LIBE Vend 13 Janv 2012

March 19, 2018 | Author: Константин Стеганов | Category: Hamas, Same Sex Marriage, Gaza Strip, Homosexuality, Jordan


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LU I S G R A Ñ E N A J E A N ­ M I C H E L S I C O T LES FRANÇAIS TRAVAILLENTMOINS QUELES ALLEMANDS? C’ESTVITEDIT… PAGE 19 PAGES 2­4 Tunisie, le premier anniversaire de la liberté REPORTAGELe parallèle est saisissant. Le 14janvier 2011, devant le ministère de l’Intérieur, une foule en colère criait «dégage!» à Ben Ali. Mercredi, 2000 à 3000 personnes se sont à nouveau réunies devant le sinistre bâtiment. Pour, cette fois, acclamer le nou- veau patron des lieux, Ali Larayedh, qui a passé quinze années en prison. «Le peuple est avec le mi- nistre de l’Intérieur», «le peuple veut la purification du ministère», ont chanté les manifestants, des par- tisans d’Ennahda pour beaucoup. Juché sur une table, mégaphone à la main, le ministre s’est adressé à la foule : «Nous œuvrons pour instaurer une sécurité républicaine qui ne sera au service d’aucune mouvance politique ni de personnes mais plutôt au service de l’intérêt public.» PAGES 6­7 2012, riche en vendredis 13 Jour béni (oumaudit) des superstitieux, le vendredi 13 se représentera enavril et enjuillet enplus d’aujourd’hui. Untriplé pas si fréquent. PAGES 26­27 Selonnos informations, lePrésident s’apprêterait àinscrirelemariagehomosexuel dans sonprogrammedecampagne. Mariagegay Sarkozy tentépar leoui Freeboxon dans le mobile Bouygues, Orange et SFRtentent de répondre aux offres à bas prix dunouvel opérateur, qui bouleversent tout le secteur. PAGES 16­17 •1,50 EURO. PREMIÈRE ÉDITION N O 9540 VENDREDI 13 JANVIER 2012 WWW.LIBERATION.FR IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,20 €, Andorre 1,50 €, Autriche 2,80 €, Belgique 1,60 €, Canada 4,50 $, Danemark 26 Kr, DOM 2,30 €, Espagne 2,20 €, Etats­Unis 5 $, Finlande 2,60 €, Grande­Bretagne 1,70 £, Grèce 2,60 €, Irlande 2,35 €, Israël 19 ILS, Italie 2,20 €, Luxembourg 1,60 €, Maroc 16 Dh, Norvège 26 Kr, Pays­Bas 2,20 €, Portugal (cont.) 2,30 €, Slovénie 2,60 €, Suède 23 Kr, Suisse 3 FS, TOM 410 CFP, Tunisie 2,20 DT, Zone CFA 1 900 CFA. Des couples mariés en Californie. En Europe, sept pays reconnaissent le mariage entre homosexuels. PHOTOS MARKRALSTON.AFP ET JUSTINSULLIVAN.AFP Nicolas Sarkozy, qui est entrainde définir sonprogramme de campagne, devrait yinclure l’«unioncivile»pour les homosexuels. Lemariagegay fait soncheminàl’Elysée L a décisionn’est pas encore actée. Mais elle va l’être très vite. Selon nos infor- mations, Nicolas Sarkozy va réunir, dans quelques jours à l’Elysée, les principaux collabo- rateurs qui travaillent à son futur programme pour trancher la ques- tiondu mariage gay. Or, pour tous ceuxqui ont évoqué le sujet avec lui ces dernières semaines, il ne fait guère de doute qu’il va y aller. «Sa décision est prise», confirment plu- sieurs députés du premier cercle. «Rien n’est encore fait. Sur ces sujets de société, il se décide en fonction de sonintime conviction, ajoute unpro- che conseiller du chef de l’Etat. Mais il a été toujours très ouvert sur la question». Evidemment, l’Elysée refuse de confirmer l’information. «Le Président ne peut pas avoir tran- ché quoi que soit puisqu’il n’est pas encore candidat», sourit un autre conseiller. Il n’empêche que le dos- sier fait bienpartie de tous ceuxsu- pervisés par JeanCastex, le secré- taire général adjoint de l’Elysée, chargé notamment des questions sociales. «Cela fait des semaines qu’il y travaille. Il est maintenant de- venu un vrai spécialiste», s’amuse un député de la majorité. Cette conversion au mariage ho- mosexuel de Nicolas Sarkozy n’en est pas franchement une. Déjà en 2006, quelques mois avant le début de sa campagne officielle, le futur président avait défendul’idée d’un «contrat d’union civique» et envisagé «l’organisation de cérémo- nies spécifiques et éventuellement dans les mairies» (Libération du 3 novembre 2006). Mais devant la divisionde soncamp, il avait battu en retraite. En charge de la rédac- tionduprogramme 2012 de l’UMP, BrunoLe Maire a sciemment mis de côté tous les sujets sociétaux pour ne pas raviver les divisions au sein de la majorité. «Le but c’était d’abord de nous rassembler, dit-on chez le ministre de l’Agriculture. Et de laisser la porte ouverte au chef de l’Etat sur ces questions.» TACTIQUE. Dans l’entourage de Ni- colas Sarkozy, les avantages et in- convénients duma- riage homosexuel sont soupesés avec beaucoup d’atten- tion. D’abord, l’opi- nion publique y est devenue, en quel- ques années, très majoritairement favorable. Et même dans les rangs de la majorité, les lignes bougent très vite. «Aujourd’hui, environ 40%des élec- teurs de droite soutiennent la me- sure», assure Gaël Sliman, de l’ins- titut BVA. Faire unpas sur ce terrain labouré traditionnellement par la gauche n’est pas pour déplaire à Sarkozy. C’est le retour de la fa- meuse triangulation (tactique qui consiste à piquer un thème, des mots ouunsymbole chers à sonad- versaire) qui avait fait une partie du succès de 2007. Or tous les élus qui ont euà échanger avec le Président sur sa future campagne sont con- vaincus qu’il se prépare à dupliquer la même stratégie. Le projet de faire voter la taxe sur les transactions fi- nancières avant la fin du mois de février participe clairement dudis- positif. L’autre gros avantage du mariage gay, c’est qu’il ne coûte rien. «En période de crise économique et sociale profonde, nous devons faire des pro- positions assez fortes en matière de libertés publiques», admet uncon- seiller de Nicolas Sarkozy. Or, comme en matière de sécurité et d’immigration, le Président sortant s’apprête à assumer tout ou partie du virage droitier de son ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, il ne reste plus beaucoup d’espace pour humaniser un peu son image. Restent les inconvénients. Il va sans dire que la nouvelle fera hurler une grande partie de la Droite popu- laire, toujours prompte à monter au créneau. Et donc réactivera la ma- chine à division. Mais, il y a politi- quement beaucoupplus grave. «Ce Par GRÉGOIREBISEAU L'ESSENTIEL LE CONTEXTE Le Président n’a pas encore tranché, mais selon nos informations, le mariage gay pourrait figurer dans son programme. L'ENJEU En adoptant une telle mesure, Nicolas Sarkozy pourrait braquer une partie de l’électorat traditionnel de la droite. «Enpériode de crise économique et sociale profonde, nous devons faire des propositions assez fortes enmatière de libertés publiques.» Unconseiller deNicolas Sarkozy EN 1999, LE PACS La première mouture du Pacte civil de solidarité est rejetée en octobre 1998 par l’Assemblée en raison d’un nombre insuffisant de députés PS présent. Un nouveau texte est présenté puis définitive­ ment adopté en octobre 1999. REPÈRES MARIAGE GAY, CE QUE VEUT FAIRE LE PS Pour le Parti socialiste, l’objectif est clair: «Pour assurer l’égalité des genres et des familles, nous ouvrirons le droit au mariage et à l’adoption pour tous les couples», explique­t­il dans son programme présidentiel, sous la rubrique «Rassembler les Français et retrouver la promesse républicaine». Fin juin 2011, la gay pride était organisée à Paris sur fond de revendication politique et de présidentielle à venir. Le slogan était «Pour l’égalité, en 2011, je marche, en 2012, je vote». A cette occasion, Libération du 25 juin consa­ crait sa une au mariage gay LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 2 • EVENEMENT Par VINCENTGIRET Saugrenue A l’Elysée, un conseiller du prince désigne pudiquement cette idée-là comme un «sujet Libé»… On ne saurait bouder son plaisir à voir ainsi l’esprit de notre quotidien souffler dans des lieux aussi inattendus, ou même hostiles. Qu’importe que cet homme de l’ombre présage un peu vite qu’en matière de mariage, vieille institution bourgeoise, Libé se comporte en propagandiste zélé…Mais voilà, la droite et son favori, poussés par une nouvelle génération d’élus, discutent de l’opportunité de briser un sacré tabou: le mariage homosexuel. Le premier réflexe, après l’effet de surprise, est de voir dans cette révolution culturelle un nouvel avatar de la fameuse «triangulation», une stratégie politique dont Nicolas Sarkozy s’est fait l’expert : reprendre à son compte une proposition de l’adversaire pour tenter de capter une clientèle électorale. A supposer qu’il existe –hypothèse aussi saugrenue que surréaliste– un «vote homosexuel». Mais les promoteurs de cette vraie «rupture» ont sans doute en tête une préoccupation plus honorable: la reconnaissance d’une mutation de la société et la volonté de donner enfin le signe tangible d’une modernisation idéologique de la droite. Car en matière de mœurs, la vérité veut que la droite française figure encore parmi les plus conservatrices. En Espagne, pays catholique s’il en est, où affleure encore un machisme tenace en politique, cette mesure a été adoptée depuis belle lurette avec un large soutien de la population. A défaut de révolution, il serait plus approprié de parler, pour la droite française, d’une remise à niveau, qui ne semble toujours pas aller de soi. ÉDITORIAL Depuis le Pacs, l’UMPa compris qu’elle devait changer. Adroite, une évolution sous pressionpolitique P asionaria anti-Pacs, Christine Boutin avait englouti du miel et des pâtes pour tenir le coup, dégainé sa Bible dans l’hémicycle, et prononcé unréquisitoire de cinq heures contre le texte. C’était il ya plus d’une décennie, à l’Assem- blée nationale, lors du débat sur le Pacte civil de solidarité (Pacs) ouvert auxhétéros comme auxho- mos. Dans les rangs de la droite on entendait : «C’est un retour à la barbarie»(Philippe de Villiers, MPF). «Lanationn’apas àencourager les déviances» (Bernard Accoyer, UMP). «Pourquoi pas avec des animaux de compagnie ?» (François Vannson, UMP). Aujourd’hui, plus personnenecontestecette unionqui a séduit plus d’unmillionde personnes. Et Christine Boutinn’a pas rangé sa Bible, mais ses propos ont changé. Le tonaussi. «Aujourd’hui, il faut surtout ne pas avoir l’air homophobe», soulignait Louis-Georges Tin, président ducomité Idaho, qui organise chaque année la journée contre l’homo- phobie, la veille de la gay pride parisienne. Ringarde. Enréponse à l’offensive d’une partie de la gauche –avec la célébration d’un mariage gay à Bègles par Noël Mamère en2004–et pour ne pas avoir l’air trop ringarde, c’est même la droite qui a amélioré certains aspects du Pacs et proposé de légiférer contre les propos homophobes. ABercy, Nicolas Sarkozy, convaincuque soncamp s’était caricaturé lors duvote de la loi, aligne le ré- gime fiscal des pacsés sur celui des mariés. Dans la foulée, le Pacs explose. En 2007, candidat à la présidentielle, Sarkozy dit reconnaître «l’amour homosexuel»et fait quelques promesses de cam- pagne (comme une unioncivile réservée aux ho- mos) abandonnées depuis. Mais il continue à aimer se voir en briseur de tabou. En juin dernier, à l’Assemblée, nouveau débat. A l’initiative du PS, l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe est examinée en séance. Dans le calme. Les ténors de droite les plus viru- lents se font discrets alors que le gouvernement, par la voix du garde des Sceaux, Michel Mercier, rappelle que le mariage est «une institution», «un symbole social». «Interpelle». Le texte est repoussé, sans surprise. Mais la propositionde gauche est soutenue par dix membres de la majorité, dont le président duParti radical, Jean-Louis Borloo, et ses lieutenants, Lau- rent Hénart et Yves Jégo, ainsi que Jean-Christophe Lagarde (NouveauCentre). FranckRiester, 37 ans, député UMPde Seine-et-Marne est l’und’eux: «La société évolue, les députés doivent le percevoir, ça les interpelle ; ma position n’est pas majoritaire, mais j’ai toute liberté pour la défendre», confie-t-il le jour du vote. Roselyne Bachelot, ministre de la Cohésion sociale, se montre même convaincue: «Un jour, le mariage entre personnes du même sexe existera dans notre pays.»Aujourd’hui, Chantal Jouanno, Jean- nette Bougrab ont fait leur coming out en faveur du mariage gay. Tout comme Nadine Morano, porte-voix gayfriendlyde Sarkozy. Dominique de Villepin pense aussi que «nous devons évoluer». Le mariage s’est ouvert aux couples de même sexe aux Pays-Bas, en Belgique, en Espagne, en Nor- vège, en Suède, au Portugal, en Islande…Al’ex- ceptionde la Suède, ces pays étaient alors dirigés par la gauche. Mais des députés de droite ont eux aussi voté pour le mariage homo. En France, la droite et Nicolas Sarkozy ne peuvent ignorer qu’une grosse majorité de Français yest favorable. CHARLOTTE ROTMAN genre de mesure peut braquer com- plètement une partie de notre électo- rat, glisse unconseiller duChâteau. Même s’ils sont peu nombreux, on risque de ne plus les revoir.» Et de rejoindre demainle FN. Comme le futur candidat est tout juste en train de consolider son socle de premier tour, cette fuite serait pour le moins dangereuse. «Le risque serait d’en faire un sujet majeur; les classes populaires touchées par la crise ne le comprendraient pas», poursuit ce conseiller, qui enparle comme un sujet typiquement «gauche Libé». «ÉGALITÉ». Pure coïncidence, Benoist Apparu, le ministre duLo- gement, et une dizaine de ses amis quarantenaires de la majorité ont révélé hier un premier recueil numérique de propositions (Chapitre2012.fr). Députée de la Seine-Maritime et secrétaire natio- nale de l’UMP chargée de l’Ensei- gnement supérieur, Françoise Gué- got y défend justement «l’Union civile», qui s’adresserait au couple de même sexe, et qui serait «offi- cialisée en mairie, comme le mariage et entraînerait une égalité fiscale, so- ciale et patrimoniale totale». Exacte- ment ce que proposait Sarkozy en 2006. «Mais attention, celan’engage que moi», dit Guégot, qui dit n’avoir jamais évoqué le sujet avec le chef de l’Etat. Mais à l’Elysée, on est parfaitement au clair sur cette union civile. «Elle peut poser un problème constitutionnel, explique un conseiller, puisque cela revien- drait à réserver à certains citoyens une disposition législative précise.» Le signe, en tout cas, que tout est finprêt pour le passage à l’acte. • A P «Unjour, le mariage entre personnes dumême sexe existera dans notre pays.» RoselyneBachelot ministredes Solidarités A F P «La société évolue […]; ma positionn’est pas majoritaire, mais j’ai toute liberté pour la défendre.» FranckRiester député(UMP) deSeine­et­Marne A F P «Je crois que nous devons reconnaître que le mariage […] peut être noué […] entre deux personnes de même sexe.» DominiquedeVillepin ancienPremier ministre LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 • 3 Au-delà dumariage, c’est le droit à adopter et à exercer une autorité parentale conjointe qui compte. L’adoption, l’ultime crispation J usqu’où iront les élus UMP? S’ils évoluent (lentement) sur la question du mariage gay, du moins dans sa versionédulcorée d’unioncivile, ils res- tent dans leur immense majorité réfractaires à l’idée d’autoriser l’adop- tion par des couples homosexuels. Ou à faciliter la filiationdes parents homo- sexuels. Le verrousemble loinde sauter. Parent légal. Et pourtant, il existe une forte demande en ce sens. En France, l’adoption par des couples de même sexe –ou le recours à la procréation médicalement assistée–reste interdite. Du coup, de 40 000 à 100 000 familles homoparentales peinent à se faire re- connaître comme «vraies» familles. Adoptés encélibataire, conçus encopa- rentalité, issus d’insémination artifi- cielle ou d’unrecours à une mère por- teuse, les enfants n’ont, aux yeux de la loi, qu’un seul parent légal. Un fort courant conservateur, au sein de la droite, va même à contre-courant de l’évolution des mœurs, et voudrait revenir sur la possibilité pour uncéliba- taire (homoouhétéro) d’adopter unen- fant, undroit pourtant ouvert depuis… 1966! C’est le cas de Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démo- crate, qui demande explicitement l’in- terdiction de l’adoption par une per- sonne célibataire. Beaucoup, à l’UMP, ne sont pas loinde penser comme elle. «Avoir deux parents de sexe différent est unbienélémentaire de l’enfant», écrivent les députés Hervé Mariton et Anne Grommerch, dans un récent rapport parlementaire sur la famille. Autrement dit, l’adoptionpar une personne céliba- taire doit rester l’exception. Et, si un enfant peut être adopté par un couple ou par un célibataire, la priorité doit être donnée au couple. Monnaie courante. Preuve que les es- prits restent crispés lorsqu’onaborde le sujet, 23 députés de la majorité ont dé- noncé, à la mi-décembre, la récente dé- cisionduparquet de Bayonne de recon- naître une autorité parentale conjointe à uncouple homosexuel. C’est une «une régression des droits de l’enfant», ont-ils estimé. Les signataires ont exigé dumi- nistre de la Justice, Michel Mercier, «qu’il réaffirme clairement l’interdiction d’adopter en France pour les couples de même sexe». Aux Etats-Unis, le débat se déroule à fronts renversés : l’adoption par les couples homosexuels est monnaie cou- rante et ne choque plus grand monde, tandis que le mariage gayn’est autorisé que dans six Etats et rencontre encore une forte résistance dans les milieux conservateurs. É.L. Pour Didier Lestrade, fondateur d’Act Up, la droitisationdes homosexuels est le fait d’une générationdevenue plus individualiste et moins militante. Les gays virent-ils à droite? I l y va fort, c’est son tempé- rament. «Nous connaissons un changement sans précé- dent: les années 2000 voient l’instrumentalisation de la cause LGBT [lesbiennes, gays, bi, trans, ndlr] contre d’autres mi- norités. Les gays contre les Arabes et les Noirs. C’est la pre- mière fois que cela arrive dans l’histoire gay.» La charge se trouve page 59 de Pourquoi les gays sont passés àdroite (1), le nouveau livre de Didier Les- trade. La démonstration est teintée de colère et de provoca- tion. Du succès de Marine Le Penà celui de Caroline Fourest, Didier Lestraderelèveles symp- tômes d’une«droitisationdumi- lieu gay». Et raconte l’appari- tiond’un «homonationalisme». «Raciste». Sonanalyse, «écrite au feeling mais argumentée», confie-t-il, va déranger. «Alors que les gays de ma générationont grandi avec l’espoir de voir l’ho- mosexualité rassembler les hommes et les femmes de toutes les origines […], le “choc des ci- vilisations”, concept importé des Etats-Unis, et l’idée de la “fin du multiculturalisme à l’euro- péenne” ont libéré une parole raciste chez les gays.» Didier Lestrade, 53 ans, est un moraliste. Chroniqueur musical, fondateur d’Act up, en1999, sé- ropositif, écrivain, devenu un «guide spirituel»de la «commu- nauté», avant de s’aliéner une partie des gays endénonçant le relapse et la baise sans préser- vatifs, il a l’impressionque son devoir est «d’offrir aux autres quelques repères historiques». Dans son essai, Di- dier Lestrade retrace la montée en puis- sance en Europe d’une«nouvelle forme d’extrême droite, qui réussit le tour de force d’être tout à la fois xénophobe et pro-gay». Pim Fortuynaux Pays-Bas, néopo- puliste et homo, puis Geert Wilders en ont été l’avant- garde. Asa manière, Marine Le Penjoue sur les mêmes cordes. Elle «drague» les gays. Leur «fait de l’œil pour les attirer sur le terrain de la critique de l’is- lam». Extrait d’un discours de la candidate FN(à Lyon, endé- cembre 2010) : «J’entends de plus enplus de témoignages sur le fait que dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même français ou blanc.»Tout enres- tant hostile au mariage homo, elle se modernise. «Le résultat est là, relève Lestrade, les homosexuels se décomplexent face au Front national car le FN s’est décomplexé face aux gays.» Attention, prévient-il, «le nou- veau gay d’extrême droite ne s’habille pas forcément d’une manière paramilitaire», il n’aurait «jamais»rejoint Jean- Marie Le Pen mais sa fille, «no problemo». Pour Lestrade, «les gays et les- biens farouchement anticléricaux et li- bertaires font front commun avec les laïcs les plus durs et se mettent à défendre sans complexe l’Occident libéral et ses valeurs face à l’intégrisme musulman». Ce nouveau front «rassemble une nouvelle généra- tion de gays et lesbiennes qui n’a jamais été intéressée par la lutte contre le sida» et a abandonné «l’idée politique communau- taire». Consumérisme. En 2007, au soir de l’électionprésidentielle, au Cox, bar couru du Marais gay, on célèbre la victoire de Sarkozysur «la folle»Ségolène. «C’est le genre d’ambiance qui marque une communauté», écrit Lestrade. Bien sûr, l’activiste de gauche le reconnaît lui-même, il y a toujours euet il y aura toujours des gays de droite. Mais il dé- nonce une élite gay planquée dans des placards dorés, obsé- dée «par ses privilèges, sonpres- tige, sonargent». Et symptoma- tique de «l’individualisme et du consumérisme forcenés qui gagnent peu à peu la commu- nauté». De toute façon, regret- te-il avec fracas, «s’engager est devenu ringard». Pour lui, «la réapparitiond’une homosexualité de droite est très clairement associée àce refus catégorique du comingout». Il le déplore: «On a cessé de penser que le fait de s’affirmer en tant qu’homosexuel était le moteur du changement et de la pensée gay.» CHARLOTTE ROTMAN (1) Aparaître début février (Seuil). H E R M A N C E T R I A Y Dans le Marais, à Paris, certains homosexuels ne verraient dans unmariage gayversionUMPqu’une tentative de séductionélectoraliste. «Sarkozyredorerait sonimage» A u cœur du très gay Marais, à Paris, voici l’OpenCafé: plafondenvahi de boules à facettes, musique house en fondsonore. De grands écrans vantent des soirées pectoraux. De jeunes serveurs, les cheveux hérissés, tee-shirt près du corps, s’activent. William, 36 ans, doudoune et jeans, connaît aumoins cinq personnes de sonentourage qui voteront pour Marine Le Pen. Avant, ils soutenaient la gauche parce qu’elle portait des «revendications contre l’ordre établi». Aujourd’hui, être gay est plus banal. «En 2007, j’ai voté Nicolas Sarkozy aux deux tours, mais il nous a bien entubés: plus comme citoyen qu’en tant qu’homosexuels» explique William. Malik, 20ans, encarté à l’UMP et «pédé comme un phoque», croit savoir que «les homos aiment lathune et sont des fils à papa. D’ailleurs, l’UMPest un parti où il y a plein d’homos». «Bobo». A la table voisine, Emmanuel, 50ans chef d’entreprise marseillais, caban et cheveuxgrisonnants, émargeauModem, après unpassagepar lePS, oùMitterrandl’a «libéré» : la dépénalisation des relations sexuelles a constitué, à ses yeux, un«signal fort pour la communauté». Ce patronconsidère qu’avant, être gayétait «très bobo, gauche caviar» alors qu’aujourd’hui, une partie de la commu- nauté, «très arriviste», veut à tout prix réussir, être dans le business. «Sur le planélectoral, onexagère lacohérence de cette communauté. Il n’y apas de spécificité du vote gay, estime DavidValence, homo- sexuel, professeur d’histoire à Sciences-Po et responsable vosgienduParti Radical. Si Sarkozy propose le mariage gay, il ne récupé- rerarienennombre de voix. Enre- vanche, il redorera son image.» Stéphane Dassé fait le même constat. «On ne vote pas en fonction de son orientation sexuelle.»Mais pour ce militant UMP, «quand vous vous prenez dans les gen- cives des agressions répétitives de la part de la Droite populaire, vous en prenez acte». Pour JérômeBeaugé, porte-paroled’uncol- lectif luttant contre l’homophobie au tra- vail, les gays sont comme les autres, ni plus ni moins: «Il y a très peu d’espoir, à gauche ouàdroite de nous faire sortir d’une crise mon- diale. Les gays sont prêts à tout, y compris à se porter sur des votes extrêmes». Guillaume Defraiteur, 19ans, étudiant à Sciences-Po, originaire d’une famille de droite «au cou- rant»de sonhomosexualité, s’estime«pro- fondément libéral et opposé àl’interventionde l’Etat dans la société». Selonlui, l’accepta- tiondeladifférencedépend«des personnes, pas des convictions politiques». Nicolas Sarkozya été «ouvert, progressiste, réforma- teur. Il a compris que l’homosexualité n’était ni de gauche ni de droite». Pour autant, il ne pense pas que cette proposition«rapproche la communauté gay de Nicolas Sarkozy», la gauche proposant aussi le mariage homo- sexuel dans sonprogramme. «Celavaplutôt le couper d’électeurs de droite fondamentale- ment opposés à cette proposition. Il va perdre des voix.»Et puis, pour Guillaume, ça de- vient deplus enplus faciled’être«juste gay, comme tout le monde, libre, sans s’inscrire dans un groupe pour se défendre». «Dupes». Emmanuel Blanc, président de Gay Lib, mouvement associé à l’UMP, en reste persuadé. «En l’absence de proposition forte à droite, les gens n’accorderont pas leur vote». Pour Frédérique, 59 ans, cadre de la fonctionpublique, les électeurs ne sont pas «dupes» : ce mariage finira au cimetière des «promesses non tenues». DIDIER ARNAUD, MARGAUX LANNUZEL et ELSA SABADO «La réapparitiond’une homosexualité de droite est très clairement associée à unrefus catégorique ducoming out.» Didier Lestrade REPORTAGE LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 4 • EVENEMENT Quotient familial : les exemples trop partiels des ministres «J’ai pris l’exemple d’uncouple qui gagne 3500euros par mois. Il paie 1275euros d’impôt. Il a deux enfants. Si l’onsuit la propositionduParti socialiste […], il paiera désormais 2614euros d’impôt, soit 1400euros de plus –100%d’impôt de plus!» ValériePécressemercredi, àl’Assembléenationale A près une journée de matraquage contre la réforme du quotient familial, la majorité a tenté mercredi de passer à la phase pédagogie. Et les ministres ont donc dégainé leurs exemples pour montrer à quel point le projet socialiste est «dangereux». Sur France Info, le matin, c’est Nadine Morano, ministre de l’Ap- prentissage, qui a sorti sa fi- che : «Pour une famille de professeurs certifiés ga- gnant chacun 2 240 euros bruts de salaire et 330 euros d’heures sup- plémentaires –parce que François Hollande veut aussi supprimer les heures supplé- mentaires… [Pour] ce couple avec deux enfants, la perte de pouvoir d’achat sera de 919euros par an.» L’après-midi, à l’Assemblée nationale, Valérie Pécresse avait préparé un cas voisin: «La seule question que se posent les familles de France, qui sont évidemment inquiètes, c’est qui va payer combien», a démarré la ministre duBudget et porte-parole du gouvernement, avant d’en- chaîner : «J’ai fait un petit calcul. J’ai pris l’exemple d’un couple qui gagne 3500 euros par mois. Actuellement, il paie 1275 euros d’impôt. Il a deux enfants. Si l’on suit la propo- sition du Parti socialiste telle qu’elle nous a été présentée, il paiera désormais 2614 euros d’impôts, soit 1400 euros de plus –100%d’impôts de plus! Et je ne vous dis pas ce qu’il paierait s’il faisait trois, qua- tre, cinq enfants… Alors non au matraquage des classes moyennes!» D euxexemples voisins, et deux fois, le même «oubli» d’une partie de la réforme socialiste. Les deuxministres parlent de fa- milles semblables –le couple d’enseignants deNadineMo- rano gagne unpeumoins de 3600euros net. Partons donc de l’exemple de Valérie Pé- cresse. Avec le simulateur d’impôt de Bercy, onobtient e x a c t e - ment les chi f f r e s annoncés par la ministre: ce couple paie 1275euros; si on enlève le bénéfice du quo- tient familial, il paiera 2614euros. Ce «petit calcul» serait donc juste… si la ré- forme consistait à supprimer totalement ce dispositif fiscal sans le remplacer. Or, cela n’a jamais été le projet duPS. D’ailleurs, Valérie Pécresse a de la chance d’avoir assez d’éléments pour «suivre la proposition du Parti socia- liste», et entirer unchiffrage aussi précis alors qu’aucune modalité n’est arbitrée. Après deuxjours de déclara- tions parfois confuses, Fran- çois Hollanderésumait mardi soir à l’AFP: «Je ne veux pas supprimer le quotient familial […]. Mapropositionest de mo- duler le quotient familial pour qu’il puisse être plus juste pour l’ensemble des familles […]. Ceux qui ne paient pas d’im- pôts recevront un crédit d’im- pôt.» Ce que les ministres devaient savoir au moment de leurs déclarations. Une simulation de crédit d’impôt est justement faite dans l’étude du Trésor citée par les Echos lundi et qui a relancé le débat sur le quo- tient familial. A rendement constant, le crédit d’impôt universel serait de 607euros par enfant (et concernerait également les familles aujourd’hui nonimposables, qui ne bénéficient pas du quotient familial). Du coup, l’exemple des ministres est beaucoup moins percutant. La perte pour le ménage dé- crit par Valérie Pécresse tombe ainsi à environ 125euros, ce qui est moins impressionnant. Et contrai- rement à ce que dit la minis- tre, plus ce couple aura d’en- fant, plus il a intérêt à la réforme: à partir de quatre, il est même bénéficiaire. Et s’il y a peut-être de bons ar- guments pour défendre le quotient familial actuel, tor- dre les propositions de réfor- mes adverses n’est sans doute pas le meilleur. GUILLAUME LAUNAY INTOX DÉSINTOX DÉSINTOX A L A I N B R I L L O N peugeot.fr Le week-end à ne pas rater pour bien démarrer l’année. PORTES OUVERTES LES 14 ET 15 JANVIER * Somme restant à payer pour l’achat (1) d’une 308 Access 1,4L VTi 98ch, (2) d’une 207 Access 1,4L e 75ch 3 portes, (3) d’une 107 Access 1,0L essence 68ch 3 portes neuves et (2) (3) en stock, hors option, déductions faites d’une remise de (1) 2 860 €, (2) 2 410 €, (3) 1 010 € et du bonus écologique de 100 €, sur le tarif Peugeot 12A conseillé du 2 janvier 2012, et d’une prime reprise Peugeot de (1) (2) 1 600 €, (3) 1 300 €. (4) Prime Reprise Peugeot pour la reprise d’un véhicule de plus 8 ans destiné ou non à la casse. (1) (2) (3) Offres non cumulables réservées aux particuliers, valables du 2 janvier au 29 février 2012, pour toute commande d’un véhicule Peugeot neuf livré avant le 29 février 2012 dans le réseau Peugeot participant. * Ouverture le dimanche selon autorisations préfectorales. Consommation mixte (en l/100 km) : (1) 6,3 ; (2) 6,3 ; (3) 4,5. Émissions de CO2 (en g/km) : (1) 144 ; (2) 145 ; (3) 103. LIBÉRATION • 248 x 163 mm • FU • Q • Remise le 10/01/2012 • Parution du 13/01/2012 pgi • BAT • … 107 à partir de Bonus écologique de 100 € déduit et sous condition de reprise (4) 7 290€ (3) 207 à partir de Sous condition de reprise (4) 8 890€ (2) 308 à partir de Sous condition de reprise (4) 13 990€ (1) PEUG_1201036_PQN_308_207_107_PO_248x163.indd 1 10/01/12 14:14 LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 • 5 Ennahda construit sonpouvoir àtâtons Unanaprès le départ de BenAli, les islamistes aupouvoir tentent d’asseoir leur légitimité, ferraillant contre les médias d’opposition. Par ÉLODIEAUFFRAY CorrespondanteàTunis L e parallèle est saisissant. Le 14 jan- vier 2011, devant le ministère de l’In- térieur, une foule encolère criait en chœur «Dégage!» à Ben Ali. Mer- credi, quasiment un an après, 2 000 à 3000 personnes se sont à nouveau réunies devant le sinistre bâtiment. Pour, cette fois, acclamer le nouveau patron des lieux, Ali Larayedh. «Le peuple est avec le ministre de l’Intérieur», «le peuple veut la purification du ministère», ont chanté les ma- nifestants, essentiellement des partisans de la formationislamiste Ennahda. Le ministre s’est avancé vers les barbelés qui empêchent toujours d’approcher de l’immeuble. Juché sur une table, mégaphone à la main, il s’est adressé à la foule: «Nous œuvrons pour instau- rer une sécurité républicaine qui ne sera au ser- vice d’aucune mouvance politique ni de person- nes, mais plutôt au service de l’intérêt public.» ÉPURATION. Le nouveauministre, qui a passé quinze années enprison, a annoncé mardi la mutationde Moncef Laajimi, haut cadre du ministère de l’Intérieur. Une décisiontrès at- tendue, en particulier par les familles des martyrs de Thala et Kasserine: elles accusent Moncef Laajimi d’être l’un des principaux responsables de la répressiondans ces deux villes, qui ont payé unlourdtribut à la révolu- tion. Le procès de Laajimi est encours, mais le mandat d’amener contre lui n’a jamais été exécuté. Pis, il a été nommé à la tête des Bri- gades d’ordre public (BOP), les CRStunisiens. Sa mise à l’écart semble relever d’une volonté d’épuration. Pourtant, Ennahda, contraire- ment à son partenaire de la gauche laïque Moncef Marzouki, n’a pas fait campa- gne sur une rupture radicale. La mobi- lisationdevant le ministère a fait avor- ter celle des BOP, qui avaient prévuunsit-in, aumême moment, contre la décisionde leur ministre. Depuis sa victoire aux élections du 23 octo- bre, et surtout depuis l’entrée enfonctiondu gouvernement de coalition fin décembre, Ennahda peut compter sur ses sympathisants pour soutenir son action et sa légitimité à gouverner. Mobilisés via Facebook, ils étaient là ennovembre, devant le siège de l’Assem- blée constituante, pour faire contrepoids aux partisans de l’opposition, venus réclamer des garanties démocratiques. Ils étaient encore là lundi, lorsque des journalistes et des ci- toyens se sont élevés contre des nominations à la tête des médias publics. Car Ennahda a encore inquiété lorsque, en pleinweek-endet sans consulter personne, le Premier ministre, Hamadi Jebali, a an- noncé ses décisions, notamment la désigna- tionde thuriféraires de l’ancienrégime. De- vant le tollé, il a promis de réviser certains choix. Ridha Kéfi, journaliste reconnuet pa- trondusite Kapitalis, tacle: «Au mieux, c’est une erreur due à l’inexpérience. Au pire, c’est une tentative de passage en force. Mais mainte- nant, le gouvernement sait que la liberté de la presse est une ligne rouge.»Le journaliste est d’autant plus énervé que l’instance pour la réforme de l’information, dont il est mem- bre, avait émis une série de recommanda- tions pour que les nominations à la tête des médias publics «sortent du cercle des affinités politiques». CHÔMEUR IMMOLÉ. Ennahda multiplie les attaques envers les médias, qu’elle accuse d’être partiaux à sonégard, ce qui n’est pas entièrement faux. Mais l’animosité de cer- tains semble s’en être trouvée libérée. Un journaliste de la chaîne Nessma, honnie des islamistes, a été agressé pendant la manifes- tationde mercredi. L’affaire a aussi fragilisé les relations avec le parti de gauche Ettakatol, membre de la coalition au pouvoir. Deuxsemaines après sonentrée enfonction, le gouvernement dominé par les islamistes cherche pourtant à asseoir sa légitimité. La tâche est ardue. Lors de ses déplacements à Kasserine et Sidi Bouzid, le président Marzouki a dû couper court à ses interven- tions, face à une foule nonpas hostile, mais impatiente. Le 5 janvier, un chô- meur s’est immolé à Gafsa, le jour de la visite de trois ministres qu’il de- mandait à rencontrer. Le gouverne- ment cherche à calmer le jeu. Marzouki a appelé à une trêve sociale de sixmois. L’exécutif peut d’ailleurs mettre à soncrédit des négociations réussies dans des conflits qui étaient dans l’impasse. Mais les islamistes doivent également com- poser avec les agitations des salafistes, comme à Sejnane (lire ci-contre) ou à la fa- culté de la Manouba, bloquée deuxmois pour demander le droit au niqab et une salle de prière. Achaque fois, Ennahda prenddes po- sitions qui ménagent la chèvre et le chou. «Ils se comportent à l’égard des salafistes comme s’il s’agissait d’une réserve électorale, et ne veulent pas s’en couper complètement», ana- lyse Mohamed-Chérif Ferjani, chercheur dé- taché duCNRSet spécialiste des relations en- tre religion et démocratisation. • RÉCIT «Maintenant, le gouvernement sait que la liberté de la presse est une ligne rouge.» RidhaKéfi journalisteet patrondusiteKapitalis Le ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, s’adresse à la foule de manifestants, surtout des partisans d’Ennahda, qui l’acclament mercredi à Tunis. PHOTOZOUBEIRSOUISSI. REUTERS LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 6 • MONDE Dans cette ville isolée, de jeunes extrémistes ont décidé de faire appliquer la charia. ASejnane, laissé aux mains des salafistes L a bourgade de 5000 habitants se cache dans les belles collines ver- doyantes du nord-ouest de la Tu- nisie. Il faut rouler deux heures trente pour gagner Sejnane depuis la capitale. Le 4janvier, émoi à Tunis: «Sejnane, le premier émirat salafiste en Tunisie», alarme enune le quotidienarabophone le Maghreb. Le journal relate que la petite ville est aux mains d’ungroupe de jeunes salafistes, qui auraient installé untribu- nal et une prison pour punir les actes contraires à la charia. «Sejnane est à eux», pleure un infir- mier, Ali Malaoui. Samedi, il a raconté à une délégationde la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) avoir été présenté le 31 décembre au «tribunal» enquestion, installé selonlui dans le lo- cal du club de foot. Il y aurait subi un «interrogatoire musclé» de quatre- vingt-dixminutes. «Ils m’ont relâché en menaçant de me tuer et de brûler mamai- son si je continuais à révéler ce qu’ils fai- saient.»Car, poursuit Ali, «j’avais porté secours à deux hommes, blessés à la tête à coups de sabre, parce qu’ils n’empê- chaient pas leurs petits frè- res de boire. J’avais aussi écrit aux autorités pour leur demander d’interve- nir». Les témoignages s’égrainent. Parce qu’il «boit du vin», Chiheb a été roué de coups, sa main fracassée. Des habitants disent être contraints à la prière. A la mos- quée, les salafistes ont imposé leur imam, âgé d’à peine plus de 20 ans. Coup de pied. Les salafistes enques- tionseraient une quarantaine, tous jeu- nes, et ont commencé à agir il ya quel- ques mois. Ces dernières semaines, la situationa empiré. Directionles locaux de l’imada, sorte de mairie de quartier entièrement brûlée pendant la révolu- tion. A l’intérieur, Zied et Karim mi- ment leur mise à l’arrêt, une heure et demie durant, dans ce qu’ils appellent «la geôle». «Ils nous ont frappés parce qu’on boit de la bière», explique Karim. La présence de la LTDH a rameuté de nombreux habitants devant le local. Tout à coup, mouvement de panique. Ungroupe de barbus déboule, le temps pour l’un d’eux d’asséner un violent coupde pieddans la caméra ducorres- pondant de France 24, DavidThomson. «Ils m’ont dit qu’il était interdit de filmer dans cette ville», témoigne-t-il. A la suite de l’attaque, des forces de sécurité sont dépêchées par le ministère de l’In- térieur. Quinze salafistes sont convo- qués. «Nul n’est au-dessus de la loi et il n’est pas question de tolérer les abus», fera valoir le porte-parole duministère, HichemMeddeb. Depuis la révolution, pourtant, la ville de Sejnane est livrée à elle-même. Les quatre agents locaux de la garde natio- nale ne font plus peur à personne. Le délégué (l’équivalent du sous-préfet) opère depuis Bizerte, la grande ville la plus proche. Sonbureauest occupé de- puis fin novembre par des dizaines de chômeurs qui réclament des usines et des postes dans l’administration. Plus de la moitié des habitants sont sans em- ploi, dont 800 diplômés du supérieur. Les participants au sit-in, parmi les- quels des salafistes, en sont persuadés: «Le phénomène salafiste est utilisé pour faire diversion par des gens qui ne veulent pas que des investisseurs s’installent ici», ex- plique l’und’eux, qui voit des partisans de l’ancien régime à la manœuvre. «Assentiment». «On est trop fati- gués», lâche Latifa Malaoui, coiffeuse pour dames dont le salonpériclite. Con- séquencedelacriseéconomiqueet «des nouvelles boutiques ouvertes sans autori- sation». Elle raconte «les vols, les problè- mes d’alcool»qui se sont amplifiés cette année. «Les salafistes ont nettoyé la ville de ceux qui boivent et qui volent», se ré- jouit un habitant. «Ils aident les gens à avoir du gaz», renchérit un autre. «La bouteille de gaz est devenue hors de prix. C’est pour cela qu’on a gardé un camion de livraison», explique Abderraouf Ma- laoui, 24 ans, salafiste bonteint, le jean à la mode et la barbe courte, partisan d’un «islam strict» depuis 2010. Pour l’alcool, «quandonvoit quelqu’unqui boit enpleine rue, onessaie de dire que ce n’est pas bien. Mais nous n’utilisons que la pa- role pour convaincre», défend-t-il. D’ac- cord, quelques-uns se sont unpeuem- portés, mais ils avaient été provoqués. «Ce sont des bagarres entre jeunes», ar- gue Abderraouf Malaoui. «Le problème, c’est qu’ici, il n’y a pas de grand cheikh pour encadrer», estime le représentant d’Ennahda, AbidSaidani, qui soutient la versiondes salafistes. Les victimes des brutalités, selon lui ? Des anciens partisans de BenAli, qui cher- cheraient à nuire à Sejnane. Chiheb? «Un drogué.» La geôle? Un local de- venulieude débauche après la chute du régime, que le nouveaumaire a fait fer- mer «à la demande des habitants». Après l’article du Maghreb, une mani- festation a été organisée pour nier l’existence d’un émirat et rappeler le problème de l’emploi. Des vidéos ont été mises enligne pour présenter la ver- sion des salafistes. Abdessatar ben Moussa, le président de la LTDH, prépare un rapport qu’il remettra au gouvernement. Il y écrira qu’«il n’y a pas d’émirat à Sejnane. Mais les salafistes y font la loi, tout le monde le reconnaît. Le problème, c’est que cela se passe avec l’assentiment d’une partie des habitants». E.Au. (à Sejnane) «[J’ai] porté secours à deux hommes, blessés à la tête à coups de sabre, parce qu’ils n’empêchaient pas leurs petits frères de boire.» Ali Malaoui infirmier présentéau«tribunal» salafiste Le ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, s’adresse à la foule de manifestants, surtout des partisans d’Ennahda, qui l’acclament mercredi à Tunis. PHOTOZOUBEIRSOUISSI. REUTERS REPÈRES Tunis ITALIE SICILE Mer Méditerranée 100 km MALTE TUNISIE A L G É R I E Sejnane Il y a un an, le 14 janvier 2011, face à la révolte populaire, le président Zine el­Abidine Ben Ali abandonne le pou­ voir qu’il occupait depuis vingt­trois ans, et quitte la Tunisie. Le 30 janvier, le chef du parti islamiste Ennahda, Rachid Ghannouchi, revient après vingt ans d’exil. Légalisé le 1 er mars, Ennahda rem­ porte le 23 octobre les élec­ tions à l’Assemblée constituante. Le 12 décembre, la nouvelle Chambre choisit le laïc de gauche Moncef Marzouki comme président de la République. REPORTAGE «La pauvreté, le sous-développement, et l’absence d’autorité favorisent le salafisme.» Abdessatar BenMoussa président delaLigue tunisiennedes droits de l’homme 90 sièges ont été remportés par la formation islamiste Ennahda avec 41,4%des voix sur les 217 que compte l’Assemblée chargée d’élabo­ rer une Constitution en un an. DE BENALI À MONCEF MARZOUKI L’université de la Manouba, (à l’ouest de la capitale et symbole de la résistance à l’ancien régime) est fermée depuis trente­sept jours. La décision a été prise le 6 décembre, à l’issue d’un sit­in des défenseurs du niqab (voile intégral) qui a dégénéré en affrontement avec les forces de l’ordre. LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 MONDE • 7 LeHamascherchesonchemin international horsdeDamas Voulant quitter la Syrie, la directionduparti palestinienpourrait s’établir en Jordanie ouenEgypte, oùles Frères musulmans ont remporté les élections. L e chef du bureau politique du Hamas, le parti islamiste pa- lestinien, KhaledMechaal, «a joué ungrand rôle»pour convaincre Damas d’accepter la mission des observateurs en Syrie. Ce sont les paroles il y a quelques jours du se- crétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi. Elles confirment l’aspiration à une reconnaissance internationale du Hamas, qui se sent renforcé par les succès des Frères musul- mans, dont il est issu. Elles symbo- lisent aussi la volonté du bureau politique de trouver uncheminvers la sortie d’un pays qui l’abrite de- puis près de quinze ans. Depuis le début dusoulèvement en Syrie, le Hamas se trouve dans une positiondélicate. Difficile de criti- quer trop fermement la répression d’un régime qui a accordé soutien et protectionsans faille aumouve- ment palestiniendepuis sonexpul- sion par la Jordanie, en 1999. Mais difficile aussi de nier que parmi les opposants à Bachar al-Assad se trouvent leurs acolytes, les Frères musulmans. SADDAMHUSSEIN. «Nous ne vou- lons pas nous tromper de nouveau en misant sur le mauvais cheval comme nos frères l’ont fait pour l’Irak ou au Liban», commente un membre duHamas. Pendant la première guerre duGolfe, les Pa- lestiniens avaient pris le parti de Saddam Hussein et leur engage- ment dans la guerre civile libanaise a conduit à leur expulsiondupays. Par ailleurs, 800000 Palestiniens vivent dans des camps de réfugiés à travers la Syrie, une population que Al-Assadpourrait prendre pour cible encas de faux pas du Hamas. Pour les protéger de l’insécurité qui prévaut aujourd’hui en Syrie, les membres du bureau politique du parti islamiste palestinienont déjà évacué toutes leurs familles de Damas, notamment en direction d’Amman, enJordanie, des pays du Golfe, certains sont même rentrés à Gaza. Il ne resterait aujourd’hui que 20% des membres du Hamas enposte à Damas et leur départ dé- finitif ne serait qu’une questionde semaines. Du coup, les conjectures vont bon train sur le lieu de leur nouvelle installation. Cette semaine, le chef du gouvernement du Hamas, basé à Gaza, Ismaïl Haniyeh, était enTu- nisie, à l’invitation des nouvelles autorités islamistes du pays. Une visite lors de laquelle il a pu mesu- rer la popularité de sonmouvement parmi les partisans du parti Ennahda (lire pages 6 et 7), grand vainqueur des élections tunisien- nes. SelonYoussef Rezka, conseiller politique d’Ismaïl Haniyeh, la ques- tionde l’ouverture du bureau du Hamas à Tunis aurait été «étu- diée» entre Palesti- niens et autorités tuni- siennes, sans apporter davantage de précisions. Le petit pays maghrébina une histoire an- cienne avec les mouvements pales- tiniens : c’est lui qui a accueilli l’OLP de Yasser Arafat après son expulsiondu Liban, en1982. C’est suite à la signature des accords d’Oslo qu’Arafat quitte Tunis pour retourner à Gaza en 1994. Mais la Tunisie est loinde la Pales- tine. Onprête auxmembres duHa- mas l’envie d’installer leur direc- tion politique en Egypte ou en Jordanie. Poser ses valises à Am- man constituerait pour son chef, Khaled Mechaal, unretour enter- rain connu. C’est là qu’il résidait quand, en1997, le Mossadisraélien lui envoie ses agents pour l’empoi- sonner. Une tentative d’assassinat qui échoue et se solde par l’arresta- tiondes Israéliens impliqués. Le roi Hussein, furieux de l’intervention des services secrets sur son terri- toire, menace l’Etat hébreude geler l’accordde paix fraîchement signé et exige qu’un antidote soit remis à Mechaal et que le fondateur du Hamas, le cheikhAhmed Yassine, soit libéré. Mais deux ans plus tard, lorsque Abdallah succède à son père, la politique jordanienne se durcit envers les islamistes palesti- niens, le bureauduparti est fermé, KhaledMechaal expulsé trouve re- fuge en Syrie. Aujourd’hui, la même prudence duroi de Jordanie prévaut à l’égard du Hamas. Son retour pourrait attiser la contesta- tioncontre sonpouvoir endonnant un coup de fouet aux islamistes jordaniens. POPULARITÉ. Mais des bruits cou- rent que le Qatar, qui a largement mis les mains dans toutes les révo- lutions arabes et soutenu les mou- vements islamistes, ferait pression sur Amman pour qu’il accueille le Hamas. Les tenants des négocia- tions? L’entrée de la Jordanie dans le Conseil de coopérationduGolfe, dont le but est l’unificationdusys- tème économique de ses Etats membres et un accord de sécurité intérieure. L’Arabie Saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Emi- rats arabes unis et le Qatar en font partie. La Jordanie et le Maroc frap- pent à la porte de l’organisationde- puis peu. Outre les inquiétudes du roi, l’arrivée de l’aile politique du Hamas à Ammandéplaît fortement au voisinisraélienqui craint que la proximité de Mechaal et ses com- pagnons attise la popularité du mouvement en Cisjordanie. C’est sans doute vers Le Caire que va la préférence dumouvement is- lamiste, émanationdirecte des Frè- res musulmans égyptiens. L’arrivée aupouvoir de ces derniers auCaire leur permet de nager dans des eaux familières. D’ailleurs, dans le cadre des discussions sur la réconciliation palestinienne avec le président MahmoudAbbas, KhaledMechaal et ses collaborateurs se rendent de plus en plus souvent dans la capi- tale égyptienne. Ils pourraient finir par ne plus en repartir. • Par AUDEMARCOVITCH CorrespondanteàTel­Aviv Les membres dubureaupolitique duparti islamiste ont déjà évacué toutes leurs familles. RÉCIT Khaled Mechaal, dirigeant politique du Hamas, près de Damas, en août. PHOTO KHALEDAL­HARIRI. REUTERS 5 millions de Palestiniens vivent actuellement dans les pays ara­ bes. Parmi eux, 800000 sont réfugiés dans des camps en Syrie ISRAËL 50 km Mer Méditerranée Mer Morte Jérusalem CISJ. JORDANIE L I B A N SYRIE ÉGYPTE Gaza Tel-Aviv Damas Amman Le mouvement islamiste palesti­ nien Hamas a remporté la majo­ rité aux élections législatives de 2006, puis pris le contrôle de la bande de Gaza. Le parti continue de prôner la résistance armée contre Israël. Le mouve­ ment est classé terroriste par la plupart des pays occidentaux. REPÈRES «Ce qui est survenuen Egypte, enTunisie, et en Libye, et qui se produit auSoudan, est favorable à la cause palestinienne.» Mahmoudal­Zahar responsable duHamas, le9janvier LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 8 • MONDE Par SONIADELESALLE­STOLPER Lereferendumécossais diviseleRoyaume-Uni «J e crois passionnément que nous sommes plus forts ensemble que sépa- rés», a déclaré hier devant le Parlement le Premier minis- tre britannique, David Ca- meron. Il ne parlait absolu- ment pas de l’Europe mais bien de l’Ecosse, tentée par les sirènes de l’indépen- dance. Le sujet est récurrent. Après tout, l’union entre l’Angleterre et l’Ecosse ne date «que» de troi s cents ans. Sans parler des multiples guerres qui ont agrémenté les relations entre les peuples de la Rose et du Chardon au cours des huit cents années précédentes. Or, voici que le ScottishNa- tional Party (SNP), qui oc- cupe la majorité des sièges au Parlement semi-autonome écossais et prône l’indépen- dance, se pique d’organiser un referendum sur la ques- tion à l’automne 2014. Pas question, a répliqué Came- ron, toute consultation sur l’indépendance de l’Ecosse doit être légalement organi- sée par le Parlement britan- nique à Westminster. Alex Salmond, Premier ministre écossais et finrenard, a quel- que peuricané enexpliquant qu’il était quand même fort de café qu’un Premier mi- nistre anglais et conserva- teur –deuxgros défauts à ses yeux– dicte aux Ecossais la conduite à tenir. Sachant qu’enplus, les conservateurs ne disposent que d’un dé- puté en Ecosse (sur 59). Bref, le Royaume est per- plexe. Et les Ecossais encore plus, puisque selonle dernier sondage Ipsos-Mori, plus de la majorité (54%) souhaite rester membres du Royau- me-Uni, alors que seuls 29% sont en faveur de l’in- dépendance. Ce qui expli- querait pourquoi David Ca- meron privilégie un referendumrapide, histoire d’obtenir un non et d’éva- cuer la question. Alors qu’Alex Salmond souhaite gagner dutemps, pour rallier davantage d’électeurs à sa cause, mais surtout pour ob- tenir un compromis et un transfert accru de pouvoirs, notamment fiscaux, au Par- lement écossais. Depuis 1999, l’Ecosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord disposent de parle- ments régionaux élus semi- autonomes qui gèrent un certainnombre de questions, comme l’éducation ou la santé. Mais la fiscalité, la dé- fense et les affaires étrangè- res restent duressort duPar- lement britannique. • VU DE LONDRES Viktor Orbán, à Bruxelles, à la veille du sommet européen du 9 décembre. GEORGES GOBET. AFP L’ Europe commence fi- nalement à réagir con- tre les dérives autocra- tiques du Premier ministre conservateur hongrois, Vik- tor Orbán. «Nous utiliserons tous nos pouvoirs pour nous assurer que la Hongrie res- pecte les règles de l’Union européenne», a déclaré hier le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui se dit enmême temps encouragé par des si- gnaux montrant que Buda- pest serait prêt «à négocier». Dans l’immédiat, Bruxelles lance une demande de sanc- tions financières contre un dérapage budgétaire jugé ex- cessif: il attein- drait en 2011 6% du PIB au lieu des 3%re- vendiqués par Budapest, qui serait ainsi la première victime de la nou- velle gouvernance budgé- taire en vigueur depuis l’automne. Mais la pression ne se limi- tera pas à cette seule ques- tion. Dès mercredi, la Com- mission était montée au créneauense disant «préoc- cupée en tant que gardienne des traités» par plusieurs points litigieuxde la nouvelle Constitutionhongroise, no- tamment sur l’indépendance des juges, de la Banque cen- trale et de l’autorité de pro- tection des données. Elle se réserve ainsi le droit de «lan- cer des procédures en infrac- tion»qui pourraient à terme conduirelaHongriedevant la Cour de justice de l’UE. Jusqu’ici l’Europe était res- tée quasi silencieuse, d’autant que Viktor Orbán appartient auParti populaire européen, le principal groupe du Parlement de Bruxelles qui compte parmi ses membres une majorité de partis au pouvoir, dont l’UMP française ou la CDU- CSUallemande. Seuls la Fin- lande, le Luxembourg et la France –avec Alain Juppé évoquant sa «préoccupa- tion»– s’étaient jusqu’ici publiquement émus de l’autoritarisme croissant de l’ex-dissident, déjà respon- sable il ya unand’une loi li- berticide sur la presse. «Or- bán est un Chávez de droite», résume Daniel Cohn-Bendit, des Verts européens. Son parti, au côté des socialistes et des libéraux, s’apprête à tenter mardi au Parlement un recours à l’article 7 du traité de Lisbonne, qui per- met de sévir –jusqu’à une suspension du droit de vote au Conseil – contre un pays coupable «de violations gra- ves et persistantes» des va- leurs européennes. C’est le signal politique qui compte car, dans les faits, la procédure est difficilement applicable. Lancée par les députés, elle nécessite que quatre cinquièmes des pays membres admettent qu’il ya un risque, puis leur vote unanime (moins l’accusé) pour entériner la réalité des violations avant de prendre à la majorité qualifiée d’éven- tuelles mesures de rétorsion. MARC SEMO Lire également page 22. Jusqu’ici, seuls trois Etats membres s’étaient émus de l’autoritarisme croissant duPremier ministre hongrois. Bruxellesseréveille faceauxdérivesd’Orbán DIPLOMATIELa Commissiona finalement menacé de lancer des procédures à l’encontre de la Hongrie. CÔTE­D’IVOIRELe squelette exhumé le 6janvier n’est pas celui dujournaliste Guy-An- dré Kieffer, selon des pro- ches du disparu, l’expertise ADNs’étant révélée négative. AFGHANISTANUne vidéo de militaires américains uri- nant sur des cadavres de talibans présumés suscite l’indignation. Une enquête a été ouverte. PAKISTAN Au moins quatre insurgés islamistes du Mou- vement des talibans pakista- nais ont été abattus par des drones américains dans la région du Waziristan. YÉMEN20 combattants ont été tués hier dans des affron- tements entre sunnites et chiites dans le nord-ouest du pays. Dans le même temps, trois militaires sont morts dans le Zinjibar (sud). KENYAAumoins sixperson- nes tuées et trois enlevées dans une attaque des insur- gés islamistes shebab contre un poste de police dans le nord-ouest du pays. ALGÉRIEDétenupendant six ans à Guantánamo, Mabrouk Missaoui a été acquitté par le tribunal criminel d’Alger. Il était accusé de terrorisme. Quelques heures après son lancement, le site de campagne de Vladimir Poutine connaît un succès immense, mais probable­ ment pas celui qu’il espé­ rait. Lancé hier matin en vue de la présidentielle de mars, le site offre notam­ ment un espace dédié aux «propositions des élec­ teurs». Parmi les nombreu­ ses suggestions émises par les internautes, la plus populaire a été postée par Andreï Antonenko, qui appelle au départ à la retraite de Vladimir Pou­ tine. «Demande amicale. Quittez la politique, s’il vous plaît. On le com­ prend, le pouvoir est une drogue, mais [partir] serait une action digne», écrit­il. Au pouvoir depuis 2000, Vladimir Poutine avait quitté son poste au Kremlin en 2008 au profit de son ancien Premier ministre Dmitri Medvedev. Encore donné favori du scrutin présidentiel, Poutine voit cependant sa popularité dégringoler depuis les récentes alléga­ tions de fraude qui ont entaché les résultats des élections législatives de décembre. Depuis, l’ex­of­ ficier du KGB est con­ fronté à une vague de contestation sans précé­ dent. UNAPPEL À LA RETRAITE DE POUTINE L’HISTOIRE LIBERATION • 1/8 page FU • 80 x 126 mm• Paris 12 • Parution 13/01/12 • Remise 10/01/12 LUC - BAG PARIS 12 e . 10, 14, 16, 18, rue de Lyon • PARIS 3 e . 92, 94, 96, 98, bd de Sébastopol • PARIS 7 e . 193, 197, 207, 213, bd St-Germain • PARIS 9 e . Lafayette Maison. 35, bd Haussmann • PARIS 9 e . Le Printemps. 64, bd Haussmann • PARIS 17 e . 52, av. de la Gde-Armée – 5,6, rue Denis-Poisson • ATHIS-MONS.** RN 7 – 12-18, av. F.-Mitterrand • CHEVREUSE.** 90, rue Porte de Paris • COIGNIÈRES.** RN 10 • DOMUS C. Cial** / ROSNYS/BOIS. 16, rue de Lisbonne • MAISONÉMENT C.Cial / BOISSÉNART. ZAC de la Plaine-du-Moulin-à-Vent – Cesson MONTIGNY LES C.** RN 14 – 17, 21, bd V.-Bordier • MONTLHÉRY. RN 20 – La Ville Du Bois • ORGEVAL. RN 13 SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS.** ZAC de la Croix-Blanche – Rue Hurepoix • SURESNES.** 33 et 39, bd H.-Sellier VAL D’EUROPE C. Cial / SERRIS. 1, cours de la Garonne • VERSAILLES. 6, rue au Pain (Place du Marché). ** Magasin franchisé indépendant. Dans tous les magasins Roche Bobois de France aux dates légales. Liste des magasins : N° Vert 0 800 39 52 45. TOUS LES MAGASINS SONT OUVERTS LES DIMANCHES 15 et 22/01. DU 11 JANVIER AU 5 FÉVRIER OLDES 80x126_12.indd 1 06/01/12 «Les membres de Boko Haram, si la justice estime qu’ils ont commis des attaques contre la populationsur la base de la religionoude l’ethnie, pourraient être déclarés coupables de crimes contre l’humanité.» Navi Pillaycommissairedel’ONUauxdroits del’hommeà propos des violences auNigeriacommises par des islamistes LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 MONDEXPRESSO • 9 J-100: l’abécédaire delacampagne La présidentielle s’annonce des plus violentes. Petit précis lexical des mots qui vont faire mouche. Par SERVICESPOLITIQUE et MÉDIAS C ent jours. Dans cent jours exactement, le dimanche 22 avril, 44 millions d’élec- teurs auront à choisir parmi les candidats(e)s les deux qui seront quali- fié(e)s pour le second tour. Quatorze semaines qui promettent d’être riches endébats. Mais aussi encoups bas et en rebondissements. «C’est pas le pays des bisounours, une campagne présiden- tielle», euphémisait, hier, la mi- nistre des Solidarités, Roselyne Bachelot. A l’image du déplacement de Nicolas Sarkozy, hier à Lille, pour présenter ses vœuxauxfonctionnaires. La «tradition républicaine» au nom de laquelle la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a serré la maindu chef de l’Etat s’est appliquée dans sa version la plus polaire. «La République impose à l’oppositioncomme à la majorité de savoir se parler et se respecter», a concluNico- las Sarkozy à l’issue de son exercice d’autosatisfaction sur le thème de la fonction publique. La phrase a fait bondir la première se- crétaire duPS, qui, le matin, avait quali- fié de «honte ànotre République»les pro- pos du président de l’Assemblée nationale sur le «rendez-vous de 2012» qui pourrait avoir «des conséquences comparables àcelles d’une guerre». «Vos derniers mots, faites-les partager à mon- sieur Accoyer!»a-t-elle lancé auprési- dent de la République. Qui a répliqué, hors micro, mais assez fort pour être bien entendu: «Faites-les partager à François Hollande quand il parle de moi.» Avant de concéder: «Je partage votre avis sur Accoyer.» La maire de Lille a pourtant ensuite dénoncé «les contrevé- rités tellement grosses», proférées, selon elle, par le chef de l’Etat. S’attirant ce commentaire du député (UMP) Marc- Philippe Daubresse: «Onal’habitude de sa mauvaise foi, de son intolérance, de son sectarisme.» Ambiance. Le ton est donné. A mesure que l’on approchera du 22 avril, la donne changera-t-elle? Entre l’ombre des af- faires judiciaires, les surenchères popu- listes sur fondde crise, les sondages qui sèment le doute, le tir croisé des snipers de droite et de gauche, sans oublier la tendance à l’emballement suscité par les réseaux sociaux, dont Twitter, les ingrédients semblent réunis pour en douter. Petit abécédaire de ce qui nous attenddans les cent prochains jours.• RÉCIT Dcomme les doigts de la tweeteuse Nadine Morano. JEAN­MICHEL SICOT udiovisuel Cinq minutes de Hollande valent-elles cinq minutes de poutoux, heu, de Philippe Poutou (NPA) ? Radios et télés s’apprêtent à devoir gérer des candidatures aussi gri- santes pour l’audience que celle d’Hervé Morin(NouveauCentre), et ce aurythme de l’entrée envigueur des règles sur le temps de parole fixées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Les petits candidats, eux, attendent avec impatience une exposition aussi forte que les gros. Merci le CSA, qui impose «égalité de temps de parole»et «équité de temps d’antenne»à partir du 20 mars –date de la publication au Journal officiel de la liste des candidats. Puis une stricte égalité des temps de parole et d’antenne avec «conditions de programmationcomparables» dès le 9 avril pour le début de la campagne officielle: cinq minutes de Poutou dans le Journal du hard de Canal + (c’est unexemple) devront être compensées par cinq minutes de Morin dans le même Journal du hard (c’est un fantasme). harlotte Bonnet jetable à élastique, dont, pour des raisons d’hygiène, se coiffe le candidat, d’ordinaire peigné par quelque spin- coiffeur, lors de ses visites d’usine. Variantes: le casque sur les chantiers, la serviette à carreaux autour du cou pour goûter la hure au buffet campagnard, les bottes en caout- chouc pour la visite à la ferme, le cheval enCamargue tandis que, derrière, entassé avec ses collègues dans une charrette, le journaliste suiveur, lui, n’est jamais ridicule. nvers (21 avril à l’) Avec l’éliminationde Jospinet la qualificationde Le Pen au second tour, le 21 avril 2002 avait déjà mis la France sens dessus dessous. Pour cette nou- velle saisonprésidentielle, les scores élevés de Ma- rine Le Pen et le rejet du Président font craindre un«21 avril à l’envers»avec unduel Hollande-FN. Sauf que, cette fois, la date du premier tour est le 22 avril. Dans tous les cas, la démocratie serait en- core cul par-dessus tête. Encore mieux, ou pire, c’est selon, si la prédictiond’oracles –ou piafs de mauvais augure–, façon Jacques Attali, ex-con- seiller de Mitterrand, se réalise: un second tour Bayrou-Le Pen. Un double 21 avril à l’envers à l’endroit de, feu, la bipolarisationmade inFrance. Ceuxde Nadine Morano, adepte de Twitter, où elle a débuté le 25 novembre par une adresse à sa collègue Nathalie Kosciusko- Morizet : «Je te rejoins pour dé- fendre notre filière nucléaire.» 848 tweets plus tard, elle mêle toujours invective facile et or- thographe débridée: «Je tape plus vite que mes doigts, mais je corrige aussi vite que mapensée», tapota-t-ellel’autresemainesur le site de micro-blogging. Sur Twitter, de Morano à Eric Bes- sonenpassant par CécileDuflot, la campagne a déjà démarré de- puis des lustres et devrait s’in- tensifier sérieux en des joutes (ondit “tweet-clashs”) homéri- ques. Mieux: hystériques. oigts Acomme audiovisuel. PHOTOVINCENT NGUYEN. RIVAPRESS L’abécédaire complet, avec toutes les lettres de l’alphabet, est consultable sur le site. • SUR LIBÉRATION.FR LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 10 • FRANCE S comme sniper. Adroite comme à gauche, on se prépare à dégainer. LAURENT TROUDE Pcomme les 500parrainages d’élus que les candidats doivent réunir. THOMAS SAMSON.AFP uvriers Ils se les arrachent tous…Onles annonce chez Le Pen? Mélenchon réfute et va poursuivre sa tournée des «luttes»pour les convaincre de voter pour lui. Hollande a gardé dans untiroir l’attirail de sondé- placement au Creusot, enSaône-et-Loire (voir Charlotte). Joly s’y est mise enallant à Petroplus. Sarkozy les adore. Arthaud(LO), plus mieux que plus. Onaura peut-être, –en- fin!–uncandidat ouvrier. S’il a les 500signatu- res: Poutou(NPA), réparateur de machines-outils à l’usine Ford de Blanquefort (Gironde). arrainage Le couperet pour Marine Le Pen, Philippe Poutou, Corinne Lepage et les autres candidats qui rament pour collecter les 500parrainages tombe le 16 mars. De l’avis de tous, la pêche aux signatures est, disons, compliquée, entre les consignes des grands partis, les élus qui redoutent d’être catalogués et leur déficit de zéni- tude. Atrois mois de la date limite, les candidats mettent les bouchées doubles, comme Christine Boutin. Partie sur le chemin de Compostelle pour rallier à sonbâtonde pèlerinle maximumde maires. orse-race Tic journalistique oùl’ondécrit la présidentielle comme une course de chevaux. Avec des virages entête, des challengers et des pelotons, des lignes de départ et d’arrivée. Le tout nourri de sondages balancés sans recul. Et en évitant (sur- tout) de parler du fond. Un papier horse-race se nourrit de métaphores sportives, («dribbler l’adversaire», «marquer con- tre son camp»et «jouer collectif») oude métaphores guerriè- res («pilonner», «enfoncer les lignes», «monter à l’assaut»). Ville pakistanaise qui a donné sonnoma une désormais célèbre affaire de ventes d’armes, qui risque de plom- ber la campagne de Sarkozy…Des rétrocommissions ont-elles été versées en 1994 pour financer la campagne présidentielle de Balladur? Sarkozy, alors porte-parole du candidat, avait-il con- naissance des montages occultes? Autre af- faire boomerang: des billets estampillés Bettencourt ont-ils été glissés dans la po- che d’Eric Woerth en 2007 pour soutenir Sarkozy? arachi lluminés Parmi les 28 (si, si) candidats déclarés, joli chapelet d’illustres inconnus qui le resteront toujours (ah, Nicolas Miguet, si tu nous lis…). Qui se moquent du syndrome «taxe Tobin»(0,005%dans les sondages). Des candidatures de témoignage (chrétien) à faire passer Christine Boutinpour une théologienne de la libération. Prenons Axel de Boer (Solidarité France), adepte de la «civilisation de l’amour et de la vie», tête de pont des prolife, comme l’atteste cette phrase très peace and love: «Ciqnuante millions de morts par an, ungénocide rwandais par semaine, 7 millions de morts enFrance depuis l’adoptionde la loi Veil.»Uncuré, pardon, unpasteur? Laurent Lenne, fromle Var (France) passé par Secret Story 2. Sontruc:«Paix et amour, tout simplement.» niper Quandl’homme oula femme politique s’assoit sur ses neurones et se met à sulfater l’adversaire…Le bon sniper se doit d’être d’une mauvaise foi crasse, ca- ricatural à l’excès et ne pas craindre le ridicule. Idéal-type: la ministre de l’Apprentissage, Na- dine Morano, qui a appris très vite. On appelle souvent «cellule riposte»untroupeau (nid) de snipers. Peut se prononcer «snipeure», à la fran- çaise, mais uniquement…si vous êtes Jospin. Sinon, vous passerez pour une tanche. alentine Envoilà une qui va sans doute se faire flatter la croupe par tout ce que la présidentielle compte de candidats. Cette vache de race gasconne de 7 ans est la mascotte de l’édition 2012 du Salon de l’agriculture. Passage obligé du prétendant qui souhaite s’attirer le vote agricole et soigner son image de «proche du terrain». Et comme le président sortant a marqué de sonempreinte verbale son passage au Salon en 2008, nul doute que ses concurrents essaieront de montrer qu’ils sont plus à l’aise et plus affables dans la cohue média- tico-agricole de la Porte de Versailles. Showtime: à partir du25 février. (série) Alors, finies, les salves dignes de séries Z? Zappées, les formules assassines? Remballés, les néologismes fumeux? Le «catastophisme rustique»ou «la scorpio- nite», lancéepar Fillonàl’adressedeHollande?Ledésor- mais fameux, si lagauchel’emporte, «les conséquences éco- nomiques et sociales pourraient être comparables à celles provoquées par une guerre»de l’homme duperchoir, Bernard Accoyer? Ou le «sale mec» d’un Hollande dans la peau de Sarkozy? Quandva-t-onenfinrentrer dans le dur de la baston programmatique?Dans ledébat frontal des idées?Dans leface-à- face vision contre vision? Les deux principaux candidats (pour l’instant) sont encore dans le flou, repoussant le dévoilement pour éviter de prendre des coups trop tôt et tenir jusqu’au premier tour. Hollande livrera des éléments de son pro- gramme fin janvier, et en égrènera dans les semaines suivantes. Quant àSarkozy, il devrait rentrer dans ladanse après l’annonce de sa candidature finfévrier… LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 FRANCE • 11 La commission d’investiture de l’UMP a choisi ses candi­ dats dans les 18 circonscriptions de la capitale. Essentiel­ lement des hommes. Les 5 femmes désignées sont dans des arrondissements de gauche où elles n’ont aucune chance d’être élu aux législatives. «Evincée» au profit de François Fillon, Rachida Dati devrait être ce matin sur RTL pour dire tout le mal qu’elle pense de cet arbitrage. Selon une source de l’UMP, elle aurait été reçue le mois dernier par le chef de l’Etat. La maire du VII e ne confirme pas. A l’évidence, la situation reste bloquée. François Fillon et ses amis estiment, qu’étant déjà eurodéputée, Dati peut difficilement prétendre qu’on veut lui barrer la route de l’Assemblée. Mais l’ex­ministre n’en démord pas. «Elle veut absolument compléter son ancrage local par un ancrage national», explique son entourage. Elle a juré qu’elle serait candidate dans son arrondissement quoi qu’il arrive. Géraldine Poirault­Gauvin, élue UMP du XV e , est de tout cœur avec elle, appelant les femmes de son parti à des «candidatures représailles» dans toutes les cir­ conscriptions de la capitale. PHOTOAFP RACHIDA DATI EN VICTIME DE FILLONET DU MACHISME DE L’UMP LÉGISLATIVES Jack Lang, 72 ans, s’est rendu hier à Saint-Dié (Vosges), où il se présente aux législatives, en se disant «confiant dans sa victoire»dans cette circons- criptiontenue par l’UMPde- puis dix ans. LÉGISLATIVES Jean-Louis Bianco, député (PS) des Al- pes-de-Haute-Provence de- puis 1997, a annoncé hier, qu’il ne solliciterait pas de nouveau mandat en juin. ÉCOLOGIE France Nature Environnement accueillera lors de soncongrès, finjan- vier, les principaux candi- dats à la présidentielle pour prendre connaissance de leurs propositions environ- nementales. «C’est quandmême extravagant de parler d’hésitations quandonvoit les hésitations dans le campde l’UMP.» SégolèneRoyal hier, sur Canal+, àpropos delacampagnedeFrançois Hollande 59% C’est la part des Français qui estiment que la politi­ que familiale n’est pas «juste». Selon un sondage Opinionway pour le quoti­ dien la Croix, ils sont 79% à considérer que cette politique familiale «doit davantage bénéficier aux ménages les moins aisés et moins aux plus aisés». Ce sondage a été effectué après que le Parti socialiste a annoncé sa volonté de réformer le quotient fami­ lial. A croire qu’elle en fait une marque de fabri- que. Après avoir sou- haité la disparition du défilé militaire du 14 juillet (au profit d’un défilé civil) et avoir été éreintée pour cette suggestion, Eva Joly a lancé un nouveau sujet polémi- que: l’instaurationd’unjour férié pour les juifs et les musulmans. Alors que se multiplient dans son camp les appels à une campagne plus centrée sur l’écologie, la candidate d’Europe Ecologie-les Verts à la présidentielle a souhaité, lors de la Nuit de l’égalité, mercredi soir à Paris, que «juifs et musulmans puissent célébrer Kippour et l’Aïd el- Kebir lors d’un jour férié» pour que «chaque religion ait un égal traitement dans l’es- pace public». Elle se référait directement à une proposi- tion du rapport de Bernard Stasi –alors médiateur de la République–sur la laïcité re- mis à Jacques Chirac fin 2003. Hier, sur RTL, José Bové, un de ses porte-parole, a précisé sa pensée: il s’agit de «choi- sir à la place de Noël ou de Pâ- ques les jours fériés de sa pro- pre religion. Pas question de rajouter des jours fériés sup- plémentaires pour tout le monde, ça n’aurait pas de sens». Aussitôt les critiques ont fusé, à gauche comme à droite. Le ministre (UMP) Laurent Wauquiez a renvoyé l’ex-juge à la laïcité et à «l’histoire et aux racines chré- tiennes»de la France. AuFN, Marine Le Pen a accusé la Franco-Norvégienne de ne défendre que des «mesures francophobes», le député (UMP) Jacques Myard trai- tant Eva Joly «d’apprentie sorcière». Au PS, Michel Sa- pin, proche de François Hol- lande, l’a appelée à «se sou- venir toujours du principe de laïcité»et même le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, s’est mon- tré sceptique, jugeant «loua- ble»cette proposition, mais ne pensant pas qu’elle «puisse trouver une traduction dans le cadre législatif fran- çais». Quant au Grand Rab- bin de France, Gilles Bern- heim, il a fait savoir qu’il ne prendrait position«que lors- que les choses seront claires, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui». Auseinde sonpropre camp, Joly n’a pas été épargnée. Pascal Durand, porte-parole du parti, y a vu, «à titre per- sonnel», une «atteinte au principe de laïcité». Cette nouvelle sortie de la candi- date est intervenue au soir d’un séminaire stratégique autour de celle qui plafonne à 3-4% dans les sondages. Conclusion, selon plusieurs participants, elle doit mener «une campagne plus lisible» avec «plus de cohérence». P.V. (avec AFP) Pourlacampagne, EvaJolyentreenreligion 2012 La candidate écologiste souhaite que les juifs et les musulmans puissent bénéficier d’unjour férié. LES GENS Eva Joly, lundi à Paris, lors d’une soirée sur le mal­logement. PHOTOJEAN­MICHEL SICOT Pour démontrer le sérieuxde ses pro- positions, Marine Le Pena présenté, hier, au siège du FN à Nanterre (Hauts-de-Seine), le chiffrage des principales mesures de son pro- gramme. Elle a aussi exposé sonplan de désendettement de la France après la sortie de l’euro et la mise en place d’un protectionnisme national, qu’elle suggère. Elle a profité de cette occasion pour souligner que ses ad- versaires étaient les «candidats du flou». «Je suis la candidate du projet. Pour le moment, quandje débats avec les autres grands candidats, c’est projet contre néant, projet contre incantation», a-t-elle jugé. Elle a réaffirmé sa vo- lonté d’augmenter de 200 euros net tous les salaires inférieurs à 1,4 fois le Smic grâce à une exonérationde char- ges sociales. Cette mesure serait fi- nancée par une taxe de 3%sur l’en- semble des biens et des services importés enFrance, qui rapporterait 74 milliards d’euros. Si la présidente du FN veut augmenter les budgets consacrés à la sécurité et à la justice, elle estime que certaines mesures pour limiter l’immigrationpourraient rapporter près de 41 milliards. C.F. G ÀCHAUDLACANDIDATEFNÀL’ÉLYSÉEAEXPOSÉSAPOLITIQUEÉCONOMIQUE MarineLePenchiffresonprogramme Vousdisposezd’undroitd’accès,derectificationetdesuppressiondevosinformationspersonnelles(art.27delaloiinformatiqueetlibertés).Lesinformationsrecueillies sontdestinéesexclusivementàLibérationetàsespartenairessaufoppositiondevotrepartennousretournantunemail àl’adressementionnéeci-dessus. 20places à gagner pour la représentation du 17 janvier à 20h30. Pour recevoir une invitation pour 2 personnes, adressez votre demande à : [email protected] Précisez votre adresse postale complète. INVITATION Libération et l e Théâtre nati onal de Toul ouse vous i nvi tent à découvrir Paroles Gelées. Jean Bello- rini et la compagnie Air de Lune nous of- frent une aventure théâtrale toute en mu- sique autour de la merveilleuse épopée de Rabelais, le Quart Livre. P a r o l e s g e l é e s Avec Marc Bollengier François Deblock Patrick Delattre Karyll Elgrichi Samuel Glaumé Benjamin Guillard Camille de la Guillonnière Jacques Hadjaje Gosha Kowalinska Clara Mayer Geoffroy Rondeau Juliette Roudet Hugo Sablic Création Artiste invité 11– 21 janvier D’après François Rabelais Adaptation Jean Bellorini et Camille de la Guillonnière Mise en scène Jean Bellorini Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées www.tnt-cite.com © Klaus Enrique / Design: Studio Apeloig / Licences spectacle 1-1045623, 2-1045624, 3-1045625 Production déléguée TNT – Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées Coproduction Compagnie Air de lune, TGP-CDN de Saint-Denis, Arc en scènes La Chaux-de-Fonds Direction Agathe Mélinand – Laurent Pelly RABELAIS:Mise en page 1 12/01/12 13:43 Page1 Chronique «La campagne de la peur». Reportage «A la campagne, l’écologie est aussi entrée dans les mœurs». Vidéo Hollande et ses nouveaux voisins du VII e arron­ dissement de Paris. La présidentielle sur www.libe2012.fr • SUR LIBÉRATION.FR LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 12 • FRANCEXPRESSO Carlton: l’exd’Eiffage balance sadirection «Libération»a euaccès à la déposition de DavidRoquet, l’undes mis enexamen dans le volet lillois de l’affaire DSK. D avid Roquet est un homme organisé. Ce patrond’une fi- liale d’Eiffage dans le Nord, mis en examen mi-octobre puis écroué dans le dossier du Carlton de Lille, raconte ainsi, le 13 décembre, auxjuges d’instructions lillois: «Quand je suis arrivé en 2005, il n’y avait pas de comptabilité analytique, c’est moi qui l’ai mise en place. J’ai instauré des règles, unfonctionnement transparent. […] J’avais les félicitations orales d’Eiffage pour ma rigueur.» De quoi faire sursauter le numéro 1 duBTP en Europe, qui a licencié son salarié, soupçonné d’avoir organisé et financé des soirées coquines avec Dominique Strauss-Kahnà Paris et à Washington. Et dont le PDG a évoqué un simple «problème dans le contrôle des notes de frais», réduisant le scandale à l’histoire «d’un cadre qui a perdu pied». Car les déclarations de David Roquet ne vont pas dans ce sens. Et comme l’avait déjà averti sonavocat, M e Dupont-Morreti, le patronde l’entreprise Matériaux en- robés du Nord ne compte pas porter seul le chapeau dans ce dossier de proxénétisme. Tout au long de sa déposition devant les ju- ges, que Libérationa puconsulter, David Roquet affirme donc que la maison- mère a toujours donné sonaval à ses re- lations onéreuses avec DSK. Elles auront coûté 50000 euros de notes de frais. «Je n’ai rien caché, se défend le chef d’entreprise âgé d’une quarantaine d’années déjà mis en examen pour proxénétisme aggravé en bande orga- nisé, et qui a écopé le 13 décembre des nouveaux chefs d’escroquerie et abus de confiance. Je ne me serais pas suicidé en passant dans le circuit des factures frauduleuses.»La preuve, explique t-il: les commissaires aux comptes et les audits mensuels d’Eiffage n’ont rien trouvé à redire aux notes d’hôtel et de restaurant derrières lesquelles Roquet notait scrupuleusement «DSK». Même après l’épisode du Sofitel, le directeur des ressources humaines d’Eiffage tra- vauxpublics Nordest venului parler de ces factures. Sans menace ni sanction. «PAS IDIOT». Alors les juges s’interro- gent. Pourquoi ? «Un patron de groupe, qui est un homme de pouvoir, aime avoir dans son cercle des hommes de pouvoir. C’est une relation qui aurait pu être utile au groupe à terme», se justifie Roquet. «Dans les affai- res, c’est bien d’être connu et pour un patron d’avoir accès à la présidence. Eiffage aurait pupro- poser notamment des projets comme des PPP (partenariat public privé).»Roquet précise que son supé- rieur hiérarchique –licencié aussi après le scandale du Carlton– était au cou- rant. «Il m’a dit que ce n’était pas idiot.» Mais Roquet est formel, même si cela semble peu crédible: Eiffage connais- sait l’existence des factures d’hôtel mais ignorait les parties fines avec des prostituées. «Elle [sa hiérarchie, ndlr] savait qu’il s’agissait de DSKet c’est sur ce motif que la facture a été prise en charge et remboursée. Il faut dire qu’avant nos échanges sexuels il y a eu une discus- sion à table durant deux, trois heures où j’ai pu parler de ce que je faisais chez Eif- fage.»Pourtant, d’après lui, aucuncon- trat n’a jamais été signé grâce à ces re- lations privilégiées. Roquet misait plutôt sur l’avenir. «L’objectif n’était pas de le corrompre»mais «d’obtenir un peu de reconnaissance dans ma boîte»quand DSKparviendrait à l’Elysée. Des espoirs évaporés avec l’arrestationde sonmen- tor le 14 mai à New York. «Depuis six mois, j’avais changé mon mode de fonc- tionnement, raconte d’ailleurs Roquet. Je m’étais aperçuque les frais ne servaient pas à grand-chose, en voyant que l’inves- tissement que j’avais pu faire en pensant à M. Strauss-Kahn s’était effondré. J’avais donc ralenti, vous pourrez voir que sur les derniers mois mes frais avaient été divisés par deux ou trois au moins.» «PAS DEBONTON». DavidRoquet n’est pas rancunier. Tout aulongde sonaudi- tion, il ne cesse de protéger l’homme en qui il avait placé tous ses espoirs d’as- censionprofessionnelle. Comme pour protéger ce dernier d’éventuelles accu- sations de proxénétisme. Non, répète t-il auxjuges, l’ex-patronduFMI ne sa- vait pas que les filles des soirées étaient des prostituées. Fabrice Paszkowski, «l’homme des SMS»et cofinancier des trois voyages à Washingtonet des ren- contres à Paris, a lui aussi protégé son ami lors de sonauditionle 19décembre. «Fallait-il cacher àDSKle fait que certai- nes femmes étaient des prostituées?»lui demandent les magistrats. «Oui, car il n’était pas de bon ton dans les soirées li- bertines de dire que les filles étaient rému- nérées.»Paszkowski ajoute même, sans qu’onle lui demande: «Il (DSK) est pin- gre, ce n’est pas le genre à payer pour des relations sexuelles.» Des questions qui devraient également être posées à DSK, dont la date d’audition par les magis- trats lillois n’a toujours pas été fixée. • Par VIOLETTELAZARD «Il [DSK] est pingre, ce n’est pas le genre à payer pour des relations sexuelles.» FabricePaszkowski autremis enexamen RÉCIT L’hôtel Carlton, à Lille, le 16 octobre. PHOTOVINCENT NGUYEN. RIVAPRESS REPÈRES «Monclient n’entendpas porter le chapeautout seul. Il n’a jamais dit qu’il avait présenté ces jeunes femmes à DSKcomme étant des prostituées.» EricDupont­Moretti avocat deDavidRoquet David Roquet, directeur d’une filiale du groupe de BTP Eiffage dans le Pas­de­Calais, Matériaux enrobés du Nord, a été mis en examen le 14 octobre pour proxé­ nétisme aggravé en bande organi­ sée et écroué. D’abord mis à pied, il a été licencié au mois de novem­ bre par Eiffage. 50000 euros. C’est le montant des dépenses sur notes de frais engagées par David Roquet dans ses généreuses relations avec DSK. LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 FRANCE • 13 Corpsautopsiés demandent réparation Le procès qu’attendaient des familles, après avoir vules dépouilles de leurs proches nonrecousues, est encore renvoyé. L es banderoles, les photos immondes des corps autop- siés, les slogans scandés de l’escalier enpierre du palais de justice de Béthune…pour les par- ties civiles, c’était déjà la deuxième fois. Depuis septembre, date à laquelle la présidente avait décidé de renvoyer tout le monde à 2012, ce jeudi 12 janvier était marqué à la craie comme le jour choisi par la justice pour enfin se pencher sur leurs problèmes. Encore raté. Hier, le public venait tout juste de prendre place quandl’audience a été renvoyée au7 juin. «Vous assassi- nez les cadavres!» Lancée du banc des parties civiles, l’invective vise la juge, coupable aux yeux des plai- gnants de vouloir leur barrer le pro- cès. «Nous espérions que les prévenus disent la vérité», lâche M e Philippe Missamouqui défendla vingtaine de familles furieuses. «M e Missamou dit que la défense manœuvre pour éviter la procédure, mais c’est lui qui ne nous a pas transmis les pièces. Le renvoi, c’est de safaute», explique M e Vincent Po- tié, qui défend les prévenus. Ils sont deux, les prévenus. Deux ci- tés à comparaître. Deux médecins légistes qui devront répondre des ac- tes commis à l’époque où ils autop- siaient les corps transférés à la morgue de Lens. Suite à une inspectionde la Ddass duPas- de-Calais, l’établissement a fermé le 24 décembre 2008. Depuis, les lan- gues se sont déliées. Celle d’Hervé Louvrié d’abord. SCELLÉS. Le 9 avril 2008, Hervé Louvrié est à Paris pour le boulot, quand sa femme, Betty, se suicide chez eux, à Lille. Elle a avalé une bouteille de Destop (Libération du 10 juin 2008). Hervé est autorisé à voir le corps avant qu’il ne passe en- tre les mains des légistes. Onlui rend lecorps desafemmedans uncercueil scellé. Il exige qu’onl’ouvre. «Je suis protestant pratiquant. Le suicide est un acte péché, je voulais briser la malédic- tion en glissant une Bible dans son cer- cueil .»L’agent des pompes funèbres lui déconseille de faire sauter les scellés. «Il m’a avoué la vérité à 95%. J’ai regardé àpeine deuxsecondes. Aux pieds, unsachet avec ses organes…J’en garde des flashs.»Il porte plainte. Le procureur de Béthune est averti que le corps de Betty Louvrié n’a pas été recousu. Très vite, le commissariat de Lens met aujour «de graves négligen- ces professionnelles de la part des mé- decins légistes comme des garçons de salle», rapporte Aude Marland, chef du bureau de la police judiciaire. En septembre de la même année, Hervé Louvrié alerte les instances médica- les. «Notre enquête montre de graves dysfonctionnements dans la prise en charge des agents d’amphithéâtre. Les médecins légistes sont responsables de l’autopsie et auraient dû rester jusqu’à ce que soit réalisée la restitution tégu- mentaire», conclut Marc Biencourt, président de l’ordre national des mé- decins du Pas-de-Calais. Hervé Louvrié a entamé soncombat en solitaire, désemparé par le cha- grinet intimidé par «la machine judi- ciaire». Puis il a rencontré Marie- Christiane Daugimond, de l’Associa- tion de défense des victimes d’autopsies médico-légales. Elle aussi a connu la vision d’un corps mutilé. Celui de sa sœur, dont l’ex- humation lui tire encore les larmes. Des témoignages, elle en a des car- tons entiers qui grignotent les mètres carrés de sonappartement de Boulo- gne-Billancourt. Unagent d’amphi- théâtre en poste depuis 1998 lui a écrit qu’à Lens, «les médecins ne vou- laient pas recoudre, ils disaient que ce n’était pas leur boulot». Concernant Sabrina Cauquerelle –dont la famille est partie civile au procès–un tha- natopracteur déclare sur l’honneur «avoir assisté en 2003 au dépeçage de la jeune défunte, mise en terre sans avoir été recousue». Il ajoute: «Tous les défunts que j’ai pu voir à Lens ont subi le même traitement : dépecés comme des bêtes, les organes dans des sacs poubelle, les habits aux pieds.» Le 5septembre 2011, unentrepreneur des pompes funèbres de Houdainat- teste «avoir emmené un cercueil dans le couloir de l’amphithéâtre et là, l’em- ployé de la morgue m’avertit : “Tu ne pourras pas l’habiller, c’est impossi- ble.” Je confirme, je n’ai pas pu l’ha- biller car elle était non recousue». La liste des témoins à charge s’est allon- gée au fil des mois. Pour autant, il n’est pas dutout acquis qu’une con- damnation soit prononcée à l’issue duprocès, puisque les faits n’ont pas de qualification pénale. D’ailleurs, aucune sanction –même discipli- naire–n’a été prononcée à l’encon- tre du duo. INCISIONS. M e Missamou va s’ap- puyer sur l’article 225-17 ducode pé- nal sur les «violations et profanations de sépulture». Mais les «atteintes à l’intégrité du cadavre»seront diffici- les à plaider, puisque les incisions pratiquées le sont sur réquisitionju- diciaire. «Les plaignants vont devoir nous expliquer le fondement juridique de tout ça, et pas àcoups de droits de l’homme!, note Vincent Potié, avocat d’un des deux légistes. Quand ils auront trouvé une infrac- tion pénale, on avancera, mais je doute que celasoit le cas.» Michel Sapanet comptait, hier, parmi les déçus de Béthune. Profes- seur au CHU de Poitiers et grand ponte de la médecine légale, il avait tenuà se déplacer pour expliquer son métier à l’audience: «Ouvrir, recou- dre, nettoyer, maquiller le défunt pour recouvrir le teint blafard de la mort, le minimumde respect qu’ondoit aumort avant de le rendre à la famille.» Lui aussi attend une réponse à la ques- tion qui l’obsède: «Pourquoi ?»• Par MATHIEUPALAIN PhotoOLIVIERTOURON. FEDEPHOTO «J’ai regardé à peine deux secondes. Aux pieds, unsachet avec ses organes… J’engarde des flashs.» HervéLouvriédevant lecercueil desafemme RÉCIT Marie­Christiane Daugimond, de l’association des victimes des autopsies, hier, devant le tribunal de Béthune. PHOTOOLIVIERTOURON. FEDEPHOTO REPÈRES BELGIQUE SOMME NORD 30 km Arras Lens PAS-DE- CALAIS «Les médecins ont le sentiment d’avoir toujours fait leur métier de la meilleure manière qui soit.» M e Vincent Potié avocat d’undes légistes «Le praticien ayant procédé à une autopsie judiciaire est tenu de s’assurer de la meilleure restauration possible ducorps avant sa remise.» Article230­29ducode deprocédurepénale LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 14 • FRANCE Bruno Le Roux, un des porte­parole de François Hol­ lande, a déclaré, hier, ne pas «vouloir céder à l’intimida­ tion», répondant à Claude Guéant qui venait de le menacer d’une plainte en diffamation à propos de l’enquête sur l’IGS (la police des polices à Paris) révélée mercredi par le Monde. Le député PS de Seine­Saint­De­ nis avait accusé, avant­hier, le ministre de l’Intérieur d’être «au cœur» de cette affaire où la police des polices est soupçonnée d’avoir truqué une procédure impliquant des fonctionnaires, dont un réputé proche de la gauche, à l’époque de la présidentielle de 2007. Dans un droit de réponse au Monde, le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, entendu en décembre comme témoin assisté, a rejeté «plusieurs allégations [le] mettant en cause person­ nellement». PHOTOAFP ENQUÊTE SUR L’IGS: BRUNOLE ROUX PAS INTIMIDÉ PAR CLAUDE GUÉANT DANY LEPRINCE L’associa- tion Pour la vérité rendue aux victimes dumassacre de Thorigné-sur-Dué a écrit hier au garde des Sceaux, pour lui demander de pré- senter une nouvelle requête en révision du procès de DanyLeprince. En1994, son frère Christiana été tué avec sa femme et ses deux filles. Condamné à perpétuité pour ce meurtre, DanyLeprince a vu sa précédente requête en révisionrejetée enavril 2011. CORPS CALCINÉ Un«ami» de l’adolescent dont le corps a été retrouvé partiellement calciné dans unbois d’Etou- vans, près de Montbéliard (Doubs), a été placé engarde à vue, hier. Ce crime a pro- fondément choqué les élèves et les responsables ducollège oùil était scolarisé. L’adoles- cent de 14 ans avait quitté mardi le domicile familial pour faire un tour de moto. Ses parents, inquiets, avaient prévenu les gendarmes. 79% C’est la part de Français qui pensent que la santé est un thème prioritaire dans la campagne prési­ dentielle, selon un sondage Viavoice pour le CISS (Col­ lectif interassociatif sur la santé) publié hier. 83%d’entre eux se disent favorables au principe de solidarité dans le rembour­ sement des frais de santé. Pour autant, 40%préfè­ rent voir baisser leurs rem­ boursements si cela permet de ne pas augmen­ ter les cotisations sociales et le tarif des mutuelles. L a mairie de Grenoble a publié hier uncommu- niqué annonçant que la ville-préfecture de l’Isère compte désormais 20,63% de HLM. «Grenoble possède 17592 logements sociaux [et vient] de dépasser le pourcen- tage [de 20%, ndlr] exigé par laloi SRU», souligne le maire (PS), Michel Destot. Ce communiqué montre que la loi Solidarité et renouvelle- ment urbains (SRU), qui a fait l’objet de plusieurs ten- tatives de remise en cause –toutes avortées–, devient d’année enannée une loi de référence de la République. Ce texte, voté le 13 décembre 2000sous Jospin, oblige tou- tes les communes de plus de 3500 habitants (1500 habi- tants enIle-de-France) à at- teindre un quota de 20%de logements sociaux sur leur territoire, dans unobjectif de mixité sociale. La loi donne une vingtaine d’années aux communes déficitaires en HLM pour surmonter pro- gressivement leur retard. Le rattrapage se fait par pério- des triennales: les villes con- cernées se voient fixer des objectifs chiffrés de cons- truction de logements sociaux qui devraient les amener aux 20% à l’hori- zon 2020. Fleurir. Mais au-delà de dif- ficultés objectives (manque de terrains à bâtir en zone urbaine dense, recours du voisinage pour faire annuler les permis de construire dé- posés par les organismes de HLM…), certains élus locaux emboîtent le pas de leurs électeurs et ne font preuve d’aucun volontarisme pour créer lenombredelogements sociaux qui leur sont impar- tis. Dans le XVI e arrondisse- ment de Paris, tous les per- mis de construire pour les logements locatifs sociaux font l’objet de recours devant les tribunaux administratifs. Tous les programmes sont ensablés par des associations de riverains, qui bénéficient du soutien des élus locaux, dont le député-maire (UMP) Claude Goasguen. Dans des villes très résidentielles comme Saint-Maur-des- Fossés (Val-de-Marne) ou Le Cannet (Alpes-Mariti- mes), on voit quand même fleurir des pro- grammes im- mobiliers pri- vés, alors que leurs maires p r é t e n d e n t qu’ils n’ont pas de terrains pour faire des HLM. Au fil des années, la loi SRU est devenue un baromètre permettant de mesurer la volonté réelle des élus des villes concernées de faire une place à toutes les catégo- ries sociales dans leur cité. Selon un décompte réalisé par Libération sur les chiffres de la construction de 2009, pas moins de 351 communes sur les 931 soumises à la loi SRU n’avaient construit aucun HLMcette année-là. «Cette loi a une portée socié- tale très forte. Elle dit le refus de toute discriminationenma- tière de politique de l’habitat», analyse le sénateur (PS) ThierryRepentin, également président de l’Unionsociale de l’habitat, qui regroupe l’ensemble des organismes de HLMde l’Hexagone. Pressants. A l’inverse, beaucoup de communes (souvent les plus importan- tes, où les besoins en loge- ment sont les plus pressants) jouent clairement le jeu du rattrapage. Grenoble a donc passé les 20%. Avant elle, Montpellier (PS) ou Rueil- Malmaison (UMP) avaient atteint ce quota. Le maire (PS) de Paris a promis d’at- teindre les 20%d’ici à 2014. D’autres villes comme Mar- seille (UMP, 19,2%), Aix-en- Provence(UMP, 19,2%), Tou- louse (PS, 18%) ouLyon(PS, 18,7%) s’en approchent. TONINOSERAFINI HLM: Grenoblepasse labarredes20% LOGEMENTL’agglomérationiséroise montre l’exemple sur la loi SRUquandd’autres villes traînent les pieds. C’est une brique toute banale. Une brique comme une arme ou comme un matériau? Sur elle, est juste écrit: «Personnes à la rue.» Le Secours catholi­ que a décidé de l’envoyer à tous les préfets à l’occa­ sion des vœux: elles se veulent «porteuses d’espoir pour que l’année 2012 construise les fondations d’une politique audacieuse pour le logement», a expli­ qué, jeudi, l’ONG. «A tra­ vers cette action, nos équipes souhaitent poser la première pierre des logements à construire pour qu’il n’y ait plus per­ sonne à la rue!» affirme le Secours catholique, qui rappelle que, malgré la loi Dalo (droit au logement opposable), «le droit au logement n’est toujours pas assuré». Dans l’application du droit au logement opposable, l’Etat reste «hors­la­loi». Le comité de suivi du Dalo a rappelé que 27500 décisions de relogement de ménages prioritaires prononcées par la justice n’étaient pas mises en œuvre fin juin 2011. SDF: UNE BRIQUE POUR LES VŒUX AUX PRÉFETS L’HISTOIRE LES GENS En2012, c’est l’autisme qui a été dési- gné grande cause nationale. Et cette «cause»ena bienbesoin. Eneffet, la France manque toujours de places d’accueil pour les personnes atteintes de troubles autistiques, surtout les adultes, les autorités ayant bien du mal à encréer à unrythme suffisant, rel ève un bi l an du pl an Autisme 2008-2010publié hier et réa- lisé par Valérie Létard, sénatrice et ancienne secrétaire d’Etat à la Solida- rité. Ainsi, le fameux plan program- mait 4100places (dont 2000pour les adultes) sur 2008-2014: fin 2010, seulement 342 places ont été réelle- ment installées pour les adultes et 1330pour les enfants. 700places sup- plémentaires pour adultes ont été certes «autorisées»par l’administra- tion, mais les crédits nécessaires ne sont pas forcément encore débloqués pour la période allant jusqu’en2013, précise le rapport. «Nous sommes àun peu plus de la moitié de l’objectif», a noté, biengentiment, Valérie Létard. En 2008, on estimait que 3500 en- fants ouadultes devaient aller enBel- gique, en raison du déficit d’accueil en France. É.F. G ÀCHAUDLERAPPORT ALARMANT DELASÉNATRICEVALÉRIELÉTARD L’autisme, causenationaletropenretard Dans le XVI e arrondissement de Paris, les programmes sont ensablés par des associations de riverains qui bénéficient dusoutiendes élus locaux. Vousdisposezd’undroitd’accès,derectificationetdesuppressiondevosinformationspersonnelles(art.27delaloiinformatiqueetlibertés).Lesinformationsrecueillies sontdestinéesexclusivementàLibérationetàsespartenairessaufoppositiondevotrepartennousretournantunemail àl’adressementionnéeci-dessus. T o u t le p r o g r a m m e s u r w w w .la s e m a in e d u s o n .o r g 10places à la conférence inaugurale de Jacques Attali, parrain de l’édition, le 16 janvier à 17h à l’Audito- rium de France Télévisions. 10places à l’événement « Jouer ensemble : Concert et table ronde » à la Gaîté lyrique le 19 janvier à 19h. 20places au concert de l’Orchestre des universités de Paris le 24 janvier à l’Université Paris-Descartes. Pour recevoir une invitation pour 2 personnes. adressez votre demande à : [email protected] Précisez votre adresse postale complète. INVITATION Libération vous invite à découvrir la 9ème édition de La Semaine du Son, qui propose au public une exploration de notre environnement sonore à travers différents événements à Paris et dans toute la France. SEM_SON:Mise en page 1 12/01/12 13:59 Page1 LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 FRANCEXPRESSO • 15 Avec ses offres à prixcassé, la filiale d’Iliadchamboule le secteur de la téléphonie, et oblige ses concurrents à revoir leurs stratégies. U n «tsunami». C’est le mot utilisé par Orange, en interne, pour qualifier la dé- flagrationcréée par les deux of- fres à prix fracassés (2 euros et 19,99 euros par mois) de Free Mobile. Mohamed(1), conseiller en boutique chez SFR, place de la République à Paris, se laisse aller à la confidence face à sa cliente: «Revenez la se- maine prochaine. Le 18, on va changer tous nos tarifs.» Et ajoute, presque soulagé: «C’est bien qu’ils arrivent [Free, ndlr]. On ne pouvait plus continuer comme cela. Le mobile est beau- coup trop cher. On sera plus à l’aise avec nos clients.» Mais SFR est-il en mesure de suivre une bagarre qui s’an- nonce meurtrière? «Cela fera moins de primes enhaut, reprend Mohamed, qui se dit choqué par les 20 millions d’euros de primes et bonus touchés par les patrons de SFR, et dénoncés à la télé.» Hier, Jean-Ludovic Silicani, le régulateur des télécoms, a pré- senté, dans les Echos, les choses moins crûment: «Il est clair que [les opérateurs] vont voir leur marge baisser sur le mobile. Il leur est d’abord possible de réduire les sommes qu’ils versent aux ac- tionnaires.» Et, ciblant l’Etat, premier actionnaire d’Orange: «Il a clairement un choix à faire […] Il peut accepter une baisse de dividendes s’il souhaite que l’opé- rateur maintienne ses investisse- ments.» BATAILLE. La dégringolade des tarifs est enroute. C’est Virgin, le plus gros des opérateurs mo- biles virtuels (sans réseau), qui s’est lancé le premier, dès mer- credi. En s’alignant d’emblée sur Free (19,99 euros), mais en limitant l’offre à ses abonnés, et en excluant les MMS et les ap- pels à l’international. Suivi par Sosh, la marque commerciale créée sur le Webà l’automne par Orange, exprès pour contrer Free. Sosh, toutefois, ne s’est Par CATHERINEMAUSSION RÉCIT Free, lejour d’après Xavier Niel à Paris mardi. PHOTOMARC CHAUMEIL. LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 16 • ECONOMIE pas aligné. Il a juste baissé son forfait illimité à 24,90euros (au lieu de 39,90euros). Puis, hier, c’est autour de Red, l’opérateur enligne de SFR, d’embrayer. Il en a profité pour booster une offre plutôt faible comparée à celle de B&You (Bouygues) et Sosh. La bataille se déroule en direct sur Twitter. Et les méchancetés s’enquillent : «Il y a dix jours, SFRm’a appelé pour me réenga- ger pour vingt-quatre mois sur un forfait deux heures plus 1 gi- ga-octet pour 45 euros par mois», cafte MonsieurDream. Le mois dernier, les trois opéra- teurs expliquaient qu’ils allaient se lancer dans la bataille avec leurs seuls chevaux légers (Sosh, Red ou B&You). Ceci pour ménager leurs marges sur les forfaits classiques, dont les illimités tutoient les 100 euros. Or, Orange comme SFR s’apprêtent finalement à monter à l’assaut, mercredi, en révisant profondément leur ca- talogue. GOUROU. Chez Free, les salariés planent. «Nous devons être aux alentours de 500000 recrutés», livre l’und’eux, qui a fait sous- crire cinq membres de sa fa- mille. Le million d’abonnés se profilerait pour la fin janvier. Des employés se proposent pour faire des heures sup. La cote de Xavier Niel, déjà très haute, se- rait entraind’exploser. «On est nombreux à lui envoyer des mails et il répondàchacun», s’esbaudit un salarié. Préparés à une an- nonce choc, ils étaient, à Paris, Marseille ou Bordeaux, tous devant leur écran le jour J, mardi, pour écouter leur gou- rou. «Ce qu’il a sorti, c’est pro- prement hallucinant», témoigne un fan. Le site internet et les plateformes d’appels ont craqué sous la charge. Chez Free, on y voit le signe d’une nouvelle ère: «On était dans la routine depuis le lancement de la Freebox Révolution…»• (1) Le prénoma été changé. L’offre téléphonique dufournisseur d’accès dope aussi ses abonnements Internet. La box Révolution enbénéfice Net F ree mobile est un fusil à deux coups: il drague avec sonoffre les abonnés de ses concurrents et il recrute à mort de nouveaux adeptes sur son of- fre triple-play. Ses deux offres Scuds se révèlent, moins de deux jours après le lancement de Free mobile, un formidable booster pour maintenir à bonne altitude la Révolution, dernière-née des Freebox. Mercredi, et hier en- core, il était impossible de join- dre le service payant géré par Free qui permet d’accélérer à sa procédure d’abonnement au triple-play en fournissant un numéro de téléphone identifiant sonlogement. Aulieudusésame, un disque répète en boucle : «En raison d’un grand nombre d’appels…» La carotte de 4 euros de réduc- tion sur l’offre illimitée de Free mobile (15,99 euros pour le Free- naute au lieu de 19,99 euros pour Monsieur Tout-le-Monde), ainsi que la gratuité pour les person- nes déjà abonnées au Net sur l’offre à 2 euros par mois, soit 24 euros de remise, a réveillé l’envie de changer d’opérateur internet. Lancée endécembre 2010, la box Révolutionétait venue presqu’un peutardrelancer unrecrutement atone: 191 000 nouveaux abon- nés seulement sur sa Freebox modèle V5. Un score multiplié par deux, soit 389000, sur les neuf premiers mois de 2011, grâce à la Révolution. On savait que la base d’abonnés internet de Free (4,8 millions) constituait une belle rampe de lancement pour son mobile. On découvre l’effet aspirateur du mobile pour développer son parc. Avec ses forfaits sans téléphone, Free relance la vente d’appareils nus. Appel d’air sur le marché des mobiles L e site Rueducommerce se frottait hier les mains. Enséparant la souscriptionà un forfait de l’achat du mobile, Free ouvre un boulevard aux vendeurs de téléphones «nus»: «On en commercialise plus de 600, du plus simple au plus sophistiqué», répétait le site. Cdiscount a embrayé, enpropulsant à la faveur des soldes nombre de mobiles dits «à prixcassés». Free va-t-il sonner le glas d’une pratique très franco-française, le mobile atta- ché à unforfait et largement subventionné? Cette (mauvaise) habitude, qui limite la con- currence, est dans le collimateur du régula- teur des télécoms depuis plusieurs mois. Aujourd’hui, 15% seulement des abonne- ments se vendent sans mobile. Le phénomène a vraiment décollé l’an der- nier, avec Virgin, La Poste Mobile et le lance- ment, cet automne, de B&You(Bouygues Te- lecom), Sosh (Orange) ou Red (SFR). «Et ce pourrait être bientôt 25%», estime Matthieu Drida, le patrondu site comparatif Meilleur- mobile.com. D’où l’attention toute neuve portée aux tarifs des mobiles nus, et prélude à une petite bagarre sur les prix. Avoir ceux pratiqués par Free (sept mobiles disponibles), l’opérateur fait le service minimum. Son Samsung GalaxyS2, concurrent de l’iPhone, est proposé à 541 euros, 56euros plus cher que chez Auchan. Et onpeut même se le voir pro- poser à 400euros seulement dans les petites boutiques. Mêmegrandécart pour leSamsung Galaxy Ace: 329 euros chez Free, avec un paiement étalé sur douze mois, et 204 euros chez Cdiscount. Cerise sur le gâteau: ces mo- biles nus n’ont pas besoind’être déverrouillés. Dans les boutiques SFR, Bouygues et Orange, les abonnés se plaignent. La grogne des clients, la morgue des opérateurs C omment se défaire d’un forfait Orange, SFR ou Bouygues, quand il reste encore dixouvingt mois d’enga- gement ? L’offre à prix canon de Free a créé comme un électro- choc. Elle monte, elle monte, la grogne des abonnés au mobile, traités de «pigeons»par le patron de Free. Et les opérateurs des cen- tres d’appels s’enprennent plein les oreilles. «On ne va pas tout de même pas réclamer aux opérateurs de laisser filer leurs clients chez Free! réagit vivement Edouard Barreiro, de l’UFC-Que choisir. Cela fait des mois que l’on annonce que Free va casser les prix!»Bref, les consommateurs, en adultes consentants, ont signé en con- naissance de cause «uncontrat qui a force de loi», poursuit-il. En boutique, les vendeurs sont beau- coupmoins catégoriques: «Reve- nez un peu plus tard. On va réa- gir», dit ce vendeur d’une boutique Bouygues Telecom, sur les Grands Boulevards, à Paris. Les opérateurs savent qu’ils ne pourront pas rester longtemps les bras croisés: «C’est bien pour cela qu’on a 35000conseillers, fait-on remarquer chez Orange. Pour cul- tiver une vraie relationcommerciale avec nos clients.»Enclair, négo- cier des petits arrangements ou de menus cadeaux pour conser- ver la confiance de l’abonné. Les grands gagnants sont les nou- veaux clients de Sosh (marque d’Orange), B&You(Bouygues) ou Red (SFR). Sosh a pris soin de prévenir ses abonnés que ses nou- veaux tarifs, revus à la baisse mercredi, leur seraient appliqués d’office. Germain, 26 ans, a eule nez creux en s’abonnant à Noël 2010 chez Orange: avec un mo- bile tout neuf, il avait choisi douze mois de contrat. Il a donc «purgé sa peine»et a migré chez Free mercredi. Des clients font la queue devant la boutique Free de Rouen (Seine­Maritime), mercredi, au lendemain des annonces de l’opérateur. PHOTOKENZOTRIBOUILLARD. AFP LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 ECONOMIE • 17 18 • ECONOMIE Enpleinecrise, AirFrance-KLM seposeenaustèreinconnu Le groupe a annoncé hier unplandrastique d’économies. Si des coupes dans les salaires et les investissements sont arrêtées, la questionde l’emploi sera tranchée après la présidentielle. G el des salaires, économies tous azimuts, suppres- sions d’emploi, remise à plat des conditions de travail : Air France-KLMsort l’ar- tillerie lourde pour tenter de se re- mettre à flot. Le nouveau PDG du groupe, Jean-Cyril Spinetta, et celui de la com- pagnie tricolore, Alexandre de Ju- niac, ont présenté hier leur «plan de transformation 2012-2014». Si les principales mesures avaient déjà fuité, c’est leur ampleur qui crée la surprise: le groupe veut économiser plus de 2 milliards d’euros sur trois ans. C’est trois fois plus que ce que prévoyait l’ancien patron, Pierre-Henri Gourgeon, débarqué ennovembre. L’objectif: endiguer les pertes (attendues autour de 300 millions d’euros en 2011) et réduire d’un tiers l’énorme dette (6,5 milliards) qui plombe les comptes. «Nous devons restaurer de manière structurelle la rentabilité du groupe», a expliqué hier soir Spinetta. L’entreprise n’a plus «les moyens pour assurer […] notre survie», avait auparavant lâ- ché Alexandre de Juniac aux syndicats. L’anciendirecteur de cabinet de Christine La- garde est le principal auteur du plan. Et pour cause: alors que KLM gagne de l’argent, Air France, les- tée par les coûts de production les plus élevés d’Europe, est devenue le boulet financier dugroupe. C’est donc elle qui supportera l’essentiel de l’effort. Election présidentielle oblige, le plana été coupé endeux: 1 milliard de mesures d’urgence pour stopper l’hémorragie financière et 1 mil- liard pour la restructuration en profondeur, qui sera dévoilée en juin. Et qui risque de se traduire par des suppressions d’emplois, au- delà dunon-remplacement des dé- parts naturels (environ1000 cette année) déjà en vigueur. HORS­D’ŒUVRE. Le premier volet est classique: baisse de plus de 1 milliard des investissements, re- port de livraisons d’avions, sup- pressiondes vols les plus déficitai- res. Comme l’a noté Spinetta, la mesure «la plus spectacu- laire» concerne les salaires: pas d’aug- mentation générale en2012 et 2013, et les coups de pouces in- dividuels varieront en- tre 0,6%…et zéro. Pour montrer l’exemple, les 400cadres dirigeants vont perdre 17%de leur rémunéra- tion, tandis que Juniac va renoncer à la moitié de sonbonus. Air France va aussi traquer les congés nonpris et diminuer les indemnités repas. Dernière mesure symbolique qui va faire grincer des dents: une catégo- rie de billets à prix cassés réservés aux salariés, la plus coûteuse pour la compagnie, sera supprimée. Aucomité d’entreprise d’hier soir, «les élus y ont passé une heure», soupire unsyndicaliste. Ces sacrifi- ces ne sont qu’unhors-d’œuvre. Le plus dur arrivera enjuinavec le vrai plande restructuration. Si tous les métiers seront concernés, l’effort portera en priorité sur les vols moyen-courriers, la seule activité (très) déficitaire. Histoire de dra- matiser, Spinetta a dévoilé hier pour la première fois l’ampleur du trou, d’«environ 700 millions» en 2011. Pour rétablir l’équilibre d’ici à 2014, de Juniac veut obtenir des «gains de productivité à deux chiffres». En clair, le personnel va travailler plus sans gagner plus. Air France va dénoncer d’ici quel- ques semaines la plupart des ac- cords collectifs envigueur et lancer une négociationmarathonavec les syndicats pour tenter de trouver un accord. La tâche s’annonce déli- cate. D’autant plus que les gains de productivité vont mécaniquement créer des sureffectifs. Du coup, «il est possible»qu’il yait «des mesures sur l’emploi» (en clair, un plan de départs), a reconnu Juniac hier soir. Même s’il assure qu’il ne le fera qu’«en dernier recours». «HÉMORRAGIE». Dans une entre- prise attachée à ses acquis, cette re- miseàplat est unepetiterévolution. C’est aussi unvrai revirement pour Spinetta, qui, lors de son premier mandat, avait gravé dans le marbre le généreux«pacte social»maison. Mais, comme il l’a plaidé hier, «il n’y a pas d’alternative». Face à la concurrence des compagnies low- cost, duGolfe oude Chine, «recher- cher la meilleure efficacité possible» est le seul moyend’éviter une «hé- morragie de l’emploi». Les organisations syndicales se laisseront-elles convaincre? «Il me semble qu’une partie de notre per- sonnel, je l’espère majoritaire, est de plus en plus consciente de ces réali- tés», a-t-il répondu. Un peu son- nés, les syndicats semblaient de fait prêts à se mettre autour de la table: «Face à la situation d’Air France, dont la gravité ne peut être ignorée, et au-delà d’un immense gâchis, l’Unsaaérienconçoit que des mesures s’imposent», a réagi le syndicat, qui se dit prêt à négocier en faisant de «lapréservationde l’emploi une prio- rité». Même son de cloche à la CFDT. Mais pour l’heure de vérité, il faudra attendre le lendemaindes élections. Lorsque la directions’at- taquera au volet de l’emploi. • Par YANNPHILIPPIN «Face à la situationd’Air France et au-delà d’unimmense gâchis, nous concevons que des mesures s’imposent.» Lesyndicat Unsaaérienhier RÉCIT 700 millions d’euros, c’est le mon­ tant de la perte de la seule acti­ vité moyen­courrier l’an dernier pour Air France­KLM. 2 milliards d’euros de réduction de coûts et de dette d’ici à 2014: c’est l’objectif «priori­ taire» d’Air France­KLM. REPÈRES «Ona beaucoupattendu pour prendre à bras-le- corps une situationqui se dégradait. Maintenant il semble que l’entreprise réagisse.» BéatriceLesticdelaCFDTàl’AFP Al’aéroport Paris­Charles­de­Gaulle, le 21 décembre. Air France­KLMaccuse une dette de 6,5 milliards d’euros. PHOTOMARCCHAUMEIL. FEDEPHOTO UNE LOURDE PERTE OPÉRATIONNELLE En 2011, le résultat opérationnel du groupe Air France­KLM devrait être négatif d’environ 300 millions euros, alors qu’il était positif de 28 millions sur l’année civile 2010. LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 FORMATION [email protected] Contact: Tél: 01 40 10 52 11 (Publi-Info) Art et arts graphiques : créer avec ses mains Tous les chemins mènent peut-être à Rome, mais pas à l’art. C’est l’un des domaines où les parcours sont plutôt bien balisés. Vous visez une carrière dans l’enseignement ? Vous vous destinez aux métiers de l’ensei- gnement ?Vous comptez vous engager dans une préparation aux concours ? Visez donc l’enseignement universitaire. Avec le système LMD, c’est par la licence Arts plastiques que vous devrez passer. Les parcours proposés ? La plupart du temps, vous aurez le choix entre des modules d’enseignements vous préparant au CAPES ou à la maîtrise d’arts plastiques, et ceux vous préparant à devenir professeur des écoles (dans le but d’intégrer un IUFM en fin de licence 3. Vous pouvez continuer jusqu’en master (les spécialités varient selon les universités : design, sciences de l’art…) ou utiliser votre licence comme un tremplin pour accéder aux différentes écoles d’art. Vous souhaitez intégrer une école d’art ? ț Les Beaux-Arts. Il en existe plus de cin- quante. Qu’elles soient municipales, régio- nales ou nationales, toutes relèvent du ministère de la Culture. Elles dispensent un cycle qui dure 3 ans (phase “programme”), sanctionné par le DNAP (diplôme national d’arts plastiques).Vous pourrez ensuite choi- sir de continuer par 2 années supplémen- taires (phase « projet ») pour préparer le DNSEP (diplôme national supérieur d’ex- pression plastique). Le DNAT(diplôme natio- nal des arts et techniques) sanctionne 3 années d’études ; il est d’avantage orienté vers l’infographie ou la direction artistique. țLes écoles nationales supérieures d'art. Ces écoles de haut niveau demandent au préalable 1 année ou 2 de préparation. Il s’agit de l'École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA), l’École nationale su- périeure des arts décoratifs (ENSADou Arts Déco) et l'École nationale supérieure de Vivre de sa passion, c’est l’idéal de tout artiste en herbe. Mais avoir la vocation ne suffit pas toujours. Pour réussir et mettre toutes les chances de votre côté, il vous faut avant tout opter pour la formation qui colle à votre projet et qui vous permette d'allier compétences techniques et sens créatif. Par Julie Mleczko Vous préférez une filière courte ? Design de communication espace et volume, Design de mode, Design d’espace, Design de produits, Photo- graphie… plus de 16 spécialités de brevets de technicien supérieur (BTS) en arts appliqués sont directement accessibles après le bac. Attention, outre les élèves doués et qui auront suivis un bac STI, la plupart des établissements vous feront passer par une classe de mise à niveau pour intégrer un BTS, ce qui porte votre cursus à 3 ans après le Bac. Enseignement Formation Recherche Donnez du mouvement à votre carrière. Ina EXPERT vous propose 14 formations qualifiantes, certifiantes et diplômantes. Vous souhaitez faire évoluer votre carrière ou vous reconvertir ? Ina EXPERT vous accompagne vers un nouveau métier : monteur, photographe, technicien du son, technicien audiovisuel, journaliste-reporteur d’images, opérateur de prises de vues, distributeur de programmes audiovisuels, webmaster, directeur de la photographie, documentaliste multimédias… Nos formations sont notamment accessibles dans le cadre d’un congé individuel de formation (CIF) ou d’une période de professionnalisation. 01 49 83 24 24 ina-expert.com Journée Portes Ouvertes Formation Continue le 14 février 2012 Les futurs talents de l’audiovisuel et du multimédia se forment à Ina SUP. 13 formations du BTS au Master. Ina SUP est l’école de l’Ina. Avec 13 formations du BTS au Master, Ina SUP est implantée au cœur d’une des plus grandes entreprises françaises de l’image et du son : l’Ina. Ina SUP forme les futurs professionnels de l’audiovisuel et des médias numériques : en montage, son, exploitation d’équipements, réalisation de documentaires, production, distribution, gestion de patrimoines audiovisuels, documentation. 4 formations sont proposées en alternance. La notoriété et le savoir-faire de l’Ina facilitent l’insertion professionnelle des étudiants. ina-sup.com Journée Portes Ouvertes Enseignement Supérieur le 9 mars 2012 LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 ANNONCES • I FORMATION [email protected] Contact: Tél: 01 40 10 52 11 (Publi-Info) création industrielle (ENSCI, appelée aussi les Ateliers), l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles et Le Fresnoy-Studio national des arts contemporains. Les études vous demanderont 5 années après le bac avec souvent la réalisation d’un projet de fin d’études. ț Les écoles supérieures d’arts appli- qués. On en compte cinq : Estienne, Olivier- de-Serres, Boulle et Duperré, situées à Paris, et l’École supérieure des arts appliqués et du textile (ESAAT), à Roubaix. Elles préparent notamment, en 2 ans après le bac, au DMA (diplôme des métiers d’art). Les titulaires de ce diplôme pourront ensuite préparer, tou- jours en 2 ans, le DSAA (diplôme supérieur d’arts appliqués). Pensez aux écoles privées spécialisées Former de véritables professionnels, c’est l’objectif que se fixent les écoles privées spé- cialisées dans le domaine artistique et le monde de l’image de manière générale. Les étudiants bénéficient d'un enseignement à la fois artistique et technique ; ils acquièrent des savoirs tout en développant leur potentiel de créativité et leur sens critique. Mais par-delà le talent et les savoir-faire professionnels, ces établissements veulent aussi insuffler à leurs étudiants d’autres compétences plus trans- versales comme la gestion, le marketing, les langues, etc…Ensuite, et parce qu’apprendre à quantifier le fruit d’une recherche, d’une ébauche, prévoir et mesurer le coût de revient d’une création pour un styliste, quantifier un dessin d’une réalisation publicitaire, valoriser ses qualités artistiques sont tout aussi importants que de savoir maîtriser les outils de la création, les écoles vont offrir un par- cours de formation complet. Les enseigne- ments, davantage orientés vers la mise en pratique et la réalisation de projets étudiants, laissent une large place aux stages et aux ex- périences professionnelles. Mieux, de nom- breuses écoles ont désormais recours au dispositif de l’alternance. D’ailleurs rien de tel pour prétendre décrocher le job, la mission ou l’opportunité de sa vie au sortir de l’école. Parce que plus que montrer un CV, les diplô- més des filières artistiques doivent démontrer leurs talents et leurs compétences. Les projets étudiants et professionnels sont consignés dans un « book », qui se présente comme un véritable atout sur le marché du travail. Et cela, les écoles œuvrent pour qu’il soit le plus étoffé et éclectique possible. Mais en ce qui concerne les arts, dites-vous bien que c’est le rapport qu’entretiennent les écoles avec le milieu professionnel concerné qui prouve la valeur de votre formation. A vous les études d’art grâce aux prépas ! Avant toute chose, ne confondez pas les deux types de formations proposées. Les classes préparatoires en arts préparent à l’entrée dans les écoles d’art alors que les classes de mise à niveau en arts appliqués (MANAA) représentent une année incon- tournable pour tous ceux qui désirent pour- suivre leurs études dans le domaine des arts appliqués, donc intégrer un BTS en arts appliqués, comme le BTS Design de com- munication, espace et volume, par exemple. Seuls les élèves titulaires du baccalauréat technologique STI, option arts appliqués, en sont dispensés, ces derniers pouvant accéder directement en première année de techniciens supérieurs. Dans les deux cas, elles permettent aux étudiants motivés et doués de se préparer à intégrer une filière artistique. Les classes prépas Les prépas aux écoles d’art, en majorité pri- vées, vous donnent les outils nécessaires à la réussite d’études artistiques. Leur objectif : vous préparer aux concours des écoles d’art très sélectifs, des grandes écoles d’arts appliqués et des écoles d’art les plus répu- tées. Ce cursus a pour but de vous apporter les différentes techniques artistiques (dessin d’étude, graphisme, croquis, rough, illustra- tion, perspective, modelage, couleur) qui vous manquaient pour suivre cette voie. Il vous apprend à dessiner, à regarder et à or- ganiser les volumes, les textes et les images dans l’espace. Le recrutement se fait au niveau bac, quel que soit votre parcours antérieur. L’admission ? Elle se fait en général après l’examen de votre dossier, suivi d’un entretien individuel. Seules conditions pour avoir une chance d’être accepté : avoir un talent brut dans une discipline artistique (dessin, sculp- ture...) et que votre démarche artistique soit intéressante. Ces classes ne sont pas là seu- lement pour vous donner des cours, elles vous procurent aussi des réalisations à mon- trer pour votre entrée dans les grandes écoles. Ce sera votre “book”, le dossier de vos meilleurs travaux. Les MANAA, ou mise à niveau en arts appliqués Cette année de formation a été conçue pour accueillir des élèves de terminale des filières générales, des étudiants en quête de réorientationaprès une tentative universitaire, et tout autre profil. Cette formation de 1 an, préparée en écoles privées ou lycées publics ou sous contrat, garde des cours généraux (mathématiques, sciences, histoire de l’art), mais orientés vers le domaine artistique. Son but est d’améliorer vos connaissances artistiques et techniques. Une fois réussie, vous poursuivrez votre cursus supérieur dans l’école : BTS puis DMA et DSAA. Cette année est un passage obligatoire pour tout bachelier général. Pour vous y présenter vous devrez passer par le site www.admission-postbac.fr comme pour toutes les autres classes préparatoires. Anciens élèves du Groupe ESRA Consultez l’annuaire des anciens élèves en ligne LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 II • ANNONCES FORMATION [email protected] Contact: Tél: 01 40 10 52 11 (Publi-Info) Evènement désormais national, le 9e Salon Studyrama des Formations Artistiques et Culturelles aura lieu le 13 et 14 janvier prochain à l’Espace Champerret. Alors si vous vous sentez l’âme d’un artiste et que vous êtes à la recherche de la formation qui vous aidera à toucher votre rêve, ce salon est fait pour vous ! Réalisé sous les hauts patronages du Ministère de l'Education Nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative et du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, le Salon des Formations Artistiques et Culturelles s’adresse aux élèves deTerminale et étudiants de Bac à Bac + 5. Il a pour objectif de vous faire découvrir les multiples formations supérieures qui mènent à ces carrières passionnantes qui vous intéressent : multimédia, audiovisuel, mode, design, architecture d’intérieur, marché de l’art, cinéma, musique, médiation culturelle... Toutes les filières artistiques représentées ! De nombreux établissements publics et privés seront présents : plus de 50 universités, écoles publiques ou privées, BTS, prépas seront donc à votre disponibilité pour vous renseigner, vous conseiller et vous guider vers la filière adaptée à votre profil. Profitez de cette possibilité d’échanger en direct avec des professionnels et des artistes afin de poser toutes les questions qui vous trot- tent en tête ! Ne ratez pas les conférences ! Animées par des professionnels de l’orientation et des intervenants d’établissements, les 6 conférences prévues vous apporteront conseils et informations complémentaires sur des sujets variés : comment préparer son admission en école d’arts ? Quels débouchés après une formation artistique ou culturelle ? L’art à bac+2 : quel BTS choisir ? Pôle cinéma Caméraman, réalisateur, monteur, scripte, acteur… cette année, c’est les métiers du cinéma que vous découvrirez sur le pôle Cinéma. Au programme : rencontres avec les écoles, échanges avec des professionnels reconnus, animations et démonstrations… Des artistes investiront les lieux et réaliseront des performances en direct. Vous retrouverez comme d’habitude des offres de stages dans les secteurs artistique et culturel. Enfin notez que la dernière édition de l’Officiel Studyrama des formations artistiques vous sera remis gratuitement à l’entrée du salon. Venez découvrir les meilleures formations artistiques au salon Studyrama des Formations artistiques et culturelles ! Informations pratiques 9 e Salon Studyrama des formations artistiques et culturelles Le vendredi 13 (14h - 18h) et le samedi 14 janvier 2012 (10h -18h) Espace Champerret - Hall C Voiture : accès direct au parking par le périphérique, sortie Porte de Champerret Métro : ligne 3, arrêt Porte de Champerret Bus : lignes 84, 92, 163, 165 RER : ligne c, station Pereire Plus d’informations sur le salon, le détail des conférences et pour obtenir des invitations gratuites : www.studyrama.com rubrique Salons Prép'art sud (TOULOUSE) Tél. : 05 34 40 60 20 Établissement d’enseignement supérieur privé légalement ouvert auprès du Rectorat. Prép'art (PARIS) : Tél. : 01 47 00 06 56 www.prepart.fr STAGE D'ORIENTATION ET DE DÉCOUVERTE ARTISTIQUE. Une semaine pendant les vacances scolaires PRÉP'ART SUD PORTES OUVERTES 2012 Vendredi 3 février de 14h à 20h Samedi 4 février de 10h à 18h PRÉP'ART PARIS PORTES OUVERTES 2012 Samedi 11 février de 10h à 18h Dimanche 12 février de 12h à 18h Un an pour vous préparer à entrer dans une grande école de : • Design • Art • BD/animation • Design d’espace • Design graphique • Multimédia • Architecture…. École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs – École Nationale Supérieure des Beaux Arts – École de l’image des Gobelins – École Nationale Supérieure de Création Industrielle – École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg École Supérieure d’Art et de Design d’Amiens et autres écoles en région. Écoles européennes. …. La prépa privée aux écoles d'art publiques prép art LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 ANNONCES • III ABONNEZ-VOUS à l’offre INTÉGRALE Chaque jour le quotidien, livré chez vous avant 7h30 par porteur spécial* du lundi au samedi 24h/24 et 7j/7 tous les services et contenus numériques en accès libre Les appli iPhone & iPad (compatibles Androïd) Libé en format numérique + de nombreux contenus enrichis (vidéo, galerie photo, info en temps réel) Chaque mois Next, le mensuel Cinéma, musique, mode, arts, design & archi… SANS ENGAGEMENT DE DURÉE Abonnez-vous À découper et renvoyer sous enveloppeaffranchie à Libération,service abonnement, 11 rue Béranger, 75003 Paris 19 ,90€ par mois* au lieu de 39 ,70€ Vous pouvez aussi vous abonner très simplement sur : http://abo.liberation.fr Nom Prénom Adresse Code postal Ville Téléphone E-mail @ AP1001 Signature obligatoire : Oui, je m’abonne à l’offre intégrale Libération. Mon abonnement intégral comprend la livraison de Libération chaque jour par portage** + tous les suppléments + l’accès permanent aux services numériques payants de Libération.fr + le journal complet sur Iphone et Ipad (formule « web première » incluse). Carte bancaire N° Expire le Cryptogramme Date les 3 derniers chiffres au dos de votre carte bancaire mois année http://abo.liberation.fr IMMOBILIER REPERTOIRE ENTRE NOUS JOUR DE FêTE MESSAGES PERSONNELS IMMOBILIER D'ENTREPRISE [email protected] Contact: Tél: 01 40 10 51 66 [email protected] Contact: Tél: 01 40 10 51 66 [email protected] Contact: Tél: 01 40 10 51 66 Cloé, 10ans que nous sommes fiers que tu sois notre petite fille. 10ans c'est un jour magique. Bon anniversaire avec pleins de bisous de Mamie et Papé Au Château d'eau mercredi soir. Aimerais beaucoup vous revoir au comptoir. silarosenetaitpaseliminatoire@ gmail.com. Lucille. a Votre SerVice DIVERS RÉPERTOIRE achète 33 t&45 t réponse assurée 06 08 78 13 60 DÉMÉNAGEURS aVS - LeS inteLLoS Vous déménage depuis 20ans au juste prix PariS etLaProVince Garde-MeUBLeS DEVIS GRATUIT tél. 01.42.23.23.24mail : [email protected] "déMénaGeMent UrGent" MicHeLtranSPort devis gratuit. Prix très intéressant. tél. : 01.47.99.00.20 micheltransport@ wanadoo.fr carnet de décoration ANTIQUITÉS/BROCANTES Achète Tableaux anciens XIX e et Moderne avant 1960 Estimation gratuite EXPERT MEMBRE DE LA CECOA [email protected] 06 07 03 23 16 Tous sujets, école de Barbizon, orientaliste, vue de venise, marine, chasse, peintures de genre, peintres français & étrangers (russe, grec, américains...), ancien atelier de peintre décédé, bronzes... Location 2 PIÈCES Paris 2°, 2 pièces 35m2 vue sur square, 995/cc, 06.17.39.77.73 STUDIOS Paris XVIIIe proche du métro Jules-Joffrin Immeuble récent beau studio environ 30m2, au 6e étage avec ascenseur, avec balcon, calme et ensoleillé. 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Le danois a engagé unpland’économies de 150 millions d’euros par an pour faire face à l’effon- drement potentiel dumarché américain, les subventions étant suspendues. SOLDESLa première journée des soldes d’hiver, lancés mercredi sur la majeure par- tie duterritoire, a été «satis- faisante dans les centres com- merciaux de France», avec 16,5 millions de visiteurs, se- lon le Centre national des centres commerciaux (CNCC). BANQUE La Royal Bank of Scotland (RBS) a annoncé 3500 nouvelles réductions d’effectifs dans le cadre de la restructurationde sa banque d’investissement, pour limi- ter sonexpositionauxactivi- tés les plus risquées. «Qu’onfiscalise les charges sociales, qu’onpermette aux entreprises de baisser leurs prix et de reporter le paiement des cotisations sociales sur une fiscalité plus large, cela me semble une bonne idée.» Michel­EdouardLeclerc hier sur BFMBusiness 2,25% C’est le taux, inchangé, du Livret A. Le ministre de l’Economie, François Baroin, a décidé, hier, de ne pas y toucher. La for­ mule de calcul prévue par la loi aurait normalement dû faire passer le taux du produit d’épargne popu­ laire à 2,75% pour suivre l’inflation. L es Français travaillent- ils vraiment six semai- nes de moins, chaque année, que les Allemands? Selonune étude de l’institut COE-Rexecode (proche du patronat), basée sur des données harmonisées éta- blies par Eurostat (institut statistique européen), les sa- lariés à temps complet ont travaillé, en2010, 225 heures de moins dans l’Hexagone qu’outre-Rhin(1679 heures contre 1 904 heures). Pro- blème : en ne prenant en compte que les temps pleins, l’institut ne montre qu’une image tronquée de la réalité, les Allemands ayant untaux de temps partiels supérieur de 7 points à la France (23,3% contre 16,4%). Qui plus est pour des durées moyennes annuelles de tra- vail inférieures (883 heures contre 978 heures). Bref, alors qu’enFrance la réduc- tion du temps s’est faite de façonplus homogène, la RTT en Allemagne s’est large- ment construite entre temps pleins et partiels (+6 points en dix ans). «Impossible». Ainsi, enin- tégrant les temps partiels dans le calcul du temps de travail moyen par salarié, l’écart entre les deux pays se trouve divisé par presque trois: 1550 heures pour les Français contre 1637 côté al- lemand, soit 87 heures de différence. Ce qui repré- sente, au final, 5,6% de temps de travail enplus pour les Allemands. Unchiffre qui montre que «les durées de travail sont très proches entre les deux pays», estime un responsable de l’Insee. D’autant que si les méthodo- logies ont été harmonisées, il subsiste quelques différences dans le recueil des données, qui sous-estiment le temps de travail en France. En intégrant les temps par- tiels, la France n’est égale- ment plus l’avant-dernier pays travaillant le moins en Europe. Tous temps de tra- vail confondus, les Français œuvrent davantage que les Danois (1490 heures) et les Hollandais (1 356 heures), autant ou presque que les Suédois et les Finlandais, et seulement 40 heures de moins que les Britanniques et les Irlandais. Autre souci : selon COE- Rexecode, la France aurait abaissé, entre 1999 et 2010, de 13,9%le temps de travail des salariés à temps complet, contre seulement 6,1%pour les Allemands. Sauf que la plus grosse chute du temps de travail sur cette décennie en France a lieu en 2003… lorsque la droite revient au pouvoir et commence à s’at- taquer aux 35 heures. En réalité, il s’agit d’un biais méthodologique, l’Insee ayant modifié son système de recueil de données. «De ce fait, il est impossible de comparer des données avant et après 2003», dit unrespon- sable de l’institut français. Besogneux. L’évolutiondu temps de travail dépendéga- lement de nombreux autres indicateurs. Comme la po- pulationenâge de travailler, qui ne cesse de croître en France (+7,8%sur dix ans), alors qu’elle a baissé de 2,9% en Allemagne. Ce qui expli- que que le temps de travail ait moins baissé outre-Rhin, puisque le nombre de «bras» y a di- minué. Même si –autre indicateur inquiétant pour l’Allemagne– le nombre total d’heures travaillées a chuté de 4,6% outre-Rhin en- tre 1999 et 2010, contre 1% en France. Enfin, outre que d’autres en- quêtes –certes controver- sées –, comme celles de l’OCDE, disent l’inverse d’Eurostat (1309 heures de travail pour les salariés en Allemagne en 2009 contre 1469 enFrance), le temps de travail n’a pas de rapport di- rect avec le tauxde chômage. Ainsi, avec la plus basse du- rée du travail salarié en Eu- rope (1356 heures en 2010), les Pays-Bas ont undes taux de chômage les plus faibles de l’UE (4,8% fin 2011). A l’inverse, les besogneux Grecs (1914 heures) culmi- nent à 18,3%de chômage… LUC PEILLON France-Allemagne, étudedetempspartiale TRAVAILUnrapport pointe le faible volume horaire par salarié dans l’Hexagone. Une conclusionbiaisée. A peine arrivé au volant, Frédéric Saint­Geours sla­ lome entre les rumeurs: le nouveau directeur des marques de PSA­Peugeot Citroën s’est dit hier «ouvert» à l’idée d’une alliance avec un autre constructeur. Mais pas for­ cément avec Fiat. «On est tout à fait ouvert à cette idée, mais il faut trouver le bon partenaire. Pour l’ins­ tant, il n’y a pas d’alliance en cours», a dit Saint­ Geours. Une manière de démentir l’hypothèse d’un mariage avec le construc­ teur automobile italien avancée par la presse tran­ salpine. Et de relancer plu­ tôt, en creux, l’idée d’une union avec le japonais Mit­ subishi Motors qui avait failli aboutir en 2010? La question est ouverte, car le numéro 1 français de l’automobile n’est pas au mieux: ses ventes ont reculé l’an dernier de 1,5% dans le monde et de 6% en Europe. PHOTOREUTERS SAINT­GEOURS ÉVOQUE UNE ALLIANCE POUR PSA LES GENS Dans une fabrique du Nord, en 2007. PHOTOPASCAL ROSSIGNOL. REUTERS -0,15 % / 3 199,98 PTS 2 843 644 175€ +3,01% PEUGEOT ACCOR BNP PARIBAS ACT.A TOTAL DANONE CAP GEMINI -0,27 % 12 415,59 +0,11 % 2 713,63 -0,15 % 5 662,42 -0,74 % 8 385,59 L’institut COE-Rexecode n’a pas intégré le temps partiel à ses calculs, lequel est plus important enAllemagne. Par STÉPHANIELACAZE Les «recalculés»auturbin contreles caisses deretraite I ls se baptisent les «recal- culés»de la retraite. Des hommes et des femmes à qui on demande de rem- bourser une partie de leur pension. Hier matin à Bor- deaux, une soixantaine d’entre eux, dont beaucoup d’anciens salariés de Das- sault, ont distribué des tracts et fait signer une pétitionde- vant la Carsat (Caisse d’assu- rance retraite et de la santé au travail) d’Aquitaine. «C’est une façon de faire con- naître notre mobilisation et de dire que les recalculés ne sont pas des fraudeurs», souligne François Garofalo, l’un des piliers du collectif qui s’est monté à l’initiative dusyndi- cat CGTde Dassault Aviation en Gironde. ChristianPanséra est l’unde ces «recalculés». Il est parti à la retraite en novem- bre 2004, à 56 ans et demi. «Al’époque, j’ai bénéficié du dispositif de départ anticipé permis par la loi. J’ai racheté des trimestres enfaisant valoir mes années d’apprentissage et les emplois saisonniers que j’ai occupés lorsque j’avais 14 et 15 ans. Pour ces petits boulots dans les années 60, je n’avais pas de fiches de paie. Mais il suffisait alors de fournir une déclaration sur l’honneur de témoins qui nous avaient vus travailler», raconte le retraité. Pourtant à la fin de l’année dernière, il reçoit une lettre de sa caisse de retraite. On lui explique que sa pensiona été révisée et qu’il doit rem- bourser 70000euros avant la findu mois! Ala suite d’une enquête de l’Urssaf sur son dossier, les témoins qu’il a fournis pour justifier de ses emplois saisonniers n’ont pas été jugés fiables et ces mois de travail sont remis en cause dans le calcul de sa re- traite. «C’est scandaleux, quand on sait que j’ai été en- couragé par mon entreprise à partir plus tôt. Aujourd’hui, si je dois rembourser ces 70000 euros, je vais être obligé de vendre ma maison», s’insurge ChristianPanséra. A ce jour, 1500 dossiers de recalculés ont été recensés dans toute la France, dont 37 en Gironde. Certains se voient réclamer le rembour- sement de sommes allant jusqu’à 100000 euros. Tous plaident la bonne foi et affir- ment qu’ils «ne sont pas des fraudeurs». Ils ont d’ailleurs reçu, hier, le soutiendes sa- lariés de la Carsat, qui dé- noncent «lamanière de faire» de leur direction. • VU DE BORDEAUX LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 20 • SPORTS LePSGtombedanslePato TRANSFERTNouveaucamouflet pour le clubparisien: l’attaquant duMilanACannonce ne pas vouloir venir, malgré une offre mirifique. L e Paris-SGversion qa- tarie a beau avoir les poches pleines, la question de son attractivité auprès des joueurs de niveau international se pose avec un peu plus d’acuité de jour en jour. Une semaine après l’officialisation de la non- venue de l’Anglais David Beckhamet trois jours après que Kaká a fermé la porte, le club de la capitale s’est pris unvent hier avec l’attaquant brésilien du Milan AC, Alexandre Rodrigues da Silva (22 ans), dit Pato. Le refus dujoueur est peut-être provisoire. Il faudra cependant se souve- nir que la propositionroyale duPSG(autour de 6millions d’euros annuels desalaire) ne l’a pas fait sauter auplafond. L’histoire s’est tramée hier. Au moment où le directeur sportif du club, Leonardo, officialisait l’arrivée du dé- fenseur brésilienremplaçant de Barcelone Maxwell (30 ans) pour un montant noncommuniqué (autour de 5 millions d’euros), l’AFP faisait état d’unaccordentre le MilanACet le PSGpour le transfert de Pato, autour de 35 millions d’euros, bonus compris. «Maison». Leonardotempé- rait alors les enthousiasmes: «Les choses avancent. Il y a des possibilités, mais il n’y a pas d’accord. On va voir, on a du temps, il n’y aura rien ven- dredi, ça, c’est sûr.» Vers 17 heures, Pato et le Milan démentaient sur le site inter- net duclub. Le joueur brési- lien s’est exprimé longue- ment: «Milan est ma maison. Je ne veux pas interrompre ma carrière en rouge et noir avant d’avoir gagné un ou deux tro- phées avec monéquipe. Je veux contribuer à écrire l’histoire du club et prendre part à ses suc- cès futurs avec joie et en par- faite harmonie avec le groupe. Cette joie me donne la force d’affronter les succès futurs avec un plus grand enthou- siasme, de vaincre et de mar- quer des buts. Aujourd’hui est unjour spécial pour moi. Je re- mercie le président Berlusconi, le club et les supporteurs, qui ont toujours cru en moi.» Identité. Faute d’explica- tion supplémentaire, ce «jour spécial»évoqué par le Brésilien semble la réaffir- mationde sonidentité mila- naise alors qu’il était à la croisée des chemins. Le club, lui, a écrit cette phrase lourde de sens: «L’attaquant a décidé de continuer sa jeune et déjà splendide carrière sous le maillot rouge et noir.» En gros: soucieux de faire ren- trer du cashpour faire venir l’Argentin de Manchester City Carlos Tévez (27 ans), Milan se serait bien vu ven- dre son attaquant (par ailleurs petit ami d’une des filles de Berlusconi, prési- dent du Milan). Mais Pato, 51 buts en 111 matchs de Série Adepuis sonarrivée en2008, mais au régime sec cette saison (9matchs, 1 but), a grimacé quand il a découvert l’iden- tité de sa destination, rava- lant ainsi le Paris-Saint-Ger- main au rang du premier club turc venu. Hier, Leo- nardo a paru agacé quand le sujet est arrivé: «Il est là, Pato? Question suivante!» D’accord: le standing du club de la capitale est-il aujourd’hui à la hauteur des moyens dont il dispose? G. S. FORMULE 1 Robert Kubica à nouveau blessé. Gravement touché à la jambe et au bras droit il ya unandans unac- cident de rallye, le pilote po- lonais s’est à nouveau cassé la jambe dans des circons- tances qui n’ont pas été éclaircies par les médecins qui suivent sa rééducation. GYM Thomas Bouhail re- nonce aux Jeux de Londres. L’opérationconsécutive à sa blessure à la jambe a été sui- vie de complications. Pato, le 2 avril, à Milan. PHOTOOLIVIERMORIN. AFP Retrouvez le vainqueur du Prix BD 2012 dans le libé bd du 26 janvier TROIS QUESTIONS ÀTHOMAS COVILLE CHEF DEQUARTDE«GROUPAMA4» SURLAVOLVOOCEANRACE «Nous sommes l’équipe avec le plus grand potentiel de progression» w Groupama 4 a remporté la deuxième demi-étape à AbouDhabi il ya une se- maine et pointe à la 3 e place augénéral. Cela vous donne confiance? Nous avons montré qu’onétait capables de gagner une régate face à des spécia- listes. Mercredi, nous avons aussi rem- porté une manche d’entraînement et on a vules autres faire des erreurs. Nous sommes dans la bonne spirale avant la «In-Port Race»de cet après-midi. Dans ces régates, il faut être réactif sur la phase de départ car, souvent, tout est joué dès la première bouée et il est impossible de re- passer devant. Ce sera la même pour le départ samedi. w C’est une attitude très différente de la course au large… C’est stressant, car il n’ya pas de deuxième chance. 18points sont distribués, c’est la moitié de ce qui est attribué pour une étape entière. Nous n’avons pas cette culture des courses à points. Nous subissons donc une tensionpar rapport aurésul- tat final. Mais, depuis notre victoire, les concurrents nous regardent autrement. Nous sommes l’équipe avec le plus grand potentiel de progression. w Ladeuxièmepartied’étapevous mèneraàSanya(Chine). Un parcours qui n’a rien d’océanique… C’est unendroit qu’onva découvrir. Aucund’entre nous n’a navigué par là-bas. Ce sera une course d’observation et de stratégie où le choix des voiles va être prépondérant. Mais nous avons reçude nouvelles voiles et nous avons fait évoluer le bateau au fur et à mesure. Il est mené à rude épreuve et c’est limite dangereux pour nous. Avec sa puissance, la vio- lence des chocs avec les vagues nous fait parfois voler! Recueilli par DINODIMEO PHOTO AFP Strasbourg Dijon Lyon Toulouse Bordeaux Orléans Nantes Caen Brest Lille Paris Montpellier Marseille Strasbourg Dijon Lyon Toulouse Bordeaux Orléans Nantes Caen Brest Lille Paris Montpellier Marseille Nice Nice Strasbourg Dijon Lyon Toulouse Bordeaux Limoges Orléans Nantes Caen Brest Lille Paris Montpellier Marseille Nice Ajaccio Nuageux Soleil Couvert Faible Modéré fort Calme Peu agitée Agitée Averses Pluie Éclaircies Orage 0,3 m/11º LE MATINLa faible perturbation progresse vers le sud avec des pluies à l'est. Les éclaircies reviennent à l'arrière par le nord avec un air frais. L’APRÈS-MIDI Éclaircies au nord, surtout près de la Manche. Ciel nuageux de l'Atlantique à l'Auvergne et aux Alpes. Mistral en Camargue. -10°/0° 1°/5° 6°/10° 11°/15° 16°/20° 21°/25° 26°/30° 31°/35° 36°/40° FRANCE MIN/MAX Lille Caen Brest Nantes Paris Nice Strasbourg FRANCE MIN/MAX Dijon Lyon Bordeaux Ajaccio Toulouse Montpellier Marseille SÉLECTION MIN/MAX Alger Bruxelles Jérusalem Londres Berlin Madrid New York Neige 0,6 m/9º 0,1 m/14º 0,6 m/13º 1 m/13º VLNDÞLDI I3 Beau temps ensoleillé sur la plupart de nos régions avec des tempé- ratures de saison. Temps parfois nuageux en Méditerranée. SAMLDI I4 Soleil dominant au nord et à l'est. Ciel passagèrement nuageux dans l'ouest et le sud. Assez froid. DIMANCHL I5 0,3 m/15º 0,6 m/12º 0/6 -2/7 -1/11 8/13 -1/10 0/13 4/12 8/17 1/8 4/10 2/7 2/5 2/13 -1/9 0/8 2/9 4/10 5/9 4/9 4/14 0/7 0,3 m/9º 0,3 m/11º 0,3 m/13º 0,3 m/12º 0,3 m/13º 0,3 m/9º 0,3 m/11º 0,1 m/14º 0,3 m/11º 0,3 m/11º LIBÉRATION www.liberation.fr 11, rue Béranger 75154 Paris cedex03 Tél. : 01 42 76 17 89 Editépar laSARL Libération SARLaucapital de 8726182€. 11, rue Béranger, 75003 Paris RCS Paris : 382.028.199 Durée: 50 ans à compter du 3 juin 1991. Cogérants Nicolas Demorand Philippe Nicolas Associéeunique SA Investissements Presse au capital de 18098355 €. Président du directoire Nicolas Demorand Philippe Nicolas Directeur de lapublication et de larédaction Nicolas Demorand Directeur délégué de larédaction Vincent Giret Directeursadjoints de larédaction Stéphanie Aubert Sylvain Bourmeau Paul Quinio François Sergent Directrice adjointe de larédaction, chargée du magazine Béatrice Vallaeys Rédacteurs enchef Ludovic Blecher (éd. électronique) Christophe Boulard (technique) Gérard Lefort Fabrice Rousselot Françoise-Marie Santucci (Next) Directeursartistiques Alain Blaise Martin Le Chevallier Rédacteurs enchef adjoints Michel Becquembois(édition) Eric Decouty et Pascal Virot (Politique) Jacky Durand (société) Olivier Costemalle et Richard Poirot (éd. électronique) J.ChristopheFéraud(éco-terre) Mina Rouabah (photo) Marc Semo (monde) Sibylle Vincendon (spéciaux) Directeur des Editions Electroniques Ludovic Blecher Directeur administratif et financier Chloé Nicolas Directeur commercial Philippe Vergnaud [email protected] Directeur du développement Pierre Hivernat ABONNEMENTS Marie-Pierre Lamotte & 01 76 49 27 27 [email protected] abonnements.liberation.fr Tarif abonnement 1 an France métropolitaine : 324€. 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Nous informons nos lecteurs que la responsabilité du jour - nal ne saurait être engagée en cas de non-restitution de documents T R L O I H P O T R H I T R P E O I H P I E L S R O L R O E 1 7 8 9 2 3 3 1 5 7 5 6 7 3 8 9 3 5 1 6 2 8 8 9 2 4 7 5 2 8 5 1 7 1 Q SUDOKUFACILE MO1 C^llL !72O SUDOKU !72O QAéroports particuliers Q MOTCARRÉ 9 7 6 8 2 5 4 3 1 3 8 1 9 6 4 7 5 2 2 4 5 3 1 7 9 6 8 8 5 4 6 3 2 1 9 7 1 6 9 7 5 8 2 4 3 7 3 2 4 9 1 6 8 5 5 1 8 2 4 9 3 7 6 4 2 3 5 7 6 8 1 9 6 9 7 1 8 3 5 2 4 N O R G S E A T C G S T A C R E N O A C E N T O S R G R T N O G A C S E S G A T E C N O R O E C S R N T G A T R O E A S G C N E N S C O G R A T C A G R N T O E S H. I. Un jour comme aujourd’hui, pourquoi n’en auriez vous pas un?- II. Tout àfait d’actualitédepuis près de quatre semaines. - III. Ancêtre gourmand des Edomites. Apeine quelques âmes du côté de Rivière-Pilote. - IV. Compteunpeuplus d’âmes que le précédent. - V. Dit pour le salut de l’âme. Suivit lemouvement. - VI. Article. Pèredela belleEurope. - VII. Sa racine vient à bout de chinoises fatigues. - VIII. Donna finalement plus d’ampleur. Cousin méridional de l’alouate. - IX. Finirent par se tordre. Déteste le sexe à l’épellation. - X. Un des états de l’Ancien Régime. Reste encore d’actualité jusqu’à la fin du mois. - XI. Aux couleurs du clan. V. 1. Peut fournir lemoyend’augmenter ses chances aujourd’hui. - 2. Peigneagréablement la girafe. Plus très frais. - 3. Telleunebonnecuredesémillon. Mit fin à sa carrière en 1941, deux ans à peine après avoir enfin ri à l’écran. - 4. Parle fulfulde dans le massif duFouta-Djalon. Ont des fins demois faciles. - 5. Peut distraireaveclepremier du8. SauvaOrléans des hordes hunes. - 6. Vrais casse-têtes. Sa version sociale risque de ne pas l’être du tout. - 7. Grandes amatrices de Krill. En soie. - 8. Cf. le premier du 5. Touchent au timbre. - 9. Pas vif du tout. I 2 3 4 5 ó 7 8 9 I II III IV V VI VII VIII IX X LES MOTS D’OISEAU H:I. Pas minces. II. Receleuse. III. Irène. LSD. IV. Mantas. Eu. V. Oté. Loi. VI. Risbermes. VII. Do. Estima. VIII. INED. Aton. IX. Régnant. X. LCR. Atidé. XI. Etatistes. V:1. Primordiale. 2. Aération. ct. 3. Scènes. Erra. 4. Ment. Bédé. 5. Iléales. Gai. 6. Ne. Sortants. 7. Cul. Imitait. 8. Esse. Emondé. 9. Séduisantes. XI w LLS MOTS D’OISLAU ³ 4óI2 Vendredi 13... A B C D E F G H 8 7 6 5 4 3 2 1 yzyfyzoz eqznzqzq yzyzmzqz zyzykyzy wzyzskyz zyzxzyky ykylyzyk zyftzyiy a b c d e f g h i j l m n o p q r s t u v w x y z a b c d e f g h i j l m n o p q r s t u v w x y z Grand Prix FFE, Port-Marly 2011 Les Noirs jouent et gagnent B. Zubarev N. Vachier-Lagrave Le tournoi de Saint Sébastien (Espagne) ou les échecs selon Bronstein. Au Jeu des Rois, les blancs ont l’avantage du trait : le fait de commencer la partie leur donne une certaine initiative, qui peut durer une vingtaine de coups, en adoptant par exemple une formation agressive. De cela décou- le souvent un avantage psychologique, puisque celui qui commence peut choisir son champ de bataille. David Bronstein (1924 - 2006) , qui fit jeu égal en son temps avec le Champion du monde Botvinnik en match officiel (1951), rétablissait la stricte égalité entre deux joueurs par un artifice aussi simple que génial: on joue une partie avec les blancs et une autre avec les noirs contre son adversaire ! En même temps. Il fallait y penser. C’est sur ce modèle et un système coupe par éli- mination directe en parties longues que le tour- noi de San Sebastian s’est déroulée du 28 décem- bre au 6 janvier 2012, avec une forte colonie fran- çaise, entièrement décimée. Seul Étienne Bacrot est parvenu en quarts de finale, mais, après un match titanesque face à l’Ukrainien Moiseenko, il doit s’incliner 3,5 - 4,5 à l’issue des départages en blitz. La finale a consacré un autre Ukrainien, Volo- kitine, qui remporte deux positions « égales » face au Tchèque Laznicka. La première est gagnée au temps par simple distraction, et la seconde sur gaffe de son adversaire, troublé par la première! Le grand maître Rozentalis ne rate pas l’occasion d’achever sa partie en beauté par 1. De7+!! , avec l’idée 1... Rxe7 2.Cxf5+ et 3.Cxh4, qui laisse les noirs sans voix et surtout sans pièce. Après le délit de fuite 1... Rg6, les blancs font barrage par 2.Dg7+! 1- 0, avec strictement le même schéma de fourchee en f5. Jean-Pierre Mercier SOLUTION w ECHECS NIVEAU yzyzyzyz zyzyzozy yzyzyeyz kyzyzmzq yhykyzyb zyzyjyzy yzyzykuz zyzyzyzy JEUX_13:LIBE09 12/01/12 15:23 Page1 LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 JEUX­METEO • 21 L a Hongrie démocratique lance un appel, l’Europe institutionnelle fait la nique oula sourde oreille, patauge dans l’hypocrisie. Mais si les gouvernements européens veu- lent se perdre dans de paralysantes et ir- responsables longueurs procédurales, il est nécessaire que les citoyens européens fas- sent de la «questionhongroise»unde leurs problèmes et une de leurs batailles. Sans délai. Le gouvernement de Viktor Orbána imposé une nou- velle Constitutionqui piétine les droits démocratiques minimauxdont l’Europe a pourtant exigé qu’ils soient respectés et protégés par tout pays voulant adhérer à l’UE. La loi électorale est taillée sur me- sure pour facili- ter la victoire du parti d’Or- bán, même à l’avenir; les médias sont bâillonnés; les magistrats sont asservis à la volonté de l’exécutif; la Banque cen- trale perd toute marge d’autonomie; chauvinisme et racisme deviennent le ciment «populaire»de ce véri- table fascisme postmoderne. Si la Hongrie d’Orbándemandait aujourd’hui à adhé- rer à l’Europe, sa demande serait rejetée, dans la me- sure où elle ne répond pas aux exigences démocrati- ques. Mais l’article 7 dutraité de Lisbonne spécifie que le gouvernement d’unpays déjà membre de l’UEdoit perdre sondroit de vote si elle viole ces exigences. Il est donc nécessaire que le Parlement de Strasbourg, la Commission de Bruxelles et les gouvernements européens s’activent sur le champ afin d’appliquer avec la plus grande intransigeance l’article 7. Tout at- tentisme, tout «diplomatisme», toute tentative de mise en place de sanctions «graduées», ne ferait qu’encourager le gouvernement Orbánà poursuivre la route qu’il a empruntée de façonsi insolente, avec le risque de contagion antidémocratique pour toute la communauté politique continentale. Se plier à l’arrogance des pouvoirs antidémocratiques, aunomdu«moindre mal», a toujours été la tentation des establishments du privilège. En 1938, les tièdes démocrates Chamberlainet Daladier, qui s’abaissèrent devant les antidémocrates cohérents Hitler et Musso- lini, furent les tragiques protagonistes de ce syndrome de lâcheté (frisant l’omertà). Si l’Europe des Merkel, des Cameronet des Sarkozy cédait aujourd’hui à Or- bán, enfaisant semblant de regarder ailleurs ouense contentant de sanctions de façade, elle répéterait à échelle réduite l’infamie de 1938. Et, de grâce, qu’on n’aille pas citer Marx qui, à propos de Napoléon III, disait que l’histoire se répète toujours deux fois, une fois comme tragédie et l’autre comme farce. Il en va ainsi parfois, mais cette fois-ci, la nouvelle tragédie, bien qu’en petit format, est pour ceux qui la vivent aussi dévastatrice que la précédente. Avec la circons- tance aggravante que Hitler était alors une puissance militaire et économique qui à elle seule valait le reste de l’Europe, alors qu’Orbán est obligé, chapeau à la main, de demander de l’aide au FMI. Et, devant un efficace cordonsanitaire européen, il serait contraint de s’en aller (comme l’ami Berlusconi). Aussi la lâ- cheté de Merkel, Cameronet Sarkozy serait-elle une lâcheté au carré. Serait complicité. Si Orbán a toujours désigné Poutine et Berlusconi comme ses modèles, recevant enretour leur appui le plus chaleureux (il ya dix ans, à Budapest, Berlusconi déclara: «nos programmes et nos politiques sont identi- ques, entre nous il est une extraordinaire syntonie»), ce n’est pas tout à fait un hasard. Cela montre que la peste du fascisme postmoderne, qui n’est soft qu’en apparence, est une force diffuse et une menace crois- sante, dont Marine le Penet la droite néerlandaise qui fait partie de la majorité de gouvernement, sont autant d’autres inquiétants icebergs. Si l’onveut éviter la contagion, il faut que les pestifé- rés soient traités comme des pestiférés. L’Europe a très mal agi enn’intervenant pas contre Berlusconi pen- dant presque vingt ans. Si elle n’intervient pas contre Orbán, elle prépare son propre suicide. Parce que sanctionner Orbán, le priver dudroit de vote dans les institutions européennes, signifie soutenir la Républi- que hongroise, la citoyenneté démocratique hon- groise, descendue dans la rue enchantant l’Hymne à la joie de Schiller-Beethoven, que l’Europe a adopté comme sonpropre hymne. Notre hymne –si nous ne voulons pas que l’Europe reste l’Europe des mar- chands, des banquiers (avec megabonus et titres toxi- ques adjacents) et des gouvernements démocratiques tièdes (avec la lâcheté et l’omertà qui vont avec). Traduit de l’italien par Robert Maggiori. L’Europe a très mal agi enn’intervenant pas contre Berlusconi pendant vingt ans. Si elle n’intervient pas contre Orbán, elle prépare sonpropre suicide. Par PAOLO FLORES D’ARCAIS Philosophe, directeur dela revueitalienne Micromega Viktor Orbán ou le fascisme postmoderne Khmers rouges sang A vec l’Elimination publié ces jours-ci chez Grasset, Rithy Panh, cinéaste cambodgien, survivant des massacres khmers rouges des années terribles 1975-1979, nous donne, aidé par Chris- tophe Bataille, un livre terriblement puissant. Un livre? Un coup de poing dans l’estomac, plutôt! Vous le prenez là, vous vous pliez en deux et ensuite vous réagissez…oupas! Mais alors, tant pis pour vous, parce qu’il vous travaille, pénètre les méandres de votre âme et s’assoit là, tout aufond, comme unléo- pardà l’affût. Car il ne s’agit pas seule- ment d’unlong hurlement; c’est aussi un livre à l’intelligence décapante, la lente déconstructiond’unsystème fou. Il suit le cours de centaines d’heures d’entretien que Rithy Panh eut avec Kaing GuekEav, dit Douch, responsa- ble du centre «S21», dans lequel au moins 12380personnes furent torturées et la plupart ensuite mises à mort. Mais pourquoi ? Pour installer un véritable régime communiste, il fallait se débar- rasser des classes sociales qui résistaient à la révolution, les bourgeois, les intel- lectuels, les propriétaires…Et proprié- taires de quoi ? De quelque chose, de n’importe quoi… N’importe qui, au fond…Douchne connaissait pas Rithy Panh, un numéro sans nom, destiné à disparaître, même pas un être, même pas un pou. Rithy Panh ne connaissait que Douch, responsable de tout ce qui était arrivé, à lui, à sa famille, à son pays…Livre terrible, d’où l’on ne res- sort pas indemne. La notionde «traumatisme», et surtout ce qu’elle est devenue jusqu’à désigner les petits moments du quotidien, est broyée. Nous, les psys, nous devrions le reconnaître, nous nous sommes four- voyés. Le traumatisme n’explique rien, et surtout pas les pathologies. Il existe en revanche des violences extrêmes, délibérément infligées à certains hom- mes par d’autres hommes qui les ont pensées comme éléments d’une straté- gie. D’où l’importance d’identifier ces stratégies entant que procédures intel- lectuelles, de les mettre à plat. Ce livre est évidemment, de ce point de vue, un élément de psychothérapie. «Je demande s’il cauchemarde la nuit d’avoir fait électrocuter, frapper avec des câbles électriques, planter des aiguilles sous les ongles, d’avoir fait manger des excréments, d’avoir consigné des aveux qui sont des mensonges, d’avoir fait égor- ger…Il réfléchit puis me répond, les yeux baissés: “Non.” Plus tard, je filme son rire.» (p. 13) Je l’ai vu éclater de rire dans Douch, le maître des forges de l’en- fer, le nouveau film tourné par Rithy Panh, qui a été retenu dans la sélection officielle dufestival de Cannes 2011 –je l’ai entendu, ce rire terrible, qui ré- sonne et traverse les murs et les fron- tières. L’homme utilise cette même in- telligence perverse pour monter de nouvelles stratégies, pour tromper les juges, jusqu’à narguer les survivants. Mais, à quoi donc servait la torture? Certainement pas à faire parler, puisque les aveux extorqués, rédigés de manière stéréotypée dans des rapports gigan- tesques, étaient faux –ce que tout le monde savait, à tous les ni- veaux de la hiérarchie. La torture ne servait pas davantage à faire taire. La faim, d’abord, avait anéanti toute résis- tance –le pays entier avait été affamé. Et puis la terreur de tous les instants, la dénonciation permanente, les règle- ments absurdes et impossibles à con- naître dans leurs détails, tout cela avait généré un pays pétrifié, un territoire d’ombres. A quoi donc servait-elle, alors? Aconvaincre que le monde pou- vait être transformé par une idée. La torture est unacte intellectuel. Pour Par TOBIE NATHAN Professeur depsychologie cliniqueet pathologique, université Paris­VIII preuve cette torture incroyable dans son absurdité, consistant à vider une femme de tout son sang –oui ! –, lui planter uncathéter dans chaque bras et la vider jusqu’à la dernière goutte. Dans le Kampuchea démocratique de Pol Pot, la torture était unacte idéaliste absolu. J’enfrémis encore. «Monsieur Rithy, les Khmers rouges, c’est l’élimination. L’homme n’a droit à rien.» (p. 99) J’ai lu un certain nombre de livres sur les terreurs de masse, sous le régime nazi, dans l’empire soviétique, au mo- ment de la révolution culturelle chi- noise, pendant le génocide rwandais… pourquoi lire de tels témoignages, quel- quefois à la limite de l’insupportable? La description de ces violences ex- trêmes nous apprend, non pas seu- lement sur les capacités des humains –et notamment les enfants–à survivre au pire; non pas sur ce qu’on a appelé avec naïveté «la banalité dumal», mais sur les stratégies politiques réelles, tel- les qu’elles viennent s’incarner; telles qu’elles viennent s’incruster à l’intime de l’être. La psychologie, ce n’est aufondque de la politique incarnée. Ce livre restera inscrit enmoi, comme d’autres, incon- tournable, comme Si c’est un homme de PrimoLevi, Auschwitz et après de Char- lotte Delbo, la Nuit de Elie Wiesel ou l’Espèce humaine de Robert Antelme. Il existe des violences extrêmes, infligées à certains hommes par d’autres hommes qui les ont pensées comme éléments d’une stratégie. LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 22 • REBONDS Portrait de Sarkozy enjoueur de baby-foot De Nicolas Sarkozy, ses séides et ses courtisans proclament volontiers qu’il est un «moteur». Si elle ne brille pas par sonaudace, l’image a ce mérite de souligner le caractère violemment mé- canique de la campagne du candidat- président sortant, où tout se cycle et se recycle comme enune usine de retrai- tement de déchets. S’y imaginent, comme dans les Temps modernes de Chaplin ou le Métropolis de Fritz Lang, des tapis roulants s’entrelaçant tels bre- telles autoroutières pour déposer une hétérogène et arbitraire quincaille sous le pilon d’un monstrueux concasseur. L’organisation de la campagne serait ainsi d’untaylorisme à fluxtrès tendus, dans une divisionexacerbée du travail propagandiste et sans autre finalité qu’unproductivisme démentiel de pro- messes et de réformes, de projets et de lois, in- satiablement. Las! De ce «moteur» qui fonctionne aux deux temps de «la crise»et de la présiden- tielle, Sarkozy est moins le visionnaire ingénieur que le contremaître fébrile, sur unchantier ensurchauffe ayant ac- cumulé des années de retard. Méta- phore pour métaphore, l’actualité ap- pelle à en filer une autre, également signifiante et symptomatique. Aconsi- dérer les irruptions successives de Da- vid Beckham et d’Eric Cantona sur le terrain de tous les grands écarts, elle sera footballistique. Onsait le barouf et le flop qu’a générés le mois dernier l’hypothèse d’embau- che, par le club Paris-Saint-Germain shooté aux gazo-dollars qataris, de l’ex-star de la sélection anglaise, re- convertie, selonles gazettes, en«icône métrosexuelle». Même enconsidérant l’âge –quasi canonique, dans ce mé- tier–du joueur de bientôt 37 ans, l’in- formationn’échappait pas tout à fait au champ sportif : Beckhamferait au PSG vendre des maillots à sonnuméroet à la gloire du club. Il le ferait, n’endoutons pas, avec plus de succès qu’Edouard Balladur les tee-shirts ayant prétendu- ment financé sa campagne présiden- tielle de 1995 (arnaque plus grossière que certaine mainfameuse de Thierry Henry, mais que RolandDumas, arbitre socialiste au Conseil constitutionnel, valida). L’investissement ne fit pas plus que cela couiner le supporter, tant le foot-business est désormais assumé, si- non revendiqué, sans états d’âme par ses promoteurs. Apeine fronça-t-il le nez, le supporter, à l’énoncé du mon- tant de la transaction, enle comparant moins à ses propres revenus qu’à ceux des actionnaires du CAC 40…Pour les autorités civiles de tutelle, qui ont de- puis des lustres associé le bleu du dra- peau à celui du maillot aux accents ca- cophoniques de la Marseillaise et de la morale sportive, elles restèrent muet- tes, à l’instar du ministre Douillet auquel aurait pris le caprice de se con- fronter à une édition de l’Ethique de Spinoza. Rienlà que de très naturel, au demeurant, car c’est un signe des temps sarkoziens que cette autre décli- naison de «l’argent décomplexé» qui imprégna si fort le quinquennat. Il est heureux que cette valse à trois temps du football, de la morale et du pognons’interprète quelquefois sur un air moins aliénant, moins «opiumdu peuple»…LilianThuramenavait donné le tempoplus allant lors de la dite «crise des banlieues»de 2005, enassociant le racisme antisocial du gouvernement à l’en- droit des jeunes des quartiers à leur qualification de «ra- caille» par le ministre de l’Intérieur d’alors. (Celui-ci, un certain Nicolas Sarkozy, avait alors élégamment rétor- qué que «Thuramne vit plus en banlieue depuis longtemps, mais en Italie, avec un salaire bien confortable qui ne regarde que lui».) L’ex-défenseur guadeloupéen parla encore assez franc, à propos de sans-papiers et de racisme tout court, pour sacrifier sa réputationd’interna- tional. Eric Cantona –notre immarces- cible idole, poète d’Old Trafford avec Manchester United et prince des âmes indomptables avec Ken Loach– avait pris ce relais fin 2010 en invitant le ci- toyenà souffler dans les bronches de ses banquiers; puis mardi dernier encore, enremettant sur le tapis la questiondu logement, qu’il avait déjà soulevée en participant naguère à une autre campa- gne promotionnelle au bénéfice de la fondation Abbé-Pierre. La déclarationde Moranoselonlaquelle «Canto»est tropriche pour être lucide se faisant attendre, ons’est pluà imagi- ner Sarkozyenjoueur de baby-foot, as- tiquant entout sens les poignées et se- couant la table, en priant pour que les figurines de métal finissent par percuter une balle de liège –une Scop à Sea- France, une taxe Tobin ou un quotient familial – qui, moins par maîtrise du geste que par accident, finirait par at- terrir dans le but adverse. Contre ces robots de la «roulette», la riposte ne consiste pas à pleurnicher auprès d’unhypothétique arbitre qu’«il y a triche». Elle consiste à lâcher les manettes, passer de l’autre côté de la table et à en détacher le tricheur, tout en l’invitant fermement à dégager. NOSMOKING Par PIERRE MARCELLE La tentationmalthusienne L e projet ducandidat socialiste de sup- primer le quotient familial est une fausse bonne idée. AlfredSauvy, dont je fus le successeur direct, répétait toujours qu’il ne fallait pas confondre «poli- tique familiale» et «politique sociale»: ce n’est pas le rôle de la politique familiale d’ef- fectuer une redistributiondes richesses opé- rée par l’impôt sur le revenu. Pour lui, comme pour les fondateurs de la République, chaque enfant, quel que soit le milieudont il est issu, est unenfant de la République et doit être encouragé de manière semblable. Cela veut dire que l’Etat doit contribuer à gommer la charge supplémentaire que repré- sente l’enfant pour uncouple, par rapport à celui, de mêmes revenus, qui n’en fait pas. L’idée, c’est que l’enfant ne doit pas peser sur le niveau de vie, quel qu’il soit. Le quotient familial est donc la seule «niche fiscale»qu’il ne faut supprimer sous aucun prétexte. Le signal donné aux classes mo- yennes par sa suppressionreviendrait à leur dire: «Ne faites plus d’enfants.» Cette mesure malthusienne n’a que l’appa- rence d’une idée de gauche. Enréalité, il s’agit d’unconcept libéral favo- risant l’«équité» et la discrimination en fonction des revenus, au détriment de l’«égalité»universelle. Au nomde la même équité, faudrait-il renoncer auprincipe fon- dateur d’une école publique gratuite pour tous? En garantissant des avantages fis- caux aux classes moyennes, celles qui font le plus d’enfants, notre po- litique de natalité originale (poursuivie par tous les gouvernements depuis 1938) a fait de la France un pays qui remplace ses géné- rations, et dont le dynamisme démogra- phique est unique en Europe. Dans ce do- maine, ce sont plutôt nos voisins (Allemagne, Italie, Espagne), proches du«suicide démo- graphique», qui devraient prendre exemple sur nous. Vient de publier: «Sans la Nation le chaos: l’aveuglement des élites», éditions du Toucan. Par JEAN­CLAUDEBARREAUAncien conseiller deFrançois Mitterrand, président del’Institut national des études démographiques de1989à1999 Le quotient familial est la seule «niche fiscale»qu’il ne faut supprimer sous aucunprétexte. LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 REBONDS • 23 Nonà la fusion– destructionde RFI R adio France Internationale est enpé- ril. Menacée, jusque dans son exis- tence, par la fusion juridique et rédactionnelle avec la chaîne de télé- visionFrance 24, voulue par le président de la République française et menée à marche forcée par les responsables actuels de l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF). Rapprocher des outils publics d’information internationale semble, de prime abord, logi- que. Mais fusionner une radio […] avec une télévision […] ne l’est assurément pas. Ni dans l’organisation technique ni dans les pratiques professionnelles. On se souvient que France 24 n’a pas été conçue au sein de l’audiovisuel public extérieur de la France […] mais qu’elle est la résultante d’une étrange alchimie, qui a d’abordmêlé des in- térêts privés (groupe TF1) et publics (France Télévision), avant d’être abritée par la hol- ding de l’AEF. […] Plus inquiétant: cette fusionexige le départ de près de 130 salariés supplémentaires, après 206 suppressions de postes imposées en2009. Ces coupes claires fragilisent la ri- chesse de RFI, média d’information et de magazines, en français et dans plus de dix autres langues. Elles mettent enpéril sa ca- pacité à demeurer une radioqui nous informe du monde des autres et qui leur dit aussi qui nous sommes. Quelle est alors la raisond’être de ce projet, en dehors de tout cadre éclairant sur le rôle futur de RFI : ni cahier des charges finalisé, ni objectifs et moyens précisés, ni projet édi- torial formulé, à ce jour? S’agit-il de ponc- tionner des moyens humains, techniques et financiers, légitimement affectés à la 3 e radio mondiale, pour perfuser une télévisionsous- dotée depuis sa création? Nous le redoutons, comme l’écrasante majorité de celles et ceux qui font quotidiennement RFI […]. C’est pourquoi nous prenons positioncontre cette fusionRFI-France 24 et pour le main- tiende RFI, dans sa dimensionmultilingue, multiculturelle, entant que radiointernatio- nale publique de la France. Parmi les premiers signataires: Isabelle Autissier, Jean­Christophe Bailly, Etienne Balibar, Françoise Balibar, Patrick Baudoin, Denis Baupin, Esther Benbassa, Patrick Bloche, Pascal Boniface, José Bové, Rony Brauman, Breyten Breytenbach, Marie­Georges Buffet, François Burgat, Patrick Chamoiseau, Manu Chao, CharlElie Couture, Régine Desforges, Souleymane Bachir Diagne, Manu Dibango, Adolfo Perez Esquivel, Hélène Flautre, Bakary Fofana, Susan George, François Gèze, Claude Girault, Nathalie Goulet, Alain Gresh, Emmanuelle Grundmann, Stéphane Hessel, François Hollande, Eva Joly, Jean Jouzel, Jack Lang, Corinne Lepage, Jean­Marc Levy­Leblond, Alain Lipietz, Noël Mamère, Roland Marchal, Martine Martinel, Michela Marzano, Moncef Marzouki, Jean­Luc Mélenchon, Aldo Naouri, Toni Negri, Sally Nyolo, Ahmedou Ould Abdallah, Piem, Serge Portelli, Atiq Rahimi, Ignacio Ramonet, Sapho, Alioune Sall, Luis Sepulveda, Aminata SowFall, Benjamin Stora, Bertrand Tavernier, Jacques Testart, Michel Wieviorka… Pour lire l’intégralité de la pétition et pour signer: rfiriposte.wordpress.com/petition Le judaïsme à la dérive L es récents heurts avec les ultra- orthodoxes enIsraël sont à com- prendre dans une perspective plus large de radicalisation, révé- latrice d’une véritable cassure juive in- terne qui pourrait bien un jour faire basculer toute la société israélienne. Ces tensions font ressortir deux problèmes majeurs pour le judaïsme contem- porain: le rapport entre la loi juive et l’Etat d’une part, et la question de la place de la femme dans la traditionjuive d’autre part. La religion et l’Etat. Le phénomène est complexe, il existe au sein du monde orthodoxe des quantités de nuances pas toujours faciles à com- prendre de l’extérieur. L’Etat d’Israël est officiellement laïc mais concède des prérogatives à la religion qui minent le caractère démocratique de l’Etat. Il existe de fortes inégalités de traitement dès lors qu’on touche aux affaires reli- gieuses augré des coalitions et dupoids politique d’ungroupe oud’unautre. La loi de l’Etat a fait durabbinat orthodoxe le référent obligatoire pour tout ce qui touche aucycle de la vie. Le résultat est une série de situations absurdes, no- tamment en matière de divorce. Ce rabbinat est aujourd’hui inféodé aux fondamentalistes qui ne cessent de monter en puissance. Les groupes fondamentalistes sont paradoxalement financés par l’Etat, que ce soit direc- tement par des subventions ou indi- rectement par divers avantages et exemptions. Le point le plus dangereux touche à l’éducation des enfants ultraortho- doxes, enfermés dans unsystème sec- taire, indépendant des autres écoles, dans lequel les matières générales (ma- thématiques, langues, histoire…) ne sont pas ou très peu enseignées. Les études n’aboutissant pas aubac, les élè- ves sont privés de la possibilité de me- ner des études supérieures, d’acquérir une culture générale et de développer le moindre esprit critique. Le finan- cement public d’un système éducatif aussi rétrograde est nonseulement ca- tastrophique pour l’avenir économique dupays, mais il prépare la mort lente de la démocratie israélienne. Aucun autre pays occidental ne tolère unpareil réseauscolaire. Le récent prix Nobel israéliende chimie DanShecht- man y a fait allusion en affirmant que tout parent qui prive son enfant de la possibilité d’étudier est uncriminel qui devrait être puni pour cela. Le peuple juif et l’Histoire ont pris le ju- daïsme de court, le sionisme et la créa- tion d’un Etat moderne n’étaient pas prévus. Jusqu’ici, les rabbins ont été in- capables de proposer un modèle de judaïsme compatible avec un Etat dé- mocratique. Untel projet ne peut passer que par une «réforme»dujudaïsme que les orthodoxes ne sauraient accepter. La solutionpour le moment est celle d’un équilibre fragile entre des forces anta- gonistes, la religion et la démocratie. Le mouvement massorti israélien(l’un des trois grands courants du judaïsme, qui se situe entre les libéraux et les or- thodoxes) appelle depuis longtemps à la séparationde la religionet de l’Etat; c’était aussi la position du philosophe Yeshayahou Leibowitz et de quelques autres intellectuels orthodoxes. Mais c’est unpoint de vue minoritaire dans les rangs religieux. La plupart des rab- bins n’ont pas le courage intellectuel de reconnaître que la loi juive a échoué à penser l’Etat moderne. Les femmes et l’orthodoxie. Dans le judaïsme orthodoxe, les femmes su- bissent la ségrégation presque natu- rellement : dans les synagogues, dans les cercles d’étude juive, dans qua- siment toutes les formes de vie sociale, y compris les postes politiques. Rien d’étonnant dès lors à ce que l’onétende cette ségrégationauxbus et autres lieux de «promiscuité». Le fait que chaque juif orthodoxe com- mence sa journée enprononçant la bé- nédiction «béni sois-Tu qui ne m’a pas fait femme»n’est pas chose innocente. Il faut se rappeler que le droit de vote des femmes fut imposé par la compo- sante laïque du mouvement sioniste et que les partis orthodoxes n’ont toujours pas d’élus femmes. Les courants modernistes dujudaïsme, après un long travail d’exégèse, pro- posent un autre modèle, mais sont régulièrement traînés dans la boue. En Israël, ils sont réduits ausilence institu- tionnel. En France, même si c’est plus discret, le judaïsme institutionnel est confronté à la même montée des extrêmes et à un communautarisme galopant. Le ju- daïsme français a depuis des années changé de visage. Il ne suffit pas de blâ- mer les «fous de Dieu»de là-bas, il faut balayer devant sa porte et dénoncer le sexisme, l’obscurantisme et la bigoterie partout où ils se trouvent. Certes, la racine du problème se trouve dans certaines sources juives, mais le Talmudétant truffé d’autocritique et de débats contradictoires, le danger pro- vient avant tout d’une lecture radicale de ces sources, sans réinterprétation. Si l’on veut produire de l’exégèse per- mettant l’améliorationde la condition féminine, c’est possible dès lors que l’exégète en a la volonté, y compris dans les rangs orthodoxes. Des milliers de pages ont déjà été écri- tes sur tous ces sujets, montrant que le judaïsme n’a pas forcément un visage obscurantiste et n’est pas condamné au triste spectacle qu’il offre actuellement. Par YESHAYADALSACERabbin àParis, rédacteur dusitejuif moderne massorti.com L'ŒIL DE WILLEM LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 24 • REBONDS R e n d e z ­v o u s le s 2 7, 2 8 e t 2 9 ja n v ie r 2 0 12 à la M C 2 G re n o b le R É P U B L I Q U E ! GRENOBLE L E S É T A T S G É N É R A U X D U R E N O U V E A U v i v r e JO U RS D E D ÉBATS, D ’EXPRESSIO N ET D ’ÉC H A N G ES l a 3 SUPERSTITIONSynonyme ounonde chance, le jour fatidique se reproduira trois fois cette année. En2012, des vendredis 13 àladouzaine E nnemis des chats noirs et des pas- sages sous échelle, l’an2012 craint unmax: trois vendredis 13 prévus pour cette année –qui est aussi celle de la fin du monde (le 21 décem- bre 2012, selonplusieurs oracles, dont Nos- tradamus et les Mayas; la bonne nouvelle, c’est qu’on en a fini avec Noël)–, c’est le maximumpour uneannée, selondesavants calculs mathématiques (une science sé- rieuse, elle). Cette année, ona donc ce jour d’aujourd’hui, plus le 13 avril, et le 13juillet. Une triplette rendue possible uni- quement si le premier jour de l’année est un jeudi pour une année non bissextile et un dimanche pour une année bissextile. Et c’est le cas en 2012, la gueule de bois du premier de l’an s’étant annoncée un di- manche. Appliquées autemps qui passe, les mathématiques, donc, prouvent quechaque année ducalendrier grégorien, envigueur depuis 1582 et le pape Grégoire XIII (on a biendit XIII, hé! hé!), comporte, aumini- mum, unvendredi 13et, aumaximum, trois vendredis 13. PARASKEVIDÉKATRIAPHOBIE. J’explique: uncycle grégoriendure 400ans, et 400ans ce sont aussi 146097 jours (146000jours et les 97 jours, qui correspondent aux 29 fé- vrier). En400ans, ona 4800mois, et 4800 n’étant pas divisible par 7, certains jours de la semaine tomberont plus souvent le 13que les autres. Clair? Et les calculs sont impla- cables: il s’avère que ce jour est le vendredi, avec 688 vendredis 13 contre 684 pauvres jeudis et samedi 13 ou 685 lundis 13. Les mathématiques, toujours, enl’occur- rence uncertainDeanHuffman, de l’Uni- versité duTexas, ont démontré qu’il yavait 7 intervalles de jours possibles sans aucun vendredi 13: 27, 90, 181, 244, 272, 335 ou encore 426 jours (à cheval sur deux ans). Il faut remonter aux périodes du 13 juillet 1990 au 13 septembre 1991 et du 13 août 1999 au 13 octobre 2000 pour trouver ces intervalles bénis, sans aucunvendredi 13. Deux mois consécutifs peuvent avoir un vendredi 13commeen1998, enfévrier et en mars. Comment ça, ons’enfout? Ajoutons qu’onauraencoretrois vendredis 13en2015 puis en2026. Enmême temps, si c’est la fin du monde, on ne sait plus à quel saint de l’irrationnel se vouer, là, onn’aura plus de vendredi 13 du tout. Mais pourquoi diable le vendredi 13 fait-il autant flipper, ou dans le cas contraire est considéré comme un jour de chance (voir tous les fadas qui jouent auloto ce jour là)? En tout cas pourquoi autant d’effet ? Au commencement, ça part de la Bible, comme pas mal d’emmerdes: d’après le Nouveau Testament, lors de la Cène, les participants étaient treize avec Jésus et ses douze apôtres. Avec ça qu’il aurait été cru- cifié unvendredi, la conjonctiondes deux lui a été fatale à Jésus, et nous, ça nous a valu une religion toute neuve. La mythologie nordique n’est pas enreste nonplus, avec untreizième invité à undî- ner d’Odin au Walhalla, dont nous ferons grâce du récit au lecteur, sans parler des Grecs et des Romains, pour qui si le 12 est le chiffre parfait (12 dieux olympiens, 12 constellations, 12 signes du zodiaque, 12 heures du jour et de la nuit) le 13 est un fouteur de merde, détruisant la perfection. Rappelons la réapparition récente d’un 13 e signe duzodiaque, Ophiuchus, norma- lement 13 e constellation du zodiaque, (le Serpentaire est une constellation an- cienne), qui bouleverse les horoscopes, ainsi que le signe auquel onappartient etc.: ainsi l’auteur de ces lignes n’est plus du tout sagittaire mais ophiuchus et c’est un peu angoissant. Mais on s’égare. Parlons plutôt de la paraskevidékatriaphobie, puis- que le vendredi 13 a généré sa propre pho- bie, soit la peur irraisonnée du nombre 13 (triskaïdekaphobes) appliquée au jour de la semaine. POISSON. Qui n’a jamais entendu grand- mère dire qu’on sera 13 à table et que ça n’est pas bienpossible, ça? Et les 13 e étages qui n’existent pas, remplacés par 12 bis ou 14 a, et les numéros 13 des maisons qu’on évite d’attribuer, certains hôtels qui n’ont pas de chambre 13?Tiens, unbontruc pour sécher le boulot le vendredi 13, aujourd’hui donc, si ça n’est pas trop tard: se déclarer paraskevidékatriaphobe est imparable. Il paraît même que StephenKing ensouffre, et ne peut pas lire la page des livres (arrive- t-il à écrire la page 13 de ses best-sellers d’angoisse?) Qu’onse rassure, le mythe du vendredi 13 n’est pas universel puisque les Espagnols et les Grecs, pourtant proches de nous, redoutent plus le mardi 13, et les Ita- liens le 17, quel que soit le jour. En Asie c’est le 4qui est même hanté pour les Japo- nais, car il se prononce «shi»qui veut dire la mort. Ça n’a rien à voir mais du coup sushi, ça veut biendire poissonmort? En- finbon, ça se tient, le vendredi c’est le jour du poisson mort, aussi. • Par EMMANUÈLEPEYRET DessinROCCO Liées à des métiers (dans le spectacle, ne jamais porter de vert; chez les marins, pas de femmes à bord; pour les prostituées, monter avec un puceau) ou pas, les superstitions traversent les siècles (1). Echantillons: Croiser un chat noir. Jeter le bonnet d’un enfant malade au feu. Casser un miroir. Faire un vœu sous une étoile filante. Chercher un trèfle à quatre feuilles. Passer sous une échelle. Toucher du bois. Poser un chapeau sur un lit. Ouvrir un parapluie dans une maison. Se lever du pied gauche (ou marcher dans la merde avec). Accrocher un fer à cheval au­dessus de sa porte. Avoir une patte de lapin avec soi. Toucher le pompon d’un marin. Se partager la corde d’un pendu. Jeter des pièces dans une fontaine. Mettre une culotte rouge au premier de l’an, etc. E.P. (1) «Dictionnaire des superstitions», Jean­Michel Pedrazzani, Albin Michel, 2011. DES SIÈCLES DE CROYANCES ET PAS UNE RIDE LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 26 • VOUS Par OLIVIERBERTRAND Unlanguedocpour lepassageàl’hured’hiver Ç a ne vous arrive jamais une envie brutale de sanglier, l’hiver? Heu- reusement cette fois, onavait emporté à la monta- gne un joli gigot de marcas- sin, donné par unami chas- seur. Une longue marinade s’est chargée d’attendrir l’animal, avant la cuis- son douce au four. La viande était forte, fon- dante. Et parfaitement accompagnée parce qu’on avait par précau- tionemporté aussi unjoli languedoc : la cuvée Maxime, 100%mour- vèdre, de chez Borie de Maurel. J’avais découvert ce domaine cet été en vacances. Le vin était longet soyeux, épicé, voluptueux sans écœurement, très minéral. Unré- gal. J’ai patienté jus- qu’à l’hiver, puis pris rendez-vous avec le vigneron, Michel Escande. Le lendemain, il m’at- tendait derrière un long comptoir –le domaine fait aussi bar à vins, le soir en fin de se- maine. Il avait de fauxairs de Bruno Cremer, semblait un peu méfiant, pas bavard. Il attendait un journaliste, en paraissait d’avance fatigué. Je lui ai juste dit que je n’y connaissais pas grand-chose, mais que je voulais compren- dre ce qui m’émouvait dans son vin. Il m’a demandé si j’avais un peu de temps. Nous sommes partis nous balader dans ses vignes. Jusqu’en1989, il était moni- teur de voile. Après une lon- gue traversée, il a accompa- gné un copain pour des vendanges auchâteauRayas, domaine mythique de Châ- teauneuf-du-Pape. A la fin de la récolte, il a voulu être payé en bouteilles, puis le patron, «Monsieur Rey- naud», a guidé ses premiers pas dans le vin. Michel Es- cande a commencé par acheter cinqhectares dans le Minervois, pour arracher, planter. Progressivement, le domaine s’est étendu sur deux collines, dont l’une sur l’appellationla Livi- nière, qu’Escande a un temps présidé. Un pay- sage très changeant, bambous enbas, chênes verts et pins ensuite en grimpant, quand les al- luvions de la vallée cè- dent le sol au grès et aux silex pour les mourvèdres et les grenaches, puis au calcaire et au schiste où s’épa- nouit la syrah. Le vigneronest ob- sédé par la notion d’équilibre. Il s’ap- puie sur les élé- ments naturels, les cycles, les préda- teurs, plutôt que sur la chimie. Travaille selon des principes biologiques, mais a renoncé à l’agré- ment, après s’être battu sans succès pour que les vins bio subissent des analyses systématiques afinde garan- tir au consommateur qu’ils ne contiennent aucun pro- duit de synthèse. On aurait des surprises… Récolté sur de petits rende- ments, le raisinpasse par de longues cuvaisons puis des élevages d’unà deux ans. Le vin gagne à vieillir, sinon il faut le carafer. C’est ce qu’on a fait ce soir-là sur le san- glier. Et pendant que les ta- nins caressaient la chair sou- ple du marcassin, je repensais à cet ours, soudain volubile dans ses vignes. • Domaine Borie de Maurel : rue de la Sallèle, à Félines­Minervois (34210). Rens. : 0468916858. PARLONS CRUS D R Toi aussi tu as toujours rêvé d’être pom­pomgirl, hein? Il faut dire que c’est impossible de résister à ces pépettes, ultra gaulées et brushinguées façon Sue Ellen, se trémoussant pour lancer leur équipe de base­ball. Et qui ont fait du cheerleading sinon un monument à la gloire du féminisme, au moins un spectacle aussi marrant que le patinage artistique. La bonne nouvelle, c’est que la discipline arrive enfin en France par la grande porte du sport avec le DVDCheerobics (renfor­ cement musculaire, assou­ plissement, le tout entraîné par une experte, Jessica Rossi). L’autre bonne nou­ velle, ce sont les vrais cours. A la Dancefit Com­ pany de Pantin (Seine­ Saint­Denis). On y revient après vrai test en pom­ pom, promis. E.P. POM­POM PIDOU POU! L’HISTOIRE A l’hypermarché, dix­sept minutes d’attente à la caisse (qui se conclut par le fatidique: «c’est fermé»). A la poste, on ne compte plus les quasi­années passées à faire la queue, pas plus qu’à la Sécu, à l’hosto… Bref, le site Jaimeattendre.comse consacre à réduire les temps d’attente en recensant à l’aide de tableaux et de statisti­ ques les pics de fréquentation des «entreprises, musées, administrations». Rien n’est hélas prévu pour l’attente devant l’ascenseur. JAIMEATTENDRE: QUEUES SQUEEZÉES LE SITE 2% C’est la baisse de la consommation de bœuf attendue cette année en France et dans toute l’Europe. En cause, la réduction des cheptels adultes, mais aussi la crise qui a toujours des effets sur la vente de viande (sauf la volaille), assure l’Institut de l’élevage. Pour faire plus fort que le chat botté, ou doubler les minots en tennis à roulet­ tes, voici une paire de bot­ tes motorisées du dernier chic technologique, vues au salon mondial de l’élec­ tronique à Las Vegas. Les «SpnKix» (spin­kicks) s’enfi­ lent sur les chaussures. Vitesse max: 16km/h. Elles sont a priori coordonnées entre elles et la batterie tient trois heures. Coût: 507 euros. Des roulettes en plus sont prévues pour les moins agiles. PHOTODR DES BOTTES À MOTEUR POUR LES FEIGNANTS L’OBJET La reproduction de nos petites annonces est interdite Le Carnet Christiane Nouygues 0140105245 [email protected] CARNET DécèS Lamiel, Léna, Samy, ses enfants, Eliah, Nina, Mendel ses petits-enfants, ainsi que toute sa famille, ont la tristesse de vous faire part dudécès de leur bienaimé Gilles TURLOTdit Gil MALCOR survenuà l'âge de 64 ans. La crémationaura lieule Vendredi 13 Janvier à 07h40 aucrématoriumdes Trois Chênes à Angoulême en Charente (16). Mlle Lamiel TURLOT(fille) 160rue Victor Hugo 93110ROSNYSOUS BOIS Tél. : 06-62-78-40-47 PFL'éco funéraire 26 Av. duGénéral de Gaulle 16800SOYAUX TéL. : 05-45-92-47-13 Sa fille Charlotte, sa mère Danny, ses frères et sœurs, ont la tristesse de vous faire part dudécès de Dominique PERIER le 10Janvier à PARIS. La crémationaura lieu Vendredi 13 Janvier à 13h30, aucrématoriumd'ARCUEIL, 8 rue Ricardo, 94110. SouvenirS FABIEN GEVRAISE "je t'aime" repéte le vent à tout ce qu'il fait vivre. je t'aime et tuvis en moi. (René Char) Jean-Pierre, tonpapa Aurelia, ta sœur Come et Valentin, tes frères. Tél. 01 40 10 52 45 Fax. 01 40 10 52 35 Vous pouvez nous faire parvenir vos textes par e.mail : [email protected] Vous organisez un colloque, un séminaire, une conférence… Contactez-nous Vous organisez un colloque, un séminaire, une conférence… Contactez-nous Réservations et insertions la veille de 9h à 11h pour une parution le lendemain Tarifs 2011 : 16 TTC la ligne Forfait 10 lignes 150 TTC pour une parution (15 TTC la ligne supplémentaire) Abonnés et associations : -10% Le Carnet LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 VOUS • 27 LYRIQUEL’opéra comique de Massenet est donné à Bastille dans une mise enscène hétéroclite de Coline Serreau. «Manon», la secouée S upposons qu’on soit un marxiste aliéné, genre vieux jeune (ou l’in- verse), biberonné à Debussy et Ra- meau, ne supportant que Berg et Ber- lioz. Comment faire pour écouter Massenet, qui est unpeuaux noms précités ce que Bar- belivien est à Gainsbourg et le ciron à l’homme? Onpeut commencer par Werther, opérapleind’abîmes. OuThaïs, gouffrefleuri. Onpeut aussi visiter l’expo«La Belle Epoque de Massenet» à la Bibliothèque-Musée de l’Opéra, au Palais Garnier (lire ci-contre). Côté musique, c’est Manon (1884) qui s’offre à nous ence moment, à la Bastille, cette fois. Le genre indiqué est : opéra comique. Il y a pourtant sujet plus drôle que l’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut (1731) de l’abbé Prévost. C’est, on se le rap- pelle, l’histoire d’untype qui tombe amou- reux d’une fille dont il ne sait rien, dont il ne comprend rien, et en particulier pas le fait qu’elle arrondit leurs fins de mois ense pros- tituant. Acause de la stupidité de Des Grieux, myope comme tous les mâles face à l’objet du désir, Manon meurt. «FRISSONS». L’histoire, racontée entièrement dupoint de vue de l’homme, est inadaptable. Dans le roman, Manon ne parle jamais (elle écrit une lettre et demie), n’a pas de couleur de cheveux ni d’yeux. Chez Massenet (le li- vret est de Pierre Gille et Meilhac, sans Ha- lévy), elle est oiseau de paradis toute frivole et écervelée d’abord, âme inquiète ensuite. Et forcément bavarde. Incarnée par Natalie Dessay (à la voix ténue), elle semble plutôt n’enpenser pas moins, unpeuintellectuelle et distante. La partition, évidemment, pour unmarxiste aliéné, est une épouvante... Il faut supprimer les premier et quatrième actes, scènes de foules caquetantes remplies de «ah-ah-ah» et de «oh-oh-oh»dans des formules enpilo- tage automatique, remplissage de cahier des charges. Et public d’applaudir à chaque con- tre-ut, tels des Américains saluant unatter- rissage. La mélodie lèche les oreilles de façon plus nette, dans tous les moments où les amoureux sont entre eux. Debussy, qui ne l’aimait qu’unpeu, dit cela beau- coup mieux: «Cette musique est secouée de frissons, d’élans, d’étreintes qui voudraient s’éterni- ser. Les harmonies y ressemblent à des bras, les mélodies à des nuques; on s’y penche sur le front des femmes pour sa- voir à tout prix ce qui se passe derrière.» Comme si, soudain, Massenet se rappelait qu’il savait composer et, après avoir écono- misé ses forces, laissait la musique s’engen- drer elle-même. Ainsi lorsque Des Grieux découvre Manon: «Il semble qu’une main/ De fer me mène en un autre chemin/ Et malgré moi m’entraîne devant elle!»Onne saurait mieux dire: la musique n’est plus tirée depuis la fin mais poussée depuis l’origine. La versionde Coline Serreauet Evelino Pidò est raccourcie (manque enparticulier le savoureuxpastiche d’opéra baroque de l’acte III), ce qui accentue les contrastes de la partition, qui passe du coup sans transition du «ploum-ploum tralala» au sentiment éploré. De ce point de vue, la mise enscène accompagne le gro- tesque propre augenre «opéra comique»par sonmélange de costumes rococoet de punks à crête dans le rôle de Lescaut («pauvre Franck Ferrari, se plaindra notre voisin, ondi- rait un porc-épic!»). GLACIALE. De même, l’acte V, transformé ici enpetite marchande d’allumettes au goulag (et non plus sur la route du Havre ni au dé- sert), culmine dans l’hallucination. Mais c’est à l’image de cette fable frêle où surna- gent enguise de tragique quelques souvenirs, des morceaux comme la «petite table»qui rassemblait les tourtereaux autemps de leur bonheur, les «mains», la «voix», signes de la «caresse»disparue: «Et c’est là l’histoire de ManonLescaut», agonise l’héroïne, repre- nant une phrase prononcée aupremier acte. Histoire foutue d’avance, glaciale. Le finale de Serreau, sorte de boule à neige ridicule et sublime, rendManonà sa nature catastrophi- que: comme si une perruque poudrée avait explosé et qu’il n’en restât que quelques paillettes accrochées au ciel. • MANONde JULES MASSENET Direction musicale Evelino Pidò, ms Coline Serreau. Avec Natalie Dessay, Giuseppe Filianoti, Franck Ferrari. Jusqu’au 13 février. Rens. : www.operadeparis.fr LABELLEEPOQUEDEMASSENET Bibliothèque­musée de l’Opéra. Palais Garnier, 75009. Jusqu’au 13 mai. Rens. : www.operadeparis.fr Catalogue aux éditions Gourcuff­Gradenigo, 39 €. Par ÉRICLORET La mélodie lèche les oreilles de façon plus nette, dans tous les moments oùles amoureux sont entre eux. Lescaut (Franck Ferrari) et le Chevalier Des Grieux (Giuseppe Filianoti) sentent la fin venir. PHOTOCHARLES DUPRAT. OPÉRANATIONAL DEPARIS LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 28 • CULTURE Commissaire de l’expositionauPalais Garnier, Christophe Ghristi analyse le côté Belle Epoque dumusicien: «Massenet réinvente le glamour à l’opéra» C hristophe Ghristi, directeur de la dra- maturgie à l’Opéra de Paris, est égale- ment co-commissaire de l’exposition «la Belle Epoque de Massenet», produite à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur à succès. Il revient sur le rôle de celui-ci dans l’histoire de l’opéra et de son industrialisation. Quelle est la place de Massenet sur la scène française? Massenet n’est pas dutout traditionnel, mais il n’est pas avant-gardiste nonplus. C’est un explorateur. Il invente quelque chose qui n’existait pas avant lui, quelque chose dont personne n’avait eu l’idée sur la scène d’un théâtre. Avec Gounod, c’est le seul composi- teur d’opéra qu’on peut dire, en un sens, «professionnel», dans l’histoire de la musi- que française avant le XX e siècle. Verdi a fait vivre la scène lyrique italienne, Wagner la scène lyrique allemande. C’est Gounod, dans les années 1850, qui est le premier composi- teur professionnel typiquement français. Et après, c’est Massenet. Mais lui ne se contente pas de faire des ouvrages à succès. Il fait vrai- ment penser aux grands réalisateurs à Hol- lywood qui touchent à des genres extrême- ment différents et réussissent en tout, qui font des concessions à certaines obligations –les stars par exemple–, mais qui ne se trahissent malgré tout jamais, et qu’on re- connaît. Comme Minnelli ou Mankiewicz, des gens qui peuvent à la fois faire des drames, des co- médies, connaissent le système et le dépassent tout le temps. Masse- net invente beaucoup, et il veut avoir du succès, c’est sûr. Et musicalement? Avec Onéguine sans doute, l’Oné- guine de Tchaïkovski, il invente une nouvelle sensibilité pour les ténors. Ce n’est ni le ténor verdien, ni wagnérien, un ténor héroï- que, etc. C’est un ténor dépressif. Avec Lenski dans Onéguine, et le Werther de Mas- senet, c’est la première fois qu’on entend cela. Thaïs et sonjeusur l’érotisme, le péché, c’est aussi nouveau, dans un opéra du XIX e siècle qui est essentiellement puritain. Cet érotisme à la française, raffiné, n’est ni unérotisme intellectuel sublimé à la Tristan et Isolde, ni celui, élémentaire, de la Walky- rie. Debussyavait une positiontrès ambiguë: beaucoup de choses lui déplaisaient chez Massenet, mais il lui reconnaissait le génie de la sensualité. Quand on écoute les pièces pour piano de Massenet, elles n’ont pas dutout le génie de celles de Debussy, mais il y a une intui- tion dont Debussy prend la suite. Enquoi, selonvous, Massenet est-il «Belle Epoque»? Ce qui en fait un compositeur ty- piquement Belle Epoque, si l’on pense à toute cette ère pseudo- réaliste de la fin du XIX e siècle (Zola, etc.), c’est que Massenet réinvente –puisqu’il exis- tait avant avec le bel canto, mais d’une autre façon– ce que peut être le glamour de l’opéra. Ce n’est ni le cas de Wagner ni le cas de Verdi, qui sont de grands austères et ont une dimensionplanétaire. Massenet trouve unchemin, c’est une petite musique par rap- port aux monstres que sont les deux autres, mais une petite musique qui est extrêmement précieuse. Des gens comme RichardStrauss doivent beaucoupà Massenet, parce qu’il in- vente l’industrie de l’opéra. Chez lui, on trouve tout ce qu’onretrouvera chez Strauss: d’abordl’importance donnée aulivret, et ce n’est pas un hasard si Massenet s’inspire d’œuvres littéraires, souvent avec beaucoup de clairvoyance. Don Quichotte, Manon Les- caut, Werther, Anatole France pour Thaïs. En- suite, Massenet aime les chanteurs, il les aime comme unamateur d’opéra. Ce ne sont pas pour lui seulement des instruments. Il a quasiment uncomportement de fanà l’égard de ses muses, il aime la beauté féminine, il veut la mettre enavant comme Strauss vou- dra le faire ensuite. Enfin, il est très soucieux de la mise enscène, des décors, puisque cela fait partie du succès. Sa postérité? Soninfluence sur Puccini, Strauss, le vérisme italienet évidemment la musique française, est gigantesque. Même Debussy voyait bien que le fil qui le reliait lui-même à Rameau passait aussi par Massenet. Recueilli par É.Lo. E L I S A H A B E R E R Jules Massenet (1842­1912) entouré de ses héros et héroïnes, estampe visible dans l’exposition célébrant le centenaire de la mort du compositeur. PHOTOBNF, BIBLIOTHÈQUE­MUSÉEDEL’OPÉRA CULTURESMONDE Florian Delorme - 11h/11h50 - du lundi au vendredi Chaque vendredi en partenariat avec LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 CULTURE • 29 DANSELa compagnie La Zampa présente entournée une œuvre qui vacille entre inertie et résistance. «Requiem», suprêmeabandon REQUIEM de MAGALI MILIAN et ROMUALDLUYDLIN Scènes croisées, espace des Anges, 13, bd Britexte, Mende (48). Le 31 janvier à 20h30. Et le 2 février au théâtre Aurillac (15). Rens. : 04 66 65 75 75, E nprincipe, le requiemsuppose le repos éternel. Pourtant, la com- pagnie La Zampa l’interprète d’une façonmoins définitive. L’histoire commence sur le bord d’une route en Ariège, où La Zampa était résidente jusqu’à sondéménagement encours à Nîmes (Gard). Envoiture, Magali Milian et Romuald Luydlin, danseurs, choré- graphes et animateurs de la compagnie, aperçoivent uncorps à terre, sur le bas- côté. Ils pilent et s’avancent pour venir en aide à la personne qu’ils supposent blessée. «Là, raconte RomualdLuydlin, ona vuune femme d’uncertainâge allon- gée. Elle avait mis un écriteau: “Je dors, prière de ne pas me déranger”.»Ce qu’ils firent, tout enprenant soinde repasser plus tard pour s’assurer que tout allait bien: la dormeuse s’en était allée. Comateux. Cette situation leur est souvent revenue à l’esprit par la suite, jusqu’à ce qu’elle devienne le sujet de leur Requiemcréé enavril au Centre de développement chorégraphique de Toulouse (Haute-Garonne). Pas encore programmée à Paris ou en Ile-de- France, cette pièce a pourtant des qua- lités indéniables, autant sur le planmu- sical que chorégraphique. L’excellent Théâtre de Nîmes, sur tous les fronts, n’a pas manqué d’inviter le spectacle et il se pourrait bienque La Zampa s’yin- tègre plus avant. Ce Requiemest comme une variationdu «je préférerais ne pas»de Bartleby, cé- lèbre antihéros de HermanMelville. La musique de Marc Sens, à la guitare, un des fondateurs dugroupe Zone libre, est unpsaume récitatif qui tend autant les cordes de l’instrument que celles, pré- sentes sur le plateau, qui manipulent le corps, car tout ici se fait en direct. Le texte écrit par l’auteure et chanteuse de rap Casey (qui ne chante pas) appelle à la résistance autant par la colère que par l’inertie, l’absence. Sontexte est coma- teux et lucide, en état de veille. Les deux interprètes chorégraphes sont dans la même position. Magali Milian, qui pourtant ne pèse pas lourd, semble impossible à déplacer, à remettre sur pied. Elle a perdu sa verticalité, la sta- tiondebout lui est devenue une étran- geté. RomualdLuydlin, qui possède en- core le langage (il dit le texte de Casey), tente de l’accompagner dans un pas- sage étroit jusqu’à la délivrance. Mais, même harnachée, soulevée par des câ- bles, elle pend, sans intention, sans vo- lonté. La figure du chien, qui aboie et guide jusqu’au royaume des morts (Cerbère, Anubis, Garm…), les aide à trouver une forme de repos, pas celle du sommeil mais une autre, autrement. Sculpteur-prothésiste, Anne Leray les dévisage, les défigure en leur collant des masques canins. Polar. Il ya beaucoupd’énergie dans ce spectacle durepos, et le groupe consti- tué pour l’occasion est très équilibré. Chacun a une forte personnalité mais sait aussi défendre une cause com- mune: le désir de faire de la scène un lieu d’invention, d’engagement et de rêve. La masse, le poids, l’inertie de- viennent ici des qualités, des forces de résistance. Il paraît que ce noyau de complices va s’agrandir pour un pro- chain projet du collectif Les Habits Noirs. L’auteur de polar Jean-Bernard Pouy rejoint la bande. Quant au Re- quiem, déjà joué dans des lieux insolites comme celui de la grotte de Niaux, il poursuit sa tournée française jusqu’en mars. Prochaines étapes à Mende et Aurillac. Envoyée spéciale à Nîmes MARIE-CHRISTINE VERNAY Pour ce duo, Magali Milian et Romuald Luydlin sont partis d’une rencontre insolite. PHOTOERICDAMIANO FESTIVAL Jusqu’à la findumois, le musée propose des projections de films français réalisés avant 1914. Le XIX e siècle pointe ses bobines à Orsay Un documentaire anonyme sur Deauville, en 1912. GAUMONT CINÉMAARTDUXIX E SIÈCLE. Musée d’Orsay, 75007. Du 14 au 28 janvier. Rens. : www.musee­orsay.fr/ L ongtemps, ona cruque le cinéma muet se ré- sumait à du burlesque hystérique, filmé par des daltoniens. Erreur. Dès samedi et pour trois week- ends, le musée d’Orsay va montrer que le cinéma fran- çais avant 1914, comparable auHollywoodd’aujourd’hui pour son hégémonie, était parfois en couleurs (peintes à la main) et traitait des su- jets aussi sérieux que la pas- sion du Christ ou la guerre, reprenant les grands genres de la peinture, déjà abordés par la photo. Le festival Ci- néma Art duXIX e siècle pro- pose en huit étapes de dé- couvrir des bobines plus ou moins incunables: un docu sur Deauville ou des scènes de la guerre russo-japonaise de 1904-1905 reconstituées à chaud. Côté comique, on sait les tendances animalières du rire hexagonal. Dans la séance «bestiaire» on re- verra le délirant Monsieur qui a mangé du taureau (ano- nyme, 1909) oùuntype avec des cornes encorne tout ce qui passe. Simple mais effi- cace. Moins attendue, la veine naturaliste de certains fils de Zecca, filmant la Grève ou le Pays noir. C’est l’occasionaussi de réé- valuer Léonce Perret avec les Chrysanthèmes rouges (avant sa série Léonce) oùune belle, pour départager ses deux prétendants, leur demande de lui rapporter un bouquet de ses fleurs préférées : ils doivent deviner lesquelles. Les gerbes emplissent tout l’écran au fur et à mesure qu’elle les déballe. Mais ce ne sont jamais les bonnes. Sé- quence totalement halluci- née. Hélas, quand arrivent enfindes chrysanthèmes, sa fleur chérie, ils ne sont pas rouges. Qu’à cela ne tienne, l’un des deux galants va s’empresser d’inventer la couleur d’une façoninatten- due, aussi biendans la fiction qu’à même la pellicule. É.Lo. Ce Requiemest comme une variationdu«je préférerais ne pas»duBartleby de HermanMelville. LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 30 • CULTURE «N ous assurerons ainsi avec la troupe et le personnel non gré- viste notre mission de service public.» Signée de Muriel Mayette, administratrice générale de la maison, la phrase figure en conclusion d’uncommuniqué publié sur le site de la Comédie-Fran- çaise, hier. Elle signifie en clair que malgré le mouve- ment de grève, suivi par une bonne partie du personnel administratif et technique depuis hier, le théâtre a continué de jouer. Seul changement, ce n’est pas la Tragédie de la villégia- ture de Goldoni, dans une mise enscène d’AlainFran- çon, qui est à l’affiche mais le Bourgeois gentilhomme de Molière. Le premier specta- cle, qui devait marquer l’ouverture duthéâtre éphé- mère –structure en bois installée au Palais-Royal pendant que la salle Riche- lieuest entravaux(Libération de mercredi) –est bien trop lourdpour pouvoir se passer des techniciens en grève. Deuxjours de relâche excep- tionnelle sont prévus aujourd’hui et demain. Ils ne seront pas de trop pour rap- procher les points de vue. D’uncôté, les trois syndicats desalariés (CGT, CFDT, Unsa) réclament toujours une prime de 1 600 euros et un plus juste partage des recet- tes excédentaires. Actuelle- ment, les 37 comédiens sociétaires s’en répartis- sent 76,5%, alors que les 360 employés et 21 acteurs pensionnaires n’en perçoi- vent que 16,5%, les 7%res- tants allant à unfonds de ré- serve. Ce système dupartage existe depuis la fondation de la Comédie-Française, en1680. Al’origine unique- ment réservé aux acteurs, il n’a été ouvert de façonlimi- tée aureste dupersonnel que dans les années 90par Jean- Pierre Miquel, administra- teur à l’époque, avec l’assen- timent de la troupe. «Nous sommes héritiers d’unsystème plusieurs fois centenaire, qui était juste et nécessaire à une époque où il a permis à une troupe permanente de vivre de son métier, mais qui, dans le contexte actuel, n’est sociale- ment plus tenable», déclare la CGT. La direction de la maison a quant à elle proposé l’ouver- ture de négociations sur une nouvelle grille salariale, et l’octroi d’une prime, d’un montant nonprécisé. Tout en adoptant le ton de la fermeté à l’égard des gré- vistes : «Atten- tion à ne pas heurter ces artis- tes qui portent notre institution, écrit Muriel Mayette. Attention à ne pas lasser la patience de notre pu- blic et la bienveillance de notre tutelle, et attention à ne pas diviser les différentes équipes de cette grande famille.» Pas sûr que la référence à la «famille» apaise les esprits, dans un théâtre où, pour de nombreux employés, le lieu prestigieuxne fait pas oublier la modestie des salaires. RENÉ SOLIS GRÈVERelâche à la Comédie-Française pour tenter de rapprocher troupe et personnel administratif et technique. AuFrançais, esprit de famille à deux vitesses «Attentionà ne pas lasser la bienveillance de notre tutelle.» Muriel Mayetteadministratricegénérale Le président des Etats­ Unis, Barack Obama, a reçu mercredi l’actrice américaine Angelina Jolie, escortée de Brad Pitt, dans le Bureau ovale de la Mai­ son Blanche, à propos de la lutte contre les violences faites aux femmes. Barack Obama, dont le groupe rock fétiche est aussi notre chouchou, The National, a parlé avec l’actrice incar­ nant Lara Croft «de la lutte contre les atrocités miso­ gynes de masse», selon le bureau de presse de la présidence. L’actrice vient en effet de réaliser In the Land of Blood and Honey, un filmretraçant la guerre de Bosnie du point de vue des femmes systéma­ tiquement violentées et massacrées. 20000 fem­ mes auraient été victimes d’abus sexuels lors du con­ flit bosnien, sur 100000 personnes tuées. Le filmquasi cornélien d’Angelina Jolie, son pre­ mier en tant que réalisa­ trice, s’attache à la relation amoureuse d’une jeune femme musulmane (Zana Marjanovic) et d’un Serbe (Goran Kostic), qui se retrouvent évidemment dans des camps opposés après l’éclatement du conflit. La presse n’était pas conviée à l’entrevue informelle à Washington, mais des paparazzi ont surpris le couple de stars par les fenêtres. Angelina Jolie et Brad Pitt élèvent six enfants, dont trois sont adoptés. OBAMA ET JOLIE PARLENT CINÉ ET FÉMINISME L’HISTOIRE EnricoRava Leraffinétrompettisteitalienet sonquintet transalpin pour la sortiedel’atmosphériqueTribechez ECMSunset, 60, ruedes Lombards, 75001. Cesoir &demain, 20&22 heures, dimanche21 heures. Fafa Ruffino La chanteuse d’origine béninoise navigue entre tradition, soul et afrobeat autour des thèmes de l’immigration, la polygamie ou encore les problèmes du continent africain Bellevilloise, 21, rue Boyer, 75020. Ce soir, 21 heures. MÉMENTO Finde«risques majeurs»chezQuinta «La Ficamest en mesure de confirmer que l’ensemble des pro- ductions encours de traitement oudétenues par le groupe Quinta (LTC, Duran-Dubois, ScanLab, SIS) est désormais sécurisé», seloncommuniqué de ladite Ficam, qui avait sonné l’alerte le 19 décembre enaffirmant que 60productions du premier semestre 2012, dont la Vérité si je meurs 3, étaient menacées. Réginedéshabillée Trois cents robes dusoir passant enrevue trente ans de mode, des visons et des boas Grande Zoa de la reine de la nuit Régine (les P’tits Papiers), 82 ans, seront dispersés aux enchères par Tajan au profit d’Habitat et Soins, l’une des associations qu’elle a créées pour les plus démunis. Mouad Lhaqed («l’enragé»), rappeur marocain célèbre pour ses diatribes contre le potentat local, a été déclaré libre hier après quatre mois de prison. Très écoutés sur les réseaux sociaux, les flows de Lhaqed alignent le monarque grassouillet de droit divin et sa cour sur fond d’imposture et d’iniquité établies. Des centaines de militants du Mouvement du 20 février manifestaient devant le tribunal, en soutien à Lhaqed, un des meneurs du mouvement revendiquant la fin de la mascarade monarchique, et sitôt le verdict, ont rallié en masse la prison d’Oukacha où était séques­ tré «l’enragé». PHOTODR LE RAPPEUR QUI DÉFIE LE ROI DU MAROC LES GENS Les curieux intérieurs de Maarten Baas On avait vu sa pendule habitée par un type (qui bouge les aiguilles à la main) à la Maison Rouge. Onavait même réussi à faire croire à deux personnes qu’il y avait quelqu’un de- dans (et nonune vidéo, comme onimagine). Né en1978, le designer MaartenBaas a l’ha- bitude de cramer ses meubles puis de les foutre sous résine (série Smoke). D’autres fois, il réalise des modèles miniatures mal foutus d’armoires ou de ventilos (photos) puis les fait agrandir avec leurs défauts, utili- sant une structure d’acier recouverte d’ar- gile. Aux Arts décoratifs à Paris, il «conçoit unenvironnement théâtral composé de plusieurs intérieurs dans lesquels il mêle des pièces ano- nymes à ses propres œuvres». É.Lo. PHOTOS DR Maarten Baas, «Les curiosités d’un designer». Musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001. Jusqu’au 12 février. Rens. www.lesartsdecoratifs.fr de Hanokh Levin mise en scène Laurent Brethome Prix du public du meilleur spectacle 2010 du festival Impatience avec Fabien Albanese, Lise Chevalier, Antoine Herniotte, Pauline Huruguen, François Jaulin, Denis Lejeune, Geoffroy Pouchot-Rouge-Blanc, Anne Rauturier, Yaacov Salah, Philippe Sire Direction Olivier Py Odéon-Théâtre de l’Europe 01 44 85 40 40 • theatre-odeon.eu Tarifs de 6€ à 28€ © e le m e n t - s / L ic e n c e d ’e n t r e p r e n e u r d e s p e c t a c le s 1 0 3 9 3 0 7 19 – 28 janvier 2012 Ateliers Berthier 17 e Libe_Souffrances_Mise en page 1 10/01/12 11:50 Page1 live 24 JANVIER 9 FÉVRIER 21 FÉVRIER www.gaite-lyrique.net LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 CULTURE • 31 WEBEnsignant unaccordavec l’américainCreative Commons, la société permet une diffusion désintéressée de la musique. Sacem: nouvel air numérique V éritable pas en avant pour les échanges numé- riques ou idée inappli- cable? En début de se- maine, la Sacem, la société chargée de percevoir et de redistribuer les droits des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, annonçait la signature d’unaccordavec Creative Commons, une organisationamé- ricaine à l’origine d’un droit d’auteur qui permet de faciliter la circulationdes œuvres enligne. Et ce, enpermettant l’échange libre, le remix, voire la réappropriation artistique. «PHILOSOPHIE». On s’explique: jusqu’ici, un artiste ou un éditeur qui choisissait de confier la gestion de ses droits à la Sacemne pouvait pas faire la différence entre une utilisation commerciale ou non commerciale d’une œuvre. La Sa- cem pouvait prétendre percevoir des droits sur toute diffusion(radio, espaces publics, Internet, etc.) –même si, en pratique, elle auto- rise par exemple les artistes à met- tre gracieusement leurs créations à dispositionsur leur site personnel. Désormais, et pendant dix-huit mois d’expérimentation, toute chanson déposée à la Sacem peut donc être placée sous une licence Creative Commons qui, tout enaf- firmant la paternité de la composi- tion, permet sa diffusion désinté- ressée. En retour, une utilisation générant des revenus fera automa- tiquement basculer l’œuvre dans le régime classique de la Sacem. C’est le «gagnant-gagnant» vanté par Bernard Miyet, son président (qui cédera sa place enjuin). «L’objectif est de conjuguer pour les sociétaires de la Sacemla philosophie de partage des Creative Commons et l’exigence de protection des auteurs et éditeurs. Offrir plus de souplesse tout en ga- rantissant une rémunération.» De fait, la vieille et peu flexible Sacemfait le pas qu’elle aurait dû faire il ya plusieurs années face à la transformation des usages entraî- née par Internet, où la musique s’écoute et se découvre sans vrai- ment se préoccuper des barrières légales –largement aubénéfice des artistes, qui ytrouvent une exposi- tionprécieuse. Mais ces échanges, non marchands pour une grande majorité, restent aujourd’hui illé- gauxauregarddudroit d’auteur, et pourchassés par la politique répres- sive choisie par le gouvernement avec l’Hadopi. En se rapprochant de la vision défendue par Creative Commons, la Sacemprendacte que cette circulation accélérée, non seulement est une réalité à valori- ser, mais surtout ne nuit pas aux artistes qui souhaitent y prendre part. «Nous rentrons dans une logi- que de liberté et de responsabilité», estime ainsi Bernard Miyet. Reste que l’application de cet ac- cord pose encore de nombreuses questions, parmi lesquelles l’épi- neuse définitiond’une «utilisation non commerciale», qui demeure dans les mains de la Sacemet non des auteurs et édi- teurs. Aujourd’hui, la Sacem considère ainsi comme com- mercial tout usage impliquant de l’ar- gent à un moment ou un autre, même si la finalité n’est absolument pas de générer un bénéfice pour l’une ou l’autre partie. Un blog qui affiche une bannière publicitaire pour couvrir ses frais d’hébergement sera de ce fait considéré comme commercial et ne gagnera rienà utiliser des chansons en Creative Commons plutôt que d’autres soumises audroit d’auteur classique. L’échange numérique, par peer-to-peer ou une autre technologie, sera pour sa part théoriquement autorisé sans contrepartie si la Sacemconsidère que la plateforme utilisée comme intermédiaire n’en tire pas d’ar- gent, ce qui reste très flou…La Sa- cema, par exemple, d’ores et déjà confirmé que communiquer unlien pointant vers unMP3 via Facebook serait considéré comme commer- cial, le réseau social américain n’étant pas une petite association de quartier. Attention, rien ne change pour les œuvres qui ne sont pas sous licence Creative Com- mons : elles restent soumises au droit d’auteur classique. «L’ARTLIBRE». «L’Ascap [la Sacem américaine, ndlr] voit les choses dif- féremment, explique Pierre Gérard, cofondateur de Jamendo, l’un des plus gros sites d’échange de musi- que sous licence libre, en conflit ouvert avec la Sacem. Elle permet à ses membres de décider point par point ce qu’ils considèrent comme un usage non commercial. Par exemple de laisser leurs morceaux être diffu- sés gratuitement sur des radios asso- ciatives, sans perdre leurs droits mais sans exiger de rémunération.» Cette semaine, d’autres acteurs des licences libres en France se sont également dits à moitié satisfaits de l’accorda minima. «Nous regrettons l’absence de licences véritablement li- bres dans cette expérience, détaille le Parti pirate. Mais nous prenons note d’une évolution des mentalités […] face à un discours jusque-là ré- pressif et rétrograde. Cette première ouverture se rapproche de nos propo- sitions de mise à jour du droit des auteurs.»Même distance prudente du côté de l’association Libre Ac- cès, qui prône «l’art libre». «Pour la Sacem, c’est une façon de tenter de rentrer dans le marché de la musique sous Creative Commons, dans lequel elle n’était pas partie prenante, es- time Jérémie Nestel, sonprésident. C’est aussi une façon de tenter de ré- cupérer les jeunes groupes qui ne s’affilient pas à la Sacemparce qu’ils sont protégés par des licences Crea- tive Commons, et que lavieille maison a une mauvaise image. Mais le droit de regardde laSacemsur laclause de non-commercialité reste une préoc- cupation.» Unpremier biland’étape doit être présenté dans six mois. Ou avant, puisque l’expérience lancée par la Sacem et Creative Commons de- vrait dans les semaines à venir nourrir le débat politique sur la mutationdu droit d’auteur dans la sphère numérique. • Par SOPHIANFANEN La Sacemprendacte que la circulationaccélérée sur le Net, non seulement est une réalité à valoriser, mais surtout ne nuit pas auxartistes qui souhaitent yparticiper. Certains acteurs des licences libres se sont dits à moitié satisfaits de l’accord a minima. PHOTOAUDOINDESFORGES LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 32 • ECRANS&MEDIAS A LA TELE CE SOIR 20h50. Les 30 histoires les plus mystérieuses. Divertissement présenté par Carole Rousseau et Jacques Legros. 23h10. Confessions intimes. Magazine présenté par Marion Jollès. 1h25. C’est quoi l’amour ? Magazine. 3h30. Trafic info. 3h33. 50 mn inside. 20h35. Nicolas Le Floch. Téléfilm de Nicolas Picard Dreyfuss : Le dîner de Gueux Avec Jérôme Robart. 22h10. Tirage Euromillions. 22h15. Flashpoint. Série américaine : Pour le meilleur et pour le pire, Le facteur humain. AVec Enrico Colantoni. 0h10. Taratata. 20h35. La fête de la chanson française à l’Olympia. Partie 1. Divertissement présenté par Daniella Lumbroso. 0h10. Météo. 0h15. Soir 3. 0h40. Le match des experts. Magazine. 1h10. Les 60 ans du Crazy Horse. Documentaire. 20h55. Le marquis Comédie française de Dominique Farrugia, 88mn, 2010. Avec Franck Dubosc, Richard Berry. 22h20. Le fils à Jo. Comédie française de Philippe Guillard, 95mn, 20010. Avec Gérard Lanvin, Olivier Marchal. 23h55. Donnant donnant. Film. 20h35. Le fil d’Ariane. Téléfilm de Marion Laine. Avec Mélanie Bernier, Arié Elmaleh. 22h05. Jeux pervers. Téléfilm de Matteo Rovere. Avec Chiara Chiti, Désirée Noferini. 23h35. Court-Circuit. Magazine. 0h25. Tailleurs clandestins. Documentaire. 20h50. NCIS : Enquêtes spéciales Série américaine : Œdipe et le roi, Rencontre fatale, Le vrai courage, Œil pour œil. Avec Mark Harmon, Michael Weatherly. 0h05. Nip / Tuck La vérité est ailleurs, L’esprit de Noël. Série. 1h55. Scrubs Série. 20h35. Dany Boon au Palais des Glaces Spectacle. 22h10. Dany Boon en parfait état Spectacle. 0h15. Touche pas à mon poste. SpectacleMagazine présenté par Cyril Hanouna. 1h45. Côté match. 2h05. Consomag. 2h10. Le Printemps de Bourges 2010. 20h35. On n’est pas que des cobayes. Magazine. 21h30. Claude Rich "J’aime tellement ça la vie". Documentaire. 22h25. C dans l’air. Magazine. 23h30. Dr CAC. Série. 23h35. Olivier Roellinger, le magicien des épices. Documentaire. 20h40. Les Grosses Têtes. Invités : Clara Morgane, Arthur Jugnot. Divertissement présenté par Philippe Bouvard. 22h45. Zemmour et Naulleau. Magazine présenté par Éric Zemmour et Éric Naulleau. 23h50. Rive droite. Magazine. 0h50. Paris Dernière. 20h35. Alice Nevers, le juge est une femme. Téléfilm français : Feu le soldat du feu. Avec Marine Delterme. 22h25. Alice Nevers, le juge est une femme. Téléfilm français : La loi du marché, Mauvaise rencontre. Avec Marine Delterme. 2h00. Poker. 3h00. Programme de nuit. 20h45. Une femme d’honneur. Téléfilm français : Poids lourds, Perfide Albion. Avec Corinne Touzet, Franck Capillery. 0h10. Close to home. Série américaine : Il n’y a pas de fumée sans feu, Obsessions, Responsable ou pas ? Avec Jennifer Finnigan. 2h30. Saving Grace. 20h50. Enquête d’action. Maison : comment refaire sa déco au meilleur prix ? Magazine présenté par Marie-Ange Casalta. 23h25. Enquête d’action. Magazine. 2h00. Carrément jeux vidéo. Magazine. 2h20. Programmes de la nuit. 20h35. Tim la malice. Téléfilm américain. Avec Michael Madsen, Sean Kyle. 22h05. Nic et Tristan Mega Dega !? Téléfilm américain. Avec Tristan Puehse, Nic Puehse. 23h30. Ils sont fous ces humains. Magazine. 23h45. G ciné. 23h55. Dr. Quinn, femme médecin. 20h40. La grande soirée du paranormal. Maisons hantées, fantômes et revenants... Légendes urbaines, mythes ou réalités ? Documentaire. 22h40. La grande soirée du paranormal. Documentaire. 23h45. Fin du monde en 2012 ? Info ou intox ? Documentaire. 20h45. Tous différents. 10 enfants : ma famille extraordinaire. Magazine présenté par Émilie Mazoyer. 22h25. Tous différents. Magazine. 23h20. Man vs Wild. 2 épisodes. Documentaire. 1h45. Culture Pub. Magazine. 2h45. Le diable dans la peau. 20h40. Fireball. Téléfilm de Kristoffer Tabori. Avec Aleks Paunovic, Lexa Doig. 22h15. Le dernier casse. Téléfilm de KC Bascombe. Avec Tom Sizemore, Sherilyn Fenn. 23h50. Star story. Magazine. 0h50. Concert. TF1 ARTE M6 FRANCE 4 FRANCE 5 GULLI W9 TMC PARIS 1ERE NRJ12 DIRECT 8 NT1 DIRECT STAR FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL + Par téléphone Arte, 20h35 Ariane a disparu. Ariane faisait du sex­phone avec un inconnu. Un serial killer rôde. C’est le Fil d’Ariane, fiction kitsch et chorale. Par la malepeste France 2, 20h35 Par la malepeste, un télé­ film policier en costumes! Nicolas Le Floch est de retour, à la poursuite du brigand «La Griffe». Par la battle France Ô, 20h35 Dans Dance St.! des ban­ des de jeunes s’affrontent dans des battles de danse. Et c’est assez original pour être mentionné, voilà. LES CHOIX Les relations entre Jean­ Luc Mélenchon et le Petit Journal de Canal + ne vont pas s’arranger… Dans une interviewpour un blog de l’Express.fr, le directeur de la communication du candidat Front de gauche à la présidentielle, Arnauld Champremier­Trigano, charge l’émission de Yann Barthès qui «n’hésite pas à tordre la réalité pour faire une bonne blague». En cause, un sujet diffusé la semaine dernière lors d’un déplacement de Mélenchon à Amiens auquel participait aussi Eva Joly. Il montrait les deux candidats se croiser sans jamais se saluer. Or, ils s’étaient dit bonjour avant de monter dans le train. «Ils savaient qu’ils s’étaient salués et ils montent toute la séquence sur le thème “ils ne se disent pas bon­ jour”», proteste Champre­ mier­Trigano. Visiblement vexé, Yann Barthès s’est embourbé hier soir dans une justifica­ tion boiteuse: «Ce qui se passe en dehors des camé­ ras ne concerne pas le Petit Journal.» C’est tout petit, ça. L.A. PHOTOAFP MÉLENCHON FÂCHÉ, BARTHÈS VEXÉ LES GENS Findel’indépendancedela«NRCO» Le groupe Centre France-La Montagne va prendre 6%de plus dans le capital de la Nouvelle République du Centre-Ouest (NRCO), et ainsi devenir le premier actionnaire du journal tourangeau. La décision doit être entérinée demain par les actionnaires de la NRCO. Le groupe auvergnat enpossédera ainsi 16%, devant l’actionnaire historique, la famille Saint- Cricq (15%). RFI reprendsagrèvecontrelafusion avecFrance24 La grève à RFI, suspendue durant les vacances de Noël, sera relancée à partir de dimanche minuit. Les salariés mobilisés, qui veulent le gel de la fusion avec France 24 et s’opposent à leur déménagement à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de- Seine), ont demandé, dans une lettre ouverte, à être reçus par le Premier ministre (lire aussi en Rebonds, page 24). Lundi après-midi, la cour d’appel rendunarrêt sur la régularité de la procédure de fusion, qui n’est pas exécutoire. La fusion juridique effective pourrait être décidée juste après, en as- semblée générale des actionnaires. 600 cartes de presse de moins ont été attribuées en 2011 par rapport à 2010, selon les statistiques de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels. Le nombre de cartes est en baisse pour la deuxième année consécutive. Au total, 36815 cartes de presse ont été délivrées, dont 34961 renouvellements et 1854 premières demandes. Parmi ces nouveaux, seuls 5%sont directement deve­ nus «journalistes mensuali­ sés titulaires», et près de la moitié travaille à la pige. En 2011, 45,3%des cartes de presse ont été attri­ buées à des femmes. Mais elles restent très absentes des postes à responsabili­ tés: 18%d’entre elles sont titulaires de la carte de presse «directeurs». C’est le Point et Mondadori qui doivent être contents. Les deux éditeurs avaient affirmé leur volonté de quitter le leader de la distribution, Presstalis, pour les tarifs plus attractifs de son concurrent, les Messageries lyonnaises de presse (MLP). Mais fin décembre, le Conseil supérieur des messageries de presse (CSMP), chargé d’assurer le bon fonctionnement du système de distribution et d’arbi­ trer entre les messageries, avait décidé de geler les trans­ ferts de magazines d’une entreprise à une autre pendant neuf mois. Finalement, mercredi, l’Autorité de régulation de la distribution de la presse a jugé ce gel «dispropor­ tionné», car il «restreint la libre concurrence». En revanche, l’Autorité de régulation a approuvé le principe d’une péréquation pour le financement de la distribution de la presse quotidienne nationale, également souhaitée par le CSMP. Les MLP, qui ne distribuent qu’une partie de la presse magazine, pourraient ainsi devoir supporter une partie du coût de la distribution des quotidiens nationaux. LES ÉDITEURS DE PRESSE PEUVENT QUITTER PRESSTALIS POUR LES MLP L’HISTOIRE Wired a compilé des photographies de terres agricoles prises depuis l’espace dans divers pays du monde. Des pixels naturels se dévoilent alors, créés par les différentes techniques utilisées pour cultiver et irriguer les champs. On peut aussi ne pas se poser de question et se contenter de trouver ça beau. S.Fa. http://www.wired.com PIXELS AGRICOLES VUSUR LE WWW «Je souhaite vous inviter à visionner cette émissioncar le contenude votre lettre prouve que vous ne l’avez pas vue.» RémyPflimlinprésident deFranceTélévisions, répondant audircomduFNqui reprochait àLaurent Ruquier d’avoir, samedi, présentéMarineLePensous laformed’unétron alors qu’il s’agissait d’uneaffichedeCharlieHebdo. LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 ECRANS&MEDIAS • 33 T hierry Henry est vraiment sorti de sa préretraite new-yorkaise lundi soir. C’était à la fin du 32 e de finale de Cup remporté par Arsenal –à qui il est prêté quelques semaines – face à Leeds (1-0), quand l’ex-trico- lore, qui fut de 1999 à 2007 le plus éminent gunner, a marqué le but de la vic- toire. Alors que le ballonroulait aufonddes filets, Henry tombait un peu par accident dans les bras de son éternel entraîneur, Arsène Wenger, l’homme qui, enl’accueillant cet hiver, a permis à l’attaquant de 34 ans de prolonger son histoire au-delà des rêves du plus mielleux des storytellers hollywoodiens. L’accolade fut brève, comme si les deux hommes, qui se connaissent par cœur, s’étaient retrouvés emmerdés, du genre «pas de ça entre nous»ou, mieux, «onne va pas se mentir l’un l’autre». Toujours pour la galerie, Henryavait ensuite mer- veilleusement emballé sa soirée. «J’ai rejoint Arse- nal cet hiver non pas comme un joueur, mais comme un fan. Il y a quinze jours, j’étais en vacances au Mexique. J’espère que personne ne va venir me ré- veiller. Je suis là pour aider: dix, vingt ou trente mi- nutes, je ferai de mon mieux. Si le coach n’a pas be- soin de moi sur le terrain, j’aiderais les gars dans le vestiaire.» Beau comme l’antique, ou comme l’émotionqui l’a étreint quandil a inauguré, par unmatinclair de décem- bre 2011, sa statue en bronze devant l’Emirates Stadium. Là, tout le monde avait flairé le moment clé: celui qui dit tout. Trouble sincère ou calcul ? Onpeut y passer des jours. Impossible à dire. D’un côté, Henry est hautement cons- cient de l’histoire de sonsport et de la place qu’il y tient. De l’autre, il est le plus grand baratineur ou dissimulateur qu’on ait jamais croisé dans un milieu du foot où tout le monde –joueurs, diri- geants, agents, entraîneurs–ment sans arrêt, par- fois même pour dire qu’il fait beau ou qu’il pleut. Le plus grandattaquant français de ces cinquante dernières années a toujours survolé l’exercice de la parole, y mettant parfois une subtilité et unart de la semi-vérité qui, sans déconner, suscitait le respect. «C’est justement parce que j’étais hors jeu…» Le fait est qu’il a toujours été dans la construction: la sienne et celle de sonmythe. ThierryHenryjoue unrôle mais comme c’est celui de ThierryHenry, il y a quelque chose de crédible là-dessous. Le mieux pour s’enconvaincre, c’est de faire tomber les anecdotes. La première: pendant unEuro2004 oùil s’est unmoment vupousser Zinédine Zidane dans la bordure (!), il est allé à plusieurs reprises dans le bureau du sélectionneur d’alors, Jacques Santini, pour obtenir la peaude sonsoi-disant ami DavidTrezeguet, qui lui pompait l’air et les ballons sur le front de l’attaque. La deuxième: une scène extraordinaire durant un entraînement duMondial 2006, quandil avait ad- ministré une leçon de jongles (avec le pied qui passe au-dessus du ballon entre deux touches) à FranckRibérylors d’unpremier quart d’heure qui avait la particularité de se dérouler devant les mé- dias. Ala minute oùles journalistes ont été invités à quitter l’enceinte, Henry a complètement laissé tomber l’exercice et unFranckRibéryqui, incapa- ble d’y voir malice et n’ayant pas compris que les médias étaient le véritable public dushow, a alors poursuivi Henry avec son ballon sous le bras sur vingt mètres. La troisième: toujours lors de la Coupe du monde en Allemagne, une conférence de presse après France-Espagne (3-1 en8 e de finale) où il s’était, à la surprise générale, attribué une part de l’égali- sationd’unRibéryqui, pour tenir à cet instant du film tricolore le rôle de la star émergente, était clairement ciblé par Henry. Untype avait protesté: «Mais putain, pourquoi tu dis que tu y es pour quel- que chose alors que tu es hors jeu de 10 mètres?» Henry, placide: «C’est justement parce que j’étais hors jeu de 10mètres et d’ailleurs…»La démonstra- tionqui suivit fut époustouflante, truffée de cras- ses plus oumoins camouflées –«ce qu’il y a de bien avec Franck [Ribéry], c’est que quand il perd neuf duels de suite, ça ne l’empêche pas de repartir une dixième fois au combat»–et de considérations sur la vitesse comparée dumême et dudéfenseur es- pagnol Carlos Puyol, prétendument neutralisé par la positionde hors-jeude l’artiste. Undétail nous avait frappés: alors que la plupart des journalistes étaient séduits, les vieux routiers de la presse avaient quitté la pièce, dégoûtés. Plus que le fond, c’est la forme qui dérange: le cynisme, la démoné- tisation du langage et la certitude que le foot se joue ailleurs que sur le terrain, dumoins enpartie. C’est d’ailleurs l’histoire de sa vie. Ons’était lon- guement posé en 2009 avec l’un des meilleurs joueurs du championnat de France de Ligue 1, et on avait entendu ça: «Henry est bon partout et en même temps, il n’est très fort nulle part. Il va vite mais sans plus, il est technique sans plus, il est cos- taud sans plus…Parfois, je vois Nicolas Anelka faire des trucs ahurissants, à se demander s’il fait le même métier que les autres. Henry jamais. Mais la carrière d’Anelka, ce n’est pas le quart de la carrière de De retour à Arsenal pour quelques matchs, l’ex-attaquant star de l’équipe de France pose la dernière pierre de sonmythe, une construction plus médiatique que sportive qui lui a pourtant permis de bâtir une carrière incomparable. Par GRÉGORYSCHNEIDER «Parfois, je vois Nicolas Anelka faire des trucs ahurissants, à se demander s’il fait le même métier que les autres. Henry jamais. Mais la carrière d’Anelka, ce n’est pas le quart de la carrière d’Henry…» Unjoueur deLigue1 en2009 Henry soit qui mal ypense Lundi, à Londres, après avoir marqué le but qualificatif d’Arsenal en Cup contre Leeds. PHOTOIANKINGTON. AFP LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 34 • GRANDANGLE Henry. Il faut chercher là [il montre soncerveau].» Le truc, c’est que Thierry Henry n’a jamais laissé personne accéder à ses pensées. Ona eubeaufar- fouiller des mètres cubes d’interviews, on a eu l’impressionde trouver quelque chose endeuxoc- casions seulement. Il yeut d’abordsonblues post- France-Irlande (1-1) de novembre 2009, quandson contrôle de la mainavait permis auxBleus d’accé- der à unMondial sud-africainoù, rétrospective- ment, il eut été préférable qu’ils n’aillent pas. Ce fut le grandn’importe quoi: Jacques Attali réclama une «exclusion à vie»du joueur, Christophe De- chavanne proposa d’envoyer l’Irlande en Coupe dumonde et l’impayable AlainFinkielkraut fit de l’introductionde la vidéo dans l’arbitrage un«dé- bat capital» et une «question de salut public». Henry, lui, s’est tu. Avant de lâcher: «Je me suis senti seul. Vraiment seul. A un moment donné, j’ai cru que j’avais fait quelque chose de grave.» Et de sombrer d’un seul coup avec son club de Barce- lone, ce qui suscitera ce mot de l’entraîneur cata- lanJosepGuardiola, hallucinant quandonconnaît l’intensité que le joueur a toujours mis en toute chose depuis le premier matin: «Pour qu’on croit encore en lui, il faudrait déjà qu’il y croit lui-même.» L’arrière droit des îles Féroé Le seconddomaine où l’ona flairé une résonance particulière, c’est quand il parle de ceux qui font le même métier que lui: les joueurs. Unjournaliste de France Football qui était venu le voir à Londres s’est vudécortiquer unmodeste Amiens-Château- roux de Ligue 2 –quand ils ont fait rentrer untel, Amiens est passé à trois devant et…–par unHenry qui, faut-il le rappeler, a rencontré trois fois par semaine les meilleurs joueurs du monde pendant dixans. Onl’a aussi entendudisserter sur l’arrière droit de la sélection des îles Féroé, ce qu’il n’a aucun intérêt (médiatique) à faire sauf à vouloir s’ouvrir à vie les portes du stade Tórsvøllur de Tórshavn –qui n’a d’ailleurs pas de porte. Cette connaissance encyclopédique dujeusuggère une piste: enplus de protéger le joueur lui-même, l’absence de sincérité du meilleur buteur enbleu de tous les temps (51) pourrait signifier un souci de protéger unsport ouvert à toutes les prédations –médiatiques, financières, etc. Si Henrydoit quel- que chose, c’est à ses pairs. Point barre. Lundi, après Leeds, il a marqué sondésabusement quand l’intervieweur lui a dit que les téléspecta- teurs avaient commencé à l’élire «homme du match»… alors qu’il n’était pas encore entré en jeu. La vie du champion est parfois ingrate. Il ne faut pas nonplus s’illusionner: la sensibilité et la science que Thierry Henry a du foot lui ont aussi souvent permis de fuir les questions oude travestir la vérité. Ondonnerait cher pour savoir ce qu’il a raconté à Nicolas Sarkozyquandil est allé débrie- fer (à l’initiative du joueur et dans le dos des co- pains: personne ne lui demandait rien) le bus de Knysna après le fiasco sud-africain. Ça fait une paye que l’escroquerie s’est propagée au terrain. Ceux qui parlent d’une renaissance n’ont pas vu ses prestations automnales avec les NewYorkRed Bulls: le buste comme tenu par un corset en métal, la vitesse du scaphandrier et la ruse quand, sevré de ballon depuis un quart d’heure, il revient entoucher deux outrois aumi- lieude terrainavant d’aller reprendre sa sieste aux avant-postes. Ona repensé augaminqui, soucieux de paraître guerrier, va tacler un bon coup dans la boue pour saloper sonmaillot. Attention: c’est le sport, le vrai. Enmarquant contre Leeds lundi, Henry a bouclé son parcours et posé la dernière pierre de sonmythe. Il ne vaudra pourtant jamais la réalité, celle d’untype qui, pour disposer d’une faculté extraordinaire à comprendre le foot ausens large, s’est adapté à tout : la dureté de la Premier League anglaise, l’accointance entre unprésident de club et son fils agent de joueurs (!), un sélec- tionneur soupe au lait, le raz-de-marée Zidane, l’équilibre subtil duvestiaire barcelonais oùtrônait Samuel Eto’o et même la déchéance physique. Ça méritait bienune statue. Et des larmes dont onne saura jamais ce qu’elles cachent. • Thierry Henry vu par l’artiste britannique Marc Quinn dans le cadre du 100 e anniversaire de la Fifa, en 2004. PHOTOREUTERS LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012 • 35 PORTRAIT DANIELLE BOUSQUET «qui ne se discutent pas»: la «non-marchandisation du corps» et «l’égalité hommes-femmes». «Cette violence est une violence de genre. Celles de clients qui sont tous des hommes à des prosti- tuées qui sont très majoritairement des femmes.» Elle pensait que la condamnationde «cette violence-là», «tel- lement évidente», ferait autant consensus que le dossier vio- lence conjugale. Ses confrères parlementaires, de droite comme de gauche, l’ont suivie. Le consensus est moins évi- dent hors duPalais-Bourbon. Et cela la met encolère. Sa voix et sonvisage se durcissent. «Je ne comprends pas comment des gens qui se disent de gauche peuvent accepter que le corps de la femme puisse être mis en vente ou en location.»Les travailleurs dusexe qui la traitent sans grands égards de mère-la-morale- coincée-du-sexe, nelagênent pas vraiment. «Ce sont des per- sonnes extrêmement minoritaires, qui ne représentent en rien la réalité de la prostitution en France.»Elle ne se laisse pas non plus impressionner par les quelques protestations de clients mécontents qui encombrent sa boîte mail de leurs «lettres obscènes». «C’est justement pour faire évoluer les mentalités des hommes que nous travaillons. Je crois en l’éducation, sur ces questions-là en particulier. Cela prendra du temps, mais nous y arriverons.»Elle accepte mal enrevanche les voixdissonantes s’élevant de ses propres rangs. Elle se dit «atterrée»par les propos d’une ElisabethBadinter disant comprendre qu’une femme préfère choisir faire commerce de ses charmes que de tenir la caisse d’unsupermarché pour unsalaire de misère. «Ce sont les propos d’une milliardaire», raille-t-elle. Ses parents à elle étaient des enseignants, bretons, laïcs et de gauche. Milieu naturel structurant et déterminant dont elle ne s’est éloignée que brièvement, à l’heure de la jeunesse. Diplôme de HECenpoche, Danielle Bousquet fut directrice commerciale dans le privé. Et parisienne. Le temps de con- naître la réalité des cadres dirigeants de l’industrie, d’épouser un enseignant, originaire du sud-ouest de la France, et d’avoir deux enfants. Avant de «réintégrer»sonmilieunatu- rel en1972. L’Educationnationale. Le militantisme associatif féministe. La gauche socialiste. La Bretagne. Elle ne se voyait pas habiter ailleurs. La Bretagne est, dit-elle, «exemplaire» sur les sujets qui lui tiennent à cœur. Elle est devenue profes- seure d’économie. Puis chef d’établissement, comme le fut sonpère. Sa terre et ses repères retrouvés, elle s’est investie dans le Planning familial. C’était dans l’air du temps, mais, chez elle, c’était surtout dans la culture initiale. Elle raconte un«père féministe»qui, dans les années 50, dispensait dans les familles populaires des conseils de contraception, limitée à l’époque à des cours sur l’usage dupréservatif. Il était per- suadé qu’un peu moins d’enfants permettrait de favoriser l’activité féminine, clé de l’égalité et de l’émancipation. C’est de ce féminisme-là que Da- nielle Bousquet est née. Un féminisme d’éducation des masses. Elle répète: «Educa- tion, éducation, éducation.» Elle a appliqué la recette à la maison. Isabelle, sa fille aînée, ingénieure dans une société de promotionimmo- bilière, se souvient du souci permanent de sa mère de ne pas faire de différence entre l’éducation de son frère et la sienne. Des discours répétés sur l’ambition, l’indépendance, l’épanouissement. Elle se souvient aussi d’unmilitantisme permanent. Et note, amusée, que les enfants de ces profs mi- litants sont, comme elle, majoritairement partis faire carrière dans le privé pour mener des «vies tranquilles, individualistes et égoïstes». Danielle Bousquet s’est lancée enpolitique «pour prolonger le discours et l’action de terrain». En1983, elle a accepté d’en- trer au conseil municipal de Saint-Brieuc à la conditionque le conseil compte 30%de femmes. Le maire n’a pas moufté. Elle a été désignée adjointe aux finances. Elle est devenue députée en1997 lorsque Jospina introduit unquota de fem- mes à la députation. Mais elle avait hésité. Elle s’était piquée d’un de ces complexes féminins qu’elle a pour réflexe de combattre. «Je pensais ne pas avoir les compétences pour rem- plir cette mission.» Plus tard, en 2007, elle sera un soutien enthousiaste de Ségolène Royal. Expérience qui lui permet de prendre la mesure d’une «misogynie inquiétante»d’une partie de la société. La partie haute… En 2008, elle a été candidate malheureuse à la mairie de Saint-Brieuc. Bruno Joncour, le maire Modem, la pense plus portée par ses «combats de cœur»et son«attachement viscé- ral au PS»que par les dossiers de politique locale qui deman- dent parfois «de la nuance». En 2011, elle n’a pas pris parti lors de la primaire. Mais a rejoint Hollande après sa victoire en novembre. Danielle Bousquet aurait aimé transmettre sa fibre de mili- tante féministe à sa fille. Mais elle constate avec un brin de déceptionque «les choses ont changé pour les nouvelles généra- tions». «Entre un travail où l’on exige toujours plus d’elles et leur vie de mère, elles n’ont pas le temps de militer comme on le faisait nous.»Elle rappelle, statistiques à l’appui, que la ré- partition des tâches entre les sexes dans les foyers n’a pas basculé durant les dernières décennies. Elle parle aussi de la précarité des femmes seules avec enfants. Elle verrait d’un bonœil le retour d’unministère aux Droits des femmes. Elle dément enviser le fauteuil. Elle est adhérente d’Osez le fémi- nisme!, relais «respectueux»des combats de sa génération. Danielle Bousquet ne se représentera pas à la députation. Elle considère qu’à 67 ans, il faut savoir passer la main. Elle parle du nécessaire renouvellement de la classe politique. Elle constate que les femmes sont plus facilement accessibles à ce genre de raisonnement. Et surtout, plus enclines à le met- tre en pratique. • Par ALICEGÉRAUD PhotoYANNRABANIER EN5 DATES 1945 Naissance à Plœuc­ sur­Lié (Côtes­d’Armor). 1967 Mariage. 1978 Rejoint le PS. 1997 Députée. 2011 Proposition de loi pour la pénalisation des clients de prostituées. L’ univers de la députée socialiste Danielle Bousquet est bienrangé. D’uncôté, il y a les victimes (genre féminin). De l’autre, les bourreaux (genre mas- culin). Au-dessus, ceux qui œuvrent à rétablir jus- tice et égalité. Et aumilieu, peude place pour la nuance, ces zones de gris oùles principes se heurtent parfois à d’encom- brantes et mouvantes réalités. Danielle Bousquet, petite dame stricte et discrète, ne transige pas avec les principes. Et supporte mal que d’autres s’avan- cent sur ce terrain, piétinant au passage sans vergogne les valeurs sûres d’unféminisme qui aura structuré tout sonpar- cours. Celui de la militante du Planning familial admirative d’Yvette Roudy, qui a sutransformer ses convictions enforce de proposition, devenant parlementaire à la deuxième mi- temps de sa carrière. Asontableau d’honneur: la loi contre la violence faite aux femmes en2010. Et, encore plus récem- ment, une proposition pour la pénalisation des clients de prostituées. Petite pierre législative à l’avenir incertain, qui s’inscrit dans uncombat plus large visant à l’abolitionde la prostitutionenFrance. Pour elle, il enva de deux principes Féministe traditionnelle, cette députée PS de Saint-Brieuc veut pénaliser et rééduquer les clients de la prostitution. L’éducatrice LIBÉRATION VENDREDI 13 JANVIER 2012
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