Revue Du Monde Musulman

March 21, 2018 | Author: Khalifa Diop | Category: Berbers, Mauritania, Arabs, Morocco, Arabic


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,: VUE DU NIO 1\J 1D EMUS ULMA Publiée par LA MISSION SCŒNTII"IQUE DU' MAROC f pAUL MARTY ÉTUDES SUR. L'ISLAM ET LES TRIBUS MAURES LES. BRAKNA PIŒMIÈIU!: PARTIR -- PARIS EDITIONS EHNEST LEROUX, 28, RUE; (YI'') hBI NEMlm,": PARIS, 40 FR.; ET COLONmS, 42 , ËTR(l.N(}(,;]l : 4 j l'le TOUS DROITS RESlillVËS MISSION SCIENTIFIQUE DU MAROC SOUB la direotion de': A.-LE CHAT(;;LjKR , CONSElL M;M.A.CAHATON. - H. CORDŒR.-:"-M.'DELAi'oSSE. _. C/.. IlUAHT. P. MART'Y.- E. 1. VINSON. - A.V(SSIÈRE. L.130UVAT, secrélm:re générai. L. MASSIGNON;di,·ectellr. Adresse" tciutesles com.munications il la rédaCtion 11 fil. LO,\JI.s Monsieur, Paris'Vll'. el lien/a: rlle DOllapm:te, pllbticatiOIl 1<1 Revue 'du Monde M'usulinan·allait dÜi:illeI1Üe"pm' la (fue.·'·e. ,'olume XXXVII cMt 'ce/te pÜiari'e. L'année 1920 CÎI1H >lalumes >la/ume XXX V(1I-1'01l1: le premle): 'trlille.tre,dle. 'iJolllmuX)(X!X ,IlXLllpOll'rI 93o, "" .. , ',,' • ,:,' ,,' . <1, repl'ls >l'ollllJlM:, Ill! 'l'ohlme lolis les delJxmlllf. A la 'Revue du Monde Musulman ·prQjJ.rcjllellt,dite, ColJe,ct,ion 4e la·Revue".ree'".a de 888'/lrat!esl! paN, etde$ 11l.<!moires' o'l'igi'wlIxlrop llIl- pOl'{anls poil/" trlJt/lJer place dalle la Revue. .. . > :' REVUEbiJ MOND!! M,USULMkN:,H)07-.rgao, 4 fi'. i>- 3 fr. 50 3 ,fr: .;: 2 fr. 50' 5 fr. » 5 fr. » iJr. 50 , REVUE DU MONDE MUSULMAN TOME QUARANTE.DEUXIÈME lG, ,ZS?G . REVUE DU MONDE TOME QUARANTE-DEUXIÈME 1920 PARIS gPITIONS ERNEST LEROUX 1 8 , 181 l'N'r,m(YI'1 ,.., ;, \ " , REVUE DU MONDE MUSULMAN refoulèrent à leur tour vers le sud, les peuples socé de la rIve gauche du Sénégal. D'autre part, certaines fractions barou; restèrent sur les lieux, après avoir fait acte de soumission, et payèrenttribut aux -vainqueurs. Plusieurs.lettrês' maures affitmentqueces Baiouf asservis. sont, dans"le "Trarza , les actueHes 'frac- tions zenaga Id ftarla des le Brakna,les Ahel Rambuch, qui du Trarza et tant6t dans le uns et: les au- , .'. . -' . , tres tributaires des émirs. II queles Bafours primitifs n'ont -pas 'seuls donné '-nàissance à ces fractions,- d'aillelliS in,é'tis.sées, ;01ais contribuepar fusion avec des iHéments maures, à tes.fotnier au èours des siècies. , ,.:'; , Le mouvernent.almoravidea·pour, pripcfpaux effets d'in- trod.uire la race,J:ie.r:bère et la religion:' 'islirrtique, jusqu'aux abords du fleuve'S.enégal. DésorÎnI1Js'to.ut,tdarégionsaha- rienne qui' auno.rd, du fleuve; 'où :e:S:lJ,ctement au nord du le territoire ;d'es parcours des berbères lamet.ouna et de leurs innombrilples' ·troupeaux. C'est le du Trarza. Les ttibus:Ci,i:ii;'vi·ve'nt il la,Jr:a{lgé' méridiQualede la région pàrleur avec les Ni- gritien.s·; se_ derioir. remontaient d'ailleùrâ htlutqull'6éure' àètulillle, n'ayant pas pérdu'lé"soù'ie'oir du' te;m,'ps od hs jusque ·dans l'l\.g-an' 'e:t 's'àds 'douté pius" au nord ..Dans ce Brakna 'chaquepuits, àche.'1ue oued, A'chaque pâturage, à .çhaque lieu dit' même, lepom riia:ure est ac- compagné' d'un' nom' D'e :niultiples traditions et lé- gendes locales y sont 'attachées, qui seraient des plus utiles pour la reconstitution historique du pays et qu'il est regret- table de voir disparaître à chaque génération. Au sud, c'est-a-dire entre les dernières dunes sahariennes et fleuve j dans cette zone d'inondation et de cultures --". i: 1 1 1,-- l 1 1 1 '.",",-' LKs BflAKNA qu'on appelle le Chamama et où seuls les Mélaniens peu- vent vivre et travailler, l'élémentnoircontinue à subsister; avec ses voisins blan'cs seront plus d'une' fois tendues, et pratiquement ces cultivateurs qui passent d'ailleurs le plus facilement du monde d'une rive à l'autr.e, vivront dans un demi-état de dépendance, jusqu'au jour où les invasions arabes viendront troubler cet équilibre po- litique et social, chasser la majeure partie des Noirs vers le sud, asservir les autres et accaparer les terres. C'est Abou Bekr ben Omar qui, à la tête de bandes "lem- touna, Djodala et Messoufa, descendl.ws du sud marocain par.Ja sebkha d'Idjil, fit, entre 1062 et 1087, la conquête de l'empire bafour précité. On retrouve aujourd'hui, sous ce nom, leurs descendants en basse Mauritanie: les Lemtouna dans le Brakna, l'Assaba et le 'l'agant; les Gue- dala dans le TiTis et le Brakna, où, comme on le verra,' les campementsharatines des Oulad Abd Allah sont dénommés haratines Igdala. Il y avait évidemment dans cette invasion berbère bien d'autres tribus que les ancetres des actuels campements guedaJa et lemtouna. Comme on peut défà le constater dans l'Afrique du Nord, après un siècle d'occupation, certaines fractions des peuples envahisseurs se sont accrues déme- surément et ont fini par .être désiBnée,s sous leur nom propre, perdant ainsi nom général de tribu, et arrivant méme quelquefois à le remplacer chez les autres fractions. En ce qui codterne le Brakna, il ya donc bien d'autres tribus que les campements cités plus haut, qui soientd'orî· gine berpère, 11 y a : )" une grande partie des fractions tributaires, plus spécialement appelées zenaga (ou lahma, « viande»; ou ashab, «gens») chez les guerriers, et telamides chez les ma- raboutsj 2° toutes les fractions proprement maraboutiques (zoqa·ia, tolba). On en verra la liste plus loin de ces frac- tions qui sont aujourd'hui les seules lettrées, se sont attrÎ- 4 REVUE DU MONDE MUSULMAN bué, des origines, soit chérifiennes, soit pour le moins arabes: c'est là une question de mode, une sorte de sno- bisme universel dans le monde islamique, blanc ou noÏr. On ne nie pas la plupart du temps provenir du haut pays marocain et être d'origine lemtouna et çanhadja, mais on déclare qu'il nll faut pas confondre ces tribus, berbères si l'on veut par leur habitat, avec les autres tribus berbères, les vraies, les autochtones marocaines, les Chleuh. Les Chleuh sont des aborigènes:. LesÇanhadja-Lemtouna sont les descendants de tribus arabes, immigrées d'Orient en Afrique du Nord, les uns peu après l'hégire, les autres mêmes antérieurement à. l'islam, ce qui explique leur i s l a ~ misation tardive. On donne comme cause de leur établisse: ment pré-islamique au milieu des Berbères que le roi Fri- qicha, qui les avait à sa solde, les abandonna dans le Mo- ghreb, au cours de ses expéditions à travers le monde. Ces Arabes étaient fils de Tobbaa, qui s'était enfui de chez ses frères d'Orient. Par ces explications les plus intelligents d'entre les lettrés maureS (Cheikh Sidia, par exemple)" es- pérent concilier dans leur esprit leur indubitable origine berbere marocaine et leur traditionnelle arrivée dans le Sahara méridional avec les bandes d'Abou Bekr ben Omar, d'une part, et leQr vif désir de se rattacher, envers et contre tout, à une souche arabe d'autre part. On trouvera déve- loppé plus loîn, dans la notice consacrée à chaque tribu,le récit légendaire. de ces origines. Quant à l'usage de parler zenaga, il est complètement tombé en désuétude dans les tribus brakna. En dehors du Trarza, on ne le trouve plus en Mauritanie. Mais le dialecte maure qui porte le nom dehassania, c'est-à·dire langue des hassanes, Arabes des invasions, et qui s'est substitué par droit de conquête à la langue zenaga a été fortement marqué par l'empreinte de cette dernière langue. On y trouvera plus spécialement une foule de nom de lieux, de flore, defaune, des termes concernant la vie matérielle, etc'J tous mot LES ilRAKtfA 5 constituant une onomastique spêciale au pays, et que les Arabes ont dû: emprunter aux tribus qu'ils trouvaient sur les lieux et soumettaient à leur domination, A tous ces titras et attendu que les traditions, forgées par les zoua'fa, pour se donner des origines chérifiennes, himyarites'ou qoreTchites, ne reposent sur aucune préci':' sion et leur sont contestées formellement par les hassanes très souvent par' leurs propres frères, marabouts comme eux, on peutconc!ure que les tribusmaraboutiques maures sont pour la très grande majorité des Berbères, soit d e s c e n ~ dant des hordes'guerrières qui suivaient Abou Bekr ben Omar, ce qui est admis par les intéressés mêmes chez les MedIich, Tendra et Tadjakant (Trarza), chez les Die'ldiba (Brakna), chez. les Ida Ou Aïch (Tagant-Assaba), et chez les Mechdouf (Hodh), soit issus des familles ou des individua· lités qui, par la suite, vinrent chercher fortune dans ia Mauritanie zenaguYa, /-- :. t. W A la fin du quatorzième siècle, se place un êvénement considérable qui allait changer la face de la Mauritanie, Cet événement, générateur de la situation actuelle, est j'arrivée dans l'Ouest saharien des bandes d'origine arabe, Cette in- troduction de sémites, nomades guerriers et pillards, dans un milieu berbère, devait être une cause de troubles; et comme elle devait se renouveler, les immigrants, quoique moins nombreux, allaient dompter les Berbères, leur impo- ser leurs conditions et modifier leur état social. Je ne reviendrai pas sur l'histoire des Arabo-hassanes. Elle a êté faite dans mon ouvrage « L'Emirat des Trarza » et avec plus de détails encore dans « Les tribus ma.ures du Sahel et du Hodh », On retiendra seulementceci : les g:roupements hassanes, qui, vers !400, envahissent la Mauritanie sont au nombre de deux, issus des deux fils de Hassan: OudeY et DeUm. 6 REVUE DU MONDE MUSULMAN De Delim sont issus les Oulad Delim, dont il n'y a pas lleu de s'occuper ici. C'est d'OudeYque sont sorties les tribus hassanes qui peu- plentle Brakna, celles-là mêmes qui portent ce nom, à l'ex- clusion de toutes les autres tribus maraboutiques zenaga ou baratines, qui peuvent habiter les pays Brakna (trab brakna), mais ne sont pas dites telles. Voici ces origines d'après [es traditions générales et les généalogies données universellement, à quelques variantes près. Ce tableau ré· sume les données de la tràdition maure. Il établit la filia· tion arabe de ces tribus, leur parenté avec leurs cousins du Sahara et leur rattachement commun à Oudeï, fils de Hassan. HassAn. ------+---,--'1 OudeY. Delim; Hamma, , __ I ancêtre ancêtre. ) 1 Il des des Marfar, Ril':8, Mohammed. Arrouq, O.DeJim, Berabich, ancêtre ancêtre 1 1 des des Daoud, Daoud, Merafra. O. Ril':g. ancêtre des ancêtre des 1 OuladDaolld OllladDaoud Mohammed. Arrouq. Othman. Il -,__,-_ J 1 1 1 Omran. Yahia, Antar, RehllaJ. 1 aJlcêtre ancêtre ancêtre HeJdaj, O. ancêtre des ben Othman. Nacer. O. Mohammed et des O. Mbarek. Barkellni, ancêtre des Brakna. Terrouz, ancêtre d.. Trarza. 1 Khouaou, ancêtre des Khouaouat (disparus). CHAPITRE II LA nOMINATSON DES. HASSANES OULAn RIZO (XV' SIÈCLE) Le quinzième siècle parait dominé: dans le Tiris et dé- . pendances, par les descendants et bandes de Rizg, fils d'Ouder, fils de Hassan j dans l'Adrar et le Hodh, par les descendants et bandes de Daoud, autre fils d'Oudeï. Les Oulad Rizg, comme les appelle la tradition, compre· naient les campements de. ses cinq fils, 11. savoir: les Oulad Mezzouq, les OuJad Md, les Djaafar, les Sekakna et les Rehamna (ou Rehamin), respectivement issus ou dépen- dants de Mezzouq, Aïd, Djaafer, Sekkoun et Rahmoun. filsdeBassin. Des Oulad Rizg, il convient de dîreque subsistent aujour- d'hui dans le Trarza, mais fortarnoîndries numériquement et politiquement, quelques petites fractions, restées hassa- nes indépendantes; les OuladMoussa, les Oulad Beniouk, les Oulad Khalifa, les Oulad Ben Ali, qui marchent dans le sillage des Oulad Ahmed ben Dâmân. Les autres: Oulad A'id, quelques tentes Bassin, sont fondus chez les ArroueYjat du Trarza, dans diverses tribus du Brakna et du Gorgol, ou bien encore sont telamides des Ahel Barik. Allah; et en· fin quelques tentes Rehamna et Zebeïrat qui ont été ré. duites à la suite de guerres malheureuses, il; J'état de triw 8 REVUE DU MONDE hutaires des Oulad Ahmed ben DAmAn. Ils sont guerriers néanmoins et marchent en rezzou avec leurs suzerains. Les Oulad Rizg et les Agcharat (ceux-ci sont des Oulad Daouâ) étaient appelés alors Arabes l{egueïtat, dans la terminologie maure, Arabes qui occupent un terri· toire inhabité, sorte de zone neutre, sise entre deux États "'lluxquels elle n'appartient pas. Cette explication philologique éclaire singulièrement le rôle qu'au quinzième siècle [es envahisseurs arabes, ins- tallés approximativement dans l'Aftout, vont jouer, tant vis-à·vis des Berbères du Nord (Tiris et Adrar) que des Noirs du Sud (Chemama, Gorgot et Tagant). Aux Berbères du Nord, ils font sentir leur présence par' de nombreux pillages et par toute sorte d'avanies. J'en ai fait le récit dans « L'Emirat des Trarza »et n'y revien- drai pas. Cet effacement des Berbères parait tout à faÎt regrettable. S'ils avaient voulu résister fermement aux envahisseurs, teur nombre et leurs richesses leur permettaient facilement de dompter ces quelques pillards et de les rejeter au loin ou de [es assimiler. La civilisation berbère, pratique etpro- gressiste, valait bien les coutumes arabes, négatives ou op- pressives, issus d'un nomadisme invétéré, impropre à toute évolution sérieuse. Au point de vue économique, le Sahara occidental, méthodiquement mis en valeur par la tenacité âpre et presque cupide du Berbère, serait vraisemblable· ment beaucoup plus riche qu'il ne l'est maintenant. Ce n'était pas seulement sur les tribus berbères ques'exerçaient les pillages des hassanes. Les peuples noirs qui vivaient à ce mom.ent sur la rive droite du Sénégal et mettaient on valeur le Chamama, le Gorgol et même le Tagant, avaient aussi à souffrir de leurs déprédations. CHAPITRE III LA DOMINATION DES QULAD MBAREK (XVl" SlÈCLE) Pendant que les Oulad Rizg faisaient sentir leur prêpon- dérance, une autre branche, issue également d'Oudet, se multipliait et allait conquérir, vers la fin du quinzième siècle, la suprématie politique. Il s'agit des Merafra, ainsi nommés parce qu'ils descendent de Marfar, fils d'OudeY, ct frère par conséquent de Rizg et de Daoud. Ces Merafra n'ont pas laissé un souvenir trop a.bhore. Leur nom, passê dans le langage courant, est synonyme aujourd'hui, chez les Tolba, de «guerriers valeureux et relativement h o n n ~ t e s ». Ils se présentent, dès le premier jour, sous la forme de deux bandes: l'une composée de la famille et des amis et fidèles de Mohammed, fils d'Omisn, fils d'Othman, fils de Marfar. Ce sont les OuJad Mbarek. L'autre composée des familles, amis et fidèles du frère de Mohammed, le nommé Heddaj, fils d'Ornran, fils d'Othman, fils de Mar· far. Cette dtlrnière bande, commandée par les trois fils d'Heddaj : Terrouz, Barkenni et Khaou, est encore im· mobilisée par les dissensions intestines. Elle n'apparaltra définitivement constituée en corps de tribus, sous le Dom REVUE DU MONDE MUSULMAN de Trarza, Brakna et Khouaouat, qu'un siècle plus tard, c'est-è.-dire vers la fin du seizième siècle. Au commencement de ce seizième siècle donc, la su- prématie du Tiris passe aux Oulad Mbarek. Ce n'est pro- bablement pas sans résistance que leurs cousins Oulad Rizg leur cédèrent la place. Ni l'histoire ni la tradition n'en ont conservé le souvenir, de même qu'eHes ne font . pas -connahre si ces bandes de Merafra arrivaient alors en Mauritanie en envahisseurs, ou si, venus un siècle· plus tÔt avec les premiers hassanes, elles avaient crC! et s'étaient formées sur les lieux mêmes. De la domination des Oulad Mbarek pendant le seizième siècle, la tradition zouaYa ne nous cite que quelques faits,· visant naturellement J'oppression qu'ils faisaient subir aux marabouts. Je n'y reviendrai pas, en ayant fait le récit dans « L'Émi- rat des Trarza ». Les Oulad Mbarek allaient passer, à la 6n du seizième siècle, au second plan de la scène politique du Titis, en attendant que, quelques années plus tard, ils émigrassent vers le Hodh, où ils constituent aujourd'hui la tribu que l'on cannait. Cette chute paraIt résulter des intrigues et des ruses des zQuaYa exaspérés qui surent mettre aux prises le groupement des Oulad Mbarek et celui des Trarza.. Brakna-Khouaouat. Les YaqoubTin, c'est-à-dire les deux actuelles tribus ta· chomcha : Id Eqou'ib et Ahel Barik Allah (Trarza), alors campés à Tin Mejouk, allaient amener Je dénouement en refusant de payer leur tribut. Ahmed Doula, leur chef, dont la famille existe toujours, vint faire part à OudeYk, chef des Oulad Mbarek, de la décision de la tribu. Le « Chauve », surnom d'OudeYk, prit aussitÔt ses disposi- tions pour razzier les rebelles. Ceux.ci, qui regrettaient leur attitude de revoltés, ainsi qu'il résulte des paroles que leur adressa Ahmed Doula : « Mes discours à Oude'ik nous LES B/l:AKN'A ont grandement nui », s'étaient groupés autour du saint vénéré, Habib Allah ben Yaqoub, et lui demandèrent le secours de ses prières. C'est alors que l'on apprit l'attaque j m m i n e ~ t e du camp d'OudeYk par les guerriers Brakna : les Oulad zenagura. OudeYk, qui ~ t a i t précisément J'hbte du faqih Habib AIla.h, lui confia ses bagages et partit au secours des siens. Le combat se livra à Aguiert; et Ou- derk y fut tué par AI-OgraYra ben Al.Atna, dont la famille vit toujours dans sa tribu des Oulad Abd Allah (Brakna). Les Zouaïa étaient sauvés. Le faqih Habib Allah, qui est 'manifestement l'artisan de ceUe heureuse diversion, n'eut garde d'oublier de renvoyer à la famille d'Oude"ik les bagages qu'il avait en dépôt. Quant à la femme d'Oudeïk, Kartoufa, à l'annonce ·de la mort de son mari, elle monta à son campement d'In Sa- raïer sur un taïchot (balanites cogytill:ca) et fit entendre sans trève des gémissements, L'arbre en a gardé le souve' nir, et fut dès lors appelé le «Tichtaïa de Kartoufa ». Les Oulad Mbarek disparaissent de Mauritanie à la fin du seizième siècle, et c'est à ce moment que s'élèvent les Trarza-Brakna dans la région, qui depuis a porte leur nom, CHAPITRE IV LES OR.IGINES DES BRAKNA Le tableau généalogique ci-après, dégagé des branches collatérales, permet de saisir d'un coup d'œil les origines des Brakna. Hassan, 1 Onder. 1 Marrar. 1 Othman, 1 Omran. Heddaj ,__- (début du ;rzlême siécle). .------ Barkenni, Terrouz, ancêtre des Brll.lma. ancêtre des Trina. Mellonk. 1 Kerfourn. 1 1 Abd Al.Jebbar. 1 Mohammed, etc. Biri, etc. ancêtre des Oll/ad Biri. 1 Ahmed, ancêtre des OU/Ild Ahmed, Abd Allah, ancêtre des Oulad Abd Allah. 1 AJ·Yatlm, ancêtre des Li/ama (Gorgol et Assaba). LES BRAKNA Au quinzième siècle, peu après j'arrivée des premiers hassanes dans la haute Mauritanie, les fils de Heddaj : Barkenni et Terrouz, qui conduisaient leur groupement d'envahisseurs, jusqu'alors uni, durent se sé- parer à la suite de querelles intestines; nées à propos de partage de butin. Le groupe des fils et serviteurs de Barkenni, se déve- loppant au cours du quinzième siècle, devait constituer le peuple Brakna, que nous voyons apparaltre à la fin du seizième siècle seulement. Les Trarza se formaient de la même façon. Trana et Brakna dépouillent, comme il a été dit, les Oulad Mbarek de leur suprématie et les repoussent vers j'est. Ils vont desormais et jusqu'à nos jours rester cha· cun maUre dans leur région. Le quinzième siècle est approximativement rempli par les trois gênérations : Barkenni , Mellouk fils de Barkenni, et Kerroum fils de Mellouk, sur lesquels nous n'avons aucun renseignement. Au début du seizième -siècle, par les trois fils de Ker· roum on voit se constituer les tribus d'origine brakna: a) Abd Al-Jebbar donnera naissance par son fils Ahmed aux Oulad Ahmed et par son fils Siri ould .Mohammed aux Oulad Biri. b) Abd Allah donnera naissance aux Oulad Abd Allah, qui sont les seuls qui portent dans le langage courant des tribus le pom de Brakna. c) AI-Yatim est l'ancêtre éponyme des Litama. Il y a donc à l'heure actuelle quatre tribus véritable· ment brakna; les Oulad Biri, les Oulad Ahmed, les Oulad Abd Allah, les Litama. Les Oulad Blri habitent les confins du Trarza et du Brakna. Dans cette marche neutre, ils ont subi ['influence des Trarza plus fortement I;1t sont, depuis un siècle, et sous notre régime même, compris dans l'orbite trarza. Ils '4 REVUE DU MONDE MUSULMAN ont d'ailleurs versé dans le maraboutisme, Mais ils n'igno. rent pas leur origine brakna et à ce titre ont toujours conservé avec ces tribus, et notamment avec les Oulad Ahmed, leurs cousins plus immédiats, comme on le voit par le tableau précité, et leurs voisins, des relations étroites de sympathie et d'alliance. L\:1s Litama ont appuyé vers l'est et, à demi assujettis par les Id Ou A"/ch, à demi fondus dans l'élément nègre, ils font aujourd'hui, sur lès bords du Sénégal et du Gorgol, figure de Zenaga. Seuls les Oulad Abd Allah et les Oulad Ahmed sont restés' vrais fils de Barkenni, guerriers pillards, h a s s a n ~ s , mécréants et chefs politiques du pays à qui ils ont donné leur nom. Et encore seuls les Oulad Abd Allah ont-ils conservé l'appellation de leur ancêtre éponyme, puisque seuls ils sont dits « Brakna ». J'iÜ décrit dans mon «Émirat des Trarza », d'après le «Chiam az-Zouaïa» les luttes engagées et menées à bien par les Brakna et Trarza contre les Oulad Rizg, au début du dix-septième siècle. Les hassanes des premières inva- sions furent soumis et asservis. Les Zoua'ia, qui avaient pour le moins soutenu les vain- cus de leurs sympathies, furent très affectés de leur d é ~ faite et, craignant des représailles, eurent un moment la pensée de s'enfuir avec eux. Le départ de l'Aroussi, le plus acharné de leurs ennemis, les rassura. Ils restèrent donc, mais les di:scussions qui ies agitèrent alors provoquèrent un déclassement de tribus. Le q; Chiam az-Zouaïa» donne la liste de ces nouveaux groupements et, en ce qui concerne les Brakna, signale que les Beni Iddan Abiaj, des Tachom- cha, allèrent se joindre, à cette date, aux Die'idiba. Les fils de Kerrourn, qui, à la tête du groupell!ent brakna et avec l'assistance des Trarza, avaient réduit les Oulad Rizg, entendaient bien chausser leurs bottes. Ils invitèrent donc les Berbères à acquitter entre leurs mains LES BJl,AIWA " les redevances coutumières, « Ceux-ci, dit le « Chiam az· louara », mirent la plus tenace obstination dans leur refus et finirent par avoir gain de cause. » La chose paraft fort douteuse, mais ce qui est plus etrange encore, c'est la prêtention qu'affectent les Zouaïa d'avoir rtlçu des gages de prix des hassanes. AI-Mokhtar, fils d'Abd Allah ben Kerrourn, l'ancêtre éponyme des Ou- lad Abd Allah (Brakna), était venu offrir un chameau de choix à AI·Fadel (Sidi·j.l<'alli), fils de Mohammed ben D t ~ man. Il fut rencontré par Ahmed ben DâmAn (Trarza), qui à sa vue s'empressa de courir chez les siens et leur fit comprendre qu'il valait mieux faire des cadeaux aux loua'ia que de prélever sur eux des tributs, A la suite de ce discours, les OuI ad DâmAn se précipitèrent chez ies loua'ia avec tellement de rapidite, qu'ils devancèrent les Oulad Abd Allah et purent effectuer avant ceux·ci la remise dp.leurs présents. Le« Chiam az·Zouaïa» ne manque pas de tirer la morale de ce récit; «Ce sont ces bons pro· cédés qui sont la cause de la situation élevée que les Oulnd DAmAn ont conservée jus'qu'A ce jour; il leur faut donc honorer les descendants de Sid Al·Fadel. » Il n'est pas impossible que les Brnkna, comme les Trarza, aient fait des cadeaux aux Zou8.1a. La chose sc passe encore de nos jours entre deux pillages de campe- ments tolba. Mais il est à croire que les hassanes conti- nuaient, malgré toute J'obstination des Btlrbères, à pre- lever sur eux le tribut. On en trouvera la confirmatÎon dans la haine que Sid AI.Fadel, qui paraît avoir ete à cc moment le personnage maraboutique le plus en vue des Zoua1a, portait aux hassanes. «Je hais les Merafra, disait· il; car ils extermineront mes descendants. Une guerre ter· rible doit incessamment éclater entre eux, » La prédiction n'allait pas tarder Ase réaliser. Sid AI·Fa- dei comprenait bien que les deux peuples arabes et ber- bères ne pouvaient vivre ainsi sur le pied d'égalité, el REVUE DU MONDE MUSULMAN puisque les Berbères, - son peuple, - ne voulaient pas as- surer leur défense, les armes à la main, il fallait qu'ils s'inclinassent devant les guerriers. Le« Chiarn az-Zoua'la". signale un dernier trait: Sid Bra- him, le chef des Aroussiïn, n'avait pas abdique toute pré- tention sur les Zouda. Du nord où il campait, il envoya un jour son fils Al-Habib, à la tête d'une forte bande, pré· lever le tribut auquel il croyait avoir droit. Les Zoua'ia concentrèrent leur force à Tin GoufanIn; mais plus con- fiants dans la ruse que dans la force, ils demandèrent conseil à Lamin, fils de Barik Allah. Ils lui promirent par tente un tribut d'une livre de grain (moudd) et d'une me- sure de beurre fondu, s'il les débarrassait des hassanes: Le marabout prit quatre piquets, récita sur chaque piquet un verset du Coran, et les planta aux quatre coins du ras- semblement tachomcha. Après quoi il ordonna aux jeunes gens d'aller galoper autour de l'ennemi, cependant que l'un d'eux: Abd Allah ould Kadda, des rd ag Jemou- ella, doué d'un organe sonore, poussait des commande- ments retentIssants, auxquels la troupe répondait par des acclamations prolongées. Il parait que ce spectacle impressionna tellement les Arouss'lin, qu'ils levèrent le camp et se retirèrent en fu}'ards, CHAPITRE V LA GUEME DE BABBAH ET LES IMAMS BERBt';RES Les graves événements qui allaient se dérouler en Mau- ritanie, vers le milieu du dix-septième siècle, devaient bou- leverser complètement les tribus maures et établir d'une façon définitive les conditions de la vie sociale telles que nos ancêtres les ont vues vers la fin du dix-septième siècle, et telles que nous les voyons nous-mêmes aujour- d'hui. A cette date, politiquement, les Berbères, sans opposer de résistance militaire, essaient de tenir tête aux préten. tions des hassanes, tant6t par leur obstination implacable à refuser tout tribut, tantôt par des offres de cadeaux, gui peuvent écarter momentanément l'orage en semant la di- vision chez j'enneini. La poiltique du grand marabout et imam, Nacer ad-Din, allait être le signal de profondes modifications. Portês un instant au pinacle par la volonte de fer de ce saint homme et unis sous sa baraka, les Berbères faillirent triompher ct exterminer les hassanes. La mort de Nacer ad-Din, les di- visions qui suivirent, rcduisirent à néant leurs succès. Ce sont là des aventures de marabouts, qui se sont renouvelées maintes fois jusqu'à nos jours. J'ai décrit longuement, dans L'Emirat des Tran:.a, la )lLII, • ,8 REVUE DU MONDE MUSULMAN « guerre de Babbah », comme l'appelle la tradition maure, ses diverses péripéties, la fin de la lutte, ses conséquences. Il n'y a pas Jîeu d'y revenir ici. Il suffit de rappeler que les tribus maraboutiques du Brakna ne surent pas s'unir contre l'ennemi commun. Seuls les DieYdiba semblent s'être engagés IL fond IL la suite de l'imam national. Les autres ou se désintéressèrent de la lutte, ou se prétendirent contraints de tenir tête aux has· sanes locaux. Les Brakna j au contraire, marchèrent en bloc avec leurs cousins Trarza, fournirent des contingents et des subsides et immobilisèrent leurs marabouts. Les Dieldiba, au cours de la lutte vers 1668, tirent une fois bande à part et faillirent provoquer une scission -en élevant un anti-imam, Nahoui ben Agd Abd Allah, contre Mounir ad-Din, frère de Nacer ad-Din et cinquième imam. L'accord se fit et Mounir resta en titre, Nahoui fut son Khalifa officie1. Il ne put malheureusement faire prévaloir ses avis sur ceux de Mounir, jeune homme inexpérimenté, et tous deux par bravade acceptèrent avec des forces infé- rieures le combat que leur offraient les hassanes. Ils furent tues à Dokol, à 20 kilomètres en amont de Dagana, et les troupes taillées en pièces (vers 1670)' On ne sait pas à quelle tribu appartenaient ce Nahoui, candidat des Dieïdiba, et son frère Agd al-Mokhtar, qui fut le sixième et dernier imam. Il paratt etabli qu'ils étaient originaires d'une tribu maraboutique du Brakna, proba- blement des Dieïdiba. C'est sur Je territoire brakna, en ef· fet, que se déroulèrent les derniers incidents de la lutte (1670-1674). L'imam fit d'abord des courses, souvent heu- reuses, contre les Oulad Abd Allah, les Oulad Mbarek et les Litama. Le suprême combat s'engagea à Tin lfdadh, près d'Ouezzan, dans l'Agan (Brakna septentrional). Agd Al· Mokhtar, son frère Imijen, et les derniers guerriers zouaïa y périrent, On connatt le traite de paix qui intervint, en 1674, à Tin LES BRAKN"A '9 lefdadh. En voici, d'après la tradition brakna, les trois principales clauses: la Les Zaouïa donneront l'hospitalité à tous les Merafra qui viendront.la leur demander, et cette hospitalité durera au moins trois jours. 2° Les Zaoul'a feront parvenir chez lui (id est, sans traÎ- trise et en lui donnant des montures) tout hassani qui leur demandera son chemin, 3· Leshassanes auront droit au tiers de l'eau des puits, lors de l'abreuve des animaux. Les Die'idiba comptèrent parmi les tribus les plus éprou- vées, et se virent affectés comme vassaux-marabouts aux Oulad Aba Allah mêmes, Cette alliance a duré jusqu'à nos jours inclus, Les hassanes sont restés fidèles à leurs tolba, comme ceux·ci l'étaient à leurs Arabes; ils se sont mutuel· lement porté secours, au fil de leur histoire, et l'occupation française les a fait fuir ensemble vers le nord, unis jusque dans la chute de l'ancien régime. On remarquera, en terminant, combien jusqu'à cette fin du dix-septième siècle la berbérisation a été profonde dans la basse Mauritanie, La plupart des noms de lieux et mème de personnes sont des noms berbères, Tout individu, à CÔté de son nom arabe, a son nom berbère ou zen agui. sous lequel, dans le langage courant, il est plus générale- ment désigné, La langue en usage est encore le berbère. Mais, avec la conquête hassane, l'arabe va prendre le des· sus et refouler insensiblement langue et coutumes berbères, La langue berbère n'est plus parlée du tout aujourd'hui sur le territoire brakna. CHAPITRE VI LA BRANCHE AiNÉ!!: DES ÉltIrRS BRAKNA : OUl.An NORMACH 1 Slyed, ancélre OuJad Siyed. 1 3. Norrnach, ancétre des Oulad Norrnach. C'est à cette date (deuxième moitie du siècle} que se constituait définitivement J'émirat des Brakna. Il est nécessaire de donner tout d'abord le tableau génealo- gique des premiers Brakna de la tente princière. 1. Abd Allah, ancétre des OU!lId Abd Allah (seizième siécle). Moha'm--m-'-d.--B-.'I-,,-.--M-,,-;":-,,-.--M-'-kb-,,-,-. Dix-septième siècle. 1 D'Abd Allah, J'ancêtre éponyme des Oulad Abd Allah, c'est-à-dire des Oulad Normach et des Oulad Siyed, on ne sait presque rien. II vécut au seizième siècle, et eut six: fils: Mohammed, Bakar, Mansour, Mokhtar j Naggad et Elî. Mohammed, son successeu.r, est le chef de la tente où va se fixer le commandement po.ur plus d'un siècle dans la descendance de son fils aîné Normach (1650-1766 environ)- puis dans la descenqance de son fils cadet Siyed (1766- 1903). Un troisième fils de Mohammed, Oubberch, a laissé LES BRAIl:NA une postérite qu'on retrouve en partie chez les Normach, mais surtout chez leurs tiab. Sa descendance est constituée cn Brande partie par les Koumba et se trouve représentee par des femmes et par EH ould Ahmed ould Omar, Bakar, deuxième fils d'Abd Allah, paraIt avoir été un grand chef de guerre. Il vécut au dix-septième siècle et on peut en induire de là que c'est lui qui conduisit les Brakna à la guerre contre les marabouts j mais la tradition est muette sur ce point. Il mourut en [680. Sa descendance ne comprend plus que deux tl'ntes chez les Normach et une tente chez les Oulad Ahmed. De Mansour, troisième fils d'Abd Allah, la descendance, qui fut jadis pUissante et nombreuse, s'est fondue dans les campements de ses frères et aussi chez les Oulad Siyed, Celle de Mokhtar, quatrièl1Jc fils d'Abd Allah, a disparu. Celle de Naggad est a.ctuellementen très grande partie chez les Tiab Oulad Norrnach; une tente se trouve chez les Normach mêmes. La postérité d'EH, dernier fils d'Abd Allah, a émigré vers l'est, Elle constitue l'aètuelle tribu des Oulad Eli, qui, nomadise sur Je GorgoI et dans l'Assaba, Il faut maintenant revenir aUJ( deux fils de Mohammed ould Abd Allah: Norma'ch et Siyed, ancêtres éponymes de leur descendance et double branche qui fut successivement à la tête du Brakna. Mais ici, pour pouvoir suivre jusqu'à nos jours le cours des evénements historiques, il faut avoir sous les yeux les tableaux généalogiques des deux branches, -",., .. \ Branche aînée: les Oulad Normach. 3. Narmach, ancêtre des O. Normach. 1 4. Heiba (Mohammed AI-Heiba), t Ir8. REVUE DU MONDE MUSULMAN 5. Ahmed Helba). t 17 6z • 1 1 Mokhtar. 1 Mohammed. 1 Hiba. Ahmed. 1 Mohammed. Branche cadette: les OuJad Siyed. Siyed. (Brahim): 1 Aghrich MOkhtar, 1 r 1 1 1 S"dl" , Mokbtar, Moh, Bakar. Habib, t 1884, Krua. chef Mohammed, 1 acluel. 1903. 1 1 Mokhtar. 1 8. Ahmeddau Il, I139'-!903. 1 1 1 Ould M'hammed, Assas. t 1907, LES BRAKNÀ " Au sujet des règles de la dévolution du pouvoir, disons tout de suite que la conception de l'hérédité avec partage n'a jamais hé en vigueur chez les Brakna, Ce fut en prin. cipe l'idée de l'herMite par afnesse qui domina, tempérée par l'usage, en vigueur dans les pays islamiques, que le frère cadet ou l'oncle pouvait succéder à l'emir défunt. Ici, ce dernier usage ne fut appliqué que dans le cas de mino- rité du fils de l'émir précedent, Et encore son clan ne con- sidérait-il le gouvernement du collatéral que comme une régence, tout au plus un émirat transÎtoire, car, dès sa ma· jorité, le fils réclamait ses droits, et ses partisans étaient tout de suite prêts à l'aider à les faire valoir. Normach vécut approximativement vers la fin du dix- septième siècle. La tradition rapporte qu'il prit part aux derniers événements du Cherr Boubbah (1674). Son tom· beau ·se trouve près d ~ Mal. A cette date, les Brakna, de l'aveu de tous les chroniqueurs et annalistes maures, sont les maltres politiques du pays et tous les autres hassanes gravitent dans leur orbite. Les Trarza eux·mêmes devront attendre jusqu'à Ali Chandora, pour se .dégager de la s u z e ~ raineté politique des Brakna. Vers cette époque, une tradition relate que les Brakna et les Id Eichelli furent en guerre. Ils se livrèrent un via· lent combat au rocher de Tajala, en plein Amatlich l en 168 9' Le fils de Normach, HeYba, de son vrai nom Mohammed Al-He'lba l est à cheval sur le dix-septième et le dix·huitième siècle, On ne sait que peu de choses sur son compte. Ali Chandora et Heïba curent de nombreux démêlés. C'est à cette date que les Trarza vont se dégager de la su- prématie brakna, alors établie sur tous les hassanes du Sud mauritanien, Ali Chandora s'étant rendu à Fez, accompagné d'Abd Allah Maham, fils d'AI-Qadi, le grand Cheikh Ida Ou Ali de Chingueti, y reçut l'accueille plus favorable du sultan REVUE DU MONDE M U S U L M ~ N et en ramena des 'contingents marocains qui lui permirent d'abord de se rendre définitivement martre du Trarza et, ensuite, de conquérir son indépendance vis-à-vis des Brakna. .. Les Brakna, maîtres politiques de la région, furent dé· faÎts et repoussés. Le P, Labat rapporte que leur émir, qui venait faire la récolte de la gomme dans les bois d'acacia contestés et la vendait à l'escale du Terrier-Rouge; fut as- sailli par Ali Chandora· et s'enfuit dans la direction du Rek.iz (lac Cayar des Noirs). La tradition complète ces vic- toires de l'émir trarza, en relatant que, par la suite, les Brakna conclurent avec lui des traités d'alliance et de sou- mission. Les hostilités devaient reprendre par la suite. Elles ame- nèrent la mort d'Ali Chandora, qui s'était avancé à [Il pour- suite des Brakna en retraite jusqu'à Boghé. Certains disent qu'il aurait été tué dans un combat livré à l'émir Herba lui· même. D'autres qu'il fut empoisonné dans la nuit qui suivit le combat. La tradition est unanime à relater qu'il a été enterré un peu au-dessus de Boghé (le Dibango des Toucouleurs), sur une dune où l'on montre encore son tombeau, ou du moins j'emplacement de son tombeau, près d'un petit bosquet (1727)' He'iba ne devait pas tarder à le suivre dans ia tombe. Le poème d'Ibn Khdna dit qu'il mourut peu après le sultan Moulay Ismal'l et l'émir Ali Chandora, soit donc vers !728. Ce poème l'appelle<< cheikh des Arabes, chef des bandes, lion de la bourse, homme à la belle prestance ». Son tom- beau est à Belaoua. Il faut-ajouter qu'une autre tradition affirme que ce Mohammed AI-HeYba du poème n'est pas le chef normachi, mais le chef Oulad EH, son homonyme et contemporain. Le fils et successeur de Herba fut Ahmed. Par une con· tradiétion fréquente chez les Maures, son nom, Ahmed ould AI-Herba, devint Ahomel He·iba. Jusqu'alors, les Oulad LES BRAKNA ,s Abd Allah avaient eté à la tête de la confédération merafra, c'est-à'-dire des Arabes envahisseurs, de la postérité de Marfar ould Oude1 ould Hassân. Cette confédération, qui par son union et la solidarite de ses membres avait réalisé la conquête de la Basse Mauritanie et l'asservissement des tribus berbères, comprenait, outre les Trarza qui vivaient, depuis la 611 des hostilités, dans une quasi autonomie, les . Brakna, l'1s Oulad Mbarek, les Oulad Ghouizi et les Oulad Nacer. Il eit Il peu près certain qu'avec Je temps, et dès la nn du dix-septième siècle, la prepondération des OuladAbd Allah, tente princière des Brakna, était devenue surtout nominale. Mungo·Park, qui passait dans le Sahel de Nioro en 1796, entendait encore parler du haut prestige des « Il· braken ». C'est sous les règnes de Herba et de son fils Ahomel que se produisit la scission. De cette séparation est née la situa- lion qui a dure jusqu'à nos jours. 11 y a deux versions au sujet de cette scission des Merafra, l'une, maure, recueillie par Duboc, l'autre, toucoûleure, décrite par Sire Abbas; mais il est certain que cette scission ne fut rendue possible que par les coups fâcheux qu'EH Chandora porta au pres· tige des Brakna. D'après la version maure, ce fut Maham Mokhtar ould Nasri qui fut l'auteur du conflit, Il s'y prit d'une façon originale. La djemaa des zenaga, composée des parents de la mère de Maham Mokhtar, refusa d'obéir à Ahornel Heïba. Pour les soumettre, ce dernier quitta j'Adrar et vint avec de nombreux p a r t i ~ a n s à Baghdad, il environ 8 kilomètres de Tijikja, où nomadisait le campement rêvolté. Ahomel He'iba etait très orgueilleux et d'une susceptibilité rare. Dès son arrivée, Jes zenaga, sur les conseils de Mokhlar, lui envoyèrent une ambassade pour solliciter la paix; puis lui-même se présenta alors à Ahornel Heïba, son cousin, ,6 REVUE DU MONDE M1JSULMAN avec quelques jeunes gens des Merafrs, et feignant d'être très mal avec les zenaga, demanda en son nom et au nom de ses amis que les ambassadeurs leur soient remis pour les tuer j avec insistance, il promit de leur payer le prix que fixerait Ahomel He'iba, lui assurant qu'il ferait une bonne affaire. Furieux que des membres de sa famille le croient capable d'agir ainsi, navré que l'on ait à J'assimiler à un trafiquant, considérant qu'on lui avait fait dans le Tagant la plus grande insulte qui pouvait être faite à un homme de son rang l il jura de ne plus reparattre dans ce pays et d'abandonner il leur sort les populations qui y ha- bitaient. Il rentra alors dans l'Adrar et les Mefafra se divisèl'ent en plusieurs branches ne reconnaissant plus l'autorité du successeur de Barkenni. Chacun garda le nom de son an- cêtre éponyme, qu'elle portait déjà, à titre d'unité inté- grante de la confédération, et devint, sous ce nom, une tribu indépendante, On eut donc désormais les Oulad Abd Allah (Brakna), les Oulad Mbarek, les Ouiad Ghouizi, les Oulad Nacer, Voici maintenant la version toucouleure, vue du cÔte du fleuve, et telle qu'elle est rapportée par le distingué tradi- tionnaliste Sire Abbas, Elle diffère peu d'ailleurs de le. ver· sion maure, l.es Oulad Abd Allah (c'est-à-dire l'ensemble des Merafra désignés sous le nom de la tribu dirigeante) l:taient les seigneurs du Chamama. !ls forçaient leurs voisins, tels que les Id Ou Alch, à leur verser des tributs. Les Id Ou AYch lelir donnaient annuenement un poulain, tes Touablr, les Oulad Ald et tous ceux de rang social modeste, qui vi- l'aient a U p r è ~ d'eux, étalent frappés de contributioos.Cetêtat de choses dura jusqu'à la bataille d'Al-HareYkat, localité du Tagsnt, à l'Est de Tijikja, et où se trouve depuis fort longtemps le tombeau d'llou Yaladi Diadl: Padiq, père de Fou!!al, Cette batalile mit aux prises les Oulad Abd AIIah et ies Id Ou Alch, Lorsque ceux-ci aperçurent qu'ils n'étaient pas de taille à IUller loyalement contre leurs adversaires, ils mirent en commun·toutes leurs ruses et en usèrent pour les diviser. Cela leur LES BRAK1'/A '7 porta bonheur. Les Oulad Al-Ghouizi et les Oulad Mbarck ém1llrèrent vers Nioro et Kayes. C'est alors que se produisit le conflit entre Oulad Eli et Oulad Yatim. A l'accord, qui régnait au sein des Oule..d Abd Allah, se substitua une hostililê cordiale. Ils ne se meltaient d'accord que raremenl et pour un laps de temps très court. Les Id Ou Aich pro- fitèrent de leurs discordes itllcstines pour s'affranchir de leur JOUll. C'est ainsi qu'ils cessèrent de payer ie tribut annuel d'un poulain. L'émir Ahmed AI-Hiba eut les relations suivantes avec le grand saint des OuJad Dlman : Mohammed Al-Yadali, thaumaturge, orateur et fécond écrivain. Le griot·danseur de l'émir, ancêtre des actuels Ahel Ma- nou, avait composé un poème où il glorifiait son maître. Sous couleur de commentaire d'un de ses propres poèmes, Mohammed Al-Yadali fit unc satire amèrc du poème du griot, reprenant les expressions de louange exagérée qu'iL avait employées pour l'émir, et les appliquant lui·mêmeau Prophète. Quand il apprit ces faits, Ahmed Al·Hibase fâcha etpro. féra des menaces à l'encontre du poète. Mohammed Al- Yadali, qui ne tenait pas à'en attendre ['exécution, se hâta de venir trouver l'émir. Celui-ci lui fit des reproches: « Comment peux-tu dêmarquer le poème qui m'a été adresse? Comment oses-tu en detourner le sens sur un autre que moi? Tu as fait là quelque chose de grave. » Le marabout repondit simplement: « J'ai transporté vos Jouanges vers quelqu'un (Mahomet) qui est meilleur que moi et que vous. » La colère de l'émir tomba, et il lui fit don d'un chameau, s'engageant à ce tribut en son nom et au nom de ses suc- cesseurs jusqu'au jour du jugement dernier. Par la suite. leurs relations fUrent tout Hait cordiales, et le poète dlman i composa à la louange d'Ahmed ould He1ba et de sa maison une très élogieuse qacida (1), (1) La traduction de ce poème a él' donnée dnns le Billie/in du COl1lU4 «EtudeJhi#orf'1"e8de/' A. o. F.• 1920. ,8 REVUE DU MONDE MUSULMAN Les derniers JOUiS d'Ahmed Al·Herba furent encore agi- tés par des luttes entre les Oulad Ahmed, alliés aux des- cendants des Oulad Rizg et l'émir Mokhtarould Omar, des Trarza (vers 1758). Les Oulad Ahmed vaincus, et qui s'étaient avancés en territoire trarza, furent refoulés vers les pays brakna. Les luttes intestines qui avaient déchirê la confédération merafra allaient se produire au sein même des Oulad Abd Allah et amener leur scission: 1" en les tribus Normachet Siyed, telles que nous les trouvons aujourd'hui dans le Brak.naj 2" en Oulad EH et Litama, tels que nous les trou- vons dans le Gorgol et l'Assaba. AAhome! He'lba, mort en février 1762, d'après le poème d'Ibn Khalina, et enterré à Nagué, dans l'Aoukar, succédè· rent d'abord son fils aîné EH, ensuite son fils cadet Ah· meïada. Une autre tradition dit que AhmeYada est le fils, non le frère d'EH. Le tombeau d'EH se trouve à AI· Qadra dans le Raag et celui d'AhmeYada, à Tijam dans l'Agan. C'est sous le commandement d-e ces deux chefs, c ' e s t ~ à · dire dans les années qui suivirent 1782, que se produisirent ces graves événements. Jusqu'à cett-e époque, les Normach nomadisaient en hivernage près de la Sebkha de Tidjinia. kout, et autour de Talorza et d'Achamin, situé à une jour. née de marche au nord de la Sebkha. La saison sèche les amenait, comme la plupart des tribus dans Je Tiris. Avec Ahmeïada, .1s se fixèrent dans J'Aftaut pendant la saison sèche, et dans J'Agan, pendant l'hivernage. Les Juttes in- testines qui éclatèrent à cette date provoquèrent un exode plus méridional encore: les Oulad EH, les Oulad Al·Yatim et les Oulad Siyed allèrent s'installer à GuÎmi. Ils se batti· rent entre eux, comme ils s'étaient battus avec les Oulad Normach. Les OuJad Al-Yatim, commandes par SeYbouli, furent vaincus et émigrèrent à l'est du GorgoJ, dans la région qui depuis a pris leur nom: le Litama. Les Oulad US BIlAKNA '9 Eli les y suivirent P('·u après, et s'installèrent auprès d'eux dans la vallée inférieure du Gargalo Les Normach et les Siyed, restés seuls en présence, se paMagèrent le pays: les premiers nomadisèrent dans la haute région entre Guimi et l'Agsn; les autres se fixèrel')t dans la partie méridionale du Brakna, de Guimi au lac d'Aleg et jusque dans le Chamama. Cette division amena l'indépendance des Siyed vis-à-vis des Normach. Leur chef, Mokhtar, ould Aghrich, entendit comme. son père Aghrich l'avait dMà tenté, ainsi qu'on le verra plus bas, être l'égal, à tous points de vue, de son cousin Ahmeïada, et être J'émir desOulad Siyed comme Ahmeiada était J'émir des Qulad Abd Allah. Mokhtar mourut, d'après Golberry, en 1766. C'est du moins ce qui ressort de son texte. « En 1766, le chef des Brachknaz mourut, et Hamet Moktar, son fils, devint, par droit de naissance et de succession, chef et roi des deux tribus des Maures·Brachknaz et Darmanke. » Il se pourrait d'ailleurs que cette succession vacante fOt due, non à la mort de Mokhtar, chef des Oulad Siyed, mais à celle d'Ah- meïada, chef des Oulad Normach et émir des Brakna. La chose est de peu d'importance d'ailleurs. Toujours est· il que c'est en 1766, ou autour de cette date, que les chefs Oulad Sîyed, branche cadette de la dynastie, pren- nent définitivement figure d'émirs de Brakna. Ce fut la situation politique et géographique respective des deux tribus qui amène ce curieux rCsultat. Les Euro- péens de Sa.int.Louis, tant Français qu'Anglais, tant de l'administration que du commerce, s'habituèrent dCfiniti- verne nt à traiter avec les Oulad Siyed, qui commandaient les voies d'accès au fleuve dans cette région du Chamama, et à les considérer comme les vrais et seuls mattres du pays, à J'exclusion des Normach, dont ils ignoraient J'existence ou qu'ils considéraient comme une fraction soumise aux Oulad Siyed. L'émir dl;$ Siyed fut pour eux le véritable 30 REVUE nu /dONDE MUSULMAN émir du pays, et c'est à ce « sultan des Brakna », Moham- med ould Mokhtar lui-même, que nous voyons les Anglais payer, dès avant '767, les coutumes annuelles et c'est avec lui que le Gouverneur de Repentigny va conclure le pre- mier traité que nous avons conservé (I785). On comprend que les chefs Oulad Siyed ne firent rien pour détromper les gens de Saint-Louis. On devine même qu'ils aidèrent, de toutes leurs forces, à la confusion. Par la suite et avec If! temps, leur usurpation fut confir- mée; la prescription leur fut acquise·à leurs propres yeux, aux yeux de J'ensemble des tribus maraboutiques, et aux yeux mêmes ou peu s'en faut des Oulad Normach. Ceux- ci en effet, dépossédés de leur commandement depuis \m siècle et demi, n'ont élevé, depuis notre occupation, que des prétentions fort timides. Ils parlent de leur comman- dement comme d'une chose fort lointaine, à proprement parler comme d'un droit historique et périmé, souvenir glorieux du passé. C'est à Aghrich quela tradition Brakna, déjà signalée par Faidherbe en 1864, attribue j'honneur d'avoir noué officiel. lement les premières relations commerciales avec les Fran- çais, d1avoir entamé et protégé la traite de la gomme, et enfin de l'avoir canalisée par les escales du Coq (1) et du Terrier Rouge (2). Elles allaient devenir, pendant deux siècles, If!s marchés nécessaires de la gomme du Brakna, et même, au moins pour la première, le marçhé intermittent du Trarza, quand les nombreuses guerres que nous démes entretenir avec cette confédération guerrière amenèrent sa fermeture. Le service que rendit ainsi Aghrich à son peuple, ou lI} L'escsle du Coq, sise J\ Ill, pointe de l'Ile li Podor, J\ lokilomètres en aval de Podor-Ville, ttll,it sur Ill, rive gauche. C'étllit UM esc.!tle commune aux Trarz8 et aux Brakna, quoique l'tmir du Brakoa en eill Mnéralement la surveillance. ( ~ } L'escaie du Terrier-Rouge était spbciale aux Brskns, Elle était sise à ..'io kilométres en amont de Podor et sur la rive droite. Ll':$ BRAKNA 3, plutôt sans doute la tradition diplomàtiquequi se créa chez nous de ne traiter qu'avec ce prince, puis avec les membres dll sa famille, qui se dirent ses successeurs réguliers, ct de ne donner qu'à celui-là les pièces de guinée des coutumes, qui formaient le plus clair des revenus de l'émir, contri- buèrent puissamment, ainsi qu'il a été dit, à établir, d'Une façon définitive, La dévolution de J'émiratbrakna. Cette di- gnité va se perpétuer dans les Ahel Aghrich, les« Lakari- ches », comme les appellera en 11324 René Caillié. Les escales classiques, surtout le Coq, conservèrent leur importance pendant tout le dix-huitième siècle. Quand en 1744, par t'initiative de l'intelligent directeur de la Com- pagnie, David, les Français s'installèrent à Podor, ce vil- lage devint l'escale officielle des Brakna et le terrain neutre des négociations. Abandonnee quelques temps, lors de l'occupation anglaise de Saint·Louis (1758) t'escale reprit peu après, avec les Anglais mêmes, son importance ct ne la perdit plus. Le chef du village était, comme dit René Caillié (r824},« Ministre du Roi» auprès de cette autorité française. Mais l'escale rédIe, le nlarché des transactions, où les navires jetaient l'ancre, où se réunissaient traitants sénégalais et vendeurs maures, chefs Oulad AbdAllah, ma- rabouts locaux et délégués du grand Borom de où seul pouvait s'effectuer la traite de la gomme et le com- merce des autres produits, étaitsituée au confluent terminal du fleuve et du marigot de Doué, à ce Coq, célèbre pen- dant deux siècles dans nos annales sénégalaises. Le dix- neuvième siècle, plus libéral dans la réglementation écono- mique, devait voir les transactions s'effectuer d'un bout il J'autre du fleuve, et ces escales de J'ancien régime dépérir et disparaltre. C'est, au dire de Golberry, l'ancienne Compagnie des .Indes, qui avait fondt J'lIsage des COlltumes annuelles, paytes aux chefs maures, voisins du Sénégal, et aux princes, chefs et rois des nations noires, avec lesquelles fe commerce exigeait des relatIons. REVUE DU MONDE MUSULMAN Quand les Anglais devinrent maltces du Sl:n/:gal par une suite des êv/:nements de la guerre de Sept ans, pour l'avantage de leur com- merce, ils suivirent l'usage de faire des traités d'alliance et de bonne intelligence avec les princes maures et les princes nd8res.. , Ils avaient une sorte de registre manuscrit qui contenait dans le plus gund détdl les motifs, l'énuml:rlltion et l'ordre des coutumes qu'on devait pllyer annuellement aux chefs de ce9 nations africaInes, tes /:poques oÔ ces coutumes devaient être délivrées, des notes relatives à l'importance res- pective de ces chefs et de ces nations, des instructions sur Jes règles qu'il faHait suivre en délivrant ces coutumes, et des observations poli- tiques sur le commerce d ~ cette partie de l'Afrique, On voit à quel point les Anglais, maîtres ès arts p o l i t i ~ ques, poussaient leur documentation, Leur habileté dans l'action n'é'tait pas moindre, Ils ne dédaignaient pas' les moyens d'agiter ces hordes des Maures, de les animer ['une contre l'autre, "de les balancer, de les contenir et de leur inspirer réciproquement des jalousies. Golberry, qui eut l'occasion d'avoir;un de ces registres po· litiques de l'aaministration anglaise « pendant le temps qu'ils ont possédé le Sénégal, c'est-à-dire, depuis 1760 jusqu'en t779 », en a traduit certains passages intéres- sants. Voici le texte concernant le Brakna : Coutumes à payer à Hamet Mcktar, chef des deux tribus maures de la famille Agrlchy. Am-Hamet-Moktar est chef des tribus maures Ouied Abdallah, communément appelés Brachknaz et Darmaflko, qui forment la famille , Agrichy, Lecommerce de lagômme avait engagé de payer annuellement des coutumes à ce roi maure; elles furent augmentèes à l'époque, ct! l'on demanda la permission :d'èrîger un fort à Podhor, avec un villase attenant, dont les habitants auraient autant de terres qu'ils croiraient nécessaire d'en cultiver dans les environs du fort. Cette coutume fut payée réguaérement jusqu'en 1765; alors les Fran- çais abaudonnèrent le fort et le vi1l9ge, Mais en conséquence d'un ac- cord fait avec Am-Hamet-Moktar, le fort de Podhor fut rétabli ainsI que le village, en 177z, avec les mêmes privilèges, A l'époque de ce rétabllssemnt, il fut convenu queles coutumes que LES 8l1.AKNA !(lS Français étaiem dans l'usage de payer au chef des Maures Brachk- naa seraient aussi rétablies, mais que Hamet Moktar ne pourrait les réclamer qu'à commencer du mois d'aoat 1775, parce qu'alors seule- ment la reconstructlon des forts et village de Podhor serait achevé. Le but de rétablissement de Podhor n'est pas seulement d'entretenir la bonne intelligençe ct le çommerce àvec leslMaures braçhknaZ" ct dar- manko, mais aussi d'acquérir par là, asseZ" de poids etld'innucnce sur les Foulhas-Peuls, qui sont les habitants natifs de la contrh; prévenir les hostilités et les pillages qu'ils faisaien<tous les jours sur le commerca des Blancs et autres marchands de l'Ile Saint-Louis du Sénégal: sur· tout pendant le voyage de Galam et au retour de ce voyage, les brigan- dages ét les hostilités de ces nègres menaçaient de la perte entiére du commerce dans ces districts, Cette circonstance prouve suffisamment l'importançe et l'utilité de ce fort, l'avantage de son établissement et de son entretien, Cl des cou- tumes payées AHametMoktar pour Ill. protection qu'il s'engage de don- ner li l'établissement de Podbor contre les FQulhas. Coumme annuelle qui sera pa)'ée au roi Hamed Moktar, chef de la famille Agrichy, aussi longtemps que subsisteront le fort et l'établisse- ment de Podhor. Cinquante-quatre pièces de.guinée, Huit pièces de sUéaie, Quinze ancres de poudre, Six fusils de traite, Deux cents pierres AfusH, Deux cellts balles, Onze longues barre de fer, DOl.lze filil\res de rassades, Trente piastres, Une livre de clous de girofle, Un cotTre de bois avec un cadenas. On rendra aussi des honneurs aux rois etchef des Maures Trarshaz et Brachknaz, quand ils se rendront à l'Ile de Saint-Louis du Sénégal, Am-Hamel Mokhtar Agrichy, roi des Maures Brachknaz et Dar- manko, sera salué de cinq coups de canon de la m ~ m e batterie, en ar- rivant el en partant. Il est d'usage de nourrir certains chefs dl.l continent aux dépens du roi, quand ils viennent 11 l'Jle du Sénégal, bien entendu qu'ils n'y res- tent que pour arranger quelque affaire avec le Gouverneur. C'est ainsi que tout était prévu et arrangé à l'égard de ces chefs maures avec lesquels il est important, pour J'avantage du commerce, de s'entretenir en bonne harmonie, et en boune intelligence. .XLl!. , REVUE PU MONDE MUSULMAN La forêt dés gommiers, qui était reconnue officiellement aux: Brakna, etait celle d'AI.Fatak, comme la forêt de Le- biar etait celle des Id Ou AI.Hadj (Darmanko), et la forêt du Sahel celle des Trarza. En réalité, ces bois de gommiers n'étaient que les principaies et plus riches agglomérations d'acacias, et on faisait la cueillette de la gomme un peu partout dans tous les boqueteaux: d' « irouar >Jo qui cou- vrent le territoire de la Basse Mauritanie. CHAPITRE VII LA BRANCHE CADETTE DES ÉMIRS llRAKNA: OULAC SIYED \. - Mohammed ould·Mokhtar (1766, t vers 1800). Mohammed ould·Mokhtar, petit.fils d'Aghrîch, peut être considéré comme le premier émir de la branche cadette des Qu!ad Abd Allah: les Oulad Slyed. Il apparalt dans la tradition comme le successeur d'AhmeYada , fils ou petit-fils d'Ahornel Herba, des Normach. C'est vers '766 que se pro- duisit cette substitution. Depuis deux générations déjà, les Oulad Siyed étaient établis entre le lac d'Aleg et le Beuve. On sait par la tradi· tian que Mokhtar, père de Mohammed, a ete enterré à Ourom Dje1jel, près de Regba, et que Aghrich, son grand- père, mort de maladie, a été enterré à Taboumlib, près d'Quez7.an. Quant à Seddoum, père d'Aghrich, il fut tue au cours d'un rezzou et fut enterré à Oumm Abboun, dans le Zemmour, Le tombeau de son père, Siyed, l'ancêtre eponyme, se trouve dans l'Agan. Les Oulad Siyed et, à l'occasion, les Oulad Norml.lch se signalaient par d'incessantes incursions dans Je Fauta. Les Chroniques de Siré Abbas signalent une longue et cruelle guerre de sept ans que le Cheikh SouleYman Bal et les der- 36 REvut DU MONDE MUSULMAN niers souverains de la dynastie de Tenguella soutinrent contre les pillards Oulad Abd Allah, vers 1770. Le document anglais précité, de '767. donné par GoI- berry, relata qu'à cette date déjà les coulumes sont payées à Mohammed Duld Mokhtar. Un peu plus tard, en '785, quand les Anglais ont dl1 -vider les lieux, un document officiel français nous atteste à nouveau la p r é s e n c ~ de Mohammed oulcl Mokhtar à la tète de l'émirat brakna. Le 10 mai 1785, Mohammed ould Mokhtar f <t roi », dit Je texte français, «sultan », dit le texte arabe, des Brakna, signait sous les auspices et protection du gouverl\eur, comte de Repentigny, avec le sieur Durand, directeur gé- neral de la Compagnie de Commerce du Sénégal, un traité d'amitié et de réglementation de la traite de la gomme. Il était réglé en substance dans cet acte, où le texte fran· çais déforme toujours le nom de l'émir en « Ahmed Mokhtar» : a) La Compagnie a le droit d'établir un comptoir à Podor et d'autres comptoirs dans tout autre poillt du territoire d'Ahmed avec liberté en- til!re de traite sur tolltes matières. bl Ces etablissements sont sous la sauvegarde speciale de Moham- med Mokhtar. c) Suppression de tout commerce direct ou indirect avec les Anglais, avec gratificationà l'émir chaque fois qu'il arrêtera une caravane allant chez les Anglais de Portendik. d) Promesses des bons offices de l'émir pour l'activIté de la traite, la fixation du « kantar 11' au plus bas prix et à la plus haute mesure pos- sible, l'aplanissement de toutes difficu'ltês. e) Versement .d'une coutume annuelle: [0 11 l'émir (400 pièces de Guinée, 100 fusils fins, :100 barils de poudre de :1 livres, etc., sans ou- blier une moustiquaire, pl liS une pièce de guinée par huit kantar me- sures et conduits à bord;:I· 11 Sidi EH, frère du roi (14 pièces de gui- née, etc.); 3° à la femme dll roi (8 pièces de guinée, etc.); 4· 11 ,Fatma, sœur alnée du roi (4 piéces de guinée, elc.); 5° 11 chaculle des quatre jeunes sœurs de Mohammed Mokhtar et 11 sa fille (2 piéces de guinée); 6· au premier ministre (5 pièces de guinée, etc.); 7° pour les soupers l.ES DRilKNA de Sidi Ely et des marabouts qu'il loge chez lui (1 mou/on et bou- teilles de mélasse); 8° pour sa suite (id). Tous ces objets payables un tiers au commencement de la traite, un ders au mi!Jell, et un tiers à la fin. Le total des coutumes versées aux Brakna etait évalue, en 1787, d'après le livre de comptes de la Compagnie, à 5.5g8 livres. L'émir Mohammed ould Mokhtar, allié aux Id Ou Aïch, soutint une Jutte implacable contre son voisin Eli Kouri du Trarza. Un combat violent, dit Mohammed Youra, s'en- gagea près du puits d'Jn Temadhi (un peu avant 1786, année de la mort d'EH). Les Trarza vaincus durent prendre la fuite vers j'ouest. Après une course éperdue, ils arrivèrent à'Kheroufa, célèbre alors par un grand arganier. Rejoints en ce point par Home'iada ben Ali, descendant d'Ahmed ben DAmân, et par un parti de guerriers, ils firent face à -l'ennemi. Le sort changea. Les Trarza reprirent Je dessus et poursuivirent à leur tour les Brakna, qui se hâtèrent de tourner bride vers l'est. La tradition rapporte qu'au puits de Djefalf les fugitifs un campement de tolba qui abreuvaient leurs bœufs. Un des guerriers brakna, fa- tigué de cette course éperdue, sauta sur une vache pour continuer sa route, mais celle-ci fit un bond et jeta à terre l'homme qui tomba malencontreusement, montrant que, sous sa chemise, '11 n'y avait pas de culotte, ce qui fit rire tout le monde. La lutte devait prendre des proportions plus grandes en- core par j'entrée en scène des « Foulhas » (Toucouleurs sans doute), allies des Brakna. «Nous fo.mes, en 1786, dé- crit Golberry, les témoins oisifs et inutiles de l'explosion qui fermentait depuis plusieursannecs. En 1785, Hamet-Mokhtar, roi des BrachknaZ", homme il la foislAche, orgueUJeui': ct insolent, parce qu'il soutenu par Je roi des Foulhu, neleva la femme favorite d'Eli-Kouri, et Sul si bien s'attacher celle 38 REVUE OU MONDE MUSULMAN femme qu'elle fit declarer à son premier maltre, qu'elle se silparait à jamais de ltli. Les hostilitès recommencèrent l'année suivante. Eli Kourl provoqua Mohammed ould Mokhtar. Le combat s'engagea, en octobre 1786, à 20 lieues de Saint-Louis. Eli Kouri fut vaincu et tué. Le vainqueur Mohammed ould Mokhtar ne fut pas exemple de souci, car peu après le il Siutick-almami» attribuant la victoire il ses 400 guer- riers » prétendit faÎre la loi, non seulement aux Trarshaz, mais aussi aux Brachknaz, 4UX Darmanko, aux rois nègres ses voisins, et même aux Français du Sénégal. Golberry constate encore en 1785-1787 <'< que les Dar- manko (= Ida Ou Al-Hadj, du Trarza), ont pour les les Brakhknaz un attachement et une dèférence qui ne se sont jamais démentis; que leur chef témoignait "le plus grand respect pour Hamet·Mokhtar (Mohammed Mokhtar), chef des Brachknaz, qu'il le reconnaissait comme «roi, comme général de la nation, comme le père de la famille des A'grichys; que, dans toutes les circonstances. les inte- rêts de ces deux tribus sont toujours réunis, toujours com· pris dans les mêmes traités, et que le roi des Brachknaz discute, agit, conclut tout seul pour ces tribus germaines, sans que jamais il y ait aucune réclamation, aucune oppo· sition de la part des Maures Darmanko, » Golberry qui a vu à peu près juste l'immigration des hassanes (les Maures::Oulad, comme il les appelle, oubliant le mot principal: Hassan) fait venir ensemble du Nord les Brakna et les «Ouled El-Hadj », Ces tribus, dit·il, « n'en formaient autrefois qu'une seule », ce qu'il faut entendre non au sens des origines ethniques, puisque les Brakna sont Arabes, et les Ida Ou AI·Hadj, Berbères, mais au sens de la confedération d'une tribu guerrière et d'une tribu ma· raboutique, Mieux encore, l'intérêt économique explique cette alliance du dix-huitième sï'ècle, qui a disparu par la suite, Golberry signale avec justesse cette cause: « Ils s'at- tribuèrent la possession du territoire compris entre celui des Trarchaz et le Ludamar, l'exploitation des forêts (de LES BRAK1I'A gomme) d'AI·Fatack et d'EI.Hiebar, ainsi que plusieurs mines de sel, situées dans ces déserts de sable. Mohammed ould Mokhtar eut les honneurs de la carres· pondance qu'adressait régulièrement Boufflers à Mme de Sabran. Il est vrai que la relation de Boufflers est loin d'être flatteuse pour l'émir brakna et que si celui-ci avait pu se douter du jugement ironique du Gouverneur, il au- rait eté mains ravi de l'entrevue. Mais peut-être cette im· pression défavorable est·elle due à la chaleur de 50° Réau· mur, à l'ombre, que Boufflers eut à supporter, ayant eu l'idée fâcheuse de faire son voyage au mois d'avril (IJ8J). L'émir maure « lui parut misérable et rapace ». Il dit encore: « C'est un homme fort puissant, mais fort doux et en méme temps fbrt dévot. Il n'aime que les femmes et les prêtres, et passe sa vie le plus qu'il peut à Podor pour être loin de son camp, loin de ses ennemis. Il habite une mauvaise chambre du fort avec une femme en titre et trois ou quatre dames d'honneur qui en manquent de temps en temps, livré aux conseils de ses marabouts qui lui laissent faire toutes ses sottises et toutes ses fredaines, pourvu qu'il porte une centaine de leurs petits scapulaires qu'ils appel. lent gris.gris, et qu'il fasse par jour environ huit à dix prières ridicules sur une peau de mputon qu'on étend à ses pieds. Le reste du' temps, il converse - cela s'appelle palabrer - sur les interêts de sa prétendue couronne ct le resultat de tous ses palabres e.st de demander des présents et des secours qu'on ne lui donne que le moins qu'on peut, d'emprunter au tiers et au quart des étoffes, des fusils et d'autres marchandises, sous prétexte d'une guerre à soute- nir, mais qu'il donne par le fait à tout ce qui l'entoure... Sa figure est assez belle; il ressemble à une sainte face dont la couleur aurait beaucoup poussé au noir. Il est plu- tOt drapé qu'habillé d'une manière très pittoresque, presque toujours en blanc. Du reste, il Il absolument la dégaine d'un roi faineant et, qui plus est, d'un 'roi mendiant. » R&VU! OU MONDE MUSULMAN Les deux interlocuteurs échangèrent des cadeaux. Bouf- flers reçut pour sa part un cheval du fleuve, Après quoi, il confirma j'alliance traditionnelle et s'empressa de venir à Saint-Louis. Le 29 mars '793, an II de la Republique, un décret de la Convention nationale interdit toute relation avec l'émir. En voici le texte: « La Convention- nationale, voulant obtenir la réparation des vexations que I-{amet Moktar, chef de la tribu des Maures braknas, s'est permises envers les Français qui sont allés dans ce pays pour faire la traite de la gomme, Décrète ce qui suit: « Article premier. - Il sera signifié à Hamet Mokhtar, chef de la tribu des Maures Braknaz, que la Nation fran- çaise ne lui paiera plus aucune coutume, et cessera toute relation de commerce avec lui jusqu'à ce qu'il ait répare les qu'il s'est permises envers les li'rançais et qu'li ait donné des otages, qui répondent de sa conduite pour l'avenir, « Art. II. - Il est défendu provisoirement à tout bâti- ment français de faire aucune traite de gomme à l'escale qui est sous la domination d'Harnet Mokhtar i le conseil. exécutif est autorisé à établir sur la rivière un bâtiment armé qui fera respecter cette défense, » L'émir ne conçut aucune fierté de cette marque d'atten· tion spéciale de notre Convention nationale, Les démarches- qu'il se hâta de faire et les qu'il donna pour l'avenir firent surseoir à ce décret, mais l'exécution allait {ln être décidée quelques années plus tard. En '799, en effet, - une délibération du '4 ventOse, an 7, nous l'atteste, - des envoyés d'Amar Koumba, émir des- Trarza, se présentaient devant le Commandant (Blanchet) et les principaux habitants du Sénégal (Comié, Pellegrin. Pierre Dubois, Blandin fils, etç.),« assemblés en la maison du Gouvernement », et informaient les Français de la part LES lIRAKNA de leur mattre que l'émir Brakna se préparait à faire la guerreau Sénégaletqu'il avait députcsol1 filsAghrich à Amar Koumba pour lui communiquer sa résolution et le presser de se joindre à lui. L'émir des Trarza avait refusé, et la rup- ture des bonnes relations avec les Brakna en était résultée. Comme suite à cette délibération, Amar ould Koumba était remercié au nom du Gouvernement français et rece- vait un « présent extraordinaire », tandis que Mohammed Mokhtar voyait mettre à exécution contre lui les mesures hostiles prescrites par la Convention. Mohammed Mokhtar disparaissait peu après (vers 1800). 2. - Sidî EU ]0' (vers 1800, t IS10). L'émir Mohammed ould Mokhtar fut remplacé, à sa mort, par son frère Sidi EH (vers 1800). C'est dans cette branche cadette que s'est perpétué le commandement. Les relations. de Sidi IW avec les Français furent cor· diales.On le voit intervenir en médiateur, au début de 1806, entre les Français et le Fouta agité par la révolution musulmane. Ses bons offices aidèrent à la conclusion du traite du 4 juin 1806, où il apparalt comme premier mi· nistre de l'a1mamy «Roi des musulmans du Fauta ». Les préliminaires du traité portent en effet; « Au nom de Dieu et de S. M. Impériale Napoléon lor, paix, amitié et bonne intelligence entre tous les habitants du Sénégal. et ceux du pays Fauta, qui seront tenus de part et d'autre, après la ratification d'Almamy, de se conformer aux con- ventions et règlements prescrits et arrêtés définitivement par le généra! Blanchot, commandant pour S. A. M. 1., d'une part, et de l'autre par Sidi EU, fils de Mokhtat· Agrz'sse, chef de la tribu des Bracknas, chargé des pouvoirs d'Almamy... » REVUE DU MONDE MUSULMAN Pour reconnattre ces bons offices, le Gouvernement français lui versa, pendant les deux annees où il se main. 'tint encore au Sénegal, « une coutume d'honneur ». Cette .coutume devait être reversêe à son fils Ahmeddou dans le traité de 1819_ Elle continua d'être payée jusqu'à Faidherbe. On le trouvera. en annexe dans l'état des coutumes de 1840, donnê à titre d'exemple. Mais ce qui apparatt à cette heure, c'est que les Maures brakna, tant guerrierli que maraoouts, après avoir considé- rablement aidé au succès du parti torodo etde la revolution religieuse du Fouta (fin du dix-huitième siècle), vont con- server pendant tout le dix-neuvième siècle une influence considerable sur les dirigeants du peuple toucouleur {ant du Fouta occidental (Toro. Lao) que du Fouta oriental (Yrlabè, Ebyabè, Bosséa). On Il conservé de Sidi EH le traité passé, le 7 juin 1810, .avec le lieutenant·gouverneur Maxwell, representant de l'au- torité anglaise, qui venait de conquérir le Sénégal. Ce traité est identique au traite que passa le même jour le lieutenant- .colonel Maxwell avec l'émir des Trarza. 11 est à remarquer que pour la première fois les émirs brakna y reçoivent leur 1itre exact: «chef d'une tribu des Brakna », c'est-à-dire les Oulad Siyed. Les dispositions de ce traité sont beaucoup moins minu- tieuses que celle des traités français. Le principe des c o u ~ tumes est reconnu, mais la liste en est dressée individuel- lement pour chaque bâtimeqt arrivant à l'escale, après .entente entre le capitaine et ie subrécargue et Je chef maure-. Une copie de cette liste reste entre les mains des deux par- ,ties contractantes. En l'absence de j'émir, c'est Mohammed Sirli, son pre- mier ministre qui Je remplace. A la disparition des Anglais, Sidi EU s'empressa de re- nouer les relations avec ies Français. « Ma joie a été à son comble, écrivait·iI en rBI7 au colonel Schmaltz, en appre- LES BRAKNA nant votre arrivée au Sénégal» ; et il ajoutait immédiate- ment: « Remettez à mes envoyés la coutume que les Fran- çais omirent de payer, lors de la prise du Sénégal par les Anglais, ainsi que celle dont ces derniers s'emparèrent, l'année passée, dans l'affaire du bâtiment de Fars Bion· din. » 3. - A hmeddou ]"' (r818-1841), Ahmeddou Ior succeda à son père Sidi EH, au début de 1818, Le tombeau de ce dernier se trouve à Arroug, dans le Chamama. I! faisait, dès les premiers jours, la preuve de sa bonne volonté, en offrant ses services au gouverneur, qui avait alors des difficultés avec certaines tribus peul et avec des villages du Oualo. On lui fit tenir des secours en armes et en munitions. 11 passa le fleuve avec quelques bandes et pilla plusieurs villages ennemis et par-dessus le marché Nguik, qui nous était dévoué. Cette guerre s'acqompagna de pam- phlets, suivant la coutume'maure, A une satire, que nous n'avons pas, et qui fut envoyée sur Sidi EH aux gens de Nguik, ceux·cl réponàirent; Dieu J u i · m ~ m e a dêfendu aux malfaiteurs de se trouver face Il. (ace avec ses serviteurs. EH s'il aml!ne la destruction sur Je pays de son pêre, doit être re. poussê par les honnêtes gens. N'est-ce pas dêjà assez qu'il ait êtê cause de la ruine de notre l'il· Jage et de celui de Quadan P Nous, gens de Nguik, nous ne saurions être contents d'EH si Je Gou- vernement n'en est pas content lui-même. Que lui el sa bande viennent dans noIre village et nous les chasserons sans retard. Et pourquoi Nguik ne les chasserait-il pas? N'ont-ils pas amenê la ruine sur Nguik i' Au même moment, des combats vÎctoril:ux contre ses REVlJE DU MONDE MUSULMAN voisins Trarza : Oulad DAmAn, Oulad Sassi, Ahel Attam essayaient son influence et sa réputation. Le 20 mai 1819, Ahmeddou conférait à l'escale du Coq avec le colonel Schmaltz, commandant pour le roi et ad· ministrateur du Sénégal et dépendances. Un traité était signé le méme jour. Le préambule constate « la conduite juste et irrepro- chable, tenue par Ahmeddou envers les traitants de Saint· Louis, le grand intérêt qu'il a de se conserver en bonne intelligence avec les Français, et - ici nous retrouvons, Schmaltz et ses projets de colonisation agricole - les im· menses avantages, qui résulteraient infailliblement pour lui, son pays et ses sujets, si le système de colonisàtion projeté sur la rive gauche du fleuve. était en même temps exécuté sur le territoire considérable et populeux qu'il pos· sède sur la rive droite », Cette belle prose coulait en vain, car elle n'est pas traduite dans le texte arabe du traité. Voici les principales dispositions de cet acte: a) Ahmeddou, c roi de la tribu des s'engage li favorise'r par tous les moyens la traite de la gomme et tout autre commerce; /1) MaIntien des coutumes sur les bases anciennes; cl Aillneddou s'engage à se conformer aux règlements, pris par le commandnnt pour empêcher la fraude, et li ne jamais arrêter ou sus- pendre la traite, avant d'en avoir référé au commandant et reçu sa ré- ponse, sont nouvelles et témoignent de l'emprise de plus en plus profonde de l'autorité française, cf) Neutralité d'Ahmeddou dans Jes guerres au Sénégal ; e) Abmeddou • invite (1) le commandant français à diriger sur son pays des sujets du roi de France pour y former,conjolntement avec les siens des établissements de culture, comme ceux qui étaient alors tentés sur la rive gauche dans le Ouale i f) Cession à la France des territoires propres il la formation d'éta· blissements agricoles; 11) Autorisation de construire des forts et d'y mettre des garni. sons; h} Maintien au fils de la coutume d'honneur l'euèe au père, Sldi Eli; LES BR.AKNA Schmaltz professait pour Ahmeddou une grande estime et cherchait à ['intéresser à ses plans de colonisation. 11 ecrit de lui au ministre, le 27 mai 1820, alors que pour- tant ses bonnes relations avec l'émir sont déjà rompues. « Ce prince avait toujours paru distingué,parmi les Maures, par des pensées plus grandes, une inclination toute favo- rable à adopter les idées des Européens. Sa justice sévère et sa loyauté avaient ramené l'ordre dans son escale et gagné la confiance des traitants. » Schmaltz signale encore que l'émir avait un «vif désir d'obtenir la concession d'une nouvelle coutume annuelle, appartenant en propre à l'aîné de ses enfants, et non divi· sible entre les princes comme le sont les autres. Il eKpérait par ce moyen fixer la royauté dans sa famille, en raison de la prépondérance que donneraient à l'heritier présom. ptif les richesses dont ii pourrait disposer. » On ne sait qui du courtisan Schmaltz ou du cupide Ahmeddou eut, le premier, cette idée géniale. Malgré ces bons rapports, malgré la nécessité qui s'im· posait à Ahmeddou, en guerre avec les rd Ou Arch, de s'appuyer sur nous pour éviter les défections de nombre de ses gens et pouvoir tenir tête à ses ennemis, l'émir se laissa entrafner par les excitations religieuses et xéno- phobes des « FouJhas ». L'annbe précédente (18'9), Sch. maltz avait cree le poste de « Raquel» et montré sa vo- lonté de faire la traite dans le haut fleuve, en s'en tenant rigoureusement aux termes des actes passés avec les alma· mys du Fouta et sans autre condition. Les choses s'enveni· mèrent très rapidement. Schmaltz, qui était venu en fé- vrier 1820 à Podor, pour éclairer la situation et faire cesser les attaques des convois, nc put rien obtenir et fut bientôt lui-même assailli. Il croyait pouvoir compter sur Ahmeddou, avec qui il avait eu plusieurs entrevues à Pador même, et qui l'avait assuré de son dévoOmcnt. Il n'en fut rien. Ahmeddou se REVUE DU MONDIi: MUSULMAN laissa entraîner par l'exemple des Trarza et des Poule. Toucouleurs qui, les premiers, sous la conduite de leur émir Amar ould Mokhtar, non reconnu par nous, les autres sous le commandement de l'almamy Siré, de Tierno Mali et de l'éliman Bou Bakar, tentaient d'ameuter tout le pays contre nous, au lendemain de la reoccupation de la colonie. On escomptait même la coopération du damel du . Cayor. Toutes ses bandes envahirent le Oualo, qui venait de conclure avec nolJ.s un traite de commerce et d'amitié et dont le brak. restait fidèle à ses engagements. Une petite colonne marcha de Saint· Louis à leur rencontre. EUe se renforça d'auxiliaires ouolofs, chassa les pillards du Oualo, et envahit à son tour les abords du Fouta. Deux villages furent detruits par l'artillerie de la Botme fluviale. Les Maures se hâtèrent de repasser le fleuve. La paix fut con- clue aussitÔt av-ec [es Foutanké. Les pourparlers s'enga- gèrent avec les Trarza et les Brakna, mais ce n'était plus Schmaltz qui les devait faire aboutir. Le 25 juin 1821, un nouveau traité de commerce et d'amitiê était signé avec Ahmeddou. L'auteur en etait le capitaine de vaisseau Le Coupe, successeur de Schmaltz. Il y est dit en substance: Il) Ahmeddou s'engage à favoriser par tous les moyens la traite de la gomme et tou\ autre commerce; /1) Maintien des coutumes, versées lant par le commercc que par ie Gouvernement, mlt!s, le payement en sera. effectué à Saint-Louis à la fin de la traite, Pas de traitc, pas de coutumes; cl En cu de difficultés entre ilt France et le Toro sénégalais, trans· fert de j'escaie hors de la portée des Foutanké; d) En cas de discussion de l'émir avec un traitltnt, suspension de la traite poucce seul commerçant. Réglement de la question par J'émirat l'assemblèe des traitants; e) Neutralitè des Brakna dans les guerres et recon- naissance de la propriété des habitants de Saint·Louis sur le Oualo; f) Projets d'établissement de culture, notamment de coton, dans le Chamama. Dispositionsréciproques II. ce sujet. LitS BRAKNA 47 Ce traité scellait l'alliance de Saint-Louis et des Brakna. Il êtait la rêcompense des services rendus par qui, sur les dêsirs du gouverneur, avait attaqué le village de Dialmath, tue un homme, fait prisonnier trois et un certain nombre de pillages. L'éliman Bou Bakar etait ainsi puni d'avoir arrêté un navire, qui allait faire la traite à l'escale du Coq, Les relations continuèrent, très inegales comme avec le chef des Brakna, Le baron Roger en trace, le 28 aoo't 1824, un portrait moins flatteur que celui de' Schmaltz : « Amedou, chef des Maures Braknas, est du caractère le plus perfide, et pour l'avidité, il ne le cède à aucun· Maure. Il faut l'écouter, accueillir même ses propo- sitions, en lui promettant de riches récompenses, en cas. de succès, mais on doit bien se' garder de rien lui délivrer- d'avance, c'est un veritable escroc. » Il constate en même temps que Sidi·A1ba, un des prin- cipaux chefs chez les Brakna, esprit remuant, avide, me· nace d'abolir l'escale de Bakel, qui fait depuis longtemps ombrage à celle des Brakna, soit qu'il veuille favoriser- celle-ci, soit qu'il ait le' projet d'en établir une pour son compte, soit qu'il cherche seulement à se faire acheter. 11 est accompagné et conseillé par un nommé Moksé, ancien ministre disgracié de j'escale des Brakna, fripon, qui connaît bien les Européens et qui peut faire beaucoup. de mal. » C'.est peu après, en fin 1824, que René Caillié fit dans le campement brakna le sejour qui devait le préparer à jouer' son rÔle de jeune Égyptien dans la traversée de l'Afrique. de Boké à Tanger. li arrivait à Podor, le 29 aoîtt r824, et en repartait immediatement avec les agents «de Hamet· Dou» qui revenaient de Saint·Louis, où ils avaient touché les coutumes. Il s'installa mîsérablement dans le ment de« Mohammed-Sidy-Mectar, grand marabout du roi et chef de la tribu des Dhiêdhiébe ». Il venait en effet nEvUK DU MONDE MUSULMAN se mettre à J'ecole de ce saint homme, dans le but, disait-il, de se convertir à l'Islam, Après une visite, trop longue à son gre, à l'emir, dont le camp « pouvait contenir à peu près 100 tentes et de 4 à 500 habitants» il revint chez son marabout, s'arma d'une planchette à ânonner le Coran, et à chanter les louanges du Prophète, Il vécut ainsi neuf mois, bousculé par les uns, relativement bien traité par les autres, s'entralnant inlassablement à la térriblc aventure dans laquelle il allait se jeter, et qui a fait de lui le premier de n o ~ explorateurs par l'énergie et la force du caractère, Au début de mai 1825, s'étant rendu compte qu'if lui fallait des subsides pour se constituer une façade respec- table en tribu, il descendit à Saint-Louis, et demanda un secours au gouverneur, Des offres insuffisantes lui furent faites. La mort dans l'âme, Caillie dut abandonner son double projet de retourner achever son éducation dans le Brakna et de partir à travers le Sahara par., Oualata et Tombouctou. Ses compagnons brakna, comprenant alors qu'ils avaient ét6 dupé par son faux zèle pour la religion musul- mane, l'abreuvèrent d'injures et s'en retournèrent bre- douilles. René Caillié s'est plaint avec amertume - et non sans raison - de n'avoir pas été soutenu par l'administration, Il faut reconnaltre au moins que celle-ci, à son insu, yeilla sur lui pendant son équipée au Brakna, et fit com- prendre à Ahmeddou que ses sujets établis à Saint-Louis étaient garants de la securité du voyageur. Caillié a laisse au tome 1 er de son «Journal» plusieurs chapitres consacrés à l'ethnographie des Maures. S'ils souffrent, par lé manque de méthode habituel de l'auteur, de certains défauts litteraires, et notamment d'une exposi- tion convenable, ces renseignements n'en sont pas moins d'une sincérite et d'Une veracité parfaites. C'est peut-être LES BRAKNA 49 encore à l'heure actuelle ce qui a été écrit de plus juste et de plus intéressant sur les mœurs ct les coutumes maures, Retenons simplement ici : Chacune de ces tribus (brakna, qu'!! vient d'énumérer) a son chef particulier et indépendant. Hamet-Dou est reconnu roi par le Gouver- nement français j c'.est Il Jui que l'on paye les coutumes pour favoriser la traite de la gomme; if reçoit celles que payent les navires traitants; mais les marchandises qui en proviennent sant partagées entre tous les chefs et les princes, et ceux-ci les distribuent ensuite Il leurs sujets. Les marabouts ne reçoivent rien des princes. Ces tribus se font souvent la guerre cntre elles et peuvent l'entre- prendre sans Je consentemell;t du roi. La couronne n'est héréditaire qu'autant que le roi l.aisse en mourant un fils majeur: s'il meurt sans enfants, et même s'Jl ne laisse que des fils mineurs, la couronne revient à son qui la conserve jUsqu'il. sa mort; alors, s'if y a eu des fils mineurs' du roi précédent, l'arné rentre dans ses droJts et reprend la couronne de son père. En 1834, l'état de guerre décJarée entre la France et les Ouolofs de'Fara Pinda dans le Oualo et les Trarza provow qua la fermeture des escales du bas fleuve et un afflux con- sidérable de caravanes maures et de navires siens à ,'escale du Coq. Aussi une convention particulière intervient-eUe, le 5 mai 1834, entre Ahmeddou et le capi- taine Caillié, représentant du gouverneur, pour fixer la traite de la gomme par des mesures spéciales à cette année· là. Les coutumes furent prélevées sur la quantité de gomme et non sur le jaugeage des bâtiments (cf. annexe). Cette année-là, la traite se fit sous forme d'association en participation, et par parts égales conformément à une convention qui fut adoptée par les habitants de Saint- Louis et approuvée par le gouverneur (cf. annexe). A cc sujet, il cst intêressant de citer une Jettre, écrite j'année précedente (24 juin 1834) pltr Je gouverneur de 4 50 Rf.Yt:E DU MONDE MUSULMAN Saint.Germain «au Commandant de l'escale des Brak· oas». Elle témoigne de J'insatiable avidité des émirs maures et de l'incurable rivalité des traitants. Tâchez de faire comprendre IL Ahmeddou qu'il ne m'est pas permis de f ~ i r e ce que la loi défend (de lui faire des avances), et que ce qu'il demande ese réellement contraire A ses intérêts. Invitez en même temps les traitants IL lui refuser des avances payables en gomme. C'est hl la véritllbJe origin,e des mauvaises affaires qu'Us ont faites depuis nombre d'années. S'ils n'avaient pas J'imprévoya'nce de se Iler par ses avances, ils seraient libres de changer d'escale, lorsqu'llséprou- vent des vexations et ils obligeraient par là les Maures A établir entre chaque escale, une rivalitê de bons procédés au lieu de la riv.alitê d'e,..- torsions qui existe aujourd'hui. Cette position, considérée dans ses résultats, est de beaucoup préférable à quelques minces profits qui se font sur les avances, Je ne saurais trop le répéter: les habitants de Saint·Louis seront, du jour qu'ils le voudront, les mattres de la traIte de la gomme, dont ils ne sont que des esclaves, Ils ont malheureusement fait choix du pre- mier rMe: qu'Jls l'abandonnent dés aujourd'hui. Le Gouvernement fait pour eux tout ce qui est ~ n son pouvoir: conseils, assistance, pro- tection; qu'ils fassent aussi quelque chose pour eux·mêmes. Le correspondant du gouverneur, était le capitaine :Cai11ie, qui, commandant de l'escale du Coq et chargé des relations avec les Brakna, y fit preuve des plus sérieuses qualités de curiosité documentaire, d'adresse et de tact. Il inaugurait les emincnts services que jusqu'en septem- bre 1847, date de·sa mort en rade de Gorée, il devait rendre à la colonie, en gualite d'inspecteur mobile de la Traite et de directeur des Affaires extérieures, Il n'eut pas déparé ces bureaux arabes qui menaient alors, avec tant d'éclat, la politique indigène de l'Algérie j on retrouve son action habile dans toutes les négociations avec les chefs et les tribus maures, et il en manœuvre tous les fils à la fois, Le souvenir de cet officier de talent est conservé par le nom d'une rue de Dakar, Un dernier traité devait être conclu avec Ahmeddoll, le LES BMKN 9 mai 1839, par les soins du capitaine de vaisseau, gouver- neur Charmassen, Il avaît pour but de mettre fin aux vio- lences exercées par les Brakna sur les traitants saisis en fraude de gomme, hors des limites de l'escale du Coq. Il comportait en substance: a) Tout Irllitllnt, surpris en fraude, sera tenu de payer la même coutume que le navire de même tonnage commerçant !êgalement à l'escale; b) Le navire fraudeur sera conduit au Coq ou à Dagana par les soins cl'Ahmeddou; c) L'embe.rgo ne pourra être mis et la coutume perçue que par le mi- nistre de l'émir; d) Le b4timent fraudeur, arrêté par les Français, sera envoyé d'office au Coq. Les ,pillages commis par les Brakna seront remboursés par les soins de J'émir au double de leur valeur, A cette date également se place l'intervention du Gouver-- nement pour obtenir des deux émirs trarza et brakna la cessation de leurs courses dans le Diolof. Le bour voulut bien s'engager au payement d'un tribut envers l'émir Mo- hammed AI-Habib, et le taux en fut fixé, en mai 1840, à 200 bœufs, tous les deux: ans, mais il ne voulut rien promettre à Ahmeddou qu'il ne craignait pas, L'état d'hostilité se maintint ainsi pendant plusieurs années. Mais cette solution partielle suffisait au gouverneur, qui ne cherchait que la possibilité d'établir en paix un poste à Mérina"ghen. Le long règne d'Ahmeddou (1818-1841), s'écoula non sallS difficultés avec les campements de la branche aInée. Elles commenœrent avec Ahmed, fils aIne d'AhmeYada, qui revendiquait le pouvoir pour les Oulad Normach, et s'accentuèrent beaucoup plus avec son frère Mokhtar Cheikh qui, à sa mort, pris sa succession politique. Les hostilités durèrent plusieurs années et provoquèrent le jeu des alliances ordinaires Brakna - Id Ou Arch. Les REVUE DU MONDE MUSULMAN Normach trouvèrent des subsides et des partisans chez leurs alliés Abakak. Les Oulad Siyed firent appel au con- cours des Chratit, dont Ahmeddou avait épousé une fille. La victoire resta aux Oulad Siyed. et Mokhtar Cheikh dut s'eniuir dans le Tassaguert, où il meurt vers 1835. Cette mort n'arrêta d'ailleurs pas les hostilités. Ses frères conti. nuèrent par intermittence la lutte contre Ahmeddou, ct celui·ci s'en plaignait encore au gouverneur, en 1840, ct lui demandait des secours. Le combat le plus chaud de ces luttes intestines parat! avoir etc celui de Youga,que Bouvrel décrit en ces termes: « Les cousins d'Ahmeddou, Mbaoua, Ahmet-Sidi et Mokhtar, jaloux de ce que le roi touchàit les coutumes sans les partager avec eux, lui déclarèrent la guerre et appelèrent à leur ·secours. Mohammed OuId· Zoueïd Ahmed, cheikh des Douaïch et père de Bakar. Les deux armées se rencontrèrent à Youaga (non loin du mari· got de Guet.nguérè), vaste plaine de dix lieues de tour, sans arbres et parfaitement unie. La dura trois jours, et la vict.oire resta au parti d'Ahmeddou, malgré son infériorité numéri1:J.ue. Il perdit 54 hommes, et les révol- tés 98. Ces derniers vaincus se réfugièrent dans le Tagant. On voit près de Youga le tombeau d'un grand marabout, Moctar Ali, près duquel les marabouts brakna viennent en pèlerinage chaque ann6e.» On y v.oit aussi les tombes des guerriers morts ce jour-là. Ahmeddou mourut en 1841, involontairement empoi- sonne par sa femrr.e, Le'ila ment Rassoul, du campement princier des Chratit (Id Ou Aïch). Celle·ci ne lui ayant pas donné d'enfants, il avait épousé la fille d'un de ses hara- tines, qui lui donna un fils. Ce fut Sidi EH, qui ne devait disparattre qu'en 1893, après avoir été mêlé, pendant un demi-siècle, à l'histoire des Brakna et à notre politique. Or Leïla, jalouse, comme il convient, de l'enfant de son mari et de la famille de sa co.épouse, qui affichait une ;1tti- LES BRAKNA 53 tude blessante à son endroit, résolut de faire disparaltre ses adversaires. Elle versa du poison dans la calebasse fa- mil.iale, alors que son mari était absent. Mais par une circonstance fAcheuse, il rentra impromptu et but le jait empoisonné avec un de ses frères consanguins, son fils: Mohammed, et Al-Khedich, son frère utérin, notable influent des Oulad Siyed. Tous décédèrent. L'enfant, .âgé de huit ans, et sa mère avaient échappé au danger. Le long règne d'Ahmed4ou avait popularisé ce prince dans le commerce français instaUé à Saint-Louis. Entre 1840 et 1850, on voit un trois-mâts, du port de Nantes, décoré du nom de« Roi Hameddou » effectuer des trans- ports constants entre la France et le Sénégal. 4. - Mokhtar Sidi (t841-l843). La mort d'Ahmeddou fut le signal de déchirements inté- rieurs chez les Brakna. Une partie de la tribu, et notamment les Oulad Normach, les Oulad Mançour et des campements Oulad Siyed, élurent un cousin d'Ahmeddou, Mokhtar Sidi ouId Sidi Mohammed, avec qui nous étions en rela- tions depuis plusieurs années, et qui protégeait l'escale de G a ~ , transportée ensuiteà Cham. La plus grande partie des Oulad Siyed et le reste des Brakna, guidés par Ndiak Mokh· tar, vizir q'Ahmeddou lor, « un vilain homme» comme l'appelle le gouverneur Pajal et par Bou Bakar, fils de Kho- diéh, l'empoisonné, portèrent à l'émirat Mohammed Rajel ould Mokhtar ould Sidi Mohammed, par conséquent, cou- sin aussi d'Ahmeddau et neveu du précedent. La lutte s'engagea aussit6t, et chaque parti chercha des alliances. Les frères d'Ahmeddou et notamment Ai-Hiba et Bakar, partisans de Mokhtar Sidi, allèrent lui chercher du secours chez Mamadou Biram, almamy du Fauta. Les Ou- lad Siyed n'attendirent pas l'arrivée des contingents noirs. REVUE DU MONDE MUSULMAN Ils se jetèrent sur Mokhtar Sidi et dispersèrent ses bandes, puis, se retournant contre Bakar et Al-Hiba, qui arrivaient avec un groupe de Toucouleurs, ils les battirent, refoulè- rent les Toucouleurs sur la rive gauche, tuèrent Bakar et mirent en fuite AI-Hiba. Ces luttes intestines arrêtaient depuis deux ans la traite. Le gouverneur p. i. Pageot des Neutières résolut d'y mettre fin,' en faisant disparaltre du territoire brakna l'émir qui ne ralliait pas la majorité -des suffrages Oulad Siyed, tribu en qui nos relations d'un siècle nous avaient habitués en quelque sorte àvoir le corps électoral du groupement. Une circonstance heureuse permet d'appréhender, sans en· combre, Mokhtar Si di. . On venait d'apprendre le 27 janvier 1843 que le prince avait pillé un cOtre de Saint-Louis qui avait atterri non loin de son campement. Caillié partit le soir même. Il se saisit de MokhtarSidi etl'emmenaàSaint-Louis. Quelques temps après, le gouverneur Bouet- WiHaumez fit instruire son affaire. Les griefs ne manquaient pas. Mokhtar Sidi reconnut que c'était lui qui avait l'ordre de couper les routes et d'intercepter les caravanes de gomme, parce son rival était maltre de l'escale. Par ailleurs, le prince avait sou- leve la haine d'un certain nombre de traitants en denonçant à Saint·Louis ceux qui faisaient la traite clandestine de la gomme, et même en en poursuivant quelques-uns devant les tribunaux. Il fut dès lors envoyé au Gabon, que nous venions d'occuper J'année précedente, et interné au fort d'Aumale. Il inaugurait ainsi la série des politiques dans cette colonie, qui devait se perpétuer jusqu'à nos jours. Cette mesure eut diverses conséquences. Sur les habi- tants de Saint-Louis, elle produisit une impression pro- fonde. Ils craignaient une réaction des peuples riverains. Ils croyaient voir leurcommeree aneanti ; l'inquiétude était à son comble. « Il n'en fut rien. Sur le fleuve, les conséquences furent assez inattendues. LES BRAKNA 55 Les partisans de Mok.htar furent dans la stupéfaction, Réunis au;;: chefs du Toro, dit une lettre du 'gouverneur p. i. Labo- rel, 11 la date du :ilS juin 1144, ils restèrent plusieurs jours dans tion la plus compMte; un choc aussi violent ies avait étourdis. Ils al- laient enfin se décider Il se réunir en conseil, lorsque l'arrivée 1e J'ai· mamy parmi eux les détermina Il attendre sa décision. Celui-ci, malgrê tous ses efforts dans le Fouta (dont il était te che!), n'avait pu parve- nir Il entra1ner ces peuples dalls la querelle, et ne voulant point aban- donner ses projets de vengeance, il s'était jeté dans le Toro, qu'JI espé- rait encore soulever j là il mit tout en œuvre pour exciter Jahaine cootre les Blaocs et stimuler les partisans de Moctar. Mais au lieu de l'enthou- siasmeet du dévouementqu'il avaitespéféi!.ne trouvaqu'irrésolutionet découragement, D'un autre cOté l'air rassuré des Oulad 5ihit(l) ct les dé- monstrations imposan tes du Séoégalleurlnspiraientde sérieuses craintes. Il se détermina donc à essayer ae la voie des négociations et m'écrivit une lettre dans laquelle, apfês avoir rejetbur les Oulad Sihit toutes les causes de la guerre, il donnait à entendre qu'il ne serait plus éloigné ,d'enlrer en,arrangement. Un rendez·vous fut dés lors mênagé entre lui, M. Je commandant Caille et les chefs maures. Mais, celle fols comme loujours, il n'eut aucun résultaI par la de ce souverain. Quelques jours après, grâce à ses persêvéranls efforts, étant parvenu à retirer de leur engourdissement Jes chefs du Toro, il lcs entralna avec iui sur le territoire de la MaUrilani/:. Là, iJ eut 11 soutenir un combat des plus vifs contre les Ou/ad Si!!it qui le battirent complètement, lui tuérent 113 hommes et lui firent tg prisonniers. Cet engagement a entrafné des événements importants et des plus heureUl> pour nOtre politIque el notre commerce dans le flenve : l'al- mamy et remplacé par un autre chef qui ne nous est pu hostile; l'orgueil de la rive gauche abattu pour longtemps, tous les peuples riverains épouvantés et demandant grâce. Un autre résultat non moins imponant que les précédents, obtenu par l'exemple terrible qui vient d'être donné Il ces barbares, c'est que les Trarzas, dont vous connaissez l'esprit remuant, avalent manifesté quelques intentions peu amicales, ct qu'à cetle nouvelle ils se sont em- pressés de rentrer dans l'ordre. Quant.ft Mokhtar Sidi, il allait encore faire parler delui pendant plusieurs années. Le 13 septembre 1844, il s'êva- (1) Cesl·k_dire des parÜMIlS de Mohammed RAje!, dont les Oulad Siyed C<lnstituo.;ent la principl1le force. 56 REVUE DU MONDE MUSULMAN dait du fort d'Aumale avec ses deux ministres, ses c o m p a ~ gnons de captivité et, qui, mieux est, avec les trois soldats noirs, ses gardes. Il fut obligé de réintégrer le poste peu après, n'ayant évidemment rencontre qu'hostilité chez les sauvages et fétichistes populations noires gabonaises. Mais au poste même, mué en fervent musulman, il avait« en sa qualité de marabout, dit un rapport de l'époque, pris un grand ascendant sur le personnel noir du comptoir ». La surveillance sévère, qu'on exerça sur lui déjoua dès lors toute manœuvre, mais en mars 1845, en apprenait avec émotion à Saint-Louis qu'un de ses parents était allé à Bathurst pour « réclamer la protection anglaise et solli- citer un passage pour aller au Gab.on voir ce roi déchu: J'ignore ce qui lui a ete répondu, dit le gouverneur Tho- mas, mais je ne doute pas que si nos voisins peuvent nous jouer un mauvais tour, ils le feront de tout cœur. Si les deux Gouvernements s'entendent, il n'en est pas ainsi des parti,euliers surtout ici où la concurrence commerciale amène des rivalités continuelles. » Et Thomas fait part de ses craintes devOÎr les Anglais continuer leurs manœuvres, soit du côté de Portendick, soit par le Ouli, afin de brouiller les Maures entre eux, et, à la faveur de ses dissensions, d'attirer la gomme à eux, jusqu'à l'interné du fort d'Au- male. Caillié venant de mourir quelques mois auparavant à Gorée, Mokhtar espéra sa liberté et fit conna!tre son sort par des moyens inconnus à Paris. Sans tarder, le 5 mai 1848, Schœlcher, sôus-secrétaire d'état aux Colonies, écrivait au Commissaire du Gouvernement à Saint-Louis, la lettre d- après, où l'on trouve avec l'idéologie et la grande éloquence des hommes du temps un peu de ce robuste bon sens fran- çais, qui heureusement ne perd jamais ses droits et permet de s'arrêter à la' limite des sottises. Citoyen Commissaire, Depuis Je mois de juin 1844, le chef maure Mokhtar Sidy est détenu LES BRAKNA au Gabon comme prisonnier politique, Je sais que son arrestation, opérée avec des circonstances que je regarde comme une violation du droit des gens, a inspiré auX' populations du Fouta des haines et des défiances, auxquelles il faut certAinement ,Attribuer une partie des agressions qu'elles onl depuis lors si souvent exercées sur les traitants et les navires du Sénégal. La République ne gouv,erne que par des principes d'honneur et de loyauté.-11 lui importe de montrer qu'elle n'approuve pas des actes de cette nature et qu'elle en r'épudie la solidarité. Ce sera faire en même temps de la bonne politique, car nous témoignerons ainsi aux lndi- gênes que ce gouvernement entend pratiquer envers cux les prinCIpes de justice et de loyauté qu'il leur demande à eUX-mêmes de représenter dans leurs relations avec lui. Je suis instruit d'ailleurs quc Mokhtar Sidy tient au Gabon une con- duite louable et se monlre supérieur par son caractère au malheur qui l'a frappé. Je décide que ee chef maure sera reconduit au Sénêgal et qu'il y ~ e r a laissé en toutellberté, sauf 11 user envers lui de moyens avouables pour le combattre et le vaincre, s'lJ essaye de fomenter contre notre com- merce et nos intérèts de nouvelles coalltiom, Je lie fil'c pas d'ameurs de termes précis pour l'exécution de Cette mesure de réparation, vous laissant 11 en apprêcier l'opportunité, Mals si Ull ajournemcnt, qui dépasserait la fin de J'année, vous paraisaail indispensablc, vous auriez li me rendre compte immédiatement de vos motifs et à prendre de nouveau mcs ordres, Bien avant la fin de l'annee, les hommes de la Rêvolution avait disparu, et l'on n'entendit plus parler de Mokhtar Si di. Comme la tradition ne relate pas son retour dans le Brakna, il est probable qu'il a dû mourir de sa belle mort au Gabon. Quant à Mohammed RAje!, il avaiteté, dès 1843, reconnu officiellement comme émir, mais sans' prejudice des droits. du jeune Sidi EU oulci Ahmeddou [.r, qui, à sa majorité. devait entrer en 'poss'.1ssion du commandement de son père. 5, - Mohammed Rdjel (1842-(851), Mohammed RAjel ouldMokhtar était le neveu et rival de 58 REVUE DU MONDE: MUSUI.MAN Mokhtar Sidi. Son règne se passa à batailler contre ses con- curfents Normach, et surtout contre le grand émir des Trarza, Mohammed Al·Habib. Un des frères du Terrouzi,Ahmed LeYgat, dont l'influence était considérable, et qui d'ailleurs était l'atné des Moham- med AI.Habib, mais Il'avait pas revendiqué ses droits, lors de la mort de leur père, avait conçu le projet de détrÔner son "frère. Il y était d'ailleurs poussé par les Français, qui pensaient faife ainsi échec-à J'émir des Trarza. Il put rallier à sa cause Mohammed Ràjel, qui était aussi notre allié et à la tête des bandes Siyed que lui donna le chef berkenni, il attaqua Mohammed Al· Habib. Celui-ci, soutenu par des contingents Ida ou aH, le battit non sans peine, et pour en" finir trouva plus expédient. de faire assassiner, vers 1850, par les Euleb, Ahmed Leïgat, qui s'était réfugié dans l'Adrar. Il entreprit par la suite des campagnes contre les Brakna et contre J'Adrar, pour les punir de l'appui prêté au rebelle. Dans le Brakna, il avait tenté, une première fois, d'in- tr6niser son protégé Mohammed 5idi, qu'il avait rasé de ses propres mains (1845). Voici d'après Caillié, le récit de cette aventure et de ses projets: Mollammed El-Habib, roi des Trarzas, fit un voyage chez les Brack· nu, sous prétll)(le d'engager les Oulad-BeUis, ses tributaires, à rentrer dans leurs pays, qu'ils avaient quitté 1'4nnée dernière, à 14 suite de trois assassinats qu'Us 8.v4ient commis. Dans ce voyage, il s'arrêta quelques jours chez les Oulad Hamed où se trouvait le neveu du traltre, Macter Sidy, jeune homme 19è d'environ quinze ans. Sur la simple demande du chef des Ouled Hamed (auquel sans doute il ne manqua pas d'en insi.nuer adroilement l ' i d ~ e ) et de quelques mécontents, partisans de l'ex-roi, il promilde lesoulenircomme roi de$ Bracknas.llchargeaen- suite deux cavaliers de son escorte de conduire son élu chez les Oulad Sihil et les ArraJines, nos alliés, de les informer de son Intention et de leur intimer l'ordre de le reconllaftre pour leur roi. Les chefs des Oulad Sihil protestèrent aussitOt contre la conduite de LES BRAKNA Mohamed El-Habib et se rendirent auprès de lui, pour lui signifier qu'il eil! à se mèler des affaires de son pays et à ne point s'occuper de ce qui se passait chez eux. Les partisans du neveu de MocUlr-Sidy, ayant appris que les Oulad Sihil el les Arralines étaient chez le roi des Trarzas, s'y rendirent aussi pour défendre leurs droils, et aujourd'hui le bruit court que les deux partis n'ayant pu s'entendre, ils se préparent à la guerre. Que doit-on augurer de cene conduite du Roi des Trarzas et quel est son but en agissant ainsi? Soutiendra-t-il son ouvrage et aurait-il la prétention de s'ériger en potentat suries autres puissances du fleuve et de leur imposer des rois b. son gré? Les combinaisons vont plus loin 1ses sollicitations réitérées auprès du Gouvernement français pour obtenir une" escale li Gaè, les pro- messes et propositions fallacieuses. qu'il a faites l'année dernière aux Oulad Sihit mémes, afin de les brouiller avec Mohammed Rajel, tout démontre iusqu'à l'évidence qu'il cherche li faire nattre de nouveaux troubles à l'escale du Coq dont il Medite depuis lonlltemps la ruine et qu'il veut àtoute force nous faire abandonner pour en ouvrir une chez lui, L'émir trarza dut rentrer chez lui, cette fois sans avoir pu arriver à ses fins, Au début de mai 1846, le gouverneur p.' i. Houbé tait les escales du fleuve. Il etait accompagne de l'inspecteur du Génie, des directeurs du Génie, des Ponts et Chaussees et de l'Artillerie, du Préfet apostolique, de M. Alsace, membre du Conseil d'administration. Il ne put voir Mohammed Al· Habib, malgré son vif Il tenait en effet à « essayer d'effacer de son souvenir par une bonne réception la fâ- cheuse impression laissée dans l'esprit des Maures par l'ar- restation du roi des Braknas », En revanche, il put joindre facilement Mohammed RâjeL« N'diack Mokhtar, ministre du roi des Braknas, raconte-t·U, était à Podor, avec quel. ques autres personnages. Nous les prtmes à bord et nous nous dirigeâmes vers Mao, Le camp des Maures bracknas était établi sur la rive droite. Le roi vint à bord avec sa suite: plusieurs femmes de princes et de marabouts virent. J'eus avec le roi et le ministre une conférence dont je fus pleinement satisfait. Je leur fis au nom du roi des 60 REVUE DU MONDE MVSULMAN Français les cadeaux d'usage. Je leur parlai cl 'aller visiter le camp et je rejetai la proposition qu'ils me firent de rester à bord comme otages. Nous débarquâmes donc tous, précé- dés ùe la fanfare et de ma petite escorte. Après un quart d'heure de marche, nous parvlnmes dans le camp; nous nous assîmes sur les nattes au milieu d'une nombreuse et bruyante assistance. Puis, à la nuit, nous retournâmes 'à bord. Le roi Mohammed Râjel nous envoya un bœuf, un mouton et du lait. NOUs redescendlmes Je f 1 e u \ ~ e , emmenant avec nous N'diack Mokhtar et sa suite, que nous déposâmes à Podor. » L'année 1848 vit un déclassement d'alliances et une intervention française très prononcée dans les affaires maures. Le jeune Sidi EH, fils d'Ahmeddou 1 0 ', avait alors une douzaine d'annees. Trop jeune pour remplacer son père, à sa mort (1841), il avait etc écarte du trOne jusqu'à ce qu'il fCn en âge de régner, mais tous les tributaires du pays lui appartenaient et la plus grande partie des campements lui etait attachee, en souvenir de son père. On a vu que Mokhtar Sidi avait eté élimine en 1843. Quant à Moham- med Râjel, il n'etait qu'un fantoche. Sa conduite, qui ne lui avait guère jusque-là valu qu'une très mince considéra- tion, lui attira les haines des Oulad Siyed, à la suite de son alliance avec l'émir des Trarza, et de la guerre qu'il mena contre "eUlL Craignant que le jeune Sidi EH ne cherchât, un jour ou l'autre, à lui enlever le principal, il cherchait à's'en débar- rasser, mais Sidi EU était èlevc, loin de \'èmir Brakna, par Ould Lergat, frère de Mohammed Al· Habib et parent ma- ternel de l'enfant. A la suite des diflêrends qui éclatèrent entre les deux princes trarza, OuId Leïgat se réfugia chez les Brakna, dans la tribu des Oulad Siyed, où il avait de nombreux parents par sa femme. li amenait avec lui Je fils d'Ahmeddol.l, Mohammed AI-Habib saisit ce prétexte puur LES BRAKNA 6, donner suite à ses projets d'invasion et demanda à la tribu de chasser son frère. De son cÔté Mohammed Râjei, effrayé de voirSidi Eli au sein même des Brakna, s'unit à l'émir des Trarza pour attaquer les Oulad Siyed, ses propres pa- rents et sujets. Au début de mai r849, la mehalla trarza entrait sur le ter- ritoire des Oulad Siyed et les acculait au fleuve, au confluent du marigot de Doue. Les Brakna se préparaient à une ré- sistance énergique, quand leurs zenaga Arallen, les abandon· nèrent dans la nuit du 10 au lImai, et passèrent dans!l! camp ennemi, où se trouvaient avec Mohammed Ril:jel tous leurs troupeaux. La situation des Oulad Siyed était déses- pérée, lis furent sauvés par « le citoyen commissaire Du C h a ~ e a u », qui, à la nalIVel de l'invasion trarza, était ac- couru avec trois bateaux au secours des Brakna, «Je n'avais d'autre but dit-il lui.même, que de conserver la concur- rence, si utile à notre commerce, entre la nation des Brakna et celle des Trarza. Avant tout, il Importait au Sénegul que l'une de ces deux nations ne fût pas absorbce par l'autre. L'existence de toutes les deux est plus qu'utile à nos inté· rêts ; elle est indispensable. ~ Le commissaire en etait si convaincu qu'il était résolu à intervenir par les armes, s'il le fallait, et qu'il n'hésita pas, dans la nuit du ra au lImai, à faire débarquer des troupes pour tenter une diversion favorable aux Oulad Siyed. Cette manifestation en imposa à Mohammed Al· Habib qui n'osa pas attaquer les Brakna, Ceux-ci, conduits par Bou Bakar ould Khoddich, pro- tecteur du jeune Sidi EH, et par Ould Leïgat, demandèrent alors à Du Chateau de faciliter leur passage sur la rive gauche. C'est ce qu'il fit bien volontiers, sauvant ainsi la vie à toute la tribu Oulad Siyed. Le même jour, hommes, femmes, enfants, tentes, troupeaux, etaient sur la rive sé· négalaise, à l'abri, sinon de tout danger, du moins d'un massacre immédiat. REVUE DU NONnE MUSULMAN Les deux troupes remontèrent alors le fleuve, chacune sur sa rive, les Brakna s'éloignant autant que possible du territoire trarza, les Trarza guettant les premiers dans l'es- pair de les mettre en pièces, le jour où, t6t ou tard, ils de- vraient repasser le fleuve pour rentrer sur la rive maure. Quant à Du Chateau, considérant que son rôle n'était Ras fini, tant que Mohammed Al-Habib ne seraIt paS rentré chez lui, il remontait avec sa flotille le fleuve Scnégal, sous prétexte d'aller palabrer -à Podor avec les chefs du Fauta, et empêchait ainsi par sa seule pr6sence tout engagement d'une rive à j'autre du fleuve. Les Oulad Siyed ne firent que passer à Podor, mais avant de continuer leur route sur Guidé et Mokhtar Salam, où', disaient-ils, ils étaient assurés de trouver protection, ils de- mandèrent à Du Chateau de prendre sur ses bateaux tous les enfants. Les gens de Podor, qui ne doutaient pas du sort que leur réservaient Trarza, Toucouleurs etPeul, pour avoir donné asile aux Brakna, firent aussi embarquer leurs enfants, et en outre leurs femmes, au total 300 personnes. Quant aux Brakna, ils avaient juré entre les mains de Bou Bakar Khoddich qu'aucune de leurs femmes ne serait em· barquée, afin de mourir en les défendant, s'il le fallait. Tout le monde se remit en marche j à peine Podor 6tait· il évacué que les flammes s'élevaient de partout. Toucou- leurs et Peul venaient d'y mettre le feu, puis attaquaient les Oulad Siyedqui leur infligèrent des pertes et continuèrent leur route. lis retrouvaient le soir même, 13 mai, à Mokhtar Salam, leurs familles, déposées là par Du Cha- teau. Cependant celui-ci, ayant immMiatement viré de bord, revint à l'escale du Coq, avec son vapeur, y prit Eliman Bou Bakar, chef du Dimar, dont l'intervention allait lui être utile auprès des chefs du Toro, et alla jeter l'ancre à Yatal, où, en face de la mehalla trarza, se constituait une forte bande toucouleure et peul. Les Trarza se préparaient LES 8/lAKN"A à passer le fieuve, et tous devaient marcher contre les Oulad Siyed pour les exterminer. Mohammed Al· Habib ayant demandé alors une entrevue à Du Chateau, celui-ci la refusa, disant que dans le pays Brakna, il n'avait rien â régler avec le roi des Trarza, et qu'il le verrait, s'il le youlait, lors du passage à son escale. «Ce refus, puis l'arrivée du «Basilic », le second aviso de la flotille, jetèrent le trouble dans l'esprit des Trarza, qui, se considérant hors de chez eux, se sentaientdêjà moins de courage. En .24 heures, toute la mchalla se débandait et rentrait sur le territoire trarza, suivie de près par son émir. Les gens du Fouta, gagnés par le palabre, se dispersaient à leur tour, Quant à Mohammed RAjel, il montait humblement à bord et reconnaissait ses torts. Les Qulad Siyed étaient sauvés; ils ne pardonnèrent pas li. Mohammed RAjel sa conduite indigne, et les conflits re· commencènint, mais localisés cette fois au Brakna. Pour le soustraire à tout danger, et l'élever dans des sentiments de loyalisme et d'amitié envèrs les Français, Du Chateau se fit remettre le jeune Sidi Eli et pourvut à son éducation, à Saint-Louis, dans l'espérance que le jeune homme« n'ou· blierait pas tout à fait les soins dont il etait l'objet, lesser· vices qui lui étaient rendus et la protection que le Sénégal lui avait accordée, alors qu'il était fugitif et malheureux ». On le retrouvera plus tard, sous le nom de Sidi EH II. MohammedAI·Habib ne pardonna pas à Mohammed Râ· jej sa défection. En 1851, avec l'aide de contîngentsouolofs et toucouleurs, il renversa cet émir, et le remplaça par Mohammed Sidi neveu de j'émir déchu, Nos relations avec Mohammed RAjel furent généralement courtoises. Ce chef, s'étant plaint à plusieurs reprises que de nombreux commerçants fissent la traite de la gomme, hors des escales ordinaires du fleuve, à leur retour de Galam, contrairement aux arrêtés en vigueur, Je gouverneur réunit '4 REVUE DU MONDE MUSULMAN une Commission syndicale, le 15 février 1846. De l'interro- gatoire des traitants signalés, il rcsulta, ce qui n'était pas flatteur pour eux, que «si tous ou la majeure partie d'entre eux, ne se sont pas livrés à cette traite illicite, c'est qu'ils n'ont point trouvé de marchands de gomme, ou bien parce qu'ils manquaient de marchandises, ou bien encore parce -qu'ils n'ont pas pu s'arranger avec les Maures. ~ Le commerce est, à cette date, très florissant. Le com- mandant Caillié signalait, le 8 mars, qu'il avait été traité .depuis le début du mois: 35.855 kilos de gomme au Coq. 18.220 aux Trarza 1,029 aux Darmankour: Le montant des bâtiments était de 184, dont SI au Coq, 56 aux Trarza, et 17 à l'escale des Darrnankour. Ces bonnes dispositions de Mohammed RAjel ne l'empê- -.chaient pas de faire quelquefois l'important. A trois mois ,de l'humiliation rapportée plus haut, il avait, en bon Bé- douin, l'outrecuidance d'écrire au gouverneur qui avait usé de J'intermédiaire de commerçants: « J'ai succéde à Ah- meddou, comme Ahmeddou a succMé aux anciens rois. Le bien appartient à celui qui eXerce l'autorité, et c'est aux OuladAgrich, dont je suis le chef et représentant depuis sept ans; vous ne devez vous occuper que du roi 'et c'est à lui que vous devez payer. Le reste' ne vous regarde pas.» (4 aoÛt 1848.) Son autorité ne s'6tendit guère d'ailleurs qu'au gros des ûulad Siyed et aux Oulad Ahmed. 6. - Mohammed Sidi (185H858). Mohammed Sidi était un autre nevfilU dece Mokhtar Sidi -qu'en 1842 l'autorité française avait déporté au Gabon p o u ~ LES BRAKIiA 65 ramener le calme dans le Brakna, Avec son cousin Mo- hammed Al-Habib, fils de Mokhtar Sidi, il s'etait réfugie auprès de l'emir des Trarza qui s'etait chargé de leur édu- cation et les poussa par la suite contre Mohammed Mjel, son ennemi. Comme Mohammed AI· Habib n'était qu'un en· fant, ce fut Mohammed Sidi qui rallia définitivement les suffrages de J'émir des Trarza et des Brakna dissidents. Mohammed Sidi, prétendant pendant tout le comman· demen,t de Mohammed Râjel, erra sans cesse d e . ~ Jd Ou A'ich aux Trarza en quête de secours. En avril 1847, son mariage avec une fille d'Ahmeddou 1 0 ' enfla son parti de campements fidèles à l'ancien emir. C'est le signal de sa fortune. A plusieurs reprises, il vint attaquer son rival. En aoÎit 1848, notamment, à la tête de contingents trarza il atteignit le camp de Mohammed RAje! et le pillait, Les deux chefs furent blessês : le premier, d'une balle qui lui emporta deux doigts de la main, l'émir d'une balle dans le pied. L'émir fut complètement defait. Apartir de ceUe date, l'autorité de Mahommed Sidi s'ac· croft. Mohammed Râjel, sur les instances du Sénégal, est contraint de lui céder le tiers des coutumes. Dès l'année suivante l'autorité française le traite comme un véritable «Roi », sllivant ses propres prétentions. Il est salué quand il vient à l'escale de salves de coups de canon et y perçoit les coutumes. En 1850, une intervention en faveur de Mohammed Râjel fut tentée par le gouverneur. Pour faire èchec aux bandes alliêes de Mohammed Al-Habib et de Mohammed Sidi, il etablit un camp d'instruction à Podor, y fit venir quelques troupes et s'y transporta de sa personne. Il put se rendre compte ainsi de la faiblesse de l'émir, que soute- nait Ahmed Leïgat, le frère révolte de Mohammed AI-Ha- bib, et dut abandonner sa cause. Mohammed Sidi ne devait toutefois être complètement débarrass6 de son rival qu'en 1851, date où son alliè Ma- :!:Ll!. 5 66 REVUE DU MONDE MUSUl.MAN hammed Al-Habib, émir des Trarza, battit et mit en fuite Mohammed Râjel. Le commandement de Mohammed Sidi devait, comme il convient, étre agité par les agressions d'un nouveau pré· tendant: Sidi EH, flls d'Ahmeddou lor, qui, parvenu à la majorité, entendait recueillir la succession de son père. A la tète de ses partisans siyed et normach, il se heurta à plusieurs reprises aux bandes siyed et Oulad Ahmed, de l'émir. Allié de Mohammed AI·Habib, son principal soutien. Mohammed Sidi ne nous fut jamais très sympathique. Il persécuta notamment les pourognes du fleuve, à qui il re- prochait leur attachement aux Noirs et à la France. Aussi fonçj,a-t-oD, à plusieurs reprises, des espoirs sur son rival, Sidi EH, et lui vint-on en aide dans ses luttes contre l'emir. Dè's avril 1853, on profita d'une brouille de l'émir avec Mohammed Al·Habib pour faire proclamer Sidi EU, qui jusque·là avait llté soutenu d'abord par Ahmed Leïgat, son oncle par alliance, puis, après l'assassinat de celui·ci par l ~ bandes qui marchaient à sa suite. Mohammed Sidi. abandonne par tous, sauf par le chef d'une fraction siyod : Mokhtar ould Amal', s'enfuit jusque dans l'Adrar. Sidi Mbo· rika, fils de Mohammed Al-Habib, Je poursuivit plusieurs jours sans pouvoir l'atteindre. Cetle annee·là, Sidi Eli tou· cha les coutumes, au Coq. Ce ne fut d'ailleurs qu'un intermède. Aussitôt Moham- med Al· Habib rentre chez lui, Mohammed Sidi revint dans le Brakna, la lutte reprenait entre les deux pretendants, quand les marabouts ramenèrent provisoirement la paix. L'émir gardait son titre de « roi» et renouait son alliance avec MohammedAl.Habib. Sidi EH gardait le commande- ment de quelques tribus. Les hostilitCs entre les deux chefs reprenaient en 1854. La politique active de Faidherbe dans les affaires maures ramenait, dès la fin de l'année, à prendre parti pour Sidi l.ES IlR.... KN.... EH, que les chefs toucouleurs de Podor lui avaient présente, contre Mohammed Sidi, allie des Trarza. Il lui écrivait, le 15 novembre 1855, ainsi qu'aux princi· paux chefs des Brakna, cette lettre habile; Je désire vivement que Sidi Eli vienne l bout de Mohammed Sidi, ce èaptif de Mohammed El-Habib, qui ruine les Brakna pour laire plaisir aux Trarza.. Les Français et Brakna ont été des amis de tout temps contre les Trarza, e:Kcepté dans ces derniéres années parce que Mohammed EI- Habi9-, qui es! Irés /ler, elaitparvenu l tromper les Français. Il est temps de rélablir les choses sur l'Rnden pied. Le /lis d'Abmédou doit l'ami des Français comme son pilre. El qu'll fasse comprendre llous les Brakna qu'ils doivent se réunir pour former une nation forte et puissante et qui ne soit pas à la merci de ses voisins. Que Sidi EH pousse vivement Mohammed Sidi et vienne bUr prés de Podor. Qu'il demande l'appui des gens de Toro qui sont nos,amls. Nous allons entrer avec une armée chez les Trarzai nous nous pla- cerons de manlére que les Trarza M puissent pas empêcher la traite des, Brakna à Fodor. Si Sidî EU s'arranse avec moi, qu'il vienne Il Po- dor ou à bord d'Un bateau, quand' il voudra, pour qu'on Je salue el qu'on le reconnaisse comme roi des Brnkna. C'est lui qui recevra tous les cadeaux pendant la traite. L'année derniére,j'ai donnée plus de 25 .000 francs /1. Mohammed Sidi el ce n'êta1t qU'Une partie de ce que jevoulais lui donner, puisque mon Intention est de faire cadeau, tous les ans, au roi des firakna d'une pièce par mille !Ivres de gomme. Mais Mohammed E/-Habib a forcé son tributaire de lui en donner la plus grande partie et d'empêcher des Brakna de continuer leur merce, Les Trarza sont déjà dans la plus grande misère. Nous allons achever à les ruiner cette année. Que SJdi EH s'entende avec les chefs raisonnables de son peuple et qu'il me réponde par une bonne lettre pour que nous puissions nous arranger. 5/ nous nOliS arrangeons, je le donnerai des fusHs ct de la poudre et j'enverrai un vapeur au-dessus de Podor. Mohammed AI· Habib repondait à cette diplomatie par un 68 REVUE DU MONDE MUSULMhN .coup de maître. Il provoqua, au début de 1856, une grande conference sous les auspices du grand Cheikh Sidïa, à Tin- daouja. Une réconciliation générale intervint cntre j'émir du Trarza, j'émir de l'Adrar et leurs différents chefs in- soumis. L'émir du Brakna, Mohammed Sidi, y apparut aussi et donna son assentiment à la coalition maure, qui se préparait contre les Français. En revanche, notre ami, Sidi Eli, dont les sentîments etaient connus, ne fut pas convoqué. Faidherbe n'attendit pas l'offensive. Par une proclamation en date du 9 février 1856, il interdisait toute communÎCa· tion avec les Brakna, « qui ne voulaient pas se séparer de Mohammed Al-Habib» et attaquait directement cet émir: Par la suite, il chercha, suivant sa propre expression,« à tirer parti des dissensions qui se manifestaient chez les Brakna, pour les detacher de l'alliance des Trarza », et pour faire échec à Mohammed Sidi qui créait des difficultes le long du fleuve et devant Podor. n installa, à cet effet, un camp à Koundy, à une lieue au nord de Podor, et y mit une garnison d'un bataillon d'infanterie et d'une section d'artillerie. De ce camp, ses troupes devaient incursionner pendant plusieurs années chez les Trarza et les Brakna, A la fin de mars 1856, le gouverneur se rendit !ui-méme à Koundy où il eut une entrevue avec Sidi Eli. Il la 'suite de laquelle les troupes du camp se joignirent aux Maures Brakna révoltes contre leur roi Mo· hammed Sidi et pénétrèrent dans l'intérieur. JI s'ensuivit quelques engagements heureux pour nos armes, qui cimentèrent J'alliance avec Sidi EH et donnèrent Il ce dernier une plus grande autorité sur ses par- tisans. Dans ces différentes alfaires, les Guedala, les Id Eïlik, les Tanak perdirent 4.000 moutons, des bœufs et un certain nombre d'hommes, dont le fils du Cheikh des Tanak. Des prisonniers furent faits et conduits à Podor. Sidi EH restait LES DRAKNA 69 en selle. En juin, on voulut, pour en finir, aller enlever, en face de Mbamam, le camp ùe Mohammed Sidi, défendu par les Oulad Ahmed; mais le .commandant de Pedor, chargê de cette opération, fut mal secondé par Sidi Eli et ne reussit pas. Si'di EH n'embrassait en effet notre cause qu'avec une certaine mollesse, sc souvenant qu'à diverses reprises, antérieurement, les Français l'avaient compromis, puis abandonne pour faire leur paix avec Mohammed Al- Habib. Cet échec eut quand même un heureux résultat. Moham- med Sidi, inquiet, se retira vers le nord, et allait rejoindre son allié, vaincu, Mohammed Al-Habib. L'annêe suivante, les hostilités recommencèrent. M o h a m ~ med Sidi, que j'émir du Trarza avait employé auprès de ses amis Toucouleurs pour les gagner à sa cause, parcourut le Fouta, et rentra bredouille. Il prit part à toutes les luttes des Trarza contre les Français ou leurs alliés, et s'attaqua notamment avec des contingents Oulad Ahmed, mais sans grand succès, à son concurrent. La tradition a conservé les noms de plusieurs de ces combats qui se succedèrent de 1855 à 1858; Morliyet, Foni, Lefar, Mbargou, au-dessus de Kaédi, Diabdiola, Djigueti Monadji dans l'Oued, et à Kin· <1elak, au nord·est du lac Rokiz. Mohammed Sidi avait avec lui ies OuJad Ahmcd et une partie des Oulad Siyed, les Normach, les Oulad Eli et [es Touabir. A l'extérieur, chacun des deux partis brakna trouvait pour auxiliaire chacun des deux partis qui, de semblable manière, divisait les Id Ou Aïch. Sidi EH s'appuyait sur les Chratit et Mohammed Sidi sur les Abakak. Flanque de son eternel tuteur, Sidi, fils de Mohammed AI·Habib, il allait implorer le secours de l'émir Bakkar, des Id Ou Arch. Ce fut un coup de main des Oulad Ahmed qui amena la paix génêrale. Lassés de cette guerre incessante, travaillés par Bakkar, chef des Id Ou Arch, qui venait de conclure 7° REVUE DU MONDE M U S U L M ~ N un traité avec nous, ils firent alliance avec les Oulad Dàman des Trarza, qui étaient en instance de soumission, et lA· chant Mohammed Sidi, décampèrent vers l'est. L'émir, dont ils étaient la principale force, eut recours àMohammed Al-Habib pOUf le ramener à l'obéissance. Les deux chefs marchèrent à leur rencontre, mais les Oulad Ahmed, nul- lement intimidés, n'attendirent pas leur venue et les sur· prirent une nuit, tuant Mokhtar oulcl Omar._ chef d'une moitié des Siyed, et plusieurs guerriers de Mohammed Sidi, et faisant prisonniers quelques Trana qu'ils muti- lèrent atrocement et renvoyèrent à Mohammed AI·Habib. C'était la fin, Les deux émirs demandaient la paix. Avec Jes Trarza elle fut signée elf mai 1858. Elle entratna celJè des Brakna, conclue le 10 juin. L'émir Mohammed Sidi restait en place, mais comme on prevoyait qu'il était à la merci d'un coup heureux de son rival, ie Gouvernement concluait avec tous les deux le traité de commerce et d'amitié, qu'il venait de passer avec ['émir des Id Ou Aïch, Bakkar ould SoucY dAhm ed, et qui allait cOnstituer sur le fleuve le régime« des escales» qui a duré jusqu'à notre occupation effective. Sidi EIi, lâché partiellement par les Français, eut recours à la perfidie, arme accoutumée des Maures. Il annonce of· ficiellement sa soumission. Mohammed Sidi l'accepta, lui fit un accueil bienveillant, dans" le secret espoir de s'cn dé· barrasser lui· même et scella la réconciliation générale des Brakna par de grandes réjouissances (novembre 1858). Quelques jours plus tard, au cours d'une promenade, Sidi EU tuait d'un 'coup de feu l'émir Mohammed Sidi, Il se fai- sait immédiatement reconnattre chef des Brakna par ses partisans enthousiastes, dans le silence apeuré du camp ad- verse; et épousàit sans retard Oarmi, veuve de sa victime. EUe devait être la mère d'Ahmeddou, le dernier émir et notre adversaire de 1903-1908. Il Y a, en marge de ces intrigues et aventures, une figure LES BRAKNA 7' -curieuse à signaler: c'est celle de Mokhtar Ndiak, premier ministre des différenls cmirs brakna, qui se succédèrent de 1840 à 1875. 11 assurait à sa façon l'esprit de suite et la continuité de la politique brakna, en précipitant la -chute des émirs, mais en maintenant soignêusement sa personne en place. Il s'annonce dans l'histoire comme le brillant prédécesseur de celui qui, chez les Trarza voisins, allait porter pendant un demi-siècle (186001910) cet art de la po· litique à sa plus haute expression: K.hayarhoum. Le traité, conclu le TO juin 1858, avec chacun des deux émirs brakna, comportait les dispositions principales sui· vantes: a} </. Le roi des Brakna J reconMlt la protection de la France sur les provinces sénégalaises du Dinar et du Ouolof'et s'engage à les courses de ses tribus sur cette partie de la rive gauche. b) Rétablissement des relations commerciales. La traite de la gomme se fera toute j'année par les escales dc Podor, Saldé... Le commerce de tous autres produits est libre. c) Creation d'undroil d'une piéce de guinée pour 600 kilos degomme traité li Se.ldé environ 3 p. 100). Ce droit est perçu par III Gouvernement français et versé à J'émir. d) Neutralité absolue du cbefbrakna dans le commerce entre ses su- jets et les traitants. e) Droit pour les français de couper du bois chez les Brakna sans payer de redevance. Un acte additionnel il ce traite devait intervenir le 5 juin 1879. On le verra un peu plus tard. Pendant tout ce temps, ce régime a fonctionné normale- ment et sans trop de heurts. Une seule difficulté s'est sou- vent présentée, touchant le versement intégral de la coutume aux émirs. A maintes reprises, l'avis officiel suivant, ou un avis semblable, parut à « Il ne peut y avoir de crédit dans les opérations commerciales avec ces peuples (maurcs;) qu'aux risques et périls de ceux qui le leur accordent. L'administration a déjà déclare et 7' REVUE DU MONDE MvSULMAN que ce crédit n'engagera jamais pour elle la question poli. tique. » Malgré ces déclarations formelles, eUe céda souvent, soit en consentant des avances aux émirs, toujours quéman- deurs, soit en leur faisant des retenues pour payer des créanciers, qui attendaient vainement le paiement de leurs factures ou pour garantir de pillages commis par les tribus. On se doute que les règlements de comptes furent épi- neux dans ces conditions et que les émirs, souvent furieux et toujours mécontents, se livreront plus d'une fois à des repr-esailles tant sur les caravanes de gommes que sur les traitants du fleuve. 7· - Sidi EU Il (1858, t 18g3). Sidi EH ould Ahmeddou prenait, en décembre J858, par l'assassinat, le principat de son père que sa jeunesse l'avait empêché d'occuper, en 1841, à la mort d'Ahmeddou. Sa mère étant une hartanïa des Oulad Siyed. Son commandement allait s'étendre sur une durée de trente·cinq ans, sans que nous ayons jamais eu à nous plaindre sérieusement de lui. Les relations avec le nouvel émir débutèrent toutefois par une certaine friction. En juin 1859, des bandes brakna passèrent le fleuve et pillèrent plusieurs viUages ct u Diolof. Invité à faire rendre gorge à ses gens, et impuissant à s'exé. cuter, Sidi EH se vit attaquer dans son campement par une colonne volante que dirigeait le commandant Faron. Pris avec tout son monde et son bagage, il dut se sou· mettre et restituer les gens, bêtes et meubles capturés ou pillés j il jura en outre d'observer et faire observer plus fidèlement le traité signé l'année précédente. C'est ici que se place le voyage de l'enseigne de vaisseau Bourrel et du lieutenant Alloun Sai, des spahis sénégalais. LES BRAKNA Ils partirent ensemble, le 12 juillet 1860, de Podor et arri- vèrent peu après au campement de l'emir qui comprenait environ« onze cents tentes appartenant aux Oulad Siid, aux Oulad-Mansour, aux Ahratin·Oulad-Siid et aux Ahratin· Tanak ». lis y passèrent environ trois mois, au cours des· quels Bourrel prit de nombreuses notes et étudia le pays et les gens, tandis qu'AUoun Sai entretenait sa tâche de réconcilier Sidi EH avec les Oulad Normach et Ahmed, tou- jours rebelles à l'autorité emirale. Il y parvint au moins en apparence, car Brahim ould Ahmeïada fit porter des pa- roles de paix à l'émir, et celui·ci accepta ses offres et« envoya un beau cheval à Brahim comme témoignage «d'amitié ». Ensuite, AUoun continuait sur le Tagaot, où l'appelait une autre mission, tandis que Bourrel rentrait à Podor, en visitant les campements maraboutiques. La maladresse de l'émir, se greffant sur -J'animosite de l'émir terrouzi Sidi Mborika, allait lui attirer des diffi· cuités sérieuses avec les Trarza. En fin 1860, il envoya une mission à Sidi Mborika qui 'Venait de succéder à son père Mohammed AI·Habib. Cette mission etait dirigée par un Zenagui du nom de Kho.l'na ouid Baabba, qui ne montra dans ses fonctions diplomatiques qu'une grossièreté inouïe dans cette s"cietê maure si policée. Sidi Je fit arrêter et garder à vue, mais Khaïna, enfourchant une jument de pur sang de l'cmir, s'enfuit à toute hâte. Les pourparlers n'aboutissant pas, Sidi arma ses gens et marcha en per- sonne contre les Brakna. 11 trouva aussitOt dee partisans sur place, car les Oulad Normach et les Oulad Ahmed n'avaient pas pardonne à Sidi Eli l'assassinat de Mohammed Sidi. EH dut prendre la fuite. Il offtit des concessions, ren- voya la jument, menaça des foudres de son allié le Gou- vernement français. Rien n'y fit. Sidi Mborika avait, en efret, contre Sidi Eli un motif de haine inexpiable. On sait que son père Mohammed AI- REVUE [lU MONDE MUSULltlAN Habib avait fait tuer son frère Ahmed Lergat. Or, Je fils d'Ahmed Leïgat, cousin par conséquent de Sidi Mborika, avait épousé la tante de Sidi EU, et avait été placé par ce dernier chez lez Chratit, du parti de Rassoul, allié de Sidi EH et ennemi des Trarza. Ce jeune homme commençait à grandir et manifestait des projets ambitieux et surtout des desseins de vengeance, qui n'étaient pas sans inspirer de l'inquiétude au fils de celui qui avait fait tuer son père. Pour aller jusqu'au bout de son plan, Sidi Mborika de- vait dètr6ner Si di Eli, et le remplacer par une de ses créa· tures. C'est ce qu'il fit en proclamant sa chute et en faisant reconnaître à sa place un. cousin de l'émir renversé: Mo· hammed ould Mokhtar Sidi, le fils même de cet émir que l'amorite française avait déporté au Gabon en . Voici en quels termes Sidi Mborika annonçait cette transformation politique au commandant de Pedor. Ils prouvent bien quel était l'état dll nos relations avec les Maures, sous l'ancien régime: 11 ne faut pas chercher à vous mettre nu-dessus de moi. ECOUlez ce que je vous dis, el vous, comm!Lndant, faites-le S!Lvoir à M. Faidherbe. Dites-vous que vous etes des commerçants, qui cherchez à échanger vos marchandises. Vous avez besoin de quelqu'un qui surveille les chemins des marchands, qui vendent la gomme et toutes les produc- tions dece pays. JI vous faut un homme qui puisse chasser les pillards, qUI soit intelligent, puissant et sache se faire obéir des sujels. Moi, je ne veux qu'améliorer le pays el les troubles. Pour cela je ne vois rien de mieux è. faire que de nommer Mohammed Al-Habib. Dès que ma lettre vous sem parvenue, faites avec lui ce que vous faisiez avec les anciens princes, qui protégeaient les chemins. Soyez franche· ment son ami, et lui el mol, nous serons tout à fait vos amis. 11 faut savoir que je suIs entièrement de son parti dans cette circon- stance. Si vous êtes content et acceptez ce que je vous dis, nous aussi, nous serons satisfaits de vous. ·Si vous n'Rcceptez pas ce que nous ve· nons de vous dire, nous serons irrilés contre vous. Cette belle épttre ne convainquit pas Faidherbe. Sidi, au LES BRAKNA 7 5 dire de celui-ci, employa alors un moyen machiavclique pour nous brouiller avec Sidi lW. On avait eu le tort, en 1863, pendant la guerre avec le Fouta, d'exciter les Brakna contre les Toucouleurs, alors nos ennemis. Les Brakna ne demandaient pas mieux que de reprendre. leurs anciennes habitudes de pillage sur la rive gauche et, par suite, Sidi parvint facilement même, en 1863, à engager une partie des sujets de Sirli EH, et principalement les Oulad Ahmed, à exercer leurs piilages à main armée, même dans les envi· rons de Podor. Sirli Eli, qui retenait à peine ses plus fidèles sujets, ne put rien faire pour réprimer ceux qui lui résis- taient ouvertement. Ne voulant pas aider à la réussite du projet de j'émir des Trarza, en rendant Sirli EH responsable de ces pillages. et ne pouvant pas, d'un autre cÔté, laisser ces plllages et ces assassinats impunis, le gouverneur donna j'ordre au commandant de Podor de s'emparer des principaux cou- pables, s'il en trouvait l'occasion j c'est ce qui fut fait, et deux d'entre eux, tributaires des Oulad Siyed, convaincus d'avoir pris part à tous les vols et assassinats faits dans la banlieue de Podor, furent fusillés. Malgré cet exemple, les Oulad Ahmed enlevèrent co- core, quelques jours après, les troupeaux de Mao. Sidî EH se mit immédiatement à leur poursuite, et leur fit dire que s'ils ne rendaient pas tout de suite les troupeaux, il allait leur faire la guerre. En effet, le I3 avril, il attaqua leurs camps, mais cette attaque ayan\ eté faite sans ensemble, fut repoussée, et le parti de Sidi EH essuya des pertes impor_ tantes. Pendant qu'une partie de son armée était ainsi mise en dêroutc, une autre bande, chargee d'enlever le camp où se trouvaient les femmes et les bagages,surprenaitle chef des Oulad Ahmed, 8iram, le tuait, ainsi que plusieurs autres per- sonnages importants, et faisait des prises assezconsidérables. Les Oulad Ahmed firent alors appel aux Trarza qui se préparèrent à intervenir. REVUE OU MONDE MUSULMAN L'émir Sidi EH tergiversa, batailla, n'aboutit à rien. Cette situation se traduisit par une anarchie épouvan- table. La rive gauche du Sénégal ne tarda pas à en sentir les fâcheux effets. Des bandes d'aventuriers s'abattaient en rezzous sur les vi1lages du Toro et les pillaient. Ce fut le sort de Dyouldé-diabé, Laboudou, Gamague, Diatal, Eidi, Guéde, Foudéa, Nasli, Diambo, et de plusieurs campe- ments de Peul Odabé. Toutes nos récrimInations ne servaient de rien, parce que Sidi Eli etait dans l'impuissance de réprimer les brigan- dages tant de ses amis que de ses ennemis, « Ce n'est que peu de chose, disait-il en juillet 1863, et j'ai fait tout ce qu'on peut faire en pareil cas tant en amendes qu'en m e ~ naces de mort. Ceux qui craignaient cette dernière peine se sont sauvés... Quant aux Toucouleurs de Podor (les plai. gnants), je ne demande à Dieu que de les éviter, et qu'il ne leur arrive aucun accident. Au premier tort, ils courent vers le commandant et me font payer les dégâts. Au sur· plus, eux-mêmes ne cherchent qu'à me brouiller avec les Français. » Du t"'janvier 11562 à la fin novembre 1863,il était ainsi en- levé 2.500 bœufs et plusieurs milliers de têtes de petit bétai]' L'émir Sidi Mborika, mettant à exécution ses projets} apparaissait à nouveau dans le Brakna, après avoir écrit au gouverneur une lettre dans laquelle il protestait de ses bonnes intentions, et où il déclarait n'intervenir dans les affaires des Brakna que pour rétablir l'ordre, en substi· tuant à un chef impuissant un chef fort et respecté; il pé- nétra sur le territoire des Brakna, et fit sa jonction avec les Oulad Ahmed. Le gouverneur, voulant faire encore une tentative en faveur du roi des Brakna, écrivit à Sidi la lettre suivante ~ J'ai reçu voIre lettre. Vous me dîtes que vous voulez intervenir dans les affaires des Brakna pour assurer la tranquillité du pays, pour le bien généra\. Si tela est vrai, il ne noua sera pas difficile de nous entendre, LES DRAKNA 77 car nous aussi nous ne voulons que le bien lIénéral. Mais comment entenclel:-nous obtenir ce résultat? On nous di! que vous voulez pour cela nommer Mohammed Al-Habib roi des Brakna, je ne crois pas que cela soit le moyen d'arranger les affaires. Mohammed AI·HlI.bib est un homme qui n'II. pas l'habitude du commandement; il n'a ni richesse, ni partisans; il ne peut même pas habiler le pays des Brakna; les Oulad Allmed seuls consentiraient à. le reconna!tre et Us sont tout à. fail pables de rétablir l'ordre che$ les Brakna. Si vous ne leur aviez accordé votre protection et votre aide, ils se seralent déjà sauvés dans le désert. Tous les Brakna sont d'accord avec Sidi EH, excepté les Ou/ad Ahmed. II est donc hien certain que Mohammed ne pourrait pas gou· verner les Brakna, quand même vous le nommeriez, Il y aurait bientOt toute espèce de désordres et c'est Ir. vous, naturellement, que nous se· rions obligés de nons en prendre. Vous voyez donc bien que vous allez entreprendre une affaire qui vous créera indubitablement des embarras sérieux d'où il pourra ter une chose que noua ne désirons, ni vous ni moi, ill. guerre entre nous 1J'ai reçu de France beaucoup de chevaux et de soldats, je n'ai jamais eu autant de forces 11 ma disposition. S'il survient des désor- dres dans le fleuve, je ne pourrai pas faire autrement que d'employer ces forces à l'I!lablir j'ordre. JI}' aurail un moycn plus simpie et plus flcHe d'arranger'les affaires que dc suivre cette politique dangereuse: ce serait de vous entendrc avec Sidi EH. Si vons voulcZ", je vous ferai entrer cn communIcation avec ce cnef; je l'engagerai à. vous accorder ce qui est juste dans une conférence que l'OUS pourricZ" avoir ensemble et 00 assisteraIt un ellvoyé de moi, Après la réception de cette lettre et arrivé à hauteur d'Aléibe, le roi des Trarza fit faire des ouvertures à Sidi Éli, en lui disant que quelques cadeaux arrangeraient l'affaire, et qu'il ne demandait pas mieux que de le laisser roi des Brakna et de s'en retourner chez lui. Sidi attendait les résultats de cette proposition, avant de s'aventurer da· vantage dans le pays, lorsque le bruit s'étant tout à coup répandu parmi ses troupes que le gouverneur arrivait pour lui coupe1- la retraite; il Yeut une débandade raie, et il opéra en deux jours son retour sur le territoire des Trarza. Sidi ÊH s'était réfugié à Tébékout (Saldé), où il avait REVUE DU MONDE II\.USULMAIl jadis ouvert une escale et placê comme chef son ami Mo" hammed ould Heïba, chef des Oulad Éli et mettre du Rag, à qui il abandonnait le tiers de ses coutumes. Il revint sur la rive droite, regroupa ses bandes Siyed, Mansour et ÉH, qui ne l'avaient pas abandonné, et assisté de contin- gents toucouleurs, mis à sa disposition par l'almamy du Fouta, notre allié, il recommença à batailler. . Dans les derniers mois de 1864 enfin, les Français, lassés de ces dissensions, qui portaient un coup fâcheux au cam, merce, réussirent à concilier les deux adversaires. Sous la haute autoritê de Faidherbe, les délégués des deux émirs: Chems Mohameden Fal, des Ida Ou Al-Hadj, et Ahmed ould BraYk pour le Trarza, Djeddna et Rachid pour' le Brakna, signèrent un traite de paix entre les deux confe· dérations (cf. en annexe). Sidi Éli, se reconnaissant incapable de lutter contre son rival, achetait la paix au prix d'importants sacrifices: il s'engageait« à verser au roi des Trarza une indemnité de 250 pièces de guinée l ou leur valeur en bœufs. Il consen- tait à ce qu'un quart des droits perçus à son profit sur le commerce de la gomme à Podor fût payé à l'émir des Trarza, Moyennant ces concessions, Sid Mborika s'engageait à laisser les caravanes se diriger librement soit sur Podor, soit sur Dagana, et à assurer la securite des routes. Il re- connaissait Sidi Êli comme émir des Brakna et nouait amitiê avec lui. Le pr6tendant Mohammed Al-Habib, abandonné de son protecteur, vint chercher asile chez les Qulad DAmân du Trarza. Par la suite, il devait rentrer chez l'émir Ahmeddou, fils de Sidi rtH, et y finir tranquil- lement ses jours (t v e r ~ 1900). La disparition du prétendant ne ramena pas d'ailleurs le calme complet chez les Brakna. Les Normach revendi. quaient toujours le droit de choisir dans leur campement princier l'émir de la confédération. Les Oulad Siyed en- L1':S BRAKNA 79 tendaient conserver ces droits,acquis par prescription depuis un siècle, La lutte recommença donc et se poursuivit de longues années'. Les Oulad Ahmed, par tradition d'indis- cipline et d'anarchie, se joignirent aux Normach -et a ~ r a · vèrent le désordre. Ils furent même, la plupart du temps, les seuls adversaires des Oulad Siyed. Voici, par exemple, ce qu'ils écrivaient astucieusement au gouverneur du Sénégal: Si nous avOllS volé vos bœufs et ceux de vos amis ce n'êtaÎt poInt pour rompre noIre ancienne amitié. Notre arlcienne amitié Il été cause de la guerre qui a eu lieu autrefois entre les TrRrza et les Brakna. Les Trsrza ont étê chassés ct nous aussi. Alors nous nous sommes déter- minés à voler dans le pays le plus que nO(lS avons pu pour y porterJe trouble et forcer Sidi EU, par restitutions, à perdre le revenu qu'il pou- vaIt recevoir des Blancs et des Noirs. A présent, nous sommes revenus dans le pays pour nous mettre d'accord avec les Oulad Seïd, Ils sont venus nous trouver à Aleïbl: pour renouveler notre amitié, Ils se sont entendus avec les Outad Normach pour nous trahir. Nous nous sommes sauvés; on nous a poursuivis et on nous are· joinu dans un endroit qu'on appelle ChaTd (vis-il-vis d'AIod). Nous ne pouvions aller plus loin et avons été obligés d'accepter la bataille. Nous les avons repoussés et poursuivis toute tlne journée: nous en avons tué une quarantaine. Dieu nous a protégés contre leur nombreuse ar- mée, composée de (OUS les Oulad Beld, de lous les Oulad Normach,du chef des Oulad EH, Mohammed ould El'ba et d'une par/Je des Touabir. Maintenant nous envoyons vers vous pour renouveler l'amitié qui exis- lait entre nous, el nous attendons que VOliS en fassiez autant. La preuve que nous avons loujours été vos amis, c'est que IlOUS n'avons pas cessé de surveiller le ehemin des gommiers. Depuis que nous avons dO quitler le pays jusqu'à présent, nous n'avons jamais souffert qu'un de nous fh du mal aux marchands de gomme. Les caravanes du haut pays ont toujours passé près de nous en allant et en revenant et jamais nous ne leur avons rien exigé ou pillé. Des combats aux issues les plus diverses se succedèrent pendant une dizaine d'années. Sidi Éli, appuyé sur Mo· hammed ould Herba, chef des Oulad } ~ l i de Kal:!di, et sur les Toucouleurs du Fouta, nos alliés, finit par avoir raison 80 REVUE OU MONDE MUSULMAN de ses adversaires. Les rd Ou Aïch s'étaient partagés, sui- vant leur antique alliance, entre les deux.camps et prirent part Aplusieurs de ces rencontres, Après les combats des Maye-Maye et de Khaleïfi, Sidi Êli fut définitivement vic· torieux à DoJfa, dans l'Oued (vers 1873). A partir de cette date, s'il rencontre encore de l'opposi- tion chez ces irreductibles ennemis, son autorité cmirale n'est plus contestee. Les luttes devaient d'ailleurs re· prendre avec une certaine intensité, soit en 1880 contre les Trarza, soit en r885 contre les Oulad Normach et Ahmed, et leurs alliés Abakak (Id Ou Aïch). On les verra plus bas. En 1879, les escales vivaient toujours SOliS le régime du traité de 1858. «Après vingt et un ans de paix profonde entre les deux nations, comme dit le préambule, le mo- ment semble venu d'introduire dans leurs relations corn· merciales des modifications en rapport avec les liens d'amitié des deux peuples. Un acte additionnel fut donc signè, le 5 juin 1879, par le capitaine Louis, représentant du gouverneur Brière de L'Isle, et l'émir Sidi Éli. li Yest dit en substance: ai li n'y a plus d'escales. Le commerce de la gomme et de tous au- tres produits est libre; il se fera li terre ou li bord, dans les anciennes escales ou partout ailleurs. b) u. coutume proportionnelle est supprimée. Elle est remplacée par une indemnité fixe, peyée par quarts au 'moment de la traite. cl Neutralité absolue de ['émir des Brakna dans le domaine com- mercial. Une convention, passée le 22 mai 1880, reglait l'indem- nité fixe, restee indéterminée dans l'acte additionneL La quotité en était de I.600 pièces de guinée filature, dont 400 étaient distraites au projet de Mohammed ould He'iba, chef des Oulad ÊH et de l'escale de Tébekout (Saldé). Une autre convention, en date du 13 aoû:t 1886, fixait cette quotité à 2.000 pièces, dont un quart pour le chef de LES BI\AKNA 8, l'escale de Tbbekout (Saldé), Sidi Ahmed, qui dans l'inter- valle avait succédé à son père Mohammed He'iba. Des incursions des Oulad DAmân en 1878-1879 failli- rent rallumer la guerre entre Trarza et Brakna, Les bons offices du gouverneur, d'une part, et l'intercession du Cheikh Sidia Baba, qui faisait ainsi ses premières armes, d'autre part, ramenèrent la concorde. L'affaire fut réglee par indemnités. Il en fut de même de plusieurs incursions de Toucou- leurs ,sur des tributs maraboutiques, et notamment les "Tagnit, alors dépendant du Brakna. L'émir, qui nous savait en délicatesse avec les gens de Dibango (AJeïba), offrit de faire nos affaires en faisant les siennes. Il vou- lait se jeter sur ces Toucouleurs et les piller, L'affaire se régla par transaction. En IB81, Sidi tw engagea son ami Mohammed ould He'iba, chef des Oulad Êli, à s'interposer entre les Français et Abdoul Boubakar, chef des Bosséa, qui se posait en ré· volté. De plus, il adressait à' Abdoul lui-même une lettre pressante p01,lr l'engager à faire la paix. fi lançait en même temps une proclamation dans le Bosséa «pour faire -comprendre aux habitants que la paix avec les Français était indispensable pour la tranquillité et Je bien-être de leur pays ». En 1885, Sidi Êli se retrouve pris entre les Trarza et les Id {)u Aïcb, Du coté des Trarza et par la pression de Saint- Louis, l'affaire s'aplanit presque aussltCt. Éli Dion'lbot, émir des Trarza, se dit exaspéré contre son voisin brakna, Hui utiliserait contre lui ou tout au moins laisserait uti- liser (notamment par les pillards Oulad Siyed) les secours que les Français lui font passer à l'usage des Toucouleurs du Bosséa. En réalité, il veut rétablir sa popularité en baisse, en eonduisantses hassanes au pillage. Il est d'ail· leurs non moins fâché contre les Français, qui « donnent , 8, REVU& DU MONDE MUSULMAN la liberte aux captifs, gardent ses tributaires (Taghredient) sur leur territoire et autorisent les gens du Cayor et du Baol,à garder les biens de SilS sujets, qui meurent dans ces provinces. » Encore qu'il cÜt déclaré « qu'il ne supporte- rait pas cela tant qu'il aurait la tête sur son cou }>, il finit par s'amadouer devant les menaces que proféra le gouver- neur à l'annonce des premiers pillages sur les Oulad Tari. Mais avec les Id Ou A'ich, les affaires allèrent plus loin. Une bande d'Abakak, alliés des Oulad Normach, envahit le Brakna oriental sous la conduite de Nabra (de son vrai nom Brahim), fils naturel de l'émir Bakkar ould Soueïd Ahmed. Les campements prirent la fuite, tandis que Mokhtar, fils al né de Sidi ÊE, organisait la résistance et demandait naturellement le secours des Chratit, enne· mis des Abakak. Il se mit à la tête de bandes siyed et de quelques Oulad Ahmed j mais, repoussé, il dut prendre la fuite et fut tue au cours de la poursuite par Nabra. A cette nouvelle, Sidi Éli lança son second fils Ahmed· dou sur les envahisseurs. Nabra, qui à l'instar du poète arabe chantait: « Ce n'est pas à mes ancêtres que je dois ma gloire, mais à moi·même. C'est moi qui suis un an- cêtre. Je suis Brahim ould Brahim », reçut la troupe brakna à coups de feu. Le combat resta indécis et, sui· vant la coutume maure, on se sépara sans résultat. Nabra finit par rentrer dans sa tribu, Sidi Éli, rasséréné, prit alors l'offensive lui· même, et surprit et razzia les par· tisans de Nabra dans le Fori. L'affaire en resta là. Notre alliance avec Sidi Éli joua en 1891, lors des diffi· cuItés qui s'élevèrent entre le Gouvernement français et Amar Saloum, emir des Trarza. li soutint de toutes ses forces Ahmed Saloum Il ould Ali Diembot, rival suscité il. Amar Saloum par les Français. Il aida à son triomphe en lui envoyant un groupe de partisans, commandé par son fils Ahmeddou. LES /lRAKNA 83 Cette assistance devait assurer d'exccl1entes relations, de ce jour et jusqu'à notre arrivée, entre Trarza et Brak· na. Elles eurent leur consécration par le mariage du nou- vel émir des Trarza avec la fille de Sidi Éli : Fatma, Cette union, si heureuse de ce CÔlé, devait par ailleurs être funeste à Ahmed Saloum, car sa première femme Myriam ould Brahim, jalouse, se retira dans Son campement des Oulad Ahmed ben DAmân, et cette fraction ne tarda pas à passer au parti de Sidi ould Mohammed Fal, rival de j'émir. Sidi Éli ne devait pas voir ces difficultés de son ge'ndre. Il mourut en 1893, sur les bords du fleuve, à Lehroud, en face de Mafou, Il fut immédiatement et sans difficulté remplacé par son fils aîné Ahmeddou. 8. - Ahmeddou 11 (1893-1903). Ahmeddou Il ould Si di Éli était âgé de 40 ans environ à son avènement. II était complètement inféodé aux Ou- lad Siyed de par ses origines paternelles et de par ses at- taches maternelles: sa mère était en effet une Siyedïa, Garmi ment Ahmed Fal. Par elle, Ahmeddou se trouvait être le frère utérin de Mohammed, fils posthume de l'émir Mohammed Si di ould Mohammed. Vers 1878, l'émir Sidi I!:Ii avait fait épouser à son fils Ahmeddou Moumina, fille de son allié Mohammed ouId Heïba, chef des Oulad Éli et protecteur des escales de Té· békout (Saldé) et de Kaédi. Il en eut un fils, Si di Éli, géné- ralement connu sous le sobriquet d'Ould Assas, du nom de sa nourrice. Moumina, nouvelle Aliénor d'Aquitaine, allait par ses mariages successifs semer la brouille pendant plusieurs années dans cette partie du Sud mauritanien. En 1883, elle déserta le domicile conjl.jgal et se réfugia " REVUE DU MONDE MUSULMAN chez SQU père à KaMi. Puis, en vraie fille de hassane et sans attendre la répudiation, elle épouse Nabra, fils natu- rel de l'émir des Id Ou Aïch, qu'on a vu plus haut et qui, outre l'avantage de sa stature gigantesque, avait, aux yeux de la vindicative Moumina, le bénéfice du meurtre de Mokhtar, frère de son ex-mari Ahmeddou, indigné, la ré- pudia aussitbt. L'intrigante ne fut pas étrangère aux luttes 'qui se déroulèrent alors entre Brakna et Id Ou Aïch. Quelques annees plus tard, Moumina revint à ses pre- mières amours;' elle lâcha Nabra, réintégra le «Mah- saI' l> des Brakna et eut j'adresse de se faire épouser une deuxième fois par Ahmeddou. Après divers incidents con· jugaux, un nouveau divorce intervint, et Moumina, -ren· due à la liberté, s'empressa d'aller faire le malheur d'un homme d'Église, le Kounti Sidi Amar ould Sidi·l·Mokh- tar, d(.!s Ahel Cheikh_ Cette fugue ne dura pas. La princesse mésalliée revint, un an après, dans le campement d'Ahmeddou, y épousa son frère Mohammed Al-Habib, brouilla quelque temps les deux frères, fut répudiée à nouveau, et finalement, ses charmes étaient désormais inopérants, se retîra dans le campement de son fils Ould Assas: elle y est morte en '917, à Touizit, dans Je Chamama. Pour en finir avec les aventures conjugales de l'émir Ahmeddou, il reste à dire qu'il épousa, en mai 1899, la nièce de Rassoul, chef des Chtatit : Fatma ment Cheikh 0uld Eli. Il n'en eut qu'une fille: Garml; aujourd'hui re- venue avec sa mère chez les Chratit. Il répudia. peu après, cette Fatma et depuis cette date ne vécut plus qu'avec des filles de ses haratines et captifs, notamment Diouldé, an- cienne captive e.nlevée au chef des Oulad Normach, et qui a. suivi Ahmeddou en dissidence; Ziza ment Haboub, an- cienne captive enlevée aux Oulad Ahmed, mariée actuel- lement à Soumaïla, détenu de droit commun à Aleg; et ~ n f i n Ment Baba, Toucouleure. Il en a eu plusieurs en- LES DRAKNA 85 faots; Mohammed, né vers 1899, Bakar, .né vers 1900. Ahmeddou, autant par son caractere fourbe que par la faiblesse de son autorité ou plutôt de ses moyens, devait nous causer jusqu'en fin 1903, date de l'occupation de son pays, toutes sortes de désagréments. Dans le courant de l'année 1890, le gouverneur Clément Thomas avait fait dénoncer à Sidi Éli la convention de 1886 fixant à r,50o piéces de guinée le taux de J'indem· nité fixe, remplaçant les droits de sortie sur les gommes. 1.000 de ces 1.500 pièces furent accordées à l'émir des Trarza et il n'en resta que 500, que Sidi Éli ne voultat point accepter. Cette mesure avait été prise, parce qu'au cours de la traite des dernières années, il avait été con- staté que Sirli Éli était compietement impuissant à main· tenir la sécurité de l'escale. Il n'avait plus aucune autorité sur les tribus rattachées à son groupe, il ne pouvait se faire obéir m ~ m e par ses sujets directs. Il laissait faire, si même il n'encourageait pas les pillages sans nombre par les gens de son propre camp. Durement atteint par cette' rMuction de sa rente, Sidi Éli fit de grands efforts pour arriver à rétablir son auto· rité. La situation restait néanmoins tendue, quand il mou· rut. Avec son fils Ahmeddou, que l'administration contri· bua à faire accepter pacifiquement aux tribus, et qui, plus jeune et plus actif, paraissait inspirer confiance, on revint à l'ancien état de choses. On visa à affermir son autorité sur les Oulad Normach et Oulad Ahmed; on renforça le commandement de ses représentants; on exécuta loyale· ment les conditions du traité du 12 décembre 1891, conclu d'ailleurs avec j u i ~ m è m e , représentant son père, et qui ac· cordait à l'émir brakna une indemnité fixe de 1.000 pièces de guinée filature, On pensa en même temps utiliser sa vigueur et sa pré. tendue bonne volonté, en Je liguant avec les Ahel Sidi Mahmoud, fâchés de se voir coupé les routes de Bakel par 86 REVUE DU MONDE MUSULMAN les Id Oll Aïch, et en jetant un fOft rezzou de ces deux tri- bus sur le camp de Bakkar ould Soueïd Ahmed, émir des ld Ou Aïch, qui avait offert l'hospitalité à nos trois irré- ductibles ennemis senégalais: Abdoul Boubakar, chef du Bosséa; Ali Bouri Ndiaye, bourha du Diolef, et Amadou Chékou, marabout agitateur. , Toute cette politique fut vaine, et Ahmeddou opposa la force d'inertie, chère aux Maures. Il fallut en arriver à re· tenir sur ses coutumes la rançon des pillages commis par ses gens, ce qui évidemment ne fit qu'augmenter le nombre des razzias et nous brouiller périodiquement avec Ahmeddou. En mai 1895, dans son indignation, il ferme brutalement l'escale de Podor. Le voyage inopiné du n i ~ recteur des Affaires politiques Merlin lui fit perore con· tenance, et il rouvrit aussitôt l'escale, La grande aventure du principat d'Ahmeddou fut la lutte qui eclata entre les Die'idiba, marabouts classiques des Oulad Biri, marabouts, cousins et allies des Oulad Ahmed, Par le jeu des alliances traditionnelles et des haines inveterées, la plupart des tribus trarza et brakna, tant guerrière que maraboutique, allaient en être trou- blées, N'étaient notre présence et l'influence acquise par notre politique dans les affaires maures, des luttes in· terminables eussent à nouveau ensanglanté les confins trarza·brakna, Elles restèrent localisees aux Oulad Biri et aux Die1diba, Déjà, sous Cheikh Sid'ja Al·Kabir, vers 1860, un inci- dent fâcheux, mais qui n'avait pas d'autre importance que celle des menus faits de la vie de tribus voisines, était venu mettre à l'epreuve les bons rapports anterieurs des Oulad Biri et des Die'idiba, Un individu des Oulad Falli, Mohammed ould Abd El·Fattah, s'etant pris de querelle avec des zenaga Die1diba, marcha contre eux à la tête de ses gens, les surprit et en tua seize. Sur l'intervention de Bakkar ould Soue1d Ahmad, émir des Id Ou Arch, qui LES IIRAKNA était aussi par indivis suzerain des zenaga tués, Cheikh Sidi'a AI·Kabir conseritit à payer la dïa, qui fut fixée à 16.000 pièces de guinée. L'affaire n'eut donc pas d'autres suites. Vers 1890, des contestations au sujet de trois ponts d'eau, Bou Talha'ia, Hasseï Al·Afia et Aredekkel, dans l'Amechtil, dont les deux tribus revendiquaient la pro- priété, remirent le feu aux poudres. La question s'aggra. vait encore du fait de contestations similaires sur les ter· rains de la Dabaye du Chamama. De 1890 à 19°0, il se livra une multitude de petits combats, dont il serait fasti. dieux de donner le détail. Il suffit de retenir que les hassanes des deux pays pri- rent respectivement parti pour leurs marabouts. L'émir du Trarza, Ahmed Saloum 1 0 ', son parent, Sidi Ahmed ouId Bou Bakar Siré, et surtout les guerriers OuJad DAmAn et Euleb, marchèrent avec les Oulad Biri. L'émir du Brakna, Ahmed ou1d Sidi Éli, avec ses geris Oulad Abdallah et ses alliés toucouleurs Ale1bé du Chamama, combattaient pour les Dîeïdiba. Ces passes d'armes peu sérieuses entre gens qui faisaient parler la poudre sans conviction, et cher· chaient surtout à vivre aux crochets des Tolba, sous pré. texte de les dMendre, furent pl liS d'une fois fàcheuses pour les Oula.d Biri, Le Cheikh faillit être enlevé en 1896 dans son camp d'Aouadane, et ne dut son salut qu'à la valeur de ses élèves noirs, qui se jetèrent avec fureur sur les bandes Dierdiba et Oulad Siyed et les exterminèrent. L'intervention de l'autorité française amenait une série de tractations entre les belligerants : d'abord la paix est conclue, au moins en principe, en novembre 1896, à Bo'idel Barka, entre les chefs trarza et brakna. Le 29 janvier sui· vant, les délésués des deux tribus maraboutiques signent à Pador une déclaration, qui énonce qu'aucune réparation ne sera accordée de part et d'autre pour les dégâts respecti- vement commis. Sous les auspices du gouverneur général, i8 IlEVUE DU MONDE lI:tUSULMA.N une convention cst passée, à Saint-Louis, le 9 février 1897 entre les deux émirs, assistés de leurs ministres et conseil- lers. Les actes antérieurs précités r sont confirmes: Pador est reconnu escale brakna, sous t'autorité d'Ahmeddou, mais avec liberté commerciale pour tous les Maures du Trarza. Les deux émirs s'engagent à faire sérieusement la police de leurs tribus. Ahmeddou enfin autorise les OuJad Biri à habiter et à cultiver sup le territoire des Brakna qu'ils oc- cupaient précédemment. Il les autorise notamment à se réinstaller à Dabaye (marigot de Morghen ou de Koundi). Une nouvelle convention voulut consacrer avec plus de force encore, en 18g8, les accords établis l'année préee. dente (1). Mais pour éviter tes difficultés qui avaient surgi, tes te.rrains litigieux de Dabaye furent déclarés neutres et placés sous la surve111ance spéciale de l'administrateur de Pador. Pendant ce temps, les Toucouleurs de la rive gauche pas- saien't sur le fleuve et mettaient les terrains en valeur. Il fut impossible d'obtenir des uns et des autres la bonne vo- lonté nécessaire à des concessions réciproques. Ils ne vou- lurent même plus se voir: Ahmeddou refusa se rendre v i ~ site à un marabout. Cheikh Sidra ne voulut point se rendre au campement d'Ahmeridou pour éviter de s'y faire assas- siner. La hitte continua donc de plus belle entre les tribus j elle finît pourtant par tourner à l'avantage, au moins a p p a ~ rent, des Oulad Siri, en ce qui concerne les puits du nord. Les DieYdiba vaincus durent évacuer, vers la fin de 1899, l'Amechtil et l'Aoukeïra, mais ils prirent leur revanche en y venanqiiller, les années suivantes, les campements biti, de sorte que ceux-ci Aleur tourdurent abandonner les puits litigieux et se concentrer dans l'Aouke'ira. Non -entretenus, (Il Pour lu textes français de C68 deuxicO)nvenliO)ns dll 1897 et 18g8 cntre Tratzaet Brllkna, cr. « L'Emirat des Trarzll (Annues) ~ , par Paul Marty, in collection de la ReJ'ue du Mo"de MUJulltlan. LES B ~ A K N A ces puits tombèrent bientÔt en ruines. "En '903, assurés de l'appui de Coppolani et profitant de l'êtat de l'insoumission de Die'idiba, qui ne pouvaient ainsi faire valoir leurs droits, Cheikh Sid'ia fit réoccuper le territoire abandonné ct rc- mettre les puits en êtat. La soumission des Dieïdiba allait en 1904. soulever à nouveau le conflit. Ils demandèrent sans tarder à entrer en possession de leurs puits. Les Ou- lad Biri protestèrent, et comme l'affaire trdnait en Ion· gueur, les combats recommencèrent de toutes parts, entre haratines et captifs d'abord, puis enlrè zenagll, et enfin entre marabouts. Les autorités des cercles Trarza et Brakna a1laient mettre un terme à ces luttes et procéder à un accord entre- les tribus. Sous les auspices du capitaine Gerhardt, commandant le cercle du Trarza, un arrangement fut conclu, le 7 fé- vder 1912, entre Sidi El·Mokhtar, cheikh des Oulad Biri et Mostafa ould Khalifa ould Ouadia, principal notable des Dieïdiba, délégués par eux li ces fins. Le droit de propriété des puits a été reconnnu aux Die'idiba, mais les deux tribus auront la jouissance de l'eau, suffisamment abondante pour contenter tout 11: monde. Satisfaits de n'avoir pas cédé à leurs adversaires et d'avoir tous à moitié gain de cause, les indigènes ont promis réciproquement de ne pas apporter de gêne à l'exercice de leur droit de jouissance commune; et depuis 191.2, ils paraissent avoir tenu·pa- role. Ahmeddou eut encore à intervenir à plusieurs reprises. dans les dissensions intestines, qui déchirèrent les Toua· bir, de 1896 à 1900. A la mort du cheikh de la fraction Anouazir, Cheikh oulcl Hammadi, sa succession politique fut disputée entre 50n fils Hamdel Khalifa c ~ Je chefdela fa· mille rivale Neïbat. L'affaire avait d'autant plus d'importance que les Anouazir sont les fractions princières de la tribu, et que leur chef est pratiquement le chef de la tribu. La go REVUE DU MONDE MUSULMâN querelle se maintint peu de temps circonscrite aux deux rivaux: le jeu des alliances etdes haines réciproques amena successivement du cÔté de Hamdel Khalifa une panie des autres Touabir, et notamment les Oulad AI· Kohol, puis Sidi Ahmed ould Mohammed oulct Heïba, ex-chef des Ou- lad EH de Kaédi, révoqué par nous; du côté d'Ahmed Neïbat, le reste des Touabir et notamment les OuladYora, puis M'hammed, chef en fonctions des Oulad EH, rival du premier. Apartir de 1897, le conflit est général, et desren· contres se produisent à chaque occasion. L'émir des Id Ou Aïch, B!tk.kar, eut la sagesse de nepas 'Sc laisser entratner dans le conflit, en arguant que les uns et les autres êtant ses tri butaires. il n'avait pas àprendre parti en faveur des uns ou des autres. Mais Ahmeddou sol- licite à plusieurs reprises, et qui avait d'abord refuse, se bissa tenter par les cadeaux de guinée des Oulad AI-Kohol. Il envoya un contingent à leur secours. Les Oulad Yora .firent marcher la cavalerie de Saint-Georges et leurs guer- riers, de,sorte gue leurs ennemis, y compris la bande d'Ah· meddou, furent complètement défaits à Segar. Ils lais· saient plus de 100 morts sur le terrain. L'honneur d'Ahmeddou était engagé : il manifesta J'en· tention de rMuire à merci les ce qui valut immê· <liatement à ceux-ci le conCOurs de ses ennemis Normach Oulad Ahmed. Ses bandes, commandées par'Mohammed Krara, son frère, et Ould Assas, son fils, et composées de Siyed et de DieYdiba, marchèrent contre les Oulad Yora, en juillet IgOl. Ceux-ci, intimidés prirent la fuite. L'affaire en resta là et Hamdel Khalifa fut reconnu chef des Touabir. A la fin du dix· neuvième siècle, à la veille de notre oc- .cupation, la situation politique était la suivante: Les Oulad Slyed dominaient de Zauireth Mohammed (près Dagana) jusque vers Boghé et dans l'intérieur, jusqu'à Aleg et Cha- gar. Ils protêgeaient surtout les Diel'diba, les Tolba Tanak, les Hijaj et les K'ounta·khoJ Bekkaï. LES BRAKNA 9' Les Oulad Normach commandaient sur le fleuve, vers Caseas et la région de Mal. Ils protégeaient les Id Eïlik, les Soubak, les Abel Taleb Mohammed, les Tiab Ou[d Nor- mach, les Meterambin et les Kounta Ahel Sidi Amar, Les Oulad Ahmed descendaient quelquefois jusqu'àBoghé et commandaient, vers Chogar, l'Akel et l'Agan, ils proté- geaient les Oulad Biri, les Ahel Gasri les Draouat. LesOulad EH (0, Abdallah aussi) commandaient vers KaMi et le Raag, et,protégeaient les Lemtouna, les Toumodek et les Hijaj de l'est. Les Abel Souid Ahmed (Id Ou Arch) faisaient sentir leur influence jusqu'à Guimi, Mal, l'AguerJat et protégeaient surtout les TAgAt, les Torkoz, les Id ag Jemouella et les Kounta Oulad Bou SiE, En fait, chaque tribu maraboutique faisait elle-même sa police intérieure et extérieure, et ne faisait intervenir les guerriers que lorsqu'elle ne pouvait pas faire autre- ment. Les guerriers pillaient sans vergogne amis et ennemis, prenaient.de force ce qu'on ne voulait pas leur donner, tandis que leurs haratines et leurs zenaga volaient sans cesse. Les plus voleurs etaient les haratines Oulad Siyed et le zenaga Arallen (région de Podor), et les Touabir (Khat), On ne pouvait approcher du fleuve sans être volé, La meilleure police était faile par les Ahel Souid Ahmed, qui, voulant se réserver le monopole du pillage, châtiaient impitoyablement les zenaga, Hassanes Oulad Talha, Ou- lad Bou Sif marabouts et autres pillards qui rançonnaient leurs gens, Le principat d'Ahmeddou allait prendre fin en décembre 1903 par l'occupation française. Dès 1902, et tout en poursuivant sa politiqued'apprivoi- sement en tribu, Coppolani avait instal1ê un fort à Regba à la limite des pays trarza et brakna, et un autre à Boghé. au débouché. sur le fleuve du pays brakna, Il avait entamé 9' REVUE DU MONDE MUSUkMAN . avec Ahmeddou 'des relations pleines d'espoir. Malheureu· sement les sympathies qui l'attachaient à Cheikh SidYa étaient une forte cause de défiance pour les Dieïdiba mara. bouts et conseillers de l'émÎr et de ses Oulad Siyed. C o p ~ polani prit son conge en France dans l'été 1903. Pendant son absence, divers traitants, intéresses au maÎntien de l'anarchie, donnèrent à l'émir les plus mauvais conseils et firent donner les Dieïdiba. Il arriva qu'Ahmeddou, moitié par crainte, moitié par esprit de résistance, rassembla ses fidèles et ses haratines et fit décider l'alliance avec les Id Ou Aïch. Il partit aussit6t les retrouver. C'est peu après que Coppolani allait prononcer sa déchéance et confisquer ses biens au profit du Trésor (décembre 1903). . CHAPITRE VII L'OCCUPATION FRANÇAISE Arrivé à Boghé en fin novembre 1903, CoppoJani appre- nait qu'Ahmeddou réunissait ses contingents à Aleg, et s'apprêtait à s'unir aux Id Ou A'jch pour nous combattre, malgré toutes les promesses de dévouement faites antérieu- rement. Toutes les tribus religieuses armées, et notamment les, Dieïdiba, suivaient ce mouvement c o n c e r t ~ avec notre vieil ennemi. j'émir Bak.kar, des Id Ou Aïch. Toutefois et par opposition de principe, les Oulad Normach et une partie des Oulad Ahmad, dont les chefs etaient venus à Boghé sa· luer le gouverneur gênerai, de passagll au début de l'an- née, demeuraient fidèles à leurs engagements. En présence de cette situation et pOUf arrêter des incur- sions certaines vers le fleuve, CoppoJanj activait l'exécution de son progra'mme d'occupation du pays brakna, simple acte préliminaire de l'occupation de Tagant. Le '0' décembre '9°3, il quittait Boghe, accompagne du résident du pays brakna, du commandant des troupes du Tagant et d'un détachement de spahis. Par la mare de Sarak, il était sur les bords cultives du lac Aleg, le 3, Au- cun incident ne s'était produit sur la route. Une fraction importante des Dieïdiba, rencontrée Je lendemain au cours 94 REVUE DU MUSULMAN d'une reconnaissance, et campée sur la rive opposée du lac, apprit à la colonne la fuite d'Ahmeddou, de ses hassanes, et du reste des DieYdiba vers Chogar. Coppa1ani leur envoyait aussitÔt des émissaires spéciaux pour les inviter à ne pas quitter le pays. Mais Ahmeddou poussé par ses deux nev.eux, deux fils de Bakkar et un cer- tain nombre d'Id Ou Aïch, arrêtait ces émissaires, grou- pait ses haratines, quelques contingents DieIdiba, Oulad Ahmed ctsutres dissidents, au total 400 fusils environ, et, la nuit du 8 au 9 décembre; se jetait sur le camp des enva· hisseurs. Toutes les précautions avaient été prises. Après une vive fusillade, les aggresseurs furent repoussées, lais- sant quelques morts et quelques blessés sur le terrain. notre cOté, nous avions un tirailleur et quelques porteurs blessés et deux goumiers tues. Quelques chevaux de effrayés par [es feux de salve, avaient cassé leurs entraves et pris la fuite. Dès l'aube, le commandant des troupes, faisant une reconnaissance aux environs, rencontrait quel- ques Oulad Siyed, en tuait trois et chassait les autres. Il désarmait le campement des Dieïdiba précités et le faisait installer près du poste pour avoir guides et moyen.; de transport sous la main. Cette aggression d'Ahmeddou, commise surtout à l'insti- gation des Id Ou Aïch, fut le principal fait d'armes de j'oc- cupation du Brakna. Quelques jours plus tard, le capitaine Chauveaux met· tait fin à toute récidive en surprenant à Chogar, à 40 kilo- mètres d'Aleg, le campement d'Ahmeddou et en mettant en déroute ses bandes hassanes. L'action politique de Coppolani s'exerça aussitôt sur les tribus religieuses. Les premiers, les Kounta, ennemis invé- térés des Id Ou Aïch, vinrent à lui, et promirent de les combattre en liaison avec lui, dès qu'il s'avancerait vers l'est. C'est à cette date que fut créé le poste d'Aleg avec toutes LES BRAKNA les précautions defensives d'usage. Sis sur une hauteur et habilement fortifié, il était, pour ainsi dire, imprenable. Au point de vue locai, il domine tout le pays brakna et per- met la surveillance de toute la région, comprise entreAleg, Boutilimit, Podor et Boghé, Au point de vue politique, il est placé sur la bifurcation des routes du Tagant, situe à 6 jours au nord·est. Ils constituait en plus, à cette date, un excellent bastion sur le flanc des Id Ou Arch. La mission de Tagant prit sans plus tarder la direction du nord-est. Les tribus zouaïa du Brakna, déjà ralliés lui firent ses envois entre Boghéet Aleg-. Quant à Ahmeddou, il n'abandonnait pas toute résis- tance. Dans une conference tenue à Agadel, près d'Ache- ram, et à laquelle participèrentAhmeddou, Bakkar ct leurs fils, le plan de campagne suivant fut arrêté: Les Id Ou Aïch rallieraient tous leurs tributaires et tente- raient l'enlèvement du poste d'Aleg, où ils sc fortifieraiet;lt solidement. Puis deux colonnes iraient, l'une à Gue'ilat, à l'est de la région du moyen Mounguel, l'autre à Mbout_ Elles s'y installeraient sur des positions rlltranchées, afin de s'opposer à la pénetration française. L'occupation de Mbout paraît avoir été à ce moment la grande crainte de Bakkar, et il joua de cette inquiétude pour raiJier définiti- vement à lui les Chratit, toujours frondeurs à J'égard des Abakak. et les Oulad Aïd. Ce plan de campagne n'aboutit pas. La mission d'orga- nisation du Tagant se mit en marche, accompagnée d'un goum où l'on voit figurer, à c6té des chefs trarza, plusieurs chefs brakna : Bakar ouId Ahmeïada, chef des Normach; Hiram ouId Himeïmed, chef des Oulad Ahmed, et enfin Si di Ahmed ould He'iba, chef des Oulad EH, de Kaëdi. C'était sur leur propre territoire que les Id Ou Aïch devaient sauver l'honneur de leur nom. La mission arrivait à Mal, le JO' février, et y installait un poste fortifie semblable à cel.ui qu'elle venait d'établir REVUE DU IlONDE MUSULMAN à Mouit. Sis à 70 kilomètres à l'ouest d'Aleg et à 80 kilo- mètres au nord de Kaédi, Mai réunissait des conditions excellentes pour la surveillance du fleuve :et la centralisa- tion des moyens nécessaires au départ de la mission et à l'organisation méme du plateau central du Tagant. La ré- gion, couverte de lougans, offre des ressources en bestiaux et en cultures. C'est un plateau boisé que traverse un im· portant marigot terminé par un lac de 40 kilomètres de .circonférence, où existe toujours une eau limpide, de qua- lite excellente. Les tribus religieuses Id ag Jemouella, Torkoz, Touabir, Toumodok, Lemtouna, Tâgât, Hejaj, et des campements divers, etc., vinrent aussit6t faire leur soumission et oe- mander la protection française. Les Oulad Ahmed, au nombre de 600 fusils, suivirent le mouvement et sur la de- mande de Coppolani, s'installèrent aux environs de Mal. Plusieurs autres fractions religieuses, retirées entre Mal et la falaise, et qui attendirent notre installation à Mal pour -en faire autant, se décidèrent quelques jours plus tard, et échappèrent non sans peine à la surveillance des guerriers Id Ou Arch. Ceux·ci, excités maintenant par Ahmeddou, qui sentait la partie lui échapper définitivement, projetèrent d'attaquer soit Mal, soit Mouit. Ils commencèrent par des escarmou- ches et finirent par investir Mouit dans ,la nuit du 16 au 17 février, au nombre de plusieurs milliers. Ahmeddou me- nait le bal. Ils furent repoussés avec des pertes sérieuses et se retirèrent au pied de ia falaise du Tagant. En mème temps, Coppolani n'oubliait pas defairc inter- venir puissamment l'influence de ses amis marabouts. Cheikh Sidïa vint le trouver dans S'ln campement, et par sa présence, ses palabres, ses lettres, contribua fortemer.t à mettre fin à cette campagne de guerre sainte, q.ui com- mençait à prendre naissance sur le haut fleuve et dans cer- taines tribus. Par lui encore et pour satisfaire leur haine LES BRilKNA 97 nationale, les Kounta du Brakna et de Tagaot, mémequel. ques fractions Ahel 8idi Mahmoud, la plupart des campe- ments Chrattit, quelques Tadjakant se rapprochaient des Français, ou tout au moins promettaient leur neutralité. Le Brakna pouvait dès lors être considéré, sinon comme entièrement pacifié, au moins comme suffisamment en main pour permettre ,de passer à la deuxième partie du programme, ou tout au moins de l'amorcer: l'occupation du Tagant.Aussi, dès le 9 mars 1904, la inissionse mettait. elle en branle vers la falaise. Un détachement quittait Mal sous la direction même de Coppolani; un autre détache- ment commandé par le capitaine Payo et comprenant plu- sieurs chefs toucouleurs: Abdoulaye Kane, Samba, etc" panait de Mouit, à la même date. Ils faisaient leur jonc- tion le 11, et le 14 atteignaient à Gour Malles nombreux campements hassanes et tolba qui, sous la direction d'Ah- meddou et d'Othman ould Bakkar, cheminaient vers Je Nord·Est pour se réfugier dans les montagnes de l'Assaba. A l'approche de la colonne, guerriers prirent le devant; les marabouts revinrent sur leurs pas avec de nombrllux troupeaux. Par J'humanitê de Coppolani, qui fit prendre des hausses supérieures aux distances apprédées, les pertes des ennemis furent minimes, La colonne rentrait, dès le lendemain, sur le territoire brakna, en en ramenant les habitants. Le 13 juillet 1904, 120 tentes Oulad Siyed, c'est-à-dire à peu près toute la tribu princière, - nobles et haratines - venait faire, sous la conduite de Mohammed Krara, frère de l'émir, sa soumission à Boghé. Ils avaient, dans leur fuite, subi des fatigues ênormes et étaient complètement cpuises. Une quinzaine de personnes étaient mortes de faim, Mohammed Krara, Abd El-Jelil, chef des marabouts qui Cheikh valent peu après à SalOt·LoufS,;'J.)S l1Pp, ,ent la soumIsSion cl'.! Brakna. 1.:'" . 'ft) \ ., \ . ,. ;tLll, :: " \' <"-, 7 ,,, " "" ,. ,," '. ....... 9 8 REVUE nu MONDE MUSULMAN Une contribution de guerre de 500 bœufs et de 1.000 fr. leur fut infligée elle fut répartie ainsi: Oulad Siyed. Id ag Fara Brahim Id ag Fan ',' . Zemarlg. . . . Ahel Mohammed Othman Tabouit. . Ahel Negza. . , • . . 101 bovins '" " 99 5 60 " 3.848 ffll.!'Ics l.g87 15 '>0 1.181 44 8 Désormais le Brakna reprenait sa vie normale. Les hos- tilités y etaient closes; tous revinrent en foule travailler ou faire travailler dans le Chamama. Les derniers irréductibles n'étaient plus que des dissidents. Les vaincus - qui étaient les seuls hassanes - n'accep- taient pas toutefois sans résistance morale le nouvel état de choses. Voici, à titre d'échantillon, la protestation qu'ils adressaient, en fin 1905, au représentant duGouvernement français. Quoique non producteurs, nous tenions presque tout le commerce entre nos mains. Nous faisions les opérations nous-mémes ou par l'in- termédiaire de marabouts complaisants, qui recevaient pour ieur u- laire un quart de, la valeur de la vente. Les acheteurs étaient les dloula du Diolof ou du Cayor, les marabouts trarila et les traitants du fleuve, A pan un peu de gomme, la région trop pauvre fournissaft peu au com- merce; nous étions donc' approvisionnés par de fructueuses razzias et par les cafti.VaneS venues du Nord, Les principaux articles de vente, et l'on peut dire les seuls, étaient les animaux pillés (bœufs, chameaux, moutons) et les captifs. En 1903, les Tadjakant, les Larla!, les Ida Ou Ali et les Kounta ont versé sur le marchè brakna plus d'un millier de captifs, par convois qui atteignaient parfois le chiffre de Ce trafic était d'un bon rapport pour tous: vendeurs, acheteurs el commissionnaires et l'on a le droit de se plaindre de votre surveillance et de votre contrOle pour en empêcher le retour, Quant aux irréductibles et aux pillards du Nord, ils se signalaient encore par quelques petits coups de mains, tels LES BRIl.KNIl. les Oulad Bou Sba, qui s'emparèrent notamment d'un con- voi de munitions entreAJeg et Mal, raz:?ièrent les Kounta de Chogar et en s'en retournant pillèrent, près de Mal, les troupeaux des tribus Olaraboutiques. D'autres Bou Sba, ceux·là nos amis, leur donnèrent la chasse. Asignaler en- core, à la lisière des territoires trarza et brakna, à 30 kilo- mètres au nord-est de Podor, l'attaque nocturne du poste de Ragha par un rezzou que dirigeait le fils de Mokhtar Oummou, des Ouled DAmAn (Trarza), dans l'intention de venger son frère, tué quelque temps auparavant parunede nos bandes toucQuleures. Cette attaque fut facilement re· poussée.. Ahmeddou, presque seul, demandait l'hospitalité à son allié Bakkar, et se retirl\it dans les campements Abakakde l'Assaba. Bakkar pressé entre la mission, qui preparait sa marche vers Je Tagant, et les tribus Kounta etOulad Nacer des con- fins du Sahel, qui Je harcelaient, ne tarda pas à faire des offres de soumission, Elles ne devaient toutefois pas abou" tir immêdiatement j car la marche de la mission fut arrêtée et l'occupation du Tagant fut ajournée li. la saison sèche suivante. Pendant ce temps, Ahmeddou avec ses guerriers Siyed et ses marabouts DieYdiba se tenaient dans l'expecta- tive dans les campements Abakak. Le meurtre de Coppolani et les évcnements qui agitèrent en 1905, et surtout en 19°6, le Tagant purent sembler à Ahmeddou et à son fils Ould Assas une occasion de re- vanche. Ils comptèrent parmi les plus bouillants guerriers du Chérif, Moulay Dris, envoyé par le Maroc pour tenir l'étendard de la guerre sainte et cimenter ['union des tribus rebelles. lis prirent une part active au siège deTijîkja. En outre, Bakkar ould Ahme'iada, chef des Normach se laissait séduire par les paroles sucrées du Chêrif et de son entourage, et faisait défection en novembre /9°6. Cette défection se produisait àla suite d'un essai de règle- >00 REVUE DU MONDE MUSULMAN meut assez intempestif, effectué par J'administration entre les Normach et les Kounta-Ahel Sidi·j·Mokhtar. A la suite d'une agression, en 1904, des Normachcontre les Kounta, un tribunal composé de trois cadis, condamna les premiers au paiement d'un certain nombre de « dra ». La saisi des biens fut opérée, mais un reliquat restait d6 à Sidi Amar, chef des Kounta, qui ne cessait de réclamer le paiement intégral de la somme fixée. Les deux tribus, enne· mies entre elles, es.sayaient à tout instant de se nuire. La situation toujours très tendue fut dénouee brutalement,en octobre 1906, par une nouvelle agression des Normach contre les Kounta. Une véritable bataille fut livrée, et de part et d'autre quelques individus restèrent sur le carrèau. Bakkar prit immédiatement la brousse et alla donner son adhésion au Chérif. Ainsi par sa proximité du Tagant, le Brakna subissait. en fin 'g06, une répercussion' assez sensible des incidents de Tijikja. En novembre, les Oulad Normach dissidents faisaient une incursion sur le fleuve et pillaient le troupeau du vil· lage de Caseas. Le 16 décembre, ils s'emparaient de trois troupeaux de bœufs, appartenant aux Peul de Falcandè et tuaient un indigène. En même temps, une bande de dissi- dents fort mMée tentait d'enlever le troupeau du poste de Ragba, mais était repoussée avec pertes. Les gens de Bak- kar pillaient peu après les campements Id Eïlik, et notam- ment celui de leur chef Tig auld Maïn, qui avait présidé le tribunal des cadis precité. En même temps, un petit mejbour d'Qulad Ahmed dis·· sidents, commandê par Seneïba, ex-chef de la tribu, péné· trait sur le territoire brakna. Rencontré par une reconnais- sance entre Chogar et Digguet-Memmè, il s'enfuyait sans accepter le combat. Ould Assas et sa bande inauguraient cette série de pillages par lesquels il allait se signaler pendant deux ans. Il ope- '0' rait plusieurs razzias aux environs d'Aguiert,. pillait un courrier à Digguet.Memme, et enlevait des troupeaux aux Touabir M'harmdat et aux Soubak, En même temps, le consortium de nos grands ennemis: Ahmeddou ex-émîr des Brakna, Mohammed Mokhtar, chef des Kounta du T a g a ~ t et Othman ould Sakkar, émir des Id Ou Aïch, écrivait à Cheikh Sidia et à Mohammed Saloum III ould Brahim, émir des Trarza, pour les inviter A évacuer le pays trarza et à se joindre à eux·mêmes ou tout au moins à les laisser attaquer en toute liberté les Français et leurs partisans. Il n'est pas jusqu'aux Id Ou A'{ch qui ne se missent de la partie. A la tête d'un rezzou d'Abel Soue'id Ahmed et d'Ou!ad Talha, De'{ ould Sakkar, frère d'Othman précité, entrait dans le Brakna par la passe de Tizigui. Henlevait à Melga, à 20 kilomètres à peine de Mal, un troupeau de 300 bœufs et de t.:wo moutons aux Id agJemouella, Cette recrudescence de mejbour était due à la dissémi- nation forcée des ennemis, provoquée par l'arrivée il Tagam de la colonne de secours Michard et par le be- soin impérieux où se trouvaient les dissidents de se ravi- tailler. Peu de tribus maraboutiques firent dissidence. Il n'y eut guère que queiques campements Messouma et Torkoz. lis se hAtèrent d'ailleurs de demander l'aman, dès que la co- lonne Michard eut dispersé rebelles et ennemis du Tagant. Les conditions qui leur furent imposées comprenaient principalement le paiement d'une amende de guerre pro- portionnée 'à leurs ressources, le désarmement partiel, et la reddition de toutes les armes à tir rapide. L'histoire du Brakna se resume à dater de celle heure, dans la nomenclature des rezzous et contre-rezzous dont il est le champ d'opérations. Puis peu à peu les chefs de bandes sont tués, meurent en exil ou fontleur soumission, Le calme s'accroît. A partir de I91o, quand l'Adrar est de" '" REVUE DU MONDE MUSULMAN finitivement pacifie, on peut dire que la tranquilllte gêné. rate n'est plus troublée. Voici les principaux faits de cette période; chez les Noirs riverains du Sénégal d'abord. Le l'' février 1908, le chef du canton du Démette signa- lait qu'une troupe de Maures avait pillé à trois reprises le village de Gorel, situé entre Dinetiou et Dara (Poder), et était disposée à se jeter sur Boghé ou Thienel ; que quatre indigènes avaient été tués ou blessés, et que d'autres enga- gements avaient lieu, notamment à Gallol, depuis une hui- taine de jours. La venue d'Quld Assas et d'une bande de 40 guerriers maures et pourognes était également signalêe; un pillage d'une centaine de vaches et d'un millier de moutons était commis sur des Peul du canton d'Edy, qui avaient passé le fleuve pour mener leurs troupeaux dans les pâturages de la rive droite. D'autre part, à Boghé; on annonçait successivement fe pillage d'un village de cultures près de Chabou : le passage d'QuldAssas dans les campements des Die'îdiba, aux envi- rons d'AleS j et l'attaque, le 27 janvier, du viUage de GoreI. A ~ a suite de ces attaques et pillages, suivis de meurtres qui provoquèrent parmi la population sedentaire des bords du fleuve une profonde émotion, des mesures im· médiates fUrent prises pour exercer une active police dans le pays, Le peloton de spahis, commandé par le lieutenant Cor- rart des Essarts, reçut J'ordre de se rendre àBoghé et d'exé- cuter des reconnaissances dans la région troublée, En outre, quelques fusils 74 distribués dans les villages les plus exposes aux pillages devaient permettre aux habi· tants de repousser les attaques éventuelles des petits groupes armes. A ce moment, Bakkar ou!ct Ahmerada, chef dissident des LES BIIAKNA 103 Oulad Normach, etait également signale dans la region nord de Boghé. Après diverses tentatives infructueuses de recherches des le lieutenant des Essarts sissait à tomber, le 27 février, à la mare de Sarrak (située à 40 kilomètres au nord de !Boghé), sur la bande d'Id Ou Aïch et d'Ouilld Talha commandée par Ould Assas et la mettait en pleine dèroute. Ourd Assas fut grièvement blessé et passa plusieurs mois pour mort. Recueilli et soigné par les Dieïdiba, il fut recon· duit, sur la fin de sa guérison dans l'Adrar. Le cadavre pris pour le sien, sur le champ de bataille, était celui d'un indigène des Euleb. Trente autres Maures restaient sur le terrain. Un noir blessé et fait prisonnier était ramené à Boghé. Cet indigène n'était autre que l'artilleur bambara qui avait déserté en 1904, après avoir tiré sur son chef, le lieutenant Coupare i il avait porté les armes centre nous en diverses circonstances notamment, contre les détachements français qui ont sillonné le Tagant en 1905. Le combat de la mare de Sarrak eut une importance po· litique considérable et ramena le calme dans la région du Chamama. Dès lors, la presence des spahis n'etant plus d'une cessite urgente à Boghe, le peloton reçut J'ordre d'exécuter une tournée de police dans le cercle du Brakna pour con· solider par cette manifestation les rêsultats obtenus. En même temps, les prises importantes faites sur les tri· bus dissidentes du Gorgal, à Mbout, permirent de rendre aux habitants des villages riverains du Sénégal une partie des biens qui leur avaient été enlevés par les bandes sas. Un millier de moutons furent ainsi répartis à Podor entre les indigènes qui avaient été les plus éprouvés. Les pillages, commis sur les populations maures, etaient moins importants que ceux dont les indigènes du Sénégal étaient victimes. REVUE DU MONDE MUSULMAN Les Id ag Jemouella avaient, le.2 janvier Ig07, un trou- peau de 60 bœufs enlevé, à 4 kilomètres du poste de Mal; les Rahahla, campés dans le Chamama,.à proximité des Dabaï et attaqués par la bande des Trarza dissidents Oulad Ahmed ben DAmân, avaient deuxhommes tués et un blessé; les TAgât, réfugiés à 150 mètres du poste d'Aguiert, se voraient enlever leurs troupea.ux par les Oulad Bou Sba; ces derniers purent être rejoints par une reconnaissance qui reprit les biens volés, après avoir tué un des pillards. D'autre part,le chef des Oulad Normach dissidents, Bak- kar ould AhmeYada, attaquait vers la fin de janvier,les Tou- moudek de Sidil-Mokhtar; les Touabir M'ha'lmdat, accou- rus au secours du campement, contribuèrent à repousser cette attaque dans laquelle furent tuésg hommes: le propre frère cie Ballkar, Omar Bou Salif, du cOté des Oulad Nor.. mach, et 8Toumodek et Touabir. Quelque temps après, il pillait le village de Mbagne (mai 1907). Energiquement poursuivi par le lieutenant Chabre, il est atteintà Chagour, mais peut encore échapper, abandonnant toutefois une grande partie de son butin. Après quelques exploits de ce genre, et notamment le pillage dans la région du Mal, Je 8 novembre 19°7. d'un campement Torkoz qui eut 18 hommes tués et se vit enle· ver un nombreux bétail, Bakkar était assassiné dans la nuit du 80 décembre par un de ses hommes, à la suite d'une al- tercation violente. 4 hommes de sa' bande rentraient imme- diatement à Aleg et faisaient leur soumission. Le ralentissement des rezzous et surtout l'occupation de plus en plus efficace du Tagant permirent à ce momenl-là ia suppression des petits postes du début. C'est ainsi que Guimi el Aguiert disparaissent en fin 1906; Mal, en sep- tembre 1907, A la même date, on envisagea un instant l'évacuation d'Aleg et le transfert de la capitale du Brakna à Chogar. On trouvait Aleg placé dans de mauvaises conditions hy- LES B/l.AKNA gieniques, et surtout hors du centre géométrique des tribus. principales. Le choix se portait sur Chogar, mieux placé pour l'administration des nomades, sis à une vingtaine de kilomètres des meilleures zones de pâturage du cercle, où les chameaux peuvent séjourner toute l'annee et à 4 jours. du fleuve seulement. De plus, la nature très boide des en- virons offre en abondance des rnateriaux de construction .. Ce projet fut ajourné, et malgré qu'il aiteté repris plusieurs fois, n'a jamais abouti. Le 4 juin Ig08, un convoi de ravitaillement, montant vers Aleg, est attaque à Azlat par quelques dissidents, con- duits, a·t·on dit, par Seneïba. Ils tuèrent les mulets à coups de couteaux et fusillèrent l'interprète noir et plusieurs gardes qui s'éta.ient laissés surprendre. En novembre Ig08, Cheikh vint à Aleg pour saluer Je colonel Gouraud, Commissaire du Gouvernement, et p a l a ~ brer avec les tribus. En fin décembre '908, et au début de 1909, Ahmeddou fait une apparition dans le Brakna et jusque dans le Cha·· marna pour entraîner la dissidence des tribus, et surtout des Oulad Ahmed. Pourchassé, il ne put donner suite li son projet et s'enfuit. Par la suite, on voit HobeYb, frère d'Ahmeddou, incur- sianner aussi dans le Brakna et se faire donner, mi degré,. mi de force, des cadeaux par les marabouts ou les Toucou· leurs. Il est plusieurs fois mis à mal par les gens d'Elimao Abou. Le retour de l'Adrar de lacolonne Gouraud, en décembre 1909, amena la soumission à peu près générale de tous les chefs rebelles du Trllrza et du Brakna : Quld Deïd, Isselmou ould Mokhtar 'oummou, Ahmed ould Bou Bakar, Labat ould Ahmei'ada, Sidi Ahmed ould Bou Bakkar, etc., se pré- sentent soit à Boutilimit, soit il Aleg par des chassés-croi.-· sès plus ou moins habiles, et déposent les armes. Il ne res- . tait plus en dissidence que Seneïba, qui revenait à son tOUL" <06 REVUE DU MONDE MUSULAIAN quelques semaines plus tard, et l'êmir Ahmeddou, qUi, Ir- réductible jusqu'au bout, s'enfonçait vers le sud mara- .cain. Le 1·' juillet 1910, un groupe de piBards enlevait près ,d'Aguierl70 chameaux aux TAgâl, et le lendemain pillait une caravane de dioulaà Lekfotar et br61ait les correspon. -<lances enlevées d'un courrier. Le lieutenant Bourguignon rattrapait les pillards à la passe de Tizigui J reprenait marchandises et chameaux en· levés et tuait 2 pillards. La leçon fut salutaire; elle amena leur soumission presque immédiatement à Chingueti, Peuple heureux, le Brakna n'a désormais plus d'histoire, Le cercle du Brak.na fut constitué dans sa première forme par un arrêté du Gouverneur général du 26 dé- -cembre 1905; il était formé des anciennes régions de Mal ,et de Regba, auxquelles fut jointe la partie de l'ancienne région de Gorgo1, située sur la rive droite de cet oued, Le -ehef-Heuen futAleg, avec deux résidences annexes: Boghe et Mal. Le cercle devait être remanié et délimite par l'arrêle du -Gouverneur général, en date du 26 décembre ~ 9 1 2 , Il était borné au nord par le cercle de Tagant, à l'est par le Gor· gol, à l'Ouest par le Trarza, au sud par le fleuve Sénégal. le séparant de la colonie du méme nom. Il comprenait en .cet état le Brakna proprement dit, ou territoire des Maures, avec Aleg comme chef.lieu, et le Chamama, zone d'inon- dation du Sénégal, peuplé de Noirs (Toucouleurs), avec Boghé comme chef·lieu, Aleg restait la capitale du cercle.. - Un arrêté du 30 juin 1918 a partagé le cercle en deux nouveaux cercles, calqués sur ces deux régions géographi. ques : le premier, qui conserve son nom de Brakna J est le cercle Maure et reste soumis à un officier (Aleg); le second, qui prend Je nom de Chamama, est un cercle Noir, et se trouve désormais commandé par un administrateur (Boghé). LES BllAKN'A '°7 Nul doute qu'un avenir prochain ne mette fin à ce partage inutile, et même fort gênant, et ne ramène les choses cn leur eta-t anterieur. Le Brakna maure actuel comprend quatre grandes re· gions naturelles: l'Amechtil, pays des grandes dunes et des puits profonds. L ~ sol, surtout sablonneux, est partout très perméable - VAgan, region de dunes et de roches. Les mares et les ogtat y sont nombreux, et Peau y persiste longtemps, suivant les pluies, et quelquefois toute l'année. L'Akel, région intermédiaire entre les deux autres; le sol assez compact retient l'eau. Les mares et les oglat y sont nom-breux, mais l'eau ne persiste que pendant deux ou trois mois après l'hivernage. L'Aftouth, qui s'étend au nord du Chamama, dont il le sépare par une ligne de dunes de fai- ble altitude. C'est un pays de « tamourt» nombreuses (cuvettes, déversoirs de bassins fermés), où l'eau abonde en hivernage, tandis qu'en été, on la trouve à faible profondeur. Les principales sont l'Aguiert, Guimi; Chogar·Toro; Le· maoudou; Aleg (bassin de j'Oued Katt:hi); Mal, qui sc dé- verse quelquefois dans le S6négal par le Khat; la rive droite du bassin du Gorgol avec les tamourt de Dionaba, Cbogar· Godel, et enfin les oueds Lgoussi, Mouit, Mounguel. La rivière la plus importante du Brakna es! l'oued Katchi (prononcé à peu près Katyi, Kaki) dont le cours a environ 170 kiiomètres et qui se jette dans le lac d'Aleg. Les lits de ces tamourt et oueds sont formés d'une bonne terre alluvionnaire, où les haratines maures font leurs lougans. La transhumance des troupeaux est soumise à la règle générale des tribus du nord immédiat du fleuve: réserver pour la saison sèche les points où l'eau sera abondante et facile à prendre, c'est la loi du moindre effort. Aussi, dès le début de J'hivernage, tout le monde s'éparpille, fuyant les grands tamourt où pulluh:nt mouches et moustiques. L'oued Katchi est la plus g r a ~ d e région d'attraction, l'herbe et l'eau -y abondent et les campements peuvent s'installer '08 REVUE DU MOND'!'; MUSULMAN sur les plateaux qui l'entourent, plateaux lissez dénudés. d'ou le grand vent chasse les moustiques. Lorsque les pre· miers froids ontdétruitles moustiques, que/es petites mares sont à sec, on se rapproche des grands tamourt. Lorsqu'en ces puits l'eau Il disparu, on creuse les oglat. Amesureque la sécheresse augmente, beaucoup d'oglat sedessèchent. En mai·juin, les tribus sont.toutesconcentrees autour des 40U 5 points d'eau principaux; Aleg, Guimi, Mal, le bassin de Gorgo1 et autour des grands puits. LIVRE Il CI1RONIQUB BT PRACTIONNEMENT DES TRIBUS Les tribus qui habitent actuellement le territoire brak.na sont d'origine arabo-berbère, comme toutes les tribus de l'Afrique du Nord et de l'Afrique occidentale. Certaines sont nettement d'origine arabe .. ce sont les hassanes (1) Oulad Abd Allah (1 Oulad Normach etH Oulad Siyed) et ur, Oulad Ahmed, qui se rattachent, comme on l'a vu plus haut aux invasions arabes des quatorzième et quinzièmesiècles. Leurs généalogies claires" simples, i n c o n ~ testées chez eux et au dehors, les lient indiscutablement à ces grands condottieri qui descendent du Sud marocain. Ce sont eux d'ailleurs les seuls qtli pertenlle nomde «Brakna ». Le pays a pris d'eux le nom de « territoire brakna» ou « territoire des Brakna » (trab Brakna), parce qu'ils en étaient les maltres politiques, mais ce serait faire une in· jure grave aux tribus maraboutiques que de les appeler « Brakna ». Elles sont simplement, à leur dire, domiciliées sur le territoire brakna. Nos prêdécesseurs sur la terre sénégalaise avaient, dès le dix-huitième siècle, fait la distinction, sans toujours bien se rendre compte des faits, Voici par exemple Labarthe, qui dit; « La troisième tribu l appelée Ebraquana, s'étend à p) LA numérotation indique l'ordre d'étude de ces tribus, "0 REVUE DU MONDE MUSULMAN j'est de celle Aulad el Hagi... Les Maures Braknas font partie de la tribu Ebraquana. » (1784)' Les «Maures Brack- nas » sont pour lui évidemment les hassanes, ou vrais Brakna commandés par « Hamet-Mocktard ». C'est exact. Mais il fait erreur quand il veut les insérer dans une tribu Ebraquana. Il o:y a pas de tribu de ce nom, autre que la première, quelle qu'en soit l'orthographe, mais il ya un territoire brakna, où nomadisent d'autres tribus que les Brakna. La deuxième couche des Brakna est constituée par les tri- bus tclba ou {ouaïa, dont nous avons fait les «tribus ma- raboutiques » et qui sont plus nombreuses d'ailleurs que les tribus guerrières, Ce sont les: IV. D'ie::idiba; V, Zema- rig; Vr., Kounta; VII, Torkoz; VIII, Hijaj; IX, Id EYiik; X, Id ag Jemouel1a, ceux-ci se prétendant Chorfa; XI, Tâ· gAt; XII, Tolba Tanak; Gasri; XIV, Draouat; XV, Tachorilcha, 'm:araboutiques sont toutes d'origine berbère, 'encore qu'elills ·s.e:dono_ebt par delà leur ascendance 'une:" extraction Il. est d',!-i1.1Furs q!Je, lllur passé sud- soit 'deIïtiis les Invasions hassanés, qUlllq,ues gouttes Q1,1 se sotrt Jtifusees à de même que du· sangberbèrll s'èst mar111ges les' veines des )assanes: Ces tribus berbères soht.'en général celles qui ont pris part à la grande guerre de Cherr Babbah (dix-septième siècle), dont l'issue malheureuse les a définitivement muées en marabouts. Viennent enfin au troisième degré les tribuszenaga pro- prement dites, c'est-A-dire « tributaires », J'ai expliqué dans l'Émirat des Tran:a que zenaga avait perdu son sens origine! de Çanhadja, pour prendre celui de « tributaire », encore qu'il y ait des tributaires qui ne soient pas Çanhadja et des zenaga-Çanhadja qui ne soientpas tributaires, Il n'y a pas à y revenir ici. Ces tribus zcnaga, qui vivaient à demi-guerrières dans le sillage des hassançs etavaientréussi LES llMKNA '" à. se faire respecter d'eux, sont les: XVI, Beha'ihat; XVII, Soubak; XVIII, Toumodek; XIX, TabouïtiXX, Touabir. Il ne reste à ajouter à cette nomenclature que XXI, le village sédentaire (dabaï) d'Aleg, dont la création ne re- monte qu'à notre occupation (fin 1903). Avant d'entamer l'étude directe de chaque tribu, il faut donner, au moins pour la perfection de ladocumentation, les prétendues et fantaisistes - au moins pour la plupart - origines arabes que se donnent les tribus du Brakna, Sont Qoreïchites : les Oulad Abd Allah (Oulad Nor- mach et Oulad Siyed), les OuJad Ahmed, les Kounta, les Hijaj. Sont Himyarites: les DicYdiba, les Torkoz, les TAgAt; les Id EYiik, les Soubak, les Toumodek, les Beharhat, les Arallen, les Touabir. Sont Chorfa: ies Id ag Jemouella. CHAPITRE PREMIER COLAD NOI\MACH 1. - Historique. On a vu dans la première partie de cet ouvrage les ori .gines et J'histoire des Oulad Normach. Jusqu'au milieu du dix·huitième siècle, en effet, cette dynastie dirige le sort .qes Brakna et j'histoire de l'une n'est que l'histoire des autres. Vers 1780, le pouvoir passe définitivement aux Oulad Siyed dans la personne de l'émir Mohammed ould Mokhtar. C'est à cette branche cadette qu'est lié désormais le sort de la tribu. Pour continuer à suivre l'hisloire des Oulad Nor- mach, il faut la reprendre à cette date. AhmeYada, fils ou petit· fils de Aliomel Heïba, parait être mort, ou en tout cas avoir perdu le commandement de la ,confédération vers '780. Une tradition dit qu'il aurait été assassiné par ses gens revoltés. Il laissait de nombreux en- fants, dont les plus connus, pour avoir joué un rôle OU,pour .avoir laisse une descendance subsistant aujourd'hui, sont Mohammed, Mokhtar Cheikh, Sidi Ahmed, Hiba et Bak- kar Ces enfants étaient tous en bas Age: ce fut sans doute une raison de plus, qui permit aux Oulad Siyed de se substituer aux Normach. LES BRAKNA ,,3 A l'intérieur des Oulad Normach, régna plu- sieurs années. Mohammed, fils atné d'Ahmerada, parvenu à l'âge d'homme, refusa de faire vatoir ses droits et se con- vertit au maraboutisme, Ses jeunes frères s'étaient reti- rés chez les Oulad EH de Gorgol, dont le chef Sidi Heïba avait épousé leur sœur Fatit;na Ahme'iada. Dès qu'il fut à l'âge d'homme, MokhtarlCheikh, deuxième fils d'Ahme'iada décida son beau·frère à combattre les Oulad Normach et leurs berbères zenaga Oulad A'id. Il ne subit que des échecs et se rendit compte qu'il ne pourrait par la force assouvir sa haine et venger la mort de son père. Sidi He'iba essaya alors de diviser les Oulad Normach et leurs tributaires. Il «fit connaître aux. premiers qu'il ne leur en voulait pas, et qu'il ne désirait que vivre en bonne intelligence avec eux, pourvu qu'ils se séparassent des Oulad Ard », Les Oulad Normach allaient accepter, quand Mokhtar Cheikh leur demanda audience. Dès qu'ils l'eurent mis au courant de leur projet d'abandonner les Oulad A1d, pour éviter la continuation des hostilités avec les Oulad EH, illes en dissuada, leur déclarant que cette action serait indigne de leur passé et de leurs aïeux, qui, eux, n'avaient jamais abandonné leurs vassaux. Il leur fit comprendre que Si di faisant une telle proposition, n'avait d'autre but quede les di· viser et de les vaincre en détail, puisqu'il n'avait pu les ané- antir, lorsqu'ils etaient réunis, Il ajouta que s'il le fallai-t, pour l'honneur du nom, il n'hesiterait pas à marcher contre les Oulad Elî eux.mêmes, dans les rangs des Oulad Al'd, Les Oulad Normach auraIent été tellement touchés du raisonnement de Mokhtar Cheikh et de son dévouement à sa tribu d'origine qu'ils déclarèrent qu'ils ne pourraient avoir un meilleu'r chef que lui, lui dressèrent une tente au centre du campement et lui rendirent l'héritage paternel, L'ambition du fils d'Ahmerada, seul chef désormais des Oulad Normach, était satisfaite. Il déclara la guerre aux tribus des régions voisines, Trarza, Tagant, et jusque dans- XLII. 8 "4 REVUE DU MONnE MUSULMAN le Hodh. Avec les Oulad Siyed il fut en lutte perpétuelle. Il tua ainsi près de Kaédi Sidi Heïba son beau·frère, qui j'avait élevé. Il fit si bien qu'à la fin de son règne, les deux tiers des hommes valides de la tribu étaient morts sur les champs de bataille. Il fut enterré à Chogar. Son frère He1ba ould Ahmeïada lui succéda. L'alliance conclue par son prédécesseur avec les Ahel Soueïd Ahmed, qui habitaient le Tagaot, fut consolidée et illeur"vint en aide contre les Chratit, leurs cousins. Il con- tinua la lutte contre les Oulad Siyed etOulad EH et mourut un an après, de la variole. H fut remplacé par son frère, Sidi Ahmed, dont la mère appartenait aux Ahel Mohammed A'lda, famille régnante oe l'Adrar. Celui-ci condut la paix avec toutes les· tribus ori· ginaires de la souche Oulad Abdallah et elles déclarèrent alors la guerre aux Oulad Ahmed, qui, quoique Brakna, faisaient toujours bande à part. Laguerre ne dura que quelques années, car les Oulad Ahmed vaincus demandèrent la paix. Ils s'empressèrent du reste de la violer en assassinant Herba ould Sidi Ahmed à Tamourt Nadj. Les OUilld Ahmed se vengèrent, avant même d'altendre le successeur de leur chef tué, Brahim ould Mokhtar, qui se trouvait dans le Tagant, lors de l'assassinat de son oncle. Ils.massacrèrcnt près de Chogartoute une caravane Ouiad Ahmed. Quelque temps après, Brahim épousa une jeune fille des Oulad Ahmed et les deux tribus se réconcilièrent. Pendant tout le temps que dura le commandement de Brahim, Oulad Ahmed et Oulad Normach vécurent en bonne intelligence, nomadisant ensemble. Pendant l'hi- vernage, ils vivaient sur l'oued Katchi à Guimi, à Tamers- nat et dans l'Agao. Pendant la saison sèche, ils étaient ins- tallés : les Oulad Normach, au nord du Chamama, en face la province du Lac, dont les habitants étaient leurs amis; Les Oulad Ahmed, en face du canton des Alerbé. LES BRAKNA ,,' Toutes deux marchaient ensemble contre leurs ennemis <:ommuns, les Oulad Siyed. 'Ces derniers vivaient constamment près du fleuve, en face du canton de Toro, qui s'étend de Edi à Podor, etdont les habitants leur étaient aussi dévoués que ceux du Lac J'étaient aux OulHd Normach. Quelque temps avant la mort de Brahim ould Mokhtar Cheikh, son cousin, Mokhtar ould Ahme'iada, essaya de lui enlever le commandement. Il ne parvint qu'à opérer une scission dans la tribu. Elle sefractionna en deux grou- pements, dont chacun eut un chef indépendant. Celui de Brahim continua à vivre avec les Oulad Ahmed. Cette si· tuation ne se prolonge-a pas au delà de deux ans, car, à la mort de Brahim survenue vers 1871, Mokhtar put réunir a nnuveau les deux campements et en devint le chef. La guerre continua avec les Oulad Sîyed, entrecoupée par de courtes périodes de paix. De 1871 à r876, les hostilités furent ininterrompues. Elles aboutirent à la paix de l87?, à la suite de la victoire de KhaYrou Eli remportée par les Oulad Siyed. La guerre commença en 1878, sur la demande d'lln nommé Ali Salim de Guidabé, qui avait eu son père tué par les Oulad Siyed. Mokhtar oulcl Ahmefada ayant accepté, la lutte dura quatre ans, à la suite desquels, Sidi Eli demanda la paix par l'intermédiaire de Sidi Mohammed Bekkaï ould Cheikh Sidj·I·Mokhtar. Lorsqu'elle fut conclue, Oulad SiyedetOulad Normach réunirent leurs campements et nomadisèrent ensemble. Le tamtam de guerre fut confié à Moklitar ould Ahmeïadaen sa qualité de descendant direct de Normach. Cette entente fut de courte durée, car en 1885, Nabra, fils de Bakkar ould Soueid Ahmed, chef des Id Ou Arch, alliés de longue date aux Oulad Normach, ayant tué, en duel, à 19uig, comme on l'a vu dans la première partie, Mokhtar filsd'Ahmeddou chef des Oulad Siyed, ceux.·ci considérèrent REVUE DU MONDE MUSULMAN les Normach comme complices du meurtrier. Les campe- ments se séparèrent et la guerre recommença. Cette fois·ci, les Oulad Normach s'allièrent avec les Trarza al,Biodh j et les Oulad Siyed eurent les Trarza a!· Kohol comme partisans, La lutte dura cinq ans, En 1890' les amis des Oulad Normach ayant perdu leur chef Amar ould Salim, rentrèrent chez eux. Mokhtarould Herba, chef des Oulad Normach, ayant été abandonne par les Arabes' de sa tribu, dont le chef était son frère Mohammed et qui était allés vivre près dufleuve, futobij· gé de demander lapaÎx à1'émir Ahmeddou, des Oulad Siyed. Ahmeddou la lui accorda et il vécut avec quelques hara· tines près de Chogar et de Guimi, tant que les Oulad Nor: mach fUrent commandés par son frère, puis par le fils de ce frère, son neveu Mohammed. Celui·ci vivait aussi e.n bonne relation avec les Oulad Siyed, dont le chef était le mari de sa tante Oum Mouminin mint Herba, Le jeune chef des Oulad Normach mourut à Cascas, en 1892, et son oncle ne lui survécut que d'une vingtaine de jours. Ceux des Oulad Normach qui vivaient avec Mokhtar ould Ahmetada descendirent près du fleuve et campèrent avec leurs compatriotes, Le chef de la tribu Sidi Ahmed, vecut en bonne intelligence avec les Oulad Siyed, dont il devint en quelque sorte un des vassaux. Il est bon de dire que sa parenté avec Ould Assas, fils d'Ahmeddou et de sa tante Oum Mouminin,lui faciHterà beaucoup les rapports avec les Oulad Siyed, dont Ould Assas commençait déjà à suppléer le chef. Pendant ce temps, Bakkar, fils de MokhtarouldAhme'iada. âgé de 16 ans, vivait dans la tribu des Oulad Ahmed avec sa mère Mint Dioghectan. Quand il fut en état de porter le fusil, il commença, avec ses camarades du même âge des Oulad Ahmed. à piller les Oulad Siyed. En 18g8, à la tête d'une bande dans laquelle se trouvait Brahim ould Ah· moïmid, ancien chef d'un campement OuladAhmed, Omar LES BIlAKNA "7 ould Bou Salif, Mohammed Brahirnat, et MokhÛl.r ould NaYm, il se rendit au campement des Oulad Siyed et y tua Mohammed ould Ahmeddou, dont Je frère Mohammed Krara avait tué son frère alné Brahim ould Mokhtar ou/d Ahmeïada, à Guimi. Entre temps, avec les Oulad Biri et les OuladAhmed il se battit contre les Oulad Siyed, les Oulad Normach comman- dés par son cousin Sidi Ahmed et contre les Dieïdiba. Il ne voulut pas rentrer dans sa tribu, trouvant dans sa haine pour les ennemis de son père la volonté de vivre loin des siens, ne voulant pas habiter dans une tribu qui pliait de· vant la volonté des Oulad Siyed, En 19°1, les Touabir Oulad M'ha1midat et [es Ol.!lad Vara, battus par les Oulad Siyed, qui épousaient la querelle des OuJad Kohol allèrent trouver Bakkar,chez les Oulad Ahmed et lui demandèrent de marcher avec eux contre leur ennemi commun, lls'trouvèrent les Oulad Ahmed àTam0urt Nadj, Leur chef Ahmo1mid leur déclara qu'il était prêt à épouser leur querelle, pourvu qu'ils le reconnaissent comme chef et non Bakkar, qui dans le campement n'etait qu'un étranger. Après avoir été du même avis que AhmoYmid, Oulad Mo· ha'{midat etOulad Yara se récusèrent, dès qu'ils furent dans le Chamama avec les guerriers Oulad Ahmed. Furieux, Ahmoïmid chercha à se réconcilier avec les Oulad Siyed, Lorsque sa tribu connut ses demarches, elle j'abandonna et se choisit comme chef Brahim ouldAhmo1mid, son cou- sin germain. Pendant ce temps, Sene'iba était dans le Ta· gant. Dès qu'il apprit les difficultés par AhmoY· mid, il revint chez Oulad Ahmed et s'il ne parvint pas à déposséder Brahim., il réussit du moins à lui enlever une partie de ses tentes. Les Oulad Ahmed furent alors partagés en deux campements. En même temps, Bakkar prenait le commandement des Oulad Normach en remplacement de Sidi Ahmed, destitue pour sa faibiesse à l'égard de la tribu ennemie, les Outad Siyed, REVUE DU MONDE MUSULMAN Oulad Normach, Oulad Ahmed, TouabirOulad M'hami. dat et Oulad Yara se préparèrent activement à la guerre contre le:;, Oulad Siyed lors de notre arrivée en Mauri· tanie en 1903. C'est alors qqe l'émir Ahmeddou, ses Oulad Siyed et ses partisans attaquèrent la mission Coppolani à Aleg. Les ennemis des Oulad '8iyed, sous le commandement de Bakkar ould Ahme'iada, firent alors cause commune avec nous. Mais par la suite, au fur et à mesure de la progression de notre occupation, plusieurs personnages se détachèrent de notre alliance, et notamment Bakkar euld Mokhtar. Après avoir piIlé pendant plus d'un an les tribus du· cercle de Brakna, Bakkar avait pris la route de l'Adrar pour ne pas subir un jugement prononcé contre iui. Il se signala par ses rezzous jusqu'en janvier Ig07, date où il fut assassiné par un de ses compagnons de rapines, Mokhtarould Lerli, des Oulad Manseur. Tableau généalogique des chefs Normachi actuels. AhmeYada, dernier émir Normachi (t vers li80). MOllam'l-m-'-d',-M-'-kh-,-.',I-c-h-"-kh-,--s"lj-dl-A-'hm-'d-,-H-"b-.,--B-aJkar. "1" 1 Ahm rl '-d-, MOktlar. E(i. MOkh-,,-,-L1 1 Cheikh. ada. Ahmed. l, 1 1 Hiba, Mobam. Sldl 8ratllm, Hibll, Bak Ilr, Moham_ Hlba, tué par mort né en med. dit ou, med.t Ahmed, t Allmed- '" 1878, Lobai, ,.. né vers ct'" b.. tué en chef ,,, 1883. Krara.. âge. dissidence Siyed. 1 en 1907. Mohammed. LES BRAKNA "9 A l'heure actuelle, subsistent: a)de la famille de Mokhtar ould Hiba ouldAhme1ada, son fils alné, Mohammed, qui versé dans le maraboutisme, a refusé le commandement de la tribu; sa mère n'était qu'une concubine de Mokhtar; son dernier fils Hiba, dit Lobat, chef actuel de la tribu et qu'on retrouvera plus tard i b) de la famille de Mohammed ould Hîba ouldAhmc'iada, frère du precédent : Mohammed, né vers 1906, fils de son fils Sidi Ahmed. ,Il est élevé par sa mère, chez les Oulad Ahmed. Tous ses autres fils ont été tues, Hiba par les Oulad Siyed à Ouezzou, Mohammed et Mokhtar. un peu plus tard; c) de la famille de Mokhtar Cheikh ould Ahmerada son arrière-petit-fils, Ahmed ould EH et ses deux petit-fils Mokhtar Cheikh et Ahmeïada, fils de Brahim. Ahmed ould Eli, né vers 1908, n'est qu'un enfant qui a remplacé son père Eli ould Ahmed. Celui-ci, né vers 1876, courageux, éloquent, généreux, était très aimé de la tribu, qui espérait en lui un chef. Il fut dissident jusqu'en janvier 1908, date à laquelle iUit sa soumission. Il est mort vers 1914. Mokh- tar Cheikh est né vers 1865. Il ne descendit du TaBant dans le Brakna, que pour solliciter l'emploi de chef des Oulad Normach, chaque fois qu'elle se trouvait va- cante. Candidat rnal.l;teureux, il regagnait toujours son pays natal, après un court séjour dans Je Brakna. En 1906, après la bataille de NierneJan, à laquelle il prit part vrai· s"mblabJement. Mokhtar Cheikh partit dans l'Adrar avec les Oulad Soueïd Ahmed. Mais quelques mols après, ayant vu arriver dans J'Adrar Bakkar oulcl Ahmeïada et la plu- part des membres de sa fs!pille, il vint faîre sa soumission pour solliciter à n"ouveau le commandement des OuiadNor- mach. Son frère cadet, Ahmerada, est ne vers 1880. Il vit dans la fraction de sa mère, les Oulad Soueïd Ahmed, avec lesquels il partit dans l'Adrar, après l'attaque de Tijik.ja, où il se distingua; REVUE DU MONDE MUSULMAN d) de la famille de Mokhtar, dit Badior, fils de No.mach subsistent deux branches issues de ses deux fils : Samba et Ahmed. Le chef de la première est Samba ould Mohammed ould Sidi Ahmed ould Abd allah ould Samba. Les chefs de la seconde sont: Ahmed et Mohammed ou!d Brahim 0 ... ·ould Ahmed ; e) de la famille d'Al.Mekha·ilig ould Normach subsistent plusieurs tentes, dont les chefs sont Samba et Brahim ould Mokhtar ould Siyed ou!cl Mokhtar Salem ould Eii ould. Amar ould Al-Mek.haïlig ; f) de la famille d'Abd Allah ould Normach, subsiste la tente de Yahdi ould Amar ould Ahmed Mahmoud ould EH '" ould Abd Allah; g) les descendants de Siyed ou1d Normach sont les Tiab ould Normach. hl d'Ahmed ould Normach, le fils alné, seul, Baouba, a sa postérité chez les Normach: les chefs de tentes sont: Mohamed Saloum ou\d Mbarek Fal ould EH Saloum ould Mohamed Saloum ould Baouba, et Amar ouId Mohamed ould Brahim ould Othman ould Baouba. Le fils cadet a 1aissé aussi des descendants, qui se sont maraboutisés et fondus chez les Tagnit. 2. - Fractionnement. Les Ou1a Normach, victimes de leurs dissenssions per- pétuelles, sont aujourd'hui réduits à un chiffre infime. Ils comprennent 75 tentes et 339 individus. Encore de ce chiffre les tiab et ies haratines constituent-ils la plus grande partie. lentea peraonJ.les bOvins ovins camelin, anes Normacb nobles " 7' " ,,' " , Haratines Normach. " '79 " 685 , '7 Tiab Normacb . " " " '7' , !L - 7' 33, ,,' 1'°73 " " LES BRAKNA " , On remarquera que cette tribu guerrière ne possède pas un seul chevaL Ce petit fait indique nettement sa deca- dence. Ils n'ont pas de marque, suivant la coutume des guerriers. Ils nomadisent en hivernage, entre Aleg et Daguet Mémé; en saison sèche, au Sud de Mal et aux environs de Dielowar. Leur territoire de commandement était compris, à notre arrivée, entre Mal, Cascas et l'oued Katchi. En cas d'insuccès dans leurs luttes contre le!! Oulad Siyed, ils re- fluaient vers le nord: Chogar, Guimi, Aguiert, se rappro_ chant ainsi des Oulad Ahmed, leurs allies ordinaires. Les marabouts des Oulad Normach sont: les Die1diba et les Id E11ik ; ce sont ceux·ci qui, depuis plusieurs géné· rations, ont fourni leurs cadis. C'était jadis Tig ould AI- Atig. En IgIS, ils l'ont abandonné et usent maintenant des bon offices du cadi de la deuxième fraction des Id E1/ik Kabir ouldAI-Aqel, des Ahel Aleg. Au surplus, l'influence religieuse des uns et des autNs est bien minime. On ne rencontre que quelques Normach pourvus de l'ouird. Le chef général des Norma'ch est actuellement Lobat (de son vrai nom) Hiba ould Mokhtar ould Hiba. Sa mère Oumm Mouminin ment Mohamed Jerdane est des Oulad Ahmed, Il est né, vers 18g5, et exerce malgré sajeunesse son commandement avec (beaucoup de doigté. Encore enfant à notre arrivée, il suivit les siens dans leur dissidence.. Il se trouvait au combat des Touigdaten, près d'Ajoujt où fut tué Je capitaine Repoux, puis revint dans le iBrakna et fit sa soumission après la mort de son frère Bakar. Il repartit en dissidence en fin 1908 avec ses oncles maternels les Ahel Bou Bakkar, des Oulad Ahmed, fit partie de quelques rez· zous dans Je Regue1ba et le Hodh, et se soumit en fin Igog avec Mohamed ould Bou Bakkar, Le droit au commande- ment lui revenait par hérédité. Deux mois après son retour. il en était pourvu en remplacement de Mohammed ould Badior, chef intérimaire. Ce jeune et intelligent pillard de '" REVUE DU »ONDE la veille comprit qu'il devait se rapprocher des Français pour restaurer sa tribu. Il vint donc habiter Aleg au début de 1912, et suivit pendant plusieurs mois les cours de l'école. Puis trouvant que les progrès n'étaient pas assez rapi- des, il allafaire un an d'etudes à la mêdersa de Saint-Louis et deux années à la medersa du Boutizimit. L'ex-chef Mo- hammed ould Badior assurait son intérim. Hentré en no- vembre 1916 à Aleg, il suivait quelque temps encore les cours de l'école locale, puis jugeant son instruction terml· née, il reprenait le commandement de sa tribu. Aujourd'hui il parle et écrit convenablement le français. C'est un chef excellent, qui se tient très bien et qu'il ne faut pas juger sur son maintien d'ex-écolier qui lui fait dt! tort. Il a fait preuve pour lui comme pour les siens de beau- coup d'énergie. Son ambition serait de restaurer le prestige de sa tribu en mettant la main sur ses anciens tributaires qui lui ont échappé, Mais c'est là de l'histoire ancienne. Les Touabir veulent bien encore faire des cadeaux aux Normach, et le 13 novembr6l 1916 cinq zenaga lui remet· taient officiellement le horma classique, mais ils tiennent par·dessus tout à leur indépep.dance recouvrée, et nous ne pouvons, malgré toute notre sympathie pour Labat et les siens, qu'approuver cette régénération des Touabir. Les notables de la tribu Normach sont: a) Mohammed ould Brahim ould Ahmed, dit Badior (ould Bakkar ould Ali ould Ahmed ould Hiba ould N'ormach). Son Ahmed fut un guerrier cruel ; ses exactions sur ses zenaga Touabir, dont il pillait sans répit les troupeaux lui valut le surnom de« Badior» qui est le nom d'une maladie qui dé· cime les moutons. Mohammed ould Badior, comme on l'appelle communément, semble avoir joué un r6le assez effacé avant notre arrivée, Il ne partit jamais en dissidence, non plus que sa f.amille. Aussi après le départ de Bakkar ould Mokhtar nommé,.chef, comme étant le notable le plus représentatif, il fut remplacé au début de 1910 par LES DRAKNA Lobat, héritier naturel, et assura les intérims de celui·ci pendant ses absences. Retiré dans sa tribu, il y vit aujour- d'hui tranquille et assez besogneux. b) Yahdi ould Amar ould Ahmed Mahmoud ould Eli ould Abd Allah j Ce personnage, né vers 1848, p ~ r a l t être le notable le plus important des Normach, Il est très re- nommé pour sa science médicale et s'était acquis dans l'exercice de cet art un beau cheptel de bœufs et de mou- tons. Il prit part à Tartonguel à l'échauffourée qui mit aux prises Oulad Normach et Ahel Cheikh Sidi-I·Mokhtar et, à la suite de ces incidents, fut le principal artisan de la dissi- dence des Normach. Il fut notamq1ent le mauvais génie de Bakkar ould AhmeYada en le dissuadant de se rendre auprès des autorités du Brakna et en lui conseillant la fuite vers l'Adrar. Il partit lui-même peu après en dissidence, entraî· nant un grand nombre de tentes. Il retint Bakkar dans le Nord tant qu'il pu et ne fit lui·même sa soumission que parmi les derniers. Au cours de son exil, il fut victime de plusieurs pillages, qui ont considêrablementdiminué sa for· tune. Il faut signaler dans l'entourage de Yahdi le forgeron' Qassim ould AI-Kehel, intelligent et ouvert, qui paratt n'avoir suivi Bakkar et Yahdi dans j'Adrar que par fidélité à ses chefs. c) Bou Daha ould Qadiri, né vers 1888. Il est issu d'une famille de Tiab ould Normach redevenue guerrière. Vigou- reux, sans fortune, orphelin, il prit la vie de pillard qui convenait le mieux à son tempérament. Quand cet art de· vint trop dangereux dans le Brakna il suivit Bakkar dans l'Adrar et fut de toutes ses razzias. Après la mort de son chef de bande, il fit sa soumission, et depuis cette date s'est tenu tranquille. d) En dehors des personnalités prècitées, il n'y a guère à signaler que quelques jeunes gens, de plus ou moins d/avenir: Samba ouldSiyed, né vers 1892, neveu de Yahdi, chez qui il vit; Brahim, son frère, né vers 1895, Abd Er- DU MONDE Rahman leur cousin. Ils ont tous suivi le chef de famille dans l'Adrar. Chez les Haratines Oulad NOflnach, 1I;s personnages principaux sont les deux frères Khanfari (Sidi Bouna), né vers 1878. el Ahmeïada, né vers r878, fils d'Eliman ould Yarg, lis ont été tous deux de fidèles compagnons de Bakkar. Dans leur campement vit le fils d'une bonne famille nor- mach, orphelin de père etde mère, Mahmoud ould E'/bouti. Il l'a suivi dans sa dissidence comme dans sa soumission, Les Haratines ne témoignent que d'une piété fort minime. Rares sont ceux d'entre eux qui ont reçu une affiliation, toujours qadl'ïa d'ailleurs. Ils nomadisent en tout temps sur l'oued Katchi et dans l'Guberr, entre Aleg et KaMi. > Ils ont pris, comme leurs martres hassanes, depuis notre arrivée. le feu lam-aHf des Id Eïlik, contre·marque d'un trait inférieur, soit'}' Les Tiab ould Normach sont comme leur nom l'indique, les descendants de guerriers Normach qui, lassés de leur vie d'avef\ture ou plus probablement incapables de la con· tinuer en face de dangers trop grands pOUf leur courage, ont abandonné le statut des guerriers lOt ont déclaré vivre en bons et pieux musulmans, Certains campements mènent cette vie depuis fort longtemps, tels les Ahel Melkhail, qui se convertirent une genération après Abd Allah; d'autres sont venus « il la voie droite» tout récemment. tels les Ahel Khajaj, Au surplus, le nombre de ces Tiab varie; s'il augmente tous les jours par l'afflux de nouveaux éléments, il subit a,ussi des déperditions, car des familles converties n'hésitent pas à reprendre les armes, quand l'occasion s'en présente. Le nom de Tiab Oulad Normach qu'on leur donne n'est pas exact, Il y a bien des Normach, mais il y a aussi des Oulad Oubbelch, frères de Normach, les uns et les autres Oulad Mohammed. Il y ,a aussi des Oulad Naggad, frères LES BRAKNA ", des Oulad Mohammed, les uns et les autres Oulad Abd Allah, Le vrai nom devrait être Tiab Oulad Abd Allah. Au surplus, le chef est d'origine ncggadi, et non Ilormachi. Mais l'habitude est priseaujourd'hui. C'estàla tente des Ahel Bou Bakkar tairement le pouvoir. Aujourd'hui, à cause du jeune âge du représentant de cette famille, le commandement est exercé par Abd El-Ouadoud ouJd Mohammed Mokhtar ouId Abd EI-Ouadoud ould Mohammed ould Bou Bak.kar ould Samba ould Siyed ould Normach est ne en effet vers 1890 seulement. Son père etant mort peu après, le commandement fut donné à Sidi-J-Mokhtar ould Samba (ould M'hammed ould Amar Fal ould Ahmed ould Mohammed ould Samba ould Neggad). Cette famille compte en effet parmî les plus influentes, car son ancêtre Semba ouId Neggad, passe pour être le premier qui se convertit et donna naissance à la tribu. Ce chef n'est jamais parti en dissidence et fit sa sou- mission dès le début. Il remplit très convenablement ses fonctions, quoique déjà âgèet'parfois radoteur. Il est qadri par l'imposition de Cheikh Sîdia, auprès de qui il est allé sèjourner quelque temps. Le maltre d'école de la tribu est Mostafa ould Ahmijen, personnage insignifiant. Les Tiab Normach envoient la plupart du temps leurs enfants étudier chez les Dieïdiba, Tagag et Bija); mais en réalité, ils nc se piquent ni de cul- ture ni de pieté. Les notables sont: Mohammed Mahio ould Maïef; Mo- hammed Mokhtarould Mohammed Salem; Ahmeïdou ould Ma'ief. Jusqu'à 1904, les Tiab vécurent sous la dépendance di- recte du chef des Ou/ad Normach et firent donc partie inté- grante de cette tribu. Au départ de Bakkar, on leur a rendu leur autonomie et ils l'ont conservée depuis. Ils apposent le feu lam-alif'1 sur la cuisse gauche de ,,' REVUE DU MONDE MUSULMAN leurs animaux, avec comme contre-marques l'outarde \V ou la croix +, Terrains de parcours. Hivernage: entreGuimi et Chogar Gadel, ainsi que dans l'Agan et Akel. Saison sèche: à l'eH de Chogar Gadel et Mouit, Les Tiab Normach n'ont qu'un maigre cheptel. C'est une tribu pauvre et sans importance, qui n'a rien gagné à revenir à Allah. CHAPITRE JI OULAtl SIYED Tableau généalogique des chefs Siyed actuels, Aghrich. 1 Mokhtar. 1 SidJ EU for SJdi MoJammed. vers 1804 t 1818. 1 \ . 1 1 Mohammed. Mokhtar. 3. Ahmaddolll o ., 1 1 181er 1 8 41. IlL 4. MOKhtar 6. Moham- SldJ. med. 1 1 Sidi 7, SM! lUi lI. Moh. Al-Habib 185! 5. oh. 1858+ 1893. t 1900. t 1858. Rdjel 1 1,1 184ll-l851. Othman. Mohammed. 1 Hachern. 1 1. Mohammed t vers 1804. 1 1 8. Ahmeddoll Il, Moh tar Moh. K.lara. 11393-lr03. t 1l1S4. 1 1 i 1 l Ould M'hamed, Sidl. Bak ar. Assas 1907 Ould Assas, Bakkat. Hobeib, SIJ! 1 chef Moh. 1 llctuel. J Mokhtar. Sidi Mohammed. ", REVUE OU MONDE MUSULMAN L - Historique. II n'y a pas à revenir ici sur J'histoire des Oulad Siyed. Tout ce qui les concerne a été dit, soit au livre premier « Histoire générale », soit au chapitre précédent, relatif à leurs cousins les Oulad Normach, Il ne reste qu'à rattacher les personnages actuels aux gens et aux événements du passé. L'émir Ahmeddou II ould Sidi EH est resté l'irréductible. ennemi du début. En dissidence depuis 1903, il a reculé d'année en année devant les progrès de notre occupation ~ le Tagant, l'Adrar, la zaouïa de Smara, et finalement, de· puis 1909, le Sud marocain l'ont tour à tour hébergé. Il a toutefois esquissé une tentative de rapprochement en 1914. Il s'en fut trouver le caïd Aïad al-Djerari il. Agadir etécrivit j par l'intermédiaire des Gouvernements marocains et aofien, à ses anciens fidèles pour leur demander des subsides, Sa lettre ne trouve aucun écho dans le Brakna, Bien plus le chef de son ancienne tribu maraboutique, les Dieïdiba, lui fit cette réponse typique, Letexte français est de l'auteur' lui-même, De la part de Mustapha ould Oudh et de la Djernhh des Djedjé ba à M. Hamedou ould Sidi EU. • MONSllWII, Nous avons l'honneur de vous faire savoir que nous sommes en poss-esslon de votre Jettre que nous avons vivement acciamée et reçue avec grand plaisir. Quant à votre observation, on voit clairement que la- discontinulItÎon de liaisons entre nous ne vous plalt pas, mais e s t ~ c e à nous, Die1diba, qu'il faut donner Je tort ~ Nous n'avons faIt que rester dans nos parages• • LES BRAKNA "9 A l'arrivée des Français, tout le monde était parti en dissidence parce qu'on les croyait plus méchants qu'ils ne le sont. Nous autres, nous n'avions été nulle fart. Nous gardons toujours notre pays de peur qu'en notre absence, on ne le confiât,à un chef étranger, c'est-à-dlre qui n'appartient ni à l'lOUS ni à notre famîlle. Maintenant la tranquillité est partout. Les Français donnent à tout le monde la liberté d'appliquer ses anciennes coutumes. D'ailleurs les chefs Arabes ont aujourd'hui le sort qu'Jls n'ont jamais eu autrefois; on leur obéit il souhait et ils ont encore le droit de recevoir exactement tout ce que leurs administres donnaient dans le temps. Taules les autres régions, telles que Trarza et Oulad Bierî, n'ont qu'un seul chefà la tète de chacune. Il n'y a que Brakna qui est occupé par plusieurs chefs, et cela ne lient qu'à ce que vous n'y A notre avis, il faut revenir pour contenter votre peuple en le dirigeant au lieu d'autres. C'est abandonné. D'abord les Européens sont devenus mllttres partout; c'est inutile de résister contre eux, Aussi il vaut mieux se soumettre avant pris par force, Dans le cas que vous voudrez vous rendre, n'ayez qu'à nous le dire à pour faire la négociation avec les Européens. Devant cette reponse qu'il n'attendait pas, Ahmeddou finit pal' lâcher le parti Makhzen et se rapprocher d'AI- Hiba. Ceiui-ci, dans l'espérance de l'utiliser quelque jour, Je traîne à sa suite quand il en a besoin, et l'entretient tant bien que mal. En 19'9, Ahmeddou était campé dans l'Oued Noun et vivait avec ses gens des libéralites des chefs tekna : Mohammed Yahia ould Hiba, chef des Azouafid, et Mokh- tar ould Nojem, chef des A'it Lahsen, Ahmeddou est au- jourd'hui un vieillard de soixante·quinze ans. Il paratl, vu la situation du Brakna, absolument inoffensif. Il relève déjà de l'histoire. Sa femme i\1oumina ment Mohammed ()uld Heïba, mère d'Ould Assas est décédée, en 1917. à Tizouit, dans le Chamama chez les Oulad Siyed. Il a 'laissé comme postérité connue dans le Brakna: 1° son petit-fils OuldAssas (Sidi Eli) junior, fils posthume d'OuId Assas ould Ahmeddou, le chef des rezzol.ls du dé- but. Ce jeune homme, né vers 19°7, vit son grand-oncle Hoberb l:hef de la tribu j 2° ct 3° ses fils M'hammed, né. JU!!. 9 REVUE OU MONO! MUSULMAN vers 18g91 et Sidi, vers Ig00, tous deux avec leur père dans leur Sud marocain; 4° Bakar, né vers 1900, qui campe tantÔt chez son oncle HoheYb, (ant6t chez Cheikh Fal ; 50 une fille Garmi, campée avec sa mère chez les Chratit de l'Assab.a. EUe vient de temps à autre chez les Oulad Siyed. Parmi les frères d'Ahmeddou fils de Sidi Eli, il faut citer: 1 0 Mokhtar, vu plus haut, et tué en 1884 par les Ahel Sou'led Ahmed ; sans postérité; 2° Mohammed Krara, le meurtrier de Brahim oüld Mokhtar ould Ahmelada, le Normlôlchi. Il est mort en Igo4à son retour de Saint-Louis. lla laisse deux fils : Mokhtar, né vers 1899, qui campe chez son oncle Hobe'ib, et Sidi EU qui campe chez les Ahel Bou Bakkar (Oulad Ahmed); et deux filles, dont l'une est mariéè chez les Tabouit et l'autre chez les Oulad Ahmed. ; 3° Mo- hammed, tué par Bakkar en 19°°. Il a laissé un fils, actuel· lement en dissidence et une fille, Garrni, jadis mariée avec un Dàmâni, aujourd'hui divorcée; 4° Bakk.ar, décédé vers notre arrivée, et dont le fils Mokhtar, né vers 1885, partit en dissidence avec son oncle l'émir Ahmeddou, est revenu avec l'aman, le.a3 décembre 19!8. 5° Hobeïb, chef actuel des Oulad Siyed ét qu'on verra plus loin; 6° Sidi Moham- med, né vers 1879, et tué en 1905 par les Oulad Dâmân ; il a laissé un fils: Sidi Mohammed, né vers 1905, et em- Mene en dissidence par son oncle l'émir Ahmeddou, chez qui il se trouve toujours, et une fiUe Mahjouba. Leur mère Moïnetou ment Toumoni, hartan'ia, est avec eux dans l'oued Noun ; 7° Fatma, veuve de l'ex-emir du Trarza, Ahmed Saloum II, et qui a deux enfants: Sidi EU et Cheikh Saad Bouh ; 8° Mouminin, veuve d'un Id ag Fari. Dans la branche collaterale, descendance de Sidi Moham- med ouId Mokhtar ould Aghrich, et qui a fourni deux émirs siyed, il faut citer; 1° Mohammed Al-Habib ould Mokhtar Sidi, qui, père et fils, ont été vus plus haut. Mo- hammed al.Habib, qui s'etait retire chez les Oulad DAmAn, rentra par la suite au Brakna et y finit tranquillement ses jours LES BRAKNA vers Igbo, dans le campement d'AhmedQou. Il a laîssé une fille et deux fils; Othman,né vers 1870, qui est en dissidence avec Son parent dans le, Sud marocain, et Mohammed, ne vers 1880, qui campa chez les OuladSiyed; 2° Hachem ould Mohammed ould M'hammedSidi (+ 1858); ex·chef de la tribu pendant trois ans, et relevé de ses fonctions. Né vers 1888, c'est un homme apathique, sans autorité et sans pres· tige. Ses frères et sœurs sont décédés de puis longtemps. 3° Hamoud, fils de l'ex-émir Mohammed RAjel (1842- 18SI) et qui n'a pas de postérité; 40 'Baya, sœur dudit Ha- moud, qui a épousé un DAmâni, du nom d'Amar et en a plusieurs enfants, actuellement chez les Oulad DAmAn. Une branche collatérale plus,éloignée, celle de M'khetir (frère d'Aghrich) ould Seddoum ould Siyed subsiste encore de nos jours. Le chef en est Sidi oulcl AhmeMou oulcl Si di ould Othman oulcl Brahim M'khaïtir ; et les principaux no- tab1.es: Baouba oulcl Otham, Brahim oulcl Terraza et Amar ould Bakar. Restent enfin trois branches collatérales, plus éloignées encore, et se rattachent àSidi Ahmed, Amar Lobat et EH, tous trois frères de Seddoum et fils de Siyed. Leur desce'ndance subsistent à l'heure actuelle et se trouve au bas des tableaux génél:lJogiques ; Tableau n" 1. Sidl Ahmcd. . 1 Brahim. 1 Bou Bakkar. 1 Bou Bakkar. 1 1 Othman. 1 '1-'---'l'- Mohammed. Sidl EH. 1 Mohammed. 1 1 Bou Bakar. ,h REVUE DU MONDE MUSULMAN Tableau n Q :1. BaJani. 1 Beniong. 1 Lamin. 1 Mokhtar. Sidi MOkhtar. 1 Sidi Ahmed. 1 Hamouna. 1 Boustan. 1 Sidi. 1 Mokhtar. siL l' Mohammed. Amar Lobbat. 1 J Bemoug. 1 1 Ahmad Fal. 1 Laroin Fal. 1 Mohammed Fal. BraAim. 1 Mohammed Fa!. 1 Tableau nO 3, EU. 1 SoueYd Ahmed. 1 Mohammed. 1 Sidi Ahmad. 1 Mohammed. 1 Mohammed. élève de la médersa. LES 2. -Fractionnement ,33 Ce fractionnement classique des Oulad Siyed s'est établi ainsi jusqu'à nos jours. OIlJad Siycd. Oulad Siyed proprement dits. Ouled Mensour. HaraliMs Oulad Siyed. Haratines Oulad Mansour. Haratines Tanak. Aralen. , Abel Ghana, Azafal et Igdala. Sous notre occupation, les zenaga Aralen et les' j.laratines Ahel Ghaïta, Azafal et Igdala ont the constitues en fractions autonomes. Elles n'en continuent pas moins à vivre dans le sillage de la tribu et en rapports étroits avec elle. Les Oulad Siyed proprement dits ont pour chefs Hoberb. frère germain de l'émir Ahmeddou II, fils de Sidi EH II, et chef general de la tribu. Il est né vers 1870; sa mère était Garmi ment Lamin Fa!. A notre arrivée (1903), dès que la dissidence de j'émÜ' Ahmeddou fut avérée, Coppolani songea aussitÔt à donner un chef aux Siyed, restés fidèles et qui formaient un bloc d'attraction. Son frère, Mohammed Krara fut choisi, et vint à Saint·Louis où il fut agree. Il était à peine rentré dans le Brakna qu'il mourait (1904)' On contiaalors les fonctions de chef à un intérimaire, Si- di Eli ould Kheddich (1904-1909)' Sa naissance obscure ne lui assura aucune autorité. Orgueilleux, mais intelligent, il n'osait pas se déclarer en notre faveur, mais souhaitait tout de même notre succès. En 1909, ses exactions et com· promissions furent telles qu'on dut J'arrêter et le condam· ner à cinq ans de prison. Il devait être gracié en 1910. ReVUE DU MONDE MUSULMAN Il fut remplacé alors par son neveu, comme lui cadet eloigné des Ahel Aghrich : Hachim ould Mohammed Sidi ould M'hammed ould Sidi Mokhtar àAghrich. Né vers 1896, Hachim était très jeune à notre arrivée dans le pays. Il partit avec toute sa tribu après l'affaire d'Aleget vécut avec elle. 11 repartit à nouveau avec, son cousin. Lorsque ce der- nier fut tué à Sarak, il venait de quitter le rezzou pour conduire vers le Nord le butin pris aux Toucouleurs. Il fit- sa soumission au capitaine Bablon, à Boutilimit, Nommé chef trop jeune, Hachim n'eut pas J'autorité nécessaire pour se faire craindre et obéir de ses gens, notamment des Haratines Tanak et Oulad Mânsour, qui sont des pillards consommés, Les conseils de son père Jui furent de peu d'utilité, non plus que ceux de son oncle maternel Sidi EH ould Othman ould Bou Bakkar, l'ancien chef, Se sentant peu en selle, il passa le commandement provisoire à son père et vint à Aleg suivre ies cours del'école local,e, puis alla à la médersa de Saint·Louis. A son retour, il ne sut pas mieux asseoir son autorité, se signala 'par quelques exactions, et finalement "dut ceder la place. en 1915, au chef de la famille des Ahel Aghrich: Hobe'ib, frère d'Ahmeddou, Hobeïb oUld Sidi EH a épousé une femme des Kounta. C'est un homme intelligent et ambitieux, qui, parti en dis- sidence à notre arrivée, fit sa soumission en IgOg, quand il comprit la ruine définitive de l'ancien régime et se retira c h e ~ tes Ahel Agd Ammi, des Die'idiba. 11 se déclara dès lors ennemi d'Ahmeddou, et se sauva à Podor, au risque de laisser ses gens partir en dissidence, quand J'ancien émir fit son apparition dans le Brakna. Ce n'était d'ailleurs, de la part d'Hobeïb, qu'une feinte. Il entrai.t peu après en pourparlers avec les rezzous et ne fournissait aucun rensei- gnement, au détachement chargé de purger le Chamama des dissidents. Par la suite, il vécut paisiblement, ne se si- , gnalant que parses compétitions avec Hachim, pour attirer t.ES BRAKNA ,35 à lui les anciens zenagarl'Ahmeddou. 11 attendait son heure qui sonna en 1915. Il reçut alors le commandement des Oulad Siyed. S'il est, de par sa naissance, universellement accepté, Hoba'ib n'est pas très aimé; il s'est attiré par ses exactions ]'animositédes Arallen qui ont demandé et obtenu en 1917, d'être soustraits à son autorité immédiate. Les Ahel Oha'ita se sont également plaints de lui. Sa jalousie contre Sidi EH ould Keddich l'a incité à accuser celui·ci de fomenter des troubles, ce qui a valu à Sidi Eliune amende et un séjour obligatoire d'unan à Aleg. Malgré cela-Hoberb reste le seul chef possible. il est d'ailleurs sévêrement tenu en laisse. En février 1917, il était emprisonné sous l'incul· pation de vol de moutons et dissimulation de sommes per- çues dans sa tribu pour les orphelins de la guerre. Il fut relâché, faute de preuves, les plaignants ayant arrangél'af- faire entre eux. Bobe'lb est en excellentes relations avec les chefs trarza, depuis Ahmed Saloum II, qui sa sœur Fatma. A la mort de cet émir, en 1905, Fatma est venue chercher un asile avec ses enfants auprès de Hobe1b. Celui·ci Cgt egalement les meilleurs termes avec Cheikh SidYa. Le successeur éventuel de Hobe'lb au commandement des Oulad Siyed est son neveu Mokhtar (1). Les notables de la fraction sont: Hachim ould Sidi, et Sidi EH ould Kheddich, ancien chef. t Mohammed ould Kheddich; Brahim ould Lamin Fal j Bou Bakkar ould Kheddich, vieillard très versé dans l'histoire du Brakna, traditionnaliste oral, à qui li ne manque que de savoir écrire pour se faire un nom de savant réputé. La fraction comprend vingt tentes et 102 individus. Elle possède 4 chevaux, 23 bovins, 11)2 ovins, 13 Amis, 4 cha· meaux. Les Oulad Mansour, descendanccfortreduite de Mansour (1) Hobelb est mort de la grippe au début de 19l9. Il a été par Mokhtar. ,36 REVUE OU ould Abd Allah, oncle de Normach et de Siyed, se sont fondus dans ces deux tribus. Ils constituent toutefois chez lesOulad Siyed une petite fraction personnelle de 20 tentes, comprenant 74 personnes. Ils possèdent 37 bovins. 346 ovins et JO ânes. Ils n'ont ni un cheval ni un cha- meau. LC1Jr chef est Bakkar ould Heïnnoun. Un seul notable mérite une mention: Ould Mohammed Tolba. Les Haratines Oulad Siyed et Oulad Mansour sont restés fidèles à leurs maîtres hassanes, qui avaient pour eux un attachement particulier, car ils étaient considérés comme les tributaires de la couronne. Ils comprennent 32 tentes. et 140 âmes, et possèdent 94 bovins, 1.384 ovins et 10 ânes: Le chef de la frao+ion était, au milieu du dix.neuvième siècle, Samba Fal ould Douik. Il mourut vers ,875 et eut pour successeur son cousin Khalil ould Kouar. A celui-ci, mort en '902, succéda le fils de Samba Fal, Baba qui mou- rut en '903. Depuis cette date, le chef est Ahmed ould Samba Yarg ; le chef des Oulad Mansour, Najiould Amar. Les principaux notables sont Bouya ould AI-Falli j Bou Bakar ould al-Falli et Aleya ould Yarg. Les enfants de ces héritaient jusqu'au degré de cousin seulement. Au delà, la succession était partagêe par moitiés entre la couronne et les hêritiers naturels, La redevance due aux hassanes était une pièce de guinée « filature» par tente et par an. Les Haratines Tanak se divisent en deux sous·fractions, Zeïat et OuJad Houm, et comprennent ..8 tentes et 112 pero sonnes. Ils possèdent 105 bovins, 803 ovins et 4ânes. Ils etaient groupés. à notre arrivée, sous le commande- ment d'Omar ould Abber. Ils se partagèrent à sa mort, et vécurent ainsi plusieurs années. Ils se sont reconstitués avec Tiouley ould Blal. Le campement AI· Yarg est composé d'anciens captifs, LES BFlAKNA 137 affranchis jadis par Eli ould Bmhalla, chef des Tanak, et donnésparlui à Ahmeddou ould Sidi Fli, émir des Brakna.. Ils ne paient pas de redevance fixe, ce qui est déplorable,. car les hassanes leur prennent tout ce qu'ils veulent. LesZeïat sont libres, parce que descendants d'un hartaai Tanak et d'une mère libre. Ils doivent une pièce degu!née. ou le lait d'une vache par tente et par an. Ils sont aussi tenus d'aider leurs patrons dans l'achat d'un cheval de. race. Les AraUen (au sing. Aralli) sont les zenaga guerriers. de l'émir et de quelques parents de l'émir. lis lui doivent une redevance annuelle d'une pièce de guinée ou le lait d'une vache. Leur tradition leur assigne nettement une· origine bllrbère et les fait frères de plusieurs tribus çanhadja, et notamment des Arouiejat, d'une partie. des Oulad Aïd, des Oulad Al·Fari et même de fractions Tadjakant. Ils seraient sortis des Aroueijat, au temps d'Agh- rich (fin du dix-septième siècle), et sous la conduite d'Al-· Aouaj conquirent leur demi·autonomie de zenaga guerriers. Ils se sont signales, au cours' de ces deux siècles, par d'in_ cessantes razzias. En 1847, entre autres, nous voyons dans- les archives qu'ils pillaient à plusieurs reprises les trou- peaux d'Eliman Bou Bakkar, qui finissait par passer le- fleuve avec 300 Toucouleurs, poursuivait les pillards et re· prenait son bien. Leur chef, Kheïna ould Mohammed ould Babou ould' AI-Aouaj ould Abd Allah ould Moussa ould Arrali, leur assura pendant plus d'un demi-siècle (1830+ 1870) le pres- tige de parfaits pillards. Il mourait sans hèritiervers 1870. Les Arallen se fractionnèrent alors en deux groupes sous l'autoritê de ?v1oktltar ould Chouikh et de Chikh oulà Ahmed Tegueddi. A la mort du premier, la Djemaa êlur Mokhtar ould Habib, au lieu du fils du défunt, Bourtou, ce qui accentua encore les dissensions. Elles ne cessèrent de se perpétuer avec les deux nouveaux chefs: Mohammed ,38 REVUE DU MONDE MUSULMAN Foudh ould Al·Falli et Hamoïma ould Mokhtar. Vers '913 enfin, sur nos conseils, un accord est intervenu et la frac- tion s'est reconstituée, sous le commandement de Touigui- ,gui d'abord, puis de Hamoïma ould Mokhtar ould Brahim. Les Arallen ont leurs haratines, ex-captifs qu'ils ont ,affranchis, et dont ils possèdent les biens: ce sont les· Abid Arallen. D'autre part, la coutume de la fraction veut que [es filles n'héritent pas; c'est le maltre hassani qui prend-possession de leur part d'hoirie. En revanche, elles ne paient pas de rafer. Les notables Aranen sont: Habib oulcl AI-Khattar ; Brahim ould Tegueddi; Mokhtar oulcl Hobe'ib ; et Mah- foudh oulcl Al·Falli. La fraction comprend 72 tentes et 373 âmes. Son cheptel . -est de 105 bovins, B03 ovins et 4 ânes. Les Ahel Ghaïta. A{affal et 19dalen sont trois fractions -de harEj.tines Oulad Siyed qui vivent étroitement unis de· puis plusieurs générations. Ils étaient les haratines mêmes du Mahsar, ou camp royal, et dépendaient ,directement de f'émir. A leur retour de dissidence, les chefs Oulad Siyed se virent pour leur châtiment enlever le commandement -de ces haratines, qui fut donné'à Cheikh Fal. Depuis le J.O' janvier 1918, cette autonomie a pris fin et les trois frac- ,ions, tout en restant sous l'autoritb de Cheik.h Fat, ont été rattachées au chef général des Oulad Siyed. Les Ahel Ghalta, dont le nom signifierait « qui crient en 1'honneur de P ~ m i r » sont d'anciens captifs affranchis par Ahmeddou 1 0 •• Les Azaffal, dont le nom signifierait « qui entourent la tente de l'émir », étaient les hommes de confiance de l'émir depuis plusieurs générati;ns. Leur ancien chef Koueïri ould Ségou, a donné sa fille en mariage à Cheikh Fàl. Ils paient une redevance d'une pièce de guinée ou le lait d'une vache ,aux héritiers de Sidi EH. LES BRAKNA '39 Les Igdalen, dits aussi Guedala. sont les' descendants des tribus Godala des auteurs du moyen âge, sous le nom des· quels on n'a aucune peine à retrouver le vocable des Gétules de l'ère romaine. Il est d'ailleurs certain que ces Igdalen ne sont qu'une faible partie de la descendance des Gue· dala ; le r e ~ t e s'est fondu et a perdu son nom dans d'autres tribus. Le chef de ces trois fractions est la personnalite fort intéressante de Cheikh Fa!, de son vrai nom Mohammed Cheikh ould Sidi M'hammed ould M'haimed, lequel ancêtre était originaire de Hijaj de l'Est. Sa mère est une Die'ldi· biya. Né vers 1860, Cheikh Fal fut éleve à Saint-Louis par un traitant qui avait été frappé par son intelligence. Il y ap· prit à parler le français, à lire et à écrire. Après avoir passé toute sa jeunesse comme boy, garçon de magasin, garçon de café, employé ~ e s postes, et portier de la loge maçon- nique de Saint-Louis, ce qui donne les raisons pour les- quelles il fait suivre de trois points sa signature, Cheikh revint dans le Brakna, chez les Oulad Siyed. Il fut employé, étant le seul Maure sachant parler, lire et écrire le français, par l'émir Ahmeddou pour traiter ses affaires avec nos représentants. C'est ainsi qu'il put écrire à M. de Freycinet, alors ministre de la Guerre, une lettre très amicale de collègue à collègue. Le ministre français envoya alors à Cheikh Fal, comme cadeau, un canon bronzê de petitedîmension. Les ennemis d'Ahmeddou furent consternés de voirunc arme semblable, mise à la disposition de CheikhFal. Au combat de Ouazan, où les Oulad Siyed luttaient contre les Oulad Normach et les OuladAhmed, Cheikh Fal mit le canon en bat'terie, pointa et fit partir le coup. Le canon bclata, tuant plusieurs hommes et contusionnant fortement le pointeur; l'armée d'Ahmeddou prit aussit6t la fuite. Mais la détonation de l'arme avait été telle que leurs ennemis, pris de peur, se sauvèrent en jetant leurs '4° REVUE DU MONDE MUSULMAN armes, envoyèrent des parlementaires à Ahmeddou, et la paix fut conclue en faveur des possesseurs du canon. Cheikh Fal, en 1903, prit part à l'attaque d'Aleg et suivit son chef, Ahmeddou, dans le Reguerba et dans le Tagant. En Ig04. il descendit faire Sil. soumission. Malgré les marques de bienveillance, qui lui furent prodiguées, il continua à rester en relations avec Ahmeddou, renseignant les mejbour, et ne fournissant aucun renseignement pour nous permettre de les atteindre. Il empêchait même, dit-on, les dissidents en mal de soumission de venir à nous. Avec le temps, il finit toutefois par se rallier plus fran- chement, surtout après 1909, où les derniers dissidents disparaissent. Nullement fanatique, très au courant des choses de la Mauritanie et des coutumes indigènes, il fut nomme en 1912, en outre de ses fonctions, agent forestier dans le Chamama. Il y rendit de bons .services, mais on a do finir par le relever de ses fonctions en IgIg, après avoir maintes fois constaté que sa séverite s'exerçait au delà de toute mesure sur ses ennemis, mais que ses amis a v a i e ~ t toute latitude pour commettre les déprédations qu'ils voulaient. Bavard et intrigant, Cheikh Fal est tout de même un homme intéressant (1), Les notables de ses fractions sont: Guennt ould Amar" ould Abid j Mohammed Fadel Allah j Sliman ould Fadel et Mouboud ouId Bel-Aïd. Elles comprennent 45 tentes et 236 personnes. Leur cheptel se compose de 3 chevl,\ux 1 4S bovins, 1 chameau, g:d ovins et 23 ânes. .. Les fractions Oulad Siyed ne se séparent guère dans leurs transhumances. On les trouve en hivernage, dans les environs de Diguet Mémé, au nord de Chabbour et (1) Cheikh Fal est mort de la grippe au milieu de 1919. LES DRAKNA '4' Kraat-Asfar; en saison sèche à Bou Dioud et Maye-Maye. Le. cheptel de l'ensemble de la tribu est de 7 chevaux, 50g bovins, 6.250 ovins,5 chameaux, 101 ânes. Comme tous les hassanes, les Oulad Siyed n'ont pas de marque. Quelques-uns ont cependant le feu LD emprunté aux Dieï· diba, qui SOnt tous tolba. La tribu comprend 217tentes et 1.037 Anes(Recensement 1918). Son cadi particulier est Dida, cadi des DieYdiba, qu'on verra plus loin. L'esprit religieux de cette tribu guer- rière est des plus faibles. Il n'y a qu'un nombre infime de gens à avoir reçu l'ouird et encore n'en pratiquent-ils pas les rites. On cite entre autres, 80u Bakkar Kheddich, Qadri par Mohammed Mahfoudh ould Cheikh Mostafa ould Cheikh al-Qadi, des Dieïdiba, et le chef de tribu lui-même. HobeYb, qadri aussi, par le Cheikh Obeïd ould Salim. CHAPITR;; III OULAD AHMED 1. - Historique. Au vrai sens du terme, les OuladAhmed sont des Brakna, c'est-à·dire des descendants de Barkanni. Leur ancêtre éponyme, Ahmed, est un des nombreux fils d'Abd EI·Ieb· bar auId Kerrourn auld Mellouk ould Barkenni. Ils sont donc les cousins germains: 1° des Oulad AbdAllah (Oulad Siyed et Oulad Normach, puisque Mohammed (fils d'Abd Allah et père de Siyed et de Normach) et Ahmed ou1cl Abd El·Jebbar sont tous deux petits-fils de Kerrourn ; 2° des Oulad Biri, puisque Ahmed précité et Mohammed, père de Biri, sont tous deux fils d'AJ;>d El·Jebbar. Ce sont donc de vrais Arabes hassanes, du groupe dit Marafra, ou descendants de Marfar ould Oudei ould Hassan. Au début du dix-huitième siècle, les Oulad Ahmed, qui ne s'etaient pas encore separés des Oulad Biri, vivaient avec eux dans l'Iguidi, entre Khroufa et Boutilimit, en bor. dure des Trarza, ou entremêlés à eux. Quand les Oulad Abd Allah, après la conquête du Brakna, vinrent se fixer dans l'Aga.n, sous le commandement d'Ahme1ada, les deux tribus appuyèrent vers l'Est. C'est là que les Oulad Ahmed trouvèrent les Oulad Abd Allah. Ils ne les quittèrent plus, LES llRAKNA fusionnèrent avec eux et arrivèrent à considérer comme un insigne honneur d'être pris pour les descendants d'Ou- lad Abd Allah, origine que les vrais Oulad Abd Atlah leur ont contestée à juste titre. Dès la séparation des Oulad (Mohammed ouId Abd Allah en Oulad Siyed et Oulad Normach), les Oulad Ahmed sui- virent ces derniers et s'allièrent à eux par des mariages, con- presque exclusivement entre homme"!> Oulad Nor- mach et femmes Oulad Ahmed, Quoique les. Oulad Ahmed comme des gens inférieurs, les Normach con- sentirent, par intérêt politique, à leur laisser entendre qu'ils- croyaient à une origine commune. Ils affectaient de prendre pour des liens de fraternité ce qui n'étaÎl qu'un cousinage. C'est ainsi qu'ils avaient pour eux les égards et traitements qu'on se doit entre merpbres de la même famille. On sait par exemple qu'il est une habitude chez les Maures, qu'ils. soient guerriers ou Berbères, c'est de ne jamais priser, fumer, ni parler de femmes ou entendre parler d'elles,de- vant un membre de sa famille, qui ne soit pas de son Age. Ces flatteries des Normacn étaient intcressées, car, par suite des guerres continuelles, le nombre de leurs guerriers avait diminué considérablement et ils devinrent très infé- rieurs à leurs adversaires: les Oulad EH et les Oulad Siyed. C'est aiors qu'ils s'ailièrent avec les Oulad Ahmed en leur faisant des cadeaux, en ies caressant, et en leur laissant piller indistinctement amis et ennemis, Contrairement aux deux groupes Oulad Abd Allah, les Oulad Ahmed n'exercèrent jamais leur suprématie sur la même région; ils vivaient tantôt dans l'Agan, à côté d'Ouezzan, à Aleg, à Chogar, dans le Chamama, près des Oulad Normach, tantôt à Tamourt Nadj, près des Ahel Soueïd Ahmed. Les Oulad Ahmed pillaient un peu partout, surtout là où il n'y avait pas de danger, et ils méritèrent Je surnom qui leur fut donné par les tribus ùu Brakna, «lescorbeaux ». REvue DU MONDE MUSULMAN Mollien qui fit, en 1817, le voyage de Podor et qui a laissé sur les Maures des renseignements, généralement ,exacts, fait des Oulad Ahmed une description peu flattée et non sans fantaisie. C'est près de ce fleuve (SénéBa.!) que l'on rencontre les Oulad Ahmed, :restes d'une tribu de Bédouins qui a été presque totalement exterminée. -.chnssée des bords du Nil, 011 elle était établie, elle vint se réfugier sur 'œux du Sénégal, où elle exerça sa fureur sacrilège, même sur les ma- 'rabollts, crlme impardonnable chez les Maures. Le roi des Braknas jura leur-perte; leur destruction suivit de prés sa menace. Réduits à un petit 1l0mbre, les Oulad Ahmed se font remarquer par un caracUre féroce; .fis le cèdent pourtant en ce point a u ~ Ouladamins (Ob-lad DeUm) qui 'errent dans le voisinage de Portendic, car ceux-ci sont, dit-on, anthro- iJopbages. L'aspect d'Un Ouled Ahmed respire, comme celui du tigrè, .1Ine soif de sang que rien ne peut assouvir; son regard farouche se pro- mène de 10US COtés, comme pour découvrir une proie i sa barbe est .rare, mais dure ethèrlssécj son corps est petit, mais plein de vigueur. Son costume est comme celui des autres Maures, excepté qu'il n'a ,qu'une tunique, qu'il serre autour de ses reins avec une ceinture, On dirait, en voyant son air féroce, qu'il médite de venger la morl de ses ancêtres et de se soustraIre au tribut qu'on lui a impos,ê. Lecri de mort que poussllientcesbarbares, en pénétrant dans un camp qu'ils vouiaient piller, m'ont dit les Maures, ressembiait au rugissement des hétes féro- -ccs; il glace encore d'effroi les Maures, lorsqu'on l'imite devant eux. A notre arrivée dans le pays, la réputation des Oulad Ahrned était toujours aussi brillante et nous pûmes cons- tater,les premiers temps, qu'elle ~ t a i t parfaitement justifiée, On peut dire des Oulad Ahmed qu'ils ont le {lênie du mal, écrit le lieutenant Duboe en 1901. Il 'n'ya pas de méfait qui se commette dans ,le pays sans qu'on ne puisse ytrouver la main de l'un d'eux, Ils pJJlent les caravanes non armées, s'attaquent aux gens inoffensifs, volent la rioolte de gomme aux campements de captifs qui sont isolés dans la brousse, leur enlèverlt leurs guerbas d'eau pour les faire souffrIr de la soif. On peut se rendre compte que le surnom qui leur fut donné par «ux qui ont à souffrir de leur IAcheté, n'.a rien d'exagéré. Avec le temps on a compris que la meilleure solution à cet état de choses était l'utilisation à notre profit de ces LES BRAKNA qualités guerrières. Les Oulad Ahmedjouent désormais un rôle de couverture militaire sur le front du Brakna. Au début de 1916, on a formé chez eux et avec leurs meilleurs guerriers trois goums de 8 fusils chacun. Les armes, ainsi que 600 cartouches, 12 rahla et 24 guerba, ont été confiés à Sene'iba, chef de tribu, de façon à lui permettre de faire partir directement ses hommes deson camp de Chogar sur les traces de l'ennemi. Les Oulad Ahmed se sont ainsi dis- tingués à plusieurs reprises dans la poursuite des rezzous Regueïbat.)ls font de plus de fréquentes reconnaissances sur la ligne AI-Ouasta, ln Tichilit, Ouezzan, et envoie les «chouf» vers le Nord, Pour bien comprendre l'historique des derniers événe· ments et la situation actuelle, il faut d'abord donner le tableau généalogique de la tente princière des Oulad Ahmed. Tableau 1 . Moummou, 1. Ah.med, ancêtre éponyme. 1 2. Bou Fat! 1 4. Mbodye. 5. Dll1dif. 1 5. Bou Bàkkar. ,. siki. 1 1 l-lcddl. 1 . 1 8. Mbarck. Blram. 9, siki. 1 1 1 1 1 1 1 10. Senefba. M'moïmed. Mbarck. Mohammed. Sidl Àhmed. Biram. XLI!, " Rl':VUl': DU MONDE MUSULMAN (1) Ahmed l'ancêtre aponyme, fils d'Abd EI-Jebbar, a de nombreux frères, Mohammed, l'ancêtre des Oulad Biri Qrah, Abhoum, Besserin, Ajem, ancêtres des petites fractions Ida Qrahoua, Id Abhoum, Ida Besserin et Ijouam, qui vivent chez les Oulad Biri, et enfin Al-Gouassi, ancêtres de la fraction repentie (tiab) de ce nom, qui vit chez les Tagat. Il ,a en outre six fils: (2) Bou Bakkar, chef après son père, Rouizi et AI-Afn,a, Moumou et Rouis dont la postérité cons- titua 4 fractions des actuels Oulad Ahmed j Heddi, dont la postérité est éteinte. (2) Bou Bakkar, fils d'Ahmed, eut 4 fils: Fati, dont la postérité est éteinte; Omram et Beyhoum dont la postérité s'est fondue chez les Oulad Ahmed; M'ha'lmdat, qui con- tinua le commandement. (3) M'ha'lmdat, (4) Mbodye l et (5) Dadif n'ont laissé au- cune trace, (6) Bou Bakar, fils de Dadif, et chef de la tribu vers le milieu du dix.huitième siècle, est l'ancêtre de la tente prin· cière actuelle des Oulad Ahmed: les Ahel Bou Bakkar, et c'est pourquoi on voit les personnages actuels ordinaire- ment denommes sous le nom d'Oui Bou Bakkar, encore,que quatre générations les séparent de leur ancêtre. (7) Sidi, fils et successeur de Bou Bakkar eut deux fils: (8) Mbarek et Hiram, ancêtres des branches aînées et ca- dette de la tente princière. C'es, de là que partent les dis- sentiments et rivalités qui ont agité les OuJad Ahmed pendant la deuxième moitié du dix·neuvième siècle, et jusqu'à nos jours. " AMbarek succèda à la tête des Oulad Ahmed son fils (9) Sidi, et à celu'j-ci son fils aIne (10) Sene'lba. Nous allons voir successivement les cinq fils de Sidi, ainsi que leur cou- sin Biram ould Ahmo1mid ouId Biram ould (7) Sidi et re· tracer aussi les événements actuels. Senei'ba, ne vers 1865, était chef des Oulad Ahmed à notre arrivee; mais d'un caractère mystique et formé à la LES BRAKNA '47 piété par Cheikh Sidïa, son martre, il avait de plus en plus tendance à se detacher des choses politiques et à se consa- crer à la prière. En fait, c'était son frère immediatement cadet, H'moYmed qui exerçait le commandement. Seneïba, circonvenu par Cheikh Sidia, fit sa soumission, dès le d,é- but. 11 fut nommé chef de goum par Coppolani et reçut une mensualité de 300 francs. Cette allocation lui ayant été supprimée, avec la disparition des goums (lgOS), Seneïba partit en dissidence pour l'Adrar. Il assista à divers razzis, dirigés contre nos sujets brakna, mais ne semble pas avoir pris part à la surprise du convoi de ravitaillement d'Aslat (4juin 1908), bien qu'on le lui ait reproché. Quelquetemps après, II partit pour Je Maroc avec un compagnon des Ahel Cheikh AI·Qadi (Dieïdiba) pour faire le pèlerinage de la Mecque. Le Dieïdibi étant mort en route, Sene1ba n'eut pas le courage d'aller plus loin: il s'arrêta à Fez, revint à Mar- rakech, et y vécut assez misérablement. Il demanda l'aman en IgII et, autorisé à rentrer au début de 1912, sur la de- mande de Cheikh Sidia, alla se faire oublier et vivre dans la piéte auprès de son martre spirituel. Nous le retrouve- rons plus bas. Au départ de Seneiba, son commandement fut disputé entre ses deux frères, H'mo'imed, déjà vu, et à qui sa con- duite antérieure envers les Oulad Siyed, alors qu'il exerçait le commandement au nom de Seneïba, avait attiré bien des haines, et Moha!1lmed, H'mo'imed fut reconnu, mais après une certaine période de tiraillements, il abandonna la par- tic et se réfugia dans le campement de son cousin Biram ould Ahmo·imid. Mohammed, resté seul, se fit bientôt ha'ir de ses administrés, qui l'abandonnerent pour la plupart, et allèrent planter leurs tentes dans le campement deH'moT- med et de Biram. Les dissensions se perpétrèrent jusqu'à 1908. Les deux partis se dénonçaient eux-mêmes à Aleg. Par Hiram, on ar- rivaitàprouver, en mars 1907, que Mohammed avait caché REVUE DU MONDE à plusieursreprises,dans son campement, Bakkar, lechefdes Normach dissidents: et que de plus il avaIt pris part lui· mémeà des vols à main armee; il fut donc arrêté, ainsi que son jeune frère Sidi:,Ahmed, et condamne à 8 mois de prison par le tribunal de cercle ('g08). Cette aventure reconcilia lell frères ennemis. Par la complicité" de H'mo'imed, Moham- med et Sidi Ahmed ne tardèrent pas à s'évader de la prison de Boghé. Ils pillèrent campements de leurs denonciateurs et partirent en dissidenco en entratnant leurs freres, no· tamment l'inquiet et indécis H'mormed, quelques Oulad Ahmed et le jeune Lobat, des Normach. Par la suite, on revit maintes fois Mohammed dans les razzi qui s'abatti- rent sur le Brakna, mais la voix publique prétend qu'Hiis accompagnait sans armes, et sans prendre part aux pil- lages. Néanmoins, plusieurs fois, des Oulad Ahmed restés loyalistes et attaqués par les dissidents furent blessés et même tués; et ces faits soulevèrent contre les Ahel Bou Bakar des haines inextinguibles. C'est ici qu'apparaît Biram ou!d Ahmo'lmid, chef de la branche cadette, à la tête de la tribu. Jusqu'à cette date, il ne s'etait guère signalé que comme un coupeur de routes et un condottieri. Il accompagnait, dit-on, Bakkar ouId Ah· merada, quand celui·ci, vers 18g8,vint assassiner Moham- med ould Sidi El!, frère de j'émir. Vers 1go" mis à la tète de leur campement par quelques tentes Oulad Ahmed, mé- contentes de Seneïba et surtout de H'mo'lmed, il fait bande à part et devient chef Ol,lvert de l'opposition. Il se rallia à nous, dès notre arrivée dans le pays, et commanda plu- sieurs fois un goum de guerriers Oulad Ahmed. A ce titre. il, reçoit une mensualité de 300 francs qui lui est suppri- mee en 19°5. Mais plus prudent que son cousin Seneïba, il accepte la chose sans esclandre. Après la fuite de Bakkar, il est accusé de complicité et déporté au SénégaL Il vécut pai· siblement à Kaolak, et fut gracié et 1908. Peu après. le départ en dissidence de ses cousins de la branche aînée US BRAKNA. '49 le laissait mattre de la situation. Il fut Hu chef de la tribu. Son commandement fut des plus médiocres; aussi, dès le retour de H'moïmed, celui-ci fut·il remis li la tête de la tribu (octobre 1910); mais ce n'était pas encore la bonne sohation, H'moTmed ayant laissé trop de haines derrière lui, et n'étant pas au surplus le représentant héréditaire des Ahel Bou Bakkar. Biram fut donc réélu un mois après (no· vembre 1910), mais cette fois avec deux assesseurs (Sidi Ahmed ould Boun et Ahmed Louli), chargés de le surveil- ler et de contrÔler ses actss. Cependant les Ahel Bou Bakar rentraient peu à peu; ce furont d'abord les deux évadês de Boghé : Mohammed et Sidi Ahmed, puis le chef de la famille, Seneïba lui-même (fin 1911). L'insuffisance du triumvirat, qui gouvernait les Oulad Ahmed, se faisait sentir de plus en plus. Un inci- dent. combla la mesure. Une occasion s'offrait pour eux de têmoigner de leur dévouement et de leur adresse: c'était la· capture de Sidi Lamin ould .Bakkar ould Souerd Ahmed, chef d'une bande id ou arch qui opérait Il cheval sur les cercles du Tagant, de Gorgol et du Brakna. Leur goum n'obtint auçun résultat, alors que les circonstances étaient entièrement favorables pour en finir iavec ces pillards. On alla donc chercher Sene'lba dans sa retraite spirituelle, au- près de Cheikh Sid'la, ct 01) J'invita à reconcilier les deux partis rivaux: celui du chef Biram et celui de H'moïmed. Les pourparlers s'éternisèrent et donnèrent lieu à des chassés.croises amusants. Biram ct H'moïmed, inquiets de voir j'influence que Sene'lba reprenait rapidement, se rap- prochèrent. Biram-fit des avances et H'moïmed y accêda en venant planter sa tente chez H'moïmed. Enfin l'accord se fit en 1913. L'énergique intervention de Sene'iba reaHsa l'Unité de la tribu, et comme se fut àson profit que la chose se fit, il fut nommé chef des Oulad Ahmed (fin 1913). Son frère H'mo'imed et son cousin Biram restaient chefs deleurs ,50 IlEVUE DU MONDE MUSULMAN campements respectifs. Depuis ce jour, l'administration des Oulad Ahmed est assurée convenablement. Senerba est aujourd'hui vieux, malade, use. Il faut lui prévoir un remplaçant. Ses candidats seraient ses frères Mohammed et Sidi Ahmed, avec une certaine préferenc:l pour le premier. Ahmed Lau[el, lettré distingué et notable de poids, se pose aussi en prétendant. Seneïba est des plus instruits pour un guerrier. Il est toujours dans les meilleurs termes avec Cheikh Sid'fa, Son influence morale s'exerce au delà des Oulad Ahmed. H'molmed, frère de Seneïba, est le chef du campement dit Oulad Ahmed Blancs. Il vit tranquille chez lui et n'a que peu d'autorité. . Mohammed, frère des précédents, n'a guère fait parler de lui depuis son retour. Après avoir été notre ennemi, de 1903 à 1905, puis de 1908 à 19ro, il a servi comme par- tillan dans le Tagant, et comme chef de goum pendant la colonne du Hodh, Il s'occupe surtout de chasse, et passe pour un excellent guerrier actif et audacieux; il était très craint de tous lesmarahouts locaux, et ses pillages lui valu- rent la condamnation précitée. Aujourd'hui il exerce son allant sur les rezzous et ne craint pas de travailler pour son propre compte. Il vit à part, craint et fort respecté. C'est évidemment le seul successeur de Sene1ha. Sidi Ahmed, frère des précéqents, semble avoir choisi Mohammed comme modèle. Assez jeune au moment de notre arrivée, il se rallia avec ses frères. Emprisonne en {g08 avec Mtlhammed et condamné à 6 mois de prison, il s'enfuit avec lui et l'accompagna en dissidence. Il fit par- tie des razzi et rentra en fin 1909. Il a servi comme partisan de mars Jgll à mai 1912, et a rendu de très bons services dans les recensements du cercle C'est un très bon guide, parfaitement au courant du pays. Chargé de conduire un goum contre des pillards Ahel Souerd Ahmed, U~ 1 ' e u t pas assez d'autorité sur ses gens pour obtenir des résultats dé- LES BIl"KNA ,', cisifs. Ii fut d'ailleurs choisi à tort pour cette mission, car il était apparenté par sa mère avec les principaux pillards. Biram ould Ahmoïmid, cousin des precedents, corn· mande actuellement un gros groupement Oulad Ahmed, sous l'autorité de Seneïba, Il n'a qu'une valeur guerrière et une autorité relatives. Il passe pour être un homme loyal, mais fanfaron et prêt à toutes les compromissions pour se procurer de l'argent, Au demeurant, il n'y a rien à craindre de lui. Un des frères des quatre Ahel Bou Bakar precités, Mba· rek, a été tué en 1903 au cours d'un combat contre les Id Ou Aïch. Sa famille vit chez Seneïba. 2. - Fractionnement. Les Oulad Ahmed se divisent en Oulad Bou Bakar ould Ahmed, Oulad BouTzi, Ahel Heddl, Oulad AI-Afl1a, Roulssat, Oulad Moummou, Oulad Akerroumt. Les six premières fractions sont de pure angine Oulad Ahmed; les Oulad Akerroumt se rattacheraient à Kerroum ould Mallouk par une autre filiation que celle d'Ahmed, et ne seraient donc que les cousins des'OuladAhmed, mais ils sont aujourd'hui complètement nationalises dans la tribu. Les Haratines Oulad Ahmed se divisent en; Ahel Mbarek ; ~ chef: Mohammed ould EH ould Mahmoud. Lembelda; -chef: Mahmoud ould Samba. Ahel Ahmed. - chef: Bou Bakkar ould Othman. Ahel Bou Sald, _ Ahmed Salem ould Mohameddeo. Oulad Yarg. - Omar Oulcl Abd El-Beggar. GoundaYa, _ Brahim ould Bella. REVUE DU MONDE MUSULMAN Ils n'ont pas de chef général. En plus des fractions pré- citées, un grand nombre deharatines vivent isolés par in- dividus ou par tentes dans les campements nobles. Les nobles comprennent 62 tentes et 266 âmes; les ha. ratines: 76 tentes et 339 personnes, soit au total 138 tentes et 605 personnes. Ils possèdent: les nobles: 5 chevaux, 33 chameaux, 50 -ânes, 87 bovins et \.273 ovins; les haratines: r cha- meau, 79 ânes, 164 bovins et 3.863 ovins, soit au total, 5 chevaux, 34 chameaux, 129 ânes, ;151 bovins, 5.336 ovins. Comme tous les hassanes, les Oulad Ahmed n'apposent pas de marque de feu à leurs troupeaux. Leurs terrains de parcours sont: en hivernage, les rives de l'oued Katchi, les environs de Diguet Mémé, et jusqu'à Chogar; en saison sèche, le nord de Chogar et quelque· Tois le sud jusqu'à Boghé. Ils ont été jadis les martres in- contestés de l'Agan et de l'Akel, vers ChogarToro. On leur reconnart encore aujourd'hui cette qualité. Les notables de la tribu sont: a) Mokhtaret Mohammed Mahmoud, fils tous deux d'Omar ould Bou Salif. Cette fa- mille des Ahel Bou Salif, des Rourssat, est ralliée depuis longtemps à nous. L'un de ses membres, Ahmed LouleY, a toutefois marché avec nous, et a servi comme partisan dans de nombrellses occasions. Il suivit le capitaine Bablon à Akjoujt et lui r e n ~ i t des services, il fit les colonnes de l'Adrar, du Hodh, et de Smara, tuant dans cette dernière de sa main un chef pillard. Ennemi des Ahel Bou Bakkar, il est un peu le chef de parti de l'oppositiQn, surtout depuis qu'il a échoué à l'élection de chef de tribu. C'est un excel· lent chef de partisan et un homme dévoué. Son cousin, Sidi Mohammed, se rendit utile au lieutenant Duboc; b) Sidi Mohammed BaUD, notable qu'on avait char8é de sur- veiller Biram et qui se laissa conduire par lui; c) Sidi Ah· med ouId DeYna; d) Omar ould Omar Beyat. Véritable tribu makhzen, les Oulad Ahmed sont armés LES lIRAKNA '53 par nos soins. En outre du goum régulièrement constitue et dont il a été parlé plus haut, ils fournissent des parti- sans auxiliaires. C'est pourquoi ils sont détenteurs, par nos soins de 7' fusils, dont 31, modèle 92, et 20, modèle 74, aux nobles i et 20, modèle 74, aux haratines. Les Oui ad Ahmed semblent profiter des bons conseils qu'on leur prodigue depuis le début et portent de plus en plus leur activité vers des buts plus lucratifs, sinon moins glorieux, que le pillage et ia razzia. Ils s'adonnent de plus en pius aux cultures et surtout à l'élevage. Leurs cultures ont pris, ces dernières années, une certaine extension et notamment par le développement ,des 'canaux d'irrigation. Ils ont la coutume, à eux spéciale, de partager leurs 10u- gans en longues bandes orientées nord-sud, et abritées du vent d'est par des plantations de gonakiers. Ils retardent aîng.i, par l'ombre de cette haie bien fournie, l'évaporation des eaux. Moins encore que chez les autres hassanes, on remarque chez eux de manifestations .de piété. Le chef de la tribu, SeneYba, en est aussi le marabout. D'être ies cousins et champions des Oulad Biri, tolba par excellence du Sud mau- ritanien, il suffit à l'islam .des Oulad Ahmed. CHAPITRE IV DJEïVIBA 1. - His/orique Le vocable Dierdiba (ou Djeïjiha) est une corruption de Id Ejba, « les fils d'Ejba », prononciation berbère de Id Eilba ou Id Erich. Les Dieïdiba sont donc les cousins des Id Eïich, ou De'ilouba, de Oualata et du Hodh oriental. Ils sont, de leur propre aveu, d'origine berbère, étant les pa· rents «des Touareg voilés du Sahara ». Ils se hâtent d'ajou- ter, il est vrai et suivant la légende fantaisiste des origines ,arabes, que par delà leur extraction berbère, ils sont, de par Ejba lui-méme, des Himyarites d'Arabie. Ejba arrivait du Sous. On ne sait rien sur lui. Ses des· <cendants habitaient, dans un passé indéterminé,l'Azaouad, au nord de Tombouctou. Des migrations les amenèrent successivement vers l'Ouest, et vers le seizième siècle, lors des invasions hassanes, ils etaient dans l'Agan. Ils prirent part à la guerre de Boubba contre les Oulad Abd Allah l et furent quasi-extermines. De cette première unite dieYdiba, il ne reste aujourd'hui qu'une dizaine de tentes. La per- sonnalite la plus en vue en serait Ahmed Mahmoud ould Mohammeda, cadi des Oulad Siyed, qu'on verra plus loin. LES Bll.AKNA ,55 La tribu devait être reconstituée par J'arrivée grants De'idouba, leurs cousins. Cet élément nouveau, plus fort et plus nombreux, submergea les vieux Dieïdiba.Cette migration se produisit entre 1670 et 1700 et se presenta en trois vagues successives: groupement d'Atjfara Brahim et d'Atjfara (Bakkaï) qui étaient cousins j groupement de Chems'eddin dit Zamrag. Ce sont les ancêtres éponymes des trois principales fractions Die'idiba: Id Atjfara (ou Id ag Fara) Brahim, Id Atjfara (ou Id ag Fara) et Zemarig. A remarquer, dès maintenant, que les Zemarig ont demandé et obtenu leur autonomie, et ne font pJus partie, adminis· trativement, des Dieïdiba. Les autres fractions die'ldiba, Ahel ag Ammi Ahel Mohammed Othman, id Ayank, des· cendent aussi de ces ancêtres communs; mais avec le temps et par suite des rivalités de famille, eUes se sont détachées du tronc principal, tout en restant incorporées à la tribu. Le premier arrivé des immigrants, Atjfara Brahim, épousa, quelque temps après son arrivée dans l'Agan, Fa· tima, fille d'Aguennoui, le chef des premiers Dieldiba, Il devint son vizir et recueillit sa succession. Il semble bien que ce chef prit part à la guerre de Boubba, Il n'eut guère pu agir autrement. D'autres liens patrimoniaux se nouèrent alors et amenèrent la fusion des deux éléments. A la mort d'Atjfara Brahim, la chose est faite, Son fils Ammi (Mokhtar), ancêtre des Ahel Ag Ammi, lui succeda sans difficulté et fut remplacé, à sa mort, par son frère cadet Abhoum qui devait garder dans sa descendance la dévolu- tion du commandement et fut j'ancêtre des Ahel Atjfara Brahim proprement dits (fin du dix-septième siècle), Au dix-huitièrpe siècle, la tradition donne comme succes- seurs d'Abhoum son fils Mahim; Agd Abd Allah, fils de Maham; et Imijen, fils d'Agd Allah (cf. plus loin tableau généalogique). Le dix· neuvième s'ouvre sur le commande· ment de Habibouna Io' fils d'Imijen. Il meurt peu après, Jaissant deux fils: Qadina et Ahmed Babou. Ils furent suc· ,56 REVUE DU MONDE MUSULMAN çessivement les chefs de la tribu, ce qui donne à la posté- ritéde j'une et de j'autre, des droits au commandement. Le dix-neuvième siècle devait être rempli par les conflitS, Ofa dinairement suivis de rixes et quelquefois de meurtres, des deux familles. C'est ainsi que vers 1860 Habibouna II ould Che'{bata ou!ct Qadida, assassina Mostafa ou{d AI·Oudaa Ahmed Babo'u, alors chef, pour prendre sa place. Mais, quelques jours plus tard, le parti adverse prenait sa re· vanche et l'assassin é.tait tué, à son tour, chez les Oulad Siyed par Cherhatà ould Al·Oudaa ouI cl Mostafa. A dater de ce moment, les Dieïdiba, outrés de ces mœurs de hassanes, ont abandonné la branche aînée et ne choi- sissent plus leurs chefs que dans la tente cadette, celle des Ahel Ahmed Rabou. ' Les Dieïdiba ont entretenu, au dix-neuvième siècle, des guerres fréquentes contre Dans le système géné,ral des alliances Maures·Toucouleures, c'est avec te Toro qu'ils marchèrent traditionnellement. St le commandement politique était dans la fraction Id Atjfara Brahim, l'autorité religieuse, au moins depuis un siècle, était dans la fraction Id 'Atjfara, et on verra plus loin que le prestige des pontifes était aussi fort que celui des Cheikhs et que méme certains visèrent à se substituer à eux- On a vu dans la première partie que c'est chez les mara- bouts « Diedhiéba » que René Caillié vint faire son édu· cation islamique, en 1824_ Il n'eut guère à s'en louer. Depuis un siècle et par suite tant des rivalités religieuses tIue des contestations de points d'eau, les Dieïdiba sont en lutte armee avec les OuladBiri. Innombrables sont bats qui se sont livrés sur ies dunes et autour des puits, à la limite actuelle du Trarza et du Brakna. Dans mon ou- vrage, l'Emirat des Trar{a, j'ai donne un aperçu rapide des derniers conflits et j'ai cite les textes des conventions de 1897 et 1898, par lesquelles le Gouvernement français essayait de mettre fin à celte question bralante. LES BRUNA "7 Cette vieille haine semanUestait encore, en J908, à pro· pos d'un incident futile; la trouvaille d'un œuf d'autruche par un berger des Zemarig. Quelques Oulad Biri et hara- tines Oulad Ahmed le lui disputèrent. Une bataille à coups de bâton s'engagea, comme il convient entre marabouts, à qui leur caractère sacré interdit l'usage des armes. Il yeut de nombreux blessés. Le lendemain, les Oulad Ahmed in- tervinrent, et en leur qualité de guerriers, firent parler la poudre. Cette fois, il y eut des morts; l'affaire fut pénible- ment arrangée. En octobre 1917, nouvelle bataille entre les télamides quêteurs des Oulad Blti, conduits par un fils de Cheikh SidYa en personne et plusieurs tentes Dieïdiba. On échan- gea de vigoureux coups de bâton. Les difficultès n'ont évidemment pas cessé à ce jour, et de temps à autre, mais de plus en plus rarement, des coups sont encore échangés à la limite des cerclestrarza et brakna, autour des puits de Bir el-Barka, Dokhon, Bou Talhe1a. Des conciliations partielles interviennent, quand Hie faut. En février 1913, les tribus se 'mettaient complètement d'ac_ cord au sujet des puits de l'Amechtil, qui les divisaientde· puis fort longtemps. Une délégation Die1diba se rendit chez les Oulad Biri. Ces derniers reconnurent aux Dieïdiba ln propriété des puits contestés et les DîeYdiba autorisèrent les Oulad Birj à boire à ces puits. Un peu plus tard, un accord entre !es commandants des cerelesdu Trarza et du Brakna réglait la question de Bir el-Barka et de la rooe de nomadisation environnante des DieYdiba. En voici le texte; il peut servir de modèle pour les nombreux cas de ce genre. « Les capitaines commandant les cercles du Trarza et du Brakna ont réuni à Bir el-Barka les chefs, principaux no- tables et cadis des DieYdiba et Oulad Biti, afin de régler l'affaire survenue entre DieYdiba et Laghlal au sujet de ces ,58 REVUE DU MONDE MUSULMAN puits. Quelques épineux, jetés par les Dieïdiba dans le puits, telle fut la cause de l'incident. « Entre Dieïdiba et Laghlal est survenu un arrangement à J'amiable. Les DieYdiba reconnaissent auxLaghlalles,trcis quarts du puits et gardent le dernier quart. Ils s'engagent, en outre, à le remettre en état. Une,col'lVention a été écrite par les Laghlal et les Dieïdiba, réglant toutes les questions pouvant être une source de litiges enlre les deux tribus, au sujet des terrains de cultUre et des puits morts. « Afin d'éviter à l'avenir tout conflit entre Dieïdiba et Oulad Biri, le capitaine commandant le cercle du Trarz!l restreint du puits de Bir el-Barka à Dokhon la zone de 00- madisation des Dieïdiba, tant que les questions litigieuses qui pourraient s'élever avec les Oulad Biri, du fait de leur occupation de cette région, pepdant une période de 12 an- nées, n'auront pas été réglées. \t- Il est hors de doute toutefois que l'animosité sévit pres· que aussi fort que par le passé: les relations sont peu fré- quentes et peu cordiales. Un fils de notable Dicrdiba, élève de la médersa de Boutilimit, dut être renvoyé par suite de l'hostilité de ses camarades et notamment des Oulad Biri. Divers jeunes garçons Dieïdiba, candidats à la médersa, ont bien spécifié qu'ils voulaient aller à celle deSaint-Louis et non à celle de Boutilimit où ils sont« au contact avec des gens qu'ils n'aiment pas ». , Liés de vieille date avec les Oulad Siyed, les Diel'diba les suivirent en masse dans leur exode, lors de notre occupa· tian. Seuls quelques campements, dont plusieurs Id ag Fara et celui même du chef de la tribu, Ahmedna ould Qadina, n'eurent pas le temps d'enlever leurs marchandises et de faire filer leurs troupeaux vers le Nord. Surpris, ils firent leur soumission sans difficultés. Les autres tentes rentrè· rent peu à peu, abandonnant l'émir à son sort. Le. dernière fraction dissidente fit sa s.oumission à la tin de mars 1905. Pendant plusieurs annees ene,ore, ils conservèrent leur LItS BIlAKNA attachement à l'émir dechu, et favorisèrent ses entreprises ou celle de ses aUiés dans le Brakna. Leur chef Ahmedna finit par attirer sur lui les foudres de l'administration, las· sée d'apprendre que son campement était le refuge de mej- bour. Une certaine réaction contre la politique d'approvi- sionnement de Coppolanise fait alors sentir, «Deux puni. tions de prison, dît un rapport de juin 1908, lui (Ahmedna) çmt prouvé que nous n'étions plus à la politique des pains. de sucre. ~ ) Quand Ahmedna dut abandonner définitivement la partie et se retirer dans le Sud marocain, il se trouva encore quatre Die1diba pour le suivre dans son exil. Aujourd'hui la situation s'est parfai ternent rassérénée, et ces incidents ne ,sont plus que de l'histoire ancienne. 2, -Chroniques et jractÙmnement des Dierdiha, Les Die'idiba se divisent aj'heure actuelle en les dix frac- tions suivantes: " , . , Jd ag Fara Brahlm Haratlnes id. Id Atjfara , ' Haratines id, Ahel Agd Ammi Haflilines id. Ahel Mohammed Othman, Haratines id. Id Ayank AsbatNegza '1.12 tentes 56 '7 5 8, " 8, ,5 " " " 1 , 4 ~ 5 Ames ,,' 50' '44 ,,5 ,88 '98 '" ," ," soit au total 900 tentes et 4.089 personnes. Les Id Ag Fara Brahim, qu'on prononce souvent avec rapidite Id ag Farabrim ou Id Atjfararim, sont, comme on ,60 REVUE DU MONDE MUSULMAN l'a vu, la fraction princière des Diefdiba. L'ascendance de la tente du commandement s'établit ainsi: Atjfara Brahim. 1 1 Agd HaIh Allah. A\l, Mos\aill, descendance dans la tribu. 1 Mohammed Maham. > 1 AgdaJ:am. 1 Abhoum, ancêtre des Ahel Atjfara Brahim. 1 Maham. 1 1 Agd Abd Allah. l' AJroi, des Abel Agd Ammi. lm\ian. des __ _ Ahe! Moham· ( l, 1 medden HablbouM lU, Al.Qad.k..Akrabllt, Othman, I---;T;"cendllnce 1 1 dans la tribu. Qadmll. Ahmad Babau. CheJbata, Al-dudaa. 1 Habiboullil. \ 1 1 Kha ifa. Moh. Fal. Ahmedna. Ouàaa. La fraction se divise en les sous·fractions suivantes: Ahel Agd Abd Allah, Ahel Mohammed Thoierl, Glagma, Ahel Ahhoum, Abel Talah Moharnmedden, Altel Monja, Altel Hejab, Altel Agd Halb Allah, Id Ag Maham, Ahel Agda Nah.oui, Id Ou Amin. LES BIIAKNA 1 Haratines proprement dits, Haratines Touadg, Kouar DieTdiba. Les Ahel Mohammed Thofeil sont originaires des Ahel Mohammed Othman. Les Glagma sont originaires du Hodh : le premier qui "int dans le Brakna, au début du dix-neuvième siècle, est un certain Abd Er-Rahman, la Guelguemi. Les Ahel Agda Nahoui sont la sous·fraction qui eut l'honneur de donner l'hospitalité à René ~ a i 1 l i é , en 1824. Il n'en a pas dit le nom, mais il 8. été facile de Je trouver, car il a donné le nom de son maître. Mohammed Sidi-I· Mokhtar, « grand marabout du roi », Ce Sidi-I-Mokhtar ould Mohamedden ould Mostaf ould Agda Nahoui a laissé -en effet le souvenir d"un homme de piété et de science. Son descendant, chef du campement, est aujourd'hui AbdAllah ould Mohammed ould Abd Allah ould Sidi Mokhtar. C'est un notable considéré. . Les Id Ou Amin, ou Douamin, sont originaires des Hijaj. Les Touarig SOnt d'origines diverses, mais surtout Id Ou Al-Hadj. Jadis libres, ils vivent aujourd'hui avec leurs ha· ratines et se sont nêgrisês. Les Kouar Die'idiba, ou Noirs des DieYdiba, sont, dit-on, les descendants des Id Agfa (Peul de la rive gauche), qui se seraient mélangés avec les haratines. Le chef des Id Ag Fara Brahim, chef généra! en outre des Dieïdiba, est Mostafa ould (Khalifa ould Mostafa ou1d) AI·Oudaa. A notre arrivée en Mauritanie, le chef était " Ahmedna ould Qadina, cousin de Moustafa. Ahmedna, de son vrai nom Ha1b Allah, mais plus connu sous ce sobriquet donné par sa mère; il ne nous donna pas satisfaction. Ener- gique et obéi, il tenait bien en main sa fraction; mais il se signalait par une sourde oppo.sition à notre autorité don· >;LIl. ,6, REVUE DU MONDE nait asile au Mejbour, empêchait les Asbat, Tabouit et Id Atjfara, qui se ralliaient moralement, de venir franche- ment à nous, et nous faisait espionner à Aleg. En 1907, c'est dans son campement qu'Ould Assas, le fils d'Ahmed· dou, reçut asile, pendant que ses gens preparaient leur raz- zia. C'est là que Mohammed Amo'ljio, chef des haratines ze;marig et notre agent, fut attaché et frappé et n'échappa "à la mort que par la fuite. On put craindre, à plusieurs re· prise, qu'il ne partIt en dissidence, et il l'aurait ment fait sans la crainte des pillages des Oulad Yahya ben Othman. II (ut destitué, en 1909, et remplacé par Moste.fa precite. . Mostafa est né vers 1888, à Bou Talhaya. Sa mère, Çaleha ment AI-HadL est des Ida Ou Ali. Son père Khalifa était chef de la tribu, avant Ahmedna. Lui:même a pour l'ins- tant un fils, Mohammed Abd Al1ah, né en 1915. MostaEa était trop jeune à notre arrivée pour jouer un rMe; il ne partit pas en dissidence, sans doute parce que, comme plu- sieurs groupements de sa fraction, il n'en a pas eu le temps. Très ambitieux, il a vise de bonne heure il un comman- dement et, vers 1906, fit punir de prison ses partisans qui sur ses instructions, avaient dans ce but fait quelque agita- tion. Fort instruit en arabe, il a voulu savoir un peu de français et a suivi plusieurs moi!! les cours de l'école d'Aleg. C'est un homme intelligent, énergique et pondère, qu'il importe de ne pas laisser gagner à la main, comme il en aurait la tendance. Il s'est rendu coupable, il ya quelques années, de fraude dans les recensements-; il forçait les rOles de ses ennemis et diminuait considèrablement ceux de ses partisans. Mostafaauralt quelque tendance il jouer au chef religiellx. Il semble par moments que son desir est d'imiter Cheikh 5idYa. L'opinion publique l'a remarqué, et a pJu M sieurs reprises le bruit a couru qu'il abandonnerait son commandement politique ets'y ferait rerripiacer par une de !.ES BRAKNA .63 ses creatures, pour pouvoir se consacrer à lavie religieuse. Il est actuellementseconde par son cousin et Khalifa ; Mo hammed Abdou ould Mohammed Mostafa ould Abd AI-Jelil, dit Babia. Ce Mohammed Abdou, ne vers r880, est un h o m m ~ actif et intelligent. Les principales personnalités Id Ag Fara Brahim sont: a) Jeddou ould Habbab ould Qadina, des Ahel Qadina, ne vers 1848, et candidat perpetuel au commandement de la tribu. Il est naturellement en fort mauvais termes avec Mostafa, comme Hl'a été avec ses prédécesseurs, et ne se "gène pas pour signaler ses méfaits. b) Sidi-I·Mokhtar ould Cheikh Abd Allah ould Mostafa ould Sidl Mokhtar Ouali. 'C'est un chérif, originaire des Id A,g: Jemouella, mais il vit avec les Id Ag Fara Brahim, depuis deux générations. C'est un saint homme et un savant professeur. Son école cora· nique e s ~ la mieux achalandée de la tribu. A son prestige personnel il joint la baraka de son père et de son grand- père, qui furent des marabouts célèbres, et surtout de son ôl'jeul, à qui la renommée donna le nom de Ouali i c) Mo- hammed ouId Habib Rahman, chef d'une sous·fraction et adversaire declare de Mostafa. Il groupa longtemps autour de lui les adversaires du chef. Las ct inquiet, il a fini par abandonner la lutte, et par se retirer dans une autre frac· tion Dieïdiba. Les (d ag Fara Brahim sont la fraction la plus impor. tante et la plus riche de la tribu. Ils campent dans la région d'Aleg, des Biar, d'Arona, de Chogar et de l'Oued. Leurs haratines ont pour chef Mohammed ould Brahim. Ils campent avec leurs maUres. Quelques tentes passent souvent sur la rive gauche, à Edy, ou ailleurs. D'autres sont au lougan de BaHel. Les Id ag Fara .ge rattachent à Atjfara Bekkai, dont la tradition a laissé tomber le nom de Bekkaï. ltEVUE DU MOND)!: MUSULMAN Voici le tableau généalogique du campement princier. 1 Abd Allah. 1 M\lham Taka. descendance che;;: les Id ag Fara. Ahmea AI.Jadj. Cheikh IA1_Qadl. 1 Harb lliah. 1 Atjfara )Bekkd). Blat· Aoubak. 1 AI·Mokhtar Nalla. 1 1 . A]·Qadl. Atjfara Ah1med Baba. 1 Cheikh Moslafa. Cheikh AbJ Er-Rahman. Mohammed ibd Ad-Jeli], 1 1 il Monda. Moh. Mahfoudh. Moh. Allah, chef de la fraction. Les Id ag Fara ne sont plus maintenant que doux sous- fractions: Ahel Qadi et Ahel Hadj Qadi. Toutes les autres se sont fondues en celles-là. Le chef des Id ag Fara était, à notre arrivée, Mohammed Abd Al·Jelilou Id Cheikh Mostafa. Il accompagna les Oulad Siyed vers le Tagant, mais fit vite sa soumission et revint vers ses campements. En même temps que les Dieïdiba se voyaient infliger une forte contribution de guerre, il devait, lui leur chef, passer deux mois à Saint-Louis en résidence obligatoire. Chef intelligent et juste, il accepta, quoique ami d'Ahmeddou, la nécessité de notre domination, main- tint la paixchez ses gens et vécut en bons termes avec nous. Il mourut en glaÎ 1912, et était remplacé en août suivant, LES BRA"'l'lA ,65 par son fils cadet Mohammed Mahfoudh ; l'alné avait. en effet, refusé l'autorité. Mohammed Mahfoudh est né. vers 1882. Ainsi que SOIl frère alné, il partit en dissidence à notre arrivée, séjourna un an dans le Regueïba, mais sans porter les armes contre nous l eUit sa soumission avec sa fraction. Ce sont tous les deux des personnes intelligentes et instruites. Mostafa s'est confiné dans le domaine religieux et, ayant hérité de l'in- fluence maraqoutique de la famille, fait le cadi et le pro- fesseur de la tribu. 11 a un-fiIs 1 Mohammed Abd Allah, qui semble devoir être le successeur de son oncle. U est à remarquer, en effet, que cette tente est, depuis quatre générations, depuis Cheikh AI-Qadi ould Al-Hadj nommément, une véritable pépinière de saints marabouts. Cheikh AI-Qadi fut il la fin du dix-huitième siècle, un des élèves du Cheikh Sidi·l·Mokhtar Al.Kahir, le Kount!, au- près de qui 11 resta six mois. Quelques années plus tard, Cheikh Sid1a AI·Kabir devait le suivre dans cette voie. Il avait 40 ans quand il apprit la mystique et achevaparelte ses études. Ce fut un grand' pontife, qui a assuré la fortune de sa postérité. Il a été enterré à Bou Talheya, aux cotés de son grand-père Atjfara Ahmed Baba. Son frerc l Mostafa ould a l ~ H a d j , fut aussi un marabout de renom. Les enfants de Cheikh AI.Qadi l tous Ckeikh réputés, assirent définitivement la situation maraboutique de la fa- mille. Cheikh Mostafa fut un saint homme, adonné aux choses du ciel, et qui laissa la direction du temporel à son frère cadet, Cheikh Abd Er· Rahman. Celui·ci, dès le début de juin 1858, se tournait vers l'autorité croissante de Faidherbe et lui écrivait; . Le but de cette lettre est de vous fBoire connaftre que Je pays se perd ét devient malheureux. Le malheur s'étend sur Jes habitants du pays et sur les étrangers. C'est une vérité et c'est très sérieux. li faut que vous songiez à établir la paix et Je bonheur sur la terre, et ce sera un bon- ,66 DU MONDE MUSULMAN heur pour vous. La paIx n'existera qu'après la rêconclliat(on des Oulad SeTd entre eux. Ordonnez à Mohammed Sidy d'agir dans ce sens el "Venez-lui en aide. Cette époque de misère a élevé des- individus méprisables et en li abaissé de respectables. Le dernier des guerriers commet des iniquités dans Je pays et son chef ne peut l'en emptcher, parce qu'il craintson inimitié. Mohammed Sidy ne songe qU'à établir la paix entre les Oulad SeTd elles Chretiens. De leur réconcillation résultera le bien du pays. Les actions,de Mohammed,Sidy ne peuvent le faire considérer comme t'ennemi des Chr6tie/!-s, - Souvent li s'est trouvé dans J'obligation d'agir malgré lui, parce qu'li était contrarié; et que les Qulad Ahmed étalent des Trarza et que, s'II avait Agi auti'ement, il aurait été pris"é. - Aujour4'h,uIU ne songe qu'IL son peuple; alors, ni les Trana nlle'sOl,llad Ahmed n'auraient de pouvoir sur luI. Le Gouveri'leur doit se souvenir de mO,i, éar il Cit venu IL nous l'an- n/!e dèrnlère. Le texte arabe de cette lettre est eil annexe, Le troisièm:edes enfants de AhmedMah- moud entretint aussi une correspo,nçiance suivie avec les agents de Faldlierbe et tint, ce' gouverneur au Courant, de la politique et des faits et gestes d'Ai_Hadj Omar. Cette famille a fourni non seulement les chefs. poliÙques de la fraction, mais très souvent les cadis religieux de la tribu. SOQs le couvert de cette'influence, i1s,ont tenté à plusieurs reprises' d'accaparer la direction des affaires. En principe rien ne pouvait êtfle décidé par le chef politique, sans que le Ciildi fôt consulté. Au contraire, il arriva même qu'AbdAI-Jelil,.grAce à l'intérêtque lui portèrent les émirs Sidi EU et son fils Ahmeddou, usurpa les fonctions d'Ah- medna jusqu'à notre occupation. Ce ne fut qu'au depart d'Abd AI-Jelil dans l'Adrar avec son Ahmeddou- qu'Ahmedna dut de pouvoir, en '903, être réintégré dans son commandement. Il n'y eut d'ailleurs aucun merite, car si son campement n'avait pas fini avec les autres Id Ag Fara, c'est qu'il n'en avait pas eu le temps. Les principales personnalités Id ag Fara sont : a) Mo- hammed Mahmoud ould ALMrabet j dit Dida, cadi de la r ",-oncC'"T -, .- -"" j"",r ,," , 1" • .. , .. , , , ,'! L .\\' A IJnllche: DI'KK"ï, Chef dcs Allei il : D'DA, Ü1di I\rllklla. Cheikh. Les BPAKNA tribu, Dida appartient à une famîlle "maraboutique très influente. L'origine de cette considération remonte à son bîsa'ieul AI·Qadi ouali renommé,·qui mourut vers 1780, et fut enterré à Bou Talheya, où son tombeau est l'objet de pèlerinages. Il était fils d'Atjfarll Ahmed Babou, vu ailleurs, etse rattachait ainsi à la ligne même d'Atjfara (Bekkaï). Il laissait quatre fils : Al·FalIi, Oummoui, Babana et Hal'b qui furent tous de saints personnages. Haïb Allah, mort vers r815, laissa à son tour plusieurs enfants dont 1'afné, Mohammed Mahmoud, mort vers 1862, fit refleurir toutes les vertus de l'ancêtre. Aussi lui donne-t-on le surnom de Mrabet. Son fils Mohammed Abd AUah n'a pas fait parler de lui. Dida est le fils aine de Mohammed Abd Allah. Au surplus voici le scMma généalogique de cette famille. 1 Ahmeddou. AI-Qad! t vers 1780, ,..---,..---1---'1 AJ-Fllli, Babana. Halb Allah t vers 1815, ___1_, Moh. MOkhtar. Mostafa. 1 Mohammed Mahllloud, <lit Al-Mrabet t vers 1 . Mohammed Abd Allah. Mohammed Mahmoud, dit Dida. Dida est né vers 1884, Sa mère est d'origine Arallen. Parti en dissidence avec sa tribu, il se soumit avec elle et depuis a eu une attitude parfaitement loyaliste. II a été nommé cadi de sa tribu en 1909 et, peu après, cadi supé- rieur du cercle, A ce titre, il jouit d'une grande influence, encore que les ennemis de Dieïdiba eussent préféré un cadi qui n'appartlnt pas à cette tribu, En 1912, à la mort d'Abd Al-lelil et.avant la nomination de son fils, il a fait ['intérim de chef de fractiori. Il a, de par ses ancêtres, de nombreuses relations dans toutes les tribus du cercie, son père en effet et surtout son grand-père Al·Mrabet ayant ,6B REVUE IJU MOl'iDI! MUSULMAN été les pr.ofesseurs et les initiateurs dont relèvent la presque ~ o t a l i t é des marabouts et notables de la région. Dida est lui-même un professeur émérite) en qui on s'accorde à voir spécialement un juriste de premier plan. Il enseigne le droit à une trentaine de jeunes gens, surtout DieYdiba. Sa tente est toujours plantée aux environs d'Aleg. Dida est un homme intelligent, instruit, dévoué, qui nous rend les plus,precieux services. Sa popularité lui vaut daossa tribu et ailleurs, plus spéciaJeIl}ent chez les Touabir et Arallen, de nombreux cadeaux. Il est moqaddem qadri par la chatne mystique suivante, qui se rattache aux Kounta : Cheikh Ahmed Babou ould AI-Hadj; Cheikh Abd Allah ould Mostafa ; Cheikh Sidi Mohammed ould Cheikh Abd· Allah; Cheikh Mostafa ould Cheikh Al·Qadi ; Cheikh AI- Qadi, père du précédent j Cheikh Sidi Mokhtar Al·Kabir, le Kounti. b) Ahmed Mahmoud ou(d Mohammedda qui passe pour être un des représentants de la première tribu Die1diba. Il est ne vers 1863 eta fait ses études auprès de Mohammed Abd Allah, père de Dicta. Jadis cadi des Id Ag Fara Brahim, puis cadi des Dieyctiba par la nomination de Coppolani, à la suite de la dissidence du cadi de I/l. tribu, il démissionna pour que ces fonctions judiciaires ne soient exercées que par un membre des Ahel Cheikh Abd Allah. Intelligent et fort instruit, il fut accusé, en 1906, d'avoir fait sa cour au Chérif marocain, en lui faisant 'don d'une jeune captive. On a pu constater aussi l'élasticité de sa conscience par la proposition qu'il fit d'affirmer, sous serment coranique, l'authenticité de pièces fausses. Il enseigne le droit et 'un peu de théologie à une vingtaine de jeunes gens.' Entre temps, il fait sur Cascas, Boghé et Podor âes voyages com- merciaux. Il est très connu, mais il ne jouit que d'une influence restreinte. cl Cheikh Sidi·I-Mokbtar ould Cheikh Abd Allah ould Mostafa. Né vers 1883, il a eu son père pour professeur, LES BRAKNA mais son père lui-même est un des êlèves du grand Al-' Mrabet. Il appartient à une tente cherifienne, etablie depuis plusieursgénerations chez leS" Die·idiba. Parti en dissidence avec les siens, il fit sa soumission avec eux, mais affecta longtemps de nous ignorer et resta à l'écart. 11 s'est rap· proché avec le temps. Il lionne l'enseignement coranique à une cinquantaine d'élèves, et fait quelques cours supé- rieurs. Son influence religieuse s'étend surtout chez Jes, Noirs, Toucouleurs et Ouolof, riverains de Gascas à Saint·· Louis. Il a même quelques telamides d'occasion à Sierra- Léone, jeunes gens venus ici par hasard et que son renom a attires à son oui rd. Il voyage souvent sur le fleuve pour ion commerce. d) Cheikh Mohammed Mahfoud ould Cheikh Mostafa- ould Cheikh Mohammed Mahmoud. Né vers 1884, il a épousé Mal'ram,sœurde Dida. Il jouit d'une renommée locale comme professeur et descendant de Cheikh Al-Qadi. Son influence s'étend sur les baratines du Chamama, à l'ouest de Boghé. Il a une trentaine d'élèves, grands et petits. . Les haratines Id ag Fara ont pour chef Abd Allah ould Archa. Leurs terrains de cultures sont dans le R e g u e r b a ~ soit avec les autres haratines Reguerba. Les Ahel Ag Ammi se rattachent, comme on J'a vu, il-, Ammi, fils d'Atjfara Brahim. Ils sont donc en principe Id ag Fara Brahim, mais ils se sont séparés de leurs frêres, il y a plusieurs générations et ont pris le nom spêcial de leur ancêtre, laissant celui de la fraction à "1<1. descendance de- son frère Abhoum. Ils ne dcpendaient donc plus des Id a ~ Fara Brahim, comme tous les gens des Tassaguert. Si dans· les Biar, le droit des chefs (Gach, morceau de la poitrine de toute bête de bétail abattue) était pour les Ahel Oudaa. chez les Tassaguiert, ce droit était payé, pour les Ahel Agd Ammi, à la tente princière des Ahel Ha·jbelti. A notre arrivée, leur chef était Cheikh ould Sidi Lamin / REVUE DU MONDE MUSULMA'N (ould Mohammed ould Haïbelti... ould Ammi). Il est mort au début de février 1912, et a éte remplacé, sur élection de la djemaa, par son fils Naji. Naji est né vers 1890. Sa mère est une Jemouel1ïa. Trop jeune à notre arrivée, il n'est pas parti en dissidence, Malgré son jeune âge, il gère son grou- pement avec habileté et énergie. Il est secondé par le notable Mohammeddou Duld Habib Allah ould Mohammedden. Les autres notables les plus en vue,sont: Habib ould Ha. bib, ancien chef de sous..Jraction qui a été condamné le 16 aOllt 19r6 à un an de prison, et Mohammed ould Ched·' dad, qui l'a remplacé comme chef... Les Ahel ag Ammi n'ont pas de zenaga. Leurs baratines sont sédentaires à Aroua. Ils cultivent en outre des lougans- à Balé, en face de Dara et de Paté Gallo. Les Akel Mohammedden Othman se sont, comme les Ahel Ag Ammi,détachés des Ahel Atjfara Brahim pour constituer une fraction indépendante, lis se rattachent à Mohammedden ould Othman, quatrième descendant d'Ab· houm fils d'AtjfaraBrahim (cf, infra tableau généalogique), La scission paraît s ' ~ t r e produite avec le fils ou le petit-fils de Mohammedden, dans la deuxième moitié du dix-nui· tième siècle, A cette date, la fraction, dite aussi des Tessa· guert, cessa de donner le gach au chef des Id ag Fara Bra- him et le donna à ses chefs: les Ahel Mekhiyen, Le chef d,e la fraction est Hamda ould Sidi ould Abdi ould Mekkiy'en ould Abd Allah ould Mohammed Othman. Sa mère ast une Jemouell'{a. Sa fa'mille jouit d'une excel- lente réputation dans tout le cercle. Lui-même assure son 'service avec beaucoup de zèle et d'adresse. Il est occasion· nellement employé comme assesseur au tribunal de· cercle. La fraction n'a pas de zenaga. Ses haratines sont peu importants et cultivent avec ceux des Ahel ag Ammi. LES BRAKNA '7' Les Id Ayank ne sont pas de pure origine' Dieïdiba. Leur ancêtre Andach hait un étranger (halif) venu s'installer chez Atjfara Bekka1, qui s'y maria et dont la descendance se nationalisa Id ag Fara. Leur chef est Ali ould Moham· med ould Omar ould Mikheïtir ould... ou/d Andach. Il a succédé, en '912, à AI-Goumach. Les Id Ayank n'ont ni zenaga, ni haratines; ils ont de nombreux chameaux, dont Bakar ould Soue1d Ahmed s.e servit souvent contre nous. Ils nomadisent entre Mal et le Tagant, et ne descendent jamais dans le Chamama. Les Abat NegJ(a devraient s'appeler aujourd'hui sim- plement Ahel Negza ou OulaJ Negza. Ce vocable d'Asbat est le souvenir d'Un etat de choses qui a subsiste pendant la plus grande partie du dix-neuvième siècle et a aujour- d'hui disparu. Il rappelle la « confédération» des Id Ayank, des Id ag Jemouella et des Negza. Ces fractions formaient à elles trois un groupement très particulariste, qui, tout en s'unissant par des liens conjugaux, ne fusio'nnu pas. Ils se considéraient et on les'considérait comme des « alliés» (Asbat): Par la suite, chacune des fractions a repris son indépendance, Negza ould Othman, l'ancêtre êponyme des Ncgza, était originaire des Oulad Aïd du Gorgol, qui ne sont d'ailleurs qu'une colonie des OuJad Aïd du Trarza. Ce sont,.comme on le sait, des Zenaga, non tributaires, et guerriers, d'ori· gine arabo·hassanes et qui ont eté asservis par les invasions hassanes posterieures. Ce Negza, dont le vrai nom était Mzaldef, viot s'établir, peu avant 1800, dans le campement de Cheikh Al·Qadi et fut son disciple empressé. Il avait alors 40 ans et êtait suivi de son fils Ali. 11 mourut vers [812, ct fut enterré à AJeb Niatara. Son fils, ayant epousê une haratÎn'ia des Oulad Ahmed, se fixa definitÎvement chez les Dieïdiba. Les 6 fils d'Ali prirent femmes dans cette tribu ct constituèrent J'origine de la fraction. Les Oulad Ahmed '7' REVUE OU MONDE les considérèrent pendant un certain temps comme leu. zenaga et leur imposèrent un tribu. Mais les Dieïdiba les rachetèrent et se les attachèrent comme télamides. Voici le schéma généalogique de la tente du commandement: 1 1 Mahmoud. 3.Souerd. 1 7, AI-Knuri. Othman. l. Mll81def 1 dit Neg{a. . 1 2. Ali. 1 8raJim. 4. 1 5. Sa'chir. 6. Les chefs de fraction se succédèrent dans J'ordre de nu- mêrotation du tableau. Bachir (5), qui était mort en 1880, fut remplacé par son frère Mahfoudh ould Al·Kouri. Ce fut lui que Coppo[ani trouva en 1905 et confirma dans son commandement, à son retour de dissidence avec les Id ag Fara. Chef assez apprécié d'une tribu de voleurs et de pil- lards, il fut plusieurs fois puni pour avoir donné asile à des mejbour, au début; à des prisonniers évadés, ces temps derniers, Il fut destitué, en 1917, et remplacé par son cou- sin Al-Kouri ould Soue'idi. Anciens zenaga, devenu « tiab », les Asbat Neg1.a se res- sentent aujourd'hui encore de ces origines, Ils ne jouissent que d'une demi.-eonsidération. Ils n'épousent pas notam- ment les filles des hautes classes die'idiba. Ils suivent tous, aujourd'hui comme il ya un siècle, le sillage religieux des Dic'idiba, Ils leur ont emprunté leur feu pourles troupeaux et leur sont, malgré les sollicitations des Zemarigdissidents, restés fidèlement attachés, Les haratines Die'idiba doivent leur émancipation à Cop- polani. Affranchis des droits de horma à la suite de la ré- LES BRAKNA '7 3 bellion de leurs mattres, ils furent distribués en autant de campements qu'il y avait de sous-fractions suzeraines, éta· blis dans la région de Chabbour et placés sous le comman- dement de Mohammed Amouijin, des Zemarig. Par la suite, ce commandement général a été supprimé et chaque sous·fraction de haratines a son chef particulier. Les Die'ldiba ont un beau cheptel de 4.030 bovins, 43.144têtes de petit bétail et 878 ânes. Leurs chameaux sont au nombre de 165, à peu près tous chez les Id ag Fara et Id ag Fara Brahim. A ce propos, on peut remarquer la ten- dance des Die'idiba à se partager en deux groupements: l'un à peu près uniquement pasteur et nomade, qui campe dans la du Nord, à Dokhon, etc, Il est composé des deux fractions precitees; l'autre, campé au Sud, autour du lac, est composé des Ahel Agè,Ammi, des Ahel Mohammed· den' Othman, €lIe. Ce sont des nomades à petit rayon et des cultivateurs en voie de sédentarisation pendant quelques mois de l'année. Le feu des Dieïdiba est 1e qaJ qu'ils apposent sur le côté droit du cou pour les chameaux, sur la cuisse droite pour les bovins. Ils ont de nombreuses contre-marques; Je « dei et le madda ....... chez les Ahel agd Ammi; la patte de poule \fi chez les Id ag Fara Brahim; la croix + chez les Id ag Fara; lessigncs -1 ou J- dans le campement Mrabet, etc. Les Die'idi'ba font, par leurs haratines et même par les plus pauvres d'entre les personnes de condition libre, de nombreuses cultures dans la cuvette d'Aleg, Aleg est un point très important pour les Maures. C'est un centre de cultures: on y fait un peu de riz et beaucoup de mil. Les indigènes y campent une partie de l'anp.ée. Ils viennent s'y installer en hiver, après avoir terminé leurs travaux dans le Chamama i ils en repartent en automne, au moment des pluies. Il n'y avait ni villages, ni maisons; Aleg est '74 REVUE DU 'MONDE MUSULMAN ment une grande cuvette où se répandent sur une très grande surface les eaux de l'oued Katchi. La terre appar· tient exclusivement à la tribu des Dieïdiba; mais ces der- niers, ffiqyennant des redevances légères, permettent à d'autres tribus, tellés que les Tendra, les Tagnit, les Hijaj, d'y faire des cultures. Noms des terrains; Frioun, A!-Mrifeg, Meifed, Gouissi, Adimmour, Tichetftyet, Tidar, Aroua, Fractions auxquelles appartient la terre 1 Id agFara. . Jeddou AlwHabbab. Abel Mohamedden Othman. Abel Ag Ammi, Cheikh des Dieïdiba. Oulamouichém. Id agFafa. A ~ e j ag Amml. Les territoires de nomadisation des Dieïdiba sont en hi· vernage: l'Agan, Chagar, J'oued Katchi, Kra al-Asfar, et le sud d'Aleg; en saison sèche: Je lac d'Aleget AJeg même, ,Bir el-Barka, Dokhon, Bou Telheïa, Chabbour, Regba, Ballé. Leur point d'eau central etait jadis Ndokhon, puits répute de 50 mètres de profondeur, dans une dépression très boisee. A côté du puits, on trouve aujourd'hui les ruines d'une con,struction en baraco, que les premières re- connaissances en Ig05-'g07 trouvèrent encore bIen con- servée. Elle affectait la forme d'un carré de 25 mètres de côté aveC,cour centrale. Cette casba avait été édifiée alors qu'ils étaiein les martres du pays. Ils durent l'évacuer à [a suite de leurs luttes avec les Ou!ad Eiri. Les professeurs les plus réputés des Die'idiba sont: a) le cadi Dida, campé à Chogar, mais que ses fonctions main· tiennent à Aleg la plupart du temps; h) Mohammed Mah· moud ould Mohammedden, campé chez les Id Atjfara Brahim. Ces deux martres ont été vus plus haut. A leur '7' clientèle maure ordinaire, surtout Dieïdiba, se joignent un certain nombre de jeunes Toucouleurs. Leur enseignement est d'abord coranique (ils sont suppléés cn cette branche par un ou plusieurs adjoints) et ensuite superieur: droit, gram- maire, théologie, littérature et langue. Les principaux lieux de pèlerinage des Die'idiba sont les tombeaux et cimetière de leurs ancêtres: Bou Telheya, où sont inhumes AI·Qadi. ,Cheikh Ahmed Babou et Ha'ib Al- lah, etc; Bir el-Barka, où est inhumés Cheikh Abder-Rah· man ould Cheikh Al·Qadi, celui·là même qui écrivait à Faidherbe la lettre donnée en annexe; Ndokhon, où sont enterrés Cheikh Mohammed ould Babou et Cheikh Qadi -Ould Ahmed Babou, etc. j Raddeka, cl) sont enterrés Mo- hammed Mahmoud (Mrabet). grand-père de Dida; Moham- med Abd Allah, fils du précèdent; Al-Falli ould Al-Qadi; Oummoui, etc. ; Tbuirsat, cimetière benié, etc. CHAPITRE V ZEMAll.W 1. - Historique. Si administrativement les Zemarig constituent une tribu îndépendante, on a vu ci·dessus qu'ethniquement, ils sont de!l Dieïdiba. Depuis l'heure où leur ancêtre éponyme Chems oed·Din, dit Zemrag, c'estpà·dire « le fort », rejoignit ses cousins Atjfara Brahim et Atjfara (Bekkar) dans le Brakna, ils ont vécu avec les Die'idiba et ont fait partie intégrante de la tribu. C'est de nos jours seulement qu'ils se sont dé- tachés d'eux. La chronique des Zemarig commence donc avec Chems ·ed·Dio, originaire comme ses cousins, des Die1diba ou Id E'11eb du Hodh. Une tradition le fait proprement le fils .d'Atjfara (Bekka1). Voici le tableau généalogique de la ;tente du commandement: Quelques tentes chez les Oulad bou Sir, Je (este chez Jes Zemarlg. 1 BllAhmoud (Zmarig). 1. Brahlm. 1 Moham· medden. 1 Amar. 1 ·Zemrllg. _____-'-1__, T l' _ Tegueddi. Baba Imllan. 1 1 1'aleb Mohammed, <iescendance chez Jes Oulad Bou Sir. LES BRAKNII Abd E!-Qader. 1 1'---'---1 Mohammed. MaslaCa. Sidi-I-M1okhlar. chiJani, . 1 1 1 1 Mohammed Sidi, ex-chef, Tofail. Limam, chef nctuel. '77 C'est par suite d'un phénomène d'ordre economique qu'un certain nombre de tentes Zemarig se sont aggluti- nées aux Oulad Bou Sif, Proprietaires de chameaux, elles ne purent suivre les autres Dieïdiba dans leur lent fléchis- sement vers le Sud, Obligées de vivre loin du fleuve, elles se groupèrent auprès des Oulad Bou SU pour être protégées, mais elles sont restées en bonnes relations avec leurs cou- sins et ne renient pas leurs origines. Les Zemarig ont toujours eté considérés un peu comme des parents pauvres par les autres Diéïdiba. Les Id ag Fara Brahim .étaient la fraction qui avait le .commandement politique, Les Id ag Farapossédaient l'au- torité religieuse et judiciaire. Les Zemarig, tiers etat, n'avaient plus qu'à obéir. Ils se lassèrent de cette situation, et après des luttes fréquentes avec les Id ag Fant Brahim, ils s'éloignèrent d'eux et vinrent se fixer à Chabour, dans le Chamama. Chassés par les Toucouleurs, ils vinrent vers Boghé et nomadisèrent entre Boghé, Al·Meriché, la rivière de Mal, et Caseas, Ils entrèrent dans le système politique de l'equilibre local en contractant alliance avec les Toucou- leurs de Boghê et en luttant contre ceux du fleuve, Leur dabaï etait installé près de Boghé, Depuis longtemps donc ils vivaient pratiquement sépa- res des Die'idiba, A la 6n du siècle dernier, ils furent gra- vement pillés par les Oulad Ahmed; ceux-ci étant les alliés des Oulad Biri, les Zemarig se rapprochèrent des D i e ï d i ~ ~ t prirent part aux luttes de cette tribu contre les Oulad XLII, '7 8 REVU!': DU MONDE MUSULMAN Biri et Oulad Ahmed. Ce rapprochement amena leur dissi- dence, à la suite d'Abd AI·Jelil, chef des Id ag Fara, lors del'occupation française (1904), A leur retour du Tagantils furent mis à l'amende à part. Les autres dissidents ayant refusé de faire une répartition égale pour ces contributions, les Zemarig sentirent renaftre toute leur animosité. Ils de· m!l:ndèrent à vivre en dehors de la tribu et, depuis, ils ont joui de leur autonomie. 2. - Fractionnement. Le fractionnement des Zemarig s'établit ainsi: Zemarig libres 56 tentes HaratinesZemarig: lOO -. 224 personnes. 475 soit au talai 156 lentes et 699 personnes. Le chef était, lors de notre arrivée, én '903, Mohammed Sidiould Sidi·l-Mokhtar, né vers 1848. c'était un homme intelligent et peu aimé de sa tribu à cause de sa fourberie et de ses exactions. Il fut destitué, en '912, pour avoir pillé les a n i m a ~ x de ses gens, et remplacé par son cousin Li· mam. Par le refus de son frère aîné} Thofe'i1, d'exercer le corn· mandement, Limam est chef depuis 1912. Il est né vers 1885. Très jeune à notre arrivée, il dut suivre le mouve· ment de dissidence de sa tribu, mais revint peu après, C'est un bon chef, estimé et obéi par ses gens. Il est quelque peu apathique. Il a voulu faire un jour acte d'énergie! mais ce geste ne lui a pas réüssi : il fut puni d'une peine disci· plinaire pour avoir protesté contre la nomination de Dida ·:;omme cadi. Le commandement est définitivement fixé dans ce cam- pement, et spécialement dans la tente des Ahel Abd EI-Qa- LES B ~ A K N A '79 der, 'celui-ci étant le bisaïeul de Limam. C'est pourquoi ail leur assigne dans la pratique ce nom. Limam par exemple n'est désigné que sous le nom de Limam ould Abd El.Qa- der. C'est aux Ahel Abd El·Qader que traditionnellement était versé le gach ou morceau de poitrine de toute bête abattue. Chez les haratines Zemarig, c'était aux Abdi ould . DaYa. La djemaa de la tribu comprend: a) Mohammed Sidi, ex-chef, déjà. vu, b) ThoferJ, de SOll vrai nom Mostafa ou/à Aix! EJ-Qader, frère ainé de Limam. Né vers 1875, il a fait de bonnes .études et s'est consacré il. J'ascétisme et aux choses du ciel. Il est sur la voie de là sainteté. Il fut, dans les dêbuts, puni d'une peine lêgère d'emprisonnement. Aussitôt libéré, il partit pour l'Adrar, allant offrir ses services au ChérifMou- lay Dris, Après un sêjour de plusieurs années, où il put goutter toutes les misères d ~ l'exil, il demanda J'aman et rentra, Il se tient tranquille maintenant. Il remonte chaque année vers l'Adrar pour aller faire la guetna. e) AhmeYdou ould Cheikh Mohammed Al-Qadî ould Mo- hammed Hemar ould Atjfara Salem. C'est un marabout qadri,qui relève de Cheikh Adallah des DieYdiba, et par lui de cheikh Si di Mohammed son cousin, et de Cheikh Mostafa ould Cheikh Al-Qadi des Dieldiba. d) Ahmed .ould Babou et e) Abdi oulct Yahia, notables• .fJ Mohammed Abd Allah ould Cheikh Mohammed Qadi. qui est mort en 1916. :-.l'é vers 1870, il avait été le brillant élève et le disciple de Mohammed Abd Allah ould Al·Mrabet. Il ne partit pas en dissidenceavee sa tribu, mais en 1908 se mit en route pour la Mecque sans autorisation. A la réalité, il ne dépassa pas l'Adrar et dut bientÔt ren trer. Cette incartade lui valut une peine disciplinaire. Cadi de sa tribu, il jouissait d'une grande reputation et se .80 REVUE DU MONDE MUSULMAN consacra en dernier lieu avec beaucoup de zèle aux soins de sa charge. g) Il a été remplacé par Ahmed Salem, ould Sidi Qulct Dahi, élève de Mohammed Abd Allah. Il fait également J'école coranique, et quelquefois des cours d'enseignement supérieur. Au point de vue religieux, outre les obédiences précitées, il faut sign,aler celle de Mohammed Mahfoudh ould Cheikh Mostafa ouId Cheikh Mohammed Mahfoudh, des Id Atjfara (Dieïdiba), et celle de Cheikh Saad Bouh, qui s'est exercée ici par son missionnaire Abou-l-Maali Qulct Cheikh Ahmed Haclrami, des Tagat. Limam, le chef de tribu, relève de ce dernier ouird. . Les Zemarig font leur pèlerinage à Al·Mer\ché et à Azlat (AI-Azlat). A Merichê, on voit le tombeau vénéré du grand saint Cheikh Mohammed Abd Allah ould Cheikh Moham· , med AI·Qadi. Leur cheptel est de 6 chevaux, 347 bovins, 1,000 têtes de petit bétail et 48 ânes. Leur feu est le gaJ, soit LD des DieY· diba, apposé sur [a cuisse droite. Ils ont comme contre· marques le dal.) sur le membre interieur droit, le « mou· lana» ~ etle """ au-dessus du gaJ. Cettcd,ernière apparticryl aux. Anel Abd Ei·Qader. Les Zemarig nomadisent entre Azlat et Kra aJ·Asfar, en hivernage; au nord-ouest de Boghé avec leurs haratines, tm saison sèche. Les haratines des Zemarig sont fort nOinbreux, plus nombreux même que leurs maîtres et ont fait leur for· tune. Ils sont campes dans le Chamama, au nord-ouest de Boghé, et ne se déplacent que dans un petit rayon. Ils res· tent ainsi à proximité de lcurs terrains de cultures: Tienel, Boghe, Chabour, Regba. Ceux·ci appartiennent à la fa· mille de Bes Moro, du village de Sinthiou Dangdé (Séné· gal), mais depuis notre installation en Mauritanie, ces Toucouleurs ont cesse de réclamer la location des terrains LES 1I1lAKNA ,8, leur appartenant. En revanche, ils ont dû payer en 1917, 650 francs de dioldé (droit de location dû par le cultiva- teur) à 8ai1a Biram, chef du Lao maure, mais c'est à con- tre-cœur, et ils assurent que la terre n'appartient pas à Baïla (comme le dit Cheruy), mais que ce chef se serait em- pare de ces domaines lors du trouble qui suivit l'arrivée des Français, et qu'il les fit travailler par les Zemarig ha- ratines, qui ne s'etaient pas enfuis. Le chef des haratines Zemarig etait, à notre arrivée, Mo- hammed AmoIjin. Il nous témoigna un dévouement corn· plet. Il etait envoye, en novembre 1906, pour prendre des renseignements sur la marche d'un mcjbour, commandé par Ould Assas. Denoncé par Ahmedna, chef des Id ag Fara Brahim, il fut capture, amarré ct battu par les dissi. dents. Il réussit à s'enfuir et, pour se venger, guida le lieu- tenant Corrard des Essards à la marc de Tioulé·Tiabé où était rassemblé le rezzou. Par la suite, sa tête fut mise à prix par Ahmeddou. Il rendit des services précieux, nous fournissant sans cesse des renseignements sur la marche des rezzous, Les égards qu'on lui témoigna abusèrent son orgueil. Il se mit à piller ses gens, et sur leurs plaintes fUl relevé de son commandement et emprisonné à BoghC (1909)' Asa sortie de prison, il a rejoint sa tribu d'origine, les Id ag Fara. Il a été remplacé par Sambe'lt ould Sambe'it, homme in- telligent et qui assure convenablement son service. Les notables de la tribu sont; Ahmcd Fal ould Abhoum, Sidi ould Ahmed Abd et Mokhtar oui cl Mohammed, Les haratines Zemarig n'ont qu'une piété superficielle· Certains' cependant se font, à l'instar de leurs martres, conférer J'ouird qadri. Ils le demandent aussi au Cheikh Mohammed Fal ould Mostafa ould Cheikh Mahmoud dei Id E'!lik, qui relève de Cheïkh AI-Qadi précité. CHAPITRE VI KOUNTA J. - Historique. Dans mes deux mémoires sur (l les Kounta de FEst» et « les Kounta du Hodh », j'ai exposè les origines et la tra- dition historique des Kounta. On ne peut ici qu'y renvoyer, et on les supposera connus. Trois fractions Kounta vivent dans le Brakna, autour de Guimi, leur point d'eau commun et le centre de nomadi- sation: les Oulad Bou Sif, les Meterambrin et les Ahel Cheikh Sidi-J·Mokhtar. Les deux premières dérivent de la même source: ils descendent de Sid MohammedAI·Kounti As-Sarir (seizième siècle) et proviennent des Kounta du Tagant. La troisième dérive dU'grand Cheikh Sidi·J·Mokh· tar (t 1811) par son fils Baba Ahmed, et provient donc d'abord de l'Azouad, et en dernier Heu du Hodh, On n'oubliera pas que ces deux sources se rejoignent au quinzième siècle en la personne du saint Sidi Ahmed Al·Bekka'j, En effet, Sidi Mohammed Al·Kounti As·Sarir, patriarche des Oulad Bou Sif et des Meterambrin, et Sidi Omar Cheikh, sont frères, fils tous deux du dit Ahmed Al·Bekkaï. A,- Source Tagant. - Sirli Mohammed AI·Kounti As· LES DRAKNA Sarir vecut à cheval sur le quinzième et seizième siècle. Fils aIne de Sidi Ahmed Al-Bekkal, il herita de l'autorité politique, laissant à son frère Cheikh Sidi Omar Cheikh la baraka et l'apostolat; Du Hodh, où son père était mort et avait étê enterré, il revint, vers la fin de sa vie, avec ses campements vers le Tagant, laissant autour de Oualata les tentes deses cadets, qui, un peu plus tard, allaient appuyer vers j'Estet émigrer vers le Faguibine et l'Azaouad. Sidi Mohammed As·Sarir mourut vers 1850, et fut e n ~ terré à Kerkach, au sud-ouest de l'Adrar, Il laissait sept fils qui sont les ancêtres des Kounta du Hodh, du Brakna, du Tagant et de l'Adrar. Ce sont: Sidi Bou Bakar, Si di Haïb Allah, Sidi Ouels, Meteramber, Omar Rekkab, Dg· hal et Ahmed, Ils sont les ancêtres des fractions qui portent leurs noms. Deux fractions Kounta du Brakna se ratlachent donc à cette branche les Oulad Bou Sif, descendants de Si di Oue'ls, par son petit.fils Bou Sif; et les Meterambrin, descendants de Meteramber. Les Oulad Bou Siftienhent ce nom de Bou Sif de leur ancêtre Baba Bou Sif, petit.fils de Sidi Duels. Baba Bou Sif eut, d'une premier femme noire, nomm6e Haoua, les Ouled Bou Sif Al-Kohol (Noirs) qui sont ici même et au complet, et d'une autre femme blanche, Lalla Fatma, deux fils Ahmed et Duels, ancêtres des Oulad Bou Sif Al· Biodh (Blancs), dont une partie est ici et dans ,le Gorgol, el dont les autres constituent la fraction Oulad Bou Sif du Hodh. Baba Bou Sif a etéenterré à Rekha'imiatdans leTa- gant. Les Oulad BOIJ Sif noirs sont ici depuis le milieu du dix- huitième siècle, comme on le verra plus loin, Les blancs viennent d'arriver, il Ya quelques années -à peine et depuis notre occupation, On peut considerer que leur exode n'est pas encore terminé, Le pays propre des Oui ad Bou Sif noirs était j'Agnn. I\EVUE DU MONDE MUSULMAN Vers 1850, fatigués par les luttes avec les Id Ou Aïch, une partie d'entre eux alla chercher fortune dans le Hodh sur leurs rapports enthousiastes, le gros de la tribu suivit. Ils en revinrent toutefois vers 1880, sauf quelques campe· ments qui sont restés dans le Hodh. En juillet 1904, ils furent pillés parles Oulad Bou Sba et et perdirent 3.000 chameaux, tout le cheptel. Sidi ould l'Vlohammed ould Ahmed Abd, leur chef, les determinaalors à quitter l'Asan où ils vivaient depuis Sidi MohammedAI- Kounti, et à emigrer vers le Sud. Ils s'établirent autour de Guimi. C'est depuis lors que les Oulad Bou Sif ont cessé d'être une tribu à chameaux pour devenir une tribu à bœufs et surtout à petit bétail, • . Leur soumission date du premier jour; cependant plus d'une fois par la suite, ils ont servi de receleurs au gens de Tagant et de l'Adrar pour leur produi.t de leurs pillages et surtout dans le commerce de captifs. Les Meterambrin tirent leur nom de leur ancêtre Mete- ramber dit « l'enveloppè », parce qu'il avait l'habitude de s'envelopper des pieds à la tête dans son boubou. Ses des· cendants sont donc devenus « les fils de l'enveloppe ». ou« Meterambrin ». Son vrai nom, d'après une tradition de l'Azouad, non confirmée ici, aurait ete Amar. Les Meterambrin ne semblent pas avoir émigré vers le Hodh. Us l'Adrar et notamn1ent Ouadan, leur centre, sous lacondulted'Abd Er-Rahman, fils deMcteramber, vers la fin du dix-septième siècle, pour venir. se fixer dans l'Agan, qui désormais sera le pays même des Kounta. Il y mourut et fut enterré près d'Aguiert, où l'on voit son tombeau, ainsi que celui de son fils et successeur, Sidi Mohammed Reggad ; c'est de celui-ci que date cette amitié constante et profonde qui .va unir les Kounta de cette branche et ies almamy des Fauta. Elle durera jusqu'à nos jours. Le Res· gad se signala à la de ses gens, en faisant LES BRAKNA ," planter à Lemaoudou une palmeraie dont subsistent encore quelques débris. Sidi Mohammed, qui succéda à Mohammed Reggad, son père, raffermit cette alliance et ne quitta plus l'almamy Mamadou Biram. La tribu, sauf deux mois d'hivernage qu'eUe allait passer à Lemaoudou, séjournait constamment - dans le Chamama. Sidi Mohammed fut enterré à GaMbé Wan-Van, sur le fleuve, etson tilsMohammed Lamin lui succéda. Les bonnes relations cntre cechefet lesalmamyfurent légendaires. Il. ne quitta, dit-on, .ses amis Toucouleurs qu'une seule fois en 42 ans de commandement. René Caillié eut affaire à un Kounti qui ne pouvait être que Bou Sifi ou Meterambri. L'un des marabouts présents au camp de l'émir Ahmeddou, quand il y arriva en sep- tembre 18.34,« Chérif, Kount de nation, lui proposa d'aller habiter son camp, lui promettant de le considérer comme un iîls ». Déjà engagé avec le chef des Die1diba, Caillié re- (usa cette offre aimable. Ledit « Kount» faillit d'ailleurs compromenre Caillié en le surprenant à éCrlre une page de son journal. Il n ~ le détrompa qu'en usant de ruse et en déclarant que c'étaient des chansons, ce qui ne convain- quit qu'à moitie« le défiant chérif ». Ils vivaient à la fin du dix-huitième siècle dans le Tagant. Ils asservirent, d'après leur tradition, les Mechdouf qui durent leur payer- tribut un certain temps, mais prirent surtout part avec leurs frères Kounta de cc territoire, et avec les Oulad BouSifqui s'étaient joints à eux, à d'indéterminables luttes contre les Ahel Sidi Mahmoud j alors en pleine expansion. Les con- fins de la Mauritanie et du Sahel S011t à cc moment Je théâtre de luttes sanglantes : Arabes hassanes, contre Arabes hassanes (Oulad Nacer contre Oulad Mbarek), tribus zenaga contre tribus zenaga (Abakak contre Chratit); marabouts contre marabouts (Kounta contre Ahel Sidi Mahmoud). L'équilibre politique s'établitaJors sur la for- ,86 REVUE DU MONDE mation de deux groupes d'allianes, comprenant chacun une tribu arabo·hassane, une tribu zenaga, une tribu ma- raboutique, à savoir groupement Oulad Nacer, Abakak, Kounta. contre groupement Oulad Mbarek,Chratit, Ahel Sidi Mahmolld. On peut croire que les batailles entre ces marabouts furent Frequentes et sans pitié. On fut longtemps sans arriver à une solution complète, car le vaincu trouvait toujours des renforts parmi ses alliés. Dans le courant du dix· neuvième siècle cependant, la situation'se modifia: les Oulad Nacer refoulaient ies Oulad Mbarek et dominaient politiquement le Sahel occidental (Niora) ; les Abakak et les ChratÎt, ces frères enrtemis, s'unifiaient sous le commandement des Ahel Soue'id Ahmed et devenaient la puissante tribu des Id Ou Arch, qui rele- vaient, après bien des siècles, le prestige du nom berbère. Les Kounta enfin étaient battus par lesAhel Sidi Mahmoud et contraints de vider les lieux. La plupart d'entre eux refluaient vers le nord du Tagant (lt de l'Adrar. Deux campements; les Meterambrin, issus de la fraction de ce nom, et les Oulad Bou SiE, immigrés de Eratche date, se de la tribu-mère et descendaient vers le territoire des Brakna. Les Meterambrin s'installaient dans le Chamama ; les Oulad Bou Sifallèrent d'abord dans l'Aouker, puis descendirent vers l'Agan et Guimi, sous la pression des rezzous du Nord. . Vers 18go, par suite des hostilités qui existaient entre Meterambrin et Ou!ad Normach, leur frère Mohammed Lamin quitta le Chamama et partit vers le Tagant, d'où il ne revint que dix ans après avec Bakar ould Ahmeïada. Mohammed Lamin nese rendit jamaisà Lemaoudoupour hiverner, la palmeraie plantée par son grand-père ayant été détruite par les Tadjakant, alors en 'guerre avec les Kounta. Pendant tout son commandement, il marcha avec Ibra Almamy, fils d'Almamy Mamadou, chef du Lao, contre LES BRA"I'lA 1es Toucouleurs du Bosséa. En revanche, [bra le soutint contre les éternels ennemis: les Ahel Sidi Mahmoud. Les Meterambrin ont fait leur soumission à Coppolani dès son arrivee dans le Brakna. B. - Source Hodh·Azaouad. - Sous le nom d'Ahel Cheikh Sidi-l-Mokhtar, on designe les descendants et téla- mides d'un petit-fils dece grand Cheikh Kounti, venu s'ins· taller dans le Brakna, il y a un demi-siècle environ. On voit une fois de plus combien le nom prestigieux du Cheikh Sidi-l-Mokhtar domine toute la. basse Mauritanie j il a forme et consacre à la fois trois grands pontifes: Cheikh SidYa Al-Kabir, Cheikh AI-Qadi) des Dieïdiba, le principal ma!trespirituel du Brakna, Cheikh ould Nenni, un des Cheikh les plus notoires du Tagant. Il a donné en outre nais· sance - ici même et ailleurs - à une importante fraction qui porte son nom, Cheikh Sidi-J-Mokhtar Al-Kabir laissait à sa mort dans l'Azaouad, en IBII, huit fils énumeres dans mon ouvrage Les Kounta de ('Est, et èiont le plus brillant successeur spirituel de son père fut Cheikh Sidi Mohammed. Parmi les sept autres, le quatrième) Baba Ahmed, éclipsé par la renommée de son frère, vint chercher fortune entre 18:wet 1825 environ, dans la Hodh, auprès de ses cousins de lointaine origine (source Tagant), qui s'y trouvaient dejà. Il fut rejoint par un certain nombre de ses parents et télamides de l'Azouad, et à sa mort, vers 1840, il laissait dejà, sous le nom general d'Ahel Cheikh, les noyaux de trois des actuelles fractions kounta du Hodh (cf. tableau en annexe). Baba Ahmed laissait cinq fils; les trois premiers sont les ancêtres êponymes des trois fractions Ahel Cheikh du Hodh ; du quatrième, la descendance s'est fondue dans les campements de ses frères. Le cinquième, Bekka'f ould Baba Ahmed, est celui-là même qui n':'us intéresse. Une ,88 REVUE DU MONDE MUSULMAN partie de sa postêritê s'est dispersée aussi dans les campe· ments fraternels, mais deux de ses fils, Sidî-l·Mokhtar et Sidi Mohammed et un de ses petits-fils Khalifa, ouId Al- Ahidjo, venus chercher fortune vers l'Ouest, entre r840 et r860, ont définitivement abandonrré le Hodh et leurs pa- rents, à ceUe date, et sont les fondateurs de la fraction Ahel Cheikh Sidi-I-Mokhtar qui nous intéresse. Sidi-J·Mokhtar (dit aussi Sidina) Qulcl Bekka'{ oulcl Baba Ahmed, en quête d'un 'étâblissement convenable, vint è:luêter ,-ers [842, chez les Touabir, disciples des Kounta. Il vécuttant6t chez eux et tantÔt chez les Oulad Normach, et finalement se fixa dans Je Brakna par un mariage avec une femme des Id Ellik. Il en eut -deux fils Baba, etSidi Amar. C'est de cette époque que date la redevance que iesTouabir ont payé et paient encore aux membres de cette famille: un mouton choisi et une outre ·de beurre par an et par trou· peau. Sidi·I·Mokhtar devait mourir vers 1887, à Chingueti, où il 6tait en voyage. Il fut remplacé parson fils aîné, Baba, qui mourut tôt vers 1891 àKaédi. Les fils de Baba étant en bas âge, ce fut son frère Sidi Amar qui lui succéda. Le second des fils de Bekkaï ou!d Baba Ahmed, Sidi M'hammed, vint cherc-her fortune sur les traces de son frère, en 1860; il specifie lui· même qu'il arriva dans le Brakna l'année du meurtre de j'émir Trarza Mohammed AI·Habib. Il se partagea une dizaine d'années entre le campement de son frère, celui des Oulad Siyed et celui de Cheikh SidïaAI-Kabiret de son fils Mohammed Khalifa.Ses voyages, ses cours, ses vertus lui attirèrent un certain nombre de disciples maures et noirs. Il se fixa avec eux sur la rive droite du fleuve, en face de Podor. Vers 1886, il re- monta vers la zone saharienne et alla s'installer, à Guimî, où il se trouve encore actuellement. Quelques années plus tard enfin, en juin 1883, à la suite de querelles intestines, les fils de Baba ould Bekkaï tuèrent leur oncle Abidin. Ces événements provoquèrent l'exode de LES BhAKNA "9 plusieurs campements Kounta. Khalifa ould Abidin s'ex- patria vers ses oncles du Brakna conduÎsant ses fidèles. Son père avait eu, dès son vivant, des velléités d'immigration. Il n'y donna pas suite. Après ,sa mort tragique et son inhu- -mation à Néma, ce fut son fils Khalifa qui les réalisa. Les relations des intrigants Kounta avec l'autorité fran- çaise remontent à Faidherbe même. En ao11t et octobre r863, ce gouverneur du Sénégal concluait des conventîons avec certains notables Ahel Cheikh, fort mal déterminés à cette date, mais où il est certain qu'à côté des Kounta du Brakna se trouvaient des Kounta de Tombouctou, au surplus, les uns et les autres de la filitltion de Cheikh Sidi- . J-Mokhtar Al·Kabir. Ces conventions assuraient une pro- tection r,éciproque aux voyageurs, commerçants et envoyés des deux contractants. Elles donnèrent lieu à une correspondance, aussi abon- dante qu'intéressée, de la part des Kounta. On remarquera cette épttre filandreuse. écrite le lot aoÛt 1865, par le Cheikh, jeune alors - Sidi M'hammed ould Bekka'i, et où le pieux adolescent s'exerçait déjà à cette onction religIeuse où cin- quante ans après, il est passé maltre, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nul ne peut lutter contre la volonté divine; nous sommes des amis de Dieu ct c'est lui qui défendra notre cause. On lit dans le Coran: <lDleu est le défenseur de tous les croyants b par conséquent celui qui li. Dieu pour défenseur ne craint personne. Le Prophète a dit aussi: If Celui qui fait du mal à mon ami m'attaque moi·même.» [l n'est pas donné à un homme le pouvoir de se battre avec Dieu, si vous admettez cela, continuez donc à étre ami avec nous et traiter bien tous ceux qui vont chez nous de notre part et bien plus encore ceux qui y résident et qui sont mes parents, comme nous le faisons pour tous ceux qui viennent nous visitcr de votre parI. l'amitié qui existe entre nous? Dieu a dit dans le Caran : or Celui qui détruit l'amitié dl! quelqu'un se fait du tort à REVUE DU MONDE MUSULMAN Le pouvoir de Dieu est illimité. Ceux qu'îl protêge sont toujours les plus forts. A la fin d''Ilne affaire, c'est toujours le plus croyant qui rem- porte la victoire. Quand Dieu veut détruire une nation, il commande à. cette nation de faire du ma! à ses p:otégês. :. 2. - Fractionnement. A. - Oulad Bou Sif Blancs. Les Oulad Bou Sif Blancs se divisent: l Ahel Baba, E j 'b Ahel Diebaba, n 1 res •• Ahel Maham. AhelOuels, 1 Zaghoura, Tributaires. BraJkat, ZkouYat. Les Ahel Baba, Ahel Diebaba (ceux-ci peu nombreux ici) et Ahel Maham descendent d'Ahmed premier, fils de Baba Bou Sif j le second fils, OueYs, n'est représente ici que par deux. tentes, les Ahel OueYs, Sa descendance est beaucoup plus nombreuse dans le Hodh. Parmi les tributaires, les Zaghoura méritent une men· tion spéciale. Ce seraient des ZeJ;laga, non pas issus de Ber- bères, mais d'Arabes. Ils seraient avec les Kounta, depuis le temps de Mohammed Kounti As·Sarir, et auraient pris part avec- valeur à toutes leurs luttes contre les Id Ou Al· Hadj. Il n'y a pas deZaghou;-a dans la région de Tombouc- tou, et il n'yen a plus dans le Hodh. On n'en trouve que chez les Kounta du Tagant et du Brakna et dans le Cha· marna de Boghé. Les Braïkat sont peu nombreux ici. La plus grande partie est dans le Hodh. Les ZkouYat ne sont que6 tentes. Le plus LES llRAKNA '9' grand nombre est dans l'Adral', tributaires des Kounta de cette region. C'est à mars 19l1 que remonte l'arrivee des premiers Bou Sif Blancs, dans le Brakna. A cette date, on voit ap· paraftre un jour, chez les Bou Sif Noirs de Guimi, un gros campement venant de l'Est sous le commandement de Mo- hammed Quld Hammadi. Un autre campement de.2S tentes arrivé en octobre. Cet afflux d'étrangers amena une certainé perturbation chez les Kounta. Les Bou Sif Noirs étaient dé- bordés et leur chef n'était pas obei. Les Blancs reconnais· saienten principe l'autorité de Mohammed ould Hammadi, mais il y avait des dissidents, comme Sidi Ahmed ould MOkhtar ould Sidi.I·Mokhtar, qui, venu de sa propre ini- tiative et à la tête de ses gens, entendait garder son auto· !lamie. Il fallut régler la situation au début de rglI. Noirs et Blancs furent séparés. Les Noirs restèreht sous les ordres de leur ancien chef: Sidi Ould Ahmed Abd. Les Blancs furent tous placés sous l'autorité de Mohammed ould Ha.m- madi. De son vrai nom, ils'âppelle Mohammed ould SidiMo- harnrn edAI· Kaunti (cel ul -ci mart vers Nioropendan! l'exode) ould Hammadi ould M'hammed ould Ahmed ould Maharn ould Baba ould Ahmed ould Baba Bou Sif, Comme descen· , dant direct, dans la branche a1née, de Baba Bou Sir, c'est à lui que par hérédité revient le commandement de tous les Oulad Bou Sif Blancs. Il est né vers 1885. C'est un bon chef, qui s'acquitte correctement de ses devoirs et est aimé de ses gens. 11 attribue J'exode des Bou Sif du Hodh, en 1911, au désir de rejoindre le pays ancestral: Tagant et Agan. Cet ex.ode devait d'ailleurs se continuer en 1912 : on vit successivement arriver 30 tentes nouvelles en mars, puis 60 tentes en septembre, après un court séjour dans le Gor- gol. Les derniers se présentèrent en août IgI3 : ils cam. prenaient des Ahel Maham, des 7.aghouraet des Rekkabat, Leur arrivée donna Heu à certaines difficultés au sujet du '9' REVUE DO MONDE MUSULMAN tèglement d'une dïa fort ancienne entre eux et les Oulad Nacer. L'affaire fut réglée par arbitrage. Les notables de la tribu sont aujourd'hui: Sidi LBmin culd Baoubba Kaye, Sidl Ahmed ould Abed, Sidl culd Ahmed, Mohammed culd Kharri, AHeYli culd Mohammed oufd M'hammed. Cet Al·Jem, né vers IB82, ,est le cadi de la tribu. Il a fait de fortes études auprès du grand Cheikh de Oualata : M'hamdi ould Sidi Othman. Il est qadri et a reçu l'ouird' de Cheikh Ahmed ould Adoubba, des Bou Sif Noirs du Ta.. gant, qui, par son père, Cheikh Adoubba, se rattachait à Cheikh Sidfa Al·Kabir. Ce Cheikh Ahmed ouId Adoubba parait être le principal maltre spirituel des Bou Sif Blancs du Tagant. On trouve aussi quelques initiations directes de Cheikh Sid'ia Baba. Dans la fraction, il faut signaler la prêsence de Sidi ould- Sidi Lamin ould I{hiarhoum qui, par hèrêditè, serait le vêritable chef "des Rekkabat, encore dans le Hodh. Son at· titude est d'ailleurs correcte, encore qu'il s'efforce d'attirer les Rekkabatdans le Brakna. Les Bou Blancs ont pour objet de pèlerinage les tom- beaux de leurs ancêtres à Kçar al.Barka et Ferk.ach. Ils comprennent '78 tentes et556 âmes. Leur cheptel se décompose-en 17 camelins, 115 bovins, 6'775 têtes de petit hêtait et 212 ânes. Leur feu est la marque générale des Kounta : lelam·aUL Leurs terrains de parcours sont: en hivernage: Gaoua et Tachot ad-Dokhna; en saison sèche; Chogar, Gade!, Tende!i Lemaoudou. Quelques tentes restent dans PAgan. [.ES BMKNA B. - Oulad Bou sir Noirs. Les Oulad Bou Sif Noirs se divisent en ; ! Ahel Mokhtaf ould Baba Bou Sir. Oulsd Haïb Allah ould id. Libres •.• , Altel Omar ould id. Altel Abd Er-Rahman ould id. OuJad Ad-Daoui. Tributaires lOulad AI·Hemelti. zekhaYmat OuJad Kani. . Zemarig. '9 3 Les Zekhal'matsont d'origine Oulad Nacer. Leur ancêtre éponyme etait le petit·fi1sd'Antar ould Nacer par son p ~ r e Hassin. Il s'était installé chez les Kounta du Tagant et y avait erG. La tradition rapporte que ce guerrier repenti fut le disciple de Sidi Mohammed AI-Kounti et qu'il fut en· terré par la suite aux côtés de son maftre dans l'AdrarTmar (seizième siècle). Un de ses.fils! AI·Ouellas, alla vivre chez les Hammonat et s'y fixa. Sa descendance a constitué l'ac· tuelle fraction des Zekhaïmat des Hammonat. Les 'ZekhaY- mat du Brakna sont venus ici du Tagant avec leurs mara· bouts au dix·huitième siècle. Ils passent pour être des chas- seurs consommés. Les Oulad HeneYti se subdivisent en deux sous·fractions autonomes et du même nom. Ha1doud Al-Kohol est le chef de la première qui comprend 73 tentes, et Abd Allah oÎJld Ali ould Ahmed, le chef de la seconde, qui comprend 30 tentes. Les Oulad Kani ont pour chef Mokhtar ould Al- Kouri ould Al-Hadj et comprennent 74 tentes. Les Zema- rig sont originaires de la tribu du même nom. Ils se sont séparés de leurs frères et ne veulent plus rien avoir de commun avec eux. Ils comprennent 25 tentes et ont pour chef Mohammed Abd El·Kerim ould MoYma. Le chef genéral des haratines était Sidi Ahmad ould XLII. " '94 REVUE OÙ MONDE MUSULMAN Ahmed Jiyed qui, puni de 6 mois de prison pour exac- tions, fut remp1a:cé par Sidi Lamin, chef de la tribu, le 16 mai 19,6. A notre arrivée, le chef des Oulad Bou Sif Noirs etait Sidi ould Mohammed ould Ahmed Abd (ouId Lamin ould Mokhtar ou1cl Sidi Amar ould Mokhtar). Samère étaitune Zen;tragu'ia. Il ne partit pas en dissidence et vint s'installer près de Ouimi, où il groupa la plupart de ses campements et tous les tributaires. Fo"rmee de beaucoup de tentes sans aveu, la tribu a longtemps jqui d'un assez mauvais renom qui rejaillissaient sur son cher. Bon chef qui savait se faire obéir et ne rencontrait guère de difficultés que chez les Ou- lad Hene'iti, Sidi ould Mohammed ould Ahmed Abd dont le fils Mohammed, dit Cheïna, avait ete le naïb, fut rem· placé à sa mort par Sidî Lamin ould Lamin (1914)' Sidi Lamin, jeune et sans prestige, ne sut ni se faire obéir de ses administrés ni apprécier par l'autorité française. D'ail- leurs, cette fraction est tellement agitée de perpétuel1es dis· sensions, que l'unité decommandeinentest devenue impos- sible. Il a donc fallu accorder l'autonomie à chacune des cinqsous-fractions qui la composent, et qui, cependant, au total, ne comprennent que 131 tentes et 436 âmes. Sidi La· min fut donc relevé de ses fonctions, le a8 octobre 1917. Sidi Ahmed ould Ahmed Jiyed qui le remplaça fut desti· tué quelques mois après par la dj,emaa. L'élection a ramené au pouvoir en 1918, SkÜ ould Ahmed. Son fils Mohammed lui sert de narb, L'ensemble des Oulad Bou SifNoirs, libres et tributaires, comprend 333 tentes et 1.200 âmes. Ils ont un très riche cheptel: 126 camelins, 572 bovins, 23.506 ovins, 743 Anes. Avec leurs 36 chevaux, ils sont les mieux montes du cercle. Leur marque est le lam-alif des Kounta, auquel ils ajou- tent comme contre marque quelques traits sur la joue droite. Leursterrains de parcours s'étendent: en hivernage eotr '95 Gulmi et Lamaoudou ; en saison seche l entre Guimi et les environs de Chogar. Le personnage religieux le plus important de la fraction est l'ex-cadi Mohammed ould Sidïa, nc. vers 1868. C'est un élève et un disciple de Cheikh Sidïa. LonAtemps cadi de la fraction, homme simple et paisible, il a fini par abandonner officiellement ses fonctions. Mais il a conservé toute son influence, due tant à ses talents personnels qu'au prestige de ses ancêtres, et ses cours d'enseignement superieur, de droit notamment, en bénMicient. Les tribus voisines vien· nent souvent le consulter. On peut encore citer Ahmed ould Adoubba, ne. vers 1850, professeur réputé, et qui sc relie au Cheikh Sidi·l·Mokhtar. Un personnage politique mérite aussi une mention: HaY· doud ouldAI-Kohol, qui,à la t ~ t e d'un petit groupe de nota· bles,s'est toujours signalé parson opposition à1'ordre établi. La grande majorité des Oulad Bou Sif est qadrïa et se rattache à l'une des trois branches suivantes: 1) Cheikh AhmadououldZouin, des Ahel Babiya, ct, par lui, à Cheikh Sidra Baba; 2) Sidi Mohammed ouId Bekka'i, des Abel Ckeikh Sidi·J·Mokhtar; 3) Zeini ould Kkalifa. Les Ahel Babiya pr6cités sont un campement de mara- bouts instruits, qui seraient les descendants d'Atjfara Aou· bok, des Tinouajiou, Cheikh de grande valeur qui s'ins· talla chez Baba Bou Sif et fut le precepteur de ses enfants. Ils sont aujourd'hui chez les Bou Sif Noirs. Cc sont d'ac- . tifs commerçants qu'on voit sur les pistes du Tagant et de j'Adraret sur les rives du fleuve. Aux Babiya, il faut a j o u ~ ter, comme autres halafa (nationalisés), des Oulad Bou Sif, quelques tentes Tacllamcha, c. ~ Metuambrin. Les Meterambrin comprennent 64 tentes et 318 âmes, Leur chef est Limam ould Mokhtar Du1cl Reggad ould Ja' '9 6 REVUE DO MONDE MUSULMAN Abd Er-Rahman ould Ahmed ould Mokhtar ould Meterem- ber. On a vu plus haut le rôle joué par chacun de ses cendants dans t'histoire de la fraction j Limam en est donc héréditairement le chef. Il est né vers r880. Il a succédé, en 1909, à son oncle Mohammed Laroin ould Sidi Moham· med. II n'a pas grande autorité sur ses gens, qui, comme beaucoup de groupements Kounta, ont des tendances vers la dissociation. Malgré le caractère guerrier des Meterambrin, Limam se pare d'une grande piété extérieure; il a plusieurs fois manifesté des velléités de départ pour la Mecque. Il a êpousé récemment Kounta Houïa ment Àhmedi, sœur du chef des Oulad Bou Sif Blancs. Il est secondé par son Khalifa Mohammed oulcl Mbarek.. Les notables de la fraction sont: SeYba ould Mohammed Mbarek et Boubout ould Sidi Mohammed. Le cheptel des Meterambrin comprend 2 juments, llgbo· vins, 1.:140 ovins, 6 chameaux et 42 ânes. Au lam-aHf sique des Kounta, ils ajoutent la contre-marque biHahi , Leurs terrains de parcours sont: en hivernage, entre Chogar etLemaoudou; en saison sèche, à l'est de Mal. En mars Ig1 l, ils tentèrent de déboucher dans le Chamama, mais après un court séjour, ils retournèrent dans la région de Lemaoudou. ' Les Meterambrin passent pour .être les plus guerriers des Kounta. lis n'attaquaient pas leurs voisins, mais en cas de légitime défense, ils savaient user de leur supériorité ar- mée. A l'égard toutefois de leurs ennemis héréditaires: Abel Sidi Mahmoud, ainsi que Tadjakant et Chratit, leurs alliés, ils ne craignaient pas de se montrer aggressifs. Il ne faut donc s'étonner de ne trouver chez eux aucune pero sonnalité religieuse et de voir cette fraction d'une tribu, qui porte pourtant un nom maraboutique fameux, faire appel pour les services judiciaires et cultuels aux bons of- fices de Tig ould AI-Atig, des Id Eï1ik, qu'on verra plus loin. LES BMKI'IA '97 La plus grande partie des Meterambrin habite encore l'Adrar, leur pays d'origine. Ils n'ont que peu de relations avec leurs cousins du Brakna. Les Meteralllbrin ont laissê la plus grande partie de leurs haratines s'installer sur la rive gauche du Sénégal, où ils Ont fondé des villages qui dépendent des chefs de cantons du Lao et des Irlabé-Ebyabé. Par suite de leurs bonnes re- lations avec les Almamys du Fauta, ces haratines cultivè- rent longtemps pour rien les terrains que leur donnaient les Toucouleurs. En échange, I,?s Maures prévenaient les indigènes du fleuve de l'approche des pillards ou leur don- naient des indications pour leur perrpcttre de retrouver leurs animaux ou d'en poursuivre le remboursement. De plus, il y a auprès de Limam des haratines qui continuent à payer le hormaà leurs du Tagant. (Oulad8idi HaYb Allah.) Une personnalité féminine curieuse mérite une mention chez les Meterambrin. C'est Be.lana, fille unique de Mo- hammed Larnin, l'ex-chef, ·et cousine par conséquent de Limam. Elle est née vers 1878 et avait déjà secondé son père dans son commandement. Elle continua sa collabo- ration à son cousin, successeur de son père. C'est du reste grâce à elle que Limam put à 19 ans prendre le commande- ment de la fraction, car un membre d'une. famille rivale des Ahel Sidi Mohammed Rcggad voulait l'en écarter. Elle déjoua les intrigues, cn prenanfen main la régence et en l'exerçant à la satisfaction de tous. Elle avait été mariée à 8idi Amar, des Ahel Cheikh, et en avait eu une fille. Ayant reprit sa liberté, elle fut sur le point d'être épousée par Li- mam, moins âgé qu'elle de douze ans, mais leur parenté de lait fut un obstacle dirimant. Aujourd'hui sa lente est plantée à côté de celle de Limam et elle continue à faire sentir son autorité dans la fraction. REVue DU MONDE MUSULMAN D, - Ahel CheIkh Les Ahel Cheikh, comme on les appelle communément, sont divisés en deux sous·fraction, qui ont été nommées fort arbitrairement par notre autorité: Abel Sidi Amar et Ahel Bekka'i, Ces dénominations sont en usage aujourd'hui chez les interessés, Les Ailel SuU Amar ont pour chef Chebani ould Baba ould Sidi·l·Mokhtar, Ils comprennent 61 tentes et 335 pero sonnes, Leur cheptel se compose de2 chevaux, 7 chameaux, . ! '4 bovins, 500 moutons, 72 ânes, Les notables sont: Cheikh ould Taïeh, Baba ouldMoghar et Jeïli ould Kobbadi. La fraction passe Phivernage entre Chogar et Lemaou· dou; la saison sèche à l'est de Mal. Au lam-alif des Kounta elle joint comme contre marque sur la cuisse droite le feu billahl: Chibani, le chef de fraction, est fils de Baba que nous avons vu mourir à Kâédi en 1891. Sidi Amor, son frère, lui avait succédé à cette date. Il fit sn soumission à Coppolani, dès le premiel' jour, et, s'est généralement bien comport6 à notre égard. Il était d'une grande susceptibilite religieuse et etait loin d'avoir la bonhomie de son oncle Sidi M'hammed. Très orgueilleux, il émit à plusieurs re- prise la pr6tention de céder le commandement de la frac- tion à son neveu et à faire donner à son campement une atltonomie personnelle. Ses dîfficulté's avec Bakar ould Ah- mel:ada l'amenèrent à régler le différend les armes à la main, Son prestige religieux en souffrit beaucoup, li ma- nifesta à plusieurs reprises l'intention d'aller il la Mecque pour se purifier, mals il n'cn fit rien. Au début de l'occu· pation, il essaya des'approprjer Ilgcha01eaux et 35 bœufs, qui lui avaient etés confiés, et Sc vit condamner à 1·,:l00 fr, W IlRAKNA '99 de restitutions. Il mourut en ôn aoÛt 1912. I11aissait un fils, Sidi-l-Mokhtar, né vers 1908. Sa succession administrative et spirituelle passa à son neveu, Bambaye ould Baba (octobre 1912). Bambaye estun sumom maternel. Son vrai nom est Bekkaï. Bambaye, né vers 1882, est l'élève des Ahel Cheikh Mohammed, des Hi- jnj. Il jouit d'une bonne réputation et sera évidemment dans quelques années un marabout de renom. Il a toute- fois été relevé de ses fonctions pour fautes administratives, en juillet 1915, et notamment pouravoirdisparu avec PÔt de la fraction. Il a été remplacé par son frère Chibani J précité. Les A hel Bekkaï ont pour chef le vieux Sidi M'hammed oulel Bekkaï, l'immigrant précité de 1860. Né vers 1840, il n'a jamais quitte le Brakna, depuis son arrivée dans le pays, et s'y est acquis une influence considérable. Il est certainement le marabout le plus vénéré de la région. C'est un homme paisible, modestè, fort instruit, dont les hautes qualités intellectuelles paraissent malheureusement s'es- tomper avec l'âge. Il fut Cheikh des Ahel Bekkaï depuis l'origine jusqu'à juillet 1912. A cette date, déjà vieux ct fatigué, il demanda à êtrll relevé de son commandement, et fut remplacé par son neveu, Khalifa ouId Al-Abidin. Khalifa, né vers J880, avait été proposé par son oncle au choix de la djemaa et continua à vivre avec lui. Avec as- sez de bonne volonte, il commit des maladresses, quelques exactions, et s'aliéna la plus grande partie des tentes. D'ail- leurs, arrivé du Hodh en 1909, il n'avait pas eu le temps de s'imposer et é"tait encore peu connu. Il fallut lui don· ner un remplaçant et on n'en put.trouver d'autre pour ra· mener le calme, que le vieux Sidi M'hammed. Il a donc repris 10 titre de Cheikh et en exerce les fonctions par Kha· lifa. M'hammed est \,In reputé; il a &utour dl} '00 REVUE DU MONDE MUSULMAN lui une trentaine de jeunes gens, surtout kounta, à qui il donne des cours d'enseignement supérieur. Ha reçu l'ouird et le titre de moqaddem de son parent Khettari ould Sidi- I-Beklta'i ould Hammadi Duld Sidi-I-Bekkaï ould Cheikh Sidi-l-Mokhtar. Ce Khettari, venu rejoipdre dans le Brakna Sldi-l.Mokhtar ould BekkaJ, se rattachait à Cheikh Sidi Mohammed, le protecteur de Laing. Sa descendance est toujours, sous le nom d'Ahel Khettari, dans.le campement de Sidî M'hammed. . .Les notables de la fraction sont: Mohammed A!·Kouri ould Salek, Sidi ould AU, Mokhtar ould HobeYb Allah, Sidlna ould Ketlari. Les Ahel BekkaY comprennent 83 tentes et 5g8 personnes. Leur cheptel est de 4 chevaux, 269 bovins, 6 chameaux, 3.348 têtes de petit bétail et [50 ânes. Leur feu est lelam· alif contre· marqué du biIlahi ~ Ils l'apposent sur lacuisse droite des bovins et sur la face gauche du cou pour les cha· meaux. Leurs terrains de parcours s'étendent: Jln hivernage, entre Guimi et Chogar Gade! • en saison sèche, à l'Est de Guimi. Aux Kounta, il faut rattacher un petit groupement qui . a longtemps vécu dans !lon sillage et sous les ordres de Sidi M'hammed, et qui est cncore en constantes relations avec eux: les Ahel Al.Azrag, Ils vivaient jadis au Tagant et avaient une palmeraie à Talorzn. Quelques années déjà avant notre occupation, ils descendaient dans l'Agan, près des Oulad Bou Sif, pendant la saison sèche et ne remon· taient dans le Tagant qu'aux premières pluies. Ils ne se fixèrent dans le Brakna que vers 1905 et se dispersèrent de 'tous cÔteS; toutes les tentatives, faites pour les regrou- LES BRAKNA '" per ont echoué. Sidi Mohammed se voua lui·méme à ce projet et fit nommer par la djemaaSidi-I-Ami ould Cheikh ould Hanna, dît Sidïa ouldHenna, petit-fils d'un marabout de grand renom et qui bénéficiait de la réputation ances- tra1e. Ne vers 1882, c'était d'ailleurs lui-même un homme .intelligent et instruit avec lequel les relations furent tou- jours cordiales. Après des débuts heureux, l'entreprise échoua encore. Les Ahel Al-Azrag, au nombre total de 61 t,mtes, sont aujourd'hui repartis dans ie Brakna, le Gor- gal et le Tagant, suivant le tableau ci-joint: Brakna, groupement les Tagant. • . les . • chez les Ouled Bou Sif Gorgol, Tagant (très dispersês) • . . 25 telltes. 3 7 '4 <ie sont des commerçants avisés et actifs. Ils prétendent se rattacher généalogi,quement à Cheikh Sidi Omar Cheikh, le grand marabout Kounti' du seizième siècle. Les Ahel Cheikh, tant Ahel Sidi Amar qu'Anel Bekkal', vont visiter en pèlerinage les tombeaux de leurs ancêtres, et notamment ceux de : a) Baba ould Sidi-l-Mokhtar à Maouclla, près de Kaédi l sur la rive gauche du S/mégal; b) Sidi Amar l à Sif al-Fil au sud de Mouit; c) Bambarc ould Sidi Amar, dans le Raag de Kaédi. Comme tous les Kounta, ce sont de grands voyageurs et d'actifs commerçants. Leur centre de négoce est .!'lurtout Kaédi. PAUL MARTY ANNEXE TABLEAU GÉNtALOlJlQUE DES AHEL CHEIKH (KOUNTA) nu BllJIKNA. 1 Baba 18gl. 1 AI-AJidin. Kha\if4' 1 Sldi M'hammed, chef des Ahel Bekkar. Sidi Imar. 1 Sidi-I-Mokhtar, né vers Ig08. Cheikh Sidi-I·Mokhtar AI·Kabir t 1811. Baba Ahmed +vers 1840. 1 Bekkat t 11:153. 1 1 C 'bl , hl aUl, chef actuel des Ahel Sidi Amar. l ' Bambaye. 1 Baba 1879. TABLE DES MATIERES ÉTUDES SUR L'ISLAM ET LES TRIBUS MAURES LES BRAKNA Par PAUL MAlT\'. 1;;•.', LIVRj!: PREMIER' ( t, ." ,.1 t.:. flilltolrll gllmlJ'slll. .. orlBlnes. Invasions berbè1'\18 (ÇanhadjaJ :t aso •. • , , • . . . • , . . . . . • , . des IflUl811.ncs Oulad Risg (xv' sièole) 7 CIIAPITRE 1Il. _ La domination des OuJad Mbarek (XVi' siècle) 9 CHSPITRE IV. - Le!I orlgincs des Brama. • • • . • • . • a CHAPITRE v. - La ll11erre de Bsbbllh et Ica Imams berbères . 17 CKAP1:fIlE Vh- La brande Mnde des émirs brakna: Ouilld Normach. sa CIIAPI'!'U 'Ill. - La branohe cadette des émirs brakna: Oulad Slyed. 33 1. _ Mobammedould Mokhtar [1766, t vers 1810). 35 Il. _ Sidi Eli [" (vers 1810, t vers 18J6) . 41 3. - Ahmeddou 1" (1818-1841). • 43 4- - Mokhtar Sldl (/841-\843) . . 53 5. - Mohammed RAje! (184,..185,) 57 6. - MohammedSidl (1851-1858) . 64 7. - Sid! EH 1" (1858-18g9l. . . 7B 8. _ Abmeddou II (18g3-I903l. • 83 CllAPll'lIE VllI. _ L'occupallon française. 93 REVUE DU MONDE MUSULMAN LIVRE Il ChrOlllll.ues et tonlltlOJll1ement dOl! tribllll. "9 '" n' '" "7 "7 ," '4' ". ,', ," ,,.. '" ',0 ,,6 ,,8 ". ,a. '9' '9' '9' ," ." AVANT-paOpos , CHAPITRB - Oulad Normach. 1. _Historique .... 2. _ Fractionnement . . CHAP1TRB Il. - Oulad Siyed . r. _ Historique .... 2. _ Fractionnement . . CHUITRBlll, - Oulad Abmed 1. _ Historique .. 2. _ Fractionnement CI/UITU IV. _ Dierdiba 1. _ Historique ..... , •.. , 2. _ Chroniques et fractionnement det Dieïdibs Clll\l'ITRE v. - Zemari8. r. _Historique •. a. _ Fractionnement CHAPITaB VI. - Kounta. r. _ Historique. . 2. _ Frltetionnement. . . A. _ Oulad Bou Slf Blancs. B. _ Ouled Bou Sif Noirs • C. - Metersmbrin. . . . , . D, ..,. Abel Cheikh Sidi·I·Mokhlar. Annexe. ....; Tableau généalogique des Mel Cheikh {Kouma) du Brakna. TABLE DES ILLUSTRATIONS 1eunotillohrakna ..••.•.....•.....•.. z La moaquéed'Alell' .••.. , •.. .• ......• ur Cheikh M'hammed (luld Bekkar, chef o;Iéi Ahe!' Chcilr;h} et Dida, cadl supérieur des Brakna ...•. 1.'·, ..: . .... 1;..;' . \_l -'1;. , \ \ ..\ ARCI1IVES MAROCAINES Tomes 1 il. YllI. 'MélallgcJ'l.8 yoiuinesÎ[)-8. '[', J"; ,,"cie'IM d,u Aln!'uc. -. T. 11. M'CIIAUX.I.lSI,J,,IIIIS el U-Qçnr lll·f'Leb/,.,. U'Ie' 'l!< Maroc SCpIQIllri". ",,1 (avec .'. cline, ct 7 piMelles). - T. Ill. S,,""ON, Le,<Chmjlr Filaia el Dja- bal" dr i'es. -- r.IV, V, V) etYlI. Le.II'iblis <trabe. de ln vIlllée dlj LekkOils. - Jof'Y, ct MSJlC"';', Télol/a!l (avec planches el -- ,,<. SLOU'C". Ur/de • .,,' l'!lis/aira de. J"i/s m' Moroe. .- T. VIII, Coul'OU'''f.l<, Chrolliqlle de MDII/UY HI-lIns"l' _ SH"ON, Noms·de JII arabe N ell berblil'e. li1C., cie. . 1),:" X. 'ltitab :"lliatiqsEI. p"rlie. ,Chronique ln dYlla'îtie nlnOlllC ,lu (1631'·'894), pur dr<.>gr\lan de la . gatj<llI <.in lirallC", nU MUI"(J('. \,0[. 10-11, . Xl. Mêmoh'es tlg. " ' ,', :, Lcs Musulmans d'Ah(êri.c an de_ Iwallees al) MMoc. - de ln YllIedc . ...., Khordlu d'Ali Ch"Chdtal", etc,' ' XIll. La Plerl'o da '1'(>uohe das Fétw1l8 de Ahmad AI-W""Schal"lsL , C,hdit, i.Llrldlqucs des l'aj.lh '!,u Mal\hrcb, .o'n al1ril}- .,ceslar (""Ile A.ILI Il,, l, ::.tUIUt t, Suu III [,"01, volumes 'u,..'l, ,1: ébNeo:Phénll1lenlil lit Judeo-B..l'bérea. /n\roduceion Il J'histoire des ct du cn' ArriqLe, par N. SI.OU,SCII. 111-8, V. r.Iélllngos. Un VOlllme"11 3 Le,lase. 'III : 'l'oul/flll al-Qollddril bl bad Mas,,'iI dl'-/lolldl eucil. des' questIons, r"lal, Vus illl X ct J S pri,u" sor ces' q par lin f;I'anrl nombre dc jUI'isconsultes). P1\1' le' l'nllil, AI,-/Il.\toUY. Texte' e,t lrnduetlon pal' .• IR", M'''TIN Cl P,'QIIWNON, ·X.V l, Al-Faklll'i, HIBtOi1'B dfl8 dynalltiB$ lnuBulmanall, depuis Illll\ort de j<lsq,,'ir Inch,l,ec dl' KIlnlilj,! i\bl.>;lside, dt, Illl>lbdiid (,l·656dc l1h'e = J.-C.), pllr Ibn At-'[""lllLQ1l. Trnduit de, l'Ill"l\be , .' XVI!. Quolquas tdbuOlp,e mOlltflgna do lm ,'<lgion du Hallt, pM /Ill- CIIAUX.Il6LI,AIR•• Un VOhlLn" in-II, lig. XVIII. Mâlang-IlI'. Un volulIlc in-8 1 plllllChcs. , , A, P.'I"TII:: HuYs -- Les Medrasds de -,A.JOI,Y: L'iil<.ill"trie li _ S: lllAlINH ut hlml'\!\:, Il,çehcrchc,s archOololliques .111 Maroc. . XIX.'La DL\'Ouhat IlU' • d'lbll"A5k,u. ,Sur Ics l'ertllS ('lI1ineutes des cbnikhs d,j, Mnllhrlb nLl "ièclc. Tmdl\ctiol1 de A. OllAULI,". In'H. XX; Lll_'Ghnl'l;), pilr hl-ll,'ôo plQ"ches el XXI. NIlOhl', nl-Mathll.nl, de Monhumlnnd Al,Qfldll'1, lmd1\ile pnr A. GUULLf; ct P. MAn.I.Allo, ,Tome l". 11\-8. " ' . XXU, XXIII. Laa HlOIhoUB de 'l'o.llgal'. ..c oWcici d'nclcs <'t de 1. ""nh" mpL'oduit Cil I"'\C-Silllllé, Il. Analyses r'lll' ct A. 2 vol. ln·H, . XXIV. NaoJü' i:ll-Mathftt'li d.. Motllul.lrimt'ld Al·all.dirl., 1l'Ild\\itc par. MI- '" Tomc 11. IIl.H, ,__ VILLES ET TRIBUS DU MAROC ERNEST LEROUX,:<8, RUE BONAPARTE œUVRES DE M. PAUL MARTY VOL, f, - CJ'!. il1,g; .183'p, avcQ I1gurclJ.' .,', : C. , , • , ,. ,. ..25.fr );, .. ',Ln In'dlllène du GOljvernClIr ,. $i c dia,ctsâ« Vôi,e'»; -:: Les Les Ida Ou'Ali, ChUrfll TidJinYa de - tJdia'ni6 d.'Al-HUdi Omm' (Tl- diailill - 1.(1 groullCment t(d'lmi d'AI,i'jadiMaUk (Tidiall\'ll OuolOfs). Ilroupe'lilcl1t de Il'ou' KbllTlln, Vcs Mandingue,;,' éJ<!lnent '.;le Casamance. - :Chérif, Y'o;1l101lS de Co'samancc. ' . V(lI" lt.03tllL .,::ÉltU(\0B aur l'Islam, au B'én,égé.l, 1917.2 vol"ln-g", T. JO', LiJs -De j'inlJuencu rellglcuse uheikhsJllllu'res IIlI néija1. _ ti.;linnis Mrivés d'A!-!'!':idj-'Omar(Tidl,(IlYq Tou- '. couleurs), _ Le groUpGI)lcllt lidial1'i d'hl,1JlI.dill\ali'k(TJdiaili'a Ouolors), _ Lcs 1I\0urides d'(lmadu\lllnmba, -" Le groupCllrent de BOl! KOl11lla, ,..;. Les MundiullUcS, <llémcnt de ChérIr YOUIIO\lS CaM' """"."',, "":,, ..' T. 11. DucrR1NtS RT l.ES mS'tlTU"'lOll8.;-- ,Lcs ,loctl'itlC8 et' la mn'rale reU· - mosqlléGs,sonctuairCB 'ct lie\lx dc mn- rahoutiquGS, - La lIlëdcrsa ,de - Hh.h et':pratiqu'éil,_ 'iJ:ls. 1,11ll, dnns lès ilistillltions juriljiqlll'R, les ,1,,' tlo,l1lu!ne p" nlJ' ' •• , , " , , • ;i ."25 fr, VOL.' IV. - L'Islaln en GUillee, Fouta-DiaIlon, 'Ill'H; p., , ' '" Og, '.' • • • >' ".".,', "" ." 35 l'l.', » L'cs chadclril, _ Us lliaknnké Qadr\'il dc TOllba: Tidial1i'n TOllCouJC\\n de D!Il/luirnyc, Tidienl'Ii l'oma, etc; , V'l(.. y, - L'Ê,l'Iiix:i1t des 'l'rtÜ'Zl:lf.Î, 1\)19, \n·'g,"183 p., Jill, ,30 fr, » VOl.. VI"yU, VlIl êl-rx. SUl' I:Islam et' les trlblÙI du Boudou, 4, v.oL'in'H. ' " T. 1", Lts _ ,- Le, I!\itcllnd. l'JIIl-I'JI<). l': " .',', .', , ,: ',' " ..... l' 30 l'l', » :[", II. ·LI UJ':, ')'o,wouqou .(lSllllH HOlll:nn, _.• DiollllC, ,leM,,- ci,lil 'et llsl",ii !'<>\)I). 'Avec lig, l'L'. " T: III, ,LJIS LIU' ,sMIl,,,:d Ill! Hom! " ;1 3Q r" » T, 'IV;'!.. K,IYI(S. _ Le ,pays [}nrnblll'", ._ ,le' Nioro ':.... , ',"',' :10,[1', " VOl" X, --- La. Vie dfJ[1 Mo.l11'OfJpa1' Vol. în·B, 321> p. \:-,- VOl.. XI, . - Etudes mil; l'IfJlmli et lus Œ Brl\kL"I, ill·I:l,350 p,' . ',' , VOl.. XII., _.- MISSION SCIENTIFIQUE DU MAROC ~ubUée SOUB la direotion de': A.-LE CHAT(;;LjKR , CONSElL T~CHN[QUE; M;M.A.CAHATON. - H. CORDŒR.-:"-M.'DELAi'oSSE. _. C/.. IlUAHT. P. MART'Y.- E. MICIJAUX"B'ELLAIRE.~ 1. VINSON. - A.V(SSIÈRE. L.130UVAT, secrélm:re générai. L. MASSIGNON;di,·ectellr. Adresse" tciutesles com.munications reiative~ il la rédaCtion 11 fil. LO,\JI.s 1'rlAs~'ONON;:~I\,rùc Monsieur, Paris'Vll'. '.4bOllllelll81~tS el lien/a: É'illtiOl:!lj'Ernest''LerQux,~8;rlle DOllapm:te, ~8,' L~ pllbticatiOIl d~: 1<1 Revue 'du Monde M'usulinan·allait dÜi:illeI1Üe"pm' la (fue.·'·e. L~ ,'olume XXXVII cMt 'ce/te pÜiari'e. L'année 1920 CO!lrpl"~lld. CÎI1H >lalumes .·I~ >la/ume XXX V(1I-1'01l1: le premle): 'trlille.tre,dle. 'iJolllmuX)(X!X ,IlXLllpOll'rI 93o , "" .. , ',,' • ,:,' ,,' . ,L'lln.llée(9'~,,1 <1, repl'ls ~~~c'8i>; >l'ollllJlM:, Ill! 'l'ohlme lolis les delJxmlllf. A la 'Revue du Monde Musulman ·prQjJ.rcjllellt,dite, s'nj(llllcA~' ColJe,ct,ion 4e la·Revue".ree'".a de 888'/lrat!esl! paN, etde$ 11l.<!moires' o'l'igi'wlIxlrop llIlpOl'{anls poil/" trlJt/lJer place dalle la Revue. .. . > :' REVUEbiJ MOND!! M,USULMkN:,H)07-.rgao, 4 fi'. 2 i>- 3 fr. 50 3 ,fr: .;: fr. 50' 5 fr. 5 fr. » » iJr. 50 , REVUE DU MONDE MUSULMAN TOME QUARANTE.DEUXIÈME lG, ,ZS?G . REVUE DU MONDE TOME QUARANTE-DEUXIÈME 1920 PARIS gPITIONS ERNEST LEROUX 18, 181 l'N'r,m (YI'1 , ;, " .. , \ du fleuve. n'ayant pas pérdu'lé"soù'ie'oir te.tdarégionsaharienne qui' e~e auno. .uire la race.enégal. II est.uiitl.r'~· D'e :niultiples traditions et légendes locales y sont 'attachées.ouna et de leurs innombrilples' ·troupeaux.el~i du Trarza. tres tributaires des émirs. et payèrenttribut aux -vainqueurs. D'autre part. les actueHes 'fractions zenaga Id ftarla des -te~ràdJfl~eLdans le Brakna. dans"le "Trarza . les peuples socé de la rIve gauche du Sénégal.d'es parcours des berbères lamet. restèrent sur les lieux.les Ahel Rambuch. lepom riia:ure est accompagné' d'un' nom' pouia.lettrês' maures affitmentqueces Baiouf asservis. Au sud. .'1ue oued. 'où 'pl~Si :e:S:lJ.'ps od hs ~'Om'inlÜent jusque ·dans l'l\.a.:'.g-an' 'e:t 's'àds 'douté pius" au nord encor. Plusieurs.. C'est le sorttlù'piy~:bhaknall. se_ .d'aillelliS in.i:ii.ctement au nord du C~anilJ-rn. sont. .fotnier au èours des siècies. jusqu'aux abords du fleuve'S.. certaines fractions barou.Jr:a{lgé' méridiQualede la région sahari~r"'J(~.tedott.o.·-. pripcfpaux effets d'introd. REVUE DU MONDE MUSULMAN refoulèrent à leur tour vers le sud.e~ent derioir.i:o~t. du' j .rd. Le mouvernent.çhaque lieu dit' même.01ais qti·'J~. qui sonH~~tO(ëhézl. .. .é'tis. Les ttibus:Ci.o.almoravidea·pour.. .'vi·ve'nt il la.i'co'u~ plu~' htlutqull'6éure' àètulillle.~. DésorÎnI1Js'to.s uns et: les au'. àche.~j-:devi~çt: le territoire . A'chaque pâturage.J:ie.ut.m.rlà'chaque puits.avec les Nigritien. à tes..es"Zombot du Trarza et tant6t dans le Çhamama.(j'~' Brakti.li.Dans ce Brakna to\i~outeü. Çeux~r remontaient d'ailleùrâ J:leal. pàrleur ta~tactqllot!. après avoir fait acte de soumission.p!us'vrp:i~èmblable queles Bafours primitifs n'ont -pas 'seuls donné '-nàissance à ces fractions. -' . qui seraient des plus utiles pour la reconstitution historique du pays et qu'il est regrettable de voir disparaître à chaque génération.nr contribue par fusion avec des iHéments maures.çt~tll.s·.comme. c'est-a-dire entre les dernières dunes sahariennes et '~e fleuve dans cette zone d'inondation et de cultures .·l~.r:bère et la religion:' 'islirrtique. .sées. à .èn. -- l 1 1 1 .'.".-' --". i: 1 1 1.". perdant ainsi l~ur nom général de tribu. et telamides chez les maraboutsj 2° toutes les fractions proprement maraboutiques (zoqa·ia. certaines fractions des peuples envahisseurs se sont accrues démesurément et ont fini par . asservir les autres et accaparer les terres.LKs BflAKNA qu'on appelle le Chamama et où seuls les Mélaniens peuvent vivre et travailler. Djodala et Messoufa. entre 1062 et 1087. 11 y a : )" une grande partie des fractions tributaires. fit. qui soientd'orî· gine berpère. On en verra la liste plus loin de ces fractions qui sont aujourd'hui les seules lettrées. où. sous ce m~me nom. vivront dans un demi-état de dépendance. se sont attrÎ- . En ce qui codterne le Brakna. la conquête de l'empire bafour précité. jusqu'au jour où les invasions arabes viendront troubler cet équilibre politique et social. chasser la majeure partie des Noirs vers le sud. m~isles·relations avec ses voisins blan'cs seront plus d'une' fois tendues. l'Assaba et le 'l'agant.e. ou ashab. C'est Abou Bekr ben Omar qui. et arrivant méme quelquefois à le remplacer chez les autres fractions. les Guedala (ex~Djodala) dans le TiTis et le Brakna. plus spécialement appelées zenaga (ou lahma. «gens») chez les guerriers.Ja sebkha d'Idjil. « viande». Comme on peut défà le constater dans l'Afrique du Nord. tolba). On retrouve aujourd'hui. comme on le verra. leurs descendants en basse Mauritanie: les Lemtouna dans le Brakna.' les campementsharatines des Oulad Abd Allah sont dénommés haratines Igdala. descendl. il ya donc bien d'autres tribus que les campements cités plus haut.s sous leur nom propre. après un siècle d'occupation.être désiBnée. l'élémentnoircontinue à subsister. à la tête de bandes "lemtouna. Il y avait évidemment dans cette invasion berbère bien d'autres tribus que les ancetres des actuels campements guedaJa et lemtouna.ws du sud marocain par. et pratiquement ces cultivateurs qui passent d'ailleurs le plus facilement du monde d'une rive à l'autr. au cours de ses expéditions à travers le monde. mais on déclare qu'il nll faut pas confondre ces tribus. defaune. On donne comme cause de leur établisse: ment pré-islamique au milieu des Berbères que le roi Friqicha. immigrées d'Orient en Afrique du Nord. soit chérifiennes. soit pour le moins arabes: c'est là une question de mode. d'une part. dans la notice consacrée à chaque tribu. Par ces explications les plus intelligents d'entre les lettrés maureS (Cheikh Sidia. on ne le trouve plus en Mauritanie.le récit légendaire. qui s'était enfui de chez ses frères d'Orient. berbères si l'on veut par leur habitat. c'est-à·dire langue des hassanes. blanc ou noÏr. les Chleuh. des termes concernant la vie matérielle. Quant à l'usage de parler zenaga. Mais le dialecte maure qui porte le nom dehassania. envers et contre tout. Les Chleuh sont des aborigènes:. qui les avait à sa solde. etc'J tous mot . les abandonna dans le Moghreb. On ne nie pas la plupart du temps provenir du haut pays marocain et être d'origine lemtouna et çanhadja. à une souche arabe d'autre part. de ces origines. On trouvera développé plus loîn. ce qui explique leur isla~ misation tardive. Arabes des invasions. En dehors du Trarza. les vraies.4 REVUE DU MONDE MUSULMAN bué. par exemple)" espérent concilier dans leur esprit leur indubitable origine berbere marocaine et leur traditionnelle arrivée dans le Sahara méridional avec les bandes d'Abou Bekr ben Omar. il est complètement tombé en désuétude dans les tribus brakna. les autres mêmes antérieurement à. On y trouvera plus spécialement une foule de nom de lieux. les autochtones marocaines. de flore. Ces Arabes étaient fils de Tobbaa. avec les autres tribus berbères. l'islam. les uns peu après l'hégire. et qui s'est substitué par droit de conquête à la langue zenaga a été fortement marqué par l'empreinte de cette dernière langue. LesÇanhadja-Lemtouna sont les descendants de tribus arabes. des origines. et leQr vif désir de se rattacher. une sorte de snobisme universel dans le monde islamique. qui. par la suite. nomades guerriers et pillards. leur imposer leurs conditions et modifier leur état social. Tendra et Tadjakant (Trarza). générateur de la situation actuelle. est j'arrivée dans l'Ouest saharien des bandes d'origine arabe. himyarites'ou qoreTchites. vinrent chercher fortune dans ia Mauritanie zenaguYa.LES ilRAKtfA 5 constituant une onomastique spêciale au pays. Cette introduction de sémites. t. quoique moins nombreux. les immigrants. ne reposent sur aucune préci':' sion et leur sont contestées formellement par les hassanes très souvent par' leurs propres frères. dans un milieu berbère. Elle a êté faite dans mon ouvrage « L'Emirat des Trarza » et avec plus de détails encore dans « Les tribus ma. vers !400. Cet événement. pour se donner des origines chérifiennes. /-- :. On retiendra seulementceci : les g:roupements hassanes. marabouts comme eux. soit descen~ dant des hordes'guerrières qui suivaient Abou Bekr ben Omar. forgées par les zoua'fa.ures du Sahel et du Hodh ». on peutconc!ure que les tribusmaraboutiques maures sont pour la très grande majorité des Berbères. chez. envahissent la Mauritanie sont au nombre de deux. la W du quatorzième siècle. devait être une cause de troubles. les Ida Ou Aïch (Tagant-Assaba). et chez les Mechdouf (Hodh). et comme elle devait se renouveler. ce qui est admis par les intéressés mêmes chez les MedIich. allaient dompter les Berbères. A tous ces titras et attendu que les traditions. et que les Arabes ont dû: emprunter aux tribus qu'ils trouvaient sur les lieux et soumettaient à leur domination. chez les Die'ldiba (Brakna). . soit issus des familles ou des individua· lités qui. se place un êvénement A fin considérable qui allait changer la face de la Mauritanie. Je ne reviendrai pas sur l'histoire des Arabo-hassanes. issus des deux fils de Hassan: OudeY et DeUm. fils de Hassan._ _. ancêtre des Brakna. Ril':8. ancêtre ancêtre. 1 Moha~mcd. Ce tableau ré· sume les données de la tràdition maure. Mbarek. Ril':g. ancêtre ancêtre des des Merafra. . 1 Hamma. ancêtre des ben Othman. à quelques variantes près. (disparus).DeJim. Berabich. Othman. . __ I Mohammed. ) 1 . mais ne sont pas dites telles. 1 1 Daoud. Il .-~-. J Omran._ HassAn. ancêtre des OuladDaolld Mohammed. qui peuvent habiter les pays Brakna (trab brakna). O. ancêtre Nacer. 1 O~~:d Re~a~la. des des O.. OudeY. Khouaou. O. ancêtre des OllladDaoud Arrouq. C'est d'OudeY que sont sorties les tribus hassanes qui peuplentle Brakna. à l'exclusion de toutes les autres tribus maraboutiques zenaga ou baratines. Mohammed et des O. ancêtre 1 Barkellni.--'1 Delim. HeJdaj. ------+---. celles-là mêmes qui portent ce nom. leur parenté avec leurs cousins du Sahara et leur rattachement commun à Oudeï. Terrouz. Voici ces origines d'après [es traditions générales et les généalogies données universellement. O.6 REVUE DU MONDE MUSULMAN De Delim sont issus les Oulad Delim. . dont il n'y a pas lleu de s'occuper ici. Marfar. Il établit la filia· tion arabe de ces tribus. Trarza. ancêtre ancêtre des Khouaouat d. Yahia. I l 1 Arrouq. RehllaJ. aJlcêtre 1 t~hia Antar.. Daoud. les Djaafar. ses cinq fils. quelques petites fractions. Les Oulad Rizg. mais fortarnoîndries numériquement et politiquement.CHAPITRE II LA nOMINATSON DES. compre· naient les campements de. savoir: les Oulad Mezzouq. sont fondus chez les ArroueYjat du Trarza. 11. quelques tentes Bassin. Aïd. les Oulad Ben Ali. fils de Hassan j dans l'Adrar et le Hodh. Sekkoun et Rahmoun.. il convient de dîreque subsistent aujourd'hui dans le Trarza. par les descendants et bandes de Daoud. les Oulad Khalifa. les OuladMoussa. filsdeBassin. respectivement issus ou dépendants de Mezzouq. par les descendants et bandes de Rizg. autre fils d'Oudeï. Allah. dans diverses tribus du Brakna et du Gorgol. restées hassanes indépendantes. Djaafer. les OuJad Md. HASSANES OULAn RIZO (XV' SIÈCLE) Le quinzième siècle parait dominé: dans le Tiris et dé. Des Oulad Rizg. et en· fin quelques tentes Rehamna et Zebeïrat qui ont été ré. fils d'Ouder. il. duites à la suite de guerres malheureuses. pendances. Les autres: Oulad A'id. les Oulad Beniouk. J'état de triw . les Sekakna et les Rehamna (ou Rehamin). ou bien encore sont telamides des Ahel Barik. comme les appelle la tradition. qui marchent dans le sillage des Oulad Ahmed ben Dâmân. Gorgot et Tagant). Arabes qui occupent un terri· toire inhabité. Ils sont guerriers néanmoins et marchent en rezzou avec leurs suzerains. impropre à toute évolution sérieuse. Aux Berbères du Nord. serait vraisemblable· ment beaucoup plus riche qu'il ne l'est maintenant.8 REVUE DU MONDE MUSULMA~ hutaires des Oulad Ahmed ben DAmAn. teur nombre et leurs richesses leur permettaient facilement de dompter ces quelques pillards et de les rejeter au loin ou de [es assimiler. tant vis-à·vis des Berbères du Nord (Tiris et Adrar) que des Noirs du Sud (Chemama. Au point de vue économique. Les Oulad Rizg et les Agcharat (ceux-ci sont des Oulad Daouâ) étaient appelés alors Arabes l{egueïtat. Les peuples noirs qui vivaient à ce mom. S'ils avaient voulu résister fermement aux envahisseurs. installés approximativement dans l'Aftout. pratique etprogressiste.ent sur la rive droite du Sénégal et mettaient on valeur le Chamama. vont jouer. sorte de zone neutre. le Gorgol et même le Tagant. le Sahara occidental. Cet effacement des Berbères parait tout à faÎt regrettable. ils font sentir leur présence par' de nombreux pillages et par toute sorte d'avanies. avaient aussi à souffrir de leurs déprédations. méthodiquement mis en valeur par la tenacité âpre et presque cupide du Berbère. La civilisation berbère. . Ce n'était pas seulement sur les tribus berbères ques'exerçaient les pillages des hassanes. Cette explication philologique éclaire singulièrement le rôle qu'au quinzième siècle [es envahisseurs arabes. issus d'un nomadisme invétéré. sise entre deux États "'lluxquels elle n'appartient pas. J'en ai fait le récit dans « L'Emirat des Trarza »et n'y reviendrai pas. négatives ou oppressives. valait bien les coutumes arabes. c'est·à~dire. dans la terminologie maure. Ces Merafra n'ont pas laissé un souvenir trop a. L'autre composée des familles. fils d'Othman. Elle n'apparaltra définitivement constituée en corps de tribus. Il s'agit des Merafra. sous le Dom . de «guerriers valeureux et relativement honn~tes ». amis et fidèles du frère de Mohammed. sous la forme de deux bandes: l'une composée de la famille et des amis et fidèles de Mohammed. Ce sont les OuJad Mbarek. fils d'OudeY. Barkenni et Khaou. ct frère par conséquent de Rizg et de Daoud. commandée par les trois fils d'Heddaj : Terrouz. est encore im· mobilisée par les dissensions intestines. issue également d'Oudet. est synonyme aujourd'hui. le nommé Heddaj. dès le premier jour. Leur nom. fils d'Omisn. Ils se présentent. fils de Mar· far. la suprématie politique. Cette dtlrnière bande.bhore. vers la fin du quinzième siècle. passê dans le langage courant. ainsi nommés parce qu'ils descendent de Marfar.CHAPITRE III LA DOMINATION DES QULAD MBAREK (XVl" SlÈCLE) Pendant que les Oulad Rizg faisaient sentir leur prêpondérance. se multipliait et allait conquérir. fils d'Othman. chez les Tolba. une autre branche. fils de Marfar. fils d'Ornran. alors campés à Tin Mejouk. Ni l'histoire ni la tradition n'en ont conservé le souvenir. ils émigrassent vers le Hodh. dont la famille existe toujours. pas -connahre si ces bandes de Merafra arrivaient alors en Mauritanie en envahisseurs. Je n'y reviendrai pas. la tradition zouaYa ne nous cite que quelques faits. qu'un siècle plus tard. leur chef. la suprématie du Tiris passe aux Oulad Mbarek. Brakna et Khouaouat. à la 6n du seizième siècle. en ayant fait le récit dans « L'Émirat des Trarza ». venus un siècle· plus tÔt avec les premiers hassanes.REVUE DU MONDE MUSULMAN de Trarza. Ce n'est probablement pas sans résistance que leurs cousins Oulad Rizg leur cédèrent la place. Les YaqoubTin. qui regrettaient leur attitude de revoltés. c'est-à-dire les deux actuelles tribus ta· chomcha : Id Eqou'ib et Ahel Barik Allah (Trarza). ainsi qu'il résulte des paroles que leur adressa Ahmed Doula : « Mes discours à Oude'ik nous . prit aussitÔt ses dispositions pour razzier les rebelles.-dire vers la fin du seizième siècle. c'est-è. De la domination des Oulad Mbarek pendant le seizième siècle. de même qu'eHes ne font . elles avaient crC! et s'étaient formées sur les lieux mêmes. Ceux.· visant naturellement J'oppression qu'ils faisaient subir aux marabouts. en attendant que. quelques années plus tard. Les Oulad Mbarek allaient passer. Le « Chauve ». vint faire part à OudeYk. surnom d'OudeYk.. Brakna-Khouaouat. Cette chute paraIt résulter des intrigues et des ruses des zQuaYa exaspérés qui surent mettre aux prises le groupement des Oulad Mbarek et celui des Trarza. chef des Oulad Mbarek. Au commencement de ce seizième siècle donc. allaient amener Je dénouement en refusant de payer leur tribut. au second plan de la scène politique du Titis. Ahmed Doula.ci. où ils constituent aujourd'hui la tribu que l'on cannait. de la décision de la tribu. ou si. Le combat se livra à Aguiert. et fut dès lors appelé le «Tichtaïa de Kartoufa ». Quant à la femme d'Oudeïk.h. Habib Allah ben Yaqoub. à l'annonce ·de la mort de son mari. dont la famille vit toujours dans sa tribu des Oulad Abd Allah (Brakna). qui est 'manifestement l'artisan de ceUe heureuse diversion. Kartoufa. et lui demandèrent le secours de ses prières.LES B/l:AKN'A ont grandement nui ». s'étaient groupés autour du saint vénéré. Les Zouaïa étaient sauvés. lui confia ses bagages et partit au secours des siens. . n'eut garde d'oublier de renvoyer à la famille d'Oude"ik les bagages qu'il avait en dépôt. qui ~tait précisément J'hbte du faqih Habib AIla. Les Oulad Mbarek disparaissent de Mauritanie à la fin du seizième siècle. et c'est à ce moment que s'élèvent les Trarza-Brakna dans la région. Le faqih Habib Allah. qui depuis a porte leur nom. et Ouderk y fut tué par AI-OgraYra ben Al. elle monta à son campement d'In Saraïer sur un taïchot (balanites cogytill:ca) et fit entendre sans trève des gémissements.Atna. C'est alors que l'on apprit l'attaque jmmine~te du camp d'OudeYk par les guerriers Brakna : les Oulad zenagura. OudeYk. L'arbre en a gardé le souve' nir. etc. ancêtre des Biri. 1 1 1 1 Mohammed.IGINES DES BRAKNA Le tableau généalogique ci-après. ancêtre des Trina.rzlême siécle). AJ·Yatlm. Terrouz. 1 Heddaj . 1 Oulad Abd Allah. ancêtre des Mellonk. etc. Oll/ad Biri.-----Barkenni. Ahmed. Kerfourn. dégagé des branches collatérales.CHAPITRE IV LES OR. 1 Omran.Jebbar.lma. __Abd Allah. 1 1 Marrar. Abd Al. ancêtre des Li/ama (Gorgol et Assaba). Othman. Onder. (début du . permet de saisir d'un coup d'œil les origines des Brakna. . ancêtre des Brll. ancêtre des OU/Ild Ahmed. Hassan. 1 . les Litama. c) AI-Yatim est l'ancêtre éponyme des Litama. Le groupe des fils et serviteurs de Barkenni. qui sont les seuls qui portent dans le langage courant des tribus le pom de Brakna. Les Oulad Blri habitent les confins du Trarza et du Brakna. c'est-~·dire peu après j'arrivée des premiers hassanes dans la haute Mauritanie. Au début du seizième -siècle. par les trois fils de Ker· roum on voit se constituer les tribus d'origine brakna: a) Abd Al-Jebbar donnera naissance par son fils Ahmed aux Oulad Ahmed et par son fils Siri ould . Ils . devait constituer le peuple Brakna. comme il a été dit. et Kerroum fils de Mellouk. sur lesquels nous n'avons aucun renseignement. les Oulad Abd Allah. ils ont subi ['influence des Trarza plus fortement I. Le quinzième siècle est approximativement rempli par les trois gênérations : Barkenni . Il y a donc à l'heure actuelle quatre tribus véritable· ment brakna. les Oulad Mbarek de leur suprématie et les repoussent vers j'est. Trana et Brakna dépouillent. se développant au cours du quinzième siècle. jusqu'alors uni. Mellouk fils de Barkenni. durent se séparer à la suite de querelles intestines. nées à propos de partage de butin.1t sont. Dans cette marche neutre. depuis un siècle.LES BRAKNA Au quinzième siècle. les fils de Heddaj : Barkenni et Terrouz. b) Abd Allah donnera naissance aux Oulad Abd Allah. Ils vont desormais et jusqu'à nos jours rester cha· cun maUre dans leur région. les Oulad Biri. compris dans l'orbite trarza. les Oulad Ahmed. que nous voyons apparaltre à la fin du seizième siècle seulement. Les Trarza se formaient de la même façon. et sous notre régime même. qui conduisaient leur groupement d'envahisseurs.Mohammed aux Oulad Biri. aux Die'idiba. et leurs voisins. qui. à demi assujettis par les Id Ou A"/ch. Mais ils n'igno. à demi fondus dans l'élément nègre. sur lès bords du Sénégal et du Gorgol. comme on le voit par le tableau précité.'4 REVUE DU MONDE MUSULMAN ont d'ailleurs versé dans le maraboutisme. mécréants et chefs politiques du pays à qui ils ont donné leur nom. hassan~s. craignant des représailles. mais les di:scussions qui ies agitèrent alors provoquèrent un déclassement de tribus. eurent un moment la pensée de s'enfuir avec eux. des relations étroites de sympathie et d'alliance. leurs cousins plus immédiats. avaient réduit les Oulad Rizg. Les fils de Kerrourn. Le q. L\:1s Litama ont appuyé vers l'est et. le plus acharné de leurs ennemis. J'iÜ décrit dans mon «Émirat des Trarza ». Ils restèrent donc. à cette date. rent pas leur origine brakna et à ce titre ont toujours conservé avec ces tribus. guerriers pillards. entendaient bien chausser leurs bottes. Et encore seuls les Oulad Abd Allah ont-ils conservé l'appellation de leur ancêtre éponyme. furent très affectés de leur dé~ faite et. d'après le «Chiam az-Zouaïa» les luttes engagées et menées à bien par les Brakna et Trarza contre les Oulad Rizg. Chiam az-Zouaïa» donne la liste de ces nouveaux groupements et. signale que les Beni Iddan Abiaj. et notamment avec les Oulad Ahmed. allèrent se joindre. en ce qui concerne les Brakna. à la tête du groupell!ent brakna et avec l'assistance des Trarza. Les hassanes des premières invasions furent soumis et asservis. Ils invitèrent donc les Berbères à acquitter entre leurs mains . Seuls les Oulad Abd Allah et les Oulad Ahmed sont restés' vrais fils de Barkenni. puisque seuls ils sont dits « Brakna ». ils font aujourd'hui. des Tachomcha. les rassura. qui avaient pour le moins soutenu les vaincus de leurs sympathies. Le départ de l'Aroussi. figure de Zenaga. au début du dix-septième siècle. Les Zoua'ia. fils d'Abd Allah ben Kerrourn. » La prédiction n'allait pas tarder Ase réaliser.AIWA " les redevances coutumières. » Il n'est pas impossible que les Brnkna. dit le « Chiam az· louara ». el . AI-Mokhtar. il leur faut donc honorer les descendants de Sid Al·Fadel. disait· il. fils de Mohammed ben Dt~ man. c'est la prêtention qu'affectent les Zouaïa d'avoir rtlçu des gages de prix des hassanes. On en trouvera la confirmatÎon dans la haine que Sid AI. La chose sc passe encore de nos jours entre deux pillages de campements tolba. car ils extermineront mes descendants. portait aux hassanes. qui à sa vue s'empressa de courir chez les siens et leur fit comprendre qu'il valait mieux faire des cadeaux aux loua'ia que de prélever sur eux des tributs. les OuI ad DâmAn se précipitèrent chez ies loua'ia avec tellement de rapidite.Fadel. aient fait des cadeaux aux Zou8. l'ancêtre éponyme des Oulad Abd Allah (Brakna).1a. était venu offrir un chameau de choix à AI·Fadel (Sidi·j. qu'ils devancèrent les Oulad Abd Allah et purent effectuer avant ceux·ci la remise dp. à prelever sur eux le tribut. Sid AI·Fadei comprenait bien que les deux peuples arabes et berbères ne pouvaient vivre ainsi sur le pied d'égalité. Le« Chiam az·Zouaïa» ne manque pas de tirer la morale de ce récit. «Ce sont ces bons pro· cédés qui sont la cause de la situation élevée que les Oulnd DAmAn ont conservée jus'qu'A ce jour. mais ce qui est plus etrange encore. Une guerre ter· rible doit incessamment éclater entre eux.l<'alli).LES BJl. qui paraît avoir ete à cc moment le personnage maraboutique le plus en vue des Zoua1a. » La chose paraft fort douteuse. comme les Trarza. Il fut rencontré par Ahmed ben DâmAn (Trarza). A la suite de ce discours. «Je hais les Merafra.leurs présents. mirent la plus tenace obstination dans leur refus et finirent par avoir gain de cause. « Ceux-ci. Mais il est à croire que les hassanes continuaient. malgré toute J'obstination des Btlrbères. signale un dernier trait: Sid Brahim.REVUE DU MONDE MUSULMAN puisque les Berbères. cependant que l'un d'eux: Abd Allah ould Kadda. Du nord où il campait. poussait des commandements retentIssants. les armes à la main. des rd ag Jemouella. qu'ils levèrent le camp et se retirèrent en fu}'ards.son peuple. fils de Barik Allah. ils demandèrent conseil à Lamin. à la tête d'une forte bande. . Ils lui promirent par tente un tribut d'une livre de grain (moudd) et d'une mesure de beurre fondu. Les Zoua'ia concentrèrent leur force à Tin GoufanIn. il envoya un jour son fils Al-Habib.ne voulaient pas assurer leur défense. et les planta aux quatre coins du rassemblement tachomcha. n'avait pas abdique toute prétention sur les Zouda. Après quoi il ordonna aux jeunes gens d'aller galoper autour de l'ennemi. récita sur chaque piquet un verset du Coran. . Il parait que ce spectacle impressionna tellement les Arouss'lin. pré· lever le tribut auquel il croyait avoir droit. . mais plus confiants dans la ruse que dans la force. doué d'un organe sonore. il fallait qu'ils s'inclinassent devant les guerriers. s'il les débarrassait des hassanes: Le marabout prit quatre piquets. Le« Chiarn az-Zoua'la". auxquels la troupe répondait par des acclamations prolongées. le chef des Aroussiïn. Portês un instant au pinacle par la volonte de fer de ce saint homme et unis sous sa baraka. A cette date. allait être le signal de profondes modifications. Nacer ad-Din. essaient de tenir tête aux préten. les Berbères. sans opposer de résistance militaire. gui peuvent écarter momentanément l'orage en semant la division chez j'enneini. les divisions qui suivirent. tantôt par des offres de cadeaux. et telles que nous les voyons nous-mêmes aujourd'hui. vers le milieu du dix-septième siècle. • . La poiltique du grand marabout et imam.a. la )lLII. devaient bouleverser complètement les tribus maures et établir d'une façon définitive les conditions de la vie sociale telles que nos ancêtres les ont vues vers la fin du dix-septième siècle. qui se sont renouvelées maintes fois jusqu'à nos jours. politiquement. Ce sont là des aventures de marabouts. J'ai décrit longuement. les Berbères faillirent triompher ct exterminer les hassanes. tant6t par leur obstination implacable à refuser tout tribut. tions des hassanes. rcduisirent à néant leurs succès.RES Les graves événements qui allaient se dérouler en Mauritanie. dans L'Emirat des Tran:.CHAPITRE V LA GUEME DE BAB BAH ET LES IMAMS BERBt'. La mort de Nacer ad-Din. fournirent des contingents et des subsides et immobilisèrent leurs marabouts. jeune homme inexpérimenté. Le suprême combat s'engagea à Tin lfdadh. probablement des Dieïdiba. Il n'y a pas Jîeu d'y revenir ici.. à 20 kilomètres en amont de Dagana. au cours de la lutte vers 1668. C'est sur Je territoire brakna.8 REVUE DU MONDE MUSULMAN « guerre de Babbah ». que se déroulèrent les derniers incidents de la lutte (1670-1674). j Les Dieldiba. souvent heureuses. en 1674. Les autres ou se désintéressèrent de la lutte. candidat des Dieïdiba. ses conséquences. Il suffit de rappeler que les tribus maraboutiques du Brakna ne surent pas s'unir contre l'ennemi commun. en ef· fet. et son frère Agd al-Mokhtar. marchèrent en bloc avec leurs cousins Trarza. ou se prétendirent contraints de tenir tête aux has· sanes locaux. et les troupes taillées en pièces (vers 1670)' On ne sait pas à quelle tribu appartenaient ce Nahoui. et les derniers guerriers zouaïa y périrent. les Oulad Mbarek et les Litama. Seuls les DieYdiba semblent s'être engagés IL fond IL la suite de l'imam national. la fin de la lutte. Il ne put malheureusement faire prévaloir ses avis sur ceux de Mounir. contre les Oulad Abd Allah. et tous deux par bravade acceptèrent avec des forces inférieures le combat que leur offraient les hassanes. Nahoui fut son Khalifa officie1. ses diverses péripéties. Il paratt etabli qu'ils étaient originaires d'une tribu maraboutique du Brakna. qui fut le sixième et dernier imam. dans l'Agan (Brakna septentrional). On connatt le traite de paix qui intervint. L'imam fit d'abord des courses. Ils furent tues à Dokol. comme l'appelle la tradition maure. à Tin . son frère Imijen. Les Brakna au contraire. près d'Ouezzan. Nahoui ben Agd Abd Allah. L'accord se fit et Mounir resta en titre. Agd Al· Mokhtar. frère de Nacer ad-Din et cinquième imam. tirent une fois bande à part et faillirent provoquer une scission -en élevant un anti-imam. contre Mounir ad-Din. au fil de leur histoire. en terminant. La plupart des noms de lieux et mème de personnes sont des noms berbères. La langue en usage est encore le berbère. d'après la tradition brakna. les trois principales clauses: la Les Zaouïa donneront l'hospitalité à tous les Merafra qui viendront. combien jusqu'à cette fin du dix-septième siècle la berbérisation a été profonde dans la basse Mauritanie. Mais. comme ceux·ci l'étaient à leurs Arabes. a son nom berbère ou zen agui. l'arabe va prendre le des· sus et refouler insensiblement langue et coutumes berbères. et se virent affectés comme vassaux-marabouts aux Oulad Aba Allah mêmes. ils se sont mutuel· lement porté secours. Les Die'idiba comptèrent parmi les tribus les plus éprouvées. unis jusque dans la chute de l'ancien régime. On remarquera. et l'occupation française les a fait fuir ensemble vers le nord. à CÔté de son nom arabe. Tout individu. sans traÎtrise et en lui donnant des montures) tout hassani qui leur demandera son chemin.la leur demander. il est plus généralement désigné.LES BRAKN"A '9 lefdadh. et cette hospitalité durera au moins trois jours. Les hassanes sont restés fidèles à leurs tolba. sous lequel. Cette alliance a duré jusqu'à nos jours inclus. En voici. 3· Leshassanes auront droit au tiers de l'eau des puits. dans le langage courant. lors de l'abreuve des animaux. . La langue berbère n'est plus parlée du tout aujourd'hui sur le territoire brakna. 2° Les Zaoul'a feront parvenir chez lui (id est. avec la conquête hassane. .ur plus d'un siècle dans la descendance de son fils aîné Normach (1650-1766 environ)puis dans la descenqance de son fils cadet Siyed (17661903).-. Il est nécessaire de donner tout d'abord le tableau génealogique des premiers Brakna de la tente princière. 1 3. ancétre des OU!lId Abd Allah (seizième siécle). D'Abd Allah. ~.-N-"'~-'-d.--M-.CHAPITRE VI LA BRANCHE AiNÉ!!: DES ÉltIrRS BRAKNA : OUl. ancétre des Oulad Norrnach. son successeu. Bakar. on ne sait presque rien. Mokhtar Naggad et Elî.-. Mansour. Moha'm--m-'-d. J'ancêtre éponyme des Oulad Abd Allah.-.An NORMACH C'est à cette date (deuxième moitie du dix~septième siècle} que se constituait définitivement J'émirat des Brakna. Norrnach. Mohammed.-. et eut six: fils: Mohammed. 1..--M-'-kb-. est le chef de la tente où va se fixer le commandement po.--B-. c'est-à-dire des Oulad Normach et des Oulad Siyed.":-.. ancélre OuJad Siyed.-. 1 Oub~elch. Abd Allah.--E\i. Un troisième fils de Mohammed. a laissé j . II vécut au seizième siècle. Dix-septième siècle.'I-..r. 1 Slyed. Oubberch. 3. Celle de Naggad est a.. De Mansour. deuxième fils d'Abd Allah. quatrièl1Jc fils d'Abd Allah. La postérité d'EH. troisième fils d'Abd Allah. Normach. a disparu. Il vécut au dix-septième siècle et on peut en induire de là que c'est lui qui conduisit les Brakna à la guerre contre les marabouts j mais la tradition est muette sur ce point. Elle constitue l'aètuelle tribu des Oulad Eli. Heiba (Mohammed AI-Heiba). mais surtout chez leurs tiab. nomadise sur Je GorgoI et dans l'Assaba. Bakar. Narmach. une tente se trouve chez les Normach mêmes.ctuellementen très grande partie chez les Tiab Oulad Norrnach.. ancêtres éponymes de leur descendance et double branche qui fut successivement à la tête du Brakna. s'est fondue dans les campements de ses frères et aussi chez les Oulad Siyed. \ Branche aînée: les Oulad Normach.. Il faut maintenant revenir aUJ( deux fils de Mohammed ould Abd Allah: Norma'ch et Siyed. dernier fils d'Abd Allah. Il mourut en [680. ancêtre des O. paraIt avoir été un grand chef de guerre. la descendance. a émigré vers l'est. 1 . pour pouvoir suivre jusqu'à nos jours le cours des evénements historiques.LES BRAIl:NA une postérite qu'on retrouve en partie chez les Normach. Mais ici. Sa descendance ne comprend plus que deux tl'ntes chez les Normach et une tente chez les Oulad Ahmed. Celle de Mokhtar. il faut avoir sous les yeux les tableaux généalogiques des deux branches. qui fut jadis pUissante et nombreuse. . t Ir8. qui. 4. -". Sa descendance est constituée cn Brande partie par les Koumba et se trouve représentee par des femmes et par EH ould Ahmed ould Omar. Siyed. 1907. 8. 1 1 chef Mohammed. S"dl" . Ahmeddau Il. 1 t Mokhtar. 1 1 Ahmed. 1 Mokbtar. 1 1 1 Habib.REVUE DU MONDE MUSULMAN 5. Sedd~un (Brahim): Aghrich 1 (M~hammed). Assas. 1 Branche cadette: les OuJad Siyed. Si~i 1 Mokhtar. 1 . t 1884. Bakar. Ould M'hammed. Hiba. Ahmed t (A~med Helba). Krua. r 1 1 Moh. 1 MOkhtar. 1903. acluel. Mohammed. M'K~artir. I139'-!903. 17 6z • 1 Mohammed. Ali Chandora s'étant rendu à Fez. A cette date. La tradition rapporte qu'il prit part aux derniers événements du Cherr Boubbah (1674).dégager de la suze~ raineté politique des Brakna. sont les maltres politiques du pays et tous les autres hassanes gravitent dans leur orbite. Ce fut en prin. C'est à cette date que les Trarza vont se dégager de la suprématie brakna. et ses partisans étaient tout de suite prêts à l'aider à les faire valoir.LES BRAKNÀ " Au sujet des règles de la dévolution du pouvoir. On ne sait que peu de choses sur son compte. le grand Cheikh Ida Ou Ali de Chingueti. car. une tradition relate que les Brakna et les Id Eichelli furent en guerre. Les Trarza eux·mêmes devront attendre jusqu'à Ali Chandora. les Brakna. de l'aveu de tous les chroniqueurs et annalistes maures. Son tom· beau ·se trouve près d~ Mal. cipe l'idée de l'herMite par afnesse qui domina. que le frère cadet ou l'oncle pouvait succéder à l'emir défunt. Ali Chandora et Heïba curent de nombreux démêlés. Ici. de son vrai nom Mohammed Al-He'lba l est à cheval sur le dix-septième et le dix·huitième siècle. Vers cette époque. accompagné d'Abd Allah Maham. en plein Amatlich l en 168 9' Le fils de Normach. ce dernier usage ne fut appliqué que dans le cas de minorité du fils de l'émir précedent. Normach vécut approximativement vers la fin du dixseptième siècle. y reçut l'accueille plus favorable du sultan . fils d'AI-Qadi. tout au plus un émirat transÎtoire. pour se . tempérée par l'usage. Et encore son clan ne considérait-il le gouvernement du collatéral que comme une régence. le fils réclamait ses droits. dès sa ma· jorité. alors établie sur tous les hassanes du Sud mauritanien. HeYba. disons tout de suite que la conception de l'hérédité avec partage n'a jamais hé en vigueur chez les Brakna. en vigueur dans les pays islamiques. Ils se livrèrent un via· lent combat au rocher de Tajala. fut assailli par Ali Chandora· et s'enfuit dans la direction du Rek. Les Brakna.. son homonyme et contemporain. Par une con· tradiétion fréquente chez les Maures. chef des bandes. son nom. soit donc vers !728. Labat rapporte que leur émir. Certains disent qu'il aurait été tué dans un combat livré à l'émir Herba lui·même. mais le chef Oulad EH. ou du moins j'emplacement de son tombeau. Le fils et successeur de Herba fut Ahmed. Jusqu'alors.iz (lac Cayar des Noirs). qui venait faire la récolte de la gomme dans les bois d'acacia contestés et la vendait à l'escale du Terrier-Rouge. devint Ahomel He·iba.REVUE DU MONDE MUSULM~N et en ramena des 'contingents marocains qui lui permirent d'abord de se rendre définitivement martre du Trarza et. Elles amenèrent la mort d'Ali Chandora. les Brakna conclurent avec lui des traités d'alliance et de soumission. les Oulad . La tradition complète ces victoires de l'émir trarza. homme à la belle prestance ». sur une dune où l'on montre encore son tombeau. maîtres politiques de la région. qui s'était avancé à [Il poursuite des Brakna en retraite jusqu'à Boghé. Ahmed ould AI-Herba. en relatant que. Le P. Son tombeau est à Belaoua. furent dé· faÎts et repoussés. Ce poème l'appelle<< cheikh des Arabes. ensuite. Les hostilités devaient reprendre par la suite. Il faut-ajouter qu'une autre tradition affirme que ce Mohammed AI-HeYba du poème n'est pas le chef normachi. de conquérir son indépendance vis-à-vis des Brakna. La tradition est unanime à relater qu'il a été enterré un peu au-dessus de Boghé (le Dibango des Toucouleurs). D'autres qu'il fut empoisonné dans la nuit qui suivit le combat. . lion de la bourse. près d'un petit bosquet (1727)' He'iba ne devait pas tarder à le suivre dans ia tombe. par la suite. Le poème d'Ibn Khdna dit qu'il mourut peu après le sultan Moulay Ismal'l et l'émir Ali Chandora. LES BRAKNA ,s Abd Allah avaient eté à la tête de la confédération merafra, c'est-à'-dire des Arabes envahisseurs, de la postérité de Marfar ould Oude1 ould Hassân. Cette confédération, qui par son union et la solidarite de ses membres avait réalisé la conquête de la Basse Mauritanie et l'asservissement des tribus berbères, comprenait, outre les Trarza qui vivaient, depuis la 611 des hostilités, dans une quasi autonomie, les . Brakna, l'1s Oulad Mbarek, les Oulad Ghouizi et les Oulad Nacer. Il eit Il peu près certain qu'avec Je temps, et dès la nn du dix-septième siècle, la prepondération des OuladAbd Allah, tente princière des Brakna, était devenue surtout nominale. Mungo·Park, qui passait dans le Sahel de Nioro en 1796, entendait encore parler du haut prestige des « Il· braken ». C'est sous les règnes de Herba et de son fils Ahomel que se produisit la scission. De cette séparation est née la situalion qui a dure jusqu'à nos jours. 11 y a deux versions au sujet de cette scission des Merafra, l'une, maure, recueillie par Duboc, l'autre, toucoûleure, décrite par Sire Abbas; mais il est certain que cette scission ne fut rendue possible que par les coups fâcheux qu'EH Chandora porta au pres· tige des Brakna. D'après la version maure, ce fut Maham Mokhtar ould Nasri qui fut l'auteur du conflit, Il s'y prit d'une façon originale. La djemaa des zenaga, composée des parents de la mère de Maham Mokhtar, refusa d'obéir à Ahornel Heïba. Pour les soumettre, ce dernier quitta j'Adrar et vint avec de nombreux parti~ans à Baghdad, il environ 8 kilomètres de Tijikja, où nomadisait le campement rêvolté. Ahomel He'iba etait très orgueilleux et d'une susceptibilité rare. Dès son arrivée, Jes zenaga, sur les conseils de Mokhlar, lui envoyèrent une ambassade pour solliciter la paix; puis lui-même se présenta alors à Ahornel Heïba, son cousin, ,6 REVUE DU MONDE M1JSULMAN avec quelques jeunes gens des Merafrs, et feignant d'être très mal avec les zen aga, demanda en son nom et au nom de ses amis que les ambassadeurs leur soient remis pour les tuer j avec insistance, il promit de leur payer le prix que fixerait Ahomel He'iba, lui assurant qu'il ferait une bonne affaire. Furieux que des membres de sa famille le croient capable d'agir ainsi, navré que l'on ait à J'assimiler à un trafiquant, considérant qu'on lui avait fait dans le Tagant la plus grande insulte qui pouvait être faite à un homme de son rang l il jura de ne plus reparattre dans ce pays et d'abandonner il leur sort les populations qui y habitaient. Il rentra alors dans l'Adrar et les Mefafra se divisèl'ent en plusieurs branches ne reconnaissant plus l'autorité du successeur de Barkenni. Chacun garda le nom de son ancêtre éponyme, qu'elle portait déjà, à titre d'unité intégrante de la confédération, et devint, sous ce nom, une tribu indépendante, On eut donc désormais les Oulad Abd Allah (Brakna), les Oulad Mbarek, les Ouiad Ghouizi, les Oulad Nacer, Voici maintenant la version toucouleure, vue du cÔte du fleuve, et telle qu'elle est rapportée par le distingué traditionnaliste Sire Abbas, Elle diffère peu d'ailleurs de le. ver· sion maure, l.es Oulad Abd Allah (c'est-à-dire l'ensemble des Merafra désignés sous le nom de la tribu dirigeante) l:taient les seigneurs du Chamama. !ls forçaient leurs voisins, tels que les Id Ou Alch, à leur verser des tributs. Les Id Ou AYch lelir donnaient annuenement un poulain, tes Touablr, les Oulad Ald et tous ceux de rang social modeste, qui vil'aient aUprè~ d'eux, étalent frappés de contributioos.Cetêtat de choses dura jusqu'à la bataille d'Al-HareYkat, localité du Tagsnt, à l'Est de Tijikja, et où se trouve depuis fort longtemps le tombeau d'llou Yaladi Diadl: Padiq, père de Fou!!al, Cette batalile mit aux prises les Oulad Abd AIIah et ies Id Ou Alch, Lorsque ceux-ci aperçurent qu'ils n'étaient pas de taille à IUller loyalement contre leurs adversaires, ils mirent en commun·toutes leurs ruses et en usèrent pour les diviser. Cela leur LES BRAK1'/A '7 porta bonheur. Les Oulad Al-Ghouizi et les Oulad Mbarck ém1llrèrent vers Nioro et Kayes. C'est alors que se produisit le conflit entre Oulad Eli et Oulad Yatim. A l'accord, qui régnait au sein des Oule..d Abd Allah, se substitua une hostililê cordiale. Ils ne se meltaient d'accord que raremenl et pour un laps de temps très court. Les Id Ou Aich profitèrent de leurs discordes itllcstines pour s'affranchir de leur JOUll. C'est ainsi qu'ils cessèrent de payer ie tribut annuel d'un poulain. L'émir Ahmed AI-Hiba eut les relations suivantes avec le grand saint des OuJad Dlman : Mohammed Al-Yadali, thaumaturge, orateur et fécond écrivain. Le griot·danseur de l'émir, ancêtre des actuels Ahel Manou, avait composé un poème où il glorifiait son maître. Sous couleur de commentaire d'un de ses propres poèmes, Mohammed Al-Yadali fit unc satire amèrc du poème du griot, reprenant les expressions de louange exagérée qu'iL avait employées pour l'émir, et les appliquant lui·mêmeau Prophète. Quand il apprit ces faits, Ahmed Al·Hibase fâcha etpro. féra des menaces à l'encontre du poète. Mohammed AlYadali, qui ne tenait pas à'en attendre ['exécution, se hâta de venir trouver l'émir. Celui-ci lui fit des reproches: « Comment peux-tu dêmarquer le poème qui m'a été adresse? Comment oses-tu en detourner le sens sur un autre que moi? Tu as fait là quelque chose de grave. » Le marabout repondit simplement: « J'ai transporté vos Jouanges vers quelqu'un (Mahomet) qui est meilleur que moi et que vous. » La colère de l'émir tomba, et il lui fit don d'un chameau, s'engageant à ce tribut en son nom et au nom de ses successeurs jusqu'au jour du jugement dernier. Par la suite. leurs relations fUrent tout Hait cordiales, et le poète dlman i composa à la louange d'Ahmed ould He1ba et de sa maison une très élogieuse qacida (1), (1) La traduction de ce poème a él' donnée dnns le Billie/in du COl1lU4 «EtudeJhi#orf'1"e8de/' A. o. F.• 1920. ,8 REVUE DU MONDE MUSULMAN Les derniers JOUiS d'Ahmed Al·Herba furent encore agités par des luttes entre les Oulad Ahmed, alliés aux descendants des Oulad Rizg et l'émir Mokhtarould Omar, des Trarza (vers 1758). Les Oulad Ahmed vaincus, et qui s'étaient avancés en territoire trarza, furent refoulés vers les pays brakna. Les luttes intestines qui avaient déchirê la confédération merafra allaient se produire au sein même des Oulad Abd Allah et amener leur scission: 1" en les tribus Normachet Siyed, telles que nous les trouvons aujourd'hui dans le Brak.naj 2" en Oulad EH et Litama, tels que nous les trouvons dans le Gorgol et l'Assaba. A Ahome! He'lba, mort en février 1762, d'après le poème d'Ibn Khalina, et enterré à Nagué, dans l'Aoukar, succédè· rent d'abord son fils aîné EH, ensuite son fils cadet Ah· meïada. Une autre tradition dit que AhmeYada est le fils, non le frère d'EH. Le tombeau d'EH se trouve à AI· Qadra dans le Raag et celui d'AhmeYada, à Tijam dans l'Agan. C'est sous le commandement d-e ces deux chefs, c'est~à· dire dans les années qui suivirent 1782, que se produisirent ces graves événements. Jusqu'à cett-e époque, les Normach nomadisaient en hivernage près de la Sebkha de Tidjinia. kout, et autour de Talorza et d'Achamin, situé à une jour. née de marche au nord de la Sebkha. La saison sèche les amenait, comme la plupart des tribus dans Je Tiris. Avec Ahmeïada, .1s se fixèrent dans J'Aftaut pendant la saison sèche, et dans J'Agan, pendant l'hivernage. Les Juttes intestines qui éclatèrent à cette date provoquèrent un exode plus méridional encore: les Oulad EH, les Oulad Al·Yatim et les Oulad Siyed allèrent s'installer à GuÎmi. Ils se batti· rent entre eux, comme ils s'étaient battus avec les Oulad Normach. Les OuJad Al-Yatim, commandes par SeYbouli, furent vaincus et émigrèrent à l'est du GorgoJ, dans la région qui depuis a pris leur nom: le Litama. Les Oulad branche cadette de la dynastie.$ Siyed fut pour eux le véritable . mais à celle d'Ahmeïada. Leur chef. Toujours est· il que c'est en 1766. L'émir dl. s'habituèrent dCfinitiverne nt à traiter avec les Oulad Siyed. ou autour de cette date. être l'égal.int. non à la mort de Mokhtar. d'après Golberry. chef des Oulad Siyed. Cette division amena l'indépendance des Siyed vis-à-vis des Normach. entendit comme. à J'exclusion des Normach.Louis. son fils. et Hamet Moktar. que les chefs Oulad Sîyed. Mokhtar. se paMagèrent le pays: les premiers nomadisèrent dans la haute région entre Guimi et l'Agsn. prennent définitivement figure d'émirs de Brakna. Mokhtar mourut. les autres se fixèrel')t dans la partie méridionale du Brakna. par droit de naissance et de succession. « En 1766. Les Européens de Sa. ould Aghrich. et à les considérer comme les vrais et seuls mattres du pays. son père Aghrich l'avait dMà tenté. et être J'émir desOulad Siyed comme Ahmeiada était J'émir des Qulad Abd Allah. à tous points de vue.US BIlAKNA '9 Eli les y suivirent P('·u après. chef des Oulad Normach et émir des Brakna. dont ils ignoraient J'existence ou qu'ils considéraient comme une fraction soumise aux Oulad Siyed. devint. de son cousin Ahmeïada. de Guimi au lac d'Aleg et jusque dans le Chamama. » Il se pourrait d'ailleurs que cette succession vacante fOt due. tant de l'administration que du commerce. le chef des Brachknaz mourut. C'est du moins ce qui ressort de son texte. ainsi qu'on le verra plus bas. chef et roi des deux tribus des Maures·Brachknaz et Darmanke. tant Français qu'Anglais. et s'installèrent auprès d'eux dans la vallée inférieure du Gargalo Les Normach et les Siyed. La chose est de peu d'importance d'ailleurs. restés seuls en présence. qui commandaient les voies d'accès au fleuve dans cette région du Chamama. Ce fut la situation politique et géographique respective des deux tribus qui amène ce curieux rCsultat. en 1766. On comprend que les chefs Oulad Siyed ne firent rien pour détromper les gens de Saint-Louis. quand les nombreuses guerres que nous démes entretenir avec cette confédération guerrière amenèrent sa fermeture. dès avant '767. rive gauche. au moins pour la première. Par la suite et avec If! temps. la prescription leur fut acquise·à leurs propres yeux. . que des prétentions fort timides. Ils parlent de leur commandement comme d'une chose fort lointaine. d1avoir entamé et protégé la traite de la gomme. que nous voyons les Anglais payer. ttll. J\ lokilomètres en aval de Podor-Ville. leur usurpation fut confirmée. et enfin de l'avoir canalisée par les escales du Coq (1) et du Terrier Rouge (2). les coutumes annuelles et c'est avec lui que le Gouverneur de Repentigny va conclure le premier traité que nous avons conservé (I785).. Mohammed ould Mokhtar lui-même. dépossédés de leur commandement depuis \m siècle et demi. à la confusion. attribue j'honneur d'avoir noué officiel. déjà signalée par Faidherbe en 1864. sise J\ Ill. Le service que rendit ainsi Aghrich à son peuple.'io kilométres en amont de Podor et sur la rive droite. et même. de toutes leurs forces. Ceuxci en effet. Elles allaient devenir. le marçhé intermittent du Trarza. On devine même qu'ils aidèrent.30 REVUE nu /dONDE MUSULMAN émir du pays. pointe de l'Ile li Podor. souvenir glorieux du passé. et c'est à ce « sultan des Brakna ».it sur Ill. depuis notre occupation. If!s marchés nécessaires de la gomme du Brakna. à proprement parler comme d'un droit historique et périmé. aux yeux de J'ensemble des tribus maraboutiques. n'ont élevé. (~} L'escaie du Terrier-Rouge était spbciale aux Brskns. ou lI} L'escsle du Coq. quoique l'tmir du Brakoa en eill Mnéralement la surveillance. C'étllit UM esc. et aux yeux mêmes ou peu s'en faut des Oulad Normach. Elle était sise à . lement les premières relations commerciales avec les Français.!tle commune aux Trarz8 et aux Brakna. pendant deux siècles. C'est à Aghrich quela tradition Brakna. Ll':$ BRAKNA 3, plutôt sans doute la tradition diplomàtiquequi se créa chez nous de ne traiter qu'avec ce prince, puis avec les membres dll sa famille, qui se dirent ses successeurs réguliers, ct de ne donner qu'à celui-là les pièces de guinée des coutumes, qui formaient le plus clair des revenus de l'émir, contribuèrent puissamment, ainsi qu'il a été dit, à établir, d'Une façon définitive, La dévolution de J'émiratbrakna. Cette dignité va se perpétuer dans les Ahel Aghrich, les« Lakariches », comme les appellera en 11324 René Caillié. Les escales classiques, surtout le Coq, conservèrent leur importance pendant tout le dix-huitième siècle. Quand en 1744, par t'initiative de l'intelligent directeur de la Compagnie, David, les Français s'installèrent à Podor, ce village devint l'escale officielle des Brakna et le terrain neutre des négociations. Abandonnee quelques temps, lors de l'occupation anglaise de Saint·Louis (1758) t'escale reprit peu après, avec les Anglais mêmes, son importance ct ne la perdit plus. Le chef du village était, comme dit René Caillié (r824},« Ministre du Roi» auprès de cette autorité française. Mais l'escale rédIe, le nlarché des transactions, où les navires jetaient l'ancre, où se réunissaient traitants sénégalais et vendeurs maures, chefs Oulad AbdAllah, marabouts locaux et délégués du grand Borom de Saint~Louis. où seul pouvait s'effectuer la traite de la gomme et le commerce des autres produits, étaitsituée au confluent terminal du fleuve et du marigot de Doué, à ce Coq, célèbre pendant deux siècles dans nos annales sénégalaises. Le dixneuvième siècle, plus libéral dans la réglementation économique, devait voir les transactions s'effectuer d'un bout il J'autre du fleuve, et ces escales de J'ancien régime dépérir et disparaltre. C'est, au dire de Golberry, l'ancienne Compagnie des .Indes, qui avait fondt J'lIsage des COlltumes annuelles, paytes aux chefs maures, voisins du Sénégal, et aux princes, chefs et rois des nations noires, avec lesquelles fe commerce exigeait des relatIons. REVUE DU MONDE MUSULMAN Quand les Anglais devinrent maltces du Sl:n/:gal par une suite des êv/:nements de la guerre de Sept ans, pour l'avantage de leur commerce, ils suivirent l'usage de faire des traités d'alliance et de bonne intelligence avec les princes maures et les princes nd8res.. , Ils avaient une sorte de registre manuscrit qui contenait dans le plus gund détdl les motifs, l'énuml:rlltion et l'ordre des coutumes qu'on devait pllyer annuellement aux chefs de ce9 nations africaInes, tes /:poques oÔ ces coutumes devaient être délivrées, des notes relatives à l'importance respective de ces chefs et de ces nations, des instructions sur Jes règles qu'il faHait suivre en délivrant ces coutumes, et des observations politiques sur le commerce d~ cette partie de l'Afrique, On voit à quel point les Anglais, maîtres ès arts politi~ ques, poussaient leur documentation, Leur habileté dans l'action n'é'tait pas moindre, Ils ne dédaignaient pas' les moyens d'agiter ces hordes des Maures, de les animer ['une contre l'autre, "de les balancer, de les contenir et de leur inspirer réciproquement des jalousies. Golberry, qui eut l'occasion d'avoir;un de ces registres po· litiques de l'aaministration anglaise « pendant le temps qu'ils ont possédé le Sénégal, c'est-à-dire, depuis 1760 jusqu'en t779 », en a traduit certains passages intéressants. Voici le texte concernant le Brakna : Coutumes à payer à Hamet Mcktar, chef des deux tribus maures de la famille Agrlchy. Am-Hamet-Moktar est chef des tribus maures Ouied Abdallah, communément appelés Brachknaz et Darmaflko, qui forment la famille , Agrichy, Lecommerce de lagômme avait engagé de payer annuellement des coutumes à ce roi maure; elles furent augmentèes à l'époque, ct! l'on demanda la permission :d'èrîger un fort à Podhor, avec un villase attenant, dont les habitants auraient autant de terres qu'ils croiraient nécessaire d'en cultiver dans les environs du fort. Cette coutume fut payée réguaérement jusqu'en 1765; alors les Français abaudonnèrent le fort et le vi1l9ge, Mais en conséquence d'un accord fait avec Am-Hamet-Moktar, le fort de Podhor fut rétabli ainsI que le village, en 177z, avec les mêmes privilèges, A l'époque de ce rétabllssemnt, il fut convenu queles coutumes que LES 8l1.AKNA !(lS Français étaiem dans l'usage de payer au chef des Maures Brachknaa seraient aussi rétablies, mais que Hamet Moktar ne pourrait les réclamer qu'à commencer du mois d'aoat 1775, parce qu'alors seulement la reconstructlon des forts et village de Podhor serait achevé. Le but de rétablissement de Podhor n'est pas seulement d'entretenir la bonne intelligençe ct le çommerce àvec leslMaures braçhknaZ" ct darmanko, mais aussi d'acquérir par là, asseZ" de poids etld'innucnce sur les Foulhas-Peuls, qui sont les habitants natifs de la contrh; prévenir les hostilités et les pillages qu'ils faisaien<tous les jours sur le commerca des Blancs et autres marchands de l'Ile Saint-Louis du Sénégal: sur· tout pendant le voyage de Galam et au retour de ce voyage, les brigandages ét les hostilités de ces nègres menaçaient de la perte entiére du commerce dans ces districts, Cette circonstance prouve suffisamment l'importançe et l'utilité de ce fort, l'avantage de son établissement et de son entretien, Cl des coutumes payées AHametMoktar pour Ill. protection qu'il s'engage de donner li l'établissement de Podbor contre les FQulhas. Coumme annuelle qui sera pa)'ée au roi Hamed Moktar, chef de la famille Agrichy, aussi longtemps que subsisteront le fort et l'établissement de Podhor. Cinquante-quatre pièces de.guinée, Huit pièces de sUéaie, Quinze ancres de poudre, Six fusils de traite, Deux cents pierres AfusH, Deux cellts balles, Onze longues barre de fer, DOl.lze filil\res de rassades, Trente piastres, Une livre de clous de girofle, Un cotTre de bois avec un cadenas. On rendra aussi des honneurs aux rois etchef des Maures Trarshaz et Brachknaz, quand ils se rendront à l'Ile de Saint-Louis du Sénégal, Am-Hamel Mokhtar Agrichy, roi des Maures Brachknaz et Darmanko, sera salué de cinq coups de canon de la m~me batterie, en arrivant el en partant. Il est d'usage de nourrir certains chefs dl.l continent aux dépens du roi, quand ils viennent 11 l'Jle du Sénégal, bien entendu qu'ils n'y restent que pour arranger quelque affaire avec le Gouverneur. C'est ainsi que tout était prévu et arrangé à l'égard de ces chefs maures avec lesquels il est important, pour J'avantage du commerce, de s'entretenir en bonne harmonie, et en boune intelligence. .XLl!. , REVUE PU MONDE MUSULMAN La forêt dés gommiers, qui était reconnue officiellement aux: Brakna, etait celle d'AI.Fatak, comme la forêt de Lebiar etait celle des Id Ou AI.Hadj (Darmanko), et la forêt du Sahel celle des Trarza. En réalité, ces bois de gommiers n'étaient que les principaies et plus riches agglomérations d'acacias, et on faisait la cueillette de la gomme un peu partout dans tous les boqueteaux: d' « irouar >Jo qui couvrent le territoire de la Basse Mauritanie. On sait par la tradi· tian que Mokhtar. près d'Quez7. son grandpère. Les Chroniques de Siré Abbas signalent une longue et cruelle guerre de sept ans que le Cheikh SouleYman Bal et les der- . Depuis deux générations déjà. près de Regba. mort de maladie.fils d'Aghrîch. Mohammed ould·Mokhtar.lch se signalaient par d'incessantes incursions dans Je Fauta.an. a ete enterré à Ourom Dje1jel. des Normach. C'est vers '766 que se produisit cette substitution. fils ou petit-fils d'Ahornel Herba. à l'occasion. petit. Les Oulad Siyed et. - Mohammed ould·Mokhtar (1766. Quant à Seddoum. peut être considéré comme le premier émir de la branche cadette des Qu!ad Abd Allah: les Oulad Slyed. t vers 1800). les Oulad Siyed étaient établis entre le lac d'Aleg et le Beuve. l'ancêtre eponyme. Il apparalt dans la tradition comme le successeur d'AhmeYada . père d'Aghrich. se trouve dans l'Agan. et que Aghrich. Siyed. il fut tue au cours d'un rezzou et fut enterré à Oumm Abboun. Le tombeau de son père. les Oulad Norml. a été enterré à Taboumlib. père de Mohammed.CHAPITRE VII LA BRANCHE CADETTE DES ÉMIRS llRAKNA: OULAC SIYED \. dans le Zemmour. relata qu'à cette date déjà les coulumes sont payées à Mohammed Duld Mokhtar. e) Versement . des Brakna. c) Suppression de tout commerce direct ou indirect avec les Anglais. l'aplanissement de toutes difficu'ltês. un traité d'amitié et de réglementation de la traite de la gomme. dit le texte arabe. directeur géneral de la Compagnie de Commerce du Sénégal. etc. frère du roi (14 pièces de guinée. où le texte fran· çais déforme toujours le nom de l'émir en « Ahmed Mokhtar» : a) La Compagnie a le droit d'établir un comptoir à Podor et d'autres comptoirs dans tout autre poillt du territoire d'Ahmed avec liberté entil!re de traite sur tolltes matières. en '785. de '767. d) Promesses des bons offices de l'émir pour l'activIté de la traite.36 REvut DU MONDE MUSULMAN niers souverains de la dynastie de Tenguella soutinrent contre les pillards Oulad Abd Allah.). bl Ces etablissements sont sous la sauvegarde speciale de Mohammed Mokhtar. Mohammed ould Mokhtar f <t roi ». etc. «sultan ». comte de Repentigny. 4· 11 . elc. :100 barils de poudre de :1 livres. avec le sieur Durand.). Le document anglais précité.:I· 11 Sidi EH. sans oublier une moustiquaire. donné par GoIberry. 5° 11 chaculle des quatre jeunes sœurs de Mohammed Mokhtar et 11 sa fille (2 piéces de guinée). vers 1770. Le 10 mai 1785. Un peu plus tard. dit Je texte français. Il était réglé en substance dans cet acte.). quand les Anglais ont dl1 -vider les lieux. etc. sœur alnée du roi (4 piéces de guinée. 6· au premier ministre (5 pièces de guinée. avec gratification à l'émir chaque fois qu'il arrêtera une caravane allant chez les Anglais de Portendik..). 7° pour les soupers . signait sous les auspices et protection du gouverl\eur. la fixation du « kantar 11' au plus bas prix et à la plus haute mesure possible. etc. un document officiel français nous atteste à nouveau la présenc~ de Mohammed oulcl Mokhtar à la tète de l'émirat brakna. pl liS une pièce de guinée par huit kantar mesures et conduits à bord.Fatma.d'une coutume annuelle: [0 11 l'émir (400 pièces de Guinée. 3° à la femme dll roi (8 pièces de guinée. 100 fusils fins. En 1785. et par un parti de guerriers.l. Hamet-Mokhtar. en 1786. sauta sur une vache pour continuer sa route. neleva la femme favorite d'Eli-Kouri. fatigué de cette course éperdue. en 1787. Un des guerriers brakna.5g8 livres. soutint une Jutte implacable contre son voisin Eli Kouri du Trarza. parce qu'il ~taÎt soutenu par Je roi des Foulhu. Un combat violent. allies des Brakna. année de la mort d'EH). La lutte devait prendre des proportions plus grandes encore par j'entrée en scène des « Foulhas » (Toucouleurs sans doute). s'engagea près du puits d'Jn Temadhi (un peu avant 1786. roi des BrachknaZ". Les Trarza vaincus durent prendre la fuite vers j'ouest. décrit Golberry. L'émir Mohammed ould Mokhtar. Le sort changea. un ders au mi!Jell. ce qui fit rire tout le monde. Rejoints en ce point par Home'iada ben Ali. montrant que. homme il la foislAche. 8° pour sa suite (id). sous sa chemise. qui se hâtèrent de tourner bride vers l'est. et un tiers à la fin. '11 n 'y avait pas de culotte. «Nous fo. Le total des coutumes versées aux Brakna etait évalue. descendant d'Ahmed ben DAmân. les témoins oisifs et inutiles de l'explosion qui fermentait depuis plusieursannecs. ils arrivèrent à'Kheroufa. Après une course éperdue. Les Trarza reprirent Je dessus et poursuivirent à leur tour les Brakna. dit Mohammed Youra. Tous ces objets payables un tiers au commencement de la traite. célèbre alors par un grand arganier.mes. mais celle-ci fit un bond et jeta à terre l'homme qui tomba malencontreusement. orgueUJeui': ct insolent. et Sul si bien s'attacher celle . d'après le livre de comptes de la Compagnie. ils firent face à -l'ennemi. allié aux Id Ou Aïch. à 5. La tradition rapporte qu'au puits de Djefalf les fugitifs re~côntrèrent un campement de tolba qui abreuvaient leurs bœufs.ES DRilKNA de Sidi Ely et des marabouts qu'il loge chez lui (1 mou/on et ~ bouteilles de mélasse). Golberry constate encore en 1785-1787 <'< que les Darmanko (= Ida Ou Al-Hadj. 4UX Darmanko. les interêts de ces deux tribus sont toujours réunis. qui a disparu par la suite. sans que jamais il y ait aucune réclamation. car peu après le il Siutick-almami» attribuant la victoire il ses 400 guerriers » prétendit faÎre la loi. non seulement aux Trarshaz. Le vainqueur Mohammed ould Mokhtar ne fut pas exemple de souci. et même aux Français du Sénégal. dans toutes les circonstances. Ces tribus.38 REVUE OU MONDE MUSULMAN femme qu'elle fit declarer à son premier maltre. Mieux encore. qu'il le reconnaissait comme «roi. Les hostilitès recommencèrent l'année suivante. que. Berbères. à 20 lieues de Saint-Louis. aucune oppo· sition de la part des Maures Darmanko. conclut tout seul pour ces tribus germaines. comme général de la nation. comme il les appelle. toujours com· pris dans les mêmes traités. Golberry signale avec justesse cette cause: « Ils s'attribuèrent la possession du territoire compris entre celui des Trarchaz et le Ludamar. agit. puisque les Brakna sont Arabes. du Trarza). mais aussi aux Brachknaz. » Golberry qui a vu à peu près juste l'immigration des hassanes (les Maures::Oulad. Eli Kourl provoqua Mohammed ould Mokhtar. dit·il. et que le roi des Brachknaz discute. qu'elle se silparait à jamais de ltli. en octobre 1786. chef des Brachknaz. que leur chef témoignait "le plus grand respect pour Hamet·Mokhtar (Mohammed Mokhtar). Eli Kouri fut vaincu et tué. Le combat s'engagea. l'intérêt économique explique cette alliance du dix-huitième sï'ècle. « n'en formaient autrefois qu'une seule ». comme le père de la famille des A'grichys. oubliant le mot principal: Hassan) fait venir ensemble du Nord les Brakna et les «Ouled El-Hadj ». et les Ida Ou AI·Hadj. aux rois nègres ses voisins. mais au sens de la confedération d'une tribu guerrière et d'une tribu ma· raboutique. ce qu'il faut entendre non au sens des origines ethniques. l'exploitation des forêts (de . ont pour les les Brakhknaz un attachement et une dèférence qui ne se sont jamais démentis. que Boufflers eut à supporter.st de demander des présents et des secours qu'on ne lui donne que le moins qu'on peut.sur les interêts de sa prétendue couronne ct le resultat de tous ses palabres e. Le reste du' temps. livré aux conseils de ses marabouts qui lui laissent faire toutes ses sottises et toutes ses fredaines.LES BRAK1I'A gomme) d'AI·Fatack et d'EI. il aurait eté mains ravi de l'entrevue.. L'émir maure « lui parut misérable et rapace ». loin de ses ennemis. situées dans ces déserts de sable. et passe sa vie le plus qu'il peut à Podor pour être loin de son camp. Il n'aime que les femmes et les prêtres. lent gris. et qu'il fasse par jour environ huit à dix prières ridicules sur une peau de mputon qu'on étend à ses pieds. Du reste. sous prétexte d'une guerre à soutenir. à l'ombre. Il est plutOt drapé qu'habillé d'une manière très pittoresque. il converse . des fusils et d'autres marchandises. ainsi que plusieurs mines de sel. pourvu qu'il porte une centaine de leurs petits scapulaires qu'ils appel. mais qu'il donne par le fait à tout ce qui l'entoure. il ressemble à une sainte face dont la couleur aurait beaucoup poussé au noir. Il dit encore: « C'est un homme fort puissant. d'emprunter au tiers et au quart des étoffes. mais fort doux et en méme temps fbrt dévot.Hiebar. il Il absolument la dégaine d'un roi faineant et. Il habite une mauvaise chambre du fort avec une femme en titre et trois ou quatre dames d'honneur qui en manquent de temps en temps.gris. » . ayant eu l'idée fâcheuse de faire son voyage au mois d'avril (IJ8J). Il est vrai que la relation de Boufflers est loin d'être flatteuse pour l'émir brakna et que si celui-ci avait pu se douter du jugement ironique du Gouverneur.cela s'appelle palabrer . d'un 'roi mendiant. presque toujours en blanc. Sa figure est assez belle. qui plus est.. Mohammed ould Mokhtar eut les honneurs de la carres· pondance qu'adressait régulièrement Boufflers à Mme de Sabran. Mais peut-être cette im· pression défavorable est·elle due à la chaleur de 50° Réau· mur. Pierre Dubois. exécutif est autorisé à établir sur la rivière un bâtiment armé qui fera respecter cette défense. Boufflers reçut pour sa part un cheval du fleuve. En voici le texte: « La Convention. Blandin fils. qui répondent de sa conduite pour l'avenir. En '799.nationale. s'est permises envers les Français qui sont allés dans ce pays pour faire la traite de la gomme. an 7. émir desTrarza. Le 29 mars '793. mais l'exécution allait {ln être décidée quelques années plus tard. . se présentaient devant le Commandant (Blanchet) et les principaux habitants du Sénégal (Comié. an II de la Republique.des envoyés d'Amar Koumba. un décret de la Convention nationale interdit toute relation avec l'émir. que la Nation française ne lui paiera plus aucune coutume. II.une délibération du '4 ventOse. . . Décrète ce qui suit: « Article premier.R&VU! OU MONDE MUSULMAN Les deux interlocuteurs échangèrent des cadeaux. .Il est défendu provisoirement à tout bâtiment français de faire aucune traite de gomme à l'escale qui est sous la domination d'Harnet Mokhtar i le conseil. voulant obtenir la réparation des vexations que I-{amet Moktar. Les démarchesqu'il se hâta de faire et les ~ssurances qu'il donna pour l'avenir firent surseoir à ce décret. Pellegrin. et informaient les Français de la part . chef de la tribu des Maures braknas. il confirma j'alliance traditionnelle et s'empressa de venir à Saint-Louis. « Art. nous l'atteste. etç.). chef de la tribu des Maures Braknaz.« assemblés en la maison du Gouvernement ». en effet.Il sera signifié à Hamet Mokhtar. Après quoi. » L'émir ne conçut aucune fierté de cette marque d'atten· tion spéciale de notre Convention nationale. et cessera toute relation de commerce avec lui jusqu'à ce qu'il ait répare les ~exations qu'il s'est permises envers les li'rançais et qu'li ait donné des otages. à sa mort. et ceux du pays Fauta. au début de 1806. Les préliminaires du traité portent en effet. C'est dans cette branche cadette que s'est perpétué le commandement.LES lIRAKNA de leur mattre que l'émir Brakna se préparait à faire la guerreau Sénégaletqu'il avait députcsol1 filsAghrich à Amar Koumba pour lui communiquer sa résolution et le presser de se joindre à lui. chef de la tribu des Bracknas. Amar ould Koumba était remercié au nom du Gouvernement français et recevait un « présent extraordinaire ». Impériale Napoléon lor. chargé des pouvoirs d'Almamy. d'une part. de se conformer aux conventions et règlements prescrits et arrêtés définitivement par le généra! Blanchot. entre les Français et le Fouta agité par la révolution musulmane. Mohammed Mokhtar disparaissait peu après (vers 1800). paix. Ses bons offices aidèrent à la conclusion du traite du 4 juin 1806.. de Sidi IW avec les Français furent cor· diales. par son frère Sidi EH (vers 1800).On le voit intervenir en médiateur. « Au nom de Dieu et de S. amitié et bonne intelligence entre tous les habitants du Sénégal. qui seront tenus de part et d'autre. fils de Mokhtat· Agrz'sse. Les relations. M. tandis que Mohammed Mokhtar voyait mettre à exécution contre lui les mesures hostiles prescrites par la Convention. où il apparalt comme premier mi· nistre de l'a1mamy Abdoul~Qadir. et la rupture des bonnes relations avec les Brakna en était résultée. Comme suite à cette délibération. - Sidî EU ]0' (vers 1800. et de l'autre par Sidi EU. » . L'émir des Trarza avait refusé.. après la ratification d'Almamy. M. 1. L'émir Mohammed ould Mokhtar fut remplacé. commandant pour S. A. «Roi des musulmans du Fauta ».. 2. t IS10). colonel Maxwell avec l'émir des Trarza. son premier ministre qui Je remplace. Les dispositions de ce traité sont beaucoup moins minutieuses que celle des traités français. en appre- . pendant les deux annees où il se main.avec le lieutenant·gouverneur Maxwell. donnê à titre d'exemple. qui venait de conquérir le Sénégal.REVUE DU MONDE MUSULMAN Pour reconnattre ces bons offices. .entente entre le capitaine et ie subrécargue et Je chef maure-. c'est que les Maures brakna. A la disparition des Anglais. On Il conservé de Sidi EH le traité passé. vont conserver pendant tout le dix-neuvième siècle une influence considerable sur les dirigeants du peuple toucouleur {ant du Fouta occidental (Toro. c'est Mohammed Sirli.ties contractantes. « Ma joie a été à son comble. Une copie de cette liste reste entre les mains des deux par. le 7 juin 1810. après . Cette . « une coutume d'honneur ». en annexe dans l'état des coutumes de 1840. après avoir considérablement aidé au succès du parti torodo etde la revolution religieuse du Fouta (fin du dix-huitième siècle). Lao) que du Fouta oriental (Yrlabè. 11 est à remarquer que pour la première fois les émirs brakna y reçoivent leur 1itre exact: «chef d'une tribu des Brakna ». c'est-à-dire les Oulad Siyed. mais la liste en est dressée individuellement pour chaque bâtimeqt arrivant à l'escale. Ebyabè. On le trouvera. Bosséa). Ce traité est identique au traite que passa le même jour le lieutenant. representant de l'autorité anglaise. Le principe des cou~ tumes est reconnu. tant guerrierli que maraoouts. 'tint encore au Sénegal. En l'absence de j'émir. Sidi EU s'empressa de renouer les relations avec ies Français. le Gouvernement français lui versa. écrivait·iI en rBI7 au colonel Schmaltz. Mais ce qui apparatt à cette heure.coutume devait être reversêe à son fils Ahmeddou dans le traité de 1819_ Elle continua d'être payée jusqu'à Faidherbe. doit être re. poussê par les honnêtes gens. et qui fut envoyée sur Sidi EH aux gens de Nguik. qui nous était dévoué. gens de Nguik. EH s'il aml!ne la destruction sur Je pays de son pêre. I! faisait. des combats vÎctoril:ux contre ses . Et pourquoi Nguik ne les chasserait-il pas? N'ont-ils pas amenê la ruine sur Nguik i' Au même moment. (ace avec ses serviteurs. Dieu Jui·m~me a dêfendu aux malfaiteurs de se trouver face Il. que nous n'avons pas. 11 passa le fleuve avec quelques bandes et pilla plusieurs villages ennemis et par-dessus le marché Nguik. lors de la prise du Sénégal par les Anglais. la preuve de sa bonne volonté. dans l'affaire du bâtiment de Fars Bion· din. au début de 1818. en offrant ses services au gouverneur. dès les premiers jours. - A hmeddou ]"' (r818-1841). dans le Chamama. Cette guerre s'acqompagna de pamphlets. ceux·cl réponàirent. Que lui el sa bande viennent dans noIre village et nous les chasserons sans retard. suivant la coutume'maure. N'est-ce pas dêjà assez qu'il ait êtê cause de la ruine de notre l'il· Jage et de celui de Quadan P Nous. ainsi que celle dont ces derniers s'emparèrent. On lui fit tenir des secours en armes et en munitions. l'année passée. nous ne saurions être contents d'EH si Je Gouvernement n'en est pas content lui-même. qui avait alors des difficultés avec certaines tribus peul et avec des villages du Oualo. Le tombeau de ce dernier se trouve à Arroug. » 3. A une satire.LES BRAKNA nant votre arrivée au Sénégal» . et il ajoutait immédiatement: « Remettez à mes envoyés la coutume que les Français omirent de payer. Ahmeddou Ior succeda à son père Sidi EH. Un traité était signé le méme jour. pris par le commandnnt pour empêcher la fraude. Sldi Eli. cl Aillneddou s'engage à se conformer aux règlements.REVlJE DU MONDE MUSULMAN voisins Trarza : Oulad DAmAn. son pays et ses sujets.les im· menses avantages. qui résulteraient infailliblement pour lui. Voici les principales dispositions de cet acte: a) Ahmeddou. c roi de la tribu des Bracknas~.ici nous retrouvons. Ce~ disposition~ sont nouvelles et témoignent de l'emprise de plus en plus profonde de l'autorité française. /1) MaIntien des coutumes sur les bases anciennes. Le préambule constate « la conduite juste et irreprochable. était en même temps exécuté sur le territoire considérable et populeux qu'il pos· sède sur la rive droite ».conjolntement avec les siens des établissements de culture. si le système de colonisàtion projeté sur la rive gauche du fleuve. le grand intérêt qu'il a de se conserver en bonne intelligence avec les Français. Ahmeddou conférait à l'escale du Coq avec le colonel Schmaltz. h} Maintien au fils de la coutume d'honneur l'euèe au père. sons. Le 20 mai 1819. et li ne jamais arrêter ou suspendre la traite. commandant pour le roi et ad· ministrateur du Sénégal et dépendances. Oulad Sassi. s'engage li favorise'r par tous les moyens la traite de la gomme et tout autre commerce. avant d'en avoir référé au commandant et reçu sa réponse. et . Schmaltz et ses projets de colonisation agricole . e) Abmeddou • invite ~ (1) le commandant français à diriger sur son pays des sujets du roi de France pour y former. 11) Autorisation de construire des forts et d'y mettre des garni. car elle n'est pas traduite dans le texte arabe du traité. cf) Neutralité d'Ahmeddou dans Jes guerres au Sénégal . tenue par Ahmeddou envers les traitants de Saint· Louis. comme ceux qui étaient alors tentés sur la rive gauche dans le Ouale i f) Cession à la France des territoires propres il la formation d'éta· blissements agricoles. Ahel Attam essayaient son influence et sa réputation. Cette belle prose coulait en vain. . Sch. avec qui il avait eu plusieurs entrevues à Pador même. le premier. Sa justice sévère et sa loyauté avaient ramené l'ordre dans son escale et gagné la confiance des traitants. qui était venu en février 1820 à Podor. ptif les richesses dont ii pourrait disposer. Les choses s'enveni· mèrent très rapidement. l'émir se laissa entrafner par les excitations religieuses et xénophobes des « FouJhas ». une inclination toute favorable à adopter les idées des Européens. « Ce prince avait toujours paru distingué. » On ne sait qui du courtisan Schmaltz ou du cupide Ahmeddou eut. Il eKpérait par ce moyen fixer la royauté dans sa famille. en raison de la prépondérance que donneraient à l'heritier présom. Ahmeddou se . maltz avait cree le poste de « Raquel» et montré sa volonté de faire la traite dans le haut fleuve. et non divi· sible entre les princes comme le sont les autres. le 27 mai 1820. malgré la nécessité qui s'im· posait à Ahmeddou.parmi les Maures. » Schmaltz signale encore que l'émir avait un «vif désir d'obtenir la concession d'une nouvelle coutume annuelle. et qui l'avait assuré de son dévoOmcnt. Malgré ces bons rapports. pour éclairer la situation et faire cesser les attaques des convois. nc put rien obtenir et fut bientôt lui-même assailli. appartenant en propre à l'aîné de ses enfants.LES BR. Il n'en fut rien. L'annbe précédente (18'9). Il croyait pouvoir compter sur Ahmeddou. en guerre avec les rd Ou Arch. Schmaltz. de s'appuyer sur nous pour éviter les défections de nombre de ses gens et pouvoir tenir tête à ses ennemis. alors que pourtant ses bonnes relations avec l'émir sont déjà rompues.AKNA Schmaltz professait pour Ahmeddou une grande estime et cherchait à ['intéresser à ses plans de colonisation. par des pensées plus grandes. en s'en tenant rigoureusement aux termes des actes passés avec les alma· mys du Fouta et sans autre condition. cette idée géniale. 11 ecrit de lui au ministre. Le 25 juin 1821. e) Neutralitè des Brakna dans les guerres sén~galltises et reconnaissance de la propriété des habitants de Saint·Louis sur le Oualo. Une petite colonne marcha de Saint· Louis à leur rencontre. chassa les pillards du Oualo. Deux villages furent detruits par l'artillerie de la Botme fluviale. EUe se renforça d'auxiliaires ouolofs. Il y est dit en substance: Il) Ahmeddou s'engage à favoriser par tous les moyens la traite de la gomme et tou\ autre commerce. On escomptait même la coopération du damel du . mlt!s. les premiers. restait fidèle à ses engagements. un nouveau traité de commerce et d'amitiê était signé avec Ahmeddou. et envahit à son tour les abords du Fouta. qui venait de conclure avec nolJ.REVUE DU MONDIi: MUSULMAN laissa entraîner par l'exemple des Trarza et des Poule. La paix fut conclue aussitÔt av-ec [es Foutanké. Les pourparlers s'engagèrent avec les Trarza et les Brakna. au lendemain de la reoccupation de la colonie.s un traite de commerce et d'amitié et dont le brak. . Cayor. de Tierno Mali et de l'éliman Bou Bakar. d) En cas de discussion de l'émir avec un traitltnt. effectué à Saint-Louis à la fin de la traite. notamment de coton. le payement en sera. trans· fert de j'escaie hors de la portée des Foutanké. dans le Chamama. non reconnu par nous. tentaient d'ameuter tout le pays contre nous. L'auteur en etait le capitaine de vaisseau Le Coupe. f) Projets d'établissement de culture. Toutes ses bandes envahirent le Oualo. sous la conduite de leur émir Amar ould Mokhtar. Les Maures se hâtèrent de repasser le fleuve. cl En cu de difficultés entre ilt France et le Toro sénégalais. Réglement de la question par J'émirat l'assemblèe des traitants. Pas de traitc. ce sujet. Dispositionsréciproques II. mais ce n'était plus Schmaltz qui les devait faire aboutir. versées lant par le commercc que par ie Gouvernement. /1) Maintien des coutumes. successeur de Schmaltz. Toucouleurs qui. les autres sous le commandement de l'almamy Siré. suspension de la traite poucce seul commerçant. pas de coutumes. Il êtait la rêcompense des services rendus par Ahmeddou~ qui. en fin 1824. le 29 aoîtt r824. li arrivait à Podor. soit qu'il cherche seulement à se faire acheter. et pour l'avidité. de succès. ancien ministre disgracié de j'escale des Brakna. fripon. un des principaux chefs chez les Brakna. rusé~ qui connaît bien les Européens et qui peut faire beaucoup. et en repartait immediatement avec les agents «de Hamet· Dou» qui revenaient de Saint·Louis. qui fait depuis longtemps ombrage à celle des Brakna. sur les dêsirs du gouverneur. avait attaqué le village de Dialmath. où ils avaient touché les coutumes.LitS BRAKNA 47 Ce traité scellait l'alliance de Saint-Louis et des Brakna. le 28 aoo't 1824. de Boké à Tanger. me· nace d'abolir l'escale de Bakel. 11 est accompagné et conseillé par un nommé Moksé. soit qu'il veuille favorisercelle-ci. Il venait en effet . il ne le cède à aucun· Maure. fait prisonnier trois autres~ et effec~ué un certain nombre de pillages. grand marabout du roi et chef de la tribu des Dhiêdhiébe ». que René Caillié fit dans le campement brakna le sejour qui devait le préparer à jouer' son rÔle de jeune Égyptien dans la traversée de l'Afrique. très inegales comme toujours~ avec le chef des Brakna. » C'. de mal. c'est un veritable escroc. » Il constate en même temps que Sidi·A1ba.est peu après. Il faut l'écouter. accueillir même ses propositions. tue un homme. Les relations continuèrent. Le baron Roger en trace. un portrait moins flatteur que celui de' Schmaltz : « Amedou. mais on doit bien se' garder de rien lui délivrerd'avance. avide. soit qu'il ait le' projet d'en établir une pour son compte. qui allait faire la traite à l'escale du Coq. en lui promettant de riches récompenses. chef des Maures Braknas. en cas. L'éliman Bou Bakar etait ainsi puni d'avoir arrêté un navire. esprit remuant. est du caractère le plus perfide. Il s'installa mîsérablement dans le campe~ ment de« Mohammed-Sidy-Mectar. par lé manque de méthode habituel de l'auteur. dans le but. Il faut reconnaltre au moins que celle-ci. Caillie dut abandonner son double projet de retourner achever son éducation dans le Brakna et de partir à travers le Sahara par. comprenant alors qu'ils avaient ét6 dupé par son faux zèle pour la religion musulmane. bousculé par les uns. disait-il. Oualata et Tombouctou. Ses compagnons brakna. et qui a fait de lui le premier de no~ explorateurs par l'énergie et la force du caractère. il descendit à Saint-Louis. Caillié a laisse au tome 1er de son «Journal» plusieurs chapitres consacrés à l'ethnographie des Maures. de se convertir à l'Islam. trop longue à son gre. La mort dans l'âme. et notamment d'une exposition convenable.. dont le camp « pouvait contenir à peu près 100 tentes et de 4 à 500 habitants» il revint chez son marabout. Après une visite.et non sans raison . à l'emir.de n'avoir pas été soutenu par l'administration. Des offres insuffisantes lui furent faites. et demanda un secours au gouverneur. l'abreuvèrent d'injures et s'en retournèrent bredouilles. et à chanter les louanges du Prophète. René Caillié s'est plaint avec amertume . et fit comprendre à Ahmeddou que ses sujets établis à Saint-Louis étaient garants de la securité du voyageur. relativement bien traité par les autres. S'ils souffrent. ces renseignements n'en sont pas moins d'une sincérite et d'Une veracité parfaites. s'arma d'une planchette à ânonner le Coran. Au début de mai 1825. de certains défauts litteraires. s'entralnant inlassablement à la térriblc aventure dans laquelle il allait se jeter. yeilla sur lui pendant son équipée au Brakna. Il vécut ainsi neuf mois. C'est peut-être . s'étant rendu compte qu'if lui fallait des subsides pour se constituer une façade respectable en tribu.nEvUK DU MONDE MUSULMAN se mettre à J'ecole de ce saint homme. à son insu. Aussi une convention particulière intervient-eUe.t du roi. et par parts égales conformément à une convention qui fut adoptée par les habitants de SaintLouis et approuvée par le gouverneur (cf. Hamet-Dou est reconnu roi par le Gouvernement français j c'. s'if y a eu des fils mineurs' du roi précédent. qu'!! vient d'énumérer) a son chef particulier et indépendant. A cc sujet. En 1834. la couronne revient à son fr~re qui la conserve jUsqu'il. La couronne n'est héréditaire qu'autant que le roi l. Cette année-là. if reçoit celles que payent les navires traitants. et ceux-ci les distribuent ensuite Il leurs sujets. mais les marchandises qui en proviennent sant partagées entre tous les chefs et les princes. la traite se fit sous forme d'association en participation. sa mort. Retenons simplement ici : Chacune de ces tribus (brakna. le 5 mai 1834.aisse en mourant un fils majeur: s'il meurt sans enfants. l'arné rentre dans ses droJts et reprend la couronne de son père. pour fixer la traite de la gomme par des mesures spéciales à cette année· là. Ces tribus se font souvent la guerre cntre elles et peuvent l'entreprendre sans Je consentemell. il cst intêressant de citer une Jettre. représentant du gouverneur. et même s'Jl ne laisse que des fils mineurs.LES BRAKNA 49 encore à l'heure actuelle ce qui a été écrit de plus juste et de plus intéressant sur les mœurs ct les coutumes maures. Les coutumes furent prélevées sur la quantité de gomme trai~ée et non sur le jaugeage des bâtiments (cf. annexe). annexe). entre Ahmeddou et le capitaine Caillié. alors.'escale du Coq. l'état de guerre décJarée entre la France et les Ouolofs de'Fara Pinda dans le Oualo et les Trarza provow qua la fermeture des escales du bas fleuve et un afflux considérable de caravanes maures et de navires saint-loui~ siens à .est Il Jui que l'on paye les coutumes pour favoriser la traite de la gomme. Les marabouts ne reçoivent rien des princes. écrite j'année précedente (24 juin 1834) pltr Je gouverneur de 4 . Ils ont malheureusement fait choix du premier rMe: qu'Jls l'abandonnent dés aujourd'hui. est de beaucoup préférable à quelques minces profits qui se font sur les avances. Invitez en même temps les traitants IL lui refuser des avances payables en gomme. Je ne saurais trop le répéter: les habitants de Saint·Louis seront. C'est hl la véritllbJe origin.e des mauvaises affaires qu'Us ont faites depuis nombre d'années. Le correspondant du gouverneur. et que ce qu'il demande ese réellement contraire A ses intérêts. y fit preuve des plus sérieuses qualités de curiosité documentaire. d'adresse et de tact. il devait rendre à la colonie.Germain «au Commandant de l'escale des Brak· oas». protection. le . Le Gouvernement fait pour eux tout ce qui est ~n son pouvoir: conseils. Cette position. en gualite d'inspecteur mobile de la Traite et de directeur des Affaires extérieures. qu'ils fassent aussi quelque chose pour eux·mêmes.alitê d'e. ils seraient libres de changer d'escale. Il n'eut pas déparé ces bureaux arabes qui menaient alors. était le capitaine :Cai11ie. Tâchez de faire comprendre IL Ahmeddou qu'il ne m'est pas permis de f~ire ce que la loi défend (de lui faire des avances).torsions qui existe aujourd'hui. la politique indigène de l'Algérie j on retrouve son action habile dans toutes les négociations avec les chefs et les tribus maures... Un dernier traité devait être conclu avec Ahmeddoll. dont ils ne sont que des esclaves. Elle témoigne de J'insatiable avidité des émirs maures et de l'incurable rivalité des traitants.Yt:E DU MONDE MUSULMAN Saint. assistance. les mattres de la traIte de la gomme. qui. commandant de l'escale du Coq et chargé des relations avec les Brakna. du jour qu'ils le voudront. S'ils n'avaient pas J'imprévoya'nce de se Iler par ses avances.50 Rf. Le souvenir de cet officier de talent est conservé par le nom d'une rue de Dakar. considérée dans ses résultats. une rivalitê de bons procédés au lieu de la riv. Il inaugurait les emincnts services que jusqu'en septembre 1847. et il en manœuvre tous les fils à la fois. date de·sa mort en rade de Gorée. lorsqu'llséprouvent des vexations et ils obligeraient par là les Maures A établir entre chaque escale. avec tant d'éclat. pillages commis par les Brakna seront remboursés par les soins de J'émir au double de leur valeur. tous les deux: ans. Les . Mais cette solution partielle suffisait au gouverneur. qui ne cherchait que la possibilité d'établir en paix un poste à Mérina"ghen. mais il ne voulut rien promettre à Ahmeddou qu'il ne craignait pas. surpris en fraude. Le long règne d'Ahmeddou (1818-1841). et s'accentuèrent beaucoup plus avec son frère Mokhtar Cheikh qui. qui revendiquait le pouvoir pour les Oulad Normach. s'écoula non sallS difficultés avec les campements de la branche aInée. arrêté par les Français. par les soins du capitaine de vaisseau. Il avaît pour but de mettre fin aux violences exercées par les Brakna sur les traitants saisis en fraude de gomme. Il comportait en substance: a) Tout Irllitllnt.rgo ne pourra être mis et la coutume perçue que par le ministre de l'émir. à 200 bœufs. hors des limites de l'escale du Coq. pris sa succession politique. Les hostilités durèrent plusieurs années et provoquèrent le jeu des alliances ordinaires Brakna .LES BMKN 9 mai 1839. sera envoyé d'office au Coq. Elles commenœrent avec Ahmed. à sa mort.Id Ou Arch. sera tenu de payer la même coutume que le navire de même tonnage commerçant !êgalement à l'escale. et le taux en fut fixé. en mai 1840. c) L'embe. L'état d'hostilité se maintint ainsi pendant plusieurs années. d) Le b4timent fraudeur. gouverneur Charmassen. fils aIne d'AhmeYada. Le bour voulut bien s'engager au payement d'un tribut envers l'émir Mohammed AI-Habib. Les . b) Le navire fraudeur sera conduit au Coq ou à Dagana par les soins cl'Ahmeddou. A cette date également se place l'intervention du Gouver-nement pour obtenir des deux émirs trarza et brakna la cessation de leurs courses dans le Diolof. Or Leïla. Mbaoua.nguérè).épouse. nuèrent par intermittence la lutte contre Ahmeddou. Celle·ci ne lui ayant pas donné d'enfants. à l'histoire des Brakna et à notre politique. qui affichait une .oire resta au parti d'Ahmeddou. Ahmet-Sidi et Mokhtar.oit aussi les tombes des guerriers morts ce jour-là. Les deux armées se rencontrèrent à Youaga (non loin du mari· got de Guet. lui déclarèrent la guerre et appelèrent à leur ·secours. et Mokhtar Cheikh dut s'eniuir dans le Tassaguert. et la vict.que Bouvrel décrit en ces termes: « Les cousins d'Ahmeddou. ct celui·ci s'en plaignait encore au gouverneur.1tti- . du campement princier des Chratit (Id Ou Aïch).ue. près duquel les marabouts brakna viennent en pèlerinage chaque ann6e. comme il convient. Ce fut Sidi EH. jaloux de ce que le roi touchàit les coutumes sans les partager avec eux. dont Ahmeddou avait épousé une fille. et les révoltés 98. Moctar Ali. Ahmeddou mourut en 1841. La victoire resta aux Oulad Siyed. Mohammed~Sidi. qui ne devait disparattre qu'en 1893. Les Oulad Siyed firent appel au concours des Chratit.» On y v. vaste plaine de dix lieues de tour.REVUE DU MONDE MUSULMAN Normach trouvèrent des subsides et des partisans chez leurs alliés Abakak. Le'ila ment Rassoul. malgré son infériorité numéri1:J. où il meurt vers 1835. On voit près de Youga le tombeau d'un grand marabout. ct lui demandait des secours. après avoir été mêlé. La b~taille dura trois jours. Le combat le plus chaud de ces luttes intestines parat! avoir etc celui de Youga. involontairement empoisonne par sa femrr. il avait épousé la fille d'un de ses haratines. cheikh des Douaïch et père de Bakar. de l'enfant de son mari et de la famille de sa co. Cette mort n'arrêta d'ailleurs pas les hostilités. qui lui donna un fils. pendant un demi-siècle. Ces derniers vaincus se réfugièrent dans le Tagant. jalouse. Mohammed Ou Id· Zoueïd Ahmed. Ses frères conti.e. Il perdit 54 hommes. en 1840. sans arbres et parfaitement unie. « un vilain homme» comme l'appelle le gouverneur Pajal et par Bou Bakar. allèrent lui chercher du secours chez Mamadou Biram. et qui protégeait l'escale de Ga~. guidés par Ndiak Mokh· tar. Mais par une circonstance fAcheuse. 4. par conséquent. du port de Nantes. et chaque parti chercha des alliances. Elle versa du poison dans la calebasse famil. Tous décédèrent. cousin aussi d'Ahmeddau et neveu du précedent. et notamment les Oulad Normach. .LES BRAKNA 53 tude blessante à son endroit. Entre 1840 et 1850. La mort d'Ahmeddou fut le signal de déchirements intérieurs chez les Brakna. fils de Khodiéh. on voit un trois-mâts. vizir q'Ahmeddou lor. portèrent à l'émirat Mohammed Rajel ould Mokhtar ould Sidi Mohammed. almamy du Fauta. transportée ensuite à Cham. - Mokhtar Sidi (t841-l843). l'empoisonné. il rentra impromptu et but le jait empoisonné avec un de ses frères consanguins. La plus grande partie des Oulad Siyed et le reste des Brakna. et Al-Khedich. son frère utérin. notable influent des Oulad Siyed. Les Oulad Siyed n'attendirent pas l'arrivée des contingents noirs. Une partie de la tribu. alors que son mari était absent. L'enfant.iale. La lutte s'engagea aussit6t. élurent un cousin d'Ahmeddou. décoré du nom de« Roi Hameddou » effectuer des transports constants entre la France et le Sénégal. . avec qui nous étions en relations depuis plusieurs années. Les frères d'Ahmeddou et notamment Ai-Hiba et Bakar. résolut de faire disparaltre ses adversaires. partisans de Mokhtar Sidi. les Oulad Mançour et des campements Oulad Siyed. son fils: Mohammed.âgé de huit ans. Le long règne d'Ahmed4ou avait popularisé ce prince dans le commerce français instaUé à Saint-Louis. et sa mère avaient échappé au danger. Mokhtar Sidi ou Id Sidi Mohammed. Quelques temps après. les conséquences furent assez inattendues. que nous venions d'occuper J'année précedente. le prince avait souleve la haine d'un certain nombre de traitants en denonçant à Saint·Louis ceux qui faisaient la traite clandestine de la gomme. Une circonstance heureuse permet d'appréhender. qui arrivaient avec un groupe de Toucouleurs. Par ailleurs. se retournant contre Bakar et Al-Hiba. le gouverneur Bouet. puis. Sur les habitants de Saint-Louis. Mokhtar Sidi reconnut que c'était lui qui avait don~é l'ordre de couper les routes et d'intercepter les caravanes de gomme. qui devait se perpétuer jusqu'à nos jours. Ils craignaient une réaction des peuples riverains. ils les battirent. l'inquiétude était à son comble. On venait d'apprendre le 27 janvier 1843 que le prince avait pillé un cOtre de Saint-Louis qui avait atterri non loin de son campement.' en faisant disparaltre du territoire brakna l'émir qui ne ralliait pas la majorité -des suffrages Oulad Siyed. tribu en qui nos relations d'un siècle nous avaient habitués en quelque sorte àvoir le corps électoral du groupement. parce son rival était maltre de l'escale. et même en en poursuivant quelques-uns devant les tribunaux. .WiHaumez fit instruire son affaire. refoulèrent les Toucouleurs sur la rive gauche. Pageot des Neutières résolut d'y mettre fin. elle produisit une impression profonde. Ces luttes intestines arrêtaient depuis deux ans la traite. Il fut dès lors envoyé au Gabon. i. Le gouverneur p. « Il n'en fut rien. tuèrent Bakar et mirent en fuite AI-Hiba. Caillié partit le soir même. Il se saisit de MokhtarSidi etl'emmenaàSaint-Louis. ~ Sur le fleuve. Les griefs ne manquaient pas. Il inaugurait ainsi la série des internemen~s politiques dans cette colonie. Cette mesure eut diverses conséquences. et interné au fort d'Aumale. sans en· combre.REVUE DU MONDE MUSULMAN Ils se jetèrent sur Mokhtar Sidi et dispersèrent ses bandes. . Ils croyaient voir leurcommeree aneanti . Mokhtar Si di. malgrê tous ses efforts dans le Fouta (dont il était te che!). avalent manifesté quelques intentions peu amicales. il s'êva(1) Cesl·k_dire des parÜMIlS de Mohammed RAje!. i. dont vous connaissez l'esprit remuant. dit une lettre du 'gouverneur p. et ne voulant point abandonner ses projets de vengeance.arrangement. Mais. c'est que les Trarzas. D'un autre cOté l'air rassuré des Oulad 5ihit(l) ct les démonstrations imposan tes du Séoégalleurlnspiraientde sérieuses craintes. ct qu'à cetle nouvelle ils se sont empressés de rentrer dans l'ordre. lorsque l'arrivée 1e J'ai· mamy parmi eux les détermina Il attendre sa décision. Il se détermina donc à essayer ae la voie des négociations et m'écrivit une lettre dans laquelle. Laborel. Celui-ci. l'orgueil de la rive gauche abattu pour longtemps. dont les Oulad Siyed C<lnstituo.LES BRAKNA 55 Les partisans de Mok.d'enlrer en.htar furent dans la stupéfaction.ne trouvaqu'irrésolutionet découragement. Un rendez·vous fut dés lors mênagé entre lui.ft Mokhtar Sidi. Le 13 septembre 1844. Quant.. 11 la date du :ilS juin 1144. apfês avoir rejetbur les Oulad Sihit toutes les causes de la guerre. Là. lui tuérent 113 hommes et lui firent tg prisonniers. Je commandant Caille et les chefs maures.: chefs du Toro. il lcs entralna avec iui sur le territoire de la MaUrilani/:.. celle fols comme loujours. Ils allaient enfin se décider Il se réunir en conseil. il n'eut aucun résultaI par la duplicil~ de ce souverain. tous les peuples riverains épouvantés et demandant grâce. Mais au lieu de l'enthousiasmeet du dévouementqu'il avaitespéféi!. il s'était jeté dans le Toro. M. Cet engagement a entrafné des événements importants et des plus heureUl> pour nOtre politIque el notre commerce dans le flenve : l'almamy dêposs~dé. qu'JI espérait encore soulever j là il mit tout en œuvre pour exciter Jahaine cootre les Blaocs et stimuler les partisans de Moctar. un choc aussi violent ies avait étourdis. . Réunis au. étant parvenu à retirer de leur engourdissement Jes chefs du Toro. Un autre résultat non moins imponant que les précédents. ils restèrent plusieurs jours dans l'jnac~ tion la plus compMte. et remplacé par un autre chef qui ne nous est pu hostile. obtenu par l'exemple terrible qui vient d'être donné Il ces barbares. il allait encore faire parler delui pendant plusieurs années. iJ eut 11 soutenir un combat des plus vifs contre les Ou/ad Si!!it qui le battirent complètement. n'avait pu parvenir Il entra1ner ces peuples dalls la querelle. il donnait à entendre qu'il ne serait plus éloigné . Quelques jours après. grâce à ses persêvéranls efforts.ent la principl1le force. écrivait au Commissaire du Gouvernement à Saint-Louis. ses compa~ gnons de captivité et.euliers surtout ici où la concurrence commerciale amène des rivalités continuelles. mieux est. dit le gouverneur Thomas. pris un grand ascendant sur le personnel noir du comptoir ». n'ayant évidemment rencontre qu'hostilité chez les sauvages et fétichistes populations noires gabonaises.on voir ce roi déchu: J'ignore ce qui lui a ete répondu. qui. le chef maure Mokhtar Sidy est détenu . où l'on trouve avec l'idéologie et la grande éloquence des hommes du temps un peu de ce robuste bon sens français. Citoyen Commissaire.56 REVUE DU MONDE MUSULMAN dait du fort d'Aumale avec ses deux ministres. qui heureusement ne perd jamais ses droits et permet de s'arrêter à la' limite des sottises. la lettre daprès. soit du côté de Portendick. ils le feront de tout cœur. La surveillance sévère. afin de brouiller les Maures entre eux. il n'en est pas ainsi des parti. Il fut obligé de réintégrer le poste peu après. dit un rapport de l'époque. Mais au poste même. » Et Thomas fait part de ses craintes devOÎr les Anglais continuer leurs manœuvres. Sans tarder. et. qu'on exerça sur lui déjoua dès lors toute manœuvre. Caillié venant de mourir quelques mois auparavant à Gorée. Si les deux Gouvernements s'entendent. mais je ne doute pas que si nos voisins peuvent nous jouer un mauvais tour. Mokhtar espéra sa liberté et fit conna!tre son sort par des moyens inconnus à Paris. à la faveur de ses dissensions. sôus-secrétaire d'état aux Colonies. avec les trois soldats noirs. Depuis Je mois de juin 1844. ses gardes. d'attirer la gomme à eux. mué en fervent musulman. le 5 mai 1848. en apprenait avec émotion à Saint-Louis qu'un de ses parents était allé à Bathurst pour « réclamer la protection anglaise et solliciter un passage pour aller au Gab. jusqu'à l'interné du fort d'Aumale. Schœlcher. soit par le Ouli. il avait« en sa qualité de marabout. mais en mars 1845. r.Mohammed Rdjel (1842-(851).-11 lui importe de montrer qu'elle n'approuve pas des actes de cette nature et qu'elle en r'épudie la solidarité. Je lie fil'c pas d'ameurs de termes précis pour l'exécution de Cette mesure de réparation. Mals si Ull ajournemcnt. il est probable qu'il a dû mourir de sa belle mort au Gabon. les hommes de la Rêvolution avait disparu. dès 1843. auxquelles il faut certAinement . a inspiré auX' populations du Fouta des haines et des défiances. du jeune Sidi EU oulci Ahmeddou [. Bien avant la fin de l'annee. Je suis instruit d'ailleurs quc Mokhtar Sidy tient au Gabon une conduite louable et se monlre supérieur par son caractère au malheur qui l'a frappé. Je décide que ee chef maure sera reconduit au Sénêgal et qu'il y ~era laissé en toutellberté. Comme la tradition ne relate pas son retour dans le Brakna. vous auriez li me rendre compte immédiatement de vos motifs et à prendre de nouveau mcs ordres. s'lJ essaye de fomenter contre notre commerce et nos intérèts de nouvelles coalltiom. opérée avec des circonstances que je regarde comme une violation du droit des gens. Ce sera faire en même temps de la bonne politique. car nous témoignerons ainsi aux lndigênes que ce gouvernement entend pratiquer envers cux les prinCIpes de justice et de loyauté qu'il leur demande à eUX-mêmes de représenter dans leurs relations avec lui.Attribuer une partie des agressions qu'elles onl depuis lors si souvent exercées sur les traitants et les navires du Sénégal. qui dépasserait la fin de J'année.1ssion du commandement de son père. à sa majorité. vous laissant 11 en apprêcier l'opportunité.LES BRAKNA au Gabon comme prisonnier politique. La République ne gouv. il avaiteté.erne que par des principes d'honneur et de loyauté. reconnu officiellement comme émir. mais sans' prejudice des droits. Je sais que son arrestation. Mohammed RAjel ouldMokhtar était le neveu et rival de . sauf 11 user envers lui de moyens avouables pour le combattre et le vaincre. devait entrer en 'poss'. vous paraisaail indispensablc. . qui. Quant à Mohammed RAje!. et l'on n'entendit plus parler de Mokhtar Si di. 5. Sur la simple demande du chef des Ouled Hamed (auquel sans doute il ne manqua pas d'en insi. Voici d'après Caillié.nuer adroilement l'id~e) et de quelques mécontents. Il put rallier à sa cause Mohammed Ràjel. fit un voyage chez les Brack· nu. par les Euleb. roi des Trarzas. à 14 suite de trois assassinats qu'Us 8. dont l'influence était considérable. Un des frères du Terrouzi. de faire assassiner. jeune homme 19è d'environ quinze ans. Dans le Brakna. et surtout contre le grand émir des Trarza. qui était aussi notre allié et à la tête des bandes Siyed que lui donna le chef berkenni.Habib. il promilde lesoulenircomme roi de$ Bracknas. qui pensaient faife ainsi échec-à J'émir des Trarza. une première fois. à rentrer dans leurs pays. ses tributaires. soutenu par des contingents Ida ou aH. Dans ce voyage. lors de la mort de leur père. Macter Sidy. de les informer de son Intention et de leur intimer l'ordre de le reconllaftre pour leur roi. Son règne se passa à batailler contre ses concurfents Normach. et qui d'ailleurs était l'atné des Mohammed AI. partisans de l'ex-roi.llchargeaensuite deux cavaliers de son escorte de conduire son élu chez les Oulad Sihil et les ArraJines. Mohammed Al·Habib. sous prétll)(le d'engager les Oulad-BeUis.v4ient commis.58 REVUE DU MONDE: MUSUI. Ahmed Leïgat. d'intr6niser son protégé Mohammed 5idi. mais Il'avait pas revendiqué ses droits. le battit non sans peine. qu'ils avaient quitté 1'4nnée dernière. il attaqua Mohammed Al· Habib. il avait tenté. Celui-ci. il s'arrêta quelques jours chez les Oulad Hamed où se trouvait le neveu du traltre. pour les punir de l'appui prêté au rebelle. Il entreprit par la suite des campagnes contre les Brakna et contre J'Adrar.Ahmed LeYgat. et pour en" finir trouva plus expédient. qu'il avait rasé de ses propres mains (1845). qui s'était réfugié dans l'Adrar.MAN Mokhtar Sidi. le récit de cette aventure et de ses projets: Mollammed El-Habib. nos alliés. avait conçu le projet de détrÔner son "frère. vers 1850. Il y était d'ailleurs poussé par les Français. Les chefs des Oulad Sihil protestèrent aussitOt contre la conduite de . ques autres personnages. Les partisans du neveu de MocUlr-Sidy. son gré? Les combinaisons vont plus loin 1 ses sollicitations réitérées auprès du Gouvernement français pour obtenir une" escale li Gaè. des directeurs du Génie. Il etait accompagne de l'inspecteur du Génie. ministre du roi des Braknas. Au début de mai 1846. ils se préparent à la guerre. des Ponts et Chaussees et de l'Artillerie.LES BRAKNA Mohamed El-Habib et se rendirent auprès de lui.' i. Nous les prtmes à bord et nous nous dirigeâmes vers Mao. Le camp des Maures bracknas était établi sur la rive droite. Il ne put voir Mohammed Al· Habib. J'eus avec le roi et le ministre une conférence dont je fus pleinement satisfait. le gouverneur p. qu'il a faites l'année dernière aux Oulad Sihit mémes. et aujourd'hui le bruit court que les deux partis n'ayant pu s'entendre. Houbé vi~i· tait les escales du fleuve. Alsace. les promesses et propositions fallacieuses. malgré son vif d~sir. pour lui signifier qu'il eil! à se mèler des affaires de son pays et à ne point s'occuper de ce qui se passait chez eux. Le roi vint à bord avec sa suite: plusieurs femmes de princes et de marabouts lessui~ virent. était à Podor. il put joindre facilement Mohammed RâjeL« N'diack Mokhtar. Il tenait en effet à « essayer d'effacer de son souvenir par une bonne réception la fâcheuse impression laissée dans l'esprit des Maures par l'arrestation du roi des Braknas ». tout démontre iusqu'à l'évidence qu'il cherche li faire nattre de nouveaux troubles à l'escale du Coq dont il Medite depuis lonlltemps la ruine et qu'il veut à toute force nous faire abandonner pour en ouvrir une chez lui. Que doit-on augurer de cene conduite du Roi des Trarzas et quel est son but en agissant ainsi? Soutiendra-t-il son ouvrage et aurait-il la prétention de s'ériger en potentat suries autres puissances du fleuve et de leur imposer des rois b. cette fois sans avoir pu arriver à ses fins. membre du Conseil d'administration. raconte-t·U. avec quel. de M. afin de les brouiller avec Mohammed Rajel. En revanche. L'émir trarza dut rentrer chez lui. du Préfet apostolique. Je leur fis au nom du roi des . ayant appris que les Oulad Sihil el les Arralines étaient chez le roi des Trarzas. s'y rendirent aussi pour défendre leurs droils. nous parvlnmes dans le camp.l. Je leur parlai cl 'aller visiter le camp et je rejetai la proposition qu'ils me firent de rester à bord comme otages. nous retournâmes 'à bord. fils d'Ahmeddou 10'. en souvenir de son père. loin de \'èmir Brakna. par Ould Lergat. il cherchait à's'en débarrasser. Mohammed AI-Habib saisit ce prétexte puur . Ou Id Leïgat se réfugia chez les Brakna. et de la guerre qu'il mena contre "eUlL Craignant que le jeune Sidi EH ne cherchât. Sa conduite. que nous déposâmes à Podor. il n'etait qu'un fantoche. frère de Mohammed Al· Habib et parent maternel de l'enfant. Trop jeune pour remplacer son père. à sa mort (1841). li amenait avec lui Je fils d'Ahmeddol. dans la tribu des Oulad Siyed. précédés ùe la fanfare et de ma petite escorte. un mouton et du lait. nous nous assîmes sur les nattes au milieu d'une nombreuse et bruyante assistance. Le roi Mohammed Râjel nous envoya un bœuf. Le jeune Sidi EH. mais Sidi EU était èlevc. où il avait de nombreux parents par sa femme. NOUs redescendlmes Je f1eu\~e. il avait etc écarte du trOne jusqu'à ce qu'il fCn en âge de régner. à la suite de son alliance avec l'émir des Trarza. à lui enlever le principal. Après un quart d'heure de marche. Nous débarquâmes donc tous. mais tous les tributaires du pays lui appartenaient et la plus grande partie des campements lui etait attachee. à la nuit. On a vu que Mokhtar Sidi avait eté élimine en 1843. Quant à Mohammed Râjel. emmenant avec nous N'diack Mokhtar et sa suite. lui attira les haines des Oulad Siyed. » L'année 1848 vit un déclassement d'alliances et une intervention française très prononcée dans les affaires maures. un jour ou l'autre. avait alors une douzaine d'annees. A la suite des diflêrends qui éclatèrent entre les deux princes trarza. qui ne lui avait guère jusque-là valu qu'une très mince considération.60 REVUE DU MONDE MVSULMAN Français les cadeaux d'usage. Puis. demandèrent alors à Du Chateau de faciliter leur passage sur la rive gauche. qui. De son cÔté Mohammed Râjei. tentes. «Je n'avais d'autre but dit-il lui. entre la nation des Brakna et celle des Trarza. enfants. où se trouvaient avec Mohammed Ril:jel tous leurs troupeaux. . et par Ould Leïgat. ses propres parents et sujets. Avant tout.LES BRAKNA 6. dans la nuit du ra au lImai. et qu'il n'hésita pas. au confluen t du marigot de Doue. la mehalla trarza entrait sur le territoire des Oulad Siyed et les acculait au fleuve. à la nalIVel de l'invasion trarza. protecteur du jeune Sidi EH. Le même jour. Au début de mai r849. sauvant ainsi la vie à toute la tribu Oulad Siyed. et passèrent dans!l! camp ennemi. du moins d'un massacre immédiat. si utile à notre commerce. C'est ce qu'il fit bien volontiers. donner suite à ses projets d'invasion et demanda à la tribu de chasser son frère. La situation des Oulad Siyed était désespérée. ~ Le commissaire en etait si convaincu qu'il était résolu à intervenir par les armes. à l'abri. femmes. que de conserver la concurrence. hommes. Cette manifestation en imposa à Mohammed Al· Habib qui n'osa pas attaquer les Brakna. s'unit à l'émir des Trarza pour attaquer les Oulad Siyed. elle est indispensable. les abandon· nèrent dans la nuit du 10 au lImai. effrayé de voirSidi Eli au sein même des Brakna. s'il le fallait. était accouru avec trois bateaux au secours des Brakna. Ceux-ci. quand leurs zen aga Arallen. à faire débarquer des troupes pour tenter une diversion favorable aux Oulad Siyed.même. conduits par Bou Bakar ould Khoddich. sinon de tout danger. troupeaux. etaient sur la rive sé· négalaise. L'existence de toutes les deux est plus qu'utile à nos inté· rêts . Les Brakna se préparaient à une résistance énergique. lis furent sauvés par « le citoyen commissaire Du Cha~eau ». il Importait au Sénegul que l'une de ces deux nations ne fût pas absorbce par l'autre. REVUE DU NONnE MUSULMAN Les deux troupes remontèrent alors le fleuve, chacune sur sa rive, les Brakna s'éloignant autant que possible du territoire trarza, les Trarza guettant les premiers dans l'espair de les mettre en pièces, le jour où, t6t ou tard, ils devraient repasser le fleuve pour rentrer sur la rive maure. Quant à Du Chateau, considérant que son rôle n'était Ras fini, tant que Mohammed Al-Habib ne seraIt paS rentré chez lui, il remontait avec sa flotille le fleuve Scnégal, sous prétexte d'aller palabrer -à Podor avec les chefs du Fauta, et empêchait ainsi par sa seule pr6sence tout engagement d'une rive à j'autre du fleuve. Les Oulad Siyed ne firent que passer à Podor, mais avant de continuer leur route sur Guidé et Mokhtar Salam, où', disaient-ils, ils étaient assurés de trouver protection, ils demandèrent à Du Chateau de prendre sur ses bateaux tous les enfants. Les gens de Podor, qui ne doutaient pas du sort que leur réservaient Trarza, Toucouleurs etPeul, pour avoir donné asile aux Brakna, firent aussi embarquer leurs enfants, et en outre leurs femmes, au total 300 personnes. Quant aux Brakna, ils avaient juré entre les mains de Bou Bakar Khoddich qu'aucune de leurs femmes ne serait em· barquée, afin de mourir en les défendant, s'il le fallait. Tout le monde se remit en marche j à peine Podor 6tait· il évacué que les flammes s'élevaient de partout. Toucouleurs et Peul venaient d'y mettre le feu, puis attaquaient les Oulad Siyedqui leur infligèrent des pertes et continuèrent leur route. lis retrouvaient le soir même, 13 mai, à Mokhtar Salam, leurs familles, déposées là par Du Chateau. Cependant celui-ci, ayant immMiatement viré de bord, revint à l'escale du Coq, avec son vapeur, y prit Eliman Bou Bakar, chef du Dimar, dont l'intervention allait lui être utile auprès des chefs du Toro, et alla jeter l'ancre à Yatal, où, en face de la mehalla trarza, se constituait une forte bande toucouleure et peul. Les Trarza se préparaient LES 8/lAKN"A à passer le fieuve, et tous devaient marcher contre les Oulad Siyed pour les exterminer. Mohammed Al· Habib ayant demandé alors une entrevue à Du Chateau, celui-ci la refusa, disant que dans le pays Brakna, il n'avait rien â régler avec le roi des Trarza, et qu'il le verrait, s'il le youlait, lors du passage à son escale. «Ce refus, puis l'arrivée du «Basilic », le second aviso de la flotille, jetèrent le trouble dans l'esprit des Trarza, qui, se considérant hors de chez eux, se sentaientdêjà moins de courage. En .24 heures, toute la mchalla se débandait et rentrait sur le territoire trarza, suivie de près par son émir. Les gens du Fouta, gagnés par le palabre, se dispersaient à leur tour, Quant à Mohammed RAjel, il montait humblement à bord et reconnaissait ses torts. Les Qulad Siyed étaient sauvés; ils ne pardonnèrent pas li. Mohammed RAjel sa conduite indigne, et les conflits re· commencènint, mais localisés cette fois au Brakna. Pour le soustraire à tout danger, et l'élever dans des sentiments de loyalisme et d'amitié envèrs les Français, Du Chateau se fit remettre le jeune Sidi Eli et pourvut à son éducation, à Saint-Louis, dans l'espérance que le jeune homme« n'ou· blierait pas tout à fait les soins dont il etait l'objet, lesser· vices qui lui étaient rendus et la protection que le Sénégal lui avait accordée, alors qu'il était fugitif et malheureux ». On le retrouvera plus tard, sous le nom de Sidi EH II. MohammedAI·Habib ne pardonna pas à Mohammed Râ· jej sa défection. En 1851, avec l'aide de contîngentsouolofs et toucouleurs, il renversa cet émir, et le remplaça par Mohammed Sidi neveu de j'émir déchu, Nos relations avec Mohammed RAjel furent généralement courtoises. Ce chef, s'étant plaint à plusieurs reprises que de nombreux commerçants fissent la traite de la gomme, hors des escales ordinaires du fleuve, à leur retour de Galam, contrairement aux arrêtés en vigueur, Je gouverneur réunit '4 REVUE DU MONDE MUSULMAN une Commission syndicale, le 15 février 1846. De l'interrogatoire des traitants signalés, il rcsulta, ce qui n'était pas flatteur pour eux, que «si tous ou la majeure partie d'entre eux, ne se sont pas livrés à cette traite illicite, c'est qu'ils n'ont point trouvé de marchands de gomme, ou bien parce qu'ils manquaient de marchandises, ou bien encore parce -qu'ils n'ont pas pu s'arranger avec les Maures. ~ Le commerce est, à cette date, très florissant. Le commandant Caillié signalait, le 8 mars, qu'il avait été traité .depuis le début du mois: 35.855 kilos de gomme au Coq. 18.220 aux Trarza 1,029 aux Darmankour: Le montant des bâtiments était de 184, dont SI au Coq, 56 aux Trarza, et 17 à l'escale des Darrnankour. Ces bonnes dispositions de Mohammed RAjel ne l'empê-.chaient pas de faire quelquefois l'important. A trois mois ,de l'humiliation rapportée plus haut, il avait, en bon Bédouin, l'outrecuidance d'écrire au gouverneur qui avait usé de J'intermédiaire de commerçants: « J'ai succéde à Ahmeddou, comme Ahmeddou a succMé aux anciens rois. Le bien appartient à celui qui eXerce l'autorité, et c'est aux OuladAgrich, dont je suis le chef et représentant depuis sept ans; vous ne devez vous occuper que du roi 'et c'est à lui que vous devez payer. Le reste' ne vous regarde pas.» (4 aoÛt 1848.) Son autorité ne s'6tendit guère d'ailleurs qu'au gros des ûulad Siyed et aux Oulad Ahmed. 6. - Mohammed Sidi (185H858). Mohammed Sidi était un autre nevfilU dece Mokhtar Sidi -qu'en 1842 l'autorité française avait déporté au Gabon pou~ LES BRAKIiA 65 ramener le calme dans le Brakna, Avec son cousin Mohammed Al-Habib, fils de Mokhtar Sidi, il s'etait réfugie auprès de l'emir des Trarza qui s'etait chargé de leur éducation et les poussa par la suite contre Mohammed Mjel, son ennemi. Comme Mohammed AI· Habib n'était qu'un en· fant, ce fut Mohammed Sidi qui rallia définitivement les suffrages de J'émir des Trarza et des Brakna dissidents. Mohammed Sidi, prétendant pendant tout le comman· demen,t de Mohammed Râjel, erra sans cesse de.~ Jd Ou A'ich aux Trarza en quête de secours. En avril 1847, son mariage avec une fille d'Ahmeddou 10 ' enfla son parti de campements fidèles à l'ancien emir. C'est le signal de sa fortune. A plusieurs reprises, il vint attaquer son rival. En aoÎit 1848, notamment, à la tête de contingents trarza il atteignit le camp de Mohammed RAje! et le pillait, Les deux chefs furent blessês : le premier, d'une balle qui lui emporta deux doigts de la main, l'émir d'une balle dans le pied. L'émir fut complètement defait. A partir de ceUe date, l'autorité de Mahommed Sidi s'ac· croft. Mohammed Râjel, sur les instances du Sénégal, est contraint de lui céder le tiers des coutumes. Dès l'année suivante l'autorité française le traite comme un véritable «Roi », sllivant ses propres prétentions. Il est salué quand il vient à l'escale de salves de coups de canon et y perçoit les coutumes. En 1850, une intervention en faveur de Mohammed Râjel fut tentée par le gouverneur. Pour faire èchec aux bandes alliêes de Mohammed Al-Habib et de Mohammed Sidi, il etablit un camp d'instruction à Podor, y fit venir quelques troupes et s'y transporta de sa personne. Il put se rendre compte ainsi de la faiblesse de l'émir, que soutenait Ahmed Leïgat, le frère révolte de Mohammed AI-Habib, et dut abandonner sa cause. Mohammed Sidi ne devait toutefois être complètement débarrass6 de son rival qu'en 1851, date où son alliè Ma:!:Ll!. 5 quand les marabouts ramenèrent provisoirement la paix. A la tète de ses partisans siyed et normach. et lui vint-on en aide dans ses luttes contre l'emir.Habib. émir des Trarza. puis. Sidi Eli tou· cha les coutumes. abandonne par tous. la lutte reprenait entre les deux pretendants. son oncle par alliance. sauf par le chef d'une fraction siyod : Mokhtar ould Amal'. dès la fin de l'année. parvenu à la majorité. Ce ne fut d'ailleurs qu'un intermède. Mohammed Sidi revint dans le Brakna. Mohammed Sidi ne nous fut jamais très sympathique. s'enfuit jusque dans l'Adrar.MAN hammed Al-Habib. battit et mit en fuite Mohammed Râjel. flls d'Ahmeddou lor. à plusieurs reprises. qui. Sidi EH gardait le commandement de quelques tribus.66 REVUE DU MONDE MUSUl. Allié de Mohammed AI·Habib. à qui il reprochait leur attachement aux Noirs et à la France. Cetle annee·là. qui jusque·là avait llté soutenu d'abord par Ahmed Leïgat. fils de Mohammed Al-Habib. de l'émir. Il persécuta notamment les pourognes du fleuve. on profita d'une brouille de l'émir avec Mohammed Al·Habib pour faire proclamer Sidi EU. Mohammed Sidi. à prendre parti pour Sidi . des espoirs sur son rival.a-t-oD. Sidi EH. Aussitôt Mohammed Al· Habib rentre chez lui. Aussi fonçj. après l'assassinat de celui·ci par l~ bandes qui marchaient à sa suite. Le commandement de Mohammed Sidi devait. il se heurta à plusieurs reprises aux bandes siyed et Oulad Ahmed. son principal soutien. Les hostilitCs entre les deux chefs reprenaient en 1854. Je poursuivit plusieurs jours sans pouvoir l'atteindre. comme il convient. Sidi Mbo· rika. La politique active de Faidherbe dans les affaires maures ramenait. au Coq. entendait recueillir la succession de son père. L'émir gardait son titre de « roi» et renouait son alliance avec MohammedAl. Dè's avril 1853. étre agité par les agressions d'un nouveau pré· tendant: Sidi EH. j'ai donnée plus de 25 .KN. El qu'll fasse comprendre llous les Brakna qu'ils doivent se réunir pour former une nation forte et puissante et qui ne soit pas à la merci de ses voisins.. allie des Trarza. Que Sidi EH pousse vivement Mohammed Sidi et vienne s'êta~ bUr prés de Podor.. Brakna à Fodor.l. qui ruine les Brakna pour laire plaisir aux Trarza. Qu'il demande l'appui des gens de Toro qui sont nos.amls. au roi des firakna d'une pièce par mille !Ivres de gomme. Mohammed AI· Habib repondait à cette diplomatie par un . Le /lis d'Abmédou doit ~tn: l'ami des Français comme son pilre. 5/ nous nOliS arrangeons. Nous allons achever à les ruiner cette année. puisque mon Intention est de faire cadeau. que les chefs toucouleurs de Podor lui avaient présente. Mais Mohammed E/-Habib a forcé son tributaire de lui en donner la plus grande partie et d'empêcher des Brakna de continuer leur com~ merce. Que SJdi EH s'entende avec les chefs raisonnables de son peuple et qu'il me réponde par une bonne lettre pour que nous puissions nous arranger.ES IlR.. ce èaptif de Mohammed El-Habib. Nous allons entrer avec une armée chez les Trarzai nous nous placerons de manlére que les Trarza M puissent pas empêcher la traite des.. C'est lui qui recevra tous les cadeaux pendant la traite.000 francs /1. qui es! Irés /ler. elaitparvenu l tromper les Français.. Si Sidî EU s'arranse avec moi. EH. ainsi qu'aux princi· paux chefs des Brakna.. Il lui écrivait.. Les Français et Brakna ont été des amis de tout temps contre les Trarza. contre Mohammed Sidi. L'année derniére. qu'il vienne Il Podor ou à bord d'Un bateau. Je désire vivement que Sidi Eli vienne l bout de Mohammed Sidi. pour qu'on Je salue el qu'on le reconnaisse comme roi des Brnkna. le 15 novembre 1855. cette lettre habile. je le donnerai des fusHs ct de la poudre et j'enverrai un vapeur au-dessus de Podor. Les Trarza sont déjà dans la plus grande misère. Il est temps de rélablir les choses sur l'Rnden pied. tous les ans. Mohammed Sidi el ce n'êta1t qU'Une partie de ce que jevoulais lui donner. e:Kcepté dans ces derniéres années parce que Mohammed EIHabi9-. quand' il voudra. Une réconciliation générale intervint cntre j'émir du Trarza. les Guedala. L'émir du Brakna. qui cimentèrent J'alliance avec Sidi EH et donnèrent Il ce dernier une plus grande autorité sur ses partisans. suivant sa propre expression. JI s'ensuivit quelques engagements heureux pour nos armes. le gouverneur se rendit !ui-méme à Koundy où il eut une entrevue avec Sidi Eli. à Tindaouja. En revanche.coup de maître. « qui ne voulaient pas se séparer de Mohammed Al-Habib» et attaquait directement cet émir: Par la suite. y apparut aussi et donna son assentiment à la coalition maure. A la fin de mars 1856. à cet effet. Des prisonniers furent faits et conduits à Podor. dont le fils du Cheikh des Tanak. De ce camp. les Id Eïlik. pour les detacher de l'alliance des Trarza ». notre ami. ses troupes devaient incursionner pendant plusieurs années chez les Trarza et les Brakna. une grande conference sous les auspices du grand Cheikh Sidïa. il interdisait toute communÎCa· tion avec les Brakna. Mohammed Sidi. n installa. et y mit une garnison d'un bataillon d'infanterie et d'une section d'artillerie. un camp à Koundy. il chercha. à une lieue au nord de Podor.« à tirer parti des dissensions qui se manifestaient chez les Brakna.000 moutons. Sidi EH restait . au début de 1856. Dans ces différentes alfaires. des bœufs et un certain nombre d'hommes. Il provoqua. ne fut pas convoqué. j'émir de l'Adrar et leurs différents chefs insoumis. dont les sentîments etaient connus. les Tanak perdirent 4. Faidherbe n'attendit pas l'offensive. Sidi Eli. qui se préparait contre les Français. Par une proclamation en date du 9 février 1856. Il la 'suite de laquelle les troupes du camp se joignirent aux Maures Brakna révoltes contre leur roi Mo· hammed Sidi et pénétrèrent dans l'intérieur. et pour faire échec à Mohammed Sidi qui créait des difficultes le long du fleuve et devant Podor.68 REVUE DU MONDE MUSULMhN . de semblable manière. à son concurrent. le camp ùe Mohammed Sidi. en face de Mbamam. Lefar. Mohammed Sidi. puis abandonne pour faire leur paix avec Mohammed AlHabib. les Oulad Eli et [es Touabir.commandant de Pedor. Si'di EH n'embrassait en effet notre cause qu'avec une certaine mollesse. Mbargou. Sidi. Il prit part à toutes les luttes des Trarza contre les Français ou leurs alliés. défendu par les Oulad Ahmed. sc souvenant qu'à diverses reprises. Flanque de son eternel tuteur. que j'émir du Trarza avait employé auprès de ses amis Toucouleurs pour les gagner à sa cause. et allait rejoindre son allié. L'annêe suivante. mais sans grand succès. chef des Id Ou Arch. chacun des deux partis brakna trouvait pour auxiliaire chacun des deux partis qui. Mohammed Al-Habib. les Normach. parcourut le Fouta. inquiet. les hostilités recommencèrent. et à Kin· <1elak. qui venait de conclure . fut mal secondé par Sidi Eli et ne reussit pas. Foni. divisait les Id Ou Aïch. pour en finir. vaincu. Morliyet. Djigueti Monadji dans l'Oued. et s'attaqua notamment avec des contingents Oulad Ahmed. au-dessus de Kaédi. Diabdiola. aller enlever. on voulut. Sidi EH s'appuyait sur les Chratit et Mohammed Sidi sur les Abakak. il allait implorer le secours de l'émir Bakkar. antérieurement. se retira vers le nord. A l'extérieur. au nord·est du lac Rokiz. Cet échec eut quand même un heureux résultat.LES DRAKNA 69 en selle. et rentra bredouille. mais le . travaillés par Bakkar. Lassés de cette guerre incessante. Mohammed Sidi avait avec lui ies OuJad Ahmcd et une partie des Oulad Siyed. La tradition a conservé les noms de plusieurs de ces combats qui se succedèrent de 1855 à 1858. Ce fut un coup de main des Oulad Ahmed qui amena la paix génêrale. les Français l'avaient compromis. chargê de cette opération. Moham~ med Sidi. En juin. des Id Ou Arch. fils de Mohammed AI·Habib. Il annonce of· ficiellement sa soumission. au cours d'une promenade. et épousàit sans retard Oarmi. et faisant prisonniers quelques Trana qu'ils mutilèrent atrocement et renvoyèrent à Mohammed AI·Habib. Quelques jours plus tard. et lA· chant Mohammed Sidi._ chef d'une moitié des Siyed. qu'il venait de passer avec ['émir des Id Ou Aïch. Avec Jes Trarza elle fut signée elf mai 1858. eut recours àMohammed Al-Habib pOUf le ramener à l'obéissance. mais comme on prevoyait qu'il était à la merci d'un coup heureux de son rival. eut recours à la perfidie. arme accoutumée des Maures. Les deux chefs marchèrent à leur rencontre. Il se faisait immédiatement reconnattre chef des Brakna par ses partisans enthousiastes. Mohammed Sidi l'accepta. tuant Mokhtar oulcl Omar. lâché partiellement par les Français. nullement intimidés. Bakkar ould SoucY dAhm ed. Les deux émirs demandaient la paix. lui fit un accueil bienveillant. ie Gouvernement concluait avec tous les deux le traité de commerce et d'amitié. Sidi EU tuait d'un 'coup de feu l'émir Mohammed Sidi. Sidi EIi. et qui allait cOnstituer sur le fleuve le régime« des escales» qui a duré jusqu'à notre occupation effective. EUe devait être la mère d'Ahmeddou. C'était la fin. Il Y a. décampèrent vers l'est. L'émir. veuve de sa victime. L'émir Mohammed Sidi restait en place. en marge de ces intrigues et aventures. une figure . n'attendirent pas leur venue et les sur· prirent une nuit.7° REVUE DU MONDE MUSULM~N un traité avec nous. dans le silence apeuré du camp adverse. mais les Oulad Ahmed. dans" le secret espoir de s'cn dé· barrasser lui· même et scella la réconciliation générale des Brakna par de grandes réjouissances (novembre 1858). qui étaient en instance de soumission. conclue le 10 juin. et plusieurs guerriers de Mohammed Sidi. dont ils étaient la principale force. le dernier émir et notre adversaire de 1903-1908. ils firent alliance avec les Oulad Dàman des Trarza. Elle entratna celJè des Brakna. La traite de la gomme se fera toute j'année par les escales dc Podor. Saldé. Il s'annonce dans l'histoire comme le brillant prédécesseur de celui qui. 11 assurait à sa façon l'esprit de suite et la continuité de la politique brakna. avec chacun des deux émirs brakna. comportait les dispositions principales sui· vantes: a} </..ldé (c'e~wAl.LES BRAKNA 7' -curieuse à signaler: c'est celle de Mokhtar Ndiak. c) Creation d'undroil d'une piéce de guinée pour 600 kilos degomme traité li Se. Le traité. A maintes reprises. On le verra un peu plus tard. Le commerce de tous autres produits est libre. parut à Sllint~Louis: « Il ne peut y avoir de crédit dans les opérations commerciales avec ces peuples (maurcs. l'avis officiel suivant. premier ministre des différenls cmirs brakna. Un acte additionnel il ce traite devait intervenir le 5 juin 1879. Une seule difficulté s'est souvent présentée. 100). ou un avis semblable. en précipitant la -chute des émirs. Pendant tout ce temps. qui se succédèrent de 1840 à 1875. e) Droit pour les français de couper du bois chez les Brakna sans payer de redevance.. allait porter pendant un demi-siècle (186001910) cet art de la po· litique à sa plus haute expression: K. touchant le versement intégral de la coutume aux émirs.ire environ 3 p. mais en maintenant soignêusement sa personne en place. conclu le TO juin 1858. d) Neutralité absolue du cbefbrakna dans le commerce entre ses sujets et les traitants.hayarhoum. b) Rétablissement des relations commerciales. ce régime a fonctionné normalement et sans trop de heurts.) qu'aux risques et périls de ceux qui le leur accordent. L'administration a déjà déclare et déclar~ . Le roi des Brakna J reconMlt la protection de la France sur les provinces sénégalaises du Dinar et du Ouolof'et s'engage à emp~cher les courses de ses tribus sur cette partie de la rive gauche. Ce droit est perçu par III Gouvernement français et versé à J'émir. chez les Trarza voisins. et impuissant à s'exé. Sa mère étant une hartanïa des Oulad Siyed. il dut se sou· mettre et restituer les gens. Son commandement allait s'étendre sur une durée de trente·cinq ans. C'est ici que se place le voyage de l'enseigne de vaisseau Bourrel et du lieutenant Alloun Sai. . On se doute que les règlements de comptes furent épineux dans ces conditions et que les émirs. qui attendaient vainement le paiement de leurs factures ou pour garantir de pillages commis par les tribus. sans que nous ayons jamais eu à nous plaindre sérieusement de lui. à la mort d'Ahmeddou. se livreront plus d'une fois à des repr-esailles tant sur les caravanes de gommes que sur les traitants du fleuve. en 1841. en décembre J858. le principat de son père que sa jeunesse l'avait empêché d'occuper. 7· . En juin 1859. cuter. bêtes et meubles capturés ou pillés j il jura en outre d'observer et faire observer plus fidèlement le traité signé l'année précédente. eUe céda souvent. soit en consentant des avances aux émirs.7' REVUE DU MONDE MvSULMAN que ce crédit n'engagera jamais pour elle la question poli. par l'assassinat. t 18g3). soit en leur faisant des retenues pour payer des créanciers. Pris avec tout son monde et son bagage. Invité à faire rendre gorge à ses gens. Les relations avec le nouvel émir débutèrent toutefois par une certaine friction. toujours quémandeurs. Sidi EH se vit attaquer dans son campement par une colonne volante que dirigeait le commandant Faron. des bandes brakna passèrent le fleuve et pillèrent plusieurs viUages ct u Diolof. » Malgré ces déclarations formelles. tique. Sidi EH ould Ahmeddou prenait. des spahis sénégalais. souvent furieux et toujours mécontents.Sidi EU Il (1858. Les pourparlers n'aboutissant pas.l'na ouid Baabba. Sidi Mborika avait. tandis qu'AUoun Sai entretenait sa tâche de réconcilier Sidi EH avec les Oulad Normach et Ahmed. s'enfuit à toute hâte. renvoya la jument. aux Ahratin·Oulad-Siid et aux Ahratin· Tanak ». il envoya une mission à Sidi Mborika qui 'Venait de succéder à son père Mohammed AI·Habib.LES BRAKNA Ils partirent ensemble. Ensuite. au cours des· quels Bourrel prit de nombreuses notes et étudia le pays et les gens. 11 trouva aussitOt dee partisans sur place. qui ne montra dans ses fonctions diplomatiques qu'une grossièreté inouïe dans cette s"cietê maure si policée. Il y parvint au moins en apparence. de Podor et arrivèrent peu après au campement de l'emir qui comprenait environ« onze cents tentes appartenant aux Oulad Siid. menaça des foudres de son allié le Gouvernement français. toujours rebelles à l'autorité emirale. Sidi Je fit arrêter et garder à vue. en visitant les campements maraboutiques. Cette mission etait dirigée par un Zenagui du nom de Kho. tandis que Bourrel rentrait à Podor. mais Khaïna. et celui·ci accepta ses offres et« envoya un beau cheval à Brahim comme témoignage «d'amitié ». En fin 1860. Rien n'y fit. Sidi arma ses gens et marcha en personne contre les Brakna. le 12 juillet 1860. enfourchant une jument de pur sang de l'cmir. La maladresse de l'émir. lis y passèrent environ trois mois. allait lui attirer des diffi· cuités sérieuses avec les Trarza. car les Oulad Normach et les Oulad Ahmed n'avaient pas pardonne à Sidi Eli l'assassinat de Mohammed Sidi. se greffant sur -J'animosite de l'émir terrouzi Sidi Mborika. AUoun continuait sur le Tagaot. car Brahim ould Ahmeïada fit porter des paroles de paix à l'émir. EH dut prendre la fuite. contre Sidi Eli un motif de haine inexpiable. On sait que son père Mohammed AI- . aux Oulad-Mansour. où l'appelait une autre mission. en efret. Il offtit des concessions. faites-le S!Lvoir à M. ECOUlez ce que je vous dis. qui cherchez à échanger vos marchandises. nous aussi. le fils même de cet émir que l'amorite française avait déporté au Gabon en 18~. Or. nous serons tout à fait vos amis. comm!Lndant. nous serons irrilés contre vous. 11 faut savoir que je suIs entièrement de son parti dans cette circonstance. Dès que ma lettre vous sem parvenue. je ne veux qu'améliorer le pays el emp~cher les troubles. Je fils d'Ahmed Leïgat. Moi. allié de Sidi EH et ennemi des Trarza. Ce jeune homme commençait à grandir et manifestait des projets ambitieux et surtout des desseins de vengeance. . et le remplacer par une de ses créa· tures. Voici en quels termes Sidi Mborika annonçait cette transformation politique au commandant de Pedor. qui n'étaient pas sans inspirer de l'inquiétude au fils de celui qui avait fait tuer son père. et lui el mol. Cette belle épttre ne convainquit pas Faidherbe. Dites-vous que vous etes des commerçants. Vous avez besoin de quelqu'un qui surveille les chemins des marchands. puissant et sache se faire obéir des sujels. Sidi Mborika devait dètr6ner Si di Eli. qUI soit intelligent. faites avec lui ce que vous faisiez avec les anciens princes. avait épousé la tante de Sidi EU. Si vous êtes content et acceptez ce que je vous dis. Sidi. cousin par conséquent de Sidi Mborika. Pour aller jusqu'au bout de son plan. Faidherbe. ·Si vous n'Rcceptez pas ce que nous ve· nons de vous dire. Soyez franche· ment son ami. cousin de l'émir renversé: Mo· hammed Al~Habib ould Mokhtar Sidi. du parti de Rassoul. sous l'ancien régime: 11 ne faut pas chercher à vous mettre nu-dessus de moi. faire que de nommer Mohammed Al-Habib. JI vous faut un homme qui puisse chasser les pillards. qui protégeaient les chemins. C'est ce qu'il fit en proclamant sa chute et en faisant reconnaître à sa place un. qui vendent la gomme et toutes les productions dece pays. et avait été placé par ce dernier chez lez Chratit.REVUE [lU MONDE MUSULltlAN Habib avait fait tuer son frère Ahmed Lergat. au . Ils prouvent bien quel était l'état dll nos relations avec les Maures. el vous. nous serons satisfaits de vous. Pour cela je ne vois rien de mieux è. chargee d'enlever le camp où se trouvaient les femmes et les bagages. Ne voulant pas aider à la réussite du projet de j'émir des Trarza. les Oulad Ahmed enlevèrent cocore. laisser ces plllages et ces assassinats impunis. par suite. et le parti de Sidi EH essuya des pertes impor_ tantes. leurs anciennes habitudes de pillage sur la rive gauche et. les troupeaux de Mao. alors nos ennemis. en rendant Sirli EH responsable de ces pillages.surprenaitle chef des Oulad Ahmed. Malgré cet exemple. s'il en trouvait l'occasion j c'est ce qui fut fait. 8iram. ainsi que plusieurs autres personnages importants. On avait eu le tort. Sidi parvint facilement même. tributaires des Oulad Siyed. le gouverneur donna j'ordre au commandant de Podor de s'emparer des principaux coupables. quelques jours après. le tuait. d'exciter les Brakna contre les Toucouleurs. à exercer leurs piilages à main armée. mais cette attaque ayan\ eté faite sans ensemble. furent fusillés. employa alors un moyen machiavclique pour nous brouiller avec Sidi lW. le I3 avril. convaincus d'avoir pris part à tous les vols et assassinats faits dans la banlieue de Podor.LES BRAKNA 75 dire de celui-ci. en 1863. Les Oulad Ahmed firent alors appel aux Trarza qui se préparèrent à intervenir. et leur fit dire que s'ils ne rendaient pas tout de suite les troupeaux. il allait leur faire la guerre. Les Brakna ne demandaient pas mieux que de reprendre. et principalement les Oulad Ahmed. même dans les envi· rons de Podor. d'un autre cÔté. et ne pouvant pas. Sidî EH se mit immédiatement à leur poursuite. En effet. ne put rien faire pour réprimer ceux qui lui résistaient ouvertement. pendant la guerre avec le Fouta. fut repoussée. il attaqua leurs camps. à engager une partie des sujets de Sirli EH. et deux d'entre eux. qui retenait à peine ses plus fidèles sujets. . Pendant qu'une partie de son armée était ainsi mise en dêroutc. en 1863. Sirli Eli. et faisait des prises assezconsidérables. une autre bande. Au premier tort. Eidi. après avoir écrit au gouverneur une lettre dans laquelle il protestait de ses bonnes intentions. voulant faire encore une tentative en faveur du roi des Brakna. ils courent vers le commandant et me font payer les dégâts. « Ce n'est que peu de chose. et fit sa jonction avec les Oulad Ahmed. » Du t"'janvier 11562 à la fin novembre 1863. Diambo. eux-mêmes ne cherchent qu'à me brouiller avec les Français. Cette situation se traduisit par une anarchie épouvantable. Le gouverneur.il était ainsi enlevé 2. et où il déclarait n'intervenir dans les affaires des Brakna que pour rétablir l'ordre. Toutes nos récrimInations ne servaient de rien. Si tela est vrai. Au sur· plus. La rive gauche du Sénégal ne tarda pas à en sentir les fâcheux effets. pour le bien généra\. Vous me dîtes que vous voulez intervenir dans les affaires des Brakna pour assurer la tranquillité du pays. en substi· tuant à un chef impuissant un chef fort et respecté. n'aboutit à rien. et j'ai fait tout ce qu'on peut faire en pareil cas tant en amendes qu'en me~ naces de mort. Gamague. il ne noua sera pas difficile de nous entendre. il pénétra sur le territoire des Brakna. écrivit à Sidi la lettre suivante ~ J'ai reçu voIre lettre. Foudéa. Laboudou. Nasli. Des bandes d'aventuriers s'abattaient en rezzous sur les vi1lages du Toro et les pillaient. Ce fut le sort de Dyouldé-diabé. . Ceux qui craignaient cette dernière peine se sont sauvés. batailla.. Diatal. mettant à exécution ses projets} apparaissait à nouveau dans le Brakna.REVUE OU MONDE MUSULMAN L'émir Sidi EH tergiversa. parce que Sidi Eli etait dans l'impuissance de réprimer les brigandages tant de ses amis que de ses ennemis. Quant aux Toucouleurs de Podor (les plai. Guéde. gnants). et qu'il ne leur arrive aucun accident..500 bœufs et plusieurs milliers de têtes de petit bétai]' L'émir Sidi Mborika. je ne demande à Dieu que de les éviter. disait-il en juillet 1863. et de plusieurs campements de Peul Odabé. quand même vous le nommeriez.LES DRAKNA 77 car nous aussi nous ne voulons que le bien lIénéral.~ pables de rétablir l'ordre che$ les Brakna.la retraite. ni vous ni moi. il Y eut une débandade g~né. excepté les Ou/ad Ahmed. je vous ferai entrer cn communIcation avec ce cnef. fail incll. naturellement. et qu'il ne demandait pas mieux que de le laisser roi des Brakna et de s'en retourner chez lui. il ne peut même pas habiler le pays des Brakna. en lui disant que quelques cadeaux arrangeraient l'affaire. je l'engagerai à. guerre entre nous 1J'ai reçu de France beaucoup de chevaux et de soldats. le reconna!tre et Us sont tout à. il n'a ni richesse. où il avait . Sidi attendait les résultats de cette proposition. je ne crois pas que cela soit le moyen d'arranger les affaires. raie. ils se seralent déjà sauvés dans le désert. Mohammed AI·HlI. pas l'habitude du commandement. vous. Si vous ne leur aviez accordé votre protection et votre aide. Après la réception de cette lettre et arrivé à hauteur d'Aléibe. et il opéra en deux jours son retour sur le territoire des Trarza. je ne pourrai pas faire autrement que d'employer ces forces à l'I!lablir j'ordre. le roi des Trarza fit faire des ouvertures à Sidi Éli. ill. S'il survient des désordres dans le fleuve. II est donc hien certain que Mohammed AI~Habib ne pourrait pas gou· verner les Brakna. JI}' aurail un moycn plus sim pie et plus flcHe d'arranger'les affaires que dc suivre cette politique dangereuse: ce serait de vous entendrc avec Sidi EH. les Oulad Allmed seuls consentiraient à.bib est un homme qui n'II. avant de s'aventurer da· vantage dans le pays. Tous les Brakna sont d'accord avec Sidi EH. vous accorder ce qui est juste dans une conférence que l'OUS pourricZ" avoir ensemble et 00 assisteraIt un ellvoyé de moi. je n'ai jamais eu autant de forces 11 ma disposition. Vous voyez donc bien que vous allez entreprendre une affaire qui vous créera indubitablement des embarras sérieux d'où il pourra résul~ ter une chose que noua ne désirons. Si vons voulcZ". ni partisans. Mais comment entenclel:-nous obtenir ce résultat? On nous di! que vous voulez pour cela nommer Mohammed Al-Habib roi des Brakna. Il y aurait bientOt toute espèce de désordres et c'est Ir. Sidi ÊH s'était réfugié à Tébékout (Saldé). que nous se· rions obligés de nons en prendre. lorsque le bruit s'étant tout à coup répandu parmi ses troupes que le gouverneur arrivait pour lui coupe1. notre allié. . Mansour et ÉH. Sous la haute autoritê de Faidherbe. chef des Oulad Éli et mettre du Rag. les Français. des Ida Ou Al-Hadj. se reconnaissant incapable de lutter contre son rival.USULMAIl jadis ouvert une escale et placê comme chef son ami Mo" hammed ould Heïba. quaient toujours le droit de choisir dans leur campement princier l'émir de la confédération. signèrent un traite de paix entre les deux confe· dérations (cf. Djeddna et Rachid pour' le Brakna. Moyennant ces concessions. Il revint sur la rive droite. Sidi Éli. Sid Mborika s'engageait à laisser les caravanes se diriger librement soit sur Podor. qui ne l'avaient pas abandonné. qui portaient un coup fâcheux au cam. mis à sa disposition par l'almamy du Fouta. les délégués des deux émirs: Chems Mohameden Fal. Il reconnaissait Sidi Êli comme émir des Brakna et nouait amitiê avec lui. Les Oulad Siyed en- . Il consentait à ce qu'un quart des droits perçus à son profit sur le commerce de la gomme à Podor fût payé à l'émir des Trarza. abandonné de son protecteur. réussirent à concilier les deux adversaires. à qui il abandonnait le tiers de ses coutumes. lassés de ces dissensions. Le pr6tendant Mohammed Al-Habib. La disparition du prétendant ne ramena pas d'ailleurs le calme complet chez les Brakna. et y finir tranquillement ses jours (t ver~ 1900). il recommença à batailler. fils de Sidi rtH. Dans les derniers mois de 1864 enfin. achetait la paix au prix d'importants sacrifices: il s'engageait« à verser au roi des Trarza une indemnité de 250 pièces de guinéel ou leur valeur en bœufs. Par la suite. il devait rentrer chez l'émir Ahmeddou. et assisté de contingents toucouleurs. soit sur Dagana. Les Normach revendi. regroupa ses bandes Siyed. et Ahmed ould BraYk pour le Trarza. vint chercher asile chez les Qulad DAmân du Trarza. en annexe). et à assurer la securite des routes.REVUE DU MONDE II\. merce. La lutte recommença donc et se poursuivit de longues années'. A présent. Nous ne pouvions aller plus loin et avons été obligés d'accepter la bataille.acquis par prescription depuis un siècle. composée de (OUS les Oulad Beld.L1':S BRAKNA 79 tendaient conserver ces droits. nous n'avons jamais souffert qu'un de nous fh du mal aux marchands de gomme. nos alliés. ce qu'ils écrivaient astucieusement au gouverneur du Sénégal: Si nous avOllS volé vos bœufs et ceux de vos amis ce n'êtaÎt poInt pour rompre noIre ancienne amitié. Sidi Éli. La preuve que nous avons loujours été vos amis. par tradition d'indiscipline et d'anarchie. Ils se sont entendus avec les Outad Normach pour nous trahir. Dieu nous a protégés contre leur nombreuse armée. appuyé sur Mo· hammed ould Herba. c'est que IlOUS n'avons pas cessé de surveiller le ehemin des gommiers. Maintenant nous envoyons vers vous pour renouveler l'amitié qui exislait entre nous. Notre arlcienne amitié Il été cause de la guerre qui a eu lieu autrefois entre les TrRrza et les Brakna. Nous nous sommes sauvés. nous sommes revenus dans le pays pour nous mettre d'accord avec les Oulad Seïd. la plupart du temps. par restitutions. se joignirent aux Normach -et a~ra· vèrent le désordre. Les Oulad Ahmed. Depuis que nous avons dO quitler le pays jusqu'à présent. Alors nous nous sommes déterminés à voler dans le pays le plus que nO(lS avons pu pour y porterJe trouble et forcer Sidi EU. les seuls adversaires des Oulad Siyed.du chef des Oulad EH. chef des Oulad }~li de Kal:!di. el nous attendons que VOliS en fassiez autant. Ils sont venus nous trouver à Aleïbl: pour renouveler notre amitié. Des combats aux issues les plus diverses se succedèrent pendant une dizaine d'années. Les caravanes du haut pays ont toujours passé près de nous en allant et en revenant et jamais nous ne leur avons rien exigé ou pillé. et sur les Toucouleurs du Fouta. finit par avoir raison . Les Trsrza ont étê chassés ct nous aussi. à perdre le revenu qu'il pouvaIt recevoir des Blancs et des Noirs. Nous les avons repoussés et poursuivis toute tlne journée: nous en avons tué une quarantaine. Ils furent même. Mohammed ould El'ba et d'une par/Je des Touabir. de lous les Oulad Normach. on nous a poursuivis et on nous are· joinu dans un endroit qu'on appelle ChaTd (vis-il-vis d'AIod). par exemple. Voici. Les luttes devaient d'ailleurs re· prendre avec une certaine intensité. dont 400 étaient distraites au projet de Mohammed ould He'iba. s'il rencontre encore de l'opposition chez ces irreductibles ennemis. le 5 juin 1879.000 pièces. Une autre convention. le moment semble venu d'introduire dans leurs relations corn· merciales des modifications en rapport avec les liens d'amitié des deux peuples. suivant leur antique alliance. Un acte additionnel fut donc signè. Après les combats des Maye-Maye et de Khaleïfi. fixait cette quotité à 2. soit en 1880 contre les Trarza. chef des Oulad ÊH et de l'escale de Tébekout (Saldé). cl Neutralité absolue de ['émir des Brakna dans le domaine commercial. entre les deux. A partir de cette date. li Y est dit en substance: ai li n'y a plus d'escales. par le capitaine Louis. les escales vivaient toujours SOliS le régime du traité de 1858. dans l'Oued (vers 1873). Elle est remplacée par une indemnité fixe. représentant du gouverneur Brière de L'Isle.camps et prirent part A plusieurs de ces rencontres. dans les anciennes escales ou partout ailleurs. il se fera li terre ou li bord.80 REVUE OU MONDE MUSULMAN de ses adversaires. son autorité cmirale n'est plus contestee. En 1879. soit en r885 contre les Oulad Normach et Ahmed. et leurs alliés Abakak (Id Ou Aïch). Sidi Êli fut définitivement vic· torieux à DoJfa. b) u. comme dit le préambule. «Après vingt et un ans de paix profonde entre les deux nations. Les rd Ou Aïch s'étaient partagés. dont un quart pour le chef de . en date du 13 aoû:t 1886. Le commerce de la gomme et de tous autres produits est libre. passée le 22 mai 1880. peyée par quarts au 'moment de la traite. et l'émir Sidi Éli.600 pièces de guinée filature. On les verra plus bas. restee indéterminée dans l'acte additionneL La quotité en était de I. reglait l'indemnité fixe. coutume proportionnelle est supprimée. Une convention. à s'interposer entre les Français et Abdoul Boubakar. Il est d'ail· leurs non moins fâché contre les Français. Il en fut de même de plusieurs incursions de Toucouleurs . fi lançait en même temps une proclamation dans le Bosséa «pour faire -comprendre aux habitants que la paix avec les Français était indispensable pour la tranquillité et Je bien-être de leur pays ». Hui utiliserait contre lui ou tout au moins laisserait utiliser (notamment par les pillards Oulad Siyed) les secours que les Français lui font passer à l'usage des Toucouleurs du Bosséa. En IB81. qui dans l'intervalle avait succédé à son père Mohammed He'iba. Les bons offices du gouverneur. qui se posait en ré· volté. alors dépendant du Brakna.sur des tributs maraboutiques. qui « donnent tw . l'escale de Tbbekout (Saldé). qui faisait ainsi ses premières armes. L'affaire fut réglee par indemnités.LES BI\AKNA 8. ramenèrent la concorde. se dit exaspéré contre son voisin brakna. d'une part. chef des Bosséa. De plus. Sidi Ahmed. d'autre part. l'affaire s'aplanit presque aussltCt. émir des Trarza. . il veut rétablir sa popularité en baisse. Des incursions des Oulad DAmân en 1878-1879 faillirent rallumer la guerre entre Trarza et Brakna. L'affaire se régla par transaction. Il voulait se jeter sur ces Toucouleurs et les piller. il adressait à' Abdoul lui-même une lettre pressante p01. et l'intercession du Cheikh Sidia Baba. Éli Dion'lbot. Sidi Êli se retrouve pris entre les Trarza et les Id {)u Aïcb.lr l'engager à faire la paix. offrit de faire nos affaires en faisant les siennes. L'émir. qui nous savait en délicatesse avec les gens de Dibango (AJeïba). en eonduisantses hassanes au pillage. En réalité. chef des Oulad Êli. En 1885. Du coté des Trarza et par la pression de SaintLouis. et notamment les "Tagnit. Sidi engagea son ami Mohammed ould He'iba. envahit le Brakna oriental sous la conduite de Nabra (de son vrai nom Brahim). organisait la résistance et demandait naturellement le secours des Chratit. on se sépara sans résultat. les affaires allèrent plus loin. Mais avec les Id Ou A'ich. Amar Saloum par les Français. qui à l'instar du poète arabe chantait: « Ce n'est pas à mes ancêtres que je dois ma gloire. qui meurent dans ces provinces. REVU& DU MONDE MUSULMAN la liberte aux captifs. Sidi Éli lança son second fils Ahmed· dou sur les envahisseurs. reçut la troupe brakna à coups de feu. rasséréné. Notre alliance avec Sidi Éli joua en 1891. mais à moi·même. A cette nouvelle.8. alliés des Oulad Normach. C'est moi qui suis un ancêtre. tandis que Mokhtar. fils al né de Sidi ÊE. Il aida à son triomphe en lui envoyant un groupe de partisans. li soutint de toutes ses forces Ahmed Saloum Il ould Ali Diembot. emir des Trarza. Les campements prirent la fuite. Nabra. gardent ses tributaires (Taghredient) sur leur territoire et autorisent les gens du Cayor et du Baol. il finit par s'amadouer devant les menaces que proféra le gouverneur à l'annonce des premiers pillages sur les Oulad Tari. repoussé. prit alors l'offensive lui· même. enne· mis des Abakak. commandé par son fils Ahmeddou. lors des diffi· cuItés qui s'élevèrent entre le Gouvernement français et Amar Saloum.à garder les biens de SilS sujets. Sidi Éli. Nabra finit par rentrer dans sa tribu. Une bande d'Abakak. » Encore qu'il cÜt déclaré « qu'il ne supporterait pas cela tant qu'il aurait la tête sur son cou }>. rival suscité il. fils naturel de l'émir Bakkar ould Soueïd Ahmed. L'affaire en resta là. et surprit et razzia les par· tisans de Nabra dans le Fori. Je suis Brahim ould Brahim ». il dut prendre la fuite et fut tue au cours de la poursuite par Nabra. sui· vant la coutume maure. . Le combat resta indécis et. Il se mit à la tête de bandes siyed et de quelques Oulad Ahmed j mais. Garmi ment Ahmed Fal. Cette union. car sa première femme Myriam ould Brahim. Si di Éli.jgal et se réfugia . elle déserta le domicile conjl. si heureuse de ce CÔlé. de ce jour et jusqu'à notre arrivée.Ahmeddou 11 (1893-1903). sur les bords du fleuve. En 1883. et cette fraction ne tarda pas à passer au parti de Sidi ould Mohammed Fal.LES /lRAKNA 83 Cette assistance devait assurer d'exccl1entes relations. jalouse. Il en eut un fils. allait par ses mariages successifs semer la brouille pendant plusieurs années dans cette partie du Sud mauritanien. nouvelle Aliénor d'Aquitaine. fils posthume de l'émir Mohammed Si di ould Mohammed. devait par ailleurs être funeste à Ahmed Saloum. Vers 1878. Il mourut en 1893. généralement connu sous le sobriquet d'Ould Assas. Il fut immédiatement et sans difficulté remplacé par son fils aîné Ahmeddou. rival de j'émir. Ahmeddou se trouvait être le frère utérin de Mohammed. Sidi Éli ne devait pas voir ces difficultés de son ge'ndre. entre Trarza et Brak· na. . fille de son allié Mohammed ou Id Heïba. du nom de sa nourrice. II était complètement inféodé aux Oulad Siyed de par ses origines paternelles et de par ses attaches maternelles: sa mère était en effet une Siyedïa. à Lehroud. chef des Oulad Éli et protecteur des escales de Té· békout (Saldé) et de Kaédi. 8. Elles eurent leur consécration par le mariage du nouvel émir des Trarza avec la fille de Sidi Éli : Fatma. se retira dans Son campement des Oulad Ahmed ben DAmân. Par elle. Moumina. en face de Mafou. Ahmeddou Il ould Si di Éli était âgé de 40 ans environ à son avènement. l'émir Sidi I!:Ii avait fait épouser à son fils Ahmeddou Moumina. s'empressa d'aller faire le malheur d'un homme d'Église. chef des Chtatit : Fatma ment Cheikh 0uld Eli. ses charmes étaient désormais inopérants. dans le campement d'Ahmeddou. ancienne captive enlevée aux Oulad Ahmed. Ziza ment Haboub. frère de son ex-mari Ahmeddou. un nouveau divorce intervint. réintégra le «MahsaI' l> des Brakna et eut j'adresse de se faire épouser une deuxième fois par Ahmeddou. fut répudiée à nouveau. et qui a. en vraie fille de hassane et sans attendre la répudiation. il reste à dire qu'il épousa. en mai 1899. peu après. indigné. détenu de droit commun à Aleg. L'intrigante ne fut pas étrangère aux luttes 'qui se déroulèrent alors entre Brakna et Id Ou Aïch. notamment Diouldé. le Kounti Sidi Amar ould Sidi·l·Mokhtar. Quelques annees plus tard. Pour en finir avec les aventures conjugales de l'émir Ahmeddou.SQU père à KaMi. dans Je Chamama.' elle lâcha Nabra. Toucouleure. y épousa son frère Mohammed Al-Habib. elle épouse Nabra. Moumina revint à ses premières amours. brouilla quelque temps les deux frères. se retîra dans le campement de son fils Ould Assas: elle y est morte en '917. Puis. ancienne captive e. d(.nlevée au chef des Oulad Normach. le bénéfice du meurtre de Mokhtar. Il répudia. la nièce de Rassoul. aux yeux de la vindicative Moumina. qu'on a vu plus haut et qui. suivi Ahmeddou en dissidence. avait. aujourd'hui revenue avec sa mère chez les Chratit. et finalement. cette Fatma et depuis cette date ne vécut plus qu'avec des filles de ses haratines et captifs. à Touizit. Il n'en eut qu'une fille: Garml. fils naturel de l'émir des Id Ou Aïch.!s Ahel Cheikh_ Cette fugue ne dura pas. un an après. et Moumina. mariée actuellement à Soumaïla. Après divers incidents con· jugaux. Il en a eu plusieurs en- " chez REVUE DU MONDE MUSULMAN . et ~nfin Ment Baba. La princesse mésalliée revint. la répudia aussitbt. outre l'avantage de sa stature gigantesque. -ren· due à la liberté. si même il n'encourageait pas les pillages sans nombre par les gens de son propre camp. tendue bonne volonté. né vers 1899. conclu d'ailleurs avec jui~mème. plus jeune et plus actif. représentant son père.000 de ces 1. il ne pouvait se faire obéir m~me par ses sujets directs. Il laissait faire. . autant par son caractere fourbe que par la faiblesse de son autorité ou plutôt de ses moyens. Durement atteint par cette' rMuction de sa rente. Avec son fils Ahmeddou. parce qu'au cours de la traite des dernières années. Bakar. et qui. que Sidi Éli ne voultat point accepter. Mohammed. quand il mou· rut. on revint à l'ancien état de choses. en Je liguant avec les Ahel Sidi Mahmoud. 1. et qui ac· cordait à l'émir brakna une indemnité fixe de 1.né vers 1900. que l'administration contri· bua à faire accepter pacifiquement aux tribus. La situation restait néanmoins tendue. le gouverneur Clément Thomas avait fait dénoncer à Sidi Éli la convention de 1886 fixant à r. remplaçant les droits de sortie sur les gommes.50o piéces de guinée le taux de J'indem· nité fixe.LES DRAKNA 85 faots. toutes sortes de désagréments. Ahmeddou. on exécuta loyale· ment les conditions du traité du 12 décembre 1891. Cette mesure avait été prise.500 pièces furent accordées à l'émir des Trarza et il n'en resta que 500. On visa à affermir son autorité sur les Oulad Normach et Oulad Ahmed. devait nous causer jusqu'en fin 1903. fâchés de se voir coupé les routes de Bakel par . on renforça le commandement de ses représentants.000 pièces de guinée filature. On pensa en même temps utiliser sa vigueur et sa pré. il avait été constaté que Sirli Éli était compietement impuissant à main· tenir la sécurité de l'escale. Il n'avait plus aucune autorité sur les tribus rattachées à son groupe. Dans le courant de l'année 1890. paraissait inspirer confiance. Sidi Éli fit de grands efforts pour arriver à rétablir son auto· rité. date de l'occupation de son pays. Par le jeu des alliances traditionnelles et des haines inveterées. Déjà. un incident fâcheux. dans son indignation. Il fallut en arriver à re· tenir sur ses coutumes la rançon des pillages commis par ses gens. Un individu des Oulad Falli. et il rouvrit aussitôt l'escale. et Amadou Chékou. Elles restèrent localisees aux Oulad Biri et aux Die1diba. La grande aventure du principat d'Ahmeddou fut la lutte qui eclata entre les Die'idiba. Mohammed ould Abd El·Fattah. des luttes in· terminables eussent à nouveau ensanglanté les confins trarza·brakna. s'etant pris de querelle avec des zenaga Die1diba. vers 1860. N'étaient notre présence et l'influence acquise par notre politique dans les affaires maures. Le voyage inopiné du ni~ recteur des Affaires politiques Merlin lui fit perore con· tenance. sous Cheikh Sid'ja Al·Kabir. ce qui évidemment ne fit qu'augmenter le nombre des razzias et nous brouiller périodiquement avec Ahmeddou. . mais qui n'avait pas d'autre importance que celle des menus faits de la vie de tribus voisines. marcha contre eux à la tête de ses gens. chef du Bosséa. chère aux Maures. et Ahmeddou opposa la force d'inertie. et en jetant un fOft rezzou de ces deux tribus sur le camp de Bakkar ould Soueïd Ahmed. cousins et allies des Oulad Ahmed. émir des ld Ou Aïch. allaient en être troublées. était venu mettre à l'epreuve les bons rapports anterieurs des Oulad Biri et des Die'idiba. marabouts classiques des Oulad Biri. qui avait offert l'hospitalité à nos trois irréductibles ennemis senégalais: Abdoul Boubakar. tant guerrière que maraboutique. les surprit et en tua seize. il ferme brutalement l'escale de Podor. la plupart des tribus trarza et brakna. Ali Bouri Ndiaye. Toute cette politique fut vaine. Sur l'intervention de Bakkar ould Soue1d Ahmad. En mai 1895. marabout agitateur. bourha du Diolef. qui . émir des Id Ou Arch. marabouts.86 REVUE DU MONDE MUSULMAN les Id Oll Aïch. LES IIRAKNA était aussi par indivis suzerain des zenaga tués. Cheikh Sidi'a AI·Kabir conseritit à payer la dïa. Le Cheikh faillit être enlevé en 1896 dans son camp d'Aouadane. L'intervention de l'autorité française amenait une série de tractations entre les belligerants : d'abord la paix est conclue. texte de les dMendre. sous pré. entre les chefs trarza et brakna. Sous les auspices du gouverneur général. De 1890 à 19°0. . en novembre 1896. Sidi Ahmed ou Id Bou Bakar Siré. dont il serait fasti. furent pl liS d'une fois fàcheuses pour les Oula. dans l'Amechtil. Le 29 janvier sui· vant. remirent le feu aux poudres. son parent. Il suffit de retenir que les hassanes des deux pays prirent respectivement parti pour leurs marabouts. qui se jetèrent avec fureur sur les bandes Dierdiba et Oulad Siyed et les exterminèrent. et ne dut son salut qu'à la valeur de ses élèves noirs. dont les deux tribus revendiquaient la propriété. L'émir du Trarza. et cher· chaient surtout à vivre aux crochets des Tolba. Hasseï Al·Afia et Aredekkel. et surtout les guerriers OuJad DAmAn et Euleb. à Bo'idel Barka.000 pièces de guinée. qui énonce qu'aucune réparation ne sera accordée de part et d'autre pour les dégâts respectivement commis. L'affaire n'eut donc pas d'autres suites.d Biri. il se livra une multitude de petits combats. Bou Talha'ia. les délésués des deux tribus maraboutiques signent à Pador une déclaration. vait encore du fait de contestations similaires sur les ter· rains de la Dabaye du Chamama. marchèrent avec les Oulad Biri. combattaient pour les Dîeïdiba. au moins en principe. Ahmed ou1d Sidi Éli. L'émir du Brakna. Ahmed Saloum 10 ' . des contestations au sujet de trois ponts d'eau. Ces passes d'armes peu sérieuses entre gens qui faisaient parler la poudre sans conviction. La question s'aggra. qui fut fixée à 16. dieux de donner le détail. Vers 1890. avec ses geris Oulad Abdallah et ses alliés toucouleurs Ale1bé du Chamama. tes te. Cheikh Sidra ne voulut point se rendre au campement d'Ahmeridou pour éviter de s'y faire assassiner. Une nouvelle convention voulut consacrer avec plus de force encore. Ils ne voulurent même plus se voir: Ahmeddou refusa se rendre vi~ site à un marabout. le 9 février 1897 entre les deux émirs. mais avec liberté commerciale pour tous les Maures du Trarza. in collection de la ReJ'ue du Mo"de MUJulltlan. l'Amechtil et l'Aoukeïra. Mais pour éviter tes difficultés qui avaient surgi. assistés de leurs ministres et conseillers. mais ils prirent leur revanche en y venanqiiller. vers la fin de 1899. Il fut impossible d'obtenir des uns et des autres la bonne volonté nécessaire à des concessions réciproques. au moins appa~ rent. Il les autorise notamment à se réinstaller à Dabaye (marigot de Morghen ou de Koundi). sous t'autorité d'Ahmeddou. des Oulad Siri. par Paul Marty. en 18g8. La hitte continua donc de plus belle entre les tribus j elle finît pourtant par tourner à l'avantage.N une convention cst passée. en ce qui concerne les puits du nord. Les DieYdiba vaincus durent évacuer. Non -entretenus. Pendant ce temps. Les deux émirs s'engagent à faire sérieusement la police de leurs tribus. à Saint-Louis. Ahmeddou enfin autorise les OuJad Biri à habiter et à cultiver sup le territoire des Brakna qu'ils occupaient précédemment. cr. dente (1). (Il Pour lu textes français de C68 deuxicO)nvenliO)ns dll 1897 et 18g8 cntre Tratzaet Brllkna. les Toucouleurs de la rive gauche passaien't sur le fleuve et mettaient les terrains en valeur.i8 IlEVUE DU MONDE lI:tUSULMA. « L'Emirat des Trarzll (Annues) ~. les années suivantes. Les actes antérieurs précités r sont confirmes: Pador est reconnu escale brakna.rrains litigieux de Dabaye furent déclarés neutres et placés sous la surve111ance spéciale de l'administrateur de Pador. de sorte que ceux-ci Aleur tourdurent abandonner les puits litigieux et se concentrer dans l'Aouke'ira. les accords établis l'année préee. . les campements biti. LES B~AKNA ces puits tombèrent bientÔt en ruines. A la mort du cheikh de la fraction Anouazir. délégués par eux li ces fins. Ahmeddou eut encore à intervenir à plusieurs reprises. le 7 févder 1912. Le droit de propriété des puits a été reconnnu aux Die'idiba. et depuis 191. L'affaire avait d'autant plus d'importance que les Anouazir sont les fractions princières de la tribu. et que leur chef est pratiquement le chef de la tribu. qui ne pouvaient ainsi faire valoir leurs droits. assurés de l'appui de Coppolani et profitant de l'êtat de l'insoumission de Die'idiba. Sous les auspices du capitaine Gerhardt. La soumission des Dieïdiba allait en 1904. commandant le cercle du Trarza. suffisamment abondante pour contenter tout 11: monde. cheikh des Oulad Biri et Mostafa ould Khalifa ould Ouadia. et enfin entre marabouts. de 1896 à 1900. les indigènes ont promis réciproquement de ne pas apporter de gêne à l'exercice de leur droit de jouissance commune. sa succession politique fut disputée entre 50n fils Hamdel Khalifa c~ Je chefdela fa· mille rivale Neïbat. soulever à nouveau le conflit. les combats recommencèrent de toutes parts. entre haratines et captifs d'abord. La .2. mais les deux tribus auront la jouissance de l'eau. un arrangement fut conclu. et comme l'affaire trdnait en Ion· gueur. Cheikh oulcl Hammadi. ils paraissent avoir tenu·parole. Cheikh Sid'ia fit réoccuper le territoire abandonné ct rcmettre les puits en êtat. puis enlrè zenagll. Ils demandèrent sans tarder à entrer en possession de leurs puits. Satisfaits de n'avoir pas cédé à leurs adversaires et d'avoir tous à moitié gain de cause. "En '903. principal notable des Dieïdiba. Les autorités des cercles Trarza et Brakna a1laient mettre un terme à ces luttes et procéder à un accord entreles tribus. qui déchirèrent les Toua· bir. dans les dissensions intestines. Les Oulad Biri protestèrent. entre Sidi El·Mokhtar. Ils lais· saient plus de 100 morts sur le terrain. les Hijaj et les K'ounta·khoJ Bekkaï. eut la sagesse de nepas 'Sc laisser entratner dans le conflit. en arguant que les uns et les autres êtant ses tri butaires. et Ould Assas. et qui avait d'abord refuse. à la veille de notre oc. commandées par'Mohammed Krara.sorte gue leurs ennemis. y compris la bande d'Ah· meddou. il n'avait pas à prendre parti en faveur des uns ou des autres. en juillet IgOl. le reste des Touabir et notamment les OuladYora.go REVUE DU MONDE MUSULMâN querelle se maintint peu de temps circonscrite aux deux rivaux: le jeu des alliances etdes haines réciproques amena successivement du cÔté de Hamdel Khalifa une panie des autres Touabir. intimidés prirent la fuite. Ils protêgeaient surtout les Diel'diba. son frère. L'honneur d'Ahmeddou était engagé : il manifesta J'en· tention de rMuire à merci les r~voltes. marchèrent contre les Oulad Yora. rival du premier. le conflit est général. ex-chef des Oulad EH de Kaédi. B!tk. Ceux-ci. les Tolba Tanak. de. se bissa tenter par les cadeaux de guinée des Oulad AI-Kohol. du côté d'Ahmed Neïbat. et notamment les Oulad AI· Kohol. la situation politique était la suivante: Les Oulad Slyed dominaient de Zauireth Mohammed (près Dagana) jusque vers Boghé et dans l'intérieur. puis M'hammed. chef en fonctions des Oulad EH. Mais Ahmeddou sollicite à plusieurs reprises. ce qui valut immê· <liatement à ceux-ci le conCOurs de ses ennemis Normach ~t Oulad Ahmed. et composées de Siyed et de DieYdiba. . Les Oulad Yora . révoqué par nous. Ses bandes. L'affaire en resta là et Hamdel Khalifa fut reconnu chef des Touabir. et desren· contres se produisent à chaque occasion. A la fin du dix· neuvième siècle. L'émir des Id Ou Aïch.kar. Apartir de 1897. puis Sidi Ahmed ould Mohammed oulct Heïba.firent marcher la cavalerie de Saint-Georges et leurs guerriers.cupation. jusqu'à Aleg et Chagar. Il envoya un contingent à leur secours. furent complètement défaits à Segar. son fils. ils protégeaient les Oulad Biri.protégeaient les Lemtouna. châtiaient impitoyablement les zen aga. les Toumodek et les Hijaj de l'est. On ne pouvait approcher du fleuve sans être volé. Dès 1902. sur le fleuve du pays brakna. Hassanes Oulad Talha. et ne faisait intervenir les guerriers que lorsqu'elle ne pouvait pas faire autrement. En fait. et les Touabir (Khat). les Id ag Jemouella et les Kounta Oulad Bou SiE. prenaient. les Ahel Gasri les Draouat. et un autre à Boghé. LesOulad EH (0. Abdallah aussi) commandaient vers KaMi et le Raag. Les guerriers pillaient sans vergogne amis et ennemis. Le principat d'Ahmeddou allait prendre fin en décembre 1903 par l'occupation française. Ils protégeaient les Id Eïlik. Oulad Bou Sif marabouts et autres pillards qui rançonnaient leurs gens. l'Akel et l'Agan. vers Chogar. chaque tribu maraboutique faisait elle-même sa police intérieure et extérieure.de force ce qu'on ne voulait pas leur donner. les Meterambin et les Kounta Ahel Sidi Amar. qui. Mal. Les Abel Sou id Ahmed (Id Ou Arch) faisaient sentir leur influence jusqu'à Guimi. Coppolani avait instal1ê un fort à Regba à la limite des pays trarza et brakna.LES BRAKNA 9' Les Oulad Normach commandaient sur le fleuve. voulant se réserver le monopole du pillage. Les plus voleurs etaient les haratines Oulad Siyed et le zenaga Arallen (région de Podor). l'AguerJat et protégeaient surtout les TAgAt. Il avait entamé . tandis que leurs haratines et leurs zenaga volaient sans cesse. Les Oulad Ahmed descendaient quelquefois jusqu'àBoghé et commandaient. les Torkoz. vers Caseas et la région de Mal. au débouché. et tout en poursuivant sa politiqued'apprivoisement en tribu. et. les Abel Taleb Mohammed. les Tiab Ou[d Normach. les Soubak. La meilleure police était faile par les Ahel Sou id Ahmed. 9' REVUE DU MONDE MUSUkMAN . bouts et conseillers de l'émÎr et de ses Oulad Siyed. . intéresses au maÎntien de l'anarchie. Malheureu· sement les sympathies qui l'attachaient à Cheikh SidYa étaient une forte cause de défiance pour les Dieïdiba mara. moitié par esprit de résistance. Il arriva qu'Ahmeddou. biens au profit du Trésor (décembre 1903). Il partit aussit6t les retrouver. avec Ahmeddou 'des relations pleines d'espoir. Cop~ polani prit son conge en France dans l'été 1903. Pendant son absence. C'est peu après que Coppolani allait prononcer sa déchéance et confisquer ses . donnèrent à l'émir les plus mauvais conseils et firent donner les Dieïdiba. rassembla ses fidèles et ses haratines et fit décider l'alliance avec les Id Ou Aïch. moitié par crainte. divers traitants. simple acte préliminaire de l'occupation de Tagant. il quittait Boghe. En présence de cette situation et pOUf arrêter des incursions certaines vers le fleuve. CoppoJani apprenait qu'Ahmeddou réunissait ses contingents à Aleg. demeuraient fidèles à leurs engagements. j'émir Bak. Toutes les tribus religieuses armées. et notamment les. suivaient ce mouvement concert~ avec notre vieil ennemi. rencontrée Je lendemain au cours . les Oulad Normach et une partie des Oulad Ahmad. dont les chefs etaient venus à Boghé sa· luer le gouverneur gênerai. Aucun incident ne s'était produit sur la route. le 3. Le '0' décembre '9°3. du commandant des troupes du Tagant et d'un détachement de spahis. Dieïdiba. Par la mare de Sarak. Toutefois et par opposition de principe. malgré toutes les promesses de dévouement faites antérieurement.kar. des Id Ou Aïch.CHAPITRE VII L'OCCUPA TION FRANÇAISE Arrivé à Boghé en fin novembre 1903. accompagne du résident du pays brakna. il était sur les bords cultives du lac Aleg. CoppoJanj activait l'exécution de son progra'mme d'occupation du pays brakna. de passagll au début de l'année. et s'apprêtait à s'unir aux Id Ou A'jch pour nous combattre. Une fraction importante des Dieïdiba. groupait ses haratines. la nuit du 8 au 9 décembre. Oulad Ahmed ctsutres dissidents. de transport sous la main. laissant quelques morts et quelques blessés sur le terrain. de ses hassanes. Quelques jours plus tard. à 40 kilomètres d'Aleg. se jetait sur le camp des enva· hisseurs. le campement d'Ahmeddou et en mettant en déroute ses bandes hassanes. L'action politique de Coppolani s'exerça aussitôt sur les tribus religieuses. Mais Ahmeddou poussé par ses deux nev. D~ notre cOté. au total 400 fusils environ. Après une vive fusillade. Il désarmait le campement des Dieïdiba précités et le faisait installer près du poste pour avoir guides et moyen. et promirent de les combattre en liaison avec lui. rencontrait quelques Ou lad Siyed. nous avions un tirailleur et quelques porteurs blessés et deux goumiers tues. quelques contingents DieIdiba.. les Kounta. faisant une reconnaissance aux environs. avaient cassé leurs entraves et pris la fuite. Les premiers. et. apprit à la colonne la fuite d'Ahmeddou. commise surtout à l'instigation des Id Ou Aïch. Coppa1ani leur envoyait aussitÔt des émissaires spéciaux pour les inviter à ne pas quitter le pays.94 REVUE DU ~IONDE MUSULMAN d'une reconnaissance. ennemis invétérés des Id Ou Aïch. Cette aggression d'Ahmeddou. arrêtait ces émissaires. vinrent à lui. Dès l'aube. Toutes les précautions avaient été prises. en tuait trois et chassait les autres. et du reste des DieYdiba vers Chogar. Quelques chevaux de spahis~ effrayés par [es feux de salve. dès qu'il s'avancerait vers l'est. les aggresseurs furent repoussées. deux fils de Bakkar et un certain nombre d'Id Ou Aïch. le capitaine Chauveaux met· tait fin à toute récidive en surprenant à Chogar. fut le principal fait d'armes de j'occupation du Brakna. et campée sur la rive opposée du lac.eux. C'est à cette date que fut créé le poste d'Aleg avec toutes . le commandant des troupes. situe à 6 jours au nord·est. L'occupation de Mbout paraît avoir été à ce moment la grande crainte de Bakkar. et il joua de cette inquiétude pour raiJier définitivement à lui les Chratit. chef des Oulad Ahmed. déjà ralliés lui firent ses envois entre Boghéet Aleg-. près d'Acheram. Bakkar ct leurs fils. un excellent bastion sur le flanc des Id Ou Arch. il était. l'autre à Mbout_ Elles s'y installeraient sur des positions rlltranchées. plusieurs chefs brakna : Bakar ou Id Ahmeïada. Podor et Boghé. et y installait un poste fortifie semblable à cel. C'était sur leur propre territoire que les Id Ou Aïch devaient sauver l'honneur de leur nom. et à laquelle participèrentAhmeddou. Dans une conference tenue à Agadel.ui qu'elle venait d'établir . La mission de Tagant prit sans plus tarder la direction du nord-est. Au point de vue politique. La mission arrivait à Mal. à cette date. imprenable. chef des Oulad EH. Ils constituait en plus. Les tribus zouaïa du Brakna. le JO' février. à c6té des chefs trarza.LES BRAKNA les précautions defensives d'usage. et les Oulad Aïd. Quant à Ahmeddou. Boutilimit. l'une à Gue'ilat. et enfin Si di Ahmed ould He'iba. chef des Normach. le plan de campagne suivant fut arrêté: Les Id Ou Aïch rallieraient tous leurs tributaires et tenteraient l'enlèvement du poste d'Aleg.lt solidement. comprise entreAleg. accompagnée d'un goum où l'on voit figurer. pour ainsi dire. Hiram ou Id Himeïmed. afin de s'opposer à la pénetration française. il est placé sur la bifurcation des routes du Tagant. toujours frondeurs à J'égard des Abakak. à l'est de la région du moyen Mounguel. La mission d'organisation du Tagant se mit en marche. il domine tout le pays brakna et permet la surveillance de toute la région. de Kaëdi. Ce plan de campagne n'aboutit pas. Sis sur une hauteur et habilement fortifié. où ils sc fortifieraiet. il n'abandonnait pas toute résistance. Au point de vue locai. Puis deux colonnes iraient. Coppolani n'oubliait pas defairc intervenir puissamment l'influence de ses amis marabouts. Tâgât. Torkoz. où existe toujours une eau limpide. suivirent le mouvement et sur la demande de Coppolani. retirées entre Mal et la falaise. Mai réunissait des conditions excellentes pour la surveillance du fleuve :et la centralisation des moyens nécessaires au départ de la mission et à l'organisation méme du plateau central du Tagant. au nombre de plusieurs milliers. se décidèrent quelques jours plus tard. offre des ressources en bestiaux et en cultures. Hejaj. q. ses palabres.t à mettre fin à cette campagne de guerre sainte. Les Oulad Ahmed. Touabir. Plusieurs autres fractions religieuses. ses lettres. et échappèrent non sans peine à la surveillance des guerriers Id Ou Arch. de qualite excellente. Ils commencèrent par des escarmouches et finirent par investir Mouit dans .la nuit du 16 au 17 février. Cheikh Sidïa vint le trouver dans S'ln campement. Ceux·ci. soit Mouit.REVUE DU IlONDE MUSULMAN à Mouit. et des campements divers. excités maintenant par Ahmeddou. Lemtouna. couverte de lougans. etc. Toumodok. s'installèrent aux environs de Mal. Ahmeddou menait le bal.circonférence. Sis à 70 kilomètres à l'ouest d'Aleg et à 80 kilomètres au nord de Kaédi. La région. Les tribus religieuses Id ag Jemouella..ui commençait à prendre naissance sur le haut fleuve et dans certaines tribus. Par lui encore et pour satisfaire leur haine . qui sentait la partie lui échapper définitivement. et qui attendirent notre installation à Mal pour -en faire autant. contribua fortemer. En mème temps. projetèrent d'attaquer soit Mal. au nombre de 600 fusils. et par sa présence. Ils furent repoussés avec des pertes sérieuses et se retirèrent au pied de ia falaise du Tagant. C'est un plateau boisé que traverse un im· portant marigot terminé par un lac de 40 kilomètres de . vinrent aussit6t faire leur soumission et oemander la protection française. dès le 9 mars 1904. etc" panait de Mouit. sinon comme entièrement pacifié. ..s~i -l:rwa. en en ramenant les habitants. au moins comme suffisamment en main pour permettre . :: " \' <"-. les marabouts revinrent sur leurs pas avec de nombrllux troupeaux. Abd El-Jelil. les Kounta du Brakna et de Tagaot.\. elle en branle vers la falaise.. Un détachement quittait Mal sous la direction même de Coppolani..)S l1Pp. qui dema~dait a~. . \:~"J~l'jti~. 7 . sur le territoire brakna. " .nobles et haratines venait faire. Ils faisaient leur jonction le 11. " "" . la plupart des campements Chrattit. Le 13 juillet 1904..! Brakna.. ou tout au moins de l'amorcer: l'occupation du Tagant.. et le 14 atteignaient à Gour Malles nombreux campements hassanes et tolba qui. .LES BRilKNA 97 nationale.. les pertes des ennemis furent minimes. !~s guerriers prirent le devant.'J. . sous la direction d'Ahmeddou et d'Othman ould Bakkar.~ .. Samba.Aussi. un autre détachement commandé par le capitaine Payo et comprenant plusieurs chefs toucouleurs: Abdoulaye Kane. quelques Tadjakant se rapprochaient des Français. mémequel..~et Cheikh Fa~ a~ri­ valent peu après à SalOt·LoufS. . dès le lendemain. ques fractions Ahel 8idi Mahmoud.de passer à la deuxième partie du programme. sous la conduite de Mohammed Krara. sa soumission à Boghé. qui fit prendre des hausses supérieures aux distances apprédées. Une quinzaine de personnes étaient mortes de faim. cheminaient vers Je Nord·Est pour se réfugier dans les montagnes de l'Assaba. la inissionse mettait. Mohammed Krara. frère de l'émir. à la même date. 1.:'" \ . A l'approche de la colonne. chef des marabouts Dt~ïdiba. 120 tentes Oulad Siyed. . La colonne rentrait.. Ils avaient. '. ou tout au moins promettaient leur neutralité. c'est-à-dire à peu près toute la tribu princière.. subi des fatigues ênormes et étaient complètement cpuises. dans leur fuite.. Le Brakna pouvait dès lors être considéré. 'ft) .tLll. Par J'humanitê de Coppolani.ent la soumIsSion cl'.. moutons) et les captifs. ch~vaux. la région trop pauvre fournissaft peu au commerce.98 REVUE nu MONDE MUSULMAN Une contribution de guerre de 500 bœufs et de 1. Les vaincus . " 5 60 1. Ce trafic était d'un bon rapport pour tous: vendeurs. les Larla!.' . Les acheteurs étaient les dloula du Diolof ou du Cayor. et l'on peut dire les seuls. • .VaneS venues du Nord. . 101 bovins '" 99 3.!'Ics l. tels . . leur fut infligée elle fut répartie ainsi: Oulad Siyed. Ahel Negza. acheteurs el commissionnaires et l'on a le droit de se plaindre de votre surveillance et de votre contrOle pour en empêcher le retour. Id ag Fara Brahim Id ag Fan '. la valeur de la vente. Quoique non producteurs. . Nous faisions les opérations nous-mémes ou par l'intermédiaire de marabouts complaisants. . . qui recevaient pour ieur ulaire un quart de. En 1903. Voici. les Ida Ou Ali et les Kounta ont versé sur le marchè brakna plus d'un millier de captifs.181 '>0 " 448 Désormais le Brakna reprenait sa vie normale. . étaient les animaux pillés (bœufs. à titre d'échantillon. nous tenions presque tout le commerce entre nos mains. par convois qui atteignaient parfois le chiffre de ~oo. ils se signalaient encore par quelques petits coups de mains.g87 ~. A pan un peu de gomme. Les hostilités y etaient closes.848 ffll. Les principaux articles de vente. . chameaux. Ahel Mohammed Othman Tabouit. Quant aux irréductibles et aux pillards du Nord.n'acceptaient pas toutefois sans résistance morale le nouvel état de choses. en fin 1905. les marabouts trarila et les traitants du fleuve. nous étions donc' approvisionnés par de fructueuses razzias et par les cafti. Les derniers irréductibles n'étaient plus que des dissidents.000 fr. au représentant du Gouvernement français.l 15 Zemarlg. tous revinrent en foule travailler ou faire travailler dans le Chamama. les Tadjakant. la protestation qu'ils adressaient.qui étaient les seuls hassanes . à la lisière des territoires trarza et brakna. Moulay Dris. à 30 kilomètres au nord-est de Podor. Cette attaque fut facilement re· poussée . Bakkar ould Ahme'iada.KNIl. ceux·là nos amis. l'attaque nocturne du poste de Ragha par un rezzou que dirigeait le fils de Mokhtar Oummou. Ils comptèrent parmi les plus bouillants guerriers du Chérif. des Ouled DAmAn (Trarza). qui Je harcelaient. les Oulad Bou Sba. les troupeaux des tribus Olaraboutiques. près de Mal. qui s'emparèrent notamment d'un convoi de munitions entreAJeg et Mal. En outre. D'autres Bou Sba. Ahmeddou. lis prirent une part active au siège deTijîkja. et faisait défection en novembre /9°6. Pendant ce temps.LES BRIl. qui preparait sa marche vers Je Tagant. presque seul. et les tribus Kounta etOulad Nacer des confins du Sahel. A signaler encore. Cette défection se produisait à la suite d'un essai de règlej . Le meurtre de Coppolani et les évcnements qui agitèrent en 1905.. tué quelque temps auparavant parunede nos bandes toucQuleures. dans l'intention de venger son frère. Elles ne devaient toutefois pas abou" tir immêdiatement car la marche de la mission fut arrêtée et l'occupation du Tagant fut ajournée li. leur donnèrent la chasse. Ahmeddou avec ses guerriers Siyed et ses marabouts DieYdiba se tenaient dans l'expectative dans les campements Abakak. raz:?ièrent les Kounta de Chogar et en s'en retournant pillèrent. et se retirl\it dans les campements Abakakde l'Assaba. et surtout en 19°6. Bakkar pressé entre la mission. chef des Normach se laissait séduire par les paroles sucrées du Chêrif et de son entourage. le Tagant purent sembler à Ahmeddou et à son fils Ould Assas une occasion de revanche. la saison sèche suivante. ne tarda pas à faire des offres de soumission. envoyé par le Maroc pour tenir l'étendard de la guerre sainte et cimenter ['union des tribus rebelles. demandait l'hospitalité à son allié Bakkar. appartenant aux Peul de Falcandè et tuaient un indigène. en 1904. En novembre. La situation toujours très tendue fut dénouee brutalement. une bande de dissidents fort mMée tentait d'enlever le troupeau du poste de Ragba. enne· mies entre elles. des Normachcontre les Kounta. Ainsi par sa proximité du Tagant. qui avait présidé le tribunal des cadis precité. En même temps. commandê par Seneïba. ex-chef de la tribu. il s'enfuyait sans accepter le combat. Ould Assas et sa bande inauguraient cette série de pillages par lesquels il allait se signaler pendant deux ans. mais un reliquat restait d6 à Sidi Amar. effectué par J'administration entre les Normach et les Kounta-Ahel Sidi·j·Mokhtar.sayaient à tout instant de se nuire. ils s'emparaient de trois troupeaux de bœufs. condamna les premiers au paiement d'un certain nombre de « dra ». un tribunal composé de trois cadis.>00 REVUE DU MONDE MUSULMAN meut assez intempestif. une répercussion' assez sensible des incidents de Tijikja. et de part et d'autre quelques individus restèrent sur le carrèau. par une nouvelle agression des Normach contre les Kounta. péné· trait sur le territoire brakna. La saisi des biens fut opérée. qui ne cessait de réclamer le paiement intégral de la somme fixée. les Oulad Normach dissidents faisaient une incursion sur le fleuve et pillaient le troupeau du vil· lage de Caseas. es. un petit mejbour d'Qulad Ahmed dis·· sidents. Le 16 décembre. Les gens de Bakkar pillaient peu après les campements Id Eïlik. chef des Kounta.en octobre 1906. Il ope- . en fin 'g06. A la suite d'une agression. Une véritable bataille fut livrée. mais était repoussée avec pertes. En même temps. et notamment celui de leur chef Tig auld Maïn. Les deux tribus. le Brakna subissait. Rencontré par une reconnaissance entre Chogar et Digguet-Memmè. Bakkar prit immédiatement la brousse et alla donner son adhésion au Chérif. frère d'Othman précité. Peu de tribus maraboutiques firent dissidence. Puis peu à peu les chefs de bandes sont tués. et la reddition de toutes les armes à tir rapide. A partir de I91o. émir des Id Ou Aïch. pillait un courrier à Digguet. De'{ ould Sakkar. dans la nomenclature des rezzous et contre-rezzous dont il est le champ d'opérations. lis se hAtèrent d'ailleurs de demander l'aman.'0' rait plusieurs razzias aux environs d'Aguiert. écrivait à Cheikh Sidia et à Mohammed Saloum III ould Brahim. En même temps. entrait dans le Brakna par la passe de Tizigui. émir des Trarza. H enlevait à Melga. Mohammed Mokhtar. Il n'y eut guère que queiques campements Messouma et Torkoz. quand l'Adrar est de" . A la tête d'un rezzou d'Abel Soue'id Ahmed et d'Ou!ad Talha. Cette recrudescence de mejbour était due à la dissémination forcée des ennemis. meurent en exil ou fontleur soumission.. provoquée par l'arrivée il Tagam de la colonne de secours Michard et par le besoin impérieux où se trouvaient les dissidents de se ravitailler. dès que la colonne Michard eut dispersé rebelles et ennemis du Tagant. Il n'est pas jusqu'aux Id Ou A'{ch qui ne se missent de la partie. et enlevait des troupeaux aux Touabir M'harmdat et aux Soubak. Les conditions qui leur furent imposées comprenaient principalement le paiement d'une amende de guerre proportionnée 'à leurs ressources. un troupeau de 300 bœufs et de t. le consortium de nos grands ennemis: Ahmeddou ex-émîr des Brakna. L'histoire du Brakna se resume à dater de celle heure. pour les inviter A évacuer le pays trarza et à se joindre à eux·mêmes ou tout au moins à les laisser attaquer en toute liberté les Français et leurs partisans. Le calme s'accroît. le désarmement partiel.:wo moutons aux Id agJemouella. à 20 kilomètres à peine de Mal.Memme. chef des Kounta du Taga~t et Othman ould Sakkar. chez les Noirs riverains du Sénégal d'abord. A ~a suite de ces attaques et pillages. notamment à Gallol. suivis de meurtres qui provoquèrent parmi la population sedentaire des bords du fleuve une profonde émotion. En outre. on peut dire que la tranquilllte gêné. chef dissident des j . à Boghé. commandé par le lieutenant Corrart des Essarts. un pillage d'une centaine de vaches et d'un millier de moutons était commis sur des Peul du canton d'Edy. rate n'est plus troublée. des mesures im· médiates fUrent prises pour exercer une active police dans le pays. et que d'autres engagements avaient lieu. La venue d'Quld Assas et d'une bande de 40 guerriers maures et pourognes était également signalêe. aux environs d'AleS et l'attaque. A ce moment.'" REVUE DU MONDE MUSULMAN finitivement pacifie. quelques fusils 74 distribués dans les villages les plus exposes aux pillages devaient permettre aux habi· tants de repousser les attaq ues éventuelles des petits groupes armes. du viUage de GoreI. le chef du canton du Démette signalait qu'une troupe de Maures avait pillé à trois reprises le village de Gorel. on annonçait successivement fe pillage d'un village de cultures près de Chabou : le passage d'QuldAssas dans les campements des Die'îdiba. reçut J'ordre de se rendre à Boghé et d'exécuter des reconnaissances dans la région troublée. le 27 janvier. que quatre indigènes avaient été tués ou blessés. Le peloton de spahis. Bakkar ou!ct Ahmerada. D'autre part. et était disposée à se jeter sur Boghé ou Thienel . situé entre Dinetiou et Dara (Poder). Le l'' février 1908. depuis une huitaine de jours. Voici les principaux faits de cette période. qui avaient passé le fleuve pour mener leurs troupeaux dans les pâturages de la rive droite. En même temps. était celui d'un indigène des Euleb. Un millier de moutons furent ainsi répartis à Podor entre les indigènes qui avaient été les plus éprouvés. Le combat de la mare de Sarrak eut une importance po· litique considérable et ramena le calme dans la région du Chamama. sur la bande d'Id Ou Aïch et d'Ouilld Talha commandée par Ould Assas et la mettait en pleine dèroute. contre les détachements français qui ont sillonné le Tagant en 1905. Après diverses tentatives infructueuses de recherches des «Mejbour~. commis sur les populations maures. Le cadavre pris pour le sien. Les pillages. le 27 février. etaient moins importants que ceux dont les indigènes du Sénégal étaient victimes. Dès lors. Ourd Assas fut grièvement blessé et passa plusieurs mois pour mort. sur la fin de sa guérison dans l'Adrar. la presence des spahis n'etant plus d'une né~ cessite urgente à Boghe. à la mare de Sarrak (située à 40 kilomètres au nord de !Boghé). permirent de rendre aux habitants des villages riverains du Sénégal une partie des biens qui leur avaient été enlevés par les bandes d'As~ sas. le lieutenant des Essarts réus~ sissait à tomber. le peloton reçut J'ordre d'exécuter une tournée de police dans le cercle du Brakna pour con· solider par cette manifestation les rêsultats obtenus. . il fut recon· duit. sur le champ de bataille. le lieutenant Coupare i il avait porté les armes centre nous en diverses circonstances notamment. Trente autres Maures restaient sur le terrain. après avoir tiré sur son chef. Un noir blessé et fait prisonnier était ramené à Boghé. Recueilli et soigné par les Dieïdiba. Cet indigène n'était autre que l'artilleur bambara qui avait déserté en 1904. à Mbout. les prises importantes faites sur les tri· bus dissidentes du Gorgal.LES BIIAKNA 103 Oulad Normach. etait également signale dans la region nord de Boghé. à proximité des Dabaï et attaqués par la bande des Trarza dissidents Oulad Ahmed ben DAmân.2 janvier Ig07. Quelque temps après. campés dans le Chamama.les Toumoudek de Sidil-Mokhtar. Je 8 novembre 19°7. D'autre part. se voraient enlever leurs troupea. A la même date. à la suite d'une altercation violente. Après quelques exploits de ce genre. contribuèrent à repousser cette attaque dans laquelle furent tuésg hommes: le propre frère cie Ballkar. après avoir tué un des pillards. réfugiés à 150 mètres du poste d'Aguiert. en septembre 1907. avaient deux hommes tués et un blessé.REVUE DU MONDE MUSULMAN Les Id ag Jemouella avaient. abandonnant toutefois une grande partie de son butin. attaquait vers la fin de janvier. mach. d'un campement Torkoz qui eut 18 hommes tués et se vit enle· ver un nombreux bétail. Bakkar ould AhmeYada. les Rahahla. un troupeau de 60 bœufs enlevé. le. 4 hommes de sa' bande rentraient immediatement à Aleg et faisaient leur soumission..le chef des Oulad Normach dissidents. Le ralentissement des rezzous et surtout l'occupation de plus en plus efficace du Tagant permirent à ce momenl-là ia suppression des petits postes du début. il pillait le village de Mbagne (mai 1907). C'est ainsi que Guimi el Aguiert disparaissent en fin 1906.. mais peut encore échapper. et notamment le pillage dans la région du Mal. On trouvait Aleg placé dans de mauvaises conditions hy- . accourus au secours du campement. Energiquement poursuivi par le lieutenant Chabre. les TAgât. du cOté des Oulad Nor.ux par les Oulad Bou Sba. les Touabir M'ha'lmdat. à 4 kilomètres du poste de Mal. ces derniers purent être rejoints par une reconnaissance qui reprit les biens volés. il est atteintà Chagour. Bakkar était assassiné dans la nuit du 80 décembre par un de ses hommes. Omar Bou Salif. on envisagea un instant l'évacuation d'Aleg et le transfert de la capitale du Brakna à Chogar. et 8Toumodek et Touabir. Mal. ient laissés surprendre. et surtout des Oulad Ahmed. mi degré. Isselmou ould Mokhtar 'oummou. qui revenait à son tOUL" . principales. montant vers Aleg. Ahmeddou fait une apparition dans le Brakna et jusque dans le Cha·· marna pour entraîner la dissidence des tribus. amena la soumission à peu près générale de tous les chefs rebelles du Trllrza et du Brakna : Quld Deïd. Commissaire du Gouvernement. Le choix se portait sur Chogar. Labat ould Ahmei'ada.AKNA gieniques. Pourchassé. Le retour de l'Adrar de lacolonne Gouraud. sis à une vingtaine de kilomètres des meilleures zones de pâturage du cercle. Sidi Ahmed ould Bou Bakkar. conduits. un convoi de ravitaillement.LES B/l. Ahmed ould Bou Bakar. par Seneïba.-· sès plus ou moins habiles. En novembre Ig08. en décembre 1909. Ce projet fut ajourné.. où les chameaux peuvent séjourner toute l'annee et à 4 jours. soit il Aleg par des chassés-croi. et déposent les armes.. se présentent soit à Boutilimit. mi de force. incursianner aussi dans le Brakna et se faire donner. la nature très boide des environs offre en abondance des rnateriaux de construction . du fleuve seulement. et pala~ brer avec les tribus. a·t·on dit. Par la suite. Cheikh vint à Aleg pour saluer Je colonel Gouraud. et au début de 1909. Ils tuèrent les mulets à coups de couteaux et fusillèrent l'interprète noir et plusieurs gardes qui s'éta. Il ne res. frère d'Ahmeddou. n'a jamais abouti. Le 4 juin Ig08. tait plus en dissidence que Seneïba. De plus.. et surtout hors du centre géométrique des tribus. il ne put donner suite li son projet et s'enfuit. Il est plusieurs fois mis à mal par les gens d'Elimao Abou. mieux placé pour l'administration des nomades. En fin décembre '908. etc. on voit HobeYb. des cadeaux par les marabouts ou les Toucou· leurs. est attaque à Azlat par quelques dissidents. et malgré qu'il aiteté repris plusieurs fois. qUi. calqués sur ces deux régions géographi. le Brakna n'a désormais plus d'histoire..cain. située sur la rive droite de cet oued. La leçon fut salutaire.lieu. et se trouve désormais commandé par un administrateur (Boghé). -<lances enlevées d'un courrier. et le Chamama.<06 REVUE DU MONDE MUSULAIAN quelques semaines plus tard. elle amena leur soumission presque immédiatement à Chingueti. ou territoire des Maures. Irréductible jusqu'au bout. . Il était borné au nord par le cercle de Tagant. le séparant de la colonie du méme nom. avec Boghé comme chef·lieu. Le 1·' juillet 1910. et l'êmir Ahmeddou. qui prend Je nom de Chamama. Le lieutenant Bourguignon rattrapait les pillards à la passe de Tizigui J reprenait marchandises et chameaux en· levés et tuait 2 pillards. auxquelles fut jointe la partie de l'ancienne région de Gorgo1. Le cercle du Brak.na fut constitué dans sa première forme par un arrêté du Gouverneur général du 26 dé-cembre 1905. Peuple heureux. est un cercle Noir. en date du 26 décembre ~912. il était formé des anciennes régions de Mal . zone d'inondation du Sénégal. peuplé de Noirs (Toucouleurs). Aleg restait la capitale du cercle. Le -ehef-Heuen futAleg. avec Aleg comme chef. ques : le premier. Le cercle devait être remanié et délimite par l'arrêle du -Gouverneur général.cet état le Brakna proprement dit. et le lendemain pillait une caravane de dioulaà Lekfotar et br61ait les correspon. Il comprenait en . à l'Ouest par le Trarza. qui conserve son nom de BraknaJ est le cercle Maure et reste soumis à un officier (Aleg). à l'est par le Gor· gol. s'enfonçait vers le sud mara- .et de Regba.d'Aguierl70 chameaux aux TAgâl. le second. Un arrêté du 30 juin 1918 a partagé le cercle en deux nouveaux cercles. un groupe de piBards enlevait près . au sud par le fleuve Sénégal. avec deux résidences annexes: Boghe et Mal. Cbogar· Godel. qui sc déverse quelquefois dans le S6négal par le Khat. Le Brakna maure actuel comprend quatre grandes re· gions naturelles: l'Amechtil.VAgan. Les principales sont l'Aguiert. c'est la loi du moindre effort. suivant les pluies. mais l'eau ne persiste que pendant deux ou trois mois après l'hivernage. C'est un pays de « tamourt» nombreuses (cuvettes. L~ sol. Mounguel. on la trouve à faible profondeur. est partout très perméable . pays des grandes dunes et des puits profonds. Guimi. L'Aftouth. qui s'étend au nord du Chamama. le sol assez compact retient l'eau. fuyant les grands tamourt où pulluh:nt mouches et moustiques. Mal. La transhumance des troupeaux est soumise à la règle générale des tribus du nord immédiat du fleuve: réserver pour la saison sèche les points où l'eau sera abondante et facile à prendre. tandis qu'en été. Chogar·Toro. et même fort gênant. la rive droite du bassin du Gorgol avec les tamourt de Dionaba. et Peau y persiste longtemps. L'Akel. et ne ramène les choses cn leur eta-t anterieur. Les mares et les ogtat y sont nombreux. déversoirs de bassins fermés). Aussi. l'herbe et l'eau -y abondent et les campements peuvent s'installer . tout le monde s'éparpille. où les haratines maures font leurs lougans. où l'eau abonde en hivernage. surtout sablonneux. Aleg (bassin de j'Oued Katt:hi). et enfin les oueds Lgoussi. dès le début de J'hivernage. région intermédiaire entre les deux autres. Mouit. region de dunes et de roches. Les mares et les oglat y sont nom-breux. et quelquefois toute l'année. dont il le sépare par une ligne de dunes de faible altitude. Le· maoudou. La rivière la plus importante du Brakna es! l'oued Katchi (prononcé à peu près Katyi. Kaki) dont le cours a environ 170 kiiomètres et qui se jette dans le lac d'Aleg. L'oued Katchi est la plus gra~de région d'attraction. Les lits de ces tamourt et oueds sont formés d'une bonne terre alluvionnaire.LES BllAKN'A '°7 Nul doute qu'un avenir prochain ne mette fin à ce partage inutile. on se rapproche des grands tamourt. Lorsque les pre· miers froids ontdétruitles moustiques. MUSULMAN sur les plateaux qui l'entourent. beaucoup d'oglat se dessèchent. Mal. A mesure que la sécheresse augmente. . plateaux lissez dénudés. le bassin de Gorgo1 et autour des grands puits.'08 REVUE DU MOND'!'. Lorsqu'en ces puits l'eau Il disparu. Aleg. on creuse les oglat. En mai·juin. d'ou le grand vent chasse les moustiques.toutesconcentrees autour des 40U 5 points d'eau principaux. Guimi. que/es petites mares sont à sec. les tribus sont. comme on l'a vu plus haut aux invasions arabes des quatorzième et quinzième siècles. « La troisième tribu l appelée Ebraquana.na sont d'origine arabo-berbère. incon~ testées chez eux et au dehors. sans toujours bien se rendre compte des faits. parce qu'ils en étaient les maltres politiques. comme toutes les tribus de l'Afrique du Nord et de l'Afrique occidentale. Leurs généalogies claires" simples. domiciliées sur le territoire brakna. Certaines sont nettement d'origine arabe . à leur dire. les lient indiscutablement à ces grands condottieri qui descendent du Sud marocain. qui se rattachent.. Ce sont eux d'ailleurs les seuls qtli pertenlle nom de «Brakna ». qui dit. dès le dix-huitième siècle. ce sont les hassanes (1) Oulad Abd Allah (1 Oulad Normach etH Oulad Siyed) et ur. Le pays a pris d'eux le nom de « territoire brakna» ou « territoire des Brakna » (trab Brakna). mais ce serait faire une in· jure grave aux tribus maraboutiques que de les appeler « Brakna ». . Nos prêdécesseurs sur la terre sénégalaise avaient.LIVRE Il CI1RONIQUB BT PRACTIONNEMENT DES TRIBUS Les tribus qui habitent actuellement le territoire brak. Elles sont simplement. Oulad Ahmed. Voici par exemple Labarthe. fait la distinction. s'étend à p) LA numérotation indique l'ordre d'étude de ces tribus. Tachorilcha. de même que du· sangberbèrll s'èst rAparidu·'p'a~les mar111ges d~. Kounta. La deuxième couche des Brakna est constituée par les tribus tclba ou {ouaïa. ou vrais Brakna commandés par « Hamet-Mocktard ».ues gouttes Q1.. Torkoz. Zemarig.. 'encore qu'elills ·s.b~:. autre que la première. pour prendre celui de « tributaire ». Mais il fait erreur quand il veut les insérer dans une tribu Ebraquana. Id ag Jemouel1a. Tolba Tanak. Ces tribus zcnaga. Draouat. dont l'issue malheureuse les a définitivement muées en marabouts. qUlllq. soit 'deIïtiis les Invasions hassanés.tntà}~e extraction ~r8. Viennent enfin au troisième degré les tribuszenaga proprement dites. C'est exact.ils les' veines des )assanes: Ces tribus berbères soht. qui vivaient à demi-guerrières dans le sillage des hassançs etavaientréussi . Id EYiik.r?. Il.oc. quelle qu'en soit l'orthographe. c'est-A-dire « tributaires ».tnÙ. où nomadisent d'autres tribus que les Brakna. Hijaj. X.l~. ceux-ci se prétendant Chorfa.e:dono_ebt par delà leur ascendance berb~. . J'ai expliqué dans l'Émirat des Tran:a que zenaga avait perdu son sens origine! de Çanhadja.. Les Maures Braknas font partie de la tribu Ebraquana. D'ie::idiba. encore qu'il y ait des tributaires qui ne soient pas Çanhadja et des zenaga-Çanhadja qui ne soientpas tributaires. VIII. Tâ· gAt."0 REVUE DU MONDE MUSULMAN j'est de celle Aulad el Hagi.attie 'une:" io. est d'.ûr ~al)i. mais il ya un territoire brakna. IX.!-i1. Il n'y a pas à y revenir ici. Ce sont les: IV. V. XV. XIV. » (1784)' Les «Maures Bracknas » sont pour lui évidemment les hassanes. Il o:y a pas de tribu de ce nom.C~~ tri~us 'm:araboutiques sont toutes d'origine berbère.1 s~ng" ar~be se sotrt Jtifusees à . XI. XII.1Furs a~éi"é' q!Je. dont nous avons fait les «tribus maraboutiques » et qui sont plus nombreuses d'ailleurs que les tribus guerrières.A~êl Gasri.'en général celles qui ont pris part à la grande guerre de Cherr Babbah (dix-septième siècle). XlIF. scii~ d~I:ïS lllur passé sud~ar6caJn. Vr. VII. . Avant d'entamer l'étude directe de chaque tribu. dont la création ne remonte qu'à notre occupation (fin 1903). les Toumodek. les OuJad Ahmed. XVII. Touabir. XVIII. les Touabir. Sont Qoreïchites : les Oulad Abd Allah (Oulad Normach et Oulad Siyed). les prétendues et fantaisistes . TabouïtiXX. au moins pour la perfection de ladocumentation. les Torkoz. Beha'ihat. le village sédentaire (dabaï) d'Aleg.LES llMKNA '" à. les Soubak. les Hijaj. les Kounta.origines arabes que se donnent les tribus du Brakna. les Arallen. Sont Himyarites: les DicYdiba. les Id EYiik. Il ne reste à ajouter à cette nomenclature que XXI. il faut donner. les Beharhat. sont les: XVI. Soubak. se faire respecter d'eux. Toumodek.au moins pour la plupart . les TAgAt. XIX. . Sont Chorfa: ies Id ag Jemouella. le pouvoir passe définitivement aux Oulad Siyed dans la personne de l'émir Mohammed ould Mokhtar. en effet.pour . cette dynastie dirige le sort . parait être mort. Il laissait de nombreux enfants. Jusqu'au milieu du dix·huitième siècle. AhmeYada.confédération vers '780. dont les plus connus. Vers 1780. sont Mohammed. il faut la reprendre à cette date.avoir laisse une descendance subsistant aujourd'hui. Mokhtar Cheikh. Sidi Ahmed. pour avoir joué un rôle OU.qes Brakna et j'histoire de l'une n'est que l'histoire des autres. C'est à cette branche cadette qu'est lié désormais le sort de la tribu. ou en tout cas avoir perdu le commandement de la . Hiba et Bakkar Ces enfants étaient tous en bas Age: ce fut sans doute une raison de plus. - Historique. fils ou petit· fils de Aliomel Heïba.CHAPITRE PREMIER COLAD NOI\MACH 1. Une tradition dit qu'il aurait été assassiné par ses gens revoltés. On a vu dans la première partie de cet ouvrage les ori . .gines et J'histoire des Oulad Normach. qui permit aux Oulad Siyed de se substituer aux Normach. Pour continuer à suivre l'hisloire des Oulad Normach. lorsqu'ils etaient réunis. Il «fit connaître aux. eux. l'anarc~ie régna plusieurs années. pour éviter la continuation des hostilités avec les Oulad EH. qui. lui dressèrent une tente au centre du campement et lui rendirent l'héritage paternel. quand Mokhtar Cheikh leur demanda audience. dont le chef Sidi Heïba avait épousé leur sœur Fatit. pourvu qu'ils se séparassent des Oulad Ard ». leur déclarant que cette action serait indigne de leur passé et de leurs aïeux. MokhtarlCheikh. seul chef désormais des Oulad Normach. fils atné d'Ahmerada. deuxième fils d'Ahme'iada décida son beau·frère à combattre les Oulad Normach et leurs berbères zen aga Oulad A'id. n'avaient jamais abandonné leurs vassaux. Sidi He'iba essaya alors de diviser les Oulad Normach et leurs tributaires. Mohammed. Ses jeunes frères s'étaient retirés chez les Oulad EH de Gorgol. Tagant. pour l'honneur du nom.na Ahme'iada. Trarza. était satisfaite. Il leur fit comprendre que Si di faisant une telle proposition. il n'hesiterait pas à marcher contre les Oulad Elî eux. Dès qu'ils l'eurent mis au courant de leur projet d'abandonner les Oulad A1d. illes en dissuada.. Il ne subit que des échecs et se rendit compte qu'il ne pourrait par la force assouvir sa haine et venger la mort de son père. Il déclara la guerre aux tribus des régions voisines. puisqu'il n'avait pu les anéantir. 8 . refusa de faire vatoir ses droits et se convertit au maraboutisme. parvenu à l'âge d'homme. Il ajouta que s'il le fallai-t. L'ambition du fils d'Ahmerada.LES BRAKNA . n'avait d'autre but quede les di· viser et de les vaincre en détail. et qu'il ne désirait que vivre en bonne intelligence avec eux. Les Oulad Normach allaient accepter. premiers qu'il ne leur en voulait pas. Dès qu'il fut à l'âge d'homme.3 A l'intérieur des Oulad Normach. dans les rangs des Oulad Al'd.mêmes. Les Oulad Normach auraIent été tellement touchés du raisonnement de Mokhtar Cheikh et de son dévouement à sa tribu d'origine qu'ils déclarèrent qu'ils ne pourraient avoir un meilleu'r chef que lui. et jusque dansXLII. leurs cousins. qui j'avait élevé. Pendant l'hivernage. Il fit si bien qu'à la fin de son règne. L'alliance conclue par son prédécesseur avec les Ahel Soueïd Ahmed. à Tamersnat et dans l'Agao. avant même d'altendre le successeur de leur chef tué. Il continua la lutte contre les Oulad Siyed etOulad EH et mourut un an après. Quelque temps après. Brahim épousa une jeune fille des Oulad Ahmed et les deux tribus se réconcilièrent. Ils. ils étaient installés : les Oulad Normach. faisaient toujours bande à part."4 REVUE DU MONnE MUSULMAN le Hodh.massacrèrcnt près de Chogartoute une caravane Ouiad Ahmed. H fut remplacé par son frère. Il fut enterré à Chogar. Oulad Ahmed et Oulad Normach vécurent en bonne intelligence. en face du canton des Alerbé. car les Oulad Ahmed vaincus demandèrent la paix. qui se trouvait dans le Tagant. au nord du Chamama. Sidi Ahmed. qui. fut consolidée et illeur"vint en aide contre les Chratit. Ils s'empressèrent du reste de la violer en assassinant Herba ould Sidi Ahmed à Tamourt Nadj. Laguerre ne dura que quelques années. Celui-ci condut la paix avec toutes les· tribus ori· ginaires de la souche Oulad Abdallah et elles déclarèrent alors la guerre aux Oulad Ahmed. Avec les Oulad Siyed il fut en lutte perpétuelle. . dont les habitants étaient leurs amis. les deux tiers des hommes valides de la tribu étaient morts sur les champs de bataille. Il tua ainsi près de Kaédi Sidi Heïba son beau·frère. de la variole. Son frère He1ba ould Ahmeïada lui succéda. qui habitaient le Tagaot. dont la mère appartenait aux Ahel Mohammed A'lda. Les Oulad Ahmed. Pendant tout le temps que dura le commandement de Brahim. Pendant la saison sèche. famille régnante oe l'Adrar. ils vivaient sur l'oued Katchi à Guimi. Brahim ould Mokhtar. quoique Brakna. en face la province du Lac. lors de l'assassinat de son oncle. Les OUilld Ahmed se vengèrent. nomadisant ensemble. ·ci considérèrent . la lutte dura quatre ans. alliés de longue date aux Oulad Normach. Cette si· tuation ne se prolonge-a pas au delà de deux ans. en duel. Lorsqu'elle fut conclue. Nabra. ayant tué. Quelque temps avant la mort de Brahim ould Mokhtar Cheikh. à la suite desquels. Cette entente fut de courte durée. les Oulad Siyed. essaya de lui enlever le commandement. qui s'étend de Edi à Podor.' Toutes deux marchaient ensemble contre leurs ennemis <:ommuns. à la suite de la victoire de KhaYrou Eli remportée par les Oulad Siyed. Mokhtar filsd'Ahmeddou chef des Oulad Siyed. La guerre continua avec les Oulad Sîyed.. 'Ces derniers vivaient constamment près du fleuve. à la mort de Brahim survenue vers 1871. Oulad SiyedetOulad Normach réunirent leurs campements et nomadisèrent ensemble. car en 1885. en face du canton de Toro. chef des Id Ou Arch. Le tamtam de guerre fut confié à Moklitar ould Ahmeïadaen sa qualité de descendant direct de Normach. De 1871 à r876. ceux. qui avait eu son père tué par les Oulad Siyed. La guerre commença en 1878. comme on l'a vu dans la première partie. son cousin. Elles aboutirent à la paix de l87?. entrecoupée par de courtes périodes de paix. Celui de Brahim continua à vivre avec les Oulad Ahmed. Mokhtar ould Ahme'iada. Mokhtar oulcl Ahmefada ayant accepté. Elle se fractionna en deux groupements. dont chacun eut un chef indépendant. car. à 19uig. etdont les habitants leur étaient aussi dévoués que ceux du Lac J'étaient aux OulHd Normach.LES BRAKNA . fils de Bakkar ould Soueid Ahmed. Sidi Eli demanda la paix par l'intermédiaire de Sidi Mohammed Bekkaï ould Cheikh Sidj·I·Mokhtar. sur la demande d'lln nommé Ali Salim de Guidabé. Mokhtar put réunir a nnuveau les deux campements et en devint le chef. les hostilités furent ininterrompues. Il ne parvint qu'à opérer une scission dans la tribu. dont le chef était le mari de sa tante Oum Mouminin mint Herba. Bakkar.REVUE DU MONDE MUSULMAN les Normach comme complices du meurtrier. Les campements se séparèrent et la guerre recommença. fils de MokhtarouldAhme'iada. âgé de 16 ans. Le chef de la tribu Sidi Ahmed. Le jeune chef des Oulad Normach mourut à Cascas. Ahmeddou la lui accorda et il vécut avec quelques hara· tines près de Chogar et de Guimi. son neveu Mohammed. vecut en bonne intelligence avec les Oulad Siyed. Cette fois·ci. dont le chef était son frère Mohammed et qui était allés vivre près dufleuve. futobij· gé de demander lapaÎx à1'émir Ahmeddou. rentrèrent chez eux. La lutte dura cinq ans. avec ses camarades du même âge des Oulad Ahmed. à la tête d'une bande dans laquelle se trouvait Brahim ould Ah· moïmid. En 1890' les amis des Oulad Normach ayant perdu leur chef Amar ould Salim. il commença. Ceux des Oulad Normach qui vivaient avec Mokhtar ould Ahmetada descendirent près du fleuve et campèrent avec leurs compatriotes. chef des Oulad Normach. fils d'Ahmeddou et de sa tante Oum Mouminin. Mokhtarould Herba. à piller les Oulad Siyed. dont il devint en quelque sorte un des vassaux. et son oncle ne lui survécut que d'une vingtaine de jours. En 18g8. puis par le fils de ce frère. en 1892. ayant été abandonne par les Arabes' de sa tribu. Omar . des Oulad Siyed. vivait dans la tribu des Oulad Ahmed avec sa mère Mint Dioghectan. Pendant ce temps.lui faciHterà beaucoup les rapports avec les Oulad Siyed. tant que les Oulad Nor: mach fUrent commandés par son frère. ancien chef d'un campement OuladAhmed. les Oulad Normach s'allièrent avec les Trarza al. Quand il fut en état de porter le fusil. Celui·ci vivait aussi e.n bonne relation avec les Oulad Siyed. Il est bon de dire que sa parenté avec Ould Assas.Biodh j et les Oulad Siyed eurent les Trarza a!· Kohol comme partisans. dont Ould Assas commençait déjà à suppléer le chef. lls'trouvèrent les Oulad Ahmed à Tam0urt Nadj. . Lorsque sa tribu connut ses demarches. Ahmoïmid chercha à se réconcilier avec les Oulad Siyed. dont Je frère Mohammed Krara avait tué son frère alné Brahim ould Mokhtar ou/d Ahmeïada. Furieux. les Oulad Normach commandés par son cousin Sidi Ahmed et contre les Dieïdiba..!lad Vara.r ould NaYm. les Outad Siyed. il revint chez le~ Oulad Ahmed et s'il ne parvint pas à déposséder Brahim. Oulad Mo· ha'{midat etOulad Yara se récusèrent. battus par les Oulad Siyed.LES BIlAKNA "7 ould Bou Salif. Entre temps. Bakkar prenait le commandement des Oulad Normach en remplacement de Sidi Ahmed. son cousin germain. pourvu qu'ils le reconnaissent comme chef et non Bakkar. elle j'abandonna et se choisit comme chef Brahim ouldAhmo1mid. destitue pour sa faibiesse à l'égard de la tribu ennemie. Leur chef Ahmo1mid leur déclara qu'il était prêt à épouser leur querelle. qui dans le campement n'etait qu'un étranger. et MokhÛl. qui épousaient la querelle des OuJad Kohol allèrent trouver Bakkar. Dès qu'il apprit les difficultés ~prouvées par AhmoY· mid. il se rendit au campement des Oulad Siyed et y tua Mohammed ould Ahmeddou. les Touabir Oulad M'ha1midat et [es Ol. Les Oulad Ahmed furent alors partagés en deux campements. Il ne voulut pas rentrer dans sa tribu. il réussit du moins à lui enlever une partie de ses tentes.chez les Oulad Ahmed et lui demandèrent de marcher avec eux contre leur ennemi commun. trouvant dans sa haine pour les ennemis de son père la volonté de vivre loin des siens. Après avoir été du même avis que AhmoYmid. ne voulant pas habiter dans une tribu qui pliait de· vant la volonté des Oulad Siyed. Sene'iba était dans le Ta· gant. Pendant ce temps. Mohammed Brahirnat. En même temps. dès qu'ils furent dans le Chamama avec les guerriers Oulad Ahmed. avec les Oulad Biri et les OuladAhmed il se battit contre les Oulad Siyed. à Guimi. En 19°1. --B-aJkar. Ahmed. et notamment Bakkar euld Mokhtar. des Oulad Manseur. au fur et à mesure de la progression de notre occupation. Oulad Ahmed..-M-'-kh-. chef tué en ct'" Krara. Tableau généalogique des chefs Normachi actuels.'akim. Ahm '-d-. Il se signala par ses rezzous jusqu'en janvier Ig07. date où il fut assassiné par un de ses compagnons de rapines. plusieurs personnages se détachèrent de notre alliance. AhmeYada. E(i.-H-"b-. 1 l. dernier émir Normachi (t vers li80). 1878. b. Après avoir piIlé pendant plus d'un an les tribus du· cercle de Brakna. rl "1" ---B~. firent alors cause commune avec nous. dat et Oulad Yara se préparèrent activement à la guerre contre le:. Mobam.REVUE DU MONDE MUSULMAN Oulad Normach. -A-h-~e!ada. Oulad Siyed lors de notre arrivée en Mauri· tanie en 1903. med. MOktlar.. Sldl Mo~htar. Les ennemis des Oulad '8iyed. . Bakkar avait pris la route de l'Adrar pour ne pas subir un jugement prononcé contre iui. MOkh-.. en 1907.. Hiba.'. . dissidence Siyed.--s"lj-dl-A-'hm-'d-..-L1 1 Cheikh.. ~cluei. C'est alors qqe l'émir Ahmeddou.I-c-h-"-kh-. 1883..-. sous le commandement de Bakkar ould Ahme'iada. 1 1 8ratllm.t Ahmed.-. Moham_ Hlba. 1 Mohammed. '" . ses Oulad Siyed et ses partisans attaquèrent la mission Coppolani à Aleg. Moha~med. MOllam'l-m-'-d'. Mais par la suite. t tué par mort né en med. ou.. TouabirOulad M'hami. Hibll. âge. Mokhtarould Lerli. Bak Ilr. dit né vers AllmedLobai.. sa mère n'était qu'une concubine de Mokhtar. qui espérait en lui un chef. En 1906. fils de son fils Sidi Ahmed.Il est élevé par sa mère. à laquelle il prit part vrai· s"mblabJement. il regagnait toujours son pays natal. fils de Brahim. éloquent.LES BRAKNA "9 A l'heure actuelle. après un court séjour dans Je Brakna. Mokhtar Cheikh est né vers 1865. Ahmed ould Eli. né vers 1876. chef actuel de la tribu et qu'on retrouvera plus tard i b) de la famille de Mohammed ould Hîba ouldAhmc'iada. subsistent: a)de la famille de Mokhtar ould Hiba ouldAhme1ada. Hiba par les Oulad Siyed à Ouezzou. frère du precédent : Mohammed. Mokhtar Cheikh partit dans l'Adrar avec les Oulad Soueïd Ahmed. il vint faîre sa soumission pour solliciter à n"ouveau le commandement des OuiadNormach. avec lesquels il partit dans l'Adrar.ja. que pour solliciter l'emploi de chef des Oulad Normach. dit Lobat. est ne vers 1880. chez les Oulad Ahmed. Mais quelques mols après. date à laquelle iUit sa soumission.l. généreux. après la bataille de NierneJan. après l'attaque de Tijik. Ahmerada.teureux. les Oulad Soueïd Ahmed. Il vit dans la fraction de sa mère. né vers 1906. Mohammed. Il fut dissident jusqu'en janvier 1908. Mohammed et Mokhtar. a refusé le commandement de la tribu. c) de la famille de Mokhtar Cheikh ould Ahmerada son arrière-petit-fils. son dernier fils Hiba. chaque fois qu'elle se trouvait vacante. qui versé dans le maraboutisme. où il se distingua. était très aimé de la tribu. Il est mort vers 1914. Ahmed ould EH et ses deux petit-fils Mokhtar Cheikh et Ahmeïada. Celui-ci. né vers 1908. n'est qu'un enfant qui a remplacé son père Eli ould Ahmed. Candidat rnal. ayant vu arriver dans J'Adrar Bakkar oulcl Ahmeïada et la plupart des membres de sa fs!pille. . un peu plus tard. Tous ses autres fils ont été tues. courageux. . Il ne descendit du TaBant dans le Brakna. son fils alné. Son frère cadet. REVUE DU MONDE MUSULMAN d) de la famille de Mokhtar. fils de No.. Baouba. .' '79 " " . Ils comprennent 75 tentes et 339 individus. Le chef de la première est Samba ould Mohammed ould Sidi Ahmed ould Abd allah ould Samba. Tiab Normacb . lentea peraonJ. e) de la famille d'Al.haïlig . dont les chefs sont Samba et Brahim ould Mokhtar ould Siyed ou!cl Mokhtar Salem ould Eii ould. dit Badior. a sa postérité chez les Normach: les chefs de tentes sont: Mohamed Saloum ou\d Mbarek Fal ould EH Saloum ould Mohamed Saloum ould Baouba. Les chefs de la seconde sont: Ahmed et Mohammed ou!d Brahim 0 . seul. - Fractionnement. victimes de leurs dissenssions perpétuelles. anes Normacb nobles Haratines Normach. Le fils cadet a 1aissé aussi des descendants. 2. Amar ould Al-Mek. sont aujourd'hui réduits à un chiffre infime. hl d'Ahmed ould Normach. 7' " " " " .. f) de la famille d'Abd Allah ould Normach. Encore de ce chiffre les tiab et ies haratines constituent-ils la plus grande partie.mach subsistent deux branches issues de ses deux fils : Samba et Ahmed..les bOvins ovins camelin. et Amar ou Id Mohamed ould Brahim ould Othman ould Baouba. qui se sont maraboutisés et fondus chez les Tagnit. g) les descendants de Siyed ou1d Normach sont les Tiab ould Normach. Les Ou1a Normach. 7' 685 ".Mekha·ilig ould Normach subsistent plusieurs tentes.' '7' " 33. .. le fils alné. subsiste la tente de Yahdi ould Amar ould Ahmed Mahmoud ould EH '" ould Abd Allah. 1'°73 " - !L '7 " . ·ould Ahmed . En IgIS. entre Mal. Aguiert. Ils nomadisent en hivernage. Ce jeune et intelligent pillard de . chef intérimaire. Ils n'ont pas de marque. il en était pourvu en remplacement de Mohammed ould Badior. Il se trouvait au combat des Touigdaten. Sa mère Oumm Mouminin ment Mohamed Jerdane est des Oulad Ahmed. vers 18g5. Au surplus. Il repartit en dissidence en fin 1908 avec ses oncles maternels les Ahel Bou Bakkar. C'était jadis Tig ould AIAtig. Le droit au commandement lui revenait par hérédité. Leur territoire de commandement était compris. fit partie de quelques rez· zous dans Je Regue1ba et le Hodh. En cas d'insuccès dans leurs luttes contre le!! Oulad Siyed. ils l'ont abandonné et usent maintenant des bon offices du cadi de la deuxième fraction des Id E1/ik Kabir ouldAI-Aqel. il suivit les siens dans leur dissidence . Guimi. à notre arrivée.. se rappro_ chant ainsi des Oulad Ahmed. des Ahel Aleg.LES BRAKNA ". ce sont ceux·ci qui. Deux mois après son retour. entre Aleg et Daguet Mémé. Encore enfant à notre arrivée. en saison sèche. Il est né. ont fourni leurs cadis. ils refluaient vers le nord: Chogar. leurs allies ordinaires. Cascas et l'oued Katchi. et exerce malgré sajeunesse son commandement avec (beaucoup de doigté. depuis plusieurs géné· rations. On ne rencontre que quelques Normach pourvus de l'ouird. Les marabouts des Oulad Normach sont: les Die1diba et les Id E11ik . des Oulad Ahmed. près d'Ajoujt où fut tué Je capitaine Repoux. Le chef général des Norma'ch est actuellement Lobat (de son vrai nom) Hiba ould Mokhtar ould Hiba. au Sud de Mal et aux environs de Dielowar. et se soumit en fin Igog avec Mohamed ould Bou Bakkar. puis revint dans le iBrakna et fit sa soumission après la mort de son frère Bakar. On remarquera que cette tribu guerrière ne possède pas un seul chevaL Ce petit fait indique nettement sa decadence. suivant la coutume des guerriers. l'influence religieuse des uns et des autNs est bien minime. Son ambition serait de restaurer le prestige de sa tribu en mettant la main sur ses anciens tributaires qui lui ont échappé. comme étant le notable le plus représentatif. il fut remplacé au début de 1910 par . Mohammed ould Badior. dit Badior (ould Bakkar ould Ali ould Ahmed ould Hiba ould N'ormach). il reprenait le commandement de sa tribu. il alla faire un an d'etudes à la mêdersa de Saint-Louis et deux années à la medersa du Boutizimit. et suivit pendant plusieurs mois les cours de l'école. ses exactions sur ses zenaga Touabir. Il ne partit jamais en dissidence. non plus que sa f. Les Touabir veulent bien encore faire des cadeaux aux Normach. Hentré en novembre 1916 à Aleg. Son grand~père Ahmed fut un guerrier cruel . dont il pillait sans répit les troupeaux lui valut le surnom de« Badior» qui est le nom d'une maladie qui dé· cime les moutons. Les notables de la tribu Normach sont: a) Mohammed ould Brahim ould Ahmed. qu'approuver cette régénération des Touabir.dance recouvrée.. comme on l'appelle communément. malgré toute notre sympathie pour Labat et les siens.amille. il suivait quelque temps encore les cours de l'école locale. et le 13 novembr6l 1916 cinq zenaga lui remet· taient officiellement le horma classique. Puis trouvant que les progrès n'étaient pas assez rapides. mais ils tiennent par·dessus tout à leur indépep. Mais c'est là de l'histoire ancienne.'" REVUE DU »ONDE MUS~LMAN la veille comprit qu'il devait se rapprocher des Français pour restaurer sa tribu. Il a fait preuve pour lui comme pour les siens de beaucoup d'énergie. semble avoir joué un r6le assez effacé avant notre arrivée. puis jugeant son instruction terml· née. Aussi après le départ de Bakkar ould Mokhtar fut~1l nommé. Aujourd'hui il parle et écrit convenablement le français. qui se tient très bien et qu'il ne faut pas juger sur son maintien d'ex-écolier qui lui fait dt! tort. C'est un chef excellent.chef. L'ex-chef Mohammed ould Badior assurait son intérim. Il vint donc habiter Aleg au début de 1912. et nous ne pouvons. Quand cet art de· vint trop dangereux dans le Brakna il suivit Bakkar dans l'Adrar et fut de toutes ses razzias. il n'y a guère à signaler que quelques jeunes gens. chez qui il vit. il fut victime de plusieurs pillages. né vers 1888. Il faut signaler dans l'entourage de Yahdi le forgeron' Qassim ould AI-Kehel. Après la mort de son chef de bande. il prit la vie de pillard qui convenait le mieux à son tempérament. Abd Er- . né vers 1892. et assura les intérims de celui·ci pendant ses absences. orphelin. Brahim. intelligent et ouvert. p~ralt être le notable le plus important des Normach. son frère. c) Bou Daha ould Qadiri.LES DRAKNA Lobat. à la suite de ces incidents. Il retint Bakkar dans le Nord tant qu'il pu et ne fit lui·même sa soumission que parmi les derniers. il fit sa soumission. entraî· nant un grand nombre de tentes. héritier naturel. Retiré dans sa tribu. il y vit aujourd'hui tranquille et assez besogneux. Il prit part à Tartonguel à l'échauffourée qui mit aux prises Oulad Normach et Ahel Cheikh Sidi-I·Mokhtar et. b) Yahdi ould Amar ould Ahmed Mahmoud ould Eli ould Abd Allah j Ce personnage. qui paratt n'avoir suivi Bakkar et Yahdi dans j'Adrar que par fidélité à ses chefs. fut le principal artisan de la dissidence des Normach. Au cours de son exil. né vers 1895. qui ont considêrablementdiminué sa for· tune. sans fortune. Vigoureux. neveu de Yahdi. de plus ou moins d/avenir: Samba ouldSiyed. Il partit lui-même peu après en dissidence. Il est très renommé pour sa science médicale et s'était acquis dans l'exercice de cet art un beau cheptel de bœufs et de moutons. Il fut notamq1ent le mauvais génie de Bakkar ould AhmeYada en le dissuadant de se rendre auprès des autorités du Brakna et en lui conseillant la fuite vers l'Adrar. d) En dehors des personnalités prècitées. Il est issu d'une famille de Tiab ould Normach redevenue guerrière. et depuis cette date s'est tenu tranquille. né vers 1848. entre Aleg et KaMi. frères . les uns et les autres Oulad Mohammed. depuis notre arrivée.ussi des déperditions. Rares sont ceux d'entre eux qui ont reçu une affiliation. orphelin de père etde mère. el Ahmeïada. Ils ont pris. s'il augmente tous les jours par l'afflux de nouveaux éléments. le feu lam-aHf des Id Eïlik. il subit a. 1I. Certains campements mènent cette vie depuis fort longtemps. lis ont été tous deux de fidèles compagnons de Bakkar. Au surplus. soit'}' > Les Tiab ould Normach sont comme leur nom l'indique. Il l'a suivi dans sa dissidence comme dans sa soumission. comme leurs martres hassanes. d'autres sont venus « il la voie droite» tout récemment. lassés de leur vie d'avef\ture ou plus probablement incapables de la con· tinuer en face de dangers trop grands pOUf leur courage. Les Haratines ne témoignent que d'une piété fort minime. qui se convertirent une genération après Abd Allah. contre·marque d'un trait inférieur. quand l'occasion s'en présente. frères de Normach. Il y . le nombre de ces Tiab varie. Il y a bien des Normach. Ils ont tous suivi le chef de famille dans l'Adrar. Dans leur campement vit le fils d'une bonne famille normach. Mahmoud ould E'/bouti. les descendants de guerriers Normach qui. fils d'Eliman ould Yarg. Chez les Haratines Oulad NOflnach. tels les Ahel Khajaj.s personnages principaux sont les deux frères Khanfari (Sidi Bouna). né vers r878. Le nom de Tiab Oulad Normach qu'on leur donne n'est pas exact. car des familles converties n'hésitent pas à reprendre les armes. mais il y a aussi des Oulad Oubbelch.~EVOE DU MONDE ~USULMAN Rahman leur cousin. tels les Ahel Melkhail. toujours qadl'ïa d'ailleurs. ont abandonné le statut des guerriers lOt ont déclaré vivre en bons et pieux musulmans.a aussi des Oulad Naggad. né vers 1878. Ils nomadisent en tout temps sur l'oued Katchi et dans l'Guberr. le chef est d'origine ncggadi. Ce chef n'est jamais parti en dissidence et fit sa soumission dès le début. Aujourd'hui. Mohammed Mokhtarould Mohammed Salem. quoique déjà âgèet'parfois radoteur. passe pour être le premier qui se convertit et donna naissance à la tribu. C'estàla tente des Ahel Bou Bakkar qu'appartîenthérédi~ tairement le pouvoir. et non Ilormachi. Les Tiab Normach envoient la plupart du temps leurs enfants étudier chez les Dieïdiba. on leur a rendu leur autonomie et ils l'ont conservée depuis. Il est qadri par l'imposition de Cheikh Sîdia. Les notables sont: Mohammed Mahio ould Maïef. Ahmeïdou ould Ma'ief. ils nc se piquent ni de culture ni de pieté. les uns et les autres Oulad Abd Allah. Le maltre d'école de la tribu est Mostafa ould Ahmijen. personnage insignifiant.LES BRAKNA ". Son père etant mort peu après. Mais l'habitude est prise aujourd'hui. mais en réalité. Cette famille compte en effet parmî les plus influentes. Le vrai nom devrait être Tiab Oulad Abd Allah. Jusqu'à 1904. auprès de qui il est allé sèjourner quelque temps. car son ancêtre Semba ou Id Neggad. le commandement fut donné à Sidi-J-Mokhtar ould Samba (ould M'hammed ould Amar Fal ould Ahmed ould Mohammed ould Samba ould Neggad). des Oulad Mohammed. les Tiab vécurent sous la dépendance directe du chef des Ou/ad Normach et firent donc partie intégrante de cette tribu. Abd El-Ouadoud ouJd Mohammed Mokhtar ou Id Abd EI-Ouadoud ould Mohammed ould Bou Bak. à cause du jeune âge du représentant de cette famille. Au départ de Bakkar. le commandement est exercé par Sjdi~I·Mokhtar. Tagag et Bija). Il remplit très convenablement ses fonctions. Au surplus.kar ould Samba ould Siyed ould Normach est ne en effet vers 1890 seulement. Ils apposent le feu lam-alif'1 sur la cuisse gauche de . ainsi que dans l'Agan et Akel. Les Tiab Normach n'ont qu'un maigre cheptel.. REVUE DU MONDE MUSULMAN leurs animaux..' +. C'est une tribu pauvre et sans importance. qui n'a rien gagné à revenir à Allah. . Saison sèche: à l'eH de Chogar Gadel et Mouit. Hivernage: entreGuimi et Chogar Gadel. avec comme contre-marques l'outarde \V ou la croix Terrains de parcours. Al-Habib 185! IlL 1 Mokhtar.CHAPITRE JI OULAtl SIYED Tableau généalogique des chefs Siyed actuels. Bakkat.l_~_-. MohamSldJ. 1 1 1 4. Moh tar Moh. ~-. t 1l1S4. 1 1 11393-lr03. J Mokhtar. ~.JUokJtll. 1 SidJ EU for vers 1804 t 1818.. \ 3. oh. SJdi MoJammed. Assas 1907 Ould Assas. Ahmeddoll Il. 1 1 1.r. Rdjel 8. t 1858. Ahmaddolllo. Sidl. 1 t 1900. 7. Aghrich. Mohammed t vers 1804. SIJ! 1 l 1 chef Moh. med. .. 1858+ 1893. 1 Sidi Moh.. 1 . Mohammed. 1 i 1 Ould M'hamed.lara. 1 llctuel. K. 8 181er 1 41. 1 Mohammed. MOKhtar 6. Bak ar. Sidi Mohammed. 1 1. Hobeib. Mokhtar. Hachern. 5. Othman.1 184ll-l851. SM! lUi lI. de· puis 1909. il a reculé d'année en année devant les progrès de notre occupation ~ le Tagant. Die1diba. soit au livre premier « Histoire générale ». Nous avons l'honneur de vous faire savoir que nous sommes en poss-esslon de votre Jettre que nous avons vivement acciamée et reçue avec grand plaisir. Letexte français est de l'auteur' lui-même. le Sud marocain l'ont tour à tour hébergé. Sa lettre ne trouve aucun écho dans le Brakna. Il a toutefois esquissé une tentative de rapprochement en 1914. De la part de Mustapha ould Oudh et de la Djernhh des Djedjé ba à M. les Dieïdiba. • MONSllWII. Il s'en fut trouver le caïd Aïad al-Djerari il. REVUE OU MONDE MUSULMAN L - Historique. Bien plus le chef de son ancienne tribu maraboutique. soit au chapitre précédent. à ses anciens fidèles pour leur demander des subsides. relatif à leurs cousins les Oulad Normach. et finalement.". l'Adrar. Hamedou ould Sidi EU. lui fit cette réponse typique. Il ne reste qu'à rattacher les personnages actuels aux gens et aux événements du passé. mais est~ce à nous. L'émir Ahmeddou II ould Sidi EH est resté l'irréductible. la zaouïa de Smara. Tout ce qui les concerne a été dit. Quant à votre observation. ennemi du début. qu'il faut donner Je tort ~ Nous n'avons faIt que rester dans nos parages• • . Agadir etécrivit j par l'intermédiaire des Gouvernements marocains et aofien. En dissidence depuis 1903. II n'y a pas à revenir ici sur J'histoire des Oulad Siyed. on voit clairement que la-discontinulItÎon de liaisons entre nous ne vous plalt pas. absolument inoffensif. vit son grand-oncle Hoberb l:hef de la tribu j 2° ct 3° ses fils M'hammed. et Mokhtar ould Nojem. chef des A'it Lahsen. n'ont qu'un seul chefà la tète de chacune. pour faire la négociation avec les Européens. en 1917. né. Nous gardons toujours notre pays de peur qu'en notre absence. Maintenant la tranquillité est partout. tout le monde était parti en dissidence parce qu'on les croyait plus méchants qu'ils ne le sont. Aussi il vaut mieux se soumettre avant d'~tre pris par force. dans l'espérance de l'utiliser quelque jour.à un chef étranger. Ce jeune homme. fils posthume d'Ou Id Assas ould Ahmeddou. Ahmeddou était campé dans l'Oued Noun et vivait avec ses gens des libéralites des chefs tekna : Mohammed Yahia ould Hiba. Il paratl. né vers 19°7. et l'entretient tant bien que mal. chef des Azouafid. dans le Chamama chez les Oulad Siyed. Sa femme i\1oumina ment Mohammed ()uld Heïba.LES BRAKNA "9 A l'arrivée des Français. le chef des rezzol. D'ailleurs les chefs Arabes ont aujourd'hui le sort qu'Jls n'ont jamais eu autrefois. on ne le confiât. En 19'9. 9 .ls du début. mère d'Ould Assas est décédée. telles que Trarza et Oulad Bierî. Devant cette reponse qu'il n'attendait pas. à Tizouit. Taules les autres régions. A notre avis. Je traîne à sa suite quand il en a besoin. Dans le cas que vous voudrez vous rendre. on leur obéit il souhait et ils ont encore le droit de recevoir exactement tout ce que leurs administres donnaient dans le temps. C'est asse~ abandonné. Ceiui-ci. D'abord les Européens sont devenus mllttres partout. Ahmeddou est aujourd'hui un vieillard de soixante·quinze ans. nous n'avions été nulle fart. vu la situation du Brakna. Nous autres. Il a 'laissé comme postérité connue dans le Brakna: 1° son petit-fils OuldAssas (Sidi Eli) junior. il faut revenir pour contenter votre peuple en le dirigeant au lieu d'autres. c'est inutile de résister contre eux. Ahmeddou finit pal' lâcher le parti Makhzen et se rapprocher d'AIHiba. JU!!. et cela ne lient qu'à ce que vous n'y ~tcs. n'ayez qu'à nous le dire à nous·mêm~s. Les Français donnent à tout le monde la liberté d'appliquer ses anciennes coutumes. c'est-à-dlre qui n'appartient ni à l'lOUS ni à notre famîlle. Il n'y a que Brakna qui est occupé par plusieurs chefs. Il relève déjà de l'histoire. et qui a deux enfants: Sidi EU et Cheikh Saad Bouh . Mohammed al. Dans la branche collaterale. 6° Sidi Mohammed. descendance de Sidi Mohammed ou Id Mokhtar ould Aghrich. Il a laissé un fils. qui campe chez son oncle Hobe'ib. né vers 1900. et qui a fourni deux émirs siyed. né vers 1899. né vers 1885. partit en dissidence avec son oncle l'émir Ahmeddou. le meurtrier de Brahim oüld Mokhtar ould Ahmelada. Il est mort en Igo4à son retour de Saint-Louis. père et fils. rentra par la suite au Brakna et y finit tranquillement ses jours . dont l'une est mariéè chez les Tabouit et l'autre chez les Oulad Ahmed. et emMene en dissidence par son oncle l'émir Ahmeddou. . hartan'ia. chef actuel des Oulad Siyed ét qu'on verra plus loin. Parmi les frères d'Ahmeddou fils de Sidi Eli. il faut citer.a3 décembre 19!8. chez qui il se trouve toujours. 1° Mohammed Al-Habib ould Mokhtar Sidi. Ahmed Saloum II. (ant6t chez Cheikh Fal . il a laissé un fils: Sidi Mohammed. et dont le fils Mokhtar. né vers 1879. jadis mariée avec un Dàmâni. sans postérité. actuel· lement en dissidence et une fille. 2° Mohammed Krara . né vers 1905. et Sidi EU qui campe chez les Ahel Bou Bakkar (Oulad Ahmed). décédé vers notre arrivée. lla laisse deux fils : Mokhtar. le Normlôlchi. est avec eux dans l'oued Noun . le. 4° Bakk. 50 une fille Garmi. qui. est revenu avec l'aman.ar. et tué en 1905 par les Oulad Dâmân . Garrni. et deux filles.REVUE OU MONO! MUSULMAN vers 18g91 et Sidi. Leur mère Moïnetou ment Toumoni. ont été vus plus haut. qui campe tantÔt chez son oncle HoheYb. qui s'etait retire chez les Oulad DAmAn. veuve de l'ex-emir du Trarza. aujourd'hui divorcée. tous deux avec leur père dans leur Sud marocain. 5° Hobeïb. tué par Bakkar en 19°°. 8° Mouminin. 3° Mohammed. EUe vient de temps à autre chez les Oulad Siyed. vers Ig00. et une fiUe Mahjouba. vu plus haut.a. il faut citer: 10 Mokhtar. veuve d'un Id ag Fari. 7° Fatma. campée avec sa mère chez les Chratit de l'Assab.Habib. 4° Bakar. et tué en 1884 par les Ahel Sou'led Ahmed . Bou 1 1 1 1 -'---'l'Sidl EH. du nom d'Amar et en a plusieurs enfants. qui campa chez les OuladSiyed. Brahim oulcl Terraza et Amar ould Bakar. 40 'Baya. ex·chef de la tribu pendant trois ans. et se rattachent àSidi Ahmed. dans le campement d'AhmedQou. Amar Lobat et EH. Bou Othman. Le chef en est Sidi oulcl AhmeMou oulcl Si di ould Othman oulcl Brahim M'khaïtir . Sidl Ahmcd. Ses frères et sœurs sont décédés de puis longtemps. celle de M'khetir (frère d'Aghrich) ould Seddoum ould Siyed subsiste encore de nos jours. c'est un homme apathique. 1 Mohammed. plus éloignées encore. Bou Khed~ouch.1 1 Brahim. et Mohammed. . qui a épousé un DAmâni. Il a laîssé une fille et deux fils.LES BRAKNA vers Igbo. . et les principaux notab1. Mohammed. Né vers 1888. qui est en dissidence avec Son parent dans le. 2° Hachem ould Mohammed ould M'hammedSidi (+ 1858). Sud marocain.éloignée. Othman. actuellement chez les Oulad DAmAn. Leur desce'ndance subsistent à l'heure actuelle et se trouve au bas des tableaux génél:lJogiques . fils de l'ex-émir Mohammed RAjel (184218SI) et qui n'a pas de postérité. tous trois frères de Seddoum et fils de Siyed. Une branche collatérale plus. sans autorité et sans pres· tige. Tableau n" 1. ne vers 1880. 3° Hamoud. sœur dudit Hamoud.né vers 1870. 1 1 Bakkar. Bakar. '1 Bakkar. et relevé de ses fonctions.es: Baouba oulcl Otham. Restent enfin trois branches collatérales. l' MOkhtar. BraAim. Sidi. . Amar Lobbat. 1 Ahmad Fal. 1 Mokhtar. Mok~tar> élève de la médersa. Boustan. Hamouna. Tableau nO 3. 1 1 1 Sidi Ahmad. 1 Mohammed. Sidi Ahmed. Mokhtar. 1 1 siL Sidi ~hmed. Mohammed. EU. Mohammed. J Bemoug. 1 1 1 1 Beniong. 1 1 1 Mohammed Fal. 1 Laroin Fal. 1 1 Mohammed. SoueYd Ahmed. 1 1 BaJani.h REVUE DU MONDE MUSULMAN Tableau n Q :1.. Lamin. Mohammed Fa!. En 1909. les zen aga Aralen et les' j. Sidi Eli ould Kheddich (1904-1909)' Sa naissance obscure ne lui assura aucune autorité. Mohammed Krara fut choisi.laratines Ahel Ghaïta.33 2. Oulad Siyed proprement dits. Orgueilleux. Ouled Mensour. restés fidèles et qui formaient un bloc d'attraction. . Il est né vers 1870. . A notre arrivée (1903). Coppolani songea aussitÔt à donner un chef aux Siyed. frère germain de l'émir Ahmeddou II. dès que la dissidence de j'émÜ' Ahmeddou fut avérée. OIlJad Siycd. HaraliMs Oulad Siyed. et vint à Saint·Louis où il fut agree. Elles n'en continuent pas moins à vivre dans le sillage de la tribu et en rapports étroits avec elle. Azafal et Igdala. Abel Ghana. mais intelligent. fils de l'~mir Sidi EH II. Azafal et Igdala ont the constitues en fractions autonomes. sa mère était Garmi ment Lamin Fa!. Il était à peine rentré dans le Brakna qu'il mourait (1904)' On contiaalors les fonctions de chef à un intérimaire. il n'osait pas se déclarer en notre faveur. Aralen. Il devait être gracié en 1910. Son frère. Haratines Tanak. Sous notre occupation. mais souhaitait tout de même notre succès. et chef general de la tribu.LES BltAK~A . Haratines Oulad Mansour. ses exactions et com· promissions furent telles qu'on dut J'arrêter et le condam· ner à cinq ans de prison. Les Oulad Siyed proprement dits ont pour chefs Hoberb. -Fractionnement Ce fractionnement classique des Oulad Siyed s'est établi ainsi jusqu'à nos jours. Né vers 1896. non plus que ceux de son oncle maternel Sidi EH ould Othman ould Bou Bakkar.t peu après en pourparlers avec les rezzous et ne fournissait aucun renseignement. Hachim n'eut pas J'autorité nécessaire pour se faire craindre et obéir de ses gens. C'est un homme intelligent et ambitieux. parti en dissidence à notre arrivée. de la part d'Hobeïb. Il fitsa soumission au capitaine Bablon.ReVUE DU MONDE MUSULMAN Il fut remplacé alors par son neveu. pour attirer . comme lui cadet eloigné des Ahel Aghrich : Hachim ould Mohammed Sidi ould M'hammed ould Sidi Mokhtar àAghrich. il vécut paisiblement. 11 se déclara dès lors ennemi d'Ahmeddou. Se sentant peu en selle. Nommé chef trop jeune. puis alla à la médersa de Saint·Louis. l'ancien chef. Ce n'était d'ailleurs. Hachim était très jeune à notre arrivée dans le pays. en 1915. au risque de laisser ses gens partir en dissidence. il passa le commandement provisoire à son père et vint à Aleg suivre ies cours del'école local. notamment des Haratines Tanak et Oulad Mânsour. Il entrai. Il partit avec toute sa tribu après l'affaire d'Aleget vécut avec elle. A son retour. au détachement chargé de purger le Chamama des dissidents. Par la suite.e. quand il comprit la ruine définitive de l'ancien régime et se retira che~ tes Ahel Agd Ammi. et finalement "dut ceder la place. quand J'ancien émir fit son apparition dans le Brakna. Les conseils de son père Jui furent de peu d'utilité. son cousin. Lorsque ce dernier fut tué à Sarak. ne se si. il venait de quitter le rezzou pour conduire vers le Nord le butin pris aux Toucouleurs. 11 repartit à nouveau avec. qui sont des pillards consommés. se signala 'par quelques exactions. qu'une feinte. il ne sut pas mieux asseoir son autorité. des Die'idiba. à Boutilimit. fit sa soumission en IgOg. au chef de la famille des Ahel Aghrich: Hobe'ib. et se sauva à Podor. Hobeïb oUld Sidi EH a épousé une femme des Kounta. gnalant que parses compétitions avec Hachim. frère d'Ahmeddou. qui. vieillard très versé dans l'histoire du Brakna. Hoba'ib n'est pas très aimé. Le successeur éventuel de Hobe'lb au commandement des Oulad Siyed est son neveu Mokhtar (1).35 à lui les anciens zenagarl'Ahmeddou. et Sidi EH ould Kheddich. Il a été ~mpJacé par Mokhtar. Il reçut alors le commandement des Oulad Siyed. Sa jalousie contre Sidi EH ould Keddich l'a incité à accuser celui·ci de fomenter des troubles. il était emprisonné sous l'incul· pation de vol de moutons et dissimulation de sommes perçues dans sa tribu pour les orphelins de la guerre. il est d'ailleurs sévêrement tenu en laisse. universellement accepté.t. S'il est. Les Ahel Oha'ita se sont également plaints de lui. Les Oulad Mansour. faute de preuves.ES BRAKNA . 11)2 ovins. en 1905. t Mohammed ould Kheddich. traditionnaliste oral. Il fut relâché. d'être soustraits à son autorité immédiate. Malgré cela-Hoberb reste le seul chef possible. depuis Ahmed Saloum II. Elle possède 4 chevaux. ancien chef. 11 attendait son heure qui sonna en 1915. Brahim ould Lamin Fal j Bou Bakkar ould Kheddich. A la mort de cet émir. 23 bovins. à qui li ne manque que de savoir écrire pour se faire un nom de savant réputé. La fraction comprend vingt tentes et 102 individus. Fatma est venue chercher un asile avec ses enfants auprès de Hobe1b. Bobe'lb est en excellentes relations avec les chefs trarza. ce qui a valu à Sidi Eliune amende et un séjour obligatoire d'unan à Aleg. 13 Amis. qui avaitépo~lsé sa sœur Fatma. de par sa naissance. . 4 cha· meaux. descendanccfortreduite de Mansour (1) Hobelb est mort de la grippe au début de 19l9. En février 1917. il s'est attiré par ses exactions ]'animositédes Arallen qui ont demandé et obtenu en 1917. Les notables de la fraction sont: Hachim ould Sidi. Celui·ci Cgt egalement dan~ les meilleurs termes avec Cheikh SidYa. les plaignants ayant arrangél'affaire entre eux. le chef est Ahmed ould Samba Yarg . succéda le fils de Samba Fal. Les principaux notables sont Bouya ould AI-Falli j Bou Bakar ould al-Falli et Aleya ould Yarg. Najiould Amar. Le campement AI· Yarg est composé d'anciens captifs. LC1Jr chef est Bakkar ould Heïnnoun. mort en '902. oncle de Normach et de Siyed.384 ovins et 10 ânes: Le chef de la frao+ion était. au milieu du dix. car ils étaient considérés comme les tributaires de la couronne. Les enfants de ces hara~ines héritaient jusqu'au degré de cousin seulement. Ils possèdent 37 bovins. La redevance due aux hassanes était une pièce de guinée « filature» par tente et par an. Ils constituent toutefois chez lesOulad Siyed une petite fraction personnelle de 20 tentes. et possèdent 94 bovins. Depuis cette date. 346 ovins et JO ânes. et 140 âmes. Ils n'ont ni un cheval ni un chameau.neuvième siècle... comprenant 74 personnes. Au delà. le chef des Oulad Mansour. Les Haratines Oulad Siyed et Oulad Mansour sont restés fidèles à leurs maîtres hassanes. 803 ovins et 4ânes. à notre arrivée. Samba Fal ould Douik.36 REVUE OU ~ONDE MUSU~MAN ould Abd Allah. et vécurent ainsi plusieurs années.875 et eut pour successeur son cousin Khalil ould Kouar. qui avaient pour eux un attachement particulier. Ils etaient groupés.8 tentes et 112 pero sonnes. Il mourut vers . Ils se partagèrent à sa mort. Ils se sont reconstitués avec Tiouley ould Blal. Ils possèdent 105 bovins. . la succession était partagêe par moitiés entre la couronne et les hêritiers naturels. sous le commandement d'Omar ould Abber. Zeïat et OuJad Houm. Un seul notable mérite une mention: Ould Mohammed Tolba. 1. se sont fondus dans ces deux tribus. Baba qui mourut en '903. Les Haratines Tanak se divisent en deux sous·fractions. A celui-ci. Ils comprennent 32 tentes. et comprennent . au lieu du fils du défunt. nous voyons dansles archives qu'ils pillaient à plusieurs reprises les troupeaux d'Eliman Bou Bakkar. A la mort du premier. Ils ne paient pas de redevance fixe. ou le lait d'une vache par tente et par an. Bourtou.. Kheïna ould Mohammed ould Babou ould' AI-Aouaj ould Abd Allah ould Moussa ould Arrali. lis lui doivent une redevance annuelle d'une pièce de guinée ou le lait d'une vache. Ils sont aussi tenus d'aider leurs patrons dans l'achat d'un cheval de. Ils seraient sortis des Aroueijat. Ils doivent une pièce degu!née. de l'émir et de quelques parents de l'émir. poursuivait les pillards et re· prenait son bien. au temps d'Aghrich (fin du dix-septième siècle). leur assura pendant plus d'un demi-siècle (1830+ 1870) le prestige de parfaits pillards. d'une partie. entre autres.. au cours' de ces deux siècles. race. et sous la conduite d'Al-· Aouaj conquirent leur demi·autonomie de zenaga guerriers. Les Arallen se fractionnèrent alors en deux groupes sous l'autoritê de ?v1oktltar ould Chouikh et de Chikh oulà Ahmed Tegueddi. Il mourait sans hèritiervers 1870. ce qui est déplorable. et notamment des Arouiejat. ce qui accentua encore les dissensions. chef des Tanak. Leur chef. Aralli) sont les zenaga guerriers. émir des Brakna. Elles ne cessèrent de se perpétuer avec les deux nouveaux chefs: Mohammed . des Oulad Aïd. Les AraUen (au sing. Leur tradition leur assigne nettement une· origine bllrbère et les fait frères de plusieurs tribus çanhadja. la Djemaa êlur Mokhtar ould Habib. et donnésparlui à Ahmeddou ould Sidi Fli. qui finissait par passer lefleuve avec 300 Toucouleurs. par d'in_ cessantes razzias. des Oulad Al·Fari et même de fractions Tadjakant. Ils se sont signales. En 1847. car les hassanes leur prennent tout ce qu'ils veulent. LesZeïat sont libres.LES BFlAKNA 137 affranchis jadis par Eli ould Bmhalla. parce que descendants d'un hartaai Tanak et d'une mère libre. dont le nom signifierait « qui entourent la tente de l'émir ». et dépendaient . Mokhtar oulcl Hobe'ib . qui fut donné'à Cheikh Fal. -est de 105 bovins. En revanche. tout en restant sous l'autoritb de Cheik. Son cheptel . a donné sa fille en mariage à Cheikh Fàl. c'est le maltre hassani qui prend-possession de leur part d'hoirie. Les Arallen ont leurs haratines.38 REVUE DU MONDE MUSULMAN Foudh ould Al·Falli et Hamoïma ould Mokhtar..ions. B03 ovins et 4 ânes. étaient les hommes de confiance de l'émir depuis plusieurs générati.aux héritiers de Sidi EH. un accord est intervenu et la fraction s'est reconstituée. sur nos conseils. La fraction comprend 72 tentes et 373 âmes.directement de f'émir. et Mahfoudh oulcl Al·Falli. Ils paient une redevance d'une pièce de guinée ou le lait d'une vache . Depuis le J. Les Ahel Ghaïta. Les notables Aranen sont: Habib oulcl AI-Khattar . et dont ils possèdent les biens: ce sont les· Abid Arallen. puis de Hamoïma ould Mokhtar ould Brahim. ont été rattachées au chef général des Oulad Siyed.h Fat. . la coutume de la fraction veut que [es filles n'héritent pas. Ils étaient les haratines mêmes du Mahsar. D'autre part. A{affal et 19dalen sont trois fractions -de harEj. Brahim ould Tegueddi.gui d'abord. dont le nom signifierait « qui crient en 1'honneur de P~mir» sont d'anciens captifs affranchis par Ahmeddou 10 •• Les Azaffal.tines Oulad Siyed qui vivent étroitement unis de· puis plusieurs générations.O' janvier 1918. Vers '913 enfin. elles ne paient pas de rafer. ou camp royal. Les Ahel Ghalta. les chefs Oulad Siyed se virent pour leur châtiment enlever le commandement -de ces haratines.ns. ex-captifs qu'ils ont . sous le commandement de Touigui.affranchis. Leur ancien chef Koueïri ould Ségou. A leur retour de dissidence. cette autonomie a pris fin et les trois frac. Cheikh revint dans le Brakna. pointa et fit partir le coup. de son vrai nom Mohammed Cheikh ould Sidi M'hammed ould M'haimed. Il est d'ailleurs certain que ces Igdalen ne sont qu'une faible partie de la descendance des Gue· dala . sont les' descendants des tribus Godala des auteurs du moyen âge. se sauvèrent en jetant leurs . tuant plusieurs hommes et contusionnant fortement le pointeur. et portier de la loge maçonnique de Saint-Louis. Au combat de Ouazan. lequel ancêtre était originaire de Hijaj de l'Est. où les Oulad Siyed luttaient contre les Oulad Normach et les OuladAhmed. Les ennemis d'Ahmeddou furent consternés de voirunc arme semblable. une lettre très amicale de collègue à collègue. pris de peur. Le chef de ces trois fractions est la personnalite fort intéressante de Cheikh Fa!. Cheikh Fal mit le canon en bat'terie. garçon de café. Né vers 1860. Cheikh Fal fut éleve à Saint-Louis par un traitant qui avait été frappé par son intelligence. chez les Oulad Siyed. ce qui donne les raisons pour lesquelles il fait suivre de trois points sa signature. Le ministre français envoya alors à Cheikh Fal. dits aussi Guedala. de Freycinet. mise à la disposition de CheikhFal. à lire et à écrire. Il y ap· prit à parler le français. comme cadeau. Mais la détonation de l'arme avait été telle que leurs ennemis. l'armée d'Ahmeddou prit aussit6t la fuite. Le canon bclata. Sa mère est une Die'ldi· biya. C'est ainsi qu'il put écrire à M. alors ministre de la Guerre. par l'émir Ahmeddou pour traiter ses affaires avec nos représentants. lire et écrire le français. garçon de magasin. Il fut employé. le re~te s'est fondu et a perdu son nom dans d'autres tribus.LES BRAKNA '39 Les Igdalen. employé ~es postes. étant le seul Maure sachant parler. sous le nom des· quels on n'a aucune peine à retrouver le vocable des Gétules de l'ère romaine. un canon bronzê de petitedîmension. Après avoir passé toute sa jeunesse comme boy. les dissidents en mal de soumission de venir à nous. Cheikh Fal est tout de même un homme intéressant (1). Il y rendit de bons . et la paix fut conclue en faveur des possesseurs du canon. En Ig04.\ux 1 4S bovins. qui lui furent prodiguées. Bavard et intrigant. On les trouve en hivernage. envoyèrent des parlementaires à Ahmeddou. Cheikh Fal.. au nord de Chabbour et (1) Cheikh Fal est mort de la grippe au milieu de 1919. prit part à l'attaque d'Aleg et suivit son chef.'4° REVUE DU MONDE MUSULMAN armes. dit-on. il finit toutefois par se rallier plus franchement. soumission. surtout après 1909. mais que ses amis avaie~t toute latitude pour commettre les déprédations qu'ils voulaient. Malgré les marques de bienveillance. Leur cheptel se compose de 3 chevl. et ne fournissant aucun renseignement pour nous permettre de les atteindre. Il empêchait même. Nullement fanatique. dans les environs de Diguet Mémé. en 1903.services. Les notables de ses fractions sont: Guennt ould Amar" ould Abid j Mohammed Fadel Allah j Sliman ould Fadel et Mouboud ou Id Bel-Aïd. après avoir maintes fois constaté que sa séverite s'exerçait au delà de toute mesure sur ses ennemis. il fut nomme en 1912. . Elles comprennent 45 tentes et 236 personnes. Ahmeddou. Les fractions Oulad Siyed ne se séparent guère dans leurs transhumances. où les derniers dissidents disparaissent. en outre de ses fonctions. 1 chameau. Avec le temps. il continua à rester en relations avec Ahmeddou. dans le Reguerba et dans le Tagant. agent forestier dans le Chamama. très au courant des choses de la Mauritanie et des coutumes indigènes. il descendit faire Sil. . mais on a do finir par le relever de ses fonctions en IgIg. g:d ovins et 23 ânes. renseignant les mejbour. Le. et le chef de tribu lui-même. cadi des DieYdiba. qu'on verra plus loin. On cite entre autres. en saison sèche à Bou Dioud et Maye-Maye. des Dieïdiba. qadri aussi.LES DRAKNA '4' Kraat-Asfar. 50g bovins.037 Anes(Recensement 1918). Son cadi particulier est Dida. par le Cheikh Obeïd ould Salim. L'esprit religieux de cette tribu guerrière est des plus faibles. 80u Bakkar Kheddich. qui SOnt tous tolba. Comme tous les hassanes.250 ovins. HobeYb. cheptel de l'ensemble de la tribu est de 7 chevaux. 101 ânes.5 chameaux. La tribu comprend 217tentes et 1. Qadri par Mohammed Mahfoudh ould Cheikh Mostafa ould Cheikh al-Qadi. . Il n'y a qu'un nombre infime de gens à avoir reçu l'ouird et encore n'en pratiquent-ils pas les rites. les Oulad Siyed n'ont pas de marque. 6. Quelques-uns ont cependant le feu LD emprunté aux Dieï· diba. - Historique. Au vrai sens du terme. .n. les deux tribus appuyèrent vers l'Est. du groupe dit Marafra. en bor.. dure des Trarza. qui ne s'etaient pas encore separés des Oulad Biri. Ahmed. c'est-à·dire des descendants de Barkanni. Leur ancêtre éponyme. les Oulad Ahmed. Quand les Oulad Abd Allah. 2° des Oulad Biri. puisque Ahmed précité et Mohammed. C'est là que les Oulad Ahmed trouvèrent les Oulad Abd Allah. vivaient avec eux dans l'Iguidi. ou descendants de Marfar ould Oudei ould Hassan. Ce sont donc de vrais Arabes hassanes.>d El·Jebbar. ou entremêlés à eux. III OULAD AHMED 1. vinrent se fixer dans l'Aga. entre Khroufa et Boutilimit. Ils sont donc les cousins germains: 1° des Oulad AbdAllah (Oulad Siyed et Oulad Normach.CHAPITR. les OuladAhmed sont des Brakna. est un des nombreux fils d'Abd EI·Ieb· bar auId Kerrourn auld Mellouk ould Barkenni. après la conquête du Brakna. puisque Mohammed (fils d'Abd Allah et père de Siyed et de Normach) et Ahmed ou1cl Abd El·Jebbar sont tous deux petits-fils de Kerrourn . Ils ne les quittèrent plus. sont tous deux fils d'AJ. père de Biri. sous le commandement d'Ahme1ada. Au début du dix-huitième siècle. ~i fumer. car. à Chogar. le nombre de leurs guerriers avait diminué considérablement et ils devinrent très inférieurs nultl~riquement à leurs adversaires: les Oulad EH et les Oulad Siyed. Ils affectaient de prendre pour des liens de fraternité ce qui n'étaÎl qu'un cousinage. dans le Chamama. près des Ahel Soueïd Ahmed. Oulad Ahmed comme des gens inférieurs. par intérêt politique. . Les Oulad Ahmed pillaient un peu partout. On sait par exemple qu'il est une habitude chez les Maures. et en leur laissant piller indistinctement amis et ennemis. «lescorbeaux ». les Normach consentirent. Dès la séparation des Oulad (Mohammed ou Id Abd Allah en Oulad Siyed et Oulad Normach).LES llRAKNA fusionnèrent avec eux et arrivèrent à considérer comme un insigne honneur d'être pris pour les descendants d'Oulad Abd Allah. par suite des guerres continuelles. les Oulad Ahmed n'exercèrent jamais leur suprématie sur la même région. surtout là où il n'y avait pas de danger. qu'ils. c'est de ne jamais priser. soient guerriers ou Berbères. C'est ainsi qu'ils avaient pour eux les égards et traitements qu'on se doit entre merpbres de la même famille. ni parler de femmes ou entendre parler d'elles. près des Oulad Normach. à leur laisser entendre qu'ilscroyaient à une origine commune. C'est aiors qu'ils s'ailièrent avec les Oulad Ahmed en leur faisant des cadeaux. à Aleg. ils vivaient tantôt dans l'Agan. tantôt à Tamourt Nadj. Ces flatteries des Normacn étaient intcressées. origine que les vrais Oulad Abd Atlah leur ont contestée à juste titre.devant un membre de sa famille. Quoique consid~rant les. Contrairement aux deux groupes Oulad Abd Allah. contract~s presque exclusivement entre homme"!> Oulad Normach et femmes Oulad Ahmed. à côté d'Ouezzan. et ils méritèrent Je surnom qui leur fut donné par les tribus ùu Brakna. qui ne soit pas de son Age. en ies caressant. les Oulad Ahmed suivirent ces derniers et s'allièrent à eux par des mariages. qu'une tunique. On peut dire des Oulad Ahmed qu'ils ont le {lênie du mal.a rien d'exagéré. s'attaquent aux gens inoffensifs. comme pour découvrir une proie i sa barbe est . Ils pJJlent les caravanes non armées.le pays sans qu'on ne puisse ytrouver la main de l'un d'eux. Son costume est comme celui des autres Maures. où elle exerça sa fureur sacrilège. qu'il serre autour de ses reins avec une ceinture.chnssée des bords du Nil. leur destruction suivit de prés sa menace. dit-on. . ressembiait au rugissement des hétes féro-ccs. lorsqu'on l'imite devant eux.!) que l'on rencontre les Oulad Ahmed. Avec le temps on a compris que la meilleure solution à cet état de choses était l'utilisation à notre profit de ces . qu'il médite de venger la morl de ses ancêtres et de se soustraIre au tribut qu'on lui a impos. Lecri de mort que poussllientcesbarbares. qu'elle ~tait parfaitemen t justifiée. le voyage de Podor et qui a laissé sur les Maures des renseignements. mais plein de vigueur.fis le cèdent pourtant en ce point au~ Ouladamins (Ob-lad DeUm) qui 'errent dans le voisinage de Portendic. car ceux-ci sont. la réputation des Oulad Ahrned était toujours aussi brillante et nous pûmes constater. 011 elle était établie. les Oulad Ahmed se font remarquer par un caracUre féroce. C'est près de ce fleuve (SénéBa. en 1817. son regard farouche se promène de 10US COtés. . :restes d'une tribu de Bédouins qui a été presque totalement exterminée.exacts.rare. en pénétrant dans un camp qu'ils vouiaient piller. elle vint se réfugier sur 'œux du Sénégal. volent la rioolte de gomme aux campements de captifs qui sont isolés dans la brousse. généralement .REvue DU MONDE MUSULMAN Mollien qui fit. crlme impardonnable chez les Maures. même sur les ma'rabollts. en voyant son air féroce. excepté qu'il n'a . Réduits à un petit 1l0mbre. leur enlèverlt leurs guerbas d'eau pour les faire souffrIr de la soif.ê. m'ont dit les Maures. On peut se rendre compte que le surnom qui leur fut donné par «ux qui ont à souffrir de leur IAcheté. anthroiJopbages. Il 'n'ya pas de méfait qui se commette dans . On dirait. Le roi des Braknas jura leur-perte. L'aspect d'Un Ouled Ahmed respire. n'. écrit le lieutenant Duboe en 1901.les prem iers temps.1Ine soif de sang que rien ne peut assouvir. comme celui du tigrè. A notre arrivée dans le pays. mais dure ethèrlssécj son corps est petit. fait des Oulad Ahmed une description peu flattée et non sans fantaisie. il glace encore d'effroi les Maures. -. 1 5. Bou Fat! dmran'---B-'-'-h~ru-m-. 1 1 " . 1 Blram. 12 rahla et 24 guerba. 1 ~akkll. ont été confiés à Sene'iba. 1 1 . Mbodye. Les Oulad Ahmedjouent désormais un rôle de couverture militaire sur le front du Brakna. Ouezzan. XLI!.LES BRAKNA qualités guerrières. Au début de 1916. et envoie les «chouf» vers le Nord. Dll1dif. 1 2. 1 . Bou Bàkkar. Ah. Moummou.r. Senefba. 8. chef de tribu.--'-. 5. 1 10. Les armes. 1 siki. . Les Oulad Ahmed se sont ainsi distingués à plusieurs reprises dans la poursuite des rezzous Regueïbat. 11 1 1 Ahm~lmid. Mbarck. on a formé chez eux et avec leurs meilleurs guerriers trois goums de 8 fusils chacun.)ls font de plus de fréquentes reconnaissances sur la ligne AI-Ouasta. Pour bien comprendre l'historique des derniers événe· ments et la situation actuelle. ainsi que 600 cartouches.med. siki. ancêtre éponyme. Mohammed. M'moïmed. Tableau gén~alogique. Sidl Àhmed. de façon à lui permettre de faire partir directement ses hommes deson camp de Chogar sur les traces de l'ennemi. 1.-M-'h~Ymdat.. ln Tichilit. 4. 9. Biram. il faut d'abord donner le tableau généalogique de la tente princière des Oulad Ahmed. Mbarck. l-lcddl. ne vers 1865. Il . (7) Sidi.Rl':VUl': DU MONDE MUSULMAN (1) Ahmed l'ancêtre aponyme. qui vit chez les Tagat. fils d'Ahmed. Nous allons voir successivement les cinq fils de Sidi. Rouizi et AI-Afn. (6) Bou Bakar. et enfin Al-Gouassi. Senei'ba. ancêtres de la fraction repentie (tiab) de ce nom. ancêtres des petites fractions Ida Qrahoua. M'ha'lmdat. dont la postérité est éteinte. encore. ancêtres des branches aînées et cadette de la tente princière. dont la postérité est éteinte. a de nombreux frères. et c'est pourquoi on voit les personnages actuels ordinairement denommes sous le nom d'Oui Bou Bakkar.huitième siècle. Besserin. Omram et Beyhoum dont la postérité s'est fondue chez les Oulad Ahmed. C'es. Ajem. et chef de la tribu vers le milieu du dix. Mohammed. mais d'un caractère mystique et formé à la . est l'ancêtre de la tente prin· cière actuelle des Oulad Ahmed: les Ahel Bou Bakkar. fils d'Abd EI-Jebbar. et à celu'j-ci son fils aIne (10) Sene'lba. était chef des Oulad Ahmed à notre arrivee. Ida Besserin et Ijouam. Id Abhoum. (3) M'ha'lmdat.a en outre six fils: (2) Bou Bakkar. fils de Dadif. l'ancêtre des Oulad Biri Qrah. de là que partent les dissentiments et rivalités qui ont agité les OuJad Ahmed pendant la deuxième moitié du dix·neuvième siècle. chef après son père. eut 4 fils: Fati. (4) Mbodye l et (5) Dadif n'ont laissé aucune trace. fils et successeur de Bou Bakkar eut deux fils: (8) Mbarek et Hiram. ainsi que leur cousin Biram ould Ahmo1mid ou Id Biram ould (7) Sidi et re· tracer aussi les événements actuels. qui vivent chez les Oulad Biri. (2) Bou Bakkar. A Mbarek succèda à la tête des Oulad Ahmed son fils (9) Sidi. et " jusqu'à nos jours. qui continua le commandement.que quatre générations les séparent de leur ancêtre. Moumou et Rouis dont la postérité constitua 4 fractions des actuels Oulad Ahmed j Heddi.a. Abhoum. on arrivaitàprouver. dès le d. Les dissensions se perpétrèrent jusqu'à 1908. que Mohammed avait caché . Seneïba partit en dissidence pour l'Adrar. Cette allocation lui ayant été supprimée. alors qu'il exerçait le commandement au nom de Seneïba. c'était son frère immediatement cadet. mais après une certaine période de tiraillements. et à qui sa conduite antérieure envers les Oulad Siyed. Les deux partis se dénonçaient eux-mêmes à Aleg. autorisé à rentrer au début de 1912. H'moYmed qui exerçait le commandement. Sene1ba n'eut pas le courage d'aller plus loin: il s'arrêta à Fez. qui l'abandonnerent pour la plupart. bien qu'on le lui ait reproché. Il demanda l'aman en IgII et. Le Dieïdibi étant mort en route. sur la demande de Cheikh Sidia. Nous le retrouverons plus bas. et Moha!1lmed. fit sa soumission. En fait. et allèrent planter leurs tentes dans le campement deH'moTmed et de Biram. H'mo'imed fut reconnu. H'mo'imed. alla se faire oublier et vivre dans la piéte auprès de son martre spirituel. mais ne semble pas avoir pris part à la surprise du convoi de ravitaillement d'Aslat (4juin 1908). Par Hiram.LES BRAKNA '47 piété par Cheikh Sidïa. il abandonna la partic et se réfugia dans le campement de son cousin Biram ould Ahmo·imid. il avait de plus en plus tendance à se detacher des choses politiques et à se consacrer à la prière. Au départ de Seneiba. en mars 1907. avec la disparition des goums (lgOS). resté seul. se fit bientôt ha'ir de ses administrés. II partit pour Je Maroc avec un compagnon des Ahel Cheikh AI·Qadi (Dieïdiba) pour faire le pèlerinage de la Mecque. revint à Marrakech. son commandement fut disputé entre ses deux frères. dirigés contre nos sujets brakna. avait attiré bien des haines. 11 fut nommé chef de goum par Coppolani et reçut une mensualité de 300 francs. circonvenu par Cheikh Sidia. Mohammed.ébut. son martre. Quelquetemps après. et y vécut assez misérablement. Seneïba. déjà vu. Il assista à divers razzis. Ahmed. dit-on. Par la suite. et commanda plusieurs fois un goum de guerriers Oulad Ahmed. Mais plus prudent que son cousin Seneïba. il ne s'etait guère signalé que comme un coupeur de routes et un condottieri. ~t no· tamment l'inquiet et indécis H'mormed. il fut donc arrêté. Néanmoins. Cette aventure reconcilia lell frères ennemis. à la tête de la tribu. Par la complicité" de H'mo'imed. vers 18g8. A ce titre. et ces faits soulevèrent contre les Ahel Bou Bakar des haines inextinguibles. Il se rallia à nous. Vers 1 go" mis à la tète de leur campement par quelques tentes Oulad Ahmed. le départ en dissidence de ses cousins de la branche aînée .REVUE DU MONDE ~1USOLMAN à plusieursreprises. et sans prendre part aux pillages. quelques Oulad Ahmed et le jeune Lobat. et fut gracié et 1908. il accepte la chose sans esclandre. des Oulad Ahmed restés loyalistes et attaqués par les dissidents furent blessés et même tués. lechefdes Normach dissidents: et que de plus il avaIt pris part lui· mémeà des vols à main armee. il est accusé de complicité et déporté au SénégaL Il vécut pai· siblement à Kaolak. et condamne à 8 mois de prison par le tribunal de cercle ('g08).vint assassiner Mohammed ould Sidi El!. Il accompagnait. mécontentes de Seneïba et surtout de H'mo'lmed. C'est ici qu'apparaît Biram ou!d Ahmo'lmid. Mohammed et Sidi Ahmed ne tardèrent pas à s'évader de la prison de Boghé. il. reçoit une mensualité de 300 francs qui lui est supprimee en 19°5. quand celui·ci. frère de j'émir.lvert de l'opposition. Bakkar ouId Ah· merada. Après la fuite de Bakkar. Peu après. Bakkar. ainsi que son jeune frère Sidi:. des Normach. chef de la branche cadette. mais la voix publique prétend qu'Hiis accompagnait sans armes. Ils pillèrent le~ campements de leurs denonciateurs et partirent en dissidenco en entratnant leurs freres. plusieurs fois. dès notre arrivée dans le pays.dans son campement. on revit maintes fois Mohammed dans les razzi qui s'abattirent sur le Brakna. Jusqu'à cette date. il fait bande à part et devient chef Ol. il fut nommé chef des Ou lad Ahmed (fin 1913). se rapprochèrent. L'insuffisance du triumvirat. celui-ci fut·il remis li la tête de la tribu (octobre 1910). '49 le laissait mattre de la situation. mais cette fois avec deux assesseurs (Sidi Ahmed ould Boun et Ahmed Louli). et comme se fut àson profit que la chose se fit. Leur goum n'obtint auçun résultat. et n'étant pas au surplus le représentant héréditaire des Ahel Bou Bakkar. Cependant les Ahel Bou Bakar rentraient peu à peu. On alla donc chercher Sene'lba dans sa retraite spirituelle. combla la mesure.US BRAKNA. ct 01) J'invita à reconcilier les deux partis rivaux: celui du chef Biram et celui de H'moïmed. de Gorgol et du Brakna. Son frère H'mo'imed et son cousin Biram restaient chefs deleurs . chef d'une bande id ou arch qui opérait Il cheval sur les cercles du Tagant. auprès de Cheikh Sid'la.Bakkar ould Souerd Ahmed. Biram-fit des avances et H'moïmed y accêda en venant planter sa tente chez H'moïmed. Son commandement fut des plus médiocres. Il fut Hu chef de la tribu. H'moTmed ayant laissé trop de haines derrière lui. inquiets de voir j'influence que Sene'lba reprenait rapidement. mais ce n'était pas encore la bonne sohation. Une occasion s'offrait pour eux de têmoigner de leur dévouement et de leur adresse: c'était la· capture de Sidi Lamin ould .croises amusants. aussi. Enfin l'accord se fit en 1913. alors que les circonstances étaient entièrement favorables pour en finir iavec ces pillards. Biram ct H'moïmed. Un incident. dès le retour de H'moïmed. L'énergique intervention de Sene'iba reaHsa l'Unité de la tribu. Les pourparlers s'éternisèrent et donnèrent lieu à des chassés. qui gouvernait les Oulad Ahmed. Seneïba lui-même (fin 1911). chargés de le surveiller et de contrÔler ses actss. puis le chef de la famille. ce furont d'abord les deux évadês de Boghé : Mohammed et Sidi Ahmed. Biram fut donc réélu un mois après (no· vembre 1910). se faisait sentir de plus en plus. H'molmed. use. l'administration des Oulad Ahmed est assurée convenablement. Ahmed Lau[el. semble avoir choisi Mohammed comme modèle. Chargé de conduire un goum contre des pillards Ahel Souerd Ahmed. Sidi Ahmed. Emprisonne en {g08 avec Mtlhammed et condamné à 6 mois de prison. Aujourd'hui il exerce son allant sur les rezzous et ne craint pas de travailler pour son propre compte. . Il s'occupe surtout de chasse. craint et fort respecté. et passe pour un excellent guerrier actif et audacieux. frère des précéqents. avec une certaine préferenc:l pour le premier. Il vit à part. Il est toujours dans les meilleurs termes avec Cheikh Sid'fa.50 IlEVUE DU MONDE MUSULMAN campements respectifs. Il faut lui prévoir un remplaçant. malade. il se rallia avec ses frères. se pose aussi en prétendant. Il vit tranquille chez lui et n'a que peu d'autorité. Seneïba est des plus instruits pour un guerrier. il a servi comme partillan dans le Tagant. Mohammed. Assez jeune au moment de notre arrivée. puis de 1908 à 19ro. de 1903 à 1905. C'est évidemment le seul successeur de Sene1ha. n'a guère fait parler de lui depuis son retour. Ses candidats seraient ses frères Mohammed et Sidi Ahmed. et ses pillages lui valurent la condamnation précitée. et comme chef de goum pendant la colonne du Hodh.. parfaitement au courant du pays. Senerba est aujourd'hui vieux. Son influence morale s'exerce au delà des Oulad Ahmed. Il a servi comme partisan de mars Jgll à mai 1912. lettré distingué et notable de poids. Depuis ce jour. frère de Seneïba. est le chef du campement dit Oulad Ahmed Blancs. U ~1'eut pas assez d'autorité sur ses gens pour obtenir des résultats dé- . frère des précédents. et a rendu de très bons services dans les recensements du cercle C'est un très bon guide. Après avoir été notre ennemi. Il fit partie des razzi et rentra en fin 1909. il s'enfuit avec lui et l'accompagna en dissidence. il était très craint de tous lesmarahouts locaux. Oulad Akerroumt. Les Haratines Oulad Ahmed se divisent en. sous l'autorité de Seneïba. - Fractionnement. Un des frères des quatre Ahel Bou Bakar precités. cousin des precedents. Ahel Heddl. car il était apparenté par sa mère avec les principaux pillards. . _ Ahmed Salem ould Mohameddeo. Oulad BouTzi. Il passe pour être un homme loyal. mais fanfaron et prêt à toutes les compromissions pour se procurer de l'argent.LES BIl"KNA . _ Brahim ould Bella. Ii fut d'ailleurs choisi à tort pour cette mission. mais ils sont aujourd'hui complètement nationalises dans la tribu. et ne seraient donc que les cousins des'OuladAhmed. Oulad Yarg. Biram ould Ahmoïmid. . . 2. Les six premières fractions sont de pure angine Oulad Ahmed. GoundaYa. Mba· rek. Oulad Moummou.Omar Oulcl Abd El-Beggar.'. Ahel Ahmed. -chef: Mahmoud ould Samba. Ahel Mbarek . cisifs. a été tué en 1903 au cours d'un combat contre les Id Ou Aïch. Au demeurant. Ahel Bou Sald. les Oulad Akerroumt se rattacheraient à Kerroum ould Mallouk par une autre filiation que celle d'Ahmed. Roulssat. Les Oulad Ahmed se divisent en Oulad Bou Bakar ould Ahmed.chef: Bou Bakkar ould Othman. Il n'a qu'une valeur guerrière et une autorité relatives. ~ chef: Mohammed ould EH ould Mahmoud. Lembelda. Oulad AI-Afl1a. corn· mande actuellement un gros groupement Oulad Ahmed. Sa famille vit chez Seneïba. il n'y a rien à craindre de lui. 164 bovins et 3. Ennemi des Ahel Bou Bakkar. c) Sidi Ah· med ou Id DeYna. est ralliée depuis longtemps à nous. les haratines: r chameau. soit au total. en saison sèche. 79 ânes.REVUE DU MONDE MUSULMAN Ils n'ont pas de chef général. ratines: 76 tentes et 339 personnes. il fit les colonnes de l'Adrar. L'un de ses membres. tuant dans cette dernière de sa main un chef pillard. les rives de l'oued Katchi. On leur reconnart encore aujourd'hui cette qualité. d) Omar ould Omar Beyat. se rendit utile au lieutenant Duboc. les environs de Diguet Mémé. notable qu'on avait char8é de surveiller Biram et qui se laissa conduire par lui. fils tous deux d'Omar ould Bou Salif. Ils possèdent: les nobles: 5 chevaux. les Oulad Ahmed n'apposent pas de marque de feu à leurs troupeaux. Son cousin. Comme tous les hassanes. 33 chameaux. un grand nombre deharatines vivent isolés par individus ou par tentes dans les campements nobles.273 ovins. et de Smara. surtout depuis qu'il a échoué à l'élection de chef de tribu. 5. . Les nobles comprennent 62 tentes et 266 âmes. Ahmed LouleY. des Rourssat. Sidi Mohammed. C'est un excel· lent chef de partisan et un homme dévoué. Cette famille des Ahel Bou Salif. les Oulad Ahmed sont armés . En plus des fractions précitées.863 ovins. b) Sidi Mohammed BaUD. vers ChogarToro. Ils ont été jadis les martres incontestés de l'Agan et de l'Akel. Leurs terrains de parcours sont: en hivernage. 87 bovins et \. et jusqu'à Chogar. soit au total 138 tentes et 605 personnes.336 ovins. Les notables de la tribu sont: a) Mokhtaret Mohammed Mahmoud. il est un peu le chef de parti de l'oppositiQn. 5 chevaux. Véritable tribu makhzen. 34 chameaux. 50 -ânes. le nord de Chogar et quelque· Tois le sud jusqu'à Boghé. a toutefois marché avec nous.151 bovins. et a servi comme partisan dans de nombrellses occasions. 129 ânes. Il suivit le capitaine Bablon à Akjoujt et lui ren~it des services. du Hodh. les ha. on remarque chez eux de manifestations . modèle 74. ils fournissent des partisans auxiliaires. et abritées du vent d'est par des plantations de gonakiers. dont 31. Les Oui ad Ahmed semblent profiter des bons conseils qu'on leur prodigue depuis le début et portent de plus en plus leur activité vers des buts plus lucratifs. Ils ont la coutume. Leurs cultures ont pris.des 'canaux d'irrigation. une certaine extension et notamment par le développement . par nos soins de 7' fusils. aux nobles i et 20. Ils retardent aîng. C'est pourquoi ils sont détenteurs. modèle 74. Ils s'adonnent de plus en pius aux cultures et surtout à l'élevage.de piété.des Oulad Ahmed. tolba par excellence du Sud mauritanien. l'évaporation des eaux. Moins encore que chez les autres hassanes. modèle 92. en est aussi le marabout. que le pillage et ia razzia. D'être ies cousins et champions des Oulad Biri. ces dernières années. En outre du goum régulièrement constitue et dont il a été parlé plus haut. sinon moins glorieux. . Le chef de la tribu. de partager leurs 10ugans en longues bandes orientées nord-sud. à eux spéciale.LES lIRAKNA '53 par nos soins. et 20. SeneYba. aux haratines.i. par l'ombre de cette haie bien fournie. il suffit à l'islam . et vers le seizième siècle. ils etaient dans l'Agan. De cette première unite dieYdiba. Ils se hâtent d'ajouter. d'origine berbère. prononciation berbère de Id Eilba ou Id Erich. « les fils d'Ejba ». La personnalite la plus en vue en serait Ahmed Mahmoud ould Mohammeda.arabes. Ils prirent part à la guerre de Boubba contre les Oulad Abd Allah l et furent quasi-extermines. ils sont. . dans un passé indéterminé. qu'on verra plus loin. de Oualata et du Hodh oriental. cadi des Oulad Siyed. Les Dieïdiba sont donc les cousins des Id Eïich.l'Azaouad.CHAPITRE IV DJEïVIBA 1. étant les pa· rents «des Touareg voilés du Sahara ». de leur propre aveu. Ejba arrivait du Sous. Ses des· <cendants habitaient. que par delà leur extraction berbère. Ils sont. des Himyarites d'Arabie. il ne reste aujourd'hui qu'une dizaine de tentes. On ne sait rien sur lui. au nord de Tombouctou. lors des invasions hassanes. - His/orique Le vocable Dierdiba (ou Djeïjiha) est une corruption de Id Ejba. il est vrai et suivant la légende fantaisiste des origines . Des migrations les amenèrent successivement vers l'Ouest. ou De'ilouba. de par Ejba lui-méme. Les autres fractions die'ldiba. épousa. par son frère cadet Abhoum qui devait garder dans sa descendance la dévolution du commandement et fut j'ancêtre des Ahel Atjfara Brahim proprement dits (fin du dix-septième siècle).Cette migration se produisit entre 1670 et 1700 et se presenta en trois vagues successives: groupement d'Atjfara Brahim et d'Atjfara (Bakkaï) qui étaient cousins j groupement de Chems'eddin dit Zamrag.AKNA . Son fils Ammi (Mokhtar). et Imijen. eUes se sont détachées du tronc principal. la chose est faite. quelque temps après son arrivée dans l'Agan. tout en restant incorporées à la tribu. Id Atjfara (ou Id ag Fara) et Zemarig. des· cendent aussi de ces ancêtres communs. Atjfara Brahim. et ne font pJus partie. Au dix-huitièrpe siècle. à sa mort. que les Zemarig ont demandé et obtenu leur autonomie. ancêtre des Ahel Ag Ammi. A la mort d'Atjfara Brahim. Ils furent suc· . le chef des premiers Dieldiba. Le premier arrivé des immigrants. leurs cousins. Il meurt peu après. A remarquer. Fa· tima. Il n'eut guère pu d'aiI1~urs agir autrement. fils de Maham. Ahel ag Ammi Ahel Mohammed Othman. lui succeda sans difficulté et fut remplacé. fille d'Aguennoui. Jaissant deux fils: Qadina et Ahmed Babou. mais avec le temps et par suite des rivalités de famille. plus loin tableau généalogique).LES Bll. adminis· trativement. Le dix· neuvième s'ouvre sur le commande· ment de Habibouna Io' fils d'Imijen. dès maintenant. Il semble bien que ce chef prit part à la guerre de Boubba. des Dieïdiba. Cet élément nouveau. Ce sont les ancêtres éponymes des trois principales fractions Die'idiba: Id Atjfara (ou Id ag Fara) Brahim. Agd Abd Allah. D'autres liens patrimoniaux se nouèrent alors et amenèrent la fusion des deux éléments.55 La tribu devait être reconstituée par J'arrivée d'immi~ grants De'idouba. id Ayank. la tradition donne comme successeurs d'Abhoum son fils Mahim. Il devint son vizir et recueillit sa succession. submergea les vieux Dieïdiba. plus fort et plus nombreux. fils d'Agd Allah (cf. 56 REVUE DU MONDE MUSULMAN çessivement les chefs de la tribu. alors chef. des droits au commandement. assassina Mostafa ou{d AI·Oudaa Ahmed Babo'u. Ofa dinairement suivis de rixes et quelquefois de meurtres. les Dieïdiba sont en lutte armee avec les OuladBiri. par lesquelles le Gouvernement français essayait de mettre fin à celte question bralante. l'autorité religieuse. et on verra plus loin que le prestige des pontifes était aussi fort que celui des Cheikhs et que méme certains visèrent à se substituer à euxOn a vu dans la première partie que c'est chez les marabouts « Diedhiéba » que René Caillié vint faire son édu· cation islamique. les Dieïdiba. celle des Ahel Ahmed Rabou.ral des alliances Maures·Toucouleures.. Innombrables sont lescom~ bats qui se sont livrés sur ies dunes et autour des puits.tait tué. . ce qui donne à la postéritéde j'une et de j'autre. Dans mon ouvrage. St le commandement politique était dans la fraction Id Atjfara Brahim. Depuis un siècle et par suite tant des rivalités religieuses tIue des contestations de points d'eau. l'Emirat des Trar{a. était dans la fraction Id 'Atjfara. Le dix-neuvième siècle devait être rempli par les conflitS. j'ai donne un aperçu rapide des derniers conflits et j'ai cite les textes des conventions de 1897 et 1898. au dix-neuvième siècle. c'est avec te Toro qu'ils marchèrent traditionnellement. des deux familles. C'est ainsi que vers 1860 Habibouna II ould Che'{bata ou!ct Qadida. au moins depuis un siècle. à la limite actuelle du Trarza et du Brakna. en 1824_ Il n'eut guère à s'en louer. ' Les Dieïdiba ont entretenu. A dater de ce moment. quelques jours plus tard. des guerres fréquentes contre lesToucouleurs~Aleïbè. chez les Oulad Siyed par Cherhatà ould Al·Oudaa ouI cl Mostafa. pour prendre sa place. outrés de ces mœurs de hassanes. à son tour. le parti adverse prenait sa re· vanche et l'assassin é. Dans le système géné. Mais. ont abandonné la branche aînée et ne choisissent plus leurs chefs que dans la tente cadette. Le lendemain. On échangea de vigoureux coups de bâton. et de temps à autre. un accord entre !es commandants des cerelesdu Trarza et du Brakna réglait la question de Bir el-Barka et de la rooe de nomadisation environnante des DieYdiba. Il yeut de nombreux blessés. en J908. « Les capitaines commandant les cercles du Trarza et du Brakna ont réuni à Bir el-Barka les chefs. il y eut des morts. nouvelle bataille entre les télamides quêteurs des Oulad Blti. firent parler la poudre. Des conciliations partielles interviennent. Bou Talhe1a. Un peu plus tard.LES BRUNA "7 Cette vieille haine semanUestait encore. Une délégation Die1diba se rendit chez les Oulad Biri. Ces derniers reconnurent aux Dieïdiba ln propriété des puits contestés et les DîeYdiba autorisèrent les Oulad Birj à boire à ces puits. En octobre 1917. mais de plus en plus rarement. à pro· pos d'un incident futile. et en leur qualité de guerriers. qui les divisaientde· puis fort longtemps. En février 1913. les Oulad Ahmed intervinrent. autour des puits de Bir el-Barka. la trouvaille d'un œuf d'autruche par un berger des Zemarig. afin de régler l'affaire survenue entre DieYdiba et Laghlal au sujet de ces . l'affaire fut péniblement arrangée. il peut servir de modèle pour les nombreux cas de ce genre. quand Hie faut. Dokhon. Les difficultès n'ont évidemment pas cessé à ce jour. des coups sont encore échangés à la limite des cerclestrarza et brakna. Une bataille à coups de bâton s'engagea. à qui leur caractère sacré interdit l'usage des armes. les tribus se 'mettaient complètement d'ac_ cord au sujet des puits de l'Amechtil. comme il convient entre marabouts. En voici le texte. Quelques Oulad Biri et haratines Oulad Ahmed le lui disputèrent. principaux notables et cadis des DieYdiba et Oulad Biti. conduits par un fils de Cheikh SidYa en personne et plusieurs tentes Dieïdiba. Cette fois. n'auront pas été réglées. le capitaine commandant le cercle du Trarz!l restreint du puits de Bir el-Barka à Dokhon la zone de 00madisation des Dieïdiba. en outre.58 REVUE DU MONDE MUSULMAN puits. Ils s'engagent. Le. dut être renvoyé par suite de l'hostilité de ses camarades et notamment des Oulad Biri. candidats à la médersa. Seuls quelques campements. Pendant plusieurs annees ene. dont plusieurs Id ag Fara et celui même du chef de la tribu. « Afin d'éviter à l'avenir tout conflit entre Dieïdiba et Oulad Biri. Une.. au sujet des terrains de cultUre et des puits morts. du fait de leur occupation de cette région. Liés de vieille date avec les Oulad Siyed. ils firent leur soumission sans difficultés. pepdant une période de 12 années. abandonnant l'émir à son sort. lors de notre occupa· tian. . telle fut la cause de l'incident. jetés par les Dieïdiba dans le puits. « Entre Dieïdiba et Laghlal est survenu un arrangement à J'amiable. n'eurent pas le temps d'enlever leurs marchandises et de faire filer leurs troupeaux vers le Nord. Un fils de notable Dicrdiba.ore. Les autres tentes rentrè· rent peu à peu.oumission à la tin de mars 1905. Les DieYdiba reconnaissent auxLaghlalles. Ahmedna ould Qadina. élève de la médersa de Boutilimit. Surpris. dernière fraction dissidente fit sa s.trcis quarts du puits et gardent le dernier quart. ils conservèrent leur . ont bien spécifié qu'ils voulaient aller à celle deSaint-Louis et non à celle de Boutilimit où ils sont« au contact avec des gens qu'ils n'aiment pas ». Quelques épineux. réglant toutes les questions pouvant être une source de litiges enlre les deux tribus.col'lVention a été écrite par les Laghlal et les Dieïdiba. Divers jeunes garçons Dieïdiba. les Diel'diba les suivirent en masse dans leur exode. \tIl est hors de doute toutefois que l'animosité sévit pres· que aussi fort que par le passé: les relations sont peu fréquentes et peu cordiales. tant que les questions litigieuses qui pourraient s'élever avec les Oulad Biri. à le remettre en état. Leur chef Ahmedna finit par attirer sur lui les foudres de l'administration. dît un rapport de juin 1908. lui (Ahmedna) çmt prouvé que nous n'étions plus à la politique des pains. Id Ayank AsbatNegza " . ~) Quand Ahmedna dut abandonner définitivement la partie et se retirer dans le Sud marocain. .88 '44 . de sucre.. . qu'on prononce souvent avec rapidite Id ag Farabrim ou Id Atjfararim. las· sée d'apprendre que son campement était le refuge de mejbour.LItS BIlAKNA attachement à l'émir dechu. et ces incidents ne .089 personnes.12 tentes 1. et favorisèrent ses entreprises ou celle de ses aUiés dans le Brakna. Haratines id. ' Haratines id.sont plus que de l'histoire ancienne. tions de prison. . soit au total 900 tentes et 4. Une certaine réaction contre la politique d'approvisionnement de Coppolanise fait alors sentir.5 8. 2..4~5 56 '7 5 8.5 " . Les Id Ag Fara Brahim. il se trouva encore quatre Die1diba pour le suivre dans son exil. .' 50' '98 Ames Ahel Mohammed Othman. Haratlnes Id Atjfara ." . Ahel Agd Ammi Haflilines id. aj'heure actuelle en les dix frac'1. Aujourd'hui la situation s'est parfai ternent rassérénée. -Chroniques et jractÙmnement des Dierdiha. Les Die'idiba se divisent tions suivantes: Jd ag Fara Brahlm id." . comme on " " " '" . sont. «Deux puni. A\l. Ahmad Babau.Qad. 1 Ahmedna. Abel Talah Moharnmedden. 1 an~tre Oth~an. 1 des lm\ian. Ahel Agda Nah. Abhoum.60 REVUE DU MONDE MUSULMAN l'a vu.. ~ I---. Altel Hejab. Fal. Altel Monja. ~_ _ll~ lU. Al-dudaa. 1 1 CheJbata. Ahel Ahhoum. 1 1 1 Agd Abd Allah. Mo~tafa. Habiboullil. Kha\ifa. la fraction princière des Diefdiba. Altel Agd Halb Allah. Mos\aill.. 1 dans la tribu. 1 Al.Akrabllt. l. 1 Mos~afa. Ouàaa. 1 > Ahe! Moham· ( medden HablbouM Othman. Ahel Mohammed Thoierl. des Abel Agd Ammi. 1 sa~d. 1 an~tre AJroi. Ahel Agd Abd Allah. La fraction se divise en les sous·fractions suivantes: . Mohammed Maham. L'ascendance de la tente du commandement s'établit ainsi: Atjfara Brahim. Moh.T. _ Agd HaIh Allah. :-I~_ Cher~~ina. Glagma. Qadmll.oui. Id Ou Amin. Id Ag Maham. l' AgdaJ:am.k. Maham. ancêtre des Ahel Atjfara Brahim."cendllnce descendance dans la tribu. Il n'en a pas dit le nom. Son descendant. . ou Noirs des DieYdiba.LIl. chef du campement. Les Glagma sont originaires du Hodh : le premier qui "int dans le Brakna. en 1824. sont. sont originaires des Hijaj. Energique et obéi. il ne nous donna pas satisfaction. de son vrai nom Ha1b Allah. Mohammed Sidi-I· Mokhtar. Les Ahel Mohammed Thofeil sont originaires des Ahel Mohammed Othman. cousin de Moustafa.sition à notre autorité don· >. il tenait bien en main sa fraction. qui se seraient mélangés avec les haratines. Kouar DieTdiba. car il a donné le nom de son maître. est Mostafa ould (Khalifa ould Mostafa ou1d) AI·Oudaa. au début du dix-neuvième siècle. Les Kouar Die'idiba. mais il 8.LES BIIAKNA Haratines 1 Haratines proprement dits. Les Touarig SOnt d'origines diverses. la Guelguemi. Jadis libres. Touadg. ils vivent aujourd'hui avec leurs ha· ratines et se sont nêgrisês. A notre arrivée en Mauritanie. les descendants des Id Agfa (Peul de la rive gauche). ou Douamin. mais il se signalait par une sourde oppo. mais plus connu sous ce sobriquet donné par sa mère. été facile de Je trouver. « grand marabout du roi ». est aujourd'hui AbdAllah ould Mohammed ould Abd Allah ould Sidi Mokhtar. mais surtout Id Ou Al-Hadj. . Le chef des Id Ag Fara Brahim. Ahmedna. Ce Sidi-I-Mokhtar ould Mohamedden ould Mostaf ould Agda Nahoui a laissé -en effet le souvenir d"un homme de piété et de science. dit-on. Les Ahel Agda Nahoui sont la sous·fraction qui eut l'honneur de donner l'hospitalité à René ~ai1lié. est un certain Abd Er-Rahman. C'est un notable considéré. Les Id Ou Amin. le chef était " Ahmedna ould Qadina. chef généra! en outre des Dieïdiba. c'est dans son campement qu'Ould Assas. MostaEa était trop jeune à notre arrivée pour jouer un rMe. fit punir de prison ses partisans qui sur ses instructions. et il l'aurait certaine~ prise. Il s'est rendu coupable. Mostafaauralt quelque tendance il jouer au chef religiellx. en 1909. sans doute parce que. chef des haratines ze. vers 1906. Mostafa est né vers 1888.. Tabouit et Id Atjfara. de fraude dans les recensements-. fut attaché et frappé et n'échappa "à la mort que par la fuite. comme il en aurait la tendance. avaient dans ce but fait quelque agitation. il forçait les rOles de ses ennemis et diminuait considèrablement ceux de ses partisans. REVUE DU MONDE MUSU~AN nait asile au Mejbour. Sa mère. comme plusieurs groupements de sa fraction. II (ut destitué. pendant que ses gens preparaient leur razzia.6. Il semble par moments que son desir est d'imiter Cheikh 5idYa. et nous faisait espionner à Aleg. En 1907. Son père Khalifa était chef de la tribu. né en 1915. qui se ralliaient moralement. Mohammed Abd Al1ah. empêchait les Asbat. il a vise de bonne heure il un commandement et. qu'il importe de ne pas laisser gagner à la main.fa precite. C'est là que Mohammed Amo'ljio. il ne partit pas en dissidence. reçut asile. L'opinion publique l'a remarqué. il n'en a pas eu le temps. il ya quelques années. le fils d'Ahmed· dou. Lui:même a pour l'instant un fils. Çaleha ment AI-HadL est des Ida Ou Ali. qu'il ne partIt ment fait sans la crainte des pillages des Oulad Yahya ben Othman. . et remplacé par Moste. avant Ahmedna.marig et notre agent. énergique et pondère. et a pJu sieurs reprises le bruit a couru qu'il abandonnerait son commandement politique ets'y ferait rerripiacer par une de en M . il a voulu savoir un peu de français et a suivi plusieurs moi!! les cours de l'école d'Aleg. de venir franchement à nous. Fort instruit en arabe. On put craindre. Très ambitieux. à Bou Talhaya. à plusieurs re· dissidence. C'est un homme intelligent. il a fini par abandonner la lutte. originaire des Id A. Son école cora· nique es~ la mieux achalandée de la tribu. Las ct inquiet. est un homm~ actif et intelligent. Ils campent avec leurs maUres. comme Hl'a été avec ses prédécesseurs. . Les Id ag Fara . Mo hammed Abdou ould Mohammed Mostafa ould Abd AI-Jelil. et surtout de son ôl'jeul. Quelques tentes passent souvent sur la rive gauche. 'C'est un chérif.!. Il est actuellementseconde par son cousin et Khalifa . d'Arona. ou ailleurs. Il groupa longtemps autour de lui les adversaires du chef. Ils campent dans la région d'Aleg. et candidat perpetuel au commandement de la tribu. qui furent des marabouts célèbres. Ce Mohammed Abdou.ES BRAKNA . à qui la renommée donna le nom de Ouali i c) Mohammed ou Id Habib Rahman. Il est naturellement en fort mauvais termes avec Mostafa. et par se retirer dans une autre frac· tion Dieïdiba. Les principales personnalités Id Ag Fara Brahim sont: a) Jeddou ould Habbab ould Qadina. Leurs haratines ont pour chef Mohammed ould Brahim.63 ses creatures. dont la tradition a laissé tomber le nom de Bekkaï. chef d'une sous·fraction et adversaire declare de Mostafa. pour pouvoir se consacrer à lavie religieuse. des Ahel Qadina. D'autres sont au lougan de BaHel. Les (d ag Fara Brahim sont la fraction la plus impor. depuis deux générations. à Edy. C'est un saint homme et un savant professeur. dit Babia. mais il vit avec les Id Ag Fara Brahim. de Chogar et de l'Oued. b) Sidi-I·Mokhtar ould Cheikh Abd Allah ould Mostafa ould Sidl Mokhtar Ouali. A son prestige personnel il joint la baraka de son père et de son grandpère. des Biar. ne vers 1848. ne vers r880. et ne se "gène pas pour signaler ses méfaits.ge rattachent à Atjfara Bekkai.g: Jemouella. tante et la plus riche de la tribu. : les Id ag Fara. Moh. Il accompagna les Oulad Siyed vers le Tagant. la nécessité de notre domination. AI·Mokhtar Nalla. Chef intelligent et juste.Jadj. 1 il A~d Allah. Mohammed ibd Ad-Jeli]. descendance che. Blat· Aoubak. et était remplacé en août suivant. M\lham Taka. Les Id ag Fara ne sont plus maintenant que doux sousfractions: Ahel Qadi et Ahel Hadj Qadi. Ahmea ~ahmoUd. . Monda. Cheikh IA1_Qadl. AI. Mahfoudh. Moh. chef de la fraction. 1 Atjfara Ah1med Baba. 1 Cheikh AbJ Er-Rahman.ltEVUE DU MOND)!: MUSULMAN Voici le tableau généalogique du campement princier. il devait.. passer deux mois à Saint-Louis en résidence obligatoire. En même temps que les Dieïdiba se voyaient infliger une forte contribution de guerre. Il mourut en glaÎ 1912. mais fit vite sa soumission et revint vers ses campements. Toutes les autres se sont fondues en celles-là. 1 1 A]·Qadl. 1 Abd Allah. à notre arrivée. quoique ami d'Ahmeddou. 1 1 Harb lliah. Atjfara )Bekkd). 1 . Mohammed Abd Al·Jelilou Id Cheikh Mostafa. lui leur chef. 1 Cheikh Moslafa. maintint la paix chez ses gens et vécut en bons termes avec nous. il accepta. Le chef des Id ag Fara était. Son frerc l Mostafa ould al~Hadj. refusé l'autorité. Ce fut un grand' pontife. auprès de qui 11 resta six mois. Mohammed Mahfoudh est né. Cheikh AI-Qadi fut il la fin du dix-huitième siècle. U est à remarquer.Kahir. fut aussi un marabout de renom. Quelques années plus tard. C'est une vérité et c'est très sérieux. le Kount!. et ce sera un bonét . Cheikh Abd Er· Rahman. qui a assuré la fortune de sa postérité. fait le cadi et le professeur de la tribu. Celui·ci. Le but de cette lettre est de vous fBoire connaftre que Je pays se perd devient malheureux. séjourna un an dans le Regueïba.LES BRA"'l'lA . vers 1882. Mostafa s'est confiné dans le domaine religieux et. 11 a un-fiIs 1 Mohammed Abd Allah. et qui laissa la direction du temporel à son frère cadet. mais sans porter les armes contre nous l eUit sa soumission avec sa fraction. un des élèves du Cheikh Sidi·l·Mokhtar Al. une véritable pépinière de saints marabouts. se tournait vers l'autorité croissante de Faidherbe et lui écrivait. Il avait 40 ans quand il apprit la mystique et achevaparelte ses études.Qadi l tous Ckeikh réputés. li faut que vous songiez à établir la paix et Je bonheur sur la terre. il partit en dissidence à notre arrivée. Cheikh Sid1a AI·Kabir devait le suivre dans cette voie. Ainsi que SOIl frère alné. adonné aux choses du ciel. Le malheur s'étend sur Jes habitants du pays et sur les étrangers. . qui semble devoir être le successeur de son oncle. en effet. Ce sont tous les deux des personnes intelligentes et instruites. Les enfants de Cheikh AI.65 par son fils cadet Mohammed Mahfoudh . Il a été enterré à Bou Talheya. l'alné avait. en effet. depuis quatre générations. Cheikh Mostafa fut un saint homme. ayant hérité de l'influence maraqoutique de la famille. depuis Cheikh AI-Qadi ould Al-Hadj nommément. dès le début de juin 1858. que cette tente est. assirent définitivement la situation maraboutique de la famille. aux cotés de son grand-père Atjfara Ahmed Baba. il aurait été mé~ pris"é. car si son campement n'avait pas fini avec les autres Id Ag Fara. c'est qu'il n'en avait pas eu le temps.ont tenté à plusieurs reprises' d'accaparer la direction des affaires.llad Ahmed n'auraient de pouvoir sur luI. en '903. De leur réconcillation résultera le bien du pays. Il n'y eut d'ailleurs aucun merite.. Le troisièm:edes enfants de CheikhAl~QadÎ'. Cette famille a fourni non seulement les chefs. i1s. il arriva même qu'AbdAI-Jelil. En principe rien ne pouvait êtfle décidé par le chef politique. s'II avait Agi auti'ement. SOQs le couvert de cette 'influence.Sidy ne peuvent le faire considérer comme t'ennemi des Chr6tie/!-s.nçiance suivie avec les Faldlierbe et tint. Les principales personnalités Id ag Fara sont : a) Mohammed Mahmoud ould ALMrabet j dit Dida.de Mohammed. Ordonnez à Mohammed Sidy d'agir dans ce sens el "Venez-lui en aide. mais très souvent les cadis et. Au contraire. La paIx n'existera qu'après la rêconclliat(on des Oulad SeTd entre eux. de la agents politique et des faits et gestes d'Ai_Hadj Omar. .Souvent li s'est trouvé dans J'obligation d'agir malgré lui. Cette époque de misère a élevé des..Aujour4'h. usurpa les fonctions d'Ahmedna jusqu'à notre occupation. Ce ne fut qu'au depart d'Abd AI-Jelil dans l'Adrar avec son protec~eur Ahmeddouqu'Ahmedna dut de pouvoir. Mohammed Sidy ne songe qU'à établir la paix entre les Oulad SeTd elles Chretiens. Les actions. cadi de la de . Le Gouveri'leur doit se souvenir de mO. sans que le Ciildi fôt consulté.i. et que les Qulad Ahmed étalent des Trarza et que. Le dernier des guerriers commet des iniquités dans Je pays et son chef ne peut l'en emptcher. être réintégré dans son commandement. Le texte arabe de cette lettre est eil annexe. éar il Cit venu IL nous l'ann/!e dèrnlère. ni les Trana nlle'sOl.individus méprisables et en li abaissé de respectables. . poliÙques de la fraction.grAce à l'intérêtque lui portèrent les émirs Sidi EU et son fils Ahmeddou.ch~fs religieux de la tribu. parce qu'li était contrarié. parce qu'il craintson inimitié.uIU ne songe qu'IL r~c0!1cilier son peuple.66 R~VUE DU MONDE MUSULMAN heur pour vous. alors. ce' gouverneur au Courant. AhmedMahmoud entretint aussi une correspo. \I\l\F. . Ü1di supoJri~lIr dc~ I\rllklla. . ...oil~ : D'DA.r 1" I~?I "-"" . . . .r ~\ . ". .~lInl il d. • ~ .'! L .-oncC'"T -..l>%"~l)' DI'KK"ï.j"". Chef dcs Allei Cheikh.\\' A IJnllche: C'l~I~1! M'II. .. fit refleurir toutes les vertus de l'ancêtre. Dida est le fils aine de Mohammed Abd Allah. En 1912. Son fils Mohammed Abd AUah n'a pas fait parler de lui. il jouit d'une grande influence.·qui mourut vers 1780. son père en effet et surtout son grand-père Al·Mrabet ayant . 1 ___ _. 1 . laissa à son tour plusieurs enfants dont 1'afné. Halb Allah 1 Mohammed Mahllloud. t vers 1780.. A ce titre. Dida est né vers 1884. II a été nommé cadi de sa tribu en 1909 et. Mostafa. Oum~oui. <lit Al-Mrabet t vers 186~. Babana et Hal'b qui furent tous de saints personnages. Ahmeddou. Il était fils d'Atjfarll Ahmed Babou. peu après. Haïb Allah. Mohammed Mahmoud.---. Mohammed Abd Allah. Il laissait quatre fils : Al·FalIi. où son tombeau est l'objet de pèlerinages.---1---'1t vers 1815. il se soumit avec elle et depuis a eu une attitude parfaitement loyaliste.. MOkhtar. dit Dida. mort vers 1862. AI-Qad! AJ-Fllli. il a fait ['intérim de chef de fractiori. à la mort d'Abd Al-lelil et. Oummoui. Dida appartient à une famîlle "maraboutique très influente. Babana. . cadi supérieur du cercle. Il a. Parti en dissidence avec sa tribu. L'origine de cette considération remonte à son bîsa'ieul AI·Qadi ouali renommé. vu ailleurs.avant la nomination de son fils.. de nombreuses relations dans toutes les tribus du cercie. Mohammed Mahmoud. de par ses ancêtres. Sa mère est d'origine Arallen. encore que les ennemis de Dieïdiba eussent préféré un cadi qui n'appartlnt pas à cette tribu. mort vers r815. 1 Moh.Les BPAKNA tribu.. etse rattachait ainsi à la ligne même d'Atjfara (Bekkaï). Au surplus voici le scMma généalogique de cette famille. et fut enterré à Bou Talheya. Aussi lui donne-t-on le surnom de Mrabet. dévoué. plus spéciaJeIl}ent chez les Touabir et Arallen. tribu. Boghé et Podor âes voyages commerciaux. de nombreux cadeaux. Il est ne vers 1863 eta fait ses études auprès de Mohammed Abd Allah. Il est très connu. en 1906.' Entre temps. Il est moqaddem qadri par la chatne mystique suivante. il fut accusé.ofesseurs et les initiateurs dont relèvent la presque ~otalité des marabouts et notables de la région. Intelligent et fort instruit. Il enseigne le droit à une trentaine de jeunes gens. Jadis cadi des Id Ag Fara Brahim. il fait sur Cascas. Sa popularité lui vaut daossa tribu et ailleurs. surtout DieYdiba. à la suite de la dissidence du cadi de I/l. Cheikh Mostafa ould Cheikh Al·Qadi . Il enseigne le droit et 'un peu de théologie à une vingtaine de jeunes gens. b) Ahmed Mahmoud ou(d Mohammedda qui passe pour être un des représentants de la première tribu Die1diba. qui nous rend les plus. Né vers 1883. On a pu constater aussi l'élasticité de sa conscience par la proposition qu'il fit d'affirmer. qui se rattache aux Kounta : Cheikh Ahmed Babou ould AI-Hadj. puis cadi des Dieyctiba par la nomination de Coppolani.precieux services. le Kounti. instruit. il a eu son père pour professeur. l'authenticité de pièces fausses. . mais il ne jouit que d'une influence restreinte. père du précédent j Cheikh Sidi Mokhtar Al·Kabir. sous serment coranique. Sa tente est toujours plantée aux environs d'Aleg. Cheikh Abd Allah ould Mostafa .. cl Cheikh Sidi·I-Mokbtar ould Cheikh Abd Allah ould Mostafa. père de Dicta. il démissionna pour que ces fonctions judiciaires ne soient exercées que par un membre des Ahel Cheikh Abd Allah. Cheikh Sidi Mohammed ould Cheikh Abd· Allah. d'avoir fait sa cour au Chérif marocain. en lui faisant 'don d'une jeune captive. Dida est lui-même un professeur émérite) en qui on s'accorde à voir spécialement un juriste de premier plan. Dida est un homme intelligent. Cheikh AIQadi.6B REVUE IJU MOl'iDI! MUSULMAN été les pr. il-. Né vers 1884. Son influence religieuse s'étend surtout chez Jes. leur chef était Cheikh ould Sidi Lamin . Parti en dissidence avec les siens. jeunes gens venus ici par hasard et que son renom a attires à son oui rd. Il voyage souvent sur le fleuve pour ion commerce.sœurde Dida. il a épousé Mal'ram. comme on J'a vu. grands et petits. chez les Tassaguiert. comme tous les gens des Tassaguert. riverains de Gascas à Saint·· Louis. mais affecta longtemps de nous ignorer et resta à l'écart. le droit des chefs (Gach. Si dans· les Biar. ce droit était payé. Ils ne dcpendaient donc plus des Id a~ Fara Brahim. . A notre arrivée. Il jouit d'une renommée locale comme professeur et descendant de Cheikh Al-Qadi. fils d'Atjfara Brahim. Son influence s'étend sur les baratines du Chamama. Il appartient à une tente cherifienne. Leurs terrains de cultures sont dans le Reguerba~ soit avec les autres haratines Reguerba. Les Ahel Ag Ammi se rattachent. etablie depuis plusieursgénerations chez leS" Die·idiba. morceau de la poitrine de toute bête de bétail abattue) était pour les Ahel Oudaa. pour les Ahel Agd Ammi. à la tente princière des Ahel Ha·jbelti. 11 s'est rap· proché avec le temps. Ils sont donc en principe Id ag Fara Brahim. Toucouleurs et Ouolof. Ammi. Il a une trentaine d'élèves. descendance deson frère Abhoum. laissant celui de la fraction à "1<1. mais ils se sont séparés de leurs frêres. à l'ouest de Boghé. Il a même quelques telamides d'occasion à SierraLéone. Il lionne l'enseignement coranique à une cinquantaine d'élèves.LES BRAKNA mais son père lui-même est un des êlèves du grand Al-' Mrabet. d) Cheikh Mohammed Mahfoud ould Cheikh Mostafaould Cheikh Mohammed Mahmoud. il fit sa soumission avec eux. il y a plusieurs générations et ont pris le nom spêcial de leur ancêtre. et fait quelques cours supérieurs. Noirs. Les haratines Id ag Fara ont pour chef Abd Allah ould Archa. Il est mort au début de février 1912. en face de Dara et de Paté Gallo. Sa fa'mille jouit d'une excellente réputation dans tout le cercle.. ould Ammi). sur élection de la djemaa. Malgré son jeune âge. dans la deuxième moitié du dix-nui· tième siècle. .e la fraction est Hamda ould Sidi ould Abdi ould Mekkiy'en ould Abd Allah ould Mohammed Othman. et a éte remplacé. Leurs baratines sont sédentaires à Aroua. et Mohammed ould Ched·' dad. cessa de donner le gach au chef des Id ag Fara Brahim et le donna à ses chefs: les Ahel Mekhiyen.. Lui-même assure son 'service avec beaucoup de zèle et d'adresse. Les Ahel ag Ammi n'ont pas de zenaga. Trop jeune à notre arrivée.détachés des Ahel Atjfara Brahim pour constituer une fraction indépendante. lis se rattachent à Mohammedden ould Othman. comme les Ahel Ag Ammi. infra tableau généalogique). bib. La fraction n'a pas de zenaga. dite aussi des Tessa· guert. la fraction.Jraction qui a été condamné le 16 aOllt 19r6 à un an de prison. Ses haratines sont peu importants et cultivent avec ceux des Ahel ag Ammi. par son fils Naji. Les autres notables les plus en vue.. quatrième descendant d'Ab· houm fils d'AtjfaraBrahim (cf. ancien chef de sous. qui l'a remplacé comme chef./ REVUE DU MONDE MUSULMA'N (ould Mohammed ould Haïbelti.sont: Habib ould Ha.. il n'est pas parti en dissidence. La scission paraît s'~tre produite avec le fils ou le petit-fils de Mohammedden. A cette date. Il est occasion· nellement employé comme assesseur au tribunal de· cercle. Il est secondé par le notable Mohammeddou Duld Habib Allah ould Mohammedden. Les Akel Mohammedden Othman se sont. Ils cultivent en outre des lougansà Balé.. Sa mère est une Jemouel1ïa. il gère son groupement avec habileté et énergie. Le chef d. Sa mère ast une Jemouell'{a. Naji est né vers 1890. et ne descendent jamais dans le Chamama. l'ancêtre êponyme des Ncgza. ni haratines. à AI-Goumach. viot s'établir. Leur chef est Ali ould Moham· med ould Omar ould Mikheïtir ould. Ce vocable d'Asbat est le souvenir d'Un etat de choses qui a subsiste pendant la plus grande partie du dix-neuvième siècle et a aujourd'hui disparu. 11 mourut vers [812. et guerriers. Leur ancêtre Andach hait un étranger (halif) venu s'installer chez Atjfara Bekka1.. des Zen aga. ayant epousê une haratÎn'ia des Oulad Ahmed. ne fusio'nnu pas. tout en s'unissant par des liens conjugaux.. chacune des fractions a repris son indépendance. peu avant 1800. Ils nomadisent entre Mal et le Tagant. qui ne sont d'ailleurs qu'une colonie des OuJad Aïd du Trarza. se fixa definitÎvement chez les Dieïdiba. qui.comme on le sait. Les Abat NegJ(a devraient s'appeler aujourd'hui simplement Ahel Negza ou OulaJ Negza. ct fut enterré à AJeb Niatara. Negza ould Othman. Ce sont. d'ori· gine arabo·hassanes et qui ont eté asservis par les invasions hassanes posterieures. ils ont de nombreux chameaux. dont Bakar ould Soue1d Ahmed s. Il a succédé. Les Oulad Ahmed .. Les 6 fils d'Ali prirent femmes dans cette tribu ct constituèrent J'origine de la fraction.LES BRAKNA '7' Les Id Ayank ne sont pas de pure origine' Dieïdiba. Les Id Ayank n'ont ni zenaga. Ce Negza. Ces fractions formaient à elles trois un groupement très particulariste. ou/d Andach. dans le campement de Cheikh Al·Qadi et fut son disciple empressé. Il rappelle la « confédération» des Id Ayank. dont le vrai nom était Mzaldef. Son fils. Ils se considéraient et on les'considérait comme des « alliés» (Asbat): Par la suite. qui s'y maria et dont la descendance se nationalisa Id ag Fara. des Id ag Jemouella et des Negza. Il avait alors 40 ans et êtait suivi de son fils Ali. non tributaires.e servit souvent contre nous. en '912. était originaire des Oulad Aïd du Gorgol. a se ressentent aujourd'hui encore de ces origines. Mais les Dieïdiba les rachetèrent et se les attachèrent comme télamides. il fut plusieurs fois puni pour avoir donné asile à des mejbour. fut remplacé par son frère Mahfoudh ould Al·Kouri. Affranchis des droits de horma à la suite de la ré- . 4. aujourd'hui comme il ya un siècle. Ils leur ont emprunté leur feu pourles troupeaux et leur sont. MOh&~med. 6. Ma~foUdh·. Ils ne jouissent que d'une demi. 1 1 Mahmoud. en 1917. 5. . Sa'chir. devenu « tiab ». qui était mort en 1880. à des prisonniers évadés. Ils n'épousent pas notamment les filles des hautes classes die'idiba. Les chefs de fraction se succédèrent dans J'ordre de numêrotation du tableau. A[-K~uri. Ils suivent tous. le sillage religieux des Dic'idiba. 1 3. restés fidèlement attachés. malgré les sollicitations des Zemarigdissidents. Chef assez apprécié d'une tribu de voleurs et de pillards. Mll81def dit Neg{a. et remplacé par son cousin Al-Kouri ould Soue'idi. au début. 1 Mok~tat. Il fut destitué. Bachir (5). Voici le schéma généalogique de la tente du commandement: Othman. à son retour de dissidence avec les Id ag Fara.Souerd.N les considérèrent pendant un certain temps comme leu. ces temps derniers.'7' REVUE OU MONDE MUSUL~1Il. zenaga et leur imposèrent un tribu. AI-Knuri. l. les Asbat Neg1. 7. Ce fut lui que Coppo[ani trouva en 1905 et confirma dans son commandement.-eonsidération. 1 1 Ali. Les haratines Die'idiba doivent leur émancipation à Coppolani. 1 8raJim. 2. Anciens zenaga. Leurs chameaux sont au nombre de 165. Ils ont de nombreuses contre-marques. lessigncs -1 ou J. chez les Ahel agd Ammi. Les Die'idi'ba font.144 têtes de petit bétail et 878 ânes. qui campe dans la r~ion du Nord. Les Die'ldiba ont un beau cheptel de 4. Aleg est un point très important pour les Maures. ce commandement général a été supprimé et chaque sous·fraction de haratines a son chef particulier. etc. campé au Sud. est composé des Ahel Agè.. €lIe.030 bovins. après avoir terminé leurs travaux dans le Chamama i ils en repartent en automne..ée. au moment des pluies. l'autre.. Il n'y avait ni villages. à peu près tous chez les Id ag Fara et Id ag Fara Brahim. la patte de poule \fi chez les Id ag Fara Brahim. C'est un centre de cultures: on y fait un peu de riz et beaucoup de mil. Le feu des Dieïdiba est 1e qaJ ~. Je « dei ~ ~ et le madda . etc. A ce propos. de nombreuses cultures dans la cuvette d'Aleg... la croix chez les Id ag Fara. ils furent distribués en autant de campements qu'il y avait de sous-fractions suzeraines.. à Dokhon. Les indigènes y campent une partie de l'anp. Aleg est seule~ + . des Ahel Mohammed· den' Othman. sur la cuisse droite pour les bovins. ni maisons. par leurs haratines et même par les plus pauvres d'entre les personnes de condition libre. Il est composé des deux fractions precitees. autour du lac. des Zemarig. Ils viennent s'y installer en hiver. Par la suite. Ce sont des nomades à petit rayon et des cultivateurs en voie de sédentarisation pendant quelques mois de l'année. on peut remarquer la tendance des Die'idiba à se partager en deux groupements: l'un à peu près uniquement pasteur et nomade. 43.dans le campement Mrabet. éta· blis dans la région de Chabbour et placés sous le commandement de Mohammed Amouijin.LES BRAKNA '7 3 bellion de leurs mattres.Ammi. qu'ils apposent sur le côté droit du cou pour les chameaux. Noms des terrains. La terre appar· tient exclusivement à la tribu des Dieïdiba. Ballé. ag Amml. Jeddou AlwHabbab. Chabbour. Fractions auxquelles appartient la terre 1 Id agFara. dans une dépression très boisee. Kra al-Asfar. permettent à d'autres tribus. les Hijaj. Tidar. Regba. d'y faire des cultures. Ces deux martres ont été vus plus haut. en saison sèche: Je lac d'Aleget AJeg même. campé chez les Id Atjfara Brahim. Frioun. . Chagar. A leur . J'oued Katchi.struction en baraco. puits répute de 50 mètres de profondeur. A!-Mrifeg. Les territoires de nomadisation des Dieïdiba sont en hi· vernage: l'Agan. mais ces derniers.'74 REVUE DU 'MONDE MUSULMAN ment une grande cuvette où se répandent sur une très grande surface les eaux de l'oued Katchi. Elle affectait la forme d'un carré de 25 mètres de côté aveC. tellés que les Tendra. campé à Chogar. mais que ses fonctions main· tiennent à Aleg la plupart du temps.Bir el-Barka. Adimmour. Id agFafa. Abel Mohamedden Othman. Bou Telheïa. que les premières reconnaissances en Ig05-'g07 trouvèrent encore bIen conservée. h) Mohammed Mah· moud ould Mohammedden. . Leur point d'eau central etait jadis Ndokhon. et le sud d'Aleg. A côté du puits. Les professeurs les plus réputés des Die'idiba sont: a) le cadi Dida. les Tagnit. A~ej Aroua. Ils durent l'évacuer à [a suite de leurs luttes avec les Ou!ad Eiri. Meifed. Gouissi. Abel Ag Ammi.cour centrale. Dokhon. ffiqyennant des redevances légères. on trouve aujourd'hui les ruines d'une con. Cette casba avait été édifiée alors qu'ils étaiein les martres du pays. Oulamouichém. Tichetftyet. Cheikh des Dieïdiba. Oummoui. grand-père de Dida. Al-Falli ould Al-Qadi. Bir el-Barka. Ndokhon. etc. Les principaux lieux de pèlerinage des Die'idiba sont les tombeaux et cimetière de leurs ancêtres: Bou Telheya. surtout Dieïdiba. Mohammed Abd Allah. etc. j Raddeka. littérature et langue. . fils du précèdent. se joignent un certain nombre de jeunes Toucouleurs.'7' clientèle maure ordinaire. où est inhumés Cheikh Abder-Rah· man ould Cheikh Al·Qadi. Leur enseignement est d'abord coranique (ils sont suppléés cn cette branche par un ou plusieurs adjoints) et ensuite superieur: droit. cimetière benié. cl) sont enterrés Mohammed Mahmoud (Mrabet). etc. où sont inhumes AI·Qadi. etc.Cheikh Ahmed Babou et Ha'ib Allah. celui·là même qui écrivait à Faidherbe la lettre donnée en annexe. où sont enterrés Cheikh Mohammed ould Babou et Cheikh Qadi -Ould Ahmed Babou. théologie. . . grammaire. Tbuirsat. Une tradition le fait proprement le fils . Voici le tableau généalogique de la . 1 1 Jes Zemarlg. Si administrativement les Zemarig constituent une tribu îndépendante. T l' _ 1.d'Atjfara (Bekka1). ils ont vécu avec les Die'idiba et ont fait partie intégrante de la tribu. 1 _ _ _ _ _-'-1_ _.tente du commandement: Tegueddi. ils sont de!l Dieïdiba. rejoignit ses cousins Atjfara Brahim et Atjfara (Bekkar) dans le Brakna. Je (este chez Amar. La chronique des Zemarig commence donc avec Chems ·ed·Dio. - Historique. Depuis l'heure où leur ancêtre éponyme Chems oed·Din. 1 Jes Oulad Bou Sir. originaire comme ses cousins. dit Zemrag. c'estpà·dire « le fort ». Baba Imllan. Oulad bou Sir. . BllAhmoud <iescendance chez (Zmarig). 1 1 ·Zemrllg.W 1. des Die1diba ou Id E'11eb du Hodh. Brahlm.CHAPITRE V ZEMAll. Moham· Quelques tentes chez les medden. C'est de nos jours seulement qu'ils se sont détachés d'eux. 1'aleb Mohammed. on a vu ci·dessus qu'ethniquement. C'est par suite d'un phénomène d'ordre economique qu'un certain nombre de tentes Zemarig se sont agglutinées aux Oulad Bou Sif. Proprietaires de chameaux. Les Id ag Fara Brahim .commandement politique. . et Caseas. tiers etat. Sidi-I-M1okhlar. n'avaient plus qu'à obéir. et après des luttes fréquentes avec les Id ag Fant Brahim. ex-chef. Al·Meriché. Leur dabaï etait installé près de Boghé. les Zemarig se rapprochèrent des Dieïdi~ ~t prirent part aux luttes de cette tribu contre les Oulad XLII. mais elles sont restées en bonnes relations avec leurs cousins et ne renient pas leurs origines. 1 1 1 Tofail.LES BRAKNII '77 Abd E!-Qader. chiJani. ils vinrent vers Boghé et nomadisèrent entre Boghé. chef nctuel. 1 1'---'---1 Mohammed. ils furent gravement pillés par les Oulad Ahmed. Les Zemarig ont toujours eté considérés un peu comme des parents pauvres par les autres Diéïdiba. MaslaCa. Les Id ag Farapossédaient l'autorité religieuse et judiciaire. Les Zemarig. elles ne purent suivre les autres Dieïdiba dans leur lent fléchissement vers le Sud. Depuis longtemps donc ils vivaient pratiquement sépares des Die'idiba.1 Mohammed Sidi. la rivière de Mal. Ils se lassèrent de cette situation. elles se groupèrent auprès des Oulad Bou SU pour être protégées. A la 6n du siècle dernier. Limam. Chassés par les Toucouleurs. ceux-ci étant les alliés des Oulad Biri. dans le Chamama. Ils entrèrent dans le système politique de l'equilibre local en contractant alliance avec les Toucouleurs de Boghê et en luttant contre ceux du fleuve.étaient la fraction qui avait le . Obligées de vivre loin du fleuve. ils s'éloignèrent d'eux et vinrent se fixer à Chabour. . Il est quelque peu apathique. Les autres dissidents ayant refusé de faire une répartition égale pour ces contributions. à la suite d'Abd AI·Jelil. Très jeune à notre arrivée. d'exercer le corn· mandement. lors de notre arrivée. Le chef était. - Fractionnement. Par le refus de son frère aîné} Thofe'i1. 2. Mohammed Sidiould Sidi·l-Mokhtar.'78 REVU!': DU MONDE MUSULMAN Biri et Oulad Ahmed. les Zemarig sentirent renaftre toute leur animosité. ils ont joui de leur autonomie. A leur retour du Tagantils furent mis à l'amende à part. en '912. C'est un bon chef. né vers 1848. én '903. Le commandement est définitivement fixé dans ce campement. Il a voulu faire un jour acte d'énergie! mais ce geste ne lui a pas réüssi : il fut puni d'une peine disci· plinaire pour avoir protesté contre la nomination de Dida ·:. Ils de· m!l:ndèrent à vivre en dehors de la tribu et. il dut suivre le mouve· ment de dissidence de sa tribu. mais revint peu après. pour avoir pillé les anima~x de ses gens. Ce rapprochement amena leur dissidence. 224 personnes. Le fractionnement des Zemarig s'établit ainsi: Zemarig libres 56 tentes HaratinesZemarig: lOO . et spécialement dans la tente des Ahel Abd EI-Qa- . depuis. Il fut destitué. lors del'occupation française (1904). et remplacé par son cousin Li· mam.. 475 soit au talai 156 lentes et 699 personnes. Limam est chef depuis 1912.omme cadi. c'était un homme intelligent et peu aimé de sa tribu à cause de sa fourberie et de ses exactions. chef des Id ag Fara. estimé et obéi par ses gens. Il est né vers 1885. Cette incartade lui valut une peine disciplinaire.études et s'est consacré il. Il fut. dans les dêbuts. il ne dépassa pas l'Adrar et dut bientÔt ren trer. il jouissait d'une grande reputation et se . Il est sur la voie de là sainteté. déjà. où il put goutter toutes les misères d~ l'exil. 'celui-ci étant le bisaïeul de Limam. Aussitôt libéré. il partit pour l'Adrar. A la réalité. Chez les haratines Zemarig. il avait été le brillant élève et le disciple de Mohammed Abd Allah ould Al·Mrabet. vu. notables• . il a fait de bonnes . e) AhmeYdou ould Cheikh Mohammed Al-Qadî ould Mohammed Hemar ould Atjfara Salem. Limam par exemple n'est désigné que sous le nom de Limam ould Abd El. DaYa. il demanda J'aman et rentra. J'ascétisme et aux choses du ciel. puni d'une peine lêgère d'emprisonnement. C'est pourquoi ail leur assigne dans la pratique ce nom. Après un sêjour de plusieurs années. de SOll vrai nom Mostafa ou/à Aix! EJ-Qader. Né vers 1875.Qader.l'é vers 1870. d) Ahmed . b) ThoferJ. Cadi de sa tribu. C'est un marabout qadri. La djemaa de la tribu comprend: a) Mohammed Sidi. et par lui de cheikh Si di Mohammed son cousin. :-. allant offrir ses services au ChérifMoulay Dris.LES B~AKNA '79 der. Il se tient tranquille maintenant.fJ Mohammed Abd Allah ould Cheikh Mohammed Qadi. qui est mort en 1916. Il remonte chaque année vers l'Adrar pour aller faire la guetna. et de Cheikh Mostafa ould Cheikh Al-Qadi des Dieldiba. C'est aux Ahel Abd El·Qader que traditionnellement était versé le gach ou morceau de poitrine de toute bête abattue. frère ainé de Limam.qui relève de Cheikh Adallah des DieYdiba. mais en 1908 se mit en route pour la Mecque sans autorisation. Il ne partit pas en dissidenceavee sa tribu.ould Babou et e) Abdi oulct Yahia. c'était aux Abdi ould . ex-chef. soit LD des DieY· diba. relève de ce dernier ouird. Les haratines des Zemarig sont fort nOinbreux. Ils res· tent ainsi à proximité de lcurs terrains de cultures: Tienel. Les Zemarig nomadisent entre Azlat et Kra aJ·Asfar. ces Toucouleurs ont cesse de réclamer la location des terrains . et quelquefois des cours d'enseignement supérieur. Les Zemarig font leur pèlerinage à Al·Mer\ché et à Azlat (AI-Azlat). du village de Sinthiou Dangdé (Séné· gal). Leur feu est le gaJ. qui s'est exercée ici par son missionnaire Abou-l-Maali Qulct Cheikh Ahmed Haclrami. Leur cheptel est de 6 chevaux. plus nombreux même que leurs maîtres et ont fait leur for· tune. en hivernage. tm saison sèche. Ils sont campes dans le Chamama. Regba. Ceux·ci appartiennent à la fa· mille de Bes Moro. 1.) sur le membre interieur droit. Cettcd.ernière apparticryl aux. au nord-ouest de Boghé. Boghe. Il fait également J'école coranique. et celle de Cheikh Saad Bouh. 347 bovins.. Chabour.000 têtes de petit bétail et 48 ânes. des Id Atjfara (Dieïdiba). ould Sidi Qulct Dahi. g) Il a été remplacé par Ahmed Salem. des Tagat. et ne se déplacent que dans un petit rayon. Au point de vue religieux. A Merichê. le chef de tribu. outre les obédiences précitées. mais depuis notre installation en Mauritanie. il faut sign. au nord-ouest de Boghé avec leurs haratines. med AI·Qadi. on voit le tombeau vénéré du grand saint Cheikh Mohammed Abd Allah ould Cheikh Moham· .aler celle de Mohammed Mahfoudh ould Cheikh Mostafa ou Id Cheikh Mohammed Mahfoudh. Anel Abd Ei·Qader. élève de Mohammed Abd Allah. le « mou· lana» ~ etle """ au-dessus du gaJ.80 REVUE DU MONDE MUSULMAN consacra en dernier lieu avec beaucoup de zèle aux soins de sa charge. Ils ont comme contre· marques le dal. Limam. apposé sur [a cuisse droite. . chef du Lao maure. à notre arrivée. Les égards qu'on lui témoigna abusèrent son orgueil. Ahmcd Fal ould Abhoum. et qu'il les fit travailler par les Zemarig haratines. qui ne s'etaient pas enfuis. Il rendit des services précieux. homme intelligent et qui assure convenablement son service. conférer J'ouird qadri. sa tête fut mise à prix par Ahmeddou. les Id ag Fara. mais c'est à contre-cœur. Les haratines Zemarig n'ont qu'une piété superficielle· Certains' cependant se font. dents. commandé par Ould Assas. il fut capture. Il nous témoigna un dévouement corn· plet. et ils assurent que la terre n'appartient pas à Baïla (comme le dit Cheruy). . guida le lieutenant Corrard des Essards à la marc de Tioulé·Tiabé où était rassemblé le rezzou. pour prendre des renseignements sur la marche d'un mcjbour. amarré ct battu par les dissi. nous fournissant sans cesse des renseignements sur la marche des rezzous. Il réussit à s'enfuir et. 650 francs de dioldé (droit de location dû par le cultivateur) à 8ai1a Biram. Les notables de la tribu sont. Ils le demandent aussi au Cheikh Mohammed Fal ould Mostafa ould Cheikh Mahmoud dei Id E'!lik. Le chef des haratines Zemarig etait. pour se venger. Sidi ould Ahmed Abd et Mokhtar oui cl Mohammed. Mohammed AmoIjin. leur appartenant. en novembre 1906.LES 1I1lAKNA . et sur leurs plaintes fUl relevé de son commandement et emprisonné à BoghC (1909)' A sa sortie de prison. il a rejoint sa tribu d'origine. Il etait envoye. Il se mit à piller ses gens. Il a été remplacé par Sambe'lt ould Sambe'it.8. mais que ce chef se serait empare de ces domaines lors du trouble qui suivit l'arrivée des Français. chef des Id ag Fara Brahim. En revanche. qui relève de Cheïkh AI-Qadi précité. à l'instar de leurs martres. Denoncé par Ahmedna. ils ont dû payer en 1917. Par la suite. j'ai exposè les origines et la tradition historique des Kounta. En effet. et on les supposera connus. et provient donc d'abord de l'Azouad. A. (l Dans mes deux mémoires sur les Kounta de FEst» et « les Kounta du Hodh ». et en dernier Heu du Hodh. On n'oubliera pas que ces deux sources se rejoignent au quinzième siècle en la personne du saint Sidi Ahmed Al·Bekka'j.. fils tous deux du dit Ahmed Al·Bekkaï.Sirli Mohammed AI·Kounti As· . On ne peut ici qu'y renvoyer. et Sidi Omar Cheikh . Les deux premières dérivent de la même source: ils descendent de Sid MohammedAI·Kounti As-Sarir (seizième siècle) et proviennent des Kounta du Tagant. sont frères. . les Meterambrin et les Ahel Cheikh Sidi-J·Mokhtar. leur point d'eau commun et le centre de nomadisation: les Oulad Bou Sif. - Historique.Source Tagant. Sidi Mohammed Al·Kounti As·Sarir.CHAPITRE VI KOUNTA J. autour de Guimi. Trois fractions Kounta vivent dans le Brakna. patriarche des Oulad Bou Sif et des Meterambrin. La troisième dérive dU'grand Cheikh Sidi·J·Mokh· tar (t 1811) par son fils Baba Ahmed. On peut considerer que leur exode n'est pas encore terminé.fils Bou Sif. Sidi Ouels. il revint. laissant à son frère Cheikh Sidi Omar Cheikh la baraka et l'apostolat. Meteramber. Ils sont les ancêtres des fractions qui portent leurs noms. du Brakna. Ce sont: Sidi Bou Bakar. qui. où son père était mort et avait étê enterré. Du Hodh. descendants de Si di Oue'ls. petit. laissant autour de Oualata les tentes deses cadets. allaient appuyer vers j'Estet émigrer vers le Faguibine et l'Azaouad. Si di Haïb Allah. Baba Bou Sif a etéenterré à Rekha'imiatdans leTagant. par son petit. el dont les autres constituent la fraction Oulad Bou Sif du Hodh. deux fils Ahmed et Duels.fils de Sidi Duels. d'une premier femme noire. Les Oulad BOIJ Sif noirs sont ici depuis le milieu du dixhuitième siècle. Lalla Fatma. et fut en~ terré à Kerkach. nomm6e Haoua. dont une partie est ici et dans . Dg· hal et Ahmed.LES DRAKNA Sarir vecut à cheval sur le quinzième et seizième siècle.le Gorgol. Le pays propre des Oui ad Bou Sif noirs était j'Agnn. Sidi Mohammed As·Sarir mourut vers 1850. comme on le verra plus loin. Les blancs viennen t d'arriver. un peu plus tard. descendants de Meteramber. il herita de l'autorité politique. et d'une autre femme blanche. et les Meterambrin. Les Oulad Bou Siftienhent ce nom de Bou Sif de leur ancêtre Baba Bou Sif. Il laissait sept fils qui sont les ancêtres des Kounta du Hodh. ancêtres des Oulad Bou Sif Al· Biodh (Blancs). au sud-ouest de l'Adrar. du Tagant et de l'Adrar. . les Ouled Bou Sif Al-Kohol (Noirs) qui sont ici même et au complet. il Ya quelques années -à peine et depuis notre occupation. vers la fin de sa vie. Omar Rekkab. Fils aIne de Sidi Ahmed Al-Bekkal. Deux fractions Kounta du Brakna se ratlachent donc à cette branche les Oulad Bou Sif. avec ses campements vers le Tagant. Baba Bou Sif eut. I\EVUE DU MONDE MUSULMAN Vers 1850. ils ont servi de receleurs au gens de Tagant et de l'Adrar pour leur produi. fils deMcteramber.000 chameaux. sauf quelques campe· ments qui sont restés dans le Hodh. leur chef. Sidi Mohammed Reggad . pour venir. d'après une tradition de l'Azouad. C'est depuis lors que les Oulad Bou Sif ont cessé d'être une tribu à chameaux pour devenir une tribu à bœufs • . Sidi ould l'Vlohammed ould Ahmed Abd. Leur soumission date du premier jour. leur centre. parce qu'il avait l'habitude de s'envelopper des pieds à la tête dans son boubou. où l'on voit son tombeau. Elle durera jusqu'à nos jours. aurait ete Amar. qui désormais sera le pays même des Kounta. Son vrai nom. se fixer dans l'Agan. c'est de celui-ci que date cette amitié constante et profonde qui . sous lacondulted'Abd Er-Rahman.t de leurs pillages et surtout dans le commerce de captifs. Le Res· gad se signala à la reconnai~sance de ses gens. fatigués par les luttes avec les Id Ou Aïch. non confirmée ici. en faisant . et à emigrer vers le Sud. Ils s'établirent autour de Guimi. les determinaalors à quitter l'Asan où ils vivaient depuis Sidi MohammedAIKounti. Us quitt~rent l'Adrar et notamn1ent Ouadan. ou« Meterambrin ». Il y mourut et fut enterré près d'Aguiert. et surtout à petit bétail. Les Meterambrin tirent leur nom de leur ancêtre Meteramber dit « l'enveloppè ». En juillet 1904.va unir les Kounta de cette branche et ies almamy des Fauta. ils furent pillés parles Oulad Bou Sba et et perdirent 3. tout le cheptel. Ses des· cendants sont donc devenus « les fils de l'enveloppe ». ainsi que celui de son fils et successeur. une partie d'entre eux alla chercher fortune dans le Hodh et~ sur leurs rapports enthousiastes. vers la fin du dix-septième siècle. Les Meterambrin ne semblent pas avoir émigré vers le Hodh. le gros de la tribu suivit. cependant plus d'une fois par la suite. Ils en revinrent toutefois vers 1880. contre Arabes hassanes (Oulad Nacer contre Oulad Mbarek). Les bonnes relations cntre cechefet lesalmamyfurent légendaires. sur le fleuve. séjournait constamment . Ils vivaient à la fin du dix-huitième siècle dans le Tagant. lui promettant de le considérer comme un iîls ». à d'indéterminables luttes contre les Ahel Sidi Mahmoud alors en pleine expansion. d'après leur tradition. Sidi Mohammed.ses amis Toucouleurs qu'une seule fois en 42 ans de commandement. sauf deux mois d'hivernage qu'eUe allait passer à Lemaoudou. marabouts contre marabouts (Kounta contre Ahel Sidi Mahmoud). dit-on. L'équilibre politique s'établitaJors sur la forj . lui proposa d'aller habiter son camp. Caillié re(usa cette offre aimable. Sidi Mohammed fut enterré à GaMbé Wan-Van.« Chérif. Il n~ le détrompa qu'en usant de ruse et en déclarant que c'étaient des chansons. les Mechdouf qui durent leur payertribut un certain temps. Il. ce qui ne convainquit qu'à moitie« le défiant chérif ». Les confins de la Mauritanie et du Sahel S011t à cc moment Je théâtre de luttes sanglantes : Arabes hassanes. qui succéda à Mohammed Reggad.LES BRAKNA . mais prirent surtout part avec leurs frères Kounta de cc territoire. tribus zenaga contre tribus zenaga (Abakak contre Chratit).dans le Chamama.34. . son père. Kount de nation. raffermit cette alliance et ne quitta plus l'almamy Mamadou Biram. Ils asservirent. L'un des marabouts présents au camp de l'émir Ahmeddou. ne quitta. etson tilsMohammed Lamin lui succéda. et avec les Oulad BouSifqui s'étaient joints à eux. René Caillié eut affaire à un Kounti qui ne pouvait être que Bou Sifi ou Meterambri. Ledit « Kount» faillit d'ailleurs compromenre Caillié en le surprenant à éCrlre une page de son journal. Déjà engagé avec le chef des Die1diba. quand il y arriva en septembre 18. La tribu." planter à Lemaoudou une palmeraie dont subsistent encore quelques débris. puis descendirent vers l'Agan et Guimi. une tribu zenaga. Pendant tout son commandement. Dans le courant du dix· neuvième siècle cependant. par suite des hostilités qui existaient entre Meterambrin et Ou!ad Normach. Deux campements. s'unifiaient sous le commandement des Ahel Soue'id Ahmed et devenaient la puissante tribu des Id Ou Arch. On fut longtemps sans arriver à une solution complète. Vers 18go. Abakak. ces frères enrtemis. Les Meterambrin s'installaient dans le Chamama . leur frère Mohammed Lamin quitta le Chamama et partit vers le Tagant. la situation'se modifia: les Oulad Nacer refoulaient ies Oulad Mbarek et dominaient politiquement le Sahel occidental (Niora) . issus de la fraction de ce nom. La plupart d'entre eux refluaient vers le nord du Tagant (lt de l'Adrar. Mohammed Lamin nese rendit jamais à Lemaoudoupour hiverner.. Ahel Sidi Mahmolld. contre groupement Oulad Mbarek. il marcha avec Ibra Almamy. On peut croire que les batailles entre ces marabouts furent Frequentes et sans pitié. chef du Lao.86 REVUE DU MONDE MUSU~MAN mation de deux groupes d'allianes. sous la pression des rezzous du Nord. qui relevaient. fils d'Almamy Mamadou. les Meterambrin. immigrés de Eratche date. après bien des siècles. la palmeraie plantée par son grand-père ayant été détruite par les Tadjakant. une tribu maraboutique. et les Oulad Bou SiE. contre . alors en 'guerre avec les Kounta. les Abakak et les ChratÎt. . les Oulad Bou Sifallèrent d'abord dans l'Aouker.Chratit. se d~tachaient de la tribu-mère et descendaient vers le territoire des Brakna. le prestige du nom berbère. Les Kounta enfin étaient battus par lesAhel Sidi Mahmoud et contraints de vider les lieux. d'où il ne revint que dix ans après avec Bakar ould Ahmeïada. comprenant chacun une tribu arabo·hassane. à savoir groupement Oulad Nacer. Kounta. car le vaincu trouvait toujours des renforts parmi ses alliés. la descendance s'est fondue dans les campements de ses frères. On voit une fois de plus combien le nom prestigieux du Cheikh Sidi-l-Mokhtar domine toute la. il y a un demi-siècle environ. dans la Hodh.à une importante fraction qui porte son nom. éclipsé par la renommée de son frère. Bekka'f ould Baba Ahmed. est celui-là même qui n':'us intéresse. le principal ma!trespirituel du Brakna. et à sa mort. on designe les descendants et télamides d'un petit-fils dece grand Cheikh Kounti. En revanche. [bra le soutint contre les éternels ennemis: les Ahel Sidi Mahmoud. venu s'ins· taller dans le Brakna. huit fils énumeres dans mon ouvrage Les Kounta de ('Est. B. Une . . en IBII. . vers 1840. vint chercher fortune entre 18:wet 1825 environ. sous le nom general d'Ahel Cheikh. du quatrième.ici même et ailleurs .LES BRA"I'lA 1es Toucouleurs du Bosséa. auprès de ses cousins de lointaine origine (source Tagant). Cheikh Sidi-J-Mokhtar Al-Kabir laissait à sa mort dans l'Azaouad. il laissait dejà. les noyaux de trois des actuelles fractions kounta du Hodh (cf. basse Mauritanie j il a forme et consacre à la fois trois grands pontifes: Cheikh SidYa Al-Kabir. Baba Ahmed laissait cinq fils. un des Cheikh les plus notoires du Tagant. Il a donné en outre nais· sance . le quatrième) Baba Ahmed. Cheikh ould Nenni. Le cinquième. tableau en annexe). Cheikh AI-Qadi) des Dieïdiba.Source Hodh·Azaouad. les trois premiers sont les ancêtres êponymes des trois fractions Ahel Cheikh pr~citées du Hodh . et èiont le plus brillant successeur spirituel de son père fut Cheikh Sidi Mohammed. Il fut rejoint par un certain nombre de ses parents et télamides de l'Azouad. Parmi les sept autres. Les Meterambrin ont fait leur soumission à Coppolani dès son arrivee dans le Brakna. qui s'y trouvaient dejà.Sous le nom d'Ahel Cheikh Sidi-l-Mokhtar. vint è:luêter . etSidi Amar. Baba. les fils de Baba ould Bekkaï tuèrent leur oncle Abidin. et finalement se fixa dans Je Brakna par un mariage avec une femme des Id Ellik. Sidî-l·Mokhtar et Sidi Mohammed et un de ses petits-fils Khalifa. il remonta vers la zone saharienne et alla s'installer. ont définitivement abandonrré le Hodh et leurs parents. Le second des fils de Bekkaï ou!d Baba Ahmed. ses cours. Sidi-J·Mokhtar (dit aussi Sidina) Qulcl Bekka'{ oulcl Baba Ahmed. C'est de cette époque que date la redevance que iesTouabir ont payé et paient encore aux membres de cette famille: un mouton choisi et une outre ·de beurre par an et par trou· peau.-ers [842. celui des Oulad Siyed et celui de Cheikh SidïaAI-Kabiret de son fils Mohammed Khalifa. disciples des Kounta.88 REVUE DU MONDE MUSULMAN partie de sa postêritê s'est dispersée aussi dans les campe· ments fraternels. Vers 1886. Il se partagea une dizaine d'années entre le campement de son frère. où il se trouve encore actuellement.. en quête d'un 'étâblissement convenable. chez les Touabir. ses vertus lui attirèrent un certain nombre de disciples maures et noirs. à la suite de querelles intestines. Ces événements provoquèrent l'exode de . où il 6tait en voyage. à Chingueti. Sidi M'hammed. entre r840 et r860. à ceUe date. venus chercher fortune vers l'Ouest. Il fut remplacé parson fils aîné. mais deux de ses fils. Sidi·I·Mokhtar devait mourir vers 1887. Les fils de Baba étant en bas âge. ce fut son frère Sidi Amar qui lui succéda. qui mourut tôt vers 1891 àKaédi. en juin 1883. Il vécuttant6t chez eux et tantÔt chez les Oulad Normach. ou Id AlAhidjo. à Guimî. et sont les fondateurs de la fraction Ahel Cheikh Sidi-I-Mokhtar qui nous intéresse. Quelques années plus tard enfin. en 1860. Il en eut -deux fils Baba.Ses voyages. il specifie lui· même qu'il arriva dans le Brakna l'année du meurtre de j'émir Trarza Mohammed AI·Habib. vint cherc-her fortune sur les traces de son frère. en face de Podor. Il se fixa avec eux sur la rive droite du fleuve. LES BhAKNA "9 plusieurs campements Kounta. Khalifa ould Abidin s'expatria vers ses oncles du Brakna conduÎsant ses fidèles. Son père avait eu, dès son vivant, des velléités d'immigration. Il n'y donna pas suite. Après ,sa mort tragique et son inhu-mation à Néma, ce fut son fils Khalifa qui les réalisa. Les relations des intrigants Kounta avec l'autorité française remontent à Faidherbe même. En ao11t et octobre r863, ce gouverneur du Sénégal concluait des conventîons avec certains notables Ahel Cheikh, fort mal déterminés à cette date, mais où il est certain qu'à côté des Kounta du Brakna se trouvaient des Kounta de Tombouctou, au surplus, les uns et les autres de la filitltion de Cheikh Sidi. J-Mokhtar Al·Kabir. Ces conventions assuraient une protection r,éciproque aux voyageurs, commerçants et envoyés des deux contractants. Elles donnèrent lieu à une correspondance, aussi abondante qu'intéressée, de la part des Kounta. On remarquera cette épttre filandreuse. écrite le lot aoÛt 1865, par le Cheikh, jeune alors - Sidi M'hammed ould Bekka'i, et où le pieux adolescent s'exerçait déjà à cette onction religIeuse où cinquante ans après, il est passé maltre, . . . . .. . .. . . . . . ... .. ... . . . Nul ne peut lutter contre la volonté divine; nous sommes des amis de Dieu ct c'est lui qui défendra notre cause. On lit dans le Coran: <lDleu est le défenseur de tous les croyants b par conséquent celui qui li. Dieu pour défenseur ne craint personne. Le Prophète a dit aussi: If Celui qui fait du mal à mon ami m'attaque moi·même.» [l n'est pas donné à un homme le pouvoir de se battre avec Dieu, si vous admettez cela, continuez donc à étre ami avec nous et traiter bien tous ceux qui vont chez nous de notre part et bien plus encore ceux qui y résident et qui sont mes parents, comme nous le faisons pour tous ceux qui viennent nous visitcr de votre parI. Détrulse~vaus l'amitié qui existe entre nous? Dieu a dit dans le Caran : or Celui qui détruit l'amitié dl! quelqu'un se fait du tort à lui-m~mc." REVUE DU MONDE MUSULMAN Le pouvoir de Dieu est illimité. Ceux qu'îl protêge sont toujours les plus forts. A la fin d''Ilne affaire, c'est toujours le plus croyant qui remporte la victoire. Quand Dieu veut détruire une nation, il commande à. cette nation de faire du ma! à ses p:otégês. :. 2. - Fractionnement. Oulad Bou Sif Blancs. A. - Les Oulad Bou Sif Blancs se divisent: 'b E n 1 res •• j l 1 Ahel Baba, Ahel Diebaba, Ahel Maham. AhelOuels, Tributaires. Zaghoura, BraJkat, ZkouYat. Les Ahel Baba, Ahel Diebaba (ceux-ci peu nombreux ici) et Ahel Maham descendent d'Ahmed premier, fils de Baba Bou Sif j le second fils, OueYs, n'est représente ici que par deux. tentes, les Ahel OueYs, Sa descendance est beaucoup plus nombreuse dans le Hodh. Parmi les tributaires, les Zaghoura méritent une men· tion spéciale. Ce seraient des ZeJ;laga, non pas issus de Berbères, mais d'Arabes. Ils seraient avec les Kounta, depuis le temps de Mohammed Kounti As·Sarir, et auraient pris part avec- valeur à toutes leurs luttes contre les Id Ou Al· Hadj. Il n'y a pas deZaghou;-a dans la région de Tombouctou, et il n'yen a plus dans le Hodh. On n'en trouve que chez les Kounta du Tagant et du Brakna et dans le Cha· marna de Boghé. Les Braïkat sont peu nombreux ici. La plus grande partie est dans le Hodh. Les ZkouYat ne sont que6 tentes. Le plus LES llRAKNA '9' grand nombre est dans l'Adral', tributaires des Kounta de cette region. C'est à mars 19l1 que remonte l'arrivee des premiers Bou Sif Blancs, dans le Brakna. A cette date, on voit ap· paraftre un jour, chez les Bou Sif Noirs de Guimi, un gros campement venant de l'Est sous le commandement de Mohammed Quld Hammadi. Un autre campement de.2S tentes arrivé en octobre. Cet afflux d'étrangers amena une certainé perturbation chez les Kounta. Les Bou Sif Noirs étaient débordés et leur chef n'était pas obei. Les Blancs reconnais· saienten principe l'autorité de Mohammed ould Hammadi, mais il y avait des dissidents, comme Sidi Ahmed ould MOkhtar ould Sidi.I·Mokhtar, qui, venu de sa propre initiative et à la tête de ses gens, entendait garder son auto· !lamie. Il fallut régler la situation au début de rglI. Noirs et Blancs furent séparés. Les Noirs restèreht sous les ordres de leur ancien chef: Sidi Ould Ahmed Abd. Les Blancs furent tous placés sous l'autorité de Mohammed ould Ha.mmadi. De son vrai nom, ils'âppelle Mohammed ould SidiMoharn rn ed AI· Ka un ti (cel ul-ci mart vers Nioro pen dan! l'exode) ould Hammadi ould M'hammed ould Ahmed ould Maharn ould Baba ould Ahmed ould Baba Bou Sif, Comme descen· , dant direct, dans la branche a1née, de Baba Bou Sir, c'est à lui que par hérédité revient le commandement de tous les Oulad Bou Sif Blancs. Il est né vers 1885. C'est un bon chef, qui s'acquitte correctement de ses devoirs et est aimé de ses gens. 11 attribue J'exode des Bou Sif du Hodh, en 1911, au désir de rejoindre le pays ancestral: Tagant et Agan. Cet ex.ode devait d'ailleurs se continuer en 1912 : on vit successivement arriver 30 tentes nouvelles en mars, puis 60 tentes en septembre, après un court séjour dans le Gorgol. Les derniers se présentèrent en août IgI3 : ils cam. prenaient des Ahel Maham, des 7.aghouraet des Rekkabat, Leur arrivée donna Heu à certaines difficultés au sujet du '9' REVUE DO MONDE MUSULMAN tèglement d'une dïa fort ancienne entre eux et les Oulad Nacer. L'affaire fut réglée par arbitrage. Les notables de la tribu sont aujourd'hui: Sidi LBmin culd Baoubba Kaye, Sidl Ahmed ould Abed, Sidl culd Ahmed, Mohammed culd Kharri, AHeYli culd Mohammed oufd M'hammed. Cet Al·Jem, né vers IB82, ,est le cadi de la tribu. Il a fait de fortes études auprès du grand Cheikh de Oualata : M'hamdi ould Sidi Othman. Il est qadri et a reçu l'ouird' de Cheikh Ahmed ould Adoubba, des Bou Sif Noirs du Ta.. gant, qui, par son père, Cheikh Adoubba, se rattachait à Cheikh Sidfa Al·Kabir. Ce Cheikh Ahmed ouId Adoubba parait être le principal maltre spirituel des Bou Sif Blancs trouve aussi quelques initiations directes du Tagant. de Cheikh Sid'ia Baba. Dans la fraction, il faut signaler la prêsence de Sidi ouldSidi Lamin ould I{hiarhoum qui, par hèrêditè, serait le vêritable chef "des Rekkabat, encore dans le Hodh. Son at· titude est d'ailleurs correcte, encore qu'il s'efforce d'attirer les Rekkabatdans le Brakna. Les Bou Blancs ont pour objet de pèlerinage les tombeaux de leurs ancêtres à Kçar al.Barka et Ferk.ach. Ils comprennent '78 tentes et556 âmes. Leur cheptel se décompose-en 17 camelins, 115 bovins, 6'775 têtes de petit hêtait et 212 ânes. Leur feu est la marque générale des Kounta : lelam·aUL Leurs terrains de parcours sont: en hivernage: Gaoua et Tachot ad-Dokhna; en saison sèche; Chogar, Gade!, Tende!i Lemaoudou. Quelques tentes restent dans PAgan. On Oulsd Haïb Allah ould id. OuJad Ad-Daoui. qui comprend 30 tentes. Ils comprennent 25 tentes et ont pour chef Mohammed Abd El·Kerim ould MoYma. et Abd Allah oÎJld Ali ould Ahmed. Altel Omar ould id. Ils se sont séparés de leurs frères et ne veulent plus rien avoir de commun avec eux. Altel Abd Er-Rahman ould id. Les Zekhal'matsont d'origine Oulad Nacer. Le chef genéral des haratines était Sidi Ahmad ould XLII. Oulad AI·Hemelti. Libres •.fils! AI·Ouellas. Ha1doud Al-Kohol est le chef de la première qui comprend 73 tentes. OuJad Kani. Un de ses. le chef de la seconde. Il s'était installé chez les Kounta du Tagant et y avait erG. Leur ancêtre éponyme etait le petit·fi1sd'Antar ould Nacer par son p~re Hassin. Ils passent pour être des chasseurs consommés. Les Oulad HeneYti se subdivisent en deux sous·fractions autonomes et du même nom. Les Oulad Kani ont pour chef Mokhtar ould AlKouri ould Al-Hadj et comprennent 74 tentes. Les 'ZekhaYmat du Brakna sont venus ici du Tagant avec leurs mara· bouts au dix·huitième siècle. Tributaires zekhaYmat ! l Ahel Mokhtaf ould Baba Bou Sir.• . - Oulad Bou sir Noirs. La tradition rapporte que ce guerrier repenti fut le disciple de Sidi Mohammed AI-Kounti et qu'il fut en· terré par la suite aux côtés de son maftre dans l'AdrarTmar (seizième siècle). Sa descendance a constitué l'ac· tuelle fraction des Zekhaïmat des Hammonat. . Les Zemarig sont originaires de la tribu du même nom. Les Oulad Bou Sif Noirs se divisent en .[. alla vivre chez les Hammonat et s'y fixa.ES BMKNA '93 B. " . Zemarig. dit Cheïna. et qui. auquel ils ajoutent comme contre marque quelques traits sur la joue droite. Sidi ould Mohammed ould Ahmed Abd dont le fils Mohammed. A notre arrivée. ne sut ni se faire obéir de ses administrés ni apprécier par l'autorité française. L'ensemble des Oulad Bou SifNoirs. Fo"rmee de beaucoup de tentes sans aveu. Il a donc fallu accorder l'autonomie à chacune des cinq sous-fractions qui la composent. Bon chef qui savait se faire obéir et ne rencontrait guère de difficultés que chez les Oulad Hene'iti.506 ovins.tragu'ia. la tribu a longtemps jqui d'un assez mauvais renom qui rejaillissaient sur son cher. Sidi Ahmed ould Ahmed Jiyed qui le remplaça fut desti· tué quelques mois après par la dj. libres et tributaires. Leursterrains de parcours s'étendent: en hivernage eotr . comprend 333 tentes et 1. 743 Anes. L'élection a ramené au pouvoir en 1918. fut remp1a:cé par Sidi Lamin.emaa.200 âmes. 572 bovins. le 16 mai 19. Avec leurs 36 chevaux.'94 REVUE OÙ MONDE MUSULMAN Ahmed Jiyed qui. le a8 octobre 1917. Il ne partit pas en dissidence et vint s'installer près de Ouimi. ils sont les mieux montes du cercle. Son fils Mohammed lui sert de narb. fut rem· placé à sa mort par Sidî Lamin ould Lamin (1914)' Sidi Lamin. cette fraction est tellement agitée de perpétuel1es dis· sensions. au total. puni de 6 mois de prison pour exactions. chef de la tribu. le chef des Oulad Bou Sif Noirs etait Sidi ould Mohammed ould Ahmed Abd (ouId Lamin ould Mokhtar ou1cl Sidi Amar ould Mokhtar). Sidi La· min fut donc relevé de ses fonctions. jeune et sans prestige. Leur marque est le lam-alif des Kounta. où il groupa la plupart de ses campements et tous les tributaires. Ils ont un très riche cheptel: 126 camelins. SkÜ ould Ahmed. 23. que l'unité decommandeinentest devenue impossible. ne comprennent que 131 tentes et 436 âmes. D'ailleurs. cependant. Samère étaitune Zen.6. avait ete le naïb. '95 Gulmi et Lamaoudou . c. et qui sc relie au Cheikh Sidi·l·Mokhtar. vers 1868. Les Meterambrin comprennent 64 tentes et 318 âmes. On peut encore citer Ahmed ould Adoubba. Leur chef est Limam ould Mokhtar Du1cl Reggad ould Ja' . La grande majorité des Oulad Bou Sif est qadrïa et se rattache à l'une des trois branches suivantes: 1) Cheikh AhmadououldZouin. LonAtemps cadi de la fraction. nc. Les Ahel Babiya pr6cités sont un campement de marabouts instruits. il a fini par abandonner officiellement ses fonctions.à la t~te d'un petit groupe de nota· bles. par lui. 3) Zeini ould Kkalifa. des Tinouajiou. ct. ~ Metuambrin. il faut ajou~ ter.s'est toujours signalé parson opposition à1'ordre établi. vers 1850. des Abel Ckeikh Sidi·J·Mokhtar. Les tribus voisines vien· nent souvent le consulter. Ils sont aujourd'hui chez les Bou Sif Noirs. comme autres halafa (nationalisés). professeur réputé. quelques tentes Tacllamcha. Cc sont d'ac. en bénMicient. de droit notamment. Un personnage politique mérite aussi une mention: HaY· doud ouldAI-Kohol. des Ahel Babiya. due tant à ses talents personnels qu'au prestige de ses ancêtres. tifs commerçants qu'on voit sur les pistes du Tagant et de j'Adraret sur les rives du fleuve. Mais il a conservé toute son influence. qui. homme simple et paisible. 2) Sidi Mohammed ou Id Bekka'i. Le personnage religieux le plus important de la fraction est l'ex-cadi Mohammed ould Sidïa. ne. en saison seche l entre Guimi et les environs de Chogar. qui seraient les descendants d'Atjfara Aou· bok. et ses cours d'enseignement superieur. Cheikh de grande valeur qui s'ins· talla chez Baba Bou Sif et fut le precepteur de ses enfants. C'est un élève et un disciple de Cheikh Sidïa. à Cheikh Sidra Baba. des Oulad Bou Sif. Aux Babiya. ' Les Meterambrin passent pour . Il ne faut donc s'étonner de ne trouver chez eux aucune pero sonnalité religieuse et de voir cette fraction d'une tribu. en saison sèche. ils ajoutent la contre-marque biHahi . qu'on verra plus loin. faire appel pour les services judiciaires et cultuels aux bons offices de Tig ould AI-Atig. Il est né vers r880. des Id Eï1ik. ainsi que Tadjakant et Chratit. à l'est de Mal. ils retournèrent dans la région de Lemaoudou. ils ne craignaient pas de se montrer aggressifs. . Le cheptel des Meterambrin comprend 2 juments. On a vu plus haut le rôle joué par chacun de ses as~ cendants dans t'histoire de la fraction j Limam en est donc héréditairement le chef. sœur du chef des Oulad Bou Sif Blancs. à son oncle Mohammed Laroin ould Sidi Moham· med. comme beaucoup de groupements Kounta. mais après un court séjour. 6 chameaux et 42 ânes. qui porte pourtant un nom maraboutique fameux. qui. Il est secondé par son Khalifa Mohammed oulcl Mbarek. entre Chogar etLemaoudou. Il a succédé. Les notables de la fraction sont: SeYba ould Mohammed Mbarek et Boubout ould Sidi Mohammed. 8oit~ Leurs terrains de parcours sont: en hivernage. Il a êpousé récemment Kounta Houïa ment Àhmedi. lis n'attaquaient pas leurs voisins. Limam se pare d'une grande piété extérieure. il a plusieurs fois manifesté des velléités de départ pour la Mecque.:140 ovins. ils savaient user de leur supériorité armée.être les plus guerriers des Kounta. II n'a pas grande autorité sur ses gens. mais en cas de légitime défense. leurs alliés. ont des tendances vers la dissociation. Malgré le caractère guerrier des Meterambrin. Au lam-aHf clas~ sique des Kounta.. en 1909. llgbo· vins.'9 6 REVUE DO MONDE MUSULMAN Abd Er-Rahman ould Ahmed ould Mokhtar ould Meterember. 1. En mars Ig1 l. A l'égard toutefois de leurs ennemis héréditaires: Abel Sidi Mahmoud. ils tentèrent de déboucher dans le Chamama. Ayant reprit sa liberté. cn prenanfen main la régence et en l'exerçant à la satisfaction de tous. Elle continua sa collaboration à son cousin. et en avait eu une fille. Ils n'ont que peu de relations avec leurs cousins du Brakna. fille unique de Mohammed Larnin. Par suite de leurs bonnes relations avec les Almamys du Fauta. l'ex-chef. mais leur parenté de lait fut un obstacle dirimant. des Ahel Cheikh.?s Maures prévenaient les indigènes du fleuve de l'approche des pillards ou leur donnaient des indications pour leur perrpcttre de retrouver leurs animaux ou d'en poursuivre le remboursement. C'est du reste grâce à elle que Limam put à 19 ans prendre le commandement de la fraction. ·et cousine par conséquent de Limam. leur pays d'origine. Elle est née vers 1878 et avait déjà secondé son père dans son commandement.lana. il y a auprès de Limam des haratines qui continuent à payer le hormaà leurs ex~maltres du Tagant. Elle avait été mariée à 8idi Amar. . ces haratines cultivèrent longtemps pour rien les terrains que leur donnaient les Toucouleurs. famille rivale des Ahel Sidi Mohammed Rcggad voulait l'en écarter. De plus. (Oulad8idi HaYb Allah.) Une personnalité féminine curieuse mérite une mention chez les Meterambrin. Elle déjoua les intrigues. elle fut sur le point d'être épousée par Limam. I.LES BMKI'IA '97 La plus grande partie des Meterambrin habite encore l'Adrar. En échange. où ils Ont fondé des villages qui dépendent des chefs de cantons du Lao et des Irlabé-Ebyabé. Les Meteralllbrin ont laissê la plus grande partie de leurs haratines s'installer sur la rive gauche du Sénégal. Aujourd'hui sa lente est plantée à côté de celle de Limam et elle continue à faire sentir son autorité dans la fraction. moins âgé qu'elle de douze ans. C'est Be. car un membre d'une. successeur de son père. Sidi A mor. Son prestige religieux en souffrit beaucoup. La fraction passe Phivernage entre Chogar et Lemaou· dou. lui avait succédé à cette date. Il était d'une grande susceptibilite religieuse et etait loin d'avoir la bonhomie de son oncle Sidi M'hammed. Très orgueilleux. Ils comprennent 61 tentes et 335 pero sonnes. li manifesta à plusieurs reprises l'intention d'aller il la Mecque pour se purifier. Ses dîfficulté's avec Bakar ould Ahmel:ada l'amenèrent à régler le différend les armes à la main. 500 moutons. 7 chameaux. Au lam-alif des Kounta elle joint comme contre marque sur la cuisse droite le feu billahl: ~ Chibani. Au début de l'occu· pation. ! '4 bovins. Leur cheptel se compose de2 chevaux.REVue DU MONDE MUSULMAN D. dep~is. Les Ailel SuU Amar ont pour chef Chebani ould Baba ould Sidi·l·Mokhtar. et. son frère. est fils de Baba que nous avons vu mourir à Kâédi en 1891. . Il fit sn soumission à Coppolani. il émit à plusieurs reprise la pr6tention de céder le commandement de la fraction à son neveu et à faire donner à son campement une atltonomie personnelle. Les notables sont: Cheikh ould Taïeh. comme on les appelle communément. le chef de fraction. . mals il n'cn fit rien. qui ont été nommées fort arbitrairement par notre autorité: Abel Sidi Amar et Ahel Bekka'i. il essaya des'approprjer Ilgcha01eaux et 35 bœufs. Baba ouldMoghar et Jeïli ould Kobbadi. Ces dénominations sont en usage aujourd'hui chez les interessés. Les Ahel Cheikh. dès le premiel' jour. la saison sèche à l'est de Mal. qui lui avaient etés confiés. s'est généralement bien comport6 à notre égard.Ahel CheIkh Sidi·I~Mokhtar. et Sc vit condamner à 1·. . sont divisés en deux sous·fraction.:l00 fr. 72 ânes. Son vrai nom est Bekkaï. est l'élève des Ahel Cheikh Mohammed. A cette date. Bambaye ould Baba (octobre 1912). quelques exactions. Bambaye estun sumom maternel. et s'y est acquis une influence considérable. en juillet 1915. Il a été remplacé par son frère Chibani J précité.W IlRAKNA '99 de restitutions.trouver d'autre pour ra· mener le calme. Khalifa ou Id Al-Abidin. et notamment pouravoirdisparu avec l'im~ PÔt de la fraction. il n'a jamais quitte le Brakna. il demanda à êtrll relevé de son commandement. déjà vieux ct fatigué. né vers 1908.In pr9f~sse1Jr repu té. avait été proposé par son oncle au choix de la djemaa et continua à vivre avec lui. et fut remplacé par son neveu. Sa succession administrative et spirituelle passa à son neveu. modestè. Il est certainement le marabout le plus vénéré de la région. arrivé du Hodh en 1909. il a &utour dl} . l'immigrant précité de 1860. et s'aliéna la plus grande partie des tentes. Bambaye. Né vers 1840. que le vieux Sidi M'hammed. depuis son arrivée dans le pays. il commit des maladresses. Les A hel Bekkaï ont pour chef le vieux Sidi M'hammed oulel Bekkaï. des Hijnj. D'ailleurs. I11aissait un fils. né vers J880. Il a toutefois été relevé de ses fonctions pour fautes administratives. fort instruit. né vers 1882. Sidi-l-Mokhtar. Il a donc repris 10 titre de Cheikh et en exerce les fonctions par Kha· lifa. il n'avait pas eu le temps de s'imposer et é"tait encore peu connu. Avec assez de bonne volonte. Il jouit d'une bonne réputation et sera évidemment dans quelques années un marabout de renom. Si~l M'hammed est \. Il fallut lui don· ner un remplaçant et on n'en put. Il fut Cheikh des Ahel Bekkaï depuis l'origine jusqu'à juillet 1912. Il mourut en ôn aoÛt 1912. C'est un homme paisible. dont les hautes qualités intellectuelles paraissent malheureusement s'estomper avec l'âge. Khalifa. Ce Khettari. Ils vivaient jadis au Tagant et avaient une palmeraie à Talorzn. Leurs terrains de parcours s'étendent: Jln hivernage.Les notables de la fraction sont: Mohammed A!·Kouri ould Salek. le protecteur de Laing. ils descendaient dans l'Agan. . pendant la saison sèche et ne remon· taient dans le Tagant qu'aux premières pluies. Ils ne se fixèrent dans le Brakna que vers 1905 et se dispersèrent de 'tous cÔteS. il faut rattacher un petit groupement qui . Sidlna ould Ketlari.le campement de Sidî M'hammed. Ha reçu l'ouird et le titre de moqaddem de son parent Khettari ould SidiI-Beklta'i ould Hammadi Duld Sidi-I-Bekkaï ould Cheikh Sidi-l-Mokhtar. Sidi ould AU. Leur cheptel est de 4 chevaux. toutes les tentatives. et qui est cncore en constantes relations avec eux: les Ahel Al. Leur feu est lelam· alif contre·marqué du biIlahi ~ Ils l'apposent sur lacuisse droite des bovins et sur la face gauche du cou pour les cha· meaux. Aux Kounta. sous le nom d'Ahel Khettari. 269 bovins. faites pour les regrou- . Sa descendance est toujours. à qui il donne des cours d'enseignement supérieur. venu rejoipdre dans le Brakna Sldi-l. 6 chameaux. Mokhtar ould HobeYb Allah. se rattachait à Cheikh Sidi Mohammed. dans.Mokhtar ould BekkaJ. 3.Azrag. . à l'Est de Guimi. a longtemps vécu dans !lon sillage et sous les ordres de Sidi M'hammed. près des Oulad Bou Sif. surtout kounta.'00 REVUE DU MONDE MUSULMAN lui une trentaine de jeunes gens. Les Ahel BekkaY comprennent 83 tentes et 5g8 personnes. entre Guimi et Chogar Gade! • en saison sèche. Quelques années déjà avant notre occupation.348 têtes de petit bétail et [50 ânes. che~ les Torko~. Les Ahel Al-Azrag.mtes. ce sont de grands voyageurs et d'actifs commerçants. c'était d'ailleurs lui-même un homme . che~ les Tagant.intelligent et instruit avec lequel les relations furent toujours cordiales. Sidi Mohammed se voua lui·méme à ce projet et fit nommer par la djemaaSidi-I-Ami ould Cheikh ould Hanna. au nombre total de 61 t. b) Sidi Amar l à Sif al-Fil au sud de Mouit. • . Comme tous les Kounta. près de Kaédi l sur la rive gauche du S/mégal. vont visiter en pèlerinage les tombeaux de leurs ancêtres. Les Ahel Cheikh. c) Bambarc ould Sidi Amar. Ils prétendent se rattacher généalogi. le Gorgal et le Tagant. dît Sidïa ouldHenna. et notamment ceux de : a) Baba ould Sidi-l-Mokhtar à Maouclla. l'entreprise échoua encore. Ne vers 1882.!'lurtout Kaédi. • chez les Ouled Bou Sif Gorgol. . groupement Al·A~rag. PAUL MARTY . . suivant le tableau ci-joint: Brakna. tant Ahel Sidi Amar qu'Anel Bekkal'. Leur centre de négoce est . petit-fils d'un marabout de grand renom et qui bénéficiait de la réputation ancestra1e. le grand marabout Kounti' du seizième siècle. Tagant (très dispersês) • .LES BRAKNA '" per ont echoué.quement à Cheikh Sidi Omar Cheikh. dans le Raag de Kaédi. 25 telltes. sont aujourd'hui repartis dans ie Brakna. 3 7 '4 <ie sont des commerçants avisés et actifs. Après des débuts heureux. chef actuel des Ahel Sidi Amar. 1 Bekkat t 11:153. chef des Ahel Bekkar. . 1 1 1 Sldi M'hammed. Cheikh Sidi-I·Mokhtar AI·Kabir t 1811. Baba 1879. AI-AJidin. Kha\if4' Baba 18gl. Baba Ahmed 1 +vers 1840. Chl'bl aUl.ANNEXE TABLEAU GÉNtALOlJlQUE DES AHEL CHEIKH (KOUNTA) nu BllJIKNA. 1 l ' Bambaye. 1 1 Sidi Imar. Sidi-I-Mokhtar. . né vers Ig08. . . _ La domination des OuJad Mbarek (XVi' siècle) CHSPITRE IV. t vers 1810). CIIAPI'!'U 'Ill. . • CllAPll'lIE VllI.. _ L'occupallon française. .La branohe cadette des émirs brakna: Oulad Slyed.La brande Mnde des émirs brakna: Ouilld Normach. CKAP1:fIlE Vh. .~~.'. • . ~b LIVRj!: PREMIER' flilltolrll gllmlJ'slll.TABLE DES MATIERES ÉTUDES SUR L'ISLAM ET LES TRIBUS MAURES LES BRAKNA Par PAUL MAlT\'.be8 }Hn88a"~r".MohammedSidl (1851-1858) .Le!I orlgincs des Brama. CIlAPJ1R).La ll11erre de Bsbbllh et Ica Imams berbères .:.. • CHAPITRE v." ~.•. . _ Abmeddou II (18g3-I903l. . 3. .. CllA\:~1I ~~J:. t.lr'. . 7 9 a 17 sa 33 35 41 Il. . • • • .ml~. 7.. _ Mobammedould Mokhtar [1766.. . 8. 43 53 57 64 7B 83 93 . • . . .185. t vers 18J6) .1 ( t. • • . • 4. • . .Mokhtar Sldl (/841-\843) . ~}. • . . . 1.1.) 6. .Sid! EH 1" (1858-18g9l. . . 5.4. . .ncs Oulad Risg (xv' sièole) CIIAPITRE 1Il.. _ Sidi Eli [" (vers 1810.~~I!~~tlmlnlltion des IflUl811. orlBlnes.Mohammed RAje! (184. Invasions berbè1'\18 (ÇanhadjaJ :t aso •..Ahmeddou 1" (1818-1841). . • • . Abel Cheikh Sidi·I·Mokhlar. • . . . ~ ~}. • . .6 . _ Fractionnement . 1. • . _ Chroniques et fractionnement det Dieïdibs Clll\l'ITRE v. . . 2. . . . . • . Annexe. . 2.. . . . CHUITRBlll.' . r.Iéi Ahe!' Chcilr.REVUE DU MONDE MUSULMAN LIVRE Il ChrOlllll.. _ Historique . . ." '4' ". '9' '9' '9' .. . 2. .• ~.h} et Dida. A. . . z La moaquéed'Alell' .'. r. .. 2. • . . . Frltetionnement. . 2. _ Historique . CHAPITaB VI.ues et tonlltlOJll1ement dOl! tribllll..Metersmbrin.0 . 1. _ "9 '" n' '" "7 . . ." . • • . •. . _ Fractionnement . . _ Oulad Bou Slf Blancs. . -'~':"h0' r~ .. . _ Ouled Bou Sif Noirs • C. D. r. a. .. . . .Zemari8. .'·. . . • ur Cheikh M'hammed (luld Bekkar.. _ Historique .. . . . ... ..a. . ." TABLE DES ILLUSTRATIONS 1eunotillohrakna ..: . "7 . . _ Fractionnement CI/UITU IV. . . ''". . ""~"'.. _ Dierdiba 1. cadl supérieur des Brakna .8 ~. . . _ Fractionnement Kounta.jf~'1 1. . _ Historique.." .Oulad Siyed .\ ." ". _Historique . \_l -'1. Pa~.Oulad Normach. . \ \ . CHAPITRB PR~IBa.. .... AVANT-paOpos . B. .. Tableau généalogique des Mel Cheikh {Kouma) du Brakna.. . . _Historique • .. chef o. . CHAP1TRB Il.Oulad Abmed 1. >. XVIII.1 (avec .'.I. . pllr Ibn At-'[""lllLQ1l. hl-ll. Télol/a!l (avec planches el 1I1"'Ir:ltl""~I..c oWcici d'nclcs <'t de <Io~"­ lJl~nls. pM /IllCIIAUX.Jof'Y. . ·X.0[. tmduil~s .u" sor ces' q uestloll~ par lin f.lI\": ct A. V. A.ec dl' KIlnlilj.dirl... ~ V.'.Il6LI. Lll_'Ghnl'l. . /n\roduceion Il J'histoire des JUII~ ct du Jud"'~L))c cn' ArriqLe.tUIUt P<'"s""L1~I.. r'lll' MICllAUX-Jl~'.L. -. Coul'OU'''f. .\II~-B~t. ~ L'orl. ". pilr ..V l. . ~lV.J"'ln~eISHIIO>1 Le."cie'IM d. IIl. etc. Chrolliqlle de MDII/UY HI-lIns"l' _ SH"ON. Illl>lbdiid (.o'n al1ril}. .AIR •• Un VOhlLn" in-II.J. de Monhumlnnd Al. OllAULI.IV.' XVI!. XIll. -. U-Qçnr lll·f'Leb/. .! i\bl. MI. ~ \. 'III compr~nd : 'l'oul/flll al-Qollddril bl bad Mas.~.j. MICEl. U'Ie' JJIII~ d~ }J1'()lIi"c~ 'l!< Maroc SCpIQIllri".Qfldll'1. tlg./Il!~u. l'Ill"l\be ~l on"ot~ ~nrEmlleAMR. . '['. Motllul.r..T. l'bérea.'<lgion du Hallt. Ur/de • . Le. J3~._ _ Tomes 1 il. Texte' arftb~ e.inni~~tioo de_ Iwallees al) MMoc.8 yoiuinesÎ[)-8.' l'!lis/aira de.. 111-8. J"i/s m' Moroe. Imd~lte pur hU(1~~~ l'U"R~. nU MUI"(J('.emlcr dr<.lrimt'ld Al·all. C.çehcrchc. Analyses ~l "~ll'lLits.in lirallC". Ill.AII(6.. de. ::. ln·H. 2 vol.ARCI1IVES MAROCAINES el SAL"O~. Quolquas tdbuOlp. GUULLf. des' questIons. . 1. Lcs Musulmans d'Ah(êri. P1\1' le' l'nllil. 'ltitab :"lliatiqsEI. V) etYlI..nl.'. MAn. r"lal.<.col1sul\~\I('n~ i. de ln vIlllée dlj LekkOils. La Plerl'o da '1'(>uohe das Fétw1l8 de Ahmad AI-W""Schal"lsL . 'MélallgcJ'l. cline.JlI d~ J. cie.1: ébNeo:Phénll1lenlil lit Judeo-B. . par N. .Y: L'iil<.Jl~~~Alng :. gatj<llI <. 11.Les Medrasds de V~s.'I"TII:: L~ HuYs EI. VIII. ~ volumes 'u.:" X.~ll.u Mal\hrcb.• IR".Llrldlqucs des l'aj.l·656dc l'H~­ l1h'e = IJ3~-'". depuis Illll\ort de '/Il~homet j<lsq. XXU...u Aln!'uc. (~ll'\U!. TC~lC ""nh" mpL'oduit Cil I"'\C-Silllllé.ceslar (""Ile A. Un VOlllme"11 3 l'. Tmdl\ctiol1 de A. S. Trnduit de..'ir Inch.Iélllngos. Il. -.lside..j. .s archOololliques .LAII<r..De~Cl"LpliOIl de ln YllIedc l'~_ .Allo. dt.H.. t.. YllI.. Tomc 11.' (id[)g>'<ll/(~~ .IIIIS VILLES ET TRIBUS DU MAROC .lo~8. Il.T..\toUY.I."01.). 1l'Ild\\itc par.~eiculc". J". XICL~t'h ct MSJlC"'.'La DL\'Ouhat IlU' • ~oh1l'.l.ill"trie li T~tQ\lnl1.SCII..' ' .Sur Ics l'ertllS ('lI1ineutes des cbnikhs d.A.llgal'. Al-Faklll'i.\Ux-ll~·I.I~J. . NIlOhl'. l."I"". ~. Laa HlOIhoUB de 'l'o. XXIII.I. M'CIIAUX. Suu III [..<Chmjlr Filaia el Djabal" dr i'es. SI.Chronique ~e ln dYlla'îtie nlnOlllC .'" CIlAlIX-1. Xl. Mnllhrlb nLl 'di.lSI. SLOU'C". Vus illl X beL'gct'~ ct J ~ÇISIOIl S pri.l<. XX.""ON.. I~e!ti"t . !.-C.).lh '!. lig. d'lbll"A5k.111 Maroc.KIi~dir(JIHlÏlfin.. HIBtOi1'B dfl8 dynalltiB$ lnuBulmanall.. 10-11.u.e mOlltflgna do lm .. nl-Mathll. T. .'QIIWNON. P. In'H.>gr\lan de la L~.. Un volulIlc in-8 1 plllllChcs.'ôo plQ"ches el l~blcaIIX. Mêmoh'es divol"f... XXIV.-/Il. " ' . . ct 7 piMelles).Tome l".IIl-8.I. 1).lu M~roc (1631'·'894). . XXI.'iI dl'-/lolldl ([{~_ eucil. NaoJü' i:ll-Mathftt'li d .hdit... M'''TIN Cl P. li1C.I'anrl nombre dc jUI'isconsultes). p"rlie. lll-~. M'~I!Au:'V.!lI"tri~me. .<ièll1~ "ièclc.lase.c an M~~oe. I3~A"C: Khordlu d'Ali Ch"Chdtal". ct P.'l. .. -.. " ' . AI. 11\-8. Le. r. XIX.". lmd1\ile pnr A.II'iblis <trabe.ILI Il. _ S: lllAlINH ut hlml'\!\:.t lrnduetlon pal' /IlICIlAUX"lJ~U .. -.JOI.OU. Mâlang-IlI'. Noms·de pl<l1I/[)~ JII arabe N ell berblil'e. '.l1lu!ne éeonomiq\le.ES mS'tlTU"'lOll8..et CJ'!.' .sonctuairCB 'ct lie\lx dc pd~I'G. Jill.'Al-HUdi Omm' (Tldiailill 'rol1c.Lcs .pays [}nrnblll'".' :10.1l101lS de Co'samancc. _ Le . . LiJs '~~l'SONiiIiS.. " ' ._ 'iJ:ls.~e. couleurs). avcQ I1gurclJ... ~ " T: III.l. VI"yU.' T.'~f11[l..1JlI. » :[". \:-. XI.Le~ Tidial1i'n TOllCouJC\\n de D!Il/luirnyc... XII. 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'Avec lig. 1. VOl. .égé.. Fouta-DiaIlon.Ln poliliq\i~ In'dlllène du GOljvernClIr G. ')'o.(1 groullCment t(d'lmi d'AI. ~'.wouqou .leM.n~rnJ Pn"ty~ .'. 'Ill'H. .'. ..~iüh. I!\itcllnd. .:-I-. 1". " VOl" X.O(lis.Hh. Vol.~~ llsl".linnis Mrivés d'A!-!'!':idj-'Omar(Tidl.-.Etudes mil.'!.e'». ~~I. ."25 fr. Ü~ikh. . . 321> p. f.4~3p"flg. . --.' tlo." 35 l'l.. "" .ctsâ« Vôi.. ·LI l(~~ION UJ':. . . S~nl~!Ji:d: 1915~19!6. . 1\)19.
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