La fête de la petite patrie à Capbreton4 et 5 Septembre 1910 J'aurais voulu laisser à un jeune le plaisir de parler aux Escouliès de Febus des fêtes gasconnes de Capbreton. Les affectueuses instances du bureau ne me l'ont pas permis. Jamais cependant je ne fus moins préparé au rôle de conteur, de chroniqueur. Depuis plusieurs jours, j'étais envahi par une tristesse qui torturait mon cœur et paralysait mon esprit. M. Planté était retenu à Départ par line convalescence laborieuse. Lafore s'en allait aux eaux, chercher la guérison d'un mal qui ne paraît grave qu'à travers les nuages d'une imagination trop fertile. Le Gurmeth tout entier s'abstenait. Camélat ne donnait aucun signe de vie. Cardaillac semble nous avoir abandonnés et Carrive à la loéngue tan ahielade était devenu muet. Qu'irais-je faire à Capbreton, sans le cortège des amitiés si vivantes qui me réchauffaient jadis de leur ardeur, de leur enthousiasme ? Si j'avais honnêtement pu m'abstenir, j'aurais télégraphié des excuses et je serais resté à Bidache pour taquiner le goujon ou jouir des dernières mélodies des nomades chanteurs, linots, chardonnerets et fauvettes qui reprennent le chemin de l'exil à la première feuille qui tombe. C'est donc le front entouré de papillons noirs que le 4 Septembre au matin, je montai sur le petit vapeur qui sert de trait d'union entre Bidache et Bayonne. Les premières caresses du soleil qui se lève, la pelouse toujours verte et fleurie qui borde la Bidouze ; la succession rapide des ta- — 182 — bleaux si gais, si riants, si variés qui font de d'Adour un fleuve enchanteur ; puis, à partir de Bayonne, le vacarme de celte chose laide, malpropre, fuyante, enfumée qu'on appelle le chemin de fer, rien ne fut capable de m'égayer ou de me distraire. D'un pas d'automate, je descends à Benesse, petite station mélancoliquement assise au milieu des pins. Je me laisse pousser dans une sorte de diligence des anciens temps, lourde et criarde, traînée par des mules, et en avant pour la plage houleuse ! lorsque je me trouve nez à nez avec un Monsieur à la chevelure argentée, au teint légèrement bruni, portant lorgnon et béret bleu, avec, en bandoulière, un sac de cuir mystérieux, que je vois toujours le même depuis des années et qui toujours m'intrigue à un degré que je ne saurais dire. A ce portrait sommairement esquissé, vous avez reconnu Canton, le Béarnais fervent qui s'est fait et avec quel succès! l'apôtre recruteur de notre Ecole. 11 m'interpelle de sa voix sympathique : Adiu, Lalanne, e quin te ba la botte? Tè ! assiu que-t presénti û Gascou d'Armagnac, purmè prêts de pouesie a Coundoum, Mous de Desclaux, reyén de Pujols, e ù Biarnês de Coarraze, mentabut Cyprién de Pomès. Un premier prix de poésie et un Béarnais de la cité d'Henricou, diable ! Ce sont là camarades de marque. D'un mouvement spontané je tends ma main tandis que le sourire revient sur mes lèvres et que tout mon être s'ouvre à la gaîté ! Etrange mystère de la machine humaine, qu'un rien atterre et qu'un rien emporte au-dessus des horizons radieux ! Dès cet instant, le pin ne me semblait plus morose, la route devenait pittoresque, les champs de maïs et de chaume, encore couverts de la buée matinale, prenaient des tons chatoyants ; le vieux tronc de chêne couché le long du fossé, noirci par les ans, mutilé par la hache, revêtait un cachet d'originalité et d'inimitable poésie. Que fut-ce donc lorsque, débarquant à Capbreton, je me trouvai en présence de la trinité démocratique landaise : le docteur Samanos, le meilleur des Gascons et le plus sérieux des Français ; Labeyrie (Léon pour les intimes), — m — toujours railleur, batailleur et rieur, dont la moustache hérissée à la manière du Cadet de Gascogne qui part en guerre, fait rêver de poétiques conquêtes ; le bon Darclanne, aussi fin poète que polémiste mordant ou linguiste érudit ! Malaye, mes chers amis, d'avoir oublié que si je laissais une partie de mon cœur au pays des gaves, je devais trouver à l'ombre des pignadas mêmes sympathies, même amour de la patrie, de sa langue, de ses coutumes, de ses vieilles libertés ; même enthousiasme pour les grandes et belles choses qui élèvent l'âme, au-dessus des petitesses de la vie, des mesquineries de l'existence. Grâce à vous, grâce à la foule des autres chers camarades que j'aperçois, devisant sur les terrasses des cafés ou faisant les cent pas autour de l'orchestre bruyant, qui fait sauter, danser, tourbillonner de solides gars, me voilà remonté et tout prêt à tenir, avec l'ardeur des anciens jours, mon rôle de secrétaire général de Febus. * * Voulez-vous, tant que la musique nous berce de ses accords harmonieux, que nous jetions un rapide coup d'œil sur la cité renommée qui va, deux jours durant, nous donner une fraternelle hospitalité ? Comme toutes les stations balnéaires de notre pays, Salies-de-Béarn, Biarritz, Eaux-Bonnes, Cauterels et combien d autres ! Capbreton est double. Le vieux Capbreton est un gros bourg comme il y en a quelques-uns au pied des Pyrénées. Des anciens temps, il a les constructions lourdes et massives, toutes édifiées selon une architecture uniforme, un peu primitive, ignorante des élégances et des goûts de la civilisation raffinée de notrf époque. De ci, de là cependant, le progrès moderne s'affirme par des poussées de maisons rajeunies qui ont tout à fait bon air avec leur face peinte et leurs balcons fleuris ; un hôtel de ville tout flambant neuf, et quelques hôtels et cafés confoi tablement installés autour d'une place minuscule. Tout cela animé par le va-et-vient, par le trafic d'une population saine, pleine de vivacité et rayonnante d'intelligence est, ma foi, fort agréable à voir. - 184 Mais ne cherchez pas le monument, bronze, pierre, édifice ou buste destiné à perpétuer le souvenir de hauts faits, d'événements mémorables. Les rudes pionniers que furent nos pères ne travaillaient pas pour la gloire, ils se souciaient peu de l'admiration de la postérité. Notre esprit avide de connaître, désireux de toujours percer les nuages du passé, ne comprend pas une telle mentalité. Voici cependant une maison qui appelle et retient l'attention parce qu'elle échappe à la banalité qui est le caractère général de tout ce qui l'entoure. Elle est exiguë, mais ses Ouvertures à cintre surbaissé, ses croisées à meneaux, les traces de sculptures qu'on aperçoit encore, malgré les efforts combinés du temps et des profanes, indiquent une origine et une destination qui piquent la curiosité. — C'est la maison du Templier, me dit un passant, et si l'on fouillait le sous-sol on découvrirait un souterrain dont les ramifications s'étendent au loin et vont se perdre soit dans la forêt, soit dans quelque rocher bien retiré du rivage. Nous voilà en plein mystère et mon imagination bâtit tout de suite un roman dans lequel un pauvre diable de moine échappe aux griffes d'un roi avide et cruel et aux doigts tremblants d'un pape prévaricateur. — Mais il est probable qu'aucun Templier n'habita jamais cette maison, ajouta mon interlocuteur. Ce seraient plutôt les chevaliers de Malte qui, aux temps de notre prospérité, eurent ici établissement et chapelle. Au diable soit le pédant, m'écriai-je intérieurement, et je le plantai là pour me diriger vers une vieille tour dont j'apercevais Te sommet. Cette vieille tour servit autrefois de phare, on en a fait un vulgaire clocher. Ma mauvaise humeur s'en augmenta encore. Je pénétrai dans l'église sans trop espérer y trouver la dérivation nécessaire à celui qui devra bientôt participer à l'organisation d'une fête. Comme je me trompais ! Quelle agréable surprise m'attendait sur le seuil ! Les murs du porche sont tapissés de plaques de marbre sur lesquelles sont inscrits en lettres d'or, les marins — 188 — capbretonnais qui ont péri en mer. Tout y est, noms, prénoms et dates. Dans l'intérieur du bâtiment, c'est bien autre chose. Une série de tableautins courent le long du mur, à hauteur d'homme, où une main intelligente et pieuse a écrit, époque par époque, l'histoire du monument. La voila l'Action Febusienne, la glorification de la patrie locale dans ce qu'elle a de plus précieux! La voilà restaurée, réformée la mentalité ancestrale qui faisait les grandes choses sans en léguer le souvenir pour servir de leçon et d'exemple aux hommes de l'avenir ! Qu'il soit félicité, qu'il soit béni, le curé gascon qui a exécuté cette belle pensée, qui a posé cette pierre sur l'autel de notre chère petite patrie. Qu'il lui surgisse du sol gascon, en foule, partout, dans les églises, dans les écoles, dans les mairies, dans les grandes maisons paysannes, dans les familles ouvrières, beaucoup d'imitateurs et notre pays sera un jour le premier du monde au point de vue de la documentation historique. Avec une généreuse ardeur qui ne se dément jamais, M. Bibal cherche à enrichir de choses intéressantes notre Musée Fébusien de Mauvezin. J'exprime le vœu qu'il fasse copier les inscriptions de l'Eglise de Capbreton pour les exposer à la vue des visiteurs avec cette invitation : « Béarnais et Gascons, écrivez ainsi chez vous Vhistoire de vos familles. » Capbreton remonte à une haute antiquité. Avant le xie siècle, les Normands y laissèrent des traces de leur passage. Au xne et au xin« siècles, ses marins courageux, entreprenants, sillonnent les mers, poursuivent la baleine jusqu'aux bancs de Terre-Neuve. Bien avant Christophe Colomb, ils connaissent l'Amérique et donnent à une île le nom de leur village. Jusqu'au xve siècle, leur port fut le premier du Golfe de Gascogne grâce à l'asile calme et sûr que les navires trouvent, par tous les temps, dans le Gouf ou fosse d'une profondeur de 300 mètres creusée sur la côte par la mer prévoyante et bonne. Aussi les populations maritimes reconnaissantes lui donnèrent-elles le nom de Boucaou de Dion. Ces trois siècles constituèrent une ère d'une prospérité, d'une richesse inouïes. « — 186 — Mais hélas ! le malheur ne perd jamais une occasion de semer les larmes et les deuils. Une tempête, dont l'horreur ne fut jamais égalée, entassa des montagnes de sable sur le rivage de sorte que l'Adour qui débouchait à Capbreton fut détourné de son cours et alla demander asile à Bayonne. Ceci ressemble à un conte de fées et pourtant c'est de l'histoire ! A dater de ce moment la décadence devint rapide et terrible. En une centaine d'années, la population descendit du chiffre de 10.000 habitants à celui de 400 (xvne siècle). Je ne m'étendrai pas sur les doléances des Capbretonnais, sur leurs désirs et leurs légitimes espoirs. Dans une poésie originale, émaillée de traits d'esprit, Yan du Gouff s'est chargé de ce soin bien mieux que je n'aurais su le faire ; il s'en est acquitté en fds pieux, ardemment dévoué à la cité capbretonnaisc ; on trouvera ce morceau de choix couvert par les applaudissements de la foule, dans la partie de ce compte-rendu qui traite du banquet. Qu'il me soit permis d'ajouter pour rendre hommage au mérite, que Yan du Gouff n'est qu'un pseudonyme qui cache une personnalité bien sympathique de l'enseignement primaire landais : M. Jean Duboscq, instituteur à Tersis-les-Bains. Le lecteur qui connaît seulement de nom l'aimable cité dont nous esquissons l'histoire à grands traits, se demande comment à la suite de la calamité dont elle fut victime, elle put encore subsister, par quel miracle elle parvint à ne pas être rayée de la carte de la Gascogne. Ah ! c'est que notre sol est doué d'une vitalité contre laquelle rieii ne prévaut. C'est que, du sein des sables, surgirent le pin et la vigne, ces trésors de la côte landaise. C'est que l'eau devint l'alliée de la terre en se faisant nourricière à son tour. C'est que la nature a doué Capbreton d'un climat d'une douceur incomparable, d'une plage immense de sable fin, d'une mer qui s'étend au loin dans l'azur des cieux, tantôt caressante et charmeuse, tantôt capricieuse et folâtre, tantôt rugissante et courroucée, mais toujours salutaire et belle. Aussi un Capbreton nouveau s'est-il établi.sur ses bords composé de villas, d'établissements et d'hôtels qui ne laissent rien à désirer au double point de vue de l'élégance et du confort. - 187 - ' Les étrangers en foule viennent y chercher le repos, les distractions et le calme, et des artistes de renom, des écrivains de valeur, tels MM. Reymond, J.-H. Rosny, Paul Margueritte, Maillé, Charles Derennes, etc., l'inspiration qui engendre les œuvres fortes. C'est dans ce double cadre doublement enchanteur que l'Escole Gastou Febus va cette année tenir ses assises. * * i Pour la première fois depuis treize ans, M. Planté ne présidera pas nos feux floraux. Le mal l'a touché de son aile sans pouvoir cependant triompher de sa force d'âme ni ébranler son dévoùment à la cause du pays béarnais et gascon. Si laborieuse que soit sa convalescence, elle ne l'empêchera pas de mener à bonne fin son apostolat. Il vivra longtemps encore pour voir enfin la langue restaurée et la patrie des aïeux rétablie dans toute sa force et toute sa gloire : « Je renonce à tout désormais, me disait-il, il y a quelques jours, dans une de ces conversations où il répand sans s'en douter tout le charme de son esprit et de son cœur ; je renonce à tout : administration municipale, sciences, lettres et arts, livres et journaux, pour me consacrer uniquement et sans réserve à ma chère Escole de Fébus Ce sera le couronnement d'une belle existence, mon cher Président, d'une existence toute consacrée au beau et au bien : Diu que pe la hèsi encoère lounque e gauyouse ! C'est à M. Bibal que revient cette année l'honneur de diriger nos jeux et de présider notre fête. Savez-vous qui est M. Bibal ? Un peu, sans doute, car les Reclams ont souvent parlé de lui et les hautes situations qu'il a occupées et qu'il occupe encore dans le Gers, les œuvres philanthropiques auxquelles il a attaché son nom lui ont valu, au pays gascon, la notoriété qui revient de droit aux intelligences d'élite et aux grands cœurs. Je vous demande cependant la permission de vous le présenter et d'esquisser, en quelques traits rapides, cette physionomie sympathique. — 188 — P( JM. Bibal est le fils d'un entrepreneur de travaux publics, qui notamment exécuta à Bayonne, pour le service des chemins de fer, le pont sur l'Adour. La mort prématurée de son père et la banqueroute d'une société de crédit, lui firent connaître la gêne au moment où il entrait dans l'adolescence. Ses études n'étaient pas achevées. Malgré ses malheurs, sa mère consentait aux sacrifices nécessaires pour en amener le couronnement ; mais lui, avec cette promptitude de décision qui est le propre des hommes énergiques : c< J'en sais assez pour travailler, mère, et me suffire désormais. » Et sans vouloir rien entendre, il s'en fut frapper à la porte d'un" industriel qui lui donna un petit emploi de scribe. Il est a croire que le patron fut content de lui car, au bout de cinq ou six mois, il lui donnait, comme étrenne, une pièce de cinquante centimes. Ah ! dix sous, à cette époque, ne se trouvaient pas dans le pas d'un cheval. Il la caressait, il la dorlotait avec amour, cette jolie pièce, car elle lui promettait le plus grand plaisir qu'il ait jamais éprouvé de sa vie. Le dimanche venu, il revêt ses habits de fête, comme il sied à quelqu'un qui a la bourse bien garnie; et le pied leste, les yeux brillants de joie, il court à sa mère, se jette dans ses bras et mystérieusement lui glisse dans la main son trésor. On ne peut entendre sans émotion l'abbé Pailhé, conter ce trait de piété filiale. M. Bibal se fit dé bonne heure remarquer par son travail et des aptitudes exceptionnelles, aussi avança-t-il avec une extraordinaire rapidité. Encore tout jeune, nous le trouvons du côté des Alpes, directeur de travaux importants. Il invente une machine qui réduit la main d'œuvre à presque rien et réalise des bénéfices considérables au profit de la Société qui l'emploie. Il reçut en récompense une seconde petite pièce ; seulement cette fois les dix sous avaient changé de nom et de couleur ; ils s'appelaient, je crois, cent mille francs. Ce fut la base, le point de départ de sa fortune. Bientôt l'un de ses patrons lui donnait sa fille en mariage. Pour devenir un des heureux de la vie, M. Bibal n'avait qu'à se laisser faire. Mais il prétend que l'argent n'a de réelle valeur que lorsqu'il a fait travailler l'esprit et couler la sueur ». Laissez-moi brasser des affaires à mon tour, dit-il à — 189 — son beau-père ». Dès ce moment, il ouvre des chantiers partout où l'on peut travailler," avec profit : au Nord ou au Sud, à l'Est et à l'Ouest. Il vit de la vie de l'ouvrier, il apprend à le connaître et à l'aimer. Dans les rares loisirs que lui laissent sës occupations, il trouve le moyen de compléter ses études littéraires et d'apprendre à manier la plume et la parole. Ces travaux si différents, menés avec une vigueur et une sûreté de vue rares, ont fait de lui un des hommes les plus remarquables de son département. Aussi les honneurs sontils venus à lui « coum Faygue s'en ba enta la houn». Il est maire de Masseube, conseiller général de son canton ; long temps il a occupé le fauteuil de la présidence de l'Assemblée départementale et s'il a été candidat malheureux à la députation, c'est que peut-être il a manqué de cette conscience un peu spéciale qui est celle de tout homme politique qui se respecte. Lorsque la fortune est venue, solidement assise, après avoir établi ses trois filles dans des situations enviables, il songe aux malheureux, à ces ouvriers qui ont été les instruments de sa prospérité. Au profit de la veuve la plus intéressante, de la mère qui aura le mieux élevé une nombreuse famille, de l'ouvrier devenu vieux et demeuré pauvre malgré un travail persévérant et une conduite irréprochable, il a créé trois prix annuels de 600 fr. L'abbé Pailhé m'a promis depuis longtemps de nous dire par le détail l'histoire et le dispositif de ces trois fondations. Ça viendra quelque jour, car s'il est de ceux qui se mettent tard en route, il est aussi de ceux qui ne manquent pas à la parole donnée. Enfin et c'est ici le point le plus intéressant pour les enfants de la terre gasconne, M. Bibal, il y a trois ans, achetait, remettait à neuf et offrait à l'Ecole Gastou-Febus le château royal de Mauvezin pour y établir une bibliothèque et un musée régional. J'arrête là la liste des largesses de ce brave enfant de la Gascogne, il faudrait un volume pour tout conter. Mais j'en ai dit assez pour justifier le titre de président d'honneur que le bureau lui a décerné et pour faire comprendre à nos lecteurs combien nous devons être fiers d'avoir été cette année présidés par un homme de cette valeur et d'un si rare mérite. — 190 - Le programme de nos fêtes dressé par M. Planté et M. Larrat, maire de Capbreton, se divise en quatre parties : 1° 4 Septembre, 9 heures du soir, réception à la Mairie ; 2° 5 Septembre, 10 heures du matin, Cour d'Amour dans le salon de la Mairie ; 3°5 Septembre, 1 heure du soir, Banquet à l'hôtel de la Plage ; 4° 5 Septembre, 5 heures du soir, Promenade en mer et au lac de Hossegor sur de petits vapeurs et des canots automobiles. Le moment est venu de prendre contact avec M. le Maire et de revoir avec lui tous les détails de ce programme, afin d'éviter toute surprise et tout désagrément. Me voici introduit dans son cabinet. Il me reçoit de la façon la plus cordiale. La rosette violette qu'il porte à sa boutonnière m'indique qu'il a jadis, comme moi, appartenu à l'enseignement primaire et cette constatation rend la conversation amicale, presque fraternelle. Un tiers vient nous rejoindre bientôt, c'est M. Piere, directeur d'école à Capbreton, qui a bien voulu nous donner sa précieuse collaboration. Avec des hommes habitués à comprendre à demi mot, les dernières dispositions furent vite prises. M. Larrat m'offre alors de me faire voir la salle des fêtes. Elle est décorée avec une profusion et un art exquis. Partout des drapeaux, partout des fleurs. La table est couverte de flacons de Champagne et de friandises capables de satisfaire les goûts les plus délicats. Le cristal des coupes rayonne dans la pénombre. Un ruban de roses court sur les quatre côtés de la table. Tout cela, sous l'action de la lumière électrique, brillera tout à l'heure de mille feux. Comme je fais à M. le Maire des compliments bien mérités : « Attendez, réplique-t-il, vous n'avez pas encore tout vu. » Et il me conduit vers un cadre de verre sous lequel il a pieusement réuni les photographies des trois excellents écrivains landais : Isidore Salles, Mgr Gassiat et l'abbé Pédegert. Comme ils avaient été à la peine ils méritaient bien d'être à l'honneur, bravo ! — Oh! ce n'est pas tout, me dit à nouveau le bon maire et son fin sourire me promet nouvelle surprise. Me prenant alors par la main, il me conduit vers le fond — 191 — de la salle où sera demain installé le bureau, pour la Cour d'amour. Là, je reste en arrêt devant un portrait dû au pinceau de M. Lacoste, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux. — Oh ! c'est bien lui, m'écriai-je ! C'est son vaste front aux pensées généreuses, son fin sourire, ses yeux où se reflète la .bonté, ses croix et ses médailles, qui témoignent de ses importants travaux ; c'est bien M. Planté ! Votre âme sera demain avec nous, mon cher Président, pour nous réchauffer de sa foi, chacun s'en doutait un peu. Mais grâce à la générosité de M. Bibal, votre image y sera aussi. Je regrette que ma plume soit incapable de lui exprimer la gratitude qui déborde de mon cœur. * Neuf heures ont sonné. La salle de la Mairie se remplit peu à peu. M. le Maire est là, à la place du maître, face à la porte, entouré des membres du Conseil municipal et du Syndicat d'Initiative au grand complet. Les écoliers de Febus circulent de groupe en groupe, échangeant des poignées de main, des propos joyeux, tout heureux de se revoir. Bientôt le silence se fait et M. Larrat nous souhaite la bienvenue. Son discours est d'un ami de la petite patrie qui en connaît les besoins et les forces vives. La phrase est correcte, simple, sans prétention. Le débit doux et modeste. L'impression produite sur l'auditoire excellente. Fier du succès de mon ancien collègue, je m'efforce d'applaudir plus fort que l'assistance : c'est impossible. Mais, je laisse la parole à M. Larrat : MONSIEUR LE PRÉSIDENT, MESDAMES, MESSIEURS, En choisissant Capbreton pour la célébration annuelle de ses Jeux Floraux en 1910, le Bureau de l'Escole Gastou-Fébus nous a fait un honneur auquel nous avons été très sensibles. Aujourd'hui, votre arrivée parmi nous nous cause une vraie joie. De cetle joie, de cet honneur, veuillez me permettre de vous — 192 offrir, en toute simplicité, Monsieur le Président, l'hommage de notre reconnaissance, et de joindre à cet hommage nos souhaits de.cordiale bienvenue. A notre joie, Monsieur le Président d'honneur, se mêle cependant un regret, celui de ne pas voir à côté de vous M. Adrien Planté, le cher et vénéré Président et fondateur de l'Escote, auquel nous adressons nos vœux les meilleurs pour son complet rétablissement. 11 fut un temps, Messieurs, où, dans nos écoles de village, sous prétexte d'apprendre le français aux enfants, on menait une vraie campagne contre notre gascon. Dans certaines localités, on faisait une obligation aux jeunes élèves d'abandonner complètement leur langue maternelle. Etait-ce bien humain d'abord, bien nécessaire ensuite, de priver tout d'un coup l'enfant de son langage, le seul qu'il eût appris dans la famille, le seul qu'il eût à sa disposition pour se faire comprendre ? N'y avait-il pas là plutôt une transition à ménager, à utiliser même ? J'estime que l'erreur était grande de considérer le gascon comme ennemi, dans l'enseignement du français. Des voix autorisées ont prouvé qu'il pouvait jouer le rôle d'auxiliaire, et d'auxiliaire très profitable, dans cet enseignement. Les modestes vieux maîtres de l'enfance, et je suis du nombre, n'ont pas oublié ce que disait à ce propos, il y a quarante ans, M. Michel Bréal, dans un ouvrage intitulé « l'Ecole », que je me contente de rappeler. Inutile, Messieurs, de parler du français que les enfants pou vaient apprendre ainsi, obligés qu'ils étaient de le façonner euxmêmes ; moins encore des fâcheux procédés de surveillance et de délation quelquefois employés. C'est sans doute cette lutte contre la vieille langue locale qui a fait dire à un de nos félibres Landais: « « « « Amies, birade qu'es l'arrode ; Tout qu'es chanyat en lou pays ; Touts que s'amaquen à le mode, Touts que parlen com à Paris. ... « L'ancien parla que hèy bergougne, « E so que manque à le Gascougne, « Diou me daou ! Que soun lous Gascouns ! » — 193 — Avait-on donc à rougir d'une langue qui, avant d'être celle de nos mères, fut celle de nos ancêtres, celle de nos vieux troubadours, celle de tout le Midi de la France ; langue qui s'est conservée dans les divers idiomes de cette région : provençal, languedocien, béarnais, gascon ; celle qui fut, sinon la sœur aînée, du moins la sœur jumelle de la langue d'oïl, devenue notre français ? A tous ces titres, qui suffisent bien pour la qualifier de langue, j'ajouterai, chose que vous savez tous du reste, qu'on la retrouve dans les vieux parchemins des familles, et dans les études des notaires du moyen-âge ; que, succédant au latin, elle fut tout près de nous, sans aller chercher ailleurs, la langue officielle de l'hôtelde ville de Bayonne pendant plus de trois siècles, jusqu'à ce que sa sœur du Nord y prît sa place, en 1565. Fort heureusement, la croisade dont je parlais au début n'a pas duré. Déplorons cependant qu'elle ait trop souvent contribué à substituer à notre gascon, dans la famille, un français incorrect et bâtard, dont personne n'a à se louer, ni ceux qui le parlent, ni ceux qui l'entendent. Grâce à vous, maîtres et élèves de l'Escole Gastou-Fébus, le gracieux béarnais des rives des Gaves et son frère, le joli gascon des bords de l'Adour, de la Midouze et du Gers, sont aujourd'hui plus en faveur ; et le même félibre que j'ai déjà cité, a pu, dans une pièce dédiée au grand poète provençal, dire à ses amis, à ses disciples de l'Escole, et à tous ceux qui aiment son parler du pays de Gosse : « « « « « « « « « Et bous, en m'escoulan, et bous, Aou meygascoun amistadous, Qu'em redisets couratye ! Couratye ! Et le man den le man, Baillam à nouste bieil rouman, Nabet esclat, nabère bite, Et le grane France, chen cès, N'aoura pas de meilles Françès Que lous de le petite ! C'est là ce que l'Escole fait de son mieux. Et on ne peut que l'en féliciter. Veuillez me permettre, Monsieur le Président, et vous tous, Messieurs, de joindre ma faible voix à toutes celles qui vous encouragent dans vos travaux, dans une œuvre dont tout notre Sud Ouest doit être heureux et fier. Au cours d'une conférence faite au commencement de l'annee( — 194 — devant un auditoire choisi, un éminent poète et académicien, disait : « Un peuple se fait connaître par sa langue. Il a, dans sa « langue, exprimé ses sensations, ses sentiments, ses idées, tout « ce que la nature, tout ce que l'ambiance lui inspiraient. Il a « ainsi, en quelque sorte, pris des clichés de toutes les émotions « qu'il a éprouvées. Eh bien ! dans ces clichés, en les étudiant « de près, on peut voir ce qu'était le peuple. » Ne trouvez-vous pas, Messieurs, que ces paroles s'appliquent tout particulièrement aux divers idiomes de notre vieille langue d'oc, idiomes que les Batbedat, les Despourrins, les Jasmins, les Mistral, et tant d'autres, ont ennoblis par leurs œuvres, et rendus impérissables ? Mais j'oubliais que je parle ici à des convertis. Et alors, pourquoi insisterais je ? Avant de finir, veuillez me permettre, Monsieur le Président,, vous, membres de l'Escole, vous, Mesdames et Messieurs, que nous sommes si heureux de voir parmi nous, d'envoyer un souvenir ému à nos félibres landais qui ne sont plus, mais dont j'ai la bonne chance de mettre les traits sous vos yeux ; au vénéré chanoine Pédegert, à Isidore Salles, à Monsignor Gassiat, félibres dont vous connaissez tous les belles poésies, et d'exprimer le vœu qu'ils aient, parmi vous, des imitateurs pour donner, comme eux, à notre vieille langue, « Xabèt esclat, nabère bite ! « Au nom de la population de Capbreton, je lève mon verre : A vous, Monsieur le Président d'Honneur, dont nous connaissons le dévouement sans bornes à l'Association, les encouragements et les bienfaits qu'elle vous doit, entre autres le riche don du château de Mauvezin, destiné par vous à devenir le musée de l'Escole Gastou-Fébus, et à perpétuer le souvenir de ses faits et gestes ; à vous, Monsieur Bibal, dont je ne veux pas commettre l'indiscrétion de révéler ici les belles œuvres philanthropiques dues à votre cœur compatissant et généreux ; A votre cher collègue, M. Adrien Planté, dont nous regrettons profondément l'absence, et auquel nous renouvelons nos vœux de prompt rétablissement ; A Messieurs les membres du Bureau, tous si dévoués à l'œuvre; A l'Escole tout entière ; — 19o — Enfin aux heureux lauréats de d'avance toutes mes félicitations. demain, auxquels j'adresse M. Bibal, président d'honneur de l'Escole Gastou Febus, lui répond, à peu près, en ces termes : a Monsieur le Maire, et permettez-moi d'ajouter Monsieur et « cher Collègue. Il y a si longtemps que j'exerce les fonctions « d'officier municipal que, dès que je me trouve dans une mairie, « en présence du chef de la Municipalité, j'éprouve tout de suite « comme un sentiment de confraternité. Je vous dirai donc : « Monsieur et cher Collègue. Cela me rendra plus facile et plus « agréable de vous remercier cordialement de l'accueil personnel « que vous m'avez fait hier. Votre bienveillance, votre amabilité. « vos attentions de toutes sortes m'ont tout de suite mis à l'aise, « mais ces attentions mêmes m ont fait penser une fois de plus « que les qualités que je voyais en vous étaient précisément l'apa« nage des homraes-4'élite, en sorte qu'aux remerciements que je « vous dois, je suis obligé d'ajouter des compliments et des félicite tations. « M. Adrien Planté, notre vénéré Président, qu'une récente ma« ladie a empêché de venir aujourd'hui, m'avait chargé de vous « remercier spécialement de l'accueil que vous lui aviez fait au « mois d'avril dernier. Je comprends, à présent, que M. Adrien « Planté a éprouvé certainement les mêmes impressions que moi, « à votre égard. C'est donc de tout cœur et en pleine conviction « que je vous remets ses remerciements les meilleurs. » « L'accueil que vous faites à l'Escole Gastou Fébus, la réception que vous avez préparée à ses Félibres, les ont, à coup sûr, profondément touchés et il semble que mes remerciements devraient être d'autant plus prolongés que vos égards et vos attentions s'adressent à un plus grand nombre, à tous les membres de l'Escole. Quelques uns d'entre nous sont venus ici, en explorateurs, comme inconnus ; beaucoup, après avoir fait votre connaissance et vu votre beau pays, votre belle plage, y reviendront en amis. « Pour ma part, j'ai été tout d'abord agréablement surpris, puis enthousiasmé de voir que vous étiez un des nôtres, que vous aviez les mêmes idées, les mêmes regrets, les mêmes espérances. Vous aviez cent fois raisen, Monsieur et cher Collègue, quand vous avez dit combien il était regrettable que la langue gasconne ait été mécounue et pendant trop longtemps laissée à l'abandon. — 196 — « N'est-ce pas un peu notre faute? quand la mode est venue d'avoir de l'instruction, de l'instruction même obligatoire, tous ont voulu étudier et parler comme à Paris, quelques-uns ont eu honte que leurs enfants parlassent le gascon ; et nous avons fait et laissé faire des franchimans qui écorchaient l'une et l'autre langues, Mais il est survenu des rénovateurs qui ont dit à la mode parisienne : « Tu n'iras pas plus loin ; nous avons nos traditions, notre passé, « notre caractère, notre langue, notre terroir, et nous voulons « rester Gascons et pour rester Gascons nous voulons conserver « notre langue ». « N'est-ce pas Mistral qui a dit : « qui ten la lengo ten la claou ? » « Mistral, certes, est un de ceux qui ont le mieux organisé la défense et peut-être la victoire. Mais vous m'avez fait un grand plaisir quand à son nom vous avez ajouté d'autres noms, ceux de quelques félibres du Sud-Ouest et aussi celui de Jasmin. « Jasmin, en effet', paraît être le premier, en ce siècle, qui fit le mieux ressortir les beautés de la langue gasconne et la répandit dans le monde entier. Car ses principaux ouvrages : l'Abuglo de CastèlcuUiè, Françouwto, Maltro l'innouccnto, Lous dus frays bessous, ont été traduits dans toutes les langues. «Jasmin a été le poète de ma jeunesse, et c'est lui, pendant que j'apprenais le français, qui m'empêcha d'oublier le gascon. Vous avez dit, tout à l'heure, Monsieur et cher Collègue, quelques vers de nos félibres du Sud-Ouest qui ont été fort applaudis. Voulezvous me permettre de vous dire quelques vers de Jasmin. Ce ne sont pas ses meilleurs, mais ils sont chantants et ils ont été bien chantés, sur un air bien connu, aux bords de la Garonne. Je les ai appris, dans ma jeunesse, et je ne les ai jamais oubliés ; les voici : Jasmin, se trouvant en présence d'une fille au cœur de glace, lui dit entre autres choses : « « « « « « « « « Ta tourtero enfugido Te baillo uno litsou ; Es al bos que t'oublido Et qué ben may poulido Dunpey qu'y fay l'amou. Pel l'amou tout palpito ; Siet Iou per que t'enbito, Aoutromen, de la bito Lous bets jours sayon nuts « Et perduts... - 197 — « Gn'a que l'amou, maynado, « Qu'ai bounhur pot mena ; « Acos tout d'estre aymado, « Mès, quant on sat ayma ! «Nous sommes très heureux, Monsieur et cher Collègue, d'avoir votre concours pour l'œuvre que nous poursuivons : la libération méridionale et l'expansion de la langue gasconne ; avec beaucoup d'hommes comme vous nous sommes sûrs de réussir. Et, puisque j'ai touché, en commençant, à ia question administrative, permettez-moi d'ajouter que la commune de Capbreton, de la ville à la plage, doit s'estimer heureuse et particulièrement favorisée de vous avoir pour administrateur. Avec ce que vous avez fait, avec les projets dont vous m'avez fait part, la prospérité viendra certainement à Capbreton, désirée par tous et que nous vous souhaitons bien vivement. La réception qui nous est faite par la municipalité, par le Syndicat d'Initiative, laissera dans notre esprit un souvenir impérissable ; et, comme je le disais en commençant, beaucoup d'entre nous qui sont venus ici en explorateurs reviendront en amis. « Afin de donner à nos remerciements, à nos souhaits, comme une façon tangible ou effective, laissez moi, Monsieur et cher Collègue, aller à vous, et, au nom de toute l'Escole Gastou Febus, avec joie et reconnaissance, vous apporter une cordiale poignée de mains... (Applaudissements et serrement de main) et M. Bibal continue : « Nos remerciements ont été aussi à l'adresse du Syndicat d'Initiative. Il me sera donc permis, pour les souligner, d'aller vers l'honorable M. Garcia, président du Syndicat, et de lui serrer la main, au nom de tous, avec la plus vive cordialité. » Une ovation est faite à M. Bibal quand il contourne la table pour aller mettre ses mains dans les mains de M. le Maire et de M. le Président du Syndicat d'Initiative. Puis on fait mousser le Champagne, e cadû que s'en ba t'oun lou pén lou cô, balha-n ue tringlade. J'aperçois dans un coin de la salle en béret bleu et sandale de baigneur un homme pour lequel j'éprouve la plus respectueuse affection, M. Bourriez, professeur à la faculté de Bordeaux, qui nous a donné des articles d'une haute valeur littéraire, une conférence sur les contes de la Gascogne qui s fit courir tout Pau et les règles grammaticales du béarnais et du gascon. Je vais à lui pour lui présenter mes hommages. Mais je suis interpellé de droite et de gauche, de partout un peu et je passe en donnant force poignées de mains : à l'abbé Sarran, à l'abbé Daugé qui tantôt me caresse, tantôt me grapigne ; au docteur Gaye, un fidèle de nos réunions ; à un Monsieur qui poupe lou Champagne mélhe qu'aygue benedite, l'ami Carrive ; à une foule d'amis nouveaux et 'anciens. Il en est ainsi dans toutes les Assemblées des écoliers de Febus, gaîté, amitié, fraternité, cris de joie ; — oh ! pas fèn de brut ; — mais nous ne serions pas Gascons sj notre exubérance n'était accompagnée de grands gestes et de quelques exclamations. Je suis interrompu dans ma randonnée par des appels réitérés : Lou Crabe de Mùgrou ! Ceci s'adresse à Daugé qui voudrait bien faire la petite bouche. Més ne bague pas. Il promet lou Crabe à condition qu'on lui laisse d'abord chanter Lou Tabaquè. Il obtient dans ces couplets pétillants d'esprit son succès habituel. Que bos que-t disi, gouyat, en espian-te ha lou coum-qui de préne ûe prése, que-m pensabi enter you medich : Lou boun Diu que l'a criât enta china e se yaméy e tourni enta Bourdèu qu'où croumperèy ûe tabaquère grane coum û paroussién enta que chîni dou matî au sé. Nous entendons ensuite avec grand plaisir M. Loustau, de Capbreton, dans Sabi ença, d'Isidore Salles. M. Destribats chante avec brio une chanson gasconne : les / quin chapèu ! Cependant il y a mieux à faire pensent quelques assistants. L'un d'eux entonne lou Cèu de Pau, qui est repris avec entrain par tout le monde. C'est ensuite le tour de Aquéres Mountines et ce chant national de l'Escole fait se grouper une vingtaine de chanvteurs qui s'en donnent à cœur joie. M. Larrat, qui prend à cette manifestation bien gasconne un visible plaisir, demande La haut sus las mounlagnes et il chante de sa voix grave et il s'accompagne du geste en mesure. Oh! la belle fin de soirée ! Comme tu te serais réjoui, ami Lafore, si per pic ou per pelade ne t'en ères pas anat aygasseya per Sagorre ou Magorre. Nous en avons vu une pareille à Pau, toi et moi, lorsque € Fournets se faisant bon enfant » détailla avec un groupe d'amis tout le répertoire béarnais. T'en souviens-tu ? Eh bien, au Gran dous Grans que t'at yuri, ceci était aussi beau que cela. Vers minuit on se sépara. Les vieux allèrent se coucher tandis que les jeunes répondant aux appels enragés du piston et de la clarinette préférèrent s'amuser et danser. Ne le répétez à personne, mais j'en sais qui ne rentrèrent qu'aux premières lueurs du jour. Avant la reprise de la fête, le bureau se réunit dans la salle de la Mairie, à 9 heures du matin, sous la présidence de M. Bibal pour délibérer sur les affaires de l'Escole. Etaient présents : MM. Bourciez., professeur de langues et de littératures romanes à la Faculté des Lettres de Bordeaux, spécialement convoqué ; MM. Lalanne, Darclanne, Camelat, Sarran, Daugé, Batcave. I. Election d'un Vice-Président Général. — M. Batcave est proposé. La nomination sera soumise à la ratification de l'Assemblée générale. II. Situation: financière. — M. Laborde-Barbanègre fait connaître que les cotisations recouvrées au 30 juin montent à 2.397 fr. 43, sur lesquelles il y aura à payer les notes des « Beclams ». L'excédent aura l'affectation qui paraîtra le plus utile. III. Plan d'une anthologie Béarnaise et Gasconne. — Au nom de M. A. Planté et au sien, M. B. Batcave demande s'il ne conviendrait pas d'entreprendre la publication d'un livre populaire dit anthologie, réunissant les morceaux choisis des écrivains de la région sur laquelle s'exerce l'action de l'Escole, afin d'éviter l'apparition d'ouvrages fâcheux où notre patrimoine littéraire n'est pas même quelquefois indiqué ou bien est défiguré. Le principe de cette publication populaire est adopté. Les morceaux seront réunis pour chaque région par chacun des membres de l'Escole qui voudront s'en occuper et plus particulièrement — 200 — pour le Béârn par MM. A. Planté, Labaig-Langlade, Lalanne, Lafore, Lacoarret, Baudorre, S. Palay ; pour les Landes par MM. Daugé et Darclanne ; pour l'Armagnac par MM. Tallez, Lavergne, Sarran et Michelet ; pour les Hautes-Pyrénées, par MM. Camelat et S. Palay.. Ils seront centralisés par M. Batcave qui les soumettra à M. A. Planté, président de l'Escole. M. Bourciez veut bien se charger de revoir ce choix de morceaux il). IV. Plan de leçons parallèles d'histoire de France et d'histoire de la Gascogne. — M. Batcave, d'accord avec M. A. Planté, propose de publier dans les Reclarns des plans de leçons parallèles d'histoire de France et d'histoire de la Gascogne. Les professeurs d'enseignement primaire, même d'enseignement secondaire, pourraient s'en inspirer pour montrer à leurs élèves ce qui se faisait dans notre région, ce qu'étaient nos pères béarnais ou gascons, dans tel moment de l'histoire. Ainsi Gaston-Phœbus serait étudié dans son rôle comme vicomte de Béarn, sa lutte avec l'Armagnac, aussi bien que dans ses rapports avec l'Angleterre et la France, sa figure de grand seigneur attirant les visiteurs illustres : Froissart entre autres. Gaston XI apparaîtrait comme vicomte béarnais, légiférant sagement, et comme lieutenant du roi de France, enlevant le SudOuest à l'Angleterre pour le rendre Français ; Mauléon, Guiche, Bayonne, Dax, St-Sever, etc., sont ses conquêtes. Jacques Cœur, Bureau, viennent le visiter a Orlhez. — La famille des comtes d'Armagnac fournirait une leçon intéressante, car quels qu'aient été les vices de plusieurs de ses membres, il ne faut pas oublier qu'ils représentèrent le parti français contre les Bourguignons alliés aux Anglais. — Ceci dit seulement à titre d'indication et d'exemple et sans avoir rien de limitatif. Le bureau adopte cette idée et décide qu'il sera publié dans les Reclams des plans de leçons parallèles d'histoire. V. Trois vœux de P.-D. Lafore, secrétaire des Basses-Pyrénées. , I L'Almanach Hachette, de Paris, qu'a publicat Faut an ûe carte de las lengues de France. Que-n'y counte quouate : la f rancése, la bretoune, la basquéte, la catalane. (1) L'anthologie comprendra deux parties : les œuvres des vieux écrivains et les œuvres des écrivains récents. Afin de ne pas trop grever le budget de l'Escole, il est décidé que les deux volumes seront publiés en deux exercices consécutifs. Et maintenant que chacun se mette à l'œuvre ! — 201 — La írancése que plape de blu toute la carte, s'en tiren : la Bretagne, lou Bascouat, lou Roussillou. En prumères, que-s coupe en dues mayes parts : la lengue d'Oc e la lengue d'Oïl ; La lengue d'Oïl qu'a très ou quouate dialectes mercats : lou Nourmaa, lou Picard, lou Parisenc, etc. ; La lengue d'Oc que n a cinq ou cheys mentabuts: lou Gascou ; lou Biarnés ; lou Lenguedoucia ; lou Proubençau, etc. ; ' (A sabe per aco se lou parla d'u peïs qui ey lountemps estât soubiraa, n'ey pas lengue a d'espars ; boutam toutu aci lou biarnés dialecte de lengue d'Oc ; so qui ey bertat d'une mode, que n'ey tabe de l'aute). \ Cadu de queths dialectes, qu'ey lengue de France, auta plaa lou Gascou, lou Biarnés, dialectes d'Oc, coum lou Picard e lou Parisenc, dialectes d'Oïl ; Cadu d'eths qu'a lous sous patouès, mes nats d'eths n'ey pas u patouès — pas mey lous parlas de l'Adour e dous Gabes que lous parlas de la Seine e de la Loire ; U patouès, qu'ey la mode de mau debisa ue lengue ou u dialecte ; de que n'y a que gouasten lou parla de Paris ; de que-n'ya qu'entequen lou parla de Pau. Mes aco ne bùu pas dise que, per eth medich, nat de queths dialectes e sie u patouès. Se u dialecte a dauneyat ta l'aysiè dou goubernemen, ne bòu pas dise aco, que lous auts que soun baduts bastards. Dechâ apera patouès lou Gascou e lou Biarnés — en prumères, n'ey pas cause bertadère: l'Histori que s'at amuche e la carte de las lengues hèyte à Paris que s'at broumbe — apuch, qu'ey coum si aperaben tort, bougnut, desestruc, enbastardit, escamat, bouhebrac, entecat, ourtou, u omi qui pot abe quauque micheris coum tout aute, mes qui toutu e s quilhe dret. E, de tout aco que-s debire aqueste bot, qui prègui à l'Escole Gastou-Fébus de larga — a l'Escole Gastou-Fébus, qui ey lou chibaliè armât, acabalat e enplumachat dou Biarnés e dou Gascou : « L'Escole Gastou-Fébus qu'espudéch lou mout « patouès » dat a la n lengue biarnése, a la lengue gascoune. Que l'acasse dous sous paraulis. « — Aqueth mout, ni en paraules, ni en escriuU, ne déu pas esta « espleytat per nats de l'Escole, — Lous reyéns ne dében pas decha-u — 202 « « « <( espleyía p'ousmaynadyes, mes amucha-us quin ey liastiau e nade brigue bertadè ; e cadu de l'Escole que dèu tribalha toustem e pertout, oitn se bouilli et oun se pousqui, au medich prèts-hèyt, chens paus ni ces. » Adopté. II f En apitan l'Escole Gastou-Fébus, qu'abèm dit: Se lous cures e lous reyéns e soun dap nous, que pouyram ha quauqu'arrey, pramou que tiénen l'abiéne dap lou canalhè. Reyéns e caperaas que soun biencuts a pièles. U domine, qui ère dous sèt qui quilhan l'Escole, qu'abè dit: nous autes reyéns, bore de l'escole, au cor dous houécs dou biladye, que déuram clama la béutat dou parla, l'amou dou parsaa e la glori de la soue histori. Hères que créden ouey lou die, que lous reyéns espleytats e pa gats de tau ore a tau ore, que baden, Fore passade, omis coum lous auts, mestes dou lou ana e dou lou debis. Ey bertat aco ou nou ? N'abem pas at sabe aci. Mes lous reyéns de l'Escole Gastou-Fébus, se bolen ha obre boune, que dében, de segu débisa francés aus gouyatots héns l'escole — e débisa-us gascou, biarnés, hore de l'escole. — Que n'an lou dret e n'an pas a dise nani. Se bolen ha obre boune, que deben amucha au lou larè, aus hilhs lous, aus hils de la loue carn, lou debisa de case ; d'aco tapauc arrèy ne n lous hè pas empath;que deben amucha las béutats dou parsaa e dou sou passât, aus hilhs lous, lous beth prumès. Atau qu'amucheran aus autes, oubrès, paysaas ou moussus a ha parié dap lous manadyes lous. Se ne hèn pas aco, ne soun pas aci sounque ta d'arride, sounque ta diberti-s. Lous reyéns que poden hère, e que poden se bolen, n'y a pas a dise ! Se ne bolen pas, n'ey pas la péne de s'amassa. Mes se bolen. que eau que hasquin eths, lous bèths prumès, aunou au parla dou larè, per fèyts e per obres de tout die. Taus caperas, qu'ey tout parié. Lous youens, qui soun de l'Escole que deben, lous bèths prumès, predica, debisa au lous parroupiaas, en biarnés, en gascou. Sinou, que trahéchen l'obre. Eths n'an pas mey nade desencuse ta nou pas espleyta hens lou lou ministari, lou parla dou parsaa. Se n'at hèn pas qu'ey quo n'at bolen pas. E si cadu ne bòu pas ha so qui pot, n'ey pas la péne d'esta d'ue assouciance qui ey hèyte tau serbici d'ue cause qui trahéchen mey-leu qu'arrey mey. « Que, hore de las loues escoles, lous reyéns gascous e biarnés debisin à gascou; biarnés aus maynadyes ; qu'ous disin so qu'ey lou lou peis e t lou son passât ; e, en prumères, que hasquin atau dap lous lous hilhs. « Que lous caperaas prediquin e débisin gascou, biarnés dap lous lous parroupiàs. « L'Escole qu'ey heyte enta d'aqueth prèts-hèyt : sauba la lengue, clàu « de tout ; e si cad'u ne bôu pas tribalha coum pot, perque ey de « l'Escole ? )> Adopté. III L'Escole n'ey pas estade hèyte per chouès, enta deberti-s, enta bayoula-s, répecha, e balha metau e paperoles. Lous qui s'y soun boutats que counechèn lou sou prèts-hèyt. Se s'y soun boutats, qu'ey bahide tabalha-u la loue ayude. Lou mey aysit dous tribalhs e dilhèu lou mey bou, qu'ey de segu de debisa, de debisa toustem e pertout, gascou dab lous Gascous, biarnés dap lous Biarnés — so qui s'en tourne au medich. Escribe qu'ey beroy, mes debisa qu'ey melhe. Chic que poden escribe, mes touts que poden debisa. Se n'at hèn pas, perque soun de l'Escole ? En s'y boutan, oun que s'ey engadyat per aunou a ha so que cadu e pot enta l'obre apoudyade : A parla en prumères, lou parla de case dab lous manadyes de la case. A parla tabey la lengue dou pèis à touts lous dou pèis : aus baylets, a las gouyes, au praube, au riche, en biadye, à l'oustau, oun debaren, a taule d'oste, a touts lous qui boulhen entene, Mantu cop, a l'escadence de l'encountre, que trebuquen mounde a qui heré gay de debisa lou parla dou parsaa... mesquine gausen pas da l'abiade... Qu'ey aus de Gastou-Febus a da-le. Trope d'u cop, en prumères, que p'espieran drin de trubès, mes apuch que s'y bouteran dab plasé. — 204 — La lengue gascoune n'ey pas mey a case en Gascougne. La daune que s'estuye bergougnouse, e que cap-bache a case... coum ue praube minable. Qu'ey aus de Fébus a tourna-le ha dauneya. Sinou perqué s'èm amassais ? En ue case bouryése dou Biarn, la gouye sourtide d u gnaute coundiciou oun francimandeyaben que credè de plaa ha en francimandeyan. Que la parlan biarnés, que bedou qu'en parlaben tabey aus manadyes ; qu'en debisa tabey dap eths, qu'où leyou quouan poudou ; que s'estaqua d'autan mey aus mestes, e ne s'en tournera pas tau sou bourdalat en y pourtan la bergougne e lou mesprèts dou parla dous payrans. Asso ne soun pas l'oumpre. noudigues couèytes au sou arrayades à Atau que eau ha touts se boulém sauba la lengue. Qu'ey atau qui aberam «lous dus parlas d'A Noste » auta plaa coum l'amie qui s'apère l'Artè dou Pourtaou. Qu'ey atau qui pouyram tourna ha dauneya la lengue. En prediquan dap feyts e nou pas per paraules. En prediquan coun dise u apostou,en tems e hore de tems,toustem e pertout. Se bolen ha, que eau ha en han, ou decha-c. Se ne hem pas aquo perque em de l'Escole e perque ey l'Escole ? Se boulera ha, d'autes que heran coum nous. E se boulera ha tabey, lou parla biarnés e gascou que tonrneran brouni mey hort en Biarn e en Gascougne. E a case que tournera dauneya, la lengue mayrane. (( L'Escole Gastou Fébus que broumbe qu'ey hèyte ta sauba de la u mourt e dou desbroumb, lou parla de la case, lou passât e l'kistori de x la thine patrie, ta mantiene, hens lou coo dous sous hilhs, tout so qui H tagn a la thine patrie. « Cade escouliè de Fébus qu'ey u oubrè de l'obre. « Cad'u que déu tribalha-y de tout lou sou poudé. « Lou mendre e so de mey aysit, qu'ey de débisa lou parla dous parsaas ft pertout e toustem oun se pousqui hens lou briu de la bite, e, prumè a qued'ana 'ta dehore, d'où tourna ha dauneya cad'uhens la soue case. « L'Escouliè de Fébus qu'oudéu espleyta a case, enbiadye, al'oustau a oun ey dtbarat hens la boutique oun croumpe, dap lou praube coum u dap lou riche, dap lou thin coum dap lou mayou, dap touts lous qui « l'entenen e qui ou bolen entenc. — 205 — « Chens aco n'a pas coumprés lou prêts heyt de l'Escole c n'a pas que a ha de n'esta. « E coum.so de houdeu biéne dou bec, touts lous asabés, las coumunicacious, lous recebuts dous dinès crubats, tout so d'officiel, que déu esta en lengue d'Oc. » Adopté. VI. — Versions dans les écoles. — M. Lalanne, secrétaire-général, propose de remplacer le concours de cahiers d'écoles pour 19101911 sur le plan suivant ; 1° Il sera fait des traductions sur cahiers qui devront durer toute l'année et être soit hebdomadaires, soit bi-mensuelles. Un prix de 100 fr. sera décerné à l'instituteur ou l'institutrice qui donnera le meilleur résultat ; 2° Sujet imposé comme par le passé donnant droit aux récompenses ordinaires. Il y aura donc en 1911 deux sortes de concours. Toutes les écoles peuvent'concourir dans l'une ou l'autre section ou dans les deux simultanément. Adopté. VII. — Dépôt de deux volumes pour compte-rendu. — Il est proposé et adopté qu'en principe il devra être déposé deux exemplaires de tout ouvrage dont un compte-rendu sera demandé dans les Reclams. L'un des exemplaires sera destiné à l'auteur du compte-rendu et l'autre volume sera déposé à la Bibliothèque de l'Escole au château de Mauvezin. Dix heures ont sonné. Le public est exact. Il arrive nombreux. Bourgeois de blanc cravatés, ouvriers endimanchés, baigneurs et touristes, prêtres et laïcs, dames aux claires toilettes, fillettes aux joues roses, garçonnets à la mine éveillée, vieillards des deux sexes, tous prennent place en silence. Bientôt la vaste salle est bondée. Le bruissement des étoffes, le bourdonnement étouffé qui nous vient à travers la porte, indiquent qùe le vestibule et l'escalier monumental sont occupés par une foule avide d'entendre si du moins elle ne peut voir. Le soleil nous envoie ses caresses par les croisées entrebaillées. Il semble dire : réjouissez-vous, votre réunion est belle, l'or de mes rayons la fait plus belle encore. A la tribune d'honneur prennent place autour de M. Bibal, M. Larrat, maire, le Conseil municipal, le bureau - 206 de l'Escole, l'archevêque Mgr Soulé, natif de Capbreton, sur la soutane duquel tranche la rosette rouge d'officier de la Légion d'honneur ; M. Lavaurs, directeur des postes et télégraphes en retraite ; M. Bernis, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, les représentants de la presse ; sept ravissantes jeunes filles tout de blanc vêtues, personnifiant les sept muses : Mlle Alberte Lalanne, reine intérimaire de la Cour d'Amour ; Mlles Renée Lâchée, Madeleine Romefort, Suzanne Bourriez, Marie-Thérèze Vignes, Marie Getten, Edith Péré. M. Bibal prend la parole en ces termes : Avant l'ouverture des Jeux Floraux, il est'tout d'abord, pour moi, un pénible devoir, celui de vous annoncer que M. Adrien Planté, notre aimé et éminent Président, a été mis, par une fâcheuse maladie, dans l'impossibité de venir à cette réunion. Jusqu'au dernier moment, nous avions espéré que la convalescence serait assez rapide pour que nous ayons encore le plaisir de le voir présider cette fête félibréenne, comme il sait les présider avec tant de distinction et tant de compétence. Hélas ! les médecins lui ont interdit, jusqu'au bout, de faire le voyage de Capbreton. Voici, d'ailleurs, sa lettre dont il m'a chargé de vous donner connaissance : « Mon cher Collègue, « La convalescence prolongée d'une grave indisposition, qui es* venue malencontreusement me surprendre, ne me permet pas de me rendre à Capbreton pour présider la réunion générale annuelle de notre chère Escole Gastou Fébus. « C'est pour moi un véritable chagrin.... « Vous voudrez bien vous faire mon fidèle interprète auprès de mes chers et vaillants confrères qui, avec tant d'entrain, ont répondu à notre appel ; dites-leur que, de loin, je suis avec eux, comptant toujours sur leur concours le plus dévoué pour le développement de notre œuvre de décentralisation et de libération méridionale, par la fidélité de tous.au culte de la petite patrie ! « Veuillez aussi remercier, en mon nom, mes amis de Capbreton, auxquels je comptais apporter moi-même l'expression de ma reconnaissance pour les sympathies qu'ils m'ont témoignées, dans la préparation de cette fête, avec l'hommage de ma vieille admiration pour leur station océanique, à laquelle je souhaite de tout cœur une brillante, une longue prospérité.... » - 207 Aussi, vous le voyez, notre Président, toujours si bon, si aimablé, si généreux, n'oublie pas, dans' sa pensée affectueuse, ni ses amis, ni aucun de ceux qui l'ont si sympathiquement accueilli, à sa précédente visite, et veulent bien conserver leur concours à l'œuvre de notre libération méridionale, au culte de la petite patrie. Il nous a écrit son affliction. Mais notre peine égale la sienne. J'interprète certainement le sentiment de tous ceux qui le connais sent, en lui adressant, d'ici, non seulement l'expression des vifs regrets que nous cause son absence, mais aussi les vœux les plus sincères pour son rétablissement le plus prompt et le plus complet. Si sa présence nous fait défaut, nous sommes assurés que son âme est avec nous, que sa pensée affectueuse nous accompagne. De notre côté, nous avons cherché à avoir, de lui, le plus possible ; nous avons voulu posséder, sous nos yeux, aujourd'hui même, son portrait le plus récent, tel que nous le connaissons, tel que* nous l'aimons, et il est là, pour nous encourager, pour nous donner la satisfaction de son clair regard et de son franc sourire. Au surplus, je ne saurais mieux faire son éloge en quelques mots, qu'en citant ceux par lesquels M. Lacoarret l'a gravé, dans notre esprit, l'année dernière, à la Félibrée de Salies-deBéarn. Je le vois encore, quand il disait d'Adrien Planté : « ...Gauyou, sapience, balentise, amistousé, eth qu'at a tout ; dap « eth que serats toustem oli sus aygue. ». Après cet éloge ciselé, il me devient plus facile d'avouer que je sens toute l'étendue de mon insuffisance et de dire que si j'ai accepté de venir ici parler à sa place, et pour lui obéir, c'est sur votre extrême obligeance que je comptais. Mais quels sont donc les hommes qui, selon l'expression imagée du Dr Lacoarret, seraient de nature à faire flotter la barque de Fébus comme l'huile sur eau ? M. Adrien Planté, ainsi qu'un capitaine à bord de son navire, dès qu'il aperçoit le moindre grain à l'horizon, prend ses disposi tions pour résister même à l'ouragan, de même M. Adrien Planté semble avoir tout prévu pour sauvegarder l'œuvre dont il est le fondateur et le grand maître. 11 y a quelques jours il m'écrivait : « Ainsi qu'il est convenu avec ces messieurs, les membres du bureau, je vous dirai que ma santé m'imposant un certain repos, — 208 — je croyais nécessaire pour le bon fonctionnement de l'Escole de me donner un suppléant. De même que nous avons un secrétaire général, nous aurions ainsi un vice-président général qui s'occuperait, à mon défaut, des détails généraux de l'œuvre et que ce suppléant devait être, à mon avis, M.Louis Batcave (notre délégué à Paris), dont la vie est toute consacrée au culte de notre petite patrie et aux intérêts généraux de l'Escole.. » L'éloge de M. Louis Batcave n'est pas à faire. 11 est connu de nous tous. Ses travaux, ses ouvrages, son caractère en ont fait un félibre d'élite, au premier rang. Son dévouement à notre cause, les services qu'il a rendus à notre Société ont déjà gagné notre reconnaissance. Mais il y a une considération qui domine tout > au-dessus de notre appréciation plane encore l'avis souverain de notre Président et des membres du bureau. C'est dire que sa nomination de vice-Président général devrait être acceptée à l'unanimité comme par acclamation. (Applaudissements prolongés1. Aucune opposition alors ?... La nomination de M. Louis Batcave comme vice-Président général de l'Escole est donc prononcée à l'unanimité par l'Assemblée générale. Permettez moi, mon cher vice-Président général, de vous serrer la main, de vous donner, au nom de notre vénéré Président et pour nous tous, l'accolade de consécration. (Applaudissements). M. Bibal continue : M. Adrien Planté ajoutait encore, dans la lettre : « Le Secrétaire général, M. Lalanne, qui avait pris un congé pour cause de maladie, reprend dès aujourd'hui ses fonctions. Les rouages principaux et nécessaires de l'Escole seront donc ainsi bien réorganisées... » M. Lalanne, félibre majorai, qui était depuis de longues années le secrétaire général de notre Société et lui a rendu tant de services, vient d'obtenir sa retraite de membre de l'enseignement public. Son dévouement si connu, si apprécié de nous tous, aura d'autant plus d'effets pour nous qu'il pourra disposer de plus de loisirs. J'en profite pour adresser à M. Lalanne, au nom de l'Escole, nos sentiments de reconnaissance pour le passé et nos encourage- * ments pour l'avenir. Notre cher Président, vous le voyez, a pensé à tout, même à assurer les rouages nécessaires au bon fonctionnement de notre Société. Il avait nos souhaits, nos remerciements. Il me semble qu'il lui serait dû quelque chose de plus. — 209 — Je propose, pour lui, une démonstration frappante des sentiments qui nous animent : un battement de mains, un triple ban... (triple ban énergique). Puisse-tr-il avoir entendu ce que nous venons de faire ici, et la satisfaction qu'il en éprouvera lui rendre définitivement la santé. » Je me garderais d'amoindrir par un commentaire quelconque le bel éloge que M. le Président honoraire vient de faire de M. Louis Batcave. Je me permets seulement de féliciter l'Escole d'avoir su s'attacher par des liens plus puissants un homme qui lui a déjà fait tant de bien. Je ne saurais jamais trop le répéter. Si pendant le septennat que j'ai consacré aux Réclams, j'ai eu quelques succès, si j'ai pu rendre notre revue un peu intéressante, c'est à ses conseils, à l'aide précieuse qu'il m'a prodiguée que je le dois en grande partie. M. Batcave est dans toute la force de la vie, du talent. J'espère avec tous ses amis qu'il saura, sous la paternelle direction de M. Planté, infuser à notre œuvre un peu de sang nouveau, lui donner un regain de vitalité et de prospérité. Un peu ému, M. Batcave se lève et remercie en ces termes : Je vous remercie, mes chers collègues et amis du bureau et de l'assemblée, de l'accueil sympathique et bienveillant que vous avez fait à la présentation de ma candidature en des termes trop aimables .par notre vénéré président d'honneur, M. Bibal. Mes remercîments vont plus loin ; ils s'adressent aussi à celui que nous regrettons tous de ne pas voir, pour la première fois, parmi nous, à M. Adrien Planté qui en a été l'instigateur, qui est bien près de nous aujourd'hui par le cœur et par l'esprit. Nul plus que moi ne savait, je le puis confesser, ce qui me manquait pour accepter, à côté de lui, ce titre de lieutenant et je ne nous trouvais de commun qu'un égal amour de notre petite patrie, de son histoire, et de la chère langue des aïeux. Mais comment résister ? Comment ne pas être agréable à celui qui se complaît à être toujours agréable aux autres ? Donc, mes chers amis, je vous remercie en vous conviant au labeur, au travail réel et effectif pour le maintien de ce qui cons titue notre patrimoine régional, c'est à savoir nos traditions et nos coutumes. Vous l'avouerai-je ? Je trouve quelque coquetterie à recevoir votre investiture dans ce joli coin des Landes, si gascon, - 210 — dont un maître écrivain, son admirateur fervent, autant dire son hôte(l), célébrait dans'un roman la douceur d'y vivre, dans ce Capbreton, auquel son curé et son instituteur — bore biencuts dirionsnous en Béarn — voulaient imposer, au xvur3 siècle, la langue française. Mais l'évêque de Dax veillait ; soutenu par un intendant, qui fut le bienfaiteur de ces contrées, par d'Etigny, il lit prévaloir l'usage du gascon. Capbreton, vous le voyez, avait précédé l'Escole Gastou Febus et voulait maintenir Lou bet gascoun tan mespresat. Lou dous parla qui hè ploura L'amne attentride. Continuez à Capbreton. continuez partout, faisant vôtres ces vers de l'aimable et grand poète que je viens de citer, Isidore Salles : Hilhs dou Gabe, hilhs de l'Adou chantons Cansoun, leyende ou biroulet Biole, briuloun ou flayoulet Cantem l'aubade ! L'Assemblée accueille par une salve d'applaudissements le discours de notre Vice-Président général. A ce moment, la reine de la Cour d'amour se lève et prononce la parole sacramentelle : « La séance des Jeux floraux est ouverte ». M. Bibal prend la parole en ces termes : MESDAMES, MESSIEURS, MES CHERS COLLÈGUES, .Nous voici réunis pour la tenue de nos Jeux Floraux, lê jugement des œuvres, la distribution des récompenses, devant la Cour d'Amour. Elle est une tradition qui nous vient des troubadours ; sachons nous incliner et la respecter, d'autant plus que nos lauréats de ce jour auront, sans doute, comme leurs anciens, plus de satisfaction à être couronnés, sous les yeux ou par les mains des Gcntcs Dames et Damoiselles. (1) P. Margueritte. La Faiblesse humaine. — 211 Mais, ici, je suis déjà arrêté par les regrets à exprimer pour l'absence accidentelle de notre Reine constitutionnelle. Mme Germaine Guillot, de Condom, qui trônait, avec tant de distinction, à la présidence de nos Félibrées antérieures, retenue cette fois par un deuil récent, se trouve empêchée de remplir sa royale fonction. Elle m'a fait part de son chagrin et comme elle ajoute, non sans esprit, des sentiments pour nous tous, flatteurs, je crois devoir vous en donner connaissance; voici ce qu'elle écrit : « Je penserai beaucoup à vous tous et à l'Escole Gastou Fébus, « dimanche et lundi, et ma pensée et mes vœux seront parmi mes « aimables sujets. » Eh bien! que notre reine, aussi aimable que belle, si regrettée aujourd'hui, sache bien que la pensée affectueuse de ses aimables sujets répond à la sienne ; qu'elle veuille bien agréer nos regrets pour le présent, nos espérances pour l'avenir et les plus chaleureux hommages qu'elle mérite à tous égards. 11 a donc fallu improviser une Cour d'Amour, qu'il me reste à présenter. Et tout d'abord, voici Mlle Alberte Lalanne, une escholière de Gastou Febus, lauréate des concours de dessin. Je n'ai pas à en faire l'éloge. Déjà, en 1907. elle a mérité, à Mauvezin, un brillant sonnet improvisé de Simin Palay. Depuis, ceux qui ont assisté à nos fêtes de Condom et de Salies ont pu apprécier les charmes et la valeur de ses poésies ; ce qui lui vaut, aujourd'hui, l'honneur de ceindre, par intérim, la couronne de Gascogne. Et puis, voici les Muses, florissantes de jeunesse, aux fleurs et rubans de Febus : Mlle Romefort, Mlle Bourciez, Mlle Lâché, Mlle Vignes, Mlle Péré, Mlle Getten. Les trois premières sont des élèves de l'école des beaux arts de Bordeaux, dont deux lauréates du concours de dessin ; les trois autres sont du déparlement des Landes dont deux appartenant à l Université. Mais toutes ont des charmes d'amabilité et de gentillesse que ma voix ne saurait définir. Que la Reine et les Muses, en cette heure solennelle, reçoivent de nous tous de respectueux hommages et qu'elles me permettent, en m'inclinant profondément, de saluer, en elles, ce que personnifie la meilleure moitié du genre humain : la grâce et la beauté ! Je manquerais à un autre devoir si je ne me hâtais de remercier les amis, connus ou inconnus, qui assistent à cette réunion Felibréenne, et si je n'adressais, au nom de tous, nos hommages — 212 — et nos remerciements aux Dames, si nombreuses, qui ont bien voulu venir égayer cette fête, de leurs toilettes et de leur sourire. Me sera-t-il permis, ici, à cette extrémité du territoire gascon, de dire, en quelques mots, au moins pour ceux qui ne les connaissent pas encore, ce que sont les escholiers de Gastou Febus et ce qu'ils veulent rester ? Nous sommes, tout d'abord, des Félibres. Le félibre, le philabros des Grecs, l'ami du beau, grâce aux raffinements d'une civilisation de plus en plus avancée, est aujourd'hui partout. On le reconnaît à la sensibilité qu'il manifeste pour toutes les beautés, les harmonies de la nature, pour tous les sentiments élevés ou généreux. Le Félibre chante le soleil qui réchauffe et féconde ; il aime la feuille qui pousse, la fleur qui étale ses couleurs, l'oiseau qui gazouille dans le feuillage, le ruisseau qui murmure, l'idylle de ses champs, les charmes de son pays. 11 rêve, admire, idéalise ce qu'il voit et jette, avec éclat, l'expression de ses intimes sentiments. Si nous voulons remonter seulement jusqu'à Gastou Febus, sous l'invocation de qui vit notre Escole, nous devons reconnaître que celui-là était déjà un Félibre, qui a fait graver, dans le marbre* au milieu de ses armes de Foix et de Béarn, sur la courtine du château-fort de Mauvezin, cette chevaleresque devise : « J'ay belle Dame «aujourd'hui immortelle, parce qu'elle est devenue la propriété de l'Escole Gastou Febus. On ne sait pas exactement quelle fut, en réalité, cette Dame unique de la pensée de Fébus. Mais si les Escholiers de nos jours, ses successeurs, étaient appelés à créer une devise de ce genre, ils seraient probablement tentés de la mettre au pluriel ; car, d'après ce que l'on sait, d'après ce que l'on voit, c'est par centaines et par milliers que l'on compte, aujourd'hui, en Gascogne, les belles Dames. C'est ainsi que nous sommes naturellement des Félibres ; et c'est Jasmin, le poète agenais, et Mistral, le poète provençal, qui nous ont indiqué la voie nouvelle : Jasmin de qui Mistral a dit : De Bourdeus fin qu'à Marsiho Agen nous a larga tan iloum de pouesio Que n'en siam touti luminous Mistral, dont les œuvres et le caractère ont fait revivre la vieille — 213 — langue des troubadours et qui est considéré parses contemporains, par nous tous, comme le chef incontesté du Félibrige méridional, des Alpes aux Pyrénées. Au centenaire de Jasmin, les Félibres du Sud-Ouest, conduits par Mistral, sur les bords de la Garonne, ont fait graver, sur le piédestal de la statue de Jasmin, ces mots significatifs qui paraissent être le but résumé de toute sa vie : 0 ma lengo, tout mé zou dit Plantarey uno estelo A toun froun encrumit, Escholiers de Gastou Fébus, vous êtes les disciples de Jasmin et de Mistral; et c'est à vous qu'il appartient de trouver les étoiles, que vous fixerez sur les tablettes où vous gravez, en langue mayrane, l'explosion de vos sentiments poétiques. Nous sommes donc des Félibres ; mais nous sommes aussi, et surtout, des Gascons. Et, hâtons-nous de le dire, tout doucement entre nous : « N'est pas de la Gascogne qui veut ». Le Gascon a des défauts ; on nous le dit et nous devons le croire. Mais il a aussi des qualités débordantes et nous ne pouvons pas le dire, parce qu'on nous reprocherait de vouloir mettre, dans notre maison, des guirlandes qui la flattent. 11 est mieux, ce me semble, de rappeler simplement des anecdotes connues, indiscutables, déjà dites et qu'on aime à redire. Voulez-vous, pour les Gascons, un certificat d'esprit d'initiative et de persévérance ? C'est Henri IV qui le donne. Son jardinier de Fontainebleau, probablement paresseux, se plaignait que le terrain était ingrat, qu'il avait beau le travailler, que rien n'y venait — « Sèmes-y des (îascons, dit le roi, ils prennent partout ». Voulez-vous encore, pour eux, un certificat de courage et de valeur personnelle ? C'est Napoléon Ier qui le délivre. Dans un de ces moments d'expansion, où il savait si bien juger les hommes et les choses, il s'écriait : « qu'on me donne une armée de Gascons et je traverserai cent lieues de flamme ». Le Gascon est profondément attaché à ses traditions, à sa langue, au terroir de ses ancêtres et, si l'on veut comprendre le motif de ses préférences, il n'y a qu'à voir, d'un coup d'œil, ce que contient, pour lui, la Gascogne : Et d'abord, le grand fleuve, les plaines de la Garonne où poussent, en plein champ, les chanvres, 3 — 214 — le tabac et les pommes d'amour ; les monts pyrénéens dont les dentelures, blanches ou grises, découpent dans le ciel notre horizon méridional ; les cent rivières qui en descendent, rayant le sol en vallons et coteaux, où la terre est fertile, verte l'hiver, jaune l'été, où toujours chante le fier Gascon, plus riche d'esprit que d'argent ; les sites merveilleux où l'on villégiature : Luchon, la reine des Pyrénées ; Biarritz, la reine des plages et la plage des rois ; Salies-de Béarn où nous étions l'année dernière, Capvern de Bigorre où nous serons l'an prochain, Cauterets, Luz, St Sauveur, Barèges, Bagnères-de-Bigorre et tant d'autres lieux bienfaisants, dont la nomenclature serait trop longue, où les Parisiens et encore plus loin les Franchimans du Nord viennent chercher la santé, le bonheur ou le plaisir. Et cette belle cité de Pau, à 1 air pur, au ciel bleu, où les nobles étrangers viennent faire la connaissance du noble Béarn ! Eh ! que dire de Lourdes ? Non, dans le monde entier, il n'y a pas un coin de terre où il y ait autant de miracles que chez nous. Ne devons-nous pas être pleins d'admiration et de reconnaissance pour toute cette région féconde et pittoresque, oû coule l'Adour, où roulent les gaves mugissants, depuis les baronnies du château de Mauvezin jusqu'aux rives de la Bidassoa, depuis le pic du Midi de Bagnères jusqu'à cette plage hospitalière de Capbreton qui nous reçoit aujourd'hui si généreusement, jusqu'à ce grand Océan que limite le Golfe de Gascogne, dont l'écume blanchit sans cesse nos sables de la Côte d'argent et qui déroule toujours, à nos yeux charmés, sa robe aux replis verts. Et, voilà pourquoi nous voulons rester Gascons, parce que nous avons nos traditions, notre caractère, notre langue, notre terroir ; parce que nous aimons et chérissons notre petite patrie. Est-ce à dire pour cela que nous n'aimons pas la France ? Le reproche serait bien immérité. Ah! si jamais la France avait à supporter un péril ou une peine, la Gascogne entière serait à son rang, la première à ses côtés, avec tous ses bras et tout son cœur. Qu'on nous laisse donc chanter les idylles de nos montagnes, comme Miqueu de Camélat, les charmes de la case ancestrale, comme Simin Palay, ou, simplement les notes heureuses du « Crabè » comme notre distingué secrétaire de la section desLanes. Qu'on nous laisse, enfin, aimer toutes choses, le beau et le vrai, comme on sait aimer en Gascogne ! Que la Gascogne soit fière de ses enfants, et que la France soit fière de la Gascogne ! Il est permis à chacun d'avoir une ambition. La mienne, la voici ; et c'est par là que je termine ; car il faut savoir, en toutes choses, se limiter par une ambition quelconque. Je voudrais, et je crois être, ici, l'interprète de tous les membres de l'Escole Gastou Febus, je voudrais que la France fut à la tête de tous les progrès, et la Gascogne à la tête de toutes les provinces, avec notre vieux cri : Toustem Gascous, Fébus aban. La harangue de M. Bibal a été coupée par de multiples salves d'applaudissements. Cela n'étonnera personne car, il a su parler avec tact le langage qui fait vibrer les Gascons. Avant de s'asseoir, il donne la parole àl'Ârtè douPourtaou qui nous lit le rapport étincelant de verve qui suit sur le concours de poésie. MESDAMES, MESSIEURS, Je me croyais, à tout jamais, dispensé de rapports sur les poèmes adressés au concours de « l'Escole », mais, une fois encore, la volonté de notre sympathique président — dont je regrette vivement l'absence à ces fêtes — vous condamne au supplice de mon éloquence (?) plutôt négative. Et. personnellement, j'aggrave sa sentence de cette fantaisie paradoxale : m'exprimer — du moins liminairement — en français au cours de cette félibrée à la gloire des langages aquitains. Vous m'excuserez, Mesdames, vous me pardonnerez, Messieurs, quand j'aurai dit, sans gouaillerie aucune, — au contraire — que, si j'en use ainsi, c'est ^our être clairement compris de tous les adhérents à l'Escole Gastou Febus et pour qu'à l'avenir ils veuillent bien économiser sur leurs frais de correspondanca et ne plus adresser à nos concours des poésies françaises — merveilleuses à tous égards, je veux le croire, mais que la Commission d'examen ne peut et ne doit pas apprécier. M. Planté (c'est notre président effectif), s'il eut été des notres ) avec le charme exquis de sa parole, leur eut adressé cette même prière en les couvrant de fleurs — telles des victimes offertes au divin Appolon ; mais moi, pour qui les abeilles de l'Hymette ne daignèrent point butiuer leur miel, je leur dis brutalement la règle de notre « Ecole », qu'à tort ils crurent une Académie fran- — 216 — çaise... de province. Nous sommes une compagnie, éprise, certes, de la langue nationale, mais tellement fervente du verbe populaire, Béarnais ou Gascon, que ces seuls idiomes sont admis à nos concours. Mon rapport, préfacé de ces quelques mots, il vous agréera, sans doute, que je me soumette à la tradition et que je devise avec vous dans le dialecte de mon village. Aussi bien, sans plus tarder, puisque nous sommes à Capbretôn dont le nom antique signifie « entrée du gouffre (cap-buthrou) », si j'en crois la légende toujours plus véridique que l'histoire, vous convierai-je à vous plonger avec moi dans le gouffre de la poésie. J'aurai le plaisir de vous en faire les honneurs. DAOUNES DE COUS D'AMOU, AOUNÈSTE MOUXDE, MÈSTES É GAVS COUMHRAYS, Ké souy éschéntad, é k'én debrét esta mé qué you bous atis qui-at à m'éscouta, ké souy éschéntad d'abé à 'spélusa deban lou mounde lés qualitads é lous défaouts dé lés trobes mandades ta lé prime de l'Escole, més coum sèy qué m'én gouarderat lou sécrét ké baou batala coum... qu'ugn diseri you ? coum ue mamisèle chèns pratiques. Ne bourri pa dé bère paouse qué m'anassit éscusa pramoun sé largui quaouque coumplimén agradiou ké b'abértéchi qué sera hèyt p'ous mèys camérades dé lé yurade, mé sé daou quaouque pégniq éscousèn ké biénera de you. A plan carcula ké baou mélhe qu'aco ké-s' sapi enta pa qu'ugn-aout k'én porti lés plagues doulèntes. Ataou lous qui-ayi agulhouads, s'aquéts his ous déscoumplasen, n'aouran pas sounque à tourna s'én décapa you, quèn sin à man. E, coum dé cla éncla, é publiqui, pér chouès é chèns ésta-y fourssad, bersséts dou méy éscantilh, ké seré lou hasard dou diable sé né poudèn pa tourna-m", ungyournou l'août, lés pères ou saq. Mé débisam doun de ço qué-s'débire. Ké baou abia lou rapport, sé né-b' désagrade pa, én éscarpitan lous tribalhs, l'ung arroun l'août taou coum é-'s cadoun én lés maos é nou pa pér rénq dé balou. Lou pérmè councurrèn M. Paou de Dufîourké-'s manda : 1° Lous mèys di buts de casse é la bouts de la Ttrro ». K'ère trop coumode de dise « lé mi pérmère casse ». Ségu ké balè mé dé franchimandéya ou trésaou mout ta ha émyèrri lé yurade. Mé passam. Aouta plan, én lé permère pèceM. de Duffour — 217 ké-'shèy assabé qu'a pourtad à lé Pérfécture lous dénèst'ou pérmis dé casse. Ey plan segure, aquo ? D'aoutan mé qu'én abian l'istouère, ké prétèn abé balhad lous escuts ou pércéptou. Sé caou pagua dus cops lou permis dou coustat de Tarbes, foutud"pèys ! Ké sémbleré qué seré dehèt prou dé désha s ung cop dé lé mounéde. Mé n'anim pa cérqua chicanes pér ta chiq de caouse. Ço qu'y a dé mé tris, k'é de trouba én l'ung é l'août tribalh rims, qui-an lou malure dé nou pa rima, enbergainads dab moûts franchimans. Né b'éstoumaguét pa sé-b' diq qui s' pod béde mélhes bérsséts. Ké s'én béyd tabégn de mé charres. Sé Mous de Duffour at boulé ha, h é pouyré doun ét manda-'s trobes mé plan apoulissades ! Né s'a pa gagnad qu'ue ménssioun. Moussu Rietsch ké-s a hèyt pérbiéne « En dous praoubes » é « misèros » coum çé seré dus quatourzis. Aquét councurrèn k'a rèyte dé pape proubable. Né s-én émbia pa mé dé chéis trubès de dit. Coum biéni d'apréne adare qu'ère curé, ké m'èy carculat qué lé lèy de séparassioun én déout pourta lé coupe à dé mégns qué Moussu Rietsch ayi lou tésig dé l'ésparagn. En bértad k'a l'èrt d'esparagna tout : papè é poésie Béyatlou yudyemén dé lé yurade quén né sabè pa ncouère lou noum de l'oubrè. Lou mèy d'abord, ta pa damoura 'n darrè : « K'ou déri l'abis (à l'aoutou) de manéya quouques sounéts é, aquo hèyt, de trigua lous mé plan russids é manda 's e-ous arroun. Ségu, aquo ké-s sèn, ké pouyré ha de boun tribalh én s'y amaquan mélhe é han counéchénsses dab lé feyssoun d'apparia lés rimes é dé lés doubla téndèn à lé médiche plasse ». —Daugé k escribè : « Caouque bèrs plan escasud. Enta qué nou pa capsa las rimes ?» E Palay : « L'autou ké diout esta yoén. Aquét sucyèc qu'a courrud lous camins aoutan coum nat praube. Las rimes ké soun entérmésclades a la graci de Uiou ! » Dous aoûts très' dus ké boulèn brounza ou é Mous dé LabaigtLanglade aryènta ou, chéns 's-én balha lé rasoun plan qué lé counéchoûssin béroy, ségu. En fin de counde Moussu Rietsch ké s'én porte ue madalhe de brounze. « Qué bouy canta toustém » de M. Lioun Arrix d'Aoureillan, k'és ung tribalh acabad. Plan qu'ayi mésti de cérqua péous s ous ouéous é lé mé chicoye laque s ou boun ruyte, le coumissioun n'a pa bis nad reproch à ha-ou é k'ou da lé pérmère madalhe d'aryen. « Aou grit maysouè » k'éstou mandad per M. l'abbé Barros dTrgous. Aou trésaou couplét « agrounléte » e « maysouéte » ne m'an pa l'èrt de rima, sounque é-m' troumpi. Aoute caouse, ou médich éndrét lou niés d'abriou k'és asségurad pr'ung béroy niés. Ségu né s'y parle pa dou d'aougan. Ké dé doou ha qué s'y muchi quouque chiq de flaque, ça ou là ! K'y a bèrs ta plan ^pitads ! M. Barros, d'éscribe à lé courrude, n'arrecaptet pa sounque ue yolhe de brounze aryèntad. K'am récébud dou. cap couy coum sé sine ou ta mélhe ha-'s coumpréne de M. Tauzin, de Baigts « la serre dous oulibès ». Ké s'y trobe aqui pér déhén bérsséts coum né s'én y arrécardéye pa tout yourn, k'és ung mèste troubadou, lou cap couy ! E toutung, you médich... tel que vous me voyez — sé me pérmétud d'éscarni lou défun curé de Bidéren — n'én èy pa pétad de pou, dé bray, mé ké souy damourad estrémoundid de trouba-y bèrs coum aqués : « La care dou Ségnou tarrible coum l'ihè » Ké-m sémble soubiene-é-m' dé quèn t-anèbi t'ou catrechime qué né carré pa lhèou préne le sou passeyade p'ou tucoun dous oulibès ta mucha Jése-Crit dab ue care tarrible. Figurât b'é, né sèy pa sé m' troumpi ésé né hèch pa dou yan-lire qui-én énségne ou soun cure mé k'atiuri crédud, qu'a d'aquét moumén qu'ère mélhe éntéquad d'ung flaque chès parioun. M. Tauzin ké-s' gagne lé duzaoute madalhe dé brounze aryèntad. « Bouts dé bosc » k'arribe arroun, k'és ung tribalh d'uegouyate, Mlle Puyou, de Pau. K'at sèy béroy : l'aounéstetad k-'ésta dé plan décap à lés iumèles ; més n é pa défèndud, pr'éscadénsse, dé lés sarsségna chiq ou mig. Plan qu'ayi" escribud ou tèst dou soun tribalh « toques y si gaouses » ; én lé préguan de m'én déséncusa, ké bourri dise à d'aquére méynade, qué « aousérous » é « flous » n'an pa yamé rimad, aou mèy praoube abis, s'éntèn ; é qué né s' haré pa dou tort ad'ére médiche én sérbi-s' d'idès qui oussin mégns courrudlés carrères. Tout én lé mandan lé dusaoute menssioun.gagnade pr'ére, ke l'arremercirèy hort d'abé amayoulid lou counde dous moûts biarnés dé lé mi counéchénsse, ké bouy parla dout mont « boudayres » troubad en lou soun tribalh é qui-é n'abisèbi pas. Ta-b dise lé bertad coum é, n'anit pa créde qué sapi encouère ço qué boou dise (aquét moût !) Dab M. A. Lamothe k'am bis ung « printèms paysan ». Boun tribalh. Touts lous mèys camérades qu'y an recounéchud lou printèms de case. A you soulet ké m'abè sémblad trop parie ou qui é cantan d'aoûts cops lous troubadous Grècs baduds en pèis de gran - 219 sou. Ço qu'é d'ésta lustre ! Lé prime sasoun d'aci catbat ké-m' paréchè, lou mé soubèn, réde é moulhade. B'-és ung bèt désaguis d'abé de'machans ouélhs ! M. Lamothe lé yurade ke-b' da ue madalhe d'aryèn. « La bite au biladye », de M. Lamarque d'Artassens né pod pa accoumpara s' a nad août tribalh ; nou pa qué loys bèrs né siin hore de pâ, nani ! ké soun coum lous bèrs qui-é bous aoûts ou you pouyrém ha ; mé ço qu'y a d'ésmiraglan aqui pér déhén k'é lé biste qui a, Mous dé Lamarque, dé lé yèn ! B-y a mounde de chouès per sou case ! Qu'ugn malure qué né sii pa pertout ataou ! Madalhe de brounze ! M. P. Abbadie, réyen à Soumbru, ke s'a gagnad ue madalhe d'aryèn dab.« lou bi blanc de Gascougne » ung istouerot dous mé plan aiïèytads. « Plan troubad é prou broy tournéyad ! » ça mérquad lou Palay. •» Mous Francés dé Lartigue, encouère ugn'aout caddet qui à rèyte de papè mé nou pa dé pouésie. Ke's a mandad « Pér nouste » é « lou lî » dus sounéts, à ço qué dits, mé coum né sèg pa lou règle dous sounéts, ke haré lhèou mélhe d'apéra ous « quatourzis ». N'am pas bis aoute caouse à reproucha ou sounque sii lou Daugè qui-é m prègue de disé-ou, én bèt lou dan ue madalhe d'aryèn, qu'aci catbat lou lin ne-s' cfalhe pa ; k'ou darriguen dab lés mans, Ké s a hèyt perbiéne dé tarrible bouns bèrs Moussu Dénizet à taou pun qu'én lous léyin p'ou permè cop, Palay k'abou pou qué Lacoarrét é'-'s bouloussi yougua ung tourn dé coucard. Aquob'-é-s débire à lé boste aounou M. Denizet ! En pérmères ké b'abi mérquad maye récoumpènsse, mé, qué boulét ! Ké m'a calud passa-'n pér lé lèy dou mé hort. Lé yènsse part de lé coumissioun k a décidad qu'aourét ung diplom dé madalhe d'aryèn. Lou qui-é sèg ké-'s-a hèyt léyi tribalh chèns taque : « La Partènço das Pescayres ». Ne-s' béyd pa mélhe ! D'are én là, M. Barreyre prénét b'-é pér mèste én pè. Nous atis né-'s bédem pa 'n lou cas dé madalha b', é ké-b' prèguem de nou pa mé ha-b' prima : ké déscouradyerét lous aoûts councurrèns én arrapan téndèn lé yènsse yolhe. Ké-b' dam p'ou darrè cop lé madalhe dé bérmélh. S'abèm poudud ha-b' maye présèn crédét qué seré éstad de boun cô. K'am récébud de M. Naves « lé cigalhe é l'arroumic ». Lou tribalh n é pa machan à dise, mé malurousemén lé yurade k'abè déya léyid lé médiche fable oubrade p'ou Batbedat, de Bayoune — l'ançièn ! — é k'a yutyad qu'ue madalhe dé brounze k'accoun tènteré M. Naves. L'oubréte qui-é-'s cadou arroun én lés mans ké s' apère « Nouste terro » d ab pér cantè l'arrepourè « Qui nou pod eanta ké pioule ». E aquo k'é soubèn bértad dit. K'és ung méynadye de quinze ans, Adrien Bibes,„ri'Adé, qui-é l'éscribou. En badén bielh k'amassera couraou. Ké l'an hèyt lé naoutad d ue madalhe dé brounze d ab ue pèt d'aryèn pér dessus. « L'abare ou lou machan riche » é v lé coumete de Hallèy » ké'sarriben dé lés Lanes é k'é Moussu Lamarcade qui-é lés embia. Lé couméte de Halley — b'-é carré lhèou dise dé « ha lè » — ké m'a tarrible agradad. Ouménaqués omi k'a bis lou tèmsd'aougan d'ab ouélhs paries dous mèys é ké l'a mérquad « ou papé taou coum ère. M. Lamarcade k'èt aparssad d ue madalhe dé brounze. Mous dé Mécène qui a, pr'éscadènsse, ung hort béroy noum, sé né l'a pa d'énproun, ké 's-a mandad « le bigne de Pujol ». Moussu de Mécène k'é lotye én dehore dous nous parssangs, mé coum hèy parlide, ét, dé l'Escole, ké's a calud dacha-ou préne part à lé prime. Lou soun escriout, escriquad é apoulissad, ké s'a gahad ue madalhe dé brounze aryèntad. En séguin « Réncountre » de M. Lacroix, de Buzet, ké 's passa p'ons dits. Ké-s' pod ha, a d'ayse, ung réncountre mé abantadyous. Ne diri pa sounque aço à M. Lacroix : A bèt pérlounquéya moûts d'ab ung médich coudaou, n'é pa ue rasoun ta qué rimin. Moussu ké b' an toutung mérquad ue inénssioun. K'am bis arroun « Bin de Gascougne » é « lou petit moulin » de Mme Pèy dé Libertad- D'ab qu'ugn plasé èy you léyid aquo ! .Mé toutung, daounéte, ké bam parla-'n dus moûts dou poun d'Orthèz qui-é hèyt dé pèsses. Ké sabouréyébèn ta boun aquéres trobes, éscribudes coum né s' béyd pa, agradibes coum né s' pod dise, ta plan qué m'y ésmusèy décap coum ung boun can dé casse décap én ung yibiè dé chouès. E coum bouli rappourta b'é-lés amourdèntidesd'ue madalhe dé bérmélh, ké m'éstrabuquèy ou Palay. A qués açi, d'ab lou béroy parla dou « Franchiman » qui-é sab ta plan débèrsse quèn boou, ké m' dichou : « Ço qué tu portes là, en penant des doigts ? » Ké l'at amuchèy. « Trufandises a part — çé-m réprenou — k'as doun las nasies enhastiquades ta né-t' sies pas abisad qu'aquéts bersséts an courrud Sagorre, Magorre e touts lous yournaléts de Biarn e Gascougne ? » K'én damourèy coum ung porc quèn piche : Né sabouy pa disé-o.u né habés né céses. 221 D'aoutan mélhe qué lou résfan dé lé coumissioun ké s'ère apréssad é à ço qué-m' hasou béde, lou Palay k'abè rasoun. Mme de Libertad he's-at yougad un lè tourn. Né podem pourlan pa léyi tout ço qui s' a m ou rie ! K'y aourad gagnad de n'arrécapta qu'ue madalhe d'aryèn, encouère pramoun qu'èt ue fumèle é qué Mous de Planté ké lou mé courtés dous omis. Més, ung cop per touts, aouta plan ta Mme de Libertad que t ous aoûts, ço qué baou dise qué sii dit. Ne liéneram pa nad counde d'are én là de ço qu'ayi paréchud en létres de mourlou. Lous bèrs ta lè prime dé l'Escole ké debran ésta coum lés rosières : né carra pa qu'ayin sérbid. Qué sii coumprés ! Moussu Levrat, de Simorre, ke-s' gagne ue sigoundë madalhe de bérmélh dab « l'inno à la Gascougno » é « le plagnénsso dous aujols )). K'ou prègueram simplemén d'eschartigua ung chiq mé lou soun Gascoun é dé né pa dacha-y artala lés sègues biéncudes dous cantès, qué sii dé Proubènsso ou d'oulhoun. Lou darrè councurrèn admetud k'és Moussu Lauquet de Bagnères qui-émbia dus triba'lhéts. Né caou pa dise én trop de dou plan, né trop ablada-oustapaouc. Chèns arroumèréya disém qu'ous an heyt l'aunou d ue menssioun. D'aoûts councurrècs ne-s'soun pas bis en lou cas d'arriba à l'ore dite. Moussu Yan d'Urban entr'aouts. K'aourém toutung léyid lous souns bérs mé coum ous a sicnads ké s'é hiquad ét médich én dehore dé lé prime. Ké dirèy à Moussu Pierre Cugulière, de Beziers qui-é's manda très oubrétes dé permè chouès qué lé coumissioun a lou maye crèbe co de ne pa poudé-ou da ço qué s' mérite. Mé lé lèy k'é lé lèy é lé prime k'ère t'ou Biarnés é fou Gascoun souléts. Qué s'acountènti dé sabé qu'où recounéchem pr'ung troubadou coum né s'én y béyd pa tout yourn. Arribad ou coudaou dou rapport ké m damoure encouère a dise qu'aqués « concours » é lhèou lou mélhe qu'ayim abud à yutya. E tan agradiuké l'am troubad qué Mous dé Planté, éstaquad à case p'ou malandrè mé dé cô dab nous, téndèn boun coum lou boun pan, a tiénud a ba s en de lé sou poche, ue sigounde ma dalhe de bérmélh qui-é ne's da pa dé coustume. E k'acaberèy én apéran lous primads ta qué biénin cerqua-s' lés madalhes. DAUCLANNE (L'ARTÈ DOU POURTAOU). — 222 — Les boutades bien gasconnes dont l'Artè a émaillé son travail ont à plusieurs reprises déchaîné le rire dans la salle entière qui lui fait une ovation lorsqu'il cesse de parler. A son appel les lauréats-poètes viennent recevoir des mains des muses les récompenses que le 'Jury leur a accordées. A mon tour, je lis le rapport que la commission de la prose m'a chargé de présenter en son nom. Report sus lou Councours de Prousèy GASCOUS E BIARNÉS, ESCOULIÈS DE FÉRUS, Que coumenserèy augan, se m'at bouléts perméte, ad espeluca las pèces dou councours de prousèy, per las qui soun tortes ou tougnudes, ou qui an quauque lède bourrugue sus ûe beroye care ; e qu'acaberèy per so de méy bou, ne gausi pas dise so de parfèyt, puchqu'ey entenut que n'y a pas arré de parfèyt debath la cape dou cèu. A la purmère hoélhe dou nouste libi atau afèytat que trobi û counderilhot de Moussu Paul Dufîour de ïarbes, qui a per enségne Agita aouan de s'en serbi. Se n'èri pas trop curious, e-m bouleréts dise, Moussu, quoant pe couste de tribalh la boste histori ? Que-b maucuti d'abé gahat lou calam ambrequemén, d'abé-u poussât en aban dab û aysiè, ûe abourride tan grane que lous beroys penseméns, las imadyes gaymantes qui enlouréchen soubén sus lous bostes pots, qu'at sèy, n'an pas abut lou téms de talhuca s ûe place au niièy don boste debis. Mechidats-pe d'aquéth aysiè, que-b en liera béde de maies. Adéth soulét que rebièy la coupe dou magrède la boste histori ; éth tabé que b a hèyt ha empléc d û hardèu de moûts francés, coum agita au loc de scgouli; facile per aysit ; n'a pas embentat la poudre qui-s pouderé arrebira atau : n'a vas gahat lou loup per la coude. Badoun, blanc d'escumo, crida de souffrénce, la même représentation, touto counfuso e d'autes dises dou medich escantilh ne SOUD pas hèyts ta lusi sus l'escoubat. Desarrigats aquéths cardous dou boste gascou, leyéts, quoand bouléts councouri, las lèys de la grafie emprimades à la darrère paye dous Reclams e que-b prouméti que puyerats a la capsus, pramou qu'abéts esperit e dou bou. Per hoèy que-b countenterats, se-b plats, d'ûe menciou d'haunou. - 223 Era hèste-nàou de Moussu Lauquet de Bagnères, coum la pèce d'assiu deban, qu'ey parla de Bigorre. Qu'y abém troubat quauques beroys passadyes, més lou tablèu coumplit d'ûe hèste-eunau qu'ey encoère a ha. Et quoant de fransimandalhe y hèn trebuc e puchéu ! Ne poudém pas créde que disiu en bou bigourdâ : chez Yanino, era routo, lou menu dou disna, û cabaret, dab regret, etc.. E si per malur la loéngue a hèyt parière cadude, qu'ey aus autous qui calaméyen a caplheba-lé : lous councours de Febus ne soun pas hèyts sounque tad aquero. Si ne-m troumpi, Mous de Lauqué, qu'ey bienut enta nous mey d'ù cop. Quin se hè doun que hasi tan de fautes de grafie e de tan mourdéntes? Déns b'at sabét, qu'a escribut b'at en û sottl mout e toutû qu'en y a dus, per la sacrebius ! b' qu'ey lou que gascou cambiat en b, e at qu'ey û prounoum. Léchammc per lechats-mé qu'ey la mediche faute. Déns que yèro, que yentrcy, qu'arranyats l'y grêc de fayssou a ha cos dab lou bèrbe. Lou prounoum que déu toustém esta hiquat ad espart, ligat per ûe petite raye dab lou que quoand ey deban, e dab lou bèrbe s'ey per darrè. Manques parièfes, qu'en y a encoère mey de doutze a la boste pèce. Qu'estangui pourtan aquiu la mie mustre de grammère : n'ey pas agradibe enta 1 autou, qu'en souy d'acor, ni ta you tapauc, ou yaméy ne l'abachi, pensats doun taus qui assiu escouten. A maugrat de toutes aquères fautes la yurade que-b tién cas de so qu'y a de plâ bigourdâ au boste tri balh e que b balhe ûe medalhe de brounze. Las Sèt-crabères de Moussu Darricarrère de Pau que soun escribudes dab ûe graffe tan ourginale, dab ûe abounde tan grâne de tremâs que, boulouns ou nou, lou leyedou que pénse au camî dou cèu mentabut de Sént Yaques. N'y a pas qu'aquéste souléte différence : acera hore, bus puns que soun blancs e assiu nègres. Yudyats-ne drin. Sus aquéstes très moûts qui-s sèguen, de le mêje, en francés de la mienne, l'autou qu'a troubat lou mouyén de hiqua cinq tremâs, ou dèts puns enta hoèyt létres ! Ne bouy pas cerqua-u d'arroèyt per abé hèyt souna ou la létre u tout cop qui n'ey pas caperade dou tremâ, badoun que ne sie pas aysit de léye : lous ours boulours, quoand l'autou escriu-t : lus urs bulurs. Aquéste fayssou, au dise d'Al Cartero, que s pot encoère espliqua. Més a nous pas ha coum tout lou mounde, oun que-s hè maucuta de nou pas abé yaméy leyut û mout de gascou. E toutû que sab la loéngue, Mous de Dar- — 224 — ricarrère ; lou sou counde qu'ey plà escribut, beroyemén dit e que s'y trobe û debis d'ûe mayrane bertadère sus la grane ourse. Tabé lou balham ûe medalhe de brounze en disén-lou : Couradye, estudiats, tribalhats e ta l'an qui bièy lous puns nègres de las noustes nautats que baderan blancs toutû coum soun aucaminau dou Cèu. Dab Lous couate ertès de la bielhe Marioun per Louis Lamaignère d'Artassens, que liiquam lou pè au peys de las beroyes Lanes, pramou que Mous de Lamaignère qu'ey Lanusquet e reyén dou sou mestiè per dessus lou marcat. Asso n'ey pas hèyt enta s desplase. Ha entra la loéngue a l'escole. a la glisy, au palays de la yustici,.au tiatre, en tout loc oun lou puble e s'amasse ta pensa, ta debisa, ta tribalha, ta deberti-s, qu'ey aquiu lou maye tesic de l'Escole Gastou-Fébus. Tabé be hèy assiu û gauyous serbitur au reyén lanusquet dab l'ahide que lous counfrays sous que bieneran enta nous autan numerous e mey si s pot, coum an hèyt lous reyéns dou Biarn. Ta tourna doun aus Couate ertès, lou counde qu'en ey l'histori d'ûe biélhe brouthe, sarre la-piastre e pintounère, qui s'untabe lou palada e s'arrescabe l'os binatè aus despéns dous sous hertès tout cop qui poudè; qui ous crayouna tan qui biscou e qui ous crayouna mayeméns encoère quoand abou crebat. Tribalh beroy hèyt e qui a balut a l'autou aquéste dite d'AlCartero « Ahide enta l'abiéne ». Qu'abéts doun a tribalha encoère, amie counfray, més qu'èts plà abiat. Hats attenciou à la grafie, desarrigats dou boste debis la fransimandalhe. N'en hiquerèy pas qu'ûe a la lugou d'aquéste report si ne-b débi pas trop desplase, més qu'en y aura de soubres entad abia-b s'ou beroy camî. Qu'abéts escribut : Arré ne cruse autan coum la pene, môme se n'existe pas. Aboats-éc, n'y a pas aquiu û mout de lanusquet e la pensade qu'ey toute francése. Que-b hèm toutû, la gauyou d'ûe medalhe de brounze aryentat. Drin per drin que puyam enta las bounes pèces. Qu'en abém apariat dues can a can qui soun de balou parière : Lou Saunèy de la Crabère per Moussu Léon Arrix, et La Benyénce de l'Arnautet per Moussu Barros. Lou Saunèy que-s mie au mièy de la lane dou Poun-Loung oun lous homis-ausèths e ban, biénen, puyen, debaren, tournéyen, — 225 — birouléyen p'ous èrs, coum la laudéte e l'aurengléte halabastrères. Lou gouyat qui planéye per acera bèc, que bét ûe gouyate qui goarde crabes acera houns. Tout choalines que la hè puya héns la soue courredére, e amasses que h.èn rampèu aus biadyedous de car e d'os qui porten aies blanques ou nègres ou pingourlades e qui hissen lous èrs chéns bêles ni hoéc. Ne s'y pana pas qu'û poutou au miey de la boulade, û toutsoulét, n'ey pas goayre, e bertat ? Més autalèu barrrataplan ! Lou manigle que-s parbire e la gouyate a terre de patèrnes ; e l'homi ausèth, esbassibat toutû coum la humerade blanqued'ù saunèy. Pramou que, ausèth de téle, gouyat à l'oélh nègre e a la bouque bermelhe, poutous, boulade e cadude, tout aquero n'ère qu'û saunèy : saunèy coum en abém touts hèyts a bint ans, quoand la hoélhe e berdéye e qui lou co e houléye. Saunèy beroyemén coundat, plà ourdit e atramat, coum debè esta lou d'û escribâ qui counéch la loéngue e qui sab maneya lou calam. B'ey doun doumadye que-s siem trebucats a quauques moûts fransés. Bey doun doumadye que l'autou qui hé, éth tabé, ariban, lou saunèy de basti û ausèth de téle coum tan d'autes Fransés glourious ; qui a troubat, se disen oumén, lou mouyén d'amourti las cadudes, soubén mourtales, b'ey doumadye que n'ayi pas hèyt cade la gouyate a de bounes e que ne s'ayi pas dit quin l'auré saubade, mercés a la soue enyenie. Aquero que l'auré miat au pitè dous councours noustes. Méscouradye, Moussu, que sera ta gnaute cop. Per hoèy, que s'en tieném a la medalhe d'aryèn, Moussu Barros, se nou-m troumpi, que-s hè besite augan p'ou purmè cop. En boune hore sie ! Lou sou counde qu'ey beroy e gauyous ; la loéngue, drin flouche per endréts, qu'ey hère boune per d'autes ; la grafie coum eau horemis toutû quauques fautes aysides a courreya. L'autou qu'a boulut prouba que lou bî, se balhe hourtalésse e couradye, que balhe tabé esperit, que s'y ey hère plà escadut. Qu'ey û hilhot de la Chalosse beroye, Mous de Barros, d'aquéth parsâ encantat, oun lou cèu ey mey blu, la terre mey graîbe, lous arbous mey bérs, las gouyates mey aymadoures, la pouesie mey gaymante. Ne l'ère pas a malayse d'esparpalha las flous en lou sou debis briuleyan. Tabé que las y a semiades coum hè p'ous cams bouyats e arrasclats lou paysâ qui semie a yuntes lou roumén. Espiats e beyats ! - m — Quoand la fumèle e cride, lou câ qu'en bàcheré la coude'. Més se l'homi espie en han l'arris dou cà, la moulhè qu'a pòu e ne demande pas la crouts d'haunou. Quoand lou tisnè dab lou drap ourdéch las pendardisses, que coélh per fis so qui a semiat, e labéts que-s grate oun lou prut. Atau qu'ey lou bertadè pafla de nouste, lou qui s coélh sus la bouque de las mayrânes. Hurous qui ou sab enténe ! A mous de Barros qui-n a herterat que hèm coumpliméns e que balham ûe medalhe d'aryén. .Mous de Cantou, reyén a Mirepeix, ù habituât dous noustes councours que-s mande augan La Leyénde de Coarrase. Nou-n diserèy pas gran cause assiu, pramou que la hiqueram toute sancére aus Reclams. , , Cantou qu'ey û tribalhedou. Lountéms las soués pèces que soun estades praubes e mâgres, mesclades de brocs e de cardous. La soue loéngue qu'ère flaque, la soue grafle arrebouhièque coum la barbe de Couhét. Que s'arrousegabe à la coude dou palmarès, més arré n'ou descouradyabe : que tribalhabe chéns paus ne cesse, qu'a leyut touts lous libis dou Biarn e de la Gascougne, qu'a hèyt debisa touts lous biélhs dou sou parsà ; dab ûe moudestie qui pot serbi de mûstre, a hère de yoéns, éth qui abè briulétes p'ou mièy de la peluche, que s hesè escouliè e que demandabe letsous e counsélhs aus qui sàben. Haunou ad aquéth balén ! Hoèy que debise e qu'escriut ùe loéngue clare e lusénte coum l'ounde dou sou gabe ; hoèy la soue grafle n'a pas défaut ; hoèy enflngues, amie Cantou, la yurade que b balhe la recoumpénse dous méstes, la medalhe de bermélh auheride per mous de Planté lou nouste présidén aymat. Tribalhats tout parié d'are enla, més d'ugn'aute fayssou ; escribéts taus Reclams, ta las gazétes dou parsâ, enta regaudi lou puble qui-b. a amuebat, entad amucha lou puble qui s'a desbroumbat. Pramou, goarats, l'homi n'a pas hèyt arré tan qu'y soubre qu'auq'arré a ha. Que so qui-b pourèy dise de Las Agnèstes doun l'autou se mentau Francés de Lartigue ? Tan qui èy abut cretics a ha, counsélhs a balha, b'èri doun you ad ayse ! Més assiu qu'èy bèth escarbuta, ne trobi pas sounque a lauda : Ue belhade de famille oundrade dab û pincèu de méste ; û debis de may boune oun tour per tour roundaléyen au bèc bèc, lou Boun Diu, la Bièye Marie, Sent Yau- sèp e Sent Pè, l'ahoath dous anyoulots a las blangues aies ; au houns, ûe bère sarrabanténe de parpalhous pingourlats qui ban tout choalines pausa-s e apuch adroumi-s sus las agnèstes qui lou printems, en se debertin, a hèyt yesi de terre ! E lous moûts que sèguen lous moûts, e las phrases que s'ayusten à las phrases ; e las dues sos mieyounes, musique e pouesie, qui l'autou sémble abé au sou couman, que-b toquen, que-b esmabéchen, que-b halen suber part de las causes criades ! E la mayrâne que s'ey carade, e nous qu'escoutam encoère, a l'entan qui lous nèns gourmans e criden : Mey, maméte, mey ! Tout aquero qu'ey trop beroy, trop dous, trop agradiu, lou mèy calam n'en pot pas balha ûe idée coumplide, qu'at eau léye. Que souy hurous de pourta assiu a Mous de Lartigue, lous coumpliméns de la yurade e d'oundra aquére petite yolhe, aquéth petit bijou enta m ha coumpréne de touts, de la purmère medalhe de bermélh. ESCOULIÈS DE FÉBUS, Aquéste councours que hè ûe probe qui déu regaudi lou co de touts lous Gascous aymadous de la patrie. Au per an que hicam hore councours lous autous qui an arrapat la recoumpénse grane arroun laquoau ne s'en y balhe pasnad auté. e toutû aquero n'ey pas de epunéche. Quoand lous aynats e s'en ban floucats dou pè au cap, lous yoéns qu'arriben e que disen : Au nouste tour adare. E que hèn sourti dou sòu de la Gascougne debis nabèths, coundes nabèths, leyéndes nabères, e lou parla lou qu'ey beroy, qu'ey briuleyan, qu'ey amadou, so qui-s hè pensa e dise : La yoenésse de hoèy que bau, maugrat l'arrepourè, lous bieilhs d'ariban. E qu'ey aquére probe qui déu ha tan gauyouse aquéste amassade e qui hè lusi l'abiéne nouste d'ûe luts tan douce : E qu'ey aquero qui-m permét de dise bertaderemén : Nou la Gascougne n'ey pas mourte, nou la Gascougne ne mourira pas. J.-V. LALANNE. Les lauréats du concours de prose viennent prendre leurs médailles et leurs diplômes des mains des muses qui remplissent leur rôle avec la grâce qu'on met à toute chose quand on a vingt ans. Puis M. le Vice-Président Général donne lecture des divers rapports spéciaux dus à la plume autorisée de M. Planté. PRIX SPÉCIAUX Concours de Dessin Cette année, les conditions du concours de dessin et peinture ont été modifiées de façon à donner satisfaction à tout le monde. On ne pouvait, en effet, mettre utilement en parallèle ou comparaison, des œuvres diverses, à sujets divers et à moyens d'exécution différents : il n'était guère possible de donner des prix à une peinture plutôt qu'à un dessin au crayon, à une gravure ou eauforte plutôt qu'à une aquarelle ; chacune des œuvres présentées pouvant avoir un mérite réel : comment comparer, établir une différence et graduer les récompenses ? Sur le conseil des membres du jury dont la compétence est incontestable — on sait que ce jury est composé de tous les professeurs de l'Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, le Bureau a décidé de faire deux parts dans le concours. C'est pourquoi, il a imposé un premier sujet: c'est un projet de couverture de la mélodie du concours de musique : L'enfant au berceau, Lou Ninin au bersoo. Les auteurs ont pu ainsi faire valoir leurs qualités d'invention et d'exécution sous la forme unique, spéciale d'un dessin à faire graver. Puis, voulant laisser à chacun des concurrents le moyen de faire connaître leurs dispositions et leurs goûts artistiques, il a donné comme sujet à traiter soit en sculpture, soit en peinture, ou dessin quelconque, Un berger gascon avec son chien fidèle, au choix des auteurs, en leur recommandant de tenir compte, dans l'exécution de leur sujet, des habitudes, usages, costumes, traditions de l'une des parties de notre région du Sud-Ouest. Les résultats du Concours, nous sommes heureux de le déclarer, ont été cette année très satisfaisants : il y a eu dix-sept concurrents. Si la perfection — qui d'ailleurs n'est pas de ce monde — — ââo —• n'a pas été atteinte par tous les auteurs, le concours a dénoté un grand effort d'intelligence et de bonne vofonté, dont nous devons tenir grand compte aux concurrents. Plusieurs jeunes filles n'ont pas reculé devant la lutte : plusieurs s'en sont tirées avec honneur. L'Escole Gastou Febus est hère de leur avoir inspiré tant de confiance ; fidèle au culte de la grâce et de la beauté, ces deux inspiratrices de l'art et de la poésie, je les félicite en son nom et les * remercie. J'envoie également l'expression des remerciements de tous à notre excellent ami M. Edward Lacoste, professeur à l'Ecole des Beaux Arts de Bordeaux, qui nous a guidé dans l'organisation de ce concours, et qui, peintre ordinaire de la gracieuse Seigneurie de Gaston Febus, a droit à la reconnaissance de notre Escole, dont le Musée du Château de Mauvezin s'orne et s'embellit d'oeuvres maîtresses dues à son vigoureux talent. il voudra bien se faire notre interprête auprès de ses éminents collègues des Beaux-Arts de Bordeaux. PREMIER CONCOURS (Couverture du morceau de musique mis au concours : Lou Ninin au Bersôo.) Fleur de vermeil offerte par M. Bibal M. Sellier, instituteur à Mauvezin (Gers). Le charmant dessin de M. Sellier va être gravé sur la couverture du morceau de musique couronné, et cette gravure sera due à l'offre généreuse, que notre compatriote M. Hernoult, graveur à Paris, a bien voulu nous faire en se chargeant de l'édition à cent exemplaires de la mélodie. Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, en Béarn et en Gascogne le cœur a toutes les générosités. Médaille d'argent Mlle Renée Lâché, de Bordeaux. Médaille de bronze et un livre d'art Mlle Madeleine Romfort, de Bordeaux. Un litre d'art M, Beaugrand, de Lavardac (Lot et-Garonne). M. Cheval, de Bagnères-de-Bigorre, commis des postes à Paris. 4 — 230 DEUXIÈME CONCOURS Dessin, peinture, sculpture (un berger et son chien) Fleur d'argent offerte par M. Bibal M. Cheval, déjà nommé, pour sa sculpture. Médaille d'argent Mme Guilhot, de Bordeaux, pour sa peinture. Un litre d'Art Mlle Renée Lâché, déjà nommée, pour son fusain. Concours de musique Ce que nous venons de dire du concours de dessin, peut s'appliquer à celui de musique : il a été cette année exceptionnellement intéressant. Les concurrents étaient nombreux — treize — certains très inspirés et très habiles dans l'expression de leurs idées musicales. Tous cependant n'ont pas suffisamment compris la pensée du bureau. Notre but, en faisant mettre tous les ans en musique quelques pièces de vers de nos meilleurs auteurs gascons et béarnais, est de débarrasser les échos de nos vallées et de nos montagnes de ces idiotes chansons qui courent les rues au grand détriment du bon bon goût et de l'éducation musicale de nos populations pyrénéennes. Aux vieilles chansons si populaires de nos aïeux, on a substitué « Viens Poupoule » et tant d'autres auxquelles nous ne voulons faire, ici, de réclame. Pour remonter ce courant funeste, nous avons pensé que l'écrin de nos troubadours était assez riche ; assez vive l'imagination de nos artistes ignorés, pour leur demander de rendre à nos belles soirées méridionales, avec le concours des voix harmonieuses de notre jeunesse, le charme que les cacophonies modernes lui ont enlevé. Nous avons ainsi, grâce à nos concours, lancé des chants bien vite devenus populaires, tels que les Soubenis de Case, Lous Gabes, lous Pique-talos, Miguette, Perrequè.... qui font grand honneur à leurs auteurs. Cette année, c'est le tour de la délicieuse berceuse, de Yausep - 231 Gascoun, pseudonyme derrière lequel s'abrite trop modestement l'un de nos meilleurs poètes gascons. Lou Ninin au bersoo est appelé à devenir très promptement populaire. Il lui fallait un accompagnement simple, très doux, sans recher ches techniques, que dans nos écoles, dans les veillées de nos foyers, chacun put apprendre, chanter et faire chanter autour de soi. Sur les treize concurrents, cinq ont supérieurement compris la pensée du bureau. D'autres ne se sont pas suffisamment préoccupés de soutenir leur mélodie par un-accompagnement en rapport avec son caractère de berceuse et ont cru mieux populariser leur œuvre en lui appliquant le rythme de la valse ou de la mazurka ; non erat his locus. Enfin, deux autres, malgré le talent dont ils ont fait preuve, ont été écartés pour défaut de simplicité ou pour excès de recherche et de science ; pour ces deux-là, Messieurs Vidal, de Paris et Campet, de St-Jean-de-Luz, le jury ne peut que joindre, à des félicitations très méritées, le regret de n'avoir pu les maintenir au concours. Le premier prix consiste en une médaille de vermeil, avec l'édition à cent exemplaires de sa mélodie portant sur la couverture la gravure du dessin, primé delà fleur de vermeil au concours de dessin et peinture. C'est à M. Castaingt, ancien instituteur à Pau, que le jury accorde à l'unanimité le premier prix. Ex-œquo : Diplôme de médaille de vtrméil M. Paul Moureu, de Pau. M. Jean de Mécène, de Buzet (Lot-et-Garonne). Médaille d'argent M. Cazenave, d'Arthez (Basses Pyrénées). Médaille de Irronze argenté . M. Abadie, de Lestelle (Basses-Pyrénées), auquel sa mélodie eut mérité une médaille d'argent si son accompagnement eut été plus simple, et M. J.-B. Ahetz-Etcheber, de Capbreton. PRIX D'HONNEUR Offert soit à l'ouvrage, soit à un ensemble de travaux intéressant le pays de Gascogne ou le dialecte Gascon. ■ Un nom s'imposait au choix du bureau ; c'est celui d'un travailleur opiniâtre, vaillant, à l'esprit gascon très affiné, à l'érudition très avertie. L'abbé Jean-Joachim Camille Tauzin, comme l'a justement dit un de ses biographes, a su se placer au premier rang des intrépides chercheurs, à côté des Couture, Bladé, Tamizey de Larroque, Arnaudin et de tant d'autres savants qui honorent la Gascogne. Enfoui dans son coin pittoresque de Saint-Justin-de-Marsan, membre de la Commission d'études sur la Révolution et membre de la Société Historique de Gascogne, loin de toute bibliothèque et de tout centre intellectuel, il a trouvé dans sa force de volonté le moyen d'amasser d'énormes documents sur l'histoire de sa chère Gascogne : beaucoup ont été publiés et accueillis avec la plus grande faveur dans le monde savant, car ils jettent un jour nouveau, notamment sur les champs de bataille de Crassus, sur la période de la guerre de Cent ans, sur les sénéchaux anglais en Gascogne ; sur la Fronde dans les Landes, l'invasion de 1814, et sur tant d'autres points de notre histoire provinciale à laquelle il a arraché tant de secrets. Saluons encore l'apparition désirée de son important manuscrit en 4 volumes consacré à l'histoire des Landes. Notre devoir était d'aller chercher, dans sa retraite, ce grand et modeste travailleur, et de lui demander de vouloir bien accepter notre prix d'honneur ; mais nous tenons à dire hautement que nous le lui offrons bien moins à titre de récompense, que comme un faible hommage de notre admiration et de notre respect. Tentative de décentralisation scolaire Je termine cette énumération par une nouvelle qui fera plaisir aux amis de la terre gasconne, aux fidèles de la campagne régionaliste que nous menons depuis plus de dix ans. Il y a Gimont, en Armagnac, un vieux Collège renommé : créé . en 1545 par lettres patentes de François Ier ; restauré en 1809 par décret de Napoléon Ier, il a produit de nombreuses illustrations de la région du Sud-Ouest, et a compté, parmi ses maîtres, le - 233 célèbre La Kanal qui a si heureusement attaché son nom à l'organisation de l'instruction publique pendant la période la plus agitée de la Révolution Française. Aujourd'hui, il a la bonne fortune de posséder un savant professeur, M. Léopold Médan, qui, homme de son temps, s'est demandé pourquoi il ne tenterait pas parmi ses jeunes élèves de l'enseignement secondaire-un peu de cette éducation régionaliste, que depuis si longtemps nous réclamons, et qu'à force de démarches, de sollicitations et d'études, nous avons obtenue pour nos écoles primaires du rayon de l'Escole Gastou-Fébus. Sachant fort bien que l'éducation régionaliste « n'est autre « chose que le dressage des enfants approprié au génie de leur « région » il a osé tenter l'épreuve, tant au point de vue historique qu'au point de vue félibréen. L'épreuve a réussi : Cette année, pour la première fois, il nous a montré, dans le palmarès de son collège, en cinquième B et en sixième B — et il se propose de pousser plus haut l'an prochain ses patriotiques essais — deux classes de jeunes enfants concourant et emportant des prix, en langue et littérature gasconne. Ces collégiens ont adopté la méthode nouvelle avec enthousiasme : le maître s'y est donné de tout cœur, à la grande satisfaction des parents eux-mêmes, heureux, quand après quelques années de collège, ils retrouveront leurs enfants, de constater, qu'en apprenant à bién connaître et à aimer la terre maternelle, ils voudront avec eux faire revivre au foyer familial les traditions ancestrales. C'est avec une grande joie que nous extrayons les lignes suivantes du brillant discours dans lequel M. Léopold Medan a exposé, devant un imposant auditoire, sa courageuse et consolante initiative : « Le progrès ne consiste pas à réduire au même type monotone « et sans couleur ; ma.is, au contraire, à créer le plus de forces « originales : la loi de la division du travail nous l'enseigne, et « c'est porter atteinte aux intérêts généraux de la civilisation que « de s'attaquer à la langue d'un peuple : c'est les servir que la « maintenir et la répandre— « Pour toutes ces raisons, qui ne voit que donner à chaque « région française une éducation appropriée, c'est une œuvre « opportune, féconde, actuelle, nécessaire, une œuvre de progrès. « La Gascogne est précisément une région française r une même « « « « « « race l'habite, qui parle la même langue et suit les mêmes coutumes. Sans doute, il y a des terroirs distincts dans cet enclos et leurs vieux noms sonores chantent toujours sur nos lèvres : Armagnac, Comminges, Lomagne, Bazadais, Bigorre, Béarn, Albret... Mais, sous toutes ces différences, c'est le même type et la même nature qui apparaissent. » Et rendant un filial hommage à l'esprit gascon, de toutes les époques, il s'est attaché à démontrer que la méthode savinienne, à l'application de laquelle il a voué ses efforts, « amène au respect « du foyer, à l'amour de la cité ; apprend à l'enfant le culte de la « petite patrie, qui engendre l'amour de la grande, rend au jeune « homme la fierté de la famille, de la race et des traditions loca« les ; l'attache, par des liens les plus fleuris et les plus puissants, « au sol natal, qui garde la cendre des aïeux !.... » Mais n'est-ce pas là, Messieurs, le but que poursuit l'Escole Gastou Febus ? N'est-ce pas là, la grande pensée qui anime son activité et soutient ses aspirations ? Les paroles de M. Léopold Médan ont retenti au fond de nos coeurs ! Nous avons, en conséquence, décidé de souligner cette première tentative d'éducation régionaliste dans l'enseignement secondaire, tentative heureuse si jamais il en fut, en inscrivant sur notre palmarès le nom de son auteur et de son collège. L'Escole Gastou Fébus offre à la bibliothèque des deux classes du Collège de Gimont qui ont inauguré l'enseignement de l'histoire et de la linguistique gasconne, un lot de livrés, œuvres de nos principaux auteurs gascons et béarnais. Le Président, qui fut convié à l'insigne honneur de présider la distribution des prix du collège de Gimont, en juillet dernier, honneur que la maladie ne lui a pas permis d'accepter, tient à offrir, en son nom personnel, comme au nom de la Gascogne reconnaissante, une grande médaille de vermeil à M. Léopold Médan. Le Président de l'Escole, Adrien PLANTÉ. Je prends encore la parole pour donner les résultats du concours des écoles. Les maîtres ont été sans doute effrayés de l'effort que nous leur demandions ; peut-être aussi ont-ils manqué de livres — 235 — béarnais et gascons pour y faire un choix judicieux et gradué des sujets de versions. Ainsi qu'on l'a vu plus haut, le bureau a décidé de modifier le numéro de nos concours afin de le rendre plus abordable au grand nombre. Et il sera à la portée de tous quand j'aurai ajouté qu'il faudra, pendant l'année scolaire 1910-1911, faire traduire, tout ou partie, l'excellent livre de Sylvain Lacoste, intitulé : Versions gasconnes (Pau, chez l'auteur, boucherie de la Nouvelle-Halle, prix fort : 2 fr.). Trois écoles nous ont envoyé des lots importants de cahiers : L'école de filles d'Arthez-d'Asson, directrice Mme Loussalez-Arthets ; l'école de filles de Mirepeix, directrice Mme Canton ; l'école de garçons de la même commune, directeur M. Canton. Les travaux de Mme Loussalez-Arthets se recommandent par le choix des sujets, par la gradation raisonnée des devoirs et par le sérieux de la traduction. Les travaux de Mme et de M. Canton, pèchent par quelques points, ils passent notamment trop vite du simple au composé. On y rencontre cependant de très bonnes versions littérales et littéraires, les écritures sont très bonnes, les cahiers très propres. Le jury a décidé de diviser le prix et il a en conséquence décerné : 60 fr. en espèces, à Mme Loussalez-Arthets. 20 fr. — à Mme Canton. 20 fr. — à M. Canton. * * * Là finissent les rapports de nos jeux. Les diverses commissions ons étendu les récompenses à tous les efforts, à tous les mérites, si modestes qu'ils fussent. Elles ont cependant dû écarter des compositions diverses parce qu'elles étaient écrites en dialectes étrangers à notre région ou en français, Il est bon de le rappeler encore une fois le français n'est pas admis à nos concours. C'est fort regrettable pour M. André Gaubert, de Masseube, par exemple, qui nous a envoyé une jolie pièce intitulée : Le Château-fort de Mauvezin. Mais on ne saurait faire une seule exception aux — 236 — règles posées sur ce point par nos statuts, car demain nous serions débordés et notre action manquerait son but. Toutefois, si un jour ou l'autre la matière nous faisait défaut, nous pourrions insérer aux Reclams, la poésie de M. Gaubert ; en tout cas elle fera bonne ligure dans le Trésor du Musée où notre sympathique Conservateur voudra sans doute la déposer. * Le Président se lève une dernière fois et dit, en s'adressant à M. le Maire de Capbreton : L'Escole Gastou Febus, reconnaissante de l'accueil aimable qui lui est fait ici, et aussi des sentiments félibréens qu'elle a été heureuse de trouver en M. le Maire de Capbreton, a décidé de lui accorder, à titre de souvenir, une médaille d'argent... et, permet tez moi, Monsieur et cher Collègue, afin d'ajouter comme une consécration à la remise que je vous fais, de vous donner au nom de nous tous, l'accolade fraternelle en Gastou Fébus. M. le Maire de Capbreton, très ému et très touché de cette attention, remercie chaleureusement. Le Président continue : Il est une tradition, d'envoyer au milieu de nos fêtes, et en commun, une pensée, un dernier souvenir à ceux de nos collègues qui sont morts pendant le cours de l'année précédente. Depuis notre dernière réunion à Salies-de-Béarn, nous avons fait deux pertes qui nous ont été bien sensibles. Le général Blancq, ancien Commandant de Corps d'armée, un des nôtres, des plus fidèles et des plus éminents, était aussi un brave : il avait perdu un œil au service militaire. Arrivé au sommet des grades et au moment de la retraite, il s'était retiré à Nay, au milieu de ses parents et de ses amis, espérant jouir enfin d'un repos glorieusement gagné, lorsque la mort impitoyable est venue le surprendre à la fin de l'année dernière. Ce fut un vrai deuil pour nous tous. J'avais connu le général Blancq, alors qu'il n'était encore que colonel de régiment, à Auch. Je l'avais revu, depuis, dans diverses circonstances ; et il m'est ainsi permis de dire personnellement qu'il était difficile de trouver un homme aussi distingué, aussi aimable, un félibre aussi charmant. Les membres de l'Escole Gastou-Fébus, dont je crois être l'interprète, adressent, en ce jour, un témoignage de sympathie à sa famille, un pieux souvenir à sa mémoire. Au mois d'avril dernier, est mort aussi à St-Sever de Chalosse, le Docteur Louis Sentex, homme distingué et serviable. Ce fut lui qui reçut, comme maire de St-Sever, les Félibres de l'Escole Gastou Fébus, lors de notre dernière fête dans les Landes. Ceux qui y assistaient ont gardé le souvenir de la réception cordiale qui leur fut faite et de l'ardeur qu'il mit à parler de notre langue mayrane et de son avenir. Que sa mémoire reçoive, ici, une fois de plus, le témoignage de nos regrets. Il me reste à dire quelques mots des succès et événements qui font honneur à l'Escole Gastou Febus. Et, sur ce sujet, afin que je ne parle pas seul de choses que j aurais imparfaitement connues, permettez-moi de m'inspirer des notes qui m'ont été envoyées par M. Adrien Planté et que j'ai là, sous les yeux. Notre ami Bourciez, professeur de langues et littératures du Sud-Ouest à l'Université de Bordeaux, est un des lauréats du prix Volney. L'académie des Inscriptions et belles lettresìui a décerné, sur ce prix, une allocation de mille francs pour son ouvrage très savant « Eléments de linguistique romane ». M. Bourciez est un grand ami de notre Escole dont il est un des membres les plus anciens. Il nous a rendu de très grands services, notamment en fixant les règles de notre orthographe romane qui font autorité pour nous. Il est un savant aussi éminent que modeste, c'est l'appréciation de M. Adrien Planté à laquelle je suis bien aise d'ajouter mon approbation en reconnaissant une fois de plus la justesse de la maxime si connue : « La modestie sied au mérite ». Nous sommes heureux et fiers des travaux et des succès de M. Bourciez. Qu'il veuille donc agréer nos remerciements, nos compliments. Si j'allais jusqu'aux félicitations, je profiterais de la circonstance pour les faire en partie double. Je féliciterais Mlle Bourciez, notre Muse, d'avoir un père tel que notre éminent collègue et je féliciterais M. Bourciez d'avoir une fille telle que notre si gracieuse Muse. ' Et puis, un autre membre de l'Escole, ami personnel de M. Adrien Planté, M. Paul Courteault, chargé de cours à l'Université * ~ 238 de Bordeaux, a été titularisé professeur d'histoire de Bordeaux et du Sud-Ouest de la France. M. Courteault est un fin Béarnais, d'une grande érudition, dont les Rédams ont déjà, l'an dernier, proclamé les grands succès qu'il a cueillis avec ses beaux ouvrages sur Montluc. C'est donc avec un plaisir renouvelé que nous saluons la nomination et le lalent de M. Paul Courtault. Il s'agit maintenant d'un triomphe nouveau pour l'œuvre que nous poursuivons, de la reconstitution de nos dialectes méridionaux. M. MjUardjl, professeur au lycée de Bordeaux et membre de l'Escole Gastou Febus, a soutenu, le 21 mai dernier, très brillamment en Sorbonne, les deux thèses suivantes pour le Doctorat èslettres : 1° Etude de dialectologie landaise ; 2e Recueil de textes des anciens dialectes landais avec une introduction grammaticale. La langue mayrane Landaise est une des plus riches, sonore sans rudesse. Nous en avons eu de brillants échantillons dans les œuvres de notre secrétaire de la section des Lanes, l'abbé Daugé. Nous sommes heureux de saluer à la fois, le dialecte Landais et M. Millardet. Sur un autre terrain, en plein Paris, notre collègue, M. Pierre Lasserre, Docteur ès-lettres, a fait cette année des conférences très applaudies sur Mistral et son œuvre. Mistral est notre grand chef ; et faire connaître son œuvre, c'est travailler, avec nous, à la glorification et à l'expansion de la Langue d'Oc. A un autre point de vue, nous ne devons pas oublier M. LhepÇ ancien directeur de l'école primaire de Morlaàs, grand ami de l'Escole Fastou-Febus, à laquelle il a prêté une si précieuse collaboration quand il était à la tête de cette école dont les succès étaient très brillants. A la retraite depuis quelques mois, il en a employé les loisirs à composer une monographie du mariage en Béarn, us,, coutumes, chants, récits nuptiaux, accompagnée de belles et très curieuses photographies. Je suis informé qu'un exemplaire de ce remarquable travail enrichira bientôt la bibliothèque du château de Mauvezin. Au nom de nous tous, j'adresse nos chaleureuses félicitations à notre collègue M. Lhept, et je profite de l'exemple qu'il donne — 239 pour vous prier, mes chers collègues, de ne pas oublier Mauvezin qui doit devenir la bibliothèque de l'Escole et le gardien impéris sable de vos œuvres. Nedois-jepas rappeller aussi que, pendant l'année écoulée, a paru un ouvrage remarquable de Simin Palay, en langue Béarnaise, où, sous le modeste titre de « Case », notre poète dépeint avec tant de talent les charmes du foyer!. Les œuvres et les succès de Simin Palay ne se comptent plus. C'est une montagne qui monte toujours. ♦ Salut à la langue Béarnaise ! Salut et félicitations à Simin Palay. Enfin, encore une bonne nouvelle, mais d'un autre genre. Le Comte de Viforano, membre de l'Escole Gastou-Fébus et qui, à ce titre, payait la cotisation statutaire de six francs, vient de nous annoncer qu'il transformait, cette cotisation en un versement annuel de 200 francs. L'argent, c'est quelque chose ; mais ce qu'il faut considérer surtout c'est le bon mouvement parti du cœur. Le comte de Viforano est un Français d'origine roumaine, savant, lettré, qui est venu planter sa tente aux environs de Sauveterre de Bearn. Il s'est adapté à notre histoire, à nos traditions, à notre langue, à notre œuvre régionaliste. Le voici devenu fin Béarnais. Il était à Salies; il fut enthousiasmé. — Et voilà que plein d'admiration et de dévouement, il passe à la Caisse et verse l'argent à pleines mains. Certes, notre trésorier n'a pas à craindre que l'Escole Gastou Febus devienne une société financière ou capitaliste ; mais il reste devant nous le geste ; et bien que les Réclams en aient déjà parlé, avec remerciements, il nous appartient encore aujourd'hui, de saluer en chœur, avec joie reconnaissance, le beau geste de notre éminent et généreux collègue. (Applaudissements) Avant de clore la séance des jeux floraux, la jeune Reine, Mlle Alberte LALANNE, se détache de la Cour d'amour et vient réciter à son aimable Assemblée une petite poésie de sa composition « La Chanson du Pâtre, » — 240 — La Chanson du Pâtre Le soleil sombrait au couchant Dans un océan de lumière. Le pàtour revenait des champs Par un long sentier de bruyère. Il avait bien dix ans passés. Un long bâton sur son épaule, Il s'en allait, jamais pressé, Suivant les grands bœufs bénévoles. L'enfant avait un air mutin Dans ses prunelles couleur d'ombre ; Son chant léger et argentin, S'élevait dans la forêt sombre. Il chantait un air aquitain Que ses aïeux disaient naguère. Dans l'air avec l'odeur du thym, Flottait un parfum de mystère. La bise soufflait gravement, Inclinant les vieux pins superbes. Les grands bœufs meuglaient doucement En respirant les hautes herbes. Avec son long bâton de houx, L'enfant sentait qu'il était maître De ces bêtes aux grands yeux doux Que par les bois il menait paître. Lors, enflant sa petite voix, 11 chantait deux fois plus encore, Tandis que le vent dans les bois Jouait de sa harpe sonore. Et ce chant quand tombait le jour, Ce vieux refrain de l'Aquitaine, Devait dans leur tombe lointaine, Eveitter les anciens pâtours. Alberte LALANNE BIBAL — 241 J'admire toujours, Mademoiselle, les belles choses que vous nous dites. J'éprouve un grand plaisir à entendre votre voix d'ór. Je suis heureux pour votre grand'père, qui vous couve de ses yeux attendris, de vos succès qui vont s'affirmant d'année en année. Mais, — pardonnez-moi, car la vérité s'échappe toute seule de la bouche des vieillards, mais j'aimerais cent fois mieux vos belles strophes si elles étaient écrites dans la langue du terroir. Vous m'objecterez que votre enfance s'est passée loin de la Gascogne, que vous n'avez pas eu les loisirs de vous mêler au peuple pour apprendre à penser et à parler comme lui. Je vous répondrai que c'est une excuse en effet ; mais que lorsque l'on a l'honneur de descendre d'un aïeul qui a marqué sa place dans les fastes de la petite patrie ; que lorsque l'on tient du ciel un don pareil au vôtre ; que lorsque l'on a votre facilité d'assimilation, votre amour du travail, votre grande intelligence, il faut savoir écrire et parler gascon. Apprenez donc la langue de nos mères, c'est si agréable et si facile ! Et faites-nous ensuite des chansons, des poèmes, des comédies, des tragédies même et, je vous le prédis, vous donnerez un nouvel éclat au nom de Bibal, tout en illustrant celui des Lalanne. Il est midi, l'ordre du jour est épuisé ; M. Bibal lève la séance en donnant reudez-vous aux écoliers de Fébus sur les bords de la plage où nous attend un banquet dont on nous promet merveille. * + * Voici la partie la plus animée, la plus vivante, la plus joyeuse de notre fête ; le banquet. Il est servi par le personnel de l'hôtel de la Plage. Le menu est de tous points digue du traiteur Parrain, de succulente et savoureuse mémoire. Més b'ey petite cause la hartère en aquéth beroy die ! On a installé le oouvert à quelques mètres de la mer, sous un vélum immense qui nous protège du soleil sans nous priver d'un atôme de brise ni d'un pouce de vue. — 242 Quelle est admirable et belle une assemblée mangeante, de joyeux camarades et de bons amis, quand ils ont pour hôtesse cette chose grande comme l'espace, douce comme la plaine, superbe comme la montagne, la mer. Les horsd'œuvre avaient beau être excitants, les sauces appétissantes, les rôtis croustillants, on ne voyait que les bonds de la vague, on n'entendait que son langage et ses chants. Et l'œil suivait avec anxiété le grand navire qui était là, à portée de la main, soufflant par sa haute cheminée, étendant ses blanches voiles au vent, fendant le flot avec rapidité et sans effort. Jamais les écoliers de Fébus ne virent pareille merveille, pareil décor à leurs banquets. Le protocole avait disposé les places selon le rite étroit et solennel que la coutume a consacré. Camelat et moi, Daugé et Darclanne avec quatre ou cinq grosses légumes (!!!) avions été placés à la table d'honneur. — E bos esta acera, tu '? me demande l'auteur de Beline ? — Nou, au Diu biban ! — Labéts you que m'escapi. Et il s'en fut avec un groupe d'amis, tandis qu'usant de mes prérogatives de secrétaire général, je détruisis toutes nos cartes. Et afin que le Président ne pût nous accuser de le laisser dans l'isolement, j'allai chercher les sept muses et je lui en fis comme une couronne de roses. Combien ils me doivent de reconnaissance les membres du bureau de leur avoir donné la liberté de s'amuser à leur fantaisie ! Ai-je d'ailleurs à cela^un grand mérite ? Ne sommes-nous pas fous égaux en Febus ? N'est-il pas de l'intérêt de l'œuvre de supprimer dans nos réunions toute distinction aristocratique qui jurerait avec nos instincts, nos goûts, nos sentiments, nos traditions populaires ? Il y a beaux jours que Lafore, qui préconise partout et toujours la simplicité, a demandé cette réforme (1). La voilà (l)Lafore n'est pas le seul à réclamer la simplicité. Bien loin de nous, à l'autre bout de nos revendications méridionales, le Marquis de Villeneuve proteste lui aussi dans Occilania du 24 août dernier, contre les usages qui se sont établis dans les Assemblées des écoles. «Il y a, dit-il, une table d'honneur où l'on fait asseoir certaines personnes désignées d'avance comme à un diner officiel... » Je ne partage pas toutes les idées du rédacteur d'Occitania. Mais cette fois-ci ii touche juste. Son article est jndicieux, j'en recommande la lecture. — 243 — accomplie sans froissement et sans protestation. J'espère que du coup son front va se dérider. Il est un autre point noir dans son esprit sur lequel je ne suis pas de son avis ; j'aurai l'occasion de m'en expliquer tout à l'heure. Et qu'on me pardonne de mettre en cause cet ami, malgré son absence de nos fêtes. Il fut fondateur de l'Escole, il en veut, il en poursuit le succès et je sais qu'il est l'âme d'un groupe d'écoliers qui partagent ses idées. Tout ce que je pourrai faire pour dissiper les malentendus naissants ou déjà nés est tout profit pour l'œuvre. Mais le temps a passé et le Champagne mousse dans les verres. M. Bibal réclame le silence et lit deux télégrammes: Un du Président de l'Escole : « De loegn lou co malaù saludi presiden, counfrays, amies é toustem Febus aban » Sigué : PLANTÉ. Un de la Reine: « Souvenir et salut cordial de la Reine ». Signé : Germaine GUILLOT. L'Assemblée entière envoie, par ses applaudissements, à son aimé Président et à son aimable reine, l'expression renouvelée de de ses regrets. M. Bibal donne alors connaissance de trois lettres qu'il a reçues : de M. le Sénateur Pédebidou, vice-président de la section de Bigorre ; de M. le docteur Louge, de Dému (Gers) ; de M. l'Abbé Hébrard, de Buzét (Lot-et-Garonne). Ces trois collègues sont excusés avec regrets. Puis M. Bibal continue à peu près en ces termes: « M. Adrien Planté m'écrivait dernièrement que la salle destinée à notre banquet était îéerique, inspiratrice des toasts. Je ne sais encore si elle va m'inspirer des choses qui vous conviennent ; mais je commence tout de même et je ne saurais mieux le faire qu'en adressant nos souhaits les meilleurs à M. le Maire, à la muuicipa. lité, au Syndicat d'Initiative de Capbreton qui ont préparé cette réception dont nous garderons l'ineffaçable souvenir, nos compliments reconnaissants aux représentants de la Presse qui honorent ce banquet de leur présence, — un salut fraternel à tous nos amis connus ou inconnus, qui, de près ou de loin, par leur présence effective ou par leurs relations, nous donnent leur concours à l'œuvre que nous poursuivons, l'expansion de la langue — 244 — gasconne et le culte de la petite patrie, — des souhaits et des hommages aux Dames, aux Muses, à la Reine de ce jour, qui ont bien voulu apporter au banquet des Félibres la note heureuse et gaie que donnent toujours les fleurs qu'ils aiment. (Triple ban pour les Dames, les Muses et la Reine). MESDAMES, MESSIEURS, MES CHERS COLLÈGUES, « Dans un moment où notre esprit cherche à retrouver tous ceux a qui nous devons un sentiment de reconnaissance, une pensée, un souhait, nous voyons tout de suite apparaître à nos yeux la belle physionomie de notre vénéré Président de l'Escole, toute faite de force et de douceur, de bonté et d'intelligence ; et quand on songe que tous ces biens, qui sont à lui mais qui sont aussi à nous, ont failli être compromis, comme on voudrait que la chaleur communicative du banquet donnât à nos souhaits l'étincelle, la flamme nécessaire pour anéantir, à l'instant, les inquiétudes que nous avons éprouvées. C'est donc du fond du cœur, avec la foi d'une indéfectible espérance, que je lève mon verre, que nous devons lever notre verre : A la santé d'Adrien Planté. (Applaudissements) Je ne puis oublier Capbreton. On nous a dit et nous savons que l'air pur avec son oxygène et les émanations salines avec l'iode sont des éléments essentiels pour la santé. Eh bien! quand on a vu cette belle plage de Capbreton dont les extrémités se perdent dans l'infini, au nord et au sud ; quand on voit comme nous, en ce moment, le grand océan qui moutonne à nos pieds et lance vers nous, à chaque ondulation, la brise marine, on ne peut s'empêcher de reconnaître et de s'écrier que nulle part, ailleurs, l'air n'est plus pur, ni la mer plus belle. Ce sont là des éléments certains de santé pour les baigneurs et de prospérité pour Capbreton. Cette prospérité, nous souhaitons vivement qu'elle vienne plus agrandie et qu'elle se maintienne toujours. Je lève donc mon verre à la prospérité de Capbreton, présente et future. Ne devons nous pas quelque chose à la Gascogne et si grande et si belle? — 245 — Il paraît même qu'elle n'a plus de limites, ici, puisqu'elle pénètre dans l'Océan et se confond avec lui. Ce sont les géographes qui l'ont ainsi voulu. Cette belle mer, de Bordeaux à Capbreton et de Capbreton à Bayonne et au-delà, c'est toujours le Golfe de Gascogne ; de telle sorte que, si nous avions la vertu de St-Pi-erre, de marcher sur les eaux, nous pourrions, à ce moment, aller nous promener sur l'Océan — en guise de promenade digestive — et nous serions encore en Cascogne. Je lève donc mon verre à la Gascogne dans toute son étendue, et pour tous ceux qui veulent la Gascogne et plus belle et plus grande ' » (Applaudissements). M. Larrat, maire de Capbreton, réplique par le discours suivant qui lui vaut les applaudissements unanimes des auditeurs : MONSIEUR LE PRÉSIDENT, ■ Laissez-moi vous offrir à nouveau nos remerciements les plus sineères, pour la grande satisfaction que vous nous avez donnée. Ce que nous avons pu faire pour vous recevoir est bien peu de chose, si nous considérons l'honneur que nous devons à votre visite. C'est donc à nous à vous dire notre reconnaissance ; Aous bos remercimens, Moussu lou Presidén, Que diseri amén, Se nous aoûts ne debém gran graci de l'aounou, A l'Escole Gastou. Je me porte garant des Capbretonnais, Monsieur le Président, pour vous dire que nous sommes très sensibles aux vœux si bien exprimés par vous, pour l'avenir et la prospérité de notre station. En retour, je proposerai à mes compatriotes ici présents, je proposerai à tous ceux qui ont bien voulu faire honneur à l'Escole Gastou-Fébus, en prenant part à,ses agapes, de boire à la prospérité de l'Association, au succès de sa patriotique propagande. Je dis patriotique, Mesdames et Messieurs, car aimer, comme l'Escole, sa petite patrie, n'est ce pas aimer et servir la grande? Levons donc nos verres, à l'Escole, à sa charmante Cour d'amour, à ses vénérés Présidents, à notre Gascogne toute entière. 5 — 246 — Et puis, si vous le voulez bien, nous n'oublierons pas Capbreton : « « « « Amies, bebem u goutte aou dous pays de noste, Oun escouten lou ben chioula dehen lou pin, Oun entènen le ma truca dessus la coste, Oun, den lou sable blanc, e brougnen de boun bin. » Après les discours officiels, une foule d'orateurs se font inscrire. Nous les applaudirons tous avec entrain même sans les entendre, car la grane batalurde qui houléye deban nous que hè trop d'arroèyt. Voici d'abord l'Abbé Daugé. Ne l'èy pas yaméy bist tant debisan, que s'a début lima la loéngue aban de parti. Que m'en af. ... quauquesgarpiâdes au sou parlatori mes que m'a chicanât, n'a pas tout escribut. Perqué doun ? Que-m seri hèyt ûe haunou de respoune-t assiu ; mes truc sus l'ungle, deban Tamassade ? Poumes ! Qu'èy trop de bergougne, L'Abbé Daugé donc prononce le discours suivant : Moussu Mayre e moussu Presiden qu'an aymablemen debisat de hort de causes e dit à cadun so qui calè. Jou que bouy touca dus moûts dous marins e dous sourdats de Capbretoun. Mes, prumè de parla dous marins et dous sourdats, enta qué nou pas mentabe lasgouyates de Capbretoun ? Per fèt de sentimen e de délicatesse, ne n an pas à croumpa né à Paris ne à las coumunes besies. Que gn'abè ue que se-n èreanade au pélerinadje de Lourdes ; en bèt se-n tourna que-s trobe en un bagoun doun ne j'abè pas sounque basquéses e las basquèses de batala et de canta en bascou e la gouyate de Capbretoun de nou pas tira de tout aco ne soun ne esquire. Aquère gouyate que-s debè marida et qu'abè lou pretendut en peys bascou, metem à Cambo. Talèu tournade que l'escriut : « Se souy estade urouse oey, que-m at pensi. Que m souy mêmes troubade au bagoun sounque dab basquéses dou coustat de Cambo, e, à toutso qui disèben, que-m semblèbe que-m parlèben de tu. » Troubats cauque arré de mey beroy que so que disèbe aquère nobi de Capretoun ? Adare loiys marins. Qu'at sàbets ou qu'at saberats: lous de Capbretoun qu'an troubat l'Amérique prumè que lou Christophe Colomb. Qu'ous an panât la trobe, ou ne l'an pas heyte abalé, coum Améric Vespuce a panât au Colomb de balha lou noum à las Amériques. Capbretoun e Colom que soun dus panats. Capbretoun qu'abè lou Charlicot qui aymèbe lou piquepout e la ma. Perun cop que se-n tournèbede pesca e gaha arré éde gousta bin dou blanc. — « So qu'ats gahat, Charlicot ? s'ou dit moussu curé. — Arré, moussu curé. — Que si, Charlicot, b'ats au mens gahat piquepout. — Oh ! se dit lou Charlicot, cheys boutelhes enta coate, bolets que sie aco? — N'ats doun pou de damoura pr'aqui cabbat en cauque plec d'aygue? — Que-y hè aco, esta enterrât assi ou aqui — e lou Charlicot que muchèbe dab la man lou cemitèri e la ma. Lou boun Diu eau que respecti asso : credo carnis resurrectionem ! » e dab la man que muchèbe l'estoumac. Qu'ats à la gleyze de Capbretoun un cadre-muralhe qui dit tout aco. E lou Hurtetia, so que-p a heyt? Qu'ère anat à tout tour dou mounde. Que disèbe: — «Lou Napouléoun ne s'entenè pas ne tchic ne brique à la marine ; qu'és aco so qui l'a perdut. » Dou soun tems, que-s parlèbe de ha un port à Capbretoun. Un engeniur, — à tout so qui ne bolen pas ha que eau engeniurs, — qu'anèbe e que tournèbe, e lou Hurtetia, sendic dous marins, d'arrougagna tout hort : « S'at boulèn, dab causques miliouns que harén lou port. — Sabets so que bau un milioun, s'ou dit l'engeniur. — Que sey ne bau pas un omi, » se t ou dit lou Hurtetia. En ue courrude en peys saubadje, qu'ère estât gahat e boutât en crouts très jours d'abiade, — « Que me-n souy bis autan coun Jesu-Chrit, se disèbe à moussu curé. Toutun nou, pas autan coum ét puch que s'ère mourt e jou que souy en bite; y encoère, ad ét nou hasè pas arré, que sabè que ressussiteré. — Bous tabé que ressussiterats. — Aco bray, més sounque à la fin dou mounde. Que tira l'én dinc'à 86 ans. Escoutats so de darrè qui disou à moussu curé : — « Moussu curé, que mourechi cretien e catoulic coum lou Bossuet, coum Sen Bizens de Paul, coum lou gran Fenelon e coum bous. Ets counten atau? » Moussu curé n'ère pas mort puch qu'a enterrât lou bielh marin, tems a, e que l'abém a disna dab nous, assi, à l'aplegade de Gastou-Fébus. Adare lous sourdats. En dise de un, quedirey de touts : à Cap bretoun, pès e cap touts que-s semblen. Que calé abia la guerre dou Maroc e acasi-s à Casablanca. Un ligotde sourdats que gahe lous debans. Un cop au ras de la porte de la bile, que s'entén cop de fesilhs : pim ! pam ! L'oficiè blassat que damoure en darrè. Moun Labaste de Capbretoun, meste en pè de la mousqueterie, que pren la plasse de l'officié et que commande. Pim ! Pam ! ue baie qu'où trabesse adèt, et e lous camarades de France que trabessen las baies e Casablanca qu'és au poudé nouste. Labaste que goarech e qu'ey décorât cop sec. Boulets adare sabé coum és aquet Labaste de Capbretoun ? Qu'escriut e la hemne: « Il faut croire que ma conduite devant l'ennemi a été brillante. Tout le monde me le dit : moi je ne m'en suis aperçu. » — 248 — La hemne countente coum p at poudets pensa. Qu'où tourné escribe : « On a fait beaucoup de louanges sur mon compte, car je n'ai fait que mon devoir et un autre en aurait fait autant que moi. Je n'aurais pas montré l'exemple à mes hommes que nous étions tous morts. » E un darré cop qu'où dit : « Mon capitaine a eu dès le premier coup la main droite traversée par une balle. Alors, j'ai vu rouge et j'ai crié à mes hommes: En avant la bayonnette et feu partout ! » Tabé, l'ensegne de nabiu Ballande, lou blassat, qu'escribèbe à à Capbretoun, à la hemne dou Labaste : « Sa conduite fut au dessus de tout éloge et véritablement héroïque. Mon plus grand orgueil est d'avoir commandé à des hommes tels que lui. Vous pouvez être fière, Madame, d'avoir comme mari un brave comme Labaste » Se gn'a d ous qui s plagnen que, en bèt boulé esta gascoun, ne boulém pas mey esta francès, qu'ous diserats, coan sérén de Paris, de balha à la France omis coum lou marin Hurtetia ou coum lou Labaste, — un noum plan gascoun — de Casablanca pramou qu'ère de Capbretoun ! Mis en haleine par les applaudissements qu'il recueille, l'abbé Daugé redemande la parole et nous lit sa poésie : A la coste de Capbretoun Qu'ère un dimenche de Seteme A la coste de Capbretoun. Lou sou, qui dechèbe de preme, A la ma balhèbe un poutoun. Scarrabilhades coum las brespes, Las gouyates. péu apitat, Que se-n tournèben de las brespes A nouste Daune de Pietat. E la ma, la grane macade, A la bouts horle, au plec gramous, D'un cap à Faut de l'estacade, En brama, que balhèbe pous. Soulete, u' hemne s'estanquèbe S'ou sable oun l'aygue ba tuma, E lou soun co que pataquèbe Mey que las aygues de la ma. — 249 — Pensais au mens : la praube d'ère Plourèbe un hilh qui hort balè, E la hilhe maridedére Un bet marin qui la boulé. E la ma, la grane macade, A la bouts horte, au plec gramous, D'un cap à Faut de l'estacade, En brama, que balhèbe pous. -- « M'ous a panats, ô grane hole, « Se disèbe dab un sanglout, « E la toue aygue qui birole, « Assi, que s'ad arrape tout. « B'ès tu la bère engalinayre ! « L'omi, qui creyt que te-n arrits, « Que part, etu, grane panayre, « Que l'esbrigalhes dab lous dits. E la ma, la grane macade, A la bouts horte. au plec gramous, D'un cap à Faut de l'estacade, En brama, que balhèbe pous. « « « « « « « '( E nous, las mays e las espouses Qu'abém lous oelhs enta ploura, E lou co, de plagues sacnouses, Dab tu, ne-s pot pas sadoura. B'ès tu tarrible, ma de nouste ! N'ès pas que nerbis e sang biu. Coum lou bén hè bara la brouste, Tu que hès bara lou nabiu. E la ma, la grane macade, A la bouts horte, au plec gramous, D'un cap à Faut de l'estacade, En brama, que balhèbe pous. « « « « « « « « Que-n am pertout, au cemitèri, De queres toumbes oun las flous Cade printems, hens lou mistèri, Tournen dise noustes doulous. Coan gn'a tabé, graue gourmante, Dous qui jamé ne soun tournais : Qu'an escoutat la ma qui cante E per toustem qu'ous as panats ! - 250 — E la ma, la grane macade, A la bouts horte, au plec gramous, D'un cap à l'aut de l'estacade, En brama, que balhèbe pous. « « « « « « « « E dab aco, ma troumpedoure, Que-t aymi plan, que-t aymam touts Maugrat jamé ne sis sadoure, Pr'assi cabbat, de planta crouts. Qu'ès ta dousséte e qu'ès ta bère ! E nous, coan lou pesquedou sort, Préga que bam à la capère Se-n àni pas pesca la mort ! E la ma, la grane macade, A la bouts horte, au plec gramous, D'un cap à l'aut de l'estacade, En brama, que balhèbe pous. « « « « « « « « Be-n costes plous, 6 ma beroye ! Hilhe, hemne, may de marin Qu'a la doulou mey que la yoye Ent'ou souna lou tambourin. Plasés, ne n èrets bous en reyte, 0 Nouste Daune de Pietat. Disem coum bous : toustem si heyte De Diu la sente boulentat ! » E la ma, la grane macade, A la bouts horte, au plec gramous, D'un cap à l'aut de l'estacade, En brama, que balhèbe pous. Atau que dit, e la qui ploure Que se-n tournèbe enta l'oustau Dise au darrè hilh qui-ou damoure : « Gouyat ne plourim pas atau ! « Se eau parti, part chens bergougne, « E n'ajis pas pou de la ma. « Gouyat la ma qu'éy de Gascougne » Coum lou toun pay e la marna ! » E la ma, la grane macade, A la bouts horte, au plec gramous, D'un cap à Faut de l'estacade, En brama, que balhèbe pous. - 251 Lou gourman yaméy nous-s harte dit-on. Aussi de tous les coins de la terrasse crie-t-on à l'orateur : Lou Crabe de Mugroun ! Sans se faire prier, mais après avoir dégusté une gorgée de café, (on le ferait à moins), le curé de Beylongue redit, pour la troisième fois, cette spirituelle chanson qu'il a rendue célèbre. La chanson est quelque chose sans doute, mais la mimique du chanteur, sa figure tantôt épanouie, tantôt rapace ou colère ou craintive, toujours originale dans sa mobilité, soulève l'enthousiasme et fait déchaîner de véritables tempêtes de bravos. Lorsque Daugé regagne sa place, Darclanne nous dit une de ses belles poésies. Je regrette que, malgré mes appels, il ait négligé de me l'envoyer. Les lecteurs lui en garderont rancune. Mais quel est ce géant qui gravit les degrés de l'estrade avec cette désinvolture et cette légèreté ? Ma vue est mauvaise et je n'aperçois qu'une ombre. Le docteur Gaye qui voit avec ses yeux de vingt ans vient à mon aide : C'est Carrive, me dit-il. — Labéts quebam drin arride si oumén lou chibalè a km coulubre ad aquéste moumén. Je me dresse et j'ouvre toutes grandes mes oreilles attentives. Je suis bien attrapé, car le jeune et svelte orateur, comme l'a d'ailleurs fait Daugé, que m'en balhe ùe esperissade. Faites, amis, j'en suis un peu fier: la sagesse des vieux béarnais m'a appris qu'on ne s'occupe jamais des nonvaleurs ! Je dois bien dire un mot pour ma défense ? Il n'est du reste pas bien terrible l'ami Carrive. Lisez : U cop n'ey pas coustume AMICS, Acoustumats coum n'èt per lous noustes mèstes a nou yamey enténe que bestiésses, peguésses e foutèses, qu'èy coum bère pòu que cauqu'arré de surious qui-p bouléri plaa dise, nou-p parechque autan béroy récattat aci, qu'û gusmet de péus hcns û toupi de soupe. — 252 Qu-em bau toutu risca, u cop n'ey pas coustume, lhèu que-m escouterat. Qu'ey de la mine de truies de Bidache qui p bouy dise dus moûts encoère, ta au'en tiret proufléyt. Mey aco au mey biste, ta n'arriba trop tard. Nou s'y a pas pergut temps, peraquiu, despuch qui lou défun garde champêtre abou troubat la mine. (Lhèù nou ey encouère mourt, aco qu'ey soun aha, e nou hè arré au nouste). Quan hèyt aqueste cop drin mey que houdilla ; lous grans tribalhs que soun touts acabats, nou eau mey qu'espleyta. A touca que soun las truies liens lous bancs qui s'amuchen. U soulet, lou purmè désamandat, que mesure dus pans e miéy d'espés, sus quoate pas de larye e septante de loung. A d'et soul, que pot acountenta lous mey pressais, per tan noumbrous qui sien. Qu'auren plaa boulut esiileyta soulets ta, soûls tabe, tiran tout lou proufiéyt, aquets moussus, Présiden, Adininistratous e toute la sequèle de la mine qui paréchén coussuts e qui soun, touts, mey prétencious e insouléns que riches (nat d'élsque nou a pille), mey ta espleyta que cale lous dinès. Tabe de mau ou de bou grat, qu'an hicat la mine en accious. Qu'abem s'abut aco e, quoate ou cinq, ta las mantienne au cercle dous amies, que l'as abém gahades toutes en plé. Qu'en poudet dounc abé, e nou pas de las cares ; a dues per pistole coum las abein pagades. Que daran gran proufiéyt, aumench : très cents per cent pla garantits e hypouthécats sus lou broulhard de la Bidouze. E, coum nou-p boulem pas béne gat en sac, pourmou que lhèu nou-n croumparet, que-p bam ha gousta las truies de Bidache. Au ras d'aqueres lasdau Périgord nou soun que puguèrequi nou-y eau payera. Hicat-pe donne a très ou quate ta-m embia (en port pagat s'entend) û pouloy, a dus ta ù capou, û soulet ta ue bère et plaa grasse poularde. Qu'éus pe harey trufa e tourna embia autan lèu aco hèyt, ta qué-p én chuquet lous cinq digts e lous pouces de toutes dues mas. Credet m'en proufiéytat e hèt lèu. JULES DE QU'A RIBE. Capbretou lou 5 de Setéme 1910. — 253 — Maintenant c'est le tour de Yan dou Gouf. Son apparition est saluée par de vifs applaudissements. Il nous déclame en maître sa poésie que nous donnons ci-après. Lou nous Capbretoun A Moussu Adrien Planté, présidén de l'Escole Gastou-Fébus. Capbretoun d'aoûts cops D'aoûts cops, à Capbretoun, (de co loung téms qu'y a) Quén, den lou Gouf pregoun, l'Adou ta bagabounde, Enhén un plec, biené doucemen se plounya, Qu'abém un port de ma, estimât à le rounde. Lous cinq mile abitans, (é mé qu'en y abou) Dab lou trafic dou port, que toucaben mounede ; Yalous, lous Bayounes, de horbia l'Adou Qu'assayan mantrun cop, labets, que poudet crede. Mè, l'arriou cabourrut, qui ne bo sabe arrey, Aou Bielh-Boucau (1), mé louegn, en courren que s'escape. Lou port que l'y segui, lou négoci tabey, E lou Marancin, fier, mesture mé ne thape. Fatigade, à.le fin, l'Adou de houleya, Un your, à Boucaou-Naou (1), aqui, net que s'esta'nque ; Bayoune, tout rabit, biste l'arrecapta, E, despuch très cénts ans, de le sarra ne manque. Labets, adiou per nous riché, prospéritat ! Adiou port é nabious ! Yésus ! quegn'un nofradye ! Lou gros bourg, per le yén, thic à thic dezertat, Biste que debienou un fort piètre biladye, Pourtan, lous abitans, bignerouns, pesquedous, Per se gagna le bloque, ets, s'arman de couradye ; En pescan é cassan, arrouzan de sudous Les bignes, tranquilots, que bibén chén tapadye., (1) Noms d'adare, — 254 — Mè lou téms qu'a chanyat ; aco mé n'es parié : Lou pech, trop perseguit, aci mé ne s'arreste Les bignes que s'en ban, ruzat qu'es lou yibié, De sorte que le poche isla ne hey de reste. Capbretoun adare : Urouzemen lou pin sus lous peys qu'a poussât ; Lous bos que rénden plan, é le yème qu'es care ; A le bielhe pinasse, un motur qu'an hicat, E le playe, ab lou téms, qu'a près ugn'aoute care : Dus mile estranyés pr'an que s'y bienen bagna ; Qu'am un sanatoriom de grane renoumade ; Cént bilas é chaléts enta mounde lodya ; Un gran é béth ôtel, d'aoûts qui hén megns parade. En bordure qu'am un trotoir tout cimentât ; Routes, camins grabats per biene ente le coste. Le noueyt pr'y bede cla, qu'am l'électricitat ; Léou, un camin de hé, qui passera per noste ! — Après aco, dizets, que boulet doun de mé ? — Capbretoun douman : Ço que boulem ? Un port ! Qu'at die, l'août qu'at troumpète ; Un port, per que lous nos batéous, chén nad dounyé, Pousquin sourti, rentra, esbita le tampète. Que boulem ? Dab u digue, en péyre ou de cimen, Empacha que le ma descaoussi lou ribadye, Ne pousqui, dous chaléts, sapa lou foundemen, Ni miassa d'anega lou nos nabet biladye. Que boulem que lou bourg é le playe, sustout, Units com ray é so, que trubalhin amasse A balha mé d'engragn aou nos cher arrecout, Oun bedem dab plezi arriba mounde en masse. Mè que boulem toutun, à le playe gouayta Aquere libertat — chén ne prene de reste — Qui héy que, tuuts péynuts e poden se bouta, Arrebira-s, se caou, é se tira le beste. - 25S Tout aço que heram, tout aco qu'at aouram ; E Capbretoun, un your, que tournera prospère : Segu, aban loung téms, nous que retruberam L'ayzine de d'aoûts cops, mè d'ugn'aoute manière !... Capbretoun, le mi caze You, qu'aymi Capbretoun, pramoun qu'en souy sourtit. Pertout oun baou, pertout, l'anuyé que m'escane ; Tabey, tustem, quen puch, que m'escapi entou nit, Oun retrobi lous tues, dab pins, bruc, baste é brane. Qu'aymi lou nous cloché é le sou bielhe tour, D'oun beden plan lou bourg, lou bos, bignes é coste ; Dou plézi qu-im hazé, qu'em soubiréy toutyour, Lou branlou, per le heste, oun hén pastis à noste. Le tour! ah ! saludam ! Signaou dou téms passât Quén lous nos loups de ma pescaben le baleye, Hazén un Capbretoun louegn, louegn, de l'août coustat, E rentraben aou port, dab le pinasse pleye ! Urous qu'èren labéts lous nos arrepapouns ; De bèths ahas hazén après chaque tournade ; Cas d'escuts countaben a cop de couarterouns... Ah ! perque doun l'Adou s'en es yamé anade ! Qu'aymi la noste playe oun, dab d'aoûts gouyatots, Den lou sable qu'éy héyt puts, hourns é mesturotes, Pirouètes é saouts, aous despens dous pelhots, Bira, courre, cerca péyrines é cracotes. Qu'aymi d'espia le ma, lous bagats escuma ; De m'y plounya l'estiou, se le bedi prou bère ; Mè que trobi ta béth quén se boute à brama, Arreguisne, se maste, e broun com lou tonnerre ! Qu'aymi lou réndebous dous pescayres moussus, Ana huma un pip aou cap de l'estacade, Quén le mareye mounte é saoute per dessus, Quén l'aygue, sus lou naz, largue coque chistade. — 256 — Qu'aymi, den lou canaou, sus u galup pesca ; A Hossegort poussa, se bouy ha u cracade, Ou bien lou Boudigaout ou Bouret remounta, Si-m gahe, un your, l'idée de ha u promenade. Qu'aymi, dab lou hilat, le casse à l'aouzerot ; Ab lou fezil, tira paloumes é tourtotes ; Tabey, capbat lou bos, ha courre un lapinot, Cerca, den le semi, dab Tom, les becadotes. Qu'aymi lou nos bin blan, dab ustris ou cruspéts4 Alaoudes ou mouréous, paloumes ou becade, Calhes, tourtes, cibet, même petits aouzéts, Turbot, enfm, murlat ou loubine ou dourade. Fort d'aoûts, ataou com you, que s'en laquen lous dits .. Tout aco que troubam, à Capbretoun, chén courre, Ço qui hèy qu'ém aci guilheréts é hardits, Que touts y soun countéus, é nat n'y héy le mourre. Qu'ats, de le noste bogue, aqui tout lou secret : Si biey tan d'estranyés, se bastichen d'abiade, Plaze héy Capbretoun, aco qu'es cla é net. Sulernen counserba que caou le renoumade. Capbretoun ! quén l'an bis, que bolen y tourna ; E, s'y tournen yamé, adiou ! qu'es finit, gare ! Que s'y troben ta plan, n'ou poden mé quita. Amies, qu'éts abertits ; belhats-bous-y adare !... Lou 5 setème 1910. YAN DOU GOUF. J'ai gardé pour la bonne bouche lou Cascarot. Le hasard, que j'ai un peu aidé, m'a placé auprès de lui. Car une sympathie indicible m'attire auprès de cet ecclésiastique à la figure si loyale et si bonne, aux manières si modestes, qui pratique la tolérance et la bonté comme devait le faire le Maître. Je lui demande une chanson. Il me l'accorde un peu difficilement, mais cependant avec bonne grâce. De sa belle voix grave il chante cette belle perle d'antan. LOU MOULIÈ £ £ g X,a pitl-lie d'up praub* o-mi S'ey leu—a. _ de Í de ma. «—àtua Di-t)ae_di-di_di-di> 4= —ITLÎ La- lti£-h.e d'un praub $ey leu. _a-_<ie d*5 "^o- — twt, JJi.^ue-£U.n.-dirt—din.. S' près tau. sac e ^ C C Crrz f=H » mm a-n-ade au mou-£iq..Bi-re1' ga re mou .Ci E'tuj-ne £s riè! Jabots La. tour_rtè,Bmj\Li, "Re_bi. _rè la. moule don moulin T>i<ja5 clique iu aue IMfcfe =3 H , i ».—k—k .mou.- te.—s. k. íS^ SC('Dtaiuíd^itfíU<jue ta-, Qui bo ntoali La hilhe d'un praub' omi S'ey leuade de matin : S'a prés lou sac e Vayne Es anade au moulin... Repic Bire-t, gare, mouliné ! Ju bais la tourné Branlé, rebirè La moule dou moulin Digue, digue, digue si, Digue, digue, digue la, Qui bo moule moulera. Lou mpuliè pot pas moule La moule qu'es de pic. « — Mouliè, se bos pas moule Jou que m'en bau d'aci ! « Mes las brumes s'y bouten E man hèyte esbarrî — 258 — « Mountade ser un aubre, Per tèrre que-m fouti. « Las daunes de la bile Qu'an entenut lou crit : « — Pren-t' aygue sau, maynade ! — E qu'èy lou pè oarit ! » NOTE. — On répète, avant chaque couplet, les deux vers du couplet précédent. L'assemblée frémit d'aise, applaudit à outrance et comme les petits enfants parlant à grand'mère : Encore, encore ! Et encore il cède et nous donne son Salut qu'il composa à l'occasion de la réunion d'Eauze. Enfin l'heure avançant toujours, M. Bibal annonce que les meilleures choses ont malheureusement une fin : « Notre fête si réussie touche à son terme. Chacun de nous va reprendre sa liberté d'action. Mais le bureau de l'Escole a décidé, ce matin, que la prochaine Félibrée aurait lieu, l'an prochain, dans les HautesPyrénées, à Capvern et à notre château de Mauvezln. Merci encore à tous et salut de fraternité. Mais au revoir à Capvern et à Mauvezin ». A Capbretoun Partidos dou Béarn, d'Armagnac, de Bigorre, Las cigalos à brulhs soun cajudous che toun ; Et lur cansoun dempus, qu'entenes Capbretoun, Den lous bos, et dou port au-pesquè d'Ossegorre. Uo serunsurrè que s'apaus'én passan, Et qu'es bout'a canta débat la houelho griso, Me qu'es caro quan bei l'aure sensé camiso, Et sous bras estoursuts roujes courao la san. (!) J'allais commettre une omission, je prie M. Cassaét de m'excuser, je ne l'ai cependan pas oublié; car on n'oublie pas, quand on a eu le plaisir de les entendre, les vers qu'il nous a dits et qui valent ceux qui remportèrent tant de prix à nos Jeux Floraux ! — 259 — Et jou qui souy bengut damb eros à la hesto, Goum ero que souy mue deuan me d'un gran pin, Et qu'em trobi petit den l'ahorès san fin, Qui s'esten, berdo ma, dou Boucau à la Testo. Qu'en passéji rèban à tous hilhs qui soun morts, Aus pescayres hardits qui dinc au nauèt mounde Pourtèn lou toun renoun, et n'en hei pas lou counde Tan n'en basouc à toun d'homes balens et horts. Que soun morts louy de tu, dens uo neyt d'auratje, Et coum en un sauney, que besi lou tourmen Segouti, charuspla, crouchi lou bastimen, Et den las pregountous s'enfounssa l'equipatje. Que soun morts, et jame digun nous a troubats, ' Er las mays et las sos, lous hils et las maynados Benguen en proucession dempei très cens annados, Prega deuan lou port, pous qui soun pas tournats. La gleyzo quous serbis de temple de memori. Qu'ès en aquero houn, que ouei benguen putsa L'etsemple que dechèn lous morts de bèt tems a En y leji lur nom, ser las taules de glori. Que souy coumo bous auts un amie dou passât ; Las hlous dou Soubeni pousson bèros à nosto, Dous houns de l'Armagnac qu'en ei pourtant à bosto E ser l'auta dous morts que pausi lou brassât. S. CASSAET J'ai encore quelques heures devant moi avant de regagner Bidache. J'en profite pour faire une promenade sur le sable, trouvant un plaisir d'enfant à raser la vague qui vient expirer à mes pieds, lorsque je vois venir M. Pierre, mon aimable collègue de Capbreton. Il est accompagné du docteur Dulau, directeur du sanatorium, qui demande à devenir des nôtres. J'ai passé ma vie avec les enfants. L'enfance m'attire donc en toutes circonstances, mais surtout quand elle souffre. Je demande au nouvel écolier de Febus s'il m'autoriserait à visiter son établissement. Il y consent de très bonne grâce et m'offre de m'en faire les honneurs. — 260 — Tout en cheminant, il me donne quelques renseignements sur sa fondation et son fonctionnement. Le Sanatorium marin de Cap-Breton (Landes), dû à la libéralité de Madame Desjobert, contient 120 lits, 40 gratuits pour les enfants du département des Landes, 80 payants pour les enfants provenant soit du département des Landes, soit des départements étrangers. Il est ouvert, toute l'anuée, aux enfants des deux sexes, âgés de 5 ans au moins et de 15 ans au plus. Les enfants appelés à profiter du traitement marin sont ceux qai sont atteints : De lymphatisme et d'anémie ; de scrofule ; d'abcès froids ; de lupus; de périostite ou d'osteo périostite avec ou sans suppuration ; de tumeur blanche des membres supérieurs avec ou sans suppuration ; de tumeur blanche des membres inférieurs permettant la marche avec ou sans appareil ; d'ostéite on d'arthrite vertébrale, suppurée ou non, permettant la marche avec ou sans appareil ; de rachitisme. Ne peuvent être admis les enfants atteints : De phtisie déclarée ; de teigne faveuse, tondante ou pelade ; de syphilis ; d'idiotie ou épilepsie ; de paralysie infantile ; d'incontinence d'urine diurne et nocturne. Le Prix de la pension est de 1 franc 60 par jour. Un seul médecin suffit à soigner tous les malades ; mais il est aidé par un ou deux de ses confrères quand il y a des opérations à faire. Mais nous arrivons. Le sanatorium s'étend sur une surface à forme rectangulaire très allongée. Il fait face à la mer dont il n'est séparé que par une courte distance. Il n'a rien de monumental, mais son aspect est cependant agréable. Rien n'y est sacrifié à la fantaisie. Tout ce que j'ai vu a sa raison d'être, son utilité pratique. Nous parcourons les diverses salles avec rapidité, car je n'ai plus que quelques instants. Elles sont très hautes de plafond, éclairées et aérées par des fenêtres vastes ; l'air et le soleil y pénètrent partout à flots. Je remarque que les planchers sont lavés à grande eau et tenus dans un état de propreté minutieuse. Je fais en passant une affectueuse caresse aux petits — 26Í — malades qui sont retenus au lit ipar quelque infirmité nécessitant le repos. Ils y répondent fort civilement. La salle d'opération me fait frémir, je m'en éloigne à pas pressés. Et cependant il en faut me dit le docteur, on y accomplit souvent des miracles. Et, pour le prouver, il me fait voir plusieurs photographies d'enfants qui sont arrivés là, les membres pliés, tordus, voués à une immobilité ou à une claudication perpétuelle et qui en sont repartis sains et allègres, galopant, sautant comme les cabris dans la montagne. Les voilà, en effet, sur cette épreuve, dignes de pitié, et sur celle-là dignes d'admiration. Je tends la main à l'habile docteur-chirurgien et lui présente des félicitations émues autant que sincères. Un coup d'œil en passant au dortoir, aux réfectoires, aux salles de récréation, aux salles de bains : tout est blanc, reluisant, il y règne un ordre parfait. La colonie est presque toute sur la plage, en train de se rouler dans le sable, de courir, de sauter, de cabrioler, de se griser de l'air salutaire, de l'air vivifiant. Des tentes sont disposées de ci, de là, où l'on va se reposer quand la fatigue est venue. Une jeune femme surveille attentivement tout ce petit monde qui use de la liberté sans en abuser. Mais je m'échappe en remerciant le docteur Dulau et en lui promettant de recommander chaudement son établissement. Je le fais ici de grand cœur et c'est justice. En écrivant ces lignes, à quinze jours de ces charmantes fêtes,1il m'incombe un devoir auquel je ne saurais manquer sans ingratitude, c'est de remercier la population de Capbreton de l'accueil si courtois, si sympathique qu'elle a fait aux écoliers de Fébus. Certes, partout où nous avons passé depuis treize ans, nous avons été reçus avec l'affabilité particulière aux habitants du Sud-Ouest. Mais la réception de cette année était empreinte d'un caractère particulier qui rappelait par certains côtés le-laisser-aller, le bien-être de la famille. A Capbreton nous étions à notre aise comme chez nous. J'avais emporté pareille impression de la réunion de St-Sever. Ce qui semblerait indiquer que l'hospitalité landaise est surtout faite d'amicale simplicité. — 26â — Merci donc à nos hôtes de deux jours! Merci à M. le Maire Larrat de tout ce qu'il a fait pour nous rendre notre séjour agréable. Merci encore à lui des notes précieuses qu'il m'a fournies pour la rédaction de ce compterendu . Merci enfin à M. Pierre dont la société m'a été si agréable et la collaboration si utile ! E si yaméy, lous mèys amies, e passais per nouste, que-b diserèy : Sedéts-pe au coutét pramou que assiu qu'èts a boste. E l'auserou encauyoulat qu'en dera û rebalays ; e lou toupî que s'en arridera drinou mey hort, pramou que Quoand û amie arribe a la maysou, Lou hoéc qu'augménte d û tisou. J'ai promis plus haut de répondre en finissant à une doléance du bon Lafore, qu'il renouvelle chaque année avec une véhémence qui va toujours croissant. Tout en rendant au beau sexe, en galant Béarnais qu'il est, le respectueux hommage qui lui est dû, il ne peut comprendre que nous éprouvions le besoin de confier à une reine, assistée de six muses, la présidence de nos assemblées. L'institution, dit-il, est archaïque ; elle a quelque chose de théâtral qui peut aller fort bien au pays où fleurit l'oranger mais qui s'assimile mal avec nos sentiments égalitaires, avec le sérieux qui est la marque distinctive du réveil béarnais et gascon. Le sujet est charmant, convenez-en, et prêterait à développements intéressants. Mais j'ai déjà abusé de votre patience, amis lecteurs, et je vais répondre très sobrement. La femme comme la fleur n'a jamais déparé une belle réunion ; au contraire, elle l'embellit et la poétise, elle l'égaie de son sourire et la vivifie de son esprit. La femme exerce au foyer et dans la société un rôle prépondérant. Elle a mille ressources pour faire triompher la qause qu'elle affectionne. Elle tient le cœur de l'homme et l'âme de l'enfant. Qu'elle le veuille bien et la langue gasconne deviendra la langue de la famille, la langue des affaires, la langue du dedans et du dehors, la langue préférée que l'on parlera mieux encore que par le passé, parce que la culture générale d'aujourd'hui est supérieure à celle d'autrefois. — 263 Reine ou muse, qu'elle vienne donc à nous la femme béarnaise ou gasconne, en grand nombre, et qu'elle occupe au milieu de nous la place de choix, le fauteuil d'honneur. Qu'elle y vienne si elle a la foi, parce que sa foi en sortira fortifiée et grandie. Qu'elle y vienne aussi si elle ne recherche dans notre société qu'une distraction, parce qu'au contact de la rose la feuille sèche avait acquis un parfum pénétrant. Mais il est facile de rajeunir cette institution archaïque des muses et de la rendre acceptable, que dis-je ? désirable pour tous ceux qui aiment les choses de chez nous. Il y a trois ans, à Mauvezin, M. Bibal, nous présenta ses trois filles, l'une en Garonnaise, l'autre en Tarbaise, la troisième en Ossaloise ; et leurs costumes, renouvelés du passé, ne furent pas la moindre attraction de la splendide fête qu'il nous donna. Eh bien! qu'à Capvern, il nous présente l'année prochaine un groupe de jeunes personnes habillées comme l'étaient autrefois nos mères, nos femmes et nos filles et il aura, je crois pouvoir le garantir, changé les témoignages d'improbation en acclamations d'enthousiasme. E adare, amies, en attehdén l'anade nabère, lou boun Diu que-b hèsi gauyous et hurous! (1) J.-V. LALANNE. (1) On remarquera que j'ai évité de me servir des mots félibre et félibrige dans ce long compte-rendu. J'en dois l'explication à mes amis et à mes lecteurs. Les statuts du félibrige, je parle du vrai, du beau, du premier en date, avaient pris pour règle et presque pour devise, ce vers de. notre poète national : " Soyons tous amis, soyons tous frères " Aussi, j'embrassai la cause mistralienne avec un enthousiasme que les écoliers de Fébus ont tous connu. Mais depuis deux ans, tout cela est en train de changer. A la paix, à l'union des premiers ans, ont succédé, au sein du Consistoire, un état de trouble, fait de querelles intestines, de manifestations ressemblant tantôt à de la politique de gauche, tantôt à delà politique de droite. A mon sens (car je parle ici en mon nom personnel sans engager en quoi que ce soit la responsabilité du bureau de l'Escole), à mon sens, le bon renom du félibrige est compromis, et je nie refuse à suivre les voies ouvertes par le félibrige nouvelle manière, parce qu'elles s'écartent de cet idéal de fraternité qui peut seul amener le triomphe des revendications méridionales. Mais je suis et je reste écolier de Febus, parce que notre Ecole a toujours été fidèle aux bonnes traditions : la fête admirable de Gapbreton en est la preuve la plus éclatante, la plus indéniable. - 264 — Escole Gastou-Febus PALMARÈS Poésie Jeux-Floraux de Capbreton. — 1910 Médailles de vermeil 1 , M. Emilieii Bareyre, d'Arès (Gironde), pour La Partençe das Pescayres. 2e, Dr Levrat, de Simorre (Gers), pour sa pièce La planhenso dous anjols. Médailles d'argent 1 , Léon Arrix, d'Aureilhan (Hautes-Pyrénées), pour son ode Bibe Case. 2e Armand Lamothe, de Lagraulet (Gers), pour son Printemps paysan. 3°, Pierre Abadie, instituteur à Soumbru (Hautes-Pyrénées), pour son Bi blanc de Jurançou. 4e, François de Lartigue, de Monguilhem (Gers), pour ses sonnets Per Nouste. 5e, Mme Pierre de Libertad, d'Auch (Gers), pour son Lou pttit mouli. Diplômes de médaille d'argent 1 , Denizet, à Charre (Basses-Pyrénées), pour En rebasseyan. 2e, Adrien Bibes, d'Adé (Hautes Pyrénées), pour Nouste terre. Médailles de bronze argenté 1 , Jean de Mécène, de Buzet (Lot-et-Garonne), pour La bigno de Pujol. 2e, Tauzin, de Baigts (Basses-Pyrénées), pour La serre dousoulibés. 3e, Abbé Barros, d'Urgons (Landes), pour Au grit maysouè. Médailles de bronze 1er, Louis Lamaignère, instituteur à Artassens (Landes), pour La bite au bilatye. 2e, Abbé Eloi Rietsch, de Uèmu (Gers), pour ses sonnets En dous praubes, misèros. 3e, J.-B. Lamarcade, de Miramont-Sansacq (LandesJ, pour Lou bieilh. 4e, Abbé Naves, de Levigneau (Landes), pour sa Chigalhe e Arroumigue. er er er er — 265 — Mentions Paul Dufîour, de Tarbes (Hautes-Pyrénées), pour Lous mis débuts de casse. 2e, Mlle Jeanne Puyou, de Pau (Basses-Pyrénées), pour Bouts de . bosc. 3e, Marcel Lacroix, de Buzet (Lot-et-Garonne), pour Rencountrè. 4e, Lauquet, de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), pour Ero darrero courso de founds. Concours de Prose Pa Médaille de vermeil M. François de Lartigue, de Monguilhem (Gers), pour son récit Las Aguestes. 2e Médaille de vermeil offerte par le Président de l'Escole M. Canton, instituteur à Mirepeix (Basses-Pyrénées), pour La Légende de Coarraze. Ex-œquo : Médailles d'argent M. Barros, d'Urgons (Landes), pour La Benyence de l'Arnautet. M. Léon Arrix, à Aureilhan (Hautes-Pyrénées), pour Lou souney de la crabère. Médaille de bronze argenté M. Louis Lamaignère, instituteur à Artassens (Landes), pour Lous couate ertès de la Marioun. Médailles de bronze M. Darricarrère, de Pau, pour Un counté sur las Estéles apèrades « las set crabères ». M. Lauquet, de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), pour Era hesto-naou de Ciéoutat. Mention honorable M. Paul Dufîour, de Tarbes (Hautes-Pyrénées), pour Agita aouan de sén serbi. Concours de Dessin PREMIER CONCOURS 1er, (Couverture du morceau de musique mis au concours : Lou Ninin au Bersòo). Fleur de vermeil offerte par M. Bibal M. Sellier, instituteur à Mauvezin (Gers). )' — 266 — Médaille d'argent Mlle Renée Lâché, de Bordeaux. Médaille de bronze et un livre d'art Mlle Madeleine Romfort, de Bordeaux. Un livre d'art M. Beaugrand, de Lavardac (Lot-et-Garonne). M. Cheval, de Bagnères-de-Bigorre. DEUXIÈME CONCOURS Dessin, peinture, sculpture (un berger et son chien). Fleur d'argent offerte par M. Bibal M. Cheval, déjà nommé, pour sa sculpture. Médaille d'argent Mme Guilhot, de Bordeaux, pour sa peinture Un livre d'art Mlle Renée Lâché, déjà nommée, pour son fusain. Concours de Musique (Mise en musique avec accompagnement de la Berceuse : Lou Ninin au Bersôo, de Yausep Gascoun.) Médaille de vermeil M. Castaingt, ancien instituteur de Pau, dont l'œuvre va être gravée par un ami de l'Escole, M. Hernoult, de Pau, et portera la couverture primée de la fleur de vermeil du Concours de Dessin. Ex-quo : Diplôme de médaille de vermeil M. Paul Moureu de Pau. M. Jean de Mécène, de Buzet (Lot-et Garonne). Médaille d'argent M. Cazenave, d'Arthez (Basses Pyrénées). Médaille de bronze argenté M. Abadie, de Lestelle (Basses-Pyrénées). M. J.-B. Ahetz-Etcheber, de Capbreton. Prix d'Honneur (Histoire et Erudition) M. Tauzin, à Saint-Justin-de-Marsan (Landes). - 267 - Concours des Ecoles Mme Loussalez-Artets, directrice d'école, Arthez-d'Asson, un prix de 60 f r. en espèces ; Mme Canton, institutrice à Mirepeix, 20 fr. en espèces ; M. Canton, instituteur à Mirepeix, un prix de 20 fr. en espèces. NABÈTHS COUNFRAYS M. Plassot (A), directeur d'Ecole, Pau. M. Hustach (Jean) (A), instituteur, Pont d'Hippône, Bône. M. le Docteur Louit, conseiller général, maire de Jigun (Gers). M. Cassagnac (Paul de), conseiller général, Château du Coulomé, à Plaisance (Gers). M. Larrat, maire de Capbreton. M. le Docteur Junqua, à Capbreton. M. Duboscq (Jean) (A), instituteur, à Tersis-les-Bains. M. Clavery (François), adjoint principal de la marine, à Rochefort. M. l'abbé Naves, curé de Levigneau (Landes). M. le Docteur Dulau, directeur du Sanatorium, à CapbretOQ. M. Getten (A), instituteur, à Dax. M. Gardas, président du Syndicat d'Initiative, à Capbreton. M. Pierre (A), directeur d'école, à Capbreton. M. Ahetz-Etcheber (J.-B.). à Capbreton. M. Faure (L.), secrétaire de l'Amicale des Hautes-Pyrénées, Boulevard de La Villette, 171, Paris. M. Lajus(Paul), rue du Commerce, Orthez (B.-P.). M. le Docteur Levrat, rue du Sénéchal, 9, Toulouse. Vu l'importance du compte rendu, nous sommes forcés de renvoyer au Numéro de Novembre, la publication des pièces des concours de prose et de poésie qui ont obtenu les numéros i et 2, ainsi que les trois premiers numéros du concours de musique. Lou Yérant : E. MARRIMPOUEY.
Report "Reclams de Biarn e Gascounhe. - Octoubre 1910- N°10 (14e Anade)"