Theorie Connaissance



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Théorie de la connaissanceEdition Livres pour tous (www.livrespourtous.com) PDF générés en utilisant l’atelier en source ouvert « mwlib ». Voir http://code.pediapress.com/ pour plus d’informations. PDF generated at: Thu, 24 Oct 2013 20:58:40 UTC Contenus Articles Théorie de la connaissance 1 A priori et a posteriori 5 Concept 8 Connaissance (philosophie) 11 Conscience 17 Nécessité et contingence 28 Croyance 30 Dialectique 38 Doute 46 Empirisme 48 Épistémologie 59 Espace (notion) 68 Idéalisme (philosophie) 71 Imagination 73 Innéisme 77 Jugement (philosophie) 78 Philosophie analytique 80 Synthétique a priori 87 Langage 89 Logique 91 Mémoire (sciences humaines) 96 Métaphysique 101 Nominalisme 109 Pensée 112 Phénoménologie (philosophie) 113 Philosophie du langage 119 Cause 125 Principe de raison suffisante 129 Psychologie cognitive 132 Pyrrhon d'Élis 133 Raison 136 Rationalisme 142 Réalisme (philosophie) 150 Réalité 154 Savoir 157 Scepticisme (philosophie) 160 Science 167 Sciences cognitives 218 Sociologie de la connaissance 224 Solipsisme 229 Temps 232 Transcendantal 248 Universel 249 Vérité 250 Références Sources et contributeurs de l’article 258 Source des images, licences et contributeurs 262 Licence des articles Licence 265 Théorie de la connaissance 1 Théorie de la connaissance Cet article est une ébauche concernant l'épistémologie et les sciences cognitives. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants. Consultez la liste des tâches à accomplir en page de discussion. Cet article a une forme trop académique. La forme ressemble trop à un extrait de cours et nécessite une réécriture afin de correspondre aux standards de Wikipédia. N'hésitez pas à [1] l'améliorer . La théorie de la connaissance, ou philosophie de la connaissance, parfois assimilée à l'épistémologie, est la partie de la philosophie qui étudie la nature, les origines, les contenus, les moyens et les limites de la connaissance, en particulier de la connaissance humaine. Une grande partie des travaux qui relèvent de cette discipline sont consacrés à l'analyse de la connaissance, c'est-à-dire à la détermination de ses conditions nécessaires et suffisantes. Il s'agit plus précisément d'établir quelles relations entretient la connaissance avec la croyance et la vérité, et quelles procédures de justification permettent de distinguer une simple croyance vraie (qui peut l'être par accident) d'une véritable connaissance. Selon Platon[réf. nécessaire], la connaissance est à l'intersection de vérités et de croyances Une partie de cet article porte sur la théorie analytique de la connaissance, discipline philosophique qui s'est pour l'essentiel développée dans le monde anglophone[2]. Le monde germanique, de par l'apport anglo-saxon a repris les résultats analytique pour les réunir dans une théorie globalisante. Le passage est très distinct de Locke, Berkeley, Hume à Kant pour l'analytique. Fichte opère le renversement avec sa "Doctrine de la science" imposant ainsi le départ d'une conception qui ne se veut pas seulement analytique mais unifiante. Ceci sera beaucoup développé par Schelling et Hegel. Définition classique de la connaissance Croyance vraie justifiée Articles détaillés : Justification (philosophie) et Vérité. L'approche classique définit la connaissance comme une croyance vraie et justifiée[3], et non seulement une croyance vraie. Cette définition exclut les cas où un individu a une croyance vraie, mais où il n'est pas en mesure d'expliquer pourquoi cette croyance est vraie. L'individu peut ainsi croire que "la terre tourne autour du soleil" (proposition p) par exemple par ouï dire, sans être capable de l'expliquer. La proposition p est vraie, mais l'individu n'a pas la connaissance que "la terre tourne autour du soleil". Il s'agit pour l'individu d'une croyance. La justification de la croyance est donc l'élément crucial de cette analyse traditionnelle de la connaissance, et de nombreuses théories contemporaines cherchent à en déterminer précisément la nature et les modalités ; la théorie de Théorie de la connaissance la justification est l'une des principales branches de la théorie de la connaissance. Le terme de « connaissance » a longtemps désigné, en philosophie, des croyances dont la vérité est justifiée de manière certaine. Toute croyance présentant un moindre degré de justification constitue à ce compte une « opinion probable » (ou connaissance par provision). Ce point de vue prévaut encore dans l'œuvre de Bertrand Russell (notamment dans les Problèmes de Philosophie, 1912). Au cours des décennies qui suivirent, l'idée selon laquelle le degré de justification des croyances doit s'évaluer en termes de certitude a perdu en influence. Le problème de Gettier et les analyses contemporaines de la connaissance Dans un célèbre article intitulé « Is Justified True Belief Knowledge? » (1963), Edmund Gettier affirme qu'il existe des situations dans lesquelles une croyance peut être à la fois vraie et justifiée, et ne constitue pas pour autant une connaissance. Plus exactement, selon Gettier, l'analyse traditionnelle énonce les conditions nécessaires de la connaissance, mais que ces conditions ne sont pas suffisantes. Pour mieux apprécier la stratégie de Gettier et les arguments que lui opposeront ses contradicteurs, il est utile de partir de l'analyse classique. D'après celle-ci : S sait que p si et seulement si 1. p est vrai ; 2. S croit que p ; et 3. la croyance de S dans p est justifiée. L'attaque de Gettier repose sur deux prémisses, consistantes avec l'analyse traditionnelle. Première prémisse : il est possible qu'une croyance justifiée soit fausse. (En d'autres termes, il est possible d'avoir de bonnes raisons de croire dans la vérité de p et que p soit fausse.) Seconde prémisse : si S est justifié à croire que p et que p implique q, et si S déduit q de p et accepte q comme un résultat, alors S est justifié à croire que q. À partir de ces prémisses, Gettier construit deux exemples qui manifestent l'insuffisance de la définition traditionnelle. Il suffira d'évoquer le premier. Smith et Jones se portent candidats pour le même poste. Smith a d'excellentes raisons de croire que la candidature de Jones sera retenue, et il sait par ailleurs que Jones a dix pièces de monnaie dans sa poche. Soit p : « Jones sera embauché et il a dix pièces dans sa poche ». On voit que deux des trois conditions traditionnelles sont déjà remplies : Smith croit que p, et il est justifié à croire que p. Considérons maintenant la proposition q : « Celui qui sera embauché a dix pièces dans sa poche ». Il est clair que p implique q ; si on suppose que Smith déduit q de p, alors (par la seconde prémisse) Smith croit que q et cette croyance est justifiée. Maintenant, il se trouve que, contrairement à la prédiction de Smith, c'est Smith, et non Jones, qui obtient le poste. Bien qu'elle soit justifiée, p est donc fausse (cas admis par la première prémisse). Mais il se trouve que Smith, à son insu, a dix pièces de monnaie dans sa poche ; q est donc vraie. Au total, Smith croit que q, il est justifié à croire que q (par inférence à partir de p), et q, à l'insu de Smith, est vraie. Nous sommes donc dans un cas de croyance vraie justifiée qui n'est pas pour autant un cas de connaissance : Smith ne sait pas que q est vraie. Réponses à Gettier Depuis la publication de l'article de Gettier (dans la revue Analysis, vol. 23, 1963, pp. 121-123) un très grand nombre d'auteurs ont tenté de parvenir à une analyse de la connaissance qui puisse exclure a priori de tels exemples. Les deux stratégies les plus couramment employées consistent : a) à modifier la clause de justification retenue par Gettier, jugée trop faible ; b) ou bien à conserver la clause de justification traditionnelle mais en y ajoutant une autre, censée garantir l'ensemble de l'analyse contre les exemples de type Gettier. La solution proposée par Robert Nozick relève de la première stratégie : la clause de justification traditionnelle est remplacée par deux conditionnelles fixant la relation entre la croyance de S et la vérité du contenu de sa croyance. Selon Nozick, S sait que p si et seulement si : 1. 2. 3. 4. p est vraie S croit que p si p est fausse, S ne croira pas que p. si p est vraie, S croira que p. 2 Karl Popper. Jules Vuillemin) la fait reposer sur l'exercice de la raison. mais seulement pour celles que ces auteurs appellent « non basiques » (nonbasic). mais par des mécanismes fiables les reliant aux modifications de notre environnement. Cette nouvelle théorie. insuffisamment détaillée ou incomplète. Selon Lehhrer et Paxson. le rationaliste (cf. la plupart de nos « connaissances empiriques » n'en sont plus). il ne doit y avoir aucune autre proposition r qui soit vraie et qui invalide q. Votre aide [1] est la bienvenue ! Le philosophe empiriste (cf. alors sa connaissance sera dite « non basique » : il s'agit ici des connaissances dites « inférentielles ». Paxson Jr. René Descartes. mais sa base de justification doit encore rendre nécessaire sa vérité. c'est-à-dire d'avancer des éléments de justification. plus ou moins nombreuses. alors sa connaissance sera dite « basique ». il semble possible d'imaginer des scénarios dans lesquels la croyance de S est étroitement corrélée à la vérité ou à la fausseté de p. En d'autres termes. John Locke.. Richard Kirkham explique que l'impossibilité de parvenir à une analyse de la connaissance qui soit parfaitement à l'abri des contre-exemples de Gettier tient au fait que seule la définition de la connaissance en vigueur depuis l'Antiquité jusqu'à Russell est véritablement satisfaisante : pour être une connaissance. la définition traditionnelle de la connaissance rend suffisamment compte des connaissances de ce type. David Hume) place l'expérience sensible à l'origine de l'acquisition de la connaissance. la croyance vraie ne sera véritablement justifiée que si S sait pourquoi elle est vraie. ne vaut pas pour toute connaissance en général. ne sont pas soutenues par des raisons appropriées. Cette contrainte constitue un critère extrêmement exigeant (si nous le retenons. c'est-à-dire des connaissances qui dépendent logiquement de la vérité d'autres croyances. • • • • réalistes phénoménologistes sensualistes matérialistes 3 . si S sait que p et que la base de justification de p comporte q. Nous retrouverons plus loin cette idée selon laquelle une croyance n'est justifiée que si le sujet dispose d'un accès épistémique à la base de justification : c'est la thèse fondamentale des théories internalistes de la justification. il se peut que nos croyances ne soient pas justifiées par d'autres croyances. Si on opte pour la seconde stratégie (ajouter une quatrième clause aux trois traditionnelles). Se manifeste aussi une ré-union ou synthèse du sensible (Percept) et de la raison (Concept) chez des auteurs comme Rudolf Steiner (dans sa "Philosophie de la liberté"). Dans une autre réponse. mais Kirkham remarque que des standards de connaissance très hauts n'empêchent pas d'intégrer l'ensemble de nos savoirs « faibles » à la catégorie des « croyances raisonnables ». mais dérive uniquement du contenu de mon expérience.Théorie de la connaissance Simon Blackburn a critiqué cette formulation. Schelling. une croyance ne doit pas seulement être vraie et justifiée. si S sait que p est vrai et qu'une autre proposition q entre dans la base de justification de cette croyance. Les théories externalistes de la justification (dont Nozick nous offre ici un premier exemple) affirment au contraire que la base de justification de nos croyances ne nous est pas nécessairement accessible . Les Sources de la connaissance Cette section est vide. La distinction des connaissances « basiques » et « non basiques » vise le contenu de la base de justification : si S sait que p et que la base de justification de sa croyance ne comporte pas d'autres croyances. bien qu'elles « suivent la vérité à la trace » (conformément aux exigences de Nozick). Dans le cas des connaissances non basiques. En d'autres termes. En revanche. Cette description correspond en particulier aux connaissances perceptives non inférentielles du type : « je perçois une douleur dans ma cuisse gauche ». On voit bien que cette connaissance ne repose pas sur une autre croyance. arguant que nous ne devrions pas admettre au rang de connaissances des croyances qui. Réunir les deux éléments serait à la fois l'origine et l'acte même de "connaître"rendu effectif par "le penser". une des possibilités consiste à exiger que la justification de la croyance soit « invaincue » (undefeated). et où S est tout à fait incapable de rendre compte de sa croyance. Pour sa part. une quatrième clause est requise pour que l'analyse soit à l'abri des contre-exemples : la croyance vraie et justifiée doit en outre être « invaincue » (undefeated). due en particulier à Keith Lehrer et à Thomas D. En effet. « Que sais-je ? ». Theory of knowledge. dont le titulaire est Jacques Bouveresse. 1989 • Jean-Michel Besnier.Théorie de la connaissance • • • • • • • • • logicistes rationalistes idéalistes psychistes spiritualistes monadistes dynamistes (cf. et de 1986 à 1990 une chaire d'Épistémologie comparée. The Structure of Empirical Knowledge. l'idéaliste verra le monde des idées comme l'élément premier de toutes choses alors que le spiritualiste lui rétorquera "non. dans les cas litigieux. php?title=Th%C3%A9orie_de_la_connaissance& action=edit [2] Cela entraîne quelques problèmes quand on passe au français . dont le titulaire était Gilles-Gaston Granger. wikipedia. Novalis. le monde des idées provient de la source première qui est le Divin". org/ w/ index. [3] Une telle définition de la connaissance remonte à la philosophie grecque. il possède une chaire de Philosophie du langage et de la connaissance. 2005 (ISBN 978-2-13-055442-4) 4 . R. Sources • (en) Laurence BonJour. Les Théories de la Connaissance.il se contentera tout simplement de ce qu'il a devant les yeux (aspect sensoriel).devant ces propos qui lui seront insignifiants . Quant au réaliste . Dans le dialogue de Platon intitulé le Théétète. PUF. coll. Théorie de la connaissance en France Le Collège de France a possédé de 1962 à 1990 une chaire de Philosophie de la connaissance. dont le titulaire était Jules Vuillemin . L'une des plus prometteuses identifie la connaissance à la « croyance vraie justifiée ». Notes et références [1] http:/ / fr. Socrate soutient qu'en plus d'être vraie. Paris. 1985 • (en) Roderick Chisholm. l'expression anglaise correspondante sera mentionnée entre parenthèses."La pensée humaine et la pensée cosmique" . Socrate passe en revue un certain nombre de définitions possibles de la connaissance. Depuis 1995.Ed. une croyance doit être justifiée pour constituer une connaissance authentique. Steiner) empiristes constructivistes Par exemple. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants. une connaissance a priori [1] est une connaissance logiquement antérieure à l'expérience. mais la forme avec accent est recommandée. Dans la pensée de Kant. La distinction intuitive Bien que les définitions et l'utilisation des termes aient varié dans l'histoire de la philosophie. En outre. avoir un a priori. et « une connaissance a posteriori est prouvée par l'expérience ». prenons par exemple la proposition exprimée par la phrase « George V souverain de 1910 à 1936. Usage Graphies La locution possède aujourd'hui deux orthographes : « a priori » ou « à priori » (toutes les remarques de cette partie s'appliquent aussi à « a posteriori »). Dans le français courant. En fait. « une connaissance a priori »). La forme francisée « à priori » est utilisée notamment par Voltaire[3] et Laplace[4]. En français. empirique. expression dérivée de prior qui signifie antérieur. mais la langue française actuelle réserve le « a » sans accent au verbe avoir. ils ont constamment marqué deux notions épistémologiques distinctes. nécessaire].A priori et a posteriori A priori et a posteriori Cet article est une ébauche concernant la philosophie. Cette forme francisée est supprimée du dictionnaire de l'Académie française dans sa neuvième édition. c'est-à-dire de ce qui est premier selon la nature. les philosophes en donnent differents sens. Consultez la liste des tâches à accomplir en page de discussion. élidée ici en « a ». et reconnue par Littré[5] et est encore largement discutée[6]. n'a rien à voir avec la préposition française « à ». puis chez Descartes et encore chez Gottfried Wilhelm Leibniz. à ce qui est « issu de l'expérience » (Kant). L'expression a d'abord servi à désigner un raisonnement qui va de la cause à l'effet [réf. la justification et l'argument : « une connaissance a priori est indépendante de l'expérience ». signifie : « à partir de ce qui vient avant »[2]. suite à la réforme de l'orthographe française de 1990 est qu'aucune des deux graphies n'est fautive. car elle exprime un fait empirique inconnaissable par la raison seule. L'utilisation des termes Les termes a priori et a posteriori sont utilisés en philosophie pour distinguer deux types différents de connaissances. Par exemple. locution latine. En empruntant à Jerry Fodor (2004). Ils sont principalement employés comme substituant au terme « connaissance ». Cela s'oppose à une connaissance a posteriori. a priori ou apriori utilisé comme expression nominale signifie préjugé : par exemple. à priori. La préposition latine ab. La distinction intuitive des connaissances a priori et a posteriori est plus facilement observable dans les exemples. En philosophie. Le statut actuel. factuelle. c'est aussi une connaissance « indépendante de l'expérience ». Mais il est considéré comme plus cohérent d'utiliser l'italique pour la graphie sans accent et uniquement pour celle-là. l'absence d'accent est un usage moderne. en 1992. » C'est une connaissance (si elle est vraie) qu'il faut tenir pour savoir a posteriori. L'« a priori » est parfois utilisé pour substituer au terme « vérité ». une preuve a priori de l'existence de Dieu est une démonstration qui part des causes. ou encore faisant référence à des types de connaissances (par exemple. Par 5 . Ce sens se rencontre au Moyen Âge. « Pour Husserl.A priori et a posteriori contre. » « Nécessité et universalité rigoureuses sont donc des caractéristiques certaines d'une connaissance a priori. parce qu'elle dérive d'une déclaration que l'on peut déduire par la seule raison. deux critères certains d'une connaissance pure. à ce titre. et celles de fait sont contingentes et leur opposé est possible. l'a priori est ancré dans ce qu'il appelle une intuition eidétique spécifique qui nous met en présence d'essences universelles (par exemple le coq ou le nombre deux). de la sphère des objets matériels. » Une connaissance est a priori si elle peut être prouvée sans référence aucune à l'expérience. Il entend par la première ce qui est plus éloigné de la sensation (l'universel). 1). sans apport de l'expérience . 1739-1740). L'exemple le plus significatif de propositions a priori fondées sur cette intuition éidétique est fourni par les lois logico-mathématiques. 71b33) Leibniz oppose les vérités de fait (a posteriori) aux vérités de raison (a priori). « Il y a deux sortes de vérités. I. la résolvant en idées et en vérités. À cette ontologie formelle se joignent ensuite de multiples ontologies régionales. venu de l'expérience). dont chacun est par soi infaillible. dont chacune se fonde sur un a priori dit matériel et qui constitue une science a priori de telle ou telle zone ou 'région' de la réalité (par exemple. il est opportun de se servir séparément des deux critères en question. peut être conçu « indépendamment/indépendant de l'expérience ». contiguïté. Or ce qui est le plus universel en est le plus éloigné. c'est-à-dire a priori (Introduction à la Critique de la raison pure. plus simples jusqu'à ce qu'on vienne aux primitives » (Leibniz. § 33) Hume oppose les « données concrètes » (a posteriori) aux « relations d'idées » (a priori). alors il aura régné au moins une journée. 1913). considérons la proposition : « Si George V régna sur tous. rapports de quantité. Quand une vérité est nécessaire. et même l'entendement commun n'en est jamais dépourvu. La nécessité et l'universalité sont en effet. L'opposition a priori / a posteriori « Aristote est le premier à avoir thématisé cette distinction qu'il recoupe avec celle de 'ce qui est antérieur et mieux connu par nature' et 'ce qui est antérieur et mieux connu pour nous'. on en peut trouver la raison par l'analyse. l'espace et le temps sont des formes d'intuition a priori. » C'est une connaissance a priori. et sont aussi inséparables. ou qu'il est plus éclairant de montrer l'universalité illimitée que nous attribuons à un jugement que sa nécessité. « J'appelle antérieur et mieux connu pour nous ce qui est plus proche de la sensation. L'a priori désigne ce qui est pensé comme nécessaire et universel et qui. causalité ne sont connues que grâce à l'expérience (Traité de la nature humaine. Le grand théoricien demeure Kant. pour un être raisonnable. degrés d'une quantité et rapports de quantité ne consistent qu'à comparer des idées. inhérentes au sujet transcendantal. qui assemblent les idées. Le livre de poche. une paire d'objets particuliers). à propos desquelles Husserl parle d'une ontologie formelle comme 'science eidétique de l'objet en général' (Idées directrices pour une phénoménologie et une philosophie phénoménologique pures. alors que les individus en sont le plus proche » (Aristote. ou bien des phénomènes de conscience. 2. 2002. Ressemblance. Seconds analytiques. p. contrariété. Ce qui signifie qu'il n'y a pas d'expérience possible. II : « Nous sommes en possession de certaines connaissances a priori. contrariété. hors du cadre de l'espace et du temps. Monadologie. causalité. Les relations philosophiques. ce qui est le plus proche de celle-ci (les individus) » (Encyclopédie de la philosophie. par la seconde. Par exemple. identité. de la même façon que l'intuition sensible nous met en présence d'objets individuels (comme une chose jaune particulière. contiguïté. Mais comme dans l'usage de ces caractéristiques il est parfois plus facile de montrer la limitation empirique que la contingence dans les jugements. identité. degrés d'une qualité. et. selon la Critique de la raison pure (1781). et ainsi de suite) » (Encyclopédie de la 6 . Les vérités de raisonnement sont nécessaires et leur opposé est impossible. alors que ce qui est antérieur et mieux connu absolument en est plus éloigné. Kant distingue les connaissances a priori (elles portent sur des éléments dont l'un n'est connu que par l'expérience) et les « connaissances pures a priori » (elles ne contiennent aucun élément empirique. celles de raisonnement et celles de fait. sont sept : ressemblance. une « forme de représentation donnée a priori ». Jung L'archétype est. l’a priori est à distinguer de la nécessité : une proposition a priori peut être contingente. Dans notre monde (le monde actuel). 1836 Émile Littré. elle sera fausse. » (Konrad Lorenz. mais la neige demeurerait encore blanche dans le monde actuel. Toutefois. dans la psychologie analytique de Carl Gustav Jung. une « image primordiale » renfermant un thème universel. 1759 Pierre-Simon Laplace. controversée. mais non pas nécessaire. « Quelque chose qui reste à la réalité extérieure. « la neige est blanche » est faux. Il prend deux exemples: « le mètre étalon de Paris a un mètre de long » est une proposition. dans un autre monde possible. Dictionnaire de la langue française. elle ne peut pas être fausse. Exposition du système du monde. chaque assertion de cette proposition sera vraie et peut être donc sue a priori. net/ spip. Scott Soames a donné cette proposition comme un exemple : « La neige est blanche si et seulement si la neige est blanche dans le monde actuel. edu/ entries/ epistemology-evolutionary/ ) 7 . Cette thèse demeure. dont Hilary Putnam. éditions Hatier Voltaire. php?article128) Evolutionary Epistemology (http:/ / plato.A priori et a posteriori philosophie. L'archétype selon C. Elle est toutefois soutenue par plusieurs philosophes. « L’étoile du soir est identique à l’étoile du matin » (exemple de Frege) est une proposition a posteriori mais nécessaire. où la neige est bleue. particulièrement d'après les études èthologiques de Konrad Lorenz[7]. 1863 même si cette graphie est considérée comme ancienne par l'édition 2009 Variations Sur « À Priori » Et « À Postériori » (http:/ / www. 2) Pour Friedrich Nietzsche et l'épistémologie évolutionniste. G. Donc elle est a priori. stanford. Hachette. Ce processus psychique est important car il renferme les modèles élémentaires de comportements et de représentations issus de l'expérience humaine à toutes les époques de l'histoire. p. Notes et références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] Voir partie #Graphies La philosophie de A à Z. Il y a des autres formulations de cet a priori contingent qui sont moins discutables. » On peut savoir a priori cette proposition. l'a priori devient synonyme d'inné dans l'individu (et donc maintenant a priori) des catégories mentales qui a posteriori dérivent phylogénétiquement de l'interaction évolutionniste de l'espèce avec l'environnement : notre « appareil cognitif » (appareil qui fournit une image du Monde). Paris. langue-fr. comme l'ajustement du sabot du cheval au sol de la steppe ou des nageoires du poisson à l'eau. La même situation se produit avec la proposition. Candide ou l'Optimisme. et structurant la psyché inconsciente. À l'inverse. a priori mais pas nécessairement vraie. commun à toutes les cultures humaines mais figuré sous des formes symboliques diverses. Je suis. selon lui. encore aujourd'hui. et une proposition a posteriori nécessaire. mais elle n'est pas nécessaire. mais quand je suis mort. L'Envers du Miroir) L'a priori contingent Selon Saul Kripke. Comme Descartes a prouvé. Bachelier. prédiqués d'un sujet. Frege et Carnap. opposés au « psychologisme ». Autrement dit. de plus en plus calamiteux. Cette utilisation est contestée : « D’épreuve en épreuve. et que seuls les individus concrets existent réellement. ou qui sont. Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. n° 8. le concept d'homme n'est pas « l'animal capable de rire » (car le rire est le propre de l'homme: seul l'homme rit. par abus). les réalistes considérant. par la philosophie médiévale. Au XXe siècle. au-delà de cette définition générale. Concept vient du participe passé latin conceptus du verbe concipere. au sens de l'intension. par exemple) ont une existence réelle. Ainsi. un concept est souvent une idée générale (le concept de chien rassemble tous les chiens existants et possibles). revue Chimères. mai 1990). merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». Les différents philosophes ne sont pas nécessairement d'accord sur ce qu'est exactement un concept. il n'est pas exactement synonyme de notion car plus abstrait.Concept 8 Concept Cet article ne cite pas suffisamment ses sources. . le concept d'un objet serait l'ensemble des prédicats qui lui appartiennent. Ainsi. comme une entité mentale. la notion complète exprime la substance individuelle et ne correspond qu'à elle . d'un commerce franchisé. la publicité. mais pas nécessairement (chez Leibniz. Le nominalisme considère qu'ils n'ont pas d'existence réelle: c'est la querelle des universaux. (Modifier l'article [1] ) Un concept est une représentation générale et abstraite de la réalité d'un objet. par ailleurs. qu’est-ce que la philosophie ?. le fond de la honte fut atteint quand l’informatique. Assimilé à l'intension d'un terme. nous sommes les concepteurs C’est nous les amis du concept. le concept a ainsi été considéré. sont parfois désignés comme des concepts. nous le mettons dans nos ordinateurs » (Gilles Deleuze. et dirent c’est notre affaire. de la notion. le concept devrait exprimer la quiddité de la chose. Le concept dans la philosophie du langage Le concept a très souvent été assimilé à la signification d'un terme. « former en soi ». plus ou moins novatrice. selon certaines théories philosophiques. que Platon lui-même n’aurait pas imaginés dans ses moments les plus comiques. un nom propre peut être considéré. c’est nous les créatifs. On pourrait peut-être dire qu'Aristote considère qu'un bon concept est un concept qui se réfère à l'essence. selon plusieurs. le plus souvent commerciale. bien que des lignes centrales puissent être dessinées. Enfin. d'une situation ou d'un phénomène. que les universaux (l'homme. le design et la fonction d'un objet. que du mot. le design s’emparèrent du mot concept lui-même. et non au propre: ainsi. on désigne comme concept toute idée. mais un « animal raisonnable » ou un « animal politique » (zoon politikon) [3]. qui est le signifiant de ce concept mental. Sens étendu Par extension (et. qui signifie « contenir entièrement ». comme exprimant le concept d'un individu[2]). ou dénotation de ce terme. La décoration. la philosophie affronterait des rivaux de plus en plus insolents. ou de l'énoncé verbal. les nominalistes soutiennent qu'ils n'ont d'existence que mentale. Le concept se distingue donc aussi bien de la chose représentée par ce concept. ce n'est pas son essence). le marketing. en langage aristotélicien. tout comme l'idée commerciale de base. idéelle (au sens platonicien). au contraire. préféraient considérer les concepts comme des entités abstraites[4]. « oiseau » et « petit » (voir réseaux de concepts en informatique. nécessaire]. • Les concepts recourent évidemment au langage mais sont associés à d'autres types d'informations. ce qui unifie le divers de la sensation [réf. nécessaire]: • • • • • idéalisme ou réalisme de l'intelligible . Voici les statuts conceptuels fondamentaux [réf. Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. nécessaire] . le terme le désignant est nommé signifiant [réf.) [réf. comme des odeurs ou des images. . merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». Psychologie Cet article ne cite pas suffisamment ses sources. Philosophie Cet article ne cite pas suffisamment ses sources. Il existe plusieurs conceptions relatives au statut d'existence du concept. nominalisme . • Un concept est ainsi une information sur le monde qui est formée de l'association avec d'autres informations. réalisme proprement dit . Ce statut est central pour toute philosophie. le concept de « serin » cumulera au moins ceux de « jaune ». et non comme la contemplation passive des choses ou la simple réflexion [réf. Par exemple. selon Kant. infra). indépendamment de la signification subjective que je lui accorde: il y a une « division du travail linguistique » indispensable au concept. notamment à travers le langage (voir aussi psycholinguistique). dans son expérience de la Terre jumelle. le concept d'« hêtre » et d'« orme » ne dépend en effet pas seulement de la signification que je lui donne (ces deux arbres peuvent être indiscernables pour moi). [réf. (Modifier l'article [1] ) Les recherches en psychologie cognitive ont.Concept 9 Il n'est toutefois pas évident qu'un concept s'identifie à la signification d'un terme. mais également dans le domaine de la morale (peut-on prouver des lois de la morale d'après des concepts ? quelle est l'origine du concept de bien ? etc.). Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». ceci comme douteux. depuis quelques dizaines d'années. Le concept est ainsi. nécessaire]) Il est dénoté dans le langage par un terme qui le désigne : le concept est nommé signifié. empirisme . Selon Gilles Deleuze. (Modifier l'article [1] ) On appelle le plus souvent un « concept » une idée ou représentation de l'esprit qui abrège et résume une multiplicité d'objets empiriques ou mentaux par abstraction et généralisation de traits communs identifiables. (Le processus est similaire à ce qu'on nomme en informatique une compression (éventuellement avec pertes). Selon Putnam. qui fait qu'un garde forestier sait très bien ce qui est dénoté lorsque je dis « hêtre ». nécessaire]. au sens d'intension ou de dénotation: Hilary Putnam considère en effet. non seulement dans le domaine de la connaissance (comment se forment les concepts ? le concept indique-t-il une essence ? etc. concepts comme catégories de l'entendement : voir Kant. nécessaire]. levé une partie du voile sur le rapport des concepts à la connaissance. mais de ce qu'ils dénotent. la philosophie se définit comme la création de concepts. les effets de pouvoir que les différentes sociétés et les différentes institutions lient à ce partage.. Paris.Concept 10 • Des recherches récentes ont d'ailleurs démontré que des substrats neurologiques distincts existaient pour des concepts à référent matériel (ex. puis entre eux. merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». avant d'être maladie. Paris. tout cela n'est peut-être que la réponse la plus tardive à cette possibilité d'erreur intrinsèque à la vie. il faut convenir que l'erreur est la racine de ce qui fait la pensée humaine et son histoire. déficit ou monstruosité. quelque chose comme une « méprise ». 69) • « Former des concepts. un concept est un ensemble de nœuds fortement liés et activés simultanément. au lieu d'être indépendants. t. Citations • « de pareils instants. Un concept car est un prototype de véhicule automobile conçu et réalisé par un constructeur pour tester et montrer des idées. Ceci à condition que le réseau de concepts ait été conçu dans l'optique d'associer des symboles conceptuellement proches. [. sans forcément qu'il y ait une intention de production en série et de commercialisation par la suite. comme par exemple les opéras rock. « La vie : l'expérience et la science ». c'est la réponse que la vie elle-même a donné à cet aléa. Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. mais les gens ne savent rien et ils s'écrasent les uns les autres – parfois au nom des idéaux – dans le marais de la réalité distordue.: hypothèse). Deux concepts d'un réseau de concepts Autres acceptions Un album-concept (concept album) est un recueil de musique dont les morceaux et chansons. » (Stanislaw Ignacy Witkiewicz. L'Inassouvissement. Ainsi. Jean-Pierre Changeux explique dans son livre L'Homme neuronal que les concepts s'articulent d'abord sur des percepts. neurones. c'est une manière de vivre et non de tuer la vie . Dits et écrits.: arbre) et ceux à référent abstrait (ex. est quelque chose comme une perturbation dans le système informatif. Widrow. la vie – de là son caractère radical – c'est ce qui est capable d'erreur. caché. 1970. les jeux du code et du décodage laissent place à un aléa qui.] Et si on admet que le concept. L'opposition du vrai et du faux. c'est une façon de vivre dans une relative mobilité et non pas une tentative pour immobiliser la vie . 1994. infime ou considérable : un type bien particulier d'information. Kohonen. 4. parmi ces milliards de vivants qui informent leur milieu et s'informent à partir de lui. À la limite. et Hoff sont dans un réseau de concepts. HMM. p. c'est manifester. une innovation qu'on jugera comme on voudra. on peut supposer qu'ils forment un concept différent de celui formé par Markov. d'un seul mot prononcé en temps opportun dépend parfois toute une vie. sont liés entre eux par un thème ou une histoire. Informatique Cet article ne cite pas suffisamment ses sources. p. Mais c'est de la qualité de ceux-ci que dépend le fait qu'elle sera un poison ou la plus nutritive des vitamines. Il rejoint là des idées émises en philosophie par Locke et Hume.. 774-775) . (Modifier l'article [1] ) Dans le cadre d'un réseau de concepts (aussi nommé réseau sémantique).. bien que le nœud réseau puisse aussi appartenir au concept réseau de Markov caché. » (Michel Foucault.] au niveau le plus fondamental de la vie. La réalité laisse échapper sa quintessence sous l'influence des concepts. lorsque des nœuds intitulés réseau. déformée par un filet de faux concepts jeté sur elle.. Gallimard. [. les valeurs qu'on prête à l'un et à l'autre. L'Âge d'Homme. par extension. mais là aussi. « savoir faire des crêpes »[2]. aussi appelée acquaintance. on appelle aussi "connaissance". les philosophes ne s'intéressent pas à cette notion. Flammarion (GF Corpus). 1975. il faut que la croyance soit certaine ou infaillible[5]. on distingue traditionnellement trois types de connaissance : • la connaissance propositionnelle est le fait de savoir qu'une certaine proposition est vraie. « The meaning of "meaning" ». De même. • le savoir-faire est le fait d'être capable de réussir une action. Cambridge University Press. La définition traditionnelle. Connaissance (philosophie) La connaissance est l'état de celui qui connaît ou sait quelque chose. Certains philosophes soutiennent que la notion n'est pas définissable. qu'elle résulte d'un processus fiable[8]. un certain nombre de points d'accord existent: que la connaissance propositionnelle soit au moins une croyance vraie et non-accidentelle et/ou justifiée. . qu'elle soit justifiée[6]. • la connaissance objectuelle. Voir Aristote. ou pour d'autres encore qu'elle ne soit pas vraie par accident[9]. mais cette seconde notion n'est pas celle qui intéresse les philosophes. mais ils sont en désaccord sur la nature de cette connexion. in Mind. comme croyance vraie et justifiée. php?title=Concept& action=edit Voir la théorie de Bertrand Russell du nom propre logique. ou pourvue d'une justification non défaite[7]. est le fait de connaître une chose particulière. 5. Hilary Putnam. Topiques. p.218 à 227 (traduit par Pascal Ludwig dans Le langage. par exemple. mais aussi qu'elle n'est pas seulement une croyance vraie[4]. "savoir que la Terre est ronde". I. "connaître Paris"[3]. On appelle aussi "connaissance" les choses connues elles-mêmes. Language and Reality. et Catégories pour distinction du propre et de l'essence). par exemple. 1997. En philosophie. les choses qui sont tenues pour des connaissances par un individu ou une société donnée. ont été proposés depuis. La définition de la connaissance propositionnelle est celle qui a le plus attiré l'attention des philosophes. mais aucun n'a réussi à s'imposer. Plusieurs compléments à la définition traditionnelle. wikipedia. sauf dans les débats concernant certaines formes de relativisme[1]. Ils s'accordent à penser qu'il faut en outre que la croyance et la vérité (ou le fait) soit en quelque sorte connectés d'une façon appropriée. org/ w/ index. ou même de nouvelles définitions. est jugée insuffisante ou inadéquate depuis les contre-exemples formulés par le philosophe américain Edmund Gettier[10]. Cela dit.Concept 11 Références [1] [2] [3] [4] http:/ / fr. pour d'autres. Episteme) dans la Bibliothèque de Celsus (Κελσος) à Éphèse en Turquie. pour d'autres. Ce sont sur ces conditions supplémentaires pour la connaissance que les débats portent. par exemple. Pour certains. Définition de la connaissance La définition de la connaissance est encore objet de débat chez les philosophes. Personnification de la connaissance (Grec Επιστημη. Ils s'accordent généralement sur le fait qu'une connaissance est une croyance qui est vraie. Il donne l'exemple de la plaidoirie mensongère (Théétète. les jurés ont une opinion ou croyance (ils croient que l'accusé est innocent). Inversement. Mais la tradition en a retenu l'explication suivante. alors il est vrai que les clefs sont dans le tiroir. et elle est justifiée (puisque j'ai de bonnes raisons de croire qu'elle est vraie). mais qu'à mon insu Illa en a une (il n'en parle jamais ni ne la sort de son garage). On peut ajouter un autre exemple: si vous tirez à pile ou face pour deviner s'il pleuvra demain. (a) elle est une croyance: si Antoine ne croit pas que la Terre est ronde. de même. mais dans ce cas. ni a fortiori à une croyance vraie. et qu'elle est vraie. Supposons qu'en fait. c'est avoir une bonne raison de croire qu'il est innocent. 12 . parce qu'ils auraient pu être trompés par l'avocat. M. J'ai deux collègues de travail. Ensuite. Supposons qu'un avocat arrive à persuader les jurés que son client est innocent en utilisant de très mauvais arguments et des mensonges: il se peut néanmoins que son client soit véritablement innocent. Une croyance est "pourvue de raison" lorsqu'elle s'appuie sur une bonne raison de croire la chose en question. Ces deux points ((a) et (b)) ont été remis en cause. vous ne savez pas qu'il pleuvra demain. il ne sait pas en fait où elles sont. si Antoine sait que les clefs sont dans le tiroir. Au contraire. mais une croyance vraie "pourvue de raison" (Théétète 201d). (b) elle est une croyance vraie: si Antoine croit que Paris est en Belgique. cela ne correspond à aucune croyance en particulier (croire en Pierre??). 200a-201d). Quoi qu'il en soit. Voici l'un de ses exemples. on lui préfère souvent l'expression "croyance vraie justifiée". les mensonges de l'avocat ne sont pas une bonne raison de croire que son client est innocent. et cette croyance est vraie. Ce que Platon entend par "raison" ici est objet de débat chez les exégètes. j'ai de bonnes raisons de le croire. il peut arriver qu'Antoine pense à tort savoir où sont les clefs. croire que le client est innocent parce qu'on l'a vu ailleurs que sur les lieux du crime au moment du crime. mais la plupart des philosophes continuent de les admettre aujourd'hui[15]. le fait que la pièce soit tombée sur pile n'est pas une bonne raison de croire qu'il pleuvra demain. Aujourd'hui. La définition traditionnelle suggère donc que lorsqu'une croyance s'appuie sur des bonnes raisons. elle ne s'applique qu'à la connaissance propositionnelle: le fait que quelqu'un sache que telle ou telle chose est vraie. J'ai de bonnes raisons de croire que Lapas possède une Ford: je l'ai vu en conduire une plusieurs fois pour se rendre au bureau. Tout d'abord. Les exégètes de Platon ne s'accordent pas tous sur le fait de savoir si Platon adoptait lui-même cette définition ou non[12]. Lapas n'a pas de Ford (il conduit une voiture de location). ils ne savent pas que l'accusé est innocent. la définition traditionnelle ne dit rien sur la connaissance comme savoir-faire[14]. Si c'est le cas. qui a donné les deux premiers exemples de ce genre en 1963 dans un bref article resté célèbre[16]. Deux remarques sur cette définition traditionnelle. Le problème de Gettier La définition traditionnelle est aujourd'hui tenue pour insuffisante à cause du problème de Gettier. J'en déduis qu'il y a quelqu'un dans mon bureau qui possède une Ford. elle a été retenue par une certaine tradition philosophique ultérieure. Ma croyance est vraie. Platon suggère donc qu'une connaissance n'est pas une simple croyance vraie. alors il ne peut pas le savoir. Il tire son nom d'Edmund Gettier. Là aussi. Bien sûr.Connaissance (philosophie) La connaissance comme croyance vraie et justifiée Dans le Théétète de Platon la connaissance est définie comme une "opinion droite pourvue de raison" (201d)[11]. La connaissance objectuelle n'est ni une croyance. tout simplement parce que c'est faux. alors il ne peut pas savoir que Paris est en Belgique. parce que c'est un simple coup de chance que votre croyance soit vraie. la définition traditionnelle suppose que la connaissance est (au moins) une croyance vraie. alors peut-être que vous tomberez juste. De même. Pour savoir quelque chose. il faut au moins croire que c'est le cas. Ainsi. si je connais Pierre. alors c'est une connaissance[13]. c'est-à-dire le tenir pour vrai. Illa et M. mais même lorsque c'est le cas. puisque c'est la conséquence logique de quelque chose que j'ai de bonnes raisons de croire. Le problème de Gettier est le fait qu'il y a des croyances vraies et justifiées qui ne sont pas des connaissances. Pourtant. Lapas. Platon argumente en faveur de cette définition en montrant qu'une croyance vraie ("opinion droite") n'est pas forcément une connaissance. ni susceptible d'être vraie: par exemple. vous ne savez pas que ce bâtiment est une grange. mais si elle résulte d'un processus cognitif fiable. ou bien (b) une connaissance inférée d'une connaissance de base. à votre insu. ont défendu des définitions entièrement nouvelles de la connaissance. justifiées. On peut en effet les reformuler ainsi: une connaissance est une croyance vraie et justifiée. D'autres comme Alvin Goldman ont suggéré de réviser la notion de justification. et de dire qu'une croyance est justifiée non pas si elle s'appuie sur de bonnes raisons. elles. pour Russell. vous abandonneriez votre croyance (par exemple. Les connaissances dérivées sont les sciences et nos connaissances ordinaires sur le monde. pour Hume. Dans cette situation. les impressions sensibles. ceux qui ne sont pas dérivés d'autre chose. il s'agit en effet d'une grange. distincte et indubitable. Ces théories sont dites fondationnalistes: une sous-partie de nos connaissances sert de fondement à toutes nos autres connaissances. pour Kant. Supposons que vous parcouriez une campagne parsemée de granges. Hume (Traité de l'entendement humain). elles sont auto-justifiées. De multiples cas Gettier (exemples de croyances vraies justifiées qui ne sont pas des connaissances) ont été inventés depuis. (b) pour les croyances dérivées. qu'il n'y ait pas de "défaiseur". il est clair que je ne sais pas que quelqu'un dans mon bureau possède une Ford. mais il y a deux façons d'être justifié: (a) pour les croyances de base. de proposition telle que si vous l'appreniez. la proposition qu'il y a des fausses granges dans les environs). Locke (Essai sur l'entendement humain). dû à Carl Ginet. Kant (Critique de la raison pure) et Russell (Problèmes de philosophie. célèbre.Connaissance (philosophie) pourtant. Mais. Ces théories à deux niveaux semblent suggérer qu'il n'y a pas de définition unique de la connaissance. les sensations. les données des sens et les principes de la logique. L'un. quand bien même vous avez une croyance justifiée et vraie que c'est le cas. installées là pour le tournage d'un film. 13 . 1914). Descartes (Règles pour la direction de l'esprit). selon lesquelles une connaissance est une croyance vraie qui n'aurait pas pu être fausse. Mais en fait. elles sont justifiées parce qu'elles sont inférées d'autres croyances qui sont. pour Descartes. souvent implicitement. pour Locke. toutes les granges des environs sauf celle-ci sont des fausses granges en papier mâché. ce sont des principes très généraux qui donnent l'essence d'une chose. ces théories sont compatibles avec la définition traditionnelle. vous en regardez une en particulier et on peut dire que vous croyez que c'est une grange. et. Les connaissances de bases sont les premiers principes. Timothy Williamson a récemment soutenu l'idée que la connaissance n'était pas définissable[17]. Notre connaissance du monde extérieur. D'autres. les intuitions des sens (ou sensations) et les principes de l'entendement qui les organisent. Plusieurs réponses ont été envisagées. supposons-le. Certains philosophes comme Keith Lehrer ont suggéré d'ajouter une quatrième condition: que la croyance en question ne s'appuie pas sur une croyance fausse. puisqu'une connaissance est ou bien une connaissance première ou bien une connaissance dérivée. 1913. Pour Aristote. par la majorité des grands philosophes de la connaissance de Platon à Russell. Autres définitions de la connaissance Cette section est vide. Votre croyance est justifiée (elle s'appuie sur ce que vous voyez). c'est-à-dire un processus qui tend à produire des croyances vraies. Théorie de la connaissance. est celui des fausses granges. Votre aide [18] est la bienvenue ! Surpoids Définition fondationnaliste Aristote (Seconds Analytiques). À l'opposé. comme Fred Dretske et Robert Nozick. insuffisamment détaillée ou incomplète. comme la vision d'un homme sain. un petit nombre de vérités saisies de façon claire. 1912. ont une théorie de la connaissance à deux niveaux: une connaissance est ou bien (a) une connaissance de base. Cette reformulation permet de voir en quoi la définition présentée comme "traditionnelle" dans les sections précédentes est en effet celle adoptée. Le point de départ du débat est le problème d'Agrippa: si quelqu'un fait une affirmation. qu'il faut justifier à son tour. sans contenu métaphysique et où une « bonne verbalisation de la réalité » s'imposerait sans que les desiderata ou la subjectivité d'un décideur n'aient à intervenir. Par exemple. ou ils doivent soutenir qu'elles sont 14 . Débats philosophiques autour de la connaissance Cette section est vide. principe fondamental de la dynamique en mécanique. Définitions restrictives Plusieurs philosophes ont réservé le nom de connaissance à des états épistémiques exceptionnels. Votre aide [18] est la bienvenue ! Positivisme vs Constructivisme Certaines postures épistémologiques considèrent l'objet "connaissance" de manière radicalement différente : • la posture positiviste considère la valeur de vérité des connaissances propositionnelles représentant la réalité comme indépendante de la volonté des hommes. chimie. Platon appelle « connaissance » (ou « science ». dans la phénoménologie) repose sur l'idée d'adéquation du sujet connaissant à l'objet. ou problème (ou argument) de la régression épistémique. alors il doit la défendre par une justification ou un argument. elles reviennent à fortement distinguer le substantif « connaissance » des emplois courants des verbes « savoir » ou « connaître » : par exemple. . de trilemme de Münchhausen (d'après l'histoire du Baron de Münchhausen s'extirpant d'un marais en se soulevant lui-même par les cheveux). À terme.. De même.. parce qu'il a été formulé par le philosophe sceptique Agrippa.. la régression à l'infini. connaître mon voisin Robert. le substantif qui s'applique volontiers à un état épistémique éminent est peut-être « le savoir » plutôt que « la connaissance ». epistèmè) la saisie intuitive des Formes ou Idées des choses. (ex: loi d'Ohm en électricité. biologie. et le cercle vicieux. Si ces définitions restrictives peuvent servir à caractériser la science ou à désigner un état cognitif exceptionnel visé par le philosophe.Connaissance (philosophie) Définition comme adéquation à l'objet D'autres définitions de la connaissance (dans la philosophie de la perception antique. seules trois situations sont possibles : 1) la justification s'arrête à certaines affirmations qui ne sont pas elles-mêmes justifiées. à la suite de Kant. pour Aristote. Le trilemme d'Agrippa est aussi connu sous le nom de trilemme de Fries (d'après Jakob Friedrich Fries. certaines croyances (les croyances de base) justifient nos croyances sans être elles-mêmes justifiées par d'autres croyances. 2) la justification continue à l'infini. et nous est parvenu par l'intermédiaire de Sextus Empiricus[19]. et les nomme respectivement: l' hypothèse (aussi appelée l' arrêt dogmatique). il n'y a de « connaissance » et de « science » (epistèmè) que du général. Chez Agrippa. chez Hegel. Mais cette justification contient elle-même une affirmation. ou 3) la justification s'appuie circulairement sur des affirmations qu'elle devait justifier. etc. Les fondationnalistes doivent admettre que les croyances de bases sont non-justifiées. savoir qu'il y a une table et deux chaises devant soi.. Ce problème est souvent appelé trilemme d'Agrippa. • la posture constructiviste. Et ainsi de suite. le premier à l'avoir formulé comme un trilemme[20]). Fondationnalisme et cohérentisme Le débat entre fondationnalisme et cohérentisme porte sur la structure de la justification épistémique.). considère la connaissance comme le produit de l'entendement humain.). équation E=mc2 en physique nucléaire. Cette posture est en général bien adaptée pour les connaissances des sciences exactes (ex: physique. Agrippa les tient donc toutes les trois pour mauvaises. ces trois options font partie des cinq "modes" par lesquels le sceptique peut suspendre toute affirmation. insuffisamment détaillée ou incomplète. . savoir qu'il a plu trois fois la semaine dernière. savoir où et quand on est né. Le fondationnalisme consiste à accepter la première branche du trilemme. Selon cette position. Notons enfin qu'en français. même si ces deux affirmations sont faites à propos de la même personne qui se trouve dans la même situation. nos croyances sont à l'image d'un radeau dont les parties se maintiennent mutuellement. d'être victime d'un Malin Génie ou d'être un cerveau dans une cuve. le fondationnalisme a été notamment défendu par Roderick Chisholm. nos croyances sont à l'image d'une pyramide. selon le contextualiste. Selon le fondationnaliste. Selon cette position. « il ») ou les adjectifs dits « gradables ». Selon les invariantistes. parce que le mot « savoir » a changé de signification entre les deux conversations. mais sans jamais le reconstruire entièrement à partir de rien. selon laquelle les attributions de connaissances sont justifiées uniquement relativement à certaines pratiques de justification acceptées par la communauté linguistique. Pour un fondationnalisme rationaliste. c'est-à-dire qui changent de valeur d'un contexte de conversation à l'autre : les indexicaux (« je ». le mot « savoir » a une valeur moins restrictive. une intuition. et inversement. Le contextualiste compare le mot « savoir » à d'autres mots sensibles au contexte. Inversement. Mais. comme « grand » ou « riche ». Par opposition. 15 . Le contextualisme a été avant tout défendu comme une solution au problème du scepticisme. Les principaux défenseurs du contextualisme épistémique sont David Lewis[23]. a été défendue par Otto Neurath. On peut ranger dans cette catégorie le De la certitude de Wittgenstein. On peut aussi ranger dans le contextualiste un ensemble distinct de positions d'inspiration wittgensteinienne. le mot "savoir" prend une valeur très restrictive. si ce que dit le sceptique est vrai alors ce que nous disons dans nos attributions courantes de connaissances est faux. qui désignent une certaine quantité sur une échelle. Pour des philosophes empiristes comme David Hume ou Bertrand Russell. Dans un article important. est plus appropriée[22]. l'image de l' arbre. Les conceptions que le fondationnalisme et le cohérentisme se font de la structure de la justification épistémique sont illustrées par des images bien connues. sans qu'aucune ne serve de soutien sans être elle-même soutenue. dans lequel les croyances de bases sont les nombreuses croyances particulières que nous acquérons par l'usage des sens. la connaissance de notre propre existence. empruntée à Descartes. Les fondationnalistes diffèrent aussi entre eux sur la classe des croyances qui constituent les croyances de base. Contextualisme et invariantisme Le contextualisme en philosophie de la connaissance est la thèse selon laquelle les attributions de connaissance peuvent changer de valeur de vérité d'un contexte de conversation à l'autre. Selon le cohérentisme. où les croyances de base sont un petit nombre de principes sur lesquels on tente de fonder toutes les autres. où une base soutient tout le reste de l'édifice. par une expérience sensorielle. et de la véracité de Dieu. Selon les contextualistes. « tu ». on appelle invariantistes les positions qui nient que la valeur de « savoir » peut changer d'un contexte à l'autre.Connaissance (philosophie) justifiées d'une autre façon que par un argument (par exemple. Michael Williams ou encore Robert Fogelin. Le principal défenseur contemporain du cohérentisme est Keith Lehrer. les croyances peuvent se justifier les unes les autres circulairement. ce sont les croyances issues de l'expérience sensorielle. ou l'évidence). Elle est aujourd'hui défendue par Peter Klein. lorsque nous envisageons des scénarios sceptiques comme celui d'être en train de rêver. Le cohérentisme consiste à accepter la troisième branche du trilemme. de telle sorte que l'affirmation « Pierre sait qu'il a deux mains » devient fausse dans cette conversation. John Austin. il est possible que l'une soit vraie et l'autre soit fausse. Stewart Cohen et Keith DeRose. L'image de la pyramide est particulièrement appropriée au fondationnalisme empiriste. qui comparait la science à un bateau en mer. Cette position a eu peu d'adeptes. Pour Descartes et les cartésiens. dans les conversations courantes. dont on peut remplacer les parties une à une. Récemment. Ernest Sosa utilise celles du radeau et de la pyramide[21]. de sorte que l'affirmation « Pierre sait qu'il a deux mains » pourra être vraie. L'idée du cohérentisme. qu'on peut faire remonter à Hegel. ce sont un petit nombre de principes abstraits. L'infinitisme consiste à accepter des chaînes infinies de justifications. Ithaca. [8] A. Paris. pp. Oxford University Press. Le concept d'esprit [3] Bertrand Russell. Philosophie de la connaissance. [14] Sur la notion de savoir-faire. Goldman. 121-123 [17] Voir les articles de Keith Lehrer. Vrin. "Knowledge as non-accidentally true belief". Knowledge and its limits. Une telle position a été défendue par les sociologues Barry Barnes et David Bloor. uva. B. Certains philosophes soutiennent qu'il existe néanmoins une notion faible de connaissance qui est identique à la croyance vraie: voir notamment A. I. S est sûr que P (C). pp. la physique le tronc. 2000. Rationality and Relativism. and D. et Timothy Williamson. Perceiving. dans Dutant et Engel. p.137-150. "Why Knowledge Is Merely True Belief". science.Connaissance (philosophie) Notes et références [1] Certaines formes de relativismes affirment que la connaissance n'est autre chose que ce qui est tenu pour connaissance par un individu ou une société donnée. ils diront que le fait que la Terre était au centre de l'Univers était une connaissance des Grecs. 1952. Par exemple. Lukes (éds. 2005. Cambridge. 98a2. p. 5. fr. Le Banquet 202a5-9. Lewis. Ces penseurs rejettent l'idée d'une notion objective de connaissance. Phédon. Pathways to Knowledge. "Le radeau et la pyramide". wikipedia. [10] Dutant & Engel (eds). 16 . 1963. Theory of Knowledge. Truth and Knowledge. Descartes compare la philosophie. pp. Alvin Goldman. 1949. et (J) la justification. nl/ ~seop/ entries/ plato-theaetetus/ #8). eds. mais que ce n'est plus une connaissance dans la société moderne. dans Dutant et Engel. 2002. David M. Méditations Métaphysiques. Perceiving : A Philosophical Study. (V) la vérité. Hollis and S. Problèmes de philosophie. [12] Timothy Chappell. Goldman. Ryle. [22] Dans la Préface à l'édition française des Principes de la philosophie. 201d. p est vrai (V)". “Is Justified True Belief Knowledge ?”. [16] Edmund L. Rationalism and the Sociology of Knowledge". NY. par exemple dans Barnes. M. 16. [9] P. J. Oxford. Harvard University Press. voir aussi Ménon. Philosophie de la connaissance. Ayer. [7] K. qui définit la connaissance ainsi: "p est vrai (V). [2] Ryle. Bloor "Relativism. Belief. 1980. trad.). [5] Descartes. fr. Vrin. MA. Vrin. Gilbert. Dans chacune des deux définitions. S a le droit d'être sûr que p (J)". Cambridge University Press. Blackwell. Analysis. p. 21-47. 164-177. [20] Jakob Friedrich Fries Neue Kritik der Vernunft (Nouvelle Critique de la Raison). Stanford Encyclopedia of Philosophy. c'est-à-dire l'ensemble de la connaissance. Sartwell. [23] David K. 1973. qui définit la connaissance ainsi: "S accepte que p (C). Gettier. trad. 1986. 1807. [21] Ernest Sosa. 76b5-6 et 97d-99d2. [6] Par exemple R. on retrouve les éléments classiques: (C) la croyance. 1968. Londres. [13] Chisholm. Lehrer. Plato on knowledge in the Theaetetus (http:/ / www. Insaisissable connaissance. 34. p.183. et A. [11] Platon. Chaque partie supérieure y est entièrement justifiée par la partie inférieure. [15] La condition de vérité est rejetée chez certains pragmatistes (Richard Rorty) et dans la tradition de la sociologie des sciences (Barry Barnes et David Bloor). Philosophie de la connaissance. La notion d'esprit. L'idée que la connaissance est juste la croyance vraie a été défendue par C. The Journal of Philosophy 89(4). et toutes les autres sciences les branches. The Problem of Knowledge. Paris 2005.I. 1982. Robert Nozick et Timothy Williamson dans Dutant & Engel (eds). [4] Voir par exemple Armstrong. ou que la connaissance implique la vérité. S a des données adéquates pour croire que p (J). introduction à la partie I. Chisholm. org/ w/ index. 23. La métaphysique en serait les racines. 1995. in M. Paris. Epistemology and Cognition. 2005. 1957. Oxford. Esquisses pyrhonniennes. Unger. 2005. 1957.. chap. à un arbre. Vrin. php?title=Connaissance_(philosophie)& action=edit [19] Sextus Empiricus. Théétète. voir G. fr. Payot 2005. 167–180. République 534b3-7. Oxford University Press. Philosophie de la connaissance. Paris. [18] http:/ / fr. I. trad. and Timée 51e5. sens unique du terme jusqu'au XVIIe siècle. dans certaines conceptions de la spiritualité Représentations Le premier sens indique une représentation. Elle est attribuée au moins aux grands singes hominoïdés comme le . aspects de sa personnalité et de ses actes (identité du soi. • La conscience en tant que substrat de l'existence. laisse entendre que "l'âme est un rapport à soi". Si je suis triste ou heureux et que je me rends compte que je suis triste ou heureux. une représentation photographique sur la question de la conscience : comment la conscience peut-elle être expliquée en termes de processus cérébraux ? Où se trouve le siège de la conscience ? • La conscience en tant que phénomène mental lié à la perception et la manipulation intentionnelle de représentations mentales. On évoquera également le philosophe allemand Arthur Schopenhauer qui a consacré une grande partie de sa philosophie à l'étude de cette faculté représentative des animaux et. les recherches récentes sur plusieurs périodes de l'histoire montrent l'importance du concept de représentation : Voir par exemple Georges Duby (sur le bas Moyen Âge). des êtres vivants doués ou non de conscience dans l’environnement et dans la société (autrui) . Il est alors question de « conscience du monde ». ou. Pour étude neuroscientifique. opérations cognitives. Chez les humains. • La conscience morale. du monde et des réactions par rapport à celui-ci. la faculté mentale qui permet d'appréhender de façon subjective les phénomènes extérieurs (par exemple. Dans un sens plus "individualiste". qui comprend la conscience du monde qui est en relation avec la perception du monde extérieur. même très simplifiée. ou de conscience réflexive (en anglais self-awareness). Jean Delumeau (sur la Renaissance). attitudes propositionnelles).Conscience 17 Conscience Des informations de cet article ou section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans la bibliographie ou en liens externes. voir Conscience (homonymie). respect de règles d'éthique. La Conscience est. L'examen de la conscience suppose ainsi le doute méthodique comme la façon première d'entrer dans un rapport à soi non erroné. Polysémie Le terme de conscience peut être distingué en plusieurs catégories : « Pensées tourbillonnantes ». Pour les articles homonymes. Cet article concerne les études psychologiques et philosophiques du phénomène appelé “conscience”. « prendre conscience ». Le monde comme volonté et comme représentation. Il est alors question de conscience de soi. je prends alors conscience de mes états affectifs. et sur un plan plus épistémologique. même très simplifiée. en particulier. C’est celle qui est évoquée dans des expressions comme « perdre conscience ». les recherches de Michel Foucault relatives à l'épistémè. par exemple. de sa propre existence. Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références. voir Conscience (biologie). dans les Méditations Métaphysiques. sous la forme de sensations) ou intérieurs (tels que ses états émotionnels) et plus généralement sa propre existence. La conscience est un "fait" au sens où Descartes. du point de vue de certaines philosophies et de la psychologie. de l'homme dans son œuvre principale et magistrale. à l'inverse. et la conscience de soi et de ce qui se passe dans l’esprit d’un individu : perceptions internes (corps propre). la conscience peut aussi correspondre à une représentation. Le degré minimal de conscience du monde semble celui où on a tout simplement quelque chose à dire sur le monde (la philosophie ne sait dire quoi que ce soit pour le moment (2006) sur une conscience non observable par ses manifestations : « Sur ce dont on ne parler. les deux sens sont donnés par des mots différents : Bildung et Kultur. ayant l'expérience de son entourage. culture française. Plus généralement. il y a bien là un point important.est « quel est le degré minimal de conscience de soi imaginable ? ». donc je suis ». Daniel Dennett…). l’état de conscience (de la conscience pleine au coma profond) est déterminé par l’état neurologique du patient. neurologue.[évasif] Formes minimales Antonio Damasio. et pourtant. Chaque personne éveillée est consciente. L'inverse en revanche est disputé. endormie ou morte elle devient inconsciente. comme la conscience du monde (René Dubos dirait « agir local / penser global ») n'est jamais complète[réf. » explique Wittgenstein. culture de masse. la conscience de soi désigne la conscience de phénomènes particuliers reliés au concept de soi.[réf. signifie nécessairement « se connaître dans ses rapports au monde » (y compris d’autres êtres potentiellement doués de conscience). . surtout au niveau individuel.[incompréhensible] La conscience de soi. souhaitée] La formule de Socrate. Encore faut-il pour l’intégrer dans un schéma de conscience que cette information soit utilisée en aval par quelque chose (déclencheur d'alarme. Il semble assez raisonnable de l'étendre aussi aux dauphins et aux éléphants qui disposent de capacités cognitives et affectives avancées. etc). La conscience dans ce second sens.… En allemand.[incompréhensible] La conscience de soi est bien illustrée en médecine. Un simple capteur de présence possède un début de représentation du monde (présence. les chimpanzés. en impliquant un ensemble de phénomènes liés au contexte sociologique. il faut garder le silence. économique. tirée de l'oracle de Delphes : « connais-toi toi-même ». Les sciences cognitives s'intéressent à détailler le sens "opérationnel" de cette phrase[évasif] (voir Antonio Damasio. puisque « se connaître ».puisque nous faisons partie du monde. resté obscur depuis toujours)[évasif]. Le mot culture est souvent perçu en langue française dans une acception individuelle avec une connotation « intellectuelle » (ce terme n'étant pas toujours perçu positivement). politique. Au niveau de la conscience du monde. En fait. les choses peuvent se montrer plus complexes. Une question qui s'en déduit .puisque toutes sont incomplètes . Notion de culture La notion de conscience du monde pourrait aussi être rapprochée de celle de culture. de bouger et de parler spontanément. essentiel de la philosophie. étudie les bases neuronales de la cognition et du comportement. encore qu'il existe des sens collectifs : culture d'entreprise. souhaitée]. en tant que cette dernière est un système de représentation. Descartes y répond par son célèbre « Je pense.Conscience 18 sont par exemple les humains. les gorilles et les orangs-outans. C'est en effet une des fonctions vitales qui permet de réagir aux situations. absence). implique celle du premier. montre qu'une mauvaise connaissance de soi a un impact sur la connaissance du monde et réciproquement . désigne le sujet du jugement moral de nos actions. Cette conscience renvoie à l’existence problématique du monde extérieur et à notre capacité de le connaître . La conscience morale.Conscience Aspects Pluralité de manifestations Outre les deux sens principaux déjà vus. en anglais. voire un système automatique. alors non seulement les enfants peuvent être considérés comme conscients mais aussi certains animaux. on dit aux enfants qu'elle nous permet de distinguer le bien du mal. dans une certaine mesure. ce dernier sens est une connaissance de notre état conscient aux premiers sens. • on peut distinguer une étape supérieure. d’états psychiques qu’il rapporte à lui-même en tant que sujet. c'est ce qu'on désigne sous le nom de « conscience du monde ». un individu prend connaissance. s’il s’agit d’un degré moindre de conscience. tout aussi problématique. opposée à l’intransitivité du fait d’être conscient). d’une sorte d’éveil à soi. puisqu'il répond à des stimuli . quant à elle. sentiment intérieur immédiat . certains philosophes de l’Antiquité (par exemple les Stoïciens) parlent de « toucher intérieur »[1] (voir l'article Qualia) . De cette conscience-là. intuition des essences ou des concepts. Cette réflexivité renvoie à une unité problématique du moi et de la pensée. écrit sur les Qualia. par un sentiment ou une intuition intérieurs. • la conscience phénoménale. en tant que structure de notre expérience. le concept de conscience a de nombreux sens ou manifestations que l’on peut s’efforcer de distinguer. et une autre comme sentiment de soi impliquant un sous-bassement obscur et un devenir conscient qui sont. définissable comme la compréhension et la prise en charge par l'individu des tenants et aboutissants de ses actes pour la collectivité et les générations futures. en signifiant par le mot conscience un état d’éveil de l’organisme. • À un degré conceptuellement plus élaboré peut exister ou non la « conscience morale ». bien que dans certains cas. Par cette présence. le mot wakefulness. exclus de la première conception. les enfants qui ne parlent pas encore ne possèdent sans doute pas la conscience en ce sens . état différent du précédent en ce sens qu’il ne comporte pas de passivité de la sensibilité (cf. il n’y a pas de conscience dans l’état de sommeil profond ou dans le coma . alerte. peut être dit. • la conscience intellectuelle. en ce sens. on peut noter une conception de la conscience comme savoir de soi et perception immédiate de la pensée. comme connaissance réflexive du sujet qui se sait percevant. que nous sommes à l’origine de nos actes . « conscient » de son environnement. vigilance. • Conscience de soi : la conscience est la présence de l’esprit à lui-même dans ses représentations. Dans l’ensemble de ces distinctions. en général. Le domaine d’application est assez imprécis et il comporte des degrés : s’il s’agit d’une conscience claire et explicite. • un autre sens du mot conscience a été introduit par le philosophe Thomas Nagel : il s’agit de la conscience pour un être de ce que cela fait d’être ce qu’il est. entre autres. 19 . et à la croyance. Daniel Dennett a. • la conscience spontanée. • la conscience comme conscience de quelque chose (conscience transitive. ces différences soient surtout des différences de degrés : • La conscience comme sensation : tout être doué de sensibilité. Voir plus bas. ou awareness). En d’autres termes. on ne peut expliquer la conscience par la conscience : expliquer exige que l’explication ne fasse pas appel elle-même à une compréhension de ce qu’on souhaite justement expliquer (« To explain means to explain away »). comme le fait remarquer Daniel Dennett. . et avec la notion de représentation du monde. on tombe dans un argument circulaire (voir l’article : sophismes). replacé dans son contexte. il existe un « espace de travail neuronal » constitué de neurones momentanément coactivés et qui forment le siège de la conscience.Conscience 20 Questions fondamentales Il existe de nombreuses théories qui s’efforcent de rendre compte de ce « phénomène ». ainsi que des sciences cognitives. Ce sujet fait l’objet des travaux de Daniel Dennett. Il semble que ces questions soient à mettre en rapport avec le cogito de Descartes. Descartes conçut sa philosophie en réaction au modèle géocentrique. On remarquera que Daniel Dennett. on n’aura expliqué la conscience que lorsque cela aura été fait en termes ne faisant pas intervenir le mot ni le concept de « conscience ». remet en cause le modèle du "spectateur cartésien" avec une explication elle-même de type "circulaire" Pour Jean-Pierre Changeux. 1633). et en fonction du modèle héliocentrique qui émergeait avec les observations faites par Galilée (voir Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo. Le modèle du spectateur cartésien est remis en cause car. incarné par les "aristotéliciens" et la scolastique décadente de son époque. Antonio Damasio et Jean-Pierre Changeux. Sinon. distinct de la perception. samjñā . etc. Descartes ne l’emploie quasiment jamais[3] en ce sens. ou collectivement (conception de Carl Gustav Jung : inconscient collectif).Conscience 21 Disciplines concernées Dans le langage courant. Histoire Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (juin 2012). le mot latin prend une dimension morale dérivée du droit. Il existe un regard épistémologique sur la conscience. bien qu’il définisse la pensée comme une conscience des opérations qui se produisent en nous (cf. associé à l’idée d’un soi-même dont la conscience exprime l’identité. et que le terme désigne bien une connaissance. à la distraction. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que le terme devient un fondement de la réflexion sur l’esprit. Il s'agit alors de l'un des constituants de la personne. Chez certains auteurs romains. comme la psychologie. Il n’existe aucun concept strictement comparable à celui de conscience dans la philosophie de la Grèce antique : l'être de Parménide (voir ontologie) pourrait s'en rapprocher. le subconscient et le conscient. Outre la psychanalyse et la médecine. vijñāna et en analyse les différentes formes et fonctions. Lorsqu'il s'agit de l'étudier. Cette approche est souvent très différente de celle des scientifiques occidentaux. à savoir que la conscience est une force intégratrice de tout : l'inconscient.)[réf. dans son Essai sur l’entendement humain. l'inconscient désigne une activité psychique qui se produit hors du champ de l'esprit conscient. Depuis des millénaires. skandhas. au divertissement. si vijñāna est traduit par conscience. les Principes de la philosophie. nécessaire] En particulier. Pour Jung comme pour Freud. le concept de conscience peut être opposé à l’inconscience. le concept bouddhiste ne recouvre pas exactement la conscience telle qu'elle est thématisée dans la pensée occidentale. . mais le sens du mot consciousness était bien sûr tout aussi nouveau). C’est le traducteur de Locke. donc à la philosophie du langage. alors que l'Essai de Locke date de 1689. c'est avant tout la philosophie qui a été et est concernée. NB: le petit Robert attribue à Malebranche (1676) la définition de conscience comme "connaissance immédiate de sa propre activité psychique". à l’inattention. Pierre Coste. l’étude de la conscience concerne plusieurs disciplines. Le concept de conscience n’a été isolé de sa signification morale qu’à partir de John Locke. exprimant le fait de se prendre soi-même pour témoin. qui a introduit l’usage moderne du mot conscience (donc en français. Elle est aussi liée au langage (verbal ou non). Avant lui le mot conscience n’a jamais eu le sens moderne. ajouter en note des références vérifiables ou les modèles {{refnec}} ou {{refsou}} sur les passages nécessitant une source. 1644). La philosophie bouddhique étudie elle aussi la conscience. les pratiquants de la méditation transmettent de maître à disciple une pratique qui donne accès à une prise de conscience (de la conscience). la philosophie de l'esprit et la philosophie de l'action. Pour l'améliorer. La psychanalyse parle d'inconscient qui peut être vu individuellement (conception de Freud[2]). la psychiatrie. défendu entre autres par la sophrologie caycédienne. cependant. Elle est en ce sens une unité synthétique sous-jacente à tous nos comportements volontaires. en termes de savoir (raisonnement entendement). certains chimpanzés expérimentés. disait Auguste Comte. C’est un fait que nous pensons tous avoir un accès privilégié à notre esprit. perroquets et pies. accès dont la conscience serait l’expression. comme l'a montré le test du miroir en éthologie[5]. Mais l’investigation de notre vie mentale n’est certainement pas suffisante pour élaborer une théorie étendue de la conscience : « on ne peut pas. la première à l’esprit. dépendent d’un contexte culturel. ce qui fait de la conscience de soi une réalité empirique changeante et multiple. Autrement dit le sujet. généralement. Le sujet ne peut en effet s’observer objectivement puisqu’il est à la fois l’objet observé et le sujet qui observe. sont capables de se reconnaître dans un miroir. Toutefois. se mettre à la fenêtre pour se regarder passer dans la rue ». Conscience de soi La conscience s’accompagne de souvenirs. considéré comme une étape essentielle de la conscience de soi. la temporalité. d’autant que la conscience se modifie elle-même en s’observant. Rapport en première personne L’introspection est une méthode d’investigation de la conscience qui vient. dauphins. "Je pense donc je suis" peut donc se décliner en "Je sais que je ressens donc j'existe". est tournée vers autre chose qu’elle-même[4]) et l’unité ou synthèse de l’expérience. sentiments. la conscience de soi. Il implique et nécessite. Le stade du miroir (se reconnaître dans un miroir) est souvent. nommons moi. Les éléments qu’elle contient. la mémoire. la structure phénoménale. l’intentionnalité (toute conscience est conscience de quelque chose. Mais si ce stade est atteint vers l'âge d'un an et demi à deux ans chez l'homme. de sentiments. certains autres grands singes. réservé à l'humain. Auguste Comte : « On ne peut pas se mettre à la fenêtre pour se regarder passer dans la rue ». elle n’est rien que le dehors d’elle-même. même s'il faut alors se demander comment il est possible d’observer ainsi la conscience de l’extérieur. elle vient exprimer l'état et la relation sensitive. jugements. La conclusion d'être pourrait dès lors paraître redondante. la disponibilité (ou liberté de la conscience à l’égard des objets du monde). de sensations Jean-Paul Sartre : « La conscience n’a pas de et de savoir que nous rapportons à une réalité intérieure que nous dedans. Le « Je pense » est interactif. Cette conscience est appelée conscience de soi. et est » structurée par la mémoire et l’entendement. L’unité et la permanence du moi ne sont donc pas garanties par l’unité. subjectivité (la conscience que l'individu possède de lui-même est distincte de celle d’autrui). peut-être seulement nominale. pour être exprimé. . souvenirs. de la conscience. la sélectivité.Conscience 22 Caractéristiques La conscience présente certains traits caractéristiques qui peuvent notamment inclure : rapport à soi. Le cogito cartésien (« je pense donc je suis ») tend à exprimer l'état de conscience de celui qui s'exprime. éléphants. disant « Je » exprime une conscience de lui-même (Ego). Toute psychologie impliquerait donc d’examiner la conscience à la troisième personne. Cette concentration est structurée par l’expérience ou par des catégories a priori de l’entendement. cette unité peut être comprise de différentes manières. I). « quand mes perceptions sont écartées pour un temps. voire « l’âme » (par exemple chez Descartes). Cela suppose que la conscience soit un effort d’attention qui se concentre autour d’un objet. • unité d’un individu − le sujet pensant. On peut très généralement distinguer deux types d’hypothèses : • la conscience est l’expression d’une unité interne − le je du je pense . Conscience du monde extérieur Selon Husserl. Selon cette thèse. d’un moi ou d’une conscience. le moi est autre. comme par un sommeil tranquille. À la question de savoir quelles relations la conscience entretient avec la réalité en général.Conscience 23 Courant L’idée de conscience de soi pose le problème de l’unité d’un sujet. • la conscience n’est qu’une liaison d’agrégats d’impressions (Hume) qui peut être décrite comme une suite plus ou moins cohérente de récits concernant un sujet purement virtuel − le moi. Aussi. • unité transcendantale − le sens interne comme conscience de mes contenus de conscience comme m’appartenant (Kant). Pour Edmund Husserl. qui reprend un concept médiéval. Traité de la nature humaine. une description phénoménologique répond que celle-ci a une structure spatiale et temporelle. aussi longtemps je n’ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n’existe pas » (Hume. structures que l’on considère parfois comme les fondements de toute connaissance du monde extérieur. structure qui est une organisation des concepts qui concernent notre expérience du monde et nous-mêmes en tant qu’acteurs de ce monde. toute conscience est conscience de quelque chose. . Dans l’idéalisme moderne la conscience est ainsi la source et l’origine de la science et de la philosophie. la conscience ne peut être décrite indépendamment des objets qu'elle appréhende. la seconde « parle ». elle est « universelle » : elle est en chacun des individus la « voix de la nature ». mais lorsqu’elle approuve. qui rends l’homme semblable à Dieu. qu’il s’agisse des nôtres ou de celles d’autrui. La punition qu'inflige la conscience de Raskolnikov à lui-même est pire que la prison ou le camp de travail. qui la situera comme l’héritière directe du surmoi (Le Malaise dans la culture. La question demeure cependant de savoir quelle origine attribuer à la conscience morale. la conscience est « le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-même. car selon Émile : « quoique toutes nos idées nous viennent du dehors. Le vrai châtiment de Raskolnikov n’est pas le camp de travail auquel il est condamné. La conscience psychologique est souvent évoquée comme une « lumière ». On nomme bien inconscients ceux qui ne se posent aucune question d’eux-mêmes à eux-mêmes » (Définitions. et c’est par eux seuls que nous connaissons la convenance ou disconvenance qui existe entre nous et les choses que nous devons respecter ou fuir » (Émile. Car si pour Rousseau « les actes de la conscience ne sont pas des jugements. mais le tourment qu’il endure tout au long du roman. La conscience morale désigne en effet le sentiment intérieur d’une norme du bien et du mal qui « dit » comment apprécier la valeur des conduites humaines. Tel un instinct. selon Rousseau. la même en tout homme. et qui. inconsciente. qui considérera au contraire la conscience morale comme l’expression de la raison pratique − et encore moins pour Bergson. dit Alain. C’est le sens premier du mot « conscience ». nous pouvons dire que la conscience morale désigne le jugement moral de nos actions (définition donnée par les professeurs de lycée généraux en classe de terminale). Livre IV). que le triste privilège de m’égarer d’erreurs en erreurs à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principe » (ibid. Malgré la diversité et la variabilité des mœurs et des connaissances. en majeure partie. et l’immoralité consiste toujours à ne point vouloir penser qu’on pense. La conscience est toujours implicitement morale .). que le triste privilège de m’égarer d’erreurs en erreurs à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principe ». d’un retour sur soi de la conscience. ou pour Freud. C'est le même thème qu'aborde Victor Hugo dans son poème La Conscience avec l'idée qu'on . C’est aussi le démon que Socrate suivait et qui l'amena à se faire condamner par la cité. trouvé chez Cicéron et Quintilien. reste sans concurrence jusqu’au XVIIe siècle (voir section histoire). mais pourtant signe de notre liberté. Cette « voix » de la conscience. mais des sentiments »(ibid. les sentiments qui les apprécient sont au-dedans de nous. juge infaillible du bien et du mal. il n’existe donc pas de morale sans délibération. Souvent la morale condamne. dans Les Arts et les Dieux). c’est-à-dire « obligé absolument » : c’est la conscience et elle seule qui nous dit notre devoir. instance. c’est encore au terme d’un examen de conscience. sans toi je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes.Conscience 24 Conscience morale Jean-Jacques Rousseau : « (Conscience) sans toi je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes. VIII). Pour Alain. ni de délibération sans conscience. Entendue ainsi. c’est toi qui fais l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions . de sorte que « toute la morale consiste à se savoir esprit ». la conscience morale comme une « voix » : si la première « éclaire ». et à ajourner le jugement intérieur. qui verra en elle le produit d’un conditionnement social. elle ne trompe jamais. dans la langue française. mais intelligent et libre . Crime et Châtiment de Dostoïevski évoque une forme d'auto justice. il n’en sera plus ainsi pour Kant. qui se fait entendre dans l’individu est pourtant. Ce mouvement intérieur est dans toute pensée . car celui qui ne se dit pas finalement : « que dois-je penser ? » ne peut pas être dit penseur. qui se met en demeure de décider et de se juger. pourtant. En d'autres termes.). pour peu qu’elle soit réellement écoutée : « Conscience ! Conscience ! Instinct divin. guide assuré d’un être ignorant et borné. immortelle et céleste voix . selon lequel les percepts et les concepts constituent des entités physiques se traduisant par des connexions physiques et logiques de neurones. Selon Stuart Hameroff. . par exemple. semblable à un substrat de l'existence individuelle. des chercheurs sous la direction d'Alfredo Pena-Vega et de Nicole Lapierre ont étudié l'émergence d'une conscience européenne chez des jeunes vivant en Poitou-Charente. On peut. originel. le cerveau est l'organe à travers lequel la conscience se manifeste mais il [6] n'est pas ce qui produit la conscience . quelles sont ses fonctions et quels rapports elle entretient avec elle-même ne préjugent pas nécessairement du statut ontologique qu’il est possible de lui donner. non affecté par les images et pensées. 1994) et Stuart Hameroff (1998). voir Réalisme et nominalisme) n’a plus beaucoup de défenseurs de nos jours. • • • • Dualisme Physicalisme La conscience du point de vue matérialiste L’approche de Timothy Leary avec ses 8 circuits. • Les théories quantiques de la conscience de Roger Penrose (1989. • La conscience s'étudie par ses manifestations. sans chercher à poser l'hypothèse d'une conscience sous-jacente et bien difficile à définir. comme un « état premier ». Antonio Damasio. • La conscience consciente d'elle-même dont témoigne l'écrivain Stephen Jourdain. Giulio Tononi). Daniel Dennett. Par exemple. se propose d'ailleurs de n'étudier que les manifestations elles-mêmes. Le concept de conscience n'est donc plus exclusivement utilisé par la philosophie ou la psychologie.Conscience 25 n'échappe pas à sa conscience. • La notion de « conscience pure » dans les théories dérivées des textes du védisme et de l'hindouisme. Une école de pensée. des chercheurs d'autres disciplines comme la sociologie ou l'anthropologie s'intéressent à ce concept en lui donnant d'autres sens. L’une des raisons en est que l’investigation purement descriptive ne rend pas nécessaire ce genre d’hypothèses réalistes. Cette thèse réaliste (au sens de la philosophie médiévale. à partir souvent de résultats d'enquêtes ou d'observations directes et participantes. • Autres théories cognitives (Douglas Hofstadter. c’est déjà le cas pour les percepts. qu’il entend mettre en évidence. Théories Les questions de savoir ce qui caractérise la conscience. Gerald Edelman. comme celle de Jean-Pierre Changeux. et même des approches totalement physiques. considérer que la conscience est une partie de la réalité qui se manifeste dans des états de conscience tout en étant plus qu’une simple abstraction produite à partir de l’adjectif « conscient ». le behaviorisme. par Françoise Badelon. Champs-Flammarion. Essai sur l’entendement humain (en particulier le chapitre 27. Une archéologie du toucher (2012). • L'œil de Caïn. 1926. La conscience. Méditations métaphysiques • Descartes. 1950. traduit et commenté par Étienne Balibar. La Conscience expliquée • Natalie Depraz. • Maurice Halbwachs. Discours de la méthode • Descartes. Paris. mis en ligne le 21 juin 2003) . • Laurent Fedi (2008). Oxford University Press. Le Seuil. la littérature et le cinéma. Paris • Kant. La mémoire collective. dans « La Conscience » de Victor Hugo. Voir John Locke. qui est la conscience de Pinocchio dans le dessin animé de Walt Disney (1940). Spinoza avait raison • Jean Delacour. Présenté. adapté du conte pour enfants de l´écrivain italien Carlo Collodi. L’invention de la conscience. Albin Michel (nouvelle édition). Identité et différence. La Naissance de la conscience morale. hardcover: ISBN 0-19-511789-1. Piaget et la conscience morale. "La conscience et la vie" in L'énergie spirituelle • Michel Bitbol. 2005. (ISBN 2-13-052950-X) (notamment dans le chapitre VII) • Daniel Heller-Roazen. Le sentiment même de soi • Antonio Damasio. Heinz D. • Minos qui juge Socrate symbolise en partie la conscience dans « rêveries d'un païen mystique » de Louis Ménard. Conscience et cerveau • Daniel Dennett. David Chalmers parle de problème difficile de la conscience pour évoquer les questions non résolues sur le sujet. 2004 • Maurice Halbwachs. paperback: ISBN 0-19-510553-2 • Antonio Damasio. Physique et Philosophie de l'Esprit. Plus vaste que le ciel. Giulio Tononi. Paris. Paris. 2001 (ISBN 2-200-26370-8) • Descartes. Nouveaux essais sur l’entendement humain • Locke. in Multitudes. poème publié dans le recueil La légende des siècles[7]. Critique de la raison pure • Kittsteiner. The Conscious Mind: In Search of a Fundamental Theory (1996). Approches croisées. des classiques aux sciences cognitives. • Leibniz. • David Chalmers. Paris. Voir aussi "Identité et différence selon Étienne Balibar [8]". Essai sur les données immédiates de la conscience • Henri Bergson. 1998. (ISBN 978-2-13056-725-7) • Sigmund Freud:: L'interprétation des rêves (1900). PUF 2005. • Jiminy Cricket. les Principes de la philosophie • Gerald Edelman. Armand Colin. un cricket. Albin Michel (nouvelle édition).Conscience 26 Médias Plusieurs représentations allégoriques et médiatiques de la conscience sont référencées dans la mythologie. Comment la matière devient conscience • Gerald Edelman. Seuil. Paris: Cerf. Les cadres sociaux de la mémoire. 1997 traduit de l'allemand par Jean-Luc Evard et Joseph Morsel. PUF. Bibliographie • Henri Bergson. Documentaire de Volker Arzt et Immanuel Birmelin (Allemagne. Philosophie de la liberté traduit de l'allemand par Jean-Luc Evard et Joseph Morsel. html) [8] http:/ / multitudes. ch. org/ noetic/ issue-thirteen-august/ what-is-consciousness-hameroff/ ) [7] La Conscience (Victor Hugo) (http:/ / www. Julien Lefour. Jennifer Vincent. Atlantique publishing. conscius esse.1. Éthique • Rudolf Steiner. Portail de la philosophie Portail de la psychologie 27 . le mystère de la conscience. ISBN 2-13-057957-4 [3] Voir Natalie Depraz. • John Searle. Réflexion sur les conceptions concernant la conscience de Francis Crick. juin 2009. Survey in the Poitou-Charentes region. diffusé sur Arte le 5 septembre 2006 [6] What is consciousness ? (http:/ / www. Nicole Lapierre. net/ Identite-et-difference-selon. La conscience… (cf Bibliographie). 2x43mn).: Presses Universitaires de France. » (Sartre) [5] Voir Ces drôles d'oiseaux (http:/ / www. victor-hugo.fr/index. Poitiers.broadcastingNum=555226. Poitiers. academieroyale.top-philo. The emergence of European awareness among young people.théorie controversée autour de l'apparition de la conscience État modifié de conscience Inconscient Problème difficile de la conscience Science et conscience Stade du miroir et test du miroir Vijñāna Liens externes • La conscience est elle le gage d'un bien commun ? (http://www. § 1.year=2006. Atlantique éditions.be/cgi?usr=sajcaaecp4&lg=fr&pag=1026&tab=146&rec=5778&frm=385& par=secorig1025&par2=-1&id=6123&flux=3080381#detail)dispensée au Collège Belgique (2009-2010). Editions Odile Jacob. (en) Alfredo Pena-Vega. Sueil. Jennifer Vincent. Julien Lefour. Roger Penrose et Daniel Dennett . Notes et références [1] Une archéologie du toucher Daniel Heller-Roazen . 2006. ISBN 978-2738107466. Enquête en Poitou-Charentes.3. Ed. (ISBN 978-2-911320-36-1). html Annexes Articles connexes • • • • • • • • • Conscience morale Conscience collective Bicaméralité . L'émergence d'une conscience européenne chez les jeunes. où elle recense les (très rares) occurrences chez Descartes des termes conscientia. juin 2009. info/ poemes/ 158. noetic. • Spinoza.php?option=com_content& view=article&id=54:la-conscience-est-elle-le-gage-d-un-bien-commun&catid=36:philosophie) • • • Écouter la série de cinq leçons consacrée à « La Conscience.day=4. Des neurones à l'esprit » (http://www. arte.Conscience • Alfredo Pena-Vega. Nicole Lapierre. Gerald Edelman. (ISBN 978-2-911320-36-1). 2010. 1999.week=36. tv/ fr/ semaine/ 244. 2011 [2] Sigmund Freud: Métapsychologie. samizdat. elle n’est rien que le dehors d’elle-même. elle conclut que [chez Descartes] « on a moins affaire à une philosophie de la conscience qu'à une philosophie de la vérité certaine et du fondement (…) » [4] « la conscience n’a pas de dedans. html). et conscience en français . Domaine philosophique et logique Approche philosophique : La nécessité désigne l'impossibilité pour une chose d'être autre qu'elle n'est. La nécessité et la contingence sont des catégories modales. et d'un point de vue physique des lois qui gouvernent la nature. est mère des trois Moires[1] : • Clotho présidait au passé (de klôthousa. tout en pouvant être déterminé. Le nécessaire correspond à ce qui ne peut pas être autrement (ex. la nécessité découle d'un point de vue métaphysique de l'essence des choses. • Lachésis au présent (de léxis. on a que : tout ce qui est nécessaire est possible. Ainsi. logiquement parlant (c'est-à-dire de ce qui est non-contradictoire). celle du possible contraste avec celle de l'existence. le principe de raison suffisante est ce qui tente de rendre compte du passage du possible. ou d'« avoir été ». cela ne s'oppose pas forcément à la causalité[pas clair]. La nécessité est ce qui ne peut pas ne pas être. à l'existence. Dans la pensée. Discutez des points à améliorer en page de discussion. mais il n'est que contingent que j'ai pris le plus récent. la nécessité découle de la rationalité du discours. Comme telle la nécessité s'oppose à la contingence. Elle appartient principalement à deux ordres différents : le réel et la pensée. Mythologie grecque Nécessité. j'ai nécessairement un livre dans la main.) Chez Leibniz. prédestination). possibilité qu'une chose arrive ou n'arrive pas. Une réorganisation et une clarification du contenu sont nécessaires. Dans le réel. Rapport entre les notions de nécessité et de possibilité Article détaillé : Logique modale. irréversible). Une autre formulation serait "Ce qui ne peut pas ne pas être". 28 . tout comme la possibilité et l'impossibilité. en Grec Ananké. Approche de la logique : La nécessité est le caractère de ce qui est universellement vrai. si je prends un livre au hasard parmi plusieurs. la catégorie de la nécessité s'oppose à la contingence. La contingence est la possibilité d'« être ». Ces deux notions ne sont néanmoins pas contradictoires. mais tout ce qui est possible n'est pas forcément nécessaire. cette dernière permet d'éviter l'introduction du terme "impossibilité".Nécessité et contingence Nécessité et contingence Cet article ou cette section doit être recyclé. La nécessité s'oppose à la contingence. • Atropos au futur (d'atrepta. filer). voire contradictoires de ses objectifs. L'homme et sa conscience est absolument contingent sans raison ni fondement. la taille.Nécessité et contingence Enjeux de la contingence par rapport à la nécessité La contingence. La faune et la flore sont apparues sur la Terre mais elles auraient pu ne jamais apparaître si les conditions globales avaient été un peu différentes. les états de l'univers. Exemple : le système solaire est là mais il aurait pu ne pas exister. s'oppose à la nécessité (est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être). en fonction de tous les paramètres internes et externes à l’organisation. l'environnement. La contingence : un frein à la prise de décision ? L’attitude marketing est-elle l’archétype de la contingence ? Contingence : point d’entrée dans le débat conformité v. possibilité qu'une chose arrive ou n'arrive pas. Le fait de prendre en compte une contrainte ou un phénomène de limitation de l’environnement oblige à avoir des solutions différenciées suivant l’évolution (problématique 29 . Les théories de la contingence considèrent que les formes d'organisation dépendent des conditions auxquelles elles sont confrontées. plus il faut adopter une attitude contingente dans l’appréciation de problèmes et l’évaluation des solutions. Chaque entreprise doit s'adapter à son contexte. Domaine économique Approche marketing Plus l’environnement est instable et complexe. essaie d’établir une synthèse. • Pour Sartre la contingence est absolue. • Kant distingue les énoncés nécessaires. • D'après Henry Mintzberg. Il tentera d'établir qu'il existe des énoncés de même type. et par là même affirme la volonté de Dieu (principe du meilleur). • Facteur contingent : • D’après Woodward (Lequel?). • Piste : • • • • • Pas de valeur normative. Théorie de la contingence par rapport aux structures Analyse et définition des structures : Situation où l’état d’un système est déterminé par la valeur de paramètres internes et externes indépendants. c'est-à-dire qui est nécessaire et qui accroît la connaissance (aspect synthétique. théorie qui met en valeur l’aptitude. la contingence est la négation de la nécessité. qu'il appelle a posteriori. Domaine philosophique et logique Approche philosophique : • Pour Leibniz la contingence est relative. la capacité à trouver une solution pertinente à un problème donné. non en mathématiques mais en philosophie. Il considère de manière paradigmal que l'énoncé "2+2=4" est un énoncé synthétique a priori. Problème de l’application au sein de l’entreprise. Ces conditions constituent ce qu'on appelle les facteurs de contingence. de modèle concret chez Mintzberg. Approche de la logique : • En logique modale. l'âge. le premier facteur est la technologie. c'est-à-dire que l'être ne peut être dérivé du possible ni ramené au nécessaire. qu'il oppose à analytique). c'est-à-dire qu'elle constitue par le principe de raison suffisante. la technologie. pertinence. les facteurs contingents sont le pouvoir. • Définition : Abandonne le caractère universel des principes de gestion. qu'il appelle a priori des énoncés contingents. son environnement. Une proposition est contingente si elle n'est pas nécessaire (elle pourrait être fausse). Par extension. insuffisamment détaillée ou incomplète. Le concept philosophique de croyance fait partie de la théorie de la connaissance. Par métonymie. La légende du Phénix renaissant de ses cendres est une croyance en la résurrection si empreinte dans la civilisation occidentale qu'elle est passée sur les plans symbolique et littéraire. Votre aide [3] est la bienvenue ! .fr/spip. notamment empiriques. et ce indépendamment des preuves. qui en attestent ou en contestent la crédibilité[1] [2]. et trouve son antithèse dans l’instrumentalisme qui considère que les modèles scientifiques ne sont que des instruments nous permettant de concevoir commodément les phénomènes .php?article115) • Portail de la logique • • Portail de la philosophie Portail des sciences Croyance La croyance est le processus mental expérimenté par une personne qui adhère dogmatiquement à une thèse ou des hypothèses. Notes et références [1] Platon. Certains auteurs[Qui ?] parlent de mythe pour désigner une croyance qu’ils considèrent comme fausse ou [réf. superstitieuses ou autres. univ-poitiers.labo. En ce sens elle s’oppose à la notion d’esprit critique. Mythe d'Er Annexes Articles connexes • A priori • Mondes possibles • Contingency Lien externe • Enregistrements audio d’un séminaire universitaire "Le possible et le contingent" (http://philo. le terme désigne aussi l'objet de cette croyance. détail du bestiaire d'Aberdeen. Les croyances. qu’elles soient religieuses. de façon qu’elle les considère comme vérité absolue ou une assertion irréfutable.Nécessité et contingence 30 intégration-différenciation). XIIe siècle Étymologie Cette section est vide. sont aussi un objet d'étude de l'anthropologie culturelle. scientifiques. nécessaire] erronée. comme une prévision météorologique. nous agissons selon une approche plus ou moins fine de la réalité selon nos buts. que ce que l'on « croit » est une approximation de ce qui est effectivement réalisable . Ce phénomène est largement inconscient dans les actions ordinaires. les situations et les contextes. Cette forme ordinaire et immédiate de croyance induit bien sûr une interrogation sur ce qu'est vraiment le libre-arbitre. il faut « croire » à la possibilité de sa réalisation.comme le montre le redoublement intérieur au parfait. La première partie "cre". parce que celles-ci portent le plus souvent sur des comportements hautement prévisibles et que les corrections sur les feedbacks négatifs sont mineures. pour les êtres sociaux.sa confiance à quelqu'un ou à quelque chose. en permanence il vérifie ces résultats par les informations en retour qu'il reçoit de son environnement (la rétroaction ou feedback) et ajuste son comportement en fonction de ces informations.? Typologie Le terme croyance a deux usages courants aisément distinguables : d’une part les hypothèses. Mais comme il est impossible de remettre perpétuellement toutes ses connaissances en cause pour agir.Croyance credo. mais aussi relativement aux mythes qui lui sont transmis dans sa culture. remet en cause l'image qu'il se fait de la réalité. Mais sans la comparaison des langues congénères de l'Asie. dans ce qui semble le plus banal ou anodin.lequel est un substantif neutre signifiant "coeur. qui a donné le mot croyance : ainsi credo est un composé du verbe "dare". dans chaque acte et geste de la vie.une personne etc. est pour "cred". en chaque individu. page 50. Maintenant est-il vraisemblable de dire cela:donner son coeur ? on devrait peut-être "donner son esprit" à une opinion. un groupe) ne conduit pas ses actions selon un processus causal linéaire mais fait des hypothèses sur leurs résultats.[réf.son intelligence à ce quelque chose. Cette forme basique de croyance est l'objet d'étude de la stochastique et de la cybernétique. Le doute est le mécanisme qui.de 1885. on a imaginé que le coeur était le centre de l'esprit humain. Le latin traite "credere" comme ne faisant qu'un seul mot. 31 . La forme sanscrite est: "çrad-dadhami" = je crois. d’autre part les affirmations relatifs à la mystiques. et d'une certaine manière tous les êtres vivants: pour entreprendre une action. heurt d'un obstacle) que l'on retrouve la conscience que ces hypothèses sur la réalité sont approximatives.le sanscrit et le zend.credere en latin. tenues pour vraies. Ce n'est que lors de corrections significatives (trébuchement. relatives aux phénomènes de la vie courante. La parenté avec "dare" se revèle encore par les formes "credulum.mais une approximation assez fiable. la théologie.il eût été impossible de reconnaître les éléments de la composition. nécessaire] La Croyance Croyance et réalité Dans son acception minimale la croyance est un phénomène universel qui concerne tous les individus. et pose la question de l'écart entre notre appréciation de ce qu'est une décision consciente ou inconsciente et la réalité du niveau d'action inconsciente dans nos activités habituelles."Donner son coeur" peut se concevoir ainsi : pendant de très longues périodes historiques.[réf. et donc "donner son coeur" à quelque chose équivalait à donner son esprit.intelligence". Cette étymologie est en grande partie extraite du "Dictionnaire étymologique latin" par Marcel Bréal et Anatole Bailly. « je ne crois pas que les dauphins soient des poissons »). nécessaire] Le phénomène de croyance peut être abordé sous un angle psychologique en tant que mécanisme régissant l'appréhension de la réalité par l'individu en fonction de ses perceptions sensorielles.Il est important de bien saisir le sens originel de croire. Le principe général mis en évidence par ces deux domaines est qu'un individu (ou aussi. la cosmogonie et aux mythes.creduis" employées par Plaute .il est identique avec "cord". Cred-dere alicui signifie donc "donner son coeur". elle fait constamment partie de la réalité quotidienne. lesquelles seront infirmées ou confirmées.croire. Si le plus souvent la croyance est associée au mysticisme et à la religion. c'est-à-dire son intelligence. est cruciale car elle impose d'appliquer le principe de Ramsey à un ensemble de situations. schèmes d'action. en tant qu’élément de décision d'action vis-à-vis d'un désir. Pour le mathématicien et logicien Frank Ramsey[4]. La croyance étant consécutive au fonctionnement d'un ensemble de schèmes qui se sont ancrés à un niveau de fonctionnement automatisé dans l'esprit. alors qu'un géologue considérera le relief sous un angle dynamique et à longue échéance. par celui qui y adhère. La foi est liée à un besoin et à la nécessité de le combler et va donc permettre l'activation des mécanismes (accrédités par cette foi). Dans cette formulation. que nous pouvons exprimer de façon vague comme la mesure dans laquelle nous sommes prêts à agir sur le fondement de cette croyance ». une relativisation des concepts obtenus et. dépendant du succès de ces actions. Ainsi. La croyance répond à un besoin qui semble s'ancrer profondément dans l'individu. psychosociologique Au niveau de l'individu. la particularité d'une croyance est qu'elle est ajustée. Si l'expérience (mise en œuvre de ces protocoles et constatation de leur opérabilité et efficacité pour résoudre une situation problématique) permet à chacun de valider ou d'invalider les croyances. justement. Tendre vers l'objectivation du réel. agir). plutôt que d'une adhésion ou d'un rejet catégorique par un individu donné. celles qui s'avèrent erronées ne sont pas éliminées mais ajustées. penser. Elle est considérée comme vraie et projetée sur notre représentation conceptuelle de la réalité. La didactique est basée sur la foi dans le contrat didactique qui autorise la construction des savoirs par l'apprenti. Les thérapies psychologiques s'appuient entre autres sur ces mécanismes. croire que le relief d'une région est immuable est suffisant et nécessaire dans les contextes de la vie quotidienne. nos actions sont décidées selon une estimation de leur probabilités de réussite. elles-mêmes estimées selon un degré de croyance envers les informations qui conduisent à cette action. et ne peut être gérée aussi librement que la notion de libre arbitre le laisserait imaginer. à sa propre réalité. toute information est susceptible d'une confiance graduelle. Elle est investie d'un dynamisme par le biais d'un ensemble de schémas (protocoles élaborés en nous pour sentir. Croyance d'un point de vue sociologique. Le principe de Ramsey peut être énoncé ainsi: Les croyances vraies sont celles qui conduisent au succès de nos actions quel que soit le désir en jeu. consciemment ou non. la notion de variation des possibilités d'application de la croyance. Au-delà de la décision d'action. dans le respect de la validité épistémologique. induit la prise en compte de la subjectivité. De nouveaux liens entre les concepts seront testés. Ramsey pose un principe de vérité de chacune de ces croyances. On pense que cela nécessite une répétition d'expériences aux résultats peu probants et donc invalidant la ou les croyances pour que celles-ci soient modifiées ou remplacées. La croyance peut donc être considérée comme un des constituants de l'habitus[5]. basée sur un ensemble de croyances aux degrés plus ou moins élevés. dans lesquelles une croyance déterminée sera impliquée dans des actions dont on pourra estimer le succès. non seulement pour construire ces schèmes d'action mais aussi à leur mise en œuvre. Cette prise en compte permet une mise en perspective ( Max Weber). une prise de conscience de l'ensemble des croyances qui filtrent toute réalité. 32 . au constat de leur validité ou non[6]. Ramsey caractérise ainsi cette notion: « le degré d'une croyance est une propriété causale de cette croyance. la difficulté de les faire évoluer s'explique. et non à une situation particulière.Croyance Par exemple. par exemple en sucre. 33 . même si l'on agit parfois selon ses propres estimations. ou de lire Abdelmalek Sayad sur les implications dans la vie de tous les jours des schèmes de perception. Croyances autoréalisatrices Lorsque les comportements des personnes sont modifiés par une croyance il peut parfois s'ensuivre l'accomplissement de ce que prédisait la croyance . dans le cas où un signe maléfique déstabilise suffisamment la personne et lui fait adopter un comportement à risques. Il est intéressant d'approfondir la théorie de l'habitus de Bourdieu. la croyance musulmane est fondée sur ce qui est su à l'exclusion de toute autre source tandis qu'il est valable. Or. on parle alors de prophétie autoréalisatrice. Selon Donald Winnicott. Pour l'améliorer. par le raisonnement (comme le fait que la moitié d'une chose est plus petite que cette même chose entière) ou par la nouvelle sûre (c'est par cette voie que l'on a connu l'existence des terres lointaines et de certains événements du passé).Croyance Croyances et psychologie Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (novembre 2008). Par ailleurs. la croyance désigne ce que le cœur accepte et dont il est satisfait. le rapport de l'individu à ses croyances est primitivement déterminé par sa relation à sa mère. Implications tant au niveau d'une société que d'un champ social que de l'individu et de ses proches. la croyance pourra être relative à ce qui n'est pas réellement connu : il distingue alors l'ignorance. Ainsi Al-Ghazali préconise de ne croire que ce qui est su. par l'expérience (comme le goût d'un fruit ou la couleur du ciel qui sont connus par l'observation). Al-Ghazali qualifiera alors cette croyance de conforme à la science (la connaissance de la personne) et à la raison. sans pour autant avoir de preuve. d'agir selon l'estimation des savants et des juges. lorsque des informations concernant la pénurie à venir de tel ou tel bien de consommation circulent. ajouter en note des références vérifiables ou les modèles {{refnec}} ou {{refsou}} sur les passages nécessitant une source. de pensée. Cela peut s'observer aussi avec des individus superstitieux. l'approvisionnement massif de la population crée une réelle pénurie de sucre[8]. Ainsi selon lui. C'est elle qui donnera le ton. Selon Al-Ghazali. Croyance et la philosophie arabe médiévale On trouve chez des penseurs arabes des interprétations très proches des interprétations actuelles. la nouvelle de la constatation de leur existence qui nous aura été rapportée par un nombre de voies tel qu'il exclut pour nous la possibilité raisonnable de croire au mensonge permet de conclure à leur existence. même sans être allé en Chine ou sans avoir rencontré Jules César. tout étant reconstitué dans notre esprit sous forme de concepts grâce aux informations livrées par nos sens. d'action et donc des croyances contenues dans les éthos ou habitus. dans les jugements. Ainsi. le doute et l'estimation personnelle ou la conviction personnelle. Même s'il n'y a pas de réel risque de pénurie. c'est-à-dire que la qualité de la relation de l'enfant avec sa mère déterminera un ensemble de croyances profondément ancrées en lui qui sera la base de la construction des croyances suivantes et donc de la qualité de la relation du futur adulte à son univers[7]. Ainsi la croyance pourra être relative à ce qui est connu. Cela peut s'observer par exemple en période de tensions internationales. c'est là que prend toute l'importance des croyances qui valident ou non ces concepts et autorisent les actions en découlant. et constitue donc l'élément primordial. est basée sur la possession de moyens de vérification et de réfutation fournis par les publications. n'est pas de croire en sa théorie mais au contraire de l'admettre en recherchant en permanence ses possibilités de fausseté. alors que dans les religions monothéistes. selon ses croyances. par les scientifiques compétents. certes idéale. Le croyant est alors celui qui a la foi. seule la peur suscitée par les puissances imaginaires est responsable de l'attitude religieuse. la croyance en une âme immatérielle et subsistant après la mort est à l'origine de toutes les religions. puis avec plus de détails avec des sépultures dès . Selon Tylor. cependant. mythes. certaines superstitions peuvent découler de réels dangers. âme. sous l'angle psychanalytique. Les connaissances scientifiques se différencient donc fondamentalement des croyances par leur mode de production. par la publication des travaux de recherche. ou à des doctrines auxquels le croyant adhère. L'adhésion aux théories scientifiques. Par exemple. Cependant. Ainsi. reliant l'animisme au monothéisme. Les croyances fondamentales varient selon les religions. par exemple vis-à-vis des canyons. L'angoisse de la mort serait donc à la base de la croyance en une divinité. Les croyances relatives aux mythes. L'athéisme est la croyance en la non-existence d'un Dieu. portent malheur.Croyance Les croyances Croyances et religions Les religions sont bâties sur un ensemble de croyances. avec l'effroi métaphysique comme moteur principal. Croyances et superstitions La superstition est une attitude faisant intervenir la croyance que certaines pratiques ou faits observés sont en liaison avec un certain déroulement de l'avenir. ou à des rivières dangereuses. un aspect maléfique et mystérieux peut être attribué à des montagnes inhospitalières. c’est-à-dire qu'il se situe dans un état d'adhésion réfléchie et active aux éléments fondamentaux de sa religion. Selon D'Holbach. êtres divins.300 000 ans par des marques de rituels autour des morts. et fonctionnent grâce à des dogmes. Paul Diel[9] présente dans La Divinité un enchaînement logique. et contribuer à les éviter. Il s'agit donc d'un mécanisme totalement différent de celui de l'adhésion aux croyances. La science est une production collective bâtie sur l'expérimentation. la croyance que la conformation de l'individu à l'ordre des choses révélées par les mythes. La science se doit de remettre régulièrement en doute son contenu et entretient un réseau cohérent de connaissances. conditionne ce qu'il advient de l'âme après la mort constitue la base du fonctionnement de la religion et de l'application de ses dogmes. dont l'observation par les individus conditionne leur sort dans l'au-delà. varie selon les religions. du scientifique. car des individus n'en sont pas revenus sans que l'on connaisse les circonstances exactes de leur disparition. De même. La part de chacune de ces croyances. sans qu'aucune explication de cause à effet ne soit donnée. Croyances et science La science vise notamment à produire des connaissances à partir d'une démarche méthodique et détachée des dogmes. ils 34 . dans la mesure où la position. Dans tous les cas. mais était encore fréquent en France au XIXe siècle. légendes et divinités sont alors des croyances secondaires sur lesquelles sont bâties les doctrines spécifiques de chaque religion. ou aux révélations divines. la croyance en Dieu est l'élément primordial.100 000 ans. L'individu superstitieux sortira d'une pièce si le nombre des individus qui s'y trouvent fait partie d'une liste de nombres qui. Karl Popper illustre ainsi cette attitude: « Les scientifiques essaient d'éliminer leurs théories fausses. le Taoisme et le Bouddhisme ne nécessitent pas une croyance en un ou plusieurs dieux. La paléoanthropologie situe l'apparition des rites funéraires dans les sociétés préhistoriques dès . Ce type de superstition tend à disparaître avec la diminution des espaces inexplorés. l'épistémologie et constitue une unité grâce à une liaison et à une confrontation permanentes avec la « réalité » empirique. Les concepts d‘âme et d‘au-delà seraient donc nés dans cet intervalle. c'est-à-dire de production des savoirs empiriquement vérifiables et la nécessité d'une foi pour y arriver. postulats ou principe physique). qu'au niveau des individus et de la société.périt avec ses fausses croyances. si les mécanismes cognitifs régissant l'adhésion aux théories scientifiques d'un utilisateur sont ceux qui sont applicables à toute croyance en tant que disposition à agir. » » — Jacques Bouveresse Ainsi. Bertrand Russell introduit à ce sujet la notion d'« émotion » de la croyance. » [11] On constate un paradoxe entre « la règle nécessaire d'objectivation » du réel (nécessité épistémologique. est. les données scientifiques sont difficilement vérifiables (le rayonnement cosmique. la mécanique quantique. » (Jacques Bouveresse). « Croire pour parvenir à savoir n'est pas la même chose que croire simplement parce qu'on en éprouve le besoin » [12].ou n'entrent pas en conflit avec . théories scientifiques et croyances se chevauchent parfois et que la science elle-même est objet de croyance. Jacques Bouveresse écrit les lignes suivantes à propos de William James : « James peut sembler évidemment marquer un point important lorsqu'il souligne que les scientifiques ont aussi leurs articles de foi et qu'ils se comportent de façon arbitraire quand ils essaient de faire reconnaître les convictions de nature religieuse dont ils ont besoin pour la pratique de la science comme étant les seules qui soient légitimes : « La nécessité de la foi comme ingrédient dans notre attitude mentale est une chose sur laquelle insistent fortement les philosophes scientifiques de l'époque présente. »[10] Ainsi. qui selon lui doit être écartée de l'épistémologie: « l'émotion n'est pas une relation avec les objets de la croyance. on constate. causé peut-être par la croyance. Il semblerait que son intensité ne soit pas véritablement proportionnelle à notre certitude. Le croyant . (Voir aussi le statut particulier des axiomes . Mais ce paradoxe disparaît si l'on considère que l'utilisation d'un outil (la « règle ») nécessite la certitude qu'il produira ce qui est attendu c'est-à-dire des savoirs universels et diachroniques. une vérité qu'aucun homme ne peut connaître. est qualifiée de mysticisme quantique. mais par un caprice singulièrement arbitraire ils disent qu'elle n'est légitime que quand elle est utilisée dans l'intérêt d'une proposition particulière . plutôt que réellement scientifique. Que la nature suivra demain les mêmes lois qu'elle suit aujourd'hui. . Au niveau d'une société. l'application de la démarche scientifique rigoureuse pousse l'individu à abandonner toute tendance à écarter le doute. la validation des savoirs et donc l'autorisation d'adhérer à un concept (y accorder foi) est institutionnellement assurée par la science et par les groupes d'influence. admettent-ils tous. les atomes…). mais tout à fait distinct d'elle. mais à l'énergie avec laquelle nous repoussons le doute. Elles doivent donc être d'emblée considérées comme vraies car validées par la communauté scientifique si cependant elles rentrent dans . Les groupes d'influence peuvent détourner (de bonne foi ou à mauvais escient) des données pour créer des croyances afin de légitimer certaines pratiques. mais un fait mental nouveau. la spiritualité New Age.le système de croyances individuel ou collectif. mais dans l'intérêt de la connaissance aussi bien que de l'action nous devons la postuler ou l'assumer.qu'il soit animal ou homme . Par exemple. Au niveau d'un « simple quidam » ne maîtrisant pas le paradigme des sciences.Croyance 35 essaient de les faire mourir à leur place. Il existe cependant de nombreux dérapages dans la foi accordée aux avancées scientifiques. « De nombreux scientifiques ont effectivement admis que des principes comme celui de l'uniformité du cours de la nature et même déjà simplement celui de la connaissabilité et de la compréhensibilité de la réalité constituaient pour eux des présupposés fondamentaux qui sont de nature religieuse. quand elle interprète les principes de la physique quantique. méthodologie scientifique). les éruptions solaires.à savoir la proposition selon laquelle le cours de la nature est uniforme. le biologiste Richard Dawkins a émis l'hypothèse. inexplicable. les réplicateurs.[réf. s'il n'en est pas la pierre angulaire. nécessaire] 36 . basée sur le fonctionnement autonome de réplicateurs (les gènes en biologie). sensoriels. en 1976. Dans cette conception. dans lesquels les liens se sont renforcés. comme par exemple l'existence de l'âme ou d'esprits. Dans cette conception. Cela entraîne diverses conséquences[14] : • une situation d'inconfort de tout individu percevant la désapprobation des autres membres de sa communauté sur ses opinions. nécessaire] Origine(s) de la croyance La croyance semble être un mécanisme étroitement lié à la conservation des mécanismes de survie. sera lié au classement de chaque schème selon son efficacité relative. toute information faisant partie d'un ensemble de croyances reliées entre elles et partagées par une communauté. Festinger défend la thèse soutenant le rôle du support social dans le maintien des croyances à partir d’un fait divers dans lequel les membres d’une secte. est soumise aux principes de la dissonance cognitive. La mémétique est l'étude de ces phénomènes. comme le sont par exemple les divers éléments de croyance d'une religion. Par la suite. lorsqu'elles entraînent une dissonance avec les croyances d'un individu et que celles-ci ne sont pas modifiées par ces informations. appelés mèmes.[réf. et à la « venue d’une soucoupe volante ». L'adhésion au « contact avec les êtres supérieurs » s'est maintenue dans un petit groupe de membres de la secte. nécessaire] La croyance est le « méta-schème » validant ou invalidant les autres schèmes qui composent nos modes de perception. • de grandes possibilités de perception erronée ou de mauvaise interprétation des informations. la croyance prend un relais inattendu. que des idées ou des comportements pouvaient suivre les lois de l'évolution darwinienne. évènements qui n’ont pas eu lieu à cette date. Les croyances seraient ainsi soumises aux principes de la sélection naturelle et évolueraient d'une façon plus ou moins autonome. • une grande dépendance aux règles de la dissonance cognitive de tous les éléments cognitifs détachés de la réalité et non vérifiables. biomécaniques. sont des unités d'information qui passent d'un individu à l'autre par la discussion et l'imitation[13]. afin de trouver dans son environnement social un support nécessaire pour éviter une forte dissonance cognitive avec l'échec avéré des prévisions.Croyance Évolution des croyances Dans la lignée de sa formulation du darwinisme. C'est une des facettes du censeur qui va enclencher la mise en action de schèmes en réponse à une situation et informé par un vérificateur. de pensée et d'action en tant qu'être vivant[réf. font une prévision relative à la survenue d'un « cataclysme » à une date précise. nécessaire] Mais c'est aussi celui qui empêche la rupture en cas de situation paradoxale : quand aucune réponse ne peut être mise en œuvre. Ils sont une accommodation d'un réel relatif et incertain. alors que les membres isolés ont abandonné leur croyance. ainsi que tout élément cognitif nouveau soumis à un individu possédant ces croyances. basée sur la croyance en un « contact avec des êtres supérieurs ». émotionnels qu'intellectuels.[réf. Croyances et dissonance cognitive Les croyances ont tenu une grande importance dans la psychologie expérimentale et notamment dans les travaux se situant dans la lignée de ceux du psychologue Festinger sur la dissonance cognitive. C'est en fait la forme conceptualisée (comme le sommet d'un iceberg) de ce mécanisme de validation complexe qui semble autant faire intervenir des modes physiologiques. C'est là que l'on trouve les mythes. Ils sont une façon d'expliquer la réalité en mode économique et permettant d'arranger une situation paradoxale (le cerveau n'ayant pas reçu les informations sensorielles permettant la conceptualisation ou que le résultat obtenu n'est pas du tout celui attendu). le petit groupe s'est mis à faire du prosélytisme.[réf. nécessaire] et désirant le rester et transmettre cette vie. qu'au-delà nous sommes dans un inconcevable. persee. Ramsey: Vérité et Succès. perso. étude psychanalytique. 1949 [10] Karl Popper. notre habitus. La Religion des Origines. Clarendon Press. Paul Diel. fr/ cours/ croyanceverite. Plénum Press. Par exemple le mythe de La Création permet de résoudre le problème suivant : l'intelligence consistant en la capacité non seulement de concevoir des concepts mais de les relier entre eux. Lerner The Belief in a Just World. il peut être difficile d'accepter notre impuissance à pouvoir relier notre existence (en tant qu'être vivant)à quelque chose. ou lire l'article sur ce texte (http:/ / www. The roots of reason. org/ 2407). in Logique. La connaissance objective. 2003 [9] Paul Diel. Il serait intéressant de rechercher l'origine ontologique c'est-à-dire les éléments de notre histoire personnelle qui sont utilisés à la création des mythes car ils contiennent probablement les facteurs déterminant la qualité et la capacité de croire. do?luceneQuery=(lerner)+ AND+ (indexable_type:articlepage?)& words=lerner& words=articlepage& urn=assr_0335-5985_1982_num_53_1_2247) [7] lire Winnicott et son concept de mère suffisamment bonne [8] Gérald Bronner. De la croyance Gérald Bronner. revues. XV-209 p. PUF. PUF. php?title=Croyance& action=edit Frank Ramsey. org/ w/ index. Ne pourrait-on pas imaginer qu'à cet instant le mythe de la création permet de nous relier à un être ultime (Dieu) qui par son inconcevabilité et sa toute puissance permet de débloquer la situation paradoxale en invoquant un être qui lui n'est pas concerné par la filiation. Pascal Engel. Vérité et probabilité. PUF. 2003 Frank Ramsey. quelle que soit la forme que prend le mythe. Pour détailler. L'empire des croyances. New York. La Divinité. A Fundamental Delusion. 1980. mars 2003 [18] L'agir épistémique [19] Notes et références [1] [2] [3] [4] [5] [6] Croyance et vérité (http:/ / sergecar. wikipedia. 2003 lire Bourdieu pour approfondir le sujet lire Melvin J. Vrin. 1957 Liens externes • • • • Sommes-nous responsables de nos croyances ? [16] par Pascal Engel Le Cercle Zététique [17] Sondage CSA sur les croyances des Français. 1926. htm) L’empire des croyances (http:/ / assr. Théorie de la connaissance 37 . fr/ showPage. neuf. 1949 Emmanuel Anati. Bibliographie • • • • • • • • Victor Brochard. Bayard Éditions. in Logique. L'empire des croyances. Le Gène égoïste. PUF. Stanford University Press. Oxford. A Theory of Cognitive Dissonance. PUF. 1926. 2003 David Papineau [15]. [11] Bertrand Russell. notre capacité à croire en ce(s) mythe(s) qui va nous soulager d'une situation inconfortable. étude psychanalytique. Gérald Bronner http:/ / fr. nécessaire] Et c'est. nous savons que notre vie s'est construite à partir de la vie de nos parents qui nous l'ont transmise et ainsi on peut remonter de génération en génération jusqu'à un moment où cela devient impossible. Or. philosophie et probabilités. 1976. 2003 Jérome Dokic.[réf. La Divinité. se trouve en situation paradoxale quand la filiation est remontée tellement loin. Vrin. Vérité et probabilité. étant imprégné de cette filiation.Croyance L'activation sous forme de mythes vient du fait que nous puisons dans notre histoire individuelle un ensemble de données dont la relative proximité avec la situation paradoxale permet de résoudre temporairement cette situation cognitive inconfortable. 1999 (Édition originale: La Religione delle Origini. 1995) • Leon Festinger. philosophie et probabilités. 2001 Richard Dawkins. mais le mouvement réel de l'esprit dans sa relation à l'être : elle est alors conçue comme le moteur interne des choses. en particulier à travers son assimilation par le Moyen Âge. elle se distingue de la rhétorique (qui se rapporte plutôt aux formes Platon et Aristote discutant. une technique classique de raisonnement. Plus généralement. de questionnement et d'interprétation qui occupe depuis l'Antiquité une place importante dans les philosophies occidentales et orientales. Le Gène égoïste. Détail d'un bas-relief de du discours par le dénombrement de ses différentes figures) car della Robbia (XVe siècle. qui fait des contradictions socio-économiques le moteur de l'histoire. non plus une méthode de raisonnement. visant la persuasion plus que la vérité[2]). fr/ medias/ pdf_obj/ sondage030416. A Theory of Cognitive Dissonance. dont Feuerbach. La dialectique s'enracine dans la pratique ordinaire du dialogue entre deux interlocuteurs ayant des idées différentes et cherchant à se convaincre mutuellement. qui se produit de manière discontinue. par l'opposition. 1957 http:/ / www. j'oppose (antithèse) et je compose (synthèse) où dépasse l'opposition. Cette forme de raisonnement trouve son expression dans le réputé « plan dialectique » dont la structure est « thèse-antithèse-synthèse » : je pose (thèse). donneront leur version de la dialectique comme mouvement de la réalité. comme une définition ou une vérité. Éditions Agone Richard Dawkins. lemonde. elle désigne un mouvement de la pensée. et dialegein : « trier. qui évoluent par négation et réconciliation. philotropes. pdf http:/ / blog. ldh. elle est conçue comme un moyen de chercher des connaissances par l'examen successif de positions distinctes voire opposées (même si l'on en trouve des usages détournés. Florence. uk/ ip/ davidpapineau/ Staff/ Papineau/ Papineau. Italie). Marx. Art du dialogue et de la discussion. . Chez Hegel la dialectique devient. org/ http:/ / a1692. Le mot « dialectique » trouve son origine dans le monde grec antique (le mot vient du grec dialegesthai : « converser ». fr/ docs/ 00/ 05/ 34/ 31/ HTML/ index. ac. qui procède en général par la mise en parallèle d'une thèse et de son antithèse. ccsd. net/ f/ 1692/ 2042/ 1h/ medias. Mais là où la dialectique hégélienne était essentiellement idéaliste. akamai. zetetique. ou encore le poète Breton. in Peut-on ne pas croire? Sur la vérité. la croyance et la foi. org/ post/ 2008/ 04/ 28/ 280-l-agir-epistemique Portail de la psychologie Portail des religions et croyances Dialectique La dialectique (appelée aussi méthode ou art dialectique) est une méthode de discussion. Elle est ainsi devenue. La plupart des disciples de Hegel. Stanford University Press. mais c'est surtout son emploi systématique dans les dialogues de Platon qui a popularisé l'usage du terme. 2007. kcl. legein signifiant « parler »). Banc d'essai. 1976 Leon Festinger. html http:/ / jeannicod. Elle aurait été inventée par le penseur présocratique Zénon d'Élée[1]. Sartre. elle concerne au contraire le mouvement de la matière chez Marx. html http:/ / www. et qui tente de dépasser la contradiction qui en résulte au niveau d'une synthèse finale. cnrs. distinguer ». et qui permet d'atteindre un terme supérieur.Croyance [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] • • 38 Jacques Bouveresse. la confrontation ou la multiplicité de ce qui est en mouvement. g. de raisonnement. l'École de Francfort. Socrate avait aussi une méthode de réfutation particulière (elenchos socratique). Il s'agit donc d'un moyen de s'élever du monde des apparences (ou du "sensible") vers la connaissance intellectuelle (ou "l'intelligible"). héritée en partie des méthodes de Socrate. Cette méthode consiste en un interrogatoire.appliquée dans le Sophiste et le Politique et servant à définir un objet). Fils d'une sage-femme. la dialectique peut être remise en cause par l'aboutissement des dialogues de Platon dits « socratiques ».Dialectique Histoire La dialectique dans l'Antiquité Chez les présocratiques En Grèce antique. La fécondité de Socrate discutant avec ses amis le jour de sa mort (détail du tableau de Jacques-Louis David. cette méthode permet au moins de dissiper des erreurs et de fausses conceptions.-C. J. qui débouchent en général sur une impasse ou « aporie ». comme dans les dialogues de jeunesse de Platon dits « socratiques »). un usage abondant de la dialectique.ou dihairesis . livres VI et VII). Toutefois. la dialectique est ainsi une science ou un genre de connaissance[6] qui repose sur la confrontation de plusieurs positions de manière à dépasser l'opinion (doxa) en vue de parvenir à un véritable savoir (ou à la vérité). La mort de Socrate. lui aussi. Le but de ce procédé est donc de découvrir une vérité (ou encore une définition. jusqu'aux principes premiers (voir La République. jusqu'aux concepts les plus généraux. qui progresse logiquement de façon à faire « accoucher » l'interlocuteur d'une connaissance qu'il possédait en lui sans s'en rendre compte[4]. Elle est aussi décrite et utilisée par Platon dans ses dialogues et semble. et poursuivie par son élève Zénon d'Élée dans ses célèbres paradoxes (ce dernier étant tenu par Aristote pour l'inventeur de la dialectique[3]). Chez Socrate On peut en effet voir l'une des sources majeures de la dialectique dans la méthode de dialogue oral pratiquée par Socrate. Chez Platon Chez Platon. 1787). mené par Socrate. 39 . Aristote fera.. Socrate revendique et applique à plusieurs reprises (dans les dialogues de Platon) ce qu'il appelle l'art d'« accoucher les âmes » (méthode aussi appelée maïeutique). à ce titre. consistant à pousser la thèse de son adversaire jusqu'à ses ultimes conséquences pour en montrer l'invraisemblance (sous la forme de contradictions découlant de cette thèse)[5]. on trouve ses premières traces chez les penseurs présocratiques : d'abord dans la pensée sur l'un et le multiple développée par Parménide au Ve siècle av. C'est aussi un art d'ordonner les concepts en genres et en espèces (en particulier à travers la méthode de division . À la dialectique. justement. considérée comme précondition fondamentale de l´être et de la vérité). Aristote établit quatre classes de problèmes : όνμξ. in République 510. πνμξ ζδζμκ . Chez les stoïciens Cette section est vide. C'est le moine lettré anglo-saxon Bède le Vénérable.. avec le quadrivium (« quadruple chemin »). qui.[réf. illustration de l'Hortus Deliciarum (v. ami et conseiller de Charlemagne. reprit cette base pour fonder le système d'enseignement de l'Empire carolingien. nécessaire] Chez Théophraste Des topiques. Théophraste les réduit à deux : όνμξ. Il fut aussi l'auteur d'un traité de dialectique. avec Isidore de Séville. on tomberait fatalement sur un raisonnement circulaire. Comme forme argumentative. de 999 à 1003. Les sept arts libéraux. ou l'opposition d'opinions contraires [réf. « pétition de principe ». de culture latine. Selon le Ch. sarrasines et hongroises des IXe et Xe siècles. ζοιαεoδημξ. avant l'époque carolingienne[9]. nécessaire]. .Dialectique 40 Chez Aristote Aristote définit lui aussi la dialectique comme l'art des raisonnements qui portent sur des opinions probables. Ainsi. Votre aide [8] est la bienvenue ! La dialectique dans la philosophie médiévale Articles détaillés : Philosophie médiévale et Éducation au Moyen Age. que seul le dialecticien parvient à apercevoir les principes non-hypothétiques). les études connurent un déclin relatif. 533 sqq. Le haut Moyen Âge Durant le haut Moyen Âge. premier pape français. cet argument n'est pas impossible. Le trivium (« triple chemin ») constituait. participant à la « Renaissance carolingienne ». qu'Aristote appelle aussi. Au IXe siècle. Le moine anglais et grand réformateur Alcuin. à la fin du VIIIe siècle. les trois disciplines du trivium. comme le rapporte le chanoine Jean Leflon. le socle des matières enseignées (les sept arts libéraux) dans les écoles depuis l'Antiquité latine. biographe moderne de Sylvestre II (Gerbert d'Aurillac). βέκμξ. le néoplatonicien Jean Scot Erigène enseignait encore les arts libéraux. c'est-à-dire qu'elles n'ont pas d'application possible en contextes « monolectiques » : ce sont l'onus probandi (« la charge de la preuve ») et l'argumentation ex concessis (« à partir de ce qui a été accepté »). 1180). mais il doit s'articuler comme une réfutation de quiconque croit l'opposer (Platon avait déjà dit. avec la grammaire et la rhétorique. ζοιαεαδηόξ[7]. à son avis. de la loi de non-contradiction. il a dédié ses Topiques ainsi qu'une partie du livre Γ de sa Métaphysique. Si on essayait de donner une démonstration du principe. la dialectique est indispensable pour trouver une légitime preuve du 'principe' (il s'agit. transmit ces arts libéraux à l'Occident chrétien au début du VIIIe siècle. 4 du dernier texte. insuffisamment détaillée ou incomplète. la dialectique formait. plusieurs arts libéraux (en particulier le quadrivium et la dialectique) n'étaient plus ou presque plus enseignés dans les monastères. la dialectique obéit à au moins deux règles procédurales qui lui sont propres. Comment donner alors une preuve rationnelle du principe ? Selon Aristote. Mais avec les invasions vikings. C'est à cette époque que prend corps la querelle des universaux. C'est aussi le siècle où s'amorce un vaste mouvement. Pierre Abélard. Avicenne). Bernard de Clairvaux. qui deviennent les instruments de la théologie (par exemple chez Alain de Lille). et éventuellement de se réconcilier. où il enseigna ces disciplines. En somme. Les premiers pensent que. par exemple. mais qui aura une influence considérable et donnera naissance au courant scolastique. comme la fameuse disputatio. ou « la philosophie servante de la théologie »[13]). la diffusion de la philosophie d'Aristote fait apparaître une nouvelle méthode philosophique : la scolastique. principalement dans sa Somme théologique. Au XIIIe siècle. mais un fort courant franciscain la rejette et reste fidèle à saint Augustin. en particulier des œuvres d'Aristote ou des commentateurs d'Aristote (Alexandre d'Aphrodise. Cette époque de tâtonnement sur les rapports entre la foi et la raison est dominée par l'œuvre imposante d'Anselme de Cantorbéry. les procédés dialectiques de questions-réponses. dit-on. parmi lesquels figurent Roscelin de Compiègne et Guillaume de Champeaux. Outre la logique. Il fut. tandis que les seconds estiment que la dialectique risque de dissoudre les mystères de la religion. tâche qui apparaissait pourtant bien improbable. une nouvelle philosophie naturelle (École de Chartres) et la mystique spéculative se partagent alors les fruits de la dialectique. c'est vers le milieu du siècle que Thomas d'Aquin réalise une vaste synthèse entre l'aristotélisme et le christianisme. la dialectique fut enrichie au Moyen Âge par la logique aristotélicienne. Al-Farabi. tandis que Une disputatio entre des clercs chrétiens et juifs (1483). Dominique Gundissalvi). une explication rationnelle des mystères chrétiens est possible. Elle constitue ainsi la méthode de réflexion et de discussion privilégiée dans la théologie médiévale (« la raison au service de la foi ». via le néoplatonisme). Le bas Moyen Âge Une nouvelle période de traduction des œuvres d'Aristote commence au XIe siècle. Les dominicains adoptent rapidement cette synthèse thomiste. et sont partisans de l'autorité des Pères de l'Église et des Conciles. Henri Aristippe[10]. de traductions latines nouvelles (Gérard de Crémone. Elle permettait en effet non seulement à la religion chrétienne d'éclairer certains de ses articles par une exposition rationnelle. étaient très utilisés dans les écoles urbaines et les universités en Europe jusqu'au XIIIe siècle. issues des maîtres franciscains Duns Scot et Guillaume d'Occam. classées et diffusées dans les universités nouvellement créées (notamment par Albert le Grand à l'Université de Paris). Les œuvres d'Aristote ayant été progressivement regroupées. qui pénètre ainsi en Occident. mais aussi à des positions et à des théories concurrentes ou contradictoires de se mettre à dialoguer les unes avec les autres. un peu avant l'An mil. le premier à introduire Aristote en Occident (Platon était déjà lu et connu. Gerbert d'Aurillac introduisit la dialectique et le quadrivium à l'école cathédrale de Reims. Après son séjour en Catalogne. Le XIIe siècle poursuit et amplifie le développement de la dialectique. dans les écoles monastiques. Sylvestre II remit à l'honneur la dialectique en Europe. parti de Tolède et d'Italie. les utilisait fréquemment.Dialectique Toutefois. 41 . En particulier. qui voit s'affronter dialecticiens et anti-dialecticiens. ces derniers comptant aussi pour une grande part les représentants de l'aristotélisme arabe (Al-Kindi. Proclus[11]). d'autres se tournent vers Avicenne ou Averroès[12]. pendant cette période. notamment à la cour de Charlemagne. qui tente d'incorporer l'aristotélisme au christianisme. Les arts libéraux restent néanmoins. autour de l'opposition entre les réalistes et les nominalistes. les maîtres du plus grand dialecticien de l'époque. notamment par l'étude de la logique et de la grammaire spéculative. De cette opposition au thomisme surgiront de nouvelles écoles au début du XIVe siècle. la base de l'enseignement. qui fournissait des fondements et des concepts solides et utiles aux raisonnements. par le recours à la logique d'Aristote. mais aussi de la réalité . Cependant. XIII). on peut prendre la forme abstraite comme une quadruplicité » (souligné par les traducteurs. et ce mouvement est la vie du tout. être et pensée sont donc identiques. et non d’en produire une nouvelle interprétation. Votre aide est la bienvenue ! [8] La dialectique est habituellement identifiée au syllogisme et ses trois moments : thèse. « au lieu de la triplicité. » Par exemple. On peut récuser l’idée qu’il y aurait une doctrine hégélienne. La négation est toujours partielle. Napoléon achève la Révolution française et Hegel le comprend. 2) opposition extérieure (environnement). c’est le saisir conceptuellement de l’intérieur. dans l’art. p. La dialectique n’est pas une méthode extérieure imposant une forme immuable comme la triplicité. composition ou décomposition. mais suppose qu’il existe toujours des relations entre les opposés : ce qui exclut doit aussi inclure en tant qu’opposé. en particulier dans leur présentation de la doctrine de l'essence. p. C’est le mot allemand aufhebung qui désigne ce mouvement d'aliénation (négation) et de conservation de la chose supprimée (négation de la négation). la philosophie et l’histoire. c'est le développement de la réalité. 1) position (être). En fait on pourrait parler de cinq temps constitués de deux fois trois temps puisqu'il y a bien une synthèse partielle entre les deux moments négatifs : • • • • • Hegel. opposition. Comprendre ce devenir. à la fin de la Logique (L'idée absolue. Dans le domaine de l’esprit. omniprésente. Cette conception de la contradiction ne nie pas le principe de contradiction. et c’est pourquoi la philosophie est la compréhension de l’histoire passée : « la chouette de Minerve ne prend son envol qu’au crépuscule. 4) division intérieure de l'unité (formulation du devenir par l'être). car il s’agit en fait de dégager ce qu’il y a d’intelligible dans la réalité. insuffisamment détaillée ou incomplète. Or. la thèse fondamentale de Hegel est que cette dialectique n’est pas seulement constitutive du devenir de la pensée. . Votre aide [8] est la bienvenue ! La dialectique chez Hegel Cette section est vide. antithèse. Portrait par Schlesinger (1831). 381-383). Hegel montre que le moment négatif se divise lui-même en deux : opposition extérieure et division intérieure ou médiatisé et médiatisant : « si après tout l'on veut compter ». la dialectique est l’histoire des contradictions de la pensée qu’elle surmonte en passant de l’affirmation à la négation et de cette négation à la négation de la négation. Toutes les réalités se développent donc par ce processus qui est un déploiement de l’Esprit absolu dans la religion. insuffisamment détaillée ou incomplète. Tout se développe selon lui dans l’unité des contraires. de la chose elle-même. 5) enfin compréhension de l'identité temporelle et de lieu de soi dans l'être-autre-soi (totalité sujet-objet). Mais cette compréhension de la réalité ne peut venir qu’une fois les oppositions synthétisées et résolues. Ce qui est sublimé est alors médié et constitue un moment déterminé intégré au processus dialectique dans sa totalité.Dialectique 42 La dialectique dans la philosophie moderne Cette section est vide. 3) unité spatiale des opposés (devenir). Cela n'empêche pas la pertinence de la division ternaire. synthèse ou encore position. La philosophie décrit la réalité et la reflète. détient le rôle proprement matérialiste de l'histoire. rien ne saurait lui en imposer . À un certain degré de leur développement. c'est l'Histoire elle-même prenant conscience de soi ». parce que. et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience sociale. La dialectique de l'histoire résulte des contradictions entre les classes sociales. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale. de leur destruction nécessaire. le sensible ne sont saisis que sous la forme d'Objet ou d'intuition. politique et intellectuelle. de façon subjective. L'ensemble de Karl Marx en 1875. Gallimard. les forces productives matérielles de la société entrent en collision avec les rapports de production existants. coll. Ainsi. les hommes nouent des rapports déterminés. p. c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » Karl Marx. » Karl Marx. Marx considérait que les conditions matérielles d'existence des êtres humains (notamment leur place dans leurs rapports de production) sont la détermination de leur conscience et non pas l'inverse. 273. ou « dialectique matérialiste » (terme qui n’a pas été employé par Marx. « Le principal défaut de tout matérialisme jusqu'ici (y compris celui de Feuerbach) est que l'objet extérieur. orienté vers la « transformation du monde » qui est aussi son humanisation (comme l'explique Georg Lukács au début du premier chapitre de son œuvre Histoire et conscience de classe). p. Cette section est vide. coll. de la lutte entre leurs intérêts divergents. en tant que pratique. mais qui était déjà utilisé avant sa mort[14]) basé sur les faits pratiques se distingue du matérialisme ordinaire par son côté dynamique et révolutionnaire. temps qui. Tome I. Préface de la Contribution à la critique de l'économie politique (1859). « Dans la conception positive des choses existantes. ainsi qu'entre le développement des forces productives et les rapports sociaux issus de leur état antérieur. les idéologies. la fondation réelle sur laquelle s'élève un édifice juridique et politique.« La pléiade ». La dialectique de Marx souhaite dépasser le « socialisme utopique ». parce qu'elle est essentiellement critique et révolutionnaire. ces rapports forme la structure économique de la société. Votre aide est la bienvenue ! [8] Marx s'oppose à la dialectique hégélienne en ce qu'il « remet sur ses pieds ». mais non en tant qu'activité humaine sensible. la dialectique inclut du même coup l'intelligence de leur négation fatale. la science. indépendants de leur volonté . la réalité. avec un socialisme (ou communisme) qui se veut basé sur le mouvement réel de l'histoire et sur le développement des forces productives. saisissant le mouvement même dont toute forme faite n'est qu'une configuration transitoire. pour Sartre. nécessaires. Tome I. et sont donc elles-mêmes historiques. Le « matérialisme dialectique ». première thèse sur Feuerbach. Il fait sienne l'idée que la Raison dialectique ne peut être critiquée que par la Raison dialectique . chez lui.Dialectique 43 La dialectique chez Karl Marx Article détaillé : Matérialisme dialectique. réinsère le déroulement du temps humain dans le processus dialectique. « Dans la production sociale de leur existence.« La pléiade ». la philosophie. sont des superstructures de la société. insuffisamment détaillée ou incomplète. 559 Selon la conception matérialiste de l’histoire. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence. » Karl Marx. c'est-à-dire sur les possibilités objectives du moment historique et des rapports de force sociaux. ces rapports de production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles. Gallimard. « le marxisme. ce contenu est la science elle-même.Dialectique elle-même. Notons que Georges Politzer (1936) regroupe les principes 3 et 5 en un seul. « des comportements erratiques sur l'attracteur » mettant en œuvre des découvertes (le chaos déterministe) datant seulement d'une trentaine d'années. » La dialectique matérialiste a trouvé dans la biologie un certain nombre d’arguments (cf JBS Haldane. la dialectique permet dans les sciences de rendre intelligibles et abordables des contradictions (tendances antagoniques). la praxis. ce contenu dialectique est changeant avec le progrès des sciences. Pascal Charbonnat ou encore Évariste Sanchez-Palencia en lien avec le matérialisme dialectique initié par Marx.. Engels (1878). ni à la recherche de la vérité. Qui plus est. elle peut apparaître plutôt comme une technique rhétorique. Cette dialectique ne vise pas à la connaissance. Stephan Jay Gould. 4. La négation de la négation : thèse. car en un certains sens. quel que soit le détenteur de la formule de la vérité. Il s'agit d'une méthode de persuasion. 2. aussi bien sur le plan de leur structure (métabolisme) que de leur évolution. au sens qui avait été 44 . Mouvement et transformation. Voici l'énoncé de ces principes [dialectiques]. 3. c'est-à-dire des situations insolites et paradoxales que l'on rencontre dans les observations et les expériences scientifiques[16]. Au XXIe s. Alexandre Zinoviev. dite aussi unité dialectique) La contradiction. suite à la caricature du matérialisme dialectique (le diamat) et l'affaire Lyssenko. sont soumis à des changements incessants. Cependant après guerre. destinées à faire accroire à un interlocuteur ou à un public que l'on a raison. Cela ne présente aucun inconvéniant. Aujourd'hui certains philosophes comme Lucien Sève ou Jean-Marie Brohm remettent en avant la dialectique mais de manière philosophique dans le cadre strictement de l'action humaine. la dialectique est fortement et diversement critiquée par les philosophes (Jean-Paul Sartre) et les scientifiques (Jacques Monod. par exemple chez les Sophistes. un nouveau principe. 2003): 1. dont les principes constituent des abstractions. Richard Lewontin. Il en établit un recueil (non exhaustif) d'une cinquantaine de règles. C'est ainsi que […]. À ce titre.M Brohm (Les principes de la dialectique. mais indifféremment à cultiver une image de son personnage comme savant ou à défendre une opinion. déterminés par leurs bases physico-chimiques fluctuantes (voir Prigogine) et un certain contenu en information. l'évolution de nos connaissance scientifiques conduit à une révision permanente du contenu de ces principes. force créatrice Le passage du quantitatif au qualitatif (bonds et ruptures). antithèse et synthèse (ou principe du développement en spirale). puisque le contenu des principes n'a pas encore été défini. Patrick Tort…) la reconnaissent ouvertement dans leurs études et l'objet de leurs études. La dialectique contemporaine et la science Après 1945. « A la rigueur. des ouvrages de scientifiques remettent en avant la dialectique dans les sciences comme Bertell Ollman. et donc totalement inconnues d'Engels ou de Politzer[17]. 5. le concept de dialectique. Stephen Jay Gould). Elle est définie par Arthur Schopenhauer dans son livre La Dialectique éristique. Par le fait que les êtres vivants. La dialectique éristique Cette forme de dialectique se développe très tôt. Engels et Dietzen. Ainsi. sous la forme donnée par J. dans la mesure où les arguments sont considérés pour leur seule efficacité (c'est-à-dire dans l'unique but de persuader). pour les phénomènes faisant intervenir l'évolution d'au moins trois agents. La méthode qu'il affine (à partir d'une proposition d'Henri Lefebvre) est progressive-régressive. Guillaume Lecointre[15]). essentiellement dus à F. quelques-uns (Richard Lewontin. L'action réciproque (ou interdépendance. Ils rejettent la dialectique de la nature et positiviste ou matérialiste et l'existence des lois scientifiques déterminés naturellement et existantes en dehors de l'action de l'homme. Schopenhauer appelle cet artifice « l'art d'avoir toujours raison ». [5] Ainsi. livre III (sur Platon) . Critique de la raison pure • Schopenhauer. [6] Voir la République. doctrines et sentences des philosophes illustres. Vies. Sciences et dialectiques de la nature. La dialectique mise en œuvre : Le processus d'abstraction dans la méthode de Marx. L'Anti-Dühring Textes contemporains • Jean-François Chantaraud. les principes de la dialectique. 1939 • Jean-Paul Sartre. Le Matérialisme dialectique. La Dispute. Parménide Textes classiques • Kant. Critique de la raison dialectique. « la dialectique n'est pas une logique avec des lois strictes. Éditions de La Passion. Hermann. 2010 • Évariste Sanchez-Palencia. mais fausse. 1973. La Dialectique.. 1960 Textes généraux • Lucien Sève. et une réponse plus juste. PUF. a pu être appliqué[18].7). 254p. 1998 • Jean-Marie Brohm. Toujours selon Diogène Laërce. insolites et paradoxaux dans tous les domaines de connaissances dont les mathématiques appliqués. 2003 • Bertell Ollman. et l'interlocuteur choisit en général la réponse séduisante ou politiquement correcte. c'est surtout la sociologie et la psychologie de la recherche. « Que sais-je ? ». L'Art d'avoir toujours raison • Friedrich Engels. La dialectique d'Héraclite à Marx. mais il ajoute aussitôt après que . Dialectique et sociologie. 2012 Filmographie • La dialectique peut-elle casser des briques ?. ce qui rend évident que ses présuppositions comprennent quelque erreur. La discussion se passe en public. Syllepse. 45 . Documentation française. 2013 • Raymond Aron. L'art d'avoir toujours raison. Socrate va ensuite. Selon Évariste Sanchez-Palencia. Leviers de la cohésion sociale et de la performance durable. coll.Dialectique donné par Engels dans la dialectique de la nature. Bibliographie Textes anciens • Platon. la dialectique permet de résoudre des problèmes scientifiques contradictoires. les méthodes de productions de connaissances. L'état social de la France. penser la démocratie • Claude Bruaire. [3] D'après Diogène Laërce. Vie des philosophes. 2005 • René Mouriaux. Promenade dialectique dans les sciences. VIII. 57. Livre VI. En un sens.. par un subtil jeu de questions. la sophistique elle-même doit faire usage d'une certaine forme de dialectique : voir le paragraphe sur la dialectique éristique. 1993 • Georges Gurvitch. VII. [4] Voir la théorie de la réminiscence professée par Socrate dans les dialogues de Platon. mais un cadre général dans lequel s'inscrivent les phénomènes évolutifs »[20]. Socrate pose parfois une question comportant deux réponses : une réponse séduisante ou politiquement correcte. Penser la liberté. PUF. Syllepse. amener son interlocuteur à se contredire. 1962 • Henri Lefebvre. éd. « Mais. »[19] En effet. film de René Viénet Notes et références [1] C'est du moins ce que prétend Diogène Laërce. si éloignés d'une logique communément admise mais très peu convaincante. [2] Voir Schopenhauer. qui peuvent trouver dans la dialectique un cadre permettant une ébauche de cohérence. Flammarion. ch. (ibid. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k6202160x/ f72. mathématicien ou physicien. Vous pouvez aider en ajoutant des références. éd. août l978. en se démarquant de ce qu'ils avaient appris. org/ archive/ dietzgen/ 1870s/ religion. et l'enseignement thomiste est suspendu jusqu'en 1285. htm) (1875). Cet article est une ébauche concernant la philosophie. bien qu'on en trouve l'origine dès le chez Martianus Capella. par des précurseurs tels que Copernic (religieux). d'angle. Promenade dialectique dans les sciences. Préface de l'Histoire des philosophie matérialiste de Pascal Charbonnat. malgré . Hermann. Apparition du doute scientifique Le doute scientifique fit son apparition avec ce qu'on appelle les « philosophes ». de poids. wikipedia. 7 [17] Évariste Sanchez-Palencia. pp 70-85 — Gallica (http:/ / gallica. au départ. ces grands esprits précurseurs se démarquèrent.6 Doute Pour les articles homonymes. bnf. notamment astronomiques. de Paul Janet (chapitre II. scientifique. dont Gérard de Crémone avait traduit les Livres I à II de l’arabe en latin. Voir l'article arts libéraux. Donc. Hermann. Giordano Bruno (religieux). Il s’oppose à la certitude. entraient en contradiction avec les enseignements de l’Église romaine. Promenade dialectique dans les sciences. Kepler.7 [20] Évariste Sanchez-Palencia. n° 200. Hermann. Le doute est une interrogation. scrupuleusement notées et mesurées. page 121) [8] http:/ / fr. (Modifier l'article [1] ) Cet article ou cette section peut contenir un travail inédit ou des déclarations non vérifiées. [10] À la fin du . [14] par Joseph Dietzgen notamment : dans The Religion of Social-Democracy (http:/ / www. marxistsfr. Or. Au XVIIème siècle. org/ w/ index. une compilation de Proclus attribuée par les Arabes à Aristote. Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (juillet 2012). Henri Aristippe traduit notamment du grec le Livre IV des Météorologiques d’Aristote. Galilée (religieux également). et Social-Democratic Philosophy (http:/ / www. de distance. [13] C'est Thomas d'Aquin qui rendra célèbre l'adage « la philosophie est la servante de la théologie » (Philosophia ancilla theologiae). de 219 propositions aristotéliciennes et averroïstes par l'évêque de Paris. Promenade dialectique dans les sciences. [12] Les luttes intellectuelles âpres qui s'ensuivent aboutissent à la condamnation. 2012. Promenade dialectique dans les sciences. Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. zoom) [19] Évariste Sanchez-Palencia. marxistsfr.Two Sermons (http:/ / www. org/ archive/ dietzgen/ 1876/ philosophy. tandis qu'une opposition vigoureuse au thomisme s'organise. éd. partie Pragmatique et dialectique. elles faisaient partie du corpus des études religieuses.). dont les observations. 2012. 271-2 [18] Georges Chapouthier. htm) (1870-1875). qu'on trouve déjà chez Anselme de Cantorbéry. p.Dialectique 46 [7] Essai sur la dialectique de Platon. p. Voir la page de discussion pour plus de détails. Ethics of Social-Democracy -. le terme de philosophe recouvre ce qu'aujourd'hui on nommerait savant. Tycho Brahe. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants. 2012.La rupture provient du développement de l'observation et des appareils de mesure (de temps.. php?title=Dialectique& action=edit [9] C'est Cassiodore qui a développé la structure du trivium au . merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». org/ archive/ dietzgen/ works/ 1870s/ ethics. 2012. La Pensée. voir Doute (film. [15] Guillaume Lecointre. notion de ce qui est sûr et qui n’est pas discutable. [11] Gérard de Crémone traduit ainsi le Liber de causis. 2013) [16] Évariste Sanchez-Palencia. p. il convient de mettre des guillemets. Information.. les sciences n'existaient pas en tant que telles. marxistsfr. éd. Structure et Dialectique chez les êtres vivants. p. htm) (1876). Engels utilise aussi des expressions avoisinantes dans l'anti-düring (1877). éd Syllepse 2007 (Kimé. l’impression d’une réalité différente. à l'époque. Hermann. Il peut être le pressentiment. en 1277. 2008). éd. est douloureux en ce qu'il est réflexif : le doute scientifique s'exerce sur des idées émises par d'autres. Le doute scientifique émergera peu à peu de cette attitude de mise en doute : les vérités de l'église. publication de ces mesures (comme les tablettes périodiques des planètes).capacité de raisonner . mais qui. Il y a également une catégorie de doutes totalement différents qui regroupe des questions d’ordre existentiel. sous lequel le juge est autorisé à statuer selon son « intime conviction ». une série de questions sur les fondements. au XVIIème siècle. expérience. c'est le doute sur soi. En droit En droit anglo-saxon. Descartes rendit compte des erreurs que les certitudes engendrent dans les esprits. bien antérieur au doute scientifique. d'un travail ou d'un mot. en théorie du moins. Or. le doute intime sape obligatoirement la confiance. des vérités que l'église avaient intégrées dans son enseignement depuis presque mille ans. et de le faire évoluer. 47 . sur la justesse des gestes. Néanmoins. donc admises. dans la mesure où un être est capable d'évoluer. disputes.Doute eux. sont des vérités révélées. et qui échappe à l'analyse. et dangereux. raisonnement. des positions de l'église en se contentant de tirer des conclusions logiques de leurs observations. et la science progresse de manière historique entre doute méthodologique. de procès en procès. il influe sur le quotidien. Le doute est alors le lieu même de l'épreuve qu'est une évolution personnelle.sont donc les concepts inséparables de la science naissante : capacité à démontrer une proposition donnée. en s'appuyant sur la raison (la chose la mieux distribuée parmi les hommes) de démontrer par la seule force de la raison les vérités de la science.. dans le but de se dégager du doute. C’est l’apparition du doute cartésien. les humains le détestent car il fait entrer l'être dans un cycle instable. dont on ne peut ni donner la preuve ni la cause. Le doute est une intuition déstabilisante. le juge fonde sa décision sur les preuves d'une culpabilité hors de tout doute raisonnable.. ou doute méthodologique. auxquelles on peut trouver une réponse plus ou moins vérifiable. Donc la science se bâtit sur des vérités que. Au centre de multiples débats. Ce doute scientifique s’applique donc aux choses démontrables. il fallut tout un travail de grands esprits issus de l'humanisme pour faire sortir du corpus religieux certaines vérités qui n'avaient pas de rapport ontologique à la religion. Contrairement aux sceptiques. il ne peut y avoir aucune motivation. au départ. ou mise en évidence d'une contraction au sein d'une vérité donnée. il n’utilisa pas le doute pour douter mais mit en place une méthode.. Intime / psychique Le doute premier. Sentiment de se fourvoyer. Cette notion de « doute raisonnable » n'est pas reconnue en droit français. sum. série qui s'alimente d'elle-même. polémiques. L'idée étant de partir de vérités admises par tous (le fameux Cogito. Le doute personnel. tout ce que l’on va nommer métaphysique ("au-delà de la physique"). En général. puis en querelles. En même temps.. par définition. vont amener à séparer ce qui relève du religieux et ce que les hommes de l'époque nommaient la philosophie naturelle et que nous nommons sciences. observation et intuition de la vérité à imaginer. le doute est le compagnon obligatoire de cette évolution : sans question sur les certitudes de l'être. aucune critique digne. une vérité d'aujourd'hui peut être contredite par une expérience de demain et donc être mise en doute à son tour. La science nait donc de cette confrontation entre observations par des hommes de science. n'importe qui peut redémontrer à tout instant. Ils concernent des sujets auxquels l’homme ne peut pas prétendre apporter une réponse qui soit certaine et démontrable. Doute cartésien et raison . on dit axiome en langage moderne) et. les querelles tournant autour de l'astronomie et de la question de savoir si la Terre ou le Soleil était au centre de l'univers sont les plus connues et médiatisées. et. • Portail de la philosophie Références [1] http:/ / fr. psychologie. org/ w/ index. L'empirisme s'oppose en particulier à l'innéisme et plus généralement au rationalisme pour qui nous disposerions de connaissance. De la folie du doute [2]. voir méthode expérimentale. idées ou principes a priori. mais aussi en divers domaines d'étude : logique. php?title=Doute& action=edit [2] http:/ / www. John Locke. philosophe scolastique. George Berkeley. html Empirisme Cet article concerne l'empirisme.Doute 48 Annexes Articles connexes • Esprit critique • Zététique Lien externe • Benjamin Ball. 1890. dont on peut extraire des lois générales par un raisonnement inductif. Il va souvent de pair avec une théorie associationniste des idées qui explique leur formation par la conjonction d'idées simples [réf. Défendu principalement par les philosophes Francis Bacon. précurseur de l’empirisme sous sa forme moderne. allant par conséquent du concret à l'abstrait. souhaitée] . . souhaitée]. l'empirisme considère que la connaissance se fonde sur l'accumulation d'observations et de faits mesurables. Histoire Roger Bacon. Asselin et Houzeau. wikipedia. David Hume et des scientifiques comme Ibn Al Haytham. sciences cognitives et linguistique en particulier. Éd. Leçons sur les maladies mentales (31ème leçon). Paris. com/ De-la-folie-du-doute. Pour les résultats empiriques (résultats basés par des faits ou des expériences). L'empirisme désigne un ensemble de théories philosophiques qui font de l'expérience sensible l'origine de toute connaissance valide et de tout plaisir esthétique[réf. L'empirisme a des implications non seulement en philosophie & épistémologie. psychanalyse-paris. à l'état de possibles) : c'est l'objet naturel qui est cause directe de la connaissance . La Méthode expérimentale chez les Anciens. la sensation actualise dans l'âme (l'intellect) la forme intelligible (quiddité) qui signifie dans l'objet naturel sa structure rationnelle ou substance. L'âme reçoit donc les formes intelligibles passivement (bien qu'elle les contienne toutes en puissance. av. • L’historia : observation faite par les autres et rapportée par écrit). les Empiriques ne reconnaissaient que trois procédures : • L’Αυτοψία[2]. toute connaissance provient de la sensation causée par les simulacres qui sont produits par les corps. En effet. par l'intermédiaire de l'influence du scepticisme[4]. Jean Philopon rappelle ceci à propos de l'âme selon Aristote : « Aristote la représente par une tablette non écrite et la nomme au sens propre faculté d'apprendre. qui a elle-même beaucoup influencé Sextus Empiricus. La secte des Empiriques. célèbre sceptique. Il s'est particulièrement manifesté dans la médecine empirique[1]. l'abstraction consistant en l'effacement des particularités pour obtenir une définition universelle[8]. Aristote et la table rase C'est d'Aristote que John Locke reprend la conception de l'esprit comme tabula rasa. . Platon. Épicurisme : prénotions et simulacres La théorie des prénotions d'Épicure est proche de l'empirisme[5]. S’en tenant à ce qui est apparent. Sextus Empiricus. selon laquelle on peut déterminer les causes cachées des maladies. la représente par une tablette écrite et la nomme faculté de s'instruire par remémoration »[9]. par Philinos de Cos. et • Le 'passage au même'[3] Il ne semble néanmoins pas que cette forme d'empirisme ait joué un rôle dans l'élaboration du mouvement né en Angleterre. Pour l'épistémologie épicurienne.-C. la table rase qui reçoit les impressions comme de la cire[7]. fondée au III° s.Empirisme 49 Antiquité Médecine et scepticisme L’empirisme représentait un courant philosophique dans l’Antiquité. Aristote concevait la connaissance comme l'abstraction de formes intelligibles à partir des objets sensibles. Plus d’informations peuvent être trouvées dans l'œuvre de Victor Brochard. refusait l’idée centrale de la médecine des 'dogmatiques'. J. et a été rangée sous cette étiquette par Kant[6]. cependant. si ce n’est peut-être chez Hume. on a pu voir en Guillaume d'Ockham un précurseur de l'empirisme. Renaissance : Francis Bacon Article détaillé : Francis Bacon (philosophe). toute connaissance doit pouvoir se ramener en définitive à une expérience immédiate et singulière. En somme.) Notre plus grande ressource. union qui n'a point encore été formée[16]. nos théories scientifiques sont construites en fonction de la façon dont nous voyons les objets . mais que l'on impose nos propres interprétations sur ces objets. tout repose sur l'expérience »[12]. Pour Bacon. Dans son étude des faux raisonnements. elle la travaille et la digère. Francis Bacon (1561-1626) est le père de l'empirisme sous sa forme moderne. « intuitive »[11] . il abandonne la pensée déductive. D'ailleurs. sa meilleure contribution a été dans la doctrine des idoles. telle l'araignée ourdit des toiles dont la matière est extraite de sa propre substance. S’opposant à la logique aristotélicienne[14] qui établit un lien entre les principes généraux et les faits particuliers. Le dogmatique. D'après Bacon. se contente d'amasser et de consommer ensuite ses provisions. Il pose le premier les fondements de la science moderne et de ses méthodes[13]. elle tire la matière première des fleurs des champs. c'est-à-dire des faits qui sont objets de l'expérience[10]. puis.Empirisme 50 Moyen Âge Pour ce qui est de la pensée médiévale. semblable à la fourmi. père de l'empirisme moderne « L'empirique. » . Ainsi. au profit de l’« interprétation de la nature ». L'abeille garde le milieu . celle dont nous devons tout espérer. il écrit dans le Novum Organum (ou « nouvelle logique » par opposition à celle d’Aristote) que la connaissance nous vient sous forme d'objets de la nature. (. par un art qui lui est propre.. où l’expérience enrichit réellement le savoir[15]. l'être humain est donc biaisé dans sa déclaration d'hypothèses. Bacon préconise un raisonnement et une méthode fondés sur le raisonnement expérimental : Francis Bacon. « la science véritable est la science des causes ». pour qui « aucun discours ne peut donner la certitude. parce qu'il n'admet que des entités singulières dans le monde. qui procède à partir des principes admis par l’autorité des Anciens. On peut mentionner aussi Roger Bacon. c'est l'étroite alliance de ces deux facultés : l'expérimentale et la rationnelle.. écrivain qui importa en France les idées de Locke[19]. L'empirisme accompagna ainsi la naissance de la science moderne. • Adam Smith (1723-1790). qui s'inspira de Francis Bacon. • John Locke (1632-1704). Il prend racine au XVIe siècle et s'épanouit principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles. philosophe écossais qui développa l'empirisme sceptique. Bien qu'empirisme et matérialisme aillent souvent de pair. Thomas Hobbes. Selon le sociologue des sciences Robert King Merton (dans Éléments de théorie et de méthode sociologique. l'empirisme aurait percé dans le champ scientifique grâce à ses liens étroits avec l'éthique protestante et puritaine. lors de la naissance de la science moderne (avec Galilée). fils du précédent. philosophe anglais et fondateur du libéralisme politique. • John Stuart Mill (1806-1873). • Robert Boyle (1627-1691). L'empirisme définissait des modes de connaissance dérivés de l'expérience et de la logique qui s'affranchissaient de la Révélation.Empirisme 51 L'empirisme moderne Développements L'empirisme moderne est un mouvement philosophique qui naît d'abord en Angleterre. contradicteur du cartésianisme. il n'y a pas de lien nécessaire entre les deux (comme le montrent Berkeley et James). philosophe américain qui développa un empirisme radical qu'il nomma « pragmatisme ». physicien et chimiste irlandais. philosophe français sensualiste influencé par Locke. forme l'essence de la science moderne ». écrivain et encyclopédiste qui soutint un « matérialisme enchanté »[20]. À l'origine. L'apport de Newton à la science s'inscrit dans ce contexte intellectuel empiriste. Ses principaux représentants sont : • Francis Bacon (1561-1626). si évidente dans l'éthique puritaine. homme politique et philosophe irlandais. • Étienne Bonnot de Condillac (1714-1780). empirisme logique (cf. en est ainsi l'expression aboutie : « la combinaison de la rationalité et de l'empirisme. • William James (1842-1910). philosophe écossais influencé par Hume. philosophe anglais matérialiste. • James Mill (1773-1836). Cercle de Vienne). • Thomas Hobbes (1588-1679). explique Merton. • Claude-Adrien Helvétius (1715-1771). • Voltaire (1694-1778). • et Rudolf Carnap (1891-1970). • Denis Diderot (1713-1784). fondée en 1660 par des protestants. dans la mesure où il fut l'une des formes d'opposition à la scolastique[17]. • Moritz Schlick (1882-1936). philosophe français sensualiste. homme politique et philosophe anglais que l'on considère souvent comme le père de l'empirisme. 1965). • Edmund Burke (1729-1797). empirisme logique. • George Berkeley (1685-1753). et fut le père de la philosophie naturelle. économiste écossais disciple de Hume[21]. . évêque et philosophe irlandais qui développa un empirisme « immatérialiste » (il n'y a pas de « matière » derrière les phénomènes qui nous apparaissent[18]). économiste et philosophe anglais qui développa l'utilitarisme inspiré de Jeremy Bentham (1748-1832). l'empirisme pouvait se concevoir comme un matérialisme (pour Francis Bacon et Thomas Hobbes). • David Hume (1711-1776). théoricien de l'esthétique empiriste. Le développement de la Royal Society de Londres. caractérisée par sa mathématisation et son utilisation massive de la méthode expérimentale. lesquelles sont moins hostiles à la religion et plus idéalistes. Il ne faut néanmoins pas confondre l'empirisme avec le pragmatisme de Charles Sanders Peirce (ce dernier parlait d'ailleurs de « pragmaticisme »[24]) ou Richard Rorty. mais aussi. On définit souvent l'empirisme en l'opposant au rationalisme ou à l'idéalisme. l'empirisme ne soutient pas la thèse de l'existence du monde extérieur indépendamment de nous. William James. voir aussi Lumières écossaises) sont majoritairement empiristes. L'empirisme radical est une variante défendue par William James (1842-1910) et qui affirme. car l'opposition n'est pas simplement entre partisans de la raison et partisans de l'expérience. ce qui fait sa spécificité. Il est vrai qu'Auguste Comte (1798-1857) appuya sa philosophie en partie sur celle de Francis Bacon. le temps et les catégories. • Kant (qui argumentait en faveur de l'idée que l'expérience serait conditionnée par des structures a priori de la subjectivité. dans la mesure où celui-ci met davantage l'accent sur l'explication des phénomènes par des formulations mathématiques. qu'il ne faut rien lui retirer : nous avons une expérience des relations. L'empirisme se fonde sur l'expérience. puisque les empiristes ne nient pas que la raison puisse jouer un rôle dans le processus de la connaissance. mais il faut nuancer. rendant possible ce qu'il appelait des jugements synthétiques a priori[28]) . inventeur du pragmatisme avec Peirce. L'empirisme se distingue assez nettement du positivisme. C'est un idéalisme qui s'oppose au physicalisme. En outre.Empirisme 52 Les Lumières françaises et anglaises (Enlightenment. partisan du rationalisme • Gottfried Leibniz (qui défendait l'existence de vérités analytiques indépendantes de l'expérience sensible[27]). qu'il ne faut rien ajouter à l'expérience. et défend au contraire l'idéalisme sur ce point (mais il ne s'agit évidemment pas d'un idéalisme transcendantal à la manière de Kant[25] ou spéculatif à la manière de Hegel). telles l'espace. Controverse entre le rationalisme et l'empirisme Article connexe : Rationalisme. le pragmatisme sur l'action. contrairement aux Lumières allemandes (Aufklärung). qui sont aussi réelles que les termes de l'expérience[23]. dans certains cas (pour Berkeley notamment). Ils refusent seulement l'idée qu'il puisse y avoir des connaissances purement rationnelles ou a priori. L'empirisme est entré en controverse avec le rationalisme de : • Descartes (qui argumentait en faveur de l'innéisme des idées[26]). comme l'empirisme classique. Gottfried Leibniz. et ils mettent l'accent sur la méthode expérimentale. mais cela n'est pas suffisant pour trouver beaucoup de points communs entre l'empirisme et le positivisme[22]. plutôt que d'interroger la structure métaphysique du monde sans cette question préalable. L'empirisme en général admet toutefois l'existence de concepts. Cette première question permet d'éviter de construire un système métaphysique spéculatif complexe. les empiristes (notamment John Locke dans l'Essai sur l'entendement humain) se proposent d'analyser les pouvoirs de l'entendement humain. le fondement et la première source de la connaissance se trouvent dans l'expérience. l'épistémologie évolutionniste. Doctrine Épistémologie Selon l'empirisme. tout en cherchant à le réfuter (période phénoménologique). et 2) qu'est-ce qui valide une théorie ? (dont traitera la partie « Méthode et logique »). Pour la phénoménologie. il n'y a que les objets singuliers et les phénomènes qui sont réels. Thèses et problèmes Les empiristes répondent à deux questions : 1) quelle est l'origine de la connaissance ? (que nous allons traiter ici). C'est ainsi que l'empirisme peut déboucher sur une éthique. 53 . Relation à la religion instituée D'un point de vue religieux. La connaissance humaine dérive ainsi de l'expérience. il n'y a pas d'idées innées qui seraient présentes dans l'esprit dès la naissance. le pragmatisme de Quine et l'esthétique analytique en découlent notamment. indispensable selon eux. En effet. il faut déjà commencer par connaître notre propre instrument de connaissance du monde. 1891). l'esprit. L'empirisme n'a pas été sans postérité dans la philosophie continentale. via sa lecture de James et des sensualistes. L'argument est qu'avant de chercher à connaître le monde. L'esprit est alors conçu comme une tabula rasa sur laquelle s'impriment des impressions sensibles. qui reprennent ainsi une thèse nominaliste. afin d'en délimiter la capacité et de ne pas l'outrepasser. et il rend hommage à Hume dans les Ideen I (1913). Pour certains empiristes comme George Berkeley[32]. Husserl s'inspire de Mill lors de sa période psychologiste (dans la Philosophie de l'arithmétique. images ou synthèses d'images issues de l'expérience et de l'association des idées. et dans la philosophie de Deleuze. créant ainsi la notion d'« empirisme transcendantal »[30]. ou dans l'âme de toute éternité (cette dernière thèse est celle de Platon : c'est la connaissance comme réminiscence[33]). qui a consacré un livre à Hume. Son influence se fait sentir dans la philosophie de Bergson[29].Empirisme Postérité contemporaine de l'empirisme L'empirisme eut une importante postérité dans la philosophie analytique : l'empirisme logique (Cercle de Vienne). le réfutationnisme de Popper. l'empirisme et l'agnosticisme qui peut en découler ont été condamnés par Pie X dans son encyclique Pascendi[31]. une sagesse : ne pas chercher à connaître ce qui nous est inaccessible à jamais. synthétisant ainsi la position empiriste héritée de Locke et annonçant celle de Carnap. De même. Quant au souvenir. c'est une fiction . un objet singulier et immédiat de la sensation. L'empirisme. contrairement à la thèse que développera plus tard Castoriadis[35]. la sensation est première. La psychologie empiriste développera notamment l'associationnisme ou théorie de l'association des idées. et que toute idée complexe peut être décomposée en idées simples se rapportant elles-mêmes à une sensation particulière. Elle consiste à « rechercher de quelle impression dérive cette idée supposée [l'idée qui fait problème] ». C'est ainsi que l'on a pu désigner la philosophie empiriste comme un « psychologisme[36] » : la thèse fondamentale du psychologisme est que toute pensée n'est qu'une représentation subjective. y compris celui de Hume. Là encore.Empirisme 54 Hume répond à ces deux problèmes dans l'Enquête sur l'entendement humain (1748). alors ce discours est tout simplement vide. et quel que soit son degré de complexité. Cela signifie qu'il n'existe pas d'idée « pure ». qu'il soit scientifique ou philosophique. Hume expose deux arguments pour justifier cette conception : David Hume. indépendante de l'expérience. Cette méthode est un principe d'économie. L'imagination consiste en l'anticipation d'une perception. de résoudre la plupart des problèmes. une expérience pure. Tout discours. qui n'est pour Hume qu'un vide théorique et un jargon trompeur. au détriment d'une spéculation sur l'essence du monde ou sur les idées innées. Hume récuse l'idée d'un imaginaire radical qui précéderait la sensation. mais il peut mélanger à sa guise celles qu'il a obtenues par l'expérience pour en former de nouvelles. considère que toute idée simple se rapporte à une sensation particulière. À propos des idées générales. permettra à l'avenir de résoudre l'ensemble des épineux problèmes philosophiques. Hume propose ainsi une méthode simple qui. ou alors ce ne sont que des fictions vides qui sont dépourvues de sens. • un aveugle ne peut pas concevoir les couleurs (problème de Molyneux). puis viennent l'imagination et le souvenir. L'impression immédiate est première dans le processus de connaissance. en tant que science de l'expérience proprement humaine. Méthode et logique Sur le plan de la méthode. Si ce n'est pas le cas. Hume définit le pouvoir et la liberté de l'esprit comme la faculté de composer des idées complexes avec des idées simples[37]. Néanmoins. déjà vécue. la position empiriste rejoint souvent celle du nominalisme. 1754-1762). l'un des premiers à développer l'associationnisme. car elle est simple et permet pourtant. doit toujours pouvoir être ramené à un fait brut. Même les concepts les plus généraux et les plus abstraits sont des représentations tirées de l'expérience. Hume fera lui-même œuvre d'historien : il livrera à la postérité une Histoire de l'Angleterre (The History of England. d'après les empiristes. Hume répond que toutes les idées que contient l'esprit humain sont des copies de sensations originelles[34]. selon lui. il consiste en la remémoration d'une perception passée. partisan de l'expérience pure • il n'existe pas d'idée dans l'esprit humain qu'on ne puisse ramener à une sensation qui en est à l'origine . s'inspirant de la théorie de Locke. l'esprit humain ne peut anticiper que des perceptions qu'il connaît déjà. les empiristes développèrent un moyen original de résolution des problèmes. À la question de l'origine de la connaissance. L'esprit ne peut pas créer ou inventer des idées ex nihilo. Il n'y aurait donc pas d'idées générales ou pures ou objectives ou indépendantes du sujet qui les pense. Psychologie et histoire La philosophie empiriste met ainsi l'accent sur la façon dont le sujet connaissant perçoit le monde et ressent les émotions. l'empirisme manifeste un grand intérêt pour l'histoire. développa ainsi une logique inductive. partisan du nominalisme développement que connaîtra l'empirisme sous sa forme logique. y compris chez le premier Wittgenstein (dans le Tractatus logico-philosophicus). Elle postule qu'il existe des faits purs d'un côté. Or. et de l'autre des signes généraux utilisés par l'entendement humain pour se représenter le monde. via l'associationnisme (c'est-à-dire l'association des idées dans l'esprit). Cette distinction entre les faits et les pensées explique en partie le Guillaume d'Ockham. Ainsi. à la formation de l'idée de causalité. Cela explique en outre le primat de la philosophie du langage. Je crois que le soleil se lèvera demain car il en a toujours été ainsi. qu'il faut clarifier à l'aide des outils logiques et expérimentaux. Chez Hume par exemple. plus ma croyance subjective en la réitération de ce phénomène se renforce. Un tel type de raisonnement ne conduit qu'à une connaissance probable (« Que le soleil se lèvera demain est une hypothèse »). Cette méthode présuppose néanmoins une distinction entre les faits et les pensées[38]. Il existe donc deux moyens d'analyser la validité d'une pensée : premièrement. Le débat est donc assez complexe entre tenants du « psychologisme » (il n'y pas d'idées pures indépendantes des sensations et des émotions). Toute la question sera alors de déterminer le statut de ces vérités analytiques qui ne dépendent pas de l'expérience.Empirisme dépourvue de sens. plus j'observe l'occurrence d'un même phénomène. La plupart des difficultés en philosophie aurait pour origine une confusion quant aux termes employés. chez Carnap par exemple. les vérités analytiques sont vraies mais sont également vides. en interroger la cohérence logique (c'est l'ordre des vérités analytiques). de l'empirisme logique (il existe des lois formelles non psychologiques de la pensée qui organisent le discours scientifique et invalident le discours métaphysique[39]) et du « platonisme » (il existe des objets logiques tels que les nombres qui sont indépendants de l'expérience et qui ont un sens en eux-mêmes[40]). Logique inductive Article détaillé : Induction (logique). l'observation concomitante et réitérée de deux événements conduit progressivement. pour qui un signe n'avait de valeur que s'il pouvait supposer pour un objet singulier dans une proposition. il n'y a pas de « connexion nécessaire » entre deux faits. L'empirisme. deuxièmement. par exemple celui de Hume ou de John Stuart Mill. elles ne nous apprennent rien. On trouvait déjà cette idée chez Guillaume d'Ockham (dans la Somme de logique). Pour les empiristes les plus radicaux (ou nominalistes). L'empirisme logique développe la double exigence de vérifier le langage utilisé par l'analyse logique (détecter les contradictions et les tautologies) et par le renvoi éventuel à un objet singulier et immédiat de l'expérience (critère « vérificationniste »). qui consiste en la généralisation vers une loi naturelle à partir de données particulières de l'expérience[41]. Il n'y a que les vérités synthétiques qui nous apprennent quelque chose sur le monde. si l'induction ne permet aucune certitude et ne peut fonder aucune loi universelle et nécessaire. en interroger le rapport à un fait brut (c'est l'ordre des vérités de fait ou synthétiques). le raisonnement causal repose en fait sur l'habitude[42]. 55 . le grand beau. mais qu'elle est belle suivant la subjectivité toute personnelle de l'observateur. on ne discute pas ». puisque l'on trouve beau ce qui produit en nous du plaisir. un ventre jaune. En effet. le beau est pour lui une peau noire. comme saint Augustin la décrit dans son Traité de la musique. le beau. Le sublime est une valeur caractérisée par la dysharmonie. Il s'en prend notamment à la conception platonicienne du Beau (en termes d'intellectualité quasi-mystique). alors le « beau » est une notion toute subjective. Pour l'esthétique classique. qui sera différent de l'émotion qu'un autre ressent. Il vous répondra que c’est sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête. l'alternance de peine et de satisfaction (sans pour autant susciter la terreur). Là où le beau produisait le sentiment de la sérénité dans l'âme. Le beau est . définis par les empiristes comme les idées de l'esprit les plus vraies et les plus vives. un nez épaté. la dissonance. On peut y ajouter les Essais esthétiques[44] de Hume. L'esthétique empiriste ajoutera une seconde valeur esthétique positive. Le beau renvoie à un sentiment de plaisir et de calme. le beau était un concept. Le sublime trouvera son application artistique la plus absolue dans le romantisme. qui exaltera la passion et la démesure dans l'âme humaine (le génie artistique. Ce sont des représentations que se fait l'âme lors de l'expérience esthétique. Interrogez le diable. d'ordre et de mesure. une émotion ou une sensation est toujours quelque chose d'intime. au to kalon. Au contraire. l'irrégularité. suivant la conception grecque de l'art et du canon). des yeux enfoncés. l'amour passionné. dans l'Antiquité. On peut parler à ce propos d'« art intellectuel » ou d'« intellectualisme esthétique ». il leur faut quelque chose de conforme à l’archétype du beau en essence. de symétrie. huileuse. l'esthétique empiriste conçoit le beau et le sublime comme des sentiments intérieurs. la dissymétrie. la démesure. Voltaire développe ce relativisme esthétique dans son article « Beau » du Dictionnaire philosophique. Le beau était conçu en termes d'harmonie. légitimant l'adage populaire « Des goûts et des couleurs. de proportion. la disproportion. Interrogez un nègre de Guinée. une gueule large et plate. ou à une alternance contradictoire de sentiments. le moi solitaire ou encore la révolution politique). quatre griffes.Empirisme 56 Esthétique Théorie du sublime contre le classicisme Le livre Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau (1757) du philosophe irlandais Burke (1729-1797) peut être considéré comme le manifeste empiriste de la philosophie esthétique[43]. il vous dira que le beau est une paire de cornes. Cet adage signifie qu'une chose n'est jamais belle absolument ou selon des critères objectifs (comme la symétrie ou les autres critères fondés sur les mathématiques. y compris l'excitation sexuelle (suivant l'exemple voltairien de l'attirance sexuelle entre le crapaud et sa femelle). Le goût n'est plus alors une notion intellectuelle. » Il n'y a pas de plaisir artistique désintéressé. ils vous répondront par du galimatias. L'esthétique classique. le laid. inspirée par le Banquet de Platon et trouvant une de ses expressions les plus accomplies dans l'Art poétique de Nicolas Boileau. un dos brun. le sublime. Il lui oppose une conception toute empirique et subjectiviste : « Demandez à un crapaud ce que c’est que la beauté. et son négatif. Consultez enfin les philosophes. tandis que le sublime renvoie à un sentiment de plaisir mêlé de douleur. Par exemple. la musique était rangée parmi les quatre sciences du quadrivium. le to kalon. Le relativisme du goût Cette conception du goût en termes de sentiments a pu mener à une conception relativiste de l'art. Si le « beau » se résume à un sentiment éprouvé face à l'œuvre d'art (ou face à une chose naturelle). Il n'y a donc pas de débat rationnel et argumenté possible pour déterminer si une œuvre d'art est belle ou pas. mais concerne l'impression sensible et le sentiment. Elle était une science de l'harmonie et de la mesure. le sublime produit la passion violente. ne concevait qu'une seule valeur esthétique. et une queue. de régularité. concernant cette fois le libre jeu de l'imagination et de la raison (comme faculté qui aspire à l'infini. mène au scepticisme quant à la possibilité d'établir une norme esthétique. La critique kantienne L'esthétique empiriste sera étudiée et critiquée par Kant dans la Critique de la faculté de juger (1790). » Ce texte de Voltaire. Philosophie écossaise et philosophie française (1750-1850).. éd. qui sont des entités objectives et indépendantes de l'expérience) : le beau est relatif. La Construction logique du monde (1928). mais tentera de dépasser sa position en concevant le beau comme une harmonie entre l'imagination et l'entendement. La philosophie empiriste de David Hume. Essais d'empirisme radical (1912). 2007. Vrin. John Stuart Mill. Cela lui permet de proposer une solution au relativisme du jugement de goût : si la raison entre en jeu dans le jugement esthétique.). remanié en 1671). Monographies sur l'empirisme Sur l'empirisme moderne • • • • • Michel Malherbe. Essai sur l'entendement humain (1689). André Charrak. éd. Vrin. éd.. Michel Malherbe. De la nature humaine (1640).. George Berkeley. David Hume. contrairement à l'entendement fini). éd. 2000. Il reconnaîtra sa dette à Burke. Considérations sur l'utilité de la physique expérimentale (1663. Trois dialogues entre Hylas et Philonous (1713). il faut qu’elle vous cause de l’admiration et du plaisir. Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient (1749). Empêcheurs de Penser en Rond. Empirisme et métaphysique. 2007. Kant réintroduit alors le travail intellectuel dans l'expérience esthétique. Michel Malherbe (dir. le beau. » Bibliographie Principaux ouvrages empiristes • • • • • • • • • • • Novum Organum ou Nouvel Organon (1620). David Hume. et que c’était là le to kalon. Kant ou Hume : la Raison et le Sensible. Robert Boyle. Francis Bacon. contre les empiristes qui l'avaient dévalué. William James. essentiellement négatif. John Locke. et non un concept intellectuel d'harmonie : « [. et le philosophe « [. Enquête sur l'entendement humain (1748). et le sublime comme un passage de l'harmonie à la dysharmonie et vice-versa. 2003 (sur Condillac).. David Lapoujade. . Denis Diderot. éd. Système de logique déductive et inductive (1843). 2002. » En conclusion. Vrin. Traité de la nature humaine (1739-1740) .] s’épargna la peine de composer un long traité sur le beau. Il convint que cette tragédie lui avait inspiré ces deux sentiments. indépendamment de la subjectivité particulière) : « Est beau ce qui plaît universellement sans concept. Rudolf Carnap. cela signifie qu'il est possible d'établir une notion universelle et désintéressée du beau (valable pour tous. Thomas Hobbes. Vrin. William James : Empirisme et pragmatisme.Empirisme 57 donc un sentiment de plaisir. il est inutile de théoriser le beau comme si c'était un concept mathématique ou purement intellectuel (à l'instar du nombre ou du triangle par exemple.] pour donner à quelque chose le nom de beauté. 3è section. Essai sur la nature humaine selon Hume. Minuit. 2 éd.M1). Jérôme Millon. [21] Cf. Dualité et empirisme transcendantal chez Maine de Biran. 1787. éd. la Richesse des nations. Guillaume d'Ockham. Système sceptique et autres systèmes. éd. De l'Âme. si l'on avait pas la sensation on n'apprendrait rien. Œuvres philosophiques. afin de montrer la prépondérance de l'expérience sur l'abstraction. 33. » ( Pascendi (http:/ / www. Guillaume d'Ockham. L'empirisme logique. l'araignée. éd. Gallimard. du Cerf. Hayduck p. [17] La scolastique admettait la possibilité de substances spirituelles. Diderot ou le matérialisme enchanté. 2001. [16] Francis Bacon. p. Traités philosophiques et logiques. Livre I. Opus majus (1266). par exemple Voltaire. Théorie transcendantale de la méthode. Intuition et abstraction.15 et 16. 1734. [27] Gottfried Leibniz. PUF. [7] Aristote. » [8] Aristote. éd. GF-Flammarion (1998) notamment les essais Esquisse empirique et De l'expérience médicale. Seuil. 4 : « Et il doit en être comme d’une tablette où il n’y a rien a d’écrit en entéléchie : c’est exactement ce qui se passe pour l’intellect. 2006. « Réfutation de l’idéalisme ». Élisabeth de Fontenay. éd. : Volume 1. l'abeille ».524. 95. [19] Cf. • Pierre Montebello. éd. [28] Emmanuel Kant. T. ne conduisent pas à Dieu. 4.Empirisme Sur l'empirisme logique • Pierre Jacob. Deleuze. Jean-Marie Pousseur (http:/ / books. 4.R. 1980. [25] Cf. [26] René Descartes. p. Nouveaux Essais sur l'entendement humain. PUF. ch. • Christian Bonnet et Pierre Wagner (dir. [12] Roger Bacon. Empirisme et subjectivité. 1830-1842. 2002. 2001. 429a27. 2005. [5] Diogène Laërce. 8 : « C'est pourquoi. deuxième partie (La logique transcendantale). éd. [29] Henri Bergson. on ne comprendrait rien. ch. De l'Âme. [13] Pour plus de détails.. Lettres philosophiques. 1641. 2010. recueil de textes. [14] Francis Bacon la fustige à travers cette célèbre déclaration. voir : Francis Bacon. éd. » [9] Cf. éd. [10] Cf. 2005.II. éd. GF-Flammarion. Vrin. éd. par exemple Adam Smith. [24] Charles Sanders Peirce.). L'âge d'or de l'empirisme logique. 2003.686. [11] Cf. III. Sur d'autres formes d'empirisme • Empirisme transcendantal • Gilles Deleuze. III. Un empirisme spéculatif : Lecture de Procès et Réalité de Whitehead. 1704. GF-Flammarion. Première partie. « Points-Essais ». 1776. Essais d'empirisme radical. Vérité et réalité » (1911). 2002. [30] Gilles Deleuze. éd. la distinction que fait Kant dans la Critique de la raison pure. La décomposition de la pensée. Méditations métaphysiques. Empirisme et subjectivité. éd. éd. [18] Le physicien Ernst Mach soutiendra une thèse analogue. L'empirisme transcendantal. [23] William James. [22] Auguste Comte. va/ holy_father/ pius_x/ encyclicals/ documents/ 58 . X. 1953. Somme de logique. • Empirisme spéculatif • Didier Debaise. 1994. google.282. Notes et références [1] Pour un débat entre les dogmatiques et les empiristes en médecine dans l’Antiquité. 2006. ch. Vrin. sans être éclairés et guidés de la raison. • Anne Sauvagnargues. 2001. Commentaire sur le traité de l'âme d'Aristote. éd. VI. chapitre « La fourmi. cfr. 201. en ligne. Critique de la raison pure. « Sur le pragmatisme de William James. [20] Cf. Agone. 1781. p. tirée du Novum Organum : [15] explique-t-il. fr/ books?id=7iKYOZqYnCkC& dq=bacon+ science& printsec=frontcover& source=bl& ots=3th6AxvLcd& sig=aMK2Tr2D-VkNn2Wx_f-grAbcMhM& hl=fr& ei=Lka4SfjdOKKHjAeYyeCuCQ& sa=X& oi=book_result& resnum=4& ct=result#PPA9. éd. 2003. vatican. [2] autopsie : observation par soi-même [3] analogique de ce qui a été observé : (José Kany-Turpin) [4] David Hume. La pensée et le mouvant (1934). 1993. PUF. Pragmatisme et pragmaticisme. PUF. Novum Organum. 4 : « Histoire de la raison pure ». livre II (Analytique des principes). possibilité niée par Hobbes dans la première partie du Léviathan.E. Cours de philosophie positive. III. Essais 1 à 4. Critique de la raison pure. [31] « La très grande majorité des hommes tient fermement et tiendra toujours que le sentiment et l'expérience seuls. [6] Emmanuel Kant. Grasset. Galien. science et méthode par Michel Malherbe. première division (L'analytique transcendantale). éd. Empirisme 59 hf_p-x_enc_19070908_pascendi-dominici-gregis_fr. html), §55). [32] George Berkeley, Principes de la connaissance humaine, Introduction, §10, 1710 (rééd. 1734). [33] Platon, Phédon, 72e-73a. [34] David Hume, Enquête sur l'entendement humain, section II : « Origine des idées ». [35] Cornelius Castoriadis, L'imaginaire comme tel, éd. Hermann, 2008. [36] Ainsi Gottlob Frege, à propos de John Stuart Mill, dans la recension qu'il fait de Philosophie der Arithmetik I (Edmund Husserl), reprise dans Écrits logiques et philosophiques, éd. Seuil, « Points-Essais » 1971. [37] David Hume, Enquête sur l'entendement humain, section III : « L'association des idées ». [38] David Hume, Enquête sur l'entendement humain, section IV : « Doutes sceptiques sur les opérations de l'entendement ». [39] Rudolf Carnap, La construction logique du monde, éd. Vrin, 2001. [40] Gottlob Frege, Les fondements de l'arithmétique, éd. Seuil, 1970. [41] John Stuart Mill, Système de logique déductive et inductive, 1843. [42] Hume, David, Enquête sur l'entendement humain, VII [43] Cf. Edmund Burke, Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau, éd. Vrin, 1990. [44] Cf. David Hume, Essais esthétiques, éd. GF-Flammarion, 2000. Épistémologie Cet article ou cette section doit être recyclé. Une réorganisation et une clarification du contenu sont nécessaires. Discutez des points à améliorer en page de discussion. L'épistémologie (du grec ancien ἐπιστήμη / epistếmê « connaissance, science » et λόγος / lógos « discours ») désigne soit le domaine de la philosophie des sciences qui étudie les sciences particulières, soit la théorie de la connaissance en général. Définition L'épistémologie serait selon la « tradition philosophique francophone », une branche de la philosophie des sciences qui « étudie de manière critique la méthode scientifique, les formes logiques et modes d'inférence utilisés en science, de même que les principes, concepts fondamentaux, théories et résultats des diverses sciences, afin de déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée objective »[1]. Dans la tradition philosophique anglo-saxonne, l'épistémologie se confondrait avec la théorie de la connaissance, et ne porterait donc pas spécifiquement sur la connaissance scientifique. Il arrive néanmoins que ce terme soit ici utilisé comme synonyme de « philosophie des sciences »[2]. La distinction entre ces différentes acceptions, et notamment le rapport de l'épistémologie à la philosophie des sciences, n'est cependant pas clairement établie[3]. D'autre part, l'épistémologie « continentale » peut également traiter d'objets non scientifiques[4]. Le mot est également employé parfois pour désigner telle ou telle théorie de la connaissance. La différence entre ces deux traditions se fera donc sur l'attention portée à la connaissance scientifique plutôt qu'à la connaissance générale. Jean Piaget[5] proposait de définir l’épistémologie « en première approximation comme l’étude de la constitution des connaissances valables », dénomination qui, selon Jean-Louis Le Moigne, permet de poser les trois grandes questions : • Qu’est ce que la connaissance (la question gnoséologique) ? • Comment est-elle constituée ou engendrée (la question méthodologique) ? • Comment apprécier sa valeur ou sa validité ? L'enquête épistémologique peut ainsi porter sur plusieurs aspects : les modes de production de la connaissance, les fondements de cette connaissance, la dynamique de cette production. Plusieurs questions en découlent : qu'est ce qu'une connaissance ? Comment est-elle produite? Comment est-elle validée ? Sur quoi se fonde-t-elle ? Comment les connaissances sont-elles organisées ? Comment évoluent-elles (et notamment, progressent-elles ?) ? Épistémologie À cela s'ajoute parfois une dimension normative de l'analyse. Il ne s'agit plus seulement de décrire la connaissance, mais de définir ce qui constitue une « bonne » connaissance. Enfin, on doit distinguer une épistémologie générale, qui porte implicitement l'idée d'une certaine unité de la science, des épistémologies particulières, qui reposent sur l'idée d'une pluralité, parfois présentée comme irréductible, des différentes sciences. On parle alors d'épistémologie de la physique, de la biologie, des sciences humaines, ... Longtemps, l'épistémologie a porté sur le « contenu » de la science, la science en tant qu'institution humaine étant laissée à d'autres disciplines, notamment la sociologie. La question sur la nature de la science se confondait alors avec celle sur la nature de la connaissance scientifique. Ces dernières décennies, ce partage est devenu moins évident, sous l'effet d'une part de certains courants de la sociologie réclamant un « droit de regard » sur ce contenu, sous l'influence d'autre part de certains épistémologues qui jugent nécessaire, pour mieux comprendre la connaissance scientifique, de porter attention aux dimensions concrètes de l'activité scientifique. Usage du mot Le mot est un emprunt à l'anglais epistemology, formé en 1856 par le fichtéen James Frederick Ferrier[6] pour traduire l'allemand Wissenschaftslehre[7]. On a considéré néanmoins - peut-être à tort - que la problématique de Fichte était éloignée de la problématique kantienne et l'on a attribué le concept d'épistémologie à Eduard Zeller, lequel utilise le mot allemand Erkenntnistheorie (« théorie de la connaissance ») dans un sens kantien[8]. C'est dans cette acception que le mot épistémologie apparaît pour la première fois en France en 1901[9], dans la traduction de l'introduction de l'Essai sur les fondements de la géométrie de Bertrand Russell, notamment de ce passage : « Ce fut seulement de Kant, le créateur de l'Épistémologie, que le problème géométrique reçut sa forme actuelle »[10]. À la traduction de l'œuvre de Russell est annexé un Lexique philosophique rédigé par Louis Couturat, qui en son entrée Épistémologie donne à ce mot le sens d'une « théorie de la connaissance appuyée sur l'étude critique des Sciences, ou d'un mot, la Critique telle que Kant l'a définie et fondée »[11]. Couturat introduirait ainsi une première confusion entre théorie de la connaissance et philosophie des sciences[12]. Cette évolution n'est pas sans conséquence[13]. Histoire L'épistémologie moderne tire donc son origine dans la philosophie de la connaissance kantienne. Mais elle puise également à des traditions plus anciennes, dont la cartésienne. C'est au début du XXe siècle que l'épistémologie se constitue en champ disciplinaire autonome. Épistémologie cartésienne Dans le Discours de la méthode, Descartes pose quatre règles qu'il doit appliquer afin de mener sa réflexion. La troisième de ces règles affirme que la simplicité a une valeur épistémologique. « Construire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu'à la connaissance des plus composées ». 60 Épistémologie Épistémologie kantienne Article détaillé : Kant. Kant offre un changement de perspective radical vis-à-vis de l'empirisme : c'est une véritable révolution épistémologique, qu'il qualifie lui-même par l'expression célèbre de « révolution copernicienne ». Hume avait déjà placé le sujet au centre de la connaissance. Kant, lui, va jusqu'à affirmer que la véritable origine de la connaissance est dans le sujet et non dans une réalité par rapport à laquelle nous serions passifs. Il reprend certains principes des empiristes : « Ainsi, dans le temps, aucune connaissance ne précède l'expérience, et toutes commencent avec elle » explique t-il dans Critique de la raison pure. Ainsi pour Kant, note Claude Mouchot dans Méthodologie économique, « l'objet en soi, le noumène, est et restera inconnu » et « nous ne connaitrons jamais que les phénomènes » et en cela Kant reste très actuel. Selon les termes de Kant (Critique de la raison pure) « il n’y a que les objets des sens qui puissent nous être donnés (...) ils ne peuvent l’être que dans le contexte d’une expérience possible ». Actuel, Kant le reste également par sa « reconnaissance de l'existence de cadres (spatio-temporels), au travers desquels le réel se présente à nous » écrit encore Claude Mouchot. Toutefois, le caractère a priori de ces cadres ne peut plus être accepté aujourd'hui, suite notamment à la remise en cause de la notion d'espace-temps de la mécanique classique (seule existante au temps de Kant) par la mécanique relativiste. Tout au moins pouvons-nous considérer ces cadres comme étant construits par le sujet, ce qui est le point de vue du constructivisme. Le tournant positiviste logique Article détaillé : Positivisme logique. Épistémologie contemporaine Critiques du positivisme logique Quine et l'« épistémologie naturalisée » Avec l'article Deux Dogmes de l'empirisme, Willard Van Orman Quine critique deux aspects centraux du positivisme logique. Le premier est la distinction entre vérités analytiques et vérités synthétiques : il y aurait des propositions vraies indépendamment des faits, qui seraient vraies en vertu de leur seule signification. Le second dogme, le réductionnisme, est la théorie selon laquelle les énoncés doués de sens peuvent être reformulés en énoncés portant sur des données de l'expérience immédiate (dans ce cas un énoncé analytique serait un énoncé confirmé par l'expérience dans tous les cas). Ce texte constitue une attaque en règle contre l'héritage théorique du positivisme logique. Comme le note Quine lui-même, "Another effect is a shift toward pragmatism" : Les deux dogmes de l'empirisme marque le grand retour du pragmatisme dans la philosophie américaine, au sein même du mouvement intellectuel qui l'avait évincé de la scène intellectuelle : la philosophie analytique (sous sa forme empiriste). Avec l'« épistémologie naturalisée », Quine, dans un point de vue naturaliste, affirme que la philosophie de la connaissance et des sciences constituent elles-mêmes une activité scientifique, corrigée par les autres sciences, et non pas une « philosophie première » fondée sur une métaphysique. 61 Épistémologie Bertrand Russell Bertrand Russell introduit la notion de knowledge by acquaintance (Connaissance directe) et knowledge by description (Connaissance par description) en philosophie pour désigner deux types fondamentaux de connaissance. Pierre Duhem Opposé à toute interprétation matérialiste et réaliste de la chimie et de la physique, Pierre Duhem proposa une conception qu'on qualifiera ensuite d'« instrumentaliste » de la science dans La Théorie physique. Son objet et sa structure (1906). Selon l'instrumentalisme, la science ne décrit pas la réalité au-delà des phénomènes mais n'est qu'un instrument le plus commode de prédiction. La phénoménologie de Husserl Pour Edmund Husserl, la phénoménologie prend pour point de départ l'expérience en tant qu'intuition sensible des phénomènes afin d'essayer d'en extraire les dispositions essentielles des expériences ainsi que l'essence de ce dont on fait l'expérience. Article détaillé : Phénoménologie (philosophie). Systémique et constructivisme épistémologique Avec la publication en 1967 de l'encyclopédie de la Pléiade et notamment de l’article ‘’Logique et connaissance scientifique’’, Jean Piaget opère une renaissance du constructivisme épistémologique, notamment à partir des travaux de Bachelard[14], renaissance que préfigurait déjà les critiques du positivisme logique évoquées ci-dessus. Ces travaux inspireront plusieurs auteurs liés à la systémique dont Paul Watzlawick publient les textes en 1980 dans l’ouvrage L’invention de la réalité – Contributions au constructivisme[15] ou encore Edgar Morin qui, note Jean-Louis Le Moigne, offre au constructivisme son ‘’discours de la méthode’’ avec ‘’La Méthode’’[16] ; tandis que Herbert Simon renouvelle la classification des sciences avec ‘’Les sciences de l’artificiel’’[17]. Les questions épistémologiques On retrouve dans ces différentes questions des aspects descriptifs et normatifs. Contexte de découverte et contexte de justification : Pendant longtemps, la question de la découverte ne relève pas de l'épistémologie, mais au mieux de la psychologie. Les choses changent progressivement. La production des connaissances Quelles méthodes ? Quelles formes de validations ? La question de l'induction, de la déduction... On trouve ici la question de l'explication, de l'interprétation... Un exemple volontiers cité[18] est l'étonnement des mathématiciens grecs devant le fait que la diagonale du carré ne puisse correspondre à aucune fraction irréductible p/q, à une époque où on n'imaginait de nombres que rationnels (l'irrationalité de pi était encore inconnue). En effet, on aurait eu alors (p/q)² = 2, soit p² = 2 q². Cela aurait impliqué que p² soit pair, soit p = 2k ; mais en ce cas p² aurait valu 4k² et la fraction p/q n'aurait pas été irréductible, ce qui était contraire à l'hypothèse. La nature des connaissances Le problème de la démarcation (identifié comme étant le problème de Kant par Karl Popper[19]) s'articule à celui de la justification des théories soit selon une méthode inductive, soit une méthode hypothético-déductive (sur ce point, un philosophe comme Popper pense que les théories scientifiques ne peuvent être justifiées, même sur la base d'un très grand nombre d'observations empiriques, mais seulement évaluées à partir de tests dont la logique consiste à tenter de mettre à l'épreuve les connaissances scientifiques). Toutefois, ce problème d'épistémologie concerne plus 62 Épistémologie directement la question de savoir comment identifier ou démarquer les théories scientifiques des théories métaphysiques. C'est aussi le problème des fondements de la connaissance scientifique, ainsi que la question du réalisme/antiréalisme, et celui du rapport au vrai. Ce qui mène également à la question du relativisme. Il y a aussi la question de l'unité de la science. L'organisation des connaissances Théorème, théories, modèles, hypothèses, lois, principes... L'évolution des connaissances Continuisme et discontinuisme, internaliste et externalisme. Ce qui renvoie à nouveau au problème du relativisme. La production de la connaissance Induction L'induction consiste à se fonder sur l'observation de cas singuliers pour justifier une théorie générale ; c'est l'opération qui consiste à passer du particulier au général. Le problème est de savoir s'il peut être épistémiquement valide de croire que les théories universelles sont justifiées voire vérifiées par la seule prise en compte d'un grand nombre d'observations singulières passées. Par exemple, nous avons observé que le soleil, jusqu'ici, se lève le matin. Mais rien ne semble justifier notre croyance au fait qu'il se lèvera encore demain. Ce problème avait été jugé insoluble par Hume, pour lequel notre croyance relevait de l'habitude consistant à voir telle cause susciter tel effet, ce qui ne présume pas que ce soit le cas dans la réalité. Cette position non réaliste fut critiquée par Kant et Popper pensant possible d'atteindre une certaine objectivité dans les théories empiriques. Il existe des formes très variées de théories de l'induction allant des plus naïves aux plus sophistiquées (tout comme pour la théorie de la réfutation). Vérification Article détaillé : Théorie vérificationniste de la signification. Les philosophes positivistes fondateurs du Cercle de Vienne, pensaient que le seul critère de démarcation qui puisse être valide, (afin d'éliminer la métaphysique), était la vérifiabilité des énoncés singuliers, seules données des sens capables de permettre la vérification des théories générales de la science, à la condition qu'elles soient suffisamment nombreuses et bien observées. Pour Karl Popper, adversaire des thèses et du projet du Cercle de Vienne, aucune théorie scientifique générale n'a jamais pu être établie par une quelconque forme d'induction, donc être vérifiée ; et aucune théorie scientifique n'est logiquement ou même empiriquement vérifiable si l'on admet sous ce terme la notion de certitude ou de vérification avec certitude. Karl Popper soutient même qu'une théorie ne peut être scientifique que si elle est potentiellement fausse (réfutable), et même fausse en comparaison de la vérité certaine à laquelle elle prétendrait se rapprocher. Dans le domaine de la science empirique, la vérification devrait plutôt être assimilable à la corroboration (Karl Popper), c'est-à-dire à une forme relative et non absolue de vérité, toujours dépendante des tests scientifiques qui ont pu être réalisés par une communauté de chercheurs. Ainsi, en science, la vérification des théories seraient donc toujours relative à des tests eux-mêmes relatifs à d'autres tests précédents et toujours améliorables, et jamais absolue. 63 doit avant tout être un critère méthodologique puisque tout reposerait. ce terme implique la possibilité d'évaluer empiriquement les énoncés généraux de la science par l'intermédiaire de tests. d'une réfutation ou d'une corroboration[20]. Voir Paradoxe de Hempel. De nombreuses observations cohérentes ne suffisent pas à prouver que la théorie qu'on cherche à démontrer soit vraie. pour Popper. Seules les théories formulées de manière à pouvoir permettre la déduction logique d'un énoncé particulier capable potentiellement de les réfuter. mais empiriquement irréfutable puisque aucun être humain ne pourrait vivre assez vieux pour vérifier qu'un homme est immortel. Partant de là. Ce dernier a certes une valeur psychologique mais pas une valeur logique. Relativisme Article détaillé : anarchisme épistémologique. pour Karl Popper. Ainsi. on peut distinguer : • les théories impossibles à réfuter (par l'observation ou l'expérience) • les théories qui peuvent être invalidées. pour accepter ou rejeter la valeur d'un test. Rendu célèbre par l'œuvre de Karl Popper. et le fondement d'une connaissance universelle qui dépasse les clivages culturels et communautaires. De plus. Mais Popper propose qu'il existe deux niveaux de réfutabilité. Il critique donc l'aspect réducteur de la théorie de la réfutabilité et défend le pluralisme méthodologique. mais un seul cygne noir suffit à prouver que tous les cygnes ne sont pas blancs. Par exemple. Ainsi. et la réfutabilité empirique .Épistémologie Réfutation Article détaillé : Réfutabilité. Karl Popper a toujours soutenu qu'aucune réfutation empirique ne pouvait être certaine. car il est toujours possible de sauver une théorie d'une réfutation par l'adoption de stratagèmes ad hoc. être considérées comme scientifiques et non métaphysiques. La nature des connaissances C'est notamment la question de la démarcation. mille cygnes blancs ne suffisent pas à prouver que tous les cygnes sont blancs . Seules les théories potentiellement réfutables (celles associables à des expériences dont l'échec prouverait l'erreur de la théorie) font partie du domaine scientifique. Il existe selon lui une très grande variété de méthodes différentes adaptées à des contextes scientifiques et sociaux toujours différents. selon lui. Enfin. sachant qu'un énoncé réfutable d'un point de vue logique ne l'est peut-être pas d'un point de vue empirique. l'énoncé "tous les hommes sont mortels" est logiquement réfutable . Paul Feyerabend observait à l'exemple de la naissance de la mécanique quantique que souvent l'avancement scientifique ne suit pas de règles strictes. le seul principe qui n'empêche pas l'avancement de la science est « a priori tout peut être bon » (ce qui définit l'anarchisme épistémologique . A contrario. Il en résulte qu'une théorie ne peut être « prouvée » mais seulement considérée comme non invalidée jusqu'à preuve du contraire. il remet en question la place que la théorie de la réfutabilité accorde à la science. en dernier ressort. Réfutationnisme Karl Popper critique le raisonnement par induction. en en faisant l'unique source de savoir légitime. que Feyerabend lui-même récusait). peuvent. En conséquence. c'est le « critère de démarcation des sciences ». sur les décisions de la communauté scientifique. le critère de démarcation reposant sur la réfutation .à distinguer de "tout est bon" (anything goes). une seule observation inattendue suffit à réfuter une théorie. Feyerabend critique le manque de pertinence pour décrire correctement la réalité du monde scientifique et des évolutions des discours et pratiques scientifiques. 64 . La réfutabilité logique. Cela amène à des conséquences différentes suivant le contexte[21]. Elle y occupe plusieurs dizaines de laboratoires. dont notamment l'IHPST. le scientifique doit se dépouiller de tout ce qui constitue les « obstacles épistémologiques internes ». de découverte en découverte : les savants sont un monde à part. les Archives Henri Poincaré. l'IRIST. qui regroupent des centaines de chercheurs. « La science s'oppose formellement à l'opinion : l'opinion ne pense pas. pour Bachelard. Les obstacles sont. le Centre François Viete. le Centre de recherche en épistémologie appliquée. périodes pendant lesquelles de brefs et inexplicables changements constituent une véritable « révolution scientifique ». La vision externaliste rend au contraire la science dépendante de l’économie. il est toujours ce qu'on aurait dû penser ». REHSEIS. de là. Mettant l'accent sur la discontinuité dans le processus de la construction scientifique. ce dernier comme étant « la rectification du savoir. les paradigmes seraient incommensurables. Celle-ci en effet n'apparaît jamais par une illumination subite. Institutions En France. c'est-à-dire qu'elle s'inscrit dans la lignée des paradigmes théoriques dominants. 65 . Internalisme et externalisme La vision internaliste ne prend en compte que l’histoire des idées scientifiques. Elle intéresse plus d'une vingtaine d'écoles doctorales et des sociétés savantes comme la Société de philosophie des sciences (dépendant de l'ENS Ulm) ou la SFHST ou des listes de diffusion comme Theuth. l'épistémologie a le statut institutionnel d'une discipline à part.Épistémologie Son œuvre principale. ou le GRS  . Il est ainsi possible de comprendre l’histoire des sciences sans se référer au contexte culturel. qui progresse indépendamment du reste. « une longue histoire d'erreurs et d'errances surmontées ». donnant lieu à une « rupture épistémologique ». La science se nourrit d’elle-même. l'élargissement des cadres de la connaissance ». distincte de la philosophie et de l'histoire : elle constitue ainsi la section 72 du CNU. en se soumettant à une préparation intérieure afin que sa recherche progresse vers la vérité. ce sont les étapes de progression de l’histoire scientifique. La notion d'obstacle épistémologique est ce qui permet de poser le problème de la connaissance scientifique : c'est à partir du moment où celui-ci est surmonté. Bachelard dénonce l'opinion que nous laisse l'expérience empirique et son influence sur la connaissance scientifique : « le réel n'est jamais ce que l'on pourrait croire. » La connaissance scientifique consistera à revenir sans arrêt sur le déjà découvert. elle traduit des besoins en connaissances. après de longs tâtonnements. fut reçue très négativement par la communauté scientifique. etc. dit-il. Cette posture implique que chaque paradigme permet de résoudre certains problèmes et. Pour lui. mais au contraire. de la psychologie. Contre la méthode. en 1934. L’important. l'unité Savoirs et Textes. Le choix entre les paradigmes n'est pas fondé rationnellement. le Centre Georges Canguilhem. car elle accusait la méthode scientifique d'être un dogme et soulevait la question de savoir si la communauté doit être aussi critique par rapport à la méthode scientifique que par rapport aux théories qui en résultent. mais aussi indispensables pour connaître la vérité. que l'on atteint le but recherché. Esquisse d'une théorie anarchiste de la connaissance. Dynamiques de la science Continuisme et discontinuisme Bachelard et l'« obstacle épistémologique » : Gaston Bachelard définit. l'Institut Jean Nicod. dans un article intitulé La formation de l'esprit scientifique. non seulement inévitables. Thomas Samuel Kuhn discerne des périodes relativement longues pendant lesquelles la recherche est qualifiée de « normale ». Annexes Articles connexes • • • • • • • • • Histoire de la philosophie Recherche scientifique Gnoséologie Théorie de la connaissance Typologie épistémologique Constructivisme (épistémologie) Éditologie Paradigme Science sociale Par champ scientifique • • • • • • • • • • • • Épistémologie de la biologie Épistémologie de la chimie Épistémologie du droit Épistémologie de la géographie Épistémologie de l'informatique Épistémologie de la linguistique Épistémologie de la logique Philosophie des mathématiques Épistémologie de la médecine Épistémologie de la physique Philosophie des sciences de la religion Restauration épistémologique Bibliographie • Gaston Bachelard: Le nouvel esprit scientifique 1968. 2005. Guillaume d'Ockham. Baudet. Poincaré. Essai sur la Notion de Théorie physique de Platon à Galilée ISBN (ISBN 978-2-7116-0805-8) • • • • • Paul Feyerabend Contre la méthode Carl Hempel. Koyré. Qu'est-ce que la Science ? . Études d'histoire de la pensée scientifique. Kant. Canguilhem. Philosophie des sciences de la nature. Feyerabend. Paris. 1987. Laplace. 1999. 1939 Alexandre Koyré. Hacking. Bachelard. Cercle de Vienne. Colin. Quine. 66 . Kuhn. Éléments d'épistémologie. Duhem. Lakatos. Baudet. Lakatos. Lautman ou Larry Laudan. Descartes. Jean C. Études galiléennes. (ISBN 978-2-08-081056-4) • Jean C. 1957 (ISBN 978-2-07-071278-6) . 1972 Angèle Kremer-Marietti. Cavaillès. Hermann. L'Harmattan. • Alan Chalmers.Épistémologie Courants épistémologiques et auteurs Voir les articles sur Aristote. Kuhn. A. Lecourt. PUF. Mathématique et vérité. Jules Vuillemin. Gonseth. (ISBN 978-2-7071-1713-7) • Pierre Duhem: Sozein ta phainomena. Jean Piaget. Stéphane Lupasco. Alexandre Koyré.Popper. Du monde clos à l’univers infini. Feyerabend. L'Harmattan. 2007. Rand. Stengers. La Découverte. Popper. Paris. • Henri Poincaré La Science et l'Hypothèse (ISBN 978-2-08-081056-4). Epistemology or Theory of Knowing [7] Emmanuel Renault. Paris. 286 [8] Renault. La philosophie des sciences (2001). Sources • Jean-Michel Besnier.PUF. 39 [13] Wagner.M1). PUF. • Imre Lakatos Preuves et réfutations • Dominique Lecourt. 130 (2012). Points • Robert Nadeau. p. 2005. Paris : Tome I: La pensée mathématique. Dictionnaire d'histoire et philosophie des sciences. Paris. 2006. Misère de l'historicisme. La connaissance objective ISBN (ISBN 978-2-08-081405-0) • Léna Soler. 1950. Presses universitaires de France . p. la naturalisation de la dialectique. La Méthode (6 volumes). 3). in Wagner. (ISBN 978-2130544999. 39) [11] reproduit in Wagner. PUF. An Essay on the Foundations of Geometry (http:/ / books.: Ellipses Marketing. Introduction à l'épistémologie. • Jules Vuillemin. coll. 1999 • Jean Piaget Introduction à l'épistémologie génétique. 42 [3] Soler. Paris. Routledge. Pascal Nouvel [5] Cité par Jean-Louis Le Moigne dans son « Que sais-je » Les Épistémologies Constructivistes. Paris. Gallimard. 2005 (ISBN 978-2-13-055442-4) • Jean Dhombres. PUF. folio-essais. 40 [12] Wagner. Vrin. coll. L’épistémologie historique de Gaston Bachelard (1969). PUF. Vocabulaire technique et analytique de l'épistémologie. Paris. 11. 64. dir. Les Théories de la Connaissance. augmentée. p. Tome II: La pensée physique. Ellipses 2000 (ISBN 2-7298-0089-1) • Jean-Claude Vuillemin. 710 [10] (Bertrand Russell. p. 39-50.. Nouvelle édition. 2006 (ISBN 978-2-7298-2837-0) Liens externes • Introduction à l'épistémologie [23] par Yannis Delmas[24] • Métaphore et connaissance [25] par Jean-Jacques Pinto[26] Notes et références [1] Nadeau. 1854. "Réflexions sur l’épistémè foucaldienne". [6] J. Les Philosophes et la science. • Dominique Lecourt. pp. p. Presses universitaires de France. Science et Méthode (ISBN 978-2-84174-149-6) • Karl Popper: Logique de la découverte scientifique ISBN (ISBN 978-2-228-88010-7). p. Que sais je ?/PUF. lire en ligne [22]). Ferrier. 11e éd. Le Constructivisme. 2010 • Jean-Louis Le Moigne. la pensée psychologique et la pensée sociale. 2002. p. F. Angèle Kremer-Marietti: "L'épistémologie : état des lieux et positions" Ed. tome 1 67 . trad. • Edgar Morin. Les Épistémologies Constructivistes. Hegel. La Connaissance de la connaissance (t. p. p. Le Seuil. google. 29 [4] On peut ainsi signaler l'existence d'une "épistémologie des affects" développée par un philosophe français. fr/ books?hl=fr& id=A5TnWfy4iUYC& dq="Essay+ on+ the+ Foundations+ of+ Geometry"& printsec=frontcover& source=web& ots=80yMcZvIIr& sig=_rr2HkUBWYi15YcaoaE_FE-6RzM#PPA11. 287 [9] Dictionnaire historique de la langue Française. p. 5e éd. La philosophie de l'algèbre. Que sais-je ?. • Dominique Lecourt et Thomas Bourgeois. 2008. coll. 209 [2] Wagner. 4e éd. « Quadrige Dicos Poche ». p. 1962. Cahiers philosophiques.Épistémologie • Thomas Samuel Kuhn: La structure des révolutions scientifiques (ISBN 978-2-08-081115-8). 2002. 1996 [1897]. 1986. Institutes of Metaphysics. Paris. Tome III: La pensée biologique. 41 [14] Jean-Louis Le Moigne. « Que sais-je ? ». rééd. Vrin. • Pierre Wagner. p. il est synonyme de contenant aux bords indéterminés. puis infinie). [17] The science of the artificial. espace signifiait plutôt un laps de temps. notamment Ernst von Glasersfeld et Heinz von Foerster. mais structuré : le domaine de travail. le géomètre s'attacha à conceptualiser l'espace (tridimensionnel) sensible (c'est-à-dire l'Espace de l'astronome). Hermmann [20] Karl Popper. merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». Plusieurs auteurs sous la direction de Paul Watzlawick. Dunod en 1991. Les deux problèmes fondamentaux de la théorie de la connaissance. Hermann [21] Voir ou revoir la série télévisuelle de Jacob Bronowski "L’évolution de l’homme" ("The Ascent of Man") de la BBC qui l’a rendu célèbre auprès du grand public cultivé. over-blog. MIT Press. delmas-rigoutsos. IUFM de Poitou-Charentes [25] http:/ / analogisub. qui a deux significations : elle désigne l'arène. 1988 [16] ……. com/ article-21194882. Cet espace a pour composants fondamentaux : le point. Mais l'espace prend de nombreux sens précis et propres à de multiples disciplines scientifiques dérivées de la géométrie. Le réalisme et la science. Dans tous les cas. html [26] Psychanalyste et intervenant en argumentation à l'Université de Provence • Portail de la philosophie Espace (notion) Pour les articles homonymes. Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. traduction et postface par Jean-Louis Le Moigne. Géométrie L'espace est d'abord une notion de géométrie. Conceptuellement. (1969). Coll. Réédition chez Éd. et développa une géométrie multidimensionnelle (de dimension finie. une certaine surface (ce parc naturel couvre un espace considérable) ou un certain volume (ce placard occupe un grand espace). voir espace. la droite et le plan. fr/ documents/ YDelmas-intro_epistemologie. de manière générale. L'espace figure alors. 1981. Seuil. Folio Essais [18] Entre autres dans le volume de la Pléiade consacré à l'épistémologie [19] Karl Popper. Contributions au constructivisme. une durée : le soleil occupait tout l'espace du jour. On parle encore d'espace pour désigner une certaine distance (l’espace entre deux personnes). nom. amazon. la géométrie analytique a introduit la notion de dimension de l'espace. (Modifier l'article [1] ) L'espace est avant tout une notion de géométrie et de physique qui désigne une étendue. Par ailleurs. fr/ Dictionnaire-dhistoire-philosophie-sciences-Bourgeois/ dp/ 2130544991/ ref=sr_1_1?ie=UTF8& qid=1334390495& sr=8-1#reader_2130544991 [23] http:/ / www. 1985 réed. trad. l'espace conserve une apparence euclidienne à petite échelle. EPI éditeurs. ou encore la perception de cette étendue. html [24] Maître de conférences en informatique et en épistémologie. science de l’artificiel. Réédité en 2004 sous le nom de Les sciences de l'artificiel. 68 . Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (août 2011). abstraite ou non. Éditions Gallimard. un Tout ensembliste. (1974). les champs de courses mais aussi une durée. 1984 et trad. Il fut d'abord euclidien jusqu'à l'invention de géométries non-euclidiennes.Épistémologie [15] L'invention de la réalité. disponible aussi en francophonie [22] http:/ / www. Étymologie Le mot vient du latin spatium. La science des systèmes. Paris. En ancien et moyen français. Pendant longtemps (et aujourd'hui encore en géométrie pure). l’espace. Les états des systèmes sont modélisés mathématiquement dans un espace de Hilbert. Bien qu’efficace pour prédire les phénomènes. dont les lois expliquent la quasi-totalité des phénomènes survenant à échelle humaine. dont la courbure dépend du potentiel de gravitation. que se passerait-il si l’on poussait l’univers entier de trois mètres dans une direction ? Pour la physique. Diverses disciplines dérivées de la géométrie. Gottfried Leibniz (l’espace est relatif) Henri Poincaré (la géométrie de l’espace est une convention) Andy Godmiead (la volonté de changement spatial est relative). la géométrie moderne s'est enrichie de la topologie et peut désormais être pleinement qualifiée de science de l'espace. qui étudie les phénomènes à des tailles tellement petites que les changements d’états ne sont plus continus. L’espace-temps y est modélisé par un espace pseudo-euclidien appelé Espace de Minkowski. mais la notion de position n’existe plus. qui étend la relativité restreinte en intégrant la courbure de l'espace temps par la présence de masse ou d'énergie . • La relativité restreinte introduit un lien entre l’espace et le temps par l'intermédiaire de la vitesse limite c. L’espace osculateur (approximation de l’espace sur de petites distances et de petites durées. • En mécanique quantique. ou espace-temps. les mouvements (changements d'état) sont discontinus. de la quantité de mouvement et de l’énergie. soulève plusieurs questions philosophiques: • L’espace est-il absolu ou relatif ? En d’autres termes. mais son état. • En relativité générale. et est remplacée par la notion de fonction d'onde. ce qui rend impossible toute notion de trajectoire d’une particule. la matière-énergie et le temps sont liés. etc. Dans cet espace aussi. Ces lois ne s’appliquent que dans un cadre restreint (pas de champ de gravitation). décalage entre deux horloges atomiques dans le champ de gravitation terrestre. la notion d’espace (et la façon dont celui-ci est modélisé mathématiquement) varie en fonction des conditions expérimentales: • En mécanique classique. mais se font par saut (les quanta). l’espace-temps est relatif. Pour les calculs.Espace (notion) Enfin. L’espace-temps est modélisé mathématiquement par une variété de dimension 4. la mécanique quantique ne considère pas la position du système étudié. 69 . cette modélisation pose des problèmes d’interprétation (voir par exemple École de Copenhague). en ignorant la courbure) est un Espace de Minkowski. Les prédictions de la relativité générale ne s’écartent sensiblement des prédictions de la mécanique classique qu'en présence de champs de gravitation (avance du périhélie de mercure. Position et mouvement y sont liés par le principe d'incertitude d'Heisenberg qui postule qu’ils ne peuvent être connus simultanément avec précision. • L’espace possède-t-il une géométrie propre ou la géométrie de l’espace est-elle uniquement une convention? La question des caractéristiques de l’espace avait été abordée par • • • • Isaac Newton (l’espace est absolu). ou nuage de probabilité. tant en physique qu'en mathématiques. et un résultat théorique majeur (Théorème de Noether) montre que cela explique les lois de conservation du moment cinétique. l’espace est modélisé comme un espace euclidien de dimension 3. donne à "leur espace" un sens plus particulier : Physique En physique. L’espace physique. l’espace est modélisé comme un espace euclidien de dimension 3.). Les éléments peuvent être appelés suivant le contexte points. L'espace psychologique peut être divisé en espaces visuel. l'espace est homogène. par définition le cardinal de n'importe quelle base. Théorie de la connaissance Voir l'article détaillé Théorie de la connaissance. • Un espace de Minkowski est un espace vectoriel de dimension 4. s'appelle un espace vectoriel topologique. et l'espace des points 'inaccessibles'. qui permet de définir la notion de voisinage d'un point. muni d'un produit interne (multiplication entre vecteur). etc. la proximité par rapport à un point. • Un espace uniforme est un espace topologique dont la topologie est définie par un ensemble d'écarts finis (plus une condition de séparation). en quelque sorte. tactile. -. etc. isotrope. permettant d'y définir des objets analogues à ceux de la géométrie usuelle. Dans l'expérience quotidienne. -. L'espace est la forme de notre expérience sensible. Sur un corps donné.. C'est un milieu idéal. • Un espace topologique est un ensemble muni d'une structure très générale (la topologie). vecteurs. • En théorie des probabilités (mais également en théorie de la décision). Cette dernière permet d'estimer la taille d'un ensemble (diamètre). une norme. On distingue l'espace psychologique et l'espace mathématique. Les espaces uniformes comprennent notamment les groupes topologiques. muni d'une forme bilinéaire antisymétrique et non dégénérée. En voici quelques exemples. Cette structure autorise à parler de linéarité. Mais certains espaces vectoriels topologiques sont métrisables sans que pour autant leur topologie puisse être définie par une norme. Interprétés dans le cadre de la relativité restreinte. les espaces vectoriels se classifient par leur dimension. Ce produit interne permet de définir la notion d'orthogonalité. les vecteurs. un espace est un ensemble muni de structures supplémentaires remarquables. C'est. Un espace affine est de manière informelle un espace vectoriel pour lequel la position du vecteur nul a été oubliée. 70 . • Un espace vectoriel symplectique est un espace vectoriel de dimension finie. Interprété en tant que distance à un point donné (bien que ce ne soit pas une distance au sens mathématique). fonctions. l'espace des évènements élémentaires est appelé l'univers. • Un espace vectoriel normé est un espace vectoriel topologique dans lequel on dispose d'une notion de longueur d'un vecteur. • Un ensemble muni à la fois d'une structure d'espace vectoriel et d'une structure d'espace topologique. compatibles entre elles en un certain sens. qui contient nos perceptions et où nous localisons le mouvement et les corps. musculaire. c'est-à-dire une structure de l'esprit. • Un espace métrique est un espace topologique dont la topologie est définie au moyen d'une distance. Cette structure offre le langage pour définir les notions de continuité et de limite. peuvent s'additionner et être multipliés par des scalaires. de signature (+. continu et illimité.Espace (notion) Mathématiques En mathématiques. • Un espace vectoriel topologique localement convexe est un espace vectoriel topologique pour lequel la topologie est définie par un ensemble de semi-normes. l'espace de travail. ce qui en fait en particulier un espace métrique. les points de cet espace temps (position. ce produit interne sépare l'espace en deux parties: l'espace des points pour lesquelles une distance existe. -). . date) inaccessibles sont ceux qu'il est impossible d'atteindre sans dépasser la vitesse de la lumière. • Un espace vectoriel est un ensemble dont les éléments.. L'univers muni d'une mesure sur une tribu forme un espace probabilisé. toute forme possible de réalité sensible étant devenue insignifiante. sur des formes abstraites ou sur des représentations mentales. org/ w/ index. 71 . ces deux approches de la "réalité ultime" ne sont pas conciliables : on ne peut être à la fois idéaliste ET matérialiste. Ce tableau des principaux types d'idéalisme appelle deux observations : • Ne s'appliquant pas au même objet et pour cause. etc). Démocrite. wikipedia. qui affirme que le monde externe a une existence indépendante de la conscience et de la connaissance qu'on peut en avoir.Espace (notion) Terminologie de Bergson Henri Bergson définit dans ses ouvrages l’espace comme l’ensemble des distances entre les points qui s’y trouvent. l'idéalisme consiste encore à supposer la dérivation des êtres et de la réalité à partir d'un principe spirituel (pensée. nécessaire] 4. conscience. qui affirme que la réalité ultime est la matière.. Du point de vue de la philosophie de la connaissance. et les philosophies matérialistes (Diogène. • • Portail de la physique Portail de la géométrie Références [1] http:/ / fr.) qui posent que "L'esprit est le substrat de la matière". les postulats de ces idéalismes peuvent être plus ou moins contradictoires. avec de multiples variantes selon la prégnance ou emprise de cet univers sur le monde sensible si celui-ci demeure . etc. Hegel. 3. Au degré suivant. Le monde lui-même assimilé analogiquement à un être pensant (point 2). l'idéalisme s'oppose au matérialisme. que "La matière est le substrat de l'esprit". les phénomènes étant en réalité des représentations de l'esprit . Marx. etc. Enfin. l'idéalisme s'oppose au réalisme. Bertrand Russell. Cette définition personnelle est contestée par Bertrand Russell qui n’y voit qu’un mauvais procédé pour découvrir des propriétés certes surprenantes. --Anaxagore surtout--. 2. voir Idéalisme. à l'inverse. L'idéalisme peut consister à affirmer que la pensée est la seule réalité certaine . Cette définition est à la base de la séparation du domaine global de la philosophie en deux branches fondamentales : les philosophies idéalistes (Platon. l'idéalisme affirme l'existence véritable d'un monde conceptuel (réalisme de l'intelligible) .) qui posent. Il apparaît difficile par exemple de poser la pensée comme seule réalité fiable et d'avancer en même temps l'hypothèse d'une réalité plus transcendantale. Du point de vue de la philosophie de l'esprit. toute autre étant du domaine de la conjecture . En logique formelle. 5. php?title=Espace_(notion)& action=edit Idéalisme (philosophie) Pour les articles homonymes. Teilhard de Chardin. un autre idéalisme se résume à ramener l'essentiel de l'être à la pensée ou à la conscience. concept.[réf. L'idéalisme peut d'abord consister à retirer à la réalité toute apparence. Un concept multiple Ce schéma très général se décompose en autant d'espèces d'idéalisme qu'il y a de manière de relativiser la réalité au bénéfice d'un quelconque monde conceptualisé ou de la conceptualisation elle-même : 1. mais qui ne s’appliquent pas à l’espace au sens que nous donnons dans la vie courante à ce mot.. On appelle idéalisme toute théorie philosophique qui considère que la nature ultime de la réalité repose sur l'esprit. de l'image . mais un réaliste de l'intelligible. Cette doctrine nie donc que l'on puisse connaître le monde extérieur tel qu'il est puisqu'il n'existe pas en soi mais seulement dans la pensée. aussi bien humaines qu'expérimentales. Ici on classerait l'ensemble des sciences. Pour eux. c'est-à-dire entre l'expérience que nous pouvons atteindre. L'idéalisme moderne Article détaillé : Idéalisme allemand. Seul Dieu peut nous la garantir. Une formule célèbre la résume : Esse est percipi aut percipere ("Être. c'est être perçu ou percevoir. idéalisme transcendantal : limitation de la raison. distinction entre phénomène et noumène. • Kant. l'Univers est uniquement constitué de vide et d'atomes. Mais les Idées ont une existence indépendante de nous : Platon est donc bien un réaliste. mais les images n'imitent que l'apparence du modèle. des êtres vivants.") (Traité sur les principes de la connaissance humaine. mais il n'existe qu'une réalité de type intelligible (improprement appelée « monde intelligible ») dont le monde dit visible participe et tient sa réalité. • Berkeley. idéalisme immatérialiste : la matière est une fiction ontologique. • l'intelligence dialectique. Quand l'idéalisme antique se contentait de valoriser d'une façon ou d'une autre l'intelligible du monde. la réalité du monde extérieur est une problématique. Le bouclier de Persée) et les autres représentations dues à la main de l'homme Les images sont des imitations de la première catégorie (modèles). • Descartes. et Dieu établit une harmonie entre elles. on oppose parfois le réalisme d'Aristote.Idéalisme (philosophie) L'idéalisme antique Article détaillé : Théorie des idées. qui est réduite dans sa totalité à de l'intelligible. les fantômes : reflets (ex. Au cours du temps. selon Kant) : la pensée est la réalité la plus évidente. Une autre opposition à l'idéalisme de Platon se trouve dans l'atomisme de Leucippe et Démocrite. L'aristotélisme est alors considéré comme une variante du platonisme qui s'en distingue essentiellement par l'immanence de ces principes. 1. Ainsi Platon fait de la philosophie l'outil de la connaissance véritable. les idées sont d'un ordre supérieur et c'est à l'homme de s'élever vers elles. Berkeley considère que la conscience attribue par erreur une objectivité à ce qui n'est qu'une production idéale. Autrement dit. il n'y a pas d'idéalisme au sens strict. idéalisme problématique (idéalisme empirique. Dans le monde intelligible on distinguera : • la connaissance discursive. le crédit en l'extériorité du monde s'est réduit comme une peau de chagrin et l'idéalisme moderne résiste faiblement à la tentation de nier l'"altérité" de la réalité. et la chose en soi qui nous est inconnue. Là encore. celle qui s'intéresse aux principes qui régissent toutes choses sans passer par l'exemple ou la « modélisation ». 1710). les penseurs de l'époque moderne ont poussé parfois très loin la logique de cette relativisation de la réalité sensible. dont les théories sont purement matérialistes. plantes et objets de fabrication humaine 2. la position de Kant étant plus nuancée (Kant s'opposant par ailleurs à l'idéalisme pur) : 72 . Narcisse) ou à une surface polie (ex. • Leibniz. celle qui se fonde sur des hypothèses ou sur l'observation des modèles. Dans le monde visible il faut distinguer ce qui est de l'ordre : 1. Elles ne peuvent donc pas nous rapprocher de la connaissance de l'objet. Aux dernières limites de l'intelligible. les ombres (c'est à partir d'une ombre qu'a été réalisée la première image) 2. la réalité ne se divise pas en deux espaces. seul le philosophe peut apercevoir l'idée du bien. d'idéalisation en renforcement de la subjectivité. À l'idéalisme de Platon. idéalisme monadique : les substances sont spirituelles. Pour Platon. Pour les articles homonymes. • Schopenhauer. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants. L'Esprit absolu est aussi Raison universelle : « Ce qui est rationnel est effectif. et un principe non rationnel dépourvu de connaissance. Une hypothèse freudienne : comme le suggère Freud dans Formulations sur les deux principes du cours des événements psychiques (1911).Mais avant le sevrage il y eut l'évènement de la naissance qui a dû être aussi un apprentissage difficile car il a fallu que l'enfant apprenne à se mouvoir dans la pesanteur terrestre et à gérer les sensations dues au fonctionnement de ses organes. l'imagination s'est développée au même titre que la pensée suite aux premières acquisitions du principe de réalité principalement lors du sevrage . • Hegel. Imagination Cet article est une ébauche concernant la psychologie. la Volonté. Peut-être La métaphore poétique ne signifie t-elle pas autre chose que ce transport dans un état d'apesanteur ? 73 .Par la suite les jeux enfantins et la fantaisie ainsi que les expressions artistiques sont les moments fugitifs par lesquels les personnes se remémorent cette période sans contrainte. partiel ou complet. idéalisme volontariste : le monde est à la fois ma représentation. Elle sert également à ceux qui ont un besoin de se créer un monde à eux afin de s'y réfugier ou tout simplement. et ce qui est effectif est rationnel » (Philosophie du droit. voir Imagination (homonymie). l'esprit est tout et tout est esprit.Idéalisme (philosophie) la seule réalité connaissable est phénoménale. donnée dans le cadre transcendantal de l'espace et du temps (idéalisme transcendantal). pour ne plus être seul ou se désennuyer. mais seule l'expérience fournit un matériau valide pour la connaissance (réalisme empirique). idéalisme absolu : la seule réalité est l'Esprit absolu. préface). qui parvient à se "connaître" par la représentation dans le monde phénoménal. c'est qu'elle ait permis aux êtres dotés d'une conscience de résoudre les problèmes (en augmentant conséquemment la valeur sélective de l'individu) par l'utilisation de la simulation mentale. avant la naissance. L'imagination est tout à la fois la capacité innée et le processus d'inventer un champ personnel. Une hypothèse évolutionniste de l'imagination humaine. Ce terme est techniquement utilisé en psychologie dans le processus « réanimatif » de la perception de l'esprit. tirée de l'expérience de la perception sensorielle. à travers l'esprit à partir d'éléments dérivés de perceptions sensorielles de l'existence commune. L'infinité de l'imagination est potentiellement autant une source de plaisir réel que de douleur inutile. Imagination en tant que réalité L'expérimentation du monde est une interprétation de données qui proviennent apparemment des sens. peut souvent devenir inspiration pour une nouvelle invention ou technique. perçu comme tel comme réel en contraste avec la pensée et l'imaginant. dans certains cas physiquement manifestées. 74 . • L'imagination passive. reçue sans une capacité de mise en ordre ou de construction signifiante. par occasion une quatrième appelée antithèse. qui à ce point existe seulement en tant que partie de l'imagination. ou à l'opposé extrême des aborigènes. Conceptions de l'imagination On peut distinguer deux types fondamentaux de conception de l'imagination : • L'imagination comme activité cognitive qui consiste à réassembler différents souvenirs pour former une nouvelle représentation dynamique. C'est le cas par exemple chez Aristote. pour qui elle est un pouvoir. l'imagination est une production impliquante. comme les bouddhistes et mayas. L'imagination peut également produire des symptômes de maladies réelles. La différence entre imaginaire et réalité perçue peut être si imperceptible qu'elle peut causer des états psychotiques. son intérêt s'affaiblit. le rêvé et la réalité à valeur égale. voire inférieur. en acceptant l'imaginaire. Cette différence peut être altérée en degrés variables. c'est-à-dire changements dans la chimie cérébrale par états de conscience altérée. méditation.Imagination Imagination et réalité Imagination précédant la réalité Quand deux perceptions existantes sont combinées dans l'esprit. Son statut devient alors secondaire. (voir psychosomatique et folie à deux) Imagination et croyance L'imagination diffère fondamentalement de la croyance car l'invention de l'esprit n'altère pas le cours de l'action pris dans le monde apparemment partagé. un simple redoublement affaibli. la troisième perception résultante est la synthèse. Beaucoup de maladies mentales peuvent être attribuées à cette incapacité de distinction entre le perçu et le monde implicitement crée. dans l'empirisme. pouvant être altérée par plusieurs causes historiques. alors que la croyance est ce que la personne considère comme vérité inhérente au monde personnel et partagé. Distinctions Pouvoir d'imager Comme activité du sujet. Ainsi. l'imagination est un écho d'impressions. appel à l'intelligence Au contraire. Certaines cultures et traditions considèrent la réalité apparemment partagée comme une illusion de l'esprit. hallucinogènes ou impulsions électriques appliquées sur des parties spécifiques du cerveau. quand l'esprit se représente involontairement des impressions sensibles. Cela pose le problème de la typologie des facultés : • Quel est le lieu exact de l'imagination ? L'imaginaire ? • Comment l'appareil cognitif de l'homme est-il organisé ? • Quelles sont alors les relations entre nos différentes facultés ? Produit des représentations du temps L'imagination. L'imitation est une représentation du temps passé lié à la mémoire. on peut distinguer : • reproduction (présent) . l'imagination en est néanmoins séparée. tout un insistant sur le fait qu'il y aurait lieu de l'étudier. puisque toutes nos connaissances sont dans le temps. Ce rapprochement n'est pas encore suffisant pour caractériser l'activité propre de l'imagination. suivant la division classique du temps (cf. est inséparable d'une temporalité. Les imaginations multiples • • • • • • • L'imagination plastique L'imagination diffluente L'imagination mystique L'imagination scientifique L'imagination pratique et mécanique L'imagination commerciale L'imagination militaire (à laquelle Ribot ne consacre que quelques pages. La place de l'imagination semble donc être entre ces deux facultés. au sens strict. dans la mesure où les données sensibles la conditionnent. • imitation (passé) . La préfiguration nous représente sans cesse ce qui peut nous arriver.Imagination Forme des objets qui affectent nos sens L'imagination est proche de la sensibilité. analysée par Théodule Ribot dans son Essai sur l'imagination créatrice (1900) qui est l'essence de la créativité et de l'inventivité. • préfiguration (futur). C'est. L'imagination créatrice L'imagination créatrice. mais qu'il faudrait un homme de métier) • L'imagination utopique 75 . Cette anticipation nous présente des images avant la présence réelle d'un objet. le pouvoir d'imager des scènes déjà vécues et de temps en temps en apporter même des modifications. C'est une construction morphologique qui participe à la formation de la perception. La reproduction est contemporaine d'une présence : l'image de ce qui est présent est déjà une manifestation de l'imagination. par exemple Augustin). Cette séparation se comprend si l'on rattache à l'entendement le pouvoir de créer des formes et donc des connaissances. la facultas imaginandi. Il ne semble pas pouvoir y avoir d'imagination sans une expérience sensible antérieure. Ainsi. mais montre qu'en appartenant à la sensibilité. en tant que faculté de former par nous-mêmes des connaissances. Emmanuel Kant • L'imaginaire. Éditions de la Transparence. Gilbert Durand • Les structures anthropologiques de l'imaginaire. Bibliographie • Imagination et invention. il existe trois facultés de la conscience : • La Volonté (infinie) : pouvoir d’affirmer. De plus. Hume • Leçons de métaphysique. Donc. Donc. raisonner . recuit.Imagination L'imagination selon Descartes Pour Descartes. Jean-Paul Sartre • L'Imagination symbolique. comprendre. The philosophy of the imagination in Vico and Malebranche (Florence: Florence University Press. Cette fonction s'intègre dans une approche cybernétique de la conscience. Aventures et avatars d'un personnage conceptuel de Baudelaire aux postmodernes. « puissance d’élire ». les liens existants entre température et bruit (bruit thermique. soit d’une telle imperfection qu’il nous fourbe volontairement. l’imaginaire. il rejette la possibilité que notre entendement. english edition 2009. dans un cas comme dans l’autre. Claude Pérez. Elle nous offre la possibilité de concevoir l’irréel. Étant donné que Descartes se place à quelque part entre la divinité et le néant sur l’échelle de l’existence. et La Flamme d'une chandelle Gaston Bachelard 76 . il est également vrai que Dieu nous ait donné la puissance d’élire une possibilité ou l’autre . puisqu’il est vrai qu’il perçoit une chose ressemblant à un arbuste . Toutefois. • La terre et les rêveries du repos. L'imagination peut alors procéder de la mise en œuvre d'algorithmes ou de méthodes introduisant par exemple des fonctions de bruit. C’est le libre arbitre qui nous permet de choisir d'affirmer et ou de nier toute chose. • Fabiani. Malebranche • Enquête sur l'entendement humain. Gilbert Simondon. de nier. l’erreur réside en le fossé entre l’entendement et la volonté qu’est l’imagination. C’est notre imagination qui nous offre la possibilité que la vision au loin soit un arbuste. on perçoit un arbuste au loin qui est en fait une automobile. L’entendement nous offre un spectre fini de connaissances indubitables • L’Imagination représente le fossé entre la volonté et l’entendement. Or. et ainsi passer outre aux limites de notre entendement. il peut cependant se révéler faux qu’il s’agisse bien et bel d’un arbre. l’infinité de la volonté implique également que l’on peut affirmer le faux et nier la vérité. Aristote • De la recherche de la vérité. Il est de l’issue de notre volonté d’affirmer que c'est un arbre ou de croire que ce ne l’est pas. raisonnement. • La fonction d'imagination : Cette dimension procède de la création de nouveauté à partir de l'existant en introduisant de la variabilité dans les différentes composantes de l'objet soit en ce qui concerne sa structure ou sa fonction. dont la finalité est de distinguer le vrai du faux. Jean-Jacques Wunenburger • Les Infortunes de l'imagination. • L'Entendement (fini) : concevoir. donc d’affirmer la vérité et de nier le faux. notre entendement ne se trompe jamais. recuit simulé) permettent d'envisager des relations entre les grandes régulations homéostatiques comme la thermorégulation et l'expression de la conscience. [1]italian edition 2002 [2]). Gilbert Durand • L'imaginaire. 2008. Paolo. c’est elle qui « invente » des propositions fausses que notre volonté peut affirmer. Presses universitaires de Vincennes. Par exemple. 2010. de choisir. • De l'âme. Imagination 77 Articles connexes • • • • • • • Créativité Raison Invention Perception Imaginaire Intuition Portail de la psychologie Références [1] http:/ / www. fupress. com/ Archivio/ pdf/ 3622. pdf [2] http:/ / eprints. unifi. it/ archive/ 00001018/ 03/ F0025-Fabiani. pdf Innéisme L'innéisme est une doctrine philosophique selon laquelle certaines idées ou structures mentales sont innées, c'est-à-dire présentes dès la naissance. Doctrine philosophique émanant de Platon d'où "l'innéisme platonicien", elle s'oppose en particulier à l'empirisme de Locke, qui affirme que l'âme (ou esprit, mind) est une tabula rasa, et que toute idée dérive par conséquent de l'expérience sensible. Innéisme philosophique La version la plus ancienne de cette doctrine philosophique est attribuée à Platon. Selon cet innéisme platonicien toute vérité est connue dès la naissance, l'âme ayant visité le « ciel des idées » avant de s'incarner dans un corps. De notre vivant, on se doit de pratiquer la réminiscence pour se souvenir à nouveau des vérités que nous avons observées. Le commentateur Jean Philopon relève ceci à propos de l'âme : « Aristote la représente par une tablette non écrite [empirisme] et la nomme au sens propre faculté d'apprendre. Platon, cependant, la représente par une tablette écrite [innéisme] et la nomme faculté de s'instruire par remémoration »[1]. Descartes défend de même une position similaire, par sa doctrine des notions communes[2]. Refusée par Locke, l'existence des idées innées a été ré-affirmée par Leibniz dans les Nouveaux Essais sur l'entendement humain. Innéisme psychologique En psychologie, selon la doctrine innéiste, certaines des facultés mentales seraient innées (voir instinct), c'est-à-dire « pré-spécifiées » dans le cerveau à la naissance. Cette position s'oppose à la perspective de la tabula rasa (ou blank slate, ardoise vierge en anglais) selon laquelle le cerveau ne dispose que de très peu de capacités à la naissance mais que l'essentiel de nos facultés se développent au cours de la vie par interaction avec l'environnement. L'innéisme se distingue toutefois du nativisme stricto sensu avec lequel il est parfois confondu. Dans le nativisme, les facultés mentales seraient « pré-câblées » à la naissance. Or les progrès de la psychologie du développement ont permis de raffiner cette conception : en effet, comme tout autre trait phénotypique, une faculté mentale innée peut n'apparaitre que bien après la naissance alors même qu'elle est spécifiée dès la naissance. Ainsi la capacité physiologique des femelles mammifères à produire du lait est innée mais elle ne s'observe que bien plus tard au cours de la vie, au moment de l'allaitement. Il peut donc en être de même avec les facultés mentales. Devant le constat que l'individu adulte est le résultat d'une interaction complexe entre le matériel génétique et l'environnement, la psychologie du développement (parallèlement à la biologie du développement) a donc abandonné l'idée d'une opposition stricte entre inné et acquis au profit de notions plus riches comme celle Innéisme 78 d'héritabilité qui permettrait de quantifier la part des facteurs environnementaux et des facteurs génétiques mais aussi congénitaux et épigénétiques dans la constitution des traits biologiques et des facultés mentales. Innéisme linguistique La grammaire universelle de Chomsky est une reprise de cette position philosophique[3]. Bibliographie • Denis Fourest et al, L’innéité aujourd’hui, connaissances scientifiques et problèmes philosophiques, Éditions Matériologiques, 2013 Notes et références [1] Commentaire sur le traité de l'âme d'Aristote, III, 4, 429a27, éd. Hayduck p. 524 [2] Principes de la philosophie, I, 49 [3] Pratiques discursives et acquisition des langues étrangères: Colloque international "Acquisition d'une langue étrangère : perspectives et recherches", Besançon, 19-21 sept. 1996; Presses Univ. Franche-Comté, 1998, Bettina Derville et Henri Portine p.38 • • Portail de la psychologie Portail de la philosophie Jugement (philosophie) Pour les articles homonymes, voir Jugement. Cet article est une ébauche concernant la philosophie. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants. Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (mars 2009). Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». (Modifier l'article [1] ) Le jugement désigne, en philosophie, une opération de connaissance, et non l'acte judiciaire de juger. Le terme de jugement est équivoque en philosophie, puisqu'il désigne tantôt (du point de vue psychologique) l'acte psychique par lequel nous affirmons, nions, etc., un contenu propositionnel, tantôt (du point de vue logique) ce contenu propositionnel lui-même. Au XXIe siècle, c'est la première définition qui tend à s'imposer dans le langage courant. Singes comme critiques d'art, 1889, Gabriel von Max. Jugement (philosophie) 79 Le jugement dans la philosophie classique Illusion de Titchener : Les deux cercles orange sont de la même taille. Est-ce le jugement de mon esprit sur ce que je perçois qui me trompe, ou mes sens? Mais d'abord, est-ce sûr que je me trompe? La définition traditionnelle du jugement considère celui-ci comme l'acte de prédiquer quelque chose de quelque chose: ainsi, dire « le chien est beau », c'est attribuer un prédicat, « la beauté », à un sujet, « le chien ». Cette définition classique est issue d'Aristote, et a été reprise notamment par Kant, pour qui le jugement est un acte de l'entendement par lequel celui-ci adjoint un concept à une intuition empirique (j'adjoins le concept de beauté à l'intuition empirique, c'est-à-dire, ici, à la sensation ou perception d'un chien). Dans cette mesure, un jugement est dit vrai lorsqu'il correspond avec le réel : si je dis « cet immeuble fait trois étages », ce jugement est vrai si l'immeuble fait effectivement trois étages, et non cinq. L'exemple paradigmatique soumis à réflexion est celui des illusions d'optique : lorsqu'en voyant la figure à gauche (les deux cercles orange), je dis que « ces deux cercles sont de taille différentes », je me trompe. Pour interpréter cette "tromperie", les philosophes ont développé, depuis l'Antiquité, nombre de réflexions dont une position majoritaire s'est dégagée, soutenue par la philosophie classique (Descartes). Elle consiste à dire que la tromperie ou l'erreur ne proviendrait pas de la sensation elle-même, mais du jugement que l'esprit, ou l'entendement, porte sur ce qu'il perçoit. Ainsi, on ne se trompe pas si l'on dit que les cercles orange sont de même taille selon leur taille géométrique « réelle », et je ne me trompe pas non plus si je dis que ces mêmes cercles orange sont de tailles différentes selon l'apparence phénoménale que je perçois, c'est-à-dire selon mon point de vue (voir l'étonnante théorie des simulacres de l'épicurisme). C'est donc le problème du rapport du réel à l'apparence qui est soulevé. Or, de Platon, qui fait du monde sensible une « copie » ou « image » du monde intelligible, dotée, dans cette mesure, d'une certaine réalité ontologique, jusqu'à Kant, qui distingue entre les phénomènes (ce qui nous apparaît, l'« apparaître », et non l'apparence) et les noumènes, rares sont les philosophes qui ont ôté de façon intégrale toute consistance ontologique à ce qui nous apparaît. Kant distinguait en outre, dans la Critique de la raison pure, entre les jugements analytiques, a priori, et les jugements synthétiques. Parmi les jugements synthétiques, il distinguait à nouveau entre les jugements synthétiques a posteriori, ou empiriques, et les jugements synthétiques a priori. C'est d'ailleurs la dénégation de l'existence de ces derniers qui a fondé, au début du XXe siècle, les thèses centrales du positivisme logique du Cercle de Vienne (Carnap, etc.). Le jugement de goût Le jugement n'est toutefois pas toujours un jugement de connaissance: il peut aussi être, selon la Critique de la faculté de juger de Kant, un « jugement de goût ». Jugements de faits et jugements de valeur Article détaillé : Distinction faits-valeurs. D'un point de vue épistémologique, on peut distinguer, globalement, deux types de jugements : les « jugements de faits » et les « jugements de valeur ». Le jugement de fait implique une observation neutre et objective. Le jugement de valeur implique une évaluation et une appréciation subjective: Exemple de jugements de fait: • La portière de la voiture est mal fermée • Il pleut ce soir, etc. Exemple de jugements de valeur: Jugement (philosophie) 80 • « La plaisanterie musicale » est une des pièces les plus drôles de Mozart. • « Ce peintre n'a aucun talent » etc. Il y a plusieurs manières de concevoir cette distinction entre jugements de faits et de valeur. On peut, comme le positivisme logique (Carnap, Alfred Ayer), la considérer comme une dichotomie: il y aurait d'un côté les jugements de fait, descriptifs et objectifs, et de l'autre les jugements de valeur, prescriptifs et subjectifs. Les énoncés scientifiques correspondraient alors à des jugements de fait, et les énoncés éthiques ou métaphysiques à des jugements de valeur. Mais on peut aussi atténuer cette dichotomie, en ne parlant plus que d'une distinction des faits et des valeurs: c'est la perspective prise par Hilary Putnam (2002), pour qui les faits et les valeurs sont imbriqués l'un dans l'autre. Dès lors, pour Putnam, la distinction fait-valeurs ne recoupe plus la distinction objectivité/subjectivité. Putnam s'appuie en particulier sur l'exemple des « concepts éthiques épais » (thick ethical concepts), qui mélangent aspects descriptifs et prescriptifs. Ce débat est décisif pour la possibilité d'adopter une perspective axiologiquement neutre, et pour la conception de l'objectivité que l'on se fait — à condition d'admettre une forme d'objectivité possible, quelle qu'elle soit, ce qui ne serait pas le cas d'un relativisme intégral, point de vue soutenu par Protagoras, l'adversaire sophiste de Platon. Notes et références [1] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Jugement_(philosophie)& action=edit • Portail de la philosophie Philosophie analytique L'expression « philosophie analytique » désigne un mouvement philosophique qui se fonda dans un premier temps sur la nouvelle logique contemporaine, issue des travaux de Gottlob Frege et Bertrand Russell à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, pour éclairer les grandes questions philosophiques. Sa démarche s'appuie sur une analyse logique du langage cherchant à mettre en évidence les erreurs de raisonnement que celui-ci peut induire et faisant ainsi de la « clarification logique de la pensée » le but de la philosophie selon le mot de Carnap. La logique, la philosophie du langage, et la philosophie des sciences furent les premiers et principaux domaines de la philosophie analytique. L'essor récent des sciences cognitives, de la philosophie de l'action, de la philosophie de l'esprit, ainsi que l'accroissement de l'attention que portent les philosophes analytiques à la théorie de la décision, à la théorie des jeux et à la métaphysique ont remis en cause la prédominance des disciplines initiales, de telle sorte que depuis la seconde moitié du XXe siècle la philosophie analytique touche à tous les domaines classiques en philosophie. Il existe Bertrand Russell. Philosophie analytique également une métaphysique analytique (Saul Kripke, David Lewis, Nathan Salmon, Peter van Inwagen) une théologie analytique (Alvin Plantinga, Richard Swinburne), ainsi qu'une tradition analytique en philosophie politique (par exemple John Rawls, Robert Nozick ou encore le marxisme analytique) et en philosophie morale. La philosophie de type analytique est pratiquée majoritairement dans le monde anglophone et quelques autres pays, et est assez peu présente en France. La philosophie analytique est cependant pratiquée au Collège de France avec les travaux de Jules Vuillemin, de Jacques Bouveresse ou de Claudine Tiercelin, et connait une influence croissante dans les pays nordiques, voire les Pays-Bas et l'Allemagne. Place de la philosophie analytique dans la philosophie occidentale À l'origine, la philosophie analytique s'oppose à l'hégélianisme, et plus largement aux courants issus de l'idéalisme allemand. En effet, après Emmanuel Kant, l'idéalisme allemand domine la philosophie occidentale à travers les réflexions et les œuvres de Fichte, de Schelling et de Hegel. La philosophie britannique devint elle-même de plus en plus hégélienne (F. H. Bradley, Thomas Hill Green...). Parallèlement, l'allemand Gottlob Frege pense en dehors de l'idéalisme de ses compatriotes et s'attache à reprendre le projet de caractéristique universelle de Leibniz sous le nom de logicisme. S'érigeant contre l'idéalisme britannique, Bertrand Russell combine les apports de Frege avec ceux de l'ancien empirisme britannique issu de David Hume. Le philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein réfléchit à partir de la pensée de Russell, et sa première philosophie (celle du Tractatus logico-philosophicus) influença les idées du Cercle de Vienne, d'où émergea le positivisme logique dans les années 1920 et 1930. Le Cercle de Vienne et le premier Wittgenstein menèrent alors une critique acerbe de la métaphysique, liée à leur propre philosophie du langage : ils considéraient que les énoncés de la métaphysique n'avaient pas de référent dans le monde réel, qu'ils ne dénotaient rien de déterminé, et étaient donc « vides de sens ». Le positivisme logique distinguait entre les énoncés analytiques, vrais de par leur signification intrinsèque (par exemple, « les célibataires sont non mariés ») ; les énoncés synthétiques a posteriori, dont une vérification empirique est possible ; enfin, les énoncés qui ne sont ni analytiques, ni synthétiques a posteriori, et qui seraient donc vides de sens, parce que ni tautologiques comme les énoncés analytiques, ni « vérifiables » comme les énoncés synthétiques a posteriori (ils niaient ainsi explicitement l'existence des jugements synthétiques a priori, au cœur du projet kantien de refondation de la métaphysique sur des bases scientifiques). Dès lors, les énoncés éthiques et métaphysiques étaient pour eux, en tant qu'énoncés prescriptifs et non descriptifs et vérifiables, nécessairement vides de sens[1]. Le positivisme logique est ainsi à l'origine de la dichotomie tranchée entre les « faits » et les « valeurs », qui a été par la suite partiellement remise en cause. Depuis le déclin du positivisme logique, la philosophie analytique s'est développée dans des directions diverses, incluant une métaphysique analytique (le Whitehead de Procès et réalité, Peter Strawson, David Lewis, Saul Kripke, etc.). Relations de la philosophie analytique et de la philosophie continentale Article détaillé : philosophie continentale. Certains opposent la philosophie analytique à la « philosophie continentale », expression sous laquelle ils regroupent la philosophie postmoderne, contemporaine de la philosophie analytique, et toute la tradition philosophique antérieure dont elles ont toutes deux émergées. L'adjectif « continental » évoque une distinction géographique et, par suite, linguistique : la philosophie analytique prendrait sa source en dehors du continent européen et serait essentiellement anglophone. Cette présentation de la philosophie analytique comme une production anglo-saxonne est toutefois contestée[2]. En effet, les premiers philosophes analytiques étaient allemands ou autrichiens (Frege, Wittgenstein). De même en France, un certain nombre de philosophes ont participé aux questionnements relatifs à la philosophie des mathématiques, tels le mathématicien et philosophe Henri Poincaré, ou Louis Couturat (qui publia en 1901 des 81 ). repose sur un fort développement technique et philosophique de la logique. Sandra Laugier. la mise au jour du problème du sens et de la dénotation dans la construction de la signification. Israël. exigeant de donner une place importante à l'argumentation utilisant les procédés de la logique formelle. certains pays d'Europe de l'Est comme la Pologne). ou un mélange entre plusieurs doctrines. par le biais de la logique. et Ludwig Wittgenstein au début du XXe siècle. d'occasionner des débats houleux. La philosophie logique a été aussi présente en Pologne. Dans les pays où la philosophie analytique est dominante (pays anglophones. i. notamment en France. et d'autres comme Stanley Cavell qui s'attachent au dialogue entre les deux traditions de pensée. E. Jacques Bouveresse. la doctrine et la méthode. Wittgenstein commença par le premier type de 82 . ce qui entraînerait un certain conservatisme et une stérilité de la recherche[3]. En effet. Cette méthode compte parmi ses apports majeurs la logique moderne. quand les philosophes analytiques étaient en général engagés dans un programme de recherche lié à ces doctrines. Moore. elle visait. Alfred Tarski. pour formaliser les questions philosophiques et les résoudre à partir de cette formulation . Bertrand Russell. mais l'expression peut également désigner la philosophie du langage ordinaire. d'une part. Pascal Engel ou Frédéric Nef) se plaignent parfois de ne pouvoir y enseigner une forme importante de méthode philosophique. cependant. Les doctrines le plus souvent évoquées sont le positivisme logique et l'atomisme logique . la philosophie analytique débute avec Gottlob Frege. à travers l'analyse du langage. la théorie sémantique de la vérité de Alfred Tarski. Les départements universitaires nord-américains accueillent notamment des philosophes comme Richard Rorty. dans une institution universitaire tournée vers l'exégèse et l'histoire. la recherche pour comprendre les idées philosophiques en examinant plus particulièrement le langage naturel utilisé pour les formuler. doctrine et méthode La définition de la philosophie analytique demeure ambiguë. les philosophes analytiques français (comme Jules Vuillemin. 1. Vincent Descombes. le théorème d'incomplétude de Kurt Gödel. On peut la clarifier en distinguant trois usages de l'expression : la tradition. la philosophie non analytique reste enseignée et le clivage semble moins important qu'en France. et les clarifier à partir de cet examen. mais comme un souci de clarté et de précision. Ces deux types de recherches s'opposent parfois complètement. revenu de la philosophie analytique après s'en être réclamé.e. Le formalisme et le langage naturel Le but de l'approche analytique est de clarifier les problèmes philosophiques en examinant et clarifiant le langage dont on se sert pour les formuler. Suivant une ancienne tradition de l'empirisme anglo-saxon. à éclaircir le sens des énoncés et ainsi à dissiper les « faux problèmes ». la philosophie du sens commun. En tant que tradition. etc. à travers l'École de Lvov-Varsovie (Jan Łukasiewicz. On peut en exposer les problématiques originelles par les questions suivantes[4] : • Peut-on philosopher en suivant une méthode scientifique ? • Peut-on introduire plus de rigueur en philosophie en procédant par la logique ? • La philosophie peut-elle être réduite à la logique ? 2. pays scandinaves. Cette méthode est conçue aujourd'hui non plus comme un programme. mais sont parfois identiques. la théorie des descriptions définies de Russell. la recherche pour comprendre le langage en utilisant la logique formelle. que l'on retrouve déjà chez Locke [5].Philosophie analytique manuscrits de Leibniz qui vinrent à l'attention de Russell). Les relations entre la philosophie analytique et la tradition continentale dont elle entend se détacher continuent. G. Tradition. la théorie de la réfutabilité de Karl Popper. d'autre part. Cet usage était courant jusque dans les années 1950. Les deux branches principales de la tradition analytique sont. 3. La méthode de la philosophie analytique est une approche générale de la philosophie qui. rigoureux et dénué d'ambiguïté. Par cette méthode. l'espoir est de voir résolus tous les problèmes philosophiques quand le langage sera utilisé avec une 83 . la possibilité ultime de la logique. l'article de Frege : Que la science justifie un recours à l'idéographie). » Cette thèse est l'une des raisons de la relation étroite entre philosophie du langage et philosophie analytique : le langage est de ce point de vue le principal. le Tractatus logico-philosophicus : ce livre est tenu comme l'un des livres de philosophie les plus importants du XXe siècle. De ce fait. Atomisme logique et langage idéal Pour des auteurs comme Gottlob Frege. Description définie. puis poursuivit ses recherches du côté du langage naturel. Ainsi. la copule « est » peut être selon lui analysé de trois manières distinctes : • "le chat est endormi" : le est de la prédication signifie que x a la propriété P. ce qui donnera naissance à la logique contemporaine (cf. Atomisme logique et Tractatus Logico-Philosophicus. l'exemple le plus connu étant l'énoncé « actuel roi de France ». Cette tentative repose sur la thèse fondatrice de l'atomisme logique selon laquelle la structure de la réalité est essentiellement la même que la logique mathématique. du calcul des prédicats qui a permis d'étendre la formalisation logique à un plus grand nombre d'énoncés. et pour de nombreux autres philosophes analytiques. Russell et Whitehead se donnaient pour buts.Philosophie analytique recherches. Dès lors. ou le seul. par exemple. Rudolf Carnap ou même Willard Van Orman Quine. Cette formalisation n'a pas seulement des conséquences sur la manière d'exprimer un problème : elle pose la question de savoir si certains des anciens problèmes ne doivent pas du même coup être supprimés. Par exemple. soit P(x) • "il est un chat".6 Les frontières de mon langage sont les frontières de mon monde. soit x=y Russell tenta ainsi de résoudre divers problèmes philosophiques en appliquant de telles distinctions claires et précises. qui pour Frege n'avait pas de sens parce que dénué de référent réel. ou "il y a un chat" : le est d'existence signifie qu'il y a un x. à la suite d'une rencontre. Wittgenstein soutient que le monde est l'existence d'états de fait . « 5. • de montrer que le résultat logique est un langage idéal. Russell considéra le formalisme logique comme un outil indispensable pour exposer les structures fondamentales des problèmes philosophiques. La construction et la complexité du Tractatus sont telles que le texte sera incompris par les membres du cercle de Vienne. le langage naturel est confus. rempli d'erreurs et doit être reformulé dans un langage formel. Le Tractatus Assez généralement. Les propos de Wittgenstein (notamment sur son œuvre elle-même) mettent en doute. dans leur Principia Mathematica : • de montrer que les mathématiques et la logique peuvent être réduites à la logique mathématique. pour Wittgenstein. un tableau du monde peut être réalisé en exprimant les faits atomiques en propositions atomiques et en les liant par des opérateurs logiques. tous les problèmes ont une formulation logique. par Frege. soit : ∃(x) • "trois est la moitié de six" : le est de l'identité signifie que x est identique à y. simpliste. Le formalisme Articles détaillés : Sens et dénotation. si les problèmes posés par la psychologie populaire sont dénués de sens. la philosophie a pour but de clarifier l'usage du langage. L'objectif général en est de tracer de l'intérieur du langage des limites au-delà desquelles des propositions sont dénuées de sens. ce qui entraînera une séparation définitive entre ces derniers et l'auteur. Bertrand Russell. Par exemple. faut-il en conclure que nos conceptions habituelles sur l'esprit sont des fictions ? L'origine de la philosophie analytique se trouve dans le développement. ces états de fait peuvent être exprimés dans une logique des prédicats de premier ordre. De même. au final. outil de la philosophie. on considère que Ludwig Wittgenstein développa l'atomisme logique de Russell dans un livre bref et difficile. » Cette dernière citation peut toutefois être incomprise par un lecteur qui serait trop pressé. etc. le programme positiviste du Cercle de Vienne ayant été généralement considéré comme un échec. Il en résulte ainsi la description précise de problèmes philosophiques. philosophie analytique et métaphysique ne sont pas contradictoires (voir Peter Strawson ou Frédéric Nef[7]).. Austin. le paradoxe de Hempel. le désaccord avec le cercle de Vienne. et pour lesquels il convient de rechercher une solution. il ne la contemple pas directement. qu'on a parfois appelé la « philosophie du langage idéal ». mais aussi de la pragmatique. celles-ci ont depuis été largement tempérées. Les critiques de la philosophie analytique pensent que ce n'est là qu'une simple injonction normative à la clarté et la rigueur et que cela décrit plus une tradition. bien qu'instructif. on peut citer notamment : le paradoxe du menteur. la signification ne dépend pas uniquement de la sémantique formelle des énoncés. qu'une véritable « méthode » scientifique. des exemples et problèmes récurrents. c'est-à-dire du contexte conversationnel. pour l'essentiel.Philosophie analytique 84 parfaite clarté. Paul Grice. Critiques de la philosophie analytique Les défenseurs de la philosophie analytique font valoir que celle-ci possède un objectif de clarté et de précision au niveau de la description des problèmes philosophiques. Mon opinion est donc que j'ai. Le retour au langage ordinaire est une réaction contre les origines de la philosophie analytique. i. Russell et du premier Wittgenstein lui-même. les Investigations philosophiques (1953).) qui prétend éviter les excès de formalisme pour donner plus d'attention aux usages et aux pratiques du langage ordinaire et du sens commun. La philosophie du langage ordinaire (parfois aussi appelée philosophie linguistique) est un courant de la philosophie analytique. Parmi ces problèmes. considérées comme l'une des œuvres fondatrices de la philosophie du langage ordinaire. symboles de la connaissance scientifique de la nature. De plus. Wittgenstein estima d'ailleurs avoir énoncé les solutions définitives de tous les problèmes philosophiques : « Néanmoins. alors que la philosophie continentale estime remonter aux conditions mêmes du métaphysique. La philosophie analytique ne verrait l'existence que d'un point de vue logique. Si des critiques très vives ont été formulées contre la métaphysique par les premiers philosophes analytiques (voir par exemple Le dépassement de la métaphysique par l'analyse logique du langage par Carnap). John L. résolu les problèmes d'une manière décisive[6]. Langage naturel Article détaillé : Philosophie du langage ordinaire. la vérité des pensées ici communiquées me semble intangible et définitive. à une ouverture à l'être qui précéderait toute catégorisation logico-métaphysique et qui serait donc plus fondamentale. qui se développe en opposition radicale avec le formalisme logique de Frege. etc. représenté par le second Wittgenstein. et il apporta de nouveaux développements dans son œuvre posthume. comme le Newton dessiné par Blake : absorbé par des figures. Selon cette théorie. des périodiques. la réduction logique est jugée trop superficielle. plus profonde. « par problèmes ». . des lectures et références communes. Mais il revint plus tard en affirmant l'inadéquation de l'atomisme logique. Aujourd'hui. Cette clarté dans la description des problèmes et la formulation des solutions permet d'éviter l'ambiguïté et les difficultés d'interprétation souvent reprochées à la philosophie « littéraire ». Un indice. laisse toutefois entendre sa distance par rapport à sa propre oeuvre.e. John Searle. selon Heidegger. Il partit et devint instituteur. La philosophie analytique se caractérise également par une approche concrète. clairement identifiés. qui rapproche ainsi la philosophie de la méthodologie des disciplines scientifiques. G. Putnam. Paris. Le mot et la chose. N. : La Construction logique du monde. Raison. The Logical Structure of the World. Quine. J. M. Gallimard. N. Ryle. Paris. J. Langages de l'art : Une approche de la théorie des symboles. • La norme du vrai. 1989. 1969 (Hermann 2009 pour la trad. W. 1972. Les origines de la philosophie analytique. 1962.Philosophie analytique Bibliographie Textes principaux • Austin. Paris. Discussion historique entre philosophes analytiques anglo-saxons et philosophes continentaux lors d'une rencontre organisée en France en 1958. Popelard. Paris: Gallimard. Russell. 1918. Vrin. Oxford: Oxford University Press. L. Moore. Wittgenstein's Place in Twentieth-Century Analytic Philosophy. Flammarion. Paris: Seuil • • • • • • • • • • • • • • • • Sens et dénotation • Concept et objet • Que la science justifie un recours à l'idéographie. • Peter Hylton. Vuillemin. Paris. Analysis and Metaphysics: An Introduction to Philosophy (Oxford. fr. Bell. Dans B. Paris: Gallimard. 1951.0279. Berkeley: University of California Press. S. La Philosophie analytique [8]. fr. Truth and Interpretation. Recueil de textes • Wahl.A. et D. 1922. fr. 2001.1). Oxford: Clarendon Press. philosophie de la logique.). 1951. La philosophie de l'algèbre. PUF. Cambridge (MA): Harvard University Press. Paris: Gallimard. Searle. une introduction à la philosophie analytique. • Frege. Minuit 1976. Wittgenstein. G. trad. 1903. • P. 1971. F. vérité et histoire. Écrits de logique philosophique. 2006. D.J. Oxford: Blackwell • Engel. La notion d'esprit. 1979. • Davidson. Thought. J.. 1991. Goodman. P. 1970. R. Paris. E. Russell. Rorty. 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Princeton: Princeton Univ.). 2009 (éd. 2002. php?sp=liv& livre_id=2308 [9] http:/ / www. Vrin.. pp. [8] http:/ / www. Ellipses.php?option=com_content&view=article&id=8&Itemid=11). Floyd. S. • Paul Franceschi.1 CC) Notes et références • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « article [10] » ( voir la liste des auteurs [11] ) [1] Antoine Corriveau-Dussault (Université Laval). Revue de six . Press.php?SCE=REVUE& CLE=359&CHAP=SOMMAIRE)""). paulfranceschi. wikipedia. 7. html [5] Voir l'épître dédicatoire au lecteur de l'Essai sur l'entendement humain. revues Phares.pdf)". Volume 2 : The Age of Meaning. Oxford: Oxford University Press Glock. Presses Universitaires de Caen. Philosophical Analysis in the Twentieth Century. Presses de Paris 8. 2007. " The Great Divide (http://www. Thémis Philosophie.2) • Kevin Mulligan. org/ wiki/ article?action=history Liens externes Articles sur la philosophie analytique Par ordre alphabétique d'auteur: • Pascal Engel.com/fr/index. (dir. leseditionsdeminuit. org/ int17. 2-3.) • Pascal Engel. ca/ phares/ vol7-07/ texte08. pdf) par Pascal Engel. partielle révisée d'un article paru dans la Stanford French Review. PUF.. 2003. no 20 (" Nouveaux passages transatlantiques (http://www. arguments et problèmes contemporains [9]. Actes du 3e colloque de la SoPhA. P. org/ wiki/ article?oldid=cur [11] http:/ / en. " Un bilan de la philosophie analytique en France (http://www. in Pourquoi pas des philosophes ?. Introduction à la philosophie analytique: Paradoxes. [4] D'après Paul Newall http:/ / www. 117-128. Gallimard. pp.pdf)" in Cahiers de philosophie de l‘université de Caen. php?option=com_content& view=article& id=8& Itemid=11 [10] http:/ / en. Paris. La normativité. dir. Qu'est-ce que la métaphysique ?. 2002. (trad. 2004. com/ fr/ index. 2007 [2] Par exemple Jacques Bouveresse. R. Frédéric Nef. New York : Columbia University Press. “The battle of the two schools”. Introduction à la philosophie analytique: Paradoxes. S. 115-138. fr/ IMG/ pdf/ un_bilan_de_la_philosophie_analytique_en_France. Shieh 2001. Princeton: Princeton Univ. pdf)" in The Times Literary Supplement. 2000 Stroll. vol. revue TLE (Théorie Littérature Enseignement). Qu'est-ce que la philosophie analytique?. S. 2004. Avant-propos. 2008 (éd. 2003. Soames. ulaval. Soames. 6-8. rationalites-contemporaines. Putnam et la critique de la dichotomie fait/valeur (http:/ / www. tr. 2. Nef. com/ f/ index. html). [7] Cf. 1993. 2001. Vrin 2006. et Plaud. Paris. Agone. galilean-library.Philosophie analytique • • • • • • • • 86 • Précis de philosophie analytique. Volume 1 : The Dawn of Analysis.unige. 2011 Laugier. H.paulfranceschi. F. sorbonne. Lectures de la philosophie analytique. et Frédéric Nef (dir. S. Franceschi.-J.unige. 26 juin 1998. 2. arguments et problèmes contemporains (http://www. paris4. Press. nécessairement a priori. D'abord apparus dans la philosophie d'Emmanuel Kant. Une telle présentation s'appuie sur la structure classique de la proposition. c'est-à-dire (dans le vocable de Kant) accroissent la connaissance. Si d'autres philosophes après Kant ont réaffirmé l'existence de jugements synthétiques a priori. PUF.htm)". Mélika Ouelbani. Parenthèse entre les précurseurs de la division analytique-synthétique et la conception contemporaine dominante. Selon Kant.umontreal. pdf)". introduction au colloque La Philosophie Analytique dans tous ses états. " Quel avenir pour la philosophie analytique? (http://www.info/ revue-cites-2001-1-page-141. et les vérités de fait. avec une introduction d'Emmanuel Picavet. no 5 (2001/1). dont il cherchera à établir la réalité dans sa Critique de la raison pure. L'exemple pris par le philosophe de Königsberg est celui des corps : « tout corps est étendu » est une proposition analytique. on retrouve sensiblement un tel schéma dans la philosophie de David Hume et de Gottfried Leibniz. Sandra Laugier et Pascal Nouvel. sans que rien d'extérieur soit ajouté. les jugements ou propositions synthétiques a priori (ou a priori) sont un type de proposition distingué des propositions analytiques et des propositions synthétiques a posteriori. 64-100. car l'extension spatiale est supposée par le concept de corps. rationalites-contemporaines.sorbonne. " De quelques préjugés à propos de la philosophie analytique (http://www. no 11 (2004/2). pp. Michel Seymour. ce type de jugement se caractérise par la combinaison de deux caractères apparemment opposés : Ils sont synthétiques. En dépit des nuances propres à ces auteurs. et des textes de Daniel Andler. Étude socio-historique sur l'histoire de la philosophie analytique en France. un jugement est analytique lorsque le concept de son prédicat est inclus dans celui de son sujet. P. Emmanuel Picavet (dir). • Les propositions portant sur les faits. dir. Engel. Un corps peut 87 . Ce genre très particulier de proposition fait donc figure de troisième terme entre les vérités analytiques. l'âge d'or des jugements synthétiques a priori semble aujourd'hui terminé.fr/article. 2006. c’est-à-dire antérieurs à l'expérience. Romain Pudal. Paris. tirées de l'observation. [Par exemple ?] Une nouveauté kantienne On différencie généralement deux types de propositions. Revue d'Histoire des Sciences Humaines. 141 à 158. • Les propositions vraies indépendamment de l'expérience. L'originalité de Kant sera d'introduire un autre type de jugement. C'est à cette occasion qu'il donne une série de définitions sur l'analytique et le synthétique qui marqueront l'histoire de la philosophie dans les siècles suivants.Philosophie analytique • • • • • • • ouvrages sur la "grande division" entre philosophies analytique et continentale (en anglais).paris4.philo.htm)". Un jugement est alors analytique lorsqu'on l'obtient par analyse du concept du sujet. Portail de la philosophie Portail de la philosophie analytique Portail de la logique Synthétique a priori En philosophie.ca/textes/Seymour_LOGIQUE. et sont pourtant a priori.cairn. p. " La philosophie de la logique (http://www.info/ revue-histoire-des-sciences-humaines-2004-2-page-69. qui considère tout énoncé comme composé d'un sujet et d'un prédicat. table ronde dans la revue Cités. " La difficile réception de la philosophie analytique en France (http://www. Pascal Engel.cairn. leur réalité a aujourd'hui été remise en cause. 2000. sur l'expérience . pré-publication du chapitre sur la philosophie de la logique du Précis de philosophie analytique.php3?id_article=425)". la géométrie elle au sens externe (espace). Les jugements synthétiques seront alors pour Kant de deux sortes : • synthétique a posteriori • synthétique a priori. Frege les reconnaissait pourtant. Les premiers sont reconnus dans la tradition philosophique : il s'agit des propositions portant sur les faits. il n'y a plus simple analyse : un élément supplémentaire est apparu. L'intuition pure se composant du temps et de l'espace. il est inconcevable qu'il n'ait aucune étendue. 88 . Une proposition affirmant que tout corps a un poids. nécessaire]. Ainsi. la démonstration frégéenne de l'analycité des lois arithmétiques a contribué à discréditer les jugements synthétiques a priori. ou matters of fact.Synthétique a priori bien avoir différentes formes. à portée simplement subjective. par exemple. Contrairement à la métaphysique dogmatique qui se perd dans des contradictions. [Par exemple ?] Des domaines spécifiques Les jugements synthétique a priori portent essentiellement sur trois domaines • les mathématiques [Par exemple ?] • la métaphysique [Par exemple ?] • la morale [Par exemple ?] Les propositions mathématiques sont selon Kant synthétiques a priori. c'est le type d'intuition auquel ils feront appel. et il s'agira dès lors pour leur créateur de justifier de leur légitimité. Kant soutiendra que l'arithmétique fait appel au sens interne (le temps). Les jugements synthétiques eux permettent d'accroitre la connaissance. la distinction entre synthétique a posteriori et a priori sera ré-assumée par d'autres personnalités. Dans la mesure où seule la compréhension du concept est mise en jeu. en affirmant que toute connaissance provient de l'expérience et que les lois (ou intuitions) logiques ne disent rien sur le monde. en les limitant au domaine de la géométrie. dont la critique de la position kantienne sur l'arithmétique masque souvent l'accord de fond sur le statut de la géométrie. Ce qui différenciera jugement synthétique a posteriori et a priori. L'invention de géométries non euclidiennes au cours du XIXe siècle (par Lobatchevski. Le concept du prédicat n'est pas inclus dans celui du sujet. Une pérennité critique Débarrassée de sa formulation kantienne trop liée à la logique traditionnelle et à ses présupposés métaphysiques. le dernier type de jugement y recourra obligatoirement d'une manière ou d'une autre. Un jugement synthétique a posteriori impliquera nécessairement l'intervention d'une intuition sensible. un jugement synthétique a priori supposera que s'y adjoigne la forme pure de l'intuition. Bolyai. Les propositions de la métaphysique critique sont aussi synthétiques a priori. et se fonde sur la possibilité de jugements synthétiques a priori. par opposition aux « relations d'idées » qui correspondent à l'analytique a priori. rajoute au concept de corps celui de poids. elle ne peuvent être simplement analytiques. les jugements analytiques sont aussi a priori. Riemann) puis la théorie de la relativité qui affirme que la géométrie de l'espace réel est non euclidienne vont porter un coup fatal à la croyance en l'existence de jugements synthétiques a priori. De façon assez ironique. C'est ce que Hume appelle des « choses de fait ». ou ne pas avoir de poids. Les seconds sont une nouveauté kantienne. ce sont de pures tautologies[réf. la métaphysique critique que Kant propose est censée elle avoir des bases plus solides. Parmi celles-ci on note Gottlob Frege. les positivistes logiques (comme le premier Wittgenstein ou Carnap) fondent leur pensée sur la négation de tels jugements. Le langage est la capacité d'exprimer une pensée et de communiquer au moyen d'un système de signes (vocaux. Cet article est une ébauche concernant la philosophie et la linguistique. pour communiquer aux autres soit nos passions. Notion de langage Chez l'homme. »[2] Il ajoute ailleurs : « C'est dans les mots que nous pensons. le langage est un moyen de communication. et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot. pour nous.) doté d'une sémantique. Cet arbitraire est débattu dans Le Cratyle de Platon. et le plus souvent d'une syntaxe (mais ce n'est pas systématique[1]). Dans la mesure où nous vivons en société. C'est là notre seul problème. nous parlons pour échanger. gestuel. car en réalité l'ineffable c'est la pensée obscure. Préfaces. le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. on ne peut clairement expliquer un sentiment. etc. Esthétique transcendantale Liens externes • (en) Analytic/Synthetic distinction (http://plato. Les Fondements de l'arithmétique Emmanuel Kant. Le langage tire donc sa raison de la société et en est lui-même l'effet.stanford. graphiques. Philosophie du langage Selon Hegel. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants. « on croit ordinairement […] que ce qu'il y a de plus haut c'est l'ineffable… Mais c'est là une opinion superficielle et sans fondement . les plus indispensables . c'est-à-dire son fondement par des règles arbitraires éditées par l'Homme. la pensée à l'état de fermentation. Selon Aristote. Logic.]" Notes Bibliographie • • • • Alfred Ayer. tactiles.. Introduction.. olfactifs. Plus couramment. Enquête sur l'entendement humain Gottlob Frege.4 David Hume. Cette corrélation du langage et de la société explique le caractère conventionnel du langage.edu/entries/analytic-synthetic/) dans la SEP. dans la mesure où nous parlons nous nous rapprochons pour former une cité. soit un besoin. voir Langage humain. par principe. selon le sophiste Cratyle. and Language. Ainsi. Il affirme que les mots sont justes lorsqu'ils . • Portail de la philosophie Langage  Pour l’article homonyme. nous inclinons à prétendre que les jugements les plus faux (dont les jugements synthétiques a priori font partie) sont. ch. Critique de la raison pure.Synthétique a priori 89 Nietzsche dira en 1886 dans Par-delà bien et mal au quatrième paragraphe :" Et. Truth. c'est la capacité observée d'exprimer une pensée et de communiquer au moyen d'un système de signes par un support extérieur ou non. le lien entre le mot et la chose désigné est fondé sur la "rectitude naturelle des noms". » Bergson pense que le langage ne nous est pas totalement acquis car on ne peut pas tout dire avec.[. la fin du dialogue entre Cratyl et Socrate affirme l'impasse d'une telle théorie et cela malgré la séduction qu'elle exerce y compris sur Socrate. Selon lui. De la même façon nous pensons parfois que le mot "fouet" aurait un rapport naturel avec la chose fouet car il imiterait le sifflement de celui-ci. On parle par exemple de : • • • • • • • • • • • • • • Langage humain Langage animal Langage formel Langage naturel Langage de programmation Langage informatique Langage de script Langage SMS Langage des fleurs Langage interprété informatique Langage sexiste Langage intermédiaire Langage juridique Liste non exhaustive Notes et références [1] La cartographie est un exemple de langage non syntaxique [2] Hegel. "cock-a-doodle-do" désigne à son tour le chant du coq et n'a à priori rien à voir avec notre "cocorico". 90 .Langage ressemblent à ce qu'ils désignent. une image acoustique. Cependant. "cocorico" pour désigner le chant du coq par exemple. Ferdinand De Saussure. Ferdinand De Saussure répond que l'onomatopée reste arbitraire et donne pour preuve la variation de l'onomatopée selon les langues : en anglais. le mot "fouet" désigne le hêtre. le lien entre la chose (signifié) et le mot composé d'une suite de sons (signifiant) n'est pas motivé. Pluralité des langages Le terme langage s'applique à des notions très diverses. il est arbitraire : il n'existe aucun rapport intérieur entre le mot "sœur" et le son "sœʁ" associé au mot. Philosophie de l'esprit. Le lien serait donc naturel. fondateur de la linguistique. définit le langage ainsi dans le Cours de Linguistique générale écrit par ses étudiants : le langage est un système de signes qui unit par convention une idée. bois dont est fait le fouet et non son sifflement. un concept et un son. De Saussure nous rappelle qu'étymologiquement. § 463. Une objection consisterait à dire que les onomatopées sont la preuve qu'il existe un lien motivé entre le signifié et le signifiant : le son de l'onomatopée imiterait le son provoqué par la chose désignée . Histoire Gregor Reisch« La logique présente ses thèmes centraux ». En bas à gauche se trouve Parménide dans une grotte.Logique 91 Logique Pour les articles homonymes. en psychologie cognitive. dialectique et rhétorique . grâce auquel la logique aurait été introduite dans la philosophie. Margarita Philosophica. et théorie de la connaissance [Informations douteuses] [réf. Elle trouve depuis le XXe siècle de nombreuses applications en ingénierie. Sa convergence opérée avec l'informatique depuis la fin du XXe siècle lui a donné un regain de vitalité. rhétorique. La vérité matérielle de la logique est ainsi ruinée. La logique a très tôt été utilisée contre elle-même. Article détaillé : Histoire de la logique. dans la compréhension qu'on en a eu par exemple au Moyen Âge. et raisonnement) est dans une première approche l'étude des règles formelles que doit respecter toute argumentation correcte. En outre. Mais les sophistes ont été écartés de l'histoire de la philosophie (sophiste a pris un sens péjoratif). c'est-à-dire contre les conditions mêmes du discours : le sophiste Gorgias l'utilise dans son Traité du non-être afin de prouver qu'il n'y a pas d'ontologie possible : « ce n'est pas l'être qui est l'objet de nos pensées ». Le langage acquiert ainsi sa propre loi. indépendante de la réalité. est restée soumise à la pensée de l'être. en linguistique. avec l'éthique (philosophie morale) et la physique (science de la nature). voir Logique (homonymie). on a assisté depuis le XIXe siècle (Boole. Au Moyen Âge. géométrie. celle de la logique. dérivé de logos (λόγος). en philosophie analytique ou en communication. Elle est depuis l'Antiquité l'une des grandes disciplines de la philosophie. astronomie et musique). quadrivium : arithmétique. terme utilisé pour la première fois par Xénocrate[1] signifiant à la fois raison. Les deux chiens veritas et falsitas courent derrière le lièvre problema. si bien que la logique. nécessaire] (à rapprocher de l'épistémologie). la logique se presse armée de son épée syllogismus. . La logique (du grec logikê. La logique antique se décompose en dialectique. 1503/08 (?). Jevons) au développement fulgurant d'une approche mathématique de la logique. Elle trouve ses premiers tâtonnements dans les mathématiques et surtout dans la géométrie mais c'est principalement sous l'impulsion des Mégariques et ensuite d'Aristote qu'elle prit son envol. Antiquité La logique est à l'origine la recherche de règles générales et formelles permettant de distinguer un raisonnement concluant de celui qui ne l'est pas. langage. elle ne figure pas explicitement parmi les sept arts libéraux (trivium : grammaire. Les conséquences épistémologiques de ces développements sont encore largement insoupçonnées. Cette approche historique est tout particulièrement intéressante pour la philosophie car aussi bien Aristote que les Stoïciens ou que Leibniz ont travaillé comme philosophes et comme logiciens. Les différentes approches De manière très générale il existe quatre approches de la logique : • historique : on s’intéresse à l’évolution et au développement de la logique et tout particulièrement à la syllogistique aristotélicienne et aux tentatives depuis Leibniz de faire de la logique un véritable calcul algorithmique. où figurent notamment les catégories et l'étude du syllogisme. Emmanuel Kant. Les six œuvres d'Aristote regroupées sous le titre de Organon. reposent sur un outillage d’analyse et argumentatif provenant d'une part des développements logiques réalisés au cours de l'histoire de la philosophie et d'autre part des développements récents de la logique mathématique. Le but : traduire des idées et des concepts en expressions et équations. Article détaillé : Logique mathématique. quant à lui. à la fois symbolique et mathématique. la philosophie et surtout la philosophie de la logique se donnent pour tâche d’éclairer les concepts fondamentaux et les méthodes de la logique. Voir aussi l’article histoire de la logique. C'est le début de la logique moderne. • mathématique : la logique mathématique contemporaine est liée aux mathématiques. que la logique et les mathématiques vivent une véritable révolution depuis la fin du XXe siècle suite à l'exploitation de la correspondance preuve-programme. aux fondements théoriques de la conception des systèmes. de la programmation et de l'intelligence artificielle[2]. fondée sur une structure algébrique et sémantique. puis An Investigation Into the Laws of Thought. • philosophique : la philosophie et surtout la philosophie analytique. 92 . Suivit la naissance d'une logique formelle dépassant la structure binaire entre sujet et attribut à partir du XIXe siècle. que l'on appelle algèbre de Boole en son honneur.Logique Ère moderne Au XVIIe siècle Leibniz fit des recherches fondamentales en logique qui révolutionnèrent profondément la logique aristotélicienne même si Leibniz se réclama constamment de la tradition des syllogismes d'Aristote. donc un objet. puisqu'elle est à la fois un outil de définition des mathématiques. à l’informatique et à l'ingénierie. • informatique : on s'attaque à l'automatisation des calculs et des démonstrations. En 1847 sort Mathematical Analysis of Logic. Par ailleurs. qui étudie essentiellement le langage propositionnel. définit la logique comme «une science qui expose dans le détail et prouve de manière stricte. L'approche informatique est aujourd'hui cruciale parce que c'est en essayant de mécaniser les raisonnements. uniquement les règles formelles de toute pensée». et une branche de ces mêmes mathématiques. voire de les automatiser. leur appliquer certains calculs et retraduire le résultat en termes logiques. Boole y développe une nouvelle forme de logique. on Which are Founded the Mathematical Theories of Logic and Probabilities en 1854. L'approche mathématique a une position qui est un peu particulière d'un point de vue épistémologique. furent longtemps considérées comme la référence sur ce sujet. ainsi Gottlob Frege et Russell remplacent-ils l'analyse prédicative par une distinction entre fonction et argument. Il fut le premier à imaginer et à développer une logique entièrement formelle. y. de symbole: ¬.. Plus formellement. 3. au sens de la complexité algorithmique. Leur nombre est exponentiel. Elle permet de l'interpréter. Ces variables forment alors des formules complexes.). z. de symbole: → . Là encore. etc. Cela se fait dans un système de déduction. en lien avec le lambda-calcul et la logique intuitionniste. et d'autre part les formules qui sont des propriétés sur ces objets. une formule est soit vraie soit fausse. 4. s. La signification d'une formule dépend donc de la valeur de vérité de ses variables. où A est un ensemble de formules appelées axiomes et R un ensemble de règles d'inférence.). Ces symboles représentent des propositions sur lesquelles on ne porte pas de jugement vis-à-vis de leur vérité : elles peuvent être soit vraies.Logique 93 Notions élémentaires de logique formelle Un langage logique est défini par une syntaxe.. R). le connecteur monadique de la négation (non). En logique traditionnelle (appelée aussi classique). Un système de déduction permet de raisonner en construisant des démonstrations. c'est-à-dire un système de symboles et de règles pour les combiner sous formes de formules. Il faudrait pour cela pouvoir énumérer toutes les interprétations. par exemple : 1. Dans la suite nous noterons V l'ensemble des variables (x. qui contient des notations pour des entités avec des quantifications sur ces entités Auxquelles s'ajoute : • la logique combinatoire basée sur les notions de fonction et d'application. elle diffère selon le langage envisagé. . Une alternative à la sémantique consiste à examiner les preuves bien formées et à considérer leurs conclusions. F l'ensemble des symboles de fonctions (f. de symbole: ∨ . soit des formules déduites des formules précédentes de la suite. Ces variables sont combinées au moyen de connecteurs logiques qui sont.). g. Q. On parle d'interprétation ou d'affectation. De plus. Qu'en est-il de la signification d'une formule ? C'est l'objet de la sémantique.) et P l'ensemble des symboles de prédicats (P. On appelle dérivation à partir d'un ensemble donné d'hypothèses une suite non vide de formules qui sont : soit des axiomes. c'est-à-dire de relations entre des ensembles de formules (les prémisses) et des formules (la conclusion). La signification des connecteurs est définie à l'aide de fonctions de booléens vers des booléens. de symbole: ∧ . 2. le connecteur binaire conjonctif (et). le connecteur binaire disjonctif (ou). il est difficile.. q.. contrairement à celle du premier ordre. r. soit fausses. • la logique des prédicats. considère d'une part les termes qui représentent les objets étudiés. mais on peut aussi ne rien vouloir dire sur leur statut. l'ensemble des valeurs de vérité est un ensemble B de deux booléens : le vrai et le faux. une sémantique est associée au langage. Un système de déduction est un couple (A. d'utiliser la sémantique pour décider si une formule est satisfaisante (ou non) voire valide (ou non). c'est-à-dire d'attacher à ces formules ainsi qu'aux symboles une signification. Toutefois. On dispose également d'une application dite d'arité m. Syntaxes La syntaxe de la logique des propositions est fondée sur des variables de propositions appelées également atomes que nous notons avec des lettres minuscules (p.. Ces fonctions peuvent être représentées sous la forme de table de vérité.. La logique comprend classiquement : • la logique des propositions (aussi appelée calcul des propositions). La syntaxe de la logique du deuxième ordre. le connecteur binaire de l'implication. que l'on appelle égalité. elle. qui peut être défini à partir des quantificateurs précédents et de l'égalité. un quantificateur. elles sont dues à Stephen Cole Kleene. La logique linéaire va encore plus loin dans l'analyse des démonstrations. celui qui correspond à l'interprétation attendue (l'identité). Son adjonction à la théorie préserve certaines bonnes propriétés comme le théorème de complétude du calcul des prédicats classique. on peut fonder le calcul des prédicats sur un seul quantificateur. On considère donc très souvent que l'égalité fait partie de la logique de base et l'on étudie alors le calcul des prédicats égalitaire. Cette approche. . Il est géré par des axiomes ou schémas d'axiomes spécifiques. en logique classique. énonce le fait que deux termes sont égaux quand ils représentent le même objet. c'est-à-dire dont la négation est démontrable et des propositions au statut incertain. appelé quantificateur universel. repose sur une interprétation en termes de valeurs de vérité. due en particulier à Gödel.. dont l'interprétation usuelle n'est pas seulement contrainte par ses propriétés énoncées par les axiomes : en particulier il n'y a usuellement qu'un prédicat d'égalité possible par modèle. Cependant parmi les prédicats binaires c'est un prédicat très particulier. On introduit essentiellement deux quantificateurs dans la logique moderne : • (il existe au moins un). est souvent introduit : • (il existe un et un seul). Logique non binaire Il a fallu attendre le début du XXe siècle pour que le principe de bivalence soit clairement remis en question de plusieurs façons différentes : • La première façon considère des logiques trivalentes qui ajoutent une valeur indéterminée. comme « il existe une infinité . appelé quantificateur existentiel. • (pour tout).. et on peut même dire que l'un des apports de la logique du XXe siècle est d'avoir analysé clairement la différence entre la démontrabilité et la validité. qui. la sémantique de Heyting — ainsi une preuve de l'implication s'interprète par une fonction qui à une preuve de l'hypothèse associe une preuve de la conclusion. il existe deux objets . est tout à fait compatible avec la logique classique bivalente. il peut y avoir des propositions réfutables. ou celle de Kripke dans laquelle le concept de base est celui de monde possible. • La deuxième façon insiste sur le démontrable. Mais la logique intuitionniste se fonde elle sur une interprétation des démonstrations. La logique intuitionniste est également utilisée pour analyser le caractère constructif des démonstrations en logique classique. comme celle de Beth... ni réfutable. On a pu cependant après coup donner des sémantiques qui interprètent les énoncés. Jan Lukasiewicz et Bochvar et se généralisent en logiques polyvalentes. Quantification Article détaillé : Calcul des prédicats. les quantificateurs existentiels et universels jouent des rôles duaux et donc.Logique 94 Une démonstration d'une formule dernière formule est à partir d'un ensemble de formules est une dérivation à partir de dont la .). Il y a donc ce qui est démontrable et le reste. mais des quantificateurs utiles en mathématiques. Dans une théorie qui contient l'égalité. » ne peuvent s'y représenter et nécessitent d'autres axiomes (comme ceux de la théorie des ensembles)... D'autres quantificateurs peuvent être introduits en calcul des prédicats égalitaires (il existe au plus un objet vérifiant telle propriété. Grâce à la négation. » ou « il existe un nombre fini . ni démontrable. plutôt que sur une interprétation des énoncés par des valeurs de vérité. Dans ce « reste ». Égalité Un prédicat binaire. Paris. Genève. Traité de Logique . 1997. Logique. Bertrand: Principia Mathematica. 1991 Dirk Pereboom. 1987 [détail de l’édition] Paul Gochet & Pascal Gribomont. 1962 François Lepage. [1995]. php?title=Logique& action=edit 95 . 2001. Vol. Oxford. Paris. • La quatrième façon. sous l'impulsion initiale de Clarence Irving Lewis. apporte une étude plus approfondie de celles-ci. org/ w/ index. Montréal. Armand Colin. Éléments de Logique Classique. philosophie de la logique. 1999 Serge Druon. Ellipses. et Saul Aaron Kripke donne une interprétation des énoncés des logiques modales utilisant des mondes possibles. 2). Paris. ISBN 978-1603861847 (vol. 1996 François Chenique. L'être et la logique. Éléments de logique contemporaine. ISBN 978-1603861823 (vol. Logique symbolique. 2006 Bruno Couillaud. Logique. Annexes Bibliographie Article détaillé : Bibliographie de logique et de philosophie du langage. La logique et son histoire: d'Aristote à Russell. wikipedia. Genesereth and Nils J. Xavier Verley. 1989 (en) Michael R. 2007 Pascal Engel. La Norme du vrai. Histoire de la logique. Logical Foundations of Artificial Intelligence. Gallimard. ISBN 2-87723-305-7 [2] voir Logical Foundations of Artificial Intelligence [3] http:/ / fr. De Guibert. Voir aussi l'article sur la théorie de la complexité algorithmique. Vol. dans laquelle une proposition est vraie selon un certain degré de probabilité (degré auquel on assigne lui-même un degré de probabilité). Pascal Gribomont & André Thayse. Paris. 3: méthodes pour l'intelligence artificielle. dialectique. 1: méthodes pour l'informatique fondamentale.(ISBN 2-88155-002-9). Merchant Books. Jacques Follon. L'Harmattan. Nilsson. 3 vols. Vol. ISBN 978-1603861830 (vol. 1994 Paul Gochet. 2e Ed. Paris. rhétorique. Alfred North & Russell. Morgan Kaufmann.. • • • • • • • • • • • • • • • Jean-Pierre Belna. Logique et logistique. Clarendon Press. est celle de la logique modale qui par exemple atténue (possible) ou renforce (nécessaire) des propositions. sophistique. 1990 Paul Gochet & Pascal Gribomont. 3) Notes et références Cette section est vide. The development of logic.analytique. 2009 Whitehead. Si Aristote s'intéresse déjà aux modalités. INU PRESS. (ISBN 978-2-8121-2258-3). Hermès. Edilivre. 2000 (en) William Kneale & Martha Kneale. 2005 Robert Blanché & Jacques Dubucs. 1). Hermès. Logique. Hermès. Les Presses de l'Université de Montréal. le XXe siècle. insuffisamment détaillée ou incomplète. Paris. Éditions Peeters. 2: méthode formelle pour l'étude des programmes. Votre aide [3] est la bienvenue ! [1] Image de Platon et lectures de ses œuvres.Logique • La troisième façon est due à Lotfi Zadeh qui élabore une logique floue (fuzzy logic). tel un cycle. 96 . les souvenirs. insuffisamment détaillée ou incomplète. de sorte que l’influx nerveux circule à répétition dans le réseau. Selon certains chercheurs. ainsi. Une fois émis. Les ramifications des deuxièmes et troisièmes neurones font synapse (connexion) avec le premier. la mémoire a fait l'objet des toutes premières investigations scientifiques. Ainsi. la transmission s’améliore (potentialisation) pendant des heures ou des semaines après une brève période de stimulations à haute fréquence. Dans des synapses de l’hippocampe. d'où l'expression « savoir par cœur » qui semble apparaître pour la première fois chez Rabelais au XVIe siècle[2]. aussi cette partie présente trois hypothèses plausibles sur le sujet. C’est ainsi qu’une pensée pourrait persister dans l’encéphale. Les progrès dans la compréhension des mécanismes de la mémoire tiennent d'une part à l'étude de cas exceptionnels (patients amnésiques ou au contraire doués d'une capacité mnésique exceptionnelle. des influx nerveux provenant de potentialisations antérieures surviendraient et formeraient.Mémoire (sciences humaines) Mémoire (sciences humaines) Pour les articles homonymes.. le signal pourrait durer de quelques secondes à plusieurs heures selon la disposition des neurones dans ledit réseau. Mémoire en psychologie Articles détaillés : Mémoire (psychologie) et Mémoire (psychanalyse). la durée de rétention d’une pensée correspondrait à la durée de réverbération (Comparaison avec amphithéâtre).. Votre aide [1] est la bienvenue ! Dans la mythologie grecque. du courage et de la mémoire. Aristote considère que le cœur est le siège de l'intelligence. la potentialisation à long terme déterminerait certaines des dimensions de la mémoire. même après la disparition du stimulus initial.. qui en stimulerait un troisième et ainsi de suite. Considérée comme l'une des principales facultés de l'esprit humain. entre Les formes et fonctions de la mémoire en sciences autres d'après Hésiode. à l'application des méthodes de la psychologie expérimentale. voir mémoire. de nombreux modèles ont été proposés pour rendre compte des observations expérimentales. Et à partir de la deuxième moitié du siècle. donc la mémoire. Depuis le début du XXe siècle. Selon une seconde théorie. qui en stimulerait un deuxième. les neurosciences cognitives ont fourni de nouveaux éléments concernant les bases biologiques de la mémoire chez l'être humain qu'il partage avec les autres animaux. dite mémoire éidétique) et d'autre part. Ainsi après un certain laps de temps. La mémoire désigne à la fois la capacité d'un individu ou d'un groupe humain de se souvenir de faits passés et se souvenir lui-même. l’influx nerveux se poursuivrait et serait responsable de cette mémorisation. Mnémosyne est la déesse de la Mémoire. Autrement dit.. Histoire Cette section est vide. Mémoire en biologie Il est important de préciser que les biologistes n'ont pas encore fait consensus sur le fonctionnement biologique de la mémoire. les souvenirs seraient produits par des réseaux réverbérants : un influx nerveux stimulerait un premier neurone. » L'utilisation de points de repères permet de faciliter l'expression de tel ou tel souvenir. Le souvenir récent resurgira à l’occasion d’une stimulation des mêmes neurones corticaux. Maurice Halbwachs Maurice Halbwachs (1877-1945) explique que le « processus de localisation d'un souvenir dans le passé (. qui ont chacun des connexions avec le diencéphale (thalamus et hypothalamus). de la mémoire. « Les points de repère sont des états de conscience qui. et la "mémoire". » La règle douzième indique les moyens qu'emploie l'intelligence : « Enfin il faut se servir de toutes les ressources de l’intelligence. et pour trouver les choses qui doivent être ainsi comparées entre elles . presque sans le secours de la mémoire. Le télencéphale ventral fermerait ensuite la boucle de la mémoire en renvoyant les influx aux aires sensitives qui avaient initialement formé la perception. le télencéphale ventral et le cortex préfrontal. l’information pourrait suivre ce trajet : lorsqu’une perception sensorielle se formerait dans le cortex sensitif (pariétal). Mémoire en philosophie Descartes Descartes s'est intéressé très tôt aux moyens d'accès à la connaissance. à travers le problème de la dualité corps-esprit. jusqu’à ce que je puisse aller de la première à la dernière avec une telle rapidité que. » La règle septième insiste sur la fonction de la mémoire dans l'énumération : « Aussi j’en parcourrai la suite de manière que l’imagination à la fois en voie une [grandeur] et passe à une autre. mais [.. de l’imagination. sans pour autant que celui-ci soit en lien direct avec le référent. Il faut donc voir successivement en quoi ces facultés peuvent nous nuire pour l’éviter.] elle emprunte en quelque sorte toute sa certitude de la mémoire.Mémoire (sciences humaines) Finalement.. dans les Règles pour la direction de l'esprit (1629). On pense que cette rétroaction transforme la perception en un souvenir relativement durable. je saisisse l’ensemble d’un coup d’œil. l’imagination. c’est à savoir. des connexions neuronales s’établiraient entre les régions corticales où aurait lieu la mémoire à long terme au moyen d’un appel conférence et ce jusqu’à ce que les données puissent être consolidées. en un mot on ne doit négliger aucun des moyens dont l’homme est pourvu.) ne consiste pas du tout à plonger dans la masse de nos souvenirs comme dans un sac. pour avoir une intuition distincte des propositions simples. » Bergson Bergson (1851-1941) aborde la mémoire dans Matière et mémoire (1896). » La règle huitième mentionne les avantages ou les inconvénients que les facultés de mémoire (ainsi que d'autres) peuvent apporter dans la méthode scientifique : « Et d’abord nous remarquerons qu’en nous l’intelligence seule est capable de connaître. ou nous servir pour en profiter. sont de nature à susciter beaucoup de rapports. par leur intensité. les sens. mais qu’elle peut être ou empêchée ou aidée par trois autres facultés. pour en retirer des souvenirs de plus en plus rapprochés entre lesquels prendra place le souvenir à localiser. règles qu'il emploiera dans la suite de sa carrière philosophique.. Il mentionne les relations de la mémoire avec l'intuition et la déduction dans la règle troisième : « la déduction n’a pas besoin d’une évidence présente comme l’intuition.. luttent mieux que les autres contre l'oubli. des sens. » 97 .. à augmenter les chances de reviviscence. ou par leur complexité. les neurones corticaux distribueraient les influx dans deux réseaux parallèles destinés à l’hippocampe et au corps amygdaloïde. pour comparer convenablement ce qu’on cherche avec ce qu’on connoît. Ainsi. . Les individus héritent d'une « conception générale de la famille ». P. par nature.. multiple et démultipliée. chacun a des conceptions de ce qui doit être le rôle de tous au sein d'une famille. Nora dit : « (. Ainsi. le rapport à ce substrat matériel n'existant que sous forme socialisée. Halbwachs. dans chaque groupe. il nous fallait suivre la série entière des termes qui nous en séparent. structure en fonction des structures produites par les expériences antérieures les expériences nouvelles qui affectent ses structures dans les limites définies par leur pouvoir de sélection. plurielle et individualisée. réalise une intégration unique. » Cela est confirmé par Bourdieu car les représentations sont construites sur une réalité objective induisant de nouveaux comportements adaptés à l'environnement.). Halbwachs considère que de façon plus ou moins consciente. de ce que doit être une famille. Pour Halbwachs : « On retient les évènements collectivement constitués qui le portent dans le flux d'une vie à la fois dans le sentiment de parenté et dans les occupations communes. offrant une relecture de la morphologie sociale de Durkheim. elle leur impose des motifs d'action bien définis. Le phénomène de la mémoire semble n'exister qu'aux travers des relations sociales qui rassemblent et organisent les souvenirs. collective. L'application de ces normes implicites ne dépend pas des sentiments d'affection que chacun éprouve pour son entourage. Cette localisation du souvenir en utilisant les points de repère de notre mémoire se fait car nous sommes des êtres sociaux. C'est de l'existence sociale que découle la logique sociale qui rend compte de la nécessité d'une forme de vie sociale. ». Les évènements définissent à chaque fois les actions individuelles dans divers groupes. s'avèrent nécessaires au bon fonctionnement psychique des individus. « Chaque catégorie sociale détermine la conduite des membres qu'elle comprend. Les souvenirs relatifs aux groupes sociaux avec lesquels nous sommes en liens plus étroits et durables conservent la vivacité des souvenirs présents. Cela l'amène donc à faire une interprétation de la dite société. qu'ils participent à l'histoire personnelle ou nationale. Seule la « communauté » familiale peut engendrer cette transmission des origines qui constitue aujourd'hui une partie de son identité. on « trouve la représentation du groupe lui-même et de ce qui lui convient. La reproduction des règles et coutumes qui ne dépendent pas de chacun à titre individuel mais du groupe famille fixe la place de chacun. « L'habitus qui.. Maurice Halbwachs interroge la place assignée à chacun dans l'ensemble de la société. l'espace et le temps qui peuvent situer et délimiter les pratiques sociales. avance que la vie sociale repose sur un substrat matériel. Bourdieu définit l'habitus comme « un système de dispositions durables acquis par l'individu au cours du processus de socialisation. La localisation se produit par la présence d'une zone commune d'intérêt à laquelle se rapporte le souvenir. » Dans ses travaux sur la psychologie des classes sociales.. qui fixent notre place. La mémoire met ainsi à jour les référents sociaux que sont le langage. dominée par les premières expériences (. » Chaque individu inscrit dans une communauté se fait une idée de ce qui est nécessaire à sa perpétuation.Mémoire (sciences humaines) Les principaux points d'appui. Les familles reproduisent « des règles et des coutumes qui ne dépendant pas de nous. elle peut inspirer les actions présentes.) il y a autant de mémoire que de groupes : elle est. » La mémoire collective est l'ensemble des faits du passé qui peuvent avoir pour effet de structurer l'identité d'un groupe. » La famille permet de structurer la mémoire des enfants par les rôles de chacun dans les évènements communs. et qui existaient avant nous. Mais « l'expression de ses sentiments ne s'en règle pas moins sur la structure de la famille pour que le groupe conserve son autorité et sa cohésion. » 98 . à chaque moment. » Halbwachs dit que la mémoire collective est constituée de souvenirs conformant à une interprétation des conditions de vie du groupe. La mémoire peut aussi être un vecteur de transmission de l'habitus. pour atteindre un souvenir lointain. Théodule Ribot dit que : « Si. » La cohésion au sein d'un groupe peut alors être assurée par le partage de la mémoire. Il démontre que c'est bien dans la vie extra professionnelle que s'élaborent les mémoires collectives. la mémoire serait impossible à cause de la longueur de l'opération. La famille structure la mémoire commune par les rôles des uns et des autres. ou d'autres hommes nous les rappellent. Edmond Jabès Edmond Jabès se questionne : « La durée est-elle forgée par le souvenir ou par la mémoire ? Nous savons que c'est nous seuls qui fabriquons nos souvenirs. De ce fait. nous reconnaîtrions que le plus grand nombre de nos souvenirs nous reviennent lorsque nos parents. Dans son ouvrage Les cadres sociaux de la mémoire. Pierre Nora Pour Pierre Nora. celle d'une représentation de ce qui a été et donc obligatoirement subjective. La mémoire appartient à un individu. elle n'est pas soumise à un regard particulier. la mémoire ne peut se savoir qu'en sélectionnant ce qui doit être oublié. un événement peuvent réveiller. » Il apparaît que c'est dans cette situation que nous mettons les personnes sollicitées pour faire leur récit de vie. se superposent depuis la fin des années 1980 les travaux d'un courant historiographique qui érige la mémoire en objet d'étude historique[4]. globaux ou flottants. à la musique. Enfin. La mémoire inclut un mode de lecture du fait raconté. Nombre de souvenirs n'émergent que parce la situation les sollicite. télescopant. 99 . L'intensité de la mémoire dans le débat public ouvre de nouveaux champs d'étude à l'histoire. En opposition à cela. mais il y a une mémoire plus ancienne que les souvenirs. cette même lecture sera perçue par autrui en fonction de la personnalité de l'énonciateur. amis. elle a aussi une désignation propre au sujet. Les cadres sociaux de la mémoire sont les instruments dont l'individu se sert pour recomposer une image du passé en harmonie avec les demandes du moment. un cri. » Donc. et qui est liée au langage. elle tient compte des durées et des normes.Mémoire (sciences humaines) Paul Ricœur La mémoire pose trois problèmes pour Paul Ricœur. au son. Ensuite. Nous ajouterons à cela que la mémoire ne se soucie pas obligatoirement de l'enchaînement temporel des images. Dans L'état social de la France. La mémoire donne la trace présente de ce qui est absent puisque passé. apparaît aussi le regard porté aujourd'hui sur l'évènement narré. Mémoire en anthropologie L'étude de la façon dont les groupes humains conservent et se transmettent les souvenirs (réels ou mythiques) relatifs à leur culture fait l'objet d'un important travail en anthropologie. dans ce même énoncé. elle se nourrit de souvenirs flous. la mémoire ne s'accommode que des détails qui la confortent . il y a « une adéquation de l'image présente à la chose absente dont la mémoire a gardé la trace. À l'opposition entre une histoire visant l'objectivité et une mémoire subjective dominée par l'affect et résultant d'une reconstruction personnelle ou collective du passé. L'échelle du temps est en revanche pertinente pour l'histoire . se pose la question de sa formulation. sensible à tous les transports. une parole. « parce qu'elle est affective et magique. Jean-François Chantaraud présente la mémoire collective comme l'une des quatre dimensions constitutives de l'identité collective. au silence : une mémoire qu'un geste. écrans. Cela pose alors le problème de la frontière entre le réel et l'imaginaire car le rapport avec l'antériorité amène la question de ses représentations. censures ou projections ». une douleur ou une joie. La mémoire individuelle est ce par quoi l'individu constitue sa propre identité. Maurice Halbwachs définit la mémoire individuelle à partir de ses dimensions sociales : « Si nous examinons de quelle façon nous nous souvenons. Mémoire de tous les temps qui sommeille en nous et qui est au cœur de la création » [3]. Ainsi. En premier lieu. Mémoire en histoire Article détaillé : Lieu de mémoire. une image. particuliers ou symboliques. au bruit. l'histoire vise une certaine objectivité. Bergson fixe cette problématique sur la reconnaissance et la survivance des images. analysant la postérité du souvenir de l'Occupation dans la société française sur plusieurs décennies. Génocide. Le concept de lieu de mémoire. sur expressio. notamment les procès Barbie. a été forgé dès 1984 par l'ouvrage Les lieux de mémoire de Pierre Nora. Revue Juridique Thémis. Terrain. n°43.La publication en 1987 de l'ouvrage d'Henry Rousso Le syndrome de Vichy. fr/ expressions/ par-coeur. la Brenne dans les provinces ligériennes. wikipedia. qu'il s'agisse d'un lieu physique (monument) réinvesti par un processus de commémoration ou d'un lieu institutionnel (symboles républicains par exemple). la loi du 29 janvier 2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien ou encore la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés) que par des actions judiciaires ad hoc (cf. expressio. Notes et références [1] http:/ / fr. L'exemple français". [6] Mise en évidence notamment par Jean-Michel Chaumont dans La concurrence des victimes. régions historiques. html). La Vendée de la mémoire.Mémoire (sciences humaines) Les territoires (pays. p. Seuil. Cette mise en concurrence des mémoires et des victimes se traduit. 2009. Edition. la Gâtine tourangelle. Le livre ouvre la voie à une série de travaux d'historiens qui prennent pour objet d'étude la mémoire collective. http:/ / www. La Découverte. tant par les initiatives du législateur en ce domaine (reconnaissance de la Traite négrière outre-Atlantique comme crime contre l'humanité par la loi "Taubira" du 21 mai 2001. Le syndrome de Vichy. n°25 (septembre 1995). pose les bases méthodologiques d'une histoire de la mémoire[8]. C'est le cas de pays traditionnels comme le Vendômois. 1984 ISBN 2-251-33426-2 [4] Sur ce dualisme et les débats autour du traitement de la mémoire en histoire. « La mémoire devant l'histoire ». mais aussi la concurrence des mémoires particulières[6]. "La représentation juridique de la mémoire.asp?id=411). Traces mnésiques Mémoire prospective Temps Commémoration | Devoir de mémoire | Loi mémorielle | Concurrence des mémoires Liens externes • [vidéo] Anthropologie comparée des « arts de la mémoire » (http://semioweb. editionsthemis. Papon)[7]. php). 1997. voir par exemple Tzvetan Todorov. provinces. coll: Confluents psychanalytiques. « Le champ de la mémoire ». Aix en Provence 1983. 1989. pdf [8] Henry Rousso.fr [3] Edmond Jabès : Colloque : le langage dans la psychanalyse. org/ w/ index. rééd. 2002 [7] Cédric Milhat. Belle Lettres. régions naturelles) ont une mémoire. Le territoire auquel s'attache une forte identité historique peut devenir un enjeu de mémoire comme l'ont montré les travaux sur les guerres de Vendée et l'espace vendéen[5]. Seuil. série de conférences par l'anthropologue Carlo Severi • Portail des sciences humaines et sociales 100 . 1990. 1800-1900. Paris. 1987. largement construite et même inventée par les érudits locaux et les historiens des XIXe et XXe siècles. Consulté le 4 janvier 2008.11 Annexes Articles connexes • • • • • Saint Augustin.msh-paris. php?title=M%C3%A9moire_(sciences_humaines)& action=edit [2] « Par cœur » (http:/ / www. org/ document2854. rééd. identité. Touvier. reconnaissance.fr/AAR/411/ liste_conf. [5] Jean-Clément Martin. in concreto. com/ uploaded/ revue/ article/ rjtvol43num1/ milhat. revues. lire en ligne (http:/ / terrain. La collection des écrits d'Aristote (-384. afin de la distinguer des interrogations spéculatives concernant les sujets non physiques. Elle s'attache aussi à étudier les problèmes de la connaissance. Simplicius. 21). Cet article ou cette section doit être recyclé. de la vérité et de la liberté[3]. (Modifier l'article [1] ) La métaphysique est une branche de la philosophie et de la théologie qui porte sur la recherche des causes. puisque cela se situe au-delà des réalités physiques" (Commentaire sur la 'Physique' d'Aristote.[6]. telles que l'existence. l'espace. le temps. . et d'une préposition grecque μετά metá au sens aussi imprécis puisqu'elle peut signifier : « au milieu. après ». des causes de l'univers et de la nature de la matière. l'éthique et la physique. l'existence. Introduction Étymologie Étymologiquement. voir Métaphysique (homonymie). la causalité. la propriété (d'une chose). sur la nature. Le mot méta-physique avait donc un sens simplement éditorial : les livres d'Aristote qui arrivent après ceux qu'il a consacrés à la physique (meta ta Phusika). la « nature » et son étude. le mot se compose de μετα et φυσικά (méta-physiká). séparait les livres phusikè achroasis (Leçons de Physique). parce qu'étude objective de la nature et des principes physiques. et ceux qui venaient après. Avec l'introduction des démarches empiriques et expérimentales. I. la possibilité. la durée. Une réorganisation et une clarification du contenu sont nécessaires.-C. tout cela ils l'appellent théologie. C'est ce dernier sens qui explique l'apparition du mot[7]. Mais les platoniciens ont voulu y voir la discipline qui porte sur les réalités au-delà de la physique. cette branche a été appelée « science » à partir du XVIIIe siècle. Le métaphysicien essaie également de clarifier les notions par lesquelles les gens comprennent le monde . La philosophie grecque postérieure n'a pas toujours retenu cette discipline. au-delà. philosophie première et métaphysique. merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. avec. entre. des premiers principes[2]. vers 535 : "La discipline qui considère les réalités entièrement séparées de la matière et la pure activité de l'intellect en acte et de l'intellect en puissance. J. Ainsi. le stoïcisme divisait ainsi la logique. Elle a aussi pour objet la connaissance de l'être absolu comme première cause. l'objet. -322) élaborée par Andronicos de Rhodes vers 60 av. la « physique » . parmi. la Métaphysique. Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (février 2010). L'ontologie est une branche de la métaphysique[4] qui étudie les propriétés de l'être d'une manière générale. le devenir. Discutez des points à améliorer en page de discussion. la philosophie de la nature était la seule discipline non subordonnée à la métaphysique . donnant le sens de « par-delà la physique » sous lequel on reconnaît désormais la métaphysique. Mais la scolastique médiévale a forgé le terme par l'usage.Métaphysique 101 Métaphysique Pour les articles homonymes. Avant le développement des sciences modernes. l'existence ou le concept de Dieu[5]. celle qui est élevée à lui du fait de l'activité. meta ta phusika. consiste à dire qu'elle ne s'intéresse pas aux objets étudiés par les disciplines empiriques (biologie. l'existence de Dieu. Éthique..) mais de l'origine immatérielle de la réalité matérielle. Quelques exemples de questions métaphysiques : • • • • • • • • • • • • • Qu'est-ce que l'Être ? Pourquoi y a-t-il de l'Être plutôt que rien ? Existe-t-il une cause première ? La cause première est elle matérielle ou spirituelle ? Est-ce que Dieu existe ? Est-ce que Dieu est Volonté (monothéisme) ou Nécessité (panthéisme) ? Est-ce que l'âme individuelle est immortelle ? Quel est le sens de la vie ? Qu'est-ce que la substance ? En quoi consiste la finalité des choses ? Quel est le rapport entre la matière et l'Esprit? Comment faire le lien entre l'Être. Par métaphysique on entend l'étude des questions fondamentales telle la question concernant l'immortalité de l'âme. parmi les plus courantes. Cela signifie que ni l'expérimentation ni l'observation des faits ne sont importantes pour le métaphysicien. Mais au cours du XXe siècle apparaît une nouvelle façon de faire de la métaphysique reposant sur le désir de répondre à ses questions traditionnelles en prenant en compte les acquis de la science actuelle. Ax.Métaphysique L'objet de la métaphysique Il est très délicat de vouloir définir la métaphysique car historiquement ce terme a pu recouvrir des problèmes et questions très variés. physique. Mais plus spécifiquement par métaphysique on entend aussi l'étude de l'« être en tant qu'être » (cette discipline est l'ontologie) pour reprendre la célèbre formule d'Aristote c'est-à-dire de l'étude de la (substance)[8]. contrairement aux pratiques et méthodes des sciences naturelles et des sciences exactes . etc. chimie. sciences cognitives et neurologie. sociologie. Le premier représentant de cette conception moderne de la métaphysique est Henri Bergson dans Matière et mémoire. sciences politiques.I)) . les raisons de l'existence du Mal ou le sens de la vie. Cette conception de la métaphysique annonce le travail effectué dans le domaine de la philosophie de l'esprit qui a tenté de tisser des liens entre métaphysique. II. l'Univers et soi ? Le vide est-il le rien ? Tentatives de définition Une des définitions comparatives de la métaphysique. Article détaillé : ontologie (philosophie). 102 . Prop. le métaphysicien s'appuyant uniquement sur la logique de sa pensée et sur des axiomes du type : "Dieu est une chose pensante" (Spinoza. opinion confuse chez Parménide. par opposition à l'Être Durée Esprit Essence et accident Éternité Être Existence Foi Idée Immanence Immutabilité Liberté Libre arbitre Matière Monde Mythe Néant Nécessité et contingence Noumène Objet Passion Phénomène Présence Sacré Substance Sujet Symbole Temps Transcendance Universaux Universalité Vérité Mort 103 .Métaphysique Concepts métaphysiques Cette liste présente une série de concepts métaphysiques: • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Accident Acte Âme Attribut Bien Causalité Cause première Connaissance Contingence Croyance Dieu Doxa. comme croquer la pomme ? Comment les choses sans cerveau ne peuvent-elles pas faire des opérations mentales. c'est la raison (ce n'est pas l'imagination. Donc la raison (ou l'âme) est immortelle. De plus. La pomme est un type de chose . maintenant si Sophie est dans la pièce. Aucune discipline n'a encore été capable d'expliquer complètement ce qu'est la conscience et comment elle fonctionne. conclut à l'existence de Dieu. nous allons sûrement dire que l'esprit de Sophie est un type de chose différent de la pomme (si du moins c'est un type de chose). après avoir confirmé son existence. peut-être le véritable problème appartenant à cette branche est-il celui de la conscience. l'idée. Elle pourrait dire que son esprit est immatériel. peut-elle provoquer un événement physique. mais la pomme est située de toute évidence dans un endroit particulier. De ce fait. La raison est simple car elle ne peut se décomposer. mais la pomme est un objet matériel (bien qu'il y ait beaucoup de désaccord parmi les philosophes sur le statut métaphysique des esprits). Ainsi l'on recherche la cause d'un Créateur premier. Article détaillé : Vie après la mort. donc il est » pourrait dire l'homme -. Dieu Ce problème se pose lors de la recherche des principes ou causes qui sont à l'origine de l'homme. qui constitue aujourd'hui l'objet propre d'une sous-discipline de la philosophie appelée philosophie de l'esprit. et que nous disons que Sophie a un esprit. comme une décision de manger. responsable de tous les êtres sur Terre. grâce au doute.Métaphysique Questions centrales de la métaphysique La plupart des prises de position qui peuvent être adoptées au regard des questions suivantes sont prises en compte par l'un ou l'autre des principaux philosophes. Ce qui est saisi. qui. ni les sens). Cependant certains philosophes nient l'existence de ce dieu. Or l'idée (au sens de Platon) est simple (par exemple l'idée du triangle est simple.« je suis. cela semble un peu étrange de dire que l'esprit de Sophie est situé dans un endroit particulier. bien qu'il semble clair que cela demande une certaine activité du cerveau. il met en œuvre une argumentation méthodique 104 . de son existence propre . je saisis ce qu'est le triangle en une seule opération de l'esprit). comme prendre des décisions ou avoir des sentiments ? Comment l'esprit et le corps sont-ils interconnectés d'un point de vue causal s'il y a deux types de choses totalement différents ? Ceci est appelé le problème corps-esprit. Il est souvent difficile de cadrer les questions d'une façon non controversée. affirment l'existence de Dieu. La question de l'immortalité de l'âme Depuis le Phédon de Platon la question de l'immortalité de l'âme est un des objets les plus importants de la métaphysique. cependant. Mais si c'est le cas. mais aussi portant sur la Nature. et les causes qui ont suscité leur existence. comment quelque chose de mental. Preuve de l'immortalité (Platon) de l'âme ce qui est simple (non décomposable) ne peut être saisi que par quelque chose de simple. elle est toujours la même. Le problème du rapport entre le corps et l'esprit Articles détaillés : Philosophie de l'esprit et Problème corps-esprit. Cela semble clair que les esprits sont fondamentalement différents des corps physiques. peut-être pourrait-on dire qu'il est quelque part dans la pièce . Les deux thèses fondamentales qui s'opposent sur cette question sont respectivement les matérialistes (comme Épicure) et les spiritualistes. Il y a d'autres types de problèmes très différents en métaphysique. mais aussi des essences qui les composent. comme Descartes. L'âme Les deux questions métaphysiques les plus importantes concernant l'âme portent sur la nature de la relation entre l'âme et le corps et d'autre part l'immortalité de l'âme. Le problème corps-esprit est quelquefois encore considéré comme une partie de la métaphysique . non dans le sens d'une religion mais dans le sens d'une origine d'où découlent la pluralité des êtres. D'autres. dans Les Méditations Métaphysiques. d'un architecte omnipotent. à savoir au milieu de la table. La liberté La question de la liberté peut être considérée comme une question métaphysique par excellence dans la mesure où elle concerne le statut de l'homme au sein de la nature. Héraclite. §39). Chrysippe. Nietzsche) : « Il existait deux opinions sur lesquelles se partageaient les anciens philosophes. la science repose sur une foi. 105 . des essences mêmes. dans le second cas. il s'agit d'expliquer comment on peut naturaliser la volonté. » (Cicéron. les essences des êtres animés ou inanimés. de constater l'impact très direct de la révolution relativiste sur la métaphysique. tout en reconnaissant une action propre du mental. Donc. d'ailleurs. sans reconduire un dualisme métaphysique classique. Un des points les plus intéressants que met ainsi en lumière cette opposition. le savoir. il s'agit plutôt d'expliquer comment une causalité mentale est possible qui évite aussi ce dualisme souvent difficile à rendre intelligible. et comment il est encore possible de parler d'action et de responsabilité. physique et métaphysique ne sont pas si éloignées l'une de l'autre. De plus. Empédocle. des êtres et des étants. la théorie cartésienne des vérités éternelles se base sur le fait que Dieu est créateur d'absolument toutes choses. les uns pensant que tout se produit par le destin. qui peut être une théorie matérialiste.ce à quoi on pourrait ajouter qu'il ne s'agit point d'une exception. ou raison. Le concept de liberté divise très schématiquement les philosophes en deux camps : ceux qui en font le fondement de l'action et de la morale humaines (Épicure. mais il se rattache plutôt à ceux qui veulent voir les mouvements de l’âme libérés de la nécessité. notre idée de Dieu. me paraît avoir choisi la position intermédiaire . encore imparfaite et limitée. Dans le premier cas. Espace et temps En ce sens. seraient illimités et même inconcevables pour la raison humaine qui est bornée(pour l'instant). On dirait aujourd'hui qu'il y a une opposition entre physicalisme et mentalisme. en position d’arbitre officieux. Kant). et ceux qui nient une quelconque transcendance de la volonté par rapport à des déterminismes tels que la sensibilité (Démocrite.e. D'un côté. puisque toutes les révolutions en physique (que ce soient celles initiées par Galilée ou encore Isaac Newton) ont eu des conséquences sur la pensée métaphysique. où la cause de quelque chose doit être plus parfaite que ce qu'elle origine. Descartes. c'est le caractère souvent difficile à déterminer du concept de liberté. ce dont on trouve un exemple significatif à travers l'œuvre d'Alfred North Whitehead. qui est créateur de toutes choses. l'ordre universel. sur des présupposés métaphysiques (ainsi que l'affirme Nietzsche) . Procès et Réalité . il existe chez Descartes une hiérarchie des idées. Il est intéressant. montre bien que lui-même est possesseur d'une perfection infinie. en sorte que ce destin apportait la force de la nécessité (Démocrite. Cette question concerne donc particulièrement l'immanence et la transcendance de la volonté humaine par rapport au monde. y compris les vérités de la nature. l'idée même de sa possible existence. les autres pour qui les mouvements volontaires de l’âme existaient sans aucune intervention du destin . au fatalisme et à toute doctrine qui soutient la thèse de la nécessité du devenir. Spinoza. alors que l'on en a supprimé la condition . notamment son « Essai de Cosmologie ». dont la connaissance. Du destin. La liberté qualifie en effet la relation de l'homme en tant qu'agent et du monde physique. existe du simple fait qu'il ait originé dans mon esprit. entre la causalité physique (physicalisme) à laquelle tous les êtres peuvent être réduits et la causalité mentale (mentalisme). D'autre part. les causes physiques et matérielles du monde. et de l'autre côté. Aristote étaient de cet avis). « la science crée de la philosophie » (Gaston Bachelard). relation notamment considérée dans son rapport à un déterminisme supposé ou réel. La liberté s'oppose en général (ce n'est donc pas toujours le cas) au déterminisme. i.Métaphysique (ordre des raisons) où il expose l'idée suivante : un Dieu. également repris dans la littérature de science-fiction Mises en cause de la métaphysique L'empirisme logique Le Cercle de Vienne s'était fixé pour but de débarrasser la philosophie et la science de la métaphysique. Au contraire. de l'être-là. par ex. qui exprime le sentiment que l'on a de l'existence. tout énoncé doit pouvoir être analysé et renvoyé à quelque chose de réel par exemple en répondant à des questions telles que : • de quel énoncé S est-il déductible et quels énoncés sont déductibles de S ? • comment S doit-il être vérifié ? Cette critique logique. L'idée de nécessité est que tout fait nécessaire est vrai à travers tous les mondes possibles . ont traité de l'idée de mondes possibles aussi. comme les vérités analytiques. du fait qu'il semble fondamentalement incohérent d'affirmer que pour tout x. » L'exemple de la nécessité d'une vérité analytique n'est pas universellement accepté parmi les philosophes. selon lequel les choses auraient pu devenir vraies dans d'autres mondes concrets. que nous ne pouvons pas imaginer qu'il en soit autrement. c'est-à-dire que l'existentialisme part précisément du vécu. comme Gottfried Leibniz (cf. certaines vérités semblent nécessaires. histoire alternative développée par le philosophe Renouvier et devenue un thème important de la science-fiction • le multivers et les univers parallèles de la physique quantique. en appliquant à tout énoncé une analyse logique rigoureuse. métaphysiques. de l'expérience du monde effective et non d'idées préconçues. même s'il ne l'est pas dans le monde actuel. 106 . Un point de vue moins controversé pourrait être que l'auto-identité est nécessaire. entre autres. Dans De la pluralité des mondes. du type classique platonicien. dénonce. Dans cette perspective. Ces idées sur les mondes possibles peuvent être mise en parallèle avec : • l'uchronie. la métaphysique est réduite à une poétique du vécu. développée par Carnap par exemple. sans jamais renvoyer à quelque chose de scientifiquement et empiriquement attestable. il n'est pas identique à lui-même. c'est-à-dire. Un existentialisme athée de la fin du XX siècle oppose la philosophie à la métaphysique. il aurait été possible que certaines catégories de pommes n'aient pas existé. D'autres philosophes. « tous les bacheliers sont célibataires. L'existentialisme Cependant la philosophie existentialiste d'Heidegger se veut elle-même anti-métaphysique dans le sens aristotélicien du terme. les confusions du vocabulaire heideggérien. David Lewis adopta un point de vue appelé réalisme concret modal. comme dans le nôtre où les choses sont différentes. parce que considère la philosophie "amour du connaître" et la métaphysique "création du divin" au moyen de la dialectique. Un fait possible est un fait qui est vrai dans un monde possible. Essai de théodicée). Par exemple. Dans cette perspective.Métaphysique Nécessité et possibilité Les métaphysiciens étudient des questions sur ce que le monde aurait pu être. l'Être et le Non Être et ce qui est par-delà. spiritualisme français avec Louis Lavelle. • la métaphysique « moderne ». Le nom qui pourrait la nommer n'est pas un nom éternel. toi l'ordonnateur primordial ? O Seigneur infini des dieux. avec la scolastique fondée par Pierre Abélard et développée par Thomas d'Aquin. plus vénérable que Brahmâ lui-même. ou la critiquèrent (Hume). héritière de la métaphysique antique. le chant XI montre Arjuna contemplant l'omniforme : « Et comment. Jacques Maritain. Sans nom. avec Aristote. elle est le commencement du ciel et de la terre. tu es l'impérissable. Par exemple. toi qui fais de l'univers ta demeure. d'autres eurent des positions plus nuancées (Spinoza. en réaction au procès de Galilée. avec quelques nuances importantes. La métaphysique dans les autres civilisations Articles détaillés : Philosophie chinoise et Philosophie indienne. le positivisme (Auguste Comte. certains lui emboîtèrent le pas (Malebranche). qui du point de vue de la philosophie occidentale est un scepticisme ontologique : « Si l'Être n'est pas. Ayant un nom. s'inspirant de l'ontologie de Parménide. philosophie analytique). de quoi le non-Être est-il la négation ? » 107 . Mais ce terme d'origine grecque n'est manifestement pas réservé au monde occidental : on peut l'appliquer. • la métaphysique médiévale. les écrits Taoïstes en Chine sont tout autant « métaphysiques » quoique les modalités d'approche soient différentes de celles du monde gréco-latin et chrétien. La métaphysique a connu de nombreuses et importantes transformations au cours de son histoire.Métaphysique Histoire de la métaphysique Article détaillé : Histoire de la métaphysique. • La métaphysique contemporaine a vu différents courants : Kant tenta de refonder la métaphysique. ne s'inclineraient-ils pas devant toi. » Dans le tao Tö King de Lao Tseu "La voie qui pourrait être une voie n'est pas la voie éternelle. elle est la mère de milliers d'êtres. dans la Bhagavad-Gītā. ô grand Être. avec des positions variées et quelquefois contradictoires : Descartes. qui a mis les questions métaphysiques au centre du débat philosophique. On décompose en général l'histoire de la métaphysique en quatre périodes : • la métaphysique antique. tandis que des résurgences se produisirent (phénoménologie avec Heidegger. Leibniz…). à presque toutes les grandes civilisations orientales : le Védanta en Inde. s'opposa à la scolastique et définit une métaphysique comme fondement de toute la philosophie et des sciences. Cercle de Vienne) et les idéologies la nièrent."[9] Le philosophe Nāgārjuna expose dans le Mulamadhyamakakarika la doctrine bouddhiste de la vacuité. sous prétexte qu'elle ressemble si peu à votre profonde métaphysique ! Vous devriez admirer un peuple qui. Reportata parensiensa) • « En métaphysique. » Nietzsche. dans Sur la religion. php?title=M%C3%A9taphysique& action=edit Voir le TLF Voir Le Robert Voir le dictionnaire Le Robert Introduction à l'étude de saint Augustin. — Gardez-vous surtout de vous moquer de la mythologie des Grecs. la métaphysique. encyclique Fides et ratio du 14 septembre 1998 • « Subtilité dans la pénurie. le philosophe détermine ensemble l'étant commun et le premier étant. Il n'est pas possible de s'arrêter à la seule expérience . Aurore §85 • « Si la physique s'occupe de dialectiquer la nature/nature. » Jean-Paul II.Métaphysique Citations • « La nausée métaphysique nous fait hoqueter des pourquoi. Arthur Schopenhauer. » (Thomas d'Aquin. a imposé un arrêt à sa rigoureuse intelligence et qui a eu longtemps assez de tact pour échapper au danger de la scolastique et de la superstition alambiquée. Volume 1982. 1982. confronte l'homme/nature »(Simon Chenier) • « Il faut donc dire que l'objet adéquat de cette science [la métaphysique] est l'étant en tant qu'étant réel » (Francisco Suárez. qui n'est pas la métaphysique » [mais la théologie] (Duns Scot. Volume 11. wikipedia. org/ w/ index. aussi nécessaire qu'urgent. les grands monothéismes encore existants d'aujourd'hui ont toujours combattu cette conception qui fait référence à la métaphysique (surtout sa tendance à la spéculation). com/ site/ taoteking11/ Home/ lao1 108 . qui est séparé de la matière. • « Un grand défi qui se présente à nous au terme de ce millénaire est de savoir accomplir le passage. 1) • « On nomme métaphysique ce qui surpasse la nature et qui est au-delà de la causalité et du langage » (Errenios) • « Dieu n'est pas sujet dans la métaphysique […] il n'y a qu'une seule science à propos de Dieu comme premier sujet. il faut que la réflexion spéculative atteigne la substance spirituelle et le fondement sur lesquels elle repose. même quand celle-ci exprime et manifeste l'intériorité de l'homme et sa spiritualité. elle. D'ailleurs. Dans ce sens. Vrin. sauf la migraine qui en est le prix ». dans ce cas particulier. Ce qui n'est pas le cas par exemple dans la philosophie indienne [7] Voir le Trésor de la langue française informatisé [8] Livre delta de la Métaphysique d'Aristote [9] Référence de la traduction : http:/ / sites. Ici « Dieu » ne doit pas s'entendre au sens de « divinité » mais d'abord selon le concept philosophique et théologique du « Dieu unique » ou encore le principe premier ou l'Être au sens absolu. celle-ci à pratiquement disparue de la philosophie occidentale contemporaine.) • « En métaphysique rien n'est sûr. et c'est l'intuition de l'être qui fait le métaphysicien » (Maritain) • « La métaphysique repose sur une expérience privilégiée qui est celle de l'acte qui me fait être » (Lavelle) • « La biologie… (est la science) qui tente d’aller le plus directement au cœur des problèmes qu’il faut avoir résolus avant de pouvoir seulement poser celui de la « nature humaine » en termes autres que métaphysiques. In de generatione e corruptione) • « La métaphysique a cela de bon qu'elle ne demande pas des études préliminaires bien gênantes : c'est là qu'on peut tout savoir sans rien avoir appris » (Voltaire) • « Un philosophe n'est pas philosophe s'il n'est métaphysicien . google. Une pensée philosophique qui refuserait toute ouverture métaphysique serait donc radicalement inadéquate pour remplir une fonction de médiation dans l'intelligence de la Révélation. Éd. Disputationes metaphysicae. page 263. Étienne Gilson. du phénomène au fondement. » Jean Rostand biologiste (1894-1977). I . Notes et références [1] [2] [3] [4] [5] [6] http:/ / fr. » Jacques Monod (1910-1976) prix Nobel 1965 de médecine (biologie. cette dernière postule les concepts comme étant des étants généraux. La doctrine conceptualiste s'oppose cependant au nominalisme en ce sens que les idées sont des formes ou des opérations propres de la pensée et non de simples signes s'appliquant également à plusieurs individus (comme le postule le nominalisme). Le nominalisme est une des réponses possibles au problème des universaux qui trouve sa source antique dans les Catégories d'Aristote. Par exemple. Descartes (1644) L’Éthique. Éd. 1928-1951 (4 volumes). contrairement au réalisme qui soutient la première (essentialisme). L'Harmattan. le terme « homme » n'a de signification que s'il suppose un homme singulier. Presses de l'Université de Montréal.Métaphysique 109 Bibliographie • • • • • • De la nature. Wippel Qu'est-ce que la métaphysique. Jean-Marc Rouvière. Frédéric Nef. Il ne signifie pas une quelconque essence de . Aristote Métaphysique. Kant Le dépassement de la métaphysique par l'analyse logique du langage. On utilise aussi le mot occamisme pour désigner le nominalisme de Guillaume d'Occam. 2006 Jean Grondin. pensables en eux-mêmes mais toujours abstraits à partir d'une réalité singulière. et qu'ils ne renvoient pas à des êtres généraux comme peuvent l'être les Idées platoniciennes. éditeur. philosophique et théologique qui a vu le jour au sein de la scolastique médiévale. merci d’indiquer ici les points à vérifier . Pierre Téqui. Kant Métaphysique des mœurs. Son fondateur est Roscelin. Brèves méditations sur la création du monde. Nominalisme La forme ou le fond de cet article est à vérifier. Platon Métaphysique. La théorie de la connaissance de Thomas d'Aquin se rapproche de cette position conceptualiste. Le nominalisme est une doctrine logique. Folio (1072 pages). Carnap La dialectique de l'éternel présent. Thomas d'Aquin Théologie et métaphysique de la Création chez saint Thomas d'Aquin. thèse développée par Pierre Abélard. Heidegger L'activité métaphysique de l'intelligence et la théologie. Avicenne Somme théologique. Parménide Parménide. Spinoza Pensées métaphysiques. Introduction à la métaphysique. collection croire et savoir. Lavelle Qu'est-ce que la métaphysique ?. 2004. Claude Tresmontant Initials. Le nominalisme considère donc que les mots ou signes ne servent qu'à désigner des étants réels singuliers. John F. [1] [2] Améliorez-le ou discutez des points à vérifier. La question porte sur le statut des substances secondes ou étants généraux : ces étants ont-ils une existence ontologique réelle ou ne sont-ils que des instruments qui nous permettent de parler commodément du réel ? Le nominalisme soutient la deuxième thèse (instrumentalisme). Spinoza Critique de la raison pure. Kant Critique de la raison pratique. On peut rapprocher le nominalisme du conceptualisme. 1995. (ISBN 2-74030-310-6) • Méditations sur la philosophie première. 2004. principal représentant de cette école dans la scolastique tardive. Si vous venez d’apposer le bandeau. Jean-Marie Vernier. Descartes (1641) • • • • • • • • • • • • • • les Principes de la philosophie. le nominalisme pose que n'existe rien que ce qu'un individu désigne (pense). comme le fait également l’analyse linguistique contemporaine. Wittgenstein. et tant que le concept et le mot de microbe lui étaient étrangers. Berkeley. mais considère que cette existence est dépourvue d'effet pratique tant que le sujet n'arrive pas à en intégrer consciemment la pensée. nécessaire] bien plus tard. Le nominalisme trouve également de nombreux relais dans la philosophie analytique contemporaine. mystères toutefois résolus non par le fait d'avoir nommé ces "mystères" en "microbes" mais bien après avoir démontré l'imputabilité d'un phénomène à une catégorie tangible du vivant. mais simplement à ce qui est construit par l'observateur. de David Hume. Les nominalistes rejettent la conception idéaliste platonicienne (nommée aussi réalisme dans la thèse : universalia sunt realia ante rem) selon laquelle ils ont une existence immanente a priori. les systèmes philosophiques d’Épicure. Pierre Abélard tente une synthèse qui donne une importance primordiale au sujet par rapport à l'objet. et que celle-ci est propre à l'esprit humain. le particulier existe. tandis que les « nominalistes » ne veulent les utiliser qu'en se référant au réel. Autrement dit. la thèse nominaliste dépasse largement le cadre historique médiéval et a été reprise par des auteurs très différents comme Hobbes. et le général n'est qu'invention humaine établie pour notre commodité de réflexion.Nominalisme l'homme en général. les nominalistes n’accordent aucune universalité aux concepts mentaux en dehors de l’esprit qui les observe. dans le même esprit. James. dans : tous les hommes sont mortels. Hilbert. que la nature ne connaît pas l'expression et caetera. Nelson Goodman s'est ainsi efforcé d'élaborer un langage nominaliste ne recourant qu'à des entités individuelles. quelle est la nature de homme ?). et lui oppose que ces universaux sont définis essentiellement par leurs noms (« nomina »). La classification automatique et le data mining enseigneront dans les années 1990 aux machines à construire l'équivalent de leurs propres universaux. Paul Valéry fera remarquer[réf. Carnap ou encore Goodman. Dans une forme plus modérée. il reconnaît une existence indépendante à au moins certains objets. 110 . de George Berkeley. il restait confronté à bien des mystères. Formes du nominalisme Dans sa forme maximaliste. L'ensemble des pensées d'un individu forme un tout cohérent. Par extension. nécessaire] qu'aujourd'hui nous permuterions volontiers ces deux appellations. puisque les « réalistes » s'avèrent manier in fine surtout des mots. Le nominalisme scientifique s'interroge sur la valeur des connaissances scientifiques : s'agit-il de vérités (découvertes) ou de conventions arbitraires (construites). La nature des universaux Le problème qui lui donne naissance est celui de la nature des universaux dans les syllogismes d'Aristote (par exemple. qui répugne à la répétition. qui a pu être nommée. de Guillaume d'Ockham. Ce qui donnerait à la connaissance scientifique la même valeur que le langage (voir Le cru et le cuit). Ainsi et par exemple n'existent pour l'homme que les animaux qu'il a nommés lors de la création. qu'il lui est impossible de réellement tester. Le tenant principal du « réalisme » contre le nominalisme est Guillaume de Champeaux. Pour eux. de John Stuart Mill peuvent être qualifiés de nominalistes du fait qu’ils n'attribuent pas d’universalité à des catégories transcendantes. Bertrand Russell observe[réf. pratiquement équivalente au solipsisme. En ce sens. wikipedia.1120). A. Mennecier. Jean Buridan (v. org/ w/ index. php?title=Discussion:Nominalisme& action=edit& section=new& preload=Mod%C3%A8le:Initialiser_P%C3%A0V 111 . 1081. collection : Sic et non. connu par l'expérience de pensée dite de l’âne de Buridan.Metz 1369). dit le « docteur invincible » et le « vénérable initiateur » Nicolas d'Autrecourt (Autrecourt 1299 . 1998 (ISBN 9782020247566) • Cyrille Michon.1285 . Seuil. php?title=Nominalisme& action=edit [2] http:/ / fr. Librairie Philosophique Vrin. Nominalisme in Dictionnaire encyclopédique du Moyen âge p. Nominalisme. Guillaume d'Occam (v.Nominalisme Représentants de l'école nominaliste • • • • Roscelin de Compiègne (1050 . 2004 (ISBN 9782711620319) Articles connexes • • • • • • Philosophie médiévale Théorie de la connaissance Réisme Querelle des universaux Portail de la philosophie Portail de la logique Références [1] http:/ / fr. La querelle des universaux. Nominalisme au XIVe siècle.1358). Librairie Philosophique Vrin. 1997 (ISBN 2204058661) • Alain de Libera. considéré comme le fondateur du nominalisme. présenté à la Société historique de Compiègne.1300 . Cerf. wikipedia. 1882 • Jacques Verger. 2002 (ISBN 9782711612031) • Paul Vignaux. org/ w/ index. Annexes Bibliographie • Lefebvre Saint-Ogan.1349). Mémoire sur Roscelin de Compiègne et le nominalisme. La caractéristique essentielle de la pensée est donc la réflexivité ("avec elle-même".Pensée 112 Pensée Cet article est une ébauche concernant la philosophie. la pensée est une activité psychique. une représentation psychique. juger) . "à elle-même"). en réponse aux perceptions venues des sens. la notion de pensée est aussi un héritage de l'Antiquité. Étymologie Penser vient du bas latin «pensare» ( en latin classique : peser. C'est aussi. Et dans le Théétète. org/ w/ index. Notes et références [1] http:/ / fr. voir Pensée (homonymie). créer et agir. Au sens large. etc. Chambry). Pour les articles homonymes. des concepts que l'être humain associe pour apprendre. La forme ou le fond de cet article est à vérifier. par Auguste Rodin Définition Dans Le Sophiste. trad. trad. qui recouvre les processus par lesquels sont élaborés. [1] [2] Améliorez-le ou discutez des points à vérifier. consciente dans son ensemble. php?title=Pens%C3%A9e& action=edit [2] http:/ / fr. et traditions judéochrétiennes. wikipedia. Si vous venez d’apposer le bandeau. org/ w/ index. Platon définit la pensée comme "discours intérieur que l'âme tient en silence avec elle-même" (263d et sq. un trait de caractère (avoir une pensée rigoureuse). wikipedia. merci d’indiquer ici les points à vérifier . fréquentatif du verbe « pendere » : peser. une opinion (façon de penser). Chambry). il l'avait déjà définie comme "discours que l'âme se tient à elle-même sur les objets qu'elle examine" (189e et sq. une façon de juger. php?title=Discussion:Pens%C3%A9e& action=edit& section=new& preload=Mod%C3%A8le:Initialiser_P%C3%A0V . des images. philosophie antique grecque et romaine. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants. Souvent associée au célèbre cogito ergo sum de Descartes. un ensemble d'idées propres à un individu ou à un groupe. des sensations. Le Penseur. Il ne peut y avoir de savoir absolu (qui n'est pas un savoir d'un objet mais de ce qui fait qu'un savoir est effectivement un savoir) que phénoménalisé. la phénoménologie s'étend au sein d'un cercle de disciples dans les universités de Göttingen et Munich en Allemagne (Edith Stein. à la doctrine de l'être et de la vérité la doctrine du phénomène ou phénoménologie. 113 . le terme de phénoménologie.Phénoménologie (philosophie) Phénoménologie (philosophie) Pour les articles homonymes. À la fin de sa vie. voir phénoménologie. qui la traduit en « doctrine de l'apparence »[2]. dès La Doctrine de la Science de 1804. extériorisation) du fondement et du principe du savoir. étude) est un courant philosophique qui se concentre sur l'étude des phénomènes. ce qui apparaît . dans sa volonté de systématiser l'étude et l'analyse des structures des faits de conscience[1]. ce dernier étant donné dans le cadre transcendantal de l'espace. même si en général. de l’expérience vécue et des contenus de conscience. et se propage rapidement à l'étranger. mais Kant remplaça finalement ce nom par celui d'Esthétique transcendantale. Nicolai Hartmann). les principes de la sensibilité s'y verront fixer leur validité et leurs bornes. parce que sans elle. La phénoménologie (du grec : phainómenon. Elle désigne la partie de la doctrine de la science qui développe la phénoménalisation (apparition. » Fichte La phénoménologie est un concept central de la philosophie de Johann Gottlieb Fichte. désigne la philosophie et la méthode de Husserl ou de ses héritiers. C'est le contexte qui détermine si l'on parle de la phénoménologie au sens fichtéen. de Maurice Merleau-Ponty) et aux États-Unis (Alfred Schütz et Eric Voegelin). Edmund Husserl est considéré comme le fondateur de ce courant. Aussi oppose-t-il. en particulier en France (grâce aux traductions et travaux de Paul Ricœur. Fondée au début du XXe siècle par Edmund Husserl. mais sans jamais que soit abandonnée sa volonté fondamentale de s'en tenir à l'expérience vécue. afin qu'ils n'embrouillent pas les jugements portant sur les objets de la raison pure. le « savoir absolu » n'aurait pas d'existence. du temps et de la causalité : « Il semble qu'une science toute particulière. pris isolément. Eugen Fink. Roman Ingarden. Kant Une section de la Critique de la raison pure de Kant devait s'appeler Phénoménologie . Kant y opère la séparation entre la chose en soi et le phénomène. de Jean-Paul Sartre. souvent avec une très large prise de distance critique par rapport aux premiers travaux de Husserl. Max Scheler. Le terme de « phénoménologie » avant Husserl L'inventeur présumé de l'expression est Jean-Henri Lambert. comme cela s'est presque toujours produit jusqu'à présent[3]. d'Emmanuel Levinas. quoique simplement négative (phaenomenologia generalis) doive précéder la métaphysique . Martin Heidegger. Fichte identifie même la phénoménologie à la doctrine de la science. hégélien ou husserlien. et lógos. ses actions. mais tout en ayant en vue l'idée que cette description a également une valeur génétique. Georg Wilhelm Friedrich Hegel décrit l’évolution dialectique de la conscience par le jeu des négations successives au cours de l'histoire. comme ce principe immédiatement connu de chacun. seule. et s'élève jusqu'au savoir absolu. qui étudie le rapport interne de l'esprit à lui-même. il s'agit toujours pour lui de chercher plus profond que cette évidence première : comment connaître ce que le monde peut être dans son être en soi ? Il s'agit pour lui de rechercher l’essence du phénomène à partir d'une étude descriptive préalable du donné phénoménal et en particulier. notamment dans son cours sur l'intentionnalité chez Thomas d'Aquin. dans la mesure où tous les vécus participent en quelque manière à l'intentionnalité. Il s'agit donc. son mouvement. » L'idée de phénoménologie chez Husserl Article détaillé : Edmund Husserl. que l'on retrouve ensuite chez Husserl : « Un trait distinctif des vécus qu'on peut tenir véritablement pour le thème central de la phénoménologie orientée « objectivement » : l'intentionnalité. comme objet parmi d'autres objets et comme soumis à leur loi . lui [sc. Définition et méthode Le philosophe et psychologue Franz Brentano. La phénoménologie est donc la « science de l’expérience de la conscience ». c'est tout un). dès lors. ce corps lui est donné de deux façons toutes différentes : d'une part comme représentation dans la connaissance phénoménale. Contrairement à la psychologie. de la manière dont se donne à moi mon propre corps comme "volonté" : « La Volonté. d'analyser les étapes par lesquelles. la conscience devient conscience de soi. Le sujet de la connaissance. lui montre la force intérieure qui fait son être. j'ai pris l'Esprit à sa plus simple apparition . la phénoménologie renvoie la conscience à l'objet qui la détermine. professeur de Sigmund Freud et d'Edmund Husserl est considéré comme le précurseur de la phénoménologie. « Dans ma Phénoménologie de l'Esprit. partant de la connaissance sensible. devient un individu . i. e. dont la nécessité se trouve démontrée par ce mouvement même[4]. que désigne le mot Volonté[5]. Elle étudie la manifestation phénoménale d’un sujet en tant qu’il se rapporte à un objet. L’étude ou science de la conscience est la phénoménologie de l’esprit. à l'homme] donne la clef de sa propre existence phénoménale. en même temps. quoique nous ne puissions dire de tout vécu qu'il a une intentionnalité. je suis parti de la conscience immédiate afin de développer son mouvement dialectique jusqu'au point où commence la connaissance philosophique. C'est l'intentionnalité qui caractérise la conscience au sens fort et qui autorise en Edmund Husserl . Cette caractéristique éidétique concerne la sphère des vécus en général. pour le sujet.Phénoménologie (philosophie) 114 Hegel Article détaillé : Phénoménologie de l'esprit. lui en découvre la signification. en faisant la phénoménologie de l'esprit. par son identité avec le corps. et d'autre part. Raison. » Schopenhauer Si pour Arthur Schopenhauer. qui forme la première partie du système de la connaissance. en tant que conscience. le monde est notre représentation (c'est-à-dire que être et être une représentation. ou bien « je me souviens de l'époque où j'allais à l'école ». etc. Comme le dit Merleau-Ponty. il n'attend pas nos jugements pour s'annexer les phénomènes ». « La phénoménologie pure ou transcendantale ne sera pas érigée en science portant sur des faits. des data-de-volonté. complètement dépouillée des conceptions naturalistes. a consisté à dégager ce qu'il appelle l’a priori universel de corrélation. 115 .. que Husserl emprunte à son maître Franz Brentano : son principe en est simple. qui en fut néanmoins. c'est-à-dire universelle.[6] » Le premier pas de la phénoménologie. le cogito. D'où ce leitmotiv des phénoménologues qu'est le retour aux choses mêmes. l'intentionalité. toute conscience doit être conçue comme conscience de quelque chose. la corrélation du monde et de ses modes subjectifs de donnée n'avait provoqué le thaumazein [émerveillement] philosophique. etc. et en conséquence. un précurseur.[7] » En conséquence. la phénoménologie prend pour point de départ la description des vécus de conscience afin d'étudier la constitution essentielle des expériences ainsi que l'essence de ce vécu. de ce point de vue. on peut donc bien dire que la phénoménologie est une science des phénomènes. « la perception n'est pas une science du monde. mais portant sur des essences (en science « éidétique ») . ou la reprise détournée. j'entends le bruissement de ses feuilles. au sens d'acte psychique[11]. etc. des data-de-son et autres data de sensation . Nous ne trouvons là. à d'autres égards. bien qu'il se soit déjà fait sentir dans la philosophie pré-socratique (. » Ce caractère apriorique oppose la phénoménologie transcendantale de Husserl à la psychologie descriptive de son maître Franz Brentano. qui est vert . De ce point de vue. comme tout le réel du monde ambiant. Mais on trouve ce que trouvait déjà René Descartes. elle est le fond sur lequel tous les actes se détachent et elle est présupposée par eux »[9] La phénoménologie husserlienne se veut également une science philosophique. comme si cela allait de soi. ou éidétique. « le réel est un tissu solide. dans les formes familières qui ont reçu. c'est-à-dire que le monde est « corrélé à ses modes subjectifs » : « Jamais avant la première percée de la phénoménologie transcendantale dans les Recherches logiques. Elle propose une appréhension nouvelle du monde. » En ce sens.. en fait de conscience. elle est une science apriorique. à savoir l'essence correspondante au concept de conscience. « je suis inquiet de la maladie de mon ami ».Phénoménologie (philosophie) même temps de traiter tout le flux du vécu comme un flux de conscience et comme l'unité d'une conscience. une telle science vise à établir uniquement des « connaissances d'essence » et nullement des faits[10].. Pour autant. » La phénoménologie de Edmund Husserl se définit d'abord comme une science transcendantale qui veut mettre au jour les structures universelles de l'objectivité. mais à condition d'y entendre qu'elle a une vocation descriptive des vécus (de l'expérience subjective). c'est donc l'intention. qu'une conscience de. Jamais cette corrélation n'a éveillé un intérêt philosophique propre. On restait englué dans cette évidence.. des data-de-sentiment. que chaque chose a chaque fois pour chaque homme une apparence différente[8]. « On ne trouve dans la donnée immédiate [de la conscience] rien de ce qui. l'empreinte de la langue : le « je vois un arbre. je sens le parfum de ses fleurs. l'activité constitutive du sujet de la corrélation ne doit pas faire croire que la phénoménologie serait un pur subjectivisme. et qui désigne le fait que le phénomène tel qu'il se manifeste est constitué par le sujet. L'intuition fondamentale de Husserl. à savoir : des data-de-couleur. dans la psychologie traditionnelle. une prise de position délibérée.). ce n'est même pas un acte. « Le moment est venu de déterminer l'essence qu'a en vue la distinction faite par Brentano entre les diverses classes de vécus. qui eût fait d'elle le thème d'une scientificité propre. à savoir une science qui énonce des lois dont les objets sont des « essences immanentes ». Les phénoménologues illustrent ainsi leur désir d'appréhender les phénomènes dans leur plus simple expression et de remonter au fondement de la relation intentionnelle. » . entre en jeu. du concept d'intentionnalité. Heidegger a bien mis en évidence le lieu qui le séparait de son maître : « Nous sommes d'accord sur le point suivant que l'étant. au moins dans la période de l'entre-deux-guerres. l'enquête phénoménologique.au contraire le problème qui se pose immédiatement est de savoir quel est le mode d'être de l'étant dans lequel le "monde" se constitue. en Allemagne avec la phénoménologie de Munich (Johannes Daubert. Hannah Arendt.à savoir une ontologie fondamentale du Dasein. Un disciple-dissident en particulier doit être isolé parmi les successeurs de Husserl. et en des sens souvent infléchis. par des penseurs aussi divers que Maurice Merleau-Ponty. Hans-Georg Gadamer rapporte que Husserl disait que. au sens de ce que vous nommez "monde" ne saurait être éclairé dans sa constitution transcendantale par retour à un étant du même mode d'être. Husserl espère ainsi échapper à la crise des sciences qui caractérise le XXe siècle. « la phénoménologie. Les successeurs de Husserl Sa philosophie fut ensuite développée. c'est Heidegger et moi-même. à savoir le Dasein. c'est Martin Heidegger. ne doit pas tant porter sur les vécus de conscience. Mais cela ne signifie pas que ce qui constitue le lieu du transcendantal n'est absolument rien d'étant .Phénoménologie (philosophie) Le projet de la phénoménologie fut d'abord de refonder la science en remontant au fondement de ce qu'elle considère comme acquis et en mettant au jour le processus de sédimentation des vérités qui peuvent être considérées comme éternelles. Jean-Toussaint Desanti et Emmanuel Levinas. avec les travaux de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir . Le conflit phénoménologique entre Husserl et Heidegger a influencé le développement d'une phénoménologie existentielle et de l'existentialisme : en France. Plus généralement. Jan Patočka. »[13] Autrement dit. Adolf Reinach) et Alfred Schütz . Dietrich von Hildebrand. c'est-à-dire. Gaston Bachelard. Tel est le problème central de Sein und Zeit . la phénoménologie. jugé par les philosophes qui le rattachent au terme de phénoménologie (ce sont les phénoménologie de) comme exprimant la légalité de l'apparaître. pour Heidegger. »[12] Dans une célèbre lettre à Husserl. conçue comme méthode d'appréhension des phénomènes. peut aussi être axée autour d'un concept. l'existant. Max Scheler. que sur l'être pour qui on peut parler de tels vécus. en Allemagne et aux États-Unis avec la phénoménologie herméneutique de Hans-Georg Gadamer et de Paul Ricœur. le but de la phénoménologie ou encore plus simplement son objet d'étude privilégié : • • • • • • • • • • • • • Maurice Merleau-Ponty : phénoménologie de la perception Jan Patočka : phénoménologie dynamique ou phénoménologie du monde naturel Hans-Georg Gadamer : phénoménologie du dialogue Michel Henry : phénoménologie de la vie (comme auto-affection) Paul Ricœur : phénoménologie de la volonté Jean-Luc Marion : phénoménologie de la donation Renaud Barbaras : phénoménologie de la vie (comme mouvement) Claude Romano : phénoménologie de l'événement Bruce Bégout : phénoménologie de la quotidienneté Alexander Schnell : phénoménologie constructive Jean-Louis Chrétien : phénoménologie de la parole Erazim Kohák : écophénoménologie Marc Richir : refonte de la phénoménologie 116 . et qui est par là capable de phénoménalisation. « Lettre à Husserl » du 22 octobre 1927. Husserl. [10] E. trad. Rivelaygues in Œuvres complètes. [3] E. 689. 1994. Husserl. A. Tübingen. « Martin Heidegger — 75 Years ».-H. à partir des travaux du psychanalyste Ludwig Binswanger. fr. cf. 1. trad. Suny Press. p. trad. La Haye. A Burdeau. t. Courtine in M. Paris. J. 7.. Ideen I. § 68 . Ideen I. Martin Heidegger.Phénoménologie (philosophie) Applications pratiques La phénoménologie connaît aussi des applications pratiques en psychiatrie. 366 . Préface . Tel. Le Monde comme volonté et comme représentation. 1945. Gallimard. trad. Hegel. Paris. 1980. Husserl. Ludwig Binswanger) psychiatrie et prophylaxie sociale. Schopenhauer. p. 1859. PUF. Husserl. Tel. Fanfalone : Phénoménologie. 283. §18. 1950. Guest. trad. p. Paris. Nouvel Organon. [11] E. p. Vera : Science de la logique. G. coll. 257. V. §50 .. Schopenhauer. 188. cit. Gallimard. Ricoeur : Idées directrices pour une phénoménologie. trad. « Cahiers de l'Herne ». Lettre à Lambert du 2 septembre 1770. fr. II/1. fr. "Tel". A. Editions de l'Herne. Paris. Niemeyer. 1913. cit.pratiques appliquées de la réduction phénoménologique (Edmund Husserl. p. G. Die Krisis der europäischen Wissenschaften und die tanszendentale Phänomenologie. elle influença le courant de la psychothérapie institutionnelle. fr. 67-68. Annexes Articles connexes • • • • • La Voix et le Phénomène Maine de Biran Intentionnalité Ontologie Dasein 117 . Bd. 1976. 262.. fr. p. 1. pp. E. 18. Paris. P. t. p. § 84 . Gallimard. op. Phénoménologie de la perception. [4] [5] [6] [7] G. Logik. 1968. fr. Ideen I. 1966. G. trad. Gallimard. 1764.fondateur de l'entretien phénoménologique de la vie radicale (inspiration Michel Henry) • Alfonso Caycedo . vol. Vrin. Paris. Philonenko. Merleau-Ponty. op. W. fr. Heidegger. 164. Gadamer.recherches sur l'adaptation de l'attitude phénoménologique lors de pratiques d'entretiens • Emmanuel Galacteros . Krisis. Elle a donné naissance à une clinique psychiatrique particulièrement riche. [13] M. 1. Notes et références [1] cf. p.. Ladrange.-G. Granel : La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale. Husserl.. Sur la paternité du terme. La phénoménologie a aussi eu une grande influence sur la psychologie telle qu'elle se pratique encore de nos jours et plus généralement sur l'épistémologie. [12] H. E. • Nathalie Depraz . 183. 1983. fr. trad. dernière section . F. fr. trad. cit. Martin Heidegger. En France. §25 . Paris. fr. Heidegger's Ways. Martinus Nijhoff. Paris. Husserl. Lambert. Albany. p. [9] M. M. op. Pléiade. Vrin. fr. Paris. Logische Untersuchungen. A. trad. [2] J. Haar (dir. J.étude des pathologies psychiques comme fléchissement des modalités d'existence. E. p. coll.. p.). [8] E. § 48 . Kant. 1954. • Henri Maldiney .-F. trad. Cambridge-New York: Cambridge University Press. « La méthode phénoménologie du jeune Heidegger ». 2000. Edited by Hans Rainer Sepp and Lester Embree. La phénoménologie en questions: Langage. • Jocelyn Benoist. 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Cambridge et New York : Cambridge University Press.nl/m_catalogue_sub6_id9390. • Jacques Derrida.htm) (online-newsletter) (en) Research in Phenomenology. 2003. 59) Springer. 2003. • Alexander Schnell. • François Doyon. coll.).htm) (en) Phenomenology Stanford (http://plato.org/) (Anthony Steinbock) Bibliographie (littérature secondaire) • Handbook of Phenomenological Aesthetics. Autour de Husserl: L'ego et la raison.com/) (en) Newsletter of Phenomenology. (http://www. Millon. E.phenomenologie.com/) (en) Phenomenology Research Center (http://www. Montréal. « Krisis ».htm) Duquesne Univ. 1994. Husserl’s Phenomenology.ulg.phenomenology. Objet et signification: Matériaux phénoménologiques pour la théorie du jugement. Dordrecht / Heidelberg / London / New York 2010.biblioteca-husserliana. • Dan Zahavi. Introduction à la phénoménologie. Stanford: Stanford University Press. 1995. 2007. 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Histoire Les Ménines de Diego Velázquez (1657). ce qu'on voit ne loge jamais dans ce qu'on dit. et la définition de l'espace qu'elle ouvre. Maurice Blanchot. Hegel. Peirce et Friedrich Nietzsche. les langues et le langage sont devenus des « thèmes » centraux dans les traditions les plus diverses de la philosophie européenne. majoritairement dans la philosophie anglo-saxonne. par des images. etc. ou encore par la formulation d'objections.. Aristote (dans divers ouvrages de l'Organon. Duns Scot. par exemple lors du débat entre Jacques Derrida et John Searle. Rousseau. en particulier à partir du concept d'intentionnalité dans la phénoménologie husserlienne. Martin Heidegger). la tradition analytique qui s'est développée au XXe siècle. • Des philosophes qui ont renoué avec la tradition humboldtienne (Walter Benjamin. la référence ou au sens en général. Au XXe siècle. Bien que les problèmes philosophiques posés par le langage aient fait l'objet d'analyses dès Platon et Aristote. • Un certain type de sémiotique (Charles Sanders Peirce. • Le post-structuralisme (Michel Foucault. dans ce tableau de Velázquez. le lieu où elles resplendissent n'est pas celui que déploient les yeux. à l'interprétation et à la traduction. à son apprentissage et à ses processus de création. Wilhelm von Humboldt. Guillaume d'Ockham.) Peut-être y a-t-il. Rossi-Landi). Johann Georg Hamann. Roland Barthes.. analytique et continentale. comme la représentation de la représentation classique. parmi lesquelles : • Des structuralistes (Émile Durkheim). De l'interprétation.) Ils sont irréductibles l'un à l'autre: on a beau dire ce qu'on voit. se sont croisées. • Des théoriciens de la littérature dont l'œuvre a une portée philosophique (Mikhaïl Bakhtine. . Ontologie. Judith Butler). Les mots et les choses. « Mais le rapport du langage à la peinture est un rapport infini (. Umberto Eco). Wolff. des métaphores.. dans la mesure où le discours semble se référer au réel. et on a beau faire voir. par Hubert Dreyfus. mais celui qui définissent les successions de la syntaxe. dans ce jeu. Johann Gottfried Herder. des comparaisons. métaphysique et philosophie du langage sont en effet liées. • Des théoriciennes féministes (Hélène Cixous. Or le nom propre. en tant que champ spécifique. » Michel Foucault. ce qu'on est en train de dire. introduction.... c'est-à-dire de passer subrepticement de l'espace où l'on parle à l'espace où l'on regarde. et ce depuis Parménide. c'est-à-dire de les refermer commodément l'un sur l'autre comme s'ils étaient adéquats (. Ces deux traditions. ainsi qu'à sa compréhension. Leibniz. Toutefois. à l'usage du langage. Julia Kristeva. la philosophie continentale n'a pas délaissé le champ du langage. Paul de Man).) et les sophistes ont déjà écrit sur ces questions comme l'ont fait beaucoup de philosophes du Moyen Âge (Roger Bacon. à la communication en général. à l'approche computationnaliste prônée par Jerry Fodor. • Des théoriciens marxistes (Volosniov. on désigne plus particulièrement par philosophie du langage. Platon (en particulier dans le Cratyle). Autrement dit. le signe renvoie toujours à ce qui est représenté [2] . Parménide. qui fonctionnerait à l'aide d'opérateurs symboliques. Fodor. un courant majeur des années 1980 qui a popularisé l'analogie entre l'esprit et l'ordinateur. peut-elle véhiculer un terme abstrait ou des termes syncatégorématiques ? Au XXe siècle. Quant aux idées. Bertrand Russell. selon ce paradigme de la représentation. Les idées sont ainsi tout ce qui peuple notre esprit. structurée comme un langage. si les mots peuvent renvoyer au monde. I. l'un des principaux défenseurs du computationnalisme. Or. mais la même chose peut être chose et signe . il y a deux approches possibles du problème de la signification. Comme l'indique la Logique de Port-Royal. défend ainsi l'idée d'un « langage de la pensée ». L'approche expressive est celle de Hobbes. » (Parménide). Willard Quine. dans la philosophie classique. un texte. chez Guillaume d'Ockham .Philosophie du langage 120 Dans les pays anglo-saxons. un discours. Saul Kripke. Les problèmes de philosophie du langage La philosophie du langage se pose des questions telles que celles-ci : • • • • • • • • Quelle est l'origine du langage ? Quelle est la relation entre le langage et la réalité ? Quelle est la relation entre le langage et la pensée ? Quelle est la relation entre le langage et la connaissance ? Quelle est la relation entre le langage et d'autres modes d'expression ? Qu’est-ce que la communication ? La multiplicité des langues entraîne-t-elle réellement la diversité des modes de penser? Qu’est-ce qu'un signe. la pensée serait. tu ne peux le saisir ni l’exprimer . détail de L'école d'Athènes de Raphaël. « Tu ne peux avoir connaissance de ce qui n’est pas. indépendamment du monde réel. qui ne sont pas nécessairement incompatibles [1]: soit on part de la fonction expressive du langage. l'approche expressive a été reprise par Jerry Fodor et Paul Grice. Or. ou encore au réel. soulevé par Berkeley: comment une image. Cette théorie classique du langage repose sur une théorie des signes et des idées. qui sont elles-mêmes les images des choses . qui affirme ainsi que « l'usage général de la parole est de transformer notre discours mental en discours verbal et l'enchaînement de nos pensées en un enchaînement de mots » (Léviathan. particulière. 4 ). Cela pose toutefois un problème. faire référence aux images mentales. c'est-à-dire du rapport des mots aux idées qu'ils sont censés communiquer . le « mentalais » (mentalese). la philosophie analytique a dominé le discours philosophique sur le langage : Frege. mais aussi aux sensations . la théorie classique du signe distingue entre « signes naturels » (la fumée est le signe du feu) et « signes conventionnels » (le mot « chien » est le signe du chien) . c'est parce que. un dialogue. au Moyen Âge. celles-ci peuvent. aux pensées. car le pensé et l’être sont une même chose. Fodor reprend ainsi l'hypothèse de la lingua mentalis. un énoncé ? Deux approches possibles D'une façon générale. Ludwig Wittgenstein. selon lui. Le computationnalisme de Fodor peut être caractérisé comme . dont on peut trouver des prémisses. c'est-à-dire du rapport des mots aux choses. John Searle. Donald Davidson. ce sont les signes des idées. soit on part plutôt de la fonction de représentation du langage. 121 . c'est-à-dire sur ce que le locuteur implique sans que cela soit explicite dans l'énoncé. dans le monde. Dans ce cas. qui est sa signification. qui est elle porteuse de vérité. des « faits » d'un côté. quant à lui. Celui-là affirme l'existence et la causalité des états mentaux. Dans La Philosophie de l'atomisme logique (1918). On note qu'au Moyen Âge. « je pense que p ». ou l'état de choses. Or. c'est-à-dire à la croyance selon laquelle les lois de la logique ne seraient que des descriptions de régularités psychologiques. la phrase « il pleut » et « it's raining » contient le même contenu propositionnel. et de l'autre des « croyances » à propos de ces faits. qui s'opposent au « psychologisme ». en tel ou tel contexte) prime sur la « signification conventionnelle ». selon lequel il y a. selon eux. et prend en compte les attitudes propositionnelles. ou « faiseurs de vérité » (les entités en fonction desquels les porteurs de vérité sont. susceptibles d'être vraies ou fausses. Cette approche conduit vers une théorie de la vérité-correspondance [5]: un énoncé contient un contenu propositionnel. Russell attire ainsi l'attention sur ce « truisme ».Philosophie du langage une synthèse entre le réalisme intentionnel et le physicalisme [3]. etc. c'est faire). Cette théorie est fortement liée aux recherches en intelligence artificielle et en sciences cognitives. ou encore des généralisations se fondant sur le raisonnement individuel de chacun . sont donc les conditions de vérité de la proposition. Grice. On parle de théorie de la pertinence. cette phrase est vraie s'il pleut effectivement. le sens de la phrase ne dépend pas simplement de son contenu sémantique. On a donc d'un côté les truth-bearers. c'est-à-dire susceptible d'être vraie ou fausse [6]. affirme que les propriétés du langage dépendent des propriétés des pensées : la « signification du locuteur » (le sens que celui-ci donne à sa phrase. lequel est vrai s'il correspond avec un état de chose réel. mouvement initié par John L. c'est-à-dire la manière dont le sujet se comporte à l'égard d'une proposition (« je crois que x ». Tenant de la pragmatique. Celui-ci affirme que toute entité existante est une entité physique. ou « porteurs de vérité » (les propositions susceptibles d'êtres vraies ou fausses) et de l'autre les truth-makers. Austin (Quand dire. Par exemple. Ils défendent au contraire une approche objectiviste de la signification . Grice insiste par exemple sur les implicatures conversationnelles. » Cette approche expressive a été fortement critiquée par Frege et Husserl . à des entités subjectives telles que des idées. C'est ce que le locuteur veut dire qui permet de trancher les phrases ambiguës . ce qui conduirait à accepter qu'il soit soumis à la fantaisie de chacun . Les faits.). mais aussi du contexte conversationnel. faux) . Le sens des mots ne peut être réduit. ou non. la sémantique de Bacon faisait aussi dépendre « la signification non seulement du signe lui-même mais encore de celui qui en fait usage et de l'intention posée[4]. et se demande à quoi ce nom renvoie-t-il? effet. Or. Palais est Superman » et « Superman est Clark » ont le Farnèse. alors la phrase est fausse . Deuxième énigme : « Pierre croit que Cicéron est un grand orateur » et « Pierre croit que Marcus Tullius est un grand orateur ». selon la théorie naïve de la signification. « Superman Domenico Zampieri. Si. Cette conception peut aussi être qualifiée de « théorie naïve de la signification » (ou encore de théorie de la référence directe): pour que la phrase soit dotée de signification. des énoncés synonymes. « Catégories de pensée et catégories de langue »). Ces énoncés singuliers existentiels négatifs. sinon de les résoudre complètement. qui fonctionnent à l'aide de descriptions définies visant un individu. On remarque. soit faux. La philosophie du langage requiert ainsi une ontologie : « On ne peut tout simplement pas faire de métaphysique sans se préoccuper du langage. alors celle-ci n'a pas de signification. de même que l'usage de ses catégories (voir le débat autour de l'article d'Emile Benveniste. Frege laisse toutefois de côté le problème des énoncés singuliers existentiels négatifs (« l'actuel roi de France est chauve »). « Cicéron » et « Marcus Tullius ». par exemple: « la suite de nombres qui converge le plus rapidement ». le journaliste. et la structure grammaticale de la phrase . On parle aussi en termes de sens et de dénotation : « l'étoile du matin » et « l'étoile du soir » dénotent la même chose (Vénus) mais n'ont pas le même sens.Philosophie du langage Frege et la « théorie naïve de la signification » Articles détaillés : Sens et dénotation et Théorie de la référence directe. 1604 – 1605. Jeune fille et licorne. ni prétendre 122 . peuvent pourtant avoir une signification différente. En sujet du « bouc-cerf ». Bien que ces deux phrases renvoient au même sujet réel. au contraire. la « théorie naïve de la signification » ne permet pas de distinguer entre ces deux énoncés. c'est-à-dire sur ce qui peut être dit réel. semblent à première vue vrais. Cicéron-Marcus Tullius. sans qu'elles ne dénotent rien de réel. La théorie frégéenne permet d'éclaircir ces énigmes. il faut des éléments référentiels. On peut comprendre de telles propositions. qui feront l'objet de l'attention de Russell (voir description définie). En effet. Par exemple. Une expression peut aussi. Pourtant. qui renvoient à un état de fait . Rome. des éléments prédicatifs (verbes. Le problème des entités non-existantes s'est posé à la philosophie du langage depuis ses origines. la première phrase est une simple tautologie. Troisième énigme : « l'actuel roi de France n'existe pas » ou « le Père Noël n'existe pas ». La Métaphysique d'Aristote peut ainsi être considéré comme un traité fondateur de la philosophie du langage. on est conduit à s'interroger sur l'être. formulées par Frege et qui ont conduit à sa distinction entre sens et référence dans son article Sens et dénotation (1892). qui font référence au même sujet réel. avoir un sens sans avoir de référent. tandis que la seconde apprend que Superman est la même personne que Clark. adjectifs) . que dès lors qu'on dit que le langage se réfère au réel. ou « Superman » et « Clark ». mais pas la même signification. La référence apparaît en effet par l'intermédiaire du sens de la proposition: on ne peut connaître le référent que par l'intermédiaire du sens . si l'individu désigné par le sujet de la phrase n'existe pas. Mais cette théorie conduit aussi à quelques énigmes. Aristote s'interroge ainsi au même référent. ils sont soit privés de sens. puisqu'elle ne correspond à aucun état de fait réel. selon Frege. Ainsi. au passage. Fresque. elle a un référent qui existe. peuvent ainsi avoir le même référent sans avoir le même sens. la première peut être vraie sans que la seconde le soit : il suffit en effet que Pierre ne sache pas que Cicéron et Marcus Tullius soient la même personne . Austin publie Quand dire c'est faire. montre la séparation irréductible qui existe entre une description définie et un nom propre : ces derniers ne connotent pas un ensemble de propriétés. comme le croyait encore Russell qui parvenait (à l'exclusion des noms logiquement propres) à transformer. et qui peut donc différer. Ainsi. désignant Aristote dans tous les mondes possibles. dans l'expérience de la Terre jumelle. ne sont ni vrais ni faux. celui des Recherches philosophiques. mais d'actes de langage (une promesse ou un ordre. en ce sens. Élaborée par Austin. ou « division du travail » linguistique : les significations ne sont pas psychologiques (meaning ain't in the head) mais sociales. l'usage référentiel désigne celui qu'on tient pour être le coupable de l'assassinat. par exemple si un hêtre et un orme sont pour moi indiscernables . elle trouve chez John Searle l'un de ses grands défenseurs. a été mise en cause. et Maurice Merleau-Ponty pour la philosophie continentale [7]. c'est-à-dire un ensemble de prédicats qui permet de former une classe d'objets (on parle aussi d'intension). mais agissent sur le monde). Ainsi. quant à lui. sur la signification du locuteur par contraste avec la signification de l'énoncé lui-même. comme une opération interne de l'esprit : saisir le sens d'un mot. le sens des mots s'identifie largement à leur concept. Ludwig ). s'intéresse en effet davantage au langage naturel qu'au langage formel. pour la philosophie analytique. dans les années 1960. Chaque mot connote ainsi un concept. Donnellan distinguait entre l'usage attributif et l'usage référentiel des descriptions définies : l'usage attributif de « l'assassin de Dupont » désigne la personne qui a assassiné Dupont. Cette conception internaliste. La compréhension est alors comprise. dès les années 1960. qui trouve aussi chez le second Wittgenstein. terme qui la contraste avec l'insistance sur le langage formel (celui de la logique) de Frege et Russell. qui que ce soit . du premier . ou lorsque c'est un garde-forestier qui le fait. même si dans un monde possible Aristote n'avait pas été philosophe. Deux auteurs avaient déjà opéré une critique de la conception mentaliste de la signification : Gilbert Ryle (The Concept of Mind. des désignateurs rigides.Philosophie du langage construire une théorie de la signification sans s'interroger sur l'être » (P. Celle-là. par Keith Donnellan (1966). c'est posséder le concept ou la représentation mentale permettant de l'appliquer correctement . Ainsi. un ouvrage qui s'oppose à l'objectivisme de Frege et de Russell. La philosophie du langage ordinaire ou la pragmatique Articles détaillés : Philosophie du langage ordinaire et Pragmatique (linguistique). le nom propre Aristote continuerait toutefois à désigner l'individu en question. Internalisme et externalisme Selon Frege et Russell. cela ne veut pas dire que la dénotation des termes « hêtre » et « orme » changent lorsque c'est moi qui les utilise. Kripke. mais sont. la notion de performativité va devenir centrale dans la philosophie du langage ordinaire. descriptiviste et mentaliste. et à son énonciation dans des cadres concrets. selon lui. en cas d'erreur. 1949). Au même moment. 123 . à l'aide de quantificateurs existentiels. pour mettre l'accent sur les énoncés qui ne dépendent pas de conditions de vérité. Paul Grice avait mis l'accent. Putnam met en avant une compétence linguistique partagée. je peux méconnaître la dénotation d'un terme. par exemple. John L. un précurseur. Saul Kripke et Hilary Putnam. de la pragmatique. Proche. Kripke montre ainsi qu'on ne peut réduire la signification d'un nom propre à un ensemble de propriétés. comme chez Descartes. Enfin. les noms propres et les descriptions définies en descriptions indéfinies [8]. Aristote ne renvoie pas aux propriétés « élève de Platon » et « philosophe grec ». mais fonctionne plutôt comme un désignateur rigide. Pascal (1997. stanford.Philosophie du langage La philosophie du langage aujourd'hui Trois thèses fortes ont dominé la philosophie du langage au XXe siècle. chap. la signification d'un énoncé déclaratif (qui énonce un fait considéré comme réel. [7] Voir par ex. in Diego Marconi. Le langage. ainsi que la première. Merleau-Ponty. edu/ entries/ truth-correspondence/ ). VI [8] 9. François Recanati. par exemple sens et dénotation chez Frege. 4. • Recanati.html). « Sens et dénotation » Kripke. bien qu'elles ne soient pas partagées par tous [9] : 1. ed. Diego (1997). edu/ entries/ computational-mind/ ). Saul (1982). etc. La logique des noms propres. 1996. I. qui est aussi soulignée par Wittgenstein dans la Tractatus logico-philosophicus. The Computational Theory of Mind (http:/ / plato. en général. net/ lyber/ marconi/ 9. par ex. Bertrand (1905). Lyber-L'Eclat (livre en ligne selon le principe lyber). François (1981) Les énoncés performatifs. n'est pas essentielle à la détermination de la signification des expressions . [2] Pascal Ludwig cite la Logique ou l'art de penser d'Arnauld et Nicole. Stanford Encyclopedia of Philosophy. trad. 4. c'est-à-dire la spécification des circonstances dans lesquelles l'énoncé est vrai. Bibliographie Article détaillé : Bibliographie de logique et de philosophie du langage. The Correspondence Theory of Truth (http:/ / plato. html) in La philosophie du langage au .). J. (http:/ / www. [5] Marian David. révisé en 2005) [6] Wetzel. « De la dénotation » 124 . La philosophie du langage au XXe siècle (http://www. ce qui renvoie à la « compositionnalité de la signification » (Marconi. Russell s'opposait toutefois à cette position. Les thèses (1) et (2) ont conduit un certain nombre de philosophes à attribuer plusieurs valeurs sémantiques à chaque expression . ou compréhension en tant que processus mental. Paris: Minuit Ludwig. La philosophie du langage au . . L'énoncé déclaratif est l'unité linguistique privilégiée: la signification d'un mot ou de toute autre partie de l'énoncé dépend de sa contribution aux conditions de vérité de l'énoncé auquel il appartient. [4] p. Lyber-L'Eclat. Russell : forme grammaticale et forme logique (http:/ / www. lyber-eclat. stanford.-L.net/lyber/marconi/ langage. révisé en 2005). html). in Stanford Encyclopedia of Philosophy (2002. « la valeur sémantique d'une expression complexe dépend fonctionnellement des valeurs sémantiques de ses constituants ». 1997 ) 3. pas psychologique . Phénoménologie de la perception. • • • • • Austin. représentations. anthologie GF Corpus Flammarion. Gottlob (1892). lyber-eclat. (1962). 1997. de même que le font aujourd'hui les théoriciens de la référence directe . 1997. net/ lyber/ marconi/ 4. Le langage. L'élaboration mentale des expressions linguistiques.) associées aux expressions linguistiques ne sont pas les significations des expressions: celle-ci est indépendante de nos représentations mentales: la théorie de la signification n'est. Notes et références [1] Introduction de Pascal Ludwig à l'anthologie GF Corpus. Marconi. stanford. I. Flammarion. Thomas (2003) State of Affairs (http:/ / plato. les entités mentales (images. Paris: Minuit • Russell. Stanford Encyclopedia of Philosophy. Frege a soutenu les thèses (2) et (3). [3] Horst. Steven (2003. edu/ entries/ states-of-affairs/ ).lyber-eclat. 2. Quand dire c'est faire Frege. Lyber-L'Eclat. ou intension et extension chez Carnap . « il pleut ») s'identifie avec ses conditions de vérité. Le paradigme dominant. [9] Diego Marconi (1997). . Dans l'implication logique il n'y a. Qu'est ce qu'une cause ? Différence entre implication et causalité En logique. Mais B pourrait être vraie sans que A le soit. En revanche. cause. c'est le rapport de cause à effet : par exemple.. dans l'alimentation. dès lors qu'on peut dire clairement si ce fait a eu lieu ou non. L’explication scientifique se ramène donc à la donnée d’un dispositif expérimental qui suffit à produire le fait observé. aucune relation causale. le physicien va donc dépouiller son dispositif pour le réduire au minimum nécessaire à produire le fait. Sont–elles suffisantes ? Oui. à strictement parler. désignant ce qui produit l'effet. C'est aussi un principe. Il faut distinguer causalité. On en revient à l'exigence du suffisant et nécessaire qui satisfait la demande d'explication. on dit que « A est une condition suffisante pour B ». on connaît le déterminisme du scorbut : l'absence ou l'insuffisance. A n'est donc pas une condition nécessaire pour B. ce qui exclut de pouvoir répondre à la question « pourquoi ? » de manière simple. Autrement dit si la condition B n’est pas vraie. dans les mêmes conditions. c'est dans ce minimum qu'il va trouver ce qu'il appellera les causes du phénomènes. Le principe de déterminisme dit que tous les phénomènes naturels sont liés les uns aux autres par des relations invariables appelées lois sans qu'il faille chercher la cause : il suffit de parler de relations fonctionnelles. • La causalité. La donnée des causes peut donc être conçue comme l'« explication » du fait par excellence. B est une condition nécessaire pour A. déterminisme. comme en mathématiques. La « cause » en sciences physiques On peut poser la question de la cause d'un fait physique expérimental. soit une notion. une force productive engendrant un effet et se prolongeant en lui. . On entend généralement par « cause » d’un fait ce qui le produit ou du moins qui participe à sa production. • Le déterminisme est soit un principe. quand « A implique B ». des vitamines C (quant à la cause. philosophique. alors A non plus.Cause 125 Cause Pour les articles homonymes. universelle. Par exemple. Donner les causes d'un fait revient à le rendre intelligible en répondant à la question : « Pourquoi ce fait a-t-il lieu ? ». quand « A implique B ». sans que ce dispositif soit nécessaire.). À la question « pourquoi tel fait est-t-il observé ? » la réponse est toujours un ensemble de conditions initiales du système étudié et de lois physiques.» • La cause est une notion. La notion de déterminisme désigne l'ensemble des conditions nécessaires pour un phénomène. ce peut être la misère. Ces conditions sont-elles nécessaires ? Il est souvent difficile de le savoir car le fait pourrait certainement être produit autrement. voir Cause (homonymie) et Causalité. il y a causalité entre le ruissellement des eaux et la constitution des cours d'eau. l'ignorance. Pour affiner la compréhension du phénomène. d'après lequel «tout phénomène a une cause et. au lieu de forces productrices. la même cause est suivie du même effet. mais prises ensemble : tout le dispositif expérimental suffit à produire le résultat. Dans un autre sens. La cause est encore le principe premier du changement ou du repos [la cause efficiente ou encore la cause motrice] : l'auteur d'une décision est cause de l'action. On reproche souvent à Aristote d'avoir confondu la "cause" au sens physique (que ne recouvre que partiellement la notion de cause efficiente) avec la "raison". Métaphysique. Ainsi. "On appelle cause. la cause. c'est-à-dire la cause finale . dans la République. Par exemple. avec en tête la Cause.» peut soulever des difficultés insurmontables. Pour Aristote. l’ensemble explicatif auquel nous avons recours en guise de « cause » est un agglomérat de conditions qui ne sont pas toutes nécessaires. par exemple. "l'Idée de Bien" (508d. Mais. une « explication » qui sera suffisamment particulière pour satisfaire notre curiosité. en un premier sens. La cause en philosophie et en épistémologie Platon et la causalité Platon énonce le principe de la causalité : «Sans l'intervention d'une cause. puis les êtres mathématiques(510b). . la matière immanente [la cause matérielle] dont une chose est faite : l'airain est la cause de la statue. sans parler des simulacres (509e).. au sens éthique et métaphysique. Dans l'Éthique à Nicomaque et dans La Physique. Cause finale : la fonction que cette maison est destinée à remplir. la donnée des causes d'un fait au quotidien revient presque toujours à isoler dans l'incroyable complexité du monde un fait antérieur notable qui semble être suffisant à produire le fait à expliquer.. On le voit. on peut dire : « Il fait beau » pour tout une gamme de conditions météorologiques qui dépendent du lieu. enfin. et le père est la cause de l'enfant. Cause formelle : la disposition particulière de ces matériaux. Pourtant elle nous semblera une explication satisfaisante. c'est la forme et le paradigme [la cause formelle]. causes et effets sont simultanés. l'Âme du monde. en bas les êtres visibles (les réalités sensibles).. le plan . le corps du monde. Aristote met l'accent sur la cause finale. Delta. Par exemple. rien ne peut être engendré» (Timée. et montre comment toutes les autres s'y ramènent : la finalité est d'atteindre son essence propre (sa forme) et les causes efficientes servent à rendre réel ce dessein. Plus tôt. Mais cet agglomérat peut être totalement insatisfaisant pour l’esprit (on se doutait bien que l’état du monde avait produit le fait) s'il n'est pas suffisamment restreint. Alors survient le vécu de compréhension. Il distingue quatre causes pour tout phénomène.. qui correspond à la cause finale. la santé est la cause de la promenade" (Aristote. le principe organisateur de l'univers).. 28a). 509b). La cause est aussi la fin. ni suffisante. qui agissent ensemble. il emploie le même schéma. 29-50). la simple affirmation «Le fait a eu lieu. le reste du monde fonctionnant comme d'habitude. Père du visible (509b). Dans sa cosmologie (Timée.Cause 126 La « cause » au quotidien Il faut souligner que les faits dont il est question dans notre expérience quotidienne ne sont souvent pas aussi simples à expliquer qu'une expérience en physique. cette cause ne sera ni nécessaire. 1013a24). Les quatre causes aristotéliciennes Article détaillé : Quatre causes. Cause efficiente (motrice) : l'architecte et les ouvriers qui l'ont construite . Platon fait intervenir cinq facteurs : le démiurge (qui symbolise le pouvoir causal. 2. mais qui sont suffisantes (puisque le fait s’est produit). les Idées (à imiter). pour une maison : • • • • Cause matérielle : le bois et les pierres ou les briques . Souvent. puis les Idées (les Formes intelligibles). c'est-à-dire la définition de la quiddité [l'essence qui se devait d'être réalisée]. Nous sommes alors contraints de sélectionner dans cet ensemble une « cause principale ». la matière (khora). de la saison et de l'humeur de celui qui produit le jugement. Seule la cause matérielle ne peut se réduire à la finalité.. comme en physique. pourrions nous tenir cette connaissance ? Hume nie que nous puissions avoir une idée de la causalité autrement que par le fait que deux événements se sont toujours succédé : nous formons alors une sorte d'anticipation. et avec la révolution copernicienne. selon eux d'une sorte de "superstition populaire". ce qui nécessiterait des moyens dépassant les capacités humaines.e. cette idée relevant. quand le premier se produit. cette croyance est une sorte d'instinct. nos idées ne peuvent pénétrer plus avant dans la nature de la relation de la cause à effet. La "cause" comme concept pur de l'entendement chez Kant Kant n'est pas satisfait par la conception de Hume : pour lui. spontanément. contrairement à la théorie newtonienne qui.. elle tient une place importante en philosophie de la physique. Le mécanisme Le mécanisme au XVIIe siècle vise à réduire tous les phénomènes physiques à des chocs entre particules ayant des propriétés mécaniques très simples telles que l'élasticité parfaite. la causalité en physique est à manier avec précaution. Le déterminisme scientifique La cause en philosophie des sciences : même si.. Or. Ainsi. Cette conjonction constante de deux événements et l'attente ou anticipation qui en résulte pour nous est tout ce que nous pouvons connaître de la causalité.. Car si on peut lire des livres entiers de théories physiques sans qu’il n’y soit jamais fait mention de « cause ». la sphéricité. quoi qu'il en soit. cette position s’exprime dans le déterminisme : étant donné un état du monde à un instant donné. mais elle ne peut être prouvée par aucune sorte d'argument (déductif ou inductif). L'explication mécaniste ne laisse ainsi aucun mystère sur les relations cause-effet : il s'agit de chocs dont les lois sont parfaitement connues et expriment la conservation de la quantité de mouvement. La science refuse de croire que les faits se produisent sans causes. Poussé à l’extrême. connexion censée faire suivre le premier terme du second. la pression au choc de ces particules contre la frontière du système. ce mécanisme constitue un modèle "indépassable" d'explication scientifique satisfaisante pour l'esprit. L’idée fondamentale de toute science véritable est que les faits n’arrivent pas par hasard. hormis de la perception. l'idée de causalité ne peut venir de l'expérience et de l'habitude. Mais. admet l'idée (un peu mystérieuse) d'action à distance. Pour Hume. i. qui nous représente que le second terme doit se produire. l’épistémologie est au contraire « obsédée » par la causalité. La "cause" empiriste : l'analyse de Hume Quand un événement en cause un autre. La remise en question de la notion de cause physique coïncidera avec la constitution des sciences physiques en tant que science indépendante de la métaphysique. autrement dit.. Hume remarque que nous ne percevons rien d'autre dans une série d'événements que les événements qui la constituent . que leur production est la conséquence de faits qui l’ont précédés. la température d'un système correspond à la vitesse moyenne des particules qui le composent. Malheureusement.Cause Les modernes expliqueront la stagnation des sciences physiques au Moyen Âge par la contrainte qu'excerçait la philosophie aristotélicienne adoptée par la théologie scolastique. .. le problème demeure de savoir ce qui justifie notre croyance en la connexion causale et en quoi cette connexion consiste. Ayant suscité l'espoir de comprendre la nature de la connexion causale. elle. notre connaissance d'une connexion nécessaire n'est pas totalement empirique. alors son état dans un instant ultérieur est alors entièrement déterminé (sans qu’il soit forcément possible de le connaître. Elle fait partie des concepts a priori qui sont eux-mêmes le fondement de l’expérience. fondé sur le développement de nos habitudes et de notre système nerveux. le mécanisme ne viendra jamais à bout des phénomènes de gravitation. La difficulté présentée par Hume est telle que des « humiens » comme Bertrand Russell ont entièrement rejeté l'idée de causalité. on pense bien souvent savoir ce qu'il en est de la connexion entre les deux termes de la causalité. Cette croyance est donc inéliminable. et qui seraient même 127 . on l’a vu. Mais alors d'où. . cette orientation. est perçu comme une preuve d'acausalité. « Jusqu'ici nous sommes en pleine causalité. (Pourtant). (pour Einstein-Podolski-Rosen) dans lequel deux particules se comportent de manière coordonnée entre elles mais cependant aléatoire par rapport aux conditions initiales. ont émis ce rayonnement étaient tous à la même température....) . Plus précisément. (pour remplacer "c'est la faute (de .C'est à cause..") .En cause de. si une galaxie lointaine se trouve au départ dans le plan d'oscillation. « Déterminé » signifie qu’aucun autre état ne serait possible étant donné l’état antérieur..) .") Cause et raison en philosophie Cette section est vide. toujours dans le sens d'exprimer un sujet parfois péjorativement.P. un effet : la cassure [de l'atome].. pour orienter sa course sur les galaxies lointaines. l'inverse de "grâce à. Mais si nous demandons pourquoi tel atome se casse en premier et tel atome ensuite. au. Le fait que les atomes se désintègrent spontanément (ou radioactivité). Tout se passe comme si le pendule en mouvement choisissait d'ignorer la présence. Une cause : la charge excessive.. Reeves pense ainsi que cette expérience montre l'existence d'un plan d'informations consistant en « une présence continuelle de toutes les particules dans tout le système. Quelle est la force mystérieuse qui véhicule cette influence ? Le physicien Mach a proposé d'y voir une sorte d'action du 'global' de l'univers sur le 'local' du pendule.." Michel Cazenave ajoute des phénomènes psychologiques. l'inverse de "grâce à. l'inverse de "grâce à. » • Le paradoxe d'Einstein-Podolsky-Rosen... il semble bien que nous plongions dans l'acausalité.. elle y restera. "Si je lance le pendule dans la direction d'une galaxie lointaine bien déterminée.À cause de.. (pour exprimer un sujet parfois péjorativement. (…) Ce paradoxe trouve sa solution quand on reconnaît que la notion de localisation des propriétés n'est pas applicable à l'échelle atomique »." • Le pendule de Foucault.Cause 128 peut-être théoriquement impossibles). L'expérience E. La très grande majorité des physiciens s'accordent aujourd'hui pour dire qu'il n'y a là aucune raison de quelque nature qu'elle soit (…) Nous savons pourquoi les atomes éclatent.. (pour exprimer un sujet parfois péjorativement. mais pas pourquoi ils éclatent à un instant donné. ces atomes n'avaient pas et n'avaient jamais eu de relations causales.. . selon les variantes de l'expérience) démontre en physique moderne l'incapacité de penser le monde de manière causale. • Les expériences extra-sensorielles.) (peu employé en langue française. de notre planète. • La désintégration des atomes. près de lui. insuffisamment détaillée ou incomplète. par la suite..(de .. • La lueur fossile. faire entrer "dans le monde acausal". Votre aide [1] est la bienvenue ! L'acausalité Hubert Reeves[2] cite quatre expériences de physique qui semblent mettre à mal la notion de cause. alors que leurs positions leur interdisent de s'échanger des signaux (ou alors des signaux supraluminiques voire rétrochrones. Cause dans la langue Française (expressions) En français il existe beaucoup d'expressions retenant le mot "cause" quelques exemples : .R.. du.. il gardera..") . il y a quinze milliards d'années. qui ne s'interrompt pas une fois qu'elle a été établie.Cause (à . passant d'une vie à une demie-vie puis à de moins en moins de protons. du. "Les atomes qui. il affirme que « jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison déterminante. au principe de raison nécessaire. Principe de raison suffisante Le Principe de raison suffisante est un principe philosophique (ou axiome). il faut choisir le milieu entre les contraires. org/ w/ index. Dans sa formulation originelle. à peu de chose près.Cause Les expériences parapsychologiques comme la télékinésie ou la télépathie. dans la Confessio naturae. Le Docteur Bernard Long y voit ainsi la loi de l'homéopathie. Leibniz Le principe apparaît chez Leibniz en 1668. où Leibniz soutient qu'il faut rendre raison du mécanisme. c'est-à-dire qui puisse servir à rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon » (Théodicée. chez Leibniz. 44). apparaît plus tardivement aussi chez Leibniz dans les Principes de la nature et de la grâce fondée en raison (§7) et dans la Monadologie (§32). p. l'âme et la science (1984). On peut également discerner son utilisation par Giordano Bruno[3]. • La relation corps-esprit. Notes et références [1] http:/ / fr. Le principe de raison suffisante est lié au principe selon lequel tout prédicat est inhérent au sujet (Praedicatum inest subjecto). alors. Leibniz désigne Dieu comme l'origine ultime de toutes choses. Le principe se précise dans un premier temps dans la Theoria motus abstracti (1671). Michel Cazenave a été le premier à lancer l'idée que la synchronicité serait à l'origine de la somatisation. Selon Leibniz. Dans un petit essai intitulé Essai sur la toute-puissance et l'omniscience de Dieu et sur la liberté de l'homme[4]. elle obéit aussi au principe de raison suffisante qui a pour conséquences : il faut changer le moins possible. nous aurions une proposition dont le sujet ne contiendrait pas le 129 . I. Jung explique à leur sujet : « Ne devrions-nous pas quitter tout à fait les catégories spatio-temporelles quand il s'agit de la psyché? Peut être devrions-nous définir la psyché comme une intensité sans étendue et non point comme un corps qui se meut dans le temps ». étudiées statistiquement par Joseph Rhine (1934) sous le nom de perception extra-sensorielle. apud La synchronicité. forment une classe de phénomènes prouvant l'acausaité. 11-19.[2] qui l'utilise dans la troisième voie pour démontrer l'existence de Dieu par la raison naturelle. le principe de raison suffisante est un des « deux grands principes de nos raisonnements ». Albin Michel. Il se ramasse en l'expression latine nihil est sine ratione (« rien n'est sans raison »). car s'il y avait une vérité sans raison. Il découlerait même de celui-ci. et plus généralement de la symbiose corps-esprit.Thomas lui-même emprunte ce principe à Aristote[réf. Le principe de raison suffisante ne peut être réduit. par Leibniz. il faut compenser toute soustraction par une addition. 1995. • La notion de synchronicité chez Carl Gustav Jung (1952) donne cette définition : "relations acausales". visible lors de certains états maladifs ou pathologiques. nécessaire]. avec le principe de non-contradiction. Historique Le principe de raison suffisante remonte à Thomas d'Aquin [1]. La composition du mouvement n'obéit pas seulement à l'axiome « le tout est plus grand que la partie ». "Incursion dans le monde acausal". php?title=Cause& action=edit [2] Hubert Reeves. wikipedia. la raison pour laquelle quelque chose existe plutôt que rien (quoddité) et existe ainsi plutôt qu'autrement (eccéité). La même formulation de ce principe. et se trouve dans une substance. » (Principes de la nature et de la grâce.) pour les jugements assertoriques. la vérité empirique dans les données immédiates de l'expérience . Il s'agit de la loi de motivation. La vérité est une relation entre un jugement et sa cause. les vérités métalogiques (principes d'identité. enfin. C'est la loi de causalité. en appliquant la loi de différenciation. La vérité formelle trouve son fondement dans l'exacte conclusion des syllogismes . qui n'ait plus besoin d'une autre raison. Les jugements problématiques sont accompagnés de la conscience de la simple possibilité. alors que l'autre se nomme effet. 130 . Qu'il y ait une raison suffisante pour l'existence de chaque chose n'implique pas que l'entendement humain y ait accès à chaque fois (Essais de théodicée. ou « vérités de fait » (vérités « certaines » mais non « nécessaires ».. ou qui soit un être nécessaire. les assertoriques de la conscience de la réalité. portant la raison de son existence avec soi ..) pour des jugements apodictiques. Schopenhauer distingue dans le principe quatre racines : 1. le principe est indémontrable. qui en soit la cause. autrement on n'aurait pas encore une raison suffisante. il est indispensable de faire usage de ce principe . qui formalise le rationalisme de Leibniz. 3. du tiers exclu. §8). Dans l'espace. dans sa Logique (1800). le principe de raison suffisante lui-même permet de remonter à Dieu. Kant. qui est une causalité vue de l'intérieur.. La volonté agit quand elle est immédiatement ou médiatement sollicitée par une sensation. c'est la situation. lie principe d'identité et jugements problématiques. nécessaire]. Selon la loi de l'homogénéité logique. 3) le principe du tiers exclu (principium exclusi medii inter duo contradictoria) (.. §44).. la vérité transcendantale (« pas d'effet sans cause » . et les « vérités contingentes ». Et. de non-contradiction. principe de raison suffisante du devenir. soit hors de cette suite des choses contingentes. Tout état nouveau par lequel passe un objet a été nécessairement précédé par un autre état qui se nomme cause. I. l'affirme à son tour : « Rien n'existe sans qu'il y ait une raison pour qu'il en soit ainsi et non autrement »[réf. Toutefois. Cette limitation de notre entendement explique pourquoi le monde peut nous paraître injuste ou absurde. Chaque être réel est déterminé par un autre être.Principe de raison suffisante prédicat. bien que ce soit le « meilleur des mondes possibles ». puisqu'il est en soi antérieur à toute démonstration. pour tout ce qui concerne les actions humaines. où l'on puisse finir. Schopenhauer voit la valeur universelle du principe en ce que « nous ne pouvons nous représenter aucun objet isolé et indépendant ». Selon lui. en 1955-1956. a donné un cours sur le principe de raison[7]. principe de raison suffisante de l'être.) Les jugements sont problématiques. (. 4. cf. Après Leibniz Christian Wolff. Espace et temps sont les conditions du principe d'individuation. car il est le seul qui permet d'échapper à la chaîne de la causalité à l'œuvre dans les choses contingentes : « Ainsi il faut que la raison suffisante. Et cette dernière raison des choses est appelée Dieu. simplement formels et logiques. Il ne s'applique qu'à des représentations. « Nous pouvons poser ici trois principes comme critères universels de la vérité. 2. principe de raison suffisante du connaître. il s'agit d'une notion qui apparaît lorsque Leibniz discute du problème des futurs contingents et s'oppose ainsi au fatalisme : seul l'entendement divin peut connaître les raisons suffisantes. de raison suffisante) dans les formes de l'entendement. et dans le temps c'est la succession. 2) le principe de raison suffisante (principium rationis sufficientis) (. principe de raison suffisante de l'agir. §13 Discours de métaphysique). ce sont : 1) le principe de contradiction et d'identité (principium contradictionis et identitatis) par lequel la possibilité interne d'une connaissance est déterminée pour des jugements problématiques. assertoriques ou apodictiques.. 3 x 7 = 21) dans les formes pures de l'espace et du temps ainsi que dans les lois de la causalité . les apodictiques enfin de la conscience de la nécessité du jugement. Au contraire. » Schopenhauer écrit en 1813 De la quadruple racine du principe de raison suffisante[6]. Heidegger. ce qui est absurde[5]. Akademie der Wissenschaften. • Kant a écrit que l'échec des tentatives philosophiques visant à trouver la preuve indiscutable de l'existence des choses. Notes et références [1] [2] [3] [4] cf Somme Théologique Ia pars. in Sämtliche Schriften und Briefe. • Arthur Schopenhauer. p. Vrin. dans l’œuvre de Kant et dans celle de ses commentateurs. était « un scandale de la philosophie et de la raison en général »[8]. c'est-à-dire de façon logique et indépendamment de l'expérience. 1983. et l'existence d'un objet. III. Tel... t. AK. p. [8] Kant.. V.. De la quadruple racine du principe de raison suffisante (1813). Gallimard. t. • Heidegger. a. 24. Pléiade. à la question de l'interprétation de la « chose en soi »[9]. [5] Brandon C. IV. Von der Allmacht und Allwissenheit Gottes und der Freiheit des Menschen. coll.. edu/ entries/ leibniz/ #PriSufRea) dans la Stanford Encyclopedia of Philosophy [6] Schopenhauer. Vrin. notamment. 2. • Un bon moyen de comprendre tout cela est peut-être de se rapporter. De l'origine radicale de toutes choses (1697). Le principe de raison (1956). 1984. 2 partie. p. stanford. De la quadruple racine du principe de raison suffisante (1813). ont déclaré qu'ils considéraient cette tentative comme une des plus néfastes conséquences de la naïveté philosophique[réf. "Tel". 2 et 3 THÉORIE FONDAMENTALE DE L'ACTE ET DE LA PUISSANCE Mgr FARGUES BERCHE ET TRALIN. nécessaire]. q. le principe de raison suffisante (http:/ / plato.Principe de raison suffisante De la logique à l'existence Le principe de raison suffisante tente d'établir un lien entre une proposition vraie a priori. Gallimard.23. trad. Vrin. 544. • À propos de Kant. Kant. 6099. 1923 ss. trad. Résumé dans Le nouveau dictionnaire des œuvres. 131 . trad. [9] Voir par exemple Luc Ferry. coll.. p. Hatier. 1970. les philosophes Arthur Schopenhauer et Martin Heidegger. La profession de foi du philosophe. 1941. 1. Le principe de raison (1956). Cité in Confession philosophi. p. 1909 p 87 Alexandre Koyré Du monde Clos à l'univers infini éditions Gallimard p 70 et suivantes Leibniz. [7] Heidegger. CRP.753. Bibliographie • Leibniz. trad. trad. trad. Leibniz. Look. Clark Hull et Edward Tolman sont les premiers à ouvrir la « boîte noire ».) La modélisation informatique y joue également un rôle important. Plus généralement la cognition se définit comme l'ensemble des activités mentales et des processus qui se rapportent à la connaissance et à la fonction qui la réalise. le raisonnement. Certains chercheurs se consacrent à l'étude de l'architecture cognitive. Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. Bien que des progrès considérables aient été réalisés depuis cette époque. Contrairement au béhaviorisme. merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». 132 . (Modifier l'article [1] ) La psychologie cognitive étudie les grandes fonctions psychologiques de l'être humain que sont la mémoire. La psychologie cognitive est véritablement née dans les années 1950. que ceux-ci adoptent des formalisations plutôt symboliques (la cognition vue comme un système de manipulation de symboles). avec la distinction entre mémoire de travail et mémoire à long terme. potentiels évoqués. temps d'exposition en lecture). etc. c'est-à-dire l'ensemble des phénomènes qui prennent place entre la stimulation du sujet par l'environnement et la réponse observable de l'organisme. ou même l'oculométrie cognitive ou des données physiologiques (imagerie fonctionnelle. il fallait développer des concepts pour décrire ce qui s'y passait. une fois admis le principe d'étudier le contenu de la boîte noire. la précision de la réponse (par exemple taux de bonnes ou mauvaises réponses). elle défend que la psychologie est bien l'étude du mental et non du comportement. Par exemple dans la mémoire. mais correspondent plutôt à des entités fonctionnelles pouvant mobiliser une variété de structures cérébrales distinctes. la résolution de problèmes. Notions de base La psychologie cognitive utilise préférentiellement l'expérimentation et les mesures comportementales qui comprennent notamment la mesure de temps de réaction (TR). On trouve ainsi des expériences visant à élucider les différents « modules » qui prennent en charge les grandes fonctions de la cognition. En effet. La psychologie cognitive part du principe que l'on peut inférer des représentations. À la différence des autres courants mentalistes. Ces distinctions ne recouvrent pas nécessairement des unités cérébrales identifiées. des structures et des processus mentaux à partir de l'étude du comportement. l'intelligence. la perception ou l'attention. ou du temps nécessaire à une opération (temps de réalisation de la tâche.Psychologie cognitive Psychologie cognitive Cet article ne cite pas suffisamment ses sources. la notion de système d'information reste au cœur des modèles cognitifs. La psychologie cognitive travaille également avec le concept d'association. Historique Après le béhaviorisme. le langage. ou encore la distinction entre mémoire sémantique et mémoire épisodique. plutôt connexionnistes (la cognition vue comme circulation d'activation dans un grand réseau de neurones). Les débuts de l'informatique ont justement permis de fournir un arsenal conceptuel permettant de penser la cognition : la notion d'information et de traitement de l'information. On rencontre aussi différentes mémoires sensorielles. ou hybrides (notion d'un grand réseau de neurones qui réalise fonctionnellement un système de symboles). en même temps que l'intelligence artificielle. elle ne pense pas que l'introspection soit une voie d'accès particulièrement fiable pour explorer le mental. google. articles. Paris.. La psychologie cognitive trouve ainsi de nombreuses applications. notamment en ergonomie cognitive ou en marketing. fr/ books/ about/ La_psychologie_cognitive_de_l_attention. etc. et les renseignements dont nous disposons ne s'accordent pas.Psychologie cognitive 133 D'autres chercheurs s'emploient à décrire les stratégies mises en place par les individus pour traiter les tâches de la vie quotidienne. Nous ne savons à peu près rien de sa vie. avec. De Boeck. un brillant poète-philosophe qui vécut dans sa familiarité pendant vingt ans. Rosny-sous-Bois. ou des ascètes shivaïtes. Il est le fils de Plistarque[1] et fut élève de Bryson. mémorisation chez les garçons de café. Biographie Pyrrhon impassible dans la tempête. puis d'Anaxarque qu'il suivit en Inde dans la campagne d'Asie d'Alexandre le Grand. Il ne manque guère au tableau qu'une visite en Égypte. Paris. Psychologie Cognitive. Paris.). php?title=Psychologie_cognitive& action=edit [2] http:/ / books. tâches de résolution de problème. Il fut l'élève d'Euclide de Mégare. ces ordres religieux pratiquant une nudité liée au vœu de non-possession/aparigraha) . Armand Colin.). html?id=-BVCHQAACAAJ& redir_esc=y [3] http:/ / www. Son activité philosophique se situe à Athènes vers 320 av. Jean-François Camus. 1999. 2001. Bréal. où il fut instruit par les Mages. wikipedia. mais il était un artiste médiocre. il reçut une formation de peintre.). et en Perse. Vivant dans la pauvreté. 1996 Liens externes • Cours de psychologie [3] Définitions. Patrick Lemaire. Annick Weil-Barais (dir. Bruxelles.) est un philosophe sceptique originaire d'Élis. ville provinciale du nord-ouest du Péloponnèse. Bibliographie (manuels et textes introductifs) • • • • • Jean-Luc Roulin (dir. cours-de-psychologie. Il y étudia avec les gymnosophistes (probablement des ascètes jaïns. fr/ cognitive/ Pyrrhon d'Élis Pyrrhon d'Élis (en grec ancien Πύρρων / Pýrrhôn) (360–275 av. Références [1] http:/ / fr. Reuchlin. qui respectent une doctrine de nécessaire pluralité de points de vue nommée « Anekantavada » qui a pu inspirer le scepticisme à venir. Psychologie cognitive. org/ w/ index. Ces informations sont bien sûr douteuses. 2006. dossiers sur la psychologie cognitive telle qu'elle est enseignée en université. "La psychologie cognitive de l'attention [2]". prise de décision. et on trouve en fait ici le parcours idéal d'un philosophe. J. J. 1999.-C. ‘‘Psychologie’’. contrôle aérien. ou même tâches professionnelles (diagnostic médical. L'homme cognitif. Presses universitaires de France. Il est considéré par les sceptiques anciens comme le fondateur de ce que l'on a appelé le pyrrhonisme. .-C. en -334. Philon d'Athènes et Timon de Phlionte (à ne pas confondre avec Timon d'Athènes). fils de Stilpon. pour disciples.  » Il est à ce titre considéré comme le créateur du scepticisme (ou plus exactement du pyrrhonisme). Son attitude semblait ainsi résignée et pessimiste . et il se mit en colère contre sa sœur. Il fut aussi fait citoyen d'honneur d'Athènes. Pyrrhon ne les connaissait peut-être pas : les sources ne permettent pas de décider sur ce point. avec sa sœur Philista en vendant des cochons de lait. nous ont laissé de nombreux rouleaux dans lesquels ils discutaient de la méthode pour parvenir à l'état d'incompréhension (acatalepsie) et au bonheur de ne savoir absolument rien. Les quelques fragments de Timon qui nous sont parvenus nous décrivent Pyrrhon : « Noble vieillard. Enseignement supposé L'enseignement de Pyrrhon suscita de nombreuses perplexités qui donnèrent lieu à des développements d'ordre méthodologique. moins de Pyrrhon que de l'académicien Arcésilas (vers 270 av. seul parmi les mortels. tu mènes une vie si heureuse et tranquille. de ne pas avoir la moindre certitude sur notre existence et sur l'existence d'autre chose ou sur la possibilité de son existence. mais son disciple Timon de Phlionte. nécessaire] voyant un arbre sur son chemin. il mena une vie simple et régulière. étant encore sur la terre. qui l'admirait de loin. dix tropes sur la relativité sont attribués à Énésidème. Nouménios et Nausiphane.-C. Il niait qu'une chose fût bonne ou mauvaise. il répétait souvent le vers d'Homère[réf. et les sceptiques tardifs comme Énésidème.Pyrrhon d'Élis À son retour à Élis. » Le philosophe Épicure. Pyrrhon n'a rien écrit. La notion de suspension du jugement (épochê) vient. en elle-même. il n'est pas homme à le sanctionner par l'affirmation plutôt que par la négation. plutôt ceci que cela. semble-t-il. il ne détournerait pas sa route faute de certitude concernant la réelle existence de l'arbre. indifférent et serein. On suppose qu'il était devenu agnostique et s'abstenait de donner son opinion sur tout sujet.). nécessaire] : « Les hommes sont semblables aux feuilles des arbres. et cinq autres sur la certitude à Agrippa. 116. Il était très estimé de ses concitoyens et fut nommé grand prêtre. tu jouis de la félicité des dieux. » 134 . Pyrrhon. Quant aux Éléens. Il doutait de l'existence de toute chose. était toujours curieux de connaître ce que Pyrrhon venait de dire ou de faire. ils étaient tellement fiers de Pyrrhon qu'ils le couvrirent d'honneurs. Il aimait à rester seul pour méditer. je désire ardemment apprendre de toi comment. vraie ou fausse en soi. Sa doctrine eut cependant des opposants : des détracteurs de Pyrrhon dirent de lui que [réf. 169 b 27) écrit ceci : « Quant à celui qui philosophe selon Pyrrhon. mais il ne semble pas avoir eu l'intention de créer un courant de pensée philosophique. et. pour ce qu'il connaîtrait. comment. Il en existe plusieurs séries . J. Mais cette opinion de Victor Brochard en 1887 ne fait pas l'unanimité. comment et par quel chemin as-tu su échapper à l'esclavage des doctrines et des futiles enseignements des sophistes ? Comment as-tu brisé les liens de l'erreur et de la croyance servile ? Tu ne t'épuises pas à scruter la nature de l'air qui enveloppe la Grèce ni la nature et la fin de toutes choses. résumés en plusieurs tropes. disait que nos actions étaient dictées par les habitudes et les conventions et n'admettait pas qu'une chose soit. son égalité d'âme ne fut prise en défaut que deux fois : il s'enfuit devant un chien. D'après Diogène Laërce. La notion d'équipollence (égalité des opinions) vient-elle de Pyrrhon ? Photios (Bibliothèque. il connaît entre autres félicités la sagesse de savoir avant tout qu'il n'est en possession d'aucune certitude . » « Pyrrhon. . Livre de Poche. t.. 1991) de Patrick Carré. Pyrrhon ou l'apparence. 1985. 1997.. PUF. Pyrrho. 1996. l'épicurisme. Garnier-Flammarion. Essai sur la signification et les origines du pyrrhonisme. Les Sceptiques grecs. qui prend pour trame le périple de Pyrrhon en Asie avec l'armée d'Alexandre. de Pistocrate. hindouisme) ou d'Asie centrale (zoroastrisme). bratelli. Victor Brochard. peut-être contemporain d'Énésidème) Bibliographie • Diogène Laërce. His Antecedents and his Legacy. Sedley. Vies. 2002. php#Laerce 135 . PUF. 4). Marcel Conche. Textes choisis. 3° éd. selon Pausanias (IV. et son retour dans sa patrie d'Élis. • Anthony A. Long et David N. PUF. Oxford University Press. 2° éd.Pyrrhon d'Élis Disciples • • • • • • Timon de Phlionte Euryloque Philon d'Athènes Hécatée d'Abdère Nausiphane de Téos Numénios d'Apamée (douteux. Jean-Paul Dumont. doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] [ lire en ligne [2]] (livre IX) • Jean-Paul Dumont. Le scepticisme et le phénomène. I : Pyrrhon. Les Philosophes hellénistiques (1986). Les Sceptiques grecs. Vrin. fr/ index. free. est une fresque historique et philosophique imaginant l'une des premières rencontres entre la pensée grecque et les spiritualités d'Inde (bouddhisme. 1944 Œuvres de fiction Le roman Yavana (Phébus. 24. 2003. • • • • Richard Bett.. • Léon Robin. Pyrrhon et le scepticisme grec. Notes et Références [1] Ou. trad. 1994. [2] http:/ / ugo. au moyen d'instruments de mesure. « ratifier ». Le discours philosophique a besoin de cohérence. qui désigne. • la raison comme un principe de création et de mise en ordre de ces principes. Le « logos » signifie la « parole ». en premier lieu. En français. dictionnaire Gaffiot). de l'époque classique est donc celui qui possède l'art de la mesure ou plus encore l'art de faire une comparaison mesurée avec précision. le mot « raison' » finit par regrouper plus ou moins les deux nuances « logos »/« ratio » (« le cœur a ses raisons que la raison ignore » — Pascal). Une expression de ce besoin est le principe d'identité qui énonce que ce qui est. La raison est généralement considérée comme une faculté propre de l'esprit humain[réf. Étymologie Le mot raison vient du latin « ratio ». C'est. de rationalité. livre gamma). » L'homme doté de raison. « Ratio » n'est pas la traduction du concept grec de « logos ». la « discussion ». voir Raison (homonymie). Une chose est ce qu'elle est (A=A) . Cette faculté a donc plusieurs emplois. l'exigence fondamentale du discours rationnel. nécessaire] dont la mise en œuvre lui permet de fixer des critères de vérité et d'erreur. de discerner le bien et le mal et aussi de mettre en œuvre des moyens en vue d'une fin donnée. scientifique. par Francisco de Goya désigne aussi les « relations commerciales ». éthique et technique. Il s'agit donc bien du sens primordial de « mesure ». celle qui précède la volonté pour y aboutir (la raison du cœur qui produit l'intention). la « faculté de compter ou de raisonner ».Raison 136 Raison Pour les articles homonymes. Par suite. la « raison ». mais davantage encore. au point de vue des normes rationnelles : • la raison comme un ensemble de principes directeurs de la connaissance ou de l'action . Le système métrique (du grec « mesurer ») est la production la plus significative de la rationalité. Elle permet donc de diriger (par exemple la volonté). puis une « catégorie. Si on ne l'admet pas alors le sens des concepts peut changer à tout instant. Principes du raisonnement Principe d'identité Article détaillé : Principe d'identité. il Le Songe de la Raison produit des monstres. celle qui part d'une volonté pour tenter de l'accomplir. une « mesure ». selon Aristote (Métaphysique. ce qui revient à dire qu'on ne peut rien dire qui ne soit contradictoire. de « comparaison. Autres mots dérivés de « ratio » : « prorata ». le mot latin « ratio » a plutôt trait à la partie stratégique de l'intellect.Cette comparaison s'opère au moyen de l'intellect. avant enfin d'acquérir le sens que nous lui connaissons (cf. espèce d'animaux ». Par la suite. est soi même. et il se rapporte plutôt à la « partie affective » de l'intellect. une « explication ». on peut distinguer. un « calcul ». On continue d'utiliser le terme « ratio » en mathématique où il signifie « rapport entre deux nombres ». qui fut traduit en latin par « verbum » (le « Verbe »). « race ». « ration ». une succession non pas logique mais chronologique. est. Tout effet a une cause et dans les mêmes conditions. Aristote formule ainsi ce principe : « une même chose ne peut pas. Elle supposerait donc une raison identique à elle-même et sans véritable dynamisme au niveau de ses principes qui seraient inchangeables. Catégories du raisonnement Plusieurs philosophes (Kant. alors il neige. la raison dispose d'un critère de connaissance. Mais Hume y voit une succession d'événements. Il pense qu'il faut revenir à l'observation. On ne peut attribuer que deux « états » à une affirmation. Hume remet néanmoins en cause l'aspect rationnel de la causalité.raison constituante en devenir. et alors on constate qu'on n'observe jamais la causalité. Ce principe ne vaut que là où le temps peut être «défini» sans ambiguïté. estimer qu'il est possible de faire la genèse de la raison. très schématiquement. négation. substance. etc) ont cherché à établir les cadres conceptuels de la raison et à comprendre selon quelles catégories nous formulons des jugements : unité. au contraire. soit il ne neige pas. en même temps et sous le même rapport. Principe de causalité Ce principe permet de rendre intelligible le devenir. pluralité. genèse qui nous ferait voir comment se sont constituées ces catégories. raison constituée . on ne peut tirer une certitude de l'avenir à partir du passé. 137 . etc. Il parle ainsi de « probabilisme ». Renouvier. En effet pour cela il prend l'exemple d'un billard: la pensée commune est que c'est parce que la première bille a heurté la deuxième que celle-ci s'est mise en mouvement. Mais la croyance causale n'a pas de légitimité probatoire. être et ne pas être dans un même sujet. la même cause produit les mêmes effets. Cette opposition. et non de « rationalisme ». cause. Exemple : Soit il neige. alors une raison « permanente » d'un phénomène peut être trouvée. car si toute chose a une cause. En supposant ainsi qu'une même cause produise toujours le même effet. On peut. ce qui est toujours le cas à l'échelle macroscopique. La possibilité d'une catégorisation achevée et complète supposerait que la pensée humaine soit immuable ou plutôt intemporelle dans ses principes. un état et son contraire (ou l'absence d'état). mais pose des difficultés à l'échelle quantique. Ce principe apparaît moins évident que les trois autres. nécessité. Principe du tiers exclu Article détaillé : Principe du tiers exclu. Pour pouvoir opérer cette substitution de la causalité à la succession. celle qui justifie l'opposition du rationalisme et de l'empirisme. il faut s'assurer que l'opération causale soit légitime. Cette idée de causalité est surtout une accoutumance spontanée qui nous permet d'anticiper une observation future. » A est différent de non A. possibilité. Il n'existe pas de troisième état « intermédiaire ». fondée. Et s'il neige un peu.Raison Principe de non-contradiction Article détaillé : Principe de non-contradiction. affirmation. Elle nous permet ainsi de voir clairement le but que nous voulons atteindre et de mettre en œuvre des moyens adéquats. elle nous donne aussi des règles d'action qui régulent notre comportement. l'activité de la raison dynamique se confond avec l'activité même du philosophe : il invente. Spinoza. En effet. Or. et d'autre part ce que nous ne pouvons tolérer. l'esprit humain serait mis en rapport de manière particulière avec ce qui est nommé « le divin » . bâtit sur de nouveaux fondements et crée de nouvelles normes. de l'habitude. c'est donc. La connaissance viendrait donc entièrement de l'expérience et il n'y aurait que des principes a posteriori et plus précisément. crée. l'empirisme peut. une nouvelle raison. en fondant l'esprit humain sur la seule raison identique à elle-même. 138 . et n'admet donc pas qu'un concept puisse être inné. En ce sens. Au-delà des catégories déjà constituées de la raison. préformée. de la croyance.Raison Rationalisme et religiosité Le rationalisme identifie la raison à l'ensemble des principes que nous avons énoncés antérieurement. Ces deux perspectives sur la nature de la raison semblent a priori inconciliables. Rationalisme et empirisme À l'opposé. parmi les hommes. synthétise. résout. à partir de la sensation. laisse volontairement hors de son champ d'étude les processus irrationnels qui se manifestent dans et par la pensée. Par contre. Bref. etc). considérer l'existence de concepts innés. on constate aisément que la raison a une certaine puissance d'ordonnancement. de la succession régulière d'impressions et de l'association d'idées. cette raison serait assimilée à la « lumière naturelle » par laquelle les croyants pourraient saisir les idées innées que Dieu aurait mises en l'Homme : la notion de vérité serait ainsi en l'être humain. véritable système de vérités qui peut être socialement institué. l'empirisme. la raison même. Le philosophe. en effet. assez souvent jugée discriminante. Mais elle nous donne aussi les moyens de vivre en accord avec nous-mêmes. Normes rationnelles et morales Dans la mesure où la raison énonce des normes. la raison humaine peut se fonder en Dieu (Malebranche. D'autre part. de son coté. recherchons. écarte en principe toute activité non-rationnelle de l'esprit. Ainsi. mais il serait « pensé en Dieu » par l'intermédiaire de la raison. et reconnaître une fonction constituante à l'expérience . il pèse et il évalue toute chose. le philosophe est celui qui consacre sa vie à la pensée . etc. a priori et elle constituerait le fond de toute pensée. le rôle du philosophe est d'ordonner. le philosophe se sert de la raison comme d'une puissance constituante : il sape l'ancien ou l'assimile. laissant ainsi la pensée à la contingence de l'expérience. Puissance normative de la raison Selon Aristote[2]. elle nous permet de discerner les valeurs morales et leur hiérarchie : elle nous montre d'une part ce que nous acceptons. etc. pour les personnes croyantes (théistes et déistes). Toutefois. acquis. dans son approche de la compréhension de la réalité. L'étude des principes de la raison se fera alors. avait combattue. Dès lors. lorsqu'il s'opposait sur ce point à Siger de Brabant. il fait la lumière sur ce qui était obscur et y met bon ordre. Selon ce point de vue. C'est cette thèse métaphysique du rationalisme que Thomas d'Aquin notamment. philosophe et raison sont des principes d'ordre. C'est là sa fonction morale. dans certaines doctrines. Par suite. admirons. l'empirisme n'admet pas que la raison soit constituée de principes innés ou a priori. l'homme ne penserait-il pas. Le rationalisme. Cette raison est donc un « système ». La raison est le produit de l'activité d'un esprit conçu originellement comme une tabula rasa sur laquelle s'impriment les données de l'expérience. certaines personnes croyantes peuvent considérer que toutes les idées ne sont pas innées. Ainsi Locke combat-il l'« innéisme » contre Descartes dans son Essai sur l'entendement humain. ce que nous refusons et rejetons. avec les principes que nous nous sommes fixés pour conduire notre vie. et il est le même chez tous les hommes[1]. organise. la raison est toujours confrontée à une résistance certaine. vécue dans le paradoxe et la souffrance. lui fait ressentir l'incertitude inhérente à la raison. le théologien Henri de Lubac cite Kierkegaard comme exemple de foi dans le Drame de l'humanisme athée. philosophe danois) pensent que c'est la foi. qui se traduit par « donc »…). à elle-seule. Son célèbre cogito ergo sum montre qu'il raisonnait selon des principes réfléchis déductivement (cf. Descartes prétendait que l'on pouvait atteindre grâce à l'évidence des idées claires et distinctes avec une certitude relative la vérité par la seule « lumière naturelle » et « sans les lumières de la foi ». des limites à la raison. la croyance que l'on décide d'adopter n'est manifestement pas entièrement rationnelle. à leur description totale par l'approche rationnelle. René Dubos a repris la formule de Jacques Ellul : « penser global. y est perçue à travers le prisme d'une méthode qui se voulait exclusivement rationnelle[3]. car cette dernière est. et il est alors confronté à l'« altérité radicale » du monde. car l'expérience. Descartes pensait pouvoir recourir à la raison seule pour atteindre. d'autres encore nieront l'existence de tout principe divin. Il n'est pourtant pas nécessaire de faire cette expérience de la « souffrance de ne pas comprendre » pour faire l'expérience de la foi : nous avons reconnu plus haut. Raison et foi La science nous donne les moyens de parvenir. à toutes les époques. Mais est-elle l'autorité suprême en ce domaine ? Ce qu'elle nous fait connaître est-il infranchissable ? En tant que système de principes. agir local ». Ces limites ne sont pas toujours considérées comme intransgressables par les diverses théologies. Ainsi. à son tour. Parvenu à ces limites. nous ne pouvons pas non plus affirmer avec certitude que ce que nous pensons selon les règles de la raison soit a priori conforme à la réalité en soi.Raison Limites de la Raison L'irrationnel La raison donne des normes. bien évidemment. qui est essentielle. Pascal ne comprenait le monde que dans les rapports entre la globalité et les détails. Dans tous les cas. est nécessaire. « ergo ». Science et foi ont entretenu. la foi nous permettrait de dépasser le donné « naturel ». il semble certain que la raison ne se laisse pas légitimement dépasser par des prétentions à une connaissance supra-rationnelle. l'être humain n'a plus de principe d'explication et surtout d'orientation. la découverte de nouvelles problématiques. même réduite au minimum. De plus. mais permettant de servir de base à toute une axiomatique ultérieure. La connaissance. en butte aux limites imposées à l'observation des phénomènes ou des processus… par l'état des outils conceptuels et/ou instrumentaux propre à chaque époque. des relations complexes. une proposition se justifiant par elle-même. à la connaissance du monde naturel. En posant cette affirmation comme une ipséité [4] conceptuelle. En 1942. dans une certaine mesure. Article détaillé : relation entre science et religion. Descartes émet un axiome. plus que la raison. une première limite à la raison. et à une sorte de complexité intrinsèque de la réalité : la normativité de la raison ne permettra donc jamais de rendre compte de la totalité du monde. certains (comme Kierkegaard. c'est-à-dire. d'autres ne formuleront aucune hypothèse. car chaque avancée de l'esprit génère. certains l'expliqueront par l'hypothèse d'un Dieu créateur. En recherchant l'origine de cette altérité. La réalité et ses lois peuvent donc échapper. dans ce domaine de la réflexion humaine. la raison ne nous fait rien connaître. En effet. L'expérience de la foi de Kierkegaard. 139 . Dans cet esprit. dans lesquelles on a pu voir les limites de telle ou telle approche. avec certitude. Ainsi. la vérité. Au XIXe siècle. la matière même de l'expérience est en elle-même déjà. Cependant. jusqu'à un certain point. alors que l'on pourrait croire que la raison apporte la certitude. Raison 140 Raison et transcendance La question du rapport entre la foi et la raison est, l'occasion de riches débats entre tenants de la rationalité pure et tenants de la transcendance. Le point de vue des tenants de la transcendance est, par exemple, développé dans l'encyclique pontificale Fides et Ratio. Cette encyclique constate l'écart entre les deux termes, elle donne un éclairage particulier sur les différents courants philosophiques de ces deux derniers siècles, et elle souligne l'intérêt des apports de la linguistique et de la sémantique dans le monde contemporain. Sans opposer absolument foi et raison, elle souligne la nécessité d'un fondement commun : « Il n'est pas possible de s'arrêter à la seule expérience ; même quand celle-ci exprime et manifeste l'intériorité de l'homme et sa spiritualité, il faut que la réflexion spéculative atteigne la substance spirituelle et le fondement sur lesquels elle repose. » D'autres textes présentent le point de vue des tenants de la raison pure, on pourra par exemple se référer aux textes publiés par l'union rationaliste Bibliographie • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Platon, La République Platon, Parménide Aristote, Seconds Analytiques Aristote, La Métaphysique, livre gamma Thomas d'Aquin, Somme théologique Samuel S. de Tracy, Descartes, Seuil (biographie de Descartes) Descartes, Règles pour la direction de l'esprit, Descartes, Discours de la méthode, 1637 René Descartes, Méditations métaphysiques, 1641 Spinoza, Traité de la réforme de l'entendement, Spinoza, Éthique, Kant, Critique de la raison pure, Kant, Critique de la raison pratique Hegel, Phénoménologie de l'esprit Arthur Schopenhauer, De la quadruple racine du principe de raison suffisante, 1813 Gilles-Gaston Granger, La raison Angèle Kremer-Marietti, La raison créatrice Manuel de Diéguez, Le mythe rationnel de l'Occident, PUF, 1980 Manuel de Diéguez, Le Combat de la raison, Albin Michel, 1989 • Jean-Claude Schotte et Jean Ladrière, La raison éclatée, pour une dissection de la connaissance, De Boeck, 1997 • Alain de Libera, « Pour Averroès ». Introduction à Averroès. L'Islam et la Raison, Paris, GF-Flammarion, 2000 (ISBN 2-08-071132-6), pp. 9-76 • Alain de Libera, Raison et Foi. Archéologie d'une crise, d'Albert le Grand à Jean-Paul II, Paris, Éd. du Seuil, 2003 (ISBN 2-02-061287-9) Raison 141 Notes et références [1] voir Descartes, Discours de la méthode [2] Aristote, Métaphysique, livre A [3] Le Discours de la méthode fut le premier ouvrage de philosophie publié en français, d'où sa notoriété. Voir aussi le contexte d'élaboration de la philosophie cartésienne dans Cartésianisme. [4] http:/ / fr. wiktionary. org/ wiki/ ips%C3%A9it%C3%A9 Annexes Articles connexes • • • • • • • • • • • • • • Jugement Logique Rationalité Principe d'identité Principe de non-contradiction Principe du tiers exclu Pensée critique Athéisme Passion (philosophie) Sagesse Fides et ratio Raison (Hegel) Sens (métaphysique) Principe de raison suffisante Liens externes • Portail de la philosophie Rationalisme Rationalisme Le rationalisme est la doctrine qui pose la raison discursive comme seule source possible de toute connaissance réelle. Autrement dit, le réel ne serait connaissable qu'en vertu d'une explication par la raison déterminante, suffisante et nécessaire. Ainsi, le rationalisme s'entend de toute doctrine qui attribue à la seule raison humaine la capacité de connaître et d'établir la vérité[1]. Dans son acception classique, il s'agit de postuler que le raisonnement consiste à déterminer que certains effets résultent de certaines causes, uniquement à partir de principes logiques ; à la manière dont les théorèmes mathématiques résultent des hypothèses admises au départ. De plus, et en particulier, les principes logiques eux-mêmes utilisés dans le raisonnement ont été connus par déduction. Précisions terminologiques On trouve couramment et identiquement les expressions de « rationalisme moderne » ou de « rationalisme classique » pour désigner le rationalisme tel qu’il se formule de Descartes à Leibniz, correspondant à peu près à ce que l’on peut appeler depuis Kant le « rationalisme dogmatique » : • Le rationalisme est dogmatique, lorsque la raison, considérée comme seule source déterminante de la connaissance, et par ses seuls principes a priori, prétend atteindre la vérité, particulièrement dans le domaine métaphysique. • L'expression « rationalisme moderne » vise à le situer dans l’histoire de la pensée conformément à la terminologie d’usage (la période moderne commençant au XVIe siècle, après la période médiévale) et le distinguant du statut de la raison dans la philosophie antique, tel qu’on le trouve chez Platon et Aristote par exemple. • L'expression « rationalisme classique » vise à le distinguer d’un rationalisme élargi et renouvelé, « modernisé », par la critique kantienne et l’apport des sciences expérimentales : « rationalisme critique » pour Kant et Karl Popper, « rationalisme appliqué » chez Gaston Bachelard… • On trouve également l’expression « rationalisme continental » pour le distinguer et l’opposer à l’empirisme anglo-saxon (Hobbes, Locke, Hume, etc.). Nous suivrons ici une terminologie distinguant un rationalisme moderne (de Descartes à Leibniz), d’un rationalisme critique pour désigner généralement le rationalisme kantien et post-kantien, indépendamment des nuances, parfois sensibles, dont il se compose. Le mot de rationalisme fut également utilisé avant la Renaissance, et pendant le Moyen Âge : il s'agissait alors de rationalisme en théologie. Le rationalisme moderne L’attitude intellectuelle visant à placer la raison et les procédures rationnelles comme sources de la connaissance remonte à la Grèce antique, lorsque sous le nom de logos (qui signifie à l'origine discours), elle se détache de la pensée mythique et, à partir des sciences, donne naissance à la philosophie. Platon ne voit dans la sensibilité qu’une pseudo connaissance ne donnant accès qu’à la réalité sensible, matérielle et changeante du monde. Se fier à l’expérience sensible, c’est être comme des prisonniers enfermés dans une caverne qui prennent les ombres qui défilent sur la paroi faiblement éclairée, pour la réalité même. « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre », fait-il graver au fronton de son école : l’exercice des mathématiques nous apprend à nous détacher de nos sens et à exercer notre seule raison, préalable nécessaire à la dialectique philosophique. La connaissance du réel est connaissance des Idées ou essences, réalités intelligibles et immuables, et cette connaissance est rationnelle. Il y a en ce sens un rationalisme platonicien. Aristote, au contraire, appuie sa philosophie sur l'observation concrète de la nature (physis), et pose les bases: 142 Rationalisme • de la logique formelle, dans son Organon (nous l'appellerions aujourd'hui logique générale), • de ce que l'on appela par la suite la métaphysique (au-delà de la physis, c'est-à-dire au-delà de la nature), • de l'éthique (éthique à Nicomaque). Mais ce n’est pas l’usage de la raison, ni sa revendication, qui suffit à définir le rationalisme comme doctrine. Celle-ci se constitue et se systématise à la fin de la Renaissance, dans les conditions spécifiques de la redécouverte de l’héritage antique, et de la mathématisation de la physique. Le rationalisme moderne repose sur le postulat métaphysique selon lequel les principes qui sous-tendent la réalité sont identiques aux lois de la raison elle-même. Ainsi en est-il du principe de raison déterminante (ou de raison suffisante) que Leibniz, dans les Essais de théodicée (1710), formule de la manière suivante : « C’est que jamais rien n’arrive, sans qu’il y ait une cause ou du moins une raison déterminante, c’est-à-dire quelque chose qui puisse servir à rendre raison a priori, pourquoi cela est existant plutôt que non existant, et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon. » S’il n’est rien qui ne soit ni n’arrive sans cause, il n’est rien dès lors qui ne soit, en droit, intelligible et explicable par la raison. Dans le cadre de l’onto-théologie, cette identité de la pensée et de l’être trouve sa justification ultime en Dieu, créateur du monde et de ses lois d’une part, de la raison humaine et de ses principes d’autre part. Ce en quoi le rationalisme ainsi compris s'accomplit pleinement dans l'idéalisme philosophique, auquel Hegel donnera sa forme la plus systématique, dans la formule : « ce qui est rationnel est effectif, et ce qui est effectif est rationnel » (Préface des Principes de la philosophie du droit). Il en résulte que la raison, contenant des principes universels et des idées a priori exprimant des vérités éternelles, est immuable et identique en chaque homme. C’est en ce sens que Descartes, dans le Discours de la méthode, écrit : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée », précisant que « la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes. » Du point de vue de l’origine de nos connaissances, le rationalisme est traditionnellement opposé à l’empirisme, à l’irrationalisme, et à la révélation : Rationalisme et empirisme Selon l’empirisme, l’expérience est la source de toutes nos connaissances. Comme l'explique John Locke dans l’Essai sur l’entendement humain de 1690 : « Supposons que l’esprit soit, comme on dit, du papier blanc (tabula rasa), vierge de tout caractère, sans aucune idée. Comment se fait-il qu’il en soit pourvu ? D’où tire-t-il cet immense fonds que l’imagination affairée et limitée de l’homme dessine en lui avec une variété presque infinie ? D’où puise-t-il ce matériau de la raison et de la connaissance ? Je répondrai d’un seul mot : de l’expérience ; en elle, toute notre connaissance se fonde et trouve en dernière instance sa source. » Cette expérience, c’est celle de nos sens externes, qui nous permet par exemple de former l’idée de couleur, mais aussi celle de notre pensée en acte, par laquelle nous sommes capables de former l’idée de pensée, ou de raisonnement. Une telle position conduit à une dévalorisation de la raison : une idée n’est, aux yeux de David Hume, qu’une « copie d’une impression analogue », de sorte que « tout ce pouvoir créateur de l’esprit n’est rien de plus que la faculté de combiner, transposer, diminuer les matériaux que nous fournissent les sens et l’expérience » (Enquête sur l’entendement humain, 1748), combinaisons qu’il opère selon des relations de ressemblance ou de contiguïté. Du point de vue de l’empirisme donc, « il n’est rien dans l’intellect qui n’ait été d’abord dans la sensibilité », ce à quoi Leibniz rétorquera « sauf l’intellect lui-même ». Le rationalisme postule, en effet, l’existence en la raison de principes logiques universels (principe du tiers exclu, principe de raison suffisante) et d’idées a priori, c’est-à-dire indépendantes de l’expérience et précédant toute 143 Rationalisme expérience. Ainsi Descartes admet-il l'existence d'idées a priori et innées telles que l'idée d'infini, de temps, de nombre, ou l'idée même de Dieu qui est « comme la marque de l’ouvrier sur son ouvrage », idées simples et premières, sans lesquelles l’expérience sensible nous resterait inintelligible : « je considère qu’il y a en nous certaines notions primitives, qui sont comme des originaux, sur le patron desquels nous formons toutes nos autres connaissances » (Lettre à Elisabeth du 21 mai 1643). Aux yeux du rationalisme, en effet, l’expérience sensible ne saurait donner de connaissance véritable. Platon déjà en dénonçait le caractère fluctuant et relatif, qui ne nous montre qu’un jeu d’ombres inconsistant, et Descartes, dans la première Méditation métaphysique, le caractère trompeur : « Tout ce que j’ai reçu jusqu’à présent pour le plus vrai et assuré, je l’ai appris des sens ou par les sens : or j’ai quelquefois éprouvé que ces sens étaient trompeurs, et il est de la prudence de ne se fier jamais entièrement à ceux qui nous ont une fois trompés. » Le rationalisme, cependant, nous le verrons plus bas sous sa forme critique, ne répudie pas l’expérience sensible mais la soumet à des formes a priori qui la rendent possible et en organisent le donné. Rationalisme et irrationalisme Il faut entendre ici par irrationalisme la référence à toute expérience ou toute faculté autre que la raison et n’obéissant pas à ses lois, supposée donner une connaissance plus profonde et plus authentique des phénomènes et des êtres, et laissant place à une frange d’ineffable, de mystère, ou d’inexplicable. Le rationalisme s’oppose en ce sens au mysticisme, à la magie, à l’occultisme, au sentimentalisme, au paranormal ou encore à la superstition. Seuls font autorité les processus rationnels : évidence intellectuelle, démonstration, raisonnement. C’est au sentimentalisme romantique que s’en prend Hegel dans la préface à la Phénoménologie de l'esprit, lorsqu’il évoque cette prétendue philosophie qui « par l’absence de concept se donne pour une pensée intuitive et poétique, jette sur le marché des combinaisons fantaisistes, d’une fantaisie seulement désorganisée par la pensée – fantastiqueries qui ne sont ni chair, ni poisson, ni poésie, ni philosophie ». Celui qui prétend toucher la vérité dans l’expérience ineffable du sentiment intime se condamne au silence et à la solitude de l’incommunicabilité ; « en d’autres termes, il foule aux pieds la racine de l’humanité ». Rationalisme et révélation D’un point de vue théologique, le rationalisme met en avant la lumière naturelle de la raison par opposition à la connaissance révélée que constitue la foi. Contre le fidéisme, il demande que les articles de la foi et les Écritures elles-mêmes soient soumis à l’examen rationnel. Spinoza, dans le Traité théologico-politique, développe une lecture critique de l’Ancien Testament. Descartes, dans la préface « aux Doyens et docteurs de la faculté de théologie de Paris » qui précède les Méditations métaphysiques, affirme que « tout ce qui se peut savoir de Dieu peut être montré par des raisons qu’il n’est pas besoin de chercher ailleurs que dans nous-mêmes, et que notre esprit seul est capable de nous fournir ». Selon lui en effet, parallèlement à la théologie révélée, la seule raison nous permet de démontrer l'existence de Dieu par l'argument ontologique, de sorte que l’existence de Dieu découle nécessairement de son essence, comme il découle nécessairement de l’essence du triangle que la somme de ses angles égale deux angles droits. Ainsi, pour Descartes, la recherche de la vérité peut se faire par la raison seule, sans la lumière de la foi (les Principes de la philosophie). Le cogito ergo sum postule que l'homme est une substance intelligente qui peut accéder à la vérité. 144 peut se caractériser par trois traits : • Le renoncement à ses prétentions dogmatiques et métaphysiques. très attentif à cette question. avec les figures majeures de Galilée. de telle sorte que « des pensées sans contenu sont vides. voir l’article Critique de la raison pure) Si bien que la réalité en soi nous reste à jamais inconnaissable : nous n’avons accès qu’à une réalité phénoménale. par laquelle quelque chose nous est donné. • La raison ou faculté des Idées. issu de l’entreprise kantienne. structure dans laquelle nous mettons en forme les données issues de la sensibilité pour en opérer la synthèse. c’est pour leur substituer les catégories pures de l’entendement qui sont la condition de possibilité de toute expérience possible. en prend acte dans la Critique de la raison pure. » Le donné empirique en effet. c’est donc appliquer des concepts à des intuitions. • catégories pures de l’entendement qui constituent pour ainsi dire la structure logique inhérente à notre esprit. et ne peut découler de seuls principes a priori. nul objet ne nous serait donné et sans l’entendement nul ne serait pensé (…) De leur union seule peut sortir la connaissance. Torricelli. « Aucune de ces deux propriétés n’est préférable à l’autre. • L’intégration de l’expérience au sein d’une dialectique expérimentale. Il y distingue trois facultés : • La sensibilité ou faculté des intuitions empiriques. Kant. (Pour le tableau complet des catégories. et Newton. cela ne soulève aucun doute (…) Mais si toute notre connaissance débute avec l’expérience. des intuitions sans concepts. » Connaître. ne peut être organisé et donner lieu à une connaissance qu’à travers les formes a priori de notre esprit : • formes a priori de la sensibilité elle-même. « je ne forge pas d’hypothèses ». en donnant droit à l’un comme à l’autre. Si donc Kant se détourne du postulat cartésien des idées simples et innées constitutives d’une connaissance pure indépendante de l’expérience (dogmatisme). que sont l’espace et le temps. l’immortalité de l’âme. à la fin de la Renaissance. On peut par conséquent estimer que Kant opère la synthèse entre l’empirisme et le rationalisme. Une Idée ne pouvant correspondre à aucun objet donné dans l’expérience (Dieu. va peu à peu conduire à une révision du statut de la raison dans ses relations avec l’expérience. comme par exemple la relation de causalité. cela ne prouve pas qu’elle dérive toute de l’expérience. et dont dérivent toutes les fonctions logiques de nos jugements. 145 . la liberté). • La reconnaissance par la raison elle-même de ses limites et de son historicité. de tels objets suprasensibles ne peuvent donc être objets de connaissance au sens défini plus haut. déclare Newton : la science de la nature réclame l’observation des faits. Sans la sensibilité. aveugles ». Les catégories pures de l’entendement sont les règles qui nous permettent d’organiser a priori l’expérience. • L’entendement ou faculté des concepts. Mais cette synthèse s’opère en réalité dans le sens d’un rationalisme critique : « Que toute notre connaissance commence avec l’expérience.Rationalisme Le rationalisme critique Le rationalisme critique. donné certes irréductible à la raison. La synthèse kantienne Le développement de la physique expérimentale moderne. « Hypotheses non fingo ». Mais il convient de préciser ce que l’on entend dès lors par « expérience » : Elle ne saurait consister. l’esprit humain. » Ce qui nous est ainsi schématiquement tracé. C’est dans cette perspective qu’en 1964. l’expérience pour le savant n’a de sens qu’en fonction de problèmes qu’il 146 . nos observations ne se rattacheraient point à une loi nécessaire. renonce à chercher l’origine et la destination de l’univers. ses principes qui seuls peuvent donner aux phénomènes concordants entre eux l’autorité de lois. par l’usage bien combiné du raisonnement et de l’observation. qu’elle doit obliger la nature à répondre à ses questions et ne pas se laisser conduire pour ainsi dire en laisse par elle . Kant explique que du simple concept de Dieu. » La dialectique expérimentale Loin d’exclure l’expérience. pour s’attacher uniquement à découvrir. d’une main. » Ainsi. reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues. « J’ai donc dû supprimer le savoir pour lui substituer la croyance. Il faut donc que la raison se présente à la nature tenant. Les faits observables sont liés par des lois qui en expriment seulement les relations constantes.Rationalisme L’abandon des prétentions métaphysiques En conséquence de la critique kantienne. tel que la révélation. Les faits ne parlent pas d’eux-mêmes. pour être instruite par elle. décrit en ces termes l’état positif. Kant – il faut encore ici l’évoquer – y insiste longuement dans la Critique de la Raison Pure : « [Les physiciens] comprirent que la raison ne voit que ce qu’elle produit elle-même d’après ses propres plans et qu’elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements. il est vrai. si vous forcez ou dressez un tigre à sauter au travers d'anneaux enflammés. leurs lois effectives. » Il s’agit désormais de comprendre comment un phénomène se produit. c’est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude. en son Cours de philosophie positive. ou scientifique. dans son Dictionnaire rationaliste. suivant des lois immuables. De la même façon qu’un « homme d’expérience » est non seulement un homme qui a vécu. prétendre connaître des objets suprasensibles relève d’un usage illégitime de la raison. mais. l'intuition réduite à elle seule. c’est la démarche de la science expérimentale telle qu’elle se dessine depuis Galilée : • Observation rigoureuse d’un phénomène que l’on cherche à expliquer • Formulation d’une hypothèse. E. Kahane. » C’en est fini des prétentions métaphysiques et du dogmatisme de la raison. etc. l’expérience resterait muette et ne saurait rien nous enseigner. et de l’autre. on ne peut en déduire analytiquement l’existence. mais non pas comme un écolier qui se laisse dire tout ce qui plaît au maître. faites au hasard et sans aucun plan tracé d’avance. le refus de tout inconnaissable a priori. l’expérimentation qu’elle a imaginée d’après ces principes. Sans la médiation de la raison en effet. comme le croirait un empirisme naïf. Ainsi se trouvent invalidées les tentatives de démonstration rationnelle de l’existence de Dieu : contre l’argument ontologique de Saint Anselme et de Descartes. en un fait brut. peut le définir de la manière suivante : « Le rationalisme comporte explicitement l'hostilité à toute métaphysique. vous pourrez en conclure tranquillement : « Le tigre est un animal qui saute au travers d'anneaux enflammés. dans l’état positif. et l'exclusion de tout autre mode allégué de connaissance. par l’élaboration d’un montage permettant d’éprouver la validité de l’hypothèse. le rationalisme kantien en fait l’une des deux sources de nos connaissances et réconcilie en ce sens rationalisme et empirisme. qui est un énoncé que l’on peut soumettre à un test • Expérimentation. Dans les années 1830. Auguste Comte. comme un juge en fonctions qui force les témoins à répondre aux questions qu’il leur pose. en une vérité du réel se donnant à nous dans l’évidence du constat immédiat. car autrement. et à connaître les causes intimes des phénomènes. mais un homme qui a su réfléchir à ce vécu pour en tirer des leçons. auquel est enfin parvenue l’intelligence : « Enfin. chose que la raison demande et dont elle a besoin. au contraire. Gaston Bachelard. telle qu’elle apparaît encore dans les catégories de l’entendement dont Kant entendait dresser une fois pour toutes le tableau complet. et cette prise de conscience de l’historicité détermine le rationalisme contemporain. l’explique en ces termes : « (…) une expérience ne peut être une expérience bien faite que si elle est complète. produit sur le plan des instruments. et d’hypothèses rationnelles qu’il élabore à cette fin. en fonction des hypothèses qu’il veut tester. L’expérience en laboratoire n’est donc pas le réel à l’état brut. est rationnellement planifié et construit par le chercheur. » Le dispositif expérimental. qui est lui-même le résultat d’un effort théorique antérieur.Rationalisme cherche à résoudre. donner enfin à la raison des raisons d’évoluer. Bachelard. « Reste ensuite la tâche la plus difficile : mettre la culture scientifique en état de mobilisation permanente. » Les conquêtes progressives du rationalisme se font dès lors contre la raison elle-même. mais un réel reconstruit et sélectif. veut montrer une pensée rationnelle en prise à des « crises de croissance » : « C’est dans l’acte même de connaître. Mais on peut la tester : il suffit de montrer une seule observation contraire à un énoncé universel pour être certain que cet énoncé est faux. Comme le précise Bachelard (op. tout est construit. Comme le fait observer Gilles-Gaston Granger. Il nécessite un appareillage complexe. » L’esprit rationnel. » Se dessine en ce sens une dialectique expérimentale. » D’où l’expression. c’est le caractère historique de la raison ». Hegel mettait en avant l’historicité d’une raison qui développe ses formes à travers l’histoire du monde. diversifier. de sorte qu’« en revenant sur un passé d’erreurs. « Rien n’est donné. « Préciser. réalisme naïf qui sont autant d’obstacles que la science dresse face à elle-même. ce sont là des types de pensées dynamiques qui s’évadent de la certitude et de l’unité et qui trouvent dans les systèmes homogènes plus d’obstacles que d’impulsions. On ne peut en effet. Une théorie ne sera dès lors tenue pour vraie qu’autant qu’elle résistera aux tests expérimentaux pour la mettre en échec. en introduisant dans La formation de l’esprit scientifique (1938) la notion d’obstacle épistémologique. de « rationalisme appliqué». intimement. ce qui n’arrive que pour l’expérience précédée d’un projet bien étudié à partir d’une théorie achevée (…) Les enseignements de la réalité ne valent qu’autant qu’ils suggèrent des réalisations rationnelles. toujours liée au contexte historique et épistémologique dans lequel elle se déploie. c’est là que nous décèlerons des causes d’inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques. tente de montrer que le caractère d’une théorie scientifique tient à sa réfutabilité. ouvrant la voie. dans le cadre des sciences. Historicité de la raison Avec la Phénoménologie de l'esprit. dialectiser toutes les variables expérimentales. substantialisation. À une conception fixiste de la raison. habitudes verbales. selon l’expression de Bachelard. toujours prompt à remettre en question ses propres conquêtes. de sorte qu’on ne peut vérifier une hypothèse. épuré. Or les instruments ne sont que des théories matérialisées. dans La logique de la découverte scientifique. qu’apparaissent. « la grande découverte hégélienne. pragmatisme. mais seulement essayer de l'infirmer. effectué en laboratoire. des lenteurs et des troubles. dans Le nouvel esprit scientifique. par une sorte de nécessité fonctionnelle. remplacer le savoir fermé et statique par une connaissance ouverte et dynamique. » Passé d’erreurs : généralisation hâtive de la connaissance. Il en sort des phénomènes qui portent de toutes parts la marque théorique. C’est 147 . doit être un esprit critique toujours en alerte devant ses propres facteurs d’inertie. on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. dans lequel la vérité s’élabore à travers un ensemble d’opérations et de procédures rationnelles qui corrigent notre approche naïve et spontanée. » Dans un même ordre d’idées. conclure à l’universalité d’une loi. à une « épistémologie non cartésienne ». un dialogue et une collaboration entre l’expérience et la raison. coulé dans le moule des instruments. Le vrai n’est donc pas la simple réciproque du faux. filtré. s’oppose désormais une conception dynamique de la raison. cité) : « (…) il faut que le phénomène soit trié. Karl Popper. à partir d’expériences singulières. C’est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression. par ce même philosophe. rectifier. aussi nombreuses soient-elles. ainsi que la question de Lockerbie. et issu d’une conception dynamique de la raison. Irrationalité: On dit qu’un acteur est irrationnel quand il vise par son comportement extérieur à provoquer ou bien réfréner un changement dans son milieu interne. L’Acteur est irrationnel soit : Par perception consciente (Modèle Loup): Quand il soumet un tel niveau de torture de son éleveur. Ce que l’on considère comme étant une explication rationnelle dépend donc étroitement du contexte historique dans lequel elle est formulée. Le concept de probabilité. ne pouvaient intervenir à titre d’explication rationnelle dans le cadre de la physique galiléenne ou newtonienne. la vérité est toujours provisoire. intimement mêlé au développement des sciences. de l’état des connaissances. et de l’évolution des techniques d’observation et d’expérimentation. élargi : un rationalisme débarrassé de ses préjugés métaphysiques. le loup peut le trahir en mangeant son troupeau. par exemple. Exemple Le Maroc De Hassan II contre l’Algérie en 1963 afin de contrôler la force de l’opposition de Ben Barka. 148 . » Tel se veut le rationalisme critique. Rationalité : On dit qu’un acteur est rationnel quand il vise par son comportement extérieur à provoquer ou bien réfréner un changement dans son milieu externe. dont témoigne l’histoire même de la connaissance. Exemple : La Libye contre l’Occident avant la mort de Saddam Hussein afin d’éviter sa revanche envers ses valeurs. Par sécurité (Modèle Tigre) : Quand le tigre se sent menacé dans sa sphère d’influence par les chasseurs il réagit aussi violemment. Par erreur de perception (Modèle Porc) : Quand le porc voit un humain il le considère par erreur de perception un ennemi même si l’humain a très peur de lui. comme un processus constructif. introduit dans les modèles complexes de la science des particules. qui se construit par dépassement de ses propres formes historiques. Exemple : Le support libyen des insurgés irlandais. Rationalité et irrationalité dans la politique internationale Cette section ne cite pas suffisamment ses sources. Exemple URSS contre le régime d'Amine en Afghanistan en 1982. La raison n’est plus conçue comme un système clos et rigide de principes déterminés a priori. mais bien comme une réalité plastique et dynamique. Pour l'améliorer. il réagit violemment envers l’agresseur quoiqu'en sécurité. ajouter en note des références vérifiables ou les modèles {{refnec}} ou {{refsou}} sur les passages nécessitant une source.Rationalisme dire par conséquent que la science progresse par réfutations et expérimentation : rien n’est définitif. Comme le précise Gilles-Gaston Granger : « Ainsi la science progresse-t-elle par dépassements successifs des formes périmées de la raison (…) L’irrationalité véritable apparaît donc plutôt comme une régression vers des formes anachroniques de l’explication. L’Acteur est rationnel soit : Par intérêt (Modèle Lion) : Quand le lion voit une violation de sa sphère d’influence. voire le mordre. ou celui de modèle local. seconde édition 1787. Karl Popper. • Le syllabus de Pie IX condamnait certains aspects du rationalisme. ed. La Phénoménologie de l'Esprit. Vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines. Notes et références [1] Morfaux Louis-Marie. Gilles-Gaston Granger. La Logique de la découverte scientifique. 1934. de Kant ou de Hegel. Puf. 1807. Discours de la Méthode. Traité théologico-politique. Il se distingue. 2001. Que-sais-je. 1973. Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Gaston Bachelard. lorsque trop radical. Armand-Colin. Emmanuel Kant. Méditations sur la philosophie première. 1934. sur les rapports entre la Foi et la Raison. • • • Portail des Lumières Portail de la philosophie Portail de l’athéisme 149 . La raison. • • • • L'Union rationaliste. Auguste Comte. ne s'oppose nullement à la religion ou à la théologie). 1705. 1938. Nouveaux Essais sur l'entendement humain. La formation de l'esprit scientifique. 1830-1842. en ce sens restreint. Bibliographie • • • • • • • • • • • René Descartes. 1637. René Descartes. Le nouvel esprit scientifique. L'Association française pour l'information scientifique (AFIS) La Libre pensée L'Union des Athées Point de vue chrétien • Encyclique Fides et ratio de Jean-Paul II du 14 septembre 1998. 1641. Gottfried Wilhelm Leibniz. française Payot. Baruch Spinoza. 1781. Cours de philosophie positive. Gaston Bachelard.Rationalisme Organisations rationalistes en France Le terme de « rationalisme » est revendiqué par un certain nombre d'organisations proches de l'anticléricalisme et du positivisme. du sens général plus philosophique (le rationalisme philosophique. Point de vue artistique • Il existe un courant architectural rationaliste (voir Architecture rationaliste). 1670. Critique de la Raison pure. 1955. voire contradictoires. La position réaliste a été critiquée par les nominalistes. Au-delà de ce sens très général. Husserl suivra cette voie en la radicalisant. structuré rationnellement. la façon dont elle se manifeste. Le réalisme a été critiqué également par le courant moderne idéaliste au motif que l'expérience première implique une naïveté qui incite à la mettre en doute. la chose expérimentée de manière sensible ne se distingue pas de son essence connue sous forme de concept par la raison. inspiré de la théorie platonicienne des Idées. Note : la philosophie politique réaliste n'a pas grand chose à voir avec la philosophie de la connaissance réaliste. avec sa méthode de réduction qui consiste à mettre entre parenthèses l'expérience première du monde. C'est la croyance à la grammaire que fustige Nietzsche dans le Crépuscule des idoles[1]. sont des choses qui existent ? Les nominalistes pensent que les idées et schémas de notre pensée et de notre langage n'existent pas dans le monde. c'est-à-dire d'objets extérieurs à nous. notamment représentés par Guillaume d'Ockham : ils lui reprochaient de confondre les mots et la réalité. Vous pouvez aider en ajoutant des références. l'égalité. Cet article ou cette section peut contenir un travail inédit ou des déclarations non vérifiées. Mais le plus couramment. l'humanité. mais de l'intériorité du sujet lui-même. il n'y a pas d'opposition de type kantienne entre la chose en soi et le phénomène. et tel qu'il est—. . on parle de réalisme à propos de la doctrine aristotélicienne de la connaissance. comme toute étiquette. Descartes fut le premier à inverser le fondement réaliste de la connaissance. Le mot « réalisme » est ici attribué de manière homonyme. renvoient effectivement à quelque chose de réel (au sens d'extra-mental) : est-ce que la rougeur.Réalisme (philosophie) 150 Réalisme (philosophie) Pour les articles homonymes. Le réalisme se caractérise par une méthode : partir de l'expérience empirique pour remonter positivement aux principes fondamentaux. le réalisme peut désigner des courants variés. Le réalisme est un terme générique utilisé pour désigner une certaine tradition philosophique. Ces philosophes de la subjectivité soutiennent la possibilité d'un accès immédiat et intuitif aux essences ou idéalités. afin de retourner de façon purement réflexive aux régions de la conscience transcendantale qui constitue son objet. est une forme de réalisme idéel. la longueur. il s'agit d'une conception qui affirme l'existence ontologique du réel indépendamment de l'esprit. nos concepts. et de croire que notre langage et notre pensée. peut sembler réductrice et partant donner lieu à des usages abusifs. Par exemple. et que notre raison peut abstraire et connaître cet ordre. et non celui de notre pensée ? L'essence des choses est accessible à notre connaissance —nous percevons le monde directement. Autrement dit. Voir la page de discussion pour plus de détails. Ce n'est donc pas la raison qui impose une structure aux phénomènes : l'ordre que nous semblons percevoir serait-il bien celui du monde. Réalisme : considérations générales Le réalisme est une étiquette philosophique assez large qui. le platonisme. en ne partant plus de l'expérience du monde. voir Réalisme. Il s'oppose en ce sens à l'attitude épistémologique du solipsisme. Il postule ainsi que le monde est en lui-même ordonné. Au sens le plus général et commun. et que l'erreur des réalistes est de projeter abusivement les concepts du langage dans les objets du monde. Le monde sensible doit donc être « soutenu » par une réalité non sensible. pas l'Idée d'Abeille[2].Réalisme (philosophie) Le réalisme grec Le réalisme est né en Grèce. par opposition aux choses changeantes). 151 . sa définition. Ainsi ma proposition deviendra fausse : elle n'est pas valable universellement et éternellement. L'Idée du Bien est aux Idées ce que le soleil est aux choses visibles : elle les éclaire et rend leur accès possible. on n'apprend pas ce que l'on sait déjà). qui ne change pas. idéelle. c'est-à-dire des concepts immuables. Ensuite s'applique le principe de reconnaissance. la seule réalité « vraie » est d'ordre intelligible. l'allégorie de la caverne de Platon). puisqu'une autre abeille sera autrement. Il y a donc une séparation nette[3] entre la réalité intelligible et le monde sensible des ombres (cf. Cette réalité est donc de nature intelligible. ce sont les Idées. c'est-à-dire qu'elle n'est pas elle-même définissable et qu'elle rend possible toutes les autres Idées. autrement dit non soumise au changement (le savoir). Les choses sensibles et singulières participent d'une Forme ou Idée. elle les donne à voir. tout finirait par s'anéantir). une réminiscence des Idées que l'on a contemplées avant de prendre un corps. L'aristotélisme est alors considéré comme une variante du platonisme qui s'en distingue essentiellement par l'immanence de ces principes (Wikipedia : Article nommé Réalisme). l'idéaliste moderne part du sujet connaissant. mais un réaliste de l'intelligible. Le philosophe doit accéder aux Idées en s'élevant au-dessus de la réalité sensible : c'est la démarche dialectique. Ainsi le processus de connaissance est une remémoration. et que je peux savoir des choses. c'est-à-dire partout et toujours. Platon postule[4] qu'il est impossible de passer de l'ignorance au savoir (puisque l'ignorant ne sait pas qu'il est ignorant) ni du savoir au savoir (ce qui serait une contradiction. La réalité sensible est une copie de l'intelligible. qui est son concept. À l'idéalisme de Platon. elle est spirituelle et non sensible. car les abeilles sont « multiples et multiformes ». et elle est au-delà de l'essence. ce sont les choses sensibles perçues par nos cinq sens. Si je dis : l'abeille est petite. L'Idée qui trône au-dessus de toutes les autres est le Bien. Platon est appelé réaliste[5] car il reconnaît une réalité extra-mentale et substantielle aux Idées. Mais Platon raisonne ainsi : ces choses sensibles sont soumises au changement. Ce mouvement se produit sous l'impulsion de la révolution copernicienne dans les sciences physiques : tandis que le réaliste partait de l'objet connu. que je peux parler (le langage utilise des mots. Il faudra attendre Descartes pour que le point de départ de la connaissance (la réalité du monde physique) change au profit de la subjectivité. principalement avec Platon et Aristote. belle. Je ne peux donc rien savoir sur elles. Mais les Idées ont une existence indépendante de nous : Platon est donc bien un réaliste. on oppose parfois le réalisme d'Aristote. puisque le savoir est quelque chose de fixe. ce n'est pas un savoir. Platon Le point de départ de l'analyse de Platon est le suivant : les choses telles qu'elles se donnent à nous. mais ne se laisse pas voir elle-même. elles se modifient perpétuellement. C'est à cette condition que le monde ne se détruit pas (si rien n'était stable. C'est pour cela qu'on dira que le réalisme de Platon est un idéalisme : cela signifie que pour Platon. 4. qu'il qualifie ici de noumène est le réel tel qu'il se présente hors de toute faculté de percevoir. Or Kant s'y oppose fermement à travers sa propre définition d'un réalisme empirique. pose quatre thèses : 1. En d'autres termes. contre le nominalisme et contre le conceptualisme. ou réalisme critique. Robert de Melun. ainsi que toutes choses ou phénomènes perçus seraient des choses en soi. il s'oppose à l'idée qu'il existe quelque chose de général en dehors du particulier dans lequel il serait instancié (par exemple qu'il y ait du Beau en général. notamment à travers la distinction des concepts de matière et de forme ou d'entendement et de sensibilité. 2. Parmi les « réalistes ». le langage restitue le réel. c'est-à-dire indirectement. La chose en soi. Il a tenté le vaste projet de réaliser une synthèse entre la philosophie d'Aristote et la théologie chrétienne . les choses sensibles (la Création). Thomas d'Aquin en tire les conséquences pour la théologie : Dieu ne peut être connu que par ses effets. La réalité nue. wikipedia.Réalisme (philosophie) Aristote Voir paragraphe "Aristote et la table rase" dans l'article consacré à l'empirisme : http:/ / fr. Il est impossible de se former un concept adéquat de Dieu. Toutefois Kant se montre aussi largement critique d'un certain point de vue dogmatique qu'il qualifie lui-même de réalisme transcendental : l'espace et le temps. qui hypostasiait les universaux en dehors même de la nature et en faisait des choses absolues. Il reprenait en effet la théorie de la connaissance aristotélicienne qui expliquait que l'on ne peut connaître qu'à partir des choses sensibles en abstrayant leur structure rationnelle. il n'a que l'imagination et doit nécessairement être « illuminé » par l'Intellect unique pour penser à l'occasion de la sensation. il faut distinguer universel. en dehors de cet objet beau dans lequel il apparaît). Le réalisme moderne Chez Kant On trouve chez Kant un certain héritage du réalisme. indépendamment des sensations qu'ont les hommes. et l'espace et le temps qui ne sont que les conditions subjectives qui nous sont nécessaires pour structurer au sein de l'entendement les phénomènes (littéralement « ce qui apparaît ». Ainsi se construit la théorie de l'analogia entis ou analogie de l'être. singulier . L'idéalisme kantien laisse de fait une place au réalisme dans une opposition dualiste classique du sujet et de l'objet : la pensée et l'être sont deux choses bien distinctes. 3. et qui devient ici l'objet d'expérience possible). Il s'oppose à la doctrine d'Averroès. org/ wiki/ Empirisme. le réalisme médiéval. particulier. Le nominalisme s'oppose principalement au réalisme de type platonicien et néoplatonicien. Adam de Blasham. les universaux sont des choses (réisme) . notamment dans la Somme de théologie et la Somme contre les Gentils. on compte: Boèce. et non un terme d'un terme . prise comme 152 . pour qui c'est un Intellect divin commun à tous les hommes qui pense et se pense lui-même. dans la prédication une chose est prédiquée d'une chose. Réalisme et nominalisme Article détaillé : Querelle des universaux. Albéric de Paris. Gilbert de Poitiers (de la Porrée). Le réalisme médiéval Thomas d'Aquin La grande figure du réalisme médiéval fut notamment Thomas d'Aquin. Selon Alain de Libera[6]. L'homme est par lui-même incapable de « penser ». tu disais que celles-ci sont multiples et multiformes. p. non au sens de William James). Elie Zahar parle à son propos de réalisme structural. mais par autre chose comme la beauté ou la grandeur ou autre chose du même genre ? » [3] Platon : « Posons qu'il y a deux espèces d'être (duo eidè tôn ontôn). [4] Ménon. Elle est représentée essentiellement par Nicolas Machiavel. si. Ménon. 1996. 1888. l'autre invisible.F. La querelle des universaux. Le Crépuscule des idoles. [6] Alain de Libera. Ménon. car toute perception prise sous le rapport d'espace et de temps n'est perception que de phénomènes. l'une visible. La phénoménologie. [5] Jean-François Lyotard. P. [2] Platon. en continuant avec cette image. 10. « La raison dans la philosophie ». Selon lui. car il soutient l'idée que l'expérience est déjà structurée (relationnellement) et que l'esprit de l'homme construit la science à partir de cette pré-structuration. elle ne doit pas rechercher des principes en soi ou en dehors de la nature. 80d : . si je te demandais : « Est-ce donc que tu les dits être multiples et multiformes et différant les unes des autres par ce fait même d'être abeilles ? Ou bien. Le réalisme politique C'est une attitude qui privilégie le pragmatisme (au sens courant du mot. 153 . 1954. ce qui est l'affaire illusoire de la métaphysique spéculative. en cela. (Que sais-je). Posons également que celui qui est invisible garde toujours son identité. car ce qui détermine les formes a priori de la connaissance (l'espace et le temps) constitue pour Kant le « pays de la vérité ». 79a). Références [1] Friedrich Nietzsche. à propos de la substance de l'abeille.U. ce que ça peut bien être. que me répondrais-tu. Ceux-ci ne sont toutefois pas réduit à l'état de simples apparences. Il explique cela notamment dans La valeur de la science (1905). p. elles ne diffèrent en rien. 133. Le positivisme Auguste Comte est un représentant du réalisme. La science est une formalisation des phénomènes.Réalisme (philosophie) noumène nous serait donc impossible. 31. moi. le fait scientifique est la traduction nette du fait empirique (« Le fait scientifique n'est que le fait brut traduit dans un langage commode »). Cela peut parfois recouvrir des solutions qualifiées de péjoratives comme la realpolitik. celle de l'essaim. dans un autre ordre d'idée : Henri Poincaré. en ce qu'il nie qu'il existe autre chose par-delà les phénomènes. demandé. Un autre auteur français sera une figure du réalisme. ayant. tandis que celui qui est visible ne la garde jamais » (Phédon. 393. 72b : « Eh bien. 137. Seuil. Si son usage est initialement philosophique. à savoir l'actualité. ce concept désigne alors à la fois le principe et l’actualité d'un objet donné. René Descartes développe le thème d'une réalité objective très éloignée de la realitas des scotistes : la réalité objective c'est tout ce qui se distingue à la fois de la fiction et de « l'être de raison ». elle est donc d’ordre phénoménal. Pierre Auriol note ainsi que « le terme « chose » se prend en deux acceptions : d'une part au sens d'une chose essentielle. fugace et changeante des choses. (l'une essentielle. Les sensualistes anglais radicalisent l'approche cartésienne. L'apparence sensible est donc une forme d'illusion. « la doctrine des Scotistes »[4]. Publié en 1692. pour accéder au monde des idées. Kant en revanche considère que la réalité pour l’être humain n'est rien d'autre que celle qui lui apparait. Chez George Berkeley la reality devient presque synonyme d’effectivity. — et alors il n'est pas vrai que l'être de la pierre ne soit que sa réalité —. en tout cas d'imperfection de l’archétype parfait. il y a deux réalités. la réalité n'est pas conçue comme identique ou équivalente à la vérité. sa manifestation sensible . et en permet la connaissance. La réalité objective de l'idée désigne ainsi ce processus mental de représentation qui attache une idée à une chose positive[5]. La réalité du monde des essences est en particulier le domaine de la métaphysique et des religions. Dans la tradition scotiste la réalité d'une pierre comprend à la fois son essence (l'idée de pierre qui permet d'identifier toutes les pierre existantes) et son concret (cette pierre en particulier)[2]. Dans sa Troisième méditation. particulièrement dans sa branche ontologique. Dans son Traité de la nature humaine. 154 .Réalité Réalité La réalité est l’ensemble des phénomènes considérés comme existant effectivement par un sujet conscient. Réalité : essence et sensible Pour les philosophes de l’Antiquité. la pierréité. qui fonde tout ce qui existe dans le monde sensible. Ce concept désigne donc ce qui est perçu comme concret. et celui du sensible. italien (realtà) ou espagnols (realidad) dérive d'un mot forgé au XIIIe siècle par le philosophe scolastique Duns Scot : la realitas. Pour Platon. la réalité est manifeste dans deux mondes : celui des essences. rêvé ou fictif[1]. L'acception scotiste de la réalité domine la pensée européenne jusqu'à la fin du XVIIe siècle. »[3]. Des acceptions concurrentes ont pourtant déjà émergé plus tôt dans le siècle. il faut dépasser l'apparence sensible. du fait de cette dissociation. notamment en science. et alors cela est vrai . la chose. et l'autre accidentelle. Étymologie Le terme français réalité. il a intégré le langage courant et donné lieu à des usages spécifiques. Construit à partir du latin res. Un scholiaste de Duns Scot. allemand (realität). Du coup. la chose en soi étant. mais ce qui existe effectivement[6]. tout comme ses équivalents anglais (reality). David Hume oppose clairement le réel au possible : appartient au réel non pas ce qui peut exister. le Lexicon rationale seu thesaurus philosophicus d'Étienne Chauvin ne voit dans ce terme qu'une caractéristique de l’entièreté de la chose. il en résulte que dans la pierre existant effectivement. d'autre part au sens de la réalité actuelle. elle inconnaissable. par opposition à ce qui est imaginé. Dick pour qui « la réalité. la réalité a été créée et mise en forme par Dieu. Toute question se rapportant au monde extérieur qui ne se fonde pas en quelque manière sur une expérience. est déclarée être une question absurde et rejetée comme telle[8].Réalité La réalité selon les religions Bouddhisme Dans le bouddhisme. sur l'Eveil (bodhi). elle est donc nécessairement variable en fonction des individus. La notion de réalité dépendant des expériences vécues. l'accent sera mis davantage sur l'interdépendance des phénomènes. Il n'y a pas de chose qui existe en soi (ou absolument) pour un bouddhiste. Cette position est voisine de celle de l'écrivain Philip K. ni deux personnes qui n'ont jamais communiqué ensemble et vivent sur deux continents différents de découvrir les mêmes sans jamais s'être concertés. la non-dualité. une observation. le seul critère qui permet de la distinguer. Richard Dawkins Richard Dawkins estime qu'on peut définir la réalité comme ce qui peut rendre les coups (« Reality is what can kick back »). c'est ce qui continue à s'imposer à vous quand vous cessez d'y croire ». Le bouddhisme theravāda affirme un dualisme (qui est d'ordre sotériologique plutôt qu'ontologique) entre d'une part les phénomènes conditionnés ( et. Cette section est vide. C'est. Pour le bouddhisme. qui avant d'être une "religion" fait partie des écoles classiques de la philosophie indienne[réf. Sans elles. Nibbāna). cette nature ultime de la réalité est l'absence de soi ou d'égo (anatman). nécessaire]. ultimement irréels : le saṃsāra) et d'autre part l'Absolu (seule réalité. la réalité relative est différenciée de la réalité absolue qui est la vraie "nature" des phénomènes. de l'illusion. Par conséquent la couleur rouge est la réalité pour le voyant et n'est pas la réalité pour l'aveugle. sur la Connaissance transcendante (Prajna). vijñāna) comme seule réalité (Cittamātra). 155 . en effet. Cette définition particulière a pour effet de définir par exemple comme réelles : • La réalité virtuelle (ce qui justifie d'ailleurs l'emploi du terme de « réalité ») • Les nombres premiers. la vacuité. "l'autre rive". Selon les écoles. Religions monothéistes Pour les religions venant du Dieu d'Abraham. insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide [7] est la bienvenue ! La réalité dans les sciences Max Planck La question de savoir ce qu'est une table en réalité ne présente aucun sens. Il en va de même ainsi de toutes les notions physiques. L'ensemble du monde qui nous entoure ne constitue rien d'autre que la totalité des expériences que nous en avons. tandis que le bouddhisme mahāyāna affirme l'identité ultime des deux comme vacuité et non-dualité : "tous les dharma ont pour caractéristique la vacuité" (Sūtra du Cœur)[réf. aucune décision arbitraire ne peut empêcher un nombre premier de l'être. sur l'esprit ou la conscience (citta. qui est une "voie moyenne" entre un "nihilisme" et un "éternalisme". etc. le créateur du monde et des êtres vivants. selon lui. le monde extérieur n'a aucune signification. souhaitée]. sans discussion possible. sur la "nature de Bouddha". Tout ceci est une vérité révélée par les prophètes de Dieu afin que les croyants se rappellent d'où ils viennent et que rien n'est le résultat du hasard. composé de différents phénomènes. quant à elle. mais c'est une donnée. p. Dick[réf. celle de l'expérience de ce qui est. Ainsi. 1062-1063 Jean-François Courtine. La réalité. La notion de réalité dans le constructivisme La réalité peut donc être considérée comme une expérience inévitablement relative à celui qui l'appréhende. c'est ce qui continue d'exister quand on cesse d'y croire. nécessaire] La notion de relativité de la réalité est également étudié par René Laforgue dans un ouvrage du même nom. 1063 Jean-François Courtine. La psychanalyse ne discrédite cependant pas l'idée d'une « réalité extérieure » . goûtes ou respires. Article réalité dans Dictionnaire européen des philosophes." . ne sont rien que des impulsions électriques interprétées par ton cerveau. psychanalyste Jungien de formation qui a lui-même écrit sur le sujet en 1976 la réalité de la réalité. une réalité en soi. Article réalité dans Dictionnaire européen des philosophes. dans cette logique.". En 1981. wikipedia.Philip K. et elle reste toujours relative à celui qui la perçoit comme une réalité.1994-2003 p. La psychanalyse étudie une « réalité psychique » associée à l'appareil psychique: elle donne le statut de réalité à l'esprit et l'étudie tout comme un lieu ou un appareil. Œuvres Pléiade. vois. L'image du monde dans la physique contemporaine . p. p. Il exprime ainsi une « collaboration du monde extérieur et de notre esprit pour construire la réalité ». rien de plus. 1061 Jean-François Courtine. C'est le principe du constructivisme qui s'oppose donc partiellement au réalisme. Citations • "Ma main se sent touchée aussi bien qu’elle touche. Le réel s'impose donc au sujet et est caractérisé par l'inquiétante étrangeté (Unheimlich)." . Réel veut dire cela. php?title=R%C3%A9alit%C3%A9& action=edit Max Planck.Friedrich Nietzsche[réf. d'accéder a une vision "plus vraie" des choses. org/ w/ index. Pour Jacques Lacan. Article réalité dans Dictionnaire européen des philosophes. la démarche de connaissance consiste à investiguer le réel pour bâtir un savoir qui constitue notre réalité. systèmes ou instances." .Paul Valéry. c'est mon système neuronal.Morpheus dans "The Matrix". • "La réalité. p. Mon Faust. Article réalité dans Dictionnaire européen des philosophes. l'ouvrage collectif intitulé l'invention de la réalité présente ce qu'est le ressenti de la réalité. relève de la dimension imaginaire. Edgar Morin préfère parler de coconstructivisme pour éviter l'image d'une réalité issue d'une construction exclusivement mentale. Dans le constructivisme la réalité est donc une construction de l'esprit.[réf. symbolique et imaginaire. Cette exploration est établie sous la direction de Paul Watzlawick. le réel est ce qui fait objection au savoir. 1060-1061 Jean-François Courtine. souhaitée] • "Comment définir le réel ? Ce que tu ressens. Sigmund Freud compara par exemple cette réalité à une ville réunissant d'anciens monuments et des bâtiments modernes. p.1310 Jean-François Courtine. Article réalité dans Dictionnaire européen des philosophes. La connaissance ne permet pas. 1065 http:/ / fr. Tome 2 • "La réalité. il s'agit en fait de redonner sa place au psychique. souhaitée] Notes et références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] Larousse encyclopédique en deux volumes . et explique également comment il peut évoluer.Réalité 156 Le réel en psychanalyse Article détaillé : Réel. Il n'y avait donc alors pas de référence au moindre processus cognitif. avec notamment Ernst von Glasersfeld. par l'expérience». quant à elle. les termes de connaissances et savoirs sont employés alors que. ce terme ne s’employait qu’au singulier et était défini comme «Connaissance acquise par l'étude. 1981. "La Tyrannie de la réalité" Relativité de la réalité (. sa réussite : « Savoir. Définitions En français. association qu'on retrouve de nos jours sous la forme de la confusion traditionnelle entre le savoir et l'intelligence . Heinz von Foerster et des personnalités de l'école Pablo Alto. d’une discipline. le savoir se rend plus visible et . Le TLFI amplifie cette définition : « Ensemble des connaissances d'une personne ou d'une collectivité acquises par l'étude. La République Descartes. le fait de savoir fut considéré comme une attestation ou garantie de sagesse. connaissances pratiques. Ce n'est qu'au Moyen Âge qu'émergea le sens actuel après avoir transité par une forme figurée désignant une personne en quelque sorte « informée ». Ce terme s’emploie généralement au pluriel : connaissances usuelles. par exemple. Traité de la nature humaine Clément Rosset. par l'observation. • L'invention de la réalité.Réalité 157 Bibliographie • • • • • • • Platon. À partir de cette époque. base de connaissances. Méditations Métaphysiques Berkeley. (ISBN 9782020294522) Savoir Le savoir est défini habituellement comme un ensemble de connaissances ou d'aptitudes reproductibles. Pour Littré (1877). verbe qui employé intransitivement indiquait une entité qui possédait une saveur. la composante consciente et volontaire de cette élaboration s'appelle la métacognition. C'est aussi sur des mises en situation que reposent les meilleures évaluations du savoir alors que des tests basés sur la seule restitution d'informations ne garantissent pas sa qualité et par conséquent sa valeur. etc. qui s'oppose à une simple accumulation et rétention hors de toute volonté d'application. c'est pouvoir ! ». Ce décalage a une origine ancienne puisque le mot provient du latin sapere. Le savoir se distingue par divers traits d'un ensemble de connaissances en particulier par la dimension qualitative : l'acquisition d'un savoir véritable suppose un processus continu d'assimilation et d'organisation de connaissances par le sujet concerné. on distingue savoir et connaissance : • Le savoir désigne une construction mentale individuelle qui peut englober plusieurs domaines de connaissance. Savoir et connaissance s’opposent au domaine de la croyance. De même. l'anglais utilise knowledge dans tous les cas. Tout comme savoir et connaître ne s'emploient pas dans les mêmes contextes. "Le réel" et "Le réel et son double" Mona Chollet. Au niveau individuel le savoir intègre donc une valeur ajoutée en rapport avec l'expérience vécue et de multiples informations contextuelles. » • La connaissance se réfère. La plupart des « savoirs » individuels sont naturellement utiles à l'action. à un domaine précis extérieur au sujet : connaissance d’une langue. Principes de la connaissance humaine Hume. par l'apprentissage et/ou par l'expérience . Chaque personne organise et élabore son savoir en fonction de ses intérêts et besoins . acquises par l'étude ou l'expérience. à sa performance. Contributions au constructivisme. René Laforgue. Réflexions sur la genèse du besoin de causalité et sur le conditionnement de l'intelligence). Collectif sous la direction de Paul Watzlawick. des oppositions telles que « tête bien pleine » et « tête bien faite » rappelant que les choses ne sont pas si simples. Les savoirs les plus intellectuels reposent sur l'appropriation ou création de concepts. Selon les époques et les cultures. De ce point de vue. Des « entrepôts du savoir » sont créés et entretenus comme mémoire collective : bibliothèque. une ressource de nature immatérielle. c'est une composante de son identité. La gestion doit s'appuyer sur une « culture du savoir » partagée par la communauté et rester en phase avec cette dimension. Ce secteur a commencé à émerger en fin des années 1980 quand la quantité d'informations disponibles s'est avérée excéder les capacités de leur intégration par les organismes. l'éducation a pour mission d'aider à l'appropriation du savoir collectif élémentaire. quant à elle. Le poids et la reconnaissance de ce savoir et donc du savoir présentent des formes variables. partage du savoir. • certains systèmes informatiques. Le savoir doit être perçu comme la possibilité de prestations ou de produits de qualité supérieure. échanges de savoirs. la pédagogie étudie les conditions de ces transmissions entre novices et apprenants et leurs maîtres ou professeurs plus expérimentés ou plus savants. le concept s'étend naturellement à toute entité capable d'une capitalisation analogue de son expérience : • les autres animaux et autres organismes « savants » . mais le sort de la communauté est généralement lié à la conservation de ce patrimoine immatériel. • transmission du savoir. « savoir de l'Humanité ». « Rétention d'informations ». Dans une certaine mesure. l'enseignement complétant l'acquisition de connaissances et savoir-faire disciplinaires. Si le savoir est à l'origine une composante personnelle et individuelle. en parallèle avec le développement des « savoirs scientifiques » ou de la philosophie. ce que l'Information est au système d'information de l'entreprise. • les communautés ou groupes humains et donc l'humanité dans son ensemble . Les facteurs humains. Chaque communauté repose sur un savoir partagé . Au sein des sociétés et cultures. utilisée notamment dans le champ de la formation des adultes renvoie aux attitudes et comportements qu'un sujet met en œuvre pour s'adapter à un milieu. maîtrise des savoirs. on parle de « savoirs traditionnels ». sociaux doivent toujours être pris en considération pour une bonne compréhension de la démarche et la reconnaissance de sa légitimité : c'est l'ensemble de la structure qui doit se penser comme « organisation apprenante ». L'efficacité de la transmission étant pour une part fonction de la plasticité mentale de l'apprenant. On parle donc de : • acquisition du savoir.Savoir pratique sous le nom de « savoir-faire ». on parle ainsi d'acquisition d'un socle commun. cette valeur prend l'allure d'un bien et même d'un « bien économique ». sont des réflexes qui doivent parfois être modérés avant tout autre objectif. 158 . « savoir-vivre ». appropriation des savoirs . sans que cela pose l'équivalence du savoir humain et du savoir de la machine nommée telle qu'il est mis en œuvre dans un système expert . laissant provisoirement de côté l'insaisissable dimension psychologique.. Le savoir se présente donc généralement comme une valeur collective . elle-même fonction de son âge en particulier. On réifie donc cette réalité en la matérialisant dans le langage. etc. la GS est à la Connaissance. l'organisation du savoir collectif et les capacités de son exploitation par les personnels. Elle se compose de pratiques diverses soutenant la création de savoirs. La notion de "savoir être". D'un certain point de vue. centres de documentation. Gestion du savoir La gestion du savoir (GS) a pour objectif la valorisation du savoir au sein d'une entreprise ou d'une organisation pour de meilleures performances. • gestion du savoir (GS). etc. circulation du savoir . etc. . la conservation du savoir et la transmission des connaissances s'appuient sur la communication orale et l'expression écrite. « savoirs spécialisés ». valorisation des savoirs. « culte du secret ». le savoir se transmet de manière informelle par la communication entre pairs ou interaction entre membres de statuts comparables. pendant que la formation professionnelle est chargée de la transmission des savoirs professionnels. etc. accès au savoir. On se demandera en particulier quel est le déficit de la « mémoire organisationnelle » en cas d'absence ou de départ de tel ou tel employé. Elle peut vouloir ignorer qu'elle n'est pas seulement une "machine à profit". Cette adéquation ne doit pas être uniformisante et façonner un employé moyen. Cela comprend : • la mise en formes explicites de savoir-faire implicites. mais au contraire se préoccuper notamment de l'accessibilité d'un même savoir à des « clients » très divers. selon l'organisme concerné. mais des concitoyens. au risque de voir surgir des réactions et des désordres imprévus bien contraires à l'intention première. ne doivent jamais être sous-estimées à tous les stades de la valorisation du savoir. le modèle global peut être une espèce de « marché du savoir » où l'offre et la demande devraient coïncider et satisfaire à tout moment les besoins des producteurs et des consommateurs. sans se restreindre au secteur d'activité ou au cadre professionnel. Il ne faut pas oublier que l'élaboration ou acquisition d'un savoir véritable demande du temps. Pour les grandes organisations au moins. les composantes relationnelles. • le recensement de multiples formes de compétence restées méconnues. en particulier dans la gestion et la communication de la documentation et autres mises en forme des connaissances. une dynamique de création de savoirs doit être progressivement mise en place. évolutions et mutations). Alors. Cette démarche pourra à un autre niveau accompagner ou soutenir toutes les modalités de changement de l'organisation (logique de projet. 159 . elle peut "ne rien vouloir savoir" de certains de ses propres défauts. L'informatique est employée aux différents stades de la valorisation du savoir. mais aussi partie prenante d'une société d'êtres humains qui ne sont ni des clients ni des employés. Comme il a été dit. Comme tout acteur social. Sources : « Introduction à la gestion du savoir dans la fonction publique ». les facteurs psychologiques. On peut parler de « savoir méconnu » plutôt que de « savoir caché » (qui relèverait plutôt des secrets professionnels et apparentés). Les investigations et initiatives nécessaires doivent valoriser simultanément la place du savoir de chacun au sein de l'activité. pour finalement vérifier et soutenir leur usage dans les pratiques effectives. ou de son propre passé. À ce stade. il faut garantir l'accès de tous à ces ressources. On peut parler de « savoir instable ». La gestion du savoir peut être ainsi conçue comme la zone commune à la veille informationnelle et à l'information et communication internes.Savoir La gestion du savoir s'attache d'abord à expliciter le « capital intellectuel » des employés en association avec la « mémoire » organisationnelle. motivation qui peut se nourrir du gain d'autonomie qu'apporte à toute personne une meilleure gestion de son savoir propre. On n'oubliera pas non plus que l'organisation peut n'avoir aucun intérêt à maintenir certains savoirs. la confrontation de cette carte avec la structure et fonctionnement de l'organisation peut permettre de relever ses faiblesses du point de vue de la valorisation du savoir (gestion des ressources humaines). Cela rejoint naturellement les démarches de validation des acquis professionnels et la détermination des parcours de formation. les grandes lignes d'une « cartographie du savoir » peuvent déjà être déployées . Une fois les savoirs inventoriés et préservés dans un processus d'accroissement continu. Mais il est sans doute inhérent à toute institution humaine de ne bâtir ses propres savoirs qu'en en refusant d'autres. de la disponibilité et donc avant toute chose une réelle motivation . Centre canadien de gestion sur l'organisation apprenante. La complexité de ces processus requiert des investissements dans les technologies de l'information. Il s'agit donc de développer et consolider les formes de communication (échanges d'idées) et de créativité en les orientant vers la réalisation de ressources pérennes réutilisables. avril 1999. htm) • Portail de la psychologie Scepticisme (philosophie) Cet article n’est pas rédigé dans un style encyclopédique. nous arriverons d'abord à la suspension de l'assentiment. Son principal objectif n'est pas de nous faire éviter l'erreur.u-paris10. Esquisses pyrrhoniennes. 8 » . Les liens externes doivent être des sites de référence dans le domaine du sujet. La formation de l'esprit scientifique.fr) Un blog sur la gestion des savoirs et des connaissances • Savoirs tacites (http://www. « qui examine ») est au sens strict une doctrine selon laquelle la pensée humaine ne peut déterminer une vérité avec certitude. Culture et stratégie japonaise dans la société de la connaissance. Nicolas Adell (Armand Colin.ca/iacb-dgiac/km-gs/) • Beta Cygni (http://www. Bernard Charlot. Élisabeth Bautier et Bernard Charlot. mais de nous faire parvenir à la quiétude (ataraxia). loin des conflits de dogmes et de la douleur que l'on peut ressentir lorsqu'on découvre de l'incohérence dans ses certitudes. Gaston Bachelard Références Liens externes Cet article ou cette section a trop de liens externes. Il ne s'agit pas de rejeter la recherche. • Politique de gestion des connaissances du Canada (http://www. 2011). Le scepticisme (du grec skeptikos. Pierre Fayard.evolution-relations-sociales. [1] Vous pouvez améliorer sa rédaction ! Pour les articles homonymes. Le scepticisme affirme que l'homme ne peut trouver ni une réponse aux questions philosophiques.Savoir 160 Bibliographie • • • • • Anthropologie des savoirs. Sextus Empiricus.hc-sc.savoir-avoir. de quelque manière que ce soit.fr/savoirs/ Accueil. mais au contraire de ne jamais l'interrompre en prétendant être parvenu à une vérité absolue. Du rapport au savoir. I. du fait de la force égale qu'il y a dans les objets et les raisonnements opposés. voir Scepticisme.fr/savoirs-tacites/) Mémoire sur les savoirs tacites • Le savoir en ligne (http://www. même si elles existent. capacité par laquelle.net) • Revue scientifique sur les savoirs et la pédagogie en formation d'adulte (http://netx. Il est souhaitable — si cela présente un intérêt — de citer ces liens comme source et de les enlever du corps de l'article ou de la section « Liens externes ». Nous possédons cependant quelques fragments de l'œuvre de son disciple Timon de Phlionte.collaboraction. Le réveil du samouraï. Le scepticisme antique est ainsi résumé par Sextus Empiricus : « Le scepticisme est la faculté de mettre face à face les choses qui apparaissent aussi bien que celles qui sont pensées. l'école sceptique eut pour fondateur le philosophe Pyrrhon dont nous ne connaissons que peu de choses.gc. Dans l'Antiquité. Les jeunes et le savoir. et après cela à la tranquillité». ni une certitude concernant les réponses aux questions philosophiques et énigmes de la nature et de l'univers. Du point de vue de la connaissance. (ou quelques décennies avant J. est de détruire les fausses opinions que nous soutenons à tout propos et qui nous rendent malheureux en nous trompant sur la nature des choses. mais la comparaison s'arrête là. une raison contraire et tout aussi convaincante. Mais. Ce qu'ont enseigné les autres sceptiques est difficile à établir avec certitude. Mais il faut dire toutefois que ces philosophes ne semblent pas avoir eu conscience de la nouveauté épistémologique de leur doctrine. Nous possédons deux œuvres de Sextus Empiricus.-C. Agrippa puis Sextus Empiricus. Le terme a. Selon Victor Brochard.-C. J. été récupéré par des mouvements n'ayant qu'un lointain lien avec le scepticisme mais qui cherchent à mettre en avant leur contestation face à des idées présentées comme vraies. En revanche. l'ataraxie et l'acatalepsie (la tranquillité et l'absence d'une souffrance qui serait due à une compréhension dite incomplète). les esquisses pyrrhoniennes et Contre les professeurs. car le sceptique entend bien rester dans l'ignorance en n'admettant rien qui ne soit douteux. apparaît avec telle qualité sensible ». d'un point de vue moral. sceptique est un adjectif abondamment utilisé. et sur tout sujet. le sceptique suit les croyances établies. Il ne dit pas : « cet objet (comme substance) est tel (qualité intrinsèque) » . la Nouvelle Académie paraît être la véritable héritière du scepticisme pour la période IIIe . mais laisse toujours ouverte la possibilité d'une réfutation. Il ne formule pas d'hypothèses.Scepticisme (philosophie) Au-delà de cet usage strict du terme. Ce dernier point peut être rapproché de l'épicurisme . avec Énésidème. dans des sens parfois éloigné de l'usage antique. cela revient Sextus Empiricus à nier la catégorie de substance. comparable à l'esprit scientifique moderne. cette distinction permet d'établir des règles de vie issues de l’expérience : en général. dans ses formulations les plus rigoureuses. est une véritable méthode scientifique.). le scepticisme. enfin. En effet. c'est-à-dire que l'apparence est telle qu'elle nous apparaît. la philosophie sceptique (dans sa période tardive) est une philosophie non dogmatique dont le principe méthodologique est d'opposer à toute raison valable. Le Scepticisme Antique Doctrine générale D'après Sextus.-C. 161 . avant eux. la réalité des phénomènes est tenue pour certaine. Histoire du scepticisme antique Cette philosophie ne semble prendre une forme systématique qu'au premier siècle après J. que l'on peut qualifier de logique.Ier siècle av. ne posant aucune hypothèse d'ordre métaphysique. mais : « cet objet. en tant qu'il m'apparaît. même s'il n'y croit pas. particulièrement à la Renaissance. Les opinions du sens commun lui sont indifférentes : telle est la conclusion morale de cette philosophie. pour n'affirmer que des apparences liées sans substrat métaphysique . Le but de cette recherche. le scepticisme n'interdit pas d'étudier les phénomènes et d'en faire la théorie. Il a servi à désigner un certain défaitisme face à la connaissance. trop occupés qu'ils étaient dans leur recherche de l'indifférence heureuse. la nouvelle académie prétend que les choses sont insaisissables. (onzième scolarque). ils assurent cela. J.-C. Évandre (huitième).-C. 71). Les membres de la nouvelle Académie. ne déterminant rien. par Arcésilas de Pitane. Pour le sceptique. 226 De plus. Clitomaque en 128 av. au milieu. certains sceptiques faisaient remonter l'origine de leur pensée à Homère et aux sept sages. J. Mais on trouve également des interrogations sur la possibilité de la connaissance chez les Présocratiques : À cause de la faiblesse de nos sens. enseignait que l'on ne peut atteindre que le probable (pithanon). Téléclès en 208 av. L'ancien scepticisme Nous savons peu de choses sur l'ancien scepticisme. Démocrite Il n'y a jamais eu. car l'affirmation selon laquelle rien n'est saisissable est encore dogmatique. d'orientation sceptique. d'orientation probabiliste. pour demeurer sans opinion et n'accepter que le raisonnable. D'abord. nous sommes impuissants à distinguer la vérité. La Nouvelle Académie eut comme scolarques. nos choix quotidiens) la recherche de ce fortement plausible. même s'ils disent que toutes les choses sont insaisissables. Xénophane de Colophon Protagoras affirme que sur tout sujet. qui paraît n'être essentiellement qu'un scepticisme pratique : • Voir articles détaillés Pyrrhon et Timon de Phlionte La Moyenne et la Nouvelle Académie • La IIe Académie ou Moyenne Académie (Academia media). il n'y aura jamais un homme qui connaisse avec certitude ce que je dis des dieux et de l'univers. Quand même il rencontrerait la vérité sur ces sujets. recteurs : Lacydès en 241 av. alors que le sceptique s'attend à ce qu'il soit possible que telle chose soit saisissable) Esquisses pyrrhoniennes. Selon Sextus Empiricus. fut fondée vers 268 av. De nombreux aspects de ce qui s'appellera plus tard le scepticisme imprègnent ainsi la civilisation de la Grèce. 51). les théories de la nouvelle académie diffèrent du scepticisme sur deux points. diffèrent sans doute des sceptiques d'abord justement en disant que toutes les choses sont insaisissables (en effet. (septième). I. On trouve en effet très tôt des formules sceptiques dans la culture grecque : Rien de trop par exemple.Scepticisme (philosophie) Les origines D'après Diogène Laërce (IX. le concept de suspension du jugement. Les représentations vraies sont indiscernables des représentations fausses.-C. Carnéade en 186 av. il ne serait pas sûr de la posséder : l'opinion règne en toutes choses. J. Anaxagore La vérité est au fond du puits.-C. examinée plusieurs fois et indubitable. Article détaillé : Nouvelle Académie. alors que le sceptique. en bas. Mais leur synthèse en un système philosophique cohérent prendra encore quelques siècles. 162 . sans tomber dans un scepticisme absolu. on peut opposer des raisons contraires (Diogène Laërce. de l'impression plausible. J. • La IIIe Académie ou Nouvelle Académie (Academia nova) au sens strict. ne suit que ses perceptions et les normes de l'endroit où il vit. Il a introduit. IX. J. dans la pratique il faut user du probable et du vraisemblable. épochê. Cela les mène à choisir pour critère de vie (c'est-à-dire du critère qui déterminera nos actions. en dictant une échelle de valeur composée. c'est qu'il ne sait rien. mais l'entendement conquiert sa faculté de douter. les néo-académiciens recherchent le plausible.-C. plutôt que Pyrrhon. (c'est le plus important des scolarques). il est impossible de déterminer si les choses sont saisissables ou non. cinquième scolarque. (sixième scolarque). Le sceptique se contente de suspendre son jugement. Hégésinus (neuvième). Socrate affirme que tout ce qu'il sait. de l'impression simplement plausible. de l'impression plausible et examinée et en haut. Il prétendait que l'on ne peut rien savoir. ni règle. I. La religion devient une des principales causes de souffrance. c'est sa propre intériorité. se caractérise par une mise en branle des certitudes concernant la physique. considérez son contenu avec précaution. Ils ne trouveront que contradictions entre les différentes écoles. branche particulièrement liée à la médecine et à l'expérimentation scientifique : • Voir articles détaillés Ménodote de Nicomédie et Sextus Empiricus Scepticisme au sens large Le fondement du scepticisme de l'après Moyen Âge est que science. afin de trouver une réponse acceptable à la subite instabilité du monde. car les hommes qui affirment se conformer à sa doctrine ont recours au plausible au cours de leur vie.Scepticisme (philosophie) Mais nous différons aussi de la nouvelle Académie sur ce qui conduit à la fin. c'est aussi la période de violentes et interminables guerres de religion au sein du christianisme. 231 Le néo-pyrrhonisme Il semble bien que le scepticisme n'atteint à sa conceptualisation la plus rigoureuse qu'à cette époque. la psychanalyse). Ceci durera jusqu'à l'arrivée de Newton et sa théorie de l'attraction universelle.Esquisses pyrrhoniennes. la théorie de l'évolution de Darwin. 163 . avec des sceptiques que l'on a parfois qualifiés de dialectiques : • Voir articles détaillés Énésidème et Agrippa Plus ou moins différenciée du scepticisme dialectique. outre la redécouverte des Anciens. c'est-à-dire que l'une ne va pas sans l'autre. Le scepticisme de la Renaissance La pertinence de cette section est remise en cause. En discuter ? (Mars 2013) La Renaissance. . sans qu'on puisse raisonnablement donner la préférence à l'une d'elles. les coutumes et nos affects naturels. Un des points de départ de la période de la Renaissance souvent mis en avant est la découverte de l'héliocentrisme par Copernic. Montaigne en déduira qu'il est vain de tenter de découvrir le fonctionnement du monde. dont ils disposent enfin des textes. puis une troisième. il exista également une branche empirique de cette école. Le seul domaine de recherche qui est autorisé au philosophe. matérialisme et athéisme sont trois positions philosophiques intimement liées. Il s'agit d'un véritable traumatisme dans le domaine de la connaissance humaine. L'Europe est déchirée et commence à douter de ses dogmes. sa certitude de vivre dans un monde harmonieux vole en éclats. alors que nous-mêmes vivons sans soutenir d'opinion en suivant les lois. Il n'y a plus ni ordre. et Freud le qualifiera de première blessure de l'égoïsme de l'homme (à laquelle il fera en succéder une seconde. L'homme n'est plus au centre du monde. ni place prédéterminée. La Renaissance. Les humanistes se plongent alors dans la lecture des Anciens. de l'individu. le scepticisme se développe. Descartes et ses disciples qui partent d'une nouvelle définition de la souveraineté du sujet pensant. au premier rang. dont les thèses furent discutées par Leibniz dans les Essais de théodicée (1710). nécessaire] Chez lui le scepticisme est le premier pas vers la connaissance. auteur de nombreux traités sceptiques (par prudence les premiers sont publiés sous un pseudonyme) [2]. Deux figures centrales se détachent qui jouirent d'un immense prestige européen : Michel de Montaigne • sous Louis XIII et la jeunesse de Louis XIV.[réf. Pour lui. ce qu'on dit et pense par devers soi et entre amis. qu'on ne soit pas par exemple en train de rêver. et pour qui le doute sceptique n'est qu'une étape de la pensée. François de La Mothe Le Vayer dont les travaux et la pensée redonnent au scepticisme antique une véritable actualité européenne. son fonctionnement et mettent ainsi au point une technique pyrrhonienne de double parole (ce qu'on dit en public. Il est un moment à dépasser pour construire un savoir. Leurs œuvres consistent en une prise en compte de l'état de fait sceptique. On peut considérer que Descartes est plus proche de Montaigne du point de vue des principes fondamentaux de sa pensée que des philosophies rationalistes ultérieures. pour ensuite sauver la connaissance et la métaphysique. dans deux directions différentes comme une stratégie de résistance de l'individu. Le scepticisme de Descartes s'inspire fortement de celui de Montaigne (Les Essais). sous contrainte ou par servitude volontaire. . D'une part de grands lettrés. En France. • Sous Louis XIV. Pierre-Daniel Huet qui. Montaigne doute pour douter. observent. Le refus du double langage amènera Descartes à se retirer de la vie politique en raison de son désaccord avec ses contemporains sceptiques. alors que Descartes doute pour ne plus douter. sinon par la certitude de l'existence de Dieu. en particulier chez les rationalistes comme Descartes et Kant. on ne peut prouver que notre perception actuelle soit fiable. une skepsis critique). pour se disculper d'accusations d'athéisme pyrrhonien devra attaquer Descartes (Nouveaux mémoires) [3]. Pierre Bayle est également un grand sceptique français[4]. D'autre part.Scepticisme (philosophie) 164 Le scepticisme classique et moderne Cette section est vide. en montrant qu'il est possible d'avoir des connaissances. Votre aide [1] est la bienvenue ! La période classique et moderne constitue un effort pour briser le scepticisme pessimiste de la Renaissance. sur la souche commune de Montaigne. serviteurs du nouveau pouvoir monarchique. mais il ne faut pas perdre de vue que son objectif principal est de renverser le scepticisme ambiant. C'est sur le doute qu'est bâti son "Discours de la méthode". insuffisamment détaillée ou incomplète. Hume intègre ainsi le scepticisme dans le but de renforcer les théories empiristes. Descartes sont quasiment mis sur pied d'égalité comme source d'influence. d'autres philosophes avancent de nouvelles thèses sceptiques. On retient surtout : • David Hume : nous n'avons aucune preuve que la représentation du monde que nous fournissent les données des sens constitue une connaissance fiable de ce monde. et l'équanimité est l'attitude qu'on doit s'efforcer de cultiver. fondateur de l'école bouddhique Madhyamaka. les apparences (phainomena) d'un côté. et le sage ne distingue pas entre elles. ce mouvement est connu sous le nom de zététique. David Hume Période contemporaine Le scepticisme se retrouve aujourd'hui dans des courants de pensée tels que les différentes formes de constructivisme[réf. Toutes les choses extérieures sont les mêmes. ce qui rejoint aussi la notion de coproduction conditionnée) dans les phénomènes aussi bien que dans l'Absolu (nirvāna). et il faut complètement s'abstenir de formuler des propositions et de passer des jugements. il n'y a pas de différence entre elles. avec Barbara Cassin et Philippe-Joseph Salazar développent une réflexion limitrophe du scepticisme. qui proposent une philosophie de la connaissance d'inspiration clairement sceptique. et la vérité ultime (adêla) de l'autre. la pensée critique et à soumettre les pseudo-sciences à la méthode expérimentale. Toutes les opinions théoriques sont pareillement sans fondement. vers la sophistique et vers la politique. qui cherche à promouvoir la science. Edward Conze. Article détaillé : scepticisme scientifique."[6] . La Mothe Le Vayer. nie l'être aussi bien que le non-être : rien n'a de nature propre. mais nous pouvons néanmoins penser des objets en transcendant l'expérience (les idées régulatrices de la connaissance). mais je suis d'accord qu'il m'apparaît tel. le bouddhisme.Scepticisme (philosophie) 165 Ces deux directions structurent le scepticisme du XVIIIe siècle . Dans la philosophie de Pyrrhon. le mot « sceptique » devant dans son cas être entendu dans son sens courant. Pour gagner cet état d'indifférence on doit sacrifier tous les instincts naturels. La vérité ultime est complètement cachée : "Je ne sais pas si le miel est doux. en invalidant toute possibilité de réflexion métaphysique classique. dont la méthode rappelle les Esquisses pyrrhoniennes de Sextus Empiricus. Hors de la France. Il existe enfin un scepticisme scientifique. • Kant : notre perception a lieu dans l'espace et le temps. nécessaire]. érudit bouddhiste.Huet. toute connaissance phénoménale n'est que conventionnelle. structures transcendantales de notre esprit. Il n'a cependant aucun lien avec le scepticisme philosophique au sens strict[5]. nie la catégorie de substance et ne voit que « vacuité » (absence de nature propre qui ferait qu'une chose serait indépendante des autres choses. souligne la proximité du bouddhisme (particulièrement du Madhyamaka) avec le scepticisme pyrrhonien : Être libre de passions est le grand but de la vie. De façon plus générale. nécessaire]. En France. comme le scepticisme. Les études récentes en rhétorique comme critique philosophique. il y a la même distinction entre la vérité conventionnelle. Le scepticisme en Asie Nagarjuna. notre connaissance s'arrêtant aux données des sens. ou le constructivisme social[réf. ainsi nous ne pouvons jamais « connaître » le monde en soi (intemporel et non spatial). Desjonquères. traduction. NRF Essais.Campanella . De la patrie et des étrangers et autres traités sceptiques. Le Scepticisme et le phénomène. PUF. 1972. (ISBN 2-908728-13-3). Klincksieck/SLC.Hobbes Descartes . 2000 (ISBN 3-8233-5581-3). Paris.Scepticisme (philosophie) Contestation du scepticisme • Théorème de Cox-Jaynes : selon ce théorème. Albin Michel. PUF. Paris. David Hume. Marcel Conche. coll. • Richard H. 2003. 2008. Les Philosophes hellénistiques. Les Sceptiques grecs. Études • • • • • • • Victor Brochard. Pierre Pellegrin et Jacques Brunschwig. Hegel.Le Vayer . Vrin. Pierre-Daniel Huet. François de La Mothe Le Vayer. La Divine Sceptique. 1997. PUF.F. La Relation du scepticisme avec la philosophie. Long et Sedley. J. Histoire du scepticisme d'Érasme à Spinoza. • Philippe-Joseph Salazar. Paris. 2002. Vrin.. Diogène Laërce.). « GF ». Paris. trad. 1995 (traduction de la deuxième édition). Marianne Groulez. Vies. P. Le scepticisme au XVIe et au XVIe siècle. 1997. Jean Paul Dumont. Paris. Gianni Paganini. Paris. Seuil. Éthique et rhétorique au XVIIe siècle. coll. « GF-Corpus ». Paris/Toulouse. Par remises en cause successives. Tübingen. Esquisses pyrrhoniennes. des considérations de diminution d'entropie montrent que les idées de différents observateurs (qui ont des a priori différents) convergeront vers une vision unique là où une réalité sous-jacente objective existe. Paris. Mémoires de Pierre-Daniel Huet.-P. L'épicurisme" et tome III : "Les Académiciens. Vrin. Montaigne.Pellegrin. 2005. « Philosophies ». doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] [ lire en ligne [2]] (livre IX). Thomas Bénatouil. coll. Skepsis. en vue de créer les expériences qui les infirmeront ou non (cette idée étant aussi ancienne que le scepticisme). trad. Voir aussi inférence bayésienne.Bayle. Paris. 1944. il est nécessaire d'accorder un crédit provisoire à quelques idées non vérifiées (éventuellement fausses. Ce théorème lève également les doutes qui planaient sur le mécanisme (également baptisé scandale par Bertrand Russell). De la certitude. (ISBN 2-843-21057-7). Paris. donc). textes présentés et édités par Philippe-Joseph Salazar. Paris. Popkin. 2001 : tome I : "Pyrrhon. Le scepticisme de Hume. Paris. Flammarion. 166 . 1986. Dialogues sur la religion naturelle. textes choisis. 1966. de l'induction. Gunter Narr. Flammarion. 1993.. 1994. Contre les professeurs. P. PUF. Le Scepticisme. Pyrrhon ou l'apparence. P.U. 1887. Pierre-François Moreau (éd. Apologie de Raimond Sebond. Sextus Empiricus. • Léon Robin. Les Sceptiques grecs. Paris. Dumont. et est observable d'une manière ou d'une autre. Pellegrin et alii. La Renaissance du pyrrhonisme". Montaigne . Bibliographie Éditions • • • • • • • • • • • Sextus Empiricus. Paris. Wittgenstein. Le débat moderne sur le scepticisme. Pyrrhon et le scepticisme grec. nouvelle édition. 2001. Paris. Seuil. La volonté de la communauté savante. Ethique et rhétorique au . 2002. Payot. C'est bien en effet parce que quelques penseurs en Ionie dès le VIIe siècle av. php?title=Scepticisme_(philosophie)& action=edit Philippe-Joseph Salazar. et les disciplines scientifiques peuvent elles-mêmes être découpées en sous-disciplines. etc. la science est ouverte à Située sur le parvis de l'Hôtel de ville de Paris la critique et les connaissances scientifiques. Tübingen. de la pharmacie. et d'en tirer des prévisions justes et des applications fonctionnelles . ni unique. de la physique. leurs résultats sont sans cesse confrontés à la réalité. ce que l'on tient pour vrai au sens large. La science se compose d'un ensemble de disciplines particulières dont chacune porte sur un domaine particulier du savoir scientifique. Pensées diverses sur la comète. Gunter Narr Verlag. ainsi que les méthodes. garante des sciences. eurent l'idée que l'on pouvait expliquer les phénomènes naturels par des causes naturelles qu'ont été produites les premières connaissances scientifiques ». qui consiste à permettre de comprendre et d'expliquer le monde et ses phénomènes de la manière la plus élémentaire possible — c'est-à-dire de produire des connaissances se rapprochant le plus possible des faits observables. dogmes. Le Bouddhisme. Au contraire. À la différence des Allégorie de la Science par Jules Blanchard. et fondés sur des relations objectives vérifiables [sens restreint] »[1]. La science est historiquement liée à la philosophie. caractérisées par un objet (domaine) et une méthode déterminés. Ces connaissances sont à la base de nombreux développements techniques ayant de forts impacts sur la société. Mémoires de Pierre-Daniel Huet. la zététique serait considérée comme un dogmatisme. de la chimie. qui prétendent également dire le vrai. Cf. de l'optique. Edward Conze. Il s'agit par exemple des mathématiques[2].-C. De plus. de la mécanique. Dominique Lecourt écrit ainsi qu'il existe « un lien constitutif [unissant] aux sciences ce mode particulier de penser qu'est la philosophie. éd. l'ensemble de connaissances. de l'archéologie. 2000. GF-Flammarion. 131p. de l'astronomie. de la biologie. du point de vue du pyrrhonisme. est de produire des « connaissances scientifiques » à partir de méthodes d'investigation rigoureuses. 1993. sont toujours ouvertes à la révision. d'études d'une valeur universelle. Dominique Lecourt explique ainsi que les premiers philosophes ont été amenés à faire de la science (sans que les deux ne soient confondues). « connaissance ») est « ce que l'on sait pour l'avoir appris. nouvelle édition. 167 . Paris/Toulouse. wikipedia. La Divine Sceptique. de l'économie. J. de la sociologie. elles sont à la fois le produit et l'outil de production de ces connaissances et se caractérisent par leur but. 1682. La science (latin scientia.Scepticisme (philosophie) Notes et références [1] [2] [3] [4] [5] [6] http:/ / fr. Science Pour les articles homonymes. Klincksieck/SLC. org/ w/ index. les sciences ont pour but de comprendre les phénomènes. vérifiables et reproductibles. Chacune de ces disciplines constitue une science particulière. 2007. Cette catégorisation n'est ni fixe. voir Science (homonymie). Quant aux « méthodes scientifiques » et aux « valeurs scientifiques ». également de manière plus ou moins conventionnelle. la science est « la connaissance claire et certaine de quelque chose. les sciences humaines. première science instituée. 2. etc. biologie. La « docte science » concernait alors la connaissance des canons religieux. 3. le social. les images rapportées par l'astronomie nourrissent la pensée humaine quant à sa place dans l'Univers. les sciences exactes. » Cette définition permet de distinguer les trois types de science : La science. recouvrant principalement trois acceptions[4] : 1. leurs limites sont floues . par ses découvertes.Science 168 Étymologie : de la « connaissance » à la « recherche » L'étymologie de « science » vient du latin. connaissance de certaines choses qui servent à la conduite de la vie ou à celle des affaires. les sciences physico-chimiques et expérimentales (sciences de la nature et de la matière. « scientia » (« connaissance »).) Définition stricte D'après Michel Blay. 2. de l'exégèse et des écritures. Néanmoins. le politique. Cette acception se retrouve par exemple dans l'expression de François Rabelais : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ». au sens de « savoir »). soit sur des raisonnements expérimentaux. qui devint ensuite une notion religieuse. La racine « science » se retrouve dans d'autres termes tels la « conscience » (étymologiquement. qui concernent l'Homme. Ici. son comportement. organisation et synthèse des connaissances au travers de principes généraux (théories. Hiérarchisation. Il s'agissait ainsi d'une notion philosophique (la connaissance pure. Savoir. sous l'influence du christianisme. ou encore sur l'analyse des sociétés et des faits humains. la langue. par exemple. lois. « avec la connaissance »). fondée soit sur des principes évidents et des démonstrations. 1. . Un terme générique de la connaissance Définition large Le mot science est un polysème. Dominique Pestre explique ainsi que « ce que nous mettons sous le vocable « science » n’est en rien un objet circonscrit et stable dans le temps qu’il s’agirait de simplement décrire ». la « prescience » (« la connaissance du futur »). le psychologique. a su marquer la civilisation. comprenant les mathématiques et les « sciences mathématisées » comme la physique théorique . paraphrase pour la théologie. ce qui constitue par ailleurs l'un des questionnements de l'épistémologie. son histoire. Ensemble des connaissances acquises par l’étude ou la pratique. 3. lui-même du verbe « scire » (« savoir ») qui désigne à l'origine la faculté mentale propre à la connaissance[3]. médecine) . l'« omniscience » (« la connaissance de tout »). en d'autres termes il n'existe pas de catégorisation systématique des types de science. c'est-à-dire l'ensemble des communautés scientifiques travaillant à l'amélioration du savoir humain et de la technologie. L’idée même d’une production de connaissance est problématique : nombre de domaines reconnus comme scientifiques n’ont pas pour objet la production de connaissances. L'acquisition de connaissances reconnues comme scientifiques passent par une suite d'étapes. Les données recueillies permettent une théorisation. dans sa dimension internationale. L'épistémologue André Pichot écrit ainsi qu'il est « utopique de vouloir donner une définition a priori de la science ». pour que la connaissance scientifique progresse. dans son manuel d'épistémologie. 3. de machines. [et qu'on] ne peut apparemment formuler un critère qui exclut tout ce qu'on veut exclure. Une théorie est rejetée lorsque ces prévisions ne cadrent pas à l'expérimentation. Terry Shinn a ainsi proposé la notion de « recherche technico-instrumentale »[8]. s'oppose à l'opinion (« doxa » en grec). méthodologique. Le discours scientifique s'oppose à la superstition et à l'obscurantisme. La sociologie des sciences analyse notamment cette articulation entre science et opinion. Les dictionnaires en proposent certes quelques-unes. Ses travaux avec Bernward Joerges à propos de l’« instrumentation »[9] ont ainsi permis de mettre en évidence que le critère de « scientificité » n'est pas dévolu à des sciences de la connaissance seules. Cependant. mais celle d’instruments. qu'elle doit « sauver les apparences ». comme le rappelle Léna Soler. Cette considération est toutefois souvent plus nuancée tant par des scientifiques que des religieux[6]. On parle alors de « la science ». abduction : création de conjectures et d'hypothèses . de dispositifs techniques. déduction : recherche de ce que seraient les conséquences si les résultats de l'abduction étaient vérifiés . expérimentation et vérification 2. qui a repris d'Aristote l'opération logique d'abduction. l'opinion peut se transformer en un objet de science. commence également par souligner « les limites de l'opération de définition ». et conserve tout ce qu'on veut conserver ». Le chercheur ayant fait ces vérifications doit. 2. Le mot « science » définit aux XXe et XXIe siècles l'institution de la science. La notion ne possède néanmoins pas de définition consensuelle. Pluralisme des définitions Le mot « science ». Selon Francis Bacon.Science Principe de l'acquisition de connaissances scientifiques Article détaillé : Évaluation de la recherche scientifique. éthique et politique. Les méthodes scientifiques permettent de procéder à des expérimentations rigoureuses. la science s'oppose à la croyance. Dans le langage commun. ces définitions ne sont pas satisfaisantes. dans son sens strict. observation. reconnues comme telles par la communauté de scientifiques. la science niant les phénomènes surnaturels. la théorisation permet de faire des prévisions qui doivent ensuite être vérifiées par l'expérimentation et l'observation. voire en une discipline scientifique à part. induction : mise à l'épreuve des faits . La physicienne et philosophe des sciences Léna Soler. L'historien des sciences Robert Nadeau explique pour sa part qu'il est « impossible de passer ici en revue l'ensemble des critères de démarcation proposés depuis cent ans par les épistémologues. Mais. il s'agit d'une opposition. assertion par nature arbitraire. Dans le cas de la superstition. l'historien des sciences Pierre Duhem pense en effet que la science s'ancre dans le sens commun. Néanmoins le rapport entre l'opinion d'une part et la science d'autre part n'est pas aussi systématique . la séquence de ces étapes peut être résumée comme suit : 1. faire connaitre ces travaux aux autres scientifiques qui valideront ou non son travail au cours d'une procédure d'évaluation. prévision Pour Charles Sanders Peirce (1839–1914).[7]. par extension les sciences sont souvent considérées comme contraires aux religions. théorisation 3. expérimentation[5]. Les 169 . la découverte scientifique procède dans un ordre différent : 1. Premières traces : Préhistoire et Antiquité Article détaillé : Histoire des sciences#Antiquité. la science possède une histoire complexe. dans l'Antiquité. du Moyen Âge jusqu'au Siècle des Lumières. d'« objectivité » ou de « méthode scientifique » (surtout lorsque cette dernière est conçue comme étant l'unique notion en vigueur) sont l'objet de trop nombreuses controverses pour qu'elles puissent constituer le socle d'une définition acceptable. L'histoire des sciences est intimement liée à l'histoire des sociétés et des civilisations. ni réductible aux schémas causaux simplistes. l'histoire des sciences n'est ni linéaire. Une histoire de la science et des sciences distingueraient de même. ces deux histoires ne doivent pas être confondues. et également. » De manière générale. Kuhn énumère ainsi un nombre de « révolutions scientifiques »[13]. bien plutôt. . André Pichot distingue ainsi entre l’histoire des connaissances scientifiques et celle de la pensée scientifique. Samuel Kuhn parle ainsi. pour en retrouver les questionnements fondamentaux[12]. Bien que très liées. Et cette description reste possible en tolérant un certain « flou » épistémologique. il s'agit d'une interrogation sur la production et la recherche de savoir. L'épistémologue Thomas [11] Allégorie de la Science . Il faut donc tenir compte de ces difficultés pour décrire la science. tout au long de l'histoire des sciences. des « paradigmes de la science » comme des renversements de représentations. ou celle des disciplines. les conceptions de la science. • l'histoire de la pensée scientifique d'autre part. Bien plutôt. L'histoire de la science et des sciences peut se dérouler selon deux axes comportant de nombreux embranchements[10]: • l'histoire des découvertes scientifiques d'une part. Michel Blay fait même de la notion de « savoir » la véritable clé de voûte d'une histoire des sciences et de la science cohérente : « Repenser la science classique exige de saisir l'émergence des territoires et des champs du savoir au moment même de leur constitution. formant pour partie l'objet d'étude de l'épistémologie. Histoire de la science Article détaillé : Histoire des sciences. puis religieuse. entre les institutions scientifiques. D'abord confondue avec l'investigation philosophique. Préhistoire Article détaillé : Préhistoire.Science 170 notions d'« universalité ». racines carrées. Mais l'innovation la plus importante provient de l'invention de l'écriture cunéiforme (en forme de clous). explorent les évolutions à la fois biopsychiques et techniques de l'homme préhistorique.2000. intuitivement. sont liées aux découvertes des techniques métallurgiques qui caractérisent cette période. avec les expériences d'alchimie. Les premières interrogations sur la matière. Pour de nombreux préhistoriens comme Jean Clottes. la science naît en Mésopotamie. l'astronomie enfin (calculs de mécanique céleste. L'écriture se perfectionnant (période dite « akadienne »). Les techniques de production de feu relèvent soit de la percussion (silex contre marcassite). l'homme développe ses outils (travail de la pierre puis de l'os. soit de la friction de deux morceaux de bois (par sciage. base du raisonnement scientifique. « les techniques s'enlèvent dans un mouvement ascensionnel foudroyant »[pas clair][15]. pour noter les fractions. l'homme préhistorique savait. a été interprété par certains auteurs comme l'un des premiers bâtons de comptage. calculer[réf. l'art pariétal montre que l'homme anatomiquement moderne du Paléolithique supérieur possédait les mêmes facultés cognitives que l'homme actuel[14]. permettant de réaliser des calculs de plus en plus complexes. Ainsi. via le pictogramme du zéro initial. nécessaire] ou déduire des comportements de l'observation de son environnement. par giration). La plupart des préhistoriens s'accordent pour penser que le feu est utilisé depuis 250 000 ans ou 300 000 ans. La médecine a un statut particulier . théorèmes[20]). par rainurage. cubiques ainsi que les équations du premier degré.3500. L'astronomie permet de constituer une cosmogonie. permet la reproduction de textes. Les travaux du français André Leroi-Gourhan. La numération est ainsi la première méthode scientifique à voir le jour. la manipulation abstraite de concepts également[17]. pour André Pichot. Le système décimal apparaît également. Les premières traces d'activités scientifiques datent des civilisations humaines du néolithique où se développent commerce et urbanisation[16]. très adaptée à la pratique. principalement dans les villes de Sumer et d'Élam. datant de plus de 20 000 ans. ou « tables d'inverses » pour cette dernière[19] . Mésopotamie Article détaillé : Sciences mésopotamienne et babylonienne. Ainsi. L'os d'Ishango. elle est la première science « pratique ». La fabrication d'émaux date ainsi de . Certaines « proto-sciences » comme le calcul ou la géométrie en particulier apparaissent sans doute très tôt. Selon lui. la géométrie (calculs de surfaces. en somme très tôt dans l'histoire de l'homme. mais aussi des puissances. dans La Naissance de la science. spécialiste de la technique. par les pictogrammes. 171 L'usage d'outils en pierre précède l'apparition d'Homo sapiens de plus de 2 millions d'années. les sumériens découvrent les fractions ainsi que la numération dite « de position ». qui. dénomination des astres). permettant le calcul de grands nombres. En s'appuyant sur une démarche empirique. dès l'acquisition de la station verticale. La civilisation mésopotamienne aboutit ainsi à la constitution des premières sciences telles : la métrologie. constellations. héritée d'un savoir-faire tâtonnant. propulseur) et découvre l'usage du feu dès le Paléolithique inférieur. à une et deux inconnues). ayant la valeur d'une virgule. l'algèbre (découvertes de planches à calculs permettant les opérations de multiplication et de division.Science La technique précède la science dans les premiers temps de l'humanité. et ce même si elle reposait sur des moyens matériels rudimentaires[18]. sur une base 60 (« gesh » en mésopotamien). prévisions des équinoxes. . vers . -C. le temps est mesuré à partir d'une « horloge stellaire » et les étoiles visibles sont dénombrées. et polos). « est encore engagée dans ce qu'on a appelé « la voie des objets ». comme l'astrologie ou la mystique des nombres. Contrairement à la numération sumérienne. L'astronomie progresse également : le calendrier égyptien compte 365 jours. elle n'a pas cependant connu la rationalité puisque celle-ci « n'a pas encore été élevée au rang de principal critère de vérité. comme celle de Mésopotamie avant elle. La Mésopotamie crée ainsi les premiers instruments de mesure.-C. seuls les papyri de Rhind. clepsydre. Il ne reste que peu de documents attestant l'ampleur des mathématiques égyptiennes . dont chaque élément représentait une fraction. les sciences mésopotamiennes sont assimilées à des croyances.Science Les sciences étaient alors le fait des scribes. ni dans l'organisation de la pensée et de l'action. avec l'analyse des symptômes et des traitements et ce dès 2300 avant J. c'est-à-dire d'organisation rationnelle reconnue en tant que telle. L'histoire de la science étant très liée à celle des techniques. de cylindre à grains) sont résolus aisément. En médecine.1605 (au lieu de ≈ 3. Les Égyptiens approchent également la L'œil Oudjat. se livraient à de nombreux « jeux numériques » qui permettaient de lister les problèmes. c'est-à-dire que les différentes disciplines sont déjà ébauchées. (le Papyrus Ebers est ainsi un véritable traité médical). de progression arithmétique. on parle alors d'une écriture idéographique. mais qu'aucune d'entre elles ne possède un esprit réellement scientifique. qui. géométrique). la civilisation égyptienne conserve « une certaine continuité dans la tradition [scientifique] » au sein de laquelle les éléments anciens restent très présents. J. » .). J. Les Égyptiens bâtissaient des monuments grandioses en ne recourant qu'au système des fractions symbolisé par l'œil d'Horus. Les problèmes de volume (de pyramide.. qui deviendront des pseudo-sciences ultérieurement. découvrant un nombre équivalant à ≈ 3. 172 [21] Une tablette d'argile en écriture cunéiforme . en élevant au carré les 8/9es du diamètre. Égypte pharaonique Article détaillé : Sciences dans l'Égypte antique. L'Égypte antique va développer l'héritage pré-scientifique mésopotamien. dans l'organisation du monde ». les premières inventions témoignent de l'apparition d'une pensée scientifique abstraite. Cependant. Si cette civilisation a joué un rôle majeur.1416).-C. La géométrie fit principalement un bond en avant. J. les sumériens ne pratiquaient pas la démonstration. la science égyptienne. en raison de son unité culturelle spécifique. de Kahun. valeur du nombre Pi. Cependant. Dès le début. L'écriture des hiéroglyphes permet la représentation plus précise de concepts . la chirurgie fait son apparition. les Égyptiens calculaient correctement la surface d'un rectangle et d'un triangle. La numération est décimale mais les Égyptiens ne connaissent pas le zéro. ni a fortiori. (datant de 1800 av. du temps et de l'espace (comme les gnomon. de Moscou et du Rouleau de cuir[23] éclairent les innovations de cette civilisation qui sont avant tout celles des problèmes algébriques (de division.-C. ou œil d'Horus. la numération égyptienne évolue vers un système d'écriture des grands nombres (entre 2000 et 1600 av. Pour André Pichot. Une théorie médicale se met en place. Dès 2600 av.) par « numération de juxtaposition »[22]. note André Pichot. On distingue habituellement deux périodes de découvertes abstraites et d'innovations technologiques dans l'Inde de l'Antiquité : les mathématiques de l'époque védique (-1500 à -400) et les mathématiques de l'époque jaïniste (. l'astronomie ou encore la musique. Les « Siddhânta » sont le nom générique donné aux ouvrages scientifiques sanskrits. Zhang Heng invente le premier sismographe pour la mesure des tremblements de terre et est la première personne en Chine à construire un globe céleste rotatif. J. J.-C. Il invente aussi l'odomètre. sur l'Inde et sur les pays arabes. qui deviendront les chiffres arabes. En astronomie.Science Chine de l'Antiquité Article détaillé : Histoire des sciences et techniques en Chine. ces premières recherches sont marquées par la volonté d'imputer la constitution du monde (ou « cosmos ») à un principe naturel unique (le feu pour Héraclite par exemple) ou divin (l'« Un » pour Anaximandre). Les Indiens ont également maîtrisé le zéro. les limites et séries. La civilisation dite de la vallée de l'Indus (-3300 à -1500) est surtout connue en histoire des sciences en raison de l'émergence des mathématiques complexes (ou « ganita »). « Logos » grec : les prémisses philosophiques de la science Article détaillé : sciences grecques.. apparaît l'arbalète. Ils inventent par ailleurs la fonte du fer. Présocratiques Pour l'épistémologue Geoffrey Ernest Richard Lloyd (en)[25]. les chinois inventent. etc. les fonctions trigonométriques ainsi que le calcul différentiel et intégral. les nombres négatifs. Il s'agit d'une notation positionnelle à base 10 comportant dix-huit symboles. premier véritable calendrier chinois. Dans le domaine de la cosmologie. avec les philosophes dits présocratiques. vers le IIe siècle av. Sun Zi et Qin Jiushao étudient les systèmes La « numération en bâtons » chinoise.-C. Science en Inde Article détaillé : Mathématiques indiennes. père arabe de l'algorithme.-C. la méthode scientifique fait son apparition dans la Grèce du VIIe siècle av. les « 173 . 625-547 av. la géométrie (théorème de Pythagore). ils identifient la comète de Halley et comprennent la périodicité des éclipses. En mathématiques. c'est-à-dire la dizaine. 570-480 av. qui deviennent les premiers objets de méthode. la numération à bâtons. J. La numération décimale de position et les symboles numéraux indiens. Les Chinois découvrent également le théorème de Pythagore (que les Babyloniens connaissaient quinze siècles avant l'ère chrétienne). les présocratiques s'interrogent sur les phénomènes naturels. centaine. J. Les pré-socratiques mettent en avant des principes constitutifs des phénomènes. à qui l'on doit en particulier la première anesthésie générale. dans ce système de numérotation. Les grands livres indiens sont ainsi traduits au IXe siècle dans les « maisons du savoir » par élèves d'Al-Khawarizmi.) contribuent principalement à la naissance des premières sciences comme les mathématiques. et leur cherchent des causes naturelles. Appelés « physiologoï » par Aristote parce qu'ils tiennent un discours rationnel sur la nature. En 132. linéaires et les congruences (leurs apports sont généralement considérés comme majeurs). est promulgué le calendrier « Taichu ». Thalès de Milet (v.-C. vont influencer considérablement l'Occident via les arabes et les chinois. De manière générale. avec un vide pour représenter le zéro. En mathématiques. l'influence des sciences chinoises fut considérable. La médecine progresse sous les Han orientaux avec Zhang Zhongjing et Hua Tuo.400 à 200)[24]. Durant la période des Royaumes combattants. En -104.) et Pythagore (v. bien que génériques. De telles conceptions favorisent la réflexion mathématique. qui en rapporte les paroles et les dialogues. On trouve donc dans l'épicurisme la première formulation claire de la séparation entre le savoir et la religion. la primauté de la connaissance discursive (par le discours). La théorie de l'atomiste affirme que la matière est formée d'entités dénombrables et insécables. la raison : logos. Ceux-ci ne s'intéressent nullement aux hommes. Tout est constitué d'atomes. Initié par Démocrite. par exemple. Si Héraclite est d'un avis opposé concernant le mouvement. inversement. contemporain de Socrate. qui est l'essence même de la science complète alors la philosophie. les « Formes » sont le modèle de tout ce qui est sensible. il partage l'idée que les sens sont trompeurs. Platon et la dialectique Article détaillé : dialectique. Les sciences mettent sur la voie de la philosophie. nous enseignent que le mouvement existe. L'utilisation de la dialectique. rejetant successivement les hypothèses. au sens de « discours sur la sagesse » . ce sensible étant un ensemble de combinaisons géométriques d'éléments. elle. comme les éclipses. La méthode pré-socratique est également fondée dans son discours. . Le raisonnement abstrait et construit apparaît. elles sont un obstacle au développement des autres sciences et singulièrement des sciences expérimentales. Pour eux. Héraclite. Les présocratiques initient également une réflexion sur la théorie de la connaissance. s'oppose le courant épicurien. y compris les dieux. ce courant de pensée se prolonge. Parménide opte pour la raison et estime qu'elle seule peut mener à la connaissance. Par contre. qui a. les atomes. de manière moins explicite. Ceux-ci s'assemblent pour former la matière comme les lettres s'assemblent pour former les mots.Science 174 archè ». Avec Socrate et Platon. Cet exemple est illustré par les célèbres paradoxes de son disciple Zénon. ou « dianoia » en grec. même si. alors que nos sens nous trompent. et la connaissance deviennent intimement liés. la philosophie procure aux sciences un fondement assuré. les sens nous donnent à connaître la réalité. alors que la raison nous enseigne qu'il n'existe pas. pour qui les sens ne révèlent qu'une image imparfaite et déformée des Idées. À ces philosophes. s'appuyant sur les éléments de la rhétorique : les démonstrations procèdent par une argumentation logique et par la manipulation de concepts abstraits. Tableau de Hendrik ter Brugghen. Sur cette question. Ceux-ci. qui sont la vraie réalité (allégorie de la caverne). Constatant que la raison d'une part et les sens d'autre part conduisent à des conclusions contradictoires. Il faudra attendre Aristote pour aplanir l'opposition entre les deux courants de pensée mentionnés plus haut. Pour Platon. il sera développé ultérieurement par Épicure et magnifiquement exposé par le Romain Lucrèce dans De rerum natura. l'ensemble des présocratiques se caractérise par le refus de laisser les mythes expliquer les phénomènes naturels. et il n'y a donc pas lieu de les craindre. quoique de manière plus nuancée. Pour Michel Blay : « La méthode dialectique est la seule qui. jusque Platon. Platon ouvre ainsi la voie à la « mathématisation » des phénomènes. s'élève jusqu'au principe même pour Mosaïque représentant l'Académie de Platon (Ier [26] siècle) . comme celui nommé le « postulat d'Euclide ». Période alexandrine et Alexandrie à l'époque romaine Article détaillé : sciences grecques. Il décompose les propositions en nom et verbe. Les notions de « matière ». C'est surtout avec Aristote. qui fonde la physique et la zoologie. En algèbre et géométrie. . est un des rares témoignages de la sophistication des connaissances grecques tant en astronomie et mathématiques qu'en mécanique et travail des métaux. Apollonius de Perga modélise les mouvements des planètes à l'aide d'orbites excentriques. jusqu'à Copernic. Hipparque de Nicée (-194 à -120) perfectionne les instruments d’observation comme le dioptre.Science 175 assurer solidement ses conclusions ». Pour Platon. La ville égyptienne d'Alexandrie en est le centre intellectuel et les savants d'alors y sont grecs. À la suite d'Eudoxe de Cnide. qui proposera un système héliocentrique. Euclide (-325 à -265) est l'auteur des Éléments. un mécanisme à engrenages capable de calculer la date et l'heure des éclipses solaires et lunaires Les travaux d'Archimède (-292 à -212) sur sa poussée correspond à la première loi physique connue alors que ceux d'Ératosthène (-276 à -194) sur la circonférence de la terre ou ceux d'Aristarque de Samos (-310 à -240) sur les distances terre-lune et terre-soleil témoignent d'une grande ingéniosité. ce que le discours scientifique appellera le causalisme et que la philosophie nomme l'« aristotélisme ». En astronomie. capable de calculer la date et l'heure des éclipses. Aristote et la physique Articles détaillés : Aristote et Physique. Aristote est à l'origine d'un recul de la pensée par rapport à certains pré-socratiques[réf. la science est subordonnée à la philosophie (c'est une « philosophie seconde » dit-il) et elle a pour objet la recherche des premiers principes et des premières causes. de « puissance » et d'« acte » deviennent les premiers concepts de manipulation abstraite[28]. il divise le cercle en 360 °. qui sont considérés comme l'un des textes fondateurs des mathématiques modernes. basée sur la déduction. la recherche de la vérité et de la sagesse (la philosophie) est indissociable de la dialectique scientifique. que l'on exprime de nos jours en affirmant que « par un point pris hors d'une droite il passe une et une seule parallèle à cette droite » sont à la base de la géométrie systématisée. le gnomon et l'astrolabe. Il sera suivi en cela par ses successeurs en matière d'astronomie. il propose une « théorie des épicycles » qui permettra à son tour l'établissement de tables astronomiques très précises. c'est en effet le sens de l'inscription figurant sur le fronton de l'Académie. un calculateur à engrenages. Socrate en expose les principes dans le Théétète. base de la science linguistique. à Athènes : « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre »[27]. ancêtres des conjectures mathématiques et logiques. L'ensemble se révèlera largement fonctionnel. Il pose l'existence des premiers principes indémontrables. et crée même le premier globe céleste (ou orbe). de « forme ». Le fragment principal de la machine d'Anticythère. Ces postulats. On lui doit la première formulation du syllogisme et de l'induction. Hipparque rédige également un traité en 12 livres sur le calcul des cordes (nommé aujourd'hui la trigonométrie). Pour Aristote. que la science acquiert une méthode. il imagine un système géocentrique et considère que le cosmos est fini. La machine d'Anticythère. nécessaire] quant à la place de la terre dans l'espace. Il détermine par ailleurs que le vivant est ordonné selon une chaîne hiérarchisée mais sa théorie est avant tout fixiste. à l'exception d'Aristarque. dans le domaine particulier de l'astronomie. La période dite « alexandrine » (de -323 à -30) et son prolongement à l'époque romaine sont marqués par des progrès significatifs en astronomie et en mathématiques ainsi que par quelques avancées en physique. Néanmoins. permettant par exemple de calculer pour la première fois des éclipses lunaires et solaires. ils perfectionnèrent également les horloges à eau et les grandes norias pour l'irrigation . Cependant. la médecine et les mathématiques sont d'origine grecque. L’un est le traité d’astronomie. Cette technologie. le progrès technique romain serait lié à une crise de la main-d'œuvre. jusqu'au modèle de Nicolas Copernic. 176 . J. institutionnelle et se fondant sur une méthodologie. Néanmoins. spécialiste de l'histoire économique et sociale de la République romaine. Kolendo. ont sans doute occulté pour l'avenir des « realita » scientifiques et techniques ». la plomberie. internationale. les grues. Cracco Ruggini. en premier lieu. La période pendant laquelle la technologie romaine est la plus foisonnante est le IIe siècle av. celles de l'empire byzantin. Bien que cette période s'apparente généralement à l'histoire européenne. qui fut accepté dans les mondes occidental et arabe pendant plus de mille trois cents ans. la philosophie. considèrent que les dépenses militaires ont freiné le progrès scientifique et technique. La période du Moyen Âge s'étend ainsi de 512 à 1492 .Science Ptolémée d’Alexandrie (85 après J-C. dômes. et surtout à l'époque d'Auguste. Cependant. l’autre est la Géographie. en dépit d'une image obscurantiste. souvent d'origine étrangère d'ailleurs. Pour J. ce qui permet d'homogénéiser le comptage des poids et des distances.. qui est aujourd’hui connu sous le nom de l’Almageste . probablement empruntée aux Étrusques. machines. le lien entre prospérité économique de l'Empire romain et niveau technologique est discuté par les spécialistes : certains. comme Emilio Gabba. notamment par les routes et aqueducs. La technologie romaine est un des aspects les plus importants de la civilisation romaine. Pour L. comme Vitruve ou Apollodore de Damas. technologies hydrauliques dont la civilisation arabe a hérité et qu'elle a transmis à son tour. la réflexion sur l'homme et l'expression écrite et orale. Les Universités byzantines ainsi que les bibliothèques compilèrent de nombreux traités et ouvrages d'étude sur la philosophie et le savoir scientifique de l'époque[31]. arches. J. en partie liée à la technique de la voute. enfin celles de la Chine sont décisives dans la constitution de la « science moderne ». qui hérite du savoir latin. Ptolémée fut l’auteur de plusieurs traités scientifiques. dont deux ont exercé par la suite une très grande influence sur les sciences islamique et européenne. en faisant prévaloir les « humanités ». les avancées technologiques et les évolutions de la pensée scientifique du monde oriental (civilisation arabo-musulmane) et. les savants romains furent peu nombreux et le discours scientifique abstrait progressa peu pendant la Rome antique : « les Romains. les Romains développent le moulin à eau. sous l'empereur Auguste. Science au Moyen Âge Articles détaillés : Science du Moyen Âge et Sciences et techniques dans l'Empire byzantin. a été certainement la plus avancée de l'Antiquité. la technologie traduit la volonté de prestige des couches dominantes. et le Ier siècle av. elle connaît le développement sans précédent des techniques et des disciplines. Les romains aurait ainsi été capables de développer des techniques alternatives.-C. En Europe Les byzantins maîtrisaient l'architecture urbaine et l'admission d'eau . Ingénierie et technologie romaines Article détaillé : Technologie de la Rome antique. Pour l'agriculture. qui est une discussion approfondie sur les connaissances géographiques du monde gréco-romain. La technologie romaine a atteint son apogée au Ier siècle avec le ciment. Elle permit la domestication de l'environnement. L'hygiène et la médecine firent également des progrès[30]. mis à part quelques grands penseurs. due à la rupture dans la « fourniture » d'esclaves non qualifiés.-C. ainsi que certaines techniques agricoles. propagée par les manuels scolaires. historien italien. à 165) prolonge les travaux d'Hipparque et d'Aristote sur les orbites planétaires et aboutit à un système géocentrique du système solaire. pourtant riche[29]. et où puisera le monde arabo-musulman. Les romains apportèrent surtout le système de numération romain pour les Unités de mesure romaines en utilisant l'abaque romain. lieux de partage et de diffusion du savoir. Le monde arabo-musulman est à son apogée intellectuelle du VIIIe au XIVe siècle ce qui permet le développement d'une culture scientifique spécifique. J. La Chine de l'Antiquité a surtout contribué à l'innovation technique. Dans le monde arabo-musulman Article détaillé : Sciences et techniques islamiques. utilisée dès le XIe siècle. concomitant à l'« autonomisation des sciences ». bien avant Galilée. Abu Raihan al-Biruni. L'utilisation des chiffres arabes et du zéro rend possible des avancées en analyse combinatoire et en trigonométrie.). du VIIIe siècle au Xe siècle la période dite. avec les quatre inventions principales[35] qui sont : le papier (daté du IIe siècle av. Le Bas Moyen Âge voit la logique faire son apparition — avec l'académie de Port-Royal des Champs — et diverses méthodes scientifiques se développer ainsi qu'un effort pour élaborer des modèles mathématiques ou médicaux qui jouera « un rôle majeur dans l'évolution des différentes conceptions du statut des sciences »[33]. de la Renaissance carolingienne permit. féru d'astronomie. Abu-l-Qasim az-Zahrawi (appelé Abulcassis en Occident) écrit un ouvrage de référence pour l'époque. 177 . crée en 829 à Bagdad le premier observatoire permanent. Avicenne (980-1037) rédige une monumentale encyclopédie.-C. la poudre (la première trace écrite attestée semble être le Wujing Zongyao qui daterait des alentours de 1044) et la boussole. qu'elle cherche à rendre compatible avec les doctrines islamiques. l'imprimerie à caractères mobiles (au IXe siècle)[36]. La philosophie naturelle se donne comme objectif la description de la nature. perçue comme un système cohérent de phénomènes (ou pragmata). le renouveau de la pensée scientifique. En médecine.Science L'Europe occidentale. Au XIe siècle. En mathématiques l'héritage antique est sauvegardé et approfondi permettant la naissance de l'algèbre. mûs par des «lois »[32]. L'étendue du savoir arabo-musulman est étroitement liée aux guerres de conquête de l'Islam qui permettent aux Arabes d'entrer en contact avec les civilisations indienne et chinoise. Néanmoins. En 832 sont fondées les Maisons de la sagesse (Baït al-hikma). la théologie motazilite se développe sur la logique et le rationalisme. Le scientifique chinois Shen Kuo (1031-1095) de la Dynastie Song décrit la boussole magnétique comme instrument de navigation.). en France. D'autre part le monde médiéval occidental voit apparaître une « laïcisation du savoir ». inspirés de la philosophie grecque et de la raison (logos). permettant à ses astronomes de réaliser leurs propres études du mouvement des astres. principalement par la scolarisation. reprenant les écrits d'Ératosthène d'Alexandrie (IIIe siècle av. puis à Bagdad sous les premiers Abbassides. et al-Razi recommande l'usage de l'alcool en médecine. Enfin. au XIe siècle préconise un système cohérent de pensée proche de ce que sera l'empirisme. Le Calife Harun ar-Rachid. sur la chirurgie. le Qanûn. Sciences en Chine médiévale Article détaillé : Histoire des sciences et techniques en Chine. d'abord à Damas sous les derniers Omeyyades. Ibn Nafis décrit la circulation sanguine pulmonaire. dans la géomancie. La science arabo-musulmane est fondée sur la traduction et la lecture critique des ouvrages de l'Antiquité[34]. Le papier. calcule le diamètre de la Terre et affirme que la Terre tournerait sur elle-même. après une période de repli durant le Haut Moyen Âge. La scolastique. emprunté aux Chinois remplace rapidement le parchemin dans le monde musulman. retrouve un élan culturel et technique qui culmine au XIIe siècle.-C. J. L'ouvrage explore également ce que les mathématiciens européens du XVIIe siècle ont nommé la « méthode chakravala ». 178 . sont parfaitement comprises et que la construction du système de numération décimal de position est parachevée. avant même les universités occidentales[38]. qui est un algorithme pour résoudre les équations diophantiennes. ainsi que les racines carrées.-C. Karine Chelma a ainsi démontré que l'opinion répandue selon laquelle la démonstration mathématique serait d'origine grecque était partiellement fausse. d'extraction de racines carrée et cubique. des formules de trigonométrie.220 après J.-C. .Science Pour l'historien Joseph Needham. la Chine était même animée d'une ambition de collecter de manière désintéressée le savoir. Pour lui.668) et son ouvrage célèbre. l'histoire des sciences exige une mise en perspective internationale des savoirs[39]. Bhaskara est ainsi l'un des pères de l'analyse puisqu'il introduit plusieurs éléments relevant du calcul différentiel : le nombre dérivé.). le calcul de l'aire du cercle et du volume de la pyramide entre autres. C'est avec Brahmagupta (598 . Les nombres négatifs sont également introduits. elle dira ainsi : on ne peut rester occidentalo-centré. la différentiation et l'application aux extrema. dans Science et civilisation en Chine[37]. À l'instar de Nasir ad-Din at-Tusi (1201 . particulièrement complexe et novateur. que les différentes facettes du zéro. et même une première forme du théorème de Rolle[réf. le Brahmasphutasiddhanta. les Chinois s'étant posé les mêmes problèmes à leur époque . Needham en vient même à relativiser la conception selon laquelle la science doit tout à l'Occident. la société chinoise a su mettre en place une science innovante. dont les formules d'addition. Inde des mathématiques médiévales Les mathématiques indiennes sont particulièrement abstraites et ne sont pas orientées vers la pratique. nécessaire]. dès ses débuts. vaste étude de dix-sept volumes. chiffre et nombre. nécessaire].1274) il développe en effet la dérivation[réf. La période s'achève avec le mathématicien Bhaskara II (1114 1185) qui écrivit plusieurs traités importants. On y trouve des équations polynomiales. au contraire de celles des Égyptiens par exemple. Les traités de mathématiques et de démonstration abondent comme Les Maquette d'une cuillère indiquant le sud (appelée Neuf Chapitres (qui présentent près de 246 problèmes) transmis par sinan) du temps des Han (206 avant J. Liu Hui (IIIe siècle) et par Li Chunfeng (VIIe siècle) ou encore les Reflets des mesures du cercles sur la mer de Li Ye datant de 1248 étudiés par Karine Chemla et qui abordent les notions arithmétiques des fractions. en Europe chrétienne. c'est-à-dire la certitude scientifique. notamment les traités mathématiques : Algèbre d'Al-Khwarizmi. déductions de la cause et des principes. Fondements de la science moderne en Europe Science institutionnalisée C'est au tournant du XIIe siècle. 1168 .550). Il rejette donc l'autorité de l'évidence. qui s'appuie sur des raisons extérieures et promeut « L'argument [qui] conclut et nous fait concéder la conclusion. Jyeshtadeva. les fondements de la science moderne : Roger Bacon (1214 . Parameswara. Nilakantha Somayaji. même si elle restait assujettie aux dogmes religieux et qu'elle n'était qu'une branche encore de la philosophie et de l'astrologie. firent de cette période une renaissance des disciplines scientifiques. Aryabhata invente par ailleurs un système de représentation des nombres fondé sur les signes consonantiques de l'alphasyllabaire sanskrit. La science procédant de l'âme est donc indispensable. Aux côtés de Roger Bacon. Aryabhata. . grâce à la civilisation arabo-musulmane. la période fut marquée par quatre autres personnalités qui jetèrent. et cette vérité à atteindre est pour lui le salut. La traduction et la redécouverte des textes antiques grecs.Science 179 Mais c'est surtout avec Âryabhata (476 . Les œuvres de Bacon ont pour but l'intuition de la vérité. Optique d'Ibn al-Haytham ainsi que la somme médicale d'Avicenne. Roger Bacon admet trois voies de connaissance : l'autorité. Il jeta les bases de la méthode expérimentale. et notamment avec la création des premières universités de Paris (1170) et Oxford (1220) que la science en Europe s'institutionnalisa. Il s'agit d'un court traité d'astronomie présentant 66 théorèmes d'arithmétique. car cela n'est possible que s'il la trouve par la voie de l'expérience »[42]. la science devint plus ouverte et plus fondamentale. Il développa les techniques d'optique et en fit même la science physique fondamentale (il étudia le comportement des rayons lumineux et formule même la première description de principe du miroir réfléchissant. tout en conservant une affiliation intellectuelle avec la sphère religieuse. en explicitant le schéma : observations. En s'institutionnalisant. le Yuktibhasa ou Ganita Yuktibhasa est un traité de mathématiques et d'astronomie. nouvelles observations réfutant ou vérifiant les hypothèses enfin[43]. principe qui permettra l'invention du télescope). formation d'hypothèse(s). ou Achyuta Panikkar. que les mathématiques indiennes se révèlent[40]. Jyesthadeva a ainsi devancé de trois siècles la découverte du calcul infinitésimal par les occidentaux. membre de l'école mathématique du Kerala en 1530[41]. d'algèbre. Les Européens découvrirent ainsi l'avancée des Arabes. mais il ne certifie pas et il n'éloigne pas le doute au point que l'âme se repose dans l'intuition de la vérité. pendant la période médiévale du Ve siècle au XVe siècle.1294) est philosophe et moine anglais. le raisonnement et l'expérience. et en premier lieu les Éléments d'Euclide ainsi que les textes d'Aristote. Ces percées seront reprises et amplifiées par les mathématiciens et astronomes de l'école du Kerala. Robert Grosseteste (env. parmi lesquels : Madhava de Sangamagrama. dont le traité d’astronomie (nommé l’Aryabatîya) écrit en vers aux alentours de 499. ou de trigonométrie plane et sphérique.1253) étudia Aristote et posa les prémices des sciences expérimentales. classées dans le quadrivium (parmi les Arts Libéraux). écrit par l'astronome indien Jyesthadeva. Ainsi. Il mena ainsi l'étude du développement du poulet en observant le contenu d'œufs pondus dans le temps et commenta le premier le phénomène de la nutrition du fœtus. Saint Thomas d'Aquin fut en effet le premier théologien à distinguer. à l'université dominicaine[45].Science Le religieux dominicain Albert le Grand (1193-1280) fut considéré par certains contemporains comme un alchimiste et magicien. ancêtre de la taxonomie. permit de redécouvrir. qu'il étudia à Naples. par le monde arabe. théologien. L'Église. Occam postule que : « Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem ». appelé aussi rasoir d'Occam. 1349) permit une avancée sur le plan de la méthode. . Cependant. accusé de paganisme[réf. Celle-ci est indémontrable. nécessaire]. Guillaume d'Occam (v. L'Europe sortait ainsi d'une léthargie intellectuelle. Empiriste avant l'heure. Il décrit également les premières expériences de chimie[44].v. Ce n'est qu'avec Saint Thomas d'Aquin que la doctrine aristotélicienne fut acceptée par les papes. littéralement « Les entités ne doivent pas être multipliées par delà ce qui est nécessaire ». Il établit également une classification systématique des végétaux. il est surtout connu pour son principe dit de l'autonomie respective de la raison et de la foi. les textes d'Aristote et des autres philosophes grecs. il procure à la science un cadre épistémologique fondé sur l'économie des arguments. Il explique par là qu'il est inutile d'avancer sans preuves et de forger des concepts illusoires permettant de justifier n'importe quoi. propre à l'homme) et la foi (adhésion au dogme de la Révélation). L'une et l'autre enfin ne peuvent s'éclairer mutuellement. alors que la science est explicable par l'étude des phénomènes et des causes. dans sa Somme théologique (1266-1273) la raison (faculté naturelle de penser. avait interdit jusqu'en 1234 les ouvrages d'Aristote. En énonçant son principe de parcimonie. Saint Thomas d'Aquin. 1285. 180 « Réfraction de la lumière » par Robert Grosseteste De natura locorum (XIIIe siècle). néanmoins ses études biologiques permirent de jeter les fondations des disciplines des sciences de la vie. de nombreuses innovations furent popularisées.1626) est le père de l'empirisme. union qui n'a point encore été formée[50] » . elle la travaille et la digère. Selon l'historien anglais John Hale. Naissance de la méthode scientifique : Francis Bacon Francis Bacon (1561 . Le dogmatique. (. l'être humain est donc biaisé dans sa déclaration d'hypothèses[pas clair]. Pour Bacon. D'ailleurs. cette période permit à l'Europe de se lancer dans des expéditions maritimes d'envergure mondiale. S’opposant à la logique aristotélicienne[48] qui établit un lien entre les principes généraux et les faits particuliers.. telle l'araignée ourdit des toiles dont la matière est extraite de sa propre substance. puis. se contente d'amasser et de consommer ensuite ses provisions. par un art qui lui est propre. Dans le courant du XVe siècle et au XVIe siècle. inventions. connues sous le nom de grandes découvertes . représentatif de la Renaissance italienne. sa meilleure contribution a été dans la doctrine des idoles. ce fut à cette époque que le mot Europe entra dans le langage courant et fut doté d'un cadre de référence solidement appuyé sur des cartes et d'un ensemble d'images affirmant son identité visuelle et culturelle. « la science véritable est la science des causes ». ainsi que la médecine. Dans son étude des faux raisonnements. L'abeille garde le milieu . grâce notamment au courant de l'humanisme. interprétation de la nature ». mais que l'on impose nos propres interprétations sur ces objets.) Notre plus grande ressource. Bacon préconise un raisonnement et une méthode fondés sur le raisonnement expérimental : « L'empirique. En somme. . au profit de l’« Francis Bacon. Cette période est abondante en descriptions. Il pose le premier les fondements de la science et de ses méthodes[47].Science 181 Renaissance et la « science classique » Article détaillé : Sciences et techniques de la Renaissance. où l’expérience enrichit réellement le savoir[49]. nos théories scientifiques sont construites en fonction de la façon dont nous voyons les objets . qu'il importe de décomposer afin de rendre une image fidèle de cette phase historique : L'Homme de Vitruve de Leonardo Da Vinci. applications et en représentations du monde. il écrit dans le Novum Organum (ou « nouvelle logique » par opposition à celle d’Aristote) que la connaissance nous vient sous forme d'objets de la nature. La science comme discipline de la connaissance acquit ainsi son autonomie et ses premiers grands systèmes théoriques à tel point que Michel Blay parle du « chantier de la science classique »[46]. il abandonne la pensée déductive. elle tire la matière première des fleurs des champs. qui procède à partir des principes admis par l’autorité des Anciens. la cartographie se développa.. D'après Bacon. La Renaissance est une période qui se situe en Europe à la fin du Moyen Âge et au début des Temps modernes. semblable à la fourmi. c'est l'étroite alliance de ses deux facultés : l'expérimentale et la rationnelle. comme la boussole ou le sextant . celle dont nous devons tout espérer. en particulier celles des phases de Vénus et de Jupiter par Galilée (1564 . faisant écho aux mots de Galilée se paraphrasant par l'expression : « le livre du monde est écrit en mathématique »[53]. Docteur ès sciences. et avant que Galilée n'intervienne. de sorte qu'elle ne rencontre que des oppositions ponctuelles de la part des théologiens. Néanmoins. Avec tous ces astronomes. Dans cette période. d'une part sur le modèle d'Aristote. C'est surtout Nicolas Copernic. retravaillée par Hipparque et Ptolémée. Kepler dégagera les lois empiriques des mouvements célestes alors que Huygens décrira la force centrifuge. les astronomes restant le plus souvent favorables à la thèse géocentrique. qui repose sur une société dirigée par « un collège universel » composé de savants et de praticiens. Repris et développé par Georg Joachim Rheticus. Sa doctrine a permis l'instauration de l'héliocentrisme : « avec Copernic. l'héliocentrisme sera confirmé par des Représentation de la mécanique céleste au sein du système de Nicolas Copernic. d'autre part sur le dogme de la création biblique du monde. La théologie médiévale se fonde quant à elle. Newton unifiera ces approches en découvrant la gravitation universelle. le Saint-Office publie un décret condamnant le système de Copernic et mettant son ouvrage à l'index.1642). qu'il nomme « télescope ». dans la Nouvelle Atlantide (1627). l'élève de Brahe qu'il rencontre en 1600. c'est-à-dire qu'il permettra la diffusion des thèses héliocentriques. la représentation de l'univers passe d'un « monde clos à un monde infini » selon l'expression d'Alexandre Koyré[54]. Portrait de Galilée. comme plus tard pour les scientifiques.Science 182 Pour Bacon. quant à lui. avec son ouvrage De revolutionibus (1543) qui met fin au modèle aristotélicien de l'immuabilité de la Terre. « Galilée adoptera donc la cosmologie de Copernic et construira une nouvelle physique avec le succès et les conséquences que l'on sait ». et en l'espace d'un siècle et demi (jusqu'aux Principia de Newton en 1687). Directement permise par les mathématiques de la Renaissance. « Uraniborg ». qui met par ailleurs au point une des premières lunettes astronomiques. en prévoyant précisément un lever de Terre sur la Lune[Quoi ?] et en énonçant ses « trois lois » publiées en 1609 et 16l9[52]. Avec Huygens la géométrie devient la partie centrale de la science astronomique. en 1616. Le danois Tycho Brahe observera de nombreux phénomènes astronomiques comme une nova et fondera le premier observatoire astronomique. initier les premiers calculs à des fins astronomiques. la théorie de Copernic reste confinée à quelques spécialistes. . De l'alchimie à la chimie Articles détaillés : Alchimie et Histoire de la chimie. Il y fit l'observation d'une comète en 1577. et avec lui seul. va. la science améliore la condition humaine. observations[51]. En dépit de cette interdiction. De l'« imago mundi » à l'astronomie Articles détaillés : Révolution copernicienne et Histoire de l'astronomie. l'astronomie s'émancipe de la mécanique aristotélicienne. s'amorce un bouleversement dont sortiront l'astronomie et la physique modernes » explique Jean-Pierre Verdet. Il expose ainsi une utopie scientifique. Johannes Kepler. 1715) publiera le premier traité de chimie faisant autorité avec son Cours de chimie. Le nombre de livres publiés devient ainsi exponentiel. contenant la manière de faire les opérations qui sont en usage dans la médecine. Johann Rudolph Glauber (1604 . Pour Bernard Vidal. l'alchimie est l'ancêtre de la physique au sens d'observation de la matière. De nombreux philosophes et savants sont ainsi soit à l'origine des alchimistes (Roger Bacon ou Paracelse). docteur ès Lettres spécialiste de l'alchimie. en particulier après la première traduction de nombreuses œuvres antiques d’Hippocrate et de Galien aux XVe siècle et XVIe siècle permettent des avancées en matière d'hygiène et de lutte contre la mortalité. avec des raisonnements sur chaque opération. Les académies des sciences surgissent. les « rêveries des occultistes » bloquèrent néanmoins le progrès scientifique.) L'alchimie ne mélange ou ne compose rien » selon F. La chimie moderne est une science qui s'occupe uniquement des formes extérieures dans lesquelles l'élément de la matière se manifeste [alors que] (. ce sont les premiers chimistes modernes — comme Antoine Laurent de Lavoisier surtout. la différence réside dans la représentation de la matière : combinaisons chimiques pour la chimie. en lien avec la médecine et la pharmacie (il classifie les composés chimiques et donne les méthodes pour les préparer) alors que plus tard Nicolas Lémery (1645 . de l'objet chimique (. 183 . Émergence de la physiologie moderne Articles détaillés : Histoire de la biologie# et Renaissance. qui pèse et mesure les éléments chimiques — qui consomment le divorce entre chimie et alchimie. En somme. bien que les deux disciplines soient liées. par ailleurs les savants peuvent débattre par l'intermédiaire des comptes-rendus de leurs expérimentations. L'expérimentation doit ainsi beaucoup aux laboratoires des alchimistes. l'alambic par exemple. la scolarisation de masse est possible. Pour le chimiste Jean-Baptiste Dumas : « La chimie pratique a pris naissance dans les ateliers du forgeron. Pour la conscience populaire.. Les instruments des alchimistes furent ceux des chimistes modernes.. invention qui bouleverse la transmission du savoir. du verrier et dans la boutique du parfumeur »[55]. il n'en reste pas moins que ce rôle a été capital ». Hartmann.1616) qui publie le premier recueil de chimie. du potier. qui découvrirent de nombreux corps que répertoriés plus tard par la chimie : l'antimoine. pour qui elle est davantage comparable à la botanique[57]. par l'apport de médications minérales et par l'élargissement de la pharmacopée. tels Francis Bacon[56] et même. En dépit de ces faits historiques. manifestations du monde inanimé comme phénomènes biologiques pour l'alchimie. Saint-Petersbourg et Berlin. pour l’instruction de ceux qui veulent s’appliquer à cette science en 1675. soit s'y intéressent. « L'alchimie n'a donc pas joué le rôle unique dans la formation de la chimie . La science devient ainsi une communauté de savants. Selon Serge Hutin. surtout au XVIe siècle et au XVIIe siècle. par une méthode facile. Paris. à Londres. La chimie naît ainsi comme discipline scientifique avec Andreas Libavius (1550 . le passage de l'alchimie à la chimie demeure complexe.1668) ou Robert Boyle apportent quant à eux de considérables expérimentations portant sur les éléments chimiques[58]. André Vésale jette ainsi les bases de l'anatomie moderne alors que le fonctionnement de la circulation sanguine est découverte par Michel Servet et les premières ligatures des artères sont réalisées par Ambroise Paré.) L'alchimiste a ainsi commencé à débroussailler le champ d'expériences qui sera nécessaire aux chimistes des siècles futurs ».. Diffusion du savoir Le domaine des techniques progresse considérablement grâce à l’invention de l’imprimerie par Johannes Gutenberg au XVe siècle. Il retient néanmoins que ces mirages qui nourrirent l'allégorie alchimique ont considérablement influencé la pensée scientifique. au XVIIIe siècle. l'acide sulfurique ou le phosphore par exemple. pratique.. c'est surtout sur la médecine que l'alchimie eut une influence notable. « c'est une erreur de confondre l'alchimie avec la chimie. plus tard Isaac Newton. Selon Serge Hutin. Les découvertes médicales et les progrès effectués dans la connaissance de l’anatomie. Or. par l'histoire et leurs acteurs. l'alchimie a surtout « permis d'amasser une connaissance manipulatoire.Science Art ésotérique depuis l'Antiquité. par Tito Lessi (1892). Les « Lumières » et les grands systèmes scientifiques Galileo and Viviani. les académies des sciences. Acta Eruditorum. tels le Journal des sçavans. pour les disciplines scientifiques de la matière. Michel Blay dit ainsi : « il est très surprenant et finalement très anachronique de séparer. L'Encyclopédie devient ainsi un hymne au progrès scientifique[61]. et aussi de ce que l'on appelle l'histoire littéraire. des arts et des métiers qui permet de faire le point sur l'état du savoir de l'époque. de temps et d'espace. avec les Encyclopédistes. Michel Blay voit ainsi dans les débats autour de concepts clés. comme ceux d'absolu ou de mouvement. elle-même permise par les mathématiques. pour la période classique. les sociétés savantes. la « révolution scientifique » est permise par la mathématisation de la science. car. l'histoire des sciences de l'histoire de la philosophie. Les sciences naturelles et la médecine surtout se développèrent durant cette période[60]. mais les domaines du savoir y sont encore mêlés et ne constituent pas encore totalement des disciplines. mais ce n'est qu'au cours du XVIIe siècle qu'apparaissent les autres institutions scientifiques. fondée en 1603 (ancêtre de l'Académie pontificale des sciences). Mémoires de Trevoux etc. Au XVIIe siècle. Le philosophe Denis Diderot et le mathématicien d’Alembert publient en 1751 l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences. . Ce mouvement intellectuel défend l’idée qu’il existe une architecture scientifique et morale du savoir.Science 184 Les journaux et périodiques prolifèrent. bien que s'institutionnalisant. selon l'expression de Pascal Brioist : « la mathématisation d’une pratique conduit à lui donner le titre spécifique de science ». Les universités occidentales avaient commencé à apparaître au XIe siècle. les éléments d'une science classique. notamment l'Accademia dei Lincei. fait encore partie du champ de l'investigation philosophique. L'Encyclopédie Un second changement important dans le mouvement des Lumières par rapport au siècle précédent trouve son origine en France. la création de disciplines et d'épistémologies distinctes mais réunies par la scientificité. La science. »[59] Au final la Renaissance permet. qu'il faut bien se garder de prendre pour l'esprit de système[62] » Rationalisme et science moderne Article détaillé : Rationalisme. la démographie. dans son Système de la nature. empirique[63]. Jean le Rond D'Alembert explique ainsi. mettant l’accent sur les sens et l’expérience dans l’acquisition des connaissances. Des penseurs. un grand nombre de phénomènes à un seul qui puisse en être regardé comme le principe (. . permet la naissance des sciences humaines. ou Emmanuel Kant. En énonçant en effet la théorie de la gravitation universelle. dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie (1759) que : « Ce n'est point par des hypothèses vagues et arbitraires que nous pouvons espérer de connaître la nature.. sa capacité à confronter et à assembler les preuves axiomatiques et les observations physiques en un système cohérent donnèrent le ton de tout ce qui allait suivre son exemplaire Philosophiae Naturalis Principia Mathematica. également scientifiques (comme Gottfried Wilhelm von Leibniz. au détriment de la raison pure..) par l'art de réduire autant qu'il sera possible. Les découvertes d'Isaac Newton. dans lequel il soutient l’athéisme contre toute conception religieuse ou déiste.).. le matérialisme et le fatalisme c'est-à-dire le déterminisme scientifique. Cette réduction constitue le véritable esprit systématique. c'est (. Newton inaugura l'idée d'une science comme discours tendant à expliquer le monde. en tant qu'individu qui peut décider par son raisonnement propre et non plus sous le seul joug des us et coutumes. qui développa les mathématiques et le calcul infinitésimal. comme l'économie. ou encore Pierre Bayle avec ses Pensées diverses sur la comète[64]) firent de la Raison (avec une majuscule) un culte au progrès et au développement social..Science 185 Avec l'Encyclopédie naît également la conception classique que la science doit son apparition à la découverte de la méthode expérimentale. comme Thomas Hobbes et David Hume. considéré comme rationnel car ordonné par des lois reproductibles. avec John Locke. provenant de René Descartes puis des philosophes anglais. qui adoptèrent une démarche La Planche 1-143 de l'Encyclopédie représentant l'anatomie humaine. la géographie ou encore la psychologie. La période dite des Lumières initia la montée du courant rationaliste. le baron d'Holbach. L'avènement du sujet pensant. Il rédige la première méthode expérimentale. la sociologie avec Auguste Comte. point du départ du système du binôme linnéen et de la nomenclature botanique[65]. identifie et baptise l'oxygène. Une théorie. au XVIIIe siècle. Si l’on considérait une théorie comme parfaite. XIXe siècle Carl Von Linné. L'opposition entre science et religion se renforce avec la parution de L'Origine des espèces en 1859 de Charles Darwin. le développement de la physiologie. La biologie connaît au XIXe siècle de profonds bouleversements avec la naissance de la génétique. la médecine progresse également avec la constitution des examens cliniques et les premières classification des maladies par William Cullen et François Boissier de Sauvages de Lacroix. considérée comme le modèle à suivre de la pratique scientifique. Les sciences humaines naissent. Claude Bernard et la méthode expérimentale Claude Bernard (1813-1878) est un médecin et physiologiste.Science 186 Naissance des grandes disciplines scientifiques La majorité des disciplines majeures de la science se consolident. doit toujours se modifier avec le progrès de la science et demeurer constamment soumise à la vérification et la Claude Bernard. elle deviendrait une doctrine[66] » . Il énonce ainsi les axiomes de la méthode médicale dans son Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865) et en premier lieu l'idée que l'observation doit réfuter ou valider la théorie : « La théorie est l’hypothèse vérifiée après qu’elle a été soumise au contrôle du raisonnement et de la critique. . connu pour l'étude du syndrome de Claude Bernard-Horner. Les sciences de la terre font aussi leur apparition. La chimie naît par ailleurs avec Antoine Laurent de Lavoisier qui énonce en 1778 la loi de conservation de la matière. La botanique apparaît avec Carl von Linné qui publie en 1753 Species plantarum. dans leurs épistémologies et leurs méthodes. pour rester bonne. critique des faits nouveaux qui apparaissent. Comme discipline. et si on cessait de la vérifier par l’expérience scientifique. la psychologie avec Charcot et Wilhelm Maximilian Wundt. suite aux travaux de Gregor Mendel. l'abandon du vitalisme suite à la synthèse de l'urée qui démontre que les composés organiques obéissent aux mêmes lois physico-chimique que les composés inorganiques. Il est considéré comme le fondateur de la médecine expérimentale. les découvertes les plus connues du XXe siècle précèdent la véritable mondialisation et l'uniformisation linguistique des publications scientifiques. Les échanges internationaux des connaissances scientifiques sont de plus en plus rapides et faciles (ce qui se traduit par des enjeux linguistiques) . biochimie. est un de ces instruments. par exemple. Il esquisse ainsi les fondements des sciences du XXe siècle. les sciences viennent à se rapprocher voire à travailler ensemble. à propos de la nature de la lumière. Naissance d'une société d'Alain Touraine.Science 187 Révolution Industrielle Article détaillé : Révolution industrielle. notamment les principes de la physique des particules. Les mathématiques deviennent le « langage » commun des sciences . Une science « post-industrielle » Tout comme le XIXe siècle. énonce les principes de la théorie cinétique des gaz ainsi que l'équation d'onde fondant l'électromagnétisme. l'informatique qui se développe à partir des années 1950 et permet un meilleur traitement d'une masse d'informations toujours plus importante et aboutit à révolutionner la pratique de la recherche. le sociologue présente les caractéristiques d'une science au service de l'économie et de la prospérité matérielle. Les instruments scientifiques sont plus nombreux et plus sûrs. Les Première et Seconde Révolutions Industrielles sont marquées par de profonds bouleversements économiques et sociaux. agrobiologie. biologie génétique. les applications étant multiples. toutefois. Ces deux découvertes permirent d'importants travaux ultérieurs notamment en relativité restreinte et en mécanique quantique. le XXe siècle connaît une accélération importante des découvertes scientifiques. La physique acquiert ses principales lois. On note l'amélioration de la précision des instruments. qui eux-mêmes reposent sur les avancées les plus récentes de la science . la biologie fait appel à la chimie et à la physique. Parallèlement. C'est ainsi que. conjointement à la multiplication des champs d'étude. tandis que cette dernière utilise l'astronomie pour confirmer ou infirmer ses théories (c'est l'astrophysique). tels le microscope (à l'aide duquel Louis Pasteur découvre les microbes) ou le télescope se perfectionnent. Elle s'est divisée en effet en de nombreuses branches : en biologie moléculaire. Complexification des sciences De « révolutions scientifiques »[67] en révolutions scientifiques. En 1971 la firme Intel met au point le premier micro-processeur et en 1976 Apple commercialise le premier ordinateur de bureau. la science vit ses disciplines se spécialiser. Dans La Société post-industrielle. . Un des premiers microscopes. puis l'électricité comptent parmi ces progrès notables qui ont permis l'amélioration des transports et de la production. La complexification des sciences explosa au XXe siècle. etc. notamment avec James Clerk Maxwell qui. permis par les innovations et découvertes scientifiques et techniques. La vapeur. Le cas de la biologie est exemplaire. Par exemple. Scientific and Cultural Organization) de vulgarisation des savoirs. et la manipulation du patrimoine héréditaire de l'homme. étant très liées aux droits locaux. respectivement. Les nanotechnologies et la génétique surtout posent les problèmes de société futurs. La psychanalyse et les autres pratiques thérapeutiques naissent des grands courants théoriques. le Comité Consultatif National d'Éthique est chargé de donner un cadre légal aux découvertes scientifiques[68]. L'informatique est par ailleurs à la fois une science et un instrument de recherche puisque la simulation informatique permet d'expérimenter des modèles toujours plus complexes et gourmands en termes de puissance de calcul. C'est ainsi qu'ils se spécialisent de plus en plus et pour contrebalancer cela. a apporté une précieuse assistance aux travaux de recherche. La science se démocratise d'une part : des projets internationaux voient le jour (lutte contre le SIDA et le cancer. avec l'UNESCO . Une application nanotechnologique. détecteurs de particules etc. Les sciences cognitives proposent un modèle expliquant les facultés mentales ainsi que le comportement humain. l'ethnologie. . Institutionnalisées dans la séparation que l'université française fait entre les facultés de sciences et médecine d'une part. comme la nanotechnologie. Le siècle est également marqué par le développement des sciences humaines. mais pas partout de la même manière. l'archéologie. à savoir. L'éthique devient une notion concomitante à celle de science. programme SETI. au sein des sciences naturelles. en dépit de programmes nationaux et internationaux (sous l'égide de l'ONU. des lois bioéthiques se mettent en place à travers le monde. la psychologie. d'autre part la vulgarisation scientifique permet de faire accéder toujours plus de personnes au raisonnement et à la curiosité scientifique. l'innovation majeure du XXe siècle.) . Éthique et science : l'avenir de la science au XXIe siècle Le XXIe siècle est caractérisé par une accélération des découvertes de pointe. astronomie. Les pays avancés technologiquement créent ainsi des organes institutionnels chargé d'examiner le bien-fondé des applications scientifiques. l'histoire. l'économie entre autres. les sciences humaines comportent de nombreuses disciplines comme l'anthropologie. et celles de lettres. les dangers des innovations pour la santé. la biologie.Science 188 La somme des connaissances devient telle qu'il est impossible pour un scientifique de connaître parfaitement plusieurs branches de la science. En France. le travail en équipe devient la norme. la linguistique. Développement des sciences humaines L'informatique. droit et sciences humaines d'autre part. la sociologie. Cette complexification rend la science de plus en plus abstraite pour ceux qui ne participent pas aux découvertes scientifiques.pour United Nations Educational. la génétique promet des changements sociaux ou biologiques sans précédents. la morale. Par ailleurs. Science Classification des sciences On distingue les sciences humaines et sociales des sciences de la nature. Les premières, comme la sociologie, portent sur l'étude des phénomènes liés à l'action humaine, les secondes, comme la physique, portent sur l'étude des phénomènes naturels. Plus récemment, quelques auteurs, comme Herbert Simon[69], ont évoqué l'apparition d'une catégorie intermédiaire, celle des sciences de l'artificiel, qui portent sur l'étude de systèmes créés par l'homme artificiels - mais qui présentent un comportement indépendant ou relativement de l'action humaine. Il s'agit par exemple des sciences de l'ingénieur. On peut également distinguer les sciences empiriques, qui portent sur l'étude des phénomènes accessibles par l'observation et l'expérimentation, des sciences logico-formelles, comme la logique ou les mathématiques, qui portent sur des entités purement abstraites. Une autre manière de catégoriser les sciences consiste à distinguer les sciences fondamentales, dont le but premier est de produire des connaissances, des sciences appliquées, qui visent avant tout à appliquer ces connaissances à la résolution de problèmes concrets. D'autres catégorisations existent, notamment la notion de science exacte ou de science dure. Ces dernières catégorisations, bien que très courantes, sont beaucoup plus discutables que les autres, car elles sont porteuses d'un jugement (certaines sciences seraient plus exactes que d'autres, certaines sciences seraient « molles », c'est-à-dire sans véritable consistance, ...). Il existe aussi une Classification des sciences en poupées russes. De manière générale, aucune catégorisation n'est complètement exacte ni entièrement justifiable, et les zones épistémologiques entre elles demeurent floues[70]. Pour Robert Nadeau : « on reconnaît généralement qu’on peut classer [les sciences] selon leur objet (...), selon leur méthode (...), et selon leur but ». Sciences fondamentales et appliquées Articles détaillés : Science fondamentale et Sciences appliquées. Les « sciences fondamentales » visent prioritairement l'acquisition de connaissances nouvelles. Cette classification première repose sur la notion d'utilité : certaines sciences produisent des connaissances en sorte d’agir sur le monde (les sciences appliquées), c’est-à-dire dans la perspective d’un objectif pratique, tandis que d'autres (les sciences fondamentales) visent prioritairement l’acquisition de connaissances nouvelles abstraites. Néanmoins, cette limite est floue. Les mathématiques, la physique ou la biologie peuvent ainsi aussi bien être fondamentales qu'appliquées, selon le contexte. Les sciences appliquées (qu'il ne faut pas confondre avec la technique en tant qu'application de connaissances empiriques) produisent des connaissances en sorte d'agir sur le monde, c'est-à-dire dans la perspective d'un objectif pratique, économique ou industriel. Certaines disciplines restent cependant plus ancrées dans un domaine que dans un autre. La cosmologie est par exemple une science exclusivement fondamentale. L'astronomie est également une discipline qui relève dans une grande mesure de la science fondamentale. La médecine, la pédagogie ou l'ingénierie sont au contraire des sciences essentiellement appliquées (mais pas exclusivement). Sciences appliquées et sciences fondamentales ne sont pas cloisonnées. Les découvertes issues de la science fondamentale trouvent des fins utiles (exemple : le laser et son application au son Un groupe de chercheurs travaillant sur une numérique sur CD-ROM). De même, certains problèmes techniques expérience. mènent parfois à de nouvelles découvertes en science fondamentale. Ainsi, les laboratoires de recherche et les chercheurs peuvent faire parallèlement de la recherche appliquée et de la recherche fondamentale. Par ailleurs, la recherche en sciences fondamentales utilise les technologies issues de la science appliquée, comme la microscopie, les possibilités de calcul des ordinateurs par la simulation numérique, par exemple. 189 Science 190 Par ailleurs, les mathématiques sont souvent considérées comme autre chose qu'une science, en partie parce que la vérité mathématique n'a rien à voir avec la vérité des autres sciences. L'objet des mathématiques est en effet interne à cette discipline. Ainsi, sur cette base, les mathématiques appliquées souvent perçus davantage comme une branche mathématique au service d'autres sciences (comme le démontrent les travaux du mathématicien Jacques-Louis Lions qui explique : « Ce que j'aime dans les mathématiques appliquées, c'est qu'elles ont pour ambition de donner du monde des systèmes une représentation qui permette de comprendre et d'agir ») seraient bien plutôt sans finalité pratique. A contrario, les mathématiques possèdent un nombre important de branches, d'abord abstraites, s'étant développées au contact avec d'autres disciplines comme les statistiques, la théorie des jeux, la logique combinatoire, la théorie de l'information, la théorie des graphes entre autres exemples, autant de branches qui ne sont pas catalogués dans les mathématiques appliquées mais qui pourtant irriguent d'autres branches scientifiques. Sciences nomothétiques et idiographiques Un classement des sciences peut s'appuyer sur les méthodes mise en œuvre. Une première distinction de cet ordre peut être faite entre les sciences nomothétiques et les sciences idiographiques : • les sciences nomothétiques cherchent à établir des lois générales pour des phénomènes susceptibles de se reproduire. On y retrouve la physique et la biologie, mais également des sciences humaines ou sociales comme l'économie, la psychologie ou même la sociologie. • les sciences idiographiques s'occupent au contraire du singulier, de l'unique, du non récurrent. L'exemple de l'histoire montre qu'il n'est pas absurde de considérer que le singulier peut être justiciable d'une approche scientifique. C'est à Wilhelm Windelband, philosophe allemand du XIXe siècle que l'on doit la première ébauche de cette distinction, la réflexion de Windelband portant sur la nature des sciences sociales. Dans son Histoire et science de la nature (1894), il soutient que l'opposition entre sciences de la nature et de l'esprit repose sur une distinction de méthode et de « formes d'objectivation »[71] Jean Piaget reprendra le vocable de nomothétique pour désigner les disciplines cherchant à dégager des lois ou des relations quantitatives en utilisant des méthodes d'expérimentation stricte ou systématique. Il cite la psychologie scientifique, la sociologie, la linguistique, l'économie et la démographie. Il distingue ces disciplines des sciences historiques, juridiques et philosophiques[72]. Sciences empiriques et logico-formelles Articles détaillés : Science empirique et Science formelle. Wilhelm Windelband. Une catégorisation a été proposée par l'épistémologie, distinguant les « sciences empiriques » et les « sciences logico-formelles ». Leur point commun reste les mathématiques et leur usage dans les disciplines liées ; cependant, selon les mots de Gilles-Gaston Granger, « la réalité n'est pas aussi simple. Car, d'une part, c'est souvent à propos de questions posées par l'observation empirique que des concepts mathématiques ont été dégagés ; d'autre part, si la mathématique n'est pas une science de la nature, elle n'en a pas moins de véritables objets ». Selon Léna Soler, dans son Introduction à l’épistémologie, distingue d’une part les sciences formelles des sciences empiriques, d’autre part les sciences de la natures des sciences humaines et sociale. • les sciences dites empiriques portent sur le monde empiriquement accessible, sensible (accessible par les sens donc). Elles regroupent : les sciences de la nature, qui ont pour objet d'étude les phénomènes naturels ; les sciences humaines, qui ont pour objet d'étude l'Homme et ses comportements individuels et collectifs, passés et Science 191 présents ; • de leur côté, les sciences logico-formelles (ou sciences formelles) explorent par la déduction, selon des règles de formation et de démonstration, des systèmes axiomatiques. Il s'agit par exemple des mathématiques ou de la logique[73] Sciences de la nature et sciences humaines et sociales Articles détaillés : Sciences de la nature et Sciences humaines et sociales. Selon Gilles-Gaston Granger, il existe une autre sorte d'opposition épistémologique, distinguant d'une part les sciences de la nature, qui ont des objets émanant du monde sensible, mesurables et classables ; d'autre part les sciences de l'homme aussi dites sciences humaines, pour lesquelles l'objet est abstrait. Gilles-Gaston Granger récuse par ailleurs de faire de l'étude du phénomène humain une science proprement dite[74]. • les sciences humaines et sociales sont celles qui ont pour objet d'étude les hommes, les sociétés, leur histoire, leurs cultures, leurs réalisations et leurs comportements ; • les sciences de la nature, ou sciences naturelles (« Natural science » en anglais) ont pour objet le monde naturel, la Terre et l'Univers. L'opposition traditionnelle entre sciences humaines et sciences naturelles repose sur celle entre nature et culture. Disciplines scientifiques Article détaillé : Liste des disciplines scientifiques. La science peut être organisée en grandes disciplines scientifiques, notamment : mathématiques, chimie, biologie, physique, mécanique, optique, pharmacie, médecine, astronomie, archéologie, économie, sociologie. Les disciplines ne se distinguent pas seulement par leurs méthodes ou leurs objets, mais aussi par leurs institutions : revues, sociétés savantes, chaires d'enseignement, ou même leurs diplômes. La pratique retient néanmoins trois classements : 1. les sciences formelles (ou Sciences logico-formelles) ; 2. les sciences naturelles ; 3. les sciences humaines et sociales. Le sens commun associe une discipline à un objet. Par exemple la sociologie s’occupe de la société, la psychologie de la pensée, la physique s’occupe de phénomènes mécaniques, thermiques, la chimie s’occupe des réactions de la matière. La recherche moderne montre néanmoins l’absence de frontière et la nécessité de développer des Un laboratoire à l'institut de biochimie de Cologne. transversalités ; par exemple, pour certaines disciplines on parle de « physico-chimique » ou de « chimio-biologique », expressions qui permettent de montrer les liens forts des spécialités entre elles. Une discipline est au final définie par l’ensemble des référentiels qu’elle utilise pour étudier un ensemble d’objets, ce qui forme sa scientificité. Néanmoins, ce critère n'est pas absolu. Pour le sociologue Raymond Boudon, il n'existe pas une scientificité unique et transdisciplinaire. Il s’appuie ainsi sur la notion d’« airs de famille », notion déjà théorisée par le philosophe Ludwig Wittgenstein selon laquelle il n'existe que des ressemblances formelles entre les sciences, sans pour autant en tirer une règle générale permettant de dire ce qu'est « la science ». Raymond Boudon, dans L’art de se persuader des idées douteuses, fragiles ou fausses[75] explique que le relativisme « s'il est une idée reçue bien installée […], repose sur des bases fragiles » et que, contrairement à ce que prêche Feyerabend, « il n'y a pas lieu de congédier la raison ». Science Raisonnement scientifique Type formel pur Article détaillé : Logique. Selon Emmanuel Kant la logique formelle est « science qui expose dans le détail et prouve de manière stricte, uniquement les règles formelles de toute pensée ». Les mathématiques et la logique formalisées composent ce type de raisonnement. Cette classe se fonde par ailleurs sur deux principes constitutifs des systèmes formels : l'axiome et les règles de déduction ainsi que sur la notion de syllogisme, exprimée par Aristote le premier[76] et liée au « raisonnement déductif » (on parle aussi de raisonnement « hypothético-déductif »), qu'il expose dans ses Topiques[77] et dans son traité sur la logique : Les Analytiques. Il s'agit également du type qui est le plus adéquat à la réalité, celui qui a fait le plus ses preuves, par la technique notamment. Le maître-mot du type formel pur est la démonstration logique et non-contradictoire (entendu comme la démonstration qu'on ne pourra dériver dans le système étudié n'importe quelle proposition). En d'autres termes, il ne s'agit pas à proprement parler d'un raisonnement sur l'objet mais bien plutôt d'une méthode pour traiter les faits au sein des démonstrations scientifiques et portant sur les propositions et les postulats. On distingue ainsi dans ce type deux disciplines fondamentales : 1. la logique de la déduction naturelle ; 2. la logique combinatoire. Le type formel fut particulièrement développée au XXe siècle, avec le logicisme et la philosophie analytique. Bertrand Russell développe en effet une « méthode atomique » (ou atomisme logique) qui s’efforce de diviser le langage en ses parties élémentaires, ses structures minimales, la phrase simple en somme. Wittgenstein projetait en effet d’élaborer un langage formel commun à toutes les sciences permettant d'éviter le recours au langage naturel, et dont le calcul propositionnel représente l'aboutissement. Cependant, en dépit d'une stabilité épistémologique propre, a contrario des autres types, le type formel pur est également largement tributaire de l'historicité des sciences[78] Type empirico-formel Articles détaillés : Empirisme, Modèle, Théorie et expérimentation. Le modèle de ce type, fondé sur l'empirisme, est la physique. L'objet est ici concret et extérieur, non construit par la discipline (comme dans le cas du type formel pur). Ce type est en fait la réunion de deux composantes : • d'une part il se fonde sur la théorique formelle, les mathématiques (la physique fondamentale par exemple) ; • d'autre part la dimension expérimentale est complémentaire (la méthode scientifique). 192 Science 193 Le type empirico-formel progresse ainsi de la théorie — donnée comme a priori — à l'empirie, puis revient sur la première via un raisonnement circulaire destiné à confirmer ou réfuter les axiomes. Le « modèle » est alors l'intermédiaire entre la théorie et la pratique. Il s'agit d'une schématisation permettant d'éprouver ponctuellement la théorie. La notion de « théorie » est depuis longtemps centrale en philosophie des sciences, mais elle est remplacée, sous l'impulsion empiriste, par celle de modèle, dès le milieu du XXe siècle[79]. L'expérience (au sens de mise en pratique) est ici centrale, selon l'expression de Karl Popper : « Un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience ». Expérience démontrant la viscosité du bitume. Parmi les sciences empiriques, on distingue deux grandes familles de sciences : les sciences de la nature et les sciences humaines. Néanmoins, l'empirisme seul ne permet pas, en se coupant de l'imagination, d'élaborer des théories novatrices, fondées sur l'intuition du scientifique, permettant de dépasser des contradictions que la simple observation des faits ne pourrait résoudre[80]. Il existe néanmoins des débats quant à la nature empirique de certaines sciences humains, comme l'économie ou l'histoire, qui ne reposent pas sur une méthode totalement empirique, l'objet étant virtuel dans les deux disciplines. [81] Type herméneutique Articles détaillés : Herméneutique et Phénoménologie (science). Les sciences herméneutiques (du grec hermeneutikè, « art d'interpréter ») décodent les signes naturels et établissent des interprétations. Ce type de discours scientifique est caractéristique des sciences humaines, où l'objet est l'homme. Dans la méthode herméneutique, les effets visibles sont considérés comme un texte à décoder, à la signification cachée. La phénoménologie est ainsi l'explication philosophique la plus proche de ce type[82], qui regroupe, entre autres, la sociologie, la linguistique, l'économie, l'ethnologie, la théorie des jeux, etc. Il peut s'agir dès lors de deux catégories de discours : 1. l'intention première est alors l'objet de la recherche herméneutique, exemple : dans la psychologie ; 2. l'interprétation est aussi possible : la théorie prévoit les phénomènes, simule les relations et les effets mais l'objet reste invisible (cas de la psychanalyse). Par rapport aux deux autres types formels, le statut scientifique du type herméneutique est contesté par les tenants d'une science mathématique, dite « dure ». elle est rigoureuse.c'est le rôle de la publication) . Le principe d'objectivité. chacun de ces points est problématique. De manière générale à toutes les sciences. affirme que « la méthode ne suffit pas »[83]. mesurables et réfutables dans les phénomènes par le moyen de la mesure expérimentale. La psychanalyse par exemple n'est ainsi pas acceptée comme science pour les tenants de la scientificité. Les sciences de la nature ne cherchent qu'à expliquer leur objet. avec des auteurs comme Hans-Georg Gadamer qui publia en 1960. tandis que les sciences de l'homme. de la même façon) . la méthode scientifique repose sur quatre critères : 1. de même. . elle est systématique (le protocole doit s'appliquer à tous les cas. Les sciences sociales doivent être l'objet d'une introspection. c’est-à-dire une démarche d’interprétation des manifestations concrets de l’esprit humain. source d'interrogations. 3. en posant que les paradigmes subissent des « révolutions scientifiques » : un modèle n'est valable tant qu'il n'est pas remis en cause. Wilhelm Dilthey. et enfin. Ainsi. ce que Wilhelm Dilthey appelle une « démarche herméneutique ». dans une même discipline). Scientificité La scientificité est la qualité des pratiques et des théories qui cherchent à établir des régularités reproductibles. c'est le « caractère de ce qui répond aux critères de la science »[84]. Plus généralement. et l'histoire en particulier.Science 194 À la conception de l’unité de la science postulée par le positivisme tout un courant de pensée va. surtout au sein des sciences humaines. qui est souvent présenté comme l'apanage de la science. Le type herméneutique marque le XXe siècle. 2. demandent également à comprendre de l'intérieur et donc à prendre en considération le vécu. est. s'opposant à l'empirisme tout-puissant. ce qui forme le noyau de la scientificité. elle fait preuve d'objectivité (c'est le principe du « double-aveugle » : les données doivent être contrôlées par des collègues chercheurs . dans La Logique de la découverte scientifique (1934) que « l'attitude scientifique [est] l'attitude critique ». à la suite de Wilhelm Dilthey (1833-1911). Ces dernières ne doivent pas adopter la méthode en usage dans les sciences de la nature car elles ont un objet qui lui est totalement différent. Popper ajoute. affirmer l’existence d’une coupure radicale entre les sciences de la nature et les sciences de l’esprit. et les questionnements de l'épistémologie portent principalement sur les critères de scientificité. Vérité et Méthode qui. l'épistémologue Thomas Samuel Kuhn bat en brèche ce critère de scientificité. testable (par l'expérimentation et les modèles scientifiques) . 4. Néanmoins. Karl Popper comme Ludwig Wittgenstein lui ont refusé ce statut en raison de son caractère non réfutable par l'expérience. elle doit être cohérente (les théories ne doivent pas se contredire. concernant la cohérence interne aux disciplines. et à en fournir une représentation explicite. Science 195 Pour le sociologue de la science Roberto Miguelez : « Il semble bien que l'idée de la science suppose. Elle est étroitement liée à l'histoire des sciences[86]. L'expérience doit ainsi pouvoir réfuter les modèles théoriques.et d'un seul . de mener une expérimentation pour tester une hypothèse scientifique. de résoudre un problème de mathématique. et plus tard mais indépendamment[87]. une expérience doit apporter des précisions quantifiées (ou statistiques) permettant de réfuter ou étayer le modèle. à une vision davantage globale. celle de l'épistémologie. recherche. celle d'une logique de l'activité scientifique . au sein de l'espace social scientifique. La sociologie des sciences étudie en effet de plus en plus les critères de scientificité. l'épistémologue Karl Popper (1902-1994). De manière générale. Thomas Edison dans son laboratoire (1901). il faut postuler l'existence d'un ensemble de règles . le logicien et scientifique Charles Sanders Peirce (1839-1914). . L'« expérimentation » est une méthode scientifique qui consiste à tester par des expériences répétées la validité d'une hypothèse et à obtenir des données quantitatives permettant de l'affiner.pour la construction d'un discours scientifique »[85]. Elle repose sur des protocoles expérimentaux permettant de normaliser la démarche. En somme. alors que dans le processus abductif la théorie est inventée avant l'expérience et cette dernière ne fait que répondre par l'affirmative ou par la négative à l'hypothèse.et d'un seul . celle d'une syntaxe du discours scientifique. La plupart des sciences emploient ainsi la méthode expérimentale. comme dans les sciences humaines. pour pouvoir parler de la science. L'abduction (ou conjecture) est un procédé consistant à introduire une règle à titre d’hypothèse afin de considérer ce résultat comme un cas particulier tombant sous cette règle. ». « poursuite. En d'autres termes.pour le traitement des problèmes scientifiques . La « méthode scientifique » (grec ancien méthodos. et d'un ensemble de règles . passant d'une vision interne. Scientifique et méthode scientifique Articles détaillés : Méthode scientifique et Évaluation de la recherche scientifique. La physique ou la biologie reposent sur une démarche active du scientifique qui construit et contrôle un dispositif expérimental reproduisant certains aspects des phénomènes naturels étudiés. premièrement. Elle consiste en l'invention a priori d'une conjecture précédant l'expérience. cela signifie que l'induction fournit directement la théorie. Les résultats des expériences ne sont pas toujours quantifiables. il semble bien que. dont le protocole est adapté à son objet et à sa scientificité. plan ») est « l'ensemble des procédés raisonnés pour atteindre un but . deuxièmement. Néanmoins. lui opposent l'abduction (ou méthode par conjecture et réfutation) comme étape première de la recherche scientifique.ce qu'on appellera alors « la méthode scientifique » -. L'expérimentation a été mise en avant par le courant de l'empirisme. La méthode scientifique suit par ailleurs quatre opérations distinctes : Expérimentation Article détaillé : Expérimentation. La scientificité ne se limite pas à l'observation. celui-ci peut être de conduire un raisonnement selon des règles de rectitude logique. prennent en compte l'observation comme un paradigme explicatif à part entière. comme la physique quantique ou la psychologie. observation permise par une mesure et suivant un protocole fixé d'avance. Un exemple est la « théorie électromagnétique ». elle ne suffit pas. à l’aide de moyens d’enquête et d’étude appropriés. La conception scientifique de la théorie devient ainsi une phase provisoire de la méthode expérimentale. dérivé d'un petit ensemble de principes de base et d'équations. conformément à la maxime de Claude Bernard : « La méthode expérimentale ne donnera pas d'idée neuve à ceux qui n'en ont pas. ici des alambics pour la chimie. sorte de théories en voie de développement. ». toujours consciente de ses limites[88] » En effet. sans volonté de les modifier. Claude Bernard. influençant le comportement de l'objet observé. Il s'agit d'observer le phénomène ou l'objet sans le dénaturer. L'observation scientifique passe par des instruments. « improvisation déconcertante ». le terme de théorie désigne généralement le support mathématique. La philosophe Catherine Chevalley résume ainsi ce nouveau statut de l'observation : « Le propre de la théorie quantique est de rendre caduque la situation classique d’un « objet » existant indépendamment de l’observation qui en est faite ». La science définit la notion d’observation dans le cadre de l’approche objective de la connaissance. dans son Introduction à la médecine expérimentale appuie sur le rôle clé des questions et sur l'importance de l'imagination dans la construction des hypothèses. hésitation.Science 196 Observation Article détaillé : Observation. L’adjectif « théorique » adjoint à la description d'un phénomène indique souvent qu'un résultat particulier a été prédit par une théorie mais qu'il n'a pas encore été observé. Théorie et modèle Une « théorie » (du grec theoria soit « vision du monde ») est un modèle ou un cadre de travail pour la compréhension de la nature et de l'humain. La démarche du scientifique est débat critique. . Les scientifiques y ont recours principalement lorsqu'ils suivent une méthode empirique. Le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux explique ainsi : « Le scientifique construit des « modèles » qu'il confronte au réel. et dont les résultats spécifiques sont obtenus à partir des équations de Maxwell. habituellement confondue avec l'électromagnétisme classique. L’« observation » est l’action de suivi attentif des phénomènes. En physique. ou même interférer avec sa réalité. Certaines sciences. la théorie et le modèle permettant d'éprouver la réalité a priori. C'est par exemple le cas en astronomie ou en physique. Il les projette sur le monde ou les rejette en fonction de leur adéquation avec celui-ci sans toutefois prétendre l'épuiser. si l'expérimentation est prépondérante. permettant de produire des prévisions expérimentales pour une catégorie donnée de systèmes physiques. La théorie est ainsi bien souvent plus un modèle entre l'expérimentation et l'observation qui reste à confirmer. • les comptes-rendus de congrès scientifique à comité de lecture . Publication et littérature scientifique Articles détaillés : Publication scientifique et Scientométrie. Un modèle mathématique est ainsi une traduction de la réalité pour pouvoir lui appliquer les outils. Il existe ainsi plusieurs modes de publications : • les revues scientifiques à comité de lecture . d'un système. C'est aussi le lieu de débats contradictoires à propos de sujets polémiques ou de discussions de méthodes. • des ouvrages collectifs rassemblant des articles de revue ou de recherche autour d'un thème donné. mais en y appliquant des lois ayant les mêmes propriétés et les mêmes équations. d'une machine.Science Simulation Articles détaillés : Simulation de phénomènes et Modèle mathématique. La publication scientifique est donc la validation de travaux par la communauté scientifique. Il existe deux types de simulations : 1. comme la collision de particules. coordonnés par un ou plusieurs chercheurs appelés éditeurs . La simulation numérique utilise elle un programme spécifique ou éventuellement un progiciel plus général. Les simulateurs de vol d’avions par exemple permettent d'entraîner les pilotes. à des fins d'étude. qui génère davantage de Simulation d'une collision de particules. • des monographies sur un thème de recherche. à l'aide d'une maquette ou d'un programme informatique. La « simulation » est la « reproduction artificielle du fonctionnement d'un appareil. et ayant subi une forme d'examen de la rigueur de la méthode scientifique employée pour ces travaux. comme l'examen par un comité de lecture indépendant par exemple. d'un phénomène. Il y a alors deux types de modélisations : les modèles prédictifs (qui anticipent des événements ou des situations. En recherche fondamentale les simulations que l'on nomme aussi « modélisations numériques » permettent de reproduire des phénomènes complexes. 197 . les techniques et les théories mathématiques. 2. de démonstration ou d'explication »[89]. Le terme de « publication scientifique » regroupe plusieurs types de communications que les chercheurs font de leurs travaux en direction d'un public de spécialistes. La modélisation physique consiste spécifiquement à utiliser un autre phénomène physique que celui observé. souplesse et de puissance de calcul. Elle est directement liée à l'utilisation de l'informatique au XXe siècle. souvent invisibles ou trop ténus. comme ceux qui prévoient le temps avec la météorologie) et les modèles descriptifs (qui représentent des données historiques). parmi les plus importants. Le philosophe analytique Bertrand Russell l'emploie ensuite. et ont longtemps relevé de la philosophie. Jean Piaget[92] proposait de définir l’épistémologie « en première approximation comme l’étude de la constitution des connaissances valables ». tel le facteur d'impact. du cercle de Vienne. Lakatos enfin. dénomination qui. Il s'agit d'un néologisme construit par James Frederick Ferrier. selon Jean-Louis Le Moigne. pour examiner les modes de raisonnement qu'ils mettent en œuvre et décrire la structure formelle de leurs théories. Qu’est ce que la connaissance et quel est son mode d'investigation (c'est la question « gnoséologique ») ? 2. ces indicateurs. Un exemple de publication scientifique : la revue Science and Invention (1928). puis de Popper. Épistémologie : le discours sur la science Épistémologie ou philosophie des sciences ? Article détaillé : épistémologie. de René Descartes. au contraire. Aurel David explique ainsi que « La science est parvenue à se fermer chez elle. à tel point que l'adage « publish or perish » (publier ou périr) est fondé. objet d’étude de la Philosophie des sciences. Comment la connaissance est-elle constituée ou engendrée (c'est la question méthodologique) ? 3. dans son Essai sur les fondements de la géométrie en 1901. les « épistémologues » se concentrent sur la démarche de la connaissance. qu'ils présentent comme autonomes par rapport à la philosophie[91]. qui étudiait le discours scientifique relativement à des postulats ontologiques ou philosophiques. sur les modèles et les théories scientifiques. sous la définition d'analyse rigoureuse des discours scientifiques. Les analyses de la science (l'expression de « métascience » est parfois employée) ont tout d’abord porté sur la science comme corpus de connaissance. ou théorie de l'ignorance. L'épistémologie permettra la reconnaissance de la science et des sciences comme disciplines autonomes par rapport à la philosophie. En France. Ferrier l'oppose au concept antagoniste de l'« agnoiology ».Science 198 Les publications qui entrent dans un des cadres ci-dessus sont généralement les seules considérées pour l'évaluation des chercheurs et les études bibliométriques. dans son ouvrage Institutes of metaphysics (1854). La scientométrie est en effet une méthode statistique appliquée aux publications scientifiques. c'est-à-dire non-autonomes en soi. Comment apprécier sa valeur ou sa validité (question de sa scientificité) ? Avant ces investigations. Le mot est composé sur la racine grecque επιστήμη signifiant « science au sens de savoir et de connaissance » et sur le suffixe λόγος signifiant « le discours ». de Gaston Bachelard. s'appuie sur l'analyse de chaque discipline particulière relevant des épistémologies dites « régionales ». Les politiques budgétaires dévolues aux laboratoires et aux unités de recherche dépendent ainsi souvent de ces indicateurs scientométriques. Quine. Elle aborde ses nouvelles difficultés par ses propres moyens et ne s'aide en rien des productions les plus élevées et les plus récentes de la pensée métascientifique ». Le vocable d'« épistémologie » remplace celui de philosophie des sciences au début du XXe siècle. auteur de Le Rêve d'une théorie ultime (1997)[93] la philosophie des sciences est inutile car elle n'a jamais aidé la connaissance scientifique à avancer. Pour le prix Nobel de physique Steven Weinberg. En d'autres mots. C'est le cas d'Aristote. la science était conçue comme un corpus de connaissances et de méthodes. de Francis Bacon. permet de poser les trois grandes questions de la discipline : 1. . occupent ainsi une place importante dans la LOLF (pour : Loi Organique relative aux Lois de Finances)[90]. L’épistémologie. Elle est utilisée par les organismes finançant la recherche comme outil d'évaluation. appelées également « paradigmes scientifiques » selon l'expression de Thomas Samuel Kuhn. Le terme de progrès vient du latin « progressus » qui signifie l'action d'avancer. Ce problème d'épistémologie concerne plus directement la question de savoir comment identifier ou démarquer les théories 199 . participant à l'effort économique[94]. Enfin des courants plus radicaux posent que la science et la technique permettront de dépasser la condition ontologique et biologique de l'homme. Cette identification de la science au progrès est très ancienne et remonte aux fondements philosophiques de la science[95]. Selon les tenants de la science comme moyen d'amélioration de la société. c’est l’honneur de l’esprit humain. La civilisation se fonde ainsi. ce qui fait de l'homme un animal différent des autres. que la science génère. dans son développement. les courants technophobes refusent l'idée d'une science salvatrice. 2. à propos du L'utilisation militaire de la technologie nucléaire a posé un dilemme aux deux scientifiques. sur une série de progrès dont le progrès scientifique. physicien Joseph Fourier : « M. Interrogations de l'épistémologie Article détaillé : épistémologie#Les questions épistémologiques. sont également au cœur des interrogations épistémologiques. l'épistémologie tente d'expliquer et de rationaliser un ensemble de questions philosophiques. en particulier dans son rapport au pouvoir politique[96]. Liée à la théorie de la connaissance. la nature des connaissances en elles-mêmes (l'objectivité est-elle toujours possible. en étant le moteur du progrès matériel et moral. Dans une lettre du 2 juillet 1830 adressée à Legendre. les types de raisonnements sont-ils fondés ?) . une question de nombres vaut autant qu’une question du système du monde.Science Science au service de l'humanité : le progrès Articles détaillés : Progrès scientifique et Progrès technique. quant à elle. et que sous ce titre. Parmi ces questions centrales de l'épistémologie on distingue : 1. • des applications technologiques toujours plus utiles permettant de transformer l'environnement afin de rendre la vie plus facile. que la science est avant tout le propre de l'humain. entre autres. c'est-à-dire à un état meilleur. À l'opposé. mathématicien Charles Gustave Jacob Jacobi écrit ainsi. La thèse de la science pure pose. mais un philosophe comme lui aurait dû savoir que le but unique de la science.). Certaines découvertes scientifiques ont des applications militaires ou même peuvent être létales en dépit d'un usage premier bénéfique[98]. et que la science est le seul moyen à sa portée. Les question éthiques également limitent cette définition de la science comme un progrès[97]. les renversements des représentations des savants. Le transhumanisme ou l'extropisme sont par exemple des courants de pensée stipulant que le but de l'humanité est de dépasser les injustices biologiques (comme les maladies génétiques. La science progressant de manière fondamentalement discontinue. etc. le Albert Einstein et Robert Oppenheimer. Fourier avait l’opinion que le but principal des mathématiques était l’utilité publique et l’explication des phénomènes naturels . grâce au génie génétique) et sociales (par le rationalisme). le progrès offre : • une explication du fonctionnement du monde : il est donc vu comme un pouvoir explicatif réel et illimité . »[99]. La science serait avant tout un moyen de faire le bonheur de l'humanité. dont Ernest Renan ou Auguste Comte sont parmi les plus représentatifs. D'autres courants de pensée comme le scientisme envisagent le progrès sous un angle plus utilitariste. la nature de la production des connaissances scientifiques (par exemple. Cette thèse est distincte de celle de la science dite pure (en elle-même). et pose le problème de l'autonomie de la science. et pointent au contraire les inégalités sociales et écologiques. Selon cette étymologie le progrès désigne un passage à un degré supérieur. Grands modèles épistémologiques L'histoire des sciences et de la philosophie a produit de nombreuses théories quant à la nature et à la portée du phénomène scientifique. Les rationalistes prennent ainsi comme exemple le célèbre passage du dialogue de Platon. et explique en effet que « la science est beaucoup plus proche du mythe qu’une philosophie scientifique n’est prête à l’admettre ». qui a produit un cours sur cette question dans une perspective marxiste. à se révolter contre les idées reçues à l'égard de la science et à relativiser l'idée trop simple de « méthode scientifique ». dans les années soixante-dix. peut refaire et redémontrer le théorème de Pythagore. dans le Ménon. Il existe ainsi un ensemble de grands modèles épistémologiques qui prétendent expliquer la spécificité de la science. Le discours sera également interrogé par la psychologie avec le courant du constructivisme. dans Introduction aux Science Studies. Il s'agit donc d'une théorie de la connaissance qui postule le primat de l'intellect.Science scientifiques des théories métaphysiques . surtout moderne. puis enfin des approches fondamentalement hétérogènes à partir des années 1990 avec les Science studies. Le philosophe Louis Althusser. l'évolution des connaissances scientifiques (quel mécanisme meut la science et les disciplines scientifiques). de lois) . L'épistémologue Paul Feyerabend. c'est-à-dire à sa mise en œuvre au quotidien et plus seulement à la nature des questions théoriques qu'elle produit. est l'un des premiers. d'hypothèses. la raison seule suffit pour départager le vrai du faux dans le raisonnement rationaliste. l'organisation des connaissances scientifiques (notions de théories. Les mathématiques représentent en effet le moyen intellectuel démontrant que l'intellect et la raison peuvent se passer de l'observation et de l'expérience. aux premières réflexions purement philosophique et souvent normatives sont venus s’ajouter des réflexions plus sociologiques et psychologiques. prône la toute puissance des mathématiques sur les autres sciences. Des auteurs comme René Descartes (on parle alors du cartésianisme). soutient que « tout scientifique est affecté d’une idéologie ou d’une philosophie scientifique » qu’il appelle « Philosophie Spontanée des Savants » (« P. L'expérimentation y a un statut particulier : elle ne sert qu'à valider ou réfuter les hypothèses. Très schématiquement. Nombre de philosophes ou d'épistémologues ont ainsi interrogé la nature de la science et en premier lieu la thèse de son unicité.S. 4. étape par étape et sans son aide.S »[100]). où Socrate prouve qu'un jeune esclave illettré. René Descartes. ou Leibniz fondent les bases conceptuelles de ce mouvement qui met en avant le raisonnement en général et plus particulièrement le raisonnement déductif dit aussi analytique. que 200 . Cartésianisme et rationalisme Article détaillé : Rationalisme. 3. Le XXe siècle a marqué un tournant radical. dans Contre la méthode. soit essentiellement de l'usage de la raison ». En d'autres mots. Le rationalisme. Déjà Galilée expliquait dans son ouvrage L'essayeur — qui est également une démonstration de logique — en 1623. l'épistémologie s'intéresse à la « science en action » (expression de Bruno Latour). Il expose une théorie anarchiste de la connaissance plaidant pour la diversité des raisons et des opinions. Le rationalisme est un courant épistémologique né au XVIIe siècle et pour lequel « toute connaissance valide provient soit exclusivement. puis des approches sociologiques et anthropologiques dans les années 1980. Dominique Pestre s'attache lui à montrer l'inutilité d'une distinction entre « rationalistes » et « relativistes ». de modèles. Enfin. dont on peut extraire des lois par un raisonnement inductif (dit aussi synthétique). Dans l'empirisme. Le développement de la Royal Society de Londres. en est ainsi l'expression aboutie : « la combinaison de la rationalité et de l'empirisme. allant par conséquent du concret à l'abstrait. Enfin. si évidente dans l'éthique puritaine. Les caractères en sont les triangles et les cercles. appelée « empirie » (ensemble des données de l'expérience). L'empirisme se décompose lui-même en sous-courants : • le matérialisme qui explique que seule l'expérience sensible existe . Bertrand Russell mentionne dans son ouvrage Science et Religion ce qu’il nomme le « scandale de l’induction ». Empirisme Article détaillé : Empirisme. selon lui les lois admises comme générales par l'induction n'ont été cependant vérifiées que pour un certain nombre de cas expérimentaux. forme l'essence de la science moderne. Isaac Newton. Représenté par les philosophes anglais Roger Bacon. On ne peut comprendre ce livre que si on en apprend tout d'abord le langage. selon Robert King Merton (dans Éléments de théorie et de méthode sociologique. en effet. • l'instrumentalisme. qui est ainsi l'objet sur lequel porte la méthode. ainsi que les autres figures géométriques sans lesquelles il est humainement impossible d'en déchiffrer le moindre mot » . L'empirisme postule que toute connaissance provient essentiellement de l'expérience. selon Hume en la généralisation de données de l'expérience pure[101]. Les travaux d'Isaac Newton témoignent d'une méthode empirique dans la formalisation de la loi gravitationnelle. le raisonnement est secondaire alors que l'observation est première[102]. 1965) grâce à ses liens étroits avec l'éthique protestante et puritaine. L'induction consiste. • le sensualisme qui considère que les connaissances proviennent des sensations (c'est la position de Condillac par exemple) . Néanmoins. » explique Merton. ce courant postule que la connaissance se fonde sur l'accumulation d'observations et de faits mesurables. John Locke et George Berkeley.Science 201 « Le grand livre de l'Univers est écrit dans le langage des mathématiques. cette méthode de raisonnement n'a rien d'universel. et l'alphabet dans lequel il est rédigé. fondée en 1660 par des protestants. qui voit dans la théorie un outil abstrait ne reflétant pas la réalité. l'empirisme aurait percé dans le champ scientifique. . La science est avec Comte indissociable de l'action : Auguste Comte. Mach explique que le travail du savant porte avant tout sur les relations des objets étudiés entre eux. Le personnage de Newton est. d'où prévoyance . dans l'action. Auguste Comte distingue trois états historiques : dans l'état théologique. où plus rien n'existe qui puisse être conçu ou prouvé[107] » . pendant de la déduction. et non sur leur classement. prévoyance d'où action » Critique de l'induction de Mach Inventeur de la mesure de la vitesse de propagation du son. permettant de se passer de l'expérience. La science doit ainsi mettre en œuvre des hypothèses. mais il s'édifie sur des faits constatables et mesurables. La démarche de recherche est avant tout mentale conclut Mach : « Avant de comprendre la nature. pour donner aux concepts un contenu intuitif vivant »[105]. qui aboutissent au conflit des spiritualistes et des matérialistes. l'esprit ne cherche plus à expliquer les phénomènes par leurs causes. Dans l'état métaphysique. exposé historique et critique de son développement[104] Mach dévoile la conception mythologique qui sous tend les représentations mécanistes de son époque. Mais la critique de Mach porte surtout sur la méthode de l'induction. la méthode scientifique culmine dans la mise en pratique. comme exemple. Dans La Mécanique. la théorie de la chaleur de Joseph Fourier. Mach annonce que seule la méthode empirique est scientifique : « Nous devons limiter notre science physique à l'expression des faits observables. Par ailleurs. dans ses Discours sur l'ensemble du positivisme (1843). Comte cite ainsi. et aboutissant à la formation de lois non contradictoires. Mach défend l'idée que la science est symbolique. « Science.Science 202 Positivisme d'Auguste Comte Article détaillé : Positivisme. révélateur de cette « marche progressive de l'esprit humain »[103]. ce que le discours moderne appellera l'application scientifique. qui la bâtit sans avoir à observer la nature du phénomène. Dans La Connaissance et l'erreur (1905). L'ingénierie est ainsi la main de la science. sans construire d'hypothèses derrière ces faits. thèse qu'il reprend chez Karl Pearson dans la Grammaire de la science (1892)[106] et qui explique que la science est « une sténographie conceptuelle ». il faut l'appréhender dans l'imagination. l'explication se fonde sur des forces naturelles mais encore personnifiées (la théorie de l'éther par exemple). l'esprit de l'homme cherche à expliquer les phénomènes naturels par des agents surnaturels. Ernst Mach. Le positivisme met en avant la qualité prédictive de la science. caractérisée par le savoir-faire. Ernest Mach développa une pensée épistémologique qui influença notamment Albert Einstein. Avec l'état positif. qui permet de « voir pour prévoir » selon les mots de Comte. pour Comte. Néanmoins. la Structure des Révolutions Scientifiques (1962) pose qu'« il est ainsi difficile de considérer le développement scientifique comme un processus d’accumulation. Néanmoins. Nicolas Copernic. » . « Science normale » de Thomas Kuhn Les travaux de Thomas Samuel Kuhn vont marquer une rupture fondamentale en philosophie. Popper admet que les énoncés non réfutables peuvent être heuristiques et avoir un sens (c'est le cas des sciences humaines). en histoire et en sociologie des sciences[109]. Lakatos. alors commencent les investigations extraordinaires qui les conduisent finalement à un nouvel ensemble de convictions. « Lorsque les scientifiques ne peuvent plus ignorer plus longtemps des anomalies qui renversent la situation établie dans la pratique scientifique. dès 1959 avec la Logique de la découverte scientifique. L'état d'une science. Il est le créateur de la notion de « programmes de recherche scientifique » (P. » La pensée d'Imre Lakatos(1922 . Un énoncé est ainsi « empiriquement informatif. l'induction n'a aucune valeur scientifique : « Il n'y a pas d'induction parce que les théories universelles ne sont pas déductibles d'énoncés singuliers[108]. marxistes. ou encore Einstein) : toutes viennent renverser un paradigme dominant. qualifiant ces bases pratiques de paradigmes scientifiques (comme la lumière considérée comme un corpuscule. » L’idéal d’une connaissance absolument certaine et démontrable s’est révélé être une idole.Selon lui enfin. si et seulement s'il est testable ou réfutable. astrologiques).R. nous ne faisons que conjecturer. Popper émet par ailleurs une critique de la thèse de l'unicité de la science. Il donne à l'épistémologie de nouveaux concepts et outils d'examen. notamment dans son ouvrage La logique de la découverte scientifique. sur une nouvelle base pour la pratique de la science » ajoute-t-il. Lavoisier. c'est-à-dire s'il est possible. que certains faits puissent le contredire ». Un programme de recherche est selon lui caractérisé à la fois par une heuristique positive (ce qu'il faut chercher et à l'aide de quelle méthode) et une heuristique négative (les hypothèses sont inviolables). puis comme une onde. Il va historiciser la science. Il propose ainsi de voir dans la réfutabilité le critère permettant de distinguer la science de la non-science.1974) est en droite file de celle de Popper. L'idée d'un système de connaissance est futile selon lui : « nous ne savons pas. car il est difficile d’isoler les découvertes et les inventions individuelles ». à une période donnée constitue la « science normale » qui est selon Kuhn « une recherche fermement accréditée par une plusieurs découvertes scientifiques passées. Ces « épisodes extraordinaires » sont comme des « révolutions scientifiques » (ainsi celles apportées par Isaac Newton.Science 203 Réfutabilité de Karl Popper et les « programmes de recherche scientifique » de Irme Lakatos Le philosophe autrichien Karl Popper (1902 . puis enfin comme une particule). des connaissances et du paradigme. comme la réfutabilité (capacité d'une théorie scientifique de se soumettre à une méthode critique sévère) ou l'infaillibilité (qui définit a contrario les théories métaphysiques. bien qu'étant l'élève de Karl Popper s'en oppose sur le point de la réfutabilité. Son ouvrage principal en la matière. et rejeter une conception fixiste de la science. psychanalytiques. découvertes que tel ou tel groupe scientifique [a considérées] comme suffisantes pour devenir le point de départ d’autres travaux. au moins en principe.S) qui est un corpus d'hypothèses théoriques lié à un plan de recherche au sein d'un domaine particulier (un « paradigme ») comme la métaphysique cartésienne par exemple.1994) bouleverse l'épistémologie classique en proposant une nouvelle théorie de la connaissance. « la succession des sciences dans l'histoire obéit à la même logique que l'ontogénèse des connaissances ». Science et société Science et pseudo-sciences Article détaillé : Pseudo-science. « faux ») est une démarche prétendument scientifique qui ne respecte pas les canons de la méthode scientifique. à partir d'idées et d'hypothèses que l'intuition (comme fondement des mathématiques) accepte comme vraies. Piaget étendra cependant le cadre constructiviste à ce qu'il nomme l'« épistémologie génétique » qui étudie les conditions de la connaissance et les lois de son accroissement. Toutefois. par un aller-et-retour expérimental. Refusant l'empirisme. Mais c'est surtout Jean Piaget qui a su apporter au constructivisme ses lettres de noblesse : avec la publication en 1967 de l'encyclopédie de la Pléiade et notamment de l’article Logique et connaissance scientifique. L'école constructiviste n'accepte comme vrai que ce que le scientifique peut construire. l'épistémologie constructiviste pose que la connaissance se fait au moyen d'une dialectique. Jean Piaget. et une autre construite par le sujet ». notamment à partir des travaux de Bachelard »[110]. Pour lui. du sujet à l'objet et de l'objet au sujet. Le psychologue et épistémologue Jean Piaget expliquera ainsi que le « fait est (…) toujours le produit de la composition. l'épistémologie englobe la théorie de la connaissance et la philosophe des sciences (ce qu'il nomme le « cercle des sciences » : chaque science renforce l'édifice des autres sciences). . Une « pseudo-science » (grec ancien pseudês.Science 204 Constructivisme Article détaillé : Constructivisme (épistémologie). et qui sont représentables. selon Ian Hacking. sont communs (Piaget cite ainsi l'« abstraction réfléchissante »). les mécanismes. il opère selon Jean-Louis Le Moigne une « renaissance du constructivisme épistémologique. aux disciplines scientifiques. entre une part fournie par les objets. de l'individu au groupe de chercheurs et donc. . Le terme constructivisme est né au début du XXe siècle avec le mathématicien hollandais Brouwer qui l'utilisa pour caractériser sa position sur la question des fondements en mathématiques comme discipline maîtresse. dont celui de réfutabilité. L'expérimentation ne sert alors qu'à vérifier la cohérence interne de la construction (c'est la notion de modèle épistémologique). Autrement dit. en lien avec le développement neurologique de l'intelligence. Sans parler de ressemblance totale. c'est Kant qui fut le « grand pionnier de la construction »[111]. explique le philosophe Bergson. Le terme anglophone de fringe science désigne un domaine situé en marge de la science. de recyclage et. les productions industrielles et économiques »[113]. Néanmoins. Popper a été assez ambigu sur le statut de la théorie de l'évolution dans son système. C'est au XIXe siècle (sous l'influence du positivisme d'Auguste Comte. Richard Feynman ou encore James Randi considèrent toute pseudo-science comme dangereuse. au même titre que. comme Richard Dawkins. . Pourtant il faut bien admettre la possibilité d’une technique « a-scientifique ». de gestion. la technique n’a pas pour vocation d’interpréter le monde. Karl Popper relègue ainsi la psychanalyse au rang de pseudo-science. elle est là pour le transformer. ou de « science appliquée ». historiquement. comme l'articulation entre l'abstrait et le savoir-faire. Le mouvement zététique œuvre quant à lui principalement à mettre à l'épreuve ceux qui affirment réaliser des actions scientifiquement inexplicables. ou ne pas l'être. La technique au sens de connaissance intuitive et empirique de la matière et des lois naturelles est ainsi la seule forme de connaissance pratique. et ce jusqu'au XVIIIe siècle. dans les réalisations pratiques. Science et protoscience Si le terme normatif pseudoscience démarque les vraies sciences des fausses sciences. même d'élimination des déchets. « technê ». par exemple. de la connaissance scientifique ou théorique. dans son sens premier. Ainsi l'épistémologie examine entre autres les rapports entre la science et la technique. La technique couvre ainsi l'ensemble des procédés de fabrication. initial) inscrit les champs de recherche dans un continuum temporel : est protoscientifique ce qui pourrait. protos : premier. Science ou technique ? Articles détaillés : Technique et Connaissance technique. dans l'avenir. On peut alors parler d'art. le terme protoscience (du grec πρῶτος. Un ensemble de critères explique en quoi une théorie peut être classée comme pseudo-science. La technique (grec ancien τέχνη. l'astrologie. Les sceptiques. La technique est souvent considérée comme faisant partie intégrante de l’histoire des idées ou à l'histoire des sciences. Le critère de Popper est cependant contesté pour certaines disciplines . entre la pseudo-science et la protoscience.Science 205 L'astrologie est considérée comme une pseudo-science. métier savoir-faire ») « concerne les applications de la science. De plus. parce que la psychanalyse ne prétend pas être une science exacte. la technique est première. Ce terme. La science est elle autre chose. une étude plus abstraite. avant d’être homo-sapiens ». qui utilisent des méthodes issues de connaissances scientifiques ou simplement des méthodes dictées par la pratique de certains métiers et l'innovation empirique. être intégré dans la science. pour la psychanalyse. de connotation normative. du scientisme et du matérialisme) que fut exclu du domaine de la science tout ce qui n'est pas vérifiable par la méthode expérimentale. époque où se développeront les théories et avec elles de nouvelles formes de connaissance axiomatisées. c'est-à-dire évoluant en dehors de tout corpus scientifique et que résume les paroles de Bertrand Gille : « le progrès technique s'est fait par une somme d'échecs que vinrent corriger quelques spectaculaires réussites ». est utilisé dans le but de dénoncer certaines disciplines en les démarquant des démarches au caractère scientifique reconnu. sa vocation est pratique et non théorique. Contrairement à la science. Carl Sagan. Mario Bunge. soit « art. « L’homme a été homo-faber. de maintenance. la phrénologie ou la divination[112]. Par ailleurs. technique et industrielle ont « pour mission de Faraday au Palais de la découverte de Paris. Le Futuroscope ou Vulcania ou le Palais de la découverte sont d'autres exemples de mise à disposition de tous des savoirs scientifiques. au travers de conférences. Le mouvement du futurisme par exemple considère que le champ social et culturel doit se rationaliser. fresque de Masaccio. publié en 2007. institutionnels et politiques.Science 206 Arts et science Article détaillé : Arts scientifiques. les manipulations génétiques. les découvertes scientifiques aident les experts en Art. les monuments. avant et [114] après sa restauration . d'un nouveau courant artistique prenant la science et ses découvertes comme inspiration et utilisant les technologies telles que les bio-technologies. Les techniques d'analyse physico-chimiques permettent d'expliquer la composition des tableaux. La spectrographie est utilisée enfin pour dater et restaurer les vitraux[115]. Le laser permet de restaurer. sans abimer les surfaces. Les États-Unis possèdent également des institutions telles que l'Exploratorium[119] de San Francisco. favoriser les échanges entre la communauté scientifique et le public. de visites régulières ou d'ateliers d'expérimentation. qui inspirent de plus en plus d'artistes. En France. Le principe de la synthèse additive des couleurs restaure les autochromes. Dans nombre de démocraties. Vulgarisation scientifique La vulgarisation est le fait de rendre accessibles les découvertes ainsi que le monde scientifique à tous et dans un langage adapté. le thème de la science a été souvent à l'origine de tableaux ou de sculptures. La connaissance de la désintégration du carbone 14 par exemple permet de dater les œuvres. Italie. qui se veulent plus près d'une expérience accessible par les sens et où les enfants peuvent expérimenter. Le Québec a développé quant à lui le Centre des sciences de Montréal. Cette mission s'inscrit dans une démarche de partage des savoirs. La radiographie permet de sonder l'intérieur d'objets ou de pièces sans polluer le milieu. la robotique. La Cité des sciences et de l'industrie met à disposition de tous des expositions sur les découvertes scientifiques alors que les quelques trente[117] centres Une démonstration de l'expérience de la cage de de culture scientifique. voire de découvrir des palimpsestes. Hervé Fischer parle. Enfin. La compréhension de la science par le grand public est l’objet d’études à part entière . de citoyenneté active. l'intelligence artificielle. les auteurs parlent de « Public Understanding of Science » (expression consacrée en Grande-Bretagne. « science literacy » aux États-Unis) et de « culture scientifique » en France. Florence. l'Éducation nationale a ainsi pour mission de sensibiliser l'élève à la curiosité scientifique. L'Expulsion d'Adam et Ève du Jardin d'Eden. permettant à chacun d'aborder les nouveaux enjeux liés à l'accroissement des connaissances »[118]. dans La société sur le divan. Il s'agit du principal vecteur de la démocratisation et de la généralisation du savoir selon les sénateurs français Marie-Christine Blandin et Ivan Renard[116]. . la vulgarisation de la science est au cœur de projets mêlant différents acteurs économiques. Ces clichés tiennent soit à l'histoire de la science. Sous des acceptions moins techniques. en effet. qui s'appuie sur des méthodes scientifiques. c'est surtout la sociologie de la connaissance. soit à des idées comme celles qui met en avant que les lois. elles ne cessent de subir révolutions et renversements. Alexandre Koyré et Thomas Samuel Kuhn surtout ont démontré l'incohérence du positivisme. Science au service de la guerre Pendant la Première Guerre mondiale. Le scientisme est une idéologie apparue au XVIIIe siècle. d'« organiser scientifiquement l'humanité ». sont des vérités absolues et dernières. Nombre de détracteurs[121] y voient une véritable religion de la science. L'« OST ». selon la formule d'Ernest Renan dans « l'Avenir de la science ». est en ce sens une forme de scientisme. les sciences ont été utilisées par l'État afin de développer de nouvelles armes chimiques et de développer des études balistiques. Les travaux de Ludwig Wittgenstein. et de personnalités (Hubert Reeves pour l'astronomie). . La croyance en une universalité de la science constitue le scientisme. tous les systèmes de connaissances n'étant pas forcément assujettis à la science. et plus généralement les connaissances scientifiques. Il peut aussi renvoyer à un certain excès de confiance en la science qui se transformerait en dogme. et que les preuves scientifiques sont non moins absolues et définitives alors que. Robert Nadeau. dans les années 1940 à 1970. Science et idéologie Article détaillé : Technocratie. c'est pendant la Seconde Guerre mondiale que la science Le laser est à l'origine une découverte militaire. le scientisme prend de toutes autres formes. considère que la culture scolaire est constituée de « clichés épistémologiques » qui formeraient une sorte de « mythologie des temps nouveaux » qui ne serait pas sans rapport avec une sorte de scientisme[123]. qu'énumère Bernard Schiele dans Les territoires de la culture scientifique[120]. selon les mots de Thomas Samuel Kuhn. ou Organisation Scientifique du Travail de Frederick Winslow Taylor est ainsi un effort d'améliorer la productivité industrielle grâce à l'ordonnancement des tâches. le scientisme peut être associé à l'idée que seules les connaissances scientifiquement établies sont vraies. des preuves absolues des théories et les paradigmes sont amenés à disparaître. particulièrement en Occident. permis notamment par le chronométrage. de revues. essaye d'appréhender efficacement la réalité par le biais d'enquêtes et d'expériences s'appuyant sur la méthode scientifique et a pour objectif de contribuer à la formation chez chaque individu d'une capacité d'appropriation critique du savoir humain. Scientisme ou « religion » de la science Article détaillé : scientisme. Le courant zététique. Il s'agit donc d'une foi dans l'application des principes de la science dans tous les domaines.Science 207 La vulgarisation se concrétise donc au travers d'institutions. La valeur universelle de la science fait débat depuis le début du XXe siècle. mais aussi d'animations publiques comme les Nuits des étoiles par exemple. qui a mis fin à l'hégémonie du scientisme. Enfin. de musées. Les expériences ne constituent pas. C'est la naissance de l'économie de guerre. Néanmoins. selon laquelle la connaissance scientifique permettrait d'échapper à l'ignorance dans tous les domaines et donc. qui s'inspire du scepticisme philosophique. Pour certains épistémologues. en s’appuyant sur une étude réalisée en 1984[122]. résumée et réduite à des découvertes qui jalonnent le développement de la société. fait naître la notion de « guerre des cerveaux ». notamment la bombe atomique. la pensée religieuse et la pensée scientifiques doivent poursuivre des buts différents pour cohabiter. Le sociologue français Gaston Bouthoul (1896-1980). Le conflit de ce type le plus évident est celui du créationnisme face à la théorie de l'évolution. qu'il s'agit d'un régime épistémologique particulier. » La conception de ce qu'on nomme alors le complexe militaro-industriel apparaît. État et société. Dans « Les Formes élémentaires de la vie religieuse » (1912). Science et religion Article détaillé : Relation entre science et religion. La religion propose des énoncés qui doivent être crus sans pouvoir être vérifiés. selon les sociologues relativistes Barry Barnes et David Bloor de l'Université d'Édimbourg. soit par les américains.Science est le plus utilisée à des fins militaires. dès les années 1970. en lien très intime avec le politique[124]. Loïc Petitgirard explique : « Ce nouveau régime de science se caractérise par la multiplication des nouvelles pratiques et des relations toujours plus étroites entre science. ce que démontrent les travaux d'Harry Collins. Scientifiquement. Pour lui. et doivent l'être pour être acceptés ou refusés. Les conflits entre la science et la religion se produisent dès lors que l'une des deux prétend répondre à la question dévolue à l'autre. Le non-recouvrement La philosophie des sciences moderne a abouti à la nécessité pour la science et la religion de marquer leurs territoires. dans « Éléments de théorie et de méthode sociologique » (1965) les liens étroits entre le développement de la Royal Society de Londres. Enfin. la vision du monde des protestants de l'époque a permis l'accroissement du champ scientifique. telle la cryptographie informatique ou la bactériologie. elle reste l'affaire d'hommes. la science et la religion ont longtemps été apparentées. Commentant leur livre. De nombreuses disciplines naissent d'abord dans le domaine militaire. En grande partie. Ainsi. Historiquement. Robert King Merton a montré. puis la bombe à hydrogène. sinon une expression élististe. sujets aux idéologies dominantes. Le principe aujourd'hui largement accepté est celui du non-recouvrement des magistères[réf. pour la guerre biologique. qui culminera avec la course à l'armement de la Guerre froide. à l'influence du contexte macro-social sur l'espace scientifique. Le kidnapping de scientifiques allemands à la fin de la guerre. Amy Dahan et Dominique Pestre expliquent ainsi. Les armes secrètes de l'Allemagne nazie comme les V2 sont au centre des découvertes de cette époque. cette division est un corollaire du critère de réfutabilité de Karl Popper : la science propose des énoncés qui peuvent être mis à l'épreuve des faits. Cette période est en effet celle qui a le plus compté sur les découvertes scientifiques. les théories sont d'abord acceptées au sein du pouvoir politique[125]. nécessaire]. la science serait. La sociologie des sciences s'est ainsi beaucoup intéressée. Dès 1945. La science explique le fonctionnement de l'univers (le « comment ») tandis que la religion propose des croyances qui donnent un sens à l'univers (le « pourquoi »). en fonde les principes. si la science est par définition neutre. une opinion majoritaire reconnue comme une vérité scientifique et le fait d'un groupe. à propos de cette période de recherches effrénées. Émile Durkheim montre que les cadres de pensée scientifique comme la logique ou les notions de temps et d'espace trouvent leur origine dans les pensées religieuses et mythologiques. La religion empiète sur la science quand des personnes prétendent déduire des textes religieux des informations sur le fonctionnement du monde. Mais différents courants religieux radicaux défendent l'exactitude du 208 . avec la constatation de la montée des tensions due à l'opposition des blocs capitalistes et communistes. Cette violation peut se produire dans les deux sens. Toutes les disciplines scientifiques sont ainsi dignes d'intérêt pour les gouvernements. soit par les soviétiques. fondée en 1660. Une théorie s'imposerait alors non parce qu'elle est vraie mais parce qu'elle est défendue par les plus forts. dans « le Phénomène guerre ». la création de l'ensemble des êtres vivants en six jours n'est pas tenable. En d'autres termes. Selon ce principe. et l'éthique puritaine de ses acteurs. la guerre devient en elle-même l'objet d'une science : la polémologie. Le procès de Galilée devint le symbole d'une science devenant indépendante de la religion. œuvre du Christ. Au XIXe siècle. par ailleurs. en premier lieu. Le Concile de Trente (1545-1563) autorisa les communautés religieuses à mener des recherches scientifiques. Le Concile de Nicée de 325 avait instauré dans l'Église l'argument dogmatique selon lequel Dieu avait créé le ciel et la terre en sept jours. marque le divorce de la pensée scientifique et de la pensée religieuse[126]. les découvertes de la psychologie. mais les résultats qu'ils établissent ne dépendent pas de son existence. la science est favorisée car il n'existe pas de clergé institué . Le paléontologue Stephen Jay Gould dans « Que Darwin soit! » parle de deux magistères. la science arabo-musulmane prospéra et développa la médecine. Ainsi. le procès de Galilée. et donc du géocentrisme. L'autre cas de violation est celui où on extrapole à partir de données scientifiques une vision du monde tout à fait irréfutable (au sens de Popper). pendant les « Lumières ». Les théories modernes de la physique (la théorie des quanta notamment) et de la biologie (avec Charles Darwin et l'évolution). a résolu la contradiction apparente en déclarant que ce récit est métaphorique. Fides et ratio. le progrès scientifique en somme. cristallise le dialogue difficile de la foi et de la raison. au Moyen Âge. 209 . Si le premier pas en faveur de l'héliocentrisme (qui place la Terre en rotation autour du Soleil) est fait par le chanoine Nicolas Copernic. nombre de philosophes ou d'épistémologue se sont interrogés sur la nature de la relation entre les deux institutions. pour laquelle le sentiment religieux demeure un phénomène intérieur voire neurologique. chacun restant maître de son territoire mais ne s'empiétant pas. empiétant sur le domaine du religieux. l'Église catholique. d'allier explication scientifique et ontologie religieuse. les mathématiques et l'astronomie surtout. pourtant initiée par l'exécution de Giordano Bruno en 1600[127]. La représentation du monde au Moyen Âge. Au XXe siècle. bat en brèche les dogmes religieux dans leur totalité. Dans le cadre du non-recouvrement. de Jean-Paul II reconnaît que religion chrétienne et science sont deux voies vers l'explication du monde. Cependant. ce qui assure de ne pas empiéter sur le domaine scientifique). supplantent les explications mystiques et spirituelles. et quelle que soit la confession. Galilée se heurte à la position de l'Église en faveur d'Aristote. Le « procès du singe » (à propos de l'« ascendance » simiesque de l'homme) illustre ainsi un débat permanent au sein de la société civile[128]. comme Pierre Teilhard de Chardin ou Georges Lemaître. Dans l'islam. le monde est vu comme un code à déchiffrer pour comprendre les messages divins. par exemple. nombre de religieux tentent.Science récit de la Genèse (depuis. Cette séparation est définitivement consommée au XVIIIe siècle. des explications scientifiques furent possible dès ce credo. Albert Einstein et Paul Dirac utilisent le concept de Dieu en commentant la physique quantique. en 1633. Les réussites scientifiques et techniques. souvent issus des courants religieux radicaux. Dans la majorité des autres religions. L'encyclique de 1993. les propositions scientifiques doivent rester compatibles avec toutes les positions religieuses qui cherchent à donner du sens à l'univers (sauf celles qui violent elles-mêmes la démarcation). qui améliorent la civilisation et la qualité de vie. qui ne se prononçait pas sur l'engendrement du monde. Cependant. la science n'est pas aussi opposée à la religion dominante. l'astronomie. Histoire Au sein du christianisme. dont. voire opposée à elle. alors que Bertrand Russell mentionne dans son ouvrage Science et Religion les conflits les opposant. Enfin. les scientismes posent que la science seule peut expliquer l'univers et que la religion est l'« opium du peuple » comme dira plus tard Karl Marx qui fonde la vision matérialiste de l'histoire. l'affrontement des partisans de la théorie de l'évolution et des créationnistes. Cette lacune théologique permit une certaine activité scientifique au Moyen Âge. dans leur « Du scribe au savant. Les porteurs du savoir. qui semble suivre un processus de stabilisations progressives. que la recherche est affiliée aux Universités. La collaboration est de mise au sein de la communauté scientifique. en dépit de guerres internes et transnationales. se distinguant du clerc et de l'humaniste. les aventuriers du savoir » présentent des portraits de chercheurs venant de tous les domaines et travaillant au quotidien[130]. Dès lors commence l'industrialisation de la production de chercheurs. de se confronter avec leurs pairs d'autres sociétés du même type ou du monde universitaire. avec Wilhelm von Humboldt. ce qui permet aux énoncés d'acquérir de la crédibilité au fur et à mesure alors que Jean-François Sabouret et Paul Caro. C'est en Allemagne. expositions et autres réunions scientifiques. l'ensemble des chercheurs et autres personnalités dont les travaux ont pour objet les sciences et la recherche scientifique. de partager. dans un sens assez large. Un congrès ou conférence scientifique est un événement qui vise à rassembler des chercheurs et ingénieurs d'un domaine pour faire état de leurs avancées. Peter Keating et Camille Limoges. à travers la figure du chercheur fonctionnaire. 210 . le plus souvent annuelle. L'ancêtre du chercheur reste. Depuis la Seconde Guerre mondiale. confronter et exposer le résultat de leurs recherches. selon des méthodes scientifiques. Le terme de « savant » n'apparaît qu'au XVIIe siècle . de l'Antiquité à la Révolution industrielle[129] ». dans l'Antiquité. Des communautés scientifiques La communauté scientifique désigne. Latour s'est en particulier intéressé à la production du discours scientifique. par exemple. Jours après jours. Elles fournissent en effet des revenus et un cadre de recherche exceptionnels.Science Communauté scientifique internationale Article détaillé : communauté scientifique. C'est la création d'institutions comme le Jardin royal des plantes médicinales ou l'Académie royale des sciences de Paris qui marquent l'avènement du statut de chercheur spécialisé au XIXe siècle.[131]. La sociologie des sciences s'intéresse à cette communauté. les laboratoires et les chercheurs. Aujourd'hui c'est la figure du « chercheur entrepreneur » qui domine selon les auteurs Yves Gingras. spécialistes du même domaine. des conférences. Elle leur permet de se rencontrer. le scribe. à la façon dont elle fonctionne et s'inscrit dans la société. en 1809. de diffuser leurs travaux via une revue. Du savant au chercheur Si la science est avant tout une affaire de méthode. séminaires. elle dépend aussi beaucoup du statut de ceux qui la font. Ansi. l'outil du peer review (aussi appelé « arbitrage » dans certains domaines universitaires) consiste à soumettre l’ouvrage ou les idées d’un auteur à l’analyse de confrères experts en la matière. Les congrès se répètent généralement avec une périodicité fixée. ce sont les instituts de recherche et les organismes gouvernementaux qui dominent. qui accéléra la spécialisation du savoir. et le cas échéant. Steve Woolgar. permettant par là aux chercheurs d’accéder au niveau requis par leur discipline en partageant leur travail avec une personne bénéficiant d’une maîtrise dans le domaine. Parfois cette expression se réduit à un domaine scientifique particulier : la communauté des astrophysiciens pour l'astrophysique. dans « Chercher. On peut parler de « société savante » lorsqu'il s'agit d'une association d’érudits et de savants. Au XIXe siècle cette figure s'estompe et laisse place à celle du « scientifique universitaire » et du « chercheur spécialisé » aux côtés desquels évoluent le « chercheur industriel » et le « chercheur fonctionnaire ». Les sociologues et anthropologues Bruno Latour. colloques. Cela permet également à des collègues géographiquement éloignés de nouer et d'entretenir des contacts. Karin Knorr-Cetina ou encore Michael Lynch ont étudié l'espace scientifique. Il ne faut cependant pas la confondre avec l'étude des relations entre science et société. quand bien même ces relations peuvent être un objet d'étude des sociologues des sciences. de la philosophie ou de l’économie. Si la philosophie des sciences se fonde en grande partie sur le discours et la démonstration scientifique d'une part. loin de se cantonner aux théories qui représentent le 211 . La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue de produire et de développer les connaissances scientifiques. depuis le début des années 1980. libérale et démocratique).Science Recherche Article détaillé : Recherche scientifique. une grande part de ces études s’inscrivait dans le courant structuraliste. il estime que la philosophie des sciences. Dans la majorité des pays finançant la recherche. concept créé par Pierre Bourdieu. Dans un article de 1942. Olivier Martin dit qu'« elle est loin de disposer d'un paradigme unique : c'est d'ailleurs une des raisons de sa vivacité »[132]. Le prix Nobel (il en existe un pour chaque discipline scientifique promue) récompense ainsi la personnalité scientifique qui a le plus contribué. il cite quatre normes régissant la sociologie de la science : l'universalisme. considère la science comme une « structure sociale normée » formant un ensemble qu'il appelle l'« èthos de la science » (les principes moraux dirigeant le savant) et dont les règles sont censées guider les pratiques des individus et assurer à la communauté son autonomie (Merton la dit égalitaire. les sciences sociales cherchent à dépasser l’étude de l’institution « science » pour aborder l’analyse du contenu scientifique. Merton qui. à Batavia près de Chicago. il s'agit d'une discipline encore récente et évoluant au sein de multiples positions épistémologiques . Le « père » de la sociologie des sciences est Robert K. Sociologie du champ scientifique Article détaillé : Sociologie des sciences. par ses recherches et celles de son équipe. le scepticisme organisé. constitue un avantage géopolitique et social important pour un pays. alors que d'autres sociologues. Par extension métonymique. intitulé The Normative Structure of Science. pour Ian Hacking. économique. elle est une institution à part entière. porte ainsi une attention particulière aux institutions scientifiques. vers 1940. Cette discipline s'occupe principalement de la science comme institution. institutionnel et juridique de ces actions. orientant le débat vers une « épistémologie sociale ». c'est analyser les conditions de production de discours scientifiques. Dans « Concevoir et expérimenter ». Mais. de l’anthropologie. le désintéressement. au croisement de la sociologie. sur son historicité d'autre part. la recherche scientifique désigne également le cadre social. La sociologie du « champ scientifique ». au développement des connaissances. après lui. au travail concret des chercheurs. elle doit étudier aussi le style du laboratoire. à la structuration des communautés scientifiques. À la suite des travaux de Thomas Samuel Kuhn. le communalisme. où elle fait partie du Ministère de l'Éducation Nationale et de la Recherche) car elle Le Fermilab. vont viser à expliquer sociologiquement le contenu de la science. Ce que cherche Merton. Pierre Duhem s'attacha lui à analyser le champ scientifique du point de vue constructiviste. Les « Science studies » sont un courant récent regroupant des études interdisciplinaires des sciences. aux normes et règles guidant l'activité scientifique surtout. Dans les années 1960 et 1970. voire une instance ministérielle (comme en France. les sociologues dénoncèrent la distinction portant sur la méthode mise en œuvre et firent porter leurs investigation sur le processus de production des connaissances lui-même. le premier. La sociologie des sciences vise à comprendre les logiques d'ordre sociologique à l'œuvre dans la production des connaissances scientifiques. Elle est en effet plus proche de l'épistémologie. Néanmoins. Science monde. réputée être l'un des moyens d'acquérir un avantage compétitif en répondant aux besoins du marché et à la stratégie d'entreprise. puis Gérard Lemaine et Benjamin Matalon en France. ce capital symbolique dépend de l'intérêt général et institutionnel : ainsi toutes les recherches se valent mais les plus en vue sont favorisées. une puce brevet notamment. et/ou créer de nouveaux produits ou service. Enfin. les diplômes. Cet esprit de compétition. les guerres économiques reposent sur la capacité à prévoir. Ils envisagent en effet la science comme un système d'échange semblable à un marché sauf que la nature des biens échangés est du domaine du savoir et de la connaissance. Par exemple. Par ailleurs. Le domaine de l'informatique est particulièrement gérer. Applications. l'innovation est informatique. un moyen nouveau par lequel il est possible de résoudre un problème pratique donné. Mais c'est surtout le sociologue Pierre Bourdieu qui a su analyser l'économie du champ scientifique. Une « innovation » se distingue d'une invention ou d'une découverte dans la mesure où elle s'inscrit dans une perspective applicative. une technique. par le concerné par les innovations. selon Olivier Martin « stimule les chercheurs et constitue le moteur de la science »[134]. c'est par exemple être plus efficient. doit aussi analyser les pratiques scientifiques qui le transforment. ou de nouveaux moyens d'y accéder[133]. L'« invention » est d'abord une méthode. Le concept est très proche de celui d'une innovation. politique et communautaire. le milieu scientifique est dominé par des relations de pouvoir. il ne peut prétendre voir ses fonds de recherche être reconduits l'année suivante. Ce sont tout d'abord les sociologues de la science Norman Storer et Warren Hagstrom. Dans son article intitulé « le champ scientifique ». il indique que la science obéit aux lois du marché économique sauf que le capital est dit « symbolique » (ce sont les titres. Pour les économistes classiques. susciter et conserver les applications et les innovations. L'une et l'autre posent des enjeux majeurs à l'économie. Alastair Pilkington a inventé le procédé de fabrication du verre plat sur bain d'étain dont on dit qu'il s'agit d'une innovation technologique majeure. les postes ou les subventions par exemple). Innover. innovations et économie de la science Articles détaillés : Innovation et Invention (technique). L’« application » d’une science à une autre est l'usage qu’on fait des principes ou des procédés d’une science pour étendre et perfectionner une autre science. Dans les pays développés. Il y existe même une sorte de loi de la concurrence car si le scientifique ne publie pas. Ici. aux États-Unis. 212 . inventions. qui proposent une grille de lecture pour le champ économique des disciplines scientifiques. dans les Actes de la recherche en sciences sociales[135]. Le sociologue américain Joseph Ben David a ainsi étudié la sociologie de la connaissance (« sociology of scientific knowledge ») dans ses « Éléments d'une sociologie historique des sciences » (1997). persee. [25] 1970 Early Greek science. en revanche. fr/ commissions/ epistemologie/ ressouces/ ress. sous la direction de Oscar Bloch. Couloubaritsis. pas plus qu'il n'existe d'équation (l'invention de l'inconnue est en effet plus tardive). Vrin. Londres. Trad. fr/ books?id=4FXrPkFf2hEC& dq=science+ byzance& printsec=frontcover& source=bl& ots=v6bJPpSPS4& 213 . v. centaines. Les Sciences biologiques et médicales à Byzance. Instrumentation between Science. au passage 537c. Centre national de la recherche scientifique. car elles servent d'outil aux autres sciences et techniques (en physique. [15] André Leroi-Gourhan. stanford. 2008. 1962. in qui cite alors le dialogue La République. sur la géométrie du triangle. 2600 av. Toutefois. [20] évoque des tablettes où les sumériens ont anticipé les théorèmes fondamentaux de Thalès et de Pythagore. Les débuts de la science grecque. Ainsi. [26] Mosaïque représentant l'Académie de Platon. [10] nomme ces embranchements les . Shuruppak. [en ligne]. maison de Siminius Stephanus. fr/ culturemath/ histoire des maths/ htm/ Keller06_Inde/ Keller_Inde.. Paris.sol=2. Histoire et philosophie des sciences'. Musée du Louvre. 14. ou qu'elles fassent appel au calcul infinitésimal. the scientific method involves three phases or stages: abduction (making conjectures or creating hypotheses). les prédictions ont autant de valeur qu'elles découlent des lois de base sans calculs. Le geste et la parole. du CNRS dans Textes écrits. [5] Burch. Science in the ancient world . « For Peirce. [3] Dictionnaire étymologique de la langue française.-C. hors-série. décembre-janvier 2000-2001. [21] Contrat archaïque sumérien concernant la vente d'un champ et d'une maison. Celle de « démonstration mathématique » par exemple est un abus de langage. édition. 2051. [16] Russell M. « Formes de division du travail scientifique et convergence intellectuelle. voir aussi le schéma proxémique (http:/ / www. [29] Pour plus de détails. Pologne (1870).r=1. [12] . [31] Voir Philosophie et sciences à Byzance de 1204 à 1453 par Michel Cacouros et Marie-Hélène Congourdeau consultable en ligne (http:/ / books. fr/ proxemie/ science) sur le Centre National de Ressources Textuel et Lexical.An Encyclopedia. 2004. edu/ entries/ peirce/ #prag) ». [30] Voir notamment l'étude de Jean Théodoridès. 2001. elles sont indissociables des sciences. Kluwer Academic Press. 351-356. ABC-CLIO. n° 41 (3). les mésopotamiens « démontrent » vraiment que la solution d'un problème donné est la bonne. cnrtl. Numéro 6. dans lequel Platon expose cette thèse.-C. Thales to Aristotle. La Physique d'Aristote : l'avènement de la science physique. Centre de documentation Sciences humaines.nat=. de manière intuitive. Lawson.Science Notes et références Références [1] Dictionnaire Le Robert. employé dans le but de faire comprendre au lecteur moderne à quoi se rapporterait l'usage que le mésopotamien fait de son objet mathématique. Leur langage mathématique n'est ainsi pas adapté aux notions modernes. fr. dma. Fides et ratio (1998) redéfinissant le rapport science-religion ainsi : [7] Albert Einstein : [8] Terry Shinn. J. 149. State and Industry. dizaines. Albin Michel. fr/ web/ revues/ home/ prescript/ article/ dha_0755-7256_1980_num_6_1_1415)] des 27 et 29 septembre 1979. Walther von Wartburg. 1974. exe?13. Les Chamanes de la Préhistoire. J. 2000. voir : Technologie. Maspero. ils ne démontrent pas de théorème. Richelieu. par exemple). édition de 1995. Paris. 1980. in magazine Sciences Humaines. La recherche technico-instrumentale ». Congrès de [[Côme (Italie)|Côme (http:/ / www. Dordrecht. ext/ traditions/ egypte. [4] D'après le Trésor Informatisé de la Langue Française (http:/ / atilf. [24] Même si : explique Agathe Keller. in Dialogues d’histoire ancienne. google. parce qu'elles constituent une construction de logique pure en application de règles posées. as we saw. 31. [28] Voir notamment : L. Département des Antiquités Orientales. De Thalès à Aristote. sachant que [11] Détail d'un cycle d'allégories réalisées pour le hall d'exposition du bâtiment Postberardine de Varsovie. Jean Clottes et David Lewis-Williams (professeur d'archéologie cognitive) développent la thèse selon laquelle l'homme préhistorique possédait les mêmes facultés cognitives que l'homme moderne. [22] L'écriture d'un nombre se fait en répétant les signes des unités. De même certains termes sont anachroniques : il n'existe pas de théorème chez eux. Robert (2010) « Charles Sanders Peirce (http:/ / plato. deduction (inferring what should be the case if the hypotheses are the case). fr/ dendien/ scripts/ tlfiv5/ visusel. chacun de ces nombres d'unités étant inférieurs à 10. Instituts de recherche sur l’enseignement des mathématiques. rez-de-chaussée.) . [2] Les mathématiques ont un statut particulier. citée dans « La science classique en chantier ». autant de fois qu'il compte d'unités. plutôt que suivant des observations du monde. atilf. ens. univ-irem. htm). textes dits dans la tradition mathématique de l’Inde médiévale sur le site CultureMath (http:/ / www. Jean-Pierre Vallat. Paris. Pompéï. [27] . économie et société dans le monde romain. [19] cite l'exemple d'une table de multiplication par 25 provenant de Suse et datant du II millénaire av. [17] Il est important de noter que les notions mathématiques employés ci-après ne reflètent pas à proprement parler les emplois faits lors de l'époque mésopotamienne. [18] explique ainsi qu' [sur des tablettes d'argile]. Paris. [23] « Mathématiques égyptiennes » (http:/ / www. 152. 447-73. Revue française de sociologie. (sous la direction de). 1977. Volume 6. [13] résumé le modèle de Kuhn ainsi : [14] Dans leur ouvrage. and induction (the testing of hypotheses) ». inscription pré-cunéiforme. htm). [6] Encyclique du Pape Jean-Paul II. chambre 1a.s=1052873835. Chatto & Windus. 2000. [9] Bernward Joerges et Terry Shinn. Du monde clos à l’univers infini. [39] Voir la présentation. 30. Alistair Cameron. 1957. [56] Voir notamment : Francis Bacon réformateur de l'alchimie : tradition alchimique et invention scientifique au début du siècle (http:/ / cat. 2003. [65] Concernant les apports de Linné à la botanique voir le site de l'Université de Namur (http:/ / www. 367-371. décembre-janvier 2000-2001. économie et capitalisme . dli. [58] Pour plus de détails concernant les savants auteurs de découvertes dans les premiers temps de l'alchimie. Science and Society in East and in West par P. [57] Cité par . consultable en ligne (http:/ / www. htm). chapitre [51] . [48] Francis Bacon la fustige à travers cette célèbre déclaration. 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[54] Alexandre Koyré. pdf) [42] Roger Bacon. (Articles parus précédemment dans la Revue d'histoire des Sciences et de leurs applications et réunis à l'occasion du bicentenaire de l'Encyclopédie). [62] Jean le Rond D'Alembert. tome II. Presses Universitaires du Septentrion. Science et civilisation en Chine. yann-ollivier. fr/ culturemath/ histoire des maths/ htm/ Keller06_Inde/ Keller_Inde. Christophe Grellard (éditeur). de Karine Chelma (http:/ / www. 1952. Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient. fr/ ?aModele=afficheN& cpsidt=14501511) sur CAT. 512 p. V. [59] . html). Pensées diverses sur la comète. Livre I. Introduction à l'étude de la médecine expérimentale.].INIST.. C. tenus à Liège en 1997. 1971. n° 31. pdf) . [68] Le site du Comité Consultatif National d'Éthique (http:/ / www. [55] Cité par . [43] oir à ce sujet : Crombie. le compas magnétique et l’imprimerie. [38] Pour une analyse de l'ouvrage de Needham. html). 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[45] L'ordre des Dominicains allait ainsi être à l'origine du renouveau intellectuel de l'Église. A. Flammarion. ressources scientifiques en ligne pour l'enseignement des sciences. [32] Le terme de est néanmoins anachronique . iki. Picquier Philippe. fr/ web/ revues/ home/ prescript/ article/ befeo_0336-1519_1971_num_58_1_5116). . Garnier-Flammarion. 95. fr/ enseign/ svt/ ressourc/ rescien/ lumiere/ lumiere. 1100-1700. page 349 [37] Joseph Needham. le mot avait une signification exclusivement juridique. Paris. Hachette. 1988. new. Histoire de la physique et de la chimie : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. [46] Se référer à l'ouvrage de Michel Blay. Paris : Gallimard . htm).Science sig=0XA7jQ2RQQsOEBKt717lxvuKkdo& hl=fr& ei=wx24SaCvJOKJjAfUvcGkCQ& sa=X& oi=book_result& resnum=7& ct=result#PPP1. in [52] Sur les « trois lois de Kepler ». voir Francis Bacon. 350p. dma. 1872. science et méthode par Michel Malherbe. 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[40] Exemple de problème d'extraction de racine carrée et photographies des manuscrits dans l'Aryabatîya sur CultureMath (http:/ / www. voir l'article compte-rendu : Joseph Needham : The grand Filtration. . [61] Voir sur ce point : Pierre Astruc [et al. n° 58. [53] Titre d'un chapitre de . Le progrès scientifique : un essai philosophique sur l'économie de la recherche dans les sciences de la nature. Sciences Sociales. in Groupe d'études La philosophie au sens large. Hermann. Paris. 215 . 367. in EspacesTemps. [88] Jean-Pierre Changeux. atilf. Du progrès. Coll. MIT Press. une collaboration entre un biologiste et une philosophe étudient le passage de la théorie au modèle. 1912. entrée . Entrée . le nucléaire civil d'autre part . pp. 1970. Voir aussi Jean-Louis Le Moigne (dir). valeur et rationalité. [90] Que disent les indicateurs ? (http:/ / www. 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[114] Tableau peint en 1425 (finition en 1428). in magazine Sciences Humaines. présentant les différentes techniques au service de la conservation des ouvrages d'art. n° 2/3. ccsti. com/ luxorion/ astro-histoire-procesgalilee. il s'agissait d'une étude statistique et qualitative menée au Canada. hors-série. Le procès du singe : la Bible contre Darwin. dans le 'Trésor Informatisé de la Langue Française (http:/ / atilf. Historiques. en sociologie de la connaissance cherche à expliquer les origines de la connaissance scientifique par des facteurs exclusivement sociaux et culturels. tome 1. [117] Réunion des CCSTI (http:/ / lareunion. de l'Antiquité à la Révolution industrielle. [122] Robert Nadeau et Jacques Désautels. coll. html). décembre-janvier 2000-2001. exploratorium. pp 30-33 [132] Olivier Martin. [124] Voir : François d'Aubert. savoir et société. citée dans . Histoire et philosophie des sciences'. les aventuriers du savoir. Autrement 2000 [131] Voir aussi Georges Chapouthier. 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Miller . cognitives utilisent conjointement des données issues d'une multitude de branches de la science et de l'ingénierie. conserver. l'intelligence artificielle. cette année voit s'organiser la toute première conférence consacrée à l'intelligence artificielle et à son application à la psychologie. et le cas échéant la simulation. les neurosciences. dont les limites et le degré d'articulation des disciplines constitutives font toujours débat. En France. les disciplines entre lesquelles des ou même la conscience. dont les spécialistes. dite science de la cognition. Quelques années auparavant pourtant. les psychologues George Miller et John Swets les neurobiologistes David Hubel et Torsten Wiesel. et plus généralement de tout système complexe de traitement de l'information capable d'acquérir. pleins symbolisent les disciplines entre lesquelles existaient déjà des liens scientifiques à le langage. d'autres estiment. par l'un des pères fondateurs du domaine. comme la linguistique. des mécanismes de la pensée humaine. l’anthropologie.Sciences cognitives Sciences cognitives Les sciences cognitives regroupent un ensemble de disciplines scientifiques dédiées à la description. le 218 . En effet. Claude Shannon. la philosophie. L'année 1956 est aussi riche en publications fondamentales pour le domaine des sciences cognitives. mais aussi d'étudiants. l'intelligence. • à un secteur applicatif industriel du domaine de l'ingénierie de la connaissance : la cognitique. Histoire des sciences cognitives Il est d'usage de dater la naissance des sciences cognitives de 1956. Les sciences cognitives reposent donc sur l'étude et la modélisation de phénomènes aussi Les six disciplines scientifiques constituant les sciences cognitives et leurs liens [1] interdisciplinaires. que les sciences cognitives ont dépassé le simple stade d'une accumulation de connaissances pluridisciplinaires et ont donné naissance à deux disciplines autonomes : • à une science fondamentale. le raisonnement la naissance des sciences cognitives . le mathématicien Claude Shannon. la psychologie. Norbert Wiener. l'économiste et psychologue Herbert Simon. les conférences Macy organisées à New York par la fondation éponyme à partir de 1942 avaient rassemblé les mathématiciens John von Neumann. Si certains contestent le statut des sciences cognitives comme discipline scientifique en tant que telle. à laquelle participent les informaticiens Allen Newell. Les sciences interfaces se sont développées depuis lors. Les traits divers que la perception. les sciences cognitives forment aujourd'hui un champ interdisciplinaire très vaste. s'attachent à valoriser la pertinence et la portée de l'interdisciplinarité en sciences cognitives au travers de sociétés savantes comme l'Association pour la Recherche Cognitive (ARCo) ou d'associations comme la Fresco. au contraire. Il est à noter que le singulier cognitive science est d'usage courant dans les pays anglophones. en pointillés. l'explication. Nées dans les années 1950. le linguiste Noam Chomsky. où la tradition disciplinaire est forte. utiliser et transmettre des connaissances. la question de leur statut entre en résonance avec des problématiques liées à la structuration de la recherche. le calcul. G.. John McCarthy et Marvin Minsky. sont réunis en sociétés savantes et publient dans des revues scientifiques internationales transdisciplinaires.. A. animale ou artificielle. Divers regroupements de chercheurs. Grammaire générative La linguistique formelle et plus particulièrement les travaux de Noam Chomsky ont eu une influence décisive au moment de l'émergence des sciences cognitives à la fin des années 1950. la recherche en ce qui n'était pas encore identifié comme l'intelligence artificielle bénéficiait de soutiens importants en provenance de l'armée. Chercheurs • • • • • • • • Notions Noam Chomsky • George Lakoff • John Langshaw Austin • Ray Jackendoff John Searle Paul Grice Dan Sperber Leonard Talmy Grammaire universelle Compétence et performance (Générativisme) Module lexical (Générativisme) . F. défendue entre autres. Skinner. Les anthropologues Brent Berlin et Paul Kay contestent l'hypothèse Sapir-Whorf selon laquelle le langage et plus précisément les catégories linguistiques conditionneraient plus ou moins fortement les représentations mentales. et le mentalais. on n'est exposé à un trop petit nombre de situations de langage pour pouvoir en inférer les règles sous-jacentes — c'est l'argument dit de « la pauvreté du stimulus »[3]. En outre. les sciences cognitives s'intéressent non pas seulement aux processus mentaux de production du langage mais aussi au rôle de ce dernier dans les opérations mentales. Les idées de Chomsky ont ainsi été reprises et développées au delà de la linguistique par le philosophe Jerry Fodor. une métaphore d'un langage intérieur dans lequel seraient traduites les opérations mentales. Héritières des interrogations philosophiques sur le rôle du langage dans la pensée (voir aussi ci-dessous) et prolongeant les theories de Roman Jakobson sur les fonctions non purement communicatives du langage. Chomsky propose que la compétence linguistique humaine s'appuie. Contre cette vision béhavioriste. Disciplines Linguistique cognitive et grammaire générative Articles détaillés : Linguistique cognitive. À la frontière avec l'anthropologie. sur une connaissance innée (et implicite) d'une grammaire universelle dont on retrouve la structure formelle dans toutes les langues humaines naturelles. c'est donc l'esprit qui conditionne le langage et non l'inverse. selon leur travaux.Sciences cognitives 219 neurophysiologiste Warren McCulloch et les anthropologues Margaret Mead et Gregory Bateson dans le but de créer une science générale du fonctionnement de l'esprit. Chomsky s'est notamment élevé contre la conception du langage comme un ensemble d'« habitudes » apprises par observation et conditionnement. pour se développer. au sortir de la Seconde Guerre mondiale. S'appuyant sur une étude comparée des termes de couleur à travers les langues. dans ses fameuses thèses sur la modularité de l'esprit. notamment la DARPA américaine. Chomsky défendit l'idée d'une « faculté de langage » s'appuyant sur des dispositions innées : observant que durant l'enfance. le rôle du langage dans les représentations mentales est reposé. Berlin et Kay défendent au contraire l'idée que cette apparente diversité culturelle dans le lexique est en réalité le produit d'une même structure hiérarchique dans l'organisation de la perception et de la représentation des couleurs . la notion que certaines opérations mentales (comme l'application des règles de grammaire) se déroulent de façon automatique et autonomes. par B. On oppose le quantificateur universel : « Tous les hommes sont mortels » au quantificateur existentiel « Il existe au moins un homme mortel ». mais leur sens serait différent ».Sciences cognitives 220 Philosophie analytique et philosophie de l'esprit Articles détaillés : Philosophie analytique. rythmes cérébraux) Stimulation magnétique transcranienne (TMS) Neuropharmacologie • • • Théories du neurone grand-mère. Chercheurs • • • • • • • • Jean-Pierre Changeux Antonio Damasio Stanislas Dehaene Gerald Edelman Henri Laborit Marc Jeannerod David Hubel Brenda Milner Disciplines • • • • Outils & techniques Neurosciences cognitives • Neuropsychologie • Psychophysiologie Neurosciences computationnelles • • Théories et concepts Électrophysiologie Imagerie cérébrale fonctionnelle • IRMf. Ainsi cit. Ce qui a permis d'actualiser le signe de Saussure qui refusait d'y attribuer la référence au monde. Chercheurs • • • • • • • Allen Newell Herbert Simon Marvin Minsky John McCarthy Seymour Papert Warren McCulloch Walter Pitts Notions • • • • • • Réalisations Système expert. Il a fondé le calcul des prédicats. dualisme et monisme Matérialisme Fonctionnalisme Modularité de l'esprit Qualia et Chambre chinoise Intentionnalité Enaction Négation Intelligence artificielle Article détaillé : Intelligence artificielle. Penseurs Penseurs (suite) René Descartes Baruch Spinoza Gottlob Frege Ludwig Wittgenstein Bertrand Russell Willard Van Orman Quine Edmund Husserl • • • • • • • • • • • • • • Gilbert Ryle Daniel Dennett Jerry Fodor Hilary Putnam Donald Davidson John Searle Peter Strawson Notions • • • • • • • • Problème corps-esprit. Il a introduit la quantification dans la logique formelle. « La dénotation d'« étoile du soir » et d'« étoile du matin » serait la même. MEG (Potentiels évoqués. Le sens de « étoile du matin » (a) est différent de celui de « étoile du soir » (b) puisque leurs réalisations acoustiques ou signitives diffèrent : « La différence de sens correspond à une différence du mode de donation de l'objet désigné » néanmoins ils dénotent la même réalité : la planète Vénus d'où (a) = (b) a une valeur de connaissance car ce n'est pas tous les jours qu'on découvre qu'une étoile est une planète. du neurone miroir Dominance cérébrale . ontologie (informatique) Architecture cognitive et modèle cognitif Système multi-agents Métaheuristique Moteur d'inférence Neurone formel et réseau de neurones • • • • Perceptron ELIZA General Problem Solver Soar Neurosciences Article détaillé : Neurosciences. TEP EEG. Philosophie de l'esprit Frege révolutionne la logique classique en introduisant le concept de dénotation dans son article Sens et Dénotation (Sinn und Bedeutung). calcul. il rejette en revanche l'hypothèse d'un fonctionnement cognitif symbolique. la cognition est le produit d'un calcul parallèle opéré par des entités sub-symboliques (neurone formel ou non) et la signification découle de l'état du réseau formé par ces entités à un moment donné. Elle se caractérise par un retour des « variables intermédiaires » entre le stimulus et la réponse. La psychologie cognitive concerne les processus d'élaboration et d'utilisation des connaissances chez l'être humain. Issu de la cybernétique. de nombreux chercheurs ont en outre admis que ce type de traitements pouvait être réalisé par des machines complètement différentes du point de vue physique et donc que la simulation et la modélisation informatique pouvaient fournir de nouveaux moyens d'étudier le fonctionnement de l'esprit rejoignant ainsi le projet de la cybernétique d'intégrer dans un même cadre théorique l'étude des systèmes naturels et artificiels. Réseaux de neurones et connexionnisme Article détaillé : Connexionnisme. c'est-à-dire qu'il opère sur des représentations en fonction de leurs propriétés syntaxiques plutôt que de leur signification. Chercheurs • • • • • Alan Baddeley George Miller Eleanor Rosch Donald Broadbent Daniel Kahneman Chercheurs (suite) • • • • • Ulric Neisser Jerome Bruner Frederic Bartlett Hermann Ebbinghaus Lev S. et l'utilisation de nouvelles méthodes pour tenter d'observer ces variables en évitant les problèmes rencontrés par l'introspection au début du XXe siècle. Inspirés par les résultats de Turing. Le cognitivisme est l'un des deux principaux courants des sciences cognitives qu'il a dominées jusqu'à la montée en puissance du connexionnisme. elle n'apparaît véritablement qu'à la fin des années 1950. bannies par le béhaviorisme.Sciences cognitives 221 Psychologie cognitive Articles détaillés : Psychologie cognitive et Cognition. le connexionnisme fait partie des sciences cognitives depuis l'origine. Dans une perspective connexionniste. . Partageant avec le cognitivisme l'idée de représentation. Bien que l'on puisse trouver de nombreux précurseurs comme Hermann Ebbinghaus. attention Théorie du prototype Courants et concepts Cognitivisme Articles détaillés : Cognitivisme et Approche computo-représentationnelle de l'esprit. Il est fondé sur l'idée que l'esprit est une machine de traitement symbolique de l'information (métaphore de l'ordinateur). Après une éclipse au cours des années 1970. Jean Piaget ou Frederic Bartlett. Vygotsky Grandes fonctions cognitives et manipulations expérimentales • • • • • • • Perception : illusion Mémoire Langage : effets Stroop. il regagne aujourd'hui en importance avec les progrès de l'imagerie cérébrale et des neurosciences. McGurk Raisonnement : biais cognitif Émotions et cognition sociale : théorie de l'esprit Autres grandes fonctions : décision. Enfin. en pratique sans limite de durée ou de capacité). la mémoire à court terme (nombre limité d'éléments sous forme verbale pendant quelques secondes) et la mémoire à long terme (informations sémantiques. les neurosciences ont également cherché à identifier les structures cérébrales réalisant ces différentes fonctions et à décrire les processus biologiques permettant l'apprentissage et l'encodage des informations. Dans le domaine de la mémoire à long terme. Les chercheurs se sont ainsi attachés à mettre en évidence les différentes structures composant la mémoire en se basant à la fois sur des expériences et sur les dysfonctionnements observés chez des patients cérébro-lésés. Elle fait l'objet de nombreux travaux en sciences cognitives. plusieurs expériences soulignent le rôle de la mémoire dans l'expertise (ainsi les bons joueurs d'échecs ne diffèrent pas des débutants par leur vitesse de traitement mais par l'organisation des informations sur le jeu). Il s'agit de théories profondément dynamiques cherchant à expliquer les conceptions modularistes comme émergentes d'un système complexe et non cloisonné qui conserverait toutes les informations sous formes de traces. Un certain nombre de modèles de la mémoire dit « à traces » tendent à se développer dans la droite ligne du courant connexionniste. Il distingue le registre sensoriel (grande quantité d'informations sous forme visuelle pendant quelques millisecondes). Mémoire Articles détaillés : Mémoire (sciences humaines) et Mémoire. au contraire. les notions d'effet de récence et de primauté ou encore l'amorçage.Sciences cognitives Processus cognitifs Articles détaillés : Cognition et Processus cognitifs. comportements. savoir-faire) par John Anderson et entre mémoire explicite (utilisée de façon consciente et contrôlée) et mémoire implicite (automatique). la notion de mémoire insiste sur les structures et processus intermédiaires entre l'acquisition de ces informations et leurs conséquences sur le comportement. L'attention est grosso modo la capacité à se concentrer sur certains stimuli ou. le modèle modal de la mémoire a été l'un des plus influents. Ces traces ne seraient pas forcément localisées sur le plan cérébral mais réparties et se définiraient par un 222 . De leur côté. Parmi les principaux résultats on peut citer la courbe de l'oubli d'Ebbinghaus. Apparu dans les années 1960. de stockage et de récupération. plusieurs distinctions ont été proposées comme celles entre mémoire épisodique (auto-biographique) et mémoire déclarative (connaissances générales) par Endel Tulving. De nombreuses recherches portent également sur les représentations mentales qui organisent ces informations. Ce modèle et d'autres plus récents comme celui de Cowan mettent en évidence les liens entre attention et mémoire. de nombreux travaux portent sur les processus d'encodage. entre mémoire sémantique et mémoire procédurale (gestes. Enfin. Attention Article détaillé : Attention. La mémoire permet de retenir des informations pour les réutiliser ultérieurement. La notion de mémoire de travail a été présentée par Baddeley et Hitch en 1974. À l'inverse de l'apprentissage béhavioriste. aussi bien du point de vue de la psychologie ou des neurosciences que de la modélisation. Le phénomène de potentialisation à long terme explique notamment comment la stimulation répétée de certaines connexions neuronales les rend plus susceptible de s'activer à l'avenir en réponse à un stimulus similaire (même partiellement). l'impossibilité de traiter plus d'une certaine quantité d'informations à un moment donné. La mémoire de travail a ainsi pour rôle non seulement de contenir des informations en provenance des systèmes sensoriels mais aussi des informations extraites de la mémoire à long terme pour être utilisées par les processus de raisonnement et de prise de décision. 1999. Pages 141-144. Informations complémentaires Bibliographie Ouvrages introductifs • Brien.) Le Cerveau et la pensée. (http:/ / www. émotionnels. (destiné à un public plus averti).cogsci. 2005. Points Sciences. 2004 pour l'édition augmentée. [3] On the Poverty of Stimulus (http:/ / www. le terme de « cogniticien » est toutefois plutôt réservé aux spécialistes de l'intelligence artificielle. R. 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Sociologie de la connaissance Cet article est une ébauche concernant la sociologie. représentations collectives sont créées à travers l'interaction intense des individus lors d'un réunion ou rite religieux. slogans. les structure sociales. qui examine les différentes façons dont l’organisation et la structure sociales influencent la genèse des catégories et des systèmes de groupement logique d'une société. leur œuvre est une première contribution importante à la discipline. la langue. À travers les représentations collectives. Elles existent à la fois externe à l'individu (puisqu'elles sont créées et contrôlées pas par l'individu. Ainsi. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants. Les représentations collectives peuvent être des mots. revue multidisciplinaire en sciences sociales. Les représentations collectives sont les symboles et images qui représente les idées. Alors qu'aucun des deux utilisait le terme spécifique de "sociologie de la connaissance".org/) est la revue de l'Association pour la Recherche Cognitive (ARCo). un terme qui remplace le terme 'conscience collective' utilisé dans La division du travail social. ces représentations ont une caractéristique qui semble être contradictoire. Elle s'adresse à l'ensemble des disciplines intéressées par l'étude de la cognition.Sciences cognitives Revues • intellectica (http://www. Elles sont les produits d'une activité collective et en tant que tel. ils ont écrit des œuvres qui cherchent à expliquer comment la pensée conceptuelle. Elles ne sont pas réductibles aux individus appartenant au groupe. un temple. le groupe met la pression sur l'individu de s'assimiler aux normes morales et intellectuelles de la société.fr/socanco/). une plume etc. La sociologie de la connaissance est une branche de la sociologie qui a pour objet la connaissance humaine considérée comme un phénomène social. les représentations collectives 224 . Alors que son œuvre traite de plusieurs sujets (la famille. et interne à l'individu (en vertu de la participation de l'individu dans la société). c'est-à-dire dont l'élaboration est influencée ou déterminée par des circonstances socio-historiques particulières. En 1902 et avec Marcel Mauss. la sociologie de la connaissance a pour but de mettre en lumière la manière dont les gens pensent et connaissent effectivement au quotidien. "De quelques formes primitives de classification". Théories Émile Durkheim Émile Durkheim (1858–1917) est reconnu comme le premier professeur à établir la sociologie en tant que discipline académique. les institutions sociales) une grande partie traite du sujet de la sociologie de la connaissance. idées ou bien des symboles matériels. il a publié l'article. • Revue d’Anthropologie des Connaissances (http://www. mais par la société entière). et la logique peuvent être influencées par le milieu sociologique dont ils proviennent. comme un croix. Les représentations collectives Un des plus importants éléments de la théorie de connaissance de Durkheim est son concept de représentations collectives.intellectica. une pierre. et valeurs d'une collectivité. publie des travaux à la fois théoriques et pratiques qui visent à montrer comment les connaissances se forment et se diffusent. Il a fondé le premier département de sociologie à l'Université de Bordeaux dans les années 1890. Émile Durkheim et Marcel Mauss furent les pionniers de cette discipline. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe.ird. Cela veut dire. mais sont plutôt déterminés par les cultures qui les créent.Sociologie de la connaissance servent à donner un sens et un ordre au monde. Concevoir une chose. Durkheim et le logos La déclaration définitive de Durkheim à propos de la sociologie de la connaissance se trouve dans son magnum opus Les formes élémentaires de la vie religieuse. nous disions précédemment que les concepts avec lesquels nous pensons couramment sont ceux qui sont consignés dans le vocabulaire. symbolisent. c'est qu'il est élaboré par une intelligence unique où toutes les autres se rencontrent et viennent. élément essentiel de la catégorie de causalité[1]. en quelque sorte s'alimenter. de l'individu (puisque l'individu est contraint d'utiliser des mots qui ont du sens pour les autres). Et encore plus. la société prend part actif dans notre perception même de la réalité. Le même vaut pour la langue. Il critique l'idée kantienne que les catégories comme le temps. et notre manière de parler du monde sont en large mesure déterminée par la société dans lequel nous vivons. Durkheim dit des catégories comme le temps et l'espace: « Non seulement c'est la société qui les a instituées. que la langue existe hors de. [. D'après Durkheim. sont présentes à l'homme a priori. l'esprit individuel est dans la même situation que le nous de Platon en face du monde des Idées. avant tout. l'espace. car chaque civilisation a son système organisé de concepts qui la caractérise. mais aussi dans et à travers l'individu qui parle. Or il n'est pas douteux que le langage et. Ce qu'il exprime. des éléments essentiellement partagés entre autres. Dans Les formes élémentaires de la vie religieuse Durkheim fait référence surtout à Kant.. ce n'est pas simplement voir le réel par le côté le plus général . La société nous donne un langage infiniment riche qui dépassent nos propre expériences personnels et nous aide à 225 . et réinterprète la théorie Kantienne de la genèse des catégories. ils ajoutent. Dans ce livre.] Toutes les fois que nous sommes en présence d'un type de pensée ou d'action. c'est en même temps qu'en mieux appréhender les éléments essentiels. D'ailleurs. c'est qu'il est l'œuvre de la communauté. dit ses origines. mais ils expriment. ou le nombre. la pénètre et la transforme. elle nous dévoile certaines éléments de la réalité en même temps qu'elle nous cache certaines d'autres. Durkheim tente non seulement d'élucider les origines sociales et la fonction sociale de la religion. ils sont des produits de la collectivité. paradoxalement. est le produit d'une élaboration collective. mais aussi de décrire les origines sociales de et l'impact de la société sur la langue et la pensée logique. » Durkheim ajoute. Comme dit Durkheim: « La nature du concept. Il s'efforce de se les assimiler. ces catégories ne sont pas universellement partagés par l'humanité a priori. c'est la manière dont la société dans son ensemble se représente les objets de l'expérience. ainsi défini. des représentations collectives. la catégorie la plus importante pour Durkheim. et indépendamment. Puisqu'il ne porte l'empreinte d'aucune intelligence particulière. c'est la force collective qui a été le prototype du concept de force efficace. c'est projeter sur la sensation une lumière qui l'éclaire. tout ce que la collectivité a accumulé de sagesse et de science au cours des siècles. le système de concepts qu'il traduit. c'est l'espace occupé par la société qui a fourni la matière de la catégorie d'espace . Penser par concepts. En face de ce système de notions. mais ce sont des aspects différents de l'être social qui leur servent de contenu : la catégorie de genre a commencé par être indistincte du concept de groupe humain. » Cela vaut pour tous les catégories. qui s'impose uniformément aux volontés ou aux intelligences particulières. » Notre manière de conceptualiser le monde. par conséquent. y compris la catégorie de totalité. Les notions qui correspondent aux divers éléments de la langue sont donc des représentations collectives[2]. c'est le rythme de la vie sociale qui est à la base de la catégorie de temps . à ce que peut nous apprendre notre expérience personnelle. et interprètent des relations sociales en même temps. car il en a besoin pour pouvoir commercer avec ses semblables[3]. appuyant sur Platon: « Mais si ce sont. cette pression exercée sur l'individu décèle l'intervention de la collectivité. S'il est commun à tous. ou bien les concepts. la situer dans un ensemble .. elle n'adopte pas non plus une perspective cognitiviste s'intéressant aux phénomènes mentaux considérés en dehors de tout contexte social. » « Puisque l’univers n’existe qu’autant qu’il est pensé-et puisqu’il n’est pensé totalement que par la société.aux discours. comme Michel Foucault dans Les mots et les choses par exemple. » « Elles [les représentations collectives] correspondent à la manière dont la société dans son ensemble se représente les objets de l’expérience[5]. c’est un produit de l’histoire[8]. Connaissance. la sociologie de la connaissance s'intéresse particulièrement . ce programme de recherches s'est très tôt intéressé à la manière dont l'idéologie imprègne la pensée. politique Initié par Max Scheler et poursuivie par Karl Mannheim. Qui de nous 226 . Souvent un terme exprime des choses que nous n'avons jamais perçues. Chercher comment la société peut avoir joué un rôle dans la genèse de la pensée logique revient donc à se demander comment elle peut avoir pris part à la formation des concepts[4]. » « Le contenu même de ces notions témoigne dans le même sens. dont l'acception ne dépasse plus ou moins largement les limites de notre expérience personnelle. n'auraient jamais suffi à la constituer.du moins chez Mannheim . Il n'est guère de mots. comme Friedrich Nietzsche. Ces déclarations devancent celles faites dans le même sens par d'autres philosophes. déconnecté des influences extérieures qui peuvent obscurcir la logique et le jugement.Sociologie de la connaissance encadrer nos propres conceptualisations du monde. ce n'est qu'à titre d'exemples particuliers qui viennent illustrer l'idée. en effet. Partant du postulat que toute connaissance est socialement constituée et orientée par des systèmes de valeurs et des idéologie. d’une manière chronique. » « La pensée vraiment et proprement humaine n’est pas une donnée primitive . Dès lors. une science plus qu'individuelle . » « Et puisque la pensée logique commence avec le concept. il n’y a pas eu de période historique pendant laquelle les hommes auraient vécu. en particulier dans le domaine de la politique. Durkheim. à eux seuls. Dans le mot. il suit qu’elle a toujours existé. Ainsi. peut être considéré un des premiers philosophes à contourner le modèle de l'égo cartésien qui conceptualise l'individu rationnel dans un état pur et absolument autonome. Peter Berger et Thomas Luckmann popularisent un nouveau paradigme de la sociologie de la connaissance inspiré de la sociologie phénoménologique d'Alfred Schütz avec la publication de La Construction sociale de la réalité en 1966. se trouve donc condensée toute une science à laquelle je n'ai pas collaboré. de non moins de 50 ans. le sociologue de la connaissance porte une attention particulière à la « constellation » socio-historique dans laquelle s'inscrit le sujet pensant. dont l'analyse permet de voir comment s'actualisent certains schèmes de raisonnement ou des conceptions du monde qui livrent des modes de connaissance de « sens commun ». Constructivisme social Durant les années 1960. des expériences que nous n'avons jamais faites ou dont nous n'avons jamais été les témoins. idéologie. dans la confusion et la contradiction[6]. la sociologie de la connaissance ne porte pas sur les modes de connaissances scientifiques ou philosophique . et elle me déborde à un tel point que je ne puis même pas m'en approprier complètement tous les résultats. même parmi ceux que nous employons usuellement. il prend place en elle[7]. Citations • Du livre Les formes élémentaires de la vie religieuse de Durkheim: « La matière de la pensée logique est faite de concepts. Elle fixe l'entrée de jeu de toute expression linguistique. mais qui. En effet. Même quand nous connaissons quelques-uns des objets auxquels il se rapporte. selon quel espace d’ordre s’est constitué le savoir. (p. désirs. ses schémas perceptifs…fixent d’entrée de jeu pour chaque homme les ordres empiriques auxquels il aura affaire et dans lesquels il se retrouvera. Armand Collin. Paris. » — Francis Farrugia in La connaissance sociologique. leurs expressions. traditions. idéaux. joies. « Pour une sociologie de la connaissance ».. d'analyses différentes [. tenu pour sol positif. Rivière. (p. 227 . » — Jean Duvignaud. une idéologie. en ordre dispersé. 11) » « C’est sur fond de cet ordre. et c’est seulement dans les cases blanches de ce quadrillage qu’il se manifeste en profondeur comme déjà là. 12) » « C’est plutôt une étude qui s’efforce de retrouver à partir de quoi connaissances et théories ont été possibles . d’une attention.Sociologie de la connaissance connaît tous les mots de la langue qu'il parle et la signification intégrale de chaque mot[9] ? » • Du livre de Michel Foucault Les mots et les choses. c’est à la fois ce qui se donne dans les choses comme leur loi intérieure. Elles sont relatives. refoulements. et aux gestes qui sont censés alors les traduire avec plus ou moins d’exactitude ou de bonheur. (p. Paris. Elle tente de saisir le sens et les rôles des diverses formes de la pensée. peurs. 11) » « Les codes fondamentaux d’une culture-ceux qui régissent son langage. 1993. revue Bastidiana. "Les formes élémentaires de la vie religieuse" 1912. aux perceptions. Mais elles sont aussi liées à des contextes psychosociaux à résonance individuelle : souvenirs. attendant en silence le moment d’être énoncé. collection Logiques sociales. • Michel Foucault. juillet-décembre 2001) « Pour cette sociologie. coutumes. leurs pratiques. éd. Gallimard. que se bâtiront les théories générales de l’ordonnance des choses et les interprétations qu’elle appelle. n° 35-36. encore moins une discipline particulière . Problèmes de sociologie de la connaissance (1924) . elle est ce que devrait être une anthropologie en continuelle genèse. lois. toujours dépendantes de cadres et conditions multiples de nature socioculturelle et civilisationnelle : habitudes. 1996. La Construction sociale de la réalité (1966). Paris. (p. mais ne sont pas pour autant l’invention d’individus isolés. PUF. le réseau secret selon lequel elles se regardent en quelque sorte les unes les autres et ce qui n’existe qu’à travers la grille d’un regard. d’un langage. Contribution à la sociologie de la connaissance. les connaissances n’existent pas éternellement en soi. 2002) Repères bibliographiques Ouvrages classiques • Émile Durkheim. interdits. 13) » • Autres auteurs: « La sociologie de la connaissance n'est pas une philosophie. (p. 1966 « L’ordre. contextuelles. elle se fraye un chemin. intérêts. série Sociologie de la connaissance. • Karl Mannheim. • Max Scheler. "Les mots et les choses" • Peter Berger et Thomas Luckmann. selon leur enracinement dans un ensemble humain et la place qu'elles y occupent. Avant d'être ainsi nommée.]. 1956. oublis. français. à la convergence de multiples recherches. in Sociologie de la connaissance.. une doctrine. leurs représentations. Idéologie et utopie (Une introduction à la sociologie de la connaissance) (1929). 12) » « Ces codes culturels sont « antérieurs aux mots. espoirs et aspirations diverses. L'Harmattan. Les formes élémentaires de la vie religieuse. Sociologie des sciences. 2003. 2003Formes. p. Les formes élémentaires de la vie religieuse. Payot. 2003. publie des travaux à la fois théoriques et pratiques qui visent à montrer comment les connaissances se forment et se diffusent. Presses Universitaires de France. compte rendus. 5 édition. Presses Universitaires de France. PUF. préface et traduction Thierry Blin. 5 édition. 617 Les formes élémentaires de la vie religieuse. Sociologie de la connaissance. 2003. Presses Universitaires de France. p.fr/socanco/). 5 édition. 2003Formes. Presses Universitaires de France. p. Paris. Essais sur le monde ordinaire. 1966. p. 620-621 Voir également Articles connexes • • • • • Représentation. 2007 Gérard Namer. Félin Poche. 2003Formes.). p. 2003. Versuch zu einer Wissenssoziologie. p. Presses Universitaires de France. Émile.Sociologie de la connaissance Autres contributions • • • • • • • • Georges Gurvitch. Représentations sociales Sociologie. Presses Universitaires de France. Francis Farrugia (éd. 5 édition. L'Harmattan.). 635 [9] Les formes élémentaires de la vie religieuse. 622 Les formes élémentaires de la vie religieuse. 1979. 628 Durkheim. 627 Les formes élémentaires de la vie religieuse. Émile. 2006 Francis Farrugia (éd. p.). L'Harmattan. 1968 Références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] Durkheim.ird. 2006. Connaissance Société de la connaissance Bibliographie en sociologie de la connaissance et Bibliographie en sociologie des sciences Effet Flynn qui s'intéresse à l'intelligence absolue Liens externes • Revue d’Anthropologie des Connaissances (http://www. revue multidisciplinaire en sciences sociales. 630 [8] Les formes élémentaires de la vie religieuse. Jean Duvignaud (éd. L'Harmattan. Francis Farrugia (éd. Les cadres sociaux de la connaissance. 5 édition. 5 édition. p. Karl Mannheim sociologue de la connaissance. 5 édition. Kurt Heinrich Wolff. 2003. • Portail de la sociologie 228 . interprétations. Presses Universitaires de France. 2003.)Le terrain et son interprétation : enquêtes. 619-620 Durkheim. Berlin. Presses Universitaires de France. 2006 Alfred Schütz. 5 édition. L'Harmattan. La connaissance sociologique. 620 Les formes élémentaires de la vie religieuse. Émile. Presses Universitaires de France. Les formes élémentaires de la vie religieuse. 2002. p. 5 édition. L'interprétation sociologique. (Modifier l'article [1] ) Le solipsisme (du latin solus. chaque monade n'étant en lien immédiat qu'avec Dieu. Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. par Descartes dans le Discours de la Méthode (1637). par une expérience de pensée. seul et ipse. le solipsisme est une « doctrine présentée comme une conséquence logique résultant du caractère idéal (idéel) de la connaissance . dominante dans l'histoire de la philosophie. mais d'une constatation que le « moi ». et chacune exprimant l'univers entier. qui fonde le cogito (je pense donc je suis). L'idéalisme empiriste de Berkeley George Berkeley est peut-être l'un des philosophes qui est allé le plus loin sur le terrain du solipsisme. mais pour désigner l'amour de soi éprouvé par le moi empirique. Son idéalisme empiriste renvoyait en effet à Dieu l'origine de nos sensations. merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». Le doute chez Descartes L'utilisation du doute hyperbolique. Selon une interprétation. existe-t-il ? Cette position partage certains aspects avec la théorie de la monade de Leibniz. autrement que comme incertain. la certitude subjective de l'existence du sujet pensant. » Le médecin Claude Brunet en aurait été le seul représentant. Seul l'ego peut donc être tenu pour assurément existant et le monde extérieur avec ses habitants n'existe dans cette optique que comme une représentation hypothétique.)[2] ». ou l'ego. si le cogito suffit à fonder. Toutefois.Solipsisme 229 Solipsisme Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (mars 2009). Il pourrait s'agir seulement d'une position épistémologique "constructiviste".) d'après laquelle il n'y aurait pour le sujet pensant d'autre réalité que lui-même (. soi-même) est une "attitude" générale pouvant être théorisée sous une forme philosophique et non métaphysique. depuis le pyrrhonisme antique. La question ici ne relève d'abord pas de « l'esprit ». L'autre. Si on l'envisage aussi sur un plan ontologique. seul Dieu peut être un tel fondement de cela. ou du moins à admettre qu'il est impossible de démontrer le contraire. elle consisterait à soutenir que le moi individuel dont on a conscience. Aussi. « (. Mais en fait toutes nos perceptions subjectives renvoient à la perception divine. est la seule manifestation de conscience dont nous ne puissions pas douter (voir Descartes). est toute la réalité. selon sa formule célèbre.. c'est-à-dire de la conscience de soi (Hegel attribuait l'émergence de celle-ci au christianisme). avec ses modifications subjectives. la théorie cartésienne n'est pas exactement solipsiste. le monde n'avait pas d'existence matérielle en tant que telle : Berkeley s'opposait à toute position réaliste qui considèrerait que le monde possède une réalité extérieure hors de notre perception : esse est percipi (être c'est être perçu). dès lors. l'a exposé à des accusations de solipsisme. .. on se rapproche alors quelque peu du "pyrrhonisme" puisque la connaissance de quoi que ce soit d'extérieur à soi-même ne reste qu'une conjecture incertaine. sans abus de langage. Dès lors. et que les autres moi dont on a la représentation n'ont pas plus d'existence indépendante que les personnages des rêves . par contraste avec le sujet transcendantal. et ne peut donc pas être considéré. En effet... §3). par sa création continuée. Kant se sert de ce terme dans la Critique de la raison pratique (3e section. il ne suffit en aucun cas à fonder la réalité absolue de la substance pensante. Selon le philosophe Lalande[3]. Descartes préfigurerait ainsi l'avènement de la subjectivité dans la philosophie moderne. il est absurde: 5. Si l'on ne peut que simplement montrer le solipsisme c'est parce qu'en tant que définition du monde. et sur ce dont on ne peut parler. Ce qui est en effet une méthode pour isoler le sujet.] est le sujet métaphysique. en dehors du monde: "l'œil. ne peut en toute rigueur se définir lui même puisqu'il devrait être en dehors de lui. 230 . je devrais y faire aussi un rapport sur mon corps. Il se montre. tu ne le vois pas. quels n'y sont pas soumis." Ce qui implique une impossibilité du sujet métaphysique (le je du solipsisme) à être "dans le monde.53) bien que "ce que le solipsisme veut signifier est tout à fait correct" (aphorisme 5. (le microcosme)"[4] En soi." "Le je philosophique [. lorsque le philosophe." Le solipsisme comme philosophie ou comme doctrine fait donc nécessairement partie du "Mystique" (6. [il] coïncide avec le réalisme pur.") et n'est par conséquent pas "une méthode correcte en philosophie" (aphorisme 6." En effet le sujet qui voit en lui le monde (solipsisme radical). puis il y est revenu dans L'Être et le Néant (chapitre : "L’écueil du solipsisme") Définition Attitude généralement conçue comme le cas limite de l'idéalisme. ou plutôt pour montrer que. par contre un solipsisme momentané peut accompagner une attitude de doute systématique. il faut garder le silence." (aphorisme 5.et non partie . c'est le Mystique. Et rien dans le champ visuel ne permet de conclure qu'il est vu par un œil. et il reste la réalité qui lui est coordonnée.63 de cet ouvrage . qui est frontière .631 . récusant les évidences communes.522 . en un sens important.."Il y a assurément de l'indicible.64) Chez Sartre Dans son premier ouvrage La Transcendance de l'Ego. le solipsisme ne peut être dit mais il peut être montré et comme le souligne Wittgenstein dans son avant-propos.Solipsisme Le solipsisme dans le Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein Le solipsisme peut être défini à partir de la proposition 5. il n'y a pas de sujet: car c'est de lui seulement qu'il ne pourrait être question dans ce livre. Jean-Paul Sartre a proposé une réfutation de solipsisme censée être plus pertinente que celle d' Husserl."je suis mon monde.62)."Il n'y a pas de sujet de la pensée de la représentation. et dire quels membres sont soumis à ma volonté." (aphorisme 5. en réalité. Si aucune philosophie ne se fonde sur le solipsisme définitif. Le je du solipsisme se réduit à un point sans extension. "tout ce qui peut être dit peut être dit clairement. Si j'écrivais un livre intitulé Le monde tel que je l'ai trouvé.du monde.641) Mais cela implique aussi que le solipsisme est une sorte de lieu vide de la pensée (absurde) et de la réalité (frontière du monde qui n'a donc par définition pas d'espace) puisque "développé en toute rigueur. pose la seule certitude de son existence. etc. comme c'est le cas de Descartes au début de ses Méditations métaphysiques. selon laquelle l'existence du sujet s'interrogeant constitue l'unique certitude.. Certaines écoles du bouddhisme Mahâyâna ont formulé des interprétations penchant pour le solipsisme obligé de l'égo. La plupart des philosophies bouddhiques admettent donc l'existence de phénomènes extérieurs. wikipedia. Quadrige. Tout bouddhiste considère en effet l'impression d'être "un" (l'égo ou le moi) comme voilant la réalité. l'attitude d'une minorité des écoles de pensées bouddhiques . D. net/ french/ bertrand_russell). Voir par exemple Yogacara. Gallimard. Traduction de Gilles-Gaston Granger Elle se nommait . ou comme une illusion. Paris. de fait. caractérisée en ce qu'elle est sans Soi (pris au sens d'impersonnel) (chaque chose est sans Soi. André Lalande (philosophe). 1926 ( éd. Références [1] [2] [3] [4] [5] http:/ / fr. à la cosmologie bouddhique.Solipsisme Solipsisme bouddhique Le solipsisme représente. org/ w/ index. Tractatus Logico-philosophicus. sa surprise me surprend". 1990. 1999). Paris. tel qu'il est. Vocabulaire technique et critique de la philosophie. en opposition à celui de l'après éveil (en sanskrit "bouddha" signifiant l'"éveillé") qui permet alors de voir le monde. Bertrand Russell Le philosophe Bertrand Russell mentionne dans ses Essais sceptiques une lettre d'une de ses correspondantes[5] lui écrivant "qu'elle était une solipsiste et qu'elle était surprise qu'il n'y en eût pas d'autres".htm 231 . PUF. quotez. Ph. . d'une réalité tangible. anatta : sans atmân). php?title=Solipsisme& action=edit cité d'après Le Petit Robert de la langue française. il s'agit d'une théorie qui ne découle pas nécessairement de la voie du milieu. voire à l'éthique qui se dégage tant de cette représentation de l'univers que de la causalité exprimée par la loi du karma. : Citations de Bertrand Russell (http:/ / www. Le Moi ne proviendrait que d'une perception incomplète du monde induite par le plaisir et la douleur. et qui conditionne au fil du temps la conscience elle-même. 1993 [1922].. et qui peut même paraître opposée à l'idée de samsara (les mondes dans lesquels les êtres évoluent). connue d'abord pour son idéalisme. Il ajoute "la dame étant logicienne. par Ignaz Günther. Enfin. .Temps 232 Temps Pour les articles homonymes. qui fait référence à une division du flot du temps en éléments finis. Quelques remarques générales permettent d’aborder ce problème du temps de façon pragmatique. ou plus simplement produit de l'observation intellectuelle et de la perception humaine ? La somme des réponses ne suffit pas à dégager un concept satisfaisant du temps. Ses progrès irréguliers sont donc à relier directement aux transformations du concept de temps. merci d’indiquer ici les points à vérifier . avant le présent. Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. par exemple. temples (templum) dérive également de cette racine et en est la correspondance spatiale (le templum initial est la division de l’espace du ciel ou du sol en secteurs par les augures). Chronos. Mais l’examen minutieux de chacune d’entre elles et de leurs relations apportera d’intéressantes réponses. qu’elle fût de nature scientifique. Il n'existe pas de mesure du temps comme il existe. merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». Le questionnement s’est porté sur sa « nature intime » : propriété fondamentale de l'Univers. Si vous venez d’apposer le bandeau. philosophique ou encore religieuse. dieu du temps de la mythologie grecque. couper. Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (décembre 2011). Dans ce qui suit il faudra comprendre « mesure du temps écoulé » en lieu et place de mesure du temps. [1] [2] Améliorez-le ou discutez des points à vérifier. • Le futur qui désigne ce qui n’est pas encore. Ses retombées ont affecté bien plus que la simple estimation des durées : la vie quotidienne des hommes s’en est trouvée changée bien sûr. Toutes ne sont pas théoriques : la « pratique » changeante du temps par les hommes est d’une importance capitale. Étymologie Le mot temps provient du latin tempus. une mesure de la charge électrique. De rudimentaire qu’elle était. après le présent. de la même racine que grec temnein. L'histoire de la mesure du temps écoulé entre deux évènements a évolué à travers les âges et cela ne fut pas sans conséquence sur l’idée que les hommes en eurent au fil de l’histoire. voir Temps (homonymie). Temps historique Le temps historique est découpé en trois périodes : • Le passé qui désigne ce qui n’est plus. et le futur ce qui n’est pas encore. (Modifier l'article [1] ) Le temps est un concept développé par l'être humain pour appréhender le changement dans le monde. mais aussi et surtout la pensée. La forme ou le fond de cet article est à vérifier. sa mesure a gagné aujourd’hui une précision reposant sur l’atome. • Le présent qui désigne entre le passé qui n’est plus. « atome » (insécable) dérive également de la même racine. c’est que l’un a lieu après l’autre – de sorte que d’innombrables événements simultanés semblent se suivre à la chaîne sur le chemin du temps. Le temps semble donc supposer à la fois changement et permanence. la durée ne peut être déduite. c’est lui associer un nombre et une unité. permet de définir le temps. dans un temps unique. En effet. Ainsi. cette connaissance est au mieux celle d’une substance du temps : elle n’apprend rien sur sa nature intime. « Dans un même temps. ou du moins leur substance. Il est un point mouvant sur la flèche du temps qui définit les infinis à ses deux bornes. à coup sûr. Qu'est-ce donc que le temps? Si personne ne m'interroge. irréversible. Néanmoins. . ou diachronie. l’après et l’en-même temps. en ce qui concerne les choses matérielles. adjoint à l’Aiôn et au Kairos. a priori sans aucun rapport les uns avec les autres. Ces notions font notamment appel à la mémoire : le classement des événements dans un ordre quelconque ne peut se faire que si l’observateur se souvient. l’antériorité et la postériorité) : si deux événements ne sont pas simultanés. qui est. sont cependant censés demeurer les mêmes. »[5] Il est vrai que décrire le temps ne semble possible que par une analogie. lui. qui suppose de l’espace. quand un même film est projeté à une vitesse plus ou moins grande. En corrélation se trouve la notion de succession. Il a comme corrélat la notion de substance. de la simple succession. autorisant ainsi l’apprentissage. De façon plus générale. que Descartes avait assimilée. ne peut-être examiné que sous l’angle de l'expérience individuelle universelle : l’avant. Ces constatations amènent encore à un autre couple de notions essentielles quant à l’étude du temps : la simultanéité (ou synchronie). toutes choses deviennent » écrivait Alain[3]. Le Chronos est le tout du temps. de la vie… • l’aspect linéaire : évolution. Remarquons aussi que la projection à l’envers ne correspond à rien dans l’expérience du temps. notamment au mouvement. mais pas la durée. car le temps suppose la variation. car la mesure n’est pas le temps – il faut du temps pour établir une mesure. ou de la simultanéité. relatif au présent :« Hier était le jour précédent et demain sera le jour suivant parce que je suis aujourd’hui. Imaginer le temps c’est déjà se le figurer et. ». Deux moments ressentis comme différents sont ainsi nécessairement successifs. Toutefois. il semble que le temps puisse être considéré (et considérer n’est pas connaître) sous deux aspects : • l’aspect cyclique : cycle des jours. De façon opposée. qui permet d’exprimer l’idée qu’à un même moment. L’homme constate en effet trivialement que des « objets » de toutes sortes sont altérés par des « événements » et que ce processus prend place dans un temps partagé par tous ceux qui ont conscience de son cours. Cela inspira une célèbre boutade à Saint Augustin dans ses Confessions. Ces concepts sont apparus chez les Grecs. le temps est le nombre du mouvement selon l’antérieur et le postérieur. des saisons. De ces deux considérations. quand nous le prononçons. en quelque sorte. l’ordre des événements y est conservé. en effectuer une mesure. la mémoire se construit grâce au fait que certains événements se répètent. Ces objets. dans un temps enfin. si je veux répondre à cette demande.Temps 233 Éléments généraux Le Chronos est un concept qui. passage de la naissance à la mort… La régularité de certains événements a permis d’établir très tôt une référence de durée (calendrier. malgré les changements qu’ils subissent. le manquer. si difficile à imaginer et à conceptualiser de prime abord. Voici ce qu’il écrit à propos de la définition du temps : « Ce mot. selon Aristote. numériquement. (et par-là. l’intelligence et de même quand nous l’entendons prononcer par d’autres. à l’espace. nous en avons. transformation irréversible. A contrario le temps semble ne plus faire sens quand l’idée de mouvement disparaît. je le sais . il est appris que le temps. Et bien que l’intuition du cours du temps soit universelle[4]. horloge…) et donc de quantifier le temps : « quantifier le temps ». des événements en nombre peut-être infini se déroulent conjointement. Image représentant la vision du temps du Chronos La notion de temps est un corollaire de la notion de mouvement : le mouvement se fait dans la durée et si le temps venait à s’arrêter plus rien ne bougerait. je l'ignore. définir le temps en lui-même semble au-delà de nos capacités. "avoir l'avenir devant soi". où le temps pur est celui des dieux et divinités. Cette vision cyclique sera reportée à l’Homme dans le bouddhisme. ces penseurs ont essayé d’évaluer le temps au travers de la méditation. précisément. C’est une renaissance et un retour éternel. la croyance en une succession d’un même temps..Temps Il faut donc distinguer la problématique de la représentation du temps de sa conceptualisation. un véritable « néant » au regard de l’immortalité. des représentations en spirales. la permanence du cosmos et la vie fugace de l’homme. dictés par la condition humaine : l’immortalité des dieux ou l’éternité de Dieu. La volonté de Dieu s’exprime ainsi dans une dualité toute différente des croyances indiennes : le temps est complètement borné par la Création et l’Apocalypse. Éternité et échéance Héritée du védisme. dans les arts… Pourtant. Dieu se joue des temps historiques pour intervenir dans la destinée des hommes. et il est en même temps considéré 234 . Une exception est le peuple aymara qui a une conception du temps inversée: le passé. En Occident. connu et visible se trouve devant le locuteur alors que le futur. Perceptions culturelles Toutes les cultures ont apporté des réponses nombreuses au questionnement sur le temps. Le cosmos et tout le monde sensible y est assujetti à un renouvellement cyclique et infini.. Au fil des siècles. est telle une kalpa. se retrouve dans le brahmanisme et l’hindouisme. Représentation spatiale Le temps est souvent représenté de façon linéaire (frises chronologiques)." ). le temps suit un ordre tout autre et témoigne d’une vision du monde bien différente. du mysticisme."). La vie de l’Homme.[6]. Elles s’expriment dans le langage. La tradition judéo-chrétienne hérite elle-même de vues mystiques plus anciennes. au moins par ses actions de grâces. et la plupart d’entre elles tournent autour des mêmes thèmes. Il en ressort en fait que bien qu'il puisse être supposé avec raison que tous les hommes ont la même expérience intime du temps – une expérience universelle – le chemin vers le concept de temps n’est pas universel. Bien qu’en dehors du temps. inconnu et invisible. tout comme il faut établir ce qu'on sait du temps par l’expérience pour mieux s’en détacher. soit ce sont les évènements qui se dirigent vers un individu statique ("les vacances s'approchent. lui conférant l’immortalité des premiers dieux occidentaux. Le partage le plus évident pour l’observateur des civilisations – avant d’envisager l’étude anthropomorphique du temps – est sans doute la séparation entre une vision linéaire du temps. ou plutôt d’une même durée cosmique. car c’est Dieu qui le crée et en offre l’« usage » aux hommes. à travers la croyance en la réincarnation. prévalant par exemple en Inde (cf. aux yeux du bouddhiste.. La première est plus fréquente en français[7].. ce qui est par exemple retrouvé en français dans des expressions comme "se retourner sur son passé". prévalant en Occident. se trouve derrière lui. Dans la quasi totalité des cultures humaines le locuteur se présente avec le futur devant et le passé derrière lui. de la philosophie ou encore de la science. limitée. schématiquement scindée en quatre âges au sein desquels l’Univers périclite graduellement. et une vision cyclique de l’ordre temporel. Deux conceptions du temps qui passe peuvent être perçues : soit l'individu est en mouvement par rapport à l'axe du temps ("se diriger vers la résolution d'un conflit. Chaque cycle est une kalpa. sont autant de dimensions temporelles partagées par la plupart des peuples de la Terre. Cependant. l’œuvre de Mircéa Eliade). toutes ne portent pas la même vision intime du temps. où périodes de destruction et de reconstruction se succèdent pour redonner naissance au même Univers. La Bible présente ainsi le temps comme une révélation. Les hommes connaissent une vie éphémère. voire en cercles (le temps est un éternel recommencement) peuvent être trouvées marquant ici l'aspect cyclique et répétitif de l'histoire des hommes. Ce n’est donc qu’en détaillant ces modèles intellectuels et leurs évolutions historiques que l’on peut espérer saisir les premiers éléments de la nature du temps. l’artisan et le cadre supérieur ne partagent pas exactement la même notion de temps quotidien. mais quelque manifestation culturelle rendue possible par une singularité particulière du temps. que cette quantification soit figurée ou bien précise et effective (réalisée avec un instrument de mesure). le temps culturel n’a jamais été et n’est pas le temps de l’économie. À l’inverse. Quels que soient les avantages ou les pertes occasionnés par cette mutation parfois brutale. dont la mesure permet de créer des repères. Elles manifestent les croyances d’un peuple à une époque donnée. illustré par exemple par le haïku japonais : la notion de flux y est prépondérante. nourriture. toutes ces approches reposent sur une même sensation intime : il est donc plus évident encore que ce que l’homme a connu du temps au fil de l’histoire n’a pas été le temps pour lui-même. des peuples d’Amérique du Sud tels les Incas. comme dans le récit ou la liste de dates. Il semble que le temps s’offre à l’homme d’abord comme un objet ambigu. mais pas de le définir complètement. où le temps personnel est très souvent sacrifié sur l’autel des contraintes (aller plus vite. Toutefois. Aussi. plus la conceptualisation du temps sera complexe : en effet. et tout ce que cela présuppose et entraîne) sont les noyaux durs de la consommation de médicaments du type psychotropes. car d’origine divine. l’expérience. l’humanité prend le risque d’altérer durablement son rapport au temps. 235 . où l’homme à un autre rôle à jouer dans sa destinée : il y subit en quelque sorte moins les affres du temps. il est essentiel de le quantifier pour l’aborder dans le détail. Multitude de rapports Écrire un récit.Temps comme universel. car chaque perception est le fruit de ses exigences propres. Il peut être essentiellement un repère plus ou moins explicite. Mais il peut également être l’objet d’étude de la connaissance. et la façon dont ces croyances traduisent par l’imaginaire le ressenti. Parallèlement. Même là où les mythes et la religion perdurent. chaque individu s’appuie sur sa culture historique du temps pour se définir son propre temps psychologique.) Les sociétés modernes et industrialisées modifient sensiblement le rapport culturel et traditionnel au temps. les bases culturelles jouent un rôle très important dans la perception globale du temps. (À développer. ont privilégié une dimension rituelle du temps. Ainsi il est constaté que les zones urbanisées. il y joue des rôles divers. de sorte que les contraintes du temps se font moins sentir – ou deviennent au contraire plus criantes quand les facilités s’estompent. Au fil des siècles. Temps de la réflexion et temps de l’action entrent en concurrence et se distordent. Les cultures asiatiques ont cultivé le goût d’un temps mystique. Nul doute que le pêcheur. prédire le retour d’une comète. jusqu’à parfois faire éclater les repères psychologiques. en tant que rythme de vie. Toutes ces traditions « inconscientes » auront une influence non négligeable sur les développements du concept du temps. est un temps d’espérance. il est compris que le temps chrétien. à un autre rythme. de délivrance attendue : sa fin même est un retour vers le divin[8]. déplacement… l’ensemble des actes quotidiens s’accélère. Dans tous les cas. une caractéristique forte du temps dans les premiers âges de réflexion était son lien direct et exclusif avec le divin. lister une série de dates : chacune de ces actions est directement liée au temps. de promesse. le temps du quotidien subit les assauts de l’instantané : médias. le temps intime de la culture hindouiste est un temps de la permanence et de l’introspection. Dans son développement accéléré. c’est également le cas dans la tradition musulmane. donné par certains aspects seulement. ce lien deviendra plus distant et sera même rejeté par certains. La lenteur est une caractéristique fondamentale du rythme des sociétés humaines : il s’agit peut-être de la force d’inertie qui assure leur cohésion. où la discontinuité prévaut . Plus la confrontation au temps sera fine et consciente. À une moindre échelle. du point de vue de l’homme. à la fois fugace et perpétuel. Pourtant. Pour autant. que ce soit en sciences ou en philosophie. et sa dimension rigide est également exploitée avec ténacité. Le cours du temps. merci d’indiquer ici les points à vérifier . l’infléchir. devient. c’est bien encore une position (spatiale) dérivée (deux fois) par rapport au temps : voilà que ressurgit le « temps-cadre » immuable ! Le temps n’est ni la durée. biologique. « Perdre son temps » ou « prendre son temps ». qui est une propriété du temps pour lui-même. mais les mots sont trompeurs et ne nous disent pas ce qu’est le temps – pire. il y a l’idée de la causalité. Elle est une propriété des phénomènes. ni le mouvement : en clair. Si vous venez d’apposer le bandeau. la tendre. Le cours du temps illustre la sensation de chronologie imposée. . traduisent la volonté séculaire de gagner un contrôle sur ce temps subi. celui invoqué par la boutade « laisser le temps au temps » ? Cette question a laissé muettes des générations entières de penseurs . La simplicité de ce rapport s’estompe rapidement : bientôt.Temps 236 Richesses descriptives La forme ou le fond de cet article est à vérifier. surviennent. notamment. Somme toute. s’est appuyée sur elles pour édifier plusieurs visions successives du temps au fil de ses progrès. Quel est donc ce « vrai » temps qui mesure le temps. sera relativement effective au cours de l’histoire en sciences et peut-être moins en philosophie. Il s’agit véritablement d’un cadre. dans le « cours du temps ». en distinguant ainsi le temps et les évènements portés par lui surgit une dualité embarrassante : dans quelle réalité placer ces phénomènes qui surviennent. pour sa part. la distordre. L’homme. « au cours du cours du temps ». si ce n’est dans le temps lui-même ? Le sage dira. il n’est pas le phénomène temporel. Cette scène animée des phénomènes est séduisante et juste. ou plutôt. toutefois. Cette prise de recul. l’homme s’appuie sur son langage . c’est encore d’une conception faussement spatiale qu’il s’agit : pouvoir agir sur notre flèche du temps intime. Rien ici n’indique encore l’idée de changement ou de variation. Bien que privilégiée des sciences. mais il faut prendre garde au piège sémantique. imaginer. par exemple. Pour réfléchir au concept du temps. et aussi de la contrainte. compter le temps n’est pas le saisir en soi. ou toutes autres expressions de quelque langue que se soit. connu. Ainsi. physique. Le niveau de complexité du rapport au temps est assez bien traduit par le langage. Ce qui constitue une première confusion entre temps et mouvement. Mais l’accélération. La science. ils viennent souvent nous dicter notre pensée et l’encombrer de préjugés sémantiques. parfois victime des apparences sémantiques. et se situent essentiellement dans le présent et le passé. Mais le temps reste fidèle à lui-même. psychologique. et par-là… banal. Ces deux notions sont importantes et non intuitives – elles sont mélangées et brouillées par le langage en un seul et même tout. elle n’en est pas moins source d’amalgames et de tromperie toujours renouvelées. est placé « devant ». Dès lors qu’un peuple s’intéresse à l’avenir. La dimension paradoxale du langage temporel n’est pas très complexe : il suffit de s’attarder sur une simple expression courante comme « le temps qui passe trop vite » pour s’en rendre compte. qui modélise les transformations au cours du temps. [1] [2] Améliorez-le ou discutez des points à vérifier. Quantifier. distinction entre temps et phénomène. Pour les peuples anciens de Mésopotamie. Le temps est orienté : il coule du passé au futur. car l’action de compter le temps. Ce n’est pas parce que des évènements se répètent que le temps est nécessairement cyclique. les disciplines modernes tentent d’y répondre en exhibant un temps pluriel. Toutefois. c’est ce que beaucoup ont figuré dans leurs cahiers d’écolier par la droite fléchée : au-delà de l’amalgame trompeur avec le mouvement. cet ordre intuitif s’inverse : on attend du temps qu’il nous apporte le moment suivant. et les phénomènes. du Chronos – du devenir rendu possible par Kronos. par la quête de la juste et précise mesure. Grâce au profond sentiment de durée. mettre en perspective… si bien que le temps lui est essentiel. l’homme essaye de se jouer du temps. se souvenir. Cette expression désigne un temps qui s’accélérerait. C’est là l’affaire de la flèche du temps. voilà une autre façon de décrire le temps qui fut engagée très tôt. le futur est « derrière » et le passé. eux. mais le temps de la vérité évidente ne semble pas encore venu. l’Homme peut agir. présuppose du temps. quoiqu’imparfaitement : certaines cultures primitives ont peu de mots porteurs d’un sens temporel. une fausse idée première du temps. Si les formes étaient elles aussi éternelles. mais ces changements ne peuvent être intégrés dans la pensée d’un objet que si l'on pose sous ces changements une substance. le changement concerne non pas le temps lui-même. la matière. » Rattacher étroitement l’existence humaine au récit nous aide à ne pas confondre la durée avec le néant. l’action. les événements futurs. sous-jacente aux formes. elle s’intègre dès qu’elle est fabriquée à ce monde que nous habitons. En effet. Le futur est l’ensemble des présents à venir. À première vue. tandis que l’on ne peut pas se représenter l’instant pur. « comme des ombres ou des fumées » écrit Jean-Pierre Vernant. nous avons le privilège de la reprendre comme un tout. Le temps semble nous écraser complètement. Est permanent au sens le plus fort du terme ce qui durera toujours. la permanence n’est pas hors du temps. était éternelle et incréée. d’être. Le temps suppose le changement. C’est ce qui est appelé le monde. « Où étais-tu quand je fondais la terre ? » répond l’Éternel à Job. mais elle lui survit. Contrairement à l’Éternité. Comme le remarque Hannah Arendt. la permanence se confond donc avec le temps lui-même. merci d’indiquer ici les points à vérifier . en effet. [1] [2] Améliorez-le ou discutez des points à vérifier. En revanche. Étymologiquement. Seulement. « Éphémère » est le mot qu’utilisaient les Grecs pour parler de la condition des hommes. et cet écoulement lui-même demeure. est permanent ce que nous avons « toujours » vu et que nous verrons peut-être « toujours ». En un sens plus faible du mot. étaient étrangers à l’idée de création. Le présent lui-même est cependant à son tour une abstraction. mais seulement les phénomènes dans le temps » écrit Kant. La durée est la condition du déploiement d’une histoire. l’information était fugitive. réservée aux dieux. C’est ce qui fait que l’avenir n’est pas encore. Le passé est l’accumulation. Lorsque notre vie s’achève. À lire Épicure. Les Grecs. comme le corrélatif constant de toute existence des phénomènes. infiniment bref. Il s’agit non seulement d’un cadre physique ou institutionnel. « La permanence exprime en général le temps. Car le premier est encore souvent exposé aux vicissitudes de la fortune. mais le vieillard qui a vécu une belle vie. aussi admirable soit-elle. se jouer de notre destinée. voire ce qui a également toujours existé.Temps 237 Philosophie L’instant est le produit de la projection du présent dans la série successive des temps. de tout changement et de toute simultanéité. le temps était inséparable des cycles astronomiques. selon des rapports chronologiques (succession) et chronométriques (les durées relatives). du moins en ce qui concerne le monde physique dans lequel vivent les hommes. Le vieillard doit savoir jouir du récit de sa propre vie. « Ce n’est pas le jeune homme qui doit être considéré comme parfaitement heureux. contrairement aux Hébreux. tandis que le dernier se trouve dans la vieillesse comme dans un port où il a pu mettre à l’abri ses biens. par opposition au ciel. Seuls les contenus à venir. La chose fabriquée est bien le produit d’une activité humaine. de tout ce qui permet d’organiser l'existence et de lui donner sens. puisque personne ne vit un présent pur. La permanence est ainsi l’attribut premier de ce que nous pouvons habiter. ni avec l’instant. il en va au fond de même pour la vie tout entière. sinon en en . Elle suppose l’écoulement du temps. réduit à une durée nulle. Peu importe s’il ne restera rien de nous après la mort : nous n’en souffrirons pas plus que de ne pas avoir été avant de naître. Tous ces éléments forment la permanence en tant que soi. c’est-à-dire que chaque instant correspond à un présent révolu. Le cosmos avait toujours existé. Conceptualisations notables héritées des Anciens La forme ou le fond de cet article est à vérifier. est éphémère ce qui ne dure qu’un jour et se fane aussitôt dans la mort et l’oubli. mais aussi de la continuité d’une civilisation ou encore de valeurs et de représentations qui nous semblent aller de soi. il n’y a cependant pas d’incompatibilité entre le caractère fugace de notre existence et le bonheur. À défaut de gagner l’éternité. la distinction que fait Aristote entre la fabrication et l’action doit être rattachée à la fugacité de l’existence humaine. Les hommes apparaissent pour disparaître. sont susceptibles d’être encore modifiés. Ils manquent de consistance. Si vous venez d’apposer le bandeau. les anciens souhaitaient sans doute gagner de la permanence. est éminemment passagère. ce qui constitue l'univers. lorsqu’elle a été réussie. ou plutôt l’organisation des temps antérieurs. mais comme entité psychologique. En revanche. Si Épicure ne se souciait guère de ne bientôt plus être. Ce qui ne renvoie pourtant pas à son insignifiance ou à sa vanité : car le fait d'avoir vécu cette vie éphémère reste un fait éternel que ni la mort ni le désespoir ne peuvent annihiler. dont la condition était une vie brève. c’est confondre l’espace et le temps. « L’avoir été » est une forme spectrale de l’être que nous avons été. la musique témoigne elle aussi de ce « presque-rien » . note Henri Dilberman. Le temps n’est que dans la mesure où il est présent.Temps faisant une sorte de cliché photographique immobile. le devenir fantomatique de notre passé. Le temps n’est plus défini comme mesure du mouvement cosmique. ainsi que les savoirs qui prétendent porter sur eux. continuelle. Apaisante et voluptueuse. De manière analogue à la suite infinie des divisions entières[9]. et donc l’anéantissement de ce que je fus.Vladimir Jankélévitch rappelle cependant que nous avons tous ce viatique mélancolique pour l’éternité : à défaut d’être toujours. l’analogie avec le mouvement – largement exploitée par les philosophes de toutes époques.présence éloquente. c’est la mémoire. le présent n’est que la limite de ces deux néants. la dimension temporelle des étants permet de tous les nier. lui donner une réalité.qui est pourtant quelque chose d'essentiel. par exemple pour Newton. céder à son attrait. Il constate que la connaissance du temps nous échappe. En effet. La continuité d’un mouvement n’est pas une chose facile à imaginer. mais pour en faire l’instrument de la foi ! Ce qui a été n’est plus. son cas est exceptionnel. après sa mort. son mystère. Saint Augustin. la musique constitue l'image exemplaire de la temporalité. au côté de Dieu. Ainsi. Car la vie. Par exemple. entre deux points de l’espace séparés par d’infinies positions intermédiaires. Augustin reprendra les thèmes sceptiques. 238 . car eux seuls pourront la considérer comme un tout. rappelle-t-elle. Seuls les Hommes qui nous survivront pourront dire si notre vie a été ou non réussie. Le chrétien doit user avec justesse et piété du temps qu’il lui est accordé pour enrichir sa finitude. ma vie passée n’existe encore que si je me la rappelle. Le temps est. mais héroïque. Le présent du passé. À lire les paradoxes de Sextus Empiricus. les mouvements perçus par nos sens s’effectuent bel et bien en un temps fini ! De sorte qu’on[Qui ?] a du mal à imaginer comment une infinité de positions peut être parcourue en une durée limitée. En faire un être. Ils étaient hantés. Zénon. Pourtant. écrit Arendt. vraisemblablement une distension de l’âme (distentio animi). Aussi Saint Augustin insiste-t-il sur des notions plus anthropocentriques portées par le temps religieux. Discutez des points à améliorer en page de discussion. Comme bien souvent. le présent du présent. ou un cadre. Une réorganisation et une clarification du contenu sont nécessaires. mais c’est là l’œuvre de Dieu : seul l’homme bon saura transcender le temps subi. sa révélation. et se porter vers le Christ dans un mouvement d’espoir. n'est peut-être qu'une « mélodie éphémère » découpée dans l'infini de la mort. « parenthèse de rêverie dans la rhapsodie universelle ». Pourtant. un flux continu. à divers degrés d’abstractions – permet de donner un premier éclairage au concept du temps. C’est là à la fois subjectiviser le temps et le renvoyer à Dieu. C’est une distension. c’est la perception. la mort est davantage qu’une simple limitation. Expression de la « plénitude exaltante de l'être » en même temps qu'évocation de l'« irrévocable ». rien ne fera que nous n’ayons pas été. de l’être que sa négation. innocence purificante . Le récit permettrait de conjurer l’impermanence que le temps confère à l’existence. Le temps est moins une dimension. se posait avant tout la question de l’utilité du temps pour les hommes. ce qui sera n’est pas encore. Philosophie moderne Cette section doit être recyclée. c'est-à-dire de l'humaine condition. Les Grecs ont cherché à immortaliser leurs actions par la gloire. selon Vladimir Jankélévitch. hors du temps. le présent de l’avenir. la raconter et en tirer la leçon. La mort est précisément l’oubli. la première intuition du mouvement est celle d’une transition spatiale. la limite spatiale n’abolit pas l’espace qu’elle enferme. avait mis au jour la dualité entre le mouvement fini et le temps infini du parcours. par le dicton qui voulait que nul ne passe pour heureux avant d’être mort : en effet rien ne nous garantit que nous ne finirons pas notre vie de façon ignominieuse. c’est l’attente. dans ses célèbres paradoxes. l’espace semble être un continuum infini. Il n’a pas non plus de commencement. Certains éléments résistent. Si on imagine couper une distance finie en deux. infini. en un temps fini – par exemple. La progression des séries de termes infinis. [une longue lignée de philosophes] ont basé une grande part de leur métaphysique sur la prétendue impossibilité de collections infinies. Poussée à bout. les compter. Pour résoudre le paradoxe du mouvement dans l’espace. mais aucune « durée infinie ». pour dresser un premier état des lieux. cette doctrine s’oppose pourtant à l’expérience quotidienne. conclure avec Russell que « la continuité du mouvement ne peut consister dans l’occupation par un corps de positions consécutives à des dates consécutives. Le temps n’est donc ni infini ni fini. Il ne suffirait pas de conclure que l’infini caractérise le temps de façon essentielle. les énumérer. la division successive en moitiés égales d’une distance peut bien être répétée à l’infini : il est dès lors impossible d’arriver à une quelconque fin dans cette énumération de divisions. Elles sont amplifiées par le langage. il en ressort que plus la distance est petite (et finie). »[11] Le temps n’est pas en soi infini. on peut constater que « de Zénon à Bergson. Le raisonnement de la série compacte est le plus simple qui peut être imaginé et qui corresponde de près à l’expérience. 7) La connaissance du temps gagne en précision par ces remarques tirées de la théorie mathématique de l’espace. donc. » Pourtant. Si on jauge l’idée du temps par nos impressions. plus la durée nécessaire à son parcours sera courte (et toujours finie). repose ici sur la difficulté à imaginer des grandeurs infinitésimales. qui par le mot « temps » désigne tout et son contraire. Il conduit directement à penser qu’il faut considérer en dernier ressort. il nous semble qu’il est parfois fugace. était nombre – entier). Nous percevons toujours un instant antérieur. dans le monde. mais tout aussi bien interminable . un mouvement plus court. mais une infinité de distances finies. ce qui vient d’arriver dans ce qui persiste. Les choses en soi ne sont ni dans le temps ni dans l’espace. en effet. n’est pas satisfaisant. »[10] Tout le problème du temps. et de l’espace. pour qui le temps était une forme a priori de l’intuition (interne). car pour l’homme. puis l’une de ses moitiés en deux. On[Qui ?] peut. On peut citer Bergson : « Comment ne pas voir que l'essence de la durée est de couler et que du stable accolé à du stable ne fera jamais rien qui dure ? » (La pensée et le mouvant. rattachée à la pensée scientifique moderne mais qui ne lui est pas exclusive. il n’y a pas de distances infinitésimales. et non pas un concept. il faut imaginer que le temps est également conceptualisable de façon analogue : il existe une infinité de durées finies dans le parcours d’un mouvement. une vue de l’esprit. supports des moments et des durées. on sait depuis Euclide et sa géométrie que des nombres expriment des grandeurs dites « incommensurables » (les nombres irrationnels. Mais connaître le caractère d’infini du temps. L’instant pur est donc une abstraction. une aire ou un volume comme un groupe infini de points. illustre ce mécanisme de pensée. parce qu’il n’est pas un être mais une forme de notre propre intuition. l’essentiel est que nous ne pouvons pas en atteindre tous les points. En effet. car on n’a pas meilleure connaissance de l’infini… et le concept d’infini n’est pas celui de temps ! En revenant au problème de l’infini dans l’espace. éternité… en une seule et même idée floue. comme l’ont fait les pythagoriciens. il est facile de mélanger temps. Nous[Qui ?] pouvons considérer une ligne. qu’elle la traduise correctement. pour finir : cela ressemble à un cercle vicieux.Temps Imaginer des bonds dans un espace de points séparés par du vide pour définir le mouvement. et se placent sur un autre plan. Il ne s’agit pas d’une lacune : c’est que précisément. irréductibles à une série d’états. et par-là du temps tout entier. Qu’en est-il du temps et de l’idée de 239 . au moins théoriquement. la perception est impensable si on n’admet pas que je perçois le passé dans le présent. Un mouvement plus lent serait un mouvement plus long. formalisant une idée qui fut fatale à la philosophie des pythagoriciens pour laquelle tout. des instants sans durée. distinguait illimitation du temps et infinité : « Il faut que la représentation originaire de temps soit donnée comme illimitée. car cela conduirait par exemple à admettre une vitesse uniforme pour tous les mouvements. Il n’est pas important ici de savoir si cette modélisation correspond exactement à la réalité physique du monde : il suffit pour avancer qu’elle l’illustre fidèlement. les séries mathématiques compactes. Une infinité de grandeur finies. c’est bien déjà connaître le temps tel qu’il nous vient – et chercher une vérité transcendantale au-delà de cette notion d’infini est peut-être bien tout à fait vain. Kant. p. et un mouvement plus rapide. il est évident et en même temps insaisissable. n’a pas fait l’unanimité. comme le notait Saint Augustin : chacun a fait l’expérience de ces contradictions d’apparence. mais c’est nous qui introduisons dans l’expérience cette régression. à la simple mesure. dans la droite ligne de la vision pythagoricienne du monde. Ainsi Bergson défendait-il l’idée d’un mouvement et d’un temps indivisibles. Cette philosophie. mais c’est qu’il n’existe pas en soi. et cela indéfiniment. de sorte qu’il était en quelque sorte pris à son propre piège) . afin d’expliquer le présent. La série n’existe pas en soi. en laissant de côté la question de l’écoulement du temps. Il considère comme Kant que ces deux notions sont subjectives. L’espace-temps n’est pas une notion seulement scientifique. comme l’examen attentif du passé. Selon une des branches de l’antinomie kantienne. qui a bouleversé l’idée métaphysique du temps. elle n’est pas une dimension de l’Être en soi. car la question de l’avenir n’est pas symétrique de celle du passé. de lui redonner une consistance propre. L’infini n’était qu’en puissance. Ainsi. Ainsi. mais qui ne lui est pas exclusive. mais qui se retrouve tout aussi bien en philosophie. Le temps n'ayant aucune existence matérielle. de façon analogue. elle exprime la nature de notre perception. il assimilait l’infinité à une régression illimitée. Cette doctrine métaphysique s’accorde bien avec la théorie de la relativité. Cette somme a un nombre infini de termes. et non son cadre. Ainsi. loin de là. et étudier la possibilité de collections infinies. Elle connaît un début. Le tour de force de Kant sera d’appliquer ce raisonnement au passé lui-même.Temps l’incommensurable ? La mesure du temps peut-elle nous donner les clés de la compréhension du temps. par ailleurs inconnaissable. en supposant le temps infini. comment serions-nous arrivés jusqu’à aujourd’hui ? Un temps infini n’aurait pu en effet s’écouler tout entier. C’est le sujet qui régresse toujours vers un passé antérieur. comme le suggère la tradition philosophique à la suite de Zénon ? On peut répondre par la négative par un argument simple qui découle des suites mathématiques compactes. que ce soit en termes d’espace ou de temps : nombre finis de points dans l’espace. le passé doit avoir un commencement dans le temps. C’est nous qui portons avec nous la forme du temps. L’avenir n’est pas encore. mais cela ne pose aucun problème à Kant. car elle suggère que le temps est une propriété de l’univers. Ces paradoxes mènent à plusieurs « solutions » métaphysiques : on peut rejeter la réalité de l’espace ou du temps (Zénon semble l’avoir fait. car. le temps est dépendant d’autres aspects dont nous avons également conscience. il privilégie la notion de temporalité à celle du temps. et supposait un sujet. reposent sur plusieurs axiomes – principalement la croyance en un nombre fini d’états finis pour caractériser les phénomènes. Dans la même veine. 240 . le futur est borné par l’instant présent. Ses paradoxes. etc. les nombres naturels sont infinis. on peut aussi décider de s’en tenir aux prémisses de Zénon et considérer que le temps est absolu et indivisible. On peut du moins répondre à un aspect du problème de l’infinité du temps. mais il existe des valeurs supérieures à elle. Certes. Son infinité est « en puissance ». et s’étend sur le cours du temps. Russell expose l’erreur de raisonnement qui caractérise selon lui la doctrine kantienne. Le point décisif est qu’une suite infinie peut être bornée. qui touchent aussi au temps. selon l’autre branche de la même antinomie. et en l’assimilant à l’espace. comme chez Bergson. mais seulement en ce sens que le sujet ne parvient jamais au plus grand des entiers. au moins pour le temps et en théorie. qui ne saurait être confondue avec la solution kantienne elle-même. du présent et du futur nous en donne l’indice. tout comme compter les éléments un à un d’une série de termes en nombre infini ne permettra jamais d’en saisir l’idée essentielle. L’avenir est illimité. il n’est toutefois toujours pas connu essentiellement. comme nous l’espérons depuis les temps les plus anciens ? Un retour à Zénon peut donner quelque indice de réflexion. l’unité est supérieure à une infinité de fractions entières qui lui sont toutes inférieures[12]. C’est que compter les durées ne permettra jamais de saisir le temps comme un ensemble. et aucune fin. Cette vision du monde n’est en fait pas fondamentalement opposée à celles qui prévalaient chez Kant ou chez Newton : il s’agit au juste de replacer le temps à son niveau. On peut enfin considérer que les bases mêmes des paradoxes sont fausses. comme on l’a également vu avec les séries compactes. avec les difficultés de retour à l’expérience qu’on sait et qui ont entraîné la chute de la mécanique classique. Si le temps est mieux décrit et compris au terme de ces progressions. Kant ne voulait pas admettre la possibilité d’un infini en acte. et pourtant la voilà bien ancrée dans un cadre discret. Est-il impossible qu’une collection d’états en nombre infini soit complète. et non pas en acte. mais pas infini en acte. et c’est sa relation avec l’espace et la matière qui constitue l’enveloppe « ontologique » de notre Univers. Francis Kaplan reprend cette définition du temps comme la multiplicité d'une unité et l'espace comme l'unité d'une multiplicité. des Anciens grecs jusqu’à Kant.Temps Conceptualisation scientifique Articles détaillés : Le temps en physique et Temps biologique. « rampant en lui » pour rattraper un avenir déjà écrit. du temps « instantané » de la mécanique newtonienne au temps dépendant et paramétré de la théorie de la relativité. par la matière. La thermodynamique. Le temps nous est donc viscéralement acquis mais en partie masqué. et qui est donc étrangère. Lorsque nous donnons au temps l’image d’une droite fléchée. Toutefois. Par les exemples de flèches du temps. L’instant présent n’appelle rien d’autre que lui-même. d’anthropocentrique le temps dérive dans la pensée de certains modernes sur le terrain de l’anthropomorphisme. Sur la droite fléchée du temps. Le temps mathématique et le temps de la physique sont liés par le renoncement à la notion de période en faveur de cycle dans l'espace des phases. Moteur La vision moderne du temps est donc paradoxalement à la fois plus anthropocentrique et plus distante de l’homme que celle qui prévalait jusqu’à Newton. la barre du présent se déplace malgré elle : quel est ce moteur du temps ? Une approche parmi d’autres. Le souci de lui conférer une objectivité propre a amené les scientifiques de toutes époques à considérer son étude avec beaucoup de pragmatisme. indispensable pour exprimer des notions fondamentales comme la vitesse et l'accélération telles que nous les percevons par les sens. L’Homme a définitivement une vision schématique du temps. progrès dans la perception. cloisonnant passé et futur dans deux compartiments psychologiquement hermétiques. par définition. entre passé. on réalise également plus aisément pourquoi notre compréhension intuitive du temps est orientée. c’est son cours que nous représentons. Selon Ilya Prigogine. Pourtant. nous sommes les consciences malmenées d’un déterminisme complet. voire opposée parfois. Cependant. En barrant cette droite d’une perpendiculaire pour marquer l’instant présent. nous représentons le devenir. au moins). c’est une véritable révolution par distanciation qui s’est produite dans le champ scientifique. et peut-être. dans une 241 . Le temps de la science renvoie largement à sa conceptualisation philosophique. cette vision se rapproche de celle d’Eddington. mais aussi par les progrès qu’elle apporte : progrès dans la mesure. il doit y avoir deux sortes de temps : le temps réversible des physiciens et le temps irréversible (flèche du temps) de la thermodynamique (et de la biologie). S’il est vrai que l’essentiel du rapport scientifique au temps réside dans sa représentation — que les scientifiques souhaitent toujours mieux adaptée et plus précise — l’histoire de la « dimension temps » apprend beaucoup sur l’essence du temps. en lui attribuant notre propre mouvement historique. Immuable. Mais si on comprend pourquoi notre conscience nous dicte une telle représentation face à l’expérience. qui vient en contradiction des plus récentes conclusions d’origines scientifiques (du champ de la science Physique. au premier rang desquelles l’espace et la matière – et nous vivons précisément dans l’espace. Mais on ne peut écarter la conception mathématique qui introduit cet "être mathématique" : le temps (t). il est plus crucial de se demander pourquoi le temps se présente à nous sous le jour de la flèche du temps. place l’Homme comme machiniste involontaire de la chronologie[13]. mais le voilà déjà chassé par un autre moment. le présent est fixe. en victime malheureuse du solipsisme. qui introduisit en 1928 le terme de « flèche du temps » – c’est qu’il présenta l’idée sous un jour bien différent de son acception actuelle. mais toujours de notre point de vue : voilà que la science propose un temps existant pour lui-même ! Mais ce temps-là est dépendant d’autres réalités. décider si le temps était dans ou hors de nous. présent et avenir : les raisons en sont maintenant connues. à la fois du fait des questionnements que l’étude rationnelle suscite. De fait. l’homme continue de subir le temps et son ambiguïté. Si on considère que le temps est le cadre ultime de la réalité. met en exergue la notion essentielle de « flèche du temps » telle qu’elle transparaît en physique comme en biologie. Il fallait. Étrangement. là où la science a fait du temps un élément créateur. à toute conception philosophique. alors nous nous faisons en effet une fausse idée de lui. qui le remplace aussitôt. étroitement lié à l'espace (notion nouvelle d'espace-temps). par ailleurs. du passé au futur. pré-existant à toutes choses. le temps de parole à l’Agora était-il mesuré équitablement par l’écoulement d’une quantité bien connue d’eau dans une clepsydre. pourquoi celui que j’étais hier. car marquer deux moments distincts revient à mettre à jour la durée intermédiaire. le problème de sa mesure demeure. c’est l’espace. L’Éternel Retour. n’est-il pas encore moi ? Comment le relais s’est-il fait de l’un à l’autre. de film dont les images successives sont en réalité juxtaposées sur la bobine. comme lorsqu’on[Qui ?] compte. Il est de dimension un : pour exprimer une date. par exemple en physique quantique) à choisir le rôle que le temps va jouer dans un système de lois. mais ce sont surtout ses applications qui sont ici intéressantes. Il serait donc présomptueux de vouloir trancher ici la question de la nature du temps. a apporté la notion de flèche du temps. créer des points de repères. Sur la base de l’« Histoire » informelle du temps. le temps est un objet de mesure très simple. tout en ayant l’illusion que sous le pont Mirabeau tout s’écoule et je demeure ? Mais quel est ce Je mystérieux qui transite ainsi d’un état de moi-même à un autre ? Ou encore. Cela suppose de pouvoir mesurer le temps. Mesure Article détaillé : Histoire de la mesure du temps. ce n’est plus le temps. Premières mesures Une façon triviale de mesurer le temps consiste à simplement compter. au moins en moi. On peut tout aussi bien prendre le contre-pied de cette doctrine. en prétextant que rien n’indique que le temps « pur » doive se penser en termes de présent. un seul nombre suffit. explique Henri Bergson. La façon dont le concept de temps est pensé a une implication très forte sur le résultat d’ensemble : le temps peut-être un paramètre immuable (mécanique classique). Le temps existe bien. Mais quelle que soit la conceptualisation du temps. en utilisant par exemple une quantité finie. Paradoxalement. qui ont bien sûr coexisté : on[Qui ?] peut. chaque conscience peut décider de se ranger à l’une ou l’autre des représentations du monde. sinon dans la durée. ou prolonger la réflexion sur l’ambiguïté toujours renouvelée du concept du temps. ou une grandeur malléable au gré des phénomènes (relativité générale). que le passé et l’avenir ne sont tels que du point de vue de l'homme. si bien que le cœur du problème n’est autre que celui-ci : une durée « de base » pourrait possiblement être définie par une unité de mesure. non de celui de l'absolu. les deux façons de faire se rejoignent. Il peut être donné a priori ou construit. En effet. s’il existe toujours dans le passé spatialisé. un problème essentiel a consisté (et consiste encore. si le temps en soi est une sorte d’éventail déployé. Ce n’est évidemment pas le cas de l’espace tridimensionnel. Deux approches peuvent être distinguées. l’homme a une expérience faible du temps comparée aux concepts qu’il peut imaginer pour le définir : il a simplement l’intuition d’un temps qui s’écoule. ce temps vécu rebelle selon Bergson à la spatialisation ? Pourquoi ne pas admettre alors que le cosmos soit porté par le même mouvement ? Il est vrai qu’en procédant ainsi. Et si je rampe vers l’avenir. toujours plus précise. on attribue au temps une marche en avant qui n’est peut-être qu’un développement cognitif propre à l’humain et à sa finitude. Comme précédemment expliqué. C’est l’histoire de la seconde et de sa définition. En fait. et il n’est pas surprenant qu’il ait de tout temps cherché à utiliser cette propriété de son univers comme repère. l’Âge d’Or sont des illustrations de la croyance en un temps cyclique. je suis quant à moi dans le temps. Ou bien faut-il supposer que je passe d’un état éternel de moi-même à un autre. pour apporter une réponse sur-mesure à un problème. Ainsi. et la cosmologie en premier lieu.Temps certaine confusion conceptuelle entre cours et flèche du temps. donc d’un temps linéaire. mais il n’en fut pas toujours ainsi. donc de la quantifier. marquer des moments . Trivialement. Cette propriété singulière du temps implique cependant une première complexité : le temps doit-il être schématiquement représenté par une droite (temps linéaire) ou un cercle (temps cyclique) ? La physique. La capacité à séquencer le cours du temps par des intervalles réguliers est certainement la marque d’une propriété plus profonde. il n’est pas qu’une illusion. on[Qui ?] peut aussi décider de créer des durées limitées. 242 . 6633 = ( 9 192 631 770/299 792 458) périodes spatiales pour faire un mètre. Le coefficient 9 192 631 770 de la définition ci-dessus vise à donner à la seconde sa valeur historique.3 millions de tonnes/s . pour une excitation (transition) donnée. Depuis 1967. Ces besoins divers expliquent les options des chronomètres modernes. En fait. il y a 9 192 631 770 périodes de ce « pendule » atomique ou horloge atomique dont la fréquence d’horloge est proche des 10 gigahertz. Cette émission pourrait. selon les connaissances actuelles de la mécanique quantique. et ne sont donc pas un bon support pour définir une unité de temps. l’orbite de la Terre autour du Soleil se modifie avec le temps. Ceci signifie qu’en une seconde. Par exemple. Et selon les connaissances actuelles de la relativité générale. Une réorganisation et une clarification du contenu sont nécessaires. donner une unité de longueur puisqu’il faut 30. n’ont pas une durée constante. ce qui permet d’obtenir très simplement la seconde.). Les temps définissant les durées nécessaires à réaliser une tâche dans une usine sont généralement mesurés en centième d’heure (ch) ou décimilliheure (dmh). Avant la décision de la Conférence générale des poids et mesures de 1967 de définir l’unité de temps en fonction d’un phénomène atomique. Ces petits quartz en coupe XY sont appelés « quartz horlogers ». La réalisation de la première horloge atomique en 1947 a permis d’adopter par la suite la définition de la seconde connue. la seconde est définie à partir d’un phénomène physique qui est à la base du concept d'horloge atomique: le temps nécessaire à un rayon lumineux bien accordé pour effectuer 9 192 631 770 oscillations. Discutez des points à améliorer en page de discussion. d’un point de vue scientifique. Ainsi pour mesurer 1 seconde il suffit de savoir produire cette émission et d’en mesurer la fréquence. et qui est plus rigoureuse. qui est subdivisé en heures. Ceci souligne le fait qu’en l’état actuel des connaissances. en particulier à cause des effets de marée de la Lune. cette mesure sera toujours la même pour un observateur immobile par rapport aux atomes en question. la rotation de la Terre sur elle-même ralentit (très lentement). ou la révolution de la Terre autour du Soleil. Mais en fait. la vitesse de la lumière dans le vide est constante et indépendante du référentiel.Temps Mesure moderne Cette section doit être recyclée. par sa longueur d’onde (3. minutes et secondes. De même. les rayons lumineux absorbables par un type d’atome ont toujours la même fréquence. que la définition historique basée sur des phénomènes astronomiques. (montres. La plupart des horloges modernes.261226 cm). auquel se rajoute son « vent solaire » d’environ 1 million de tonnes/s. etc. La seconde est issue historiquement du jour (période de révolution de la terre sur elle-même). La fréquence employée est quasi exclusivement 32 768 Hz (215). ordinateurs. et constitue de fait l’étalon « naturel » dont sont dérivés l’étalon-temps et l’étalon-longueur. car le Soleil a tendance à perdre de la masse de par son rayonnement de surface (égalisé par les réactions nucléaires qui ont lieu en son centre) à la raison de 4. Ce rayon lumineux bien accordé servant à définir la seconde est celui dont la fréquence provoque une excitation bien déterminée d’un atome de césium-133 (transition entre les deux niveaux hyperfins de l’état de base de cet atome). la science moderne a montré que les phénomènes astronomiques tels que la durée de rotation de la Terre sur elle-même. 243 . utilisent des cristaux de quartz ayant une fréquence d’oscillation stable pour définir leur base de temps. le temps a longtemps été défini en fonction de phénomènes d’origine astronomique. les traitements prépondérants sont les temps de calcul. Ils sont généralement effectués périodiquement. ordinateur sous Unix). à l’époque de la mécanographie en particulier. capacité des lignes télécoms) ont radicalement changé la donne. En informatique industrielle et en informatique dite embarquée. Les traitements effectués sur le web sont le plus souvent exécutés en système temps réel et à distance. Le caractère discriminant du choix entre le temps réel et le batch n’est plus le même. Le traitement batch reste nécessaire pour les traitements volumineux ou nécessitant des contrôles impossibles à effectuer en temps réel. aux référentiels comptables et aux législations de plus en plus nombreuses. Les temps de calcul (CPU) sont le plus souvent limités. En informatique scientifique. les capacités techniques dictaient le choix du mode de traitement. Il est souvent question aussi de traitements synchrones ou asynchrones. à la fois pour les traitements d’accès aux données (entrées/sorties. ou réponse instantanée. les traitements informatiques nécessitent du temps. les traitements d’interfaçage. En informatique de gestion. Les terminaux dits passifs. et pour le traitement des calculs et mises en forme des données (temps CPU. Pendant longtemps. ou Ri en initiales). le temps de traitement temps réel dépend du temps de traitement sur le micro-ordinateur. les contrôles complexes. ou quelquefois hebdomadaires. du temps de cheminement des informations sur le réseau (local/LAN ou grande distance/WAN). le calcul de la paye. ou immédiatement après la saisie. L’apparition des micro-ordinateurs a permis d’exécuter certains traitements sur le poste de travail de l’utilisateur. on avait coutume de distinguer les traitements par lots ((en)batch. Rd en initiales) et les traitements transactionnels (ou transactional processing. L’apparition des ordinateurs modernes multi-tâches a d’abord autorisé le traitement simultané de plusieurs tâches différentes sur le même ordinateur. Le choix entre temps réel et batch est le plus souvent imposé par le concepteur du progiciel de gestion intégré. et peuvent être gérées non plus par des contrôles effectués a 244 . les sauvegardes. La notation Ri/Rd (réponse instantanée/différée) issue des méthodologies de conception (MERISE) n’a plus autant d’intérêt. Aujourd’hui[Quand ?]. Dans le client/serveur. exclusivement employés jusque dans les années 1990. les traitements sont essentiellement exécutés en système temps réel. Les traitements par lots les plus courants sont les traitements longs et difficilement divisibles comme les tâches comptables. En informatique de gestion. les traitements prépondérants sont les traitements d’accès. Avant l’apparition de l’informatique moderne. Les temps de cheminement sur le réseau sont dépendants de la capacité de la ligne. donc en théorie de limiter la part du temps d’accès dû aux communications à distance. selon que le traitement était réalisé un certain temps après la saisie des données. ou réponse différée. annuelles. afin que ces informations soient conformes aux référentiels métiers. puis le résultat du traitement. en utilisant les cartes perforées. mensuelles. puis le traitement en temps réel avec saisie sur un clavier couplé à un moniteur permettant d’afficher les données saisies. Ces contraintes s’expriment d’une façon plus complexe encore. autrement dit les entrées/sorties.Temps Médias Informatique Le temps est un paramètre essentiel en informatique. avant l’apparition des micro-ordinateurs. la distinction traditionnelle entre le temps réel et le batch tend à évoluer : les possibilités techniques (mémoire. Les accès sont limités à la recherche des paramètres des calculs. Les périodes de traitement peuvent être journalières. Les temps de traitement sont largement dépendants de la puissance de calcul et surtout de la mémoire disponible dans l’ordinateur. capacités de stockage. les techniques disponibles ne permettaient d’exécuter les traitements qu’en batch. Central Processing Unit). ainsi que les sauvegardes. nécessitaient d’effectuer les traitements en temps réel sur un ordinateur distant (ordinateur central. En effet. input/output ou I/O). sauf pour les traitements de fin de mois qui portent souvent sur des volumes importants (comptabilité). ou TP en initiales. et du temps de traitement sur l’ordinateur central. Les contraintes de mise en cohérence des informations saisies subsistent. Les ressources informatiques nécessaires sont une combinaison de ces deux types de traitement. et par la gestion de données et de documents en communautés (forums. l’acte pur ou l’inspiration. Cette interopérabilité est assurée. temps non quantifiable. avec l’esprit de quelque divinité. La colère s’évanouit en se répandant. Création artistique La création artistique peut être assimilée à la synthèse de la fabrication et de l’action au sens d’Aristote. dans le vocabulaire de Wilhelm von Humboldt. C’est parce que nous contemplons un tableau qu’il est davantage que des pigments étalés sur une toile. comme des objets qui passent et déjà lointains . Cette tension entre Apollon et Dionysos se retrouve dans la rivalité du classicisme et du romantisme. la logique de traitement en temps réel avec des partenaires nécessite de plus en plus d’assurer l’interopérabilité entre des logiciels de domaines variés. c’est à la fois la considérer comme une réalité distincte de l’artiste. on ne saurait la confondre avec une chose. dans les langages de balisage. Apprécier une œuvre d’art. un des rares arts à s’inscrire dans une évolution temporelle et à créer un temps. comme Arvo Pärt. toute vie est transition : tout est pris dans un cycle perpétuel de création et de destruction. ou encore du formalisme et de l’expressionnisme. mais par la constitution de référentiels ou de normes. Musique Le temps est le paramètre principal de la musique. espaces de travail partagés…). elle nous permet de contempler la condition humaine de loin. Certaines cultures ne voient dans la création que l’aspect dynamique. à la manière d’une prière. dans un mouvement de recul par rapport au temps. remarque Jean-Paul Sartre. par l’intermédiaire de données spéciales (métadonnées par exemple cf Resource Description Framework). d’une vision du monde. André Malraux définissait la culture tout entière comme l’ensemble des formes qui résistent à la mort.Temps posteriori dans chaque application. En dehors de cet instant sacré. puisque l’émotion procurée se mesure à l’aune de ce temps subjectif de l’écoute active. 245 . L’œuvre confère la permanence de la chose à la fugacité de l’inspiration et du geste de l’artiste. groupwares. parmi lesquelles on trouve la date. et qui fait l’objet de plusieurs recherches en psychologie. Pierre Boulez. et tous les malheurs. Alain écrit à propos de la musique qu’elle n’est ni gaie ni triste. Benedetto Croce soulignait cependant qu’il n’y a art à proprement parler que si la création se continue dans la contemplation. ce n’est pas coïncider avec les affects de l’artiste. des sentiments. ont recherché des formes d’écriture. et ne se soucient absolument pas de pérenniser le dessin ou la peinture. cet état où l’on contemple ses propres malheurs. Elle nous libère de l’urgence de l’instant. par l’intermédiaire d’un objet. Avec l'internet. Elle aura surtout servi à relier l’âme de l’artiste à la divinité. L’art objective les sentiments ainsi que les idées. « On appelle quelquefois mélancolie.temps faible). ce qui ne signifie pas qu’il soit un jeu frivole et froid. C’était aussi la raison d’être de la tragédie : contempler les malheurs de l’homme du point de vue du destin. En Inde. Contempler. La différenciation entre temps subjectif et temps objectif y joue un rôle primordial. c’est-à-dire. Il est vrai qu’il s’agit surtout de communier. l’œuvre n’est plus qu’un réceptacle déserté. par exemple. des concepts métamorphosés dans la forme ou le rythme. la musique figure merveilleusement ce souvenir et cet oubli ensemble. et y retrouver la puissance vivante de l’imagination. Dans le solfège. pour inscrire le temps vécu dans une dimension contrôlée. L’art ne saurait faire exception. ou de plus loin. les élans du cœur. Il les met au passé en quelque sorte. Mais l’artiste la donne à voir. le temps est une subdivision de la mesure et suggère la dynamique à apporter à l’interprétation (temps fort . À vrai dire. Dans un clin d’œil à Bichat. de l’énergie créatrice (energeia en grec) et du produit (ergon). possédant l’ambiguïté des choses. des procédés musicaux pour suspendre ce temps subjectif. » Ainsi. la contemplation esthétique ne consiste pas seulement à apprécier une forme soustraite au temps. Plusieurs compositeurs contemporains. donne à voir les passions. José Manuel Lopez Lopez et bien d’autres. faute d’un meilleur mot. L’art n’est pas de l’ordre du sentiment immédiat. si l’œuvre d’art survit en effet à l’artiste. c’est-à-dire une réalité qui demeure indépendamment de l’imagination humaine. Français. Flammarion. [10] Bertrand Russell in La méthode scientifique en philosophie. Le Temps et sa Flèche. (ISBN 2-228-89529-6). Éd. 1. puis à ce temps formalisé qui permet les activités interactives. • Martin Heidegger. §4). Gallimard. 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Francon de Cologne exprime brillamment cette idée : le Tempus est la mesure de la musique émise et de la musique omise. ie. de sorte qu’il n’y a jamais deux divisions entières successives comme peuvent l’être deux nombres entiers. Paris. Jean-Pierre Luminet. (ISBN 2-07-032612-8). Gallimard. • Henri Bergson. Pages 401-450 (http:/ / www. Jean-Marc Lévy-Leblond. Broché. . • Ilya Prigogine et Isabelle Stengers. Sein und Zeit • Michel Paty. 14. Cognitive Science. Éd. 1994. Paris. Zamora. php?title=Discussion:Temps& action=edit& section=new& preload=Mod%C3%A8le:Initialiser_P%C3%A0V [3] Alain in Éléments de philosophie [4] À propos du sentiment intime et universel du temps : Alain. 3. Vol. html). [11] Emmanuel Kant. Éléments de philosophie. 1979. in Éléments de philosophie. wikipedia. PUF. 1989. • Stephen Hawking. Français (traduit de l’anglais). Contra el tiempo. Confessions. collection Folio/essais. Roger Balian. 1993. Gallimard. « Les Essais ». (ISBN 2-213-01118-4) • Mircea Eliade. 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Variations sur le Temps : d’une langue à l’autre. quelle temporalité ?. et non point concept • Ferdinand de Saussure. Articles connexes Astronomie • Astronomie fondamentale Conceptualisation scientifique • • • • • • • • Le temps en physique Temps newtonien Relativité Temps tridimensionnel Chronobiologie Espace Ligne d’univers Voyage dans le temps Le temps en informatique • Traitement par lots • Temps réel Mesure du temps • • • • Histoire de la mesure du temps Temps universel coordonné (UTC). Di Renzo Editore. 2003 • Etienne Klein. traduit du roumain par Jean Gouillard et Jacques Soucasse. 113 pages. 1988. • Helmut Breidenstein. Temps universel (TU).net • Etienne Klein. http:// mozart-tempi. Fayard. CRINI. nouvelle édition revue et augmentée. Bernard Gilson Éditeur 2006 • Michel Lefeuvre. sur les concepts de synchronie et diachronie • Philosophie de l’espace et du temps Général • Chronologie • Ordre de grandeur du temps . L’Harmattan. (ISBN 2-86939-190-0).fr/belaia-e/0/fiche___annuaireksup/&RH=). 2006 • Carlo Rovelli. Entre le temps et l’éternité. Éd. 2007. tv/index. du beau et du bien (1836). . pdf). Il peut désigner un domaine de connaissances. « Transcendantal » est un terme technique de la philosophie. les catégories de l'entendement et le sujet (transcendantal) sont les conditions de possibilité de tout savoir scientifique : elles sont ce qui est fondement de son existence (Critique de la raison pure).philopsis. car sans elle la moralité ne restera qu'une chimère (Critique de la raison pratique).canalu. voir Transcendantal (homonymie). Histoire du concept de transcendantal Les transcendantaux dans la philosophie scolastique Article détaillé : transcendantaux. est célèbre : Du vrai. le Bien. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.Temps 248 • Le temps décimal • Le Musée du Temps de Besançon Science-fiction • Voyage dans le temps • Liste d'œuvres impliquant le voyage dans le temps Liens externes • La Mesure du temps. François-Xavier Chenet • • • • Portail de la physique Portail du temps Portail des fêtes et des traditions Portail de la philosophie Transcendantal Pour les articles homonymes. ou le mode d'accès à ce domaine. Les transcendantaux : l'Être et l'Un. qu'il attribue à Platon. Appliqué à la connaissance ("connaissance transcendantale"). Cet article est une ébauche concernant la philosophie. les connaissances transcendantales... Les formes de la sensibilité. La liberté est la condition de possibilité de la morale. Henri Poincaré dans La Valeur de la Science • Vidéo-conférence (http://www. Ce terme désigne deux choses chez Kant : • « transcendantal » désigne tout ce qui est condition de possibilité. Transcendantal chez Kant « Transcendantal » est un terme fondamental pour la philosophie moderne et dont le succès vient de l’importance que lui donna d’abord Kant et ensuite Edmund Husserl. ce terme désigne donc les conditions de connaissance a priori des objets.php/canalu/producteurs/universite_de_tous_les_savoirs/ dossier_programmes/les_conferences_de_l_annee_2000/les_grandes_questions_de_la_cosmologie/ le_temps_et_sa_fleche/) sur le thème Le temps et sa flèche. La trilogie de Victor Cousin.fr/IMG/pdf_kant_7_assise_ontologie_critique_chenet. mais aussi le Vrai. intervention d’Étienne Klein • L'assise de l'ontologie critique (http://www. Il n'est pas à confondre avec le terme « transcendant ». . à simuler tous les systèmes du même type. 43 • Portail de la philosophie Universel Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. ouvrant ainsi tout un nouveau champ de recherche. HTML et déclinations HTML) car pouvant être utilisés sur de nombreuses plate forme(ordinateurs. nouveaux téléphones hybrides. le terme s'applique à un système de calcul pour signifier sa capacité à effectuer tous les calculs Turing ou. En Informatique. GIF. un format de fichier est dit universel s'il est facilement consultable sur un nombre très important d'appareils électroniques communicants. III. en tant que cela est possible a priori' »[1] La grande nouveauté de la philosophie kantienne est justement qu’elle s’interroge de façon systématique aux conditions de possibilité. Les expositions universelles ont pour but de comparer les évolutions industrielles des nations. La Critique de la raison pure ou la Critique de la raison pratique. de formats de fichier universels sont :(PDF. terme utilisé dans diverses branches des mathématiques. En Informatique théorique. JPEG.Transcendantal • « transcendantal » est de plus un adjectif désignant toute étude des conditions de possibilité. selon les cas. qui signifie universel. elles sont la vitrine technologique et industrielle des participants Propriété universelle..). • • • • • • • • • Universel (métaphysique) ou les universaux Universalisme : propriété de l'universalité dans les concepts ou les applications. et jetant un jour nouveau sur des problèmes essentiels et anciens (théorie de la connaissance ou éthique). Le mot catholicisme dérive du Grec ancien καθολικος. assistants personnels numériques / PDA. Ne pas confondre avec Méditation transcendantale Notes et références [1] Critique de la raison pure. 249 . Des exemples. §VII. __DISAMBIG__ Universel se dit de ce qui peut s'appliquer à toutes et tous. « J'appelle transcendantale toute connaissance qui ne porte point en général sur les objets mais sur notre manière de les connaître. qui peut être reconnu par le monde entier comme utilisable. Proposition universelle Linguistique universelle Universel est le cinquième album du groupe de rap français 113. introduction. sorti en 2010. et elle est a priori car elle ne dépend pas de l'expérience. La diversité des interprétations du mot a engendré par le passé et jusqu'à maintenant bien des controverses. Différents sens La Vérité. Améliorez sa qualité à l'aide des conseils sur les sources ! Cette section n’est pas rédigée dans un style encyclopédique. qui est l'adéquation entre ce qui est et le jugement que l'on énonce dans une proposition : cette adéquation est validée par l'expérience. « vrai ») est généralement définie comme la conformité ou la fidélité d'une idée ou d'un jugement avec son objet. Il désigne également une forte connotation juridique. idées. criticisme. Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (janvier 2011).. On[Qui ?] distingue aujourd'hui[Quand ?] ces deux termes. . car elle peut être qualifiée de vérité objective. constructivisme. et réside dans l'affirmation ou la négation de ce qui est. autrement dit comme la conformité de ce que l'on dit ou pense avec ce qui est réel[2]. [1] Améliorez sa rédaction (?) La vérité (mot dérivé du latin veritas. et de la connaissance seulement. ou encore projective etc. « vérité ». (Modifier l'article [1] ) Cet article ou cette section est évasif ou trop peu précis. Cette vérité est indépendante du contenu des propositions (voyez l'article logique) et dépend de son accord avec les lois de l'entendement. Ce caractère. abstraction personnifiée. qui est la validité des conclusions d'un système hypothético-déductif. Sens et définitions Distinction Le mot « vérité » a longtemps eu le même sens que le mot de « réalité ». procédant suivant des règles de déduction à partir de postulats et d'axiomes admis. relativisme. merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ». Les réflexions de penseurs et de philosophes au cours des siècles constituent autant d'écoles différentes. suivant la théorie de la connaissance que l'on soutient (réalisme. Les deux termes sont équivalents par exemple au Moyen Âge. 1.). aux représentations. Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici. subjective.Vérité 250 Vérité Pour les articles homonymes. dérivé de verus. 2. toile de Jules Joseph Lefebvre. relative. La vérité matérielle. voir La Vérité. La vérité formelle. appartient aux perceptions. etc. Dans ce cas. Mais la nature de ce type de vérité est variable. entendue d'un point de vue judiciaire au sens de « ce qui est vrai ». dont l'erreur est l'opposé. à savoir ce dont on peut rapporter la preuve. et on entend par « vérité » un caractère de la connaissance. la vérité est une vérité de correspondance. ou au jugement. avec un état de choses réel. ou en correspondance. remontant d'une hypothèse à ses conditions. 251 . perdu avec Platon et Aristote et l'idée de Vérité a subi depuis son origine plusieurs transformations pour aboutir en dernier à la vérité-certitude que procure l'illusion de la calculabilité universelle qui est celle de maintenant[3]. la vérité ne consiste donc pas dans l'accord de nos jugements avec une réalité extérieure à notre esprit. donc. 4. Le problème est de savoir ce que l'on va tenir pour réel : • criticisme : on objectera que la réalité métaphysique et absolue n'est point accessible à la connaissance. Ce genre de vérité est souvent appelé vérité cohérente. en ce sens qu'elle ne correspond à rien de réel ni de possible (par exemple. • idéalisme : les différents objets et phénomènes se ramènent à nos représentations et à celle des autres sujets conscients. ou qui affirme par exemple celle de l'homme ou du cheval. il n'existe pas une troisième « chose » qui serait la vérité. mais simplement les différents êtres et phénomènes qui sont. d'autre part des jugements qui sont en accord avec celle-ci. les idées d'homme ou de cheval). il y a d'une part la réalité. Problèmes ontologiques On peut dire que la vérité est l'affirmation de ce qui existe ou la négation de ce qui n'existe pas . des idées de chimères. et rien de plus. mais bien plutôt dans l'accord de la pensée avec elle-même. Mais c'est dans le jugement exprimant une connaissance seul que semblent résider l'erreur et la vérité proprement dites. Ces vérités sont nécessaires et ne nous apprennent rien sur le monde. qui est la vérité d'une proposition qui s'accorde à un ensemble de croyances qui lui préexistent. la vérité n'est pas une donnée toute faite. l'accord de nos jugements avec la réalité. elle est le fruit de l'effort et de la recherche. À quoi l'on peut répondre que la plupart de nos jugements ne concernent en rien la réalité métaphysique et absolue. Dans ce cas. la vérité est « l'accord de nos jugements de perception ou de connaissance avec la réalité. elle se fait. La vérité métaphysique qui. Les vérités tirées de l'expérience sont quant à elle des vérités synthétiques. Par suite. a été. finalement. pour nous. de centaures.). pour lui. autrement dit de perception. La vérité d'une croyance ou d'une opinion. Une telle théorie de la vérité repose sur l'idée que celle-ci doit être en adéquation. » Une idée peut être appelée fausse. ou vraie en ce sens qu'elle correspond à des choses réelles (par exemple. qui n'est pas encore un concept de relation mais l'expression du surgissement hors du retrait. suppose l'existence d'un référent ontologique existant en soi.Vérité Ce dernier point permet d'introduire une distinction : les vérités purement formelles et a priori sont appelées des vérités analytiques. car nous lions des termes qui supposent pour des êtres dont l'existence est contingente. que l'on trouve par exemple chez Aristote[4]. de l'étant en soi. Dans cette conception classique. Il n'y a erreur que pour celui qui affirme l'existence de la chimère et du centaure. Selon William James. L'origine de l'idée de Vérité Martin Heidegger dans des analyses célèbres remontant jusqu'aux premiers pré-socratiques a exhumé le sens originaire du concept de Vérité comme Alètheia. La vérité est le caractère que prennent certains jugements. on distingue vérité absolue et vérité relative. par conséquent avec ses propres perceptions et avec les perceptions des autres esprits. objets d'expérience. la vérité est une « qualité ». de dieux. etc. 3. Ce premier sens . Accord de jugement Selon l'une des plus anciennes conceptions de la vérité. de même il n'y a vérité que pour celui qui nie leur existence. D’autre part. De là les deux possibilités de la logique classique : une proposition est vraie ou fausse[5]. symbole de prédicat ou signe fonctionnel.pour tous les individus de la structure. au début d’une théorie il y a nécessairement des termes premiers. on emploie nécessairement d’autres expressions. Frege interpréta tout connecteur comme une fonction. Une « réalisation » d'un langage du premier ordre. a donné naissance aux célèbres théorèmes d’incomplétude de Gödel. qui. Traitement des fonctions de vérité Article détaillé : Calcul des propositions. associe un élément sémantique . 252 . En d'autres termes. Un autre problème a été soulevé depuis les Grecs : certaines propositions ne peuvent sans paradoxe se voir attribuer une valeur de vérité . Une formule est dite « valide » dans une structure si elle est satisfaite donne donc lieu à un énoncé vrai . mais beaucoup de chats de couleurs diverses. Quand on tente d’expliquer le sens d’une expression.Vérité Sciences Sciences déductives Valeurs Articles détaillés : Table de vérité. Logique classique. Une proposition exprime une pensée .individu. Sémantique et syntaxe Articles détaillés : Complétude. s'attachèrent à dégager des structures . il faut une méthode pour construire les énoncés. elle a une structure interne. relation ou fonction . mais comme le non-blanc s'oppose au blanc. convenablement formalisé. Schröder et Frege. ainsi dans un cadre purement déductif il est impossible que tous les mots d’une théorie puissent recevoir une définition . Cependant. Théorème de complétude de Gödel et Théorème d'incomplétude de Gödel. et des règles de déduction. Ce serait oublier que le faux s'oppose au vrai.à chaque élément syntaxique . la plus connue est sans doute le paradoxe du menteur : « Cette phrase est fausse » (où l'expression « cette phrase » désigne l'affirmation elle-même) . inventant en 1879 le terme « fonction de vérité » pour signifier qu'en logique propositionelle la valeur de vérité d'un énoncé composé ne dépend que des valeurs des énoncés simples à partir desquels il est formé. il avait en vue une algébrisation du langage dans ce contexte sans cependant se préoccuper outre mesure des fondements . Boole fut le premier à écrire la logique en symboles maniables . des variantes plus sophistiquées et connues de ce paradoxe. Calculabilité. cette dichotomie vrai-faux pourrait être contestée d'un autre point de vue : que se passe -t-il si la réponse à la question posée n'est pas connue ? On a vu plus haut quelle était la position de Bertrand Russell : la vérité des choses est indépendante de nos moyens de les atteindre . cela constitue la syntaxe. les connexions sont utilisées au sens matériel . Logique minimale. Logique linéaire et Logique floue.respectivement symbole d'individu. mais en même temps elle forme un tout : dès qu'elle exprime la pensée elle l'unifie. ou encore structure pour ce langage. elle contient des mots qui renvoient à des concepts. Logique intuitionniste. À l'époque moderne. une fois les termes premiers choisis. Décidabilité. non comme le noir s'oppose au blanc. et non du contenu. On[Qui ?] pourrait objecter que le schéma binaire vrai-faux n'est pas pertinent du fait qu'il n'y a pas que des chats blancs et des chats noirs. parmi d'autres. car Frege avait ressuscité le conditionnel philonien dont il avait découvert l'efficacité. Boole. tel n'est pas l'avis des intuitionnistes tels Roger Apéry qui refuse en particulier d'appliquer le principe du tiers-exclu aux objets mathématiques infinis. en ce sens qu'elle appelle de la part du récepteur une option qui prend la forme d'une acceptation ou d'un refus. On peut d’ailleurs observer que c’est là une affaire de choix : il serait erroné de croire que certaines expressions ne peuvent en aucune manière se définir[6]. son schéma est du type : Si P et non-Q et non-R et non-S et T. les valeurs de vérité ne sont pas des objets abstraits mais des manières de parler des propositions vraies et des propositions fausses . alors on aura eu raison de dire que s'ils drainent l'étang et rouvrent la route ou s'ils draguent le port ils assureront aux montagnards un marché et à eux-mêmes un commerce actif. Cette primauté de la sémantique provient de la philosophie nominaliste de Quine : les schémas sont des mannequins . dépendent de la théorie concernée. La question de savoir si tout énoncé sémantiquement vrai est syntaxiquement démontrable.« dummies » . Quine qualifie de tels schémas de « valides » . » Malgré les apparences. la même expression étant substituée à toutes les occurrences d'une même lettre. Une théorie est un ensemble de formules. Les énoncés sont des instances particulières de ces schémas. c'est en effet une lapalissade. Une formule est « universellement valide » si elle est valide dans toute réalisation du langage sur lequel elle est construite.qui n'appartiennent pas à un langage-objet . route ni ne draguent le port ni n'assurent aux montagnards un marché. ainsi que la possibilité ou non d'effectuer un test automatique de vérité ou de fausseté. et par contre s'assurent à eux-mêmes un commerce actif. alors [(P et Q) ou R] seulement si (S et T). implémenté différemment de la théorie classique. comme l'on s'en assurera sans peine[7]. 253 . Quine et nominalisme Quine introduit des schémas ou modèles d'énoncés qui jouent en sémantique un rôle analogue à celui que d'autres auteurs font jouer aux « formules » de la syntaxe. par exemple : « S'ils drainent l'étang mais ni ne rouvrent la La Vérité (1901).Vérité Un « modèle » d'un ensemble de formules est une structure qui rend valide chaque formule de l'ensemble (voir théorie des modèles). Ainsi il peut arriver qu'un énoncé soit vrai en raison de sa structure logique seulement. il nomme « implication » un conditionnel valide. si elle a un modèle elle est dite « compatible ». ces dernières sont les énoncés déclaratifs eux-mêmes plutôt que des entités invisibles cachées derrière eux[8]. donc chez lui « implication » et « conditionnel » ne sont pas synonymes . œuvre de Merson. mais on retrouve bien le même concept de validité. ils en résultent par substitution. une telle extrapolation induit des risques d'erreur : peu importe le nombre de cygnes blancs que l'on a observés. les sciences empiriques se caractérisent par le fait qu'elles utilisent ou devraient utiliser des méthodes inductives. Karl Popper conteste cette approche[10]. Selon un point de vue répandu. s'ils en diffèrent. Vérification. on peut s'attacher à la réfuter.: elle ne peut jamais prétendre avoir atteint la vérité ni même l'un de ses substituts. Il s'appuie pour cela sur les travaux de Tarski concernant la validité et les modèles. Popper oppose ce qu'il appelle une méthode déductive de contrôle[12]. non plus qu'un système progressant régulièrement vers un état final. Il en donne une traduction dans le domaine des sciences de la nature : « On peut dire qu'un énoncé est naturellement ou physiquement nécessaire si et seulement si on peut le déduire d'une fonction propositionnelle satisfaite dans tous les mondes qui ne diffèrent de notre monde. aussi Reichenbach adoucit-il cette prétention en avançant que les énoncés scientifiques ne peuvent atteindre que des degrés continus de probabilité dont les limites supérieure et inférieure. La théorie est corroborée si elle réussit les tests de réfutation[11].Vérité 254 Sciences naturelles Point de vue pragmatique Les applications utiles que l'on peut tirer des théories scientifiques en sont une vérification partielle et indirecte. la Raison et la Philosophie lui arrachent son voile (peint par Charles-Nicolas Cochin et gravé par Benoît-Louis Prévost en 1772 À défaut de pouvoir prouver une théorie. Notre science n'est pas une connaissance . en fait. qu'eu égard à des conditions initiales. il alla jusqu'à douter qu'elle constitue une connaissance : « La science n'est pas un système d'énoncés certains ou bien établis. en particulier le concept de « fonction propositionnelle universellement valide » qui aboutit à l'existence d'énoncés vrais dans tous les mondes possibles. telle la probabilité. hors d'atteinte. À la « logique inductive » et ses degrés de probabilité. Et cependant il ne doutait pas que cette Vérité existât quelque part. Une théorie n'est pas « vraie » dans ce sens seulement qu'elle est matériellement utile : c'est plutôt qu'on ne pourrait en tirer aucune application utile si elle ne contenait pas une part de vérité. Cependant. Fragment du frontispice de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : on y voit la Vérité rayonnante de lumière . » . à droite.épistêmê . rien ne pourra nous permettre d'affirmer que tout cygne est nécessairement blanc . il ne croyait pas que notre science puisse l'atteindre. » Par là Popper s'oppose directement aux « pragmatistes » qui définissent la vérité scientifique en termes de « succès » d'une théorie[13]. sont la vérité et la fausseté[9]. partant de propositions singulières pour aboutir à des propositions universelles. Popper croyait à la vérité absolue comprise comme une catégorie logique . ni même qu'elle puisse accéder à une probabilité du vrai . réfutation et corroboration Articles détaillés : Méthode scientifique et Vérité scientifique. prise à la lettre.  nécessaire] (Maurice Sartre) La recherche de la vérité historique pose différentes questions relatives à la méthodologie historique : • sur la recherche et la critique des matériaux : • prise en compte interdisciplinaire (étendue du champ d'investigation). Marc Bloch fut à l'origine de l'école des Annales. et s'intéressant à d'autres matériaux que les seuls documents écrits : l'archéologie.Quod Est Veritas ?. l'étendant aux faits économiques. • méthode d'interprétation de ces matériaux pour l'écriture de l'histoire. On pourrait s'attendre à ce qu'il suffise d'une seule preuve pour rendre fausse une théorie . toile de Nikolaï Gay. L'activité scientifique normale. la numismatique. Ainsi l'acte de jugement qui conduit les scientifiques à rejeter une théorie antérieurement acceptée est toujours fondé sur quelque chose de plus qu'une comparaison de cette théorie avec le monde. • critique des matériaux et sources (fiabilité. à partir des seules traces inertes qu'ils nous ont laissées de leur passage sur la terre ? Cette idée reprend les préoccupations de Humboldt. en diversifiant les sources de l'historien. Toujours selon Gérard Noiriel. Il fut un précurseur. alors commencent les investigations extraordinaires qui les conduisent à un nouvel ensemble de convictions: c'est ce que Kuhn nomme une révolution scientifique. • recherche des matériaux et sources. Marc Bloch a fourni deux grandes pistes de réflexion : • la correspondance entre la réalité et sa représentation . l'observation du comportement de la communauté scientifique montre que face à une anomalie les savants préféreront toujours élaborer de nouvelles versions et des remaniements ad hoc de leur théorie. selon Gérard Noiriel[15]. dit Kuhn. Aussi a-t-elle tendance à occulter toute nouveauté propre à ébranler ses convictions de base. ce qui l'amène à souligner que l'historien doit « rendre des comptes » à ses lecteurs. Ainsi le développement historique de la science est-il fait d'alternances entre ce que Kuhn appelle des « périodes de science normale » où le savoir est cumulatif à l'intérieur d'un système conceptuel donné ou paradigme. l'art. L'historien Marc Bloch avait une conception de l'histoire qui. • le jugement « humain » : comment comprendre des hommes ayant vécu dans un passé lointain. pour Kuhn cependant. Quand les spécialistes ne peuvent ignorer plus longtemps de telles anomalies. . • l'« éthique professionnelle » . Les paradigmes sont extrêmement résistants.Vérité 255 Thomas Kuhn et les paradigmes Article détaillé : La structure des révolutions scientifiques. et de « périodes révolutionnaires » qui voient s'opérer les changements de paradigme. mise en correspondance). Il faut souligner que Marc Bloch rejetait le positivisme de l'école méthodique (Charles-Victor Langlois et Charles Seignobos). Le Christ et Pilate . est fondée sur la présomption que la communauté scientifique sait comment est constitué le monde[14]. On ne dit jamais qu'un paradigme est faux avant de l'avoir remplacé par un autre. reposait sur deux idées centrales : • le refus constant de confondre le métier d'historien et celui de « procureur » . Dans l'histoire « La vérité en histoire. dont on conviendra aisément qu’elle relève de l’utopie »[réf. Éditions Gallimard.U. p. Recherche de la vérité par les lumières naturelles Spinoza. ch. O. fr.stanford. Laure Meyer). X. La logique de la découverte scientifique. Stanford Encuclopedia of Philosophy (http://plato. p. V.Note liminaire à Elementary logic de Quine. html). édition française Armand Colin [9] Hans Reichenbach Erkenntnis I. F. wikipedia. « Bibliothèque de philosophie ».Vérité 256 Notes et références [1] http:/ / fr. Introduction à la logique. 22 [15] voir Le statut de l'histoire dans Apologie pour l'histoire (http:/ / www. Éthique J. trad. [8] Jean Largeault. com/ dictionary/ truth). De l'essence de la vérité Questions I et II Tel Gallimard 1990 Frege. Méthodes de logique. Pabion. Περί Eρμηνείας [De l'Interprétation] Heidegger. php?title=V%C3%A9rit%C3%A9& action=edit [2] Merriam-Webster's Online Dictionary. 26 [13] . fr/ veritasstatut. [((P et Q) ou R) seulement si (S et T)] est vrai. An Inquiry into Meaning and Truth (1940) Moritz Schlick.p. Christian Bonnet. p. 1962. 115 [7] Si l'on n'a ni Q ni R. Payot. ch. (ISBN 978-2-07-077185-1) Descartes. 551 p. traducteur .7-8 [6] Alfred Tarski. [3] Hans-Georg Gadamer Les Chemins de Heidegger Textes Philosophiques VRIN 2002 page 178-179 [4] Voir Histoire de la notion de vérité. Paris.edu/entries/truth) . Truth. Quine (trad. [5] Jean Chauvineau La logique moderne P.F 1980 pp. 23 [11] . p. coll. Théorie générale de la connaissance. 1930 . Gauthier-Villars Paris et Nauwelarts Louvain. p. Armand Colin. 281 [14] (Trad. marcbloch. I. 186 [10] . I. I. M. Hermann. Logique mathématique. 1976 Karl Popper. org/ w/ index. 2005. p. Annexes Articles connexes Matières directement connexes Environnement • • • • • • • • • • • • • • • • • Histoire de la notion de vérité Déduction Alètheia Langage Logique Négation (linguistique) Raison Réalité Science Sincérité Vérité scientifique Constructivisme Épistémologie essence Philosophie Réalisme Scepticisme Notions antinomiques • • • • Erreur Fiction Illusion Mensonge Bibliographie • • • • • Aristote. 1972 • Michaël Glanzberg. truth (http:/ / m-w. 1989 (ISBN 978-2-228-90201-4) • • • • • W. ch. 29 [12] . Gérard Noiriel. Begriffsschrift [L'Idéographie] Russell.ch. 2009. Clavelin). [(P et Q) ou R] est faux. fr/docs/00/05/33/02/PDF/ijn_00000152_00. Is truth a norm? Chapitre de livre. les valeurs et les sciences (http://www. 13-20 • History of Truth: The Latin "Veritas" (http://www.ccsd. "Vrai".ontology.pdf) • Engel Pascal.fr/docs/00/05/35/18/PDF/ijn_00000444_00. La vérité.persee.cnrs. Paris. do?urn=arss_0335-5322_2002_num_141_1_2814) Actes de la recherche en sciences sociales Année 2002 Volume 141 Numéro 141-142 p. Dans Laws and models in science ESF (http:// jeannicod. 1998 • Engel Pascal (2003) Truth and the aim of belief. Réflexions sur quelques truismes.Vérité 257 Liens externes • Engel Pascal. Chapitre de livre. cnrs. Dans Interpreting Davidson 3. Hatier.htm) • • • Portail de la philosophie Portail de la logique Portail des sciences . 37-51 (http://jeannicod.pdf) • Hacking.ccsd.fr/showPage.co/veritas. Foudebassans. Laurent Nguyen. Enherdhrin. Pseudomoi. JackPotte. Jérome Bru. Fafnir. Jef-Infojef. Gertjan R. Bombastus. Macassar. Pautard. Medbouya88. Pmlineditor. SniperMaské. Voxhominis. Titlutin. IzBen. Veilleur. Jerome Charles Potts. Cestlaluttefinale. Tibo. Caton.org/w/index. Oxyde. Kertraon. ZeMeilleur. Jim Gabaret. Théétète. Stamm. Galoric. Theon. Hercule.dutant. LSG. Flupke. Kndiaye. Leag. Frakir. Phe. Rhizome. StrangeBubble. Copyleft. Wiolshit. Stanlekub. Schmorgluck. Cchene. Litlok. Bayo. Julien.org/w/index. Sebleouf. Parmentier. Cerhab. Inisheer. Orthogaffe. Ben D. Léon66. Bob08. Gzen92. Marc Mongenet. Marcoscramer. Chrisd. Jarfe. Minicookies.org/w/index. Ibarra. Miniwark. 30 modifications anonymes 258 . Medium69. Guy Caplat. Medium69. IAlex.php?oldid=96962183  Contributeurs: Ahbon?. Francois Trazzi. Litlok. Ektoplastor. Alceste. Eolie. Bombastus. Nono64. DocteurCosmos. Alexander Doria. Jblndl. Ji-Elle. Wikitavanti. Chrono1084. Bertol. Ardus Petus. Foudebassans.org/w/index. Amoceann. Sylvain Theulle. Hyalin. Zoubijan. Beatnick.org/w/index. Christophe Dioux. Markadet. Moez. Methexis.org/w/index. Caton. Med. Treanna. Marc Girod. Strange Fruit. Litlok. P1gu1n. Ardus Petus.org/w/index. Barraki. Jef-Infojef. Jusjih. Alno. Tieum. Lylvic. Ontoraul. Rhizome. Archibald.hunter. Pautard. Ertezoute. Walpole. Wikialine. Vargenau. Vlaam. Titlutin. PepMint. Marc. Asabengurtza.org/w/index. Smeet666. Markadet. HYUK3. Yelkrokoyade. Yves. JKHST65RE23. Chaoborus.dutant. Gomboc. Gordjazz. Jef-Infojef. Denis Dordoigne. Manproc. Greudin. ChtiTux. Olivierd.wikipedia. 2A01:E35:242C:1C70:18EE:2824:8178:2148. Zubro. Le pro du 94 :). Amaryllis. Stéphane33. Akeron. Felie. Badmood.php?oldid=92427530  Contributeurs: Ahbon?. Penjo. Ollamh. Béotien lambda. Prosopee. Paul Mesnager. 92 modifications anonymes Doute  Source: http://fr. Roby. Guillom. Caton. IAlex. Circular. Rege. Hercule. Brunodesacacias. NicoV. Michel88. GLec. Marc Mongenet. Julianedm. Pmal. Marc Mongenet. EDUCA33E. Utilisateur1010. Hashar. Orthogaffe. Carnap. Fafnir. Hercule. Philia. Gloumouth1. Patho. Trex.org/w/index. Nicostella. Bob08. Xmlizer. Windreaver. Jérome Bru. Weensie. Digging. Jean-Jacques Georges. Sardur. Sam Hocevar. Litlok. Isaac Sanolnacov. Octave. Olivier Hammam. RJ. Greudin.wikipedia. Cylian. Brunodesacacias. HYUK3. Markadet. Ahbon?. Pld. Gonioul. Ahbon?. Sebleouf. TigH. Takima. AkoZ. Juytter. Zelda. Frydman Charles. Renouard. Graphophile. Rumeur. Holycharly. Caton. Crob. Lefour julien.arboit. Pld.php?oldid=95620815  Contributeurs: 16@r. Greudin. Cantons-de-l'Est. Lylvic. Alain anselme. Ken2k. Factory. 107 modifications anonymes Dialectique  Source: http://fr. Sebrider. Gvf. Ikarizdat. Arnaudus. Phe. Bicounet.. Daniel*D. Erasmus. Shetas. Apokrif. Professeur7. Denispir.php?oldid=96242878  Contributeurs: 2A02:8421:14E3:4200:7963:1717:3230:7F00. Knifewaldo. Jblndl. Badmood. Jeangagnon. 27 modifications anonymes Empirisme  Source: http://fr. Shakti. ArséniureDeGallium. Marsyas. Jlassi55. Escaladix. Epsilon0. ZZZ. Ordre Nativel. Olivier. Erasmus. Solveig. Hercule. Jihaim. Midoguy. Libellule Bleue. Elvire. Theon. GôTô. HYUK3. JKHST65RE23. 21 modifications anonymes Concept  Source: http://fr. 57 modifications anonymes Épistémologie  Source: http://fr. Wiz. Woozz. Orikrin1998. Le sotré. Parmenion. Wikig. Speculos. Apollon. Bentz. Moez. André Braichet. Waki063.wikipedia. Apokrif. GL. Alphos. Courouve. Tempérance. Sebleouf. Rhadamante. GL. Fred. Rémih. Ange Gabriel. Nguyenld. Bleuazur. Takima. Specforces. Arthur Laisis. Mbcmf217. Giordano Bruno. Jean-Baptiste. Pld. Aristarché. Epsilon0. Science of intelligence. Vincent Ramos. Nemo75. Buddho. Sebleouf. Jérome Bru. Soufflereve. Michel Louis Lévy. Jérome Bru. Esprit Fugace. HYUK3. Ollamh. NicoV. Rrrrrraalainr. Shiajustrox. Casterol. Badmood. VonTasha. Quentin Kaas. Babouba. Galoric. Hell95. Patho. Faré. Rune Obash. Labrede. Gwalarn. Cherry. Musicaline. Analogisub. Yuzuru. Environnement2100. Jorj McKie. Homo sovieticus. Tibouc. Uzumaki. Julisube. Red*star. GLec. Dionys. Wikilogue. Herr Satz. Vargenau.wikipedia. Jean-Rémy Homand. O. Neptune. Orel'jan.php?oldid=96199679  Contributeurs: Ahbon?. Lanredec. Youlien7. Windreaver. Kwa1975. Flying jacket. Fafnir. LD.wikipedia. Bourrichon. 44 modifications anonymes Croyance  Source: http://fr. Idéalités. Ehmicky. Yohan Castel. Céréales Killer. Charles Dyon. Vazkor. Pancrat. Esprit Fugace. Jean Zin. Markadet. Calame. Luk. Gonioul. 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François-Dominique. Cdang. Cantons-de-l'Est. Vlaam. Markadet. Proclos. Mica. Leodekri. Nono64. Barbie Tue Rik. Nodulation. Romain Thouvenin. David Berardan. Akeron. Julien Jorge.php?oldid=96116078  Contributeurs: 16@r. Celuiquimontrelechemin. Pigfat. M. Looxix. FFFFFF6. Poleta33. Le Grizzly. Buddho. Venom. Pseudomoi. Pixeltoo. R. Sebmeyral. Yuzuru. Juste en passant. Padawane. Sixsous. Efilguht. Nataraja. Parmatus. Camy. Cynddl. Isaac Sanolnacov.r. Libellule Bleue. Bisigi. A2. HYUK3. GLec. EDUCA33E. Thomasdelaveaux. Rhizome. Tognopop. Rémih. BTH. P. Sebleouf. Sam Hocevar. El Jj. Lmaltier. Emmanuel legrand. BRU Jérome. Ubu. Poulpy.geslot. Long John Silver. Hemmer. Réminator. Jojothepro. Markadet. Jamin. Cerhab. Lomita. Manu1400.php?oldid=96895496  Contributeurs: Agamitsudo. Jackske85. Toto Azéro. LeYaYa. Chrisd. Birdie. Xmlizer. Paskalo. Pautard. Shawn. LeonardoRob0t. Yoplait. Cerbère. VincentCaraty. Sherbrooke. Yendred. Lucas thierry. LockSher. Anne97432. Jean-no. Esprit Fugace. Jarfe. 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Xenophon Fichier:Encyclopedie frontispice section 256px. TX55.jpg  Licence: Attribution  Contributeurs: Ken-Ichi Nakagawa Fichier:Hexagramme cognitiviste 2. Rocket000. Grm wnr.org/w/index. Roomba.jpg  Source: http://fr.jpg  Source: http://fr. CyberSkull. Wst.0  Contributeurs: Antoine Taveneaux Fichier:Military laser experiment. Thuresson.php?title=Fichier:Wilhelm_Windelband..php?title=Fichier:Merson_Truth. Luestling. Sebastian Wallroth Fichier:Lab bench.org/w/index.php?title=Fichier:Galileo. W!B:.php?title=Fichier:CopernicSystem.org/w/index.org/w/index.arp. Wackymacs Fichier:Fullerene Nanogears .jpg  Source: http://fr. Lotje.wikipedia.org/w/index.png  Licence: Public Domain  Contributeurs: HB. MichaelPhilip.php?title=Fichier:CDF_Top_Event. Hystrix._plate_1-143.png  Licence: Public Domain  Contributeurs: Staff of Science and Invention Fichier:Einstein oppenheimer.php?title=Fichier:Dates.org/w/index. 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Rocket000 Fichier:Truth. 4 modifications anonymes Image:Merson Truth.png  Licence: Creative Commons Attribution-ShareAlike 3. Xenophon. G.php?title=Fichier:MicroChipAtomicTrap00.php?title=Fichier:Fermilab.wikipedia.wikipedia. Kigsz. Fadookie.org/w/index.php?title=Fichier:Truth.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Daderot Fichier:NeXTstation. Kramer Associates.gif  Licence: Public Domain  Contributeurs: Choom. Semnoz.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: David. Pauk.jpg  Source: http://fr.php?title=Fichier:Ernst-Mach-1900. Herbythyme.php?title=Fichier:French_microscope_circa_1745-65. Email : [email protected]/w/index.png  Source: http://fr.php?title=Fichier:Sir_Isaac_Newton_(1643-1727).jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Charles Scolik jr. Ragesoss.jpg  Source: http://fr. Gary King. Mattes.wikipedia. Väsk.org/w/index.jpg  Licence: GNU Free Documentation License  Contributeurs: Fvasconcellos.jpg  Licence: Creative Commons Attribution-ShareAlike 3.wikipedia. 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