litt beur

March 16, 2018 | Author: Bessam Ouriga | Category: Autobiographies, Novels, Identity (Social Science), Definition, Postcolonialism


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UNE LITTÉRATURE "NATURELLE" : LE CAS DE LA LITTÉRATURE "BEUR" Habiba SEBKHI, University of Western Ontario, London (Canada) La littérature "beur", née dans les années 80, est produite en français par des écrivain (e)s issu (e)s de la seconde génération de l'immigration maghrébine en France. Elle est l'expression d'écrivains nés ou arrivés en bas âge dans le pays d'accueil de leurs parents. Or, bien que produite en français, par des citoyens français, vivant en France, cette littérature semble ne pas (encore ?) légitimer "l'appellation contrôlée" de "littérature française" comme si cette dernière était une affaire de famille . [1] Dans ce travail, je me propose donc d'établir le concept de "Littérature naturelle" qui évoque d'entrée de jeu un parallèle avec les notions juridiques, aujourd'hui désuètes, d'enfant naturel et d'enfant légitime. Ma démarche sera la suivante : Dans une première étape, je situerai la question qui a servi de point de départ à ma réflexion, à savoir "l'illégitimité" de la littérature beur ; je chercherai ensuite à positionner cette littérature dans son rapport avec d'autres littératures en dégageant leurs points de (non)-rencontre. A partir de là je poserai ma définition du concept de "littérature naturelle". Dans un deuxième mouvement je porterai mon analyse sur deux caractéristiques fondamentales de cette littérature, à savoir l'autobiographique et le transitoire. Illégitimités L'illégitimité se situe à deux niveaux. Elle est à repérer autour et à l'intérieur de la littérature beur. Elle se situe d'abord au sein de l'institution, de manière externe ; elle se manifeste ensuite de manière interne dans le tissu narratif. Dans son article sur la littérature beur, Alec G. Hargreaves commence ainsi : "La littérature issue de l’immigration en France est une littérature qui gêne. Les documentalistes ne savent pas où la classer, les enseignants hésitent à l’incorporer dans leurs cours et les critiques sont généralement sceptiques quant à ses mérites esthétiques. Le simple fait de nommer ce corpus est semé d’embûches." Cette littérature, en effet, est tantôt étiquetée maghrébine, tantôt arabe, tantôt européenne, tantôt étrangère ; elle se trouve aussi répertoriée chez les libraires dans la section "immigration/racisme". Ce dernier cas est évidemment une éviction totale du champ littéraire même. Toutes ces étiquettes peuvent expliquer que cette littérature ne trouve, à ma connaissance, aucune place dans les anthologies de littérature française. [2] La "raison" de cette illégitimité au sein de l'institution française semble s'expliquer par une illégitimité esthétique qui fait l’unanimité des critiques. Parmi eux, Farida Belghoul, ellemême écrivaine beur : "La littérature en question, dit-elle, est globalement nulle [...]. Elle qui a servi de point de départ à ma réflexion. non pas comme une solution mais comme "le plus simple. slovène. m'a amenée à cette autre facette. Mais d'ores et déjà disons que l'illégitimité dans le cadre de l'institution. bien que née dans la marge. En bref. elle subit ce que Régine Robin appelle la "ghettoïsation" . n’a pas de souci esthétique. à caractère régionaliste. en effet. qui en revanche. c’est l’absence de classification qui noie dans l’universel ce qu’il nomme "les littératures de l’exiguïté". comme le signale encore Charles Bonn. quel genre de rapport les unit. La littérature beur subit un classement variable dont le critère se réfère soit à l’origine et à la seule nationalité des parents des écrivains beurs. en un mot qui les exclut de la même manière que si elle les spécifiait arbitrairement. le roman "beur" présente par ailleurs." Cette illégitimité semble directement être liée au caractère autobiographique de témoignage. se situant à l'intérieur du tissu narratif. c’est peut-être que la langue des tripes demande d’abord à être entendue sans devoir au préalable passer devant une police de l’esthétique qui s'arrogerait le droit de sanctionner l’affichage d’une "non-littérarité". se reflètent. François Paré regrette de ne pouvoir disposer d’un classement plus précis . sa totale ou presque totale exclusion du domaine de l’enseignement et la minorisation de son discours "jugé circonstanciel et accessoire" . dans la grande majorité de ces textes le père est absent . mais si son style est le plus souvent oral et argotique. mais ils sont immédiatement marginalisés par la critique ou par l'édition. interne cette fois. "Les textes beurs qui ne répondent pas à cet archétype du témoignage autobiographique non-distancié existent. [6] Nous venons de voir que. Si les littératures de l’exiguïté sont à la recherche d'une spécificité nominative pour sortir de la "noyade". même physiquement présent. basque… Ceci n’est pas le cas de la littérature beur qui partage toutefois un certain nombre de traits avec les littératures de l’exiguïté. si rapport il y a. semble se réclamer de la totalité sans spécificité éthnicisante . une autre forme d’illégitimité. Pour François Paré en effet. au niveau narratif. Les autres littératures Dans Les Littératures de l’exiguïté. pour des raisons d’esthétique et de littérarité. Celle-ci. Force est de constater que. Cette question fera l'objet d'un autre travail. [7] [8] [9] [10] [11] [12] . Ceci permet d'établir d’emblée un lien étroit avec le "roman familial" tel que défini par Marthe Robert . Une des questions sera alors. c’est pour accéder à une légitimité tout comme la littérature beur." Pourtant. la littérature beur ne trouve pas de classification définie au sein de l'institution qui semble ne pas trop savoir ce qu'elle doit en faire. Ce n’est que lorsque ces textes se seront accumulés que d’autres pourront développer des textes dont la dimension autobiographique de témoignage sera moins évidente. notamment les traits de l’oralité . soit au horstexte auquel fait référence le corpus beur." L'institution veut du témoignage et les critiques de l’esthétisme. à savoir l'aspect autobiographique. où et comment ces "deux" illégitimités se recoupent. ne peut être considérée à proprement parler comme une littérature de l’exiguïté. je vais d'abord positionner la littérature beur par rapport à d'autres concepts déjà établis. celui-ci ne possède plus d'autorité paternelle réelle." Je reviendrai plus tard sur ce parallèle lorsqu'il s'agira de considérer un aspect important du roman beur. [3] [4] [5] Outre son statut illégitime au niveau institutionnel. En effet. le plus ingénieux. car "Les écrivains qu’elle [l’immigration] suscite ne peuvent dès lors que produire des témoignages. Sur le plan théorique. Il est clair que cette littérature n’est pas sans failles . l’un et l’autre apparaissent en effet à un moment de crise grave à laquelle l'enfant trouvé ou le bâtard doit faire face. si une classification (justifiée ou non) peut être une forme d’exclusion. méprise la langue. et avant d'aboutir à une définition du concept de "littérature naturelle". lesquels manifestent d’abord qu’ils [écrivains beurs] existent. est définie principalement par une autre langue que celle d’une majorité : littérature par exemple franco-ontarienne. le plus génial des expédients. l’inverse est également vrai.ignore tout du style. mais qui sauront jouer avec maîtrise littéraire sur les différents discours qui fleurissent sur leur objet. Toutefois la littérature beur. et adopte des constructions banales. de la dépossession nostalgique du pays. C'est cet espace que Régine Robin. son intégration. il ressort de cela que si la littérature beur partage en effet certaines caractéristiques avec d’autres littératures. bien qu’elle soit en apparence conforme à la définition qu'en propose Dubois : "les littératures minoritaires. cette valeur prend la forme d’une autobiographie-copie (comme je tenterai de l’exposer plus tard). de la perte. La première." Or. En définitive. plusieurs langues. "le discours produit (par la littérature "beur") n’est ni une doléance à l’ancien état colonial ni une complaisance à la vision exotique du Maghreb : c’est une voix active. ce qui n’est pas le cas pour le concept de Deleuze et Guattari. interpellative et revendicative de la place du citoyen dans la société française" . Le trait constitutif dominant de cette littérature romanesque est son matériau. elle ne peut se superposer entièrement à l'une ou à l'autre d’entre elles. car une littérature minoritaire n'est pas nécessairement l'expression d'une minorité. essaie de dépasser en se créant un autre espace. à l’espace ou à toute autre appartenance. Or." Dans cette définition. écrivaine migrante.La littérature beur n’est pas non plus une littérature minoritaire. puisque Dubois ajoute que "l’institution n’est cependant pas indifférente à leur existence puisqu’elle a besoin des productions qu’elle minorise en les considérant comme inférieures. Bien que ce terme pose problème à cause de ses nombreuses acceptations selon le rapport au temps. même si la littérature beur implique aussi une valeur collective.. [18] L'autobiographique et le transitoire Je me propose dans la suite de ce travail de me pencher sur deux caractéristiques principales. a été désapprise. La définition de Dubois convient seulement en partie à la littérature beur. plusieurs pays. [17] Finalement. font du français un usage maternel. D'où la nécessité d'un terme qui puisse rendre compte de sa condition fondamentale. plusieurs imaginaires avec des expérimentations formelles pour donner de la cohérence à cette multiplicité ou à ces clivages. pour mieux valoriser la 'bonne littérature'". certes. "diverses" resterait à préciser. De plus. cependant. [16] La littérature beur ne peut être considérée comme postcoloniale.] le fait d'être à cheval sur plusieurs cultures. Il existe deux raisons qui obligent à prendre fortement en compte l'autobiographique (pour ne pas dire l'autobiographie) dans le corpus beur. la littérature beur n’est "mineure" qu'au sens de "jeune". le sujet beur n’a ni émigré ni immigré. Il ressort cependant que "minoritaire" semble synonyme de "minorisée". aucune trace de cela dans la littérature "beur" dont la production révèle une mémoire du pays d’origine fictive et un solide ancrage dans "l’Ici". mais qui aussi. [15] La littérature beur relèverait-elle alors de la littérature migrante ? On entend par ce terme que le sujet écrivain a émigré d’un lieu d’origine vers un autre lieu. à savoir l'autobiographique et le transitoire dont le lien même marque le fondement d'une littérature naturelle. Engendrée dans les faits par une double généalogie culturelle. ne maîtrisent que le français. des origines. sa teneur autobiographique. hésite à la reconnaître. une littérature se positionne dans un rapport d’ex-colonisé-colonisateur. rechigne. Leur langue de départ. dans leur très grande majorité. elle ne présente pas nécessairement un aspect autobiographique fondamental et prospectif dont il sera question dans la deuxième partie de ce travail. celle du pays des origines et celle du pays d'accueil. écrit Dubois. Or.. il ne couvre pas non plus la littérature beur dont les auteurs. Par ailleurs. dans le canon littéraire "national" ne va pas sans réticence. De plus la littérature migrante est une écriture du deuil. c'est . celui de "l'identité de traverse" qui est celle où les écrivains "assument au niveau conscient [. je pars du principe néanmoins que pour être postcoloniale. [13] [14] Si on se penche à présent sur le concept deleuzien de "littérature mineure" . sont des productions diverses que l’institution exclut du champ de la légitimité ou qu’elle isole dans des positions marginales à l’intérieur de ce champ. l’arabe. Considérons donc comme "littérature naturelle" toute littérature produite dans une marge par une minorité identifiable dans un contexte culturel dominant qui refuse. est une voie d'urgence nécessaire . fondamentalement autobiographique. ni de sujet . plus réel. à un moment de crise. jamais il ne perd sa coloration affective ni les désirs confus qui l'obligent à se camoufler. en lui s'opèrent une catharsis et une thérapie . C'est ce qui instaure non pas un "pacte autobiographique" mais bien plutôt une signature autobiographique collective. Celui-ci en effet est composé d’un "noyau primitif" reposant sur le motif de l'enfant trouvé ou du bâtard qui. celui de leur vie justement. famille. Ce qui ne veut pas dire que ce corpus manque de drôleries et de tendresse. enfermement et. car il fait naître un individu nouveau. tous ces jeunes écrivains en fait." Le roman beur est un récit de vie (re)construit par un bâtard ici culturel. son contenu est constant et il arrive à un moment de crise pour contrer une illégitimité.. On ne peut perdre de vue que le roman beur. face à une crise dont il "décline le quotidien" (Paré) dans l'exclusion. Mais en disant la même chose. la marginalisation. les écrivains beurs sont tous encore jeunes. en s'inscrivant surtout dans les paramètres de l'ici et du maintenant. étant pour la plupart analphabètes. sans mentionner le fait que le protagoniste porte parfois. en un mot plus persuasif . de près ou de loin (plutôt de près que de loin). est généralement le récit de toute une vie plus ou moins déjà derrière soi. accède grâce à l'écriture au rang de cette mémoire collective dont a été privée la génération des parents. C'est un acte vital. Le récit de sa vie libère des affects jusque-là contenus et responsables d'un traumatisme dû à une condition sociale et à une situation historique. délinquance. le rejet. n'avaient pu écrire leur vécu. enfin. Il reste cependant que la structure du parcours de chaque protagoniste principal résonne d'un roman à l'autre comme une copie presque conforme. école. Mais ce récit de reconstitution de soi. comme dans Le Gone du Chaâbad'Azouz Begag. celle du Beur : origines. bidonville. l'autobiographique de la littérature naturelle a également valeur compensatrice : ceci rappelle de près la notion du "roman familial" signalé déjà plus haut. Elle se présente bien plutôt . désœuvre ment. Ainsi. [19] Dans une littérature naturelle. inscrivent leur histoire pour ne pas disparaître comme leurs parents sans trace écrite. ni de personnages. par définition rétrospective et/ou introspective. qu'un seul livre. errance. car.]. composée d'un ici français (récit premier) et d'un ailleurs maghrébin (récit second/secondaire ?). [20] En outre. Or. qui est celle d'une collectivité. il fait acte de mémorialisation . ce qui s’est constitué en lui. En revanche les enfants issus de cette immigration. tous ces récits individuels deviennent une histoire commune. rendent leur récit plus autobiographique que fictionnel. Tout comme le "roman familial". banlieue. La littérature naturelle. se construit son "roman familial" sous forme d'un "patron" dont le "récit peut varier sensiblement selon le cas et passer par différents degrés de développement. l'autobiographique est une donnée essentielle parce que faire le récit de sa vie n'est pas un prétexte. "affirme l'être historique et une appartenance à un moment culturel spécifique qui font qu'il existe de bonnes raisons pour dire ce que nous disons et pour le dire comme nous le disons. Ainsi l'écriture autobiographique. ils révèlent une vérité de la fiction. mais jamais ne change de décor. comme tout roman.que tous les romans. à ce jour. son histoire. de sorte que sa monotonie apparaît liée à une nécessité première [. ont pour référence le milieu social d'où sont issus les écrivains eux-mêmes. Certains auteurs de cette génération n'ont écrit. cherche à saisir puis à établir un moi dans son identité culturelle éparse. [21] Dans le même temps le Beur instruit son propre dossier .. L'autobiographie. plus substantiel. en rassemblant toutes les pièces nécessaires dans le récit de sa vie. C'est pourquoi je dirai que l'autobiographique. Leurs récits d'un passé/présent sont bien plus une mise en perspective afin de mieux répondre à un futur. pris individuellement. qui s'auto-perçoit et dit ainsi ce qu'il pense être sa vérité propre. en prenant la plume. à la différence de l'autobiographique. le prénom de l'auteur. chaque roman est un simulacre fictif. ni raconter leur histoire eux-mêmes. naissance. Ces derniers en effet." La deuxième raison est que tous ces romans racontent la même histoire avec quelques variantes. les tensions sociales et historiques. une seule histoire. pour une littérature naturelle. mais pris dans leur ensemble. prend pour une littérature naturelle un autre sens. quête. est en soi un acte d'auto-légitimation. C'est d'ailleurs pourquoi la littérature de l'immigration maghrébine en France est inexistante à proprement parler. Jusqu'aux années 80. une fable biographique conçue tout exprès pour expliquer l'inexplicable honte d'être mal né. L'œuvre de fiction de ces romanciers intègre "l'autre" comme moyen de se questionner. Par ailleurs.comme un tronc primaire mais primordial sous l’écorce duquel le passé se réconcilie et le futur se balise. Dans son essence.] au déchirement qu'en se réfugiant dans un monde plus docile à ses voeux. voire réduit dans son réel et plus encore dans son imaginaire propre. Il reste que dans les trois formes de discours (journalistique. C'est pourquoi une littérature naturelle se révèle par là-même aussi un acte pragmatique qui. en devenant sujet qui se raconte. les Beurs. le post-colonialisme. sociologique. troisièmement. L'autobiographique vaut avant tout comme un point d'ancrage et de repérage d'une identité beur d'abord à la dérive. avaient fait l'objet de reportages journalistiques et d'études sociologiques. quatrièmement. sans histoire il ne peut y avoir de projection dans l'avenir immédiat. mal loti. Guy Hocquenghem (L'Amour en relief). trace les enjeux pour demain . C'est ainsi qu'il en vient à se raconter des histoires. de repenser aussi le colonialisme et son pendant. car sans mémoire. l'enfant trouvé/le bâtard "n'échappe. [écrit Marthe Robert. le Beur passe de la situation d'objet du discours à celle de sujet du discours . tout en ébauchant la question de la francité. il dépasse sa condition première d'objet aphasique . dans ce dernier. je ne suis pas un citoyen de second ordre) qui ne vont pas sans rappeler l'un des aspects de la négritude qui consistait à renverser les termes d'un système logocentrique. pourrait-on dire. [22] [23] Il y aurait donc un récit de vie double. Le roman beur autobiographique projette le sujet dans une situation concrète de prise de conscience. de transition. la vie du présent et celle en devenir. Un individu donc à venir et dont la biographie serait paradoxalement à lire en palimpseste derrière celle qui nous est racontée. Son caractère transitoire quant à lui se compose de quatre temps qu’il est nécessaire de décomposer. romanesque). mal aimé" . je ne suis pas aphasique. Marie Cardinal (L'Amant) . moins le passé) . autrement dit en choisissant de rêver. particulière et fondamentale avec la situation sociale et historique dans laquelle il a été conçu et enfanté. en prenant la plume. de questionner le même. Cela se présente comme un récit "en doublure". elle est aussi mémorielle (surtout en ce qui concerne le présent." A cet égard. Premièrement. donc se situant encore à un moment de passage. Lorsqu'à partir . Il reste néanmoins que la littérature beur à ce stade annonce un individu à venir. [24] Avant d'aller plus loin. ou plutôt une histoire qui n'est rien d'autre en fait qu'un arrangement tendancieux de la sienne. en mémorialisant le passé mais surtout le présent dont elle fait un lieu de mémoire . le Beur était médiatisé. en disant par là le transitoire de sa situation. son écriture prospective doit être appréhendée comme mode de réponse aux conditions particulières qui lui ont donné le jour et face auxquelles il profile la silhouette d'un individu à venir. à savoir l'autobiographique par définition rétrospectif). Car. résumons ce qui a été établi jusqu'à présent de la littérature beur. deuxièmement. Le récit de vie est avant tout une écriture mémorielle prospective. donc se situant dans le transitoire. cette littérature beur se fonde sur des affirmations à tournure négative (je ne suis pas votre objet. Reste bien sûr à savoir si cet individu. car le bâtard "est plus engagé dans le temps. ce dépassement le positionne dans une situation de ruptures . Le Clézio (Désert) . qui est la projection d'un désir réel. dans le même temps. des auteurs français se sont intéressés à cette communauté en l'inscrivant dans leur fiction : Tournier (La Goutte d'Or) . en construction. considérée comme littérature naturelle : elle est fondamentalement autobiographique (son aspect autobiographique est "manifeste") . il dit. Cette question fera l'objet également d'un autre travail. l'émergence et la mort de sa littérature en tant que littérature naturelle. le texte [naturel] entretient une relation très étroite. n'est pas finalement l'expression d'un idéalisme et par conséquent une autre regénération des mythes du "roman familial". seconde génération issue de l'immigration maghrébine en France. elle est enfin prospective (malgré la nature du genre dans lequel elle s'inscrit. A partir du moment où le Beur se (re)présente dans son vécu au sein d'une société dominante. [25] Ainsi donc. Nombreux en effet sont les titres de romans qui portent des prénoms arabes : Zeïda de nulle part (L. Charef.des années 80. pour rencontrer les autres membres de la famille. romanesques) médiatisaient un vécu impersonnel. 1985). pour des raisons déterminées de l'extérieur (service militaire par exemple pour les garçons). 1983). exil des parents. C'est à cet égard que l'ouverture sur l'extra-textuel se laisse lire moins comme une confrontation agressive que comme un processus de dépassement au cours duquel le protagoniste enfant ou adolescent comprend qu'il lui faut des moyens stratégiques lui permettant de défragiliser sa situation. gibier du policier. C'est-à-dire que. le texte beur apporte une valeur ajoutée propre aux autres textes écrits sur les Beurs. Par ailleurs. le Beur est le seul à régler la circulation de la parole pour mieux la partager. Beaucoup de passages en témoignent. comme par exemple être parmi les premiers en classe ou changer plus tard de nom . Il s'agit de s'ouvrir aux identités en présence et d'échapper avant tout à la tension identitaire et à l'aliénation dont le sentiment de honte. En ce sens. le Beur. mais en termes d'identification et donc d'auto-construction d'une identité qui se "collectionne" et puis se "bricole" dans le sens où l'on fait du nouveau. Mais dire qu'il a eu honte. pour entrer en littérature. elle se fait toutefois du dedans. 1985). le Beur semble déclarer la sentence nulle et non avenue. de médiatisé se faisait médiateur. Le retour au pays d'origine participe également au processus de dépassement. Les A. Cette valeur collective est à repérer à mon sens et de prime abord dans les titres mêmes des romans. Cet espoir pourtant sera toujours . Kettane. Cette illégitimité renvoie l'identité beur à un hors-lieu comme en témoignent encore de manière évidente certains titres de romans : Zeïda de nulle part. Houari. Begag. non pas en termes d'identité à proprement parler.I du "Tassili" .." Dans cette mise en texte. mais toujours avec le secret espoir de pouvoir s'y adapter. il ouvre nécessairement son texte à un extra-textuel déterminé par un avant mais surtout par un après de l'arrivée des parents en France : colonisation. dans un contexte souvent conflictuel. C'est dans cette première étape que le sujet sort alors de son ghetto pour entamer une négociation quant à son devenir dans la société dominante dans laquelle il vit et va choisir de vivre. la condition d'illégitimité. cette littérature naît d'un traumatisme identitaire. Mais à partir du moment où le traumatisme se fait écriture. distancié. dans le dossier qu'il instruit et qui est le sien propre. "la mise en texte [. délinquance. guerre. est le premier symptôme. une représentation. du neuf avec de l'ancien. ils le font par curiosité.] soustrait 'ma vie' au document gibier de l'historien.N. Le Thé au harem d'Archi Ahmed (M. Nationalité : Immigr (é)e . Ce voyage. Par besoin urgent de se dire "en direct". sociologiques. le texte d'expression beur devient médiateur d'un vécu individuel à valeur collective. Béni ou le paradis privé(A. intégrisme. Le Sourire de Brahim (N. pour enfin fouler une terre si proche et si lointaine à la fois. il semble que le roman beur soit une réponse à l'un d'eux en particulier : le rejet. politiques. pour narrer l'individu et la collectivité dans leurs diverses petites histoires. le moi s'en dégage. Mais ce hors-lieu prend chez le Beur la forme d'un non-lieu au sens juridique du terme. elle aussi. contrairement aux parents. même si la représentation de leur réel reste. Alors que les autres textes (journalistiques. Presque tous les protagonistes principaux font au moins un séjour "au pays" qu'ils ne connaissaient pas si ce n'est par les médias français ou les bribes de récits transmis par les parents. Le Harki de Mériem (M. 1989). Ils marquaient par là un passage fondamental de leur statut : d'objets de discours ils se font sujets de discours . En effet.. Dans ce cortège de traumatismes. Dans ce processus on ne s'enferme pas dans une identité ou dans une autre qui se prétendrait homogène. présent dans la presque totalité du corpus. anonyme. Charef. c'est pour le Beur déjà sortir de l'aliénation. [26] [27] [28] Dans son contexte. C'est cette négociation aussi qui constitue le dépassement. les Beurs commencent à prendre la parole c'est pour se raconter. racisme.. mais également une confrontation indirecte avec tous les pré-textes.. les deux côtés de la Méditerranée contestent ou refusent à la génération "beur" une identité établie : pour les uns (Français) et pour les autres (Maghrébins) ils sont les immigrés ou les émigrés tout simplement. Celle-ci n'est pas seulement une médiation du "moi" par moi. à la fiche d'état civil. 1989). Si tous reviennent en France. pour coïncider avec soi-même. vouloir aussi retrouver des références. Cette rupture n'est pas un détachement. selon l'expression d'Albert Memmi. leur silence sur leur échec parental ? L'autobiographique. la honte. Le voyage dans le pays des origines devient la révélation d'une appartenance à l'ici et à l'ailleurs où il ne s'agit pas de choisir une identité. celles-ci s'effectuent par rapport au pays de naissance et/ou d’adoption mais d'abord et avant tout par rapport aux parents. Par là il manifeste une "oppositionnalité". à se rassembler pour se ressembler. pour s'inventer . Vouloir récupérer des "racines" dans un patrimoine plus large. [38] La rupture s'évalue également à l'attitude de cette deuxième génération face au trauma des parents (colonisation. Mais elle ne va pas non plus sans ruptures . ils ne la vivent pas de la même manière. L'histoire de leurs origines n'est pas l'unique ancrage de leur présent. il ne faut pas oublier. prendre position dans l'un ou dans l'autre espace c'est devoir abandonner une partie de soi. Ce qui constitue le . par conséquent. illégitime : "[. pour d'autres. ainsi. une unité de soi par-delà le naufrage. [29] [30] [31] [32] Refusant dès lors de se situer dans l'entre-deux. aurait-il été possible au Beur d'écrire son histoire et celle des siens avec "aussi peu de pudeur" ? Cette pudeur est celle que commande la tradition orientale et dont la conception s'est éteinte au cours du processus de transculturation auquel les parents sont restés étrangers. voire de la traîtrise. place l'individu dans le système de pensée occidentale où le genre est né et s'est développé . C'est pourquoi on serait en droit de se poser la question suivante : si les parents n'avaient pas été analphabètes. après avoir erré dans un slalom identitaire. Si les enfants souffrent en effet de la situation de leurs parents. mais plutôt de garder du "sens" pour la culture d'origine dans un contexte d'intégration plus ou moins réussi" . ne nous laissons plus faire par les Arabes et par les Français. le Beur se libère "impunément" des contraintes d'une conception orientale de ce qui ne se dit pas. comme l'a rappelé Hélène Cixous. même si parfois résonnent des accents de ressentiment. voire dans aucun lieu défini. le Beur situe lui-même la distance . ni "de mettre au diapason deux cultures différentes à force égale. hostile à toute exhibition du privé. dénoncer certaines pratiques (à l’égard des filles par exemple ). de dissiper des mythes. Le Beur aurait-il pu ainsi mettre "en vitrine" le malaise de ses origines. par écrit. surtout par le retour aux origines. encore moins une désertion. en faisant de sa littérature un lieu de passage. [33] [34] [35] [36] [37] La première de ces ruptures est l'aspect autobiographique lui-même. sa misère et surtout celle de ses parents ? Aurait-il eu le cou-rage de leur laisser lire leur impuissance. de renouveler des contrats. relève de l'insolence. la misère. Ainsi. il y a "vouloir". le retour est un nouveau départ "à la recherche de positivités" et avec une prise en charge de leur "bâtardise" . il entame une procédure de structuration de soi pour sortir de ce qui le figeait dans un lieu ou dans l'autre. exil). Rendre public. au sens où l'entend Ross Chambers. Elle est prétexte à la connaissance de soi pour aujourd'hui et demain dans le lieu de leur existence. parce qu'il arrive "un moment où l'analyse la plus fine ne peut plus distinguer entre ce qui m'appartient et ce qui me vient d'ailleurs" . la perte de l'autorité paternelle. coïncider avec ce qu'on est déjà devenu. La société orientale en effet est plus que réticente. Ainsi. c'est-à-dire une pratique de détournement du discours des deux communautés qui le rejette dans un espace bâtard. que dans "en vouloir à". [39] [40] Enfin. Car.déçu . ne se dévoile pas. si ce n’est celle de deux angoisses schizophréniques. sa honte (et sa honte d'avoir eu honte). dans la distance. La rupture s'inscrit dans cette volonté de se définir avec ses composantes propres pour pouvoir avancer sans entraves." Cette pratique de l'oppositionnalité permet aussi de se re-concevoir. trouver une relocalisation hors de tout discours homogénéisant l’identité.. guerre. Mais ils en reviennent réconciliés car. dit par là-même le transitoire de sa condition et par conséquent celui de sa littérature. c'est s'auto-mutiler ou se condamner à la division constante de son être. Ceci constitue une "démarche volontariste" qui vise.]nous avons une identité non reconnue.. de se relever. car "oppositional practices help us to maintain some sense of dignity and personhood" . le Beur parvient par son écriture à intégrer "francité" et "arabité" dans un nouvel espace dissident qui dit la légitimité d’un "dedans-dehors". le Beur. luttons pour la réobtenir. [43] [44] [45] [46] [47] [48] Contestée dans sa présence et dans l’expression de son existence. elle va dans le même mouvement en consommer la mort. cette génération d'écrivains réunit dans son roman autobiographique les raisons de sa légitimité. donnant une impression de 'bavardage' : [. Toronto. Par ce geste.] alternative à la crise de communication dans une société où la 'marge' n'est plus écoutée par le 'centre'" . c'est-à-dire en tant que littérature naturelle. Les écrivains beurs que l'édition refuse pour leur non-conformisme au "témoignage". cette notion pourrait s'avérer utile chaque fois qu'un espace dominant signifie une illégitimité à l’expression littéraire d’une communauté de destin. se tournent vers d'autres moyens d'expression . à la reconnaissance duquel ce texte participe. et surtout d'un espace culturel donné. A l’exemple de Fanon qui refusait d’être l’esclave de l’esclavage. ce n'est pas tant en raison du passé et du présent eux-mêmes qu'en raison de ce qui doit en advenir. Cette notion s'applique à la littérature "beur" . Sandra et Leslie BOLDT-IRONS.. Par ailleurs. [41] [42] Conclusion Ce qui fait que la littérature beur a eu une fin de non-recevoir pour un "passeport littéraire français". c'est le moment où il se fait sujet du discours. Son acte est une confrontation. commence déjà à changer . interpelle un destinataire à venir . les recueille pour les ouvrir vers leurs possibilités. Il y aurait encore à développer et/ou à critiquer son "esthétique de la saturation [qui] favorise une parole volubile. . car elle n'est certes pas dénuée de toute poétique ou de toute considération esthétique. c’est en définitive son manque de cette "littérarité" que Charles Bonn définit comme "un recul ludique par rapport à des discours qui préexistent et qui pourront être retravaillés par le texte. aurait forcément d'autres thématiques parmi lesquelles la composante maghrébine ne sera pas toujours aussi prégnante car "un texte existe en effet d'abord comme faisant partie d'une littérature donnée. une négociation et un engagement car. Ed. Exilés. tout comme les écrivains des "littératures de l'exiguïté". On pourrait par exemple se demander si les écrivains issus de l'immigration au Québec ou en Allemagne ont produit une littérature naturelle. comme le souligne Abdallah Mdarhri-Alaoui. entamant ainsi un processus de dépassement qui va le conduire à engager des ruptures. si l'autobiographique reprend le passé et récite le présent. Toutefois. marginaux et parias. même si cela n'est pas le cas. par une reprise du moi dans sa totalité du passé et du présent. la classification aujourd’hui. elle refuse d’être l’esclave d’une histoire passée et présente.passage.). C'est cela qui fait de cette littérature une écriture prospective et transitoire. donc par voie de conséquence vouée à disparaître à court terme en tant que telle. qui traduit à mon sens une autre forme d'oppositionnalité. elle attend également "ses critiques attentionnés" ." Mais. pour certains auteurs beurs. Bibliographie Ouvrages critiques et théoriques BECKETT. si cette littérature "attend son écrivain". Enfin. 1994. comme discours du sujet collectif. comme en témoigne déjà par exemple sa "poétique du prospectif" qui. car tout en ayant permis l'émergence de la littérature beur. les écrivains beurs "mettent toute leur énergie et toutes leurs ressources dans le travail primaire de la littérature" pour éclairer une zone de mutisme. L’émergence et la mort presque simultanées sont le fondement d'une littérature naturelle. tout comme l'écriture féminine autrefois jugée aussi à l’once du témoignage. Le Beur qui continuerait à écrire. La première est interne. il faudrait naturellement en vérifier les prémisses sur d'autres corpus dont le contexte de production serait similaire afin d'en déterminer l'usage. C'est cette situation même qui va s'avérer paradoxale en soi. l'autobiographique." La deuxième raison est externe au texte. du GREF.. Ceci pour deux raisons. En réactivant les moments antérieurs significatifs. (éds. ils consignent déjà la mort de la littérature beur en tant que telle. Paris. Research Institute for Comparative Literature.BENCHEIKH. CHAREF. 1996.G. Collection L'Univers des discours. LARONDE. 1972. Martine (dir. L'Interculturel : pluridisciplinaire.). KESSAS. Bern/New york. Mehdi. Paris. TADJER. IMACHE. No longer a family affair : the foreignborn-writer of French Canada. 1983. BOUKHEDENNA. Paris.F. Le Seuil. –––––––. SEGARRA. Régine. Paris. 1986.). Christine. Paris. Nordir. 1984. Coll. Berg. Barrault. Littératures émergentes/Emerging literatures. L'Institution de la littérature. 2. 1991.). MATHIEU. Pointe -de-L'Eglise. 1989. ROBERT. Akli. Le Préambule. DUBOIS. "Etudes littéraires maghrébines". Convergences et divergences dans les littératures francophones. Tassadit. Ottawa. Secrétariat d'Etat.N. Ferrudja. BELGHOUL. 1989. Littératures en milieu minoritaire et universalisme. Librairie A.). Réflexion BONN. Chicago and London. Room for maneuver : Reading (the) Oppositional (in) Narrative. L’Harmattan. 1987. Ontario. Point kilométrique 190. (éds. 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Arnold (éds. Journal "Nationalité : immigré (e)". CALLE-GRUBER Mireille et ROTHE. PURDY. Université Paris X-Nanterre. Michel. (éd. 1990. Plang. L’Harmattan. Paris. Paris. 1° semestre 1999. n° 27. Tous droits réservés. Copyright L'Harmattan et Université Paris 13. L'Harmattan et Université Paris 13. Jean-Luc.YACINE. Sommaire du volume Commander le volume Page d'accueil du site Limag (Littérature maghrébine) Communiquer avec le responsable du site . L'Escargot. Extrait de la revue Itinéraires et contacts de cultures. 1986. L'Harmattan. 1993. Coll. Ibid. p. en quête de réponse.). sous la direction de Martine Mathieu. 1986. Flaubert et le Pignouf. d’autres paramètres viendront la bousculer. Kafka : Pour une littérature mineure. Paris. après avoir permis de rendre concret. Ainsi se définit précisément l’exiguïté : dans le déni d’accès à l’Etre et aux discours ontologiques". Régine Robin. Actes du colloque de Bordeaux (22-23 mai 1994). 17. in Littératures autobiographiques de la Francophonie. Université de Ste-Anne. à se stabiliser jamais ne se fige et que même si elle y parvient. Charles Bonn. 1992. Charles Bonn. p. parce que le "système de classement ne permettait pas de faire l’inventaire des marginalités. 1972. dir. l’ontologie s’est manifestée comme un processus inavoué d’exclusion de tout un discours. manifestant ainsi une évolution d’attitude et une force de discernement nouveau qui donne à comprendre que l’identité qui commence à se chercher. qui correspondait aux frontières linguistiques de la pensée issue de la fin du XVIe siècle. . Ed. Ibid. dir. Le roman mémoriel : de l’histoire à l’écriture du hors-lieu. No longer a family affair : the Foreignborn-writer of French Canada. Les Littératures de l'exiguïté. comme par exemple à la littérature dite "néo-québécoise" (ce qui reste à voir). Hargreaves. p. 42. éd. jugé circonstanciel ou accessoire. 34 Gilles Deleuze et Félix Guattari. 1996. Jacques Dubois. Régine Robin. Secrétariat d’Etat. Labor/Fernand Nathan. 29 : "Un énoncé peut facilement devenir une réponse à un besoin. in Etudes littéraires maghrébines : Littératures des Immigrations : 1) Un espace littéraire émergent. Ibid." Francois Paré. 46. Grasset. p. s'il est permis plus tard d'appliquer ce concept (littérature naturelle). Nordir.. 1996.. p. L'Harmattan. Ibid. Farida Belghoul. Roman des origines et origines du roman. Les littératures de l’exiguïté. "La pratique de l'universel". Minuit. Presses Universitaires de Vincennes. No 7. sous la direction de Martine Mathieu. p. il ressort que celle-ci semble être réfutée par les écrivains . 34. Paris/Bruxelles. "Place de la littérature "beur" dans la production franco-maghrébine". 222. dir. 1972. in Littératures des Immigrations : 1) Un espace littéraire émergent. comment dans ce cas concevoir le corpus produit par des Québécois de souche italienne. "Combien d’heures ai-je passé à errer dans des bibliothèques sans trouver ce que je cherchais. p. 11. L'Harmattan. Maurice Lamothe.. c1984-c1992. 28 : "En ce sens. 44. Alec G. p. Paris. 24. Les Lieux de mémoire. Paris. Paris. "Un Québec pluriel". Abdallah Mdarhri-Alaoui. p. Pierre Nora (dir. Ibid."L'autobiographie maghrébine et immigrée entre émergence et maturité littéraire. comme si elles avaient pour but ultime de faire parler l’écriture". p. comme émanant d'une minorité "visible"? Philippe Dufour. in Actualité de l’Emigration. Ses énoncés ont un sens biographique. p. Actes du colloque de Bordeaux (22-23 mai 1994). 1996. 9 : "Car la 'Littérature'. Joseph Mélançon. p. Il se produit une sorte de conjoncture interne où le sujet épistémique. "La fiction identitaire dans l'écriture migrante au Québec : présentation liminaire". Charles Bonn. 207. Ce qui n'est pas le cas de la France. 1996. Collection l’Univers des discours. p. Paris. de nommer une réalité historico-politique. p. L’institution de la littérature. Ibid. telle qu’on l’enseigne dans nos universités et nos collèges. 1989. p. Actes du colloque de L'APLAQA. Roman des origines et origines du roman.[1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] [22] [23] [24] J'emprunte l'expression à Ronald Sutherland. 1975. in Littératures autobiographiques de la Francophonie. p. 54. in Littératures en milieu minoritaire et universalisme. 74. Marthe Robert. 1986. "La littérature issue de l’immigration maghrébine en France : une littérature mineure?". 168. mais ils ont une fonction thérapeutique". 1996. L'expression "minorité identifiable" a été préférée à celle de "minorité visible" pour deux raisons : "minorité visible" est spécifique au Canada "muticulturaliste". Hearst (Ontario). citée par Laurence Joffrin. "Etudes littéraires maghrébines" No. elle est ressentie aujourd’hui comme une ghettoïsation. 11 mars 1987. p. Par ailleurs. rencontre le sujet linguistique qui répond au thérapeute. On sait toute la valeur thérapeutique que détient un récit de vie sur le divan d'un psychanalyste. Montréal. "Témoigner d’une condition". est le produit d’à peine cinq pour cent de l’humanité". François Paré. ou l'énigme de la reconnaissance". p. Marthe Robert. Grasset. le préambule. 226. 25 : "L’oralité est toujours présente en elles. Ottawa. p. c'est-à-dire acquérir une fonction dans un autre ordre d'occurrences. Gallimard.7. quelles qu’elles soient?. Même si dans un premier temps cette deuxième génération s’est attribué la dénomination de "Beurs". 34. 19. Mustapha Bencheikh. Les A. p. La mauvaise foi. mais quand j'aurai les moyens et quand je serai plus sûr de moi. et "Tassili" est le nom du paquebot de voyageurs qui fait la traversée entre Marseille et Alger. Parce que franchement. ou l'enigme de la reconnaissance. dans une cité de HLM comme il en existe des milliers. "Place de la littérature 'beur' dans la production franco-maghrébine". faut avouer que ça sert strictement à rien de s'appeler Ben Abdallah quand on veut être comme tout le monde. Le Gone du Chaâba.. 60-61 Abdallah Mdarhri-Alaoui. L’Escargot.I du "Tassili". préférant se consacrer au cinéma et à l'animation.N.. En témoignent déjà aussi La Force du berger (Genève : La joie de lire. peuples de bâtards. p. La scène judiciaire de l’autobiographie.] J'ai failli lui dire qu'il était sans doute plus étranger que moi. Je prendrai André par exemple. 20 : "Eh oui! je suis heureux de partir de "chez moi" pour rentrer "chez moi". Régine Robin.] Qu'Allah me pardonne. L'Harmattan." pour Arabes Non Identifiés qui rappelle l'acronyme O. et son auteur n'a fait paraître aucune autre oeuvre de cette envergure depuis. p. 1996. p. elle en a des choses à dire. in Littératures maghrébines : L'Interculturel. Paris. 207 : "Les écrivains se tournent vers d'autres genres que le roman. Abdallah Mdarhri-Alaoui. c'est de réduire la femme à l'état où elle est. 1991) et Jordi ou le rayon perdu (Genève : La joie de lire. p. p. L'Harmattan. 168.."Pour nous. de mettre une croix sur l'Algérie. valises en main et angoisse dissimulée dans le fond de leurs poches.". in L'Interculturel : Réflexions pluridisciplinaires. paru chez le même éditeur. cit. Room for manoeuver : Reading (the) Oppostional (in) Narrative. 28. Loc. Il est significatif que le premier roman de Yacine. Georgette! de Farida Belghoul. 43-44 : "Mais il [le professeur] m'avait quand même traité d’étranger devant toute la classe.... j'ai décidé de changer de peau.. p. Un lecteur souhaitant acheter à la FNAC les romans d’Isaad les cherchera en vain sur les rayons marqués "Littératures turque/arabe/Moyen-Orient" (où se trouvent d’autres écrivains issus de l’immigration). Gisèle Mathieu-Castellani. Les A. p. Diane Pinto. p.6. 153 : "[. 106. qui connaît apparemment un succès moindre alors que sa qualité est meilleure.. Loc. "L'interculturel comme nouvelle dissidence". Journal "Nationalité : Immigré (e)". dir. Azouz Begag.[25] [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32] [33] [34] [35] [36] [37] [38] [39] [40] [41] [42] [43] [44] [45] [46] [47] [48] Dans la grande majorité des romans beurs le père travaille pour faire (sur)vivre sa famille mais surtout pour que ses enfants deviennent "quelqu'un". du métissage et du secret". C'était toujours à cause de mon nom. Coll. comme les Français. "Place de la littérature "beur" dans la production franco-maghrébine". 7.G.. amis et que personne n'attend.. 126. 203. p. je ne veux pas de cette arabité" Sakinna Boukhedenna. alors que son dernier roman. la qualité de mes slogans électoraux les avait subjugués. mais dans la séquence étiquetée "Littérature française".N. p. "La faille des origines : de l'autobiographie. [. Signalée par son roman autobiographique dont on vient de parler." Béni ou le paradis privé. 1991. .V. de l'autre côté de la grande bleue. "Forces et faiblesses de l'interculturel".N. Martine Mathieu. 30. Réflexions pluridisciplinaires.I du Tassili. mais ce n'est jamais bon de déstabiliser un prof devant sa classe. "Si la culture arabe. Begag. 1995. p. Il faudra voir si ce destinataire n'est pas en fait double : le Franco-français et l'Arabo-français. "Etudes littéraires maghrébines". 4849. p. 17. A.. Je veux être dans les premières places du classement. 222 : "L'autobiographie maghrébine et immigrée entre émergence et maturité littéraire.N." François Paré. Leïla Houari choisit la nouvelle pour son texte le plus achevé jusqu'ici : Quand tu verras la mer. 27. p. Hargreaves. Op. 58-59 : "Moi je rêvais de devenir maire d'une métropole peuplée d'ANI . 60 : "Depuis quelques mois.. [. p. de grande qualité littéraire dans cette nouvelle production. mes parents. Trop d'interdits. Akli Tadjer. 123 : "Je décidai de partir. p.I. Akli Tadjer. L'Harmattan. "La littérature issue de l’immigration maghrébine en France : une littérature mineure ?". Je n'aime pas être avec les pauvres. Marimoutou de l'université de la Réunion. Fatima Gallaire a choisi le théâtre. cit.." Charles Bonn. ô combien nombreux. in Littératures autobiographiques de la francophonie. Heureux de savoir que. mes amis m'attendent. les faibles de la classe. Les A. Ibid. Paris.N. p. 1992) de A. Paris. Heureux aussi de ne pas faire partie de ceux. Ahmed Kalouaz est plutôt poète." Ibid. Journal "Nationalité : Immigré (e)". Sakinna Boukhedenna.I du "Tassili". 49. C'est que lui et sa génération d'exilés n’ont pas le sentiment d'être des sujets. de tout laisser pour cette fois-ci. Jugez-en : "Votez Omar l'homme sans fard" . je changerai de nom.. p. "A. Les Littératures de l’exiguité.] Parc'que ma vie à moi. p. à redire.. 100. il a été publié par un petit éditeur marginal qui a fait faillite depuis. Diane Pinto. Ross Chambers. p. cit. p. à ma connaissance. Pauvres bougres! Demain matin ils débarqueront à Marseille. par exemple). votez dare-dare Omar le moins ringard. Quand au seul roman." J'emprunte cette dialectique à Jean-Claude C." Ibid. Ils ne sont pas non plus dans le champ "Immigration/Racisme" (où l'on trouvera Benaïcha." Akli Tadjer. publiés dans la collection "Littérature de jeunesse" simplement. p. The University of Chicago Press. et à s'inventer. No. figure dans la collection Voix d’Europe. parents. 1995. qui ont dû quitter pays. en banlieue parisienne. avait été publié par L’Harmattan dans la collection Ecritures arabes.I..
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