1Rapport technique : 2010/01/S.JOUF    L’expression de la préférence pour la consistance est-elle  une norme de jugement comparable à l’expression de  l’internalité ?    Benoît Testé 1 , Stéphane Jouffre 2  et Alain Somat 1   1  Université de Haute Bretagne Rennes 2, LAUREPS - CRPCC EA 1285  2  Centre de Recherches sur la Cognition et l’Appretissage – CeRCA, CNRS UMR 6234, Poitiers, France            A paraître  : Testé, B., Jouffre, S., & Somat, A.. L’expression de la préférence pour la consistance est-elle une  norme de  jugement comparable à l’expression de l’internalité ? L’Année Psychologique.        Adresse pour correspondance :  Stéphane Jouffre,  Université de Poitiers –CNRS  Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage (CeRCA) – CNRS UMR 6234  MSHS - Bâtiment A5 - 5 rue Théodore Lefebvre - 86000 Poitiers, France  E-mail : 
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Les  résultats  n’ont  pas  révélé  un  effet  comparable  de  la  préférence  pour  la  consistance.  La  principale  influence de cette dernière a été de moduler l’effet de l’internalité. Les résultats sont discutés au regard de l’hypothèse  d’une norme sociale de consistance.  ABSTRACT  The aim of the present research was to clarify the impact of the expression of the Preference for Consistency (PFC) on  social judgment. Two studies were conducted (N = 71 and N = 73) in which the participants evaluated an applicant in a  recruitment context. In the two studies, were examined the effect of the degree of PFC (high vs. low) and the effect of  the  degree  of  internality  (high  vs.  low)  of  the  applicant  on  the  judgments.  Consistent  with  the  past  researches  on  the  norm  of  internality  (Dubois,  2003),  results  showed  a  positive  effect  of  the  applicant’s  internality  on  the  judgments.  Results didn’t reveal an  identical effect of the applicant’s PFC. The main effect of the applicant’s  PFC was to moderate  the  effect  of  internality.  The  discussion  focuses  on  the  implications  of  the  results  for  the  hypothesis  of  a  norm  of  consistency.  L’influence des déterminants normatifs sur les  comportements sociaux n’est aujourd’hui plus à démontrer.  Nombreux  sont  les  auteurs  qui  ont  proposé  l’existence  de  normes  de  comportement,  telles  les  normes  d’équité  (Nishikawa  &  Hirata,  1978),  de  réciprocité  (Cialdini,  1990)  ou  d’altruisme  (Berkowitz,  1972).  Par  ailleurs,  les  croyances,  attitudes  ou  opinions  des  individus  peuvent  aussi  faire  l’objet  de  normes  sociales.  Les  travaux  sur  ces  normes,  dites  normes  de  jugement (Dubois, 1994), ont notamment porté sur la valorisation sociale des explications internes (Beauvois & Dubois,  1988),  des  croyances  individualistes  (Dubois  &  Beauvois,  2005)  et  de  la  préférence  pour  la  consistance  (Channouf  &  Mangard,  1997).  Si  de  nombreuses  recherches  démontrent  l’existence  d’une  valorisation  sociale  des  explications  internes  (Dubois,  2003),  tel  n’est  pas  le  cas  pour  la  préférence  pour  la  consistance.  Les  résultats  relativement  incohérents  existant  dans  la  littérature  conduisent  encore  à  s’interroger  sur  la  normativité  de  cette  préférence.  L’objectif de cet article est d’apporter une clarification quant au statut de cette variable. Deux études ont été menées  afin  de  mieux  cerner  les  effets  différenciés  de  la  préférence  pour  la  consistance  et  de  l’internalité,  et  leurs  effets  conjoints, sur le jugement social.  L’APPROCHE SOCIOCOGNITIVE DES NORMES SOCIALES  Les chercheurs s’inscrivant dans l’approche sociocognitive des normes sociales  se sont particulièrement intéressés aux  normes  de  jugement  (Dubois,  2003).  Pour  Dubois  (1994),  ce  type  de  normes  est  défini  par  quatre  caractéristiques :  1)  elles  concernent  un  collectif,  2)  elles  sont  apprises  socialement,  3)  elles  impliquent  une  attribution  de  valeur  aux  événements normatifs, 4) elles  renvoient à une  utilité sociale et non à  une valeur de vérité. La méthode de  recherche  développée dans ce courant repose sur l’utilisation de trois paradigmes expérimentaux (pour une revue, voir Gilibert &  Cambon, 2003). Le paradigme d’autoprésentation consiste à demander aux sujets de répondre à un questionnaire (e.g.  d’internalité) de sorte à donner la meilleure versus la plus mauvaise image d’eux-mêmes à un évaluateur institutionnel  identifié  dans  la  consigne  (e.g.  enseignant,  supérieur  hiérarchique,  recruteur).  Dans  le  paradigme  d’identification,  les  sujets  doivent  répondre  à  un  questionnaire  comme  le  ferait,  selon  eux,  un  autre  individu  (fictif)  dont  les  3    caractéristiques  sont  manipulées  (e.g.  un  bon  versus  un  mauvais  élève,  une  cible  endogroupe  versus  une  cible  exogroupe).  Le  troisième  paradigme,  dit  paradigme  des  juges,  consiste  à  placer  les  sujets  en  position  d’évaluateur.  Ceux-ci doivent alors porter un jugement sur un ou plusieurs individus (fictifs) dont les réponses (à un questionnaire ou  lors d’un entretien) sont manipulées.  NORMES SOCIALES ET ATTRIBUTION DE VALEUR SOCIALE  Le point commun de ces trois paradigmes est qu’ils reposent sur une attribution de valeur à différentes cibles : soi dans  le  paradigme  d’autoprésentation,  autrui  dans  les  paradigmes  d’identification  et  des  juges.  Deux  types  de  valeur  peuvent  être  impliqués  dans  ces  paradigmes  (Beauvois,  1995 ;  Dubois,  2005).  Un  premier  type  de  valeur  concerne  la  désirabilité  sociale.  Celle-ci  « traduit  la  connaissance  que  l’on  a  des  affects  que  peut  susciter  une  personne  ou  des  satisfactions  que  peut  apporter  cette  personne  aux  principales  motivations  d’autrui »  (Dubois,  2005,  p.  46).  Elle  correspond à une évaluation affective en termes d’attirance versus répulsion du sujet par rapport à une personne et se  trouve  plus  caractéristique  des  rapports  interpersonnels.  Le  second  type  de  valeur  renvoie  à  l’utilité  sociale.  Celle-ci  « traduit la connaissance que l’on a des chances de réussite ou d’échec d’une personne dans la vie sociale en  fonction  des  exigences  du  fonctionnement  social  dans  lequel  elle  se  trouve »  (Dubois,  2005,  p.47).  Elle  reflète  une  évaluation  plus  fonctionnelle,  « quasi-économique »,  des  personnes  et  s’avère  plus  caractéristique  des  rapports  institutionnels.  Cette distinction s’actualise dans le vocabulaire personnologique (Beauvois, 1984).   Les  travaux  (Dubois  &  Beauvois,  2001,  2005 ;  Le  Barbenchon,  Cambon  &  Lavigne,  2005)  ont  ainsi  permis  d’isoler  certains  traits  relevant  de  la  désirabilité  sociale  ("ouvert",  "sympathique",  "attachant"  versus  "prétentieux",  "hypocrite", "agaçant") et d’autres relevant de l’utilité sociale ("dynamique", "ambitieux", "intelligent" versus "timide",  "étourdi",  "naïf").  Cette  distinction  est  heuristique  pour  répartir  d’un  côté  des  normes  pertinentes  dans  le  cadre  des  rapports  interpersonnels  et  de  l’autre  des  normes  pertinentes  dans  le  cadre  des  rapports  institutionnels.  Dans  le  premier  cas,  les  individus  se  portant  vers  les  contenus  normatifs  sont  évalués  favorablement  parce  qu’ils  satisfont  les  principales  attentes  d’autrui ;  dans  le  second  cas,  parce  que  ces  contenus  leur  confèrent  une  valeur  dans  le  fonctionnement  social  (Dubois  &  Beauvois,  2005).  Une  telle  conception  n’exclut  pas  l’idée  que  les  gens  peuvent  en  venir à estimer désirable ce qui est utile et peut être même à trouver utile ce qu’ils estiment désirable (Dubois, 2003).  Autrement dit, certains contenus normatifs peuvent être à la fois désirables et utiles ou seulement l’un  ou l’autre. Les  processus  d’attribution  de  valeur  aux  contenus  normatifs  ont  particulièrement  été  étudiés  dans  le  domaine  des  explications causales internes versus externes (Dubois, 1987, 1994).  INTERNALITE ET VALEUR SOCIALE  Définie  par  Beauvois  et  Dubois  (1988),  la  norme  d’internalité  renvoie  à  la  valorisation  sociale  des  explications  des  comportements  et  des  renforcements  accentuant  le  poids  causal  de  l’acteur  (les  explications  internes).  Son  statut  normatif  est  étayé  par  plusieurs  recherches  concernant  son  acquisition,  son  influence  sur  les  choix  explicatifs  dans  diverses  situations  et  son  impact  sur  le  jugement  social.  Ainsi,  les  explications  causales  internes  (traits,  efforts)  sont  privilégiées  dans  la  recherche  d’approbation  sociale  par  les  adultes  (voir  Gilibert  &  Cambon,  2003)  comme  par  les  enfants  (voir  Dubois,  Loose,  Matteuci  &  Selleri,  2003 ;  Pansu,  2006).  Cette  stratégie  est  payante  puisque  les  individus  privilégiant  les  explications  causales  internes  sont  mieux  évalués  par  des  agents  institutionnels  (enseignants,  recruteurs,  managers,  assistantes  sociales),  et  par  des  étudiants  ayant  à  occuper  ce  rôle,  que  les  individus  privilégiant  les explications causales externes (pour une revue, voir Pansu, Bressoux & Louche, 2003).  Ces  effets  s’expriment  davantage  dans  le  lexique  spécifique  aux  rapports  institutionnels  qu’aux  rapports  interpersonnels.  Ainsi,  les  sujets  choisissent  d’autant  plus  d’explications  causales  internes  lorsque  la  consigne  leur  demande  de  se  présenter  comme  un  individu  “efficace”,  trait  davantage  associé  au  registre  utilitaire,  plutôt  que  “sympathique”, traits davantage associé au registre désirable  (Gilibert, 2004). Concernant le paradigme des juges, des  résultats  concordants  ont  permis  d’observer  qu’un  jugement  d’efficacité  professionnelle  conduisait  les  sujets  à  privilégier  les  cibles  internes  plutôt  qu’externes  (Moliner,  2000).  En  revanche,  lors  d'un  jugement  de  sympathie,  ce  dernier auteur observe que les sujets privilégiaient les cibles complaisantes (explications internes des succès d'autrui et  explications  externes  des  échecs  d'autrui).  De  plus,  plusieurs  études  ont  mis  en  évidence  que  le  niveau  d’internalité  d’une  cible  influence  positivement  l’attribution  de  traits  relatifs  à  l’utilité  sociale  (Beauvois,  2003 ;  Dubois,  2005 ;  Dubois  &  Beauvois,  2005).  Ainsi,  les  cibles  connues  pour  avoir  exprimé  prioritairement  des  explications  internes  se  voient  attribuer  davantage  de  traits  utiles  que  les  cibles  connues  pour  avoir  exprimé  prioritairement  des  explications  externes. Un tel écart n’est pas observé pour les traits renvoyant à la désirabilité. Les cibles privilégiant les explications  internes se voient aussi davantage attribuer les traits utiles que les trais désirables. Tous les résultats vont donc dans le  sens, postulé théoriquement, d’un ancrage de la norme d’internalité dans l’utilité sociale (Dubois & Beauvois, 2005). Si  tous les auteurs s’accordent sur la normativité du recours aux explications internes pour expliquer ce que l’on fait ou ce  qui  nous  arrive,  il  n’est  pas  de  même  en  ce  qui  concerne  la  préférence  pour  la  consistance  plus  souvent  considérée  comme un besoin ou une motivation que comme l’expression de l’adhésion à une norme sociale.  PREFERENCE POUR LA CONSISTANCE ET VALEUR SOCIALE  La  préférence  pour  la  consistance  (entre  les  attitudes,  entre  les  comportements,  ou  entre  les  attitudes  et  les  comportements individuels) a surtout été étudiée dans la littérature psychosociale comme renvoyant à une motivation  ou  à  un  besoin  intra-individuel  (cf.  Abelson,  Aronson,  McGuire,  Newcomb,  Rosenberg  &  Tannenbaum,  1968  ;  Cialdini,  Trost & Newsom, 1995). Plus rares sont  les auteurs qui ont envisagé un rôle du contexte sociétal dans l’expression de  ce besoin (e.g. Channouf & Mangard, 1997 ; Miller, Hesli & Reisinger, 1995; Petrova, Cialdini & Sills, 2007 ; Sénémeaud  &  Somat,  2008).  Certains  auteurs  ont  postulé  que  l’expression  de  la  préférence  pour  la  consistance  pourrait  avoir  un  caractère  normatif  et  être  valorisée  dans  les  sociétés  occidentales  (e.g.  Allen,  1968 ;  Baumeister,  1982 ;  Billig,  1982).  Cialdini (1990) fait, ainsi, un lien entre la force de la motivation pour la consistance et le fait qu’elle est « valorisée dans  notre civilisation » (p. 72). Adoptant le cadre théorique de l’approche sociocognitive,  Channouf et Mangard (1997) ont  émis  l’hypothèse  que  la  préférence  pour  la  consistance  constituerait  « une  utilité  sociale  et  permettrait  la  réalisation  d’actes  sociaux »  (p.  39).  Les  individus  consistants  s’avérant  plus  stables  et  plus  prévisibles  dans  leurs  conduites,  ils  s’avéreraient plus utiles dans les organisations.  Les  recherches  n’étayent  pas  de  manière  entièrement  cohérente  l’hypothèse  d’une  telle  norme  ancrée  dans  l’utilité  sociale.  Les  travaux  ayant  reposé  sur  le  paradigme  d’auto-présentation  confirment  que  l’expression  de  la  préférence  pour  la  consistance  sur  des  questionnaires  inspirés  de  celui  de  Cialdini  et  al.  (1995)  est  bien  affectée  par  la  recherche  d’approbation sociale. Channouf et Mangard (1997, exp. 1) observent ainsi que des étudiants expriment davantage de  préférence  pour  la  consistance  lorsqu’ils  ont  pour  consigne  de  répondre  afin  de  donner  la  meilleure  image  d’eux- mêmes sur un questionnaire plutôt que la plus mauvaise image d’eux-mêmes. Jouffre, Py et Somat (2001) ont répliqué  ce résultat avec une population d’élèves scolarisés dans des classes de 6 ème , 5 ème  et 4 ème .  Certaines  recherches  indiquent  également  que  les  individus  exprimant  une  forte  préférence  pour  la  consistance  seraient l’objet de meilleures évaluations  que  les individus exprimant une faible préférence pour  la consistance.. Deux  recherches,  menées  par  Louche,  Pansu  et  Papet  (2001)  et  Louche,  Hugues  et  Sarrade  (2001),  montrent,  en  effet,  que  des managers, devant juger la recrutabilité et la réussite professionnelle future d’un candidat (Louche, Pansu & Papet,  2001,  exp.  1),  et  des  enseignants  universitaires,  devant  pronostiquer  la  réussite  académique  d’un  étudiant  (Louche,  Hugues  &  Sarrade,  2001,  exp.  1),  évaluent  plus  favorablement  les  cibles  affichant  une  forte  (plutôt  qu’une  faible)  préférence pour la consistance. Ces résultats s’avèrent compatibles avec l’hypothèse d’une norme  de  préférence  pour  la  consistance.  Toutefois,  d’autres  recherches  ont  amené  des  résultats  qui  ne  concordent  pas  avec  cette  hypothèse.  Jouffre et Milland (2000) n’ont ainsi relevé aucun effet de la préférence pour la consistance sur le jugement d’étudiants  qui avaient à choisir un collègue  en vue d’un travail universitaire. Dans une recherche  plus ancienne, Shaw et Skolnick  (1973)  avaient  observé  un  effet  du  degré  de  préférence  pour  la  consistance  sur  l’évaluation  de  l’attractivité  de  personnages  fictifs.  Toutefois,  leurs  résultats  allaient  davantage  dans  le  sens  d’une  dévalorisation  de  l’inconsistance  que  d’une  valorisation  de  la  consistance.  Ainsi,  les  auteurs  concluaient :  « alors  que  les  sujets  ne  montrent  pas  en  soi  une  préférence  distincte  pour  la  consistance,  ils  affichent  une  antipathie  marquée  pour  l’inconsistance »  (Shaw  &  Skolnick,  1973,  p.  278).  Cette  apparente  contradiction  entre  les  résultats  pourrait  s’expliquer  par  la  variabilité  des  5    jugements employés. En effet, dans  certaines recherches le jugement est plus proche du pôle de la désirabilité que de  l’utilité alors que dans d’autres l’inverse est observé.   Actuellement,  les  recherches  ne  permettent  pas  de  statuer  sur  l’ancrage  de  l’évaluation  de  la  préférence  pour  la  consistance  dans  la  désirabilité  sociale  ou  dans  l’utilité  sociale.  La  seule  recherche  dans  laquelle  a  été  effectuée  une  mesure  directe  de  l’utilité  sociale  et  de  la  désirabilité  sociale  de  la  préférence  pour  la  consistance  a  été  réalisée  par  Beauvois  (2003).  Les  résultats  de  cette  recherche  n’indiquent  aucun  effet  de  la  préférence  pour  la  consistance  sur  l’attribution des traits relatifs à l’utilité sociale. Par ailleurs,  ils indiquent que  l’expression  d’une faible préférence  pour  la consistance s’avère plus désirable que l’expression d’une forte préférence pour la consistance. Ces résultats peuvent  apparaître surprenants au regard de ceux trouvés par Channouf et Mangard (1997, exp. 2). En effet, dans l’une de leurs  recherches,  ces  auteurs  avaient  observé  qu’une  cible  exhibant  une  forte  préférence  pour  la  consistance  était  mieux  évaluée sur quatre traits de personnalité, dont trois au moins (« bien », « appréciable », « sympathique ») peuvent être  rapportés au registre de la désirabilité sociale (si on se réfère à la liste publiée par Dubois & Beauvois, 2001).  On le voit, les travaux mis en oeuvre dans le cadre de l’approche sociocognitive pour tester l’hypothèse d’une norme de  consistance  ancrée  dans  l’utilité  sociale  débouchent  sur  des  résultats  assez  peu  cohérents.  Il  semble  donc  qu’une  clarification s’avère nécessaire avant de pouvoir statuer sur le caractère normatif  ou non de cette orientation et sur le  type de valeur qui lui est associé. C’est dans cet objectif que la présente recherche a été conduite.    PREFERENCE POUR LA CONSISTANCE, INTERNALITE ET VALEUR SOCIALE  De cette recension des études sur les liens entre internalité,  préférence pour la consistance et valeur sociale, il ressort  deux constats principaux. Un premier constat est que les résultats observés dans le cadre du paradigme des juges sont  tout  à  fait  cohérents  lorsqu’il  s’agit  de  la  norme  d’internalité.  En  effet,  l’expression  de  l’internalité  apparaît  être  un  prédicteur  fiable  des  pronostics  de  réussite  scolaire,  professionnelle  ou  sociale  ainsi  que  des  attributions  de  traits  relatifs à l’utilité sociale, alors que concernant la  désirabilité sociale, peu, voire pas, d’effet de l’internalité n’est relevé  (Dubois, 2005 ; Dubois & Beauvois, 2005). Un second constat est qu’une telle cohérence n’est pas observée concernant  la  préférence  pour  la  consistance.  D’une  part,  l’impact  de  la  préférence  pour  la  consistance  sur  le  jugement  social  n’apparaît  pas  de  manière  systématique.  Présent  dans  certaines  études  (Louche,  Pansu  &  Papet,  2001,  exp.1),  il  est  absent  dans  d’autres  (Jouffre  &  Milland,  2000).  Contrairement  à  l’effet  de  l’internalité  (Dubois  &  Le  Poultier,  1991 ;  Pansu,  1997),  il  n’est  pas  établi  que  l’effet  de  la  préférence  pour  la  consistance  se  maintient  en  présence  d’autres  informations  pertinentes  pour  le  jugement.  D’autre  part,  aucun  résultat  ne  montre  un  effet  de  la  préférence  pour  la  consistance sur l’attribution de traits relatifs à l’utilité sociale (Beauvois, 2003). Ces éléments ne peuvent qu’interroger  le statut réellement normatif de la préférence pour la consistance.  Certains travaux suggèrent  que l’effet de la  préférence pour  la consistance pourrait surtout être indirect. Dans une de  leurs  études,  Louche,  Pansu  et  Papet  (2001,  exp.  2)  ont  manipulé  simultanément  la  préférence  pour  la  consistance  et  l’internalité  d’une  cible,  évaluée  sur  ses  chances  de  réussite  professionnelle.  Les  auteurs  observaient  une  modulation  de  l’effet  de  la  norme  d’internalité  par  le  degré  de  préférence  pour  la  consistance  de  la  cible.  L’effet  de  l’internalité  apparaissait plus fort quand les cibles affichaient une préférence élevée (plutôt que faible) pour la consistance. Tout se  passait  donc  comme  si  l’information  sur  la  préférence  pour  la  consistance  venait  donner  du  sens  aux  autres  informations  fournies  aux  sujets,  validant  ou  invalidant  plus  ou  moins  l’intérêt  de  leur  prise  en  compte  dans  le  jugement.  Ces  résultats  peuvent  être  rapprochés  de  ceux  obtenus  par  Louche,  Hugues  et  Sarrade  (2001,  exp.  2).  Ces  auteurs  se  sont  intéressés  à  la  valorisation  de  la  préférence  pour  la  consistance  dans  le  contexte  scolaire  en  fonction  des résultats (moyens versus bons) d’un élève fictif à propos duquel des enseignants devaient formuler un pronostic de  réussite  scolaire.  Les  résultats  de  l’étude  n’ont  pas  fait  apparaître  d’effet  principal  du  niveau  de  préférence  pour  la  consistance  mais  une  interaction  des  deux  variables  (en  plus  d’un  effet  principal  du  niveau  scolaire).  Ainsi,  les  enseignants  ne  tenaient  compte  du  niveau  scolaire  de  l’élève-cible  que  dans  le  cas  où  ce  dernier  affichait  une  forte  préférence pour la consistance. Dans le cas contraire, le niveau scolaire n’affectait pas le jugement. L’information sur la  préférence  pour  la  consistance  venait  donc  moduler  l’effet  de  l’information  sur  le  niveau  scolaire,  probablement  en  venant  valider  ou  invalider  l’utilité  de  cette  information  pour  la  formulation  du  jugement.  Ainsi,  un  bon  élève,  mais  inconsistant, n’apparaissait pas mieux évalué qu’un élève aux résultats moyens, qu’il soit consistant ou inconsistant.  Ces  résultats  amènent  à  envisager  une  hypothèse  alternative  quant  au  mode  d’intervention  de  la  préférence  pour  la  consistance dans les processus de jugement. Cette hypothèse stipule que la préférence pour la consistance affichée par  une  cible  aurait  d’abord  un  effet  en  tant  que  variable  modulatrice,  son  intervention  étant  avant  tout  indirecte.  Autrement  dit,  tout  en  ayant  un  effet  spécifique  relativement  faible  sur  les  jugements  relevant  de  l’utilité  sociale,  la  préférence pour la consistance donnerait sens à d’autres informations présentes ou inférées à propos de la cible.  OBJECTIF DE LA RECHERCHE  Cette  recherche  avait  pour  objectif  de  clarifier  le  rôle  de  la  préférence  pour  la  consistance  dans  les  processus  de  jugement.  Deux  études  ont  été  engagées  afin  de  mettre  à  l’épreuve  les  hypothèses  alternatives  évoquées  précédemment  concernant  l’intervention  de  cette  variable  (modèle  de  valorisation  versus  modèle  de  modulation),  en  utilisant les connaissances acquises sur la valorisation de  l’internalité (Dubois & Beauvois, 2005). Dans les deux études,  étaient manipulés les degrés de préférence pour la consistance et d’internalité d’une cible. Ces études impliquaient une  situation  dans  laquelle  un  jugement  de  recrutabilité  et  une  description  psychologique  d’un  candidat-cible  étaient  demandés  aux  sujets.  Les  sujets  disposaient  pour  cela  d’une  offre  d’emploi  et  du  CV  du  candidat  auquel  étaient  ajoutées  ses  soi-disant  réponses  à  un  « test  de  compétence  sociale ».  Ce  dernier  permettait  de  manipuler  le  degré  de  préférence  pour  la  consistance  et/ou  d’internalité  du  candidat.  La  manipulation  de  l’internalité  affichée  par  la  cible  avait  dans  notre  recherche  un  statut  quasi-méthodologique.  Il  s’agissait,  en  effet,  avant  tout  par  ce  moyen  de  faire  varier de manière contrôlée l’utilité sociale du candidat.  Dans la première étude, les effets différenciés de l’internalité et de la préférence pour la consistance des cibles étaient  examinés. Les sujets prenaient connaissance soit du degré d’internalité, soit du degré de préférence pour la consistance  des  candidats.  Dans  la  seconde  étude,  qui  était  basée  sur  le  même  matériel,  les  sujets  prenaient  connaissance  simultanément  du  degré  d’internalité  et  du  degré  de  préférence  pour  la  consistance  des  candidats.  Les  hypothèses  testées portaient sur la hiérarchisation des quatre candidats dans les deux études.  La  première  hypothèse  était  que  la  préférence  pour  la  consistance  se  voit  associée  à  une  valeur  positive  en  terme  d’utilité sociale, comme supposé par Channouf et Mangard (1997) et suggéré par certains travaux (e.g. Louche, Pansu &  Papet,  2001).  Cette  hypothèse  supposait  que  la  préférence  pour  la  consistance  a  des  effets  comparables  à  ceux  de  l’internalité  sur  les  jugements  sociaux.  Toujours  en  lien  avec  les  jugements  relevant  de  l’utilité  sociale,  la  seconde  hypothèse était que l’information sur la préférence pour la consistance vient d’abord valider ou invalider l’intérêt de la  prise en compte d’autres informations porteuses de valeur dans le cadre du jugement. Cette hypothèse implique donc  que  la  préférence  pour  la  consistance  produit  peu  d’effet  spécifique  en  soi  mais  qu’elle  vient  en  revanche  moduler  (accentuer ou diminuer) les effets de l’internalité sur le jugement. Concernant les jugements relevant de la désirabilité  sociale,  l’incohérence  des  résultats  observés  (voir  Channouf  &  Mangard,  1997  et  Beauvois,  2003)  ne  permet  pas  de  formuler  d’hypothèse  directionnelle  quant  à  l’effet  de  la  préférence  pour  la  consistance.  Nous  formulons  donc  uniquement l’hypothèse selon laquelle  la préférence pour la  consistance  devrait affecter  les jugements de désirabilité  sociale. Pour ce qui est de l’effet de l’internalité  du candidat, la littérature conduit à penser qu’elle n’aurait pas d’effet  spécifique sur la désirabilité sociale (Beauvois, 2003 ; Dubois, 2005 ; Dubois & Beauvois, 2005).  Des  analyses  par  contraste  ont  été  effectuées  afin  de  mettre  à  l’épreuve  ces  hypothèses.  Celles-ci  ont  l’intérêt  de  permettre de tester des hypothèses spécifiques portant sur la hiérarchisation de plus de deux moyennes, comme c’est  le  cas  ici  (Abelson  &  Prentice,  1997 ;  Rosnow,  Rosenthal,  &  Rubin,  2000).  Pour  chacune  des  hypothèses,  un  contraste  d’intérêt  correspondant  à  l’hypothèse  testée  a  été  créé  ainsi  que  deux  contrastes  orthogonaux  testant  la  variance  résiduelle  (Judd  &  Mc  Clelland,  1989 ;  Rosnow  et  al.,  2000 ;  Wendorf,  2004).  La  validation  d’une  hypothèse  implique  7    que,  en  régressant  le  jugement  sur  ces  trois  contrastes,  le  contraste  d’intérêt  soit  significatif  (condition  1)  et  que  la  somme des F des deux contrastes de variance résiduelle ne le soit pas (condition 2, cf. Brauer & McClelland, 2005) 1 .  ETUDE 1 : EFFETS DISTINCTS DE L’INTERNALITE ET DE PREFERENCE POUR LA CONSISTANCE SUR LE  RECRUTEMENT ET L’EVALUATION PERSONNOLOGIQUE  La  première  étude  examinait  les  effets  spécifiques  de  l’internalité  et  de  la  préférence  pour  la  consistance  sur  le  jugement  social.  Dans  cette  étude,  des étudiants devaient  prendre  connaissance  d’un  dossier  présentant  un  candidat,  connu  par  son  CV  et  ses  réponses  à  quelques  items  d’un  questionnaire  d’internalité  ou  d’un  questionnaire  de  préférence  pour  la  consistance.  Ils  avaient  à  évaluer  la  probabilité  du  candidat  d’être  recruté  au  poste  pour  lequel  il  postulait, puis à caractériser ce candidat à l’aide de traits de personnalité socialement utiles et socialement désirables.  Deux  hypothèses  étaient  testées.  Premièrement,  si  la  préférence  pour  la  consistance  affecte  le  jugement  social  de  la  même  façon  que  l’internalité,  le  candidat  interne  et  le  candidat  consistant  devraient  être  mieux  jugés  que  le  candidat  externe  et  le  candidat  inconsistant  (hypothèse  1a).  Deuxièmement,  si  la  préférence  pour  la  consistance  du  candidat  joue essentiellement un rôle de modulation dans le jugement social, le candidat interne devrait être mieux jugé que les  candidats consistant et inconsistant (qui ne devraient pas se différencier)  le candidat externe devant  pour sa part être  le  moins  bien  jugé  (hypothèse  1b).  Concernant  l’attribution  des  traits  socialement  désirables,  il  était  uniquement  attendu un effet de la préférence pour la consistance du candidat (hypothèse 2).  METHODE  SUJETS  Soixante  et  onze  étudiants  (60  filles,  8  garçons,  3  non  réponses)  inscrits  en  première  année  de  psychologie  ou  d’Administration Economique et Sociale (AES) ont pris part à l’étude.  DEROULEMENT  Lors  d’un  cours  magistral,  les  étudiants  se  voyaient  proposer  de  participer  à  une  recherche.  Il  leur  était  demandé  de  prendre  connaissance  d’un  dossier  présenté  par  un  candidat  en  réponse  à  une  offre  d’emploi  puis  d’émettre  un  jugement  à  l’égard  de  celui-ci.  La  consigne  écrite,  présentée  sur  le  premier  feuillet  constituant  le  dossier,  était  la  suivante : « Vous allez trouver ci-après une offre d'emploi ainsi que le dossier d'une personne s’étant présentée pour le  poste à pourvoir. Le dossier est constitué d’une part, par son CV, et d’autre part, par  une sélection représentative des  réponses  que  cette  personne  a  données  à  un  test  de  compétences  sociales  (test  de  Thapenis,  1995).  Les  réponses  choisies  correspondent  à  l’adhésion  que  cette  personne  a  exprimée  envers  différentes  propositions  figurant  dans  ce  test.  Nous  vous  demandons  de  lire  attentivement  l’offre  d'emploi  puis  le  dossier  de  cette  personne.  Vous  devrez  ensuite indiquer la manière dont vous percevez cette personne à travers différents jugements. Prenez les questions une  par  une,  dans  l’ordre,  sans  revenir  en  arrière.  Nous  vous  remercions  de  votre  participation ».  La  passation,  anonyme,  durait environ 20 minutes.  MATERIEL  Le matériel tenait en un dossier constitué d’une offre d’emploi, du curriculum vitæ d’un candidat, et de ses réponses à  diverses  questions.  L’annonce  concernait  le  recrutement  à  un  poste  de  directeur  de  marketing  dans  un  groupe  de  cosmétique.  Le  CV  présentait  un  candidat  ayant  les  compétences  pour  postuler  à  ce  poste.  Les  questions,  décrites  comme  représentatives  des  réponses  du  candidat  à  un  test  de  compétences  sociales  (fictif),  étaient  au  nombre  de                                                                      1   Nous  utilisons  dans  cet  article  la  méthode  préconisée  par  Brauer  et  McClelland  (2005)  concernant  le  calcul  du  F  associé  aux  contrastes  testant  la  variance  résiduelle.  Cette  méthode  s’avère  nettement  plus  conservatrice  que  celle  proposée  par  Abelson  et  Prentice (1997). Selon Brauer et McClelland (2005, p. 289), la « force » de ce test de la variance résiduelle est « qu’il est le test le plus  conservateur que l’on puisse imaginer : si le résultat de ce test n’est pas significatif, on peut être certain qu’il n’y a aucun « autre »  contraste  orthogonal  –  aussi  optimal  qu’il  soit  –  qui  peut  être  significatif  ».  Cette  garantie  n’existe  pas  avec  la  méthode  de  calcul  proposée par Abelson et Prentice (1997).  quatre  et  impliquaient  soit  quatre  items  relatifs  à  l’internalité  pour  la  moitié  des  sujets,  soit  quatre  items  relatifs  à  la  préférence  pour  la  consistance  pour  l’autre  moitié  des  sujets.  Les  items  relatifs  à  l’internalité  étaient  adaptés  du  questionnaire  d’internalité  pour  adultes  de  Dubois  et  Tarquinio  (1997)  rapportés  au  monde  professionnel.  Ces  quatre  items, impliquant le sujet comme acteur  de l’événement, étaient structurés par les dimensions « type d’événements »  et  « valence  de  l’événement ».  Ainsi,  étaient  présentés  un  comportement  positif,  un  comportement  négatif,  un  renforcement  positif  et  un  renforcement  négatif.  Contrairement  à  la  présentation  relativement  classique  qui  consiste,  dans les questionnaires d’internalité, à opposer, en réponse à un événement, une explication interne à une explication  externe (voir Jouffre, 2003), les items étaient orientés, dans cette recherche, soit vers l’internalité soit vers l’externalité,  le  candidat  ayant  donné  son  degré  d’accord  avec  les  items  sur  une  échelle  en  neuf  points  (de  1 « pas  du  tout  d’accord » à  9 « tout  à  fait  d’accord »).  Dans  le  cas  de  la  présentation  d’un  candidat  interne,  les  quatre  items  étaient  orientés vers l’internalité et  dans le cas de  la présentation d’un candidat externe, ils étaient orientés vers l’externalité  (deux items avec un degré d’accord de 7 et deux items avec un degré d’accord de 8). Par exemple, l’item "selon vous, si  vous  rapportez  du  travail  à  la  maison,  c’est  parce  que  vous  êtes  quelqu’un  de  consciencieux"  est  un  comportement  positif expliqué de façon interne, l’item "selon vous, si vous rapportez du travail à la maison, c’est parce qu’on ne vous  laisse jamais d’autre choix" est le même comportement positif mais expliqué de façon externe. Les quatre items relatifs  à  la  préférence  pour  la  consistance  étaient  adaptés  du  questionnaire  de  Channouf  et  Mangard  (1997).  Ils  étaient  structurés par les dimensions « acteur de l’événement » et « type de relation impliquée ». Ainsi, ces items impliquaient  une  relation  entre  deux  comportements  rapportés  à  soi,  une  relation  entre  deux  comportements  rapportés  à  autrui,  une relation entre deux attitudes rapportées à soi et une relation entre deux attitudes rapportées à autrui. Ces quatre  items  ont  été  formulés  de  façon  à  traduire  soit  de  la  consistance  soit  de  l’inconsistance  selon  le  type  de  candidat  présenté (deux  items avec un  degré d’accord  de  7 et deux items avec un degré d’accord de  8 sur  une échelle en neuf  points  de  1 « pas  du  tout  d’accord » à  9 « tout  à  fait  d’accord »).  Par  exemple,  l’item  "généralement,  faire  des  choses  contradictoires  me  pose  problème"  traduit  de  la  consistance  entre  deux  comportements  rapportés  à  soi,  l’item  "généralement, faire des choses contradictoires ne me pose pas de problème" traduisant de l’inconsistance entre deux  comportements rapportés à soi.  MESURES  Deux  types  de  jugement  étaient  demandés  aux  sujets.  Dans  un  premier  temps,  les  sujets  avaient  à  évaluer  la  probabilité qu’avait le candidat d’être recruté. La question était formulée de la façon suivante : « Pour l’emploi auquel  elle postule, quelle est selon vous la probabilité qu’a cette personne d’être recrutée (de 0 à 100%) ? ». Dans un second  temps,  les  sujets  devaient  évaluer  dans  quelle  mesure  douze  traits  pouvaient  s’appliquer  au  candidat.  Il  leur  était  demandé :  « Indiquez  dans  quelle  mesure  (en  pourcentage)  les  adjectifs  suivants  peuvent  s’appliquer  à  cette  personne ».  Ces  douze  traits,  puisés  dans  le  travail  de  Gallay  (1994),  renvoyaient  pour  moitié  à  l’utilité  sociale  (actif,  ambitieux,  autoritaire,  dynamique,  intelligent,  travailleur),  pour  moitié  à  la  désirabilité  sociale  (agréable,  attachant,  honnête,  ouvert,  sincère,  sympathique).  Deux  ordres  de  présentation  des  douze  traits  ont  été  considérés :  un  ordre  alphabétique  croissant  versus  décroissant.  Deux  indices  ont  été  construits  dont  l’un  renvoyait  au  pourcentage  moyen  d’attribution  des  traits  socialement  utiles  ( = 0.81 ;  r inter-item  = 0.43,  N = 69,  p < .001)  et  l’autre  au  pourcentage  moyen  d’attribution des traits socialement désirables ( = 0.82 ; r inter-item  = 0.45, N = 69, p < .001).  RESULTATS 2   Le jugement de recrutabilité et l’attribution des traits socialement utiles ont été régressés sur le contraste d’intérêt et  les  deux  contrastes  de  variance  résiduelle,  et  ce  pour  les  deux  hypothèses  alternatives  émises.  En  rapport  avec  l’hypothèse 1a, le contraste d’intérêt impliquait que le candidat interne (codé 1) et le candidat consistant (codé 1), pour  lesquels  le  jugement  ne  devrait  pas  différer,  soient  mieux  jugés  que  le  candidat  externe  (codé  -1)  et  le  candidat                                                                      2  La filière d’étude des sujets n’entrant dans aucun effet significatif dans cette étude (Fs < 1), elle n’a pas été prise en considération  dans les analyses.    9    inconsistant (codé -1), pour lesquels le jugement ne devrait pas différer. Deux contrastes orthogonaux (1 -1 0 0 ; 0 0 1 - 1) testant la variance résiduelle ont été utilisés. En rapport avec l’hypothèse 1b, le contraste d’intérêt impliquait que le  candidat  interne  (codé  1)  soit  mieux  jugé  que  les  candidats  consistant  (codé  0)  et  inconsistant  (codé  0),  le  candidat  externe  (codé  -1)  étant  le  moins  bien  jugé.  Deux  contrastes  orthogonaux  (0  1  -1  0 ;  1  -1  -1  1)  testant  la  variance  résiduelle ont été utilisés. Les analyses indiquent que l’hypothèse 1b est validée pour le jugement de recrutabilité mais  pas pour l’attribution des traits socialement utiles, alors que l’hypothèse 1a ne l’est pour aucune des deux mesures. Les  moyennes sont reportées dans le tableau 1.  Concernant  l’hypothèse  1a,  le  contraste  d’intérêt  est  significatif  pour  le  jugement  de  recrutabilité (B = 7.77,  F(1, 62) = 12.67,  p < .001)  et  pour  l’attribution  des  traits socialement  utiles (B = 3.85,  F(1, 62) = 7.24,  p < .009).  Toutefois, la somme des F des deux contrastes de variance résiduelle l’est aussi (Recrutabilité : F(1, 62) = 7.17, p < .01 ;  Traits utiles : F(1, 62) = 4.46, p < .04). Concernant l’hypothèse 1b, le contraste d’intérêt est significatif pour le jugement  de  recrutabilité  (B = 13.37,  F(1, 62) = 18.75,  p < .001),  alors  que  la  somme  des  F  des  deux  contrastes  de  variance  résiduelle ne l’est pas (F(1, 62) < 1, ns). Le contraste d’intérêt est également significatif concernant l’attribution de traits  socialement  utiles  (B = 5.34,  F(1, 62) = 7.08,  p < .01),  mais  la  somme  des  F  des  deux  contrastes  de  variance  résiduelle  l’est aussi (F(1, 62) = 4.60, p < .04).  Concernant l’attribution des traits socialement désirables, une ANOVA 2 (dimensions : consistance versus internalité) x  2  (degré  d’adhésion  du  candidat :  faible  versus  forte)  a  été  conduite.  Les  moyennes  sont  reportées  dans  le  tableau  1.  Seul  l’effet  du  degré  d’adhésion  du  candidat  aux  dimensions  est  significatif  (F(1,  65)  =  4.10,  p  <  .05) :  les  candidats  faiblement en accord avec l’une ou  l’autre des deux dimensions se voient davantage attribuer  les traits désirables que  les  candidats  fortement  en  accord  avec  elles.  L’analyse  des  effets  simples  indique  que  les  réponses  des  candidats  affectent significativement la désirabilité uniquement lorsqu’elle concerne la préférence pour la consistance (F(1, 65) =  4.45, p < .04 ; effet simple de l’internalité, F(1, 65) < 1). Si le candidat inconsistant se voit davantage attribuer les traits  désirables que le candidat consistant, les candidats interne et externe se voient attribuer les traits désirables dans une  même mesure.  Tableau  1.  Pourcentage  moyen  de  recrutabilité  et  d’attribution  des  traits  socialement  utiles  et  socialement  désirables  aux candidats en fonction de leur internalité et de leur consistance.      Interne    Externe    Consistant    Inconsistant  Jugement de recrutabilité    79.13    52.88    70.88    66.56  Attribution des traits socialement  utiles    71.86    61.18    74.11    69.38  Attribution des traits socialement  désirables    49.41    53.10    44.40    55.05    DISCUSSION  Les résultats observés n’apparaissent pas compatibles avec le modèle supposant que la préférence pour la consistance  s’avère valorisée comme l’internalité. La hiérarchie des moyennes observée sur le jugement de recrutabilité indique, en  effet,  que  le  candidat  interne  est  jugé  plus  recrutable  que  le  candidat  consistant,  qui  ne  diffère  pas  du  candidat  inconsistant,  le  candidat  externe  étant  jugé  le  moins  recrutable.  Ces  résultats  ne  soutiennent  pas  l’assertion  de  Channouf  et  Mangard  (1997)  faisant  de  la  préférence  pour  la  consistance  une  tendance  socialement  valorisée.  Par  ailleurs,  les  données  remettent  en  cause  l’idée  que  la  préférence  pour  la  consistance  renverrait  à  une  caractéristique  socialement  désirable.  Nos  résultats  confirment  ceux  de  Beauvois  (2003) :  le  candidat  inconsistant  a  été  jugé  plus  désirable que le candidat consistant. Les candidats internes et externes ne se différencient pas et occupent une position  médiane.  Cette  première  étude  a  apporté  des  éléments  intéressants  quant  au  faible  impact  direct  de  la  préférence  pour  la  consistance  sur  les  jugements  relatifs  à  l’utilité  sociale  dans  le  cadre  d’un  jugement  complexe  nécessitant  d’intégrer  diverses informations. Toutefois, cette étude ne suffit pas en elle-même à trancher entre les deux modèles théoriques  envisagés  d’intervention  de  la  préférence  pour  la  consistance  dans  les  jugements  (modèle  de  valorisation  versus  modèle  de  modulation).  Afin  de  comparer  les  prédictions  issues  des  deux  modèles,  il  convient  aussi  de  faire  varier  conjointement  les  deux  variables  étudiées  séparément  dans  la  première  étude.  Dans  la  seconde  étude,  la  pertinence  des deux modèles a donc été comparée en croisant le degré de préférence pour la  consistance et d’internalité affiché  par le candidat.  ETUDE 2 : EFFETS CONJOINTS DE L’INTERNALITE ET DE LA PREFERENCE POUR LA CONSISTANCE SUR  LE RECRUTEMENT ET L’EVALUATION PERSONNOLOGIQUE  La  seconde  étude  examinait  les  effets  conjoints  de  l’internalité  et  de  la  préférence  pour  la  consistance  sur  les  jugements.  Le  matériel  et  les  mesures  étaient  identiques  à  l’étude  précédente.  Deux  hypothèses  étaient  mises  à  l’épreuve.  La  première  supposait  l’existence  d’une  valorisation  spécifique  de  la  préférence  pour  la  consistance.  Cette  hypothèse implique que l’internalité et la préférence pour la consistance produisent un effet additif sur les jugements.  Ainsi, le candidat interne consistant devrait être mieux jugé que le candidat externe consistant et interne inconsistant,  le candidat externe inconsistant devant être le moins bien jugé (hypothèse 1a). La seconde hypothèse correspondait à  l’idée que la préférence pour la consistance joue essentiellement un rôle modulateur  de l’effet de l’internalité. Ainsi, le  candidat  interne  consistant  devrait  être  mieux  jugé  que  le  candidat  externe  inconsistant  et  le  candidat  interne  inconsistant, le candidat externe consistant devant être le moins bien jugé  (hypothèse 1b). Concernant le jugement de  désirabilité  sociale,  sur  la  base  des  résultats  observés  dans  l’étude  1,  il  était  attendu  que  le  candidat  interne  inconsistant  et  le  candidat  externe  inconsistant  se  voient  davantage  attribuer  les  traits  socialement  désirables  que  le  candidat interne consistant et le candidat externe consistant (hypothèse 2).  METHODE  SUJETS  Soixante-treize  étudiants  (62  filles,  9  garçons,  2  non  réponses)  inscrits  en  première  année  de  psychologie  ou  d’Administration Economique et Sociale (AES) ont pris part à l’étude.  DEROULEMENT  Lors d’un cours magistral, les étudiants se voyaient proposer de participer à une recherche. La tâche qui leur incombait  était de prendre connaissance d’un dossier présenté par un candidat en réponse à une offre d’emploi afin d’émettre un  jugement à son égard. La consigne écrite, présentée sur le premier feuillet constituant le dossier, était identique à celle  présentée dans l’étude 1. La passation était anonyme et durait environ 20 minutes.  MATERIEL  Le matériel consistait en un dossier constitué d’une offre d’emploi, du curriculum vitæ d’un candidat et de ses réponses  à  diverses  questions.  L’annonce  et  le  CV  étaient  les  mêmes  que  ceux  utilisés  dans  l’étude  1.  Les  questions,  décrites  comme  représentatives  des  réponses  du  candidat  à  un  test  de  compétences  sociales,  étaient  au  nombre  de  huit  et  impliquaient quatre items relatifs à l’internalité et quatre items relatifs à la préférence pour la consistance (identiques à  ceux utilisés dans l’étude 1). Les items relatifs à l’internalité et à la préférence pour la consistance étaient mélangés les  uns aux autres. Deux ordres ont été considérés : l’un étant l’inverse de l’autre. Quatre profils de candidat ont, ainsi, été  constitués :  un  candidat  interne  consistant,  un  candidat  interne  non  consistant,  un  candidat  externe  consistant  et  un  candidat externe non consistant.  11    MESURES  Les  mesures  étaient  les  mêmes  que  dans  l’étude  1. La  fiabilité  des  mesures  d’utilité  sociale  ( = 0.84 ;  r inter-item  = 0.48,  N = 73,  p < .001)  et  de  désirabilité  sociale  ( = 0.80 ;  r inter-item  = 0.43,  N = 73,  p < .001)  s’est  à  nouveau  avérée  satisfaisante.  RESULTATS 3   Le  jugement  de  recrutabilité  et  l’attribution  des  traits  socialement  utiles  ont  été  régressés  sur  les  mêmes  contrastes  d’intérêt  et  deux  contrastes  testant  la  variance  résiduelle.  En  rapport  avec  l’hypothèse  1a,  le  contraste  d’intérêt  impliquait que le candidat interne consistant (codé 1), soit mieux jugé que le candidat externe consistant (codé 0) et le  candidat  interne  inconsistant  (codé  0),  pour  lesquels  le  jugement  ne  devrait  pas  différer,  le  candidat  externe  inconsistant  devant  être  le  moins  bien  jugé  (codé  -1).  Deux  contrastes  orthogonaux  (-1  1  1  -1 ;  0  1  -1  0)  testant  la  variance  résiduelle  ont  été  utilisés.  En  rapport  avec  l’hypothèse  1b,  le  contraste  d’intérêt  impliquait  que  le  candidat  interne consistant (codé 1) soit mieux jugé que les candidats interne inconsistant (codé 0) et externe inconsistant (codé  0), le candidat externe consistant (codé  -1) étant le moins bien jugé. Deux contrastes orthogonaux (-1 1 1 -1 ; 0 1 -1 0)  testant  la  variance  résiduelle  ont  été  utilisés.  Les  analyses  indiquent  que  l’hypothèse  1b  est  validée,  alors  que  l’hypothèse 1a ne l’est pas. Les moyennes sont reportées dans le tableau 2.  Concernant  l’hypothèse  1a,  le  contraste  d’intérêt  relatif  au  jugement  de  recrutement  est  non  significatif  (B = 5.72,  F(1, 69) = 2.72,  ns),  ainsi  que  la  somme  des  F  des  deux  contrastes  de  variance  résiduelle  (F(1, 69) = 2.75,  ns).  Le  contraste  d’intérêt  s’avère  significatif  concernant  l’attribution  des  traits  socialement  utiles  (B = 5.41,  F(1, 69) = 4.62,  p < .04), mais la somme des F des deux contrastes de variance résiduelle l’est aussi (F(1, 69) = 7.23, p < .009).  Concernant  l’hypothèse  1b,  le  contraste  d’intérêt  est  significatif  pour  le  jugement  de  recrutement  (B = 7.70,  F(1, 69) = 5.06,  p < .03) et  l’attribution  des  traits  socialement  utiles  (B = 8.44,  F(1, 69) = 11.49,  p < .002),  alors  que  la  somme des F des deux contrastes testant la variance résiduelle ne l’est pas (recrutabilité : F(1, 69) < 1, ns ; traits utiles :  F(1, 69) < 1, ns).   L’hypothèse  2  afférente  à  l’attribution  des  traits  socialement  désirables  n’est  pas  validée  (voir  tableau  2  pour  les  moyennes). En effet, le contraste d’intérêt selon lequel le candidat  interne inconsistant (codé 1) et le candidat externe  inconsistant (codé  1) se verraient davantage attribuer  les traits désirables que le  candidat interne  consistant (codé -1)  et  le  candidat  externe  consistant  (codé  -1)  est  non  significatif  (B = -0.27,  F(1, 69) <  1,  ns),  tout  comme  la  somme  des  F  des deux contrastes orthogonaux (1 -1 0 0 ; 0 0 1 -1) testant la variance résiduelle (F(1, 69) = 1.26, ns).  Tableau  2.  Pourcentage  moyen  de  recrutabilité  et  d’attribution  des  traits  socialement  utiles  et  socialement  désirables  aux candidats en fonction de leur internalité et de leur consistance.      Interne  Consistant    Interne  Inconsistant    Externe  Consistant    Externe  Inconsistant  Jugement de recrutabilité    64.72    53.61    49.32    53.29  Attribution des traits socialement  utiles    70.34    62.00    53.46    59.53  Attribution des traits socialement  désirables    51.47    48.62    49.49    51.25                                                                      3   La  filière  d’étude  des  sujets  n’entrant  dans  aucun  effet  significatif  dans  cette  étude  (Fs  <  1,40),  elle  n’a  pas  été  prise  en  considération dans les analyses.  DISCUSSION  Les résultats observés ne sont compatibles qu’avec le modèle de modulation de l’effet de l’internalité par la préférence  pour la consistance. En revanche, ils ne le sont pas avec le modèle de valorisation supposant que la préférence pour la  consistance  est  l’objet  d’une  valorisation  spécifique,  au  même  titre  que  l’internalité.  Tout  se  passe  donc  comme  si  la  préférence  pour  la  consistance  versus  l’inconsistance  venait  donner  ou  enlever  du  crédit  à  l’information  relative  à  l’internalité. Cette configuration traduit une intervention de la préférence pour la consistance, non pas directe, mais en  association  avec  d’autres  informations  plus  prégnantes  dans  la  situation  de  jugement,  comme  le  type  d’explications  causales  mobilisées  par  le  candidat.  Ces  résultats  confirment  le  poids  de  l’internalité  dans  les  évaluations  institutionnelles  (Dubois  &  Beauvois,  2005)  et  donnent  à  penser  que  la  préférence  pour  la  consistance  lorsqu’elle  est  associée à des explications causales internes ou externes intervient surtout dans la fiabilité attribuée à ces dernières.  DISCUSSION GENERALE  Prenant  pour  base  l’approche  sociocognitive  des  normes  sociales  (Dubois,  2003),  cette  recherche  avait  pour  but  de  mieux  comprendre  les  effets  de  la  préférence  pour  la  consistance  sur  le  jugement  social.  Si  les  nombreux  résultats  relatifs  à  l’internalité  attestent  de  sa  valorisation  sociale  tant  dans  une  perspective  d’autoprésentation  que  dans  une  perspective de jugement social (Dubois, 2003), les effets de la préférence pour la consistance sur les jugements ne sont  pas univoques.  Deux  hypothèses  étaient  mises  à  l’épreuve  dans  la  présente  recherche.  Selon  une  première  hypothèse,  issue  des  formulations  de  Channouf  et  Mangard  (1997),  l’expression  de  la  préférence  pour  la  consistance  ferait  l’objet  d’une  valorisation spécifique de même nature que la valorisation de l’internalité (modèle de la valorisation en termes d’utilité  sociale). Cette hypothèse, soutenue par quelques travaux (e.g. Louche, Pansu & Papet, 2001), était remise en cause par  d’autres (e.g. Beauvois, 2003). La seconde hypothèse examinée concernait le rôle modulateur de la préférence pour la  consistance,  cette  dernière  venant  uniquement  moduler  l’impact  d’autres  informations  sur  le  jugement  (modèle  de  modulation). Seule l’hypothèse correspondant au modèle de modulation se voit validée par les données. Inversement,  l’hypothèse de valorisation manque de support dans les deux études effectuées.  La première étude mettait spécifiquement à l’épreuve le modèle de valorisation. Les résultats de cette étude indiquent  que  lorsque  la  préférence  pour  la  consistance  est  la  seule  information  psychologique  disponible,  les  candidats  consistant et inconsistant ne se voient pas différenciés en terme de recrutabilité, à  la différence des candidats interne  et externe. Ainsi, dans un contexte de jugement où les sujets peuvent fonder leur évaluation sur d’autres informations  pertinentes, liées à la mise à disposition du CV du candidat, ils ne tiennent pas compte du degré de préférence pour la  consistance. Ces résultats diffèrent de ceux de Louche, Pansu et Papet (2001, exp. 1) qui mettaient en évidence un effet  direct de la préférence pour la consistance. Ils rejoignent, en revanche, ceux de Louche, Hugues et Sarrade (2001, exp.  2)  qui  révélaient  uniquement  un  effet  de  modulation.  Une  différence  notable  entre  ces  deux  études  est  que  dans  l’étude de Louche, Pansu et Papet (2001), les sujets ne disposaient que des informations relatives à la préférence pour  la  consistance  de  la  cible,  ce  qui  n’était  pas  le  cas  dans  l’étude  de  Louche,  Hugues  et  Sarrade  (2001).  Ces  résultats  suggèrent que la préférence pour la consistance n’interviendrait essentiellement qu’en l’absence d’autres informations  disponibles.  Il  est  possible,  dans  ce  cas,  que  ce  soit  moins  la  préférence  pour  la  consistance  en  tant  que  telle  qui  explique  les  jugements  que  les  inférences  faites  par  les  sujets  sur  d’autres  caractéristiques  des  cibles  évaluées.  Si  la  préférence  pour  la  consistance  n’apporte  aucune  valeur  supplémentaire  à  la  cible  du  jugement  dans  notre  étude,  l’internalité,  elle,  entre,  comme  dans  de  nombreuses  autres  études  (Pansu,  2006 ;  Pansu  et  al.,  2003),  dans  la  construction du jugement sur la valeur sociale.  La seconde étude visait à comparer directement la valeur prédictive des modèles de valorisation et de modulation. Les  résultats  sont  sans  équivoque  et  confirment  ce  que  l’on  pouvait  supposer  dès  la  première  étude.  Associée  à  l’expression  d’explication  causale  la  consistance  vient  moduler  le  jugement  que  les  sujets  portent  sur  la  valeur  du  candidat.  Le  pattern  observé  témoigne  que  l’internalité  affecte  de  façon  spécifique  le  jugement  sur  la  valeur  du  candidat, alors que la préférence pour la consistance n’intervient dans le jugement qu’en association avec l’internalité.  13    Tout  se  passe  comme  si  les  sujets  accordaient  plus  ou  moins  de  signification,  ou  de  pertinence,  à  l’information  psychologique  relative  à  l’internalité  du  candidat  suivant  son  degré  de  préférence  pour  la  consistance.  Lorsque  le  candidat  exprime  une  faible  préférence  pour  la  consistance,  son  degré  d’internalité  semble  traité  comme  une  production  circonstancielle,  non  diagnostique  de  sa  capacité  à  satisfaire  les  exigences  du  fonctionnement  social.  La  comparaison des résultats des deux études suggère que, dans l’étude 1, les sujets présupposent les candidats interne et  externe comme des individus « consistants ». En effet, c’est seulement quand les sujets sont explicitement informés de  la  faible  préférence  pour  la  consistance  des  candidats  (étude  2)  que  l’effet  de  l’internalité  disparaît.  Relevons  néanmoins que les résultats de cette recherche ont été obtenus auprès d’une population d’étudiants et demanderaient  à être répliqués auprès de recruteurs (Desrumaux-Zagrodnicki & Rainis, 2000).  Un autre point examiné dans notre recherche concernait la désirabilité sociale associée à l’expression de la préférence  pour  la  consistance.  Nous  avions  mentionné  l’existence  de  résultats  contradictoires  dans  la  littérature.  Or,  cette  recherche montre que si la préférence pour la consistance est la seule information psychologique disponible (étude 1),  elle  est  associée  à  une  plus  faible  désirabilité  sociale  que  la  préférence  pour  l’inconsistance.  Ce  résultat  va  dans  le  même  sens  que  celui  observé  par  Beauvois  (2003).  Dans  l’étude  2,  lorsqu’elle  est  associée  à  l’information  relative  à  l’internalité,  cette  différence  sur  le  jugement  de  désirabilité  sociale  disparaît.  Au  final,  nos  résultats  suggèrent  que  la  préférence pour la consistance aurait, comme l’internalité (Dubois, 2005 ; Dubois & Beauvois, 2005), un effet marginal  sur les jugements de désirabilité sociale.  En  tout  état  de  cause,  les  résultats  de  la  présente  recherche  invitent  à  s’interroger  sur  le  caractère  normatif  de  la  préférence  pour  la  consistance.  Ces  résultats  apportent  également  des  éléments  de  réflexions  sur  les  conditions  d’expression  de  la  normativité  des  explications  internes.  On  sait,  en  effet,  que  cette  normativité  s’exprime  davantage  dans  les  situations  formelles  d’évaluation,  concernant  les  événements  positifs,  concernant  les  renforcements  plutôt  que les comportements, les jugements relatifs à l’utilité sociale plutôt qu’à la désirabilité sociale, les contextes libéraux  plutôt qu’autoritaires (Beauvois, 1976 ; Dubois, 1994, 2003 ; Dubois & Le Poultier,  1991 ; Testé, 2009). Les résultats de  cette  recherche  fournissent  une  condition  supplémentaire  à  l’expression  de  la  normativité de  l’internalité  :  l’absence  d’expression d’une faible préférence pour la consistance.  Plusieurs  pistes  mériteraient  d’être  explorées  dans  de  futures  recherches  afin  d’affiner  l’étude  du  statut  de  la  préférence pour la consistance dans les processus de jugement. Une première piste concerne l’exploration de la valeur  attribuée  à  l’expression  de  la  préférence  pour  la  consistance  en  fonction  des  événements  sur  lesquels  elle  porte.  Il  serait,  notamment,  pertinent  d’examiner  séparément  le  versant  attitudinel  de  cette  préférence,  impliquant  des  relations entre deux attitudes, et le versant comportemental,  impliquant des relations entre deux comportements. De  fait,  comme  ont  pu  le  souligner  Jouffre  et  al.  (2001),  les  attitudes  dépendent  des  systèmes  de  valeurs  des  individus  (Lavine,  Thomsen  &  Gonzales,  1997)  et  ont  une  fonction  dans  le  contrôle  et  la  coordination  des  interactions  sociales  (Lalljee, Brown & Ginsburg, 1984). Aussi, le versant attitudinel de la consistance serait davantage susceptible de trouver  sa  place  dans  des  jugements  sur  l’utilité  sociale  des  personnes.  En  revanche,  la  consistance  comportementale  participant  à  la  régulation  de  certaines  interactions  quotidiennes  (comme  la  réciprocité,  Cialdini,  1990)  aurait  moins  d’impact sur ce type de jugement. Il serait donc opportun de distinguer ces deux versants dans de futures études.  Une  seconde  piste  en  vue  de  recherches  futures  consiste  à  reconsidérer  la  notion  de  « norme  de  consistance »,  à  la  lumière  de l’opérationnalisation qui en a été faîte à la suite de  la recherche  princeps de Channouf et Mangard (1997).  L’examen  de  la  littérature  montre,  en  effet,  l’existence  d’un  décalage  entre  la  théorisation  de  la  normativité  de  la  consistance,  qui  porte  sur  sa  manifestation  concrète  dans  les  interactions  sociales  (Cialdini,  1990 ;  Channouf  &  Mangard, 1997), et son opérationnalisation dans les travaux qui repose sur  l’utilisation du questionnaire de préférence  pour  la  consistance  de  Cialdini  et  al.  (1995).  En  effet,  ce  qui  est  mesuré  avec  ce  questionnaire  n’est  pas  la  propension  différenciée  des  gens  à  se  montrer  effectivement  plus  ou  moins  cohérent  mais  leur  attitude  envers  la  consistance.  D’une certaine manière,  la notion de « norme de  consistance » apparaît donc relativement impropre pour caractériser  les études réalisées, celles-ci mettant davantage à l’épreuve l’hypothèse d’une norme  attitudinelle de préférence pour  la consistance (Sénémeaud & Testé, 2007). Si l’on suit ce raisonnement, il faut convenir que les travaux réalisés jusqu’à  présent ne permettent pas de statuer clairement sur l’existence  ou non d’une  norme de consistance dans les sociétés  occidentales, comme cela a été supposé par certains auteurs. Tout au  plus, remettent-ils en cause l’idée d’une norme  générale  de  préférence  pour  la  consistance  présentant  des  caractéristiques  semblables  à  la  norme  d’internalité,  par  exemple. La distinction que nous avons opérée entre deux façons d’appréhender la consistance, comme caractéristique  observable  ou  comme  objet  d’attitude,  devrait  permettre  de  nouvelles  recherches,  mieux  fondées  théoriquement  et  empiriquement.  Pour  finir,  soulignons  quelques  enseignements  pratiques  à  tirer  de  cette  recherche  qui  devraient  être  pris  en  considération  dans  la  mise  en  place  de  formations  aux  Techniques  de  Recherche  d’Emploi,  comme  l’ont  envisagé  certains auteurs (Pansu et al. 2003 ; Pansu, Pavin, Serlin, Aldrovandi & Gilibert, 1998 ; Pansu, Py & Somat, 2003). A une  formation  dont  le  projet  est  de  rendre  les  chercheurs  d’emploi  clairvoyants  de  la  norme  d’internalité  (Py  &  Somat,  1991),  il  conviendra  à  l’avenir  de  faire  des  propositions  de  formation  pour  insister  sur  l’importance  d’exhiber  une  préférence pour  la consistance 4 . Ainsi, un chercheur d’emploi capable de se montrer interne et consistant apparaîtrait  socialement utile tout en ne pâtissant pas, sur le versant socialement désirable, de l’effet négatif de la consistance. En  revanche,  fournir  des  indices  laissant  entendre  une  faible  préférence  pour  la  consistance  viendrait  annihiler  l’effet  bénéfique du fait d’exhiber de l’internalité.  REFERENCES  Abelson,  R.P.,  Aronson,  E.,  McGuire,  W.J.,  Newcomb,  T.M.,  Rosenberg,  M.J.,  &  Tannenbaum,  P.H.  (1968).  Theories  of  cognitive  consistency: a sourcebook. Chicago: Rand McNally.  Abelson, R.P., & Prentice, D.A. (1997). Contrast tests of interaction hypothesis. Psychological Methods, 2, 315-328.  Allen, V.L. (1968). Role theory and consistency theory. In R.P. Abelson, E. Aronson, W.J. McGuire, T.M. Newcomb, M.J. Rosenberg &  P.H. Tannenbaum (Eds.), Theories of cognitive consistency : A sourcebook. Chicago: Rand McNally.  Baumeister, R.F. (1982). 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