée serait une offense ou une prudence superflue. directeur du J.S. mais en revanche de nombreux documents ou des fragments importants sont venus compléter notre savoir.S. Peut-être une relecture de ses textes pourra-t-elle pareillement aider à nous rapprocher de sa pensée. dit « le nouveau Potthast ». il a organisé au Collège de France la réunion des membres belges et français du Comité de Rédaction de la revue Le Moyen Age dont il est l’un des co-directeurs. prix annuel du Centre européen de Promotion de l’Histoire (Blois). 3) « Disettes. Alghero (Sassari). Il y a donné une communication intitulée : « Disettes. Pratiques et discours alimentaires en Méditerranée de l’Antiquité à la Renaissance ».882 PROFESSEURS HONORAIRES — Du 18 au 23 juin.N. De Boccard. il a participé au jury qui a décerné le Grand Prix de l’Histoire Augustin-Thierry. famines et contrôle du risque alimentaire dans le monde méditerranéen au Moyen Age ». 7-11 novembre 2006. il a accompli une mission à Madrid et participé au Comité des Publications de la Casa de Velázquez.). dans les Actes du congrès international La pastorizia nel Mediterraneo. réuni à la Casa de Velázquez (Madrid) du 29 septembre au 1er octobre 2003.S. il a participé à Madrid à la réunion périodique du Comité des Publications de la Casa de Velázquez.). en cours de publication sous la direction d’A. il a participé à la réunion du Conseil d’Administration de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon (E. — Les 14 mars et 26 juin 2008. vol. — Du 23 au 25 novembre. — Du 8 au 12 novembre. Publications de l’Université de Sassari. il a participé aux réunions du Conseil Scientifique de l’Ecole Nationale des Chartes dont il fait partie au titre de l’Institut de France.S. 2) « La percezione del rischio nella pastorizia del mondo mediterraneo nord-occidentale ». Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. — Du 4 au 8 octobre. — Le 23 juin 2008. à paraître dans les Actes des colloques de la Villa Kerylos. 1862-1895 ». dans les Actes du colloque sur Les sociétés méditerranéennes devant le risque. II — Publications sous presse 1) « La perception sociale du risque dans le monde méditerranéen au Moyen Age ». — Du 8 au 12 mai 2008. . sous la direction de G. il a participé au Colloque International organisé à la Villa Kerylos de Beaulieu sur Mer par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. il a co-dirigé avec le professeur Michel Zink un séminaire de recherches de la Fondation des Treilles qui avait pour objet de mettre au point la publication par les Editions Fayard de l’ensemble des leçons inaugurales des professeurs du Collège de France relatives au Moyen Age et à la Renaissance. il a participé à Rome au Colloque International organisé par l’Istituto storico italiano per il Medioevo pour célébrer l’achèvement du Repertorium Fontium Medii Aevi. — Le 17 mars 2008. – L. Mattone. XIX. — Le 25 septembre.H. Il a à cette occasion donné la conférence d’ouverture sur « L’œuvre d’August Potthast. octobre 2008. éd. XI-XX). — Le professeur a été nommé en octobre 2007 membre du Conseil Scientifique de la Fondation des Treilles (Fondation Schlumberger – Grüner) et il a participé à la réunion dudit Conseil le 11 février 2008. Storia e dirrito (sec. Chastagnaret (éd. famines et contrôle du risque alimentaire dans le monde méditerranéen au Moyen Age ». ENSEIGNEMENT DES PROFESSEURS EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER EN FRANCE Université de la Rochelle M. Traitement des signaux acoustiques dans la cochlée . Des gènes à la physiologie moléculaire de la cochlée. 6 cours sur : Questions relatives à l’économie et à la religion de la Gaule. John S (titulaire de la Chaire de Religion. . Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) Strasbourg Mme Christine P (titulaire de la Chaire de Génétique et Physiologie cellulaire) a donné en avril 2008. 2. 4 séminaires sur : Les cultes des eaux. 2 cours sur : Audition et surdités héréditaires : 1. Institutions et Société de la Rome antique) a donné au printemps 2008. 3 cours sur : Exo-planètes. étoiles et galaxies : progrès de l’observation et 3 séminaires sur : Séminaire général d’astrophysique. Université Marc Bloch de Strasbourg M. Christian GOUDINEAU (titulaire de la Chaire d’Antiquités nationales) a donné au printemps 2008. Université de Nice Sophia-Antipolis M. Antoine L (titulaire de la Chaire d’Astrophysique observationnelle) a donné en mars 2008. Université de Toulouse-le Mirail M. sur : Progrès récents en chimie moléculaire et supramoléculaire. Systèmes organiques et inorganiques et 7 séminaires. Édouard B (titulaire de la Chaire d’Évolution du climat et de l’océan) a donné en octobre 2007. 3 cours sur : Autoorganisation supramoléculaire.884 ENSEIGNEMENT DES PROFESSEURS EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER Université Louis Pasteur de Strasbourg M. Institutions et Société de la Rome antique) a donné en janvier 2008. ENSEIGNEMENT À L’ÉTRANGER ALLEMAGNE Université de Bonn (Chaire Ernst Robert Curtius) M. Université de Kiel M. 1 cours sur : La poésie comme récit. Jean-Louis M (titulaire de la Chaire de Génétique humaine) a donné 1 cours sur : Génétique de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Pierre C (titulaire de la Chaire de Médecine expérimentale) a donné en mars 2008. M.Toulouse M. Exemples médiévaux. 1 cours sur : Système rénine et angiogenèse. d’octobre 2007 à juin 2008. Michel Z (titulaire de la Chaire de Littératures de la France médiévale) a donné du 26 novembre au 1er décembre 2007. Jean-Marie L (titulaire de la Chaire de Chimie des interactions moléculaires) a donné en décembre 2007 . M. John S (titulaire de la Chaire de Religion. Faculté de médecine de Rangueil. 2 cours sur : Poèmes raisonneurs et récits poétiques : novas occitanes et Pais bretons. . 1 cours sur : The tropical record of abrupt climate changes. 1 cours sur : Le sens des rites dans la religion romaine et 1 séminaire en relation avec le sujet du cours.janvier 2008. Michel Z (titulaire de la Chaire de Littératures de la France médiévale) a donné en mai 2008. Jean-Marie L (titulaire de la Chaire de Chimie des interactions moléculaires) a donné en octobre 2007. 1 cours et 2 séminaires sur : Climats du passé et du futur. 2 cours sur : Recherches récentes sur l’empire achéménide. Pierre B (titulaire de la Chaire d’Histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire d’Alexandre) a donné en novembre 2007. 4 cours sur : Supramolecular Chemistry From Molecular Recognition towards Self-Organization. . Beijing Mme Christine P (titulaire de la Chaire de Génétique et physiologie cellulaire) a donné 5 cours sur : Hearing and deafness.Université de Vancouver M. Alain B (titulaire de la Chaire de Physiologie de la perception et de l’action) a donné en mai 2008. City University of Hong Kong M. 4 cours sur : Principes simplificateurs dans les mécanismes cérébraux de la perception et de l’action. Chinese PLA General Hospital. BRÉSIL Université de São-Paulo (Chaire Levi-Strauss) Mme Mireille D-M (titulaire de la Chaire d’Études juridiques et internationalisation du droit) a donné en octobre 2007. CHINE Institute of Otolaryngology. 4 cours sur : Le droit pénal de l’inhumain et 2 séminaires en relation avec le sujet du cours. Édouard B (titulaire de la Chaire d’Évolution du climat et de l’océan) a donné en février 2008. CANADA Université de Montréal .ENSEIGNEMENT DES PROFESSEURS EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER 885 BELGIQUE Université Libre de Bruxelles M. GRANDE-BRETAGNE Maison française d’Oxford M. ÉTATS-UNIS Université de Chicago M.886 ENSEIGNEMENT DES PROFESSEURS EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER Université de Cambridge M. 3 cours sur : « Single Electron Effects in Mesoscopic Systems ». M. M. 1 cours sur : The ocean record of the last deglaciation. Édouard B (titulaire de la Chaire d’Évolution du climat et de l’océan) a donné en octobre 2007. . et 4 séminaires sur : Ce que la poésie raconte. Michel Z (titulaire de la Chaire de Littératures de la France médiévale) a donné en avril 2008. Stanislas D (titulaire de la Chaire de Psychologie cognitive expérimentale) a donné en février 2008. Alain B (titulaire de la Chaire de Physiologie de la perception et de l’action) a donné en mai 2008. 3 cours sur : High latitude and tropical records of rapid climate changes. Massachusetts Institute of Technology . Michel D (titulaire de la Chaire de Physique mésoscopique) a donné en octobre 2007. M. Édouard B (titulaire de la Chaire d’Évolution du climat et de l’océan) a donné en janvier 2008.The visual word form area : myth or reality ? 2 . 3 cours sur : « Reading in the brain » : 1 . 5 cours sur : Principes simplificateurs dans les mécanismes cérébraux de la perception et de l’action.Mirror errors : evidence for neuronal recycling in reading acquisition. Université de Yale.Université de Harvard Université de Portland M. nouvelles courtoises. Serge H (titulaire de la Chaire de Physique quantique) a donné en septembre-octobre 2007. New Haven M. 2 cours sur : Poésie courtoise. 4 cours sur : Exploring the quantum dynamics of atoms and photons in cavities. 3 .Subliminal and supraliminal processing of words and digits. et 2 séminaires : Discussion de sources en relation avec le sujet du cours. Pierre C (titulaire de la Chaire de Médecine expérimentale) a donné en mars 2008. 4 cours sur : Supramolecular Chemistry . Spyros A-T (titulaire de la Chaire de Biologie et génétique du développement) a donné en février 2008. Lomonossov Moscow State University M. Engineers and state-building : Li Yizhi (1882-1938) and his circle. Jean-Marie L (titulaire de la Chaire de Chimie des interactions moléculaires) a donné en septembre-octobre 2007. Venise M. Militarism and the revolutionary connection in late-Qing and early Republican Shaanxi province . 3 cours sur : The development biology and evolutionary implications of Notch signaling crosstalk. RUSSIE M. PAYS-BAS Université d’Utrecht M. SINGAPOUR Agency for Science and Technology M. 2.V.ENSEIGNEMENT DES PROFESSEURS EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER 887 GRÈCE Université d’Athènes M.From Molecular Recognition towards Self-Organization. Pierre-Étienne W (titulaire de la Chaire d’Histoire de la Chine moderne a donné en mai 2008. Édouard B (titulaire de la Chaire d’Évolution du climat et de l’océan) a donné en septembre 2007. 2 cours sur : 1. . 1 cours sur : Normal and abnormal angiogenesis. 1 cours sur : The last deglaciation. ITALIE Université Ca’Foscari. Jacques L (titulaire de la Chaire de Chimie de la matière condensée) a donné en avril 2008. Carlo O (titulaire de la Chaire de Littératures modernes de l’Europe néolatine) a donné de septembre 2007 à mars 2008. SUISSE Université de la Suisse Italienne Lugano M. 6 cours sur : Nouvelles avancées en chimie du solide . ses cours sur : « Renaissance » et « création » au XVIe siècle. Jean-Marie L (titulaire de la Chaire de Chimie des interactions moléculaires) a donné 3 cours sur : From Supramolecular Chemistry to Constitutional Dynamic Chemistry. M.888 SUÈDE ENSEIGNEMENT DES PROFESSEURS EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER Université d’Uppsala M. Mme Christine P (titulaire de la Chaire de Génétique et physiologie cellulaire) a donné 2 cours sur : Hereditary deafness : from the genes to the cellular and molecular mechanisms of hearing. TUNISIE Université de Tunis M. Jacques L (titulaire de la Chaire de Chimie de la matière condensée) a donné une série de cours sur : Soft chemistry synthesis of advanced materials. The Biology and Genetics of Skin and Hair . 5 et 12 février 2008. Professeur à l’Université Rockefeller de New York (ÉtatsUnis). Le royaume d’Ebla et ses voisins . une série de leçons sur le sujet suivant : The theory of signals and its application to human behaviour. Professeur à l’Université « La Sapienza » de Rome (Italie) a donné les 5. Professeur. d’après les archives d’Ebla. Leonid Kogan. Le couloir de Téthys et les problèmes de la Transeuphratène. Diego Gambetta. réseaux. Université d’Oxford (Grande-Bretagne) a donné les 27 novembre. Mme Maria Giovanna Biga. Chaires d’état réservées à ses savants étrangers M. 19 et 26 février 2008. une série de leçons sur les sujets suivants : 1. 11 et 18 décembre 2007. une série de leçons sur les sujets suivants : 1. interdépendances . 4. 4. Les pentes de la connectivité .-C. M. une série de leçons sur le sujet suivant : Les noms des plantes akkadiennes dans leur contexte sémitique : 1. Migration and Cancer . L’organisation de l’État eblaite . Cell adhesion. J.COURS ET CONFÉRENCES SUR INVITATION DE L’ASSEMBLÉE DES PROFESSEURS I. 2. Professeur à Nuffield College. une série de leçons sur le sujet suivant : La Syrie au IIIe millénaire av. a donné les 4. 3. 2. Ethics and potential for Medicine . St. a donné les 8. sur le sujet suivant : L’archéologie de la pensée égyptienne : classification et catégories des anciens égyptiens. Aux marges de la Méditerranée : écologie. 2. M. 3. La religion d’Ebla. 29 janvier. Stem Cells of the Skin and their Lineages. Oxford (Grande-Bretagne) a donné les 23 et 30 octobre. 4. Introduction : terminologie . M. Orly Goldwasser. 1. Devenir maritime . Professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem (Israël) a donné les 22. 11. Mme Elaine Fuchs. 6 et 13 novembre 2007. La vie à la cour d’Ebla . Stem Cells : Biology. 18 et 22 janvier 2008. Nicholas Purcell. Professeur à l’Université d’État de Russie. 15. John’s College. 4. 18 et 25 mars 2008. la royauté et la gestion du pouvoir . 3. 12. Professeur à l’Université de Rutgers. Du pacte de 1943 à l’accord de Taef : les résistances à la déconfessionnalisation . Intervention. 2. Professeur à l’Université de Leiden (Pays-Bas) a donné les 6. Occupation and Human Rights . 27 et 29 mai 2008. Les pathosformeln du rire et la gravure européenne au début de la modernité . Mme Jean Cohen. Professeur à l’Université de Fribourg (Suisse) a donné les 15. Plantes domestiquées : les céréales et les légumes . 22.890 COURS ET CONFÉRENCES botanique générale et noms des parties des plantes . 23. the adoption of universal faiths by the Turkic nomads . 13. 2. . Rights and International Law in the Epoch of Globalization : 1. The origins and shaping of the Turks of medieval Eurasia . 3. Professeur à l’Université de Beyrouth (Liban) a donné les 6. Plantes sauvages . Le système politique libanais a-t-il un avenir ? M. Ethnicity in Medieval Eurasia . Sovereignty and International Law : A Dualist Perspective .e. 2. Professeur à l’Université de Columbia. Ce qu’ « indépendance » voulait dire… 3. 4. 26 et 31 mars 2008. M. 14. 3. The Qïpchaqs : origins and migrations. une série de leçons sur les sujets suivants : 1. 2. une série de leçons sur le sujet suivant : Les quatre phases de la religion mazdéenne. Towards the Constitutionalization of International Law. 4. Les gravures du Quichotte en France du XVIIe siècle. New Jersey (États-Unis) a donné les 7. 2. 21 et 28 mai 2008. 3. Jose Alexandre Scheinkman. 14. Professeur à l’Université de Princeton (ÉtatsUnis) a donné les 10. 14. une série de leçons sur le sujet suivant : Long Term Risk. i. Peter Golden. Victor Stoichita. Sacral kingship among the early Turkic peoples with particular reference to the khazars . M. 21 et 28 mai 2008. Plantes domestiquées : les arbres et la vigne. José Emilio Burucúa. une série de leçons sur les sujets suivants : 1. Le massacre ancien et le massacre moderne : problèmes d’historiographie et de représentation . Ahmad Beydoun. 30 mai et 6 juin 2008. Albert de Jong. M. Une nouvelle donne inter-communautaire ? 4. une série de leçons sur les sujets suivants : 1. M. Professeur à l’Université San Martín (Argentine) a donné les 7. Le concept d’altérité et la représentation picturale de l’histoire d’Ulysse depuis la Renaissance . 3. 19 et 26 mai 2008. 4. M. 20 et 27 mai 2008. Cosmopolitanism and Empire . 4. The origins of the Khazars and their conversion to judaism in a Eurasian context. New York (États-Unis) a donné les 7. une série de leçons sur le sujet suivant : Rethinking Sovereignty. 17. une série de leçons sur le sujet suivant : Des larmes et des Saints. une série de leçons sur le sujet suivant : Rythms of the Brain : Neuronal synchrony : 1. Fondation Claude-Antoine Peccot Mme Karine Beauchard. a donné les 17. Professeur à l’Université Rutgers. Internally advancing assemblies in the hippocampus . deux conférences sur les sujets suivants : 1. a donné les 4 et 11 avril. Newark (États-Unis) a donné les 12. 3. Professeur à l’Université de Genève (Suisse) a donné le 8 octobre 2007. 31 mars. Séoul (Corée) a donné le 20 novembre 2007. M. une série de leçons sur le sujet suivant : Contrôle d’équations de Schrödinger. II. Gaëtan Chenevier. 7 et 14 avril 2008. Sungkyunkwan University. V. . Conférences du don en souvenir de Winnaretta Singer : Princesse Edmond de Polignac M. 4.COURS ET CONFÉRENCES 891 M. 2. IV. Dong-Hyun Son. Professeur. Thomas Bourgeron. III. 16. La vulnérabilité génétique à l’autisme : les altérations synaptiques . Gyorgy Buzsáki. 2. Chargée de Recherches au CNRS. 19 et 26 juin 2008. une série de leçons sur le sujet suivant : Variétés de Hecke des groupes unitaires et représentations galoisiennes. La vulnérabilité génétique à l’autisme : les altérations de l’horloge circadiennes. Fondation Antoine Laccassagne M. Metabolic and wiring costs of excitatory and inhibitory systems . Chargé de Recherches au CNRS. une conférence sur le sujet suivant : Une rhétorique antique du blâme et de l’éloge : la religion des autres. Conférence Michonis M. 23 et 30 janvier 2008. une conférence sur le sujet suivant : Une anthropologie philosophique des technologies de l’information et de la communication : une réflexion taoïste sur la réalité virtuelle. Oscillatory and non-Oscillatory emergence of cell assemblies . Professeur à l’Université Paris VII. Coupling of hippocampal and neocortical systems. Philippe Borgeaud. a donné les 9. deux conférences sur les sujets suivants : 1. M. Perceptual inference and learning . Martin Schwartz.892 COURS ET CONFÉRENCES Mme Maria Luisa Meneghetti. Professeur à l’Université de California. M. Professeur honoraire de l’Université de Boston (États-Unis) a donné le 18 mars 2008. 2. Former secretary (culture) to the India government. deux conférences sur le sujet suivant : The poetry of the Gathas : Mysteries of composition. une conférence sur le sujet suivant : A reading and discussion of my own writings in the context of contemporary British Philosophy and peotry. 30 mai et 2 juin 2008. Gunter Gebauer. CV disease and chronic kidney disease . Compositional techniques of the individual poems. deux conférences sur le sujet suivant : Human rights in a Multipolar and Multi-civilizational world of the 21st century . 2. and the composition of mysteries : 1. Atsuo Takanishi. Birmingham (ÉtatsUnis) a donné les 3 et 18 juin 2008. 3. trois conférences sur le sujet suivant : A freeenergy principle for the brain : 1. Variational filtering and inference.A view from a transcivilizational Perspective. Geoffrey Hill. M. Professeur à l’Università degli Studi di Milano (Italie) a donné le 4 février 2008. Les robots humanoïdes comme outils pour l’étude scientifique du comportement humain. David Warnock. 2. Proteinuria and blood pressure control and progression of chronic kidney disease. Yasuaki Onuma. M. 2. University College London (Grande Bretagne) a donné les 29. Professeur à la Freie Universität de Berlin (Allemagne) a donné le 8 février 2008. une conférence sur le sujet suivant : Les frontières du grand chant courtois. M. une conférence sur le sujet suivant : The building of the Main Cultural Institutions in Independant India. Professeur à l’Université de Tokyo (Japon) a donné les 6 et 14 mars 2008. and of the serial generation of the corpus . Professeur. M. Stroke. Professeur à l’Université Waseda de Tokyo (Japon) a donné les 25 et 27 février 2008. Karl Friston. . Berkeley (ÉtatsUnis) a donné les 20 et 27 mai 2008. Relations entre la robotique des humanoïdes et la culture et la société au Japon . deux conférences sur les sujets suivants : 1. une conférence sur le sujet suivant : « L’Anthropologie » de Wittgenstein. Mme Kapila Vatsyayana. Professeur à l’Université d’Alabama. The esoteric dimensions of gathic style. M. Founder and former head of the Indira Gandhi National Centre for the Arts (Inde) a donné le 4 avril 2008. perception and free-energy . Action. Dans la pensée antique. 2000).COURS ET CONFÉRENCES RÉSUMÉS M. Nous avons exploré la manière dont les auteurs de l’Antiquité entendaient réduire la séparation en parlant de « devenir maritime ». Les pentes de la connectivité 3. Le couloir de Téthys et les problèmes de la Transeuphratène La Méditerranée : avec ce concept. peut-on et doit-on faire de l’histoire intéressante ? Si oui. Aux marges de la Méditerranée : écologie. Le locus classicus se trouve dans Hérodote 7. A Study of Mediterranean History (Oxford. réseaux. 144 : anankasas thalassious genesthai Athenaious (« forçant les Athéniens à devenir maritimes »). contrairement à l’orientation normale de la vie humaine tournée vers la terre. Elles se concentraient sur l’histoire antique. L’enquête conduit à une vision des moyens et des objectifs d’une mobilisation plus ou moins forcée de gens dans un . John’s College. le terrestre et le maritime étaient strictement distingués. Devenir maritime 2. St. Oxford (Grande-Bretagne) Les quatre leçons données en octobre et novembre 2007 sont intitulées : 1. Nicholas Purcell Professeur. Ce topo a une longue histoire et on le retrouve dans de nombreux récits de victoires militaires inattendues. un précédent spectaculairement développé par la stratégie de Rome contre Carthage lors de la Première Guerre punique. Les conférences présentées au Collège de France ont exploré la manière dont on pourrait aborder les relations entre les histoires de la Méditerranée et celles du monde qui entourait la région méditerranéenne. Cette distinction est bien comprise. quel genre d’histoire ? Telles sont les questions qui soustendaient The Corrupting Sea. interdépendances 4. On peut se demander comment cette conception bien connue peut être reliée à l’histoire sociale et politique plus réaliste des gens de mer de la Méditerranée. avec des incursions dans l’histoire plus récente. Le but de l’exercice était de réévaluer une partie des connaissances sur les commerçants grecs et romains. Pour conclure. En retour. et plus largement par sa connectivité.894 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES milieu maritime. Nous avons commencé par tracer la frontière entre les lieux où l’on recrutait les gens de mer et la mer sur laquelle ils se déployaient. nous avons revisité les thèmes des conférences précédentes pour examiner les rapports entre le monde méditerranéen et ses voisins de l’Est. selon des mouvements récurrents qui nous poussent à les nommer « sociétés du ressac ». selon un gradient qui peut être calculé en fonction de la connectivité. La dynamique de ces changements peut être étroitement reliée au développement des États. dont on peut explorer la périphérie de la même . Ceux qui vivaient le plus près de la mer pouvaient être mobilisés aisément et de façon répétée. mais il s’avère que. De même que pour les formations des États. il est fécond de considérer les diasporas commerciales et les réseaux marchands de l’Antiquité comme des caractéristiques de la périphérie méditerranéenne. Ce dernier acquiert de ce fait une personnalité historique distincte. Nous avons donc étudié l’histoire des polarités changeantes. celle-ci était définie par cette mobilisation. et surtout en fonction de la mobilisation des biens et des personnes. Non seulement elles sont intimement reliées à la connectivité. ce sont les plus improbables des habitants des terres qui sont « devenus maritimes » : les montagnards et les barbares venus de territoires éloignés des côtes. elles ont un rapport spécial avec la mobilisation forcée qui apparaît comme une caractéristique essentielle d’une histoire spécifiquement méditerranéenne. dans les zones situées entre la mer et le continent. du fait de l’importance du trafic d’esclaves. la comparaison éclaire d’un autre jour les épisodes bien connus du « devenir maritime » dans l’histoire antique. En tant qu’espace. nous n’avons pas essayé de comparer les zones terrestres (ou d’autres espaces maritimes) dont les histoires peuvent être juxtaposées à celles de la Méditerranée. entre l’âge du bronze et le Moyen Âge. qui peuvent être dominées à la fois par des formations d’origine maritime ou terrestre. « Devenir maritime » apparaît alors comme un mouvement unique orienté vers la mer et son niveau élevé de connectivité. Pourtant dans certains cas. et établit en même temps des relations particulières avec les terres où sont recrutés les marins. Dans un premier temps. Après l’étude des « pentes de la connectivité ». nous nous sommes concentré sur l’une des principales dynamiques des interactions explorées dans la précédente conférence : les échanges commerciaux. Nous considérons le couloir de basses terres qui inclut la Mésopotamie et qui s’étend de la Syrie jusqu’à Élam et l’entrée du golfe Persique à la fois comme un espace connectif spécifique. et nous avons entrepris de rechercher des dénominateurs communs dans le développement de petites entités politiques à la périphérie de l’espace méditerranéen. dans l’espoir qu’une approche plus écologique apportera une meilleure compréhension de la diversité des contextes et des formes du commerce antique que ne le font les modèles modernisants que nous employons habituellement. Les zones terrestres de l’intérieur ont aussi leur propre régime de connectivité. comme une exception. . Alan Grafen proved formally that ‘honest’ signals can be an evolutionarily stable strategy. de façon inacceptable. I give a brief overview of the theory and of the range of its applications. et comme un important prolongement de l’espace méditerranéen. has now become a branch of game theory. Diego Gambetta Professeur à Nuffield College. La Méditerranée de The Corrupting Sea revendique sa place en tant qu’unité dotée d’un régime propre de connectivité. and its common misconceptions. Signalling theory (ST) tackles a fundamental problem of communication: how can an agent. in 1990. was an introduction to the principles of signalling theory. Herewith. telles que le Sahara ou la façade atlantique. but since. Université d’Oxford (Grande-Bretagne) Signalling theory and its applications My course. Ce type d’analyse peut produire des résultats intéressants pour d’autres espaces méditerranéens en marge de zones complexes mais essentiellement connectives. is telling or otherwise conveying the truth about a state of affairs or event which the signaller might have an interest to misrepresent? And. que l’on peut rapprocher d’autres unités semblables pour les comparer ou en faire l’objet d’« histoires connectées » reliant plusieurs d’entre elles. (Traduit de l’anglais par Marc Kirsch) M. sans qu’il soit besoin de la monter en épingle. establish whether another agent.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 895 manière que la périphérie de la Méditerranée que nous avons examinée. how can the signaller persuade the receiver that he is telling the truth. conversely. Il laisse entrevoir une Méditerranée qui continue d’être un objet fécond et spécifique pour la réflexion historique. Il forme une entité unique : le couloir de Téthys. namely the signaller is in a better position to know the truth than the receiver is. La zone charnière du Levant cesse d’être une frontière entre royaumes étrangers pour devenir un espace de transition entre entités étroitement comparables. which is only a little more than 30 years old. which comprised 4 lectures. whether he is telling it or not? This two-pronged question potentially arises every time the interests between signallers and receivers diverge or collide and there is asymmetric information. the signaller. In economics it was introduced by Michael Spence in 1973. I also presented two applications: to trust decisions and to interpersonal violence. In biology it took off not so much when Amotz Zahavi first introduced the idea in 1975. without going into the details of the two particular applications which I presented in my lectures. its history. the receiver. ST. relatively to the benefit. relatively to the benefit. Anthropologists have used the theory to make sense of « wasteful » or « inefficient » practices in pre-modern cultures. for signallers who have k. for those who do not. and practices. (The interests of k’s and non-k’s are also usually opposed because the activity of the latter damages the credibility of the signals of the former. such as product guarantees.) The main result in signalling theory is that there is a solution in which at least some truth is transmitted. and whether the theory can shed light on ethnic mimicry. scientific publications funded by private firms. while receivers have an interest in not being deceived. for instance marry him. how different political arrangements can favour more discriminating signals of high quality politicians. and otherwise hurts her — for instance. they have also used the theory to investigate the cooperative effects of differentially costly rituals and requirements in religious groups. marry an unfaithful man. criminals’ strategies to identify bona fide criminals. s. provided that among the possible signals is one. under what conditions bargaining mediators are credible. the patterns of prison fights and the use of self-harm. In economics applications have concerned Spence’s model of education as a signal of productivity. advertising. Thus k signallers and receivers share an interest in the truth. charity donations. whether or not he has the quality k. financial markets. In political science applications include. ways of credibly signalling foreign policy interests. but the interests of non-k signallers and receivers are opposed: non-k signallers would like to deceive receivers into thinking they have k. such as redistributive feasts. whether the size of terrorist attacks can be a signal of terrorist organisation resources. but costly enough to emit. the signals taxi drivers rely on when deciding whether to pick up hailers or callers in dangerous cities. In sociology applications have concerned the attraction that a group of deviant youth display for the punishment beatings they receive from the IRA. which is cheap enough to emit.896 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES Typical situations that signalling theory covers have two key features: (i) there is some action the receiver can do which benefits a signaller. in order to receive the benefit. If it is too costly to fake for all or most non-k signallers then observing s is good evidence that the signaller has k. This applies to conflict situations too: if we know that our opponent is going to win a fight we may choose to yield without fighting at a lesser cost for both. big yam displays. but (ii) this action benefits the receiver if and only if the signaller truly has k. It is hard to think of another theory that in recent times has been developing so fast across all behavioural sciences. and hunting difficult preys . . nature’s gift to multicellular organisms. As tissues and organs develop. including reproductive germ stem cells. 15. Some tissues. are thought to give rise to only one lineage. encases an undifferentiated mass (the inner cell mass) of pluripotent embryonic stem (ES) cells that will make the animal. typically give rise to only a few different types of tissues. glial cells and oligodendrocytes over time. organs must possess a mechanism to replenish those cells within the tissue that die or become damaged with age. page du professeur Christine Petit. The gold standard of stem cells is the fertilized egg. For other tissues/organs. 2. it has only been recently that scientists have appreciated the existence of stem cells that have the ability to replenish specialized neurons. e. Fuchs 2007) 1. The Biology and Genetics of Skin and Hair. 2004 . is a direct consequence of stem cells. Adult stem cells. Stem Cells: Biology. and is fueled by adult stem cells which typically reside within a tissue. a feature often referred to as multipotent. Stem Cells: Biology. stem cells become more restricted in their options (Fuchs et al. Stem Cells of the Skin and their Lineages. Cell adhesion. Increasing evidence is pointing to the view that most tissues of the body have adult stem cells. Like ES cells. the brain. in this case. and the ability to generate cells that will differentiate to produce tissues. even if this capacity is much reduced in comparison to the hematopoietic system or epithelial tissues. either oocyte 1. like the skin epidermis or intestinal epithelium. As the embryo first develops. .g. This process of cell replacement by natural wear and tear is referred to as homeostasis. e. an outer protective shell of support cells. 18 et 22 janvier 2008 a porté sur les sujets suivants : 1. the ability to divide to generate self. Ethics and potential for Medicine. Les références complètes sont indiquées dans la version qui peut être téléchargée sur le site Internet du Collège de France : http://www.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 897 Mme Elaine Fuchs Professeur.college-de-france. 3. however. adult stem cells undergo self-renewal. Ethics and potential for Medicine The remarkable ability to generate an embryo from a single fertilized oocyte. Although cell type specification is largely complete at or shortly after birth. 1. germ stem cells. referred to as the trophectoderm. université Rockefeller de New York (États-Unis) La série de cours donnés les 8. 4.fr. which produces an organism replete with ~ 220 specialized cell types.g. Migration and Cancer. onglet Conférenciers invités. to periodically replace dying cells within tissues and to repair tissues damaged during injury. undergo constant turnover and rejeuvenation involving the entire tissue. Some stem cells. 898 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES (female germ stem cells) or sperm (male germ stem cells). Since this time. Harnessing adult stem cells for regenerative medicine has long been a major focus of scientists and clinicians alike. however. Although nuclear transfer technology has not yet been successful for generation of human ES cells. 2006). 2008. Yamanaka and coworkers reported the generation of germline competent “induced pluripotent stem cells” (iPS cells) generated by retroviral infection of mouse skin fibroblasts to force the expression of four transcription factors normally expressed by ES cells but not by adult somatic cells (Meissner et al. Park et al. 2007. my laboratory has used this technology to demonstrate that ES cells and in fact healthy viable mice could be generated from hybrid diploid totipotent cells. each composed of an unfertilized enucleated mouse oocyte and an adult hair follicle stem cell. 2004. 2008). in animal mouse models of human disease. scientists recently succeeded in generating primate ES cells through nuclear transfer (Byrne et al. De Luca et al. one of the transcription factors was a potent cell cycle stimulator and the mice generated developed tumors with time. In a pioneering study published in summer. Given the fountain of youth ability of adult stem cells to generate tissues during normal homeostasis and wound-repair. Moreover. Examples of the successful use of stem cells for regenerative medicine include bone marrow transplants to replace cells of the hematopoietic system and cultured epidermal sheets for the replacement of epidermis lost in badly burned skin (Weissman 2000. Unfortunately. Can adult skin cells be utilized to generate ES cells directly. Li et al. Moore and Lemischka 2006. Scientists have countered with technology referred to as nuclear transfer. hair follicles and sebaceous glands (Blanpain and Fuchs 2006. This technology involves making a hybrid somatic cell from an unfertilized oocyte whose nucleus was removed and replaced by an adult somatic cell (Hochedlinger and Jaenisch 2006). With the promise are also ethical considerations dealing with the use of fertilized eggs for research necessary to harness this potential. these stem cells are typically set aside in protected reservoirs within the developing tissue. In collaboration with the laboratory of Peter Mombaerts at the Rockefeller University. 2007). normally able to differentiate into only epidermis. Morrison and Kimble 2006). and hence undergo fewer divisions than their activated progeny. The protective niches are composed not only of stem cells but also a complex “microenvironment” of neighboring differentiated cell types which secrete and organize a diverse range of extracellular matrix and other factors that allow stem cells to manifest their unique intrinsic properties (Fuchs et al. often mistakenly referred to as human cloning. ES cells have received more attention because of their broader potential and hence greater promise for generating cell types to treat injuries and degenerative conditions for which we presently have no cures. They are often used sparingly. and now only three transcription factors appear to be sufficient (Nakagawa et al. 2007. 2007). iPS cells . 2007). researchers have now succeeded in eliminating this gene from the mix. Okita et al. without the use of an unfertilized oocyte? Breakthroughs over the past year have led scientists to predict that this may be possible in the future. and unravel the mysteries underlying their remarkable capacity to perform these feats. sebaceous gland and epidermis. it still uses unfertilized oocytes. The skin’s fountain of youth for maintaining tissue homeostasis. To perform their functions while being confronted with the physico-chemical traumas of the environment. the excitement and promise of stem cells for regenerative medicine continues to grow and 2007 has been a very successful year in overcoming technological barriers that less than a decade ago were thought to be insurmountable. Yu et al. these cells are able to repair the epidermis and sebaceous glands. Like many other adult stem cells of the body. and in the past several months. 2001). Vassar et al. and hence slow-cycling (Taylor et al. That said. Stem cells have the remarkable capacity to both self-perpetuate and also give rise to the differentiating cells that constitute one or more tissues. Levy et al. two groups have independently succeeded in generating human iPS cells from adult skin cells (Takahashi et al. The challenge now will be how to avoid the genetic manipulation (in some cases. 2007). 2000. While nuclear transfer is preferable in using epigenetic reprogramming rather than genetic manipulation. they must be primed to undergo wound-repair in response to injury. On the basis of these two characteristics.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 899 have already shown promise for treatments (Hanna et al. The Biology and Genetics of Skin and Hair The skin epidermis and its appendages provide a protective barrier that is impermeable to harmful microbes and also prevents dehydration. Upon wounding. which reside in the adult hair follicle. 2005. > 50 integrated retroviral DNAs) that occurs in generating iPS cells and/or overcoming the present hurdles in generating human ES cells by nuclear transfer. 1989). Oshima et al. 2007. consisting of a pilosebaceous unit (HF and sebaceous gland) and its surrounding interfollicularepidermis (IFE) (Blanpain and Fuchs 2006). HFs contain a niche of relatively quiescent follicle stem cells that are normally activated at the start of each new hair cycle. these tissues undergo continual rejuvenation through homeostasis and in addition. The adult skin epithelium is composed of molecular building blocks. 2004). Located in a region of the hair follicle known as the bulge. 2007). Like other stratified squamous epithelia and many glandular epithelia. researchers have begun to uncover the properties of skin stem cells. skin epithelial stem cells were predicted to be relatively infrequently utilized. 2. the skin epithelial cells with proliferative activity were known to express keratins 5 and 14 (Fuchs and Green 1980 . special cells within this niche could be activated to . regenerating hair and repairing the epidermis following injury is its stem cells. 2007). 2006. we devised a pulse-chase strategy with a fluorescent histone to identify and fluorescently mark the slow-cycling K5/ K14-positive cells of mice (Tumbar et al. In recent years. This explosion of research bodes well for the future of human regenerative medicine. Both the IFE and the sebaceous gland contain their own progenitor cells for normal homeostasis in the absence of injury (Levy et al. Horsley et al. an epidermal keratinocyte progresses through three distinct differentiation stages : spinous. 2008). 2004. these cells withdraw from the cell cycle. 3. In human epidermis. Lo Celso et al. Ito et al. 2007) suggest a working model for stem cell quiescence. the self-renewing capacity of epidermal stem cells is enormous. Cell adhesion. 2004. Periodically. We’ve used transcriptional profiling and genetic analyses to understand how these stem cells maintain quiescence and become activated upon initiation of a new hair cycle. Merrill et al. Morris et al. Ito et al. An additional final step in the differentiation process is the extrusion of a lipid bilayer that seals and protects the body surface from dehydration and harmful microbes. commit to differentiate terminally. 2003. and skin engraftments with clonally derived progeny of single bulge cells.900 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES proliferate and divide with each new hair cycle and could be mobilized to repair wounds to the epidermis. In mice. 2004. granular and stratum corneum. Horsley et al. 2004. Andl et al. self-renewal and activation in the hair follicle during normal homeostasis and wound repair. and they have multipotent capacity (Blanpain et al. 2004. We’ve revealed roles for the Wnt signaling pathway in stem cell activation. Using fluorescence activated cell sorting. Kobielak et al. self renewal. DasGupta and Fuchs 1999. Upon commitment to terminally differentiate. Basal cells express a number of characteristic markers including keratins and transcription factors. cell culture. Nguyen et al. The process is in a continual homeostasis. a basal cell has terminally differentiated and exited at the skin surface. we showed that these cells are in fact stem cells. Collectively. Migration and Cancer The skin epidermis is an excellent example for exploring homeostasis and injury repair in a stratified epithelium. such that differentiated cells reaching the skin surface are enucleated. Tumbar et al. 2007. and within 4 weeks. hair shaft production and tumorigenesis (Zhou et al. the epidermis becomes thinner and proliferation slows substantially as the hair coat develops. . so that surface cells are continually sloughed and replaced by inner cells differentiating and moving outward. Chan et al. morphology and function occur at the basal/spinous layer transition and again at the granular/stratum corneum transition. We’ve revealed roles for the BMP pathway in controlling stem cell quiescence (Kobielak et al. McLean et al. 2005. cellular skeletons that are packed with cables of keratin filaments encased by an indestructible envelope of proteins. This architecture allows the epidermis to generate a self-perpetuating barrier that keeps harmful microbes out and essential body fluids in. 1998. The epidermis maintains a single inner (basal) layer of proliferative cells that adhere to an underlying basement membrane rich in extracellular matrix (ECM) and growth factors (Fuchs 2007). 2003. Lowry et al. 1995. 2005). 2006). Major changes in transcription. Van Mater et al. the studies from my laboratory and others (Huelsken and Birchmeier 2001 . Gat et al. 1999. 2001. move outward and are eventually shed from the skin surface. 2004. To form a cytoskeleton. Hanukoglu and Fuchs 1982. The function of these keratins is to impart mechanical integrity to the epidermis. Chipev et al. Dividing cells express keratins 5 and 14. We’ve shown that α-catenin is particularly important not only for coordinating adhesion-actin dynamics but also proliferation. Letai et al. Vasioukhin et al. Hanukoglu and Fuchs 1983. the process of asymmetric divisions in the epidermis also relies upon β1 integrin (Lechler and Fuchs 2005). while differentiating epidermal cells express keratins 1 and 10 (Fuchs and Green 1980). Kobielak and Fuchs 2006. the epidermis displays an elaborate cytoskeletal architecture. In addition to requiring α-catenin. 1992. the blistering skin disease epidermolysis bullosa simplex (EBS) is a genetic disorder of keratins 14 and 5 (Bonifas et al. and desmosomal-cadherinrich desmosomes to make cell-cell junctions. 2003. Ten nanometer wide intermediate filaments composed of keratin proteins are the major cytoskeletal component of the epidermis and its appendages. without which the cells become fragile and prone to rupturing upon physical stress (Albers and Fuchs 1987. α-catenin and p120-catenin from the skin epidermis(Vasioukhin et al. Coulombe et al. 1992. 1991. 2006)).RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 901 To coordinate epidermal homeostasis and wound-repair and to maintain a single layer of dividing cells and multiple layers of differentiating cells. We’ve used gene targeting to conditionally mutate the genes encoding E-cadherin. the process appears to involve many of the proteins used by fly neuroblasts in as ymmetric divisions that generate neurons (Lechler and Fuchs 2005). There are now more than 20 different IF disorders in humans. 1992). invasion. the actin cytoskeleton associates with α3β1 integrin-rich focal adhesions and to E-cadherin rich adherens junctions (Perez-Moreno et al. 2004). Intriguingly. Tinkle et al. 1990. Jamora et al. and many of these set the paradigm first discovered for EBS (Fuchs and Cleveland 1998. Albers and Fuchs 1989. Rothnagel et al. Kobielak and Fuchs 2006). 1992)). 1981. 2002. When these IF-adhesive connections are defective. 2000. keratin filaments associate with α6β4 integrin-rich hemidesmosomes at the base of the basal epidermal cell. Vassar et al. a process which requires actin-microtubule polarization. Mechanistically. First discovered in mice and then in humans. Coulombe and Fuchs 1990)). 2006). Lane et al. Fuchs and Weber 1994). and inflammation (Vaezi et al. 1991. and the blistering disorder epidermolytic hyperkeratosis is a genetic disorder of keratins 1 and 10 (Cheng et al. Omary et al. 1992. spindle orientation changes to become asymmetric relative to the basement membrane. Coulombe et al. mechanical fragility and degenerative disorders also occur. it is also required for proper spindle orientation in the epidermis. Perez-Moreno et al. The basic subunit structure of the keratin filament is an obligatory heterodimer of type I and type II keratins (Fuchs et al. Interestingly. 2004. By contrast. We’ve targeted β1 . 2001. During embryonic development as the epidermis transits from a single layer to a stratified layered epithelium. 1991. mutations in all of these genes render the skin epithelium prone to squamous cell carcinomas and/or proinflammatory responses. as without TGFβ signaling. one of the remarkable features of these multipotent stem cells is their ability to generate the epidermis. basement membrane assembly is defective and hair follicles cannot invaginate. Ils documentent la présence en Syrie. Après plus de trente ans d’étude des textes d’Ebla et surtout la détermination de la chronologie relative des textes. In the case of skin. necessary for efficient cell migration. Without β1 integrin. hair follicle and sebaceous gland. in the nearly three decades of skin biology research conducted by my laboratory. permettent désormais d’écrire l’histoire politique. the skin may well not only prove to be our largest organ and our largest immune system of the body. 2007). 2007). Raghavan et al. J. focal adhesion kinase (FAK) for ablation in the skin (Raghavan et al. J. Schober et al. il est aujourd’hui possible de décrire pour une cinquantaine d’années dans le cours du xxive siècle av. de la Haute-Mésopotamie et de la Mésopotamie. the skin is more susceptible to tumorigenesis and FAK is upregulated (Guasch et al. In summary. is impaired (Schober et al. lesquels sont datés seulement par le nom du mois et qu’il faut donc ranger en recourant avant tout à des critères prosopographiques. but also our most important source of material for the future of regenerative medicine. 60 km au sudouest d’Alep. three fascinating and strikingly distinct tissue structures. an understanding is beginning to emerge of how multipotent stem cells receive external signals to change their programs of transcription and gene expression. totalement inconnue auparavant.-C. d’après les archives d’Ebla Les textes des Archives du palais royal G d’Ebla (Tell Mardikh.-C. 2007). J. . Epidermal cells also fail to activate FAK and focal adhesion turnover. the skin epidermis becomes more resistant to tumorigenesis (McLean et al. remodel their cytoskeletal-adhesive contacts and generate tissues.-C. 2007). dans la Syrie septentrionale) du xxive siècle av. déjà à partir du début du troisième millénaire.902 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES and its downstream tyrosine kinase effector. économique et sociale de la Syrie du IIIe millénaire av. 2003. 2004. Mme Maria Giovanna Biga Professeur. 2000.. université « La Sapienza » de Rome (Italie) La Syrie au IIIe millénaire av.-C. l’histoire de la Syrie. Interestingly. J. d’une urbanisation intense ainsi que beaucoup de royaumes qui avaient d’intenses rapports politiques et commerciaux avec celui d’Ebla. Schober et al. Without FAK. With the future promise of the skin as a possible source for generating embryonic stem cells. TGFβ signaling may also be linked to focal adhesions. dernier né du roi. L’histoire de la cour d’Ebla pendant le règne des trois rois qui se sont succédé dans la période documentée dans les archives. à mettre sur le trône son fils. une femme appelée Dusigu obtient la première place à la cour parmi les femmes de du harem.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 903 Les textes permettent aussi de connaître la vie de la première et plus ancienne cour du Proche-Orient que l’on connaisse . de l’argent et d’autres biens comme des équidés nécessaires pour les transports. beaucoup plus de textes documentent le règne de l’avantdernier roi. . Beaucoup d’événements tenants à la vie privée de ces cours (parmi lesquels on compte naissances. dirigés par un roi (qu’on désigne par le titre sumérien de « en »). surtout de l’argent et de l’or. à la cour. de l’or. la reine-mère aussi. Dans les dernières années du règne d’Irkab-damu. contribuent à renforcer le réseau commercial d’Ebla. encore un enfant. Avec lui. elle est sûrement devenue la dernière épouse du roi. Il est évident qu’Ebla assure le transport de ses précieux tissus dans une bonne partie du Proche-Orient. mais qu’elle est aussi un centre de commerce du lapis-lazzuli et autres biens. à la mort du souverain. La reine. à cette période. Irkab-damu. comme les bois précieux de la côte méditerranéenne. en recevant. ainsi qu’à une certaine période d’Ebla. celui entre Ebla et Abarsal. aidé par un certain nombre d’Anciens et de fonctionnaires-mashkim . Ibrium. avait un grand rôle. pendant le règne duquel on a rédigé le premier traité international connu. Les rapports diplomatiques. le roi d’Ebla a ainsi à son service un nombre variable (qui oscille entre quinze et vingt-cinq) de « seigneurs » attestées dans le seul royaume d’Ebla et qui paraissent avoir été des superviseurs des grands secteurs productifs de l’économie ou des collecteurs de taxes. mariages et morts) ou à des engagements militaires entre les autres royaumes ou encore les nouvelles des victoires de l’armée éblaïte sont portés à la connaissance du roi. comme divisée en royaumes structurés à la façon de celui d’Ebla. en échange. Probablement avec l’aide d’un membre de sa famille. les dons envoyés par le roi éblaïte. les alliances matrimoniales mêmes qui s’instaurent avec beaucoup de souverains des royaumes de la Syrie. Ebla intensifie son expansion politique en cherchant à contrer la prédominance de Mari. S’il n’y a pas beaucoup de textes concernant son prédécesseur. c’est une cour très riche et vivante que gagnent des messagers envoyés par beaucoup de royaumes syriens y compris ceux de Mari sur le Moyen-Euphrate. Ishar-damu. est désormais connue par de multiples détails. elle réussit. mais aussi de Kish en Mésopotamie et de Nagar dans la haute vallée du Khabur. Ce sont eux qui acheminent au palais les grandes quantités de biens. le roi Igrish-Kalab. La Syrie se présente. qui devint vizir. Ibrium entama une série de guerres pour punir des alliés rebelles. Grâce aux archives. grâce aux victoires d’Ibrium d’abord. à la fin de l‘existence d’Ebla. déjà connues dans le monde sumérien . pour guider les armées éblaïtes dans des campagnes militaires annuelles. à l’Est à Emar sur l’Euphrate. Rasap. Ishar-Damu. fut détruite par un ennemi qui. Ebla devient une puissance régionale considérable avec des frontières qui s’étendaient au Nord-Est jusqu’à Karkémish sur l’Euphrate. Sous le long règne de son dernier roi.904 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES Dusigu devint alors la reine-mère et Ibrium fut le vizir qui. avec elle. mariages interdynastiques. sa parèdre Barama et le dieu Adabal semblent avoir disparu par la suite du panthéon sémitique occidental. devait tenir les rênes du pouvoir pour de nombreuses années. puis de son fils Ibbi-zikir. après quelques années. . dans la Turquie actuelle. Ishkhara et Ishtar. mais des divinités comme le dieu dynastique Kura. un État avec lequel les rapports ont toujours été difficiles ou fluctuants. selon certains. le puissant royaume de Nagar en Haute-Mésopotamie. ensuite. arrivant même jusqu’à à Alalakh. Dans le royaume de Kish en Mésopotamie. où la fête Sed représentait également un rituel de renouvellement de la royauté. lui aussi. tant pour renforcer le réseau commercial que pour l’étendre. on devait envoyer comme épouse la princesse Keshdut. étaient liés à Ebla par un lien de parenté et. On a retrouvé à Ebla aussi quelques rituels importants parmi lesquels le grand rituel de renouvellement de la royauté pourrait avoir été connu même en Égypte. et le fils du roi du Nagar. pourrait être venu de la Mésopotamie et avoir été le roi Sargon d’Akkad. au Sud à Hama. fille du couple royal. Des royaumes importants comme celui de Harran. on peut avoir aussi une connaissance de la plus ancienne religion syrienne avec un panthéon de divinités qui devaient être. aurait été un ennemi syrien. et donc à la mer Méditerranée. également. bien documentées dans la Syrie du deuxième millénaire comme Dagan et Hadad. devait se lier à Ebla par un lien matrimonial entre la fille du roi d’Ebla. comme Mari ou Armi. Ebla. renforcées par une politique d’alliances. Tagrish-Damu. Malgré les liens avec les royaumes les plus puissants de l’époque et une grande victoire en rase campagne. pactes jurés. ainsi que d’autres divinités comme le dieu-Soleil et Enki. selon d’autres. L’akkadien ašnan. II. *šu(n)bul-at. malgré le fait que quelques illustres assyriologues et sémitisants y aient pris part. une désignation générale (souvent déifiée) de grain ou de céréale. tels que Bedřich Hrozný. Parmi les noms des parties des plantes. La terminologie botanique akkadienne n’offre pas d’exception. à savoir *SVrš-. (3) gišimmarum ‘palmier dattier’ < sumérien gišimmar. dont l’étymologie reste peu claire (à comparer avec l’arabe γār. šuršu ‘racine’. le problème des emprunts lexicaux ou la reconstruction interne du vocabulaire botanique proto-sémitique). Dans ce stratum du vocabulaire akkadien on découvre facilement les trois sources diachroniques en question. šubultu ‘épi’ et tibnu ‘paille’ remontent à des prototypes communs transparents. produits au sein de la langue au cours de son histoire . *Dar ¢-. semence’. Moscou (Russie) Les noms des plantes akkadiennes dans leur contexte sémitique I. la présentation a été restreinte aux 50-55 termes appartenant au premier groupe — les termes botaniques akkadiens qui remontent au proto-sémitique.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 905 M. Leonid Kogan Professeur à l’Université d’État de Russie. per¿u ‘pousse. forêt’ < *kayS. Somali šuni). une notion importante du vocabulaire de base dans les langues du monde.et dīšu ‘herbe’ < *da£¿-.w.et *tibn-. le seul candidat étant aru (artu).‘feuilles de la vigne’?). Dans le cadre des quatre conférences en question. *parγ-. à illustrer par (1) kanû ‘canne’ < proto-sémitique *kanaw-. Dans chaque langue. Pelio Fronzaroli ou Marten Stol. kīštu ‘bois. La désignation plus générale de l’herbe (šammu) reste étymologiquement obscure. Le concept de ‘feuille’. (2) « mots nouveaux ». morte ou vivante. ancienne ou moderne. est peu développé dans le lexique akkadien. Plusieurs questions théorétiques en rapport avec ce sujet ont à peine été touchées (par ex. dont la sémantique générale est plus ou moins identique à celle du mot akkadien (‘herbe’ en opposition à ‘arbre’). a été comparé avec le soqotri šane ‘grain’ autant qu’à quelques termes de même sens dans les langues couchitiques (Oromo saňňi. l’origine sémitique est évidente pour isu ‘arbre’ < *¢iT. Dans le domaine de la terminologie botanique générale. La recherche sur les origines sémitiques du vocabulaire botanique n’a jamais été particulièrement intense. les lexèmes qui appartiennent au vocabulaire de base peuvent être classifiés comme provenant d’une des trois sources diachroniques fondamentales : (1) mots hérités de la protolangue . zēru ‘graine. . le seul parallèle convaincant étant l’égyptien sm. (3) mots empruntés aux autres langues. germe’. (2) aršātum ‘blé’ ou ‘orge’ < aršu ‘cultivé’ < erēšum (assyrien arāšum) ‘cultiver’. sans parler des multiples étymologies concrètes. Les désignations des arbres sauvages remontant à des prototypes sémitiques assurés ne sont pas beaucoup plus nombreuses : butnu. pekû. uttetu ‘céréale?’. ‘orge?’. on ne s’étonne pas d’observer que la plupart des termes ouest-sémitiques communs ayant rapport à la vigne sont absents ou marginalisés en akkadien. l’arabe ¢inab-) doit être en rapport avec .(le rapport entre ce terme commun et le sumérien sum reste contestable). l’arabe γarab-. burāšu ‘genièvre’ < *burā£-. bīnu ‘tamaris’ < *bayan-. pekkūtu ‘coloquinte’ < *pVkV¢-. dont les réflexes akkadiens se bornent à šūmū ‘ail’ < *£ūm. Pour quelques autres termes akkadiens appartenant à ce groupe on trouve des apparentements sémitiques prometteurs. Ainsi. karašu ‘poireau’ < *kara£-.906 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES III. le protosémitique *gapn.‘vigne’. Les cinq lexèmes suivants sont les plus certains des points de vue philologique et étymologique : daddaru ‘chardon’ < *dardar-. ašlu ‘jonc’ < *¿ašal-. Parmi les désignations akkadiennes des arbres cultivés.‘arbre’. du¶nu ‘mil’ < *du¶n. pourrait correspondre aux termes akkadiens gapnu et gupnu. ettettu ‘un arbrisseau épineux’ < *¿atad-. bien attesté dans les langues sémitiques centrales. sarbatu ‘peuplier d’Euphrate’ — l’hébreu ¢ărābā. kanû ‘roseau. ‘blé?’ < *hint-at-. mais la nature de leur rapport (cognats ou emprunts ?) reste à eclaircir.et kunāšu ‘épeautre’ < *kunā£-. Le proto-sémitique *¢inab‘raisin’ (l’hébreu ¢ēnāb. le syriaque ¢enbtā. En ce qui concèrne les champignons. attestés dans les sources tardives et avec un sens visiblement différent (‘arbre’. allānu ‘chêne’ — l’hébreu ¿ēlā ‘térébinthe’ et ¿allōn ‘chêne’. De même pour la terminologie proto-sémitique des légumes.et tittu ‘figuier’ < *ta¿in(-at)-. Les noms akkadiens des céréales ayant une étymologie sémitique assurée sont peu nombreux : buklu ‘malt’ < *bVkl-. erēnu ‘cèdre’ ou ‘genièvre’ — l’arabe ¢ar ¢ar. ¶assū ‘laitue’ < *¶ass-. le seul terme d’importance est l’akkadien kam¿atu.‘genièvre’. traduit traditionnellement comme ‘truffle’ mais plus probablement désignant une autre espèse mycologique. IV. L’importance de la viniculture dans la Mésopotamie étant assez réduite. ‘tronc’). elpetu ‘alfa’ < *hVlp(-at)-. Le terme akkadien ne peut pas être séparé de quelques désignations des champignons dans les langues ouest-sémitiques (à savoir.et l’hébreu rabbinique kemēhīm). ¶ilēpu ‘saule’ < *¶ilāp-. canne’ < *kanaw-. l’hébreu ¢ar ¢ar ‘genièvre’ ou ‘tamaris’. le syriaque ¢arbtā. butumtu ‘térébinthe’ < *butm(-at)-. La terminologie proto-sémitique des herbes sauvages est pauvre. kiššû ‘concombre?’ < *kV£(£)V¿-. celles qui remontent à des prototypes sémitiques assurés ne sont que deux : šikdu ‘amandier’ < *£akid. et seule une petite partie de ces termes communs sont préservés par la langue akkadienne. l’arabe kam¿at. possiblement burru ‘blé’ < *bVrr-. mais les données disponibles ne sont pas suffisantes pour une reconstruction cohérente : tarpa¿u ‘tamaris’ — l’arabe tarfā¿-. l’araméen commun *¿īlān. qui commence avec les conquêtes arabes de l’Iran et l’islamisation du monde iranien. La religion est connue substantiellement comme elle était dans la période sassanide tardive et les premiers siècles de l’Islam. université de Leyde (Pays-Bas) Les quatre phases de la religion mazdéenne Quatre leçons au Collège de France : 6 . ainsi que l’interprétation traditionnelle des textes fondateurs de la religion. a permis aux historiens de les voir comme un « reste » d’un passé plus grand. mais sa thèse d’une grande continuité historique produite par les enseignements du prophète Zarathoustra a provoqué beaucoup d’objections. présente des irrégularités phonologiques graves et inexplicables. Ceci n’est pas le cas pour l’histoire non-impériale du mazdéisme.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 907 l’akkadien inbu. iš11-kà-um). l’Avesta. Ainsi. traditionellement mise en rapport avec ce terme commun. La première en a apporté toutes ses puissances historiques et philologiques. presque la moitié de l’histoire du mazdéisme a été laissée à quelques spécialistes ou n’est pas du tout étudiée. de les oublier ou les ignorer. tandis que la forme paléobabylonienne is¶unnatum.13 . une grappe de vigne’ est bien attesté dans les listes lexicales éblaïtes (áš-kà-lum. par Mary Boyce et par Michael Stausberg. Nous nous trouvons encore face à la question posée il y a presque cinquante ans par Marijan Molé : une histoire du mazdéisme est-elle possible ? . Le protosémitique *¿V£kāl. M. que pour mesurer les développements postérieurs. Cet image de la religion a été employé tant pour l’interprétation des expressions religieuses antérieures (surtout des achéménides et parthes). L’antiquité de la religion l’a assurée d’une place importante parmi les historiens qui s’occupent des religions du monde ancien.20 . Albert de Jong Professeur. Le deuxième s’est largement limité à une approche descriptive. Le fait que les communautés mazdéennes n’occupaient qu’une place marginale dans la société iranienne islamisée (et dans la société indienne pour les parsis) jusqu’à leur « redécouverte » par les voyageurs européens et leur émancipation dans le xixe (pour les parsis) et xxe (pour les communautés de l’Iran) siècle. Ceci a produit une image stationnaire de toute la religion. Ses origines historiques et géographiques sont fortement contestées. a été mise en doute. Zarathoustra. Dans les décennies passées. attesté cependant avec un sens plus général (‘fruit’). L’historicité de son fondateur.‘un racème de fruits.27 mai 2008 Le mazdéisme (connu aussi comme zoroastrisme ou religion de Zarathoustra) est l’une des plus anciennes religions du monde. l’histoire générale (des origines jusqu’au présent) du mazdéisme a néanmoins été écrite deux fois. d’un seul coup. Deuxième leçon : Le mazdéisme religion impériale Le mazdéisme commence dans une société sans rois et il survit dans une société sans roi (mazdéen). Entre le vie siècle avant notre ère et le viie siècle de notre ère. Ceci n’est possible que quand on les approche avec une définition stricte de la religion. (Alexandre et) les Séleucides. une réponse à Molé sera formulée : une histoire du mazdéisme est seulement possible quand on y reconnaît quatre phases distinctes et s’efforce à penser quels ont pu être les liens entre ces phases. mais aussi une question de méthode. Il est important de séparer l’un de l’autre. Toute approche historique est une approche comparative et il faut aussi nous unir sur les règles de la comparaison. des Arsacides et même des Sassanides. Yazdegerd III. dérobé tout pouvoir profane aux mazdéens de l’Iran. les Arsacides (Parthes) et les Sassanides. d’origine macédonienne. qui ne commence qu’avec les achéménides.908 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES Dans ces quatre leçons. mais le mazdéisme des Achéménides. on distingue quatre dynasties : les Achéménides. a aussi été mis en doute. L’historicité de Zarathoustra n’est pas exclusivement une question de foi. Ainsi. qui commence avec Darius et s’éteint avec le dernier roi sassanide. Ceci n’est possible que quand on donne des définitions acceptables de toutes ces catégories qui jouent un rôle du premier plan : prophète. la question la plus importante est de savoir comment expliquer les « nouveautés » de la religion mazdéenne. conversion et la notion des « limites » d’une tradition religieuse. Entre les deux se trouve la longue période du mazdéisme impérial. Cette combinaison ignore le rôle que les rois eux-mêmes ont joué dans le développement de la religion. Le succès de ces conquêtes est vu dans la . Première place doit être donné aux considérations sociologiques et au projet de repenser l’importance et l’emploi des textes dits sacrés. qui est toujours fondée sur une combinaison de l’information fournie par l’Avesta avec les données des livres pehlevis. Il est évident que les règles doivent être établies de nouveau. n’étaient pas des mazdéens. Les Séleucides. Première leçon : La formation de l’identité mazdéenne La première leçon sert comme introduction méthodologique à l’histoire proprement dite. car l’existence de l’Avesta établit qu’une conversion a effectivement eu lieu. Pour étudier la formation de l’identité mazdéenne. prêtre. le rapport de forces royales et religieuses a été fatalement renversé : les activités royales sont jugées comme si elles étaient déterminées par la religion. Avec le rejet de l’historicité de Zarathoustra par quelques savants modernes vient aussi le rejet de la notion d’une « conversion » des iraniens au mazdéisme. une autre question est de méthode. qui ont été au centre de l’intérêt savant occidental. Troisième leçon : le quiétisme mazdéen Les conquêtes arabes de l’empire Sassanide ont. tandis qu’on doit (aussi) reconstruire comment les rois ont exercé leur pouvoir dans le domaine religieux. Le haut-point de cette tentative est l’abolition du jizya. les communautés mazdéennes du monde se trouvent confrontés avec de multiples difficultés sociales et religieuses. Après le xiiie siècle. et le quiétisme mazdéen. Quatrième leçon : L’émancipation des mazdéens Les destins des communautés indiennes et iraniennes suivent des cours distincts : pour les Parsis. Dès le xve siècle. mais du côté des Parsis on trouve aussi des fortes indications de participation à la société Indienne. les mazdéens de l’Iran ont participé à et bénéficié de la vie culturelle du nouvel empire Abbaside. le xixe siècle est un temps de répression et de perte. Pour les mazdéens de l’Iran. Les historiens modernes ont largement suivi un modèle historique qui est dominé par notre connaissance des événements ultérieurs : le retrait des mazdéens de l’Iran dans les déserts du centre du pays. mais le transfert aux régions marginales est accompagné par une « émigration interne ». En conclusion. Dans le xxe siècle et encore plus dans les temps modernes. suivi par l’organisation de l’éducation. . avec l’émigration de la communauté de Khorasan à l’Inde (les Parsis). les grandes lignes d’une histoire trimillénaire ont été revisitées. C’est ainsi que les parsis se sont occupés d’améliorer la situation des mazdéens de l’Iran. les communautés de l’Iran et d’Inde échangent des lettres et traités religieux. Pour les mazdéens. ne s’est produit qu’après les raides des Saljûq et des Mongols. elles étaient une catastrophe. La question de l’influence des études occidentales de la religion mazdéenne doit y être apportée.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 909 tradition (et l’historiographie) musulmane comme une des preuves de la supériorité de l’Islam. les mazdéens — définis comme une minorité religieuse tolérée — continuent à démontrer leur participation à la culture iranienne. Le retrait des mazdéens. Ce modèle dénie le fait que dans les premiers siècles de l’Hégire. On a souvent vu dans ce développement les germes de la réforme qui a pris place dans le xxe siècle. Ceci a souvent été présenté comme indicatif du fait que la communauté iranienne avait une position d’autorité spirituelle sur la communauté indienne. Le fait que les sources pour l’histoire des Parsis n’ont que très partiellement été publiées et encore moins étudiées rend toute tentative d’interprétation provisoire. le xixe siècle est le temps de l’émancipation et de la richesse. nous pensons qu’une approche singularisante de la crise en cours serait plus appropriée pour en cerner les mécanismes effectifs et tenter de mesurer son impact présent et. les ressources aptes à lui ménager une sortie de crise raisonnablement viable. du même coup. l’histoire contemporaine de ce pays ? Sans nier les régularités que l’on constate en se plaçant à un niveau très élevé (et – croyons-nous – peu productif ) d’abstraction. dissimulée par le tuteur syrien. plus ou moins régulièrement. la vacance potentielle de la fonction d’arbitrage politique. nous tenterons d’interroger sur la nouvelle donne intra. gérée et. que l’après-guerre qui s’est étendu sur une décennie et demie imprime aussi son cachet à la conjoncture présente qui. c’est-àdire d’une société politique aux multiples clivages mais de plus en plus musclée et ombrageuse et d’un État aux institutions déliquescentes mais plus âprement convoitées que jamais. de les faire empiéter les uns sur les autres. En effet. La question serait alors de savoir si ce système possède encore. Une nouvelle donne inter-communautaire ? 4. sur le pays et son système politique. la conjonction inédite d’un chiisme libanais en voie de cristallisation et de l’alliance irano-syrienne – conjonction qui redéfinit les perspectives stratégiques de la donne su-mentionnée. Ahmad Beydoun Professeur. Les titres proposés pour chacune des conférences ne départageront que très approximativement les quatre étapes de l’analyse. . Le système politique libanais a-t-il un avenir ? La crise systémique qui menace de désintégrer l’État Libanais.910 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES M. prévisible. Du pacte de 1943 à l’accord de Taef : les résistances à la déconfessionnalisation . travaillées déjà par leur préparation à des conflits probables. En nous exerçant à aller le plus loin possible dans le démantèlement de la fameuse aporie libanaise où il est question de « Nous » et des « Autres ». 2. université de Beyrouth (Liban) 1. se trouve incorporé (à tout le moins) le « travail » du conflit précédent et de ses lendemains. du système politique dans son entièreté. À la fin du cycle. voudront ou pourront. C’est dire que la Guerre de 1975-1990 a bien eu lieu. et déjà en paralyse les institutions. Compte sera tenu. toutefois. la question serait de savoir si les forces politiques en présence. ayant assimilé l’une et l’autre.et intercommunautaire issue des développements des trois ou quatre dernières décennies. Autrement libellée. pour ce faire. dans la configuration de chaque crise libanaise. en vue de donner une cohérence à l’ensemble. est-elle une simple réédition de crises antérieures qui ont jalonné. Ce qu’« indépendance » voulait dire… 3. On ne s’interdira pas. dans la conjoncture durablement défavorable qui a déclenché sa crise. les thèmes indiqués auront été plus ou moins développés. surtout. à un moment supposé opportun. d’un compromis stratégique. se résigner aux lourdes conditions. etc. ne peut les répéter. en termes de réforme institutionnelle et de refonte politique et organisationnelle. 2. université San Martín (Argentine) 1. Cette conférence montrera. Chaque Pathosformel se transmet à travers les générations qui construisent un même horizon de civilisation. qui renforce la compréhension du sens de ce qui est représenté par la mobilisation du champ affectif dont une culture dispose pour accomplir les expériences fondamentales de la vie sociale. à partir du recueil d’images des Histoires diverses qui sont mémorables touchant les guerres. de récupération. en premier lieu. La peinture de la . une Pathosformel est un ensemble de formes représentatives et signifiantes. comment l’historiographie et l’art qui se sont occupés de l’expérience contemporaine des génocides ont réédité. L’étude détaillée des fresques peintes par Pellegrino Tibaldi vers 1551 dans le Palais Poggi à Bologne sera placée au centre de cette conférence qui considérera les interprétations iconographiques de l’histoire entre la décoration de Pinturicchio dans la grande salle du Palais Petrucci à Sienne en 1509 et les tapisseries du cycle d’Ulysse dessinées par Jacob Jordaens autour de 1640. elle présentera les modes de compréhension et de représentation de quelques massacres modernes qui. reprennent les exemples anciens et les images du martyre chrétien. 3. & troubles. Les Pathosformeln du rire et la gravure européenne au début de la modernité Pour Aby Warburg. historiquement déterminées au moment de leur première synthèse. symbole de la grandeur intellectuelle et morale que la connaissance du prochain pouvait fournir aux hommes engagés dans la construction du monde moderne. advenues en France ces dernieres annees de Perrissin et Tortorel (1569). L’objet de cette conférence est la recherche des Pathosformeln sur lesquelles la première modernité européenne a fondé les représentations de ses expériences du rire et du comique. aux temps des guerres de religion en France et de la guerre des Trente Ans en Europe. Elle montrera qu’une interprétation comique de cette histoire allait de pair avec l’idée d’un Ulysse découvreur. Le concept d’altérité et la représentation picturale de l’histoire d’Ulysse depuis la Renaissance La conférence s’attachera à la réception et au traitement du mythe d’Ulysse et du récit de l’Odyssée dans la peinture italienne et flamande des xvie et xviie siècles. d’appropriations et de métamorphoses. José Emilio Burucúa Professeur. En second lieu. approfondi et dépassé ces dilemmes que les Anciens ont vécus avec perplexité scientifique et angoisse émotionnelle.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 911 M. et elle connaît des temps de latence. Le massacre ancien et le massacre moderne : problèmes d’historiographie et de représentation Le massacre est un événement de l’histoire humaine dont le récit a présenté pour les historiens grecs et romains d’énormes difficultés tant pour sa construction narrative que pour son explication rationnelle. massacres. M. En Occident. well before the appearance of the Türks proper (mid-6th century AD). soit la représentation de ce qui est raconté comme un point de départ pour la création d’un objet séparé du texte même. Peter Golden Professeur. soit la représentation d’un récit proposé par un texte dont elle est une suite visuelle. quelquefois. un élan si intense et si fréquent vers le désir ou la nécessité de l’illustration. The breakup of the Xiongnu (whose ethno-linguistic affiliations remain a matter of conjecture) produced the migrations of Oghuric-Turkic speaking peoples to the Kazakhstanian and then western Eurasian (Ponto-Caspian) steppes (4th and 5th centuries AD). parmi les artistes du visuel. The rise of the Ashina. Interestingly. were also ultimately a by-product of the migrations touched off by the collapse of the Xiongnu.912 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES Renaissance tardive sera explorée mais le champ privilégié de l’étude sera consacré à la production des gravures drôles et satiriques qui ont connu une très large circulation dans l’Italie et la France des xvie et xviie siècles. The fall of the First Türk Qaghanate in 630 in the east brought about by the Tang led to . 4. Les liens et les distances entre l’image et le texte chez Lagniet ont. il faudra se demander quelle est la place de chaque œuvre visuelle entre les deux pôles possibles qui définissent les relations entre image et narration écrite. ont suscité. New Jersey (États-Unis) Lecture I : The Question of Türk Origins The question of the ancient homeland of the Turkic peoples and the origins of the distinct grouping that bore the ethnonym Türk remain a topic of debate. le pôle de l’illustration pure et subordonnée et le pôle de la recréation visuelle. i. comme le Quichotte. par rapport à cette polarité. its origins in the polyethnic borderlands of China and connections with the East Iranian world. en effet. Les gravures du Quichotte dans le les estampes de Jacques Lagniet XVIIe siècle français : Il n’y a pas beaucoup de textes qui. seulement la Bible et la Divine Comédie pourraient peutêtre se comparer au Quichotte dans le processus de génération d’images destinées à accompagner ou. à suppléer et remplacer la lecture. établi un mode d’appropriation de l’histoire du Quichotte qui va au-delà du grotesque pour atteindre une joyeuse abondance de significations dont la convergence demeure impossible. université de Rutgers.e. La conférence essaiera de déterminer la position des trente-huit gravures des aventures de Don Quichotte et Sancho Panza. the ruling clan of the Türks. Dans tous les cas. The earliest references to peoples that are presumed to be Turkic date to the era of the Xiongnu (2nd century BC). publiées par Jacques Lagniet entre 1650 et 1652. none of the early Türk Qaghans bear Turkic names. the conversion narratives and the spread of Judaism among the population of Khazaria. as can be reconstructed from archaeological finds. Khazaria had an ongoing entente with Byzantium. It was a polyethnic state with a population of Turkic. The lecture concludes with a discussion of the much debated dating of the conversion (most probably early 9th century). he continued to be venerated. The Tang emperor Taizong. serving as its partner in wars (during the latter part of the 7th to mid-8th century) with the Arabian Caliphate and as Constantinople’s first line of defense in the steppes. Lecture II : Successors of the Türks in the Western Eurasian SteppesThe Khazars and their Conversion to Judaism The Khazars (ca.g. During the 9th and 10th centuries. Finno-Ugric.g. mid-7th century to 965-969). Slavic and Palaeo-Caucasian elements. Iranian. although the Qaghan retained great authority as the bearer of qut (heaven-sent good fortune). It was not connected with Judaization as older Türk traditions of sacral kingship (e. and linguistic affiliations within Turkic remain problematic. Lecture III : Sacral Kingship in the Turkic World: The Khazar Model Various forms of sacral kingship were widespread across Eurasia. it was one of the major arteries of commerce between Northern Europe and the Middle East as well as a connection to the Silk Road.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 913 the close interaction of key elements of the Eastern Türks with China. but did not rule. calling himself “Heavenly Qaghan” in the Türk style and his successor. as the Qaghan is noted in the sources as an active. created one of the largest polities of medieval Eurasia. The belief system of the Khazars before their conversion to Judaism. the ritual strangulation of the Qaghan at investiture) of shamanic . extending from the Middle Volga in the north to the North Caucasus and Crimea in the south and from the western Eurasian steppes to western Kazakhstan and Uzbekistan in the east. It was known among the Türks and elements of it are reported among the Uyghurs (744-840) their successors in the east. The question of Khazar origins. Various Turkic groupings speaking Oghuric and Common Turkic composed the Khazar union. preserved the Türks for a time from steppe foes while attempting to use them as border forces. governing figure before then. The ethnonym Türk spread as a generic term for Turkic (and some nonTurkic) steppe peoples among their neighbors and was used as a cultural marker by some Turkic peoples that had been part of the Türk Qaghanate. centered in the lower Volga with their capital at Atïl. Among the Khazars. The actual governance of the state was given to the Qaghan Beg/Ishâd. This transformation occurred in the 9th century. tabuized figure that reigned. Even in death. the sacral kingship took on a somewhat different character leading to the transformation of the Khazar Qaghan into a ritually isolated. descriptions of kindred subject peoples (e. The Türks broke free and founded the Second Türk Qaghanate (682-742). a successor state of the Western Türks. the North Caucasian “Huns”) brief mentions in the Islamic geographers and other sources indicates Tengri (the celestial supreme deity of the Turkic and Mongolic peoples) worship and shamanism. The first is the increasingly influential discourse of international human rights. Rights and International Law in the Epoch of Globalization Two developments associated with globalization challenge the way we think about rights. transnational terrorism and the . This lecture suggests some new identifications of the peoples mentioned in these accounts. A radical idea is at stake : that the international community may enforce moral principles and legal rules regulating the conduct of governments toward their own citizens. Sasanid) traditions.914 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES origin continued. Dasht-i Qipchâq). Islamic and Chinese sources. One of the possible sources for this transformation may have been the Ors guard force of the Qaghans. Mongol. occasionally predatory neighbors and sometimes allies (cemented by marital ties) of the Rus’. Pers. Georgia. The Ors were Khwârazmian in origin and a number of the practices associated with the later Khazar Qaghans are similar to Iranian (cf. Khwârazm and Hungary. Byzantium. CumanQïpchaq origins remain an ongoing question of Turkic Studies. Mme Jean Louise Cohen Professeur. université de Columbia (États-Unis) Rethinking Sovereignty. The second development is the expanding reach of global governance institutions that make authoritative policies and coercive legal rules regulating the actions of state and non-state actors. It concludes with a brief overview of the Cuman-Qïpchaq religious system. The contours of these events are preserved in the 12th century authors. Lecture IV : The Shaping of the Cuman-Qïpchaqs and their World The Cuman-Qïpchaqs constituted an acephalous. They are known by a variety of names in a wide range of Turkic. loosely held tribal union that dominated an area extending from the Pontic Steppes to Western Siberia and Uzbekistan. Transcaucasian. The Cuman-Qïpchaqs integrated themselves into the regional political systems.N. sovereignty and international law. European. The global political system centered in the U. a region termed the Qïpchaq Steppe (cf. serving as difficult. This discourse has led cosmopolitan legal and moral theorists to argue that the “sovereignty” and external legitimacy of governments should be contingent on their being both non-aggressive and minimally just. failing states. al-Marwazî (repeated by Aufî – early 13th century) and Matthew of Edessa. The Cuman-Qïpchaqs derived from elements of the Kimek confederation in Western Siberia (which contained Turkic and Mongolic elements) that was broken up (first half of the 11th century) by a series of migrations that began in the steppe borderlands of China. now acts in response to the proliferation of new threats to international peace and security coming from civil wars. the two key principles of the global legal order. Indeed many have argued that we are witnessing the constitutionalisation of international law. 2. . The second will address the question of how to think about the relation between human rights and sovereign equality. sovereignty oriented model of international relations and international law. construed as the enforcement by the international community of human rights.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 915 risk that private individuals will acquire weapons of mass destruction. Instead of defending a “state-centric” sovereigntist position. in the epoch of humanitarian intervention. The dangers these threats pose to “human security” seem to indicate the necessity to transcend the state centric. In each case I will argue that the legitimacy of global governance and of global governance institutions depends now on formal legal reform involving the participation of all member states. however. I will argue in favor of a dualist conception of the new world order. as the only acceptable alternative to empire or to the disintegration of the international order into regional “grossraume”. Toward a Jus Post Bellum for Transformative and/or Humanitarian Occupations. means that the latter has lost legal as well as political sovereignty. A Global State of Emergency or the Further Constitutionalisation of International Law. and that the decoupling of that law from the state. in ways that undermine human rights in the name of human security and threaten both domestic as well as global constitutionalism. l. Developments such as humanitarian intervention. The last will take up the dilemmas produced the fact that the Security Council has started legislating in the global war on terror. Sovereignty is deemed an anachronistic concept. transformative occupation regimes. and legislation by the United Nations Security Council to counter the “emergency” posed by global terrorism are seen as the key constitutional moments in the development of a new world order. This lecture series will challenge the notion that we are en route to a cosmopolitan world order without the sovereign state. and the globalization/constitutionalisation of international law. The third will address the paradoxes involved in the transformative occupations that follow upon humanitarian intervention regarding the concepts of sovereignty. Rethinking Human Rights and Sovereign Equality in the epoch of Humanitarian Intervention. Sovereignty and International Law Revisited : A Pluralist Perspective. inadequate for understanding the new world order characterized by global politics and global law. for which the concept of changing “sovereignty regimes” is more appropriate than cosmopolitanism. The first lecture will address the theoretical issues involved in rethinking the relation between sovereignty. of the new world order. I will embrace the project of the “further constitutionalisation” of international law. 4. but I will do so on the basis of a constitutional pluralist. rather than a monist perspective. popular sovereignty and self-determination. 3. Cette image peut revêtir des degrés de clarté variables. a priori.916 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES M. ne sera exempte ni de risques ni de difficultés. inénarrable. d’aborder un cas extrême de la représentation figurative. Stoichita Professeur à l’université de Fribourg (Suisse) Des Larmes et des saints Le mot « vision ». Il s’agit pourtant d’images et de textes problématiques et paradoxaux puisqu’ils représentent ce qui. par la spiritualité de la Contre-Réforme. LVII. q. par l’art occidental de la même époque et. Victor I. essayer de déchiffrer le mécanisme de leur fonctionnement en tant qu’images relatant une expérience d’image (une « vision »). Elles s’arrêteront sur les mécanismes de dédoublement métapictural à l’œuvre dans les tableaux de visions. I. simple quant à son point de départ. . il est appliqué à la perception interne due à l’imagination ou à l’intellect (Summa theologica. dans un espace géographique limité mais sur une toile de fond très ample. tout en étant une expérience de l’image. Pour assumer cette tâche. qui redécouvre le rôle de l’imaginaire dans l’exercice de la foi. Cette toile de fond est constituée. car les caractéristiques fondamentales de l’imaginaire occidental se trouvent ici indéniablement poussées jusque dans leurs derniers retranchements. il signifie la perception par l’organe de la vue . d’un côté. peut avoir deux sens : dans le premier. Au sens mystique. l’épreuve visionnaire n’est pas nécessairement une expérience optique. en fait. irreprésentable. mais l’enjeu de cette recherche est plus vaste. a. disait Thomas d’Aquin. ineffable. La peinture espagnole du xvie et du xviie siècles fournira la plupart des exemples. La plupart des mystiques sont pourtant d’accord sur le fait que la rencontre avec le transcendant est. La démarche interprétative. dans le second. ne peut être ni vu. de l’autre. dans son essence. 1). interrogeront le rôle du corps en extase dans la communication d’une expérience inénarrable. Il s’agit. C’est justement le grand problème de la « représentation de l’irreprésentable » que cette série de conférence se propose d’aborder. ce qui n’empêche pas que la culture occidentale dispose d’innombrables textes littéraires et d’autant d’œuvres d’art qui en parlent. les conférences emprunteront le chemin le plus direct : interroger la langue originaire des images. ni représenté. e. Gyorgy Buzsáki Professeur à l’Université Rutgers. I this talk I will examine issues relevant to an assessment of the work performed by inhibitory interneurons in the service of brain function. The phase of spikes correlates more strongly with distance than with the time elapsed from the point the rat enters the place field. We show here that at faster running speeds place cells are active for fewer theta cycles but oscillate at a higher frequency and emit more spikes per cycle. Newark (États-Unis) 1. 2. We suggest that the systematic relations between single cell discharge and the activity of neuronal ensembles reflected in local field theta oscillations.We report that temporal spike sequences from hippocampal “place” neurons on an elevated track recur in reverse order at the end of a run but in forward order in anticipation of the run. This bidirectional reenactment of temporal sequences may contribute to the establishment of higher order associations in episodic memory. Interneurons also show transient phase precession and contribute to the formation of coherently precessing assemblies. the phase shift of spikes from cycle to cycle (i. temporal precession slope) is faster. Neuronal synchrony : internally advancing assemblies in the hippocampus Five key topics have been reverberating in hippocampal-entorhinal cortex research over the past five decades: episodic and semantic memory. Neuronal synchrony : metabolic and wiring costs of excitatory and inhibitory systems The major part of the brain’s energy budget (~ 60-80%) is devoted to its communication activities. path integration (“dead reckoning”) and landmark (“map”) navigation. 3. Understanding how inhibitory interneurons contribute to brain energy consumption (brain work) is not only of interest in understanding a fundamental aspect of brain function but also in understanding functional brain imaging techniques which rely on measurements related to blood flow and metabolism. the speed-correlated increase of place cell oscillation is responsible for the phase-distance invariance of hippocampal place cells. coinciding with sharp waves. Neuronal synchrony : oscillatory and non-oscillatory emergence of cell assemblies Timing of spikes within the theta cycle has been shown to reflect the spatial position of the animal (“phase precession”). Vector distances between the place fields are reflected in the temporal structure of these sequences.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 917 M. relatively little attention has been paid to its metabolic costs. Thus. and theta oscillation. provide a useful . As a result. While inhibition is critical to brain function.. We hypothesize that neuronal representations. During the delay period of a memory task each moment in time was characterized by the activity of a unique assembly of neurons. temporally coordinates the self-organized oscillations in the neocortex. essentially a dead reckoning behavior. 4. Such tasks do not require map representation and are formally identical with learning sequentially occurring items in an episode. non-memory. Neuronal synchrony : coupling of hippocampal and neocortical systems Both the thalamocortical and limbic systems generate a variety of brain statedependent rhythms but the relationship between the oscillatory families is not well understood. multiple crossings of common junction(s) of episodes convert the common junction(s) into context-free or semantic memory. Hebbian plasticity. A longstanding conjecture in neuroscience is that aspects of cognition depend on the brain’s ability to self-generate sequential neuronal activity. thereby predicting behavioral choices. In rats trained to run in directionguided (1-dimensional) tasks. Such sequences were not formed in control. including errors. I suggest that slow oscillation of the neocortex.918 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES insight into the relationship among these terms. Transient coupling between rhythms can guide bidirectional information transfer among these structures and might serve to consolidate memory traces. to different sequences. place representations by hippocampal neurons in 2-dimensional environments are typically omnidirectional. converts the travel distances into synaptic strengths between the sequentially activated and unidirectionally connected assemblies. characteristic of a map. Analogously. also support episodic recall and the planning of action sequences. uniquely. evolved for encoding distance in spatial navigation. hippocampal cell assemblies discharge sequentially. I suggest that orthogonal and omnidirectional navigation through the same places (junctions) during exploration gives rise to omnidirectional place cells and. facilitating the formation of maps and episodic/semantic memories. consequently. entorhinal cortex. tasks. maps free of temporal context. In contrast. We found that reliably and continually-changing cell assemblies in the rat hippocampus appeared not only during spatial navigation but also in the absence of changing environmental or body-derived inputs. whereas different conditions gave rise. . Identical initial conditions triggered a similar assembly sequence. acting within the temporal window of the theta cycle. with different assemblies active on opposite runs. Theta oscillation can hence be conceived as the navigation rhythm through both physical and mnemonic space. subiculum and hippocampus. that is place cells are unidirectional. Transfer of information across structures can be controlled by the offset oscillations. Generation of a map requires exploration. dont nous décrivons maintenant brièvement le contenu. est d’équi-dimension d. Nous travaillons avec des groupes unitaires U dont les points réels sont compacts. Le théorème principal est alors que Zu est Zariski-dense dans certaines composantes de X3 (qui sont des boules ouvertes de dimension 6). Il peut être vu comme une interpolation p-adique d’une partie du spectre automorphe (discret) de U. un ordre total sur les valeurs propres de la classe de Langlands de Πp). p un nombre premier. et d’un « raffinement » R de Πp (essentiellement. nous définissons ce qu’est une « représentation automorphe p-adique de pente finie » et nous démontrons que l’ensemble de ces dernières forme un espace analytique p-adique naturel : la « variété de Hecke » de U. Pour un tel groupe U. L’objectif du cours est d’étudier le cas de la dimension supérieure. les points classiques sont Zariski-denses dans Yd (U ). la première partie du cours a consisté en une analyse des congruences modulo une puissance de p entre celles-ci. . Nous développons de plus un ensemble de résultats permettant de « minorer » l’adhérence de Zariski de Zu en toutes les dimensions d.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 919 M. aux points de Zu sont associées des représentations automorphes pour divers groupes unitaires à d variables attachés à E/ . En 1995. Gouvêa-Mazur et Coleman ont démontré que pour E = . Nous supposons pour cela que E est un corps quadratique imaginaire (dans lequel p est décomposé) et que toutes les représentations en jeu satisfont de plus une condition d’auto-dualité. et l’objectif est d’étendre à ces derniers les résultats sur les familles p-adiques de formes modulaires obtenus par Hida. et GS le groupe de Galois d’une extension algébrique maximale de E non ramifiée hors de S. Le cours s’est composé de quatre séances de deux heures chacune. qui apparaissent (à torsion près) dans la cohomologie étale des variétés projectives lisses sur E. et nous étudions un analogue de ces questions pour le groupe de Galois absolu de p. et la question s’est posée de comprendre ce lieu. Un sous-ensemble dénombrable naturel Z de Xd est donné par les représentations dites « géométriques ». Gaëtan Chenevier Chargé de recherches au CNRS Variétés de Hecke des groupes unitaires et représentations galoisiennes Soient E un corps de nombres. Nous nous intéressons à l’espace analytique p-adique Xd paramétrant les représentations (semi-simples) de GS de dimension d et à coefficients p-adiques. notamment la contribution de la partie Zu de Z provenant des variétés de Shimura associées aux groupes unitaires sur . est associé un point dit « classique » de Yd (U ) . à chaque paire (Π. S un ensemble fini de premiers de E (contenant ceux divisant p). R) formée d’une représentation automorphe Π de U telle que Πp est non ramifiée. Coleman et Coleman-Mazur dans le cadre du groupe GL2 sur . En effet. disons noté Yd (U ). Cet espace. D’après les travaux de nombreux auteurs. l’ensemble Z est Zariski-dense dans certaines composantes connexes de X2 (qui sont des boules ouvertes de dimension 3). nous obtenons par interpolation un morphisme Yd (U ) → Xd. concernant la théorie des représentations cristallines de Fontaine : « Toute déformation à l’ordre un d’une représentation cristalline générique est combinaison linéaire de déformations triangulines ». En dimension 2. Γ)-modules et de la notion de représentations « triangulines » (Colmez). qui se trouve être quasi-fini. nous nous ramenons à démontrer un énoncé purement local. En effet. L’objectif est de comprendre les positions relatives des différentes branches de la fougère Fd au voisinage d’un point x de Zu comme plus haut. Il envoie les points classiques de Yd (U ) dans Zu. qui permettent notamment de comprendre le pendant galoisien des « raffinements » intervenus plus haut. Pour démontrer cet énoncé. La seconde partie du cours a constitué en l’étude de Fd. nous en déduisons les résultats annoncés au premier paragraphe. disons notée Fd. qui lui ont donné le nom de « fougère infinie » (que l’on reprendra pour Fd) pour en illustrer cet aspect. Ses propriétés s’interprêtent de manière naturelle à l’aide de la théorie des (ϕ. nous étudions tout d’abord la restriction au groupe de Galois absolu de p de la famille p-adique naturelle de représentations de GS portée par Yd (U ). correspondant aux différents choix de raffinements associés aux antécédents de x dans Yd (U ). la somme des espaces tangents des différentes branches de Fd en x est de dimension au moins d ( d2+1) . est assez complexe. en chaque point x de Zu qui est l’image d’un point classique de Yd (U ) passe en général d ! branches de Fd. Ceci étant fait. Le résultat principal est que sous une condition purement locale en p de « généricité » sur x que nous définissons. l’espace Xd est de dimension d ( d2+1) en général alors que Yd (U ) est de dimension d . . de plus. nous avons illustré nos résultats par un exemple explicite de composante de X3 attachée au carré symétrique de la courbe elliptique X0(19). ces résultats sont dus à Kisin et Colmez .920 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES Lorsque nous savons associer aux représentations automorphes de U les représentations galoisiennes prédites par Langlands et Arthur (par exemple quand d ≤ 3 ou sous certaines hypothèses locales). Il en résulte que Fd admet une structure de type fractal. L’objet analogue dans le cadre de GL2 avait été mis en évidence par Gouvêa et Mazur. mais son image. les généralisations nécessaires à la dimension supérieure présentées dans le cours sont un travail en commun avec Joël Bellaïche. À la fin du cours. dans la perspective de l’enseignement de Lao-Tseu. La seconde est l’extension de la faculté humaine de « sentir » : elle permet de dépasser les restrictions spatio-temporelles en dehors du corps.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 921 M. La culture. La première consiste dans l’intensification de la faculté humaine de « penser ». La réalité virtuelle apparaît donc comme une production très artificielle. trouve son origine dans cette convergence technologique. La simultanéité et l’instantanéité provoquent la « déterritorialisation » des choses. de manière à connaître la réalité telle qu’elle est vraiment pour ensuite agir droitement. qui ne lui permettent pas de transcender la nature. . est fondamentalement une transformation ou une variation de la nature. Elle reste ainsi dans le domaine des activités humaines. base ontologique de la réalité virtuelle. Et là où nulle distance ne subsiste. rien de substantiel ne demeure. dans la mesure où la réalité virtuelle outrepasse les limites de n’importe quelle expérience humaine concevable. considérée comme le produit des activités spirituelles humaines. est saturée de réalité virtuelle. La réalité virtuelle. Séoul (Corée du Sud) Une anthropologie philosophique des technologies de l’information et de la communication : une réflexion taoïste sur la réalité virtuelle Conférence donnée le 20 novembre 2007 La culture post-moderne contemporaine. qu’on appelle aujourd’hui la « société de l’information ». Les technologies de l’information et de la communication constituent le moteur de cette réalité virtuelle qui établit un nouveau Lebenswelt. fondée sur le cyber-espace. qui nous permet de dépasser les restrictions organiques dues au corps dans le corps lui-même. Celui-ci affirmait en effet que nous ne devrions rien ajouter d’artificiel au monde et laisser les choses telles qu’elles sont. qui repose ontologiquement sur la réalité virtuelle. elle ne peut pas apparaître si elle en est coupée. la culture au sens ordinaire renvoie à l’esprit humain qui est objectivé dans la réalité naturelle. peut échapper au contrôle humain. Au contraire. La « culture de l’information ». où l’identité et la différence coexistent sans pouvoir être distinguées. C’est la « révolution digitale » qui a rendu possible ces nouvelles technologies. Sungkyunkwan University. La caractéristique absolument nouvelle du mélange de ces deux technologies réside dans sa capacité à associer « noesis » et « aisthesis » : l’objet de la pensée (l’unité logico-mathématique) et l’objet de la sensation (sense data) se transforment l’un dans l’autre. Dans cet espace hybride. Dong-Hyun Son Professeur. Et même si la culture transcende la nature. Le cyber-espace n’est pas réellement un espace : il n’y subsiste ni extensionalité ni distance. le temps aussi disparaît. Le cyber-espace. qui résultent de la fusion de deux technologies différentes : la technologie de l’intelligence artificielle et la technologie de la sensation. peut s’éloigner du monde naturel en dépassant les restrictions naturelles qui ont été si longtemps associées à la condition humaine. porteuse de risques qui nous sont encore inconnus. les deux concepts ont été tellement simplifiés et vulgarisés qu’ils ont prêté le flanc à toute une série d’objections. notamment de la part des partisans d’une approche plus sensible à l’épaisseur idéologique et culturelle des textes et de leurs auteurs. Les technologies de l’information et de la communication ont donné naissance à un monde de réalité virtuelle. que l’on peut essayer de montrer dans quelle mesure ils pourront encore se révéler utiles et efficaces dans le cadre de la recherche actuelle. celui de poésie formelle. ce mouvement apparaît comme un progrès pour le bien-être de l’humanité. Sans un fondement ontologique solide. Ce qui nous est donné au travers de nos activités n’est pas le monde lui-même mais plusieurs « mondes » ou seulement quelques aspects du monde. Robert Guiette. le Monde entendu comme un tout n’est pas un fait. Et la démarcation entre le monde réel et le monde imaginaire se révélera de plus en plus obscure. s’impose au détriment des autres mondes constitués par la variété des expériences humaines. L’enseignement de Lao-Tseu. dans l’intérêt du tout. Grâce à son « hyper-réalité ».922 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES Pour ce qui est des êtres humains. a conditionné. À première vue. le cyber-monde demeurera fragile. Pourtant. un monde unique. qui se diffuse dans tout le cyber-espace. quand il nous enjoint de « ne rien faire ». dans la communis opinio des critiques. qui a sa nature et ses caractéristiques propres. des différents « mondes ». qui n’est qu’un des mondes. Aujourd’hui. On a cependant l’impression que depuis longtemps. doit être examiné d’un point de vue ontologique. . la « digitalisation » de la variété des activités et des expériences humaines dans un code neutre. mais seulement une idée. il masque le danger que ne soient détruites et fragmentées la subjectivité et l’identité personnelle. La technologie. Le fait que le cyber-monde. Università degli Studi di Milano (Italie) Les frontières du grand chant courtois Le concept de grand chant courtois. la réflexion sur la poésie lyrique médiévale des quatre ou cinq dernières décennies. ou plutôt nous révèle. Mme Maria Luisa Meneghetti Professeur. nous pouvons maintenant découvrir de nombreux mondes possibles et étendre indéfiniment le domaine de résidence de l’humanité. à l’instar de n’importe quelle autre activité humaine. qui n’a pas besoin de suivre les principes du monde naturel ordinaire. constitue. en bien ou en mal. Ce n’est donc qu’à partir d’un réexamen du sens primitif donné à ces deux concepts par leur inventeur. suppose « l’équilibre et l’harmonie » au sein des différents points de vue. c’est-à-dire du Monde. de même que son antécédent plus générique – mais plus « fort » du point de vue théorique –. est devenue en quelque sorte routinière. un véritable genre. Deuxièmement. en ayant recours à la notion d’interdiscursivité. tout en restant pratiquement inaltérée tout au long du parcours de la littérature d’oc. qui se développa dans un milieu historique et culturel très précis – celui des poètes aristocratiques d’oïl d’avant la troisième décennie du xiiie siècle –. comme on vient de le dire plus haut. Guiette voyait l’élément fondateur de la poésie formelle dans une typologie communicative que l’on pourrait. il est nécessaire de fixer son attention non pas sur le texte isolé. cela signifie que. en principe. en second lieu.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 923 Lorsque l’on s’en tient aux principes les plus généraux de la réflexion de Guiette. les troubadours semblent privilégier. pour comprendre le sens de cette poésie. on se rend d’abord compte qu’il considérait. l’évidente homogénéité structurelle et thématique des textes. sans aucune possibilité d’extension abusive à d’autres réalités lyriques. appeler « interdiscursive » . pour leurs textes. mais draine une gamme de contenus bien plus riches et plus variés. de références et d’impulsions étrangères à la ligne de l’auto-anamnèse typique du discours lyrique – qui la caractérise. la canso occitane. en principe. l’opposition. la poésie formelle comme une modalité stylistique typiquement médiévale. d’après les acquisitions de la critique postbachtinienne. les liens de nature intertextuelle. entre la chanson et les genres poétiques à forme fixe qui sont souvent (mais pas uniquement) d’origine populaire. à son avis. ne peut pas être définie aussi catégoriquement comme la « forme-type » de la poésie d’amour des troubadours. exprimé selon les formules de l’effusion des sentiments et traité dans le cadre consolidé de l’idéologie de l’amour courtois . La présence d’un « quotient d’hétéroréférence » très élevé fait que la canso s’ouvre à toute une série de thématiques et de stratégies rhétoriques et discursives que le grand chant courtois. Par contre. tandis que chez les trouvères le rapport qui s’instaure entre chaque texte appartenant au genre du grand chant courtois et ses « confrères » peut aisément être décrit. puisqu’avec la forme de la chanson ne sont réalisées que des œuvres dont le sujet est de nature amoureuse. nette et essentiellement binaire. ce qui compte vraiment est l’expérience de la sérialité. dans laquelle la structure rhétoricomusicale apparaît inséparable d’un contenu déterminé pour ainsi dire idéologiquement. En particulier. Cela dit. c’est le « quotient d’hétéroréférence » – c’est-à-dire la capacité d’accueillir dans le texte poétique une série d’indications. tandis que le grand chant courtois aurait été. mais sur la série textuelle dont celui-ci fait partie : pour le créateur de poésie comme pour son public. Ce qui rend la canso occitane quelque chose de tout à fait différent par rapport au grand chant courtois. puisque. on peut ajouter que deux éléments ont contribué à renforcer la « conscience du genre » chez les poètes d’oïl et le public contemporain du grand chant courtois : en premier lieu. elle n’accueille pas exclusivement le thème érotique. plus marqués précisément du point de vue de la référence. . ignore. qui est pourtant la concrétisation d’un art formel fondé sur des bases fort semblables à celles du grand chant des trouvères. From a State-centric and West-centric International Society to a Multi-polar and Multi-civilizational Global Society 1. and the Sovereign States System. II. 2. (3) The Need to Minimize Conflicts between Egocentric. The trans-civilizational perspective : a cognitive framework for viewing the st century world I. (1) The Conflict between the Transnationalization of Economics and Information. Yasuaki Onuma Professeur à l’université de Tokyo (Japon) Human Rights in a Multipolar and Multi-civilizational World of the 21st century. (2) Problems with the International and Transnational Perspectives. (1) Civilizational Factors and Perspectives as Preserved and Utilized within the Sovereign States System. (1) Significance of the Transnational Perspective. A View from a Trans-civilizational Perspective Lecture I. The State-centric and West-centric International Society of the 20th Century.924 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES M. The Transnational Perspective. (2) Decline of the Non-Intervention Principle and the Problematization of Civilizations. . 3. 2. The Trans-civilizational Perspective. (2) The Conflict between the Global Quest for Human Dignity and the Sense of Humiliation Shared by Developing Nations. Unilateral Universalisms. The International Perspective. The Trans-civilizational Perspective as Compared with the International and Transnational Perspectives 1. (3) Emerging Discrepancies between Asian Economic Power and Western Intellectual/Informational Hegemony in Global Society. (4) The Functional Trans-civilizational Perspective. Conflicts Destabilizing the International Order. and lexicon . the Gathas. Martin Schwartz Professeur. Modification and Supplementation of International Human Rights Norms from a Transnational Perspective. 2. Modification and Supplementation of International Human Rights Norms from a Trans-civilizational Perspective. Liberation from West-centrism. and the composition of mysteries 1. 3. II Conditions for Globally Legitimate Standards and Frameworks of Human Rights 1. Berkeley (Etats-Unis) The poetry of the Gathas : Mysteries of composition. at once mystagogic and ludic. I shall illustrate the various devices which constitute this latter aspect — intentionally ambiguous syntax. morphology. Compositional techniques of the individual poems. The esoteric dimensions of gathic style. are characterrized by a cryptic aspect of style. and of the serial generation of the corpus. III.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 925 Lecture II. Significance of Current International Human Rights Norms. human rights from a trans-civilizational perspective I. 2. Relativity” in Human Rights 1. université de Californie. Problematic Features of the Theory of the Universal Origin of Human Rights. in addition to and alongside their direct communicative aspect. The Search for Trans-Civilizational Human Rights 1. 3. Like other early Indo-European poetries. 4. Liberation from Individualism. Liberation from Liberty-Centrism. “Universality vs. The Scope of “Universality” of Human Rights. 2. 2. Human Rights as the Most Effective Means for Protecting the Values and Interests of Individuals against Sovereign States and the Capitalist Economy. M. Yasna 53 is a wedding poem in the poet (stanzas 3-5) addresses the bride as “Pouruchista Haechataspana. Volumes 16 and 17. and various cryptic uses of coded initial sounds — a kind of phonic cabbalism — as well as oral acrostics. identical forms or cognates or homonyms) enter the next poem. thus contains the lexical strings of all the poems composed earlier (hence the irregular length of lines in Y53). In addition I shall a new. Yasna 53. and and its general interest for cognitive issues. a series of words whose formal equivalents (i. Beginning with the first poem in the corpus (demonstrably Yasna 29). and I hope somewhat astonishing demonstration of the teleological nature of the Gathic corpus. I shall focus particularly on Yasna 32. bringing together my various insights about this amazing text. each poem had to be composed according to patterns of concentric ring composition. from poem to poem (as indicated below). In addition. as it figures in the early histor yof Zoroastrianism. the last poem composed. virtually labyrinthine. and family”. I shall show that everything here (and most else in the poem) derives its wording from earlier poems in accordance with a very precise set of gamelike rules of composition. stanza by stanza. every completed poem (in an order different from that of the present Gathic canon) contributes a set of two strings of words. the youngest of Zarathushtra’s daughters”. stanza by stanza in each direction . with each new poem cumulatively bearing the word-strings of all the preceding poems.926 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES (word-play). However.e. “I will entrust *her with the zeal whereby she will attend to father. Subject to minor adjustments in translation. husband. Thus the contents summarized in my first paragraph above. the following describes this new view of the gathas which I shall present. both backwards and forwards. formal constraints which the Gathic poet imposed upon his compositions present us with new tools for the study of the . pasturers. and serial generation of the corpus. recapitulate words used earlier in other poems in contexts which are theological/mythological and eschatological. which refer to practicalities of a real wedding. including words quoted (and even the elements of the proper names). The formulation of the foregoing would ordinarily be thought dictated merely by the realia of the occasion at hand. In my talk I shall summarize my discoveries about the composition of the Gathas — ring composition of first-stage (protopoems) and second-stage final poems. The many odd. I have presented these principles and illustrated them with charts in The Bulletin of the Asia Institute. This will provide material for discussion of the question of the authorship of the Gathas. says that “he will give her (a benefactor) as mate’ and states further. whereby each poem gives. which would obligatorily serve as the basic « vertical » word pool for the poem’s phraseology. This principle can be derived. In work.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 927 relative chronology of his poems. an integral part of value learning .. For a broader perspective on of what this all amounts to (and I confess feeling still too close to the data to have a desirable perspective). neurobiologists and the machine learning community. This enables the value of sensory trajectories to be optimised through action. from the very existence of agents. and for assessing the connection of his poetic with his religious thought. we show that perceptual learning is. This means that acting to maximise value is the same as acting to minimise surprise. for the lexicographical problems they pose. literally. given a particular agent or phenotype. University College London (Grande Bretagne) A Free energy principle for the brain Thursday May 29th : Action. perception and free-energy Value-learning and perceptual learning have been an important focus over the past decade. Furthermore. in the sense that perception is necessary to integrate out dependencies on the inferred causes of sensory information. conditioning paradigms (both classical and operant) can be regarded as introducing . e. This formulation is important because it places the mechanisms of value-learning and reinforcement in the larger context of perceptual learning. in other words. We show that this model emerges naturally as the internal states of the agent optimise the free energy bound above. both fields have developed their own rhetoric and postulates. sampling the environment so that is conforms to our expectations. For example. we show that acting to optimize value and perception are two aspects of exactly the same principle.g. Clearly. I look forward to the reactions and insights to be provided by the discussion. In this way. the role of prediction error in optimising some function of sensory states. exchange or interactions with the environment are maintained within bounds that preserve the integrity of the agent. in a straightforward way. Karl Friston Professeur. namely the minimisation of a quantity [free energy] that bounds the probability of sensory input. M. the surprise of a sensory exchange depends on some representation or perceptual model of that exchange. This treatment unifies value and perceptual learning and suggests that value is simply the probability of sensory input expected by an agent. by considering the probabilistic behaviour of an ensemble of agents belonging to the same class. attracting the concerted attention of experimental psychologists. Despite some formal connections. Furthermore. Friday May 30th : (NeuroSpin) : Variational filtering and inference We present a variational treatment of dynamic models that furnishes the timedependent conditional densities of a system’s states and the time-independent densities of its parameters. Here. Furthermore. Using constructs from statistical physics it can be shown that the problems of inferring what cause our sensory inputs and learning causal regularities in the sensorium can be resolved using exactly the same principles. surprising). The ensuing scheme rests on Empirical Bayes and hierarchical models of how sensory information is generated. the neurobiological substrates of value-learning become accountable to the larger problem of perceptual inference in the brain. The free-energy considered here represents a bound on the surprise inherent in any exchange with the environment. or to change its expectations. in generalised co-ordinates of motion. we suggest that these perceptual processes are just one aspect of systems that conform to a free-energy principle. This scheme provides a principled way to understand many aspects of the brain’s organization and responses. during perpetual inference. We refer to this approach as dynamic expectation maximisation (DEM). A system can minimize freeenergy by changing its configuration to change the way it samples the environment. The resulting scheme can be used for online Bayesian inversion of nonlinear dynamic causal models and eschews some limitations of existing approaches. Monday June 1st : Perceptual inference and learning This talk summarizes our recent attempts to integrate action and perception within a single optimization framework. rewards are simply predictable stimuli (and aversive stimuli are.928 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES statistical regularities into the sensorium. These obtain by maximising the variational free energy of the system with respect to the conditional densities. The use of hierarchical models enables the brain to construct prior expectations in a dynamic and context-sensitive fashion. These changes correspond to action and perception . These are learned in the same way we learn the causal structure of sensory contingencies. For example. be definition. This is consistent with a role in modulating the balance between bottom-up sensory information and top-down empirical priors. This approach rests on formulating the optimisation of free energy dynamically. such as Kalman and particle filtering. In this view. dopamine may not just signal reward but have a much more generic and role encoding the conditional certainty or precision of our predictions. The ensuing free energy represents a lower-bound approximation to the models marginal likelihood or logevidence required for model selection and averaging. We start with a statistical formulation of Helmholtz’s ideas about neural energy to furnish a model of perceptual inference and learning that can explain a remarkable range of neurobiological facts. inference and learning can proceed in a biologically plausible fashion. under expectations encoded by its state or configuration. Birmingham (États-Unis) Stroke. . as well as increasing prevalence of hypertension and diabetes in the general population. in parallel with increased surveillance. There is an increasing realization that CKD is associated with cardiovascular outcome events. This treatment implies that the system’s state and structure encode an implicit and probabilistic model of the environment and that its actions suppress surprising exchanges with it. M. reported that CKD and anemia (hemoglobin < 12 gm/dl in women. serves as an independent risk factor for cardiovascular morbidity and mortality associated. David Warnock Professeur à l’Université d’Alabama. including mortality rates. hospitalization rates and cardiovascular event rates. as well as longer term outcome measures. with a relative risk of 7. and < 13 gm/dl in men) were independent risk factors for stroke in a middle-aged community-based population in the Atherosclerosis Risk in the Community (ARIC) study. Anemia is frequently associated with CKD. Furthermore. Abramson et al. We will look at models entailed by the brain and how minimization of free-energy can explain its dynamics and structure. and when present. surprise and [negative] value are all the same thing. This association has been described with short-term outcomes in patients with acute myocardial infarction. the increasing prevalence of CKD in the US population mirrors what is happening at the global level. Similarly. with stratification according to the degree of impairment of kidney function: a) the Renal REGARDS cohort is the focus of our current efforts at the University of Alabama at Birmingham . and that this association is more marked with more advanced CKD. it suggests that free-energy. routine reporting of estimated glomerular filtration rates (eGFR) with the MDRD equation. and the prevalence of chronic kidney disease also appears to be increasing. the combination of anemia and CKD has a significant impact on survival after acute myocardial infarction in a study of Medicare recipients in Georgia. These same etiologic factors are also increasing at the global level. CV Disease and Chronic Kidney Disease The incidence of end-stage renal disease (ESRD) is increasing in the United States (US) population USRDS.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 929 respectively and lead to an adaptive exchange with the environment that is characteristic of biological systems. There are 3 large samples of patients in the US that provide estimates of the prevalence of CKD.49 in those subjects who are anemic and had creatinine clearance < 60 ml/min compared to the non-anemic participants with creatinine clearances > 60 ml/min. especially of the systolic component. control of hyperlipidemia. the focus is on preventing the worsening of their current condition. there appears to be an association between CKD (eGFR < 60 ml/min/1. and may also directly contribute to the ongoing damage to the kidney in CKD associated with proteinuria. age... is of primary importance in both primary and secondary prevention of Cardiovascular and Cerebrovascular Events. The REGARDS and KEEP cohorts are older than the NHANES cohort. and seems greater than that seen with other classes of antihypertensive . and type II diabetes mellitus. smoking.g.73 m2) and AMI and stroke. with an increased risk. Proteinuria. diabetes. gender) and non-traditional (CKD stage. systolic hypertension.73 m2/year.930 RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES b) the National Kidney Foundation Kidney Early Evaluation Program (KEEP) . and progressive CKD and ESRD. ethnicity) risk factors for the occurrence of stroke. These cohorts are the undergoing longitudinal evaluation to prospectively determine the incidence of cardiovascular disease (MI and CHF). systolic blood pressure control is important in the primary and secondary prevention of chronic kidney disease (CKD). adjusted for traditional (e. This effect is well described. smoking cessation and dietary salt intake at the recommended daily allowance of 2. These prevalence estimates and associations will be converted to actual hazard ratios and detailed definition of the importance of traditional (i. Proteinuria is a biomarker of kidney damage. reduction of urine protein excretion with “anti-proteinuric” therapy can have a beneficial effect on the rate of progression CKD. and c) the National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) 1999-2004. including type I. anemia. autosomal dominant polycystic kidney disease). Hypertension and Chronic Kidney Disease Progression Effective blood pressure control. Even in forms of CKD not usually associated with proteinuria (e. Similarly. expressed as ml/min/1. and angiotensin type 1-receptor blockers (ARBs). and in patients for whom kidney function is already affected. cerebrovascular disease (strokes and TIAs). cardiovascular events and ESRD. Progression of CKD is usually quantified as the linear slope with time of changes in the glomerular filtration rate.. cholesterol. anemia management. used either alone or in combination are the mainstays of antiproteinuric therapy.g. which is described as slowing the “progression” of CKD. Based on self-reported history of co-morbidities. Proteinuria is an important biomarker is many forms of CKD. In addition to systolic blood pressure. Framingham) risk factors of 35%. and have slightly greater prevalence of more advanced CKD (Stage 3) than the NHANES cohort. inflammation. All three cohorts also provide prevalence estimates for co-morbidities such as cardiovascular and cerebrovascular disease. Angiotensin converting enzyme inhibitors (ACEIs).4 grams of sodium are part of the general approach to optimizing outcomes in patients with CKD.e. In this context.5 grams/day with ACEI/ARB therapy and also other non-traditional forms of therapy including other forms of RAS blockers. which makes the utilization of traditional anti-proteinuric therapy challenging. the systolic blood pressure is not usually elevated. do not achieve the ultimate goal of reducing the progression rate to < 1 ml/min/1. rather than lowering the systolic blood pressure to an arbitrary. A new paradigm is emerging that focuses directly on the control of proteinuria to less than 0. the importance of control of proteinuria in slowing the progression of CKD will be emphasized with the use of a combination of treatment approaches to achieve this goal. vitamin D. and type II diabetes. per se. At present.RÉSUMÉS DES COURS ET CONFÉRENCES 931 therapy. giving rise to the feeling that these agents have beneficial effects above and beyond what can be achieved with blood pressure control alone. Even in the most well defined outcome studies of type I. control of proteinuria. though significant. These issues will be put in focus for the case of Fabry nephropathy. Fabry disease is a rate multi-system disease caused by a mutation in the alpha-galactosidase A gene on the X-chromosome. In conclusion. and other agents. the outcomes with respect to slowing the rate of progression of CKD. there is a balancing act between the control of blood pressure and control of proteinuria. but in contrast to diabetes. long-term outcome studies are need before reduction of urinary protein excretion can be accepted as a surrogate endpoint for slowing the progression of CKD. While this approach clearly has merit. It is a progressive form of proteinuric CKD. fixed goal becomes the primary outcome measure. .73 m2/year. . I Domaines. Tibet. Doctorants : Stéphanie Bourla. Eva Szily. EPHE/Collège de France Membres EPHE : Lyne Bansat-Boudon. Kathia Juhel. Membre hors EPHE : Judit Törzsök (Maître de conférences. Asie du Sud-Est notamment). Seiji Kumagai (Ecole doctorale franco-japonaise). religions et systèmes politiques à travers les siècles. Rosita De Selva (Ingénieur d’études). L’équipe compte également 16 membres associés et 4 doctorants associés appartenant à d’autres institutions de recherche et d’enseignement. chargée de conférences à l’EPHE). représentations EA 2723. Vincent Tournier. Martine van Woerkens (Ingénieur de recherche). de recherches comparatives (en histoire des religions par .LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE Le monde indien : textes. univ. Centrés en premier sur l’étude des sources textuelles et le repérage de manuscrits et autres documents inédits. Cristina ScherrerSchaub (Directeurs d’études). Gerdi Gerschheimer. les belles-lettres et l’histoire. Julia Estève. recherches Les recherches de l’équipe portent sur l’Inde et les espaces asiatiques concernés par la diffusion de sa culture (Asie centrale. Hugo David. Responsable : L. sociétés. Ils s’enrichissent d’enquêtes de terrain (anthropologie). Lille 3. ses savoirs. jaina et bouddhique). Bansat-Boudon. Isabelle Ratié (ATER à l’EPHE). les travaux portent sur les religions et philosophies indiennes (brahmanique. Silvia d’Intino (post-doctorante). l’un des textes les plus anciens sur le culte des yoginî. A. H. La comparaison de ce texte et du Pâramârthasâra d’Âdiçesha. 2008 . dirigé par G. Trois membres de l’équipe poursuivent des recherches importantes dans le domaine du Shivaïsme non dualiste du Cachemire et du tantrisme. Enfin. codicologie. 2008). théorie de la traduction. texte d’obédience philosophique différente dont il constitue la réécriture çivaïte. contribue à l’étude du thème de « la réécriture ». è. de n.2. è. 1. de n. financé par l’ANR ‘Corpus’ (2008-2010).) et de sa glose par Yogarâja (xie s. la mise en place d’une nouvelle présentation des inscriptions du musée national de Phnom Penh (Cambodge). Bénéficiant de moultes collaborations internationales. poursuit sur son forum électronique l’inventaire et l’édition annotée des inscriptions du Cambodge ancien. projet en cours auprès de la Gonda Foundation (IIAS. tant en Exégèse védique (mîmâmsâ) qu’en Nouvelle logique (navya-nyâya). 1. Philosophie. majoritairement en sanskrit et en vieux khmer. d’Intino). I. le PicumataBrahmayâmala Tantra. 2. exégèse 1. Gerschheimer. 1.3.) (parution prévue en 2009). Leyde). Ratié poursuit.934 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE exemple) et de réflexions méthodologiques (histoire textuelle. qui sera inaugurée en oct. la préparation d’un atelier spécifique de la 12e conférence de la EurASAA (Leyde. L’œuvre de Skandasvâmin (viie s. le Pâramârthasâra (« L’Essence de la réalité ultime ») d’Abhinavagupta (xe-xie s. sur la base de nouveaux matériaux repérés en Inde. de n. 3. sept.4. etc. l’étude de la notion de pratyabhijñâ chez Abhinavagupta. BansatBoudon achève actuellement une édition et une traduction commentée d’une des sources majeures de l’école çivaïte dite du Trika. consacré aux sanctuaires dits Çivapâda du Cambodge ancien.1. partenaire du projet plus vaste d’Espace khmer ancien de Constitution d’un corpus numérique de données archéologiques et épigraphiques (EFEO/EPHE). David a entamé une thèse de doctorat sur l’épistémologie de la connaissance verbale et la théorie de l’exégèse dans la branche dite Vivarana de l’école d’Advaita Vedânta. 1. Clavel. il est aussi. inscrit au quadriennal de l’équipe.) fait l’objet d’une étude sur la tradition exégétique du Rgveda (S. . Une partie des énergies de l’année a été investie dans trois directions : la mise au point d’une chronologie fiable des inscriptions . Le programme de Corpus des inscriptions khmères (CIK). achèvera bientôt sa thèse consacrée à l’épistémologie d’Akalanka. L. Pays-Bas. è. dans le cadre d’une thèse (soutenance prévue en 2008). Törzsök). doctorante associée. est le sujet de la troisième recherche (J.). célèbre docteur jaina du viiie s. technique éditoriale. depuis 2008. Gerschheimer se sont concentrées cette année sur la notion de divinité. Les recherches de G. . Juhel. Zürich) a fait l’objet d’une communication en juin 2007 au CTRC de Pékin et est actuellement en cours de traduction en chinois. 5. V. S. Tournier. Scherrer-Schaub à l’EPHE). (M. Paris III). ainsi que de séjours d’étude et de recherche à l’étranger (avec le soutien du CdF. 5. Juhel et V. le droit d’héritage et la gestion de biens des communautés bouddhiques du Tarim.5. L’année passée a permis de mettre au point. Complément important aux recherches précédentes. Soutif. la réflexion anthropologique.) a porté. La recherche bénéficie de lectures commentées de mahâyânasûtra. 5. sur les documents concernant le legs de serfs. pour publication. L’étude raisonnée des traités de philosophie Madhyamaka par le savant tibétain Ron ston (1367-1449) et de la Vigrahavyâvartanî du philosophe indien Nâgârjuna (iie-iiie s. collaborent de manière suivie avec d’autres équipes en France (ENS. Kumagai). principalement (J. sous la direction de M. EFEO) et participent activement à des projets de recherche internationaux (Autriche. concerne d’une part l’étude des structures de pouvoir et des articulations des différences (genres. de n. Les premiers résultats de la recherche portant sur différents aspects de la théorie politique indienne aux premiers siècles de n. Scherrer-Schaub (EPHE) et G. K. Deux publications sont annoncées pour 2009 (S. achèveront leurs thèses en 2008. cette année.4. 4. 5. Estève) ou à titre d’associé (D. Fussman au CdF et de C. religions). van Woerkens). Scherrer-Schaub. ainsi que de l’analyse critique de sources supposées avoir circulé en Inde dans des milieux proches de ladite école (séminaires de G.1..2. Quatre membres de l’équipe travaillent dans le domaine du bouddhisme indien et de sa transmission en Asie centrale et au Tibet (C.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 935 Les deux doctorants rattachés à l’équipe. è. Une partie des recherches en cours a fait l’objet de communications lors de colloques et congrès internationaux (voir ci-après). L’approche méthodologique de description et de datation relative des documents tibétains par C. K. USA). CNRS.3. son adaptation en milieu bouddhique et ses rapports avec l’idéologie sous-jacente ont fait l’objet d’une publication. d’autre part celle des rapports entre oralité et écriture dans le cadre de pratiques rituelles ou ordinaires. de n. Bonani (ETH. 5. sociétés. Kumagai). 5. Le projet sur l’étude des documents servant à l’histoire politique et militaire du Tibet et de ses monastères à l’époque impériale (viie-ixe s. van Woerkens. les textes des interventions aux journées d’études sur La louange en Inde organisées par l’équipe l’an dernier (6-7 mars 2007) et d’avancer dans la rédaction d’une histoire des femmes indiennes et de leurs résistances aux xixe-xxie siècles. Kumagai). è. Tournier (doctorants) poursuivent l’analyse des matériaux du Mahâvastu (école Lokottaravâdin-Mahâsâmghika).) ont fait l’objet du séminaire d’études bouddhiques EPHE 2007/2008 (C. Scherrer-Schaub & S. voir ci-après). è. Tournier. L. Autriche. .) : fouilles du Complexe Cultuel et aide à la mise en place d’une prospection géophysique autour du stûpa de Karatepe (dir. G. Ratié (EPHE et Oxford) a effectué une mission en Inde (repérage de manuscrits). voir infra. membre de l’« Atelier Chicago-Paris sur les religions anciennes ». K. H. congrès (en 2007/2008 : Angleterre. Törzsök contribue à la rédaction du vol. Karashima qui sera du reste l’année prochaine invité au CdF (chaire du Prof. son stage de fouilles à Termez. Deux autres doctorants (J. USA). collabore à un projet d’envergure. Estève et D. 2. Pays-Bas. de missions (étude de monuments. auprès du Prof. P. voire organisations de journées d’étude. Inde. la collaboration suivie avec d’autres équipes et d’autres institutions (participation aux séminaires. Une dynamique s’est ainsi créée et les échanges internationaux de doctorants sont au cœur des projets : Seiji Kumagai (Université de Kyoto. Soutif ) ont présenté leurs travaux dans des colloques et journées d’étude. échanges internationaux 1.936 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE II Activités. fouilles archéologiques. De même. K. Shakir Pidaev). d’Intino (post-doc) séjourne actuellement à l’IIAS de Leyde au titre de la bourse Gonda. S. 3 du dictionnaire tantrique Tântrikâbhidhânakosha. (2) sur le plan international. S. une grande mobilité des chercheurs (et en particulier des jeunes chercheurs. Museo di arte orientale et IsIAO) en 2008. doctorants et post-docs) dans le cadre de stages d’étude et de recherche. Leriche. Japon. colloques. David a passé une année entière en Inde afin d’approfondir sa compréhension des textes majeurs de l’Advaita-vedânta ou de diversifier ses compétences auprès de divers lettrés indiens. Italie. en août et sept. Bansat-Boudon. a obtenu un subside de la Japan Foundation for the Promotion of Science qui lui a permis de séjourner à Tokyo en 2008. Juhel a effectué un séjour d’étude à Rome (La Sapienza. Ouzbékistan (Mafouz de Bactriane. Juhel a continué. voir ci-après § III. 2007. enquêtes de terrain en Inde. Japon) a été choisi en tant que premier chercheur en visite à l’EPHE dans le cadre de la nouvelle école doctorale franco-japonaise. colloques. et J. dans les régions himalayennes et en Russie). Fussman). Chine. dir. V. Thaïlande. I. Les activités des chercheurs et des enseignants chercheurs se caractérisent par deux traits principaux : (1) sur le plan local (France). conférences dites “transversales”) . 3. de son côté. (2) Journées d’études d’épigraphie asiatique qui se sont tenues au CdF les 16-17 oct. : « Ecrire pour soi. BEFEO 93 (2006). Venture. Soutif . et Eade. Estève. 73-104.).-P. Publications — Bansat-Boudon. CR de l’ouvrage : Nâgadeva. p. — Törzsök. Scherrer-Schaub. Textes réunis par J. D. — Van Woerkens. Scherrer-Schaub.. Drège avec la collaboration d’O. 2007. p.. écrire pour les autres. — Billard. Balbir et J. 379-383.). Billard vs Golzio : Two New Date-Lists of the Inscriptions of Kamboja ». — « Immortality extolled with reason : Philosophy and politics in Nâgârjuna ». The introductory portion of the Rgvedabhâshya by Skandasvâmin ». 2. Kellner et alii (éd. p. — Ratié. Lille. Boulogne (éd. p. Du corps au texte. S. Intervention de C. dans Revue de l’histoire des religions 224/3 (2007). trad. dans Pramânakîrtih.. Charuty et B. 25 p. « Revendications et recours hiérarchique : contributions à l’histoire de Ça cu sous administration tibétaine ». D. Paris.-P. L. Wien. 2008. JIP 35/4. J. Bangkok. trois doctorants et un DE sont intervenus lors de colloques ou congrès internationaux qui se sont tenus en 2007-08. à Leyde. Wiesbaden. 757-793. . 33 p. 2007. Gerschheimer. . Interventions de J. dans G. évolution et devenir ». Slaje (dir. dans W. Participation Un post-doc. ZDMG 158/1 (2008). Osier. Editions : l’écrit au Tibet. p. « Computers vs Tables. « Créer sans procréer : problèmes de la procréation divine dans le Skandapurâna ». Poème narratif. dans Représentations mythologiques du sentiment familial : autour de la haine et de l’amour... dans Etudes de Dunhuang et Turfan. C. J. Naples. 257326. p. Italie). 2008.. R. Genève.). Eade. « Dates des inscriptions du pays khmer ». Çâstrârambha : inquiries into the Preamble in Sanskrit. I. G. C. p. J. Papers dedicated to Ernst Steinkellner on the occasion of his 70th birthday. 313370. édité par le CIK]. La Défaite d’Amour. Part 2. 2007. Interventions de G. Paris.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 937 III Colloques et Journées d’étude 1. Nanterre. Soutif . 2007.C. 149-170. Baptandier (éd. Gerschheimer. — Eade.C. 99-108. « Meaningful mantras. du sanskrit et présenté par N. — D’Intino. IV.C. B.). M. « Otherness in the Pratyabhijñâ Philosophy ». Trois femmes écrivains au xixe siècle ». (3) « Edition. Atlanta. Organisation Des colloques ou journées d’études (3) ont été (co)organisés par l’équipe : (1) « Les ‘esclaves’ dans l’épigraphie du Cambodge ancien » (12/09/07. — Scherrer-Schaub. J. [document augmenté par J. le centre a été créé en janvier 2006 (présentation dans la Lettre du Collège de France. J. février 2008. L’étude porte sur une tombe dont l’architecture. chinoise et tibétaine. japonaise et tibétaine (UMR 8155) Responsable : Alain Thote Formé de trois équipes. Chine L’équipe « Civilisation chinoise » poursuit. Activités principales dans le cadre des programmes collectifs : –– Séminaire « La fabrique du lisible » (responsable : Jean-Pierre Drège). Ses activités. Dans ce programme transversal sont associés sinologues et tibétologues. . 12-13). puis sur les imprimés occidentaux. Elle permettra notamment une modélisation en trois dimensions de . Il comprend maintenant cinquante-trois chercheurs (hors associés). site classé en l’an 2000 au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.938 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE Centre de recherche sur les civilisations chinoise. une politique d’acquisition de livres. en relation étroite avec les bibliothèques des Instituts d’Extrême-Orient. L’objectif est précisément de chercher à montrer comment le discours écrit se détermine autant par les conditions matérielles de sa production que par sa structure interne. de notre ère. des Royaumes combattants au début des Song (ve s. le programme iconographique et les inscriptions (plus de 30 000 signes en écriture tibétaine et indienne) témoignent d’une double appartenance culturelle. av. Mise en page et mise en texte du livre manuscrit en Chine. Ce séminaire régulier vise à l’étude de la mise en texte des manuscrits chinois selon les méthodes définies à partir de l’expérience lancée par Henri-Jean Martin sur les manuscrits.xe s. se partagent entre plusieurs programmes collectifs de recherches. depuis de nombreuses années. p. tous mis à la disposition des lecteurs de la bibliothèque de l’Institut des Hautes Etudes Chinoises (IHEC.) ». en étroite association avec le bouddhisme. –– Programme de recherche sur la tombe de l’empereur Qianlong (1736-1796) (responsable : Françoise Wang-Toutain).-C. dirigé par PierreEtienne Will). auxquels participent aussi les membres associés de l’UMR et de nombreux collaborateurs étrangers. Il repose sur un partenariat entre l’UMR. no 22. en relation ou non avec les changements de supports. Il s’agit de déceler les transformations qui s’opèrent dans la présentation même des textes chinois manuscrits au cours du temps. dépendant du programme sur « La matérialité du texte. une équipe établie à Marseille spécialisée dans l’usage de technologies nouvelles pour l’étude des monuments anciens (UMR 694) et les responsables chinois de l’Institut du patrimoine culturel de Dongling (province du Hebei). Il s’agissait de confronter les différentes approches dans le domaine épigraphique de l’Asie. sociétés. Ouvrages collectifs et livres : –– Michela Bussotti et Jean-Pierre Drège. 258 p. and Iconographic Exchange in Medieval China. traduction et commentaires. Paris.. a donné lieu à plusieurs missions de terrain en Chine. qui a fait l’objet d’une convention de recherche entre l’EPHE. University of Hawaii Press. le Daode jing. Paris/Lausanne. 201 p. 16-17 octobre 2007 : Journées d’études d’épigraphie asiatique. selon les dernières découvertes archéologiques. 280 p. a été invité en France à l’automne 2007.Peintre et architecte à la cour de Chine. Organisateurs : Jean-Pierre Drège (EPHE). [prix Stanislas Julien 2008 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres]. Thalia. un collègue chinois. 2007. Société et pensée chinoises aux XVIe et XVIIe siècles. La vie quotidienne à la veille de l’invasion mongole (1250-1276). Shen Yueming (Institut d’archéologie et du patrimoine du Zhejiang). Laozi. — Michèle Pirazzoli-t’Serstevens. Paris. représentations » (EPHE) et la JE 2342 « Archéologie du monde khmer » (EFEO). Paris. –– Jacques Gernet. 419 p. 2007 (3e édition). — Rémi Mathieu. 2007. 2008. Paris. notamment sur les archives locales en rapport avec la production de la période républicaine (1911-1949).xxe siècles) ». Ces journées ont été organisées conjointement par l’UMR 8155. Yannick Bruneton (université Denis Diderot/ Paris 7) et Gerdi Gerschheimer (EPHE). [Actes du colloque Autour des collections d’art en Chine au xviiie siècle. Honolulu. 23 et 24 juin 2006]. EHESS). INHA. dossier édité dans Histoire et civilisation du livre.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 939 la tombe et un relevé complet des inscriptions (80 % environ des graphies sont déchiffrées) grâce à l’utilisation de techniques de pointe. éd. Editions Philippe Picquier. Albin Michel. un atelier a été organisé pour présenter les premiers résultats de travail. Lors de son séjour. éd. Cette opération. EPHE/Droz. Il s’agit d’un des six volets du programme interdisciplinaire 2006-2009 « Professional cultures and the transmission of specialized knowledge : Artisans and merchants in local society » (direction scientifique : Christian Lamouroux. — Christine Mollier. Collège de France. l’UMR 8173 « Chine. –– Programme international en partenariat avec l’Institut archéologique et du patrimoine du Zhejiang (Chine) : « The Potter’s Villages of Longquan District in Zhejiang: Decoding a Traditional Local Craft Society » (responsable : Zhao Bing). de l’Inde au Japon. 230 p. D’autre part. Corée. « Livre de la Voie et de la Vertu ». l’EA 518 « Le monde indien : textes. M. Anne Kerlan-Stephens.. l’EHESS et l’Institut d’archéologie du Zhejiang en 2007. Fayard. Ritual. Colloque –– Paris. 2007. . –– Jacques Gernet. 2008. Centre Chine. Buddhism and Taoism Face to Face : Scripture. Giuseppe Castiglione 1688-1766 . « Chine-Europe : Histoires de livres (viiie/ xve . 2007. Japon » (CNRS/EHESS/Université Paris 7). Collections et collectionneurs en Chine du XVe au XIXe siècle. — Michèle Pirazzoli-t’Serstevens. coordonné par Annie Thebaud-Mony (Dr. et une publication est à paraître aux Indes Savantes (Savoirs et pratiques des lettrés au Japon et en Chine. Par l’intermédiaire de deux de ses membres. sous la direction d’Annick Horiuchi. Brésil. — « La question de la santé au travail et les politiques publiques en France et au Japon : genèse et métamorphoses ». . Paul Jobin (UMR 8155) et Bernard Thomann (MC. xviie-xixe siècles » (responsable Annick Horiuchi). Ce projet reçoit une aide complémentaire de l’ANR (2006-2008). Les Indes savantes. Le groupe de recherches sur l’Histoire des savoirs a travaillé en collaboration avec le Centre de recherches sur le Japon de l’EHESS pour animer le séminaire « Culture et société de l’époque pré-moderne ». avec le rôle moteur joué par les savoirs dits « hollandais ».. titulaire de la chaire de la littérature japonaise de l’Université Momoyama Gakuin (Kyoto). sur les rapports que les lettrés entretiennent avec le pouvoir. constitution de salons). sur l’émergence d’une identité lettrée. et dirigé par Paul Jobin (UMR 8155) pour la partie sur le Japon. financés par le Ministère des Affaires Etrangères et par la Japan Society for the Promotion of Science (JSPS) : — « Modernités multiples : l’individu et la communauté en France et au Japon ». Miura Nobutaka (université Chûô) et Yatabe Kazuhiko (UMR 8155). Isao Hirota (Pr. Collection Etudes Japonaises. programmes de coopération scientifique franco-japonaise. Activités dans le cadre des programmes collectifs : L’équipe « Civilisation japonaise » a poursuivi ses activités dans le cadre d’une dizaine de programmes collectifs. Japon. également sous la responsabilité d’Annie Thébaud-Mony pour l’ensemble des quatre équipes de chacun des pays. Québec ». 2008). l’UMR a participé à deux programmes de recherche CHORUS. coordonné par Michel Wieviorka (EHESS). un professeur japonais a été accueilli pour une durée d’un an : Monsieur Umeyama Hideyuki. Inalco). en synergie avec le projet « Sociologie de la production de connaissance sur les atteintes liées au travail . étude comparée : France. L’objectif de ce séminaire a été d’éclairer les grandes orientations de la production lettrée au cours des deux siècles et demi du pouvoir Tokugawa et les évolutions intervenues à partir du xviiie siècle. Les chercheurs de l’équipe se sont interrogés sur les pratiques lettrées (modes et vecteurs de communication.940 Japon LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE Au cours de l’année. structuration en réseaux. L’équipe a co-organisé avec l’Université de Leiden une journée d’étude. Paris. Université de Niigata). Inserm). parmi lesquels on soulignera plus particulièrement : — « Histoire des savoirs et des représentations du Japon pré-moderne. organisation de rassemblements. Université de Paris Diderot). syntaxe. Section des Sciences religieuses. Buffetrille). D’autre part.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 941 Colloques internationaux — « Linguistique du Kango » (responsables Hiroko Ôshima et Akiko Nakajima). 2007. Arnaud Brotons et Daniel Struve (6 et 7 juin 2008. Culture populaire et contrôle social dans les années 1930.. 238 pages. etc. pragmatique. acquisition (langue première ou seconde). La société japonaise devant la montée du militarisme. Une présentation en a été donnée dans Lettre du Collège de France (n° 22. Tibet Activités de l’équipe « Civilisation tibétaine » dans le cadre des programmes collectifs : –– « Rituels et représentations dans le monde tibétain » (responsable : Katia Buffetrille). colloque international organisé les 14 et 15 mars 2008 à l’Université Paris Diderot. tant dans leurs aspects diachroniques que synchroniques. Anne Chayet). morphologie. Editions Philippe Picquier. février 2008. en 2009. Journées d’étude — « La vie culturelle à l’époque d’Edo ». et posent des problèmes d’analyse spécifiques. colloque international organisé conjointement avec l’université Hôsei (Japon). les 8 et 9 novembre 2007 au Collège de France. — « Les 150 ans des relations diplomatiques France-Japon ». 27-28). Kientzheim. traduction du japonais : Scènes d’été. journée organisée par Annick Horiuchi. sémantique. Arles. Les actes seront publiés dans la collection de la Bibliothèque des Hautes-Etudes. une conférence invitée. Le projet avait pour objectif de faire un bilan de l’ensemble des connaissances relatives aux kango et d’ouvrir de nouvelles pistes de recherches dans tous les domaines concernés : phonologie. . psycholinguistique. sous la responsabilité de Jean-Noël Robert (23 mai 2008. Université de Paris Diderot). Paris. — Jean-Jacques Tschudin et Claude Hamon (sous la direction de). — « Autour du Dit des Heike : narration épique et théâtralité » sous la responsabilité de Claire Brisset. Edition du Rocher. occupent une place importante en japonais. au Centre Européen d’Etudes Japonaises d’Alsace (CEEJA). Académie des Inscriptions et belles Lettres). le séminaire a poursuivi ses travaux sur l’émergence de la modernité au Tibet et dans les pays de l’aire tibétaine. –– « Histoire et interprétation des textes et des doctrines » (responsables : JeanLuc Achard. avec une réunion trimestrielle d’une journée. Colloque : « La transformation des rituels dans l’aire tibétaine à l’époque contemporaine » (organisateur : K. comportant. Les kango. p. 2007. 21-24 novembre 2007. — « Matters untranslatable – Ce qui ne peut être traduit » (responsable Josef Kyburz). Ouvrages collectifs et livres : — Jean-Jacques Tschudin. outre les exposés des participants. en collaboration avec le département d’études japonaises de l’Université de Leiden (30 novembre 2007. que l’on s’accorde à définir comme les constructions à base de morphèmes d’origine chinoise écrits en kanji dans l’usage courant. de Nagai Kafû. de Thöndrubgyäl. Brill.. a été publié : Revue d’Etudes tibétaines. « Petits objets. 11-43. Colloque : « Edition. p. Revue interdisciplinaire de sciences sociales. –– Brigitte Steinmann (dir. p. 2003. –– Françoise Robin. Deux numéros d’hommage sont en préparation et seront publiés au cours de l’été 2008. Ardussi et F. L’artiste tibétain. Anne Chayet. La Pratique des Six Points Essentiels de l’Esprit de Parfaite Pureté. n° 13. dirigée par Jean-Luc Achard et ouverte aux membres statutaires de l’unité aussi bien qu’à des collaborateurs réguliers ou occasionnels. Ouvrages collectifs et livres : –– Achard. Pommaret ont publié un volume collectif (actes d’un colloque) : Bhutan. H. 182 p. Paris. Scherrer-Schaub. Jagou. éditions : l’écrit au Tibet. –– « Bhoutan : une marche du monde tibétain » (responsable : Françoise Pommaret). Stoddard. F. Theft and its Punishment ». n° 20 (2007). Leiden-Boston. Nicolas Fiévé et Alain Thote . Socio-Anthropologie.-L. février 2008 : 1. 3. p. Organisation : A. un numéro de la Revue d’Etudes Tibétaines. évolution et devenir ». qui s’inscrit dans un programme nouveau de l’équipe. CRLAO) : « Deux noms tangoutes dans une légende tibétaine ». Leiden. 4. Chayet. 2007. En dépit du détachement (MAE) de Françoise Pommaret au Bhoutan (Ministère de l’Education). Oxford. Brill. Jean-Luc Achard : « L’irruption de la nescience — la notion d’errance samsarique dans le rDzogs chen ». 4-10 . 2007. C. doit être poursuivi et développé en collaboration avec certains de nos collègues étrangers présents. et donnera lieu à plusieurs réalisations collectives sur les nombreux sujets abordés. Robin. 2007. Bleu de Chine. ou le terrain comme attente de l’ethnologue ». J.). la société et les traditions du Bhoutan. Achard. le programme a poursuivi ses travaux sur l’histoire. Richard Whitecross (Edimburgh) : « Transgressing the Law : Karma. qui en ont exprimé le souhait. p. grands enjeux. 2007. 45-74 . Editions Khyung-lung. Guillaume Jacques (Paris V. Traditions and Changes. Jean-Luc. –– Matthew Kapstein et Brandon Dotson. F. 29-31 mai 2008. 75-107. Etienne Bock (INALCO) : « Coiffe de pandit ». Ecole normale supérieure. Le thème de ce colloque. Proceedings of the Tenth Seminar of the International Association for Tibetan Studies. éds. Présentation et traduction. 2. Contributions to the Cultural History of Early Tibet. J. 2007.942 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE Dans le cadre de ce programme. Maria Grazia Masetti-Rouault) . Isabelle Sachet. Isabelle Sachet. François Bron. l’activité des chercheurs du LESA s’inscrit dans une spécialité. historien du monde syrien au iie millénaire avant l’ère chrétienne. Emile Puech. Au cours de l’année écoulée. — Ougarit (Pierre Bordreuil. archéologue de l’Arabie antique. Laïla Nehmé. Christian Robin. Robert Hawley. Bible. Iwona Gajda. de nationalité étatsunienne . Jacques Lagarce. en tout premier lieu le projet ANR « De l’Antiquité tardive à l’Islam » (2006-2008) dirigé par Christian Robin. Robert Hawley. exigeant la connaissance de langues rares et une fréquentation régulière du terrain. Il s’agit de comprendre. qu’ils soient épigraphiques ou littéraires. il a reçu le renfort d’un nouveau chercheur CNRS. des débuts de l’écriture jusqu’à la conquête islamique. Par ailleurs. . dont la direction est assurée par Mme Hedwige Rouillard-Bonraisin (DE EPHE V). 1 ITA CNRS et 17 enseignants chercheurs. Hedwige Rouillard-Bonraisin. le LESA comptait 27 membres statutaires : 8 chercheurs CNRS (plus 1 émérite). Jérémie Shiettecatte. Les chercheurs du LESA contribuent également aux activités d’une dizaine de missions archéologiques et aux programmes collectifs de l’UMR. — la Syrie de l’Euphrate (Pascal Butterlin. Christian Robin) . Jean-Michel Poffet. Béatrice Muller-Margueron. Arnaud Sérandour. l’archéologie occupe une place importante. Ces spécialités peuvent être regroupées en huit ensembles : — l’Arabie (Mounir Arbach. tout particulièrement au Proche-Orient à l’époque romaine. a obtenu un poste d’ATER du Collège de France pour deux ans. Si les recherches du LESA s’intéressent principalement aux textes. Qumrân. — les textes fondateurs des religions monothéistes. Guillaume Charloux. quels sont les mécanismes à l’œuvre dans les phénomènes de synchrétismes religieux. Jérémie Shiettecatte) . UMR 8167) Directeur (du LESA et de l’UMR 8167) : Christian Julien Robin En juin 2008. Maria Gorea.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 943 Laboratoire des Etudes sémitiques anciennes (composante de l’Unité mixte de recherche « Orient et Méditerranée ». Arnaud Sérandour) . archéologue spécialiste du monde des morts en Arabie antique. Les chercheurs du LESA participent à un programme collectif propre au laboratoire intitulé « Syncrétismes religieux : bilan et perspectives » (2006-2009). Coran (Françoise Briquel-Chatonnet. par-delà les différences de situations et d’époques. Les recherches du LESA portent sur le monde sémitique occidental ancien. Hedwige Rouillard-Bonraisin. a été recruté sur un poste de post-doc CNRS pour une durée de deux ans . Maria Gorea. Paris. Laïla Nehmé : création et co-direction de la mission archéologique de Madâ’in Sâlih. Guillaume Charloux. Pour les principaux résultats de l’année. Jean-Baptiste Humbert. Laïla Nehmé. Etienne Nodet) . poursuite de la fouille de Hasî (février . dont la première campagne a eu lieu début 2008. Françoise Briquel-Chatonnet. Christian Robin. Alain Desreumaux. l’Orient chrétien (notamment de langue syriaque) (Marie-Françoise Baslez. Sandrine Crouzet. — les mondes araméens (Pierre Bordreuil. l’ancienne Hégra (Arabie saoudite). — la linguistique sémitique (François Bron. — les débuts du christianisme. Guillaume Charloux et Jérémie Schiettecatte : prospection épigraphique dans la région de Najrân (mars-avril 2008). Françoise Briquel-Chatonnet. 2.944 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE — les mondes cananéen. — l’archéologie du Proche-Orient des époques hellénistique. Organisation de colloques — Christian Robin et Isabelle Sachet : « Dieux et déesses d’Arabie : images et représentations ». dirigée par Christian Robin. romaine et byzantine (Alain Desreumaux. . Laïla Nehmé) . poursuite de la prospection épigraphique et archéologique sur le territoire de Madhâ (février . Bernadette Leclercq-Neveu. Antoine Lonnet. 2.mi-mars 2008). phénicien et punique (Catherine Apicella. Guillaume Charloux : dans le cadre de la mission archéologique et épigraphique dans l’antique royaume de Qatabān. Collège de France. ci-dessous. Iwona Gajda : dans le même cadre. Maria Gorea. Isabelle Sachet). Pierre Bordreuil.mi-mars 2008). — Arabie saoudite 1. Fouilles archéologiques et missions de terrain — Yémen 1. Ont également participé à cette campagne Isabelle Sachet et Guillaume Charloux. en collaboration avec la Commission supérieure pour le tourisme d’Arabie saoudite. Christian Robin (directeur). Jérémie Schiettecatte. Maria Gorea) . 1er et 2 octobre 2007 (dans le cadre du projet ANR « De l’Antiquité tardive à l’Islam »). Christophe Rico) . — Préparation de sept colloques (novembre et début décembre 2008) qui concluront le projet ANR « De l’Antiquité tardive à l’Islam ». voir la bibliographie. François Bron. Mounir Arbach. Bruxelles. 507 p..-C. Collaboration à des Equipes internationales — Laïla Nehmé : participation au projet d’exploration de la piste caravanière reliant Hégra à Pétra en collaboration avec une équipe de la Commission supérieure pour le tourisme d’Arabie saoudite. en collaboration avec deux chercheurs de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes et deux chercheurs syriens (juin 2008). Jacques Lagarce : achèvement de la mise en état. juridiques et scolaires). Grèce ancienne. romanoparthe et islamique . prospection épigraphique en Syrie du Nord (juin 2008). 2007. (éditeur). Hedwige Rouillard-Bonraisin. 160 p. obeïdien. et Audouin. Economies et sociétés. Robert Hawley (chargé de la publication de tablettes épistolaires. M. 2 équipes italiennes. M. 2007. Bronze Moyen II-III. Sanaa. Neuilly sur Seine. membres de l’équipe épigraphique de la Mission archéologique franco-syrienne de Ra’s Shamra-Ougarit. Maria-Grazia Masetti-Rouault : direction de la Mission archéologique française dans le site de Tell Masâ’ikh. R. 2. — Liban Françoise Briquel-Chatonnet et Alain Desreumaux : catalogage des manuscrits syriaques du patriarcat syro-catholique à Charfet. Fer II-III — néo-assyrien et néo-babylonien —. 4. — Baslez. réalisation d’un programme de prospections et sondages dans le bas Moyen-Euphrate (région de Terqa) (octobre-novembre 2007). sous la direction de ‘Alî Ghabbân. Françoise Briquel-Chatonnet et Alain Desreumaux : dans le cadre de la mission franco-syrienne qui prépare le volume « Syrie » du Recueil des inscriptions syriaques (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres). . San’â’ national Museum : collection of epigraphic and archaeological artifacts from al-Jawf sites. Publications Ouvrages — Arbach. 1 équipe allemande et 1 équipe française).-F. 478-88 av. bas Moyen-Euphrate syrien (niveaux halafien.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 945 — Syrie 1. entreprise en 2003. Ougarit : missions de Pierre Bordreuil. Part II. INTAS (International Association for the promotion of co-operation with scientists from the New Independent States of the former Soviet Union). J.. 3. du site de Ra’s Ibn Hânî (Lattaquié). — Christian Robin : direction de l’équipe française du réseau « Religions of Pre-Islamic Arabia in the Middle Eastern Cultural Context ». 2006-2008 (2 équipes russes. F. Michaud (éditeur). Krings (éditeurs). (éditeurs). V. P. F. — Bordreuil. 2007. Sherbrooke. A. de l’invention de l’écriture à la naissance du monothéisme. « De l’Ahiqar araméen à l’Ahiqar syriaque : les voies de transmission d’un roman ». Patrimoine syriaque XI. P.. P. 567-578. Paris. martyrs.946 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE — Baslez.. Alter Orient und Altes Testament 299. E. Münster.. Ugarit at seventy-Five : proceedings of the Symposium held at Trinity international University. dans Miscellanea Patristica reverendissimo domino Marco Starowieyski septuagenario professori illustrissimo vero amplissimo ac doctissimo oblata. 2008.. 2007. 2007 (novembre). Horos. 2008. Proche-Orient et Littérature Ougaritique. Greisiger (éditeurs). C. Le royaume d’Ougarit de la Crète à l’Euphrate. « Ad majorem scientiae fructum. 83-96. 2007. Wiesbaden. 215-228. dans S. 13-20. (éditeurs). Les Persécutions dans l’Antiquité. dans W. Bulletin de la SELEFA. 381-421. — Bordreuil. E. Supplements to the Journal for the study of Judaism 122. al-Thawâbit. Feb. Actes du Colloque International de Sherbrooke. 5-8 juillet 2005. — Puech. 420 p. Nouveaux axes de recherche. Geburtstags. A. Yourger (éditeur). la musique et les apocryphes ».. dans C. Michaud (éditeur). A. — Briquel-Chatonnet. Winona Lake. évangéliser : le kérygme dans la Doctrina Addai ». dans S. 287 p. 2007. et Michel. 2007. — Briquel-Chatonnet. 3 : entre Ougarit et Babylone ». Der christliche Orient in seiner Umwelt : Gesammelte Studien zu Ehren Jürgen Tubachs anlässlich seines 60. 134-142. Actes du Colloque International de Sherbrooke. et Martignon. Grenoble. Aix-en-Provence.20 et XXVIII. 2007. Bonnet et V. Antelias (Liban).-F. « He unfurrowed his brow and laughed ».. Le royaume d’Ougarit de la Crète à l’Euphrate. 35-38. dans Saint Ephrem. 14. dans J. 5-8 juillet 2005. 2007. Paris. — Bordreuil. — Bordreuil. 89-97. L. essays in honor of Professor Nicolas Wyatt. G.. WATSON (éditeur). Warszawskiej Studia Teologiczne XX/2. Chevalier. — Bordreuil. Proche-Orient et Littérature Ougaritique. « Numération et unités pondérales dans les textes administratifs et économiques en ougaritique et dans les tablettes métrologiques en cunéiforme suméroakkadien ». P. M. F. M. 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Nouveaux axes de recherche. dans J. Actes du colloque. et Tigchelaar. — Schiettecatte. « Trois inscriptions édesséniennes du Louvre sur mosaïque ». Les débuts de l’histoire.. Articles (revues. « Ephrem.. 2007. G. — Briquel-Chatonnet. M. (éditeurs). Vashalomidze et L. mélanges) — Arbach. 18-20 2005. Yémen : territoires et identités. Hilhorst.. E. Flores Florentino : Dead Sea Scrolls and other early Jewish studies in honour of Florentino Garcia Martinez. Deerfiels. Leiden-Boston. — Desreumaux. P. J. Actes du Colloque International de Sherbrooke. — Masetti-Rouault. Paris (De Boccard). « Les dieux avant la province d’Arabie ».. Proceedings of the 4th International Congress of the Archaeology of the Ancient Near East. dans H. G. — Gorea. dans J. Contributions à La Collection Clermont-Ganneau. R. aux portes de l’Arabie. et Dentzer-Feydy.. dans R. 2.. (éditeurs). Beyrouth. Revue biblique 114. Paris. Proche-Orient et Littérature Ougaritique. épigraphes sur jarre. Wiesbaden. Proceedings of the 4th International Congress of the Archaeology of the Ancient Near East. G. — Nehmé. Mémoires de la Société des Amis de Jacob Spon. — Masetti-Rouault. dans C. 57-67. — Masetti-Rouault. — Masetti-Rouault. Versteegh (éditeur). « De Josué à Jésus. J. 2007. 5-8 juillet 2005. Technique et économie de la taille rupestre. 427-433 . Nehmé (éditeurs). 225-234. 2007.. 2007. Social and Cultural transformation : the Archaeology of Transitional Periods and Dark Ages. P. — Nehmé. 2008. D. aux portes de l’Arabie. Excavations Reports. 2007. dentzer-Feydy et al. Encyclopedia of the Arabic Language and Linguistics. 2007. Beyrouth. A.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 947 Gesammelte Studien zu Ehren Jürgen Tubachs anlässlich seines 60. Biggs. M. 27 et 146-170. 2008.. « L’apkallu-poisson et son image : note sur la conservation et la diffusion d’éléments de la culture mésopotamienne au Proche-Orient à l’époque préclassique ». 129-141. M. 29 March-3 April 2004. dans J.. dans H. 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Le royaume d’Ougarit de la Crète à l’Euphrate. 304.. 19-20. Kühne. Chicago. L. L. . 2008. 2008. Vol. 2007. 2007. « Living in the valley : State. — Lonnet. Vol. « Economie de redistribution et économie de marché au Proche-Orient ancien ». M. Proceedings of the 51st Rencontre Assyriologique Internationale Held at the Oriental Institute of the University of Chicago. J. et Poli. M. Krepper (éditeurs). Dentzer-Feydy et al. « La céramique du chantier F de Terqa-Ashara ». dans J. « La route du Moyen-Euphrate à la fin de l’Âge du Bronze : un essai de reconstitution ». II. via Qumrân et le “pain quotidien” ». Art History : Visual Communication. Wiesbaden. Ostraca. Irrigation and Colonization in the Middle Euphrates Valley ». R. Michaud (éditeur). G. 141-161.. — Masetti-Rouault. R. dans J. L. Krepper (éditeurs). M. Freie Universität Berlin. L’économie antique. — Gorea. Bosra. Roman et J. Sherbrooke. 162-164. vol. Myers et M. 62. XXXV). et Chapoulie. 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Martignon et J. Amérique. Langlois (éditeurs). — Robin. Christian Robin et Carsten Witzel. Editions d’art). Djillali Hadjouis.. Tomb Ar 1] The inscriptions ». sous la direction de Marie-Christine Grasse. 2007. Wilhelm Nebe. J. Océanie. avec les contributions de Bruno Marcolongo. « Traduire une langue morte ». Rémy Crassard. dans J. 7. C. J. et Lavigne. « L’Arabie et les parfums ».. Achilar-Chiu. O. — Robin. Ch. 2007. Teixidor. Bulletin of Archaeology of the Kanazawa University 28. Tunis.. 7-11. Autour d’un petit livre. V.948 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE — Poffet. dans D. 2007. Anne-Marie Lézine. Laplanche. 5-8 juillet 2005. 2007. actes du colloque organisé à Mahdia du 26 au 29 juillet 2003.. 17-35. J. « André Caquot. — Schiettecatte. M. J. — Robin. « Zafâr. Muhamad Manqsh. Yémen : territoires et identités. dans P.. Capital of Himyar. XI.. dans Une histoire mondiale du parfum. « Alfred Loisy face à l’histoire d’Israël ». 2008. 243-274. Ch. nous combinons l’analyse de données électrophysiologiques avec de la modélisation computationnelle. Nous avons également développé une théorie du transfert optimal d’information avec les neurones à spikes. Nous utilisons des méthodes issues des mathématiques. étant donnés la variabilité de son entrée et de sa sortie. Tsodyks). ils sont également capables de manipuler cette information à leur guise. Dans un travail publié .LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 949 Groupe de théorie neurale (Group for Neural Theory) Le Groupe de théorie neuronale s’articule autour de trois chercheurs permanents (Sophie Denève. les courbes de réponse des neurones individuels forment une fonction monotone de la valeur (paramétrique) mémorisée. Ce modèle nous a permis de proposer un nouveau rôle pour l’inhibition divisive (« shunting ») dans les réseaux de neurones. Mexique) chez des singes. en opposition avec l’hypothèse traditionnelle d’une fonction « en cloche ». Nous avons travaillé sur la base de données enregistrées par Ranulfo Romo (UNAM. Boris Gutkin et Christian Machens) et d’un chercheur invite (M. Nous avons développé un modèle de détecteur optimal de changement. Cette capacité de manipuler librement l’information est au coeur même de notre vie mentale. En particulier. avec la possibilité d’être librement restituée et manipulée. Cette théorie explique la grande variabilité des réponses neuronales observées dans le cortex cérébral. Le but est de déterminer combien d’information un neurone à spikes peut véhiculer à propos d’un stimulus variable dans le temps. des séquences naturelles) reflète une inférence et un apprentissage probabilistes. Nous avons constaté que les activités des cellules du cortex préfrontal sont difficilement réconciliables avec les modèles standard de réseaux pour la mémoire de travail. A un niveau d’analyse plus élevé. Comment ce système fonctionne-t-il ? Pour étudier la mémoire de travail. Un acteur fondamental de ce processus est le système en charge de notre mémoire de travail : c’est là que l’information est stockée sur le court terme. implémenté par un micro-circuit canonique faisant le pont entre l’anatomie et la physiologie des circuits corticaux et la théorie de l’information. pendant une tâche paramétrique simple sollicitant la mémoire de travail. Théorie bayesienne de la biophysique et des calculs neuronaux Nous avons développé une théorie probabiliste du codage neuronal dans le cas de neurones « à spikes ». nous avons développé une théorie suggérant que la réponse en spikes des neurones visuels au contexte extérieur (ici. des statistiques et de la physique pour modéliser la dynamique des processus neuronaux et leurs principes computationnels. ainsi que la grande précision dont est capable le système sensoriel. Théories et modèles de la mémoire de travail Les humains et les animaux ne se contentent pas de percevoir puis de réagir à leur information sensorielle . Un travail en cours cherche à affiner ces modèles de réseaux. Nous appliquons ce cadre théorique pour étudier le traitement probabiliste de l’information au niveau des dendrites. Nous avons développé une théorie nouvelle pour expliquer les courbes de mémoire à court terme.950 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE l’année dernière. afin de mieux reproduire les données expérimentales. via la modulation des multiples canaux potassium contrôlant l’adaptation à la fréquence de décharge. Bien que les cibles moléculaires de la nicotine sont maintenant bien connues. la mémoire de travail est entretenue par de la facilitation synaptique basée sur le calcium. au niveau des connections récurrentes dans les réseaux du néo-cortex. Nous avons approché ce problème à travers deux modèles complémentaires de dynamique neuronale. Ce travail a conduit à une publication dans Science. cellulaire et comportemental. Théories et modèles de la dépendance aux drogues Le tabac. nous avons mené une série d’expériences pour tester l’influence de l’acetylcholine sur la dynamique de la génération de spikes dans les neurones corticaux. Nous développons des modèles théoriques de ces effets. Le calcium présynaptique résiduel jouerait alors le rôle d’un tampon. La durée et la stabilité de la mémoire à court terme peuvent être contrôlées en modulant l’activité spontanée au sein du réseau. menant à un mécanisme efficace et robuste. et de proposer des prédictions pour des expériences futures. Ces expériences révèlent une influence non-linéaire assez surprenante de l’acetylcholine sur l’excitabilité des neurones pyramidaux du cortex. le taux de renouvellement peut être bas. contrôlé. renouvelé et « lu » par les activités « spikantes » des neurones. Du fait des longues constantes de temps de la cinétique du calcium. Nous avons développé une nouvelle théorie et un cadre mathématique pour étudier la dynamique des arbres dendritiques possédant des oscillateurs intrinsèques. . ainsi que ses effets aux niveaux moléculaire. Nous avons montré sous quelles conditions l’arbre dendritique se comporte comme une seule unité globale de traitement du signal. et examinons l’interaction des multiples mécanismes d’adaptation lors du calcul neuronal. les mécanismes précis reliant ces différentes échelles ne sont pas encore bien cernés. Dynamique de la neuromodulation et de la fonction dendritique En collaboration avec le Experimental and Theoretical Neuroscience Laboratory et le Salk Institute. Dans cette théorie. qui instaure un comportement compulsif et de dépendance. qu’on sait en relation avec les facultés animales de navigation. reste un problème majeur de santé publique. l’apprentissage et la formation de champs de grilles (« grid fields ») dans le cortex entorhinal. La nicotine est le principal facteur de dépendance contenu dans la fumée de tabac. Ce travail propose des perspectives mathématiques sur différentes architectures possibles de systèmes de mémoire de travail. nous avons montré comment ces données peuvent être expliquées par des principes de symétrie au niveau de la connectivité neuronale. Nous avons suggéré que le comportement d’auto-administration de la nicotine apparaît naturellement de la combinaison de deux éléments : des changements dans la réponse des récepteurs des neurones dopaminergiques de l’aire ventrale tegmentale (VTA). Gutkin. Bayesian Spiking Neurons II : Learning. 91-117 (2008). Tuckwell.. G. Mongillo. ce qui mène à des handicaps durables en cas d’absence de la drogue. cellulaire et systémique. Neural Computation. M. and Jost. H. telles que leurs distributions relatives sur les différents types cellulaires... Theory in the Biosciences (in press). Euro Physics Letters. O. Ahmed. 319. Neural Computation. 10.. S. . Random perturbations of spiking activity in a pair of coupled neurons. J. qui rend correctement compte de différent processus neurobiologiques et comportementaux menant à la dépendance. C. Publications 20072008 (en ordre alphabétique et par année) Denève. considérées jusqu’à présent contradictoires. Nous avons montré comment la nicotine mène à une augmentation persistante de la sortie dopaminergique. 118-145 (2008). Drug Alcohol Depend.S.S. and Jost. Nous avons enfin montré comment les donnés in vivo et in vitro. T.S. 452-485 (2008). Nous avons conçu et analysé un modèle des circuits neuronaux dans le VTA qui inclut les principales caractéristiques des récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine. and Gutkin. Bayesian Spiking Neurons I : Inference.. B. Machens. Neural Computation. Gutkin. Nous avons montré qu’un processus d’opposition.D. and Denève. Une deuxième approche a été d’étudier les mécanismes par lesquels la nicotine usurpe le signal dopaminergique dans le VTA. Denève. peuvent être réconciliées. 20. New Journal of Physics. B. and Tsodyks. Barak.... accentué par la prise persistente de nicotine. G. S. article ID : 055019 (2008). 81.K.. J. and Brody. Synaptic theory of working memory.. The simulation of addiction : pharmacological and neurocomputational models of drug self-administration.... Tuckwell. leur affinité. Bobashev. et un apprentissage modulé par la dopamine au niveau des circuits de sélection d’action. Lochmann. S. Design of continuous attractor networks with monotonic tuning using a symmetry principle. B.. (2008). 20. Information transmission with spiking Bayesian neurons. 1543-1546 (2008). S.. 20. leurs possibilités de sensibilisation et d’inactivation.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 951 La première approche est un modèle hypothétique d’auto-administration de la nicotine. rend l’auto-administration rigide et habituelle en inhibant le processus d’apprentissage. 20005 (2008). H. Transient termination of synaptically sustained firing by noise. C. qui combine un ensemble de circuits neuronaux aux échelles moléculaire.. Science. 304-11 (2007). 90(2-3). Proceedings of the National Academy of Sciences USA. cependant. G. and Gutkin.K.. in press (2008). Costenbader. et les réponses individuelles à un composé donné — quelle que soit .. S. O. S. Lagleyre.. Rouger. J.. A. Drug Alcohol Depend. 430-436 (2007). P. C. 27.V.S. S. un Français sur 4 est concerné.. 5744-5756 (2007). 17(4). and Barone. développé les premiers inhibiteurs spécifiques et sélectifs de l’APA. Fraysse. and Pouget. Evidence that cochlear-implanted deaf patients are better multisensory integrators... 19 (3). 102-6 (2007). Duhamel.. Current Opinion in Neurobiology. l’insuffisance cardiaque et l’insuffisance rénale. Cortical pyramidal cells as non-linear oscillators : Experiment and spike-generation theory.. Brumberg. L’AngIII au niveau central exerce un effet stimulateur tonique sur le contrôle de la pression artérielle (PA) chez le rat hypertendu. Online Learning with Hidden Markov Models. B. Bobashev. From response to stimulus: adaptive sampling in sensory physiology. J... Neural Computation. Après 50 ans. Optimal sensorimotor integration in recurrent cortical networks : a neural implementation of Kalman filters...S. Neuropeptides centraux et régulations hydrique et cardiovasculaire INSERM U 691 Responsable : Catherine Llorens-Cortes Le Système Rénine-Angiotensine (SRA) Cérébral Nous avons montré dans ce système que l’aminopeptidase A (APA) est impliquée dans la conversion de l’angiotensine (Ang) II en AngIII. T. Comprehensive mathematical modeling in drug addiction sciences. Les monothérapies sont insuffisantes dans plus de la moitié des cas. Denève. G. Ainsi le blocage central et non systémique de l’APA diminue fortement la PA dans différents modèles expérimentaux d’hypertension artérielle (HTA). inexistants jusqu’à ce jour et identifié le peptide effecteur du SRA cérébral qui est l’AngIII et non l’AngII comme établi à la périphérie. 1171. 7295-7300 (2007). L’HTA est un facteur de risque majeur de nombreuses maladies telles que les affections coronariennes. Deguine. 104(17). and Denève. and Herz. B.S. Journal of Neuroscience. Machens. E. and Gutkin. A.M. Mongillo.Y. suggérant que l’APA cérébrale constituerait une cible thérapeutique potentielle pour le traitement de certaines formes d’HTA. elle reste difficile à contrôler.. J.. les accidents vasculaires cérébraux. B. 122-137 (2007)... Gollisch. L’importance de cette maladie a justifié le développement de nombreuses familles thérapeutiques.. Brain Research. Neural Computation. 706-729 (2007). J. B. 89(1). H.C. Denève. L’HTA touche près de 7 millions de personnes en France. Jeong.952 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE Benda. S. and Gutkin. Synchrony of neuronal oscillations controlled by GABAergic reversal potentials. Aux US. sa prévalence est considérée autour de 15-20 %.. Roques (INSERM U640) une telle molécule. Nous venons d’obtenir en collaboration avec l’équipe du Pr B. Ces travaux ont fait l’objet d’un article et d’un éditorial dans la revue Hypertension et d’un communiqué de presse par l’INSERM. Nous avons caractérisé pharmacologiquement ce récepteur. provoquant une diurèse aqueuse. établi dans le cerveau de rat la distribution des neurones apélinergiques ainsi que celle de l’ ARNm du récepteur de l’apéline et observé que l’apéline et son récepteur sont co-exprimés avec la vasopressine (AVP) dans les neurones magnocellulaires vasopressinergiques. l’apéline. puissants et sélectifs capables de passer les barrières intestinale. M. Nous avons mis en évidence que l’apéline. pénètre dans le cerveau. cela permettra d’initier les études cliniques de Phase I au CIC de l’HEGP. De plus. partageant 95 % d’identité de séquence avec le récepteur orphelin humain APJ qui s’est révélé être le récepteur d’un nouveau peptide. Un contrat de collaboration avec la Société Quantum-Genomics a été signé avec INSERM Transfert en mai 2007 pour 18 mois avec une possibilité de prolongation en fonction des résultats obtenus.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 953 sa famille — sont très variables. la sécurité et la pharmacocinétique du RB150 chez l’homme (dose unique et doses répétées croissantes). inhibe l’activité du SRA cérébral et a un effet hypotenseur qui dure plusieurs heures. notre objectif est de développer de nouveaux inhibiteurs de l’APA. Le Système Apélinergique En recherchant un récepteur spécifique de l’AngIII. de génotoxicité et d’interactions médicamenteuses. Enfin nous avons établi chez le rat déshydraté que l’apéline et l’AVP sont régulées . injectée par voie centrale chez la rate en lactation. Une étude de pharmacodynamie réalisée au CIC en collaboration avec notre laboratoire chez des sujets soumis à des régimes enrichis ou appauvris en sodium. Ce programme de recherche a été soutenu par une ANR émergence 2006-2007 et sélectionné pôle de compétitivité par l’INSERM. de développer de nouvelles molécules capables de se substituer au RB150 si ce composé ne répondait pas à tous les critères nécessaires pour une évaluation chez l’homme. dirigé par le Pr. Nous poursuivons ce programme de recherche en partenariat avec la Société Quantum Genomics afin d’une part. déterminera l’efficacité du RB150 sur différents biomarqueurs pertinents de l’HTA. Il y a donc un besoin de thérapies complémentaires. diminue l’activité électrique de ces neurones et la sécrétion d’AVP dans la circulation sanguine. Azizi afin de déterminer la tolérance. de finaliser le développement pré-clinique du RB150 et d’autre part. hépatique et hématoencéphalique après administration par voie orale avec un index thérapeutique élevé et peu de risques de toxicité. le RB150 ne présente pas de risque de toxicité cardiaque et hépatique. Pour cela.P. nous avons isolé chez le rat un récepteur couplé aux protéines G. Notre projet vise à développer un nouvel antihypertenseur avec un mode d’action différent de ceux utilisés jusqu’à présent. le RB150 (1 brevet licence exclusive Société Quantum Genomics) qui après administration par voie intraveineuse ou orale chez le rat hypertendu. Si le RB150 obtient les autorisations nécessaires. Les ARNms du récepteur de l’apéline ont été détectés dans les cellules endothéliales et les cellules musculaires lisses des artérioles glomérulaires. Enfin. Ces données suggèrent un rôle régulateur de l’apéline dans l’hémodynamique rénale et la fonction tubulaire. en collaboration avec le CIC de l’HEGP dirigé par le Pr M. région richement vascularisée. la première étude clinique sur l’apéline réalisée chez le volontaire sain. Azizi. Par ailleurs. L’apéline induit une vasorelaxation-NO dépendante des artérioles afférentes et efférentes glomérulaires préalablement contractées par l’Ang II. la distribution des ARNms du récepteur de l’apéline ainsi que le rôle de ce peptide sur la fonction rénale. Afin de poursuivre cette exploration chez l’homme. en mettant à profit la propriété qu’ont la plupart des récepteurs à 7 domaines transmembranaires couplé aux protéines G de s’internaliser sous l’action de ligands . A l’inverse. les canaux collecteurs ainsi que dans la zone interne de la médullaire externe. ces données montrent que les sécrétions d’apéline et d’AVP sont régulées de façon opposée par les stimuli osmotiques suggérant que l’apéline comme l’AVP joue un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre hydrique chez l’homme comme chez le rongeur. En conclusion. dans les glomérules. Nous avons montré que la restriction hydrique associée à la surcharge en sel. Finalement. l’apéline injectée par voie iv exerce un effet diurétique dose-dépendant qui pourrait être lié à un effet de l’apéline au niveau des canaux collecteurs où sont présents ses récepteus ainsi que ceux de l’AVP. nous avons étudié chez le rat. il est important de préciser qu’à l’heure actuelle aucun agoniste ou antagoniste du récepteur de l’apéline n’a été développé. dans ce second protocole réalisé sur cinq sujets. Ces résultats nous ont conduits à effectuer une exploration complémentaire visant à augmenter la sécrétion d’apéline par une charge orale hydrique. en optimisant la sécrétion d’AVP dans la circulation sanguine et évitant ainsi une perte d’eau supplémentaire par les reins. chez les cinq sujets chez qui l’étude a été réalisée. induit une augmentation de l’osmolalité plasmatique parallèlement à une baisse des taux d’apéline dans le plasma alors que ceux de l’AVP augmentent de façon linéaire. nous avons montré que l’apéline injectée par voie iv chez le rat diminue la PA et plusieurs laboratoires ont découvert que l’apéline augmentait la force contractile du myocarde suggérant que ce nouveau peptide joue un rôle dans le contrôle des fonctions cardiovasculaires. D’autre part. Recherche de ligands endogènes de récepteurs orphelins Nos travaux ont été consacrés en collaboration avec l’unité INSERM U413 dirigée par le Pr H Vaudry et l’Institut de Recherche SERVIER à la recherche du ligand naturel du récepteur GPR39 à partir d’un extrait de cerveaux de grenouille.954 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE de façon opposée afin de maintenir l’équilibre hydrique de l’organisme. Notre projet vise donc à obtenir de telles molécules qui devraient permettre d’explorer plus avant le rôle de ce peptide dans des pathologies comme l’insuffisance cardiaque ou rénale et les secrétions inappropriées d’AVP. la baisse de l’osmolalité plasmatique induite par une charge hydrique diminue les taux d’AVP dans le plasma alors que ceux de l’apéline augmentent rapidement. nous avons initialisé. . 2007..LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 955 agonistes. Comment on « obestatin.....P... concernant la nature du récepteur impliqué dans les effets biologiques de l’obestatine. Corvol P... 315(5813) : 766.. La spectrométrie de masse réalisée sur cette fraction a révélé qu’elle contenait 3 peptides majeurs qui ont été séquencés mais aucune des répliques synthétiques ne s’est révélée active sur l’internalisation du GPR39. Inguimbert N. Rodriguez M. LlorensCortes C.. De Mota N. Llorens-Cortes C. En réalisant 4 étapes de purification et de tests d’internalisation successifs. Osmotic stimulation induces opposite regulation of plasma apeline and vasopressin levels in human.. Publications 20072008 Publications originales dans des journaux à comité de lecture Chartrel N... Zizzari P. Science. Azizi M. Fin 2005.. Ce peptide a été purifié à partir d’un extrait d’estomacs de rat et sa réplique synthétique a montré des propriétés anorexigènes et induit une perte de poids chez la souris. J Am Soc Nephrol. nous avons montré que l’obestatine injectée par voie icv diminue légèrement la prise de nourriture chez la souris. comme étant un nouveau peptide dérivé du précurseur de la ghréline. opposes ghrelin’s effects on food intake ». A.. Blanchard A.. Par contre. 2008 May . Peyrard S.. Chomarat P. qui a provoqué l’internalisation de ce récepteur dans 80 % des cellules testées. Orally active aminopeptidase A inhibitors reduce blood pressure by inhibiting . Epelbaum J. un article dans Science publié par Zhang et coll identifiait par prédiction bioinformatique. Leprince J.. 2007. Vaudry H.. Reaux-Le Goazigo A. Ils ont remis en cause les résultats obtenus par Zhang et al. Cogé F.T. Ce travail a été publié dans la revue Science sous la forme d’un « Technical Comment ». Marc Y. Vaudry H. Boutin J. nous avons isolé une fraction correspondant à un pic bien individualisé.19(5) : 1015-24. Cellular localization of apelin and its receptor in the anterior pituitary : Evidence for a direct stimulatory action of apelin on ACTH release. Ces résultats montraient que l’obestatine n’est pas le ligand endogène du GPR39. Galizzi J. Nosjean O. Chartrel N. Fassot C. Am J Physiol Endocrinol Metab. l’obestatine. Roques B. Frugiere A. Iturrioz X.. Bodineau L. Reaux-Le Goazigo A. Bluet-Pajot M. Llorens-Cortes C.. Alvear-Perez R. De plus l’obestatine était identifiée comme le ligand endogène du récepteur orphelin humain GPR39. nous avons synthétisé l’obestatine humaine ainsi que différents fragments de ce peptide. Afin de caractériser pharmacologiquement le GPR39. Les effets de ces peptides ont été évalués sur les cellules exprimant de manière stable le GPR39.. ni l’internalisation du GPR39. Llorens-Cortes C.. majoritairement exprimé dans le SNC.... 292(1) : E7-15. Iturrioz X.. Alvear-Perez R.. mobilisation du calcium intracellulaire)... Audinot V. a peptide encoded by the ghrelin gene. montrant que le ligand du GPR39 était bien présent dans cette fraction mais en quantité trop faible pour être séquencé dans nos conditions expérimentales. Ils ne se lient pas au GPR39 et ne modifient pas la production de seconds messagers (production d’AMPc. Apelin.-M. Human brain aminopeptidase A : biochemical properties and distribution in brain nuclei.4′-dithiobis-(3-aminobutane-1-sulfonates) nouveaux et compositions les contenant Apport en santé : Lutte contre l’hypertension et les maladies cardiovasculaires Demande de Brevet FR n° 03 09 700 déposé au nom de l’INSERM le 6 août 2003 Brevet Français n° FR2858617 (A1) publié le 2-11-2005 . Jacques Benoit lecture : the neuroendocrine view of the angiotensin and apelin systems. Llorens-Cortes C.. Landgraf (Eds. Palkovits M. Heart Fail Rev.. vol. 51(5) : 1318-25..687 B2 délivré le 26/06/2007.956 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE the brain-renin-angiotensin system : a new strategy for treating hypertension. Dérivés de 4.D Neumann and R... Iturrioz X. (ed. apelin and vasopressin in maintaining body-fluid homeostasis. Publications de revues dans des journaux à comité de lecture ou chapitres de livre Iturrioz X. Arch Mal Cœur Vaiss..4′-dithiobis-(3-aminobutane-1-sulfonates) nouveaux et compositions les contenant Apport en santé : Lutte contre l’hypertension et les maladies cardiovasculaires Demande de Brevet FR n° 02 08977 déposé au nom de l’INSERM le 16 Juillet 2002. LlorensCortes C. Dérivés de 4.... Frugiere A. Bodineau L.... chapter 8. 2008 Sep . Moos F.. 106(1) : 416-28. Moos F. J Neurochem. Hypertension. Academic Press.. Brevet Français n° FR2842522 (A1) publié le 23-01-2004 Demande Internationale PCT/FR03/02242 le 16/07/2003 Brevet américain n° US 7. Claperon C.. J Neuroendocrinol. Bouby N. De Mota N.. 2008. chapter 43.. Squire (Ed). Functional dissociation between apelin receptor signaling and endocytosis : implications for the effects of apelin on arterial blood pressure.. Bodineau L. 2008 May . Reaux-Le Goazigo A. Hus-Citharel A. Corvol P.) Wiley-VCH Verlag GmbH & Co...... n° 06296A10 2... Roques B.. 2007 Aug . Roques B. Larry R. Frugiere A. Iturrioz X. Weinheim.. Llorens-Cortes C. Oxford. From Molecular Mechanisms to Novel Therapeutics. Fassot C.. Apelin and Vasopressin. Llorens-Cortes C. Reaux-Le Goazigo A. 2008 Jul .). De Mota N. Iturrioz X. Llorens-Cortes C. Alvear-Perez R. Fassot C. Kordon C.. Llorens-Cortes C. 100(8) : 704-8. Aminopeptidase A inhibitors as centrally acting antihypertensive agents.. El Messari S. In : Cardiovascular Hormone Systems. Llorens-Cortes C. Kidney Int. Brevets 1.C. 559-570. M. In : Progress in Brain Research. Claperon C. 193-208. Licence exclusive avec Glaxo-Smith Kline Beecham. Gasc J. 20(3) : 279-89. Opposite potentiality of hypothalamic coexpressed neuropeptides. Bader. Llorens-Cortes C. Bodineau L. 2008 Aug .P.P.. Maigret B. 170. Llorens-Cortes C.. n° 98299 (2000-2003) Licence exclusive avec la Société Quantum Genomics (2007-2009). 13(3) : 311-9. Marc Y. 2008 Mar .235. KGaA. Inventeurs : Fournie-Zaluski M. 74(4) : 486-94. I. In : The New Encyclopedia of Neuroscience.. Effect of apelin on glomerular hemodynamic function in the rat kidney. Tassin.. J. N. S. Vyas. Equipe Tassin. L’équipe développe pour cela des approches de génétique moléculaire. Dans ce contexte. S.. K. Canada et Etats-Unis Inventeurs : Roques B. des troubles de l’anxiété et l’addiction. Fournie-Zaluski M. A. Houades. Concernant le lien entre « stress » GR et addiction. Lanteri. Huet. J. Leurs études physiologique. Barik. le récepteur des glucocorticoïdes — GR et Stat5 qui interagit avec GR) activés par la libération d’hormones. S. Bailly et A. Godeheu. d’autre part.A. chez la souris. Benstaali. elle étudie. n° 98299 (2000-2003) Licence exclusive avec la Société Quantum Genomics (2007-2009). G. ITA : G. sont établis.P. Etudiants : M. dans une population cellulaire ciblée. cette année les travaux de J. Une approche complémentaire qui repose sur la surexpression réversible du gène GR a également été développée. A. Inguimbert N. Des modèles murins dans lesquels les gènes GR ou AR sont invalidés. LlorensCortes C. Chercheurs : V. Babouram. les mécanismes par lesquels les hormones glucocorticoïdes libérées en réponse au stress affectent divers comportements et peuvent conduire à des pathologies graves telles certaines dépressions. Maroteaux. Raskin . S.. Etudiants : C. comportementale et anatomique comparative permet de définir le rôle de ces récepteurs nucléaires ainsi que la nature des cellules qui sous-tendent les effets des glucocorticoïdes ou des androgènes. les mécanismes moléculaires qui sous-tendent l’effet des androgènes sur le comportement sexuel et. A. Saint-Amaux ont élargi l’étude des conséquences de l’absence du GR dans les neurones dopaminoceptif. P. Carrillo-Conesa. Chercheurs : A.. avec un intérêt particulier pour la physiologie cérébrale. Parnaudeau. Corvol P. F. Massourides. E. n° 06296A10 Génétique moléculaire Neurophysiologie et comportement UMR CNRS/Collège de France 7148 Directeur : François Tronche Equipe Tronche. japon. Milet. Les travaux de l’équipe sont centrés sur la fonction des gènes de trois facteurs de transcription (le récepteur des androgènes — AR. d’une part. Ils ont montré qu’elle diminue très fortement la sensibilisation et la préférence de place à . Bailly. Licence exclusive avec Glaxo-Smith Kline Beecham. Parnaudeau.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 957 Demande Internationale PCT/FR04/02106 du 6/08/2004 Passage en phases nationales/régionale : Europe. Mhaouty-Kodja.P. ITA : C.C. Tronche. L’équipe de François Tronche s’intéresse aux mécanismes transcriptionnels qui sous-tendent les réponses nécessaires à l’adaptation de l’organisme aux variations de l’environnement. Barik. SaintAmaux. Ce travail a donné lieu à la proposition d’un nouveau concept de la pharmaco-dépendance (2. noradrénergique ou sérotoninergique. L’équipe de Jean-Pol Tassin étudie depuis plusieurs années les modifications neurochimiques à long terme dues à la prise répétée de drogues d’abus. contenus dans le tabac ont été précisés.et l’alcoolodépendance. cette équipe a montré qu’il existe. vraisemblablement présent chez les toxicomanes. d’opiacés — comme la morphine ou l’héroïne —. la prise répétée des deux composés. dissocient cette régulation mutuelle (5). S Mhaouty-Kodja et K Raskin ont engendré et étudié des souris dépourvues d’AR dans le cerveau. Des résultats qu’elle avait déjà obtenus suggérant que la nicotine seule n’agissait pas comme une drogue d’abus mais qu’elle pouvait le devenir en présence d’inhibiteurs de monoamine oxydases (IMAOs). Son absence. contrairement à la nicotine seule. Les prises répétées de psychostimulants — comme l’amphétamine ou la cocaïne —. une régulation réciproque des neurones noradrénergiques et sérotoninergiques par l’intermédiaire des récepteurs a1b-adrénergiques (contrôle noradrénergique des neurones sérotoninergiques) et 5-HT2A (contrôle sérotoninergique des neurones noradrénergiques). Chaque système. entraîne une autonomisation des neurones noradrénergiques et sérotoninergiques qui réagissent de façon indépendante et hyper-réactive aux stimuli externes. une diminution légère mais significative de la masse corporelle et affecte profondément le comportement sexuel et l’agression. l’absence d’AR provoque une dérégulation de l’axe endocrinien des hormones sexuelles. Cette dissociation (ou découplage) se maintient plusieurs mois après la dernière prise de drogue. ou d’alcool. créant ainsi un soulagement temporaire susceptible d’expliquer la rechute de la consommation. Il s’avère effectivement que. dans ces neurones n’est pas impliqué dans les effets de la morphine ou de l’alcool.958 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE la cocaïne confirmant le rôle essentiel de ce facteur de transcription pour l’expression des effets comportementaux de la cocaïne. l’équipe a plus particulièrement travaillé sur la tabaco. devient alors autonome et hyper-réactif.4) selon lequel le découplage. Reprendre de la drogue permettrait un recouplage artificiel de ces neurones. dans ces cellules de type macrophage. bien que ni la prise répétée de nicotine ni celle d’IMAOs n’entraîne de découplage. En 2006. ce qui explique que le tabac. Il semble en revanche que le GR. Chez le mâle. nicotine et IMAO. est indépendante de la libération de dopamine et n’apparaît pas si les animaux sont pré-traités par des antagonistes des récepteurs a1b-adrénergiques et 5-HT2A avant chaque prise de drogue d’abus. Concernant le rôle du gène AR dans le cerveau. déclenche un découplage. C’est pourquoi MA Carrillo-Conesa et S Vyas ont étudié le rôle du GR dans la microglie. chez les animaux non dépendants. conduit à une augmentation de la mort neuronale dans deux situations d’inflammation : l’injection de LPS dans le cortex et un modèle de maladie de Parkinson induit par le MPTP. Les glucocorticoïdes sont essentiels pour la répression de l’inflammation. ait un fort pouvoir addictif. Cette année. Un travail très récent de Christophe Lanteri indique que les IMAOs agissent en désensibilisant le . Lemberger T. 2007. Ambroggi A. Pedrazzini T. Chien K. Parnaudeau. Tronche F. Chroussos. Tronche F... F. Balado.. 2007 36 : 27-35. Marinelli... Vyas S. 2007. R..J. Rouzeau. Couty J.... Kleiman A. Tronche F. FASEB J.. En révision. Schiffmann S. au cours de son stage de M2.. T. ce qui confirme la convergence. entre les effets addictifs de l’éthanol et celle des opiacés.. Genes & Dev. Tronche.. B.D. Dassesse D. Schmid W.. Perret C... Muller O. Elsevier publisher. A. Nicod P. 1... 89 : 370-377.V. Moriggl R.. 21 : 1157-62. 5-HT1A-iCre.. V. Reichardt H. Mhaouty-Kodja S.... Decaens T. FEBS Journal. S.P. 2007. 117 : 1381-1390. Engblom D... 274 : 3568-77. Lazar. Godard C. Tronche F. Verhoeven G. Stabilization of beta-catenin affects mouse embryonic liver growth and hepatoblast fate. Fabre V. 2007. confiées à l’équipe par Brigitte Kieffer (Strasbourg).. Rossier B..LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 959 récepteur 5-HT1A permettant ainsi à la nicotine d’activer les neurones sérotoninergiques (6).P.. Tuckermann J. Tronche F. 21(12) : 3133-41..P. Centeno G. de Reyniès A. M. de montrer que le découplage induit par l’éthanol nécessite la stimulation des récepteurs μ-opioïdes... Sahly I. Macrophages and neutrophils are the targets for immune suppression by glucocorticoids in contact allergy. Benitah J. J. Piazza.. Cat A. M. Mangin L. Berger S. Milet A.. Soumis. Casanova E. 47 : 247-58.. Equipe Tronche : publications 20072008 Stress and addiction.. Pradervand S. Enfin.. Clausen B. Tronche. Escoubet B. 8 : 4. Parlato. Expression of Cre recombinase in dopaminoceptive neurons. Stride B. E... Rickman D.N. Spanbroek R.... Moriggl R. 584594.. Schütz. Tronche F..D. In : Encyclopedia of Stress. Raskin K. Conditional glucocorticoid receptor expression in the heart induces atrio-ventricular block. Parlato R.. Perrier R. Analysis of dopamine transporter gene expression pattern : generation of DATiCre transgenic mice.... Invest.. M. Sainte-Marie Y. Lazar and F. S. Hepatology. Soukaseum C.. Kornfeld J. Tronche F. Schütz G.... déjà constatée en clinique.. J. Habenicht A. Hamon M. G.C. Corticosteroid receptor genes : functional dissection in mice. Beug H. Deroche-Gamonet. 2007.W... G. Milet A. 2007. Conditional inactivation of androgen receptor gene in the nervous system impairs masculine behaviors and androgen feedback on LH release. Turiault. M. Mol Cell Neurosci. Schwake L... F. Lazar M... . Rouzeau J. Neumann A. Forster I.. vol. Tronche F. Colnot S.. Schütz G. Tronche F. Firsov D. Turiault M.. a new transgenic mouse line for genetic analyses of the serotonergic pathway. Duittoz A. Illing A. Milet. Westphal M.. McEwen. Hennighausen L.E..M. Genomics. BMC Neurosci.. Reimann A. Jaisser F.S.. l’utilisation de souris dépourvues de récepteurs μ-opioïdes. Aude Milet A. Schütz G.. Parnaudeau. identification of a specific neuronal cell-type for glucocorticoid receptor-induced facilitation of cocaine seeking.. Turiault M.... Direct glucocorticoid receptor-Stat5 interaction in hepatocytes controls body size and maturation-related gene expression. P.. Clin. Ron de Kloet editors.. Peuchmaur M... Lemberger. 3 . de Gendt K.. M.. Farman N. a permis à Emilie Doucet. Identification of corticosteroid-regulated genes in cardiomyocytes by serial analysis of gene expression.. Schütz G. . Biochem Pharmacol. Régulation intracellulaire des canaux jonctionnels (Martine Tencé. Salomon L. Tassin J. Seeman P.P. Lanteri C. Psychopharmacology (Berl). Dans le système nerveux central. Tassin J. Synapse.... 2007. en particulier dans les astrocytes.P.. 91-97. Neuropsychopharmacology. In : « Neurosciences en 2007 ». Pascal Ezan) Nous avons poursuivi l’identification des mécanismes intracellulaires responsables du contrôle de la communication jonctionnelle dans un modèle de culture primaire . 2007. Neurobiologie de l’addiction : Proposition d’un nouveau concept... 83. L’information Psychiatrique. Communication jonctionnelle et interactions entre réseaux neuronaux et gliaux INSERM U840 Directeur : Dr Christian Giaume Les travaux de notre équipe ont porté sur différents aspects des interactions entre neurones et cellules gliales. Gingrich J.. vol. Tassin J. 2008. 2007. 1. Doucet E. Lanteri C... Tassin J. 33. Godeheu G.P.. Tassin J. Torrens Y. Salomon L.P. Salomon L. Drugs of abuse specifically sensitize noradrenergic and serotonergic neurons via a non dopaminergic mechanism. Edwige Amigou. 75 : 85-97. Lanteri C. and Tassin J.P. Uncoupling between noradrenergic and serotonergic neurons as a molecular basis of stable changes in behavior induced by repeated drugs of abuse. sont exprimées en grande quantité dans les cellules gliales. Soumis. Ces jonctions définissent une organisation en réseaux des cellules communicantes. Inhibition of Monoamine Oxidases desensitizes 5-HT1A receptor and allows Nicotine to induce a neurochemical and behavioral sensitization.P.... les connexines..960 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE Equipe Tassin : publications 20072008 Salomon L. 2008. Elevated dopamine D2(High) receptors in alpha-1b-adrenoceptor knockout supersensitive mice. 61 : 569-72.. Blanc G. Glowinski J. Torrens Y.. Godeheu G. Lanteri C. avec comme objet principal d’étude des propriétés et le rôle des jonctions communicantes entre cellules gliales dans des conditions normales et pathologiques. 1724-1734. Plus précisément. nos recherches se sont concentrées sur les interactions entre les circuits neuronaux et les réseaux astrogliaux dans des conditions normales et pathologiques. Paradoxical constitutive behavioral sensitization to amphetamine in mice lacking 5-HT(2A) receptors. 194 : 11-20. protéines constituantes des jonctions communicantes (gap junctions). Ulrike Pannasch. l’occlusion d’une narine réduit l’activité des neurones dans la couche glomérulaire et diminue l’incidence de couplage. Nous avons cherché à définir comment s’organisent les réseaux astrocytaires dans ces compartiments neuronaux. L’incubation des cellules avec l’endothéline-1. Ces résultats indiquent que les réseaux astrocytaires présentent une organisation qui est étroitement liée à celle des neurones. et l’expression des Cx43 et Cx30. Les études en immunofluorescence et microscopie confocale montrent que la Cx43 membranaire est co-localisée avec ZO-1 et l’occludine. Par conséquent. ces réseaux pourraient contribuer à la définition d’un glomérule comme unité fonctionnelle. induisent une inhibition totale de la communication. Leur étendue dépend de l’activité des neurones puisqu’elle est réduite en présence . nous avons observé une expression différentielle des deux connexines astrocytaires Cx43 et Cx30. A court terme (heures). PI3-K ou ROCK.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 961 d’astrocytes. Cette déphosphorylation dépend d’une voie de signalisation médiée par une protéine Gi qui n’implique pas les protéines kinases ERK. p38. Cette observation nous a amené à poser la question d’un contrôle des propriétés des réseaux astrocytaires par l’activité neuronale. de la connexine43 (Cx43) présente dans les canaux jonctionnels des membranes. L’ensemble de ces observations indique que dans les glomérules olfactifs. récemment nous avons obtenu des données biochimiques suggèrant qu’une partie importante des Cx43 astrocytaires sont localisées dans les rafts qui constituent des domaines membranaires considérés comme des plateformes de signalisation et impliqués dans l’internalisation des récepteurs. Enfin. A long terme (semaines). Dans cette structure. 2. Interactions entre compartiments neuronaux et réseaux astrocytaires dans les glomérules olfactifs (Lisa Roux) Les propriétés de communication entre astrocytes. indiquant que ces deux protéines font partie d’un même échafaudage protéique. Celle-ci s’accompagne d’une déphosphorylation. ainsi qu’une communication jonctionnelle favorisée dans les glomérules. 3. traitements qui miment une inflammation ou une ischémie. La Cx43 co-immunoprécipite avec ZO-1. pour cela deux situations ont été considérées. Réseaux métaboliques astrocytaires et activité synaptique dans l’hippocampe (Nathalie Rouach. ont été étudiées dans les glomérules du bulbe olfactif. les astrocytes forment des réseaux plastiques et dynamiques dont les propriétés sont contrôlées par l’activité neuronale. la sphingosine-1phosphate ou des inhibiteurs métaboliques. Mickael Derangeon) L’utilisation d’un dérivé fluorescent du glucose (2-NBDG) a permis la mise en évidence de réseaux métaboliques astrocytaires dans la région CA1 de l’hippocampe. par les serine/thréonine phosphatases PP2B et PP1/ PP2A. Cette région du cerveau a été choisie car les glomérules olfactifs sont caractérisés par une forte compartimentation anatomo-fonctionnelle des neurones qui les composent. la mise sous silence des neurones par la TTX diminue le nombre de cellules couplées. Ces résultats démontrent que les réseaux astrocytaires peuvent pourvoir au soutien métabolique de l’activité neuronale en permettant le transfert de composés énergétiques depuis la circulation sanguine vers les neurones. Cependant. MW 40 000 Kda) chez des souris délétées en Cx30 montre que la BHE de ces animaux est endommagée. en particulier au niveau de l’hippocampe. Cette propriété n’est pas observée en utilisant des souris transgéniques dans lesquelles l’expression des deux connexines astrocytaires a été supprimée. des dépôts de peptide β-amyloide (Aβ) s’accumulent dans le cortex et l’hippocampe des patients où ils forment des lésions caractéristiques. qui portent deux mutations rencontrées dans des cas familiaux de MA. Cx43 et Cx30. Nous avons montré que ces jonctions sont en particulier remarquablement concentrées au niveau des extensions astrocytaires périvasculaires. nous nous posons la question du rôle des Cx30 et Cx43 à l’interface gliovasculaire au niveau de laquelle les pieds astrocytaires entourent les vaisseaux sanguins. Changements d’expression des connexines astrocytaires dans un modèle murin de maladie d’Alzheimer (Xin Mei. L’injection intrajugulaire de peroxidase (horse raddish peroxidase. nous avons analysé la distribution des deux connexines astrocytaires. du thalamus et du striatum. des altérations différentielles d’expression des connexines astrocytaires. Actuellement. qui dépendent du type de lésion et du temps post-lésionnel. Notre étude se poursuit pour comprendre et identifier les bases moléculaires de cette fonction. par une . 5. Annette Koulakoff ) Dans diverses atteintes cérébrales. Des lésions semblables se développent dans des modèles murins de MA. qui constituent un des éléments de structure de la barrière hémato-encéphalique (BHE). Cette régulation fait intervenir le glutamate et les récepteurs de type AMPA. Pascal Ezan. Par ailleurs. Une approche identique sur un modèle murin délété en Cx43 astrocytaire est actuellement en cours. aigues ou chroniques. en particulier dans des souris double transgéniques APP/PS1.962 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE de TTX et augmentée lors de décharges de type épileptique. les astrocytes forment des réseaux fonctionnels sous-tendus par la présence de jonctions communicantes intercellulaires connexines Cx43 et Cx30. cette perte d’excitabilité peut-être maintenue en injectant le réseau astrocytaire avec du glucose ou du lactate. ont été décrites. les plaques séniles. Dans ce modèle. 4. l’activité neuronale est progressivement supprimée. une étude du transcriptôme dans l’hippocampe de ces souris montre des dérégulations de l’expression de plusieurs gènes impliqués dans la physiologie du système vasculaire. induites pharmacologiquement. Ces résultats démontrent que les jonctions communicantes astrocytaires sont impliquées directement dans le maintien de la BHE. Dans la maladie d’Alzheimer (MA). Rôle des connexines astrocytaires dans la mise en place et le maintien de la barrière hématoencéphalique (Martine Cohen-Salmon) Dans le cerveau. En absence de glucose dans le milieu extérieur. Palacios-Prado N. Retamal M. préférentiellement dans des plaques de petite taille. (2007) Cx43 hemichannels and gap junction channels in astrocytes are regulated oppositely by proinflammatory cytokines released from activated microglia. Giaume C. Vitali M. J.. Giaume C.. Ropert N.. (2007) Glia : the fulcrum of brain diseases. 28 : 5207-17.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 963 approche immunohistochimique en microscopie confocale sur coupes de cerveau. 90 % pour Cx43). l’expression des deux connexines.. comme chez les souris contrôle. Koulakoff A. est modifiée dans les prolongements astrocytaires qui infiltrent les plaques : augmentée dans la majorité des plaques (75 % pour Cx30.A. Journal of Neuroscience. Ropert N. and Oheim M. Journal of Neuroscience.. 27 : 13781-92.... Oheim M. Journal of Neuroscience.. Rudolph S. Herrero-González S. sont en cours d’étude. Reichenbach A. Publications Nadrigny F. Kirchhoff F. Giaume C. Seif I. examinée à 4 et 6 mois.. Houades V. and Verkhratsky A. Giaume C. puis quantifié leur expression. (2007) Systematic colocalization errors between acridine orange and EGFP in astrocyte vesicular organelles. Ezan P. Biophys. Glia (sous presse). une diminution d’expression des deux Cxs est observée. Sáez J.. Li D. Giaume C...C... Koulakoff A. des dépôts Aβ entourés de microglies activées et d’astrocytes réactifs GFAP+ apparaissent dans le cortex et l’hippocampe et leur nombre augmente avec l’âge. 93 : 969-980. Tabernero A. Kemnitz K.. (2008) Lysosomes are the major vesicular compartment undergoing Ca2+-regulated exocytosis from cultured cortical astrocytes... Giaume C. (2008) Connexin43 is involved in the effect of endothelin-1 on astrocyte proliferation and glucose uptake. Au niveau de ces plaques. mais dans 5 % d’entre elles...... ni dépôt Aβ et la distribution des Cx43 et Cx30 est similaire au tissu contrôle.C. A 2 mois. Les conséquences fonctionnelles de ces modifications d’expression des Cx43 et Cx30 sur l’étendue du réseau astrocytaire et/ou l’activation locale d’hémicanaux... Ezan P... ces souris ne présentent ni activation gliale.M. Sánchez-Alvarez R.. Ezan P.. Glia.J. 56 : 1299-311. Sáez P. Dès le quatrième mois. 14 : 1324-1335. Giaume C. Koulakoff A. Des doubles marquages Cx30/Cx43 montrent dans la majorité des plaques (70 %) une régulation parallèle des deux Cxs. susceptibles d’interférer avec la survie neuronale dans cette pathologie. Matute C. . Medina J. Koulakoff A. Cell Death Differ.. Kirchhoff F.. Li D. (2008) Gap junction-mediated astrocytic networks in the mouse barrel cortex.. Froger N. (2008) Neurons control the expression of Connexin 30 and Connexin 43 in mouse cortical astrocytes. 28 : 7648-58. Valle-Casuso J.. L. Interactions neurone-glie et transfert cortico-striatal Le concept de synapse tripartite (éléments pré-. Les NETM engagés dans les deux circuits de sortie du striatum. nous avons montré que les NETM de la voie directe et ceux de la voie indirecte sont couplés par des synapses GABAergiques unidirectionnelles. nous étudions l’impact des interneurones striataux sur le transfert des informations cortico-striatales. C. structures sous corticales impliquées dans le contrôle adaptatif du comportement. il est important de considérer l’état du réseau glial car. Par ailleurs. les voies directe et indirecte expriment respectivement les récepteurs D1 et D2. Paillé. Venance) Interactions entre neurones striataux Le striatum est la structure d’accès des informations corticales aux ganglions de la base. Par des enregistrements en double patch-clamp sur tranches de cerveau. Interactions synaptiques et transfert des informations corticales dans le striatum (E. V. les ganglions de la base participent à la sélection des actions appropriées au contexte environnemental en tenant compte de facteurs motivationnels et de l’expérience passée. sont interconnectés par des synapses chimiques et électriques. C. Connectées au système limbique et aux centres de planification et d’exécution motrice. V. Par des enregistrements en double patch-clamp d’un astrocyte et d’un NETM associés à une stimulation corticale. Dans une perspective à la fois fondamentale et thérapeutique. nous avons enregistré et caractérisé pharmacologiquement les courants astrocytaires générés par le transport du . post-synaptiques et gliaux) reconnaît aux cellules gliales un rôle majeur dans la transmission synaptique. Afin de déterminer l’organisation de ces interactions locales par rapport à l’organisation anatomo-fonctionnelle du striatum. Le dysfonctionnement pathologique des ganglions de la base est responsable de troubles moteurs et cognitifs. assurant le lien entre le milieu intérieur et les neurones. Gras. les cellules gliales participent à l’acheminement de molécules métaboliques ou thérapeutiques vers le réseau neuronal. Fino. nous utilisons des souris D1/EGFP et D2/ EGFP (Gensat Project) qui permettent de visualiser les NETM exprimant les récepteurs dopaminergiques de type D1 ou D2. D’un point de vue thérapeutique. Bosch. neurones épineux de taille moyenne). Goubard. notre groupe étudie les propriétés fonctionnelles normales et pathologiques de ces réseaux neuronaux.964 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE Dynamique et physiopathologie des réseaux neuronaux (Inserm U 667) Responsable : Jean-Michel Deniau Nos recherches portent sur les ganglions de la base. Les neurones de projection striataux (NETM. En plus des NETM. De manière surprenante. Ces interneurones ont un poids synaptique important sur les NETM et moduleraient efficacement la transmission cortico-striatale. « mimant » l’activité de décharge naturelle des neurones du cortex somatosensoriel. Nous étudions désormais l’impact de ces transports gliaux sur la transmission et les plasticités synaptiques cortico-striatales. Par des enregistrements intracellulaires in vivo chez le rat. L’existence d’une telle plasticité intrinsèque et ses propriétés d’induction et d’expression dans des conditions physiologiques restaient à préciser.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 965 glutamate et du GABA. nous avons observé une plasticité « inverse » au niveau cortico-striatal : un décalage négatif induit une potentialisation à long terme (LTP) et un décalage positif une dépression (LTD). Paz Il est admis que les processus d’apprentissage et de mémorisation résultent de modifications « expérience-dépendante » dans la force des connexions synaptiques. entraîne des changements d’efficacité synaptique à long terme. Plasticité intrinsèque dans le cortex somatosensoriel et intégration sensorielle dans le circuit corticostriatal S. similaire à celle des NETM. observée pour la première fois chez les mammifères indique une spécificité du codage au niveau de l’axe cortico-striatal. induisaient des changements durables dans l’excitabilité intrinsèque de ces cellules. M. nous avons montré que des conditionnements cellulaires. similaire à celle décrite dans différentes structures du SNC des mammifères. tandis que les interneurones GABAergiques développent une STDP classique. ou la pente de la relation . ainsi que les phénomènes de plasticité au niveau des cellules gliales. Les interneurones cholinergiques montrent une STDP « inverse ». Cette plasticité intrinsèque s’exprimait de manière bidirectionnelle (dépression ou potentialisation) en modifiant l’intensité du courant liminaire (« seuil ») pour le déclenchement de potentiels d’action. J. Classiquement. suggérant un rôle des propriétés électriques non synaptiques dans les mécanismes de mémorisation. tandis qu’un décalage positif induit une potentialisation. Cette plasticité « inverse ». Charpier. Nous avons montré que les interneurones striataux peuvent développer de puissantes plasticités synaptiques de type STDP et que celles-ci montrent des spécificités cellulaires. Plasticité synaptique cortico-striatale de type « spike-timing dependent-plasticity » (STDP) La rencontre quasi-coïncidente d’une activation pré-synaptique avec la rétropropagation d’un potentiel d’action dans l’arbre dendritique. un décalage négatif de la stimulation post-synaptique par rapport à celle pré-synaptique induit une dépression synaptique. Mahon. Pidoux. S. Des études in vitro ont révélé que l’excitabilité intrinsèque neuronale peut être modifiée durablement par l’activité préalable. le striatum est composé d’interneurones cholinergiques et GABAergiques. Polack) Nous étudions les mécanismes de déclenchement et de contrôle des épilepsiesabsences en utilisant le rat GAERS (Genetic Absence Epilepsy Rats from Strasbourg) comme modèle expérimental. synchronisation excessive dans la bande de fréquence bêta et interruption de la transmission dopaminergique (B. Nous avons démontré pour la première fois un décalage temporel net entre la mise en place de l’akinésie. N.966 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE courant injecté-fréquence moyenne de décharge (« gain »). Il a été proposé que cette synchronisation excessive joue un rôle central dans la mise en place de l’akinésie parkinsonienne. on note une synchronisation excessive de l’activité électro-encéphalographique (EEG) dans la bande de fréquence bêta (15-35 Hz). Ces modifications d’excitabilité pouvaient favoriser la genèse de potentiels d’action sur les réponses évoquées par des stimulations naturelles des vibrisses sans modifier la force synaptique. et la synchronisation excessive dans la bande de fréquence bêta qui nécessite plusieurs jours pour apparaître. PO. Degos. les drogues « anti-absence » utilisées en clinique humaine pouvaient « convertir » les neurones ictogéniques du foyer en neurones « normaux ». Par des blocages pharmacologiques de l’activité du cortex somatosensoriel et de régions corticales distantes. De plus. Nous avons mis en évidence que les neurones du cortex somatosensoriel présentent des décharges épileptiques précédant celles des autres neurones corticaux et thalamiques. Maurice) Chez les patients parkinsoniens comme dans les modèles animaux de la maladie. L’expression de ce phénomène dépend de l’état de vigilance de l’animal. Rôle du cortex somatosensoriel dans la genèse des crises d’absence (S. Charpier. . Mahon. mais jamais durant le sommeil lent. Elle apparait durant l’éveil et le sommeil paradoxal. S. observée dès le premier jour post-lésionnel. Cette synchronisation excessive était accompagnée par une augmentation de cohérence entre l’activité des cortex moteur et somatosensoriels. démontrant ainsi que cette région corticale constitue un véritable « foyer » épileptique. nous avons montré que la région faciale du cortex somatosensoriel était suffisante et nécessaire pour initier les crises. La synchronisation excessive dans la bande bêta était plus forte dans le cortex moteur que dans le cortex somatosensoriel et chez les animaux lésés unilatéralement par rapport aux animaux lésés bilatéralement. Nous avons révélé que la synchronisation excessive dans la bande de fréquence bêta apparaît de façon progressive et retardée suite à la lésion des neurones dopaminergiques de la substance noire. Dans ce territoire. C. Une régulation inverse est obtenue en présence de cocaïne qui provoque une augmentation des taux extracellulaires de DA. Kemel. Aliane. V. les récepteurs opioïdes de type mu (MORs) sont présents sur les neurones efférents des striosomes et les interneurones cholinergiques (Jabourian et al. Ils pourraient être à l’origine de nouvelles perspectives thérapeutiques dans le traitement symptomatique de certaines pathologies associées au dysfonctionnement des ganglions de la base. les tachykinines participent à l’hypercholinergie striatale observée lors de la dégénérescence du système nigrostrié. Interaction entre les régulations ENK/MOR et tachykinines/NK1 de la libération de l’ACh dans le territoire limbique/PF du striatum dorsal Les récepteurs NK1 aux tachykinines sont co-exprimés avec les MORs dans les interneurones cholinergiques du territoire limbique du striatum dorsal. le « new NK1 sensitive » qui présente un profil pharmacologique particulier. Ce phénomène ne reflète pas uniquement les changements plastiques induits par l’interruption de la transmission dopaminergique au sein des réseaux reliant le cortex cérébral aux ganglions de la base. Le blocage simultané des contrôles DA/D2 et ENK/MORs inhibiteurs de la transmission cholinergique a permis de révéler la facilitation tachykinines/NK1 de la libération de l’ACh via le sous-type du récepteur NK1. opioïdes et tachykinines. Ces données montent le rôle important que jouent les peptides. Pérez. Deschamps) Impact de la dénervation dopaminergique nigro-striatale ou d’un traitement par la cocaïne sur l’expression des MORs et la régulation enképhaline/MOR de la libération de l’acétylcholine Dans le territoire limbique du striatum.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 967 Ces données suggèrent que l’hyper-synchronisation bêta est générée par des processus de plasticité dont le décours temporel est retardé par rapport à l’akinésie. Rôle des interneurones cholinergiques et des circuits locaux striataux dans la physiopathologie des ganglions de la base (M. . Les antagonistes ayant une bonne affinité pour le récepteur « new NK1 sensitive » pourraient contribuer au rétablissement de ce déséquilibre. L’expression de ces récepteurs est inversement régulée par la transmission dopaminergique : en absence de dopamine (DA). dans le contrôle de la « balance DA-ACh » au niveau du striatum dorsal et tout particulièrement lors de l’altération de la transmission dopaminergique. S. Les régulations enképhaline (ENK)/MORs de la libération de l’acétylcholine (ACh) sont en accord avec l’expression des MORs dans les différentes situations analysées.L. les neurones efférents n’expriment plus de MORs alors qu’ils sont toujours présents sur les interneurones cholinergiques. 2005). mais traduit également l’état cérébral nécessaire à son expression. Cet effet dépresseur est parfois bloqué par un antagoniste des récepteurs GABAA. suggérant que la DA peut agir au niveau post-synaptique. mais également pré-synaptique.. L’application iontophorétique de DA ou la stimulation de l’ATV réduit la fréquence de décharge des interneurones et cet effet implique les récepteurs D1 et D2.. C. Deransart. J. Soucy. Deniau.V.M.L. 103 : 2153-2169 (2007). Nous avons étudié l’effet modulateur de la DA sur les entrées issues de l’hippocampe. Guillemain I. Bibliographie Fino. S. .. P. Tachykinin regulation of cholinergic transmission in the limbic/prefrontal territory of the rat dorsal striatum : implication of new neurokinine 1-sensitive receptor binding and interaction with enkephalin/mu opioid receptor transmission.O. Glowinski. Depaulis. 58.. l’hypodopaminergie du CPF décrite dans la schizophrénie pourrait provoquer une perte de la modulation temporelle de l’activité des interneurones et donc altérer les traitements cognitifs par les circuits préfrontaux. A... Polack. nous avons montré que l’hippocampe active directement les interneurones préfrontaux qui en retour court-circuitent l’activité des cellules pyramidales par un mécanisme d’inhibition directe. S. et la modulation dopaminergique de la réponse des interneurones aux afférences hippocampiques entraîne une plus grande précision temporelle des signaux inhibiteurs. Neuroscience Research. 27 (24) 6590-6599 (2007). Nous avons pour la première fois in vivo révélé l’effet induit par l’application de DA ou la stimulation de l’aire tegmentale ventrale (ATV) sur l’activité des interneurones du PFC. Ces résultats suggèrent que les processus d’inhibition directe au niveau du CPF concourent à une augmentation du rapport signal-bruit. Effects of acute dopamine depletion on the electrophysiological properties of striatal neurons. Perez. D’un point de vue pathologique.. J Neurosci. A. Charpier. L’application locale de DA ou la stimulation de l’ATV réduit l’intensité de la réponse excitatrice évoquée au niveau des interneurones (probabilité de décharge et nombre de potentiels d’action par réponse).968 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE Modulation dopaminergique du transfert des informations au niveau du cortex préfrontal (CPF) Les comportements ciblés résultent du transfert d’informations à partir d’aires sous-corticales sensorielles et limbiques vers le cortex préfrontal où elles sont intégrées et transférées vers les aires motrices pour l’accomplissement d’un comportement donné.. Venance... Cette réduction d’intensité est souvent accompagnée par une focalisation temporelle de la réponse. J. M. Hu E. Après avoir établi des critères d’identification électrophysiologique des interneurones du CPF. L. Kemel. Deep layer somatosensory cortical neurons initiate spike and wave in a genetic model of absence seizures. E. 30-316 (2007). J Neurochem. Herbin M. Saurini F. X.. Vandecasteele. 265-282 (2008).LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 969 Fino. X. El Mestikawy S. Perdu. Venance.M. 105 n° 12.... R..... Gasnier B.1. 27. Lepicard E. avec en particulier l’analyse du cortisol libre urinaire (5) et des mutations responsables de pathologies du tubule rénal affectant la réabsorption hydro-sodée (32). un test pharmacologique en aigu et en chronique (amiloride).... J. Gênes et pression artérielle INSERM 772 / Collège de France Responsable : Xavier Jeunemaitre EQUIPE 1 – Responsable : Xavier Jeunemaitre Thème 1 : Identification de gènes et de variants impliqués dans la régulation du métabolisme hydrosodé. Giros B.. Nomikos G. Chemical transmission between dopaminergic neuron pairs. 1-9 (2008).R.. 4904-4909 (2008). Venance. Tzavara E. Evidence for a direct subthalamo-cortical loop circuit in the rat. Le protocole s’effectue au CIC de l’HEGP et comprend une étude en régime riche ou pauvre en Na+/K+. Eur J Neurosci.. protéine impliquée dans la régulation du canal sodium épithélial. . Nature Neuroscience. Degos. Glowinski. Beaurain.. Kemel M.M. L. Zhou.. Deniau. H. Jeunemaitre... Hanoun N.F. Deniau. Vargas-Poussou. L’objectif de notre projet est d’identifier de nouveaux gènes ou de nouveaux variants qui influencent de façon significative le métabolisme hydrosodé.. En 2007-8. La mise en place d’un PHRC hospitalier visant à rechercher les conséquences chez l’homme d’un polymorphisme fonctionnel de la protéine Nedd4-2. Amilhon B. J. Le Cam J. Proc Natl Acad Sci USA. The vesicular glutamate transporter VGLUT3 synergizes striatal acetylcholine tone. J.. l’hypertension artérielle (HTA) ou des pathologies vasculaires cause ou conséquence de l’HTA. P.. 2599-2610 (2008). Maurice N.M. Poirel O. B.L. La poursuite de l’analyse de relations génotype-phénotype dans l’HTA essentielle. Louis-dit-Picard. 2. 586. les résultats les plus significatifs concernent : 1. L.. M. Gras C. l’hypertension artérielle et ses conséquences vasculaires G. Wade M. J. Dumas S.. J Physiol. Vinatier J.. E. Plouin. J. Cell-specific spike-timing-dependent plasticity in GABAergic and cholinergic interneurons in corticostriatal rat brain slices. Mailly P. Deniau. Louvain Belgique) et sur les maladies artérielles aortiques disséquantes (FAD. D. L’analyse génétique de différentes cohortes de patients nous a permis de montrer que des SNP fonctionnels du gène NR3C2 codant pour le MR étaient impliqués à la fois dans la réabsorption sodée ou la réponse au stress et un état de dépression chez le sujet âgé.B. PI Prof A Devuyst. 4. nous avons mis en évidence le rôle clé du MR dans la différenciation adipocytaire. cause classique d’HTA secondaire (37). 21). a permis la mise en place du seul diagnostic génétique de routine du PHA1 en France (service de génétique. M. L’objectif de mon programme de recherche est d’explorer les mécanismes génétiques sous-jacents aux pathologies liées à l’aldostérone. Ce diagnostic comprend l’analyse des gènes NR3C2. B. l’autre vise à obtenir une collection transversale supplémentaire de plus de 500 sujets atteints (Etude Arcadia) avec l’objectif d’une étude d’association pangénomique. E. Italie).970 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 3. Paris). La coordination d’un réseau clinique et de recherche sur le PHA1. S. dont les altérations aboutissent au pseudohypoaldostéronisme de type 1 (PHA1) et à l’hypertension artérielle (HTA). L’étude fonctionnelle des mutations du MR identifiées est également réalisée et nous développons actuellement de nouveaux outils d’analyse ex vivo. notamment dans les effets des hormones glucocorticoïdes. SCNN1A. B.L. sur les maladies rares rénales (Réseau Eunefron. Une analyse protéomique différentielle sur des tissus sains et pathologiques est en cours. Thème 2 : Gènes et pathologies héréditaires associées à l’aldostérone. Caprio. Notre cohorte unique de plus de 350 cas de DFM a permis de de confirmer une agrégation familiale compatible avec un effet gène majeur (14) et de tester des gènes de la matrice extracellulaire. Enfin. HEGP). M. Cusi. Notre équipe mène deux projets qui ont obtenus un financement du PHRC et de la Fondation de Recherche en HTA en 2008. Une étude visant à explorer le système cardiovasculaire chez des patients adultes porteurs de mutations du MR est actuellement en cours (PHRC 2007. SCNN1B et SCNN1G ainsi que la détection de larges délétions de NR3C2 (15. La mise en place de réseaux européens sur l’HTA essentielle (Réseau Hypergenes. L’un porte sur la recherche de facteurs prédictifs d’évolution de la sévérité (protocole PHRC Profile). J. Boulkroun. PI Prof. Fernandes Rosa. Ces . Samson-Couterie.C. F. La poursuite de nos travaux sur la dysplasie fibromusculaire (DFM). Michel) financés par le FP7 et auxquels notre unité participe. Escoubet. Tareen. PHA1NET (GIS–maladies rares). artériopathie systémique pour le moment d’origine inconnue. Milan. S. Hubert. qui est partie intégrante du réseau MARHEA (AP-HP). Zennaro L’aldostérone et le récepteur minéralocorticoïde (MR) jouent un rôle fondamental dans la régulation de la volémie et de la pression artérielle. CHU Bichat. coordinateur : Dr. remodelage ionique). N. de la maladie.F. A. Zhang. les résultats de l’analyse du transcriptome par microarray et de la caractérisation des pertes d’hétérozygotie par CGH-array de la collection PH/PGL du réseau COMETE qui ont été réalisés sur les plate-formes de la Ligue Nationale contre le Cancer (programme CIT-3) sont en cours d’analyse statistique. les récepteurs minéralocorticoïdes et glucocorticoïdes (RM et RG) dans les systèmes cardiovasculaire. La première a révélé que des tumeurs gastro-intestinales sarcomateuses (GIST) pouvaient aussi être induites par des mutations SDHs (11. F. cellulaires et animaux. 2) l’implication spécifique du RM et dans diverses fonctions cardiomyocytaires (contraction. Gimenez-Roqueplo. en conditions physiologiques et pathologiques. J. Burnichon. C. nous avons poursuivi le développement de modèles expérimentaux. C. d’Hayer. Panek-Huet. nous avons participé à deux études internationales. En 2007-2008. Farman. Nous disposons d’une lignée de cellules ES où le gène SDHB est inactivé. A. Plouin. Nous avons développé les outils nécessaires à la caractérisation de ces modèles qui est en cours. Favier. La seconde a montré que des mutations du gène SDHD pouvaient aussi être associées à un phénotype malin (31). ainsi que des lignées de souris KO dans lesquelles le gène SDHB est inactivé soit dans les cellules germinales (KO ubiquitaire). En 2007-2008. Rivière. L’objectif de notre groupe de recherche est d’élucider les mécanismes moléculaires en cause dans la tumorigenèse des paragangliomes (PGL) et des phéochromocytomes (PH) SDH dépendants qui impliquent notamment le métabolisme mitochondrial et les voies de réponse à l’hypoxie (25). remodelage ionique) par . Enfin. N.P. soit de façon conditionnelle (KO tissuspécifique) uniquement dans les cellules dérivées des crêtes neurales. P. Charhbili. Soukaseum. Latouche. Thème 3 : Paragangliomes et Phéochromocytomes N. 29). nous avons abordé plusieurs points : — la surexpression conditionnelle du RG dans le cœur nous a permis d’établir : i) le rôle de l’activation du GR dans le cœur (induction de troubles de conduction majeurs. A. rénal ou autre.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 971 résultats ouvrent des perspectives originales pour des approches thérapeutiques de l’obésité et du syndrome métabolique et sur l’interaction entre régulation de la balance sodée et différenciation adipocytaire (4). Sur le plan clinique. B. Notre objectif est de définir le rôle de l’aldostérone (aldo) et des glucocorticoïdes (gluco) ainsi que de leurs récepteurs. Jaisser. N’Guyen Dinh Cat. EQUIPE 2 Responsable Frédéric Jaisser Thème 1 : Rôle du récepteur minéralocorticoïde en physiologie cardiovasculaire V. rythme. J. . démontrant un rôle jusqu’alors insoupçonné dans la physiologie cutanée (16). iii) la signalisation spécifique RM/RG dans le cœur avec l’identification de gènes spécifiquement modulés par le RM dans le cœur. Nous avons montré que le gène WNK1 est à l’origine de plusieurs isoformes (Delaloy C. cette isoforme joue un rôle important dans la régulation du transport sodé au niveau du DCT. J Am Soc Nephol 2006). Les résultats ont montré un effet de l’aldo sur la pression artérielle indépendamment de l’effet rénal classique sur le contrôle de la balance hydrosodée. accepté). Les isoformes L-WNK1 possèdent une activité kinase et sont exprimées de façon ubiquitaire. associant hyperkaliémie. Nous avons également étudié le rôle de KS-WNK1 dans le rein et nos résultats préliminaires indiquent que. L’isoforme KS-WNK1. Hypertension 2005). Mol Cell Biol. acidose métabolique hyperchlorémique et fonction rénale normale (Hadchouel J. Nos résultats préliminaires indiquent que L-WNK1 jouent un rôle clé dans le développement cardiovasculaire et la régulation du tonus vasculaire. nous avons montré que L-WNK1 et KS-WNK1 sont surexprimés dans le néphron distal et que KS-WNK1 est exprimé de façon ectopique dans l’ensemble des tissus (Delaloy C. Notre laboratoire a contribué à l’identification de deux premiers gènes responsables de la maladie : WNK1 et WNK4. en particulier dans le système cardiovasculaire (Delaloy C. Nous avons commencé à étudier le rôle de L-WNK1 dans le système cardiovasculaire. . Hypertension 2008. Am J Pathol. certains d’entre eux étant proposés comme biomarqueurs de l’activation du RM (dépôt de brevet et étude cliniques de validation en cours) . autosomique dominante. — le rôle nouveau de l’activation du MR dans les kératinocytes et le follicules pileux. dépourvue d’activité kinase. La modulation de la réactivité vasculaire. Thème 2 : Rôle de WNK1 en physiopathologie cardiovasculaire et rénale Sonia Bergaya. ii) l’importance des interactions locales entre aldo et angiotensine II (travail soumis) . Plusieurs études in vitro récentes ont montré que ces gènes peuvent réguler l’activité de plusieurs transporteurs et canaux du néphron distal..972 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE comparaison avec le modèle de surexpression du GR (17) . — le rôle physiopathologique du couple aldo/RM dans différents organes cibles dit non-classiques comme les vaisseaux (endothélium et cellules musculaires lisses). Grâce à un modèle transgénique. in vivo et ex vivo aux agents vasoconstricteurs que nous avons observée pourrait expliquer ces observations .. Les mutations identifiées chez les patients HHF au locus WNK1 sont de grandes délétions de l’intron 1 (41 et 22 kb sur un intron qui en fait 60) (Delaloy C. 2006). Juliette Hadchouel.. est exprimée spécifiquement dans le tubule contourné distal (DCT) et le tubule connecteur. 2003). L’Hypertension Hyperkaliémique Familiale (HHF) est une forme rare d’hypertension artérielle. Emilie Elvira. comme WNK4. .S. Briet M.P. Garcia Basavilbaso N. Clemessy M.. Benalia H. Chompret A. Gasc J. Azizi M. Murat A. Burnichon N.C..M.N. Collin C. Laurent S. 3. Muchow M.. Burnichon N.....L. Toulon A.P. Stern N..W. Cha C. Paillard F.. Shade R. Matyakhina L.. Circulation.. Delettieres D. Bertagna X. Gimenez-Roqueplo A.S..J. 2007 . Basso A. Pasini B. Hypertension. Chabre O.. Muto A. Bertagna X. Claes A.L.E. Rustin P.. Houillier P.P. Meneton P.... Eng C. J...T... Calender A.. Feve B. 27(7) : 1562-71. J Hum Hypertens.. Alhenc-Gelas F. Maubec E. Grossin M. Boutouyrie P. 2007 . De Herder W. Brown N. 2007 . Pizard A.... Arterioscler Thromb Vasc Biol. McWhinney S. Murphey L.L.F... 2007 .. Jeunemaitre X.J... Cherfa A. 116(14) : 1563-8.A. Gary F..C. Raverot G... Eisenhofer G. 10. Heudes D. Montanana C. Griol-Charhbili V......(* Pasini B.. Daly A. Khoo S.P. 2007 . 92(4) : 1340-6 6. Hum Mutat..... Clin J Am Soc Nephrol. 50(5) : 970-6. Vanbellinghen J. J Clin Endocrinol Metab. Kimura N. 21(5) : 393-400.A. Ferrando B.... Chanson P...R.. Bertherat J.... Hacini S. Hana V.M. Cazabat L... J. Frattini J. Ahlman H.. Denton D.. Arzouk N. Cavagnini F. Seely E. Jeunemaitre X.. Brue T. Bours V. Peyrard S. Bergaya S. Gimenez-Roqueplo A. Glick A.K..LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 973 Publications 2007 1. 9. Guitelman M.A. 2007 .... 14. Clauser E. Pacak K. 15. Stratakis C.. Peuchmaur M. Jaisser F. Naves L.H.. Alhenc-Gelas F. Stalldecker G.A. Peyrard S. Assie G. Estour B.. Jeunemaitre X.. Claes A. Hunt S. Walker L.. 2007 .L.*... Ellison J.M. 28(1) : 33-40. Agharazii M..I. Pujo L.. Sainte Marie Y.. Zennaro M. Aryl J Clin Endocrinol Metab... Bornstein S. Carney... Bertherat J.... 21(9) : 2185-94. Jeunemaitre X. Sinilnikova O.A.... Blair-West J. Tellides G..R.. Jeunemaitre X. Elliott P. Beckers A...F. Amar L. McNicol A..R.. 2007 ..B.S. 357 : 1054-6. 49(6) : 862-4..H. Baudin E. Wemeau J.. 2007 . Farman N.. Jeunemaitre X.. C. 2007 . Grossman A. Jeunemaitre X.....C... N Engl J Med. Papadimitriou D.. Caprio M.. Ferolla P. Descamps V..... Caron P.. Perdu J. Messadi-Laribi E. for the International Carney Triad and Carney-Stratakis Syndrome Consortium*. Eur J Endocrinol. Blanchard A. Penfornis A.. Williams G. Emy P. Solano A. Schlumberger M. Lecomte P..... Boutouyrie P.. McWhinney S. . 5. Vincent M.. Teh B. Briere J. Nat Clin Pract Endocrinol Metab. Pimiento J. 2(2) : 320-5.*. Baudin E.. 2007 .. Stergiopoulos S.. Archambeaud F.C.P.C.F.. 13. Sadoul J. Rohmer V...S. Plouin P. Fagart J... Kudo F. Sessa W.L. Pacak K. Oneto A..P..R. Bourgain C. GimenezRoqueplo A. Breuer C... Laurent S..A.. Barlier A. Kolatkar N.. Barrou B.W.. Meneton P. Faseb J 2007 . Gimenez-Roqueplo A. Azizi M. 3 : 92-102...P. Fitzgerald T.. Leroy E. Nishibe T.... Sabate M.P. 2007 .. 323(1) : 210-6.R...F. Jeunemaitre X.. 16. 8. Chamarthi B.. Luccio-Camelo D. Maloney S. Dardik A. Plouin P.. Gimenez-Roqueplo A. Gimenez-Roqueplo A. Perlemoine K. Lombes M. René-Corail F.... Ciccarelli E.... Silvera S. Raffin-Sanson M. 2007 . Azizi M. Lee D.A.... 11.) 12. J Clin Endocrinol Metab.. Izzedine H.... Mannelli M. Bourry E. Tan A. Bozec E.. Am J Kidney Dis. 92 : 1891-6. 2.. Bertagna X.. Colao A..... 92 : 3822-8. Stratakis C. Zennaro M.. Tamburrano G. Paus R. 2007 .... T.K.......A. Little M. 4. Laloux B... Libè R.. Jaffrain-Rea M..... Westvik T. Viengchareun S. Bei T. Alhenc-Gelas F. Dupasquier-Fediaevsky L. 157(1) : 1-8..P.. Tischler A. Boikos S.. J Pharmacol Exp Ther. Williams J. Richer C... Gatta B. 7.. Bonaiti-Pellié C... Ardaillou R. Stern N.F. Rouquet P. 22.. Le Pottier N.J.. Stratakis C. Dinudom A. 17. Charue D. Fernandez-Velasco M.A. 2008 . Roncelin I. Hagege A. Bull Acad Natl Méd.. Pacak K. Vinet L. 2007 . Ranchin B. Richer C. Caprio M.. Jeunemaitre X. Eur J Heart Fail..L. Huy P.. Duet M.... 23(1) : 149-53. 117(14) : 1778-86.C. Farman N.. Bonnet D.974 LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE Targeted Skin Overexpression of the Mineralocorticoid Am J Pathol.A. N’Guyen Dinh Cat A. Clin Exp Pharmacol Physiol. Favier J. Palais G... Peuchmaur M. Lefebvre H. 30. 2008 . Grumolato L..*. Vaudin E. Bei T. 68(4) : 561-6. Muresan M. Vargas-Poussou R. Ferrando B. 24. Fabbri A. Amar L. 92 : 4865-72..... Fornes P...P.... 20.. Gómez A. 18..F. Blanchard A. Mammi C...H. Rossier B. Pellegrin N.. Benitah J. 2008 .R.. Eng C. Bertherat J. Fève B. Plouin P. Zennaro M..... RouetBenzineb P. Loyer X.. Carney J.. Sainte-Marie Y. 2008 .L. Ellison J... Mercadier J. Gellen B... Imauchi Y.. Ferrary E.F. Timmers H. FASEB J. Stratakis C... Perrier R..F.. Matyakhina L.B.. 23(5) : 1636-41. Elkahloun A. Cardiol Young... 2008 .C. 2007 . Boulkroun S.*...P. 2008 . Zhang A..J.. Giudicelli J. Circulation. Richard S. Gimenez-Roqueplo A. Heudes D.A. J Clin Endocrinol Metab.. Korbmacher C.. Gimenez-Roqueplo A. Heymes C. Pezet M..... Gimenez-Roqueplo A.F. 17(6) : 666-72. Sterkers O. 2007 . Fernández-Velasco M. Niccoli-Sire P. Soukaseum C. Vinet L. Fichtner C. Mayer B. Bénitah J.. Zennaro M. Favier J. 27. Sainte-Marie Y. 2007 . Vedie B. Briere J... Amar L. Anouar Y. Jeunemaitre X.. Charpentier F. Milliez P.. 2008 Jan .P.. Alhenc-Gelas F... Jaisser F. McWhinney S..P.P. Jaisser F. Mangin L. Vaudry H.. 282(38) : 28264-73. Gimenez-Roqueplo A. 171 (3) : 846860...A*.. Clin Endocrinol (oxf ).P. 11(3) : 258-64. Meneton P..J. LeQuang K. Vangheluwe P..W.. Pujo L... 32. J Biol Chem. Escoubet B.M.. Perrier R.. Bénitah J. 35(4) : 376-9.. Boussion M. Guillemot J. Marniquet X.. 16 : 79-88. Jeunemaître X. Cochat P. Boussion M.J. Gómez A.. Jeunemaitre X. Liutkus A.. 10(4) : 343-51. 2007 21 . Samuel J. J Mol Med.... Liutkus A.M.. Lee I.. Zhang W.. 29..O. Cook D. Pierre A. Cochat P... Rustin P.... Bertherat J... 26. Plouin P. Chompret A... Burnichon N.. Plouin P.*..I. Rosano G.. Klein M... Jaisser F. Jeunemaitre X. Pacak K. Escoubet B.. 19..G. 2008 ... Mercadier J. 117(25) : 3187-98. Griol-Charhbili V. Circulation. Lenders J. 2008 21. Eisenhofer G. Yon L.P.. 86(6) : 637-41. Richard S. Loyer X.. Sidi D. 2008 .. Assie G... Burnichon N. 2008 . Ouafik L.. Samuel J. Gimenez-Roqueplo A.C. Ghzili H..M..... Morlat C. Pasini B. Eur J Hum Genet.. Farman N.. Stergiopoulos S... Tronche F. 192 : 40-52 25. Baudin E. Grayeli A... Belot A. 2008 . Thouënnon E.. Nicolino M. Boikos S. Heymes C.... 23.. 28. Pediatr Nephrol. Jeunemaître X. Muchow M. 29(3) : 295-301.........P.T. Zhu L.. 21 (12) : 3133-3141. Robidel E. Otol Neurotol.W. Briec F.. Nephrol Dial Transplant.. 2008 .. Marty I... Shah A. Rauh R.... Burnichon N. Pons S. 31. .. Wielpütz M. Gimenez-Roqueplo A. Heudes D. Re.. 387-91. Nguyen D..C.. 2007 Jun 7 . Médecine-Sciences Flammarion éditeur. 417-9. Vincent M. 35.. 2008 35(4) : 489-93. édité sous l’égide de la Société Française de Cardiologie. Hernigou 2007 Paragangliomes. 34.P. 37. Gaies E.. Amar L. Messadi-Laribi E.P. Cardioprotection and kallikrein-kinin system in acute myocardial ischaemia in mice. La Batide-Alanore A. Richer C. Sainte-Marie Y.... Dans Cardiologie et maladies vasculaires.P. Jeunemaitre X.F.. Fibromuscular dysplasia. Boutouyrie P. 36. Halimi P.... Froissart M. Jeunemaitre X. Orphanet J Rare Dis. Dans Traité d’Endocrinologie.LES ÉQUIPES ACCUEILLIES AU COLLÈGE DE FRANCE 975 Revues et Ouvrages 33.. p... . Meneton P.. 2007 . Perdu J....P. Alhenc-Gelas F. p. Handb Exp Pharmacol.. Plouin P. 2007 Phéochromocytome : données récentes. Gimenez-Roqueplo A. Gimenez-Roqueplo A. (178) : 377405. Griol-Charhbili V. Animal models in cardiovascular diseases : new insights from conditional models. Clin Exp Pharmacol Physiol. Plouin P.F. 2 : 28. Jaisser F. . chaire d’Épigraphie et histoire des cites grecques. institutions et société de la Rome antique. chaire de Philosophie des sciences biologiques et médicales. chaire de Littératures modernes de l’Europe néolatine. ATER. ATER. ATER. ATER. ATER. ATER. ATER. chaire d’Évolution du climat et de l’océan. chaire Génétique et physiologie cellulaire. ATER. Elodie Fino. Aude Bandini. chaire de Religion. ATER. ATER. Estelle Bourdon. chaire de Génétique et physiologie cellulaire. équipe de Gènes et pression artérielle. Florent Carn. chaire d’Histoire de la Chine moderne. Philipp Böning. ATER. chaire d’Évolution du climat et de l’océan. Raphaël Etournay. institut de biologie. Sophie Calderari. Jacques Boutet de Monvel. Fabrice Bessiere. chaire de Philosophie du langage et de la connaissance. Jean-Claude Dupont. ATER. chaire de Médecine expérimentale. ATER. maître de conférences associé. équipe de Neuropeptides centraux et régulations hydrique et cardiovasculaire. Mélanie Baroni. laboratoire de Physiologie de la perception et de l’action . Igor Dotsenko. Cédric Claperon. Claude Chevaleyre. ATER.MAÎTRES DE CONFÉRENCES ET ATTACHÉS TEMPORAIRES D’ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE (ATER) RATTACHÉS AU COLLÈGE DE FRANCE EN 2007-2008 Jean-Baptiste Amadieu. chaire de Biologie historique et évolutionnisme. maître de conférences associé. ATER. chaire de Chimie de la matière condensée. chaire de Physique quantique. Judith Favier. ATER. Luc Foubert. Thierry Chatelain. laboratoire de Dynamique et physio-pathologie des réseaux neuronaux. ATER. Karim Hnia. maître de conférences associé. Halim Hicheur. chaire de Chimie des interactions moléculaires. chaire d’Histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire d’Alexandre. chaire de Géodynamique. Isabelle Sachet. ATER. Hana Jaber. maître de conférences associé. ATER. ATER. Marc Kirsch. ATER. ATER. chaire de Philosophie du langage et de la connaissance. ATER. chaire de Philosophie et histoire des concepts scientifiques. internationalisation du droit. maître de conférences associé. chaire d’Épigraphie et histoire des cites grecques. chaire d’Histoire des syncrétismes de la fin de l’Antiquité. ATER. ATER. Tobias Jäger. équipe de Neurosciences théoriques. Marie Wattenhofer-Donze. chaire d’Anthropologie de la nature. Hélène Landemore. chaire d’Études juridiques comparatives et Claire Grenet. Alexandre Pouget. ATER. . Wouter Henkelman. Jean-Jacques Rosat. Alessandro Mancuso. ATER. chaire d’Histoire contemporaine du monde arabe. chaire de Génétique humaine. ATER. ATER. laboratoire de Physiologie de la perception et de l’action. laboratoire des Études sémitiques anciennes. Lucia Saudelli. chaire d’Anthropologie de la nature. Sarah Rey. chaire de Rationalité et sciences sociales. ATER. Édouard Metenier. ATER. Dimitri Mavridis. chaire d’Immunologie moléculaire. maître de conférences associé. chaire de Théorie économique et organisation sociale. Yves Ruff. chaire de Génétique humaine. ATER. Jing-Yi Lin. ATER. Xavier Wertz. chaire d’Histoire moderne et contemporaine du politique. maître de conférences associé. institut de biologie. Sébastien Parnaudeau. Cédric Yvinec.978 MAÎTRES DE CONFÉRENCES ET ATER Isabelle Fouchard. maître de conférences associé. chaire d’Antiquités nationales. chaire d’Équations différentielles et systèmes dynamiques. ["]. Fagot-Largeault Anne. C. Bouveresse Jacques. l]. Delmas-Marty Mireille. "]. [a. l. [C. [a. O. a. l]. Elster Jon. Goudineau Christian. Connes Alain. [a. [a. a]. Devoret Michel. O. C. membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. l]. Briant Pierre. [a. O. [C. membre de l’Académie des Sciences. Grimal Nicolas. Berthoz Alain. a. Fussman Gérard. l. . O. a]. l]. "]. [O. Bard Édouard. [O. Descola Philippe. Haroche Serge. [a. Compagnon Antoine. "]. l]. Edwards Michael. Guesnerie Roger. "]. [l]. Cheng Anne. O. [O. [a]. Chartier Roger. O. membre de l’Académie des Sciences. membre de l’Académie des Sciences. Durand Jean-Marie. a. membre de l’Académie des Sciences morales et politiques. membre de l’Académie des Sciences. Corvol Pierre. membre de l’Académie des Sciences. O. [a. "]. Dehaene Stanislas. membre de l’Académie des Sciences. [a].PERSONNEL DU COLLÈGE DE FRANCE Professeurs titulaires Artavanis-Tsakonas Spyros. Brunet Michel. l. Lehn Jean-Marie. [O. l]. Veinstein Gilles. membre de l’Académie des Sciences. Ossola Carlo. Ricqlès Armand de. de création artistique et d’innovation technologique — Liliane Bettencourt) Berry Gérard. [O. [a]. membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Mnouchkine Ariane. Yoccoz Jean-Christophe. Kropp Manfred. l]. Prochiantz Alain. a. Zagier Don. membre de l’Académie des Sciences. . [O. [l]. Knoepfler Denis. "]. O. Laurens Henry. "]. Recht Roland. membre de l’Académie des Sciences. Veneziano Gabriele. membre de l’Académie des Sciences. "]. C. [a. Petit Christine. Professeurs associés (Chaires européenne. C. [O. Mandel Jean-Louis. C. O. Le Pichon Xavier. l. Administrateurs honoraires Dagron Gilbert. [a]. Lions Pierre-Louis. Will Pierre-Étienne. internationale. a. [O. [O. a.980 PERSONNEL DU COLLÈGE DE FRANCE Kellens Jean. Livage Jacques. Labeyrie Antoine. [C. membre de l’Académie des Sciences. Rosanvallon Pierre. a. Kourilsky Philippe. l]. membre de l’Académie des Sciences. O. Scheid John. Zink Michel. [a. membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. l]. Magistretti Pierre. a]membre de l’Académie des Sciences. [a]. [a]. ["]. [a. Tardieu Michel. l]. l]. Römer Thomas. Gros François. a. L. membre de l’Académie des Sciences. C. a. Professeurs honoraires Abragam Anatole.O. membre de l’Académie des Sciences. [C. membre de l’Académie française et de l’Académie des Sciences. Bonnefoy Yves.PERSONNEL DU COLLÈGE DE FRANCE 981 Glowinski Jacques. l. Hagège Claude. [C. O. C. l. C. a. a. "]. Guilaine Jean. A. [O. Hadot Pierre. Blin Georges. l. Glowinski Jacques. membre de l’Académie des Sciences. "]. [O. "]. Fumaroli Marc. A. C. C. "]. C. Froissart Marcel. "]. [C. [G. [C. [C. C.O. [C. C. l. Granger Gilles Gaston. l]. C. membre de l’Académie des Sciences. Miquel André. Coppens Yves. C. Gernet Jacques. a. Boulez Pierre. [C.O. Laporte Yves. l. membre de l’Académie des Sciences. C. membre de l’Académie des Sciences. G. l. O. O. Agulhon Maurice. "]. C. l]. Coquin François-Xavier. G.C. C. membre de l’Académie des Sciences. Jacob François. l.C. membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie de Médecine. membre de l’Académie des Sciences. [O. C. ". "]. S. G.C. [a. C.C.C. Changeux Jean-Pierre. C. a. membre de l’Académie des Sciences. [C. J]. [a. [C. a. [C. A. O. [O. "]. [G. A]. [C. "]. membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. l]. Baulieu Étienne-Émile. O. l. l].O. l. membre de l’Académie des Sciences. l. Héritier Françoise. a. [G. . C. Delumeau Jean. l]. [C. a. "]. [C. Cohen-Tannoudji Claude. C. C. G. membre de l’Académie des Sciences. membre de l’Académie française et de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. [G. O. a. A. Dausset Jean. a. l]. a. a. A. a. Joliot Pierre. a. O. membre de l’Académie des Inscriptions et BellesLettres. a. G. A]. k 39-45. l]. a. Chambon Pierre. Hacking Ian. "]. a. C. k 39-45. "]. G. A. C.O. l]. A. A. a. C. a. Teixidor Javier. Lévi-Strauss Claude. membre de l’Académie des Sciences.C. A]. C. C. [O. l. [C. membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. [a. C. C.O. C. a. Studler Jeanne-Marie. "]. a. Weinrich Harald. "]. "]. l. "]. l. a.O. "]. membre de l’Académie des Sciences.C. membre de l’Académie des Sciences morales et politiques.O. Magnan Christian. [G. A. l. membre de l’Académie française et de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. [a. l. Prentki Jacques. C. O. a. Le Rider Georges [O. Nozières Philippe. l.C.O. C.982 PERSONNEL DU COLLÈGE DE FRANCE Le Douarin Nicole. "]. a. a. Personnels scientifiques A . [a. membre de l’Académie des Sciences. a. l. A. G. O. G. A. A]. A. a. "]. O. [l. [C. Wachtel Nathan. C. "].C. "]. l. Malinvaud Edmond. membre de l’Académie française. "]. Toubert Pierre. Thuillier Jacques.C. C. Pecker Jean-Claude. O. G. [G.O.Sous-directeurs de laboratoire Gasc Jean-Marie. A. a. "]. membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. l. "]. C. secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. [O. Magre Solange. Yoyotte Jean. [l]. Teboul-Imbert Martine. l. l]. G. Leclant Jean. O. A. C. "]. Tits Jacques. . C. [C. Roche Daniel. [G. Romilly Jacqueline de. Veyne Paul. G. C. a. Le Roy Ladurie Emmanuel.C. [a. membre de l’Académie des Sciences. a. a. Serre Jean-Pierre. C. C. G. A]. O. l]. membre de l’Académie des Sciences. [C. C.O. l. G. l. [G. [O. [G. Goldman Maurice. Delahaye Hubert. B . Sentis Philippe. Dubois Régis. [O. l]. Pickford Martin. Szelagowski Isabelle. Frontisi Françoise. Haguenau Françoise. l]. Lewinski Liliana. Devillers-Thiéry Anne. chaire de Littératures de la France médiévale. chaire d’Histoire de la Chine moderne. chaire d’Histoire de la France des Lumières. chaire d’Anthropologie de la nature. Moch Raymond. chaire d’Histoire de la Chine moderne. Picq Pascal. chaire d’Histoire de l’art européen médiéval et moderne. C. m. chaire d’Histoire de la Chine moderne. chaire de Médecine expérimentale. Fabre Catherine. chaire de Paléoanthropologie et préhistoire. Jacquet-Pfau Marie-Christine. chaire de Biologie et génétique du développement. chaire d’Astrophysique observationnelle. Jouffroy Jacqueline. Le Gal Yves. Spicq Delphine. Pernot Jean-François. Vialles Noëlie. ["]. Solinas Francesco. chaire de Littératures modernes de l’Europe néolatine. "]. chaire d’Histoire de l’art européen médiéval et moderne. k 39-45. chaire de Paléoanthropologie et préhistoire. a. Krikorian Ralph. S. Bombarde Odile. chaire de Physique corpusculaire. Monsoro Anne-Hélène. chaire de Physiologie de l’action et de la perception. Tits Marie-Jeanne. Bouy Christian. Hervet Hubert. ["]. Koulakoff Annette. chaire d’Histoire et anthropologie des sociétés méso. Lamandé Noël.Maîtres de conférences Ang Isabelle. Dolbeau Jean. chaire de Neuropharmacologie. Milleret Chantal. [a. chaire d’Histoire du monde indien. . Rivet Pierre. Maisant Corinne. chaire de Littératures de la France médiévale. "]. [l. [O. Butlen Daniel. chaire d’Histoire de la chaire moderne.PERSONNEL DU COLLÈGE DE FRANCE 983 Sous-directeurs de laboratoire honoraires Amiel Charles.et sud-américaines. Ober Raymond. ["]. Étienne Éric. Piequet Fatine. Koch Catherine. Bodelle Andrée. Mangin d’Hermantin Jean. Sauvageot Agathe. Cheng Shao Pierre. Cazal Nathalie. Ben Zaiet Yessia. Boulanger Nathalie. Imbert Patrick. Personnels de Recherche et de Formation Ingénieurs et personnels techniques Ingénieurs de recherche : Lecoq Anne-Marie. David Françoise. Borne Roger. Blondel Valérie. Llegou Patricia. Beaupoil Claude. Marques-Joaquim Gordana. Farres Josette. Cabraja Alexandra. Azzedine Khadija.984 PERSONNEL DU COLLÈGE DE FRANCE Personnels de Direction de l’Établissement Rigoni Jean-François. Gérard Patrice. Grougnet Félicie. Lemarie Marylène. Babouram Marie-Ange. Rayati-Moghaddam Fatemeh. Brossaud Joëlle. Quenech’du Nicole. Crepin Françoise. Delizy Aline. Dupraz Yves. Poulin Françoise. Thomas Marie-Annick. Bosser Sophie. Le Poupon Chantal. Spagnoli Monique. Sainz Véronique. Espérandieu Daniel. Delangle Marie-Christine. Castelnau Christine. Sportouch Sylvie. Geller Philippe. Assistants-ingénieurs : Benitta Sophie. Donnier Christophe. Jeanne Bruno. Brunier Patricia. Larabi Salima. Leung Wing Fong. de Vasconcelos Cruz Eduardo. Guilbard Jean-Jacques. Laurens Patrick. Ingénieurs d’étude : Armstrong Angela. Morel Agathe. Segers Françoise. Le Gall Jean-Yves. Adjoints techniques : Ah-Pet Marie-Claudine. Ollivier Éric. Queguiner Isabelle. Pérez Sylvie. Soupault Jacqueline. Lallias Stéphane. Debonne Gilles. Boudjelal Ahmed. Vernet David. Le Tenaff Bérangère. Jandeau Gilles. André Françoise. Bidois Dominique. Cazères Joséphine. Aouabed Samir. Gibert Marie-Christine. Deffoun . Dejonghe Julien. Méric Robert. Jestin Marie-Françoise. Bourge Murielle. Perdu Olivier. Mouret Sandrine. Fassi Jean-Louis. Cougnot Patricia. Tembely Fanta-Taga. Hus Annette. Chaslerie Marie-Françoise. Malvaud Françoise. Le Bras Christian. Terrasse-Riou Florence. L’Hôte Gilles. Fang Ling. Techniciens : Amigou Edwige. Susini Marion. Quenehen Danièle. Torregrossa Martine. Le Mercier Patricia. Sfez Annie. Picco Nadia. Roche Isabelle. Phoudiah Florian. Le Méhauté Marie-Jeanne. Salagnac Françoise. Laborie Maryse. Montlouis Miguel. Rigole Gilbert. Thos Eugène. Gudin Véronique. Khaldi Abdella Ali. Lataguerra Sylvie. Dei Daniel. Lebot Dominique. Éloire Gérard. Pautrat Valérie.Personnels administratifs Attachée principale d’administration : Campinchi Catherine ("). Le Coupé Grainville Chantal. Robouant Corinne. Toderasc Carmen. Panek-Huet Nathalie. Attachés d’administration : Beaucourt Nadine. Ghanès Mustapha. Mégoeuil Martine. Lesage Matthieu. Néchal Serge. Feret Lorea. Tondeleir Sébastien.PERSONNEL DU COLLÈGE DE FRANCE 985 Alain. Delmer Évelyne. Doutremer Suzette. Tramcourt Fabienne. Haddad Samia. Soltani Stéphane. Smith Étienne. Robez Chia-Chian. Colin Pascal. Quillin Inès. Mathen Muriel. Ibrahim Hassani. Julien Christian. Mary Claudine. Raborio Jean-François. Secrétaires d’administration : Bernard Martine. Duriez Lucienne. Lehoux Béatrice. Fedel Philippe. Labirin Joselita. Valderrama Francisco. Urbe Jean-Pierre. Van Zandt Éric. Noton Jean-Jacques. Kotowicz Ginette. Urbe Robert. Gérin René. Personnels de l’Administration Scolaire et Universitaire A . Sittie Célestine. Lamrous Hayat. Adjoints administratifs : Aurousseau Émilie. Palin Aurélie. Maloumian France. Kiourtzian Georges. Séry Jean-Marc. Lam Suong. Morvany Marie-Line. Petges Romain. Maussion Sophie. Maïga Halimatan. Douglas Francis. Pagesse Bruno. KornGentilini Soy. Maillard Karine. Ézan Pascal. Munoz Christophe. Gaspaldy Patrick. Mangin Jean. Smith Ombline. Maury Évelyne. Belhamri Jedjiga. Etchetto Sandrine. Mégoeuil Bernard. Gillot Jean. Sousa Iderlinda. Moudjeniba Madani. Vasseur Philippe. Smith Denise. Labruna Laurence. Guingnier Lydie. Marie Aroquiaradjo Sandanam. . Michel Jocelyne. Zoundi Brigitte. Rigole Brigitte. Magasinier spécialisé : Adjedj Daniel. Blanchet Marie-Hélène.Personnel de santé Infirmière : Dumas Marie. Rabaud Julien. Bibliothécaires : Alemany Carmen. Marquet Françoise. . PERSONNEL DU COLLÈGE DE FRANCE Personnels des Bibliothèques Conservateurs : Bodéré Nicole. Cazabon Marie-Renée. Koczorowski Marie-Catherine. Bibliothécaires adjoints spécialisés : Ferreux Jenny. Piganiol Catherine.986 B . Internet : www. professeur. Jacques Livage. Au 1er septembre 2008 . professeur. Michel Zink. Membres élus : Pierre Briant. vice-président. administrateur. Serge Haroche.44.11.12. secrétaire. place Marcelin-Berthelot. BUREAU DE L’ASSEMBLÉE Pierre Corvol. professeur. professeur. 75231 Paris Cedex 05) Téléphone : 01. professeur. président.college-de-france. Nicolas Grimal.fr ASSEMBLÉE DES PROFESSEURS Tous les Professeurs titulaires.27. Jean Kellens. administrateur. 1. CONSEIL D’ÉTABLISSEMENT Président : Pierre Corvol. Jean-Christophe Yoccoz.INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES DU COLLÈGE DE FRANCE 1 (11. Marie-Christine Jacquet Pfau. directeur d’études.44. Danièle Quénéhen.75. chargée de recherches. Pierre Le Coupé Grainville. poste 16. Jeanne-Marie Studler. ingénieur d’études. Catherine Fabre. directeur des partenariats. John Scheid. ingénieur d’études. Arnaud Serandour.988 INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES Christine Petit. Représentants d’organismes scientifiques : Gilles Sentise. ATER.75 1. professeur. Michel Zink.16. professeur. Mohamed Zaoui ADMINISTRATEUR Pierre Corvol. ingénieur d’études. BUREAU DU CONSEIL D’ÉTABLISSEMENT Pierre Corvol.91. Indicatif du poste téléphonique. maître de conférences. maître de conférences. secrétaire général de l’INSERM. CNRS Paris Michel-Ange. Marie-Annick Thomas. chargée de recherches. Président du directoire et directeur général de Finter Bank France. 2. Catherine Fabre. poste 16. O.27. Assistante de Direction : Nicole Braure. professeur. maître de conférences. l]. technicienne. Hervé Douchin. Télécopie : 01. [C. Jean-Jacques Guilbard. Maurice Gross. sous-directeur. (Professeur). professeur. Judith Favier. ingénieur d’études. Danièle Quénéhen. délégué régional CNRS Paris Michel-Ange. Michel Zink. Juliette Hadchouel. Jean-Christophe Yoccoz. Constantin Zuckerman. Représentant des activités économiques : Pierre Gasc. Mohamed Zaoui. 1. Jeanne-Marie Studler. . Personnalités extérieures : 1. a. Iwona Gadja. 09. Télécopie : 01. Télécopie : 01.12. poste 11. David Adjemian. Affaires budgétaires : Martine Bernard.09.44. poste 11.06.44.27.11. poste 11.44.27. Cécile Barnier.11. "]. Télécopie : 01.44. poste 11. Enseignements et organisation des colloques : Coordination des chaires annuelles : Diffusion et gestion de fichiers : Claudine Mary.11.44. Télécopie : 01.10. poste 10.47. AFFAIRES ADMINISTRATIVES ET FINANCIÈRES Directeur : Secrétariat : Jean-François Rigoni. Sophie Benitta.44.45.27.27.11. poste 11.42.27.44.11. poste 14. SERVICE DES AFFAIRES GÉNÉRALES ET BUDGÉTAIRES : Télécopie : 01. Télécopie : 01. poste 11. Céline Vautrin.04.78.11. poste 13.27. poste 11.11. Christophe Munoz.44. poste 14. Télécopie : 01. [l. poste 11.01. Patricia Llegou.44.09.43. poste 12.44.27. Télécopie : 01. Marion Susini.18.44. poste 11.53.44. Sophie Grandsire-Rodriguez.68.44.02. Communication institutionnelle : Martine Torregrossa.12.95.07.45. poste 11.44.27.INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES 989 AFFAIRES CULTURELLES ET RELATIONS EXTÉRIEURES Directrice : Secrétariat : Courrier institutionnel : Florence Terrasse-Riou. poste 11.27. Christine Castelnau.09.27. Télécopie : 01.11. poste 11. Secteur édition : Publications : Station d’Édition : Site Internet : Jean-Jacques Rosat. Télécopie : 01.60. .09. Évelyne Delmer. Relations avec la presse et Communication : Marie Chéron.09.11.27. Télécopie : 01.44.11. Éric Van Zandt.27.52. Maryse Laborie. poste 10. poste 11. poste 12.51.63. Jean-Louis Fassi.51.84. Marie Dumas. Gestion du personnel ITARF : Gestion du personnel ATOS et contractuels : Bérangère Le Tenaff. Fichier des personnels extérieurs : Karine Maillard.21. Sylvie Ahier.35. Bruno Jeanne.04. SERVICE DES AFFAIRES FINANCIÈRES : Télécopie : 01.13.03. poste 11. poste 11.12. Dominique Le Bot. Suong Lam Ngoc. Émilie Aurousseau.990 INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES Comptabilité des Services généraux : Françoise Salagnac. Karine Maillard. poste 11.80.62. .27.95.95. poste 12. Chef de service : Gestion des bibliothèques Organisation des élections : Nadine Beaucourt. Célestine Sittie. poste 11. Chef de service : Contrats. poste 11. poste 12. Formation continue et concours : Monique Spagnoli. poste 11.26 (chef de service). poste 11.25.20. poste 11.23. poste 11. poste 11. Fatine Piequet. poste 12. Gestion du personnel enseignant : Véronique Gudin. SERVICE DES RESSOURCES HUMAINES ET DES TRAITEMENTS : Télécopie : 01.33. poste 11. Sandrine Etchetto. poste 11.86.64.51.27. Carmen Toderasc. poste 13.24. Françoise Grougnet.34. poste 11.31. marchés : Isabelle Roche. poste 10.44. poste 11.03. poste 11. Rémunérations sur budget propre : Françoise Crépin.44.12. Dépenses et missions : SERVICE MÉDICAL : Médecins du travail : Infirmière : Dr Bernard Jouanjean. Gestion des traitements : Lorea Feret. poste 13. poste 13. 90. Jean-Marc Séry.10. Alain Deffoun.22. poste 10.71. poste 11.44.57) : — Menuisier (poste 11. Christophe Trehen. Pascal Colin.98.27. poste 10. Ateliers : — Peintres (poste 11. poste 15. Francisco Valderrama. Lionel Mangin.00. poste 10. poste 14. Florian Phoudiah. Christian Julien.98. Daniel Deï. poste 12. Jean Gillot.53) : — Électriciens (poste 11. Bruno Pagesse.35 et 19. Mustapha Ghanes.39/11.28.40. poste 13. Roger Borne. SERVICE TECHNIQUE : Télécopie : 01. poste 10.74) : Gilles Cottebrune. Jean-François Chollet. poste 11.48.22. Coordonnateur : Secrétariat : Adjoints : — Logistique : — Bâtiment et maintenance : — Logistique électricité : Régisseurs (postes 10. Jean Mangin d’Hermantin. Stéphane Lallias. Denis Jacquinet Miguel Monlouis. postes 11. poste 14.55) : Pôle réseau VDI : Téléphone/annuaire : .28.54) : — Plombiers (poste 11. Gordana Joaquim. Van Trung Truong. SERVICE INFORMATIQUE DE GESTION : Informaticien : Adjoints : Gilles Jandeau.20.71. Valérie Pautrat. Jean Mangin d’Hermantin. Patrick Gaspaldy. Gilles Debonne.53) : — Serrurier-menuisier (poste 11.22. poste 11.INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES 991 SERVICE PHOTOGRAPHIQUE : Photographe : Patrick Imbert. poste 11.44.13.44.27. M. Julie Chedly. Télécopie : 01. Valérie Pautrat. Télécopie : 01.15. Chef de service : Adjoints : Catherine Campinchi.27.07.13. et Mme Mégoeuil.05. poste 11.14.13/11. Intendance annexes (Lemoine et Ulm) : Loges .63. Noton. Télécopie : 01. Bertrand Crepin. poste 11. poste 11. Francis Douglas. Jedjiga Belhamri. et Mme Rigole.992 INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES SERVICE HYGIÈNE ET SÉCURITÉ : Télécopie : 01.85. M.27. Khaleed Benhammad. poste 11.44. Daniel Espérandieu.47. poste 11.13/11. poste 19.17.Concierges : — Site Berthelot : — Site Ulm : — Site rue du Cardinal Lemoine : — Site Nogent : — Site Meudon : Accueil : Courrier .44.11. Daniel Espérandieu. Françoise Chaslerie.74. postes 11. poste 11. Gérard Eloire.70. Fabienne Tramcourt.11. Coordinateur : Chef de service : Secrétariat : SERVICE INTÉRIEUR : Télécopie : 01.18. poste 11. Agathe Morel. poste 11.15. 01.19) : .27.63.22.28.72.11.45.44.45. poste 11.14/11. poste 14.16. poste 19.Reprographie (poste 11.35. M. poste 11.98. Marie-Jeanne Le Méhauté.11. M.62.27.75/11. M.00. Gilles Cottebrune.16. postes 11. Lydie Guingnier. Thos.11.70.47.72. M. 01. et Mme Smith. Marie-Line Morvany.72. poste 12. l. AGENCE COMPTABLE Télécopie : 01. Romain Petges.13) : Lingerie : DIRECTEUR HONORAIRE DES AFFAIRES CULTURELLES ET DES RELATIONS EXTÉRIEURES Jean-Pierre de Morant. [a. Mathilde Gago.47) : Chauffeurs : Chef des agents : Agents d’entretien (poste 19. poste 11. poste 10. Hervé Saint-Auret. poste 11.87. [O.92. Philippe Vasseur. "]. Antony Lefevre.49. Hanisu Debretsion.27. (poste 19.28) : Françoise Andre. [a.81 Agent Comptable : Adjointes : Assistantes : Jean-Paul Guigny. Magasinier (poste 15. SECRÉTAIRES GÉNÉRAUX HONORAIRES Pierre Develay. Madani Moudjeniba. Marie-Line Ayela Khadija Azzedine. O.56.INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES 993 Livraisons (poste 15.24.37. poste 13. O.97/19. .44. poste 11. Muriel Mathen. poste 17. Inès Quillin. Sandanam Marie Aroquiaradjo. C.82/19. Sylvie Lataguerra. Pierre Cheng Shao. "].88. Christian Le Bras.93. Aurélie Palin.14) : Soy Korn-Gentilini.12.78) : Sécurité (poste 11. Robert Pfau. poste 11. "]. Patricia Lemercier. Samir Aouabed. poste 13. l. Marylène Lemarié. 11. poste 10. Chef de service adjoint : Documentalistes : Magasiniers spécialisés : Secrétariat : . ARCHIVES Claire Güttinger. Bastien Cazabon. poste 14.52 (section Sciences).94 (périodiques).68 (responsable section Lettres). Julien Rabaud. Halimatou Maïga.36. Françoise Marquet.44.05. professeur au Collège de France.92.10. conservatrice générale. Carmen Alemany. Josette Come-Garry.05.88. Daniel Adjedj. poste 10. poste 17.92. BIBLIOTHÈQUE GÉNÉRALE Directeur : Bibliothécaires : Marie-Renée Cazabon. Évelyne Maury. poste 17.44. Jacqueline Soupault. poste 17. Télécopie : 01. poste 14.27.97.44. poste 13.46. Sandrine Mouret. poste 17.44.17. Catherine Piganiol.62 (responsable section Sciences). Télécopie : 01. poste 10.994 INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES SERVICE DES BIBLIOTHÈQUES ET DES ARCHIVES Chef de service : Marie-Renée Cazabon. poste 10. poste 17. conservatrice générale. poste 17.95 (section Sciences).27.70. poste 17.27. conservatrice en chef. Directeur : Nicolas Grimal. poste 12. BIBLIOTHÈQUES SPÉCIALISÉES INSTITUTS D’ORIENT Institut d’égyptologie Télécopie : 01.93.36.96 (prêt entre bibliothèques). Bibliothèque : Catherine Fauveaud.11.70 Directeur : Bibliothèque : Jean-Marie Durand. Ilya Arkhipov.75.70. poste 10.11.27.68. poste 10.47.27.75.34.INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES 995 Bibliothèque : Archives : Marie-Catherine Koczorowski.85.51. Florence Jullien.44.16.86. poste 10.04. Directeur : Jean-Claude Cheynet.43. poste 10. . Bibliothèque d’histoire des christianismes orientaux Télécopie : 01. turques et islamiques Télécopie : 01. Bibliothèque d’assyriologie Télécopie : 01. Nasrine Rayati. poste 17.27. professeur au Collège de France.27. poste 10.27. professeur au Collège de France. Directeur : Jean-Marie Durand.27.44. poste 16.80. Directeur : Bibliothèque : Gilles Veinstein. Institut d’études byzantines Télécopie : 01.44. Elsa Rickal. et 18. poste 17. poste 10. poste 16.11.43.44. Institut du Proche-Orient Ancien Télécopie : 01.47. Institut d’études arabes.44. Olivier Perdu. professeur au Collège de France. Abdella Khaldi.04. poste 18.11.11. Bibliothèque d’études ouest-sémitiques Télécopie : 01.73. poste 17. Antoine Jacquet. poste 17.47.44. poste 10. professeur au Collège de France. Directeur : Bibliothèque : Michel Tardieu.70. Dominique Lefèvre.70.70. poste 18.03. 07.09. professeur au Collège de France.44. poste 10. poste 18.09. Christine Gibert.54. Directeur : Bibliothèque : Publications : Études tibétaines Télécopie : 01.98. Pierre-Étienne Will. poste 18. Chia-Chian Robez. Hubert Delahaye.08. poste 17.08. Kiang Hua.10. Georges Kiourtzian. poste 18. conservatrice en chef. poste 18. Anne Chayet.76.30.27.97. Marie-Hélène Blanchet.48. poste 10. .18. Delphine Spicq.54. poste 18. Denise Smith.30. Thierry Ganchou. poste 18. professeur au Collège de France.27.18. Jenny Ferreux.27. poste 18. Christian Bouy.44.97. professeur au Collège de France. Isabelle Szelagowski.44.29. poste 18. poste 17.97. poste 17. poste 18. poste 18. poste 18.996 Bibliothèque : INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES Catherine Piganiol. poste 18.28. poste 10.11.08.18. poste 18. Jean-François Raborio.06. poste 10.54.94. Directeur : Bibliothèque : Hautes études chinoises Télécopie : 01.97. Wing Fang Leung. poste 18. Directeur : Bibliothèque : Pierre-Étienne Will.06. poste 18. Institut d’Extrême-Orient Président : Information scientifique : Secrétariat : Service général : Civilisation indienne Télécopie : 01. Chantal Duhuy. Ginette Kotowicz. Gérard Fussman.79. Lucienne Duriez. poste 17. Esther Rosolato. poste 17. Directeur : Bibliothèque : Hautes études japonaises Télécopie : 01.46. Directeur : Bibliothèque : Jean-Pierre Mahé. Responsable : Bibliothèque : Sekiko Petitmangin-Matsusaki. Marie-Christine Vickridge.14.44.27. Marion Abélès.27.44.06.64.INSTANCES STATUTAIRES ET ADMINISTRATIVES 997 Études coréennes Télécopie : 01. poste 10. Mi-Sug No. Directeur : Bibliothèque : Philippe Descola.27. poste 18. AUTRES BIBLIOTHÈQUES Anthropologie sociale Télécopie : 01. poste 18. Nathalie Cazal.04.32. Société asiatique Télécopie : 01.54. poste 18. Jeanne-Marie Allier.54.18.17.44. Martine Prost. poste 17. poste 18.24.70. membre de l’Institut. poste 18. professeur au Collège de France.12.18.11. .66.44.27. . membre de l’Institut Cours : Thermodynamique des espaces non commutatifs. commencent à partir du 1er octobre 2008. sans inscription. 3 rue d’Ulm. dans la limite des places disponibles. Séminaire : Mathématiques appliquées. membre de l’Institut Cours : Théorie des jeux de champ moyen et applications (suite). de 9 heures à 11 heures.college-de-france. de 14 h 30 à 16 h 30. les vendredis. Collège de France. Équations différentielles et systèmes dynamiques M. salle 5 (ouverture : 24 octobre). les mercredis. de 11 h 15 à 12 h 30. les vendredis. accessibles à tous librement. salle de conférences. PHYSIQUES ET NATURELLES Analyse et géométrie M. salle 5 (ouverture : 24 octobre). les jeudis. Paris 5e (ouverture : 12 novembre).PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 2008 – 2009 Les cours. SCIENCES MATHÉMATIQUES. salle 5 (ouverture : 8 janvier).fr 11. Paris Ve – Tél. de 9 heures à 11 heures. Alain Connes. : 01 44 27 11 47 I. . Le programme des cours et les modifications éventuelles sont communiqués sur internet www. Pierre-Louis Lions. membre de l’Institut Cours : Échanges d’intervalles affines. Jean-Christophe Yoccoz. Les auditeurs ne sont admis dans les salles que 20 minutes au plus tôt avant les cours. place Marcelin Berthelot. Équations aux dérivées partielles et applications M. . Séminaire : En relation avec le sujet du cours. les mardis. Édouard Bard Cours : Les cours auront lieu à l’étranger. Michel Devoret. Séminaire : Bilan scientifique de l’Année Polaire Internationale. Particules élémentaires. Astrophysique observationnelle M. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 12 mai). amphithéâtre Marguerite de Navarre. Évolution du climat et de l’océan M. salle 2 (ouverture : 6 octobre). membre de l’Institut Cours : Circuits et signaux quantiques (II). Serge Haroche. Antoine Labeyrie. membre de l’Institut Cours : Exo-planètes.1000 PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 Théorie des nombres M. Physique quantique M. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 12 mai). les mardis. Gabriele Veneziano Cours : Gravitation et Cosmologie : le Modèle Standard. gravitation et cosmologie M. à 9 h 30. étoiles et galaxies : progrès de l’observation. les mercredis. à 9 h 45. Séminaire : En relation avec le sujet du cours. de 16 h 15 à 18 h 15. les vendredis. à 16 h 30. Don Zagier Cours : Topologie. Physique mésoscopique M. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 9 janvier). les vendredis. combinatoire et formes modulaires. les lundis. sous la forme d’un symposium. membre de l’Institut Le cours n’aura pas lieu. de 9 heures à 18 heures. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 4 février). à 11 heures. le vendredi 15 mai. à 11 heures. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 9 janvier). amphithéâtre Maurice Halbwachs.PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 1001 Séminaire : Séminaire général d’astrophysique. Jean-Marie Lehn. Séminaire : Trinucleotide repeat expansion diseases : from mechanisms to therapeutic strategies. (la date de l’ouverture et la salle seront annoncées ultérieurement). Jean-Louis Mandel. Jacques Livage. les mercredis. de 9 heures à 18 heures. Marc Fontecave. Séminaire : En relation avec le sujet du cours. à 18 heures. salle 2. Cours : La chimie du vivant : enzymes et métalloenzymes. membre de l’Institut La leçon inaugurale aura lieu le jeudi 26 mars. Séminaire : Progrès récents en chimie moléculaire et supramoléculaire. des bio-catalyseurs fascinants. membre de l’Institut Cours : Maladies affectant les fonctions cognitives : progrès récents dans les approches génétiques. Chimie des interactions moléculaires M. à 17 h 30. amphithéâtre Marguerite de Navarre. Chimie de la matière condensée M. Chimie des processus biologiques M. de 16 heures à 18 h 15. membre de l’Institut Cours : Les cours auront lieu à l’étranger. membre de l’Institut Cours : Autoorganisation et dynamique moléculaires (la date de l’ouverture et la salle seront annoncées ultérieurement). les mercredis 11. à 10 heures. Séminaire : histoire de la chimie au Collège de France. Génétique humaine M. . sous la forme d’un colloque (la date et le lieu seront annoncés ultérieurement). le lundi 4 mai. salle 5 (ouverture : 1er avril). les mercredis. sous la forme d’un colloque. les mercredis. à 11 heures. 18 et 25 mars. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 4 février). salle 5 (ouverture : 1er avril). amphithéâtre Maurice Halbwachs. 15 et 22 janvier. Séminaire : En relation avec le sujet du cours. Séminaire : Symposium Bernard Halpern d’Immunologie. amphithéâtre Maurice Halbwachs. 12. de 17 heures à 19 heures. les jeudis 11 et 18 décembre. les jeudis 11 et 18 décembre. Immunologie moléculaire M. sous la forme d’un colloque organisé en commun avec la chaire de Physiologie de la Perception et de l’Action. de 9 heures à 13 heures. Séminaire 2 : Cartes cérébrales. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 19 novembre). 19 et 26 mars. de 11 h 30 à 13 heures. amphithéâtre Guillaume Budé. transformations. 15 et 22 janvier. membre de l’Institut Cours : Évolution du système nerveux : robustesse et plasticité. de 14 heures à 16 heures. amphithéâtre Guillaume Budé (ouverture : 6 octobre). le mardi 28 avril. le vendredi 20 mars. Spyros Artavanis-Tsakonas Cours : Génétique du développement et Génomique fonctionnelle (une approche théorique et pratique). de 9 heures à 18 heures. Séminaire 1 : Formes. salle 2.1002 PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 Génétique et physiologie cellulaire Mme Christine Petit. . Philippe Kourilsky. les vendredis 6. Séminaire : Physiologie cochléaire : actualités. membre de l’Institut Cours : Le soi et l’autre : compatibilité et incompatibilité immunologiques. Alain Prochiantz. amphithéâtre Guillaume Budé. de 9 heures à 18 heures. de 10 heures à 11 h 30. les lundis. amphithéâtre Marguerite de Navarre. déformations. les mercredis. les jeudis 5. Processus morphogénétiques M. sous la forme d’un colloque organisé en commun avec la chaire d’Anthropologie de la Nature. le jeudi 9 et le vendredi 10 octobre. salle 2. à 17 heures. Biologie et génétique du développement M. membre de l’Institut Cours : Localisation de la source sonore : traitement binaural du signal acoustique. de 9 heures à 18 heures. 13 et 20 mars. le lundi 22. membre de l’Institut Cours : L’inconscient cognitif et la profondeur des opérations subliminales. à 9 h 30. les mercredis. Physiologie de la perception et de l’action M. sous la forme d’un colloque. membre de l’Institut Cours : Fondements cognitifs de l’identité : entre mémoire et anticipation. Pierre Corvol. de 9 heures à 18 h 30. amphithéâtre Marguerite de Navarre. de 9 heures à 18 heures. amphithéâtre Guillaume Budé. à 16 heures. sous la forme d’un colloque organisé en commun avec la chaire Processus morphogénétiques. Séminaire 1 : En relation avec le sujet du cours. amphithéâtre Marguerite de Navarre. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 7 janvier). de 16 heures à 17 h 30. amphithéâtre Marguerite de Navarre.PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 1003 Microbiologie et maladies infectieuses M. Séminaire 1 : En relation avec le sujet du cours. membre de l’Institut Cours : Nouveaux peptides vasoactifs : adrénomédulline et urotensine. les mardis. Séminaire 2 : Seeing is believing : imaging infectious processes in vitro and in vivo. les mercredis. Philippe Sansonetti. Psychologie cognitive expérimentale M. amphithéâtre Marguerite de Navarre Cours : Des microbes et des hommes : guerre et paix aux surfaces muqueuses. à 18 heures. le mardi 28 avril. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 6 janvier). sous la forme d’un colloque organisé en commun avec la chaire Théorie économique et organisation sociale. membre de l’Institut La leçon inaugurale aura lieu le jeudi 20 novembre. Médecine expérimentale M. le lundi 4 mai. les lundis 12. de 9 heures à 18 heures. à 17 heures. le lundi 27 avril. sous la forme d’un symposium. de 9 heures à 18 heures. Stanislas Dehaene. amphithéâtre Maurice Halbwachs. Séminaire 3 : Métiers et Travail. de 17 heures à 19 heures. salle 2. les jeudis. mardi 23 et le mercredi 24 juin. 19 et 26 janvier. Alain Berthoz. . les jeudis 27 novembre et 15 janvier. salle 2 (ouverture : 27 novembre). amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 7 janvier). Séminaire 2 : Cartes cérébrales. Séminaire : «Neuro-économie». à 17 h 30. à 11 heures. SCIENCES PHILOSOPHIQUES ET SOCIOLOGIQUES Philosophie du langage et de la connaissance M. sous la forme d’un symposium. amphithéâtre Maurice Halbwachs. le lundi 30 mars. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 26 mars). le jeudi 11 et le vendredi 12 juin. contingence et liberté chez Leibniz. les vendredis. 2) Problèmes d’actualité. Paléontologie humaine M. Michel Brunet Cours : Les hominidés anciens… Une nouvelle histoire à la lumière des découvertes récentes. amphithéâtre Guillaume Budé (ouverture : 9 janvier). II. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 26 mars). les mercredis. sous la forme d’un colloque. à 16 h 30. Séminaire : Usages de Wittgenstein.1004 PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 Séminaire : Les élèves de Claude Bernard : continuité de pensée et évolutions disciplinaires. Armand de Ricqlès Cours : 1) L’adaptation secondaire des tétrapodes à la vie aquatique (suite et fin) : Diapsida. à 16 heures. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 7 janvier). le mercredi 10. à 10 heures. amphithéâtre Guillaume Budé. Jacques Bouveresse Cours : Dans le labyrinthe : nécessité. Chelonia . Biologie historique et évolutionnisme M. les jeudis. Séminaire : en relation avec le sujet du cours. les mercredis. à 14 heures. les jeudis. de 9 heure à 18 heures. de 9 heures à 18 heures. . salle 5 (ouverture : 7 janvier). Séminaire : Cent cinquante ans après « l’Origine des espèces » : du darwinisme de Darwin à l’évolutionnisme contemporain. de 9 heures à 18 heures. Séminaire : Formes. Histoire moderne et contemporaine du politique M. sous la forme d’une série de séminaires à raison de 3 heures par mois (la salle et les dates seront annoncées ultérieurement). le vendredi 20 mars. les jeudis. Séminaire 1 : La biologie de synthèse. les mercredis. les mercredis. amphithéâtre Guillaume Budé (ouverture : 15 octobre). de 9 heures à 18 heures. dans l’amphithéâtre Maurice Halbwachs. Séminaire 2 : « Neuro-économie ». à 17 h 30. amphithéâtre Guillaume Budé (ouverture : 22 octobre). le panorama actuel (suite et fin). C. Théorie économique et organisation sociale M. sous la forme d’un colloque organisé en commun avec la chaire Processus morphogénétiques. membre de l’Institut Cours : Ontologie du devenir (3). à 14 heures. sous la forme d’un colloque international en collaboration avec le Professeur. Roger Guesnerie Cours : L’équilibre général. Galperin de l’Université Lille 3. de 10 h 30 à 12 h 30. Philippe Descola Cours : Ontologie des images. les mercredis. amphithéâtre Marguerite de Navarre.PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 1005 Philosophie des sciences biologiques et médicales Mme Anne Fagot-Largeault. . Séminaire 1 : En relation avec le sujet du cours. amphithéâtre Maurice Halbwachs. le lundi 4 mai. déformations. Séminaire 2 : les méthodologies de recherche en psychiatrie. transformations. amphithéâtre Guillaume Budé (ouverture : 4 mars). de 9 heures à 18 heures. à 16 h 30. sous la forme d’un colloque organisé en commun avec la chaire de Psychologie cognitive et expérimentale. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 29 janvier). le jeudi 14 mai. Anthropologie de la nature M. Pierre Rosanvallon Le cours n’aura pas lieu. sous la forme d’une journée d’études (la date et la salle seront annoncées ultérieurement). Roger Chartier Cours : Circulations textuelles et pratiques culturelles dans l’Europe des siècles. membre de l’Institut Cours : Libertés et sûreté dans un monde dangereux. Études juridiques comparatives et internationalisation du droit Mme Mireille Delmas-Marty. Shakespeare et Theobald. de 16 heures à 18 heures. les lundis. . amphithéâtre Guillaume Budé (ouverture : 15 janvier). Séminaire : en relation avec le sujet du cours. les jeudis. salle 4 (ouverture : 30 octobre). Entre Cervantès. Écriture. Rationalité et sciences sociales M. 3 rue d’Ulm. Séminaire : En relation avec le sujet du cours. Études de cas. à 14 h 30. de 11 heures à 12 h 30. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 5 novembre).1006 PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 Écrit et cultures dans l’europe moderne M. Histoire contemporaine du monde arabe M. Paris 5e (ouverture : 5 novembre). Séminaire : Autobiographie politique arabe. de 15 heures à 17 heures. salle de conférences. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 23 octobre). les jeudis. les mercredis. salle 4 (ouverture : 9 mars). à 15 heures. les jeudis. XVIe-XVIIIe Séminaire : La fabrique du texte. les mardis. publication et lecture aux XVIe et XVIIe siècles. les mercredis. de 10 heures à 12 heures. Jon Elster Cours : Les décisions collectives. de 17 heures à 19 heures. Cardenio II. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 20 janvier). Collège de France. Henry Laurens Cours : La question de Palestine à partir de 1969. membre de l’Institut Cours : Le temple d’Amon-Rê à Karnak : Héliopolis et l’Empire (suite). sous la forme d’un colloque en commun avec la chaire d’Assyriologie. SCIENCES HISTORIQUES. Pierre Briant Le cours n’aura pas lieu. les lundis. à 15 heures. le lundi 6 et le mardi 7 avril. histoire M. les lundis. Assyriologie M. philologie. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 5 février). à 14 heures. le lundi 6 et le mardi 7 avril. Séminaire : Le jeune héros. amphithéâtre Marguerite de Navarre Cours : La construction d’un ancêtre : la formation du cycle d’Abraham. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 11 février). amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 5 janvier).PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 1007 III. de 9 heures à 18 heures. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 5 janvier). les mercredis. amphithéâtre Guillaume Budé. Milieux bibliques M. amphithéâtre Guillaume Budé. Nicolas Grimal. Séminaire : Les annales de Thoutmosis III (suite). Séminaire : Le jeune héros. . Jean-Marie Durand Cours : Divination et pouvoir (suite). Histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire d’alexandre M. sous la forme d’un colloque en commun avec la chaire Milieux bibliques. à 14 heures. à 18 heures. les jeudis. Thomas Römer La leçon inaugurale aura lieu le jeudi 5 février. de 16 heures à 17 h 30. de 9 heures à 18 heures. PHILOLOGIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES Civilisation pharaonique : archéologie. Histoire du monde indien M. institutions et société de la rome antique M. John Scheid Cours : La religion. À propos des inventaires de lieux de culte (Italie. Denis Knoepfler. l’individu. salle 7 (ouverture : 6 janvier). le jeudi 9 avril. les vendredis. à 9 h 45. les vendredis. amphithéâtre Marguerite de Navarre Cours : Confucius revisité : textes anciens. à 9 h 30. amphithéâtre Maurice Halbwachs. Gaule et Chine). à 11 heures. à 18 heures. les mardis. Séminaire : Documents anciens et nouveaux sur le fonctionnement des États Fédéraux en Grèce et en Asie Mineure. à 11 heures. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 30 octobre). membre de l’Institut Cours : Le fédéralisme antique en question : renouveau et transformation des confédérations hellénistiques sous la domination de Rome.1008 PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 Épigraphie et histoire des cités grecques M. Religion. Langues et religions indo-iraniennes M. les jeudis. à 14 h 30. les mercredis. salle 2 (ouverture : 13 février). Afrique. la cité. La piété chez les Romains. . salle 2 (ouverture : 21 novembre). sous la forme d’un colloque. salle 2 (ouverture : 21 novembre). salle 1 (ouverture : 13 février). nouveaux discours. les vendredis. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 14 janvier). Séminaire : Les paysages religieux. Séminaire : Lecture de textes en relation avec le sujet du cours. Jean Kellens Cours : La notion d’âme préexistante. Gérard Fussman Cours et séminaire : Lecture du texte sanskrit du Vimalakirtinirdesha (suite). de 15 heures à 17 heures. de 9 heures à 18 heures. Histoire intellectuelle de la Chine Mme Anne Cheng La leçon inaugurale aura lieu le jeudi 11 décembre. à 11 heures. les vendredis. Histoire de la Chine moderne M. outil administratif et diplomatique dans l’Empire ottoman. dans la salle 4. salle 1 (ouverture : 15 janvier). le jeudi 4 et le vendredi 5 juin. sous la forme d’un colloque. sed desideriis quaeritur Deus (Saint Bernard). les lundis (tous les quinze jours). Séminaire : Les manuels d’administration de la Chine impériale : conclusions et comparaisons. de 14 h 30 à 16 h 30.PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 1009 Séminaire : Lectures de textes et exposés en relation avec le sujet du cours. les mardis. Christian Goudineau Cours : La Gaule au lendemain de la conquête césarienne. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 6 octobre). salle 2 (ouverture : 21 janvier). Littératures de la france médiévale M. Que cherchaient les quêteurs du Graal ?. les mardis. Séminaire 1 : en relation avec le sujet du cours. Séminaire : Actualité de la recherche. Séminaire : La supplique (arz-u hal). salle 4 (ouverture : 6 janvier). les jeudis. amphithéâtre Guillaume Budé (ouverture : 4 décembre). à 16 heures. à 10 h 30. Michel Zink. à 17 heures. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 27 octobre). Pierre-Étienne Will Cours : Documents autobiographiques et histoire. les jeudis. . à 14 h 30. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 6 janvier). à 11 h 30. Histoire turque et ottomane M. les lundis (tous les quinze jours). Gilles Veinstein Cours : Les esclaves du Sultan dans l’Empire ottoman. membre de l’Institut Cours : Non pedum passibus. de 14 h 30 à 16 h 30. les mercredis. les jeudis. amphithéâtre Guillaume Budé (ouverture : 4 décembre). à 14 heures. Antiquités nationales M. 1640-1930. sous la forme d’un colloque de deux journées. 8 avril. les mardis. Séminaire : Témoigner. Proust. de 10 heures à 12 heures. Littérature française moderne et contemporaine : histoire. les mercredis 18 février. professeur associé. Amphithéâtre Guillaume Budé. à 16 h 30. 18 mars. de 9 heures à 18 heures. membre de l’Institut Cours : L’image médiévale. 6. du Moyen Âge à nos jours. . salle 5 et le vendredi 3 avril. à 18 heures. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 6 janvier). 25 et 28 mai. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 31 octobre). Antoine Compagnon Cours : Écrire la vie : Montaigne. sous la forme d’un colloque. pianiste La leçon inaugurale aura lieu le 22 janvier. le jeudi 2 avril. amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture : 6 janvier). amphithéâtre Marguerite de Navarre. 14. amphithéâtre Marguerite de Navarre et portera sur : Rôle et responsabilités de l’interprète aujourd’hui. Séminaire : Élaboration d’une interprétation. Stendhal. Roland Recht. amphithéâtre Marguerite de Navarre. les mardis. Cours : Paramètres et dimensions de l’interprétation musicale. Carlo Ossola Le cours n’aura pas lieu. amphithéâtre Maurice Halbwachs. Chaire de création artistique Pierre-Laurent Aimard. les vendredis.1010 PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 Séminaire 2 : Lire un livre vieilli. critique. de 9 heures à 18 heures. à 17 h 30. les 5. à 18 heures. théorie M. Histoire de l’art européen médiéval et moderne M. les lundis 18 mai et 25 mai. 13 et 27 mai. 11. à 18 heures. Littératures modernes de l’europe néolatine M. Séminaire : Les méthodes en histoire de l’art : bilan actuel. PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 1011 Chaire européenne – Développement durable M. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 2 mars). Chaire internationale – Savoirs contre pauvreté Mme Esther Duflo. à 11 heures. les lundis. Chaire d’Innovation Technologique – Liliane Bettencourt M. professeur associé. professeur à l’École supérieure de physique et chimie industrielles La leçon inaugurale aura lieu le jeudi 12 février. de 9 heures à 18 heures. membre de l’Institut. Cours : Ondes et images. les lundis. sous la forme d’un colloque. amphithéâtre Marguerite de Navarre et portera sur : Expérience. USA La leçon inaugurale aura lieu le jeudi 8 janvier. amphithéâtre Marguerite de Navarre et portera sur : Renversement du temps. à 18 heures. Séminaire : Ondes et Images. à 18 heures. professeure au Massachusetts Institute of Technology. les lundis. 29 avril et 6 mai. amphithéâtre Maurice Halbwachs. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 18 mars) Séminaire 1 : En relation avec le sujet du cours. Cambridge. le lundi 8 et le mardi 9 juin. amphithéâtre Marguerite de Navarre. les mercredis. à 18 heures. les mercredis 8. sous la forme d’un colloque international. Henri Leridon. à 17 heures. ondes et innovation. professeur associé. amphithéâtre Maurice Halbwachs. de 9 heures à 18 heures. . amphithéâtre Marguerite de Navarre (ouverture le 12 janvier). amphithéâtre Marguerite de Navarre et portera sur : De la croissance zéro au développement durable. science et lutte contre la pauvreté. professeur à l’Institut national d’études démographiques La leçon inaugurale aura lieu le jeudi 5 mars. Cours : Démographie. de 17 heures à 19 heures. Mathias Fink. Cours : Pauvreté et développement dans le monde. à 16 heures. amphithéâtre Maurice Halbwachs (ouverture : 2 mars). fin de la transition. à 10 heures. professeure associée. Séminaire 2 : En relation avec le sujet du cours. le jeudi 4 et le vendredi 5 juin. Séminaire : Évaluation des politiques de lutte contre la pauvreté. . 2) Activité solaire et forçage climatique . Université de Dijon M. 4 séminaires sur : Les réformes d’Auguste. Forme et contenu. Université Louis Pasteur M. Institut de recherche pour le développement et université de la NouvelleCalédonie M. . Édouard Bard (titulaire de la Chaire de l’Évolution du climat et de l’océan) donnera en août 2008. Jacques Livage (titulaire de la Chaire de Chimie de la matière condensée) donnera 3 cours sur : Le chimiste à l’école de la nature. Jean-Marie Lehn (titulaire de la Chaire de Chimie des interactions moléculaires) donnera en décembre 2008 — janvier 2009. 3 cours sur : Bio-inspired materials. Université Marc Bloch de Strasbourg M. d’octobre 2008 à juin 2009.PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 1013 ENSEIGNEMENT À L’EXTÉRIEUR EN FRANCE Université d’amiens M. institutions et société de la Rome antique) donnera en février 2009. 3 cours sur : 1) Événements climatiques rapides et leur expression dans l’océan . 3) Changement climatique et niveau marin et 4 séminaires sur : Changement climatique et niveau marin. John Scheid (titulaire de la Chaire de Religion. 3 cours sur : Autoorganisation moléculaire et supramoléculaire et 7 séminaires. Université de Bordeaux M. Christian Goudineau (titulaire de la Chaire d’Antiquités nationales) donnera au printemps 2009. Jacques Livage (titulaire de la Chaire de Chimie de la matière condensée) donnera en novembre-décembre 2008. sur : Progrès récents en chimie moléculaire et supramoléculaire. 6 cours sur : Questions relatives à la société et l’économie de la Gaule. * Dans le cadre d’une convention signée avec le Collège de France. . Université de Liège M. 2 cours et 2 séminaires sur : « Lecture du Graal ». BRÉSIL Instituto de Matematica Pura e Aplicada . 1 cours sur : Tumoral Angiogenesis. Mme Anne Fagot-Largeault (titulaire de la Chaire de Philosophie des sciences biologiques et médicales) donnera au printemps 2009.Rio de Janeiro M. Antoine Labeyrie (titulaire de la Chaire d’Astrophysique observationnelle) donnera au printemps 2009.1014 PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 À L’ÉTRANGER ALLEMAGNE Université de Bonn 1* M. 3 cours sur : L’émergence des hypertélescopes pour mieux voir les étoiles et l’univers lointain et 3 séminaires sur : Astrophysique. AUTRICHE Université de Vienne M. une série de 16 cours sur : Quelques résultats récents dans la théorie des systèmes dynamiques. BELGIQUE Université Libre de Bruxelles* Mme Mireille Delmas-Marty (titulaire de la Chaire d’Études juridiques et internationalisation du droit) donnera à partir du 16 décembre 2008. Pierre Corvol (titulaire de la Chaire de Médecine expérimentale) donnera en mai 2009. 3 cours sur : Ontologie du devenir. 4 cours sur : Les valeurs universelles en questions : le « laboratoire européen ». Michel Zink (titulaire de la Chaire de Littératures de la France médiévale) donnera du 15 au 29 avril 2009. Jean-Christophe Yoccoz (titulaire de la Chaire des Équations différentielles et systèmes dynamiques) donnera en janvier 2009. 4 cours sur : Hereditary deafness – Molecular physiology of the cochlea. Roger Chartier (titulaire de la Chaire Ecrit et cultures dans l’Europe moderne) donnera 2 cours sur : Culture écrite et littérature au Siècle d’Or. Université de Pékin Mme Christine Petit (titulaire de la Chaire de Génétique et Physiologie cellulaire) donnera au printemps 2009.) CHINE City University of Hong Kong* M. 3 cours sur : Molecular and Supramolecular Self-Organization. Jean-Marie Lehn (titulaire de la Chaire de Chimie des interactions moléculaires) donnera en octobre 2008. Gilles Veinstein (titulaire de la Chaire d’Histoire turque et ottomane) donnera du 29 septembre au 11 octobre 2008.PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 1015 CANADA Université du Québec* M. ESPAGNE Université Complutense de Madrid M. 1 séminaire sur : Complex relationships. 4 cours sur : Introduction aux institutions de l’État ottoman et 4 séminaires sur : Étude de documents d’archive ottomans (XVIe-XVIIIe s. Université de Chicago* M. ÉTATSUNIS Université de Californie – San Diego M. Philippe Descola (titulaire de la Chaire d’Anthropologie de la nature) donnera en octobre 2008. 2 cours et 2 séminaires sur : The institution of beings. . Philippe Descola (titulaire de la Chaire d’Anthropologie de la nature) donnera en octobre 2008. Michel Devoret (titulaire de la Chaire de Physique mésoscopique) donnera les 6. Édouard Bard (titulaire de la Chaire d’Évolution du climat et de l’océan) donnera en octobre 2008. 8 et 13 octobre 2008. 1 cours sur : The last deglaciation. . 1 cours sur : Towards a monist anthropology. Marc Fontecave (titulaire de la Chaire de Chimie des processus biologiques) donnera en mai 2009. Reed College – Portland M. 1 cours sur : Anthropology and ontology et 1 séminaire sur : New trends in the anthropology of nature.1016 Université Harvard PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 M. INDE Académie des Sciences de l’Inde – Bangalore M. Philippe Descola (titulaire de la Chaire d’Anthropologie de la nature) donnera en novembre 2008. Université Stanford M. Université de Princeton M. 1 cours sur : The anthropology of images. M. Pierre-Etienne Will (titulaire de la Chaire d’Histoire de la Chine moderne) donnera en novembre 2008. Woods Hole Oceanographic Institution – Massachusetts M. Michel Zink (titulaire de la Chaire de Littératures de la France médiévale) donnera du 5 au 13 mars 2009. Philippe Descola (titulaire de la Chaire d’Anthropologie de la nature) donnera en novembre 2008. 1 cours sur : Are there Political Resources for Democratic Institutions in Chinese History et 1 séminaire sur : The Penal Code and its Commentaries in the Ming and Qing Dynasties. 3 cours sur : Quantum Noise in Mesoscopic Systems. 2 séminaires sur : « Chercher Dieu et le Graal ». 3 cours et 3 séminaires sur : Chimie du vivant : enzymes et metalloenzymes (Biological chemistry : enzymes and metalloenzymes). Université Yale – New Haven M. Philippe Descola (titulaire de la Chaire d’Anthropologie de la nature) donnera en octobre 2008. Alain Berthoz (titulaire de la Chaire de Physiologie de la perception et de l’action) donnera 1 cours sur : Fondements cognitifs et pathologie de l’identité. Jean Kellens (titulaire de la Chaire de Langues et religions indo-iraniennes) donnera au printemps 2009. Gabriele Veneziano (titulaire de la Chaire de Particules élémentaires.PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 1017 ISRAËL Institute for Advanced Studies – Jerusalem* M. 4 cours sur : Pour une nouvelle histoire de l’Inde. ITALIE Université de Gènes M. Alain Berthoz (titulaire de la Chaire de Physiologie de la perception et de l’action) donnera 1 cours sur : Problèmes communs entre Robotique et Neurosciences : la relation entre perception et action. gravitation et cosmologie) donnera entre le 15 mars et le 3 avril 2009. PORTUGAL Université de Coimbra – Institut de systèmes et robotique M. Université « La Sapienza » de Rome . . 3 cours et 3 séminaires sur : Transplanckian Scattering : A Gedanken Experiment for 21st Century Physics ? Université Hébraïque de Jérusalem* M.Istituto italiano per l’Africa e l’Oriente M. 3 cours sur : L’Avestique ancien à la lumière du corpus récent : question de chronologie relative et 3 séminaires en relation avec le cours. 2 cours sur : Statut civique et obligation religieuse. Alain Berthoz (titulaire de la Chaire de Physiologie de la perception et de l’action) donnera 1 cours sur : Peut-on donner une identité à un humanoïde ? Université de Naples « L’Orientale » M. Université de Sienne M. institutions et société de la Rome antique) donnera en mars 2009. Gérard Fussman (titulaire de la Chaire d’Histoire du monde indien) donnera en décembre 2008. John Scheid (titulaire de la Chaire de Religion. M. Jean-Marie Lehn (titulaire de la Chaire de Chimie des interactions moléculaires) donnera en septembre 2008. TCHÉQUIE Université Charles – Prague* M. Jean-Marie Lehn (titulaire de la Chaire de Chimie des interactions moléculaires) donnera en juin 2009. 4 cours sur : From Supramolecular Chemistry towards Adaptative Chemistry. Pierre Corvol (titulaire de la Chaire de Médecine expérimentale) donnera en mars 2009. .1018 SUÈDE PROGRAMME DES COURS DE L’ANNÉE 20082009 Université d’Uppsala* M. SUISSE Université de Berne M. 10 cours sur : Changements climatiques brusques et glaciations. Édouard Bard (titulaire de la Chaire d’Évolution du climat et de l’océan) donnera au printemps 2009. 2) Angiogenic effects of vasoactive peptides. 2 cours et 2 séminaires sur : Qu’est-ce que la quête du Graal ? TUNISIE Université de Tunis M. 3 cours sur : Chimie douce et matériaux. Michel Zink (titulaire de la Chaire de Littératures de la France médiévale) donnera du 30 avril au 7 mai 2009. 2 cours sur : 1) Angiotensin and hematopoiesis . 4 cours sur : Molecular and Supramolecular Chemistry – Towards Self-Organization. Jacques Livage (titulaire de la Chaire de Chimie de la matière condensée) donnera en février 2009. M. ............................... gravitation et cosmologie (M................. physiques et naturelles ...................................................... Don Zagier) .............. Alain Connes) .................... Nécrologie ......................................... Analyse et Géométrie (M............ Particules élémentaires................................. Gabriele Veneziano) Géodynamique (M.............. Équations aux dérivées partielles et applications (M..... Michel Devoret) ............................. Sciences mathématiques.......................... Xavier Le Pichon) .... Physique mésoscopique (M........................ Édouard Bard)... Théorie des nombres (M........ 75 77 87 95 105 115 127 135 143 149 ........ Physique quantique (M............................. Serge Haroche)................................... Chronique de l’année académique 2007-2008 ................. 75 I........................................................................ 5 69 71 Résumés des cours et travaux des professeurs pour l’année académique 2007-2008 .................................................................................... Pierre-Louis Lions) ..........................Table des matières Le Collège de France ............... Équations différentielles et systèmes dynamiques (M............. Jean-Christophe Yoccoz) ........ Évolution du climat et de l’océan (M............. ................ Médecine expérimentale (M.............................. Antoine Labeyrie) .................................. 163 169 187 195 217 245 253 267 277 303 329 349 375 II......... Biologie et génétique du développement (M..... Philippe Descola) ............................................................... Roger Chartier) .. Alain Berthoz) ....................... Génétique humaine (M.......................... Chimie de la matière condensée (M... Chaire théorie économique et organisation sociale (M..... Physiologie de la perception et de l’action (M.. Sciences philosophiques et sociologiques ................ Henry Laurens).. 393 395 407 435 447 449 459 469 497 505 521 .............................. Alain Prochiantz).......................................... Paléontologie humaine (M................... Jon Elster) ...... Roger Guesnerie) ......1020 TABLE DES MATIÈRES Astrophysique observationnelle (M....... Jean-Marie Lehn) ..................................................... Michel Tardieu) .................. Psychologie cognitive expérimentale (M.................. Histoire moderne et contemporaine du politique (M...................... Pierre Rosanvallon) Écrit et cultures dans l’Europe moderne (M..... Michel Brunet) ..... Jean-Louis Mandel) ........... Génétique et physiologie cellulaire (Mme Christine Petit) .. Jacques Livage) . Rationalité et sciences sociales (M............... Chimie des interactions moléculaires (M................................................. Spyros Artavanis-Tsakonas) Processus morphogénétiques (M... Stanislas Dehaene) .................. Études juridiques comparatives et internationalisation du droit (Mireille Delmas-Marty) ....................... Histoire des syncrétismes de la fin de l’Antiquité (M...... Pierre Corvol)... Philippe Kourilsky) .............. Armand de Ricqlès) ......... Histoire contemporaine du monde arabe (M... Jacques Bouveresse) ........ Philosophie du langage et de la connaissance (M....................... Biologie historique et évolutionnisme (M... Philosophie des sciences biologiques et médicales (Mme Anne Fagot-Largeault) .... Anthropologie de la nature (M....... Immunologie moléculaire (M...... ...... philologiques et archéologiques .............................................. Histoire du monde indien (M......... Roland Recht) ...................................................................... Histoire de la Chine moderne (M.................................. Littératures de la France médiévale (M........................ IV......... Civilisation pharaonique : archéologie.......... Gérard Berry) ......... Religion... Littérature française moderne et contemporaine : histoire....... Sciences historiques. Langues et religions indo-iraniennes (M.................. Christian Goudineau) .. Pierre Magistretti) .................................... Carlo Ossola) .... critique......... Nicolas Grimal) ........ Assyriologie (M............... Manfred Kropp) .................... Gilles Veinstein)..... théorie (M... Michel Zink) ................................................ Étude de la création littéraire en langue anglaise (M.. Denis Knoepfler) .. Pierre Briant) .......... philologie.. Jean-Marie Durand)..... 779 781 783 803 821 ..............................................TABLE DES MATIÈRES 1021 547 549 565 581 593 621 639 643 651 673 679 705 723 741 755 777 III....... Pierre-Étienne Will) ....... Histoire turque et ottomane (M......... Antoine Compagnon) .. Chaire européenne (M.......... Antiquités nationales (M...... histoire (M.. Histoire de l’art européen médiéval et moderne (M................ Jean Kellens) ..................................... institutions et société de la Rome antique (M........ Littératures modernes de l’Europe néolatine (M...... John Scheid) .................................................................................................... Chaire de création artistique (Mme Ariane Mnouchkine) ................................... Chaires annuelles .............. Histoire et civilisation du monde achéménideet de l’empire d’Alexandre (M.......... Chaire internationale (M.......... Épigraphie et histoire des cités grecques (M........... Chaire d’innovation technologique-Liliane Bettencourt (M.................. Gérard Fussman)............... Michael Edwards) ....................... ........................................... Personnel du Collège de France . Instances statutaires et administratives du Collège de France ...... Enseignement des Professeurs en province et à l’étranger......... publications) ............................................................................................................................................................1022 TABLE DES MATIÈRES Professeurs honoraires (activités................ Programme des cours de l’année académique 2008-2009............................ 847 883 889 893 933 977 979 987 999 1019 .. Cours et conférences sur invitation de l’Assemblée des professeurs Cours et conférences (résumés) ..................................................... Les équipes accueillies au Collège de France ...................................... Maîtres de conférences et ater rattachés au Collège de France en 2007-2008...... Table des matières ................................................ . décembre 2008 .Conception graphique. mise en page et impression bialec. nancy (France) Dépôt légal n° 69755 .
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