Seuil et choix constitutionnels

June 9, 2018 | Author: Guy Azebové Tetang | Category: Documents


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Jacqueline Bergeron & Marc Cheymol

Pourquoi, comment franchissons-nous les seuils ?   La question des seuils interpelle nombre de disciplines. Elle est posée à la fois par les sciences exactes et par les sciences humaines, au centre des notions qu’elles définissent, et même dans les rapports qu’elles entretiennent. Parce qu’ils nous confrontent à chaque instant à une expérience de la limite et de l’identité, les seuils nous renvoient, dans le domaine culturel, à une pratique collective et à une forme de « revenir chez soi ». Reconnaître les seuils, les respecter ou les franchir, aller plus avant dans l’intime de cet « entre-deux » ou encore s’y tenir, contribue à l’élargissement d’un commun insoupçonné. Si la notion de seuil semble porter en elle l’idée de clôture, c’est tout l’inverse quand on l’aborde sous la multitude des angles qui peuvent la définir. Cet ouvrage montre qu’il y a une infinité de manières d’aborder les seuils et qu’on n’en a jamais fini de les traverser. Que ce soit dans la vie quotidienne ou dans la pratique religieuse, dans la réflexion philosophique, historique ou géographique, linguistique ou pédagogique, sociologique ou anthropologique, juridique ou scientifique, la pensée du seuil nous oblige à revoir nos représentations premières, qui s’enrichissent de nouvelles découvertes aux moments de son passage. Jacqueline Bergeron est docteure en sciences de l’éducation, présidente du réseau Erasmus Expertise, expert international dans le domaine de la gouvernance des systèmes d’éducation et de formation au sein de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Marc Cheymol, docteur d’État en littérature comparée, est secrétaire général d’Erasmus Expertise et codirecteur de la collection « Planète libre » (CNRS éditions).

ISBN : 9782813002358 Prix public : 40 euros

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Illustration de couverture : Vilhelm Hammershøi, Intérieur avec chevalet, 1910, Statens Museum for Kunst, Copenhague

Sous la direction de

Sous la direction de Jacqueline Bergeron & Marc Cheymol

Approches plurielles, rencontres, témoignages

D’un seuil à l’autre

D’un seuil à l’autre

D’un seuil à l’autre Approches plurielles, rencontres, témoignages Jacqueline Bergeron & Marc Cheymol

Sous la direction de

D’un seuil à l’autre

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D’un seuil à l’autre Approches plurielles, rencontres, témoignages

Sous la direction de

Jacqueline Bergeron et Marc Cheymol

éditions des archives contemporaines

Copyright © 2017 Éditions des archives contemporaines Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit (électronique, mécanique, photocopie, enregistrement, quelque système de stockage et de récupération d’information) des pages publiées dans le présent ouvrage faite sans autorisation écrite de l’éditeur, est interdite. Éditions des archives contemporaines 41, rue Barrault 75013 Paris (France) www.archivescontemporaines.com

ISBN 9782813002358

9 782813 002358

Avertissement : Les textes publiés dans ce volume n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Pour faciliter la lecture, la mise en pages a été harmonisée, mais la spécificité de chacun, dans le système des titres, le choix de transcriptions et des abréviations, l’emploi de majuscules, la présentation des références bibliographiques, etc. a été le plus souvent conservée.

Seuil et choix constitutionnels

Guy Azebové Tetang et Pierre Noreau À l’époque où les États africains obtiennent leur indépendance, l’établissement d’un ordre constitutionnel national a souvent exigé l’importation de normes, sinon de modèles constitutionnels, inspirées de leur ancienne métropole. On réalise alors la part des référents culturels relayés par cette normativité juridique importée. Les versions successives de ces constitutions ont toujours profité d’une forme de transitivité des normes. L’expérience juridique et politique particulière des États africains démontre cependant la difficulté qui accompagne ces emprunts. Ils ont souvent conduit à des greffes improbables d’un ordre juridique vers l’autre. Des acteurs s’y rencontrent au seuil du droit, inspirés par des principes et des normes constitutionnelles reconnues au plan international (et qui font office de standards internationaux), par les contraintes du contexte politique et des rapports de force du moment, et par les cadres juridiques et les institutions politiques déjà établies au sein de l’État qui les re¸coit. Le droit constitutionnel devient dès lors le lieu d’une négociation culturelle complexe, à la jonction des orientations inspirées par les États « du Nord » et réinterprété par ceux qu’on dit « du Sud ». Seuil d’une discussion continue, le débat constitutionnel est un lieu d’altérité.

1

Les « moments constitutionnels » en Afrique subsaharienne

La vie du droit est ponctuée par plusieurs moments. Tous aussi importants les uns que les autres, ces moments sont des espaces de temps ; des contenants de pensées qui contribuent à modeler le sens de la normativité juridique. Le droit constitutionnel n’échappe guère à ces moments qui recouvrent très souvent des instants de dialogue ou de confrontation entre cultures juridiques, tensions qui s’expriment tant sur le plan social et politique, que sur le plan institutionnel. La suprématie des normes constitutionnelles dans l’ordonnancement juridique, l’importance des matières qu’elle régit, notamment en regard des droits fondamentaux qu’on suppose protégés par les textes constitutionnels, justifient ainsi l’attention et l’intérêt portés aux différents moments qui déterminent sa conception, sa formalisation, son interprétation, son application et sa ré-formation. S’agissant du droit d’un

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État spécifique, ces moments constitutionnels sont donc, de fait, parmi les plus rares, les plus éminents et les plus délicats du cycle de la production normative de cet État. L’avant-dire droit constitutionnel en constitue le moment inaugural. Il s’agit du moment pré- constituant. Celui-ci précède l’acte constitutionnel proprement dit, c’est-àdire intervient en prélude de la prise de décision constitutionnelle. C’est un moment chargé de tension. Le contexte s’y prête. Car « l’idée » ou « la raison » de la constitution apparaˆıt à travers un faisceau de phénomènes qui concourent à privilégier telle proposition de règles 1 , qu’on finit par consacrer en tant que norme juridique constitutionnalisée. Cette fameuse raison de droit, pour reprendre l’expression d’AndréJean Arnaud, traduit ainsi les valeurs (idéologiques, philosophiques, politiques, culturelles, économiques, etc.) privilégiées par une société. Or, plusieurs de ces référents préexistent à leur consécration en tant que norme constitutionnelle. En Afrique, au sein des nouveaux États créés dans la foulée de la décolonisation, l’adoption de nouvelles constitutions nationales s’est ainsi réalisée sous l’influence de normes et de standards établis ailleurs. Lorsque la réception d’une constitution étrangère est réalisée, comme ce fut le cas de la constitution fran¸caise en Afrique subsaharienne, cet intervalle pré-constituant constitue une période de contact entre deux cultures juridiques différentes, celle de l’État établissant les termes de sa propre constitution et celle de l’ordre juridique dont il s’inspire du droit constitutionnel. La « raison » du système donneur et celle du système receveur se rencontre au seuil de la conception de l’imaginaire de la constitution de l’État receveur. Il en résulte tantôt une forme de concurrence, parfois une forme de concordance entre la raison juridique de l’État donneur et celle de l’État receveur. Entre les deux s’interpose le cas échéant un seuil dont la configuration est protéiforme. Philippe Jestaz rappelle qu’« à défaut d’un déterminisme absolu, une corrélation globale très nette existe entre le contexte social et le droit en vigueur, celui-ci étant pour une large part un produit de celui-là » 2 . Aussi pertinente soit-elle, cette observation ne peut présenter ses lettres de créance avec une autorité incontestable en Afrique subsaharienne, où la transplantation des énoncés constitutionnels de l’ancienne métropole fran¸caise n’a pas souvent correspondu au contexte local. Le constitutionalisme dit de « la première vague » c’est-à-dire consécutive à l’indépendance, fut formellement libéral à travers les énoncés constitutionnels consacrés, mais contextuellement autoritaire lorsqu’on le met à l’épreuve du vécu constitutionnel des nouveaux États africains. Il en résultait ce que André-Jean Arnaud appelait « une déviance juridique », manifestée par « un constitutionalisme rédhibitoire » 3 sans effectivité, sinon désincarné. Il s’agissait davantage de « textes de circonstances » 4 qui n’apparaissaient pas aux yeux des élites comme l’expression authentique d’une pensée politique africaine mˆ urie 1. André-jean Arnaud, Critique de la raison juridique, Tome 1. Où va la sociologie du droit ?, Paris, LGDJ, 1981, p. 324. 2. Philippe Jestaz, « “Doctrine” vs sociologie. Le refus des juristes », Droit et société, 1/2016 (n° 92), p. 16. 3. Joseph Owona, « L’essor du constitutionalisme rédhibitoire en Afrique noire : étude de quelques constitutions Janus », in L’État moderne, horizon 2000. Aspects interne et externes, mélanges offerts à P.-F. Gonidec, Paris, LGDJ, 1985, p. 235-243. 4. Gérard Conac, « Les constitutions des États d’Afrique et leur effectivité », dans Gérard Conac (dir.), Dynamiques et finalités des droits africains, Paris, Economica, 1980, p. 385.

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au cours d’une expérience historique 5 . On pourrait parler d’une forme de constitutionnalisme sous influence, sinon de la délocalisation du « con¸cu constitutionnel » inspirée par la métropole, suite à laquelle résulterait une forme de déviance du « vécu constitutionnel » en Afrique subsaharienne. En tout état de cause, le moment pré-constituant forme le creuset des « forces imaginantes » ou des sources d’inspiration de la décision – sinon de la normativité – constitutionnelle qui « n’est qu’un maillon intermédiaire, même s’il est, souvent le premier à être apparent, dans la chaˆıne de causalité conduisant à la création ou à la transformation de la norme (constitutionnelle) » 6 . Le dire-droit constitutionnel ou le moment constitutionnel proprement dit est celui de la prise de la décision constitutionnelle précédé, le cas échéant, par une délibération préalable. En théorie constitutionnelle, cette décision peut être unilatéralement édictée ou mutuellement consentie. Ce consentement s’exprime alors soit indirectement par l’intermédiaire des représentants du peuple ou directement par voie référendaire. La première démarche (unilatérale) est dite autoritaire et la seconde démocratique. Les actes constitutionnels originels (au plan matériel) qui ont inauguré la vie politique et institutionnelle des nouveaux États autonomes d’Afrique subsaharienne, à l’orée de l’indépendance, se présentaient sous la forme « décrétale » 7 . Ces actes administratifs unilatéraux dissimulaient mal leurs sens réels. Ils pouvaient du moins « être présenté(s) comme des constitutions puisqu’ils jetaient les bases de véritables structures étatiques » 8 . Plus qu’une constitution au sens matériel, il s’agissait de véritables lois – lato sensu – fondamentales qui chapeautaient l’ordonnancement juridique de ces nouveaux États. En conséquence, la dénomination – décrétale – était pour cette raison trompeuse, car tous les actes juridiques édictés par les différents organes institués par ces décrets devaient se soumettre à leur autorité, y compris les lois votées par les assemblées législatives et les décrets – stricto sensu – énoncés par les organes exécutifs de ces États. En clair, ces décrets marquaient l’avènement de la première vague du constitutionnalisme moderne en Afrique subsaharienne d’expression fran¸caise 9 . Cependant, l’autonomie constitutionnelle semblait être, à bien des égards, une illusion. Autrement dit, le libre choix du système politique consacré était largement dicté par la métropole. S’il faut reconnaˆıtre avec le décret du 16 avril 1957 portant statut du Cameroun, « qu’un dialogue ait pu s’établir entre le gouvernement de la république (fran¸caise) et les représentants des populations autochtones » 10 , il semble incontestable, que le statut juridique de territoire sous tutelle du Cameroun l’empêchait ex lege de discuter sur un pied d’égalité avec la République fran¸caise, puissance tutrice 11 . 5. Ibid., p. 386. 6. André-Jean Arnaud, Critique de la raison juridique, Tome 1. Où va la sociologie du droit ?, LGDJ, Paris, 1981. 7. Au Cameroun, il s’agit du décret no 57-509 du 16 avril 1957, portant statut de l’État sous tutelle du Cameroun du 16 avril 1957. 8. Gérard Conac, « L’évolution constitutionnelle des États francophones d’Afrique noire et de la république démocratique malgache », dans Gérard Conac (dir.), Les institutions constitutionnelles des États d’Afrique francophone et de la république malgache, Paris, Economica, 1979, p. 11. 9. La présente étude considère que la première vague du constitutionalisme en Afrique remonte cette à cette période et non avec les indépendances intervenues plus tard. 10. Paul Marie Gaudemet, « L’autonomie camerounaise », Revue fran¸ caise de science politique, 8e année, n° 1, 1958. p. 42-72. 11. Id.

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De plus, même si l’avis de l’Assemblée territoriale du Cameroun était requis dans ce processus du « dire droit constitutionnel », en vertu de l’article 9 de la loi cadre du 23 juin 1956, sa force obligatoire était nulle car il ne s’agissait que d’un avis obligatoire 12 et non conforme 13 . Force est cependant de constater la prise en compte de plusieurs propositions formulées par ladite Assemblée, en l’occurrence la dénomination de l’entité : Cameroun 14 . Néanmoins, aussi effective qu’elle eut été, cette participation à la délibération constituante n’était qu’un « moment » du dire droit constitutionnel et la prise de la décision constitutionnelle qui lui succéda relevait – conformément à la loi cadre de 1956 (loi d’habilitation du décret de 1957) – de la compétence du gouvernement de la République fran¸caise. Cette assemblée s’est d’ailleurs vu refuser l’initiative d’un contre-projet « constitutionnel ». En clair, elle fut consultée pour donner son avis sur le projet décrétale du gouvernement et non pour initier ou élaborer ledit décret. Somme toute, elle ne formait pas une véritable assemblée constituante. Dès leur accession à la souveraineté internationale, les États d’Afrique subsaharienne d’expression fran¸caise vont se doter de nouvelles constitutions très proches de leur devancière et donc semblables à celles de l’ancienne métropole. Si la forme demeurait écrite, la nature juridique de l’acte constitutionnel, ainsi que la procédure du dire droit constitutionnel devaient s’arrimer à l’acquisition de la souveraineté internationale. La nature juridique décrétale de la norme fondamentale (i.e. de la norme constitutionnelle), privilégiée initialement par la métropole, sera substituée par une nature proprement constitutionnelle au sens formel ; à travers une procédure constituante nationalisée, par le biais de la relocalisation du pouvoir constituant au sein des nouveaux États souverains de l’Afrique subsaharienne. Le moment post-constituant qui suit « l’après dire droit constitutionnel », correspond d’une part au moment de l’interprétation ou la réinterprétation des énoncés constitutionnels et, d’autre part, à celui de l’application des normes constitutionnelles. Ces deux étapes sont consubstantielles car l’application de la norme est indissociable de l’activité d’interprétation, qui lui est non seulement préalable, mais aussi et surtout indispensable. En effet, l’on ne saurait appliquer un énoncé sans lui conférer une signification (objective), qui procède nécessairement de l’interprétation « authentique », d’où résulte la norme juridique. « Il en résulte que l’activité d’interprétation n’a pas seulement lieu lorsque le texte est obscur, mais à l’occasion de toute application [. . . ] pour soutenir qu’un texte est clair, il faut en connaˆıtre la signification ; autrement dit, il faut l’avoir interprété » 15 . Ainsi, le moment post-constituant est le moment privilégié de la norme constitutionnelle, tant pour sa création ou récréation que pour son application. Cette étape ultime de la vie constitutionnelle marque l’ère du vécu constitutionnel. Les acteurs de la vie politique et institutionnelle se réapproprient alors les énoncés constitutionnels au moyen de leur réinterprétation continue qui leur confère un espace de liberté, elle-même créatrice de norme constitutionnelle. Sur le plan constitutionnel, c’est ici que la tension, le dialogue, sinon la confrontation interculturelle apparaissent avec le plus acuité. 12. Un avis obligatoire est un avis que l’auteur de l’acte est obligé de solliciter mais n’est tenu de suivre. 13. Un avis conforme est un avis qui astreint l’auteur de l’acte à une double obligation : l’obligation de consulter avant la prise de décision et l’obligation de suivre le sens indiqué par l’autorité consultée. 14. Au lieu de territoire sous tutelle, elle proposa État sous tutelle. 15. Michel Troper, La philosophie du droit, Paris, PUF, 2008, p. 101.

Guy Azebové Tetang et Pierre Noreau

2

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Les acteurs du processus constituant

En Afrique subsaharienne le processus constitutionnel offre l’image d’une interaction perpétuelle entre plusieurs acteurs. L’assistance, sinon la pression, internationale, a presque toujours été ressentie par les États et peut-être même a-t-elle toujours pesé sur la conception du « con¸cu constitutionnel ». La concurrence entre les acteurs internationaux et les acteurs locaux s’est prolongée après les indépendances. Il serait sans doute exagéré d’affirmer que, si le discours constitutionnel officiel était formellement énoncé par les autorités nationales, il était de fa¸con très concrète préparé et dicté par les acteurs internationaux. La conférence nationale souveraine organisée au Bénin illustre bien « l’endogénisation » du processus constituant à travers le large débat constitutionnel initié entre les acteurs nationaux. Cependant, les acteurs institutionnels internationaux et les « pèlerins constitutionnels » ont joué un rôle majeur dans la diffusion des standards constitutionnels dits « universels ». Les premiers, en contrepartie de l’aide au développement consentie au bénéfice des États Africains en crise (économique), ont imposé aux États des réformes institutionnelles et inspiré des réformes constitutionnelles conforment au principe de l’État de droit et de la démocratie représentative, qui constituent les principes fondateurs du constitutionalisme occidental. Cette assistance constitutionnelle sera aussi – et de manière informelle – effectuée par l’action des constitutionnalistes étrangers formés dans les « écuries » que constituent les facultés de droit occidentales. Aussi décisif que leur rôle puisse paraˆıtre, l’intervention de ces acteurs est cependant dorénavant limitée au « con¸cu constitutionnel ». De nouveaux acteurs, en l’occurrence les pouvoirs publics constitutionnels, intervenant dans l’interprétation et l’application de la constitution, participent à la formation du « vécu constitutionnel ». Il s’agit des institutions exer¸cant les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

3

La culture constitutionnelle

« Existe-t-il plusieurs cultures en matière constitutionnelle 16 ? » A priori, ce questionnement de Didier Mauss peut sembler saugrenu dans un univers ethnocentrique, postulant l’universalisme des références, sinon l’universalité du modèle constitutionnel occidental. Pourtant, à la vérité, il propose fort opportunément une réflexion sur les modèles constitutionnels alternatifs au modèle occidental dominant. De plus, l’essor du nouveau constitutionnalisme africain oscillant entre la dynamique du dedans (cultures constitutionnelles nationales, liées aux caractéristiques identitaires des sociétés) et celle du dehors (le respect des standards constitutionnels internationaux ou d’une certaine culture constitutionnel « universelle ») 17 , autorise ce questionnement. Cependant, la notion de culture constitutionnelle peine encore à être définie. « Introduite trop récemment (dans la littérature constitutionnelle), elle n’est pas encore

16. Didier Maus, « Culture et cultures : un défi pour les constitutions ? », dans Ali Sedjari (dir.), Culture et cultures, un défi pour les droits de l’homme, Paris, L’Harmattan, 2011, p. 113. 17. Jean Du Bois de Gaudusson, « Les nouvelles constitutions africaines et le mimétisme », dans Dominique Darbon, Jean Du Bois de Gaudusson (dir.), La création du droit en Afrique, Paris, Éditions Karthala, 1997, p. 313. Cette expression est empruntée par l’auteur à Georges Balandier.

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complètement absorbée par les chercheurs en droit constitutionnel » 18 . Dès lors, une clarification conceptuelle préalable s’impose. Deux acceptions peuvent ainsi coexister : une conception moniste, d’une part, et une conception pluraliste de l’autre. La conception moniste est attribuée à la doctrine de la « globalisation du droit constitutionnel ». Celle-ci, estime que le modèle constitutionnel occidental s’impose comme « patrimoine commun » universel. Cette approche universaliste procède de la pensée de Francis Fukuyama qui, reprenant à son compte la thèse de Hegel sur la fin de l’histoire, considère dans son ouvrage majeur La fin de l’histoire et le dernier homme, que « le monde aurait désormais le meilleur système possible avec [. . . ] la démocratie libérale et que tous les pays n’auraient plus qu’à appliquer ces modèles achevés » 19 . Dans cette perspective, la « culture constitutionnelle » se réduirait aux paradigmes constitutionnels conforment à l’héritage occidental. Cette vision moniste est implicitement – mais certainement – attachée à une conception ethnocentrique du constitutionalisme. Sous forme de contrepoids, « Le culturalisme va donc critiquer l’universalisme au nom du réalisme et le respect des différences. Il lui reprochera de n’être qu’un culturalisme déguisé, impérialiste » 20 . Une approche génétique de la création du droit nous incline à souscrire à cette objection. En effet, le droit, surtout le « droit vécu », est profondément marqué par son milieu d’expression. Comme le soulignait Montesquieu, les lois « doivent être tellement propres au peuple pour lequel elles sont faites, que c’est un grand hasard si celles d’une nation peuvent convenir à une autre » 21 . L’approche génétique suppose donc la prise en compte de l’ensemble des données historiques, morales, économiques, sociales, politiques, des sociétés où ces lois sont établies et ont vocation à s’appliquer. Cette prise en compte justifie et explique les orientations du droit en vigueur dans une société donnée. Il résulte de cette nécessité l’existence de plusieurs « cultures juridiques », entendues comme l’ensemble des valeurs, traditions inhérentes à chaque société politique (étatique ou non étatique), qui sous-tend leur système juridique. La notion de culture constitutionnelle, entendue dans cette acception pluraliste, telle qu’elle est proposée ici, serait fortement attachée aux particularismes des « cryptotypes » 22 liés aux constitutions des diverses sociétés où elles ont été définies. En clair, la culture constitutionnelle désigne le ressort cognitif axial et axiologique qui irrigue tout le système constitutionnel en lui conférant sa cohérence propre.

18. Marie-Claire Ponthoreau, « Cultures constitutionnelles et comparaison en droit constitutionnel. Contribution à une science du droit constitutionnel », Démocratie et liberté : tension, dialogue, confrontation, mélanges en l’honneur de Slobodan Milacic, Bruxelles, Bruylant, 2007, p. 219. 19. Voir Flammarion, 1992, et « The end of history », The National Interest, 16, été 1985, 4, 18. Cité par Bernard Cubertafond, La création du droit, Paris, Ellipses, 1999, p. 38. 20. Id. 21. L’esprit des lois, t. 1, 3, Garnier-Flammarion, p. 128. Cité par Bernard Cubertafond, ibid., p. 38. 22. Il s’agit des données implicites qui révélées par la comparaison caractérisent une « mentalité juridique » donnée.

Guy Azebové Tetang et Pierre Noreau

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Les effets de la culture constitutionnelle sur les moments constitutionnels

Si le moment est un espace de temps relativement court, l’instant en revanche est un point précis dans le temps. Le moment recouvre ainsi plusieurs instants. Dès lors, le seuil apparaˆıt dans le moment, mais est précisément attaché à un instant qui est un point précis du moment. Il semblerait pourtant que ce caractère statique attaché à la notion de seuil, dans sa première approximation, soit inopérant dans cette étude. En revanche, le seuil entendu en tant qu’espace continu de discussion constante et permanente, qui déborderait l’instant du contact initial entre deux systèmes juridiques apparaˆıt être la référence la plus utile à l’étude des internormativités constitutionnelles. En conséquence, l’on ne saurait le figer à un moment ou à un instant précis de l’un ou l’autre des moments constitutionnels établis ici. Il est omniprésent tacitement ou expressément dans tous les moments constitutionnels. Mais le moment où il se manifeste avec le plus de densité est le moment post-constituant, car les moments qui lui précédent ont très souvent été influencés en Afrique subsaharienne par des conditionnalités imposées par des acteurs internationaux qui, de près ou de loin, formellement ou informellement, sont intervenus dans le processus constituant. « L’après dire droit constitutionnel » offre aux acteurs nationaux une marge de manœuvre dans la recréation de la norme constitutionnelle à travers sa réinterprétation au moment de son application. « De nombreux gouvernements se sont efforcés d’allier à leur leadership de type moderne, un leadership traditionnel en réinterprétant, en fonction de la culture politique des populations, les attributions et les mécanismes de l’État occidental. Dans les premières années des indépendances, ces tentatives de réinterprétation n’ont guère été avouées officiellement. Les premiers chefs d’États redoutaient, en effet, qu’elles ne nuisent sur le plan international au standing de leur pays. Mais dans un deuxième temps, la dynamique nationaliste a balayé ces appréhensions. L’africanité est devenue une arme idéologique contre les impérialismes politiques et culturels » 23 . La culture constitutionnelle, c’est-à-dire la pensée souterraine qui irrigue le système constitutionnel en Afrique subsaharienne, est axée sur « l’idéologie développementaliste », encore appelée : idéologie de la construction nationale et du développement économique. Celle-ci postule un État fort, fondé sur une hypertrophie du pouvoir des institutions. Le recyclage constitutionnel post-constituant à travers la réinterprétation des énoncés constitutionnels en est le corollaire. L’on aboutit ainsi à une ré-formation de la norme constitutionnelle. « Inévitablement, des principes et pratiques constitutionnelles trop artificiellement reliés à une idéologie extérieure devait subir des déformations. Il fallait prévoir que la transplantation provoquerait des phénomènes de rejet » 24 .

23. Gérard Conac, « L’évolution constitutionnelle des États francophones d’Afrique noire et de la république démocratique malgache », dans Gérard Conac (dir.), Les institutions constitutionnelles des États d’Afrique francophone et de la république malgache, Paris, Economica, 1979, p. 19. 24. Ibid., p. 21.

Table des matières

Pr´ eface Souleymane Bachir Diagne

i

Au seuil du livre Jacqueline Bergeron

iii

Introduction Marc Cheymol

vii

I

1

Les seuils topographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

ix

2

Le seuil domestique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

x

3

Les seuils du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

xi

4

Les seuils du langage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

xii

5

Les seuils de la cuisine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

xii

6

Les seuils de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xiii

Th´ eories

1

` la fronti` ? A ere de l’ombre et de la lumi` ere Cheikh Tijaan Sow

3

1 Sur le seuil Ren´ e Sch´ erer et Marc Cheymol

5

1

Seuil et ouverture : mouvement, passage, ambigu¨ıt´e . . . . . . . . . . .

6

2

Seuil et diff´erentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

8

3

Pens´ee du seuil et identit´e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

10

4

L’esprit et la mati`ere . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

11

276

5

Les seuils de Walter Benjamin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

14

6

Le seuil comme moment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

17

2 Temps d’enfance, temps de seuil Walter Omar Kohan

23

1

Conceptions du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

23

2

Temps et enfance : philosophie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

25

? Au seuil du savoir rebelle Eduardo Garc´ıa Aguilar

29

3 Sciences humaines et sciences dures comme plurilinguisme disciplinaire. Seuil infranchissable ou  entre-lieux  ? Mich` ele Leclerc-Olive 31 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

31

1

Analogie entre discipline, territoire et communaut´es ? . . . . . . . . . .

34

2

Styles de seuils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

36

3

Seuils biographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

38

4

Le concept de perspective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

39

Remarques conclusives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

43

4 La loi du seuil. De l’anthropologie historique de la m´ emoire ` a la g´ eopolitique de la culture Carlos Lobo 45 1

La culture comme espace de jeu

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

46

2

Minorit´es culturelles, litt´erature mineure et seuils d’intensit´e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

51

Exemples, contes populaires et fables de la loi du seuil . . . . . . . . .

54

3

? Pourparlers Cheikh Tijaan Sow

63

5 Seuils, limites et fronti` eres de langues Philippe Blanchet

65

1

D´elimiter les langues : une fausse ´evidence . . . . . . . . . . . . . . . .

65

2

Le triple enfermement arbitraire des langues . . . . . . . . . . . . . . .

68

277

3 4

Seuils, passages et espaces entre les langues : un autre regard sur les ressources linguistiques . . . . . . . . . . . . .

74

Un imaginaire contre ou pour l’entre-les-langues . . . . . . . . . . . . .

79

? Au seuil de l’espoir ? Eduardo Garc´ıa Aguilar

81

6 La peur des seuils Gustavo Celed´ on

83

1

D´elocalisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

84

2

La peur des seuils et des sensibilit´es sans mesure . . . . . . . . . . . .

87

3

Politique sur les seuils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

89

7 M´ etaphysique du seuil Maurizio Ferraris

?

93

1

Ontologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

93

2

´ Epist´ emologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

97

3

Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

Au seuil de l’´ eternit´ e Cheikh Tijaan Sow

105

8 Temps et seuil Jad Hatem

107

? Le labyrinthe des seuils Eduardo Garc´ıa Aguilar

115

9 Les seuils, construction et circulation de la notion et probl´ ematique ´ epist´ emologique en didactique des langues ´ etrang` eres Patrick Chardenet 117 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 1

Niveaux et seuils comme repr´esentations et ´evaluation . . . . . . . . . 118

2

Les dynamiques : seuils et franchissements didactiques . . . . . . . . . 122

3

La reconstruction des observables dynamiques et des pratiques ` a partir des espaces d’interlocution, de l’entre-les-langues et du lien dialogal . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

278

10 Seuil et choix constitutionnels Guy Azebov´ e Tetang et Pierre Noreau 1

Les

2

Les acteurs du processus constituant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133

3

La culture constitutionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133

4

Les effets de la culture constitutionnelle sur les moments constitutionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135



moments constitutionnels

129



en Afrique subsaharienne . . . . . . 129

? Je trace ma route Cheikh Tijaan Sow

137

II

139

Pratiques

? Invitation Cheikh Tijaan Sow

141

1 Rhapsodie ` a l’int´ erieur des marges de l’œuvre romanesque de Driss Chra¨ıbi Mustapha Bencheikh 143 2 Abdelk´ ebir Khatibi, ´ eloge des seuils Assia Belhabib

151

? Le nombril des seuils Eduardo Garc´ıa Aguilar

159

3 Quel(le)s fronti` eres / seuils pour reconnaˆıtre le francanglais dans le paysage langagier au Cameroun ? Valentin Feussi 161 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 1

Le francanglais au Cameroun :

2

Les fronti`eres linguistiques : des approches syst´emistes . . . . . . . . . 163

3

Fonder les fronti`eres sur le sentiment de l´egitimit´e . . . . . . . . . . . 165

4

Pour une approche ontologique des fronti`eres interlinguistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168



C ¸ a sort comme c¸a sort



. . . . . . . 162

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168

279

? Un seuil de Paris Eduardo Garc´ıa Aguilar

171

4 Les seuils du m´ elodrame Carlos Bonfil

175

1

La vecindad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

2

Prolongements de la vecindad : la prison et le cabaret . . . . . . . . . 181

3

Disparition d’un lieu mythique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185

5 Les seuils du th´ eˆ atre Kouam´ e G´ erard Yao

189

1

La limite : le rideau du th´eˆ atre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

2

Une entr´ee secr`ete . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192

3

Entre deux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194

? Seuils pa¨ıens Eduardo Garc´ıa Aguilar

199

6 Franchir les seuils culturels en cuisinant : exemple d’un dialogue interculturel Liliane Kfoury 203 ` la recherche du seuil de l´ 7 A egalit´ e. Le cas du droit foncier au Vietnam Marie Lan Nguyen Leroy 207 1

Le seuil de l´egalit´e, au cœur des interactions normatives . . . . . . . . 208

2

Le seuil de la l´egalit´e et le jeu des acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . 209

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211 ? De l’autre cˆ ot´ e du mur Cheikh Tijaan Sow

213

8 Fabula rasa au seuil de Berlin Catherine Paoletti et Charles Alunni

215

9 Les seuils de l’espace de l’art Adeline Rispal

221

1

Deux exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221

280

2

Le seuil du mus´ee ` a travers l’histoire de l’architecture mus´eale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223

3

Le seuil du mus´ee ` a l’heure de l’industrialisation culturelle . . . . . . . 226

4

Le seuil de soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231

5

Le(s) seuil(s) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

? La traversi` ere Cheikh Tijaan Sow

237

Bibliographie

239

Les auteurs

253

R´ esum´ es

261

Abstracts

269

Jacqueline Bergeron & Marc Cheymol

Pourquoi, comment franchissons-nous les seuils ?   La question des seuils interpelle nombre de disciplines. Elle est posée à la fois par les sciences exactes et par les sciences humaines, au centre des notions qu’elles définissent, et même dans les rapports qu’elles entretiennent. Parce qu’ils nous confrontent à chaque instant à une expérience de la limite et de l’identité, les seuils nous renvoient, dans le domaine culturel, à une pratique collective et à une forme de « revenir chez soi ». Reconnaître les seuils, les respecter ou les franchir, aller plus avant dans l’intime de cet « entre-deux » ou encore s’y tenir, contribue à l’élargissement d’un commun insoupçonné. Si la notion de seuil semble porter en elle l’idée de clôture, c’est tout l’inverse quand on l’aborde sous la multitude des angles qui peuvent la définir. Cet ouvrage montre qu’il y a une infinité de manières d’aborder les seuils et qu’on n’en a jamais fini de les traverser. Que ce soit dans la vie quotidienne ou dans la pratique religieuse, dans la réflexion philosophique, historique ou géographique, linguistique ou pédagogique, sociologique ou anthropologique, juridique ou scientifique, la pensée du seuil nous oblige à revoir nos représentations premières, qui s’enrichissent de nouvelles découvertes aux moments de son passage. Jacqueline Bergeron est docteure en sciences de l’éducation, présidente du réseau Erasmus Expertise, expert international dans le domaine de la gouvernance des systèmes d’éducation et de formation au sein de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Marc Cheymol, docteur d’État en littérature comparée, est secrétaire général d’Erasmus Expertise et codirecteur de la collection « Planète libre » (CNRS éditions).

ISBN : 9782813002358 Prix public : 40 euros

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Illustration de couverture : Vilhelm Hammershøi, Intérieur avec chevalet, 1910, Statens Museum for Kunst, Copenhague

Sous la direction de

Sous la direction de Jacqueline Bergeron & Marc Cheymol

Approches plurielles, rencontres, témoignages

D’un seuil à l’autre

D’un seuil à l’autre

D’un seuil à l’autre Approches plurielles, rencontres, témoignages Jacqueline Bergeron & Marc Cheymol

Sous la direction de

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