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March 26, 2018 | Author: salambox | Category: Reason, Truth, Mathematics, Physics & Mathematics, Conscience


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À l’épreuve écrite du baccalauréat : - Trois sujets sont proposés au choix des candidats.Les sujets peuvent porter sur toutes les parties du programme de chacune des séries. - L’un des trois sujets de chaque série est constitué par l’explication d’un texte philosophique. > Devoirs écrits 1 à 8, 9 pour la série L Attention : Le cours PH00 n’est pas organisé en « séquences » liant nécessairement l’ordre des 8 à 9 devoirs à l’ordre de présentation de l’étude des notions suivi dans les tomes 1 à 4 de ce cours. L’ordre des devoirs est impératif Il faut commencer par rédiger le devoir 1 puis le devoir 2, et ainsi de suite ; cet ordre répond en effet à des raisons pédagogiques visant, entre autres choses, à vous faire centrer votre étude sur certains champs de réflexion particuliers, tout en vous aidant à progresser dans la rédaction de vos devoirs. ➠ Remarque : À l’écrit du baccalauréat, les sujets proposés ne seront accompagnés d’aucune remarque ni conseil pouvant guider votre rédaction. Devoirs-PH00-10 37 evoir 01 à envoyer à la correction Attention > Collez l’étiquette codée PH00 – DEVOIR 01 sur la 1re page de votre devoir. Si vous ne l’avez pas reçue, écrivez le code PH00 – DEVOIR 01, ainsi que vos nom et prénom. Important > La saisie informatisée des devoirs ne permet aucune erreur de code. > Veuillez rédiger ce devoir après avoir étudié, dans le tome 1 du cours, la présentation et l’introduction, ainsi que les conseils généraux à suivre dans la préparation de l’écrit du baccalauréat, dans ce fascicule. Dissertation Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ? Remarques concernant l’analyse du sujet de dissertation : La question qui vous est posée ici est la même que celle sur laquelle vous possédez une leçon dans votre cours. Il ne s’agit pas pour vous de reprendre tout ce qui se trouve dans cette leçon, qui est beaucoup trop longue pour constituer une réponse telle qu’on peut l’attendre de vous ici. Cependant, en sorte de vous guider, la leçon a la forme d’une dissertation. Ce premier devoir a pour but de vous apprendre à réfléchir en travaillant à partir d’une leçon qui présente déjà explicitement les différents problèmes soulevés par la question posée et les diverses réponses qu’on peut leur apporter. On ne vous demande donc pas ici, dans cet exercice guidé, de dégager d’autres problèmes que ceux clairement exposés dans la leçon introductive, ni d’inventer d’autres réponses que celles qui y sont méthodiquement présentées. On n’attend pas de vous que vous vous contentiez de recopier certains extraits de cettte leçon introductive en recourant à une procédure proche du « copier-coller » électronique, ni que vous en récitiez des pans ou que vous en résumiez l’ensemble. Ce que l’on attend de vous, c’est plutôt que vous donniez la preuve que vous vous êtes approprié à la fois le contenu de cette leçon et la méthode qu’elle met en œuvre dans la démarche qu’elle suit : on attend de vous que vous procédiez à un travail de reprise et de ré-élaboration personnelles (se reporter dans ce fascicule, aux conseils généraux). • La dissertation devra s’efforcer de dégager l’apport des sens dans nos connaissances (pourrions-nous connaître sans eux ? Les philosophes empiristes vont jusqu’à affirmer que toutes nos idées proviennent de nos sens) mais analysera également leurs limites éventuelles (puis-je vraiment « connaître » quelque chose si je ne compte que sur l’apport de mes sens ? Ne sont-ils pas limités, pouvant même constituer un « obstacle » à la connaissance ?). • Dans votre travail préparatoire, pensez à définir précisément ce que désigne « une vérité particulière », « une vérité générale », ce que signifie « universel ». Distinguez bien les deux adjectifs « nécessaire » et « suffisant ». Bibliographie • On peut compléter l’étude de la leçon introductive par celle qui examine si l’expérience est un guide suffisant, présentée dans le tome 1 du cours. • On en peut également compléter l’étude par l’examen de l’analyse cartésienne du « morceau de cire », proposée dans le tome 4 du cours, étudiant les deux premières Méditations métaphysiques de Descartes. ■ N’oubliez pas de joindre la notice individuelle que vous trouverez dans ce livret, avec le 1er devoir, pour le professeur correcteur. Devoir 01-PH00-10 39 evoir 02 à envoyer à la correction Attention > Collez l’étiquette codée PH00 – DEVOIR 02 sur la 1re page de votre devoir. Si vous ne l’avez pas reçue, écrivez le code PH00 – DEVOIR 02, ainsi que vos nom et prénom. Important > La saisie informatisée des devoirs ne permet aucune erreur de code. > Veuillez rédiger ce devoir après avoir étudié, dans le tome 1 du cours, la présentation et l’introduction, ainsi que les conseils généraux à suivre dans la préparation de l’écrit du baccalauréat, dans ce fascicule. Explication de texte Expliquez le texte suivant : « Les sens1, quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles2, ne sont point suffisants pour nous les donner toutes, puisque les sens ne donnent jamais que des exemples, c’est-à-dire des vérités particulières ou individuelles. Or tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu’ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité, car il ne suit point3 que ce qui est arrivé arrivera de même (…) D’où il paraît que les vérités nécessaires, telles qu’on les trouve dans les mathématiques pures4 et particulièrement dans l’arithmétique et dans la géométrie, doivent avoir des principes dont la preuve ne dépende point des exemples, ni par conséquence des témoignages des sens, quoique sans les sens on ne se serait jamais avisé d’y penser. » Leibniz Préface aux Nouveaux essais sur l’entendement humain 1. Les « sens » sont les diverses fonctions de la sensibilité (la vue, l’ouïe, l’odorat, etc.). 2. Les « connaissances actuelles » sont les connaissances «en acte», c’est-à-dire en tant que nous y sommes présents avec attention, en tant que nous avons présent à l’esprit le rapport des idées dont elles sont composées. Cela s’oppose aux connaissances qui ne sont plus que mémorisées, et quelquefois impeccablement, comme les connaissances que je peux réciter «par cœur». Par exemple, je peux connaître par cœur les tables de multiplication et donc savoir que 9 fois 7 font 63, «sans avoir besoin de réfléchir», sans y être présent avec mon intelligence «en acte» En revanche, je n’ai pas besoin de mémoire pour savoir que 10 fois 7 font 70 : je peux être «présent» à cette vérité, parce qu’elle est facile à «voir»; je me rends aisément présente à l’esprit la composition de 70 comme 10 fois 7. Mais je peux avoir aussi la connaissance en acte de 9 fois 7, dans la mesure où je peux me rendre présent aisément dans un acte de l’esprit que 9 fois 7 est équivalent à (10-1) fois 7 et sont donc égal à 70 moins une fois 7. 3. « Il ne suit point » : cela n’a pas pour conséquence… Ce qui se passe ici ou aujourd’hui, ne se passe pas nécessairement ailleurs et ne se passera pas nécessairement demain. 4. « Mathématiques pures » : renvoient à une connaissance qui ne procède en effet que par démonstration, c’est-à-dire par déduction à partir de principes. La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question. Remarques concernant le texte et son étude : • Ce n’est pas sur les sens (la perception par les sens), que peut être établie la preuve des vérités mathématiques, qui sont des vérités nécessaires. La nécessité de ces vérités s’établit, en effet, par la voie de la démonstration, qui, en mathématiques, consiste à montrer que, si l’on pose une proposition comme vraie, telle autre s’en déduit, c’est-à-dire est vraie à son tour. C’est une nécessité logique, ou mieux purement rationnelle, qui ne doit rien aux exemples. Les exemples (comme un triangle, ou telle autre figure) peuvent guider l’imagination et l’intuition dans la recherche de la proposition vraie, et permettent de confirmer que la proposition géométrique démontrée correspond à ce qu’on peut observer dans le monde, mais non pas qu’elle est nécessaire, c’est-à-dire démontrée. Même les premières propositions mathématiques, d’où toutes les autres sont déduites, et que Leibniz nomme ici les « principes » (ce qu’on peut appeler parfois en mathématiques des « axiomes »), ne dépendent pas de l’expérience (les sens et les exemples) pour ce qui est de leur établissement : ils sont posés parce qu’ils s’imposent par eux-mêmes à l’esprit qui ne peut pas les nier sans se contredire, ce qui est la définition même de la nécessité (« ce qui est et qui ne peut pas ne pas être »). Or, précisément, pour Leibniz, les deux principes les plus hauts sont le « principe de non-contradiction » et le « principe de raison suffisante ». Devoir 02-PH00-10 41 a) Le « principe de raison suffisante » affirme que tout être a sa raison d’être et que la « raison » d’un être est ce qui le relie nécessairement au reste des êtres connus (« la raison est la vérité connue dont la liaison avec une autre moins connue fait donner notre consentement à cette dernière », et, par excellence, « c’est la cause non seulement de notre jugement, mais encore de la vérité même », et elle correspond alors exactement à « la cause dans les choses »- Leibniz, Nouveaux Essais, IV, 17, §1): « rendre raison » d’un être dans une proposition qui porte sur lui, c’est relier ce qu’on affirme de lui, qui est nouveau ou pas évident, à une proposition qui est connue et reconnue, en faisant apparaître le caractère nécessaire de cette liaison. On voit que cela correspond au caractère d’enchaînement démonstratif du discours mathématique, au cours duquel on établit la vérité d’une nouvelle proposition à partir de celle d’une proposition reconnue. b) Le « principe de non-contradiction » interdit, quant à lui, de se contredire, car se « contredire », c’est dire et se dédire à la fois sur le même sujet, c’est donc ne rien dire du tout : la non-contradiction est la condition la plus élémentaire d’un discours rationnel, c’est-à-dire qui relie les propositions les unes aux autres en s’efforçant de rendre raison de ce qu’il dit. Ces deux principes sont les deux principes les plus fondamentaux de tout discours rationnel : discourir rationnellement, c’est rendre raison de ce que l’on dit, c’est-à-dire relier des propositions en faisant apparaître la nécessité de cette liaison. Une des formes les plus pures en est le discours mathématique. En dehors de ces deux principes, qui sont les plus généraux de la pensée rationnelle, il y en a d’autres, bien sûr, en mathématiques. Par exemple, l’axiome : « la partie est plus petite que le tout ». On peut vérifier, en réfléchissant, que la vérité d’un tel principe s’impose comme une nécessité à mon esprit comme s’il y était depuis toujours, et sans autre démonstration qu’en songeant à la contradiction dans laquelle je tomberais si je soutenais le contraire. Ce n’est pas que dans chacun des exemples que je peux prendre je trouve que chacune des parties est plus grande que le tout ; tout le monde sent bien qu’il n’y a pas besoin de le vérifier expérimentalement pour s’en assurer : je ne peux même pas imaginer un exemple dont je pourrais dire cela sans me contredire de la façon la plus formelle et la plus perceptible (à moins de changer le sens même des mots). • Leibniz s’interroge dans ce passage sur la contribution de nos « sens », sur le rôle que jouent nos expériences sensibles, dans l’élaboration de nos « connaissances ». Le passage traite donc du problème des fondements de la connaissance : Leibniz y défend une thèse sur les origines de celle-ci et c’est dans le cadre de la justification qu’il en propose qu’il tire une conséquence lui permettant de déterminer le statut du « témoignage des sens » dans notre processus de connaissance. Il vous faudra être très attentif à la concession finale faite par Leibniz (« Quoique sans les sens, on ne se serait jamais avisé d’y penser ») et ne pas négliger son analyse pour parvenir à saisir la cohérence interne de la position de Leibniz à l’égard du problème qu’il examine. La mise en relation de la dernière phrase du texte avec le début de la première (« Les sens, quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles, ne sont point suffisants pour nous les donner toutes... ») devrait vous permettre de préciser quelle est finalement la place particulière assignée à nos sens dans nos connaissances par Leibniz et de réfléchir aussi, de façon plus autonome, sur l’originalité de ce statut accordé à l’expérience dans la connaissance, qui permet à Leibniz de récuser l’empirisme. • Ce deuxième devoir renvoie lui aussi directement à la leçon introductive du cours : c’est à nouveau un exercice guidé, puisque la compréhension du contenu du passage peut être grandement facilitée par une étude attentive de cette leçon. Ce qu’on attend de vous dans cette première explication de texte, c’est donc que vous cherchiez à vous approprier la méthode à mettre en œuvre dans ce type d’exercice afin de restituer la cohérence interne du passage et d’en discuter les enjeux, en suivant les différentes étapes d’une démarche analytique visant à problématiser la thèse de l’auteur exposée dans l’extrait à expliquer. (Pour ce faire, se reporter, dans ce fascicule, aux conseils généraux.) ■ N’oubliez pas d’envoyer la notice individuelle si vous ne l’avez pas jointe avec le 1er devoir. 42 Devoir 02-PH00-10 evoir 03 à envoyer à la correction Attention > Collez l’étiquette codée PH00 – DEVOIR 03 sur la 1re page de votre devoir. Si vous ne l’avez pas reçue, écrivez le code PH00 – DEVOIR 03, ainsi que vos nom et prénom. Important > La saisie informatisée des devoirs ne permet aucune erreur de code. > Veuillez rédiger ce devoir après avoir étudié les tomes 1 et 2 du cours et, dans le tome 4, l’analyse de la conférence de Bergson. Dissertation Est-il possible de nier l’existence du temps ? Remarques concernant l’analyse du sujet de dissertation : • Que signifie nier : une négation fondée sur des arguments intellectuels ou un refus affectif ? Le temps se présente à nous sous la forme du cycle : celui des saisons ou des rythmes biologiques, donc du retour du même. Mais cette répétition se joue sur un fond d’irréversibilité car le temps peut être aussi symbolisé par une flèche : il est le mouvement même de notre vieillissement, le travail inexorable de notre propre mort. Sous ces deux aspects, sa réalité semble indubitable Comment la nier? Et que signifierait cette négation? En effet la négation peut être frontale : il s’agirait de dire que le temps n’existe pas, qu’il constitue une illusion. Ou elle peut être latérale : il s’agirait d’effacer alors les conséquences du temps. À nous les liftings et les cures de jouvence! Mais nier l’existence du temps, cela peut être aussi le noyer, s’empêcher d’y penser en tant qu’il contient notre mort, grâce au divertissement au sens de Pascal : en somme s’étourdir pour ne pas voir que le temps nous est compté. Il s’agit ici d’un déni, comme disent les psychanalystes, c’est-à-dire d’un mode de défense consistant en un refus par le sujet de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante. Je sais que le temps existe mais j’agis sur ma conscience pour qu’elle ait l’impression qu’il n’en est rien. Enfin nier l’existence du temps peut consister à vouloir limiter l’action de celui-ci en tant qu’elle est corrosive, dissolvante. Nous connaissons le refus affectif du temps à travers l’invocation du poète : « O temps, suspends ton vol! ». Car le temps nous séparera de ceux que nous avons aimés. Et sur le plan intellectuel, un autre refus consisterait à dire que l’existence du temps n’est pas omniprésente : il y aurait des vérités et des œuvres qui échapperaient à la remise en cause et à l’oubli. Résumons : négation frontale, latérale, négation symbolique, refus consistant à vouloir refouler l’existence du temps de certains domaines. La négation de l’existence du temps existe bien. • Il faudra vous demander en fonction de quels arguments on pourrait être amené à douter de l’existence du temps. À cet égard, quand on cherche à cerner ce que peut bien être celui-ci, ne bute-t-on pas sur une forme d’irréalité qu’évoque Augustin : le passé n’est plus, l’avenir n’est pas encore, le présent n’est que passage ? Soyez attentifs au fait que le temps dont nous avons tendance à parler est celui des horloges, bref un temps conventionnel et social. Quelle est sa réalité par rapport à ce que Bergson appelle la durée ? Il sera de bonne logique d’envisager les conséquences qu’induirait une négation du temps et de voir en quoi elles sont inacceptables : par exemple, un être de désir n’est-il pas nécessairement confronté au temps ? La négation du temps ou la mise en doute de sa réalité ne pourraient donc être radicales : elles ne seraient valables que sous un certain angle. Il vous sera enfin loisible de vous interroger sur le refus affectif qui peut être derrière cette négation du temps. Quelle est l’image du temps qui inspire ce refus ? Et ne peut-on lui opposer une autre image ? ■ Devoir 03-PH00-10 43 evoir 04 à envoyer à la correction Attention > Collez l’étiquette codée PH00 – DEVOIR 04 sur la 1re page de votre devoir. Si vous ne l’avez pas reçue, écrivez le code PH00 – DEVOIR 04, ainsi que vos nom et prénom. Important > La saisie informatisée des devoirs ne permet aucune erreur de code. > Veuillez rédiger ce devoir après avoir étudié les tomes 1 et 3 du cours et, dans le tome 4, l’analyse du premier livre du Contrat social de Rousseau. Explication de texte Expliquez le texte suivant : « Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs. Il n’y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout. Une telle renonciation est incompatible avec la nature de l’homme, et c’est ôter toute moralité à ses actions que d’ôter toute liberté à sa volonté. Enfin c’est une convention vaine et contradictoire de stipuler d’une part une autorité absolue et de l’autre une obéissance sans bornes. N’est-il pas clair qu’on n’est engagé à rien envers celui dont on a droit de tout exiger, et cette seule condition, sans équivalent, sans échange, n’entraîne-t-elle pas la nullité de l’acte ? Car, quel droit mon esclave aurait-il contre moi, puisque tout ce qu’il a m’appartient, et que son droit étant le mien, ce droit de moi contre moi-même est un mot qui n’a aucun sens ? » Rousseau, Contrat social, I, 4. La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question. Remarques concernant le texte et son étude : a) Expliquer un texte, c’est d’abord éclairer son objet, le problème qu’il affronte, et la thèse qu’il exprime (la position de l’auteur). C’est ensuite s’attacher à l’essentiel de l’argumentation, et aux ressorts de la thèse. Enfin, c’est mettre en question cette thèse. S’inquiéter de savoir à quel problème philosophique elle tente de répondre, et si elle ne soulève pas elle-même un problème. En mesurer les limites éventuelles. On comprend donc la nature des trois grands moments du devoir : - L’introduction expose brièvement l’objet, le problème et la thèse du texte. Il s’agit d’abord de saisir ce texte dans son ensemble et de manière synthétique. - L’analyse du texte consiste à « déplier » la pensée à l’œuvre dans l’extrait proposé. Il faut d’abord mettre au jour sa structure. Puis expliciter la thèse en suivant l’ordre du texte. À présent, l’approche est analytique. - Enfin, il faut opérer un libre examen de la thèse proposée. Ce moment de l’explication invite à considérer une nouvelle fois le texte en son entier. Par conséquent, il ne s’agit pas d’un travail qui est juxtaposé à ce qui précède. C’est encore et toujours de l’explication du même texte dont il est question. Cela suppose une petite introduction, et un plan. L’approche est ici critique. b) • Le monde n’est pas égalitaire. Il y a des puissants. D’autres vivent dans la servitude. Dans notre extrait, Rousseau s’interroge sur une éventuelle légitimité du rapport entre le maître et l’esclave. Si l’on admet que les êtres humains naissent libres, une telle relation ne peut pas être justifiée par la nature. Peut-on en rendre raison par le moyen d’une convention ? Un homme peut-il se faire volontairement esclave d’un autre par contrat ? Ce pacte de soumission serait un engagement réciproque entre deux personnes. Mais une telle réciprocité est-elle possible et légitime ? Peut-on échanger sa liberté ? A-t-elle un prix ? Selon Rousseau, prétendre faire de la liberté l’objet d’un échange est à la fois logiquement intenable et moralement condamnable. • Savoir si l’on peut aliéner sa liberté, c’est savoir s’il est possible et légitime de la donner ou de la vendre. Mais la liberté n’estelle pas ce qui définit l’homme ? Vouloir l’aliéner, n’est-ce pas faire violence à la personne humaine ? Contre quoi pourrait-elle être échangée ? N’est-elle pas hors de prix ? On trouvera ici quelques éléments permettant d’approfondir l’instruction de ce problème. Devoir 04-PH00-10 45 1 - Le problème Dans le Contrat social, Rousseau s’interroge sur la convention qui fonde l’État juste. S’agit-il d’un pacte de soumission ? Peut-on échanger sa liberté ? « Si un particulier, dit Grotius1, peut aliéner sa liberté et se rendre esclave d’un maître, pourquoi tout un peuple ne pourrait-il pas aliéner la sienne et se rendre sujet d’un roi ? Il y a là bien des mots équivoques qui auraient besoin d’explication, mais tenons-nous en à celui d’aliéner. Aliéner c’est donner ou vendre. Or un homme qui se fait esclave d’un autre ne se donne pas, il se vend, tout au moins pour sa subsistance : mais un peuple, pour quoi se vend-il ? » Rousseau, Contrat social, I, 4. 2 - Liberté et nature humaine L’homme possède-t-il une nature ? En dehors de la culture, n’est-il pas seulement une pure virtualité ? S’il devient ce qu’il est en fonction de ses choix et de son histoire, il n’a pas d’essence. N’avoir pas de nature, telle est au fond sa nature. Il n’est donc pas destiné à être maître ou esclave. Cela ne signifie-t-il pas que la liberté est indissociable de l’humanité ? « Mais quand les difficultés qui environnent toutes ces questions, laisseraient quelque lieu de disputer sur cette différence de l’homme et de l’animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c’est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? N’est-ce point qu’il retourne ainsi à son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n’a rien acquis et qui n’a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l’homme reperdant par la vieillesse ou d’autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ? » Rousseau, Discours sur l’inégalité, I. 3 - Peut-on disposer à son gré de sa liberté ? On ne peut aliéner que ce que l’on possède. Ainsi, rien n’interdit de vendre un bien dont on est propriétaire. En est-il de même de la liberté ? Si elle constitue notre nature, peut-on l’abandonner comme si elle n’était qu’une chose ? « Le droit de propriété n’étant que de convention et d’institutions humaines, tout homme peut à son gré disposer de ce qu’il possède : mais il n’en est pas de même des dons essentiels de la nature, tels que la vie et la liberté, dont il est permis à chacun de jouir et dont il est moins douteux qu’on ait droit de se dépouiller. En s’ôtant l’une on dégrade son être ; en s’ôtant l’autre on l’anéantit autant qu’il est en soi ; et comme nul bien temporel ne peut dédommager de l’une et de l’autre, ce serait offenser à la fois la nature et la raison que d’y renoncer à quelque prix que ce fut. » Rousseau, Discours sur l’inégalité, II. 4 - L’autonomie politique Le contrat social légitime n’est pas un pacte de soumission. Il institue au contraire la liberté entendue comme autonomie. En effet, dans la démocratie idéale, la loi est l’expression de la volonté des citoyens. Or le citoyen participe activement à l’exercice de la souveraineté. Il ne se contente pas de vouloir telle ou telle chose à la manière d’un individu qui n’est préoccupé que par son seul intérêt privé. En tant qu’être de raison, il veut au contraire ce qui est juste pour tous dans la Cité. Une telle volonté n’est rien d’autre que la volonté générale. Si la loi était l’émanation d’une telle volonté, elle ne procèderait pas seulement des désirs du plus grand nombre. Chacun, en obéissant à cette loi, n’obéirait en fait qu’à lui-même. Il serait autonome. Il ne serait pas un esclave. « Ce que l’homme perd par le contrat social, c’est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu’il peut atteindre ; ce qu’il gagne, c’est la liberté civile et la propriété de tout ce qu’il possède. Pour ne pas se tromper dans ces compensations, il faut bien distinguer la liberté naturelle, qui n’a pour bornes que les forces de l’individu, de la liberté civile qui est limitée par la volonté générale, et la possession, qui n’est que l’effet de la force ou le droit du premier occupant, de la propriété qui ne peut être fondée que sur un titre positif2. On pourrait sur ce qui précède ajouter à l’acquis de l’état civil la liberté morale, qui seule rend l’homme vraiment maître de lui ; car l’impulsion du seul appétit est esclavage, et l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté » Rousseau, Contrat social, I, 8. ■ 1. Grotius (1553-1645) : juriste et philosophe hollandais. 2. Autrement dit, sans les lois, le droit de propriété n’a pas d’existence réelle. 46 Devoir 04-PH00-10 evoir 05 à envoyer à la correction Attention > Collez l’étiquette codée PH00 – DEVOIR 05 sur la 1re page de votre devoir. Si vous ne l’avez pas reçue, écrivez le code PH00 – DEVOIR 05, ainsi que vos nom et prénom. Important > La saisie informatisée des devoirs ne permet aucune erreur de code. > Veuillez rédiger ce devoir après avoir étudié les tomes 1 à 3 du cours. Dissertation Est-ce un devoir pour l’homme d’être cultivé ? Remarques concernant l’analyse du sujet de dissertation : On admire parfois celui qui est cultivé : paraissant connaître tout en matière de culture, il serait en mesure de comprendre le vaste domaine des productions humaines, et offrirait ainsi un modèle d’accomplissement pour les autres hommes. Nous nous en inspirons peut-être en cherchant, dans nos loisirs, à ménager du temps pour des activités culturelles, comme s’il y avait là une nécessité à se cultiver qui devrait s’imposer à tous. Cependant, l’homme cultivé est en même temps un peu méprisé parce qu’il semble se détourner des pratiques couramment valorisées par le plus grand nombre : activités sportives, tourisme, consommation, et ainsi ignorer une existence plus ancrée dans des valeurs communes, partagées, qui s’incarneraient dans la succession entre le travail, les loisirs, et la réparation des forces biologiques. Y a-t-il donc un accomplissement réel pour l’homme dans le fait d’être cultivé, ou n’est-ce qu’une pose sociale, voire une démarche vaine ? Est-ce donc un devoir pour l’homme d’être cultivé ? Il convient d’élucider ce que signifie réellement « être cultivé » ; on pourra le distinguer d’une part des autres relations intellectuelles au monde (être informé, être instruit, être savant), et d’autre part d’attitudes qui s’en réclament (la culture de masse, l’éclectisme). La signification d’un devoir social, voire historique, consistant à être cultivé devra être élucidée ; on se demandera ainsi en quoi être cultivé signifie pouvoir exercer sa liberté dans les relations que l’on entretient au monde, et de ce fait constitue un devoir pour l’homme. I. Les exigences concernant le traitement du sujet proposé consistent donc : 1. à élaborer un concept à partir d’une polysémie : le terme de culture voit son sens varier suivant le domaine de réflexion qui l’emploie (sciences humaines, philosophie, en particulier). Il convient donc de réserver un premier moment de réflexion à ce travail, même si, une fois cette première élaboration opérée, la suite de la dissertation aura à repréciser, voire approfondir ce qui a été établi. C’est à cette condition que l’on pourra interroger un « devoir d’être cultivé », et chercher à cerner sa ou ses signification(s). 2. à considérer le fait d’être cultivé comme un possible devoir : qu’est-ce qui constitue un devoir ? Il y a lieu de s’interroger sur son principe : est-ce une nécessité externe à la conscience ou procède-t-il d’elle ? L’opposition société/raison permet d’aborder ce problème, et ainsi de saisir l’enjeu résidant dans l’autre opposition : subordination/liberté (ou : hétéronomie/autonomie). 3. à définir le sujet auquel il convient de rapporter la culture : l’homme. La question a une portée universelle ; elle invite à penser des principes. Cependant, certains mettent en cause l’universalité de l’être humain en posant qu’il existe une pluralité de sociétés, donc de cultures, et par là-même d’être humains. Il faut par conséquent d’abord présenter cette dernière thèse pour ensuite se demander si elle ruine réellement l’idée d’une universalité qui constitue un individu en être humain. II. Une analyse intéressante de la notion de culture est proposée par Hannah Arendt (La crise de la culture, chapitre VI). Elle y rappelle l’origine latine du concept, décrit les différentes attitudes (et leur signification) de ceux qui sont (ou se disent) cultivés, et interroge la culture de masse. ■ Devoir 05-PH00-10 47 evoir 06 à envoyer à la correction Attention > Collez l’étiquette codée PH00 – DEVOIR 06 sur la 1re page de votre devoir. Si vous ne l’avez pas reçue, écrivez le code PH00 – DEVOIR 06, ainsi que vos nom et prénom. Important > La saisie informatisée des devoirs ne permet aucune erreur de code. > Veuillez rédiger ce devoir après avoir étudié les tomes 1 et 3 du cours. Explication de texte Expliquez le texte suivant : « Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt : si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient ; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont rien, et échappons* sans réflexion le seul qui subsiste. C’est que le présent, d’ordinaire, nous blesse. Nous le cachons à notre vue parce qu’il nous afflige ; et s’il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par l’avenir, et pensons à disposer les 5 choses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où nous n’avons aucune assurance d’arriver. Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et à l’avenir. Nous ne pensons presque point au présent ; et, si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir. Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. » 10 B. Pascal, Pensées, section II, 172, Édition Brunschvicg. * laissons échapper. La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question. Remarques concernant le texte et son étude Ce texte de Pascal est une méditation sur le temps vécu, sur la manière dont la conscience de l’homme s’inscrit dans la durée et s’efforce d’y découvrir la clé de son existence. Les illusions temporelles sont ici révélatrices du caractère tragique de la condition humaine. L’homme est incapable de vivre au présent (temps de référence du sujet, temps de ce qui est en acte, temps de ce qui est véritablement nôtre) et son existence décentrée le livre aux fictions de l’imagination. Il subordonne le passé et le présent à l’avenir, en prétendant façonner le possible et organiser un futur salutaire. Ce texte figure donc avec force les tensions et les contradictions liées à notre représentation du temps. Le temps, en particulier dans sa dimension future, est le lieu de l’imaginaire, ce qui permet toutes les inversions. Mais refuser le présent, n’est-ce pas refuser ce que l’on est ? Le texte laisse entendre que c’est à sa propre nature (sa faiblesse, sa mortalité, son néant) que l’homme tente d’échapper. C’est donc du fait même de notre condition que nous vivons dans une durée factice et, étant donné le non-savoir de l’avenir, cette fuite en avant, passée au filtre de notre réflexion, ne parvient qu’à vouer à l’échec notre quête du sens et du bonheur. Le malheur de la conscience tient bien à son incapacité foncière à séjourner dans le présent, ce qui la conduit à se duper elle-même en faisant d’un temps fictif et irréel le substitut de l’être, du bien, de l’éternel. Si Pascal privilégie l’exigence de vivre au présent – point commun aux Stoïciens, aux Épicuriens, à Montaigne, peut-être à toutes les sagesses –, il souligne pour sa part, l’impossibilité ontologique de se conformer à cet impératif. Sa méditation nous place en face de la question radicale du sens de la vie qui est à l’origine même de l’interrogation philosophique. C’est bien dans le fil d’une telle réflexion que l’on peut prendre la mesure de l’angoisse qui accompagne l’historicité humaine et se tourner vers la recherche d’un présent authentique qui, pour être à la fois réfléchi et libre, doit immanquablement s’accorder au passé et au futur. ■ Devoir 06-PH00-10 49 evoir 07 à envoyer à la correction Attention > Collez l’étiquette codée PH00 – DEVOIR 07 sur la 1re page de votre devoir. Si vous ne l’avez pas reçue, écrivez le code PH00 – DEVOIR 07, ainsi que vos nom et prénom. Important > La saisie informatisée des devoirs ne permet aucune erreur de code. > Veuillez rédiger ce devoir après avoir étudié le tome 1 du cours. Dissertation Peut-on expliquer une œuvre d’art ? Remarques concernant l’analyse du sujet de dissertation : • Peut-on expliquer une œuvre d’art ? Et si c’était impossible ? Faudrait-il en conclure alors que l’œuvre d’art est un objet dont le statut échappe à toute forme de réflexion ? Le sujet, sous la forme concise sous laquelle la question est posée, éveille le soupçon qu’il n’est peut-être pas impossible qu’une œuvre d’art soit inexplicable. Mais pourquoi ne serait-elle pas explicable ? Il faudrait ici se demander ce que nous expliquons d’une œuvre d’art quand nous prétendons le faire. Qu’est-ce précisément qu’expliquer ? Une explication de texte consiste par exemple en l’analyse de celui-ci, cette analyse permettant de rendre compte de la composition interne de l’extrait et de la complexité de celle-ci. On ne peut donc expliquer que s’il est possible de décomposer. À chercher à l’expliquer, on présuppose ainsi qu’une chose est le résultat de l’agencement des divers éléments qui se combinent en elle. Mais ne consiste-t-elle qu’en cela ? Car pour expliquer entièrement quelque chose, il faudrait être devenu quasiment capable de le produire, c’est-à-dire de le reproduire : d’une certaine façon, toute explication a une visée causale et renvoie à une démarche qu’on pourrait appeler fonctionnelle, dont on trouve une application par exemple dans le savoir-faire technique. Se pose alors la question de savoir si l’explication, de par son aspect quelque peu mécanique, est encore capable de rendre compte de réalités plus vivantes, de l’existence et du rayonnement culturel de ces objets que sont les œuvres d’art. C’est pourquoi – pour résoudre cette difficulté – on oppose couramment à l’explication, la compréhension. Chercher à comprendre, n’est-ce pas d’emblée admettre que ce qui est composé peut être devenu, dans sa totalité complexe, totalement indécomposable ? Il vous faut vous demander ce que recouvre plus précisément cette distinction et quelle valeur on peut lui accorder ici, dans le cadre de l’examen de la question posée. Toutefois, à supposer que l’œuvre d’art échappe bel et bien à toute tentative d’explication, échappe-t-elle pour autant à toute forme de réflexion ? La question se pose en effet dès lors qu’on remarque que l’explication constitue l’un des ressorts de l’élaboration d’une définition conceptuelle : définir n’est pas autre chose, la plupart du temps, que déterminer les caractéristiques générales communes à une classe d’objets. Si donc une œuvre d’art est inexplicable, elle devient par conséquent indéfinissable. Il vous faut chercher à préciser ce qui peut bien dans une œuvre d’art, son mode de production, sa singularité, mettre en défaut toute tentative de la définir. Il vous faudra également vous demander comment la réflexion peut toutefois parvenir à saisir ce qu’elle échoue à concevoir, à conceptualiser : n’existerait-il pas d’autres modalités de la pensée qui permettraient à celle-ci d’appréhender, autrement que par une explication, chaque œuvre d’art ? • Que fait un critique d’art ? On peut partir de cette question et se demander s’il ne cherche pas, entre autres, à « expliquer » des œuvres d’art : Que fait-il au juste ? Qu’explique-t-il d’une œuvre ? Y a-t-il quelque chose qui, dans la nature même de l’œuvre d’art, résiste à son entreprise ? Qu’apporte son travail à la contemplation esthétique, qui est un autre mode de rapport aux œuvres d’art ? Il conviendra donc ici de s’interroger sur la nature de l’approche explicative (qu’est-ce qu’expliquer ? en quoi est-ce différent de comprendre, d’interpréter ou de juger ?) et sur celle de l’objet que l’on prétend expliquer : une œuvre d’art Devoir 07-PH00-10 51 est-elle explicable comme un phénomène matériel le serait par une loi scientifique ? Ne présente-t-elle pas des caractéristiques propres impliquant une « résistance » à toute explication (son originalité par exemple) ? On pourra, en particulier, comparer la création artistique et la production technique : si l’on peut expliquer comment un objet industriel est produit (les différentes démarches menant de la conception à la réalisation suivent des règles précises qui peuvent être exposées, la production de l’objet pouvant alors même être confiée à des machines), peut-on adopter la même démarche pour l’œuvre d’art (l’artiste suit-il des règles ou les crée-t-il ?) ? Bibliographie sommaire : La réussite dans le traitement du sujet nous semble conditionnée par une grande attention aux termes mêmes de la question, dans leur précision, à savoir les termes d’ « explication » et d’ « œuvre ». • Kant, Critique de la faculté de juger, notamment les §§ 43 à 47. • Alain, Système des beaux-arts, Livre Premier et notament le chapitre VII. • Descartes, Lettres à Mersenne d’avril et mai 1630 (sur l’idée théologique de création). • Bergson, de multiples passages de l’Évolution créatrice ou le chapitre III de l’Essai sur les données immédiates de la conscience (sur la liberté et l’élan créateur et l’incapacité à la saisir de l’intelligence explicatrice). ■ 52 Devoir 01-PH00-08 07-PH00-10 03-PH00-10 evoir 08 à envoyer à la correction Attention > Collez l’étiquette codée PH00 – DEVOIR 08 sur la 1re page de votre devoir. Si vous ne l’avez pas reçue, écrivez le code PH00 – DEVOIR 08, ainsi que vos nom et prénom. Important > La saisie informatisée des devoirs ne permet aucune erreur de code. > Veuillez rédiger ce devoir après avoir étudié les tomes 1 et 2 du cours, ainsi que l’analyse des œuvres de Descartes et de Bergson dans le tome 4. Explication de texte Expliquez le texte suivant : « Que dit l’expérience immédiate et naïve du sens commun ? Chacun de nous est un corps, soumis aux mêmes lois que toutes les autres portions de matière. Si on le pousse, il avance ; si on le tire, il recule ; si on le soulève et qu’on l’abandonne, il retombe. Mais, à côté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieure, il en est d’autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appelle « volontaires ». Quelle en est la cause ? C’est ce que chacun désigne par les mots « je » ou « moi ». Et qu’est-ce que le moi ? Quelque chose qui paraît, à tort ou à raison, 5 déborder le corps qui y est joint, le dépasser dans l’espace aussi bien que dans le temps. Dans l’espace d’abord, car le corps de chacun de nous s’arrête aux contours précis qui le limitent, tandis que par notre faculté de percevoir, et plus particulièrement de voir, nous rayonnons bien au-delà de notre corps : nous allons jusqu’aux étoiles. Dans le temps ensuite, car le corps est matière, la matière est dans le présent, et, s’il est vrai que le passé y laisse des traces, ce ne sont des traces de passé que pour une conscience qui les aperçoit et qui interprète ce qu’elle aperçoit à la lumière de ce qu’elle se remémore : la conscience, elle, retient ce passé, 10 l’enroule sur lui-même au fur et à mesure que le temps se déroule, et prépare avec lui un avenir qu’elle contribuera à créer. Même, l’acte volontaire, dont nous parlions à l’instant, n’est pas autre chose qu’un ensemble de mouvements appris dans des expériences antérieures, et infléchis dans une direction chaque fois nouvelle par cette force consciente dont le rôle paraît bien être d’apporter sans cesse quelque chose de nouveau dans le monde. Oui, elle crée du nouveau en dehors d’elle, puisqu’elle dessine dans l’espace des mouvements imprévus, imprévisibles. Et elle crée aussi du nouveau à l’intérieur d’elle-même, puisque l’action volontaire réagit 15 sur celui qui la veut, modifie dans une certaine mesure le caractère de la personne dont elle émane, et accomplit, par une espèce de miracle, cette création de soi par soi qui a tout l’air d’être l’objet même de la vie humaine. » Bergson, conférence sur « l’Âme et le Corps » In L’Énergie spirituelle (éditions PUF, collection Quadrige, p 30-31) La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question. Remarques concernant le texte et son étude : Ce texte expose les données du problème portant sur la dualité du corps et de l’esprit. • Vous noterez que l’auteur part du sens commun, c’est-à-dire de la forme la plus simple de l’opinion généralement admise et que cette expérience vécue est revendiquée comme naïve, c’est-à-dire dépourvue de présupposés théoriques. Chacun expérimente en effet, sans avoir besoin de se référer à une connaissance, ce caractère double de l’être. Vous constaterez que ce texte est d’abord descriptif : il présente l’homme comme étant à la fois un corps, et en ce sens renvoie à une réalité matérielle, et une conscience, ce qui renvoie à une réalité spirituelle. Cela traduit l’impression immédiate que l’homme est doté, à la fois, d’une extériorité analysable en termes de physique (gravité et inertie dans les exemples donnés par Bergson) et d’une intériorité envisageable comme source de mouvements autonomes, c’est-à-dire dont la cause se confond avec la pensée. Il vous appartiendra de préciser les termes : « moi » ou « je », par lesquels l’auteur définit cette intériorité et d’expliquer en quoi ils expriment une liberté par rapport à la contrainte des données matérielles que sont le corps et le monde. Devoir 08-PH00-10 53 • Mais Bergson se contente-t-il de distinguer les deux dimensions humaines ? Ne les hiérarchise-t-il pas ? Y a-t-il dépendance ou indépendance de l’une par rapport à l’autre ? Vous vous interrogerez sur les propriétés qui sont attribuées à chaque composante de l’homme en réfléchissant sur leur nature respective. Ainsi, la conscience semble-t-elle avoir pour caractéristique essentielle d’opérer un dépassement vis-à-vis du donné corporel d’une part, et vis-à-vis du monde perçu d’autre part. Vous chercherez les termes (verbes) qui expriment cette idée et vous préciserez quelle est la signification de ce dépassement. Vous expliquerez quelles relations entretiennent la conscience et le corps, aussi bien avec l’espace, qu’avec le temps. Vous direz en quoi ces relations sont plus riches dans l’une (laquelle) que dans l’autre. Vous remarquerez que l’auteur présente la conscience comme douée d’une force de création qui n’appartient qu’à elle : il vous faudra la définir. Pour cela vous serez amené à étudier attentivement les trois modes de la temporalité (passé, présent, futur) auxquels l’auteur se réfère pour préciser les correspondances qui se font jour dans le texte entre elles et la dualité corps / conscience qui constitue l’homme. Il vous faudra également vous poser la question du « miracle » évoqué par l’auteur : présenté comme un effet de l’action volontaire, il consiste en cette particularité de l’homme de récuser la stagnation de la matière par un continuel élan novateur de l’esprit. Par la conscience, l’homme se crée en créant, il accède à la liberté et échappe aux automatismes pesants de la contrainte sociale, du poids de la matière. Bergson écrit que cette création s’effectue à la fois en dehors d’elle et à l’intérieur d’elle-même : il vous faudra expliquer cet argument et l’illustrer par un exemple. Ce texte propose ainsi une définition de l’homme au travers de ce qui le constitue et l’exprime : laquelle ? Vous lirez avec profit les Méditations métaphysiques (IIe) de Descartes où l'opposition entre substance étendue et substance pensante est étudiée : cela vous donnera des éléments de confrontation avec ce texte de Bergson et vous incitera à l'approfondir. ■ 54 Devoir 01-PH00-08 08-PH00-10 03-PH00-10 evoir 09 à envoyer à la correction Attention > Collez l’étiquette codée PH00 – DEVOIR 09 sur la 1re page de votre devoir. Si vous ne l’avez pas reçue, écrivez le code PH00 – DEVOIR 09, ainsi que vos nom et prénom. Important > La saisie informatisée des devoirs ne permet aucune erreur de code. > Veuillez rédiger ce devoir après avoir étudié les tomes 1, 2 et 3 du cours. Dissertation Série L exclusivement La religion est-elle incompatible avec la science ? Remarques concernant l’analyse du sujet de dissertation : •La première notion à analyser dans ce sujet est celle d’incompatibilité car c’est elle qui crée une relation particulière entre la religion et la science ; il faut absolument éviter de débuter par la recherche de traits généraux concernant la religion d’un côté et la science de l’autre. On parle d’incompatibilité d’humeur entre deux personnes dont les caractères sont si discordants qu’ils rendent vaine toute œuvre commune ; en logique, il y a incompatibilité entre deux propositions quand celles-ci, portant sur un même sujet, ne peuvent être vraies en même temps ou fausses en même temps. L’incompatibilité de la religion et de la science signifierait que leurs caractéristiques essentielles-qui servent donc à les définir-sont si différentes que nécessairement leur mise en relation provoque au mieux un dialogue de sourds et au pire un antagonisme, une opposition résolue de deux adversaires incapables de s’entendre sur les conditions d’une paix commune. Mais ce que l’analyse de la notion d’incompatibilité révèle surtout, c’est que deux propositions ou deux personnes ne sont en situation d’incompatibilité que relativement à quelque chose. Par exemple, deux propositions sont logiquement incompatibles si leurs attributs respectifs se contredisent nécessairement quand ils portent sur le même sujet. • Cette remarque permet de mieux cerner les contours de la question posée : la religion ne serait -ou ne deviendrait- incompatible avec la science que si les propositions de la religion(ses grandes thèses, ses textes et ses discours) se révélaient, après examen, inconciliables avec celles de la science non seulement d’un point de vue formel ou logique mais également quant à leur contenu c’est-à-dire relativement à ce qu’elles disent du réel. Au contraire, il y aurait compatibilité si certaines propositions ou certains points de vue, loin de se contredire, s’articulaient, montrant ainsi que la religion et la science ne sont pas irréconciliables par nature, mais que ces deux visions du réel sont complémentaires aussi bien dans l’esprit d’un homme que dans la culture d’un peuple. ■ Devoir 09-PH00-10 55
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