Quatrième Degré du REAA« Maître Secret » Le Rituel du Grade Contribution de la Loge de Perfection ALPHA Orient de Bordeaux au Colloque du 15ème secteur – Périgueux 24 février 6008 7 7 . ce qui lui confère une dimension universelle. sachant que les deux rituels évoqués se distinguent par la formule de l’Obligation. légèrement différente d’un texte à l’autre. 3. au cours de plusieurs réunions de travail à se développer et être construite d’abord en plusieurs parties. rédigé à l’initiative du Suprême Conseil du Grand Collège du Rite Ecossais Ancien Accepté du Grand Orient de France.apport spécifique de l’élévation au 4ème grade.notion de rituel : point examiné en tant que préalable à l’étude. mais également culturelle.essai de compréhension du Sens proposé au Maître Secret. Une première consiste à qualifier le rituel d’un ensemble de pratiques relevant d’une éthologie appliquée à l’espèce humaine. 1 . est parvenue.Notion de rituel L’histoire des Sciences Humaines permet de dégager différentes approches de la notion de rituel. 4. De dimension universelle. Une deuxième approche inscrite dans la perspective de la précédente.L’étude du rituel de Maitre Secret peut être développée. en d’autres termes. dans le but de les transformer au profit de la conservation et de l’évolution du groupe. à partir d’au moins deux textes récents. Cette qualification conduit à considérer le rituel comme un moyen de circonscrire les énergies individuelles. la proposition qui sous-tend et la perspective que projette le thème allégorique du 4ème degré. Les Loges de Perfection de l’Orient de Bordeaux utilisant pour leurs travaux la première version. le premier publié en 5983 par le Suprême Conseil du Grand Collège des Rites. La réflexion sur le « Rituel du Grade » menée par un groupe de FF motivés de la Loge. le second datant de l’année 6001. 2. Une telle conception 7 . celle-ci a donc été choisie. notamment celle de la relation au Sacré. qui transmet les formes initiatiques vitales. intègre le rituel à une dynamique de systèmes de protection collectifs. puis « in fine » en quatre chapitres : 1. le rituel est susceptible d’être regardé comme l’expression d’une tradition sociologique.argument et objet du rituel d’élévation. il est bon que le temps soit une construction ». l’objet d’une appropriation individuelle et. A cet égard. des Chapitres le pratiquaient dès les années 50. à propos du sujet traité. Une troisième approche place le rituel dans une dimension spatio-temporelle. mais cependant. en un lieu et à un moment précis. trois remarques préliminaires.. ce n’est qu’à quelques-uns des nombreux degrés qui jalonnent le Rite qu’une élévation est accomplie. d’abord au sein d’un atelier « intégré ». Deuxième remarque.se juxtapose. puis dans 7 . à la démarche qui gravite autour des notions de rites profane et d’interaction. citons Antoine de Saint Exupéry qui écrivait ceci : « Et les rites sont dans le temps ce que la demeure est dans l’espace. En résumé. analyse qui deviendra peut-être par la suite. un rituel se caractérise par un ensemble de comportements codifiés et répétitifs conduisant à une analyse intime de son sens. On retrouvera au cours de l’étude qui va suivre. 2 . une « étape initiatique » essentielle. parmi les grades anciennement communiqués. d’une incorporation en tant que principe constitutif du soi. voire d’intercession. le Maître Secret représente l’étape initiale des Hauts Grades Ecossais. l’une des constantes fondamentales du rituel est de revêtir toujours une dimension collective. ponctuant la vie sociale et marquant les périodes importantes de l’existence. s’instaure dans le quotidien une césure qui contribue à l’éveil et à la libération de soi. ces différentes approches évoquées dans ce préambule. Enfin. Ajoutons que ce 4ème grade n’a acquis un tel statut qu’à une période relativement récente de la vie de la Juridiction. c’est que. En effet. à notre avis... au-delà.Argument et objet du rituel La progressivité initiatique proposée par les trente degrés du système des Hauts Grades du Rite Ecossais Ancien Accepté appelle. celui de Maître Secret n’est devenu un grade pratiqué qu’avec le travail du temps et la perspicacité de Frères qui percevaient dans ce degré. La première. Enfin troisièmement. du moins dans le contexte actuel. d’ailleurs. En fait. dans l'espoir de trouver réponses à ses interrogations. désormais « entre l’Equerre et le Compas ». Le rituel de Maître Secret.une loge « autonome » dite de Perfectionnement. répondrons-nous. Dès lors. évoquée par le mot sacré. nulle dissimilitude fondamentale à voir entre ces deux interprétations : consécration du mausolée ou reconnaissance de nouveaux “préposés” à une recherche secrète. que l’objectif reste désormais une interrogation « métaphysique » sur le sens de l’Initiation. lui est-il suggéré par ses Frères d’aller vers les grades de Perfection. dans le sanctuaire du Temple. se trouve dans la consécration du mausolée érigé par Salomon. Pourquoi cette nouvelle direction ? Pour la raison. c’est-à-dire le tracé d’une perspective qui offre à l’initié une piste de recherche et. Dans sa loge symbolique. 7 . s’emploie à tirer les enseignements de la légende d'Hiram et il n'entend pas se satisfaire de la seule perspective de la finitude de l’homme. Le bien fondé d’une telle évolution s’appréhende par l’analyse du contenu même du rituel. le moment venu. se pose la question du « comment ? ». Les rituels plus anciens évoquent une thèse différente textuellement. notamment. En d’autres termes au sein d’un espace « préservé » et « secret ». maître d'œuvre. le Maître Maçon. " une parole d'espoir. d'harmonie et de vie". relevé par les cinq points de la maîtrise. Cependant. dorénavant. puisqu’il s’agit de désigner dans le secret. signifient une seule et même idée : la suite d’un travail de deuil et de sa propre quête et ceci. fait nouveau et porteur d’un sens à ne pas ignorer: la réflexion s’opère. Ce fût. sept Maîtres pour remplacer la perte de l’Architecte. à la mémoire d’Hiram. Comment poursuivre l’initiation ? Les rituels récents apprennent que l’argument de l’initiation de Maître Secret. comme toute démarche pédagogique. dans le but de trouver la voie d’une étape ultérieure. partant. Aussi. le cas à l’Orient de Bordeaux. comporte aussi un objet. les conseils de mise en garde vis-à-vis de soi-même. les principes cardinaux : vision juste et libre arbitre. refus des idoles humaines et ascèse intérieure . dans l’attente de l’investiture de Maître Secret. Le premier. il écoute les caractéristiques intrinsèques du Devoir proclamées avec gravité. Devant l’autel. lors des 3ème et 4ème voyages. Le deuxième acte propose un processus intérieur de préparation psychique : chaque voyage. Le quatrième acte remet en action la gestuelle pour solenniser l’Obligation. De fait. dont le caractère calme et paisible est à souligner.3 . lors du 1er voyage. Ceci est favorisé grâce à une sollicitation des organes des sens. sorte de prologue. au cours du 2ème voyage. voit l’arrivée du récipiendaire dans le Temple de Salomon. devenu « lieu de tristesse et de chagrin ». écoute et parler vrai . alors que le cérémonial veille à garantir une complémentarité et une synchronisation parfaites entre les paroles prononcées et les mouvements accomplis. puis à projeter l’impétrant. Il y est accueilli par des paroles d’exhortation au Silence et au Secret. humanisme et nécessité de concorde et de solidarité. accompagnées de gestes de portée hautement symbolique : apposition sur les lèvres du Sceau de Salomon et mise sous le Signe du Secret. Le rituel fait ainsi prendre conscience de l’importance de la méditation intérieure. l’audition est particulièrement stimulée au cours du déroulement des actes qui composent la cérémonie d’élévation. Le dialogue binaire est construit de façon à fixer. de prudence. dans une dimension sociétale et universelle : vérité et amour de la justice. pour mieux aiguillonner l’écoute : les interventions des officiers se déroulent selon un rythme ternaire. de lucidité se veulent persuasifs tempérant l’éventuel enthousiasme du Maître. La théâtralisation qui en découle induit des dialogues et une gestuelle. liberté de conscience et tolérance.Apport spécifique du rituel Le rituel de Maître Secret est conçu comme la mise en scène de l’argument et de l’objet que l’on vient d’expliciter. Au cours du troisième acte. les recommandations sur le récipiendaire : refus des dogmes. à nouveau sous le signe du secret. permet de formuler les conditions et les exigences d’une vie tournée vers un progrès intérieur. le dialogue relègue au second plan la gestuelle. à centrer. notamment de l’ouïe. le récipiendaire promet de faire « allégeance au Suprême Conseil des Souverains Grands Inspecteurs Généraux 7 . Dans le rituel pratiqué à l’orient de Bordeaux. mais impose des devoirs plus stricts ». l’Instruction n’est plus une catéchèse. Ce dernier signifie. impliquant des devoirs réciproques : soumission et obéissance d’une part. Actuellement. code d’honneur et de fidélité. mais aussi. moment particulier du rituel. les décors et le bijou du grade sont présentés avec une réflexion initiale sur leurs sens. le voile retiré. occupait une place centrale. reconnaissance et protection. L’apport spécifique de l’élévation au 4ème grade serait incomplet si quelques remarques n’étaient pas émises. pour la première fois au cours du rituel.du 33ème degré ». celui de 6001. de l’autre. En guise d’épilogue à cette dramaturgie prend place la « Reconnaissance ». les nouveaux engagements et les nouvelles dispositions. à condition de se rapporter au sens médiéval du terme. à propos de l’ « Instruction rituelle ». sources de réflexion et d’accomplissement. Celle-ci. considérons qu’ancienne et nouvelle formule doivent chacune contribuer à enrichir la représentation qui importe à chacun ! Après le prononcé de l’obligation. en effet.ce quatrième acte est clos par une première recherche de la Parole symbolisée par la batterie frappée au dessus de la tête. Autre raison de conserver le terme « allégeance : sa référence à la Chevalerie. siège de la pensée.Compréhension du sens du rituel Quelques considérations et quelques interrogations. lors des premières décades d’existence du REAA. 7 . 4 . ne conserve pas cette « allégeance » qui est. elle conserve dans son contenu la fonction de servir essentiellement au tuilage. brièvement. comme elle le paraissait être auparavant . les « voyages » n’ayant pas encore été inséré dans le cérémonial. Quoiqu’il en soit. comme dans les grades précédents. Et. relativement pertinente. Le rituel du grade initial des Ateliers de Perfection présente. en effet. tandis que le dernier rituel. la lumière est rendue. car c’est à cet instant que. à l’origine. Le Grand Collège du Rite Ecossais Ancien Accepté du Grand Orient de France professe à l'article premier de sa Constitution que « l'accession aux grades au delà du troisième ne confère aucun droit nouveau. au demeurant. Ce dernier impose. mais contradictoirement. Ces valeurs constituent non seulement « les fondations » mais également le « corps » de l’Edifice. autant que sur les agnosticismes et les athéismes et ceci toujours selon son principe de « liberté absolue de conscience ». en suggérant une réflexion sur les croyances. accentue la perception des nombreuses sentences qui ont pour fonction de démontrer les multiples contraintes de l’accomplissement du Devoir. la Maçonnerie des Hauts Grades confirme une méthode qui est celle-ci : «…maintenant. non pas « au-delà ». appréciées à leur juste valeur sans pratique préalable d’une « ascèse intérieure. au préalable. ainsi que des aspirations de l’Homme. de la méditation et du silence ».Devoir et Perfection. manifestement. dans une phase de spiritualité différente des grades précédents. à revivre si nécessaire le passé. à fortiori. Mais. L’initiation maçonnique entre. mais bien « au contact » des réalités de la Condition Humaine. le passage de l'intention à l’action. vis à vis de cet objectif « symbolique ». L’élévation au 4ème degré amorce une réflexion sur le sens de la maxime « aller au delà de tous les au-delà » ? Et. Pour conclure. qu’elle a lieu dans « le Saint des Saints ». ____________________ 7 . disons que le quatrième grade du REAA procure à celles et ceux qui le pratiquent un « viatique » et apporte une espérance de « complétude ». avec une perception « métaphysique » des choses. que ces bases ne peuvent être appréhendées ni. élevez vous au dessus des choses matérielles en passant de l’équerre au compas ». La dramaturgie du cérémonial fait une place d’autant plus centrale au récipiendaire du grade. Peut-on la résoudre sans connaissance préalable de son identité et de son environnement ? Le Grade de Maître secret convie à revisiter. à savoir la reconnaissance du devoir tant individuel que collectif. Le 4ème grade invite le Maître à demeurer avec lui-même. L’idée apparaît clairement dans ce rituel. ce passage évoque une autre difficulté. Le dialogue d’élévation. Rituel de Maître Secret. ses rapports avec le Chapitre.Grand Collège des Rites. GODF. novembre 2006. Suprême Conseil. 5. pp. 7. Publications internes du Suprême Conseil du Grand Collège du REEA.Mercier Jean-Marie.Donzac Jean-Pierre. 1-19. pp. 3. Grades de Perfection 6001. I – Aux sources de la Maçonnerie de Perfection.Triaca Ubaldo. L’Ecossais. 2. 6. Notes personnelles. Identités maçonniques. 1949.BIBLIOGRAPHIE 1. Le Quatrième Degré : une voie de libération ? Publications internes du Suprême Conseil du Grand Collège du REEA. juin 1995. Rituel de Maître Secret 5983. son utilité ». ____________________ 7 . p.Piovesan Pierre.Dejean Léo. 9. 8. 4. Interprétation du rituel du quatrième degré. Introduction à l’étude des Hauts Grades de la Maçonnerie du Rite Ecossais Ancien et Accepté.116. Grades de Perfection. De l’atelier de perfectionnement (4°-14°). Encyclopédie Maçonnique. Piovesan Pierre.Grand Collège du Rite Ecossais Ancien Accepté.Donzac Jean-Pierre. 3-22.Caristan Alfred. 2005. 2008. Le Rite Ecossais Ancien Accepté des Hauts Grades. Sa raison d’être. Suprême Conseil. Silence… le Maître se crée. L’Ecossais n°2. II – l’Aujourd’hui de nos héritages. « Pour une lecture contemporaine du Rituel de Maître Secret ».