HISTORIQUE FRANCE IRLANDE - SIX NATIONS.pdf

May 25, 2018 | Author: Antoine Beneytou | Category: National Rugby Union Teams, Rugby Football, Rugby Union Teams, Football Codes, Rugby Union


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’: H I K K S C = Z U V V U X : ? k @n @b @a @a " M 0 0 8 2 5 - 3 1 0 - F : 1 , 1 0 E LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE R IC A R D E S T U N E M A R Q U E E N R E G IS T R É E D E P E R N O D - R IC A R D S . A . — – F R A N C E 2 0 1 3 — C R É D IT V E R R E : E . B E R T H È S – P A C K S H O T A G E N C E É M U L S IO N POUR RÉALISER UN RICARD PERROQUET, IL FAUT VERSER 2CL DE RICARD, UN TRAIT DE SIROP DE MENTHE, 10 À 14CL D’EAU ET AJOUTER DES GLAÇONS. Vert L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N . 1,10 € *68 e ANNÉE - N° 21 422 France métropolitaine Dimanche 10 mars 2013 www.lequipe.fr LIGUE 1 LYON - MARSEILLE (21 heures) 0L-0M, c'est toujours hIeaI Et si l’OL, deuxième à cinq points du leader, Paris, visait encore le titre en Ligue 1? Et si l’OM bétonnait une place européenne pour la saison prochaine? Comme souvent, un choc plein de promesses. (Pages 10 et 11) NICE - MONTPELLIER (14 heures) £a atteadaat 0Iego... (Page 17) PARIS-SG - NANCY : 2-1 Ihra étouffe haac, (Page 14) À LA PETITE CUILLÈRE TOURNOI DES SIX NATIONS En arrachant le nul en Irlande au terme d’un combat éreintant, le quinze de France s’évitera la cuillère de bois – synonyme de cinq défaites – contre l’Écosse le 16 mars. (Pages 2 à 5) IRLANDE - FRANCE : 13-13 Une Promenade pour Chavanel (Page 21) CYCLISME TENNIS Tsonga : « Changer au risque de perdre» (Page 25) NKOULOU GOMIS DIAWARA UTAKA BAUTHÉAC ( P h o t o P ie r r e L a h a lle / L ’ É q u ip e ) ( P h o t o A l a i n M o u n i c / L ’ É q u i p e ) ( P h o t o S y lv a in T h o m a s / L ’ É q u ip e ) ( P h o t o B e r n a r d P a p o n / L ’ É q u ip e ) DUBLIN, AVIVA STADIUM, HIER. – 77 e minute, sur un ballon rasant tapé en profondeur, Picamoles (à droite) aplatit le premier dans l’en-but, devançant Earls déséquilibré par Debaty (au centre). . RUGBY Réussis Manqués Plaquages Les chiffres 55 Possession (%) 81 9 PASSES PASSES Pénalités contre 40 5 9 92 11 Lancers Ballons conservés Pénalité pour Ballons perdus 40 Touches 9 11 0 2 14 Coups francs 2 2 16 36 00 22 Pénalité contre 0 00 58 45 42 Occupation (%) Introductions Ballons conservés Ballons joués Pénalités pour Mêlées 7 4 10 2 1 00 5 11 11 Ballons joués au pied IRLANDE FRANCE Ballon perdu Pénalités contre Coups francs contre 0 1 1 0 2 À 24 ans et 114 jours, Morgan Parra est devenu hier le deuxième plus jeune joueur de l’histoire à atteindre la barre des 50 sélections. Parra, le 2 e plus précoce Joe Roff (Australie) 24 ans et 40 jours Morgan Parra (France) 24 ans et 114 jours Jonny Wilkinson (Angleterre) 24 ans et 140 jours Sergio Parisse (Italie) 24 ans et 151 jours George Smith (Australie) 24 ans et 353 jours 4 22 3 p j ne 4 1 5 Pays de Galles 6 4 3 0 1 92 63 + 29 2 Italie 2 3 1 0 2 42 78 - 36 5 France 1 4 0 1 3 50 75 - 25 6 Tournoi 2013 (4e journée) Hier Aujourd’hui Classement 3 Écosse 4 4 2 0 2 82 84 - 2 Points Joués Gagnés Nuls Perdus Pts pour Pts contre Différence Angleterre - Italie (à Londres, 16 heures) Écosse - pays de Galles, 18-28. Irlande - France, 13-13. 1re journée (samedi 2 et dimanche 3 février) : Pays de Galles - Irlande, 22-30 ; Angleterre - Écosse, 38-18 ; Italie - France, 23-18. 2e journée (samedi 9 et dimanche 10 février) : Écosse - Italie, 34-10 ; France - pays de Galles, 6-16 ; Irlande - Angleterre, 6-12. 3e journée (samedi 23 et dimanche 24 février) : Italie - pays de Galles, 9-26 ; Angleterre - France, 23-13 ; Écosse - Irlande, 12-8. Déjà joués Restent à jouer Irlande 3 4 1 1 2 57 59 - 2 4 1 Angleterre 6 3 3 0 0 73 37 + 36 5e journée. - Samedi 16 mars : Italie - Irlande (15 h 30) ; Pays de Galles - Angleterre (18 heures) ; France - Écosse (21 heures). Programme en heure française. Pour l’heure au Royaume-Uni et en Irlande, retrancher une heure. Toutes les rencontres diffusées en direct sur France 2. TOURNOI DES SIX NATIONS (4 e journée) LE DESSIN ANGLETERRE 16 H ITALIE - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Stade de Twickenham, en direct sur France 2. Arbitre : M. G. Clancy (IRL). ANGLETERRE : 15 Goode – 14 Ashton, 13 M. Tuilagi, 12 Barritt, 11 Brown – 10Flood, 9Care –7Robshaw(cap.), 8Wood, 6Haskell –5Parling, 4Launchbury – 3 Cole, 2 T. Youngs, 1 Vunipola. Remplaçants : Hartley (16), Wilson (17), Marler (18), Lawes (19), Croft (20), B. Youngs (21), Burns (22), Twelvetrees (23). Entraîneur : S. Lancaster. ITALIE : 15 Masi – 14 Venditti, 13 Canale, 12 Garcia, 11 McLean – 10 Orquera, 9 Gori – 7 Barbieri, 8 Parisse, 6 Zanni – 5 Furno, 4 Geldenhuys – 3 Castrogiovanni (cap.), 2 Ghiraldini, 1 De Marchi. Remplaçants : Giazzon (16), Lo Cicero (17), Cittadini (18), Pavanello (19), Minto (20), Favaro (21), Botes (22), Benvenuti (23). Entraîneur : J. Brunel. ISUPER 15 (1) : POCOCK, GENOU GAUCHE AMOCHÉ. – Le troisième-ligne australien David Pocock (24 ans, 46 sél.) s’est blessé gravement au genou gauche avec son équipe de Brumbies lors de la victoire contre les Waratahs (35-6, 4e journée), hier. Il pourrait être indisponible six mois et, du coup, manquer la réception des Lions britanniques et irlandais en tournée en Australie en juin et juillet. En août dernier, celui qui était alors capitaine des Wallabies avait déjà dû quitter le Four Nations (genou droit, trois mois d’indisponibilité), tout comme il n’avait pu participer qu’à une partie de la tournée d’automne en Europe, à cause d’une blessure au mollet. ISUPER 15 (2) : GUILDFORD PEUT REJOUER AVANT SA COMPARUTION. – Alors qu’il doit comparaître la semaine prochaine devant une commission de discipline, l’ailier international néo-zélandais Zac Guildford (24 ans, 10 sél.) a été autorisé à rejouer au rugby d’ici là avec le club de Napier, dans une compétition mineure. La NZRU n’a pas précisé quand le joueur pourrait effectuer son retour en Super 15 avec les Canterbury Crusaders. Guildford n’a plus joué depuis janvier et son implication dans une bagarre dans un bar néo-zélandais. Victime de problèmes récurrents avec l’alcool, Guildford a depuis subi un traitement intensif dans une clinique privée. I IBAÑEZ ET LES CENT PAS. – Hier dans la salle de presse de l’Aviva Stadium, Raphaël Ibañez a passé un avant-match tendu. Un œil sur l’écran de télé pour regarder les images d’Écosse-Galles, le manager de l’UnionBordeaux-Bègles, pré- sent en Irlande au titre de consultant pour France Télévisions, triturait régulière- ment son téléphone portable pour consulter les messages le tenant informé de l’évolution du score de Toulouse-Bordeaux. Et quand Bordeaux mena 30-29, Iba- ñez n’y tint plus. « Je vais marcher, ce n’est plus possible. » De retour alors que Bordeaux était mené 33-32, l’ancien capitaine des Bleus attendit nerveusement le score final pour exprimer sa déception. Relative … « Un point de bonus défensif pour nous alors qu’Agen est battu par Bayonne sans bonus (20-30), c’est pas mal. Mais les gars doivent être très frustrés après avoir marqué quatre essais à Tou- louse. » – H. I. I DES TOQUÉS CE SOIR À MARCOUSSIS. – Hier soir encore, l’affaire était confirmée. Sauf changement de dernière minute, les joueurs de l’équipede France auront la surprise aujourd’hui de savourer un dîner préparé par quatre restaura- teurs prisés et fans du ballon ovale : Christian Constant, Michel Sarran, Christian Etchebest et Bertrand Bluy. – H. I. I DOMINICI, LE PIED ET LES CRIQUETS. – Consultant de RTL, Christophe Dominici alivré un jugement court mais précis sur les carences françaises depuis le début du Tournoi : « Ona un vrai problème de jeud’occupation, on a des coups de pied de criquets, a lancé l’ancien ailier du quinze de France (40 ans, 67 sélections, entre 1998 et 2007). Ce n’est pas méchant, c’est la vérité ! Vous pouvez l’écrire… » C’est fait. – H. I. I MICHALAK ET VAHAAMAHINAAU CONTRÔLE ANTIDOPAGE. – Frédé- ric Michalaket SébastienVahaamahinaétaient les deux Français tirés ausort pour lecontrôleantidopage. Si lePerpignanais apurapidement satisfaireaucontrôle et se présenter en zone d’interviewauprès de la presse, il n’en pas été de même pour l’ouvreur des Bleus. – H. I. I ÉQUIPES DE FRANCE : LES FÉMININES ET LES MOINS DE 20 ANS BAT- TUS. – Leweek-enddes Bleus n’avait pas biencommencé vendredi enIrlande. Les moins de 20 ans, emmenés par le Toulousain Gaël Fickou, ont subi face à leurs homologues irlandais leur troisième défaite en quatre matches (22-5). Le talon- neur biarrot Ruffenach a inscrit le seul essai (11e) d’une équipe de France qui a écopé de trois cartons jaunes (Vialelle, Serin et Fickou). Les féminines se sont éga- lement inclinées en Irlande (15-10), alors qu’elles menaient 5-10 à la pause, grâce à un essai de N’Diaye et cinq points de coups de pied d’Agricole. Dans ce Tournoi, les Bleues comptent deux victoires (contre le pays de Galles, 32-0et en Angleterre 20-30) et deux défaites (en Italie, 13-12 et en Irlande). Elles disputeront leur der- nier match le 15 mars à Dijon (19 heures) contre l’Écosse. ÉCOSSE 18-28 (12-13) GALLES - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Stade de Murrayfield. Temps froid. Pelouse humide. 67 144 spectateurs. Arbitre : C. Joubert (AFS). ÉCOSSE : 6 B, Laidlaw (7e, 13e, 27e, 38e, 49e, 61e). GALLES : 1 E, Hibbard (22e) ; 7 B, Halfpenny (5e, 40e, 47e, 56e, 59e, 68e, 72e) ; 1 T, Halfpenny. Carton jaune. – Galles : James (78e, antijeu). Évolutionduscore: 0-3, 3-3, 6-3, 6-10, 9-10, 12-10, 12-13 (mi-temps) ; 12-16, 15-16, 15-19, 15-22, 18-22, 18-25, 18-28. ÉCOSSE : Hogg – Maitland, Lamont, Scott, Visser – (o) Weir (Jackson, 78e), (m) Laidlaw – Brown (cap.), Beattie (Wilson, 68e), Harley – Hamilton, Gray (Kel- lock, 30e) – Murray (Cross, 76e), Ford, Grant. Entraîneur : S. Johnson. GALLES : Halfpenny – Cuthbert, J. Davies, Roberts (Sc. Williams, 73e), North – (o) Biggar, (m) Phillips (Ll. Williams, 73e) – Warburton, Faletau (Andrews, 80e), R. Jones (cap.) (Tipuric, 48e) –Evans, A. W. Jones –A. Jones, Hibbard(Owens, 61e), James. Entraîneur : R. Howley. VUD’ÉCOSSE I IRLANDE-FRANCE DANS LES VESTIAIRES. – Greig Laidlaw, le demi de mêlée écossais, promet qu’il reverra le match lundi, mais il a tenu à en vivre le maximum en direct. « La télé était allumée dans notre vestiaire, raconte-t-il en conférence de presse. Quand je l’ai quitté, pour venir vous parler, l’Irlande menait 7-0, mais ce n’était que le début… » La suite ? « J’ai bien le temps de la voir. » Il s’y voit déjà, contre les Bleus, et s’attend à un match encore plus difficile que contre les Gallois : « Avec les Français, c’est dans la tête. Quand ils le décident, ils peuvent être les meilleurs. » Et il a dit ça sans savoir que les Français allaient décrocher un nul 13-13, après avoir été menés 13-3 à l’Aviva Stadium. – C. J. LE FILMDU MATCH LE MATCH EN QUESTIONS MARQUEURS RÉALISATEURS SOMMAIRE Athlétisme p. 25 Automobile p. 26 Basket p. 9 Boxe p. 23 Cyclisme p. 21 Escrime p. 25 Football p. 10à20 Golf p. 8 Gymnastique p. 8 Handball p. 23 Hockeysurgazon p. 23 Hockeysurglace p. 22 Karaté p. 23 Lutte p. 8 Moto p. 8 Neige p. 22 Natation p. 23 Patinagedevitesse p. 23 Rugby p. 2à8 Surf p. 8 Télévision p. 23 Tennis p.25 Volley-ball p. 9 Water-polo p. 23 IRLANDE 13-13 (13-3) FRANCE - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Aviva Stadium. Pluie, vent favorable à la France en première période. 51 000 spectateurs environ. Arbitre : M. S. Walsh (AUS). IRLANDE : 1 E, Heaslip (11e) ; 2 B, Jackson (29e, 32e) ; 1 T, Jackson. FRANCE : 1 E, Picamoles (74e) ; 2 B, Michalak (26e), Parra (53e) ; 1 T, Michalak. Évolution du score : 7-0, 7-3, 10-3, 13-3 (mi-temps) ; 13-6, 13-13. Remplacements 63e : McFadden par Fitzgerald, Mur- ray par Reddan ; 68e : Ryan par O'Callaghan ; 72e : Marshall par Madigan ; 77e : O'Mahony par Hen- derson ; 80e : Reddan par Cronin. Temporaires : O'Driscoll par Mur- ray (73e-77e, saignement). Entraîneur : D. Kidney. Remplacements 51e : Maestri par Vahaamahina ; 66e : Domingo par Debaty, Nyanga par Claassen ; 68e : Fritz par Bastareaud, Kayser par Guirado. Temporaires : Fritz par Bastareaud (52e-58e, saignement). Entraîneur : P. Saint-André. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Les cartons Aucun - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Les cartons Aucun 1. Hogg (Écosse, not r e phot o) , P i c a m o l e s ( Fr anc e, + 1) , Cuthbert (Galles), 2 essais. 4. Ashton, Twel- vetrees, Tuilagi, Par l i ng, Car e (Angleterre), Vis- ser, Scott, Maitland, Lamont (Écosse), Fall, Fofana (France), North, Davies, Hibbard (+ 1), Mitchell, Halfpenny (Galles), O'Driscoll, Healy, Gilroy, Zebo, Heaslip (+ 1) (Irlande), Parisse, Castro- giovanni, Zanni (Italie), 1 essai. 1. Halfpenny (Galles, + 23, notre photo), 62 points. 2. Laidlaw (Écosse, + 18), 52 points. 3. Farrell (Angleterre), 42 points. 4. Michalak (France, + 5), 22 points. 5. Sexton (Irlande), 15 points. 6. Burton, 14 points. 7. Orquera (Italie), 13 points. 8. Jackson (Irlande, + 8), 11 points. 9. Hogg (Écosse), Picamoles (France, + 5), Cuthbert (Galles), 10 points. 12. Parra (France, + 3), 8 points. (P h o to s R ich ard M artin /L’É q u ip e) Picamoles, l’essai qui renverse presque tout J 3e : première mêlée, introduction Parra. Domingo plie une première fois Ross, le pilier droit. Bras cassé, décide l’arbitre Steve Walsh. J 7e : conquête en touche des Irlandais, qui enclenchent un bal- lon porté dévastateur sur une vingtaine de mètres. Le ton est don- né : la mêlée sera fran- çaise, les mauls seront irlandais. J11e : Parra a poussé en touche un coup de pied à suivre à ras de terre. Ballon porté irré- sistible des Irlandais, essai en coin du capitaine Heaslip. L’ouvreur Jackson transforme. IRLANDE-FRANCE : 7-0 J15e : mêlée sur les 22 mirlandais. Ross ne trouve toujours pas la solu- tion face à Domingo. Pénalité. De 23 m en biais, Michalak la frappe, le vent l’enlève des poteaux. J22e : Mas se porte au-delà du ballon sur un regroupement. La pénalité de Jackson fuit à son tour les poteaux. J26e : la mêlée française arrache une nouvelle pénalité. But de Micha- lak, de 35 m en biais. IRLANDE-FRANCE: 7-3 J29e : les Français ne parviennent décidément pas à stopper les mauls irlandais. Pénalité contre Picamoles. De 42 m en biais, but de Jackson. IRLANDE-FRANCE: 10-3 J31e : O’Driscoll déborde Dusautoir après un décalage sur passe. Le plus beau geste technique du match. J32e : faute dans le jeu au sol de Samson. Pénalité réussie par Jackson des 40 m. IRLANDE-FRANCE : 13-3 J40e + 2 : sur le premier temps fort des avants français, le deuxième- ligne Ryan se met à la faute. De 25 men coin, nouvel échec de Michalak. MI-TEMPS J45e : mêlée. PénalitécontreDomingo. De47menface, le tir de Jackson vient mourir sous la barre. J49e : le demi de mêlée Murray joue vite une pénalité à la main, Nyanga le reprend. Longue action conclue par un drop raté de l’arrière Kearney. J51e : Maestri sort. Il a laissé l’épaule droite dans cecombat dantesque. J 53e : le huit de devant obtient une nouvelle pénalité sur mêlée. L’orgueil des hommes ! Parra prend le but et le passe des 40 m. IRLANDE-FRANCE : 13-6 J 56e : pénalité. Échec de Parra des 35 m. J62e : une charge de O’Brien couche Huget. Les joueurs ont de plus en plus de mal àse relever. J 70e : passe croisée Michalak-Bastareaud (notre photo), Debaty maintenant, le feu se propage. Le renverse- ment parait gagnant sur la droite, mais Huget garde le ballon en situation de sur- nombre. O’Driscoll est K.-O., Marshal l est démoli. J74e : série de mêlées à proximité de la ligne irlandaise. Après l’une d’ell es, Parra croi t avoir marqué l’essai. Mais l’arbitre a sifflé pénal ité. Picamoles joue rapidement pour lui-même, traverse un mur, aplatit avec diffi- culté sur la ligne. Essai (notre photo). Presque en coin, Michalak transforme. IRLANDE-FRANCE: 13-13 J76e : sur un coup de pied à suivre irlandais, Debaty est à la lutte avec l’ailier Earls. Il le gêne suffisamment pour que Picamoles aplatisse le pre- mier. J80e : il a fallu plusieurs minutes pour évacuer Reddan (fracture de la cheville gauche), le demi de mêlée remplaçant. Dernière charge de Mas, relais parfait de Bastareaud, les spectateurs français sont debout, Pica- moles s’enfonce dans les 22 m irlandais, Michalak choisit de donner à suivre dans l’en-but. L’arrière Kearney sauve le match nul. – O. M. DUBLIN, AVIVA STADIUM, HIER. – C’est la 11e minute. Jamie Heaslip vient de marquer en force. Autour de Louis Picamoles, les Français (Vincent Clerc, en caleçon blanc, Thierry Dusautoir, Nico- las Mas, Christophe Samson et Morgan Parra, de droite à gauche) sont assommés. Mais au bout d’un combat à l’ancienne, ils finiront par se révolter. (Photo Richard Martin/L’Équipe) TOUJOURS PLUS NUL ! Au terme d’un match consternant, Français et Irlandais, comme l’an passé, n’ont pu se départager. Et malgré une révolte pour finir qui montre un certain caractère, l’accablement l’emporte. DUBLIN – de notre envoyé spécial ON SAIT DÉSORMAIS qu’il existe plus consternant que de « gagner moche » . C’est le « match nul moche ». Et, pour prix de cette désolante prouesse, l’équipe de France a même réussi à exporter à l’Aviva Stadium les sifflets qui avaient accompagné sa sortie après l’amorphe défaite face au pays de Galles (6-16) au Stade de France le 9 février. S’il est vrai « qu’on apprend plus dans la défaite que dans la victoire », comme le répètent les sportifs court battus, alors on peut déjà regretter que ce match nul, le deuxième de rang contre des Irlandais d’un vert de plus en plus pâle, ne mène nulle part. Même pas fichus d’assumer jusqu’au bout la médiocrité de leur plan de vol, les Français auront donc osé dix minutes de révolte dans un océan d’ennui et d’approximations pour écarter d’un obscur essai de Picamoles, sur une pénalité jouée vite à la main (74e), le spectre de « l’Homme au marteau » qui s’apprêtait à enfoncer les clous dans le cercueil de leurs dernières illusions. Tant mieux pour les pauvres chiens qui ont mis toute leur conviction à éviter le pire. Tant pis pour le rugby français, qui aurait fait meilleur profit d’une retentissante cuillère de bois que d’un Tournoi de ventre très, très mou dont personne n’a que faire. D’ailleurs, dans un genre plus concerné, ce match est tactiquement le plus minable livré par les Tricolores depuis la défaite sans conséquence concédée face aux Tonga (14-19) en phase de poules de la Coupe du monde 2011. À se pendre à la première pompe à Guinness Celui-ci n’avait pas empêché la France de continuer sa route vers une flatteuse place de finaliste. Celui-là permettra à tout le rugby français de pousser un lâche soupir de soulagement et de remettre une nouvelle fois à demain la révolution qui s’impose pour permettre à l’équipe de France d’exister davantage qu’une fois tous les quatre ans. En attendant, pour accrocher par la peau des fesses ce nul vraiment bien nul, il a fallu se farcir une belle purge, et c’est à se demander si la horde des supporters français qui avaient choisi de passer leur samedi dans le brumisateur glacé de l’Aviva Stadium auraient trouvé à redire si monsieur Walsh avait accordé la pénalité – ou même l’essai de pénalité – à l’Irlande pour une obstruction de Debaty empêchant l’ailier Earls d’arriver le premier dans l’en-but au terme des seuls instants un peu vivants de ce pensum (76e). Il paraît que Philippe Saint- André est très satisfait des quarante et une minutes de temps de jeu effectif de ce triste machin. Vu la qualité du jeu en ques- tion, ça doit faire pas loin de trente-huit minutes de trop. C’est que le reste, tout le reste, fut d’une tristesse à se pendre à la pre- mière pompe à Guinness venue. Mêlées écroulées, touches écroulées, public effondré et grande frilosité ambiante, tout le monde a souffert. C’est que, visiblement, le staff tricolore avait décidé d’imposer « l’atelier jeu au pied » pour tout le monde et un placement de père de famille – loin de la ligne d’avantage – à Frédéric Michalak. Après tout, pourquoi pas ? La médiocrité tac- tique assumée peut avoir son charme. Quand on gagne ! Mais, pour cela, il faut une autre précision dans le jeu au pied, une autre conviction pour disputer le ballon dans les airs, une autre détermination quand on pré- tend sauter au contre en touche à cinq mètres de sa ligne, comme le fit imprudem- ment Christophe Samson sur l’essai de Jamie Heaslip (11e), une autre concentration pour entraver le déroulé triomphal des mauls irlan- dais. Bref, la conviction profonde que si la tactique du jour ne vole pas bien haut, elle doit mener à la victoire. À la manière des Anglais. Le problème, c’est que visiblement cette équipe de France confondit cinquante minutes durant patience et attentisme et que si elle ne perdit pas cette fois le fil de ses pensées, c’est qu’elle ne pensait à rien de constructif. Menée de 10 points (13-3), enfin un peu plus présente aux environ de l’heure de jeu, il lui manqua alors un peu de confiance pour changer vraiment de genre. C’est dommage, nous direz-vous, à ce moment-là, ils auraient dû faire jouer Wesley Fofana. Ah ! bon, parce qu’il a joué Fofana ? Pour le placer en position de faire parler ses étonnantes qualités athlétiques, il aurait fallu un minimum de précision dans les lance- ments de jeu. Et c’est d’autant plus désolant que les Fran- çais démontrèrent alors que, faute d’être capables de se faire trois passes, ils avaient sans doute les moyens de procéder par élimi- nation face à des Irlandais pareillement à la dérive. Mais il ne leur restait plus assez de temps, plus assez de pétrole, plus assez d’idées pour forcer le destin. P. M. B. L’instinct de Picamoles PRIS. PENDANT UNE HEURE, hier, les Bleus ont été pris. Partout. Dans le jeu au pied. Dans l’occupation. Dans la conquête. Dans la vitesse d’exécution. L’équipe de France était sous l’eau. D’autres auraient explosé, elle a réagi. Ça montre qu’elle a du potentiel, mais aussi que celui de l’Irlande est limité. S’il faut retenir quelque chose de posi- tif de ce match pour les Français, ce sont deux temps forts : leur manière de défendre la ligne alors que l’Irlande était en position de marquer, après un bras cassé vite joué par son demi de mêlée ; et la série d’actions offensives en fin de match, qui amène à l’essai. Cela ressemblait à un feu de rébellion, à un refus d’une quatrième défaite d’affilée. À mes yeux, un joueur s’est dégagé dans cette période : Louis Pica- moles. C’est lui qui a pris l’initiative, seul, de jouer vite cette pénalité à la main pour aller marquer. Dans la fou- lée, c’est lui qui est à la course avec l’ailier Keith Earls pour éviter l’essai. Enfin, sur la dernière action, alors qu’on soignait un Irlandais et que les Bleus avaient une pénalité à jouer, je l’ai vu beaucoup communiquer et demander aux autres joueurs de taper une chandelle. Enfin, c’est lui qui a créé une brèche au milieu du ter- rai n, qui aurai t pu déboucher à nouveau sur un essai. Je l’avais rarement vu se comporter comme ça. Naturellement, il n’est pas unleader. Jeprécise: c’est un leader de jeu, qui fait avancer son équipe et l’empêche de reculer. Et il est, àmonsens, lemeilleur joueur fran- çais de ce Tournoi. Mais il est aussi un garçon en retrait, très en retenue dans sa communication, altruiste. Hier, il a pris ses responsabilités, en pleine tem- pête. Il s’est révélédans cerôle, malgré lui. Je crois que, de sa part, c’était plus de l ’ i nst i nct qu’ une vér i tabl e démarche. Mais il m’a rappelé le Louis Picamoles que je voyais jouer avec Montpellier : celui qui avançait, attirait les ballons, alors que son équipe cou- lait. Va-t-il devenir un véritable leader de l’équipe de France ? Je ne sais pas s’il recherche ça. Je crois qu’il veut juste être lui-même. (*) Ancien demi de mêlée et capitaine du quinze de France, 64 sélections de 1991 à 2003, meilleur joueur du monde 2002, manager de Montpellier et consultant pour France Télévisions. Affreux puis révoltés Les Français ont été désolants une mi-temps avant de revenir sur les Irlandais grâce à leur mêlée. DUBLIN – de notre envoyé spécial SUR L’ÉCHELLE DES colères de Philippe Saint-André, il y aurait match entre celle, hurlée, après une déplorable défaite en Argentine (23-20), le 16 juindernier, et celle d’hier, dans le vestiaireà lapause. Minables étaient ces Bleus face aux Irlandais. Les deux reculades –disons 60 mètres encumu- lé – du pack français sur des ballons portés « n’ont pas trop plu à Philippe » selon un joueur. « Les avants ont chargé », précise Mathieu Bastareaud. « Tous ! » , tonne PSA. Christophe Samson le Castrais l’a connu à Toulon avant de le retrouver en équipe de France. En connaisseur, il glisse : « C’était vraiment une grosse colère. »Rare chez un coach peu sanguin. « Il était fâché, à la mi-temps, et c’est normal », juge Nico- las Mas. « Oui, ç’a toussé à la mi-temps, reprend Patrice Lagisquet, adjoint de PSA. On pensait que certains messages étaient passés comme le fait qu’avec un ballon mouillé, il faut vite monter en défense, mettre une grosse pression. » « Onne se déplaçait pas, on ne les agressait pas en défense. Il fallait nous réveiller. Mais pas attendre la mi-temps et prendre une soufflante, soupire Bastareaud. Il faudrait réussir un match plein. » On attendra. À l’Aviva Stadium, on est resté longtemps consterné par le niveau de jeu. « Après trois défaites, si on peut gagner moche, on le fera », avait prévenu Thierry Dusautoir. On a eu un… nul moche. « Oui, mais ce n’est pas une défaite, relève Christophe Samson. Dans cettepériode difficile, il faut voir le bon côté des choses. » OK. Et même le très bon côté: oublions uninstant l’ennui, les calami- tés accumulées et regardons cette rébellion des Bleus, pendant une grosse dizaine de minutes. L’effet de la colère de PSA ? Peut-être. L’insistance, voire l’entêtement, mis en mêlée : oui, oui, re-oui. « C’est bien que la mêlée reste importante au rugby », savoure Nicolas Mas. Le pilier droit des Bleus bouge difficilement le cou dans sa chemise de soi- rée, plisse un peu plus ses yeux en amande, ajoute, vorace : « Onainsisté de lapremière à la dernière. Et la mêlée qu’on tourne est hyper importante (73e). On peut dire que c’est une balle de match. » Conclue par Louis Picamoles : une balle, plein cœur, selon la formule du chasseur Guy Novès, entraîneur du grand huit à Toulouse. « Quand je vois ce que les mecs ont donné en mêlée, j’ai plus envie de leur serrer la main que de les faire chier avec deux heures de vidéo », confie Yannick Bru, coach des avants. « Àla fin de ce match, on pouvait se regarder dans les yeux », ajoute Mas. Dusautoir à nouveau en capitaine Soixante-quatorzième minute : les suppor- ters français se lèvent. Picamoles a marqué. Enfin, ça… De la tribune, on a vu M. Walsh accorder une pénalité aux Irlandais. Son geste a troublé jusqu’au terrain. Samson : « Je croyais qu’il y avait pénalité contre nous…Mais quand j’ai vu deux coéquipiers qui revenaient se placer dans notre camp, j’ai compris qu’il y avait essai. »Et Michalak s’avance pour la transformation, compli- quée, sur la gauche. Sifflé plusieurs fois sur du jeu au pied loupé, il tape bien : 13-13. « Quand Fred transforme, j’espérais, je n’étais sûr de rien, reconnaît Vincent Clerc. Mais s’il réussit, tu sais que tu peux repartir vers le camp adverse en récupérant bien le coup d’envoi. » Clerc, sur son aile droite, sans ballon, goûte le combat au près. « Et quand tu vois l’adversaire perdre quatre joueurs sur blessure, ça te marque. Ce n’est pas un hasard. Ça veut dire qu’il y a eu de l’engagement. » Ça oui ! Sous la pluie, dans le froid, c’était même le seul truc à voir. De près, trop près, par Paddy Jackson, emporté par Basta- reaud. Catapulté, le rouquin ! « J’étais ren- tré six minutes pour un remplacement tem- poraire (Fritz, 52e-58e) ; je n’avais pas touché un ballon, juste vu passer…, sourit “ Basta ”. Ma percussion d’entrée, lorsque je reviens (68e) ? Je savais que l’ouvreur n’était pas un gros défenseur et je l’ai défié. C’est ce que Philippe m’avait demandé de faire. » Le Toulonnais ne s’agace pas, mais lance : « On avait entendu des choses : il n’y a pas de leaders dans cette équipe, pas de carac- tères… » À trois mètres de lui, Patrice Lagisquet confie : « Ce groupe a prouvé qu’il a du caractère. » On a vu un Dusautoir râler contre l’arbitre, s’embrouiller avec un Irlandais, haranguer. Comme avant. Avant sa dégradation. « Titi » est apparu, à nou- veau, comme le capitaine. « Je me suis lais- sé porter par l’enthousiasme de l’équipe pour essayer d’aller chercher la victoire. » « Oui, apprécie Saint-André, les joueurs ne voulaient pas se contenter du nul. » Il fau- dra, pourtant. ARNAUD REQUENNA « On ne va pas jouer pour la cuillère de bois » G Philippe SAINT-ANDRÉ (sélec- tionneur de l’équipe de France) : « Onva bien préparer France-Écosse et on ne va pas jouer pour la cuillère debois…C’est bien. Enpremièremi- temps, avec le vent, dans des condi- tions climatiques difficiles, on n’a pas étébons dutout et l’Irlandeatrès bien joué. La deuxième mi-temps, c’était l’opposé. On a trouvé du caractère pour revenir et on a fait une très grosse deuxième mi-temps au niveau du mental. À l’image de Frédéric Michalak, qui a loupé deux buts et qui aeulaférocitémentale de passer la transformation du match nul. J’ai aimé cet état d’esprit du groupe qui, à la fin, n’était pas content du match nul. Et ils (les joueurs) ont tout fait contre le vent pour garder le ballon sur le terrain et aller chercher la victoire. » – H. I. G Patrice LAGISQUET (entraîneur des trois- quarts français) : « J’ai le sourire parce que c’était compliqué et qu’on a trouvé les res- sources pour revenir. La réaction est belle et on aurait même pu aller chercher mieux. Yannick (Bru) a râlé à cause de plusieurs hésitations en touche... Les joueurs ont appris decematch. Au début, le groupe avait peur de mal faire, il était paralysé. D’entrée, on fait une chandelle sur le 11 (Earls) qui a eu du mal et on ne l’a pas refait... La cuillère de bois qui s’en va, c’est un soulagement. On se disait que si on devait la jouer contre l’Écosse, ç’allait être une bouche- rie ! Aujourd’hui, les garçons sont plus sen- sibles à la critique qu’on ne l’était dans les années 1980. Ça risquait d’être très difficile. » – H. I. G Yannick BRU (entraîneur des avants) : « On est fiers d’eux. C’est la preuve que ce groupeaducaractère. Çasuffit àmonbonheur. EnAngleterre il y aquinze jours et ici enIrlande, que reprocher aux gars sur l’état d’esprit ? Après une mi-temps indigente, renverser la vapeur dans ces conditions météo, je dis bravo. Sur l’essai d’Heaslip, on ne saute pas vraiment au contre. On a pourtant des stratégies de contestation en touche : si on saute, on joue le contre à 200 % ; si on ne saute pas, on bataille en bas à 200 %. Là, on saute mais on ne le fait pas avec une pleine conviction. Sinon, ce bal- lon, onl’aurait volé. C’est ungros point noir. On aaussi pris unportéde25mètres qui nous afait mal au casque. Àla mi-temps, j’ai donc deman- dé aux gars de ne plus sauter. » – H. I. G Thierry DUSAUTOIR (capi- taine de l’équipe de France) : « On est partis de loin…Au vu de la pre- mière mi-temps, on se demandait si on allait revenir dans la partie. L’équipe a montré qu’elle avait du caractère sur la deuxième mi- temps. Un match nul en Irlande, ce n’est pas quelque chose d’anodin. On aurait pu faire beaucoup mieux, mais on peut s’appuyer sur cette seconde période. » – H. I. Michalaklasentait bien POURQUOI EST-CE MICHALAK QUI A TRANSFORMÉ L’ESSAI ? Le rôle de buteur numéro 1 des Bleus a changé deux fois de casaque. Comme prévu, Frédéric Michalak s’est chargé de ce rôle en premier. Avec une réussite pour commencer, puis deux échecs enpositionpas très difficile. Refroidi, le Toulonnais a cédé le rôle à Morgan Parra. Ce dernier a « rentré » son premier but et raté le second, mal placé. « J’ai eutropconfiance, j’ai demandé à la prendre mais j’ai forcé » , glisse le Clermontois. Quand est venu le moment de transformer l’essai de Picamoles pour égaliser (74e), Parra s’est tourné vers Michalak. « Je lui ai demandé : “ Tu la prends ?” Il m’a dit oui. Il était sur son bon pied, il a l’expérience… » Et Michalak n’a pas tremblé. DEBATY A-T-IL COMMIS UNE FAUTE SUR EARLS ? 76e minute : Murray tape un parfait coup de pied à suivre dans l’en-but français. L’ailier Keith Earls accourt, et se retrouve à la lutte avec deux avants français, forcément moins rapides : Vincent Debaty et Louis Picamoles. « J’ai cinq mètres d’avance, je donne tout ce que j’ai mais il est plus rapidequemoi, sourit le pilier. On se retrouve épaule contre épaule, Louis aplatit avant, ça se joue à peu de choses. » Et en partie à un geste du coude de Debaty, qui a clairement gêné la course de Earls mais n’apas choquéles arbitres. « Non, il n’y a pas faute » , lâche Debaty, sûr de lui. L’évocation de cette action a agacé Philippe Saint-André: « Il yavait l’arbitre, deuxarbitres de touche, l’arbitre vidéo, on a revu plusieurs fois les images, il n’y a pas de coup de coude, il n’y a pas de faute. » POURQUOI LES AUTRES DEMIS NE SONT PAS RENTRÉS ? Depuis le début duTournoi, àchaquematch, le staff des Bleus avait changé tout ou partie de sa charnière en deuxième mi-temps. Hier, les remplaçants François Trinh-Duc et Maxime Machenaudsont restés sur le banc alors que le duo Parra-Michalak était à la peine. Pour- quoi ? « Quand il tombe des trombes, qu’il y a un froidde canard, quand le matchest serré… Onafait le coachingqu’onpensait adéquat », a expliqué PSA. « Je ne sais pas si sortir Frédé- ric aurait eu un sens, a ajouté Patrice Lagis- quet, l’entraîneur des trois-quarts. On ne s’est pas posé laquestion. Lui et Morganont fini par prendre leurs responsabilités. » DEPUIS QUAND LA FRANCE N’AVAIT PAS ENCHAÎNÉ SEPT MATCHES SANS VICTOIRE DANS LE TOURNOI ? Entre le 17-17 de l’année passée face à l’Irlande au Stade de France (4 mars) et le 13-13 de l’Aviva Stadium hier, la France a enchaîné cinq défaites dans le Tournoi : face à l’Angleterre (22-24, le 11 mars 2012), au pays de Galles (16-9, le 17 mars 2012), en Italie (23-18, le 3 février 2013), face aux Gallois (6-16, le 6 février 2013) et en Angleterre (23-13, le 23 février 2013). Soit une série dans le Tournoi de sept matches sans victoire. Du jamais vu depuis… 1927. De 1924 à 1927, la France avait ainsi concédé quatorze défaites d’affilée. Les Français doivent maintenant battre les Écossais samedi prochain au Stade deFrancepour êtrecertains dene pas terminer derniers. Ils n’ont plus terminé à cette place depuis la dernière édition des Cinq Nations en 1999. – A. Ba. DUBLIN, AVIVA STADIUM, HIER. – Thierry Dusautoir (à droite) écoute Philippe Saint-André se réjouir que l’équipe de France ait fait preuve de caractère. (Photo Alain Mounic/ L’Équipe) Questions… ? … du JOUR - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Voyez-vous des éléments rassurants dans le match du quinze de France contre l’Irlande ? - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - www.lequipe.fr entre 6 heures et 23 heures ou envoyez OUI ou NON par SMS au 61008 (0,34 euro + coût de 1 SMS). … d’HIER Nombre de votants : 11 864 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Le quinze d’Angleterre réussira-t-il cette année le Grand Chelem dans le Tournoi des Six Nations ? OUI 72 % NON 26 % NSP 2 % I UNE LISTE PROBABLE- MENT SANS MAESTRI. – La liste des vingt-trois joueurs pour France-Écosse, samedi prochain, sera sans doute com- muniquée demain matin. Et Yoann Maestri, touché à l’épaule droite, aura beaucoup de mal à y figurer. Hier soir, le camp français était pessimiste sur les chances de participation du deuxième-ligne toulousain, qui avait du mal à bouger son articulation. – H. I. R. Kearney 4 Huget 6 Earls 3,5 L. Marshall 4 (m) Murray 6 (o) Jackson 6 Ryan 3,5 McCarthy 2,5 Maestri 4,5 O’Mahony 4 O’Brien 5,5 Heaslip cap., 5 Picamoles 6 Dusautoir cap., 5 Nyanga 4,5 Healy 3 Ross 1,5 Domingo 5 McFadden 3,5 Clerc 3,5 Fofana 3 Médard 3,5 Fritz 3,5 (o) Michalak 3 Samson 5 (m) Parra 3 Mas 4 Kayser 5 R. Best 3,5 O’Driscoll 5 IRLANDE- FRANCE13-13 PAGE 2 DIMANCHE 10 MARS 2013 DIMANCHE 10 MARS 2013 PAGE 3 PIERRE MICHEL BONNOT [email protected] L’ŒIL de Fabien GALTHIÉ * RUGBY TOURNOI DES SIX NATIONS (4 e journée) – IRLANDE - FRANCE : 13-13 DOMINGO (5) Une prestation globale- ment positive, comme à T w i c k e n h a m . Confronté à la grande taille de son vis-à-vis, Ross (1,88 m), le Cler- montois (1,75 m) a rem- pli son contrat en mêlée et on l’a encore beaucoup vu plaquer, contester dans la zone de ruck, déblayer, voire charger balle en main. Remplacé par Debaty (66 e ). KAYSER (5) Il s’est encore affirmé un peu plus. Fer de lance de la mêlée française, le talonneur de Clermont a beaucoup défendu et s’est montré plus actif dans le jeu. Son dyna- misme lui a permis de se placer dans l’avancée balle en main à plu- sieurs reprises. Remplacé par Guirado (68 e ). MAS (4) Du bon et du moins bon, comme cette pénalité concédée au sol (21 e ). Onretiendra surtout que sa solidité à droite de la première ligne a permis à la mêlée française de d o m i n e r d a n s cette phase de conquête. Beaucoup de pla- quages autour des rucks, de courses et de soutiens. SAMSON (5) On l’a moins vu qu’à Twickenham et on se demande si son saut au contre avant la touche amenant l’essai irlan- dais (11 e ) fut la bonne option. Il n’en demeure pas moins qu’il a été actif dans les courses, les soutiens et sur- tout les plaquages. Il ena plaqué…14 fois. Très combatif. MAESTRI (4,5) Deux plaquages man- qués (9 e , 49 e ), le second ayant entraîné son rem- placement sur blessure à l’épaule droite. Pour le reste, il n’est pas étran- ger à la force du côté droit en mêlée. Beau- coup d’activité dans le soutien et les déblayages dans le jeu au près. Remplacé par Vahaamahina (51 e ). NYANGA (4,5) Capitaine de touche, il s’est montré efficace dans son rôle desauteur. Défensi vement, i l a beaucoup couru en pointe ou au large pour pr es ser et c has s er l’adversaire. Mais offen- sivement, il a semblé manquer de puissance à l’impact et a, une nouvelle fois, été discret dans un match où les Bleus n’ont guère enchaîné les mouvements. Remplacé par Claassen (66 e ). DUSAUTOIR (5) En sa défaveur, une montée en pointe trop juste sur O’Driscoll (31 e ). Mais pour le reste, un match solide fait de nombreux plaquages, de bl ocages et d’agressivité dans la zone de pla- quage. Sa présence a été très pré- cieusedans le combat. Il aétél’un de ceux qui ont impulsé le réveil français dans la der- nière partie du match. PICAMOLES (6) Le meilleur avant français. Une fois de plus. Cette trente-cin- quième sélection confirme qu’il est un numéro 8 incontournable au sein du pack. De bons replis défensifs, quelques plaquages qui font mal, encore une fois à l’aise sous le jeu aérien malgré une réception de coup d’envoi non maîtrisée (41 e ). Et surtout, il a avancé le plus souvent comme lors des matches précédents. Et bien sûr, il y a cette inspira- tion sur sa pénalité vite jouée qui débouche sur son essai (74 e ). Il a évité un essai irlandais en aplatissant dans son en-but avant l’ailier Earls dans la foulée ou presque… PARRA (3) Vraiment pas à la fête pour sa 50 e sélection. Michalak se tenait loin, certes, mais sa passe a d’abord souvent laissé à désirer. Il a mis du temps àprendre encharge le jeu au pied, et a manqué de précision. Il s’est fait contrer une fois alors que le coup était jouable avec les trois- quarts. Mais comme les autres, il ne s’est pas désuni et aétéprécis sur letemps fort delafin de match. MICHALAK (3) Il fallait du cran pour ren- trer la transformation de l’égalisation (74 e ), sur- tout après deux échecs et une prestation médiocre, ternie par des sifflets. Son jeu au pied a largement souffert de la comparai- son avec ceux de Murray et Jackson, comme sur une chandelle trop longue qui a débouché sur trois points irlandais. Troploin de Parra en première mi-temps, il n’a pas pesé sur la défense. Après la pause, il a eu un déchet considérable, mais a un peu mieux fait jouer, en misant sur des croisées. MÉDARD (3,5) Sûr qu’il devait rêver d’autre chose pour son retour en bleu après un an d’absence. Mis sous pression d’entrée par le jeu au pied de Conor Murray, le Toulousain a raté ses deux premières interventions. Unseul ballond’attaque, plein champ, où il n’a pas avancé. FOFANA (3) Un match sans éclat. Il n’a pas connu de réussite dans ses duels. Pris deux fois par O’Driscoll en début de match, il s’est ensuite fait arracher un ballon et a été pénalisé pour en avoir gardé un autre au sol. À son débit également, un sur- nombre offensif où il a gardé le ballon en deuxième mi-temps. FRITZ (3,5) Peu d’impact. Sur ses deux premiers ballons, il a peut-être vendangé un surnombre en jouant au pied, et il est arrivé avec trop de prof ondeur. Quel ques bons pl a- quages, dont un qui lui a mis l’épaule envrac. Remplacé, d’abord tem- porairement (52 e -58 e ), puis définitivement (68 e ) par Bastareaud, dont la percussion sur Jackson a été la première action positive des Bleus en première période. CLERC (3,5) Il aeuunechance : ne pas subir le même « arro- sage » au pi ed que Médard. Mais il s’est ennuyé. Seulement trois ballons d’attaque, et pas dans des bonnes condi- tions. C’est loin de n’être que de sa faute, mais il n’a pas apporté l’éclair attendu depuis son retour. A. Ba. et HAMID IMAKHOUKHENE Murray, legai pied LES JOUEURS IRLANDAIS. – Tactiquement très juste, le demi de mêlée du Munster a fait mal aux Français avec son jeu au pied. En revanche, la mêlée… DUBLIN – de notre envoyé spécial ON AURAIT PU, pour l’exemple, décider de ne surtout pas élire un homme du match. Mais, apparem- ment, il en fallait un. Alors, tant qu’à faire, autant que ce soit le moins mauvais de tous. C’est tom- bé sur Conor MURRAY (6), et ça se comprend. Demi de mêlée phy- sique à la Mike Philipps(le gallois de Bayonne), Murray n’est peut- être ni un grand passeur ni un ani- mateur génial ; lui et les « bis- couettes », ça doit effectivement faire deux ; mais, hier, son usage quasi industriel dujeuaupied(neuf fois en première mi-temps) a été des plus précieux. D’autant qu’il soulageait Paddy JACKSON (6), son jeune ouvreur prétendument sous pression. On dit « prétendument » parce que, si les Français avaient élaboré un plan pour viser le 10 d’en face, ils l’ont oublié quelque part au ves- tiaire. Jackson n’a pas été chargé, ni vraiment testé. Ah si, quand même, à la 69 e , il a réceptionné l’autobus Bastareaud enplein dans le buffet et a vu quelques étoiles. Sinon, il a fait auplus simple et s’en est sorti à son avantage, même dans les tirs au but (3/5). Un match sans aucune faute de goût. La ligne de trois-quarts n’a eu que des miettes. On a tout de même vu, un peu, la sûreté de Rob KEAR- NEY (4) sous les ballons hauts et celle, moins évidente, de Fergus McFADDEN (3,5). La paire de centres a fait dans le pragmatique. Brian O’DRISCOLL (5) a placé ses stops habituels (deux sur Fofa- na, un sur Dusautoir, etc.) avant qu’une charge de Debaty l’oblige, pas loinduK.-O., à quitter provisoi- À l’ancienne QUE RESTERA-T-IL de cet Irlande-France disputé dans des conditions climatiques et psychologiques très compliquées ? Pas grand-chosesur le plantechniqueoutactique, pour ne pas dire rien. Le jeu moderne demande la plu- part du temps des athlètes en parfaite forme physique, capables de tenir des séquences longues, de répéter les efforts, de changer de rythme. Hier, le match a délivré d’étranges statis- tiques. Au total, les équipes n’ont effectué que159passes àelles deux, porté le ballon au contact 154 fois. Et donné 76 coups de pied. Il fut un temps où ces chiffres auraient été parfaitement normaux. À la fin des années 1960, l’International Board, dans sa grande sagesse, décida d’interdire le coup de pied en touche direct hors des 22 mètres (1970). Un match entre Écosse et Galles, en 1963, disputé dans les mêmes conditions climatiques qu’hier, avait en effet vu se disputer 111 touches ! La passe, on s’en doute, n’était dans ces conditions qu’une option. Ce qui n’a pas changé, enrevanche, ce sont les vertus requises pour gagner ce genre de rencontre : de la détermination, du courage, du mental. Cen’est pas joli, c’est douloureux. C’est un retour aux racines les plus brutes du jeu, à la volonté de faire reculer l’adversaire sur chaque impact, sur chaque contact. Pen- dant la première heure, hier, les Irlandais se montrèrent les plus forts dans ce domaine. Ce qui ne rend que plus méri- toire le retour des Français dans le dernier tiers dela rencontre. Bienentendu, celane suffit absolument pas à bâtir un canevas de rugby moderne. Mais cette volonté de ne pas abdiquer est ce que le quinze de France ramènera de Dublin. Un truc un peu à l’ancienne, mais toujours indispen- sable. « Onneseplaint pas» DECLAN KIDNEY, le coach irlandais, ne pleure sur rien : ni sur son équipe qui ne sait plus gagner ni, sur l’avalanche de blessés qui continue. DUBLIN – de notre envoyé spécial L’AUTRE JOUR, en répétant au moins deux fois qu’une « écrasante » victoire 3-0 de l’Irlande suffirait à son bonheur, Declan Kidney nous avait donc raconté un petit mensonge. Il semblerait qu’un match nul fasse tout aussi bien l’affaire. « C’était un très bon match, osa-t-il d’abord balancer, comme ça, au micro de la BBC. On avait dit que la défaite n’était pas une option et nous n’avons pas perdu. » La version pauvre du contrat a donc été remplie. Youpi ! C’est à ce genre de phrases creuses qu’on reconnaît un coach sous pression, coach au nez duquel pendait une troisième défaitede suite, déshonneur que son pays n’avait plus connu dans un même Tournoi depuis la cuillère de bois de 1998. Depuis des semaines, on invite Kidney à déguerpir au plus vite. Un nul, même très nul, ne lui déplaît donc pas complè- tement. Mais il n’a résolu aucun des problèmes qui lui pourrissent ses week- ends depuis un mois. Sa mêlée est en carton et sa gestion des rement les siens au moment le plus critique, juste avant l’essai fran- çais. Son binôme Luke MAR- SHALL (4), solide sur ses cuissots, a fait sa part du travail en défense. Rien de plus. Ross croqué par Domingo Plus pagaillou, l’ailier Keith EARLS (3,5) a raté une réception de chandelle, raté deux plaquages, mais a bien failli marquer (77 e ). Au rayon des choses ratées, la mêlée irlandaise a la palme. Le calvaire annoncé a eu lieu et tout de suite. Ce n’est pas compliqué : la mêlée verte a été sanctionnée les quatre premières fois (cinq en tout). Comme en Coupe d’Europe, Mike ROSS (1,5) s’est fait croquer par Thomas Domingo. Pas beaucoup plus à l’aise sur le sujet face à Mas, Cian HEALY (3), pilier qui aime courir, a servi ailleurs par quelques percussions. Réputé piètre lanceur, Rory BEST (3,5) n’a perdu que deux munitions en touche. Il aura au moins fait taire ses détracteurs là-dessus. Cible prioritaire dans l’alignement, Donnacha RYAN (3,5) a assuré dans les airs. Mais c’est tout. Mike McCARTHY (2,5) n’a quasiment jamais avancé et n’a pas soulagé Ross en mêlée. La troisième ligne irlandaise a fait match nul avec celle de Toulouse. Auteur de l’essai (11 e ), Jamie HEASLIP (5) a alter- né gros plaquages et oublis défen- sifs. Mais son leadership ne man- quera pas d’être discuté, puisque, une fois de plus, l’Irlande a failli dans les dernières minutes. Meil- leur Irlandais du Tournoi, Sean O’BRIEN (5,5) ne le sera pas moins après ce match. Toujours bien placé, actif, il a pesé. Plus que son collègue Peter O’MAHONY (4), dont la robustesse n’a pas du tout tenu la distance. – F. Be. fins de match reste calamiteuse. Comme à Murrayfield il y a deux semaines (défaite 12-8), l’Irlande a joué chez l’adversaire la plupart du temps (58 % hier). Et alors ? Et alors elle ne sait plus gagner un match. Fracture de la cheville pour Reddan « Nous avons assuré nos conquêtes en touche, nous n’avons pas laissé de points en route mais je regrette une ou deux pertes de balle, disait Kidney. Ce qui m’embête, c’est qu’on ne sait pas résister à la pression ou s’en extraire sans faire des fautes. On doit apprendre à mieux gérer ces situations. » Sans en rajouter des tonnes, Kidney glissa quand même qu’il n’avait pas compris pourquoi l’arbitre n’avait pas sanction- né l’obstruction de Debaty sur Earls qui galopait vers l’en-but (76 e ). « Sur l’écran géant, c’était clair qu’il y avait faute », se contenta-t-il de dire. Il n’en rajouta pas davantage quand, après avoir pris une grande respiration, il se lança dans le bilan médical de son équipe d’éclopés. « Marshall a pris un sévèrecoupàla tête, O’Driscoll (dont on ne sait toujours pas si c’était hier sa “der” dans le Tournoi à la maison) a un gros hématome à la jambe, Ryan une épaule abîmée, mais le pire, c’est Red- dan, qui a une fracture à une cheville (gauche). Il va en prendre pour trois mois. Sinon, les autres vont bien. (Sou- rire.) Malgré toutes ces blessures, on ne se plaint pas. Ni les gars ni moi ne cher- chons d’excuses. On s’accroche. » On venait d’apprendre pourquoi Red- dan était sorti sur une civière. Restait à savoir pourquoi, diable, il était entré àla place de l’astucieux Conor Murray à l’heuredejeu. « Conor avait l’air defati- guer, justifiale coach. Et l’expériencede Reddan pouvait nous aider à tenir le score. »Cetteexplicationn’aconvaincu personne. « Ce n’était pas très beau à voir, résuma ensuite le capitaine, Jamie Heaslip. C’est frustrant de finir sur un nul, même si chacun a eu sa mi-temps. Je ne sais pas si, vu notre première période, on aurait dû gagner ou si, vu la seconde des Français, on méritait de perdre. Dans les vingt dernières minutes, ils ont mis la main sur le ballon et ils l’ont très bien contrôlé. » FRÉDÉRIC BERNÈS Huget s’y plaît mis à part une », calcule-t-il en arri- vant en zone mixte. Et encore, celle qui lui a échappée lui est arrivée des- sus dans un moment bizarre, alors qu’il venait de tomber raide, tel un boxeur, après un contact avec un Irlandais au cœur de la deuxième période. « Il m’a pris au menton, racontele Toulousain, encoresurpris. J’ai eu un petit K.-O., j’étais pas très bien. Quand la chandelle est arrivée, je n’avais pas encore l’esprit clair. » Il fallait donc ça pour qu’il fasse une erreur dans sa couverture défensive. « Je me demandais si j’avais vraiment le niveau » Car, pour le reste donc, Huget a été parfait. Et, après quatre matches en Bleu avec le 15 dans le dos, il res- semble donc de plus en plus à ce qu’il n’est pas : un arrière de métier. « Enchaîner, ça fait que j’avance », croit-il, avant de glisser : « Ça com- mence à me plaire. » Ce n’est pas que ça ne lui plaisait pas avant, mais il avait des craintes. « C’est difficile, je n’avais joué que six matches de Top 14 à ce poste avec Toulouse. Je me demandais si j’avais vraiment le niveau. » Parmi les aspects du jeu d’arrière qui l’inquié- taient, il cite « les couvertures défen- sives », la capacité « à avancer sur les relances ou le jeu au pied ». Hier, Yoann Huget ne s’est pas telle- ment aventuré à relancer, mais il a donné deux coups de pied de grande qualité en première période (14 e et 39 e ), quand les Bleus cherchaient quelqu’un pour les amener dans le camp irlandais. « Je suis content de répondre présent, par rapport à mes coéquipiers, mais surtout par rapport austaff. Parceque les entraîneurs ont pris des risques en me mettant à l’arrière. » Philippe Saint-André n’a sans doute plus la sensation de jouer gros en le plaçant à ce poste. Hier, lors de sa conférence de presse, le sélectionneur a quand même mis un bémol à la prestation du Toulou- sain, en rappelant – sans citer l’auteur – qu’un « trois contre un » avait été vendangé en fin de match. « En fait, c’était un trois contre deux, avec un défenseur qui revenait », précise Huget, qui avait déjà oublié un surnombre contre le pays de Galles (6-16) le9 février. Il justifie son choix de garder le ballon plutôt que de le passer : « J’ai mis du temps à bien contrôler le ballon, la défense montait vite, j’ai préféré éviter la passe pour ne pas perdre la posses- sion. Je suis déjà satisfait d’avoir bien conservé le ballon. » Surtout que les Bleus ont fini par marquer. Huget devrait donc continuer à se plaire, samedi prochain, contre l’Écosse. ALEXANDRE BARDOT DUBLIN, AVIVA STADIUM, HIER. – Au milieu des Bleus (Thomas Domingo, Thierry Dusautoir et Christophe Samson, de gauche à droite), Conor Murray, comme souvent, a choisi l’option jeu au pied. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) DUBLIN, AVIVA STADIUM, HIER. – Yoann Huget, ici à la lutte avec Brian O’Driscoll (à droite) et Rob Kearney, fut quasi parfait sous les ballons hauts. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) Huget s’y plaît LES JOUEURS FRANÇAIS. – Pour son quatrième match à l’arrière, l’ailier de formation, l’une des rares satisfactions tricolores, a encore rendu une très bonne copie. DUBLIN – de notre envoyé spécial IL NE PLEUVAIT plus sur Dublin, hier matin, quand Yoann Huget a ouvert les yeux. « J’étais content, sou- rit-il. Et puis, en partant au stade, il s’est remis à pleuvoir. Je me suis dit : bon, on y est. » Sale temps pour un arrière. Surtout quand il n’est pas vraiment un arrière. Comme Huget. Mais, si jouer en Irlande sous la pluie consti- tue une sorte de baccalauréat du « 15 », alors l’habituel ailier toulou- sain a désormais son diplôme. Et le tout sans « tricher ». Enfin, plutôt sans se badigeonner les mains de résine. « Je n’en mets pas, ça ne me sert qu’à attraper de l’herbe, donc j’ai évité », lâche-t-il. Ça n’a pas empê- ché le ballon de lui coller aux mains. « Les chandelles ? Je les ai attrapées, PAGE 4 DIMANCHE 10 MARS 2013 6 Coup de zoom CCCCoup zoo Henri BRU [email protected] * 67 e ANNÉE - N o 21 055 1,10 / France métropolitaine Lundi 5 mars 2012 www.lequipe.fr LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE BIATHLON PARIS - NICE GRAND FORMAT LIGUE 1 Mark Webber, confession d’un dingo de sport (Pages 18 et 19) Maître Aulas et ses enfants gâtés (Page 10) Le week-end parfait de Martin Fourcade Déjà titré en sprint samedi, le Français est devenu champion du monde de poursuite hier en Allemagne, sur la piste de Ruhpolding. (Page 16) Wiggins danse sous la pluie (Page 7) (Photo Pierre Lablatinière/L’Équipe) (PhotoÉric Renard/L’Équipe) PREMIER LEAGUE Villas-Boas viré de Chelsea (Page 12) SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, HIER. – Vincent Clerc, bloqué ici par le pilier irlandais Cian Healy, a été pratiquement privé de ballons, lui qui avait l’habitude d’être le bourreau des Verts. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) PARIS, PARC DES PRINCES, HIER. – À la 27 e minute, le Parisien Javier Pastore (devant Fousseni Diawara et Blaise Matuidi) ouvre le score face à Ajaccio. Grâce notamment à sa star argentine, le PSG a battu les Corses 4 à 1 et repris la première place du classement. (Photo Frédéric Mons/L’Équipe) Pastore remet le PSG à sa place (Page 9) L’ÉQUIPE dimanche, lundi : ALLEMAGNE, 2,20 /; AUTRICHE, 2,80 /; BELGIQUE, 1,60 /; CANADA, 4,25$CA; DOM, 1,70 /; ESPAGNE, 2,10 /; GRÈCE, 2,30 /; ITALIE, 2 / ; IRLANDE, 2 /; LUXEMBOURG, 1,60 /; MAROC 15 MAD; PAYS-BAS, 2,20 / ; PORTUGAL CONT 2,30 /; ROYAUME–UNI, 1,60£; SUISSE 2,60 FS; TUNISIE 2,40 DIN En concédant un match nul aux Irlandais (17-17), l’équipe de France de rugby, au jeu trop approximatif, a dit adieu à son rêve de Grand Chelem. Les Bleus peuvent encore remporter le Tournoi des Six Nations en battant l’Angleterre dimanche prochain puis le pays de Galles le 17 mars. (Pages 2 à 5) 3 : H I K K L A = Z U V V U [ : ? k @ d @ a @ p @ a ; M 0 0 1 0 5 - 3 0 5 - F : 1 , 1 0 E CE SOIR À 20 HEURES SUR TOUTE L’ACTUALITÉ RUGBY DANS «CALI RUGBY CLUB» (PhotoLionel Cirroneau/AP) RETOUR SUR TERRE Questions... ? ... du JOUR - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - L’équipe de France de rugby battra-t-elle l’Angleterre dimanche prochain ? - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - www.lequipe.fr entre 6 heures et 23 heures ou envoyez OUI ou NON par SMS au 61008 (0,34 euro + coût de1 SMS). ... d’HIER Nombre de votants : 17 188 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - L’OL et l’OM ont-ils dit adieu à la Ligue des champions pour la saison prochaine ? OUI 71 % NON 27 % NSP 2 % Fondateur : Jacques GODDET Direction, administration, rédaction et ventes : 4, cours de l’Ile Seguin, 92102 Boulogne-Billancourt BP 10302. Cedex 9. Tél. : 01-40-93-20-20.. SAS INTRA-PRESSE Capital : 2.167.240 /. Durée : 99 ans. Principal associé : S.A. Éditions P. AMAURY. Président : Marie-Odile AMAURY. S.N.C. L’EQUIPE Capital : 50 000 /. Durée : 99 ans du 26 juillet 1985. Siège social : 4, cours de l’Ile Seguin, 92102 Boulogne-Billancourt BP 10302. Gérant : Marie-Odile AMAURY. Principal associé : SAS INTRA-PRESSE. Directeur général, Directeur de la publication : François MORINIÈRE Directeur de la rédaction : Fabrice JOUHAUD VENTE AU NUMÉRO : Tél : 01-40-93-21-85 venteaunumerolequipe.presse.fr SERVICE ABONNEMENTS : Tél. : 01-76-49-35-35 Fax : 01–58–61–01–37. 69/73, Bd Victor Hugo, 93585 Saint-Ouen Cedex. E-mail : abolequipe.presse.fr France métropolitaine, lundi à samedi, 6 mois : 162 / ; 1 an : 324 /. Lundi à dimanche, 6 mois : 186 / ; 1 an : 372 /. ÉTRANGER : nous consulter. IMPRESSION : CINP (77 - Mitry-Mory), CIRA (01 - Saint-Vulbas), CILA (44 - Héric), CIP (13 - Istres), CIMP (31 - Escalquens). Siège social : 25, av. Michelet, 93400 Saint-Ouen. Nancy-Print (54 - Jarville). Siège social : RPI SAS 8, square Chanton,92200 Neuilly-sur-Seine. Dépôt légal : à parution. Publicité commerciale : AMAURY MEDIAS, Tél. : 01-41-04-97-00. Petites annonces : 25, av. Michelet, 93408 St-Ouen Cedex. Tél. : 01-40-10-52-15. Commission paritaire no 1212I82523 ISSN 0153-1069. LU Tirage du dimanche 4 mars 2012 : 342 725 exemplaires 11 pts 8 pts 7 pts 3 pts 3 pts Dusautoir Fofana Maestri Bonnaire Médard 1. 2. 3. 4. SOMMAIRE Athlétisme p. 20 Automobile p. 16 Aviron p. 16 Basket p. 13 Bateaux p. 16 Biathlon p. 16 Boxe p. 20 Cyclisme p. 7 Équitation p. 15 Escrime p. 15 Football p. 8 à 12 Foot US p. 13 Golf p. 16 Grand format p. 18 et 19 Gymnastique p. 15 Haltérophilie p. 15 Handball p. 14 Hockey sur glace p. 13 Natation p. 15 Patinage de vitesse p. 15 Rugby p. 2 à 6 Rugby à XIII p. 6 Ski alpin p. 16 Ski nordique p. 16 Surf p. 16 Taekwondo p. 16 Télévision p. 11 Tennis p. 17 Tir p. 15 Volley-ball p. 14 RUGBY ! TOURNOI DES SIX NATIONS (2 e journée, match en retard) – FRANCE - IRLANDE : 17-17 L’HUMEUR 3 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ! Wesley Fofana a marqué 1 essai lors de chacune de ses trois premières sélections. Une performance réalisée avant lui par Jérôme Gallion, lors du Tournoi des cinq Nations de 1978. 254 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ! En inscrivant douze points (4 buts de pénalité), Morgan Parra, 254 points au compteur bleu, est monté à la septième place des réalisateurs français, devant Thomas Castaignède et Frédéric Michalak, tous deux à 252 points. Parra n’est plus qu’à onze points de Jean-Pierre Romeu, sixième. VUD’ANGLETERRE Trop« Telegraph» Le match nul des Français contre l’Irlande (17-17) laisse espérer une performance anglaise à Saint-Denis dimanche prochain. WATFORD – (ANG) de notre envoyé spécial À PENNYHILL PARK, manoir situé à quelques minutes de Windsor, où l’équipe d’Angleterre a ses habitudes, Stuart Lancaster a suivi la rencontre d’hier entre Français et Irlandais. Avec les quatorze joueurs restés près de lui, tous les titulaires d’Angleterre- Galles moins Ben Morgan, le numéro 8 des Scarlets de Llanelli retourné dans son club, il a tiré quelques enseignements avant le « crunch ». C’est justement pour ne pas entrer enconcurrence avec laretransmis- sion télévisée de France-Irlande que la rencontre Saracens-Northampton, initialement prévue à l’heure du match du Tournoi, a été décalée de deux heures. Dans la salle de presse de Vicarage Road, les journalistes anglais sont restés mitigés sur la perfor- mance des Bleus. « Ils ont eu un début de rencontre très pauvre, trop lent, observe Brendan Gallagher, reporter au Telegraph. Et puis la charnière française ne fonctionne pas super bien. Trinh-Duc a été erra- « On a ce que l’on mérite » « HORMIS LE FAIT qu’elles soient ratées, existe-t-il un dénominateur commun entre vostroispremières entames de match dans ce Tournoi ? – Les formes sont différentes. C’est vraiment l’un de nos points faibles. On essaye de trouver une solution depuis un certain temps, sans en avoir pour le moment. FaceauxIrlan- dais, ce début de match nous coûte la partie. Clairement. Pour les deux derniers matches du Tournoi (contre l’Angleterre dimanche, et Galles le 17 mars à Cardiff), il faudra absolu- ment que l’on soigne l’entrée en matière. – Lerésultat aurait-il étédiffé- RÉACTIONS G Vincent DEBATY (pilier rempla- çant de l’équipe de France, au sujet de sonrôled’impact-player) : « J’ai l’habi- tude de rentrer comme ça en cours de match avec Clermont. Comme je dis souvent : le plus important, c’est l’équipe. Mes ambitions personnelles viendront après. C’est sûr que j’aime- rais être titulaire, mais je ne suis pas frustrépour autant de cerôled’impact- player. Peut-être que j’apporte plus en rentrant en cours de match ? J’étais titulaire contre l’Italie, mais je n’ai pas fait un grand match. C’était nouveau pour moi. Je découvrais, j’ai été surpris par tout, par l’émotion. Là, je me sens de mieux en mieux, j’ai pu porter un peu plus le ballon, réaliser ce que j’aime bien faire avec Clermont. » – R. B. G Dimitri SZARZEWSKI (talonneur de l’équipe de France sur l’essai irlan- dais sur interception) : « On annonce une touche en début d’alignement. Dans ces cas-là, on doit créer un autre point de fixation avec le fond de l’ali- gnement qui décroche. Mais là on a lancé le jeu directement, ce qui a don- né un temps d’avance à la défense irlandaise. Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé. Il faudrait que je revoie les images à la vidéo, mais c’est dom- mage. » – R. B. G Dimitri SZARZEWSKI (talonneur de l’équipe de France sur la conquête française) : « Dans l’ensemble, la conquête a été satisfaisante. On a eu tous nos ballons en touche et on leur en a pris trois. En mêlée, on a récupéré deux bras cassés et trois pénalités. Malheureusement, on a été pris dans les rucks. Pourtant, on s’était focalisés dessus et malgré tout il y a eu beau- coup de turnovers. Même s’ils étaient parfois à la limite, cela reste l’un de leurs points forts. » – R. B. « Atmosphèrededéfaite» ENCORE UNE ENTAME RATÉE On peut affûter ses armes une semaine durant, avoir même un peu de rab pour bien soigner le fil, et ne pas être capable, le jour J, de faire une entame bien nette et bien lisse. Face aux Irlandais, les Tricolores ont entamé le match d’une aussi mauvaise manière qu’en Écosse, encaissant encore une fois un essai dès la huitième minute : « On a pris une interceptionet ça fait toujours mal, regrettait Philippe Saint-André. Mais le dernier quart d’heuredelapremièremi-temps aétépositif. On a commencé à reprendre plus l’axe. On a joué une pénalité rapidement dans nos qua- rante mètres qui les a mis rapidement à la faute. »Elleoffre même uneoccasiond’essai aux Bleus, la seule de la première période, tique. Pourquoi Yachvili n’était-il pas là ? Il a pour- tant joué, et bien, avec Biarritz en Top 14… » Fin observateur des rencontres internationales, Brendan Gallagher est resté sur sa faim concernant Aurélien Rougerie. « Il a produit un petit match, poursuit-il. Et puis sa passe, interceptée par Bowe, elle était trop… telegraph ! » Traduisez « téléphonée ». Notreconfrère a trouvéaussi quelques autres actions bien prévisibles, comme le drop contré de Beauxis en fin de match, « tellement telegraph »… À propos du « crunch », comment l’imagine-t-il ? « Sur ce que l’on vient de voir, l’Angleterre peut battre la France. Notre équipe a fait un match très intéressant face aux Gallois. Il manque à Stuart Lan- caster une victoire contre une grosse équipe pour valider ce qu’il veut mettre en place. Alors, bien sûr, ce match sera peut-être moins important que cer- taines années, puisque la France ne peut plus réussir le Grand Chelem et que nous comptons déjà une défaite. Mais, enfait, il sera très important pour nous. On ne sait jamais, en cas de victoire au Stade de France, si les Bleus gagnent à Cardiff, on peut encore imaginer gagner le Tournoi… » Hier, plusieurs internationaux avaient été autorisés à rejoindre leur club pour jouer en Championnat. Le plus en vue fut Charlie Hodgson, l’ouvreur des Sara- cens. Auteur des dix-huit points de la victoire des Sar- ries sur les Saints deNorthampton(18-12), malgré un terraindétrempé et un ballonglissant, il est venurap- peler à Stuart Lancaster qu’il pouvait compter sur lui pour Paris. GILLES NAVARRO I ANGLETERRE (17 e journée). – VENDREDI : Newcastle-Harlequins, 9-9. SAMEDI : Bath-Worces- ter, 36-17 ; Exeter-Sale, 37-12 ; London Wasps - London Irish, 18-13. HIER : Leicester-Gloucester, 36-3 ; Saracens-Northampton, 18-12. Classement : 1. Harlequins, 58 ; 2. Saracens, 50 ; 3. Leicester, 50 ; 4. Northampton Saints, 46 ; 5. Exe- ter, 45 ; 6. Gloucester, 41 ; 7. Sale, 40 ; 8. Bath, 39 ; 9. London Irish, 36 ; 10. Worcester, 31 ; 11. London Wasps, 27 ; 12. Newcastle, 19. THIERRY DUSAUTOIR reconnaît que son équipe a péché dans les rucks et perdu un ballon important qui a lancé les Irlandais. avortée par un hors-jeu irlandais, sanctionné de trois points par Parra (24 e ). Voilà qui était bien chiche au regard de la mainmise trico- lore sur le match évoquée par le sélection- neur : « On a mis enfin du volume de jeu en première mi-temps, ce qui les a perturbés sur deux ou trois occasions. On avait le senti- ment qu’on prenait le contrôle dumatch… » Et là, patatras : « Sur un ballon de récupéra- tiononaencaissé unessai de 80 mètres », se lamentait PSA sans trop en avoir l’air. TOMBÉS DANS LE PIÈGE IRLANDAIS Car, à y regarder de plus près, les joueurs français sont tombés dans unmagnifiquetra- quenard que les Irlandais, avec une semaine de repos supplémentaire, ont eu le temps de tendre avec une précision machiavélique. « J’ai lasensationque nous avions l’initiative du jeu à part une dizaine de minutes en seconde mi-temps où nous avons perdu un ballon sur un coup d’envoi. Là, les Irlandais nous ont imposé du jeu », reconnaissait Saint-André. Impériaux en touche (11 sur 11 sur leurs lancers et 3 pris à l’adversaire), archidominateurs en mêlée, plus disciplinés (4 pénalités contre 11 aux Irlandais), les Tri- colores n’ont pourtant jamais trouvé la clé de la défense d’en face. « Au bout de dix minutes, on a dit qu’il fallait arrêter de jouer depuis nos quarante mètres. On savait que les Irlandais défendaient très bien et qu’ils étaient très bons dans la contestation de la balle, analysait encore l’entraîneur en chef duquinze deFrance. Mais ils se sont très bien adaptés. Ils sont montés “ en inversé ” et ils nous ont posé des problèmes parce qu’on ne les a pas suffisamment resserrés et on a don- né le ballon derrière beaucoup trop tôt. » Le passage au vestiaire a eu ceci de salutaire qu’il a permis de réajuster tactiquement un match trop mal engagé : « On a récupéré tous les ballons, on a été beaucoup plus agressifs dans le un contre un et dans le net- toyage. On a eu de l’ambition, de l’envie, mais à haut niveau, tu ne peux pas donner tant de points aussi facilement que ça. » UN NUL DE BATTUS Mais l’impeccable manager, costume gris et cravate rouge, trouvant la force de sourire aux bons mots decertains confrères quant au passage du président de la République à l’étage des douches, ne pouvait pas s’en aller vers une longue soirée de visionnage vidéo sans une note positive : « À 17-6, on a demandé aux joueurs de relever la tête, d’essayer d’être un peu plus directs sur la stratégie parce qu’il commençait à pleuvoir. Et cette équipe a montré un super état d’esprit pour revenir dans la partie. Après, quand tu donnes pratiquement dix points à une équipe comme l’Irlande... C’est difficile degagner lematch. »D’ailleurs, cenefut pas le cas : « Je peux vous assurer que, dans les vestiaires, c’était une atmosphère de défaite et pas de matchnul », atenuàpréciser Saint- André, lequel avait d’ailleurs tout l’air d’un entraîneur abattu avant de se ressaisir : « On n’a toujours pas perdu… On n’a pas gagné, mais on n’a pas perdu. » C’est sans fin, cette histoire. RENAUD BOUREL rent si ce match n’avait pas été reporté le 11 février et si vous aviez pu le jouer ? – Rien ne peut nous assurer que, si nous avions disputé cette rencontre il y atrois semaines, nous aurions été meilleurs. Nous avons l’initiative du jeu la plus grande partie du temps. Si l’oncompare avec nos performances contre l’Italie (30-12) ou enÉcosse la semaine dernière (17-23), nous avons essayé de créer beaucoup plus d’un point de vue offensif. Mais une erreur stratégique et unballon perdu bien négocié par les Irlandais nous ont finalement coûté la partie. – De quelle erreur stratégique parlez-vous ? – Surtout celle d’avoir joué cette touche (8 e ) dans nos quarante mètres. C’est une touche risquée offensivement, et on l’a payée cher. Maintenant, sur l’ensemble de la rencontre, nous avons continué à jouer et ça, c’était positif. – L’équipe de France a surtout souffert dans le jeu au sol. – Certes, nous avons péché en pre- mière mi-temps dans les rucks. Pour- tant on savait que c’était un point fort irlandais, mais on avait besoin d’un peu de temps pour se mettre à niveau et jauger des décisions de l’arbitre. – Trouvez-vous quelque chose de positif à ce résultat nul ? – Sur l’implication et l’investisse- ment sur le plan du jeu, je ne crois pas que l’on ait grand-chose à nous reprocher si l’on omet ces erreurs stratégiques. Remonter onze points comme cela, ce n’est pas évident. Cependant, quand on en donne qua- torze aussi facilement, on a ce qu’on mérite. Mais c’est aussi pour ça qu’il y a beaucoup de déception. Ce match était à notre portée. » – R. B. Leregardnoir des soirées qui nelui ont pas plu. Visage encore rou- gi par la violence du combat qui s’est à peine achevé, Thierry Dusautoir, le capitaine tricolore, ne cherchait pas à dissimuler sa déception en conférence de presse. Sweat bleu à capuche recou- vrant sa tenue de match, assis à la droite de son sélectionneur, il chuchotait à son oreille, entre deux questions, sa frustration. Per- suadéquelavictoireétait àlaportéedes siens, il regrettait unnou- veaudémarragecatastrophique dans lapartieet quelques erreurs stratégiques. SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – 51 e : Wesley Fofana échappe à la meute irlandaise (Mike Ross, Keith Earls, Rory Best, Gordon D’Arcy et Paul O’Connell, de gauche à droite) et va inscrire le seul essai français du jour. Toujours menés, les Bleus redressent un peu la tête. (Photo Franck Seguin/L’Équipe) ÀLAFINDE CHAQUE rencontre du Tournoi, les spécialistes rugby de Stade 2 et les journalistes de L’Équipe élisent les cinq meilleurs joueurs françai s du match. Àl’issue de la compétition, l’inter- national tricolore qui aura addi- tionné le plus grand nombre de poi nts recevra le Challenge Stade 2-L’Équipe récompensant le meilleur joueur français du Tour- noi des Six Nations, en direct sur France Télévisions, le dimanche 18 mars. Yachvili enrenfort ? LE GRAND CHELEM envolé et la perspective d’une vic- toire dans le Tournoi des Six Nations liée à un périlleux doublé Angleterre (au Stade de France) et Galles (à Car- diff), Philippe Saint-André pourrait, bien sûr, élargir sa revue d’effectif et faire entrer tout ou partie des sept sta- giaires d’avant-Tournoi (Bar- cella, Ducalcon, Pierre, Nyan- ga, Ouedr aogo, Davi d, Palisson) qui ne se sont pas encore exprimés. Ce ne serait pas forcément du luxe, vu l’état de fraîcheur mentale et physique de cer- tains membres du groupe ali- gné hier. Mais s’il espère toujours que « l’équipe de France gagnera en cohésion ce qu’elle perdra en fraîcheur » dans cette enfi- l ade de 4 mat ches en 4 semaines, il devrait entoute logique s’obstiner sur le trio 10-12-13 auquel il entend donner des automatismes. C’est bien entendu injuste pour Maxime Mermoz, qui mérited’avoir sachanceaprès les deux dernières sorties poussives de Rougerie, mais PSAn’est pas dugenre àchan- ger aisément de cheval au milieu du gué. Si bien que le seul ajustement à envisager consisterait à remplacer Dupuy (resté sur la touche hier) par Yachvili (voir page 6), qui fut souvent le bourreau de l’Angleterre. Même si on imagine qu’un tel choix (auquel Patrice Lagis- quet, à la fois juge et partie, a déclaré refuser de prendre part) pourrait bien couper l’appétit de Serge Blanco, le président du BO, à la veille de recevoir Brive. – P. M. B. On ne le jurerait pas, mais cette volonté farouche de positiver à tout prix a fait gaspiller quelques gorgées de salive à un PHILIPPE SAINT-ANDRÉ au masque bien plus renfrogné qu’à l’accoutumée. SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, HIER. – Thierry Dusautoir et Julien Bonnaire se mettent à deux pour stopper le troisième- ligne irlandais, Sean O’Brien. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) PAGE 2 LUNDI 5 MARS 2012 RUGBY FRANCE - IRLANDE 17-17 1 FRANCE 17-17 (6-17) IRLANDE ###$$$ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Stade de France. Temps frais pluvieux. Pelouse humide. 79 600 spectateurs environ. Arbitre : M. Pearson (ANG). FRANCE : 1 E, Fofana (51 e ) ; 4 B, Parra (23 e , 30 e , 47 e , 58 e ). IRLANDE : 2 E, T. Bowe (14 e , 38 e ) ; 1 B (27 e ), 2 T, J. Sexton. Évolution du score : 0-7, 3-7, 3-10, 6-10, 6-17 (mi-temps) ; 9-17, 14-17, 17-17. Remplacements 53 e : Szarzewski par Servat, Poux par Debaty ; 61 e : Papé par Nallet ; 68 e : Poitrenaud par Beauxis ; 71 e : Bonnaire par Picamoles. Entraîneurs : Ph. Saint-André, Y. Bru, P. Lagisquet. 59 e : O’Callaghan par Ryan, Murray par Reddan ; 66 e : S. O’Brien par O’Mahony ; 72 e : D’Arcy par O’Gara ; 73 e : Trimble par McFadden ; 75 e : R. Best par Cronin, Healy par Court. Entraîneur : D. Kidney. Les cartons Aucun carton. Aucun carton. Réussis Manqués PLAQUAGES Les chiffres 59 POSSESSION (%) 97 % 131 4 (dans son camp) PASSES (d ) PASSES PÉNALITÉS CONTRE 21 11 (5) 4 (2) 82 6 92 % 8 % Lancers Ballons conservés Ballons joués Pénalités pour Ballons perdus Pénalités contre TOUCHES 62 % 5 8 0 3 0 100 % 11 11 23 0 0 0 57 41 43 OCCUPATION (%) Introductions Ballons conservés Ballons joués Pénalités pour Ballons perdus Pénalités contre MÊLÉES 75 % 3 4 0 1 0 100 % 10 12 2 0 0 BALLONS JOUÉS AU PIED FRANCE IRLANDE 3 % Irlande 3 3 1 1 1 80 50 + 30 4 France 5 3 2 1 0 70 46 + 24 2 Tournoi 2012 (retard 2 e journée) Hier Classement 5 Écosse 0 3 0 0 3 36 63 - 27 Points Joués Gagnés Nuls Perdus Pts pour Pts contre Différence France - Irlande, 17-17 4 e journée (samedi 10 et dimanche 11 mars) : sam. : pays de Galles - Italie (15 h 30) ; Irlande - Écosse (18 heures). dim. : France - Angleterre (16 heures). 5 e journée (samedi 17 mars) : Italie - Écosse (13 h 30) ; pays de Galles - France (15 h 45) ; Angleterre - Irlande (18 heures). 1 re journée (samedi 4 et dimanche 5 février) : France - Italie, 30-12 ; Écosse - Angleterre, 6-13 ; Irlande - pays de Galles, 21-23. Restent à jouer Déjà joués Angleterre 4 3 2 0 1 44 40 + 4 3 1 Pays de Galles 6 3 3 0 0 69 46 + 23 Italie 0 3 0 0 3 37 91 - 54 6 Programme en heure française. Retrancher une heure pour les matches disputés au Royaume-Uni et en Irlande. Toutes les rencontres en direct sur France 2. 2 e journée (samedi 11 et dimanche 12 février) : Italie - Angleterre, 15-19 ; pays de Galles - Écosse, 27-13. 3 e journée (samedi 25 et dimanche 26 février) : Irlande - Italie, 40-12 ; Angleterre - pays de Galles, 12-19 ; Écosse - France, 17-23. TOURNOI DESSIXNATIONS(2 e journée, matchenretard) LE FILM DU MATCH Quel Bowe doublé ! J9 e : 38 mètres face aux poteaux, Sexton manque le but de pénalité. J14 e : ballonà l’avantagedes Français après unetouche au niveau des 40 mètres irlandais. Parra transmet à Trinh-Duc sur la gauche, qui force sa passe vers Rougerie. Le Clermon- tois allonge pour Poitrenaud à l’extérieur mais Bowe, qui a anticipé, intercepte et va marquer entre les poteaux après une course de quarante mètres. Sexton transforme. FRANCE - IRLANDE : 0-7 J23 e : à la suite d’un mouvement en percussion initié par Maestri, le centre D’Arcy est signalé hors jeu. Parra, des 20 mètres légèrement à gauche, réussit le but de pénalité. FRANCE - IRLANDE : 3-7 J27 e : faute de Papé dans la zone de plaquage. But de Sex- ton des 22 mètres, légèrement à gauche. FRANCE - IRLANDE : 3-10 J30 e : pénalité contre la mêlée irlandaise qui se relève sous la pression. Parra, des 42 mètres de face, réussit soncoup de pied de pénalité. FRANCE - IRLANDE : 6-10 J38 e : BowegrilleFofana sur l’ailedroite et tapepar-dessus Poitrenaud, unpeu avant les 22 mètres français. Il reprendle ballon en pleine accélération et bloque Trinh-Duc sur une feinte de passe avant d’aller marquer en moyenne position. Sexton transforme avec l’aide du poteau droit. FRANCE-IRLANDE : 6-17 MI-TEMPS J47 e : faute irlandaise au sol. But de Parra des 38 mètres à gauche. FRANCE-IRLANDE : 9-17 J51 e : attaque française après une récupération au centre du terrain. Le lancement est hasardeux et le ballon roule au sol. Sans contrôler, le centreEarls manque son dégagement. Trinh-Duc volleye vers Fofana, qui évite le retour de Kearney pour aller marquer dans le coin droit. Parramanque la trans- formation. FRANCE-IRLANDE : 14-17 J58 e : faute de Healey ausol. But de Parra des 40mètres de face. FRANCE-IRLANDE : 17-17 J74 e : Beauxis tapeundrop, 30mètres faceauxpoteaux. Le ballon fuse au ras du sol. J77 e : le drop de Beauxis, 35 mètres face aux poteaux, est contré par la défense irlandaise. L’arroseur arrosé LESIRLANDAIS avaient bien fait leur travail de vidéo depuis trois semaines. De toute évi- dence, ils avaient choisi d’éviter de s’exposer aux contres français, de couper les extérieurs par une défense agressive à haut risque. En limitant leur jeu de passes au minimum, en choisissant un jeu au pied de récupération, ils ouvraient peu d’espaces à leur adversaire. L’Irlande ajouta une féroce bataille sur les rucks, en maintenant le joueur plaqué le plus longtemps possible sur ses appuis, une autre façon de retarder le mouvement, voire de bénéficier de l’introduction de la balle en mêlée, puisque, au mépris de la philosophie affichée dujeu, lejoueur debout perdleballon alors que celui qui va au sol a toutes les chances de le conserver. En fait, il n’est pas caricatural de dire que les Verts se sont inspirés de ce qui a si bien réussi auxTricolores ces derniers temps, àsavoir une défense solide et une capacité à utiliser toutes les miettes laissées par l’adversaire. Un essai sur interception, un autre sur un tur- nover rondement mené en éloignant le ballon le plus vite possible de la source leur suffirent à bâtir un score qui les plaçait en position extrêmement favorable. Pour quele « crime » soit parfait, il ne leur manqua que quelques occasions de but que la discipline des Français, apparemment par- faite en seconde période (une seule pénalité), ne leur offrit pas. À l’aise quand l’adversaire prend l’initia- tive, la France l’est beaucoup moins lorsqu’elle doit patiemment tisser son ouvrage. Elle mit beaucoup de temps à trou- ver les solutions face à la défense irlandaise, faute notamment d’un jeu au pied suffisam- ment long et puissant pour la repousser ou la déséquilibrer. Par manque aussi de lance- ments de jeu propres sur les premiers temps. On peut toujours, par exemple, se demander ce que sont deve- nus les douze bal- lons pondus par la mêlée française. Son statut de fina- liste dela Coupe du monde fait de la France la favorite à chaque rencontre dans cette partie du monde. Ses adversaires peuvent se contenter de la laisser faire le jeu pour mieux la contrer, se concen- trer sur ses points forts plutôt que sur les leurs. Elle aurait mauvais goût de le leur reprocher, tant cette approche lui a rapporté dans le pas- sé. Unvert àmoitiévide Face à des Irlandais réalistes, les Tricolores ont bafouillé leur rugby et les rêves de Grand Chelem se sont envolés. Une nouvelle fois approximatifs dans les transmissions, le combat au sol et le jeu au pied en première période, les Bleus n’ont pu éviter le premier accroc de l’ère Saint-André, face à des Irlandais opportunistes comme…des Français. LEMATCHNULenrugbyest unerare- té qui ne se recherche ni ne se défend. Une frustration plus grande encore que dans les autres sports collectifs qui laisse à la fin du combat un sale goût d’inachevé. Mais on peut le retourner dans tous les sens, chercher à justifier l’injustifiable et se réfugier derrière tous les « y avait qu’à » du monde, quand on aborde le Tournoi décoré de l’estampille « finaliste de la Coupe du monde » et qu’on affiche en vitrine de légitimes rêves de Grand Chelem, un match nul à la maison face à la hui- tième nation du classement IRB est pire qu’une demi-défaite. Pour vous dire s’il est peu fréquent que le nul l’emporte, c’est le premier de l’équipe de France dans le Tournoi depuis 1985 – déjà contre l’Irlande à Dublin (15-15) –, le sixième en quatre- vingt-dix rencontres entre les deux nations et même le premier à Paris depuis 1950 (3-3). Mais ce que les chiffres ne disent pas, c’est la somme d’approximations, de gourmandises offensives, de fai- blesses techniques qu’il a fallu accu- muler à cette équipe de France en pre- mière période, pour finalement réussir à partager le score avec une équipe d’Irlande ni plus talentueuse, ni plus motivée, ni même plus truqueuse que toutes celles qui s’étaient inclinées en France avant elle. Comme si les Tricolores cherchaient à réinventer la course à handicap, comme s’ils avaient besoin d’enfumer leur début de match, de ramasser dix points de retard et de repasser par la case vestiaire sefaire remonter les bre- telles et éclaircir les idées avant de pré- senter leur meilleur visage. Deux essais d’ailier avec trois ballons On aura presque tout dit en signalant que l’équipe de France, pourtant por- tée par les chœurs d’une foule pas ran- cunièrepour deux euros, avait, aubout d’une demi-heure, perdu cinq ballons au sol, réinventé la chandelle rétro dans ses quarante mètres et même la chandelle boomerang sur laquelle Trinh-Duc reprit dans le buffet le bou- let qu’il avait cru pouvoir expédier impunément à Rob Kearney, « le Baron vert » maître des cieux diony- siens, et offert à Tommy Bowe un essai pour rien sur une combinaison dont la balourdisele disputait à la lenteur ges- tuelle de Rougerie. Mais sept points de lest, ce n’était pourtant pas suffisant. Le temps de se demander ce que, diable, faisaient les supplétifs de l’avant au moulin de l’attaque quand la tentaculaire troisième ligne irlan- daise les conviait au four du combat au sol ; d’essayer d’interpréter le pour- quoi de ces inutiles et malhabiles coups de pied à la lune de Parra et Trinh-Duc, et l’Irlande, sur un nouveau ballon récupéré au sol, rajoutait un deuxième essai avant la mi-temps. Ah ! oui, parce que si les attaquants tricolores veulent se faire une idée pré- cise de la somme de travail technique et de connivence qu’il convient d’accu- muler pour réussir une offensive bien tempérée, qu’ils revoient le contre vic- torieux mené par les Irlandais derrière une combinaison française bancale conclue d’une remarquable passe dans le vide. Ce fut vif, tranchant, ponctué de passes d’un timing et d’une précision parfaite avant que Tommy Bowe ne démontre qu’on peut très bien inscrire deux essais à la défense française en ne touchant que trois ballons. On fera sans doute remarquer que, dans le genre opportuniste, celui de Wesley Fofana sur un « contre de contre »ne fut pas mal nonplus. Juste. Mais il ne fut quasiment pas question de passe sur celui-là. Et puis, à ce moment-là, les Tricolores avaient enfin repris leur rugby par le bon bout. Plus présents dans le combat au près, plus précis en conquête, ils allaient aussi d’une certaine manière vivre sur leur bonne réputation du Mondial, en ne récoltant, comme la semaine précé- dente, qu’une pénalité en seconde période contre cinq à leur adversaire. Où comment redescendre d’un piédestal L’aimable M. Pearson ne facilita en effet guère la tâche des Irlandais qui auraient eu besoin de beaucoup plus de ballons pour franchir enfin la ligne sur leurs propres initiatives. Ainsi va le rugby d’aujourd’hui qui se multiplie en vain pour finir par décrocher des bons vieux matches nuls à l’ancienne, moi- tié contre, moitié bravoure. Revenus trop tard à des bases plus conformes à leur genre de beauté, les Tricolores, cette fois, ne purent faire basculer lematchni sur lapuissancede leur banc, ni sur les deux tentatives de drop de Beauxis, rentré juste à temps cependant pour desserrer l’étau d’un puissant coup de godasse après dix minutes de domination stérile irlan- daise. Pour avoir tropvoulutester les possibi- lités offensives de son nouveau jouet, Philippe Saint-André voyait la possibi- lité d’une fin de Tournoi crescendo s’envoler avec cepetit matchnul. Voilà les Tricolores invaincus depuis 2008au Stade de France (France-Angleterre), redescendus du fragile piédestal où leur brave finale face aux All Blacks les avait installés. S’avancent désormais Angleterre et Galles, deux frustrés du Mondial également revanchards. C’est peu de dire que les ennuis commen- cent. Il n’y a pas qu’au billard français que le premier accroc se paye au prix fort. PIERRE MICHEL BONNOT SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – À l’image du pilier Cian Healy (n o 1), très présent dans le combat, les Irlandais ont empêché les Français (ici, Morgan Parra, Thierry Dusautoir, Nicolas Mas et Jean-Baptiste Poux, de gauche à droite) de développer leur jeu. Les Bleus ont même dû se contenter de leur premier match nul dans le Tournoi depuis 1985. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) Poitrenaud 7 R. Kearney 7,5 Harinordoquy 5 Malzieu 5,5 Fofana 5,5 Rougerie 3,5 (m) Parra 5,5 (o) Trinh-Duc 5 (m) Murray 6,5 Maestri 7,5 Papé 5,5 O’Connell cap., 6 O’Callaghan 5,5 Dusautoir cap., 6,5 Bonnaire 6 Heaslip 5 S. O’Brien 6 Ferris 5,5 Szarzewski 6 Poux 5 Mas 6,5 R. Best 4 Ross 3,5 Healy 5 Clerc 4,5 T. Bowe 7,5 D’Arcy 5 Trimble 5 K. Earls 5 (o) J. Sexton 6 L’actualité sportive toutes les 30 minutes franceinfo.fr par FRANCE INFO Coup de zoom CCCCoup zoo Henri BRU [email protected] LUNDI 5 MARS 2012 PAGE 3 RUGBY TOURNOI DES SIX NATIONS (2 e journée, match en retard) – FRANCE - IRLANDE : 17-17 119 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ! Entré à la 72 e minute en remplacement du centre Earls, l’Irlandais Ronan O’Gara est devenu, avec 119 sélections, le dauphin de l’Australien George Gregan (139) au nombre de sélections internationales. Fabien Pelous complète le podium avec 118 capes. Boweet Kearney ont tranché LES JOUEURS IRLANDAIS. – L’ailier droit et l’arrière vert ont été, respectivement par leurs courses et leurs relances, un danger constant. KEARNEY (7,5) : il a souvent essayé de relancer son équipe, le plus souvent par un jeu au pied judicieux, démon- trant qu’il était un vrai arrière de métier. En revanche, il a été pris de vitesse sur l’essai de Fofana (51 e ). Il a aussi signé une percée tranchante en secondepériode grâceà des jambes de feu et plusieurs bonnes interventions. BOWE (7,5) : une entame folle avec deux essais à la clé. Il est passé tout près de deux autres interceptions qui auraient pu faire mouche… L’ailier droit des Ospreys a fait très mal aux Français en montant rapidement en défense. Pour l’anecdote, il a reçu un ballon sur la tête sur un but de pénalité de Parra qui passait entre les perches. ROSS (3,5) : face à Poux, il a franche- ment souffert enmêlée, surtout enpre- mière période. Il s’est accroché sans tricher mais ce match n’a pas été simple pour lui. Une longue agonie. HEASLIP (5) : on l’attendait puissant et dévastateur, mais le numéro 8 du Leinster s’est montré bien discret. Presque effacé. Il est vrai qu’il a dû res- ter collé au pack quand celui-ci était dominé. Sur son aile gauche, TRIMBLE (5) n’a pas eu beaucoup de ballons à jouer. Mais en défense, il n’a pas fait sem- blant de plaquer. Au centre de l’attaque, D’ARCY (5) n’a pas su se mettre en évidence, lui aussi privé de vrais bons ballons. Il a commis un en- avant fâcheux en seconde période dans undes temps forts de son équipe. Remplacé par O’GARA (72 e ). EARLS (4,5) a démontré qu’il savait être un solide défenseur, mais ce ne fut pas suffisant. Àl’ouverture, SEXTON(6) a effectué de bons plaquages. Au pied, il a commencé par manquer un but de pénalité assez bien placé avant de se reprendre ensuite pour animer le jeu de son équipe. À la mêlée, MURRAY (6) a bien distribué le jeu en collant parfaitement au ballon. En défense, il ne s’est pas économisé et a sans cesse cherché à faire jouer son équipe. Criti- qué après la victoire contre l’Italie la semaine dernière, il a apporté une jolie réponse. Il a quitté ses partenaires sur blessure et a laissé sa place (59 e ) à REDDAN (5), qui a fait son boulot proprement. La troisième ligne irlan- daise n’a pas eu l’occasion de cavaler comme d’habitude. O’BRIEN (6) a réalisé ce qu’il sait le mieux faire, à savoir défendre et percuter. À ce jeu- là, il reste fort. Plus le match avançait, plus il donnait l’impression de mieux sesentir. FERRIS(5,5) lui aussi acher- ché à colmater les brèches en début de ma t c h. E n d e u x i è me l i gn e , O’CONNELL (5,5) a été un capitaine exemplaire, toujours au contact du ballonet présent sur les points chauds. Un match robuste. Son partenaire O’CALLAGHAN (5) a lui aussi été précieux dans le combat et en touche. Ce solide combattant a été remplacé par RYAN (59 e ). La première ligne a souffert. HEALY(5), robuste pilier qui aime jouer ballon en main, s’est concentré sur son travail en mêlée. Il aurait purecevoir uncarton jaunepour une faute sur Vincent Clerc en pre- mière période. Un travail obscur mais utile avec de belles charges en fin de match. Remplacépar COURT(75 e ). Au talonnage, BEST (4) n’a pas toujours été unlanceur très précis. Enrevanche, il n’a pas hésité à participer au jeu. Remplacé par CRONIN (75 e ). – B. V. Les visiteurs digèrent mal Conscients d’avoir laissé passer une énorme occasion de s’imposer au Stade de France, les Irlandais sont sortis frustrés du terrain. ILS SONT PASSÉS tout près de la victoire. Cette vic- toire au Stade de France après laquelle ils courent depuis 2000, et le succès (27-21) obtenu avec trois essais de Brian O’Driscoll. L’équipe d’Irlande était toute proche, hier, de ce succès tant espéré. Les deux essais de Tommy Bowe avaient ouvert en grand la porte de l’exploit avec une confortable avance à la pause (17-6), comme une sorte de première victoire. Mais il suffisait de voir le visage de Paul O’Connell après le match pour se rendre compte que ce score nul ne réjouissait personne. Visage marqué par l’effort, douché, en survêtement, le deuxième-ligne et capi- taine irlandais est arrivé en conférence de presse d’un pas lent. Comme s’il traînait derrière lui des tonnes de déception: « C’est unpeucela, reconnaissait-il rapide- ment. On a vraiment le sentiment d’avoir laissé échap- per la victoire. Notre deuxième mi-temps n’a pas été bonne. » Et pourtant O’Connell, en homme expéri- menté, avait prévenu ses partenaires. À 17-6, ils vou- laient enfoncer encoreunpeuplus les Français enmar- quant rapidement dès lareprise. Mais c’est lecontraire qui s’est passé. O’Connell a du mal à digérer : « On était conscients d’avoir une belle avance, surtout à l’extérieur. On s’était dit qu’il fallait marquer en pre- mier pour se mettre à l’abri. À l’arrivée, ce sont les Français qui inscrivent unessai sur uneactionoùonest absents. Quand je pense qu’on marque zéro point en deuxième période, c’est vraiment frustrant. » Alors, face à la réaction des Bleus, les Irlandais se sont accrochés comme ils ont pu. Face à eux, l’équipe de Francecourait après lamarque: « Onapus’apercevoir que c’est vraiment une grande équipe. La France n’a pas été finaliste de la Coupe du monde par hasard. » Non, ce n’était pas la joie du côté irlandais. Dans son beau costume noir, l’entraîneur Declan Kidney, l’homme qui ne sourit jamais, ruminait à son tour : « Si je suis déçu ? Bien sûr que oui. Si on n’est pas déçu après un résultat comme ça, je n’ai rien à faire à mon poste. Les joueurs sont allés au bout d’eux-mêmes. On est en train de construire avec de nouveaux joueurs et ondoit continuer dans cettevoie. »Mais, ensélection- neur appliqué, Kidney a aussi constaté les erreurs de son équipe. Pourtant, les Irlandais savaient que la dis- cipline allait jouer un rôle essentiel dans cette ren- contre. Pourtant, ils se sont mis à la faute à onze reprises. De quoi agacer leur coach : « Il y adeux points sur lesquels on doit vraiment se concentrer. Sur les pertes de balle et sur les pénalités. On doit vraiment être plus vigilants là-dessus. En deuxième mi-temps, les Français ont su être plus agressifs et plus efficaces que nous dans les rucks. » Les Irlandais ont quitté Paris dès hier soir. Avant de recevoir l’Écosse, samedi, ils vont travailler la disci- pline. Et Kidney de conclure : « On a aussi besoin de deux jours pour nous remettre de ce match. » Aussi bien physiquement que mentalement. BRUNO VIGOUREUX I MURRAY, C’EST MOINS GRAVE QUEPRÉVU. – Conor Murray, le demi de mêlée de l’équipe d’Irlande, touché à un genou, a quitté ses partenaires sur une civière. Dans un premier temps, la bles- sure semblait sérieuse, mais hier soir Declan Kidney, le sélectionneur irlandais, sevoulait confiant : « Conor aunligament distendu. C’est peut-être moins grave que prévu. Mais il faut attendre confirmation pour savoir s’il pourra jouer le prochain match (contre l’Écosse samedi à Dublin). Entout cas, les dernièresnouvellesétaient plutôt rassurantes. » – B. V. SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, HIER. – Rob Kearney (ballon en main) et TommyBowe(devant JulienMalzieuet WesleyFofana, à terre) ont été les grands animateurs de l’attaque irlandaise. (Photo Pierre Lahalle/L’Équipe) POUX 5 Pas de souci enmêlée. Il aétéparticulière- ment discret dans le jeu, dans l’ombre de ses compères de la première ligne, mais il s’est consacré au soutien en touche comme sur les regroupements. Remplacé par DEBATY (52 e ), qui amena de la puis- sance au ras des regroupements. SZARZEWSKI 6 Il avait réglé la mire sur les lancers en touche, les choix effectués intelligem- ment en début de rencontre lui permet- tant de se rassurer. Il a joué sobrement, se fondant dans le collectif. Pénalisé (7 e , 15 e ). Remplacé par SERVAT (53 e ), qui a vite trouvé ses marques. MAS 6,5 Une superbe tenue de mêlée qui aurait dû permettre à l’offensive tricolore de mieux s’exprimer. Mais le pilier catalan a aussi été actif en défense, avec quelques plaquages très nets, dont un en fond de touche superbe. PAPÉ 5,5 Une puissante charge arrêtée à cinq mètres de la ligne et qui aboutit au pre- mier but de Parra. Peu sollicité en touche, mais se montra impeccable sur les renvois et actif dans les rucks. Rem- placé par NALLET (61 e ), qui se consacra aux tâches obscures dans les regroupe- ments multiples de fin de match. MAESTRI 7,5 Une grosse activité dans le jeu et notamment en défense où il dépasse les dix plaquages. Aaussi été présent sur les rucks, discipliné, tenant la dra- gée haute à ce qui se fait de mieux en Europe, O’Connell. Quatre prises en touche dont une en contre complè- tent le tableau. Est resté quatre-vingts minutes sur le ter- rain, un signe qui ne trompe pas. DUSAUTOIR 6,5 Match après match, le capitaine reste à un niveau très élevé. La dizaine de pla- quages constitue son minimum, dont certains aux moments importants. Il prend de plus en plus d’importance dans le jeu, assurant une excellente avancée sur l’essai de Fofana pour redonner de l’allant à l’action. Vu son activité, sa discipline est également impeccable. BONNAIRE 6 A brillé dans le registre défensif au large, termi- nant avec douze pl a- quages. On le vit rarement balle en main, signe que le jeu français n’est pas par- v e nu à p r e nd r e d e l’ampleur. Utilisé comme leurre en touche, il capta le seul lancer qui lui était destiné. Rem- placé par PICAMOLES (71 e ), utilisé pour défier ladéfense frontalement, sans parvenir àladés- tabiliser. HARINORDOQUY 5 Il a bi en rempli son r ô l e d e c a p i t a i n e de t ouc he, évi t ant le contre irlandais en c h o i s i s s a n t l e s bonnes zones de lancer. Pris par Kearney sur un ballon haut en seconde période, il peut surtout se reprocher le manque de construc- tion derrière la mêlée. A dû lutter face à une troisième ligne irlandaise très puissante dans le jeu. PARRA 5,5 Il a été combatif et son quatre sur six aux tirs au but a bien aidé les Bl eus au bout du compte. Ses transmis- sions ne furent pas par- faites et il a eu du mal à accélérer le jeu, faute de ballons rapides. Très bon plaquage sur Sexton à douze minutes de la fin. Le gaucher qu’il est aura toujours du mal dans le jeu aupied derrière la mêlée. TRINH-DUC 5 Les sorties lentes des bal- lons sur les regroupe- ments l’obligèrent àjouer en pivot loin de la ligne d’avantage. Il eut du mal à faire avancer l’équipe par le pied, offrant des occasions de relance aux Irlandais. Magni- fique passe bras roulé pour Harinordoquy sur l’attaque qui aboutit au premier but de Parra (23 e ). Sert Fofana pour l’unique essai français. MALZIEU 5,5 Il est allé chercher de l’emploi loin de son aile car les ballons n’y arrivaient pas, sauf sur la dernière action qui pou- vait laisser des regrets. Il al’avantage de ne quasiment jamais perdre la balle, mais n’a pas pu la transmettre debout, cequi est sa grande force. Eut parfois du mal dans le replacement défensif. FOFANA 5,5 Il a superbement fini, en ailier qu’il peut être, l’essai français, son troisième en trois rencontres. Jusque-là, il avait cher- ché en vain lafaille, ce qui l’avait amené à se laisser aller à quelques gourman- dises et à s’engluer dans la défense inversée des Irlandais. Ne parvint pas à plaquer Bowe sur son deuxième essai. ROUGERIE 3,5 L’interception offrant l’essai à Bowe (14 e ) a mal lancé son match. Il a eu du mal à se mettre dans le bon tempo ensuite, avec des passes pas toujours bienassurées et des percussions qui ne parvinrent pas àdéséquilibrer lerideau défensif adverse. Moins saignant que lors de ses dernières sorties. Un match loin de son niveau. CLERC 4,5 Il a l’habitude d’être le bourreau des Irlandais. Il a été cette fois privé de bal- lons ou presque, n’en touchant que sur des petits côtés où le trafic était très dense. Pas grand-chose à faire en défense, les Irlandais n’allant que très peu au large. Se focalise sur un pla- quage au lieu de glisser, sur le deuxième essai de Bowe. POITRENAUD 7 Testé d’entrée sur des chandelles. Il les capta parfaitement, contre-attaquant dès le deuxième ballon. À l’origine de l’essai de Fofana par une relance tranchante qui créauneavancée décisive. Peusollicitésur les premiers temps de jeu. Un excellent retour. Remplacé par BEAUXIS (68 e ), qui se positionna à l’ouverture et manqua deux drops. HENRI BRU Yoann Maestri : « La meilleure note dans L’Équipe ? Ça feraplaisir àmes grands-parents. Biensûr que, moi aussi, je suis content parce que c’est comme à l’école, il vaut mieux avoir une bonne note, commeça personne ne vous embête. Évidemment que ça me surprend parce que ça n’arrive pas souvent qu’onmette envaleur unjoueur du cinqde devant. Moi, je découvre ce niveau et je suis déçu par le résultat. Je vais rentrer chez moi, retrouver ma famille, mes copains de club, en espérant être retenu pour le prochain match ; mais je n’ai aucune certitude. C’est toujours difficile de parler de soi après un match ; je dirais que, comme les autres, j’ai été un peu poussif en première période et plus agressif en seconde… » Aurélien Rougerie : « J’ai 3,5 ? Ça n’est pas brillant, mais bon, je ne fais jamais attention aux notes indivi- duelles. Personnellement, je pense avoir fait un meilleur match contre l’Irlande que contre les Écossais (il avait été noté4,5). Aumoins défensivement. Aujourd’hui, je n’ai pas loupécinqplaquages sur quatorze. Offensivement, j’ai aus- si la sensation que nous nous sommes mieux trouvés. Mais aujourd’hui, ma passe est interceptée et il y a l’essai irlan- dais. Sur le coup, je sens que ça va être limite mais je tente quand même de trouver l’extérieur. Je ne vais pas me prendre la tête à cause de cette interception ; c’est arrivé et ça arrivera à d’autres. Mais si vous voulez que je donne une appréciation globale de mon match c’est : pas brillant. » L’éclairciePoitrenaud Pour son retour en bleu, l’arrière toulousain a été irréprochable sous les chandelles et à la relance. FORCÉMENT, ses premiers mots ne sont que « frustration, fébrilité, tra- vail ». Clément Poitrenaudest à l’unis- son de ses partenaires, déçus de ce nul contre l’Irlande (17-17). Mais, en zoo- mant sur sa performance individuelle hier après-midi, le discours n’a plus la même tonalité. Pour son retour en équipe de France, un an et six jours après la défaite dans le Tournoi 2011 contre l’Angleterre (17-9), Poitrenaud n’a pas raté son coup même s’il dut sortir à la 67 e minute, souffrant de crampes. Le sélectionneur en per- sonne, Philippe Saint-André, y alla d’unpetit compliment dans une confé- rence de presse pourtant menée au galop : « Il faut que je revoie la vidéo, mais je crois qu’il a fait un match de qualité, a bien remonté les ballons, franchi la ligne parfois… » PSA aurait pu ajouter que l’arrière, appelé de dernière minute pour rem- placer son partenaire de club Maxime Médard, blessé au genou droit contre l’Écosse le 26 février, avait été ponc- tuel et adroit sous les ballons hauts malgré la pluie. Surtout qu’une de ses relances a conduit sur la route de l’essai de Fofana(51 e ). « C’était un des rares ballons dévissés par les Irlandais, raconte l’intéressé. Cela ouvrait une opportunité, j’ai essayé de la saisir. C’est bien. » Dans son costume sombre, le teint hâlé, Poitrenaud ne se voit pas plus beau que ça. Trop habitué aux allers- retours en équipe de France, lui qui ne fut pas sélectionné pour la dernière Coupe du monde en Nouvelle-Zélande alors qu’il pensait « avoir fait les efforts nécessaires enfindesaisonder- nière ». Alors, quand on lui demande si, à vingt-neuf ans, il signe un nouveau départ, la question le fait sourire : « Des nouveaux départs ? J’en ai eu beaucoup, remarque l’arrière, sélec- tionné pour la première fois en équipe de France contre l’Afrique du Sud en novembre… 2001 (victoire 20-10). Il ne faut pas s’emballer, c’est sur la régularité qu’il faut travailler, j’espère en avoir l’occasion. Je sais que, quoi qu’il se passe, bon ou mauvais, il y a toujours une issue, un moyen de se refaire la cerise. La seule chose à faire, c’est de regarder devant et de rester positif. » Aujourd’hui, Poitrenaud voit loin. Jusqu’à la Coupe du monde2015, I « BON COURAGE MAXIME ». – Arrivé en équipe de France mardi der- nier à la suite du forfait de son parte- naire toulousain Maxime Médard (qui se fait opérer aujourd’hui des liga- ments du genou droit à Toulouse), l’arrière Clément Poitrenaud lui a envoyé un petit message de soutien hier après le match : « Je lui souhaite bon courage pour son opération. C’est un moment important dans une car- rière, mais, même si c’est douloureux, il faut savoir s’en remettre et rester positif. En tout cas, il peut compter sur moi pour l’aider, en cas de besoin. » – A. L. « un véritable objectif. Si j’avais parti- cipé à ma troisième en Nouvelle- Zélande, mamotivationaurait étésans doute différente. Mais, là, j’ai envie de me donner les moyens pour la pro- chai ne. » I l attendra ce mati n l’annonce du groupe des vingt-trois qui affrontera l’Angleterre samedi. « J’espère être reconduit (contre l’Angleterre, le week-end prochain), avoue-t-il sans tropseforcer. Je ne pré- fèrepas tropm’avancer, mais c’est cor- rect pour une reprise avec le quinze de France. » ANNE LADOUCE SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, HIER. – Auteur de plusieurs relances tranchantes, Clément Poitrenaud, ici devant Aurélien Rougerie, a réussi son retour en bleu. (PhotoAlainMounic/L’Équipe) Maestro, Maestri... LES JOUEURS FRANÇAIS. – Le deuxième-ligne des Bleus a montré le chemin, tout droit balle en main et royal dans les airs. Rendez-vous sur et élisez le meilleur joueur français du match. Le podium des internautes sera publié dans notre édition de demain. SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – Pour sa troisième sélection en bleu, Yoann Maestri, ici face à Stephen Ferris (sous les yeux d’Imanol Harinordoquy et Nicolas Mas au sol), a largement rivalisé avec Paul O’Connell, un des tout meilleurs deuxième-ligne d’Europe. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) PAGE 4 LUNDI 5 MARS 2012 LE PLUS MAL NOTÉ LE MIEUX NOTÉ RUGBY TOURNOI DES SIX NATIONS (2 e journée, match en retard) – FRANCE - IRLANDE : 17-17 PSA, premier couac Entamé avec deux victoires face à l’Italie et à l’Écosse, l’exercice de Philippe Saint-André a connu hier son premier coup d’arrêt. Seulement en termes de résultat ? UNCOUPD’ARRÊT ? Ils sont quelques-uns à espérer que ce ne sera pas le cas ; ils sont beaucoup plus nombreux à penser que cette première « non-défaite » de l’Irlande depuis 2000au Stade deFrance ne doit pas remettre si vite en cause l’œuvre de rénovation entre- prise dans la maison des vice-champions du monde depuis le début de ce Tournoi. L’état de grâce pour Philippe Saint-André et son staff durera sans doute un peu plus long- temps que l’espoir de Grand Chelem envolé. Au moins jusqu’au prochain rendez-vous, si proche, dimanche face aux Anglais. Imanol Harinordoquy exprime la synthèse du senti- ment bleu, plutôt foncé : « Si nous avions perdu, ç’aurait étéuncoupd’arrêt mais là, on n’apas perdu, onpeut encore gagner le Tour- noi et, sur l’état d’esprit affiché en seconde période, on peut espérer des jours meil- leurs… » À chaud, il est toujours difficile de prendre l’exacte température d’un coupdefroid, sans allusion aucune au report de ce match. Si les joueurs expriment quelque inquiétude, c’est à titre individuel, pour eux-mêmes ou pour les copains. Les entraîneurs non plus ne veu- lent pas se mouiller davantage après cette demi-douche irlandaise. Pas parce qu’il a assez plu dans l’après-midi, mais parce qu’ils veulent revoir tout ça, débriefer chaque action, chaque joueur et… choisir. Philippe Saint-André, à chaud, n’a donc pas exclu quelques remaniements dans son équipe : « Nous allons travailler cette nuit », s’est-il contenté de donner comme programme. L’Anglais honni, idéal pour se remotiver Yannick Bru, son entraîneur chargé des avants, a le même front soucieux : « Nous allons analyser tout ça. Ce que je peux constater, c’est que nous avons encore le même souci répétitif de laisser nos adver- saires prendre l’avantage dans les vingt pre- mières minutes. » On lui fait remarquer que, cette fois, ses joueurs ont fait preuve d’envie et d’initiative dès le coup d’envoi et il rétorque : « L’envie seule ne suffit pas, il faut y ajouter le sang-froid et l’intelligence. » Allusion implacable à cet essai bêta pris sur une interception de Tommy Bowe. Pour Bru, il n’est enrevanche pas question de coup d’arrêt : « Revenir de 6-17 à 17-17 contre cette équipe d’Irlande, sous la pluie, c’est un succès. Nous sommes toujours dans le début d’une aventure », assure-t-il avant de regretter, déjà : « Nous avons encore beaucoup de travail pour parfaire notre POURREMERCIERles quelque 79 600sup- porters d’être revenus hier au Stade de France, trois semaines après le report du match France-Irlande, à cause du grand froid, les joueurs de l’équipe de France avaient enregistré des messages diffusés sur les écrans géants dustadejuste avant le coup d’envoi. Thierry Dusautoir : « On vous remer- cie de revenir nous supporter pour ce match qui s’annonce très difficile. Onaurabesoinde vos encouragements. Merci à tous. » Les Marseillaises entonnées pendant le match et les arrêts de jeu n’ont pas empêché le match nul. – A. L. I CLASSEMENT IRB : LA FRANCE QUA- TRIÈME. – Le match nul concédé contre l’Irlande va faire perdre des points au classe- ment IRBaux Tricolores. Ceux-ci devraient se retrouver lundi en quatrième position au classement, quelques centièmes de points derrière l’Afrique du Sud. L’Irlande, pour sa part, devrait gagner une place et accéder à la septième, au détriment de l’Argentine. I STADE FFR : DOUILLET « PAS CONTRE ». – Le ministre des Sports, David Douillet, a déclaré hier à l’AFP qu’il n’était « pas contre »le projet de laFédérationfran- çaise de rugby (FFR) de construire son propre stade (80 000 places avec toit et pelouse rétractable) à l’horizon 2017. « Tout va dépendre de ce qui se passera pour le Stade de France. Je ne suis pas contre ce projet de stade s’il peut être construit sans mettre en péril le Stade de France, qui appartient à l’État et a été financé par l’argent public », a-t-il déclaré au cours d’une visite des infra- structures de sécurité du Stade de France avant la rencontre France-Irlande. « Force est de constater que le temps que ce (nou- veau) stade se fasse, il faudra bien que la FFR joue quelque part. J’ai remis la FFR et le consortium autour de la table car ce n’était plus le cas », a conclu le ministre. I SARKOZYPLUSCLÉMENT QUEPSA. – Interrogé sur la présence de Nicolas Sarkozy dans le vestiaire tricolore, Philippe Saint- André a fait état de la clémence du chef de l’État vis-à-vis de son équipe : « Pour être honnête, le président a été plus positif que moi parce qu’il avait trouvé beaucoup d’abnégation et de valeur dans cette équipe qui n’avait rien lâché en première mi- temps. » Et le manager des Bleus de botter en touche sur un éventuel remaniement du quinze de France pour affronter l’Angleterre, dimanche prochain : « Pour les décisions, on va avoir une bonne soirée d’analyse vidéo, et uneréunionducomité desélection. »Verdict ce matin à 10 heures pour être informé d’éventuels changements chez les Bleus. – R. B. Petits messages des Bleus cohésion, surtout dans le mouvement géné- ral mais, hélas, le temps presse… »Soncom- père pour les arrières, Patrice Lagisquet, a le même sentiment : « Non, il n’y a pas de coup d’arrêt. Pour moi, il y a au contraire progres- sion dans ce que nous voulons mettre en place par rapport aux deux premiers matches. Mais, si onsecompare auxÉcossais et aux Irlandais, on apparaît nettement comme une équipe enplein apprentissage. » En fait, il n’y a que Morgan Parra et Julien Bonnaire pour oser exprimer, devant les micros, que quelque chose s’est arrêté hier après-midi. « Même si on ne le clamait pas sur tous les toits, nous avions tous, les joueurs et même le staff, l’ambition d’aller à Cardiff (le 17 mars) pour disputer la finale du Tournoi, Grand Chelem en jeu… » Et son compagnon de chambre qui soupire – « Je n’avais jamais perducontre les Irlandais et ça continue » – laisse échapper son dépit : « C’est rageant, bien sûr, j’aurais bien aimé terminer sur un Grand Chelem. Mais il reste un Tournoi à gagner. » C’est ce que les joueurs se sont dit après coup. Après avoir digéré la déception de ce premier rêve brisé : « C’est sûr, le premier sentiment dans le vestiaire était celui d’une défaite, raconte Yoann Maestri du haut de ses trois sélections. Tout autre résultat qu’une victoire à domicile est un échec. Mais çanous rappellera qu’il nefaut jamais penser au-delà du prochain match, même si c’est bateau de dire ça. » Le prochain ? C’est l’Anglais honni, idéal pour se remotiver sans état d’âme : « C’est un adversaire qu’on n’aime pas trop et je crois que c’est réci- proque », se régale à l’avance Pascal Papé. Mais ce n’est pas le cas de Julien Malzieu, exprimant la grosse part d’inquiétude que cette non-victoire asoulevée : « Oui, j’ai peur de ne plus être dans le groupe pour affronter les Anglais. Mais, à part Titi (Dusautoir), per- sonne n’est certain d’y figurer la semaine prochaine… » CHRISTIAN JAURENA SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – Aurélien Rougerie, ici à la lutte avec Rob Kearney, l’arrière irlandais, a été un des Bleus les plus à la peine lors de ce premier couac de l’ère Saint-André. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) A r t w o r k : Parrain Ofciel LUNDI 5 MARS 2012 PAGE 5 3 : H I K K S C = Z U V V U X : ? a @ c @ l @ c @ k ; M 0 0 8 2 5 - 2 1 2 - F : 1 , 1 0 E *66 e ANNÉE - N° 21 033 France métropolitaine Dimanche 12 février 2012 1,10 € www.lequipe.fr L’EQUIPE dimanche,lundi : ALLEMAGNE, 2,20 C; AUTRÌCHE, 2,80 C; BELGÌQUE, 1,60 C; CANADA,4,25 $CA; DOM, 1,70 C; ESPAGNE, 2,10 C; GRECE, 2,30 C; ÌTALÌE, 2 C; ÌRLANDE, 2 C; LUXEMBOURG, 1,60 C; MAROC, 15 MAD; PAYS-BAS, 2,20 C; PORTUGAL CONT, 2,30 C; ROYAUME-UNÌ, 1,60 £; SUÌSSE, 2,60 FS; TUNÌSÌE, 2,40 DÌN Partageona Ie aport £nttez dans Ie CIub L'£gulpe Prenea votre Lìcence Pro sur cIub.Iequìpe./r ]ouez, profitez de bona pIana excIuaifa, vivez dea momenta exceptionneIa avec ceux qui font Ie aport et partagez Ie tout avec votre communauté. Pzenez votze LIcence Pzo suz cIub.Iegulpe.It LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE Facile vainqueur d’Ajaccio (3-0), l’équipe héraultaise prend provisoirement la tête du Championnat. Et s’afirme comme la seule à pouvoir encore rivaliser avec le PSG pour le titre. (Page 9) LIGUE 1 MONTPELLIER - AC AJACCIO: 3-0 NICE - PARIS-SG (17 heures) quaad 4aceIottI ramèae sa scIeace L’entraîneur italien a importé en France des méthodes de préparation et de suivi des joueurs inédites. GPS, télémédecine et questionnaires psychologiques doivent aider le PSG à devenir champion. (Page 13) LYON - CAEN: 1-2 L'0L a'a pIus droIt au mIracIe (Page 10) Leader pour Ie pIaIsIr ( P h o t o S y lv a in T h o m a s / L ’ É q u ip e ) (Photo Alain Mounic/L’Équipe) Stupéfaction pour les 78000 spectateurs présents hier au Stade de France : quelques minutes avant le coup d’envoi, le match du Tournoi des Six Nations France-Irlande est reporté à cause du froid. Mais pourquoi les organisateurs ont-ils attendu le dernier moment pour prendre une décision aussi prévisible ? (Pages 2 à 4) TENNIS Bartoli arrache sa finale (Page 21) CLERMONT, STADE MARCEL-MICHELIN, HIER. – Pour Noirot, Leo’o, Van der Merwe et Qovu (de gauche à droite), les temps sont durs. Sur le terrain et en dehors. TOP 14 (Page 6) BAYONNE - STADE FRANÇAIS: 26-20 L'4rIroa roIt rose (Photo Franck Faugere L’Équipe) MONTPELLIER, STADE DE LA MOSSON, HIER – Olivier Giroud vient de marquer le troisième but de son équipe, son seizième de la saison en Championnat. Il partage son bonheur avec John Utaka, passeur décisif. CLERMONT - RACING-MÉTRO: 31-13 Ça se gâte chez Ies 6IeI et ßIaac COMPLÈTEMENT GIVRÉS! SKI ALPIN (Page 19) Adrien Théaux en forme olympique ( P h o t o R ic h a r d M a r t in / L ’ É q u ip e ) SAINT-DENIS (SEINE-SAINT-DENIS), STADE DE FRANCE, HIER – Il est un peu plus de 21 heures, le report du match vient d’être annoncé. Les joueurs français, dont Pascal Papé (tête baissée), viennent saluer les spectateurs, qui quittent le stade dépités. Les machines à air chaud, censées dégeler le sol, n’auront servi à rien : le terrain, trop dur par endroits, présentait un réel danger pour les joueurs. (Photo Laurent Argueyrolles/L’Équipe) . Fondateur : Jacques GODDET Direction, administration, rédaction et ventes : 4, cours de l’Ile Seguin, 92102 Boulogne-Billancourt BP 10302. Cedex 9. Tél. : 01-40-93-20-20.. SAS INTRA-PRESSE Capital : 2.167.240 /. Durée : 99 ans. Principal associé : S.A. Éditions P. AMAURY. Président : Marie-Odile AMAURY. S.N.C. L’EQUIPE Capital : 50 000 /. Durée : 99 ans du 26 juillet 1985. Siège social : 4, cours de l’Ile Seguin, 92102 Boulogne-Billancourt BP 10302. Gérant : Marie-Odile AMAURY. Principal associé : SAS INTRA-PRESSE. Directeur général, Directeur de la publication : François MORINIÈRE Directeur de la rédaction : Fabrice JOUHAUD VENTE AU NUMÉRO : Tél : 01-40-93-21-85 venteaunumerolequipe.presse.fr SERVICE ABONNEMENTS : Tél. : 01-76-49-35-35 Fax : 01–58–61–01–37. 69/73, Bd Victor Hugo, 93585 Saint-Ouen Cedex. E-mail : abolequipe.presse.fr France métropolitaine, lundi à samedi, 6 mois : 162 / ; 1 an : 324 /. Lundi à dimanche, 6 mois : 186 / ; 1 an : 372 /. ÉTRANGER : nous consulter. IMPRESSION : CINP (77 - Mitry-Mory), CIRA (01 - Saint-Vulbas), CILA (44 - Héric), CIP (13 - Istres), CIMP (31 - Escalquens). Siège social : 25, av. Michelet, 93400 Saint-Ouen. Nancy-Print (54 - Jarville). Siège social : RPI SAS 8, square Chanton,92200 Neuilly-sur-Seine. Dépôt légal : à parution. Publicité commerciale : AMAURY MEDIAS, Tél. : 01-41-04-97-00. Petites annonces : 25, av. Michelet, 93408 St-Ouen Cedex. Tél. : 01-40-10-52-15. Commission paritaire no 1212I82523 ISSN 0153-1069. LU Tirage du samedi 11 février 2012 : 396 602 exemplaires RUGBY « La bonne décision » DECLAN KIDNEY, entraîneur de l’équipe d’Irlande, s’est exprimé sur la BBC et l’« Irish Times » juste après l’annonce de l’annulation « COMMENT LES JOUEURS ont réagi ? Vous plaisantez ? Comment vous pensez qu’ils peuvent faire quand ils sont motivés pour un match annulé à la dernière minute ? Le rugby international et professionnel n’est pas quelque chose où vous arrivez à la dernière minute et vous sortez pour une petite promenade entre amis. Vous voulez jouer avec votre cœur mais parfois la raison l’emporte. Je pense que l’arbitre a pris la bonne décision. Les gars étaient vraiment pleins d’adrénaline dans le vestiaire. Ça va être une nouvelle expérience pour certains d’entre eux d’essayer de se débarrasser de toute cette énergie. Mais ce sont des bons mecs et ils vont se calmer. Les plaisanteries commen- cent à fuser dans le vestiaire en ce moment. » 1978: déjà, contrel’Irlande LE 18 FÉVRIER 1978, le terrain du Parc des Princes était gelé. Par plaques. Une vague de froid s’était abattue durant la semaine sur la région parisienne. Une heure avant le début du match, l’arbitre gallois, M. Thomas, l e manager irlandai s, M. McKibbin, et l’entraîneur, Noel Murphy, testèrent la pelouse. Gelée, elle était injouable. Mais l’arbitre en décida autrement. Jean-Pierre Bas- tiat, troisième-ligne international (62 ans, 32 sélections), disputa donc la rencontre, aux côtés de Jean-Pierre Rives, Jean-Claude Skrela, Jérôme Gallion (auteur d’un essai) et Gérard Cholley, entre autres. Il était hier au Stade de France. « La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est à ce match de 1978. J’en ai parlé à Jean-Luc (Averous) qui était à mon côté en tribune. Lui aussi jouait ce match. Nous n’aurions jamais dû le disputer. Avec nos crampons, c’était comme si nous marchions sur du ciment. Le sol était tellement dur que j’ai eu des hématomes des épaules aux chevilles pendant deux semaines. Ça faisait plus mal de tomber que d’être plaqué. Nous avions de l’appréhension à nous livrer. Ce n’était pas non plus la fin du monde, mais nous nous sentions quand même en danger physiquement. » La France l’emporta 10-9. « Trente-quatre ans après, je ne peux pas comprendre pourquoi la pelouse n’a pas été protégée, assez bâchée, assez chauffée. Avec les moyens dont on dispose aujourd’hui, c’est incom- préhensible. » – R. E. FranceTéléavait proposé15heures... DANS LA SEMAINE, FRANCE 2 avait proposé d’avancer France- Irlande à 15 heures pour bénéficier d’une température plus clémente. « J’avais suggéré cet horaire à la can- tonade au cas où, vu qu’on diffusait Italie-Angleterre à 17 heures, explique Daniel Bilalian, patron des sports de France Télévisions. Mais je n’ai eu aucune discussion à ce sujet avec le comité d’organisation du Tournoi. » Lequel, seul décisionnaire quant à l’horaire des rencontres (*), avait maintenu le coup d’envoi à 21 heures. « On est évidemment déçus pour le public et les téléspectateurs », pour- suit Bilalian. Bien que ce report lui coûte environ 130 000 euros en termes defrais de productionengagés, le dirigeant ne jette pas la pierre aux organisateurs. « Visiblement, tout le monde était d’un très grand opti- misme, note-t-il. En même temps, je me rends bien compte de la difficulté de changer d’horaire. » Autant, mardi dernier, la Fédération française de football avait décidé d’avancer de 20 h 50 à 16 h 15 le coup d’envoi duhuitièmede finaledeCoupe de France, programmé le lendemain sur France 3 (Lyon-Bordeaux), pour éviter tout risque de terrain gelé sans que cela pose trop de problèmes, autant sur un match du Tournoi, une modificationde dernière minute paraît « Jamais vuça! » PHILIPPE SAINT-ANDRÉ, l’entraîneur des Bleus, n’avait jamais connu un match reporté si près du coup d’envoi. « QUAND AVEZ-VOUS APPRIS que ce match était reporté ? – Cinq minutes avant le coup d’envoi, alors que les mecs étaient prêts à com- battre. On voulait jouer mais c’est de la responsabilité de l’arbitre et on respecte sa décision. C’est un peu égoïste mais on avait une journée de récupération sup- plémentaire par rapport aux Irlandais et on avait tout intérêt à jouer. – Pensez-vous que toutes les pré- cautions ont été prises pour que cette rencontre se déroule ? – Oui, tout a été fait en amont. La pelouse a été bâchée depuis France-Ita- lie, on a fait l’entraînement du capitaine ailleurs, une nouvelle fois. J’avais ren- contré l’arbitre vendredi soir, il était très confiant. Quand on est arrivé au stade, on a eu l’impression que la pelouse était plus souple que l’autre samedi. – Dans quel état d’esprit étiez- vous lorsque l’arbitre vous a annoncé sa décision ? – Frustré. Mon vestiaire était bouillant, mes joueurs vraiment prêts. Maintenant, ce n’est pas notre choix, mais on préfére- rait jouer samedi ou dimanche prochain plutôt que dans trois semaines. Dans ce cas de figure, on disputerait quatre matches du Tournoi d’affilée. Par ail- leurs, on souhaite jouer la semaine pro- chaine car tout a été préparé : nos sys- tèmes de jeu, la vidéo... – Avez-vous déjà vu un match reporté à cause du froid lorsque vous entraîniez Sale, en Angle- terre ? – À domicile, jamais. Mais une fois, aux Wasps (à Londres), car ils avaient oublié de chauffer la bâche. L’arbitre était déjà M. Pearson... Mais c’était une heure avant le coup d’envoi. Cinq minutes avant, je n’ai jamais vu ça. – Qu’avez-vous programmé pour cette semaine ? – On attend la décision du comité des SixNations. Laseulechosecertaine, c’est un dîner tranquille avec nos épouses qui étaient invitées pour ce match. » ARNAUD REQUENNA I SOIRÉE PARISIENNE POUR LES JOUEURS. – Les joueurs de l’équipe de France devaient dîner en famille, puis passer la nuit à l’hôtel Concorde Saint- Lazare, en plein cœur de Paris, avant de normalement rentrer dans leur club ce dimanche, comme cela était prévu. Mais la plupart des joueurs interrogés n’étaient sûrs de rien et en cas d’un report du match à dimanche prochain, ils pourraient alors rester à Marcoussis toute la semaine. plus délicate. « Ici, on n’a pas affaire à un public local, souligne Bilalian. C’est une compétition internationale avec des gens qui viennent de loin. Le type qui vient d’Irlande, il a pris son ticket il y a un an. Comme il sait que le match est à 21 heures, il prend son avion à midi, il arrive à 17 heures, le temps d’aller tranquillement debistrot enbis- trot jusqu’au match... Et, parmi les spectateurs français, beaucoup vien- nent de province, en avion ou en train, dans la perspective d’arriver à Paris en fin d’après-midi. On risquait donc de jouer dans unstadeàmoitiévide. Dans ce cas-là, un report ou une annulation me paraissent plus sages. » Quant à la date à laquelle sera fixé ce France-Irlande, Bilalian avoue son ignorance, même si France Télévisions sera consultée et ne s’accrochera pas mordicus à un prime time : « Tout le monde est un peu dérouté. La semaine prochaine ? Il faut voir, je n’ai aucune idée. En plus, il semblerait qu’il y ait un match du Top 14 programmé au Stade de France samedi prochain (Stade Français-Toulon, à 16 h 15 sur Canal +). C’est le comité du Tournoi qui va décider. » JOCELYN LERMUSIEAUX (*) Fixé il y a plus d’un an, comme l’horairedetoutes les rencontres duTour- noi 2012. TOURNOI DES SIX NATIONS (2 e journée) – FRANCE - IRLANDE REPORTÉ Les officiels chargent l’arbitre M. Dave Pearson a pris seul la décision de reporter le match, mais il était impossible de demander aux responsables pourquoi il avait dû la prendre. À21 H 40, M me CHRISTINE CONNOLLY, du Comité des Six Nations, s’est présentée dans l’auditoriumface aux médias, cernée par Pierre Camou, président de la FFR, et Jacky Laurans, membre du Comité des Six Nations. Elle est venueexpliquer ladécisionde l’arbitreM. Pear- sondereporter ceFrance-Irlande. Aupréalable, quelques officiels zélés avaient expliqué au large contingent de journalistes français et bri- tanniques que la conférence de presse serait d’inspiration nord-coréenne et qu’il leur serait interdit de poser la moindre question ou de voir M. Pearson, lequel refusait de se justifier. Veste foncée, cheveux noirs très courts et visi- blement très mal à l’aise, Mme Connolly a ouvert le bal : « Malheureusement, sur avis de M. Dave Pearson, nous avons été obligés de repousser le match. L’arbitre est venu voir le terrain vendredi, alors qu’il était couvert. Il a estimé qu’il était possible de jouer. Il l’a revu à 19 heures ce samedi et le terrain était prati- cable. Il a ensuite estimé que, pendant les deux heures qui séparaient du coup d’envoi, le ter- rain s’était dégradé, qu’il était gelé à plusieurs endroits, donc dangereux et injouable. Le match est repoussé. » Hier soir, aucune décision n’était évidemment prise quant à la date du report : « Elle sera annoncée aussi rapidement que possible. Nous essayons derejouer ces matches dans les week- ends de repos. Soit le week-end prochain, soit dans trois semaines. La décision sera prise après consultation avec les Fédérations des deux équipes (sans doute lundi). » Pour infor- mation, le Stade de France est déjà occupé par l’affiche Stade Français-Toulon comptant pour la 18 e journée du Top 14, samedi prochain. Dans trois semaines, les clubs français, qui ont déjà joué sans leurs internationaux ce week- end, disputeront la 19 e journée du Champion- nat, le vendredi 2 mars, et devraient alors se passer une nouvelle fois de leurs internatio- naux, ce qui promet un savoureux débat sur fond de cadences infernales et de qui dédom- mage comment et de combien ? Assis à la gauche de Mme Connolly, Pierre Camou, président de la FFR, après s’être exempté de tout reproche, affichait une colère tout en retenue : « J’ai tenu à venir bien que ce match soit sous la responsabilité des Six Nations et de M. l’arbitre. Je vais essayer d’être calme. Je dirai mes regrets et mondésappointe- ment pour ne pas dire plus fortement mon res- senti. » Camou : « Pas certain que la sécurité soit un argument primordial » Puis le patron de la Fédération, au milieu d’un discours sincère mais aussi alambiqué qu’improvisé, s’en est pris ouvertement à M. Pearson : « Je pense que M. l’arbitre – qui est absent ici ce soir car il ne veut pas s’exprimer – était au courant, savait et a vu le terrain. Je ne suis pas certainqu’à20 heures l’argument dela sécurité soit un argument primordial. Nous (la Fédération) sommes les premiers, et nous l’avons pris la semaine dernière et cette semaine la décision d’annuler tous les matches de Fédérale 1, 2, 3 sur le territoire français parce que c’était de la possibilité de notre déci- sion. Mais dans ce cas précis, nous sommes acteurs. En aucun cas décisionnaires et je suis totalement triste, pour ne pas dire plus, pour tous ceux qui ont fait le déplacement. » La vague de froid qui frappe l’Europe dure depuis maintenant deux semaines. Elle a donc laissé toute latitude aux acteurs et décision- naires pour anticiper cette situation et prendre des mesures, comme faire jouer le match plus tôt dans l’après-midi : « On m’a souvent parlé d’avancer le match. Çane dépendpas demoi », anticipait Camou. « Surtout je respecte trop tous lessupporters qui arrivent deNavarreet du sud de la France et qui avaient programmé leur voyage à une heure précise pour assister à un match précis. C’était mon contrat avec eux. C’est pour celaquenous nesommes jamais ren- trés dans ce débat. Il y a un contrat avec un bil- let. Une heure précise, un spectacle. » La plupart d’entre eux devront soit se faire rem- bourser, soit reprendre des billets d’avion, de train et des chambres d’hôtel à Paris. Ce n’était pas dans lecontrat nonplus. « Jesuis profondé- ment déçu », reprenait un Pierre Camou qui ne décolérait pas. Il ironisait à juste titre : « Je pourrais éventuellement préciser que les moins de 20 ans ont joué à Grenoble, les demoiselles ont joué à Pau, que l’ASM a joué à Clermont- Ferrand, centre thermal par excellence des ter- rains. L’ensemble des matches de rugby ont eu lieu. Et j’ai d’ailleurs cru voir cet après-midi (hier), certainement comme vous, au stade olympique de Rome, par plus 25°C, un match arbitré par un Français. » Pierre Camou, d’ordinaire expert dans l’art de dire le moins possible et qui avait brillé par son silencelors dudernier Mondial, s’est donclâché plus que de raison : « Je n’ai pas à commenter les décisions de l’arbitre qui ne s’exprime pas. C’est sa décision. Elle lui appartient. Il a des arguments pour la prendre. J’ai à la prendre en compte, commeles SixNations, àl’apprécier ou pas. » Le public du Stade de France, jamais avare de sifflets, s’était chargé, une bonne demi-heure plus tôt, de signaler qu’il avait apprécié. Ou pas. RENAUD BOUREL Combiençacoûtera? LE COÛT DU REPORT d’une rencontre est difficile à chiffrer. Là aussi, le flou artistique est le plus total. C’est le Consortium du Stade de France qui organise, c’est donc lui qui prend en charge le coût d’une manifestation, quelle qu’elle soit, et il partage les recettes avec les acteurs. Pour le match d’hier, tous les billets avaient été vendus et tous les événements de relations publiques ont pu avoir lieu dans les loges. Le match contre l’Italie avait généré 1,5 million d’euros de béné- fices et une recette de 300 000 euros pour la FFR. Hier, il y a évidemment un manque à gagner pour tout ce qui est vente de produits dérivés, boissons, sandwiches... Il faudra aussi sans doute rembourser des billets pour les supporters qui ne pourront serendreaumatchreporté, mêmesi cesont les assurances qui s’occuperont de ça. – A. M. Des Bleussifflés et déconfits MORGAN PARRA, qui espérait jouer, a constaté que la pelouse du Stade de France se dérobait par endroits. PAS UNE FAUTE, pas un en-avant. On rigole... Mais des grimaces, un peu quand même. « J’ai déjà joué sur des terrains pires, avec de la neige », confie Nicolas Mas. Le pilier de Perpi- gnan a appris, comme tout le vestiaire français, le report du match à 20 h 55, échauffement et préparation mentale terminés. Alors, à 22 heures, douchés sans avoir joué, en costume avant de rejoindre leurs compagnes, les Bleus répètent : « L’arbitre a pris une déci- sion, on la respecte. » « Il était préfé- rable de ne pas jouer pour éviter un accident bête, avoue Aurélien Rouge- rie, un dur de chez dur pourtant. À cer- tains endroits du terrain, s’il avait dû y avoir des mêlées, les joueurs auraient pu glisser et tomber sur la tête. » « On nous a dit, à l’échauffement, que tout était mis en œuvre pour que le matchait lieu. Onvoulait jouer, avance MorganParra. Et si onnous avait dit de jouer, j’y serais allé le premier. » Le demi de mêlée des Bleus, qui retrou- vait une place de titulaire, a pourtant constaté que le terrain était en partie gelé. « Dans les 22 mètres, je n’avais pas d’adhérence au sol pour buter. J’avais d’ailleurs prévenu qu’on cher- cherait la touche sur certaines pénali- tés, plutôt que de rater 3 points. » Jonathan Sexton, le buteur irlandais, a constaté le même problème. « Sexton a repéré des coins gelés. Il a échangé à ce sujet avec Parra », dévoile Paul O’Connell, le capitaine irlandais. Papé : « Il faut comprendre la colère du public » On apprend à Morgan Parra que le public du Stade de France, dans cette soirée délirante, n’a été informé qu’à 21 h 10 du report de la rencontre. « C’est pour ça que les gens nous ont sifflés ? On a cru que c’était pour nous ! On voulait faire un tour d’hon- neur, on sort et on se fait siffler... » Encore un bon point pour l’organisa- tion. Pascal Papé glisse : « Il faut accepter la décision et comprendre la colère du public. » Mas avoue son embarras, si les Bleus jouent le week- end prochain : « J’ai un match très important avec l’USAP contre Biarritz. Jen’ai pas encore eumon club, mais ce report m’ennuie. » Onfait remarquer à Rougerie que Cler- mont a joué et écrasé le Racing hier après-midi, par une température effrayante. Le capitaine auvergnat confie : « La pelouse a été bâchée et chauffée comme ici. Ils ont eu la chance de jouer à 15 heures et ça fait toute la différence, sans doute. » ARNAUD REQUENNA Jean-PierreBastiat. (Photo L’Équipe) SAINT-DENIS(Seine-Saint-Denis), STADEDEFRANCE, HIER. –18h41: les stadiers, après avoir attenduledernier moment, commencent àdébâcher lapelouse(photo1). 20h42: certaines surfaces duterrainétant manifestement gelées, les jardiniers ont sorti unemachinesoufflant del’air chaud... Envain(photo2). 21h14: lemessageducomitédes SixNations est clair. Lematchest officiellement reportéàunedateultérieure(photo3). 21h18: certains Irlandais (dont RonanO’Gara, deface) n’ont puse priver d’unpetit passagesur lapelouseduStadedeFrance, histoiredesedégourdir les jambes et defairebaisser lapression(photo4). (Photos BernardPapon/L’Équipe) SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, HIER. – Philippe Saint-André (à droite), en discussion avec son homologue irlandais, Declan Kidney (de profil), et Dave Pearson, l’arbitre anglais (caché) qui a pris la décision de ne pas faire jouer le match. (Photo Bernard Papon/L’Équipe) PAGE 2 DIMANCHE 12 FÉVRIER 2012 RUGBY Tournoi 2012 (2 e journée) Hier Aujourd’hui Classement 5 Écosse 0 1 0 0 1 6 13 - 7 Points Joués Gagnés Nuls Perdus Pts pour Pts contre Différence Italie - Angleterre, 15-19 France - Irlande, reporté Pays de Galles - Écosse, 16 heures 3 e journée (samedi 25 et dimanche 26 février) : sam. : Irlande - Italie (14 h 30) ; Angleterre - pays de Galles (17 heures). dim. : Écosse - France (16 heures). 4 e journée (samedi 10 et dimanche 11 mars) : sam. : Pays de Galles - Italie (15 h 30) ; Irlande - Écosse (18 heures). dim. : France - Angleterre (16 heures). 5 e journée (samedi 17 mars) : Italie - Écosse (13 h 30) ; Pays de Galles - France (15 h 45) ; Angleterre - Irlande (18 heures). 1 re journée (samedi 4 et dimanche 5 février) : France - Italie, 30-12 ; Écosse - Angleterre, 6-13 ; Irlande - pays de Galles, 21-23. Restent à jouer Déjà joués Angleterre 4 2 2 0 0 32 21 + 11 1 Irlande 0 1 0 0 1 21 23 - 2 4 3 Pays de Galles 2 1 1 0 0 23 21 + 2 France 2 1 1 0 0 30 12 + 18 2 Italie 0 2 0 0 2 27 49 - 22 6 Programme en heure française. Retrancher une heure pour les matches disputés au Royaume-Uni et en Irlande. Toutes les rencontres en direct sur France 2. LE DESSIN L’échec du Stade de France IMMÉDIATEMENT, ça m’a rappelé Durban, en 1995. On avait attendu deux heures et demie avant de jouer contre les Springboks en demi-finales de Coupe du monde. Les conditions atmosphériques étaient catastro- phiques. Un déluge, le terrain transfor- mé en rizière. Mais on ne risquait pas de se noyer. Aujourd’hui, à l’heure du rugby pro, ce match aurait été annulé. Là, enrevanche, contrel’Irlande, il n’y a pas de discussion possible : c’était injouable. Le joueur qui tombait se serait fait très mal. Et le thermomètre descendait d’un cran toutes les demi-heures. C’est la première fois que je vois ça. Je ne sais pas comment on fait, par exemple, dans les pays d’Europe de l’Est pour prati- quer un sport de plein air le soir. On peut aussi se demander si le Stade de France est équipé pour les noc- turnes en hiver. Pourquoi n’avons- nous pas un terrain susceptible d’accueillir un match du Tournoi le soir quand il fait si froid ? Ça va don- ner une mauvaise image de la France. Et je me mets à la place des Irlandais qui sont venus deloin, enfamille. C’est choquant. Cette annulation, c’est clairement l’échec du Stade de France. Les techniciens ont tout déployé. Mais ce n’était pas suffisant. Ce report fera jaser car les organisateurs ne sont pas capables de maîtriser l’événement, de prendre les devants. Devant mon écran de contrôle, j’ai suivi et j’ai subi les événements. Je reviendrai au stade pour le prochain France-Irlande parce que, dans mon contrat, mon travail de commentateur sur l’équipe de France est prioritaire. Mais je ne sais pas comment je vais m’organiser avec mon club. Ça va poser problème. En attendant, il me reste un match, Gall es-Écosse, à commenter aujourd’hui pour évacuer ma frustration. (*) 64 sélections entre 1991 et 2003. Capitaine du quinze de France. Consultant pour France Télévi- sions. Manager de Montpellier. Report : décisionlundi Aucune information fiable ne filtrait, hier soir, au Stade de France. Le comitédes SixNationssedonneundélai deréflexionpour annoncer la date du report. LE PLUS GRAND FLOU régnait hier soir quant à la date du report, mais aussi quant à la date de son annonce. L’entourage du quinze de France par- lait d’un communiqué dans la soirée. Mais Christine Connolly, la respon- sable de la communication du comité des Six Nations, assurait qu’aucune décision ne serait prise avant lundi, le temps que les deux Fédérations puis- sent se mettre d’accord. Le règlement stipule qu’en cas de report d’un match du Tournoi, il faut le I LES BLEUS DANS L’EXPECTATIVE. – Les joueurs du quinze de France devaient se disperser et rentrer chezeuxcet après-midi. Ils vont évidemment attendred’ensavoir plus sur ladatedureport pour affiner leur programme. Si lematchalieuleweek-endprochain, ils resteront à Marcoussis. Philippe Saint-André avait prévu d’annoncer mardi un groupe de23joueurspour affronter l’Écosse, le26février. Làencore, difficiledesavoir cequi vase passer. Seule certitude : le point presse prévu ce midi est annulé. – A. M. caser dans une date disponible d’ici à la fin de la compétition en cours (il reste donc deux options, le week-end prochain ou celui des 3-4 mars). Si aucune solution n’est trouvée, la ren- contre est reportée à une date ulté- rieure, ce qui la repousserait de plu- sieurs semaines, voire plusieurs mois. Rappelons qu’en 2001 des rencontres du Tournoi n’avaient pu avoir lieu en raison de la fièvre aphteuse et s’étaient déroulées... en septembre et octobre. – A. M. Bienendessous dezéro À quelques minutes du coup d’envoi, l’arbitre a sagement décidé de reporter le match. Trop tard pour éviter le fiasco. CESGENS-LÀn’ont rieninventé. Ils n’ont pas inventé ce bon vieux Tour- noi qui a traversé tant d’hivers sans encombres. Ils n’ont pas inventé les matches reportés pour cause d’intempéries. Ils n’ont pas inventé les terrains gelés. Ils n’ont pas inven- té la machine hybride d’aspirateur et de brasero à marrons supposée lut- ter contre la gelée. Ils n’ont pas inventé les joueurs frustrés, les spec- tateurs furieux, le speaker bafouil- lant à l’instant d’envoyer Thierry Dusautoir se faire huer à leur place. Tenez, ils n’ont même pas été fichus d’inventer le ridicule. Mais hier soir, en une petite demi-heure, ils l’ont singulièrement amélioré. « Ils », ce sont les sombres « techno-crottes » du « comité des Six Nations » qui, par cupidité, par négligence ou par une foi béate dans la supériorité des bâches chauffantes sur les rigueurs de la nature, ont replongé le rugby, qui se gargarise de professionna- lisme, trente-cinq ans en arrière, au plus sombre de son époque brico- leuse. Dîner la conscience tranquille « chez Lasserre » Faute d’une simple répétition, ven- dredi soir – débâchage à 18 heures puis vérification de la dureté de la pelouse à 21 heures, heure du coup d’envoi, plutôt qu’une simple ins- pection de l’arbitre M. Pearson à 18 heures –, ils se sont offert une robuste bronca et ils auraient voulu inventer le hooliganisme dans le Tournoi qu’ils n’auraient pas traité avec plus de mépris les supporters des deux camps qui étaient brave- ment montés à l’assaut de la face nordduStadede France, mieux équi- pés qu’une cordée de secours de la Croix-Rouge. Et on ne parlera même pas ici de la frustration des joueurs, de l’état d’excitation d’un Maestri à quelques minutes d’attaquer sa pre- mière Marseillaise au Stade de France, de la déception d’un Szars- zewki, enfintitulaire au talonnage et de toutes les interrogations que ce match promettait de lever. Le Tournoi s’en relèvera bien sûr, le Tournoi en a vu d’autres. Il a survécu à deux guerres mondiales et à l’évic- tion d’une France trop bagarreuse et pas assez amateur au goût des quatre autres nations dans les années trente. Il asurvécuauboycott de l’Irlande par l’Angleterre et l’Écosse, en 1972, au plus fort des troubles en Irlande du Nord. Il a sur- vécu à une épidémie de fièvre aphteuse qui contraignit au report antici pé d’Irlande- Angleterre, Grand Chelem en jeu, en 2001 (les Irl andai s l ’avai ent fi nalement emporté en octobre). Et pour qu’un matchpuisse avoir lieu avant guerre, on a même brûlé des bottes de pailles sur le terrain du stade Yves-du-Manoir à Colombes. Tenez, ça n’était même pas la pre- mière fois qu’un France-Irlande s’annonçait par un temps à ne pas mettre un trois-quarts aile dehors. En 1978, dans le vieux Parc des Princes trop tard bâché, il avait même fini par se dérouler sur un ter- rain à se retrouver avec la clavicule dans la poche au premier plaquage. Les vieux croûtons d’alors avaient fait mine de s’intéresser à la santé de leurs « ruggers » amateurs et l’image est restée des dirigeants irlandais, le pantalon relevé jusqu’à la rotule, se fendant d’une génufle- xion circonspecte pour tâter du très relatif moelleux de la pelouse. Sur cette patinoire, le jeune demi de mêlée Jérôme Gallion, vingt-deux ans, avait inscrit un essai d’une classe folle et la France l’avait emporté d’un point (10-9). Imprudent sans doute, et onnepour- ra reprocher au bonasse monsieur Pearson d’avoir pris une décision propre à assurer la sécurité de joueurs. On saura lundi à quelle date pourra se disputer ce match dans le calendrier embouteillé du rugby d’aujourd’hui. Les bons apôtres diront que ce ne sont là que péripéties et que même l’équipe de France a connu dans le passé de pareils aléas. Il est vrai qu’en 1985, un France - pays de Galles qui craignait pareillement la gelée avait été reporté du 18 janvier au 30 mars, sans que la face du Tour- noi en soit changée. L’immense dif- férence, c’est que le président de la Fédérationfrançaise Albert Ferrasse, en despote éclairé, avait pris sa déci- sion dès le jeudi précédant la ren- contre. Sans doute juste avant de s’en aller dîner la conscience tran- quille « chez Lasserre » en compa- gnie des dirigeants gallois. Hier soir, Pierre Camou, qui n’avait pas la main sur les leviers de com- mande de ce match, a brillé par son absence au milieu de la pelouse du Stade de France. Juste comme durant la Coupe du monde quand le torchon s’était mis à brûler entre Marc Lièvremont et ses joueurs. Mais on n’avait pas attendu ce pénible fiasco, bien en dessous de zéro, pour réaliser qu’à la FFR, l’héri- tier de notre vieux despote n’est qu’une potiche. PIERRE MICHEL BONNOT SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – Comme le montre le visage de Morgan Parra, le demi de mêlée qui fait la moue (au premier plan), suivi par François Trinh-Duc, c’est la déception qui régnait dans les rangs tricolores. (Photo Bernard Papon/L’Équipe) TOURNOI DESSIXNATIONS(2 e journée) – FRANCE- IRLANDEREPORTÉ B O U T I Q U E S P A R I S 10, Place Vendôme • 271, rue Saint-Honoré T H E A R T O F F U S I O N King Power Red Devil. Chronographe 45 minutes central en ceramique noire inrayable. Cadran saphir avec index contenant du gazon veritable du Stade de Old Trafford. Bracelet en caoutchouc. Série limitée 500 exemplaires. L’ŒIL de Fabien GALTHIÉ * DIMANCHE 12 FÉVRIER 2012 PAGE 3 RUGBY S AI NT - DE NI S ( Sei ne- Sai nt - Denis), STADE D E F R A N C E , HIER. – Quelques minutes avant l ’ annonc e du r e p o r t d u match, les sup- p o r t e r s f a i- saient encore la fête dans les tri- bunes. Ensuite, qu’ i l s s oi ent f r a n ç a i s ( à g a u c h e ) o u i r l andai s, l es supporters fai- saient la moue. (Photos Jérôme Pré- vos t et Ber nar d Papon/L’Équipe) C’ÉTAIT UNE DRÔLE de sensation de voir tous ces gens quitter le stade sans avoir vu de match. Pas de vainqueur, pas de vaincu. Pas de cris de joie ni de drapeaux qui s’agitaient. La fête était terminée avant d’avoir commencé. Et la majorité des spectateurs avait du mal à digérer cette annulation. Éric, la bonne cinquantaine, monté de Perpignan spé- cialement, n’était pas en colère mais résumait assez bien le sentiment géné- ral : « C’est une honte. Le plus grand stade de France n’est pas capable de faire en sorte qu’onjoue. Mais on est où là ? On est grotesque. J’ai regardé Ita- lie-Angleterre : à Rome, le terrain était couvert de neige et le match a bien eu lieu. Franchement, c’est dingue. S’il y avait cinq centimètres de neige, j’aurais compris. Ça fait cinq jours qu’on sait qu’il va faire ce temps-là. Les clubs en Top14, ils se font cartonner quandils ne peuvent pas organiser un match. Là, c’est laFédérationet onva voir ce qui va se passer. En tout cas, je ne suis pas sûr de revenir. » Aurélie et Antoine, eux, savent qu’ils ne reviendront pas. Arrivés de Clermont- Ferrand, ils expliquent : « On ne peut pas venir à Paris toutes les semaines. Ce qui est fou, c’est qu’on recevait plein de SMSpour nous dire que lematchn’avait pas lieu alors qu’officiellement on ne nous avait rien dit. On nous a laissés poireauter. Quand je pense que ça a joué chez nous à Clermont cet après- midi (Clermont recevait le Racing- Métro et le terrain avait été bâché toute la semaine avec six aérateurs). » Des supporters irlandais en colère Hyacinthe, lui, est furieux : « Il y a quatre jours que ce match aurait dû être reporté. On fait venir 80 000 personnes pour ça ! Tout le monde savait que le mach n’allait pas avoir lieu. Mon chauf- feur de taxi me l’avait annoncé ce matin. » Jean-Marc, la quarantaine, approuve : « Le terrain n’a pas gelé ce soir. C’est n’importe quoi. On espère revenir, mais si le match a lieu pendant les vacances scolaires, on ne pourra pas. » Quant aux Irlandais, ils ont quitté le Stade de France en pestant : « C’est un scandale, expliquait une dameenvelop- pée dans un grand manteau noir. On vient de Londres. On a tout payé. Le voyage, lebillet pour lematch, l’hôtel. » À côté, un de ses compatriotes se demandait comment un si beau stade pouvait être si peu efficace dans ce genre de situation : « C’est incroyable. On aurait dû être prévenus il y a trois jours. Je viens de Dublin et je ne sais si je vais revenir. » BRUNO VIGOUREUX Unechancepour legrandstadeFFR France-Irlande reporté pour cause de terrain gelé, quelle formidable publicité indirecte faite au projet du grand stade FFR, qui devrait avoir son toit ouvrant à l’horizon 2017 ! LEREPORT DUMATCHd’hier soir entre Français et Irlandais, pour cause deterrain gelé, va se trans- former enunmagnifique argument pour les défen- seurs du grand stade dont la FFR a lancé le projet, qui est entré aujourd’hui dans sa dernière ligne droite. Les deux dossiers retenus par la FFR et qui s’acheminent vers la candidature finale, Évry- Centre Essonne/Ris-Orangis et Thiais-Orly, ont intégré les désirs du président de la FFR, Pierre Camou, et des deux chevilles ouvrières du projet, Serge Blanco, président du Biarritz Olympique, et Paul De Keerle, directeur financier de la FFR. Leurs projets de stade répondent au cahier des charges : toit ouvrant et pelouse rétractable. Hier soir, si le Stade de France avait disposé d’un toit ouvrant, en l’occurrence fermé, France-Irlande se serait joué. Comme le sera cet après-midi Galles-Écosse au Millennium de Cardiff, et ce malgré les tempéra- tures négatives qui sévissent dans la région. Maîtrise de l’outil de production LeMillenniumStadium, construit pour laCoupedu monde 1999 et inauguré en juin de la même année, fut le premier stade du Royaume-Uni à dis- poser d’untoit ouvrant totalement. Ainsi, les orga- nisateurs, en fonction des prévisions météorolo- giques, ont tout loisir pour décider si le toit doit rester ouvert oufermé, protégeant ainsi la pelouse et l’enceinte des plus sévères intempéries. Il per- met d’organiser toutes les manifestations en fai- sant fi des caprices du ciel. C’est pourquoi la FFR a fait du toit fermé l’une de La maquette du projet de grand stade, réalisée par les porteurs du dossier de candidature d’Évry-CentreEssonne. (Illustrationextraite dudossier de presse Évry-Centre Essonne) TOURNOI DES SIX NATIONS (2 e journée) – FRANCE - IRLANDE REPORTÉ ÇagrogneenTop14 De Pierre Rabadan à Laurent Labit, en passant par Toulon et Clermont, le monde du Top 14, joueurs, entraîneurs et dirigeants, n’apprécie pas ce report, synonyme de doublon. G MouradBOUDJELLAL (Président de Toulon) : « Je dis depuis quelque t e mp s q ue l e monde du rugby est passé de la pré- histoire à la déca- d e n c e s a n s connaître la civili- sati on. J’ en ai encore la preuve ce soir. Cette fois, l’arbitre n’y est pour rien. Il est curieux, avec cette température polaire, qu’on découvre qu’une pelouse peut geler à 21 heures. Il est impensable qu’on puisse déplacer 80 000 spectateurs alors que ces aléas étaient prévisibles par un enfant de cinq ans. C’est moins que de l’amateurisme. 50 000 places ont déjà été réservées (pour le match Stade-Français - Toulon, samedi pro- chain au Stade de France à 16 h 15). Et je ne vois pas comment l’équipe de France pourrait jouer. » – P. M. G Pierre RABADAN (troisième- ligne du Stade Français) : « J’étais au Stade de France. Quelle frustration ! J’ai vu tellement de gens désabusés à la sortie du stade. Je ne pense pas que les spectateurs reviendront une deu- xième fois ; tout le monde ne peut pas se payer deux week-ends de suite à Paris. C’est impensable de ne pas avoir anticipé cette situation. Le froid, il ne date pas d’hier. Je suis stupéfait. J’espère seulement que ça ne va pas jouer samedi prochain, car nous affrontons Toulon au Stade de France. Et j’espère qu’ils auront dégelé le ter- rain. Detoute façon, çavafaireundou- blon de plus. Et c’est catastrophique pour le rugby français. Le public ne comprend pas, c’est d’ailleurs difficile- ment explicable qu’un grand sport puisse fonctionner avec un tel calen- drier. Les doublons pénalisent les clubs avec des internationaux. En fait, tout cela manque tellement de cohé- rence… » – R. E. G Jean-Marc LHERMET (manager de Clermont) : « Je ne connais pas quel était le degré de dangerosité du ter- rain, mais j’espère que ce n’était pas seulement deux zones de 5 mètres car- ré qui étaient gelées, sinon c’est vrai- ment se foutre de lagueule des specta- teurs et des gens qui étaient devant leur télévision. Mais si l’intégrité des joueurs n’était pas assurée, alors c’était la bonne décision. Je me demande également si tout a été fait pour permettre à la rencontre de se dérouler, quand je vois que l’on a joué à Clermont alors qu’il faisait – 6 °C, je suis assez surpris. Je ne sais pas main- tenant comment ça va se passer pour la mise à disposition des joueurs inter- nationaux pour le report de la ren- contre, car la convention passée avec la Fédération ne prévoit pas d’autres dates pour les libérer. » – J.-P. M. G Simon GILLHAM (vice-président de Brive) : « À titre personnel, ça me dérange, car j’étais au stade. J’avais invité des amis irl andai s. Et j e viens de voir que les billets ne seront pas remboursés. C’est écrit en tout petit derrière le bil- let. C’est scandaleux. Ils peuvent être réutilisés, mais pas remboursés. Et mes amis n’auront pas les moyens de revenir samedi prochain ou le 3 mars. Onn’a pas de préférence sur la date du report, ça ne changera rien. (samedi prochain, Brive reçoit Castres, le 3 mars, ils accueilleront le Stade Fran- çais. On a vu ce week-end que les équipes qui étaient privées de leurs internationaux ont enregistré de bons résultats. On ne se focalise que sur nous et sur le maintien du club en Top 14. » – M. C. G Laurent LABIT (coentraîneur de Castres) : « Cette annulation du match, c’est dommage. Ça tombe sur le rugby, une fois de plus comme c’est le cas ces derniers temps. Après, il faut regarder les choses globalement, avec le Stade de France qui n’est pas direc- tement géré par la FFR. Mais bon, quand même, on a fait venir les sup- porters des Bleus qui apprennent au dernier moment que la rencontre n’a pas lieu ! O.K., on dit que l’on va rem- bourser leurs billets, mais ces per- sonnes ont payé une nuit d’hôtel pour certains, le trajet, ce n’est pas rien ! On peut aussi se poser des questions sur notre pays qui n’est pas en mesure d’avoir un stade avec une pelouse chauffée ! Nous, on a fait une Coupe du monde de football en construisant un grand stade. En Allemagne, ils en ont profité pour rénover des enceintes, les moderniser, en construire… Avec l’Euro de 2016, est-ce que l’on va se contenter de quelques briques et pots de peinture ? » – K. B. G Bernard LAPORTE (manager de Toulon) : « Je trouve ladécisionpour le moins regrettable. Ma pensée va aux spectateurs qui se sont déplacées ce soir au Stade de France. Je ne com- prends pas qu’à la Fédération on n’ait pas anticipé. On savait depuis quatre ou cinq jours que les conditions allaient être difficiles. Il fallait déplacer l’heure du match en après-midi. À un moment donné, il faut se foutre des exigences des télévisions. Auseinde la FFR, il faut se rendre compte qu’il y a beaucoupde nantis, dont je fais partie. Ils ne se rendent pas compte de l’argent que ça coûte aux passion- nés. » – P. M. ses priorités. « Nos exigences, a déclaré Pierre Camou sur le sujet, sont un toit ouvrant et une pelouse rétractable. » Serge Blanco et Paul De Keerle, lors de leurs diverses visites à travers le monde pour visiter les stades les plus modernes, ont retenuquelques belles idées. Lenouveaustade des Cowboys de Dallas, à Arlington, avec ses 210 000m² de toiture, est unexemplede ce que la FFR aimerait réaliser pour garantir son « indépen- dance financière » et « le développement » du rugby. Hier soir, les spectateurs qui avaient bravé le froid pour venir encourager le quinze de France, ont quitté le Stade de France avec la frustration de ne pas avoir pu assister au spectacle pour lequel certains avaient programmé d’assister depuis des mois. Une phrase sortie récemment de la bouche de Pierre Camou prenait soudain toute sa signifi- cation : « Le rugby français, àl’image den’importe quelle entreprise, doit désormais être maître de sonoutil de production. »Hier soir, il nel’était pas. GILLES NAVARRO «LaMarseillaise» àladescente dubus AU MOMENT où les Français descen- daient dubus dans letunnel duStadede France à 19 h 19 précisément, les musi- ciens militaires jouaient à blanc les hymnes qu’ils n’avaient pu répéter la veille pour cause de pelouse protégée. Après une mise en place au cordeau ils ont enchaîné plusieurs morceaux avant de termi ner avec la Marseill aise juste quand les joueurs pénétraient dans le vestiaire comme le montrait l’écran géant. Quelques minutes plus tard, le premier à venir tester le terrain pendant que les stadiers éliminaient quelques plaques de gel coriaces à grands coups de balais-brosses fut Vin- cent Clerc qui multiplia les change- ments d’appuis à course raisonnée pour éprouver la pelouse. – S. T. I R OU MAT A RE MI S L E S MAILLOTS SOBREMENT. – Après Gérald Martinez pour France-Italie, c’était autour d’Olivier Roumat (45ans, 61 sélections entre 1989 et 1996) de vivre au contact des Bleus, hier. L’ancien capitaine de l’équipe de France, arrivé au Novotel de Roissy vers 16 heures, a remis les maillots aux deu- xième-ligne, pouvant regarder dans les yeux Yoann Maestri – 2,01 m comme lui –qui fêtait sapremière titularisation. « Ça s’est bienpassé. J’ai été très sobre, témoigne Roumat. Quand je jouais, je n’aurais pas aimé qu’on vienne me don- ner des conseils si près du match, alors je m’en suis gardé. Et puis, que leur dire ? Ils se sont préparés toute la semaine au combat et je les sentais prêts. » Olivier Roumat, juste après la remise des maillots, a emprunté le bus jusqu’au Stade de France. Il était au milieu des Bleus, heureux, sur la pelouse « très dure », trois quarts d’heure avant le coup d’envoi. « J’ai vraiment apprécié l’invitation de Phi- lippe (Saint-André). Je sais que ça va continuer, qu’il y aura des joueurs de diverses générations. C’est vraiment bien, pour conserver un lien en équipe de France. » – A. R. I À SAINT-DENIS COMME À BOURGOIN ! – Huit jours après le report au tout dernier moment de France-Italie comptant pour le Tournoi des moins de 20 ans, prévu en nocturne à Bourgoin et donc remis en raison d’un terrain gelé, les Bleus n’ont pu affronter les Irlandais au Stade de France pour la même raison ! La leçon n’aura donc pas été retenue par le comité des Six Nat i ons, et Fr ance Tél évi si ons (France 4, puis France 2) en a fait les frais. – B. D. Soir decolère Le public du Stade de France ne comprenait pas pourquoi le match prévu hier soir à 21 heures n’avait pas été reporté plus tôt. A C T U E L L E ME NT LE MAGAZINE DE TOUS LES CYCLISMES. 5,5 € SPÉCIAL SAISON2012 Le guide des équipes, le calendrier des courses, les 50 coureurs à suivre, le guide des cyclos…172 pages. + Matériel : quel vélo choisir pour affronter les pavés du Nord ? NOUVELLEFORMULE Soir decolère Le public du Stade de France ne comprenait pas pourquoi le match prévu hier soir à 21 heures n’avait pas été reporté plus tôt. PAGE 4 DIMANCHE 12 FÉVRIER 2012 Noir Jaune Bleu Rouge 1 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e * 64 e ANNÉE - N o 20 308 1,10 / France métropolitaine Dimanche 14 février 2010 www.lequipe.fr LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE LES VERTS ONT TRINQUÉ JEUX OLYMPIQUES FOOTBALL En dominant les Irlandais dans tous les compartiments du jeu, les Bleus ont remporté une brillante victoire (33-10) hier au Stade de France et occupent la première place du Tournoi des Six Nations après deux journées, en attendant Italie-Angleterre aujourd’hui (14 h 30). (Pages 2 à 6) SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – L’Irlandais Paul O’Connell, soulevé par Thierry Dusautoir (n° 6) et les avants français, sous les yeux de Morgan Parra (premier plan), se retrouve projeté au-dessus du maul. Image symbole d’un quinze irlandais dépassé par des Bleus plus efficaces, plus forts et plus conquérants. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) L’OM RAFLE LA MISE (Page 14) MONTPELLIER TAQUINE BORDEAUX MONACO, STADE LOUIS-II, HIER. – Victorieux à Monaco (2-1), grâce notamment à un Mathieu Valbuena très en jambes (qui bute sur Stéphane Ruffier), Marseille, avec toujours un match en retard, reste à portée de podium. (Photo Félix Golesi/L’Équipe) Vainqueurs de Grenoble (1-0), les Montpelliérains sont revenus à hauteur de Bordeaux, qui reçoit ce soir (21 heures) Saint-Étienne. (Pages 13 et 17) LYON AU CHAUD (Page 15) DORIN ET DE BRONZE (Pages 8 à 11) (Photo Jérôme Prévost/L’Équipe) L’ÉQUIPE dimanche, lundi : ALLEMAGNE, 2,20 /; AUTRICHE, 2,80 /; BELGIQUE, 1,60 /; CANADA, 4,25$CA; DOM, 1,70 /; ESPAGNE, 2,10 /; GRÈCE, 2,30 /; ITALIE, 2 / ; IRLANDE, 2 /; LUXEMBOURG, 1,60 /; MAROC 15 MAD; PAYS-BAS, 2,20 / ; PORTUGAL CONT 2,30 /; ROYAUME–UNI, 1,50£; SUISSE 2,60 FS; TUNISIE 2,40 DIN 2 0 1 0 . R IC A R D E S T U N E M A R Q U E E N R E G IS T R É E D E P E R N O D R IC A R D S .A . - D E S IG N C A R A F E : G A R O U S T E & B O N E T T I - D E S IG N V E R R E : O .G A G N È R E / K R É O . RÈGLES DE L’ART DANS LES POUR PRÉPARER UN RICARD, IL FAUT VERSER 1 VOLUME DE RICARD, 5 VOLUMES D’EAU ET ENFIN AJOUTER DES GLAÇONS. 3:HIKKSC=ZUVVUX:?a@m@b@o@a; M 00825 - 214 - F: 1,10 E Noir Jaune Bleu Rouge 2 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Questions... ... DU JOUR L’équipe de France remportera-t-elle le Grand Chelem cette année ? www.lequipe.fr entre 6 heures et 23 heures ou envoyez OUI ou NONpar SMS au 61008 (0,34 euro+coût d’un SMS). ? ... D’HIER Nombre de votants : 20 335 L’équipe de France battra-t-elle àVancouver sonrecordde médailles (11) aux JOd’hiver ? OUI 40 % NON 55 % NSP 5 % Fondateur : Jacques GODDET Direction, administration, rédaction et ventes : 4, cours de l’Ile Seguin, 92102 Boulogne-Billancourt BP 10302. Cedex 9. Tél. : 01-40-93-20-20.. SAS INTRA-PRESSE Capital : 2.167.240 /. Durée : 99 ans. Principal associé : S.A. Éditions P. AMAURY. Président : Marie-Odile AMAURY. S.N.C. L’EQUIPE Capital : 50 000 /. Durée : 99 ans du 26 juillet 1985. Siège social : 4, cours de l’Ile Seguin, 92102 Boulogne-Billancourt BP 10302. Gérant : Marie-Odile AMAURY. Principal associé : SAS INTRA-PRESSE. Directeur général, Directeur de la publication : François MORINIÈRE Directeur de la rédaction du quotidien : Fabrice JOUHAUD VENTES AUX PARTICULIERS : Tél : 01-40-93-21-85 ABONNEMENTS : Tél. : 01-55-56-70-60. 22, rue René Boulanger, 75472 Paris Cedex 10. E-mail : abolequipe.presse.fr France métropolitaine, lundi à samedi, 6 mois : 162 / ; 1 an : 324 /. Lundi à dimanche, 6 mois : 186 / ; 1 an : 372 /. ÉTRANGER : nous consulter. IMPRESSION : CINP (77 - Mitry-Mory), CIRA (01 - Saint-Vulbas), CILA (44 - Héric), CIP (13 - Istres), CIMP (31 - Escalquens). Siège social : 25, av. Michelet, 93400 Saint-Ouen. Nancy-Print (54 - Jarville). Siège social : RPI SAS 8, square Chanton,92200 Neuilly-sur-Seine. Dépôt légal : à parution. Publicité commerciale : AMAURY MEDIAS, Tél. : 01-41-04-97-00. Petites annonces : 25, av. Michelet, 93408 St-Ouen Cedex. Tél. : 01-40-10-52-15. Commission paritaire no 1212I82523 ISSN 0153-1069. LU Tirage du samedi 13 février 2010 : 452 332 exemplaires 16 Invaincue depuis 12 matches, l’Irlande n’avait pas encaissé plus de 30 points depuis le 15 mars 2008 contre l’Angleterre (33-10), soit 16 rencontres. LE DESSIN RUGBY ! TOURNOI DES SIX NATIONS (2 e journée) – FRANCE - IRLANDE : 33-10 I JAUZION A PENSÉ À LA SAINT VALENTIN. – Bonne fête qui ? Avez vous pensé à souhaiter une bonne fête à votre chérie ce matin ? Pas facile pour les joueurs du quinze de France d’anticiper la Saint-Valentin. Pris entre la préparation de leur match contre les Irlandais, lematchd’hier soir et larécu- pération de ce matin à Marcoussis, les Bleus n’étaient pas dans les meilleures dispositions pour penser à leurs bien- aimées. Certains ont tout prévu, comme Yannick Jauzion. « J’ai acheté un petit cadeau à ma femme (Barbara) parceque jemesuis dit quesi jen’avais pas le temps d’acheter ou d’envoyer des fleurs... » Prévoyant, le Toulou- sain ! – G. N. I SANS BUVETTE FIXE. – Ç’a dû leur faire drôle aux supporters irlan- dais. Aux Français aussi, d’ailleurs. Ils étaient tous sans buvette fixe. Pas un stand sur le parvis du Stade de France, même pas une tireuse. Rien. Loi Évin, ou quoi ou qu’est-ce, par ce froid polaire (– 1 o C), pour se faire servir une petite mousse, il fallait rebrousser che- min vers le RER. Quant aux tarifs prati- qués, on s’en chagrinera la prochaine fois, mais pour l’accueil on repassera. I DES ENFANTS HANDICAPÉS POUR LA HAIE D’HONNEUR. – Avant que les hymnes soient joués par la musique de la gendarmerie mobile, les joueurs des deux équipes ont péné- tré sur lapelouse entre une haie d’hon- neur constituée par seize personnes, dont des enfants handicapés de l’asso- ciation INJENO. Elle soutient des per- sonnes polyhandicapées et neuro- lésées. – A. R. I LES IRLANDAIS PRO-ÉCOS- SAIS. – Soixante-sixième minute de Galles-Écosse. Dans la salle de presse du Stade de France, les journalistes irlandais, presque plus nombreux que les Français, suivent attentivement le match quandDan Parks inscrit un drop de près de 50 mètres qui met l’Écosse dix points devant les sociétaires du Millennium. Explosion de joie des Irlandais, qui avaient clairement choisi leur camp. Ils sont malgré tout restés « sport » quand les Gallois ont inscrit l’essai de la gagne. – R. B. I NANTES, LYON ET SAINT- DENIS À L’AUTOMNE. – Cela devrait être entériné lors du comité directeur de la FFR jeudi à Marcoussis, mais c’est quasiment officiel. L’équipe de France recevra les Fidji à Nantes, l’Argentine à Lyon et l’Australie au Stade de France lors des tournées de l’automne en France. – H. B. I BUTLER À BOUT DE SOUFFLE. – Présent dans la salle de presse du Stade de France, l’ancien capitaine du pays de Galles Eddie Butler a regardé la victoire in extremis des Gallois sur l’Écosse (31-24) avec beaucoup de cœur. Et il lui enfallu. « Jesuis anéanti, mais ils sont fous, ces Gallois ! Ils pren- nent lebut depénalitéàlafindumatch pour jouer le nul et ils gagnent. Ouf ! », a-t-il reconnu, essoufflé comme s’il avait joué. – S. T. I ASTRE AIMERAIT REVOIR BEAUXIS. – Richard Astre, ancien capitaine et demi de mêlée des Bleus (11 sélections), aujourd’hui consultant pour Radio France sur les matches internationaux, ne cachait pas à quelques minutes du coup d’envoi son attirance pour Lionel Beauxis, selon lui le meilleur ouvreur actuel. « Déjà, il sait tout faire. Ensuite, il traverseleter- rain au pied comme il te tend la main. Enfin, et c’est le plus important, il ins- crit 70 % des points de son équipe. » Vu comme ça, c’est imparable. – R. B. I GALTHIÉ ET LANDREAU EN SALLE DE PRESSE. – Les deux anciens compères du quinze de France et du Stade Français se sont retrouvés hier à Saint-Denis mais en salle de presse. En effet, l’ancienne paire d’entraîneurs du club parisien Fabien Galthié et Fabrice Landreau travaillent tous les deux en tant que consultants pour différents médias : Galthié pour L’Équipe et France Télévisions, et Lan- dreau pour Europe 1. – I. B. I LES BASQUES CLOUÉS AU SOL. – « Dospi » a raté France-Irlande. Pas banal pour un pilier basque de se retrouver cloué au sol. La météo givrante a interdit le décollage du vol Biarritz-Paris, obligeant l’ancien pilier international bayonnais Pierre Dospi- tal et ses amis d’Espeletteàmanquer le premier rendez-vous du Tournoi à Saint-Denis. SOMMAIRE I BONNAIRE LE PREMIER, MAS LE DERNIER. – Le car de l’équipe de France est arrivé dans le tunnel du Stade de France un peu après 16 heures. Un à un, les joueurs ont récupéré leur bagage et c’est JulienBonnaire qui apris placele premier dans le vestiaire, alors que Nicolas Mas fermait la marche. Puis Poitrenaud, Clerc, Palisson, Papé, Servat, Domingo, Szarzewski, Marconnet, Pierre, Bonnaire et Mal- zieusont allés immédiatement fouler la pelouse, que Clerc a immédiatement son- dée avec unobjet nonidentifié... Letalonneur WilliamServat, lui, apris possession de son territoire, seul. Il a fait un tour de terrainsur la ligne des cinq mètres et s’est appliqué à suivre les lignes d’en-but. Après avoir bouclé son tour, il est allé au centre du terrain au pas cadencé par une musique funk et s’est arrêté sur la ligne médiane pour avoir un regard panoramique et circulaire des tribunes quasiment vides avant de regagner le vestiaire. Toujours seul. – S. T. SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, HIER. – Pendant que les Bleus faisaient la fête, l’Irlande de Brian O’Driscoll ne pouvait que constater les dégâts. Le capitaine des Verts n’a rien pu faire. (Photo Marc Francotte/L’Équipe) IRLANDE « Hommageaux Français» Malgré la déception, et la défaite qui met fin à quatorze mois sans revers, les Irlandais ont salué la performance du quinze de France. SOUS LE CHOC. Sonnés. Leur série de douze matches sans défaite vole en éclats. À la fin du match, pas besoind’undiplôme enphysionomie pour lire la déception sur les visages des Irlandais. Mais, fair-play jus- qu’au bout, la première réaction du camp du Trèfle, que ce soit de l’entraîneur Declan Kidney oude son capitaine Brian O’Driscoll, fut de saluer la performance des joueurs français. « Il faut rendre hommage à l’équipe de France. Lorsqu’on est battus trois essais à un, tout en sachant que l’on aurait pu en encaisser deux ou trois de plus, il faut savoir reconnaître la performance de l’adversaire. Je féli- cite les Français car ils ont très bien joué aujourd’hui, déclara Kidney. Il est toujours difficile de se déplacer à Paris, surtout lorsqu’on est menés très rapidement de quatorze points. Même si nous n’avons jamais rien lâché, nous n’avons jamais purattra- per le retard. Les Français nous ont bloqués dans notre moitié de terrain en deuxième mi-temps, tout en continuant de marquer des points au pied. » Même son du côté du capi- taine. Malgré ce premier revers du quinze d’Irlande depuis novembre 2008, O’Driscoll n’a pas manqué de complimenter ses hôtes sur la quali- té de leur jeu. « Les Français ont imposé un gros défi physique, ils ont su jouer en avançant et donner de bons ballons à leurs trois-quarts en avançant, avoua-t-il. Je dirais même que c’était une performance fran- çaise impressionnante. Et pas uni- quement de la part de leurs avants : globalement c’était assez com- plet. » Après avoir parlétoute lasemaine de l’importance de bien démarrer le match, les Irlandais ont reconnu hier soir qu’ils n’ont pas réussi àatteindre cet objectif. Mais ont souligné que la grosse occasion d’essai ratée d’un cheveu par Gordon D’Arcy à la 16 e minute à cause du rebond capri- cieux du ballon aurait pu changer complètement la physionomie du match. « Si on avait marqué à ce moment-là, onaurait mené 7-0, nota O’Driscoll. Mais ce sont ces coups de dés qui peuvent tout changer. » Enfin, après nous avoir affirmé il y a quinze jours que le gagnant de ce match ne sera pas loin de remporter le Tournoi, O’Driscoll reconnaissait même, hier soir, que les Français pouvaient désormais se projeter sur un éventuel Grand Chelem. « Il va falloir être très forts pour battre la France, glissa O’Driscoll. Ils ont gagné deux fois (contre l’Écosse et hier), mais ce qui est particulier dans le Tournoi, c’est qu’il faut répéter la performance à cinq reprises. Il leur reste trois matches pour prouver qu’ils peuvent y arriver. Il faut attendre pour voir, mais par rapport à ce qu’ils ont fait aujourd’hui, cette équipe française est drôlement effi- cace. » IAN BORTHWICK I HAYESTOUCHÉÀLATÊTE. – Pas de blessures graves à signaler chez les Irlandais, mais plusieurs joueurs se plaignaient hier soir de bobos divers. Sorti à la suite d’un coup à la tête, le pilier droit JohnHayes était le plus gra- vement touché. « Il n’y a pas eu de perte de connaissance, mais cela n’aurait pas été prudent de le laisser sur le terrain », observa Declan Kid- ney. Par ailleurs, Leo Cullen souffrait d’une entorse à la cheville, tandis que RobKearney et BrianO’Driscoll se plai- gnaient tous deux d’une entorse au genou. – I. B. « Très fier des joueurs » MARC LIÈVREMONT, sélectionneur des Bleus, a aimé la solidarité affichée par son équipe. Calme, comme à son habitude, et bien plus détendu qu’à Édim- bourg, l’entraîneur de l’équipe de France, costume gris et chemise blanche, a loué la solidarité de son équipe et labelle prestation de la charnière Parra - Trinh-Duc. « EST-CE QUE CETTE PROBANTE victoire contre l’Irlande peut constituer le match référence après lequel vous courez depuis longtemps ? – Il me semble que j’avais eu droit à la même question après le match contre le pays de Galles l’année dernière (21-16), un peu plus tard cet été à Dunedin (contre les All Blacks, 27-22) et encore un peu plus tard contre l’AfriqueduSudà Toulouse (20-13) cet automne. Nous ne sommes pas à la recherche d’un match référence mais plutôt de continuité. Ce soir (hier), je suis heureux et très fier des joueurs. – Ce match fut abouti d’un bout à l’autre. Un secteur vous rend-il plus satisfait ? – D’une manière générale, la solidari- té dans les moments faibles, et il y en a eu beaucoup parce que l’équipe d’Irlande a réalisé un grand match. Je pense au premier quart d’heure notamment. J’ai aimé aussi la maîtrise et l’intelligence de cette équipe. – Quel regard portez-vous sur la performance de votre pack qui a été une fois de plus mons- trueux ? – Je ne sais pas... (Il marque un petit temps.) Moi, j’ai vu des trois-quarts au diapason, une charnière qui a géré le match d’une manière intelligente et courageuse. C’est vraiment le collectif qui est à féliciter et pour une fois que l’ongagne, vous pourriez poser plus de questions à Thierry Dusautoir. (Il sou- rit.) « Un peu fragile des ailes » – Vous avez battu le tenant du titre. Selonvous, leplus dur est-il fait quand on a l’ambition de remporter le Tournoi des Six Nations ? – Le plus dur, c’est toujours le matchà venir, évidemment, et même s’il faut savoir apprécier la performance du jour. D’autant plus que, pour la presse et les Français plus spécifiquement, on bloque toujours sur cette fameuse série de trois victoires. Quand on sait qu’il faudra aller la chercher à Cardiff, on sait pertinemment que ça ne sera pas simple. Chaque chose en son temps... – Craignez-vous de passer à tra- vers ce match au pays de Galles comme en Angleterre l’an passé (défaite 34-10 à Twickenham) ? – Il y a toujours une forme d’appré- hension quel que soit l’adversaire. Les j oueurs connai ssent aussi ces fameuses statistiques (sur l’incapacité à remporter trois matches d’affilée). Maintenant, on bénéficie de condi- tions de préparation exceptionnelles par rapport à ce qui se faisait jusqu’à maintenant. Donc nous allons rester confiants, déterminés. Nous allons bien travailler, en espérant que nous serons compétitifs. – Un petit mot sur la charnière, qui a été particulièrement à son avantage ? – Je suis particulièrement heureux pour Morgan (Parra) et pour François (Trinh-Duc). C’est difficile de sortir un joueur du lot aujourd’hui. La charnière a été particulièrement intelligente et Morgana fait preuved’unculot et d’un courageassez exceptionnel. Mais pour revenir sur ce premier quart-temps du match qui a été très difficile, avec le recul, sachant que l’on a gagné der- rière, c’est peut-être ce moment qui me donne plus de satisfaction. On a su faire front face à une équipe irlandaise qui maîtrisait la possession et l’occu- pation, qui jouait un excellent rugby sans se désunir. En profitant des quelques ballons lâchés pour jouer et les déplacer, les joueurs ont démontré leur courage, leur talent et leur solida- rité. – Si ça continue à ce rythme, on ne comptera bientôt plus les blessés dans les rangs français. Comment allez-vous gérer cette situation inquiétante pour la suite du Tournoi ? – Pour l’instant, on fait face et encore une fois, il faut se féliciter de la profon- deur d’effectif du rugby français. Je ne sais pas quelle nation parviendrait à rester compétitive ou à rivaliser avec une dizaine de joueurs (Élissalde, Mil- lo-Chluski, Barcella, Traille, Yachvili, Chabal, Rougerie, Fall, Ducalcon, Mer- moz), pour la plupart des cadres, qui sont absents car blessés. On a une logique de trente ou quarante joueurs. On voit qu’elle nous donne satisfac- tion. Ceci dit, on est un peu fragile des ailes pour l’instant, mais d’après ce que je sais, ce sont des contusions, donc ça devrait aller. En revanche, on est un peu plus inquiet concernant Syl- vain Marconnet. » RENAUD BOUREL SAINT-DENIS (Seine- Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – Même si les Français ont déjà l’esprit tourné vers leur match au pays de Galles le 26 février, Lionel Nallet, Nicolas Mas et Fulgence Ouedraogo (de gauche à droite au premier plan) ont apprécié hier leur succès face aux Irlandais en faisant un tour d’honneur. (Photo Alain Mounic/ L’Équipe) TENNIS - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - De l’eau dans le gaz ? 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France - Irlande, 33-10. Italie - Angleterre (15 h 30). 1 re journée : Irlande-Italie, 29-11 ; Angleterre-pays de Galles, 30-17 ; Écosse-France, 9-18. Tous les horaires sont donnés en heure française. Retrancher une heure pour les matches disputés au Royaume-Uni et en Irlande. Tous les matches sont retransmis en direct sur France 2. 4 Pays de Galles 2 2 1 0 1 48 54 - 6 3 e journée : vendredi 26 février, pays de Galles - France (21 heures) ; samedi 27 février, Italie - Écosse (14 h 30), Angleterre - Irlande (17 heures). 4 e journée : samedi 13 mars, Irlande - pays de Galles (15 h 30), Écosse - Angleterre (18 heures) ; dimanche 14 mars, France - Italie (15 h 30). 5 e et dernière journée : samedi 20 mars, pays de Galles - Italie (15 h 30), Irlande - Écosse (18 heures), France - Angleterre (20 h 45). Déjà joués avec Les chiffres du match POSSESSION (%) OCCUPATION (%) FRANCE IRLANDE Réussis Manqués PÉNALITÉS CONTRE PLAQUAGES TOUCHES MÊLÉES Lancers L Gagnées Introduction I t d ti Gagnées 134 77 37 63 FRA FRA IRL IRL 10 7 12 11 8 15 13 5 13 5 35 65 FRA FRA IRL IRL 7 10 Entraîneurs : M. Lièvremont, D. Retière, É. Ntamack. Entraîneur : D. Kidney. Keaarney rn y 444 easlip He sl 6,5 5 Wallaace D. W la 4,5 5 4,5 Haye es es yes 4 Flann F nery e 4,5 55 Heaaly ly l 3 Ferris F rr 444 we Bow 333 B. O’ risco Dr oll oll ., 5 cap. (o) O’Gara 4 (m) OO’Leaary 4 OO’Connell nnell 4,5 Cullen 4,5 rls Ear Earls 555 D’Arcy A y ,5 5, enaud oitre d re Po 66 rinordoquy rdoq Harin 7,5 Dusautoir utoi Du capp., 7 ccap uedraogo raog Oue 777 ervat Se t S 7 T. Domin T. Do goo Do T. Dom go 7,5 7 Mas MM 6,5 Palisson lisso non not n not non notéé Jauzion uzion 7 CClerc Clerc 66 Bastareaud area 7 m) (m Paarra 8,5 5 ) (o) Trinh-Duc h-Duc 7,5 Nalle N et 8 Papéé 7 FRANCE 33-10 (17-3) IRLANDE + 23 Hormis face à l’Italie, cela faisait quatre ans que l’équipe de France n’avait pas gagné avec un écart supérieur à 20 points dans le Tournoi. C’était le 12 mars 2006 contre l’Angleterre au Stade de France (31-6). TOURNOI DES SIX NATIONS (2 e journée) Touslespoints J18 e : Après une grosse charge de Papé, Trinh-Duc, dans les 22 mètres irlandais, sert Parra qui est plaqué sans ballon par Healy. L’Irlandais prenduncartonjaune et Parra, des 17 mètres, quasiment en face, ouvre le score. France - Irlande : 3 - 0. J 27 e : Mêlée dans les 22 mètres adverses. Harinordoquyperce et sert Mal- zieu qui avance à deux mètres de la ligne, soutenupar ses partenaires. Sur leregrou- pement, Parra sert Servat qui aplatit aux pieds des poteaux. Parra transforme. France - Irlande : 10 - 0. J29 e : L’arbitre siffle unécranfrançais. À unetrentainedemètres, légèrement sur la gauche, O’Gara marque les premiers points de son équipe. France - Irlande : 10 - 3. J32 e : Grosse percée de Bastareaud qui provoqueunregroupement àdeuxmètres de la ligne d’essai irlandaise. Parra éjecte le ballon sur Trinh-Duc qui effectue une passe sautée au profit de Jauzion, lequel marque en force malgré D’Arcy. Parra transforme encore une fois. France - Irlande : 17 - 3. (Mi-temps) J 59 e : Nouvelle charge d’Harinordoquy qui provoque un regroupement. Szar- zewski prend le relais. Parra libère le bal- lon pour Trinh-Duc qui adresse une belle passe à Bastareaud. Le centre du Stade Français échappe au plaquage de O’Dris- coll et, d’une main, sert Poitrenaud qui marque en coin. Parra réussit la transfor- mation. France - Irlande : 24 - 3. J64 e : Enpleineconfiance, MorganParra des 40 mètres passe le drop. France - Irlande : 27 - 3. J65 e : Réactionirlandaise avec Ferris qui s’échappe le long de la ligne de touche. Il sert O’Driscoll qui trouve D. Wallace ; le troisième-ligne irlandais aplatit en bonne position. O’Gara transforme. France - Irlande : 27 - 10. J70 e : Morgan Parra est plaqué à retar- dement par Court. Bien que légèrement sonné, le Cl ermontoi s passe, des 41 mètres, le but de pénalité d’un pied gauche solide. France - Irlande : 30 - 10. J 79 e : Nallet provoque un regroupe- ment. Parra adresse le ballon à Michalak qui, des 35 mètres, réussit lui aussi un drop qui clôt le score. France - Irlande : 33 - 10. Remplacements. – France: 23 e , Palissonpar Ju. Malzieu(note : 6) ; 48 e , Clerc par Marty (note : 6) ; 49 e , Servat par Szarzewski (note : 6,5) ; 49 e , Mas par Marconnet ; 61 e , Harinordoquy par Bonnaire ; 67 e , Jauzion par Michalak ; 72 e , Marconnet par Mas ; 73 e , Papé par Pierre. –Irlande: 34 e , Kearneypar P. Wallace(note : 3,5) ; 49 e , Hayes par Court (note : 3) ; 61 e , Flannerypar Best, Cullenpar Ryan ; 70 e , O'Gara par Sexton, O'Leary par Reddan. Temporaires : B. O'Driscoll par P. Wallace (19 e -20 e ), Ferris par Court (20 e -28 e ). Un carton jaune : Healy (18 e , antijeu). Endirect dufrigo DIFFICILE de réchauffer le public au Stadede Francequandle thermomètre s’amuse à jouer sous la barre du zéro ! Des marches verglacées permettant l’accès au théâtre de ce France-Irlande aux petits flocons virevoltant dans le ciel de Saint-Denis, rien n’incitait à l’euphorie en attendant le coup d’envoi de ce premier match du Tour- noi 2010 sur le sol gelé de France. Heureusement, la pelouse, protégée depuis le début de la semaine pour résister aux assauts du général hiver, n’avait pas souffert du gel. Il fallut attendre la sortie des joueurs à l’échauffement pour que les specta- teurs se manifestent enfin. Même David Guetta, dont son tube des troi- sièmes mi-temps branchées « I gotta feeling » était pourtant censé faire monter l’ambiance, échoua. Pas un canard, mais trop froid. Restait à attendre l’annonce des équipes. La dizaine de milliers d’Irlan- dais applaudit les siens, avant que le reste du stade ne réserve une ovation aux Bleus, avec quelques décibels sup- plémentaires à l’attention de Mathieu Bastareaud, héros de Murrayfield. Même la fanfare chargée d’exécuter les hymnes parut pressée d’en termi- ner. Elle entonna une Marseillaise à cent à l’heure, dont elle ralentit le rythmepour permettre auxchœurs des spectateurs du Stade de France de rat- traper leur retard. Il était temps que le match démarre. Lorsque l’arbitre, l’Anglais M. Barnes, libéra enfin les trente acteurs, on n’espérait qu’une seule chose : que le spectacle fasse monter le thermomètre de quelques degrés. La première action du match –près de deux minutes de jeu effectif – allait aider les supporters du quinze de France à oublier que la porte du frigo était restée ouverte, hier après-midi, à Saint-Denis. – G. N. Stade de France, à Saint-Denis. Temps froid. Bonne pelouse. 79 289 spectateurs. Arbitre : M. Barnes (ANG). LES POINTS - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - FRANCE : 3 E , Servat (27 e ), Jauzion (32 e ), Poitrenaud (59 e ) ; 2 D, Parra (64 e ), Michalak (79 e ) ; 2 B (18 e , 70 e ), 3 T, Parra. IRLANDE : 1 E, D. Wallace (65 e ) ; 1 B (29 e ), 1 T, O’Gara. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Évolution du score : 3-0, 10-0, 10-3, 17-3 (mi-temps) ; 24-3, 27-3, 27-10, 30-10, 33-10. Untriompheaugoût d’avants Dans le sillage d’un pack très mordant, les Tricolores ont décroché un succès d’une intéressante propreté. Plus convaincante que face à l’Écosse, l’équipe de France, vigilante en défense et impeccable au pied, a montré un visage plus incisif derrière. Il lui faudra encore grandir dans deux semaines à Cardiff pour aller défier les Gallois. ET C’EST MAINTENANT que les ennuis commencent ! Confus mais finalement efficaces face aux Écos- sais dimanche dernier, impression- nants d’autorité devant et, enfin, convaincants sur les lancements de jeu face aux tenants du titre, les Tri- colores sont désormais au pied de leur petit Everest intime : remporter un troisième match de rang, pour la première fois depuis que Marc Liè- vremont a pris leur direction en 2008. L’occasion s’en présentera dans treize jours au stade du Millennium. Si les Gallois ont une nouvelle fois démontré, hier, qu’ils n’étaient pas du genre à baisser les bras dujeu à la main avant le coup de sifflet final, on parierait bien une pinte de bière tiède contre un doigt de chance que les Bleus parviendront à le gravir, cette fois. D’abord parce que le pays de Galles, visiblement mal dans sa peau en l’absencede MikePhillips –sonpuis- sant cornac de la mêlée – est un adversaire autrement plus abor- dable que des All Blacks revanchards qui avaient coupé à pique la dernière paire de succès tricolore à Marseille (12-39). Ensuite parce que cette équipe de France, dont les joueurs seront enfin dispensés de jouer en club entre deux sommets duTournoi nourricier, ne devrait pas perdre le fil de son his- toire. Enfin parce que cette victoire, dans un Stade de France que le plus bouil- lant des chauffeurs de foule n’aurait pas mieux réussi à sauver de l’engourdissement qui guettait les travées saisies d’un froid mortel, avait un goût d’avants qui rassure. Question efficacité, on ne fait pas mieux ! Oh bien sûr, tout ne fut pas parfait. Mais quand on possède une défense de fer, symbolisée par un retour énorme de Nallet après un contre sur Poitrenaud, et un buteur au pied sûr – cinq sur six pour Morgan Parra avec en prime un drop en position d’ouvreur, le poste de ses premières amours –, la moitié du travail est déjà fait. Surtout dans le pragma- tique rugby d’aujourd’hui. L’autre moitié du boulot, c’est une nouvelle fois unpack énorme de pré- sence qui se le pelât. Ça n’est d’ail- leurs pas tout à fait un hasard s’il fal- lut attendre la première mêlée du match pour que l’Irlande, jusque-là d’une grande maîtrise tactique et d’une évidente efficacité à chaque fois qu’elle cherchait à pénétrer dans l’axe plutôt que sur le large, soit amenée à se souvenir qu’elle ne s’était quasiment jamais trouvée en terrain conquis à Paris. C’ ét ai t aux al ent our s de l a 18 e minute seulement. Si la mêlée fermée demeure un ressort psycho- logique d’influence souvent déter- minant, il lui arrive de se faire rare. Et le jeune Cian Healy, expulsé tem- porairement pour antijeu avant même d’avoir pu juger des qualités de Nicolas Mas dans l’exercice, ne devait pas regretter d’avoir à regar- der du bord du terrain la séance qui allait suivre aux abords de la ligne irlandaise. Première mêlée, puis deuxième mêlée, etc. Àla quatrième poussée il sera exactement temps d’en finir, départ d’Harinordoquy et essai auras dugazondeServat (27 e ), sur un service de Malzieu rentré à la place de Palisson, « proprement assassiné » d’un tacle par Flannery. Question French flair, il y aurait eu à dire mais question efficacité, par- don, on ne fait pas mieux ! Sans avoir dominé l’entame de match, l’équi pe de France menait de 10 points et ça n’était qu’un début. Bastareaud de plus en plus à l’aise dans le jeu de passes Car à l’image de François Trinh-Duc, alternant les coups de génie et des lancements encore très scolaires pour réussir, cependant, son meil- leur match en bleu, l’équipe de France de l ’arrière all ai t par séquences hausser son jeu au niveau de celui imprimé tout du long par le pack. Ce fut particulièrement vrai sur le deuxième essai français, derrière un lancement d’une simplicité biblique et d’une efficacité redoutable tirant le meilleur parti de la puissance de Mathieu Bastareaud, par ailleurs de plus en plus à l’aise dans le jeu de passes et la distribution du jeu. À 17-3 à la mi-temps, après avoir résisté à une grosse séance irlan- daise sur la ligne, gâchée comme un symbole d’un en-avant de Paul O’Connell, l’homme qui ne fait jamais de faute, l’affaire était pliée. Tout le mérite de cette équipe de France, dont le caractèreet le stylese sont davantage affirmés hier qu’au cours des deux Tournois précédents, aura été de ne laisser à aucun moment l’Irlande croireàunpossible retour. La sortie la plus réussie de l’équipe deFrance l’anpassé, faceau pays deGalles, vainqueur duTournoi précédent, avait été immédiatement suivie de la déroute que l’on sait à Twickenham (10-34). On saura dans deux petites semaines si les Trico- lores ont sérieusement grandi. Car le match le plus dur est toujours celui à venir. PIERRE-MICHEL BONNOT SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – Imanol Harinordoquy et les Bleus devant, Paul O’Connell (à gauche) et Jerry Flannery à la traîne derrière. À l’image de son numéro 8, l’équipe de France avait hier une longueur d’avance sur l’Irlande. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) DIMANCHE 14 FÉVRIER 2010 PAGE 3 Noir Jaune Bleu Rouge 4 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e de om enri He BRU B [email protected] RUGBY ! TOURNOI DES SIX NATIONS (2 e journée) – FRANCE - IRLANDE : 33-10 Parradutonnerre LES JOUEURS FRANÇAIS. – Si Nallet a parfaitement emmené le pack tricolore, le demi de mêlée a réalisé un match quasi parfait. Delabelleouvrage LE JEU. – La puissance du pack a permis à l’attaque tricolore de briller grâce à des lancements neufs et efficaces. DANSUNDÉBUT de match enlevé, Français et Irlandais se sont rendu coup pour coup, le ballon passant d’un camp à l’autre grâce aux défenses qui prenaient l’avan- tage au sol sur l’attaque. La première alerte dans le camp français, autour de la dixième minute, a d’ailleurs rassuré tout le monde au sujet de la défense des Bleus. Le pres- singapermis defairereculer les Irlandais, et ceàplusieurs reprises, avant de récupérer le ballon sur de bonnes anti- cipations. Point noir, la touche avec trois ballons perdus en moins d’un quart d’heure, ce qui donnait confiance en ses moyens à une Bod’s Band déchaînée. C’est d’ailleurs GordonD’Arcy qui s’est montré le plus dangereux et man- quait d’ouvrir le score grâce à l’aide providentielle d’un défenseur inattendu côté tricolore : le poteau. La France s’est sentie un poil mieux à quinze contre qua- torze, juste avant la demi-heure de jeu, une fois qu’elle a puplanter la tente dans le camp irlandais et faire parler la puissance de ses avants. L’essai de Servat (27 e ) est alors venurécompenser letravail detitans précédent après une longue série de mêlées fermées. C’est un poncif, mais le rugby commence par là. Le score acquis et les avants dominateurs – y compris à nombre égal –, l’attaque française a dévoilé à un public du Stade de France aux anges quelques lancements jeu, au niveau des centres (Jauzion et Bastareaud) notam- ment. Ce qu’ils faisaient était propre, efficace, malgré une défense irlandaise agressive qui coupait vite les exté- rieurs. Elle a d’ailleurs souvent contraint François Trinh- Duc à conserver le ballon faute d’espace au large. Lequel asus’adapter enseconde mi-temps ense tenant plus loin de la ligne d’avantage, en variant par du pied ou en pre- nant sa chance tout seul. Largement dominés, les Irlandais sont petit à petit sortis de leur rugby, abandonnant le jeu au pied qui, il est vrai, leur avait fait rendre beaucoup trop de ballons en pre- mière période. Les Français se sont alors contentés de dérouler leur matchgrâce à une défense hyper organisée, quoi qu’un peu fragile, autour des regroupements, d’accélérer sur quelques coups évidents et de marquer des points au pied par l’intermédiaire de Parra et Micha- lak. De la belle ouvrage, tout en puissance et en autorité. RENAUD BOUREL Ladéfense, ceciment C’ÉTAIT AUTOUR de la 73 e minute, alors que le score était de 30 à 10. Le match était joué mais, en l’espace de trois minutes, trois pla- quages tonitruants, Marty sur D’Arcy, Parra sur O’Driscoll, et enfin Szarzewski sur O’Connell, symbolisèrent ce qui animait cette équipe de France. On peut espérer qu’il s’agisse là d’un match bascule pour ce 22 de France tant il est vrai que les grandes aventures enrugby se sont toujours bâties sur une volonté de défendre la ligne. En deux matches, l’équipe de France n’a encaissé qu’un seul essai. Statistique capitale, la preuve d’une contagion dans le sillage de formidables avants combattants et plaqueurs, Nallet et Dusautoir en figure de proue. En y ajoutant la discipline (les Tricolores continuent à ne pas prendre de carton jaune, leur norme), voilà qui promet des lendemains qui chante- ront. L’envie de plaquer mais surtout d’avancer sur chaque impact, de faire le repli qui pourrait paraître inutile, de rattraper le moment d’absence du partenaire : voilà le ciment qui lie quinze bonshommes. C’est cette volonté de ne pas céder un mètre, lors de vingt premières minutes étouffantes, puis juste avant le retour aux vestiaires, qui finit par obliger les Irlandais à sortir de leurs rails, à ne plus appliquer le plan de jeu qui fit leur force toute la saison dernière. La défense commence dans la pression mise en mêlée, elle se poursuit par cette volonté d’être le premier dans la zone plaqueur-plaqué pour obliger l’adversaire à mobiliser deux ou trois soutiens supplémentaires. Elle fait naître l’euphorie en avançant. C’est déjà elle qui, à l’automne der- nier, fit craquer les champions du monde sud- africains. C’est en revanche sa désorganisation qui entraîna la punition infligée par les All Blacks. Dans treize jours, àCardiff, elle sera le socle sur lequel s’appuyer. Marquer des essais du bout dumonde, l’équipe de France aquasiment tou- jours su faire. Le tout est qu’ils servent à quelque chose, ce qui n’est pas le cas lorsque les fuites sont trop importantes. Avec plus de 110plaquages, les barbelés étaient posés, hier. Le quinze de France a la chance avec son capi- taine actuel, Thierry Dusautoir, et celui qui le précéda, Lionel Nallet, de posséder deux amoureux duplaquage, undes gestes premiers du rugby, celui du sacrifice, de l’engagement total. Le reste suit. Forcément. Le refus de concéder du terrain a lié les Tricolores. C’est toujours un signe. Heaslip, seul àsurnager LES JOUEURS IRLANDAIS. – Dans une équipe dépassée par la puissance et la rapidité des Français, seul le troisième-ligne centre n’a pas sombré. HEASLIP, 6,5: lenuméro 8duLeinster, qui fut parmi les nommés pour le joueur de l’année de l’IRBen2009, amontré pourquoi il s’est rapide- ment taillé une réputation parmi les meilleurs du monde à son poste. Omniprésent en sou- tien, très habile balle en main, ses départs au ras furent des modèles du genre. Il afficha une grosse présence dans tous les secteurs du jeu, se permettant même le luxe de voler un ballon sur un lancer français en touche. D’ARCY, 5,5 : il faillit marquer un essai de 50 mètres sur un exploit individuel, à la suite d’une percée magnifique à la 16 e . Mais, avec son partenaire O’Driscoll en petite forme, il eut peu d’occasions pour s’exprimer. Belle défense sur Trinh-Duc (52 e ), mais il ne put rien pour empêcher l’essai de Jauzion en première période. O’CONNELL, 4,5: pris dans lecombat auprès, mis à l’épreuve en mêlée fermée, la poutre du pack irlandais n’eut pas son rayonnement habituel. Mises à part quelques prises deballes magistrales entouche, et dubeautravail sur les ballons portés, le capitaine du Munster tenta tout pour inverser la vapeur. Mais il eut du mal à surnager. Soigné à plusieurs reprises en cours de match, touché au genou dès les premières minutes, et sorti momentanément sur saignement à la 17 e , le capitaine O’Driscoll (5) fut àl’image de son équipe : sur le reculoir. Il passa à côté de son match. Mais avec deux passes déterminantes sur l’essai de David Wallace, « Bod » prouva qu’il a encore l’inimitable coupde patte qui fait souvent la différence. Derrière unpack qui souffrait, le demi de mêlée O’Leary (4) eut du mal à s’imposer. Un beau repli défensif pour empêcher l’essai de Mal- zieu. À l’ouverture, après un match rayonnant face aux Italiens, la semaine dernière, O’Gara (4) montra une fois de plus ses limites. Hormis quelques jolis dégagements, il fut impuissant dans le jeu : contré par Domingo, coupable d’une grossière passe en avant, il rata égale- ment un plaquage sur son vis-à-vis Trinh-Duc en début de seconde période. Avec ses appuis de feu, l’ailier gauche Earls (5) fit parler sa vivacité en début de match. Entreprenant, il franchit à deux reprises mais fut vite ceinturé par son vis-à-vis Clerc. Passé à l’arrière à la suitede lasortie deKearney, il se montra moins à l’aise sous les ballons hauts. Il tenta de dyna- miser le jeu mais il commit néanmoins une grosse bourde en tentant de jouer rapidement un arrêt de volée sous ses poteaux en seconde période. En dehors d’une belle reprise de sa propre chandelle àla9 e , l’arrière Kearney(4) eut peu d’impact sur le match. Sorti après trente-cinq minutes, il fut remplacé par Paddy Wallace (3,5) qui passaàl’ailegauche et inscrivit leseul essai des Verts. Quant à l’autre ailier, Bowe (3), rien à signaler de particulier. Il fut transpa- rent. En première ligne, le géant du Munster Hayes (4) tint largement son rôle en mêlée fermée, mais gâcha une belle occasion d’essai avec un en-avant dans les arrêts de jeu de la première période. Remplacé àla 49 e par Court (3), mais dans une mêlée bousculée celui-ci se montra... un peu court. Le jeune pilier gauche Healy (3) a sans doute un bel avenir devant lui. En atten- dant, il ne domina jamais son sujet et passa un rude après-midi face à Mas. Fidèle à ses habi- tudes, Flannery (4,5) déborda d’énergie, se proposant souvent comme premier receveur. Une grosse activité, mais une performance ter- nie par sa prise de judo sur Palisson (23 e ) qui aurait pu lui valoir un carton jaune. En deuxième ligne Cullen (4,5) se montra assez précieux en touche, notamment sur les lancers adverses endébut d’alignement. Quant aux deux troisième-ligne aile, DavidWallace (4,5) et Ferris (4), on attendait un beau duel avec leurs vis-à-vis Dusautoir et Ouedraogo. Mais en dehors de leur intervention sur l’unique essai irlandais, ils ont souffert, non seulement dans le jeu mais également dans la comparaison avec leurs adversaires. IAN BORTHWICK DOMINGO, 7,5 Un match dans la continuité de celui qu’il a livré à Édimbourg. Il a su sortir de l’ombre. Non seulement par sa tenue en mêlée, où il maîtrisa parfaitement Hayes, mais aussi dans le jeu oùil fut très actif en défense et, c’est plus inattendu, en attaque où il assura des relais dyna- miques étonnants. Et pendant quatre-vingts minutes. SERVAT, 7 Unemésententeavec ses sauteurs enpre- mière période. Toujours aussi dur à l’impact, il a marqué l’essai (27 e ) qui mit un terme à une série de mêlées près de la ligne irlandaise. Beaucoup d’activité en attaque où ses rushes donnèrent de l’impulsion. Une belle résistance au pla- quage et de la déterminationsur les déblayages. Remplacé par SZARZEWSKI (49 e , 6,5) qui resta dans les plans de jeu sans hésitation. MAS, 6,5 Son vis-à-vis en mêlée a vécu un véritable cauchemar. Au niveau de l’impact, il a su mener la mêlée française qui se cala par- faitement pour désaxer quand il le fallut. Ungros travail dans l’axepour faciliter les libérations et une grosse présence sur les déblayages. Il a su aussi sortir des travaux obscurs pour se porter souvent au soutien du jeu dynamique. Remplacépar MARCONNET(49 e ) qui n’a joué que vingt-trois minutes avant de céder sa place de nouveau à Mas (72 e ). NALLET, 8 Un match énorme. Poussant à droite, il n’a pas paru éprouvé par l’épreuve de force. A su trouver le bon tempo pour venir étayer et faciliter les libérations. Mais c’est dans le mouvement qu’il fut le plus en vue pour couper régulièrement la dynamique offensive irlandaise. Quel tra- vail en défense et une belle mobilité qui lui permit de sauver en repli un essai juste avant la pause ! PAPÉ, 7 Très en jambes, jamais dépassé dans le rythme. Enmêlée, il s’entendit à merveille avec Domingo pour désaxer quand ce fut nécessaire. Et dans le jeu, il joua juste. Un gros travail défensif près des zones de conquête avec une capacité à se remettre debout qui le rendit souvent disponible. Un bon relais derrière Harinordoquy. Remplacé par PIERRE (73 e ). DUSAUTOIR, 7 L’as des plaquages offensifs et des bal- lons grappillés. S’il n’a pas touché énor- mément de ballons, c’est qu’il fut l’arme fatale en défense pour briser la dyna- mique de l’attaque irlandaise, surtout en premièrepériode. Après lapause, onlevit plus souvent au soutien offensif. Grosse présence de bout en bout. OUEDRAOGO, 7 Sans doute doit-il endosser une part de responsabilité sur la percée de D’Arcy où il se fit prendreenpointeenpremière période. Mais, comme pre- mier homme de la brigade d’intervention rapide, il mit sous l’éteignoir O’Gara et contraria parfaitement l’attaqueirlandaise. Il nefut pas dépaysédans lejeu de déplacement qui fut pourtant exigeant après la pause. HARINORDOQUY, 7,5 Touché au visage d’entrée (3 e ), il a mis un bon quart d’heure avant de retrouver ses repères. Mais ensuite, il fit presque un sans- faute, notamment sur les replis défensifs où il fut un poumon dans le troisième rideau. Une relance en plein champ qui fut ponctuée par la première pénalité (3-0) et de belles charges. Remplacé par BON- NAIRE (61 e ). PARRA, 8,5 Appliqué, il s’est évertuéàbientrier ses premiers ballons. C’est sur lui que le pilier Cian Healy commit l’obstruction qui permit d’ouvrir le score (19 e ). Pre- nant confianceau fil des minutes, il prit son rôle de patron à bras le corps. Pres- qu’un sans-faute dans le jeu…comme dans ses tirs aubut, puisqu’il ne manquaqu’unbut de pénali- té (67 e ) et encore termina-t-il sa course sur le poteau… Un magnifiquedropdugauche(64 e ) qui prouvebienqu’unParra en totale confiance vaut cher. TRINH-DUC, 7,5 Lorsqu’il entra dans le match, après un premi er quart d’heure hésitant, il démontra, enfin, les qualités qu’on lui prête. Alternance du jeu, passes sautées, dont deux amenèrent les essais de Jau- zionpuis Poitrenaud, petits coups de piedoffensifs. Cette palette-là a de belles couleurs. Et lorsqu’il prend l’intervalle, ses jambes de lévrier font mer- veille. Vite la suite. PALISSON, non noté Undébut dematchdefeu, notamment sur cette relance depuis son en-but qui mit la panique dans la défense irlandaise (8 e ). Victimed’untacledefootballeur dutalon- neur Flannery (22 e ) qui aurait mérité davantage qu’une pénalité. Blessé sur l’action, il dut laisser sa place à MALZIEU(23 e , 6). L’ailier clermontoiseut peudebons ballons à exploiter mais aurait pu marquer après un bon dribbling au pied (28 e ). JAUZION, 7 Solide sur ses appuis, comme d’habitude. Très surveillé par les défenseurs irlandais, il libéra des espaces autour de lui, ce dont profitèrent ses coéquipiers. Présent en défense, il étouffa toutes les velléités adverses avant d’inscrire le deuxième essai français sur une passe sautée de Trinh-Duc (32 e ). Remplacé par MICHALAK (67 e ) qui glissa à l’ouverture, Trinh-Duc terminant le match au centre. BASTAREAUD, 7 Petit taureaufurieux a souvent été très en vue en défense. Bon nombre d’attaques sont venues se briser sur ses robustes épaules. Lorsqu’il en eut l’occasion, il fit admirer sa puissance ballon en mains. Sa premièrecharge échouaàquelques centi- mètres de la ligne (3 e ) et en début de deu- xième période, il fit passer quelques frissons sur les échines irlandaises avant d’envoyer Poitrenaud à l’essai (59 e ) d’une belle chistera. Un gros match. CLERC, 6 Vigilant en début de match, on le vit plus souvent en défense qu’en attaque. Jus- qu’à cette action de la 46 e minute où pro- fitant d’un contre, il joua au pied pour lui- même. Il reprit le ballon avant la ligne d’essai mais aussi Earls sur ledos qui lui fit commettre un en-avant au moment de marquer. Touché à la cheville sur l’action, il céda sa place au centre catalan MARTY (48 e , 6), auteur d’un plaquage décisif sur D’Arcy en bout de ligne (72 e ). POITRENAUD, 6 Parfois brillant, parfois hésitant. De bonnes relances mais aussi des coups de pieddirects entoucheouquelques impré- cisions dans sonjeu d’occupation. N’hési- ta jamais à se mêler aux attaques fran- çaises et fut récompensé de ses bonnes intentions sur l’une de ses montées lorsque Bastareaud, résistant au plaquage de O’Driscoll, lui offrit l’essai sur une chistera. SERGE TYNELSKI et GILLES NAVARRO I I NQUI É- TUDE POUR MA R C ON- NET. – Rentré en remplace- ment de Nico- las Mas (49 e ) au poste de pi l i er droi t, Sylvain Mar- connet (notre photo) n’a pas terminé la rencontre. Se ressentant d’une petite pointe aux ischios, le pilier parisien est ressorti à huit minutes du coup de sifflet final. Il dev r ai t pas s er des examens aujourd’hui. « Nous sommes un peu inquiets pour Sylvain », admit Marc Lièvremont lors de la conférence de presse d’après match. – G. N. I PARRA ET TRINH-DUC AU CONTRÔLE. – Toute la presse fran- çaise attendait le duo de la charnière tricolore, auteur d’une excellente per- formance face aux Irlandais. Mais Morgan Parraet François Trinh-Duc ne sont pas venus tout de suite en zone mixte, tirés au sort pour satisfaire au contrôle antidopage. – G. N. I RETIÈRE MANIE L’HUMOUR.– Didier Retière (notre photo), l’entraî- neur des avants français, ne rate jamais l’occasion d’un bon mot. Inter- rogé sur le doigt dans l’œil d’Imanol Harinordoquy, infligé invo- lontairement par son capi- taine Thierry Dusautoir dès les premières minutes de la r e n c o n t r e , Ret i èr e eut cette réplique savoureuse : « Aux dernières nouvelles, Biarritz ne citera pas Dusautoir… » – G. N. I LES 23 POURCARDIFF CONNUS CE MIDI. – C’est aujourd’hui à midi, au Centre national de rugby, situé à Marcoussis, dans l’Essonne, que sera dévoilé le groupe de 23 joueurs appe- lés à affronter les Gallois le vendredi 26 février (21 heures, heure française) à Cardiff. Les sélectionneurs devraient respecter la « règle » qu’ils ont eux- mêmes édictée en début de Tournoi, à savoir privilégier la continuité. Le Bri- viste Alexis Palisson devrait quitter le groupe, touché à la jambe droite hier. Vincent Clerc, sorti à la 48 e minute, est lui blessé à la cheville. Il a même quitté le Stade de France sur des béquilles, mais le staff médical ne parle que de contusions. Les 23 probables contre le pays de Galles. – Avants : Ducalcon ou Forestier, Marconnet ou Poux, Domin- go, Mas, Servat, Szarzewski, Pierre, Nallet, Papé, Bonnaire, Ouedraogo, Harinordoquy, Dusautoi r (cap.). Demis : Parra, Michalak, Trinh-Duc. Arrières : Marty, Bastareaud, Jau- zion, Clerc, Heymans, Malzieu, Poitre- naud. – G. N. SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, HIER. – Les Irlandais se sont heurtés au mur défensif des Bleus et n’ont pas trouvélasolution. TommyBowe, stoppéici par le double plaquage de Nallet et Bastareaud (n° 13) malgré le soutien de O’Connell, peut entémoigner. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) Les Irlandais, premiers aubanquet HIER SOIR, ENTENUE DE SMOKINGobligatoire, ils sont arrivés les premiers rue de Castiglione, dans un des salons cossus de l’hôtel The Westin, dans le premier arrondisse- ment, palace parisien situé à une portée de drop de la place Vendôme. Il était 21 h 30 et c’est bien la seule fois de la jour- née où les Irlandais ont été devant les Français. Paul O’Connell et sa troupe n’ont pas tardé à se ruer sur les petits fours, les coupes de champagne et les amuse-gueules. L’équipe de France, elle, s’est un peu fait attendre. Oh, juste un quart d’heure, pas davantage, alors que la salle destinée à recevoir les invités était copieusement garnie. Difficile, pour les vainqueurs, d’approcher du buffet devant lequel se tenaient le président de la FFR, Pierre Camou, celui de l’ERC, Jean-Pierre Lux, l’ex-commissaire Broussard, chargé des dossiers de sécurité auprès de la FFR, et quelques autres per- sonnalités ovales. Après ce long et pétillant prologue, cha- cun s’employa, vers 22 h 30, à traverser le couloir pour s’ins- taller sous les ors du salon Concorde. Au menu, crémeux d’avocat, tourteaux à la cive, croustilles de parmesan, suprême de volaille de Loué, gouttes de potiron cuisinées aux cerneaux de noix et, en dessert, pain de Gênes à la pis- tache et ananas caramélisé façon tiramisu. Pour accompa- gner ce banquet, corbières, fitouet champagne. Le tout servi pour 400 convives environ. Croisé au moment de passer à table, le président Pierre Camou nous avoua : « Le Tournoi, c’est cent ans de conservatisme. Le banquet en fait partie. Nous tenons à nos rituels. Des moments comme celui-là, après un match, ça fait aussi partie du rugby. » BRUNO VIGOUREUX SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – Morgan Parra (de face) a sans doute signé son meilleur match sous le maillot bleu. Le Clermontois a aussi formé avec François Trinh-Duc une charnière enfin convaincante. (Photo Bernard Papon/L’Équipe) PAGE 4 DIMANCHE 14 FÉVRIER 2010 Noir Jaune Bleu Rouge 5 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e RUGBY ! TOURNOI DES SIX NATIONS (2 e journée) – FRANCE - IRLANDE : 33-10 Les rois ducombat Le pack bleu a dominé celui d’Irlande en puissance et en dynamisme. Une performance de bon augure en vue du Grand Chelem. PAUL O’CONNELL se serait passé de jouer à Kelly Slater, à la 78 e , quand on l’a vu surfer au-dessus des avants bleus. Emporté. Comme le pack irlandais hier, sauf en touche, oùles Français ont failli. « Il vaut mieux avancer en mêlée comme nous l’avons fait, la touche n’est pas difficile à régler », estime Laurent Travers, l’entraîneur de Castres. Toute la semaine, les Français avaient expliqué : « Ils font rien qu’à tricher dans les rucks, ils ralen- tissent tout, ces vilains. » C’est marrant, on n’a pas vu ça, cette fois. « Tous les gros s’étaient mobi- lisés là-dessus », explique Nicolas Mas, le pilier droit. « On avait dit : on n’épate pas la galerie, chacun son travail », confie Didier Retière, le coach des avants. Fabien Pelous, recordman français des sélections (118), est impres- sionné : « On leur a mis la tête sous l’eau après un premier quart d’heureoùonn’était pas forcément très bien et on la leur a gardée. Ce qui me frappe, c’est la constance dans l’effort du pack. Je n’ai jamais eu l’impression qu’on était en sur- régime et qu’onallait s’effondrer. » « Nos avants ont évolué deux tons au-dessus. Notre pack est vraiment le socle de cette équipe », assure Yannick Bru, entraîneur de Tou- louse. En mêlée surtout, les Bleus ont vécu un grand moment autour de la 18 e minute, à 15 mètres de la ligne. Six fois, M. Barnes ordonna l’introduction pour Morgan Parra. « Il était difficile de mettre un essai de pénalité car on était loin de la ligne, mais vu l’accumulation de fautes… », soupire Jacques Bru- nel, entraîneur de Perpignan. Mas, justement son capitaine à l’USAP, savoure : « Il n’y avait pas encore eude mêlée. Ça commençait àfaire long… On s’est dit que ce serait bien de marquer là-dessus. On l’a fait (essai de Servat) mais on aurait pu avoir un essai de pénalité. Comme ils n’étaient que sept (car- ton jaune pour Healy), l’arbitre n’a pas voulu les flinguer. » Le rugby est un combat, entend-on souvent ; mieux vaut alors le gagner. « On a les hommes devant pour réussir un truc énorme, confie Laurent Travers. On a un vivier, une culture de la mêlée. » Il évoque aussi ces ballons portés « qui don- nent un coup de fouet à toute l’équipe ». Mas : « Envie d’être forts. Et intelligents » Pelous ajoute : « On leur a fait mal enmêlée. Il n’y aqu’à voir Flannery, le talonneur… Il est très coureur d’habitude mais là, il a laissé telle- ment de jus qu’on l’amoins vudans le jeu. » L’ancien capitaine des Bleus n’est pas étonné par la perf française mais par l’élargissement du groupe : « Tu perds Barcella avant le Tournoi, tu mets Domin- go ; Chabal et Millo-Chluski se blessent, Papé rentre et le pack est toujours aussi performant. C’est très intéressant. » Jean-Pierre Garuet, grand pilier droit des années 1980, présent au Stade de France hier, est également bluffé : « Tu remplaces un mec, un autre, et le niveau ne change pas. On a passé un palier. On a un pack efficace, collectif face à des Irlan- dais au top, ne l’oublions pas. » Fabien Pelous le rejoint : « Vu le score, l’Irlande a pu passer pour faible mais c’est la France qui a été forte. » Pascal Papé, une plaie au visage, raconte comme ç’a été compliqué de dominer devant : « On en a chié. Le premier quart d’heure a été difficile, surtout avec Imanol borgne (doigt dans l’œil de Dusautoir). Mais on n’a rien lâché face à une équipe super compacte, surtout en conquête. En mêlée fer- mée, on les a mis sous pression. Sur la série de mêlées, on marque, ça montre notre implication. » En novembre, à Marseille, les Fran- çais avaient voulu faire exploser les All Blacks devant. Raté (défaite 12-39). « Cette fois, on avait envie d’être forts et intelligents à la fois », souligne Mas. Sorti à la 49 e , en même temps que John Hayes, il avoue : « Quand je l’ai vu quitter le terrain si tôt, lui que j’ai toujours vu faire quatre-vingts minutes depuis que je joue au rugby, j’ai pensé : un monument irlandais sort. Ça valeur donner uncoupau moral. »Domin- go, lui, sept sélections, adversaire direct de Hayes, est sorti avec les copains. À la 80 e . ARNAUD REQUENNA THIERRY DUSAUTOIR, capitaine de l’équipe de France, a apprécié la maîtrise affichée par les Bleus. « On les a mis sous pression d’entrée » « GLOBALEMENT, on est satisfaits de la manière dont le match s’est déroulé. On a su les mettre sous pres- sion d’entrée de jeu et les y garder toute la partie. C’est très satisfaisant. J’ai appris quec’est moi qui avais mis le doigt dans l’œil d’Imanol (Harinordo- quy). J’ensuis d’autant plus désolé que ces premières minutes sans lui ont été difficiles. À ce moment-là, nous avons été désorganisés, en touche notam- ment. On a dû s’adapter. Malgré tout, on a réussi à lancer notre jeu, mais ça n’a pas été évident. En ce qui concerne la discipline, c’est peut-être la chose que l’on fait le mieux depuis un certain temps. Ça devient une constante de l’équipe ce qui est très important au niveau international. Ça fait un moment aussi que la mêlée donne satisfaction. On s’était fait piéger face à la Nouvelle-Zélande (12-39) alors que notre mêlée était beaucoup plus forte mais moins intelligente. Ce soir, nous sommes satisfaits. Dans les rucks, on a été performants. On savait qu’ils retardaient les balles, mais Morgan (Parra, demi de mêlée) a quand même eu des ball ons propres. On a également pu contester quelques-uns de leurs ballons. C’est toujours très difficile de dire quand ou comment on prend l’ascendant sur l’équipe adverse. On a engrangé de la confiance sur la succession de mêlées près de leur ligne. Physiquement, ils ont du souffrir de cette séquence-là en fin de match. » – R. B. RÉACTIONS GÉmile NTAMACK (entraîneur chargé des lignes arrière de l’équipe de France) : « Aujourd’hui, on a vu beaucoup de bonnes choses. On avu des avants perfor- mants, mais les trois-quarts n’ont pas été en reste. Ce qui est aussi important, c’est la communication au niveau des prises d’initiative. J’ai vu Parra et Trinh-Duc se disputer sur le terrain, mais immédiate- ment après ils se tapaient dans les mains. C’est intelligent. Voilà, on avance mais beaucoup de choses sont encore perfec- tibles et c’est tant mieux. Ce qui est ennuyeux, c’est de perdre deux ailiers. Ça ne paraît pas grave, mais ils sont quand même sortis. Fall non plus ce n’était pas grave et puis il avait dû déclarer forfait. Il faut s’attendre à tout. Si ça continue je vais jouer au Millennium. Non dans le cas oùondevrait faire appel à d’autres ailiers, Fall devrait être opérationnel et il y aaussi Donguy (Toulouse), Andreu (Castres) et j’en passe… » – S. T. GDavid MARTY (centre de l’équipe de France, à propos de son entrée à l’aile) : « Il faut s’adapter. Les dix premières minutessont compliquées, surtout dans le placement. Il faut faire le choix de ne pas être partout. Heureusement, je suis rentré quand le score était largement en notre faveur. À la fin du match, j’ai reçu un SMS de Julien (Candelon, ailier de l’USAP). Il me disait qu’il valait mieux que je reste au centre…Il doit avoir peur que je lui pique la place ! » – G. N. GDavid ELLIS (entraîneur chargé de la défense de l’équipe de France) : « Je suis très satisfait de la performance de l’équipe. Je l’aurais été encore davantage si nous n’avions pas encaissé d’essai. La satisfaction vient du fait que nous avons mis en place deux types très différents de défense, l’une avec les ailiers coupant les extérieurs en Écosse, l’autre, glissée, face aux Irlandais. Les deux ont été perfor- mantes. Quand tu as dans l’équipe un triangle 10 (Trinh-Duc) - 12 (Jauzion) - 13 (Bastareaud) qui défend aussi bien, ton jeu devient plus confortable. » – G. N. G François TRINH-DUC (ouvreur de l’équipe de France) : « Ce n’était pas les avants d’un côté, les trois-quarts d’un autre comme la semaine dernière : c’était unmatch plein. Sur ma percée, les centres plutôt gaillards mefont le trou. Je n’ai plus qu’àcourir. Malheureusement, j’ai unpeu les œillères et j’oublie Clément (Poitre- naud) et David Marty sur les extérieurs. Je n’ai pas le temps delever la tête, désolé… On ressort avec un peu plus de confiance d’un match comme ça par rapport à celui de la semaine dernière. » GThomas DOMINGO(pilier gauche de l’équipedeFrance) : « Je pensequ’il fallait les contrer sur les mêlées et les ballons portés, car ce sont leurs points forts. Ça nous a sourit et ça a fait une bonne partie du boulot. Les trois-quarts, derrière, ont fait unmatchplein. Ils ont pris des bonnes décisions. Ils ont scoré. Ça a été une belle partie et on est bien contents de ce qui s’est passé. Il y a une super ambiance (au sein de l’équipe). On s’entend très bien entre nous. On arrive à faire de bons matches. C’est notre deuxième prestation sur le Tournoi et elle nous fait du bien à la tête. Ça nous motive. » GVincent CLERC (ailier de l’équipe de France) : « C’est une performance fantas- tique, notamment endéfense. Onafait un gros match et on a su se montrer très réa- listes sur nos occasions. Pour la victoire dans le Tournoi, c’est trop tôt pour savoir. Le pays de Galles a battu l’Écosse à la der- nière minute, il y a l’équiped’Angleterre... On en saura plus après notre match au pays de Galles. Mais c’est vrai que c’est unevictoireimportante. Onafait le match parfait pour gagner. » GMorgan PARRA (demi de mêlée de l’équipe de France) : « Les avants ont abattuunboulot énorme. Ils ont libérédes ballons propres, ce qui nous a rendu la tâche plus facile à François (Trinh-Duc) et moi. À titre personnel, ça s’est plutôt bien passédans les tirs aubut. J’assumecerôle aujourd’hui, quand ça sourit, mais j’assu- merai aussi le jour où il y aura des pro- blèmes. » GFulgence OUEDRAOGO (troisième- ligne aile de l’équipe de France) : « C’était le premier vrai test. On a mis beaucoup d’envie, de courage. D’autant que les Irlandais avaient annoncé la couleur dans lapresse. Ils venaientpour gagner. Ils vou- laient venger la main de Thierry Henry (lors de France-Irlande, 1-1, match de qualification pour la Coupe du monde de football 2010). En face, nous sommes res- tés solidaires. Maintenant, on sait que c’est toujours le troisième match qui coince. » GJulienMALZIEU(ailier de l’équipe de France) : « Il y avait quatre ailiers, quatre blessés. Ça fait peur. Personnellement, j’ai déjà donné l’année dernière. Je passe mon tour. C’était dur de rentrer dans ce match avec la température très froide. Mais j’ai appréciédedisputer ces soixante minutes sur le terrain. » GMathieu BASTAREAUD (centre de l’équipe de France) : « Ça fait toujours plaisir de battre le tenant du titre. On va s’entraîner dur pour être prêts dans deux semaines contre le pays de Galles. Le Grand Chelem reste notre objectif. » SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – Comme face à l’Écosse, les avants tricolores ont réalisé un grand match, notamment en mêlée. Domingo, Servat et tous les gros ont concassé leurs vis-à-vis irlandais. (Photo Marc Francotte/L’Équipe) SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, HIER. – Le capitaine de l’équipe de France, Thierry Dusautoir, en pleine discussion avec le directeur technique national, Jean-Claude Skrela (à gauche), est félicité ici par le président de la Fédération française de rugby, Pierre Camou (à droite). (Photo Marc Francotte/L’Équipe) DIMANCHE 14 FÉVRIER 2010 PAGE 5 Noir Jaune Bleu Rouge 1 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e * 65 e ANNÉE - N o 20 343 1,10 / France métropolitaine Dimanche 21 mars 2010 www.lequipe.fr LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE MILAN - SAN REMO FREIRE REJOINT COPPI (Page 10) L I G U E 1 REFAITES-NOUS RÊVER LYON, STADE DE GERLAND, 8 NOVEMBRE 2009. – L’extraordinaire match aller (5-5, ci-contre Brandao au duel avec Jérémy Toulalan) donne une saveur particulière au Marseille-Lyon de ce soir (20 h 45), dernière rencontre de la 29 e journée de L 1, dont Bordeaux (2 e ) - Lille (4 e ) sera aujourd’hui (17 heures) l’autre sommet. (Pages 12 à 20) (Photo Pierre Lahalle/L’Équipe) TROPHÉE JULES-VERNE RECORD POUR CAMMAS (Page 27) AUXERRE AUX AFFAIRES AUXERRE, STADE DE L’ABBÉ-DESCHAMPS, HIER. – En battant Le Mans (2-1), l’AJA de Benoît Pedretti (ci-contre, qui vient de marquer le but de la victoire) a pris, en attendant les résultats d’aujourd’hui, la tête du Championnat. (Page 17) (Photo Christian Liewig/L’Équipe) UN CHELEM BIEN ARROSE Victorieux à l’arraché des Anglais (12-10) sous des trombes d’eau, le quinze de France a réussi hier le neuvième Grand Chelem de son histoire. (Pages 2 à 8) SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, HIER. – L’heure de gloire pour Thierry Dusautoir, le capitaine des Bleus, qui soulève le trophée 2010 entouré (de gauche à droite au premier rang) d’Imanol Harinordoquy, Dimitri Szarzewski et Sébastien Chabal, et au deuxième rang de Julien Pierre, David Marty, Alexandre Lapandry, Thomas Domingo, Lionel Nallet, WilliamServat et Nicolas Mas. (Photo Marc Francotte/L’Équipe) L’ÉQUIPE dimanche, lundi : ALLEMAGNE, 2,20 /; AUTRICHE, 2,80 /; BELGIQUE, 1,60 /; CANADA, 4,25$CA; DOM, 1,70 /; ESPAGNE, 2,10 /; GRÈCE, 2,30 /; ITALIE, 2 / ; IRLANDE, 2 /; LUXEMBOURG, 1,60 /; MAROC 15 MAD; PAYS-BAS, 2,20 / ; PORTUGAL CONT 2,30 /; ROYAUME–UNI, 1,50£; SUISSE 2,60 FS; TUNISIE 2,40 DIN 3 : H I K K S C = Z U V V U X : ? k @ d @ c @ l @ a ; M 0 0 8 2 5 - 3 2 1 - F : 1 , 1 0 E 2 0 1 0 . R IC A R D E S T U N E M A R Q U E E N R E G IS T R É E D E P E R N O D R IC A R D S .A . - D E S IG N C A R A F E : G A R O U S T E & B O N E T T I - D E S IG N V E R R E : O .G A G N È R E / K R É O . RÈGLES DE L’ART DANS LES POUR PRÉPARER UN RICARD, IL FAUT VERSER 1 VOLUME DE RICARD, 5 VOLUMES D’EAU ET ENFIN AJOUTER DES GLAÇONS. Noir Jaune Bleu Rouge 6 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e RUGBY ! TOURNOI DES SIX NATIONS (5 e et dernière journée) – FRANCE - ANGLETERRE : 12-10 Laplusbellepreuvepar De 1968 à hier soir, de Christian Carrère à Thierry Dusautoir, tous les Grands Chelems tricolores revisités. SIX ANS APRÈS la dernière razzia bleue, les hommes de Thierry Dusautoir ont à leur tour accroché le Grand Chelemau palmarès duquinzedeFrance. L’histoireest maintenant àeux. De 1910 à aujourd’hui, cent ans de rugby bleu dans le Tournoi des Cinq puis des Six Nations trouvent leur conclusion de la plusbelledesfaçons. Contrastés, cessuccèssanspartagereflè- tent chacun leur époque mais, de la révolte de 1968 au succès de cette année, les Grands Chelems français racontent surtout unélanet sa permanence. C’est ainsi l’expression, kaléidosco- pique, d’une envie d’exister balle en main, de prouver de façons diverses et variéesqu’ungroupepeut s’inscriredans les chroniques à défaut de durer. Mais qui sait... J’aime l’idée que Jo Maso, trois-quarts centre en 1968, aujourd’hui manager du quinze de France, personnifie le trait d’union entre les générations. Quel meilleur symbole que cet attaquantflamboyant, apôtreduFrenchflair, pour transmettre leflambeauet les mots depasse. « Pour moi, cefut unmoment important, se souvient Jo Maso. Je l’ai gardé au fond de mon cœur. Nous avons ouvert la voie et, derrière, d’autres équipes de France s’y sont engouffrées. C’est toujours difficile de réus- sir un Grand Chelem. Celui de 2010 prouve qu’il n’y a pas de petites équipes : il n’y aquedes joueurs augrandcœur. »C’est d’ailleurs davantage qu’une coïncidence que le premier essai du Tournoi des Six Nations 2010 ait été inscrit par un trois-quarts centre, Mathieu Bastareauden l’occurrence, nouvelle coque- luche du public. Il appelait un chapelet d’interceptions, de relances et de percées. Ce soir, le Grand Chelem 2010 ne souffre aucune contestation. Il récompense un groupe, un staff, un état d’esprit. Et si la première borne de l’ère Lièvre- mont enappelait d’autres dans lefutur ?Enattendant decélé- brer demain, acceptons-en l’augure. CARDIFF, ARMS PARK, 23 MARS 1968. – Christian Carrère, Walter Spanghero, Michel Greffe, Michel Yachvili, Alain Plantefol et Michel Lasserre (de gauche à droite) forment le maul, premier rempart contreles Gallois, battus 14-9. (Photo L’Équipe) DUBLIN, STADE DE LANSDOWNE ROAD, 19 MARS 1977. – Jean-Pierre Rives couve le ballon gagné par Gérard Cholley, Alain Paco, Jean- Pierre Bastiat et Jean-François Imbernon (de gauche à droite), avant del’offrir aucapitaineJacques Fouroux. (PhotoL’Équipe) LONDRES, STADE DE TWICKENHAM, 21 MARS 1981. – Profitant d’un décalage créé par la passe croisée de Didier Codorniou, l’ailier Lau- rent Pardo entre dans l’en-but anglais pour inscrire l’essai de la vic- toire(16-12). (Photo L’Équipe) LONDRES, STADE DE TWICKENHAM, 7 FÉVRIER 1987. – Interceptant une passe entre les Anglais Hill et Andrew, Philippe Sella marquera au terme de sa traversée en solitaire. (Photo Michel Deschamps/L’Équipe) LONDRES, STADE DE TWICKENHAM, 1 er MARS 1997. – Le trois-quarts centre Christophe Lamaison défie du regard son vis-à-vis avant de planter le ballon en terre anglaise. (Photo Didier Fèvre/L’Équipe) LONDRES, STADE DE WEMBLEY, 5 AVRIL 1998. – La défense galloise cède (51-0) sous les inspirations de l’ouvreur Thomas Castaignède, irrésistiblecejour-là. (Photo Didier Fèvre/L’Équipe) SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, 27 MARS 2004. – Face aux cham- pions du monde anglais, Dimitri Yachvili savoure son essai, celui qui permet à la France de l’emporter (24-21), tandis que Fabien Pelous s’approchepour leféliciter. (Photo Bernard Papon/L’Équipe) SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, 6 AVRIL 2002. – Porté en triomphe par ses coéquipiers, FabienGalthié présenteletrophée aupublic dio- nysien. Lafêtenefait quecommencer. (PhotoDenys Clément/L’Équipe) RICHARD ESCOT ÉDIMBOURG, STADEDEMURRAYFIELD, 7FÉVRIER2010. – Mathieu Bastareaud perce, feinte, redresse, plonge et marque. La France s’impose d’entrée du jeu par son puissant trois-quarts centre, passé entre la charnière écossaise formée de Cusiter et Godman. (Photo Didier Fèvre/L’Équipe) SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), STADE DE FRANCE, 13 FÉVRIER 2010. – le demi de mêlée Morgan Parra commande son pack au doigt et à l’œil. Le capitaine Thierry Dusautoir, casqué, soulève le deuxième-ligne irlandais Paul O’Connell pour le faire voyager sur ledos delatortuebleue. (PhotoMarc Francotte/L’Équipe) CARDIFF, MILLENNIUMSTADIUM, 26 FÉVRIER 2010. – Alexis Palis- son vient d’intercepter. On joue depuis seulement quelques minutes et les Gallois sont déjà distancés. Le jeune ailier marque ainsi ses grands débuts dans le Tournoi. (Photo Alain Mounic/L’Équipe) SAINT-DENIS, STADEDEFRANCE, 14MARS2010. –Imanol Harinor- doquy domine l’alignement, et les infortunés Italiens ne peuvent qu’apprécier la détente du numéro 8 tricolore, parfaitement sou- tenu dans son vol par WilliamServat et Julien Pierre. (Photo RichardMartin/L’Équipe) SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE, HIER. – Avec Morgan Parra dans le rôle du meneur-buteur, le quinze de France a battu l’Angleterre(12-10) pour aller aubout desonrêve: réussir leGrandChelem. (Photo Marc Francotte/L’Équipe) 13 janvier, à Édimbourg (Murrayfield) : Écosse-France, 6-8. 27 janvier, à Colombes (stade Yves-du-Manoir) : France-Irlande, 16-6. 24 février, à Colombes (stade Yves-du-Manoir) : France-Angleterre, 14-9. 23 mars, à Cardiff (Arms Park) : Galles-France, 9-14. Classement : 1. France, 8 pts ; 2. Irlande, 5 pts ; 3. Angleterre, 4 pts ; 4. Galles, 3 pts ; Écosse , 0 pt. Capitaine : Christian Carrère. 5 février, à Paris (Parc des Princes) : France-Galles, 16-9. 19 février, à Londres (Twickenham) : Angleterre-France, 3-4. 5 mars, à Paris (Parc des Princes) : France-Écosse, 23-3. 19 mars, à Dublin (Lansdowne Road) : Irlande-France, 6-15. Classement : 1. France, 8 pts ; 2. Galles, 6 pts ; 3. Angleterre, 4 pts ; 4. Écosse, 2 pts; 5. Irlande, 0 pt. Capitaine : Jacques Fouroux. 17 janvier, à Paris (Parc des Princes) : France-Écosse, 16-9. 7 février, à Dublin (Lansdowne Road) : Irlande-France, 13-19. 7 mars, à Paris (Parc des Princes) : France-Galles, 19-15. 21 mars, à Londres (Twickenham) : Angleterre-France, 12-16. Classement : 1. France, 8 pts ; 2. Angleterre, Écosse et Galles, 4 pts ; 5. Irlande 0 pt. Capitaine : Jean-Pierre Rives. 7 février, à Paris (Parc des Princes) : France-Galles, 16-9. 21 février, à Londres (Twickenham) : Angleterre-France, 15-19. 7 mars, à Paris (Parc des Princes) : France-Écosse, 28-22. 21 mars, à Dublin (Lansdowne Road) : Irlande-France, 13-19. Classement : 1. France, 8 pts ; 2. Irlande et Écosse, 4 pts ; 4. Galles et Angleterre, 2 pts. Capitaine : Daniel Dubroca. 7 février, à Saint-Denis (Stade de France) : France-Angleterre, 24-17. 21 février, à Édimbourg (Murrayfield) : Écosse-France, 16-51. 7 mars, à Saint-Denis (Stade de France) : France-Irlande, 18-16. 4 avril, à Londres (Wembley) : Galles-France, 0-51. Classement : 1. France, 8 pts (+ 95) ; 2. Angleterre, 6 pts (+ 59); 3. Galles, 4 pts (– 70); 4. Écosse, 2 pts (– 54); 5. Irlande, 0 pt (– 30). Capitaine : Raphaël Ibanez. 14 février à Saint-Denis (Stade de France) : France-Irlande, 35-17. 21 février à Saint-Denis (Stade de France) : France-Italie, 25-0. 7 mars à Cardiff (Millennium Stadium) : Galles-France, 22-29. 21 mars à Édimbourg (Murrayfield) : Écosse-France, 0-31. 27 mars à Saint-Denis (Stade de France) : France-Angleterre, 24-21. Classement : 1. France, 10 pts (+ 84) ; 2. Irlande 8 pts (+ 46) ; 3. Angle- terre6pts (+ 64) ; 4. Galles4pts (+ 9) ; 5. Italie2pts(– 110) ; 6. Écosse0pt (– 93). Capitaine : Fabien Pelous. 2 février, à Saint-Denis (Stade de France) : France-Italie, 33-12. 16 février, à Cardiff (Millennium Stadium) : Galles-France, 33-37. 2 mars, à Saint-Denis (Stade de France) : France-Angleterre, 20-15. 23 mars, à Édimbourg (Murrayfield) : Écosse-France, 10-22. 6 avril, à Saint-Denis (Stade de France) : France-Irlande, 44-5. Classement : 1. France, 10 pts (+ 81) ; 2. Angleterre, 8 pts (+ 131) ; 3. Irlande, 6pts (+ 7) ; 4. Écosse, 4pts (– 59) ; 5. Galles, 2 pts (– 47) ; 6. Ita- lie, 0 pt (– 77). Capitaines : Fabien Galthié (3), Olivier Magne, Raphaël Ibanez. 9 1977 1981 1987 1997 1998 PAGE 6 DIMANCHE 21 MARS 2010 1968 18 janvier, à Dublin (Lansdowne Road) : Irlande-France, 15-32. 15 février, à Paris (Parc des Princes) : France-Galles, 27-22. 1 er mars, à Londres (Twickenham) : Angleterre-France, 20-23. 15 mars, à Paris (Parc des Princes) : France-Écosse, 47-20. Classement : 1. France, 8 pts (+ 51) ; 2. Angleterre, 6 pts (+ 86) ; 3. Galles, 2 pts (– 12) ; 4. Écosse 2 pts (– 42) ; 5. Irlande 2 pts (– 84). Capitaine : Abdelatif Benazzi. 2004 2002 2010 7 février, à Édimbourg (Murrayfield) : Écosse-France, 9-18 13 février, à Saint-Denis (Stade de France) : France-Irlande, 33-10 26 février, à Cardiff (Millennium Stadium) : Galles-France, 20-26 14 mars, à Saint-Denis (Stade de France) : France-Italie, 46-20 20 mars, à Saint-Denis (Stade de France) : France-Angleterre, 12-10 Classement : 1. France, 10 pts (+ 66) ; 2. Irlande, 6 pts (+ 11) ; 3. Angleterre, 5 pts (+12) ; 4. Galles, 4 pts (–4) ; 5. Écosse, 3 pts (– 17) ; 6. Italie, 2 pts (– 68). Capitaine : Thierry Dusautoir. Noir Jaune Bleu Rouge 1 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e * 62 e ANNÉE - N o 19 579 1,00 / France métropolitaine Dimanche 10 février 2008 www.lequipe.fr LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE TENNIS FOOTBALL CAN 2008 : UNE FINALE DE GÉANTS (Pages 13 et 15) COUPE DAVIS : LA FRANCE RETROUVE LES ÉTATS-UNIS (Pages 21 et 22) AUTOMOBILE LOEB LAISSE FILER LES FORD (Page 20) LE GRAND FRISSON La France, avec trois essais de Vincent Clerc, a battu l’Irlande (26-21) au Stade de France, hier, après un match étonnant. Flamboyants une heure, les Bleus ont ensuite préservé leur victoire au courage. Ils sont en tête du Tournoi avec les Gallois, vainqueurs (30-15) de l’Écosse. (Pages 2 à 5, et notre éditorial) STADE DE FRANCE. – Aurélien Rougerie tente une percée, mais il sera bientôt repris par les Irlandais Dempsey, O’Kelly, Trimble et Leamy (de gauche à droite). Si les Bleus ont d’abord beaucoup essayé et beaucoup réussi, ils ont subi largement la domination irlandaise en fin de match. (Photo Bernard Papon) LES GROSSES TÊTES SONT LÀ (Pages 8 à 12) NANCY. – Lyon, en réussite contre Sochaux (4-1), Bordeaux, facile devant Metz (3-0), et Nancy, difficile vainqueur de Toulouse (1-0) grâce à un but de Puygrenier (notre photo, au centre), ont renforcé leur position dans le trio de tête de la Ligue 1, hier soir, à l’occasion de la 24 e journée. (Photo Mao) L’ÉQUIPE dimanche, lundi : ALLEMAGNE, 2,20 / ; DOM, 1,6 / ; ANDORRE, 1,25 / ; AUTRICHE, 2,3 / ; BELGIQUE, 1,6 / ; ESPAGNE, 2,1 / ; GRÈCE, 2,2 / ; ITALIE, 1,9 / ; IRLANDE, 2 / ; LUXEMBOURG, 1,6 / ; PAYS-BAS, 2,2 / ; PORTUGAL CONT., 2 /. 3:HIKKSC=ZUVUUY:?k@c@l@a@a; T 00825 - 210 - F: 1,00 E FRENCH SPIRIT * *SPIRITUEUX FRANC, AIS IRISH SPIRIT * *SPIRITUEUX IRLANDAIS F r a n c e 2 0 0 8 . L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É , À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N . Noir Jaune Bleu Rouge 2 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e L’ÉDITO Nicee Perpignan pignan Perpignan arritz Bia 15 6 nes Renn Brest Besançon n o Dijon Lyyon 8 -1 10 9 11 4 12 2 11 5 9 3 10 0 8 -2 11 1 11 3 7 1 9 1 10 -1 11 3 8 1 9 -1 12 5 13 0 12 4 Cleermont- Ferrand T l Toulouse Nantes Nante CCaen urg Cherbou Ro R uen AAmiens ns 11 0 10 4 9 0 Metz CChâlons- en-Champagne en-Champa Sedan e Lille PParis Gr renoble 12 4 9 -1 10 -1 8 -1 aux Bordea Orrléans s Poitiers Rochelle elle La Limmoges avec Montpellier Montpellie 15 4 12 5 Marseille Ajaccio Ajacc 13 2 Strassbourg Le best of Résumé des meilleures phrases de la conférence de presse d’hier. du Stade de France 3333 33 33 33 33 333333333333 1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 333333 33333333 11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111133 33 33 333333 1111133 133 Cela faisait 133 matches que l’équipe de France n’avait pas encaissé un essai de pénalité. C’était face à l’Argentine, le 22 juin 1996, lors d’une victoire 34-27 à Buenos Aires. Les Bleus, parmi lesquels évoluait Émile Ntamack, avait été sanctionnés sur une mêlée à 5 mètres, un troisième-ligne s’étant détaché trop rapidement. L’arbitre était le Gallois M. Simmonds. La dernière équipe du Nord à avoir infligé un essai de pénalité à la France était l’Irlande, lors du Tournoi des Cinq Nations 1996. 15’ 37’ 58’ 80’ Dans un ruck irlandais, le capitaine Lionel Nallet fait le ménage sur David Wallace puis récupère le ballon. L’action aboutira au premier essai de Vincent Clerc. Comme à Édimbourg, Cédric Heymans sert Vincent Clerc pour un essai. Cette fois, l’arrière du quinze de France a fixé trois défenseurs avant de lancer Clerc vers le triplé. Le côté gauche de la mêlée française, où évolue Julien Brugnaut à cet instant, a cédé pour la deuxième fois de suite. L’arbitre gallois Nigel Owens siffle l’essai de pénalité. C’est l’action de la dernière chance pour les Irlandais. Mais Geordan Murphy tape à suivre dans les bras de Cédric Heymans qui sort du terrain pour la fin du match. Les quatre temps forts de la rencontre 26 - 21 Le demi de mêlée des Wasps a déjà réussi l’exploit de renvoyer Peter Stringer sur le banc et, hier encore, Reddan a prouvé que c’est un demi de mêlée capable de créer le danger pendant 80 minutes. Très actif, opportuniste, il fut un véritable poison pour les Français dans le petit périmètre, et par la vivacité de sa passe, il a permis à ses trois-quarts de rattraper le retard en deuxième période. Mais à l’image de son équipe, malgré deux grosses occasions d’essai (27 e et 79 e ), il n’a pu les concrétiser. Eoin Reddan Trois essais, ce n’est pas courant. Pour cela, il n’eut presque rien à faire, si ce n’est d’être toujours bien placé. Ce qui prouve son sens du jeu, sa rapidité pour intervenir et finir les coups. Il est une menace permanente pour les défenses. Vincent CLERC Stade de France. Temps doux et sec. Pelouse en bon état. 79 000 spectateurs environ. Arbitre : M. Owens (GAL) 7,5 , FRANCE IRLANDE 1’ 10 1 ’’ 40 4 ’ 1111 re re re p i t i t mi-temps mi temps 70 7 ’’’’ 800’’ 2222 eee i t i t p mi-temps mi temps Temps de jeu effectif p ff f 40’40’’ Dempsey 4 Dusautoir 7 Bonnaire 6,5 Heymans 7,5 Ouedraogo 6 Leamy 6 Heaslip 6,5 D. Wallace 6,5 Mas 4,5 Szarzewski 7 Faure 4 Horan 5 Jackman 5 Hayes 5 Skrela 7 Élissalde 6 Reddan 7 O’Gara 5,5 Méla 5 Nallet (cap.) 6,5 O’Callaghan 5 O’Kelly 4 Rougerie 6,5 Marty 6,5 Traille 7 Clerc 7,5 Kearney 5 Trimble 5,5 B. O’Driscoll (cap.) 5,5 Murphy 3 0-0 4’’ 7-3 18 18’’ FRANCE IRLANDE transformé Essai Pénalité non-transformé ré réussie éu manqué uée ée Drop ré réussi éu manqué ué Cartons jaune rouge non tenté tée ée Élissalde Él OO’’Gara G ’G ’G 7 Pénalités ratées Pénalités non tentées Pénalités réussies avec Possession du ballon Touches gagnées 45 % 55 % Occupation 37 % 63 % 10 4 13 6 Mêlées gagnées 9 +2* +2 +5 +2* +1* +1* +1* + 6 9 2 2 3 5 6 Ballons joués au pied 23 26 Franchissements 5 4 Plaquages Réussis 113 Ratés 9 Réussis 66 Ratés 8 Pénalités concédées 8 1 0 1 1 0 Total * gagnéé sur l é ’adversaire ’a 1 re m.-t. 2 e m.-t. Total 1 re m.-t. 2 e m.-t. FRANCE : 4 E, Clerc (15 e ,19 e , 37 e ), Heymans (49 e ) ; 3 T, Élissalde (15 e , 37 e , 49 e ). IRLANDE : 2 E, essai de pénalité (58 e ), D. Wallace (61 e ) ; 3 B, O’Gara (18 e , 30 e , 74 e ) ; 1 T, O’Ga NTS Alain Mounic 7-0 15 15’’ 19-6 37 337’’ 26-6 49 449’’ E, Clerc ; T, Élissalde Él E, Clerc E, Clerc ; T, Élissalde Él E, Heymans ; T, y Élissalde Él E (pénalisation) ; T, O én ’Gara ’G E, D. Wallace 12-3 199’’ 12-6 30 330’’ 26-13 58 558’’ OO’’Gara G ’G ’G 26-21 74 774’’ OO’’Gara G ’G ’G 43’ 53’ 557 77’’’ 26-18 61 661’’ 40 44 ’’ 660 600’’’’ OUS sommes dans «Nune phase de transition. Il faut oublier ce qu’on a vu dans le Mondial, mais ne pas se faire d’illusions : ce sont les défenses qui primeront toujours dans une Coupe du monde. » Dans les mots choisis pour valider son expertise de coach champion du monde, le Sud-Africain Jake White, hier dans nos colonnes, avait humé, avec quelques heures d’avance, l’histoire de ce France-Irlande 2008. Après seulement deux rencontres dans ce Tournoi post-Coupe du monde, les Bleus de Marc Lièvremont ont déjà beaucoup gagné. Leurs matches, de la confiance, de l’expérience. Du crédit, en somme. On les savait gourmands offensivement, mais on les a aussi trouvés particulièrement teigneux pour ne pas se faire chiper in extremis leur bien. Cette équipe travaille plus pour gagner plus. Et, là, ça marche ! Le staff tricolore n’a pas sélectionné une équipe de comptables. Tant mieux, car elle n’a rien épargné aux 79 000 spectateurs payants du Stade de France. Ni les envolées d’une première heure de jeu, où, forcément, la réussite fuit toujours les plus inquiets. Ni le gaspillage des vingt dernières minutes, où le courage suffit parfois à colmater les brèches béantes quand le jeu se délite. Et, dans le camp français, ce fut le cas. On a alors apprécié la déter- mination des entraîneurs français à mener à bien leur projet. Quand tout gîtait, à quelques encablures de l’issue incer- taine de ce match devenu fou, ils ont envoyé leurs Bleus ramer dans la galère. Pour se tanner le cuir. Sans autre calcul, semble-t-il, que de mêler tout le groupe au scénario d’une histoire à écrire. La méthode a d’abord le mérite de l’efficacité puisque la France a gagné ainsi. Avec les déboulés de Clerc et Hey- mans, et la résistance crispée d’une mêlée pourtant domi- née. La méthode possède aussi la vertu de l’authentici- té puisque ce sont les épreuves du terrain qui vont logiquement et rapidement établir la hiérarchie au sein de ce groupe naissant. « C’est maintenant qu’il faut commencer à roder des joueurs. Pas à un an de la Coupe du monde », relevait encore Jake White. C’est maintenant, donc, qu’il faut dépenser sans compter. LAMÉTÉO La France remportera-t-elle le Tournoi des Six Nations ? Le Cameroun empêchera-t-il l’Égypte de conquérir une sixième Coupe d’Afrique des nations ? RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS (2 e journée) –FRANCE- IRLANDE : 26-21 France2privé dechrono LA RETRANSMISSION télévisée du matchaété perturbéepar unproblème informatique dans le car régie de France 2 qui a privé les téléspectateurs de chronomètre à parti r de l a 60 e minute. Alors que les Irlandais étaient revenus au score à 26-13 (60 e ) et s’installaient dans le camp des Bleus, le temps restant à jouer n’est plus apparu sur l’écran des téléviseurs. Ce qui n’était pas le cas sur l’écran géant du Stade de France. « Nous avons été victimes d’un bug dans le programme informatique, explique Pierre Martin, chargé de production sur France 2. C’est un problème rare et assez complexe. Pour remédier à la panne, “débuguer” et relancer le pro- gramme, l’opérateur avait besoin d’un laps de temps minimum. Or, comme le score évoluait sans cesse, nous avions aussi besoin de faire apparaître d`autres informations à l’écran et l’opérateur ne pouvait pas changer de programme sans cesse. On a donc pris le parti de ne plus donner le temps à jouer. » – H. I. Et lepackbleuatangué Faiblesse ou mauvais coaching ? En deuxième mi-temps, les avants français ont dangereusement subi la domination irlandaise. PAS TOUT À FAIT ensemble, les Tricolores ont entamé un long tour d’honneur. Tous sauf un. Le pilier dacquois Julien Brugnaut entré (47 e ) à la place de Lionel Faure, et sanctionné sur lamêléequi aamené l’essai de pénalisation irlandais (58 e ), a préféré regagner le tunnel des vestiaires en courant pour cacher l’honneur meurtri d’un pilier qui venait d’être bousculé : « J’étais très déçu, je voulais me retrouver seul pour meressourcer. Je n’ai vou- luvoir personne et jenepouvais sur- tout pas saluer le public. Mainte- nant, je veux voir les images pour savoir si j’ai réellement fait une faute. » À travers cette défaillance dans un secteur jugé fort du rugby français à travers les âges, c’est toute l’acadé- mie des « pilards » qui a blêmi. Mais chez les Bleus, personne n’accable le responsable. « Pour un pilier, c’est ce qui est le plus ter- rible », souffle Nicolas Mas, qui porte sur le visage les stigmates de « Onl’appelleMoïse» MATCH G Lionel NALLET: « C’est un match impor- tant pour construire une équipe, avec vingt minutes à souffrir ensemble. Pour moi, ce sont de belles victoires. » G Marc LIÈVREMONT : « À 26-6, on avait les ballons pour tuer le match…On a été punis d’avoir géré, d’avoir rendu des ballons au pied. » G DavidMARTY: « On s’est débarrassés des ballons. Dans notre système de jeu, cela ne convient pas. Les Irlandais en ont profité. C’est davantage nous qui avons provoqué cette fin de match et non eux qui ont fait des choses extraordinaires. » MÊLÉE G Marc LIÈVREMONT : « Notre mêlée a été dominatrice en première mi-temps, même un peu trop, on n’a pas su gérer nos efforts. Ensuite, c’est vrai, cela fait partie des secteurs où l’on a été défaillant. Dans les têtes, on recu- lait de partout même si cela ne fait pas plaisir de prendre un essai de pénalité. » CLERC G Cédric HEYMANS : « Vincent, on lui a trouvéunnouveau surnom, onl’appelle Moïse, il marche sur l’eau. » G David SKRELA : « Ce sont ses chaus- sures. » G Vincent CLERC : « Sur les essais, on m’a mâché le travail. » G Jean-Baptiste ÉLISSALDE : « Sur l’essai que marque Vincent à la suite de mon coup de pied, j’ai vu que son vis-à-vis (Leamy) était cas- qué. En général, les casqués, ils jouent plutôt devant. Je me suis alors dit qu’il devrait courir plus vite que lui… » COMPLICITÉ G Vincent CLERC : « Des fois, c’est halluci- nant avec le recul, la complicité que l’on peut avoir avec Cédric. » 50 e MINUTE G Jean-Baptiste ÉLISSALDE : « Après cin- quante minutes, on s’est sentis trop sûr de nous. Or il faut toujours avoir peur dans un match comme ça. Vingt-cinq points, cela ne suffit jamais dans une rencontre de ce niveau. » G DavidSKRELA: « Jenecrois pas quecelaa été de la suffisance mais à ce moment-là, c’est vrai, on a relâché la pression. On a rendu des ballons. Je me souviens d’une mêlée au centre où l’on a tapé et c’était jouable… » G Marc LIÈVREMONT : « Il y a eu des rup- tures dans le soutien, les joueurs se sont mis à marcher en se relevant. Or, les efforts que l’on ne fait pas au début, on les paie après, à courir derrière les gars pour rattraper ce retard. » IRLANDAIS G BrianO’DRISCOLL : « Lameilleure équipe a-t-elle gagné ? Celle qui a gagné, c’est la plus clinique, celle qui a su concrétiser ses occa- sions. Ce qui est sûr, c’est que la meilleure équipe de la deuxième mi-temps n’a pas gagné le match. » G Eddie O’SULLIVAN : « Quand on me demandesi nous nous ensommes biensortis ce soir, je dirai plutôt que ce sont les Français qui s’en sont bien sortis ! » MINOTS G Fulgence OUEDRAOGO : « C’était vrai- ment un très grand moment. Premier match au Stade de France avec l’équipe de France et on était là tous les trois avec François (Trinh-Duc) et Louis (Picamoles), on s’est serrés durant les hymnes. J’ai essayé d’en profiter mais, en même temps, je savais qu’il ne fallait pas que je me laisse trop gagner par l’émotion. Mais je vous assure, ce jour-là, avec François et Louis, toute notre vie on s’en souviendra. » – J.-C. C., I. B. l’épreuve infligée par les Irlandais. Dans cette rencontre à double face, les avants français se souviendront longtemps des trente dernières minutes où ils ont été placés sous l’éteignoir par un pack irlandais qui avait pourtant fait pâle figure au cours de la première période dans les secteurs. En touche, l’alignement français avait contrarié les lancers adverses en première mi-temps. Cette source s’est tarie en seconde. Le numéro 8 Julien Bonnaire explique : « Après la pause, les Irlandais se sont mieux organisés, ils ont varié leur aligne- ment et ont été moins prévisibles. » Mais le plus évocateur de l’inver- sion des tendances fut le comporte- ment de la mêlée française. Alors qu’ils avaient bousculé le pack vert, ce sont les Français qui se mirent à tanguer et qui entraînèrent tout le col l ecti f dans une cr i se de confiance. Le coaching de la pre- mière ligne, qui avait été si efficace à Murrayfield où Servat et Brugnaut avaient été remplacés par Szar- zewski et Mas, a sans doute joué un bien mauvais tour à l’équipe de France hier. Ces deux sorties, et celle aussi du deuxième-ligne Arnaud Mela (50 e ), qui est un excellent pousseur, sem- blèrent fragiliser l’édifice. Loïc Jac- quet, son remplaçant, se positionna à gauche, Lionel Nallet glissant à droite. Mais ce réajustement man- qua d’équilibre. « Si vous voulez me faire dire que les remplaçants n’ont pas tenu leur rôle vous êtes mal tombés, se défend Marc Lièvremont. Non, nos problèmes devant sont d’ordre col- lectif. Sans doute qu’à un moment onavoulu jouer engérant et ças’est retourné contre nous. » Dimitri Szarzewski : « Il faut que cela nous serve de leçon » Toutefois, à moins de vouloir don- ner du temps de jeu équitable à l’ensemble du groupe, ce coaching était peut-être contre-indiqué à cet instant de la rencontre. Même si après l’essai de Cédric Heymans (49 e ) transformé, la France menait de 20 points (26-6), le demi de mêlée Jean-Baptiste Elissalde, avait commencé à percevoir des signes précurseurs d’un certain décalage. « Juste avant que Cédric marque, j’avais perçu de petits retards dans le soutien, précise-t-il. On avançait moins, on était moins conquérants. On reculait sur les impacts, on subissait sur les groupés péné- trants. Onaperdules repères dejeu. Et puis l’essai de pénalité nous fait mal à la tête. » Depuis le banc des remplaçants dans les tribunes, Faure et Szar- zewski ont souffert comme leurs partenaires sur le terrain. « Nous savi ons que nous sorti ri ons ensemble, reconnaî t le pili er gauche de Sale. Les entraîneurs vont au bout de leurs idées. Ils ont sélectionné des joueurs nouveaux comme moi et veulent nous voir dans diverses situations. » Plutôt que d’incriminer un système de jeu et un management ambi- tieux, Julien Bonnaire préfère s’arrêter sur une baisse de vigilance et d’ agressi vi té. « Peut-être qu’avec 20 points d’avance, incons- ciemment on s’est relâchés et on a été moins performants sur les phases de combat. Je crois que c’est collectivement que l’on a perdu les repères. Et selon le principe des vases communicants, quand nous avons c ommenc é à per dr e confiance, les Irlandais en ont retrouvé pour jouer sans se poser de questions. Et avec la confiance, tu joues en avançant. » Tandis que dans la nuit de Saint- Denis, les couloirs du Stade de France amplifiaient une forme de malaise, Dimitri Szarzewski termi- nait sur une note de sagesse : « C’est arrivé une fois, il faut que cela nous serve de leçon. » SERGE TYNELSKI POUR GAGNER PLUS LA QUESTION DU JOUR LA QUESTION D’HIER LE DESSIN Pour voter, connectez-vous sur www.lequipe.fr entre 6 heures et 22 heures ou envoyez OUI ou NON par SMS au 61008 (0,34 euro + coût de 1 SMS). OUI ............................................................................................ 57 % NON ........................................................................................... 41 % Neseprononcent pas ............................................................... 2 % (nombre de votants : 62 159) Selonle résultat de vos votes sur www.lequipe.fr et par SMS. PAGE 2 DIMANCHE 10 FÉVRIER 2008 RUGBY Noir Jaune Bleu Rouge 3 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Points Différence Points pour Points contre Joués Gagnés Nuls Perdus Classement 1 2 3 4 5 6 Restent à jouer Déjà joués Tournoi 2008 : 2 e journée Italie 0 1 0 0 1 - 5 11 16 Galles 4 2 2 0 0 + 22 56 34 France 4 2 2 0 0 + 26 53 27 Angleterre 0 1 0 0 1 - 7 19 26 Irlande 2 2 1 0 1 0 37 37 Écosse 0 2 0 0 2 - 36 21 57 3 e journée (samedi 23 février) : Galles - Italie (16 heures) ; Irlande - Écosse (18 heures) ; France - Angleterre (21 heures). 4 e journée (samedi 8 et dimanche 9 mars) : Samedi : Irlande - Galles, (14 h 15) ; Écosse - Angleterre (16 h 15). Dimanche : France - Italie (16 heures). 5 e journée (samedi 15 mars) : Italie - Écosse (14 heures) ; Angleterre - Irlande (16 heures) ; Galles - France (18 heures). 1 re journée (samedi 2 et dimanche 3 février) : Irlande - Italie, 16-11 ; Angleterre - Galles, 19-26 ; Écosse - France, 6-27. Galles - Écosse, 30-15 France - Irlande, 26-21 Hier Italie - Angleterre (15 h 30) Aujourd’hui N.B. : programme en heure française. Pour l’heure dans les îles Britanniques et en Irlande, retrancher une heure. Tous les matches sont retransmis en direct sur France 2. RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS (2 e journée) FRANCE - IRLANDE : 26-21 Bourgeons derêve Après avoir enchanté leur public pendant une heure, les Bleus ont su contenir le retour fracassant des Irlandais. Comme lors de leur succès inaugural en Écosse, les Bleus sont restés fidèles à leur ligne de conduite, hier contre l’Irlande. Ils ont attaqué. Beaucoup. Mais, après soixante minutes euphoriques, ils ont failli craquer, et les faiblesses affichées au sein du pack bleu ne peuvent être ignorées. COMME EN 2006, on a cru que les Irlandais, balayés en première période, emportés par la fougue des Bleus rayonnants comme le soleil, vifs comme Vincent Clerc auteur de trois essais (16 e , 19 e , 37 e ), allaient sombrer définitivement. Le repos de lami-temps n’y avait rienchangé et il ne fallut pas attendre longtemps pour voir, cette fois, Cédric Heymans filer sous les poteaux de la verte Erin éreintée (26-6, 52 e minute). Qui, alors, dans ce Stade de France ravi, chaud comme ce printemps précoce de février, aurait pu croire au retour de ces diables verts, plus près du veau que du boucher ? Pourtant, l’incroyable scénario de 2006 allait se répéter. Il y adeux ans, pour cemême France- Irlande, dans cette même enceinte, les Bleus de Bernard Laporte avaient presque pareillement mené à la mi- temps (29-3, quatre essais à zéro). Au sortir des vestiaires, ils avaient rajouté deux essais pour prendre 40 points d’avance (43-3) jusqu’à la 57 e minute, moment choisi par Ronan O’Gara pour aplatir dans l’en- but des Bleus. Douze minutes plus tard, devant une assistance d’abord médusée, puis définitivement hos- tile à son équipe, Andrew Trimble inscrivait le quatrième essai des Irlandais, revenus comme lafoudre à 43-31, avec plus de dix minutes à jouer…Les Bleus allaient faire front et ne plus rien laisser passer. Hier, l’histoire a bégayé comme le jeu de l’équipe de France. Le match a basculé au bout d’une heure et les Irlandais sont revenus aux affaires par un essai de pénalité infligé à la mêlée bleue, avertie une première fois sur ses cinq mètres et punie aus- sitôt après. Pareil camouflet n’était pas arrivé au pack français depuis 1996, à Buenos Aires, face à la « bajadita ». Le scénario s’est pour- suivi, identique, avec des Bleus sou- dain empêtrés, renonçant aux initia- ti ves qui l es avai ent rendus irrésistibles plus tôt, et des Verts tou- jours plus gaillards et puissants, ne perdant plus de ballons sur leurs lan- cers en touche (quatre auparavant) et inscrivant un nouvel essai, tout aussi puissant, par un maul péné- trant conclu par David Wallace. Un but d’O’Gara, deux minutes plus tard (26-21, 74 e ) ramenait les Irlandais à cinq points, avec largement assez de SAINT-DENIS. – L’arbitre Nigel Owens siffle la fin du match après un final haletant. Traille, Nallet, Brugnaut, Parra et Heymans exultent pour les Français, tandis que les Irlandais Rory Best, Heaslip et Dempsey (de gauche à droite) ne peuvent cacher leur déception. (Photo Pierre Lahalle) temps pour s’imposer. Comme en 2006. Mais la ressemblance s’arrête là. Car, hier, loin de siffler et de conspuer les Bleus malmenés, le public du Stade de France les a constamment encouragés. Il yadeux ans, ces manifestations de franche hostilité avaient provoqué le fameux « Bourgeois de merde » du désor- mais secrétaire d’État aux Sports. Rien de tel hier. Du début à la fin, car il est arrivé aux Irlandais de s’appro- cher dangereusement de l’en-but français en première période, le public de Saint-Denis a porté son équipe. Plus la pression verte était forte et plus les « Allez les Bleus ! » ou la Marseillaise montaient en volume. Cette équipe de France et son nou- veau staff bénéficient bien d’un état de grâce qui ne s’explique pas sim- plement par le rejet de l’ère précé- dente, conclue par la désillusion d’une Coupe dumonde partie eneau de boudin. Il faut croire que le nou- veau discours et le nouveau jeu qu’elle produit ont réconcilié le pays d’Ovalie avec son équipe. Et, comme on le dit souvent au cours des troi- sièmes mi-temps nocturnes où se refont les parties de l’après-midi, tout le monde « n’a pas vu le même match » que Marc Lièvremont. « Si vous voulez me faire dire que le match a tourné quand nos rempla- çants sont entrés en jeu, je ne vous suivrai pas, a fermement assuré l’entraîneur en chef. Nous avons sombré collectivement, nous avons commencé à reculer sur toutes les actions, mais je n’ai pas vu, alors, de différence flagrante entre les jeunes et ceux qui le sont moins… »Mieux, si le match a changé d’âme peu de temps après que le coaching a com- mencé chez les Bleus, Lièvremont avance une tout autre explication : « À 26-6, nous avons voulu gérer le résultat, nous n’avons pas voulu tuer le matchalors que nous avons eudes ballons pour le faire. » Le temps va se gâter d’ici là, c’est une certitude Si quelque chose le préoccupe, c’est ça, et rien d’autre. L’abandon de l’esprit d’initiative qui, en début de match, a frôlé l’excès. Comme pro- mis, David Skrela a passé son pre- mier ballon, dans ses 22 mètres, alors qu’il était classiquement en position idéale pour dégager et trou- ver une touche au milieu du terrain. Le rugby est parfois injuste de cou- ronner Clerc le jour où Aurélien Rou- gerie déborde d’envie et d’entreprise pour secouer le cocotier de l’attaque à tout crin, mais c’est ainsi. Tous les Bleus de la première heure sont à jeter dans le même bain de la jou- vence retrouvée. Ils n’ont jamais atteint la perfection, loin s’en faut, mais ils ont montré les prémices de cequ’ils trament. Sous cebeausoleil, ils ont fait éclore des bourgeons de rêve pour les récoltes futures. Letemps vasegâter d’ici là, c’est une certitude. Le très net rafraîchisse- ment de la dernière demi-heure est resté un avertissement sans frais. Ce jeu généreux exige beaucoup de dépenses et peut-être les Français ont-ils manqué de liquidité pour tenir ainsi jusqu’au bout. Peut-être aussi que les vieux démons sont revenus, comme ces coups de pied censés prolonger la contre-attaque et devenus de précieuses munitions pour les Irlandais. Pédagogue, Liè- vremont juge « formateur » le déroulement de ce match et ajoute : « On apprend en souffrant. » Dans quinze jours, les Bleus passeront au révélateur anglais et ce sera proba- blement encore plus compliqué avec, sans doute, de nouveaux appe- lés. « J e s ui s t r ès f i er de mes 22 joueurs », insiste le coach, même de Julien Brugnaut, qu’on a vu quit- ter la pelouse au plus vite après le coup de sifflet final, sans saluer les Irlandais ni accomplir le tour d’hon- neur avecses partenaires. Lepilier de Dax aurait tort de prendre pour lui seul la baisse de régime de la mêlée bleue en seconde période. Le capi- taine Lionel Nallet, qui l’a réconforté juste après l’essai de pénalité, assure, lui aussi : « On avait com- mencé à reculer de partout, à leur courir après. Quand tu arrives fati- gué en mêlée, c’est plus compli- qué. » Relais sur le terrain de ses entraîneurs, Nallet regrette ces « ballons rendus au pied qui nous ont sortis de notre schéma de jeu ». Paroles d’un deuxième-ligne qui n’a, encore une fois, pas laissé sa part aux chiens. Les temps ont bien chan- gé. CHRISTIAN JAURENA Unedéfenseenor LE JEU. – En se procurant des ballons de contre et en tenant le choc jusqu’au bout, la défense française a assuré l’essentiel. MARQUER UN 14-0 flamboyant, puis encaisser un 15-0 inquiétant. Passer ainsi de 26-6 à 26-21 et balle de match pour les Irlan- dais dans les 22 français. On va sûrement devoir pendant quelque temps s’habituer à voir cette équipe de France, qui a les défauts de ses qualités, imposer ce régime de douche écossaise à des supporters qui ne cessèrent jamais de l’encourager hier. Cette fois encore, l’équipe de France, qui est dans l’esprit une des plus tournées vers l’offensive de l’histoire, s’est pourtant tirée d’affaire grâce à une défense féroce (elle pla- qua deux fois plus que l’Irlande) lui permet- tant non seulement de n’encaisser que deux essais àzéropasse, mais surtout derécupérer des ballons de contre à l’origine des trois essais de Vincent Clerc. Cette fameuse exploitation des ballons de récupération et de relance, une grosse partie de ce que l’on appelait le « French flair », arme absolue du jeu moderne. Mais elle devra àl’avenir, pour mieux contrô- ler sonaffaire, mettre àlafois plus lamainsur le ballon et les pieds fermement dans le terri- toire adverse. Elle passa les deux tiers du temps (37 %) dans sa moitié de terrain, et c’est trop. Les Irlandais jouèrent 49 ballons dans les 22 mètres bleus, les Français 7 dans la même portion du camp d’en face ! Et lorsqu’elle se fragilisa en mêlées fermées, elle fut aussi chahutée dans les regroupe- ments et se montra toujours en délicatesse avec son jeu au pied. Elle est pour le moment condamnée à jouer sur le fil du rasoir, à espé- rer que son rythme et ses courses finiront par faire craquer la défense adverse. Elle peut compter cependant sur une des armes absolues du sport collectif : des joueurs ultra rapides – et on ne parle pas ici que de la course –, mais aussi de la prise de décision. Ainsi du premier essai où la récupé- ration de Nallet fut très vite exploitée au mieux par Élissalde d’un judicieux coup de pied dans la course de Clerc, son ailier. Le paradoxe en effet, c’est que pour une équipe qui privilégie parfois à l’excès le jeu à la main, les quatre essais ne furent pas ins- crits sur des séquences longues, mais sur des coups de dague surprenant un opposant mal replacé ou battu en vitesse. Elle ne peut pas lutter pour l’heure d’égal à égal dans le domaine de la puissance physique sur le jeu d’avants, et cela la pénalise. Les Tricolores ne pourront pas cependant se permettre de présenter un bilan aussi désé- quilibré dans unautre aspect delarencontre : les pénalités : 9 à 1, ce sont des chiffres éton- nants, qui indiquent cependant qu’une équipe a couru après le ballon pendant que l’autre le maîtrisait. Cette victoire dans la douleur va s’avérer très utile pour l’encadrement. Elle aura permis de mettre le doigt là où cela fait mal et conduira forcément à la recherche d’un nouvel équi- libre, d’une stratégie plus affinée. L’Irlande pourra se mordre les doigts. En per- dant quelques balles importantes en touches, en se lançant trop souvent dans un rugby où les joueurs semblent jouer les uns après les autres et non ensemble, en ne fai- sant pas confiance à ses avants dans la pre- mière partie de la rencontre pour prendre les choses en main, elle a laissé passer une belle occasion. Mais, contre la France et Vincent Clerc, il est vrai que cela devient une habi- tude. HENRI BRU www.renault.fr DIMANCHE 10 FÉVRIER 2008 PAGE 3 Noir Jaune Bleu Rouge 4 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e 33333333333333 Auteur de trois essais hier, Vincent Clerc est aussi le dernier joueur joueur j àà avoir r avoir rééalis aliséé cette perf en cette perf en équipe de France. C’était lors du dernier Mondial face à la Namibie (87-10). 6666666666 Clerc est devenu hier le sixième Français à réaliser un tripl tripléé dans le Tournoi. Il rejoint Michel d Crauste (Angleterre, 1962), Christian Darrouy (Irlande 1963) Darrouy (Irlande, 1963), ÉÉÉrik Bonneval rik Bonneval (ÉÉcosse, 1987), David Venditti (Irlande, 1997) et ÉÉmile Ntamack (Galles, 1999). 555555 Clerc a déjà égalé hier le record d’essais marqués par un Fran un Fra çais dans le Tournoi. Patrick Estève (1983), Érik Bonneval (1987), ÉÉmile Ntamack (1999) Philippe Bernat mile Ntamack (1999), Philippe Bernat- Salles (2001) sont les autres joueurs à avoir atteint ce total. 24 24 24 24 Depuis le début de l’année civile 2007, il a inscrit 24 en 35 matches essais en 35 matches essais essais toutes toutes compétitions confondues. Soit une moyenne de 0,68 essai par rencontre. 1,16 1,16 16 16 1,16 1,16 ,,,, 1,16 1,1666 11111,16 1,16 Depuis le début du Top 14 fin octobre 2007 il 14, fin octobre 2007, il a fait exploser son ratio a fait explose avec 14 essais en 12 rencontres. HEYMANS Il a cherché par tous les moyens à se proposer, que ce soit à la main ou au pied. Ou même en plaquant pour faciliter des récupérations de balle sur ses propres chandelles. Une interven- tiondéterminantesur ledeuxièmeessai deClerc, uncadrageaucordeaupour letroisièmeet unefaim de loup pour se jeter sur son seul ballon d’essai. Et, en prime, une ultime course en repli, à la dernière seconde, enlevant peut-être une balle de match aux Irlandais et sauvant du même coup son équipe. ROUGERIE Un début de match fracassant av ec u ne éno r me pe r c ée de 60 mètres mal terminée. À chaque fois qu’il est entré en action, il a avancé et créé du désordre dans la défense irlandaise. Une présence soutenue sur les points chauds. MARTY Des interventions plutôt bien sen- ties avec de bons services, tou- jours dans le bon tempo. Une bonne efficacité dans son rôle défensif (11 plaquages), ne laissant aucun espace aux centres irlandais. TRAILLE Une belle assise tant en attaque qu’endéfense. Sans hésitation, il a paru plein d’allant pour aller chercher les ballons. Il a bien œuvré pour sa ligne d’attaque et fut très sécurisant également en défense. CLERC (Voir par ailleurs.) SKRELA Un rôle très actif sur deux essais de Clerc (19 e et 38 e ), la première fois en décalant son ailier, la deuxième fois en facilitant la récupération d’un ballon par son plaquage. Il s’est bien exprimé dans la lecture du jeu français, avec des passes de qualité pour sa ligne. Remplacé par TRINH-DUC (75 e ). ÉLISSALDE Il nes’est pas souvent trompédans ses choix tactiques. Malgré tout, il eut quelques retards dommageables, se faisant contrer à trois reprises der- rière ses avants. Àcôté de ça, son coup de pied renversé pour le premier essai de Clerc fut de toute beauté. Remplacé par PARRA (64 e ), qui ne subit pas trop derrière un pack dominé. BONNAIRE Pas toujours autoritairederrièresa mêlée. En touche, où il fut moins visé que d’habitude, il gagna trois bal- lons en contre. Une défense très agres- sive avec 16 plaquages. OUEDRAOGO Il court beaucoup, il se propose beaucoup et il plaque beau- coup (14). En première période, il a sin- gulièrement gêné les premiers atta- quants irlandais. Mais sa défense a manqué quelquefois d’agressivité. Remplacépar PICAMOLES(62 e ), qui ne s’ensortit pas trop mal sous le feu irlandais. DUSAUTOIR Quelle constance dans l’effort ! En première période, il a couru, pla- qué durement(18), relancé, avancé balle en main et contrarié beaucoup d’initiatives adverses en attaque. Il pèse vraiment dans ce pack français. MÉLA Compte tenu de la grosse baisse de régime du pack, notamment en mêlée, onpeut penser quesapuissance acompté en première période. Mais il a semblé parfois manquer de rythme. Remplacé par Jacquet (50 e ). JACQUET Mis à part deux interventions franches, il a subi dans le défi frontal. NALLET Un des rares avants à n’avoir pas faibli sur la fin. Très remuant pour avancer avec le ballon ou pour aller le chercher. Une bonneactivitéentouche et une présence physique rugueuse. MAS Une première période correcte, où il cala sa mêlée, et de bons dépla- cements. Ensuite, il eut du mal. SZARZEWSKI De très gros plaquages, dont un empêcha un essai (10 e ), des inter- ventions promptes et percutantes sur les points de rencontre. À l’origine du premier et du troisième essai de Clerc. Remplacé par Servat (46 e ). SERVAT Au milieu d’un cinqde devant cha- huté, il n’eut guère l’occasion d’avancer. Mais sa défense fut efficace sur la fin. FAURE Il ne fut pas au mieux. Il dut lutter en mêlée. Il y laissa des forces et le reste du temps il courut après le ballon. Remplacé par Brugnaut (46 e ). BRUGNAUT Il fut très vite dans la difficulté en mêlée et subit sous la domination irlandaise. FRANCIS DELTERAL RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS (2 e journée) –FRANCE - IRLANDE : 26-21 Clerc les emballe De Darrouy à Saint-André, de grands ailiers français encensent le Toulousain auteur de trois essais hier. « IL N’A PAS PROGRESSÉ, il est à ce niveau depuis plus de deux ans, confie Guy Novès depuis le bus qui amène les Toulousains à Montauban. Mais, en équipe de France, on le laissait dans l’ombre d’autres. » Vincent Clerc, 20essais (1) en30sélections, appréciera le compliment de son entraîneur en club, même s’il peut être encore plus humble et agréable dans la vie qu’il peut être teigneux sur un terrain. Hier, Clerc n’a pas livré son meilleur match chez les Bleus, a touché beau- coupmoins de ballons qu’Aurélien Rou- gerie, mais il a inscrit trois essais, un exploit que seuls Christian Darrouy en 1963et DavidVenditti en1997, les deux à Dublin, ont réussi face aux Irlandais. Surtout, comme le soulignait Novès, le Toulousain est étincelant depuis de longs mois. « La réussite est avec moi. Je fai s mon j ob d’ ail ier. Ti ens, aujourd’hui, Jean-Ba (Élissalde) me tape un super coup de pied à suivre, David (Skrela) me sert bien et Cédric (Heymans) me donne un caviar », raconte-t-il, tout sourire, en salle de presse, cerné par des dizaines de confrères, en particulier britanniques. Christian Darrouy (2), présent au Stade de France, balance : « C’est un avion à réaction. Même si c’est un pêché d’orgueil, je m’identifie un peu à lui. » Le Montois ajoute : « Je suis ravi de ce qui lui arrive. Vincent ne me surprend pas. On le sent venir depuis longtemps. J’ai un regret, c’est qu’on l’ait fait sortir à Murrayfield après avoir marqué deux essais. Je suis sûr qu’il aurait pu en ins- crire un troisième et, dans la carrière d’un ailier, ça compte. » Bernat-Salles : « Il est parfait » Pour Novès, « Vincent est un pana- chage d’uncoureur comme Lagisquet et de Saint-André qui faisaient de grosses différences dans un petit périmètre » . Justement, Philippe Saint-André, qui commentait la rencontre pour une radio française, a du Clerc plein la bouche. « J’ai toujours énormément aimé ce joueur, et de plus en plus. C’est un finis- seur, mais il a des appuis phénomé- naux. À 4 ou 5 mètres de la ligne, on ne peut pas l’arrêter. Il peut finir par uncro- chet intérieur, un extérieur. Avec son punch, il va te traîner un mec qui fait dix kilos de plus que lui pour aller mar- quer. » Le manager de Sale ajoute : « Il est capable de tout : s’il n’a pas d’espace, il fonce dans les mecs et ne perdpas le ballon. »Ledébit s’emballe : « Il a toute la palette, comme le coup de pied par-dessus. Avoir joué un peu à la mêlée lui a permis de s’améliorer au niveau de la décision, comme sur le pre- mier essai qu’il marque (un « une- deux » avec Heymans) en Écosse. » « Il n’est pas du tout dans mon registre, dit l’ex-sprinteur Philippe Bernat-Salles. Il est gaillard, complet, participe au jeu. Je suis sûr qu’il pourrait jouer à l’arrière sans être ridicule. On dit parfois qu’il a les bons rebonds. O.K., mais ils ne viennent pas tout seuls. Vincent, il est parfait. » « Jelerépètetoujours : cen’est pas dela chance si un ailier marque des essais, martèle Saint-André. Vincent a un ratio essais/match impressionnant, il gagne 98 %de ses duels, ne fait pas de fautes, n’a pas de déchet. Il est mentalement très fort, comme contre l’Irlande en Coupe du monde, où il saute pour piquer le ballon dans les bras d’un mec et en bouscule un autre. » Guy Novès évoque aussi « sa hargne en défense » et parle « d’un exemple pour les jeunes, lui qui arrive souvent à l’avance à l’entraînement » . Reste une question : où se situe Clerc dans la hiérarchie des grands ailiers actuels ? « Un des meilleurs d’Europe, c’est sûr, selon Novès. S’il pourrait jouer chez les Blacks ? Je n’en sais rien. En équipe de France, il a aussi des coéqui- piers toulousains. » « On ne peut pas faire abstraction du Sud-Africain Bryan Habana. Mais Vin- cent n’a rien à lui envier », dit Darrouy, qui le place dans sontop 3mondial avec le All Black Doug Howlett « même si ce dernier est en baisse » . « Clerc est un peu le même genre qu’Habana et je le place juste derrière lui. Mais ce n’est pas nouveau : pendant la Coupe du monde, je l’avais mis dans mon quinze type », rappelle Saint- André. Bernat-Salles est plus affirmatif : « Je ne vois pas ce qu’Habana a de plus que lui. Dans une équipe du monde, il est titulaire à l’aile, sans problème. » Célébré par ses prédécesseurs, Clerc est déjà titulaire dans une pub Nike avec Franck Ribéry, une star du foot. « Une reconnaissance ? En tout cas, on a pas- sé une super journée ensemble. » Et le 10’’37 qui apparaît, c’est son temps sur 100 mètres. Malicieux, avant de s’éclip- ser, Vincent Clerc distribue un ultime sourire : « Oui, c’est un temps sur 100 mètres. Mais était-ce un vrai 100 mètres ? » ARNAUD REQUENNA (1) Clerc est le 8 e marqueur français, à égalité avec Rougerie et Lagisquet, der- rière Blanco (38), Saint-André (32), Sella (31), Bernat-Salles (26), Dominici (25), Ntamack (24) et Darrouy (23). (2) Phi l i ppe Sai nt-André total i se 32 essais en 69 sélections (de 1990 à 1997) ; Philippe Bernat-Salles en compte 26 pour 41 sélections (de 1992 à 2001) et Christian Darrouy 23 en 40 sélections (de 1956 à 1967). Reddan, chef demeute LES JOUEURS IRLANDAIS. – Le remplaçant de Stringer, intenable, a relancé son équipe en seconde période. VOUS AVEZ DIT « fighting spirit » ? Comme ils l’avaient fait sur cette pelouse il y a deux ans, les hommes de Brian O’Dris- coll réalisèrent contre la France un match à deux vitesses. En première période, ce fut une équipe à la dérive, dépourvue d’idées derrière, et dépouillée de la moindre assise devant. Mais malgré l’écart de 20 points, en deuxième période les Irlandais refusè- rent de renoncer, et faillirent coiffer les Français sur le fil. Le meilleur symbole de cette performance d’ailleurs est celui de leur mêlée, cornaquée par Eoin Reddan, jeune demi de mêlée actif et opportuniste (lire en page 2). Archi-dominé en première période, avec deux piliers qui semblèrent souffrir lemartyre, lepackirlandais finit par renverser les rôles. La paire Hayes (81 sélections) - Horan (52 sélections) sembla dépassée par ses vis-à-vis pendant les cin- quante premières minutes. Mais comme leurs coéquipiers, les vétérans du Munster refusèrent de se coucher, faisant reculer la mêlée française et poussant les Bleus à la faute pour l’essai de pénalisation. Au talonnage, Bernard Jackman, honorant sa première titularisation dans le Tournoi, apporta du dynamisme dans le jeu, fran- chissant ladéfense àplusieurs reprises. Ses lancers entouche furent néanmoins un peu aléatoires, et l’arrivée de Rory Best (60 e ) donna davantage de solidité au cinq de devant. Les deux autres débutants dans le Tournoi, le troisième-ligne centre Jamie Heaslipet l’ailier RobKearney ne déméritè- rent pas et sont sans doute de grands espoirs pour l’avenir. Avec une certaine aisanceathlétique, Heaslipse montra plein d’initiatives, capable de franchir au ras et d’assurer des replis défensifs. Kearney eut le mérite de tenter des choses avec le peu de ballons qu’il toucha. Brian O’Driscoll, le capitaine irlandais, n’est peut-être pas dans une période de grande forme, mais il s’activa énormé- ment. Àplusieurs reprises, on vit son inimi- table coup de patte lorsqu’il joua dans la défense. À ses côtés, Ronan O’Gara resta imperturbable, réussissant quatre tenta- tives sur cinq, mais quelques dégagements ratés en première période coûtèrent cher à son équipe. Donncha O’Callaghan fut le principal pour- voyeur de ballons en touche (6 prises) et se montra très présent dans le combat, tandis que les deux troisième-ligne aile David Wallace et Denis Leamy furent à l’image de leur équipe: invisibles enpremièrepériode, mais de plus en plus influents au fur et à mesure que le match avançait, Wallace concrétisant la remontée irlandaise avec l’essai en force à la 60 e . IAN BORTHWICK « Onles apris dehaut » THIERRY DUSAUTOIR, le troisième-ligne des Bleus, s’arrête sur la performance du quinze de France. Les traits tirés et une petite entailleaucoindel’œil, Thierry Dusautoir est fatigué mais sur- tout soulagé. Non pas d’avoir gagné – il n’a jamais douté de l’issue de la rencontre –, mais d’avoir repris son trophée de meilleur plaqueur de la ren- contre à Fulgence Ouedraogo, qui l’avait détrôné en Écosse. « VOUS ÊTES REDEVENU le meil- leur plaqueur de l’équipe (18)... – Je savais qu’on m’en parlerait. (Il prend la feuille de stats qu’on lui tend.) Dix-huit ? Ça peut aller… – Quel est votre sentiment sur cette rencontre ? – Cematchaété dur (il fait unemoue de fatigue). Nous avons proposé beaucoup de jeu. Nous avons dominé l’essentiel de la rencontre, mais nous avons eu unpas- sage à vide de vingt minutes pendant lequel nous avons pris beaucoup de pression. Malgré tout, nous n’avons pas craqué. On aurait pu s’effondrer, mais nous sommes restés soudés. – Comment expliquez-vous cette fin de match ? – Nous avons mal abordé la deuxième mi-temps. On n’est pas entrés sur le ter- rain avec la même peur qu’en début de match. On les a peut-être pris un peu de haut, notamment après notre quatrième essai (50 e ). Jean-Ba (Élissalde) tape à suivre, le ballon rebondit sur un défen- seur et Cédric (Heymans) récupère pour aller entreles perches. Àpartir delà, ona cru que tout allait nous sourire comme face aux Écossais. On a voulu terminer l es acti ons avant de l es avoi r construites… On a tenté des petits par- dessus qui ne menaient à rien… On a voulu pousser la chance et on a failli le payer très cher. – Le match semble basculer au moment où vous concédez cet essai de pénalité sur mêlée. Est-ce une conséquence du coaching ? – Il y apeut-êtreeuunpetit flottement à cause du coaching. C’est normal, c’est dur d’entrer dans un rythme aussi élevé. Mais je crois que nous sortons du match avant cela. – On vous a vu parler à Julien Bru- gnaut suiteàcet essai depénalité. Que lui avez-vous dit ? – Qu’il n’avait pas à baisser la tête, que l’on avait besoin de lui et qu’il aurait l’occasion de se rattraper. Forcément quand la mêlée “charge”, les premières lignes se sentent coupables. Je ne suis pas allé voir Nico (Mas) et William (Ser- vat) parce qu’ils ont plus d’expérience. Mais il a prouvé ensuite qu’il avait sorti la tête de l’eau. – Avez-vous eu peur de perdre ce match ? – Non. Je pense même que nous finis- sons mieux qu’eux. Le problème, c’est qu’on leur a rendu trop de ballons à un certain moment. En rugby, quand on abandonne les bases, on en récolte le fruit. Ils l’ont compris et ils se sont mis à jouer. Or ces Irlandais, que l’on disait moribonds, restent très costauds et en plus ils ont du talent. Heureusement, on a réussi à rattraper quelques coups en défense. C’est un secteur où l’on manque encore un peu de repères. – Malgré tout, vous remportez unesecondevictoiredans ceTour- noi en proposant toujours plus de jeu. Est-ce un motif de satisfac- tion ? – On a surtout gagné grâce à Vincent Clerc (trois essais), le héros de la France (rire). Ce rugby “alléluia”, il a fallubeau- coup bosser pendant ces deux semaines pour réussir à le reproduire sur le terrain. Il a aussi fallu être sérieux, avoir ses bal- lons en conquête, être présents dans le combat… – Mais ce sont les trois-quarts qui ont brillé… – C’est vrai qu’ils ont été énormes. Je repense à cette relance de Roro (Rouge- rie) d’entrée. Elle aurait mérité un autre sort. Les coaches leur ont donné toute libertéet c’est bien. Cedroit àl’erreur me plaît. C’est très rugby. Ça fait appel à cette valeur de solidarité qui est la plus importante selon moi dans ce sport. Mais il faudrait malgré tout gagner en maturité et ne plus se laisser griser. Nous, les avants, sommes heureux quand ils inscrivent des essais de soi- xante-dix mètres, mais ça nous fait aussi râler quand on passe trop de temps dans notre camp. – Quel bilan tirez-vous de ces deux premières sorties de l’ère Lièvremont ? – Pour l’instant, c’est àlafois efficace et intéressant. Le rugby est un jeu, celadoit forcément conduire au plaisir pour les acteurs dumatchet pour les spectateurs, mais il faut aussi être efficaces, parce que si nous avions pris deux raclées pour commencer, on serait beaucoup moins souriants. J’espère qu’un maximum de joueurs seront repris pour les prochains matches et que le quinze de France continuera sur cette lancée. » RENAUD BOUREL SAINT-DENIS. – Vincent Clerc, sur un judicieux coup de pied d’Élissalde, grille la politesse à Denis Leamy (au fond) et inscrit le premier de ses trois essais (15 e ). L’ailier tricolore a une nouvelle fois fait le spectacle hier au Stade de France. (Photo Pierre Lablatinière) PAGE 4 DIMANCHE 10 FÉVRIER 2008 7,5 6,5 6,5 7 7,5 7 6 6,5 6 7 5 5 6,5 4,5 7 5 4 4 Noir Jaune Bleu Rouge 1 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e * 61 e ANNÉE - N o 19 220 1,00 / France métropolitaine Lundi 12 février 2007 www.lequipe.fr LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE FOOTBALL TENNIS BASKET SKI ALPIN ENTRETIEN DU LUNDI (Photo Alain Mounic) MAINTENANT, C’EST CLAIR ! La France l’a emporté in extremis devant l’Irlande (20-17), hier à Dublin, grâce à un essai de Vincent Clerc à la 79 e minute. En tête du Tournoi des Six Nations avec l’Angleterre, les Bleus assument leur rôle de favori. (Pages 2 à 5, et notre éditorial) GASQUET EN VRAI LEADER (Page 14) DUBLIN. – Gordon D’Arcy (au premier plan) et Marcus Horan n’en reviennent pas. Eux qui, après une lutte acharnée, imaginaient tenir la victoire, tombent de haut au moment où Vincent Clerc est notamment félicité par Pierre Mignoni (n° 9). L’exploit de l’ailier toulousain permet aux Bleus de continuer à rêver de Grand Chelemet de marquer les esprits alors que Français et Irlandais se retouveront le 21 septembre en Coupe du monde. (Photo Bernard Papon) ETO’O : « LE FOOT, C’EST UNE FÊTE » (Page 12) PAERSON SEULE AU MONDE (Page 19) ROANNE, L’AS DES AS (Page 20) (Photo Pierre Lahalle) LENS PREND SES DISTANCES Vainqueur de Sochaux (3-1) à Bollaert, hier, Lens (2 e ), avec ici Seydou Keita face à Teddy Richert, a désormais quatre points d’avance sur Lille (3 e ) à l’issue de la 24 e journée de L 1. Bordeaux a fait chuter Marseille (1-0) et recolle au peloton de tête. (Pages 6 à 8) L’ÉQUIPE dimanche, lundi : ALLEMAGNE, 2,20 / ; ANTILLES, LA RÉUNION, 1,5 / ; AUTRICHE, 2,3 / ; BELGIQUE, 1,6 / ; ESPAGNE, 2,1 / ; GRÈCE, 2,2 / ; ITALIE, 1,9 / ; LUXEMBOURG, 1,6 / ; PAYS-BAS, 2 / ; PORTUGAL CONT., 2 /. 3:HIKKLA=ZUVUU\:?a@c@l@c@k; T 00105 - 212 - F: 1,00 E FRENCH SPIRIT * IRISH SPIRIT * J a m e s o n I r i s h W h i s k e y e s t d i s t i l l é e n I r l a n d e d e p u i s 1 7 8 0 . R i c a r d e s t n é à M a r s e i l l e e n 1 9 3 2 . Y & R F r a n c e 2 0 0 5 * S P I R I T U E U X F R A N Ç A I S * S P I R I T U E U X I R L A N D A I S L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É , À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N. Noir Jaune Bleu Rouge 2 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Mêlées gagnées Possession balle Touches gagnées Pénalités obtenues 1 re m-t 2 e m-t 1 re m-t 2 e m-t Total Total *gagné sur l’adversaire Pénalités non tentées Pénalités réussies Pénalités ratées +1* +1* +2* +1* FRANCE 17-20 23’17” dont 49” dans 22 m adverses dont 37” dans 22 m adverses 20’42” 53 % 47 % 7 18 10 12 14 5 2 5 8 10 6 4 4 6 6 6 4 1 IRLANDE En avant / Turnover Plaquages Réussis Ratés Réussis Ratés 17 13 9 8 4 9 79 14 91 14 S o u r c e : L T D Irlande France France Irlande L’HUMEUR L’ÉDITO LA QUESTION D’HIER La descente aux enfers du FC Nantes est-elle irrémédiable ? OUI ............................................................................................ 64 % NON ........................................................................................... 36 % (nombre de votants : 91 443) Selon le résultat de vos votes sur lequipe.fr et par SMS. RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS (2 e journée) –IRLANDE - FRANCE : 17-20 LE FILM DES ESSAIS Passeur et marqueur Sur le premier essai d’Ibañez, Vincent Clerc était le dernier passeur. L’ailier français fut aussi le héros de la 79 e minute. 13 e : à proximité de la ligne médiane, Clerc joue vite une touche pour lui- même et transperce la défense irlan- daise. Skrela ouvre grand côté. Marty, sur l’autre aile, perce à son tour. Le jeu revient sur le côté opposé pour Clerc qui temporiseavant de passer àIbañez venu à sa hauteur. Le talonneur trico- lore profite d’une absence de Murphy au plaquage pour aller seul dans l’en- but. IRLANDE - FRANCE : 3-13 32 e : à la suite d’une touche en leur faveur sur les 22 mètres français, les Irlandais enchaînent trois temps de jeu. Sur un regroupement dans l’axe des poteaux bleus, O’Gara feinte le drop et élimine deux défenseurs (Bet- senet Nallet). Il transmet sur sagauche à Hickie qui, au contact, réussit à lan- cer Horgan. Le centre irlandais perce et passe à Wallace sur l’aile. En pivot, il transmet à O’Gara venu redoubler le long de la ligne de touche et qui file à l’essai. IRLANDE - FRANCE : 11-13 79 e : Bonnaire volleye un renvoi près des 22 mètres irlandais. Jauzion récu- père la balle et transmet à Beauxis qui lanceMarty. Leballonrebondit ensuite avec Jauzion sur l’aile droite avant de repartir vers le centre. Sur une passe sautée, Beauxis trouve Clerc qui trans- perce le rideau défensif plein axe, éli- minant cinq Irlandais (Hayes, Horgan, N. Best, Hickie et O’Connell) pour mar- quer entre les poteaux. IRLANDE - FRANCE : 17-20 Miraculeux, mais logique LE JEU. – Faute d’avoir marqué ses points au bon moment, l’équipe de France a dû attendre un coup de poker pour l’emporter. DUBLIN – de notre envoyé spécial LAVICTOIREDEL’ÉQUIPEDEFRANCEaforcé- ment un côté miraculeux puisqu’elle fut acquise sur l’avant-dernière action du match. Elle est cependant loin d’être illogique, si on se réfère aux occasions qu’elle s’était créées de faire basculer la rencontre auparavant. Au terme d’une première période notamment de bon niveau, où elle dicta le rythme et la forme du match, mais « oublia » seu- lement de le traduire nettement au tableau d’affi- chage. Deux buts et un essai laissés en route cela peut coûter très cher. Car l’Irlande, à défaut de pouvoir comme elle l’avait espéré bondir à la gorge des Français dans les premières minutes, resta dans le match, et employa une stratégie bien connue, celle du Munster en Coupe d’Europe, basée sur l’occupation et la capacité à sauter sur toutes les occasions. Il n’empêche que ladéfense française nefut jamais réellement en danger. Et cette volonté de ne pas céder un pouce de terrain et de croire en ses chances jusqu’au bout démontre un mental qui fait partie des composantes du sport de haut niveau. STRATÉGIE OFFENSIVE. – Appuyée sur une conquête propre, l’équipe de France entama le match de manière parfaite, allant tester avec suc- cès la défense irlandaise au large. Elle y trouva des espaces dans le premier temps ou sur des renver- sements de jeu rapide, comme sur l’essai d’Ibañez. Autant contre l’Italie elle avait cherché l’affronte- ment dans la zone proche de l’ouvreur, autant elle essaya là de s’éloigner de la troisième ligne irlan- daise. Elle n’utilisa que peu le jeu au pied offensif, dans la mesure où les montées lentes des trois- quarts irlandais permettaient de manœuvrer avec de l’espace et du temps. En deuxième période, avec des ballons de qualité beaucoup plus rares et souvent loin de la ligne de but adverse, elle eut plus de mal à trouver des failles, recourant au jeu au pied long pour inverser la pression. Mais elle finit par trouver l’ouverture par l’intermédiaire de Vincent Clerc, remarquant très vite que son vis-à- vis était un pilier – John Hayes – sur la dernière action et en profitant instantanément. L’Irlande fut orpheline d’O’Driscoll et ne fut certai- nement pas très incisive sur ses offensives ballon en main. Elle ne mit la défense française hors de position qu’en une occasion, et revint en seconde période à un jeu basé sur les mauls et l’occupation de terrain, grâce au jeu au pied d’O’Gara, et des pénalités dont elle bénéficia. Mais elle fut loin de l’équipe ambitieuse dans le jeu vue contre la Nou- velle-Zélande en juin dernier. Elle fut le plus sou- vent sous pressionenmêlée et entouche, ce qui ne lui permit pas de construire autour de sa troisième ligne. ORGANISATION DÉFENSIVE. – Les Français allèrent chercher le plus haut possible leurs adver- saires, avec Betsen tenant un rôle capital dans le harcèlement au milieu du terrain. Ils le firent de manière efficace, isolant le porteur du ballon lors- qu’il pénétrait. Seul regret, elle ne parvint pas à se procurer des ballons de contre sur ses plaquages, quand la ligne irlandaise était fragilisée. Peu agressive en début de rencontre, la défense irlan- daise en glissant parfois maladroitement laissa des intervalles dont les Français ne profitèrent pas à fond. Elle ne fit jamais reculer les Bleus balle en main. Elle fut moins en danger en deuxième période, jouée loin de sa ligne. DISCIPLINE. – Les Irlandais n’ont concédé que quatre pénalités, ce qui est très peu, dont aucune en seconde période. Une certaine mansuétude arbitrale sur les ballons portés doit expliquer en partie cela. Avec dix pénalités concédées, les Fran- çais font moins bien. Mais ils ne furent jamais en danger de subir un carton jaune, et ne commirent aucune faute stupide. HENRI BRU IRLANDE « Unjour fabuleux…jusqu’àla79 e » La déception des joueurs irlandais était immense à la sortie des vestiaires. DUBLIN – de notre envoyé spécial « ÇA FAIT MAL à l’estomac… » Denis Leamy, le troisième-ligne irlan- dais, n’arrive toujours pas à y croire. « Après la pénalité de Ronan (O’Gara), onsavait qu’ondevait assurer larécep- tion et garder la balle. Mais ils ont très bien tapé le renvoi et il est arrivé ce qu’il est arrivé… (silence) C’est dur. » Le rêve du premier Grand Chelem depuis 1948 s’est envolé hier dans les dernières secondes du match. Le favori irlandais achutépour lepremier match de son hi stoire à Croke Park. « L’ambiance était incroyable, tous ces chants, explique le deuxième-ligne Paul O’Connell. C’était un jour fabu- leux pour l’Irlande… jusqu’à la 79 e . » Parmi les regrets, l’entame de match des Irlandais qui ont semblé apeurés dans l’enceinte de Croke Park : mêlée perdue, fautes de main, coups de pied dévissés… « Nous débutons très mal le match, estime le demi de mêlée Isaac Boss. Mais il faut reconnaître que les Français ont produit du très bon rugby en première mi-temps. Après la pause, nous avons bien joué. On a pro- duit de bonnes séquences. Perdre comme cela, presque à la dernière seconde, est la pire des choses. » Les médias irlandais ont beaucoup insisté sur l’essai refusé à Murphy après une interception et sur le pla- quage sans ballon dont a été victime Marcus Horan, endeuxièmemi-temps, alors que le pilier filait à l’essai. Mais les joueurs et le staff irlandais ont refu- sé de crier au scandale. « Sur l’essai refusé à Geordan (Murphy), l’arbitre a peut-être sifflé trop tôt. L’action aurait pu faire basculer le match en notre faveur, poursuit Paul O’Connell. Mais c’est comme cela. » L’absence de la star Brian O’Driscoll, qui devrait être rétabli contre l’Angleterre, a pesé lourd hier. D’autant que Shane Hor- gan, peut-être insuffisamment remis de sa blessure au genou, n’a pas eu le rendement attendu pour son retour au centre. « O’Driscoll est un joueur de classe mondiale, il peut changer le cours d’un match, estime l’entraîneur Eddie O’Sullivan. Chaque équipe pos- sèdeun joueur clé. Les Anglais ont Wil- kinson… Mais je ne tiens pas à criti- quer Shane (Horgan), il a fait du bon boulot. » O’Sullivan : « Le Tournoi n’est pas fini » Le problème pour les Irlandais est qu’ils n’arrivent plus à battre la France depuis 2003. Cinq défaites de rang, une série inquiétante alors les deux équipes se retrouvent dans la même poule lors de la prochaine Coupe du monde. Eddie O’Sullivan a refusé de montrer des signes d’inquiétudes. « Si on avait pris 50 points contre les Fran- çais, alors oui, jeserais inquiet. Mais ce n’est pas le cas. Après notre perfor- mance, rien ne nous interdit de penser que nous ne sommes pas enmesure de les battre au Mondial. » L’Irlande doit désormais se concentrer sur l’Angleterre, pour le deuxième match de son histoire à Croke Park. « Mais je pense qu’on a besoin de quelques jours de repos pour se remettre de cette fin de match », concède toutefois Denis Leamy, très abattu. Eddie O’Sullivan a lui tenu à regonfler le moral de ses troupes. « Le Tournoi n’est pas fini. On peut encore le gagner. L’an dernier, on a perdu un match et pourtant on a failli le rempor- ter. Il y a quand même beaucoup de positif dans cette rencontre. » Mais pour les joueurs et les supporters irlan- dais, un rêve est passé. BENJAMIN MASSOT HIER, ILS ONT DIT G Vincent CLERC(rugby, international) : « Sur la fin, il fallait tout tenter. Le ballon est sorti rapidement et on les a pris de vitesse. On a commis des erreurs dans le match, tout n’a pas été parfait, mais l’envie et la solidarité expliquent la victoire. Ce succès est important psychologiquement en vue de la Coupedu monde, où l’Irlande sera un concurrent direct. Maintenant, il va falloir se méfier des Gallois, qui auront envie de se racheter après deux défaites. » G Bernard LAPORTE (rugby, entraîneur du quinze de France) : « On s’est mis nous-même dans l’embarras, car on aurait pu gagner ce match bien plus tôt. Onlaisse neuf points en route sur des pénalités et deux essais en première mi-temps. La satisfaction, c’est l’esprit conquérant et l’envie qu’ona montrés. Mais, lors delaprochaineCoupe dumonde, ceseraunnouveaucontexteet un nouveau match. » G Antoine DÉNÉRIAZ (ski, 33 e de la descente des Championnats du monde) : « J’espérais beaucoupde cette course. J’ai essayé defaire une pause pour revenir fort pour cesChampionnats dumonde. Avant-hier, j’ai fait unbon dernier entraînement et jepensais vraiment pouvoir faire untruc. Mais, finale- ment, je suis loin du compte. J’ai connu un hiver hyper difficile, sans trop de sensations. C’est vrai que le ski français connaît une période difficile, mais la roue tournera forcément à un moment. » G BrigitteDEYDIER(judo, DTNfrançais) : « Le Tournoi deParis aune confi- guration de Championnat du monde, donc, ramener onze médailles repré- sente une satisfaction. Même si on manque encore de quelques leaders, l’émulation est très intéressante avec plusieurs jeunes qui se sont distin- gués. » G Jean-Denys CHOULET: (basket-ball, entraîneur de Roanne) : « Rempor- ter la Semaine des As, c’est que du bonheur ! D’autant que c’est la première fois de ma vie que je gagne quelque chose. Ce qui compte, c’est de pérenniser ce qu’on fait et de ne pas se faire piller nos joueurs en fin de saison. » « EN DIRECT DE L’ÉQUIPE » SUR RTL TOUS LES DIMANCHES DE 19 H 30 À 20 H 30. DUBLIN – de notre envoyé spécial « QUAND HICKIE RELÂCHE mon deuxième pied, je sais que je vais marquer. »Et Vincent Clerc aplatit, à une minute de la fin, l’essai de la vic- toire française. Ses coéquipiers sprintent vers lui, l’enlacent. « Bien sûr que cet essai restera dans ma mémoire, mais je me souviendrai davantage de tous mes copains cou- rant vers moi, de leur explosion de joie. C’était jouissif. » Cela l’était moins, peu avant. Les Bleus, alors menés 17-13, n’avaient pas mis les pieds dans les 22 mètres irlandais depuis longtemps et on se demandait bien comment ils pour- raient franchir la ligne. À la 74 e minute, ils s’étaient cru maudits après qu’une tentative de drop de Lionel Beauxis, qui aurait pu leur donner l’avantage 16-14, eut heurté le poteau droit. « Pour moi, c’était fini, admet Bernard Lapasset, le pré- sident de la Fédération française de rugby. J’ai cru que les joueurs allaient se déconcentrer ; mais non. » JulienBonnaire avoue: « Sur le drop, j’ai pensé : “Putain, ce n’est pas notrejour.”Mais onn’était pas abat- tus. Il restait du temps à jouer. » Assez pour que Ronan O’Gara ajoute trois points d’un but de 40 mètres (78 e ). Méchante limonade. Les Bleus doivent donc marquer ce fameux essai. Depuis que Raphaël Ibañez est sorti (75 e ), Jérôme Thion est capi- taine. Mais c’est Dominici, assurent les Bleus, qui prend les choses en main. L’ailier parisien rameute, aboie, gueule de jouer tous les bal- lons. Mais là, maintenant, ce sont les avants qui sont réunis sous les poteaux. « Ils se sont parlé, surtout les leaders, raconte Lionel Beauxis. Ils m’ont demandé de taper le renvoi au centre pour essayer de le récupé- rer. » O’Connell cafouille le ballon, Jérôme Thion le lui chipe. « Avec Jérôme, on les a bourrés en l’air, dit Lionel Nallet. Car je savais que si on ne récupérait pas le ballon, c’était plié. » Assis par terre, sur le bord de touche, Ibañez voit mal, mais suffisamment : « Je me disais : “Il faut prendre ce coup d’envoi.” » Ils sont quinze sur le terrain à s’en convaincre, plus les remplaçants ou remplacés. Papé : « On n’avait plus le choix. La pénali- té d’O’Gara a déclenché la révolte. » Ils y croient donc tous. Tous ? Voire. « Après le drop de Lionel Beauxis, j’ai pensé : “Onne peut pas gagner”, admet Jacques Brunel, l’entraîneur adjoint chargé des avants. Et après le but d’O’Gara, qu’on était morts... Je n’étais absolument pas sûr qu’on était capables de marquer un essai. » « C’était compliqué », sou- pire Sylvain Marconnet, qui a battu hier le record de sélections (70) pour un pilier français. « J’y ai cru jusqu’à la fin car les Irlandais faisaient des fautes, d’ailleurs pas souvent sanc- tionnées », confie Imanol Harinor- doquy. « Un essai d’extraterrestre » S’il a assisté au drop manqué de Beauxi s dans une pos i t i on curieuse – « J’étais par terre, avec Raph (Ibañez) et on a vu ce ballon passer droit au-dessus de nos têtes, avant d’être dévié sur le poteau par le vent » –, il avait un fauteuil de première pour le festival Clerc. « Ça, l’essai, je l’ai bien vu ! J’étais à côté de Vincent, à son extérieur. Il a mar- qué un essai d’extraterrestre. » Avant, il y a eu l’avancée de Jauzion et Marty sur le côtédroit, puis unren- versement, une sautée de Beauxis pour Clerc. Là, le Toulousain, meil- leur homme de larencontre depuis le coup d’envoi, devient David Copper- field. Et hop, Hayes, Horgan, O’Connell et Neil Best sont transper- cés, ridiculisés. Croke Park se tait. Sauf les neuf à dix mille supporters bleus qui chantent : « Qui ne saute pas n’est pas français. »Lionel Beau- xis transforme mais il reste un boulot à finir : récupérer le renvoi d’O’Gara. C’est encore Dominici qui en parle le mieux : « Lionel Nallet prend le bal- lon. Je vais dans le maul (avec Jau- zion) et si on ne nous arrête pas, on pouvait aller jusque dans l’en- but… » C’est fini, les Bleus s’embrassent. Clerc va soulever Ibañez. Bernard Laporte rate tout ça. L’entraîneur n’a même pas vu la dernière action : « C’ ét ai t t el l ement l e bor- del – j’avais été coincé dans les ascenseurs à la mi-temps –, que je suis parti avant la fin. »Et de deman- der aux journalistes qu’on la lui narre…Sébastien Chabal, lui, sorti à la 54 e , bouillait : « On faisait une cocotte à dix, on avançait, mais je savais que le temps réglementaire était terminé. J’étais fou : “Merde, tapez entouche !”Quelqu’unadûle dire à Pierrot (Mignoni), qui a enfin dégagé. » Vincent Clerc – « Un héros ! » selon Marconnet – n’en finit plus de répé- ter : « C’est hallucinant ! Halluci- nant ! La seule fois que j’avais mar- qué l’essai de la victoire comme ça, c’était à Marmande avec Grenoble (en 2001). Là, c’est pour le premier match de rugby dans ce stade où les Irlandais voulaient marquer l’his- toire. » Pas pareil… Tandis que Ibañez lâche : « Vincent est un match winner ! », le Toulou- sain, qui aversé pour la première fois quelques larmes pendant la Marseil- laise, ignore s’il a disputé son meil- leur match chez les Bleus, veut juste « y rester, disputer la Coupe du monde car c’est le rêve d’une vie de joueur ». Non retenu à l’automne, pas titulaire à Rome la semaine der- nière, croit-il avoir mis un coup de pied dans la hiérarchie des quatre ailiers (avec Rougerie, Heymans et Dominici) ? « Je ne sais pas, c’est trop frais. » Dominici, honnête, a la réponse : « Chez les ailiers, les cartes sont redistribuées. C’est bien pour la concurrence. » ARNAUD REQUENNA FEU VERT N battant l’Irlande (20-17) hier, à Dublin, une semaine Eaprès avoir défait l’Italie (39-3), à Rome, le quinze de France a superbement répondu aux interrogations que pouvait susciter le plan de bataille inédit qui avait prévu d’utiliser le Tournoi des Six Nations comme rampe de lancement vers la prochaine Coupe du monde. L’idée était, en effet, aussi ambitieuse que délicate à mettre en œuvre, avec le regroupement de quarante joueurs durant sept semaines au Centre national du rugby de Marcoussis pour passer tout ce monde en revue, le préparer physiquement et tactiquement tout en ayant une obligation de résultat dans une épreuve que les Bleus ont remportée l’an dernier. Il est bien tôt pour pavoiser. Cependant, le quinze de France a déjà donné satisfaction sur plusieurs points importants : réussir une entame de Tournoi, ce qui n’a pas toujours été son point fort ; demeurer invaincu pour maintenir le cap vers un possible Grand Chelem ; et, surtout, au-delà de la victoire d’hier à Croke Park, marquer un point psychologique non négligeable sur une équipe irlandaise qui se retrouvera sur son chemin dans la poule initiale de la Coupe du monde en septembre. Confrontée dans la fameuse poule D à l’Argentine, l’Irlande, la Géorgie et la Namibie, la France, on le sait, est dans l’obligation de sortir en tête de ce groupe si elle veut éviter, ensuite, d’affronter la Nouvelle-Zélande (probable gagnante de la poule C) dans un quart de finale prévu à Cardiff, quand le premier rang lui permettrait un quart beaucoup moins « rude » contre l’Écosse ou l’Italie à Marseille… Cette voie royale passe donc par des victoires sur ses rivaux désignés, l’Argentine et l’Irlande. En novembre dernier, au Stade de France, l’équipe de Bernard Laporte s’était imposée de justesse face aux Pumas (27-26), mais ce succès étriqué avait au moins eu le mérite de stopper une série de quatre précédentes défaites face aux Sud-Américains. Cette fois, la victoire sur l’Irlande a été plus probante, même si elle ne se décida qu’à la dernière minute sur un brillant essai de Vincent Clerc. Car, pour avoir répondu haut et fort au rythme parfois échevelé de la partie, la première fournée de joueurs utilisés à Rome et à Dublin a non seulement bien joué ses propres cartes, mais aussi amorcé une dynamique qui devrait pouvoir s’étendre à la seconde fournée, celle qui prendra le relais le samedi 24 février à Paris contre le pays de Galles. Le quinze de France n’a pas pour autant effacé le souvenir cuisant de ses deux tests de l’automne contre les All Blacks (3-47 et 11-23), mais, pour ce qui est de retrouver un moral et des ambitions, il est, comme hier à Dublin, repassé au vert. Lafoi jusqu’aubout Alors que les Bleus n’étaient plus sûrs de rien, Vincent Clerc a inscrit un essai formidable. Récit d’une fin de match de folie. DUBLIN. – Il reste moins d’une minute à jouer et le score est de 17-13 pour les Irlandais. Sur le coup de pied de renvoi, les Bleus viennent de récupérer le ballon, et David Marty (suivi par Christophe Dominici) part en percussion. Repris par Shane Horgan sous les yeux de Ronan O’Gara, le Perpignanais va quand même pouvoir libérer son ballon pour la fin qu’on connaît. (Photo Bernard Papon) PAGE 2 LUNDI 12 FÉVRIER 2007 Noir Jaune Bleu Rouge 3 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Points Différence Points pour Points contre Joués Gagnés Nuls Perdus Classement 1 2 3 4 5 6 Restent à jouer Déjà joués Le chiffre Points Réalisateurs 1 2 3 4 5 6 7 8 Wilkinson (ANG, +15) 42 Paterson (ECO, +21) 31 O’Gara (Irlande, +17) 26 Skrela (+8) 19 St. Jones (Galles, +9) 18 Scanavacca (ITA, +7) 7 Beauxis (+2) 5 Pez (ITA) 3 Essais Marqueurs 1 2 3 Jas. Robinson (ANG, +1) 3 Chabal, O’Gara (Irlande, +1) 2 Lund (ANG), Wilkinson (ANG), S. Taylor (ECO), Dewey (ECO), Heymans, Dominici, Jauzion, Clerc (+1), Ibanez (+1), B. O’Driscoll (Irlande), R. Best (Irlande), Scanavacca (Italie, +1). 1 Au poste d’ ai l i er , Vincent Clerc présente le rendement le plus élevé du groupe Laporte. En ayant inscrit 10 essais en 17 sélections, soit 0,59 par match, le Toulousain devance Rougerie (0,43), Dominici (0,39) et Heymans (0,29). Tournoi 2007 : 2 e journée Italie 0 2 0 0 2 - 49 10 59 Angleterre 4 2 2 0 0 + 35 62 27 Irlande 2 2 1 0 1 + 7 36 29 Écosse 2 2 1 0 1 - 10 41 51 Galles 0 2 0 0 2 - 22 18 40 France 4 2 2 0 0 + 39 59 20 3 e journée (samedi 24 février) : Écosse - Italie (16 heures) ; Irlande - Angleterre (18 h 30) ; France - Galles (21 heures). 4 e journée (samedi 10 mars) : Écosse - Irlande (14 h 30) ; Italie - Galles (16 h 30). Dimanche 11 mars : Angleterre - France (16 heures). 5 e journée (samedi 17 mars) : Italie - Irlande (14 h 30) ; France - Écosse (16 h 30) ; Galles - Angleterre (18 h 30). N.B. : programme en heure française. Pour l’heure en Irlande et dans les îles Britanniques, retirer une heure. 1 re journée (samedi 3 et dimanche 4 février) : Italie - France, 3-39 ; Angleterre - Écosse, 42-20 ; Galles - Irlande, 9-19. Irlande - France, 17-20 Hier à suivre en direct sur Angleterre - Italie, 20-7 Écosse - Galles, 21-9 Samedi Dempsey 6 Hickie 7 Murphy 6 D’Arcy 7,5 Horgan 5,5 O’Connell cap., 6 O’Callaghan 7 (m) Boss 5,5 (o) O’Gara 7 Horan 7,5 Hayes 5 R. Best 7 S. Easterby 6 D. Wallace 6 Leamy 6,5 Poitrenaud 6,5 Clerc 8,5 Dominici 6,5 Jauzion 8 Marty 6 Papé 6 Nallet 7,5 (o) Skrela 5 (m) Mignoni 6,5 Marconnet 7 De Villiers 6 Ibanez cap., 7 Betsen 8 Chabal 6 Harinordoquy 7 Flannery, Trimble, N. Best n’ont pas joué assez longtemps pour être notés. Thion, Bonnaire, Beauxis, Milloud, Bruno, Heymans n’ont pas joué assez longtemps pour être notés. RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS (2 e journée) IRLANDE - FRANCE : 17-20 IRLANDE - FRANCE : 17-20 (11-13) #####$ À Croke Park, Dublin. Temps froid et clair. Pelouse en bon état. 81 572 spectateurs (à guichets fermés). Arbitre : M. Walsh (NZL). Remplacements. – 61 e : R. Best par FLAN- NERY et Murphy par TRIMBLE ; 65 e : Easterby par N. BEST. Non utilisés : S. Best, M. O’Driscoll, Reddan, P. Wallace. Entraîneur : E. O’Sullivan. IRLANDE : 1 E (32 e ), 4 B (13 e , 25 e , 57 e , 78 e ), O’Gara. FRANCE : 2 E, Ibanez (13 e ), Clerc (79 e ) ; 2 B, Skrela (3 e , 9 e ), 2 T, Skrela (13 e ), Beauxis (79 e ). Évolution du score : 0-3, 0-6, 3-6, 3-13, 6-13, 11-13 (mi-temps), 14-13, 17-13, 17-20. Remplacements. – 51 e : Papé par THION ; 54 e : Chabal par BONNAIRE ; 58 e : Skrela par BEAUXIS ; 60 e : De Villiers par MILLOUD ; 75 e : Ibanez par BRUNO et Poitrenaud par HEYMANS. Non utilisé : Yachvili. Entraîneur : B. Laporte. LES POINTS LA QUESTION DU JOUR Le XV de France remportera-t-il le Tournoi 2007 ? Pour voter, connectez-vous sur www.lequipe.fr entre 6 heures et 22 heures ou envoyez OUI ou NON par SMS au 61008 (0,34 euro + coût d’un SMS). « Les cartes en main » BERNARD LAPORTE, l’entraîneur des Bleus, est satisfait. Son équipe reste en course pour remporter le Tournoi. « ÊTES-VOUS pleinement heureux ? – Non. Je suis très content de l’entame du match, mais la fin de première mi-temps ne sonne pas juste compte tenu de ce que nous avons fait. On peut mar- quer deux essais et deux buts de plus. Et après la pause, les Irlandais ont monopolisé le ballon. Ils nous ont pris au près, au large. On s’est fragilisés, notam- ment sur leur jeu au pied, en étant mal placés. On a laissé rebondir des ballons, on en a laissé d’autres sortir en touche qui ont ralenti ou arrêté le jeu et qui ne nous ont pas permis d’aller jouer dans le camp irlandais pour mettrelapressionànotretour. Donc, je suis un peu frustré par ce constat, par tous ces points que l’on n’a pas su marquer, car il y avait de la place pour faire un plus joli match. DUBLIN. – 79 e minute : l’ailier Vincent Clerc, auteur d’un match parfait, hier, sur la pelouse de Croke Park, échappe au capitaine irlandais Paul O’Connell pour marquer l’essai de la victoire, son dixième avec les Bleus. (Photo Bernard Papon) – Malgré tout, l’équipe de France a fait preuve de belles ressources mentales ? – C’est vrai. Ellene s’est jamais affolée. Il yaunmen- tal de “combat” dans cette équipe, un état d’esprit, unevolontéde défendreet uneagressivitésur laligne d’affrontement qui nous ont permis de rester dans le match et de remporter une victoire importante pour l’avenir. C’est très encourageant. J’avais dit aux joueurs avant le début de la compétition qu’il y avait deux matches durs à négocier pour commencer. On les a gagnés et c’est tant mieux. – Lavictoire, voireunGrandChelem, restent envisageables… – L’objectif du jour, c’était d’empêcher l’Irlande de réaliser le Grand Chelem. Nous, on n’est pas encore sûrs de gagner le Tournoi et encore moins de réaliser ce Grand Chelem, mais, au moins, on a empêché un adversaire majeur qui avait un calendrier favorable, d’y parvenir. On a les cartes en main. Et puis, comme onvales retrouver enpoulependant leMondial (le21 septembre), j’avais dit aux joueurs, “il ne faut pas qu’ils arrivent àlaCoupedumondeenayant réaliséle Grand Chelem”. – Que vous a inspiré l’ambiance de Croke Park ? – Pas grand-chose. J’ai l’impression qu’il y avait une grosse ambiance mais moi, j’étais dans une loge, et c’est comme si j’avais été dans mon salon. On n’entendait rien. » – H. I. Le rythme, c’est la clé MESSIEURSLESJOUEURS, s’il vous plaît, n’arrêtez pas de jouer. Peut-être que vous ne réaliserez pas le Grand Chelem, mais est-ce le plus impor- tant ? Ces vingt-cinq premières minutes durant lesquelles vous avez monopoli- sé le ballon grâce à une conquête dominatrice, des lancements créatifs, des initiatives variées, des relances inspirées, une défense haute étouf- fante, m’ont surtout marqué par le rythme donné à toutes vos actions. Le rythme, c’est la clé. La différence entre la bouillie de rugby gallo-écos- saise infligée samedi et la partition endiablée que vous avez livrée hier ne se situe pas ailleurs. Rares sont les équipes capables de jouer tellement vitequeladéfense a toujours un temps de retard, même si elle a semblé réor- ganisée au niveau du nombre et de l’occupationdelalargeur. Ellesubit les initiatives des attaquants, recule, et subit encorejusqu’au point de rupture. Ce jeu-là n’est pas fait d’usure comme l’affectionnent les Anglais et les Aus- traliens, mais surtout de créativité, de réactivité, d’initiative collective. Aujourd’hui, je ne vois que les All Blacks et les Français capables de le mettre en œuvre, avec peut-être les Irlandais. Car les adversaires que vous avez battus ont bien des mérites. En premier lieu, ils ont utilisé le premier bal- lon redonné sur un échange au pied et sauvé le long de la touche par Horan pour enfin entrer dans ce match et affirmer leurs prétentions. Ils ont ensuite réglé le p r o b l è me d e l a conquête pour inver- ser la pression et limi- ter vos ambitions. Ils ont surtout, en deuxième mi-temps, modifié la circu- lation du ballon pour vous défier dans des zones proches afin de casser cette montée défensive qui transformait leur jeu de ligne en repli généralisé. Tout cela vous a amenés à vous recro- queviller et à utiliser l’option frileuse, celle de l’occupation au pied. Vous avez alors subi la loi de ces Irlandais et de cet arbitre qui, après avoir si bien réglé le pro- blème du jeu au sol – merci M. Walsh, puissiez-vous faire école –, n’allait pas vous laisser gagner avec un plan de jeu au s s i r é duc t e ur , quand bien même votre mêlée restait dominatrice. À 14-13 en faveur de l’Irlande, toujours pas d’évolution. Dans vos têtes, l’attenti sme pouvait encore payer. Jene vous cache pas que je trépignais devant ma télé, pensant qu’il fallait réécrire le scéna- rio, ressortir le plan A fait de tant de variations, dire à Serge (Betsen) qu’il n’avait pas besoin de jouer troisième- ligne, dix et centre à la fois, que tout le monde allait prendre ses responsabili- tés et se proposer pour envoyer du jeu. Heureusement, il y eut, à17-13, cebal- lon récupéré sur le coup d’envoi et l’expression de ce talent collectif enfin retrouvé. Avec cette conclusionmagis- trale de Vincent Clerc qui le méritait tant après avoir allumé les premières mèches. Tout cela est bien joli, mais quels enseignements en tirer ? Qu’il faut continuer dans cette dynamique de groupe et cette dynamique de jeu. Imaginez l’embarras de vos adver- saires si vous doublez le nombre de séquences rapides de ce match. Alors s’il vous plaît, cet hiver, continuez à jouer, car en septembre prochain il ne suffira pas de tenir le rythme, il faudra l’imposer. (*) Entraîneur du Biarritz Olympique, champion de France (2002, 2005, 2006), Patrice Lagisquet a été 46 fois internatio- nal. Rendez-vousest pris Dans un contexte extraordinaire, les Bleus ont encore battu les Irlandais, qu’ils retrouveront le 21 septembre en Coupe du monde. Un grand élan collectif et un exploit de Vincent Clerc à la dernière minute d’un match de haut niveau ont permis aux Bleus de s’imposer à Croke Park, où l’Irlande accueillait pour la première fois un match de rugby. Grâce à ce succès, les Bleus sont, avec les Anglais, les seuls invaincus du Tournoi. DUBLIN de notre envoyé spécial TOUT S’EST JOUÉ à la fin mais le meilleur a été pour le début. La pluie et le froid annoncés n’ont pas trouvé de ticket, comme des milliers de déçus, mais c’est bien l’enfer qui attend les Bleus, dans ce Croke Park aux airs de paradis. L’âme de l’Irlande est bien là avec les deux hymnes, les chants, et cette intense émotion qui précède l’entrée sur la pelouse de Paul O’Connell en tête de sa troupe, la pre- mière d’un capitaine de l’équipe de rugby irlandaise dans ce sanctuaire. Mais, au moment où David Skrela va donner le coup d’envoi, la réalité de l’instant chasse l’histoire : ça n’est, malgré tout, qu’un match de rugby qui va se dérouler. Un sacré match de rug- by tout de même, méritant, en dehors de son contexte si poignant, de figurer dans les annales. Même si le rush final de Vincent Clerc, arrachant la victoire à une minute du terme, restera comme le fait dumatch, c’est plutôt l’épatant début des Bleus qui devrait marquer les mémoires irlandaises. Comme face à l’Italie, une semaine plus tôt à Rome, ils ont démontré leur capacité à s’imposer en patrons du terrain, à dépasser le contexte et à chasser les doutes laissés par un difficile mois de novembre. On lesent dès lapremièretouche, leur seul secteur déficient à Rome, où Harinor- doquy « vole » le ballon sur lancer de Rory Best. Leur entame est rigoureuse mais aussi ambitieuse. Ils jouent même une touche rapide, qui amène un essai pour le capitaine Raphaël Iba- ñez. Les Irlandais voulaient vivre un jour historique, ce sont les Français qui reprennent le fil de leur histoire, sale- ment interrompue par les All Blacks. Cette entame confirme l’ouverture romaine de cette équipe de France qui entend désormais jouer les ballons qui s’offrent à elle, quel que soit l’endroit du terrain. Après le match, Christophe Dominici estimera : « On a compris, avec ces vingt premières minutes, que si on est sérieux et rigoureux, ces Irlan- dais ne peuvent pas nous poser de pro- blèmes… » L’allusion nous transporte directement des travées de Croke Park à une enceinte tout aussi vaste, le Stade de France où, le 21 septembre prochain, Françai s et I rl andais s’affronteront la prochaine fois, pour un match bien plus crucial encore, puisqu’il s’agira de Coupe du monde. Ibañez, le capitaine, assurera lui aussi que « cette victoire nous donnera un pourcentage de confiance en plus quand nous les retrouverons ». Et l’entraîneur Bernard Laporte de confier : « Nous voulions à tout prix empêcher les Irlandais d’arriver à la Coupe du monde avec un Grand Che- lem. » L’opération psychologique a donc réussi. Un grand jour pour les Irlandais et les Français Pourtant, on a vu souvent les Français ballotter bien plus que ça les Irlandais en début de rencontre. Pas plus tard que l’an dernier. Ils menaient même 43-3, àla48 e minute(six essais à zéro), avant de concéder 28 points et quatre essais pour un score final de 43-31. Alors d’où vient cette assurance, bâtie sur un 13-3, qui va vite être réduit à presque rien, 13-11, par un but et un essai de Ronan O’Gara et par deux tirs au but ratés de David Skrela ? « Nous les avons remis tout seuls dans le match, glisse Dominici. Par nos erreurs, par nos fautes au sol et en ne concrétisant pas nos occasions. » L’ailier n’évoque pas seulement l’infortune de son buteur, mais deux situations d’essai gâchées : « On doit mener 20-6àlami-temps », tranche-t- il. Mais si ç’avait été le cas, ce match aurait sans doute beaucoup perdu en enseignements. Car l’essai d’O’Gara a regonflé les siens sur et hors du terrain (81 572 spectateurs dans les tribunes avec, quand même, quelques milliers de Français). Il fallait ça pour revenir à la réalité. « Oui, on les a entendus très fort », confiera Serge Betsen, meilleur plaqueur du match. Entendus et sentis à l’impact. La bataille y est rude, l’engagement des Verts entier. Les Français y sont pris à la faute (10 péna- lités concédées contre 4). Le repos et les discours de la mi-temps ne chan- gent rien au problème irlandais. Ça chante, ça crie, ça pousse et ça perce. Àl’heuredejeu, les Irlandais ont logiquement pris la tête par un but d’O’Gara et leur avantage reflète ce qu’est devenu le match. Les Français n’en sont pas sortis, loin de là, mais ils doivent le plus souvent contrer les ini- tiatives adverses. Ils défendent comme des lions, avec la férocité et l’organisation qu’on leur avait vu déployer à Rome, dans la fin de match face aux Italiens. Les pla- quages ratés sont rendus anecdo- tiques par la solidarité de tous les défenseurs. Les Verts pressent mais ne passent pas. L’auraient-ils fait avec leur capitaine Brian O’Driscoll ? Ce n’est pas la question du moment. Les Bleus ne sont pourtant pas consignés dans leur camp. En voyant Clerc avan- cer avec trois adversaires sur le pale- tot, on se dit que les cours de lutte dis- pens és à Mar coussi s ont ét é studieux… et utiles. Reste à convo- quer un jongleur pour éradiquer de rageants en-avant. C’est bientôt lafinet les Irlandais ont le petit point du bonheur. Un drop de Lio- nel Beauxis (entré à la place de Skrela) est renvoyé par le poteau. O’Gara, lui, passe le but qui donne quatre points d’avance aux siens (17-13). Il reste deux minutes aux Français pour mar- quer un essai. On connaît la suite : ren- voi dévié par Jérôme Thion pour David Marty… Et Clerc, foudroyant ! La foule est terrassée comme ses joueurs. On imagine ce qu’aurait été le tour d’honneur si, à la place des Bleus rieurs, les hommes d’O’Connell avaient défilé. Cela reste un grand jour pour l’Irlande, mais les joueurs fran- çais vivent le leur. Ils peuvent rire de se retrouver ainsi avec deux victoires en deux matches dans ce Tournoi et, désormais, de réelles ambitions de victoire, voire de Grand Chelem. Ils peuvent en tout cas compter sur leurs adversaires du jour pour barrer la route aux Anglais. Dans deux semaines à Croke Park, les Verts n’auront tout simplement pas le droit de perdre. CHRISTIAN JAURENA LUNDI 12 FÉVRIER 2007 PAGE 3 Noir Jaune Bleu Rouge 4 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS (2 e journée) –IRLANDE - FRANCE : 17-20 RÉSULTATS I LEICESTER-ARGENTINE : 21-41 (7-22). Welford Road. Beau temps frais. Pelouse correcte. 10 000 spectateurs environ. Arbitre : M. Rowden (ANG). LEICESTER : 3 E, Croft (37 e ), Varndell (73 e ), M. Smith (80 e ) ; 3 T, Vesty. ARGENTINE : 5 E, Corleto (7 e , 18 e ), Alvarez-Kairelis (15 e ), Gai- tan (42 e ), Borges (68 e ) ; 3 B, Hernandez (27 e , 49 e , 58 e ), 1 D, Miranda (78 e ) ; 2 T, Hernandez (7 e , 15 e ). Évolution du score : 0-7, 0-14, 0-19, 0-22, 7-22 (mi-temps), 7-27, 7-30, 7-33, 7-38, 14-38, 14-41, 21-41. LEICESTER : J. Murphy (Youngs, 63 e ) – Varndell, Gibson (M. Smith, 50 e ), Cornwell, Lloyd – (o) Vesty, (m) Bemand (F. Murphy, 41 e ) – Shaw (McKay, 58 e ), B. Deacon, Pienaar – Croft, Gillanders (Nimmo, 58 e ) – Moreno, G. Hickie (Buckland, 56 e ), Rowntree (cap., Holford, 51 e ). Entraîneur : P. Howard. ARGENTINE : Corleto (Serra, 70 e ) – Borges, Gaitan, M. Contepomi, Agulla – (o) Hernandez (Miranda, 69 e ), (m) Vergallo (Lopez Fleming, 67 e ) – Ostiglia (Genoud, 66 e ), Fessia, Durand (cap.) - Albacete, Alvarez-Kairelis - Bonorino (J. Gomez, 54 e ), Vernet Basualdo (Gambarini, 73 e ), Roncero (Henn, 59 e ). Entraîneur : M. Loffreda. AGENDA VENDREDI 16 FÉVRIER I LIGUE CELTE. – Ulster-Dragons (20 h 10, heure française) ; Border Rei- vers - Munster, GlasgowWarriors - Llanel- li Scarlets, Leinster-Édimbourg (20 h 30, heure française). I SUPER 14 (3 e journée). – Stormers (AFS) - Waikato Chiefs (NZL), Bulls (AFS) - Western Force (AUS). SAMEDI 17 FÉVRIER I LIGUE CELTE. – Ospreys-Connacht (18 h 30, heure française). I PRO D 2 (20 e journée). – Pau- Limoges, Bordeaux-Bègles - Tarbes, Mont-de-Marsan - Béziers, Grenoble- Dax, Colomiers - La Rochelle, Lyon OU - Racing-Métro 92 (18 h 30). I CHAMPIONNAT D’ANGLETERRE (15 e journée). – Worcester Warriors - Leicester Tigers (15 h 45, heure fran- çaise) ; London Irish - Bath, Northampton Saints - Harlequins (16 heures, heure française). I SUPER 14 (3 e journée). – Queens- land Reds (AUS) - Brumbies (AUS), Wel- lington Hurricanes (NZL) - Blues (AFS), Cheetahs (AFS) - Waratahs (AUS), Lions (AFS) - Canterbury Crusaders (NZL), Sharks (AFS) - Otago Highlanders (NZL). DIMANCHE 18 FÉVRIER I CHAMPIONNAT D’ANGLETERRE (15 e journée). – London Wasps - Sale Sharks, Bristol - Newcastle Falcons, Sara- cens-Gloucester (16 heures, heure fran- çaise). I PRO D 2 (20 e journée). – Gaillac- Toulon (15 heures) ; Oyonnax-Auch (15 h 15, en direct sur France 3 régions Sud, Limousin, Poitou-Charentes, Aqui- taine, Rhône-Alpes et Auvergne). I LES22POURFRANCE-GALLESCONNUSDIMANCHEPROCHAIN. –Lalistedes vingt-deux joueurs retenus pour France-Pays deGalles (samedi 24février à21heures àSaint-Denis) seradévoi- lée dimanche prochain à l’issue du week-end de repos accordé aux joueurs. « On va poursuivre notrepolitiquederoulement, il y aurades joueurs qui n’ont pas encorefigurédans les vingt-deuxqui vont être intégrés », a souligné Jo Maso, le manager des Bleus, hier soir. I WEEK-ENDPROLONGÉ POUR LES QUARANTE STAGIAIRES. – Dans la mesure où il n’y a pas dematchduTournoi leweek-endprochain, les quarante stagiaires qui se retrouvent àMarcous- sis cet après-midi vont pouvoir pleinement profiter duweek-end. « Onvalibérer les joueurs vendre- di après le déjeuner et ils seront convoqués pour le lundi à la même heure, a confié BernardLaporte, hier soir. Dès demain après-midi (aujourd’hui), les joueurs valides du groupe des dix-huit vont reprendre leur programme de préparation, tandis que ceux qui étaient en Irlande vont récupérer jusqu’àmercredi matin. Àpartir de mercredi après-midi, tout le monde sera réuni en unseul groupe pour des séances de rugby sur le terrain. » H. I. I LES BLEUS À L’INFIRMERIE. – Cinq joueurs français ont été touchés lors de la rencontre les opposant à l’Irlande. Dans les prochains jours, Jauzion (main droite), Chabal (cuisse droite), Papé (traumatisme temporal), Skrela (côtes droites) ainsi que Nallet (épaule droite) passeront des exa- mens complémentaires pour établir la gravité de leur blessure. D’Arcy unpeuseul LES JOUEURS IRLANDAIS. – Le centre du Leinster a beaucoup tenté, mais l’absence de son compère O’Driscoll l’a handicapé. DUBLIN – de notre envoyé spécial DEMPSEY(6) : c’est surtout en deuxièmepériode qu’il apporta sa véritable contribution aux lignes arrière. Mais sans être déterminant. MURPHY (6) : il tenta sa chance à deux reprises, mais ne réussit pas à déstabiliser la défense fran- çaise. Remplacé à la 60 e par Trimble qui secoua le premier rideau défensif français. HORGAN (5,5) : son rôle fut prépondérant sur l’essai de O’Gara. Son placement endéfense laissa à désirer. Pour le reste, il fut marqué de très près et souvent bloqué avec le ballon. D’ARCY(7,5) : le plus tranchant. Balle en main, il fut à chaque fois dangereux, mais manqua de sou- tien consistant. Orphelin de O’Driscoll. HICKIE (7) : heureusement qu’il n’eut pas beau- coup de ballons de relance. Sur l’un d’eux, il faillit réussir le coup, mais fut repris par Dominici. Un plaquage manqué sur Clerc, sur son essai. O’GARA (7) : serré de près au début de match, il se sortit mieux d’affaire par la suite. Il fut à l’ori- gine de son essai en feintant le drop. Son jeu au pied n’a pas trop perturbé les Français. BOSS (5,5) : il s’est beaucoup démené, mais trop souvent dans le désordre. Par ailleurs, il fut un peu trop lent dans ses transmissions. WALLACE (6) : le jeu ne prenant pas beaucoup d’envergure de son côté, il fut moins à son aise. Un match un peu dans l’ombre. LEAMY (6,5) : surveillé de près en touche et der- rière sa mêlée. Cela ne l’empêcha pas de prendre une part active aujeu enmouvement, initié un peu trop rarement. S. EASTERBY (6) : très peu sollicité en touche, il nefut pas auniveaudelatroisièmelignefrançaise. Remplacé à la 64 e par Neil Best. O’CONNELL (6) : deux prises de balle en touche, mais une présence moins consistante que d’habi- tude. Marqué de près par Nallet et Thion, en fin de match, il perdit une balle capitale sur un renvoi (essai de Clerc). O’CALLAGHAN (7) : excellent en touche, mais moins convaincant dans le combat rapproché. Pourtant, il perturba souvent les mêlées ouvertes françaises. HAYES (5) : son rendement a été sérieusement entamé par Marconnet et Milloud. Très fatigué sur la fin, il manqua un plaquage capital sur Clerc. R. BEST(7) : il fut souvent àlapointeducombat et ardent dans les relais au milieu des autres avants ou des arrières. Remplacé à la 60 e par Flannery. HORAN (7,5) : le meilleur avant irlandais et le plus consistant sur l’ensemble du match. Il n’a pas cédé en mêlée et a failli signer la victoire de l’Irlande sur une action individuelle digne d’un trois-quarts. – F. D. UnClerc degénie LES JOUEURS FRANÇAIS. – L’ailier toulousain a rendu une copie parfaite et donné sur le fil la victoire aux Bleus. Poitrenaud et Jauzion se sont également montrés décisifs. DUBLIN – de notre envoyé spécial POITRENAUD(6,5) : toujours bien placé, il ne fut jamais pris en défaut par le jeu au pied de O’Gara. Il sauva son équipe d’un essai et probablement de la défaite sur une action de Horan (70 e ). Remplacé à la 75 e par HEY- MANS. CLERC (8,5) : il a tout fait. Il a joué au pied avec discernement, il est venu défier dans l’axe, il a relancé, pris les intervalles, sauvé des balles au sol. Il fut l’initiateur et l’accélé- rateur de l’essai d’Ibañez. Il donna de la vitesse au jeu sur chaque intervention. Et il marqua l’essai de la victoire au milieu d’une forêt de défenseurs irlandais, se sortant de trois plaquages. MARTY (6) : il n’a pas bien négocié les deux trous qu’il eut. En défense, il a confondu quelquefois vitesse et précipitation, concé- dant une pénalité et un but d’O’Gara (13 e ). Plus à l’aise en fin de match. JAUZION(8) : un match magnifique de sim- plicité et de lucidité. Il fut l’élément stabilisa- teur des lignes arrière. Il porta souvent le bal- lon pour le tenir au milieu du terrain. Sur l’essai de Clerc, il intervînt deux fois de façon déterminante. DOMINICI (6,5) : peu sollicité en attaque, c’est dans le domaine défensif et de la récu- pération qu’il s’employa surtout. C’est ainsi qu’il condamna une relance de Hickie, qui aurait pu faire mal. SKRELA (5) : bon au début en défense pour presser le milieu de terrain irlandais, il se relâcha ensuite. Il manqua deux plaquages, dont un important sur l’essai d’O’Gara. Deux buts manqués (36 e et 40 e ), qui auraient pu coûter cher. Remplacé àla58 e par BEAUXIS. MIGNONI (6,5) : il a bien alterné le jeu. Il a su mettre sa troisième ligne sur orbite, impri- mer du rythme avec sa passe pour lancer ses trois-quarts. Sur la fin, il a su renverser la pression. CHABAL (6) : bien utilisé dans son rôle de percuteur. Dans ce combat, il s’est aussi consumé plus vite, commettant trop de fautes. Remplacé à la 54 e par BONNAIRE, venu à point pour donner de la fraîcheur à la troisième ligne. HARINORDOQUY (7) : il a gagné des bal- lons sur lancer adverse en touche. Il n’en per- dit aucun sur les lancers français. Il courut beaucoup, se proposa dans l’axe, fut adroit sur les renvois, participa à de nombreuses relances. Deux plaquages manqués. BETSEN (8) : une grosse contribution avec Skrela et Harinordoquy pour défendre très en pointe et perturber le système offensif irlan- dais. Des plaquages nets qui ont souvent enrayé les offensives adverses. PAPÉ (6) : il a apporté un supplément de puissance à sa troisième ligne et a défendu avec assiduité sur le large. Remplacé à la 51 e par THIONqui aconsolidé la force ducinqde devant au moment où le pack irlandais bat- tait lamesure. Arécupéré le ballon sur le ren- voi, qui amène l’essai de Clerc. NALLET (7,5) : on l’a souvent vu dans le jeu pour récupérer ballons ou adversaires, ou pour repartir dans l’axe. Un vrai avant de combat, qui a pris aussi quatre ballons en touche et le ballon sur le dernier renvoi après l’essai de Clerc. DEVILLIERS(6) : excellent enmêlée enpre- mière période, il se déplaça beaucoup, mais toucha peu de ballons. Remplacé à la 60 e par MILLOUD qui apporta un regain de force à son pack. IBAÑEZ (7) : on lui pardonnera un trois contre un oublié en route. Il fut impeccable au lancer, actif sur tous les fronts et avança balle en main, marquant un essai (13 e ). Rem- placé à la 75 e par BRUNO. MARCONNET (7) : il a beaucoup usé Hayes en mêlée, avant que Milloud ne finisse le tra- vail. Il joua dans toutes les zones et fut effi- cace à tous les niveaux. FRANCIS DELTÉRAL DUBLIN. – Raphaël Ibañez, le capitaine des Bleus, a été sur tous les fronts, hier. Les Irlandais s’y sont mis à plusieurs (à droite Paul O’Connell et Dennis Leamy, casqué, sous les yeux de Gordon D’Arcy et d’Isaac Boss) pour stopper le fougueux talonneur français. (Photo Alain de Martignac) « Il fallait lefaire! » RAPHAËL IBAÑEZ, le capitaine du quinze de France, souligne la performance des Bleus. Épuisé, lessivé, mais debout. Quand il sort des vestiaires peu avant Clément Poitre- naud, qui ferme la marche d’un pas aussi lent que son capitaine, Raphaël Ibañez aspire plus au repos qu’à l’analyse d’après match. Le débit est lent, le ton presque las, tant la fatigue est pré- sente. Mais comme sur le ter- rain, le capitaine des Bleus fait face. DUBLIN – de notre envoyé spécial « L’ÉQUIPE DE FRANCE vient de signer une belle victoire. Et pourtant, Bernard Laporte évoque sa frustration quant à la conduite du match… – Il a raison. Il est dommage, alors que l’on a les armes, qu’on manque de finition à des moments où on peut marquer l’adversaire de notre empreinte. Et ça sur le terrain, tu le sens. Parfois, on s’est laissés aller, et ce n’est pas entièrement positif parce que c’était le meilleur moyen de remettre l’adversaire dans le match. L’équipe était nerveuse. Il manquait chaque fois un petit truc pour faire la différence. Tu sais que tu peux le payer cher. Puis, on avait mis l’accent sur la discipline, mais on a été trop pénalisés, au sol not amment . On avai t t ous conscience qu’on faisait tout sur le terrain. Qu’on marquait des points, mais aussi qu’on leur donnait les autres. Il y a beaucoup de choses à redire, à revoir après cette victoire. On gagne et c’est le plus important, mais ce n’était pas forcément com- plètement accompli. – Mais, dans un contexte dif- ficile, vous et vos partenaires avez au moins eu le mérite de rester aussi efficaces défensi- vement que la semaine précé- dente à Rome… – C’était un match acharné, très équilibré. Et le gros point positif, c’est effectivement notre force de caractère. Elle a fait la différence. Il y a des joueurs dans cette équipe qui ont la gagne, des match win- ners. Vincent Clerc par exemple. Il a été décisif. – Vous a-t-il surpris ? – Non. On sait ce qu’il est capable de faire, il fait çatous les week-ends avec Toulouse. « Un pourcentage de confiance en plus pour le groupe » – À la mi-temps, l’équipe de France ne menait que de deux points. Quel a été votre der- nier mot avant de revenir sur le terrain ? – (Il refléchit.) Je ne me souviens plus. (Il interpelle Clément Poitre- naud qui lui répond qu’il ne se sou- vient pas.) Vous voyez, les mecs ne m’écoutent même pas quand je parle…(Poitrenaud intervient et lui rappelle qu’ils se sont tenu la main.) Ahoui, c’est vrai. Ons’est réunis, on s’est superposé les mains et on s’est fait une promesse. On s’est promis qu’on serait au combat, là (il pointe un index vers son front). Mais bon, toutes les équipes se disent cela. Seulement, il fallait le faire…. – Avant le match, aviez-vous senti l’équipe de France prête à réaliser une telle perfor- mance ? – Je savais que l’équipe était plei- nement concentrée. Il y a eu une très bonne semaine d’attention, de concentration à Marcoussis. Mais ça, ça ne garantit rien pour autant. La semaine, ça ne suffit pas. C’est le jour du match qui compte. Et par- fois, c’est très différent. Là, il fallait monter d’un cran dans l’intensité car on savait que ce serait plus rude. Et de ce côté-là, on n’a pas été sur- pris. Et le fait de jouer à Croke Park, ça nous a aussi compliqué la tâche, c’était 15 % de motivation en plus pour les Irlandais. – Justement, quevous ainspi- ré cette équipe d’Irlande ? – Elle a été fidèle à son jeu, à sa réputation. C’est une équipe tou- jours aussi bienorganisée. Les Irlan- dais ont éprouvé des difficultés à enchaîner quand on a réussi à mon- ter les presser et les plaquer très haut. Mais, bon, c’est ça le haut niveau. – Après le succès contre l’Argentine en novembre der- nier, cette autre victoire sur un futur adversaire de poule en Coupe du monde est-elle importante ? – J’avais dit au cours de la semaine queçaserait unnon-sens defaireun amalgame entre les deux compéti- tions. Il faut prendre le Tournoi d’abord et, ensuite, on aura tout le temps de se tourner vers la Coupe du monde. Mais c’est vrai que, ce qui s’est produit, c’est un pourcen- tage de confiance en plus pour le groupe. Tous les joueurs vont gagner en expérience. – Et même si tout n’a pas été parfait, c’est une victoire qui sera importante pour l’ave- nir ? – Oui, malgré nos réserves, on est conscients que ces matches-là, il faut les gagner. Et on va le célébrer ensemble. Il faut aussi savoir vivre pleinement l’instant T dans ces cas- là. » HAMID IMAKHOUKHENE INARBONNE : LABIT ÉCARTÉ JUSQU’À LA FIN DE LA SAISON. – Les dirigeants de Narbonne ont décidé de se passer des services de leur troisième ligne et capitaine, Christian Labit, jusqu’à la fin de la saison. « Il n’est pas licencié, mais on va finir la saison sans lui », nous a expliqué Gilbert Ysern, le président du club audois. « La suite du Championnat pour nous s’apparente à une opération commando. Je ne pense pas que Christian s’inscrive dans cette logique. Depuis des semaines, le groupe est pénalisé par le fait que le capitaine et les entraîneurs n’ont pas la même vision. Pour aller chercher le maintien, il faut qu’on tire dans le même sens. » L’international français, trente-six ans, de retour de vacances au Sénégal, a été reçu hier soir par Gilbert Ysern. « C’est un coup de massue », a-t-il confié à nos confrères de Rugby Hebdo. Narbonne, qui traverse une passe difficile avec plusieurs de ses joueurs cadres sollicités par d’autres clubs, est actuellement 11 e du classement, à deux longueurs du premier relégable. – A. D ITOP 14 : ALBI STOPPE L’HÉMORRAGIE. – Le club albigeois, un des deux promus du Top 14, a fait resigner pour deux saisons Ribes (talonneur), Hough (demi d’ouverture), Correia (pilier), Farani (troisième-ligne), Clément (troisième-ligne centre, capitaine), Tyler Mensah-Cooker (ailier), Stewart (arrière), Delpuech (pilier), Boulogne (demi de mêlée), Gady (pilier), Senio (centre) et Bowker (centre). Le pilier Larrouy a, quant à lui, prolongé d’un an, et le demi de mêlée Pages, de trois. Le cas du pilier tonguien Pulu fait encore l’objet de négociations. Seuls deux départs sont pour l’heure acquis à la fin de la saison : celui du pilier Stankovich, qui rejoindra Leicester (ANG), et du talonneur Ladhuie, qui portera les couleurs de Perpignan pour trois ans. ECOSSAIS ET GÉNÉREUX ?! * YES SIR !! * R C S B o rd e a u x B 3 0 1 7 1 1 4 6 1 *Sir Edward’s, l’un des blends les plus riches en malt du marché. Oui Monsieur ! L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, CONSOMMEZ AVEC MODÉRATION. PAGE 4 LUNDI 12 FÉVRIER 2007 Noir Jaune Bleu Rouge 1 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e * 60 e ANNÉE - N o 18 858 1,00 / France métropolitaine Dimanche 12 février 2006 www.lequipe.fr LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE STADE DE FRANCE. – Frédéric Michalak (maillot bleu), serré de près par Brian O’Driscoll (à gauche) et Denis Leamy, sous les yeux de David Wallace, a été à plusieurs reprises sifflé par le public du Stade de France, qui lui a reproché les faiblesses du jeu au pied des Bleus durant la rencontre face à l’Irlande. (Photo Alain de Martignac) UNE DRÔLE DE VICTOIRE Des Bleus fébriles ont remporté, hier au Stade de France, leur premier succès dans le Tournoi 2006 en battant l’Irlande (43-31), à l’issue d’un match qui les a vus sombrer physiquement en deuxième mi-temps, dilapidant quarante points d’avance. (Pages 2 à 4) TENNIS WEEK-END COULEUR FRANCE (Pages 19 et 20, et notre éditorial, page 2) HALLE. – Le double Llodra-Clément (ci-contre) a donné, hier, le point de la qualification à la France face à l’Allemagne, en Coupe Davis. À Paris, Mauresmo affrontera Pierce en finale. (Photo Michel Deschamps) FOOTBALL BORDEAUX REGAGNE DU TERRAIN (Pages 6 à 10) BORDEAUX. – Vladimir Smicer et les Bordelais, vainqueurs de Rennes (2-0), reviennent à 7 points de Lyon, tenu en échec à Lens (1-1). (Photo Laurent Arguerolles/L’Équipe ) J E U X O L Y M P I Q U E S ET VIVA LAOURA ! (Page 12) SESTRIÈRES. – Sandra Laoura a décroché, hier, la première médaille de la délégation française en se classant troisième de l’épreuve de bosses. (Photo Pierre Lahalle) GBIATHLON POIRÉE, ENCORE RATÉ (Page 12) GSKI ALPIN QUEL ROI POUR L’ÉPREUVE REINE ? (Page 13) L’ÉQUIPE dimanche, lundi : ALLEMAGNE, 2,20 / ; ANTILLES, LA RÉUNION, 1,5 / ; AUTRICHE, 2,3 / ; BELGIQUE, 1,6 / ; ESPAGNE, 2,1 / ; GRÈCE, 2,2 / ; ITALIE, 1,9 / ; LUXEMBOURG, 1,6 / ; PAYS-BAS, 2 / ; PORTUGAL CONT., 2 /. www.iveco.com Iveco vous transporte toujours plus loin. 3:HIKKSC=ZUVUUY:?a@c@l@c@k; T 00825 - 212 - F: 1,00 E FRENCH SPIRIT * IRISH SPIRIT * J a m e s o n I r i s h W h i s k e y e s t d i s t i l l é e n I r l a n d e d e p u i s 1 7 8 0 . R i c a r d e s t n é à M a r s e i l l e e n 1 9 3 2 . Y & R F r a n c e 2 0 0 5 * S P I R I T U E U X F R A N Ç A I S * S P I R I T U E U X I R L A N D A I S L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É , À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N. Noir Jaune Bleu Rouge 2 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Possession du ballon 26’47” 16’32” Mêlées gagnées Les plus pénalisés France France Les chiffres du match Les chiffres du match Irlande Irlande * s r introd ction ad erse Touches gagnées * sur lancer adverse Pénalités concédées En-avant / Turnover 22 11 Plaquages 1159 48 0 2 km avec ski alpin, n, des scentte H i de fond, Ski double poursuite dou F et H F e F aut ut sa à skis, nale fin f individuelle H ell in Luge, finale simmple H half pipe H Snowboard, (qualifications ( lifi ti à 10 heures, finale à 14 heures) h 30) h 3 (15 h h h 45) 45) h 45) h 45) h 45) (13 3 (13 (13 0 h) (10 (16 h ) (16 (20 h 10) 10) nage geee Patin de vitesse, tessse, de vite e, s e vitess vitess de vi d vi vi 3 000m FF m F 000m F mm 0m F 333 0 3 0 h 30) 30) h 30) 30) 30) (19 h ((1 h ((19 (19 t track, k, t track ack Short hor SSSho 1 500m H, 1 0m 1 500 11 5000 500m F F (qualifications) on tions , 3 000m FF (qualifications) ca ) (qualific 8 h) (18 (18 (( (12 h) Pinerolo Turin France F Sestrières Cesana Pariol Cesana San Sicario Sauze d’Oulx Bardonecchia -2°°° -7° 0°° -7° -2°°° -5° 0°°° 00° ) (14 heures) ) (10 heures) 5° 4° Pragelato g L’HUMEUR L’ÉDITO LA MÉTÉO OLYMPIQUE Horgan dans lerythme LES JOUEURS IRLANDAIS. – L’ailier du Leinster a été constant en attaque comme en défense. MURPHY (4) : beaucoup de fautes en première période, dont une passe directe à Heymans pour son essai, causèrent lapertedesonéquipe, vite larguée au score. HORGAN (6,5) : le plus interven- tionniste et dangereux de son équipe. Il avança constamment et un peu partout. O’DRISCOLL(6,5) : serré deprès en première période, il trouva quelques espaces ensuite et contribua au retour de son équipe. Remplacé à la 80 e (+ 2) par REDDAN. D’ARCY (6) : malmené en première période, il rétablit ensuite la situa- tion à son avantage. BOWE (4) : il se fit souvent secouer en défense. Remplacé à la 64 e par Trimble, qui profita d’un bon travail de O’Driscoll pour marquer un essai. O’GARA (4,5) : il a coûté deux essais en contre. Et dans l’animation offensive, il fut très réducteur. STRINGER (6) : toujours agressif et bien placé pour combler les trous. LEAMY (6) : coureur et remuant, il gêna beaucoup les Français en milieu de deuxième période par sa disponibilité. WALLACE (6,5) : toujours bien pla- cé pour colmater les brèches et pour relancer, avec de longues courses. EASTERBY(5) : pastoujours dans le bon rythme et n’apporta pas beau- coup d’accélération au jeu irlandais. O’KELLY (4,5) : lent et pas très per- formant sur le premier rideau. Rem- placé à la 51 e par O’CALLAGHAN (6,5), qui apporta de la vitesse et de la force, comme il le montra sur son essai. O’CONNELL (6,5) : un match de combattant. On le vit tant dans le travail de destruction que dans le jeu d’attaque, percutant sur le premier rideau. HAYES (4,5) : il a souffert en mêlée et n’a pas eu beaucoup de rende- ment dans le jeu en mouvement, semblant très lourd. FLANNERY (6) : plus à son avan- tage en deuxième période. Il eut alors de bons lancers et des initia- tives percutantes. CORRIGAN (4) : terriblement mal- mené en mêlée et peu performant dans le reste du jeu. Remplacé à la 51 e par S. BEST (5), qui fut un peu plus à son aise. – F. D. Enpannesèche Submergés physiquement, les Bleus ont vécu une fin de match périlleuse. Sans connaître les raisons de la panne. QUATRE ESSAIS irlandais en douze minutes (de la 57 e à la 69 e ). Vingt-huit points encaissés et aucun inscrit. Une heure après le match, les joueurs de l’équipe de France et leur entraîneur cherchaient à com- prendre comment ils avaient pu mener 29-3 au repos, 43-3 après moins de dix minutes de jeu en seconde période, et terminer la ren- contre épuisés, lessivés, avec un écart final de douze points seule- ment. Quant aux raisons de ce « coup de pompe », personne ne s’est aventu- ré àles avancer avec certitude. « Est- ce le fait d’avoir eu vingt-quatre heures derécupérationde moins que les Irlandais par rapport au week- end dernier ? Est-ce le fait de s’être entraînés deux fois, mardi et mercre- di, et d’avoir musclé les séances avec du travail en opposition ? s’inter- roge Bernard Laporte. Sans doute cela a-t-il pesé. Mais je suis inca- pable de quantifier tout cela. Ce qui est certain, c’est que hormis le match contre la Nouvelle-Zélande en novembre 2004 (défaite 45-6), je n’avais jamais vécu cela depuis latri- bune. La dernière demi-heure, nous n’avons pas pu supporter le rythme imposé par les Irlandais. On était dans le rouge, on a manqué d’oxy- gène. » Il est un point sur lequel Bernard Laporte et Olivier Magne se rejoi- gnent : le médiocre jeu au pied d’occupationa empêché les Bleus de vivre des séquences de jeu interrom- pues par les sorties de ballon. « On a rendu trop de ballons et cela nous a empêchés de casser le rythme, regrette Magne. Grâce à cela, leur triangle 10-12-13 a multiplié les relances en s’engouffrant dans des intervalles et espaces où nous n’étions pas. » « Un meilleur jeu au piednous aurait fait moins souffrir », convient Laporte. Mais si l’onpeut s’interroger aposte- riori sur le bien fondé des dures séances d’entraînement en opposi- tion du début et milieu de semaine, les joueurs, eux se sont fait une religion sur le sujet. « On avait besoin de cela après Édimbourg et cela nous a permis de fournir une grosse première mi-temps défen- sive, d’aller chercher haut les Irlan- dais au plaquage », souligne Bon- naire. « Toute cette préparation difficile adébouché sur une première mi-temps où l’on a mis l’accent sur la mêlée, où l’on avance sans cesse, note Thion. Et cette première mi- temps compte beaucoup dans le score final. L’intensité de la semaine d’entraînement a certainement pesé dans les jambes en fin de match, mais elle nous a surtout mis sur le droit chemin pendant cin- quante minutes. C’est ce qu’il faut retenir. » – H. I. Heymans s’affiche LES JOUEURS FRANÇAIS. – L’apport de l’ailier toulousain a été important. Tant dans l’animation offensive... que dans le jeu au pied. DOMINICI (5,5) : mis à part sur l’essai de Rougerie, il ne fut pas concerné par le jeu offensif. Ni sollici- té pour le jeu au pied défensif. Son placement fut correct. ROUGERIE (6,5) : une entrée en matière fracassante avec un essai et une percée tranchante sur l’essai de Heymans. Toujours bien placé en défense avec des plaquages et des déblayages rudes. FRITZ (6) : une belle percée et une présence soutenue sur O’Driscoll, même si celui-ci trouva deux fois l’ouverture. Une défense percutante en fin de partie. MARTY (6,5) : deux contres sur O’Gara et deux essais. Au-delà de cet opportunisme, sa défense en pointe et sur l’homme, surtout en fin de match, fut sérieuse. HEYMANS (7) : le meilleur Français de part sa régularité tout au long de la partie. Un jeu au pied performant pour remettre la pression, un essai et un jeu empreint de beaucoup d’efficacité. MICHALAK (5) : une bonne pre- mière période pleine de réalisme dans l’alternance et l’animation offensive, amenant l’essai deMagne. Un jeu au pied très pressant, des plaquages durs, un coup d’œil vivace. Ensuite, ça s’est gâté avec notamment unjeu au pied défaillant, qui entraîna deux essais irlandais. Remplacé à la 70 e par BOYET, qui garda la tête froide. ÉLISSALDE (5,5) : de bonnes passes, de bons replis et une ani- mation sans déchet. Mais il n’a pas réussi à passer la vitesse supérieure. Remplacé à la 59 e par YACHVILI, qui n’arriva pas à mettre de l’ordre dans la maison. BONNAIRE (5,5) : à son aise en touche, il n’a pas vraiment profité de la puissance de sa mêlée. En défense, il fut constant en première période, puis sur lafin, après unpassage àvide. MAGNE (6,5) : toujours bien placé et efficace dans tous les registres. Son essai est le reflet de sa perma- nence sur les soutiens. Il s’activa beaucoup à plaquer et détruire en pointe. Remplacé à la 59 e par MAR- TIN, qui eut du mal à entrer dans le rythme et manqua quelques plaquages. NYANGA (7) : une mobilité harce- lante jusqu’à sa sortie à la 74 e , où il fut remplacé par NALLET. On le vit percutant dans l’axe et surtout exterminateur sur les extérieurs. Meilleur plaqueur du match avec un total de 17. THION(5,5) : il a joué juste, restant très appliqué sur l’agressivité défen- sive en première période. Après un coup de mou, il fut plus performant sur la fin, près de sa ligne (12 pla- quages). PELOUS (5,5) : lui aussi a eu un gros coup de fatigue au milieu de la seconde période, manquant deux plaquages qui entraînèrent deux essais irlandais. Et pourtant il a beau- coup plaqué et même rudement (14 au total). DE VILLIERS (6) : il fut un des rares avants à ne pas faiblir. Fort en mêlée, toujours bien replacé dans la ligne, ses plaquages, sur la fin, furent une bouffée d’oxygène. IBANEZ (5,5) : il a donné du rythme en défense avec des déplacements bien faits. Un bel arrêt sur O’Driscoll au large. Remplacé à la 47 e par BRUNO (5), qui n’apporta pas le regain de puissance espéré. MILLOUD (5,5) : une performance moyenne, hormis en mêlée. Rempla- cé à la 59 e par MARCONNET (5,5), qui fit sa part de travail en défense sur la fin. FRANCIS DELTERAL RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS (2 e journée) –FRANCE-IRLANDE : 43-31 STADE DE FRANCE. – Sous les sifflets, Frédéric Michalak (à gauche) est remplacé par Benjamin Boyet à la soixante-huitième minute. Bernard Laporte défendra son ouvreur en conférence de presse et s’en prendra au public : « Tous ces bourgeois de merde, je te les foutrais sur le terrain ! » (Photo Alain de Martignac) LA QUESTION D’HIER Huit ans après son doublé aux Jeux de Nagano, le skieur autrichien Hermann Maier va-t-il remporter une nouvelle médaille d’or ? OUI ............................................................................................ 57 % NON ........................................................................................... 43 % (nombre de votants : 35 365) Selon le résultat de vos votes sur lequipe.fr et par SMS. FORGET OU LA RÈGLE DE L’ESPRIT NE FOIS de plus, les fondamentaux ont été Urespectés. Une fois de plus, la Coupe Davis a transformé le tennis, sport si individuel qu’il en devient le plus souvent individualiste, en un sport d’équipe comme les autres. Une fois de plus, la victoire de l’équipe de France sur l’Allemagne a démontré que la règle de base dans les compétitions par équipes est celle de l’esprit, l’esprit d’équipe bien entendu. Très discutable, la nouvelle non-sélection de Fabrice Santoro par Guy Forget avait été logiquement discutée après son annonce. On pouvait, à juste titre, se poser des questions sur la manière dont avait été nouée, plus que dénouée, cette énième crise entre le meilleur joueur de double français, son capitaine et ses équipiers putatifs. En revanche, l’effet de ce conflit sur l’équipe est indiscutable : rangs resserrés, volonté braquée sur l’objectif, Grosjean, Gasquet, Llodra et Clément ont fait corps face à une équipe d’Allemagne qui n’en finit plus, depuis l’apparition de Haas et Kiefer, de plafonner collectivement à un niveau inférieur à celui de ses individualités. Car, en Coupe Davis, la simple addition des talents individuels ne suffit pas. Sans le ciment d’une entente plus que cordiale, 1 + 1 + 1 + 1 ne font pas 4, mais souvent bien moins. Le souvenir du fiasco américain lors de la finale 1984, contre la Suède, suffit à illustrer cette erreur de calcul stratégique. Cette année-là, John McEnroe et Jimmy Connors avaient été réunis sous la responsabilité d’Arthur Ashe, capitaine de luxe. La finale tourna pourtant à l’humiliation, la mésentente entre ces deux monstres déteignant même sur le double McEnroe-Fleming, battu pour la première fois en quinze rencontres. À l’inverse, la France, avec des moyens très moyens, peut s’enorgueillir sous le capitanat de Guy Forget de deux places de finaliste et d’une victoire en sept ans. Certes, à cette époque Fabrice Santoro était considéré comme assez bon camarade pour que sa présence soit plus positive que son absence. Certes, il est parfois bien difficile de saisir ce qui lui est reproché par les uns et les autres. Mais le résultat est une fois de plus là : une équipe soudée sans la moindre arrière-pensée est plus forte qu’une autre plus talentueuse, mais bancale du côté de l’enthousiasme collectif. En faisant son choix, Guy Forget s’était exposé à un retour de bâton d’autant plus douloureux que ses rapports avec les instances fédérales sont peu sereins. Gasquet, Grosjean, Clément et Llodra lui permettront sans doute de prolonger son bail par l’opération du bon esprit. Michalakendésamour Sifflé, l’ouvreur des Bleus a endossé aux yeux du public toutes les carences françaises dans le jeu au pied. Mais Bernard Laporte est venu à son soutien. CELA RESTERA l’un des faits majeurs de ce France-Irlande. Soi- xante-huitième minute, hier, à Saint-Denis : remplacé par Benja- min Boyet, Frédéric Michalak se dirige en trottinant vers le banc de touche. Il croise la route du Berjal- lien, lui tape dans la main et entend la bordée de sifflets qui descend des tribunes. Il atteint le banc, enfile une veste de survêtement et s’assied à côté d’Olivier Magne. Avant même la fin du match, une partie du public a rendu son juge- ment. Le prodige toulousain est désigné comme l’un des coupables de la piteuse seconde période des Bleus. Faut-il en vouloir à cette frange de spectateurs qui brûle aujourd’hui ce qu’elle a adoré hier, pendant la Coupe du monde 2003 ? Une heure plus tard, Bernard Laporte, s’est fait son opinion et l’exprime en pleine conférence de presse. Avec viru- lence. « Bernie le dingue » est de retour. « Il faut faire revenir les bénévoles du rugby. Tous ces bour- geois de merde, je te les foutrais sur le terrain ! » La salle de presse rit à l’unisson, les journalistes britan- niques sont à la fois interloqués et ravis par cette phrase qui va renfor- cer outre-Manche l’image d’un Laporte décidément très particulier. Si l’on suit le raisonnement de l’entraîneur des Bleus, ce sont donc les spectateurs détenteurs des bil- lets les plus chers qui ont exprimé le désamour ambiant entre le public du Stade de France et Michalak. Mais au fond, cela est-il vraiment i mportant ? Qu’i l soi t ri che, modeste ou pauvre, le « cochon de payeur »vient d’exprimer sonras-le bol quant à la médiocrité du jeu au pied d’occupation des Bleus. Il s’en prend à Michalak et il n’a pas tout à fait raison. Sa première période, remarquable au plan défensif, a aussi été marquée par plusieurs coups depiedtactiques de bonne qualité. Un jeu au pied d’occupation, précis, cohérent et indispensable pour exister à ce niveau de compétition. Malheureusement, la seconde période du Toulousain sera d’un tout autre acabit. Fatigué, épuisé même, il perd de sa lucidité et de sa précision. Jusqu’à son remplace- ment que l’on peut estimer trop tar- dif compte tenu de ses difficultés. « J’ai failli le faire remplacer quelques minutes avant, convient Laporte. Jacques (Brunel) m’aappe- lé depuis le bord du terrain, il me l’a proposé. Mais le public venait de siffler Fred après une touche non trouvée et je n’ai pas voulu le sortir là-dessus. Celaaurait sonné comme un désaveu. » Laporte : « Fred, moi, je ne le lâcherai pas » Il est maintenant 17 h 30. Frédéric Michalak porte beau le smoking dont il s’est vêtu pour le banquet officiel. Debout, les mains dans les poches, il fait face aux questions et aux sujets qui peuvent fâcher. Comme les sifflets qui ont rythmé sa sortie. Comme son jeu au pied. Iné- gal, inconstant. « Il est normal que le public me siffle si je fais des erreurs, l ance-t-i l d’embl ée. J’occupe un poste-clé et à ce niveau de compétition, on ne peut pas se louper sur certains détails, certains coups. Mon match, je le juge à l’image de l’équipe. Une bonne pre- mière mi-temps et ensuite, j’ai été dans le dur. On a subi, j’ai subi, il y a eu de la précipitation, de l’impréci- sion. » Les secondes passent. Un journaliste le relance sur les témoi- gnages de désapprobation du public. « Mettez-vous à ma place. Bien sûr que c’est affectant de se faire siffler. »Exposé sous le feudes critiques, il encaisse, sait qu’il n’a pas autant brillé que le diamant qui orne son oreille gauche. Mais il s’irrite aussi, ce qui est rare. Un confrère retardataire le relance sur la réaction hostile du public. Et la réponse tombe, aussi sèche – mais au second degré – que les nom- breux plaquages qu’il a assénés : « J’ai fait beaucoup d’erreurs et je ne sais pas ceque je fous là. J’ai tou- ché personne en défense, rien fait de bon… Mais vous savez, l’impor- tant, c’est que mon père et ma mère soient fiers de moi. » Sur laroutedelaCoupedumonde, il faudra pourtant bien que l’équipe deFranceretrouve bonpied. « C’est sûr que c’est un chantier permanent pour nous, admet Laporte. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Souve- nez-vous l’été dernier en Afrique du Sud…Il nefaut pas sevoiler laface : Fred aparfois déconné endeuxième mi-temps. En trouvant quelques touches de plus, on se serait filé moins de pression, on aurait moins permis aux Irlandais de courir avec le ballon, de mettre le feu. Un meil- leur jeu au pied nous aurait fait beaucoup de bien. Mais, au contraire du public, je vais l’aider. Fred, moi, je ne le lâcherai pas. Que le public sache que Fred rejouera et que ce n’est pas lui qui me fera changer d’avis. » HAMID IMAKHOUKHENE PAGE 2 DIMANCHE 12 FÉVRIER 2006 Noir Jaune Bleu Rouge 3 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e RESTENT À JOUER AUJOURD’HUI AUJOURD’HUI HIER HIER DÉJÀ JOUÉS Tournoi 2006 (2 e journée) Galles - Écosse (à Cardiff, 16 heures [15 heures, heure locale], France 3) France - Irlande : 43-31 Italie - Angleterre : 16-31 3 e jjournée ((samedi 25 et dimanche 26 février) France - Italie et É eterre, le 25 ; Irlande - Galles, le 26. cosse - Angl 1 re jjournée ((samedi 4 et dimanche 5 février) Irlande - Italie, 26-16 rre - Galles, r ; Angleter 47-13 ; Écosse - France, 20-16. 4 e jjournée ) ((samedi 11 et dimanche 12 mars) Galles - Italie et Irlande - ÉÉcosse, le 11 ; France - Angleterre, le 12. 5 e journée (samedi 18 mars) Italie - Écosse ; Galles - France ; Angleterre - Irlande. CLASSEMENT CLASSEMENT Pts Diff. P.p. P.c. J. G. N. P. 1. 2. 3. 4. 5. 6. ANGLETERRE 4 2 2 0 0 + 49 78 29 Irlande 2 2 1 0 1 - 2 57 59 Italie 0 2 0 0 2 - 25 32 57 Galles 0 1 0 0 1 - 34 13 47 Écosse 2 1 1 0 0 + 4 20 16 France 2 2 1 0 1 + 8 59 51 Dominici 5,5 Bonnaire 5,5 Nyanga 7 Thion 5,5 Pelous cap., 5,5 De Villiers 6 Ibanez 5,5 Milloud 5,5 Magne 6,5 Rougerie 6,5 Fritz 6 Marty 6,5 (m) Élissalde 5,5 (o) Michalak 5 Heymans 7 Murphy 4 Sh. Horgan 6,5 O’Driscoll cap., 6,5 (o) O’Gara 4,5 Wallace 6,5 O’Connell 6,5 Hayes 4,5 Corrigan 4 Flannery 6 O’Kelly 4,5 S. Easterby 5 Leamy 6 (m) Stringer 6 D’Arcy 6 Bowe 4 Yachvili, Martin, Bruno, Marconnet, Boyet et Nallet n’ont pas joués assez longtemps pour être notés. O’Callaghan, 6,5 ; S. Best, 5 ; Trimble et Reddan n’ont pas joués assez longtemps pour être notés. Le contre est bon LE JEU. – En poussant l’Irlande à la faute pendant cinquante minutes, la France a réussi son coup. Mais elle a vraiment souffert par la suite. IL N’ARRIVERA PAS SOUVENT qu’une victoire de l’équipe de France avec six essais au compteur laisse un sentiment aussi étrange. On pourra créditer les Bleus de deux points positifs : leur défense pendant uneheureet leur efficacité au tableau d’affichage pendant cinquanteminutes. Les deux étant liés. Après la déconvenue d’Édimbourg, laFrance aconfirmé qu’elle n’était pour l’heure qu’une équipe de contre. Ne parvenant à maîtriser ni le ballon ni le territoire, elle a su capitaliser sur les cadeaux irlandais, O’Gara « marquant » deux essais contre son camp et Murphy un et demi. Les statistiques ne raconteront jamais entière- ment unmatch, mais celles-ci sont bizarres : les Irlandais ont passé deux fois plus de temps dans le campfrançais (60’2’’ contre 30’3’’) que l’inverse, ont eu 38 ballons à jouer dans les 22 adverses contre 6, et ont effectué 48 plaquages contre 159. Avec des chiffres pareils, lerésultat contreles équipes duhaut du tableau ne serait pas du tout le même. STRATÉGIE OFFENSIVE : la meilleure attaque, c’est la défense. Pour marquer quatre de leurs six essais, les Français ont en tout et pour tout utilisé une passe, celle de Michalak à Magne (8 e ). Deux contres de Marty sur O’Gara, une interception de Heymans témoignent, cela dit, de la présence au pressing. Il n’y a rien de mal à utiliser cette défense agressive, « à la sud-africaine » pour marquer. Encore faut-il soutenir la cadence tout le match. Car, lorsqu’il fallut remettre la main sur le ballon, tenter d’occuper le camp adverse, la France se retrou- va très embarrassée. Dommage, parce que les essais de Rougerie (3 e ) et de Heymans (44 e ), en premier temps derrière des mêlées bien placées, démontrèrent de la qualité dans le jeu de mouvement. Mais les constructions fran- çaises se limitèrent au strict minimum. Parler de stratégie offensive, côté irlandais, serait un bien grand mot. À 43-3 contre eux, ils n’avaient pas d’autre choix que de tout tenter, ballon en main. Ils avaient déjà essayé en première période, mais avec un énorme déchet. Là, notamment sur les relances offertes par le catastrophique jeu au pied français, O’Driscoll, Horgan, D’Arcy et Leamy profitè- rent, sur leurs qualités individuelles, ducoupde moins bien des défenseurs français. Notam- ment sur trois pénalités jouées à la main par Stringer pour autant d’essais. DÉFENSE : pendant cinquante minutes, celle des Français fut parfaite. En avançant, en mangeant le terrain de l’adversaire, en le pous- sant à commettre des fautes. Mais dès que la ligne ne monta plus de manière cohérente, dès que les jambes ne permirent plus de la rééquili- brer, on frôla la catastrophe. Quatre essais en quatorze minutes, c’est énorme. Dans le secteur défensif, le jeu au pied fut encore une fois d’une grande médiocrité, en longueur comme en précision, privant l’équipe des ballons d’oxygène qui lui auraient fait tant de bien. C’est un problème récurrent et capital qu’il faudra régler rapidement. Côté irlandais, sur quatre des six essais, ce ne fut pas la défense qui céda. Mais les deux constructions françaises terminées sur les ailes prouvent que le mur vert n’était de toute façon pas infran- chissable. DISCIPLINE : quatorze pénalités concédées –plus un coup franc – , surtout en fin de match, c’est beaucoup. Mais cela prouve en quel désarroi se trouvait alors la défense française. Pour le reste, mis à part un mini-accrochage entre Fritz et O’Driscoll, le match fut d’une grande clarté et disputé dans un bon esprit. HENRI BRU RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS (2 e journée) FRANCE - IRLANDE : 43-31 Unseul mot, c’est ouf ! À l’issue d’un scénario dingue, les Bleus ont préservé l’essentiel (la victoire), sans lever les doutes sur leur compétitivité. C’EST RARE UNE FIN de match pareille, où personne ne sourit. Il y a pourtant des vainqueurs, mais ils vien- nent de ressentir une peur bleue ; les vaincus, eux, sont verts de rage. Ça, ils peuvent s’en vouloir les Irlandais d’avoir confondu le Stade de France et leur cheminée, un soir de Noël ! Dans la guirlande des six essais marqués par les Français, ils en ont offert quatre enveloppés par des bourdes celtiques. Le pompon revient sans nul doute au dernier, inscri t par Marty à la 48 e minute, O’Garadégageant directe- ment du pied dans les bras du Catalan ravi de l’offrande pour s’en aller plan- ter la balle une seconde fois sous les poteaux irlandais. À ce moment-là, le match est fini ; le score est de 43-3. Entre le rachat ou la crise, l’alternative qui s’offrait après leur pathétique fiasco écossais, dimanchedernier, les Bleus ont résolu- ment opté pour le premier choix. Aussi incroyable que vrai, on marche sur la tête et vers tous les records. À ce rythme, leplus gros scorefrançais dans le Tournoi (56-13, contre l’Italie, à Rome l’an dernier) ou la plus large vic- toire (51-0, contre Galles, à Wembley en 1998) vont être pulvérisés. Mais justement, le rythme, ce sont les Irlandais qui l’impriment. Depuis le début. Avec de constantes fausses notes pour briser leurs mouvements, ou pour aller se parler sous les perches pendant qu’Élissalde tente de trans- former un essai. Il n’y a pas eu que ça, bien sûr. Les Français ont aussi inscrit deux essais (3 e , 45 e ) pleins de maîtrise (au départ de deux mêlées fermées), d’adresse et de vitesse. Mais ils ont rarement joué dans le camp irlandais et beaucoupmoins dans les vingt-deux mètres adverses (16 minutes en pre- mière mi-temps contre 27 minutes passées par les Irlandais dans le camp français). Le constat tiré la semaine dernière par un Bernard Laporte dépité (« On joue mieux quand on n’a pas le ballon, quand on doit défendre et le récupé- rer ») ne pouvait être mieux illustré que par ces quarante-huit premières minutes. Avant d’être totalement contredit par un invraisemblable revi- rement – quatre essais, un 28-0 pour les Irlandais en douze minutes ! Là, les Bleus n’ont pas plus le ballon – encore moins, même – mais ils n’ont plus le gaz ni la lumière pour continuer à défendre aussi haut sur les attaquants verts. Comment, pourquoi ? Le public du Stade de France, toujours aussi connaisseur que le speaker confon- dant l’hymne de la Républi que d’Irlande et celui du rugby irlandais (qui regroupe l a République et l’Irlande du Nord), fait du mal rasé Michalaksonmal-aimé. L’ouvreur tou- lousain n’a certes pas réalisé le plus beau match de sa vie (notamment en manquant des touches pour soulager ses partenaires à l’agonie) mais n’a pas mérité ça. Plus rien dans le moteur français Le quinze de France s’est écroulé quand on n’y pensait plus, un peu comme il est tombé dimanche, à Mur- rayfield. Avec quarante poi nts d’avance et trente minutes à jouer, on s’attend même, avec l’entrée de deux hommes frais enpremièreligne (Bruno et Marconnet) à voir lamêlée française écrabouiller encore plus son adver- saire. Mais non. Il n’y aplus riendans le moteur français. Sauf le mental et la rage de préserver un peu de cet avan- tage si facilement acquis. La principale performance des Bleus est peut-être dans ces dix dernières minutes haletantes de ce match deve- nu complètement fou, où ils stoppent l’hémorragie, interdisant aux Irlandais – handicapés alors par la blessure de O’Driscoll – de rajouter le moindre point, malgré leur supérioritéphysique évidente. Au moindre arrêt de jeu, on cherche de l’air pour Pelous, le capi- taine plié en avant, les mains sur les genoux. Mais l’occis revit aussitôt pour arracher un ballon d’essai sur sa ligne.De Villiers, Thion, Bonnaire ne sont pas plus frais, mais ils tiennent pareillement. Entamée dans le beurre, la rencontre finit dans le très dur. Cette conclusion révèle une fatigue prématurée des Bleus (ils payent les deux éprouvantes séances en opposi- tion, mardi et mercredi à Marcoussis et, aussi, le jour de repos de moins que les Irlandais). Mais l’accent qui devait être porté sur la récupération entre ces deux premiers matches, est devenu grave, comme la situation. Il fallait ça, sans doute, et le cœur apporté par les anciens –lacharge d’Ibanez àlarécep- tion du coup d’envoi, priant Michalak delui laisser attraper laballe ; les accé- lérations de Magne dans les inter- valles…– pour offrir une telle défense face aux Irlandais. Condition première pour retrouver victoire et confiance. Mais, en deux matches du Tournoi, on s’interroge encore sur la compétitivité actuelle de cette équipe. La prochaine rencontre, dans deux semaines, face aux Italiens, malmenés chez eux, hier, par les Anglais, n’apportera pas, non plus, toutes les réponses. Les Bleus sont souffrants et c’est ce qu’on lit sur le visage sans sourire des vainqueurs de ce « match de fous », conclu par un grand « ouf » de soulagement. CHRISTIAN JAURENA FRANCE - IRLANDE : 43-31 (29-3) ####$$ À Saint-Denis, Stade de France. Temps froid. Pelouse en bon état. 78 000 spectateurs environ. Arbitre : M. Honiss (NZL). Remplacements. – 47 e : Ibanez par BRUNO ; 58 e : Milloud par MARCONNET, Magne par MARTIN et Élissalde par YACHVILI ; 68 e : Michalak par BOYET ; 70 e : Nyanga par NALLET. Remplacements temporaires. – Magne par MARTIN (38 e -41 e ) ; Martin par MAGNE (72 e -73 e ). Non utilisé : Valbon. Entraîneur : B. Laporte. Remplacements. – 51 e : Corrigan par S. BEST et O’Kelly par O’CALLAGHAN ; 62 e : Bowe par TRIMBLE ; 78 e : O’Driscoll par REDDAN. Non utilisés : R. Best, O’Connor, Humphreys. Entraîneur : E. O’Sullivan. LES POINTS FRANCE : 6 E, Rougerie (3 e ), Magne (8 e ), Marty (18 e , 48 e ), Heymans (35 e , 45 e ) ; 1 B (29 e ), 5 T (8 e , 18 e , 35 e , 45 e , 48 e ), Élissalde. IRLANDE : 4 E, O’Gara (57 e ), D’Arcy (61 e ), O’Callaghan (66 e ), Trimble (69 e ) ; 1 B (28 e ), 4 T, O’Gara. Après le fiasco d’Édimbourg (16-20), les Bleus se sont imposés devant les Irlandais hier, au terme d’un scénario étonnant et inquiétant à la fois. En effet, menant 43-3, ils ont encaissé un 28-0 en douze minutes. Privés le plus souvent du ballon, ils ont confirmé leurs qualités d’équipe de contre et leurs difficultés récurrentes dans le jeu au pied. Parole à la défense LE RUGBY EST UNsport de morts de faim ; et les Français, hier, étaient affa- més. La première mêlée en a été la par- faite illustration. Introduction irlan- daise et balle gagnée par les huit Bleus qui font monter la première ligne verte dans le ciel de Saint-Denis. Deuxième mêlée, on avance d’un mètre, et, der- rière, la combinaison est parfaite pour permettre à Rougerie de marquer après un cadrage débordement d’école sur Murphy. Si la mêlée est un baromètre de l’envie collectived’une équipe, la qualitéde la défense en est un autre. Et hier, la per- formance des Bleus dans ce secteur fut, pendant cinquante minutes, exemplaire, surtout par rapport à leur prestationde Murrayfield. Il y avait tel- lement plus d’agressivité. Un joueur qui plaque, l’autre qui conteste le bal- lon. On se remet vite sur ses appuis pour se repositionner. La clé, c’était d’obliger les Irlandais à venir se consommer dans les regroupements. Ensuite, on utilisait une défense en « entonnoir » ou en « parapluie », avec l’ailier ou deuxième centre qui venait rapidement couper les exté- rieurs tandis qu’on mettait une pres- sion énorme sur O’Gara. Les deux essais de Marty sont nés du même scénario. Dépourvu de solution, avec des partenaires quasiment devant lui, l’ouvreur irlandais s’est fait contrer deux fois. Sur les touches dans les vingt-deux mètres, les Bleus avaient également adopté un dispositif tactique intéres- sant, en faisant intervenir l’ailier côté fermé à l’intérieur du numéro dix. L’objectif, toujours le même : priver l’ouvreur et les centres irlandais de temps et d’espace. Et l’ona vupendant toute la première mi-temps des Irlan- dais se faire croquer avec le ballon ou envoyer des passes imprécises vers les tribunes. Accélérer, prendre au plus vite la ligne d’avantage : c’était donc la ligne direc- trice des Français en défense. Le pro- blème, c’est qu’après cinquante minutes les affamés en bleu ont subi un terrible coup de fringale. Une défense comme celle-ci est consommatrice d’énergie, elle exige une condition physique irréprochable pour sprinter toujours et encore sur les premiers mètres. Elle suppose aussi des joueurs une confiance aveugle dans le partenaire qui se trouve à l’intérieur. Peut-être fatigués après une semaine de préparation très intense, les Bleus ont laissé des espaces se créer, et les D’Arcy, les O’Driscoll s’y sont engouffrés, avec leurs changements d’appuis, avec des courses rentrantes. Les Français s’en sont sortis. Tout juste... Et il faudra retenir la leçon. Ils ne pour- ront pas toujours se permettre de pécher autant dans la conservation du ballon. Il leur faudrafaire plus que bien défendre. (*) 69 sélections (dont 34 comme capi- taine) chez les Bleus. Il est aujourd’hui manager du club anglais de Sale. DAILY EUROCARGO STRALIS TRAKKER IVECOVOUSTRANSPORTETOUJOURS PLUS LOIN Ce n’est pas un hasard si Iveco a été choisi pour transporter les athlètes et les spectateurs aux XXèmes Olympiades d’Hiver de Turin 2006, mais la concrétisation de ce que nous mettons en oeuvre chaque jour de l’année, à chaque minute, à chaque seconde, pour vous apporter performance, fiabilité et écoute. P h o to th è q u e s : C o r b is - G e tty 39 CONCESSIONNAIRES ET 200 POINTS SERVICE, OÙ QUE VOUS ALLIEZ. www.iveco.fr Chaque jour, nous transportons une victoire STADE DE FRANCE. – C’est dès la 3 e minute que les Français ont ouvert la marque par un essai d’Aurélien Rougerie (son 18 e avec les Bleus par lequel il rejoint Dominici à la 9 e place des marqueurs français), qui échappe à Shane Horgan, après un mouvement offensif. Par la suite, les Français se sont surtout illustrés en contre. (Photo Stéphane Mantey) DIMANCHE 12 FÉVRIER 2006 PAGE 3 Noir Jaune Bleu Rouge 1 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Dimanche 15 février 2004 LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE * 58 e ANNÉE - N o 18 136 - 0,95 / France métropolitaine TENNIS PIERCE DÉFIE CLIJSTERS (Page 18) STADE DE FRANCE. – Première sélection et premier essai pour le jeune Pascal Papé, qui à la 51 e minute est à la conclusion d’une magnifique action, où l’arrière des Bleus Nicolas Brusque transperça la défense irlandaise. (Photo Nicolas Luttiau) CAN LA TUNISIE ET LEMERRE SACRÉS (Page 12) C’EST SI BON DE GAGNER BASKET LE DERBY POUR CHALON (Pages 14 et 15) FOOTBALL MONACO CHUTE, PSG REVIENT En s’inclinant, à domicile, face à Lille (1-0), Monaco fait la mauvaise affaire de cette 24 e journée de Ligue 1. Grâce à sa victoire à Toulouse (1-0), Paris reprend la deuxième place, en attendant le choc entre Auxerre et Lyon, aujourd’hui (20 h 45). (Pages 6 à 10) LA MORT DE PANTANI Le coureur cycliste italien Marco Pantani, trente-quatre ans, ancien vainqueur du Tour de France et du Giro en 1998, a été trouvé mort hier dans une résidence de Rimini. (Page 2) ( P h o t o P ie r r e L a b la t in iè r e ) En battant les Irlandais (35-17), l’équipe de France a bien entamé le Tournoi, même si tout ne fut pas parfait. Avec quatre essais pour un match d’ouverture, les Bleus ont repris confiance pour l’avenir. (Pages 3 à 5) L’ÉQUIPE dimanche, lundi : ALLEMAGNE, 2,15 / ; ANTILLES, LA RÉUNION, 1,5 / ; AUTRICHE, 2,3 / ; BELGIQUE, 1,6 / ; ESPAGNE, 2,1 / ; GRÈCE, 2,1 / ; ITALIE, 1,9 / ; LUXEMBOURG, 1,6 / ; PAYS-BAS, 2 / ; PORTUGAL CONT., 2 /. 3:HIKKSC=ZUU^ZX:?a@c@b@p@k; T 00825 - 215 - F: 0,95 E Noir Jaune Bleu Rouge 3 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Tournoi 2004 - 1 re journée Italie - Angleterre (16 heures) LES PROCHAINES JOURNÉES France - Irlande : 35-17 Galles - Écosse : 23-10 Pts Diff. P.p. P.c. J. G. N. P. 1. 2. 3. 4. 5. 6. France Galles g Angleterre Italie ÉÉcosse Irlande 2 2 0 0 0 0 1 1 0 0 1 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 00 0 00 0 0 0 0 1 1 + 18 + 13 0 0 — 13 — 18 35 23 0 0 10 17 17 10 0 0 23 35 HIER HIER AUJOURD’HUI AUJOURD’HUI CLASSEMENT CLASSEMENT 2 e journ journéée : Samedi 21 février : France - Italie res) (15 heur , Écosse - Angleterre (18h 30, 17h cale) 30, heure loc . Dimanche 22 f Dimanche 22 féévrier vrier : Irlande Galles : Irlande - Galles (16 heures, 15 heures, heure locale) (16 h . 3 e journée : Samedi 6 mars : Angleterre - Irlande (17 heures, 16 heures, heure locale), Italie - Écosse (14 h 30). Dimanche 7 mars : Galles - France (16 heures, 15 heures, heure locale). 4 e journée : Samedi 20 mars : Irlande - Italie (14h 30, 13h30, heure locale), Angleterre - Galles (17 heures, 16 heures, heure locale). Dimanche 21 mars : Écosse - France (16 heures, 15 heures, heure locale). 5 e journée : Samedi 27 mars : Galles - Italie (15 heures, 14 heures, heure locale), Irlande - Écosse (17 heures, 16 heures, heure locale), France - Angleterre (21 heures). LES CHIFFRES DU MATCH Possession IRL FRA IRL FRA IRL FRA France : 47 % Irlande : 53% 1 re mi-temps 2 e mi-temps 18’19’’ 18’19’’ 16’24’’ 16’24’’ Temps de jeu : 34’43’’ Touches Plaquages Pénalités concédées Mêlées gagnées réussis ratés 1 re mi-temps 2 e mi-temps 8 réussis dont 1 sur introduction adverse dont 2 dont 1 ratés 12 86 84 13 7 12 6 1 re mi-temps 2 e mi-temps 1 re mi-temps 2 e mi-temps Source : LTD dont 1 dont 1 sur lancer adverse 35-17 7 5 5 2 4 5 4 7 France Irlande Irlande Brusque 7,5 Harinordoquy 5,5 Betsen 6,5 Pelous cap., 7,5 Papé 6,5 Marconnet 6 Servat 6 De Villiers 5,5 Magne 5,5 Clerc 6 Jauzion 6 Traille 6,5 Elissalde 6,5 Michalak 6 Dominici 6 Dempsey 6 Sh. Horgan 6,5 D’Arcy 6 O’Gara 7 Gleeson 5,5 O’Connell cap., 7 Hayes 5,5 Corrigan 5,5 Sh. Byrne 5,5 O’Kelly 7 S. Easterby 6 Foley 6,5 Stringer 5,5 Maggs 5,5 Howe 6 Auradou, Bru, Crenca, Lièvremont, Yachvili, Liebenberg, Elhorga tous rentrés après 1 heure de jeu n’ont pas joué assez longtemps pour être notés. Sheahan, O’Callaghan, Costello et A.Horgan, tous rentrés après 1 heure de jeu n’ont pas joué assez longtemps pour être notés. RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS FRANCE - IRLANDE : 35-17 Branchéssur l’alternatif Tour à tour inspirés et fébriles, les Bleus se sont sortis sans dommage d’un piège classique de début de Tournoi. Après avoir balbutié, laissant même les Irlandais revenir à 11-10 juste après la mi-temps, les Bleus ont pris la mesure de leurs adversaires, inscrivant au total quatre essais, contre deux, dans un match d’ouverture plutôt mieux réussi que les précédents. FAUT-IL QU’ILS L’AIMENT, cette équipe de France, tous les ronchons qui ont boudé hier leur plaisir ! Faut-il qu’ils la rêvent implacable et sans faille pour lui reprocher ce match typique de début de Tournoi, plutôt moins raté que nombre de ses prédécesseurs ? Faut-il qu’ils la voient vive sur chaque appui et pénétrante à la moindre charge pour s’étonner d’un manque d’effi- cacité offensive qui lui permit tout de même d’inscrire quatre essais en à peine deux fois vingt minutes de jeu dans le bon ordre ? Faut-il, enfin, qu’ils aient tenu pour quantité négligeable des Irlandais franchement robustes du j eu d’avant et tout entiers appliqués à ne rien faire avec beaucoup de constance, pour s’étonner des réac- tions sporadiques d’adversaires nettement surclassés mais jamais découragés tout à fait. Ah ! bien sûr, tout ne fut pas parfait et, pour tout dire, il fallut même une grosse mi-temps à cette équipe de France pour se débarrasser de ce gluant « effet saut du lit » dont par- lent les réclames de gels cosmé- tiques. Traînant les pieds de touches plan-plan en regroupe- ments sans tonus, les avants donnè- rent le tempo de la salsa du grand sommeil et, d’en-avant négligeants en jeu au pied débile, les trois- quarts aux yeux chassieux leur emboîtèrent mollement le pas. Attaques par SMS Douze en-avant, un ouvreur équipé de « moonboots » tout appliqué à ne jamais trouver les touches, quelques attaques annoncées par SMS, une poignée de pénalités « judicieusement » concédées pour se remettre rapidement la pression sur le dos ; pour ça, on peut dire que cette équipe de France sait recevoir et qu’elle possède l’art de mettre sonadversaire enconfiance. Mieux, même, pour donner à des Irlandais plutôt pas trop sûrs d’eux quelques raisons supplémentaires d’y croire, elle allait mettre un bon quart d’heure à sortir de ses 22 mètres et se retrouver menée de 3 points – but de O’Gara pour une filouterie d’Elissalde derrière lamêlée (6 e ) –là où elle avait déjà eu le temps d’ins- crire par Olivier Magne un essai d’une autorité parfaite il y a trois mois, en quart de finale de la Coupe du monde à Melbourne (victoire 43-21). Pour se compliquer encore la tâche, elle avait en matière de buteur tran- ché la rengaine du « tee for two » qui avait occupé une partie de la semaine en faveur de Frédéric Michalak, pourtant fâché avec l’exercice des tirs au but depuis quelque temps à Toulouse, pour laisser Jean-Baptiste Elissalde s’ins- taller plus confortablement dans les crampons encore fumants de Fabien Galthié, jeune retraité. L’ennui, rapidement, chassa l’aga- cement des balbutiements initiaux, les hoquets sporadiques d’un début de mi-temps lancinants ne parve- naient pas à décongeler le grand stade gris sur fond gris, et l’équipe de France ne s’ébrouait toujours pas. Pourtant, à l’image de cette équipe de France branchée sur l’alternatif mais toujours soucieuse d’un mini- mum d’efficacité, l’élève Michalak, après avoir expédié une paire de saucisses volantes dans les parages des poteaux, retrouva soudaine- ment sa mire du mondial pour assu- rer l’essentiel. C’était juste avant la mi-temps et l’équipe de France, qui avait passé une longue demi-heure à les accu- muler sur un canevas décousu main, venait même de retrouver le chemin de l’en-but sur une percée de Damien Traille plein champ vive- ment relayée par Michalak et Brusque énorme de présence pour Vincent Clerc. Juste avant de rentrer aux ves- tiaires, Frédéric Michalak allait donc passer un joli coup de pied des 40 mètres pour donner à la France une plutôt flatteuse avance (11-3, 33 e ). Trois petits points de plus qui, mine de rien, allaient permettre à l’équipe de France de se dispenser d’être à nouveau menée au score lorsque, sur un ballon trop hardi- ment jonglé par Jean-Baptiste Elis- salde en repli d’une belle relance irlandaise, Anthony Foley avait marqué au soutien de Tyrone Howe (10-11, 44 e ). Un petit point d’avance pour ne pas s’affoler tout à fait, juste ce qu’il faut de pression pour s’arracher enfin aux bras de Morphée et l’équipe de France sortit tout à fait de sa somnolence. Relance buissonnière Mieux, elle qui avait semblé si timo- rée à l’instant de s’aventurer sur les chemins de la relance buissonnière désormais inscrite au programme des variations saisonnières par le staff technique, osa enfin défier la défense irlandaise de loin. Sur une relance vivement croisée, Christophe Dominici envoya Nico- las Brusque gambader plein champ avant de retrouver l’ailier parisien qui, d’une élégante passe lobée, fit rebondir sur Serge Betsen pour Pas- cal Papé lancé plein pot (18-10, 51 e ). Quatre minutes plus tard, un joli trait de Damien Traille dans les cornes de la défense libérait Yan- nick Jauzion (25-10, 55 e ). Un but encore deFrédéric Michalak (28-10, 58 e ) et l’équipe de France put voir venir. Peut-être un peu à court de gaz, à l’image de Pieter De Villiers, bien en peine surtout d’assurer deux actions propres de suite pour sedonner del’air, elleretrouvaalors ce naturel défensif, cette culture fondatrice du sac de sable et des chevaux de frise qui l’a mise depuis deux saisons à l’abri des grandes marées et des coups de grisou impromptus. Et si un essai de Tyrone Howe vint récompenser les efforts déployés par les Irlandais dans le jeu de cache-ballon, c’est sur une note artistique plutôt encourageante que les Tricolores allaient conclure le match, lorsque Jean-Baptiste Elissalde surgit au ras d’un regrou- pement provoqué par Brian Lieben- berg rentré en remplacement de Damien Traille (35-17, 77 e ). D’un tour de passe-passe de Frédéric Michalak pour Yannick Bru à une touche declasse limpide de Yannick Jauzion dans le rôle d’agent trans- metteur jusqu’à cette course vive d’Elissalde à travers champ, il était passé trois petit éclairs de fraîcheur et d’envie qui donnaient à croire en des jours moins confus. Quetout ceux qui endoutent encore se repassent sans s’assoupir la cas- sette de France-Italie qui avait ouvert le Tournoi 2002 ! Et qu’ils n’oublient pas pour finir que cet infâme brouet n’avait pas empêché les Bleus cette année-là de donner laleçonauxAnglais avant deréussir le premier Grand Chelem à cinq plis de l’histoire du Tournoi. PIERRE MICHEL BONNOT FRANCE - IRLANDE : 35-17 (11-3) ####$$ Temps gris et frais. Pelouse en bon état. 79 547 spectateurs. Arbitre : M. White (ANG). Remplacements. – 63 e : Papé par AURA- DOU ; 66 e : Traille par LIEBENBERG ; 70 e : Magne par Th. LIÈVREMONT, Marconnet par CRENCA ; 74 e : Servat par BRU ; 80 e + 2 : Élissalde par YACHVILI, Clerc par ELHORGA. Entraîneur : B. Laporte. LES POINTS FRANCE : 4 E, Clerc (27 e ), Papé (51 e ), Jauzion (55 e ), Élissalde (77 e ) ; 3 B (21 e , 33 e , 60 e ), 3 T (51 e , 55 e , 77 e ), Michalak. IRLANDE : 2 E, Foley (44 e ), Howe (69 e ) ; 1 B (6 e ), 2 T, O’Gara. Remplacements. – 61 e : O’Kelly par O’CAL- LAGHAN, S. Byrne par SHEAHAN ; 79 e : Howe par A. HORGAN ; 80 e + 1 : Gleeson par COS- TELLO. Remplacement temporaire. - O’Kelly par O’Callaghan (29 e -31 e ). Non utilisés. – S. Best, G. Easterby, Hum- phreys. Entraîneur : E. O’Sullivan. STADE DE FRANCE. – Duel de capitaines dans le ciel de Saint-Denis : Fabien Pelous, soutenu par Imanol Harinordoquy (en bas à droite) et Marconnet s’élèvent plus haut que leur homologue irlandais, Paul O’Connell (numéro 5), à l’image de Bleus qui ont pris la mesure de leurs adversaires après le repos. (Photo Bruno Fablet) MARQUEURS 1. R. Williams (GAL), 2 essais. 2. S. Taylor (ECO), Clerc, Elissalde, Jau- zion, Papé, A. Jones (GAL), Foley (IRL), Howe (IRL), 1 essai. RÉALISATEURS 1. Michalak (+ 15), 15 points. 2. S. Jones (GAL, + 8), 8 points. 3. O’Gara (IRL, + 7), 7 points. 4. Paterson (ECO, + 5), 5 points. LE PROGRAMME DES BLEUS AUJOURD’HUI. – Récupération (massage, piscine et sauna). DEMAIN. – Le matin : récupération et vidéo ; l’après-midi : entraînement. DIMANCHE 15 FÉVRIER 2004 PAGE 3 Noir Jaune Bleu Rouge 4 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Les 81 ballons d’ alde Elissa 81 Total : 881 Total : 8 (50+31) ) Passes à Michalak 45 (1 re 1 r mi-temps, 29 + 2 e e 2 e 6) ps,16 mp mi-tem e PPasses àà t i t un trois-quarts 18 18 7) 11+7 (1 ( Passes Passes àà un avant un avant 88 3) (5+3) Joués seul 4 ) 3)) 1+3) 1 ((1 (1 Joués au pied 6 ) +2)) ((4+ ( ages 3 plaqu 3 plaqu 1 pé it nal é concédée n perdu 1 ballon marqu 1 essai marqu 1 essai éé Et aussi... Et aussi TranquillecommeBaptiste L’après-Galthié a bien commencé avec le bon match de Jean-Baptiste Elissalde, titulaire pour la première fois à la mêlée. « BON, ONSEMET OÙ ? » Dans la spacieusesalle depresse duStade de France, Jean-Baptiste Elissalde affiche l’assurance d’un habitué des devoirs médiatiques. Mains dans les poches de son pantalon de smoking, une houppe fixée par du gel de coif- fure, le Toulousain arbore le sourire d’un homme satisfait. « Baptiste », comme l’appelle affectueusement la grande famille rochelaise, a réussi son examen d’admission en équipe de France, et il le sait. « Même si tout n’a pas été parfait », souligne-t-il à juste titre au moment d’analyser sa performance lors de cette 5 e sélec- tion au goût si particulier puisqu’elle marquait sa première titularisation en Bleu. Quelques minutes plus tôt, Bernard Laporteadit tout le bienqu’il pensait du premier numéro 9 de l’après Gal- thié, désormais retraité. « Il a été l’accélérateur du jeu quand il le fal- lait, et il s’est bien acquitté de sa tâche en défense. On lui avait demandé dese faireviolence dans ce domaine et il a bien mis la pression sur Foley et Stringer. » L’intéressé, lui, n’était pas encore là. À la nuit tombante, pas loin de la pelouse désormais occupée par les jardiniers et des tribunes désertées par les spectateurs, le fils Elissalde (vingt- six ans) s’est jeté dans les bras deson père. Jean-Pierre, aujourd’hui entraîneur de Béziers, six fois inter- national àlamêlée en1980et 1981a aussi vu naître et grandir son fils au rugby, sur les terrains du Stade Rochelais que « Baptiste » s’est seu- lement résolu à quitter à l’été 2002. « Il ne me l’apas dit, mais je sais qu’il est fier. Je sais que le père est heu- reux mais que l’entraîneur a toujours des reproches à faire. Au niveau rug- by, je lui dois tout à lui et à mon grand-père. » Entre Arnaud, le grand-père paternel lui-même numéro 9 et trois-quarts polyvalent au Stade Rochelais, et Laurent Bidart, le grand-père mater- nel, ancien demi d’ouverture du Stade Rochelais, aujourd’hui dispa- ru, (1 sélection en 1953), le petit-fils avait effectivement de qui tenir. Il voudrait maintenant évoquer son match mais voilà le téléphone por- table qui sonne et le pousse à s’éloi- gner. Il fait court et conclut sobre- ment. « Bisous maman, on se rappelle. » Un sourire éclatant : « Ah, les mamans… » Cette fois, c’est bon, il parle rugby, s’attarde sur ce match globalement réussi. « La clé pour moi, c’était mon avant-match. Vendredi soir, je me suis endormi sans souci. Et depuis le réveil du samedi matin jusqu’au moment des hymnes, j’ai essayé de faire le vide, d’oublier le Stade de France, les 80 000 spectateurs, le genre de truc qui peut te faire péter les plombs. Quandje suis arrivésur la pelouse, une grosse heure avant le coup d’envoi, la première personne que j’ai vue, c’est justement mon père. Ensuite, avant les hymnes, j’ai penséà toute mafamille et biensûr à ma femme, Anne-Laure, à mon fils, Paul. Pendant les hymnes, j’ai cher- ché mon père du regard, je l’ai trou- vé. Ça m’a filé une grosse émotion et ça m’a ragaillardi, transcendé. » « Feu ! C’est toi qui tape » Puis est arrivée la neuvième minute de jeu et la fin du suspense avec le dernier épisode du feuilleton : « Qui sera le buteur ? » Pénalité pour la France et Frédéric Michalak qui s’avance, tee à la main. « Cela s’est fait au feeling, vendredi après-midi dans le bus, en rentrant du Stade de France après avoir tapé aux buts. Fredm’a dit ’’qu’est ce que l’onfait ? Je le sens bien.’’ Je lui ai répondu : " Feu ! C’est toi qui tape" Mais l’inverse ne m’aurait pas gêné, je ne ressens aucune pression supplémen- taire quand je tape. » Sur le jeu, il n’a pas grand’chose à dire, pas plus impressionné que cela par le rythme. « J’ai disputé des matches de Coupe d’Europe du même niveau. » Pour le reste, a-t-il des choses à se reprocher ? « Je me fais contrer une fois, mais l’Irlandais était hors-jeu. Une autre fois, je tape à l’entrée de leur vingt-deux mètres, cen’était pas bienjoué. Je l’ai tout de suite senti et regretté publiquement au retour aux vestiaires. » Et puis tout de même, deux erreurs que le quinze de France a payé cash. Cin- quième minute, Elissalde est pénali- séautour d’une mêlée. « L’arbitre dit que je me colle au troisième ligne. » O’Gara passe le but, 3-0 pour l’Irlande. Nous voilà maintenant à la quarante quatrième minute, la France mène 11-3. Coup de pied de Shane Horgan. Elissalde réceptionne le ball on et le perd aussitôt. Quelques secondes plus tard, Fowley inscrit l’essai qui permet aux Irlan- dais de revenir à 11-10. « Il me tape sur le bras, le ballon tombe… » Dixpoints que l’onpeut inscrire àson débit mais sept autres aussi à son crédit, quand il marque le dernier essai du match après un geste démonstratif du bonheur qui l’habi- tait, juste avant d’entrer dans l’en- but. « Il y avait de la joie en moi. Ce n’est pas si souvent que je marque. C’est comme pour Didier Deschamps en foot, c’était rare. » Elissalde finis- seur mais pas passeur sur ce coup, ce qui reste sa vraie raison d’être sur un terrain. « Mon rôle, c’est d’éjecter les bal- lons, d’organiser, de faire les choix sur les touches, de bien gérer et trier les ballons d’aller vite quand il le faut. Je m’étais préparé à jouer un match de rugby en étant sobre et rigoureux. Comme je le fais avec Toulouse, comme je lefaisais avec La Rochelle. » HAMID IMAKHOUKHÈNE RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS –FRANCE - IRLANDE: 35-17 « Jesuissatisfait » BERNARD LAPORTE, l’entraîneur de l’équipe de France, a apprécié l’état d’esprit de ses joueurs. « QUE RETENEZ-VOUS de ce premier match dans ce Tour- noi ? – La victoire puis le très bon état d’esprit affiché par l’équipe, sur le terrain comme durant toute la semaine de préparation. Tout n’a pas été parfait, notamment au niveau de la conservation, mais dans l’ensemble, pour un premier match, je suis satisfait. Satisfait de la façon dont les trois nouveaux (Servat, Elis- salde et Papé) se sont intégrés, comme de FabienPelous qui afait un grand match. On sent qu’on a gardé nos principes défensifs et offensifs de la Coupe du monde. Les joueurs ont été ambitieux. Le seul problème, c’est qu’on n’a pas su tenir le ballon, on a été fébrile sur des choses simples. C’est ce que je leur ai dit à la pause : continuez à jouer avec la même volonté mais soyez plus appli- qués dans la conservation du ballon. – Le jeu au pied est un autre secteur qui aposéproblème…. – C’est vrai et c’est pourquoi pen- dant les vingt premières minutes on est déficient dans l’occupation du terrain. Fred (Michalak) a eu du mal au début, notamment dans le jeu au pied défensif, mais par la suite, il s’est bien repris. Il ne doit pas hésiter à se reposer d’avantage sur Damien Traille et Nicolas Brusque. Il évolue à un poste difficile et il sait le travail qu’il doit accomplir au niveau du jeu au pied. – Qu’avez-vous pensé de la charnière que vous avez ali- gnée ? – Elle a donné satisfaction dans le jeu. Jean-Baptiste (Elissalde) a été un accélérateur de jeu. « Pas de quoi être affolé » – Et les deux autres nouveaux, Servat et Papé ? – J’ai été saisi par leur état d’esprit et la rapidité avec laquelle ils se sont intégré. Ce sont des joueurs talen- tueux. William (Servat) est le joueur de demain à son poste et il va se tirer une belle bourre avec Yannick (Bru). Pascal (Papé) a été très efficace dans le combat et le déplacement. Il a un potentiel extraordinaire. Il pige vite. Mais ce que je retiens c’est que l’on avait deux joueurs très importants à remplacer, Galthié et Ibanez, et que finalement Elissalde et Servat sesont parfaitement fondus dans le collec- tif. Ce qui nous a permis de retrouver rapidement nos repères. – Et ce qui concerne les reve- nants, De Villiers et Clerc ? – On a retrouvé Pieter De Villiers fidèle à lui-même, très actif. Quant à Vincent Clerc, c’est un joueur pétil- lant, difficile à saisir, qui va s’amélio- rer desortieensortie. Quelques mots aussi sur Damien Traille dont le retour est intéressant. Il fait marquer un essai à Jauzion sur une action à travers laquelle il peut retrouver la confiance. – Avez-vous craint pour l’issue decematchquandles Irlandais sont revenus à 11-10 ? – Non. Franchement, il n’y avait pas de quoi être affolé dans la tribune… à part pour le père de Jean-Baptiste (Jean-Pierre Elissalde)… Je sentais que l’équipe était bien en place. Encore unefois, il ne manquait qu’un peu d’application dans la conserva- tion du ballon. Notre deuxième mi- temps est d’ailleurs bien meilleure à ceniveau. Onaretrouvéunbonéqui- libre dans notre jeu, entre occupa- tion et ballons de relance. – Avez-vous été surpris par la qualité de l’opposition irlan- daise, privée pourtant de six joueurs ? – Non. Je n’ai pas oublié que cette équipe a failli battre l’Australie lors de la Coupe du monde. C’est une équipe référence et contrairement à nous je l’ai trouvée très bonne dans la conservation. Forcément moins dans l’utilisation et la réalisation. » JULIEN SCHRAMM Brusqueet Pelous, lesancres L’arrière et le capitaine ont été les deux points d’appui du jeu de l’équipe de France. BRUSQUE (7,5) : par sa sûreté sur le jeu au pied adverse, son calme, sa vision, il a ancré le jeu français. Sa relance, qui amena l’essai de Papé, prouve qu’il est en forme, tout comme ses interventions dans la ligne où ses courses ont donné toujours les bonnes indi- cations à ses partenaires. CLERC (6) : il a eu un coup à finir et il l’a fait dans un pur style d’ailier. Il s’est beaucoup appliquéànepas perdreles balles, quitte àse freiner parfois. Ne disposa pas de vrais bal- lons de débordement, ce qui l’obligea à sou- vent rentrer vers l’intérieur. Remplacé par Elhorga (75 e ). JAUZION(6) : un match propre et appliqué, notamment en défense, ponctué par un essai au relais de Traille (55 e ). Il semble pourtant avoir moins de jambes que lors de la Coupe du monde. TRAILLE (6,5) : souvent sollicité pour péné- trer la défense sur les premiers temps. On peut regretter qu’il n’ait pas été alerté plus souvent pour le jeu au pied, où il offre une alternative intéressante. Remplacé par Lie- benberg (64 e ). DOMINICI (6) : il ne se contenta pas d’attendre les ballons sur son aile, témoin son soutien de Brusque sur l’essai de Papé. Dudéchet en fin de rencontre avec une passe mal assuréeet unefautedemainenquelques minutes. MICHALAK (6) : à son débit, un jeu au pied irrégulier. En revanche il se mit au service de l’équipe dans l’animation offensive. Après undébut difficile dans les tirs aubut, il assura l’essentiel (6 sur 8). ELISSALDE(6,5) : faute de mainmise de ses avants sur le ballon, il tarda à entrer dans le match. Il s’est ensuite concentré sur la distri- bution et l’orientation du jeu avant de profi- ter du premier espace ouvert pour aller mar- quer son essai (78 e ). Malheureux sur un repli défensif qui amena l’essai de Foley (44 e ). Remplacé par YACHVILI (80 e + 2). HARINORDOQUY (5,5) : un de ses matches les plus discrets en équipe de France. Moins sollicité en touche qu’à l’habi- tude. Faute de continuité dans le jeu, il a cou- ru souvent dans le vide dans le champ. Effi- cace sur les renvois. MAGNE (5,5) : il a commis des fautes de main en début de rencontre qui ne l’ont pas aidé par la suite. Lui aussi a parcouru beau- coupde chemin sans voir laballe. Tînt un rôle important dans le pressing défensif. Rempla- cé par Thomas LIÈVREMONT (68 e ). BETSEN (6,5) : une première mi-temps très discrète consacrée à tenter de gêner O’Gara. Il eut beaucoup plus l’occasion de se mettre en valeur en seconde période, assurant notamment le relais décisif sur l’essai de Papé (51 e ) et multipliant les plaquages sou- vent décisifs. N’a pas du tout paru usé. PAPÉ (6,5) : il n’a pas manqué ses grands débuts, dans un rôle de travailleur de force, défenseur au ras, nettoyeur de ballons. Il récupéra même deux munitions irlandaises au sol, et fut récompensé de ses efforts par son essai sur lequel on put constater sa vitesse de course. Remplacé par AURADOU (60 e ). PELOUS (7,5) : le capitaine a montré l’exemple. Il fut l’avant le plus perforant dans le jeu ouvert, s’efforçant de transmettre le ballon avant d’aller au sol, comme sur l’essai d’Elissalde. Actif en touche, auteur aussi de trois placages tonitruants, dont l’un sur le demi de mêlée Stringer. DE VILLIERS (5,5) : on l’a connu plus sai- gnant même s’il fut très présent en défense. Pénalisé une fois en mêlée pour poussée illi- cite, il ne put contrôler un ballon décisif sur un service de Pelous. Il n’a pas été avantagé par le rythme haché de la rencontre. SERVAT (6) : il n’a pas failli dans le domaine du lancer en touche où les variations furent nombreuses. On le sentit disponible dans le jeu, et il parvint àpénétrer ladéfenselorsqu’il fut servi lancé. De bons débuts. Remplacé par BRU (70 e ). MARCONNET (6) : il prit assez vite l’avan- tage en mêlée sur Hayes, son vis-à-vis, sans que cela fut forcément très utile car l’arbitre intervint rapidement à ce niveau. S’appliqua dans les nettoyages et la conservation du ballon. Remplacé par CRENCA (70 e ). Chez les Irlandais, la deuxième ligne, avec le trio O’KELLY, O’CONNELL et O’CALLA- GHAN, fut performant entouche et utilisa sa puissance dans le jeu au près. FOLEY fut l’avant le plus dynamique et S. EASTERBY abattit un gros travail en défense. O’GARA parvint par sonjeuaupiedd’une grande qua- lité à donner de l’air à son équipe, et à occu- per le terrain adverse. Le puissant ailier SHANE HORGAN (1,93 m, 102 kg), très actif, fut très difficile à maîtriser. L’arbitre anglais CHRIS WHITE ne fit pas d’excès de zèle, à l’exception peut-être de la mêlée. Mais il laissa jouer l’avantage autant que possible, dans un match où les deux équipes se montrèrent disciplinées dans le jeu au sol. HENRI BRU ILS ONT DIT G Vincent CLERC (ailier de l’équipe de France) : « Pour entamer un nou- veau cycle, on se devait de commencer le Tournoi par une victoire. C’est chose faitemême si tout n’apas été parfait et si nos vingt premières minutes ont été un peu hésitantes. Il y a encore des choses à travailler et nous avons encore des lacunes. Mais ce succès est encourageant. » G Olivier MAGNE (troisième ligne aile de l’équipe de France) : « À aucun moment nous n’avons douté et per- sonne ne s’est jamais affolé. Nous avons complètement maîtrisé notre sujet. Les Irlandais ont eu une bonne capacité à conserver le ballon, mais nous avons tranquillement géré notre match. » G Damien TRAILLE (trois-quarts centre de l’équipe de France) : « Le staff nous avait demandé d’oser et de jouer, et surtout de ne pas rester avec le frein à la main. Il y a donc eu un peu plus de liberté dans notre jeu. L’essai de Papé après une relance de Brusque dans notre propre camp résulte d’une séquence de jeu travaillée à l’entraîne- ment. Sur un plan plus personnel, je suis satisfait d’avoir retrouvé du temps de jeu avec l’équipe de France après une Coupe du monde difficile. » G Nicolas BRUSQUE (arrière de l’équipe de France) : « Il y a eu des choses positives et l’on retiendra que nous avons encore marqué 35 points face aux Irlandais. Mais nous avons laissé tomber trop de ballons en route et il y a eu trop d’approximations dans notre jeu au pied. Il faut être plus per- formants dans ce domaine, c’est une évidence. » G Sylvain MARCONNET (pilier de l’équipe de France) : « Les Irlandais nous ont accrochés et nous avons eu des moments d’incompréhension entre nous, mais nous avons vite repris le dessus. Je suis plutôt satisfait de notre performance et je reste convain- cu que nous avons les moyens de nos ambitions, à savoir disputer la finale du Tournoi face à l’Angleterre, le 27 mars, au Stade de France. » G Serge BETSEN(troisième ligne de l’équipe de France) : « Je garde en tête l’image de l a relance de Nico (Brusque)…C’est le déclic de cematch qu’on a longtemps attendu face à des Irlandais qui n’ont rien lâché et qui ont su bien jouer au pied. Ce qui est intéressant, c’est que même sur les périodes où l’on a été mis en difficulté, on n’a jamais perdu le fil du match. Entendre scander son nom fait plaisir évidemment. Ça donne un élan sup- plémentaire. » G William SERVAT (talonneur de l’équipe de France) : « J’ai eu la chance de débuter dans un groupe qui a déjà un gros vécu. Et les habitudes de club que j’ai avec Fabien (Pelous) et Jean- Ba (Elissalde) m’ont évidemment beaucoup aidé. Et puis j’ai aussi l’honneur de jouer avec un Irlandais (Brennan) à Toulouse, et je savais très bien à quoi m’attendre. » G Jo MASO(manager de l’équipe de France) : « Pour un premier match, il est plutôt réussi. Il y a eu des hauts et des bas mais rien à voir avec notre premier match contre l’Italie il y a deux ans par exemple. Nous avions été lamentables. Là, on a joué en équipe, on était bien en place. » – E. C., J. S., G. N. LES POINTS DU MATCH Quatreessaisàdeux 6 e : Elissalde retient S. Easterby en mêlée fermée. De 40 mètres à gauche, O’Gara convertit la pénalité. FRANCE 0 - IRLANDE 3 21 e : hors-jeu de O’Gara. Michalak marque, de 15 mètres en face. FRANCE 3 - IRLANDE 3 27 e : croisée de Michalak avec Traille, lancé, sur les 22 mètres irlandais. D’Arcy reprendle Palois à10 mètres de sa ligne. Elissalde initie une attaque grand côté qui aboutit à Clerc via Michalak et Brusque. Essai de Clerc dans le coin droit, malgré le plaquage de Howe. FRANCE 8 - IRLANDE 3 33 e : S. Easterby « gratte » un ballon au sol. Pénalité réussie par Michalak de 30 mètres à gauche. FRANCE 11 - IRLANDE 3 MI-TEMPS 44 e : coup de pied à suivre de Sh. Horgan cafouillé par Elissalde et récu- péré par l’ailier irlandais, relayépar Sh. Byrne, qui va au sol. Stringer sert O’Gara, qui tape au-dessus d’Elissalde pour lui-même et donne petit côté à Foley, qui fileaplatir entre les poteaux. O’Gara transforme. FRANCE 11 - IRLANDE 10 51 e : percée plein centre sur 30 mètres de Brusque, qui croise avec Dominici, lequel passe en cloche pour Betsen au- dessus de Sh. Horgan. Le flanker biar- rot, pris par Maggs et Gleeson, trans- met à Papé, qui marque entre les poteaux. Michalak transforme. FRANCE 18 - IRLANDE 10 55 e : derrière un regroupement, Elis- salde sert Traille grand côté, qui passe les bras entre Foley et Hayes pour transmettre à hauteur à Jauzion. Essai entre les poteaux, transformé par Michalak. FRANCE 25 - IRLANDE 10 60 e : hors-jeu de la défense irlandaise. Michalak marque, de 18 mètres à gauche. FRANCE 28 - IRLANDE 10 69 e : « pénaltouche » irlandaise côté gauche, à 5 mètres de la ligne d’essai française ; Stringer sert grand côté O’Gara, qui trouve Maggs lancé. Le centre passe entre Jauzion et Lieben- berget parvient à transmettre à Howe, qui aplatit malgré Brusque et Clerc. O’Gara transforme. FRANCE 28 - IRLANDE 17 77 e : attaque française partie des 22 mètres bleus. Liebenberg est repris par Maggs et O’Gara à 30 mètres de la ligne irlandaise. Bru « déblaie » Shea- han. Elissalde en profite pour feinter la passe et partir au ras, malgré Hayes. Essai entre les poteaux, transformépar Michalak FRANCE 35 - IRLANDE 17 STADE DE FRANCE. – La grande joie de Jean-Baptiste Elissalde, auteur du dernier essai des Bleus (77 e ), parachevant sa bonne prestation de titulaire, pour la première fois, à la mêlée. (Photo Nicolas Luttiau) PAGE 4 DIMANCHE 15 FÉVRIER 2004 Noir Jaune Bleu Rouge 5 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Italie Arbitre : M. Turner (AFS) 16 : 00 Angleterre À Rome, stade Flaminio 15 Masi 8 Parisse 6 De Rossi (cap.) 4 Dellape 5 Bortolami 1 Lo Cicero 2 Ongaro 3 Castrogiovanni 7 Persico 14 Mazzucato 13 Stoica 12 M. Dallan 9 Griffen 10 Wakarua 11 D. Dallan 15 Balshaw 14 Lewsey 13 Robinson 10 Grayson 7 Hill 5 Kay 3 Vickery 1 Woodman 2 Thompson 4 Grewcock 6 Worsley 8 Dallaglio (cap.) 9 Gomarsall 12 Greenwood 11 Cohen En direct sur France 3 ITALIE - ANGLETERRE Leschampionsdansl’arène Privés de Wilkinson, orphelins de Johnson, les Anglais débutent à Rome par un match piège. ROME – de notre envoyé spécial RIEN N’EST ÉTERNEL. Même à Rome. Et contrairement àceque pré- tend le vieil adage, les grandes équipes ont aussi une durée de vie limitée. Trois mois après avoir conquis le monde, l’Angleterre entame cet après-midi face à l’Italie la défense de sa couronne euro- péenne, privée de Martin Johnson et Jonny Wilkinson, les deux joueurs qui, en Australie, ont incarné ses deux principales qualités : son refus de l’échec et son efficacité. Fourbu de trop de campagnes, Johnson (34 ans), vieux gladiateur et immense capitaine, a décidé de se retirer en pleine gloire. Wilkinson (24 ans) s’est lui soumis aux ordres que lui intimaient des vertèbres et une épaule droite chiffonnées par ses excès de générosité. L’ouvreur de Newcastle, qui a été opéré mercredi, ne reviendra pas à la compétition avant le printemps prochain. Et si l’encadrement du quinze de la Rose s’est appliqué à dédramatiser ces absences contre lesquelles il ne peut rien, il est facile à l’évocation de ces deux noms et au souvenir de ce qu’a été leur contribution durant ces quatre dernières années, de com- prendre que les champions du monde s’apprêtent à vivre un drôle d’hiver de transition. Grand Chelem, Coupe du monde : l’année 2003 restera un millésime extraordinaire pour l’Angleterre, mais elle marque aussi la fin d’un cycle. Désormais, Clive Woodward va devoir se lancer dans un chantier d’importance et rebâtir une équipe de façon bien plus radicale qu’il n’avait été obligé de le faire en 1999. Parmi les 22 joueurs finalistes de la der ni èr e Coupe du monde, 10 étaient déjà présents quatre ans plus tôt dont l’essentiel du pack et la charnière Dawson-Wilkinson, ce qui constitue un ratio exceptionnel. Quand l’entraîneur anglais se lancera-t-il dans ces grands tra- vaux ? Plus tard. Sans doute lors de la tournée périlleuse que les Anglais effectueront en juin en Nouvelle- Zélande et en Australie. Adepte du leitmotiv : « tout ce qui importe est de gagner le prochain match », sir Clive a choisi pour ce Tournoi de miser sur la continuité, en alignant dès le commencement dix des quinze finalistes de Sydney, et en ne conviant que trois nouveaux visages parmi ses 22 : l’ouvreur de Bath Ollie Barkley (22 ans, 1 sélection), le troi- sième ligne de Sale Chris Jones (23/0), et le centre de Gloucester Henry Paul (30/1). Conservateur Woodward ? Non, si l’on en juge par la mise à l’écart de Neil Back, aucun des sénateurs de cette équipe nedoit se sentir à l’abri. Frileux ? Peut-être un peu si l’on analyse hors de son contexte la préférence donnée au vétéran Paul Grayson (32 ans) sur le jeune Barkley (22 ans). On attend une Squadra déchaînée Du demi d’ouverture de Northamp- ton, onsait en effet que sa capacité à donner le bon tempo à une ligne d’attaque est limitée, que sa défense manque de conviction. Mais l’environnement de ce match est bien sûr loin d’être indifférent, pour une équipe d’Angleterre qui, comme les autres, aura besoin cet après-midi d’une période d’adapta- tion pour trouver ses marques après trois mois d’inactivité. Les qualités de tacticien et le calme de Grayson, la variété de son jeu au pied seront sans doute nécessaire pour juguler les ardeurs d’une Squadra que l’on attend déchaînée. Car, comme de coutume, les Italiens ont promis de mettre « beaucoup d’émotion », dans cette rencontre qu’ils considèrent de l’aveu de leur capitaine Andrea De Rossi « comme la plus importante de rugby italien depuis des années ». Les hommes de John Kirwan ont-ils les moyens d’opposer àlascienceet aux muscles de l’équipe d’Angleterre autre chose que leur agressivité ? Sans doute, si l’on se souvient du parcours admi- rable de ces Italiens durant la Coupe du monde, où en dépit d’un pro- gramme infernal – 4 matches en quatorze jours – ils avaient contesté jusqu’au bout aux Gallois leur billet pour l es quar t s de f i nal e. « Aujourd’hui, il nous manque une grande victoire pour franchir menta- lement un cap que nous avons passé techniquement », estime Kirwan. Mais que les Italiens ne comptent pas sur un excès de confiance ou un moment d’égarement des Anglais. « En 1967, pour son premier match après sa victoire lors de la Coupe du mondedefootball, l’Angleterre avait été battue par l’Écosse (3-2) », rap- pel ai t l e nouveau capi t ai ne LawrenceDallaglio. S’il y aunechose que nous voulons éviter, c’est ce genre de contre-performance. Même s’il arrivera fatalement un moment où nous perdrons, autant que ce soit le plus tard possible. » ARNAUD DAVID RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS – FRANCE - IRLANDE: 35-17 PRO D 2 (matches en retard) HIER Auch - Bayonne (17 e journée) ............ 22-21 AUJOURD’HUI 15 HEURES Périgueux - Limoges (17 e journée) Oyonnax - Tarbes (18 e journée) PROCHAINE JOURNÉE. – Samedi 28 février : Lyon OU - Métro-RCF (18 heures), La Rochelle - Périgueux (18 h 30), Dax - Toulon, Bayonne - Tarbes (19 heures), Limoges - Mont-de-Marsan (19 h 30), Bordeaux-Bègles - Auch (20 heures). Dimanche 29 février : Oyonnax - Tyrosse, Al bi - Auri l l ac (15 heures). MATCH EN RETARD. – Samedi 21 février (18 heures) : Lyon OU - Auch (18 e journée). Classement Pts J. G. N. P. p. c. Diff. — — — — — — — — 1. Bayonne.......... 47 19 14 0 5 462 311 +151 2. Auch ................ 46 18 14 0 4 395 230 +165 3. Lyon OU.......... 43 18 12 1 5 458 292 +166 4. Dax................... 43 19 12 0 7 424 300 +124 5. Albi ................... 39 19 9 2 8 377 350 +27 6. La Rochelle .... 37 19 9 0 10 360 365 -5 7. Toulon.............. 37 19 9 0 10 385 425 -40 8. Tyrosse............ 37 19 9 0 10 333 407 -74 9. Limoges........... 36 18 9 0 9 259 369 -110 10. Tarbes ............. 35 18 8 1 9 361 337 +24 11. Aurillac ............ 35 19 8 0 11 376 358 +18 12. Métro Racing. 35 19 8 0 11 370 463 -93 13. Oyonnax .......... 34 18 7 2 9 329 384 -55 14. Mt-de-Marsan. 33 19 7 0 12 278 343 -65 15. Bordeaux......... 32 19 6 1 12 326 438 -112 16. Périgueux........ 27 18 4 1 13 282 403 -121 Le premier accède directement au Top 16. Les quatre premiers en demi-finales. Le champion promu en Top 16, ou le deuxième de la saison régulière si le champion était aussi le premier de la première phase. Les deux derniers relégués en Fédérale 1. En cas d’égalité, les clubs sont départagés au nombre de points « terrain » obtenus dans les matches ayant opposé les équipes concernées. I UN MUSCLE CONTRACTÉ POUR ELISSALDE. – Remplacé durant les arrêts de jeu par Dimitri Yachvili, Jean-Baptiste Elissalde a ressenti une douleur derrière la cuisse droite, souvenir d’une déchi- rure musculaire qui remonte à la fin de la saison dernière. « Régulière- ment, le muscle se contracte un peu lorsqu’il est trop sollicité, a commen- té le demi de mêlée de l’équipe de France, mais j’en ai l’habitude. Je sais que ce n’est rien de grave. » I PAPÉ ET HARINORDOQUY AU CONTRÔLE. –Les numéros de mail- lot de Pascal Papé (5) et Imanol Hari- nordoquy (8) ont été tirés au sort pour le contrôle antidopage. I BRU REMET LES MAILLOTS. – Simpleremplaçant, hier, YannickBru a eu le privilège de procéder à la tra- ditionnelle remise des maillots. Il a eu des propos très encourageants pour William Servat, son coéquipier su Stade Toulousain, et il s’est égale- ment fendu d’un bref discours. « Il a eu des mots très beaux et très posi- tifs », a souligné Jo Maso. I LAGISQUET DONNE UN CD. – Bernard Laporte a révélé hier que l’entraîneur de Biarritz, Patrice Lagisquet, lui avait procuré le CD- Rom du match du dernier match de Coupe d’Europe des Biarrots contre le Leinster. « Ce qui nous a permis de voir évoluer Gordon D’Arcy(le rem- plaçant de Brian O’Driscoll) au centre et de nous faire une idée sur son jeu. » – J. S. I LANEY TOUCHE À LA MAIN, CHARVISAUDOIGT. –La sortie de Brendan Laney à la 45 e minute de Galles - Écosse (23-10) a complète- ment déstabilisé les Écossais, les obligeant de restructurer complète- ment leur ligne de trois-quarts. Laney souffre d’une possible fracture à la main gauche et passera des radios à Edimbourg aujourd’hui afin de connaître la gravité de sa bles- sure, mais sa participation à la Cal- cutta Cup – Écosse - Angleterre – samedi prochainest compromise. De son côté, sorti àla 76 e , Colin Charvis, le capitaine tarbais de la sélection galloise, souffrait d’une coupure à l’index de la main droite. Sa partici- pation à la rencontre face aux Irlan- dais à Dublin dimanche prochain n’est pas compromise. – I. B. I SOUS LE SIGNE DE SAINT VALENTIN. – Fête de saint Valentin oblige, le rugby gallois a pleinement participé à la journée de l’amour. Exceptionnellement, hier soir les femmes et compagnes des joueurs étaient invitées au banquet au Mil- lennium Stadium. Et à la mi-temps de Galles-Écosse (23-10), le tableau d’affichage électronique a passé cinqdemandes de mariage de la part des spectateurs présents dans le stade. Résultat : un carton plein, car les cinq personnes demandées, dont les réactions étaient filmées endirect dans le stade, ont toutes dit oui. Notons que deux des cinq demandes furent de la part de femmes. – I. B. Bleuvif, bleupâle Une entame de match difficile, des périodes favorables, le quinze de France a alterné le bon et le moins bon. DEUX MOIS ET DEMI après une Coupe du monde terminée « sur un goût d’inachevé », pour reprendre l’expression de quelques-uns de ses cadres, on se demandait de quel éclat le quinze de France, version Tournoi 2004, allait briller pour fêter ses retrouvailles avec le public du Stade de France. Si l’on se fie à la sécheresse du score, 35-17 pour « la bande à Pelous », il fut étincelant. Pour ce qui est dujeu, c’est plutôt sur courant alternatif que l’équipe de Bernard Laporte était branchée hier après-midi. « Il y eut du bon et du moins bon », reconnaît sans équi- voque l’entraîneur des Bleus. Dans un stade à l’affluence record – 79 547 spectateurs payants –, on commença hier par le moins bon. « C’est vrai que notre jeu a souffert de quelques imperfections en pre- mière mi-temps », admet Fabien Pelous, capitaine exemplaire d’une équipe s’appuyant sur la base de dix joueurs ayant participé à l’aventure australienne, agrémentée de cinq nouveaux ou revenants (Clerc, De Villiers, Elissalde, Papé, Servat). Fal- lait-il à ce tiers le temps de trouver ses repères pour faire oublier le tiers sortant ? Toujours est-il que le quinze de France passa vingt pre- mières minutes pénibles. « Nous avons débuté la rencontre avec un mauvais jeu au pied et une conquête approximative », poursuit Fabien Pelous. Ajoutez à cela une meilleure occupation du terrain grâce au pied de Ronan O’Gara, premier buteur du match (6 e ), et l’entame de cette ren- contre tourna à l’avantage des Irlandais. « Le match raté, évité » Après coup, Frédéric Michalak reconnaissait qu’à l’avenir il devrait s’appuyer davantage sur le pied de Damien Traille ou de Yannick Jau- zion pour dégager le camp français. « Peut-être aurait-il fallu également un temps de jeu supplémentaire sur les actions pour enlever un peu de la pressiondéfensive irlandaise », note Michalak, tandis que Servat, l’un des bleus de l’équipe avoue avoir été « un peu timide » en début de ren- contre « par rapport à l’événement, au maillot, au stade ». « Mais ça n’a duré que dix minutes, ajoute le talonneur toulousain, impressionné d’évoluer dans un groupe, chez qui on sent un gros vécu. » C’est justement ce vécu qui permit au quinze de France d’attendre son heure sans paniquer. « C’est vrai qu’il y eut des hauts et des bas dans ce match, note Jo Maso, le manager, mais ce qui est intéressant, c’est que nous avons su jouer en équipe, et rester en place en défense lorsqu’il y avait le feu chez nous. » Surtout après l’heure de jeu, lors- qu’après une nouvelle période favo- rable ponctuée par dix minutes de feu et deux nouveaux essais du débutant Papé (51 e ) et du percutant Jauzion (55 e ) tuant le suspense (28-10), l’Irlandais s’en vint marteler la défense française, l’acculant sur sa l igne pendant de l ongues minutes. « Nous n’avons pas perdu pied », savoure Sylvain Marconnet, satisfait du combat mené pour pré- server inviolée la ligne d’essai fran- çaise. « On sent dans nos rangs, poursuit le pilier du Stade Français, un groupe en confiance avec le sys- tèmedejeumis enplace. Unegrande sérénité nous habite. » L’orage passé, les dégâts limités àun seul essai de l’ailier Howe(70 e ), lafin de rencontre fut bleue pour une vic- toire finalement plus large qu’espé- rée. « Le syndrome du premier match raté a été évité », conclut Serge Betsen. L’entame « lamen- table »duTournoi 2002 face aux Ita- liens était évacuée. « Même si tout n’a pas été parfait, cette semaine nous allons pouvoir travailler dans la confiance et la bonne humeur à Mar- coussis », se félicite Marconnet. GILLES NAVARRO Les mêmes contrel’Italie? LACOMPOSITIONde l’équipe de France qui rencontrera l’Italie samedi prochain au Stade de France sera communiquée mardi matin. Hier, la tendance était à une recon- ductionde« lamême organisation »àencroireJoMaso. « Nous allons revoir le match et en discuter tranquillement, a ajouté le manager des Bleus. Mais je crois que l’on va rester sur cette équipe-là. Tout dépendra aussi de l’évolution de la blessure de Damien Traille. » Remplacé à la 66 e minute par Brian Liebenberg, le trois-quarts centre de l’équipe de France souffre d’une petite tension à l’adducteur gauche. « J’ai préféré ne pas prendre le risque d’aggraver une blessure que je traîne depuis une semaine, a-t-il expliqué. Mais je voulais jouer ce match, alors je n’ai pas trop parlé de cette douleur. A priori, ce n’est riende grave. » Par mesure de précaution, le staff de l’équipe de France souhaite malgré tout que Damien Traille passe une IRMde contrôle dès lundi. – E. C. « Onméritait mieux » EDDIE O’SULLIVAN, l’entraîneur irlandais, estime que le score est trop lourd. « IL YAQUELQUES ANNÉES, une équipe d’Irlande qui serait venue en France avec six joueurs en moins aurait vécu un enfer. Nous avons répondu présent, cela prouve que notre équipe a de la qualité », affirme Eddie O’Sullivan. Privés de leur centre et capitaine Brian O’Dris- coll notamment, ainsi que de Mur- phy, de Hickie, de Miller, de Quinlan et de Horan, sans oublier la retraite de Keith Wood, les Irlandais ont en effet atteint un premier objectif en évitant une lourde défaite que beau- coup craignaient. Pour l’entraîneur du quinze d’Irlande, les Verts auraient même pu envisager un meilleur scénario « sans quelques fautes à des moments importants ». « On fait le plus dur en revenant à 11-10, mais sur deux fautes onprend deux essais et la France reprend le large. » Mais, comme il le souligne aussitôt : « Les fautes viennent de situations où vous êtes sous pression. Il n’y a d’ailleurs rien à redire sur la victoire de l’équipe de France, la meilleure équipe a gagné aujourd’hui. Mais on méritait mieux et le score me semble unpeu lourd. Il ne reflète pas exacte- ment ce qui s’est passé sur le terrain. Quatre essais à deux, c’est trop. Quatre à trois m’aurait semblé plus juste. Onaurait mérité demarquer ce troisième essai en fin de match, mais les Français ont su se mettre intelli- gemment et volontairement à la faute quand nous étions à quelques centimètres de leur en-but, sur nos groupés-pénétrants. Je pense que l’arbitre, qui a été très bon, aurait pu donner au moins un carton jaune à un joueur français. Pour moi, ce match était plus serré que le score ne le laisse penser. Et c’est ce que je veux retenir. J’ai apprécié le compor- tement de l’équipe qui est restée solideet n’ajamais paniqué, même à 28-10. C’est encourageant pour la suite, notamment pour ce match dif- ficile qui nous attend la semaine pro- chaine contre les Gallois, qui ont souvent réussi de bons matches à Dublin. On espère évidemment récu- pérer O’Driscoll. » – J. S. Remplaçants : 16 Festuccia, 17 Perugini, 18 Checchinato, 19 Orlando, 20 Picone, 21 De Marigny, 22 Mi. Bergamasco. Entraîneur : J. Kirwan. Remplaçants : 16 Regan, 17 Leonard, 18 Shaw, 19 Jones, 20 Dawson, 21 Barkley, 22 Paul. Entraîneur : C. Woodward. GALLES - ÉCOSSE : 23-10 LesGalloisenmouvement Sur la lancée de la Coupe du monde, les joueurs de la principauté ont confirmé hier leur renouveau face à des Écossais décevants. GALLES - ÉCOSSE : 23-10 (18-3) Millennium Stadium. Beau temps froid, toit ouvert. Bonne pelouse. 73 913 spectateurs. Arbitre : M. Courtney (IRL). GALLES : 3 E, R. Williams (3 e , 48 e ), A. Jones (15 e ) ; 2 B (24 e , 40 e ), 1 T (3 e ), S. Jones. ÉCOSSE : 1 E, Taylor (80 e ) ; 1 T, 1 D (8 e ), Paterson. Évolution du score : 7-0, 7-3, 12-3, 15-3, 18-3 (mi-temps), 23-3, 23-10. GALLES : G. Thomas – R. Williams, Parker, I. Harris, S. Williams – (o) S. Jones, (m) Cooper (Peel, 78 e ) – M. Williams, Da. Jones, (J. Thomas, 63 e ), Charvis (cap.) (Da. Jones, 71 e ) – Lle- wellyn (Owen, 52 e ), Cockbain – A. Jones (G. Jenkins, 32 e ), M. Davies (Bennett, 66 e ), Du. Jones. Entraîneur : S. Hansen. ÉCOSSE : Hinshelwood (Paterson, 51 e ) – Danielli, Philip, Laney (Henderson, 51 e ), Henderson (Hinshelwood, 51 e ) (Webster, 62 e ) – (o) Paterson (cap.) (Parks, 51 e ), (m) Cusiter (Blair, 72 e ) – Hogg (White, 51 e ), Taylor, Mather - Grimes, Murray – Douglas (Kerr, 51 e ), Bulloch (Russell, 77 e ), Smith. Entraîneurs : M. Williams, T Blackadder. CARDIFF – (GAL) de notre envoyé spécial FEU DE PAILLE Ou feu de Dieu ? Si jamais il yavait lemoindredoutequant aujeu pétillant pratiqué par les Gallois au récent Mondial (élimination en quart de finale par l’Angleterre, 28-17), les joueurs de Steve Hansen n’ont pas mis longtemps pour confir- mer leurs intentions. Dès le coup d’envoi, les Gallois ont tenté de dyna- miser le jeu, jouant devant la défense et cherchant les espaces au large. « Après nos deuxderniers matches àla Coupe du monde, on sentait que les attentes du public gallois étaient très importantes, confie le troisième ligne gallois Martyn Williams. Il nous fallait profiter du moindre ballon, et jouer tous les coups possibles. C’est comme cela que nous voulons jouer, car ce sont nos points forts. » Toujours prêts à relancer, toujours prêts à prendre des risques, les Gallois ont retrouvé tout de suite le même rythme entraînant qui, il y a trois mois en Australie, faillit avoir raison des All Blacks et de l’Angleterre. Et même s’ils ont baissé de rythme en deuxième période, encaissant un essai écossais à la dernière seconde du temps régle- mentaire, les Gallois ont clairement annoncé la couleur pour la suite du Tournoi, remportant une victoire lors de la journée d’ouverture pour la pre- mière fois depuis 1997. Après à peine trois minutes de jeu, l’ailier droit Rhys Williams aplatissait dans l’en-but suite à un mouvement collectif de toute beauté (7-0). Chris Paterson passait un drop pour l’Écosse (8 e ) mais, sept minutes plus tardc’était le pilier droit Adam Jones, en position d’ailier gauche, qui marquait en coin (15 e ). Menant 12-3, les Gallois conti- nuaient leur festival et, alors que devant des Écossais médusés, ils mul- tipliaient percées et relances, le public de Cardiff se mettait à chanter comme au bon vieux temps des années 70. Deuxbuts deStephenJones permettait aux Gallois de prendre le large, (18-3 à la pause). Et, lorsque Rhys Williams marquason deuxième essai sur un bal- lon en première main, à 23-3 pour le Pays de Galles, le match était plié. « Mêmesi nous avons perduun peude continuité en deuxième période, c’est un très bon début et je ne vois pas ce que j’aurais pu demander de plus, glisse Steve Hansen, l’entraîneur gal- lois. Nous avons fait une très bonne première période, et je pense que nous aurions dû marquer au moins deux essais de plus avant la mi-temps. » Hier soir donc, à une semaine d’affron- ter les Irlandais à Dublin, le camp gal- lois s’efforçait de garder les pieds sur terre. « Évidemment, nous sommes très contents du résultat, avoue Han- sen. Mais personne n’est en train de sauter en l’air ou de faire des sauts périlleux après cette performance. L’essai encaissé à la fin du match est décevant pour nous et c’est la preuve que nous avons encore du chemin à faire. Nous sommes très contents du style de jeu que nous avons réussi à mettre en place, mais il faut que nous soyons plus précis pendant plus long- temps. » Certes, mais si les faibles Écossais peuvent craindre le pire lors de la venue de l’Angleterre samedi à Édimbourg, d’ores et déjà le déplace- ment des Gallois à Dublin dimanche prochain, s’annonce passionnant. IAN BORTHWICK Retrouvez les résultats en pages 16 et 17 STADE DE FRANCE. – À l’image de Damien Traille (ballon en main), à l’assaut de la charnière irlandaise Stringer (à gauche)-O’Gara, les Français ont réussi hier une bien meilleure entame de Tournoi des Six Nations que les années précédentes. (Photo Bruno Fablet) DIMANCHE 15 FÉVRIER 2004 PAGE 5 Noir Jaune Bleu Rouge 1 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Dimanche 28 mars 2004 LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE * 59 e ANNÉE - N o 18 178 - 0,95 / France métropolitaine NATATION THORPE : LE 400 EST À L’EAU ! (Page 17) F O O T B A L L ILS NE SE LACHENT PLUS Lyon et Monaco ont tous les deux gagné à l’extérieur (à Nice et au Mans) et sur le même score (1-0), hier lors de la 30 e journée de Ligue 1. Paris-SG, à Lens ce soir, est donc obligé de l’emporter pour ne pas être distancé. (Pages 6 à 11) STADE DE FRANCE. – Le poing de la victoire et du Grand Chelem pour Magne (à droite) et un quinze de France conquérant, hier au Stade de France, face à l’Angleterre. Peyrelongue, Bru, Brusque, Marconnet, Papé, Betsen, Elhorga, Servat, Yachvili (masqué), Harinordoquy, Poitrenaud et De Villiers (de gauche à droite) peuvent laisser éclater leur joie. (Photo Bernard Papon) UN GRAND CIEL BLEU L’équipe de France a battu (24-21) l’Angleterre, hier soir au Stade de France, au terme d’une superbe « finale » du Tournoi des Six Nations. Elle signe ainsi le huitième Grand Chelem de son histoire. (Pages 2 à 5) ES ANGLAIS sont toujours champions du monde de Lrugby. Ils le resteront encore trois ans et demi au moins, jusqu’à la prochaine Coupe du monde, à l’automne 2007. Mais si l’équipe de France a perdu le match qu’il fallait gagner pour les en empêcher, il y a un peu plus de quatre mois, sous la pluie de Sydney, elle a remporté hier à Saint-Denis celui qu’il ne fallait pas perdre. Les Bleus y sont parvenus avec volonté, sens du devoir et du sacrifice, envie, gourmandise même. Avec ces maladresses, ces imperfections aussi sans lesquelles ils ne seraient pas tout à fait les Bleus et qui les ont laissés jusqu’au bout sous la menace. Mais ils ont gagné ce France-Angleterre qui s’inscrivait au-delà d’une « finale » du Tournoi des Six Nations, au-delà de ce huitième Grand Chelem de leur histoire, qui n’est pourtant pas rien. Les Bleus ont battu les Anglais hier soir au terme d’un très grand match de rugby, et c’est tout un sport qui semble s’être remis dans le sens de la marche vers son objectif majeur, le seul qui vaille, cette Coupe du monde à venir qu’accueillera notre pays. Le rendez-vous était essentiel, pas seulement parce que ce bon vieux Tournoi avait pour la première fois les honneurs du prime time télévisé. L’équipe de France ne l’a pas manqué. Il n’est pas banal qu’elle y soit parvenue sous la baguette de Dimitri Yachvili, vingt-trois ans, énorme candidat à 2007 par conséquent. Yachvili, jusqu’ici discuté, dont la carrière internationale a peut-être décollé hier soir au Stade de France ; Yachvili que Fabien Galthié, meneur d’hommes et de jeu, avait désigné comme son héritier, au bout de la campagne australienne de l’automne dernier. Non, Sydney n’est pas oublié. Mais digéré, depuis hier, c’est déjà ça. CLAUDE DROUSSENT L’ÉQUIPE dimanche, lundi : ALLEMAGNE, 2,15 / ; ANTILLES, LA RÉUNION, 1,5 / ; AUTRICHE, 2,3 / ; BELGIQUE, 1,6 / ; ESPAGNE, 2,1 / ; GRÈCE, 2,1 / ; ITALIE, 1,9 / ; LUXEMBOURG, 1,6 / ; PAYS-BAS, 2 / ; PORTUGAL CONT., 2 /. 3:HIKKSC=ZUU^ZX:?a@d@m@s@a; T 00825 - 328 - F: 0,95 E Noir Jaune Bleu Rouge 1 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e L’ÉQUIPE dimanche, lundi : ALLEMAGNE, 2,15 / ; ANTILLES, LA RÉUNION, 1,5 / ; AUTRICHE, 2,3 / ; BELGIQUE, 1,6 / ; ESPAGNE, 2,1 / ; GRÈCE, 2,1 / ; ITALIE, 1,9 / ; LUXEMBOURG, 1,6 / ; PAYS-BAS, 2 / ; PORTUGAL CONT., 2 /. Dimanche 7 avril 2002 LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE * 57 e ANNÉE - N o 17 462 - 0,95 / France métropolitaine FOOTBALL LENS ET PSG A L’ARRÊT (Pages 10 à 13) TENNIS AVANTAGE FRANCE (Pages 16 et 17) AU SEPTIEME CIEL Le quinze de France a remporté le septième Grand Chelem de son histoire en balayant l’Irlande (44-5), hier au Stade de France. Les Bleus auront confirmé, tout au long du Tournoi des Six Nations, leurs belles promesses de l’automne. (Pages 2 à 8 et 22) STADE DE FRANCE. – Le bonheur des Bleus, hier à Saint-Denis. De gauche à droite (couchés) : Bory, Betsen, Harinordoquy, Ibanez et Mignoni ; à genoux : Galthié, De Villiers, Azam, Brusque (tête baissée), Poux, Marlu et Brouzet ; au dernier rang : Martin, Merceron et son crâne rasé, Auradou, Gelez, Rougerie, Magne et Pelous. Des vingt-deux vainqueurs de l’Irlande, ne man- quent sur ce document que Traille, Marsh et Crenca. (Photo Denys Clément) 3:HIKKSC=ZUU^ZX:?a@e@k@h@k; T 00825 - 407 - F: 0,95 E Noir Jaune Bleu Rouge 2 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e LES CHIFFRES DU MATCH Touches Temps de jeu effectif Mêlées gagnées Plaquages Possession Pénalités concédées 34’28 IRL IRL FRA FRA IRL FRA IRL FRA IRL FRA IRL FRA IRLANDE : 41 % FRANCE : 59 % dont 3 sur lancers adverses dont 1 adverse dont 2 dont 1 dont 2 dont 1 IRL FRA Réussis Ratés 1 re mi-temps 2 e mi-temps 8 54 7 Réussis Ratés 113 20 8 11 13 1 re mi-temps 9 6 2 e mi-temps 5 4 1 re mi-temps 6 4 2 e mi-temps 3 5 Source : SPORT UNIVERSAL 44 5 44 5 17’32 16’56 1 re 2 e DÉJÀ JOUÉS Tournoi 2002 France - Irlande : 44-5 Galles - Écosse : 27-22 Pts Diff. P.p. P.c. J. G. N. P. 1. 2. 3. 4. 5. 6. France Angleterre Irlande Galles Écosse Italie 10 6 6 4 2 0 5 4 5 5 5 4 5 3 3 2 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 2 3 4 4 + 81 + 95 + 7 — 59 — 47 — 77 156 139 145 124 86 61 75 44 138 183 133 138 HIER AUJOURD’HUI CLASSEMENT Italie - Angleterre (16 heures) France - Italie : 33-12 ; Écosse - Angleterre : 3-29 ; Irlande - Galles : 54-10 ; Galles - France : 33-37 ; Angleterre - Irlande : 45-11 ; Italie - Écosse : 12-29 ; France - Angleterre : 20-15 ; Galles - Italie : 44-20 ; Irlande - Écosse 43-22 ; Irlande - Italie : 32-17 ; Angleterre - Galles : 50-10 ; Écosse - France : 10-22 France - Irlande : 44-5 ; Galles - Écosse : 27-22 Le hit-parade des Grands Chelems 1995 1992 1991 1980 1957 1928 1924 1923 1921 1914 1913 11 Angleterre 8 1978 1976 1971 1952 1950 1911 1909 1908 Galles 1 1948 Irlande 3 1990 1984 1925 Écosse 7 2002 1998 1997 1987 1981 1977 1968 France Grands Chelems complets pour Pelous victoires d’affilée Grands Chelems en un week-end 3 En battant l’Irlande, Fabien Pelous est devenu le premier français à avoir remporté trois Grands Chelems en ayant joué dans les 13 rencontres disputées, soit quatre matches en 1997 et 1998, et cinq en 2002. Dans cette équipe, Olivier Magne et Fabien Galthié en sont eux aussi à 3 Chelems ces mêmes années, mais sans jouer toutes les rencontres : Magne en a manqué 2, Galthié 8... Le record est détenu par l’ailier anglais C.N.Lowe : il a joué les quatre matches, à chaque fois, en 1913, 1914, 1921 et 1923. 3 En plus des Bleus de Bernard Laporte, l’équipe de France des – 21 ans et l’équipe féminine ont aussi remporté le Grand Chelem de leurs tournois respectifs 8 Le quinze de France a égalé hier le record établi en 1998 en alignant 8 victoires de suite : France–Afrique du Sud, 20-10 10 novembre 2001 France–Australie, 14-13 17 novembre 2001 France–Fidji, 77-10 24 novembre 2001 France–Italie, 33-12 2 février 2002 Galles–France, 33-37 16 février 2002 France–Angleterre, 20-15 2 mars 2002 Ecosse–France, 10-22 23 mars 2002 France-Irlande, 44-5 6 avril 2002 PAGE 2 DIMANCHE 7 AVRIL 2002 LEFILMDUMATCH Unebellebalade 3 e minute : touche française sur les 40 mètres irlandais. Ibanez trouve Harinordoquy. Le maul constitué autour du Basque progresse jus- qu’aux 22 mètres avant d’être écrou- lé. Galthié sert Merceron, qui tape à suivre et récupère le ballon avant de donner à hauteur à de Villiers, repris à cinq mètres de la ligne. D’une lon- gue passe sautée, Galthié alerte Magne, stoppé le long de la ligne de touche droite. Galthié renverse pour Merceron qui, d’une énorme sautée pour Ibanez, déplace le jeu côté gauche. Brusque intercalé sert Bet- sen qui aplatit. Merceron trans- forme. FRANCE 7 IRLANDE 0 11 e minute : mêlée à 5 mètres de la ligne française, introduction irlan- daise. Stringer part au ras et donne intérieur à Foley, qui provoque un regroupement. Le demi de mêlée irlandais sert à hauteur Clohessy, bloqué par Betsen. Stringer renou- velle l’opération avec Wood. Lancé, celui-ci renverse Magne et Merceron sur son passage. Les interventions désespérées de Galthié et Marsh n’empêchent pas l’essai, non trans- formé par Humphreys. FRANCE 7 IRLANDE 5 13 e minute : faute de Hayes sur un lancer de Wood. Des 48 mètres à gauche, Merceron inscrit la pénalité. FRANCE 10 IRLANDE 5 23 e minute : Clohessy se met hors jeu. GéraldMerceronréussit la péna- lité des 30 mètres à gauche. FRANCE 13 IRLANDE 5 27 e minute : touche d’Ibanez sur la ligne médiane pour Harinordoquy, mis au sol. Pelous récupère le ballon pour Galthié, qui ouvre sur Traille. Le Palois donne à Marsh, qui échappe à Humphreys et Clohessy, avant de servir de Villiers. Traille, Ibanez et Merceron développent une attaque classique qui aboutit sur l’aile gauche dans les mains de Brusque, qui cavale jusqu’à l’en-but. Merce- ron rate la transformation. FRANCE 18 IRLANDE 5 32 e minute : une chevauchée d’O’Driscoll est stoppée par Merce- ron. L’Irlandais libère le ballon pour... Traille, mis au sol. Galthié extirpe le ballon, part au ras et raf- fûte Stringer. Ce dernier, aidé d’Hen- derson, plaque le capitaine français, qui transmet à Rougerie sur la ligne médiane. La course du Montferran- dais, trop véloce pour les Irlandais, s’achève entre les poteaux. Merce- ron transforme. FRANCE 25 IRLANDE 5 38 e minute : touche d’Ibanez pour Pelous, relayé par Crenca. Les Irlan- dais écroulent le maul français, qui progresse. Des 40 mètres, légère- ment àdroite, Merceroncorse l’addi- tion. FRANCE 28 IRLANDE 5 MI-TEMPS 48 e minute : mêlée à cinq mètres des poteaux irlandais, introduction Stringer. Le pack français martyrise son alter ego, et Simon Easterby se met hors jeu. Merceron transforme la pénalité. FRANCE 31 IRLANDE 5 58 e minute : les Bleus récupèrent un renvoi aux 22 mètres d’O’Gara, avant de pilonner à de multiples reprises ladéfenseirlandaise. Finale- ment, Galthié s’infiltre avant d’être repris, mais Bory continue l’action, poussé par ses avants. Le ballon sort finalement pour Galthié, qui donne côté fermé à Ibanez, qui crée un point de fixation. Galthié récupère encore et offre le ballon à Betsen. En position d’ailier, le flanker réussit le doublé. La trans- formationde Merceronnepassepas. FRANCE 36 IRLANDE 5 78 e minute : depuis son en-but, O’Gara expédie un énorme dégage- ment récupéré par Brusque. Le Biar- rot tape à suivre pour lui-même un ballon, récupéré par O’Driscoll. Pla- qué par Auradou, le centre irlandais perd le ballon et ses coéquipiers se mettent hors jeu. Des 40 mètres à gauche, Gelez passe la pénalité. FRANCE 39 IRLANDE 5 79 e minute: sur les 40 mètres irlan- dais, Ibanez joue une touche en fond d’alignement pour Pelous, qui donne à Gelez à hauteur. Le remplaçant de Merceron perce plein axe, avant de se retourner à dix mètres des poteaux pour servir Martin. Mis au sol, le Parisien libère le ballon pour Mignoni. Ce dernier sert côté fermé Traille, qui sert Marsh. D’une feinte de passe, le Maori élimine Horgan et lance Brusque vers un doublé per- sonnel et un triomphe collectif. – N. S. FRANCE 44 IRLANDE 5 RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS –FRANCE- IRLANDE : 44-5 Serge Betsen est arrivé le dernier à la conférence de presse. Sansunemarquesur levisage, cequi n’est pas unehabitude. Et il s’est gentiment excusé : « J’ai dû satisfaire, avec François Gelez, aux exigences du contrôle antidopage. » Puis, posé- ment, il s’est adossé à un mur avant de répondre. « AVEZ-VOUS CONSCIENCE d’avoir réaliséunmatchexcep- tionnel ? – À ce jeu, personne n’est excep- tionnel. C’est le rôle tenu par chacun de nous qui fait laperformance. Mais ça n’a rien d’exceptionnel. Et puis c’est vous qui en faites un événe- ment. – Tout de même, réaliser le Grand Chelem n’est pas ordi- naire ? – En ce sens, cette victoire est un événement, parce qu’elle conclut une progression permanente sur cinqmatches. Personnellement, cela m’apporte beaucoup de bonheur. Tout gamin, je me souviens, j’enten- dais parler de Grand Chelem sans trop savoir ce que cela représentait. Aujourd’hui, je me rends mieux compte qu’il faut être acteur pour vraiment apprécier. – Peut-on dire que vous venez de connaître le sommet de votre carrière ? – Je ne sais pas. Je ne réalise pas encore. Je me sens léger mais je ne sais pas si je peux dire que c’est vrai- ment le meilleur moment de ma vie de sportif. Pour l’instant, je ne crois pas trop à ce qui m’arrive. – Pourtant, c’est bien vous qui marquez deux essais ? – Je concrétise l’enchaînement de deux mouvements joués avec jus- tesse. Je ne fais que répondre à une situation qui m’est proposée et que nous avons travaillée dans la semaine. Je n’avais pas le droit de ne pas marquer car, quand le ballon arrive dans mes mains, mes parte- naires ont tout fait pour me placer en position de force et j’ai le devoir de les remercier. – En répondant parfaitement à ces situations, c’est toute l’équipe qui exprime sa capa- cité d’adaptation ? –C’est le reflet de ce que nous avons travaillé toute la semaine par rap- port aux Irlandais. On a tout fait avec sérieux, rigueur et application. Onne s’est pas affolés, on a su assurer les bases et on a empêché les Irlandais de développer leur jeu. – Malgré cette victoire ample, avez-vous une critique à for- muler ? – Par moments, nous avons trop joué. Nous nous sommes laissé emporter par notre enthousiasme. On a très vite marqué, mais on s’est par trop éparpillés. Il a fallu très vite rectifier nos ambitions pour se concentrer sur les bases de notre jeu. On s’est remis en question pour ne tenir compte que des détails par les- quels on fait la différence. C’est un peu plus de profondeur pour accélé- rer à la prise, c’est une meilleure communication dans le replacement défensif. – Personnellement, êtes-vous satisfait de votre perfor- mance ? – Par rapport à l’Écosse, j’ai amélio- ré mon placement à l’aile. Contre l’Écosse, je n’ai pas bien exploité ma vitesse car j’étais tropàplat. J’ai revu ma position et j’ai pris un peu plus de profondeur. Et ça a réussi. Je marque mais ce n’est pas le plus satisfaisant. Ce que je retiens, c’est que je ne suis pas le seul à réagir par rapport aux imperfections précédentes. C’est la preuve que l’on peut encore progresser. « Il n’y a pas de certitude » – Mais plus onse rapproche du sommet et plus la marge de progression est réduite ? – Tout dépend de l’endroit où on situe le sommet. Toutes les équipes évoluent et on est pris dans cette mouvance. Ri en n’ es t f i gé. Aujourd’hui, on est sûrs de certaines choses mais ça ne veut pas dire que, demain, on soit performants avec les mêmes intentions. – Que pensez-vous des inter- ventions de l’arbitre français Joël Dumé dans le cadre de vos préparations de match ? – Il nous a permis de comprendre la philosophie de l’arbitrage. Notam- ment pour moi, qui suis naturelle- ment un plaqueur-gratteur, j’étais souvent pénalisé. À partir de ces explications, j’ai réalisé ce que je ne devais plus faire. Et puis c’est comme à l’école, quand un arbitre vous explique les choses, c’est toujours plus facile à admettre et on l’intègre mieux. – Réalisez-vous que, l’an der- nier, BernardLaportenefaisait pas de vous un titulaire sous prétexte que vous ne pourriez pas tenir tout un match ? – Çafait partie dupassé. J’ai fait des efforts, j’ai travaillé mes points faibles. J’ai fait de la récupération à base de sophrologie. Mais ça, ce n’est que deux pour cent de ma pré- paration. Je suis beaucoup plus pro- fessionnel et je fais moins de fautes. Mon évolution est liée aussi aux formes de jeu. Aujourd’hui, on évo- lue dans des zones précises que nous sommes tenus de respecter. On peut s’en écarter mais on doit toujours garder à l’esprit le souci d’efficacité. – Cette distribution répartie par zones n’est-elle pas moins éprouvante ? – C’est sûr, le rugby par zones, comme nous essayons de le prati- quer, est moins fatigant. Disons qu’il ne demande pas la même implica- tion. Moins éprouvant physique- ment, mais plus éprouvant mentale- ment car il demande une plus grande concentration pour l’accomplisse- ment des gestes dans la finition. Mais, c’est vrai, moins de dépense physique facilite la concentration. – Dans ce schéma de progres- sion, oùsituez-vous l’équipede France ? – Il y a encore de la marge. On parle de sommet européen mais c’est aléatoire. Il n’y a pas de certitude. Il reste à confirmer sur la durée. Là, on a gagné cinq matches, huit consécu- tifs, la série est en cours, mais on sait qu’ailleurs ils cherchent aussi à pro- gresser. Alors il ne faut pas se satis- faire de ce que l’on vient de réaliser. Il faut être perfectionniste. » SERGE TYNELSKI STADE DE FRANCE. – Avec 64 placages réussis en 5 matches, Serge Betsen fera partie des tout meilleurs plaqueurs du Tournoi 2002 (il s’agrippe ici à David Wallace). (Photo Nicolas Luttiau) ILS ONT DIT Ibanez : « Unegrande joiecollective» G Raphaël IBANEZ (talonneur de l’équipe de France) : « On avait tout intérêt à rester dans la continuité de ce qu’on avait fait avant. Il ne fallait pas que ce soit un match spécial. On est bien entrés dans la rencontre. Les jeunes étaient déterminés, nous, les anciens, notre préparation était plus intérieure car nous savions déjà l’émotion qu’un Chelem peut procu- rer. C’est une grande joie collective. Cette équipe de France a encore une marge de progression importante. » G Nicolas BRUSQUE (arrière de l’équipe de France) : « Il m’est diffi- cile de se rendre compte de l’impor- tance d’un Grand Chelem car, comme beaucoup d’autres, je n’ai connu que ce Tournoi. Il faudrait presque connaître la défaite pour apprécier d’autant plus la victoire. Mais vu ce que nous disent les anciens, çaal’air quandmêmed’être quelque chose. Ce soir, je suis dans mes rêves de toujours, ça fait partie des moments les plus forts de ma carrière. » G François GELEZ (demi d’ouver- ture de l’équipe de France) : « J’ai apporté ma petite pierre à ce Grand Chelem mais, en tant que rempla- çant, il m’appartient autant qu’aux autres. C’était un peu frustrant, je participais à la préparation des matches et je les voyais gagner. Le goût de la victoire me manquait. En même temps, j’ai la chance d’être dans cette équipe qui gagne. Au- delà du titre, c’est une grande émo- tion, un grand moment que je ne suis pas près d’oublier. On croyait avoir atteint le summum contre l’Angle- terre mais on est allés encore plus loin. » G David AURADOU (deuxième ligne de l’équipe de France) : « C’est un plaisir intense, le sentiment du travail accompli. Il ne fallait surtout pas perdre ce match, nous aurions perdu tout ce que nous avions acquis et toute notre confiance en finissant troisièmes. Bien sûr, ce Grand Che- lem, c’est “hip, hip, hip, hourra !”, mais en même temps, en tant que joueurs, on prend match après match et pour nous, il s’agit déjà de rebondir. Nous sommes suffisam- ment professionnels pour ne pas nous sentir arrivés. » G Aurélien ROUGERIE (trois- quarts aile de l’équipe de France) : « Je ne réalise pas toute de suite, il me faudra un peu de recul. Mais j’apprécie quand même énormé- ment cette victoire car tout n’a pas forcément été rose depuis le début du Tournoi. On apprécie l’osmose qui se crée dans cette équipe, on s’éclate, on prend des espaces, on progresse à chaque match. Ce soir, on fera une petite entorse au règle- ment qui feradubienàtout le monde en allant boire un coup ensemble. » G Imanol HARI NORDOQUY (deuxième ligne de l’équipe de France) : « Ce soir, j’ai un sentiment de fierté et de joie partagée avec les autres. Pour arriver là, il faut beau- coup de chance (NDLR : sans la bles- sure de Gouloumet à Pau et la sus- pension de Magne, il n’aurait peut-être pas disputé le Tournoi.) Nous avons pris ce match par le bon bout. Et je crois que si nous avions été encore plus patients nous aurions marqué plus d’essais. Pour le Grand Chelem, il va falloir quelques jours pour que je réalise. » G Gérald MERCERON (demi d’ouverture de l’équipe de France) : « La clé de tout, je pense que c’est l’état d’esprit qui règne au sein de l’équipe, qui ressemble à une équipe de club. On s’entraîne bien, et le tra- vail de vidéo porte ses fruits. Tout cela donne envie de faire des choses et de se projeter déjà vers la tournée de cet été. Maintenant, il ne faut pas croire que nous sommes imbat- tables. Nous sommes juste sûrs de nos forces. Cet été, il faudra recom- mencer ce que nous avons fait pen- dant le Tournoi. » G Pierre MIGNONI (demi de mêléedel’équipe deFrance) : « Faire partie de l’équipe du Grand Chelem, c’est énormément de plaisir et de joie. Le groupe aune grande solidari- té et un très bon état d’esprit, c’est notre force. » G Serge BETSEN (troisième ligne de l’équipe de France) : « C’est beau- coup de bonheur, beaucoup de choses qui émergent. On a été gamins, on a rêvé du Chelem et c’est arrivé, je n’y crois pas encore. Pour mes deux essais, je n’ai eu que le mérite d’être en bout de chaîne d’actions collectives, je me devais seulement de marquer. » G DavidBORY(trois-quarts aile de l’équipe de France) : « C’est un réel bonheur que ce Grand Chelem et les huit succès consécutifs. Les Anglais, depuis deux ans, trébuchent pour le décrocher, pas nous. On avait prépa- ré ce match sereinement. On est les premiers vainqueurs d’un Chelem dans les six nations et notre nomres- tera gravé pour l’éternité. » G Jean-Jacques CRENCA (pilier de l’équipe de France) : « C’est bien, ce Chelem, mais c’est surtout la série de victoires qu’il nous faut continuer et on a une tournée difficile. Il nous faut nous situer dans la continuité. L’équipe de France n’appartient à personne, c’est la roue qui tourne et, dès samedi, on revient dans nos clubs. » « Onpeut progresser » SERGE BETSEN, une nouvelle fois déterminant en attaque comme en défense, analyse l’exploit avec lucidité. Noir Jaune Bleu Rouge 3 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e Brusque 8 Dempsey 6 D. Bory 7 Traille 7,5 Marsh 8,5 Rougerie 8 S. Horgan 6 B. O’Driscoll 6 Henderson 5 D. Hickie 6 Merceron 8 Magne 7,5 Betsen 8,5 Pelous 8 Brouzet 8,5 Harinordoquy 8 Wood (cap), 5,5 S. Easterby 5,5 Foley 5 D. Wallace 6 Ibanez 8 De Villiers 7,5 Crenca 8,5 Galthié (cap), 8 Stringer 6,5 Humphreys 5 Longwell 4 O’Kelly 5,5 Hayes 5 Clohessy 5,5 DIMANCHE 7 AVRIL 2002 PAGE 3 FRANCE - IRLANDE : 44-5 (28-5) #### Beau temps, vent tourbillonnant. Pelouse en bon état. 78 000 spectateurs environ. Arbitre : M. O’Brien (NZL). Gelez, Poux, Auradou, Marlu, Mignoni, Martin et Azam n’ont pas assez joué pour être notés. Remplacements. – 66 e : De Villiers par POUX, Merceron par GELEZ ; 75 e : Brouzet par AURADOU ; 78 e : Bory par MARLU, Galthié par MIGNONI, Magne par MARTIN, Ibanez par AZAM. Entraîneur : B. Laporte. P. Wallace et O’Connell n’ont pas assez joué pour être notés. Remplacements. – 50 e : Humphreys par O’GARA, D. Wallace par GLEESON ; 64 e : Clo- hessy par P. WALLACE ; 66 e : Longwell par O’CONNELL. Non utilisés : Byrne, G. Easterby, Kelly. Entraîneur : E. O’Sullivan. LES POINTS FRANCE : 5 E, Betsen (3 e , 58 e ), Brusque (27 e , 79 e ), Rougerie (32 e ) ; 5 B, Merceron (13 e , 23 e , 38 e , 48 e ), Gelez (78 e ) ; 2 T, Merceron (3 e , 32 e ). IRLANDE : 1 E, Wood (11 e ). A France du sport qui gagne Lhabite toujours la banlieue. Quatre ans après les Bleus de Zidane, le Stade de France, à Saint-Denis, a accueilli dans l’allégresse générale une nouvelle flambée de bonheur tricolore. En surclassant l’Irlande après deux échecs successifs dans le Tournoi, Fabien Galthié et les siens ont été les premiers à remporter les cinq rencontres d’un tournoi ouvert à six nations. Enfant légitime de la mondialisation et de José Bové, mélange de gueules cassées et de faces d’ange, d’anciens et de nouveaux, cette équipe aux multiples visages a séduit la France, de Marseille à Paris, de l’automne au printemps. Sans déroger aux vraies valeurs de ce jeu d’initiés, elle a su prendre une dimension supplémentaire en ne reniant pas les exigences de son temps. Encore moins les réalités de son époque. Conscient de la portée de ce 7 e Grand Chelem, Bernard Laporte a osé le crime de lèse-majesté en soulignant « l’énorme impact » de ce succès à deux mois de la Coupe du monde… de football. Si le propos a choqué, cette invitation à la « promotion » du rugby au nord de la Loire, cette volonté affichée de ne pas laisser retomber le soufflé médiatique, a eu le mérite de resituer les enjeux des mois à venir. Fort de ses trois levées du week-end – l’équipe de France féminines et les moins de 21 ans ont, eux aussi, célébré leur Grand Chelem –, le rugby de France et d’ailleurs doit maintenant profiter de ces aubaines pour élargir son audience et asseoir sa crédibilité. À sa façon, Bernard Laporte a donc lancé sa campagne en appelant à voter rugby. Pour éviter que le triomphe d’hier reste sans lendemain… ÉRIC CHAMPEL STADE DE FRANCE. – Pelous, Galthié et Crenca tombent sur la tête d’un pauvre Irlandais nommé Longwell, sous le regard impuissant de son compère Humphreys. La preuve qu’hier, l’eau du torrent était bleue. (Photo Richard Martin) RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS Enlevé, c’est pesé Impeccables d’ambitions offensives, les Tricolores n’ont jamais laissé les Irlandais rêver de l’impossible exploit. Sauf quelques instants, après un essai « volé » par Wood en début de rencontre, il n’y a pas eu photo hier après-midi au Stade de France. Dépassée, l’Irlande s’est montrée incapable de casser les rêves de Grand Chelem du quinze de France. C’est le triomphe de la maîtrise et du cœur. L’aventure ne fait que commencer. UN BREF INSTANT, on s’est deman- dé d’où venait ce vent frisquet qui poussait dans unciel bleudeFranceles accents ronflants d’une Marseillaise de gala et dans le dos de quel buteur il allait s’imposer en premier. Mais c’était le vent de l’histoire qui soufflait hier dans les cintres de Saint-Denis et ce vent-là est un tourbillon qui a choisi son camp sans se soucier des austères contingences de la science météorolo- gique. Soufflant du cap de Bonne-Espérance depuis juin dernier, le zéphyr qui avait accompagnécetteéquipedeFranceau berceau des rivages de la Méditerra- née jusqu’aux faubourgs de Paris, d’un triomphemarseillais sur les champions du monde à une démonstration d’effi- cacité domestique sur la référence anglaise et tout au long d’une série de sept victoires à ajouter à son capital confiance, ne pouvait s’éteindre à l’heure du triomphe. C’était bien lui, frais et dispos, piquant et vif, qui pous- sait encore gaiement aux fesses du premier ballon expédié en touche par un Gérald Merceron au pied sûr. Il a manqué, disons-le, un peu de cha- leur à l’événement, un peu d’âme à l’ouvrage irlandais et surtout beau- coup trop de suspens à cette dernière levée à trèfle pour que le cœur totale- ment chavire. La faute aux Irlandais un peu trop vite rendus à l’évidence de la supériorité tricolore et soudain rési- gnés à l’ordinaire du jeu de marau- deurs qui leur a si longtemps servi de cache-misère. La « faute » surtout à une équipe de France totalement concentréesur sonaffaire sitôt récupé- ré le premier ballon en touche, totale- ment déterminée à ne pas laisser pla- ner l’ombre d’un doute. Épatante de maîtrise, impeccable dans la conquête Sur cettepremièreconquêted’une lon- gue série donc – cinq ballons pris sur lancer adverse – le regroupement avança d’une bonne trentaine de mètres, Gérald Merceron dans la tenaille verte envoya un petit ballon sonde par-dessus la ligne de défense qu’il récupéra promptement pour De Villiers, puis Magne contraint de pas- ser par le sol. L’immense sautée que l’ouvreur montferrandais lâcha alors dans le Stade de France avait le cin- glant des déclarations de guerre. Au bout de la passe, Raphaël Ibanez « templa » parfaitement son geste pour Nicolas Brusque accouru à toutes jambes et Betsen aplatissait en coin. C’était à la troisième minute. Les Irlan- dais n’avait pas encore touché le bal- lon, ils n’allaient pas risquer des’y faire des ampoules. C’est à la source que le quinze de France était résolue à tarir le torrent du jeu de mouvement irlandais qui avait coulé sans contrainte au Stade de France il y a deux ans, et là où face à l’Angleterre, Serge Betsen s’était mis le casque en biais à traquer Jonny Wilkinson ; c’est toute l’équipe de France qui allait s’appliquer à don- ner le tournis à BrianO’Driscoll, le bou- cher de l’an 2000 soudain contraint à faire le veau. On n’en finirait pas bien sûr de faire le tour de toutes les petites imperfections qui vinrent contrarier les élans offen- sifs tricolores, de ces petites fautes de goût, deces faux trous dans lesquels ils se jetèrent tête baissée, de ces gour- mandises légères sans lesquelles l’équipe d’Irlande aurait pu récolter hier la dérouillée de toutes les dérouil- lées. On préférera garder de ce match, où le suspens ne dura que le temps que GéraldMerceron inscrive un but (10-5, 14 e ) derrière l’essai chapardé par ce diablede Woodausortir d’une mêléeà cinq concédée par Olivier Magne sur un gros malentendu défensif, l’image de Jean-Jacques Crenca arrêtant toute la défense irlandaise d’une passe de haute école pour envoyer Nicolas Brusque inscrire le premier de ses deux essais. Clohessy faisait de plus en plus son âge C’était sur une nouvelle prise d’Imanol Harinordoquy, formidable d’aplomb en touche comme dans le jeu, sur une course croisée de Tony Marsh libérant Pieter De Villiers puis Betsen jusqu’à Brusque pour l’essai qui déjà enterrait les derniers espoirs irlandais (18-5, 27 e ). C’est là que cette équipe de France qui se découvre de nouvelles vertus à chaque sortie fut vraiment épatante de maîtrise, vraiment par- faite de sérieux et d’obstination offen- sive, vraiment impeccable dans la conquête. Il y avait déjà un moment que Wood avait eu son coup de buis et que Peter Clohessy, le pauvre« Clo-Clo », faisait deplus enplus son âgeàchaque mêlée fermée. Un moment que les mailles de la défense irlandaise, que l’on avait déjà trouvé bien lâches face aux défer- lantes anglaises, avaient laissé à la charnière à double révolution tricolore tout le loisir de varier les postes et les plaisirs. Un coup machine avant toute pour amener à la raison ces diables d’irlan- dais et les contraindre à garder les mains dans les poches sur les regrou- pements, un coup de grandes sautées par le travers du terrain pour fournir à l’impossible Bory et à l’élégant Rouge- rie l’occasion de faire rebondir l’action sur les ailes. Le but de la manœuvre étant que, coûte que coûte, les Irlan- dais ne revissent plus la gonfle. Dans ce genre-là, cefut impressionnant. Pas définitif, mais franchement prenant. Et si derrière une merveille d’essai d’Aurélien Rougerie asséchant d’un grand courant d’air tous les gosiers d’Irlande sur une récupération de ter- rassier de Bory enchaîné d’un passe- ment de bras éclair de Fabien Galthié pour lancer le bolide à jantes larges (25-5, 33 e ), les Irlandais eurent encore un sursaut, il était de ceux qui précè- dent la rigidité cadavérique. Et tandis que le Stade s’enflammait aux accents taurins de Paquito Chocolatero, Wood et ses braves émoussés lançaient la dernière charge sur une penaltouche comme un aveu de faiblesse au lieu de tenter encore de recoller au score juste avant la mi-temps. La suite ne fut plus qu’une démonstra- tionde confiance à sens unique et si les vieux pigeons aux ailes sales du fau- bourg possédaient l’esprit d’aventure des mouettes de l’Eden Park d’Auc- kland, ils auraient pumonter leur tente dans la moitié de terrain tricolore. Il fallut en effet attendre l’heure de jeu pour que l’Irlande s’éloigne enfin de sa ligne d’en but. À ce moment-là, Serge Betsen, surgissant au relais d’un côté fermé de Fabien Galthié derrière une démonstration sol-sol de David Bory, le marcassin croisé de Marsupilami, avait ajouté une pincée de sel à l’addi- tion (36-5, 58 e ). Un Chelem au fond de leur cœur La valse des changements honori- fiques n’allait pas tarder à débuter et François Gelez, Jean-Baptiste Poux, Olivier Azam, Pierre Mignoni et Jimmy Marlu le remplaçant modèle, ren- traient un à un pour rappeler que ce Chelemdevait autant à l’esprit de sys- tème qu’à la qualité et à la richesse du réservoir humain. Et quand Tony Marsh, d’une feinte de passed’une suprême élégance, eut éli- miné le dernier défenseur irlandais pour offrit à Nicolas Brusque (44-5, 79 e ) son deuxième essai personnel comme un hommage à tant de vertus collectives, le speaker officiel ne laissa pas passer une dernière occasion de parler pour ne rien dire en conviant les tricolores à aller chercher le Grand Chelem à la tribune officiel. Ce Grand Chelemqu’ils étaient allés chercher au fond de leur cœur. PIERRE–MICHEL BONNOT COMMENTAIRE FRANCE - IRLANDE : 44-5 Votez rugby ! Noir Jaune Bleu Rouge 4 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e • Pilier • Stade Français • 29 ans • 1,84 m • 108 kg • 26 sélections • A joué 4 matches, titulaire en pilier droit (Italie, Galles, Angleterre, Irlande), sorti à la 66 e minute du match contre l’Irlande. Pieter de Villiers • Centre • Pau • 22 ans • 1,94 m • 97 kg • 8 sélections • A joué tous les matches dans leur ensemble, titulaire au centre. Damien Traille • Ailier • Montferrand • 21 ans • 1,94 m • 94 kg • 8 sélections • A joué tous les matches dans leur ensemble, titulaire à l’aile droite. Aurélien Rougerie • Deuxième ligne • Béziers • 23 ans • 2 m • 114 kg • 6 sélections • A joué 3 matches, titulaire en deuxième ligne, contre l’Italie, contre Galles, remplacé à la 59 e minute, rentré à la 67 e contre l’Écosse. Thibaut Privat • Pilier • Narbonne • 22 ans • 1,80 m • 110 kg • 3 sélections • A joué 1 match, titulaire en pilier droit (Écosse), sorti à la 63 e minute, rentré contre l’Irlande à la 66 e . Jean-Baptiste Poux • Troisième ligne • Stade Français • 22 ans • 1,95 m • 105 kg • 3 sélections • A joué 3 matches, rentré en troisième ligne à la 79 e minute contre l’Angleterre, à la 77 e minute contre l’Écosse, à la 78 e minute contre l’Irlande. Rémy Martin • Talonneur • Gloucester (ANG) • 27 ans • 1,85 m • 115 kg • 8 sélections • A joué 2 matches, au talonnage, rentré à la 71 e minute contre l’Angleterre, à la 78 e minute contre l’Irlande. 32 Olivier Azam • Ailier • Montferrand • 26 ans • 1,80 m • 87 kg • 15 sélections • A joué 4 matches dans leur ensemble, titulaire à l’aile gauche (Italie, Angleterre, Écosse, Irlande) David Bory • Deuxième ligne • Stade Français • 28 ans • 2,01 m • 108 kg • 24 sélections • A joué 3 matches, titulaire en deuxième ligne contre l’Italie, sorti à la 59 e minute, contre l’Angleterre, sorti à la 60 e minute, rentré à la 75 e minute contre l’Irlande. David Auradou • Deuxième ligne • Northampton • 29 ans • 2,04 m • 120 kg • 54 sélections • A joué 4 matches, titulaire en deuxième ligne (Galles, Angleterre, Écosse, Irlande), sorti à la 75 e minute du match contre l’Irlande. Olivier Brouzet • Pilier • Agen • 33 ans • 1,80 m • 102 kg • 16 sélections • A joué tous les matches, titulaire pilier gauche, sorti à la 79 e minute contre Galles, à la 60 e contre l’Angleterre. Jean-Jacques Crenca • Arrière • Biarritz • 25 ans • 1,90 m • 87 kg • 5 sélections • A joué 4 matches en tant que titulaire à l’arrière (Galles, Écosse, Angleterre et Irlande), sorti à la 50 e minute contre l’Écosse. Nicolas Brusque • Troisième ligne • Pau • 22 ans • 1,92 m • 102 kg • 4 sélections • A joué 4 matches titulaire en troisième ligne (Galles, Angleterre, Écosse, Irlande), sorti à la 79 e minute du match contre l’Angleterre Imanol Harinordoquy • Ouvreur • Montferrand • 29 ans • 1,74 m • 77 kg • 17 sélections • A joué tous les matches dans leur ensemble, titulaire à l’ouverture, sorti à la 66 e du match contre l’Irlande. Gérald Merceron • Talonneur • Béziers • 27 ans • 1,78 m • 105 kg • 1 sélection • A joué 1 match au talonnage, rentré à la 66 e minute contre Galles. Sébastien Bruno • Centre • Montferrand • 29 ans • 1,86 m • 97 kg • 8 sélections • A joué tous les matches dans leur ensemble, titulaire au centre. Tony Marsh • Troisième ligne • Béziers • 29 ans • 1,98 m • 115 kg • 2 sélections • A joué 2 matches, titulaire en numéro 8 contre l’Italie, contre Galles, remplacé à la 69 e . Steven Hall • Troisième ligne • Montferrand • 24 ans • 1,87 m • 96 kg • 2 sélections • A joué 1 match, rentré en troisième ligne à la 69 e minute contre Galles. Alexandre Audebert • Deuxième ligne • Toulouse • 28 ans • 1,98 m • 110 kg • 66 sélections • A joué tous les matches, en deuxième ligne. Rentré à la 59 e contre l’Italie et contre Galles, à la 60 e contre l’Angleterre. Titulaire contre l’Écosse, remplacé à la 67 e . Titulaire contre l’Irlande. Fabien Pelous • Talonneur • Toulouse • 28 ans • 1,77 m • 97 kg • 3 sélections • A joué 1 match, titulaire au talonnage contre l’Italie, sorti à la 59 e . Yannick Bru • Troisième ligne • Biarritz • 28 ans • 1,82 m • 96 kg • 18 sélections • A joué tous les matches titulaire en troisième ligne, sorti à la 77 e minute du match contre l’Écosse. Serge Betsen • Demi de mêlée • Toulouse • 19 ans • 1,83 m • 78 kg • 4 sélections • A joué 1 match, titulaire à la mêlée, contre l’Italie, sorti à la 82 e minute. Frédéric Michalak • Arrière • Montferrand • 24 ans • 1,80 m • 86 kg • 2 sélections • A joué 2 matches, rentré à l’arrière contre l’Écosse à la 50 e , rentré à l’aile à la 78 e minute contre l’Irlande. Jimmy Marlu • Ailier • Toulouse • 25 ans • 1,85 m • 85 kg • 24 sélections • A joué 2 matches, rentré à l’aile à la 53 e contre l’Italie, titulaire à l’aile contre Galles. Xavier Garbajosa • Demi de mêlée • Castres • 22 ans • 1,70 m • 70 kg • 1 sélection • A joué 1 match à la mêlée contre l’Italie, rentré à la 82 e . Alexandre Albouy • Pilier • Bourgoin • 26 ans • 1,85 m • 104 kg • 4 sélections • A joué 2 matches, rentré en pilier gauche à la 79 e contre Galles, à la 60 e contre l’Angleterre. Olivier Milloud • Arrière • Toulouse • 20 ans • 1,90 m • 90 kg • 7 sélections • A joué 1 match, titulaire à l’arrière contre l’Italie, sorti à la 53 e minute. Nicolas Jeanjean • Agen • 23 ans • 1,80 m • 83 kg • 2 sélections • Demi d’ouverture • A joué 1 match à l’ouverture contre l’Irlande, rentré à la 66 e . François Gelez • Demi de mêlée • Béziers • 25 ans • 1,70 m • 75 kg • 11 sélections • A joué 3 matches, titulaire à la mêlée contre Galles, rentré à la 68 e minute contre l’Angleterre, à la 78 e minute contre l’Irlande. Pierre Mignoni • Pilier • Stade Français • 25 ans • 1,83 m • 115 kg • 17 sélections • A joué un match (Écosse), rentré en pilier droit à la 63 e minute. Sylvain Marconnet • Troisième ligne • Montferrand • 28 ans • 1,88 m • 96 kg • 52 sélections • A joué 4 matches titulaire en troisième ligne (Italie, Angleterre, Écosse, Irlande), sorti à la 78 e minute du match contre l’Irlande. Olivier Magne (Capitaine contre l’Italie) • Demi de mêlée • Stade Français • 33 ans • 1,80 m • 85 kg • 49 sélections • A joué 3 matches, titulaire à la mêlée et capitaine (Angleterre, Écosse, Irlande), sorti à la 68 e minute du match contre l’Angleterre et à la 78 e du match contre l’Irlande. Fabien Galthié Capitaine • Talonneur • Castres • 29 ans • 1,78 m • 101 kg • 52 sélections • A joué 4 matches, titulaire au talonnage (Galles, capitaine, sorti à la 66 e , Angleterre, sorti à la 71 e , Écosse), sorti à la 59 e minute du match contre l’Italie et à la 78 e minute du match contre l’Irlande. Raphaël Ibanez (Capitaine contre Galles) Les 33 acteurs du premier Grand Chelem à six nations Autour de l’entraîneur Bernard Laporte, le staff qui a accompagné le groupe France tout au long de ce Tournoi se compose de Jo Maso (manager général), Jean Dunyach (manager général adjoint), Lionel Rossigneux (attaché de presse), Jacques Brunel (entraîneur adjoint chargé des avants), Bernard Viviès (entraîneur adjoint chargé des lignes arrières), David Ellis (entraîneur chargé de la défense), Joël Dumé (conseiller arbitral), Thierry Hermerel (médecin), Daniel Servais (préparateur physique), Xavier Gousse (kinésithérapeute), Bertrand Pelletier (responsable vidéo), Hervé Didelot (intendant). PAGE 4 DIMANCHE 7 AVRIL 2002 ILS ONT DIT « Querêver demieux » G Olivier MAGNE (troisième ligne de l’équipe de France) : « C’est évi- dent, l’Irlande s’est située un ton en dessous de l’Angleterre. Contre les Irlandais, quelquefois, nous arrivions à mettre en place des choses que nous faisions à l’entraînement. Ce fut un match particulier. Nous avions tous pris la mesuredel’événement pour ter- miner en apothéose. Au sein de cette équipe, on sent qu’elle veut progres- ser. Maintenant, nous allons voir com- ment on peut encore avancer avec cette tournée au mois de juin et trois tests grandeur nature. » G Damien TRAILLE (centre de l’équipe de France) : « Quand on voit comment on travaille toute la semaine à l’entraînement, ça fait du bien si ça sourit. L’anpassé, à pareille époque, je me sentais bien loin de tout ça. Là, j’ai joué et gagné huit matches. Que rêver de mieux ? Tout va tellement vite. Si, l’anpassé, quelqu’unm’avait dit queje jouerais l’année suivante en équipe de France et que je ferais le Grand Che- lem, je lui aurais conseillé d’aller voir un médecin. Maintenant, le plus dur commence, car nous allons être atten- dus partout. » G Jean-Baptiste POUX (pilier de l’équipe de France) : « Quand je suis entré, je savais qu’au bout il y aurait une explosion de joie. C’est un rêve pour moi. Je n’imaginais pas que je pourrais partager une telle aventure. À dire vrai, à l’automne dernier, je ne pensais même pas être pris dans ce groupe. Désormais, il va falloir être constant. » G Fabien PELOUS (deuxième ligne del’équipedeFrance) : « Jecrois quela clé de la réussite, c’est que les joueurs ont envie de progresser, se sentent bien dans ce jeu efficace. Même si l’Angleterre a été un match très parti- culier, très dur, on a su prendre les autres comme il le fallait. Bon, c’est mon troisième Grand Chelem et cha- cun des trois a sa propre saveur, sa propre histoire. Les trois sont diffé- rents car les aventures humaines furent incomparables. Maintenant, nous allons avoir, jusqu’à la Coupe du monde, des objectifs permanents. » G Aurélien ROUGERIE (ailier de l’équipe de France) : « L’an passé, à la même époque, j’étais loin de l’équipe de France. Je pensais avant tout à gagner ma place à Montferrand. L’image forte que je retiendrai de ce Tournoi, c’est le plaquage de Betsen et de Milloud sur Quinnell, contre Galles, à cinquante centimètres de notre ligne debut. Maintenant, nous serons atten- dus partout. Cela ne me dérange pas. C’est bien ce que nous voulions : être bien placés dans le Nord, défier le Sud. » LES NOTES La rubrique « rugby » de L’Équipe a noté les joueurs de 0 à 10. FRANCE BRUSQUE ................................ 8 ROUGERIE ............................... 8 MARSH................................. 8,5 TRAILLE ................................ 7,5 BORY ....................................... 7 MERCERON ............................. 8 GALTHIÉ .................................. 8 HARINORDOQUY .................... 8 MAGNE................................. 7,5 BETSEN................................. 8,5 BROUZET .............................. 8,5 PELOUS ................................... 8 DEVILLIERS.......................... 7,5 IBANEZ .................................... 8 CRENCA................................ 8,5 IRLANDE DEMPSEY ................................ 6 HORGAN ................................. 6 O’DRISCOLL ............................ 6 HENDERSON ........................... 5 HICKIE ..................................... 6 HUMPHREYS ........................... 5 O’GARA ................................... 5 STRINGER............................. 6,5 FOLEY...................................... 5 D. WALLACE ............................ 6 GLEESON................................. 5 S. EASTERBY......................... 5,5 O’KELLY ............................... 5,5 LONGWELL .............................. 4 HAYES ..................................... 5 WOOD .................................. 5,5 CLOHESSY............................ 5,5 Les Français Azam, Poux, Auradou, Martin, Mignoni, Gelez et Marlu, ainsi que les Irlandais O’Connell et Paul Wallace, n’ont pas assez longtemps joué pour être notés. STADE DE FRANCE. – À l’instar de David Bory (balle en main), soutenu par Jean-Jacques Crenca (à gauche) et Nicolas Brusque, l’équipe de France a multiplié les percées au sein de la défense irlandaise. (Photo Richard Martin) LE JEUET LES JOUEURS Crencasur toutelaligne Présent dans le combat et offensivement surprenant, le pilier agenais s’est imposé dans tous les secteurs du jeu. STADE DE FRANCE – de nos envoyés spéciaux ON SERAIT PRESQUE tenté d’écrire qu’il n’y a pas eu de match, tant l’équipe de France a mis constamment sur le reculoir des Irlandais que l’on n’avait pas vus aussi résignés depuis longtemps. Mis à part une petite réac- tiond’orgueil aumilieude la deuxième période, qui coïncida avec un coup de mou tout à fait relatif des Français, jamais les Irlandais n’arrivèrent à riva- liser. Jamais ils ne trouvèrent de solu- tion pour reprendre la main dans cette partie qui, à aucun moment, n’échap- pa aux Tricolores, maîtres de la conquête, intraitables en défense et qui utilisèrent avec justesse la largeur du terrain pour promener la balle. Ce n’était pas du cache-ballon, mais plus exactement du montre-ballon. On comprit vite que les Irlandais ne seraient non seulement pas capables d’aller le chercher, ni d’aller le récupé- rer, à plus forte raison d’empêcher les Français de s’amuser avec. En panne d’agressivité, ils ne proposèrent aucune alternative et laissèrent aux Français le soin de prendre les initia- tives, qui n’eurent même pas à s’employer dans le combat frontal comme ils avaient été obligés de le faire contre les Anglais. Àprivilégier le jeu sur la largeur, à multiplier les courses, les Tricolores s’emballèrent même quelquefois et n’eurent pas besoin de se ménager. Et pour cause, les Irlandais n’eurent pratiquement aucun temps fort et les Français pas de temps franchement faible, ce qui n’entama pas leurs réserves énergé- tiques. Et ceux-ci ne prirent que rare- ment la peine de remettre quelques charges en plein dans l’axe pour consommer les défenseurs irlandais, ce qui ne les empêcha pas de créer de nombreux surnombres sur les exté- rieurs, où ils étaient attendus. Mais le jeu en attaque de la France est bien rodé autour de ses demis et de son demi de mêlée, Fabien Galthié, qui sut alterner avec pertinence, et d’une paire de centres qui inspira suffisam- ment de crainte pour avancer et construire les supériorités numé- riques. Et merveilleusement préparé dans l’arrière-boutiquequi, ici, se situe au niveau des avants. Rendez-vous compte que, pendant la première moi- tié de la deuxième période, les Irlan- dais ne passèrent la ligne médiane que deuxfois. Sur les deux coups de piedde renvoi qui suivirent le but de 31-8 de Gérald Merceron et sur le deuxième essai de Serge Betsen, pour 36-5. Maîtres du ballon, les Tricolores dépla- cèrent lejeuàleur guisepar delongues passes qui semèrent le trouble dans la réorganisationdéfensivedes Irlandais, souvent mise à mal. Ces longues passes leur posèrent de réels pro- blèmes et apportèrent le bénéfice espéré, puisque les cinq essais furent inscrits sur les extérieurs. Et, avec encore plus de rigueur dans la finition, il aurait puy en avoir aumoins deux ou trois autres. En définitive, on a vu une équipe de France compacte et confor- table. LES ARRIÈRES Que reprocher à BRUSQUE, qui fut impeccable dans toutes ses interven- tions. Les deux essais qu’il marque en bout de ligne sont la récompense de son implication en attaque. Et quelle présence en couverture défensive. DEMPSEY ne fut pas à la fête et il fut étonnamment absent. LES AILIERS Par sa puissance de course, ROUGE- RIE a montré qu’il était un véritable ailier de débordement. Ses interven- tions dans la ligne furent tranchantes et son replacement fut important sur les ballons joués profond au pied par les Irlandais. BORYintervint, comme il en a l’habitude, au cœur des attaques mais, poussé par son souci de rester dans leterrain, il oubliaenfindematch Traille sur sa gauche pour un essai imparable. HORGAN eut bien du mal à rester sur sa ligne tandis que HICKIE se retrouva esseulé sur ses montées en pointe. LES CENTRES La paire française sema le trouble en milieu de terrain. MARSH fut éton- nant par son aisance gestuelle et ses accélérations dans l’axe. TRAILLE fut lui aussi très présent en attaque. Et quelle défense ! Mais c’est dans le déblayage autour du porteur du ballon qu’ils furent le plus influents. Limités à un rôle défensif, O’DRISCOLL et HENDERSON passèrent inaperçus. LES OUVREURS Pendant plus d’une heure, MERCE- RON prouva qu’il avait la dimension des grands ouvreurs. Son jeu au pied fut excellent, son jeu de passes précis, sa défense sur l’homme très souvent renversante et son replacement effi- cace. GELEZ, qui le remplaça (64 e ), assura la continuité sans complexes. Deux percées plein champ et un repla- cement sans hésitation. Pressé par une défense agressive, HUMPHREYS fri- sa le scénario catastrophe et fut hési- tant dans tout ce qu’il entreprit. Rem- placépar O’GARA(50 e ), celui-ci nefut pas plus influent. LES DEMIS DE MÊLÉE Une nouvelle fois, GALTHIÉ fut le maître à jouer de l’équipe de France. Il contraria les ballons irlandais et sa défense sur Stringer fut très pesante. Offensivement, il alterna parfaitement les lancements pour ramener la défense près des regroupements. Son intervention au près, amenant l’essai de Rougerie, fut un modèle. Et quelle autorité dans le commandement. Sous un pressing constant, STRINGER ne fut pas à l’aise pour donner les bonnes orientations. LES NUMÉROS 8 HARINORDOQUY s’accommoda parfaitement du jeu de zone qui le confine souvent en bout de ligne, où ses changements d’orientation de course prirent souvent la défense à défaut pour rejouer dans l’axe. Son aisance en conquête dans les airs per- mit aux Français de varier les lance- ments de jeu à partir de ce secteur. FOLEY manqua de constance et de souffle en fin de rencontre. Peu envue. LES TROISIÈME LIGNE AILE Éclatant BETSEN. Deux essais à son actif viennent concrétiser sa présence en bout de ligne, mais c’est plein champ qu’il fut remarquable. Il fut un parfait accélérateur et bonifia les bal- lons. Et toujours le geste juste. MAGNE, dans un rôle de régulateur le longdelatouche, sut aussi seposition- ner pour intervenir au niveau de l’ouvreur. S’il toucha moins de ballons que Betsen, sa présence polarisa l’attention de la défense pour libérer des intervalles. David WALLACE comme Simon EASTERBY n’eurent pas le rayonnement habituel qui en font des accélérateurs d’attaque. Trop souvent dépassés par le rythme. LES DEUXIÈME LIGNE Rarement on avait vu BROUZET aussi actif dans le jeu offensif. Sollicité dans la seconde vague, il fut très pénétrant au cœur de la défense. Beaucoup de détermination. PELOUS fut, lui aussi, étonnant d’aisance en attaque, avec des percées de caractère, et fut com- plémentaire des sauteurs dans l’ali- gnement en touche. LONGWELL manqua de combativité, tandis que O’KELLY fut l’un des seuls avants irlandais à relever le défi physique. LES PILIERS Aujourd’hui, les piliers sortent de l’ombre et CRENCA fut sans doute celui qui illustra le mieux cette ten- dance. Présent dans le combat auprès, il plaça quelques plaquages détermi- nants. Mais c’est offensivement qu’il fut rayonnant, avec des interventions précises et un sens de l’attaque oppor- tun. Sur le premier essai de Brusque, il joua remarquablement pour fixer trois défenseurs et ménagea ainsi un inter- valle dans lequel s’engouffra l’arrière français. DE VILLIERS fut lui aussi dans le jeu de mouvement tout comme dans le combat. Pour CLOHESSY, remplacé par Paul WALLACE (63 e ), ce fut un véritable cheminde croix, tandis que Hayes, éprouvé par l’épreuve de force imposée par Crenca, fut bien terne dans le jeu dynamique. LES TALONNEURS Peud’erreurs sur les lancers, pour IBA- NEZ, que l’on retrouva très actif en attaque comme en défense. Lui aussi est à créditer d’un grand match. Le capitaine irlandais WOOD fut égal à sa réputation mais, à lui seul, il ne put sauver son équipe du naufrage collec- tif. Le Néo-Zélandais Paddy O’Brien fut plus undirecteur dejeuqu’unarbitreet il dirigea la rencontre plus en préven- tion qu’en sanction. C’est tout à son avantage. FRANCIS DELTÉRAL et SERGE TYNELSKI RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS –FRANCE- IRLANDE: 44-5 Noir Jaune Bleu Rouge 5 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e DIMANCHE 7 AVRIL 2002 PAGE 5 IRLANDE « Ilsétaient magnifiques» KEITH WOOD, le capitaine irlandais, a reconnu avec fair-play la nette supériorité des Bleus. Comme tous ses équipiers. ÉTRANGEMENT ABSENTS des débats, au point où le public de Saint-Denis a commencé à chanter « et ils sont où, et ils sont oùles Irlan- dais ? » en deuxième période, les Irlandais n’ont pas tenté de trouver des excuses à leur lourde défaite. Au contraire, ils se sont empressés de féliciter les Français pour la qualité RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS –FRANCE-IRLANDE : 44-5 Commeàl’entraînement Concentrée sur son plan de jeu, l’équipe de France a effectué son match le plus accompli offensivement. ILSAVAIENT DÉCIDÉ que ce serait « large, et encore large », et ce fut large, encore large, et Serge Betsen vint s’affaler derrière dans l’en-but irlandais après deux minutes et quinze secondes de jeu. Comme dans un rêve. Ou plutôt comme lors de ces séances de « shadow rugby » où, sur le terrain de Clairefontaine, Fabien Galthié et ses camarades ont inlassablement répété à petits pas et sans ballon les enchaînements choi- sis pour déstabiliser la défense du Trèfle. Héritiers de Clausewitz et du mime Marceau, guidés par Bernard Laporte, chorégraphe de ces ballets bleus où rien n’est laissé au hasard. « Ce match, nous l’avons gagné sur l’organisation », souligna Raphaël Ibanez. « En respectant notre struc- ture de jeu », renchérit Galthié. Il fut en effet un temps, pas si lointain, où trouver un troisième ligne aile en bout de ligne était la marque du génie français, le signe tangible de la permanence du « french flair ». Aujourd’hui, dans le rugby proposé par l’équipe de France, cela nerelève plus de l’improvisation mais de la stratégie. Endisséquant, jusqu’à s’en faire rou- gir les yeux, le jeu des Irlandais à la vidéo, Bernard Laporte et Jacques Brunel avaient identifié des fai- blesses dans leur replacement défensif avec des trois-quarts blo- qués sur une partie du terrain et des joueurs de première ligne contraints de couvrir les extérieurs. Dès lors, l’objectif tactique avait été résumé dans cette formule simple : « large et encore large ». Aller sur les exté- rieurs et revenir, faire l’essuie-glace en accéléré, et se servir de la vitesse des Aurélien Rougerie, David Bory, Nicolas Brusque, ou encore celle des deux « liberos »de latroisième ligne Olivier Magne et Serge Betsen pour déborder l’arrière-garde irlandaise. Et deux fois, comme à l’entraîne- ment, comme lors de ces répétitions à vide et au ralenti, le flanker biarrot n’eut qu’à accomplir quelques mètres de plus pour concrétiser les attaques françaises. De vraies prouesses techniques Ce n’était pas une première. Face aux Anglais, les Français avaient effectuétrente premières minutes de très haut niveau avec, pour récom- penser leur mainmise sur le jeu, deux essais, dont l’un, celui d’Imanol Hari- nordoquy, avait été, lui aussi, le fruit d’un mouvement dessiné au tableau noir par l’encadrement. Mais hier, face à une opposition certes plus faible, l’équipe de France a peut-être réalisé son match le plus accompli offensivement. Pas seule- ment parce qu’elle a offert cinq essais superbes et un final en apo- théose au public du Stade de France. Mais parce qu’elle a souvent réussi à mettre en place ce qu’elle travaille depuis trois mois, ce jeuprécis, inspi- ré, de l’Australie, où les joueurs se répartissent en « unités d’action » sur des zones particulières du ter- rain. Unsystème oùle demi de mêlée et le demi d’ouverture échangent fréquemment leurs rôles, avec un souci constant, celui d’accélérer sans cesse la course du ballon pour avoir toujours un temps d’avance sur la défense. « Notre jeu est encore très perfec- tible, mais cela commence à bien fonctionner, s’est réjoui Brunel. Lors de la première étape contre l’Italie, il s’agissait de trouver les positionne- ments entre trois-quarts et avants selon le cheminement du ballon. Mais, au départ, les joueurs allaient dans ces zones pour y aller, sans se préoccuper d’autre chose. Pour que cela soit efficace, il faut qu’il y ait au sein de ces groupes une complicité dans le jeu et une volonté commune d’attaquer cette zone. C’est ce qu’on a vu par moments aujourd’hui. » « Face aux Anglais, nous avions cherché à fragiliser leur défense en attaquant les endroits où elle se res- tructurait et en portant le ballon par- fois un peu trop loin, explique Iba- nez. Là, nous avons essayé de jouer debout pour un soutien, une fois entrés dans ladéfense, et nous avons parfois semé une grosse panique. » Par instants, le quinze de France offrit un véritable récital. Avec d’iné- vitables scories mais aussi de vraies prouesses techniques, des gestes justes parfois, signés Tony Marsh, Gérald Merceron, Damien Traille mais aussi Jean-Jacques Crenca, Pie- ter De Villiers, Raphaël Ibanez, l’étonnant trio de la première ligne. « Ce que réalisent ces trois-là sur le premier essai est monstrueux, s’enthousiasme Laporte. Ce qui est formidable, c’est l’adhésion des joueurs au système. Ils sont convain- cus du bien-fondé de ce qu’ils font. Aujourd’hui, nous avons unemarque de fabrique. C’est une nouveauté. Les techniciens appellent çaunfonds de jeu. Moi, j’appelle ça l’âme d’une équipe. » L’adhésion des Bleus au jeu proposé, elle se symbolise, par exemple, dans l’épanouissement d’un Crenca. « On se sent à l’aise dans ce jeu de zone, sourit le pilier agenais. C’est facile, rassurant, onsait le boulot que l’on a à faire. Et, à force de le travailler, ça commence à entrer dans le caillou. » Quelle métamorphose lorsque l’on songe au triste brouillon rendu contrel’Italie. « Mais contre l’Argen- tine dans deux mois, nous ne serons peut-être pas mieux que contre l’Ita- lie, conclut l’entraîneur des Bleus. Rien n’est acquis. Le match le plus dur, c’est celui qui est à venir. » Et il faudra aux Bleus encore de la sueur, du combat pour que leur jeu conti- nue de ressembler à du « shadow rugby », pour rendre une copie sans faute. ARNAUD DAVID STADE DE FRANCE. – Les Irlandais David Wallace et Dennis Hickie à l’intérieur, le Français Aurélien Rougerie à l’extérieur va vers l’essai. Sur toute la largeur du terrain, les Bleus ont parfaitement récité leur leçon. (Photo Richard Martin) de leur performance. « Ils étaients magnifiques aujourd’hui, lançait Keith Wood, le capitaine irlandais. Non seulement ils ont résolu leur vieux problème d’indiscipline, mais ils ont également trouvéunjeustruc- turé qui laisse encore de la place pour leur "flair" naturel. » Et son entraîneur Eddie O’Sullivan d’ajouter : « Les Français ont réussi unmatchremarquable, mais ce n’est pas quelque chose qui est arrivé du j our au l endemain. Cel a fai t quelques mois, depuis leurs victoires face à l’Afrique du Sud et l’Australie, qu’ils montent en puissance, et pour le monde entier c’est un mauvais présage de voir que les Français sont si forts àunanet demi dela Coupedu monde. » Battue en conquête, battue dans le jeu et peu inspirée les rares fois qu’elle avait le ballon entre les mains, l’Irlande n’était que l’ombre de l’équipe qui a battu l’Angleterre à Dublin en octobre dernier. Pour O’Sullivan comme pour Wood, l’importante supériorité française en conquête a pesé lourd dans la balance. « Nous n’avons pas eu beaucoup de ballons à négocier et, à ce niveau, il est difficile d’être com- pétitif si onn’apas le ballon », accor- dait O’Sullivan, dont le potentiel du paquet d’avants semble avoi r régressé nettement depuis le limo- geage de Warren Gatl and en novembre dernier. « Jamais dans le match » « Les Français sont très puissants, très physiques et très rapides et nous enavons souffert. Nous avons absor- bé beaucoup de pression, mais à cer- tains moments nous avons craqué. Les Français ont marqué très vite, et nous sommes parvenus à rebondir tout aussi vite, poursuit l’entraîneur. Mais, pendant de longues périodes de jeu, nous n’avons pu mettre les mains sur le ballon afin d’imposer notre jeu et les mettre sous pres- sion. » « Nous n’avons jamais vraiment été dans le match », concédait Keith Wood, qui avouait une grosse fati- gueàlafinde lapartie. « Nous avons été nettement battus par une équipe plus forte que la nôtre. Ils nous ont mis sous une grosse pression en mêlée et sous une pression immense en touche, résumait le talonneur irlandais. C’est une défaite doulou- reuse car nous savons tous que nous n’avons pas joué au niveau dont nous sommes capables. C’est un mauvais jour pour nous, nous avons perdu face à une très bonne équipe de France. Mais est-ceque celasigni- fie que nous avons rétrogradé sur la scène internationale ? » Les Irlandais peuvent au moins savourer le fait d’avoir remporté trois victoires à domicile au cours de ce Tournoi 2002, mais l’ampleur des deux défaites à l’extérieur (44-5 à Saint-Denis et 45-11 à Twickenham) est plus qu’inquiétante à quelques mois de leur tournée en Nouvelle- Zélande. « J’ai toujours dit que pour réussir contre les équipes comme la France ou la Nouvelle-Zélande il nous faut beaucoup de chance, concluait O’Sullivan. Et, quand la chance n’est pas de notre côté, comme aujourd’hui, lorsque les choses vont mal, elles vont très mal. » IAN BORTHWICK ILS ONT DIT G Christian CARRÈRE (capitaine lors du Grand Chelem 1968) : « Les Bleus voulaient la victoire. Pour l’atteindre, ils ont réussi un match exaltant. J’ai regardé la rencontre de chez moi, à Aix-en-Provence, mais je crois que l’ambiance a beaucoup fait pour eux. Même s’ils n’en avaient pas besoin. C’est un grand moment. Ce soir, je ne pourrai pas faire la fête avec euxmais les fêtes, jeles ai faites ôcom- bien quand j’avais leur âge. Et je crois qu’on était moins sages qu’eux. » G Jacques FOUROUX (capitaine lors duGrandChelem1977) : « Magni- fique ! Tout le rugby français peut dan- ser laCarmagnole. C’est un grandjour, tout a souri pour les Bleus : quel feu d’artifice ! Les Irlandais, mis à part le grand Wood, semblaient si ordinaires par rapport à nos joueurs. Seuls les grincheux pourraient émettre des réserves à ce Grand Chelem. Ils pour- raient nous rappeler les matches contre l’Italie et le pays de Galles que l’on aurait bien pu perdre. Mais je ne suis pas un grincheux, cette équipe de France mérite tant. Il faut savoir recon- naître les efforts fournis, le talent. » G Jean-PierreRIVES(capitaine lors du Grand Chelem1981) : « Comme je l’ai déjà dit, le rugby, c’est l’histoire d’un ballon avec des mecs autour. Une aventure humaine. Et cette équipe, elle possède des mecs formidables. Ce Grand Chelem leur appartient, à jamais. Qu’ils en profitent, qu’ils le savourent, qu’ils fassent la fête ! J’avais dit à Bernard Laporte cette semaine : “Vous avez fait le plus dur. Il vous reste maintenant le plus difficile à accomplir.” Aujourd’hui, ils ont été grands. On pouvait imaginer une vic- toire. De là prévoir une telle leçon… Au Stade de France, l’ambiance était magique. J’ai passé la moitié du match debout. Eh oui ! Toutes ces olas ! Je ne suis pas habitué, il faut se lever, ne pas briser l’harmonie. Je suis tellement content pour eux, pour Jo, Bernard, Fabien, etc. » G Daniel DUBROCA (capitaine lors du Grand Chelem 1987) : « Les Bleus se sont fait des souvenirs qui vont ani- mer leurs soirées pendant des années. Je savais avant de venir à Paris qu’ils allaient gagner. Mais pas avec cette manière, avec ce jeu à zéro déchet. Ce soir, tout le monde ne peut que fêter la performance. » G Abdelatif BENAZZI (capitaine lors du Grand Chelem1997) : « Je me suis vu cinq ans en arrière. Ce match m’a rendu nostalgique, de si belles images me sont revenues ! Mais ce n’est pas del’égoïsme. Jesuis ravi pour eux. Les Bleus ont récité un rugby par- fait, sans le moindre déchet. Les Irlan- dais n’ont pas existé. Excepté Wood, encore une fois impressionnant. » – C. Bo et Y. R. Noir Jaune Bleu Rouge 7 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e DIMANCHE 7 AVRIL 2002 PAGE 7 ITALIE - ANGLETERRE Puisqu’il faut jouer… Le dernier match du Tournoi s’apparente à un duel de déçus AUJOURD’HUI, 16 HEURES, AU STADE FLAMINIO A ROME ITALIE : Peens - Mazzucato, Stoica, Raineri, Dallan - (o) Dominguez, (m) Troncon - Phillips, Ber- gamasco, Persico - Giacheri, Bortolami - Pucciariello, Moscardi (cap.), De Carli. Entr. B. Johnstone et J. Kirwan ANGLETERRE : Robinson - Luger, Greenwood, Tindall, Cohen - (o) Wilkinson, (m) Bracken - Back (cap.), Hill, Moody - Kay, Grewcock - White, Thompson, Rowntree. Entr. C. Woodward. Arbitre : M. Lawrence (AFS) DIFFICILE DE TROUVER un intérêt sportif au match qui clôture ce Tournoi des VI Nations version 2002. Après le triomphefrançais contre l’Irlande, et le Grand Chelemqui va avec, les Anglais sont condamnés à rester scotchés à unedeuxièmeplaceforcément endeçà de leurs ambitions. Quant aux Italiens, on les voit mal échapper à une deu- xième cuillère de bois d’affilée, eux qui en trois participations n’affichent qu’une seule victoire, lors de leur pre- mier match dans le Tournoi, contre l’Écosse en 2000 (34-20). Si, comme il est fort probable, les hommes de Woodward viennent à bout de leurs hôtes dujour, ils n’auront pas fini de ruminer leur désillusion du Stade de France (victoire française 20-15) un certain soir de mars. Leur seul faux pas du Tournoi, mais un de trop… Néanmoins, l’Angleterre se présentera cet après-midi au Flaminio avec son équipe-type, exceptés Phil Vickery, blessé, et le deuxième ligne et habituel capitaine, MartinJohnson. De retour de suspension, la terreur de Lei- cester se contentera d’un rôle de rem- plaçant – aux côtés du revenant Dalla- glio –ce qui ne manque pas de susciter les commentaires intrigués de la presse anglaise. Côté italien, le pilier Perugini est sus- pendu pendant 20 semaines après son coupde tête sur le demi demêlée irlan- dais Stringer à Lansdowne Road, voici deux semaines. Mais, plutôt que sur un hypothétique exploit transalpin, l’attention des médias de la Botte se porte sur l’entraîneur néo-zélandais Brad Johnstone, contesté de toutes parts et qui pourrait disputer aujourd’hui son dernier matchà la tête des Transalpins.– N. S. GALLES - ÉCOSSE : 22-27 L’Écossegagne lechassé-croisé Les joueurs au Chardon ont empoché la victoire dans les arrêts de jeu. GALLES - ÉCOSSE : 22-27 (9-15) Temps beau et frais. Bonne pelouse. 74 500 spectateurs environ. Arbitre : M. Jutge (FRA). Galles : 1 E, R. Williams (46 e ) ; 5 B (8 e , 14 e , 16 e , 62 e , 78 e ), 1 T, S. Jones. Écosse : 2 E, Bulloch (18 e , 29 e ) ; 5 B, Laney (40 e + 3, 59 e , 75 e , 80 e ), Hodge (84 e ) ; 1 T, Laney (29 e ). Évolution du score : 3-0, 6-0, 9-0, 9-5, 9-12, 9-15 (mi-temps), 16-15, 16-18, 19-18, 19-21, 22-21, 22-24, 22-27. GALLES : K. Morgan – R. Williams, M. Taylor, Marinos (I. Harris, 44 e ), C. Morgan (D. James, 72 e ) – (o) S. Jones, (m) Howley (Peel, 67 e ) – M. Williams, Charvis (cap.), Budgett (G. Tho- mas, 41 e ) – A. Moore (Wyatt,13 e ), Gough – Anthony, B. Williams (McBryde, 44 e ), I. Tho- mas (S. John, 58 e ). Entr. : S. Hansen. ÉCOSSE : Laney (Hodge, 83 e ) – Logan (Met- calfe, 61 e ), McLaren, J. Leslie, C. Paterson – (o) Townsend, (m) Redpath (cap.) – Poun- tney, S. Taylor, M. Leslie (Petrie, 72 e ) – J. White (Grimes, 58 e ), S. Murray – Stewart (Graham, 41 e ), Bulloch, T. Smith. Entr. : I. McGeechan. L’ÉCOSSE a terminé son Tournoi par un second succès, obtenu sur le fil. Les Gallois prenaient pourtant l’initiative d’entrée, sur trois pénalitésde Stephen Jones. Les Écossais réagissaient et marquaient deux essais en onze minutes grâce à Bulloch. Toutefois, Laney permettait à l’Écosse de mener 15-9 à la pause. Après l’essai gallois signé Rhys Williams, le chassé-croisé se poursuivait jusque dans les ultimes minutes, lorsque Laney puis Hodge donnaient un avantage définitif aux Écossais. Le demi de mêlée gallois Robert Howley, sorti à la 67 e minute, a terminésabelle carrièreinternationale sur une triste note. RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS - FRANCE - IRLANDE: 44–5 « Championsd’Europe! » BERNARD LAPORTE, l’entraîneur du quinze de France, tenait à battre toutes les équipes du Tournoi. Il s’est montré ponctuel. Comme toujours. Flanqué de Fabien Galthié, son capitaine et relais. Depuis l’estrade où il était ins- tallé, Bernard Laporte a apprécié l’hommage rendu par une salle de presse bondée et généreuse en applaudissements. L’entraîneur du quinze de France a alors exprimé sa joie et sa fierté de diriger une équipe de France dont il a mesuré les pro- grès constants depuis neuf mois. « Je vais être bref ce soir », avait-il prévenu à son entrée. Trente minutes après, il répon- dait encore à toutes les questions. « QUELS SENTIMENTS vous habitent après ce Grand Che- lem conclu en beauté ? – C’est un instant de bonheur, un moment merveilleux. Nous avons battu les cinq meilleures équipes d’Europe qui se sont présentées face à nous et nous sommes aujourd’hui champions d’Europe. Voilà, c’est simple et c’est très fort en même temps. Avec les joueurs, on parle souvent de l’importance de faire la promotion de notre sport, ça nous tient à cœur. Et avant la Coupe du monde de football, qui va être énorme au plan de la médiatisation, il était important que le rugby ne se fasse pas oublier. C’est bien parce qu’il faut marquer les mémoires, ne pas penser qu’à nous. Il faut exciter les jeunes, les inciter à venir au rug- by, qui est un sport extraordinaire. – Que vous inspire la manière d o n t v o u s a v e z ba t t u l’Irlande ? – J’avoue qu’enplus d’avoir dominé un adversaire du calibre de l’Irlande, je suis très heureux qu’on y soit par- venus sur un score aussi large, alors que c’était annoncé comme un match décisif, générateur de pres- sion. Ça, c’est la marque de fabrique d’une grande équipe. Quant aujeu, il y a eu de bons enchaînements, une bonne gestion de nos temps faibles et j’ai aussi apprécié ces longues séquences qui ont déstabilisé la défense irlandaise après quatre ou cinq temps de jeu. – Est-ce la preuve que les joueurs ont pleinement inté- gré ce que vous leur demandez au plan tactique ? – Oui. Le plus important pour moi, c’est que cette équipe a une âme, ce que les grands techniciens appellent un fonds de jeu. Les joueurs savent ce qu’ils font et pourquoi ils le font. Ils ne sont pas de simples consom- mateurs. Je leur dis souvent que s’ils ne veulent pas faire telle chose, on peut changer. Nous, le staff tech- nique, nous avons des convictions en matière de jeu, mais il faut une adhé- sion complète des acteurs. Et en équipe de France, c’est le cas. Per- sonne ne se pose de question sur le plan de jeu qui a été décidé, que ce soit sur le plan offensif ou défensif. Cette équipe ne panique pas, elle sait oùelleest, bienenplace. Chacun reste bien à son poste pour que le bateau ne chavire pas. – Dans quel état d’esprit s’est déroulé l’avant-match ? – Vendredi en arrivant à l’hôtel, à Paris, il y avait beaucoup de décon- traction. J’ai dit aux joueurs : “J’espère que c’est de la sérénité.” Et, après coup, je me rends compte que c’était le cas. L’époque où on se tapait la têtecontre les murs des ves- tiaires, outu chopais unmec qui sou- riait enlui disant : “T’y es pas dans la t r onche”, el l e es t r évol ue. Aujourd’hui, l’équipe de France est formée de gens responsables qui assument leurs statuts, leurs rôles. – Depuis quinze jours, vous refusiez d’évoquer le Grand Chelem. Maintenant qu’il est réalisé, goûtez-vous pleine- ment sa saveur ? – Sincèrement, le Grand Chelem, ça ne me fait rien. Je l’ai dit aux joueurs avant le match, on l’aurait appelé “mon c...”, c’était pareil. Je voulais qu’on batte l’Irlande et que l’on soit les meilleurs d’Europe. Moi, je me souviens des joueurs, des capitaines qui ont fait le Grand Chelem, pas de ceux qui entraînaient et heureuse- ment. Les joueurs sont entrés dans la légende et s’en souviendront à vie. Quand l’un d’entre nous partira, les autres se retrouveront et diront : “C’ est bi en ce qu’ on a f ai t ensemble.” C’est ça la vie, elle est simple et il ne faut pas la torturer. Quant à moi, le jour où je mourrai, je me dirai : “J’ai été entraîneur d’une équipe qui a fait le Grand Chelem et c’était de bons mecs.” Ça c’est important. – C’est votre première grande joie comme entraîneur natio- nal ? – Oui, mais ce qui m’agace, c’est que je vais les quitter, qu’ils vont ren- trer dans leurs clubs et qu’on ne va pas se revoir avant deux mois. On vit tellement bien avec cette équipe que… (Il s’arrête, visiblement ému.) C’est difficile à dire, c’est c... à dire aussi mais il y a une telle complicité qui unit les joueurs de cette équipe de France que quand tu es le coach, c’est la plus belle chose qui puisse t’arriver. Ils sont souriants, enthou- siastes, passionnés. Quand Fabien (Galthié) me dit aux vestiaires : “Ber- nard, on ne peut pas se quitter comme ça, il faut qu’on mange ensemble dimanche midi”, c’est la plus belle des réussites. Cette semaine, j’ai lu dans L’Équipe une phrase de Jean-Pierre Rives : “Le Grand Chelem, c’est l’histoire d’un ballon et de mecs autour. Quand il n’y a plus le ballon, il reste les hommes. C’est-à-dire l’essentiel.” Il a tout résumé. – Depuis neuf mois et la tour- née en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande, on a tout de même la sensation que le quinze de France a parcouru beaucoup de chemin ? – On est partis là bas avec une sorte de petit pari en responsabilisant quatre mecs : Fabien Galthié, Raphaël Ibanez, Olivier Brouzet et Olivier Magne. Ils se sont comportés comme de vrais leaders et un groupe est né, des fondations solides ont été posées. Puis, à l’automne, sont venus se greffer d’autres joueurs comme Damien (Traille), Tony (Marsh) ou Aurélien (Rougerie) et même Nicolas (Brusque) en début de Tournoi. À l’automne, on a posé quelques banderilles et de sortie en sortie, on a progressé. L’apport de ces éléments nous a permis de fran- chir un palier et de pratiquer un jeu ambitieux. Je veux bien que l’on nous attribue un seul mérite, c’est celui d’avoir sélectionné ces joueurs- là. – Vous avez vraiment senti cette progression, étape par étape ? – (Il énumère.) Depuis novembre, on est montés crescendo. En novembre, on commence par l’Afrique du Sud, sans vraiment créer quelque chose. On est solide en défense, onexploite biendes ballons de récupération. L’Australie la semaine suivante, on n’atteint pas le zénith, il faut le reconnaître. Après, les Fidjiens, sans leur faire injure, ce n’était pas le même niveau. Puis arrive le Tournoi. On attaque par l’Italie, sans Fabien (Galthié), blessé, ni Raphaël (Ibanez), remplaçant. Là encore, sans faire inj ure aux hommes en place ce jour-là, on débute timidement, on déjoue pen- dant une mi-temps parce que l’expé- rience et le vécu ne s’improvisent pas. Ensuite, au pays de Galles, on mène bien notre affaire et on s’effondre la dernière demi-heure. – Puis arrive l’Angleterre… – L’apothéose. On fait exactement ce que l’on avait décidé de faire. Ensuite, on va en Écosse, un bon match où l’on a la mainmise sur le jeu. – Comment voyez-vous l’ave- nir ? – Déjà, on va savourer ce Tournoi. Puis, on va préparer la tournée en Argentine et en Australie. On partira avec de grandes ambitions. » HAMID IMAKHOUKHENE STADE DE FRANCE. – Bernard Laporte a salué les Irlandais dépités (il serre la main d’O’Kelly devant Wood) avant de rendre hommage à ses joueurs : « Une telle complicité unit cette équipe de France que, quand tu es le coach, c’est la plus belle chose qui puisse t’arriver. » (Photo Marc Francotte) ILS ONT DIT G Thomas CASTAIGNÈDE (un matchlors duGrandChelemde 1997) : « C’est absolument fabuleux ! Bravo, bravo, encore bravo ! J’étais au Stade de France cet après-midi, et je viens d’atterrir à Londres. Devinez avec qui j’ai discuté dans l’avion ? Avec Rob Henderson, le centre irlandais. Je crois qu’il doit assister ce dimanche à un mariage ; alors il a pris sa douche vite fait après le match, et il a filé illico à l’aéroport. Il n’a pas arrêté de dire : “Fucking Frenchies ! Fucking Fren- chies !” J’étais plié… Grâce à ce Grand Chelem, je ne me ferai pas chambrer à Saracens par mes coéqui- piers. C’est nous les champions d’Europe ! » G Frédéric MICHALAK (demi de mêlée lors du premier match du Tour- noi contre l’Italie) : « Qu’est-ce que vous voulez que je raconte ? Je suis heureux pour mes potes, ils ont domi- né les Irlandais dans tous les secteurs. C’était impressionnant à voir ! Je n’ai pas pu retenir une larme de chagrin. J’aurais puy êtreàcematch. Il mereste beaucoup à travailler pour revenir à leur hauteur. Ce groupe s’éclate, s’amuse, il n’est pas étonnant que les résultats suivent. » I HARINORDOQUY ÉMOUSSÉ.– Gag de la fin d’après-midi, Thierry Her- merel, le médecin du XV de France, racontait un léger malaise d’Imanol Harinordoquy dans les douches. Le Basque, incommodé par la mousse déversée par litres, comme dans une boîte de nuit, a eu un léger malaise. Seul « martyr » de la rencontre, il por- tait, à l’orbite gauche, les stigmates de sa chute sur le carrelage. I LES FÉLICITATIONS DU PRÉSI- DENT.–Jacques Chirac, qui a ouvert, hier, son meeting à Schoelcher (Marti- nique) en disant « un très grand bravo à l’équipe de France de rugby » , a envoyé un message de félicitations à BernardLaporte. « Jevous remercie de transmettre mes plus chaleureuses et admiratives félicitations à chacun de vos joueurs. Quelques mois après votre inoubliable parcours lors des tests-matches contre l’Afrique du Sud, l’Australie et les Fidji, vous concluez ce tournoi en apothéose. C’est un très gros succès, un de plus, pour votre groupe et le sport français » . Noir Jaune Bleu Rouge 8 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e PAGE 8 DIMANCHE 7 AVRIL 2002 RUGBY TOURNOI DES SIXNATIONS Unexploit encinqtemps De l’Italie à l’Irlande, les joueurs racontent les moments forts de chacun de leurs matches gagnants. FRANCE-ITALIE : 33-12. – Le 2 février au Stade de France, Damien Traille marque le premier essai français contre l’Italie : « Cet essai est mon premier sous le maillot de l’équipe de France, c’est donc une très grosse satisfaction. D’autant plus grande qu’il intervient alors que nous étions en difficulté (menés 9-12) en fin de première mi-temps. Une fois que j’ai pris le trou, je n’ai pensé qu’à une chose : conserver le ballon. » (Photo Pascal Rondeau) GALLES - FRANCE : 33-37. – Le 16 février au Millennium Stadium de Cardiff, à quelques minutes de la fin du match, De Villiers, Milloud et Betsen empêchent Scott Quinnell de marquer : « Je vois Pieter et Olivier le plaquer, se rappelle Betsen, et je me dis qu’il faut absolument que je place ma main sous le ballon et j’ai réussi. Je me demande encore comment j’ai fait ! » (Photo Denys Clément) FRANCE-ANGLETERRE : 20-15. – Le 2 mars, au Stade de France, Serge Betsen, fer de lance de la défense française, empêche Wilkinson, par son pressing, de lancer le jeu anglais : « Toute la troisième ligne a fait, ce jour-là, du bon boulot. J’ai souvent fait tomber Wilkinson, et ça l’a perturbé énormément. En revoyant le match, j’ai vu qu’il avait changé certaines attitudes, en jouant notamment bien plus loin de la ligne d’avantage. » (Photo Didier Fèvre) ÉCOSSE-FRANCE : 10-22. – Le 16 mars à Murrayfield, Fabien Galthié inscrit le troisième et dernier essai français : « Quand je plonge dans l’en-but, je sais que ça fait 20 à 3 et, dans ma tête, j’ai l’impression qu’on va gagner le match. Je me rappelle voir Laney arriver en travers, j’amorce alors un crochet inté- rieur, làjelevois dans l’incertitudeet jefileextérieur. » (PhotoRichardMartin) FRANCE-IRLANDE : 44-5. – Le 6 avril à Saint-Denis au Stade de France, Nicolas Brusque inscrit deux essais, alors qu’il n’en avait encore jamais marqué en Bleu. Il raconte le premier : « Après un renversement d’attaque, Crenca fixe un défenseur, passe à Merceron qui me donne la balle. J’ai un deux contre un à jouer avec David Bory. L’ailier adverse décide de le suivre et le trou s’ouvre devant moi. Ensuite je fixe la ligne et ne pense qu’à ça. » (Photo Nicolas Luttiau) LES MATCHES DE L’ÉQUIPE DE FRANCE LE 2 FÉVRIER À SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE FRANCE - ITALIE : 33-12 (19-12) Temps doux et ensoleillé. Bonne pelouse. 62 000 spectateurs environ. Arbitre : M. Lewis (IRL). FRANCE : 2 E, Traille (40 e + 1), Betsen (84 e ) ; 7 B (8 e , 36 e , 39 e , 40 e + 4, 44 e , 59 e , 76 e ), 1 T (40 e + 2), Merceron. ITALIE : 4 B (2 e , 9 e , 20 e , 25 e ), Dominguez. Remplacements temporaires. – Italie : Lo Cicero par De Carli (29 e -31 e ), Pedrazzi par Mi. Bergamasco (47 e -50 e ). Cartons jaunes. – France : Auradou (23 e ). Italie : Checchinato (35 e ), Bortolami (44 e ), Phillips (55 e ), Dominguez (62 e ). Évolution du score : 0-3, 3-3, 3-6, 3-9, 3-12, 6-12, 9-12, 16-12 (mi-temps), 19-12, 22-12, 25-12, 28-12, 33-12. FRANCE : Jeanjean (Garbajosa, 53 e ) – Rou- gerie, Marsh, Traille, Bory – (o) Merceron, (m) Michalak (Albouy, 82 e ) – Magne (cap.), Hall, Betsen – Privat, Auradou (Pelous, 59 e ) – de Villiers, Bru (Ibanez, 59 e ), Crenca. Entraîneur : B. Laporte. ITALIE : Vaccari (Mi. Bergamasco, 72 e ) – Pedrazzi, Martin, Stoica, Dallan – (o) Domin- guez, (m) Troncon – Ma. Bergamasco (Persi- co, 82 e ), Philipps, Bortolami – Dellape (Gia- cheri, 78 e ), Checchinato – Muraro (Moreno, 57 e ), Moscardi (cap.), Lo Cicero (De Carli, 57 e ). Entraîneur : B. Johnstone. LE 16 FÉVRIER À CARDIFF, STADE DU MILLENNIUM GALLES - FRANCE : 33-37 (19-24) Temps beau et frais. Bonne pelouse. 72 500 spectateurs envi ron. Arbitre : M. McHugh (IRL). GALLES : 3 E, C. Quinnell (9 e ), Budgett (58 e ), K. Morgan (78 e ) ; 4 B (1 re , 30 e , 33 e , 38 e ), 3 T, S. Jones. FRANCE : 3 E, Marsh (26 e , 35 e ), Rougerie (41 e ) ; 5 B, Traille (4 e ), Merceron (22 e , 40 e + 1, 48 e , 70 e ) ; 1 D (32 e ), 2 T (35 e , 41 e ), Merceron. Carton jaune. - Galles : S. Quinnell (40 e + 1, brutalité sur Brusque). Évolution du score : 3-0, 3-3, 10-3, 10-6, 10-11, 13-11, 13-14, 16-14, 16-21, 19-21, 19-24 (mi-temps), 19-31, 19-34, 26-34, 26-37, 33-37. FRANCE : Brusque – Rougerie, Marsh, Traille, Garbajosa – (o) Merceron, (m) Mignoni – Harinordoquy, Hall (Audebert, 69 e ), Betsen – Privat (Pelous, 59 e ), Brouzet – De Villiers, Iba- nez (cap.) (Bruno, 66 e ), Crenca (Milloud, 79 e ). Entraîneur : B. Laporte. GALLES : K. Morgan – James, Shanklin, Mari- nos (R. Williams, 71 e ), C. Morgan – (o) S. Jones, (m) Howley – Budgett, S. Quinnell (cap.), M. Williams – Moore, C. Quinnell (Gough, 67 e ) – Anthony, McBryde (B. Wil- liams, 52 e ), John (D. Jones, 49 e ). Entraîneur : S. Hansen. LE 2 MARS À SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE FRANCE - ANGLETERRE : 20-15 (17-7) Temps gris et froid. Pelouse en bon état. 79 502 spectateurs. Arbitre : M. Watson (AFS). FRANCE : 2 E, Merceron (10 e ), Harinor- doquy (19 e ) ; 2 B (37 e , 59 e ), 2 T, Merceron. ANGLETERRE : 2 E, Robinson (40 e + 6), Cohen (80 e + 6) ; 1 B (42 e ), 1 T (40 e + 6), Wilkinson. Remplacements temporaires. – France : Betsen par Martin (58 e -64 e ). Angle- terre : Back par Corry (48 e -55 e ). Évolution du score : 7-0, 14-0, 17-0, 17-7 (mi-temps), 17-10, 20-10, 20-15. FRANCE : Brusque – Rougerie, Marsh, Traille, Bory – (o) Merceron, (m) Galthié (cap.) (Mignoni, 68 e ) – Magne, Harinordoquy (Mar- tin, 79 e ), Betsen – Brouzet, Auradou (Pelous, 60 e ) – De Villiers, Ibanez (Azam, 71 e ), Crenca (Milloud, 60 e ). Entraîneur : B. Laporte. ANGLETERRE : Robinson – Healey, Green- wood, Tindall (Paul, 39 e ), Cohen – (o) Wilkin- son (Luger, 74 e ), (m) Bracken – Back, Wors- ley (Corry, 60 e ), Hill – Kay (Grewcock, 74 e ), Johnson (cap.) – Vickery, Thompson (West, 74 e ), Rowntree (Leonard, 74 e ). Entraîneur : C. Woodward. LE 23 MARS À ÉDIMBOURG, MURRAYFIELD ÉCOSSE - FRANCE : 10-22 (3-10) Temps doux. Pelouse grasse. 62 500 specta- teurs. Arbitre : M. Rolland (IRL). ÉCOSSE : 1 E, Redpath (55 e ) ; 1 B (7 e ), 1 T, Laney. FRANCE : 3 E, Marsh (17 e , 42 e ), Galthié (47 e ) ; 1 B (31 e ), 2 T (17 e , 47 e ), Merceron. Évolution du score : 3-0, 3-7, 3-10 (mi- temps), 3-15, 3-22, 10-22. FRANCE : Brusque (Marlu, 50 e ) – Rougerie, Marsh, Traille, Bory – (o) Merceron, (m) Gal- thié (cap.) – Magne, Harinordoquy, Betsen (Martin, 77 e ) – Pelous (Privat, 67 e ), Brouzet – Poux (Marconnet, 63 e ), Ibanez, Crenca. Entraî- neur : B. Laporte. ÉCOSSE : Laney – Metcalfe, McLaren (Logan, 79 e ), J. Leslie, Paterson – (o) Townsend, Red- path (cap.) – Pountney, Taylor, M. Leslie – White, Murray (Grimes, 63 e ) – Stewart (Gra- ham, 61 e ), Bulloch (Russell, 67 e ), Smith. Entraîneur : I. McGeechan. LE 6 AVRIL À SAINT-DENIS, STADE DE FRANCE FRANCE - IRLANDE : 44-5 (28-5) Beau temps, vent tourbillonnant. Pelouse en bon état. 78 000 spectateurs environ. Arbitre : M. O’Brien (NZL). FRANCE : 5 E, Betsen (3 e , 58 e ), Brusque (27 e , 79 e ), Rougerie (32 e ) ; 5 B, Merceron (13 e , 23 e , 38 e , 48 e ), Gelez (78 e ) ; 2 T, Merceron (3 e , 32 e ). IRLANDE : 1 E, Wood (11 e ). Évolution du score : 7-0, 7-5, 10-5, 13-5, 18-5, 25-5, 28-5 (mi-temps), 31-5, 36-5, 39-5, 44-5. FRANCE : Brusque – Rougerie, Marsh, Traille, Bory (Marlu, 78 e ) – (o) Merceron (Gelez, 66 e ), (m) Galthié (cap.) (Mignoni, 78 e ) – Magne (Martin, 78 e ), Harinordoquy, Betsen – Brouzet (Auradou, 75 e ), Pelous – De Villiers (Poux, 66 e ), Ibanez (Azam, 78 e ), Crenca. Entraîneur : B. Laporte. IRLANDE : Dempsey – Horgan, O’Driscoll, Henderson, Hickie – (o) Humphreys (O’Gara, 50 e ), (m) Stringer – D. Wallace (Gleeson, 50 e ), Foley, S. Easterby – O’Kelly, Longwell (O’Connell, 66 e ) – Hayes, Wood (cap.), Clo- hessy (P. Wallace, 64 e ). Entraîneur : E. O’Sulli- van. Retrouvez les résultats en page 21 Uncapitaineet dessoldats Fabien Galthié aura été le chef de file intérimaire d’une équipe qu’il a su mettre calmement en confiance. Nous avons fait parler tout aulong de cette semaine les six capitaines des précédents Grands Chelems : Christian Carrère (1968), Jacques Fouroux (1977), Jean-Pierre Rives 1981), Daniel Dubroca (1987), Abdelatif Benazzi (1997) et Raphaël Ibanez(1998). Depuishier, leder- nier mot revient forcément à Fabien Galthié. LES MICROS TENDUS l’interrogent sur ses émois intérieurs, lui parle de « destin » et évoque une boucle qui se serai t boucl ée. La bouscul ade ambiante le somme de livrer ses senti- ments, lui évoque la parabole de la vie. Insensible aux solliciations exté- rieures, enfermé dans ses pensées, Fabien Galthié parle et reparle de ce Grand Chelem comme un « juste retour des choses ». Curieux et presque inattendu, à 33 ans. « En 1997, pour le premier match du Tour- noi des CinqNations, face à l’Irlande, à Dublin, je m’étais gravement blessé au genou – rupture des ligaments posté- rieur et interne du genou droit – et j’avais mis dix mois pour m’en remettre. J’avais été privé du Grand Chelem. Je trouve cocasse que le hasard m’ait rattrapé cinq ans plus tard. Et qu’il m’ait proposé de réaliser un autre Grand Chelem face à l’Irlande… » Imperméable aux invitations à se livrer et à s’épancher, Fabien Galthié parle donc de cette consécration tardive comme s’il s’agissait, d’abord, d’un heureuxconcoursde circonstances. Du mariage réussi de la « chance, de la destinée, des hommes et de la volonté de réussir… »Cet aveu balbutié cache une sorte d’amnésie volontaire, pour se protéger des phrases à l’emporte- pièce . « Un Grand Chelem, cela se savoureavec durecul. Les odeurs et les sensations doivent monter peu à peu, au fur et à mesure que le temps passe. Lorsque des années se seront écou- lées, peut-être que je me souviendrai d’un regard ou d’une attitude en parti- culier. C’est quand le vent a tout lavé que l’essentiel apparaît alors. Un tel succès prend toute sa dimension quand le rêve s’installe et permet de construire de belles choses…» Peut-être Fabien Galthié aura-t-il, enfin, la douce certitude que ce Grand Chelem a bien été enfanté, par mégarde, « l’été dernier, durant ces moments d’isolements que nous avons vécus lors de notre tournée en Afrique du Sud et en Nouvelle- Zélande. D’où l’un des points forts de cetteéquipe : les joueurs qui la compo- sent sont heureux d’être ensemble…» Peut-être réussira-t-il à donner encore plus de signification à la victoire face à l’Angleterre, le 2 mars (20-15). « Quand nous avons compté 17 points d’avance au bout de 20 minutes de jeu et que j’ai ressenti une forme de pléni- tude, de bonheur. Avoir soudain la sensation que nous étions tous sur la même longueur d’ondes face à une équipe aussi terrifiante que l’Angle- terre avait quelque chose de très intense. » Ce jour-là, le succès obtenu, par les Français aura été une onde de choc à double détente. L’essai inscrit par Imanol Hardinordoquy, à la 19 e minute de jeu, est, tout d’abord, un modèle d’adaptation tactique. Avec, au départ de l’action, dans les vingt- deux mètres anglais, Merceron en position de demi de mêlée et Galthié dans le rôle de l’ouvreur. Cette permu- tation des rôles réussie, cette capacité à sortir des sentiers battus du jeu, font dire au capitaine de l’équipe de France que « cette équipe-là a désormais des certitudes. On avait misé sur la défense, mais il y a eu un parfait équi- libre entre attaque et défense, entre notre investissement collectif et notre capacité à rester lucide. » Le retour aux affaires Cette rencontre très achevée marque également untournant dans la réparti- tion des rôles au sein du groupe. Elle coïncide avec le retour aux affaires du « patron » forfait de nuit à quelques jours de la rencontre face à l’Italie en raisond’une entorseaugenoudroit. Le 2 février, pour l’ouverture du Tournoi, c’est assis dans les tribunes du Stade de France que Fabien Galthié assiste à la pénible victoire des Français (33-12) et aux débuts ratés de Frédéric Micha- lak derrière la mêlée. « J’étais dans les virages avec Titou Lamaison et Marc Lièvremont et je m’étais mis dans la peau d’un spectateur. Je n’ai pas fait de détour dans les vestaires, ni avant, ni après le match. Et je n’ai pas trop fait attention aux commentaires qui ont suivi. J’avais décidé de me détacher de l’événement…» Moins adepte de la langue de bois et incapable de taire sa colère, Bernard Laporte aura des mots plus durs pour qualifier la performance de son équipe. Il avouera crûment « s’être fait chier » au vu d’une ren- contre sans envergure. Quant à Olivier Magne, promu capitaine par intérim, il marchera sur la tête de l’Italien Denis Dallan et écopera de 23 jours de sus- pension… Quinze jours plus tard, à Cardiff, au Pays de Galles, Fabien Galthié est tou- jours en délicatesse avec son genou, Michalak est aux oubliettes et Pierre Mignoni à la baguettederrière unpack au sein duquel Ibanez reprend du galon. « Cette fois-ci, j’étais derrière les buts et pas bien placé pour voir le match, mais duboncôté, làoùles deux essais inscrits, dans les dernières minutes de jeu, par Scott Quinell et DafydJames avec recours à la vidéo. Je ne voulais pas être un absent trop pré- sent. Je me suis donc interdit de porter le moindre jugement et d’aller dans les vestaires… » L’étroitesse du score et du succès fran- çais (37-33) ont le don d’irriter, une nouvelle fois, Bernard Laporte qui s’agace que « parfois, on joue comme des juniors… » Ces petites phrases et ces succès étriqués expliquent pour- quoi l’équipe de France ne se sent plus orphelinede son« leader naturel », au soir du triomphe face aux Anglais. Ele- vé au rang de cadre supérieur par Ber- nardLaporte, désigné tuteur officiel de la jeune garde –au même titre que Magne et Brouzet– Raphaël Ibanez se réjouit d’avoir passé la main. Redeve- nu lieutenant, il se félicite de la reprise de pouvoir de ce meneur d’hommes qui « sait capter les énergies de l’équipe pour les recentrer sur les moments importants. Il y a de l’autori- té dans sa discrétion et de la discrétion dans son autorité. » Damien Traille, lui, reconnaît qu’avec Galthié c’est autre chose. « Il ne gueule jamais et il dit ce qu’il attend. Son savoir est pré- cieux. » A sa façon, Fabien Galthié confirme : « On s’est construit dans l’ordre et la précision et je ne transige pas sur certains paramètres : compor- tement, investissement, détermina- tion, état d’esprit, humilité. »« Fabien est àl’imagedecegroupe, résumeBer- nard Laporte, il est agréable à vivre, il sait se préparer et relativiser. Et s’il n’intervient pas dans la sélection, plus onvaavancer, plus il auraderesponsa- bilités… » La victoire face à l’Ecosse (22-10), le 23mars, est l’occasionpour Galthié d’affirmer son influence sur le rendement des Bleus. S’il inscrit un essai important, à la 47 e minute de jeu, au bout d’une échappée en solitaire, il clame tout haut ce que d’autres n’osent pas encore exprimer. « A 22 à 3, j’ai senti qu’il ne pouvait rien nous arriver. C’est uneimpressionassez rare dans un match de rugby, mais après cinquanteminutes dejeu, jesavais que nous ne pouvions pas perdre ce match. » L’ample cavalier seul d’hier, face à l’Irlande (44-5), a fait écho à cette cer- titude que la supériorité de ce groupe réside dans « sa force intérieure. » « Oui, poursuit Galthié, cette équipe a de la constance dans tout ce qu’elle entreprend. En plus, son encadrement est à son image, toujours en train de se remettre en question et désireux de progresser avec nous tous. » « Mais attention, prévient le capi- taine, je sais par expérience que la route est longue. » Et que le destin a ses humeurs… ÉRIC CHAMPEL Noir Jaune Bleu Rouge 1 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e LUNDI 20 MARS 2000 LE QUOTIDIEN DU SPORT ET DE L’AUTOMOBILE * 55 e ANNÉE — N o 16 755 —6 F Calais, le printemps du foot C’est la plus belle aventure de toute l’histoire de la Coupe de France, et un immense bonheur au sortir de l’hiver : le club de CFA est en demi-finales, encore dans la course aux côtés de Bordeaux, Monaco (qui a battu Lyon 3-1) et Nantes, qui a éliminé Rennes, (après prolongation, 2-1). (Pages 10 à 14) (Photo Alain de MARTIGNAC) STADE DE FRANCE. — Christophe Laussucq, le demi de mêlée des Bleus, perd le ballon, pris par Peter Clohessy, vieux briscard du pack irlandais. Tout a échappé aux Tricolores, hier au Stade de France. (Photo Denys CLÉMENT) BIATHLON (Photo Richard MARTIN) MOTO (Photo Stan PEREC/P-S) Poi rée méri t e une Coupe Le Français a atteint son but. Il a remporté, hier en Russie, le cl assement général de l a Coupe du monde, un mois après avoir été sacré cham- pion du monde. (Page 7) Vi ncent , départ gagnant Vainqueur du GP d’Afrique du Sud 125, Arnaud Vincent a parfaitement démarré la sai- son au guidon de son Aprilia. En 500, victoire surprise de McCoy, sur Yamaha, alors que Na k ano, égal ement s ur « Yam », s’est imposé en 250. (Page 24) VERTS, LES BLEUS Le culot et la fraîcheur des Irlandais, emmenés par O’Driscoll (trois essais), ont eu raison du quinze tricolore, battu une fois de plus au Stade de France, hier, dans les dernières minutes (25-27). Le Tournoi des Six Nations place durement le rugby tricolore face à ses errances. (Pages 2 à 6) Noir Jaune Bleu Rouge 2 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e LA CHRONIQUE DU JEU d’Henri BRU La di gue a craqué PAGE 2 LUNDI 20 MARS 2000 JEU ET JOUEURS Seul s Cost es et Li èvremont À cause d’un évident manque d’organisation, la France n’a pas été capable de contrarier l’Irlande. Dans l’échec, les éléments de satisfaction ne sont pas nombreux. ES occasions de marquer, les Français en ont eu, et plus Dque les Irlandais. Mais seul le tableau d’affichage compte et, à la marque finale, la France a bien per- du. Cet échec ne souffre aucune contestation tant l’Irlande a réalisé le maximum et, en plus, elle y a ajouté la manière. Hier, la rumba était donc dans l’Eire. Pour ne pas avoir été performant au milieu du terrain, zone que l’on veut prioritaire, la France a manqué de poids. Face à cette curieuse passivité défensive française, le jeu irlandais se fit alors chantant, au point que son « spirit » fut animé du meilleur flair, celui du bon vieux temps du rugby français. Les Français peuvent nourrir des regrets, mais ils portent sur leurs épaules les causes de l’échec. Pour ne pas avoir su trouver rapidement les repères collectifs qui lui aurait permis de cadenasser une rencontre largement à sa portée, la France ne s’est jamais mise à l’abri. Au regard des conquêtes directes, on ne peut pas dire qu’elle soit tombée dans l’excès d’application. Au contraire, en touche comme sur les récupérations aériennes, elle fut catastrophique. De plus, le ton offensif fut souvent contrarié par un empressement à vouloir franchir la ligne d’avantage et, plutôt que de se trouver dans une dynamique de progression vers la ligne adverse, la ligne d’affrontement se trouva déplacée dans son camp, d’où un décalage assassin du sou- tien immédiat. La France n’a donc pas su défendre mais elle n’a pas su attaquer non plus. C’est en ce sens que ce match est blessant. L’Irlande a donné une leçon de rugby français pour briser de la meilleure manière une série de dix huit ans sans vic- toire. NTAMACK : la balance de ses interventions n’est pas équilibrée. Il manqua de constance et parut hési- tant dans ses initiatives. Ne fut pas une assurance tout risque pour ses partenaires, même avec une percée lumineuse plein champ. BERNAT- SALLES : a bi en essayé d’intervenir ailleurs que sur son aile, mais il ne fut que trop rare- ment sollicité. Remuant. Aurait méri- té d’avoir plus de ballons. DESBROSSE : mal à l’aise en défense, il fut plus à son avantage en attaque. Montré du doigt par l’arbitre sur la pénalité qui donna la victoire aux Irlandais. GLAS : a commis les mêmes erreurs que son partenaire du centre. En attaque, il a souvent manifesté trop d’empressement pour jouer à hauteur. S’il s’est beaucoup dépen- sé, il a manqué de rythme en fin de match. BORY : plus sollicité au niveau de l’ouvreur que sur son aile, il montra de la robustesse dans l’affrontement. Son positionnement est responsable de l’en-avant qui le priva de l’essai dès la première minute. Bonne dis- ponibilité défensive. MERCERON : une fin de match difficile. Toutefois, il réalisa un match courageux en défense et quadrilla judicieusement le terrain par ses tra- jectoires variées. Trop souvent solli- cité au large en première période, il fut dans l’impossibilité de jouer en alternance comme la situation le dic- tait. LAUSSUCQ : si son jeu au pied fut efficace, il manqua de clarté dans ses initiatives, notamment en pre- mière période. Plutôt que de solliciter ses avants dans l’axe, il orienta trop systématiquement les ballons vers le large. Bonne couverture défensive, mais que de passes imprécises... LIÈVREMONT : du soutien offen- sif, de la couverture défensive et des situations bien jugées, en bref, le joueur français l e plus efficace. Seule contrariété dans sa perfor- mance, le ballon qu’il remonta trop haut en fin de rencontre, c’est dire... BENAZZI : généreux, mais moins tranchant en milieu de terrain où ses partenaires avaient besoin de lui. Une précipitation coupable sur le deuxième essai de O’Driscoll. Les centimètres de Dal Maso MALLIER : a déployé beaucoup d’activité, mais sans trop de puis- sance à l’impact. COSTES : très en vue défensive- ment . Par une grande maî tri se autour des regroupements, il récupé- ra de précieux ballons sans faire de faute. Ses relais à l’ intérieur de l’ouvreur montraient la voie à suivre. PELOUS : quelle énergie sur les plaquages ! On retiendra le blocage sur Wood mais aussi le retour sur Dawson à quelques centimètres de la ligne française. Sa présence en l’air sur les remises en jeu fut contra- riée par un retard au soutien. BROUZET : quel ques bel l es charges et quel ques bons pl a- quages. Mais il n’a pas toujours été à l’aise en conquête. Sans doute fut-il tributaire de la mauvaise organisa- tion autour du capteur. BELOT : en dix minutes, il n’a pas eu le temps d’apprécier à sa juste saveur l’événement. Un peu court au sol sur le dernier essai de O’Driscoll. TOURNAIRE : incontestable dans son rôle en mêlée, il fut victime de son implication dans le jeu. Lorsqu’il intervint, il ne prit pas toujours les bonnes initiatives. Notamment sur un surnombre près des poteaux irlan- dais où il négligea de transmettre un ballon vers l’aile. Bonne activité défensive. DAL MASO : son match reste sus- pendu à ces quelques centimètres qui auraient pu faire basculer définiti- vement la rencontre à l’avantage de la France. Très percutant dans les enchaînements. A manqué de préci- sion dans ses lancers en fond. IBANEZ : il tenta bien de dynami- ser dans l’axe, mais les Irlandais avaient déjà pris la mesure des Fran- çais. Une bonne présence défensive. CALIFANO : sans doute n’est-il pas étranger à la domination de la mêlée française, mais ce ne fut pas suffisant pour imposer sa puissance. Présent dans la redistribution défen- sive. Surprenant, ce sont les trois- quarts irlandais qui se sont le mieux exprimés. Bien sûr, O’DRISCOLL marqua trois essais, mais ses inter- ventions en attaque furent à chaque fois dangereuses. Avec lui, HICKIE, très remuant, perturba la défense en seconde période par des relances enthousiastes. L’ouvreur O’GARA lança efficacement l es enchaîne- ments au large. L’arbitre, le Néo-Zélandais Paul Honiss, sacrifia un petit peu la conti- nuité par un trop grand respect des textes. Il ne fut pas toujours très cohérent dans son interprétation de la règle plaqueur-plaqué. Serge TYNELSKI OUR gagner un match de rugby à coup sûr, i l vaut mi eux di sposer dans l ’ordre d’une stratégi e, des opti ons tacti ques Pet des hommes pour l es appl i quer. Parfoi s, l orsque l ’opposi - ti on vous l e permet, vous pouvez vous passer pl us ou moi ns d’un de ces facteurs. Mai s rarement des troi s à l a foi s. On se demande encore quel l e étai t l a stratégi e de l ’équi pe de Fr ance en ce di manche ensol ei l l é. Cer tes, et ce n’est pas l e moi ndre des paradoxes, nombreux sont ceux qui ont l e juste senti - ment qu’el l e aurai t pu, mal gré cel a, gagner l e match de vi ngt poi nts, si mpl ement en prenant l es occasi ons qui l ui tendi rent l es bras au début de chaque mi -temps. On ne pourra pourtant pas l ui reprocher un manque de vol onté. Sous l ’ère Laporte, l es joueurs ne s’étai ent jamai s fai t autant de passes, n’avai ent jamai s essayé de donner autant du fameux «vol ume »au jeu, au moi ns jusqu’au derni er quart d’heure où i l s tombèrent dans l ’excès i nverse. Mai s de mani ère si déstructurée, si désordonnée, sans préci si on ni maî tri se, sans vrai e condui te de match qu’i l s fi ni rent par payer l ogi quement cette débauche i nu- ti l e d’énergi e. Dans l es axi omes de Bernard Laporte et de l a majori té des entraî neurs fi gurent en bonne pl ace l a pri se du mi l i eu de terrai n et l ’effi caci té défensi ve. Contre l ’Angl eterre, i l y a un moi s, l e qui nze de France avai t échoué sur l e premi er poi nt, mai s réussi à teni r sur l e second. Cette foi s, l a di gue a craqué. I l serai t i njuste de poi nter du doi gt tel ou tel i ndi vi du pour expl i - quer cette fai l l i te. El l e est l a preuve que, quel s que soi ent l es dons des uns et des autres, ri en ne rempl ace un travai l col l ecti f de régl age — cel ui qui donne confi ance en son partenai re, permet de ne prendre ni un mètre d’avance ni un pas de retard, cel ui que l e qui nze de France, pour des rai sons total ement i ndépendantes de sa vol onté, n’a pas pu accompl i r depui s quatre semai nes. On ne boul everse pas i mpunément, et par l a force des choses, une l i gne de troi s-quarts tout enti ère sans s’exposer à des déconvenues. Les mêmes causes produi sant l es mêmes effets, l a défense françai se a donc cédé hi er comme el l e avai t pri s l ’eau l ’an derni er, sur cette même pel ouse, contre Gal l es et l ’Écosse. En troi s matches contre l es terri bl es équi pes cel tes à Sai nt-Deni s, l es Bl eus ont donc encai ssé onze essai s. L’i nqui étant, c’est que cette fai bl esse apparue très tôt dans l e match ne fut jamai s recti fi ée. Cette équi pe de France est pour l ’heure dans l ’i ncapaci té de corri ger l e ti r sur l e terrai n, de trouver l es sol uti ons aux probl èmes posés par l ’adversai re. Ce fut déjà l e cas contre l ’Angl eterre, i l y a un moi s. Tout se passe comme si , dès qu’el l e est en panne d’oxygène, un voi l e rouge se posai t devant ses yeux, comme si l e fi l conducteur du col l ecti f se rompai t, sans per- sonne pour l e reti sser. Ai nsi , sa gesti on des derni ères vi ngt mi nutes fut catastr o- phi que, l orsqu’el l e abusa du jeu au pi ed l ong, abouti ssant à rendre l e bal l on aux I rl andai s et à di sperser l es mai gres forces qui l ui res- tai ent dans des courses i nuti l es. En panne de sol uti on, de l uci di té, de toute cette cul ture qui ne s’acqui ert qu’au fi l de matchs serrés, rythmés et si gni fi cati fs, équi l i brés, bref tout l ’i nverse de ce que propose, entre deux matches du Tournoi , notre Champi onnat. Revoi l à un vi eux débat… TOURNOI DES SIX NATIONS LE FAIT DU MATCH Touchés au cœur Piétinées, les traditions ! Les Irlandais ont bâti leur succès en osant se lancer dans un rugby résolument offensif, en attaquant les Bleus au cœur, en faisant exploser ce milieu de terrain que Bernard Laporte aurait voulu d’acier, avec un missile « solaire » nommé Brian O’Driscoll. ES gamins sont excep- tionnels ! » Dans le ves- «Ct i ai r e i r l andai s , l e « vieux » David Humphreys, blazer marine et pantalon de flanelle, sou- rire radieux aux lèvres, regarde sa ligne de trois-quarts, avec un air de mère poule couvant sa portée de poussins. Ils sont tous là, en cale- çons, hilares, alignés devant leurs casiers. Tél éphone por t abl e col l é à l’oreille, le j eune ouvreur Ronan O’Gara, que Humphreys a remplacé à l’heure de jeu, répond à un coup de fil venu de chez lui, de Cork. « Oui, hurle-t-il en rigolant, Brian O’Driscoll est une putain de star. » À trois mètres de là, l’intéressé, les joues aussi rouges et la mine aussi juvénile que son pote Ronan, baisse les yeux et continue de ranger son sac et ses émotions. Impertur- bable en apparence. La presse irlan- daise et britannique a fait du petit prodige du Leinster une star depuis presque un an, alors qu’il n’était qu’un débutant aux jambes de feu. Quel sort les médias lui réserveront- ils, alors qu’il vient de signer le pre- mier grand exploit de sa carrière, ce triplé fantastique venu apporter un éclat supplémentaire à la première victoire irlandaise sur le sol français depuis 1972 ? Il y a deux ans, les Irlandais avaient échoué sur le fil après avoir bousculé les Français devant. Cette fois, ils ont arraché leur succès en attaquant sans peur, en osant les défier au large, en s’emparant, grâce à leur duo O’Driscoll-Henderson, du milieu de terrain. Cet endroit, clé des grandes batailles du rugby moderne, Bernard Laporte l’aurait voulu en béton armé. Mais hier il n’était qu’en papier mâché, comme l’an passé face aux Gallois ou aux Écossais. Adieu la défense de fer de Cardiff ! « O’Driscoll nous a traversé dix fois, a lâché l’entraîneur des Bleus sitôt l a rencontre finie. C’est au milieu du terrain qu’on a perdu le match. » Avaient-ils prévu d’aller chercher les Français dans ce sec- teur particulier ? « Nous avions surtout décidé de jouer notre jeu, assure O’Driscoll. Depuis deux matches, il y a de la confiance dans notre ligne de trois- quarts. On sait que l’on peut ouvrir des brèches dans n’importe quelle défense. Il n’y avait aucune raison pour ne pas tenter des choses. » Si , dans l e passé, beaucoup d’équipes irl andaises, arrivées à Paris avec de belles dispositions offensives, abandonnèrent leurs vel- léités sitôt refermée la porte du ves- tiaire, ce quinze du Trèfle avait, lui, décidé d’aller au bout de ses convic- tions. « Car derrière, nous avons le bon cocktail de densité physique et de vitesse », jubile O’Gara. « Dans le passé, nous nous serions certaine- ment refermés, mais là, nous avons continué à envoyer le ballon vers les extérieurs », explique Denis Hickie qui, à la moindre occasion, a quitté son aile gauche pour tenter de porter le danger ailleurs : à la relance, en leurre, ou en relais de ses centres. Ont-ils rapidement senti des fai- blesses dans le dispositif défensif français ? « Pas vraiment, tempère O’Driscoll. Mais nous avons bien attaqué et tout a fonctionné comme lorsqu’on suit un plan. » « Il faut dire que ce type a des pieds drôlement rapides, sourit son compèr e Hender son. Vrai ment incroyable, hein ? Mais il y a des jours comme ça, où tout vous sou- rit. » Après-midi de chien « Des jours comme ça », c’est jus- tement l’expression qu’utilise Sté- phane Glas pour commenter cet après-midi de chien. « Ils nous ont fait des trucs qui n’avaient rien d’exceptionnel, qu’on voit vingt fois par dimanche en Championnat, mais on s’est fait perforer quand même, soupire le Berjallien, directement impliqué sur le premier essai. « Oui, concède-t-i l . Derri ère l a mêl ée, O’Driscoll me fait l’intérieur. Rien à dire. Il a des cannes. Mais il n’aurait jamais dû passer. Et derrière, ça rebondit et c’est lui qui se retrouve sous les poteaux. » Si, dans la vie, une vieille compli- cité le lie à Cédric Desbrosse, sa pre- mière association avec le Toulousain n’a pas franchement fonctionné. Sur- tout en défense. Mais il n’est pas facile d’improviser dans ce domaine. « Dès leur première attaque, on a manqué de communication, regrette Glas. En deuxième mi-temps, leur ailier gauche est venu dans la ligne, en plus de l’arrière, et ça nous a gênés. Mais des surnombres comme cela, on pouvait les étouffer. Il n’y avait pas le feu. Mais, bon, on man- quait de repères. » L’absence d’automatisme : c’est le constat qu’effectue également Des- brosse. Pour sa première titularisa- tion dans le tournoi, le « déména- geur » de Givors espérait autre chose, mais le plus haut niveau ne supporte pas cette addition d’ap- proximations, ces retards, ces incom- préhensions dans le jeu de ligne. « À Toulouse, je joue toujours deuxième centre, puisque c’est Lee Stensness qui est systématiquement premier. Et là, j’ai manqué d’habitudes, recon- naît-il humblement. Je me suis fait fixer alors que je n’aurais pas dû. Parfois aussi, je n’ai pas entendu Géral d (Merceron). Contre des joueurs aussi dynamiques, tous les détails comptent. » Les censeurs condamneront cer- tainement les deux centres, mais la faillite de l’équipe de France dans ce secteur fut aussi individuelle que col- lective. « On n’a pas su trouver les solutions, déplore Merceron. On a trop pris la largeur du terrain. Nous aurions du être plus serrés. Il aurait fallu les pousser sur les extérieurs. Je suis sûr qu’ on aurait pu les reprendre. Là, ils nous ont pris l’inté- rieur, et O’Driscoll nous a fait beau- coup de mal. » Même le grand Abdel s’est laissé surprendre par la course rageuse du jeune centre sur le deuxième essai. « La mêlée avait tourné, et je me suis précipité pour défendre dans ma zone, mais je me suis trop embarqué sur l ’ ext éri eur , admet Benazzi . J’étais emporté par mon élan et O’Driscoll est passé. » Il y a des jours, comme ça. Arnaud DAVID STADE DE FRANCE. — Brian O’Driscoll va « à la corne » : malgré l’irréprochable plaquage de Stéphane Glas, le ballon arrivera à destination… FRANCE - IRLANDE : 25 - 27 LES NOTES NTAMACK ................................... 5 BERNAT-SALLES ........................ 5 DESBROSSE ............................... 4 GLAS............................................ 4 BORY ....................................... 5,5 MERCERON ............................ 5 ,5 LAUSSUCQ ................................. 4 LIEVREMONT .............................. 6 COSTES ...................................... 6 BENAZZI .................................. 4,5 PELOUS ................................... 5,5 BROUZET .................................... 5 TOURNAIRE ................................ 5 DAL MASO .................................. 5 IBANEZ ........................................ 5 CALIFANO .................................. 5 Belot et Mallier n’ont pas joué assez de temps pour être notés. Reportage photographique : Laurent ARGUEYROLLES, Denys CLÉMENT, Didier FÈVRE, Jean-Claude PICHON, Jean-Marc POCHAT PODIUMS G MARQUEURS. — 5 essais : O’ Driscoll (IRL), Cohen (ANG), Healey (ANG) ; 3 essais : Magne (FRA), Horgan (IRL), Wi l l i ams (GAL). 2 essais : M. Leslie (ECO), Wood (IRL), Castaignède (FRA), Back (ANG), Dawson (ANG) ; 1 essai : S. Quinnell (GAL), Bateman (GAL), Howart h (GAL), Vi sser (ITA), De Carli (ITA), Martin (ITA), Stoica (ITA), De Rossi (ITA), Bul- loch (ECO), Logan (ECO), Metcalfe (ECO), Graham (ECO), Townsend (ECO), Ni col (ECO), Ntamack (FRA), Laussucq (FRA), Greening (ANG), Hill (ANG), Dallaglio (ANG), Tindall (ANG), Maggs (IRL), Galwey (IRL), O’Kelly (IRL), Humphreys (IRL), Dempsey (IRL). G BUTEURS. — 72 points : Wilkin- son (ANG), 16 B, 12 T ; 50 points : Dominguez (ITA), 10 B, 4 T, 4 D ; 42 points : N. Jenkins (GAL), 11 B, 3 T, 1 D ; 44 points : O’Gara (IRL), 8 B, 10 T ; 33 points : Merceron (FRA), 9 B, 3 T ; 25 points : Hum- phreys (IRL), 5 B, 5 T ; 21 points : Lamaison (FRA), 4 B, 3 T, 1 D ; 16 points : S. Jones (GAL), 4 B, 2 T ; 12 points : Logan (ECO), 2 B, 3 T ; 9 points : Dourthe (FRA), 3 B ; 8 points : Townsend (ECO), 1 B, 1 T, 1 D, Paterson (ECO), 2 B, 1 T, Hodge (ECO), 1 T, 2 B. CARTONS JAUNES Les Lat i ns en t êt e 1 re journée : Venditti (FRA) ; Scott Quinnell (GAL). 2 e journée : Brouzet et Betsen (FRA) ; Shaw et Healey (ANG), Logan (ECO), Martin (ITA). 3 e journée : Ntamack, Daudé (FRA) ; G. Jenkins et S. Quinnell (GAL). 4 e journée : Cristofoletto, Checchi- nato, Stoica (ITA) ; Archer (ANG) ; Metcalfe (ECO), P. Johns (IRL). TOTAL : France, 5 ; Ital ie, 4 ; Galles, Angleterre, 3 ; Ecosse, 2 ; Irlande, 1. Domi ner n’ est pas marquer ES chiffres sont édifiants : dans toutes les phases de conquête, les Français ont dominé les Irlandais, tout du moins en nombre de ballons Lgagnés. Que l’on prenne les mêlées, les touches ou les regroupe- ments, les Bleus sont devant, comme ils sont devant au nombre de pénalités sifflées en leur faveur. Pourtant, à l’arrivée ce sont les Irlandais qui se sont imposés avec trois essais à la clé contre un à la France. En fait, deux statis- tiques éclairent différemment et, peut-être, plus justement la rencontre. D’abord le temps de jeu. Si les deux équipes ont partagé la possession du ballon, on s’aperçoit que les deux mi-temps ont été très contrastées. La pre- mière a été française, la seconde irlandaise. Il est flagrant que l’équipe de France a été physiquement dépassée en fin de rencontre et l’héroïque défense irlandaise n’y est sans doute pas pour rien. Avec 116 placages à leur actif contre 76 pour les Français, les Irlandais ont découpé du Bleu, notamment en début de match : après un quart d’heure le décompte des pla- cages était de 28 pour l’Irlande contre 7 pour la France. En conclusion, il est patent que les Français, qui ont d’abord dominé, ont ensuite payé leur pres- sing stérile. — Ph. M. Noir Jaune Bleu Rouge 3 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e ! FRANCE - IRLANDE : 25-27 Un di manche noi r C’était hier drôle de jour pour un match du Tournoi : l’équipe d’Irlande, dans le sillage du formidable Brian O’Driscoll, auteur de trois essais, a remporté son premier match à Paris depuis vingt-huit ans et plongé un quinze de France usé jusqu’à la corde dans la consternation. LE FILM DU MATCH Troi s essai s de O’ Dri scol l FRANCE-IRLANDE : 25-27 (13-7) Beau temps. Pelouse excellente. 76 000 spectateurs environ. Arbitre : M. Honiss (NZL) assisté de MM. Fleming (ECO) et Whitehouse (GAL). FRANCE : 1 E, Laussucq (29 e ) ; 6 B (5 e , 10 e , 43 e , 54 e , 61 e , 68 e ), 1 T Merceron. IRLANDE : 3 E, O’Driscoll ( 23 e , 57 e , 75 e ) ; 2 B (65 e , 78 e ), Humphreys ; 3 T, O’Gara (23 e , 57 e ), Humphreys (75 e ). Remplacement temporaire. — Irlande : Hickie par Humphreys (47 e -55 e ). Carton jaune. — Irlande : Johns (61 e ). FRANCE : 15 Ntamack (Toulouse), 14 Bernat-Salles (Biarrirtz), 13 Desbrosse (Toulouse), 12 Glas (Bourgoin), 11 Bory (Montferrand) — 10 Merceron (Montfer- rand), 9 Laussucq (Stade Français) — 7 Benazzi (Agen) puis 18 Mallier (Brive, 60 e ), 8 Th. Lièvremont (Perpignan), 6 Costes (Montferrand) — 5 Brouzet (Bègles) puis 19 Belot (Toulouse, 70 e ), Pelous (Toulouse, cap.) — 3 Tournaire (Toulouse) puis De Villiers (Stade Français, 70 e ), Dal Maso (Colomiers) puis Iba- nez (Perpignan, 51 e ), Califano (Toulouse). Entraîneur : B. Laporte. IRLANDE : 15 Dempsey — 14 Maggs, 13 O’Driscoll, 12 Henderson, 11 Hickie — 10 O’Gara puis 21 Humphreys (62 e ), 9 Stringer — 7 Dawson puis 19 Ward (55 e ), 8 Foley, 6 S.Easterby — 5 O’Kelly, 4 Galwey puis 18 Johns (55 e ) — 3 Hayes, 2 Wood (cap), 1 Clohessy. Entraîneur : W. Gatland. Evolution du score : 3-0 (France), 6-0, 6-7, 13-7 (mi-temps), 16-7, 19-7, 19-14, 22-14, 22-17, 25-17, 25-24, 25-27. 1 re minute : O’Gara donne le coup d’envoi face au vent (qui tournera en cours de rencontre). Hors-jeu irlan- dais ; pénalité jouée à la main, Ber- nat-Salles, qui a laissé son aile, tra- verse les lignes vertes. L’action se termine sur la ligne irlandaise, mais l’essai aplati par Bory est justement refusé pour un en-avant de la dernière passe (Costes). 3 e : Bory perce, l’attaque relancée grand côté (avec surnombre) se ter- mine par un coup de pied à suivre de Ntamack pour Bernat-Salles, en bal- lon mort. 5 e : Stringer signalé hors jeu. De 25 m face Merceron passe la pénalité. France 3 - Irlande 0 9 e : plaquage offensif de Costes et de Califano sur Henderson. La balle est reconquise par les Bleus, qui ont vrai- ment le début de match en main. 11 e : nouvel hors-jeu irlandais. Des 30 m, Merceron transforme. France 6 - Irlande 0 17 e : sur une balle perdue en touche, Benazzi récupère et l’attaque part grand côté, jusqu’à Bernat-Salles qui tape un coup de pied de recentrage, sauvé in extremis par Dempsey. 19 e : au terme d’une longue et enle- vée séquence de jeu (55 secondes), Dempsey sauve encore devant Ber- nat-Salles, sur un coup de pied à suivre de Ntamack. 20 e : première action tranchante de O’Driscoll qui se conclut par un hors- jeu français. Sous les sifflets nourris, O’Gara rate. 23 e : le réveil irlandais se confirme par une action où les départs au ras se succèdent. Foley est tout près de marquer l’essai. Mais le mouvement se poursuit, avec le deuxième ligne O’Kelly en position d’ouvreur, qui envoie O’Driscoll sous les poteaux. O’Gara transforme. France 6 - Irlande 7 29 e : gros mouvement bl eu qui échoue. L’arbitre redonne la balle aux Français, sous les poteaux irlandais, pour un hors-jeu de ligne. Laussucq joue tout seul et se faufile dans l’en- but. Merceron transforme. France 13 - Irlande 7 35 e : les Irlandais sont tout à fait dans le match désormais. O’Driscoll fait une première « véronique », utilisant le ballon comme une cape. Le mouve- ment se conclut sur l’aile gauche, où Dawson s’apprête à aplatir, quand Pelous le plaque et lui arrache le bal- lon. 43 e : sur une chandelle de Merceron, Bernat-Salles et Costes perturbent considérablement la relance. Lièvre- mont part au ras de la mêlée qui en découle. Dal Maso le relaie. Puis c’est Costes qui perce et transmet (mal) à Bory. L’essai est encore refusé pour en-avant. Mi-temps : France 13 - Irlande 7 42 e : Hors-jeu irlandais. Des 35 m à gauche, Merceron transforme. France 16 - Irlande 7 45 e : Ntamack relance sur une chan- delle dans ses 22 m. Benazzi le relaie à la ligne médiane et trouve Dal Maso qui croit pouvoir aller marquer seul. Il ignore Bernat-Salles, se fait reprendre par Hickie sur la ligne irlandaise et commet un en-avant. 52 e : en-avant irlandais sur une chan- dell e bleue. Après la mêlée, Bory perce au centre, Costes le relaie, puis Ibanez stoppé tout prés de l’en-but. Pénalité contre l’Irlande pour hors-jeu. Merceron transforme. France 19 - Irlande 7 57 e : au sortir d’une mêlée, Hender- son s’intercale et transperce le milieu de terrain français, avant de servir O’Driscoll qui inscrit son deuxième essai. O’Gara transforme. France 19 - Irlande 14 61 e : Johns intervient en position de hors-jeu sur Laussucq. Faute tech- nique et carton jaune (dix minutes d’exclusion) pour le deuxième ligne irlandai s. Merceron transforme la pénalité. France 22 - Irlande 14 65 e : Desbrosse est pénalisé hors-jeu. Des 30 m à droite, Humphreys trans- forme. France 22 - Irlande 17 67 e : Henderson hors-jeu. Merceron transforme la pénalité, de 30 m face. France 25 - Irlande 17 71 e : Mêlée irlandaise sur les 22 m français. La transmission de Stringer est perturbée par Laussucq. Le ballon roule à terre. O’Driscoll le ramasse et traverse la ligne bleue. Il inscrit son 3 e essai. Humphreys transforme. France 25 - Irlande 24 78 e : Hors-jeu de la défense fran- çaise. Des 41 m face, Humphreys transforme la pénalité de la victoire. Score final : France 25 - Irlande 27 EAN DAUGER avai t sept ans quand l e qui nze de J France encai ssai t sa quatri ème défai te de rang, à domi ci l e, dans l e Tournoi . C’étai t en 1926. En 2000, on remet l es compteurs à zéro. C’est arri vé dans ce Stade de France où l es Bl eus ont même enregi stré l eur ci nqui ème défai te d’affi l ée (Austral i e, Gal l es, Écosse, Angl eterre, I rl ande), toutes compéti ti ons confondues. Jean Dauger nous a qui ttés juste à temps pour ne pas voi r ça. Lui , l e père de tous l es centres de France, (Boni , Maso, Codorni ou ou Sel l a, pour ne ci ter qu’eux), aurai t appl audi son héri ti er habi l l é de vert, Bri an O’Dri scol l , et pesté contre l es centres de France qui sembl ai ent découvri r qu’à ce jeu on peut se fai re des passes croi sées ou sur un pas, et qu’on peut prendre des i nterval l es. Bi en sûr, tout est à revoi r : cal endri er, formati on, compéti ti ons. Mai s, sur ce match, face à une I rl ande que l ’Angl eterre avai t fai t vol er en écl ats, qu’on ne se cache pas derri ère l es bl essés. Gl as et Desbrosse sont ti tul ai res dans deux équi pes d’él i te de notre Champi onnat, quel l e que soi t l a réducti on envi sagée (8, 10, 12 ou 16 cl ubs). Qu’on oubl i e même ce Champi onnat qui , sel on l es cas (l endemai n de vi ctoi re ou de défai te du qui nze de France), fati gue, bl esse ou l asse (rayer l a menti on i nuti l e) nos i nternati onaux, mai s qui vaut l argement l a Coupe des provi nces i rl andai ses. Qu’on ne se trompe pas sur l es causes de l ’échec d’hi er : l es moi ns ambi ti eux ont perdu, après avoi r eu entre l eurs mai ns beaucoup pl us de bal l ons que l eurs adversai res. TOURNOI DES SIX NATIONS L a quitté la pelouse du Stade de France sur les épaules de Trevor I Brennan et Malcolm O’Kelly, ce formidable Brian O’Driscoll, la tête dans les étoiles, les épaules cou- vertes d’un drapeau irlandais. Et il y avait dans cette image du jeune attaquant irlandais un peu de celle du vieux Willy John McBride, encerclé d’une marmail l e hilare, qui ttant Lansdowne Road drapé dans les couleurs de la République au soir de son premier essai interna- tional, au crépuscule d’une carrière de quinze ans. C’ ét ai t en 1975, l e qui nze d’Irlande venait de terrasser une équipe de France en plein renouveau et Brian O’Driscoll qui, vingt-cinq ans plus tard, allait planter trois essais enfiévrés à une défense tricolore médusée, n’était pas à la veille de naître. Vieux soldat de deuxième ligne blanchi sous le harnais qui n’en finit pas de raccrocher et jeune guerrier au cœur fier qu’on envoie au feu sans tarder, tout un symbole de l’Irlande qui a toujours su tirer le maximum de ses faibles ressources pour joindre les deux bouts de géné- rations éthiques et se tricoter à la hâte des triomphes impromptus dans des haillons de gloire. On vous parlera sans doute de hol d- up, de ces ci nq mai gr es minutes, les dernières malheureuse- ment, où l’Irlande mena le bal. On évoquera les occasions manquées en chemin, cet en-avant qui..., ce plongeon trop court dans l’en-but que..., et ces plaquages ratés où..., et ces flottements collectifs aussi et... Et on aura raison, bien sûr, le quinze de France aurait dû gagner, même diminué de moitié, même meurtri dans sa chair, même au bout du roul eau de saisons sans fin. Gagner comme il se doit, comme d’habitude, comme toujours, fut-ce d’un point comme il y a un an ou bien de deux comme celle d’avant. Seulement le quinze de France ou, pour être plus précis, le rugby français a perdu et, franchement, il ne l’a pas volé. Depuis le temps qu’il se prend pour un autre, qu’il veut jouer les riches sans avoir le sou, depuis le temps qu’il pète plus haut que son cul, il fallait bien que le rug- by d’ici finisse par se prendre les pieds dans le paillasson vert qu’il avait pris l’habitude de piétiner allè- grement. C’était arrivé l’an passé face au Pays de Galles et à l’Écosse, c’est arrivé deux fois déjà cette année et, si rien de bien nouveau ne se produit sous le soleil d’Hexagone, ça arrive- ra de plus en plus régulièrement dans ce Stade de France ouvert à tous les vents, où les Tricolores vien- nent d’enregistrer leur cinquième défaite de rang depuis le printemps 1998. Ben oui, tout de même : cinq défaites, série en cours... Pas très catholique Ça s’est donc gâté un dimanche et on ira nous dire que ça n’est pas un jour très catholique pour disputer un match du Tournoi ! Mais si la honte est aujourd’hui sur ceux qui, depuis plus de cinq ans, n’ont rien fait pour que le rugby français « qui ne serait jamais professionnel » emprunte résolument les chemins de l’élitisme, si la grande procession des prési- dents de tout poil porte largement la responsabilité d’un rugby tricolore usé jusqu’à la corde, il ne faudrait surtout rien ôter aux mérites d’un rugby irlandais franchement enthou- siasmant. Si l’Irlande a gagné, c’est d’abord parce qu’elle a su faire preuve d’une fraîcheur formidable, parce qu’elle a osé tout du long, parce qu’enfin elle a su — faute de mieux certes, mais tout de même... — lancer une géné- ration championne du monde junior il y a deux ans pour tourner la page d’une Coupe du monde franchement pourrie. Pour ça, les Irlandais nous en devaient une, ils en devaient une à leurs supporters qui attendaient encore ce quart de finale de Coupe du monde contre la France à Dublin dont allait les priver l’Argentine et il n’est pas mei lleure circonstance qu’un lendemain de Saint-Patrick pour payer ses dettes de jeu. Mais le tout premier mérite de cette équipe d’Irlande fut de ne pas céder totalement sous la pression d’un pack tricolore qui entendait bien s’imposer dès l’abord. À 6-0, deux buts de Merceron pour hors-jeu de Simon Easterby et de Brian O’Driscoll, au bout de vingt minutes les Irlandais s’en sortaient même plu- tôt bien. Bien sûr, il avait manqué un peu d’espace à Bory sur une passe en avant de Costes, un peu d’air à Bernat-Sal l es sur une pai re de relances, mais enfin, à l’image de John Hayes, son pil ier droit, le quinze d’Irlande tanguait dangereu- sement. Et puis il y eut un premier éclair de O’Driscoll, un deuxième sur une mêlée fermée enchaînée de percus- sions de Foley, Easterby ou Clohes- sy avant que le prodige de Blackrock College n’aplatisse pour la première fois derrière la ligne tricolore. Bref répi t . Sur une récupérat i on de Dal Maso, David Bory perchait le long de la touche puis Benazzi récu- pérait un ballon sur lancer irlandais en touche pour servir Dal Maso avant que Christophe Laussucq, au sortir d’une série de percussions, ne joue rapidement une pénalité à la main pour redonner six points d’avance à la France. La suite, en dépit d’un ton généra- lement enjoué, sombra lentement dans l’à-peu-près et le bricolage héroïque. En-avants en pagaille, bal- lons rendus en touches, pénalités di verses et vari ées, occasi ons gâchées, c’est à qui des Tricolores ou des Irlandais se montreraient le plus têtes en l’air. Il y eut ainsi une occasion d’essai enfumée par Dawson sur un robuste plaquage de Pelous sur la ligne puis une autre de David Bory, en avant au soutien d’Arnaud Costes, juste avant la mi-temps pour entretenir un senti- ment diffus de frustration légère. Ça sentait le printemps bien sûr, mais quand Émile Ntamack à hau- teur des cintres croisa sans dom- mage Keith Wood sur orbite, dans le sillage d’une chandelle de O’Gara, avant de rel ancer sur soi xant e mètres pour décaler Abdel Benazzi puis Marc Dal Maso et quand le talonneur columérin s’écrasa comme une bouse à vingt centimètres de la ligne sous un plaquage désespéré de l’intenable Denis Hickie, on se dit que ça commençait à sentir le buis. Un troisième éclair éblouissant de O’Driscoll Gérald Merceron qui tenait encore la cabane avait beau enchaîner les buts comme on enfile les perles et Christophe Laussucq taper inlassa- blement des coups de pied dans la boîte, histoire de tuer le temps, les voyants de la machine française len- tement passaient au rouge, tandis que les attaquants irlandais, sérieux comme de jeunes papes, enchaî- naient combinaisons sur combinai- sons. Mais quand O’Driscoll fut passé pour la deuxième fois au travers de la défense tricolore sur une bonne vieille attaque en première main der- rière mêlée — si, si, ça existe encore — Paddy Johns, entré peu avant, eut l’idée saugrenue de croquer Chris- tophe Laussucq derrière une mêlée ouverte pour écoper d’un carton jaune et donner à Merceron l’occa- si on de r edonner hui t poi nt s d’avance à la France. On se dit alors que ce ne serait encore pas pour cette fois. Il faut croire que saint Patrick, enfin sorti de ses brumes de Guin- ness, veillait. À quinze contre qua- torze, les Français n’allaient plus marquer que trois points, avant que Brian O’Driscoll, enchaînant sur une percée de Denis Hickie survolté, ne trouve une troisième fois la faille dans une défense de fer blanc en un derni er écl ai r de cl asse aussi éblouissant que le sourire carnassier du jeune homme. Pour la morale de l’histoire cepen- dant, il appartenait bien à David Humphreys, dont le pied avait flan- ché l’an passé à l’heure d’achever le quinze de France à Dublin, d’avoir le mot de la fin. À trois malheureuses minutes d’une victoire sans gloire, Thomas Li èvremont termi na en touche une relance sans esprit ni soutien. Une attaque d’Humphreys et trois regroupements plus loin, la défense tri colore se faisait sur- prendre à la faute sur une dernière percussion d’un Wood frais comme l’œil. Le ballon comme un soleil passa entre les bras levés de milliers de supporters irlandais, exceptionnelle- ment ivres du bonheur des vain- queurs. C’est si rare, ça fait si chaud au cœur un Irlandais qui gagne. Pierre-Michel BONNOT STADE DE FRANCE. — Cerné par les Indiens verts. Une image symbolique du traquenard que les hommes de Keith Wood (à droite, qui va fondre sur le Montferrandais Arnaud Costes), ont tendu aux visages bleu pâle. LUNDI 20 MARS 2000 PAGE 3 Heureux l es ambi ti eux Christian JAURENA Noir Jaune Bleu Rouge 4 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e TOURNOI DES SIX NATIONS FRANCE - IRLANDE : 25-27 PAGE 4 LUNDI 20 MARS 2000 EN DIRECT DU STADE DE FRANCE Wood comme un symbol e Keith Wood, le capitaine irlandais, savait que cela faisait 28 ans que l’Irlande n’avait pas gagné à Paris. Comment pouvai t-i l l ’ i gnorer ? Le bouillant talonneur est né le 27 janvier 1972, et ce jour-là, son père n’était pas à la maternité, mais dans les tribunes de Colombes pour voir la victoire des hommes de Slattery et McLoughlin, 14-9. KEITH « BOIS » EN FRANÇAIS DANS LE TEXTE. — Interpellé en sor- tant de la pelouse par le speaker du Stade de France, le capitaine irlandais a répondu aux questions avec un (petit) discours en français. Voici dans son intégralité le speach éloquent de Wood au micro du Stade : « Je suis très fatigué. Mais je suis très content. Yiiiihaaaa ! » ANTIDOPAGE : BENAZZI ET MALLIER TESTES. — Les numéros sept et dix-neuf ayant été tirés au sort chez les Tricolores, ce sont Abdelatif Benazzi et Lionel Mallier qui ont dû satisfaire au contrôle antidopage à la fin du match. Côté irlandais, les deux élus étaient Kieron Dawson et Paddy Johns. PADDY JOHNS : « LE BALLON ÉTAIT SORTI ». — Venant de la part d’un joueur expérimenté, la faute de Paddy Johns sous ses propr es poteaux à l a 62 e minute est une bourde incompréhensible. Presque trop grosse pour être vraie. D’autant plus que, en dehors des trois points offerts aux Français, Johns a égale- ment écopé d’un carton jaune. « Oui, cette faute peut paraître énorme, avouait Johns. Mais la règle dit que, dès que le demi de mêlée a ses mains sur le ballon, on considère qu’il est sorti de la mêlée. Pour moi, cela faisait au moins cinq ou six secondes que Laussucq avait ses mains sur le bal- lon. » Mais M. Honiss, l’arbitre néo- zélandais, n’a pas eu la même vision de la chose. « Non, le ballon n’était pas sorti. Le demi de mêlée regardait à gauche et à droite, mais il n’avait pas touché le ballon. J’étais obligé de sanctionner le geste de Johns. Et de sortir le carton pour anti-jeu. » HONI SS : « UN ESPRI T REMARQUABLE ». — L’arbitre de la rencontre, Paul Honiss a tenu à félici- ter les deux équipes pour l’excellent esprit qui a régné sur le terrain. « Je tire un coup de chapeau aux deux équipes, nous confiait M. Honiss à la sortie du terrain. Pour moi c’était une rencontre très agréable à arbitrer, sans le moindre incident de jeu dur ou déloyal. Tout le monde a joué avec un esprit très positif. » O’DRISCOLL : LE PREMIER COUP DU CHAPEAU EN 47 ANS. — Tous les Irlandais se félicitaient hier soir de la première victoire à Paris depuis 1972. Mais Brian O’Driscoll, auteur de trois essais, fêtait un autre exploit : c’est la première fois qu’un Irlandais marque trois essais dans un match du Tournoi depuis exactement 47 ans. Le dernier « coup du cha- peau » irlandais remonte à un certain S.J. Byrne, qui a aplati à trois reprises contre l’Écosse en 1953. Un autre Irlandais, J.P. Quinn avait déjà marqué trois essais contre la France, lors de la victoire 24-0 à Cork en 1913. SELLA FÉLICITE O’DRISCOLL. — Aperçu en coup de vent dans le tun- nel du Stade de France, Philippe Sella était trop pressé pour attendre la sortie des Irlandais de leur vestiaire. Mais il a tenu à faire passer un message au héros du jour, le centre Brian O’Dris- coll. « Donnez-lui bonjour de la part. Mais surtout dites-lui que je l’ai trouvé fantastique ! » DONAL LENIHAN : « DIX-HUIT ANS QUE J’ATTENDAIS ÇA ! » — Pour Donal Lenihan, l’ancien deu- xième ligne devenu manager des Irlan- dais, la victoire était hier particulière- ment douce. « Depuis ma première visite ici 1982, je n’ai jamais connu la joie de battre les Français. Dans le passé, j’ ai l ’ i mpressi on que nous étions battus avant même de monter dans l’avion, dit-il. Mais les choses ont changé et cette année nous sommes venus à Paris plein de confiance, sûrs de notre force. Cela fait dix-huit ans que j’attendais ce moment et je vais le savourer à fond ! » HYMNES : GALWEY RASSURE. — C’est devenu une habitude chez les Irlandais : pendant les hymnes, telle une mère poule, le vétéran deuxième ligne Mick Galwey se met entre la paire de demis O’Gara et Stringer et les tient dans ses gros bras. Il est vrai que, en tant que capitaine du Munster, Galwey a l’habitude de prendre les deux jeunes prodiges sous son aile, car ils jouent tous trois pour la même sélection provinciale. DAVIDSON AVEC LA PRESSE. — Évincé du quinze irlandais pour ce match, Jeremy Davidson, le deuxième ligne castrais, était néanmoins présent au Stade de France hier, où il a com- menté le match à la radio pour la BBC. À l’image d’autres anciens joueurs irlandais tels que Neil Francis et Tony Ward, une nouvelle carrière se des- sine peut-être pour le Castrais... LES DEUX DRAPEAUX RÉU- NIS. — Une grande première pour l’équipe irlandaise et ses supporters : à chaque extrémité du Stade étaient réunis les deux drapeaux irlandais : celui de l’Ulster et celui de la répu- blique irlandaise. CHANTS IRLANDAIS : MOLLY MALONE VERS LA FIN. — Il a fallu attendre longtemps avant d’entendre la petite délégation de supporters irlandais chanter. Mais c’est à la soi- xante-dix-huitième minute qu’ils ont enfin entonné Molly Malone. Normal, à ce moment-là, l’Irlande menait 27-25. STADE DE FRANCE (1). — Le Stade de France a beau être un bijou architectural, il y a toujours un gros retard par rapport aux vieux stades bri- tannique : le public, comme la presse, ne bénéficient toujours pas de ralentis des diverses actions de jeu pendant le match. STADE DE FRANCE (2). — Belle initiative des responsables du Stade de France qui avaient pris le soin de préparer le classement du Tournoi sur le tableau d’affichage électronique. Malheureusement, le tableau n’était pas mis à jour, les deux matches de la veille n’ayant pas été ajoutés. STADE DE FRANCE ( 3) : PUBLIC ŒCUMÉNIQUE. — Pas de guer r e de rel i gi on au St ade de France : parmi les nombreuses bande- roles des supporters, on a pu voir celle-ci : « La Réole XIII avec le quinze de France ». Parmi les autres bande- roles observées : « Le retour du Glas- Diateur », « Bernat-Salles, le BO avec toi » et « Allez les Petits, les Profs en colère avec vous. » Ian BORTHWICK AVEC LES FRANÇAIS Quel l e gi f l e ! Les joueurs français sont unanimes. C’est en première période qu’ils n’ont pas gagné. Tous sont sous le choc d’une défaite « historique » qui pèse sur les esprits, tant elle fut longtemps improbable. ’EST un bon mot, de l’ironie grinçante mais surtout un Cbel hommage rendu au quinze d’Irl ande. « Même là, ils jouent bien », vient de souffler un s u p p o r t e r f r a n ç a i s d e v a n t l’orchestre militaire irlandais, qui enchaîne les refrains populaires aux portes du Stade de France. Sous le soleil, l’Irlande exprime sa joie et sa fierté en musique. Les Bleus, eux, cachent leur tristesse en silence et à l’ombre. Au cœur d’une arène vidée de ses spectateurs, une douzaine de joueurs français trottinent silen- cieusement sous les yeux de Keith Wood et Peter Clohessy qui posent pour la photo souvenir en étreignant leurs compagnes. Il y a tout juste vingt minutes que le match est ter- miné et sans doute ces Bleus-là cherchent-ils déjà à comprendre. Marc Dal Maso refait l’action du match à vide. Une passe de Bena- zzi, une longue course et, au bout de cette charge, un plaquage assé- né par l ’ ai li er gauche i rlandai s Hickie, à quelques centimètres de la ligne d’en-but, face aux poteaux. On jouait la quarante-cinquième minute et le score était de 16 à 7. Une balle d’essai qui valait tout simplement 23-7. Une heure plus tard, donc, Dal Maso mime le geste de la percus- sion, une fois, deux fois, trois fois, et plonge sur la pelouse. « Je suis en bout de course, j’aurais peut-être dû le raffûter. En tout cas, je ne peux pas plonger, je suis trop loin », expliquera-t-il plus tard. Tout près de lui, Franck Tour- naire, l ’inséparable ami, regarde sans mot dire. Thomas Lièvremont, Cédric Desbrosse, Émile Ntamack ne sont pas loin non plus. À tout jamais, ils resteront les auteurs d’une page noire de l’histoire du rugby français, ceux qui compo- saient cette équipe de France bat- tue à domicile par l’Irlande, événe- ment redouté par les uns et attendu par les autres depuis vingt-huit ans. « Ça m’est venu à l’esprit sous la douche, avoue Ntamack. Quelqu’un a dit 1972 et moi, j’ai pensé : putain, vingt-huit ans ! » Philippe Bernat- Salles ignorait, maintenant il sait : « Alors, on rentre dans l’histoire ? Remarquez, moi je suis habitué. J’étais à Nantes en 1992. La seule victoire argentine de toute l’histoire en France et j’y étais. Ma première sélection. » «Cette impression d’être un ballon percé » Col ombes 1972, Sai nt-Deni s 2000, un très long bail pour la majo- rité des joueurs qui n’étaient pas nés lors du précédent succès irlan- dais sur nos terres. David Bory fait partie de ceux-là et, comme Bernat- Salles, il se souviendra qu’il a débu- té avec l’équipe de France par une défaite historique : « Savoir qu’on crée l’événement mais dans le mau- vais sens, ça accentue la déception. Vraiment, ça me fait très mal de penser qu’on a mis un terme à une longue tradition perpétuée par nos aînés. » Comme le nouveau, Bena- zzi, l’ancien, est dépité. En six matches franco-irlandais, l’Agenais avait toujours gagné. En ce jour triste, il préfère penser à la joie des Irlandais. « C’est un grand jour pour eux comme ce le fut pour nous lors de la demi-finale de Coupe du monde face aux Néo-Zélandais. »À l’évocation de cette défaite fran- çaise, tous avancent une analyse identique et exprimée par Chris- tophe Laussucq : « On a pris une énorme claque. Vraiment, ce qu’on vit est très dur et cette défaite est grave. Quant aux raisons de ce revers, el l es sont nombreuses. D’abord, il me semble évident que l’on a manqué de réalisme, notam- ment en début de rencontre. On doit vite tuer ce match. On doit marquer un ou deux essais et on ne le fait pas. Ensuite, il faut bien reconnaître qu’on a perdu des ballons en touche et qu’on n’a pas été performants en défense. Chaque fois qu’ils ont écarté un ballon, ils nous ont per- cés. Enfin, on a lâché le morceau physiquement dans le dernier quart d’heure, c’est évident. Eux, après la pénalité qui leur file l’avantage, ils étai ent euphoriques, ils avai ent encore plus de gaz. » Au sout i en de son demi de mêlée, Arnaud Costes confirme que les Français ont connu un gros coup de pompe en fin de rencontre : « Au moment d’accélérer, il y avait cette impression d’être un ballon percé, qui se vide. On avait du mal à sortir la tête de l’eau, on n’a pas eu les ressources physiques. » «La dernière fois que j’ai perdu comme ça, c’était en minimes » Mais c’est bien connu, pour avoir les jambes il faut que la tête com- mande. Et sans doute les Français se sont-i ls posé des questi ons quand, incapables de posséder plus de douze poi nt s d’ avance à l’approche de l’heure de jeu (19-7, 57 e ), ils ont senti le souffle des Irlan- dais. « En deuxième mi-temps, on a été rongés par le doute et il faut avouer qu’on s’est mis dans le mer- dier tout seul », lance Benazzi. Une analyse que ne partage pas Dal Maso. « Moi, j e n’avais pas de craintes, se défend-il. C’est sûr que si je marque mon essai, on fait le break. Mais malgré ce fait du match, je ne voyais pas comment on pou- vait perdre. Je n’ai jamais senti que ce match nous glissait entre les doigts. Ce qui a fait la différence, ce s o n t t o u t e s c e s o c c a s i o n s gâchées. » Christian Califano, lui non plus, ne comprend pas : « Je suis dégoûté. Pendant soixante-dix minutes, on emmène tout, on est forts sur nos bases et, au bout, la défaite. Vraiment, j’ai du mal à digé- rer tout ça. La dernière fois que j’ai per du comme ça, c’ ét ai t en minimes, à Toulon. » Tous vou- draient croire à un mauvais rêve. « On doit gagner dix fois sur dix », soupire Bory. « C’est dur à avaler mais nous sommes fautifs d’avoir laissé une fenêtre, une bouffée d’air aux Irlandais pour respirer, s’accro- cher à l’idée que tout espoir de revenir n’était pas perdu », explique Raphaël Ibanez. Et si l’Irlande a gagné, ils sont au moins deux à refuser d’évoquer les problèmes de structure, de calen- drier comme un paramètre à la défaite. « On peut difficilement évo- quer ces chose là, tellement il y avait la place pour gagner », avance Olivier Brouzet. Ibanez : « La pre- mière raison de la défaite, c’est la performance des joueurs. À nous de nous remettre en question. Mainte- nant, il faut arrêter les discussions et laisser ces problèmes-là aux diri- geants. Et puis, on n’a pas déjà par- lé de ça l’an dernier ? interroge-t-il avec ironie. Si on remettait plutôt ça sur le tapis la saison prochaine... » Dans un coin de la sall e de conférence, ils sont quelques-uns à s’autoproclamer « chats noirs » de l ’ équi pe de Fr ance. En deux matches, Bory et Benazzi ont perdu deux fois au Stade de France. « Mais moi, ça fait quatre sur quatre avec l’équipe de France, précise Laussucq. Tout le Tournoi 1999 et 2000. » Christian Califano conclut sur une note positive : « Rien n’est cassé. » Sauf les voix. Ce lieu aurait pu être la salle des fêtes mais il est plutôt question, ici, de sale défaite. Hamid IMAKHOUKHENE STADE DE FRANCE. — Fabien Pelous, le capitaine, a le nez dans ses chaussures. Ntamack, Benazzi, Bory et Laussucq font aussi profil bas. Comme s’ils sentaient la défaite arriver alors que O’Gara va transformer le deuxième essai de O’Driscoll et ramener les Irlandais à 5 points (19-14). UN HOMME DANS LE MATCH Pel ous à bout de souf f l e Au vu de l’entame performante de son équipe, le capitaine des Bleus, Fabien Pelous, ne pouvait pas imaginer le scénario catastrophe de la fin de match. Mais la fatigue a pris le dessus et coupé les jambes bleues. ABIEN PELOUS qui reste au sol au milieu de la seconde période, c’est déjà Fl’image de l’équipe de France qui coince, qui avance moins. Le capitaine français a été touché à une cheville. Il rejoint ses hommes pour une énième mêlée que les Français ne peuvent pas pousser. Le travai l d’usure entrepris dès le début du match ne paie plus. L’arbitre a mis le holà, les piliers se font sanctionner. Et ce sont les avants irlandais qui vont termi ner pl us f rai s, plus forts. Qui vont confisquer le ballon, offrir un troisième essai à Brian O’Driscoll et le but de la victoire à David Humphreys. Mais Fabien Pelous est lucide : « On n’a pas manqué de courage, c’est le physique, tout simplement, qui n’était plus là. Nous étions fatigués. Comme lors des autres matches, du reste. Et les Irlandais ont réussi à passer la vitesse supérieure. » Aucun faux-fuyant, aucune excuse chez le capitaine de l’équipe de France. Juste un constat. Et surtout, nulle envie d’accabler qui que ce soit, même s’il rajoute avec sa franchise habituelle : « Il ne faut pas se voiler la face. Il y avait un très bon joueur, O’Driscoll, en face et, chez nous, deux qui n’ont pas été efficaces. Je ne dis pas cela pour les rabaisser, loin de là, c’est un fait. Nous étions très performants en défense lors des derniers matches. C’était une constante de notre jeu. Maintenant, il ne faudrait pas résumer ce match au duel entre O’Driscoll d’un côté et entre Glas et Desbrosse de l’autre. » Mis à part durant les trois dernières minutes, Fabien Pelous a gardé confiance. Pendant toute la partie, il pensa que les Irlandais céderai ent . I l s avai ent l es bal l ons, i l s s’appuyaient sur une mêlée très performante, sur une touche conquérante et sur une bonne discipline. Autant d’ingrédients nécessaires et suffisants pour empêcher les débordements d’une équipe d’Irlande qui eut surtout le mérite de ne pas se laisser décoller au score. Ce fut probablement la première insuffisance des Français. Chaque fois que la France marquait et était en passe d’enfoncer le clou, elle se faisait prendre chez elle. «J ’étais confiant... » « Que voulez-vous, on manque quatre essais faisables, analyse-t-il. À chaque fois, on échoue à 50 cm de la ligne de but. Des occasions de ce genre, on doit les mettre au fond. On a péché dans la finition. Pour des détails. Quand Marc Dal Maso échoue à un mèt re de l ’ en-but i rl andai s, c’ est de l a malchance, c’est tout. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas travaillé. » Comme ils avaient bien pris les avants irlandais en première période, il pensait bien que la suite serait nettement à leur avantage. Qu’il n’y aurait pas de scénario catastrophe, ni de retournement de situation en fin de partie. Califano, entre deux mêlées, l’avait conforté dans son sentiment de supériorité : « J’ai même dit à Fabien que si on continuait comme ça, on allait leur mettre 30 points. » Et de retour aux vestiaires, à la mi-temps, Fabien Pelous tranquillisa ses coéquipiers : « Nous avions pris le dessus devant. Toutes ces occasions perdues me rassuraient d’une certaine façon. J’étais confiant, certain que les Irlandais baisseraient de pied, si on insistait. » «Nous avons fait un meilleur match que les Irlandais » C’est une évidence, les Irlandais étaient perturbés, souvent bouscul és. Et l e j eu s’enchaînait tout naturellement derrière, avec des intervalles qui s’ouvraient, la ligne de but devenant chaque f oi s une ci bl e pl us découverte. Mais, au fil du temps, on sentit les Irlandais pris dans une spirale qui les aspirait vers le haut, alors que les Français étaient aspirés vers le bas. Comme les autres, Fabien Pelous avait beaucoup donné. « Durant toute la deuxième mi-temps, je me suis senti fatigué. La fatigue nous a gagnés, à tous. On a accusé le coup physiquement. Si nous avions été, alors, en pleine possession de nos moyens, comme en première période, il n’y aurait pas eu de problème. » Très à l’ouvrage sur les touches, les coups de renvoi et au plaquage, Fabien Pelous avait à peine la force de parler à ses hommes. Le souffle court, il cherchait avant tout à récupérer. « Je leur ai répété qu’il fallait gérer notre avance. » L’équipe de France en était rendue là, à gérer une avance de 8 points à un quart d’heure de la fin, alors qu’en fin de première période elle se voyait en mettre une bonne tren- taine à ces Irlandais. Entre eux, à bout de forces, ils se répétaient : « Gardons le contrôle, jouons plus debout, conservons le ballon. » Des consignes qui n’étaient pas sui vies d’effets. Les Français n’avaient pratiquement plus de ballon, et lorsqu’ils le récupéraient, ils s’en séparaient rapidement. « Plus que déçu, je sors frustré de ce match, avoue le capitaine français. Je crois que nous avons fait un meilleur match que les Irlandais et nous avons perdu. Nous avons perdu un match, qui était largement à notre portée. Les Irlandais n’ont mené que trois minutes, mais les trois dernières. C’est ce qui est frustrant. Et en qualité de capitaine, encaisser, en France, la premi ère défai te contre l ’ Irl ande depui s vingt-huit ans, ce n’est pas gratifiant. » Reste maintenant à Fabien Pelous à ne pas être, le 1 er avril prochain, dans ce même Stade de France, le premier capitaine français à perdre face à l’Italie. « J’étais déjà le premier capitaine du quinze de France à avoir perdu tout court contre les Italiens. » Fabien Pelous a de la mémoire. C’était à Grenoble, en 1997. Voilà qui serait un bien vilain poisson d’avril ! Francis DELTÉRAL Noir Jaune Bleu Rouge 5 Noir Jaune Bleu Rouge N o i r J a u n e B l e u R o u g e N o i r J a u n e B l e u R o u g e TOURNOI DES SIX NATIONS FRANCE-IRLANDE : 25-27 LUNDI 20 MARS 2000 PAGE 5 Laport e : «On se cache l a véri t é » L’entraîneur de l’équipe de France est très en colère. C’est au-delà de la défaite face à l’Irlande qu’il se situe. Il veut se battre pour que le rugby français amène ses joueurs au plus haut niveau. L est arrivé le visage grave et serré, la colère contenue. Ber- I nard Laporte est un homme vexé parce que la défaite face à l’Irlande est dure à avaler. Un match que l a France pouvai t gagner, mais qu’elle a laissé filer pour un tas de rai sons. Mai s l’entraîneur de l’équipe de France veut dépasser le cadre de ce seul événement et mettre l’accent sur les dérives du rugby français, sur son inadaptation au niveau inter- national. Un cri d’urgence sur des réformes à entreprendre très vite. Décidé qu’il est à imposer pour ne pas avoir à pleurer en permanence sur l’inconsistance de l’équipe de France. « Bernard, on a cru que les Français al lai ent faci lement gagner ce match, et les Irlandais ont fini par imposer leur rythme et leur rugby. Qu’est-ce qui s’est passé selon vous ? — D’abord on a manqué des occasions d’essai en début de match qu’on ne doit pas manquer. On pouvait très bien rapidement faire le trou et remporter le match de 30 points. Ensuite on a été peu performant en défense, alors que dans les matches précédents cela avai t été une force. On avai t encaissé un seul essai en trois matches et là on en prend trois d’un coup. — On a remarqué une fai- blesse défensive au centre… — Je n’ai pas l’intention d’incri- miner Glas et Desbrosse qui sont deux des meilleurs centres de notre Championnat. On les voit tous les dimanches transpercer tout le monde. Mais je ne peux nier qu’on a perdu en grande partie par cette faiblesse. On a vu O’Driscoll traverser le terrain dix fois, ce n’est pas normal. On a été malmené par un joueur qui a marqué à lui seul trois essais. — C’est plus une faiblesse col l ect i ve ou cert ai nes f ai- blesses individuelles ? — Il ne faut pas le voir comme ça. Moi je veux aider Glas et Des- brosse, pas les critiquer. Je veux qu’ils puissent jouer dix fois contre un O’Driscoll pour qu’ils progres- sent, dans une vraie compétition de haut niveau et pas dans un Championnat qui tire le rugby fran- çais vers le bas. En tennis quand on veut faire Roland-Garros, il faut d’abord passer par des élimina- toires du même niveau. «Seulement deux clubs de haut niveau » — Qu’est ce qui a péché encore dans ce match ? — On manqué de sens tactique. On s’est trop exposé à certains moments du match. On a rendu des ballons aux Irlandais. C’est un manque d’expérience du haut niveau de certains joueurs. On était une équipe fragile. On a vu la différence quand Humphreys est rentré en deuxième mi -temps, comment il a su manœuvrer. — Y a-t-il quelques chose de positif tout de même ? — On s’est créé plusieurs occa- sions franches d’essais. Il y a eu des mouvements intéressants, une preuve qu’on est capable de pro- duire du jeu. Ensuite on n’a pas réussi à concrétiser. Et puis la force de notre mêlée fermée. — Le fait d’avoir dû complète- ment bouleverser votre ligne d’attaque en raison des bles- sures, n’est-elle pas une raison majeure de ces difficultés ? — Ce n’ est pas parce que l’ Irlande nous a batt us 25-27 qu’elle est devenue meilleure que nous. On doit pouvoir, en France, avec nos 700 joueurs pro et au regard des 200 que possède l’Irlande, se passer de dix blessés en équipe de France. Seulement, chez eux, ils ont réuni une grande partie de leurs meilleurs joueurs dans deux équipes, ils ne jouent que vingt matches dans l’année, mais ce sont entre les meilleurs. Et le reste du temps, ils s’entraînent dur. Nous, on bricole. — Le rugby français a visible- ment un coup de mou… — Depuis quatre ans, on se cache la vérité. J’étais dans les tri- bunes quand on a pris 50 points contre les Sud-Af. Tout le monde rigolait, pas moi. L’an dernier, on a perdu trois matches de suite dans le Tournoi. On a des résultats ins- constants. La demi-finale de la Coupe du monde, c’est l’arbre qui cache la forêt. On a fait un match formidabl e contre la Nouvel le- Zélande, mais on oublie qu’on a pris 30 points en finale contre l ’ Aust r al i e. On souf f r e d’ un manque compét i t i on de haut niveau. — Ce n’est pas nouveau. On le répète, mais rien ne bouge… — Aujourd’hui, on n’a pas le t emps de tr avai l l er ent r e l es matches. C’est du bricolage, et on n’est pas des pros. Il est temps de changer radicalement de politique. D’autant que je suis sûr que nous avons quatre ou cinq joueurs dans cette équipe de France qui sont les meilleurs, ou parmi les meilleurs du monde à leurs postes. — Chacun sait que vous êtes pour un Championnat resserré, voire les Provinces, mais com- ment y parvenir ? — Déjà je suis contre les Pro- vinces. La France a une culture de clubs. J’en viens et je sais qu’elle existe réellement. Seulement il faut savoir si les clubs veulent le faire. Tous les joueurs du Stade Français me disaient qu’il y avait quatre matches par an de difficile. Recevoir et aller à Toulouse, aller à Montferrand ou à Brive. Cette année il ne reste que deux clubs de haut niveau, Toulouse et Stade Français, et je sais déjà qui va être champion de France. Si on veut aller vers l’excellence, et moi c’est ce qui m’intéresse, on doit absolu- ment opérer ces changements. Et croyez-moi je suis prêt à me battre et à monter au créneau. — Seul contre tous ? — Non, il faut faire avancer les choses ensemble. Moi j’ai envie de travailler avec le président de la Ligue, Serge Blanco, et avec le prési dent de l a FFR, Bernard Lapasset, pour mettre le rugby français sur une autoroute au lieu de l’abandonner sur une nationale chaotique. Il faut qu’on ait une volonté commune pour que, lors de la prochaine Coupe du monde, tout soit largement en place et qu’on présente une équi pe de France performante. Quatre ans c’est vite passé. — Y a- t - i l des sol ut i ons rapides ? — On a des solutions. Seule- ment, est-ce que tout le monde est d’accord pour que ça se fasse ? Je remarque que les meilleurs sont au trou, blessés ou fatigués, et je me pose des questions. Si l’équipe de France doit bien être la vitrine du rugby français qui est capable de battre tout le monde, on doit mettre derrière tout ce qu’il faut. C’est l’intérêt supérieur du rugby français. Il faut regarder la réalité en face. Ou alors on décide qu’on continue en l’état, qu’on s’en fout, mais que ce soit clair. Notre rugby n’avance pas. Tout le monde se ment . Moi , j ’ ai l ’i ntenti on que l’équipe de France avance. » Recueilli par Jean CREPIN STADE DE FRANCE. — Aux côtés de Jo Maso, Bernard Laporte semble prendre un courant d’Eire ! Après deux victoires sur l’Angleterre et l’Irlande dans le Tournoi 1998, l’équipe de France a perdu cinq rencontres d’affilée depuis l’inauguration du Stade de France. Rappelons, en effet, qu’avant leurs quatre défaites dans le Tournoi (1999, 2000), les Français avaient également perdu 21-32 contre l’Australie, le 21 novembre 1998. AVEC LES IRLANDAIS INGT-HUIT ANS que l’Irlande n’avait plus gagné à Paris. Vingt-huit ans, c’est l’âge de Keith Wood, Vcapitaine et talonneur de feu de cette équipe d’Irlande. Dès lors, on comprend mieux l’explosion de joie des Irlandais au coup de sifflet final. Porté en triomphe par ses partenaires, le drapeau irlandais dans les mains, Brian O’Driscoll, héros de ce match et symbole du renou- veau, mettra ainsi plus d’une heure avant d’aller rejoindre la douche. Ce n’est pas un jour ordinaire. Cela fait quarante-sept ans qu’un joueur irlandais n’avait plus marqué trois essais dans un match du Tournoi ! Alors réaliset-il la portée de l’événement, lui à qui il a suffi de venir jouer son premier match contre l’équipe de France dans le Tournoi pour s’imposer à Paris et réussir un fantastique hat-trick, « le premier de toute [sa] carrière » ? O’Driscoll a vingt et un ans, et il pense sans doute à ses proches à qui il avait promis de marquer au moins un essai dans ce match. Ceux à qui il a adressé un signe avec ses deux mains à chaque fois qu’il est allé déposer le ballon dans l’en-but français. « Private joke », explique- t-il dans un sourire en guise d’explication. « On a décro- ché la lune », ajoute-t-il en rigolant, conscient tout de même que le rugby irlandais vient de signer l’un des plus beaux exploits de son histoire pour le week-end de la Saint-Patrick. Mais sait-il ce que ressentent les anciens Peter Clo- hessy et Mick Galwey, qui auront dû attendre la dernière saison de leur longue carrière i nternationale pour connaître un tel bonheur ? Warren Gatland, l’entraîneur néo-zélandais des Verts, lui, sait ce qu’il leur doit. « On a beaucoup vu O’Driscoll ou Hickie dans ce match, c’est vrai, ils ont été forts, mais je voudrais rendre hommage à deux autres joueurs, Clohessy et Galwey. Ils ont été grands dans les moments importants de ce match, et je suis vraiment très heureux pour eux. » C’est l’émotion qui l’emporte. Fitzgerald :« Sans retenue et en confiance » L’émotion de tous ces anciens joueurs venus au Stade de France. Ciaran Fitzgerald, capitaine emblématique des Verts dans les années 80, était là, tout comme Phil Mat- thews, qui eux n’ont jamais gagné au Parc des Princes. « Les stades ne font pas les équipes, souligne avec à- propos Ciaran Fitzgerald. Si l’équipe d’Irlande a gagné, c’est d’abord parce qu’elle a su construire son succès. Sur ce match, il n’y a rien a dire, elle le mérite vraiment. Contrairement aux années passées, elle a joué sans rete- nue et avec beaucoup de confiance. » Cette confiance, qui revient dans la bouche de tous les Irlandais. « On a toujours eu les joueurs et le potentiel pour bien jouer, mais nous n’en avons pas toujours été convaincus, admet le centre Rob Henderson. On vient de démontrer que ce n’est plus vrai. » « France-Irlande, c’est le match que l’on a souvent perdu dans la tête, explique dans un long monologue le manager Donal Lenihan. Cette fois, on ne l’a pas lâché. Pendant toute la semaine, on n’a pas cessé de répéter aux joueurs qu’ils avaient les moyens de réus- sir quelque chose ici et qu’il ne fallait pas perdre ce match avant de l’avoir joué. N’oublions que, les deux dernières années, nous aurions très bien pu battre la France. On perd de deux points, ici même, il y a deux ans, d’un point, la saison pas- sée à Dublin. Et puis il y a eu l’échec en Coupe du monde qui nous a fait vraiment prendre conscience qu’il faut être ambitieux dans le jeu pour être performant. Il y a encore les quelques victoires de nos provinces en Coupe d’Europe qui ont permis à nos joueurs de se décomplexer vis-à-vis des Français. Il y a eu enfin nos deux derniers succès sur l’Écosse et l’Italie. » Lenihan : « On a défié les Français dans le jeu » Le manager des Verts reprend son souffle, mais tout à sa joie, ne lâche pas le morceau. « Sur le plan du jeu et du physique, on a énormément progressé. Regardez cette mêlée en fin de match que l’on joue à sept contre huit. Paddy Johns a reçu un carton jaune, Stringer fait un en- avant dans nos 22 mètres, mais on sait que c’est sans doute la mêlée la plus importante du match. Et on n’a pas cédé un centimètre. On a défié les Français dans le jeu et physiquement on a mieux fini qu’eux. C’est la grande dif- férence avec le passé récent. » Keith Wood remarque ainsi que l’Irlande n’a rien lâché non plus dans ce début de match tonitruant des Français. « Les vingt premières minutes sont les plus intenses et les plus rapides que j’ai jamais jouées au niveau interna- tional. Les Français auraient pu définitivement tuer le match, au lieu de ça, ils n’ont marqué que six points. On a su résister et puis inverser peu à peu la pression. La façon dont nous avons joué est en tout cas la preuve que nous avons progressé. On peut être fiers de ce qu’on l’on a montré et réussi aujourd’hui. J’avais dit un jour que de gagner avec les Lions britanniques (en 1997 en Afrique du Sud) avait été le plus grand moment de ma carrière, ce n’est plus le cas aujourd’hui. » Wood est fier de son équipe. Fier de pouvoir affirmer aujourd’hui que l’équipe d’Irlande, ce n’est plus seulement un paquet d’avants. « Cette image nous collait pourtant à la peau. Justifiée ou pas, ce n’est plus vrai maintenant. Ce que nos trois-quarts ont réussi face à l’équipe de France aujourd’hui, c’est fabuleux. C’est encore la preuve de la confiance qui règne désormais dans notre groupe. » Et Wood a la certitude que ces Verts-là ont de beaux jours devant eux. Julien SCHRAMM STADE DE FRANCE. — L’ailier au bandeau Hickie fait la roue. Les autres lèvent les bras vers ce ciel où se cachaient les étoiles que les Irlandais ont, hier, touchées du doigt. La t êt e dans l es ét oi l es La fierté et l’émotion étaient grandes hier dans le camp irlandais. En s’imposant à Paris pour la première fois depuis 1972, les Verts ont décroché la lune un week-end de Saint-Patrick. Ça mérite bien la une… SUR VOTRE AGENDA LE WEEK-END PROCHAIN (ÉLITE 1). — Samedi 25 mars : Poul e 1, La Roc hel l e- Br i ve (14 h 15, en direct sur Canal +) ; Dax-Aurillac (19 h 30) ; Auch-Nar- bonne ( 20 heur es). Poul e 2, Racing CF-Toulon (18 heures) ; Pau - Mont-de-Marsan (19 h 30) ; Pér i gueux- Agen ( 20 heur es) . Dimanche 26 mars : Poule 1, Co l o mi e r s - St a d e F r a n ç a i s (15 heures) ; Grenoble-Perpignan (15 heures) ; Montauban-Toulouse (15 heures). Poule 2, Bègles-Biar- ritz (15 heures) ; Nîmes-Montfer- rand (15 heures) ; Castres-Bour- goin (15 heures).
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