Mutus Liber

March 23, 2018 | Author: yodayin | Category: Alchemy, Mercury (Element), Gold, Combustion, God


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Description

Mutus Liberrevu le 4 août 2006 Plan : I. introduction [journal des Savants, 1677 - frontispice du ML - les versets du Pentateuque : Gen 28, 11, 12 - Gen 27, 28, 39 - Deut 33, 13, 28 le sel végétal fixe - l'esprit volatil sulfureux - quaternité - l'esprit nitro-aérien le sacrifice d'Abraham - la Philosophie - putrefactio - la Discorde - la source vive - planche quatrième : la fixation - Nemrod ou la parabole sur la cohobation - la tunique de Nessus - les cinq formes de renaissance] tableau des planches - II. Explication des opérations - III. Mutus Liber : planches I - II - III - IV - V - VI - VII - VIII - IX - X - XI - XII - XIII - XIV - XV IV. Epilogue : Soulat des Maretz - bibliographie sommaire figures du Rosarium Philosophorum commentées : I - III - IV - V - VI - VII VIII - IX - XI - XVII - XXI Abréviations : Myst. : Mystère des Cathédrales [Fulcanelli] ; DM I ou II : Demeures Philosophales [Fulcanelli et Eugène Canseliet] - BCC : Bibliotheca Chemica Curiosa [Manget] - TC : Theatrum Chemicum [Zetzner] - ML : Mutus Liber - Ros. Phil. : Rosarium Philosophorum - Ancien Testament : Gen (Genèse) ; Deut (Deutéronome) - | SH : Serge Hutin Turba XXXV, 1 [Tourbe des philosophes, sermon 35, version 1] - I. Introduction Le 16, d'août 1677 paraît un article dans le Journal des Sçavants [pp. 193-196] JOURNAL DES SAVANTS Du Lundi 16 Aout M. DC. LXXVII. MUTUS LIBER, IN QUO TATEM TOTA Philosophia Hermetica figuris hieroglyphicis depingitur, Aurore cujus nomen est Altus. In fol. Rupellae apud Petrum Savouret 1677. Et se trouve à Paris chez Pierre le Petit et Estienne Michaller. Tout le monde sait qu’Hermès est le premier qui a eu la Science de la Transmutation des Métaux, après laquelle on voit encore tant de gens inutilement occupés. L’Auteur de ce livre prétend 1 montrer ici tout le mystère de cette haute Philosophie & tout le progrès de cet Art, par de seules figures hiéroglyphiques, sans aucun discours & sans nulle explication. C’est ce qui le fait appeler le Livre Muet, ne disant pas même le nom de celui à qui il doit le jour. Ceux qui se plaisent à se ruiner à la recherche du grand œuvre ne seraient peut-être pas fâchés qu’on donnât ici l’âme & la parole à tant de figures muettes qui composent ce Livre. Je me contenterai d’en déchiffrer quelques- une, laissant à l’Auteur la liberté de leur donner tel autre sens qu’il lui plaira. Un peu au-dessus du milieu de la deuxième planche on voit une Vessie de verre ou Œuf des Philosophes, dans lequel il paraît un Neptune, qui s’élève sur un Dauphin ayant sous ses bras deux figures humaines avec les caractères de l’or & de l’argent sur la tête. Il semble que l’Auteur veuille montrer par-là qu’il faut mettre ces deux nobles Métaux dans l’œuf des Philosophes pour s’y fermenter & s’ouvrir par le sel volatil du Nitre tiré du sel commun qui est très fixe, représenté par un Dauphin, duquel ce Neptune s’élève. Ce sel volatil nitreux qui est l’agent universel des Philosophes, et qui contient leur sel, leur soufre & leur mercure est excité par la douce & humide chaleur du Bain vaporeux à feu de lampe, comme on voit au bas de cette même Planche. Mais parce que ce sel nitre doit être parfaitement purifié, & tel qu’il se trouve partout dans l’air, séparé des soufres étrangers, de l’alun, & d’un sel fixe commun, la quatrième Planche semble montrer que lorsque le Soleil est dans le Signe du Bélier ou du Taureau, il faut ramasser sur des linges bien nets la Rosée céleste imprégnée de ce feu fixe, & sel solaire, que l’air condensé par la fraîcheur de la nuit laisse tomber sur la terre, ainsi qu’une éponge pressée rend l’eau qu’elle contenait dans ses pores. Lorsque ce sel Solaire qui n’est autre chose qu’un Nitre très purifié est concentré & pétrifié par une adroite préparation, il imbibe la lumière & devient un petit Soleil artificiel. Peut-être est-ce ce feu perpétuel des Urnes des anciens si célèbre dans l’Antiquité, & si recherché par les modernes : & peut-être aussi les nouveaux Phosphores de M. Krafft [p. 190 : Liqueur de Terre Seiche de sa composition qui jettent continuellement de grands éclats de lumière] dont nous avons parlé dans le journal précédent, ne sont-ils autre chose qu’une préparation de ce même Nitre. Ce même sel étant dûment réduit en liqueur devient l’alcaest, ou dissolvant universel tant caché par les Maître de l’art : aussi l’expérience fait voir que le sel volatil de la Rosée de Mai dissout l’or aussi facilement que l’eau chaude dissout la glace. On voit dans la huitième Planche ce mercure des Philosophes qui est le soleil & l’âme des plantes employé à ouvrir ces deux nobles Métaux à l’aide de la chaleur du Bain vaporeux, & par le moyen de deux substances qu’il contient, dont l’une est blanche & l’autre rouge. La blanche est la Lune des philosophes, & la rouge ou l’intérieure est leur Soleil ; & c’est de cette dernière que les Maîtres de l’Art tirent avec de l’esprit de vin une teinture qui est le véritable Or Potable des Philosophes, après que le Nitre étant refroidi a pris une couleur bleue en quittant la verte, qu’il avait acquise dans le Creuset par deux heures de cuisson. C’est 2 aussi cette partie intérieure du Nitre, qui est le soufre homogène à celui de l’or, puisqu’il acquiert sa couleur par degrés, & qu’étant préparé d’une façon il donne un très belle teinture d’or au Régule d’antimoine. Dans les quatre Planches qui suivent ce Sel Nitre ou menstrue universel est employé à disposer le mercure commun. La treizième Planche contient la Projection, & la quatorzième semble enseigner la façon d’une minière artificielle & perpétuelle, dans laquelle l’or & l’argent croissent comme les Plantes sur la Terre : Puisque l’expérience fait voir qu’une once d’argent de coupelle dissout dans l’esprit de Nitre croît dans une fiole en arbre Métallique, si on y ajoute demi-livre d’eau de fontaine, & environ deux onces de bon Mercure commun. Enfin la quinzième & dernière Planche semble montrer que le Mercure commun qui était autrefois indomptable comme un Hercule, sous la figure duquel cet Auteur le représente, est enfin terrassé, & qu’après sa mort il s’en forme le Soleil & la Lune, c’est-à-dire l’or & l’argent artificiel des véritables philosophes Hermétiques. L'analyse du ML est pour le moins sommaire mais l'auteur dégage l'importance du Nitre [appelé sel volatil nitreux] ainsi que de la rosée céleste. Autant dire la substance et la forme du feu secret des alchimistes, autrement appelée Mercure . Le 9, de mai 1686, Limojon de saint Didier, l'un des Français les mieux éclairés sur l'Art sacré écrit une Lettre d'un Philosophe Sur le fecret du grand Oeuvre écrite au fujet des Inftructions qu'Ariftée a laiffées à fon Fils, touchant le Magiftere Philofophique. Des passages de cette Lettre pourraient presque servir de sous titre à bien des planches du ML. Pifcis pifce capitur, volucrifque avi, Aer quoque capitur aere fùavi. Remarquez bien ces paroles, elles renferment tout le fecret de l'air des Philosophes que le Cosmopolite nous expofe fous le nom de l'aiman Philofophique ; lorsqu'il dit, aer generat magnetem, magnes vero generat, vel facit apparere aerem noftrum ; c'eft-là ( dit-il ) l'eau de noftre rofée, de laquelle fe tire le falpetre des Philofophes, qui nourrit, & qui fait croître toutes chofes ; On voit que la rosée est le processus dynamique qui conduit, progressivement, à l'obtention du dissolvant des métaux ou alkaest de Glauber. Rosée et salpêtre sont à l'identique de rose et croix, c'est-à-dire en langue hermétique, fleur et étoile. Nous y reviendrons dans le § II touchant aux explications de certaines planches. Le Mutus Liber ou Livre Muet est l'un des fleurons de l'iconographie 3 et dédié aux seuls fils de l'art. consacré au Dieu miséricordieux. Pauvert.. Eugène Canseliet en a établi une édition critique en 1958 [L'Alchimie et son Livre muet (Mutus Liber).1677 Introduction et commentaires par Eugène Canseliet.alchimique. par l'auteur de qui le nom est Altus. 37]. 4 . Mutus Liber. ter optimo maximo Deo misericordi consecratus. Il y revient dans l'Introduction de son Alchimie quand il évoque la composition gravée qui abrite le titre : Le livre Muet. trois fois très bon et très grand. dans lequel cependant toute la Philosophie hermétique est représentée en figures hiéroglyphiques. authore cuius nomen est Altus. chez Jean-Jacques Pauvert . F. p.C. 1972. Réimpression première et intégrale de l'édition originale de La Rochelle . figuris hieroglyphisis depingitur. in quo tamen tota Philosophia hermetica.cité in l'Alchimie expliquée sur ses Textes classiques. A Paris. solisque filiis artis dedicatus. 1980.H. disciple de Fulcanelli. planche inaugurale du Mutus Liber. Mangetus. Bibliotheca Chemica Curiosa. 1702 [cliquez sur les nombres associés aux chapitres du Pentateuque pour accéder au verset correspondant] Ce texte est suivi de nombres en chiffres arabes qui indiquent des passages du Pentateuque : 5 . Introduction] L'étude de nombreux textes du corpus permet de montrer que le premier vase contenant la nature métallique ressortit de la fleur ou anqoV ammonoV. 82. dont le rétablissement conduit à : Gen(esis) .21. vers la fin du XIXe siècle. [certaines sources donnent Deut 33. 27. Ce feu. » [Hermès Dévoilé. Canseliet qui ont su dégager l'alchimie de la gangue d'obscurantisme théosophique dans laquelle.d'objet .Gen(esis) .Deut(eronomium) . devant être tenue à l'abri de préférence. 49] Le verset se rapporte à la raison de la présence du Christ parmi nous. 11 et 12 . d'une forte épaisseur. à prendre le verset Deut 33. Neg. l'égarement guette l'impétrant car les Adeptes ont dissimulé le fait suivant : il y a deux « S(C)ELS » dans l'oeuvre dont l'un sert de moyen . repris maintes fois : « C'est un feu que je suis venu apporter sur la terre. d'abord. Tued. . Le passage de la Bible qui a les rapports peut-être les plus immédiats avec l'alchimie est le suivant. Ce vase était surmonté d'une couronne d'argent ornée de neuf étoiles brillantes. 18 au lieu de 33. des intentions occultes.chap. 28 et 39 . Du reste. » [Lc 12. on avait gravé pareillement dessus ce qui suit: Esprit astral ou esprit ardent. Mais déjà.Genèse chap. Ce n'est pas là le message professé par des hermétistes comme Fulcanelli ou E. 13 mais la graphie indique bien 33.Genèse . Neg. 11. surmonté d'une couronne en or à quatre fleurons. l'Artiste y voit une parabole sur le feu secret dont sa doit être mondée.Deutéronome . en dehors des rayons du . entre autre. c'est évidemment son Mercure dont l'obscurité radiante est la marque du sol niger qui. Cyliani s'exprime ainsi là-dessus : « Je vis alors deux superbes vases en cristal reposant chacun sur un piédestal du plus beau marbre de Carrara. La Bible a donné lieu à des interprétations très variées en dehors de son sens premier.alors que l'autre est la fin .chap. 28. 18 on se rendrait compte que le sens serait perdu]. d'un autre point de vue. on avait écrit en lettres gravées dessus: Matière contenant les deux natures métalliques.et le sujet . 33. . des cercles de sectateurs égarés voulaient faire choir l'Art sacré. L'un de ces vases était en forme d'urne. marque l'oeuvre du sceau de la ténèbre.93. et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé. 72. 82. L'autre vase en cristal était un grand bocal bouché à l'émeri. 13 et 28. Comment démêler l'écheveau ? Le feu secret des alchimistes se présente comme une substance poudreuse et de voire porphyrisée. qui est une déjection de l'étoile polaire.82. 31. Sceau ou plutôt scel que la cabale autorise à rapprocher du vocable SEL. 13.des Sages. 33. On a voulu y voir. La forme d'urne [qui est aussi celle du noeud ascendant du dragon ou ingrès ] atteste qu'il s'agit d'un tertre tumulaire où il n'est pas difficile de voir le tombeau récurrent des 6 . le personnage affecte la même pose que le rêveur 7 . Phil. manifestement. Baro Urbigerus. Le minéral joue un rôle particulier par sa relation aux terres et aux pierres : il forme donc la matrice du lapis [la résine ou toyson de l'or alchimique que certains appellent encore terra alba foliata]. il s'agit du vase de nature qui est formé d'une substance d'origine ou plutôt d'essence céleste: les Adeptes la nomment crachat de Lune ou suc de la Lunaire : c'est la déjection de l'étoile polaire ou Aimant des métaux. Ce second vase est surmonté d'une couronne d'argent. un processus d'accroissement est à l'oeuvre. en toute virtualité.1000 . Le végétal correspond au principe de multiplication du lapis et et permet de jeter quelque lumière sur l'obscurité des chiffres que l'on observe à la planche 13 du ML [100 . Quant à l'autre vase. dont le symbole n'est pas mais . L'esprit astral ou esprit ardent permet de spiritualiser les corps en les rendant glorieux. il s'agit de l'antimoine saturnin d'Artephius et de Tollius. savoir le végétal. Et les deux natures métalliques sont les corps du et de .10 000. Voilà qui permet de distinguer le SCEL de l'oeuvre du principe SEL dont l'idéogramme est . l'animal et le minéral. Besondere Chymische Schriften.] où. Hamburg. après que l'oeuf philosophique a été introduit dans l'athanor.gravures du Ros.les deux natures métalliques et la matière minérale À gauche. vifs : les corps mêlés sont réduits sous trois genres principaux. De l'autre côté. l'esprit astral dans la vision d'Urbigerus. ce qu'atteste la forme stellaire prise par les métaux. À droite. 1705 . les natures métalliques. de même que la couronne. etc. Nous avons ainsi trois principes qui sont. En d'autres termes. véritable aqua viva ou fontaine de jouvence. C'est évidemment au mariage de et de que nous sommes invités. par lequel l’Ame étant renforcée. ce qu'on reconnaît à l'amande dans laquelle chacun se trouve reclus. Traité de la Chymie. Quoi qu'il en soit. quoique moins 8 . Urbigerus [alias Borghese ou C. a souffert par leur manipulation non philosophique. 365. La fontaine est tripartite : la planche 1 du ML possède aussi ce caractère. Psychologie du Transfert [trad. ils ne peuvent être inséparablement liés sans un médium sulfureux. et elle forme le chapitre I de Jung. Il s'agit là d'une partie du feu secret. Est-il besoin d'ajouter que l'encadrement de la scène par le Bélier [lieu d'exaltation traditionnelle du ] et le Taureau [exaltation de la ] abonde dans le sens de cette interprétation ? Il faudrait revoir la planche qui débute le Triomphe hermétique [Limojon de saint Didier].de la planche I du ML. Des rapports nets s'établissent entre quatre planches [1. choses qui peuvent être aisément trouvées toutes préparées par tout vulgaire chimiste . 9. Le sel végétal fixe est évoqué dans la planche 4 du ML. l'artifice mystérieux qui fait l'un des grands secrets des alchimistes permet de transformer une substance .410] mais nous ne pouvons. n° 166] se rapporte sans doute à celui qui est évoqué par Basile Valentin dans son Dernier Testament [voir Christophle Glaser.voir planches du Dictionnaire de Pernety. Phil. Albin Michel 1980]. analysé et comparé avec le monde moderne vol.pt/r.htm ]. contenant l’esprit. 8. L'esprit volatil sulfureux [il s'agit de l'esprit sulfureux volatile vitriolique de Stahl. pp. dans le cadre de cette section. Paris 1781. Cette aurifontina est décrite dans l'une des gravures du Ros.netcabo.en sorte d'opérer sa transmutation [transfert] d'un état inanimé [état amorphe] à un état où l'âme a été infusée [état cristallin] où survient une circulation. Il n'est peut-être pas inutile de donner un extrait de la Circulation Mineure Urbigurienne : VI. 242-246 in http://pwp. Il n'est pas jusqu'au Monde. la lame XXI du tarot. Le renforcement de l'Âme passe. pp.ou un ensemble de substances . obtenu dans la distillation du vitriol : l'exposition à l'air libre le rend à la qualité d'acide vitriolique . La troisième manière commune consiste seulement en la conjonction d’un Sel Végétal fixe avec son propre Esprit volatil sulfureux. Les Soufres des métaux dorment dans leur gîte. par un agent intermédiaire qui prend divers noms dont celui de rosée. 12] du ML et cette première gravure. Paris. développer une amplification là-dessus [voir tarot alchimique]. tome 1. on l'a vu. le Corps et l’Esprit sont aussi à travers lui rendus capables de la plus parfaite union. et puisque dans leur préparation le soufre le plus pur. 1690] au sujet. de Siebenb] a consacré son Circulatum minus Urbigeranum [London. 1663. qui ne puisse être évoquée [voir Antoine Court de Gébelin : Monde primitif. 4. Amande où là encore on devine sans effort celle des branches d'églantier ou de rosier qui ornent le frontispice du ML.petrinus/calc-destvitr-f. entre le ML et des versets de l'Ancien Testament. mais Jung. i. Si nous avons évoqué la Foi. Phil. 14] Il nous semble important d'insister sur cet aspect du rêveur et du songe quasi matérialisé qui nous est donné sur cette planche de frontispice du ML.on le verra bientôt . le lecteur l'aura remarqué. ce qu'on ne saurait assurément lui refuser . C'est un point d'importance : « La controverse est née du préjugé singulier selon lequel rien n'est vrai que ce qui se présente ou s'est présenté sous la forme d'une donnée physique. Peut-on en dire autant de la croyance en Dieu qui est l'expression numineuse d'une représentation éidétique ? Nous ne saurions aller jusque là. dans sa Réponse à Job [trad. Il s'agit presque de la représentation d'un tableau dans un autre tableau puisque nous voyons ce que voit le personnage : un songe.et il s'agit du produit inconscient de notre psyché .. ne sauraient pas plus être expliquées que récusées ou démontrées. p.prêterait-on un caractère moins réel à la partie de notre esprit accessible à la conscience en état d'éveil ? Ne peut-on point y voir les traits d'une réalité catégorielle ? « Car le critère d'une vérité n'est pas seulement son caractère "physique" : il est aussi des vérités psychiques. » [idem. la spiritualité est omni présente dans les quinze planches du ML. d'une certaine manière. Le second point trinitaire est à établir entre le ciel firmamental [que le Philalèthe nomme l'Air des . » [Réponse à Job.e. p. Lectori Benevolo. le parallèle est aisé à établir . via un système complexe où Sages. Phil. Buchet Chastel. C'est aussi le cas pour certaines des gravures du Ros. 1959] semble formel. On peut même aller plus loin si l'on tient compte que le feuillage de la roseraie [un clin d'oeil possible au Ros. et de toute manière. voir Introïtus. d'une sorte d'oeilleton d'où la scène est vue non par accident mais de manière consciente. On pourrait croire qu'il s'agit là d'un jeu de miroir voulu du graveur et du commanditaire. 9 . VI] et la Terre pas moins de trois éléments participent. 13] Si un rêve possède le statut de réalité tangible. c'est que. la Roseraie des Philosophes] prend l'allure d'un opercule. C'est donc.évident : le rêveur dont la tête repose sur le rocher est comme un trait d'union entre la Terre et l'air [entendu comme spiritus]. une réalité psychique. dans la perspective physique. vérités de l'âme qui. l'échelle visualise la liaison et.TERRA . 3.fig. donne comme une troisième dimension à l'ensemble : les anges portent des buccins et l'on sait l'importance de la musique dans l'Art sacré [voir Atalanta fugiens]. Cette lecture permet de comprendre qu'une transformation radicale s'opère dans la psyché de Jacob et qu'à la tripartition AER . à son tour. exotérique. certainement. Il s'agit de six extraits du Pentateuque. 2. Désormais. est unique dans l'histoire de l'alchimie. clair comme du cristal de roche. . psychique. Gen (1. 2). Ce rébus conduit à la lecture des versets bibliques inscrits à gauche du rêveur. enfin. c'est la rosée qui forme la trame ou le continuo des versets. d'un état corrompu et amorphe. Nous l'avons dit. Il manque un autre élément qui permette de transformer cette trinité en quaternité : on le trouve dans le phénomène de transformation intérieure. Ainsi. entre la Bible et la planche 10 . Cet élément n'est pas immédiatement perceptible et nécessite de résoudre un rébus très facile qu'Altus a fait inscrire sur la planche I.COELUM vient s'ajouter le transfert psychique dont le rêve forme la précipitation. il sera en paix avec sa conscience. 1 du Ros. Le son.auri fontina La figure de l'ange d'abord qui exprime la liaison entre le spirituel [versant humain] et le divin . Ce n'est pas un hasard si le nombre d'extraits est de six [d'autres versets évoquent en effet la rosée] mais il s'agit là d'un artifice pour signaler l'entrelacement du et de qui aboutit à l'étoile de Salomon ou digamma qui est l'image même du lapis. Jacob passe-t-il d'un état dépuré à un état pour ainsi dire limpide. Espace et temps sont ainsi représentés en une scène qui. L'intérêt d'un lien « externe » en direction du Pentateuque procède d'un double but : imposer la relation. représente une graduation [voir infra Michelspacher]. Phil. 4) et Deut (1. op. version datant de 1687]. via la méditation des six versets. 61] La quaternité sera plus difficile à trouver dans la planche de frontispice du ML. & les Flambeaux du Hibou de Khunrath. Ces quatre sont les quatre éléments. Canseliet a présenté dans son Alchimie [Etudes de symbolisme.inaugurale du ML. Cette seconde version semble originale puisqu'on peut 11 . puifque au recit d'Ariftote. 1978] et où l'on voit un champ s'étendre jusqu'à l'horizon. En haut et au centre du bord supérieur se trouve une cinquième étoile. vous pouvez prendre les Lunetes. & fi apres ces raifons & ces experiences confirmées par l'authorité de fi grands Philofophes & Chemiftes vous n'eftes affez illuminé. saura égaler sans la dépasser. Nous allons examiner ce point . d'après Hans von Osten.. Chartier. Pauvert. Sur ce que nous disions de l'Hermès Dévoilé. 59.. Michel Maier en son Scrutinium Chymicum [alias Atalanta fugiens.. Phil. Eine grosse Herzstärkung für die Chymisten. ésotérique. la quinta essentia. & ne peut voir clair en pleine lumiere. » [Jung. Les quatre fleurons évoqués par Cyliani sont à trouver dans la « quaternité carrée délimitée aux quatre coins par les quatre étoiles. Psychologie et Alchimie. pour vous conduire.. le Plomb sacré des Sages. C'est là une entreprise ardue que seul. dont l'exotérisme est suffisant pour que nous puissions y trouver la contre partie ésotérique dans la planche 1 du ML. 1771 [cliquez pour une autre version] . à ce sommet d'expression. Exposer une autre relation. mefme aux chfes qui naturellement & vifiblement tombent d'elles-mefme en leur cognoiffance. nous relevons des points de convergence avec la fig. p. même si l'on possède une lanterne et que l'on est chaussé de bonnes lunettes. On connaît au moins deux versions de la planche 1 du ML : l'une dans laquelle le fond de la scène est représenté par la mer comme c'est le cas pour la version que donne Mangetus. cit.. L'autre qu'E.1 du Ros. la plus grande partie des Hommes eft de la nature des Chats-Huans. les Torches. p. entre le lecteur ainsi prévenu et l'ensemble des quinze planches. dans sa Bibliotheca Chemica Curiosa. séparation des trois Principes avec leur purification. qu'il y a deux versions. au bas de la planche : RVPELLAE apud PETRVM SAVOURET .originale .] précise une préférence pour le bitume de Judée.Notre seconde façon de préparer notre élixir végétal consiste en une manipulation exacte d’une plante du plus noble degré. l'asphalte ou bitume de Judée est une substance qui partage quelques traits externes avec la matière saline du : elle est solide. Cet alkali peut être obtenu à partir de borith ou de natron [dans le cas des salicornia]. à droite. terre fertile comme en témoigne un bosquet de pins. celle utilisée par Mangetus. deux sont immédiatement perçus : d'ailleurs des aspects variés : rochers [dont celui sur lequel est posée la tête du rêveur]. tirée de la vitreuse provision du . sur laquelle porte l'analyse liminaire que nous voyons ici. Ne peut-on pas voir là quelques-uns des caractères du premier Mercure des alchimistes 12 . union et spiritualisation. L'autre [voir infra] a servi à une amplification antérieure. Des quatre qui prend Eléments. tranquille.alkali fixe . C'est de la préparation du dissolvant .qu'il est question. l’ensemble doit être transformé en une Fontaine spirituelle éternelle. et au loin. et de la façon d'incorporer un rayon igné qu'il prend à la matière sulfureuse.lire. Il suit donc de cette observation. exhalant en brûlant une odeur fort désagréable. trait de cabale qui n'a nul rapport avec le lac Asphaltite voisin de la Mer Morte [voir Niepce et Chevreul]. Baro Urbigerus est disert sur ce chapitre [Circulatum minus Urbigeranum] : V . ou soutenue par d’autres : après la préparation de laquelle. Pour en revenir à la quaternité de la planche posée en frontispice. Non. on voit qu'elle ne se dévoile évidemment que si l'on a sous les yeux les planches du ML exposées dans la Bibliotheca Chemica Curiosa [elle est accessible sur le serveur de la bibliothèque Complutense madrilène]. sable [sel d'Ammon]. se tenant à part. Aussi avons-nous donné les deux versions. réduction en une huile. Du reste. LXXVII . DC . noire. inflammable. sulfureuse. C'est du signe . sa putréfaction. dont l'une . du que l'Adepte entend nous parler. cassante. Urbigerus ajoute que de cette plante peut être extrait une substance bitumineuse et Fulcanelli [Myst. concentrés dans les salicornia.ne rend pas compte de la richesse conceptuelle véhiculée par cette parabole du songe de Jacob. mer étale renfermant les sels dont l'Artiste a besoin. Cette façon nécessite l'emploi du lut philosophique par quoi il faut entendre le vase de nature. renouvelant toute plante qui sera plongée en elle. cum Privilegio Regis M . on ne connaît pas de dissolvant adéquat à l'ambre. en forte que plus l'Artifte fe met en epine de le débrouiller. l'ambre végétal était l'objet de recherches dont on a pu affirmer qu'elles revêtaient. article troisième. compact. XXI. cette huile. à ce qu'en rapporte Homberg [Du Souphre principe. myrritha ou même ambar pourraient prêter à confusion. que : Tous les mixtes qui paffent par une Analyfe rigoureufe ou très-exacte. Lemery a. Nous n'avons donc aucune connoiffance pofitive du Souphre principe par le moyen de nos Analyfes. 88-96]. 458-486]. avec l'Aimant des Sages. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la magnétite a souvent était confondue. Artephius. ou par la décompofition des mixtes. 13 . vendue presque pour rien.quand il ressemble au dragon babylonien ? Ce dragon qu'il faut que l'Artiste choisisse d'un beau noir. emblème XXXII] dont se servent les maréchaux et cette substance. à l'instar du alchimique. pp. Mais pour en revenir à la susbtance sulfureuse qui fait tout l'intérêt du Mercure. sinon intact. du moins sous forme vive. chez certains peintres [notamment les frères Van Eyck] un caractère quasi alchimique. ils en obtiennent l'huile d'ambre [l'ambre jaune évoquée par Michel Maier dans l'Atalanta fugiens. 1705. plus dur que la poix. le Souphre principe qui avoit compofé ce smixtes. moins il le trouve. Ce principe se retrouve dans les Mixtes et affecte une forme sensiblement huileuse.. En effet. On a aussi confondu l'ambre jaune avec la murrhe [voir idée alchimique. il ne semble pas y avoir de rapport entre ambar et cambar. traité du succin en l'appelant karabé [chap. relevé par Homberg. dans son Cours de Chymie. comme nous avons dit. Les Hollandais ont en Hongrie des mines de succin dont ils retirent à part le sel et l'esprit [animus ] et qu'ils dépurent. quant à l'huile [anima ]. Le pouvoir remarquable qu'elle possède d'attirer à elle les corps légers était de nature à entretenir dans l'esprit l'idée d'une sorte d'action vitale. Le principe actif ne peut être dégagé que dépuré de tout élément étranger et nous arrivons alors au paradoxe. par les rusés alchimistes. VI] mais il s'agit là d'une distinction déjà assez subtile [au vrai. pp. il s'agit du Souphre principe que Jung nomme sulphur . et nommée bitume de Judée.. perdent. Ce n'est certes pas la vulgaire substance vendue dans le commerce qui fera son affaire : il est presque toujours le caput mortuum de la rectification de l'huile de succin. Cette matière sulphureuse est mêlée ou enchassée dans le chaos de la prima materia et elle paraît alors sous une apparence protéiforme [voir Typus Mundi]. luisant. De chemia]. Turba et Senior. Sous ce rapport. Histoire de l'Académie royale des sciences avec les mémoires de mathématique et de physique tirés des registres de cette Académie. cf. qu'elle partageait avec la pierre d'aimant. Il n'y a manifestement que le qui puisse conserver. de ses nombreux noms. Le lecteur peut se demander pourquoi nous parlons du Souphre alors que le sujet du ML est le , à n'en point douter. La lecture des quinze planches lui aura fait voir qu'un élément est présent qui, jusqu'à présent, n'a pas été étudié pour ce qu'il était : la lumière. Voyez ces rais aux planches 4, 9 et 12, décomposées à la façon d'un prisme. Robert Fludd (1574-1637) - Philosophia moysaica, Gouda, 1638 La décomposition des mixtes donnent des indices permettant de montrer que c'est la matière même de la lumière qui est notre Souphre principe et, du reste, le seul principe actif de tous les mixtes. L'univers est rempli de la matière de la lumière [que les Modernes nomment photons] et le point crucial est que cette matière extrêmement ténue, peut pourtant faire augmenter de poids et de volume les autres principes. Voici, à cet égard, une expérience proposée par Homberg : Le Mercure commun ayant été purifié fuffifamment par le fer & par l'antimoine, devient plus vif & plus liquide qu'il n'étoit avant cette purification : cependant en le mettant en digeftion à une chaleur qui lui convient, il arrive que ce Mercure, fans y ajouter aucune autre matière fenfible, s'arrête peu à peu & ne coule plus, contre le naturel de ce mineral , fe changeant en une poudre noire, blanche ou rouge, felon qu'il plaît à l'Artifte ; cet-te poudre devient plus pefante que n'étoit le Mercure quand on l'a mis en digeftion, & enfin de très-volatile qu'étoit 14 ce Mercure, jufqu'à fe fublimer par un petit feu de lampe, il devient par une longue cuiffon fi pareffeux au feu, qu'il en fouffre la rougeur pendant plus de vingt- quatre heures, & en le pouffant vivement au feu nud, la plus grande partie s'en va à la vérité en fumée , mais il refte un petit grain de métail dur, qui s'eft formée dans ce Mercure. Homberg considère à juste titre qu'il s'est introduit quelque chose dans ce mercure et qu'il y a eu transformation de la substance même du , attendu qu'il ne coule plus et devient - à l'instar d'une certaine variété de verre - malléable. Enfin, en dépit du 4ème degré de feu, il reste un bouton métallique irréductible. L'erreur de Homberg, le lecteur l'aura deviné, tient à ce qu'il confond la matière de la lumière et l'effet de la combustion. Erreur conceptuelle que seul Lavoisier saura rectifier pour faire sortir la science des ornières occultes [précédé par Mayow (1669), Boyle (1668) et Priestley (1774), cf. Chevreul - le ML, rappelons-le était sorti dans son édition rochelaise en 1677]. Mais il est possible, via la cabale hermétique, de poursuivre cette voie qui, en toute autre circonstance, conduirait à une impasse. Homberg ajoute : Cependant en toute cette opération il n y a eu que le feu feul qui ait touché le Mercure, non pas immédiatement, mais au travers d'un vaiffeau de verre. Nous avons dit ci-deffus que le feu ou la flame n'eft autre chofe qu'un mélange de la matière de la lumière & de l'huile du charbon , ou de quelqu'autre corps qui brûle ; on ne pourra pas dire ici que c'eft l'huile de ce charbon qui a échauffé le fourneau, qui fe foit introduit & refté dans le Mercure pour le rendre plus pefant, puifque l'huile ne fçauroit paffer par les pores du verre : c'eft donc la partie du feu qui s'eft feparée de l'huile du charbon ; c'eft-à-dire, la matière de la lumière qui compofoit avec l'huile du charbon la flame qui a échauffé le fourneau, & cela doit ne-ceffairement être ainfi ; parce qu'aucune autre matière que celle de la lumière n'a pu paffer au travers des pores-du. verre pour fe joindre au Mercure. Il est bien évident qu'un autre principe actif est présent dans le ballon de verre utilisé par Homberg, l'air atmosphérique, qui contient le gaz oxygène. Seul avant Lavoisier, John Mayow (1640 -1679) avait eu la prescience de ce fait : « En effet, il prouve expérimentalement qu'il n'y a qu'une portion de l'air, pour un volume donné, qui entretient la combustion et la respiration, et que cette portion est l'esprit nitro-aérien. C'est encore à ce principe qu'est due la rouille du fer exposé à l'air. Toutes ces vues sont parfaitement justes ; mais, après avoir fait remarquer que l'esprit nitro-aérien diffère de l'esprit acide de nitre (l'acide azotique hydraté) en ce que celui-ci éteint la flamme et agit sur les animaux comme corrosif, il n'explique pas en quoi consiste la différence. Ainsi, en traduisant la manière de voir de Mayow en langage moderne, il 15 avait vu deux gaz également élastiques dans l'air, l'oxygène et l'azote. » [Chevreul, critique de Hoefer, III] Nous voilà au coeur du problème puisque c'est précisément cet esprit nitro-aérien que le couple alchimique du ML tente de s'approprier grâce aux toiles tendues [planche 4]. Les anciens chimistes supposaient qu'il y avait dans l'air un sel universel ou esprit subtil d'action incessante, tenant de la nature de et , nommé par eux nitre aérien ou nitre volatil ou enfin, esprit universel. Philalèthe le nomme Air des Sages [voir Introïtus, VI]. La , dans cette philosophie de la nature, serait formée d'un mixte de sel fixe et de souphre , attirant cet esprit universel; l'ayant reçu en son sein, il s'y forme un corps appelé Nitre et dont l'hiéroglyphe est [il ne s'agit pas de la stibine qui n'en forme que l'enveloppe et pour ainsi dire, la coque]. Cet esprit nitre aérien est nécessaire à l'Artiste qui souhaite entretenir la flamme invisible de son feu secret et animer le sulphur en sorte d'en préparer un igné qui teigne en masse sa terra alba foliata. Cette rayon expérience fera voir une curieuse propriété de notre Nitre aérien [à propos du Tractatus Quinque Medico Physici aut. Io. Mayovv. etc. Varennes, Paris, Journal des Sçavants, 1665, pp. 30-34] : D'où vient que fi l'on enfonce dans l'eau une chandelle allumée, dune telle manière que le lumignon refte élevé d'un ou de deux doigts au deffus de la fuperficic de l'eau ,& qu'au deffus de la chandelle on mette une ventoufe qui s'enfonce auffi un peu dans l'eau , on voit d'abord l'eau s'élever dans la ventoufe ; parce que les parties nitreufes de cet air enfermé étant confumées par la flamme, laiffent le refte de. l'air affoibly & bcaucoup fort. Et de là vient encore que l'air qui eft le plus voifin de la flamme, fe trouvant plus foiblc par la perte de ces parties folides, ne fçauroit refifter à la preffion de l'air voifin. Ainfi il vient inceffamment de l'air nouveau auprès de la flamme. Résumons : Au XVe siècle, Eck de Sulzbach ayant chauffé six livres de mercure et d'argent amalgamés, dans quatre vases différents, pendant huit jours, constata que le poids de l'amalgame avait augmenté de trois livres. Cette expérience, fut répétée au mois de novembre 1489, Mais quelle est la cause de cette augmentation de poids? Cette augmentation vient, dit Eck de Sulzbach, de ce qu'un esprit s'unit au corps du métal ; et, ce qui le prouve, c'est que le cinabre artificiel (oxyde rouge de mercure), soumis à la distillation, dégage un esprit, (Hœfer, Histoire de la chimie). J. Rey, en 1630, expliquait cette augmentation de poids par la fixation d'une certaine quantité d'air. A cette demande, pourquoi l'étain et le plomb augmentent de poids quand on les calcine, « il respond et soutient glorieusement que ce surcroît de poids vient 16 « Il est d'observation. et puis. Jean Mayow. il n'en 17 . l'existence d'un principe dans l'atmosphère de la même nature que celui du nitre. non pas. D'abord. etc. quelque chose d'aérien. comme nous le démontrerons plus bas . tandis que l'esprit acide du nitre est éminemment corrosif. De plus. est corrodée comme si elle était attaquée par des acides. il n'est propre qu'à les éteindre. II semble donc qu'il existe dans l'air un certain esprit acide et nitreux. médecin anglais. l'esprit. à l'aide d'une lentille. quel que soit ce corps. la limaille de fer. secundus de respiratione. mais par privation d'un aliment aérien. absorbent. il est impossible de faire brûler. et rendu aucunement adhésif par la véhémente et longuement continue chaleur du fourneau . Mayow cherche à expliquer la composition du nitre. que les sels fixes et les sels volatils. Cependant en examinant la chose plus attentivement. » frontispice du Tractatus Quinque Medico-Physici de Johannes Mayow En 1669. loin d'entretenir la vie et la flamme.de l'air. quorum primus agit de sale nitro et spiritu nitro-aero . Dans sa première dissertation. une certaine acidité. exposée à l'air humide. Dans un verre où on a fait le vide. on trouve que l'esprit acide de nitre est trop pesant proportionnellement à l'air dont il se compose . Bien que l'esprit de nitre ne provienne pas en totalité de l'air. sa production spontanée dans la nature. Mais il ne faut pas s'imaginer que l'aliment igno-aérien soit tout l'air lui-même. publia à Oxford un ouvrage intitulé Tractatus quinque medico-physici. il faut cependant admettre qu'une partie en tire son origine. Car l'expérience démontre qu'une flamme exactement emprisonnée sous une cloche ne tarde pas à s'éteindre. quel qu'il soit. telles que le soufre et le charbon. dit-il. non. nécessaire a l'alimentation de la flamme. comme on le croit communément par l'action de la suie qui se produit. et môme les vitriols. par une longue exposition à l'air. lequel air se mesle avec la chaux et s'attache a ses plus menues parties. sert d'aliment au feu et entretient la respiration des animaux. et se convertit en safran de mars apéritif. nitro-aérien. l'analogie de son acide avec l'air. appesanti. et. on m'accordera qu'il existe. la flamme et la vie. les substances mêmes les plus combustibles. ayant été calcinés jusqu'à expulsion totale de leurs esprits acides. qui dans le vase a été espessi. qui entretient la combustion. « Il est suprenant. dit-il. Car un mélange de nitre et de soufre peut être très bien enflammé sous une cloche vide d'air. Avec une grande sagacité. on arriverait à connaître celle de l'air. et que le changement du sang veineux en sang artériel est une conséquence du contact de l'air atmosphérique avec ce liquide. et je trouvai sur-le-champ que par le moyen de ma lentille j'en chassais l'air très promptement. qui intervient dans la combustion et la respiration. la respiration. fixées pendant la calcination. Ainsi donc. Donc le nitre renferme en lui-même les particules igno-aériennes nécessaires à l'alimentation de la flamme. En même temps que je fis l'expérience que je viens de rapporter. entièrement semblable à celui qu'on obtient en traitant l'antimoine par l'esprit acide de nitre. d'après Mayow. feu. Dans la déflagration du nitre.aériennes. à l'aide d'une lentille. dit-il. » (Traduction du Dr Hoefer. ainsi traité par l'une ou par l'autre méthode. quelle espèce d'air pouvaient fournir différentes substances . qu'une portion de l'air seulement est capable d'entretenir la respiration. de 1668 à 1678.constitue qu'une partie. la combustion dans l'air et le pouvoir comburant du salpêtre sont produits par un seul et même principe. c'est qu'une chandelle brûla dans cet air avec une flamme d'une vigueur remarquable. la flamme s'éteigne aussitôt. en cherchant. augmente de poids d'une manière à peu près constante. les particules igno-aériennes deviennent libres par l'action du. Et ce sont alors ici les particules igno aériennes du nitre qui font brûler le soufre. » Mayow dit encore plus loin : « Dans la combustion produite par l'action des rayons solaires (à l'aide d'une lentille). ce sont les particules igno-aériennes qui interviennent exclusivement. et en conclut qu'il y a quelque substance vitale. par conséquent d'où on a extrait cette partie de l'air qui sert à alimenter la flamme. « Le 1er août 1774. disséminée dans l'atmosphère. et je trouvai qu'elle ne l'absorbait point . qu'elles alimentent puissamment. Boyle entreprit. qu'il y ait quelque chose dans l'air qui soit seule propre à entretenir la flamme. je tâchai de tirer de l'air du mercure calciné per se (oxyde rouge de mercure). sans cependant oser se prononcer d'une manière bien nette. L'antimoine. il mettait celles-ci dans un matras rempli de mercure et renversé sur la cuve à mercure. j'y admis de l'eau. mais la partie la plus active. Priestley découvrit l'oxygène. et pourtant l'air qui reste a fort peu perdu de son élasticité. nécessaires à l'entretien de la flamme. Il faut admettre que les particules igno-aériennes. et qu'elles en constituent la partie la plus active. Et il est à peine concevable que cette augmentation de poids puisse provenir d'autre chose que des particules igno. mais ce qui me surprit plus que je ne puis l'exprimer. une série d'expériences sur la respiration. » Boyle pense. se trouvent également engagées dans le sel de nitre. à cet effet. Car l'antimoine calciné a l'aide d'une lentille se convertit en antimoine diaphorétique. celle qui alimente le feu. il prévit qu'en déterminant la composition de la rouille des métaux. Ayant ramassé de cet air environ trois ou quatre fois le volume de mes matériaux. je tirai du précipité rouge ordinaire une quantité d'air qui 18 .) Mayow dit positivement que le sang absorbe une partie de l'air. et qu'une fois cette matière consommée. le procédé de cette préparation étant semblable à celui par lequel on fait le minium.. une once de mercure calciné préparé par M. aussi bien que de celles sur le mercure calciné et sur le précipité rouge. en maintenant. je fis part plusieurs fois de la surprise que me causait l'air que j'avais tiré de cette préparation à MM. je conclus pareillement que cette substance. à toutes mes connaissances de Paris et ailleurs.. Mais cependant me trouvant à Paris au mois d'octobre suivant. que le mercure calciné doit emprunter de l'atmosphère la propriété de fournir cette espèce d'air. et sachant qu'il y a de très habiles chimistes en cette ville. à ce degré de chaleur. « Dans le même temps où j'avais obtenu l'air en question du mercure calciné et du précipité rouge. de manière que l'air commun ait un libre accès autour de lui. j'en tirai beaucoup plus d'air que de l'autre.. je n'eusse pu concevoir un pareil soupçon. et cette substance étant produite par une dissolution de mercure dans l'esprit de nitre. je conclus que cette propriété particulière dépendait de quelque chose qui lui était communiqué par l'acide nitreux .. en exposant du mercure à un certain degré de chaleur. Je ne soupçonnais pas alors où devaient me conduire ces faits remarquables.. Mais je fis part de mon doute à M. Dans le même temps. Dans cette expérience.. la partie du minium sur laquelle je fis tomber le foyer de la lentille devint jaune. quoique pour peu que j'eusse été praticien en chymie.une année auparavant. ayant été acheté a une boutique ordinaire. j'avais tiré la même espèce d'air du minium. il me vint enfin en idée d'en faire l'expérience. avait reçu quelque chose de nitreux de l'atmosphère. Warltïre. Je traitai celui-ci comme le premier.. et dont il n'était pas possible de suspecter la bonté. que je n'avais pas même pensé a y appliquer l'épreuve de l'air nitreux.. Magellan.. par le moyen de mon ami M.. Mais réfléchissant (comme mon lecteur s'imaginera sans doute que je dois avoir fait souvent) sur la faculté qu'avait encore cet air d'entretenir la flamme d'une chandelle. je ne manquai pas l'occasion de me procurer. l'air nitreux (bioxyde d'azote) sur de la limaille de fer humide. c'est-à-dire qu'il confondit tout d'abord l'oxygène avec le protoxyde d'azote. et autres physiciens qui m'honorèrent de leur attention dans cette ville. et dont il m'assura qu'il pouvait garantir la composition. je trouvai non seulement qu'il était 19 . Cette expérience avec le minium me confirma davantage dans mon idée. et puisqu'on fait le mercure calciné. j'avais si peu de soupçon que l'air tiré du mercure calciné fut salubre. après avoir été longtemps agité dans l'eau. mais une chandelle brûla très fortement et avec pétillement dans le résidu. Trouvant cependant ce fait beaucoup plus extraordinaire qu'il n'aurait dû me le paraître. ne peuvent manquer de se rappeler cette circonstance. je fis part de cette expérience. sur lequel j'avais fait mes expériences. pouvait dans le fait n'être rien de plus que le précipité rouge . et il me fournit du mercure calciné qu'il avait gardé pour modèle de cette préparation. Leroi. Je restai dans l'ignorance de la nature réelle de cette espèce d'air.. Lavoisier... et en continuant seulement plus longtemps l'application de la chaleur. » Priestley pensait que ce gaz était le même que celui qu'il avait obtenu. et ayant mis une partie d'air nitreux (bioxyde d'azote) dans deux de cet air. Cette expérience aurait pu satisfaire un sceptique modéré. Un tiers de l'air fut promptement absorbé par l'eau.. Jusqu'à ce 1er mars 1775. Comme je ne fais jamais un secret d'aucune de mes observations. Cadet.. depuis ce temps (en novembre) jusqu'au 1er mars de l'année suivante. et qui.avait la même propriété . j'ose dire. je conservai quelque soupçon que le mercure calciné. pendant longtemps. Peut-être était-il imbus. 13] b). l'hermétiste ne verra pas dans ce texte ce qu'y voit le prêtre. 3. [planches 1. et que la rougeur du mélange était égale à celle d'un semblable mélange d'air nitreux.allégorie des opérations hermétiques.» Raoul Jagnaux. 11. par là découvrait-il. d'idées occultes.diminué. 9. 15] Nous les détaillons infra. Homberg (1705) était sur le bon chemin mais n'avait pas tenu compte de ce que son verre contenait de l'air et il attribuait donc à l'imprégnation de la lumière l'excès de poids mesuré après la calcination. 4. dont il fait son chevet.allégorie de la préparation d'un sel.traverse les signes du Bélier et du Taureau. il en fit son chevet et se coucha en ce lieu. Trois séries de planches permettent de dégager les idées phare suivantes : a). Il s'agit de l'épisode du songe de Jacob..allégorie sur l'esprit nitro aérien présidant à l'animation des choses vivantes . 10. il s'agit d'un sel formé d'une terre où abonde le foie de soufre et le vitriol vert. aux époques où le . 12] c). Pour l'alchimiste.la par projection .. Voyons à présent le premier extrait de la Genèse dont Altus a fait disposer la référence dans la planche de frontispice : Gen. permet d'expliquer en quoi le feu secret des alchimistes brûle d'une flamme invisible et transforme les corps morts des métaux en un esprit corrompu dont l'idéogramme est . comme tant d'autres. La pierre que prend Jacob. 11 : Il atteignit un certain lieu et s'y arrêta pour la nuit. à la fois résoudre la question de l'esprit nitro aérien et du sel nitre. des arcanes du ML. Prenant une des pierres du lieu. 6. tome I. ? Mais c'est à John Mayow (1669) que devait revenir le génie d'avoir pu. Le processus de transformation est expliqué en susbtance dans la Tabula Smaragdina. [planches 2. On sait que Jacob lutte avec l'ange de Yahvé au gué de Jaabok. 1892 Le décors est planté pour une étude entièrement rationnelle. [planches 5. et d'air commun. n'est autre que la prima materia que l'Artiste doit élire au début de l'opus. Histoire de la chimie. Jung insiste sur le fait suivant : 20 . envisagés dans le zodiaque tropical . mais qu'il l'était tout-à-fait autant que l'air commun. 7. de vertu céleste. 8. d'un seul tour. Naturellement. 14. ce que les alchimistes avaient caché depuis mille ans ? Il serait téméraire de l'affirmer. 28. car le soleil était couché. Jacob s'assimile à la matière même du Mercurius et le couchant est pour lui l'aurore de l'oeuvre puisqu'il s'agit de la mise au tombeau des matières [voir Aurora consurgens et Ripley Scrowle]. Paris. quoique s'appuyant sur des principes obéissant à la plus pure orthodoxie hermétique. peut-être sans le savoir. bien plus tard. On a encore rapproché ce nom du verbe 'aqab qui signifie supplanter.« L'agression de la violence pulsionnelle est un événement divin lorsque l'homme ne succombe pas à cette surpuissance. il convient de rappeler que dans Gen 28. en toute hypothèse. 28. il y a une autre relation entre le nom de Jacob et le mot hébreu 'aqeb. qui signifie talon. 27]. Mais nous aurons l'occasion d'observer que si Dieu peut être aimé. expression dans laquelle . il doit être craint. Pour l'heure. 1 : 5].Jacob vient d'arriver de Béer Shéva [Gen 11. Béer Shéva signifie le puits des sept [Gen 21.. trad. mais défend au contraire avec succès sa nature d'homme contre le caractère animal de la force divine. et l'homme doué de raison? Au lieu que la logique voudrait que Dieu ne soit pas habité par la Colère! C'est un thème récurrent chez Jung et il trouvera son épilogue dans sa Réponse à Job. 25 : 32].. voir Ripley Scrowle]. assimilables à des brebis dont la toison représente l'écorce métallique. il s'agit là d'un truisme puisque Dieu. 11 .par cabale . dans cette gravure : 21 . Voici qui nous amènera tout à l'heure à Gen 27. p. c'est-à-dire les métaux. n'est que la manifestation élémentaire de l'anthropos [envisagé bien entendu dans le contexte exclusif du petit monde des alchimistes. Pochothèque. en tout cas. Jacob [Ya-Aqob] signifie protégé de Dieu c'est-à-dire de l'Esprit . c'est-à-dire en forme pulsionnelle et instinctive pure.il est difficile de ne pas imaginer les planètes. posé en « caractère animal ». D'une certaine manière. l'unus mundus . i. autrement dit ne la suit pas aveuglément.e. 560] Chose étrange ! Ne voit-on pas là une contradiction intrinsèque entre Yahvé. Ce jeu de mot a bien sûr pour origine la scène de l'usurpation de la bénédiction promise à Esaü par Isaac [Gen. » [Métamorphoses de l'Âme et ses Symboles. Expression dont se souviendra Valentin Andreae. Georg. quand il rédigera le premier chapitre des Noces Chymiques non moins que le compilateur du Musaeum hermeticum. En effet. Et un homme lutta avec lui jusqu'à l'aurore..et Jacob resta seul. de puits du serment : en liaison avec la première acception.. sans doute.Musaeum hermeticum. le serment renvoie en alchimie renvoie à la † [crux] : nous pourrons noter au passage qu'il s'agit là de l'hiéroglyphe grâce auquel. Jacob a combattu l'ange. Voyant qu'il ne pouvait le vaincre. le doute ne semble plus possible : c'est de fusion qu'il est ici question. tout autant. Dès lors. Réponse à Job] : le combat spirituel. 2 Béer Shéva prend le sens. . p. on remarquera sans doute ce qui lie. d'un entrelacs à la fois brûlant et incombustible. cette légende de Jacob à celle de Job [Jung. ll le frappa à l'articulation de la hanche et l'articulation de la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui. 22 . si l'on se reporte à Gen 32. 25-33 et Gen 18. dit-il. mais Jacob répondit : "Je ne te laisserai pas partir avant que tu ne m'aies béni". portail central Jung ajoute : « Il est "terrible de tomber aux mains du Dieu vivant" et "qui est près de lui est près du feu. Pochothèque. » [Métamorphoses de l'Âme et ses symboles. j'ai vu Dieu face à face et je ne suis pas mort".du moins peut-on a priori le supputer . le combat ayant pris fin et l'onction ayant été administrée.le nouveau nom donné à Jacob marque un changement profond dans son existence]. bas-relief de Notre Dame de Paris. Il reprit : "On ne t'appellera plus Jacob mais Israël. de Dieu en un mot. L'image de la Force s'impose. trad.Jacob". il le bénit. il avait passé Phenuel. Jacob donna à cet endroit le nom de Phenuel. Georg. la Force. Il s'agit d'une véritable offrande à Dieu [comprenez : il s'agit du moyen 23 . Gen 32.Il dit alors "Laisse-moi partir. 560-561] C'est ce Juda qui est incrusté dans le bouclier tenu par la Force. 25-32 L'ange de Jacob est un messager. Au lever du soleil. car tu as été fort contre Dieu.. Il lui demanda : "Quel est ton nom ? . Jacob prend ainsi le sens de prima materia : c'est une véritable transmutation spirituelle qu'il subit puisque l'ange. car voici l'aurore". pp.. mais il répondit "Pourquoi me demandes-tu mon nom ?" et. je te prie". plusieurs fois illustrée dans l'iconographie. lui assure qu'il ne sera plus appelé Jacob mais Israël [allusion à un jeu de mots entre le nom d'Israël et l'expression traduite par « tu as lutté avec Dieu » .du spiritus sanctus. "car. le Messie est "un lion qui est de la race de Juda". L'hermétiste verra ici la marque du . un envoyé . et qui est loin de lui est loin du royaume" car "Dieu est un feu dévorant". mais il boitait de la hanche. et tu l'emporteras aussi contre les hommes". Jacob demanda : "Révèle-moi ton nom. là même. si l'on nous entend bien . Par cabale. un jeu de mots entre Juda et l'expression : « je louerai le Seigneur ». Cette luxation de hanche est donc l'équivalent . le rejeton de David. ô Juda. premier état de l'aqua permanens. 2. rendre sec : les alchimisent traduisent cela par fixer le volatil]. n'est plus qu'un jeu d'enfants [ludus pueorum] ou un travail de femme. ce qui nous ramène à notre planche. Il y a. dans la Vulgate. 35 . Est-il besoin d'insister. c'est-à-dire l'humide radical du métal. le lion de la tribu de Juda. 7 et Es. 22 où l'on apprend que celui qui détient la clef de la maison de David est investi d'une mission de confiance et des pleins pouvoirs pour la remplir [dans Ac. 49. on le voit bien. nous sommes en droite de rattacher Juda à Jean : de là. voir Gen 29. de rapport avec le loup « ravisseur » des métaux. 9]. enfin. pas interdit de voir le bâton de commandement ou la droite ligne à partir de laquelle l'oeuvre. en proche assonance phonétique de iscion. 24 . Quoi qu'il en soit. Quelques mots sur Juda : le passage cité par Jung trouve son origine de Gen 49.du grappin ou loup hermétique [lequel n'a alors plus rien. qui le fera lever ? Le sceptre ne s'écartera pas de Juda. 22. par le biais du lion [d'abord assimilé à Juda puis à Dan]. ô mon fils. sa chaux vive] ? David fait de Jérusalem sa capitale et achète une colline : le mont Moria. 9-10 : « Tu es un lionceau. tu es revenu du carnage ! Il a fléchi le genou et s'est couché tel un lion et telle une lionne. interne à sa materia prima. Quant à la correspondance entre le Christ et le lion. Glaive qui n'est pas sans rapport avec le sulphur : le combat de Jacob contre l'ange [Peniël] s'achève à l'auro hora [voir Aurora consurgens] : Jacob souffre de sa hanche [iscion] que son adversaire lui a luxée. il n'est pas absolument impossible de voir un coup d'arrêt mis à la mobilité naturelle du Mercurius [iscnoV. 30 il est par ailleurs précisé que le Christ descend du roi David]. 5 : « Et l'un des vieillards me dit : Ne pleure point . ni le bâton de commandement d'entre ses pieds jusqu'à ce que vienne celui auquel il appartient et à qui les peuples doivent obéissance. côté laboratoire] du Mutus Liber. du moins à ce stade de l'oeuvre] qui est le symbole de la coagulation du Mercure en Soufre. C'est là que Jacob rêve d'une échelle s'élevant vers le ciel.pour l'alchimiste d'allumer le feu. La maison de David pour l'alchimiste est l'athanor. là encore. » Verset qui renvoie à Ap 3. L'eau permanente ou fons mercurialis représente l'animus rector dans lequel il n'est. a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. transition facile avec saint Jean l'Evangéliste et surtout Jean le Baptiste ou Précurseur. sur l'ouverture du livre sacré [conçu en tant que materia prima] et les sept sceaux [les âmes métalliques. on la trouve dans Ap 5. » Nous pouvons y voir une allusion au Lion vert [lionceau]. celui-là même que l'on aperçoit aux planches 2 et 11 [moitié inférieure. à en croire les Adeptes. a le sens de dessécher. L'artifice permettant de pratiquer l'opération est représenté par le glaive de feu tenu en dextre par la Vertu. voici. C'est le temple d'où la présence du spiritus sanctus peut être le mieux perçue. dont l'huile éclaire. 28. on ne saurait le comparer qu'à l'omphalos de Delphes [voir blasons alchimiques] : c'est la porte du ciel chymique [Gen. sans même que le feu y touche.. » [24.Gen 28. la lampe dans un verre. 18 : en versant cette huile. enfouie. Comment donc ne pas évoquer ici la figure de l'olivier [moria : olivier sacré] à propos de ce verset coranique : « [la lumière de Dieu] .. prend la pierre dont il avait fait son chevet. Jacob la consacre et fait de l'endroit un lieu de culte]. est une niche où se trouve une lampe. là encore. elle tient sa lumière d'un arbre béni.. En ce lieu s'élève le dôme du rocher dont le sens musulman s'éloigne fort peu de la symbolique alchimique : il s'agit en effet de la « pierre de boisson » ou de « l'eau vivante ». Le Mercurius n'est-il pas un vitri oleum [huile de verre] et sa nature sulfureuse. 12 : Il eut un songe : voici qu'était dressée sur terre une échelle dont le sommet touchait le ciel. Dans la même veine. 17 et voir Tollius]. 35] qui. rejoint de manière surprenante la symbolique de l'athanor ou feu de lampe. lorsqu'il se réveille. nous devons évoquer Abraham : c'est aussi au mont Moria qu'il reçoit l'ordre d'immoler Isaac. le verre comme un astre de grand éclat. des anges de Dieu y montaient et y descendaient.. Jacob. l'olivier. l'érige en stèle et verse de l'huile à son sommet [Gen 28. n'est-elle pas évoquée par l'olivier ? Du reste. Voilà qui rappelle la fons mercurialis. aqua vitae ou aqua permanens des vieux textes. Un bas-relief de Notre-Dame de Paris restitue cette scène : 25 . ou peu s'en faut... J. par leur mouvement de va-et-vient. & pour cela toute obscurité s'enfuira de toi. » [Jung. vers 180 ap. Métamorphoses de l'Âme. dans lequel le Christ est comparé à l'agneau céleste ou à un enfant divin échappant au pouvoir d'un dragon [voir Ripley Scrowle]. ouvrage rédigé vers 95 ap. comme le serpent du paradis qui aurait été le Christ selon l'interprétation des Manichéens. 698. tels Libavius [Alchemia.. & derechef il descend en terre. évoquent la cohobation. Tractatus quartus De Lapide 26 . portail central [cliché Alain Mauranne] Au dernier moment. p. Les anges du rêve de Jacob. op. Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde .-C. & il reçoit la force des choses supérieures & inférieures. note 208] Jung renvoie à l'Homélie sur la Pâque de Méliton de Sardes. opération par laquelle le ciel entier devient le pélican de l'Artiste : « Il monte de la terre au ciel. Rappelons que ce fut Méliton qui employa pour la première fois. un ange intervient qui substitue un bélier au fils du patriarche. » [Tabula Smaragdina. Notre-Dame de Paris.-C.. Meliton de Sardes aurait enseigné que le Christ était un agneau comparable au bélier qu'Abraham sacrifia à la place de son fils. verset VIII] On peut encore voir dans cette échelle de Jacob un escalier monumental dont les alchimistes ont donné plusieurs variations iconographiques. l'expression de Livre de l'Ancien Testament et que l'assimilation du Christ à l'agneau renvoie à l'Apocalypse. cit. J...le sacrifice d'Abraham. « Le bélier est. héritées du Soufre comburant. en quoi il qui encadrent le haut de la faut imaginer les étoiles et la planche I du ML. chaque anneau de la chaîne d'Hermès forme l'une des marches qui conduit l'Artiste de la massa confusa du chaos au faîte de l'oeuvre [voir Aurora consurgens. c'est-à-dire que le sulphur sera dépuré de ses souillures et impuretés. de son air hiératique. exprimant la liaison entre et . 56]. devenu vieux et aveugle. maints bas-reliefs se ressentent à l'évidence d'une semblable symbolique. Ce passage est encore tiré de Jacob : celui-ci usurpe l'identité d'Esaü et Isaac. du froment et du vin nouveau en abondance.Philosophorum. D'autres en ont donné des variations symboliques sur des idéogrammes. p. L'échelle est posée des pieds à sa tête. II]. telle la Philosophie du portail central de Notre-Dame de Paris [voir Gobineau].la Philosophie La Philosophie. ainsi dans l'Aurea Catena Homeri. Gen 27. La tête de la Vertu est panachée des nuées du flos coeli. attribut de la Force mais aussi de l'Harmonie. Lambsprinck [De Lapide Philosophorum. 28 : Que Dieu te donne de la rosée du ciel et de gras terroirs. Spiegel der Kunst und Natur: in Alchymia]. Quant au sceptre. nous présente les deux livres de la philosophie hermétique. l'un ouvert [exotérique] dont le sens est connu de tous et l'autre fermé [notre ML] dont l'expression ésotérique n'est reconnue que des Amoureux de science pour lesquels Limojon a écrit sa Lettre aux vrais disciples d'Hermès. Vices et Vertus . donne sa bénédiction à 27 . il exprime assez qu'à la fin de son travail opiniâtre. Enfin. planche IX] ou encore Michelspacher [Cabala. toute obscurité s'enfuira de l'Artiste. de base. ce n'est pas le corps à venir. tout de même qu'alliance et bénédiction. Chamuel. non pas tant parce qu'ils servaient de principale nourriture à l'homme. : corruptio unius generatio est alterius [Aurora consurgens. trad. Albin Michel] en tant que rotundum et crux †. planche VIII]. 28 . par analogie.son fils cadet alors qu'il croit la donner à son aîné. être rapporté à l'entrée royale de Jésus à Jérusalem : «. » [1 Co.] L'explication hermétique de la parabole du grain de blé se trouve dans le passage suivant. I.. analogue de la nigredo] et le corps animal peut renvoyer au spiritus abscondus [voir Aurora consurgens. Cette image se retrouve dans le Ros. c'est-à-dire le Mercure du grand oeuvre. Senior. d'après Jn 12. il ne peut faire aucun doute que Dieu est assimilé à l'esprit Mercure [pour reprendre un titre extrait de Jung.. Quant au vin nouveau. l'homme et l'univers. 24]. il ajoute que le froment est désigné par un mot hébreu qui signifie pureté.. il ressuscite de la force . Ce que tu sèmes. Artis Auriferae. à propos du corps des ressuscités : «. Ce sont les quatre principes de philosophie qu'Isaac accorde ainsi à l'Artiste : la rosée du ciel représente le [voir Verba Aristei]. le froment est la substance passive. mais plutôt parce qu'ils étaient employés pour ressusciter et revivifier les métaux morts ou réduits en cendre. II] en tant qu'il est dépourvu d'âme [anima ]. 1900]. c'est la représentation classique du second Mercure qu'il faut se garder de confondre avec le vinaigre décrit dans la Turba et d'autres anciens écrits [voir Artephius. 24] Les grains de froment étaient le symbole de la vie. XII.. » [Jn 12. par extension. et. on sème un corps animal. D'après Louis-Claude de Saint-Martin [Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu. etc.. il ressuscite un corps spirituel. Phil. Quant au corps. 35-44] Pour celui qui a étudié les textes alchimiques. les gras terroirs forment la constellation du corps adamique [Adam pris comme prima materia. du blé par exemple… et Dieu lui donne un corps à son gré… on sème de la faiblesse. La faiblesse vaut pour malakia [semé dans la mort. si au contraire il meurt. Le froment est l'or enté qui peut. Paris. Essais sur la symbolique de l'Esprit. il renvoie à Adam kadmon [voir Ripley Scrowle] comme Jung en parle dans ses Paracelsica. il reste seul. si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas. le symbole de la résurrection et de la vie éternelle. L'épi de blé est très anciennement connu comme le symbole de résurrection et il désigne l'or alchimique dans les textes. il porte du fruit en abondance. voir Splendor solis. 15. mais un grain tout nu.. 7 du Ros. lui.. dramatique. Tel n'est plus le cas dans la deuxième période de Gen 27 où Esaü en est réduit au rôle passif [patiens] de premier Mercure par lequel se signale le Soufre blanc ou Sel . Car. » [1 Co. il adopte la position du sulphur en face du mercurius senex [Isaac]. le premier homme Adam fut un être animal doué de vie.. 28 où l'on peut déceler un sens numineux. Le second homme. 15. Il est clair que ces versets ne peuvent s'entendre pour l'alchimiste que tirés hors de leur contexte.. du reste. loin du sens d'onction que revêt la bénédiction d'Isaac à Esaü [Jacob]. Mais l'histoire montre que. plus le même sens que Gen 27. 45-47] C'est en substance ce que montre la planche de frontispice du ML : le rêveur.. dans cette mesure. progressivement.fig. que le patriarche accorde à Jacob [Esaü]. Le premier homme tiré de la terre est terrestre. Gen 27. phil. individualisé [ce qui est manifesté par le processus de spiritualisation ou échelle de Jacob]. si l'on préfère. L'Adam kadmon [au sens jungien] est l'homme éveillé ou.putrefactio «.. c'est presque un bannissement que celle. vient du ciel. se repose sur une lourde pierre : c'est l'Adam primordial.." Il s'agit des versets qui terminent la bénédiction d'Isaac à Esaü. les rôles vont s'inverser : 29 . On remarquera le phénomène de miroir qui se produit dans cette intersection : dans la première partie de Gen 27. le dernier Adam est un être spirituel donnant la vie. Jacob joue un rôle actif [agens] en usurpant l'identité d'Esaü et. hors du gras terroir sera ton habitat et loin de la rosée qui est au ciel. 39 : Alors Isaac prit la parole et dit : "Vois. Jacob. Cet extrait n'a. . Jacob s'enfuit et prend alors le masque du Mercurius qu'Esaü prend les traits d'Ares alors . C'est ensuite que survient l'épisode du songe de Jacob [Gen 27, 10-22, voir supra] suivi, avant sa rencontre avec Esaü, de l'autre épisode de sa lutte contre Dieu [Gen 32, 23-33, voir supra]. C'est ainsi que, juste avant de rencontrer son frère, Jacob subit une conversion, une véritable transmutation, puisque désormais on le nomme Israël. La Genèse s'achève par la mort de Jacob [Gen 50]. La Discorde - Notre-Dame de Paris, portail central Nous avons eu plusieurs fois l'occasion d'évoquer et de commenter ce chef d'oeuvre de cabale hermétique. Comment ne pas à nouveau le convoquer ici, en un moment de l'oeuvre où l'Artiste, de toute urgence, a besoin de son sel harmoniac, c'est-à-dire de son anqoV ammonoV : c'est nommer l'antimoine saturnin. C'est par son entremise que les Artistes parviennent à extraire la racine métallique du corps des métaux. C'est cette science d'Égypte qui vient de CHAM comme l'écrit justement Chartier dans son Plomb sacré des Sages [Senlicque et François Le Cointe, 1551, Paris]. La racine arabe CHAMMON signifie en effet le feu ; ce feu a cette particularité qu'il est dit « de repos » car il conserve les métaux comme les hommes [il faut comprendre un certain principe vital qui est semblable au mondes minéral et animal : chez l'animal il s'agit de l'arch de nature dont notre moderne ADN est la contre partie. Dans le monde minéral, c'est l'orientation moléculaire des cristaux qui détermine la forme du minéral et le fait désigner par son nom ]. La planche I du ML donne donc à voir les deux principes de philosophie sans lesquels il est impossible de préparer le : la 30 pierre, tout d'abord, celle-là même qui est évoquée dans Gen 28,11 et plus tard dans Gen 29, 2 : «... Une grande pierre fermait l'orifice du puits. Quand tous les troupeaux y étaient rassemblés, on roulait la pierre de dessus l'orifice du puits, on faisait boire le petit bétail et l'on remettait la pierre en place sur l'orifice du puits. » [Gen 29, 2-3] Le puits a une grande importance dans la cabale hermétique [voir Mylius, Philosophia Reformata]. Ici, l'intérêt est redoublé en ce sens qu'il faut attendre que les circonstances soient favorables pour étancher la soif des brebis. Dans l'iconographie, nous avons vu que les Adeptes insistent sur le danger d'hydropisie qui doit prémunir l'Artiste contre l'excès d'eau [qu'il faut comprendre comme le dissolvant]. Dans Gen 29, 7 on lit : « Voyez ! Il fait encore grand jour; ce n'est pas le moment de rassembler le bétail... Nous ne pouvons pas [faire boire le bétail] tant que les troupeaux ne sont pas tous rassemblés; alors on roule la pierre de dessus l'orifice du puits et nous abreuvons les moutons. » [Gen 29, 7-8] C'est au crépuscule que paraît Hesperus : elle signale l'aurore de l'oeuvre et représente l'hiéroglyphe de la stibine ou plomb et il sacré. Celui-ci est considéré comme étant le fils naturel de est passionément aimé de que l'on aperçoit, à l'opposé, au Levant. De cet antimoine se forme l'alliage que les Sages ont et le n'ont appelé leur airain ou laiton; on sait que l'étain pas de subsistance assez forte pour servir aux ouvrages des hommes et résister à la violence du feu † [Héphaistos] s'ils n'ont, au préalable, été alliés à l'antimoine. Éclat, dureté et lustre sont les qualités que l'on reconnaît communément à cet airain qui le font signaler comme l'Acier des Sages, ainsi que le fait observer Pernety [Fables Egyptiennes et Grecques, tome I]. E. Canseliet a assez parlé des rapports que la musique entretenait avec l'Art sacré pour que l'on ne soit pas surpris d'apprendre que les orgues qui servent à la musique n'auraient pas l'harmonie et la délicatesse du ton que l'on sait et ne seraient pas assez justes pour résonner telles si le forgeron divin n'avait par son mélange . Eh bien ! Le verset de Gen 29, 7 nous modéré l'aigreur de apprend qu'il faut attendre la nuit noire et sereine pour que l'influx astral descende, en forme de rosée, amenée par les anges et annoncée par la Clangor Buccinae [un des classiques du corpus, voir bibliographie]. Cette rosée est d'essence mercurielle : le mystérieux Adepte qui fit une transmutation sous les yeux d'Helvetius lui en a parlé ; il s'agissait d'Élie l'Artiste qui se présenta à son domicile le 27 décembre 1666 [voir Husson, Transmutations métalliques, J'ai Lu, 1974]. Helvetius fit une recension de cet épisode dans son Vitulus aureus. Cependant, la rosée est un ingrédient qui, s'il est indispensable, n'est pas le seul qui soit nécessaire. L'Artiste doit 31 encore s'occuper à trouver les éléments du Lait de Vierge sans lesquels le Rebis, forme évoluée de l'Airain et du laiton, ne saurait s'épanouir. Précisément, ces éléments doivent être cherchés dans la Discorde qui oppose, si l'on nous entend bien, Jacob à Esaü. Fulcanelli a suffisamment insisté sur les deux ingrédients pour qu'il nous soit permis, ici, de passer outre. Nous ferons toutefois remarquer que Basile Valentin a noté que l'Artiste, pour peu qu'il trouve la prima materia, trouvera toujours un pot pour la cuire. Et que cette première matière est réputée être dans le même temps pierre et non pierre : son expression consacrée, par cabale, est donc l'hexagramme de Salomon qui signe l'alliance du et de la . Or, si l'on reprend les possibilités de nature, on remarque qu'une pierre ne peut être trouvée volant dans l'air que si elle y a été projetée de terre, expulsée du cratère de quelque volcan [où elle est donc, en ce cas, littéralement, à la fois pierre et non pierre, puisqu'à l'état pâteux] ou si elle a franchi les bornes de notre atmosphère, en forme de météorite et reliquat de quelque comète [voir nos symboles et le chapitre 9 consacré à la pierre noire]. Là encore, c'est l'état igné qui domine. Dans les deux cas, nous avons affaire à une pierre qui chute [cado, cassito : dégoutter] dont la masse de cabale rend, pour ainsi dire, le poids négligeable compte tenu qu'il s'agit là d'un poids de nature, mais non point de l'Art. Seul Dieu connaît, à ce qu'en disent les plus grands Adeptes, ce poids de nature. Nous terminerons ce bref exposé en faisant remarquer que la partie métallique, nécessairement l'étoile, est à chercher dans la pierre tandis que la partie minérale, la fleur, doit être recherchée dans le pot. Deut 33, 13 : Pour Joseph, il dit : son pays soit béni du Seigneur ! Que le meilleur don du ciel, la rosée, et l'abîme qui gît en bas... Il s'agit d'un extrait du Deutéronome où Moïse bénit les douze tribus d'Israël. Le don du ciel est, bien sûr, le don de Dieu, c'est-à-dire du soufre [assonance qeion - qeioV]. Rappelons que les alchimistes admettent la présence de deux Soufres parmi les métaux : l'un est combustible tandis que l'autre résiste au feu et préserve le métal contre toute élévation de degré du feu de fonte. L'antimoine, à ce qu'en dit Chartier [voir supra], gouverne ainsi les forges métalliques et par son Soufre incombustible, se joint aux métaux et purifie une partie de leur soufre impur et combustible : telle est l'oeuvre de la rosée de mai. C'est pourquoi les Sages l'ont appelée l'Aimant des métaux : Prenez, ont-ils dit, du Lyon noir qui ait les yeux étincelants comme Opalles. Voici la clef minérale pour ouvrir les corps métalliques et faire voir les teintures. Chartier ajoute que les Hébreux appellent une pierre précieuse que nous nommons émeraude Nophech qui se tire de 32 Deut 33. la source de Jacob. 13] où se devine une allusion au Tartare. On a supputé que la source de Jacob pouvait être le peuple issu du frère d'Esaü. elle coule à l'écart. c'est du venin de dragon. si l'on préfère. rubis. leurs raisins sont des raisins vénéneux. émeraudes. extraire de la substance antimoniale des teintures et coloris divers pour les pierres précieuses. des plantations de Gomorrhe. De ses entrailles. Leur vin. 28 : Confiant. vers un pays de blé et de vin nouveau. selon ce que nous en avons dit. se tire des teintures différentes tant pour colorer les pierreries que pour conserver et embellir les yeux. On peut. La rosée est ainsi assimilable au porte flambeau [christophore] des métaux. Mais l'hermétiste y verra plutôt la fontaine de vie qui sourd du pied de l'Arbor solari. et le ciel même y répand la rosée. En les spiritualisant. Ce mot veut que ce soit le même que les Arabes ont entendu par Atmadon : Nophech et Atmadon signifient Antimoine ou anqoV ammonoV. elle permet de chasser la ténèbre du sang minéral et de faire ainsi sortir des cendres de ce phénix la vertu cachée du métal. C'est ce qu'exprime ces versets : « Leur vigne sont des vignes de Sodome. 32-33] Les alchimistes peuvent reprendre à leur compte ces paroles du Cantique de Moïse : le venin de dragon représente. un cruel venin de cobra. le Mercurius senex de Jung ou. Israël se repose.l'antimoine. par cet artifice. leurs grappes sont amères. Cette dernière citation de l'Ancien Testament se situe à la fin du Cantique de Moïse. D'où ce rappel à l'abîme [Deut 33. » [Deut 32. opales. c'est-à-dire en les sublimant. etc. le vinaigre d'Artephius. en effet. 33 . d'où vient que le pseudo Geber affirme : Eft generalis caufa inventionis calcinationis corporum a terreitate depuratio. est mise en forme carrée ou tetragwnon par quoi on insiste sur le fait qu'elle possède. Le corps dissous des Trévisan où se viennent baigner métaux doit être imprégné en cette eau de rose que les Adeptes nomment encore le Lac virginis. Notre matière première. Ses vertus que l'on remarque dans ce vinaigre antimonié sont en rapport avec ses écailles feuilletées et brillantes où l'on peut deviner les poissons argentés et sulfurés de D'Espagnet [voir Oeuvre secret d'Hermès]. les quatre Éléments. Fulcanelli a insisté sur l'aspect feuilleté que devait avoir cette prima materia. 34 . qui doit posséder un aspect éclatant et nacré. Basile Valentin parle en son Char Triomphal de l'Antimoine de ce baume de la vie qu'il appelle Balsanum vitae & medentem Mumiam. L'obtention de l'anima se fait au prix de la destruction progressive de cet antimoine saturnin. principiés. quand elle a été dépurée de ses ordures. C'est également insister sur son brillant par lequel on reconnaît qu'elle est chargée de régule étoilé ou sulphur . premier état de l'âme en voie de dépuration au sein du spiritus.la sourve vive de Cadmos . semblable en cela aux yeux de poissons [voir Ripley Scrowle].Notre-Dame de Paris [cliché Alain Mauranne] La source de Jacob est cette fontaine décrite par Bernard Le et . 1978]. Splendor solis]. 1822]. 6. Remarquons qu'en chinois. et que tout le sol alentour reste sec. Il y évoque bien sûr le mythe de la Toison d'or et le bélier magique Chrysomelle [voir Trismosin. La troisième est aérée. 6. surnom d'Apollon] dont on a fait la figure du secours [paiwn] ce qui peut paraître surréaliste quand on connaît la perfidie d'Apollon. l'Hellespont [mer noire . on peut y voir un principe de purification. Sans vouloir raconter à nouveau la légende qui se rattache à Hellè et Phryxos. vol. là encore. ce qui renvoie au 35 . les parties contenues sont les trois autres éléments enfermés dans la terre du Mixte : on les a comparés aux sucs de la rose et scindés en Sel. Selon les mythographes. » [Jg. Le Sel est pris comme la lie de vin . le dieu médecin. Soufre et Mercure. volatile et comparée à la fleur du vin [sulphur]. 37] La vocation de Gédéon a donné lieu à un article qu'E.. comme vous l'avez dit. Canseliet a fait paraître dans la revue Atlantis puis dans ses Études de symbolisme alchimique [Pauvert. ou Religion universelle.nigredo]. Origine de tous les cultes. lié au sulphur [de Paihwn. Quoi qu'il en soit. la seconde est aqueuse ou moyenne substance [Mercure]. On conçoit soit une terre façonnée en un Mixte puisqu'elle est le soutien du corps mêlé [airain. Cet ange voulut lui donner comme preuve de l'existence et de la force de Dieu cette expérience de la toison : « .voici. de la planche 4 du ML. Babeuf. qu'il élimine les fèces et que la vertu corroborative de ses parties plus déliées que sont les brillants de soient communiqués et transférés au donc que la avant qu'il soit déchargé de sa †. Paian ou Péan. Hellè eut de Neptune Paeon ou Edon [voir zodiaque alchimique.. je mettrai une toison de laine sur l'aire: si la toison seule se couvre de rosée. laiton] . le mot pivoine contient le mot tan [meoutan] ou cinabre.Il est donc de toute nécessité que l'Artiste fasse calciner les parties hétérogènes des Soufres imparfaits et combustibles. cité in Charles Dupuis. je connaîtrai que vous délivrerez Israël par ma main. Hellè [voir Atalante II] correspond au principe qui permettra à l'Adepte de faire circuler l'aqua permanens [et on peut la rattacher à l'allégorie des épisodes du voyage des Argonautes]. probable. il correspond au point fixe emporté par le bélier magique. la visitation d'un ange du seigneur. Paeon est connu pour être un dieu de la médecine [Paeoniae herbae : herbes médicinales] et par cabale. Paris : E. Cette source est encore nommée toison de Gédéon par les Adeptes et il faut y deviner l'origine. il s'agit d'un indice sur le processus de rubigo puisque paiwnia [les fêtes de Paeon] désigne notre pivoine. il semble utile de rappeler que le [la lune à l'aurore] se rattache à Hellè principe volatil ou mercuriel : elle fait une chute vertigineuse dans la mer qui portera son nom. La légende de Gédéon fait partie du livre des Juges et met en scène. Quant à Phryxos... Nous pouvons le rapprocher de Hdwnoi dont la racine signifie réjouir ou charmer. Cette fixation a donné le nom d'Aimant des sages à la matière capable. telle la lyre sur les animaux sauvages. C'est ce qui fait dire à Senior : Je suis la lune. tu es chaud et sec. On préconisait de cueillir la pivoine à la lune décroissante [par cabale lors de la chute d'Hellè] ainsi que le recommande Thessalus dans sa Lettre à Néron. Il se fera de toi et de moi un mélange de vin et d’eau douce après que j’aurai recouvert ma couleur de la noirceur semblable à de l’encre après ma dissolution et ma coagulation.dragon rouge des vieux alchimistes [le cambar . je recevrai de toi l’âme avec tes caresses. nous nous réjouirons et l’esprit en nous s’exaltera quand nous serons montés dans l’ordre des vieillards. Selon Pline. Voyons à présent Edon. croissant humide et froide. et toi. symbole suprême de l'individuation. Quand nous serons entrés dans la maison d’amour. Alors la lampe de ta lumière versera ses rayons dans ma lampe. mon 36 . Paeon découvrit les propriétés médicinales de la pivoine et s'en servit pour guérir les blessures d'Hercule [voir Fontenay]. De tout ce que nous venons d'écrire. soleil. Et quand le soleil et moi aurons été unis pour demeurer en loisir dans le ventre de la maison fermée. de susciter de l'ordre dans le chaos primordial. comme sont de loisir une femme et un homme de noble naissance. il suit que la pivoine contracte des rapports avec le phénix. La transition est facile à faire avec Orphée et sa lyre dont nous savons quel est le sens hermétique : il s'agit du lien du Mercure. Cette image est vraie. Si tu ôtes ma beauté et mon aspect charmant en t’approchant de moi.kinnabariV d'Artephius et de la Turba]. Basile Valentin l'a transcrit en IAMSUPH sur sa Clef X [voir Douze Clefs]. Quand nous nous épousons dans la justice de notre état dans une maison qui n’est faite que d’un feu léger portant en lui ce qui est lourd. C'est l'artifice dont l'Artiste a besoin afin que l'aqua permanens reste stable au feu du 4ème degré et que les éléments du Rebis évoluent vers le lapis. nous sommes là de loisir. Phil. Le soleil répond à la lune : Si tu fais cela. Septième parabole : conversation du bien-aimé et de la bien-aimée [voir M. en bien des passages. à une introspection poétique permettant de saisir. de se livrer. c'est d'ailleurs l'une des raisons qui font que le ML est unique en son genre. 17 .. l'expression raisonnable tout autant que l'impression sensible. t. trad. et tu ne lutteras pas. 141]. Phil. est librement transcrite du Cantique des cantiques [certains comme M. von Franz ont été à deux doigts de l'attribuer à saint Thomas d'Aquin. car tu ne seras pas rebelle. voir AC] et le texte que nous avons cité fait partie des morceaux à la fois les plus beaux et les plus profonds de l'art d'Hermès. et sans ténèbres. II. mon corps reviendra et ensuite je te donnerai une nouvelle force de pénétration par laquelle tu seras puissante dans le combat du feu de liquéfaction et de purgation.L. Artis Auriferae. Nous avons vu que la planche de frontispice du ML formait comme une sorte de compendium concernant l'idée que l'on pouvait se faire quant au contenu inconscient véhiculé par les images des textes. Ros. en se livrant à ce que Jung formule comme l'imagination active.Revificatio corps se coagulera et je serai dans ma vacuité.L. Il est en effet possible. Phil.. en un processus d'interrelation archétypale. Avant de commenter ce passage du Ros. la Fontaine de Pierre. Rappelons que l'Aurora consurgens.. ô lune.Ros. si tu ne me causes pas de dommage. p. Tu sortiras de ces épreuves sans diminution. Ce fait a son 37 . comme l’airain et le plomb. von Franz. pp. 1982. fig. 133-253 Ce passage pourrait être tiré de l'Aurora consurgens. il paraît nécessaire de voir en quoi il se rapporte au ML. Réponse de la Reine Lune. dans l'examen des quinze planches du ML. déjà relevée par Simon Diner [Louis de Broglie que nous avons connu. Cette oscillation trouve sa correspondance dans le phénomène de l'imbibition ou mondification : il fait l'objet. Paris. En voici la belle version dans l'édition de Manget : 38 . 1988. pour certains. puisqu'il permet d'étendre notablement la signifiance sémiotique d'une figure qui ne passe pas seulement qu'en image. 59-64] : la pensée alchimique oscille sans cesse entre la corruption de la matière et la purification de l'esprit. des détails que l'on voit à la planche IV. Voilà que se dégage la véritable richesse conceptuelle de l'alchimie.importance. de l'interrelation archétypale. elle s'exprime de manière lapidaire par la célèbre formule : SOLVE ET COAGULA. pp. Fondation Louis de Broglie. 1702 Voici les commentaires de SH : Tendue sur des piquets.planche quatrième du Mutus Liber. cinq draps reçoivent la rosée céleste (flos 39 . Mangetus. Bibliotheca Chemica Curiosa. qu'on y chercherait l'arcane mercuriel. D’autre part. 40 . Des alchimistes traditionnels ont effectivement employé le nostoc pour préparer la matière première de l’Œuvre. et non des moindres. Or. Quant à la possibilité de capter directement cet autre « feu du ciel » que sont les rayons solaires. l'Aimant des Sages. ont prétendu que le plus grand artifice opératoire consiste à capter un rayon de soleil.qu'un rayon cosmique va venir percuter.son vitri oleum . De fait. en remarquera des formations végétales d’allure curieuse. C'est ce que Fulcanelli a essayé de faire voir avec l'un des bas-reliefs du portail central de Notre-Dame où un chevalier défend son athanor . Sur le sol. où . La planche X du Splendor solis en donne une belle représentation. en effet. le nostoc.dans les près ou les jardins après la pluie.à-dire de la foudre. ce qu’écrit Magophon dans son commentaire à la planche précédente (car il se demande comment il doit être possible d’allumer la lanterne magique portée par la compagne de l’alchimiste) : Certains auteurs. qui permet en effet de rassembler les restes épars de la prima materia. après qu'elle a été démembrée par le serpent Python [Typhon] à l'instar d'Osiris. Il participe assurément des influences extérieures mais c'est en vain. à ce propos. se manifestent à l'Artiste dont il lui faut accorder les poids s'il veut éviter de « brûler les fleurs » : le rayon. est d’usage très courant en alchimie opératique. principalement. il ne faut pas oublier que les alchimistes semblent (comme jadis les fulguratores étrusques) aussi avoir eu la maîtrise d’une source colossale d’énergie : celle provenant de la captation directe du « feu du ciel ». C'est cet agent magnétique.coeli) à la partie inférieure nous voyons l’alchimiste et son épouse recueillir cette rosée en tordant l’étoffe pour l’en exprimer : la divine liqueur tombe dans le récipient disposé à cet effet.entre le Soleil et la Lune . magnétisme terrestre et même (semble-t-il) ce que les astronomes modernes nomment rayons cosmiques. qui apparaît soudain . voir infra [on trouvera de plus amples renseignements sur cette algue terrestre dans Atalanta XXXVII]. Ce miracle. Mais la rosée proprement dite soigneusement recueillie (et d’ordinaire au printemps) de la manière bien indiquée sur la figure. flos coeli est le nom volontiers donné par les « fils de sciences » à une algue bleue.comme mystérieusement tombée du ciel (d’où son nom populaire lui-même aux résonances alchimiques : crachat de la lune) . Sur le nostoc. magnétisme lunaire. l'ombre et l'étai. Voici. Le flos coeli peut également. trois influences. désigner un mystérieux agent céleste de nature magnétique.nous voyons descendre l’éventail des influences célestes (de deux polarités complémentaires). il semble bien que les adeptes en aient également eu la maîtrise. en se servant d’une plaque sensible qu’on prépare de différentes manières. L’alchimie opératique suppose en fait la connaissance précise des forces magnétiques: magnétisme solaire. comme l'affirme avec raison Pierre Dujols. On remarquera la partie supérieure de la planche. et à l’emprisonner dans un flacon fermé au sceau d’Hermès. d’où le nom de « Frères de la rosée cuite » quelquefois donné aux alchimistes rosicruciens du XVIIe siècle. le photographe l’accomplit en quelque sorte. c’est. C'est à Nemrod que l'Adepte a fait appel. Fils de Chus et petit-fils de Cham : Cham était autrefois l'ancien nom de l'Égypte dont Kircher fait dériver le nom d'alchimie. 8-9] On traduit parfois « contre le seigneur » et non « devant le seigneur » pour affirmer le caractère d'orgueil et d'impiété accusé de Nemrod. objet des laveures de Flamel qu'on dépuration du appelle encore Aigles. équivalent du sulphur . il s'agit de l'inflation du MOI . Celle de l'adoration des valeurs matérielles.[voir supra] Mais Cham." [Gen. 10. La construction de la tour de Babel apparaît ainsi comme un rêve éveillé. Il fut le premier héros sur la terre. lui qui fut un chasseur héroïque devant le Seigneur. L'orgueil est lié par cabale à la cohobation. c'est aussi le petit fils de Noé et le neveu de Miçraïm dont Franck fait le premier roi d'Egypte [voir Paracelse]. Cette inflation de la matière spiritualisée. c'est-à-dire à la par le . Nemrod ou ses semblables la transpose en bâtissant la tour de Babel [de la racine Bll : confondre] qui nous renvoie d'ailleurs à l'échelle céleste de Jacob [planche 1]. Sur le plan psychologique. On trouve dans le 41 .tout à fait préjudiciable à l'évolution de la psyché vers l'individuation puisqu'il résulte de cette inflation . c'est-à-dire une illusion. dont la Genèse fait le robuste chasseur devant l'Éternel. La figure de Nemrod se profile comme l'ombre de Job. « Koush engendra Nemrod. être un chasseur héroïque devant le Seigneur.Nemrod.une carence des rapports entretenus normalement entre le MOI et le ÇA [voir Ripley Scrowle et Aurora consurgens]. D'où le dicton : "Tel Nemrod.dont le miroir terrestre est la tour de Babel .anima. Notre-Dame de Paris Il n'est pas inutile de rappeler la légende de Nemrod. en ce qu'il faut y voir l'artifice de la communication entre firmamental et . 8-9] Il y a dans cette action une ventilation. . Et l'Aigle. SH poursuit son analyse : « L’un des édifices figurés juste au bord de l’horizon (la construction conique à droite) est surmonté de la Croix de Lorraine : ce n’est pas seulement l’emblème d’une grande province française mais c’est un symbole ésotérique traditionnel. est le symbole majeur de la sublimation. un essaimage aux quatre vents d'où l'hermétiste tire sa cohobation. il nous semble bien difficile de distinguer une croix de Lorraine dans la construction conique signalée par SH. marque des couleurs de la queue de paon. conservé à Baugé. la draperie de l'arc-en-ciel constitue un temple. autrement dit l'explosion pure et simple de son creuset. Ce rayon est équivalent au phénomène psychique de la projection et dépendant de [voir Aurora consurgens. Quoi qu'il en soit. La tour de Babel était un avertissement pour Dieu : « Allons ! descendons. initialement. Mais ici. » Rappelons que la croix d'Anjou ou de Lorraine. La croix d'Anjou à double traverse en bois de la vraie croix du Christ fut rapportée en 1241 de Crête par Jean d'Alluye qui la cèda en 1244 aux moines de la Boissière. 42 .est l'irisation. II].dans sa matière grave [voir héliographie]. Ce n'est que de façon détournée que certains hermétistes ont utilisé à des fins ésotériques la croix d'Anjou si l'on se souvient qu'elle passa dans le cou des aigles. que nous apercevons à la planche 4 du ML.tarot l'arcane XVI ou Maison Dieu qui résume à merveille le symbolisme véhiculé par la ziggourat biblique [voir notre tarot alchimique]. en alchimie. Le rayon igné dont l'Artiste a besoin doit être mesuré en sorte qu'il puisse l'imprimer . vénéré par les ducs d’Anjou. . cette gloire divine largement étalée. car c'est là que l'Éternel confondit le langage de toute la terre. le moyen d'éviter une fixation trop précoce de sa matière dissoute. afin qu'ils n'entendent plus la langue. victime de son inflation. et c'est de là que l'Éternel les dispersa sur la face de toute la terre. Ce reliquaire. Le premier signe de la fixation . elle devint le symbole du Duché d'Anjou. les uns des autres. Cachée à Angers pendant la guerre de Cent Ans. 11. Nous donnons infra les correspondances planétaires et zodiacales des rais de l'arc-en-ciel. la croix d'Anjou devint la croix de Lorraine. depuis Louis Ier (1339 -1384) qui le fit broder sur sa bannière. support des armes. avait un double croisillon. C'est ce rayon victorieux. » [Gen.grajh .Et l'Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre. et ils cessèrent de bâtir la ville. c'est un coup de foudre qui guette l'impétrant par trop impatient. Manifestement.coagulation du . n'avait aucun sens ésotérique : il s'agissait d'un reliquaire contenant une parcelle de la vraie croix. et là confondons leur langage. Après le mariage du roi René avec Isabelle de Lorraine.C'est pourquoi on l'appela du nom de Babel. .où se devine l'influence du symbolisme de la rota. l'esprit se coagule par la même opération. ne pas oublier les efflorescences salines [voir là-dessus l'arcanum duplicatum . qui est divine. il ressort clairement que cet esprit ne peut provenir que de la . par ailleurs. La Tabula Smaragdina. émané d'une production chthonienne.érigé en partant de la jusqu'à la sphère du . en même temps que nous évoquons des effluves célestes. surnaturelle et incompréhensible » [Filet d'Ariadne] 43 . » La fig. cit. C'est ce qu'assure Batsdorff : « Or la sublimation présuppose toujours la dissolution du corps .]. voir Jung. et lorsque le corps est dissout. et tout corps est dissout par l'esprit avec lequel il est mêlé. au vrai. est formelle : « Il monte de la terre au ciel. op. D'où vient cet esprit ? Si nous regardons la planche 4 de façon élémentaire. & derechef il descend en terre. montre clairement que c'est un spiritus abscondus [esprit caché] et corruptus qui monte.dont les alchimistes ont besoin. Il faut donc. et pour préparer leur . faire la part de ce qui monte et de ce qui descend dans ces flux entrelacés entre terre et ciel. Le centre de cette roue ou rose cosmique se situe en dehors du plan de la gravure : ce point central n'en a qu'une valeur plus virtuelle car nous ne savons pas. toutefois. c'est-à-dire qui est sublimé [sur le sens à donner à cet « esprit Mercure » . et par lui il est fait spirituel . raisonné sur cette planche en considérant que les rayons descendaient forcément. Essais sur la symbolique de l'esprit. Les commentateurs ont. en effet. Phil. son caput mortuum ainsi que le caput corvii du Donum Dei]. et pour préparer leur . & il reçoit la force des choses supérieures & inférieures. Il ne saurait évidemment provenir du qu'il ne fût. Et le récipient apte à recueillir les effluves célestes est représenté par les toiles tendues entre le Bélier et le Taureau. au préalable. Le faîte de ce temple est le ciel firmamental et son toit est tendu de cet arc-en-ciel zodiacal ésotérique pour le coup . Elles seules semblent capables de produire l'esprit .au sens d'animus . 8 du Ros. dans cette antinomie.fig. que le corps [i.ne vaut donc pour autant.prélude à la dépuration . 44 . Nous terminerons cet examen sommaire avec une troisième planche. On voit le paradoxe : l'accès à l'anima [MOI] purifiée passe essentiellement par une corruption du corps médiée par l'animus [SOI].sous réserve des limites de notre analyse . la quatorzième. Phil. chose déjà relevée dans l'Aurora consurgens et le Ripley Scrowle.e. la materia prima] ait été dissout [corrompu] dans et par l'esprit. 9 du Ros. Mundificatio Cette ascension spirituelle . Le problème du Bien et du Mal paraît contenu . planche quatorzième du Mutus Liber. 1702 Cette planche est bien connue des disciples d'Hermès par la maxime finale : 45 . Mangetus. Bibliotheca Chemica Curiosa. ni Préface. les Latins. les François. peuvent le lire & l'entendre. à ce que difent les Savans. Il fut édité à La Rochelle par Pierre Savouret.Ora Lege Lege Lege Relege labora et Invenies. En 1677. j'ay cru. &c. les Italiens. Nous avons indiqué ailleurs qu'il s'agissait d'une allégorie dont le sujet est la rosée qui s'élève jusqu'au mont de la Magnésie [par cabale. n'ait voulu mettre à la telle ni Lettre dédicatoire. que les trois tours soient mises pour les signes zodiacaux signalés au deuxième panneau.Joie que Fulcanelli évoque dans son Myst. apparut un ouvrage ne comportant aucun texte. Le panneau supérieur de la planche donne à voir trois tours. les Grecs. y ayant-là des chofes qui n'ont jamais efté dites par perfonne. les Allemans. [p. néanmoins toutes les Nations du monde. pourtant. Tableau des planches Voici les quinze planches du Mutus Liber en grandes vignettes qu'accompagnent la gravure initiale et l'Incipit : AU LECTEUR Quoy-que celuy qui a fait les frais de l'Impreffion de ce Livre. également évoqué par Fulcanelli dans l'un de ses calembours. il est plausible. sinon probable. L'occasion nous est donnée de citer Appolonios de Tyane. Ces tours sont du reste à l'image de ces Mont. Cath. Auffi eft-ce le plus beau Livre qui ait jamais efté imprimé fur ce fujet. Une autre édition parut 46 . les sept boeufs de labour]. 68]. pour le connoître d'abord. pour des raifons qu'il a par devers luy. Livre Muēt . les Hébreux. Comme on le dit dans l'analyse de l'ensemble des planches. Voilà (cher Lecteur) ce que j'ay cru devoir vous dire. qu'il ne trouveroit pas mauvais qu'il foit intitulé. Il ne faut qu'eftre un véritable Enfant de l'Art. les Efpagnols. de notre avis. il semble que la version de Manget soit la plus soignée. Van Lennep ajoute dans son Alchimie (p. Celui-ci déclara en effet avoir découvert le manuscrit lorsqu'il sollicita le privilège de l'éditer à son compte. en prose. On connait aussi des planches dépareillées qui sont conservées dans la collection alchimique de l'université de St Andrews. sanscrit. si l’on en possède la grille. J. ils n’en demeurent pas moins indéchiffrables pour quiconque en ignore la clef. C'est Eugène Canseliet qui en retrouva la trace dans le catalogue distribué en 1937 par un libraire parisien. la peinture. un système tacite d’écriture adopté pour la correspondance diplomatique.vers 1725 à Paris. le 23 novembre 1676. un libre muet. c’est-à-dire les arts symboliques. Il fut accordé par Louis XIV à Saint-Germain.ce mot entendu congrûment appellent le dessin. au moyen desquels les Hiérogrammates réservent aux élus les arcanes de la Science. Pour un homme illettré. les ouvrages d’alchimie. alias Pierre Dujols. en français ou tout autre idiome. ne sont eux-mêmes que des cryptogrammes. Plus tard. est un mutus liber. l'on peut transformer en Sulat : il s'agirait de Jacob Saulat. un signe de reconnaissance. ce qui. Qu’est-ce qu’un symbole? Sumbolh est une convention. avant qu'il entame l'examen des quinze planches : "Il s’est formé autour du Mutus Liber une légende absurde.. Nous commentons les planches du Mutus Liber en y ajoutant des commentaires de Magophon. successeur de Nourry [les planches sont celles présentées dans l'édition de La Rochelle]. pour le plus grand nombre. de même que traduire Mutus Liber par le Livre muet. etc. Un symbole est donc ce que nous nommons aujourd’hui un " Code ". Il faut donc se faire à cette idée. encore qu’ils soient instruits dans leur propre langue. car l’image objective est certainement plus parlante 47 . Les Latins . Tous les signes adoptés par l’industrie humaine pour manifester la pensée sont des verbes. D’ailleurs. mutae artes. On verra que plusieurs passages de ce texte ont été repris à peu intacts dans le Myst. sans paroles. en vers.a fait à cet ouvrage une réputation d’obscurité impénétrable et. Une Ecole . est un contresens philosophique. 231) qu'un argument de poids fut ajouté par Serge Hutin quand il découvrit que les armoiries figurant sur la quinzième planche étaient celles du sieur Saulat des Marez. la sculpture et l’architecture. tout livre est mutus. A dire vrai. le vénère comme un sacrement. Thiebaud. de ce chef. que le Mutus Liber est un libre comme les autres et qu’il peut se lire en clair. Voici les commentaires de Magophon. celui du Mutus Liber est encore le plus transparent. le médecin genevois Jean-Jacques Manget inclut les planches dans sa Bibliotheca chemica curiosa . laisse peu de doute quant à l'auteur présumé du Ier tome de la trilogie. en latin. tirés de son Hypotypose. toute simple. sémaphoriques. C’est une erreur. vers 1702. Bien qu’écrits avec les lettres banales de l’alphabet et le vocabulaire commun. On suppose que l'auteur se serait dissimulé sous l'anagramme d'Altus. entre les deux procédés sténographiques. qu'en décodant. chinois. Un volume en hébreu. voire commerciale.qui n’a d’hermétique que le nom . sans le comprendre. les communications télégraphiques. sieur des Marez. On peut nous objecter que l’Université compte d’illustres grammairiens. sans quitter le manteau du philosophe. La possession exclusive du sacrarium fait la force des Eglises. aux véritables inquisiteurs de science. et les disciples se modèlent sur le " Maître ". historiens. parce qu’invraisemblables. A la suite de débats sensationnels et peu distants [Cette introduction a été écrite avant la première guerre mondiale. la transmutation opère encore des miracles. l’alchimie n’en est pas moins une science réelle. pour être une science cachée. à telle enseigne que les plus grands chimistes de L’Ecole de Lavoisier à Berthelot. mais qu’on n’y signala jamais le moindre alchimiste. la physique. Mais. De tous temps. aussi veillent-elles sur le " secret maçonnique " avec un soin inquiet et jaloux. mais en dedans. laborieux comme les diligentes abeilles. il y eut des " faiseurs d’or ". désœuvrés et frivoles. et l’alchimie est une science occulte . en effet.. probes. Cet argument ad hominem n’est pas sans réplique : une chose cachée n’est point pour cela inexistante. géographes. sans jamais s’arrêter à aucun pour en extraire la mellifique substance. secondées par une police et une censure ombrageuse. conforme à la raison et. attendu que. qui passent leur vie à papillonner inutilement de livre en livre. Ce mystère. rationaliste. nous nous sommes proposé. (N. c’est que l’alchimie est une chimère. physiciens et chimistes. sans ambages. le sceau de l’absolu. Védas. l’histoire. Il y a dans toutes les croyances imposées au vulgaire au moyen d’une mythologie appropriée: Bible. et l’on voudrait entrer au débotté dans le " Palais du Roi " sans observer les convenances et se soumettre aux lois de l’étiquette ! Une lecture hâtive et superficielle ne saurait remplacer l’étude austère et grave. nous dirons mieux : elle est la science occulte tout entière. depuis l’invention de l’imprimerie. par une interprétation sincère. Nous n’avançons rien au hasard. Et si l’agrégé d’alchimie est inconnu. Et rien. surtout en une matière aussi expérimentale que celle de la chimie. la géographie.s’y sont brisé le front sans résultat. Les sciences profanes elles-mêmes ne sont pénétrables et assimilables qu’à la suite d’un travail soutenu et prolongé. etc.que les tropes littéraires et les figures de rhétorique.qui ne sont pas les Dignitaires publics . Eh quoi ! La grammaire. d’en faciliter la lecture. l’arcane universel. n’écrire que pour ceux qui savent et leurrer les autres ! Ainsi fait-on parler le " Christ " dans les Evangiles. de plus. patients. Kings. mathématiciens. de 48 . et c’est pourquoi on l’a appelée l’Art Sacerdotal ou Sacré. un substratum positif qui est l’assise des sanctuaires de tous les cultes répandus sur le globe. Avesta. En épinglant ces quelques pages de commentaires aux planches allégoriques du Mutus Liber. même de nos jours. le ressort magique des religions. les mathématiques. la chimie et le reste ne deviennent accessibles qu’après de longs et pénibles efforts. N’est ce pas ici le lieu de rappeler la méprisante apostrophe d’Artéphius et les avertissements hautains des Adeptes qui déclarent. reconnu dans le catéchisme comme l’apanage des Pontifes . les livres hermétiques ont toujours été publiés librement avec la licence des autorités civiles et religieuses. ne s’opposait à la diffusion de ces libellés écrits en langues connues. et non aux curieux. et cependant ces allégations peuvent sembler gratuites. les " gentilshommes verriers ".est l’alchimie sur tous les plans: physique et métaphysique. exacte. dira-t-on. et sa divulgation complète est appelée à bouleverser de fond en comble les institutions humaines. Rien ne serait." Vous ne devez pas savoir pouvoir faire de l’or ! " Lui dit-on d’un air comminatoire.et pour cause ! . elles se sont déplacées.et au milieu de quelle stupeur que l’Administration de la Monnaie aurait saisi. 49 . pourquoi l’or est-il devenu si rare que la vie sociale en est comme paralysée ? Les espèces ne se sont pas volatilisées. sur d’innombrables épaules. qui reposent sur le mensonge. sans autre forme de procès . Seulement.l’Ed. et avec quel faste. partant. quelque éminence grise qui tire les ficelles! Le fameux " Galetas du Temple " n’est peut-être pas si aboli qu’on le suppose. Mais dans ce cas. Le savant Girtaner l’a annoncé en basant son opinion sur des lois ignorées. en le renvoyant les mains libres. et il y aurait un livre surprenant à écrire sur les filigranes des billets de banque et les sigles des pièces de monnaie. et ou l’occulte redeviendra manifeste comme il le fut jadis. mais on ne frappera plus de pièces d’or.la production d’un alchimiste contemporain: . la ruine mondiale. et qui peut prévoir la charte de demain ! Toutefois. dans la coulisse. de doigts et même de jambes dont d’élégance et l’esthétique laissent parfois à désirer. On tirera donc des billets à tour de bras. mais certaines: " Au XXème siècle. le monde tourne vite. l’heure est proche où la science réclamera intégralement tous ses droits. Et il semble bien. L’alchimie est la clef de toutes les connaissances. ce n’est point que l’or manque : il s’étale ostensiblement. C’est paradoxal. mais assez médiocre au sens philosophique. à un statu social tout différent de celui qui nous régit. la surabondance en entraînerait l’avilissement. évidemment. Et pourtant. la Chrysopée sera dans le domaine public ". mais vides. Si la frappe en était licite aux nations qui ont épuisé leurs réserves normales. autour de poignets.)] on a laissé dire . qu’il y ait encore. plus facile pour l’Etat que d’échanger son papier contre de la matière précieuse et de mettre les " coins " à l’œuvre. dit un adage. Cependant. Les rois règnent. mais c’est la vérité. La politique des peuples est réglée par un pacte métallique secret qui ne peut être violé sans entraîner les plus graves complications internationales. ce serait la mort des affaires. mais ne gouvernent pas. pour les rétablir dans la vérité. " Or est qui or vaut ". mais nous allons fort. par moment. C’est pourquoi la production " naturelle " de l’or est elle-même limitée. si l’alchimie se bornait uniquement à la transmutation des métaux. L’étalon fiduciaire n’offrirait plus aucune garantie et équivaudrait à de la fausse monnaie. En réalité. une trop grande lenteur dans ce retour peut avoir des conséquences incalculables. ce serait une science inappréciable sans doute au point de vue industriel. il n’en est pas ainsi. Est-il donc défendu d’être savant ou alors l’alchimie serait-elle un secret d’Etat ? Cela n’emporterait point cette conclusion naïve les ministres qui se succèdent soient au fait de la Kabbale. si bien qu’on refuse la concession de nouvelles mines et jusqu’à son extraction à pauvre rendement des sables fluviatiles et autres. suivant un aphorisme célèbre. et il faut attendre qu’elles reviennent à leur point de départ par un mouvement économique inverse. L’équilibre financier serait rompu. Il y a donc à cette éclipse momentanée du numéraire or une raison profonde fondée sur la sagesse. Cet événement considérable est subordonné. ait été Fulcanelli : 50 . Et même encore plus loin. qui fut achevée d'imprimer le 23 juin 1914. Le Mutus Liber se compose de quinze planches d’emblèmes.Mutus Liber. nous devons. parole. La pratique de Philalèthe. donna la naissance à 285 exemplaires. mort en 1926. nous signalerons les traquenards à mesure qu’ils se présenteront sous nos pas. l'envoi manuscrit sur la page de faux titre. avant d’entrer en matière. compte parmi les fictions les plus subtiles et les plus perfides de la littérature hermétique. en introduction à l'analyse de la Porte alchimique de la villa Palombara : "Magophon. si ce n'est que nous traduisons ces petits vers latins. si on sait l’isoler de ses alcaloïdes pernicieux. en quelques pages. au contraire. en fac-similé. c'est la voie du mage : magou. pour la première fois. même si nous ne pouvons pas partager ses vues quant à la possibilité même des transmutations. Le cas échéant. la " Philosophie ne leur est pas idoine ". écrire un traité technique. est un effet de l’art. celle qui dit par les mots du coeur et de la finesse d'esprit ce que d'aucuns voudraient ne prendre qu'à la lettre. Cela sans commentaire. et disposés dans un de ces beaux désordres qui. avant de prendre charitablement le lecteur par la main pour le conduire dans les inextricables méandres du labyrinthe. suivant le précepte de Boileau. phoné. simplement pour détromper ceux qui veulent que le libraire-érudit. Canseliet. qui nous est présentée sous des dehors aimables et persuasifs. les unes véridiques." Nous sommes dans l'ensemble d'accord avec ce qu'écrivait Pierre Dujols. en 1702. mais comme le poison recèle quelquefois son antidote. nous possédons le numéro 22 dont Pierre Dujols fit hommage à notre Maître et dont nous donnons. du mage et jwnh. mais que nous ne pouvons. la troisème depuis 1677. inutile qu'ils s'attardent sur l'alchimie. car. Ce n’est pas qu’il n’y ait plus rien à y ajouter.cette édition. numérotés et paraphés par Emile Nourry. Auquel cas. Comme notre désir est d’être utile aux chercheurs. Le pseudonyme dissimulait Pierre Dujols de Valois qui rédigea. Parmi ceux-ci.Ces considérations préliminaires nous ont paru opportunes. voix. magou. si l'on veut bien entendre que la cabale hermétique a pour base une forme rare de poésie. après celle de Jean-Jacques Manget. La plupart des manipulations indiquées dans ce recueil de symboles se trouvent assez bien décrites par le plus notoire des philosophes. Voici ce qu'écrivait E. les autres sophistiques. Loin de là. mais la raison a ses bornes là même où commence la poésie. une excellente explication des planches du Livre muet . dans L ‘Entrée Ouverte au Palais Fermé du Roy d’Eyrénée Philalèthe. Ce n'est pas que nous ne le souhaitons pas. orienter le disciple vers l’ouvrage qui semble le mieux correspondre aux figures du Mutus Liber. Elle renferme cependant la vérité. comme le dit Magophon. 1979] Pierre Dujols de Valois (1862-1926) Pierre Dujols était persuadé que l'alchimie spéculative était incomplète et trompeuse et que les textes. où il gisait perclus. souffrant d'une arthrose . déclare Canseliet. âgé de 64 ans. Il répondit un jour à son ami Paul le Cour. .Et scellée pour les sots. revêtaient des significations plus profondes." [Deux Logis Alchimiques. Pauvert.Ouverte aux ingénieux. qui voyait l’alchimie comme une ascèse intérieure : « qu’il était complètement dans l’erreur et qu’il ne pouvait pas comprendre l’intellectualisme hermétique sans travailler sur la matière. .Je t'offre cette lecture Pour nous élucidée. "Je l'ai salué quelquefois. non pas par leur ésotérisme avoué mais par leur exotérisme caché. Pierre Dujols devait décéder. de même que les images. entr'aperçu sur son grabat." 51 . peu après qu'il eût terminé de lire Le Mystère des Cathédrales. ses genoux restaient en angle et lui servaient de pupitre. quitter la position assise. par conséquent. Il ne pouvait pas plier les genoux ni. quand il s'étendait.comme Scarron. Alors. le soir. que la terminologie hermétique ne pouvait être remplacée par une terminologie scientifique » Le 19 avril 1926. le hasard a voulu que M. à agrandir en cliquant dessus.]. en miroir de celui que propose Dujols dans son Hypotypose . publié aux éditions Le Lien. Nous donnons d'autres planches. après tout. Serge Hutin Il était tentant de reprendre le travail de Hutin à propos du ML. non pas in extenso car il y aurait eu de nombreuses redites. 52 . en couleur.sauvage/telechrg/mutus. Hutin (1927-1997) fut un hermétiste de haut vol et qu'on lui doit plusieurs ouvrages d'importance sur l'Art sacré dont un Que Sais-je sur l'Alchimie. [pour la commodité de la consultation. vous trouverez d'abord les planches en vignettes. Rappelons que S.wanadoo. Hutin soit né l'année qui a suivi celle de la mort de Dujols. en remployant les notes de Hutin. Nous avons donc amplifié l'analyse consacrée à chaque planche. Chaque planche est ensuite commentée. à Maizière-lès-Metz en 1966.pdf. mais en faisant ressortir l'acuité de ses remarques concernant tel point qui aurait pu nous échapper ou tel autre qui aurait dû mériter un développement spécial. et peut être agrandie de même.Nous ne saurions passer sous silence le travail de Serge Hutin [SH] sur le ML. au regard de nos commentaires propres. récemment réédité.fr/pensee. dans la section des gravures. Le texte de Hutin peut être trouvé dans ce site : http://perso. Cette matière est formée de deux substances. le Mutus Liber [ML] peut être disert à un étudiant qui a lu ses textes. La relation à l'airain ne fait aucun doute là-dessus. 5. 53 . 6. Explications concernant les opérations qui se déroulent aux planches 4. La planche 4 montre comment on obtient la première matière. 7 et 10 Pour un livre muet. Posons d'abord que le ML est constitué d'une série de planches formant l'oratoire et d'une autre série formant le laboratoire.planche 1 planche 2 planche 3 planche 4 planche 6 planche 7 planche 8 planche 9 planche 11 planche 12 planche 13 planche 14 II. celle qui donne accès au Mercure commun. La planche 1 sert de portique et montre que c'est du Mercure qu'il sera question ici. par trois couleurs. que le couple recueille dans de larges bassines. qui correspond à un sel en forme de D et sans doute de nature mercurielle. là encore deux produits. on mêle l'esprit obtenu précédemment et le Mercure commun qui a été calciné. A la fin de la planche 6. malgré une section entière. La vignette au-dessous montre les trois chiffres romains : VI . Les planches 8 et 11 ont un rapport évident avec la planche 2. ainsi que semblent le montrer les planches intercalées. vient la planche 10.X qui correspondent au triangle de feu des 54 . parce qu'il faut passer par des réitérations de la même technique. de part et d'autre de Jupiter. Enfin. notamment les deux couples 8 9 et 11. C'est manifestement la voie humide qui est ici exposée. tandis qu'aux planches 8 et 11. La planche 14 semble être comme un mode d'emploi. La réunion des deux fournit une substance liquide [ou plus exactement pâteuse. On doit passer.II . en débutant par le noir. objet de la sublimation philosophique]. L'esprit. Le matras est disposé ensuite dans l'athanor philosophique et la Grande coction démarre. La planche 6 montre le recueil de la substance après qu'elle a été mise en digestion au bain de sable. Il y a trois coctions. qui s'est condensé dans le gros ballon qui correspond au récipient est ensuite mis au fourneau au bain de sable. à la planche 2. dévoiler autant que nous l'aurions voulu. La planche 13 ne diffère de la planche 10 que par les chiffres qui apparaissent en bas et à droite. L'opération entière semble plus complexe que celle qui a été décrite. Le tout est mis en calcination et on recueille un troisième sel. là encore purement idéalisé : il s'agit du Mercure commun. Ce sel fait l'objet d'une première calcination à la planche 5. figuré par une | et l'autre sous forme d'un autre esprit qui va se condenser dans le récipient.. On prend le Soufre qui correspond à la | que l'on joint à ¯ qui correspond au double Mercure. le Mercure D est mis à calciner au fourneau dans un pot.12. On recueille un premier Caput mortuum. C'est ce qu'exprime la scène de l'oratoire du bas de la gravure où l'on voit Saturne dévorer son propre enfant. l'un sous forme d'un résidu qui correspond au Soufre.l'une voilée par la figure d'Arès et l'autre par celle de Vénus-Aphrodite. Le tout {|¯} est pesé selon les proportions requises et mis dans un matras qui est scellé au feu de lampe : ce serait le fameux sceau d'Hermès. C'est la partie supérieure qui diffère en ce que. puis le blanc et enfin le rouge.. Vient la planche 7. Le matras ouvert est disposé au fourneau à réverbère et va donner. La partie supérieure montre trois tours qui correespondent à l'athanor. nous apercevons le Mercure philosophique et les aigles qui indiquent une sublimation. les acteurs hermétiques nous sont en quelque sorte présentés.. Dans un premier temps.. idéalisée par la rosée de mai. celle que nous n'avons pu. sous forme d'une ¯ qui correspond au double Mercure. Ils indiqueraient le pouvoir de multiplication de la teinture. jusqu'à présent. selon la tradition. astrologues. allongé sur le côté droit sur une roche . car la température s'élève bien au-delà de 500 °C et le matras volerait en éclat. Mais il y a d'importantes indications à retenir concernant les questions de la séparation. et Fulcanelli la commente ainsi : "Maintenue entre ses genoux et appuyée contre sa poitrine se dresse l'échelle aux neuf degrés . avec respectivement : Lion . en haut. Mutus Liber planche 1 L'échelle des philosophes sépare en deux parties cette image.Bélier . la lune en son dernier quartier.. L'échelle se retrouve à la planche II du Myst. III. deux anges sonnent de la trompette . au cours des neuf opérations successives du labeur hermétique. il serait excessif d'observer dans ces gravures allégoriques le travail réel pour la voie humide.. encadrée par des branches de rosier . de la conjonction et de la sublimation.hiéroglyphe de la patience que doivent posséder ses fidèles." 55 . zodiaque alchimique]. Si l'on fait l'hypothèse qu'il y a concordance entre les tours et les 3 séries. En résumé. mais alors on ne comprend plus pourquoi c'est la voie humide qui est exposée.Sagittaire [cf. un dormeur est étendu.scala philosophorum . la quenouille serait peut-être l'indice d'un feu qui doit être dosé en sorte que le contenu soit dans un état filant. n° 2516 (166 S. comparable à Cronos . supporter] qui est une indication sur l'un des deux principaux corps dont est composée la pierre : le patient d'abord. car quiconque persévérera sans orgueil et sans envie. déplorer une perte] qui nous renvoie aux pleurs des mères du massacre des Innocents de N. friable et qui présente parfois des points colorés qui signalent une partie vitriolique. Nous avons identifié ailleurs le patient à une Terre et l'agent à une chaux métallique qui est la teinture de la Pierre. Maier en son Atalanta fugiens. représentent le temps hermétique de la Grande Coction [Léto souffre pendant neuf jours et neuf nuits les douleurs de l'enfantement. L'envie doit être comprise dans le sens de désir [regretter. L'orgueil ou la fierté [ferus] traduit un caractère sauvage. terre] nous indique qu'une substance ne s'élève pas du fond de la cuve lorsqu'elle est maintenue en solution : autrement dit. se cache le dissolvant universel à son stade premier . sous l'humilité.A. il s'agit là d'une indication sur le travail du 3 ème oeuvre. nous dit Valois [Oeuvres de Nicolas Grosparmy et Nicolas Valois. une bonne analogie avec le sanglier de Calydon]. c'est-à-dire à l'époque de l'introduction du Corps et de l'Âme dans l'Esprit [comprenez la dissolution du Sel et du Soufre dans le Mercure]. au grand portail central de Notre-Dame de Paris. Mss. limoneux » que les Adeptes emploient pour désigner la pierre des philosophes.L'Adepte commente ici l'échelle de la Philosophie. L'une des gravures du De Lapide Philosophorum de Lambspinck [gravure 2] illustre parfaitement le devenir de ce dragon. Il signifie dans une première acception l'une des matières premières qui se trouve dans un état feuilleté. en son début. par infusion des Soufres. C'est la classique allégorie de l'état « humble et modeste » ou du caractère « boueux. c'est alors l'équivalent de la terre feuillée des Sages qui doit être ouverte avant que l'or puisse y être « enté ». 56 . il s'agit de la stricte vérité puisque. Lorsque Nicolas de Valois dit que l'humilité est la porte du jardin. Son animation. cruel et se rapproche par assonance de ferrum [le fer. dont l'animal fétiche est le cerf. est un symbole ubiquitaire." Essayons de décrypter les mots-clefs . Dieu lui fera miséricorde. Les neuf opérations. appelé aussi Mercure commun. non cultivé mais aussi grossier. qui est le Corps ou Sel. Dans une seconde acception. L'agent ensuite. le dragon écailleux est le symbole du Mercure. Flamel.)]. biblioth. elle précipite. à une phase avancée de la Grande coction. Et d'ajouter : "La patience est l'eschelle des Philosophes. et l'humilité est la porte de leur jardin .Lion vert -.F. d'ailleurs. la patience renvoie à patio [souffrir. de l'Arsenal. qui est le Soufre rouge et dont l'animal symbolique est la licorne. enfin. le transformera en Lion rouge. au sens de glaive ou d'épée mais aussi au sens de rouilleà ferre] . L'humilité [humilis] de humus [sol. Ce dragon. là où le chevalier doit combattre le dragon écailleux qui figure le Mercure [on peut trouver dans l'emblème XLI de M. De sa compréhension dépend tout le succès de l’Œuvre. Canseliet. mais à l’artiste profane qui. qui s'apprêtent à éveiller le dormeur. Ce ciel serein est aussi celui de la rosée de mai. cette allégorie se rapporte aussi à la dissolution des deux principes dans le Mercure philosophique et au laiton que certains auteurs ont appelé l’airain. sans s’en douter. dans la reproduction des figures. nous l'avons montré dans la section de l'Olympe Hermétique. cette scène se rapporte évidemment au Lion vert. A côté du dormeur. sur une échelle . un ciel nocturne propice au repos : les étoiles brillent et la lune découpe sa corne d’abondance. Un doute subsiste dans l'interprétation du quartier lunaire dans la mesure où certains critiquent ont indiqué que la lune devrait plutôt être à son premier quartier . On connait une autre version de cette planche où l'on voit. sont hiérarchisés en trois triades. Car cette scène n'est qu'une allégorie de l'animation du Mercure et nous donne le sujet du ML. arbitre suprème dont le rapport avec Thémis est des plus étroits. Une eau limpide s’en épanche avec des reflets métalliques. nous les voyons. la grande inconnue du problème . non loin d'une nappe profonde qui alimente. un lourd contresens. que : ". sans qu’il soit nécessaire d’insister davantage. qui symbolise le dissolvant. c'est-à-dire à animer le Mercure. Et c’est déjà un grand point que de le signaler. est vraiment capitale.. Magophon nous a donné l'interprétation suivante : "La première. De cette première planche. où elle accoucha d'Apollon et d'Artémis. Cette page initiale comporterait une critique non imputable à l’auteur instruit. a commis." On ne saurait en vérité mieux parler du Mercure philosphique. C'est l'opération de la transformation du Lion vert en Lion rouge qui est symbolisée.i. Il s'agit probablemant d'un sel alcalin. Les roses doivent être rapprochées de « nitri flore » qui désigne la fleur de nitre. Le ciel étoilé et serein renvoie évidemment à Jupiter. une énorme roche lui servant d'oreiller. d'après E. un homme endormi sur un roc où végètent des kermès rabougris. qui sert de frontispice. L’Homme endormi est le sujet de l’Œuvre. Ce dormeur est sur le point d'être réveillé au son de l'airain. avant le début de la coagulation. La Lune en son premier quartier.e. paresseusement étendu. nous nous rangeons à cette vision dans la mesure où le travail va commencer. le ruisseau coulant à ses pieds. Ces anges. On y voit. en chute vive.. Les gloses hermétiques en avertiront le disciple qui ne jugera pas inutile de s’informer. Au-dessus. Quel est ce sujet ? Les uns 57 . On en récoltait jadis en Egypte et en Macédoine. Léto ou Latone fut assez heureuse pour aborder l'île de Délos. dans un cartouche formé de deux rosiers entrelacés. autre nom de Diane aux cornes lunaires] et les Anges.deux anges sonnent de la trompette pour le réveiller.l'alchimiste sommeille. désigne le Mercure philosophique.l’Escalier des Sages . alors que la Lune dans son dernier quartier désigne le Sel des philosophes. qui selon le pseudo-Denys. Certains prétendent que Dujols. Le secret du magistère est d’en dégager encore le soufre et d’en utiliser le mercure. si on sait dûment le préparer soi-même . Certains artistes prétendent s’adresser ailleurs pour cet effet. On ne greffe les arbres ni on ne sème le grain en toutes saisons. et d'autres avec le sublimé corrosif. le libraire-érudit. dénommée " la belle d’argent ". puisqu'ils oeuvrent avec le « Dragon rouge ». porté par les anges. Pour nous. la noix de galle et l'étain grenaillé. 1969] : 58 . Il est certain que l'on trouve dans son Hypotypose des passages qui évoquent fortement Myst. ce n’est pas pour rien . et deux autres excellents adeptes sont connus sous les noms de Grand Paysan et de Petit Paysan. qu’il y prêtera l’oreille en vain. Pierre Dujols] Pierre Dujols. alias Magophon. le travail de l’homme est inutile.. s’il n’est nourri lui-même des Saint Lettres. Quoi qu'il en soit. et encore de nos jours. jailli de ce corps que les Sages appellent la Fontaine des Amoureux de Science. Alors. Cette hydrargyre vient-il du cinabre ? Voilà une grave question à laquelle beaucoup d'apprentis alchimistes. celui qui parvient à ouvrir le rocher avec la verge de Moïse. mais qu’il sache. qui semble vraiment sourd aux clameurs des buccins. et ce n’est pas une hyperbole. et non sans raison. et nous ne nierons pas que l’hydrargyre de cinabre puisse être de quelque secours dans le travail. chaque chose a son temps. les messagers de feu. Sans le concours du ciel.disent que c’est un corps . Cette première figure a aussi été commentée par Armand Barbault dans son Or du Millième matin [J'ai Lu. la confronter avec les apologues en langue vulgaire. un des plus grands auteurs a signé ses écrits du nom d’Agricola. Puisse-t-il être assez heureux pour entendre lui-même la voix du ciel . mais on ne doit l’employer qu’à bon escient et à propos. On nous demandera. sans lequel l'hydrargyre philosophique ne peut se manifester.. Le disciple devra donc méditer longuement sur cette première planche. mais certaine. C’est un souffle divin qui agit de manière invisible. sur cette pierre abrupte fleuriront les deux roses qui pendent aux branches de l’églantier. la matière qui donne le sel ( de sel pour sal et agere produire ). Et qu'un sulfate [ou un sulfure] est nécessaire à l'oeuvre. et ce n’est pas une mince confidence. du cinabre. auparavant. L’Œuvre philosophale est appelé l’Agriculture Céleste. C’est le mystérieux selage des Druides. Cette planche 1 représente l'allégorie du réveil du Mercure. quel verbe magique est capable d’arracher aux bras de Morphée notre Epiménide. car une eau." [Hypotypose. Les uns et les autres sont dans le vrai. en savent déjà assez sur le moyen de préparer le Laiton. L'évocation du kermès [voir ce terme en recherche] n'est pas innocente et ceux qui savent l'analogie qui existe entre le kermès. a trouvé la première clef opératoire. et que le style de Dujols se rapproche étrangement de celui de Fulcanelli. il est facile de voir que ses propos se rapportent à la préparation du Mercure. semblent avoir répondu de manière positive. l’une blanche et l’autre rouge. manie la cabale hermétique avec une dextérité consommée. Ce Verbe vient de Dieu. aurait pu être Fulcanelli. d’autres affirment que c’est une eau. car tout est dans tout. & Pomis Paradisi. Coloniae. pp. II. pp.. De Lapide Philosophorum. III. subdivided into seven sections. I should incline to the belief that Borel had made a mistake in the date. Were they ever printed? In the first edition of the first part the introductory dialogue was somehow left out. 186-234 . Quant au son de la trompette. II. 1531 (q. 16). pp. AGRICOLA (Daniel). Authore Agricola Philopistio Germano Coloniae. 71-111 . Alchemie 1832. Barbault n'évoque pas le kermès. Quant à l'Artiste qui signait ses oeuvres Agricola. Printer to the reader (explaining the deceptive title). 1654. 289-349. Galerazeya. pp... II. c'est évidemment une allusion au Clangor Buccinae [parfois attribué à Guido de Montanor. 585-619 . Borel is copied by Dufresnoy (Hist. 1-173. which was copied by subsequent writers. II. pp. and is ascribed to "G. 147-165. Index and Errata. attribuée à Grasseus [l'Arche ouverte ou Arca arcani in Bibliothèque des philosophes chymiques. [8] The remaining two parts (with their introductory dialogues) are not contained in this volume. who identifies the author with G. Notons encore une allusion à la Cassette du Petit paysan. 93.vous y verrez un personnage curieux. IV. pp. endormi au creux d'une petite colline. Agricola the metallurgist. Cette figure. Hermétique. Apud Petrvm Metternich. called Lapis Philosophorum. also to Agricola the metallurgist. iii p.. This is considered an alchemical book. 24°. but that his books though printed then did not attract notice till after he had 59 . produit également le son que l'autre ange doit faire entendre à l'Adepte. BCC.v. outre qu'il s'agit de l'échelle de Jacob. L'Escalier des Sages. pp. p. 1531.. pp. De Alchimia opuscula. origin and occasion of the book. Artis Auriferae. Part I. C'est donc une indication précise que nous donne Dujols : ceux qui ont lu Myst. The ascription of the book to George Agricola. f. pp. 18-92: Contents. Agricola Philopistius" by Borel (Bibl. vol. f. p. 101-135] et l'Escalier des Sages de Barent Coenders van Helpen [voir gravures]. BCC. pp. 2 . I. but now in the second edition It has been put in its right place (p. placé sur l'échelle de Jacob. constitue un clin d'oeil aux Amoureux de science qui y reconnaîtront deux ouvrages majeurs : la Scala Philosophorum [Guido de Montanor. This volume contains: title. 134-147. pp. Artis Auriferae. but makes additional difficulty by ascribing the Rechler Gebrauch d' Alchimei.17. pp. consisting of the contents. and the statement by Schmieder that Agricola had pursued Alchemy in his youth. and if it were not that reference is made in itself (p. Cet ange. Chemica. il ne peut s'agir que de Daniel Agricola. first part of the Galerazeya. De Auro potabili. first dialogue of Daniel and Joachimus. pp. situé lui. who gives "Lapis Philosophorum" as an alternative title and the date. TC. 4).. reçoit l'écho d'un autre ange. 16) to a previous edition. I. De Arabico Elyzir. BCC. prope Augustinianos Anno M. sauront l'apprécier à sa juste valeur. de la Phil.". 294-323]. dans sa trompette. None of these writers mentions the 1631 edition. 9-14. 19-69]. 82. adding the date 1534. I. 3-8. 269) copies from these writers. Philopistius. 15. d. placée à l'intérieur d'une couronne de roses. au sommet de l'échelle et qui." A. 24°. 1 blank).. VI.. tandis qu'en songe il perçoit le son de la trompette d'un ange qui lui apporte l'Annonciation. 109. Voici ce qu'en dit Ferguson. Schmieder [Gesch.XXXI.). Köln. 173 [8. I. II.. 1742. vol.102. De Alchimia opuscula. doit être méditée par quiconque désire entrer dans la citadelle alchimique.DC. Siue Revelator Secretorum.. After Daniel and Joachimus had lived together for so years. Agricola that it is as well that the account it gives of itself should be known. travel. however. The book is not by George Agricola. came to the town where Daniel was. 41) that these works are erroneously ascribed to him. say in 1580. then he was alive twenty-five years after George Agricola was dead. after long study and making great acquirements. and. says (Die Alchemie. The book hardly merits so much notice. If Schmieder's statements about Agricola's youthful alchemical studies and publications were correct. and does not seem to have been alware that the book does not deal with Alchemy at all. The author or editor confesses frankly that the title is an ingenious one. both for the guidance of others. and in memory of Daniel himself. Joachimus then committed his teaching to writing. before George Agricola was born. The origin of the book is described in the introduction and first dialogue. 1886. or Georg — Agricola Philopistius. most likely it was printed by Egenolph at Frankfurt 2. and signifies faith in the Roman Catholic church. 3. so that those who buy or read the book in the hope that they will learn now to make gold. If the book was published in 1531 and Daniel was alive 50 years before that time. i. Daniel died calmly at the not immature age of one hundred and ten years. say in 1480. p. and the Galeraseya were one of these printed in 1531. but it has been so persistently ascribed to G. will not stand investigation. After an absence of 60 years. The author (Daniel Agricola). though he is not correct in saying that the Galeraseya is by a G. The dates now given will not suit George Agricola under any circumstances. The Rechler Gebrauch d' Alchimei is a book of miscellaneous receipts and treats very slightly of transmutation.' as Schmieder gives it 4. was settled at Chemnitz. 6. but he quotes Schmieder as to the meaning of the word (Ibid. 'lover of the faith. 5. ii.become otherwise distinguished. it is very small for its age. The Galeraseya does not treat of Alchemy at all. and it was recommended to be used for converting heretics. "esca in hamo. therefore. will find that they have acquired instead a pearl of priceless value. If Daniel flourished 50 years prior to 1631. Agricola. but is a book of Roman Catholic controversy and beliefs. This work came into the hands of the writer of the preface. called Joachimus. and was a man of distinction for scholarship. The Lapis Philosophorum spoken of is entirely symbolical. whoever he was. who had wasted his substance in searching for the philosopher's stone. 1. he must have been ten years old at least." is mere nonsense. not a youth. meditation. Agricola at that time was thirty-seven (possibly forty-one) years of age. who was living in Germany some 50 years before the date of the book. instruction. he returned to Germany. at the age of 30 travelled over all the world and learned all he could. and was forsaken of his kinsfolk and acquaintance. it is not about Alchemy. and he had already published the Bermannus. and the current errors rectified. If the Galeraseya be the result of a hundred and ten years' study. Kopp. and as luck would have it met him and told him his sorrows. A young men. Revenons un instant sur la planche 1 : SH rappelle 60 ." as he says. so that Schmieder's derivation of the name from galeroV and azo meaning the'' fortunate " or "joyful blackness. The whole story seems to be fictitious. Daniel consoled him and promised that he would reveal to him the true stone. the place of printing is not given. The nominal author is Daniel — not G. possibly fourteen. 339)." and referring to that product of "putrefaction" which the alchemists called "caput corvi. a bait to catch readers. ' lover of enquiry or research. p. who had it printed. although its date be 1531.' — not Philopeusles. the gold that perisheth. quo pisces capiuntur. Quand ce ne sont pas des rêves. III. Alchimistes Grecs. III. plongé dans un grand découragement. à peu près comme elle pourrait se présenter dans un rêve réel. Theatrum Chemicum Britannicum ainsi que : Compound of Alchemy et Ripley Scrowle]. Il joue le rôle de psychopompe c'est-à-dire de transporteur d'âme. 13] être l'une des formes du Mercure. : l'esprit sortant 61 . je fus pris du désir de gravir les sept degrés et de contempler les sept châtiments : et. op. éclipse du MOI.opportunément cet ouvrage de Bernard Le Trévisan. c'est-à-dire le degré de coction permettant d'éviter de brûler les fleurs [autrement dit d'éviter que l'Esprit ne parte en fumée avec le qui y est infusé]. je perdis complètement mon chemin et. comme il convient. à commencer évidemment par l'échelle de Jacob. Albin Michel. p. C'est là que le prêtre Iwn apparaît à Zosime. En m'y reprenant à plusieurs fois. ne voyant pas par où sortir. trad. Voilà qui nous rappelle la parabole du labyrinthe de Salomon dont Fulcanelli assure qu'il faut non seulement savoir accéder à la chambre centrale [le sel fixe ou sulphur ] mais encore trouver la sortie. Au retour. « La conception primitive de l'alchimie apparaît sous une forme dramatisée dans la vision de Zosime. les visions de Zosime. cit. je tombai dans le sommeil. Ce morcellement de la conscience qui consiste en une progressive domination de l'inconscient sur le conscient trouve évidemment sa résultante dans le sommeil. Citons l'une des gravures de l'Alchemia de Libavius [Tractatus quartus De Lapide Philosophorum. c'est le véhicule du ou spiritus corruptus. je parcourus le chemin de l'ascension. en un seul des jours. t. Racines de la Conscience. Pochothèque] Jung ajoute que dans la première version de la Vision. Phil. 2] dont le nom Iwn peut. le prêtre se soumet volontairement au sacrifice qui se trouve accompli par le hiérourgos [celui qui opère l'action sacrée] : il transperce Iwn de son épée. le Songe Verd. par le biais de la forme Merqûlius ou Marqûlius [il s'agirait d'un Sabéen]. 189. je me trouvai enfin sur la route. à ce qu'en rapporte Jung [Psychologie du Transfert. 56]. Ce petit écrit fait partie de ces textes où le héros est endormi et fait l'objet de ses songes. Pour l'alchimiste. L'attention est attirée par la droite ligne de l'aller. n. » [Jung.. citons d'autres exemples comme l'Hermès Dévoilé de l'Adepte Cyliani ou encore la Fontaine des Amoureux de science de Jean de Meun. p. Berthelot. V. 129. L'un des passage des Visions de Zosime peut être mis en relation avec la planche I du ML : Avec peine. 1 Ces degrés doivent être rapprochés de ceux de plusieurs planches. l'ascension ne posant guère de problème tandis que le retour est marqué par l'installation de la confusion. C'est ce que l'on aperçoit sur la gravure 8 du Ros. Buchet Chastel] ou celles de Ripley [voir Ashmole. ce sont des visions : celle de Zozime que Jung a analysée dans ses Racines de la Conscience [trad. Zosime voit un prêtre blanc [Berthelot. p. comme dans l'homme. p. il n'y a pas de l’humidité et de la sécheresse. De Lapide Philosophorum. sermon XXXV. 365 Voyons les rapports entre la planche I du ML et la figure 12 du De Lapide Philosophorum de Lambsprinck. « La noirceur rougeâtre apparaît. elle n'est plus soumise à la fuite. 1990] jusque dans ses dernières oeuvres en relation avec l'Art sacré.du corps correspond à l'entrée du labyrinthe. Albin Michel. mais en tout cas. Cet esprit et âme. Mais. elle se rassemble avec son conjoint et fait des prières sincères pour prendre sa couleur et pas seulement un ornement. Normalement. les philosophes l'appelèrent vapeur. depuis ses premiers écrits [Introduction au Yi-King. encadrant la . C'est le cas du ciel étoilé du ML que l'on retrouve à droite. trad. et elle tombe en maladie et en rouille. notre œuvre que les envieux ont caché n'est que vapeur et eau » [Turba. avec une monnaie qu'on leur donne. duodecima figura. Il faut nous attarder un peu sur un point. Dans le couple d'idéogrammes notés entre {}. in Synchronicité et Paracelsica. Ambiguité que l'on retrouve par exemple chez Jung. nous avons fait figurer l'animus avec. Ainsi. en exposant. Le sommet de la montagne est à mettre en relation avec la dépuration du . Musaeum Hermeticum. ils ne sont pas indépendants [voir Ripley Scrowle]. puis quand elle est libre. C'est à propos de l'ambiguité entre animus et anima . version 1] 62 . le Mercurius. Le rêveur trouve sa forme projetée dans le couple { } du sommet de la montagne là où le ciel se fait couleur d'azur [ioV]. Non pas que les concepts d'esprit et d'âme soient confondus. puis meurt par la putréfaction. que nous avons déjà relevé dans l'analyse des aquarelles de l'Aurora consurgens et qui trouve ici un intérêt renouvelé. 1678. Ils dirent aussi que ce noir humide était exempt de souillure. ils deviennent de l'or. V. limoneuse et fertile. Diodore de Sicile [Histoire Universelle] en parle comme des crues du Nil pour visualiser cette vague déferlante qui apporte la terre noire. 7286]. La Turba XXXV. qui ensemence la terra alba foliata. coupe-la en deux. DES ORIGINES DE L'ALCHIMIE ET DES OEUVRES ATTRIBUÉES À DÉMOCRITE D'ABDÈRE. Il est d'habitude signalé aux impétrants comme un aigle.I.U. JOURNAL DES SAVANTS. dans Petrus Bonus [Pretiosa Margarita Novella]. Lat. sous forme visqueuse et encore corrompue . -. 169 v° et 170. vol. mets ta main dans l'intérieur et tires-en le cœur. l'Esprit est encore maître des lieux [vas naturae : vase de nature. I) Il s'agit d'une allégorie sur le mystère de la sublimation. est encore la seule disponible en français [in Salmon.M. l'autre dans le Speculum veritatis [XVIIe siècle. pp. Bibliothèque des Philosophes Chymiques. » (MS. qui renvoie par effet de miroir l'image corrompue du prêtre blanc Iwn. Bibliothèque Apostolique du Vatican. L'iconographie nous montre au moins deux représentations du hiérourgos.SEPTEMBRE 1884 . 2327 fol. Du moins. alias huile de verre].I. prends-la.T.ce qu'exprime le vocable spirituel -. i. Voir Berthelot. L'une.L. car son âme est dans son cœur. I.1 est un commentaire sur l'or alchimique car la noirceur rougeâtre annonce l'horo aura [voir Aurora consurgens] et la rouille n'est autre que l'ioV. ainsi que Zosime le tire de la bouche d'Ostanès : « Va vers le courant du Nil.R.in Idée alchimique.E.Il est difficile de tirer le grain de l'ivraie de cette version abominable de la Turba [BCC. II. tu trouveras là une pierre ayant un esprit.e. Dans cette partie de l'opus correspondant à la fin de la nigredo . malheureusement. Cod. 445-465] qui. ou oelum vitri.O. que nous avons évoqué supra. l'essentiel peut-il être retrouvé « vapeur et eau » ou si l'on préfère « spiritus & vapor ». 1-55]. 63 . pp. il est assez 64 . Ce n'est pas tout : « Que Diane ici te soit propice. » [Introïtus. XXXV. VI]. À droite. 1. nous sommes d'un autre point de vue [voir Symboles et Introïtus. c'est-à-dire au Rebis.. VI] Telle est la bénédiction du Philalèthe.aesculus . Aes prend aussi le sens de solde [aes militare par exemple] expliquant d'ailleurs l'une des planches de la Philosophia Reformata de Mylius [gravure 28] : d'où l'allusion à la monnaie dans le sermon de la Turba. Le hiérourgos est représenté par l'élément il transperce de son épée le Mercurius senex contre le chêne. Rappelons que cet arbre. Cette gravure du Speculum veritatis a le mérite de présenter une monade si l'on tient compte des deux couples { } et { }. Le chêne ..Speculum veritatis. pour beaucoup. à l'instar de celui des figures du Livre d'Abraham Juif [voir gravures].paraît se rapporter à la préparation de l'Airain des Sages. Fulcanelli a brodé là-dessus une allégorie sur la coagulation du . Par aes [cuivre. qui sait dompter les bêtes sauvages et dont les deux colombes (qui ont été trouvées volant sans ailes dans les bois de la Nymphe Vénus) tempéreront de leurs plumes la malignité de l'air.. Si l'on observe soigneusement les branches de rosier de la planche I. d'où l'allusion au coq [gallus] que l'on voit si curieusement en train de couver [sic] dans un nid. à cause de l'allusion au trisulfure d'antimoine. C'est nommer la noix de galle. Anonyme. laiton]. XVIIe Là encore.. c'est le serpent qui est fixé. est une projection de la prima materia. les symboles se rapprochent de ceux développés sur : la planche I du ML. il est clair que le chêne se rapporte à l'airain ou hermaphrodite. De cette rouille [ioV] du chêne.. ce qu'atteste ce nid dans lequel trône le coq [gallus] du Speculum veritatis. Dieu lui a accordé une force et une efficacité si grandes que la divinité elle-même est mêlée à ce feu. pp. I] qui est et dont la forme suit celle de . » [Gloria Mundi seu Tabula Paradisi. en ce qu'il est sa résine ou son humeur visqueuse [ixoV] dans lesquelles on reconnaît le Mercure philosophique. voir Aurora consurgens. c'est-à-dire [sur l'arbre envisagé comme rotundum. 1629. pour les Adeptes. notre feu est celui du saint Esprit qui unit au en sorte d'en faire l'anima mundi . SH décrit ensuite les couleurs . Les druides le cueillaient en hiver quand l'arbre est dépouillé. C'est là ce Lion Verd que signalent tant d'auteurs comme Georg Ripley ou Basile Valentin. » [Vingt-cinq Commentaires sur le Mutus Liber. Et ce feu purifie tant au purgatoire que dans les enfers. l'Artiste va tâcher de faire naître et prospérer le gui [ixoV]. mais leurs couleurs respectives ne font pas de doute pour l’Hermétiste. nous en trouvons l'allégorie dans le serpent cloué au chêne. celle de droite nous présente ses pétales et étamines. Ce gui représente le véritable élixir de l'alchimiste. Il ne fait aucun doute que.facile d'y trouver l'idéogramme de l'acide muriatique . la planche est en noir.. Toutefois. Musaeum Hermeticum. 203-305] Sur le symbolisme de la galle. celle qui correspond à la polarité féminine est blanche.des deux roses que l'on aperçoit à l'extérieur du mandala formé par les branches entre-croisées : « On remarquera aussi les deux fleurs qui pendent en bas du la figure. I]. la présence dans l'angle supérieur droit de la [qui devrait être comme le signale Canseliet en son premier quartier] donne à l'ensemble l'apparence de l'aes ustum. 1678. que nous ne verrons se dévoiler qu'à la planche 15 : patience et humilité ! Poursuivons. Mais nous n'avons pas épuisé la symbolique du gui : 65 . La rose blanche est l'image du SEL tandis que la rose rouge est liée au sulphur [voir Fontenay pour plus d'explications]. Sur le Speculum veritatis. op. Et c'est en droite ligne [ixiV] que nous sommes conduits au sulphur et à sa réincrudation.] La fleur de gauche pointe vers la . Elle rappelle la rose de Robert Fludd [Summum Bonum. C'est la galle de notre kermès : « Prends le feu ou la chaux vive dont les philosophes disent qu'elle pousse sur les arbres. cit. voir Aurora consurgens. Mais c'est là un terme encore lointain et nébuleux. nous renvoyons à nos symboles. remède universel. La tournée vers l'air et le logique hermétique veut que la fleur blanche soit liée à la et la fleur rouge.qu'il faut comprendre par l'entendement . à . celle qui correspond à la polarité masculine est rouge. C'est avec surprise que j'ai constaté que la partie de matière récupérée se présentait bien comme une masse noire mais constellée de petits cristaux formant à sa surface et dans sa masse de multiples points étoilés. 1969. signalent que la surface de la matière est bien disposée [voir Ripley Scrowle].. Mercier. On 66 . En breton. L'Or du millième matin. la flore populaire de l'Île-de-France. Paris. Quoi qu'il en soit.. En revanche. la vie. voilà l'alexipharmacon des Gaulois [omnia sanitatem]. que devrait avoir selon Canseliet la Lune dans la planche 1].. La tradition me laisse penser qu'il s'agit là du Mercure prêt à sortir de son lit. J'ai Lu.-L. il est presque assuré que cet aspect cristallin évoque ce que les Adeptes nomment le suc de la Lunaire dont l'idéogramme est [aspect. selon les alchimistes.« Au moment de la mort hivernale. Or. nous voilà au moment de l'horo aura selon ce qu'en dit l'antique formule celtique « Au gui. rappelons-le. 161] arbre alchimique et serpent Ouroboros Il n'est pas question ici de discuter du point de savoir si cette massa confusa dont parle Barbault est ou non la prima materia.. l'an neuf ! » C'est là le Golden Bough de Frazer ou rameau d'or. est le SEL. 1954-1963] Ces boules brillantes sont identiques aux yeux de poissons dont l'aspect de nacre. p. Introduction aux préparations du second ordre. l'âme du chêne. on l'appelle encore deur derhue ou eau de chêne : il s'agit bien de l'eau du chêne creux [cava ilex] de Nicolas Flamel par laquelle on rejoint la légende du roi qui meurt de la main du hiérourgos. ce suc de la Lunaire selon la Tradition. » [Armand Barbault. les tiges verts [du gui] se parent de boules blanches brillantes. Certains Artistes y ont vu le : «. semble s'être réfugiée dans l'humble parasite qu'il supporte. » [A. figure 22]. dans lequel une scène récurrente est inscrite : celle du pélican s'offrant lui-même en pâture à sa couvée [voir Aurora consurgens. Sans vouloir revenir de manière approfondie sur l'arbor vitae [voir Aurora consurgens. De part et d'autre du mandala. et aussi le faîte de l'arbre qui en forme la partie spirituelle [le SOI]. outre son sens initiatique. op. » [SH. cit. Il est clair que le processus de transformation [qui tend vers l'individuation] est ce mandala où nous devons imaginer que réside le MOI.sulphur .est l'échelle de Jacob. qui s'épuisent dans la terre et constituent le reflet chthonien de la psyché [le ÇA . nous pouvons y voir également un mandala où l'idéogramme du muriate [issu du nitrum ] sert d'enveloppe spirituelle et d'image du SOI. alternativement étoilée ou métallique.MOI = . Les transpositions alchimiques sont les suivantes : SOI = . La verge de Moïse est un symbole de l'airain puisqu'elle se transforme. la figure a un sens très précis dans le domaine des manipulations de laboratoire.voir Jung. Quant au « sens initiatique ». Elles sont disposées de part et d'autre de l'arbre et caractérisent les deux polarités élémentaires de la psyché : animus et anima .à une forme visqueuse et curviligne . L'ouverture du rocher est une figure de 67 . le tronc et les racines.mercurius . il nous paraît plus conforme à la cabale d'y voir un sens hermétique : la manipulation de laboratoire consiste à dissoudre dans le bain mercuriel [la fontaine du Trévisan] les natures métallique et minérale . C'est ce que la graveur a voulu représenter par le mandala qui occupe le milieu de l'arbre. Cet objet présente les caractères décrits par Fulcanelli pour définir l'eau mercurielle. mandala formé par l'Ouroboros. Car. il semble important de faire voir que la liaison entre et est obtenue via l'artifice de la corruption ou putrefactio [ioV]. la planche 1 du ML. II .assiste là au phénomène de transfert et de projection dont l'hiéroglyphe .] SH reprend le commentaire de Pierre Dujols. Si nous reconsidérons.sur la planche 1 du ML . I]. « L’une des clefs opératoires de l’alchimie est ainsi qualifiée : "ouvrir le rocher avec la verge de Moïse". de ce point de vue. l'Arbre philosophique in Racines de la conscience]. Ce moyen de jonction entre et nous est offert par l'arbre philosophique de l'image précédente. par le pouvoir spirituel de son possesseur. en serpent.ÇA = Ces réflexions permettent d'amplifier ce que nous avons déjà posé en conjecture dans l'Aurora consurgens et le Ripley Scrowle. Elle passe donc d'une forme solide et droite . Ceci pour rappeler que nous trouvons dans le ML . Dieu révèle sa puissance à Moïse et lui indique trois signes qui témoignent de la manifestation des prodiges. À ce qu'en rapporte Philalèthe. s'ils ne croient pas plus à ces deux signes et n'entendent pas ta voix. D'abord. Nous l'avons déjà dit. l'eau que tu auras prise au Fleuve. l'auteur du ML appliquait les préceptes de Gerhard Dorneus quand. on s'en souvient.l'un des derniers fleurons dans l'art symbolique appliqué à Hermès. Histoire Universelle] et les Aigles représentent les crues du fleuve. 9] Le Nil. Cette métamorphose ressortit de la nigredo . Le rêve du moins . Quant au troisième prodige.c'est un truisme . Nous venons d'évoquer le premier.et sa première planche . » [Ex.. tous les espoirs sont possibles. ni plus ni moins. 4. chaque Aigle est une sublimation. leur nombre. tu prendras de l'eau du Fleuve [du Nil] et la répandras à terre.style puisque l'Artiste doit préparer ses matières à l'état de poudre ou même porphyrisées. en 1570. est le symbole mercuriel qui a trait aux sublimations [voir Diodore de Sicile.l'un des éléments dynamiques de cet ensemble. Synchronicité et Paracelsica]. Le deuxième prodige consiste en une modification de la main de Moïse qui devient lépreuse et couverte de neige. il renoue plus directement avec le symbolisme alchimique : « Alors. Dans l'Exode. L'allégorie hermétique exprime vile ou materia prima : la l'effet de l'aqua permanens sur la préparation du . planche 2 68 . Eh bien ! Nous devons croire qu'en 1677. l'idée demeure.par le son émis . Il reste à évoquer les trompettes qui représentent . Elles sont deux comme les éléments que l'Artiste doit traiter et ce n'est sans doute pas un hasard si le graveur a fait figurer l'un des anges au milieu de l'amande mystique [amugdaloV] et l'autre dont les ailes apparaissent en dehors de ce mandala. il s'agit là d'un rêve. sur la terre deviendra du sang.a sa propre logique et lorsque celle-ci est mise au service de l'alchimie. il publiait son Lapis metaphysicus aut philosophicus [voir Jung. toutefois. la transformation du bâton en serpent.. pour signaler que l'effet du dissolvant agit jusqu'au tréfonds de la materia prima en sorte d'y puiser la matière sulfureuse. La femme a quelque rapport avec Minerve [associée à Junon et à Jupiter] : Minerve tient le globe [analogue en cabale hermétique au cercle crucifère] du monde de la main gauche et le bâton du pouvoir de la main droite [le bourdon du pélerin]. Artémis et Apollon. la partie supérieure où le soleil brille en plein . mettre en digestion].Cette planche se compose de deux parties . flanqué de Diane et d'Apollon : une étoile surmonte celui de gauche tandis qu'une fleur surmonte celui de droite. Cette planche a trait à la préparation du Mercure. Ils sont semblables aux deux gnomes (1) de la cheminée alchimique du château de Fontenay-Le-Comte. au-dessous sont deux anges qui tiennent un matras ventru . au loup et au chien de Lambsprinck. les deux colombes de Diane. dans le matras un personnage que nous identifions comme Neptune. L'attitude de prière et de louange se rapporte à l'action d'honorer [percolo = honorer.dans leur symbolique . 69 .à ceux qu'évoque N. notes 151 à 156]. Les deux anges sont identiques . L'athanor montre un oeuf dont le contenu est symbolisé par la partie supérieure de la planche. notez qu'elle semble tenir de la main gauche un objet invisible : on dirait d'une déesse à laquelle on aurait ôté ses attributs. Les deux principes en sont figurés par l'étoile et la fleur. nous les avons déjà vus dans la planche I : le rêveur poursuit son songe. Les anges qui tiennent l'oeuf philosophal expriment avec netteté la dissolution de la matière à cette époque de l'oeuvre. La partie inférieure nous montre un athanor auprès duquel est agenouillé le couple alchimique dans une attitude de prière. On notera que la femme a la main droite levée [indication possible pour une identification à Minerve ou à Junon] . mais aussi filtrer. au chien de Corascène et à la chienne d'Arménie d'Artephius. en gloire. Cette partie supérieure est une évocation allégorique. Ce sont encore Gabricius et Beia. Flamel dans ses Figures Hiéroglyphiques [voir le commentaire que nous donnons de la figure VI. dangereux et incompatible avec les mains trop blanches. dans la langue hébraïque K et H ne sont qu’une même lettre. et l’on ne doit pas perdre de vue que les philosophes se complaisent dans certaines collusions verbales. ce qui a porté certains esprits faibles à croire que la prière intervient dans le travail comme un élément pondérable. jusqu’ici. La tradition veut que ce matras soit . travail opiniâtre. Mais qu’on y ait garde. Pierre Dujols] Magophon est au moins d'accord avec Fulcanelli sur un point : c'est que la stibine commune ne trouve point sa place dans l'oeuvre. Artéphius. Les trois produits sont personnifiés ici par Apollon. le recommande avec non moins d’intérêt. Les auteurs en parlent peu. dit la Sagesse. et celui-ci renfermé dans un troisième fait du bois d’un vieux chêne. Le principal. C'est l'albâtre des Sages qui doit être utilisé ici. l’œuf varie de celui du roitelet à celui de l’autruche . comme s’ils étaient en oraison. On employait encore. limpide. l’Hermès des Adeptes. car. Dans la nature. Il nous faut dire aussi quelque chose du verre philosophique. c’est d’employer les matériaux expédients . que le meilleur est celui de Venise.la vésicule de Purkinje qui est notre sel . Pour en donner une idée." [Hypotypose. La grandeur de l’œuf importe. Flamel dit expressément: " Note ce chêne ". Voici ce que pense Magophon de cette planche : "La seconde planche n’est pas dans l’ordre des opérations. et Vico. par expérience. Il le faut de bonne épaisseur. qui est notre mercure. La réincrudation est l'opération qui consiste en le retour à un état antérieur de substances. sur le rocher des Sages pousse le chêne Kermès. le Dieu des eaux pontiques. ou le 70 . n’a pu faire connaître les éléments qui doivent le composer. Basile Valentin et tant d’autres. sans bulles. et pourtant rien. Comptez donc surtout sur l’improbus labor. Le tout est enfermé dans un matras qui correspond à la coquille. Elle représente l’œuf des philosophes. puisque la lumière vient de Dieu. ErmhV est le mercure artificiel qui amalgame le compost.Les Soufres sont sublimés dans l'aqua permanens et ne sont pas encore réincrudés. La prière de l’artiste. Cette opération. le chapelain des seigneurs de Grosparmy et de Valois. mais l’élan de la créature vers le créateur peut influer favorablement sur les directives. La figure inférieure de cette seconde planche représente un athanor entre un homme et une femme à genoux. c’est plus encore le travail. autrefois. prises alternativement l’une pour l’autre. le kermès minéral mène au piège tendu par Philalèthe. mais un bon praticien doit apprendre à faire ses matras lui-même. et encore avec réserve. la jaune. nous devons enjamber délibérément un certain nombre de symboles. Mais nous savons. qui est notre soufre. Tout œuf comprend un germe . Diane et Neptune. in medio virtus. Qu’on s’affranchisse néanmoins de ces suggestions peu efficaces dans la pratique. et nous rappellerons qu’à la première planche. mais. contracte d'étroits rapports avec la chute de l'Ange [voir section réincrudation]. ici des sels à l'état d'oxydes. en cabale hermétique. C’est ici un facteur inopérant. conjoints. Cette insistance est significative.contenu dans un second. et l’albumine. le gros verre de Lorraine fabriqué par les gentilshommes souffleurs . souvent dur. à ce point du travail. c'est-à-dire au Rebis.véritable stibium de Tollius. pareil à l'antimoine saturnin d'Artéphius. dans l'oeuvre. qui est l’oeuf philosophique. elle. ne constitue que le medium. on est seul sur le sentier et la route est longue et pénible. le silence s'impose [« chut » en latin se dit st. Mais l'étain. Voici ce qu'en dit A. fermement obturée (par le « sceau d’Hermes »). cit. en peut faire croître la chaleur à un rythme égal). L'athanor . op. ce que rappelle la Tabula Smaragdina. Armand Barbault y voit comme l'oratoire et le laboratoire. du carburant et du comburant. À l’intérieur se trouve enclose la cornue de verre ou de cristal.alimenté non par du charbon ou du bois mais par une lampe à huile. Il s'apparente encore à l'Airain des sages. tout en bas de l’athanor." [l'Or du Millième matin. une fois engagé.est bien plus qu'un simple fourneau : il s'agit tout à la fois du vase de nature. Cette bi partition. 58] La planche 2 est bi partite comme sept autres de l'ensemble. À ce titre. Barbault : "La gravure suivante [planche 2] du Mutus Liber représente ce que l'Adepte va percevoir : l'oeuvre complète sur la terre (en bas) à l'image de son archétype céleste (en haut).que l'on retrouve sur six autres planches . C'est pourquoi il faudra se cultiver sur tous les plans pour trouver la véritable porte d'entrée car. le fameux athanor. » [SH. pourvue de mèches d’amiante (en augmentant le nombre de celles-ci. (la "voie sèche". Pour tous les alchimistes. le foyer -. « On remarquera.] 71 . nous sommes ici devant le procédé alchimique dit de la "voie humide" pour l’accomplissement du Grand-oeuvre. On peut encore et y deviner la trace de la dichotomie archétypale entre animus anima . se réalisant au creuset). l'intercesseur. n'est pas non plus ce métal lépreux qui est utilisé dans les dissolutions auriques par la voie humide. premières lettres de stibium et stannum ]. p. il est clair que la partie inférieure de la planche 2 n'est pas exactement une représentation factuelle du laboratoire mais comme une exhortation à l'oratoire. dont le fourneau alchimique. On se doute qu'un pareil fourneau n'existe que dans l'esprit de l'Artiste et c'est en vain qu'on irait lui demander de cuire la matière des alchimistes. D'ailleurs. Observez que les éléments signalés par les lettres A . à la musique et aux tons. L'intérieur du fourneau est organisé exactement comme un mandala et l'oeuf en occupe le centre. tel qu'en la minière on l'aura aperçu.C et D sont disposés autour du matras exactement comme les éléments suivants : FEU . les lettres C et D sont disposées en croissant de Lune. Le matras représente l'oeuf des alchimistes. planche 3 72 . sur l'importance qu'il y a de suivre la Nature en tout : aussi le feu du fourneau doit-il être bien proportionné [d'où l'allusion. On trouvera un traité entier sur ce matras dans le Donum Dei. en général. à la trace qu'il aura laissé sur la materia prima. Le vaisseau de bois représente les cendres. Neptune. la Clef du Secret des Secrets Le fourneau philosophique a été particulièrement bien décrit par Batsdorff [pseudo] dans le Filet d'Ariadne. c'est l'athanor des Sages que l'on voit en coupe.Nicolas Valois. voir Atalanta fugiens. fréquente. prolégomène et introduction]. Sur la figure ci-dessus. enfermé dans ce que Magophon nomme « la vésicule de Purkinje » a un signification multiple [voir humide radical métallique]. c'est-à-dire l'alkali fixe. Ceux-ci insistent. ce qui lève toute équivoque sur leur sens. Seule la partie inférieure du fourneau paraît plus conventionnelle.EAU et AIR. tu n'auras guère de noir. Le cercle intérieur représente des bateaux évoluant dans la mer . et de la couleur de la queue du Paon : car notre Pierre est si triomphante en siccité qu'incontinent que ton Mercure la touche. la partie gauche dix oiseaux blancs qui sont peut-être des colombes. Le cercle moyen montre à sa partie supérieure des symboles du printemps et de la floraison . multipliées par deux. à droite la Lune. N. Au centre. Donum Dei] . La queue 73 . La partie inférieure montre une sirène .. l'homme tenant une canne à pêche qui tombe dans le cercle extérieur. c'est l'oiseau d'Héra (Junon) et de Jupiter : c'est un symbole solaire. En arrière-plan. avec à gauche la femme tenant une lanterne et à droite. un paon faisant la roue est en sommité. Neptune dans son char armé de son trident qui dépasse le cercle et se termine entre le couple alchimique . mais bien du violet. la plus importante. La partie inférieure nous montre le couple alchimique. Flamel cite le paon toujours au chapitre consacré à la sixième figure (les Anges) : "En cette Opération du Rubisiement.4 . la partie moyenne semble comme en arrière plan et représente le Bélier et le Taureau que l'on voit sur la planche 4. un bateau où l'on voit évoluer le couple alchimique. est formée de trois séries de lignes horizontales. au premier plan. se joint à elle et la boit avidement." [Fig.] ce qui indique bien que nous sommes au 3ème oeuvre. trois cercles circonscrits . Jupiter tient de la main droite un sceptre couronné . s'éjouissant de sa nature.6) . à chaque fois (2 . à gauche le Soleil. encore que tu imbibes.C'est un compendium du 3ème oeuvre.. la Nature. plus loin. le cercle extérieur est lui-même séparé en trois parties : une première partie. bleu. Le paon est une image de la vanité [cf. Hier. accompagnant une déesse. . Arcas est le fils de Jupiter et de Callisto. selon qu'en fait foi son blason qu'il inscrivit sur la dépouille du bélier. renvoyant par assonance à la musique en quart de ton (tetartemoria). ou le Soufre et le Mercure ou enfin le fixe et l'humide. Ce dernier est souvent symbolisé par une ancre marine. De même. Deux Logis Alchimiques. c’est-à-dire le Mercure qui se coagule au contact du Soufre. variété de carbonate de calcium]. l'ourse désigne le pôle. qui est aussi celui des Dieux.. c'est-à-dire astre blanc]. l'étoile pôlaire. sur laquelle l'artiste doit régler sa route. à la limite.Dans le langage des poètes. que l'on peut .voyez l'emblème de Limojon de St-Didier . qui a d'étroits rapports avec l'étoile pôlaire et l'ours.par la cabale phonétique rapprocher d'alabaster [albâtre.. cet arc-en-ciel a le sens de voûte ou arc et renvoie à Mercure par le truchement d'Arcas.sont désignés en latin par tetartemorion. E. Eugène Canseliet La référence au magnétisme s'explique ainsi : autrefois. La séparation trinitaire s'explique d'elle-même par une référence implicite aux symboles sacrés véhiculés par le Christianisme .. le dauphin représente le principe humide et froid de l’œuvre. par magnésie étaient désignées des terres calcaires comportant du carbonate de calcium . qui constituent donc le quart du zodiaque . par ailleurs l'étoile pôlaire renvoie à celle qui désigne l'antimoine. on ne sait peut-être pas que les trois signes du zodiaque. au chapitre de l'Ourse et les deux Singes : "Aussi Messire du Plessis avait-il connaissance du rôle considérable joué par le magnétisme. autrefois appelé albaster [pour album astrum. Nous avons 74 . À ce sujet. dans l'élaboration philosophale.. La sirène est le symbole de la coagulation du compost. Canseliet s'est exprimé dans ses Deux Logis alchimiques.. à la colombe (teta). au nombre 4 (tetartaeum) ou même." L'Ourse et les deux Singes.du paon indique évidemment les couleurs de l'arc-en-ciel . Le soleil est la lune indiquent les deux principes mâle et femelle. arrête enfin. à gauche. un taureau. et Amphitrite dans le haut. semblable à la pointe de la flèche du Sagittaire. Vénus symbolise la Terre : il peut s'agir de terre vitrifiable. un bélier. le kaolin se signale par sa pureté]. offre une grande analogie avec les traversées maritimes. enfin. Dans le bas. Dans le second cercle. un homme jetant sa ligne dans la mer qui se trouve dans le troisième cercle (celui qui renferme les deux autres). que nous retrouverons plus loin et étudierons en un moment plus opportun. le navire allant à la dérive. et planant sur cette scène nautique. du moins dans l'acception sous laquelle il faut l'entendre.. c'est un symbole double qui peut aussi bien désigner Vénus-Aphrodite que. On peut obtenir ce sel de bien des manières différentes et c'est. Le dauphin nage à la surface des flots impétueux. Jupiter porté par son aigle. à droite. cela qui abuse les étudiants. dont parle d’Espagnet. en partie.. soit du vitriol bleu [sulfate de cuivre]. Toute cette figuration a pour but de démontrer que l’opérateur doit déployer toutes ses facultés et mettre en œuvre toutes les ressources de l’art pour capturer le poisson mystique. avec.187 : "La longue opération qui permet de réaliser l’empâtement progressif et la fixation finale du Mercure. soit du vitriol blanc [sulfate de zinc]. Voyons le commentaire de Magophon : "La planche trois n’est pas davantage à sa place. qui fait référence à Arès et par conséquent à un vitriol .A siliceuse ou alumineuse qui contient le Sel des Sages l'endroit. Le Bélier symbolise Mars. trop pressés de résultat que de véritable compréhension de l'Art sacré. En marge. en employant soit du vitriol vert [sulfate de fer ou couperose]. C'est sans doute le véritable dragon écailleux. c'est-à-dire des argiles ou encore des schistes alumineux et pyriteux. On voit s’ébattre dans ses ondes le dauphin cher à Apollon. de l’autre.." Fulcanelli nous dépeint un processus de cristallisation progressif. Ces derniers peuvent être décomposés par l'eau qui fait passer la pyrite à l'état de vitriol. comme une ancre puissante. p.un commentaire précis de ce qui se produit dans cette partie de l’œuvre. Elle nous conduit dans l’empire de Neptune. la préparation du dissolvant peut se faire de différentes façons. le dragon écailleux est le Mercure commun ou 1er Mercure]. Ce peut être l'albâtre. qui désigne la terre de Jésus. et cette agitation dure jusqu’à ce que le rémora. un homme est allongé dans une pose nonchalante. quand on désigne l'une des prima materia [dans une autre acception. Le troisième cercle est animé par un vol d’oiseaux à gauche . Dans une autre nef. d’un côté. On peut aussi utiliser des terres vitrioliques. II. une femme tenant un panier qui est le symbole de la lanterne grillagée des philosophes . aux DM.. le soleil et la lune. un paysage. une sirène au bas. L’auteur aurait dû nous enseigner d’abord à tramer le filet nécessaire à cette Pêche miraculeuse. une terre . A l'envers. Quant au Taureau. Vénus est l'hiéroglyphe consacré à un sel contenant des cendres de végétaux. Réparons son oubli : le guideau doit être 75 . de terre argileuse [et dans ce cas. et des pêcheurs sur une barque qui tendent leurs engins. renversé. désignent les sublimations du mercure. ce sont des photons qui viennent modifier des sels d'argent. et nous déclarons candidement que nous révélons ici sinon un grand mystère. [sic. On peut en trouver la source dans un animal mythique : la licorne dont le symbolisme exprime très bien l'opération. Et pourtant. et de sept à dix pour le Soleil. s'est-on jamais avisé que c'est le même Marc-Antoine Gaudin [voir héliographie]. Certains auteurs. par la 76 . Simplement dans le premier cas. Le procédé est on ne peut plus scientifique. II en faut de trois à sept pour la Lune. le photographe l’accomplit en quelque sorte en se servant d’une plaque sensible qu’on prépare de différentes manières. On trouvera le secret de cette opération dans un ouvrage classique intitulé le Filet d’Ariadne. employer la ligne . et à l’emprisonner dans un flacon fermé au sceau d’Hermès ». On peut. car il ne s’agit rien moins que de prendre le poisson d’or. sans laquelle leur union mystique serait impossible. elle est vraie à la lettre.incombustible et demeurer inaltérable. et à l’emprisonner dans un flacon fermé au sceau d’Hermès. C'est par pure analogie qu'il faut y voir un rapport avec la photographie mais l'image . c'est le moyen de capter le Soufre avant de l'infuser dans le Corps de la Pierre. car elles préparent la robe nuptiale d’Apollon et de Diane. La lanterne grillagée voile l'une des substances du dissolvant. [voir héliographie] Dans le Typus Mundi.est semblable. Il nous faut donc en dire quelques mots. à tel point que l’image fait corps avec la réalité. préside à ces opérations. C'est cela qui est « capter un rayon de soleil. on voit un appareil. alors que dans le second cas. Tiphaigne de La Roche dont les écrits sont visibles sur le serveur Gallica de la bnf] au moyen duquel on peut dérober le feu du Ciel et le fixer. ont prétendu que le plus grand artifice opératoire consiste à capter un rayon de soleil. et le mot est de circonstance. Quant à la manière d’allumer la lanterne magique indiquée par le panier. qui a proposé l'emploi de la gélatine pour préparer les premières émulsions au gélatino-bromure d'argent. Les aigles qui volent à gauche. de la Compagnie de Jésus. C’est pourquoi Jupiter." [Hypotypose. L’appareil bien disposé dans les eaux profondes. Pierre Dujols] Ce qu'exprime Dujols. Le rayon de soleil est le Soufre rouge qui doit d'abord être dissous dans l'eau-vive prime de Limojon. elle n’est décrite qu’en des ouvrages très rares et de manière confuse. A propos. on se munira d’une lanterne dont l’éclat attirera la proie dans les rets. Elles sont indiquées par le vol d’oiseaux et indispensables. Cette image grossière a fait rejeter l’opération comme une chose ridicule et impossible. décrit encore par Tiphaine de Laroque. Ce miracle. et non des moindres. suivant d’autres symboles.si l'on peut dire . mais l’arcane est dans la préparation de la bourse. dans le grand cercle. du moins son application à la pratique philosophale. car nous ne pouvons résumer le procédé en quelques lignes dans ce cadre restreint. le Dieu qui gouverne l’aigle. II est plutôt incroyable qu’on ne s’en soit pas encore avisé. édité au XVIIème siècle par les PP. c'est une chaux métallique qui est capturée avant que d'être injectée dans le corps de la Pierre. etc. ne cessent de monter le long des tiges vertes au moment où la nature se trouve en pleine exaltation. ces dernières.combinaison de la lumière et du trémis qui signale à l'attention du cabaliste la structure en X. pp. Car elle vaincra toute chose subtile et toute chose solide pénétrera.. Il dispose des deux polarités essentielles représentées par le soleil et par la lune situés de part et d'autre de cercles concentriques dont l'intérieur évoque tous les éléments de la nature. Il est dit par ailleurs dans la Table d'Emeraude : « Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde. [. De cette planche. elle. les perles d'émeraude qui entrent dans toutes les préparations. Quant aux sublimations du Mercure.] La plupart des auteurs qui se sont intéressés à l'alchimie ont totalement négligé les trois premières planches du Mutus Liber pour aborder directement la quatrième où l'on voit l'Adepte et sa compagne occupés à tordre des toiles préalablement exposées au-dessus de l'herbe verte des prairies afin qu'elles s'imbibent peu à peu des perles de rosée . Et pour ce. sous les signes du Bélier et du Taureau symbolisés par les deux animaux figurant sur cette quatrième planche. toute obscurité s'enfuira d'avecques toy. 125-126] planche 4 77 . Ce qu'il faut retenir de ces indications symboliques qui sont de toute première importance. il s'agit de l'un des plus hauts secrets de l'oeuvre au point que nous doutons que des alchimistes aient osé dévoilé l'arcane. les deux signes du Zodiaque . c'est que l'Adepte doit se préparer très longtemps à l'avance et qu'il serait insensé de croire qu'il suffit de jeter un coup d'oeil rapide sur les ouvrages d'alchimie pour aussitôt passer à l'action et partir en quête de la Matière première.caractérisant l'époque où l'Adepte recueille la rosée. dont Fulcanelli nous dit qu'elle est celle qui apparaît à la surface du Mercure quand il a été canoniquement préparé. Les nombreuses toiles étendues sur la prairie évoquent l'importance de l'opération ainsi que l'abondance de la rosée matinale qu'il faudra recueillir " [l'Or du Millième matin. de toutes les forces. au printemps. de tous les secrets de la nature nécessaires à l'accomplissement de son OEuvre et à l'affirmation de sa puissance. A.. la Matière première qui entre dans la confection de l'oeuvre. l'irradiation d'en haut et d'en bas. L'irradiation des forces vives est.sommet de la figure et qui contiennent les deux polarités solaire et lunaire dessinées à leur tour dans les coins supérieurs de la figure. Et cecy est la force de toute force. Barbault a donné ce lumineux commentaire : "La planche III du Mutus Liber complète l'enseignement traditionnel destiné à fournir à l'Adepte la connaissance de tous les éléments.Bélier et Taureau .» Ainsi l'Adepte rayonnera-t-il en puissance sur le monde ainsi qu'il est symbolisé par le Père trônant au sommet de cette troisième planche et tenant entre ses mains le sceptre de la puissance et de la connaissance. symbolisée par les faisceaux qui rayonnent du. on le sait. Celle-ci ne contient au départ aucune des particules invisibles qui tôt ou tard devront s'y fixer pour que se produise sa métamorphose. tant il se révèle constituer le pivot de l'Oeuvre. c'est que cette rosée est ni plus ni moins . rosée de Mai. Cette eau Mercurielle. 53) : "Les ondes sont ces eaux que Moïse. E. corrodent les métaux et les dissolvent. car de même que ces eaux à base d'atrament. avant de redescendre sous une forme légèrement différente : il s'agit donc d'une tentative d'expliciter par l'image une opération relevant de l'oratoire [l'échelle de Jacob et les anges. lait de la Vierge. ils l'ont comparée à la corrosive eau-forte. elle-même véhiculant l'esprit ou le sel harmoniac du ciel. Canseliet revient sur cette rosée de mai au chapitre de l'Inscription extérieure de la villa Palombara (Deux Logis alchimiques. le Lion Vert. Théâtre de l'Astronomie Terrestre. comme affirmé précédemment. Nous avons évoqué ailleurs cette allégorie qui se rattache à l'acquisition progressive du sel de la rosée de mai qui fait partie du Mercure préparé ou dissolvant universel [le Lion vert de Ripley] : "Les Métaux. etc. le Dragon. au dernier plan se projettent un prisme lumineux et les deux symboles du Soleil et de la Lune. Kelly. d'arménite. ce que l'on sait moins. dissout son corps et en sépare la Teinture. d'alun. chapitre IV : préparation de la Terre Mercurielle] La rosée de mai est un des composés particuliers du dissolvant universel . ou eau.que de l'urine d'ange et que sa formation implique qu'une substance se trouvant dans l'atmosphère. dénommé la rosée. en son premier livre ou la Genèse. monte d'abord de la terre jusque dans le ciel.par cabale . ainsi cetesprit Mercuriel. voir planche inaugurale] par une opération de laboratoire [le recueil d'un sel dans une large bassine]. p. contiennent un sel." [E. qualifia de supérieures et qui génèrent le météore infiniment précieux au-dessus de tous les autres. Celui-ci est isomère du nitre ou isotope si 78 . le couple alchimique tordant une toile afin d'en extraire de la rosée de mai et des toiles étendues plus loin .C'est assurément la planche la plus connue du ML. le Feu des Sages. Nous y retrouvons le Bélier et le Taureau. Lunaire. de cuivre. duquel le feu et la sagacité de l'artiste peuvent extraire une eau que les Sages nomment eau Mercurielle. ressortit des signes du zodiaque. la sublimation suivant cette ouverture ou « mort » du métal. à partir du . par l'anonyme Altus. L'ouverture du métal est symbolisée par l'hiéroglyphe . La signifiance hermétique de ces arcanes est étudiée dans notre zodiaque alchimique et la section humide radical analyse l'apport des planètes au grand oeuvre. l'éventail se déploie en « lisant » chaque rai et sa correspondance dans le mandala. vibrant régulièrement à l'instar d'une harpe céleste.l'on veut. réunies en paires. Imaginons l'éther des Anciens. en ses moindres détails. La série des opérations se montre interminable autant que laborieuse. Si l'on tient compte du fait que chaque planète. C'est ce vent. il est possible d'avancer que les bandes claires externes correspondent aux planètes qui n'ont qu'une seule maîtrise : et dont les idéogrammes sont disposés aux coins supérieurs de la planche. L'autre. dans l'ordre des aiguilles d'une montre." Les ondes que Canseliet évoque sont directement palpables dans le faisceau lumineux qui jaillit de la voûte du ciel. il s'agit des sept bandes claires. fait de douze bandes plus sombres. que donne à voir Altus. devenu visible par la magie de la gravure. pour parler le langage qu'utilisent les spagyristes actuels. qui fut dépeinte. on peut donner un sens et un nom à chacun des rais de l'arc-en-ciel : mandala des maîtrises planétaires En effet. Les planètes et les signes se complètent. l'une étant le spiritus rector de l'autre. exerce une maîtrise sur deux signes [maîtrise diurne et nocturne]. vieilles cuirasses en vue de l'animation [passage animus 79 . selon les Chaldéens. Il l'a décomposé en un prisme où deux ensembles sont disitngués : l'un est en rapport avec les astres errants. La psychanalyse nomme transfert ce processus de sublimation : il consiste en l'abandon par l'animus des défroques. vieux sequins. Il faut entendre par là que les planètes en corps représentent les chaux des métaux. sous l'influence du vent . ouverts par le dissolvant des alchimistes. Selon le schéma ci-dessous. blanchir et recouvre l'opération des laveures de Flamel. & de peu de valeur aux yeux des hommes . Ceci est un trait de cabale qui explique pourquoi les Adeptes assurent qu'il existe un miroir d'où l'on peut contempler le monde. dit comme Morien : « Si vous la trouvez dans le fumier.) : « Cette pierre est vile. » Gratien. 8] L'opinion d'Avicenne [pseudo] est notable : il parle de deux pierres 80 . 2. on les laisse sur le fumier & dans des lieux puants . cf. » Morien (Cap. mais parce qu’on les ignore. Les témoignages des Philosophes le prouveront mieux que le raisonnement. i.) : « Avant sa confection & sa parfaite préparation. À ce sujet. prenez-la. d'autres écrivent qu'il faut blanchir Latone. parce que toute matière qui s’achète à grand prix.. toutes deux méprisées.) . on en ferait un grand cas .. jetée sur le fumier. comme d’une matière extrêmement vile.. dict.anima] du spiritus qui passe par sa dépuration. chap. trouverait le magistère. Elle est vile. parce quelle a beaucoup d’ordures & de superfluités. qui est l’Artiste. elle en a une bonne. qu’on en trouve deux dans le fumier. » Calid (Loc.) : « Les Sages nos prédécesseurs disent. noire. nous avons vu que la planche 4 devait être comparée à la fig. » Arnaud de Villeneuve (Novum lumen. vous devez l’y prendre . blasons alchimiques . » Avicenne (De Animâ. si l’on savait leurs vertus & leurs propriétés. » [Fables Égyptiennes et Grecques. & ressemble à celle des sépulcres. Phil. Morien dit (Entretien du Roi Calid. Il n’est donc pas surprenant que ce travail ait été imposé par Eurysthée à Hercule.. c. elle a une odeur puante & fétide . il convient de citer Pernety : Tous les Philosophes parlent de la matière du grand œuvre ou de la médecine dorée. propre (mundus) et le monde. puante. & qu’elle vous plaise. est fausse & inutile dans notre œuvre. que si vous trouvez dans le fumier la matière que vous cherchez. I. & souvent mêlée avec le fumier. 9. & couverte d’ordures. ils disent même qu’elle se trouve sur le fumier. méprisée. qui dit : « Il y a une pierre cachée & ensevelie dans une fontaine. l'airain] L'allégorie est reprise dans l'épisode des écuries d'Augias qui forme l'un des Douze travaux d'Hercule [voir Fontenay]. laver le laiton. on les méprise. « Nous trouvons dans les Livres qu’Aristote a écrits sur les pierres. elle ne coûte même rien. mais après qu’elle est préparée. vous devez vous donner de garde de tirer de l’argent de votre poche pour l’acheter. Dans l'introduction. 9 du Ros. l'univers (mundus) sont homonymes en latin. Son odeur est mauvaise. & ne s’achète point. parce qu’elle est méprisée & foulée aux pieds. Livre V.) : « Cette matière est devant les yeux de tout le monde & le monde ne la connaît pas. [on notera que les termes net. c. » Bernard Trévisan (Philos. des Métaux. l’autre de mauvaise. dont il faut la purger. I. méprisée. Ce terme de technique alchimique signifie nettoyer. & que si vous ne l’y trouvez pas. cité par Zachaire. cit. » L’Auteur du Rosaire cite Merculinus. tome II.e.) « Elle se vend à vil prix . mais celui qui saurait en faire l’union. allégorie de la mondification [purification]. l’une de bonne odeur. 139. celui que l'on rencontre dans les fermes . Par fumier. voir Libavius]. La pierre de bonne odeur rappelle le baume de vie évoqué supra [Balsanum vitae] et la pierre fétide. le sulphur en son premier état.. la terre avec son humidité la reçoit et l’eau du ciel est retenue par l’eau de la terre.encore qu'il ait un intérêt certain [voir Alexandre Sethon] . Senior ajoute : « L’eau que j’ai mentionnée est une chose qui descend du ciel .dont l'une est odorante et l'autre puante. op. 8. » [Ros. Voyons cela. premier blanchissement de la première pierre] Jung indique [Psychologie du transfert. Nous ne saurions mieux dire.. de l'humide radical des métaux et de la déjection de l'étoile polaire appellée sputum lunae. c'est-à-dire ce spiritus abscondus que nous voyons à la fig. Phil. Phil. note 4] que le texte du De Chemia est différent de celui du Ros. et l’eau de la terre la retient grâce à sa soumission et à son sable et l’eau retiendra l’eau et Albira sera blanchi par Astuna. fig. 8 du Ros. Phil. p. il ne faut pas entendre le commun. Phil. c'est-à-dire de sang de Nessus [voir Atalanta XXV]. sorte de spath visqueux auquel on adjoint du foie de soufre et de l'air phlogistiqué [ = air corrompu dont le nom vulgaire est homonyme d'un traité que Fulcanelli attribue à Senior. cit.. Albira est 81 . Ros. mais bien plutôt la matière des Sages pour autant qu'elle renferme la proportion adéquate d'escarboucle [obtenue par distillation des urines selon ce qu'en rapporte Alchild Bechil]. Dans le Rosaire. Les Amoureux de science auront reconnu le vase de nature composé d'engrais [Lac virginis]. on voit le Bélier. » [Ros. principe vital. alkali fixe. certains critiques ont cru qu'il s'agissait de la rosée de mai ou rosée céleste. C'est le principal composant du Mercure philosophique qui est ici exposé au vu de tous. qui tombe dans un grand vase disposé à cette fin. Un autre extrait du Rosaire.remplacé par Alkia et Astuna par Astuam. On y verra que le Bélier [Ariès] voile Arès. La conjonction ou le coït] On pourra revoir la gravure qui orne l'emblème XLI de l'Atalanta fugiens. Notons qu'Albira est mis pour Albaras ou arsenic [qui caractérise le Sel ou corps de la pierre]. tout simplement parce qu'il s'agit d'eau distillée.. A gauche. Le flos coeli a mis à la torture l’esprit des mauvais souffleurs. voir Gobineau] et de feu que l'alchimiste doit être muni dans cette phase d'albification. En arrière plan. permet de mieux comprendre le processus de dépuration : « La conception transforme en sang ce qui était semblable au lait. ils deviennent en quelque sorte un seul corps. de Merculinus. De cette planche 4. Magophon sera-t-il d'accord avec nous ? "La quatrième planche montre comment s’opère la collection du flos coeli. car pour ceux-là. Les uns y ont vu une sorte d’influx magique. Alkia serait mis pour al-kiyan. à droite. Ces linges que l'on aperçoit. où l'on peut voir le sulphur . Si la femme blanche est donnée en mariage à l’époux rouge tous deux bientôt s’embrassent et s’accouplent. un homme et une femme en opèrent la torsion pour en exprimer la divine liqueur.. C'est de Prudence [c'est-à-dire de Sagesse. sur la transformation des roses blanches en roses rouges. Au-dessous. en liaison avec le mythe d'Adonis. Phil. qui est cet acide soi-disant vitriolique [en fait il s'agit de l'acide carbonique. le Taureau voile le complexe Vénus-Aphrodite qui cache le composé K H dont la nature peut varier selon le mode de préparation : huile de tartre faite par défaillance [alkali fixe desséché]. foie de soufre. Veuillez croire que ce ne sont pas les oligo-éléments de la rosée de mai qui pourront contribuer à préparer le Mercure des Sages.. nous voyons d'autres linges tendus : ils s'imprègnent peu à peu du sel précieux [que Dujols appelle selage. à gauche le Bélier et à droite le Taureau : que l'on se rapporte à notre schéma de préparation du dissolvant. Quoi qu'il en soit. nous avons ainsi complété l'interprétation : Il est clair que l'on peut imaginer la scène suivante : le couple alchimique est en train de tordre un linge dans une bassine . nitre aérien. cf. le Taureau. Le couple alchimique recueille donc le tartre vitriolé dissous dans une bassine avant de soumettre le liquide à l'évaporation a siccite. supra] . Ils se dissolvent eux-mêmes et s’accomplissent aussi eux-mêmes afin qu’après avoir été deux. Des draps sont tendus sur des piquets pour recevoir la rosée céleste. nous l'affirmons. nous le savons de nos jours] . Albira et Astuna forment les opposés dont l'Artiste doit faire son airain. ont été enduits au préalable d'alkali fixe et on les a laissés seulement alors s'imprégner de rosée. la magie est 82 . c’est l’électrum des poètes. attribut de Diane et d’Isis. [Etteilla alias Alliette (1750-1810). le grand tragique. nom latin du veau. La cocarde rouge que porte l’animal. l’oryx de laiton ou d’airain. et à laquelle est attachée une prime accordée au vainqueur. Dans les Sept Nuances de L’Œuvre philosophique. Aussi.le taureau mystique. Au disciple de se faire une opinion d’après son propre jugement. dans lesquelles. Ces deux animaux personnifient les deux natures de la Pierre. joue un rôle important dans le travail. Leur union forme l’Azim des Egyptiens. qui valait peut-être mieux que sa réputation. pour tout dire. semblable à l’or vulgaire. La grosse affaire. qui s’identifient avec la vache l’amante de Jupiter. mais il faut lire son opuscule avec de bonnes lunettes. d’après la tradition espagnole. le taureau de Phalaris ou de bronze. Etteilla. il faut triompher du taureau " . de rompre le pain. mais il faut bien entendre ce mot qui renferme l’arcane magique. encore en usage. semble avoir obtenu quelque résultat satisfaisant d’une mousse analogue. n’ont aucun rapport avec les symboles astrologiques. De même. Enfin. Le Bélier est l’Hermès Criophore. Certains. L’Asimah de la Bible. 83 . certes. Tarot alchimique] Les Rose-Croix s’appelaient les Frères de la Rosée cuite. dont les cornes dessinent le croissant. On apprendra. suivant la Mythologie. Philalèthe raille dédaigneusement les collecteurs de rosée et d’eaux de pluie. Les prêtres des bords du Nil ne touchaient jamais aux pains du sacrifice avec un instrument tranchant d’acier ou de fer: Ils en faisaient un cas de sacrilège. dit " Manne Céleste ". et que vitellus. qui est le même que Jupiter Ammon. Les autres. c’est d’être un bon Matador. en certain point.une puissance surnaturelle acquise par le concours des esprits. qu’on prend toujours pour les signes du Zodiaque sous lesquels on doit recueillir le flos coeli. est la Lune des philosophes. de bonne foi. Tous les jeux ont une origine hermétique. du similor de Mannheim et tient en quelque sorte du mechior. Nous devons déclarer. la pierre dévorée par Saturne s’appelait betulus. non sans surprise. y ont reconnu la rosée matinale. que les courses de taureaux sont une figuration dramatique du Grand Œuvre. en effet. cf. qui est. bon hermétiste ainsi que son frère. d’où l’on a déduit qu’il s’obtient au printemps et à l’automne et est un mélange des deux fluides. monstre hybride désignant l’orichalque. se croyant plus avisés. nonobstant. De là cette ancienne coutume.] qui diffère. Nous ajouterons encore que. en somme. l’abbé de Valmont reconnaît quelque vertu. Néanmoins. est le jaune de l’œuf. de l’or et de l’argent de l’art. dans le rite catholique. La pâte des azymes en était l’hiéroglyphe. l’eau des deux équinoxes. bons ou mauvais. que le Bélier et le Taureau de la planche. au témoignage de Thomas Corneille. allaient recueillir ce mystérieux produit dans une sorte d’algue ou de lichénoïde dont le nom vulgaire est le nostoc. l’officiant sectionne l’hostie avec la patène de vermeil. Philalèthe enseigne que l’or des hermétistes est. " pour accéder au Gouvernement. Mais il est hors de doute qu’un agent tenu secret. est l’image de la Rose des philosophes. et le Taureau. rendu indissoluble par le flos coeli. plus réalistes et plus rapprochés du vrai. Toute cette logomachie cache le vermillon des Sages ou l’amalgame philosophique du mercure. le même mot que vitelus. le veau d’or ou de chrysocale [Il n’est pas hors de propos de rappeler ici que Helvetius a écrit un traité d’alchimie sous le titre de Vitulus aureus (le Veau d’Or). Le flos coeli est appelé. à certaines fleurs comme celles des genêts qui restent verts toute leur vie durant. on remarque des analogies avec le texte du Myst. voici ce que Pernety nous en dit : "Manna Chymicorum ou Manna Mercurialis .. On lui donne aussi le nom d'Aquila cœlestis . ou salée. comme la matière même de ce mercure. C’est pourquoi. 91 et p. Paris. Que le Bélier et le Taureau ne soient pas là comme signes zodiacaux exotériques. et par conséquent le sceptre. celle de la Science. 1785." [Hypotypose. durant toute une saison printanière. 111 lorsque Fulcanelli nous parle des couleurs de l'Oeuvre [À propos d'Alliette. Ils l'ont aussi appelé Manne divine . Béguin dit. c'est que le Bélier cache un vitriol et le Taureau. aux bourgeons de sapin. nous ne procédions pas tout à fait comme il est indiqué dans le Mutus Liber (planche IV): nous faisions glisser une toile très fine mais très spongieuse sur l'herbe verte et en même temps suffisamment rigide des champs de blés . de la cendre. C'est un précipité blanc de mercure.évidemment. nous nous arrêtions pour éponger la toile que nous tordions à cet effet au dessus d'un récipient où nous recueillions à chaque fois quelques verres de rosée fraîche. Cette récolte débutait parfois deux heures avant le lever du soleil. nous le savons depuis longtemps. Notre méthode a toutefois l'avantage de fournir une quantité plus volumineuse.. Ceci dura du début du printemps jusqu'à la Saint-Jean d'été. Pierre Dujols] Là encore. sous Louis XIII. c. Cette victoire conférait la " chevalerie ". Mais ce travail est délicat. parce qu'ils disent que le secret de l'extraire de sa minière est un don de Dieu. En revanche. je n'ai pas trouvé plus de 10 à 15 jours 84 . Depuis. la vraie noblesse.Il vaut mieux rechercher des petites plantes très saines que des plantes plus belles. nous poursuivions la récolte de la rosée matinale. et puis distiller ce précipité d'abord à petit feu. la toile s'imprégnait des gouttes de rosée perlant à la pointe de l'herbe et. Mercure des Philosophes. les chefs de la Kabbale d’Etat étaient surnommés les " Matadors ".. Blancard . p. Pour la « manne céleste ». mais devait au plus tard être terminée une heure après. Manne." [Dictionnaire] L'électrum des poètes est le Laiton « non net qu'il faut blanchir ». en l'absence de vent. qu'on fait ensuite passer par l'alambic sous forme blanche comme la neige. qu'il faut ensuite le précipiter avec l'eau de mer. Voir aussi le Psautier d'Hermophile]. bien qu’effacée et inapparente. c'est-à-dire l'Airain qui est cette mystérieuse matière qui fait l'objet de la dissolution au début du 3ème oeuvre. quand le temps était clair et serein. L’espèce n’est pas éteinte.. tous les vingt mètres environ. On le verra. nous procédâmes de même chaque année. La méthode indiquée par le Mutus Liber (des toiles fixes tendues sur l'herbe) est certainement préférable car la rosée recueillie de cette façon est plus pure et constituée par les gouttes les plus éthérisées. Il faut attacher une importance particulière aux plantes qui restent vertes longtemps. c'est-à-dire du 21 mars au 24 juin. : Etteilla est évoquée deux fois. Parallèlement. Le Denier du Pauvre ou la Perfection des métaux. que cette manne se fait en dissolvant le mercure dans de l'eau forte. plus grosses mais cependant trop riches en éléments chimiques non assimilés. Barbault s'est beaucoup étendu sur ce travail dans les champs : ". Certaines années. Après avoir filtré et purifié cette rosée fraîche. dans sa Chymie. ce que l'on sait moins. A. période la plus propice à leur récolte. nous y faisions baigner les petites plantes et les bourgeons que nous avions ramassés. et où la rosée fût abondante et fortifiée par un bon aspect de lune. Nous avons utilisé le contenu de ces vases. et alors l'opération désignerait le salpêtre ou sel nitre. Mais il peut s'agir aussi d'une allégorie touchant à la captation de l'Esprit universel. puis cette dernière était placée dans un alambic afin que s'effectuent les premières digestions. l'homme nu. que l'on recueille dans l'alambic puis dans le récipient. Dans la planche 6. montre que le produit désigne la part mercurielle. Nous avons vu que cette opération consistait à recueillir du tartre vitriolé ou de l'alkali fixe." [l'Or du Millième matin. désigné par le croissant lunaire et tenant un nourrisson avec son bras gauche. au fur et à mesure de nos besoins. petites fleurs et autres éléments végétaux dynamiques et parfaits ainsi recueillis furent introduits dans des vases de terre préalablement remplis de rosée que nous scellâmes hermétiquement et que nous conservâmes au frais. les cristaux sont mis à distiller avec le liquide [eau distillée] dans une bassine [en haut à gauche]. En haut à à droite.où le temps fût vraiment serein. A droite. de la manière suivante: le vase choisi était porté pendant quarante jours à la température de quarante degrés afin que se préparent la fermentation ainsi que le mélange de sève et de rosée. sève et rosée servent d'aliments à la Matière. pousses vertes. sans nuage et sans vent. Les plantes. l'épouse recueille avec une cuiller le résidu. figuré par des cristaux en forme de triangle. le feu va faire distiller le phlegme. Après refroidissement. bourgeons. L'opération terminée. processus ainsi nommé parce que plantes. le contenu du vase était introduit dans la nacelle contenant la Terre sacrée . 69-70] planche 5 Cette planche semble faire suivre directement à l'opération désignée à la planche 4. p. Il faut manifestement remployer le « phlegme » qui s'est dégagé dans le récipient et le 85 . qu’il faille purger le mercure de ses éléments hétérogènes en séparant le pur de l’impur. soit un acide. néanmoins. dont la préparation présente les plus grandes difficultés. en effet. Il enlève tout simplement le chapiteau de sa main gauche tandis que sa main droite tient le récipient qui contient. recueilli à la planche 4. ce serait la préparation de tartre vitriolé. ne doivent pas être toujours suivies mot à mot. Un homme et une femme la versent ostensiblement dans un pot mis sur le feu. il est indiqué par un écu portant une lune d’argent sur champ de gueules. II est exact. de l’autre main. encore que ce métal convienne au travail à un certain moment. si l’on songe que l’œuf d’Hermogène est analogue aux autres. le subtil de l’épais. sinon le contrôle de la théorie. la vignette supérieure de la planche semble montrer que c'est le flos coeli. Sur le même plan à côté. La femme recueille le produit qui s'est accumulé à la base de la bassine et qui correspond à un sel fixe et c'est ce même produit qui est symbolisé par l'homme nu avec l'emblème de la Lune. cependant. Pierre Dujols] Nous ne sommes pas d'accord avec ce qu'écrit Dujols. à savoir un de soufre pour trois de mercure. Les autres figures représentent les digestions et distillations. c’est l’élément féminin. La rigueur de la première redresse les errements de la seconde. Cette animation se fait au moyen du soufre préparé à cet effet. Pour dérouter le profane. Par contre. décoré d’une demi-lune et accolé à un enfant. On trouvera dans Philalèthe des indications pratiques qui. qui fait l'objet des opérations de laboratoire. Ils représentent les proportions des éléments mis en œuvre. Nous n’apprendrons rien de nouveau au lecteur sensé en lui disant qu’un homme bourré de formules chimiques et aptes à résoudre sur le papier tous les problèmes d’école n’a aucun titre à se dire chimiste. On voit. il est indispensable de l’animer. C’est une présentation changée du travail. Il est visible qu’il s’agit de la coction de la liqueur récoltée dans la planche précédente. S'agit-il de phlegme ? S'agit-il d'acide nitrique ? Alors. Il s'agit 86 . "La cinquième planche initie le disciple aux opérations de laboratoire. les Adeptes donnent ce nom au mercure et à son sel. mais l’artiste doit y prêter la main et seconder la nature avec prudence. qui opère la sélection par ses vertus constitutives. Le disciple devra donc s’efforcer de réaliser tous ses concepts. l’une est la conséquence de l’autre. dans cette planche. Mais nous ne voyons pas que l'Artiste ajoute un produit visqueux sur la vignette centrale. Pour que le mercure soit propre aux opérations. on ne sait trop à quoi sert ce qui est contenu dans le récipient.mettre à chauffer dans un bain de sable.. On y assiste à une suite de manipulations variées. ce qui est désigné dans la partie inférieure de la planche. On peut sans peine imaginer quelle est la matière recueillie à la cuiller. La pratique du laboratoire seule donne la maîtrise. car qu’est-ce que la pratique. La Lune des philosophes n’est pas toujours l’argent. un personnage nu. II faut donc que la pratique accompagne la théorie. Le corps lunaire intervient dans cette opération . la femme qui se dispose à écumer le compost. l‘homme y ajoute un produit visqueux et tient. une substance qu’il n’est pas difficile de découvrir. Dans l’Œuvre. soit du phlegme. reçoit un flacon où se remarquent quatre petits triangles. Dans la figure au dessous.." [Hypotypose. mais exacte au fond. Certes. à qui est donné symboliquement le vase contenant la substance figurée par cette marguerite. On démarre ensuite une autre opération. à droite. Ici. c'est un personnage ayant les attributs du Soleil. le résultat étant figuré par une fleur. qu'on met dans des vases au bain de sable.d'une matière qui a rapport avec le Mercure commun ou avec le Sel. Cette fois-ci. vue à la planche 5. la vignette supérieure montre l'Artiste en train de recueillir le contenu de ces vases dans un ballon [on dirait presque un dessin animé car on voit les bouchons de ces vases en l'air. planche 6 Nous voyons la suite des travaux exposés sur la planche 5. L'opération va consister à chauffer la substance. On remarquera que les opérations y sont toujours effectuées par un homme et par une femme symbolisant les deux natures. tenant du Mercure. où l'on met au four à réverbère l'autre substance. donc du Soufre. Le ballon est mis au feu de réverbère et un chapiteau avec son récipient sont adaptés et lutés. Le résidu obtenu après calcination est recueilli et figuré par une fleur de marguerite. Le mystère réside dans le contenu du récipient. Quant à la vignette inférieure. ce qui paraît plus douteux. il ne s'agit pas d'une distillation mais d'un chauffage au bain de sable. "La planche six est la continuation de la cinquième. Nous étions restés sur le mystérieux contenu du récipient. alimenté par le fourneau et c'est une coupe du dispositif que nous voyons. L’action extérieure de ces 87 . ce qui exprime l'idée qu'ils ont été vidés]. figurée par la partie droite de la vignette du bas. celle-là. Nous devons signaler tout particulièrement la figure représentant la rose hermétique obtenue par les sublimations précédentes. Il y aurait ici beaucoup de choses à dire. pour arriver à ce résultat. L’action manuelle ne concourt aux résultats qu’à la façon d’une cuisinière préparant son pot-au-feu. Les proportions sont analogues à celles employées pour la panification. C’est le soufre des métaux. Dans le régime de 88 . quel est ce soufre mystérieux dont parlent toujours les philosophes. De même que le levain est fait de farine et d’eau acidifiés. Celui-ci est le soufre. il n’y en a qu’une. au propre comme au figuré. C’est exact. qui joue dans le travail un rôle analogue à celui du levain dans la pâte du boulanger. [Dujols fait peut-être référence à Geoffroy L'Ainé qui prétendait préparer du fer à partir d'argile et de lin . et l’agent masculin un rôle actif. l’agent féminin joue un rôle passif. Le premier soin de l’artiste consiste à y faire la part du vrai et du faux. bien déterminées. La science actuelle semble considérer ce fait comme une impossibilité absolue. le Mutus Liber en présente trois. et ce feu secret est le ferment des métaux. le ferment des métaux est un produit du soufre et du mercure. Nicolas Lemery démontra que le fer obtenu par Geoffroy provenait bien sûr de l'argile . Mais les Sages parlent de deux feux différents dévolus à cette fonction. On désirera savoir. portée à la température requise par le feu extérieur.agents indique le travail intérieur des corps réagissant l’un sur l’autre. [cf. amenés par l’art à l’état convenable. Le secret de l’art consiste à l’extraire des corps mâles pour l’unir aux corps femelles. et une troisième encore moindre. Geoffroy se rendit aux arguments de Lemery. sans autrement le désigner. il faut une certaine pratique et une connaissance approfondie du règne minéral. infra et Fontenay] Nous avons en mains un magnifique soufre d’argent obtenu par un moyen analogue et qui se rapproche beaucoup de la teinture des Sages. Celui-ci domine et constitue la littérature hermétique. Chevreul . la Rose est donc l’efflorescence de la sève métallique mise en mouvement par le feu extérieur. cf. l’eau cuit le compost. mais elles sont filles l’une de l’autre. Qu’est-ce que la Rosée ? C’est la fleur de l’arbre philosophique qui présage le fruit. l’arbre des philosophes est le mercure végétal . Or. Tous les traités d’alchimie ne sont que des " Romans de la Rose ". Mais que l’adjonction de ce nouvel élément ne trouble pas la pensée du fils de science. De grands chimistes du XVIIIe siècle ont démontré. qui excite le feu interne des corps. Défiez-vous des auteurs qui parlent de broyages. et. en dehors du feu naturel. la lune. sans doute. Dans la première figure. Mais. suivant qu’on opère pour l’or ou l’argent. de séparations obtenues par ce qu’ils appellent des " tours de mains ". La coction achevée. Y aurait-il plusieurs roses ? Oui et non. il n’y a plus qu’à extraire les produits et à les employer suivant la formule.Résumé de l'Histoire de la Matière sur l'analogie du levain et de la préparation de l'or alchimique] Notre planche nous montre une seconde rose plus petite. Lorsque les ingrédients sont dans la marmite. que l’opération est réalisable et qu’ils l’avaient réalisée. de décantations. Mais toute intervention intempestive est préjudiciable et nuit à l’Œuvre. Cependant. c’est-à-dire à trois puissances différentes. au fond. Le disciple doit donc penser qu’il existe. un autre agent ainsi dénommé. Il y a deux roses en principe. ce qui suppose leur décomposition préalable. dans des communications adressées aux corps académiques. point de putréfaction . herm. mais nous parlons assez clairement pour nous bien faire entendre. et sur la composition des autres métaux. Si semblable accident venait à se produire. le soufre moyen. savoir. Les trois premières matières y sont à peu près en portions égales. Voyez MATIERE . etc. de sel. Nous avons sous les yeux deux articles : Du Souphre Principe. modifié différemment. Quoi qu'ils disent qu'il faut prendre un soufre. elle est la clef des autres. La première est la noire. et font presque tout le corps du soufre commun. le safran est la couleur de l'Aurora consurgens . Homberg [22 avril 1705] dans lequel l'auteur croit que le Soufre n'est autre que la lumière et Sur la production artificielle du Fer. On donne le nom de soufre en particulier au soufre commun. 32. p. SEL . Quelquefois les Chimistes donnent ce même nom à des matières nullement inflammables. par M. les huiles. qui ne sont que le même. mais elles n'y sont pas sensiblement distinctes. particulièrement dans les matières minérales. La putréfaction donne lieu à une succession de couleurs. les bitumes. ainsi qu'en témoignent des articles parus dans les Mémoires de l'Académie royale des sciences. et d'un peu de métal.} Lorsque les Philosophes parlent de leur soufre. et c'est alors de la fleur de soufre. Philalèthe. en sorte que l'on voit le mot de soufre attribué à bien des matières même très opposées entre elles. et sans putréfaction. Voici l'article Soufre que commente ainsi Pernety : "Soufre. 89 . la rose rouge ou parfaite. c’est que les matériaux mis en contact n’ont pas les qualités voulues ou sont mal préparés. Pierre Dujols] Le Soufre des métaux les chimistes croyaient encore le tenir au XVIIIe siècle. la rose rouge correspond au régime de Mars. un sel et un mercure. nulle transformation. de l'Acad. SOUFRE .] L’obtention des roses est subordonnée à la putréfaction. et l'art manifeste leur sel. leur mercure l'est aussi. Philalèthe enseigne qu’on obtient d’abord la rose blanche. Les Chymistes admettent trois sortes de soufre. Leur soufre est artificiel. Mém." [Hypotypose.la coction. mais seulement colorées sans aucune autre raison. qui paraît composé de quatre différentes matières . la rose jaune ou safran. Geoffroy [11 mai 1707] où l'auteur croit que le Soufre des métaux n'est autre que la partie qui s'échappe du métal quand on le calcine. par M. on n'a pu obtenir le « Soufre » des métaux. Voir Philalèthe pour le reste et n’en prendre que la fin. ces trois choses se trouvent à la vérité dans leur matière. Mais jamais. Pas de noir. quand on le suppose épuré par la sublimation de sa terre superflue. telles que sont le soufre commun. de 1703. le soufre volatil ou mercuriel. qu’il nomme la lune. [il s'agit là des régimes de planètes : la rose blanche correspond au régime de la Lune et au Soufre blanc .. Nom que l'on donne en général à toutes les matières inflammables dont on se sert dans la Chymie. comme croit l'entendre Magophon. Il semble que Geoffroy ait confondu la teinture des métaux avec un métal dans un grand état de division. de terre. lié au Soufre rouge. ni aucun autre soufre séparé et distinct de leur mercure. et le soufre fixe. d'une matière purement grasse ou inflammable.. il ne faut pas s'imaginer qu'ils parlent du soufre commun dont on fait la poudre à canon et les allumettes. (Sc. Nous n’employons pas la terminologie exacte de cet auteur. Mais tout cela ne fait qu'une chose qui les renferme toutes trois. qui n'est point actuellement or. qui conviennent tous à ce qui est mâle. qui dans la génération est censée passive. Antimoine. SOUFRE INCOMBUSTIBLE . et de mine. mais quand ceux-ci lui ont donné ce nom. SOUFRE VRAI DES PHILOSOPHES . et que partout où il y a feu. dit d'Espagnet. ou fait l'office de mâle dans la génération naturelle. lorsqu'il dit que le soufre de nature est le menstrue essentiel fait avec le mercure et l'esprit de vin sept fois rectifié. SOUFRE ROUGE .) C'est le même que soufre rouge. Herm. SOUFRE VERT . mais qui l'est en puissance. ou du moins qui en tire la teinture. qui agit. c'est dans le temps qu'elle est parfaite au rouge ou au blanc. C'est encore le même. par les opérations du magistère. car Raymond Lulle entre autres nous assure que le soufre des Sages n'est point distingué sensiblement de leur mercure. Huile de cinabre. laquelle par des opérations faciles et occultes. puisqu'il a un feu interne. Plusieurs Chymistes ont travaillé sur le soufre naturel. SOUFRE ONCTUEUX . Paracelse regardait ce soufre comme un excellent anodin. SOUFRE NARCOTIQUE du vitriol. digère. cuit sa propre matière mercurielle. SOUFRE DE NATURE . (Sc. mais on le compare à la femelle. qui dissout la chaux du soleil et de la lune. naturel ou factice. et le préférait à tous les autres. le principe actif de l'œuvre. que quelques-uns appellent un argent-vif conduit de puissance en acte. et leur mercure ne se fait point avec le soufre commun. Quelques-uns cependant donnent ce nom à la matière parvenue à la couleur blanche. Ce n'est pas que le mercure n'agisse aussi. SOUFRE VIF . et ressemblant au grenat. Dict.Lorsqu'ils disent en général notre soufre. leur ferment. SOUFRE ZARNET . SOUFRE OCCULTE . beaucoup transparent. Corps composé de la pure essence de métaux. C'est celui des Sages. Planiscampi. mais formé en gros morceaux. Elle est alors proprement le soufre philosophique. C'est l'âme de ce minéral. herm. le véritable agent interne. dans lequel il se trouve renfermé. Soufre philosophique. C'est le grain fixe de la matière. C'est leur or. SOUFRE DE VITRIOL . Rullandus donne le nom de soufre rouge à l'arsenic. dont le mercure est le principe passif. Soufre des Philosophes. Le même que celui de l'article précédent. Leur rouge est leur minière du feu céleste. Philalèthe. dans ce cas ils les distinguent par la couleur. il y a action. Extrait du vitriol dont on trouve le procédé dans la Chymie de Béguin. on redonne à 90 . L'Auteur du Dictionnaire Hermétique pourrait s'être trompé. SOUFRE NOIR . Les Philosophes ont donné à ce soufre une infinité de noms. appelé sulphur nativum par les Latins. de tous les principes de la Médecine du premier ordre. on doit les entendre de leur pierre au blanc ou au rouge . SOUFRE AMBROSIEN est un soufre naturel rouge. SOUFRE BLANC . et extrait. comme étant la vraie matière des Philosophes . mais elle est difficile à comprendre. "La septième planche est très importante. L'allégorie nous montre à gauche un personnage que l'on pense être Saturne. le produit obtenu . On connaît la fable de Saturne et de Jupiter. Les quatre tableaux du haut se réfèrent aux opérations « réelles ». vous fera connaître à quels métaux conviennent ces deux noms. La scène se fait sous un feu soutenu ou du moins une chaleur certaine semble émaner du personnage . En haut. selon le même Auteur. dans les quatre tableaux. nous observons d'abord que l'on remplit une bassine de liquide. car c’est ici que Saturne dévore son enfant... notons que Saturne est à présent armé d'un glaive." [Dictionnaire mytho-hermétique] planche 7 Cette planche semble se rapporter à la fabrication de l'une des parties du Mercure philosophique.serait-ce une indication sur la chaux vive ? Au centre. mais nous arrivons à une opération délicate.s'agit-il du « blanchiment » du laiton ? À droite. le bain de Saturne . Ce liquide est ensuite mis au feu et des cristaux paraissent être récupérés à la cuiller et mis dans un flacon contenant des *. qu’on trouve chez les auteurs. Nous retrouvons ici les quatre petits triangles qui indiquent les rapports déjà expliqués. Le soufre universel est. Mais nous ferons remarquer. s'apprêtant à dévorer l'un de ses enfants. la lumière [Pernety cite l'article de Homberg évoqué supra] de laquelle procèdent tous les soufres particuliers. que le 91 . en toute conscience. les trois scènes du bas représentent les allégories correspondantes.l'or. Qu’est-ce que Saturne et qu’est-ce que Jupiter ? La nomenclature chimique. aux solides. on doit. sans qu’il soit possible désormais d’en faire l’analyse de manière chimique. mais prohibent en même temps les liqueurs corrosives. Une des figures représente Saturne croquant son fils au milieu d’un brasier. II. 216-235] Lorsque Saturne a accompli son horrible festin. II faut prêter ici la plus grande attention aux discours des philosophes. par un second tour de roue.] commence alors. cependant. si l’on y persévère. On le distille alors hermétiquement afin de n’en rien perdre. La voie sèche suppose. car il faut s’y reprendre à plusieurs fois. ». en réalité. C’est ce qu’on appelle " blanchir le nègre ". et que leur fusion en volatilise l’âme. faire passer sur lui toutes les eaux du déluge. Mais qu’on ne mélange pas les deux voies: les liquides s’unissent aux liquides. de la rosée commune. en corrige les humeurs et le rend dispos pour les opérations subséquentes. on procédera selon l’art en mettant en contact nos deux éléments. une combinaison obtenue par un procédé adapté à la nature des corps. évidemment. Il est une eau qui renferme le feu du Ciel. cite la teinture et caractérise l'aspect de la Pierre] Dans cette opération. L’opération est rude. et les solides.Saturne et le Jupiter des Sages ne sont pas les mêmes que ceux des chimistes profanes. ils ne sont propres à l’œuvre qu’après avoir subi une préparation qui les rend " philosophiques ". [Fulcanelli reconnaît pourtant à la voie sèche deux phases : la phase humide qui correspond à la dissolution et va jusqu'à la fermentation du Rebis . le feu joue un certain rôle. On sait que la rosée renferme un principe acide qui brûle à la lettre. Il faut prendre la moyenne des deux doctrines pour les accorder ensemble. pp. de telle sorte que l’un absorbe l’autre. Celui-ci assure que le feu élémentaire est le destructeur des corps. telles que les acides. Elle est. néanmoins. mais à corriger les effets d’une digestion laborieuse en éliminant les toxines résultant de la fermentation. on en précipite le sel qui se présente en petits cristaux très hygrométriques. et que l’on n’aille pas faire de la soudure de plombier ou de ferblantier. Le disciple se trouve donc enfermé dans un cercle vicieux. » Il y aurait là bien à dire puisque Fulcanelli nomme à la fois le lien du Mercure. dit Philalèthe. formée des véritables pleurs de l’Aurore unis à une substance terrestre. la phase d'assation qui est le début de la coagulation de l'eau mercurielle. Les objets soumis à son action ne tardent pas à tomber en poussière. ce qui donnera un produit nouveau qui tiendra des deux. qui est le sujet de l’Œuvre. celui-là déclare que les Sages brûlent avec l’eau.. c’est la rosée ou flos coeli. Nous devons faire observer. Ce lavage à grande eau dépouille le corps de ses impuretés. de sablon ou de cendre. Qu’on y prenne garde.. en forme de cristaux. De Chemia qui indique que : « Le soleil est la clé de toute porte. p. que nous avons vu étreindre dans une planche précédente. voit Bibliotheca Chemica curiosa. que la rosée philosophale diffère... non pas de manière à le noyer. Si l’on adopte la voie humide. et qu’on 92 .] apparaît granuleux ou pulvérulent. se parfait et s'achève lorsque le contenu de l'oeuf [.. 160 : « la seconde période [... dont il lui est fort difficile de sortir à son avantage. [on se reportera ici à Senior. Myst. mais efficace. cf. Nous ne travaillons pas sur des produits bruts. et encore qu’ils soient tous empruntés à la famille des métaux. du laiton. On ne sait au juste. qu'il faut soumettre à la calcination. E. ici. comme le montre une autre figure. où l'auteur fait preuve de virtuosité cabalistique. mystérieux] ou qui s'est déposée [apoqesiV : action de déposer]. Il s'agit donc d'un sel servant à préparer le Mercure. Voyons. auquel cas nous serions au 3ème oeuvre. formé d'ailleurs du meilleur marbre de Carrare. C'est-à-dire d'une substance cachée [apoqetoV : mis en réserve.doit soustraire aussitôt aux influences de l’air. le couple alchimique utilise le sel de Mercure dans une large bassine. Pourtant nous sommes au 2ème oeuvre. C’est pourquoi on l’enferme. On est en droit de se demander si les Adeptes ne parlent pas. parle aussi d'un tel flacon. en réserve. se servir du bouton de retour issu de la vitreuse provision. dans un flacon bouché à l’émeri et qu’on tiendra. de la même chose. dans cette phase de l'oeuvre. Dans cette planche. Voyez également la section laboratoire 1 où l'on discute de la voie des carbonates. par exemple. ce flacon bouché à l'émeri. Voyez ce qu'il faut en penser aux sections salpêtre et tartre vitriolé. au stade de la préparation du Mercure commun. on retiendra ces cristaux qu'il faut tenir à l'abri de l'air. à une certaine époque de l'oeuvre. ici ce qu'il faut entendre par « blanchir le nègre ». Le produit de ce sel. qu'il faut tenir en réserve. Cyliani." [Hypotypose. car il ne peut s'agir. représenté par des étoiles. Canseliet écrit qu'il faut. est ensuite donné symboliquement à une femme qui porte à son front l'empreinte du croissant lunaire. dans son Hermès Dévoilé. planche 8 93 . Pierre Dujols] De ce commentaire. Revenons un instant sur le commentaire de Pierre Dujols et admirons à la fois le ton d'humour combiné à celui de l'érudition. Philalèthe.Cette planche se rapproche de la n° 2 mais nous sommes ici à un stade ultérieur. en diffère et par le nom. porte tel nom ou tel autre. Le mercure des philosophes. Certains ont cru que le lait de vierge pouvait être obtenu par une combinaison des deux. Nous connaissons un artiste qui a réalisé ce tour de force pour le plaisir de vaincre la difficulté. bien qu’extrait du vin. tandis que la planche deux n’en présentait que les éléments constitutifs. II faut accueillir avec la plus grande réserve tous les noms bizarres imposés par les philosophes à certains ingrédients. tout particulièrement. Des colombes volent aux pieds des anges . et par les effets. Celui-ci diffère du premier en quelque chose. et par la puissance. sans prétendre en tirer d’autre conséquence. que l’alcool. le soleil et la lune sont aux pieds de Mercure. suivant qu’il est ou n’est pas exalté. "La huitième planche nous fait voir le mercure des philosophes réalisé. bien qu’ils soient tous les deux de même essence. De telle sorte que le même produit. ce qui est indiqué au bas de la planche par l’athanor ou l’on a mis l’œuf à incuber. Ripley et d’autres vont jusqu’à dire qu’il s’agit du mercure commun. désormais animé. de même que le vin 94 . et par l’aspect. Et il est vrai. Nous sommes donc en mesure de certifier l’opération comme réalisable. Basile Valentin. animé et sublimé selon les règles. Ces différentes épithètes ne servent qu’à déguiser la suite des opérations. 3. et Philalèthe en signale un second. après tout. Il est le produit du Soleil et de la Lune qui sont à ses pieds. nous voyons le Mercure. doit circuler longtemps dans le vase avant de produire les heureux effets qu’on attend de lui. Les aigles volent autour de lui parce qu’on lui fait subir dans le matras les sublimations nécessaires. au contraire. Dans le matras. ce qui n’implique pas que nous adhérions à son emploi dans la pratique. Mais il y a plusieurs mercures dans l’œuvre. 4). Dans cette image est symbolisée la dissolution radicale des composés que nous avons maintes fois envisagée (1. le bannit avec malédiction. sous le nom de lait de vierge. 2. ce qui égare le sentiment vers le vif-argent vulgaire -. La scène du bas montre à gauche le couple alchimique recueillant la rosée de mai et à droite l'allégorie correspondante : Mercure. d’ou il est tiré. 2. les gnomes de la cheminée alchimique . indice que la terre est prête à acceuillir le Soufre.. Mais sans donner d'explications outre mesure. etc. On voit dans le lointain des champs labourés. 95 . L'autre Mercure est celui dont les alchimistes ont le plus parlé : le second Mercure. dans sa Clavicule le Mercure vulgaire .] planche 9 Variation sur le thème de la rosée de mai .. Gabricius et Béia. on observera que des bassines se sont substituées aux toiles. Pierre Dujols] Dujols aborde ici un important point de science : les deux Mercure. C'est le véritable Lion vert de Ripley. le Mercure philosophique. les deux chiens du Corascène et d'Arménie . le patient et l'agent. Ramon Lull l'appelle. appelé aussi double Mercure ou enfin. chose double. habituellement désigné par les alchimistes comme une substance hermaphrodite [voilée par quantités d'allégories : Apollon et Diane . le Rebis. Ils l'appellent aussi le compost [mélange Mercure commun et Rebis]. Nous sommes en mesure de pouvoir afirmer que le Mercure commun ou 1er Mercure correspond à l'eau-vive prime de Limojon [1." [Hypotypose. avant le stade du bain des astres. 3].diffère du raisin. étant l'homme double igné de Basile Valentin. le Mercure non encore animé. cette remarque faite. avant d'entrer dans le labyrinthe de Salomon. Mais nous devons éventer ici une ruse: cet auteur a confondu à dessein. effectivement. Ces fantaisistes prétendent ainsi imprégner la matière d’esprit astral comme on charge un accumulateur d’électricité. abonde dans cette vue] La force du produit doit être proportionnelle à la puissance du fluide. mais nous devions signaler le fait pour mettre en garde le disciple studieux."La neuvième planche nous ramène au flos coeli. Voilà ou mène l’analogie mal entendue et appliquée à tort et à travers. qui n’ont jamais produit que des livres. car il faut un rien de trop de chaleur pour que la partie ignée du flos coeli reprenne le chemin des Astres. Michel Maier y consacre l'emblème XLVIII de l'Atalanta fugiens] Il décrit soigneusement cette opération. la voie sèche et la voie humide. dans son ouvrage. de façon à lui faire perdre une partie de sa nature huileuse. 1. Pierre Dujols] Nous sommes bien d'accord avec Dujols pour admettre la fourberie de Philalèthe. Mais. Philalèthe est un grand maître. D’après eux. Philalèthe prescrit. Pourquoi ce retour. Mercure en train d’acheter un pot de cette eau divine à une paysanne. puisque nous nous en étions approvisionnés ? Ce n’est pas que l’auteur du Mutus Liber veuille nous renvoyer à la campagne pour en avoir d’autre . car de nombreux alchimistes ont joué sur les deux voies pour égarer les impétrants . Nous ne nommerons pas ces théoriciens singuliers dont la sincérité est respectable. qui s’accomplit avec l’eau céleste portée à une certaine température. [cette étrange opération est décrite par plusieurs auteurs : il s'agit de guérir le Roi de son hydropisie. Et puisque nous employons la locution de Cyliani. Des écrivains d’hier ont vu dans cet esprit astral une émanation magnétique de l’opérateur. etc. Nous voyons. subir un entraînement physique et moral. par la projection de la psyché qu'il y voit. nous reconnaissons que l’esprit astral joue un rôle permanent dans les opérations. nous prévient sur l'outrance des allégories du mystérieux Adepte. pour pratiquer avec succès cette sorte de fakirisme ou de yoga.. dans une des figures de cette planche. de laver le mercure à plusieurs reprises.000. de telle sorte que la poudre de projection obtenue multiplie à 100. que l’on trouve ramassée sur l’herbe au mois de mai particulièrement . d'ailleurs. contre les lectures hasardeuses d’auteurs sans mandat et sans consécration. qu'il appelle Arachnè] Ce serait donc un tort d’appliquer à une technique ce qui convient à l’autre. modérée néanmoins. pendant une période déterminée. c'est la raison pour laquelle Fulcanelli conseille à l'étudiant. [Dujols souligne ici un point de cabale absolument fondamental. mais il était bien obligé d’en répéter le symbole. arrêtons-nous aux interprétations invraisemblables auxquelles ce terme assez récent a donné lieu. Flos Coeli. à juste titre. et à quoi bon y recourir de nouveau. C’est donc qu’il en a besoin pour quelque usage. suivant le potentiel de l’artiste. mais passent dès lors pour des Maîtres. du moment que cet agent céleste doit entrer dans une nouvelle combinaison. quant au flos coeli.000 ou 10. il faudrait. elle diffère de la 96 ." [Hypotypose. de se munir d'un fil d'Ariane. [sans aller jusque là. C’est une espèce de manne. reconnaissons que la vision que Jung avait de l'alchimie. sa parole fait autorité et il présente le travail avec une ingénuité si convaincante qu’aucun soupçon de fraude ne saurait vous effleurer. et trop confiant. voyez l'article de Pernety : "FLEUR DU CIEL. Fulcanelli. c'est la largeur des bassines de la planche 9. 1969] préconise l'usage sans que l'on sache au juste s'il l'entend au sens propre du terme ou par cabale. en ce que celle-ci est douce.. En tout cas. mais mal-à-propos.manne. et se recueille sur les feuilles des arbres en forme de grains. Or.cf. Quelques Chymistes se sont imagines que c’était la matière dont se servent les Philosophes Hermétiques pour le grand œuvre. la scène du bas étant l'allégorie correspondante. elles nous font penser à la préparation spéciale dont Armand Barbault [l'Or du millième matin. Fontenay . J'ai Lu. Un dernier mot : sur cette accumulation d'électricité dont parle Dujols. Mais il convient de se méfier de Magophon comme des autres. préparation des deux matières de base : la chaux métallique à gauche est 97 . il se pourrait qu'il dise le vrai pour le faux. ce qu'il faut observer ici. le Flos Cœli. des bassines de cette largeur ne sont employées que lorsqu'on a en vue de faire cristalliser un sel. Considérons les quatre tableaux du haut. On tire par l’art chymique une liqueur du Flos Cœli.. dont les propriétés sont admirables." [Dictionnaire] Quant aux propriétés magnétiques dont il faudrait que l'Artiste soit imprégné. En haut à gauche. au contraire se trouve sur l’herbe et n’a presque point de saveur. planche 10 Cette planche capitale nous montre sans doute la préparation du Rebis . et sous des airs méfiants et entendus.et de son aspect étrangement cristallin afin de mesurer de quelle nature peut être ce mystérieux ambre utilisé par les Adeptes. on ferait bien de jeter un coup d'oeil sur la cage de Faraday de la tour Rivalland . et la préparation du nitre relève de cette technique. l’on place ensuite l’œuf dans l’athanor et la coction commence. Le matras est ensuite disposé dans l'athanor. La femme place tous ces produits dans un matras à long col. dans les plateaux d’une balance. la fleur [flos = sel très blanc] symbolise le soufre blanc. de manière à ramener le verre à un état pâteux et ductile. Enfin. car on y trouve le Zodiaque des Philosophes. c'est-à-dire Artémis [lune cornée]. Aujourd’hui. Quelques praticiens. II tient. tout en s’assurant qu’il ne se produit aucune capillarité par ou pourrait s’échapper l’esprit du compost. cette opération s’exécute très facilement au gaz. Un homme verse sur cette fleur un liquide enfermé dan un flacon. En dernier lieu. [voir cap. Il en présente le col à la flamme d’une lampe. "La dixième planche représente la conjonction. forme sept pétales. d’une habileté consommée. L'allégorie du bas semble représenter l'alliance des deux principes . qui est absolument pur. et les divers accessoires qui les accompagnent déclarent leur état d’exaltation. Les choses en étant là. Il doit l’étirer ensuite avec précaution de manière à l’amenuiser au point voulu. à droite. attribué à d’Espagnet et cité avantageusement. Cela constitue une indication sur la période de l'oeuvre où l'Artiste essaye ses matières et espère que dame Nature veillera à établir les poids de façon canonique. il s'agit du sceau vitreux d'Hermès qui est apposé au vase de nature. l’artiste scelle le matras au sceau d’Hermès.symbole de Thémis . il en renverse sur elle-même la partie adhérente au matras pour en former un épais bourrelet. 116-120] 98 . Il y a là un rapport à l'arbre solaire] Ce sont les proportions du rapport. et il a beaucoup à y apprendre au point de vue de la conduite du feu et du régime de l’Œuvre. mais sept ressortit du nombre des métaux connus par les Anciens. quel que soit le moyen adopté. On distingue d'ailleurs un croissant de lune dans la partie supérieure. du soleil. mais qu’on se rappelle ici ce que nous avons dit du rôle de la femme dans l’Œuvre: les deux agents personnifiés de la sorte sont les matières elles-mêmes. d’un côté. emploient un procédé automatique d’une plus grande perfection. un autre récipient plein d’esprit astral pour l’utiliser selon le cas. le sel indiqué par l’étoile. de l’autre main. Le Mutus Liber en présente la forme et les dispositions intérieures. à l’aide du chalumeau. C’est le mercure.dont on aperçoit le fléau couché. un peu à droite. À la seconde rangée. Nous n’ajouterons aux dits de cet auteur qu’une remarque importante: la construction du fourneau est en partie. La première figure expose. l’Ouvrage secret de la Philosophie d’Hermès. Ces substances sont mises dans un matras puis le matras est scellé au feu de lampe . de l’autre le soufre désigné par une fleur qui. après avoir sectionné le verre. Philalèthe le décrit soigneusement. sera utile à suivre. la présence de l'arc peut être une indication sur Diane chasseresse. On notera que ces deux substances ont été mises sur les deux plateaux d'une balance .symbolisée par l'étoile . autrement nommé maison de verre ou poulet d'Hermogène] Nous ne dirons rien de l’athanor. allégorique. avec le cœur. [on peut se demander si Dujols n'est pas envieux : les textes sont unanimes à considérer que la part de soufre est beaucoup plus faible que celle du sel. [c'est la préparation du vase de nature. la fleur. le sel en forme d'étoile. L'étoile symbolise le Sel ou corps." [Hypotypose. puis blanc et enfin jaune et rouge. telle que nous en parlons. obtenu à la planche 6. sans que l'on sache bien ce qui pourra résulter de cette Coction. Le Soufre rouge est indiqué de façon indirecte par la fleur à sept pétales : le rapport est en effet de sept parts de Sel pour une de Soufre.. d'un côté de la balance. qui règnent dans le matras. Elles sont ici synthétisées dans un cercle d’abord noir.La dernière figure de cette planche démontre que la conjonction est opérée: le Soleil et la Lune sont unis. Dans un temps ultérieur. D'un certain côté. La voie empruntée semble ici la voie humide. planche 11 99 . Le travail a donné les couleurs requises. c'est-à-dire une terre [de la nature du kaolin ou une terre vitrifiable]. symbolisant le Soufre. à cause des conditions de température. le Mercure s'anime [on voit l'Artiste verser le Mercure commun dans un matras à long col qui contient les natures métalliques]. comme l’énoncent les chiffres. Il faut donc voir. n'est pas la chaux vulgaire mais une chaux métallique dont l'hiéroglyphe est . après que le matras ait été scellé au feu de lampe. Les deux substances mises en présence sont donc une chaux métallique et le salpêtre des philosophes. Mais plutôt que la préparation du Nitre de la sapience. Le produit obtenu multiplie par dix. Il est ici clairement évident qu'Apollon et Diane symbolisent les natures métalliques en réincrudation. et surtout de pression. Voyez ici le Filet d'Ariadne de Batsdorff. Pierre Dujols] Nos premiers commentaires n'étaient pas satisfaisants. mais par voie humide. C'est alors que débute la Grande coction. c'est de la préparation du Rebis qu'il s'agit. ils n'étaient pas complètement absurdes.. Voici pourquoi : la chaux. obtenu à la planche 9 et de l'autre côté. en signalant toutefois ce travail comme long et ardu. mais de l’art. n’est qu’un mirage fugace et ne laisse. Philalèthe et d’autres conseillent. Bien que Jupiter joue un rôle nominal dans le processus opératoire. les expériences alchimiques d'August Strindberg et les relations épistolaires entre Strindberg et Jollivet-Castelot] Nous confesserons cependant. Nous avons déjà parlé de cet or mystérieux.s’est échoué dans une technique puérile et ridicule. il ne s’agit point du bisulfure d’étain. "La planche onze proclame que l’opérateur est entré dans le régime du Soleil c’est-à-dire qu’il a obtenu l’or des philosophes. célèbre à d’autres titres et qui a joui. supra. Des chimistes contemporains qui se sont indûment pris pour compétents. que déception. par jainw. que ce n’est pas un produit de la nature. dans ce cas. de quelque prestige .il nous faut nommer Strindberg [cf. de le chercher dans l’or vulgaire. à qui ignore l’or artificiel. lui faire subir des manipulations difficiles et dangereuses. mais du véritable " or mussif " ou secret. exactement comme dans la fable de Latone où Diane paraît avant Apollon] Un auteur. [trait de cabale résultant d'un jeu de mot entre jenax et joinix. Il faut. qu’ils se flattaient de rendre philosophique. nous ignorions que Dujols connaissait les expériences de Strindberg] pour prévenir contre ses égarements . on peut y deviner l'aurore de l'oeuvre puisque annonce . car on peut transformer ce métal en 100 . à l’analyse. Ils ont mal entendu Basile Valentin. Le stroma de la dissolution de ce sel. le phénix de l'oeuvre. Ajoutons qu'avant d'entreprendre ce travail. en toute vérité. [cf. dans certains milieux. c'est-à-dire le sulphur en voie de réincrudation . Son Livre d’Or est une aberration qu’appelait un charitable silence. qui n’est pas l’or vulgaire. considéré par eux comme un " or naissant ". ont cru le rencontrer dans le vitriol commun.Cette planche n'est qu'un reflet de la 8. fulminate [cf. Cette planche fait voir qu’on recommence ici toutes les opérations précédentes. le redistiller pour lui donner une animation plus grande. mais qui ne sont pas introuvables. à cette fin. c’est juste. si l’on raisonne avec sa raison plutôt qu’avec les livres trompeurs des Sages. Pierre Dujols] Et comme on le voit." [Hypotypose. Pierre Dujols] Nous renvoyons le lecteur à la section sur la voie humide où est abordée la question des fulminates d'or et de la préparation des dissolutions auriques. encore qu’il y ait deux Or différents pour mener l’Œuvre à bonne fin. Il faut. "La planche douze nous enseigne comment on peut porter ce mercure à une échelle supérieure. il faut voir dans ces redites des réitérations d'une même 101 . " Il faut de l’or pour faire de l’or ". il évitera cette embûche sophistique et opérera hermétiquement. en soit imprégné à saturation. cette planche est analogue à la 9. voie humide] et les Mémoires du XVIIIe siècle rapportent plusieurs accidentes mortels consécutifs à cette préparation. qui en est avide." [Hypotypose. Les maîtres savent atteindre le but suivant par d’autres voies. Il faut élever le mercure à un plus haut degré de sublimation au moyen des aigles. Mais. si le disciple est instruit à la bonne école. dit l’axiome classique. qu’ils se gardent bien d’indiquer. Pour lui. elle n'a pas inspiré Magophon outre mesure. il écartera ainsi ce péril redoutable. recommencer les imbibitions de flos coeli jusqu’à ce que le mercure. planche 12 Là encore. entre Apollon et Diane. qui s’opère avec des matières sublimées à l’extrême. n’est autre que le commencement des multiplications. et commentaires par J. à Washington in Altus. afin de concentrer davantage le produit. qui témoignent de la multiplication accordée lors des réitérations de la technique de concentration. Le travail est le même que celui de la planche dix et. Comme il le fut signalé pour celle-ci. découvert à la bibliothèque du Congrès. Milan. van Lennep : "La comparaison entre les planches reproduites par Laplace [Jean Laplace. 1979] et celles de l'édition princeps ou de Manget. ils sont en outre accompagnés par deux gravures. "La treizième planche est une répétition de la dixième. La couleur a été appliquée grossièrement sur des planches vierges dont les sixième et septième sont identiques à celles qui furent découvertes par Elie Charles Flamand et qui furent attribuées par Canseliet à l'édition de 1725. la différence entre la planche 10 et la planche 13. Archè. car dans l’œuvre. Laplace. avec des planches en couleurs d'un soi-disant manuscrit du Mutus." [in Alchimie. 233] planche 13 Comme on le voit. Mais il est possible que ces images identiques aient résulté de la confusion entre des éditions différentes du ML. ainsi. on verra reparaître des couleurs. toutes les opérations se suivent et se ressemblent. tient aux nombres indiqués en bas. La durée de celle-ci décroît à mesure 102 . p. révèle des différences notables au niveau de tous les détails. comme nous le dit J. dans la coction. cet exemplaire de Washington comporte des textes ajoutés à la série des planches : descriptions d'athanors et procédés de transmutation.technique. mais cette nouvelle conjonction. Mutus Liber (intr. 309 . Phil. Liv 6. p. p. 466 et aussi Verae Alchimiae de Gratarole. pour désigner la partie volatile de la matiere de l’œuvre des Sages. Voici le couple alchimique. surmontée d'une étoile. demandait des moins. Voyez d'abord les Douze Portes de Ripley pour une vue générale sur la Conjonction. ni de disséquer l'ouvrage de Jung.) ce qu’il dit de celle de Vénus. Albin Michel. Jung a consacré un ouvrage entier au Ros. Il n'entre pas dans nos vues de décrire ici par le menu les planches du Ros." [Hypotypose. Une colombe crée le lien d'union entre eux. Pierre Dujols] Ces conjonctions successives ont été décrites dans les planches du Rosaire des Philosophes [à ne pas confondre avec le Rosarius minor parfois attribué à Arnaud de Villeneuve. 1659. au début. de telle manière qu’il ne faut. qu’un jour pour obtenir le résultat qui. fig. D’Espagnet et Philalethe ont employé l’allégorie de la Colombe.que la puissance multiplicative augmente. p. le roi et la reine surmontant chacun leur symbole. Le premier a emprunté de Virgile (Eneid. ii. 3 du Ros. à la fin. : la Pyschologie du Transfert [trad. pour le temps de la génération du fils du Soleil ou regne de Vénus philosophique. Phil. Les chiffres de cette planche donnent les puissances des transmutations obtenues par les coctions subséquentes. Theatrum Chemicum. voir Alchemia de 1541. 1561. Le second a dit que les colombes de Diane sont les seules qui soient capables d’adoucir la férocité du dragon . i. Toutefois. Ce n'est pas moins de quatre conjonctions dont parle le Rosaire. Phil. 1980]. 222 ]. Voici ce que pense Pernety de la colombe : "Colombe. c’est pour le temps de la 103 . il nous a paru intéressant de donner un aperçu des quatre stades de la conjonction des principes. chacune étant illustrée par une gravure. Philoosphorum] Lors de la 2ème phase de la conjonction. donne-moi de devenir ton époux. vous sauriez que je suis le grain semé dans la terre pure qui." [Dictionnaire] Dans cette première conjonction. et elles ont besoin 104 . in Ros. en naissant. qui expriment le phénomène d'une croissance minérale qui ne peut être le fait que de cristaux." [Parabole du soleil par le Philosophe Belin. Francfort. signe que les éléments sont seulement mis en présence. C'est l'esprit qui vivifie. C'est alors la phase de dissolution et on peut compléter la figure de ce commentaire : "C'est pourquoi Geber dit : Ce sont des fumées subtiles.volatilisation. croît et se multiplie et apporte du fruit au semeur. ou la Diane Hermétique se perfectionne. les époux royaux conservent leurs vêtements.. Phil. il est juste que te sois obéissante. où les parties de la matiere sont dans un grand mouvement. s’ils ne veulent pas perdre leur argent à faire des mélanges fous d’argent vulgaire avec d’autres matieres pour parvenir au magistere des Philosophes. Ô Soleil. Phil. On voit trois phylactères [qui ont eux-mêmes par l'étymologie une portée hermétique. qui cesse à mesure que la couleur blanche. les époux royaux sont mis à nu. Ils tiennent en leur main des tiges végétales." [Ros. 4 du Ros. Les Souffleurs doivent bien faire attention à cela. 1550] fig. voir en recherche] sur lesquels on lit : "Ô Lune. Cette phase peut être illustrée par le texte suivant : "Et si vous connaissiez mon secret. avant la dissolution. sans doute pour donner raison à Fulcanelli. comme est le fumier de cheval humide et chaud." [Ros. phil. en effet. qui voit dans cet X la surface du dissolvant quand il a été canoniquement préparé. le pseudo-Hermès exprime simplement l'idée de la sublimation du soufre rouge dans le Mercure commun. Francfort. C'est pourquoi un philosophe dit : le vent l'a porté danss on ventre. phil." [Ros. L'âme est ici le symbole du soufre sublimé. et l'air est la vie. La colombe sert toujours de médiateur entre les deux Principes et on remarque que les tiges végétales s'entrecroisent à la façon d'un X. 5 du Ros.d'une cuisson tempérée pour être épaissies en elles-mêmes d'une façon égale. la chaleur tempérée peut épaissir l'humidité et parfaire le mélange. Seule. et la vie est l'âme. c'est-à-dire l'huile et l'eau. Il est donc clair que le vent est l'air. Francfort. Et si l'un des deux corps seulement manquait à notre pierre. et elle est indispensable dans notre magistère. 1550] Vient alors la 3ème phase de Conjonction qui correspond au bain des astres. mais elle ne doit pas dépasser la mesure. "Hermès : là s'effectue la conjonction des deux corps. Une légende commente ainsi cette scène : 105 . par laquelle il devient le Mercure animé ou Mercure philosophique. Phil.. elle ne fournirait de teinture en aucune manière. 1550] Par cette phrase sybilline. Car les générations et les procréations des choses naturelles ne se font qu'au moyen d'une chaleur très tempérée et égale. Vient alors la 4ème phase de conjonction qui est le coït proprement dit : il correspond à l'accrétion du soufre rouge à la toyson d'or ou résine de l'or.. La gravure est complétée de ce comentaire : fig. l'enferma dans son ventre. dit : Unis la gomme à la gomme en un vrai mariage.. mon étreinte et mon suave amour . Gabricus est mâle et Beya est femme. Francfort."Ô lune.. comme moi. qui t'est plus cher que tous tes autres fils. ." fig. lumineux par-dessus tous les êtres. Et elle étreignit Gabricus avec un amour si grand qu'elle le conçut tout entier dans sa nature et le divisa en parties indivisibles. Phil. 1550] On remarquera que les textes de la Turba et du Ros.] Car l'union de Gabricus avec Beya a provoqué la mort sur le champ.Ô soleil. soeur de Moïse.." [Ros. comme la poule au coq son maître. Phil.. et elle lui donne tout ce qui vient d'elle [. avec sa soeur Beya qui est une enfant radieuse. douce et tendre. que l'on peut compléter de ce dernier commentaire : "Arislée dans la vision.Je te manque pourtant. [. phil. Unis donc ton fils Gabricus. forte et belle à ton tour. . si bien que l'on ne put rien voir de lui. 6 du Ros.Te rendent. Beya monta en effet sur Gabricus. et transforme-les en une sorte d'eau brûlante.] C'est pourquoi Marie. planche 14 106 .. sont congénères. Quatre tableaux sont représentés .Bélier Sagittaire : nous obtenons les équivalents alchimiques suivants : le Lion est le lieu de la dissolution correspondant au Lion Vert de Ripley mais c'est sans doute le Lion rouge qu'il faut considérer. symbole de Thémis et du poids de nature.Poissons . le tableau supérieur montre trois tours qui peuvent symboliser les trois oeuvres traditionnelles [noir. le véritable or alchimique.II . devienne si l'on nous suit bien. faire le tour. Si nous établisssons une correspondance avec les signes du zodiaque. à gauche.Scorpion . Enfin. avec les mois correspondant au début traditionnel de l'oeuvre (mars-avril) : Lion . le Sagittaire est le lieu de la réincrudation. au centre. [cf. la balance. un tamis. celui qui correspond aux belles pousses de blé. Il est tout à fait possible aussi que les tours symbolisent les signes du zodiaque qui sont expressément nommés au panneau inférieur [tornus. le principe volatil.X sont énigmatiques.Capricorne . un mortier.Taureau . un pilon et 107 . Ces trois signes nous indiquent que tout ici doit être fait. c'est-à-dire l'or mussif hermétique. annexé à une version de l'Aurora consurgens] Le troisième tableau nous donne à voir. nous connaissons l'importance du symbolisme de la fileuse ou de la pelote . avec les mois : Cancer . la circonférence] en forme de trinité . celui où se tient le bélier Chrysomelle ou encore de la Toyson d'or ou Christophore. Le second tableau montre le travail d'une fileuse . au milieu du tableau. Le Bélier est le lieu d'exaltation du Soleil. en sorte que l'or simplement enté. correspondant à la Lune [Mercure]. qui porte en son ventre l'Acier magique. zodiaque alchimique] nous avons : Vierge . [le triangle de Feu se retrouve dans une aquarelle du Codex Vossianus. que l'on peut moissoner aux époques propices. Les chiffres VI . blanc et rouge] ou la même réitération d'une technique particulière. ces opérations se font d’elles-mêmes et. le principe fixe. le mortier et le pilon pour les broyages.X. Nous ne pouvons ici transgresser les volontés de l’auteur. le fourneau des premières opérations avant l’emploi de l’athanor. celle qui le conduit à l'état de Lion rouge . est le Mercurius dont Fulcanelli assure qu'il constitue le fou de l'oeuvre [hlainw] : c'est un vagabond. c'est le fameux larron dont parle Philalèthe [Introïtus. le Bélier à Ariès. 108 . Fontenay sur un examen hermétique complet sur la licorne] et symbolise la pénétration du Soufre rouge dans le Sel. Si ces lignes tombent sous les yeux d’un Adepte. pour ainsi dire. comme l'enseignent les Adeptes. qui frise pourtant l’indiscrétion. tel une nuée obscure. toyson d'or [et non pas Arès... Le Lion correspond au Lion vert. Quant au Sagittaire. les balances pour déterminer les justes poids. qu'il faut comprendre là dans le sens de son évolution. Voyez la section prima materia. "La quatorzième planche est principalement consacrée à l’instrumentation. Le sel des Sages.II . C'est assurément une fable qui ne manque pas de sel [alaV]. à la planche 10. il approuvera notre réserve. Ces opérations doivent se réaliser au fourneau. qui témoigne de son dessein bien arrêté de laisser le symbole exprimer seul toute sa pensée. Aussi le compare-t-on à un mauvais génie [alastoV] et les souffleurs ont-ils toute raison de craindre les foudres de ce vengeur. mais. sombre [alaomai]. l´écrémage et tout le reste d’une manière philosophique. ce qui peut expliquer le travail de la quenouille. tel que nous l’avons décrit. VI].. encore qu’une trituration. et la suivre avec sagacité dans ses manipulations. par suite. Pierre Dujols] Dujols ne nous parle pas du symbolisme des chiffres romains : VI . pour le surplus. Ils correspondent tout simplment au triangle de feu du zodiaque des astrologues. il est l'exact homonyme spirituel de la licorne [cf. à droite. Le quatrième tableau nous montre un récipient plus grand pour contenir le Mercure que pour contenir le Soufre. le sens du symbolisme ici est différent] et désigne le Sel que l'on a vu conjoint avec le Soufre. qui potest capere capiat. correspondant au Soleil [Soufre]. automatiquement par la réaction des corps les uns sur les autres.. Le disciple devra méditer profondément sur la femme à la quenouille. nul ne l'ignore. la cuillère à écrémer. à haute température. ce qui est conforme aux données que nous avons. Ce n'est pas tout : la cabale autorise à deviner dans la quenouille [hlakath] le fuseau grâce auquel on prépare la salaison du Rebis." [Hypotypose. Nous rappelons qu’il faut entendre les broyages. Le Mercure doit être à l'état filant. On y voit le matras scellé hermétiquement avec son bourrelet. Mais. un décantage et écrémage soient positivement nécessaires pour rendre les matériaux propres au travail .une spatule ou une cuiller de fer . Il erre ça et là. elles ne sont pas indifférentes et tout y parle au vrai fils de science. la décantation. un charlatan et un imposteur . il est hors de doute que le 1er régime est 109 .ces pseudo-mystiques voient dans cette planche une image de la résurrection de l’homme et de son retour dans la patrie céleste. Le soleil et la lune ont été conquis. et gît. Les deux branches d’églantier du frontispice sont chargées de baies rouges et de baies blanches remplies de semences actives dont chacune a le pouvoir de muer en or ou en argent tous les métaux impurs. Pourquoi Saturne serait-il vainqueur de de combat hermétique.qui nient la possibilité de l’œuvre métallique et n’ont trouvé dans les allégories des philosophes qu’un traité d’ascèse dont ils seraient fort embarrassés d’expliquer chaque symbole . sur le sol. accompagné en chef de trois coquilles et de trois besants. Pierre Dujols] Cette interprétation ne nous convainc pas. en gloire. C’est la solarisation du plus vil des métaux. alias Saulat des Marez. qui serait celui de Jacob Sulat. à qui est attribué le ML. Ce cordon et les bras du couple forment un carré. que Jupiter enlève dans le ciel." [Hypotypose. De soi-disant mystiques . inerte. "La quinzième et dernière planche représente l’apothéose de Saturne. alors qu'en toute logique. sa résurrection et sa glorification dans la lumière. et ils s’extasient béatement sur cette découverte qu’ils ne sont pas loin de considérer comme géniale. Les travaux d'Hercule sont passés. se voit un blason de sable au chevron abaissé. l'échelle est mise littéralement au rancard. c'est Jupiter qui doit l'emporter ? Si nous considérons les régimes planétaires. victorieux de son fils Jupiter qui l’avait détrôné.planche 15 C'est une apothéose. Les conjoints tiennent les bouts d'un cordon présenté par Hercule. En bas de la gravure. signifiée par Déjanire. rouille des métaux. mais en traversant la rivière. veut dire une robe bordée de pourpre ce qui marque le temps où la couleur rouge commence à se manifester sur la matière. à Déjanire .celui de Mercure. On dit que Déjanire devint jalouse d’Iolé. il naquit d’Ixion & de cette nuée. à l’occasion de Junon changée en nuée. la beauté de Déjanire fit impression sur Nessus. Déjanire se mit à crier. Nous rappellerons la légende du centaure Nessus en empruntant le texte suivant à Pernety : Hercule ayant vaincu Achéloüs. non pas Saturne. est le mercure philosophique. puisque NesoV. Nous ajouterons qu'Hercule terrassé symbolise le vaincu et sublimé : la pierre herculéenne était. Hercule la vêtit à mais au lieu d’amour. Son nom indique ce qu’il était. pour aimer Iolé. d’IoV. après que l’eau mercurielle ne peut plus se volatiliser. temps auquel Hercule lui décoche une flèche. Hercule. teinte de son sang. ce qui convient très bien à Lychas. elle lui imprima de la fureur : il tua Lichas. en effet. J. car elle le soupçonnait de l’avoir abandonnée. Le cordon et les bras du couple forment un carré où l'on peut voir soit les Quatre Eléments. Elle la fit porter à Hercule par Lichas. voit dans l'homme couché. Nessus y consentit.). lorsque nous parlerons de sa mort. à Déjanire. S'ensuit Saturne. il eut recours au Centaure Nessus. qui en fit l’usage que nous verrons dans la suite. & se doutant du dessein de Nessus. puis Jupiter et la Lune. se répandre. dès qu’il eut abordé le rivage. au point de l’engager à vouloir lui faire violence. lorsqu’il fut arrêté dans son chemin par les eaux débordées & impétueuses. Il emmenait Déjanire avec lui. image de l'Artiste épuisé par les Douze travaux qu'il a dû accomplir. c’est-à-dire. le mercure au rouge pourpré. avec plusieurs autres. qui reçoit la couleur rouge. & le tua. Nessus en mourant donna sa robe. des Métaux. Trévisan entre autres (Philosoph. Nous avons déjà parlé de ce Centaure. van Lennep. & l’emporter par l’impétuosité de ces flots. Lichas domestique. par l’action du mercure philosophique. à cause de sa voracité & de sa propriété résolutive. 110 . prit Déjanire sur son dos. parce que la matière est alors fixe. & le pria de passer Déjanire de l’autre côté. & de cew fondre. Hercule l’entendit. c’est-à-dire. le tua. qui vient de luw dissoudre. soit la Terre. quant à lui. une représentation du mercure chez les Anciens. & Basile Valentin. c’est la matière au blanc. dit-on. La planche 15 montre Hercule portant la tunique de Nessus. après qu’il a passé le fleuve. mais Hercule. d’un fleuve. n’eut plus de compétiteurs. le nomment loup. ce qui est conforme aux données de la tradition. parce que cette Iolé signifie la couleur de rouille qui prend la place de la blanche. fille d’Euryte. qui savait les gués. Les Philosophes. Ne sachant comment le traverser. lui donnent le nom de serviteur rouge. Il donna sa robe. teinte de son sang. & la porta à l’autre rive . & fit ce que nous dirons. il lui décocha une flèche empoisonnée du venin de l’hydre de Lerne. porteur de la robe de Nessus. pour ravoir son amour. l'ensemble formant le lapis naissant . laiton. c’est pour cela qu’on a suppose qu’elle avait supplanté Déjanire. s'il en est. 451-453 Des points de cette fable s'accordent avec celle d'Atalante et d'Hippoménès.& de lawV. nourriture. pour ce qui concerne la lutte du fixe et du volatil . Nessus. fut alors fixée par la partie fixe : Lychas fut changé en rocher par la même raison.les alchimistes même envieux ne peuvent taire cela . représentée par Déjanire. dans cette affaire. Nous savons . livre IV. & que la rouille vient de la corruption. joue le rôle de transporteur à l'instar du saint Christophe ou Offerus [voir tarot alchimique]. II. c'est aussi la corde de la lyre donnant cette note et que l'on touche avec l'index: c'est avec cette note clef. Il est en outre marqué du signe de la corruption ioV ou . corruption. nomme ce phénomène individuation. L'accent circonflexe circumflexus pour « fléchi autour » . On dit Iolé. c'est-à-dire du . tachée de son sang. pp.qui est aussi le Rebis. c’est-à-dire. Dans son explication de cabale. qu'il donne à Déjanire au moment de mourir. qui est fixée. XIX. pourrait tout aussi bien être ^ que l'idéogramme habituel. Jung. En d'autres termes. jouir . c'est la clef du sel harmoniac des Sages. La différence essentielle réside dans la forme de la matière : le Rebis dont on connaît plusieurs variétés [airain. chap. Pernety semble un peu confus : ce n'est qu'une partie de l'aqua permanens qui ne se volatilise par pas. parce qu’il vient d’EuroV. précipitant au sens propre du terme la coagulation de l'aqua permanens. Fables Égyptiennes et Grecques. Cette partie ressortit bien évidemment du accrétion au Sel . tome 2. Lychas [LicaV] se rapporte par ailleurs au système mésotonique si l'on veut bien voir que licanoV indique la note située au-dessus de la mèse [mesh]. qu'Orphée instaure le charme dans la nature et dompte les animaux sauvages. par analogie. il la porte jusque dans sa robe. cuivre. comme nous l'avons montré dans l'Aurora consurgens. Déjanire se tua avec la massue de son amant . que la matière volatile.] se présente sous un aspect visqueux [où nous trouvons l'équivalent de Lychas] tandis que la naissance du lapis est marquée d'un événement majeur dans le cours du grand oeuvre : la sursaturation de la solution.que le forme le milieu [mesoV] de l'oeuvre et que son symbole. 111 . Cette corruption. de fait. fille d’Euryte.résume à merveille l' a et l'w du Mercure. etc. si l'on considère les règles de la cabale hermétique. l’époux devient passif et sa compagne active » Comme le montre Jung. il n'y a là nulle discordance: l'animus de la femme trouve sa contre partie dans l'anima de l'homme . à l'époque de la dissolution : les Soufres sont dissous et seul le Soufre blanc. celui de Sel. en quoi consiste l'individuation ? La transformation de la materia prima consiste. SH ajoute : « On aura noté que la lune est figurée à droite de l’homme. dans le processus alchimique. Cette inversion de polarité survient. En somme. à y consommer la projection d'éléments en partie inconscients de sa psyché. la fable d'Hercule et de Déjanire offre un exemple dramatique où la sublimation se termine en un feu dévorant qui n'a rien à voir avec celui. c'est-à-dire la salamandre ou Sel. 112 . Déjanire ne joue pas tant le rôle de matière volatile que. le soleil à gauche de la femme : cette apparente discordance symbolique nous rappelle en fait que l’accomplissement des noces chimiques. plutôt. Il suffit d'ailleurs de se rappeler du titre d'un des classiques de l'Art sacré : Huginus a Barma ou le Règne de Saturne transformé en siècle d'or. de la Grande coction. du mariage des deux natures hermétiques opposées suppose toujours une phase où les deux polarités s’inversent. nous avons déjà largement insisté dans nos sections sur l'ambiguité existant entre le Sel et le Mercure. de la planche de frontispice à la planche finale. Sur la massue d'Hercule. ce processus dynamique de transformation spirituelle. dans la tête de l'Artiste. résiste au pouvoir dissolvant du . mesuré et prolongé. si l'on revient à l'interprétation que donne P. Dujols de la planche 15. Il s'agit de l'arc d'argent d'Apollon qui symbolise la conjonction radicale du sulphur et du principe salin ou toyson d'or. Eh bien ! Ne voit-on pas. En l'occurrence. on peut admettre que c'est bien de la glorification d'un Saturne rénové qu'il s'agit.Notons que dans cette fable. voir Atalanta XXV. désigne l'arcane secret du Mercurius . C. elle désigne aussi les trois parties du processus qui unit le corps. II]. le filius philosophorum ou lapis. Quant au filius philosophorum. Ainsi. Notez le des idéogrammes où l'on reconnaît le . Le paon. Nous l'avons dit. Buchet Chastel.Ms.. et .Dr. il faut le rappeler expressément.. la cornue est une représentation du vase de nature dans lequel le processus évolue. la corde triple dessine un quadratum qui est l'image du lapis. 113 . Nous pouvons tenter de rendre compte de cette apparente antinomie par l'image. Phil.paon sortant d'une cornue . 1970]. l'âme et l'esprit. § 478] La sapientia. rappelons-le. 10. de ce paon qui figure dans le Psychologie et Alchimie [Jung. en témoignent l'entrelacs . trad. lorsque les alchimistes affirment que leur matière ressemble aux yeux de poissons [voir Aurora consurgens. chap. allégorisé dans les traits de l'Hercule porté en gloire. » [Jung. Ainsi.. de la substance de transformation en un accord impérissable.selon Jung [voir Psychologie du Transfert. la Nouvelle naissance] .. comparable eun sens au corpus mysticum de l'Eglise.. Rusch. « La corde triple désigne tout d'abord le lien intime unissant la sapientia et son adepte. on le retrouve .dans la figure 11 du Ros. Psychologie et alchimie. Son symbolisme est lié à la manifestation de l'albedo. apparaît à la planche 3 du ML. signe z disposé à gauche de la flèche d'Ares qui signale l'animation du Mercure.. XVIIIe . Ce composé est le résultat de l'opus. Le transfert [voir Aurora consurgens. Une autre représentation vient d'instinct à l'esprit : celle de la roue où Ixion est enchaîné. II] est lié . Gesammelte Werke. 5. Ixion est tenu en résidence aux Enfers où le vent fait tourner sa roue pour l'éternité. la métempsychose est indissociable d'un concept que les Occidentaux ont des difficultés . c'est-à-dire au lapis. Il n'entre nullement dans nos vues de nous livrer ici à une exégèse du samsara. 125-162. 3. On trouve dans l'Âme et le Soi. Néanmoins. sa carrière fait voir des opérations conflictuelles : il assassine son beau-père puis. 6. 11 choisie par Jung ne correspond pas à la nouvelle naissance. On rattache l'ensemble de son mythe au . l'étymologie nous indique que ce terme sanscrit [dérivé de Sam-S R et au flux : couler avec] est lié à l'image occidentale du Mercurius de ce que l'on appelle la « roue du karma ». pp. 4. 1976] avec un exposé sur les formes possibles de la « renaissance ». la réincarnation. 1990] le chapitre À propos de la renaissance [extrait du T.: le karma.selon notre lecture des textes . la renaissance (renovatio) et la transformation. Albin Michel.]. 10. tente de séduire Héra [pseudo Héra d'ailleurs puisque Néphélé en avait pris la forme]. Aureum Seculum redivivum et aussi 1. 178] comme symbole de l'individuation que celle de la transformation. libéré par Zeus. 9. Il est tout à fait notable que Jung ait choisi non pas tant la figure de la renaissance [voir Psychologie du Transfert. 114 .à . p. La symbolique est superposable car elle véhicule des mythologèmes saturniens en rapport avec le temps [voir Mynsicht. 7. voir Gobineau]. mais à celle du Rebis. Il nous paraît assez évident que les deux premiers types de renaissance renvoient au transfert [métempsychose] et à la projection [réincarnation] dans un sens d'ailleurs assez superposable à celui que leur donnent les alchimistes. Jung distingue cinq formes possibles : la métempsychose.en bons cartésiens qu'ils sont souvent . représentant l'Orgueil. XI 1. là où les alchimistes évoquent la cohobation [Fulcanelli l'associe à un bas-relief du portail central de Notre-Dame. la résurrection. Renaissance et individuation [trad. 2.Chose étrange ! La fig. 8. fig. 21 du Ros. Phil. Il semble qu'Ixion soit le symbole de l'entité psychique se perdant et dans le dédale de l'espace intercepté entre la circonférence le point solaire; entité dont le sulphur représente l'hiéroglyphe probable. C'est un spiritus qui finit mal, qui n'a pas trouvé le chemin du ciel firmamental de Philalèthe [l'eau étoilée et métallique est la quinta essentia au sens d'eau germinative, voir Mylius, Philosophia Reformata]. Ajoutons que c'est Hermès qui reçut mission d'appliquer à l'ingrat Ixion le châtiment : il le lia au moyen de serpents à la roue qui tourne sans relâche au fond du Tartare. Voyons à présent la deuxième forem possible de renaissance : la réincarnation. Elle correspond manifestement à une projection [en effet, la métempsychose ou transmigration, correspond à une conception cyclique où nous voyons l'action saturnienne] où se trouve engagé [voir là encore Aurora consurgens, II]. On voit que ces deux premières formes de renaissance sont liées et que leur formulation est primitive - au sens d'élémentaire. Mais il faut noter le progrès réalisé entre les deux, dans la mesure où la réincarnation envisage un temps davantage linéaire : il y a une schizogénie réalisée par l'incarnation de l'âme dans le corps mais elle ne constitue pas un événement singulier [il y a transfert de conscience où un être, parfaitement éveillé, peut revenir sur Terre en échappant au cycle du Samsara ou se fondre dans le Nirvana]. Il y manque un facteur qui n'apparaît qu'avec la troisième forme de renaissance : la résurrection. « Ici vient s'ajouter une autre nuance : celle de transformation, de la transmutation de l'être... À un niveau supérieur, ce processus est une élévation du corpus glorificationis, du subtle body, à l'état d'incorruptibilité. » 115 [Jung, l'Âme et le Soi, À propos de la renaissance, §203, op. cit.] On pourrait penser que la différence est mince entre réincarnation et résurrection; tel n'est pas le cas puisqu'ici, on envisage que la réincarnation s'effectue in proprio corpore. La césure est donc nette d'avec la structure cyclique correspondant à la dialectique métempsychose - réincarnation. La flèche temporelle est sensée mais l'état de corps glorieux échappe totalement au principe de raison. En alchimie, cet état correspond au sulphur dépuré, prêt à être réincrudé dans un corps rénové [voir Mundificatio in Ros. Phil.] Le quatrième type est la renaissance (renovatio) qui correspond à un renouvellement - dans le sens d'un enrichissement - de la psyché où participent des facteurs de renforcement, d'amélioration ou de guérison; ici, le mot de transmutation peut être prononcé dans le sens de projection radicale. Nous n'en sommes plus, là, au stade du lapis, mais de la projection de poudre philosophale, assurant la guérison des corps et l'évolution des métaux en argent (argyropée) ou en or (chrysopée). Il faut toutefois comprendre que cette renovatio stricto sensu - met en branle un processus de projection extérieure [la projection dont nous avons parlé jusqu'alors étant localisée dans le vase de nature de l'alchimiste; nous avons d'ailleurs attiré à plusieurs reprises l'attention sur la méprise des auteurs quant au sens du mot élixir, a fortiori de celui de projection]. Or, la projection extérieure a nom : mythes, oeuvres artistiques, etc., bref de tout ce qui ressortit de la part imaginaire de la psyché, c'est-à-dire de notre ombre [voir un essai sur le chef d'orchestre Sergiu Celibidache là-dessus]. La renaissance paraît indissociable de la cure, du traitement et l'on ne saurait en trouver meilleur équivalent alchimique que le rajeunissement subi par le roi dans la fons mercurialis. Là encore, la renovatio procède de la réincrudation et constitue une forme plus évoluée de résurrection au sens où elle peut être étudiée par les psychologues et les psychiatres [voir tout particulièrement Jung, la Vie symbolique et les Essais sur la symbolique de l'Esprit, 1er et 3ème volets d'une trilogie sur les rapports entre la psychologie analytique et le Christianisme; l'Âme et le Soi 2ème volet - constituent une sorte de point d'orgue dans cette trilogie]. Le cinquième élément de la renaissance est constitué par la transformation rituelle telle qu'elle s'opère dans la messe [mystère de la transsubstantiation] ou les mystères d'Eleusis [illusion de l'immortalité] comme Jung le rapporte : « En vérité, c'est un beau mystère que les dieux bienheureux proclament ! Pour les mortels, la mort n'est pas une malédiction, mais une bénédiction ! » [l'Âme et le Soi, note 2, À propos de la renaissance, épitaphe d'Eleusis] C'est à peu près en ces termes que s'exprimait Cyliani : « J'aperçus un effroyable dragon qui avait un énorme dard à trois pointes qui cherchait à me lancer son haleine mortelle. Je m'élançai sur lui en criant: "Lorsqu'on a tout perdu, que l'on a plus d'espoir - La vie est un opprobre et la mort un devoir". » [Hermès Dévoilé, ca. 1831] 116 fig. 11 du Ros. Phil. En bref, il apparaît logique qu'en lieu et place de la fig. 21 du Ros. Phil., Jung ait proposé la fig. 11 en ce qu'elle illustre parfaitement bien la 4ème forme de la renaissance, qui est la rénovation ou transformation intérieure, dont le but est l'individuation. planche finale 117 2. la moisson a lieu trois mois après les semailles. laquelle. ait la vertu d’exalter et de convertir en lui-même ses homogènes. subissent de même une mort et une résurrection promptes. et sous le tropique. 4] Le grain se corrompt dans la terre. tout converge vers l’homme. est pourtant la prestigieuse fée qui opère tous les miracles du monde. Ce produit merveilleux s’obtient par la mort et la putréfaction réelle d’une substance métallique. N’est-ce pas ainsi que le germe humain. mais ce transit est subordonné à la médiation [terme repris de la Table d'Emeraude bien traduite. Les métaux deviennent donc or comme. au moyen d’un agent spirituel."Mais si nous redevenons pur esprit. du plan inférieur au plan supérieur. de même qu'Eugène Chevreul. du secours de l’art. nauséabonde et hideuse. en gestation. Elle est elle-même entièrement chair. dans les minéraux. l’âme abandonne le corps avec le dernier souffle. dans les trois règnes. transfigurée. Les Hermétistes comparent cette transformation à celle du blé. Si donc les métaux sont admis de la sorte à passer d’un règne dans l’autre. à certains égard. Elle a besoin. puisse les faire évoluer avec une rapidité qui tient du prodige. notons que les versions traduites outre Manche donnent aussi une version exacte] d’un agent extérieur. car en grec. qui les élèvent à leur plus haut degré de dignité. la végétation a quelque chose de presque instantanée. par le travail d’une longue digestion. L’esprit ou le feu est partout si froid en apparence. L’évolution est la loi de la vie : le minéral devient végétal et le végétal animal. Il est donc tout à fait rationnel qu’un ferment doué d’une grande puissance et projeté dans les corps soumis à une température élevée. fasse de l’or avec du plomb. Hortulain a rédigé son Commentaire sur la mauvaise traduction. dans les métaux qu’on transforme en fulminates inflammables et détonants au moindre choc. L’or est appelé le soleil. plante ou bétail. la transmutation est un phénomène qui fait passer l’espèce. c’est donc que notre corps en renfermait l’essence sous sa forme grossière et. par voie d’intrussusception. En revanche. Or. ramené à son état radical et spermatique. pour cet effet. il est plus logique encore qu’un certain or parfait et quintessencié. il est le ciel des métaux. car la matière est une modalité de 118 . C’est une grossière erreur de croire que. assimile les éléments grossiers du sol et. vers le matin. chez l’homme.[les métaux sont transformés en chaux ] La putréfaction. dans ces conditions on ne saurait refuser aux métaux les mêmes propriétés. [voir Chevreul et l'alchimie : 1. tous aboutissent à l’or. Ceux-ci. à la longue. c’est-à-dire du ferment magique qui en opère la transmutation. Rappelons que de nombreux textes font circuler la Tabula Smaragdina avec le mot « méditation » au lieu du mot « médiation ». ce qui fausse le sens. sous son action. avec l’aide d’un élément approprié. Fulcanelli et Ferdinand Hoefer donnent la bonne traduction. les mue en pur romet dans le rapport de cent pour un. De même que. Cette digestion est plus ou moins activée par l’ambiance. Dans certains climats. Mais il n’en faut point déduire que la nature. c'est-à-dire du côté de l'Orient] . véritable semence nommée poudre de projection. assume et transforme la substance des être d’une origine moins noble ? La nutrition est une métamorphose continue. à la propriété de modifier à son tour les êtres de sa nature. aur est la lumière [aurion : demain. notre corps devient esprit par le travail de la fermentation posthume. 3. la spiritualisation de l’espèce [aura : souffle d'air]. que la matière.tient le milieu entre et . Voilà qui ne nous avance guère." [Hypotypose. évoqué ostensiblement par Altus : Dans cette optique. qui est le Dieu de chaque organisme et si la Science nie la réalité de l’esprit parce qu’elle n’en a jamais trouvé trace. Il s'agit donc d'un sel et il faut se garder 119 . qui a ses degrés depuis l’air jusqu’à la lumière élémentaire et de celle-ci au feu principe où tout finit par se résoudre et d’où tout émane à nouveau. Au disciple. comme le saint Jérôme de la légende au riche et désœuvré Cratus: " La Philosophie ne vous est pas idoine ". elle déshonore son nom. de parachever l’Œuvre. nous sommes parvenus à ce passage où nous discutons du sel.voir la planche 4 du ML . l'auteur du ML s'est caché derrière le pseudonyme d'Altus qui ne serait que l'anagramme de Saulat ou mieux de Soulat. Pierre Dujols] La fin de l'Hypotypose de Pierre Dujols ne reprend pas. la dernière planche de texte du ML.l’esprit à différents états sous la dépendance d’une étincelle majeure et plus subtile. nous sommes en droit si l'on rapporte la rosée au sens particulier que lui ont attribué les alchimistes. maintenant. Quant à ceux qui prétendent acquérir la Sagesse sans mérite et seulement de quelque obole vile et méprisable. en substance] Un cadavre. transmuée et vaporisée par l’action du Soleil. de reconnaître à notre menstrue des qualités que ne lui ont jamais connues ou reconnues les universités. n’est nullement mort au sens absolu. souvenez-vous du signe éloquent que vous adressent les figures terminales de la quatorzième planche. et de la glose qui clôt le Mutus Liber: Si vous avez compris. Et le nom de guerre de notre Altus serait donc Soulat des Maretz. Nous croyons avoir accompli notre tâche avec toute la probité requise. Une vie intense. mais inconsciente heureusement et sans réflexes sensibles. sublimée. s’élance dans le plan amorphe. mais représente une Récapitulation de l'oeuvre.qui est le Purgatoire des Religions . Nous ne commenterons pas ces lignes qui s'apparentent davantage à la pure cabale qu'à son application à l'alchimie « opératique ». nous leur disons. et fait luire quelques clartés nouvelles dans un domaine obscur. On doit recueillir . fils de science. travaillez dans le silence et fermez quelque temps encore la bouche sur le Mystère. distillée. Pour vous. Si nous reprenons la Lettre d'un Philosophe de Limojon de saint Didier. Epilogue On l'a vu. rigide et glacé. et c’est de cet horrible et plus ou moins long combat . Quel est l'usage réservé que l'Artiste fait de la rosée ? Nous l'avons dit.ce fruit non encore mûr alors que le comprenez la dont n'est pour ainsi dire que le miroir . ainsi que notre analyse spécifique de la planche 4 du ML. [Jung n'a pas dit autre chose. IV. continue dans la tombe. elle le sert comme dissolvant des métaux et des minéraux. bien sûr. presque en même temps qu'était édité le ML : E. les effets et les usages du sel alcali nitreux de Seignette. M. le 4 décembre 1660. Il était pharmacien dans sa ville natale. Hv. 1675. Seignette a pour origine sagne. où il exalte les propriétés merveilleuses de son arcane : I.. vers 1672 [l'édition originale du ML date de 1677]. Canseliet l'appelle sel isotope de l'arcanum duplicatum : il a été découvert par Seignette. Et à présent ? Eh bien ! Pierre Seignette peut avoir quelque rapport avec Soulat des Maretz.ch/pdelacre/toponymie_jurassienne. Asselin.. Extrait du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. permet de préparer cette susbtance. apothicaire. Dechambre. mais en 1686 il se convertit au catholicisme et. Il s'agit là de toponymes jurassiens [voir http://home. II n'est connu que par la découverte du tartrate de potasse et de soude. seigne et saigne : le mot sagne est encore utilisé comme nom commun pour désigner une zone marécageuse ou humide où ne poussent que des herbes de marais que l'on utilisait autrefois pour faire de la litière. qu'il fit vers 1672.html]. se rapportent expressément à la préparation d'un sel : il s'agit des planches 5. Ies principales utilités et l'usage le plus familier du véritable sel polychreste. Il exploita longtemps. Tome huitième. Voyons à 120 . Un rapport de Boulduc. Paris. 16. qui examinait la nature de ce sel dont l'analyse s'était jusqu'alors dérobée aux regards des chymistes. in-4°.. Né à La Rochelle. penser qu'il y ait quelque liaison entre Pierre Seignette et l'édition du ML ? Rien ne le fait supposer ni dans la littérature spécialisée. A. du ML. in-4". — II. Nous en avons discuté dans l'introduction à l'étude du ML et prions donc le lecteur de s'y reporter. La nature. datant de 1731. La Rochelle. Scl-Sep. 6 et 7. [du gaulois sagna. Toutefois. curieusement. Le faux sel polychreste. in-8° [L. Troisième série. Voici pourquoi. P. découverte tout accidentelle.. fut admis au Collège des médecins de La Rochelle. Nous avions alors ajouté : Peut-on.worldcom. pour prit de son abjuration. rappelons-le. Pierre Seignette est mort dans la même ville le 11 mars 1719. On a de Seignette plusieurs brochures. ce composé dont il tint la préparation secrète. G. en vérité.. est .de prendre cette matière saline pour le SEL des Sages dont l'hiéroglyphe. etc. sous le nom de sel polychreste. terre marécageuse]. les utilités de la poudre polychreste. Masson. La Rochelle. il est impossible de ne pas remarquer que trois planches. — III. Ce sel Nitre. ni dans les supputations des historiens de l'Art sacré. au moins. est apparu à La Rochelle. depuis lors le tartrate de potasse et de soudee est connu en chimie et en médecine sous le nom de sel de Seignette. 1880] Le tartrate double de potasse et de soude est un sel congénère du tartre vitriolé.. authore cuius nomen et Altus. http://www. Récemment. s'il voyagea beaucoup. Ainsi. Die Estausgabe erschien im Jahre 1677 unter dem Titel Mutus liber in quo tamen tota Philosophia hermetica figuris hieroglyphicis depingitur . il n'a jamais. but prefers ascribing it to Saulat. Voilà qui nous ramène à la planche I où l'on a déjà parlé de cette mer étale. on a peine à croire que Tollé ne connaissait pas Pierre Seignette. On mesure le poids de cabale qu'Altus a insufflé à son pseudo patronyme. de la fange ou de la boue. » Ce nom rappelle aux Amoureux de science celui de Jacques Toll [voir le Chemin du Ciel Chymique] ou Jacobus Tollius mais il s'agit là d'une fausse piste puisque Tollius. dit Arcere dans son Histoire de la ville de la Rochelle. 282d) enters this book under Altus and agrees with Barbier in ascribing it to Tollé. Il existe une autre piste sur l'origine d'Altus : Ferguson [Bibliotheca Chemica. 203) also enters it under Altus. Ce n'est pas tout : en grec. le nom emprunté Altus le désigne assez. die die Herstellung des Steines der Weisen angeben. à notre connaissance été pressenti 121 . marais se dit stagnum. « grand médecin de La Rochelle.présent Soulat. das von einem gewissen Altus verfasst wurde und mit dem Holländer Jacobus Tollius oder dem Franzosen Joseph du Chesne (Duchêne) identifiziert wird. 2. En revanche. grand chimiste . lequel demanda un privilége pour ce manuscrit. encalminée qui contient en son sein le natron dont l'Artiste a besoin pour son .html mais il semble bien s'agir là d'une confusion entre le médecin rochelais Tollé et Tollius. 384. qui n'est point éloigné de stannum [plomb argentifère ou ] que l'on peut rapprocher de stagwn [liquide coulant goutte à goutte ou eau de mer]. Il y a plus : en latin. t.. in-4.. Das Werk besteht ausschließlich aus Darstellungen. On peut y voir le latin Sol ou soleil ou le latin solus. pourrait être Jacob SAULAT. Quant à Joseph du Chesne. 1869. peut-on voir en Soulat des Maretz l'anagramme spirituel du Soleil du marais. 1757.. May Altus not be meant for a kind or anagram of Saulat ?» Tollé. on a pourtant risqué l'hypothèse suivante : Mutus Liber Das „stumme Buch“ ist ein alchemistisches Werk. Quérard (Les Supercheries Littéraires Dévoilées. sieur DES MAREZ. i. il vient en droite ligne de Maret ou marais.de/rollenspiele/spielhilfen/vermischtes/alchemie/alchemie_schriften. Ce qui nous renvoie à la figure d'Adamas sortant de la boue dans la planche VIII du Splendor Solis [voir Ripley Scrowle pour une étude sur l'Adam primordial et l'Adam kadmon]. Brunet (i. rouille]. ne s'arrêta pas à La Rochelle. alias Quercetanus. marais se dit eloV tandis que s'épelle hlioV. p. Quant au mot Maretz. solisque filiis artis dedicatus. seul [en grec ion proche de ioV. Je crois que le vrai auteur est TOLLÉ médecin de la Rochelle. par cabale.ringbote. II] écrit que : « L'auteur anonyme.. (Ferguson I. 1702 4. 1757 5. Mutus Liber. L'alchimie et son livre muet. Genève. 29-30) 2. Bibliographie sommaire 1. S.le commanditaire . Histoire de la ville de La Rochelle et du pays d'Aulnis. Commentaires sur le Mutus Liber. 1677.comme l'auteur supposé . Bibliotheca chemica curiosa. Maizières-lez-Metz. 1966 122 . La Rochelle. 1967 3. La Rochelle. Hutin.du ML. Paris.
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