Louis TauxierAdministrateur des Colonies en retraite Bibliothécaire-archiviste de la Société des Africanistes MOEURS ET HISTOIRE DES PEULS Payot, Paris, 1937. 418 p. 23 gravures 1 carte. 1 Introduction Que sont les Peuls? C est une race de pasteurs vachers que l'on sait maintenant à n'en pas douter être des Rouges, des Hamites inférieurs et avoir habité jadis l'Est africain, au contact des Massaï, à une époque que nous ne pouvons pas fixer. De là on suppose qu'ils ont remonté vers le nord, le long de l'Egypte à l'ouest. Puis ils auraient suivi la lisière nord du Sahara moins désertique alors que maintenant et plus arrosée et seraient arrivés au sud du Maroc sur les contreforts méridionaux de l'Atlas d'où ils auraient été jetés sur le Sénégal par une expédition musulmane — peut-être celle qui eut lieu sous les Ommiades en 736, après Jésus-Christ. — A ce moment commence leur existence historique : ils se mélangent aux populations indigènes, aux nègres Sérères surtout et donnent la race métisse des Toucouleurs. Un certain nombre d'entre eux gagnent les savanes pauvres du Ferlo, au sud du Sénégal et y continuent leur existence nomade en gardant la pureté de la race — mais la plupart, comme je viens de le dire, se mélangent aux Sérères et même aux Ouolofs et donnent la population mixte des Toucouleurs. A partir de cette époque (VIIIe siècle ap. J.C.) on voit les Peuls reprendre un mouvement contraire, historiquement attesté celui-là, au mouvement qui les avait amenés dans le Fouta-Toro. Ils reprennent la route de l'est qui les mènera jusqu'au pays Haoussa, à l'Adamaoua, au Tchad et au Ouadaï au XIXe siècle. Les étapes sont le pays de Nioro au XIIIe siècle, le Macina au XVe siècle, le pays de Khasso fin du XVIIe siècle, le Fouta-Djallon et le Ouassoulou au XVIIIe siècle, le pays Haoussa et l'Adamaoua des populations au mixtes : XIXe Toucouleurs, siècle, Khassonké, etc. Foulanké, En ce faisant, ils se sont mélangés bien souvent aux nègres et ont donné Ouassoulonké, les uns tenant plus du Peuhl (Toucouleurs), les autres beaucoup plus du nègre (Khassonké, Foulanké, Ouassoulonké). D'autre part, des Peuls restés en gros des Peuls (non sans mélanges divers avec les nègres) se sont fixés à la terre en divers endroits, soit qu'ils aient 2 colonisé simplement (Macina), soit qu'ils aient conquis le pays (FoutaDjallon). Ils sont donc devenus, de pasteurs nomades qu'ils étaient auparavant de simples éleveurs fixés à la terre. En résumé, le Peuhl est multiforme. C'est en principe un pasteur vacher nomade aux cheveux arrangés en longues tresses. « Au milieu de tous ces peuples (du Haoussa et de la Nigéria du nord), écrit, Mizon 1 erraient les Foulbés, pasteurs nomades, poussant, devant eux leurs innombrables troupeaux de boeufs zébus, plantant, leurs tentes partout où croît l'herbe ; sur les plateaux, pendant la saison des pluies, et sur le bord des rivières, quand le vent a desséché les prairies et que les rives envahies par les eau,x pendant plusieurs mois, se couvrent de verdure nouvelle. Ils payaient aux maîtres de la terre la dîme de leurs troupeaux et échangeaient le surplus de leur lait et leur beurre contre des céréales et des produits de l'industrie Haoussa ». De même Clapperton dit : « C'est un pittoresque spectacle que celui d'une tribu ou d'une famille peuhle en marche : hommes, femmes et enfants tiennent la tête de la caravane, à cheval. Le bétail suit en file sur une ligne interminable 2. » De même Gautier 3 cite les anecdotes suivantes : « Un berger peuhl voit venir de loin une bande de brigands. Quoiqu'il soit armé et brave, la résistance est impossible. Reste la fuite : le Peuhl appelle les deux taureaux de tête, ceux que le troupeau tout entier est habitué à suivre. Il se place, entre eux suspendu aux deux paires de cornes et il donne le signal. Tout le troupeau, ses deux guides en tête, portant leur Peuhl suspendu, s'ébranle en un galop furieux, inlassable et laisse l'ennemi loin derrière... Autre anecdote du même genre. Cela se place sur les bords du Chari qui, en ce temps-là, servait de frontière entre le Cameroun allemand et le Tchad français. Les Peuhls, naturellement, franchissent avec indifférence cette frontière politique ; ils ne se souciaient que du meilleur pâturage. Des Peuhls, qui vivaient sur le territoire allemand, veulent passer ou repasser en territoire français. Les autorités allemandes, justement soucieuses d'empêcher l'émigration des richesses naturelles, les arrêtent à la frontière. Les bergers leur filent entre les doigts, mais les boeufs sont mis sous séquestre. Ils le sont sur le bord allemand du Chari. Alors, dans la 3 nuit, par-dessus le fleuve frontière, venant du bord français, les boeufs, vaguement, inquiets de leur solitude, entendent tout à coup des modulations familières, l'appel des bergers. Et tous alors, massés, irrésistibles, bousculant les sentinelles, sûrs de leur chemin dans la nuit noire, dans la direction de la voix, ils se jettent à la nage dans le Chari et vont rejoindre leurs Peuhls 4. » Barth, enfin a recueilli chez les Peuls le dicton suivant (IV, 267) : « La vache est supérieure par les services qu'elle rend à toutes les oeuvres de la création. » Voilà le Peul à l'état naturel et on ne s'étonnera pas d'apprendre que l'ancienne religion des Peuls était la boolatrie avant qu'ils eussent été contaminés par le christianisme au IVe siècle après Jésus-Christ et conquis ensuite par l'Islam d'une façon définitive. Ce Peuhl n'est pas méchant. Il paye aux chefs nègres ce qu'il faut pour avoir le droit de faire paître ses troupeaux dans les savanes soudanaises. Mais attendez ! il va bientôt se transformer. En effet il se multiplie et bientôt il trouve dur d'obéir à de petits chefs nègres qui le traitent quelque peu en esclave. Ces nègres sont-ils si redoutables ? Travaillé par l'Islam, le Peul devient un croyant et méprise le païen qui le commande. Un beau jour on se révolte, on fait la guerre aux nègres, on les soumet et voilà un Etat fondé. Les Peuls deviennent alors une aristocratie de pasteurs (ou éleveurs) et de guerriers. Les nègres soumis deviennent des serfs cultivateurs, des Rimaybe (au singulier un Dimadio). Ils fournissent de grains à leurs maîtres et se nourrissent avec le surplus. Les plus intelligents des nègres (par exemple les Soninké) donnent lieu à une caste spéciale (provenue de Peuls et de femmes Soninké). C'est celle des commerçants riches et des conseillers des princes Peuls, les Diawambé (au sing. Diawando). Bien d'autres castes sont encore créées : • • • • les Waylbé (au singulier Baïlo) = les forgerons les Abarbé (au sing. Gabardo) = les bijoutiers les Laobé (au sing. Labbo) qui sont les bûcherons, les menuisiers les Sakébé, Gargassabé, Alaubé, etc. qui sont les peaussiers, tanneurs, cordonniers, etc. 4 Poulbé ou Foulbé au pluriel. Naturellement. ni un tirailleur. En 1912. donnent par le croisement. et l'élevage. jusqu'au moment où dans le vrai monde. Delafosse dans son Haut-Sénégal-Niger. Ainsi les Peuls ont considérablement amélioré la somatologie de l'Afrique Occidentale Française et ce sont eux qui ont empêché ici qu'on puisse trouver dans cette région le nègre pur. donne aux Peuls une origine juive ou judéosyrienne et trace une histoire dogmatique de leurs pérégrinations mélangée d'une certaine fantaisie. De Crozals (en 1883) publie un volume intéressant sur les Peuls. Les Peuls dont le vrai nom est Poul ou Foul au singulier. En résumé le Peul n'est pas un : aux débuts c'est un pasteur vacher nomade. etc. Les uns l'écrivent Peuhl. Faidherbe et Hartmann. épais. purement nègre on n'en plus trace. comme je l'ai dit plus haut. les autres Peul. Depuis 1912 on n'a rien écrit de 5 . peu forts quoique assez grands et qui ne peuvent faire ni un terrassier. Bref les Peuls créent les castes qui se répandent ensuite dans le nord du Soudan chez les nègres eux-mêmes mais en diminuant de nombre et d'importance à mesure que l'on pénètre chez les nègres du sud. ni un porteur. trapu. Les Peuls sont connus depuis le XVe siècle (Makrizi. lui. les Peuls se métissent souvent avec les nègres et il est remarquable que les Peuls. Nous avons adopté cette dernière orthographe.Inutile de pousser plus loin cette énumération que l'on trouvera complète plus loin. prognathe et stupide. quoique ce ne soit pas le vrai nom.) mais ils n'ont été étudiés à fond pour la première fois que par d'Eichtal (en 1842). On sait que celui-ci leur donnait une origine Malayo-Polynésienne rejetée aujourd'hui. il est maintenant consacré par l'usage. au Livre II. C'est ce nom qu'ont adopté les Français et. robuste et laid. à l'aboutissement c'est un éleveur de bétail conquérant qui caste les nègres pour les travaux autres que la guerre religieuse de pillage. beaucoup plus audacieux que de Crozals. mais sans se prononcer sur la question d'origine. après les critiques de Barth. plus beau et plus grand que le nègre proprement dit qui est. sont désignés par leurs voisins les Ouolof sous le nom de Peul ou Peuhl. avec le nègre un type nègre. Les royaumes Foulbé du Soudan Central (1895).348. Gautier dit avoir emprunté ces anecdotes à M. pendant longtemps. étude faite au point de vue socia l.fondamental sur les Peuls et le moment est venu après ce que la somatologie et la linguistique actuelles ont découvert définitivement sur les Peuls. de leur vie simple et monotone. comme elles ne l'avaient jamais été jusqu'ici. p. Ce qui manque à ce volume est une étude à fond du Peuhl primitif errant et nomade. 6 . Cité par Crozals : les Peuhls. Le jour où ce travail sera fait. p. 168. M. 3. de donner sur cette race énigmatique jusqu'ici et intéressante un volume définitif. 349. 4. aucun voyageur jusqu'ici n'ayant eu l'occasion de planter sa tente parmi ces Peuls nomades et de les suivre dans leurs pérégrinations en vivant. La seconde est une esquisse intéressante d'une fraction Peuhles des bords du Niger. 1883 (p. L'Afrique Noire occidentale. La première et la troisième partie ont été traitées absolument à fond. mais une telle partie sera toujours difficile à écrire. Ce volume-ci contient trois parties : • • • Les origines Peuhles Moeurs et Histoire des Peuls de l'Issa-Ber et du Macina Histoire des Peuls du Fouta-Djallon. avec eux. 2. Tauxier Notes 1. 185). L. l'étude sur les Peuls deviendra complète. le gouverneur Gaden (p. 168). du Khasso. Les Mandé disent Foula au singulier. Jeao de Barras. Quant au mot Peul ou Peuhl adopté par les Français. c'est ainsi que les Ouolof désignent les Peuls. quoique. D'Eichtal (1842) sait qu'ils s'appellent Foul ou Peul au 7 . — Sur le nom des Pouls tout a été dit avant moi et par bien des auteurs.) pour désigner les Pouls. il vaudrait beaucoup mieux dire un Poul ou un Foul. Foulalu au pluriel. qui est Peul ou Peuhl. Quelquefois Foula est prononcé Fila avec comme pluriel Fila-lu. une Poullotte pour désigner un Peuhl ou une Peuhle. Les frères Lander (1830) disent Foulah et Foulanies. Moore (XVIIIe siècle) parle des Foulis ou Pholeys. Rappelons seulement que leur vrai nom est Poul ou Phoul ou Foul au singulier. En Afrique Occidentale Française les colons disent dans leur argot : Un Poullo. que l'on a su que les Peuls s'appelaient Poul ou Foul. Clapperton (1825) dit aussi qu'ils s'appellent Felans et qu'on les a appelés jusqu'ici à tort Fellalahs. Ce n'est pas du premier coup. à vrai dire. Le nom. les appelle Fullos. D'Avezac (1829) prétend mais à tort et d'après le voyageur Duranton.Chapitre premier : L'anthropologie peuhle et notes générales sur les théories d'origine Avant d'en venir à l'anthropologie somatique des Peuls disons un mot : • • • • de leur nom de leur domaine géographique de leur nombre de leur métissage avec les Nègres. Nous avons adopté ce mot Ouolof. Quant au mot Foula ou Foulah c'est le mot Mandé (Malinké. et au pluriel Poulbé ou Foulbé. etc. qu'ils s'appellent eux-même Felans (ce qui est une erreur). Poulbé ou Phoulbé ou Foulbé au pluriel. René Caillié écrit toujours Foulahs. Bambara. le célèbre explorateur portugais du XVIe siècle. Makrizi (1364-1442) et Sadi l'auteur du Tarik-es-Soudan (1667) nous parlent de Foulania. I. C'est le radical de ce mot. Les Haoussa l'appellent Bafilatché au singulier. c'est-à-dire le Pul. Fellans. Delafosse dit (Haut-Sénégal-Niger. — Ceci dit pour le nom. qui le premier a approfondi la question du nom des Peuls et débrouillé cette diversité. Nous trouvons principalement en allant de l'ouest à l'est. le commandant Gaden. Foullania ou Foullaniyin au pluriel. les Haoussa Fellani. Une autre forme du pluriel du nom. rouge » en opposition avec Olof « noir » (wolof. Felanies et Foulanies (ce qui est une erreur). couramment employée et dont Barth use constamment dans la relation de son voyage. Il dit un Pullo et des Fulbe. dit Crozals (Les Peuhls. est Pul qui signifie « brun-clair. Tel est le nom sous lequel ce peuple se connaît lui-même. 8 . » De Crozals ajoute que les Mandingues ou Mandé disent Foula. t. les Arabes Foullan. mot qui. y-olof). Signifie-t-il brun-clair. les Kanouri Fellala. p. disons que le domaine des Peuls s'étend de l'Océan Atlantique au Tchad. « La forme fondamentale. Dans tout le Soudan Oriental c'est la forme Fellata des Kanouri qui a prévalu. 118. D'après Koelle et Waitz. Le domaine. que nous avons adopté le plus généralement en France pour désigner ce peuple. Les Mossi l'appellent Silmiga au singulier. est Fulbe. éparpillé? La question serait à tirer au clair mais nous n'avons pas qualité pour la trancher. La forme du singulier est Pul-o. « les éparpillés » d'après M. Ifoulân ou Ifellân au pluriel. dans leur langue.singulier et donne comme pluriel Felans. la forme du pluriel Pul-be. on appelle les Peuls Abate dans le Kororofa. Foulani ou Foulaoua au pluriel. le grand voyageur allemand. Silmisi ou Silmisé au pluriel. C'est Barth. rouge ou bien dispersé. signifierait « les dispersés ». 256) résumant Barth. c'est-à-dire les Pul. 119) que Poullo fait au pluriel Foulbé. prononcé Peul par les Ouolofs. Il resterait à savoir qui a raison de Barth ou du commandant Gaden pour le sens du mot Peul. Il est appelé par les Maures Foullani au singulier. c'està-dire des blancs et les Mousgou les appellent Tschogtschogo. Les Kanouri du Mounio et du Bornou l'appellent Fellala ou Filata. Les Touareg l'appellent Afouli au singulier. p. Son fils se rejeta sur le FoutaToro où il établit sa domination. 6. Les Peuls du Macina. plus cultivateurs que les Peuls de l'invasion du Macina. 4. Dans le Fouta-Djallon il y a également des Foulacounda (mot mandé qui signifie exactement cases. Maintenant. où ils étaient vers le VIIIe siècle de notre ère. Tous les Peuls. 3. Les Peuls du pays Mossi et Gourounsi répandus jusqu'au XIe degré de latitude nord . 7. semblent bien être partis du Fouta-Toro et du Sénégal. puis descendit jusqu'à la Guinée Française et la Haute-Gambie où il établit ses contingents Peuls. comme nous verrons qu'ils vinrent probablement de l'est (Ethiopie) à des époques reculées jusqu'au Sénégal. du Fouta-Toro. vers le XIVe siècle de notre ère . Ce sont des espèces de dissidents peuls. des hétérodoxes contre lesquels maintes croisades religieuses furent dirigées par les autres Peuls. Les Peuls du cercle de Nioro venus de l'ouest. venus également du Fouta-Toro vers la même époque . venus en 1534 du nord au sud avec Koli Tenguéla fils d'un chef Peuhl battu et tué dans le cercle de Nioro en 1512 par les armées du Second Empire Songhai. il y eut un mouvement d'est en ouest.1. C'est du VIIIe au XIXe siècle qu'ils ont opéré leur mouvement d'ouest en est. Les Peuls du Fouta-Djallon venus vers 1675 du Macina et qui s'emparèrent du Fouta-Djallon sur les Soussou-Dialonké vers 1725. Enfin les Peuls du pays Haoussa qui établirent leur domination dans cette contrée vers 1800 avec Othman Dan-Fodio. établissements (Kounda) de Foulahs (Foula). depuis le Sénégal jusqu'au Tchad. 5. En dehors des Foulacounda il faut encore signaler les Foula-Houbbou rejetés au sud et à l'ouest du Fouta-Djallon par les almamy de Timbo. Ce sont là les Foulacounda. 2. en effet. Ils sont venus aussi de l'ouest. Les Peuls du Fouta-Toro (Ferlo). qui précéda les mouvements historiques d'ouest en est que nous connaissons 9 . mouvement préhistorique. Les Peuls du pays Habbé . qu'il ne faut pas confondre avec leur métis Toucouleurs ou Foutankés ou Toronkés qui sont un mélange de Peuls et de Sérères . 000 42. 112) et les met à part sous prétexte de métissage avec les populations autochtones (Dialonké. Le nombre des Peuls d'après le Dr Verneau (L'Homme 1931) serait de 975.par l'histoire et les traditions. Comme les Peuls de l'Afrique occidentale française font déjà 1. il les appelle « Foutas » (p.400 975.400. au lieu de compter les Peuls du Fouta-Djallon pour des Peuls.700. du pays Haoussa.780.400 Peuls en Guinée Française. En fait les Peuls du Fouta-Djallon doivent être comptés et sont comptés généralement parmi les Peuls.000 76. etc.000 sédentaires et 300.000 Foulah Houbbou et 10.000 pasteurs). En dehors des Peuls proprement dits. les Peuls se sont métissés 1 avec les nègres de l'Afrique occidentale et ont donné de nombreux peuples métis dont voici les principaux : 10 .000.000 191. Ils sont 776.). Cela vient de ce que. Nous reviendrons plus loin sur ce sujet en parlant des origines.000 Peuls dits Foulacounda Cela fait donc 822.790.000 425.000).000 personnes et non 7. Mais cet antique mouvement qui porta les Peuls d'Ethiopie au Sénégal nous n'en connaissons nullement la date.000 ainsi répartis : Sénégal (Fouta-Toro) HautSénégal Soudan Haute-Volta Dahomey Guinée Française Total 234.000 7. Enfin le Dr Verneau ne compte pas les Peuls du nord de la Nigéria anglaise. sans compter • • 36.400 Mais le Dr Verneau se trompe gravement en ne comptant que 7.000 habitants. qui sont 2 millions d'après Seligmann (dont 1. il faut compter en tout près de 4 millions de Peuls (exactement 3. Les Foulanké. 1. comme l'a démontré depuis Ch. p. Monteil (Les Khassonké. Donc Toucouleurs. 150) habitent surtout les cercles de Bafoulabé.) sont de taille moyenne ou plutôt grande.1. Delafosse se trompe. Pour moi. p. Khassonké.000 dans le HautSénégal-Niger provenant de l'invasion d'El-Hadj-Omar avec ses contingents Toucouleurs (Delafosse. Les Toucouleurs ou Tekrouriens que l'on tient généralement pour des métis de Peuls et de Sérères.000 d'après Delafosse. Les Khassonké. — Certains auteurs nous représentent les Peuls comme une race sinon très forte du moins très grande. Mais il faut distinguer ici entre les Peuls des différentes régions et surtout entre les Peuls et leurs métis Négro-Peuls. Les Ouassoulonké sont un mélange de Peuls et de Malinkés qui semble s'être formé au début du XVIIIe siècle. Les Peuls du Fouta-Djallon (Timbo. Ils habitent surtout le Sénégal mais il y en a 38. voici ce que j'ai vu pour les différents Peuls qu'il m'a été donné de rencontrer en Afrique occidentale de 1905 à 1926. mélange de Peuls et de Malinkés datant de la fin du XVIIe siècle (vers 1680). Les Foulanké (106. Ce métissage nous conduit justement à parler du type physique des Peuls. Delafosse en fait. à l'est du Niger en face des Malinké qui sont dans le Manding montagneux sur la rive occidentale. de Bougouni et Sikasso 4. habitant le Ouassoulou. des nègres purs qui auraient donné la langue Peuhle. Les Khassonké parlent le Mandé et sont fétichistes 3. C'est là une erreur. Les Khassonké sont 11. mélange également de Peuls et de Malinkés où l'élément nègre l'a emporté comme chez les Khassonké. 1915) en faisant remonter ici l'immigration peuhle au XIe siècle. de Kita. Ils luttèrent contre les Peuls du Fouta-Djallon vers 1760 et furent rejetés par eux dans le Ouassoulou qu'ils avaient colonisé et d'où ils s'étaient élancés ensuite à l'ouest du Niger dans le Fouta-Djallon. Foulanké et Ouassoulonké sont les principaux peuples métis de Peuls et de nègres. 150). Les Ouassoulonké. A l'époque où j'étais en 11 . maigres et peu solides. etc.000 dans le Haut-Sénégal-Niger (Delafosse. mais à tort à mon avis. qui serait une des plus hautes de l'Afrique. 147) 2. p. Le type physique. 1 68 m. Diallonké) et que très peu de Peuhls sont restés purs. 1 m. quand il s'est agi de service militaire. De même pour le portage : ils lâchaient un beau matin leurs charges et laissaient au milieu du chemin l'administrateur qu'ils étaient chargés de porter. Guinée Française Cercle de Labé Mensuration de 50 hommes et femmes peulhs de Labé Hommes Taille (hauteur) 1 m. mouraient. 75 1 m. 1 m. car ils n'avaient pas la force physique nécessaire pour faire des porteurs. avant la conquête peuhle. difficultés sur lesquelles nous reviendrons plus loin. Les femmes peuhles sont ici de petite taille et l'on peut se demander si elles n'appartiennent pas à l'ancienne race Diallonké qui dominait le pays avant 1725. 68 1 62 1 m. 62 m. 54 aux femmes. l'administrateur du Cercle de Labé de me mesurer 50 hommes et 50 femmes Peuhles. Des difficultés du même ordre se sont élevées pour tous les Peuls de l'Afrique occidentale. et ce n'était pas absolument mauvaise volonté de leur part.Guinée Française (1905-1907) on ne les employait pas pour les travaux de terrassement comme les nègres car les Peuls s'enfuyaient et si on les contraignait à rester et à travailler. 1 Femmes Taille (hauteur) m. 1 50 m. Cependant il faut ajouter qu'ayant demandé en 1934 à M. 68 12 . Les hommes ont une taille assez haute. 1 m. voici le tableau qu'il m'a envoyé qui donne 1 m. L'administrateur qui m'a donné ces notes. 52 1 m. 1 m. 69 de taille moyenne aux hommes et 1 m. pas plus que pour faire des terrassiers. note que le Peuhl du Labé est assez fortement mêlé de sang Mandingue (c'est-à-dire. 54 m. 49 m. 71 1 m. 1 71 m. 1 53 m. Les Peuls Houbbou ou Foulahs Houbbou de la province montagneuse du Fitaba dans le nord du cercle de Faranah (4. 54 1 m. 1 m. 1 76 m. 1 m. 58 m. 1 m. 57 1 m. 69 femmes : 1 m. 1 m. 73 Taille 1 73 1 68 1 58 1 77 1 69 1 67 1 66 1 69 1 69 1 69 1 70 1 69 1 76 1 74 1 65 moyenne m. 56 des Taille moyenne des hommes : 1 m. 1 62 m.66 1 m. 13 . 60 1 m. 1 m. 53 1 m. 68 m. 1 53 m. 62 1 m. 80 1 m. 56 m. 63 1 m. 1 73 m.500 environ en 1907) sont moyens ou de petite taille. 63 1 m. 1 53 m. 1 m. 53 m. 79 1 m. 1 m. 53 1 m. 1 66 m. 1 65 m. 1 m. 1 m. 1 49 m. 52 m. 1 44 m. 53 1 m. 49 1 m. 1 77 1 58 61 m. 1 43 m. 1 62 m. 1 75 m. 1 m. 42 m. 1 70 m. 1 61 m. 1 m. 66 m. 43 m. 53 m. 76 1 m. 1 m. 71 1 m. 63 1 m. 1 69 m. 66 1 m. 63 m. 53 1 m. 1 59 m. 37 1 m. 58 1 m. 54 m. 1 40 m. 49 m. 1 m. 67 1 m. 1 m. 63 1 m. 1 63 m. 47 m. 63 1 m. 68 1 m. 1 77 m. 71 1 m. 73 1 m. 63 1 m. 1 50 m. 62 1 m. 1 71 51 m. 1 61 m. 1 53 m. 1 m. 1 47 m. Le chef qu'ils avaient en 1906. 1 69 m.54 2. petit et bien pris. le crâne allongé. Ce sont des pasteurs peu robustes.500 en 1906. ils font à la fois de la culture et de l'élevage. Il était plus petit que la plupart de ses compatriotes. au nomadisme et au banditisme. Bambara) sont bien plus robustes qu'eux. 290) les Houbbous comme retombés au fétichisme. Il sait l'arabe et compte remarquablement. En 1907 ils sont 4. Ils ont souvent un petit menton pointu. Les Peuls du Macina (parmi lesquels j'ai vécu neuf mois en 1913) m'ont paru de taille moyenne ou grande mais maigres et faibles. Machat a pris les renseignements d'après lesquels il représente (Les Rivières du Sud et le FoutaDiallon. avec de beaux yeux noirs d'enfant sérieux. pris alors et brûlé par les sofas de Samory (le chef Abal fut coupé en morceaux par les vainqueurs). 1906. faibles de membres au point qu'on dirait des garçonnets.500. la figure longue. Je me demande où M. plus intelligents que les noirs qui les environnent et musulmanisés. musulman convaincu et rigide. Boketto. Les nègres qui les entourent (Sôninnké. Dans une note sur les Houbbous que j'ai conservée. des reins de chat écorché. Moktar Kaba. Il tient ses Houbbous d'une main ferme et sérieuse. » 3. est très intelligent et instruit d'une façon peu commune pour un noir. Leur chef actuel. Ils étaient 3. Ce sont eux qui fabriquent le meilleur beurre de tout le cercle de Faranah et qui savent le mieux soigner le bétail. il m'a envoyé les renseignements suivants : 14 . Comme les autres Peuls. Il est vrai qu'il y a quelques bandits un peu plus bas que le Fitaba. a été reconstruit et le nombre des Houbbous augmente rapidement. mais ce sont des indigènes Sierraléonais qui viennent voler des bestiaux et des femmes en territoire français et les Malinkés dégénérés du Houré (d'ailleurs nullement nomades mais musulmanisés. paresseux et pillards) et les Houbbous n'ont aucun rapport avec eux. p. Cependant je dois ajouter qu'ayant demandé en 1934 à l'administrateur du Cercle de l'Issa-Ber de me mesurer 50 Peuls hommes et 50 Peuhles femmes du pays. Ils sont petits et maigres. je dis : « Depuis 1893.Moktar Kaba parlait bien le français et avait l'air d'un écolier sage et très intelligent. 73 1 m. 66 1 m. 64 1 m. m. 75 1 m. 76 1 76 1 70 1 68 1 69 1 84 1 66 1 64 1 78 1 86 m. 72 1 m. 53 1 m. 67 1 m. 59 1 m. m. m. m. m. m. m. m. m. 64 1 m. 54 Taille moyenne des femmes = 1 m. m. 68 1 m. m. m. m. 75 1 m. m. m. 73 15 . 62 Taille des hommes 1 m. m. 68 1 m. 61 1 m. m. 1 m. 66 1 m. m.Soudan Français Cercle de Niafunké Taille des femmes 1 63 1 58 1 66 1 56 1 56 1 64 1 61 1 72 1 61 1 57 m. m. m. m. 66 1 m. 74 1 m. m. 74 1 m. m. 1 m. 57 1 m. m. 1 79 1 58 1 72 1 68 1 72 1 72 1 73 1 70 1 75 m. 69 1 m. 57 1 m. 56 1 m. m. 66 1 m. 78 1 m. 63 1 m. 1 52 1 65 1 62 1 59 1 56 1 61 1 49 1 58 1 67 1 50 m. 70 1 m. m. m. 77 1 m. 65 1 m. 66 1 m. 66 1 m. m. m. m. m. m. 1 m. m. 68 1 m. m. 66 1 m. 65 1 m. 57 1 66 1 60 1 62 1 71 1 63 1 60 1 69 1 65 1 51 1 62 m. 64 1 m. m. 60 1 m. m. m. m. m. m. m. m. m. un Ouassoulonké. De même les Peuls du pays Mossi sud (Ouagadougou) et du Gourounsi (encore plus au sud). 75 1 m. 16 . plus robustes que les Peuls du Macina. 5. vus par moi en 1909. De même on raconte que les Bambara Massasi (Bambara de race royale. C'est l'explorateur BayoI qui l'affirme (1885) après avoir parcouru le Bélédougou. Quant aux métis de Peuls et de nègres ils sont souvent beaucoup plus beaux hommes que les deux races composantes. 77 1 64 1 69 1 76 1 77 m. Taille moyenne des hommes = 1 m. 1 m. Mais justement on ne doit pas trop se fier aux impressions (même assez prolongées) qui ne sont pas accompagnées de mensurations exactes.1 m. Ouassoulonké. 75 m. 73 m. J'en ai mesuré un certain nombre (hommes. 77 1 m. 1 72 m. etc. plus robustes que les Peuls et offrent souvent des types superbes (ainsi chez les Khassonké. 71 Il est évident que ces chiffres sont à l'impression que j'ai eue moimême relevés et correspondent peu en 1913 en séjournant dans l'Issa-Ber. 1 m. Foulanké. Je vois encore Moro Sidibé. 1 m. 70 de haut. mais aussi plus mélangés d'éléments nègres. intelligent et offrait un type physique supérieur à celui du nègre ordinaire comme à celui du Peul. venus d'un mélange de Peuls du Macina avec les vrais Bambara nègres de la région de Ségou) sont de très haute taille. qui était grand. bien fait. interprète dans le Mossi. etc. 4. 1 67 m. 67 1 m. 1 71 m. beau.). fort bien faits. 68 m. ils sont plus grands que les nègres. Les Peuls du Yatenga (nord du Mossi) que j'ai connus de 1914 à 1916 et que j'ai étudiés dans mon Noir du Yatenga (1917) m'avaient paru plus grands. tirailleurs) et ils m'ont donné en moyenne 1 m. De même les Peuls du Yatenga semblent plus forts que les autres Peuls pour avoir reçu plus de sang nègre que les Peuls du Macina (d'où ils viennent du reste) et même que les Peuls du Fouta-Djalon. etc. régénère le nègre. Je ne sais pas quels ont été les résultats de cette mission mais ce que j'ai dit plus haut de la faiblesse des Peuls du Foula-Djallon pour les travaux de force (terrassement ou portage) concorde parfaitement avec les difficultés militaires. 75) et supérieurs aux Ouolofs (I m. Deniker tombe dans le 17 . 716 et pour une femme Peuhle une taille de 1 m. le fait plus grand et plus beau. Malgré la haute autorité du Dr Verneau. je dirai qu'en 1921 on envoya dans le Soudan une mission pour étudier la question Peul (mission qui se composait d'un inspecteur colonial de haut grade et de ses aides). Au sujet de cette faiblesse du Peul pur. cela faisait un trou sérieux dans le recrutement. Ce sont là des chiffres élevés mais trop élevés justement pour de la masse Peuhle. sont une belle race grande. collection Larousse.. métis de Peuls et de Ouolofs ou mieux. On avait donc envoyé une mission pour voir ce qu'il en était réellement à ce sujet et pour faire rentrer. qui a fourni d'excellents spahis pour notre conquête soudanaise. tous les Peuls. 71 de taille aux Peuls ce qui en ferait des géants à peu près de même taille que les Touareg (1 m. un peu maigre. 1931) une moyenne de 1 m. Comme les Peuls sont nombreux en Afrique occidentale. Le vrai Peuhl est un pasteur délicat et peu solide. tout en lui conservant une force que ne possède pas le Peul pur. de Peuls et de Sérères. comme on avait voulu appliquer aux conscrits levés en Afrique occidentale certaines mesures types pour la largeur du thorax. Ajoutons que le Dr Verneau donne l'Homme (p. quelques fois aussi de taille moyenne ou même petite — mais toujours grand et solide quand il est croisé avec des éléments nègres. si possible. du recrutement africain. ce sont là des chiffres exagérés. sur le Sénégal. On peut donc dire que le métissage du Peul et du nègre.Enfin les Toucouleurs. 724. Il est vrai que le Dr Verneau étudiant les documents des Missions de Gironcourt en Afrique occidentale (1920) a trouvé pour 10 Peuls du Niger une taille moyenne de 1 m. la masse peuhle dans la masse conscriptible. grand le plus souvent. Ce que je viens de dire suffira peut-être à détruire les exagérations sur la taille des Peuls. solide. 56 et pour des Peuls du Haut Dahomey une moyenne de 1 m. on avait exclu d'un seul coup sans le vouloir. 180. 72) qui en réalité sont bien plus grands qu'eux et il les déclare bien proportionnés. En effet. la force de l'individu. Avec lui nous rentrons dans la réalité. 61 de taille. tandis que les autres proviennent du Sénégal (Cayor) et du Fouta-Djallon. 1918) a étudié. en 1895. 1 68 m. vient d'étudier dans le Journal de la Société des Africanistes. 707 des Races et des Peuples de la Terre. celle de Lyon : 12). Le Dr Lasnel. 61) sont de haute taille. Il a mesuré une seule femme qui a 1 m. 74 en moyenne (ou plus exactement : 1 m. la seconde 1 m. Evidemment ces Peuls (hommes : 1 m. Rey. 1 69 m. 61 pour les femmes. résumant ses observations. 741. M. En tout il a étudié 39 hommes et 13 femmes provenant de 3 séries différentes (celle de Tripoli : 10 sujets. 68. 1 72 m. dit dans Une mission au Sénégal (1900) que la taille moyenne des Peuls ne dépasse pas 1 m. 58 pour les femmes. 70 en moyenne. 27. Ce qui fait une moyenne générale de 1 m. 3 hommes et 5 femmes (notes manuscrites). des tirailleurs peuls envoyés au front et quelques femmes peuhles en y joignant des mensurations antérieures. celle de Paris : 30. Buisson qui. 73 en moyenne pour les hommes et 1 m. 68. 25 et 25). 1 66 m. mais nous voilà loin de 1 m. 62 (p. Auparavant Deniker et Collignon avaient. La première série lui a donné 1 m. avec d'autres noirs de l'Afrique occidentale française. quelques Peuls nobles du HautCameroun donne les tailles suivantes pour 6 hommes : 1 67 m. Ils avaient trouvé 1 m. 74 ou 1 m. 75 de taille moyenne aux Peuls dans une note de la page 512 (où il étudie les Peuls) de ses Races et Peuples de la Terre (édition de 1926). femmes : 1 m. Les sujets de la 1re série étaient. En 1918. Lyon. au point de vue somatique. 64 de moyenne. l'anthropologiste lyonnais Ernest Chantre (Contribution à l'élude des Races humaines du Soudan Occidental Sénégal et Haut-Niger. p. De plus ils avaient pris la taille de 36 Peuls puis encore de 20 Peuls. la troisième 1 m. C'est une série de 35 individus qui a fourni cette énorme moyenne. p. des Peuls du Sokoto. il dit que : 18 . Exagérant encore Deniker donne 1 m.même travers que le Dr Verneau et donne aussi pour la taille des Peuls 1 m. édition 1926). 75 de moyenne des Verneau et des Deniker. 1 65 m. 67 pour les hommes et 1 m. mesuré 8 Peuls du Cayor et en 1896. plus près de la vérité. en 1933. Plus loin. de M. au point de vue historique et social. ce qui est une taille plutôt élevée mais sans rien de gigantesque. 67 de taille moyenne aux Peuls. Pour moi. 70. 67 s'applique naturellement aux hommes (p. 27). 621 et suivantes).000 Peuls Torombé (Est) 11. Avec ces chiffres comme avec ceux du Dr. Pour la taille une statistique portant sur 43 tirailleurs Peuls (21 Dialloubé. le petit menton en pointe et la couleur relativement pâle du visage — des Peuls de l'Issa-Ber. Cette taille de 1 m. 10 Fittobé et 12 Torombé) me donne 1 m. » Mais il faut ajouter que les tirailleurs sont plutôt des gens choisis. je termine. au point de vue somatique : « Au point de vue physique. Bref il semble plus mélangé de sang nègre que ce dernier. Les femmes auraient 1 m. 698 de moyenne — en gros 1 m. loin des exagérations flagrantes d'anthropologistes illustres. 60 environ au maximum. Pour les femmes cela indiquerait 1 m. il donne 1 m. l es reins de chat écorché. 58 Enfin. synthétisant toutes ces observations. en disant. 72 Celle de Paris (idem) 1 m. 62 Celle de Lyon (Cayor et Fouta-Djallon) 1 m. Ajoutons encore quelques notes sur la taille des Peuls. p. 68). 58 de taille moyenne. Buisson (1 m. comme je l'ai dit plus haut. 19 . Il y a en effet dans le Yatenga. 1917. 70). j'ai pris des mesures de taille sur des Peuls du Yatenga tirailleurs (voir mon Noir du Yatenga. surtout le Dialloubé.000 Peuls environ : • • • Peuls Dialloubé (Nord-Ouest) 13.• • • • La série de Tripoli (Sokoto) a 1 m.000 Peuls Fittobé (Nord) 5. les oreilles caractéristiques énormes bien détachées de la tête. nous rentrons dans la réalité moyenne des Peuls. 29. 67 Et les femmes (série de Paris) 1 m. pays Nioniossé et Mossi. le métissage nègre lui ayant donné de la robustesse. est aussi noir que les Mossi et les Fulsé qui l'environnent. Il n'a pas la maigreur.000 Après avoir étudié ces Peuls. Lasnet (1 m. le Peul du Yatenga. assez mélangé de sang nègre. En revanche il est assez bel homme. les Peuls ne sont pas les géants qu'on pourrait imaginer d'après les chiffres pourtant récents de Verneau et Deniker. des hommes de 20 . 70 1 m. 64 1 m. 54 pour les femmes. 68 1 m. 1 m. nous a donné une moyenne de 1 m. Il faut écarter la moyenne de 1 m. 74 ou 1 m. 67 1 m. dans des mensurations inédites prises par M. 69 pour les hommes et de 1 m.Je relève enfin. 698 aux Peuls du Fouta-Djallon soit 1 m. Ils sont donc assez grands. Notamment plus petits que les Ouolofs (nègres) ou les Touareg (Hamites). Nous avons vu plus haut que le recensement de 1934. 69 1 m. 71 1 m. En résumé. Leur taille varie de la moyenne de 1 m. pour 50 hommes et 50 femmes peuhles du Labé. les Peuls sont en général plus grands que les nègres mais moins robustes. 74 1 m. 73 1 m. 71 1 m. 72 1 m. 71 pour les hommes. 70 en arrondissant les chiffres. 68 1 m. et pour les femmes de la moyenne de 1 m. 67 à la moyenne de 1 m. Leur métissage avec les nègres donne une race plus belle que les deux composantes. 65 1 m. 75 1 m. 70 1 m. 62. Labouret en 1932 sur les Peuls du Foula-Diallon. 65. 66 de haut) mais peu robustes. 75 pour les hommes. plus que les nègres Bambara et Malinké (1 m. 64 1 m. les notations suivantes : Noms Abdoulaye Diallo Sori Diallo Alfa Omar Diallo Mamadou Ba Alfa Diallo Mamadou Diallo Omar Diallo Omar Diallo II Mamadou Diallo Amadou Ba Mamadou Diallo Mamadou Bari Yaga Diallo Mamadou Ba Daula Ba Mamadou Ba Ibrahima Bari Boda Lieu d'origine Timbo Labé Labé Mali Dité Dité Dité Dité Mamou Fouta-Djallon Labé Labé Fouta-Djallon Fouta-Djallon Pita Guinée portugaise Timbo Taille 1 m. 72 Cela donne en moyenne 1 m. 74 1 m. 54 à la moyenne de 1 m. plus ronds et d'une couleur plus agréable. 87) que dans l'Adamaoua oriental. » En revanche le Dr Bayol dit des Peuhls du Fouta-Djallon : « Ils sont grands et minces. est rare. bien faits et actifs. p. En résumé les témoignages anciens sur le Peuhl physique. ce sont eux qui ont dans la physionomie le plus de ressemblance avec les Européens. un nez un peu allongé. ressemblance médiocre avec leurs hautains compatriotes de l'ouest. 82). » (Revue des Deux Mondes. des traits presque européens. beaux et vigoureux. Plus loin (p. une taille médiocre mais bien prise et aisée. les Maures exceptés. p. une couleur de bronze rouge. ont aussi plus d'expression » (cité par Crozals.haute taille. des lèvres moins épaisses que celles des Ouolofs. rouge brun ou plus foncée. Leurs cheveux sont plus longs que ceux des noirs. leurs yeux plus grands. 477). approchant un peu de la laine.) Relevons encore (Crozals. réunis par de Crozals les donne : • • • • comme de taille moyenne (dans le Bondou) comme de taille médiocre (au Sénégal) comme grands et minces (Fouta-Djallon) comme de petite taille (dans l'Adamaoua oriental) comme petits chez les Houbbou comme grands et minces au Fouta-Djallon 21 Pour moi (1905 11 1913) j'ai vu les Peuls : • • . En revanche j'ai vu les Peuls du Fouta-Djallon minces et grands comme les a vus le Dr Bayol. Les Peuhls de l'Adamaoua ressemblent fort aux Peuhls Houbbou que j'ai vu en 1907 en visite à Faranah ou dans leur province du Fitaba. leur barbe. petites mains et petits pieds. front haut. petits traits. 11. » (Barth. De tous les peuples de l'Afrique occidentale. 84). Leur face est couleur cuivre clair. Gray et Dochard (1821) disent : « que les Peuhls du Bondou sont de taille moyenne. leurs cheveux sont peu crépus. Barth trouva des Peuhls qu'il représente avec les caractères suivants: « petite taille. taille mince. Voici ce que les anciens voyageurs ont noté sur la taille des Peuls 2. Crozals dit encore : « Le missionnaire Boilat qui a étudié de près les Peuhls de la région Sénégambienne signale chez eux des cheveux longs et épais. 15 décembre 1882. le nez est moins large que chez ceux-ci. Quant aux exagérations du Dr Verneau (l m. Enfin chez les Peuls qui ne sont pas trop métissés de nègres. Si nous prenons la moyenne de ces différentes mensurations on a 73. 22 . ce qui est évidemment platyrhinien. Ceci dit sur l'anthropologie physique des Peuls. sont des Hamites inférieurs. d'après le Dr Verneau.3 7 100 98. qui les a étudiés en 1897-1899 dans l'Anthropologie. Les Peuls sont donc très nettement dolichocéphales. moins que certains nègres.3 pour 17 individus (p. mais plus que d'autres. Verneau donne en moyenne à ses Peuls du Niger (missions de Gironcourt) 73.71 d'indice céphalique horizontal. surtout chez les femmes. année 1902. d'après Chantre. tome 13. La question de l'origine. p. Tous ces témoignages font croire que c'est Chantre qui est le plus dans la vérité en donnant aux Peuls une taille moyenne de 1 m. 709 et 710 de Les races et peuples de la terre. édition de 1926). Ajoutons quelques autres renseignements anthropologico-somatiques : Pour la tête les Peuls ont.• comme de taille moyenne mais peu forts dans l'Issa-Ber. — Les Peuls.5 4 ce qui donne une moyenne de 96. 74) ou de Deniker (l m. 74. 51) donne 73. La face est plus étroite et plus allongée que celle des nègres. comme le nez Bambara en particulier si large et si écrasé ! Les femmes peuhles auraient 95. mais non ultra-platyrhinien comme le nez nègre en général. 67 pour les hommes. Le lieutenant Girard (Anthropologie.2 (pour 52 individus) puis 74.44 pour les Peuls comme indice céphalique horizontal. 75) il faut totalement les rejeter. ce qui fait environ 1 m. 58 pour les femmes. Deniker donne une moyenne de 73. passons à la question de leur origine. Les séries de Chantre pour les hommes donnent pour l'indice nasal : 88.21 en moyenne d'indice céphalique horizontal. ce qui en fait des dolichocéphales purs. Ajoutons que la tête est élevée en même temps que longue.68 d'indice céphalique horizontal soit 74 en arrondissant les chiffres. C'est tout ce qu'il y a de vrai dans la théorie. dans le Fouta-Toro sont repartis vers l'est jusqu'au Tchad (processus historique celui-là et qui va du VIIIe au XIXe siècle de notre ère). et fait en revanche des Peuls des Berbères de l'Afrique du nord. à la prendre massivement et en bloc. elle a sans doute quelque chose de vrai par endroits et dans certains cas. A cette opinion il faut joindre immédiatement celle qui donne aux Peuls une origine berbère. à notre avis. venus primitivement de l'est à l'ouest et qui. Cette opinion n'est pas absurde a priori et. etc.. Ainsi on devait songer à une origine berbère et c'est l'opinion de Félix Dubois qui. Cette théorie que les Peuls sont des Berbères doit être rejetée. anthropologues ou linguistes. Cette théorie a été généralement acceptée et Deniker (édition de 1926) est du même avis. partiellement et localement. comme nous le verrons plus loin. les Touareg. etc. quoiqu'elle soit fausse. a encore été confirmée par M. car les Peuls ont pu être contaminés par des éléments berbères au nord comme ils ont été contaminés (mais bien plus sérieusement) par des éléments nègres au sud.des Ethiopiens. des Kouschites. d'éléments berbères. des Ethiopiens ou des Nubiens. dont on trouvera plus loin (chap. C'est aussi l'opinion de Passarge adoptée par Constantin Meyer qui leur attribue un caractère berbère atténué. en 1897. IV) l'exacte énumération. comme les Maures méridionaux. Dans leur première et préhistorique marche de l'est à l'ouest ils ont pu se contaminer jusqu'à un certain point. 23 . après avoir soutenu d'abord une origine mixte berbéro-éthiopienne (1900). Elle a été soutenue entre Mollien (1818) et Verneau (1897) par un très grand nombre de savants. 152) fait des Songhaï des bords du Niger des Ethiopiens (opinion qui n'a pas été suivie et ne mérite pas de l'être). Cette thèse. Ils semblent en effet être venus des environs de l'Egypte (nord-ouest) entre le VIe siècle avant Jésus-Christ et le VIIIe siècle après Jésus-Christ en passant par la lisière nord du Sahara et les traditions du Fouta-Toro les représentent abordant le fleuve Sénégal et le pays Serère par le nord. Werner (pour la langue) et Seligmann pour la race (1935). Mais cette opinion scientifique est bien plus ancienne que ces savants et Mollien (1818) a l'honneur de l'avoir soutenue le premier. une fois. nous le répétons : ce sont des Hamites inférieurs. dans Tombouctou la Mystérieuse (p. Mais cela nous conduit à l'origine mixte berbéro-élhiopienne ou nubiberbère qui a été adoptée par certains auteurs : ainsi par le Dr. prononcent malencontreusement pour désigner les Peuls le nom de race sémitique. dont nous verrons en détail au chapitre IV l'opinion. par les voyageurs anglais du Sierra-Léone Winterbottom et Matthews. Gaulier (1935) qui. pasteurs. en se rattachant pourtant en gros et avec force à l'opinion du Dr Verneau. Enfin citons M. dit-il. Cette opinion. Dans la dernière édition du même volume (1926. Deniker. n'est pas acceptable. Le Dr Lasnet a réfuté cette théorie en 1900 (Une mission nu Sénégal) : « Cette opinion. la berbère et la berbéroéthiopienne (dont la première est vraie. Bayol (1887) qui appelle justement les Peuls des Nubi-berbères. dans son Esquisse remarquable sur l'Afrique occidentale. Ils (les Peuls) présentent de profondes différences avec les Porognes 3 ou autre métis de Maures . avec leur vie pastorale et leurs nombreux troupeaux rappellent souvent. puis plus récemment par Grimal de Guiraudon (1887). puis par Edmond Morel l'adversaire acharné du Congo belge (1904). Machat aussi (1906) leur donne une qualification de ce genre. dès la fin du XVIIIe siècle. enfin par Delafosse (en 1912). posthume) il en fait des Elhiopiens contaminés au nord par des éléments berbères et au sud par des éléments nègres. le métissage d'autre part n'aurait pu donner naissance à une race aussi puissante et aussi nombreuse. les anciens patriarches de la Bible 5 a été soutenue. en définitive des nubi-méditerranéens ce qui est la même chose que la théorie berbéro-éthiopienne. Il y a encore une variante de l'opinion berbère qui est celle du Dr. fait des Peuls tantôt des Nubiens tantôt des Méditerranéens. Roubaud qui fait provenir les Peuls d'un mélange de Berbères et de nègres. peu ou prou. en 1900. au lieu de dire hamitique. donc. venue de ce que les Peuls. dans sa première édition des Races de la Terre lui accordait du crédit en appelant les Peuls (les Berbéro-Ethiopiens. 4 » Après ces trois théories : l'éthiopienne. Même certains savants de valeur comme de Qualrelages el Hamy (1882). la seconde fausse et la troisième vraie en partie) nous avons la théorie sémitique ou judéo-syrienne ou juive qui a été illustrée par Delafosse (1912) mais qui avait été soutenue bien avant lui. ce qui tend à brouiller les idées et à renforcer dans leur opinion excentrique les partisans de la 24 . Il en fait. Il a l'air d'ignorer qu'entre sémites et nègres on peut distinguer de nombreux degrés humains : Hamites supérieurs (Berbères.théorie de l'origine judéo-syrienne ou juive. des Malayo-Polynésiens venus en Afrique par la côte orientale. si l'on y réfléchit. qui font en définitive des Peuls des Ethiopiens ou Koushites. Cette thèse de l'origine hindoue est intéressante cependant. après l'éclat éphémère que lui redonna Delafosse en 1912. Frey dans sa Côte d'Afrique (1890) dit que les Peuls sont des sémites. au Dar-Four (qui est la maison des Four ou Foul !!! Les Four ou Foriens sont en réalité de vrais nègres) et enfin au Haoussa et 25 . définitivement abandonnée. aussi bien somatiquement que linguistiquement. Il faut parler ensuite de l'origine hindoue des Peuls soutenue par Golberry (1800) et même Binger (1892) : Binger dit qu'il ne cherchera pas si c'est la thèse hindoue de l'origine des Peuls qui est vraie ou la thèse malayopolynésienne de d'Eichtal !!! C'est être un peu en retard en 1892 (voir plus loin : chapitre V). Egyptiens) et Hamites inférieurs (Ethiopiens. qui semble absurde au premier abord. Il les retrouve en Abyssinie (juifs d'Abyssinie qu'il croit être des Peuls et qui ne sont en réalité ni juifs ni peuls mais Abyssins avec des prétentions juives). signalons celle de Gustave d'Eichtal (1842. Il y a cependant trop d'auteurs et de gens de talent qui l'ont soutenue pour que nous la considérions comme une théorie stupide ou grotesque. Nubiens). on le sait et sa thèse est restée célèbre. placent l'origine des Kouschites dans l'Inde d'où ils seraient passés ensuite dans l'Arabie du Sud puis dans l'Ethiopie Africaine (ainsi Knoetel.) une époque où ils étaient beaucoup moins connus que maintenant. L'opinion de l'origine sémitique ou judéo-syrienne ou juive des Peuls semble maintenant. prend donc un caractère plus sérieux. 1866) La thèse hindoue. Cependant elle est plus qu'hypothétique et Hartmann (1876) qui donne aux Ethiopiens une origine exclusivement africaine semble avoir raison contre Knoetel. Elle a reçu le coup de grâce avec les dernières recherches. Cet auteur qui fait date dans la Poulologie ou dans la Foulalogie (comme on voudra dire) a consacré un volume aux Peuls il y a un siècle. Parmi les théories décidément excentriques. Cependant on peut laisser ouverte cette antique question d'origine kouschite. De même le Ct. Histoire et origine des Foulahs ou Fellans). parce que des auteurs. Abyssins.) Notons que certains auteurs ont deux théories d'origine. etc. des Pélasges (!!). est maintenant depuis longtemps abandonnée. Extrait de Crozals : les Peulhs (1883). 2. etc. malayo-polynésienne.dans toute l'Afrique occidentale. C'est la section de Charenton pour l'origine des Peuls. La théorie éthiopienne ou hamitique inférieure 4.000 en 1931. voir plus loin : chapitre V. etc. Nous en arrivons maintenant aux théories absurdes : les Peuls sont des Tziganes. p.000 dont 36. Mais alors ils ne seraient donc pas des MalayoPolynésiens ? (à moins qu'on ne fasse du peuple de Phoul lui-même des Malayo-Polynésiens). qui sont bien.. des Judéo-Syriens ? Il faudrait pourtant choisir. des Malais. La théorie sémitique ou judéo-syrienne ou juive 3. Verneau en compte plus de 700. Métis de Maures et de nègres. etc. Les théories des Peuls eux-mêmes 2. assez analogues aux gens de Kousch ou Kouschites. région qui correspondait à la colonie du Soudan et à la Haute-Volta actuelle. 79 et suivantes. Nubiens. berbéro-éthiopienne. ce ne seraient donc pas des Sémites. on le voit.. il y a bien des théories sur l'origine des Peuls. car chez les 26 . Je retrouve dans les notes rassemblées par moi en 1915 sur les origines Peules ceci : « L'opinion qui donne aux Peuls un caractère berbère atténué peut être vraie. La théorie de d'Eichtal. après avoir fait beaucoup de bruit. etc.. Fouta-Damga. Delafosse soutient aussi que les Peuls seraient le peuple de Phout. hindoue. 3. D'Eichtal a bien vu que les Peuls n'étaient pas des nègres mais en Afrique même l'on peut trouver des populations de teint très foncé qui ne sont pourtant pas nègres (Ethiopiens. Toutes les autres théories restantes : berbère. eux.). si ce sont des gens de Phout. Pour en finir avec la question du nombre des Peuls Delafosse dans son Haut-SénégalNiger. Notes 1. des Romains (!!). 4. Bref d'Eichtal accorde aux Peuls l'origine qui est vraiment celle des Hovas (ou Houves) de Madagascar. Fouta-Diallo. des Gaulois (!!). Mais alors. 146 en compte 405.000 musulmans dans le Haut-Sénégal-Niger.) seraient le peuple de Phout de la Bible.000 animistes et 369. des Juifs. etc. En résumé. (Pour le détail. Nous examinerons dans les chapitres suivants : 1. au Sénégal. Ainsi d'Eichtal superpose à sa théorie malayo-polynésienne la théorie que les Peuls (gens du Fouta) Fouta-Toro.. p. dans le nord. mais. Elle n'impose pas cependant la monogamie à son mari mais à peu près. Mais ceux-ci étaient de couleur blanche. Dans le sud ils participent aux moeurs des noirs qui les entourent. Du reste. tandis que les Peuls sont de couleur noire. sans l'être pourtant autant que la femme Maure (Sourak-ha) ou la femme Targui. 27 . à mesure qu'on monte vers le nord les Peuls semblent de plus en plus monogames. la jalousie de la femme Peuhle et le fait qu'elle ne souffre pas d e rivale se marque très nettement et c'est bien là un caractère berbère très net. » 5. de moins en moins polygames. moins polygames cependant que ceux-ci.Peuls la femme est jalouse. néné araî djiouni. De cette invasion il ne resta que peu de vainqueurs . j'interrogeai les indigènes sur l'origine de leur race. marabout vénéré. taisez-vous. Le père. Il vint au Fouta-Toro et trouva le pays habité par les Ouolofs qu'il soumit au culte de Mahomet 2. où il parle abondamment des Peuls du Fouta-Djallon. a mouïnaï ” (Taisez-vous. cependant l'un d'entre-eux eut en partage la fille du roi du pays et vécut au FoutaToro. se mit un jour à pleurer et à crier très fort en appelant sa mère . fervent apôtre de Mahomet. ainsi qu'une partie des habitants. il courut chercher le livre des langues de Mamodou (mis pour Mohammadou. De ce mariage naquirent quatre fils dont le troisième resta muet pendant une partie de sa jeunesse. La mère. acceptèrent la nouvelle religion. L'enfant au berceau s'étant repris à pleurer. Les rois du pays Lamtaga-Diop et Diadian-Diaye. Mahomet) et trouva qu'il était prédit qu'une race de couleur claire. 28 . s'approchant de la case. voici ce qu'ils me racontèrent : « Un certain arabe de Massara (Massira ou Massara signifie l'Egypte 1) nommé Aboudar-Daye. circulait avec une troupe nombreuse entre le Niger et le Sénégal pour soumettre à la religion musulmane les peuples habitant l'occident de son pays. Ces mots furent les premières paroles foulahs entendues dans le pays Ouolof. elle courut à la mosquée chercher son mari et tous deux restèrent cachés autour de la case.Chapitre II Ce que les Peuls pensent eux-mêmes de leurs origines Madrolle dans son gros ouvrage: En Guinée (1895). dit (p. la nouvelle voix se fit encore entendre. Son plus jeune frère. 294) : « En 1892. Mohammed. alors âgé de huit mois. je visitai une partie du Fouta-DialIo. notre mère vient tout de suite. crut trouver en ce fils un futur apôtre de Mahomet et le fondateur d'un nouveau peuple. ce fut alors que le muet s'écria tout à coup : “Deyyhu. vous allez avoir le sein). dominerait une partie du monde. Deyyhu. parlant une langue particulière. fut surprise d'entendre cette nouvelle voix. Ce devint ainsi une légende passe-partout pour tous les nègres islamisés de l'Ouest africain. 227) : « Un Maure ou un Arabe. Heureux d'une telle fortune il se mit à pleurer et à remercier Mahomet de faire sortir de sa famille une race qui. Le vénéré Arabe se mit à parcourir les régions environnantes.Le marabout rendit grâce à Dieu. Notons en passant que le Livre des langues de Mahomet dans la littérature arabe est du même acabit que le chapitre des chapeaux dans l'oeuvre d'Aristote. devait régner sur beaucoup de pays. situés entre le Moyen Niger et le Tchad » (p. Quelques années après eut lieu la dispersion : les deux aînés s'établirent au Macina. le troisième gagna les pays montagneux habités alors par les Landouman et les Soussou et qu'il nomma Fouta-Djalon. le jeune fils apprit à ses trois frères la nouvelle langue Foulah. me dit mon informateur. née sur les bords d'un grand fleuve. se plaçant à côté des Peuls dans cette légende mirifique et se donnant à leur tour une origine à demi-arabe. Le second fut le père des Férobé 4 29 • . p. 294-298). et qui du reste n'est pas trop présomptueuse puisqu'elle ne se targue que d'une demi-origine arabe et se donne seulement un père arabe et une mère nègre. Ils partirent vers une région éloignée de Timbouctou 3 où se forma le noyau de la race. Soso. annonçant partout que la langue prédite par le grand prophète était maintenant découverte. Telle est cette légende qui fait descendre les Peuls d'un métissage d'Arabes et de Ouolofs. c'est-à-dire un blanc. sembla si bien imaginée dans l'Ouest africain que des nègres purs la reprirent à leur compte. Cette légende imaginée par des marabouts Peuls pour flatter la vanité de la race. Nous allons la voir telle quand elle fut racontée à André Arcin. Il en eut quatre fils: • Le premier fit souche de certains Mandé : Sarakholé. Voici maintenant. Devenu plus grand. se maria à Tischitt avec une négresse. ce qui a été raconté à André Arcin ( La Guinée Française. Dioula. Le quatrième resta le maître des pays berceaux de la race. Dialo était muet. voilà notre mère qui revient ! (Deyyhiou. le sultan Peuhl Mohammed Bello. la mère était sur le seuil. Celui-ci se prit à pleurer en appelant sa mère.• • le troisième des N'Daédio. tais-toi. Alors le muet. lui remit un mémoire sur les hauts faits et les origines de sa race. Ces derniers les chassèrent. Quelques-uns prétendent qu'ils sont issus de Japhet et d'autres de Gog et de Magog dont une tribu qui se trouvait à Ghairoun (Kairouan?) s'est unie avec les Turcs et les Tartares. plutôt un Maure il n'y a pas que les Peuhls qui soient les descendants d'un Maure ou d'un Arabe il y a toutes les populations nègres tant soit peu musulmanisées. après s'être dispersés et être allés qui au Haoussa. D'autre part. etc. revinrent plus tard voir leur pays d'origine. domineraient une partie du monde. Le Maure ouvrit alors son Koran et vit que Mohammed avait prédit que des gens. visité par le voyageur anglais Clapperton (1824). » 30 . cette légende diffère de celle rapportée par Madrolle en deux points : • • le père des Peuhls est un Arabe ou un Maure. dans un langage incompréhensible. fils du conquérant Osman dan Fodio qui conquit Sokoto et la Nigéria du Nord au commencement du XIXe siècle. même les Soso. qui au Macina. Un jour. petit frère. voulant consoler son jeune frère. en entendant ces mots étranges. Pour donner une idée des connaissances de son auteur. » Comme on le voit. elle s'enfuit terrifiée et alla trouver son mari pour lui conter la scène à laquelle elle venait d'assister. il lui disait : Tais-toi. abandonnant ses enfants chez les nègres. Il partit alors. il resta dans la maison avec N'Daédio. En effet. deyyhiou. parlant une langue inconnue à son époque. sa mère ayant été chercher de l'eau. se mit à lui parler et. mais. etc. je donne ici sa définition des Maures ou Berbères : « Les Berbères descendent d'Abraham. Disons d'abord que ce mémoire ne vaut pas grand'chose. Mais il avait auparavant appris la nouvelle langue à ses frères et ceux-ci. sauf Dialo qui fut admis parmi eux.). Il est particulièrement désastreux de faire descendre les Peuls des Arabes et des Toucouleurs vu que ceux-ci sont un mélange. d'après cette définition substantielle. 202) résume ainsi l'opinion de Bello : « D'après lui. » D'autre part. p. au XIXe siècle. bien que certains les rattachent aux Chrétiens et d'autres aux Bambara. en tout cas. les Peuls descendraient d'un Maure ou d'un Arabe et d'une négresse] est confirmée par le manuscrit de Bello. enfin les Peuls des Arabes par leur père. à moins qu'ils ne soient des Aryens ou à moins qu'ils ne soient issus d'un mélange de Gog et de Magog avec des Turcs et des Tartares!!! D'après Bello. le Dr Roubaud admet encore que les Peuls sont issus d'un mélange de Maures et de nègres. les Torodo des Juifs. du reste le Peul) mais passons. L'Arabe est un chef des Sohabat qui apporte au Soudan la religion de Mahomet. nous l'avons vu. On voit que le Sultan Bello n'est pas une autorité et que son fameux manuscrit n'est qu'une élucubration de barbare qui connaît mal l'histoire et n'a aucun renseignement sérieux sur l'origine de sa race. elle parle le Mandé et non pas le Toucouleur (qui est. des Toucouleurs par leur mère. On est évidemment ici en pleine fantaisie. Delafosse (Haut-Sénégal-Niger. les Maures seraient des Sémites. si la mère est une Touroude ou Torodo (une Toucouleur). 1. 31 . Les traditions que nous venons de voir. Cette dernière est une Touroude (Torodo). Mais la vanité Peuhle a été plus loin et ils seraient de vrais Arabes. André Arcin dit. parlent une langue nouvelle différente de celle de leur père (l'Arabe) et de leur mère (la langue Wakoré ou Mandé). justement. » Il est assez singulier que. de Peuls et de nègres Sérères. les Sôninnkés ou Saracolets sont des Persans. descendent des Juifs. t. Ses fils. les Foulbé. les Malinké des Coptes. les Peuls — ou tout au moins ceux du clan Torodo auquel il appartient lui-même. au sujet de Bello : « Cette légende (celle d'après laquelle.Ainsi. admettent une double origine des Peuls : ce serait un mélange d'Arabes (ou de Maures) avec des nègres et ceci n'est pas une opinion si grotesque puisque. reçurent la commotion générale que la naissance du Mahométisme fit éprouver aux nations environnantes .. lequel les aurait dirigés vers le Fouta-Djallon. Une légende du même genre est celle qui fut recueillie en 1857 par C. Il s'agit toujours de donner aux Peuls. ayant les mêmes traits. De plus. mais il la commente d'après son point de vue à lui : origine Juive et non Arabe des Peuls. ceux-ci auraient été accueillis dans le Dioka par un saint personnage nommé El Hadj Sahilou Souaré. donnant ainsi aux Peuhls une origine Hymyarite. mais que ces Peuls soient des Arabes installés au Maroc dans les environs de Fez et venus de là au Macina. parlant un langage semblable (Crozals). chef d'une tribu mandingue (ou plus exactement Soninké. imposant le culte islamique aux peuples plus faibles qu'eux (d'Avezac. nouveaux convertis. sous la conduite de deux chefs nommés Sidi et Séri . ceci est la part légendaire de la tradition. comme il croit (à tort) que les Peuls du Fouta32 . Delafosse en parle. ils traversèrent l'Afrique en conquérants. 203. d'après son nom de clan : Souaré). 248) : « Un Imam de la tribu Peuhle des Irlabés racontait en 1817 à un voyageur Européen que les Peuhls. que tout n'est pas à rejeter dans cette légende. En fait. P. Bayol). une origine arabe. » Crozals dit dans son ouvrage sur les Peuls (1883. cit. où il devinrent les ancêtres des deux familles des Sidianké et des Sérianké. peuple islamisé.-J. Cette tradition évidemment inspirée par le désir d'associer. Les Peuls du Fouta-Djallon proviendraient de familles arabes venues de Fez dans le Dioka ou Diaga (Massina). Reichardt et qui est relative exactement aux origines des Peuls du FoutaDjalon. c'est-à-dire de Fello ou Poullo fils d'Hymier. ne mérite aucune créance et laisse entière la question qu'elle prétend résoudre. p. jadis voisins de l'Arabie. les destinées des Peuhls à celles des Arabes. 297. lui aussi. p. dit Madrolle. Arabe. ouvr. ce qu'il y a de vrai dans cette légende est la venue d'une colonne de Peuls depuis le Macina jusqu'au Fouta-Djallon (vers 1694). font descendre les Peuhls de Fello-ben-Hymier. » Un Hadji Peuhl raconta à Clapperton qu'il avait rencontré des hommes de même race que lui à la Mecque.« D'autres traditions. Delafosse dit. dès le premier jour de la prédication du Prophète. Djallon sont venus du Fouta-Toron et non du Macina. par un autre de ses petits-fils (Nizar. en 639. parlant des Peuls islamisés : « C'est ainsi que beaucoup prétendent que leurs premiers ancêtres se trouvaient encore au Sinaï après la mort de Mahomet. fils de Yasser: o o o o o fils de Maadj fils de Maghih fils d'un Foulâni fils de Sélim fils de Saïd fils de Maad fils de Adnan. le roi de l'or pria le général Arabe de laisser dans le pays quelqu'un capable de compléter l'instruction religieuse des nouveaux convertis . il intercale une promenade de ces Peuls du Macina au Fouta-Toron avant d'aboutir au Fouta-Djalon. tome 1 de son Haut-Sénégal-Niger. Amrou aurait débarqué au pays du Tor (Sinaï) une partie de ses troupes dirigée par un nommé Okba-ben-Yasser . pour se rendre compte des résultats obtenus par Okba. y épousa ainsi Tadiounia. s'arrêta au Sinaï. ce dernier aurait converti à l'Islamisme la majeure partie des Juifs du Sinaï. lequel était. il dit. Delafosse a encore rapporté d'autres légendes d'origine arabe 5. frère de Saïd) fut l'ancêtre de Koreich et de Mahomet. fille du roi de Tor. Okba. Ainsi. le calife Omar-ben-el Khattab (634-644) envoya du Hidjaz par la Mer Rouge une armée commandée par Amrou-ben-el-Assi dans le but de convertir les Juifs et les infidèles du Sinaï et de l'Egypte. de Noussou celui des Sô ou Férobé et de Raabou celui des Ba ou Ourourbé. 212 et 213. C'est ainsi que. Lorsque Amrou. en revenant de son expédition en Egypte. p. Ouoï et Noussou) et un garçon (Raabou ou Raarabou). Amrou laissa donc Okba au Sinaï et reprit sa route vers Médine où résidait le Khalife Omar. de Ouoï celui des Bari ou Daébé. lorsque. De Daa serait issu le clan des Dialloubé. » 33 . demeuré ainsi dans le Sinaï. issu d'Abraham par Ismaël et qui. qui lui donna quatre enfants : trois filles (Daa ou Daadou. d'après les traditions islamisées. les quatre principaux clans peuls descendraient d'une juive du Sinaï et de Okba. tandis que ceux qui refusèrent d'abjurer le Mosaïsme auraient été massacrés. « Dans d'autres légendes. Okba est donné comme le neveu d'Amrou et porte le nom d'Okba-ben-Amir qui est en effet le nom d'un des lieutenants d'Amrou. mais le premier. Ainsi les Peuls seraient les descendants d'Arabes et de Juifs. non seulement en Egypte et au Sous. enfin. » Bref. Le général arabe lui-même aurait dans son ascendance un Foulâni ou Peul (ce qui est bizarre puisque la race Peuhle n'était pas encore créée) et Ismaël et Abraham lui-même. Okba-ben-Yasser est devenu Oukouba dans la légende d'Escayrac de Lauture. il est devenu Yakoub dans la légende Clapperton. légende du Baguirmi (1855-1856) la quatrième de Clapperton (1829) recueillie à Sokoto la cinquième de l'administrateur Logeay recueillie chez les Peuls du cercle de Goumbou (1909). Okba a été un personnage historique. Remarquons que cette légende est basée sur l'identification du FoutaToro. 213. Delafosse rapproche de cette légende racontée tout au long (p. Il ajoute que • • • • dans la légende Vicars-Boyle.Ainsi les Peuls descendraient du général arabe Okba et d'une juive du Sinaï. mais on le confond avec Okba-ben-Nafi et on le fait aller sur l'ordre du calife Moaouiya. avec le pays de Tor ou Sinaï. lieutenant de cet Amrou. dit Delafosse. il est devenu Ougoubata. qui prit l'Egypte en 640. en note) cinq légendes analogues : • • l'une recueillie par Guébhard au Fouta-Djallon et publiée en 1909 une autre donnée par N. ou plutôt il y a deux Okba. • • • Delafosse fait remarquer la confusion du Tor (Sinaï) avec le Fouta-Toro (Sénégal). il est devenu Okba-ben-Amir dans la légende Logeay. est un personnage peu connu et le grand Okba est Okba-ben-Nafi ou mieux Okba-ben-Nafa qui en 669 fonda Kairouan la grande métropole arabe et 34 . mais jusqu'à Tekrour et à Ghana. C'est la ressemblance du mot Tor (Sinaï) avec le Fouta-Toro qui a permis la création de cette légende de haute fantaisie. Vicars Boyle et recueillie dans l'Adamaoua (1910) une autre donnée par le comte Escayrac de Lauture. qui se trouve au Sénégal au bout de l'Afrique occidentale. Israëlites). jaloux du nombre. Une partie d'entre eux gagnèrent le Kénana (Chanana. fit ensuite une grande expédition au Maghreb (681) et fit baigner le premier son cheval dans les eaux de l'Atlantique ou Océan Ténébreux..musulmane de l'Afrique du Nord. N. massacré par les Berbères. (Pour tous détails. Elle a été prise auprès des Peuhls du Sahel : « Les premiers ancêtres des Peulhs auraient été Yakouba (Jacob) fils d'Israïla (Israël). les Egyptiens voulurent. consulter entre autres Mercier. 229 et 230). pp. Le second ancêtre. parti du pays de Kénani (Channan). puis au fleuve Niger. On confondit les uns et les autres sous le nom de Banissiraïla (Beni-Israël. dont la date peut se placer vers 736. S. était venu du pays de Sani (Syrie) en même temps que Joseph et s'était établi auprès de lui. Voici encore une légende donnée par les Peuhls islamisés et rapportée par Delafosse (H. Palestine) et le Sam 35 . avait épousé la fille du roi du pays et lui avait succédé sur le trône. serait venu par le Tôr (Sinaï) dans le pays de Missira où régnait alors son fils Youssoufou (Joseph). car c'est en 736 seulement que les Arabes. mais certaine. fils d'Issihaka (Isaac). tome I. qui conquit véritablement l'Afrique du Nord sur les Maures et les arracha aux dernières prises de la domination Byzantine. I. mais son œuvre devait lui survivre après des vicissitudes diverses. auraient formé la souche d'où devait sortir plus tard le peuple Peulh. en Egypte. traversèrent le désert et arrivèrent au fleuve Sénégal.t. fut faite par Ismaël. de la puissance et de la richesse en troupeaux des Baiiissiraïla. Cet Okba-ben-Nafa. Les enfants de Joseph. Après la mort de Joseph. Celui-ci. fils d'Ibrahima (Abraham) et un nommé Souleïman. 214). mais il ne vint pas sur le Sénégal et à Ghana. Les Israélites s'enfuirent alors de l'Egypte. mourut en 683. C'est lui qui certainement est visé par les légendes Peuhles. Le premier. les accabla d'impôts de toutes sortes. partis de l'extrémité sud du Maroc. vertu précédemment. p. Cette expédition peu connue. secouer le joug des Barinisiraïla et confièrent le sceptre a un homme du pays Firaouna (Pharaon). Histoire de l'Afrique septentrionale. fils d'Obéid-Allah et par le général El-Habib-ben-Abou-Obeida. Souleïman. ainsi que ceux de Souleïman. Ce dernier. le roi en un mot. alors que le mot Pharaon vient en réalité de Pérao. Du reste. comme il traversait le Nil. Ses guerriers abandonnèrent alors la poursuite des Judéo-Syriens qui. une valeur historique à cette légende. prenant la route du sud-ouest. avec leurs troupeaux. de la sublime porte.. et Gama fils et successeur de Gaye. mais. 216. la meilleure critique que l'on puisse faire de ce pot pourri maraboutique. en souvenir de leur fuite. fils et successeur de Gadia. menèrent leurs compatriotes du Bornou au Diaga ou Massina où ils furent accueillis favorablement par les Sébé (sôninikké). assez ingénieux du reste.(Syrie) sous la conduite d'un chef nommé Moussa (Moïse). en observant (tome 1. si l'on veut bien laisser un moment de côté sa fausseté fondamentale. Kara ou Karaké. c'est Delafosse lui-même qui l'a fait. cela n'a aucune valeur. avec une grande naïveté. vinrent se fixer dans le pays de Sartou (Cyrénaïque) et prirent. descendant le premier d'Israël et le second de Souleïman. se dirigeant vers le soleil couchant.. Plus tard. le nom de Foudh ou Fouth. Ainsi encore la noyade du Pharaon dans le Nil qui démarque la noyade du Pharaon et de son armée dans la Mer Rouge. et veut dire : l'hôte de la grande maison. se rendit au Touat. seule noyade dont parle la Bible. » Delafosse donne. il faut l'avouer. Les autres franchirent le Nil sous la conduite d'un descendant de Joseph et d'un descendant de Souleïman. mais une autre fraction se dirigea vers le Sud et gagna le Bornou (ou plutôt l'Aïr comme nous le verrons plus loin 6) sous la conduite de deux chefs nommés Gadia et Gaye. Firaouina les poursuivit. en note) que : « les Soninké du Sahel (des nègres) se sont approprié cette tradition et la donnent comme expliquant leur propre origine. p. la pirogue qui le portait chavira et il se noya. plat démarquage de la Bible par des Peuls muslmanisés avec des innovations malheureuses dans le détail : ainsi les Egyptiens élèvent au pouvoir un nommé Firaouma (Pharaon). la grande maison. dès ce moment. ils y ont même 36 . Bref. une fraction d'entre eux. Les Peuls qui ne connaissent même pas leur histoire exacte depuis le VIIe siècle de notre ère (histoire que les Européens seuls ont reconstituée à peu près) se rappelleraient exactement d'événements datant du 15e siècle avant Jésus-Christ ! N'insistons pas. dans la dernière légende. ils descendraient purement et simplement de Joseph et de Souleïman 7. etc. Monteil a recueilli dans son volume sur les Khassonké (1915) une autre légende. tout cela du 15e siècle avant JésusChrist. venus du Tor (Sinaï). se présentent dans d'autres comme les descendants d'un général Arabe et d'une princesse Juive. ou de Maures et de Nègres. qui rapporte ce renseignement dans son livre La Guinée Française. Ch. » Ils ont tort.). Cependant. enfin. celle des Khassonké. Les Khassonké se donnent donc pour des Peuls. font tout simplement descendre les Peuls d'un fils de Cham qui s'appelait Ilo Falagui. p. Donc. avant une religion fétichiste.introduit des noms de clans à eux pour rendre la chose plus vraisemblable. les Peuls qui se présentent dans certaines légendes comme des métis d'Arabes et de Nègres. ils ne prétendent pas descendre des Arabes ou des Juifs. dit que ce sont des Peuls relativement purs. elle est fausse pour les Soninké ! Le malheur est qu'elle est aussi fausse pour les uns que pour les autres. Le grand ancêtre de Dyadyé serait Oubobiliasi qui vivait au temps de Mahomet. Ils disent donc descendre d'un nommé Dyadyé et les descendants directs de Dyadyé se trouveraient encore actuellement aux environs de Nioro et surtout vers Lakhaniané (cercle de Nioro). du cercle de Nioro et de Malinké envahis par eux et battus définitivement vers 1680. André Arcin. si la tradition est vraie pour les Peuls. Les descendants de Oubobiliasi seraient en ligne directe : • • • • Amadou Ilo Dyadyé (un premier Dyadyé) Sadiga 37 . plus sérieux et moins ambitieux. On sait que les Khassonké sont des métis de Peuls envahisseurs venus du Nord. des Beni-Israël et d'un petit apport arabe. certains Peuls. ajoute gravement Delafosse. relative à l'origine des Peuls. 231. et. quoique réellement ils tiennent plus (saut les noms de clans) des Malinké que des Peuls (parlant le Malinké. N'ayant pas les mêmes préoccupations maraboutiques ou musulmaniques que les autres. restés fétichistes ou devenus musulmans assez tièdes. Ces passages. au témoignage d'El-Bekri. Oubobiliasi campa à l'est de Tombouctou 8 . 38 . s'en étant aperçu. Sidibé et Sankaré. dit Monteil. était un caïd (chef) du temps de Mahomet. n'ont aucun rapport avec les Peuls 9 (Voir plus loin). Une année. il apprit la mort du Prophète et cédant à la nostalgie. il devait chaque année fournir au Prophète un certain tantième de ses troupeaux. de Okba-ben-Yassiri) nous retrouvons toujours donc le fameux Okba arabe à l'origine des Peuls. On appela ceux qui étaient restés El-Fama (les princes. tandis que les autres regagnaient Kairouan avec leur butin. Une partie de ces guerriers resta dans le pays et s'allia à des femmes indigènes. à Tombouctou. » . c'est toujours la tradition d'Arabes unis à des femmes indigènes. ils firent comme les Armas ou fusiliers marocains du XVIe siècle qui s'allièrent à des femmes du pays et dont il y a encore des traces dans le pays Songhay. le chassa en lui disant : « Va. Comme son nom était inconnu. Ils existaient encore au XIe siècle. est bien connu. Mais évidemment ces guerriers araboberbères du VIIIe siècle. la famille qu'il s'était créée en épousant des femmes indigènes. là. Mahomet. En dernier lieu. Ce furent les pères des quatre grandes tribus Peuhles ou plutôt des quatre grands clans Peuhls. ou mieux El-Famaou au pluriel). qui descendirent du Sous sur le Sénégal. Bref. il abandonna. et le Niger. à l'heure actuelle. il dissimula une partie de ses richesses. sans esprit de retour. Diakhité. tes descendants seront des vagabonds. Comme nous le voyons. on appela ses quatre fils chacun par le nom de sa mère : ce furent les ancêtres des Dialo. prenant Ghana. Il s'agit des guerriers ommiades de l'expédition de 736 dont nous avons parlé plus haut. ta race sera maudite. les El-Fama d'El-Bekri. ou plutôt ce passage. Comme tous les caïds. puis remontèrent le Sénégal vers I'Est. mais il n'y en a plus trace actuellement au Soudan.• • • • Sannyéré Bodéoul Dété Wondyé Cet Oubobillasi (altération dialectale. Monteil dit (en note) que certains passages?donnent quelque crédit à cette opinion. selon les marabouts). Monteil ajoute encore que les Peuls du Fouta-Djallon ne parlent pas de cet Amadi Tabara. tantôt comme un mélange de Juifs et d'Arabes. En résumé. Elles ne concernent pas du reste l'origine des Peuhls mais leur descente du Nord sur le Sénégal où ils se seraient mélangés aux Sérères. Amadou est donné comme le fils d'Oubobiliasi et le père d'Ilo]. par d'autres de ses fils. Mais il y a. la tribu maure des Ladoum ! Le même ajoute que la tradition Peuhle-Khassonké qu'il vient d'exposer rattache les almamys du Fouta-Djallon à un certain Amadi Tabara qui serait le frère d'Ilo.Monteil dit encore que cet Ilo qui est placé dans la liste héréditaire qui va de Oubobiliasi à Dyadyé et auquel celui-ci se rattache. Ce seraient les Maures (repoussés eux mêmes vers le Sud par l'invasion arabe du VIIe et du VIIIe siècle) qui les auraient repoussés de la Mauritanie vers le Sud. les vrais nègres n'en pensent rien. origine qui semble être vraiment la leur. il est affirmé que les relations d'Ilo et de ses gens (les Peuls) avec les Maures Oulad M'Barek. Les traditions qui ont quelque chance d'être sérieuses sont celles rapportées par Mollien (1818) et Boillat. [Nous avons vu plus haut que dans la liste héréditaire fournie par la même légende. dit Monteil. des peuples musulmanisés qui ont. Mais les nègres eux-mêmes que disent-ils des origines Peuhles ? Evidemment les nègres. Ceux-ci se donnent simplement une origine éthiopienne. En fait. aurait formé la tribu Peuhle des Irlabé et même. tantôt comme des métis d'Arabes et de Nègres ou de Maures et de Nègres 10. parmi les nègres. leurs voisins. mais seulement des légendes et des légendes de très basse époque (de l'époque de la musulmanisation). mais font remonter jusqu'à Ilo le mouvement initial d'immigration Peuhle au Fouta-Djallon (Comparez l'étude de M. eux aussi. les Peuls se donnent tantôt comme des Arabes purs. Leprince sur le Labé dans la Dépêche Coloniale illustrée du 31 août 1907. Les plus sages disent simplement qu'ils descendent de Cham par un certain Ilo ou Ilo-Falagui. il n'y a pas de tradition nationale sérieuse chez les Peuhls. leurs 39 . Ceci ne concerne pas l'origine Peuhle et du reste est assez douteux.) Enfin. tantôt comme des Juifs purs. ont déterminé la formation de tribus de métis Poullo-Maures connues sous le nom de Ladoum. Alors. mais ne prends pour mari que l'homme pudique qui ira faire ses besoins très loin dans la brousse. Après avoir attendu son mari très longtemps. de toutes les manières : ils habitaient. et ils détruisirent ou refoulèrent les autochtones du ´ Ganar ª. Et ces enfants imaginèrent un langage à part différent de celui des Arabes et différent de celui des Sônninké. Diaoua allait jusqu'à la lointaine forêt. arriva à Koumbi (Ghana). à l'instar des Peuhls et en particulier. dans les contrées de l'Ouest. Bari. prit pour mari Diaoua. Cette tribu parlera une langue qui n'est semblable à aucune autre ! Cependant. comme l'on dit. et y salua le Kayamagha Djiabé. plus ou moins ingénieux comme ceux des Peuhls et frottés du reste aux marabouts Peuhls et Maures. pour faire ses besoins. Naturellement. noms que les Peuls du Ouassoulou devaient ensuite changer en Diallo. Mohammed déclara avant sa mort : Il surgira.144 à 152). Ces marabouts ont créé. Celui-ci lui donna sa fille et il en eut quatre mâles : Diallo. Cependant les quatre fils d'Oukbatou (qui 40 .marabouts. mais des rouges. enfin ils fondèrent le royaume de Ghana. Et elle en eut un fils Dabi qui donna naissance aux Diawanbhés 11 la première caste de la société peuhle. il est vrai. Diakhité. C'est à cette époque que le Kayamagha Djiabé maria sa fille à un étranger dont l'histoire était étonnante (p. désespérant de le voir revenir. Ba. C'est l'ancêtre des Peuls qui sont des hommes rouges comme les Soninké. marie-toi. il voulut retourner dans le Yémen pour s'en assurer et il laissa sa femme avec son esclave Diaoua en lui disant : Si je ne reviens pas. voici la singulière légende des Soninkés recueillie par Robert Arnaud en 1912. quitta le Yémen. Ce n'étaient pas des blancs. eux aussi. les Soninkés. Alors Oukbatou se souvint des paroles du Prophète et songea qu'il était mort. le Yémen. bien avant Abraham. Il se nommait Oukbatou boun Yacer et il était établi dans le Yémen à l'époque de Mohammed. la fille de Djiabé. accompagné de son captif Diaoua. après moi. car elle avait pu constater que tous les jours. Oukbatou. des légendes. une tribu très fervente et très fidèle et que j'aime beaucoup par avance. ils arrivèrent dans l'Afrique occidentale (cercle de Nioro actuel). qui sont des nègres en gros (quoique assez métissés d'éléments Peuhls) se donnent dans cette légende des ´ gants ª. Sidibé et Sangaré. Du Yémen. So. En définitive. Cependant. origine de la race Peuhle. ce n'était qu'une épreuve qu'on leur fit subir et par laquelle les gens de La Mecque éprouvèrent leur foi ardente. et. assez jolie qui reste. Et l'on découvrit un écrit laissé par Mohammed et qui était justement un vocabulaire de cette langue inconnue que parlaient les quatre jeunes gens. ils devaient revenir (et définitivement cette fois) à l'Islam. si remarquables par leur foi. parmi les Diallo. Or. dans cette légende. prirent le nom de Kann (pp. Dieu permit que plus tard. 152 à 154). Somme toute. En définitive. leur descendance abandonnât l'Islam et s'entêtât longtemps dans les voies de la mécréance. ne sont pas des noirs. 41 . donc pas absurde comme fond. Ensuite. mais comme des Ethiopiens ou Kouschites d'Arabie. mais toute l'histoire du Soudan jusqu'aux Bambara compris) les Peuls sont considérés comme des hommes rouges venus du Yémen. c'est l'alliance entre deux peuplades de Rouges qui a donné les Peuhls. non comme des blancs. les premiers qui se reconvertirent à l'Islam. les Peuhls étant réellement des Ethiopiens ou Khainites et non pas des Arabes ou des Juifs. mais des rouges. La légende. Comme les Sôninnké. Naturellement.avaient créé la langue Peuhle) se rendirent à La Mecque et ils étaient tellement fervents qu'ils consentirent à se laisser trancher la tête pour aller voir tout de suite le Nabi dans le ciel. les quatre frères Peul regagnèrent l'Afrique occidentale et s'établirent à Troumbanou dans le Bakhounou (cercle de Goumbou ou de Nara) où leur beau-père Diaoua (avec toute sa descendance Diawando) les rejoignit. les Peuhls sont présentés ici. les Sônninké ont vu plus clair ici que quelques érudits dont nous ne citerons pas les noms. telle qu'on l'a présentée à Robert Arnaud. dans cette légende ingénieuse des marabouts Sôninnké (dans laquelle ils font rentrer du reste non seulement l'histoire Soninnké. Leur ancêtre Okbatou (on retrouve ici une fois de plus le conquérant arabe Obka-benNafa qui fonda Kairouan et poussa jusqu'à l'Atlantique au VIIe siècle de notre ère) épouse la fille du roi Sôninnké Kayamagha Djiabé et en a quatre fils. n'est. Et l'on connut ainsi la langue Peuhle créée par le Prophète lui-même ou créée par Dieu et enregistrée par le Prophète. Tombouctou ne date en réalité que du XIIIe siècle et n'existait pas à l'époque de 42 . Il faut sans doute ?comprendre : ils partirent vers une région éloignée du Sénégal. les Dyoula et les Soso sont des Mandé. c'est-à-dire à l'est de Tombouctou. 3. c'est la Syrie. Ajoutons que Monteil a publié à ce sujet une note dans la Revue africaine de 1911 avec. c'est-àdire à Saint-Jean d'Acre. au sud de Tyr et non loin de Nazareth. ils se présentent comme des Judéo-Syriens. ou des Juifs. En réalité c'est Missira qu'il faut dire et non Massira ou Massara. 9. ª Je crois que ce bon Lambert est ici quelque peu ironique. qui me l'a communiqué. Notes 1. la terre de Faz (Fez) c'est le Maroc et la terre de Sam. en note). au point de jonction de la Palestine. les Foulahs seraient originaires des pays du soleil levant. le chef de bataillon Gaden. 10. Cette réflexion est de Delafosse lui-même. le texte arabe de la tradition et sa traduction. cela n'est pas pour embarrasser Mahomet. Les Férobé. qui séjourna à Timbo. et là se développa la nouvelle race. recueilli au Sénégal par M. écoutons maintenant les érudits ou savants modernes qui ont travaillé sur eux et reprenons d'abord les opinions les plus contestables avant d'en venir à l'opinion presque unanime des anthropologistes qualifiés. ils se présentent comme des Arabes arrivés au Maroc avec l'invasion mahométane. 4. Peut-être ce Souleiman est-il tout simplement une réminiscence de Salomon ! Que si l'on objecte que Joseph et Salomon ne sont pas de la même époque. S'ils viennent de la Syrie. nos marabouts Peuls. les Dialo. de la Phénicie ou Syrie occidentale (Seur) et de la Syrie orientale pour (Cham) (p. 8. ª 6. S'ils viennent du Maroc. selon la théorie chère à Delafosse. celle de Tombouctou. localise la patrie de l'ancêtre des Peuls à Akka. Un manuscrit arabe encore inédit. Cependant l'indication de la fin marque que ce pays aurait été entre le Niger et le Tchad. à l'appui. 212. ainsi que l'expression Judéo-Syriens mise Beni-Israël. de la terre de Faz suivant certains indigènes ou de celle de Sam. d'après d'autres marabouts non moins éclairés sur leur origine. L'opinion de Lambert (1860) rapportée par Madrolle : En Guinée Française (1895) ou plutôt l'opinion que se fit Lambert d'après les dires des Peuls de Timbo (Fouta-Djallon) concilie l'origine arabe et l'origine juive : ´ Selon Laertmb (1860). 5. 7.Après avoir écoulé les Peuhls eux-mêmes et les marabouts musulmanisés du pays Sônninké. 211. En tout cas. les N'Daédio sont des clans Peuhls tandis que les Soninnké ou Sarakolé. En fait l'islamisation des Fouta-Toro doit remonter au XIe siècle de notre ère. 2. sur la côte de Galilée. Les Diawambhé (au sing. 43 .11. Diawandho) sont en réalité des métis de Peuhls mâles et de femmes Sônninké ou bien des Sônninké purs. avoir soutenu plusieurs opinions différentes sur les Peuhls. Morel admet que les Hycsos envahirent l'Egypte en 2136 avant Jésus-Christ et en furent chassés en 1626 ou 1636 (On admet maintenant que l'invasion des Hycsos fut beaucoup plus courte et ne dura pas cinq siècles comme le prétend Manethon). 127 à 148 nous voyons qu'ici au moins il attribue aux Peuls une origine Judéo-Syrienne. rival des Rougé et des Mariette. bien plus récente et que nous connaissons bien celle-là dans la plupart de ses détails. p.Chapitre La théorie juive III La théorie juive. traduction Duchêne. le fameux Egyptologue allemand. 1904. puis par Edmond Morel (1904). 1907) combat vigoureusement une théorie de Ed. puis par Grimal de Guiraudon (1887). Winterbottom et Matthews. Mais si nous reportons au livre même de M. par deux explorateurs anglais du Sierra-Leone. mais surtout des Hycsos. Morel pour lequel les Peuls sont des Kouschites purs venus directement de Nubie dans l'Ouest africain en suivant la lisière Sud du Sahara. assez séduisante et romantique. Cependant sa théorie n'est pas tout à fait celle de Delafosse. Cette théorie est très sensée pour l'origine et ce que lui reproche André Arcin est autre chose : c'est de négliger la marche historique des Peuls du Sénégal au Tchad et au Ouadaï à l'époque historique et d'expliquer les stations actuelles des Peuls jusqu'au Sénégal par la marche de l'Est à l'Ouest qui est sans doute la marche primitive. mais qui a été suivie ensuite d'une colonisation de l'Ouest à l'Est. M. Les Peuls pour lui sont des Judéo-Syriens en gros. S'appuyant sur les chiffres (maintenant périmés) de Leipsius. a été soutenue. dès la fin du XVIIIe siècle. Celui-ci semble du reste. 44 . Edmond Morel : Les Problèmes de l'Ouest Africain. puisque André Arcin (La Guinée Française. Ceux-ci auraient pris en Egypte la bôolatrie du pays (boeuf Apis) et auraient été influencés en même temps par les traditions des Juifs qui se trouvaient en même temps qu'eux en Egypte. Gordon Laing. Léon l'Africain ne dit rien de tel et ne connaît Ghana que depuis l'époque des Almoravides qui prirent Ghana en 1076.) pour établir que les Peuls ont conservé des traditions juives. 45 . Les Almoravides sont des Maures et les Maures dont parle Léon l'Africain sont justement nos Almoravides du XIe siècle. par la Tripolitaine. ils ne sont pas pour cela les ancêtres des Peuls. Là. Enfin.On la porte au 18e siècle avant Jésus-Christ et on admet que les Hycsos furent chassés d'Egypte en 1580 avant Jésus-Christ. Morel dit qu'une bonne partie d'entre eux s'en alla par la Lybie. ils se trouvaient avoir gagné. Remarquons en passant que ceci est une grossière erreur de M. Au 6e siècle avant Jésus-Christ. quoique notre bon Léon n'en soit pas à une affirmation hasardée de plus ou de moins). puis ils descendirent sur la Mauritanie. etc. Quand même on admettrait qu'une partie des Hycsos a fui par l'ouest de l'Egypte. le Sénégal et la Gambie. Hamites inférieurs et très foncés rappelant plutôt « la vile race de Koush » comme l'appellent avec mépris les Egyptiens. le sultan Bello. Morel s'appuie sur plusieurs autorités (le capitaine Grimal de Guiraudon. ils furent rencontrés par les Carthaginois d'Hannon au 6e siècle avant Jésus-Christ. dit Edmond Morel. y restant. le Dr Blyden. à peu près deux siècles. au lieu de reprendre le chemin de l'Asie comme le fit le gros de la nation. travaillé sur des documents carthaginois) et par Pline sous le nom de Leuco-Aethiopes (Ethiopiens blancs). en 300 après Jésus-Christ les Peuls auraient fondé l'empire de Ghana d'où ils auraient été dépossédés au VIIIe siècle par les Maures. la Tunisie et l'Algérie. Maintenant. le sud marocain. Il est vrai que M. (Notons en passant que le Périple d'Hannon est probablement un faux de l'époque de Jules César et de Cornélius Népos) et furent désignés par Ptolémée (qui aurait. Léon l'Africain ne parle nullement des Peuls et ne dit aucunement qu'ils aient fondé Ghana.disons même rien du tout. ce qu'il faudrait prouver au point de vue historique. Morel. selon l'affirmation de Léon l'Africain. que vaut l'affirmation que les Peuls sont des Hycsos influencée par les Egyptiens et par les Juifs ? Elle ne vaut pas grand'chose . Winterbottom. Mungo Park. Adam et Noé parlaient Arabe ! et les marabouts Peuls.. dit Blyden. Comment des nègres qui ne se rappellent même pas exactement leur histoire d'il y a cent ans. les nègres du Mali et les Peuls eux-mêmes. se rappelleraient-ils des événements (arrivés aux Juifs) et datant de 40. il affirmerait. connaissent ces antiques événements par le Coran et la Bible elle-même (traduite en arabe) où ils ont pu les lire. Morel.) bien avant Moïse et Josué et David et Salomon.Mais que valent ces références ? Grimal de Guiraudon dit que les Peuls sont si pénétrés des traditions juives qu'ils n'ont pu les avoir par des sources arabes . c'est Moïse qu'ils tiennent en la 46 . qui veulent se rattacher aux Juifs patriarcaux. d'après M. etc. Pourquoi à cette époque ? Elles devraient cesser à l'époque de la sortie des Hycsos de l'Egypte (1580 av. Quant à Mungo-Park. 145) cela montre bien la puérilité et l'enfantillage de nos marabouts Peuls. leur langue perdit sa pureté et sa richesse ». telles qu'elles sont décrites dans le Pentateuque et. Noé.C. veulent aussi et surtout se rattacher aux Arabes. que les « Mandingues ont une notion étendue des événements rapportés par l'Ancien Testament. affirmant que c'est la langue que parlèrent Adam. la vie des Patriarches. de 20 ou de 16 siècles avant notre ère? Evidemment. tandis que pendant la captivité des descendants d'Isaac en Egypte. le songe de Joseph. soit leurs ancêtres) en compagnie d'Adam ou de Noé ou de Joseph. tels que la mort d'Abel. Ils connaissent l'histoire religieuse comme la peuvent connaître les enfants du catéchisme qui pourtant n'ont jamais vécu (soit eux-mêmes. après Mahomet. Ils soutiennent que les descendants d'Ismaël n'ont jamais été asservis. ceux qui sont musulmanisés. p. il a dit une pure sottise.mais que ces traditions cessent à l'époque de Salomon. ici. mais des Mandingues et si Mungo Park a dit cela. J. loin d'apporter quelque soutien à la thèse des origines Hycsos ou Juives : « Ils tiennent la langue du Coran. Morel cite encore l'opinion du voyageur anglais Winterbottom qui dit que « les coutumes des Peuls ont une ressemblance frappante avec elles des Juifs.. Morel. Quant à ce que rapporte le Dr Blyden (cité par M. p. il s'agit non plus même des Peuls. dans la plus grande vénération.. Abraham et Ismaël. Bref. (Il est déplorable d'avoir à discuter de pareilles sottises). 146. comme tout bon musulmanisé Peul ou Nègre le désire. » Or. Seth. Un médecin militaire qui passa à Ouahigouya en 1914. mais ne prouve rien pour l'origine Hycsos ou Juive des Peuhls. Morel (p. est sérieux et exact à mon avis. pour expliquer cette bôolatrie de la faire remonter à un séjour des Peuls-Hycsos en Egypte où ils auraient vu adorer le Dieu Apis! En résumé. Mais cela ne prouve pas que les Peuhls soient des Juifs. mais enfin les anciens patriarches de la Bible étaient des blancs Sémites et non pas des Éthiopiens inférieurs et très foncés comme nos Peuls ! Le Dr Morel cite encore une anecdote rapportée par Gordon Laing et où l'on voit un chef Peul du Fouta-Djallon faire poser la main sur un gâteau de farine de riz et sur un mouton égorgé aux indigènes du pays qui veulent se convertir à l'Islamisme. Pourquoi pas les Peuhls eux-mêmes au lieu de leurs métis Toucouleurs ? Mais nous avons déjà vu ce que valent les sottises historiques du sultan Bello. dans la brousse. Evidemment. plus ou moins. au Sénégal. étaient un jour tombés inopinément sur un groupe de Peuhls entourant un taureau couronné de fleurs auquel ils avaient l'air de rendre des hommages religieux. Mais qui ne voit que cette bôolatrie est la conséquence même de leur travail pastoral ? Elle a été imposée par l'élevage systématique du boeuf à bosse et c'est. me disait que lui et un de ses amis. de la presque totalité des Peuhls actuels. aux coutumes d'autres pasteurs (pasteurs Peuls et anciens patriarches bibliques). Mais. Morel que les Peuhls sont des Hycsos sortis d'Egypte au 17e siècle avant Jésus-Christ. la théorie de M. 143) d'une bôolatrie primitive des Peuhls qui aurait précédé. Enfin. avec le même raisonnement. Il n'est pas du tout nécessaire.. comme l'on dit en Science sociale. soit le Musulmanisme du plus grand nombre. Cela confirmerait leur bôolatrie primitive soupçonnée par un certain nombre d'auteurs. les coutumes de pasteurs ressemblent toujours. 146). soit le fétichisme tronqué et simplifié de ceux qui ne sont pas encore Musulmans aujourd'hui. ayant conservé des traditions 47 . M.plus grande vénération » (p. une répercussion du Travail sur la Religion. on pourrait faire des Peuls d'excellents Mongols ! Il est vrai que les Peuls sont noirs (ou très foncés) et les Mongols jaunes. Morel cite encore le sultan Peuhl Bello (1825) dont nous avons déjà parlé qui dit que les Torodo (ou Toucouleurs) descendent des Juifs. 1-12. cela prouve simplement qu'ils sont musulmanisés.. Ce que dit M. mais. Delafosse ajoute en note : « J'ai combattu il y a huit ans environ les conclusions de Grimal de Guiraudon. en penchant pour leur rattachement au peuple Juif et leur immigration de la Palestine au Soudan par l'Egypte. et bien qu'il se soit fondé sur des faits dont plusieurs sont erronés. mais que leur langue est une langue nègre de l'Ouest Africain. je leur cherchais . je croyais alors que les Peuhls avaient apporté avec eux en Afrique la langue qu'ils parlent actuellement constatant l'impossibilité matérielle de rattacher cette langue aux idiomes sémitique ou hamitique. les Leuco-Ethiopiens de Ptolémée. est une théorie à rejeter complètement et qui n'a pas l'ombre de vraisemblance. les Toucouleurs » (p. de race noire. Les Peuhls sont des Juifs mais leur langue est une langue 48 . il est incomplet. les conclusions de Grimal de Guiraudon. ses bizarreries. Il soutient que les Peulhs sont d'origine Juive. mais nous devons reconnaître toutefois que de Guiraudon a eu à l'établir un mérite incontestable. puisqu'ils sont devenus. Avant d'en venir à la théorie Delafosse. et la grossièreté avec laquelle il a traité ses devanciers.juives et égyptiennes. En ce qui concerne l'origine des Peuhls. en gros. comment celui-ci apprécie lui-même ce précurseur malheureux : « Grimal de Guiraudon. et surtout en affirmant que les gens de langue peule ne forment pas un peuple de métis. Une étude plus approfondie de la langue actuelle des Peuhls et des autres langues de l'Ouest africain m'a fait revenir de mon erreur première. au 2e siècle après JésusChrist. dit-il. même les plus illustres . du reste. Je le confesse ici en toute sincérité. En définitive. 206). Voici. invitant à me lapider ceux qui n'ont jamais erré en matière d'ethnologie et de linguistique africaines ». il n'en a pas moins été le premier qui ait vu clair dans la langue peule : son système est parfois mal étayé.bien vainement d'ailleurs — une origine hindoue. sous ses dehors un peu fantasques. ce qui est la théorie même de Delafosse. mais sont constitués par deux groupements ethniques bien distincts : l'un de race blanche (les Peuls proprement dits) et l'autre. disons un mot de celle de Grimal de Guiraudon. il renferme des inexactitudes. Delafosse fait siennes. il me parait actuellement avoir donné la bonne solution. s'est rendu ridicule par sa prétention. Etait-ce nos Peuhls? Je serais assez porté à le croire. J. des Fouth armés de boucliers et des archers Loudim (XLVI.) et d'Isaïe (le second Isaïe (535 av. que la ruine de l'Egypte par Nabuchodonosor. Nahoum. Il se résout à faire de ceux-ci des Judéo-Svriens à leur tour ! Ainsi il n'y a plus de contradiction.C. avait élu domicile en Afrique vers le 6e siècle avant Jésus-Christ.C.C.) entraînera celle de l'Ethiopie. demande à cette ville si elle se croit plus forte qu'Alexandrie 2 que n'a pas réussi à protéger l'appui des Ethiopiens. Delafosse le croit.-C. aussi. 19). etc. Celui-ci commence par exposer une théorie qui est. du Fouth. après un long contact avec les Egyptiens et les Ethiopiens.) une nation de Phout voisine de l'Egypte et rangée parmi les diverses nations éthiopiennes. que Hébreux considéraient les Foudh ou Foul comme un peuple originaire de la Syrie ou de la Palestine. en complète contradiction avec sa théorie définitive. seraient les Fouth ou Foud ou Foul de la Bible et il énumère. parlant aussi de la défaite du pharaon Néchao par Nabuchodonosor. Les Peuls. en fait. C. 9). que l'armée de Gog renferme des Ethiopiens et des Fouth XXXVIII. avec raison du reste. des Fouth et des Loubim (Lybiens) » Ces textes de Nahoum. dit-il. Jérémie. dans sa Prophétie contre Ninive. ou le premier Isaïe vers 650 av.) d'Ezechiel (. (XXX. 5). « On pourrait conclure de là. J.) prouvent qu'on connaissait en Judée à cette époque (7e et 6e siècle av.-C. Isaïe mentionne le peuple des Foul parmi les nations éloignées du Sud et de l'Occident (LXVI. J. dit-il sans trop de témérité. roi de Babylone (588 a. 199 et 200). 49 . du Loud. 5). signale parmi les troupes égyptiennes des Ethiopiens. Ainsi Ezechiel dit que les Loud et les Fouth servaient dans l'armée de Tur (XXVII. Ceci nous permet de passer à la théorie même de Delafosse 1 (1912). dans le voisinage de l'Egypte et non loin de la mer. de Jérémie (600 av. puisqu'ils fournissaient des contingents aux armées de Tyr et à celles d'Alexandre. Enfin.nègre empruntée aux Toucouleurs. J. J. mais qui. 10). probablement dans la Cyrénaïque ».575 av. J. toutes les citations de celle-ci sur le peuple de Fouth (pp. mais il y a une contradiction entre considérer les Peuls comme des Judéo-Syriens et les considérer comme des Phout qui sont des Ethiopiens. Joao de Barros. du clan des Sonfoutir (ou Soumountara ou Dialloubé). parmi ses ancêtres une femme Peuhle. dès l'époque du second empire Songhay). J. 201). polygraphe et historien arabe (ou plutôt égyptien) considérable.Sans relever la bévue qu'il y a ici à parler d'Alexandre dans une prophétie d'Ezechiel. le fameux voyageur italien (vers 1450) mentionne ensuite les Peuhl sur le Sénégal. qui vivait deux siècles avant lui (vers 575 av. Delafosse se demande ensuite (p.). Il appelle les Peuls Foulâni et range à tort les Ouolofs parmi eux (Delafosse. Mohammed Bello. consul anglais à Mogador (vers 1810) apprit des Marocains qu'une tribu d'Israélites habitait le pays de Malli. Nous avons 50 . Résumons donc en disant que ces Fouth sont des Ethiopiens. qui vécut de 1364 à 1442. le fameux auteur de l'Asia (qui est également une Africa) nous en parle à son tour au XVIe siècle (vers 1550). mais cela n'est pas sûr. dit Delafosse.-C. C'est sans doute des Peuls qu'ils voulaient parier. Nous avons donc ici la première trace historique des Peuls proprement dits. car on sait que vers le Xe siècle de notre ère une tribu juive alla jusqu'au Macina et y établit une cité et des puits qui subsistent encore (je parle des puits et non de la cité qui n'existait plus dès la fin du XVe siècle. Il avait. p. sur les origines de sa race. « Makrizi (1364-1442) parle d'une ambassade envoyée vers l'an 1300 par l'empereur de Mali à celui du Bornou et qui comprenait deux personnages parlant le peul (foulania) » (p. encore en place au 7e et au 6e siècle avant Jésus-Christ. il faut bien dire que rien des textes bibliques cités par Delafosse n'indique que les Fouth soient des Judéo-Syriens qui auraient passé par l'Egypte et qui se seraient établis ensuite en Cyrénaïque. Ces textes rangent constamment les Fouth à côté des Ethiopiens et les désignent ainsi comme une nation éthiopienne et pas du tout comme des Judéo-Syriens. Delafosse cite ensuite l'opinion du sultan peuhl de Sokoto. Cadamosto. C'est Sadi dans le Tarikh-es-Soudan (vers 1667) qui nous parle le premier un peu longuement des Peuls. Il peut donc se faire que les Marocains informateurs de Jackson lui aient servi une antique tradition restée dans le Maroc et relative à ces Juifs. Grey Jackson. 201). puisque cités par les prophètes hébreux de cette époque et qui sont peut-être (je le croirais volontiers comme Delafosse) les ancêtres de nos Peuls. 201) à quelle époque on trouve la première mention des Peuls et il la trouve chez Makrizi. 207). ils y étaient bien auparavant. retraçant l'histoire des Peuhls depuis les Hycsos et depuis Moïse. opinion qu'il rejette. Delafosse reprend ensuite son exposé historique : les Juifs de Cyrénaïque. nous n'en accordons ni aux unes ni aux autres. Après avoir parlé du capitaine Figeac qui fait descendre les Peuhls des Pélasges et ceux-ci d'Apollon. Delafosse. Après avoir parlé de l'opinion de Faidherbe. 204. après avoir parlé dédaigneusement des conclusions du Dr Verneau. mais que. puis sur l'Aïr (Agadez) puis dans le Macina (p. des Annamites et les apparente aux Bretons. il s'enfonce dans la fantaisie.vu plus haut ce que valait une telle opinion. car le Dr Thaly fait descendre les Peuhls (chassés d'Asie par les Mongols) au XVe siècle seulement sur l'Afrique. tandis que la masse reprenait le chemin de l'Est (pp. celle de la descendance Egyptienne ou Ethiopienne. il passe à l'opinion de Grimal de Guiraudon (les Peuhls sont ces Juifs) qu'il adopte. Faidherbe ayant signalé les ressemblances de la langue peuhle avec quelques-unes des langues de l'Ouest africain. et du général Frey qui les fait descendre. Delafosse passe ensuite en revue un certain nombre d'opinions sur les origines des Peuhls : celle d'Eichtal (1842). persécutés par les Romains. Pour Delafosse. Ptolémée Soter (320 av. Delafosse arrête son exposé historique pour nous parler des légendes peuhles sur leurs origines. Delafosse passe à l'opinion du Dr Thaly qui en fait des Tziganes ou gypsies (p. Là. Cela fait. Pour nous. celle de Barth (1855). Plus tard. particulièrement le Sérère. 51 . Sa thèse générale est que les anciennes légendes peuhles parlaient d'une origine juive. Pour lui. ils ont voulu se donner une origine arabe en se rattachant au conquérant arabe Okba-ben-Nafi. depuis que les Peuhls sont islamisés. 209 et 210). il rejette (cette fois avec raison) l'assimilation des Leuco-Ethiopiens avec les Peuhls (p. n'y voit qu'un calembour déplorable sur le mot Foulah-Fellah. mal renseigné à ce sujet. 205). qui sont pourtant les plus solidement étayées que nous ayons sur la question.) déporta les Juifs en Cyrénaïque. opinion qui va au coeur de Delafosse. Or.-C. 216-217). J. les premières légendes seules ont une valeur. en note). émigrent d'abord dans Le Fezzan. et. une partie des Hycsos et une partie des Juifs s'enfuit à l'est de l'Egypte. et nous révèle que ce sont les Peuls de Ghana ou Ghanala qui ont fondé le Canada (!) (p. « L'an 40 de notre ère, dit-il, saint Marc, qui était lui-même un Juif de Cyrénaïque, vint évangéliser sa patrie et fut le premier à prêcher le christianisme en Afrique 3. Il fit un certain nombre de prosélytes parmi ses compatriotes mais, par contre, au contact de la nouvelle doctrine, la ferveur religieuse redoubla chez les Juifs demeurés fidèles à la religion de leurs ancêtres, et de vieilles haines, jusque-là assoupies, se réveillèrent entre Pré-Mosaïstes, Mosaïstes et Orthodoxes. Des prêtres Juifs s'imaginèrent d'unifier les différents cultes et prêchèrent une sorte de réforme du Judaïsme, cherchant à le ramener à sa pureté primitive. Des guerres intestines s'ensuivirent ; Rome, que le Christianisme n'effrayait pas encore, prit ombrage des Juifs réformés et, tant en raison des persécutions dont ils eurent à souffrir de la part des autorités impériales, que de l'espèce de réprobation dont ils furent l'objet de la part de leurs compatriotes, ces partisans d'un retour aux anciennes doctrines qui n'étaient autres sans doute que les Fouth Pré-Mosaïstes venus d'Égypte lors de la dispersion des Hycsos - commencèrent vers l'an 80 à émigrer vers le Sud. » Franchement, qui aurait cru que Saint Marc avait déterminé le mouvement des Peuhls vers l'Ouest africain ? C'est une découverte curieuse qui n'ajoutera, évidemment, aucune gloire à la réputation d'historien de notre auteur. « A cette époque, continue Delafosse, un officier romain Julius Maternus, sur l'ordre de l'empereur Domitien, partait à la recherche des fameuses mines d'or du Soudan ; guidé par les Berbères du Djerma ou Fezzan (Garamantes) que Cornelius Balbus avait soumis cinquante ans auparavant, il s'enfonça au sud de la Tripolitaine ; après un voyage fort long et fort pénible et sans avoir rien rencontré qui ressemblât à une mine d'or, il atteignit un pays où il vit des rhinocéros et dont le nom nous a été transmis par les historiens latins sous la forme Agisymba, puis il revint à la côte. On a pensé, non sans raison, que ce pays devait être l'Aïr et qu'Agisymba correspondait à Asben ou à Agadès. « Selon toute vraisemblance, c'est cette route que suivirent les Foudh ou Judéo-Syriens Pré-Mosaïstes, soit que leur exode ait 52 devancé de quelques mois l'expédition de Julius Maternus et que ce dernier ait marché sur leurs traces, soit que, l'ayant rencontré dans la Phazanie, ils aient profité de l'appareil guerrier de cette expédition pour accomplir leur migration en toute sécurité. Quoi qu'il en soit, ils atteignirent sûrement l'Aïr, mais il est peu probable qu'ils aient poussé plus au Sud, et c'est sans doute l'Aïr qui est désigné sous le nom de Bornou dans la légende que j'ai rapportée plus haut. (L'Aïr fut à un moment donné une dépendance politique du Bornou, ou tout au moins du Kanem au temps où ce dernier empire englobait le Bornou). Dans l'Aïr, où ils durent séjourner un certain temps, ils recueillirent sur l'emplacement des fameuses mines d'or du Soudan, ou tout au moins sur les pays où en parvenait le produit, des renseignements plus précis que ceux que possédait Julius Maternus, et, continuant, peut-être inconsciemment, la route que celui-ci n'avait fait qu'ébaucher, ils arrivèrent par Takedda et Tadmekhet aux bords du Niger, dans la région comprise entre Tombouctou — qui n'existait pas encore — et Dia ou Diaga — qui existait déjà au moins en tant que province. » J'ai souligné dans ce paragraphe un certain nombre de [tournures] phrases de Delafosse : o Selon toute vraisemblance, c'est cette route que suivirent les Foudh... C'est sans doute l'Aïr qui est désigné sous le nom de Bornou dans la légende que j'ai rapportée plus haut... Dans l'Aïr, ils durent séjourner un certain temps... continuant peutêtre inconsciemment, la route... o o Tout ceci n'est qu'un roman peu sérieux et dont il n'y a absolument rien à retenir. « Sans doute (continue Delafosse) ils étaient demeurés par-dessus tout les pasteurs par excellence qu'avaient été leurs ancêtres Israélites et traînaient avec eux des troupeaux ; après avoir traversé le Sahara, ils ne pouvaient manquer d'être frappés de l'abondance des pâturages du Massina, et considérant cette région comme la terre éternellement promise à leur mysticisme traditionaliste, ils s'y installèrent. Le pays était habité par des agriculteurs Soninké et des 53 pêcheurs Bozo, mais le bétail devait y être rare et les autochtones durent, au moins tout d'abord, faire bon visage à ces pasteurs blancs, d'origine mystérieuse qui vivaient surtout de laitages, ne semblaient pas nourrir de desseins de conquête et apportaient avec eux un élément de richesse considérable. « L'histoire de Joseph en Egypte recommença sur les bords du Niger, dans de moindres proportions il est vrai. Au bout de peu de temps, les Judéo-Syriens devinrent les conseillers, puis les maîtres des Soninké du Massina, jusqu'à ce que ces derniers, fatigués d'une tutelle qui à la longue leur semblait lourde, voulurent prendre leur revanche en dépossédant ces étrangers devenus plus riches que les autochtones, sans s'apercevoir qu'en faisant cela, ils tuaient la poule aux œufs d'or. Ce qui était arrivé au temps de Moïse arriva de nouveau : les Judéo-Syriens qui n'en étaient pas à un exode près, s'éloignèrent des bords du Niger, protégés dans leur migration par un patriarche Soninké le qui est devenu, dans les légendes Souaré. modernisées, religieux musulman El-Hadj Salihou Gagnant des régions plus désertes, mais qui leur devaient être par cela même moins inhospitalières, ils se dirigèrent vers l'extrémité septentrionale du Bagana du côté de Néma, où sans doute des Soninké avaient fait depuis longtemps déjà des essais clairsemés de colonisation, et s'établirent dans l'Aoukar, vers le milieu du IIe siècle de notre ère. Des Berbères devaient nomadiser dès cette époque dans la région, mais sans doute leur point d'attache était plus à l'Ouest au Nord-Ouest plutôt dans l'Adrar Mauritanien. « Les Foudhs devaient être rejoints bientôt dans le Nord du Bagana par un autre groupe de Judéo-Syriens de la Cyrénaïque venu par une route différente. Le départ des Pré-Mosaïstes n'avait pas, en effet, apporté une solution suffisante à la question religieuse ; si le Christianisme ne faisait encore que des progrès assez lents en Cyrénaïque et ne se montrait pas hostile aux pouvoirs établis, il n'en était pas de même des différentes sectes judaïques. Celles-ci finirent par mettre un terme à leurs querelles intestines et s'unirent dans une commune haine des Romains. En l'an 115, une révolte générale de toutes les communautés Judéo-Syriennes menaça gravement 54 l'autorité romaine en Cyrénaïque; les représentants de l'empereur durent mobiliser toutes leurs troupes et faire appel aux populations berbères pour combattre la rébellion qui dura deux années entières. Enfin, en 117, les Judéo-Syriens, définitivement vaincus par les Romains, émigrèrent, en masse cette fois, au nombre de plusieurs milliers. « Parvenus dans le Sud de la Tripolitaine, ils ne prirent pas, comme leurs devanciers, la route de l'Aïr, mais longeant la lisière Nord du Sahara, ils se portèrent vers les oasis du Touat. Un grand nombre d'entre eux y demeura. D'autres poussèrent plus loin vers l'Ouest et allèrent fonder, dans le Sud du Maroc, des colonies qui subsistent encore de nos jours. D'autres enfin, et non des moins nombreux, s'en furent rejoindre dans l'Aoukar leurs compatriotes venus là par l'Aïr et le Massina. Ceux-ci oublièrent facilement les querelles religieuses de jadis dans la joie de voir leur arriver ce nouvel élément de force et de richesse ; les nouveaux venus s'incorporèrent à la fraction déjà installée et tous ensemble formèrent une communauté unique. « Et c'est ainsi, je crois, que vers la fin du IIe siècle de notre ère, se constitua dans l'Aoukar, au nord du Bagana, une colonie surtout pastorale, de Foudh ou Judéo-Syriens, de religion hébraïque au sens large du mot, d'où devait sortir, un siècle plus tard environ, l'empire de Ghana. » Interrompons ici Delafosse : Au ler siècle de notre ère, y avait-il des Sônninké et des Bozo dans le Macina? c'est douteux. Le Macina semble avoir été d'abord occupé par des Berbères pasteurs qui lui auraient donné son nom, puis par une colonie juive qui, elle, il est vrai, au IXe siècle de notre ère, trouva dans le pays des autochtones et « mit le joug sur les Sorkos stupides » dit le Tarikh-el-Fettach. D'une façon plus générale, ce que dit Delafosse du voyage des Peuhls ne peut être considéré que comme un roman, tout au plus comme une série d'hypothèses hasardées qui n'ont aucun point d'appui sérieux. « Vers la fin du VIIIe siècle, continue Delafosse, les Soninké du Diaga ou Massina, attirés par la prospérité qu'avaient acquises leurs colonies de l'Aoukar et notamment Ghana, sous la suzeraineté des 55 -C. descendant du Syrien Souleiman. celle de Kara avait la prééminence et le souvenir en a été conservé jusqu'à nos jours par certaines fractions Peuhles. auprès d'un village Soninké qui sans doute existait déjà depuis un certain temps sous un autre nom. Lorsque. Dans le Tome II de son ouvrage (l'Histoire) il revient sur ceci avec plus de détails et discute la question à fond. vers l'an 150 de notre ère. chez lesquelles les nobles portent le nom modernisé de Karanké ou Kananké (ceux de Kara ou Kana). Mais cette dernière ne s'étendait vraisemblablement pas encore aux Soninké. Il dit.. Ce fut pour les Foudh le signal d'une nouvelle dispersion et d'un nouvel exode. que cent ans après l'arrivée de l'immigration provenant du Touat que les Judéo-Syriens. une cinquantaine d'années plus tard. très probablement jusqu'à la 56 .ou son successeur . p. Ce ne fut guère. devinrent les maîtres effectifs du pays. » Comme on le voit. Kara . et fut le chef de la première colonie arrivée dans l'Aoukar. rejoindre le premier. le deuxième exode vint. 22 et suiv. descendant d'Israël et de Gama. les Judéo-Syriens provenant de cet exode. dit le Tarikh-es-Soudan.s'installa à Ghana. premiers maîtres du pays. où nous les avions laissés. « En relatant le premier exode des Judéo-Syriens de Cyrénaïque. par la voie du Touat. C'est donc vers l'an 300 qu'il convient de placer la fondation proprement dite de l'empire de Ghana et le début de la dynastie impériale Judéo-Syrienne issue de Kara. sous le commandement de Kara. « Cette dynastie conserva le pouvoir. nous les avions suivis à travers l'Aïr jusqu'au Massina. pour se rendre dans l'Aoukar. s'y portèrent en masse et dépossédèrent ces derniers de la suprématie politique. qui avaient dû. Lorsque. fut une dynastie Judéo-Syrienne. vers le commencement du IIe siècle après J. dans une certaine mesure. Delafosse soutient que la fameuse dynastie blanche de l'empire de Ghana « d'origine inconnue». leurs chefs appartenaient encore aux deux mêmes familles. adopter des habitudes sédentaires et faire de Ghana une véritable ville. les nouveaux arrivants obtinrent du descendant du Kara l'autorisation de planter leur tente dans la région et reconnurent également son autorité. semble-t-il. quittèrent le Massina.Judéo-Syriens. Si nous nous en tenons à cette hypothèse. si abondamment documenté sur l'histoire ancienne des Berbères du Sud. mais il convient d'expliquer que la division du Tarikh-es-Soudan en deux nombres parfaitement égaux de règnes.fin du VIIIe siècle. p. même sans tenir compte de révolutions de palais assez probables. « Certains ont voulu faire des Berbères de ces empereurs blancs de Ghana . étant donné que le pouvoir passait en général à l'aîné des frères subsistants du souverain défunt. mais nous ignorons d'où ils tiraient leur origine » (traduction Houdas. desquels 22 auraient régné avant l'hégire . fort âgés lorsqu'ils montaient sur le trône et. ce qui ferait une moyenne de quinze à seize ans pour chaque règne précédant l'hégire et de sept à huit ans seulement pour chacun des règnes postérieurs à cette date. et si nous admettons seulement le chiffre de 44 princes . Car il n'est pas admissible que. cette moyenne n'a rien que de très normal . il est plus vraisemblable de supposer que la tradition recueillie par Sa'di mentionnait simplement une succession de 44 souverains dont une partie étaient antérieurs à l'Hégire et que l'auteur du Tarikh a traduit « partie » par « moitié ». certains empereurs devaient être. C'est elle qui fournit ces quarante-quatre princes de race blanche et d'origine inconnue dont nous parle Sa'di [Tarikhes-Soudan]. n'aurait pas manqué également de connaître et de 57 . la chose me parait fort improbable.de 622 à 790 environ.de 300 à 622 . il se peut fort bien que 44 rois se soient succédé durant une période de cinq siècles. nous obtenons une durée moyenne de onze ans pour chaque règne. IbnKhaldoun.et 22 après la même date . en effet. présente au contraire trop de symétrie pour n'être pas un arrangement apocryphe . elle parait plutôt faible pour la période suivante . Sa'di ne nous aurait pas dit : « Ils étaient de race blanche. S'ils avaient été des Berbères. 8). vivant à Tombouctou en contact permanent avec des Touareg. On peut trouver cette proportion bien inégale : si elle est dans l'ordre ordinaire des choses pour la période précédant l'hégire.s'étant succédé de 300 à 790. il n'eût pas recueilli quelques traditions relatives à cette ancienne domination berbère. séparés par l'Hégire.chiffre d'ailleurs peu certain luimême . Cela résulte. quoique peu clairement. 58 . nègre Soninké. Il aurait pu. s'il avait connu la chronologie du premier empire de Ghana. de son temps. En tout cas. cité parmi la descendance de Abdallah le Fatimite . puis il fait remarquer que cette hypothèse est invraisemblable. au moins aux vraisemblablement. gendre du Prophète.qu'on attribue l'origine des anciens empereurs blancs de Ghana à un nommé Saleh. c'est qu'il n'a pas songé un seul instant à donner une origine berbère aux premiers princes de Ghana. fils d'El-Hassan. par ce qui précède. d'ailleurs. Mais ce qui est à retenir de ce passage. que je crois mauvaise. dernier roi du Ouagadou. sont nettes et formelles à cet égard . Les traditions indigènes. le pays de Ghana faisait partie de l'empire de Mali. dans l'esprit de Sa'di. aucun homme du nom de Saleh n'étant. et par les pages de la deuxième partie de cet ouvrage relative à l'origine des Peuhls. fils lui-même de Ali.ainsi que l'avait fait Edrissi et sans doute d'après ce dernier . Kayamaghan était.signaler la chose. or. nulle part de façon explicite. « Quant à l'histoire de Ghana sous cette dynastie. c'est-à-dire à Ali luimême. il ne dit. descendant de Ali. que la dynastie de race blanche qui régna à Ghana du IVe au VIIIe siècle appartenait. dans ses Prolégomènes il rapporte . cité plus haut. du contexte de son récit. elle nous est. par Abdallah fils de Hassan. Kaya-Maghan. mais bien le premier des princes nègres de famille Mandé qui succédèrent a cette dynastie blanche. D'autres ont supposé que le fondateur de l'empire de Ghana et le premier des 44 princes de race blanche aurait été Kaya-Maghan. non pas le premier des 44 rois blancs dont il fait mention. d'autre part. à la population sémitique d'origine Judéo-Syrienne qui donna plus tard naissance Peuhls. d'un passage du Tarikh-es-Soudan. Cette supposition était basée sur une interprétation. « Je crois avoir suffisamment montré. que Kayamaghan ait appartenu à la dynastie des 44 rois blancs. s'empara du pouvoir à Ghana sur un prince de race blanche. A mon avis. il ajoute qu'au reste cette dynastie a entièrement disparu et que. observer simplement qu'un descendant de Ali n'aurait pu donner naissance a une dynastie antérieure à l'Hégire. IV. le ministre lui substitua une petite fille née le même jour et fit cacher le fils de Bentigui dans un village de culture éloigné. La veuve de Bentigui. qui était enceinte. fut recueillie par ce ministre . le fils de Bentigui. ch. Ainsi que nous l'avons vu. alors. Malheureusement. Ainsi finit l'hégémonie Judéo-Syrienne à Ghana. le tua et s'empara du pouvoir. nous le savons également. L'empereur qui régnait vers la fin du VIIe siècle tua.inconnue. nous le savons. que vingt-deux princes y régnèrent avant cette époque et qu'il y en eut également 59 . On assure que ce royaume existait avant l'Hégire. Lorsque l'enfant fut devenu un homme. nous savons par ailleurs que ces Mandé étaient des Soninké originaires du Diaga. 18. en arrivant à Ghana. qui était le serviteur préféré du chef de la famille issue des Gama. « Les traditions indigènes ne nous renseignent que sur les faits qui précédèrent immédiatement et motivèrent en partie la mainmise des Soninké sur l'Empire. alors premier ministre de l'empereur. un Soninké nommé Bentigui Doukouré. le pouvoir appartenait à la famille issue de Kara . se rendit auprès de l'empereur. c'est que le pays renfermait à côté de la population de race blanche détenant le pouvoir. pour une raison stupide. à avoir vu dans ce royaume. les descendants de Gama n'occupaient que le second rang. Tout ce que nous apprend le Tarikh-es-Soudan. mais c'est tout. en effet. grande cité sise dans le pays de Bâghena. Le Royaume de Melli) : « Melli est le nom d'une grande contrée très vaste qui se trouve à l'Extrême Occident du côté de l'Océan Atlantique. soutenu par ses compatriotes Soninké. Qu'est-ce que dit à ce sujet le Tarikh-es-Soudan? Reportons-nous à la traduction Houdas (1900. Quaïamagha fut le premier prince dans cette région. Afin de soustraire cet enfant à la haine de l'empereur. p. une création des Peuhls. peu après elle accoucha d'un fils. » Ici. c'est-à-dire des Mandé . des vassaux Ouangara ou Ouakoré. le ministre lui révéla le secret de sa naissance . ce royaume de Ghana Peuhl est problématique. Il a existé. La capitale était Ghâna. un royaume de Ghana et Delafosse n'est pas le premier. Delafosse est sur un terrain plus solide et qui touche à l'histoire. nous le voyons. ce qui ferait un roi tout les cinq ans. Crozals et. Mais au XIe siècle. Mais ce n'est pas sûr. mais nous ignorons d'où ils tiraient leur origine. pendant cette période de cent-quinze ans. ils prenaient Ghana et mettaient fin à la domination nègre qui devait dater du Xe siècle au plus tôt dans ces deux grandes métropoles antiques de l'or soudanais exploité par les gens du Nord. Quant à leurs sujets. une dynastie berbère se reconstitua sur place. Ajoutez à cela qu'il faut encore tenir compte de l'invasion arabe de 736 après Jésus-Christ. Cela se passait cent quinze ans après l'Hégire et on ne voit guère la place de 22 rois blancs tranquilles dans le pays entre 621 et 736. Les soldats Ommiades restèrent dans le pays et y formèrent ces Fama (ou ElFaman) ces princes. Il est probable. étaient tombées entre les mains des nègres Soninké qui y régnaient. par le Sud du Maroc. Quant à ces rois de race blanche. quand survinrent les Almoravides. Aussi. riches et décadentes. Il me semble que les aptitudes commerciales des Maures et leur 60 . particulièrement des Sôninké (ou Sarakolé) ou Mandé du Nord. Delafosse. Je ne voudrais pas conclure trop vite. les Soninké nègres prirent Aoudaghost et Ghana. Nous savons seulement par El-Bekri qu'il y eut une dynastie Maure très puissante au Soudan vers 800 de notre ère sous laquelle prospérèrent Aoudaghost et Ghana. c'étaient des Oua'kori. dont parle Bekri. les Maures Almoravides prirent Aoudaghost d'assaut. en font des Peuhls. une légende tardive qui a conservé le souvenir de princes Maures redoutables vivant au Sud du Sahara sur des villes prospères et riches de commerce où les Maures exploitaient l'or et les esclaves du Soudan. quand en 1056. Les armées Ommiades. descendirent sur le Sénégal. ne soient une affabulation du Tarikh-esSoudan. Nul doute à mon avis que les 22 rois avant l'Hégire. Après sa décadence. ils la traitèrent sans pitié. quels étaient-ils ? Barth (et c'est une autorité). mais je ne vois pas dans tout ceci la nécessité de faire intervenir les pasteurs Peuhls. du reste.vingt-deux qui régnèrent ensuite. Ils étaient de race blanche. Knoetel. puis remontèrent à l'est vers Ghana. qu'après le choc arabe (736) et la décadence rapide des El-Faman. Cela fait en tout quarante-quatre rois. C'est la grande dynastie dont nous parle El-Bekri et qui régna au désert au Xe siècle de notre ère. En 1076. les 22 rois après. » Les Ouakori sont des Mandé. ces deux grandes villes de commerce. mais les Senhadja musulmanisés (El-Morabethim ou AlMoravides) reprirent ces villes au XIe siècle. des Ghana (le mot veut dire exactement prince. 220) : « Ce fut pour les Peulh le signal d'une nouvelle dispersion et d'un nouvel exode. plus ou moins métissés de Soninké. on les rencontre 61 . Certains d'entre eux. découvert nombre de mines d'anciennes villes maures dans la région. c'est-à-dire la ville du prince. Au XIIIe siècle. la capitale). Je le répète. ceux-ci appartenaient surtout à des familles provenant de la première immigration. que l'on appela les Mâssin ou Ahl-Massina. la capitale du moment. Ghana. acceptèrent la domination Sôninké et demeurèrent dans le pays. Du reste. Bonnel de Mézières a. que les pasteurs Peuls. p. formèrent nombre de places de commerce dans l'Aoukar qui vit ainsi fleurir nombre de dynasties maures. reprenons la suite du récit copieux de Delafosse (t. en 1913. très bruns (ils ne sont pas blancs du tout) aient joué un rôle quelconque dans la fondation de Ghana. Tout cela indique seulement à mon avis que les Maures exploitèrent. 1.) donnent à la dynastie de Ghana une origine vaguement arabe. Notons encore que Edrisi (XIIe siècle) et Ibn-Khaldoun (XIIIe s. l'or et les esclaves du Soudan nègre. des capitales il y en eut beaucoup dans l'Aoukir situées entre la Oualata actuelle et le cercle de Goumbou (ou de Néma). Il est vrai qu'ils ont pu ne pas connaître l'histoire du pays avant la conquête Almoravide (10421076). en souvenir de leur séjour au Massina avant leur arrivée à Ghana. si bien qu'on ne sait pas encore où était exactement la véritable Ghana. il n'est pas sûr du tout. ils s'étaient unis à des Soninké durant leur séjour dans le Massina et aussi depuis leur installation dans l'Aoukar et il était assez naturel qu'ils tinssent à demeurer auprès de leurs parents par alliance. Après la dernière grande dynastie maure mahométane dont nous parle El-Bekri (IXe siècle) les nègres s'emparèrent de Ghana. Ce sont les descendants de ces Judéo-Syriens. Ceci dit. c'était la ville du prince.supériorité ethnique sur les nègres suffisent parfaitement à expliquer la formation et la création d'Aoudaghost et de Ghana. dès avant l'Hégire. cependant. M. elles devaient repasser aux mains des nègres Soussou et Malinké. Dieu lui avait promis en songe de le conduire dans un pays qu'il lui destinait comme nouvelle patrie et que le vieillard reconnaîtrait à une odeur spéciale émanant du sol. des Mâssin de Tichit émigrèrent dans la Tagant. La tradition rapporte que leur chef était un vieillard aveugle. arrivé à l'endroit où se trouve aujourd'hui Tichit. près de Goumbou et devinrent les Guirganké actuels. D'autres demeurèrent dans l'Aoukar. les Massin se portèrent dans le Tagant et dans l'Adrar mauritanien. qu'elle professait de son temps (XIe siècle) la même religion que les noirs de Ghana . Plus tard. Il suppose qu'elle a pour ancêtres les soldats « que les 62 . qui ont adopté la langue arabe comme d'ailleurs les Massin demeurés à Tichit . Quelques familles de Judéo-Syriens Massin. attaqués là par des Berbères. dont le nom fut transformé plus tard en Tichit par les Berbères. et enfin à Akor. Bekri dit que cette peuplade a le teint blanc et un belle figure. l'aveugle se faisait apporter une poignée de sable et l'approchait de ses narines. ils ne consentirent pas à accepter le joug de ces derniers.encore aujourd'hui à Oualata et à Néma.lesquels n'étaient pas Musulmans .et qu'on range pour cela parmi les Maures. Quant aux Judéo-Syriens qui s'étaient conservés à peu près purs de tout mélange avec les Sôninké. ils ont adopté la langue arabe et à cause de cela. Les uns émigrèrent vers l'Ouest et.mais ne contractent jamais de mariage avec eux. mais sans se mêler aux Sôninké et constituèrent une petite peuplade indépendante que Bekri nous a signalé au XIe siècle sous le nom de Honehin ou Nehin ou Honimin et qui se rencontre encore dans la région de Oualata et en quelques autres points sous le nom de Nimadi ». il reconnut le parfum indicateur et choisit ce lieu pour y installer sa résidence et celle de ses compagnons. tous les jours. devançant sans doute la fondation de Tichit par leurs cousins. se portèrent vers l'Ouest et allèrent fonder Chetou. ils furent en partie massacrés. Enfin. on les rattache aux Maures 4. près de Nioro. en arrivant à l'étape. accompagnées de Sôninké de Ghana. Delafosse ajoute en note au sujet de Nehin : « L'orthographe varie selon les manuscrits. les survivants se réfugièrent à Diara. Tout ce que dit Delafosse ici est donc encore du roman et même du roman d'un auteur mal informé sur les faits et gestes des armées arabes sous les Ommiades. Mais revenons à son texte.Ommiades envoyèrent contre Ghana dans les premier temps de l'Islam ». de moutons et de chèvres.fin du VIIIe siècle . 229 et 230 et Fournier dans ses Berbères donne aussi des détails intéressants sur cette expédition qui porta les armes arabes victorieuses jusque dans le Nord du Soudan. Massin.formait une dépendance de l'empire Toucouleur du Tekrour. Elle ne fut pas le fait d'Obka ben Nafi (ou mieux Okba-benNafa) fondateur de Kairouan et qui porta la domination arabe jusqu'à l'Atlantique. Delafosse ajoute en note : « Les Nimadi passent pour être des sauvages vêtus de peaux de bêtes. Mercier dans son Histoire de l'Afrique septentrionale en parle t. emmenant avec eux leurs troupeaux de bœufs à bosse. Delafosse ignore ici qu'en 731 eut lieu une expédition des Arabes par le Sud du Maroc jusqu'au Sénégal puis jusqu'à Ghana. pp. » Au sujet des Nimadi. mais elle fut le fait d'Ismaïl. faisant évidemment allusion aux expéditions de Okba-benNafi dans le Maghreb de 670 à 681. « Enfin le plus grand nombre des Judéo-Syriens de Ghana. . 1. D'abord. De plus. alors. ayant la chasse comme principal moyen de subsistance et professant une religion qui aurait des rapports avec le Judaïsme PréMosaïste ». fils d'Obéïd-Allah et du général El-Habib. Il y a encore bien des erreurs ici. puisqu'il mourut tué par les Berbères en 663. les armées de Okba ne dépassèrent jamais l'extrême limite septentrionale du Sahara et il n'est guère admissible qu'une fraction de cette armée ait pu donner naissance à la tribu dont a parlé Bekri. quoi qu'on en ait dit.. Nehin et Nemadi sont probablement des Maures.. mais. Cette importante migration n'eut pas lieu sans doute d'un seul coup et l'exode des Judéo-Syriens dut s'accomplir selon plusieurs itinéraires : certaines familles paraissent 63 . se portèrent sur la rive Nord du Sénégal dans la province de Mauritanie qui constitue aujourd'hui le cercle du Gorgol et qui. s'arrêta et demeura là un certain temps. sous une forme et avec des conséquences nouvelles. A sa mort. un peu au sud-est de Podor. le Diomboko et le Guidimaka. arrivé dans le Diomboko ou sur la lisière du Diomboko et du Guidimaka (au nord et non loin de Kayes). qui résidait alors à Guédé sur le marigot de Doua. « Ce second groupe. « Celui-ci avait su gagner les bonnes grâces de l'empereur de Tekrour. il fut remplacé par Mahmoud. commandée par un chef que la tradition appelle Mahmoud. « Une fois de plus. Au bout de quelques générations. Cette arrivée des Judéo-Syriens au Fouta-Toro dut s'accomplir vers le début du IXe ou la fin du VIIIe. l'éternelle histoire des Juifs d'Egypte. sur la rive Sud du Sénégal. avec leurs compagnons et leurs troupeaux. Mais il y fut attaqué par l'armée d'un chef Mandingue qui voulait s'emparer des troupeaux des émigrants. un grand nombre de ceux-ci périrent dans la bataille et le chef de l'émigration fut parmi les morts. Lorsque les Mandingues se furent retirés avec leur butin. les immigrants Sémites venus de Ghana s'étaient multipliés. et le trône du Tekrour fut ainsi occupé désormais par des membres des deux familles JudéoSyriennes. sans cependant égaler en nombre les Toucouleurs autochtones.être arrivées au Gorgol en passant par le Tagant. avec lesquels sans doute ils avaient contracté de fréquentes et fécondes unions. il fut choisi comme souverain par les Toucouleurs. épousa sa fille Diouma Sal et. dans le Fouta-Toro. devenu le confident et le ministre de l'empereur de Tekrour. le Diafounou. L'une d'elles demeura dans le Diomboko. les Judéo-Syriens ne purent s'entendre pour l'élection d'un nouveau chef et se séparèrent en deux fractions. Aussi. L'autre fraction. à la mort de son beau-père. traversa le Guidimaka et alla dans le Gorgol se mettre sous la protection du groupe principal des émigreurs. « Il invita Ismail et Mahmoud à venir s'installer auprès de lui. Cet empereur appartenait au clan Toucouleur des Sal. à la tête duquel se trouvait un chef nommé Ismail. nous allons voir se dérouler au Fouta. d'autres s'y rendirent par le Bakounou. ne 64 . Ismaïl. Les pasteurs venus de Ghana durent conserver le pouvoir au Tékrour jusque vers le début du XIe siècle. D'autre part. ne monterait jamais sur le trône. sans doute. Cependant.clan royal . son frère. ces quatre clans principaux dont la légende islamisée place l'origine dans le Sinaï. descendant qui portait le même nom que son ancêtre . Diawambé. vers le début du XIe siècle par un descendant du Mahmoud venu au Fouta avec Ismaïl. Depuis longtemps. bien que ce soit moins sûr. Bari devint Daédio. au temps des premiers khalifes arabes. Peut-être aussi leur religion se modifia-t-elle assez profondément. le poular. Un devin dit à ce dernier que si Mahmoud touché par les plaintes des parents.devint Diallo. Sô devint Peredio. comme nous l'avons vu.tardèrent-ils pas à abandonner leur langue — qui était. Pour 65 . au contact et à l'imitation des Toucouleurs. « Le trône était occupé. et c'est vraisemblablement au Fouta-Toro. soit encore le berbère — pour adopter la langue du Fouta. alors qu'ils parlaient déjà la langue poular qu'apparurent pour la première fois chez les descendants des Judéo-Syriens de Cyrénaïque. les Toucouleurs commençaient à supporter de mauvaise grâce la suzeraineté de ces étrangers et il dut y avoir plus d'une tentative de complot dirigée contre le souverain. leur rendait un jour les otages. un mélange d'Egyptien et d'Araméen ou de quelque dialecte hébraico-syriaque. Ba devint Boli ou Bouro (ou Bourourdo). etc. lui. ils restèrent fidèles à leurs mœurs et surtout à leur vie pastorale. en particulier celles des clans et celles (les castes. Les artisans d'origine Judéo-Syrienne se partagèrent en castes à l'imitation des artisans Toucouleurs et prirent ces mêmes appellations: Laobé. Puis il confia ces enfants à la garde de l'un de ses frères qui se trouvait être son héritier présomptif. ce Mahmoud II ayant découvert un complot tramé par des Toucouleurs contre sa vie convoqua les chefs de toutes les familles indigènes du Toro et exigea que chacun lui remit en otage un de ses enfants mâles. Ces clans furent calqués sur les clans Toucouleurs qui avaient alors la prééminence : Sal . c'est-à-dire pendant 200 ans environ. ils adoptèrent certaines institutions sociales de ces derniers. La tradition nous rapporte comment les choses finirent par se gâter complètement. les pères des otages . Lorsque le jour parut.allèrent trouver Mahmoud et le supplièrent de leur rendre leurs enfants.ils furent obligés de quitter le Toro et. jurant que sa mansuétude lui porterait bonheur. ne pouvant s'entendre pour le choix d'un chef en remplacement de Mahmoud. La fin de leur suprématie au Fouta et leur éparpillement durent avoir lieu dès le 66 . Son frère lui fit répondre qu'il venait de les mettre à mort. « Quant aux Judéo-Syriens qui échappèrent au massacre . Ses serviteurs s'emparèrent du sabre qu'il portait et qui était l'insigne du commandement des souverains du Tekrour . il resta entre les mains d'un autre clan Toucouleur qui devait plus tard s'emparer du pouvoir. ou Ouar N'Diaye s'empara du pouvoir. conformément aux mêmes lois. se laissant apitoyer.et qui d'ailleurs étaient certainement très nombreux . sous la conduite de divers Ardo ou chefs de migration. — Poullo au singulier et Foulbé au pluriel et prit la signification d'éparpillés. envoya un messager à son frère pour lui réclamer les otages. « Les Judéo-Syriens étaient devenus les Peuhls. Quant au fourreau. Un Toucouleur nommé Ouar-Diabi. Mahmoud. Lorsque la nouvelle fut connue des chefs Toucouleurs. Leur ancien nom de Foudh.empêcher Mahmoud de rendre les enfants à leurs parents. massacrant ceux qu'ils pouvaient atteindre et mettant les autres en fuite. s'éparpillèrent dans toutes les provinces du Tekrour. Le poular parlé par les Foulbé devint. réclamant une vengeance sanglante : tous les indigènes de Fouta prirent les armes et coururent sus aux pasteurs judéo-syriens dispersés parmi eux.ignorant encore ce qui s'était passé . ceux-ci la répandirent aussitôt dans le pays. Ouar Diàdié. Mahmoud et tous les membres de sa famille furent tués. son étymologie première étant inconnue des Toucouleurs. le Foulfouldé. soumis aux règles de la langue poular qu'ils avaient adoptée. mais la famille de Ouar Diabi le leur arracha et eut ainsi le privilège de premier empereur. Ce fut le clan Toucouleur des Koliabé. celui des Dénianké. son frère usa d'un procédé aussi radical que barbare : il les fit tuer tous durant la nuit. devint — selon les lois phonétiques et morphologiques de cette langue. en 1913. se montrer rebelles à l'Islamisation. Tout ce qu'on peut dire. commencée par Ouar Diabi. non loin du Toro. parmi les fractions demeurées dans le voisinage du Fouta (au Ferlo notamment) et principalement parmi les familles chez lesquelles le type sémitique original est demeuré le plus pur et qui sont le moins métissées de sang nègre. de nos jours encore. les Songhaï du pays. Nubien).000 Peuhls animistes du cercle de Niafonké comme une erreur de Delafosse. En réalité. en effet. Ethiopien.000 Peuhls animistes et personne ne put me les trouver ! et mon interprète m'affirma que tous les Peuhls du cercle étaient musulmans.132 Peuhls 5. je ne serais pas éloigné de croire que la conversion des Toucouleurs à l'Islamisme. De plus. les Bambara du sud de cercle de Niafonké. ceux-ci durent. — ne fut pas étrangère aux revers de fortune des Peuhls . comme du reste les Soninké du pays. à part cette nuance. d'après Bekri — et achevée par les Almoravides.début du XIe siècle puisque Bekri nous apprend que Ouàr Diabi mourut en 1040. ne sont pas du tout à représenter comme rebelles à l'Islam. comme Delafosse y porte 15. parce que Justement plus intelligents. il faut faire disparaître les 15. Un peu plus tard. un nombre appréciable d'entre eux sont infidèles. mais. ils sont beaucoup moins rebelles que les nègres à l'lslam. puisque. c'est que les Peuhls sont des musulmans relativement paisibles actuellement (ils ne l'ont pas été au Fouta-Djallon au XVIIIe et au XIXe siècle ni dans la Nigéria septentrionale au temps de Othman dan Fodio et de ses successeurs) et c'est que les Toucouleurs d'El-Hadj-Omar se sont montrés encore plus fanatiques qu'eux. Quand je commandais le cercle de Niafonké.000 Peuhls (exactement 14. Je souhaite pour notre auteur que les Peuhls animistes qu'il cite au Ferlo (au sud du fleuve Sénégal) soient plus réels que ceux du cercle de Niafonké ! Continuons à citer le texte de Delafosse.832) comme animistes sur un total de 76. l'auteur exagère le caractère rebelle des Peuhls à l'islamisme. est en réalité un type hamitique inférieur (Kouschite. se fondait. » Le type sémitique dont parle ici Delafosse. 67 . je m'enquis de ces 15. la secte berbère des Almoravides. sur le bas-Sénégal. bien mieux islamisés que les nègres. Tout en admettant comme vraisemblable le récit légendaire que je viens de rapporter. les Peuhls. au sens musulman du mot même. Bref. de l'empire de Tekrour. dans le Nord du Boundou et du Bambouk. se porta vraisemblablement vers le Sud. et. les Khassonké provinrent à la fin du XVIIe siècle (vers 1680) d'une fusion entre des Peuhls descendus de Nioro et les Malinké dégénérés qui occupaient le pays et qui. « Dès les premières années qui suivirent la mort de Mahmoud II l'immense majorité des Peuhls du Fouta Toro. passer sur la rive droite du Sénégal aux environs de Kayes et rejoindre dans le Diomboko les descendants des JudéoSyriens qui y étaient demeurés en venant de Ghana. si l'on prend son œuvre en gros. Ces derniers faits ont été établis définitivement 68 . pour l'histoire et la linguistique de l'Afrique occidentale française mais enfin il faut répéter que les Al-Faman d'El-Bekri qui sont les descendants des soldats Ommiades de 736 n'ont aucun rapport avec les Peuhls. c'est-à-dire dans le pays du Galam ou Gadiaga. d'après le témoignage de Bekri et les Soninké qui y possédaient déjà des colonies devaient être vassaux des Toucouleurs 6.sur l'un des manuscrits et qu'il localise au sud-est du pays des Toronka (Toucouleurs du Toro). Ce pays était alors (deuxième moitié du XIe siècle) une dépendance du Tekrour. d'abord maîtres de ces Peuhls nomades. dans la région alors inhabitée mais favorable à l'élevage qui est connue aujourd'hui sous le nom de Ferlo et qui devait alors dépendre tout au moins théoriquement. très probablement. à cheval sur la Basse Falémé. finirent par être battus et vaincus par eux. dans la région de Silla. du Kasso et du Diomboko que. Bekri nous signale sous le nom d'Al-Fâman on pourrait dire à la rigueur Al-Fellan 7 . « C'est cette colonie peuhle du Galam. s'établissant non loin de la rive gauche du Sénégal entre Bakel et Kayes. » Il est malheureux d'avoir à relever tant d'erreurs dans le texte d'un auteur qui a tant fait. dès cette époque. Certaines familles de cette colonie s'unirent plus tard à des Mandé (Sôninké et Kagoro) et donnèrent naissance aux Khassonké actuels. donc de l'Ouest à l'Est. Quelques familles peuhles durent. d'autre part.passant aux migrations peuhles à partir du Fouta Toro. Un parti assez considérable continua ensuite son exode vers l'est. ajoutant que les Al-Fâman appartiennent à la même race que les Honeïhin de Gana. Delafosse continue en ces termes : 69 . Silatigui. les Peuhls. sous la conduite de leur ardo quittèrent en majorité ces régions et s'avancèrent vers l'Est à travers le Diomboko et le Karta. Il semble que. Fondokoï et Ardo. mais une population mixte issue de pères Peuhls et de femmes Soninké. partis du Galam vers la fin du XIe siècle ou le commencement du XIIe. De là de fortes erreurs qu'on est obligé de relever maintenant. mais il est probable que les Peuhls qui colonisèrent le Fouta-Kingui étaient des Peuhls purs. » Ceci est exact. sans doute les efforts des Soninké Sossé ou Sosso pour conquérir Ghana sur les Sissé. vaincus et pourchassés par les Berbères Lemtouna à la faveur du mouvement almoravide. Delafosse continue ainsi : « D'après les traditions indigènes. pourtant. en s'unissant à des Mandingues. province méridionale du Bagana. commencèrent à venir s'établir en nombre dans le Guidimaka et le Gadiaga ou Galam (fin du XIe siècle). Mais pourquoi parler de Peuhls Diawambé ? Les Diawambé (au singulier Diawando) ne sont pas des Peuhls. les Peuhls n'avaient pas sensiblement dépassé le Kaniaga à la fin du XIVe . ensuite leur lutte avec les Mandingues et les razzia qui suivirent la victoire finale de ces derniers avaient entretenu le long de la rive gauche du Haut-Niger un état d'insécurité qui ne favorisait pas les migrations vers l'Est. Il semble bien que les Peuhls aient fondé le Fouta-Kingui (à l'ouest du cercle peuhl de Nioro) au XIVe siècle. Arrivé au Kaniaga. Lorsque les Soninké de Ghana. les Peuhls Diawambé s'étaient portés dans le Kingui et avaient fondé Nioro.par Monteil en 1915 dans son volume sur les Khassonké et du reste étaient déjà connus au moment où Delafosse écrivait (1912) mais celui-ci a arrangé son roman peuhl sans se documenter suffisamment. Il put se former des métis Diawambé dans la région. cette colonie peuhle du Galam se choisit dans le clan Diallo un roi dont le titre nous a été transmis sous les formes diverses de Saltigué. Au début du XIVe siècle. donnèrent naissance aux Foulanké des cercles de Bafoulabé et de Kita 8. le gros de la migration y demeura plus longtemps que dans ses lieux d'arrêts précédents. laissant à chacune de leurs étapes des familles qui. mais celle-ci refusa ses avances . après avoir échangé des paroles blessantes. Maga se rendit auprès d'elle pour l'engager à accepter la main de son frère : cependant la femme persista dans son refus et des ennemis de Maga présentèrent à Diadié la démarche de son frère sous un mauvais jour. avec l'autorisation de résider dans le Massina. de la manière suivante. Plus tard. marchant droit devant lui dans la direction du Nord. au début du XIe siècle. Maga leur demanda l'hospitalité et établit son campement près de leur village . résidant à Kouma ou Toï. dans le Kaniaga. des serfs Rimaïbé issus d'esclaves noirs acquis par les Peuls durant leur traversée du bassin du Sénégal. Un Silatigui 9 ou Ardo nomme Yorgo. et les poussant devant lui dans la direction de l'Est. vinrent encore grossir ce noyau qui donna naissance au très important groupe des Peuhls du Massina et aux fractions secondaires qui en sont issues par la suite. Parvenu dans le centre du Bagana.« Mais. il alla ensuite saluer le fonctionnaire qui gouvernait le Bagana au nom de l'empereur de Mali et reçut de lui l'investiture officielle de chef (Ardo) des familles peuhles qui l'avaient suivi. adoptant peu à peu la langue Mandé et transformant leur 70 . certains se mêlèrent aux Foulanké du Nord de Kita et de Bafoulabé et aux Khassonké de la région de Kayes. Une querelle s'ensuivit entre les deux frères qui. auprès d'une mare qu'avoisinait un village de Soninké Nono. appartenant au clan Daédio ou Bari. fils de Sadio ou Sadia Diallo. ainsi que des gens appartenant aux castes des Mabbé ou Maboubé et des Diawambé. vinrent rejoindre Maga. se séparèrent. il parvint dans le Diaga ou Massina. Maga Diallo (ou Maga Sal) quitta le Kaniaga avec ses partisans. Quant aux partisans de Diâdié. du côté de Kala (Sokolo) il rencontra un troupeau de bœufs égaré. Diadié voulut épouser la veuve de Yogo. prétendant que c'était Maga qui avait poussé la veuve de Yogo à rejeter les propositions de Diadié dans le but de l'épouser lui-même. d'autres Peuhls du Kaniaga. l'exode des Peuhls reprit son essor d'une manière décisive à la suite de circonstances que les traditions indigènes relatent. mourut vers 1400 en laissant une veuve et deux frères dont l'aîné s'appelait Diadié et le plus jeune Maga (ou Magham) ou Atiba. Il entraîna même dans sa migration des Serères. à affranchir les Toucouleurs de la suzeraineté des Ouolofs et à fonder au Tekrour un nouvel empire indépendant dont il fut le premier souverain. il émigra au Fouta-Toro qui. en 1534. Ce Koli. Ses descendants régnaient encore au Fouta vers le milieu du XVIIe siècle. des Férôbé et des Ourourbé (ou Boli). accompagné de Goro ou Gara. semble-t-il. comme en 1400 ou 1425 les Khassonké et les Foulanké n'existaient pas encore (ils existèrent à la fin du XVIIe siècle seulement). 229) : « Environ un siècle plus tard. les Peuhls dont parle Delafosse ne purent pas venir se mêler à eux ou bien ils le firent beaucoup plus tard. » Delafosse ajoute en note (note 2. » Ceci est exact et c'est même ce Koli qui. ainsi que tout l'ancien Tekrour. de Nioro. » Il est inutile de faire remarquer que. aidé par les Sérères et par le clan Toucouleur des Dénianké. chef des Yâlabé. près et au nord-Est. « Diadié lui-même. réfractaires au souverain de Gao et. des Yâlabé (ou Alaïbé). aurait réussi à tuer l'empereur du Diolof. des Oualarbé. fils de Tindo. d'après le témoignage de Sa'di. seul le clan des Dialloubé conserva son nom sous la forme du singulier (Diallo). chef des Férôbé et de Nima. El-Hadj-Mohammed entreprit en 1511-1512. chef des Ourourbé. p. au XVIIIe siècle. de Diko. un descendant de Diadié. avec plusieurs familles appartenant aux clans Irlàbé. obéissait alors à l'empereur du Diolof. et ceux-ci 71 . s'était dirigé vers le Nordouest et était allé se fixer dans le Bakounou entre Goumbou et Nioro. prêcha la révolte au Bakounou contre l'empereur de Gao. vers 1510. prit alors le commandement des Peuhls du Bakounou. chef des Oualarbé. Koli. descendit avec des fortes colonnes peuhles sur la Haute Gambie et y établit les « Foulacounda ». Férôbé en Sidibé. continue Delafosse. une expédition contre Tindo qu'il défit et tua à Diara.nom de clan : Ourourbé en Diakaté ou Diakité (les gens originaires du Diaka ou Diaga) Daébé en Sangaré. nommé Tendo-Galadio. El-Hadj-Mohammed (le premier Askia) qui était devenu maître de la majeure partie des anciennes dépendances du Mali. Ici encore. « Le clan peuhl des Tôrôbé — car il y a des Tôrôbé peuhls et des Torôbé Toucouleurs — à la suite de la grande migration du Fouta vers le Massina. les Peuhls ne tardèrent pas à se répandre à travers la boucle du Niger et au-delà. avec Dembo et ses fils. gagnèrent le Liptako (région de Dori) où ils fondèrent une colonie prospère qui put presque rivaliser avec celle du Massina. allant coloniser le Torodi (pays des Torôbé) et traversant le Niger près de Say. Là. lui. Dembo s'arrêta dans le Djilgodi (région de Djibo). Dès le XIe siècle 10 des Oualarbé. des Salsabé et des Torobé se portèrent vers le nord dans le cercle actuel de Niafonké. Non seulement. d'où ses descendants pénétrèrent dans le nord-est du Mossi (canton de Boussouma) . au nord de Douentza. avec un grand nombre de Diawanbés. mais Dello. poussa jusqu'à Sokoto . bien que le gros de leur nation soit encore aujourd'hui établi dans la région dont le marigot de Dia ou Diaki forme comme le centre. Paté et Yoro. s'en alla camper à Gorou. Delafosse continue : « Du Massina. ils échouèrent dans leur mission. entre Niafounké et Saraféré. mais ils demeurèrent avec les Torôbé de Gorou et devinrent eux-mêmes des chefs de migration : Dello. quittant la région de Saraféré. Dello et Diobo) tous les quatre descendants d'un nommé Siré qui aurait été père de Sambo. Paté et Yoro et qui serait demeuré au Fouta avec une partie de sa famille lors de l'exode de ces trois derniers. conduisit dans le Yatenga une autre bande dont 72 . nous avons de nombreuses traditions indigènes relatives aux différents exodes dont l'ensemble constitua cette importante migration. franchirent le Niger et le Bani et s'infiltrant à travers des Tombo et des Mossi. Dembo.semblent avoir donné naissance aux nègres Koniagui. La légende dit que l'exode des Torôbé avait été dirigée par trois frères nommés Sambo. conduisit une partie de la tribu au Liptako . des Ourourbé. ils furent rejoints par quatre membres de leur clan (Hamadi. dans le but d'engager leurs compatriotes à retourner au Sénégal. s'était installé surtout au nord du lac Débo. Une partie d'entre eux. la plupart des fils de Dembo demeurèrent au Liptako. Amadi. Les quatre émissaires venaient du Fouta. en partie. se fixa plus au sud encore. Sidikin. nommé Paté. qui avait accompagné Hamadi au Yatenga. alla ensuite au Djilgodi rejoindre Dembo. Diobo. Kounibassé. et épousa une nommée Siboudou. entre Niafounké et Saraféré. entre Dienné et Sofara. tandis que les Peuhls purs sont appelés Silmisi. mais en réalité. fille du chef Mossi de Ténia. Demba. ancêtre du clan des Yalâbé ou Alaïbé. Diâdié. poussant ainsi vers le sud. gagna Sokoto et se porta de là dans l'Adamaoua. fils de Gio. Garba et Sambo) et une fille (Sadia). l'un des compagnons de Moussa. La fraction des Yalâbé qui s'établit là aurait pris le nom de Fitôbé ou Fitoubé (du nom de Fitouka). cependant. Goré. le chef actuel des Fitobé du Yatenga. Abdoullahi. Ces Silmimossi sont rattachés aux Peuhls plutôt qu'aux Mossi. traversa le Liptako et le Torodi. conduisit les Fitobé à Sari. à Siffiga. Beaucoup de ses descendants. Il en eut 5 fils (Mali. y laissa son fils Pelouna. Faéni. dans le Sébéra. aurait conclu une alliance avec les Tombo de la région pour chasser de Dané (entre Sari et Ouahigouya) les Nioniossé et les Soninké de langue Songhaï qui s'y trouvaient alors et s'installaient à leur place. Enfin. « Ce dernier — Hamat — fils et successeur de Moussa — vivait aux environs de 1780. poussa vers le nord jusqu'à Goumeouel dans le Fitouka. les cinq fils vinrent s'établir à Kalsaka. ils participent des 73 . se transporta avec ses troupeaux à Téma. Un Peuhl de sa tribu. sur la route de Bandiagara à Dori au nord de Ouahigouya. Moussa. « Ibn Galâdio. le premier ancêtre des Peuls Torôbé. fils de Dama. prétend descendre de Sambo et de son père Siré. avaient suivi le grand mouvement vers le Kaniaga et le Massina. dans le Yatenga et s'y marièrent avec des femmes Mossi : ce sont les descendants de ces unions de Peuhls avec des Mossi qui sont appelés par les Mossi Silmimossi. Cette dernière demeura à Ténia et s'y maria avec un Mossi . s'étaient établis sous la conduite d'un nommé Dama ou Demba. aurait fait partie de la migration qui demeura longtemps du côté de Kayes et qui aurait. dans le Yatenga.le chef actuel. Plus tard. fils de Diadié. donné naissance aux Khassonké. qui vivait vers le milieu du XVIIIe siècle. Tana et Hamat. dans le Mossi. dit descendre de Moussa par les nommés Hamadou. Gao. dans l'ouest du Yatenga. comme ce dernier. tous musulmans . une autre migration moins importante prenait la route du sud. comme nous l'avons vu. Cette migration eut lieu aussi. Un de leurs marabouts nommé Sori commença peu après. partit du Massina au XVIIe siècle et vint s'établir à Gomboro. en pays Samo. serait le quatorzième successeur de Hamân dont le sépareraient neuf générations. p. Tandis que s'organisaient les grands exodes qui. un marabout Toucouleur nommé Abdoulkader Torodo prêcha la guerre sainte contre les infidèles et renversa la dynastie peule des descendants de Koli.deux peuples : ils parlent en même temps le peul et le mossi et sont à la fois pasteurs et agriculteurs. devaient aboutir au Massina et au Torodi. note 2). Le pouvoir passa ainsi aux Torobé. p. les Dénianké. Guibril. 233) : « Les Dénianké étaient ces Toucouleurs qui avaient aidé le Peul Koli Galadio à s'emparer du Tekrour au début du XVIe siècle (voir plus haut. allait se fixer dans le Fouta-Djallon. sous prétexte de guerre sainte. du XIe au XIVe siècle. Au début du XVIIIe siècle. » Delafosse ajoute en note (note 1. chef actuel des Dialloubé du Yatenga. Leur clan était demeuré virtuellement au pouvoir sous les descendants de Koli et. bien avant la conquête du Fouta-Djallon par les Toucouleurs Dénianké. Un de leurs chefs. mais ce sont les hommes chez eux qui traient les vaches et non pas les femmes comme chez les vrais Peuls. bien que s'étant alors convertis à l'islamisme. la conquête du pays aux dépens des 74 . 11 « Revenons maintenant au Ferlo qui avait été. du Ferlo. « Les Dialloubé ont également fourni un assez fort contingent aux migrations peules qui se sont répandues dans la boucle du Niger. le refuge de la majorité des Peuls chassés du Fouta Toro par les Toucouleurs. ils étaient restés rebelles à l'islamisme. que l'on place généralement vers 1720. Hamân. perdirent toute influence au Fouta Toro et ils émigrèrent en partie sous la conduite de deux chefs nommés Sidi et Séri (ancêtres des Sidianké et des Sérianké) pour s'établir au FoutaDjallon auprès des Peuls qui s'y trouvaient depuis plusieurs siècles. et laissant plusieurs colonies dans le Boundou. vraisemblablement. 229. A cette époque. Les premiers Peuls qui vinrent dans le pays (Haute-Gambie) furent les Peuls de Koli Tenguéla ou Koli Galadio qu'on appelle encore actuellement Foulacounda (ou Poulli). brisant la coalition des Ouassoulonké et des Dialonké et établissaient définitivement leur Ce que dit pouvoir Delafosse ensuite sur des le Ouassoulonké est aussi pays. s'emparer du pouvoir au Fouta-Toron au commencement du XVIIIe siècle. du reste. ce que dit exactement. est mort en 1809 et n'a pas pu. par conséquent. et après s'être établis à l'est du Niger (Ouassoulou) le franchirent et vinrent alors se heurter aux Peuls du Fouta-Djallon qui. Il semble avoir régné de 1773 à 1809 et par conséquent ne renversa les Dénianké qu'en 1773. Abdoul-Kader qui renversa les Dénianké.Soussou ou Diallonké autochtones. Ce ne sont nullement des Peuls du Fouta-Djallon de la grande invasion. en note). Les Peuls qui conquirent le Ouassoulou (au commencement du XVIII siècle) venaient du nord. les Peuls venus du Macina finissaient de s'emparer du Fouta-Djallon. 233. se portant dans le Sangaran 12 et le Ouassoulou où ils s'unirent à des Mandingues et grossirent le nombre des Foulanké . le plus grand nombre de ces derniers émigrèrent vers l'est. les repoussèrent à l'est du Niger (vers 1776). 75 . Actuellement encore. qui. Quant à la grande migration peule de 1694 qui s'empara du Fouta-Djallon vers 1725 sur les Dialonké. Tout ceci est malheureusement de la haute fantaisie. après de vives luttes. Cette migration n'a aucun rapport avec les Denianké du pays toucouleur. Du reste. Delafosse n'avait pas eu le temps d'étudier l'histoire du Fouta-Djalon et ne la connaissait pas. Voici. du Fouta. faux. Delafosse à ce sujet : « Lorsque précisément les Toucouleurs arrivèrent au Fouta-Djallon et surtout lorsqu'ils voulurent convertir à l'islamisme les Dialonkés et les Peuhls. auraient poussé vers l'est. on distingue les Peuls des Toucouleurs au Fouta-Djallon en donnant aux premiers — très peu nombreux — le nom de Poulli et aux seconds — qui sont fortement mélangés de Mandé — le nom de Foula. toutes les autorités les plus sérieuses et les plus anciennes nous la montrent unanimement venant du Macina (j'en ferai la démonstration quand j'en serai à l'histoire des Peuls du Fouta-Djallon). » (p. D'autres migrations. l'Adamaoua. avaient. etc. traversèrent vers la fin du XVIIIe siècle le Dafina. bien des raisons de penser le contraire) 3. Ouidi Sidibé. Après avoir examiné les théories d'origine juive des Peuls. au contraire. bien qu'ayant conservé l'usage de la langue peule. L'histoire ne devient sérieuse qu'à partir du Fouta-Toron (VIIIe siècle) et encore Delafosse a-t-il commis ici des erreurs monstrueuses. L'un d'eux. celle d'Ali Bouri du côté de San. adopté. poussèrent plus loin encore et. à mon avis. finissons en examinant les théories purement fantaisistes déjà signalées au 76 . parce que l'histoire récente des Peuls (vine au XIXe siècle). est défigurée par d'énormes erreurs qui viennent de ce qu'il n'a pas consacré un temps suffisant à étudier les documents sur les Peuls 13. anonymes celles-là. parce qu'on ne sait pas si ce sont eux qui ont formé le royaume de Ghana (il y a. quoique nous nous trouvions déjà sur un terrain un peu plus consistant.d'autres. comme la formation des peuples Khassonké et Foulanké au XIe siècle. et. fonda à Barani une sorte de royaume éphémère d'où sont parties quelques petites migrations récentes (XIXe siècle). le Mossi et une partie du Gourma. Beaucoup de ceux-ci. Diakité. Sangaré. rejoignirent au Torodi le grand courant venu du Macina par le Liptako et suivirent la route qu'il avait tracée déjà vers les pays haoussa. telle que la raconte Delafosse. elle doit. il ne reste rien de la synthèse peule tentée en 1912 par Delafosse. entre Koury et San. et enfin. » En résumé. et celle du peuplement peul du Fouta-Djallon par une immigration Toucouleur-Dénianké de 1725 ! En définitive. Koury et Bobo-Dioulasso. dans le quadrilatère compris entre Sikasso. telles que celles de Daba Sangaré du côté de Koutiala. s'avançant. Koutiala. arrivèrent près de la Haute Volta noire. durant le passage dans le Ouassoulou. les Peuls ne sont pas des Juifs ou Judéo-Syriens 2. celle longue histoire des Peuls par Delafosse n'est qu'un roman pour la période qui va de la Cyrénaïque au royaume de Ghana (ler au VIIIe siècle de notre ère). Pour le royaume de Ghana (IIIe au VIIIe siècle) elle est fort hypothétique. parce que : 1. demeurés à peu près purs. le Baguirmi et le Ouadaï. être rejetée. la forme foulanké des noms de clans (Diallo. Sidibé). même jusqu'à Barani. au moment où Tamerlan. partout ces Bohémiens. l'Espagne. ni avec la langue des Maures.commencement marine et séjourna de au cette poste de étude. Zigani. Leur langage n'a aucune analogie avec les idiomes des noirs. Leur langage même modifié par celui des peuples au milieu desquels ils vivent. venait à la tête de ses hordes de Mongols jusque sur les rivages de l'Asie Mineure et de la Syrie. C'est ce mystère et aussi l'étrangeté de leurs habitudes qui ont attiré à ces Bohémiens la réputation de sorcellerie dans les légendes populaires. elle est à peu près inconnue. l'Italie. Sans vouloir tirer des considérations précédentes des conclusions absolues. je les vois arriver en conquérants chez les peuplades timides qui habitaient la rive gauche du Haut Sénégal. Gitanos. etc. possède partout. la religion. l'Allemagne. En effet. l'Autriche. La Turquie. de ces co-indigènes. Leur religion est une énigme comme celle de leurs frères d'Europe. livrer au pillage les trésors de Smyrne. encore des mots qui dénotent son unité première. se dispersant d'abord sur les rives de la Mer Noire. ont conservé leur type et leurs mœurs. Gipsy. on retrouve au commencement du XVe siècle. la France. je crois en résumé : 1. Ainsi l'origine tzigane ou gypsage du Dr Thaly (qui fut médecin de la « En jetant un coup d'œil. Je pense. d'après mes recherches. dédaignant l'agriculture et se nourrissant presque exclusivement de laitage. vivre au milieu de leurs troupeaux sous la tente ou dans les gourbis. Quant à leur religion. menaçant déjà l'empire de Paléologue. Chose singulière. etc. de la Mer de Marmara et de l'Archipel pour passer ensuite en Europe. etc. etc. sur l'histoire des grandes migrations humaines. en Syrie. Bakel). que les Foulah ont une origine commune avec les Bohémiens d'Europe et qu'ils n'en diffèrent que par suite de leur séjour dans la Sénégambie et de leur mélange avec ses peuples. servent d'asile encore aujourd'hui aux derniers débris épars de ces asiatiques. etc. si j'étudie les mœurs. sans construire de villages comme les noirs. que les Foulah sont une race Indo-Européenne 77 . dit Thaly. l'Angleterre. parti de Samarkande. la langue. on retrouve à cette époque des multitudes fuyant du centre de l'Asie devant des vainqueurs sans pitié. à l'incendie l'opulente cité de Balbeck et mettre aux fers le sultan des Turcs de Magnésie. en Egypte. En résumé. lors de l'émigration en Grèce et en Asie. Au XVe siècle. tout à fait différents. ils auraient pris la route de l'Egypte par la Syrie pour s'enfoncer plus tard dans le centre de l'Afrique. (p. Haut-Sénégal-Niger. si l'on prend en considération les puissants états Toucouleurs déjà constitués. avril 1882. etc. il y a longtemps que les Peuhls étaient en Afrique occidentale et les Peuls ne sont pas des Tziganes (qui sont. eux aussi.2. comme nous le savons par le texte du Tarikh-el-Fettach et par les fouilles de M. venus jusqu'au Massina au IXe siècle de notre ère. d'origine hindoue). M. les Gaulois y sont devenus la souche de toutes ces peuplades blanches du continent mystérieux qui ont tant étonné les voyageurs. Ce sont peut -être les Bushréens du père Labat. De même.000 Gaulois qui tenaient garnison en 264 dans la seule ville de Memphis. les Gitanes. mais qui doit être assez éloignée de nous. p. d'étape en étape. jusqu'au Sénégal. Mais il faut faire attention que les Tziganes semblent être venus. De leur mélange avec les indigènes sont nées ces races intelligentes qui ont probablement entre leurs mains l'avenir de l'Afrique : les Peuhls. en 280 14 poussèrent jusqu'en Egypte et des 4. eux. semble-t-il. Passons maintenant aux théories des vrais savants. de vrais juifs étaient. Notes 1. du reste. les Peuhls. Avec tout cela. des Peuls et des nègres. celle du Dr. outre celle qui ferait descendre les Peuls d'une légion romaine égarée dans le désert. Lièvre ajoute : « Etablis dans ces régions saines et fertiles (plateaux de la Haute Ethiopie).» Cette opinion est une opinion fantaisiste et peu sérieuse. pp. t. ni des juifs. qu'ils ont la même origine que les Bohémiens. Citons encore parmi les opinions grotesques. 2. Souhahélis » (Revue de Géographie. en note de son volume sur les Pehls). la théorie juive de l'origine des Peuhls est une théorie fantaisiste qui doit être absolument et définitivement rejetée. pas plus que les nègres. 260. Lièvre (1882) qui en fait des Gaulois !! Crozals qui cite cette opinion. les Zigani. Foulahs. les Gipsy. 309). Il ne peut pas être question ici d'Alexandrie qui ne date que de l'époque d'Alexandre. ne sont des tziganes. à une époque que je ne puis déterminer. ils seraient arrivés dans la Sénégambie. dit : « Parlant des tribus de Gaulois qui. Bonnel de Mézières. Chassés de leur pays par les Mongols au XVe siècle. 199 et suiv. 78 . I. 12. donné. 159. etc. 10. Toucouleurs. Le Sangaran ou Sankaran est surtout Malinké à l'heure actuelle et n'a conservé que peu de traces d'une invasion peule : celle-ci. Il est probable qu'il s'agit ici d'une des expéditions des Assyriens contre l'Egypte du temps d'Assour-ban-Habal (vers 660 av. au contraire. il est loisible également de penser que les Hycsos. Ceux de Niafonké (au nord du Massina) ne s'établirent dans la région qu'à cette époque au plus tôt. à l'est du delta. Ce sont eux qui auraient donné leur nom aux Massina. du reste. et non les Peuls du Fouta-Djallon. Saint Marc est considéré généralement comme ayant connu Saint Pierre . Au sujet de la première partie de cette histoire peuhle. C'est au XVe siècle seulement qu'on trouve les Peuhls bien établis au Massina. d'après le témoignage de 79 . d'abord persécutés par leurs vainqueurs Thébains. Ceci est encore une erreur du Delafosse. des Lybiens et des Fouth. J. vassales Haut-Sénégal-Niger. et par conséquent le conducteur de l'immigration. p. ne fut écrit qu'en 75 après Jésus-Christ. en ce cas. Il est vrai qu'il y a un ProtoMarc que l'on place vingt ans auparavant. la frontière de l'Egypte contre les invasions des Assyriens ou des Chaldéens. El Bekri ne dit nullement que les villes Soninké du Sénégal dont il parle étaient 7. qu'elle ait été défendue par des Egyptiens. On l'appelle ici Alexandrie parce qu'Alexandrie la remplaça plus tard comme grande ville du delta égyptien. des ait t. est survenue par l'est.s'il s'agit vraiment d'une prophétie contre Ninive détruite en 607 av. Delafosse ne procède que par des : il est possible. parlant des Hycsos et des Juifs de Joseph. Nous laissons à Delafosse la responsabilité de toutes ces assertions hardies. Supposition inadmissible et que Delafosse fait pour les besoins de sa cause. Les Foulanké de Bafoulabé et de Kita vinrent du nord dans ces pays au début du XVIIIe siècle ou à la fin du XVIIe. ce que j'en ai dit dans mon Noir du Yatenga (1917) en parlant des Peuls du pays. Il est probable justement que ce sont des Maures et nullement des Judéo-Syriens ou des Peuhls.. Ceci est évidemment faux. Leur mouvement appartient au même mouvement qui donna la race métisse des Khassonké.-C. 1. des Ethiopiens. puis laissés libres d'effectuer paisiblement leur retraite. 6. mais il ajoute : « De même qu'il est permis de supposer qu'une partie des Israélites ne suivit pas Moïse. loin que le Massina le leur 5. On peut comparer à ce tableau de l'occupation de certains points du Yatenga et du Mossi par les Peuls. il est permis de supposer. de la ville qui fermait. 8. J. Quelques éléments peuls semblent avoir pénétré jusqu'au pays Toma (par mariage d'indigènes avec des femmes peules). est peuhl. Le mot Silatigui n'est pas peuhl. 13. 4.-C. c'est un mot mandé qui veut dire le chef du sentier. 9. Le mot Ardo.). mais on admet maintenant que l'évangile dit de Saint Marc. 3. par exemple. Delafosse constate que ni la Bible pour les Juifs. 11. ni Manéthon pour les Hycsos ne parlent d'autre chose que d'un retour en Asie. par les Médo Perses il s'agit probablement. Ce sont des Ouossoulonké qui l'ont faite. On comprend. le chef du chemin. Ce n'est pas avec des suppositions que l'on fait de l'histoire sérieuse. ne prirent pas tous la même route et que beaucoup se dispersèrent du côté de la Cyrénaïque et de la Haute-Egypte. D'autant plus sans valeur que les Juifs urbains et commerçants de l'époque de Ptolémée Sôter. mais quand Delafosse ajoute qu'ils se mélangèrent à l'ancien élément judéo-syrien (Juifs et Hycsos) plus ou moins pénétrés d'éléments Berbères. Avant Jesus-Christ. durent se fixer dans les villes et non pas reprendre la vie de pasteurs de leurs ancêtres du temps d'Abraham (17 siècles auparavant !). 80 . » J'ai souligné les expressions dont Delafosse se sert. c'est encore une supposition sans valeur. De même quand Ptolémée Sôter déporte les Juifs de Jérusalem en Cyrénaïque.Manéthon. ceci est un fait réel. 14. déportés en Cyrénaïque.