Boudon -- Reseau de Sens

March 24, 2018 | Author: Mihai Mihai | Category: Definition, Semantics, Irony, Rhetoric, Perception


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Pierre Boudon([email protected]) RÉSEAU DU SENS I (nouvelle version) Une approche monadologique pour la compréhension du discours, Mots-clés: - Analyse de discours - Sémiotique - Linguistique cognitive - Réseau sémantique - Interface communicationnelle © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. La réalisation de ce site n’aurait pas pu être menée sans la participation de Jorge Zeledon. Qu’il en soit ici remercié. ii © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. SOMMAIRE PRÉSENTATION ...........................................................................1 (i) Précédents A. LE TEMPLUM............................................................................................ 3 (ii) Modèle du templum (3 et 2 dimensions) B. CARTOGRAPHIE DU RÉSEAU DE TEMPLA ........................................ 6 (iii) Tableau d'ensemble C. TROIS EXEMPLES ILLUSTRATIFS........................................................ 8 D. UN MINI RÉSEAU DE TEMPLA............................................................ 14 (vii) Mini réseau de templa (discursivité) PREMIÈRE PARTIE: L'INSTANCIATION DISCURSIVE .......20 I.1. CATÉGORISATION DE LA PERSONNE............................................. 21 (ii-ii') templum des pronoms d'adresse I.2. CATÉGORISATION DE L'INSTANCIATION ..................................... 27 I.2.1. LES TROIS OPÉRATIONS DE BASE, .......................................................... 29 {énonciation, référenciation, mention} (iv-iv') templum d'une instanciation discursive I.2.2. PREMIER TERME MIXTE, {niveaux de métalangage}.................................. 34 I.2.3. DEUXIÈME TERME MIXTE, {cotexte} ......................................................... 37 I.2.4. TROISIÈME TERME MIXTE, {sui-référence} ............................................... 43 I.3. LES MODALITÉS PRÉDICATIVES: L'ASSERTION .......................... 45 iii © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. (ix-ix') templum des modes de l'assertion I.4. CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE........................................ 52 DEUXIÈME PARTIE: L'OBJET DE RÉFÉRENCE ...................53 II.1. DEUX NIVEAUX DE FONCTIONNEMENT, .................................... 54 SYNTAXE ET SÉMANTIQUE (i) schéma d'articulation II.2 LES ENJEUX DE LA CATÉGORISATION LEXICALE ..................... 57 II.3. FIGURES DE L'ENTRECROISEMENT SÉMANTIQUE .................... 60 (ii) domaines notionnels: morphologie, écologie, sociologie axiologie II.4. RELATIONS D'OBJET, RELATIONS D'INSTANCE ......................... 63 (SÉMANTIQUE) (iii-iii’) Champ sémantique associé à l'< objet sonore > II.5. MATRICE SYNTACTICO-SÉMANTIQUE......................................... 67 (v) Variations sur la lexie < livre > (vi) lexie (rapport sens-référence) II.6. APPENDICE: LA SÉMANTIQUE DE L'< OISEAU > ........................ 72 TROISIÈME PARTIE: LA DÉTERMINATION, .......................92 QUANTIFICATION DISCURSIVE ET PROTOTYPICITÉ III.1. LA QUANTIFICATION DISCURSIVE .............................................. 93 III.1.1. LA QUANTIFICATION PAR DÉFINITUDE ............................................... 96 (ii-ii') templum d'une qualification désignative III.1.2. LA QUANTIFICATION PAR DÉNOMBREMENT ................................... 103 (xi-xi') templum d'une quantité dénombrable III.2. LE PROBLÈME DE LA PROTOTYPICITÉ ..................................... 109 III.2.1. LES TROIS OPÉRATIONS DE BASE, ...................................................... 111 iv © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. {généricité, prototypie, individuation} III.2.2. TERMES MIXTES ASSOCIÉS AU PROTOTYPE, ................................... 113 {coordinations, subordinations} (xxi-xxi') templum de la prototypicité III.2.3. TROISIÈME TERME MIXTE, ................................................................... 119 {hors classe} III.3. LE TREILLIS DES RAPPORTS, SYNTAXE ET SÉMANTIQUE... 123 III.3.1. LA FORME (SIMPLE) DU TREILLIS........................................................ 125 (xxii) Treillis I: premier registre (feuilletage de base) III.3.2. LA FORME (DÉDOUBLÉE) DU TREILLIS.............................................. 126 (xxii') Treillis II: deuxième registre (rapports {Langage, Texte}) III.3.3. LE PRINCIPE D'IDOÉNITÉ ........................................................................ 130 (xxiii-xxiii') templum d'une idoénité QUATRIÈME PARTIE: ............................................................135 UNE INTERFACE DISCURSIVE, L'IRONIE IV. PROLOGUE........................................................................................... 136 IV.1. DESCRIPTION DE LA FIGURE....................................................... 139 IV.2 EXPLICATION DE L'IRONIE ........................................................... 141 (i) Reprise et complément au mini-réseau (vii) de la Présentation IV.3. LES MODALITÉS DISCURSIVES, ................................................. 144 {sens littéral, figuré, sous-entendu} IV.3.1. RELAIS ENTRE CES TROIS MODALITÉS DE BASE ............................ 147 (ii-ii') templum d'une modalité discursive (littéral, figuré, sous-entendu) v © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. ..............4...4...1............................ 169 (vii) Matrice de mises en correspondance de l'< ironie > IV........................................ 2004.... 188 vi © Pierre Boudon... LA FORMATION DES TROPES (POÉTIQUES/RHÉTORIQUES) 151 IV...... CATÉGORISER L'OBJET GÉNÉRIQUE.... LES INTONATIONS DE LA VOIX ...................... ...........................................1. 180 (i) Mini réseau de templa (aspectualité) V...... 183 (iii-iii') templum de la constitution de l'objet générique V.....5............................................... LES TERMES MIXTES COMME FIGURES ..................2......................................7........ 161 (v-v') templum d'un éloge et d'un blâme IV......................7...................2...6............ LES GRANDEURS INTENSIVE ET EXTENSIVE ........... L'ÉLOGE ET LE BLÂME .1............. Tous droits reserves..............IV......177 L'« OBJET QUELCONQUE » ET SON ASPECTUALISATION V.. LES RÔLES ÉNONCIATIFS........ POUR CONCLURE: LA SCÈNE DE LA PAROLE................................................ 165 (vi-vi') templum des intonations de la voix IV... LA PROPORTION ....... 172 (viii-viii') templum de la Scène de la Parole CINQUIÈME PARTIE: .....1............................... 156 COMPLEXES DE L'HOMOLOGIE (iii) Positions dérivées de la métaphore et de la métonymie (iv-iv') templum des tropes rhétoriques/poétique IV.. ........3................... L'INTERVALLE TOPOLOGIQUE....................3.................. 224 (xiv-xiv') templum d'un processus de temporalisation III V.. ÉVÉNEMENT ... 229 (xv-xiv') templum d'une jonction... DÉROULEMENT.3..............................3........ L'ORDONNANCEMENT NUMÉRIQUE........................ PROCÈS........ 206 {temporalisation} V................. 209 (viii) Scène d'ensemble avec repérage énonciatif (ix-ix') templum d'un processus de temporalisation I V...5. LES ÉCHELLES DE GRANDEUR .... .................4.. 219 (xii-xii') templum d'un processus de temporalisation II V.........................5..5.......................4..........4.............2............. POINT DE VUE PROSPECTIF ET POINT DE VUE RÉTROSPECTIF .1..4.......................... 198 (v) Schéma de développement de la notion d'intervalle V...... Tous droits reserves...................... DEUXIÈMES FORMES D'ASPECTUALISATION.... INCHOATIVITÉ.. 234 vii © Pierre Boudon..........................4..... 201 (vi) rapport d'inversion scalaire (vii-vii') templum des rapports d'échelle entre « mondes » V......3... JONCTION...2......... MODES DE LA SÉRIALITÉ .... TERMINATIVITÉ ..1......3...........................1.. 194 V... PREMIÈRES FORMES D'ASPECTUALISATION............... 217 V.. 228 {spatialisation} V......4....................2.. DISJONCTION .. disjonction V.................................... 2004................................ ÉTAT. SOUS-PROCESSUS: LA NOTION DE « CRISE » .....V.. 195 (iv-iv') templum d'une structure d'ordre V... SOUS-PROCESSUS: LES RAPPORTS {dessus-dessous} ....... ... ......... CONCLUSION: DE L’OBJET À SA CAUSE .... 247 (xxi-xxi') templum d'un processus vital (xxii) exemple de scénario (xxiii-xxiii') templum d'un processus de spéciation INDEX DES NOMS ET DES NOTIONS ............5...................................... 2004........................... 239 (xviii-xviii') templum d'une composition V.....V.............. DÉSAGRÉGATION ....6.. Tous droits reserves...263 BIBLIOGRAPHIE ..... AGRÉGATION......................................274 viii © Pierre Boudon...................................3......... Sites et textures du monde (à paraître). 1 © Pierre Boudon. Morazé). Ce dernier texte tentera de préciser les différents rapports morphologiques nous permettant de constituer une grille de lecture du monde naturel.a. j'ai fait paraître deux autres ouvrages qui ont enrichi cette problématique. A. i) Précédents . . 2002).b. point de vue d'un lecteur attentif qui récapitule bien cette démarche inscrite dans une tradition contemporaine (Piaget. Le champ sémantique de la parenté. la monade comme unité de synthèse) est représentée par ce que j'ai appelé un templum en tant que plus petite unité réunissant des rapports de catégorisation. LE TEMPLUM Présentons brièvement l'outil théorique. appelé: Le réseau du sens. principes de monadologie discursive. 1999. Extension d'un principe monadologique à l'ensemble du discours (Peter Lang. . le but étant la constitution d'un ensemble sémiotique (combinatoire) aux multiples entrées dont l'articulation de base (cf. Le réseau du sens II. xi-xiii).d. pierre angulaire du réseau qu'il constitue par démultiplication. Une approche monadologique pour la compréhension du discours (Peter Lang. le mieux est de reprendre la Préface que JeanBlaise Grize a donnée à ce premier texte (1999. . Le réseau du sens I. Rapport entre langage et représentation des connaissances (L'Harmattan. Cosmos. . 2002). Lévi-Strauss. Rappelons que son but est la définition d'une entité minimale de catégorisation au moyen de relations invariantes. .PRÉSENTATION Cet ouvrage fait partie d'un ensemble de recherches. épuisé). dont une première édition a constitué le texte inaugural. Topo-analyse des formes du territoire (à paraître).c. Tous droits reserves. 2004. Depuis.e. le templum est l'endroit où l'augure receuille et interprète les présages.. dans la tradition antique. Malheureusement rares sont ceux qui proposent une méthode opératoire pour le faire. 2004.) Par ailleurs. Là d'ailleurs ne s'arrête pas sa portée. etc. locale sans doute. Montréal. c'est au sein d'une totalité. entre singularité et universalité). Mais. Préface de Philippe Hamon. C'est celle de templum qui va servir. D'autre part. Tous droits reserves. universalité.). dire/non-dire. mais Pierre Boudon est l'un d'eux. Ici un templum sera une structure abstraite qui. . celle-ci a pu être expliquée par des groupes de transformations comme INRC. va servir d'élément à des réseaux de templa propres à saisir la signification des mécanismes du discours.(. Ensuite. Cet exposé est suffisamment clair pour n'avoir pas à revenir sur les dispositions formelles du templum (illustrées au moyen du diagramme générique (ii) infra). 1992. il fallait aller plus loin encore et imaginer une nouvelle structure. Disons que. Le terme choisi ne manque pas de pertinence. instanciée. Quant à leur base triangulaire commune XYZ (par exemple singularité. un discours s'inscrit dans une temporalité. Il relève sans doute de l'architecture. discipline à laquelle Pierre Boudon avait déjà consacré un ouvrage en 1992 (Le paradigme de l'architecture1). particularité dans le templum défini/indéfini). Un templum peut être figuré comme un double tétraèdre dont les sommets opposés sont en relation dichotomique (défini/indéfini. il fait partie de ces recherches portant sur les « structures élémentaires » (du discours. on peut imaginer de poursuivre la démarche —même si l'ouvrage n'en tire que peu parti— et à la limite aboutir à un bicône.. S'il procède bien évidemment à des analyses. le sens du parcours de X à Y et de Y à X n'est pas toujours indifférent: tiède n'a pas le même sens si l'on va de chaud à froid ou de froid à chaud. de la culture) permettant de caractériser 1 Le paradigme de l'architecture. par ses buts. les ensembles qu'il dégage sont bien davantage des ouverts au sens de Culioli que des classes booléennes et leurs relations sont plus de nature topologique qu'algébrique. par exemple. à la suite des travaux de Piaget. de totalisation et de génération. mais toujours présente. il dépasse les seules classifications d'objets atomiques au profit de modules qu'il ne se contente pas d'associer linéairement mais qu'il compose entre eux dans un mouvement dynamique d'agrégation. Même si. D'une part. c'est-à-dire les signes. elle offre une dynamique qui permet d'introduire entre chacun des sommets du triangle des intermédiaires (prototype. D'abord. succession/simultanéité. La réflexion épistémologique contemporaine ne cesse d'attirer l'attention sur la nécessité d'aborder la complexité en tant que telle. 2 © Pierre Boudon. de sorte qu'il est exclu d'en rendre compte à l'aide des seules catégories de la logique usuelle. 3 © Pierre Boudon. « ouvert » et non « clos »2 comme le précise la citation de J. 2004.par leurs formes invariantes un principe de catégorisation que l'on peut situer à un niveau mimimal en deça duquel nous n'aurions qu'une poussière d'événements. Rappelons.-B. Fodor. (ii) le modèle du templum (2 et 3 dimensions) mt+ Structure tridimensionnelle (trois dimensions) y x z mt- MT +. en ce qu'ils se prêtent à des jeux de renvois entre eux). . le modèle (topologique) de ces structures élémentaires que l'on peut comparer à des modules (cf. A. au moyen d'une schématisation.- X XZ XY Plan équatorial (deux dimensions) Z Y YZ 2 Tels que ceux de J. Grize. C'est par cet axiome d'extrémalité que cette forme noologique existe comme unité synthétique a priori. Tous droits reserves. Tous droits reserves. par complémentarité. et Wolfgang Köhler lui-même.. Cette erreur est fondamentalement identique à celle que nous critiquons chez les mécanistes « atomistiques ». les « chefs de variation » du plan équatorial que forment ces termes de base.Au départ. 1970. Schwer m'a éclairé sur le sens de ces relations entre sommets étiquetés et non étiquetés. nous avons trois termes en relation de contrariété. p. n'ont à la bouche que le mot d'ordre de « totalité »! 4 © Pierre Boudon. 4 Ce problème de la partie et du tout n'est pas sans faire penser à la critique faite par Lorenz à propos de certaines tendances de la théorie de la forme où Forme et Totalité sont assimilées: « de très nombreux psychologues de la forme. Chaque poste (termes de base et termes mixtes) reçoit une affectation catégorielle (cf. C'est cette vacuité qui assure un rapport alternatif entre les métatermes MT+ et MT-. dans la culture) sans perdre du même coup ce qui fait leur intégralité en tant que vision d'ensemble « interprétative » (ou « contextuelle »). 75 sq). « Le tout et la partie dans la société animale et humaine ». comme le souligne Jean-Blaise Grize. petit triangle) représentant un « trou » topologique3.. YZ. sauf le centre de l'intersection (cf. dans Trois essais sur le comportement animal et humain. X.qui constituent. 2004. qu'elle en soit ici remerciée. tendent à assimiler purement et simplement les concepts de totalité et de forme. . du matin au soir. Les termes mixtes XY. consistant à dire qu'on ne peut réduire la multiplicité des rapports (dans le discours. il y a 3 S. Le point de vue « atomistique » du templum s'oppose ici au point de vue global appelé « holistique ». se rend coupable d'une erreur de méthode. Paris. Mais. Cela donne un résultat hautement paradoxal quand cette infraction aux règles de la recherche inductive vient précisément du côté de ceux qui. XZ sont engendrés par dérivation de ceux-ci et représentent des formes médiatrices (terme unique ou gradient). la « vision » implique alors des points de vue extérieurs à l'ensemble considéré4. On peut parler ainsi de structure holomorphe récursive en ce qu'elle peut être réïtérée indéfiniment. la variation entre ces termes est gouvernée par les métatermes MT+ et MT. L'auteur poursuit: « Toute tentative de compréhension scientifique qui n'examine que dans une direction une liaison causale qui est en fait réciproque.Y. faisant apparaître ce trou au centre. comme celle qui unit dans la plupart des cas la partie et le tout d'un système organique.Z. étiquetage). » (cf. à une imagination ou à une symbolisation. 5 © Pierre Boudon. Par code. à une énonciation. c'est-à-dire lors même qu'ils ne comprendraient aucun élément qui ne fût une pièce incluse fixe ou un élément d'ossature serti dans l'enchevêtrement mobile des liaisons causales réciproques. un rôle décisif. dans le domaine de la psychologie de la perception de la forme. etc. et qu'on appelle l'intelligence humaine. une « fonction langagière schématique ») à cette constitution de la grille. propre de ce fait à influencer par sa forme et par son jeu la totalité.possibilité de trouver un moyen terme entre ces deux extrémités du spectre en introduisant des « mini réseaux de templa » (comme nous les avons intitulés) qui constituent par voisinage une mosaïque de renvois5 et dont la logique de regroupement se fera par domaines d'affinité (ainsi des propriétés associées à une prédication. Je dirai ainsi que le thème de l'ouvrage est fondamentalement son anti-associationnisme puisqu'il présuppose une grille préfabriquée par rapport aux informations recueillies. Calvin. voilà au moins qui existe bien souvent. » Ces différentes questions seront abordées plus particulièrement à propos de l'aspectualité spatiale et temporelle (Cinquième partie). Dans ce titre. 2004. sans être lui-même influencé. 5 Cf. pour des raisons qu'il serait trop long de développer ici. ni statistique (au sens où la forme qui en résulterait serait comparable à des nuages de points). En revanche des chaînes causales univoques qui relient la totalité formant système à ses parties. j'en veux pour preuve également que l'auteur associe. Cambridge. l'attitude des mécanistes —qu'il s'agisse des behavioristes ou des réflexologues— est moins fautive. et même en un certain sens plus respectueuse de la totalité que celle des auteurs cités plus haut qui spéculent exclusivement sur la totalité: des liaisons causales qui unissent la partie à la totalité. Mais en fait. étant donné que. la mosaïque de l'esprit n'est pas une métaphore mais correspond très exactement à l'idée de base avancée par l'auteur à la suite des travaux précurseurs de Hebb (1949). à une aspectualité spatio-temporelle. de chaque société d'organisme. des « matériaux —indépendants de l'édifice » jouent bel et bien. présuppose un type d'ordre qui ne se réduit pas à de simples connexions par voisinages immédiats. C'est une théorie catégorielle de l'encodage/décodage de l'information (venant du monde) propre à une perception. le réseau constitue une architectonique régulière dont la notion de schèmes kantiens est l'abducteur. et les « atomistes » ne commettent pas d'erreur de méthode aussi longtemps qu'ils restreignent leurs recherches à des chaînes causales de ce type. 1996. n'entraîne aucune erreur substantielle.). Tous droits reserves. . H. ni aléatoire (construit au gré d'une acquisition petit à petit). à une mise en discours. la notion de protolangage (cf. voilà qui n'existe point: il s'agit d'une fiction qui. W. sinon dans une mesure négligeable. des « totalités ». Or ce protolangage auquel aboutit le processus d'acquisition. in fine. par le tout. au sens idéal. car le réseau qui s'en déduit n'est. dans la construction de chaque organisme. comme nous le verrons bientôt. mais qui dans les recherches portant sur des systèmes organisés objectifs peut gravement gêner la recherche. « Ce qui vient d'être dit trouverait sa pleine justification lors même que les systèmes organisés seraient. il entend un mode de structuration (hexagonale) et de traduction entre domaines et/ou niveaux de représentation. 2004. formes romanesques). L'énumération de ces domaines n'est pas ici exhaustive (contrairement aux mini réseaux de templa que nous allons considérer au fur et à mesure de l'exposé) et l'ordre des liaisons proposé n'est pas définitif dans la mesure où il existe un « principe de simultanéité » permettant de faire marcher l'ensemble. poèmes. CARTOGRAPHIE DU RÉSEAU DE TEMPLA Le tableau suivant est une carte en ce qu'il situe les différents domaines les uns par rapport aux autres. compte-rendus documentaires. Encore faut-il dire que 6 © Pierre Boudon. à tous les niveaux d'élaboration des messages. Tous droits reserves. plaidoiries. contes.B. (iii) Tableau d'ensemble par domaines d'affinités temps et modes prédicatifs actantialité argumentation base prédicative modes allocutoires et textuelles scène aspectualité (processus et et totalisation) quantification discursive couplages phoriques On peut supposer que le point de départ de ce tableau est représenté par des structures prédicatives qui ne sont que des cadres vides pour un remplissage de propriétés qui viennent s'y agréger au fur et à mesure. depuis les énoncés minimaux tels que les interpellations jusqu'aux grandes constructions discursives appelées Textes (cf. . et cela. pièces de théâtre. . Chapitre IV. c'est le reproche que l'on peut adresser aux démarches pragmatiques dans lesquelles les propriétés prédicatives s'évanouissent. les registres d'une temporalité et d'une modalité prédicatives. ces pièces du puzzle discursif s'agencent par renvois entre leurs propriétés. métanomination). nous avons parlé ainsi de « couplages » entre templa: nous n'avons pas d'abord des structures prédicatives. Les principes d'une énonciation peuvent également prétendre être à l'origine du processus de communication6. Ainsi. référenciation. etc. métalangage}) entre l'objet auquel on réfère et le niveau métalinguistique permettant d'en expliciter le statut (la base de ce processus résidant dans la notion de « métanomination ». le suivi discursif (par anaphore vers l'amont et cataphore vers l'aval). déployée successivement en « comparaison ». Réseau du sens II. {langage-objet.ce point de vue est celui du grammairien qui « part » de ces structures élémentaires appelées « phrases » (et que nous récusons à la suite de linguistes tels que Culioli ou Ducrot. les rapports d'instanciation (énonciation. et « légitimation »). le templum reste le filtre élémentaire d'un ensemble de renvois entre ces sous-réseaux. la notion de point de départ dans ce tableau (iii) est sujette à caution puisqu'elle va dépendre du point de vue adopté pour l'analyse. puis des structures énonciatives. Bref. exclamation7) jusqu'aux grandes formations textuelles. où le message à constituer n'arrête pas de circuler entre ces différents domaines de propriétés que sont la constitution des cadres morpho-syntaxiques. Enfin on ajoutera que les processus mêmes du discours impliquent la notion de paraphrase (soit de « traductibilité » entre énoncés). « justification ». à travers ces couplages. Tous droits reserves. sachant par ailleurs que tous ces points de vue se retrouvent dans l'objet à décrire. et auxquels il faut adjoindre un statut phénoménologique (objet réel ou imaginaire). constitutifs des mini réseaux puis du réseau dans son ensemble. 7 Cf. que ces processus constituent d'emblée un double niveau (cf. puis des propriétés modales. ou encore. lesquels parlent d'« énoncés » discursifs). soit la constitution d'« objets auxquels on réfère ». 2004. or l'énonciation ne peut être définie que par rapport à une référenciation. 7 © Pierre Boudon. de la plus petite unité formative (interpellation. . Dans les ouvrages précédents (cf. la formation des objets de discours en tant que narration textuelle et/ou 6 Sans toutefois les faire disparaître. (i) supra). d'emblée. Troisième partie. ou encore. C'est pourquoi. Les astériques signaleront le fait que nous avons des traits de catégorisation analysables dans le texte. Chapitre IV. 8 © Pierre Boudon. linéaire et plus ou moins décousu dans nos conversations courantes ou articulé en niveaux de référence comme dans le double sens (l'ironie. 2004. Chapitre III. Toutes concourent à un même résultat. normal ou déviant (pensons aux lapsus. Cinquième partie. les messages discursifs. TROIS EXEMPLES ILLUSTRATIFS Afin d'expliquer le fonctionnement de ce tableau (iii) supra. Réseau du sens II. les figures de rhétorique (l'analogie.est abîmé. trois exemples vont nous permettre de mieux comprendre ce sens interactif entre les divers domaines de propriétés. 9 Cf. Finalement. l'énoncé peut renvoyer à deux énoncés implicites: a) Quelqu'un a abîmé cette pomme. l'observation en reste là: je n'ai fait qu'enregistrer une information visuelle. ne sont que les formes apparentes d'un mécanisme monadologique sous-jacent où chaque unité joue sa partition au même titre que les autres. Troisième partie.. Dans le premier cas.. Réseau du sens II. Deuxième partie. aux clics vocaux). Chapitre II. C. Tous droits reserves.. (iv) Tiens! cette pomme est abîmée Cet énoncé peut être interprété comme un constat (de visu)8 ou un jugement (évaluation). la partie pour le tout). « textes ». Etc. 8 Cf.. Réseau du sens II. l'allégorie).. ce message qui circule entre ces multiples domaines (constituant autant de modalités du sens) peut être pauvre ou complexe. l'interjection: Tiens! qui peut être une exclamation ou une interpellation indirecte9). résultats d'une surprise (cf. nous avons affaire à un adjectif déverbal10 qui exprime une action accomplie et non un simple état (comme dans.d'argumentation. « échanges verbaux ». . Pourquoi? Parce que dans: . dont le statut est l'inachèvement permanent. par contre. on dira que les expressions: « énoncés ». les modes direct et indirect de la mise en discours. Dans le second cas. b) Quelque chose a abîmé cette pomme. 10 Cf. soit. Chapitre III. régresser) à une origine. Qui dois-je annoncer à Monsieur?). Chapitre III. troisième possibilité. L'épicier m'a encore refilé une pomme abîmée). 14 Cf. Sixième partie. vous. Troisième partie. on veut faire constater que la pomme a subi un processus de dégradation : Cette pomme est en train de s'abîmer. 9 © Pierre Boudon. au juste? Dans ce deuxième exemple. située entre l'affirmation et la négation). 11 Cf. Vous êtes cela). Finalement. une espèce de pomme parmi d'autres). (v) Vous! Vous êtes quoi. Cette variété de pomme s'abîme vite). Réseau du sens II. . ni une négation . on pouvait se demander qui ou quoi a précipité le processus de dégradation (propre à tout être vivant). qui d'ailleurs.Afin de départager ces deux possibilités (cf. ni une affirmation (en tant que déclarative: Vous êtes ceci.Jean est grand) et que l'objet présent a subi. de l'action accomplie par un agent11. 13 Cf. cause naturelle J conséquence. Réseau du sens II. Réseau du sens II. Ce qui frappe. J'ai abîmé la pomme en la mettant dans le sac. alors que dans l'autre. on aura recours à une instance de dialogue (ce qu'on appellera. rejoint la première interprétation puisque dans celle-ci. c'est un sens situé entre une affirmation et une interrogation et que nous analyserons un peu plus loin comme étant une insinuation (qui n'est pas une perplexité. 12 Cf. la Scène de la parole en tant que monologue ou dialogue). Tous droits reserves. soit. soit un processus d'altération de type. Chapitre IV. ce qui pourrait nous ramener au choix que nous avons fait (cf. à savoir qui (sujet) ou quoi (objet) a agi sur la chose (montrée par le déictique : Cette). il n'y a pas d'intention mais un processus naturel (cf. c'est à la fois le mode injonctif14 de l'énoncé et son sens indécis: ce n'est. on peut donc remonter (c'est-à-dire. Quatrième partie. comme dans Hep! vous là-bas!. 2004. le Vous! est d'interpellation13. Chapitre II. Troisième partie. faire un choix12). et non d'exclamation (plus ou moins adressée à la cantonade). nous avons un processus avec intention (cf. ni une interrogation (cf. dans un cas. Réseau du sens II. Enfin. le . Il est justement là. Chapitre III.. Justement.Poursuivons. . Nous allons avoir l'occasion de revenir sur ce mécanisme complexe d'instanciation des énoncés. (vi) C'est une pas grand chose Dans ce dernier exemple à caractère judicatif16. Présentatif sans énonciation d'un côté. précise un point/moment dans un continuum comme dans. une quantification discursive qui se situe entre l'existence (de quelque chose) et le rien (quantification nulle). Au juste. c'est-à-dire..... Cinquième partie. Soit un triangle. frappe puisque ce mode est objectal. comme la série parallèle. comment pouvons-nous interpréter le fait qu'il s'agit d'une femme dont on parle sur un mode péjoratif? Il pourrait s'agir plus généralement d'une « personne ».. Mais ici. Réseau du sens II. et plus particulièrement. Chapitre III. C'est un. Ce qui est questionné. Le ..). Nous avons. Réseau du sens II..Au juste? associé à la forme semi-interrogative suspend ce caractère situationnel. le .. Juste. Considérons la forme générale de cet énoncé présenté comme un état. réïfication d'une personne de l'autre puisque le deuxième membre de l'énoncé se présente comme une locution figée: Pas grand chose (comme dans les énoncés en répons: —Qu'est-ce que tu fais en ce moment? —Pas grand chose. C'est une. des mathématiciens). Troisième partie.. Deuxième partie. il est introduit par ce qui est appelé un présentatif18 (ou « introducteur de topics »).. 2004. Chapitre IV. Tel quel. un énoncé qui ne fait pas intervenir un énonciateur précis. c'est la place de la personne à qui est adressé cet énoncé (comme si cette place n'était pas évidente). la reprise du Vous (son insistance) se situe dans ce qu'on appelle une topicalisation15 qui a pour effet de disloquer l'énoncé (où le détachement renforce l'insinuation comme incertitude). Quelques). à la notion d'existence par rapport à une pluralité dénombrable (Tous. bien sûr. Réseau du sens II.. Il est juste cinq heures.Au juste? renvoie à des propriétés de quantification discursive . là encore.. Tel. Chapitre III. 10 © Pierre Boudon.quoi. Enfin. (équivalent au. Cinquième partie.. 16 Cf. 18 Cf. Tous droits reserves.. On ne 15 Cf. Tel que. 17 Cf. catégorie épicène17 recouvrant les deux sexes. Réseau du sens II. Les grammaires cognitives (Langacker. le réseau sous-jacent aux univers de discours est petit. tel une caisse de résonance. et ainsi. Tous droits reserves.peut nier l'existence de quelqu'un mais on peut en dénier la valeur. telles que nous allons les proposer pour le champ sémantique de l'< oiseau >. permet de générer du « savoir » (intuitif) sur ce qui est dit. le second répond à la définition de propriétés sémantico-encyclopédiques. ça. . C'est à ce niveau que nous pouvons décrire des propriétés comme celles que nous avons proposées pour un réseau de relations de parenté (point (i.c) supra). Le risque est grand en ce qu'elles peuvent déboucher sur une psycho-sémantique qui mettrait entre parenthèses les véritables fondements de nature syntacticosémantique du langage (ce qui fait sa spécificité) par rapport à la perception. au départ. C'est la connaissance de ce savoir propre au discours qui est le but de l'analyse. Commentons ces trois exemples. qui nous guide dans la recherche des meilleurs « outils » capables de saisir cette réflexivité-transitivité qu'opère le discours dans chaque moment d'instanciation. 2004. Lakoff. par extension à de nouvelles propriétés que l'on peut stratifier en couches il acquiert rapidement une surface de description qui le rend complexe. 11 © Pierre Boudon. Vandeloise) cherchent plutôt du côté des rapports entre langage et perception ces processus de compréhension. Dans ce dispositif d'ensemble nous avons deux niveaux de compréhension: le premier répond à la définition de propriétés génériques de nature syntactico-sémantique. ce qui importe. Dans la description linguistique. comprendre la notion de « paraphrase ». faisant de chaque énoncé une petite scène visuelle du monde. mais. la manière dont une situation d'énonciation est envisagée et comment les interlocuteurs font des choix dans leur manière d'appréhender ce que nous avons intitulé la Scène de la Parole. soit l'interchangeabilité entre énoncés). comment le discours. et comme dans l'exemple de Benveniste: ça se promène sans complexe! (dit par la vieille dame parlant de jeunes filles un peu délurées). Nous savons déjà que les grammaires génératives de Chomsky n'y répondent pas en ce qu'elles ne peuvent « décrire » en faisant appel à ce niveau de réflexion sur soi (par exemple. elles ne savent pas « mettre en perspective » un savoir inhérent au discours en ce qu'elles s'enferment dans un systèmes de règles qu'elles ne peuvent pas dépasser dialectiquement. ou encore. on fait passer la personne au rang de non-personne (cf. c'est montrer le type de compréhension à l'oeuvre dans la production des énoncés. impersonnel objectal). . 223-249). . 19 Cette notion de « lieu » traverse tous nos travaux sur une représentation spatio-temporelle des différentes formes de l'habiter (architectures. 1990. La dynamique sous-jacente à cette structure domaniale est celle d'un attracteur qualifiant les rapports d'intériorité-extériorité par rapport à un « idéal-type » dont la notion de 18 Cf. Tous droits reserves. de même. des degrés de seuils par rapport à une frontière délimitant ces deux régions19. Desclés. 1997.Notre recherche. Paris. notons au passage cet étonnement de la part d'un disciple de Chomsky (Milner (1992. notamment par l'introduction de la notion de « frontière épaisse ». le « tétracanthe de coordonnées sémantiques » de Morazé). (1996). M. Chapitre II. (Boudon. p. Cf. Similaires dans leur but (la définition de « noyaux noologiques »). à propos de la notion de champ sémantique. cf. A. J. c'est leur caractère « paradigmatique » par rapport à l'approche « syntagmatique » des grammaires génératives. celle de domaine notionnel est plus proche d'une topologie dans la notion de lieu qu'elle suggère entre une intériorité et une extériorité. infra. Barthélémy. Petitot. La notion. ce fut même l'origine conceptuelle du « templum ».-P. à la charnière entre linguistique et sémiotique. Nous pensons bien sûr à la notion de « domaine notionnel » qui est au centre de cette démarche et avec laquelle nous pouvons comparer le templum18. Ces travaux nous permettent de comprendre qu'entre l'approche logique et l'approche topologique il y a de profondes similitudes dans ce que M. p. Actes du colloque sur « la notion » (présentation. p. se situe plutôt dans le prolongement des travaux de Culioli et de Desclés où la reconnaissance d'une « noologie » discursive permet de saisir ces propriétés de réflexivitétransitivité qui font de celui-ci un dispositif symbolique (et pas seulement cognitif) éminemment complexe. cosmogonies. De Glas a appelé une « locologie ». 12 © Pierre Boudon. Nous aborderons ces problèmes dans la Deuxième partie. 2000) par exemple). territoires. J. Culioli. elles sont toutefois distinctes dans leur mode d'exposition: si le concept de templum est issu d'une longue tradition spéculative sur les rapports de contrariété et de contradiction logiques (dont font partie le « carré sémiotique » de Greimas. De Glas.-P. Ce qui rapproche également ces deux démarches. 27) à propos de la théorie de Culioli: « Au sens précis des mots analyse et syntaxique. Cl.3. 9-24). par règles) de l’énoncé de celle des stoïciens pour qui le sens ne se réduisait pas à la composition logique des termes. l'« hexagone logique » de Blanché. Paris. la théorie de Culioli n'est pas une théorie syntaxique et aucun des formalismes développés pour l'analyse syntaxique n'y a de place ». On peut rapprocher cette conception non dérivationnelle (cf. on peut se reporter au dossier de J. « Théorie de la représentation et doctrine logique dans le stoïcisme ancien ». Imbert (1978. 2004. Pour un aperçu général. d'une modalité assertive et d'une typicité lexicale. ce qui est fondamental est la reconnaissance de relations de colocalisation spécifiées par rapport à un bornage (extrémal et/ou médian). la Troisième. Dans les deux cas. mettre en place une Scène de la Parole. . à celui d'une définition des référents mondains. Il couvre les trois premières parties: la Première est associée aux mécanismes d'une instanciation et de ses ancrages énonciatifs (la notion paradigmatique de « personne » en tant que forme d'adresse). Celui qui est proposé concerne la forme fondamentale d'une énonciation sous les espèces d'une instanciation discursive. Enfin. Il est difficile en fait d'isoler un certain niveau d'appréhension sans suggérer au moins ce par rapport à quoi celui-ci se caractérise.prototypie « à la Rosch » pourraient être une illustration. elle concerne les figures rhétoriques mais aussi des figures de pensée comme l'ironie révélant ainsi la dialectique entre paroles prononcées et sous-entendus. fermé) mais il semble que dans la démarche de Culioli il n'y a pas cette préoccupation d'une triadicité sous-jacente à cette structuration (triadicité qui permet d'introduire des termes neutres par rapport aux relations d'opposition). nous avons cette notion intermédiaire de sous-réseaux qui organisent un certain domaine d'affinités. D'autres propriétés adjacentes sont toutefois nécessaires quant à la spécification du discours. dans ce schéma. Dans les deux cas. représenter un Monde). ou même. nous retrouvons la notion d'intervalle topologique (ouvert. nous faisons apparaître des éléments que nous n'analyserons pas vraiment (comme la notion de véridiction ou les rapports 13 © Pierre Boudon. ou le domaine notionnel de l'autre. aux propriétés de la quantification discursive en tant que constitutive de la notion de classe d'objets et à une prototypicité de ceux-ci. C'est pourquoi dans ce sous-réseau nous faisons apparaître des propriétés adjacentes que nous associerons dans la Quatrième partie à une « parole figurée ». le templum d'un côté. UN MINI RÉSEAU DE TEMPLA Entre le réseau dans son ensemble (cf. Tous droits reserves. la Deuxième. 2004. ce à quoi « vise » en particulier le discours (cf. qui relient deux d'entre eux afin de saisir les liens qui les associent à la manière d'un pont. Tableau (iii) supra) et les différents templa particuliers. D. ). Cinquième partie. Ces processus ne sont pas linéaires. C'est ainsi que la double flèche qui relie ces instanciations aux 20 Cf. . (vii) Le mini réseau de templa (discursivité) véridiction hic et nunc personnes quantification discursive I instanciations assertion (modes) quantification discursive II dire/ non-dire rôles énonciatifs typicité lexicale fait fiction tropes poétiques/rhétoriques intonations Ce sous-réseau est beaucoup plus précis que le Tableau (iii) supra puisque nous articulons des processus à travers une série de templa. 2004. Considérons par exemple le point de départ (flèche en gras). Nous allons voir dans la Première partie que le dispositif des instanciations est fondamental en ce qu'il gère. le système qu'ils forment ici renvoyant à d'autres (relevant d'autres domaines que le Tableau précédent permet de localiser).entre celles de fait et de fiction20) mais qui nous servent de points de repère dans une démarche générale entre ce schéma et ses aboutissants textuels. Chapitre I et Chapitre II. un ensemble de corrélats qui constituent autant de points de départ pour des types d'énonciation-référentiation (échanges verbaux. 14 © Pierre Boudon. Chapitre V. descriptions. à la manière d'une plaquetournante. etc. gloses. et Sixième partie. Tous droits reserves. Réseau du sens II. le sens des pronoms dits personnels dont l'usage spécifie des rapports (paradigmatiques) d'adresse à quelqu'un. « négation ». « sens figuré » (recours à des tropes. mais qu'ils sont en simultanéité dans la détermination des énoncés discursifs. Ce n'est que lorsque les buts de ces processus sont remplis que nous obtenons finalement une unité expressive. Dans ce mini-réseau (vii). ils s'« entr'expriment ». pas seulement au sens rhétorique/poétique mais aussi idiomatique). 171. comme dans l'allégorie textuelle). Ducrot. afin d'ancrer ce mécanisme complexe dans la discursivité. Je suis allé à la gare chercher Françoise). de l'autre. qu'introduire l'un renvoie aux propriétés de l'autre. 15 © Pierre Boudon. C'est donc toute une économie du sens qui est en jeu entre les notions d'énoncé. C'est. Si d'un côté les modes de l'assertion précisent ce qu'il faut entendre par « affirmation ». Paris. « interrogation » soit les moyens courants des usages interlocutoires. nous 21 O. présupposé). « sens sous-entendu » (implicitations non verbalisées mais interprétables pragmatiquement en tant que savoir tacite). de symbolique (entendu au sens d'une mise en scène fictionnelle). C'est également le sens de ce qui est appelé des « rôles énonciatifs » qui ne sont pas nécessairement les individus qui participent réellement à la Scène de la parole —énonciateurs fictifs aussi indispensables dans l'échange que les interlocuteurs en présence21. 1984. .notions du dire (l'exprimé verbalement) et du non-dire (propos passé sous silence ou dénié) indique le fait que ces deux complexes de propriétés sont indissociables. p. ceux entre dire et non-dire déclinent des formes plus complexes en ce qu'elles peuvent avoir recours au « double sens » (comme dans l'ironie interlocutive. Revenons au registre des instanciations qui est au point de départ de ces relations. nous avons également des choix possibles entre les notions de « sens littéral » (posé. d'énonciation. selon l'expression de Leibniz qui nous est chère. l'autre vers celle de tropes) ne sont pas deux processus linéaires indépendants. En particulier. que l'on retrouve dans les procédures interprétatives. Tous droits reserves. du genre. alors que les modes de l'assertion déclinent ce qu'est un simple énoncé (cf. Entre ces différents processus qui se répondent nous avons ainsi un mécanisme de va-et-vient où. On en déduira donc que les deux processus induits par cette dualité d'origine (l'une vers la notion d'assertion. par exemple. ce registre renvoie à des particules précisant les points d'ancrage. 2004. Nous avons en fait un processus dédoublé en deux templa qui fonctionnent en parallèle en ce que la détermination des entités discursives joue sur l'un ou l'autre de ces registres. Ainsi doit-on définir la différence entre une propriété générale. relèvent de cette notion d'une quantification discursive. comme dans Du vin tachait les nappes. Réseau du sens II. ou la précision de justesse. Il est tel que je me le figurais. . nous dirons que ces modes de détermination des entités discursives s'achève (temporairement) dans la notion d'une typicité lexicale (notions de lexies 22 Cf. Quatrième partie. témoin) des pronoms personnels. Chapitre II. des propriétés aussi importantes que le partitif. nous devons également associer d'autres spécifications comme le suggère l'expression hic et nunc mentionnée: soit un « lieu d'ici » (situation spatiotemporelle) par rapport à un « lieu du là-bas » (entourant. Abordons la question de la notion de quantification discursive: nous l'analyserons en tant que spécification des objets de référence dont on parle. 2004. Réseau du sens II. Ce matin. À la notion de personne (pronoms personnels). sur les deux parfois. Cette expression hic et nunc rassemble une diversité de propriétés relevant de plusieurs domaines d'affinité (adresses. le panda est malade. ce qui est bien sûr un artifice de présentation dans la mesure où nous cherchons à respecter l'ordre de leur présentation par chapitre. indicative) de ce dont on parle. mode narratif). cette quantification étant à la fois qualitative et quantitative. énonciataire. Enfin. localisations. 16 © Pierre Boudon. La Scène de la Parole fixe ainsi un Ici d'énonciation. Quatrième partie. C'est la quantification qui permet de dissocier une qualité d'ensemble et une qualité montrée (au moyen d'un déictique): les gâteaux sont bons dans cette pâtisserie. où l'on veut se rendre) et un « lieu d'ailleurs »22. Enfin. L'énonciation synthétise ces deux registres. par rapport à un passé et un futur23. temps et modes verbaux. à celle d'une Scène de la Parole. de même. déterminative et dénombrable. 23 Cf. Chapitre IV. Tous droits reserves. ce gâteau est délicieux. et ce n'est qu'à travers une glose explicitative que nous pouvons démêler ce double rapport de quantification en tant que précision (notionnelle.dissocions apparemment ces rôles énonciatifs (énonciateur. et une propriété accidentelle. nous avons un Présent d'énonciation (qui dure tant que celle-ci se manifeste). Le panda est gentil par exemple. où nous avons les mêmes ingrédients mais composés à l'opposé du premier (cf. par exemple. Kleiber. 17 © Pierre Boudon. 1990. partie} que nous aborderons à propos des problèmes de l'identification. G. parler de normes. imaginaire) « dans le monde ». Or. L'entité lexicale. est difficilement recevable pour les linguistes en ce qu'on n'utilise que des lexèmes hors contexte langagier). qui renvoient cependant à des principes hiérarchiques {tout. 25 Cf. à bien des égards. Cette monstruosité. c'est pourquoi nous avons recours à cette expression de « typicité » dont l'usage en linguistique est apparu à la suite des travaux psycho-cognitifs d'E. Nous l'avons adopté à la suite d'autres auteurs (comme Culioli ou Desclés) en ce que cette typicité lexicale constitue un principe d'organisation des champs sémantiques. De toutes façons. sens littéral et sens figuré (expressions idiomatiques. le monstre. à bien des égards.simples ou complexes comme dans les expressions idiomatiques24). Nous sommes à la limite d'une expression discursive et d'une perception mondaine. prototype. cette recherche a par ailleurs mis l'accent sur les rapports complexes entre usages et classification. si elle est en un premier temps un écart extrême à la classification. 2004. l'être ordinaire comme Ulysse et le Cyclope comme être extraordinaire). à l'animal ordinaire est toujours associé son complémentaire. Paris. . au moyen de gradients. comparable à celle du templum en ce que chaque entité lexicale est composée comme un champ notionnel à partir d'un pôle qui en délivre le centre idéal (cf. . est ainsi le lieu d'un conflit entre des forces normatives (qui la ramènent vers la centralité prototypique) et des forces anomales dispersives. Au-delà de cet usage (qui. en ce qu'elle inclue les propriétés « physico-culturelles » (comme dit Culioli) de ces entités dont on parle: rapports partonomiques. ce dont se soucient le logicien ou le philosophe analytique. Ainsi. par rapport auquel on peut définir des exceptions. multiple. c'est évoquer un hors-classe (distinct des exceptions qui sont des manques à la norme. On verra ainsi que la forme de cette organisation est. Rosch et de son groupe25. beaucoup plus complexe que celui des analyses componentielles qui se résument à la confection de matrices de traits lexicaux. cette conception « référentialiste » ne préjuge pas de leur mode d'existence (réel. au contraire de l'approche saussurienne. analogies). ainsi un manchot est quelqu'un de tout à fait normal à qui cependant il manque un bras). donné ou construit). est recomposable à un autre 24 La conception développée est donc référentielle. Tous droits reserves. Pourquoi la fiction?. 1999. Cinquième partie. c'est la notion de « véri-diction »29.-J. Courtés. nous dirons que la typicité lexicale comme fabricatrice d'une multiplicité de lexies est « encadrée » par deux instances qui en modulent les variations: a) d'une part. la doxa en cours) et 26 Ce mouvement entre la classification ordinaire et son en-dehors (cf. classification extraordinaire productrice de merveilleux ou d'effroi) est bien raconté par Foucault (1966) dans sa préface à Les mots et les choses. b) d'autre part. on parlera de « naturalisation » (comme dans les fictions dénommées télé-romans) comme mouvement inverse à cette fictionnalisation où l'univers extraordinaire d'une fiction (toujours possible) est rabattue dans l'univers trivial du social quotidien. Sixième partie. cette opération crée un écart critique par rapport aux conventions qui gouvernent les variations autour du prototype représentant une idéalité pour la catégorie envisagée (ainsi de celle de l'< animal >). du fantastique littéraire ou cinématographique). à la fois comme principe de vérification à la base des constats expérimentaux. Chapitre V.-M. discours) et monde extraordinaire (monde des mythes. située au-delà d'une classification. Inversement. cf. Pour finir. c'est la distinction entre fait et fiction28 qui délivre le sens de ces différences entre monde ordinaire (pratiques. Tous droits reserves. A. Réseau du sens II. en tant qu'univers de textes co-référents entre eux. 2004. Paris. C'est dans ce passage d'une norme à un hors-classe que nous pouvons situer une opération de « fictionnalisation »27 . du vraisemblable argumentatif (les lieux communs. J. . c'est le principe de montage de la classification comme tableau qui ne supporte pas les hybrides et les monstres en ce qu'ils représentent la confusion d'un principe dissociatif. Schaeffer. Cette notion est dûe aux travaux de Greimas et de son groupe qui ont beaucoup insisté sur ce rapport dans la définition des quêtes narratives. en tant qu'émergence de quelque chose de non-conventionnel. Greimas. mythes) qui sont des formes narratives où les mondes imaginaires côtoient le monde ordinaire26. J. 18 © Pierre Boudon. à propos des fables de Borges. 29 Cf. où la notion de Texte comme substrat joue un rôle clef.niveau dans les « fables » (contes. 28 Cf. 27 Cf. 1979. Chapitre II. Ce qui est remarquablement bien mis en valeur par le philosophe. une archéologie des sciences humaines. Paris. en ce qu'il devient. le principe organisateur de ces « fables ». Réseau du sens II. 2004. par exemple.comme principe d'intersubjectivité d'un caché/montré (entre évidence perceptive et leurre). la Scène de la Parole puisque c'est. 19 © Pierre Boudon. la présence ou l'absence d'un témoin qui caractérise cette distinction). . où la logique du secret joue un rôle clef puisqu'il est au coeur des rapports public/privé qui fondent les pratiques discursives (cf. Tous droits reserves. Tous droits reserves. 2004.PREMIÈRE PARTIE: L'INSTANCIATION DISCURSIVE 20 © Pierre Boudon. . 21 © Pierre Boudon. le linguiste a procédé en deux étapes puisqu'il a écrit. 2 Cf. par exemple) qu'il peut y avoir une grande diversité de manifestations. nous abordons les problèmes d'une description: non pas par le biais de la notion de « phrase ». Par contre. mais à partir directement de la notion de « paradigmes de propriétés » qui représentent des micro-univers de sens composant une totalité fragmentaire.. deux articles1: le premier porte sur la catégorie de la personne.1. la catégorie de la personne revêt un caractère universel en ce qu'il n'existerait pas de langue qui en serait dépourvue (par exemple. L'autre façon d'indexer la personne comme individu passe par la formation des « noms propres » qui sont déclinables à leur manière. Les propriétés de la grammaire ne s'additionnent pas mais s'imbriquent les unes dans les autres par renvois à la manière d'un puzzle. un nom familial (patronyme) suivi d'un prénom usuel (singulier) extrait d'un répertoire symbolique (les saints. le second sur son mode d'instanciation dans le discours2. l'absence de pronoms dans la formation des régimes verbaux). Tous droits reserves. À cet effet. p.. 251.. 2004. Sa notion fondamentale d'« instances de discours ».) et de deux prénoms afin d'éviter toute homonymie avec d'autres 1 Benveniste (1966). On va voir ainsi comment. à dix ans d'intervalle. c'est dans l'usage qui est fait de cette notion (en japonais. « Structure des relations de personne dans le verbe » [1946] et « La nature des pronoms » [1956]. I. à laquelle on agrège des propriétés lexicales. CATÉGORISATION DE LA PERSONNE Pour Benveniste.La démarche initiale consiste à mettre en place un dispositif d'énonciation minimale qui va jouer le rôle d'exemple-type de la notion de templum. ce qui va nous permettre d'introduire cette problématique de l'énonciation. les fleurs. . sur cet exemple très circonscrit. traditionnellement dans la culture française. je vais reprendre le cas célèbre des pronoms personnels comme forme d'adresse analysés par Benveniste. ainsi. c. un panthéon. LéviStrauss (1962. leur énumération ne rendant pas compte du fait qu'entre les deux premières et la troisième nous avons une hétérogénéité de statut (1966. A. J Elle et moi. juste surtout en ce qu'elle révèle la disparité entre la 3e personne et les deux premières. Je suis allé à la gare cherché Françoise . On va justement montrer que Benveniste a 3 Les noms propres renvoient à une « économie du sens » impliquant les rapports entre la nature et la culture. nous avons un régime « syntagmatique » qui « associe » deux personnes. on a reproché (Moignet.b. 4 Cf. Contrairement à ce que notre terminologie ferait croire. Mais n'est-ce pas là aussi la marque d'insertion dans un régime de l'opposition que nous allons avoir à définir de façon plus complexe? A propos de cette 3e personne. oncles ou tantes)3 . Joly. chapitre VII. p. Lille. 1987. supérieur. par exemple). grands-parents. . ce qui donne (c) par abréviation. 228): Dans ces dénominations se trouve impliquée une notion juste des rapports entre les personnes. la société et ses fictions (une mythologie. Cf.. C'est ce qu'il faut d'abord mettre en lumière. la grammaire arabe parle de la « personne absente ». alors qu'en (b). on est allé à la gare . Tous droits reserves. Joly4) à Benveniste de parler de nonpersonne (alors que.individus (on sait qu'ils répondaient traditionnellement à une filiation symbolique. en (a) nous avons un régime « paradigmatique » du pronom où il s'« oppose » à d'autres. 2004. cf. 253-286). on doit tenir compte également d'autres facteurs tels que des rangs hiérarchiques (par exemple. Ma soeur et moi. 22 © Pierre Boudon. elles ne sont pas homogènes. par exemple. c'est donc le régime paradigmatique de la personne qui instancie un énonciateur et c'est en ce sens qu'il n'y a que trois types de « personne ». en coréen) qui relèvent d'une sériation. Revenons aux pronoms d'adresse qui entrent dans la définition d'un régime verbal et que l'on dissociera d'autres formes de la façon suivante: (i) . égal.. Ce que Benveniste a considéré. inférieur. p. ce qui est différent). on est allé à la gare chercher Paul . Dans la notion d'adresse.a. Dans une expression comme. . « terme » par rapport aux deux autres) avec la catégorie générale (cf. ou ce dont on parle (1966. nous avons ce Il. Tous droits reserves. Nous avons bien finalement une opposition triadique par contrariété dans laquelle ce Il ou Elle est le terme neutre. mais nous avons également le ça comme dans. comme si notre auteur avait « écrasé » le dispositif tridimensionnel dans son seul plan équatorial5. perceptivement. mais exactement la non-personne. 23 © Pierre Boudon. La disposition d'ensemble {X. on y va?. En tant que non-personne. ça bouge drôlement là dedans.qu'il est légitime d'opposer la personne à la non-personne afin de distinguer. et ce sujet. Bref. 230-231): Il ne faut donc pas se représenter la « 3e personne » comme apte à se dépersonnaliser. alors que nous situons en Y et Z les deux personnes de dialogue Je et Tu.confondu cette 3e personne (cf. d'un côté. des locuteurs) et la troisième personne dont le régime est beaucoup plus variable. en troisième personne. possédant comme marque l'absence de ce qui qualifie spécifiquement le « je » et le « tu ». fond} où celuici participe de la forme et {forme. et ce qu'on appelle par ailleurs le Il impersonnel. Bref. ça se promène sans 5 La différence est semblable à celle. nous situons en X cette 3e personne (dont le régime générique peut être un Il ou un Elle). n'est jamais posé comme « personne ». Nous avons donc une asymétrie entre les deux premières personnes. métaterme) de la « non-personne » qui surplombe ce régime des pronoms. Y. exprimé ou non. 2004. les deux sortes d'usage: un Il qui peut renvoyer à une personne absente dont on parle. Il n'y a pas aphérèse de la personne. Il pleut. Z} s'appuie donc au départ sur une distinction catégorielle: la personne en MT+ et la non-personne en MT-. Il est allé à la gare. Bon. elle peut prendre n'importe quel sujet ou n'en comporte aucun. il vente aujourd'hui. Ce n'est qu'à ce niveau méta. qui serait par ailleurs opposé catégoriellement au On indéfini. d'un côté nous avons des sujets de la communication et de l'autre un objet sur lequel porte celle-ci. instanciées par Je et Tu. C'est pourquoi. cette 3e personne est hors de la dimension intersubjective qui caractérise les deux premières. Je-Tu. p. informe} exprimant l'absence complète d'ordre. associées à une dimension dialogique (puisque dans le procès de communication il y a alternance. entre les couples {figure. le vide. Parce qu'elle n'implique aucune personne. 232). par assimilation. alors que le On représente la catégorie générique de personne. dans les pronoms personnels le passage du singulier au pluriel n'implique pas une simple pluralisation. comme dans. D'où le jugement implicite très négatif. Celui-ci associe la première et la seconde personne pour former.. A propos du rapport entre Je et Tu. logique: non-personne. Or. y pensent pas comme nous. et qui définissent l'alternance intersubjective du dialogue. ou encore.complexe (parlant d'un groupe humain). non-je). p. c'est que l'auteur prend la négation dans un sens absolu (cf. et c'est pourquoi il parle d'un « non-Je » pour désigner la 2e personne comme étant en dehors de la sphère egocentrée. y sont pas pareils. 233). . acception qui ne souffre pas de terme intermédiaire. Nous allons faire ceci. Tous droits reserves. Benveniste reprend la même distinction qu'entre la personne et la non-personne. on peut dire que le locuteur fait passer de personne à non-personne la caractérisation de ce groupe. Ce qu'il faut regretter. nous allons voir que ces termes jouent un rôle considérable (1966. moi + eux. Complétons la configuration du schéma en introduisant la qualification des termes mixtes entre les termes précédents: entre un Je au poste Y et un Tu au poste Z. justement. non comme personnes). « vous » fonctionne en français comme anaphorique de « on » (cf. nous avons par contre ce qu'on appelle un Nous exclusif au poste XY qui exprime un rejet. Ce Nous est distinct de l'indéfini On en ce qu'il est l'assomption des deux personnes (avec prédominance de la première). On remarquera la nature orientée du passage de métaterme (On) à terme (Vous) indiquant la justesse de notre schéma. une entité unique. nous avons au poste YZ ce qu'on appelle un Nous inclusif. Eux autres. Ces expressions caractérisent une exclusion entre une 1re 24 © Pierre Boudon. celle-ci intervient par ailleurs dans les processus d'anaphorisation comme le note Benveniste: « Par exemple. Il semblerait que toutes les relations posées entre les trois formes du singulier dussent demeurer pareilles si on les transpose au pluriel (les formes de duel ne posent de question que comme duel.. Entre un Je au poste Y et un Il au poste X. il se crée en nombre de langues une différenciation de la forme verbale de 1re plur. sous deux aspects distincts (inclusif et exclusif) qui dénonce une complexité particulière. Et cependant on sait bien que. le déqualifiant de sa valeur d'humanité. De plus. Nous autres et Eux autres. égale à un. « on ne peut se promener sans que quelqu'un vous aborde » ( p. 2004. moi + vous. comme. rejet. Parallèlement à cette procédure d'exclusion (d'autant plus forte qu'il y a rapprochement). c'est grâce au schéma sémiotique que nous comprenons les déplacements de sens entre les trois sites d'origine. L'analyse remarquable de Benveniste exprimait donc bien. Sire. Entre le Il et le Tu. plus que plurielle. mais elle le fait à la troisième personne comme si j'étais une personne étrangère à son monde. On peut également repérer des formules « métaphoriques » qui contractent des distances dans le schéma: Hep. soit le rejet (Cf. je peux dire tout aussi bien. Tous droits reserves. respect). On peut ainsi repérer la portée de chacune des expressions utilisées en la rapportant aux gradients qui relient les termes: ainsi de la valeur des Nous qui restent fondamentalement attachés au pôle égocentré. désirez-vous reprendre du café? (j'adresse la parole au moyen du Vous). toi là-bas! où le Tu est de pseudo25 © Pierre Boudon. l'usage des titres honorifiques amplifie cette distance sociale et l'on sait par ailleurs qu'en italien et en allemand l'adresse de politesse s'effectue à la troisième personne du pluriel. « amplifiée » comme le précise Benveniste) et un tiers étranger (plus que neutre). soit dans le sens inclusif. on sait qu'en français il y a une distinction entre le Tu familier et le Vous.. coiffés par le métaterme de la catégorisation générique.personne « dilatée » (Cf. . non-personne. par exemple. Qui c'est celui-là ?). Le Il/Elle représente ainsi une position très ambivalente (cf. entre le Tu (adresse ou interpellation) et le Il comme tiers terme neutre. personne. en ce qui concerne la position même du terme mixte XZ: en présence d'une tête couronnée. 2004. par le maître d'hôtel au client). nous avons ainsi une gradation qui représente les degrés d'une distance sociale dans les formules de politesse. avant la lettre. signifiant l'objet d'une certaine vénération). La personne s'adresse pourtant à moi. Sa Majesté reprendra-t-elle du café? (j'adresse la parole au moyen de la troisième personne. la notion graduelle de respect (de distance sociale). soit dans le sens exclusif. soit le respect comme dans la formule dite « de Majesté »: Monsieur désire-t-il manger sur la terrasse? (dit. Fait amusant mais notable. contrairement aux deux premières personnes de dialogue. nous avons au poste mixte XZ. cette disposition schématique que nous pouvons développer et le sens d'un microunivers centré ici sur la notion de personne d'adresse. En d'autres termes. ainsi de l'interpellation à la seconde personne qui peut osciller entre le Tu familier (orienté vers le Je) et les gradients de respect qui l'éloigne vers un Il. ce Il peut exprimer. à la fois. . Vous) Corrélats dérivés: XY: Nous exclusif (moi + eux) YZ: Nous inclusif (moi + vous) XZ: formules de politesse (passage de sujet d'adresse à objet de considération) (ii') La schématisation sera de la forme: rejet MT+.. de proximité et d'infériorité. ça) Corrélats initiaux: X : tierce personne dont on parle (Il/Elle.familiarité (comme dans le tutoiement domestique) exprimant un rapport. 26 © Pierre Boudon. 2004.).. Tous droits reserves. Nous) Z : deuxième personne de dialogue (Tu. Soit le tableau: (ii) Templum des pronoms d'adresse Métatermes: MT+: personne générique (On) MT-: non-personne (impersonnel: Il. ça) respect Il Nous (exclusif) formules de politesse Tu Je Nous (inclusif) Cette première analyse va nous introduire à la seconde. Lui.-: personne (On) # non-personne (Il.. Maître) Y : première personne de dialogue (Je. rejet ou respect (Monsieur. demain. de leur côté.. comme la notion de « temps situé » (moment temporel synthétisant une énonciation et une référenciation). les pronoms personnels ont été une première mise en forme paradigmatique. Une citation de Benveniste prépare à ce passage (p. 228): Dans les deux premières personnes. maintenant. je ne puis ne pas parler de moi. des déictiques spatiaux comme ici. selon le point de vue adopté. hier. Mais de la 3e personne. 2004.I. aujourd'hui.. temporels comme. un prédicat est bien énoncé. « je » énonce quelque chose comme prédicat de « tu ». nous le créons (1974 [1970]) en ce que cette présence d'énonciation constitue le rapport au monde (dans ce dernier article.2. seulement hors du « je-tu ». il y a à la fois une personne impliquée et un discours sur cette personne. Tous droits reserves. « Je » désigne celui qui parle et implique en même temps un énoncé sur le compte de « je »: disant « je ». Si. en instanciant le Je ou le Tu. le linguiste apparente cette présence à celle définie par la phénoménologie husserlienne comme « présent vivant »). CATÉGORISATION DE L'INSTANCIATION Abordons maintenant un dispositif beaucoup plus complexe que le précédent en ce qu'il fait intervenir les dimensions fondamentales du discours. par corrélation et opposition entre elles: ici vs là- 27 © Pierre Boudon. s'y réfèrent au même titre et c'est pourquoi nous dirons qu'il y a élargissement de la problématique. Nous allons aborder ainsi des problèmes d'instanciation des personnes dans le discours. là-bas. Cette opération d'instanciation n'est d'ailleurs pas propre aux pronoms personnels. ils vont être maintenant les formes d'ancrage d'une interlocution en tant que « curseur » de la production discursive. . cette forme est ainsi exceptée de la relation par laquelle « je » et « tu » se spécifient. ces expressions déictiques sont interdéfinissables comme les pronoms personnels. « tu » est nécessairement désigné par « je » et ne peut être pensé hors d'une situation posée à partir de « je » . A la 2e personne. et. Benveniste ajoutait même. d'un côté. en même temps. nous « ancrons » le discours dans un espace/temps localisé.. l'expression vient de la logique et signifie la fixation des valeurs d'une variable. il est nécessaire de fixer des points de repère énonciatifs (pronoms d'adresse. De l'autre. déictiques). Tous droits reserves. c'est l'existence de ces objets dont on parle. 2004. dans le premier cas. L'opération d'instanciation correspond ainsi à l'actualisation d'une variable qui institue une présence (interlocuteurs. c'est pourquoi on parlera de simulacres objectaux. objets. Quatrième partie. D'un côté. . ce 6 Cf. tel que l'< Enanglom >). Ce terme peut très bien ne pas exister. elle constitue de l'autre une référence à un monde désigné. les conditions de vérité {vrai. Alors que. permettant de préciser la nature des objets dont on parle. 28 © Pierre Boudon. leur domaine de validité... actions. etc. Pour illustrer cette opposition entre la référenciation et l'énonciation. l'instanciation institue des relations intersubjectives. défini au moyen d'une dénomination/spécification. On va voir que tout cet appareil cognitif dépend des rapports que Frege (1971 [1892]) a établis entre les notions de sens (Sinn) et de référence (Bedeutung).bas vs ailleurs6. de quantification. etc. situation) comme forme de l'énonciation. Chapitre IV. faux} sont assignables (il faut toutefois définir le « type de monde » dans lequel nous nous situons. etc. de ces animaux étranges décrits par Henri Michaux. le sens. dont le référent manque (ainsi. d'aspectualisation. on peut dire que. Réseau du sens II. Dans le premier cas. leur statut classificatoire. alors que dans le second cas. c'est bien sûr non pas les interpeller mais les spécifier à travers un mécanisme cognitif de classification. on peut avoir une quantité d'objets/situations qui ne sont pas qualifiables au moyen des ressources linguistiques dont nous disposons. pour communiquer. valeurs. convoquer des objets dont on parle. c'est l'expression nominale qui permet de constituer une adresse des objets visés (dans le monde réel. soit selon un régime similaire. on aura donc un « lieu du sens » vide. Cette opération s'oppose à ce que les logiciens nomment une référenciation comme spécification d'une désignation (cf. d'un côté. dans un monde imaginaire) alors que le référent. Il faut introduire ici une distinction entre ce qui relève du prédicatif et ce qui relève de l'antéprédicatif (la perception). etc. pensons à la différence entre le < cheval > ordinaire et < Pégase >). nous parlons de propriétés d'énonciation en ce que. nous parlons de propriétés d'une référenciation comme désignationdéfinition-description d'objets de connaissance. il y a trois jours vs trois jours avant. jugements). etc. au sens où pour parler de lui-même. introduisant la notion de « modalités » au moyen de l'inférence: 29 © Pierre Boudon. au sens d'une instanciation logique et non d'une caractérisation sociolinguistique. c'est une opération interne au discours. . nous passons continuellement de l'une à l'autre. l'énoncé requiert un autre niveau pour être réfléchi. À ces deux opérations « transitives » (au sens où elles renvoient à des termes désignables et/ou spécifiables hors discours. Cette opération de métanomination n'est pas réservée aux termes (comme dans l'exemple (iii) infra) mais s'applique également à des énoncés. Tous droits reserves. Le mot « chien » ne mord pas. j'effectue une mention en ce que l'énoncé renvoie à lui-même pour se désigner (on parle également d'une opération de mise entre guillemets —comme ici— l'expression Chien dont le statut est distinct du reste de l'énoncé). gare. nous situent dans un lendemain de ce jour) et d'autres termes qui représentent des entités définissables et/ou à définir (Jean a ici le statut d'un Il. Nous avons deux opérations qui font couple comme les termes d'une dialectique. puisque dans la constitution du discours.2. nous pouvons ainsi opposer une référenciation (objective) et une énonciation (subjective). Du coup. sont par ailleurs des expressions qui font partie de répertoires codés). ce sens n'est pas celui de la logique). C'est ce que nous allons exploiter 7 La notion de « niveau de langage ».1 LA MISE EN PLACE DES TROIS OPÉRATIONS DE BASE Au moyen de propriétés bien différentes. Hier. les déictiques. 2004. comme dans le cas du Il d'un côté et du Je/Tu de l'autre. Si je dis. nous allons opposer conjointement une autre opération fondamentale: la mention. les performatifs). La mention est une opération « réflexive » sur l'expression utilisée.qui n'est pas le cas dans une énonciation où elles n'ont pas lieu d'être (concernant les pronoms d'adresse. Cette opération crée implicitement un « niveau de langage » supérieur. Hier. aller. Dans. on peut imaginer une série de niveaux qui se reprennent les uns les autres par mentions successives: Nom. est ici essentielle. la métanomination est l'opération de passage d'un niveau à un autre7. I. Nom de nom. nous avons une interrelation entre un terme qui exprime implicitement ma situation d'énonciateur (le fait de dire. Nom de nom de nom. Jean est allé à la gare. Quine) qu'on appelle « représentationnaliste »8. Desclés (2000) pour décrire des schèmes d'énonciation sont de cet ordre: Je dis ce que je dis )(être vrai) Je dis ce qui est dit (doxa) où l'on a bien le dénivelé entre un modus et un dictum. F. ou encore des modalités praxéologiques (savoir. 128-137). ce qu'on appelle une glose). où les énoncés primaires sont « filtrés » au moyen des niveaux supérieurs (cf. ce n'est rien faire » où il insiste beaucoup sur la fonction métalangagière dans la constitution d'une dialectique énonciative. p. Tous droits reserves. On dira toutefois que ses « niveaux de renvoi » (p. 2004. dans le langage ordinaire. 220). Pour les logiciens. il n'y a qu'une langue sans cesse variable selon les savoirs et les circonstances (contextes d'énonciation).-P. 8 Cf. 1963.dans ce qu'on nomme la fonction métalangagière du langage (Jakobson. cette opération spécifie le rapport entre langage-objet et métalangage. . Ainsi. en particulier à son chapitre « Quand dire. 30 © Pierre Boudon. Russell. Récanati (1979). etc. je me réfère également à l'ouvrage de Berrendonner (1981. pouvoir). Ces modalités ont également une valeur dialogique comme dans cet autre exemple d'échange: Je sais que tu sais que je sais soit trois niveaux d'instanciation nécessaires pour caractériser celui-ci (au quatrième niveau nous avons une fermeture par « bouclage »).. C'est à cette tradition représentationnaliste que s'oppose la pragmatique du langage ordinaire (le second Wittgenstein. mention modalités qu'elles soient celles de l'assertion (cf. Dans cette présentation où je reprends des notions bien connues mais qu'il est nécessaire de récapituler afin de comprendre les enjeux. Searle) pour laquelle ce décrochage en niveaux n'est qu'un artifice d'école où il est possible de distinguer précisément le sens des mots entre langage-objet et métalangage. 133) se situent entre référenciation et énonciation alors que nos « niveaux de langage » à titre d'explicitation des énoncés se situent entre référenciation et mention. la formule qu'introduit J. attitudes propositionnelles). rapport défini par Frege et repris par toute une tradition (Frege. justification. de la prédication en général. On peut ainsi décrire le langage par référence à une stratification de niveaux où les expressions sont reprises les unes à partir des autres dans un processus qu'on pourrait appeler d'explicitation (l'opération d'un dépli). par commentaire. p. hérité de la tradition scholastique. comparaison. C'est toujours en se référant à une démarche 31 © Pierre Boudon. C'est à travers ce dispositif catégoriel que nous pouvons situer minimalement des énoncés. nous pouvons établir la base d'un templum où nous situons en X la mention. j'irai tout à l'heure à la gare) qui renvoient non seulement à des sujets énonciateurs mais à des actions qui s'ensuivent. c'est la définition même du « signe » dans la philosophie classique (Descartes. entité qui est à la fois réfléchissante sur soi et renvoyant à un monde dont elle localise les éléments. p. soit. On opposera à la forme positive du métaterme sa forme négative MT.en tant qu'absence d'instanciation.Revenons à nos trois opérations selon cette conception représentationnaliste que nous assumons pleinement: elles sont mutuellement exclusives et collectivement exhaustives du champ théorique qu'on appelle une instanciation. Dans un énoncé complexe comme. Ruby —quel nom pour un chien!— a mordu le voisin au mollet gauche. La gare est à dix minutes d'ici). Nom d'un chien! nous avons un entrelacement de propriétés énonciatives. comme exprimant des propriétés d'énonciation (cf. l'ouverture d'un espace/temps existentiel qui n'est pas sans faire penser à l'opération du templum que les augures effectuaient à l'époque romaine pour savoir si la journée serait faste ou néfaste. La notion d'instanciation renferme donc les opérations (réversibles à ce niveau) d'une réflexivité et d'une transitivité (ces deux expressions étant prises dans un sens moins technique que celui en logique). A partir de ces premières considérations. (iii) Hier soir. les définitions. cf. 2004. les Idéologues). par dérivation. . Malebranche. Pour Récanati (1979. et en Z l'énonciation. Arnaud. C'est le sens même de la notion de représentation en tant que prisme réfractant un monde. Tous droits reserves. référentielles et réflexives (l'exclamation finale étant bien sûr ambiguë). exprimant des propriétés de référenciation (cf. la gare est un lieu où s'arrêtent les trains de voyageurs). 15-28). en Y la référenciation. La notion elle-même d'instanciation comme principe de fixation des valeurs d'une variable —et qui se distribue différemment sur les trois champs opératoires— est définie au niveau du métaterme MT+ qui ouvre ce domaine de l'énonciation comme « temps situé ». exprimant des propriétés de mention (dont pourraient faire partie. Ainsi. Kripke (1982 [1972]).) qui permet de passer d'un monde à un autre. un pronom personnel. nous dirons que la notion de templum correspond très exactement à ce dispositif de la monstration comme non-instanciation. « Napoléon ».. En ce sens la non-instanciation serait plus que la désignation par un nom propre (qui n'en est que l'index). Or. le désignateur rigide est un objet quelconque (au sens de l'expression dûe à Gonseth) et non un faisceau de propriétés (de marqueurs sémantiques). c'est un point fixe « vide » semblable au zéro par rapport à la multiplicité numérique. 32 © Pierre Boudon. par « mondes possibles » (on est vraiment dans une tradition leibnizienne où ce désignateur rigide serait un « passeur » nominal). une désignation est « rigide » si elle désigne le même objet quelque soit le monde où on l'évoque. la thèse de Kripke.logique. L'exilé de Sainte-Hélène. réfèrent toutes à un même objet identifiable. Donnons ce paradigme au complet dont nous analyserons après les termes mixtes: 9 Cf. par ailleurs. un éponyme. Ainsi. Tous droits reserves. entre un terme a quo et un terme ad quem.. toujours pour ce logicien. ce que Kripke (1982 [1972]) a nommé un « désignateur rigide » par rapport à la définition de ce qu'on entend. les cinq expressions (parmi bien d'autres possibles): Le petit caporal. ce qui ne peut être montré mais qui permet la monstration. Nous sommes bien conscient du fait que cette notion de désignateur rigide comme point fixe d'un champ ou origine historique (c'est le sens qu'il faut donner à la transmission dont parle Kripke comme chaîne de relations entre générations. un nom propre au sens logique) pour tout monde quelqu'il soit —un terme absolu en quelque sorte9. ce n'est pas tant une constante par rapport à une variable qu'un objet (comme l'entend la logique combinatoire) par rapport à des relations. Davantage. Le vainqueur d'Austerlitz. etc. Nous nous référons plus exactement à l'interprétation qu'en a donnée R.. en ce sens. c'est cette identité co-référentielle sousjacente entre locuteurs (cf. Il y a donc une asymétrie fondatrice d'où peuvent être énoncées ces cinq descriptions (parmi d'autres). Martin (1987). Cette expression logique constitue une forme invariante (cf. . un nom d'espèce comme < chat >. c'est qu'on ne peut réduire l'existence de ce désignateur rigide à une somme de « descriptions » particulières. Le mari de Joséphine de Beauharnais. Encore une fois. Le vaincu de Waterloo. 2004. S. permettant d'établir un lien entre la logique du discours et celle de la science grâce à la notion d'« univers de discours » apparentée à celle de « mondes possibles ». soit une tradition qui se perpétue) relève d'une problématique plus large. qui n'est pas réductible à l'une de ces descriptions définies (dont certaines peuvent être inconnues des locuteurs). c'est le cadrage même de l'opération de désignation. intonations) Corrélats dérivés: XY: registre métalangagier d'une glose (définie par niveaux d'instanciation: comparaison. Tous droits reserves. explicitation.(iv) Templum d'une instanciation discursive Métatermes: MT+: instanciation (opérations de réflexivité et de transitivité) MT-: non-instanciation (désignateur rigide comme point fixe) Corrélats initiaux: X : opération de mention (métanomination) Y : opération de référenciation (distinction fregeenne entre sens et référence) Z : opération d'énonciation interlocutive (adresses. modalité de re. rôles. On peut dériver de la notion d'instant présent la notion de bifurcation (lapsus. mot-valise) et de saut (métaphore) comme transgression classificatoire XZ: sui-référence: soit comme « sujet » (ego comme point fixe. modalité de dicto). de l'autre. situations. légitimation. soit comme « objet » (énoncé poétique en tant qu'auto-télique) (iv') La schématisation sera de la forme: 33 © Pierre Boudon. . d'un côté. justification. lieu du paradoxe logique comme dans: Je mens). 2004. des propos tenus) YZ: situation énonciative comme co-texte d'avant et d'après encadrant l'énoncé présenté comme moment hic et nunc (corrélativement. nous retenons l'idée d'une expression nominale et référentielle à expliciter (cf. celle-ci est un « travail » sur le langage afin d'expliciter le sens des vocables que nous utilisons pour communiquer. PREMIER TERME MIXTE EN TANT QU'OPÉRATION COMPLEXE Entre une métanomination au poste X et une référenciation au poste Y. Tous droits reserves. nous retenons ainsi l'idée de réflexivité et de constitution d'un niveau supérieur méta—. syllepse ) Ce dispositif est beaucoup plus complexe que le précédent en ce qu'il correspond au noyau conceptuel des différentes opérations discursives produisant des énoncés. 2004. De la seconde opération. I. mot-valise ) mode de dicto saut (métaphore. . De la première opération. Cette opération assimile donc la partie sens (Sinn) de la 34 © Pierre Boudon. un renvoi au monde et un sens paraphrastique). intonations) cotexte (avant + X + après) 0 bifurcation (lapsus . Ce sont deux opérations conjointes qui peuvent générer ce qu'on a appelé une glose métalangagière. nous avons les fonctions métalangagières constituées par des niveaux de langage.MT+.2. sites.2.-: instanciation # non-instanciation mention niveaux de métalangage sens référenciation désignation mode de re objet sui-référence sujet énonciation (personnes. Il est comparable au mécanisme de l'aiguillage dans un réseau ferroviaire en ce qu'il a le pouvoir de diriger des types d'énoncé dans des directions différentes. comme dans.). l'explicitation qui est un commentaire plus approfondi en ayant recours. justement. Il délivre ainsi un credo (un acte d'allégeance. Tous droits reserves. Pottier (1987)).référenciation Y pour la mettre au service de la métanomination X. Revenons à notre échelonnement en niveaux. ou encore. c'est sacré. aux présupposés et aux conséquences (implications) des termes et/ou tournures employés. etc. qui renvoit à deux niveaux distincts.. Comme on le voit. Bien souvent. La notion de « définition » relève d'une telle opération métalangagière en ce qu'elle institue un rapport entre deux parties asymétriques. laquelle a recours à la notion de métanomination11. 35 © Pierre Boudon. on ne fait pas appel à une métanomination (c'est un geste de renvoi direct au monde. définissante et définie. nous avons deux types de définitions qui participent de cette dualité10: d'un côté. Un marteau. et de l'autre. à une étymologie (une origine). à des comparaisons (analogies). cette dernière couche métalangagière dégage les « actes de croyance » qui sont à la base des arguments.. Le Parti a toujours raison. puis. on parlera de définition explicite (soit de nature « nominale » —le sens— soit de nature « réelle » —la référence. c'est à la fois un travail sur le langage (argumentaires) et l'emploi implicite de 10 11 Cf. Cinquième partie. on parlera de définition ostensive où. ceci pour suivre une tradition leibnizienne). Ces définitions explicites entrent dans la confection d'un métalangage scientifique à titre de points de départ de l'analyse (postulats). un principe philosophique. Réseau du sens II. On sait qu'à une structure prédicative correspond une « famille d'énoncés » équivalents ou paraphrastiques (Fuchs (1982). En fait. La propriété privée. L'adéquation (ou non) entre la définition ostensive (qui montre ou qui illustre) et la définition explicite sera l'un des thèmes de la notion de « typicité » que nous aborderons à la suite des travaux de Rosch. il est au plus profond de son argumentaire pour légitimer ses propos. nous obtenons ainsi différentes « couches » de la signification: la simple paraphrase qui est une reformulation de l'énoncé (cf. par exemple. . 2004. des précédents historiques (comme dans les rendus de justice). une légitimation comme recours ultime où l'on touche au « fondement » même de la valeur des énoncés (convictions). à un niveau supérieur. Enfin. on aura ensuite la justification comme recours à des « raisons » (argumentatives). ça sert à enfoncer des clous).. Chapitre III. lorsque quelqu'un vous dit. 36 © Pierre Boudon. Dans la reprise d'un énoncé par un autre. nous dirons que nous avons les amorces d'une opération de métanomination12. tu veux le voir? pour comprendre que dans le premier cas nous avons une différence de niveau de langage amorcée alors que ce n'est pas le cas dans le second où l'interrogation porte sur la nature d'un objet (un référent. Il suffit de comparer ces formules avec la suivante: J'ai acheté un livre sur Picasso. 2004. Nous avons dans ces deux exemples l'expression d'un grippage de la machine métanominative qui est censée constituer un niveau de langage après un autre. 12 Associée à des énoncés et non uniquement à des termes comme nous l'avons signalé dans la note (7) précédente. Mais dans le dialogue. qui nous font avancer tel jugement péremptoire plutôt que tel autre. la réponse sera alors une explicitation. Où veux-tu en venir? qui sont des énoncés du langage ordinaire. du genre: -Pourquoi dis-tu ça? -Parce que!!. On arrive très vite à des échanges heurtés. -Pourquoi lui as-tu dis ça? -Est-ce que ça te regarde finalement!!. Dans une interrogation qui suit une affirmation. À l'acte de croyance correspond ainsi un ancrage dans le monde.conditions de vérité {vrai. ou. on bascule très vite dans des rapports interpellatifs où les arguments deviennent alors ad hominen. loin de là. Tous droits reserves. du genre: Qu'est-ce que tu veux dire par là? ou. c'est-à-dire qu'au lieu de suivre graduellement cette montée argumentative. voire une justification de ce que nous voulons dire. car celles-ci sont également inhérentes au dialogue. mais existentiellement fondé. Cette présentation laisse entendre que ces fonctions métalangagières sont essentiellement à vocation monologique (définition d'un argumentaire ou d'une science). Dans une autre forme d'interrogation. Livre sur Picasso) et non sur la portée d'un énoncé (un sens). . faux} qu'on cherche à légitimer . indécidable analytiquement. ce serait par contre sur l'énonciation en tant production matérielle que porte celle-ci (ce que nous allons aborder un peu plus loin à propos des distinctions de re et de dicto). nous avons souvent un changement de niveau qui signifie une demande de commentaire sur le sens des énoncés produits. du genre: Qu'est-ce que t'as dit?. on « monte » très vite aux niveaux justificatif et légitimateur des « raisons » qui nous font dire telle ou telle chose. contrairement aux argumentaires oratoires (ou scientifiques) plus pondérés. Réseau du sens II. désigner.. Nous sommes au coeur d'une machinerie qui exprime « en petit » (pars totalis) ce que l'ensemble du réseau du sens effectue « en grand ». stéréotypes conversationnels. une césure.3. 37 © Pierre Boudon. Tout ceci étant exprimé par des types d'énoncé selon une stratification par niveaux où l'on retrouve le caractère fondamentalement « feuilleté en couches » du langage. fondamentalement. fonder. Tous droits reserves. soit ce qui précède et ce qui suit (donc formant une entité projective plus vaste que l'énoncé lui-même). puisque de son côté. l'emploi correspond de son côté à l'usage situé des énoncés. nous avons ce que les logiciens appellent l'emploi. 2004. justifier. directement opposé à la mention en X. un silence).Finalement.. Cet usage courant renvoie d'abord à un moment d'énonciation et bien sûr à une foule de choses qu'il s'agit d'expliciter comme rencontre entre deux interlocuteurs (cf. expliciter. 13 Cf. commenter. d'un cotexte comme entourage de l'énoncé présenté. où à X correspond un énoncé présenté et à Ø une absence (un blanc. La production est le résultat d'une succession d'énoncés (selon un certain « fil conversationnel ») que l'on peut appeler le « présent vivant » de la conversation en tant que hic et nunc successifs que nous schématisons ici par l'équation: (avant + [X. C'est à travers cet aspect intégrateur d'une référenciation et d'une métanomination que l'on peut saisir la complexité des renvois internes entre nommer. une opération réflexive du langage sur lui-même. celui-ci agit sans cesse par renvois d'une qualification à une autre. I. Ø] + après). . salutations.2. Sixième partie du volume. DEUXIÈME TERME MIXTE EN TANT QU'OPÉRATION COMPLEXE Entre une référenciation en Y et une énonciation en Z.. c'est là que nous pourrions parler d'un « suivi discursif ». lieux communs. Alors que celle-ci est. il y aurait beaucoup à dire sur ces fonctions métalangagières qui participent directement à l'élaboration du discours (dans son rôle dialogique et argumentatif) en tant qu'auto-constitution13. p. Après qu'il soit venu. L'avant et l'après. par rapport à un hic et nunc énonciateur. par exemple. la complexité de ces opérations débordent sur leurs collatéraux... tu me disais que Jean est arrivé? (Berthoud. D'où sa valeur de de dicto et non de re. )14. Avant qu'il arrive. Comme on le voit mieux. . paroles rapportées. p. à la suite de Grize (1982. nous allons plus particulièrement nous intéresser à deux modalités qui vont agir comme deux « catalyseurs » de ce qui est exprimé: la modalité de re qui serait du côté d'une référenciation et la modalité de dicto qui serait du côté d'une énonciation15. celle-ci a également une valeur situationnelle du « dire » par rapport aux co-énonciateurs. je dois te dire que. et un « subjonctif d'après » (à caractère énoncif) comme dans. C'est par rapport à celui-ci que l'on peut définir linguistiquement deux types de subjonctif. Martin (1987. Par rapport à cet emploi qui intègre des opérations de référenciation (implicites par rapport à ce que nous venons de considérer) et d'énonciation faisant intervenir la nature des rôles dialogiques (on parlera ainsi de coénonciateurs). 111-125). à mi-chemin entre une référenciation (à caractère objectal) et une énonciation (à caractère intersubjectif). la forme interrogative précédente est également de ce type). 1998). Cet énoncé est exprimé non pas tant par rapport à ce qui est dit d'une situation ou d'un objet dont on parle mais (en tant que rappel) par rapport à l'énonciateur à qui on s'adresse. versatile) dans le temps.. 15 Là encore. Ainsi. Pourquoi introduire ces deux modalités qui ont au départ un sens logique? J'essaierai de répondre à cette question à la suite de Martin (1987) pour qui elles offrent une valeur discursive. récit. précisons que celles-ci ne sont pas toujours facilement distinguables et cette ambiguité correspond bien à la position intermédiaire que nous leur assignons dans le templum.. nous nous référons à l'interprétation qu'en a donnée R.. modifient ainsi le mode verbal... (Boudon. comme dans. A propos. un « subjonctif d'avant » (à caractère énonciatif) comme dans. ce que nous appelons la Scène de la Parole comme théâtre de nos activités langagières. dialogue.questionnement qui fait l'air du temps. 2004. au départ. Jean n'a toujours pas fait son choix. 1996. Tous droits reserves. Ce hic et nunc est ainsi un moment d'ancrage (fluent. 206). . Bref. nous ajouterons qu'à partir 14 Cf. 38 © Pierre Boudon. c'est-à-dire. sera. je situe de re le fait que Pierre a les mains sales dans le présent. les théorèmes bien connus de la logique priorienne. intuitivement. avec son 39 © Pierre Boudon. temps de re et temps de dicto se disjoignent. l'introduction d'une différence de temporalisation entre une « temporalité énonciative » (rattachée à la modalité de dicto) et une « temporalité énoncive » (rattachée à la modalité de re). Tous droits reserves. mais indéfiniment. 113). Jean est certainement malade (où il n'y a aucune marque apparente d'énonciation). suivant le schéma (iv-iv') supra. C'est pourquoi. actuellement vraie et donc par moi prise en charge. 2004. p. Au reste. Pierre avait les mains sales. il est difficile de trancher entre ces deux interprétations dont la signification peut être infléchie. (J'asserte avec certitude) que Jean est malade (modalité de dicto) Comme on le voit. tenue pour une proposition qui a été vraie. Mais rien de tel au passé. actuellement par moi admise pour vraie. On retrouve ainsi.d'un énoncé comme. Martin. Il est difficile de reprendre au complet toute l'argumentation du linguiste qui permet d'inscrire ici au poste YZ une modalisation à double versant. A ce moment-là. Ici temps de re et temps de dicto se confondent. De re cette proposition est située dans le passé. dans l'avenir. une fois que Pierre se sera lavé les mains. ne sera vraie qu'aussi longtemps que Pierre a effectivement les mains sales. Cette fois. comme temporalité de faits établis. un énoncé a toujours besoin de son cotexte (d'avant. de dicto je la prends en charge non seulement au présent. Je sais que la proposition Pierre a les mains sales. . la proposition Pierre a les mains sales. c'est-à-dire dans un intervalle qui comporte le moment to de l'énonciation. mais interprétés en termes de re et de dicto. d'après) pour pouvoir être désambiguisé. Pour R. nous pouvons dériver deux interprétations possibles: (v) J'asserte que Jean (est certainement) malade (modalité de re) ou bien. Pour peu que Pierre se lave les mains. sauf erreur ou sauf oubli. cette distinction est l'amorce d'une différence entre des univers de discours assimilés à la notion de « mondes possibles » (dont nous avons déjà parlé à propos de l'instanciation). En disant de Pierre qu'il a les mains sales. Citons Martin (1987. par exemple. dans un sens (vers Y) ou dans l'autre (vers Z). ce sera. et Pierre a les mains sales sera une proposition fausse. aux conditions de vérité (vrai. Que dis-je. qu'on peut ranger à côté de ces expressions stéréotypées dont nous venons de parler. futur). Terminons cet excursus en abordant l'expression adverbiale de temps: Toujours est-il que. entre ce terme mixte et le poste Z. Tous ces éléments d'une catégorisation permettent de définir ce qu'on entend pluriellement par « univers de discours ». modification. Ainsi du rapport entre les divers registres d'une énonciation. etc. 2004..) ni un sens idiomatique comme. c'est une fonction éminemment catalysatrice de propos que l'on veut atténuer (cf. Ainsi. est dépourvu de sens dans un présent situationnel mais pas si je rends compte d'un moment de mon passé (qui devient historique). saisis dans ce rapport entre une référenciation et une énonciation. . concession. Il y a champagne et champagne. Ainsi des expressions. Un sou est un sou. par réflexivité. aux modalités prédicatives (indicatif. infléchissement dans un sens ou dans l'autre. Sait-on jamais. Je ne vous dis que ça. le discours sur lui-même).. Soit dit en passant. etc. dans un énoncé comme. Il vient me voir et comme je ne suis pas là.. etc. Ainsi. Tous droits reserves. euphémisme). cette expression n'a d'autre valeur discursive que de 40 © Pierre Boudon. Celles-ci ne peuvent donc être situées qu'à ce poste YZ.. Cette modulation d'une temporalité discursive pourrait être également accompagnée de formules énonciatives stéréotypées qui ne sont. subjonctif). Pour ainsi dire . Je me disais aussi. qui n'ont pas seulement valeur grammaticale d'incises mais de ponctuation énonciative/énoncive (en ce qu'elles réfèrent à une pseudo-énonciation qui fait « entrer en résonance ». C'est par ce biais que nous rendons compte d'un emploi du langage en situation. et plus précisément.. il . faux) attachée à une référenciation —contrairement à une énonciation—. ni des lieux communs (cf. si tant est qu'il ait reçu ma lettre. du mode du récit comme dans la situation dite de « présent historique ».. Il nous a mis dans un sale pétrin. l'expression de dicto: « passez-moi l'expression ». Tous ces éléments nous permettent de construire une catégorisation qui peut rendre compte d'un « suivi discursif » comme temporalisation. reprise en écho de paroles précédentes.. L'Université française est devenue —passezmoi l'expression— un véritable bordel (propos entendu à la radio). un énoncé tel que... On est fait comme des rats.renvoi aux temps (passé... présent. conditionnel... sans parler de son rapport aux connecteurs d'argumentation (Ducrot. ne spécifie aucune adresse précise ni une quelconque demande performative. (1980)) comme dans une restrictive du genre: Jean fera le nécessaire. les reprises en. mais de l'autre. Cinquième partie. Chapitre II. c'est les faire apparaître sous divers angles subjectifs. de re quant à une permanence (où l'on pourrait lui substituer un encore comme relatif à une durée qui se poursuit). 1987) les deux Toujours expriment deux sens radicalement différents: d'un côté. Dans cette formule d'un présent de discours. fondamentalement. mais que l'on maintient. 2004. Il y a donc. Qu'est-ce qu'il vous fallait comme ruban? (dit par la marchande à sa cliente). (vi) —Mais. nulle trace d'énonciation explicite dans cette opinion (et cependant. de pratiquer une temporalité dialogique où l'on fait avec le co-énonciateur « un bout de chemin » ensemble. une possibilité de se reprendre. Là encore. les évoquer.signifier une reprise concessive (dans une argumentation)16. Bref. renverra à des phénomènes attenants à l'emploi et cependant radicalement distincts de l'usage ordinaire en ce qu'ils feront apparaître une « étrangeté » au sein même de la production discursive. une indétermination des entités dont on parle qui permet. au fur et mesure du dialogue. à travers un certain nombre de formules du genre: futur conjectural. la persistance d'une opinion momentanément interrompue par d'autres propos. les entités dont on parle (objets. Tous droits reserves. 41 © Pierre Boudon. toujours est-il qu'elle l'a trompé! (Martin. les convoquer. — Ouais. Dans le dialogue.. les justifier. nous avons enfin introduit un sous-ensemble qui. de dicto. quant à une persistance de l'opinion de l'interlocuteur vis-à-vis de la personne dont on parle. d'un côté. opinions) ne sont pas tant donnés une fois pour toutes que transigés. ouais.. négociés. actions. à lui seul. futur ou conditionnel d'atténuation. Réseau du sens II. de l'autre. c'est par la place de l'emploi comme cotexte entre énonciation et référenciation que l'on peut situer le hic et nunc fluctuant du discours. les malentendus possibles. interrogation prudemment référée au passé comme dans. Reprenons ce sousensemble distinct: 16 Cf. l'interlocuteur a bien saisi le sens argumentatif de cette ambiguité). elle l'aime toujours . . le premier signifiant la présence d'un énoncé formulé par rapport à un précédent et un suivant. C'est par ce biais que nous pouvons interpréter le sens des métaphores poétiques qui ne sont pas des comparaisons abrégées (sinon à titre de justification rhétorique) mais des rapprochements incongrus qui associent des catégories hétérogènes pour former des transgressions du discours ordinaires. nous avons plutôt un saut en tant que suppression du mode articulatoire normal (par exemple. alors que dans le second cas. C'est donc en fonction de cette continuité postulée (expression physique d'un déroulement temporel dont cependant l'articulation discursive est distincte) que nous pouvons dériver deux manifestations symboliques corrélées. suppression des marques syntaxiques. 42 © Pierre Boudon. ce sont celles-ci dont nous parlons. c'est donc que cette vacuité interruptive est réintégrée dans le discours sous la forme d'un comblement qui exprime alors une « étrangeté » par rapport aux co-énonciateurs. comme dans le cas des lapsus. créant ainsi des rapprochements hétéroclites). dans un premier cas. Tous droits reserves. le second signifiant son absence (formant ainsi une discontinuité)17. cotexte (avant + X + après) 0 bifurcation saut (lapsus.(vii) sous-ensemble du schéma (iv-iv') précédent. d'une vacuité. Le mécanisme que nous venons de situer ne rend pas compte du contenu de ces transgressions (par bifurcation ou par saut) mais du mode de leur 17 Il existe ainsi des discontinuités « naturelles » en tant qu'amorce et terminaison normales d'un discours et que les salutations justifient en tant que modes de l'ouverture et de la fermeture et des discontinuités « en rupture ». nous avons celui d'une bifurcation comme dans l'expression: La langue m'a fourché!. 2004. que la loi de discours exige de combler et c'est le sens des deux flèches qui partent de ce symbole (et qui renvoient à d'autres spécifications dans le réseau du sens). des mots-valises (qui deviennent des signifiants psychanalytiques dans l'analyse du même nom). imprévues. Nous dirons qu'il est la marque d'un manque. syllepse) Au départ. mot-valise) (métaphore. nous avons une alternative entre les symboles [ X ] et [ Ø ]. Ce qu'il faut noter. . C'est la définition d'une centralité egologique (bien différente du cotexte fluctuant et versatile dans un suivi discursif). 14). La sui-référence exprime un « propre » (au sens phénoménologique) qui se situe au-delà de la notion de sujet et d'objet et qu'elle qualifie en tant qu'auto-référence18.4. TROISIÈME TERME MIXTE EN TANT QU'OPÉRATION COMPLEXE Terminons cette analyse par le terme mixte. Mais. celui-ci. « farci » de métaphores. Tous droits reserves. en tant qu'amplification du Je peut être également un tel symbole egologique). caractéristique d'énoncés comme. Vous. dénommé sui-référence par Benveniste. 182). C'est dans ce contexte d'un certain type 18 Cf.. il s'agit d'une autoréférence diamétralement opposée à la notion de référenciation. Chapitre I. ici elle correspond à une involution sur elle-même. Il) constitue une transitivité et non une réflexivité sur soi (le Nous.. vous êtes prié. Il n'y a apparemment qu'un Je énonciateur qui peut être exprimé par cette formule d'auto-référence car toute autre personne (Tu. serait à la limite de l'audible).. pluriel) parle. on dira ainsi que cette sui-référence abolit la notion même d'instanciation comme variation (puisqu'elle est identifiée à une noninstanciation). Réseau du sens II. Est Je celui qui dit je. par contre.2. Troisième partie.apparition comme discontinuités erratiques sur fond de continu (on sait par ailleurs qu'un discours fait continuellement de métaphores n'est pas possible. situé entre une énonciation et une mention. Par la présente. d'où le problème de sa clôture évoquée à propos d'une légitimation dernière). 2004. Comment se constitue cette sui-référence? Nous dirons qu'elle est la rencontre d'un redoublement métanominatif et de l'assignation d'une source énonciative. Je Suis Celui qui Suis (Exode. C'est la reconnaissance d'un point fixe et d'une origine d'où le sujet (singulier. car on peut également souligner le fait que cette formule se rencontre également dans certains documents tels qu'une lettre administrative du genre. p. 43 © Pierre Boudon. . I. . III.. n'y a-t-il qu'un sujet qui possède ce privilège? Non. alors que la mention est une opération d'ouverture indéfinie de niveaux de langage (cf. « qui sert à qualifier la fonction de la lettre prise dans sa totalité » (Ducrot 1984. Alors qu'à l'énonciation au poste Z on peut assigner des pronoms de dialogue qui constituent une logique de renvois à travers le discours (cf. Je suis je. Or cette parole d'autorité (faisant référence à des statuts sociaux. dans les termes de la théorie classique du signe. il n'y a pas d'en-deça à ce niveau existentiel et tout énonciateur (ou son délégué) qui réfère à sa parole exprime cette limite que représente le désignateur rigide (MT-). Renvoyant ainsi aux métatermes qui gouvernent ce templum. la suiréférence est un « blocage » des mécanismes d'instanciation. on peut penser au montage perspectif albertien en peinture qui met en scène tour à tour un « paysage » vu et un « cadrage » qui fait voir. le dialogue se réduit au soliloque comme Épiménide le Crétois l'était par sa formule paradoxale. la Scène de la Parole). Cet auto-centrage a bien sûr ses effets pervers. de cette formule auto-référentielle. 44 © Pierre Boudon. cf. la requête). par exemple. lequel a besoin pour être constitué de ce dernier. . 2004. comme peut l'être l'énoncé poétique. qui reçoivent une légitimation de la part d'autrui. celui-ci renvoyant à celui-là. comme celui du menteur où la vériconditionnalité de l'énoncé (à savoir la possibilité de départager le vrai du faux) est suspendue: Je suis un menteur. L'acte d'autorité ne supporte pas le commentaire et encore moins la justification (pensons. Tous droits reserves. elle 19 Cf. Bref. la promesse. chapitre 2). en tant que faire propre à un énonciateur. (Récanati. ici on doit parler d'une opacité réflexive: le sujet est maître absolu de son énonciation (cf. l'opacité associée à la première et la transparence associée à la seconde constituent des notions fondamentales à celle du signe à l'âge classique. La poeïtique. Très proche en apparence d'une « énonciation privée ». cette expression est parfaitement transparente19.d'« appropriation » comme réflexivité globale que l'on pourrait parler ainsi des énoncés poétiques comme auto-référence (on dira de ceux-ci qu'ils réfèrent d'abord à eux-mêmes avant de référer à un monde imaginaire dont les éléments sont empruntés au monde naturel). Il s'agit d'une transitivité qui porte non sur le dire lui-même (en l'opacifiant) mais sur l'action qui s'ensuit. met en rapport un sujet et un objet (celui-ci étant dissocié d'une référenciation normale). l'ordre. on ne peut commander que si on a le pouvoir de le faire) s'oppose à une métanomination. c'est moi qui parle) mais il est aussi piégé par celle-ci. appelés paradoxes. Comme les opérations de réflexivité et de transitivité. Il faut donc bien distinguer l'acte d'autorité que représentent les verbes performatifs (cf. aux ordres militaires). Greimas) qui entrent dans la définition d'une démarche argumentative22. chapitre 11). Celles-ci ont leur place au sein du discours mais pas au même titre que l'affirmation et la négation. ses échanges langagiers. 45 © Pierre Boudon. sans légitimité? Cette formule de la pragmatique ne convient pas à cette forme d'expression en ce qu'elle ne rend pas compte du pouvoir symbolique que détient la Parole poétique en tant que fondement d'une Culture (ce n'est pas une Parole contraignante mais une Parole incitative. qu'elle est une remise en cause des cadrages institutionnels auxquels font référence implicitement les régulations discursives. touche directement aux modes de l'instanciation (cf. comme « en abîme ». le métaterme MT+). car ce pouvoir symbolique détenu par la poésie est celui d'une remise en cause des automatismes du discours (par ses transgressions par exemple. de la négation et de l'interrogation. le pouvoir-faire. comme on parle d'« incitation à la violence »). ou encore. Sixième partie. 2004. un ensemble de propriétés abstraites21. noologiques et non relevant de la désignation d'un monde. Jakobson (1963. Cette remise en cause est liée au fait que la réflexivité-transitivité dont elle use. le savoir-faire. dans la sémiotique d'A. Réseau du sens II. de son côté. privés de cette « fonction poétique » dont parle Jakobson et qu'il situe au même niveau que la « fonction référentielle »20? Non. Chapitre IV. LES MODALITÉS PRÉDICATIVES: L'ASSERTION Terminons cette Première partie en abordant le problème des modalités prédicatives qui constituent.3. l'énoncé poétique n'est qu'une « énonciation privée » auto-télique. comme l'instanciation. Ces modalités. I.en est en fait à l'opposé en tant que directement associée à une représentation institutionnelle. Mais dira-t-on également que. Tous droits reserves. comme on vient de le voir auparavant à propos de l'emploi). . sont également distinctes des modalités praxéologiques (cf. comme le devoir-faire.-J. l'exemple sera celui de l'affirmation. les modalités dites verbales 20 21 22 Cf. Afin de comprendre la situation de ces modalités de l'assertion par rapport aux autres propriétés discursives. Imagine-t-on une société. propres à l'action. Cf. qui relèvent du même micro-univers à partir de l'assertion sousjacente. relaient par quantification discursive ces rôles affirmatif et négatif. conditionnel. On a. Non. à propos de l'instanciation. où l'assertion conserve la même fonction (cognitive) sous-jacente. ou plus exactement. Le rôle de l'interrogation ne se limite d'ailleurs pas à ces modalités de l'assertion.. 2004. l'interrogation peut porter. la négation et l'interrogation. et son inverse. à la suite de Frege (Ducrot. Tous droits reserves. soit la différence entre 46 © Pierre Boudon. comme dans Est-ce que Jean fume?.. d'une part. non- manifeste. Or il est possible de généraliser cette expression à un troisième terme qui relève également des mêmes rapports: je veux parler de l'interrogation. .. Jean ne fume pas (Jean ne fume plus.(indicatif. qui se manifeste sous les aspects de l'affirmation et de la négation. Jean ne fume pas. L'assertion ne renvoie donc pas uniquement à deux manifestations mais à trois: l'affirmation. Considérons en premier ce couple de l'affirmation et de la négation. subjonctif) qui se marient aux temps (passé. introduit déjà des considérations plus complexes associées à la présupposition par rapport au temps). et qui nie cette position déclarative. donné dans sa naïveté initiale (comme l'ont fait bien des théories structuralistes). la position d'une proposition assertée. continues ou discontinues. qui inversent le sens d'une position à l'autre: Jean fume. Y. Qu'est-ce que tu veux dire par là?. Jean ne fume pas et [Jean. présent. le jamais et le toujours. celle-ci est représentée par des particules. qui est un ajout. Jean fume-t-il?. On dira donc que ces trois manifestations représentent les trois termes de base: {X. Jean fait ceci: il fume. fumer] qui est une proposition abstraite. Quel livre lis-tu en ce moment?. ont mis en évidence le fait que nous avions deux niveaux distincts: une déclaration et une assertion sous-jacente. d'autres particules comme le oui et le non. Nous dirons donc que ces propriétés de l'assertion sont en amont de cellesci. soit sur un objet. Les analyses énonciatives. ainsi. c'est la modalité déclarative qui nous fait passer de l'affirmation à la négation alors que l'assertion reste finalement la même: Jean fume. comme rapport entre la marque et son absence: prédicativement. Z} du templum dont l'assertion sous-jacente serait le métaterme MT+. soit sur le sens de l'énoncé dont on veut avoir un commentaire. 25-67). p. futur). 1972. du moins dans la plupart des cas ». nous retrouvons donc le concept d'image: ici. Outre le fait que la marque d'interrogation se décline en genre et nombre (traitables dans d'autres templa: Qui est-ce qui vient demain?. Quoi faire aujourd'hui? Etc. Une fois de plus. 1983. etc. Tous droits reserves. nous avons donc une admission indirecte (oblique) et c'est d'après ce degré de connaissance (partielle. 13)23 comme dans. En outre. A partir de cette mise en place des trois termes de base. Réseau du sens II.sens et référence chez Frege. Chapitre IV. Entre la notion d'affirmation au poste Y et celle d'interrogation au poste X. « On comprend donc pourquoi l'on peut employer dans une exclamative le tour interrogatif: c'est que la modalité interrogative parcourt toutes les valeurs possibles. N'était-il pas là pour le constater?!. Depuis quand Jean est-il arrivé? . Etc. Quelqu'un est-il arrivé hier soir?. complète) que l'interlocuteur peut répondre. nous avons ce qu'on peut appeler une admission tacite: Jean est arrivé hier soir? Dans cette semi-interrogation. 23 Cf. on comprendra aisément que le verbe soit. comme il s'agit non d'obtenir une réponse d'autrui. mais de recourir à la notion pour asserter le « haut degré » d'une propriété. s'il peut le faire sous cette forme (même s'il n'en connaît pas la réponse) c'est qu'il sait qu'il existe un certain Jean et que celui-ci est censé être arrivé à cette date (hier) dont on parle. p. . ce mode interrogatif peut également entrer dans la composition d'une exclamation (Culioli. 2004.). comme dans le cas d’une insinuation: C'est bien Jean qui est arrivé hier soir? Bref. Que fais-tu en ce moment?. Qui est arrivé hier soir?. Que lui faut-il de plus?! Par là. Admettre. nous dirons (après les linguistes de l'énonciation) que le locuteur dispose de l'information nécessaire pour poser la question. c'est donc savoir sans l'affirmer explicitement. il exprimerait son étonnement. 47 © Pierre Boudon. il nous reste à préciser les termes mixtes qui vont les relier et le rôle que peut jouer le complémentaire de l'assertion. Sinon. à la forme positive ou à la forme négative. Toutes révèlent un degré de connaissance plus ou moins grand dont le minimum est formé par les Qui?. l'exclamation) s'interdéfinissent mutuellement24. on voit que nous avons tout un réseau de renvois où les modes prédicatifs (l'assertion. les modes verbaux. indifféremment. Quoi?. Troisième partie. Dans l'interrogation. Ainsi peut s'expliquer toute une variation sur l'interrogation elle-même. c'est la forme interrogative du verbe qui est le représentant de la classe des valeurs imaginaires que peut prendre le prédicat. 24 Cf. Où?. D'ailleurs.. l'appréhension d'obtenir une réponse négative... N'y aurait-il pas là matière à débat?.. les formules en. Considérons maintenant le pendant de ces rapports entre modes directs et obliques. bien sûr. 2004. positif ou négatif.. Comme dans l'admission implicite. on cherche à mettre en doute une déclaration: Jean ne devait-il pas arriver hier soir?. Je te demande. les éléments interrogatifs introduits au départ servent de conjonction entre la principale et la subordonnée. A noter d'ailleurs cette formule étrange du N'est-ce pas? qui est une demande explicite d'acquiescement de l'énonciataire à ce qu'on vient de dire. nous avons comme un « enjambement » diamétral par dessus ce qu'on va nommer en YZ la position de perplexité: Je ne sais pas. Dans ces différentes formes de conversion où l'admission joue le rôle d'un pivot syntaxique. Je veux savoir. Etc. ces éléments conjonctifs de l'interrogation indirecte peuvent être suivis dans la langue familière de Est-ce que. renvoyant de leur côté à des actes d'attitude dont il faut définir la modalité discursive. Peut-être. Ceci permet de définir précisément la nature dérivée et intermédiaire des interrogations indirectes. Est-ce qui. la base des rumeurs) comme dans le cas de l’affirmation. ou encore. comme dans: Je veux savoir avec qui est-ce que tu sors. Ce terme mixte de l'admission joue également le rôle syntaxique d'une conversion entre les moyens de l'affirmation et ceux de l'interrogation comme dans: (viii) Viens-tu? J Je te demande si tu viens Quand viendra-t-il? J J'ignore quand il viendra etc. mais inversement. Tous droits reserves.. entre l'interrogation et la négation. . comme dans l'insinuation. 48 © Pierre Boudon. diamétralement opposé à l'affirmation. J'ignore..insinuer c’est faire admettre sans que la chose ait été clairement énoncée (c'est. par exemple. dans ce N'est-ce pas?... comme les éléments interrogatifs de l'interrogation directe. nous pouvons situer en XZ le doute qui s'exprime par exemple dans l'interro-négatif. Dans cette formule. (entre l'affirmation et la négation). le doute exprime une continuité possible entre l'interrogation et les déclaratifs correspondants. et c'est. 1980)25. par ailleurs. 26 Mentionnons cette note de J. c'est bien le train pour Caen? Nous avons une formule indirecte d'admission qui attend sa confirmation (demande exprimée par le bien. Bouveresse (1971. Le Je ne sais pas. C'est à ce titre que l'on peut introduire des demandes de confirmation (affirmation renforcée comme dans le Si!) dont la définition fera appel aux connecteurs d'argumentation (Ducrot. Tous droits reserves. par exemple. Cinquième partie. le Sans doute. diamétralement opposé à la négation. Même dialectique avec le Si! d'opposition et de reprise confirmative face à un interlocuteur obstiné: . cherche à annuler la position de perplexité. 2004. Pardon Monsieur le chef de gare. l'admission implicite cherche son explicitation dans une affirmation qui se redouble. etc. est ambigüe puisqu'il a pu arriver un autre jour). dans un énoncé comme. J'ignore. Réseau du sens II.Si! J'ai vu sa valise. Le redoublement (oui devient si!. au sens où l'obligation de répondre est remplie mais son contenu est laissé vacant)26. C'est pourquoi des formules interpellatives comme le N'est-ce 25 Cf. on voit déjà apparaître l'intrication entre les règles de la grammaire (hors discours) et un jeu énonciatif entre interlocuteurs où les affirmations-négations-interrogations ne sont plus seulement des déclarations en retour mais des réponses à des assertions antérieures. nous avons donc comme une sorte de « point mort » qui représente une impossibilité de trancher entre le oui et le non. Mais certainement Madame). Ainsi. » 49 © Pierre Boudon. en fait. Chapitre II.Je ne sais pas. Entre l'affirmation et la négation comme modalités directes. p. parce que ce n’est pas la même proposition qui est affirmée et niée. lorsque nous répondons par « oui et non » à une question ou que nous utilisons des expressions comme « je l'ai vu sans le voir ». comme on sait. abondamment exploités par les sophistes grecs. il arrive fréquemment qu’une contradiction littérale ne soit pas du tout. « je le connais sans le connaître ». et en conséquence on aura. Tel est le cas. 119): « Dans le même ordre d’idées. entre Jean est arrivé hier soir et Jean n'est pas arrivé hier soir (formule négative qui. en incorporant un non qui pourrait apparaître).Jean n'est pas encore arrivé? . sont des absences de réponse orientée vis-à-vis d'une interrogation (on répond sans répondre. . Des cas de ce genre ont été. une contradiction. le Peut-être.Dans cet exposé des modalités prédicatives de l'assertion. ainsi. il a répondu = il a eu l'habileté de répondre). il en écrit). 176) d'« incidence » et cette expression permet d'apporter une réponse au problème de l'ambiguité. l'enjeu correspondait davantage au rapport entre un mode direct et un mode oblique (soit la différence entre les termes de base et les termes mixtes) qu'à celui entre une assertion et une non-assertion (même le silence peut être assertif comme lorsqu'on ne répond pas volontairement à un certain type de question jugée embarassante). et syntagmatiquement. . Afin de caractériser ce mode oblique. ou à lire des romans policiers (il ne lit pas de romans policiers. même dans la négation: partie de l'énoncé sur lequel porte un opérateur linguistique. il écrit une thèse). p. dans Pierre ne lit pas de romans policiers. à la suite de C. : Habilement. la négation peut être incidente à lire (il ne lit pas de romans policiers. cette modalité permet d'expliciter les différentes façons d'interpréter un énoncé puisque l'opérateur d'incidence permet de faire comprendre. Les différentes formes de l'assertion peuvent être synthétisées par le templum suivant : (ix) Templum des modalités de l'assertion Métatermes: 50 © Pierre Boudon. Bref. comme les adverbes. ex. à policiers (il ne lit pas de romans policiers. Certains opérateurs.: Il a répondu habilement = il a fait une réponse habile) ou une portée externe (« incidence extra-prédicative ». Il nous reste finalement à caractériser le sens du métaterme complémentaire à l'assertion. 2004. Tous droits reserves. pour en rendre compte pragmatiquement) pour expliciter le sens des nuances d'assertion que l'on peut apporter à son énonciation. obligeant l'autre à répondre affirmativement ou négativement. en ce qu'il peut incorporer à la définition du prédicat une qualification adverbiale. Nous avons vu que dans le templum. Nous n'avons donc pas à sortir des propriétés discursives (par exemple. il lit des nouvelles). nous parlerons.pas? ou injonctive comme le Si! cherchent à faire l'économie de ce dubitatif. paradigmatiquement (en déclinant les termes de l'énoncé). ex. Fuchs (1996. peuvent avoir une portée interne à la relation prédicative (« incidence intra-prédicative ». à romans policiers (il ne lit pas de romans policiers. il lit des romans à l'eau de rose). -: assertion # incidence insinuation. a) un sens littéral où nous avons un rapport strict entre « posé » 51 © Pierre Boudon. insinuation (interrogation indirecte). discursive. nous voulons parler des rapports entre. YZ: perplexité (indifférence. . extra-prédicative) Corrélats initiaux: X : interrogation (partielle. pivot syntaxique. admission doute affirmation négation perplexité Partant de la modulation de ces rapports. nous pourrons développer d'autres rapports entre le dire et le non-dire constitutifs d'effets de sens qui ne portent pas tant sur un mode prédicatif que sur un type de formulation du contenu. dubitation) XZ: doute (interro-négatif) (ix') La schématisation sera de la forme: interrogation MT+.MT+: assertion MT-: incidence (intra-prédicative. métanominative) Y : affirmation (mode direct). Tous droits reserves. 2004. confirmation (en reprise) Z : négation (mode direct). complète. réfutation (en reprise) Corrélats dérivés: XY: admission. (ix) Trois instances discursives (et non strictement énonciatives). Tous droits reserves. peut-être). la notion de templum pouvait encore évoquer une sorte de paradigme classificatoire. modalisatrices) à partir desquelles nous pouvons effectuer.et « présupposé » (Ducrot (1972) à la suite des travaux de Frege) où la vériconditionnalité peut être effectivement réalisé. comme on le voit également. au moyen d'exemples. c) un sens sous-entendu où nous avons les implicatures gricéennes faites de convenances sociales et de savoirs tacites entre les énonciateurs. . Si. au départ. 2004. à la manière des déclinaisons verbales ou nominales. métonymie. non. cette description empirique mobilise finalement l'ensemble de ces différentes opérations et c'est pourquoi il est nécessaire d'en exposer le réseau entier afin de nous permettre d'avoir une « grille de lecture » de ces corpus.). comme dans La terre est bleue comme une orange (Éluard). 52 © Pierre Boudon. syllepse. où l'on ne peut répondre par oui ou par non. I. b) un sens figuré qui renvoie à la définition des tropes rhétoriques et/ou poétiques (métaphore. nous constatons rétrospectivement que ce dispositif cognitif constitue un jeu d'opérations permettant de mettre en place une diversité de structures (instanciatives. CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE Nous venons d'effectuer un certain parcours entre une instanciation en tant qu'instauratrice d'une interlocution et ses modalités assertives.4. en ce qu'il renvoit à un monde imaginaire. un repérage dans les corpus empiriques. Mais.... soit les modalités ci-dessus. comme dans Jean est allé à la gare chercher Françoise (on peut répondre par oui. Tous droits reserves. 2004.DEUXIÈME PARTIE: L'OBJET DE RÉFÉRENCE 53 © Pierre Boudon. . Hormis dans le simple geste ostensif d'une désignation: Passe-moi le truc qui est là. Sémantique générale. attente ou anticipation d'un futur). argumentations.. Picoche1). il faut en fait tout un appareil sémiotique afin de saisir le sens de ce dont on parle et nous avons vu que cette référenciation s'appuie sur ses collatéraux (cf. il est nécessaire de préciser les rapports entre un niveau syntaxique en tant que modes de formation des énoncés instanciés et un niveau sémantique en tant que rapports entre signification et référenciation. (iv-iv') de la Première partie supra): une représentation par niveaux de langage d'un côté. évocations. nous avons abordé des propriétés essentiellement énonciatives.. C'est cette dialectique entre le sens et la référence que nous allons aborder dans les deux prochaines parties. 54 © Pierre Boudon..mais non. Abordons maintenant le complémentaire de cette co-énonciation dialogique en analysant les propriétés d'une référenciation. ce qui veut dire que la notion d'« univers de discours ». légitimation. a été appréhendée d'un point de vue intersubjectif puisque nous sommes en présence d'un échange dialogique mais aussi sur une méta-énonciation effectuée par commentaire. Par signification. Tous droits reserves. . II. RAPPORT ENTRE DEUX NIVEAUX DE FONCTIONNEMENT Avant de procéder à une analyse des mécanismes de compréhension onomasiologique (dans le sens donné par les travaux de B. lieu de croisement d'un sens (discursif) et d'une référence (mondaine).Dans la Première partie. je t'ai dit là!! (où le contexte d'énonciation est essentielle pour situer un objet). associée à une instance au sens où Benveniste l'entendait. Pottier. Structures sémantiques du lexique français (1986). Ce n'est qu'à travers cette pluralité de propriétés que l'on peut saisir la notion de présent d'énonciation comme convocation d'une diversité de mondes possibles (souvenirs. nous entendons un mécanisme de 1 Cf.. justification. (1993) et Picoche.1.Là!. soit sur un échange qui porte sur la nature des entités dont on parle. 2004. Pottier ou J. un emploi comme cotexte de l'autre.. dépendants l'un de l'autre et autonomes dans leur fonctionnement (ils ne 2 Cf. qui nous retiendra ici. ce que nous avons défini auparavant comme renvoi à des entités relevant du monde. p. analyses sémiques). ou < cheval > et < Pégase >. Colloque de Cerisy: L'auto-organisation. 2004. 1983. auxquels sont associés une matrice de traits (cf. . ce n'est pas un schéma arborescent qui part d'un niveau abstrait pour aboutir à des termes concrets. à la fois. Paris. faux} mais celles d'une élaboration des cadres mentaux permettant de constituer un repérage référentiel dont le monde exprime une diversité de manifestations (réel ou imaginaire comme dans le cas de < Pégase >. C'est cette constitution des cadres mentaux. et par référenciation. à ce qu'il faudrait appeler des « simulacres objectaux » comportant ou non des répondants mondains. 55 © Pierre Boudon. Ainsi. ce schéma n'exprime pas une hiérarchie de relations de dépendance directes mais un entrecroisement (appelé « hétérarchie ») en ce que ces deux niveaux sont. Voici comment nous pouvons concevoir les rapports entre le niveau de formation syntaxique et le niveau de formation sémantique dont la notion de discours constitue l'ensemble: (i) articulation du niveau syntaxique et du niveau sémantique expressions syntaxiques schémas grammaticaux expressions idiomatiques polysémie lexicale Ce schéma est emprunté plus aux sciences de l'auto-organisation2 qu'à la linguistique générative (Chomsky. La sémantique dont nous parlons ici n'est pas celle de la logique énonçant les conditions d'un {vrai. Tous droits reserves. nécessaires à la conceptualisation de ces entités sémantiques (cf. il n'y a pas de différence sémantique profonde entre < cheval > et < centaure >. 141 sq. entités isolables et spécifiables).catégorisation reposant sur un dispositif cognitif. au départ. où l'on a la différence entre « fait » et « fiction » régissant la nature des lexies). Montague). plus généralement. on se référera en particulier à l'intervention de Francisco Varela suivie du débat avec Pierre Livet. sous la direction de Paul Dumouchel et Jean-Pierre Dupuy. de la physique au politique. analyses componentielles. des lexies comme tête ou main servent autant à définir les parties du corps (ou d'un repérage spatio-temporel: La tête d'un canal) que ceux d'expressions figurées dont la signification est plus ou moins éloignée de ce sens « dénotatif ».). les schémas grammaticaux issus des analyses d'une instanciation discursive caractérisent des propriétés générales (mécanisme des modalités prédicatives. mécanisme d'une aspectualité spatio-temporelle. Mais la distinction fonctionnelle entre ces deux niveaux n'est pas aussi tranchée que le laisse entendre ce schéma (i) supra. Ainsi. cristallisé dans des expressions qui entrent dans la définition des catégories grammaticales. 2004. 1966. la référence n'est pas objectale mais figurative. de décrire. . l'onomasiologie sera caractérisée comme description des cadres mentaux permettant une représentation du monde au moyen de registres de catégories. d'un côté. de dénommer. p. de l'autre. 42 sq.répondent pas aux mêmes objectifs). l'usage qui est fait d'un « sens figuré » par rapport à un « sens littéral » en tant qu’assertion: Jean est allé à la gare chercher Françoise (sens littéral) et Jean nous a mis dans un sale pétrin (sens figuré). Si. dans ce cas. mécanisme de la quantification discursive. ces expressions sémantiques n'ont de sens que par rapport à des modes d'enchaînement énonciatif qui les prennent en charge (production des assertions ou d'une glose sur celles-ci). par exemple. 56 © Pierre Boudon. Sémantique structurale. Les exemples suivants pour le lexème < tête >. inversement. nous avons ainsi un « coulissage » caractérisé par ce double renvoi de l'un à l'autre: tout énoncé a besoin d'expressions sémantiques en tant que références mondaines afin de désigner. etc. étaient clairs: 3 Cf. où l'expression figée sale pétrin est mise pour « situation difficile ». la polysémie lexicale (noms et prédicats) en découle nécessairement. Entre un fonctionnement systématique au niveau des schémas grammaticaux et un recoupement polysémique plus ou moins important au niveau des lexies. Ce sens figuré n'est pas celui d'une expression poétique plus ou moins libre mais d'un sens « en langue ». pris par Greimas en son temps3. Paris. l'ensemble des termes sur lesquels s'appuie une telle représentation étant limité. Considérons. Tous droits reserves. 2004. phénomènes) en relations élémentaires. puisque le point de départ est une compréhension onomasiologique avant d'être phrastique (alors que dans l'autre sens. d'un côté. Mais ce type de pensée classificatoire recouvre-t-il l'ensemble des procédures sémantiques en tant que désignation et description? Certes. il constitue un bon moyen d'accès à ce qu'on entend par modes de la représentation du monde mais qui reste partiel en ce que ces domaines ne dépasse pas le cadre d'une taxinomie pratiquée (dont on ne connait pas les procédures d'acquisition). ce vocabulaire caractérise une partonomie en ce qu'on peut dénommer par décomposition les entités considérées (corps. caractériser une classification (ouverte) en espèces et sous-espèces. .2 LES ENJEUX DE LA CATÉGORISATION LEXICALE Comment caractériser dans son ensemble les rapports dialectiques entre sens et référence? On pense d'abord à un savoir de type classificatoire. Tous droits reserves.(ii) faire une tête (une parmi d'autres) faire la tête (être contrarié) Une tête à claques (personne énervante) crier à tue tête objet qui coûte les yeux de la tête (objet coûteux) se casser la tête (chercher la solution d'un problème) payer de sa tête (sacrifice de soi) se payer la tête de quelqu'un (se moquer) etc. le schéma (i) supra) au même titre qu'un sens littéral et c'est la signification de la flèche qui renvoie du niveau sémantique au niveau syntaxique. 1989)). Ce sens idiomatique entrent ainsi dans la définition d'un fonctionnement discursif (cf. nous avons la compréhension linguistique ordinaire). II. Or le niveau sémantique dont nous avons parlé précédemment exige ce type d'enquête. 57 © Pierre Boudon. Atran (1986. et de l'autre. pratiqué dans les taxinomies populaires ou savantes et qui conduit à une représentation plus ou moins systématique du monde au moyen d'un vocabulaire spécialisé (Lévi-Strauss (1962). par formes de localisation géographique. nous construisons au moyen d'une démarche comparative une représentation à travers un certain questionnement et c'est en fonction de celui-ci que nous sommes amenés à sérier les types de problèmes soulevés. Pour organiser un tel repérage. . il est nécessaire de préciser ce qu'on entend par formes organiques (mode d'alimentation. nous voyons comment nous avons opéré par ce que LéviStrauss a appelé dans ses Mythologiques (1964-1973) une démarche « en rosace »: partant d'un groupe de propriétés (repérage). Ainsi. mais appliquées à un mode de catégorisation des entités.6) infra pour comprendre le sens des commentaires que nous allons apporter maintenant. par types d'habitat construit ou non. en tant qu'animaux (leur anatomie. en tant qu'animaux qui volent. groupement). articulés selon la même disposition du templum que des propriétés syntaxiques en réseau. au départ. En consultant. il est nécessaire de préciser la nature de ceux-ci en tant qu'êtres (animés ou inanimés). auxquels on doit répondre pour comprendre la nature des objets dont on parle. la manière dont nous avons mené notre enquête.Le mieux est donc. un groupe de ces propriétés qui font système (à un certain niveau) va permettre de préciser des caractères différentiels (par exemple. du genre: qu'est-ce qu'un < oiseau > par rapport à d'autres types d'êtres (et d'artefacts si l'on pense à la notion d'« objet volant » en général)? Ainsi. 2004. nous sommes amenés à nous poser des questions sur les tenants et aboutissants de celles-ci. Par exemple. Tous droits reserves.6) infra.. etc. nous avons ainsi recours à un certain nombre de cadres mentaux formant autant de registres. en rappelant que les procédures sémantiques évoquées fonctionnent sur un repérage référentiel à partir de ce nous avons appelé des simulacres objectaux. de prendre l'exemple d'un certain domaine de connaissance que l'on pourra définir par la suite comme « champ sémantique » plus ou moins étendu. Ainsi. Il est bon également d'identifier leurs divers modes de « socialité » (prédation. si nous sommes amenés à définir celui-ci comme « être en mouvement » on doit se demander ce que représente cette notion en tant que stabilité et/ou instabilité physique propre au déplacement (ce qui n'est pas réservé aux seuls êtres vivants mais à toute forme d'objet naturel et/ou artificiel) . Reportons-nous à l'Appendice (II. aspects visuels de certains 58 © Pierre Boudon. dans l'Appendice (II.. mode de reproduction). ce que nous avons fait à propos de la notion de l'< oiseau >. indéfinies au départ. leur physiologie). . Nous construisons ainsi une représentation du monde. le champ sémantique de l'oiseau. ce qui nous conduira à préciser d'autres aspects (la couleur. 59 © Pierre Boudon. sa disposition par rayures ou par taches. sauter.. Cette description sémantique n'est pas sans faire penser. habitat. des différents remèdes qu'on pouvait en tirer. localisation. dans le savoir de la Renaissance (Foucault. on devait associer à ce champ sémantique. moins évidentes. c'est que notre démarche n'interdit pas de soulever cette question (au contraire des différentes approches taxinomiques proposées jusqu'à maintenant qui s'appuient plutôt sur ce genre de délimitation implicite pour pouvoir rendre compte d'une certaine description.. toutefois. nager.. mais cependant indispensables quant à une qualification complète) et que nous situerons à un niveau plus abstrait (ainsi du rapport entre types de mouvement affectant des êtres animés. courir. les saisons)4. non seulement se réfère à ses nombreux caractères (morphologie. ces procédures sont ainsi restrictives en tant que conditions de leur mise en oeuvre). ce qu'il est important de noter. associant le monde du vêtement ou des armoiries et celui des 4 La notion de « milieu » géographique et climatique que nous introduirons à propos d'une aspectualité spatiale. les êtres vivants sont associés à des phénomènes géographiques. climatiques et même cosmiques comme le jour et la nuit. ces groupes de propriétés présupposent également d'autres (plus profondes. voler. des parures et emblèmes dont on pouvait se revêtir. rapidement. au départ. Jusqu'où celleci ira-t-elle? C'est bien sûr la question d'une délimitation d'un savoir sémantique par rapport à un savoir encyclopédique... Ainsi.animaux tels que la forme ou le pelage). 2004. si elle part des objets empiriques donnés. non seulement celui de sa description (apparences). mais également celui des différents modes culinaires.) mais également aux analogies que cet être évoque. Tous droits reserves. à une approche phénoménologique par son mode naïf de questionnement. marcher. et la notion d'un déplacement au sens abstrait). 1966). . Ainsi. Ainsi peut-on différencier un niveau local et un niveau global de la description à travers ce mode catégorisation défini au fur et à mesure de la démarche donnée en Appendice. mais. ses emplacements). elle constitue des cadres mentaux plus abstraits qui permettent de catégoriser par comparaison ces objets empiriques avec d'autres qui relèvent plus ou moins du même domaine (en particulier. animaux (sauvages, domestiques; naturels, mythologiques comme la licorne, la salamandre). Pensons également à la place des oiseaux dans les mythologies (messagers de la Fortune et de l'Infortune, des calamités et des rédemptions). Bref, il s'agit d'un savoir cosmologique et non spécialisé dans ce qu'on appellera au XVIIIème siècle des « sciences naturelles ». Nous touchons là à des questions épistémologiques qu'une analyse sémantique peut difficilement éviter si on ne veut pas la réduire à une lexicographie, notamment concernant la notion d'un genre (animal, humain; naturel, surnaturel) qui différencie des mondes de la référence implicites. Or ces distinctions qui touchent à la nature profonde de la notion de Culture comme modes de catégorisation du monde relèvent de ce que Lévi-Strauss (1958, 1962) a défini comme étant des rapports d'échange entre la Nature et la Culture en tant que couple épistémologique fondateur de l'humanité (par rapport à l'animalité). II.3. FIGURES DE L'ENTRECROISEMENT SÉMANTIQUE L'entité que nous cherchons à décrire, comme dans l'Appendice II.6., renvoie à un certain nombre de domaines d'analyse, du genre, < Morphologie >, < Écologie >, < Socialité > auquel il faut adjoindre la notion de système de valeurs relevant d'une cosmogonie (religions, mythes; ainsi des rapports {Vie, Mort}, {Terre, Ciel}). Chacun de ces domaines mobilise, non pas directement des entrées lexicales (à la manière d'un dictionnaire), mais des types de propriétés relevant de ce que Culioli a appelé des « notions » entrant dans la composition des entités lexicales5. Ainsi les propriétés introduites renvoient non seulement à 5 Cf. « La frontière », Paris, 1990, p. 85-86, « Nous n'avons pas, comme je l'ai dit tout à l'heure, une relation d'étiquetage entre des mots et des concepts, mais nous avons ce que j'ai appelé « notion », ce qu'on peut appeler aussi éventuellement « représentation structurée ». La notion sera distinguée du concept, qui a une histoire, par exemple épistémologique (les concepts sont structurés les uns par rapport aux autres dans un univers technique). Lorsqu'il s'agit de notion, nous sommes dans un domaine qui nous renvoie, d'un côté à des ramifications (les notions s'organisent les unes par rapport aux autres: tel animal par rapport à tel autre animal et nous créons forcément des relations entre eux (relation de prédation, d'accompagnement, d'identification).(...) Donc d'un côté, il y a ces ramifications. D'un autre côté, il y a foisonnement, c'est-à-dire que vous avez tout un ensemble de propriétés qui s'organisent les unes par rapport aux autres, qui sont physiques, culturelles, anthropologiques, et qui font qu'en fin de compte un terme ne renvoie pas à un sens, mais renvoie à —je ne dirais pas un champ, car un champ 60 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. des formes d'oiseaux mais également à toutes espèces d'êtres ayant un « corps » (dont l'homme en particulier) en tant qu'entité organique et douée de sensibilité. Si nous avions pris un autre exemple, tel que celui des < plantes >, nous aurions ouvert d'autres rubriques parallèles à celles retenues ici. Entre ces exemples, nous avons des différences et des ressemblances en tant que propriétés inhérentes et afférentes6 qui portent tant sur des relations à l'intérieur de chacun de ces domaines (par exemple, une localisation géographique et/ou climatique qui conditionne les aspects morphologiques), qu'entre ces domaines corrélés à travers les entités à décrire. Ainsi, les templa introduits sont propres, tant à l'exemple retenu, qu'à toutes sortes d'êtres et/ou phénomènes dont on peut dire qu'ils entretiennent des rapports de similarité et de différence. Ce n'est ainsi qu'à un niveau sous-jacent aux termes que nous pouvons proposer une analyse sémantique et non directement au niveau d'une nomenclature où la seule issue possible est d'en proposer des tables de traits distinctifs par absence/présence. Ainsi, les templa de notre description sémantique ne sont pas sans faire penser au statut du lekton stoïcien comme « être incorporel »7, à la fois sensible et intelligible, sous-jacent à la manifestation. En d'autres mots, ces groupes de propriétés s'incarnent dans des termes constitués par le recoupement de plusieurs d'entre eux et dont la liste n'est pas nécessairement arrêtée au départ. À la suite du précédent schéma (i), nous allons proposer dans le suivant (ii) des domaines de référence auxquels se rattachent des analyses partielles; ce niveau de la description est catégoriel dans la mesure où les templa sont d'ordre général avant de pouvoir être spécifiées dans des entités particulières. À la suite à ce premier niveau (A), répondant aux divers domaines: Morphologie, Écologie, Socialité, Axiologie, dont la liste peut être élargie —et, surtout, renvoyant à un niveau plus profond, comme par exemple, celui de la notion de genre en tant que mode délimitatif des domaines eux-mêmes—, on aura en second (B) un niveau de description empirique qui représente l'incarnation d'un est déjà une organisation d'un certain type entre des termes— mais renvoie à un domaine notionnel, c'est-à-dire à tout un ensemble de virtualités. » 6 Cette distinction est dûe à F. Rastier, Paris, 1987, p. 131 sq. 7 Cf. L'ouvrage collectif sous la direction de J. Brunschwig, Les stoïciens et leur logique, Paris, Vrin, 1978, et notamment l'article de C. Imbert, p. 223-250. 61 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. ensemble de propriétés rassemblées sous une même lexie et ses équivalents lexicaux: non seulement l'oiseau, mais tel oiseau de telle région. Enfin, à un dernier niveau (C), ici appelé celui des idiosyncrasies, nous avons en tant que présence des cas particuliers individués, le niveau expérientiel de ces descriptions dans lesquelles, non seulement on peut reconnaître ces propriétés générales, mais dans lesquelles on peut avoir d'autres considérations issues de points de vue particuliers pouvant conduire à une réévaluation de l'ensemble: (ii) domaines notionnels morphologie (anatomie, physiologie) écologie (géographie, climat) socialité (genre de vie) axiologie (valeurs renvoyant à une cosmogonie ou à une histoire) La barre en pointillés expriment le fait que nous avons un rapport implicite entre les domaines de la nature et de la culture (inter-domanialité caractérisant un genre de vie)8. A) Descriptions catégorielles (templa sémantiques formateurs de simulacres objectaux) B) Descriptions empiriques (incarnation de ces simulacres dans des expressions lexicales ou discursives) C) Idiosyncrasies (cas particuliers individués) C'est dans la Troisième partie que nous aborderons cette question d'une individuation des descriptions particulières pour lesquelles les simulacres objectaux constituent des « modèles » prototypiques de conceptualisation. 8 Nous aurons l'occasion d'aborder ces questions à propos de la notion de causalité. 62 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. II.4. RELATIONS D'OBJET ET RELATIONS D'INSTANCE (SÉMANTIQUE) Revenons sur le sens de cette démarche, développée dans l'Appendice .II.6. infra, dont nous avons dit qu'elle procédait « en rosace » à la manière de l'analyse mythologique chez Lévi-Strauss. Les rapports que nous établissons peuvent être répartis entre des propriétés intra-domaniales et des propriétés interdomaniales; dans l'un et l'autre cas, elles sont donc toujours « centrées » sur des objets de référence (cf. la notion de l'< oiseau >), même si notre démarche s'avère plus complexe que dans le cas des taxinomies. Procédons inversement: les « champs sémantiques » tels qu'on les rencontre dans les dictionnaires analogiques correspondent plutôt à l'assemblage de différentes relations inter-domaniales en ce qu'ils partent de la notion de champ en tant que niveau d'instanciation (sémantique), pour ensuite dégager par spécifications relatives des objets particuliers relevant de celui-ci. C'est, par exemple, le cas suivant emprunté à R. Martin (1983, 83-90) qui s'est posé la question d'une définition non pas lexicale mais « noématique » de ces rapports sémantiques. Voici comment se présente cette analyse, non pas « centrée » au départ sur des objets particuliers mais sur la notion d'un « champ d'aperception » de ceux-ci. (iii) Champ sémantique associé à la notion d'audition (Martin, 1983-92) lexies retenues par l'auteur (celles qui sont soulignées signifient des pôles majeurs constitutifs du champ): entendre : perception + son ouïe : capacité (possibilité + être animé) d'entendre oreille : organe (partie du corps + fonction) de l'ouïe auditif : qui se rapporte à l'ouïe acoustique : qui se rapport au son bruit : son non harmonique audible : qu'il est possible d'entendre 63 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. (iii') Soit en schéma (non normalisé, c'est-à-dire, qui ne répond pas à une forme canonique préétablie): (Perception) (Possibilité + Être animé Son entendre audible acoustique bruit (Partie du corps + Fonction) ouïe auditif (Non harmonique) oreille Les deux démarches ne sont d'ailleurs pas incompatibles en ce que la nôtre procède d'une déduction des objets des domaines de relations —l'approche n'est pas sans faire penser à ce que Kant (1980, p. 842 sq) appelait une déduction transcendentale—, alors que celle de Martin serait plutôt abductive au sens de C. S. Peirce (en ce qu'elle postule, au départ, le principe d'une description « noématique » de ce champ d'aperception par « composantes connexes » comme il le mentionne). Disons que les deux démarches se différencient plutôt par leur point de départ que part les buts recherchés. Ainsi, Martin en vient à se poser la question de la notion d'harmonie qui dissocie les notions de bruit (non harmonique) et de son (harmonique) alors que cette notion sous-jacente n'apparaît pas dans la listes des propriétés (iii) supra. Les relations, telles qu'elles sont proposées, forment ainsi quatre registres constitutifs du champ d'aperception à partir duquel on peut inférer des types d'objets particuliers: a) registre des « parties du corps » (cf. oreille) que nous savons identifier puisque nous parlons, à propos du schéma corporel, de capteurs perceptifs (l'ouïe, la vue, le tact); cette référence nous permet de dire qu'il y a une distinction sémantique entre, avoir une oreille (organe) et avoir de l'oreille (don perceptif); 64 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. . Quatrième partie. Or cette forme produite ne dépend pas directement de son aperception (cf. Pour rendre compte de cette structure de l'objet sonore (comprenant bruits et sons). Ce son est agréable. c'est cette différence que l'on retrouve dans les énoncés. Cette musique me casse les oreilles. Chapitre IV. Cf. c) une capacité auditive (en termes de modalité praxéologique. À ce templum 9 Laquelle peut être introduite grâce au dispositif des lieux entre un ici et un là-bas par rapport à un ailleurs.. c'est cette qualité qui nous permet de dire de quelqu'un qu'il a l'oreille fine. 2004. il faut être dans un certain périmètre de réception. on dispose d'un seuil plus ou moins élevé comme lorsqu'on dit de quelqu'un. Une émission sonore n'est pas un signal dénué de forme et qu'on saisit au hasard mais une entité (à base de vibrations physiques) qui est le résultat d'une certaine composition. Tous droits reserves. proposons à titre d'exemple un certain templum qui va nous permettre de comprendre que c'est dans la qualification et la variation de ces paramètres que nous pouvons saisir cette différence entre bruit à l'état brut et son plus ou moins travaillé. par exemple. qu'il est dur de la feuille). lorsqu'on différencie un bruit et un son: au bruit correspond quelque chose de brut alors qu'au son correspond une certaine élaboration technique (une articulation). elle n'est seulement qu'acceptée ou refusée) et nous ajouterons qu'elle renvoie à une certaine organisation sui generis.. d) Enfin.b) registre d'une distance implicite9 puisque pour qu'un bruit ou un son soient entendus (cf. enfin des sons musicaux qui relèvent d'un art accompli. Réseau du sens II. soit un certain nombre de jugements de perception (en tant que bien-être traduit en termes d'euphorie/dysphorie). plus généralement. 65 © Pierre Boudon. un « pouvoir-entendre »)10 puisque. la surdité annule cette capacité. venons-en à la notion d'harmonie qui est le but de ces remarques. d'extéroceptivité (champ perceptif) et d'intéroceptivité (sa résonance comme for intérieur). être audible). 10 Cette modalité d'un champ d'aperception. Or c'est de cette modalité d'une composition sonore dont on parle implicitement. peut être introduite grâce aux rapports entre les notions de proprioceptivité. . qu'il est dur d'oreille (et figurativement. Ce bruit est insupportable. associée à une sensibilité. par contre. (iv) schéma du templum d'une production sonore MT+. une hauteur (des registres). toute sonorité peut être ainsi enregistrée à travers ce filtrage élémentaire. ce dispositif permet ainsi de constituer un domaine des objets sonores que l'oreille peut percevoir et apprécier en tant qu'esthétique. des rythmes (mesures et scansions du déroulement). et une ligne mélodique (refrain. Un son. assimilables à une aspectualité temporelle . La production des sons (en tant que simultanéité de rapports) introduit ainsi une proportion entre ces trois dimensions défini par les termes mixtes comme étant.-: son # bruit intensité harmoniques rythmes hauteur durée ligne mélodique Les dimensions de base de ce processus sont. des alternations. de durée (brève ou longue). sans durée. de hauteur (grave et aigu). . détonation). une durée (introduisant des phases. des harmoniques (registre des rapports en tant qu'accords congruents). en ce qu'il correspond à une explosion (voix. cri. les notions d'intensité (faible ou forte). des débuts et des fins). on pourrait ajouter celui des registres de la voix et d'une instrumentation en tant que (percussion.(iv) suivant. Tous droits reserves. ritournelle) en tant que continu variationnel d'un début à une fin. 66 © Pierre Boudon. 2004. vent et cordes)11. Associé à d'autres templa. Ainsi un bruit peut être une intensité (forte). choc. va jouer sur ces trois dimensions en ce que son expression est modulée sériellement à travers une intensité (relative et non absolue). 11 Il y a un certain parallèle entre ce templum et celui que nous proposerons à propos d'une modulation accentuelle associée au débit de la voix. si le champ sémantique de l'audition définit bien un niveau d'instanciation basée sur des relations interdomaniales13. cf. Lebaud. Kleiber (1990. en ce que ce « champ d'aperception » représente une synthèse du divers. On peut parler de Forme synthétique. certaines propriétés dépendent plus ou moins fortement de la spécification des entités qui le constituent et ce n'est pas un hasard si R. . 127) où les différences ne sont pas tant lexicales (il s'agit toujours d'une même « définition » en dictionnaire) qu'énoncives: (v) Variations sur la lexie < livre > (Kleiber. C'est en ce sens qu'il spécifie des pôles et que l'on peut parler d'une logique multi-polaire. Paris. Ces rapports sont. que sa présence peut avoir des conséquences auditives (cf. comme dans ces exemples proposés par G. au sens de Kant (1980). qu'on peut traduire en termes d'attention aperceptive comme la différence sémantique entre entendre et écouter12.5. II. Martin privilégie certaines « entrées » pour en rendre compte. 2004. ces choix ne sont pas le signe d'un relativisme mais d'une façon de « varier » (phénoménologiquement) à partir des données de ce champ. d'entrecroisement et portent à la fois sur un développement référentiel en tant que lexies définissant une représentation du monde et sur un jeu d'acceptions (polysémiques) pour un même signifiant. Franckel et D. Bref. ce livre-là. comme nous l'avons dit. que nous allons aborder dans la prochaine partie) Jean écrit un livre (il s'agit d'une action en cours. enfin.J. atelier assourdissant) sur la personne. en revanche. qui induit un processus d'accomplissement. J. 12 13 Cf. c'est à travers ce processus que l'on peut qualifier quelque chose d'audible puisque son intensité va définir sa portée.Parallèlement. écrire un livre. 1990) J'ai acheté ce livre à la librairie X (ce livre réfère à une singularité que l'on peut montrer: ce livreci. 1987. pièce bruyante. le livre n'existe pas encore). 67 © Pierre Boudon. Tous droits reserves. . MATRICE SYNTACTICO-SÉMANTIQUE Reprenons la problématique des rapports entre niveau syntaxique et niveau sémantique. soit à l'ensemble des propriétés du réseau de templa (cf. Le niveau sémantique en tant que dialectique du sens et de la référence articule des rapports discursifs et des rapports qui relèvent également d'un symbolisme comme représentation du monde (valeurs sociales et culturelles. 68 © Pierre Boudon. il s'agit donc d'un livre à titre de témoignage (écho mondain. acte de réception) Après ce livre. Tous droits reserves. etc. 2004. bref. ouvrage écrit ayant un certain format commercial). son sens variationnel relève davantage de celui des énoncés dans laquelle elle prend place (dont le sens référentiel. livre = objet comptable. Or ce sens variationnel renvoie à des modes de discours (la quantification discursive. il a certainement un titre et une date. Si la lexie < livre > renvoie à une même entité référentielle (cf. les valeurs aspectuelles. époque historique) relevant des rôles énonciatifs. dans une succession temporelle14) Ce livre est un événement dont le Tout-Paris a parlé (Il s'agit d'une diffusion. (iii) de la Présentation). Pierre n'a plus rien écrit de valable (Il s'agit d'un livre en particulier. d'une opinion publique à propos d'un ouvrage) Ce livre a fortement influencé les révolutionnaires de 1789 (le livre est ici plutôt le porte-parole d'idées qui ont influencé une époque historique) Dans ces deux derniers exemples. cf. les valeurs médiatives. 14 En termes d'aspectualité. on parlera plus d'événement que de moment particulier dans la vie d'une personne. est toutefois gardé en mémoire). (d'un documentaliste): Encore un livre et j'ai terminé cette pile (il s'agit d'un collectif où le livre est réduit à l'état d'objet physique). d'un écho dans un milieu social donné.Ce livre m'a fait passer un moment agréable (il s'agit par contre de la lecture.). . dans cette constitution du monde comme savoirs).. verbale). textuel en analyse littéraire.). prédicats. de la littérature. Réseau du sens II. 69 © Pierre Boudon. 2004. grille-pain. le schéma de base correspond non seulement à ces termes de la syntaxe mais également à la formation des motscomposés tels que tire-bouchon.).. quantificateurs... rôle épistémologique des disciplines scientifiques. Adjectifs et adverbes relèvent de cette formation dérivationnelle distincte d'une flexion paradigmatique (nominale. Chapitre II. Tous droits reserves. porte-serviettes.. Bref. le domaine peut être assimilé la notion cognitive d'« espèce » à laquelle on associera par la suite celle de « prototypicité » c) champs sémantiques en tant que niveau d'instanciation des domaines notionnels (champ d'aperception comme précédemment.a) La morpho-syntaxe (intégrable aux structures prédicatives15) correspond au dispositif de formation des lexies en tant que noms.rôles de la mythologie. articles.. prépositions. une entrée onomasiologique générale. . épistémique en théorie des sciences). et à celle des dérivations à partir d'une base (habiter J habitable J habitation. Deuxième partie. Enfin. on associera à cette formation celle des 15 Cf. située au niveau sémantique prend la forme suivante: (vi) lexie (rapport sens-référence) a) formation morphosyntaxique (associée à l'appareil prédicatif) < lexie > (rapport sens/référence b) domaines notionnels en tant que mise en place des rapports entre relations intra-domaniales et relations inter-domaniales. déterminants (flexions casuelles. (vi... à la suite de Lévi-Strauss.180): Dans la notion d'espèce. par rapport à une autre espèce. mais. l'espèce est une collection d'individus. en tant que formation de simulacres objectaux. L'espèce naturelle se prête donc à des opérations de totalisation (composition énumérative et intégrative). . Il s'agit donc d'un mécanisme génératif des lexies au même titre que celui des structures prédicatives (on parlera ainsi de couplage entre cette morphosyntaxe et la structure prédicative). le point de vue de l'extension et celui de la compréhension s'équilibrent: considérée isolément. est indéfinissable en extension. enfin. Ce n'est pas tout: chacun de ces individus. lequel est un système de fonctions. renvoit à un dispositif cognitif que l'on peut appeler.synapsies en tant que locutions figées (Un je ne sais quoi.. ni même à des « champs sémantiques ». elle constitue un lieu mental. puisqu'il constitue un organisme. à propos de la notion même de classification comme opération cognitive. l'opérateur spécifique qui rassemble des rapports d'homogénéité-hétérogénéité. Tous droits reserves. c'est un système de définitions. l'espèce est l'opérateur qui permet de passer (et même y oblige). p.. en effet. La notion d'espèce possède donc une dynamique interne: collection suspendue entre deux systèmes. La classification.) qui constituent des syntagmes non phrastiques. à la façon du templum formant une homologie de rapports entre des principes de généralisation comme partition taxinomique et 70 © Pierre Boudon. (vi.b) La notion générique de domaine notionnel sémantique correspond aux différentes particularités que nous avons fait apparaître en (ii) supra. 2004. Reprenons la définition anthropologique que donnait Lévi-Strauss de la notion d'espèce (1962. la catégorisation ne se réduit pas à des nomenclatures (tableaux taxinomiques). si on interprète ceux-ci du seul point de vue d'une asssociation terminologique sans les relations catégorielles sousjacentes qu'elle implique. Un décrochez moi ça. de l'unité d'une multiplicité à la diversité d'une unité. de genreindividu. nous introduirons la notion d'« idonéité » comme principe d'identification. dont la collection théoriquement illimitée forme l'espèce.. Un monte en l'air. 16 À propos du treillis dédoublé {Langage. dans le jeu de renvois entre noms communs et noms propres. désignation des végétaux et désignation des femmes: Rose. Texte}. on dira que les lexies en tant qu'expressions élargies à des domaines notionnels sont intégrables à des formations discursives appelées Textes (Hjelmslev) ou « systèmes modelants secondaires » (Lotman)16. lesquelles peuvent s'intervertir.). (vi... Anémone.c) Ce troisième niveau correspond à l'analyse que nous avons faite en (iii) supra d'un champ sémantique tel que celui d'une instanciation aperceptive. Violette.. 71 © Pierre Boudon. 2004. Elle constitue véritablement la base d'une économie symbolique des noms comme l'a remarquablement bien montré l'anthropologue (par exemple.d'individuation comme partition morphologique. . Tous droits reserves. II.6. APPENDICE: LA SÉMANTIQUE DE L'< OISEAU >17 Le but de la démarche est celui de la constitution de la signification en tant qu'analyse systématique des rapports entre les lexies renvoyant à un monde (donné, construit) et la catégorisation sous-jacente qui préside à leur élaboration. Les traits de catégorisation ne sont pas des sèmes comme de simples indicateurs d'enregistrement des données empiriques (comme dans les analyses componentielles ou sémiques). Les lexies ne sont pas une tabulation (énumération sans ordre) de ces traits mais une pluralité de qualifications organisée que l'on rattachera à un principe de schématisation qui engendre des formes (en un sens logique et iconique, cf. ce n'est donc pas non plus une notion strictement gestaltiste renvoyant à une perception). Les lexies expriment ainsi un processus de composition et de projection entre plusieurs de ces formes que l'on rattachera à la notion de re-présentation par catégories. Comment va-t-on organiser les catégories les unes par rapport aux autres de telle façon qu'elles constituent un ordre autonome puisque nous sommes à la recherche d'une consistance, soit de l'auto-organisation d'un champ sémantique? Ce principe de schématisation sensible, nous l'intitulons un templum des relations descriptives, ceci afin d'en montrer figurativement le caractère logique et iconique. Un mini réseau de templa corrélés (on va voir comment) constituent un champ de mises en rapport de leurs spécifications dont on pourra dériver des descriptions empiriques particulières. Partons du principe qu'il existe une entité noologique dénommée < oiseau > , laquelle va pouvoir être dissociée en une certaine variété de types morphologiques. Celle-ci doit être introduite (spécification par rapport à d'autres formes animales) indépendamment du fait que nous disposons de différentes dénominations particulières (cf. moineau, corbeau, mouette, aigle, pie, colibri, fauvette,...) permettant de construire un certain repérage taxinomique18. 17 18 Cf. Boudon, 2003. Nous ne tenons pas compte ici du principe de catégorisation, appelé prototypicité ; soit, le fait que certaines formes sont exceptionnelles comme la chauve-souris, l'autruche ou le kiwi; ou 72 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. Préalablement, on doit ainsi définir le fait que l'être animal constitue un certain « règne » par rapport à d'autres êtres, comme les végétaux; les deux s'opposent à un troisième représenté par le monde minéral (les roches, les terres, les reliefs, etc.) qui est inerte (sans vie). Ce premier dispositif permet ainsi de localiser ces formes animales dont les termes mixtes précisent également qu'il existe des aspects intermédiaires, du côté du végétal et du côté du minéral. Ce dispositif préalable est de la forme: (i) dissociation en règnes naturels MT+,-: animé # inanimé minéral os, ivoire humus animal végétal polypes, etc. Ce schéma est donc construit sur la distinction entre être vivant et être non-vivant (le monde minéral)19; des trois règnes généraux on peut ainsi dériver des termes mixtes qui constituent leurs modes de transition (cf. ils ne sont donc pas exclusifs les uns des autres). Partant du monde animal on a, d'un côté, des formes fixes qui sont entre un mode animal et un mode végétal, et de l'autre, dans la morphologie même de ces animaux, nous avons des composants minéraux (les os, les extrémités des membres comme les griffes, les dents, les défenses). Enfin, on aura pour compléter ce schéma, la notion d'« humus » où se mélange (à titre de pourriture) le végétal, l'animal et la terre, encore, que certaines formes sont extraordinaires (le phenix en tant qu'animal fabuleux) par rapport aux autres. 19 En ce qui concerne la distinction entre mortel et immortel. 73 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. constituant une « terre arable » (cf. propre à la culture). L'inanimé est donc également le terme d'un cycle vital. Enfin, nous devons ajouter que, dès qu'il y a vie, il y a sensibilité à l'écosystème comme la chaleur et le froid, les rythmes journaliers et saisonniers (dans la reproduction, par exemple). Considérons au départ une série de propriétés générales qui vont nous permettre d'amorcer l'analyse dans son ensemble: (ii) propriétés générales .a. En tant que corps, l'< oiseau > dispose d'une morphologie qui nous permet de la comparer à d'autres (bipèdes, quadrupèdes, apodes comme les anguilles et les serpents). Cette morphologie est caractérisée par un vocabulaire qui procède d'une décomposition partonomique: l'aile de l'oiseau, le bec de l'oiseau, les plumes, la queue, etc. .b. En tant que corps mobiles, l'oiseau dispose de mouvements libres (contrairement aux plantes enracinées) nous permettant de le comparer à d'autres: l'oiseau vole, l'oiseau prend son essor, l'oiseau plane, l'oiseau fond sur sa proie,...alors que le chien court, gambade, le poisson nage, la panthère bondit,... .c. On peut associer ces modes de déplacement spécifiques à des milieux écologiques distincts (aquatique, terrestre, aérien): l'aigle vit en haute montagne, l'outarde vit dans les marais, la pie vit dans les champs, la mouette vit au bord de la mer,... .d. Enfin, pour finir, on dira qu'à l'oiseau est associé un mode de vie par rapport à l'homme, soit qu'il vit à l'état naturel, soit qu'il vit à l'état domestiqué. On fera ainsi la différence entre des oiseaux en liberté (moineau, alouette, chouette,...) et des oiseaux d'élevage, appartenant à la basse-cour (poule, dindon, oie,...) ou simplement des animaux de compagnie (perruche, serin) ou de parade (comme dans les cirques). D'ailleurs, avec ces animaux de la basse-cour, comme avec le bétail, on est à la limite de la notion d'< oiseau > puisqu'on ne parle pas des « oiseaux de la basse-cour » pour désigner les gallinacés. 74 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. Prenons la notion de corps qui est la forme de base de tout être animé mobile (celui de la < plante > est distinct20 ). Ce corps est une totalité empirique, asymétrique (il a un devant et un derrière); il possède des membres (supérieurs et inférieurs ou de devant et de derrière) permettant un déplacement et une tête plus ou moins distincte. Ce schéma corporel est propre à toutes formes d'animal, terrestre, aquatique ou aérien,...On dira également que c'est un cadre mental en ce qu'il peut être transposé par analogie (cf. l'habitation, par exemple, où l'on parle de corps de logis, d'ailes d'un bâtiment, de couronnement de l'édifice, bien que ces entités ne sont pas douées de mobilité). Le templum permet de représenter ce schéma corporel de la façon suivante: (iii).a. Templum du schéma corporel MT+,-: ventral # dorsal tête capteurs colonne vertébrale membres tronc (cage thoracique) supérieurs inférieurs queue Iconiquement, ce schéma synthétise les différents aspects qui caractérisent la notion de corps en général (cf. vertébré; la question de l'apodie, comme dans le cas des serpents, serait traitée dans un autre schéma). Les métatermes introduisent ici par complémentarité la dimension orientative (dorsal, ventral) qui contrôle l'ensemble du schéma et par rapport à laquelle est définie le devant/haut (la tête) et 20 Nous l'avons développé dans « L'appréhension catégorielle du corps », Montréal, 2000. 75 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. le derrière/bas (la queue). Les trois termes de base, tête, tronc, membres, caractérisent par leur corrélation-opposition les parties du corps et constituent sa forme générale par association/dissociation: la tête en tant qu'élément directeur où sont localisés les capteurs « à distance » (vision, audition, odorat) permettant de développer des types de compétence; le tronc en tant que cage thoracique où sont enfermés les principaux organes (viscères); les membres (bilatéraux) en tant que moyens de préhension (mains, pattes) et de locomotion, membres supérieurs et inférieurs chez les bipèdes, d'avant et d'arrière chez les quadrupèdes. Par dérivation, nous pouvons distribuer les trois autres termes en tant que médiation des précédents: la colonne vertébrale qui lie la tête et le tronc (cf. le cou; ainsi, nous avons des vertèbres cervicales et dorsales); la queue qui termine le tronc et qui peut agir en tant que membre de préhension ou de direction. Enfin, les capteurs qui agissent comme organes de mise en rapport avec l'extérieur, localisés dans la tête (par ex., vision, audition, odorat) ou distribués sur la surface corporelle (toucher). Nous devrions associer enfin à un dispositif corporel une symétrisation (bilatéralité, translation, rotation) comme on l'associe également à la notion de corps géométrique. Ce qu'il faut comprendre, c'est que ce templum (iii.a) n'est qu'une pièce du puzzle permettant de décrire en son entier le schéma organique. Nous venons d'évoquer à l'instant un principe de géométrisation permettant d'en offrir une dimensionnalité (abstraite) pour des mouvements; mais il faudrait également évoquer ceux d'une fonction organique (respiration, alimentation), ceux d'une reproduction sexuelle,... C'est l'ensemble de ces templa (associables) qui constitue un champ sémantique puisque, à cette répartition méréologique en touts et parties, correspondent, non seulement des taxinomies différenciées, mais également des motifs pour une description des univers mythologiques. Enfin, c'est à partir de ce schéma corporel que l'on peut caractériser des amputations en tant que soustraction de parties (décapitation, éviscération, amputation des bras ou des jambes). 76 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. 77 © Pierre Boudon.. il n'existe pas d'oiseau (réel) dont la vêture est faite de cuir (carapace). ainsi. Plumage et poils constituent ainsi les éléments de base de cette vêture que l'on pourra diversifier en de nombreux aspects de plumes et de poils (duvet par exemple. nous pouvons introduire le motif de sa texture que l'on appliquera au schéma précédent afin de lui donner une apparence. sans parler de ses couleurs.Considérons par exemple la vêture des oiseaux. rayé.Templum d'une texture animale MT+.). cheval). Nous dirons également que nous pouvons dissocier celle-ci d'avec la peau sous-jacente (rôle attribué aux métatermes) puisqu'on peut déplumer un oiseau sans qu'il soit dépiauter. aigrette dans certains cas. bariolé. le plus souvent. c'est par celle-ci que l'on identifie et range les oiseaux dans telle ou telle classe. porcépic). Du coup.. Cette texture. Tous droits reserves. tacheté. moucheté. Ces différents aspects sont essentiels dans la classification des oiseaux et.b. 2004. raser les poils ou la crinière d'un animal (chien. qui n'est pas propre aux oiseaux mais à toute espèce animale. aigrette Dans ce schéma qui couvre la diversité de vêtures offertes aux animaux. plumes et poils apparaissent comme une parure détachable du corps. . le cas de la crête est différent). nous dirons que la description de celle des oiseaux n'en sollicite qu'une partie. ce qu'on rencontre chez d'autres animaux (hippopotame. d'écailles ou de piquants. peut être alors introduite de cette autre façon: (iii). mangouste. de ses dessins (uni.-: nudité # parure cuir écaille piquant ras poil long plumage crinière. 2004. surtout chez les palmidés). courent. l'oiseau vole. les oiseaux marchent. les oiseaux ne comportent pas de carapace (cuir) ou de piquants. au départ. A quelques exceptions près. certes. trois formes de mouvement en tant que types de déplacement: voler. Tous droits reserves. de ce point de vue élargi. A partir de cette triade constitutive du 21 Cf. 78 © Pierre Boudon. sinon dans les bestiaires qui forment un monde à part21. Nous opposerons ainsi. Les normes jouent ainsi un rôle fondamental dans la restriction de ces opérations de filtrage en ce qu'elles configurent une distribution des rapports entre templa. ainsi les pattes des oiseaux n'ont pas de plumes ou de poils (mais forment une sorte de cuir souple.b) couplés.a) et (iii. la tête est généralement couverte de poils et non de plumes. nous précisons bien que nous donnons une description d'animaux réels. nous avons la base d'une composition possible des différents aspects que revêtent les animaux dans leur apparence. etc.Avec ces deux templa (iii. que l'on retrouve alors toutes les combinaisons « possibles et imaginables » et dont on dira par soustraction que la réalité n'en exploite que certaines. 1981. marcher. l'imagination (mythes. répondant aux énoncés. d'ordre mythique. représentations fantastiques) est un champ beaucoup plus vaste que la réalité. traits que l'on rencontre chez d'autres animaux. nagent. Paris. mais en fonction de ces opérations de filtrage. Ainsi. C'est dans ces ouvrages. C'est ici que nous allons pouvoir mieux saisir la différence existant entre des types d'animalité. en sachant que certaines corrélations ne sont pas possibles. mais ceux-ci n'ont pas cette qualité sui generis. Nous ajouterons que certaines parties ne sont pas homéomères à l'ensemble. Au départ. Nous dirons donc que ces lois de composition entre templa implique des opérations de filtrage appliquant certaines propriétés à certaines parties mais non à d'autres. le poissonn nage. comme d'autres animaux. Baltrusaitis. Passons à la notion de mouvement en tant que modes d'un déplacement. on dira que la qualité essentielle de l'< oiseau > est de voler. on peut imaginer par combinaison des animaux qui n'existent pas. J. . nager. c'est par exemple sur cette base que l'on peut montrer des images d'animaux que les gens reconnaîtront. Cette composition est le produit des rapports entre les traits du premier templum et ceux du second. l'homme marche. bondir planer. p. il peut marcher. s'élever dans les airs suppose un effort. 23-34. Templum des types de mouvement MT+. cygne). flotter nager marcher s'enliser. l'oiseau vole par nature mais il peut également nager.sens d'un mouvement. un « sol » de déplacement sur lequel on prend appui avec la plante des pieds. aérien) que l'on proposera à la suite. plonger (canard. nous allons pouvoir ainsi développer un registre d'autres possibilités attenantes. Boudon.a.-: gravité + # gravité- voler sauter. Paris. Tous droits reserves. par opposition à. mais par contre. ainsi. La morphologie des mouvements est donc étroitement corrélée à une écologie (milieux terrestre. 1999. s'enfoncer Les métatermes expriment le fait que la pesanteur (gravité+) et l'apesanteur (gravité-) sont à la base de la définition du mouvement en tant que montée ou descente22. courir. (iv). aquatique. . grimper comme l'homme. ce qui n'est pas le cas dans descendre (où on se laisse aller). 79 © Pierre Boudon. ce dernier ne 22 Cf. c'est l'inverse dans l'élément aquatique: on remonte à la surface facilement. on s'enfonce dans les profondeurs. . 2004. par différence de ces deux aspects. Par contre. Ces trois types de mouvement sont opposables en tant que genres de vie de l'animal mais ils sont aussi associables en tant que possibilités offertes: certes. Marcher présuppose. la notion de mouvement renvoie à celle. ainsi. gambader. L'homme nage mais les poissons ne peuvent absolument pas marcher (absence de membres locomoteurs). on peut engendrer par corrélation plusieurs autres aspects qui vont définir des médiations entre celles-ci. 2004. . l'impossibilité de remonter à la surface. Enfin. les roulottes. ces principes de catégorisation du mouvement forment l'amorce de descriptions qui font du discours et dont les significations réclament (pour les enfants. planer ou flotter qui expriment une homologie de rapport.). Les mêmes observations seront faites à propos des poissons dont l'élément est l'eau (on dira que les poissons volants sont une exception à la règle).). etc. on peut situer le fait de sauter (soit. en sont diverses modalités) et nager. s'élever dans les airs. Or. entre voler et nager. l'oiseau se repose sur la branche. cela a été une quête constante.peut pas voler (réellement. naturels (comme les objets célestes en mouvement autour de la Terre) ou artificiels (les meubles peuvent être déplacés alors qu'un immeuble ne bouge pas sauf à l'occasion d'un tremblement de terre. nous avons descriptivement des mises en regard qui permettent de lier nos termes de base et de les ouvrir à des modalités graduelles. À partir de ces trois postes qui caractérisent trois formes dominantes. voilure imitant des ailes chez Vinci reprenant le mythe d'Icare. entre marcher (courir.. imaginairement toutefois. soit se laisser tomber d'une hauteur). comme on peut avoir fondre (sur une proie) ou plonger (dans l'eau). cette notion de mouvement affecte bien d'autres types de corps. Là encore. par exemple) une certaine glose comme explicitation des propriétés du réel. plus abstraite. trotter. Nous avons ainsi l'amorce d'une dialectique entre les dénominations (sémantiques) et les qualités phénoménologiques des objets dont on parle. on peut situer le fait de se laisser porter par les éléments (air. dans sa généralité.. certains lieux d'habitation sont à la fois mobiles et immobiles comme les tentes. l'hirondelle prend son essor. cf. aigle ou cygne porteurs. etc. Comme on le voit. tapis volant des contes orientaux. Par contre. soit dans ce cas. Tous droits reserves. on peut situer le fait de s'enliser (venant de marcher) ou de s'enfoncer et de sombrer (venant de nager). entre marcher et voler. renvoie à l'opposition naïve entre « repos » et « mouvement » proprement dit (dont nous avons proposé certains caractères parmi d'autres). Bref.. comme lorsque Aristote dans sa Physique 80 © Pierre Boudon. Ainsi. eau) et l'on a. Prenons cet exemple: la notion de mouvement. de déplacement qui affecte toute sorte de « corps ». à la fois. Ainsi. tout corps (sans attache fixe) peut être en repos ou en mouvement. sans tomber). l'oiseau vole. 2004. le corps humain. cette instabilité peut être faible (simple tremblement comme lorsqu'un corps est secoué) ou 81 © Pierre Boudon. c'est sa valeur propre. au déséquilibre d'un corps propre (en repos ou en mouvement) et de ceux qui dépendent d'une attache apparemment inébranlable (cas de la tempête ou du tremblement de terre). Tous droits reserves. les corps célestes. les êtres vivants. L'instabilité renvoie. Templum des formes d'un déplacement MT+. mobile ou immobile. tout corps (fixe ou mobile) peut être affecté par une instabilité qui le dépasse en tant que contexte (l'arbre dans la tempête. au contraire de la pierre qu'on lance et qui n'a pas de stabilité propre (elle est inerte). la maison dans le tremblement de terre). celui-ci gardant une certaine stabilité (l'homme court.posait la question d'un « monde apparent » dans sa généralité. une automobile. du stable et de l'instable.-: déplacement + # déplacement instable tremblement basculement renversement mouvement repos stable Ce schéma est général dans la mesure où on peut l'introduire sous n'importe quelle forme d'objet matériel: une tasse. Ainsi. Par contre. et la nature des nombreux mouvements qui l'animent. Dans la philosophie antique. du fixe (cf. déplacement-) et de l'amovible (cf. à la suite du précédent templum. l'opposition du repos et du mouvement. . est un des grands paradigmes épistémologiques. déplacement+).b. nous pourrions introduire le suivant qui représente une plus grande abstraction en ce qu'il définit les tenants et aboutissants de la notion de déplacement quelque soit le type d'objet: (iv). Enfin. . passons aux milieux associés à des types de mouvement puisque nous avons évoqué auparavant une complémentarité entre morphologie et écologie: (v). le pont s'écroule). Tous droits reserves. Ainsi.a. 2004. indépendamment de leur forme et de leur échelle. Ainsi. renversement) pouvant aller jusqu'à la destruction comme totalité de l'objet (la tasse se fracture en mille morceaux.-: monde du dessus # monde du dessous nuées milieu terrestre milieu aquatique rivages cours d'eau mer On dira maintenant que la description de l'animal tient compte de son écosystème. Après avoir décrit ses qualités propres. Nous avons là un principe d'explication de nature phénoménologique (et non scientifique) qui réfère à une pluralité de formes prédicatives.forte (basculement. la voiture se disloque. ce templum énonce les tenants et aboutissants de la notion de corps matériels (par rapport à celle de corps immatériels. les métatermes délimitent implicitement un dessus et un dessous de la surface terrestre. Les oiseaux vivent « au-dessus » (indépendamment des régions qu'ils privilégieront) alors que d'autres animaux (certains serpents. les 82 © Pierre Boudon. que celle-ci soit un sol ou une surface aquatique. non assujetis à ces conditions du déplacement qui impliquent une nature solide). que celui-ci est partie prenante dans sa définition. Revenons à nos objets initiaux: les différentes formes de l'< oiseau > et aux façons de les catégoriser. Templum des différents milieux milieu aérien cîmes MT+. tempête) dont les oiseaux sont souvent annonciateurs. le milieu aquatique peut être différencié en proximité de la côte (avec ou sans présence d'îles) et grand large. ils peuvent être sédentaires ou migrateurs (cf. . 2004. alors qu'au microcosme correspondrait inversement les lieux de nidification.a) joue ainsi le rôle de dispatcher pour une diversité écologique que des espèces animales investissent. fou de bassan. Cette surface est donc une frontière que l'on peut franchir ou non (dans les univers mythiques. Les formes intermédiaires et graduelles (cf. mouette. de rivière ou de torrent). plateau. goeland. 83 © Pierre Boudon.poissons) vivent « au-dessous ». participent d'une même localisation dont la côte maritime est le terme médian). c'est la distinction redoutable entre monde chthonien et monde humain)23. le milieu aérien peut être différencié en couches de hauteur dans le ciel (dans les mythologies. Le milieu terrestre peut être ainsi diversifié en types de relief (vallée. Bref. suivant les saisons. peut être celle des montagnes ou des grands arbres (puisqu'au milieu terrestre est associé un couvert végétal). au macrocosme correspondrait le ciel empyrée. Ainsi les oiseaux peuvent être caractérisés par une localisation géographique (cf. Tous droits reserves. termes mixtes entre ces milieux) renforcent ce caractère différencié en introduisant des interfaces géographiques où s'entremêlent ces milieux: les rivages peuvent être une côte (avec sa morphologie plus ou moins accidentée) ou des rives de cours d'eau (avec leur morphologie. que l'on oppose ici en termes de substrat. Enfin la cîme. lui-même situé au-dessus du couvert végétal). nous traduisons ainsi des possibilités de déplacement en termes de régions de l'espace que l'on pourra préciser géographiquement (et climatiquement). l'empyrée était situé au-delà du monde atmosphérique. Les trois milieux. reprennent les qualifications que nous avons données du mouvement en leur apportant une extension spatiale. aérien. c'est à travers cette multiplicité géographique et climatique —qui forme comme une sorte de patchwork écologique— que l'on pourra 23 À propos de la différence entre microcosme et macrocosme qui articule une représentation du monde. montagne) et de couvert végétal. aquatique. aux nuées. albatros. en tant que relief privilégié par ceux-ci. la voûte céleste. suivant qu'il s'agit de fleuve. on peut rattacher des changements climatiques (orage. terrestre. cormoran. la cigogne qui caractérise une image régionale). Ce templum (v. cours d'eau ou marécage. . se percher. On remarquera qu'entre ces formes et l'habitat humain certaines relations d'analogie sont possibles en langue (nicher. castors) par rapport à d'autres. C'est la différence entre la simple aire. C'est par rapport à cette forme de l'artefact que nous pouvons décrire l'« entreprise » de certains animaux (oiseaux.b.spécifier un attachement local (qui est celui de leur refuge. fait de matériaux et selon une géométrie bien précise.a. À cet habitat naturel que constitue une région de l'espace. localisation) à des opérations techniques. se terrer. de leur nourriture) pour des espèces et sous-espèces animales24. Tous droits reserves. infra) à propos de la question d'un état sauvage ou domestiqué. on peut enfin ajouter un autre type d'habitat qui apparente les animaux aux humains puisqu'on peut parler de « lieu » défini: il s'agit de leur refuge (niche) qui est un lieu de reproduction et que l'on peut distinguer par des formes de l'aménagement. 24 La distinction anthropologique entre la Nature et la Culture. entre « oiseaux des villes » et « oiseaux des champs » par exemple. 2004. sont des métaphores représentatives d'un tel rapprochement). et le nid comme artefact. grotte nid cocon degrés (ouverture/fermeture) Le point de vue adopté ici est nouveau puisque nous basculons —à travers la notion d'artefact— des opérations naturelles (déplacement. est reprise peu après (point 6. enfin le cocon comme enveloppe plus ou moins close (certains oiseaux font de tels abris). litière terrier. comme surface déblayée et située sur un sommet. Templum d'une nidification MT+.-: terricole # arboricole aire gîte. (v). 84 © Pierre Boudon. ils nous suivent (dans les déplacements). ils nous côtoient. dans les arbres) en sachant que le milieu terrestre est à la fois un sol et un couvert végétal (dont il est l'extension). à plusieurs reprises. une cavité dans un arbre) et des formes plus ou moins construites. Il y a donc un parallélisme entre le monde des oiseaux et les cultures humaines qui n'est pas du même ordre que celui que nous entretenons avec le bétail par exemple (celui-ci est totalement soumis. le nid ou le cocon sont des constructions dont la variation réside dans le degré d'enveloppement (largement ouvert pour le premier mais comportant des bords. simple ouverture plus ou moins grande pour le second). c'est par rapport à celle-ci que nous pouvons « mesurer » (qualitativement) le degré de complexité des deux autres termes mixtes. Les trois termes de base utilisés établissent les rapports entre un simple aménagement de la nature (une aire. partagés entre un simple aménagement et une élaboration plus ou moins sophistiquée: le gîte et la grotte ne sont. 2004. un gîte). En termes de comportement animal.Mais les métatermes que nous utilisons reflètent plutôt une implantation de cet artefact (dans la terre. et surtout. ce qui n'est pas le cas des oiseaux). ou l'investissement d'un endroit (une grotte au flanc de la montagne.b) supra. complémentairement. . 85 © Pierre Boudon. Nid et cocon représentent ainsi les extrémités d'une variation dans la formation d'un réceptacle construit. leurs moeurs sont souvent semblables aux nôtres. ils entrent dans notre alimentation et notre vêture (les parures faites de plumes d'oiseau se retrouvent dans bon nombre de sociétés). suivant la distinction faite en (iv. Tous droits reserves. Revenons à des considérations générales puisque. la différence est énorme. que des abris naturels au départ alors que la litière et le terrier constituent des aménagements plus élaborés. Alors que l'aire n'est qu'un simple nettoyage. Les oiseaux forment une « société » et cette comparaison exprime bien les rapports qu'ils entretiennent avec nous. nous avons parlé des rapports entre le monde des oiseaux et le monde humain. nous en avons domestiqué plusieurs espèces. Dans cette fabrication d'un abri on spécifie également le fait qu'il peut relever d'un « monde du dessus » (nid ou cocon) ou d'un « monde du dessous » (terrier). 2004. ce rôle de ramassage était réservé aux femmes). car à qui d'autre pourrions-nous nous comparer? C'est ce rapport harmonique/dysharmonique26 qui permet alors de réfléchir ceux entre l'ordre et le désordre (la loi. des hommes vis-à-vis des animaux puisqu'ils en mangent certains (on pourrait évoquer un dernier rapport: celui des animaux anthropophages comme dans les mythologies. Afin d'exprimer dans nos termes ce problème des rapports Nature-Culture. il n'y a plus quête et attente d'une subsistance mais production stable (bien qu'apparemment humain. picorer. la contrainte (l'éducation. 86 © Pierre Boudon. est celui entre les notions de Nature et de Culture car la société des oiseaux est à la fois semblable et dissemblable à celle de l'homme. Enfin. aléatoire (chasser. nous introduisons comme métatermes la distinction (qui deviendra un partage avec les animaux domestiques) entre un état sauvage et une domestication qui.a) infra. Ce rapport est donc celui d'une différence irréductible (celle entre l'animalité et l'humanité) et d'une analogie indispensable (d'une mise en regard de l'une vis-à-vis de l'autre). fait qu'un canard domestique (distingué comme sous-classe) n'a plus grand chose à voir avec un canard sauvage. Dans le templum (vi.Ce rapport. ce comportement se retrouve déjà dans certaines espèces animales qui « cultivent » d'autres pour s'en nourrir). en tant que déambulation aléatoire. dans les cultures primitives. Lévi-Strauss (1962). et d'autre part. l'agriculture qui représente alors le basculement d'une itinérance (celle de la chasse. 26 Cette harmonie relève des rapports cosmiques. la guerre). des hommes de l'autre. soit. évoqués auparavant: la note (23) à propos des rapports entre le microcosme et le macrocosme. d'une part. nous allons le circonscrire à ceux des moyens de subsistance dont le schéma va se prêter à une double lecture: des animaux d'un côté. de la cueillette) vers une sédentarité. piller). concrétise le rapport général Nature-Culture. Chapitre VII. . enfin. les contes fantastiques). de créer une forme imaginaire). nous opposons trois types d'acquisition: la chasse en tant que comportement violent. la cueillette. 25 Cf. Tous droits reserves. à la manière du miroir qui nous permet d'entretenir une relation spéculaire (cf. Ces moyens de subsistance impliquent alors un régime alimentaire et des types d'échange que nous aborderons après. pour Lévi-Strauss25. pacifique (mode privilégié de bon nombre d'oiseaux. la civilité) et la liberté (les arts). Il faut bien sûr distinguer entre apprivoiser et reproduire.-: état sauvage # domestication cueillette piégage horticulture chasse agriculture élevage apprivoiser reproduire Les termes mixtes expriment des rapports de médiation entre ces trois modes de base: dans l'activité de piégage (piéger. bien des animaux sont apprivoisés (on les dresse en vue d'une tâche. Par contre. 2004. . c'est la différence entre jardin ou verger et champ). avec leurs différences et leurs assimilations. de la bassecour). vautour. l'aigle à la chasse. l'horticulture de son côté est à mi-chemin de la cueillette (sans son mode itinérant) et de l'agriculture (sans son mode intensif. L'élevage est enfin une production comme l'agriculture (élevage de bestiaux) mais d'animaux comme dans la chasse (élevage de faisans).a. buse). 87 © Pierre Boudon. ou d'une parade comme dans les arts du cirque.(vi). Templum du rapport entre état sauvage et domestication MT+. trapper) nous avons à la fois une chasse (attraper) et un dispositif d'attente (cueillir au bon moment). Dans les deux cas. nous avons des prédateurs (aigle. dans les zoos) sans être le produit de l'industrie humaine (c'est la notion du troupeau. Tous droits reserves. des piégeurs (le coucou) et des cueilleurs (la différence entre chasse et cueillette recoupe fortement celle entre carnivores et herbivores que nous allons considérer peu après). Ce schéma représente une interface entre le monde humain et le monde des oiseaux. on leur prête une certaine insouciance de l'avenir (ce qui peut-être les rend si heureux). . La cigale et la fourmi par exemple.b. Ainsi. celui-ci redouble. comme dans les contes moraux. Enfin. les baies seront signe d'austérité. Etc. les métatermes caractérisent une forme de « vie sociale » puisqu'on a deux formes générales de comportement. C'est peut-être ce trait qui deviendra pertinent dans une description.l'agriculture les sépare27 en ce que les oiseaux ont la réputation de ne pas avoir d'industrie (hormis celle de leur nid). 2004. de famine d'hiver). la chasse est équivalente au régime carnivore. certains animaux sont à la fois carnivores et herbivores. Templum d'un régime alimentaire MT+. Aux modes de subsistance qui définissent des formes de vie nous pouvons associer finalement un régime alimentaire. 88 © Pierre Boudon. au sein de la classe des carnivores nous avons ceux qui mangent la viande crue et ceux qui mangent la viande putréfiée (les charognards. Par ailleurs. en groupe ou solitaire: (vi). d'une part. comme les vautours). ce que nous venons de proposer (cf. la viande sera signe de richesse.-: grégaire # solitaire vermine (détritus) charognard rongeur carnivore herbivore omnivore 27 N'oublions pas que c'est la même distinction que l'on rencontre entre les cultures dites primitives et les cultures historiques (ou cultures sans écriture et culture avec écriture). la cueillette est équivalente au régime herbivore-frugivore). d'abondance d'été. elle introduit d'autre part de nouvelles spécifications qui entrent dans la définition des animaux. dans un mythe. l'agriculture représente ainsi une rupture fondamentale. ce qui introduit une ambivalence entre ces deux aspects que l'on peut traduire en termes de saison (cf. Tous droits reserves. même si les humains conservent une relative supériorité. soit une anti-nourriture en tant que quête d'un aliment recherché.De même que les carnivores (cf. animal). c'est donc établir un parallèle entre leurs moeurs et les nôtres. au-delà d'un régime alimentaire. à la limite de cette consommation. Étendre ce schéma à certains groupements animaux (comme les oiseaux). carnassiers) sont dissociables en chasseur et en charognard. . 89 © Pierre Boudon. (vii) Templum des formes de l'échange MT+. Au-delà d'un mode d'acquisition. ce qui constitue le « socius » de toute espèce de groupement (humain. Tous droits reserves. nous avons la vermine qui se nourrit des détritus (ou de la terre comme dans le cas des vers). 2004. le parallèle que nous établissons entre le monde des animaux (et plus particulièrement celui des oiseaux) et le monde humain ne serait pas complet si nous n'évoquions pas ce qui fait le fondement de ces liens: celui des bases de la notion d'échange.-: échange + # échange - protection parasite don (échange asymétrique) pillage (échange symétrique) partage compétition (échange dissymétrique) Partons de la considération (au niveau des métatermes) qu'il existe une différence radicale entre la notion d'échange et celle de non-échange. c'est jeter les bases d'un échange entre deux « sociétés ». nous avons symétriquement la distinction entre les herbivores et les rongeurs (les écureuils). Enfin. Analyser celles-ci représente pour l'anthropologue ce qui caractérise l'un des fondements de la Culture et c'est pourquoi sans pouvoir rendre compte de l'ensemble des schémas permettant de le caractériser nous en évoquerons l'un plus particulièrement. entre suzerain et vassal) dont on dira qu'il conduit à un échange asymétrique (positif). sans compensation. piller c'est prendre sans rendre. Le « socius ». on se reconnaît 90 © Pierre Boudon. 2004. Les potlatchs décrits par les anthropologues ressemblaient à des compétitions de richesses où il fallait détruire un maximum de biens pour prouver sa prodigalité (cf. À propos de la notion de compétition. c'est le partage qui est l'expression la plus complète de l'échange en ce qu'elle est le signe d'une réciprocité. par exemple).que celui-ci soit le fait d'un isolement ou d'un refus (refus de l'étranger. mais négative comme dans le parasitage. c'est la création d'un « double » à la manière d'une relation spéculaire puisque. la compétition suit des règles contrairement au pillage. un parasite se met sous la protection de quelqu'un sans demander son autorisation. c'est faire violence à autrui (la barbarie) et le réduire à un objet de possession. Passons au niveau des termes de base. L'absence d'échange est donc celle du socius (c'est par exemple le cas de Robinson Crusoe avant qu'il ne découvre Vendredi. par exemple). d'autre part. être le plus fort). Les deux autres termes expriment alors deux modes d'un échange réversible: d'une part. Ce type d'échange asymétrique positif est ainsi l'envers d'une même relation de protection. C'est donc un profiteur. dans l'autre. on parlait ainsi de don et de contre-don créant une escalade dans la rivalité (parfois. jusqu'à l'absurde). c'est le fait de protéger quelqu'un (comme dans la relations entre parents et enfants. nous dirons que le « pillage » exprime une forme (première) négative de l'échange. nous dirons qu'elle est un mixte de capture (comme dans le pillage) et de rivalité (comme dans le partage. . pour les groupements humains. On peut parler ainsi de don en ce que le sens est celui d'une offre sans avoir immédiatement la réciproque (qui peut arriver dans un moment ultérieur). par contre son résultat est une différence de statut (vainqueur et vaincu. Tous droits reserves. Bref. est ainsi fait de cette diversité de rapports où les échanges entretiennent en permanence le bon voisinage avec autrui. 2004. Il existe donc chez les oiseaux des pillards (les rapaces). marquée par des échanges (on « emprunte » aux oiseaux leur parure. des parasites (le coucou qui s'installe dans le nid d'autrui). Bref. la correspondance entre les deux sociétés peut être établie. des relations d'entraide (les pigeons). ou au contraire par des prohibitions (qui sont une forme de respect de l'autre). Tous droits reserves. l'âme peut être comparé à l'un d'entre eux). par exemple) et le rapport entre les oiseaux et leur nichée n'est pas sans faire penser à la maisonnée humaine. c'est pourquoi également. . 91 © Pierre Boudon.à travers lui. l'étendre aux moeurs des oiseaux c'est les qualifier comme on le fait à propos des espèces humaines. il existe des compétitions (dans le chant. .TROISIÈME PARTIE: LA DÉTERMINATION. QUANTIFICATION DISCURSIVE ET PROTOTYPICITÉ CLASSIFICATOIRE 92 © Pierre Boudon. Tous droits reserves. 2004. sinon. Tous droits reserves. LA QUANTIFICATION DISCURSIVE Cette notion de « quantité discursive » doit être bien distinguée de celle que nous avons en logique. la particularité (dans le sens d'une série distributive) et la singularité (par déixis. nous allons avoir une triade qui oppose l'universalité (au sens de la généralité aristotélicienne). mais sous l'angle maintenant d'une détermination en discours dont les deux volets vont être une quantification des expressions lexicales (relevant de l'appareil syntaxique en tant que propriétés prédicatives) et une classification en genres et espèces des lexies basée sur les travaux associés à la prototypicité catégorielle. Dans un de ses premiers articles. ce qui ruine l'usage même que l'on peut faire de ce concept. Geach) et une approche linguistique. dans ce qu'on appelle la logique des prédicats avec quantificateurs (universel. tout peut relever d'une telle énonciation. à la fois. III.Revenons au mini réseau de templa (vii) de la Présentation. Disons qu'il peut y avoir une correspondance générale entre les problèmes logiques et les problèmes linguistiques. comme spécification d'objets mondains et co-référence dans le discours sous la forme d'anaphores). il ne suffit pas non plus de recourir à la notion élargie d'énonciation pour rendre compte de l'assignation d'une valeur référentielle. depuis Frege et Russell. à propos d'une référenciation.1. Cette triade pourrait renvoyer à l'universalité (logique). à l'existentialité et au descripteur iota 93 © Pierre Boudon. nom propre ou description). Ainsi. existentiel). . le problème de ces logiciens était celui d'une dénotation fonctionnelle qui est beaucoup plus circonscrite que celui d'une désignation linguistique (que l'on doit traiter. Ducrot (1970) avait bien montré l'écart qu'il y a entre une approche logique (Strawson. 2004. que certains ont traitée comme parallélisme logico-sémantique (dont la grammaire générative est devenue un cas exemplaire (Chomsky (1975) renouant avec ses origines cartésiennes issues de la Grammaire de Port-Royal). tous). On voit qu'il n'y a pas véritablement d'adéquation entre la série des termes logiques et la série des termes linguistiques. Tous droits reserves. on laisse entendre que la totalité n'est pas achevée (le balayage n'est pas complet) Quand Jean est arrivé. ce sera celle d'un parcours de la classe. A propos de cette quantité discursive. considérons quelques exemples: (i) Exemples: Jean a acheté un animal mais je ne sais lequel (un chat? Un chien? Un perroquet ?) (Kleiber. ou seulement certaines de ses parties (Quelques. ainsi comment traduire logiquement la différence entre le défini et l'indéfini? Reste enfin les problèmes de la « mise en discours » qui ne sont jamais abordés par la première puisque la logique ne s'intéresse qu'à des propositions isolées et non à des enchaînements d'énoncés. l'énumération particularise des entités selon une série plus ou moins hétérogène C'est tout? dans cette interrogation. 2004. dans ce dernier cas. d'une fonction cursive qui la balaie entiérement (Tout. 1989) si « animal » renvoie à une généralité indéfinie (comme dans Une drôle de bête).(signifiant un et un seul). spécifiques et singulières. de l'autre. nous n'avons pas un templum mais deux qui font couple: d'un côté. quelque). . Pour illustrer cette différence d'interprétation dans la quantification. l'opérateur iota « reste » dans le champ de ce quantificateur) alors que dans notre structure triadique. presque tous les invités étaient là nous avons un ensemble (les invités) auquel il manque quelques éléments dont Jean juste avant qu'il n'arrive 94 © Pierre Boudon. par contre. il s'agit d'une restriction du quantificateur d'existence à un seul terme (cf. la singularité est en opposition conjointe à l'universalité et à la particularité. ce sera celui d'une désignation des entités en tant que classes génériques. Toutefois. la dénotation référentielle et la désignation discursive. quelconque. cette variation sera établie sous le signe de la « définitude » entre d'une part. d'un côté. 95 © Pierre Boudon. nous les maintiendrons séparés en deux volets complémentaires. la particularisation et la singularité. et d'autre part. l'indéfini. nous avons une variation entre le Tout. . par rapport à d'autres et non de l'homme en général qu'on aurait dans: L'homme a défiguré la planète ou Les hommes ont défiguré la planète où il s'agit de la race humaine et non d'un de ses éléments (l'énoncé suppose que tous les hommes sont responsables. mais pour des raisons de facilité dans la présentation. singularisable par son nom.Du vin tachait les nappes où situer ce partitif qui se distribue sur une collection indéfinie de lieux? L'homme est au-dessus de tout soupçon (énoncé que l'on peut extraire d'une conversation entre policiers) il s'agit d'un homme en particulier. Cette seconde variation est donc établie sous le signe du « dénombrable » où l'on retrouve le sens de la quantification logique. soit au sens de la pluralité exprimant une somme entre la nullité et l'entièreté. on peut avoir aussi bien le singulier que le pluriel. 2004. Des hommes ont défiguré la planète la question immédiate sera:Lesquels? ce qui n'est pas du tout la même chose puisqu'on a affaire ici à une particularisation implicite Reprenons les termes de nos deux templa conjoints. Ce sont deux modes de la quantité discursive qui sont issus du même métarapport entre la classe et ses éléments. Tous droits reserves. quiconque). c'est pourquoi. le défini. le Rien et le Quelquechose que l'on peut entendre. Par contre. qui représenterait là une distinction de base interprétée de deux façons différentes. de l'autre côté. nous avons donc une variation entre la généralisation. ce qui est faux). soit au sens du partitif (Quelque. On pourrait sans doute imaginer un même templum qui rassemblerait toutes ces propriétés. si je dis. III. 2004. par dénomination. une rangée.1 LA QUANTIFICATION PAR DÉFINITUDE Commençons par la notion de « définitude/indéfinitude » qui exprime une désignation des entités énoncées: (ii) Templum d'une qualification désignative Métatermes: MT+: définitude MT-: indéfinitude Corrélats initiaux: X : singularité (par monstration déictique. contingence (passagère) (ii') La schématisation sera de la forme: monstration dénomination singularité MT+.) XZ: déficience.1.. une foule.. par description définie) Y : généralité Z : particularité (distribution en classes ou sous-classes) Corrélats dérivés: XY: spécimen (ce qu'on appelle le prototype en termes de référence classificatoire) YZ: collectif (Une pile. Tous droits reserves.. cf: noms propres. un tas.-: définitude # indéfinitude spécimen déficience généralité particularité collectif 96 © Pierre Boudon. . premièrement/deuxièmement. définitude et indéfinitude. la somme/le reste.. ou encore. comme quoi. il n'était que deux et l'on peut dire aussi bien. que ce générique caractérise le statut de la définition: Le chat est un mammifère carnivore L'homme doit travaillé pour vivre définition sapientiale Dans la notion opposée de la particularisation (distributive). nous avons les jeux d'opposition. un homme se présenta chez elle (Corblin. Décrivons chacun des termes de base de ce dispositif en débutant par la notion de généralité. l'un/l'autre. ou encore. deux un cahier. Ce « dénombrement » effectué n'est pas synonyme d'un décompte mais d'une spécification diversifiante.. nous avons par contre une distinction en classes ou sous-classes qui constitue une collection (ouverte) en tant que série distributive. en termes logiques. ne sont pas ici synonymes de somme mais d'ordre d'apparition. plus minimalement. Tous droits reserves. 1987) on ne sait pas s'il s'agit du même homme ou de plusieurs Quatre élèves avaient un stylo. que nous sommes dans le cadre d'une définition intensive de la classe plus que d'une définition extensive. les numéraux: un/deux/trois.Rappelons que les métatermes. par exemple.. en montrant que celle-ci n'est pas équivalente à l'universalité des logiciens: (iii) Les hommes ont mis le pied sur la lune en 1969 or. on peut dire. trois un livre (idem) on ne peut répondre à la question: combien y avait-il exactement d'élèves? Deux chiens aboyaient dans la cour à la vue des gendarmes (idem) on peut ajouter un blanc et un noir 97 © Pierre Boudon. il s'agit davantage d'une entité idéale que d'une entité empirique (énumérable. assignable localement). 2004. . L'homme a mis le pied sur la lune en 1969 nous avons affaire à un générique. représentent le mode de désignation d'une classe dont la frontière est imprécise. (iv) À plusieurs reprises. De notre voiture. . les livres d'art côtoyaient les livres d'histoire et les nouvelles. enfin. l'énoncé présupposant également que cette famille a plusieurs autos. et le fait que nous avons une extraction d'une collection (Culioli. là encore pour qu'il y ait singularité par appropriation. et non ceux du voisin J'ai rayé l'aile de la 106 ce chiffre ordinal renvoie à la notion de modèle et de marque qui caractérisent une particularisation (une série de modèles. 98 © Pierre Boudon. 2004. Nos enfants. en ce qui concerne le troisième pôle de ce schéma. la singularisation.Dans la notion de spécification (pluralité plus ou moins précisable). Les enfants sont au cinéma il s'agit en fait de. par exemple: (iv') Dans la librairie. une série de marques). c'est la différence entre: (iv") Fido est un chien (dénomination par rapport à d'autres noms) Fido est un des chiens du chenil (implicitement. on doit également dissocier le fait que nous avons un parcours entre différentes entités particulières. Tous droits reserves. il faudrait ajouter. une dénomination: Mon chien s'appelle Fido. nous avons le choix entre une monstration par geste: Je veux de ce gâteau-ci. fils/fille. où les possessifs peuvent jouer un certain rôle comparable aux démonstratifs en ce qu'ils localisent mentalement une appartenance. peut être plurielle La singularisation a souvent besoin d'une co-référence implicite pour exprimer une unicité. il y en a plusieurs qui portent d'autres noms) Enfin. dans. par description: (v) Cet enfant est indocile Cet = l'enfant que je montre déictiquement Le père de Marie vit en France singularisation par propriété de la relation elle-même: un individu n'a qu'un seul père alors que la converse. 1970). Un home au chapeau mou était assis au fond du café, à gauche du comptoir où se tenait la patronne nous avons affaire à une singularisation par description Dans bien des cas d'individuation, il est nécessaire d'apporter des précisions co-textuelles pour que la détermination soit complète, notamment avec les démonstratifs; ceci nous renverrait à une « mise en discours » par processus d'anaphorisation (co-texte d'avant, cf. le point (vii) supra de la Première partie) ou cataphorisation (co-texte d'après, cf. idem). Je vais prendre un dernier exemple troublant à propos de cette singularité par déictisation (exemple dû à D. Slatka, Le Monde, 1993). Prenons un énoncé isolé, parfaitement acceptable, (vi) Ce camion roulait trop vite mais, tel quel, il devient impossible si un énoncé antérieur mentionnait deux véhicules: J'ai vu un camion et une moto spontanément, on substituera l'article défini au démonstratif dans l'énoncé suivant à ce rapport: Le camion (et non, ce camion) roulait trop vite et la moto (et non cette moto) aussi Que s'est-il alors passé? Dans notre dispositif de la quantification, on dira que, de la singularité par démonstratif on est « remonté » (flèche en pointillés ci-dessous) au métaterme qui gouverne catégoriellement l'ensemble de ces variations: définitude (MT+) démonstratif (X) C'est ce parcours paradigmatique à double sens (haut et bas) que la « mise en discours » révèle spontanément. Après avoir précisé les termes de base du schéma (ii) supra , tournons99 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. nous vers les termes mixtes qui complètent cette assignation des valeurs de la « définitude/indéfinitude ». Repartons de la généralité en Y; bien souvent, il est difficile de statuer précisément sur la nature exacte de celle-ci; cela vient de ce que le général peut représenter, d'un côté, une entité collective où se fondent des individus comme numéraux anonymes, ou de l'autre, d'un exemplaire-type comme spécimen de la classe. Ainsi, on aura: (vii) L'homme a défiguré la planète, comme, Les hommes ont défiguré la planète nous avons un glissement du général au collectif Qu'est-ce qu'un chat? (et non, Qu'est-ce que le chat?) où on cherche à définir une essence, un être générique, donc l'exemplaire-type de la classe de ces félins Un Écossais ne refuse jamais de boire (Kleiber, 1989) il s'agit de l'Écossais en général et non d'un en particulier; le déterminant ne spécifie pas là une particularité mais un spécimen Tel père, tel fils, définition sapientiale; le proverbe typifie une relation d'héritage. L'exemplaire-type relie ainsi la notion d'une individuation possible à une généralité (par exemple, une définition sapientiale), représentée par un spécimen de la classe. Considérons maintenant, ça c'est un vrai chien! monstration déictique qui s'appuie sur une définition implicite de ce qu'est un chien ça, un chien? on met en doute la typicité de l'animal (qui n'est donc pas représentatif de sa classe). 100 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. Continuons notre description en passant maintenant à la classe collective située entre la généralité et la particularité; il s'agit en fait d'une particularité indifférenciée qui s'oppose diamétralement à une singularité. Des expressions comme, Un tas de bois, Une pile d'assiettes, Une rangée d'arbres,... représentent un tel collectif à la manière d'une classe anonyme. Prenons cet exemple troublant (dû à Ruwet, 1982), (viii) La police nous a passé à tabac, les salauds! bien que La police soit en apparence une entité générale non pluralisable puisque Des polices parallèles expriment une toute autre signification, l'apposition représente par contre un pluriel référé à des individus; on ne peut pas dire en effet: La police nous a passé à tabac, la salope! Il s'agit donc d'une entité démultipliable sans spécification. Ainsi des collectifs, du genre: Une famille de grands savants (combien sont-ils?), Des gens sans histoires, Un touche-à-tout (et à rien sans doute), Il a fait trente-six métiers (le décompte est-il exact?), relèvent d'un tel terme mixte bien distinct de la distribution en classes et sous-classes. Considérons la différence entre ces deux formulations: (ix) Une famille complète Une famille au complet la dénomination famille renvoit à un être collectif (comme, des gens sans importance) plus ou moins différentiable; par contre, on peut dire que, dans le premier cas, l'expression se situe « entre » généralité et collectif, alors que dans le second cas, l'expression se situe « entre » ce collectif et la particularité puisqu'on pourrait énumérer les différents membres présents de cette famille (cf. La famille au complet se présenta au guichet: le père, la mère et les trois enfants) Passons au dernier terme mixte entre la particularisation et la singularisation. Nous dirons qu'il s'agit d'une particularité accidentelle, appelée 101 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. ici déficience, ou encore d'une contingence passagère signifiant une situation qui affecte temporairement un individu et qui s'oppose donc aux caractères généraux (permanents): (x) Le panda est gentil (Berrendonner, 1992) Le panda est malade dans le premier cas, nous avons affaire à une qualité générale à l'espèce alors que dans le second nous avons affaire à un état passager d'une bête Un des jouets est cassé parmi plusieurs formant une collection, un des jouets s'avère défectueux Ceci a été noté par Kleiber (1989) lorsqu'il se demandait où on peut situer des énoncés (apparemment définitionnels mais qui ne le sont pas) comme, La baleine malade ne chante plus L'animal qui a peur est toujours dangereux Il s'agit dans chaque cas d'une déficience, ou encore, d'un inaccomplissement dans une énumération1; bref, d'un côté, d'une particularité par rapport à d'autres, et de l'autre, d'une singularité par accident comme dans, Ce livre est sale et déchiré (Kleiber, 1990), qualification qui s'oppose à un caractère général; ou bien, qui se différencie d'une spécification qui reste invariante du genre, Livres de poche et Livres cartonnés. 1 Comme dans l'expression, ... et tout le reste, où l'énumération est suspendue à un terme indéfini: Jean est arrivé hier soir avec ses filles, son chien, sa mauvaise humeur et tout le reste où nous avons le passage: particularités déficience 102 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. III.1.2 LA QUANTIFICATION PAR DÉNOMBREMENT Considérons maintenant la quantité discursive sous l'angle d'un dénombrement dont les métatermes sont, d'une part, la notion de « pluralité », et d'autre part, celle d'« existentialité » (en un sens que je vais préciser). Soit le tableau, (xi) Templum d'une quantité dénombrable Métatermes: MT+: quantité plurielle (dénombrable) MT-: quantité existentielle (indénombrable) Corrélats initiaux: X : quelques (pluralité comme plusieurs, certains,...; moyenne quantitative entre la somme complète et la nullité Y : tout, tous (quantité universelle au sens de la classe entière); toujours (temporellement) et partout (spatialement), plein (massivement) Z : nul, aucun, rien (quantité vide); jamais (temporellement), nulle part (spatialement), vide (massivement) Corrélats dérivés: XY: beaucoup (quantité abondante), trop (quantité supérieure par rapport à une norme implicite), souvent (sens temporel) YZ: quelque, quiconque, quelqu'un (c'est la précision d'une existence et non l'affirmation d'une dénombrabilité; on peut la dériver en partitif: du vin, du pain (sens massif), quelque part (sens spatial), quelquefois (sens temporel) XZ: peu (quantité rare), pas assez (quantité par rapport à une norme implicite) (xi') La schématisation sera de la forme: 103 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. rien. soit pour la pluralité. Y. aucune. b) en quantité non-dénombrable: tout. au contraire d'aucun. Tous droits reserves. toute. Z: (xii) au poste X: Plusieurs personnes sont allées voir ce film (pluralité) La moitié des Français pense que le gouvernement a pris une mauvaise décision (moyenne: 50/50) (xii') au poste Y: Tous les matins. a) en quantité dénombrable: tous. Passons en revue un certain nombre d'exemples illustrant chacun des postes X. toutes. 2004. et la présence de quelque chose comme existence d'« au moins un » (la notion de partitif) qui se distingue ici de la singularité vue auparavant comme étant l'existence d'« au plus un ». Jean prend son petit-déjeuner au lit (tous pluriel) 104 © Pierre Boudon. au contraire de personne. les notions de. Cette ambivalence entre pluralité et existentialité est très proche du rapport Qlt/Qnt qu'a introduit Culioli (1990) et les deux opérations sont assez semblables dans leur versatilité (un peu à la façon des figures ambigües dans la Gestalttheorie). .MT+. Les bornes extrêmes de la variation seront. additive ou soustractive.-: pluralité # existentialité quelques peu beaucoup rien tout davantage quelque un peu partitif justesse (petite portion) (point/moment) Ce second schéma de la quantification est donc construit sur l'opposition globale entre le dénombrable introduisant une quantité numérique. soit pour l'existentialité. 2004. moyenne). ce qui donne l'énoncé: Il y a suffisamment de monde dans cette pièce Par contre. la limite inférieure serait: Il n'y a presque pas de monde —> Il y a personne 105 © Pierre Boudon. nous avons donc. soit l'entièreté soit la nullité. nous fixons bien les limites assignables à ce type de variation quantificative qui oscille entre la pluralité que l'on peut éventuellement énumérer et une présence ou une absence existentielles. du côté d'une pluralité.Jean est plein aux as! (tout massif) Tout le monde s'attend a un dénouement de la crise (xii") au poste Z: Personne n'est venu Aucun des étudiants n'a remis son devoir à temps Y a rien là (expression québécoise) Au moyen de ces exemples. ceci est bien rendu par l'opposition diamétrale entre le quelques pluriel et le quelque partitif (qui exprime une présence sans avoir à mentionner la quantité dénombrable). Par contre. la limite supérieure serait: Il y a beaucoup trop de monde (xiii') Au poste XZ: Il y a peu de monde dans cette pièce Il n'y a pas assez de monde dans cette pièce (par rapport à une norme établie) Par contre. Résumons: (xiii) Au poste XY: Il y a beaucoup de monde dans cette pièce Il y a trop de monde dans cette pièce on implicite une norme médiane en X (cf. une croissance ou une décroissance sérielles (par changement d'état). nous avons une présence qui peut également osciller entre le un peu et le davantage par rapport à YZ qui exprime le quelconque ou le quiconque. entre les mêmes extrémités Y et Z qui représentent. Entre ces deux formes de quantification. soit la plénitude soit le vide. des termes mixtes qui expriment une quantité importante ou réduite. . Tous droits reserves. l'autre tendue vers le « plus » (cf. p. l'une tendue vers le « moins » (cf. avec des exemples comme: Il est uniquement cinq heures Il est justement arrivé. 106 © Pierre Boudon. J’attends quelque chose de lui (situé entre YZ et Y). c'est la moindre des choses (situé entre YZ et Z) J'attends davantage de lui. nous avons également une certaine graduation mais de type « intense » (pour reprendre une terminologie guillaumienne) au lieu d'être « extense ».Diminution et augmentation sérielles forment ainsi un double mouvement par rapport au poste X qui représente un milieu relié aux extrémités Y et Z par des gradients latéraux discrétisables. une répartition (triadique) entre adverbes: souvent (du côté de XY). 1983. Ainsi: (xiv)Qu'il aille voir sa mère. Il est à peine cinq heures). rarement (du côté de YZ) et quelquefois (du côté de YZ).. Il est plus que cinq heures). Tous droits reserves. La notion. . parmi de très nombreux exemples) Quiconque franchira cette porte est passible de poursuite N'importe qui peut faire ce travail Du côté d'une quantification existentielle. nous avons également. ce que l'on pourrait représenter par le schéma2: 2 Ce schéma est une interprétation des propos tenus par A. Le terme mixte YZ est ainsi entre deux forces opposées. selon une acception qualitative. 16 sq. (xiii") Au poste YZ: J'éprouve quelque lassitude à toujours me répéter (Culioli. Culioli dans son Introduction au recueil. 2004. par rapport à. etc. Indépendamment de ces variations graduelles. que l'on situera également en YZ.. du blanc. par rapport à.. Tous droits reserves. par contre. de la bière. 1990) partitif: il suffit d'une petite tache pour que l'énoncé soit vrai.. Ces deux aspects peuvent s'équivaloir dans certains cas: (xvi) Voulez-vous du vin ? Partitif comme quantité en soi ... 2004. . (xvi') Le carrelage est mouillé (Kleiber. du bourgogne. nous ajouterons à côté de cette spécification partitive sous la forme du Quelque. du rosé . du bordeaux. (jusqu'à l'incomplétude). Voulez-vous de l’eau. Quel vin prendrez-vous: du rouge ou du blanc? on décline une collection d'articles où l'on retrouve un certaine particularisation: du rouge.plus quelque moins ni plus/ni moins = exactement justement Qui correspond à une extension du rapport du plus et du moins à partir de YZ et auquel nous ajouterons pour « boucler la boucle » le terme neutre ni/ni = exactement cette chose. du Quiconque. en reprenant les propos tenus auparavant en (xv). On notera la différence entre ces opérations et la position aux extrêmes avec des énoncés tels que: (xv) J'attends rien de lui (en Z) J'attends tout de lui (en Y) notons en passant l'expression: Tout contre vous (qui exprime un contact global entre corps) Le partitif.? Nous aurions une spécification distributive.. Enfin.. justement cette chose. exprime de son côté une présence indénombrable alors que l'opération de spécification des termes particuliers (abordée en (iv)-(iv") supra) exprimait l'ouverture d'une collection d'items.. 107 © Pierre Boudon. celle d'un point/moment dans un continuum. 2004.191-220) qui récapitule cette problématique: il s'agit du rapport entre peu et un peu. rien) avec XZ d'un côté (cf. Cette situation est un peu gênante (idem) bien que peu marquée. p. finalement. Citons (1972. peu) en tant que quantité plurielle. elles ne participent pas des mêmes principes de quantification. Tel que. un peu) en tant que quantité existentielle. qu'est-ce que tu fais demain? Jean est tellement plus gentil que Jeanne (où nous avons le retour à une progression vers la plénitude en Y. Pottier (1966). Leur différence peut être très bien définie par la logique de ce second dispositif (xiixii') de la quantification dans le rapport collatéral qu'entretient le poste Z (cf. Tous droits reserves. la présence de quelque chose d'embarrassant est spécifiée. Au juste. Martin (1969) et Ducrot (1972. ou bien Juste. . et. Exactement. une « justesse » en termes de précision (qui reprend ce que nous venons de dire à propos du « ni plus/ni moins ») représentée par des expressions comme: Tel. Tel quel. Il y a donc entre ces deux expressions un « seuil » à franchir (le poste Z): (xviii') Il a bu peu de vin hier (Ducrot 1972) on postule la sobriété de la personne (xviii") Il a bu un peu de vin hier (idem) on postule que la personne s'est remise à boire après un certain temps. Il n'y a donc pas entre ces deux expressions une différence de degrés (située sur un même gradient) mais une différence de nature puisque. (xvii) Jean est tel que je me l'imaginais Au juste. p. proche de zéro. 194): 108 © Pierre Boudon. et YZ de l'autre (cf. Ainsi: (xviii) Cette situation est peu gênante (Ducrot 1972) quantitativement proche de zéro. équivalente à davantage) Je terminerai cette seconde analyse par un problème qui a été abordé par plusieurs linguistes. X.2. Ainsi la distinction que nous avons faite entre un niveau syntaxique et un niveau sémantique (cf. en tant que dialectique entre sens et référence. LE PROBLÈME DE LA PROTOTYPICITÉ Revenons au point de départ.Tout se passe donc comme si peu et un peu se situaient dans des paradigmes linguistiques tout à fait différents. . les seconds sont associés à une définition des catégories descriptives qui prennent en charge les lexies (sous les espèces de simulacres objectaux). qu'elle joue sur des rapports prédicatifs et dénominatifs. III. et impossible à effacer à l'aide d'atténuations ou de renforcements quantitatifs. plurielles ou existentielles. générales. schéma (i) supra de la Deuxième partie) permet de dissocier ces deux aspects. celui de la Deuxième partie. 2004. Ajoutons à ces exemples ceux-ci tirés d'un ouvrage de G. elles ne font que renforcer la pertinence de la triade comme introduisant trois discontinuités (cf. comme si leur différence était de nature. l'un constitutif d'entités lexicales fermées (par quantification). nous sommes à la 109 © Pierre Boudon. en tant en tant que lieu d'une référenciation distincte d'une énonciation. Je ne développerai pas plus ces quelques remarques. à partir desquelles on peut déployer trois types de gradience qui les relient... J'ajouterai de mon côté: Excusez du peu! Vise un peu la nénette! afin de bien faire comprendre que cette formulation n'est pas quantitative mais qualitative. les premiers sont associés à une définition de la quantification discursive en tant que formation de la notion de classes. Y. l'autre constitutif d'entités lexicales ouvertes en ce qu'elles renvoient à une représentation du monde dont les termes sont indéfinis (par définition). Comme nous l'avons signalé. Duhamel: (xix) « —C'est bien toi qui est Lapointe? —Un peu que c'est moi qui est Lapointe » où l'on retrouve bien la notion d'existence. Nous savons maintenant que cette opération est complexe. particulières ou singulières. Tous droits reserves. Z). nous avons une véritable opération d'auto-référence objective en ce que le templum représente idéalement un prototype des structures cognitives à la manière de ce que Lévi-Strauss appelait.. Atran (1986. Dans cette mise en correspondance des deux. 4 La littérature sur ce sujet est devenue très abondante. d'un < feuillage >. nous allons nous tourner à nouveau vers la notion de référence en tant que spécification classématique. par exemple. Tous droits reserves. la description s'attachait aux propriétés morpho-écologiques3 afin d'éviter de tomber dans le piège d'une simple analyse des nomenclatures lexicales (opération vaine comme nous le soulignions en ce qu'elle ne peut rendre compte des tenants et aboutissants de celles-ci)..jointure entre un savoir sémantique et un savoir encyclopédique (ce que l'Appendice (II. 2004. ces deux objets théoriques sont assimilables en ce que l'un « schématise » (le templum) ce que l'autre « investit » en termes classificatoires (cf. 1989)). d'un < branchage >. (Montréal. processus de balayage diversifiant. cf. nous avons le receuil de Dubois (1991). n° 1/2. nous avons déjà proposé un rapprochement entre les problèmes de la prototypicité et ceux du templum dans un article paru dans Recherches sémiotiques/Semiotic inquiry: « Généricité et typicalité des objets discursifs ».. d'un soutènement (murs de refend et murs de façade). processus de focalisation typifiant. un < arbre > est composé de < racines >. Auparavant. Outre l'ouvrage de synthèse que l'on doit à Kleiber (1990). 1994. Dubois et Resche-Rigon. puisque ce savoir sémantico-encyclopédique peut être prolongé. Rosch et son groupe dans les années 70. dans le receuil dû à Denis et Sabah (1993. Après avoir précisé la notion de sens sous l'angle de la quantification discursive (associée aux propriétés prédicatives). Cette théorie psycho-cognitive est maintenant suffisamment connue pour n'avoir pas à être réexposée en détail4. indépendamment du fait qu'il s'agit d'un pavillon de banlieue. 133-164). dans sa citation. signe que ce thème correspond à une préoccupation fondamentale qui traverse tant les sciences naturelles que les sciences sociales (ainsi en est-il en anthropologie avec les théories ethno-classificatoires. d'un peuplier ou d'un épicéa.. Nous allons reprendre ce dossier de la taxinomie sous l'angle des travaux récents développés par E. éds. vol 14.. on mentionnera les deux derniers articles importants parus en français: Desclés.. . (1995. Une < maison > est composée d'un soubassement (cave). d'un couvrement (toit ou terrasse). processus d'exclusion hors du domaine ou par individuation extrême. C'est d'ailleurs la 3 Rapports partonomiques distincts d'une caractérisation spécifique. ainsi.). d'une villa à la mer. p.6) supra reflète bien à propos de la formation d'un champ sémantique. issus des recherches anthropologiques de Berlin et Kay (1969) sur la couleur. p. etc. la notion d'« espèce » rassemblant l'unité et la multiplicité. 217-245). dans une logique mythologique). p. De notre côté. 49-64). 110 © Pierre Boudon. d'un chalet à la montagne ou d'un hôtel particulier en ville. indépendamment du fait qu'il s'agit d'un chêne. 2. certainement plus que l'aigle et évidemment des animaux exotiques comme l'autruche ou le kiwi. le moineau est (pour nous) un exemplaire plus représentatif de la classe < oiseau > que la pie ou le cormoran. on parlera ainsi d'un prototype comme élément identificationnel5 qui est au plus près de ce que représente génériquement les oiseaux. Ainsi..6) supra) ou. avoir des plumes.. 1986). des types d'être qui caractérisent plus facilement que d'autres une certaine classe. nous pouvons dire qu'il existe des formes plus représentatives que d'autres. l'autruche est-elle ou non un oiseau (elle ne vole pas)? Et la chauve-souris (elle n'est pas bipède)? Ou encore. un bec. On peut parler à nouveau d'un simulacre objectal par rapport à l'idéal-type que nous nous faisons de l'oiseau (cf. 111 © Pierre Boudon. Alors que la tradition néo-aristotélicienne traitait tous les membres d'une même classe de façon équivalente. 179-204) ou les positions prises par Rosch ou certains de ses continuateurs (par exemple. le représentant « par excellence » (parangon) de ceux-ci. ce n'est pas une simple occurrence d'objet parmi d'autres mais l'exemple représentatif de la classe entière. pour « classer » il faut savoir préalablement « identifier » les êtres. dans le domaine des oiseaux.. 2004.problématique de la prototypicité qui nous intéresse ici plus que les protocoles d'expérimentation (parfois douteux. on pourra ranger scalairement en plus ou moins typiques. p. Tous droits reserves. l'Appendice (II. comme le note Rastier (1991. . que les animaux soient communs ou pas. bipédie. Lakoff (1987)) vis-à-vis de la théorie classique issue de la tradition aristotélicienne. le kiwi (dépourvu 5 Nous allons reprendre ce problème de l'identification dans le chapitre portant sur le « principe d'idonéité ». rassemblant les caractères que nous connaissons bien: voler. être ovipare.1 LES TROIS OPÉRATIONS DE BASE Quelle en est la thèse? Dans le processus cognitif (sans doute inné) de catégorisation des êtres en genres et espèces (Atran. les différentes sortes d'oiseau comprenant également les exceptions: ainsi. par rapport à cette référence centrale. Ainsi. III. En d'autres termes. en d'autres termes. Le niveau de base se distingue également d'un niveau de subordination où l'on peut situer la diversité empirique de tous ces êtres qui composent intuitivement le domaine et que l'on peut ranger (scalairement) du plus typique au moins typique.animal . Je veux montrer qu'entre cette approche 6 C'est le domaine de ce que Wittgenstein (1962 [1953]) entendait par « airs de famille » et que nous intégrons dans le principe d'idoénité. 112 © Pierre Boudon. Mais ce n'est pas tant les diverses qualifications psycho-cognitives de ce phénomène qui m'intéressent (par exemple. tels que ceux qu'offrent les sciences naturelles. par rapport à la tradition taxinomique ordinaire. la classification hiérarchique de la tradition aristotélicienne. entre elles. Ainsi. c'est aussi cela qu'il faut considérer: une conception phénoménologique du monde dans le sens que lui donnaient les Recherches logiques de Husserl. oiseau vertébré . derrière les propos quelque peu excessifs d'E. soit le domaine de généricité de l'être dont on se préoccupe et où l'on retrouve.d'ailes)? Le champ sémantique exposé précédemment. c'est donc qu'il existe d'emblée un niveau de base représenté par le prototype. . le principe de catégorisation n'est plus l'inclusion logique de classes dans d'autres mais l'intersection puisque ces différentes sous-espèces de l'animal forment. d'une certaine façon. une série (ouverte) du centre vers la périphérie6. ne tenait pas compte de ces questions. Rosch (remettant en question l'universalité des principes de la classification). correspond ainsi un optimum où se situe la reconnaissance immédiate de l'animal qui représente la classe entière. celle qu'acquièrent le plus vite les enfants ou dont les dénominations sont les plus faciles à retenir. distingué d'un niveau de superordination (plus abstrait) qui représente la spécification en genre et espèce de l'animal (cf. tel que nous l'avons considéré auparavant à propos des objets sonores qu'à un domaine classificatoire objectif. Tous droits reserves. distinct d'une hiérarchisation verticale et d'une sériation horizontale. portant sur une écomorphologie. Or ces traits de caractères font plus penser à un « champ d'aperception ». 2004. Au niveau de base. Ce qui est significatif dans la théorie de Rosch. la notion de cue validity d'une propriété en tant que degré de prédictibilité pour une catégorie) que la place que va occuper le mécanisme triadique de notre templum dans un repérage des multiples formes animales du monde.être animé). Ici. celui du moineau par rapport à la classe général des < oiseaux >. le kiwi. de < bipèdie > par rapport à < quadrupèdie >. Tous droits reserves. une spécification construite hiérarchiquement de l'< oiseau > par rapport à < animal > en général. à divers titres. sont dès lors.expérimentale et le dispositif de catégorisation que j'utilise. l'exceptionnel se définissant comme défaut par rapport au type complet). Nous avons. . quelqu'il soit. à la fois. Ainsi. il existe une homologie structurale. L'autruche.. je peux dire aussi bien: (xx) Exemples Regarde les petits oiseaux! (plusieurs sortes sont possibles) Oh le beau moineau! (cela peut être une variante). Un oiseau typique. la chauve-souris.2.2. atypiques en ce qu'ils ne possèdent pas l'un ou l'autre de ces traits de typicité permettant de définir normalement la classe des volatiles. Dénominativement. a des plumes.. III. selon la catégorisation par métatermes qui ouvre celui-ci. comme: Regarde l'animal! 113 © Pierre Boudon. apte à voler. 2004.. on doit pouvoir distinguer radicalement le « typique » et l'« atypique » (cf. de < vertébré > par rapport à < invertébré > (présence d'un squelette). est bipède. on peut ainsi introduire un terme unique de départ (qui occupera le poste Z) définissant une série de critères taxinomiques: notion d'< animal > par rapport à < plante > (tous deux relevant des êtes vivants). TERMES MIXTES ASSOCIÉS AU PROTOTYPE En termes de relations superordonnées (hiérarchiques). pond des oeufs. Ainsi. cette caractérisation associe le prototype (situé au poste X) à son domaine de généricité puisqu'il en est le parangon (l'exemplaire-type) sous d'autres aspects. nous avons la possibilité d'une variation hyperohyponymique puisque nous nous situons dans une stratification où l'on peut passer d'un niveau à un autre de façon continue. et dans ce domaine circonscrit. c'est-àdire par rapport à un savoir encyclopédique sur les harengs. en termes de relations coordonnées je peux introduire une diversité d'espèces « au même niveau ». Nous dirions que le prototype confine au stéréotype (cf. à l'extrême. qui ne recoupe qu'en partie leur définition. nous particularisons —mieux. etc. je lui coupe la queue et je le dépose dans un nid d'hirondelle. Dès qu'on introduit des spécifications supplémentaires. nous « individuons » l'animal concerné: qualité de plumage. mais par rapport aux critères de reconnaissance habituellement utilisés pour les identifier. le moins différenciable et. tous ces critères permettent de « varier » considérablement la représentation que nous avons des oiseaux en général. voire impossible de l'identifier à première vue. moins il est prototypique. je le peins en rouge. Plus l'animal est singulier. d'une classe (ce que nous pourrions intituler leur fonction 7 Je note cette remarque de Sperber (1975. mode de nidification (pic-vert). le plus banal puisqu'il est finalement le représentant de toute une classe implicite. du générique au plus haut (cf. mais ces deux choses sont toutefois distinctes: l'une représente un mécanisme d'acquisition catégorielle. Le format proposé pour les définitions taxinomiques des animaux résout le paradoxe que de telles situations semblaient comporter. Par contre. partant. Mais en même temps.Il s'agit donc. Cette autre distribution relie la prototypie (au poste X) à un principe d'individuation (situé au poste Y). Tous droits reserves. d'une variation possible selon les strates d'une hiérarchisation en classes. cognitivement. il n'y a pas de doute qu'une seule identification serait correcte:il s'agit d'un hareng. il devient difficile. l'animal le plus prototypique est sans doute le plus commun. . 2004. Il apparaît du même coup que mon hareng rouge est aberrant non par rapport à la définition taxinomique des harengs. cette nouvelle disposition forme également un continuum mais horizontal par différence d'avec le continuum vertical précédent. l'autre un effet de redondance habituelle). » 114 © Pierre Boudon. que nous allons ranger des plus prototypiques au moins prototypiques selon d'autres critères. On dira donc que le principe d'individuation est finalement un principe d'incarnation (expression récurrente chez Lakoff) producteur d'exempla illustratifs d'une propriété. Bref. unique beginner) jusqu'au prototype (au plus bas). il est une originalité non directement comparable aux autres individus de sa classe bien qu'on sache qu'il relève de celle-ci7. 21) à propos des rapports entre classification et symbolisme: « Je prends un hareng. gerfaut). style de vol (chouette. possibilité de mimétisme (comme le perroquet). p. en effet. moineau. corbeau. P. à propos de son article paru en 1993) m'ont permis de mieux cerner les enjeux épistémologiques de toutes ces différences. Tous droits reserves. varier l'ensemble (en espèces particulières) et introduire des sousensembles qui acquéreront une autonomie (dûe au principe même d'individuation/incarnation). pigeon. C'est dans ce mécanisme d'« approfondissement » (par enchâssement) où l’on redéploie une classe particulière à partir d’un individu que l'on peut introduire un enrichissement taxinomique par sous-catégorisation8... on refait une classe). Desclés (notamment. de reproduire le même mécanisme au sein d'une sousespèce artificielle (domestique). Enfin. vaches. nous devons 8 La relation qui lie les éléments à la classe n'est donc pas d'appartenance mais d'inclusion de la partie dans le tout (relation réversible dans ce dernier cas puisque. on change alors de genre par personnification. Cette transformation amplificatrice constitue ainsi une nouvelle classe d'individus qui caractérise dès lors le travail de la culture (domestication) dans une nature donnée au départ dans sa diversité.d'« imagibilité » comme mode d'exemplification visuelle sur lequel on a beaucoup insisté dans ces recherches). d'un individu. 115 © Pierre Boudon. un nom propre peut l'assimiler au régime de la « personne ». pie.. le cas remarquable est celui des < fleurs >: pensons à tous les sous-types de < rose > (plusieurs dizaines) issus de la même fleur sauvage (l'aubépine). comme dans le cas des animaux domestiques (chiens. les canards.). par décrochement génératif. les dindons. . voiture). 2004. et distinctes entre elles puisqu'on peut les différencier au sein même de la classe des < perruches >. Dans cette différenciation entre prototypie et individuation. Le même mécanisme qui nous a permis de différencier les animaux en espèces naturelles permet. l'histoire a opéré un véritable de décrochement civilisationnel. et dont le domaine a été profondément enrichi par les jardiniers qui ont crée de nouvelles variétés9. à la fois.. qu'il en soit ici remercié. C'est pourquoi. les paons.. distincte comme sous-type spécifique des autres oiseaux (cf. Ainsi les perruches peuvent-elles devenir une famille variée de volatiles. chevaux) ou même de certains artefacts (bateau.. nous pouvons. Pensons aux « oiseaux de la basse-cour » que sont les poules. 9 De longues discussions avec J. Dans le domaine des plantes. hirondelle.Ces volatiles sont-ils directement comparables aux autres types d'oiseau que l'on trouve dans la nature? Entre eux et celle-ci. les véhicules. les tasses et même les fruits du jardin. ils peuvent interférer. Culture} redevable aux travaux de Lévi-Strauss (1958. certes. le schéma de la prototypicité est-il intimement lié à ce genre de transformation anthropologique. 11 Le manque d'approfondissement épistémologique de la part de Rosch a pour conséquence une certaine confusion qui se révélera explicitement dans le passage de sa première conception de la typicité à sa seconde. c'est également l'un des chapitres importants de notre étude sur le champ sémantique de la parenté. C'est pourquoi. créant un « mélange des genres ». dénommée « théorie étendue ». cette coupure étant représentée dans le continuum précédent d'une variation par la formation d'un sous-ensemble enchâssé dans la série. Tous droits reserves. Dans le premier cas. ont une certaine explication intéressante: on confonderait ici les propriétés d'une « série naturelle ». des oiseaux en général (souvent atypiques en ce qu'ils ont perdu certains caractères comme le fait de voler). p. les légumes). un chien et un chat) et celles d'une « série d'artefacts ». La domestication a ainsi « individué » une nouvelle classe d'animaux qui n'existait pas au départ (même chose avec les fleurs. on passera en fait d'une conception réaliste (centrée sur le concept) à une conception relativiste (centrée sur l'expérience pratique où sont utilisés les « airs de famille » de Wittgenstein). Atran (1986). Qu'entend-on dès lors par l'expression de « catégorie »? S. ce qui n'est pas le cas des êtres laissés à l'état 10 Nous avons déjà rencontré cette problématique et plus particulièrement à propos de la correspondance entre la « sociétés des hommes » et la « société des oiseaux » . de finalité.revenir à l'opposition conceptuelle {Nature. 279-294) dans son article. tels que les meubles. peut-on vraiment dire de façon équivalente: Va nourrir les oiseaux de la basse-cour pour Va nourrir les poules?. ce qui nous permet dire que les < gallinacés > sont. « Aristote et Rosch: un air de famille? ». on surimpose aux êtres culturels des critères qui sont proprement humains (en termes d'usage. de normes culturelles). tout comme E. on ne peut assimiler sans autre forme de procès des classes d'êtres culturels avec des classes d'êtres naturels (ce qu'a fait Rosch). les spécifications ne sont pas les mêmes dans l'un et l'autre cas. Ici. un pékinois et un angora seront toujours. 2004. mais pas au même titre que d'autres qui vivent à l'état sauvage. la domestication a crée une coupure entre le monde des animaux sauvages et celui des animaux domestiques. . Ainsi. en particulier. les graminées. 1962)10 et que nous devons croiser avec les propriétés d'une acquisition psycho-cognitive11. Pacherie (dans Dubois (1991. alors que dans le second cas. génétiquement. Aussi. 116 © Pierre Boudon. où l'on ne peut confondre des espèces avec d'autres (bien que très proches perceptivement. les rapports restent exclusifs (même s'il y a confusion dans l'apparence). 2004.6 supra) situés dans une chaîne de rapports subordonnés (relations intersectives horizontales). ou changement de registre générique par recatégorisation comme dans le passage d'« animal ordinaire » à « animal extraordinaire » (fabuleux comme la licorne ou monstrueux comme le cyclope) XZ: génériques-spécièmes (Atran) correspondant au déploiement de rapports superordonnés (relations inclusives verticales) où l'on retrouve une hiérarchie taxinomique mais aussi une dénomination hypero-hyponymique entre ces différents niveaux classificatoires. les mêmes mécanismes de différenciation de la prototypie à l'individuation se retrouvent dans ces sous-ensembles culturalisés et c'est pourquoi on peut les traiter en parallèle. Résumons ces propos en reprenant le schéma formel du templum: (xxi) Templum de la prototypicité Métatermes: MT+: typicité MT-: atypicité (exception) Corrélats initiaux: X : prototype (parangon. dénominateur commun de propriétés typiques) Y : principe d'individuation (correspond au maximum d'écart par rapport au prototype central le plus commun) Z : domaine de généricité (summum genus à l'origine d'une hiérarchie déployée en genres et espèces) Corrélats dérivés: XY: exempla morpho-géographiques (dans les termes de notre Appendice II. gradient décroissant de prototypicité dans la première version du modèle de Rosch YZ: hors-classe (anomalie venant d'une individuation. Tous droits reserves. . 117 © Pierre Boudon. Cela dit.naturel. déployée à partir de ce qu'on peut appeler un noyau générique-spécième indifférencié en XZ (on peut dire. nous obtenons un gradient de relations entre genres et espèces du prototype en bas au summum genus et permettant une variation hyperohyponymique dans les différentes dénominations. que nous avons un principe général de catégorisation définissant la notion de classe par rapport à la non-classe. nous placerons en Y le 12 Dans l'« être prototypique » est ainsi rassemblé. le domaine de généricité (cf. . Tous droits reserves. un centrage selon la notion d'« être typique » (MT+) par rapport à « être atypique » (MT-) —êtres auxquels il manque un trait pour être semblables aux autres. au départ. < plante > hors-classe merveilleux < licorne > monstrueux < cyclope > Nous dirons donc. au départ. 118 © Pierre Boudon. le fait d'appartenir à une certaine classification (relevant de XZ) et d'en être l'illustration la plus prégnante (relevant de XY). Enfin. < chat > < moustique > prototypie exempla morphogéographiques individuation MT+. et dans la première.-: typicité # atypicité génériques-spécièmes générique (unique beginner ) < animal >. < plante >) au poste Z qui représente ici le point de départ de la hiérarchie classificatoire. le poste X est donc bien le commun dénominateur des deux domaines.(xxi') La schématisation sera de la forme: < chien >. 2004. < animal >. par exemple: Quel drôle d'animal! en parlant d'une espèce de chien inconnue) qui se différencie par complexification. La classe se distribue en trois postes. définissant la triade dans le plan équatorial: l'exemple prototypique au poste X12. enfin. le mouton ordinaire (prototype représenté par le troupeau comme être collectif). et d'autre part. à mentionner ce rapport à l'extérieur de la classification normale. Il s'agit toujours d'individus singularisés (uniques en leur genre) et non de collectif. le « plus individué ») n'est pas assimilable à la notion d'exception qui. TROISIÈME TERME MIXTE Ceci nous amène à définir l'espace de variation entre le principe d'individuation au poste Y et le domaine de généricité au poste Z (espace de variation YZ qui n'a jamais été évoqué dans les travaux sur la prototypicité13). Nous dirons enfin que l'individu le « moins prototypique » (cf. par mutation) ou culturels (chimères mythologiques). d'une part. l'autre métaterme). Tous droits reserves. une uniformité. de son côté. naturels (par altération. Dans la mesure où cette zone de variation s'oppose au prototype. nous dirons qu'il s'agit d'anormalité. d'êtres hors-classe tels que les monstres. Pacherie est le seul. des exceptions (défectuosités) et des monstres (dont on a dressé des catalogues). la plante) et qui représente une borne maximale dans une classification. puisque l'industrie humaine est capable de créer. formant ainsi une chaîne associative. Cette distinction est valable tant pour une série d'êtres vivants que pour une série d'artefacts.2. c'est bien pourquoi. d'une part. de « creuser » (par auto-enchâssement de classe) cette chaîne pour engendrer de nouvelles variétés (culturelles). introduisant ainsi des rapports à la fois de similarité et de disjonction. 2004. 119 © Pierre Boudon. donc. Parlons des monstres: ces individus « dépassent » le cadre naturel qu'impose un domaine générique (l'animal. nous sommes dans une opposition diamétrale à la prototypie qui exprime un standard. comme l'est le cheval albinos). en ce que 13 L'article de E. des êtres originaux (qui seront peut-être les plus recherchés esthétiquement). Ceci permet. représente la notion d'atypicité (soit. à ma connaissance. le mouton à cinq pattes (monstre). exception. . le mouton angora (individué) et d'autre part le mouton noir (cf. des êtres standards (pour le plus grand nombre).principe d'une individuation spécifique (opposée conjointement aux notions de générique et de prototypie). de sérier des individus (concrets) du plus prototypique au moins prototypique.3. Nous avons ainsi une différence marquante entre. III. « dépassent » la borne du principe d'individuation en ce qu'elles sont « fabriquées » (on ne les rencontre pas à l'état naturel).) pour créer de nouveaux types hors du commun. Dans un dispositif de catégorisation. Ils deviennent uniques en leur genre comme le cyclope. Le monstre est bien l'envers tératologique du prototype: isolé. p. sans descendance possible..ces monstres n'en relèvent plus. ou encore. 120 © Pierre Boudon. Ainsi. ce produit de notre imagination qui combine des formes. 1989) abordé dans la Troisième partie. des pratiques culturelles comme la boucherie par rapport au dépeçage animal des viandes (d'un côté. et de l'autre. on recompose dans la façon de les présenter à l'étal. ou toute autre forme de création. donc se reproduisant « identitairement ». au sens le plus général (comprenant donc. Cet envers du monde ordinaire n'est pas une classe vide ou un chaos (l'absence de tout ordre) mais l'association étrange des critères de « bonne formation » (au sens où l'entend la Gestalttheorie) des êtres vivants. on décompose par morceaux pour être consommables. le Centaure. constitutif des univers mythologiques qui se défont et se refont sans cesse et que l'on peut traiter comme des rébus . les phénomènes 14 Il faut voir dans cette propriété fondamentale d'une segmentation des êtres vivants en morceaux. . le Minotaure. et également. le mouton à cinq pattes. le Sphinx. des êtres naturels quels qu'ils soient (y compris l'homme). c'est ce monde hors-classe. l'indice d'une disposition cognitive que l'on peut rapporter à un principe « méréologique » (Lesniewski. un mode taxinomique et un mode symbolique de mises en correspondance. dans la Cinquième partie à propos du rapport jonctiondisjonction. nous voyons que la prototypicité occupe une position centrale dont dépend la mise en ordre des êtres particuliers (l'animal. comme dans la pensée totémique ou la pensée mythologique). Tous droits reserves. 26-47). qui induit un monde symbolique (mythes et rites comme dans les personnages de carnaval) qui se situe au-dessus ou en marge de notre univers quotidien. Toute classification des « êtres ordinaires » présuppose finalement cette classe complémentaire d'« êtres extraordinaires ». 2004. On parlera donc de « parties de » et non d'« éléments » d'un ensemble. Frankenstein. par les dieux). Les chimères.. On retrouve également la « pensée en patchwork » définie dans certaines approches cognitives actuelles. fabriqué (par les hommes. la plante. Ces morceaux ou fragments sont ainsi à la base de cette fonction mytho-poétique que LéviStrauss a appelé un « bricolage » mental (1962. telles que celles de Edelman (1992) ou VarelaThompson-Rosch (1993 [1991]). en ce qu'ils sont donc le produit d'une imagination humaine qui accouple combinatoirement des « morceaux » d'êtres vivants14 (La Sirène. à la fois. Martin à propos du champ sémantique de l'audition. 121 © Pierre Boudon. soit la façon de la traiter comme entité détachée des substrats auxquels elle adhère consubstantiellement. 2004. monde réel) et un « monde extraordinaire » (cf. ce couple renvoie à des régimes différents dans la détermination des espèces. Dans tous ces cas. d'homogénéité-hétérogénéité.géologiques ou météorologiques): d'un côté. Cette distinction se retrouve d'ailleurs dans la formation des êtres extraordinaires. comme le son ne pourrait être détaché du timbre qu'il forme 15 16 Ce sera la matière de notre Cinquième partie infra. L'une des critiques adressées à cette théorie a consisté à dire que ces catégories n'étaient pas « données » naturellement mais « construites » par l'analyste (et implicitement. . en termes d'aspectualité spatio-temporelle et de causalité. Cette différence caractérise celle entre un « monde ordinaire » (cf. L'analyse que nous avons reprise de R. la notion de catégorie sémantique reste pertinente. Tous droits reserves. puisque les uns sont naturellement monstrueux (les mutants. une agrégation et une désagrégation. c'est aussi celle qu'on a implicitement entre la nature comme ordre donné et la culture comme ordre recomposé (cf. à propos des travaux de Berlin et Kay (1969) sur la couleur. tant des rapports d'aperception ordinaire comme dans le cas des descriptions phénoménologiques16 que des rapports de création imaginaire (associés à des transpositions mythopoétiques). comme on l'a vu. ainsi en serait-il. ne serait-ce que dans la nature des protocoles mis au point par les psychologues et les anthropologues qui « projettent » sur les autres cultures leur conception occidentale. C'est pourquoi on dira que ce dispositif de constitution des objets de référence est à la base. sauvages) les autres « artificielles » soumises à des finalités. ajouterions-nous maintenant). ce fut donc le but de ces recherches sur la prototypicité que de montrer que l'information qui nous vient du monde sensible est traitable selon un tel mécanisme de tri (et de transposition. dont la production est aléatoire). monde imaginaire). selon la culture à laquelle il appartient). et de l'autre. nous avons les rapports constitutifs de l'« objet » en général (en termes de parties-touts. ce que Rosch n'avait pas clairement distingué. les autres étant les produits de l'imagination humaine (les chimères. nous avons implicitement une distinction radicale entre un ordre et un désordre. les unes « naturelles » (cf. les monstres). l'artifice) puisque. de croissance-décroissance)15. à des normes humaines. c'est un mécanisme de catégorisation qui répond à cette observation troublante de Dubois et Resche-Rigon (1995. Il est également un transformateur permettant de passer du « monde ordinaire » de la perception à un « monde extraordinaire » de l'imagination.avec l'instrument requis. soit l'analyse du concept proprement dit de catégorisation: qu'est-ce que catégoriser? Là encore. ce qui nous permettra d'aborder la question d'une création mythopoétique associée aux principes d'une narration. En testant des savoirs constitués à la fois à partir de connaissances normées par la culture à travers la science. opérations nullement évidentes (ce que Husserl (1962 [1913] dénommait à l'époque une théorie des objets dépendants). Là est le socle cognitif que nous voulons mettre au jour et que nous rapprocherons. au sens phénoménologique. Ainsi. de la notion des noèmes husserliens. de celles d'une réduction (épochè) et d'une variation eidétique. ils aient pu montrer la solidité des phénomènes observés (prototype et typicalité). pour reprendre l'une des idées de départ de ce travail. et la structure cognitive de ce dernier. constitutives des essences. Tous droits reserves. ne peut s'effectuer qu'à travers un tel prisme catégoriel. il faut distinguer deux choses: les objets « traités » par le dispositif catégoriel et dont la nature peut varier culturellement. naturel et culturel. individus propres et exceptions. hors-classe. . ces recherches ont pu mettre en évidence des mécanismes cognitifs qui s'opposaient aux logiques internes et acquises de ces savoirs. une « saisie » des choses. 122 © Pierre Boudon. 242): Un des aspects les plus productifs des théories de Rosch réside peut-être. paradoxalement. les pratiques. p. comme précédemment nous avions deux régimes possibles de l'objet. il ne faut pas confondre deux niveaux dans un même syncrétisme. dans le fait que bien que les travaux issus de cette tradition se soient mis dans la plus mauvaise situation. les habiletés cognitives prévalantes dans nos sociétés. 2004. Bref. Ce que nous venons de proposer à travers la procédure du templum qui met en place des principes généraux. Le templum représente une matrice de rapports permettant de départager conceptuellement: classes et éléments de cellesci. à propos de cette notion de catégorisation. Dans le premier cas. types ou marques). assignation directe entre Noms et Objets) mais qui correspond bien à celui des signifiés dans la linguistique saussurienne (qui ne jouent pas sur des référents mondains mais sur des acceptions de sens à leur propos et dont la gamme est plus ou moins étendue. entre particularisation et spécification d'exemples plus ou moins remarquables. exception et déficience. LE TREILLIS DES RAPPORTS ENTRE SYNTAXE ET SÉMANTIQUE Il nous reste à préciser ce que nous avons appelé au départ une dialectique entre sens et référence ou.III. chacun renvoit à sa propre logique et cependant ils forment une correspondance entrecroisée puisque de nombreux renvois sont possibles entre spécimen (relevant de la quantification) et prototypie (relevant de la prototypicité). syntaxique et sémantique. Nous avons une double variation concomitante qui ne correspond pas au sens logique traditionnel du terme « dénotation » (cf. nous avons une conception évaluatrice de la classification. sont ainsi parallèles et c'est pourquoi nous les avons différenciés en deux niveaux dans le schéma (i) supra de la Deuxième partie.3. Tous droits reserves. nous permettant d'introduire les référents différenciés selon une généricité et une individuation. nous avons la définition d'un « lieu de discours » que l'on peut rattacher aux propriétés d'une instanciation. ainsi. Dans nos termes. entre une quantification discursive (dont les propriétés sont syntaxiques) et une prototypicité (dont les propriétés sont sémantiques). . nous disposons d'un ensemble de considérations permettant de préciser de nouvelles formes d'instanciation (qui entreraient par exemple dans la définition des rapports entre un monde ordinaire —le monde quotidien— et un monde imaginaire —la fiction). Bref. nous poserons le rapport: 123 © Pierre Boudon. 2004. une normalité et une anomalité (exception ou hors-norme). Ces deux ensembles de considérations. permettant d'assigner un certain nombre de valeurs resituables dans le jeu métalangagier entre une référenciation et une mention . maintenant. < véhicule à moteur > peut renvoyer à des centaines de modèles. dans le second cas. on ne peut ainsi comparer directement < cheval > et < Pégase > sans introduire du même coup tout un processus de transformation implicite qui les catégorise en deux domaines sans commune mesure. entre généralité et domaine de généricité. les composants descriptifs de ces entités qui les qualifient en particularités morpho-géographiques (qualités sensibles. C'est là que nous retrouvons le sens profond de la figure du templum comme unitas multiplex. des points de vue. celui d'une variation prototypique qui permet de construire une « recevabilité » socio-culturelle des entités désignées (cf. Pour un rapprochement entre phénoménologie et cognitivisme. logique des énoncés contrefactuels créant des univers de fiction. objets. épopées. « Phénoménologie computationnelle et objectivité morphologique » . 1995. parties. PUF. Husserl (1950 [1913]). Tous droits reserves. Enfin. mythes. C'est à ce dernier niveau que nous pouvons situer une sémantique associée à une encylopédie (plus ou moins développée selon les types de savoir).Quantification + Prototypie = signifiés (saussuriens) dans leur double variation. nous avons un dispositif de normalisation comme matrice symbolique qui renvoit à des mondes possibles (dans le sens. comportant plusieurs dimensions épistémologiques puisque nous avons une dénomination qui permet de spécifier des acceptions. nous avons une morphologie sur laquelle pourra s'appuyer des principes d'homologie comme mises en rapport des parties d'un objet avec d'autres (à la base de ces correspondances que l'on peut avoir entre les taxinomies ordinaires et l'univers du totémisme ou de l'emblématique). fables. E.). artefacts. enfin. p. événements). rôles. Petitot. nous pouvons reprendre l'expression husserlienne d'une variation eidétique par esquisses17 . milieux. scènes. mentionnons le bel article de J. Nous avons trois niveaux dans l'opération d'une référenciation: celui d'une variation dénominative. 1989) qui n'est pas une collection faite d'éléments qui y appartiennent mais une mise en rapport des parties-tout selon une structure d'homologies. Ce ne sont pas des analogies entre des formes globales mais entre des parties (entités démembrées pour être aussitôt récomposées). et dans le sens littéraire. 2004. . A propos de l'intégration de ces différentes variations. Paris. à la fois. 17 Cf. etc. comportements. 213-248. son sens méréologique (Lesniewski. créant des univers fabuleux). 124 © Pierre Boudon. au lieu d'avoir des termes résultant d'une partition exclusive (comme dans les structures de dépendances syntaxiques empruntées aux schémas taxinomiques). Nous n'obtenons pas une collection de lexies résultantes (comme dans les nomenclatures) mais des familles de lexies différenciables. templum comme format générique abstrait) et les lexies résultant d'une spécification successive au niveau inférieur (concrétisation).3. LA FORME (SIMPLE) DU TREILLIS Rassemblons l'ensemble de ces considérations dans une figure de synthèse. le niveau d'une typicité articulant le rapport entre des entités syntaxiquement définies par des cadres prédicatifs et sémantiquement disponibles (c'est le lieu d'une catégorisation comme champs sémantiques). enfin. le niveau d'une catégorisation prédicative (actantialité. modalités. appelée treillis. nous obtenons des termes synthétisant des propriétés catégorielles. diathèse. (xxii) Treillis I: premier registre (feuilletage de base) schéma pur instanciation catégorisations idoénité (congruences ) typicité cat A cat B lexies résultantes 125 © Pierre Boudon. depuis le schéma à l'état pur au niveau supérieur (cf.III. celui des entités complexes associant un savoir linguistique et un savoir encyclopédique (plus ou moins développé). le dernier niveau. quantifications. dont le principe de composition est radicalement différent de celui des grammaires génératives. . 2004.1. Nous avons le niveau d'une instanciation qui distribue les rôles fondamentaux entre énonciation et référenciation. Celles-ci sont échelonnées. par exemple) formant autant de mini réseaux de templa. Tous droits reserves. catC. catD. comme on l’a vu à propos de la constitution de la notion de champ sémantique. dérivé de l'expression « idoine ». 2004..2. elle n’est pas cependant le produit d’une imagination aléatoire de la part des locuteurs. de mises en scène.. En tant que relevant d’un langage communiqué. . Or la prototypicité porte sur la définition de la lexie comme rapport entre ces deux niveaux: elle est une théorie (naïve) de l’acceptabilité des objets de discours à titre de choses.Rappelons que ce dispositif d'engendrement n'est pas une grammaire mais un treillis dans lequel nous pouvons démultiplier les strates intermédiaires comme le nombre de catégories (catA. en ce qu'il relie directement les rapports d'instanciation à ceux d'une typicité. signifie une « convenance ». III. Si la lexie est sujette à interprétation. ce terme est empruntée à la philosophie des sciences de Gonseth dont nous expliquerons peu après le sens qu'il peut avoir dans notre démarche. soit. le terme central d' «idoénité »18. 126 © Pierre Boudon. nous dirions que ce nouveau statut est « à part ». il démultiplie ces expressions en autant de variantes nécessaires (à la manière d'un spectre chromatique dont on peut tirer une variété de tons) et il dédouble le dispositif en entier afin de pouvoir répondre au caractère dialogique de ces rapports d'énonciation/énoncés où les rôles énonciatifs sont intégrés. semblables à ce que Husserl appelait dans sa philosophie des « couches d'être » constitutives des entités résultantes. catB.3. elle est le pivot articulatoire entre une théorie du langage et une théorie de l’aperception du monde à travers celui-ci. d’actions. LA FORME (DÉDOUBLÉE) DU TREILLIS La lexie cumule génériquement des propriétés abstraites et concrètes. qu’il est transversal par rapport au régime des 18 Ce terme. une « capacité à être ».. Tous droits reserves. Dans ce treillis. Nous voyons apparaître ainsi un nouveau statut de la prototypicité qui n’est plus seulement lié à une quantification discursive. elle correspond à un ancrage dans le monde fait d’une multiplicité de renvois qui viennent se fondre dans sa définition générale. Ce sont deux niveaux de définition bien dissociables. caractérise un principe d'ajustement que nous pouvons traduire au moyen d'un jeu de congruences entre expressions engendrées. autant qu'il est nécessaire pour décrire un processus) formant ainsi des mini réseaux de templa. .). de la généralité et de la spécificité). C'est cette fonction catalysatrice de la prototypicité qui nous amène ainsi à une nouvelle formulation du treillis (xxii) supra. Tous droits reserves. elle assure le rapport de la norme et de l'anomalie. Texte}) schéma pur (I) mini réseaux de templa idoénité (congruences) typicité duction (connecteur. dans laquelle nous avons. diathèse. Deuxième partie.différents domaines de la catégorisation (actantialité. (xxii') Treillis II: deuxième registre (rapports {Langage. quantification. point (ii) supra).. interprétation) 127 © Pierre Boudon. phorie) (II) champs sémantiques descriptifs Textes (production. modalités. mais également une différenciation en deux registres superposés où nous retrouvons la distinction que nous faisions (à propos des domaines notionnels) entre une description catégorielle productrice de simulacres objectaux et une description empirique (cf.. . Soit un nouveau schéma (dédoublé) de la forme. non seulement une stratification en niveaux d'analyse. Cette fonction normative met en rapport directement l’institution du templum comme schème sémiotique et la production des lexies à travers le réseau des catégories syntaxiques et sémantiques. l’objet abstrait qui se réfléchit lui-même en attente d’un remplissement empirique. La prototypicité est le paradigme même d’une différenciation évaluatrice (cf. 2004. Tous droits reserves. Ainsi les lexies constituent une double ramification. a) Ces deux registres caractérisent ce que nous avons proposé auparavant comme descriptions catégorielles (syntaxique. 2004. assortis de leur glose. de sa spécification en domaines notionnels distincts à travers la définition des lexies qui les constituent (cette typicité associe directement la borne supérieure et la borne inférieure du treillis dédoublée à travers les notions d'« idoénité » et de « duction ). mythe. encyclopédique). Réseau du sens II. le champ sémantique du droit). renvois à plusieurs domaines).. registre II: niveau d'une représentation des connaissances par catégorisation descriptive. . nouvelle littéraire. c) Typicité: place transversale de la fonction prototypique issue de la généricité du templum qu’elle représente (comme « armature idéale »). correspondant aux phories comme dans l'anaphore et la 19 Cf. orientées vers le haut (propriétés abstraites) et orientées vers le bas (descriptions concrètes) que les premières articulent. article journalistique. productrice de simulacres objectaux)... sémantique.) b) Les champs sémantiques descriptifs caractérisent des plages de connaissance plus ou moins approfondie (par exemple. sémantique) et comme descriptions empiriques (sémantique. c’est là que nous retrouvons le sens complexe d’une onomasiologie définie comme système de catégorisation. Synthétiquement. où les unités de base ne sont pas seulement les éléments d'un vocabulaire mais des symboles (cf. 128 © Pierre Boudon. À ce niveau. le champ sémantique de la parenté. et dont on aura à préciser le genre (conte populaire. d) Duction: cette expression couvre les différentes formes de liaison discursives19. le champ sémantique des oiseaux. et à la fois. Cinquième partie. nous n'obtenons pas des lexies (unités résultantes segmentées) mais des Textes (entiers ou fragmentaires). encyclopédique).registre I: niveau d’une théorie du langage (catégorisation telle que proposée en (xxii) supra. Chapitre II. d’un côté. et de l’autre. par exemple) entre énoncés. elle participe du raisonnement en tant que valeurs modales inférées dans les argumentaires (induction comme extraction de propriété. C'est à ces différents titres que la duction (qui est un mouvement de l'esprit) représente l'armature d'une cohésion textuelle selon différents genres (cf. Cette double fonction évaluatrice (typicité. produite. 20 21 Cf. normatives. duction) ne constitue pas un ordre profond en tant que « faculté de langage » (qui relève d’une conception cognitive) mais elle n'en constitue pas moins un ordre du discours façonnée par des normes (rhétoriques. de construire des homologies de rapports textuels. aux figures (tropes) telles que nous allons les considérer dans la prochaine partie. Cette fonction transversale où la duction (au niveau II) reprend celles. ainsi le problème de la duction est celui du lien causal qui permet de lier un texte21 (dans ce qu'on a appelé la logique narrative du post hoc ergo propter hoc). texte littéraire. . interprétation): c’est la résultante générale de toutes ces opérations en ce qu’elle les rassemble. Enfin. de la typicité. Chapitre VI.). déduction comme dérivation syllogistique. abduction comme mise au jour de principe)20.cataphore. e) Texte (production. ou encore. il est nécessaire d’avoir au préalable des « objets » sur lesquels s’appuyer. Réseau du sens II. d’où l’importance du registre métalangagier inhérent à une instanciation). etc. Sixième partie. C'est une entité partagée en ce qu'elle est. harangue publique. scientifique. idéologiques) qui s'impriment en lui. Tous droits reserves. Cette notion de la causalité argumentative est distincte de celle développée dans l'aspectualité « objectale ». se superpose aux propriétés formelles de la constitution prédicative en ce que. d'associer des fragments en une description. conversation « à bâtons rompus » où l'on passe du coq-à-l'âne. glosée ou interprétée (c’est la fonction exégétique essentielle de tous les commentaires qui reprennent des textes préalables. homélie. aux connecteurs d'argumentation (à la suite des travaux de Ducrot. pour « normer » une production discursive. 129 © Pierre Boudon. 2004. en tant que capacité (régulative) qu'à un dispositif d'engendrement à produire une variété de formes congruentes. On ne doit pas confondre ces deux temps sinon on réduirait les propriétés du premier ordre à n’être qu’un sociolecte relevant du second (dans l'opération inverse. Une sorte de. cette performance est. à la fois. Par rapport à ce que nous appellerons dans la Cinquième partie une aspectualité spatio-temporelle. nous aboutissons par contre à une image « idéaliste » de ce modèle. III. en un second temps. 130 © Pierre Boudon. l’exercice d’une compétence cognitive comme mise en place des objets du discours sur lesquels.Ce dernier dispositif constitue le cadre général d'un ordre du discours. situé entre les modes fondamentaux d'une instanciation. Nous dirons donc que ce dispositif permet d’ordonner les différentes « classes de templa » selon une architectonique préétablie où nous pouvons échelonner des propriétés abstraites de constitution et des propriétés concrètes de description. ce qui ressort de la généricité dans une langue donnée et ce qui ressort des textes dans une production discursive socialisée. Tous droits reserves. « plus petit que » et « plus grand que » .3. relations hiérarchiques ou non) que nous différencierons des « relations sérielles » propres à une énumération définie en termes de grandeur. où l'engendrement s’effectue en deux temps (abstraitement définis): en premier.3. On notera la place intermédiaire qu'occupe ce principe dans la schématisation (xxii-xxii') supra. mettant en présence les locuteurs. . de production et d'interprétation (gloses). nous dirons que nous avons affaire à ce que les linguistes nomment des « relations sortales » (cf. LE PRINCIPE D'IDOÉNITÉ Terminons ces analyses par ce qui est appelé un principe d'idonéité (expression empruntée à la philosophie de Gonseth). va s'exercer une performance psychosociale (normes culturelles. 2004. et la typicité qui hérite de ce mécanisme d'ensemble dans la confection d'expressions « idoines ». à d'autres formes). par exemple) que l'on retrouve à l'état implicite dans la formation d'une typicité. comme dans la grammaire de Chomsky). le discours et sa glose. dont le but est une relation d'ajustement (à un contexte. dans celui-ci. Deuxième partie. par exemple). nous situons également cette problématique « au coeur » de la schématisation (xxii-xxii') supra. A = A) et ce qui est identificationnel (cf. A ∈ Β) qui caractérise l'élément par rapport à la classe et définit ainsi un dedans et un dehors de celle-ci (appartenir.-B. Ces trois relations logiques sont la base d'un templum dont les métatermes sont les notions antithétiques (forgées par Culioli et Desclés) de repérage comme relations de voisinage entre deux expressions (l'une étant le définissant. c'est un problème qui est proche de celui de la définition d'un domaine notionnel puisque. relation d'héritage sémantique. de ruption en tant que dissociation de ceux-ci. cf. dans le sens que lui a donné Frege. Ainsi. inversement. 131 © Pierre Boudon. « au plus profond » de son mode de production. 2004. cf. ne pas appartenir). Réseau du sens II. . b) La notion d'appartenance (relation intransitive. cette relation introduit une substitutionéquivalence qui « ouvre » la relation à une série de substituts. Bref. Une correspondance avec J.Ce problème d'une identification/différenciation des termes a déjà été abordé sous l'angle d'un repérage à la suite des analyses fondamentales de Culioli et de Desclés22. C'est pourquoi. logique de l'identité et topologie domaniale convergent vers ce problème d'une caractérisation typique du rapport entre éléments et classe à laquelle ils appartiennent. on peut dire (toujours selon Culioli) qu'il existe un gradient de plus ou moins grande proximité de ces expressions par rapport à un prototype qui en représente la valeur centrale. A = B).-F. Grize et des entretiens avec J. la relation d'appartenance constitue une forme de tri entre éléments relevant ou non 22 Cf. qu'ils en soient ici remerciés. Chapitre III. nous disposons de trois expressions pour caractériser ces différentes formes de repérage: a) la notion d'identification. Ainsi. Tous droits reserves. c) La notion d'inclusion (entre classes. c'est-à-dire. Bordron m'ont permis d'approfondir ce dispositif nouveau par rapport au précédent. A ⊂ Β) qui est une relation transitive. où il faut bien distinguer ce qui est tautologique (cf. l'autre le défini). permettant ainsi de construire une hiérarchie entre plusieurs classes (cf. l'énoncé. . par contre. permettant de faire une synthèse entre les notions de domaines notionnels (sémantique.-: repérage # ruption ingrédience (partie-tout) occurrence appartenance type inclusion classes distributives hiérarchie (arbre de Porphyre ) L'ouverture qu'offre ce dispositif va permettre d'aborder la question d'une classification. ou en tant que aut) ne permet pas de jouer sur une relation graduelle entre le dedans et le dehors de cette classe. Or c'est justement cette exclusion d'un gradient qui fait problème dans la constitution binaire d'une logique ensembliste. etc. Tous droits reserves. Dans la logique du templum.d'une certaine classe définie. 132 © Pierre Boudon. l'exclusion (cf. encyclopédique). Le résultat est la formation de classes distributives opposée à celle de classes collectives (Lesniewski) . L'homme a deux jambes (bipédie). La main a cinq doigts. celle-ci va permettre en particulier d'introduire d'autres considérations nécessaires à la définition (complexe) de la notion de classification: (xxiii) Templum d'une idoénité (congruences des rapports) identification similarité (A = B) contiguité appariement (airs de famille) MT+. non pas restreinte (comme dans le cas des relations taxinomiques ordinaires) mais élargie. nous pouvons inserrer ces relations graduelles entre les termes de base et ce sera la caractéristique dominante de notre dispositif . par exemple. 2004.. de typicité (taxinomie) et de rapports partie-tout qui sont à la base de la logique méréologique de Lesniewski23 (dont on sait qu'ils s'opposent diamétralement à la relation 23 Cette question sera abordée à propos de la notion de totalisation et de croisement. on peut parler ainsi de classes. Nous situons les relations d'ingrédience de la logique méréologique entre un principe d'identité-substituabilité (sous la forme d'une « contiguité ». Ainsi. ou bien. Rosch dans sa seconde conception de la prototypicité dans laquelle elle a suspendu le principe (réaliste) de centrage sur le prototype (en tant que point identificateur de tous les éléments de la classe). appelée ici appariement. en tant que voisinage) et un principe d'inclusion puisque la relation d'ingrédience possède cette qualité (et celle de transitivité qui est attenante) mais non la relation d'appartenance. token dans l'acception que Peirce lui a donnée) en ce qu'elle 133 © Pierre Boudon. nous avons également deux interprétations collatérales distinctes: du côté d'un appariement. La relation d'ingrédience constitue ainsi des classes collectives (et non distributives) d'individus constituant un ordre « horizontal » par rapport à un ordre « vertical » (celui des classification hiérarchiques). au départ. pour nous. ces rapports seront ceux d'une homologie entre expressions relevant de deux domaines (relations inter-domaniales et non plus intra-domaniales). Paris est la capitale de la France. mais dispersives. ou bien des relations d'appartenance du genre. nous avons comme base. non pas collectives. Lyon. elle a remplacé cette conception centralisée par une distribution aléatoire (association plus ou moins libre) où le domaine (nominalement défini) ne peut être alors caractérisé que dans un balayage des nombreux éléments rassemblés. la relation sera d'« occurrence » (cf. des relations d'identification (A = B) permettant d'introduire des descriptions définies du genre. nous associons une seconde qui est de « similarité ». Or cette configuration. À cette première interprétation collatérale de la relation d'identitésubstituabilité. reprenons les éléments de notre analyse. des relations d'inclusion du genre. a été reprise par E.d'appartenance). Par rapport à la relation d'appartenance. par exemple. Grenoble et Bordeaux sont des villes françaises. Tous droits reserves. formant ainsi un domaine de recouvrements partiels (ou « tuilés »). c'est celle que Wittgenstein (1953) nommait les « airs de famille » qui sont des relations plus ou moins assimilatives mais non transitives. 2004. . La France est située en Europe. et dans l'autre. plusieurs formes de catégorisation. la notion d'appartenance renvoie à celle de type qui est normée à travers la notion hiérarchique de taxinomie. car on est jamais sûr que ces items relèvent des « mêmes » termes. Ceci termine notre définition de la référenciation réunissant. ce « même » renvoie au principe sous-jacent d'identification d'un côté en tant que plus ou moins similaires (d'où la notion de classes dispersives partagées entre identités et différences). Ce n'est donc que dans cet intervalle que nous retrouvons le principe taxinomique classique opposé. nous avons des classes (ouvertes) d'occurrences dont la série est indéfinie. Tous droits reserves. d'un côté. On dira enfin que cet ordre taxinomique compose un ensemble virtuel de rapports conceptuels alors que dans le cas des relations d'ingrédience on peut parler d'un réalisme des rapports tout-parties. sous le même concept. de l'autre.caractérise une série indéfinie d'apparitions des « mêmes » éléments. des classes (fermées) de types puisque relevant d'un principe classificatoire (arborescence). à la relation partonomique d'ingrédience en ce que la taxinomie est caractérisée par un ordre distributif (et non collectif). et de l'autre. aux airs de famille wittgensteiniens qui associent des classes sans autre ordre que celui d'une succession plus ou moins aléatoire. . 2004. apparaissant dans des contextes différents. Il nous reste à préciser le dernier terme mixte entre une relation d'appartenance et une relation d'inclusion. Dans un cas. par contre. Nous dirons que c'est le lieu d'une classification taxinomique qui renvoie à ce qui est appelé historiquement « l'arbre de Porphyre » en tant que types de relations d'un côté et en tant que hiérarchie entre classes inclusives de l'autre (où l'on retrouve l'ordre générique-spécième de la prototypicité supra). 134 © Pierre Boudon. L'IRONIE 135 © Pierre Boudon. Tous droits reserves.QUATRIÈME PARTIE: UNE INTERFACE DISCURSIVE. . 2004. Il s'agit donc de préciser la place qu'occuperont ces figures (ou tropes) dans une « faculté de langage » élargie. sont des figures par 1 Une première présentation de cette analyse a fait l'objet d'un exposé dans le séminaire de D. productrice de ces effets de sens symbolique. [. est l'ironie. Bertrand. plus conséquent. 136 © Pierre Boudon.. dit-il.Pour raconter une histoire drôle. .La différence que Quintilien met entre ces deux espèces est celle de l’allégorie et de la métaphore. 95) cette citation du premier: Quintilien distingue deux espèces de l’ironie. a) La figure proposée. Sacha Guitry IV. . Celle-ci a fait l'objet d'une publication (Boudon. à titre de tensivité discursive1. PROLOGUE Abordons maintenant des problèmes de rhétorique qui font partie du langage au même titre que les modalités prédicatives ou l'aspectualité. par exemple chez Beauzée (dans l'Encyclopédie) où il s'opposait par ailleurs au Traité de Dumarsais. dont le thème était Tensivité et figures de rhétorique. dans le sens propre et littéral: mais ce grammairien ne s’est-il pas mépris lui-même? « Les tropes. C'est une figure. p.] M. Fontanille.... par la raison que les mots dont on se sert dans cette figure ne sont pas pris. n’a regardé l’ironie que comme un trope.. selon lui. du Marsais. J. 1997).] C’est une figure de pensée lorsque. J'emprunte à l'ouvrage de Perrin (1996. 2004. l’autre figure de pensée. il faut être trois: un premier qui raconte. quand l’opposition de ce que l’on dit à ce que l’on prétend dire ne consiste que dans un mot ou deux. « de pensée » et « de mots » comme disait la tradition rhétorique. Zilberberg. Nous allons voir que les propriétés analysées ne relèvent pas tant d'une conception pragmatique (telle qu'elle a été développée ces 20 dernières années) que d'une conception proprement discursive (toujours au sens de Benveniste). C’est un trope. Tous droits reserves. le discours énonce précisément le contraire de ce que l’on pense. Cl. d’un bout à l’autre. à la fois. un second qui comprend (et qui rit) et un troisième qui ne comprend pas. dit-il.. N’y a-t-il pas ici quelque inconséquence?.[. l’une trope. en un mot. soit la reconnaissance d'une différence de niveau qui révèle des normes implicites au dire (sous la forme de « lois de discours ». 174) parle. une plaisanterie.] Ainsi le nom de Virgile est pris ici dans la signification que l’antonomase lui a assignée. en les « faisant vaciller » dans leur évidence même. b) Au-delà de la tradition classique. autrement l’ironie ne serait plus une ironie. Par exemple. et plus près de nous. il est essentiel que chaque mot soit pris dans sa signification propre. comme le dit Quintilien.. 1989). il faut. comme dans le cas plus évident de la métaphore et de la métonymie (c'est-à-dire de tropes au sens explicite). cette figure a retenu l'attention des linguistes comme (Kerbrat-Orrechioni (1980). [. c’est la pensée qui ne doit pas être prise pour ce qu’elle paraît être. excellent poète. du mini réseau de templa (vii) de la Présentation où nous avons cette dualité centrale entre le « dire » et le « non-dire ». Ducrot (1984). elle est orientée dans un autre sens (vertical) comme le schéma l'indique. ont cherché à décrire ce que représente la forme cognitive de sa signification. « illusio ». Berrendonner (1981. Sperber et Wilson (1978. de l'ironie comme d'une métacommunication. le sens induit par l'ironie va dépendre autant d'une disposition d'esprit que d'une formulation langagière. Berrendonner (1981). C’est la proposition entière. C’est ainsi la place de l’ironie entre une logique cognitive et une rhétorique discursive qui va constituer l'enjeu de cette analyse issue. 2° qu’il ait conservé à ce mot ce sens appellatif que l’on peut regarder en quelque sorte comme propre relativement à l’ironie. Tous droits reserves. En effet. attenante aux instances de l'énonciation/énoncé analysées dans la Première partie. lorsque Boileau dit Quinault est un Virgile. des pragmaticiens (Searle (1982). par antonomase. mais ludique. et tout récemment Perrin (1996) qui en a constitué le dossier le plus complet. comme les précédentes. et l’ironie n’y fait aucun changement. 137 © Pierre Boudon. Or il me semble que dans l’ironie. 1° qu’il ait pris le nom individuel de Virgile dans un sens appellatif pour signifier. par exemple). peut-être plus que des rhétoriciens (Groupe µ (1970)). Si la présente analyse prend sa source dans ce complexe instaurateur du dialogue.lesquelles on fait prendre à un mot une signification qui n’est pas précisément la signification propre de ce mot ». à la suite de l'Ecole de Palo Alto. 2004. une moquerie. ni performatif (ou attestatif de quoi que ce soit) ni argumentatif. . L'ironie est ainsi un acte métalangagier qui n'est.. c’est dans la pensée qu’est la figure. C'est. mais également du non-dire en ce que le « double sens » qu'elle exprime n'est pas explicite mais simplement suggéré. je vais reprendre l'analyse de cette figure en la rapportant aux dispositifs théoriques précédents. homologue énoncivement au double sens. citons (p. soit. On notera donc que l’ironie est semblable à une bifurcation qui « ouvre » le discours à un double langage où l'énonciation n'est plus adressée comme dans une situation ordinaire mais devient comme une sorte de parole dite « à la cantonade ». une opération de mention à titre d'instanciation (redoublante) de l'énoncé proposé. Pour ces auteurs. Quatrième partie. cela ne signifie pas pour autant que je partage leur analyse des tropes et de l'ironie. l’ironie est énonciativement une duplicité simulée. il est bon de se rapporter à ce que nous avons dit à propos de la notion de cotexte d'avant et d'après. Je préciserai que ma conception est assez proche de celle qu'annonce l'auteur. également. 39): « Je précise d'entrée de jeu que si le modèle de Sperber et Wilson (1989) est à la base de mes propres investigations. pour certains pragmaticiens (Sperber et Wilson. . soit une conception plus rhétorique que pragmatique. Réseau du sens II. que n'exige aucunement leur conception générale de la communication. Tous ces aspects de l’ironie peuvent être importants d’un point de vue pragmatique. 3 Cf. L'ironie participe de la tensivité comme antithèse. 1978). mais je ne l’aborderai pas. ». L'exercice périlleux que je vais donc tenter jusqu'au terme de cette étude consiste notamment à réhabiliter une conception de l'ironie comme trope somme toute assez traditionnelle—dont s'inspire également Grice et Searle— […]. Chapitre III. 2 Etant donné la parution récente de l'ouvrage de Perrin (1996). j'éviterai de reprendre toutes ces études antérieures auxquelles on peut se référer. en ce que mon hypothèse propose un mécanisme discursif sur lequel s'appuie justement le comportement pragmatique. c’est en fait une mention indirecte en ce que l'ironie prend l’allure d’une parole fictivement rapportée. Tous droits reserves. De fait. 138 © Pierre Boudon. 2004. d’une reprise en écho à ce qui aurait pu être dit par autrui. ceci permet de suspendre toute responsabilité engagée par l'énonciateur. qui considèrent ces questions sous un jour à mon sens contestable.c) Fort de ces différentes études2. comme nous le savons une opération de réflexion de l'énoncé sur lui-même. au contraire des actes performatifs3. Pour comprendre cette opération d'interruption d'un « suivi discursif » ordinaire et de redoublement. La mention suspend donc le sens d'un renvoi au monde (référenciation) comme d'une adresse explicite entre interlocuteurs. la conception de l'ironie comme trope que je me propose de défendre est sans doute intuitivement plus proche de celle de Grice ou de Searle que celle de Sperber et Wilson. Bref. le paradoxe serait plutôt une impossibilité 4 Cf.. du style: Je mens. Tous droits reserves. et de ce fait. judicatif. qu’à un paradoxe..1. je dis la vérité mais en disant cela je dis que c’est faux. IV.. toujours au sens logique. Mais je n'ai jamais voulu dire ça.. Réseau du sens II. Dans l’ironie.. un arrêt du discours par incohérence logique. L’antithèse ne renvoie donc pas tant ici à une contradiction. p. 176): le nombre deux se réjouit d'être impair. 139 © Pierre Boudon. L’antithèse est ici assimilée à la formule contradictoire de type A vs non A. etc. opération inverse d'une fonction métalangagière qui accumule par niveaux d'argumentation une glose afin d'en renforcer le sens asserté. la sui-référence : « si je dis: je mens. Le fait qu'elle soit polémique n'est pas une cause mais une conséquence de ce mécanisme inversé.Vous vous méprenez. il s’agit toutefois d’une contradiction implicite car l’un des deux membres de l’énoncé complexe n’est pas dit mais suggéré (par inférence sous-entendue). comme si l’ironiste nous enfermait dans un piège énonciatif dont il a bien soin de se retirer en prenant un ton témoignant que c’est un piège... Mon vieux.d) Enfin il y a dans l'ironie une intonation essentielle qui fait que l'ironie n'en serait pas une si elle était dite sur un autre ton. Le paradoxe exprime une vacuité. Alors que la contradiction est une impossibilité littérale. Chapitre II. tropologique. Sixième partie. Il pleut et il ne pleut pas). qui va à l'encontre d’un discours rationnel. Bref.. l'ironie est une figure complexe qui participe de plusieurs niveaux à la fois: illocutoire. à la suite de Benveniste. expression linéaire impossible. c’est un piège. ». Il y a dans cette formule d’auto-réfutation une sorte de « circularité du sens » qui nous ramène à ce que nous avons appelé. et qui les met en relation pour faire résonner le langage sur lui-même comme dans l'énigme (qui a rapport à une véridiction)4 . DESCRIPTION DE LA FIGURE On rappellera en premier lieu que l'ironie relève de l'antithèse. récusable d'ailleurs par un. trope fondamental de type A vs B. c’est pourquoi l’ironiste engage rarement sa responsabilité d’énonciateur. l'énoncé est renvoyé à une incohérence logique (du genre. une insignifiance qui représente la limite de tout discours rationnel tenable. 2004. En ce sens. L'ironie traverse le langage pour le déconstruire. comme dans l'adage latin traduit par Gide que rappelle Berrendonner (1981. . de façon sous-jacente. l’ironie consiste « à faire entendre le contraire de ce que l’on dit dans le moment même et par l’acte même où on le dit ». le paradoxe comme la contradiction ne souffrant pas de moyen terme) sur le mode du « en dire le moins qu’on peut tout en laissant entendre le plus possible (et à bon entendeur. adressé à quelqu'un qui vient de faire une grosse bêtise. dont je définirai le statut par sa position vis-àvis d'autres tropes fondamentaux. non pas 140 © Pierre Boudon. non seulement on veut dire. on ajoute une plus-value évaluative (cf. Comme le souligne Berrendonner (1981. Ça sent pas très bon. 2004. bon. quoi!! Nous avons là.. nous avons une antithèse implicite... Ce que j'ajouterai par anticipation sur cette présentation. Nous avons ainsi une dialectique de l’affirmation et de la négation qui n’exprime pas seulement une incohérence logique (contradiction) mais. indépendamment du contenu propositionnel qu’elle véhicule. très) qui est alors une forme de louange dissimulée. Il est très intelligent!. argumentativement. mais implicitement. . pas seulement appréciative par rapport à des actions commises par l'énonciataire mais par rapport à un contexte dans lequel se trouvent des interlocuteurs: Quel temps superbe! devant le spectacle d'une pluie diluvienne (nous avons là une contre-vérité flagrante). comme dans le banal.. Dans ce cas. assez bon. on peut appliquer cette formule discursive à toute sorte de situation. 216). Ça sent pas la rose ici!.assez mauvais. Ça sent très mauvais!. comme dans cet autre exemple. un renversement. Dans la mesure où l'ironie est. très mauvais. C'est malin!. Il s’agit là d’un paradoxe pragmatique et non simplement logique où le mouvement même de l’ironie. qui ne veut pas dire uniquement (en clair). Ça schlingue. exprime l'alternance entre deux pôles (entre A et non-A. mais. mauvais. c'est que dans tous ces exemples. salut!) ». Ça sent pas la rose ici! . Il est intelligent (opposé à Il n'est pas intelligent). Dans ce basculement du négatif au positif. Donc. par exemple. ce que Ducrot (1980) a appelé une « échelle argumentative » graduée en degrés du genre: très bon... dans le cas de.échelle qui permet de sérier des jugements de valeur et c'est d'après cette échelle implicite qu'opère.. En ce sens l’ironie use de la litote (que nous assimilerons plus loin à un « sens euphémistique » participant du sous-entendu). Nous avons ainsi une opération du genre: jugement de valeur + trope. Il n'est pas bête. une réfutation dont la figure paradoxale est le support. Du coup. ou soumise à une ellipse. p. Tous droits reserves.« jouée » (ludisme qui caractérise bien l’ironie) où l’on a une dissociation en niveaux: un niveau d’affirmation suivi d’un méta-niveau de négation qui luimême est repris par un autre niveau d’affirmation. on « glisse » de l'antithèse vers un renversement comme dans l'exemple typique.. et comme nous le réïtérons sans cesse. (iv-iv') et (vii). .. l'hyperbole. 2004. dans certains cas. il y a bien une antithèse (c'est un oxymore) entre l'obscurité et la clarté. On obtient une exagération simulée. alors que dans cet autre cas..adressée mais « située »5. Je suis enchanté d'apprendre qu'il y a des éclaircies dans le Sud-Ouest. dans le premier cas. supra. Z en tant qu'énonciation adressée et YZ en tant que situation de cotexte (avant. l'image de l'échelle graduée joue puisque. comme dans. {A+ J A-}. mais ce n'est pas une ironie. Je suis enchanté d'apprendre que tu as été renvoyé du lycée. Inversement.2. Tous droits reserves. Dans l'exemple que l'on trouve dans tous les traités de rhétorique. le jugement ne porte pas tant sur le constat de la situation que sur des propos qu'a pu émettre une personne à ce sujet. 190-193) développe toute une argumentation en faveur de la triadicité des termes par rapport à la notion courante de binarité puisqu'entre les valeurs positives et négatives nous avons une valeur zéro mise pour l'indifférence: ni ni. c'est donc dans le jeu de renvois entre ceux-ci que nous pouvons trouver le sens de ces phénomènes qui constituent une configuration 5 Chapitre I. après). Je suis consterné. C'est très-très fort ce que vous venez de dire là (adressé à quelqu'un qui vient d'énoncer une platitude). nous avons une relation. bref un jugement « trop fort » pour être crédible. 6 On notera ici que Berrendonner (1981. un phénomène discursif est pour nous le produit d'une pluralité de dispositifs sous-jacents. {A+ J Ao}. Cette obscure clarté qui nous vient des étoiles. dans cet autre exemple. soit le terme neutre opposé au contraire6. 141 © Pierre Boudon. l'expression d'une indifférence (cf. alors que dans le second nous avons. (idem) nous avons par contre. 1981. p. mais selon un mode distinct. « Je m'en fiche complétement »).. Quelques mots encore sur cette opération de renversement associée à une échelle de valeurs.2 EXPLICATION DE L'IRONIE AU MOYEN DU RÉSEAU DE TEMPLA Comme dans le cas de la référenciation. on suspend la valeur référentielle d'une désignation pour lui donner une valeur polémique. le chiasme. IV. p. 189) où l'ironie renvoie au terme antithétique. où nous avons deux postes distincts. ce qui fait que l'ironie participe des tropes au même titre que la métaphore. (Berrendonner. la conclusion correspond au terme complémentaire de celui qui est affiché. Cela veut dire également que dans cette opération: jugement de valeur + trope. Là encore. l'hyperbole par répétition est une ironie si on y ajoute l'effet d'un renversement de sens du plus au moins. .) Rôles énonciatifs: Scène de la parole (Ch.) etc. IV. tout un dispositif de l'instanciation. (Ch.significative. 6. (i) Complément au mini-réseau de templa (vii) de la Présentation Actes de langage dire/ non-dire (modalités discursives) (Ch. blâme (Ch. renvoient maintenant aux chapitres suivants ainsi qu'au tableau final. IV. l'analyse de la temporalité présuppose l'énonciation pour définir la notion de temps situé. 142 © Pierre Boudon.4. Tous droits reserves. IV.3. nous voyons également que ses corrélats sous-jacents permettent d'analyser d'autres aspects qui y participent (ainsi.) intonations (Ch. Réseau du sens II. (Ch.7.) éloge. (Ch. IV. IV. 2004. IV. (Ch.) Les annotations (Ch. IV.5. et ainsi. Si chaque analyse est centrée sur un type d'objet de discours. IV. nous reprenons une partie du mini réseau de templa (vii) de la Présentation. IV.). Dans le cas de l'ironie. 4.). d'instance judicative7) qui permettent d'associer certains de ces dispositifs à ceux d'une procédure d'évaluation en général.). Cinquième partie.6. 7.) tropes poétiques/rhétoriques (Ch. 3. en ajoutant d'autres aspects (tels que la notion d'acte de langage. IV. 7 Cf. Chapitre III.). 5. nous avons une structure modale qui jouent le rôle de dispatcher entre des formes littérale. Cette fonction judicative prend place dans un dispositif8 où nous avons les fonctions d'attestation. le jugement de valeur implicite est fondu dans une certaine intonation. nous avons une simultanéité d'expression (le « même » énoncé selon deux registres différents): Quel temps superbe! (dit devant le spectacle d'une pluie diluvienne). du plus au moins) dans une échelle axiologique. C'est profondément stupide!. (mis pour). C'est très fort ce que tu viens de faire là . Comme nous le proposons. 2004. l'autre est sous-entendu. Tous droits reserves.. comme si celle-ci devait être la marque signifiante d'un sens qui n'est pas le sens tout à fait littéral. L'ironie fait intervenir un double sens: l'un est entendu. entre le sens entendu et le sens sous-entendu. (iii-iii'). bref. Nous passons ainsi. La double ligne (oblique) est donc très forte puisque ces tropes entrent dans la définition d'un sens figuré. de l'antithèse exprimant un conflit entre deux interprétations du même énoncé. sans transition.. de paroles rapportées. ce que l'on inscrira entre un sens figuré (celui du dire) et un sens sous-entendu (celui du nondire) puisque l'interlocuteur qui ne saisirait pas ce double sens ne peut « entrer » dans le processus d'ironisation (cf. Réseau du sens II. Dans l'ironie. L'accent est mis sur un certain formant sonore afin de spécifier ce double sens. on « glisse » vers un renversement de valeurs (par exemple. fait intervenir des figures de rhétorique comme l'antithèse puisque. L'intonation réverbère ainsi ce mouvement de bascule entre valeurs positive et négative: Monsieur est d'une grande générosité!.. d'évaluation. Dans la mesure où l'ironie est bien distincte de l'humour et de la moquerie comme 8 Cf. .Au départ. les différentes formes du jugement. Chapitre III. sous-entendue. comparative) que nous aborderons plus particulièrement ici sous la forme de la louange et du blâme. 143 © Pierre Boudon. tropologiquement. Cinquième partie. accompagnant le double sens. d'un mécanisme prédicatif (l'exclamation) à un mécanisme discursif où les figures seront définies les unes par rapport aux autres.. Cette échelle de valeurs sur laquelle opère rhétoriquement un renversement participe en fait de la fonction judicative (appréciative. globalement défini (poésie et rhétorique). de constat. etc. il prend le dire à la lettre. L'appel à un sens figuré. figurée. ce qui l'arrête immédiatement dans la recherche d'un autre sens). en tant que formes du jugement. soit le point de départ du tableau. . sous-entendu} La structure des modalités discursives proposée. la présence du témoin est évidemment essentielle. IV. 2004. Tous droits reserves. énonciataire ou témoin de ce que nous avons déjà appelé la Scène de la Parole.telle (les enfants savent se moquer des autres —et même très cruellement— mais ils ne savent pas ironiser à leur propos). un sens figuré et un sens sous-entendu. figuré. ses bords délimitatifs. Nous avons ainsi affaire à 9 Cf. Réseau du sens II. D'emblée. est assez différente d'une simple structure formelle entre prédicats. cette structure de modalités caractérise trois types d'acception de sens (ou d'interprétation) à partir de la notion d'assertion : un sens littéral. s'aidant d'un vocabulaire auxiliaire dont la conception est empruntée aux « parties du discours » comme dans les grammaires génératives). nous avons donc une économie du sens (ici. Deuxième partie. par rapport à l'approche grammaticale. Nous introduisons en conclusion la structure des rôles énonciatifs (et médiatifs) assumés en tant qu'énonciateur. elle reconduit ce processus rhétorique/évaluatif vers la structure typologique des modalités discursives. nous ne partons pas d'une conception strictement distributionnelle de la langue mais de l'énoncé (énonciation + référenciation) en tant qu'interprétation en discours.3. C'est là que nous retrouvons la situation concrète d'un face-à-face où l'énonciataire se sent pris à partie par l'ironiste mais où aussi celui-ci peut toujours se retrancher derrière un alibi. actants et circonstants linguistiques9. {sens littéral. irréductible à une décomposition en constituants immédiats (ou encore. puisque la parole est à la fois « située » par rapport à quelqu'un mais aussi non « adressée » (fonction d'un cotexte) et « entendue » par plusieurs (c'est le sens de notre exergue emprunté à Guitry). Chapitre II. ses jeux de renvois. symbolique) engendrée par un réseau de templa qui décrit le phénomène avec ses pôles d'attraction. Dans ces jeux de rôles. Comme dans la référenciation analysée auparavant. 144 © Pierre Boudon. LES MODALITÉS DISCURSIVES. Ainsi. n'ayant pas directement engagé sa parole. Chapitre I. renvoyant à un sens analysable en propositions simples auquel on peut répondre au moyen d'une vériconditionnalité (laquelle relève d'une transparence informationnelle)11. . les 145 © Pierre Boudon. non! (pp = F. elle permet d'enchaîner des propositions les unes à la suite des autres. comme dans cet exemple emprunté à R. Martin (1983. posé = V) (d) Mais je me suis jamais moqué de toi! (pp = F. En premier lieu. bref. Sixième partie. où nous avons des acteurs. 2004. je le reconnais (pp = V. posé = F) On voit que l’assignation d’une valeur de vérité attachée au posé et au présupposé déclenche une multiplicité de réponses que l’on n’aurait pas si on maintenait ce rapport de présupposition dans une indétermination véridictoire. le fait que Jean soit parti. qu'il est allé à un certain endroit situé à une certaine distance).une représentation complexe de l'énoncé10 qui associe les modes de l'assertion définis auparavant (affirmation. des types d'action. une temporalité. 117 sq). posé = V) (b) Ah non! Cette fois. C’est pourquoi. posé = F) (c) Je reconnais que je viens de plaisanter mais tout à l’heure. 1981. négation. interrogation) à une notion d'implicite entendue (ou pas) où l'on retrouve la caractérisation en niveaux d'une instanciation . Ainsi. 48): A: Tu continues à te moquer de moi (posé) = tu te moques de moi (présupposé) = tu t’es déjà moqué de moi tout à l’heure B peut répondre par: (a) Oui. des lieux. p. nous posons par hypothèse qu'il existe un terme neutre (appelé sens littéral) où l'implicite est défini par la corrélation entre les notions de « posé » et de « présupposés » associés par implication analytique (nous suivons l'hypothèse de Ducrot (1972) qui se réfère à Frege) comme dans l'énoncé. un implicite d'énoncé qui représente une situation donnée (cf. non (pp = V. Tous droits reserves. Jean est allé à la gare chercher Françoise. La vériconditionnalité départage le vrai du faux à travers la notion ambivalente d’erreur. sans doute. peut-on répondre à cet énoncé par un: 10 Rappelons que nous sommes toujours dans le contexte d'une théorie représentationnaliste du langage (Berrendonner. Réseau du sens II. p. 11 Cf. Ce qui fait qu'un sens figuré excède toujours un sens normal alors qu'un sens sous-entendu est en retrait par rapport à la même norme que représenterait le sens littéral (sens neutralisant les différences). promesse.). nous avons un sens figuré qui est en particulier celui des tropes remplissant une fonction rhétorique et/ou poétique. il faudrait parler d'un décalage plus ou moins réductible.. vise une objectivité dont bien sûr la référenciation à ce qui serait un monde réel dément le propos. comme dans: Hier. à valeur comparative/évaluative. où la métaphore exprime une entière subjectivité.. . comme dans cette métaphore rebattue: La terre est bleue comme une orange. On dira enfin que c'est ce sens littéral qui est réclamé dans la formulation des expressions performatives (ordre. de toutes façons. En deuxième lieu. En troisième lieu. je suis allé à la gare . Il en est de même du sens sous-entendu... L'implicite qu'il évoque n'est pas celui du rapport strictement énoncif (entre les notions de posé et de présupposés ou de tropes) mais d'un rapport véritablement énonciatif. 2004. La comparaison figurative (introduite par un comme) a pour effet. créant entre eux un écart qui peut toujours être réduit. on affirme une position d'autorité). à un savoir tacite entre interlocuteurs. n'est pas affectée par ce changement de personne (cela peut être un mensonge. Ce statut d'énoncé littéral (analytique) n'est pas modifié par l'introduction d'un pronom personnel.. figure de pensée et figure de mots— n'est pas dérivé d'un sens littéral. L'information. pourtant. nous avons un sens sous-entendu. qui renvoit à un contexte. Mais le comme de notre premier exemple.. ce n'est pas Jean mais Paul qui y est allé .—qui est ici... 146 © Pierre Boudon.Non.. Tous droits reserves. à des performatifs (et toutes les formes d’attestation en Je dis que) constituent un court-circuitage de ce dépli du vrai et du faux (cf. on retranche quelque chose en moins. On va voir ainsi que ce sens figuré.. mais complémentaire de celui-ci. où la valeur référentielle est comme suspendue (elle renvoit à la distinction entre un monde réel et un monde imaginaire). il faudra d'autres moyens pour résoudre cette question). Le sousentendu. à la fois. sous l'angle où nous nous situons. d'introduire une distance d'objectivation par différence d'avec une énonciation directe du genre: Je suis la plaie et le couteau . Plus que d'écart (qui permet toujours un rabattement de l'un sur l'autre). mais dans une dimension négative: au lieu d'ajouter quelque chose en plus au sens ordinaire. d'interdits observés. un décalage manifesté par un sens figuré où on situe la formation des tropes (métaphore. d'un côté nous avons un rapport direct à la formation prédicative des énoncés.. nous avons ce qu'on appelle un « sens idiomatique » en ce qu'il fait appel à des expressions figées. Ce n'est donc qu'à ce niveau que nous retrouvons le sens profond d'une énonciation telle que nous l'avons considérée dans la Première partie. et même. tant l'énoncif (dans le rapport posé/présupposé) à titre analytique que l'énonciatif (dans ce qu'on a appelé. Notre hypothèse est donc que ces différentes acceptions de sens (à visée judicative) représentent le spectre d'une manifestation discursive dans son mode de composition le plus général. Ces deux catégories complémentaires prennent en charge. de l'autre. situées respectivement aux postes X (sens littéral) Y (sens sous-entendu) et Z (sens figuré). En effet. à la suite de Grice (1979).. à des clichés (stéréotypes) passés dans la langue12. à des tournures.. Dans l'énoncé. IV. qui se fait entendre d'une certaine façon.conventions reconnues (ou. au contraire. chiasme.3.. Entre ces trois modalités de base en opposition-corrélation. à des catachrèses (Les bras du fauteuil. remplie par un sens littéral (neutre). d'informations occultées. nous disposons des trois termes mixtes qui permettent de passer d'une modalité discursive à l'autre. des implicatures conversationnelles qui sont des implications non-analytiques). etc. RELAIS ENTRE CES TROIS MODALITÉS Entre un sens littéral et un sens figuré. 147 © Pierre Boudon. Jean nous a 12 Le schéma initial de la Deuxième partie a été le point de départ de notre analyse de la référenciation où l'on différenciait une « expression syntaxique » (assimilée maintenant à un sens littéral) et une « expression idiomatique ». syllepse. . ce fut la thèse initiale de Ducrot (1972) que l'on retrouve dans le titre même de son ouvrage). Tous droits reserves. à quelque chose qui serait caché) exprime ici le rapport fondamental —et que nous situerons au niveau des métatermes— entre le dire et le non-dire (cf. et par un sens sous-entendu qui représente l'amorce de savoirs partagés ou tacites.). soit la possibilité d'une interaction langagière capable ou non d'expliciter ces sous-entendus du discours. LES TERMES MIXTES. 2004. La feuille de papier).1. synecdoque. etc. Au lieu que le sens s'investisse dans des formes de radicaux: maison. 14 Comme le note Perrin (1996. comme. peut être comparée à celle des synapsies (ou synthèmes) engendrés au niveau morphosyntaxique: Un m'as-tu-vu. Ainsi.5. Chapitre II. Plus exactement. Martin (1983-1992.. c'est alors le passage d'une « métaphore morte » à une « métaphore vive » selon la belle expression de P. Tous droits reserves. Ricoeur (1975). Prendre un disque et Prendre la fuite. qui expriment autant de différences du verbe « fuir ». dans ce dernier cas. Même chose avec. Ainsi de la différence entre. que doit-on comprendre dans cet autre énoncé. 55): « Prévert fait ainsi revivre métaphoriquement l'expression phrase creuse et le verbe trébucher en écrivant qu'un grand homme d'Etat. La formation d'un sens idiomatique. p. en ce qu'il porte sur un syntagme entier. Dans un cas. 2004. trébuchant sur une belle phrase creuse. etc. 159) a fait une remarque importante: il existe dans le langage des expressions verbales syncatégorématiques qu'on ne peut réduire analytiquement à une suite: verbe + objet. on ne peut décomposer analytiquement l'énoncé en constituants immédiats: « Jean + nous + mettre + pétrin + sale ». Le quand dira-t-on. Pourquoi introduisons-nous ces remarques? C'est pour montrer qu'entre un sens littéral et un sens figuré nous avons une continuité de sens. Prévert a beaucoup exploité ce sens locutoire « endormi » dans la langue en lui redonnant une fraîcheur poétique14. nous avons donc un prédicat simple à deux arguments (Prendre un disque) alors que dans l'autre. bateau.. (vi) supra. Prendre une veste). il s'investit dans des expressions étendues. nous avons un prédicat complexe à un seul (Prendre la fuite. Mettre les bouts. prendre le large. prendre ses jambes à son cou.mis dans un sale pétrin. nous avons un passage continu avec. Jean a mis de l'eau dans son vin: est-ce un constat visuel ou un jugement porté sur l'attitude psychologique de la personne? R. prendre la poudre d'escampette. On aura donc des prédicats complexes. Encore une 13 Deuxième partie. on ne prend rien.. p. qui sont des locutions figées. Nous avons affaire à un sens globalement saisi qui a fait le désespoir des linguistes générativistes et qui renvoit davantage à une disposition de l'esprit (cf: « une situation embarassante ») qu'à une désignation objective (cf: « un pétrin est un instrument qui permet de pétrir la pâte à pain »)13. » 148 © Pierre Boudon. on « échappe à une situation dangereuse ». un basculement où le sens devient vraiment figuré (rhétoriquement et/ou poétiquement). à un moment donné. des expressions idiomatiques (très proches des précédents mais cependant distinctes en ce qu'elles proviennent de figures éteintes) que l'on peut distinguer par ailleurs des locutions composées (presse-papier. grille-pain) qui relèvent de propriétés morphologiques. Prendre la porte. tombe dedans. . entreprise.. ou dans un hôpital. comme on le voit dans le schéma (ii) qui suit. Bref. nous avons par contre un « sens euphémistique ». par exemple. Le double sens est ainsi étroitement associé. l'autre sous-entendue.fois. diamétralent opposé au sens littéral. Vous êtes foutu à la porte!. au sens figuré (en tant que figure de pensée). plutôt que. signale la présence d'interdits dans la langue comme des amers qui affleurent au ras de l'eau. autre chose que ce qui est véritablement dit (c'est de cette façon que l'ironie induit un effet de litote à caractère euphémistique où l'on feint de n'avoir pas dit ce qu'on dit véritablement). Dans un autre registre.. Plus exactement. il y avait un sens caché (pas au sens de crypté comme dans les énigmes mais au sens de sous-entendu). nous avons un décalage entre deux formulations. l'opération même de l'ironie qui départage « ceux qui comprennent » de ceux « qui ne comprennent pas » (retour à notre exergue dû à Sacha Guitry). mis pour. Tous droits reserves. C'est. Je vais au petit coin. selon l'Apôtre. au sens sous-entendu qui fait entendre. manifestement. plutôt que. d'une part. comme évocation furtive. Il est parti cette nuit sans trop souffrir. qui forment un dépôt en langue de métaphores usées. Je vous renvois!. 149 © Pierre Boudon. L'euphémisme. Dans un autre registre.. par résonance. Nous arrivons enfin au dernier terme mixte situé entre le sens sousentendu et le sens figuré et qui représente la notion de double sens comme base de l'ironie. Il est mort comme un chien). le langage ordinaire est fait d'un multitude de catachrèses (Les ailes du moulin. on aura comme énoncé. 2004. Dans tous ces cas. Les bras du fauteuil. l'une exprimée publiquement. de tournures.. il renvoit à une thématisation narrative à deux niveaux distincts comme dans le cas du sens allégorique où nous avons la différence. Il est mort (d'où la violence d'un énoncé. quasi blasphématoire. . Le double sens est donc. elle n'a pas saisi que. et d'autre part. le double sens renvoit dans ce cas à lui-même (et par ricochet. Nous devons nous séparer de vous. entre l'esprit et la lettre. Je vais aller pisser un coup. On entendra davantage un énoncé du genre. produisant un effet de gommage pour dire des choses malséantes ou désagréables à entendre. le cas d'une description d'actions ordinaires —comme dans les Évangiles— qui bascule dans un sens extraordinaire (spirituel). C'est pourquoi on s'amuse toujours de la personne qui prend ce genre d'énoncé « à la lettre » car.). comme. Entre un sens littéral et un sens sous-entendu. à l'antithèse sous-jacente). sous l'apparence littérale. Tous droits reserves. convention. silence. sous-entendu) Métatermes: MT+: dire MT-: non-dire (implicite) Corrélats initiaux: X : sens littéral (analytique. implicature comme implication non-analytique) Z : sens figuré (figures de pensée. catachrèse. figures de mots renvoyant aux tropes rhétoriques/poétiques) Corrélats dérivés: XY: sens euphémistique (litote. présupposé) sens euphémistique sens idiomatique sens sous-entendu (implicatures) sens figuré double sens (ironie. allégorie) 150 © Pierre Boudon. figuré. tournure. 2004. expression figée. présupposition comme implication analytique) Y : sens sous-entendu (contexte.(ii) Templum d'une modalité discursive (littéral. savoir tacite. dans l'autre) (ii') La schématisation sera de la forme: MT+. . signalant en creux des interdits dans la langue) YZ: double sens (double niveau à partir de la même expression: ironie où l'énoncé renvoit à lui-même et allégorie distinguant thénatiquement l'esprit et la lettre) XZ: sens idiomatique (expression syncatégorématique issue de prédicat complexe dans un sens. transparent.-: dire # non-dire sens littéral (posé. Par différence d'avec cette formule. l'autre fonctionnant par défaut: d'un côté. par types de niveau (cf. nous avons le sens sous-entendu où l'implicite devient celui d'une énonciation entre locuteurs (implicatures conversationnelles. refus de répondre? ignorance? indécision en tant que perplexité entre l'affirmation et la négation?). bienséance) qui correspondent alors à des degrés d'implicitation face à l'interlocuteur (et donc.4. par types de domaine (référence à un monde réel. à un monde imaginaire) ou par types de savoir (cf. il en est le terme le plus « profond » par rapport à d'autres formes d'implicite qui entrent dans l'articulation du discours et que l'on retrouve dans le double sens (ludique. la notion de double sens). Tous droits reserves. face à la vérité qu'on veut bien lui transmettre). 2004. vraisemblable rhétorique tel que défini par Aristote). IV. anagogique) ou dans l'euphémisme (interdit. c'est ainsi cette figure du conflit que nous retrouvons dans la différence entre sens littéral et double sens. de son côté. explicitatif). nous avons le sens figuré où vont s'exercer les opérations tropologiques. . 151 © Pierre Boudon. on peut en poser deux autres. de l'autre. venons-en à la catégorisation des tropes puisque nous savons que l'ironie participe (implicitement) de la nature de l'antithèse. tacite. Le non-dire représente.Ce dispositif introduit un déploiement du sens énoncif en trois modes généraux à partir d'un métaterme commun. l'inexprimé comme dans le silence qui suit une interrogation (cf. l'une fonctionnant par excès. LA FORMATION DES TROPES (POÉTIQUES/RHÉTORIQUES) Au-delà de cette mise en place discursive. sa plus simple expression est celle d'une formule littérale dont l'implicite est réduit au rapport entre posé et présupposés (analytiquement repérables). ce qui n'aurait aucun sens. Le silence relève ainsi de cette structure d'énoncés (à titre de sous-entendu interprétable) et non bien sûr d'une structure de prédicat. censure. Ce dispositif joue ainsi sur une conception fondamentalement feuilletée de la langue (au sens saussurien). la notion de dire. qui représente ici une formule discursive n'ayant pas encore reçu sa pleine valeur interprétative. chez Aristote. Cinquième partie. Les tropes ne sont donc pas une pièce rapportée (un ornement) par rapport à la grammaire mais font partie intégrante de celleci. Nous dirons donc: a) que ces tropes font partie des mécanismes de la langue au même titre que les modes de l'assertion. s'appuyant sur la théorie de la binarité. Il y a. 139-189) représente un bon panorama des différentes tendances actuelles de la recherche portant sur les figures poétiques et/ou rhétoriques. 235 sq. Lesquelles? C'est bien sûr l'enjeu d'un tel fonctionnement qui va privilégier certains modes de dérivation des figures les unes par rapport aux autres. celle de Jakobson. Eco (1988. 1962) développant. 15 16 L'ouvrage d'U. Chapitre I et Chapitre II. Nous réinterpréterons cette problématique dans la prochaine partie. c'est qu'elle les a considérées essentiellement d'un point de vue taxinomique et non « systématique » (cf. Genette (1972). les unes par rapport aux autres15. . b) Qu'on peut réduire ce genre de fonctionnement à un petit nombre de figures-clés. soit le transfert de rapports entre deux domaines distincts. avec son couple fondateur de la métaphore et de la métonymie.Le domaine des tropes est considérable et il n'est pas question ici d'exposer en détail le cas de chaque figure. telle que nous allons la développer). p. Réseau du sens II. Tous droits reserves. ou des connecteurs d'argumentation16. 2004. Cf. un dynamisme implicite qu'on opposera à une tradition taxinomique plus récente. c) On peut opposer deux traditions: celle d'Aristote qui place au centre du dispositif poétique/rhétorique l'analogie comme proportionnalité. plus récemment par Molino (1979) et Grize (1990). La tradition des Traités est importante en nombre de volumes. 152 © Pierre Boudon. Cette seconde tradition a surtout influencé les études littéraires (Groupe µ (1970). Cette tradition est assez proche de la conception anthropologique de Lévi-Strauss (1958. Eco (1988)) alors que la tradition aristotélicienne s'est plutôt perpétuée du côté d'une épistémologie des sciences dans une conception cognitive telle que celle développée par Hesse (1966) à la suite de Black (1960). procédant d'une générativité qui les spécifie les unes par rapport aux autres. de l'anaphore/cataphore. mais ce qu'il faut bien voir. p. à propos de la notion d'« épiphore » opposée à l'«anaphore » et à la « cataphore ».. etc. c'est le sens d'un conflit sous-jacent entre deux parties. Auparavant. soit de leurs possibles propriétés phénoménologiques telles que nous avons pu en donner une certaine illustration (l'Appendice II. ces deux figures emblématiques étaient à la base de sa conception poétique. Chapitre I. une mise en correspondance sérielle dans les rapports totémiques comme mise en rapport des intervalles entre termes relevant d'une série naturelles (espèces animales ou végétales) et ceux d'une série sociale (groupements humains). l'antagonisme). Comme nous allons le voir. p. maintenant. figuré. En un premier temps. Cf. nous changeons de point de vue: auparavant. nous pensons que le transfert de rapports homologues remplit ce rôle de trait d'union entre les deux figures. dans la figure de l'antithèse (l'antiphrase. 2004. il s'agit d'une mise en rapport projective. . Cinquième partie. dans le réseau de templa. Tous droits reserves. 23 sq. transfert). alors que pour Jakobson. dans l'analogie. On a parlé. un transfert et une inversion des termes dans les rapports deux à deux (entre le thème et le phore)17. La pensée sauvage. les tropes représentent l'exemplification de mouvements tensifs sous-jacents. p. p. ainsi. de la Deuxième partie). celui d'un transfert de rapports homologues.dans sa « formule canonique du mythe ». je situerai donc cette opération de transfert entre deux domaines (analogie de rapports) ou au sein d'un seul (relation de la partie et du tout) au poste X. 152 sq. Ainsi. sousentendu). bien distincte par ailleurs de la simple comparaison où il s'agit plus d'une évaluation judicative. nous parlions de la propriété des énoncés discursifs en tant qu'acception de sens (littéral. Bref. nous parlons d'une thématisation des entités discursives (comparaison. faisant de l'homologie de rapports l'un des pivots de notre templum. c'est d'elle que nous dériverons les rapports d'une métaphore et d'une métonymie. Réseau du sens II. Or.6. à sa suite. 153 © Pierre Boudon. d'un opérateur métaphorométonymique qui permettrait de passer de l'une à l'autre. l'opération de transfert porte sur une homologie de rapports entre deux domaines distincts (ou entre deux niveaux d'un même domaine). Le totémisme aujourd'hui. Dans tous ces cas. ces deux opérations sont distinctes et relèvent de deux dispositifs distincts18. 18 Cf. nous étions dans une modulation discursive 17 Ou encore. 66 sq. C'est donc cette conception néo-aristotélicienne que nous allons privilégier. Tous droits reserves. A vs B. équipollence de rapports graduels). la nuit. une figure cognitive et discursive en ce qu'elle participe de la constitution des « choses mêmes ». p. 19 À propos de ce couple. nuit} et le couple {vie. Bien des arts poétiques s'y réfèrent (celui de Hugo étant le plus évident (Riffaterre. non du point de vue formel mais de celui des contenus investis: Le jour. etc. mort}19. De ce fait. nous avons abordé ces problèmes sous l'angle d'une qualification descriptive et d'une prototypie où l'objet était appréhendé comme étant typique ou atypique. 154 © Pierre Boudon. 203-258) en ce que l'antithèse met en place des univers de discours basés sur l'antagonisme. permettant d'évoquer des passages dramatiques d'un des termes à l'autre. L'homme. par projection. générique ou individué. En deuxième lieu. La lumière. Dans la référenciation précédente. nuit} que nous pouvons le traduire en termes d'opposition et de transfert à d'autres couples (il s'agit bien d'une procédure de type orientée-objet en ce que nous nous appuyons sur la spécificité des objets de départ pour en inférer. C'est par exemple le cas de l'analogie aristotélicienne qui établit des rapports globaux entre le couple {jour. qui sont à la base des comparaisons) et des corrélats qualitatifs (opposition double ou triple.dont nous avons défini les régimes. s'il s'agit d'un genre comme le poétique). à la fois. Cette prédilection pour l'opposition binaire n'est pas seulement poétique mais narrative (ainsi l'univers manichéen des contes populaires fonctionnent à partir de ce genre de considérations). Les anges. nous dirons que c'est un principe poétique que nous retrouvons jusque dans la démarche récente de Johnson et Lakoff (1989). Cette figure est primitive en ce qu'elle est la reprise du thème de l'opposition duale. je situerai au poste Y la notion d'antithèse dont nous avons déjà parlée. 2004. modules. pour parler le langage de Husserl. échelles. les démons. L'homologie est donc. les ténèbres. . nous sommes maintenant dans une référenciation dont l'échelle peut être aussi bien les énoncés que le Texte entier (surtout. 1971. il y a tout un volet gnoséologique que nous allons retrouver dans la description du réseau de templa et que nous appellerons le problème aspectuel des « objets quelconques » où l'homologie est un principe de caractérisation associant des corrélats quantitatifs (proportions. la femme. Il s'agit donc de rapports cognitifs et non simplement discursifs puisque c'est parce que nous comprenons phénoménologiquement ce qu'est le rapport {jour. celle d'objetscibles). . p. la répétition comme principe fait référence à des formes plus libres que la réïtération en ce qu'elle peut également introduire une énumération d'objets divers qui font songer aux catalogues (pensons aux descriptions de Rabelais. nous sommes bien dans la dimension textuelle d'une oeuvre qui dépasse la nature segmentaire des énoncés mis bout à bout (cette dimension correspond par exemple à de « grosses unités constitutives ». A... A rose is a rose is a rose. A. que l'on pourrait appeler les « cellules » textuelles)20. 1981). Il ne s'agit pas dans ces différents cas d'une forme linéaire par réïtération mais d'une formation par reprise en parallèle. Associée au métaterme d'une amplification.. narrativement. C. proche de la composition orchestrale (il s'agit alors d'une reproduction en tant que cycle parcouru et non d'une connexité terme à terme). Cette approche a été reprise en partie par R. ou plus cocasses. On pense bien sûr à une répétition linéaire./Ma femme aux poignets d'allumettes /Ma femme aux doigts de hasard et d'as de coeur/.. Il ne s'agit pas d'une mise en correspondance ou d'un conflit mais du report de la même expression ou du même formant phonématique (comme dans les assonances.(cette répétition n'ayant rien à voir avec une reprise anaphorique). Tous droits reserves.. Enfin. Lévi-Strauss. Dans tous ces cas. nous avons bien une figure qui reste au départ élémentaire et dont le caractère indéfini s'oppose. L'azur! l'azur! l'azur! l'azur!. 155 © Pierre Boudon. .. 36. Bref. soit une résonance au terme indéfini. à celles de Prévert)... Là encore. nous avons souvent un motif de répétition (comme dans la triplication des épreuves narratives) qui nous fait dire qu'entre les tropes et ces dernières nous avons une équivalence définitionnelle. Barthes dans son S/Z. le poème Union de Breton. A.(Hamon. il faut également penser aux reprises en écho comme dans les litanies.. Pensons aux refrains des chansons ou aux comptines pour enfants. Ainsi. à la manière des mythèmes lévi- straussiens (1958). qu'au caractère 20 Comme on parle de « cellules » musicales Cf. . les paronomases). à celles de Verne. On connait le vers célèbre de Gertrude Stein. cette énumération prend alors la forme d'une accumulation rhétorique. je situerai au poste Z une figure aussi élémentaire que les précédentes: il s'agit de la répétition qui se présente au départ sous sa forme la plus simple dans la réïtération d'une même expression: A./Ma femme aux épaules de champagne/ . tant au caractère « bloqué » de l'antithèse (où les termes en conflit forment un bornage implicite). 2004. ou celui de Mallarmé.En troisième lieu.. Chapitre XI. L'ensemble. Comme métatermes du dispositif de cette réduction drastique à trois formules de base. C'est pourquoi. et par opposition également à une conception logique des énoncés sous leur forme propositionnelle (où l'on ne peut introduire de telles considérations tensives). Concluons temporairement: a) nous disposons de principes « objectaux » (qui manipulent des propriétés phénoménologiques). la notion de contraction (comme dans la formation des ellipses. d'un côté. comme dans. comme modes d'explication des figures du discours. c'est celle-là même que nous retrouvons dans le métaterme négatif. 156 © Pierre Boudon. formules de base + métatermes. des mots-valises. Il s'agit donc de procès par opposition à des relations simplement de comparaison où il n'existe aucune tension (mais une évaluation).de mise en correspondance qu'offre le transfert homologique d'un domaine à un autre (cf. p. les tropes. or. à l'antithèse et à l'hyperbole.1. LES TERMES MIXTES COMME FIGURES COMPLEXES ASSOCIÉES À L'HOMOLOGIE On situera d'abord la métaphore (cf. rapprochement + contraction) entre l'homologie et l'antithèse. En nettoyant ton assiette. dans la conception pragmatique de Sperber et Wilson. 2004. IV. 51-85) l'amplification sous la forme de l'hyperbole représente une figure élémentaire. projection du connu à l'inconnu selon la fameuse définition aristotélicienne). b) nous partons du postulat que ces trois types de base permettent de recomposer l'éventail figural des tropes poétiques et/ou rhétoriques. constitue ainsi une sorte d'« économie phorique » (propre à des figures de mouvement) permettant de saisir la notion de tensivité et d'intensité (associée à une aspectualité spatio-temporelle). alors que pour nous ils restent au coeur d'une activité langagière. nous avons. où l'ironie fait référence. tu as fait preuve d'un effort colossal!. celle d'amplification21 . à la fois. nous avons affaire à une conception aristotélicienne de mise en rapport « objectal » puisque le philosophe faisait 21 A noter que pour L. . sont évacués. Perrin (1996.4. là encore. par exemple) et de l'autre. Tous droits reserves. par amplification. C'est pas chouette ce que tu viens de faire là. la métaphore est un produit. les termes (relevant du même ensemble) ne sont qu'inversés. ou encore. Tous droits reserves. appelé oxymore. donne l'hyperbole) et non sur l'antithèse. nous obtenons par contre une hyperbole ironique: C'est très-très fort ce que tu viens de faire là! Nous avons une similarité de contenu avec l'exemple précédent mais qui s'appuie sur la réïtération (qui.. nous pouvons situer un type particulier de métaphore. 2004. elle est l'expression résultant de cette mise en rapport contractée)22. comme dans Amor—Roma. . nous avons le mouvement qui va de l'antithèse (implicite) vers un renversement des valeurs (du plus vers le moins). nous obtenons quelque chose de très dévalorisant (étant donné que l'on conserve la connotation de familiarité). 157 © Pierre Boudon. qui radicalise cette rupture catégorielle (cf. En dernier lieu. 205). je situerai entre l'homologie et la répétition la notion de métonymie comme déplacement + substitution. d'une inversion de sens comme dans le cas typique du chiasme: Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. Comme dans le cas de. ce ne sont pas des termes posés (corrélats initiaux) mais des termes dérivés (corrélats secondaires). on situera la notion de basculement d'un registre dans un autre. Pourquoi? 22 Conception reprise par Perelman et Olbrechts-Tytéca (1959.. Dans l'ironie. soit une équivalence par double asymétrie. comme dans. Associé au métaterme d'une amplification. Il est à noter qu'une double inversion donnerait la palindromie. nous avons un terme (familier) valorisant la proximité. mais par contre. avec « chouette ». En deuxième lieu. Plus spécifiquement. mais par inversion. p. entre l'antithèse en Y et la réïtération en Z. nous n'avons pas affaire à une simple négation mais à un basculement des valeurs qui renforce l'autre aspect (puisque nous sommes dans un paradigme du plus et du moins). Le soleil noir de la mélancolie) en opposant conflictuellement les deux termes.dériver cette figure d'un rapport sous-jacent de quatre à trois termes (cf. Le rapport n'est donc pas transféré par projection comme dans le cas diamétral du rapport homologique. Nous retrouvons bien le couple instaurateur dû à Jakobson. Il n'est pas bête.. entre la métaphore en XY et l'antithèse en Y. tome II. À ce poste XZ.Parce que nous pensons qu'ils sont le produit de corrélations: (iii) Positions dérivées de la métaphore et de la métonymie homologie de rapports dissemblables métaphore (effet de rupture) semblables métonymie/ synecdoque (effet d'assimilation) Dans le cas de la métaphore. le contenant pour le contenu) peut être assimilée au principe général de la métonymie et elle ne correspond donc pas à une opération distincte (contrairement à la proposition du Groupe µ qui faisait de cette synecdoque un terme de transition entre métaphore et métonymie). l'effet de rupture catégorielle. nous avons donc la synthèse. dans un cas. soit une homogénéité de rapports entre deux niveaux. nous avons un principe de substituabilité au sein du même univers de référence qui s'oppose à l'opération de rapprochement incongru de la métaphore. un mode d'ingrédience implicite. nous avons par contre une contraction qui produit. Dans ces deux cas. on peut bien sûr engendrer par amplification une « métaphore filée » qui est une figure revêtant les aspects de la thématisation. la synecdoque (la partie pour le tout. . d'un côté. 2004. Au-delà de cette opération d'ellipse. et de l'autre. l'effet pour la cause. (permettant ainsi une permutation dans un contexte de substituabilité). subissant une contraction afin de produire l'effet de rupture (celui-ci rencontrant l'antithèse pour donner l'oxymore). des qualités homologiques qui relèvent d'une similarité d'ensemble et d'une différence de niveaux. nous avons une mise en correspondance au sein du même domaine. Tous droits reserves. il s'agit d'une mise en correspondance entre deux domaines hétérogènes. Dans ces deux figures. phorie): 158 © Pierre Boudon. dans le cas de la métonymie/synecdoque. Pour nous. Donnons le tableau récapitulatif de ces différentes figures traduisant un mouvement tensif (tropes. des qualités de contiguité et de déplacement qui relèvent des principe de la répétition. et dans l'autre. -: condensation # amplification métonymie/ synecdoque (1 domaine) oxymore antithèse (A vs B) répétition (A. palindromie) 159 © Pierre Boudon. (iv') La schématisation sera de la forme: interdomanial intradomanial homologie de rapports métaphore (2 domaines) MT+. énumération) Corrélats dérivés: XY: métaphore en tant que mise en rapport et rupture (contraction. détachement) créant des effets de sens..(iv) Templum des tropes rhétoriques/poétiques Métatermes: MT+: condensation (ellipse. Tous droits reserves.) interpolation (chiasme. contenu/ contenant). incongruence) YZ: interpolation (dédoublement et inversion comme dans la figure du chiasme) XZ: métonymie/synecdoque en tant que mise en rapport et déplacement (substitution de niveaux... . A. deux points de vue) Z : répétition (reprise en écho. partie/tout. A. effet/cause. inter-domaniale (rapports analogiques) ou intra-domaniale (rapports partietout) Y : antithèse (rapport d'opposition entre deux thèses. deux personnages. 2004. mot-valise) MT-: amplification (hyperbole) Corrélats initiaux: X : homologie comme transfert de rapports. Nous avons des mécanismes comparables. où l'un permet de construire un ordre classificatoire (au sens large). d'airs de famille jouant sur les identités et les différences. d'opérations d'opposition. on retrouve des aspects similaires comme celui d'une partonomie en tant que rapports de totalisation (ici. axiologiques). « bloquant » le sens de l'énoncé par rapport à son cotexte23. Ici. etc. par exemple). Soleil cou coupé (Apollinaire) à un énoncé de comparaison. 160 © Pierre Boudon. on ne peut ainsi ramener l'effet d'une métaphore comme. antithèse qui peut « glisser » vers un renversement des valeurs (du plus vers le moins). etc. de répétition ou d'interpolation. on se rend mieux compte qu'il s'agit d'une figure de pensée aux aspects multiples en ce qu'elle associe plusieurs types de procédure représentés par autant de templa. de la notion de domaines notionnels (sémantiques. dans l'un et l'autre cas. ou descriptifs. à la fois. ce qui trahirait sans aucun doute sa valeur foncièrement iconique. comme pars totalis). Pour en revenir à l'ironie. et l'autre inversement. . rappelons-le. de niveaux et de domaines distincts. Dans ce schéma (vii) supra on voit bien qu'à la métaphore correspond un saut interdomanial. énoncés poétiques. établi à propos des rapports entre l'identification. Ce dispositif des tropes a été principalement défini sous l'angle d'une formation des expressions (cf. Tous droits reserves. une rupture dans le suivi discursif. de construire des modes de franchissement entre ces domaines circonscrits relevant. ou 23 Nous sommes toujours dans le cadre général des principes d'une instanciation énonciativeénoncive. les tropes constituent ainsi un mécanisme. 2004. cette économie du sens figuré doit être rapprochée du principe d'idonéité. celui d'une répétition énumérative d'occurrences diverses. au-delà (en ce qu'ils peuvent constituer un canevas textuel) et en-deça. la figure « fait image » au sens où elle fixe un terme (par hypotypose) à la poursuite indéfini du sens. mais il est évident que le même dispositif peut être généralisé à la formation des thèmes textuels (narratifs.. Nous dirons ainsi qu'elle est l'association d'un double sens —lié au sous-entendu d'un côté et à la notion de sens figuré de l'autre— et d'une antithèse (implicite) « logeant » dans ce sens figuré. Par rapport à la fonction discursive des énoncés. l'appartenance et l'inclusion. encyclopédiques).Dans la mesure où elle met en jeu des rapports de congruenceincongruence (rupture). C'est pourquoi. dans le même mouvement —et j'insiste sur cette continuité phorique— un passage de l'éloge au 24 Cf. p. dans cette formule. C'est. . l'énigme) et c'est pourquoi elle est une figure qui fait résonner le langage sur luimême. détruisant ainsi l'image flatteuse qu'on a pu donner auparavant. dès l'Antiquité. d'une répétition dont l'emphase. IV. l'évaluation est une forme d'énonciation que je considérerai. le sens remarquable de la grande tirade d'Antoine (Acte III. Nous avons là ce qu'on appelle un « compliment en manche de veste ». on introduit ainsi un contenu judicatif dont la forme est tributaire de ce mode de renversement rhétorique qui est le basculement de sens (cf YZ précédent) comme on a. Figure complexe par ses différentes facettes. L'évaluation dont nous parlons est donc un rapport entre éloge et blâme. Pour fixer les idées. 2004.5. scène 2) dans le Jules César de Shakespeare. le propos s'inverse en son contraire. qui est beaucoup plus que le simple. d'un point de vue discursif et non pragmatique. par basculement. 1996. j'emprunte à Fuchs (1996) cet exemple: Cette robe te va à ravir.bien. 8). Dans l'ironie. sous-réseau de templa (i) supra). « trop grosse pour être vraie ». Nous avons là. par exemple. inversement. Il est intelligent. c'est fou ce qu'elle t'amincit . ce que notait déjà. il s'agit donc d'une fonction judicative qui relève de ce qu'on peut appeler très largement des actes de langage24 . qualités morales et intellectuelles d'une personne) puis à un moment donné. on la dira éminemment symbolique en ce qu'elle agrége des mécanismes distincts qui s'avèrent toutefois complémentaires (cf. A ce titre. L'ÉLOGE ET LE BLÂME Abordons l'ironie sous l'angle d'une évaluation. Réseau du sens II. Ainsi l'ironie comme interface entre ces types de procédure rassemble une diversité de propriétés (comme dans un tout autre genre. là encore. fait basculer le sens en son contraire. La Rhétorique à Alexandre (Perrin. l'amplification élogieuse: Il n'est pas bête. 161 © Pierre Boudon. on débute par une reconnaissance publique (par exemple. généralement. Chapitre III. Tous droits reserves. nous avons l'éloge (au poste Y) et le blâme (au poste Z). C'est un génie! . un 162 © Pierre Boudon. entre ces termes.. Ce passage avec renversement se situe donc entre deux postes complémentaires. C'est un con!). Paul s'est conduit comme le dernier des imbéciles). où l'orateur s'implique. comparée à l'engagement subjectif dans l'éloge et le blâme (où l'absence de distance crée une adhésion complète). nous pouvons introduire des relations de passage qui expriment une échelle de valeurs relatives: entre un sens critique neutralisant et un éloge. Ce serait mieux s'il n'avait pas commis telle gaffe. On voit ainsi que la fonction judicative peut s'étendre très facilement sur plusieurs énoncés liés par des comparaisons.blâme. qui exprime ainsi. Là encore. Jean n'était pas au rendez-vous). l'éloge et le blâme. Ces jugements. où il cherche à traduire une certaine impartialité. un jugement absolu. presque dans les mêmes termes) du positif au négatif. Heureusement. nous avons en XY les encouragements qui peuvent être plus ou moins « appuyés »: C'est bien. Tous droits reserves. etc. Jean est venu. entre le même sens critique qui exprime une pondération et le blâme. C'est inexcusable.. comme l'éloge mais complémentairement... C'est pas mal. L'absence de contrebalancement (introduit au moyen de comparaisons) peut aller jusqu'au blâme extrême. 2004. dans les termes de notre dispositif. . C'est assez mauvais. ce sens de l'encouragement va de plus en plus vers l'éloge inconditionnel s'il n'est pas contrebalancé par des reprises critiques. qui sont deux façons extrêmes de porter des jugements sur des personnes (cf.. nous avons en XZ les reproches qui sont également graduables.. une simple binarité ne rend pas compte de ce mouvement (et parfois. Malheureusement. par rapport à cette position médiane. Ce que vous venez de dire est tout à fait remarquable!.. des actions (cf. C'est très-très bien. nous placerons ce sens critique d'une évaluation au poste X qui exprime une neutralisation des effets positifs et négatifs qu'implique toujours l'opération de jugement (qu'on retrouve même dans les adverbes d'attitude. s'opposent à ce qu'on peut appeler le « sens critique » d'une évaluation faite de dosage du pour et du contre.. des oeuvres.. Inversement. Cette triade bloque ainsi les positions extrêmes qu'offre toute possibilité d'évaluation puisque. restrictions. des reprises. mais dans un sens négatif: C'est pas très bon. Ainsi. bref. concessions. où l'orateur introduit une distance par rapport à l'objet jugé. peindre le portrait pour en signaler les grimaces. un auditoire peut se faire un jugement de l'évaluateur en le considérant comme partial ou impartial et. leur médiation passant plutôt par leur neutralisation au poste X. apparemment la procédure s'avère quelque peu perverse puisqu'on fait l'éloge pour finalement blâmer. l'auditoire ne peut s'en remettre qu'au sens évaluatif de ceux-ci. amenant obligatoirement l'étonnement de l'auditoire: élever quelqu'un pour le rabaisser. situé au poste YZ (diamétralement opposé au jugement critique) joue ce rôle pseudo médiateur.seul énoncé exprimant par contre un jugement définitif. Même dans le cas de ce qui est appelé. . en ce que la procédure est finalement sans appel (puisqu'elle est sans débat). « mesurés » à l'aune des rapports gradués que nous avons introduits dans le templum entre l'éloge. me direzvous? Eh bien. elle prend sa source dans cette distorsion judicative. reflétant une « pondération » de la personne qui juge. Enfin. L'évaluation n'est donc plus en termes de qualités ou de défauts mais en ceux (pour l'évaluateur) de crédit ou de discrédit. sans appel. mais comment l'évaluera-t-on. Résumons ces différentes formes de l'évaluation (qui peut se faire à deux niveaux) par le dispositif suivant: 163 © Pierre Boudon. nous ajouterons que les métatermes de ce nouveau templum résident dans la personnalité de l'évaluateur.. Du fait de leur caractère extrême. Or un « compliment en manche de veste ». nous avons ainsi un autre type de procédure qui vient d'ailleurs les compléter dans le cas de l'ironie. Par rapport à la modalité discursive des énoncés et par rapport au mécanisme des tropes. Ces métatermes seront ainsi ceux d'une partialité et d'une impartialité. d'une stratégie quelque peu perverse en ce que l'on flatte pour mieux châtier.Il s'agit bien d'un mouvement (asymétrique puisqu'on va de l'éloge au blâme) et non d'un centre d'évaluation. L'ironie mordante participe de cet esprit. « juger » n'étant évaluable que par le caractère des énoncés tenus. le blâme et le sens critique.. nous n'avons pas apparemment de moyen terme direct entre l'éloge et le blâme. par la façon dont celui-ci articule ses propos. « compliments en manche de veste » où. dans le cas de ces types de compliment.. qu'ils soient positifs ou négatifs. il peut considérer les propos tenus comme « mérités » ou « non mérités » par la personne dont on parle. Tous droits reserves. 2004. par exemple. (v) Templum d'un éloge et d'un blâme Métatermes: MT+: partialité MT-: impartialité Corrélats initiaux: X : position critique (mesurer le pour et le contre) Y : éloge Z : blâme Corrélats dérivés: XY: degrés d'encouragement (exprimé par une échelle en plus ou moins) YZ: « compliment en manche de veste » XZ: degrés de reproche (exprimé par une échelle en plus ou moins) (v') La schématisation sera de la forme: MT+. Tous droits reserves.-: partialité # impartialité position critique degrés d'encouragement degrés de reproche éloge blâme compliment en manche de veste 164 © Pierre Boudon. 2004. . des adolescents et des adultes. par exemple) et je reprendrai ici— à la suite de G. Comment représenter cette intonation de la voix par rapport à d'autres? On voit bien qu'une hypothèse propositionnaliste comme celle de Sperber et Wilson ne permet pas de saisir cet aspect saillant du phénomène et c'est pourquoi ils renvoient la signification de l'ironie à ses fonctions contextuelles. on s'y réfère comme à un phénomène essentiel. En effet. soit d'un double niveau de langage parfaitement entendu par les interlocuteurs dans sa simultanéité. nous sommes proches ici de considérations quasi musicales en ce que. p. 2004. indépendamment du fait que celle-ci appartiennent à des hommes et des femmes. mais on ne peut l'inscrire fondamentalement dans le mécanisme même de la figure.. Genette (1983. LES INTONATIONS DE LA VOIX Dans l'ironie. Or ce n'est pas exact si l'on part du principe qu'elles entrent dans des registres rhétoriques de la parole. l'autre à la discursivité. . Inversement... l'un est propre à la musicalité. nous avons des régimes codés (en hauteurs.6. sérieux. 39) dans son Palimpsestes— ce que Goethe a proposé dans ses Dichtarten. nous avons des transitions qui font passer continûment du sérieux au ludique. Ceux-ci sont différents dans la mesure où chaque templum offre catégoriellement une « entrée » distincte. bien souvent. Nous retrouvons un critère de double sens. dit sur un autre ton. reposant comme on le sait sur une tripartition. Tous droits reserves. il paraît difficile de « paradigmatiser » (introduire une déclinaison en valeurs discrètes) ces formes intonatives car il semble bien que leur nombre est indéfini. Au premier abord. Sans elle. entre différents régimes de la parole. ou du sérieux au dramatique25. Comme dans l'art vocal. l'intonation est constitutive. ayant ses propres caractéristiques (il existe toutefois des genres mixtes comme les airs d'opéra) 165 © Pierre Boudon. celui-ci perdrait tout son sens de persiflage.-J. un modèle structural comme celui de la sémiotique d'A. agressif. nous ne comprendrions pas en quoi l'énoncé est ironique. On se réfère donc à l'intonation. Le templum que nous proposons fonctionne donc comme un résonateur dont le but est de manifester par la voix des intentions sous-jacentes.IV. 25 À propos de ce type de régime continu. Greimas ne permet pas non plus d'enregistrer dans ses couples d'opposition tranchés le caractère à la fois discontinu (distinctivité) et continu (transition) qu'offre cette intonation par rapport à d'autres. par exemple. de combativité. etc. on va voir finalement que ce registre correspond à une neutralisation par rapport à d'autres et qu'il en constitue la norme. d'un côté.Notre templum va s'appuyer au départ sur trois dimensions de base qu'une intonation (non-syntaxique mais mélodique) peut revêtir. rejet). Nous pouvons répartir ces trois types de régime dans le templum: le ton sérieux (ou grave) au poste X. lorsqu'on raconte une histoire drôle accompagnée ou non d'éclats de rire (manifestation proprement somatique distincte de la voix). c) Enfin. comme silence qui précède ou qui suit une 166 © Pierre Boudon.. comme type de débit (pensons à la différence entre un ton normal et un ton dramatique). b) un ton polémique qui est celui de la manifestation d'opposition (d'un rapport conflictuel en termes actantiels). un ton ludique comme. etc. de l'interpellation. Dans tous ces cas. ni syntaxiques. nous avons une charge agressive qu'il n'y a pas dans le ton sérieux. nous avons des modalités qui s'inscrivent syntaxiquement dans le discours et qui caractérisent la voix par des types de formant. de la conversation courante lorsqu'elle n'est pas investie d'un quelconque affect (attirance. le patron en colère contre sa secrétaire.). dérivée ici des recherches de Goethe. Notre hypothèse. Tous droits reserves. le ton polémique au poste Y et le ton ludique au poste Z. . de rémontrance quand nous sommes dans des rapports asymétriques (le père qui dispute ses enfants. la notion de pause comme silence intercalaire. ne font pas partie de cette définition en ce que ces manifestations somatiques ne sont pas articulables au même titre qu'un ton dramatique ou moqueur). est donc que nous pouvons saturer (par variation) l'ensemble des différents types d'intonations discursives (elles ne sont. ni psychologiques. les cris. Je dis non-syntaxique car. Les métatermes de ces différents régimes sont. Or. de l'autre. nous allons la caractériser par des régimes thymiques: a) un ton sérieux qui est celui de la simple adhésion à nos propos (sans autre forme d'intention). lorsqu'on blague. nous dirons également que les pleurs. de l'exclamation. la notion d'intonation comme figure mélodique générale. Par rapport aux deux précédents registres nous avons donc un ton enjoué (la plaisanterie). les rires. 2004. à propos de l'interrogation. la moquerie peut être plus ou moins méchante (par rapport au poste Y) ou plus ou moins drôle (par rapport au pôle Z). L'humour. De toute façon. contrairement à l'ironie. . celle-ci est ouvertement orientée vers un objet ou un sujet puisqu'elle tente de dénoncer un état de fait. Disons que le ton dramatique exprime une violence propre plus ou moins contenue (on pourrait l'associer à des phénomènes de climax intensif. Enfin.. Son ton. des travers. une oscillation puisque se rapprocher de l'un implique s'éloigner de l'autre. 79)). p. Elle est ludique en ce que le caractère drôle permet de neutraliser la charge d'agressivité que peut comporter cette moquerie. « posé » ou « grave » (docte). nous avons le ton humoristique. où l'on prend une certaine distance vis-à-vis de ce dont on parle et vis-à-vis de ce dont on en dit. Ce phénomène de pause peut ainsi se joindre au non-dire: c'est alors un silence d'acceptation. Tous droits reserves. nous avons le ton dramatique (XY).. ou encore. permet aux interlocuteurs de s'entendre dans le non-dire. à propos de ces termes intermédiaires que nous avons toujours une variation en degrés entre des pôles. Ainsi. etc. une opinion personnelle à laquelle l'énonciataire peut ou non adhérer. notion fondamentale au regard de l'interactionisme comme celui de l'école Palo Alto issu des travaux de Bateson. elle représente l'exact opposé du ton sérieux. Introduisons maintenant cette variation au moyen de nos trois termes mixtes: entre le ton sérieux et le ton polémique. Rappelons. équivalent au ton polémique mais contraint par la bienséance). n'est pas orienté vers l'énonciataire mais vers le propos énoncé. Elle est polémique en ce qu'elle agresse l'autre et même elle attend de ce dernier une réaction plus ou moins vive (cela peut devenir une joute verbale comme dans les scènes de ménage). que celui-ci soit simplement « normal ». Entre le ton polémique et le ton ludique. Greimas (1979. entre le ton sérieux et le ton ludique. qui exprime un décalage (on parlerait d'un « débrayage » thymique dans la sémiotique d'A. nous avons par contre la moquerie en YZ (qui devient satire à l'écrit). pince-sans-rire. de « crise » entre une attente et un relâchement). de refus implicites (dans ce dernier cas. une réponse.interrogation. de doute. La notion de pause rythmant la chaîne discursive a donc ici une valeur de ponctuation dans la conversation. celui-ci exprime une tension de l'énonciateur laquelle peut ou non manifester une agressivité vis-à-vis de l'énonciataire.. 2004.-J. donc dans un double 167 © Pierre Boudon. c'est pourquoi il n'est pas agressif mais exprime une distance. posé. du détachement du locuteur vis-à-vis de ce qu'il énonce. Bref. mais elle est aussi du côté de la moquerie en ce qu'elle se permet d'être polémique. Mais l'ironie étant instable autour du pôle Z. agressif) Z : ton ludique (plaisanterie) Corrélats dérivés: XY : ton dramatique YZ : ton moqueur XZ : ton humoristique 168 © Pierre Boudon. on a toujours la possibilité de se retrancher.. Tous droits reserves. elle peut être cinglante. nous dirons de l'ironie qu'elle est ici « à cheval » entre deux tendances autour du pôle Z (ludique). silence) Corrélats initiaux: X : ton sérieux (ordinaire. elle peut être fine comme l'humour. l'humour ne peut être foncièrement méchant. Bref. en ce qu'elle interpelle l'énonciataire (ce que l'humour ne fait pas. mais de l'autre. d'où la possibilité d'une certaine réaction violente de la part de l'interpellé qui se sent menacer par le propos ironique.. 2004.sens possible. disons plus précisément que l'ironie laisse entendre qu'on interpelle celui-ci). un dire sans être dit. Il ne s'agit donc pas de se moquer ouvertement de quelqu'un mais de prendre ou de garder ses distances. grave) Y : ton polémique (conflictuel. de se rabattre sur l'autre tendance (l'humour): Mais je n'ai jamais voulu dire ça! Qu'est-ce qui te fait croire que je pensais ça!. nous retrouvons le caractère agressif de la polémique. Où situer alors l'ironie? Elle est bien sûr proche de l'humour en ce que tous deux usent d'un double sens. Récapitulons ces différents mouvements entre régimes de l'intonation discursive au moyen de la distribution suivante: (vi) Templum des intonations de la voix Métatermes: MT+: intonation (courbe mélodique) MT-: pause (intervalle. Elle est donc instable: d'un côté. l'ironie est un faire-semblant. tendant plus ou moins vers l'un ou l'autre des postes X et Y complémentaires.Bref. . et là. L'intonation « chapeaute » tout ce processus de renvois pour en donner une image synthétique (sensible) se fondant à nouveau 169 © Pierre Boudon. Tous droits reserves. soit par la répétition qui devient hyperbolique par amplification. on peut entrer. l'enchaînement discursif revêt ainsi la forme d'une variation permanente en occurrences/types (référés au présent registre) avec des modes de transition entre eux et une ponctuation faite de pauses/silences. soit par l'antithèse. . c'est ce dernier poste intermédiaire qui sera mis en relation avec le jugement d'évaluation où l'on a. en particulier. Nous obtenons ainsi une partition (au sens musical) qui exprime le signifiant phonique du discours. POUR CONCLURE: LA SCÈNE DE LA PAROLE Nous venons de définir une dynamique de renvois entre les différents templa constituant les bornes de ce mini réseau de templa.-: intonation # pause ton sérieux ton dramatique ton humoristique ton ludique ton polémique ton moqueur Ces intonations. par exemple). constitutives d'inflexions particulières. ce grand mouvement rhétorique appelé « compliment en manche de veste » dont le statut est ambivalent. Une information peut « entrer » dans un dispositif par une porte et en ressortir par une autre: ainsi.7. de sens figuré à tropes.(vi') La schématisation sera de la forme: MT+. 2004. IV. prennent place dans une grande syntagmatique qui exprime une durée (celle de la conversation. et en « sortir » par un basculement de sens (interpolation). dans les modalités discursives de l'énoncé sous la forme d'un signifiant phonique (l'ironie peut correspondre ainsi à une brève accentuation de la parole, une inflexion rhapsodique, parfaitement compréhensible toutefois). Au-delà de la constitution des templa à laquelle nous avons procédée au fur et à mesure, nous avons donc une matrice de mises en correspondance où l'on peut repérer les différents modes de renvoi de templum à templum. Dans notre cas, l'expression globale serait: < ironie > en ce que, au-delà de tous les exemples que nous pouvons rencontrer, nous avons une figure typique par rapport à d'autres: l'humour, l'insulte, la dispute (comme dans les scènes de ménage), etc. Soit le tableau: (vii) Matrice de mises en correspondance associée à l'< ironie > (sous-entendu) énonciation: < cotexte > (Partie I, (iv-iv')) double sens sens figuré antithèse sens figuré interpolation ou répétition (en écho) interpolation (= amplification) instance judicative « compliment en manche de veste » (louange/blâme, ambivalence) vérité véricondition (acte de langage) (cf. Vol.II, Partie 6) véridiction (tromperie, secret) humour conclusion: ambivalence (ludisme) moquerie ( polémique) 170 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. L'ironie est ainsi, comme phénomène global, le produit de quatre instances: double sens, antithèse et/ou répétition, instance judicative (avec, pour corollaire, le rapport au vrai), ludisme (à titre d'ambivalence), dont découlent dans l'ensemble des propriétés présupposées (mises entre parenthèses) ou consécutives, selon les lois de chaque templum. Bien entendu, il n'est pas dit que ce phénomène global correspond à une seule matrice; nous pourrions en disposer d'une autre (cf. qui passerait, par exemple, par les propriétés de la mention comme « paroles rapportées », suivie des rapports entre actes de langage) et qui représenterait ainsi une variante, soit un cheminement différent dans le réseau. Toutefois, entre ces différentes possibilités, nous aurions des points communs qui nous permettraient de les mettre en rapport, obtenant ainsi une sous-matrice commune. Une chose est restée en suspens dans cette présentation: c'est celle du statut de la vérité puisque nous avons dit que l'ironie était un faire-semblant, qu'elle peut être même une contre-vérité flagrante. C'est là que nous devrions évoquer sa valeur argumentative par rapport à d’autres figures puisque nous avons parlé d’une vériconditionnalité et d’une véridiction; entre l'une qui exprime une quête du vrai et l'autre qui exprime un jeu de duplicité possible, nous avons une dialectique affichée par l'ironie. Celle-ci ne trompe pas mais provoque l'autre jusqu'à cette contre-vérité flagrante28. Comme je l'ai annoncé, je terminerai cette approche de l'ironie en abordant l'analyse des rôles énonciatifs que tiennent les interlocuteurs réunis dans un faceà-face, ce que j'ai appelé la Scène de la parole en ce qu'elle fait penser à un théâtre de la vie quotidienne. Cette structure de rôles est à la base d'une théorie de la communication et nous permettra, une fois de plus, de montrer le bien-fondé de notre schéma triadique. Le plus souvent, ces rapports communicationnels sont basés sur des structures duales entre un émetteur et un récepteur, entre lesquels existe un va-etvient constant, que ce soit dans le dialogue entre deux personnes ou dans le monologue où le locuteur se dédouble. Or nous allons voir que notre dispositif triadique impose un tiers terme que nous définirons comme « témoin » du processus d'échange. C'est cette présence tierce qui nous permet de différencier ce qui est communication publique (réclamant trois personnes au minimum) et 28 Cf. Réseau du sens II, Sixième partie, Chapitre II. 171 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. communication privée qui se réduit à deux personnes (dialogue). Celui-ci est donc, à titre de rôle (même s'il ne parle pas), un critère permettant de départager ces deux modes situés au niveau des métatermes: une communication sera publique ou privée suivant qu'il y a (ou non) un témoin. IV.7.1. LES RÔLES ÉNONCIATIFS Abordons ainsi la structure générale de ces rôles dont la place, dans le réseau de templa, est dans le prolongement direct de la logique d'une instanciation puisqu'elle va spécifier les positions/moments des énonciateurs au sein d'une énonciation générale. La notion d'énonciateur (rôle) est donc bien distincte de celle de locuteur (individu) puisque celui-ci peut jouer sur plusieurs rôles. En premier lieu, nous avons ainsi un couple qui instaure le rapport dialogique: d'un côté, nous avons l'énonciateur comme étant « celui qui parle »;. de l'autre, nous avons l'énonciataire comme étant « celui qui écoute » (cela peut être un individu ou un collectif comme dans le cas d'un auditoire). Le tout forme l'espace-temps situé de la communication dans laquelle on notera l'asymétrie de départ: si l'émission ne peut être qu'unique (on ne peut parler à plusieurs à la fois), par contre la réception peut-être plurielle. Ce rapport entre l'énonciateur et l'énonciataire est un « contrat fiduciaire » implicite (Greimas et Courtès, 1979, p. 69) qui peut être, soit symétrique (cf. alternant, comme dans la conversation), soit asymétrique (cf. unidirectionnel, comme dans les discours tenus devant une assemblée). Le droit de réponse (ou son absence) fait ainsi partie de ce contrat fiduciaire dont le mode communicationnel sera situé en YZ, terme mixte qui relie les co-énonciateurs alternativement. Ce mode de l'échange est important en ce qu'il fixe la nature de celui-ci, qu'il soit verbal ou écrit (comme dans les échanges épistolaires), ou même représentationnel (comme dans le cas du théâtre où la valeur de ces échanges n'a pas le même sens que dans la réalité). Enfin, ce contrat peut varier au cours de l'échange puisqu'il est basé au départ sur une entente des deux parties: « parler à quelqu'un », « écouter quelqu'un », constituent un accord tacite (que l'on peut « signifier » tout au long de l'échange par des petits signes d'acceptation ou de réticence); il peut donc osciller entre la coopération, pour parler le langage de Grice (1979), et la polémique lorsqu'il y a désaccord, remise 172 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. en question du contrat; enfin, cessation par rupture plus ou moins brutale (dispute, altercation). Nous avons inscrit dans le templum la relation de base du rapport communicationnel qui peut être un rapport d'échanges verbaux, écrits (lettres) ou de mise en scène dans le cas du théâtre29. Nous allons finalement compléter cette relation par d'autres rôles qui se présentent plus indirectement. Comme nous l'avons précisé, la fonction témoignante, que nous situerons au poste X, constitue un pivot en ce qu'elle permet de différencier les deux types de communication (un entretien amoureux se passe de témoin); dans cette fonction de témoignage il y a donc un facteur d'hétérogénéité, d'extériorité, qui l'oppose globalement aux protagonistes qui s'entretiennent. Le témoin n'est pas directement dans l'échange verbal; il offre un point de vue extérieur qui lui permet d'intervenir ponctuellement dans son déroulement. D'un côté, le témoin peut être un informateur transmettant une message venant de l'extérieur de la Scène de la parole; de l'autre, il peut jouer le rôle d'arbitre dans une conversation (cf. en apportant des précisions, en rappelant des vérités qu'il est bon de dire; dans une assemblée, c'est le rôle du président qui s'élève « au-dessus des parties » en litige, du modérateur qui distribue les tours de parole afin de prévenir la 29 Dans un autre registre, ce dispositif d'énonciation, intégré à la sémantique du discours, permet d'expliciter des opérations de description des lexies. Ainsi, reprenons l'exemple de < livre > tel que nous l'avons considéré auparavant à partir de l'exemple de Kleiber: a) indépendamment de ses aspects matériels, nous dirons que cet objet renvoit à une communication publique (à l'encontre de « manuscrit » ou de « lettres » qui expriment une communication privée); b) le < livre > est un témoignage (d'une époque, d'un style, d'un auteur) en tant qu'oeuvre diffusée; il entraîne ou non une certaine rumeur à sa parution, ou bien il est le porteparole de certaines idées (comme dans un « Manifeste » poétique ou politique); c) enfin le < livre > est, soit thème de production en tant qu'« écriture », soit thème de réception en tant que « lecture » . Bref, le < livre > est un contrat fiduciaire en tant que parole écrite, donc différée (par l'écriture) au contraire du < théâtre > qui représente, comme spectacle, une parole immédiate (mais figée par rapport à la conversation courante dans la mesure où le texte est plus ou moins arrêté). Plus exactement, le théâtre constitue un redoublement du dispositif communicationnel en entier, auto-enchâssé dans la notion d'échange communicationnel. Nous avons donc une homologie de rapports entre les termes d'une Scène de la parole et une sémantique de l'expression < livre > telle qu'elle a été proposée auparavant. 173 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. confusion). Enfin, comme nous l'avons vu à propos d'une fonction judicative, l'auditoire peut témoigner vis-à-vis de la partialité ou de l'impartialité de la personne qui porte des jugements (faisant de cette instance judicative un acte complexe à deux niveaux, associés et/ou dissociés). Ainsi le crédit ou le discrédit de la personne évaluatrice va dépendre de ce témoignage collectif. Le témoignage peut être ainsi actif (cf. il use de la parole temporairement) ou passif (cf. muet); sujet ou objet. C'est ainsi le rôle témoignant des objets de preuve dans un litige, au sujet des actes délictueux (crime notamment). Tous ces termes nous permettent de comprendre ce que représente une communication publique comme Scène de la parole comportant une multiplicité de rôles en interaction, en particulier, des témoins (sujet ou objet) qui offrent un regard venant de l'extérieur et qui sont essentiels à la légitimité des actes produits. Entre cette fonction de témoignage et les protagonistes de la relation d'échange, nous situerons les deux rôles intermédiaires; en XY, nous introduisons des considérations empruntées aux travaux de Z. Guentchéva30; celle-ci a mis en évidence le fait que dans certaines langues il existait (sous une forme grammaticale) des modes afin d'exprimer que les informations reçues n'étaient pas directement perçues mais transmises par l'intermédiaire de moyens qui ne dépendaient pas directement du locuteur; ou encore, dont l'information reçue l'a été par certains moyens de perception (cf. le tact, l'écoute,...) ou un tiers. Dans tous ces cas, le « médiatif » catalyse la valeur d'une information qui n'est pas d'observation directe et qui ne relève pas uniquement de la rumeur anonyme. Le médiatif atteste de la validité des informations transmises (c'est pourquoi cette fonction est dérivée du témoignage) et c'est pourquoi l'énonciateur peut, de son côté, se sentir partiellement désengagé. Inversement, au poste XZ, nous situons le rôle de la rumeur qui est, par définition, une parole anonyme. Cette rumeur est indirectement témoignante puisqu'elle peut colporter des nouvelles, faire circuler une information sous le couvert de l'anonymat; ce sont les « bruits qui courent », les « ouï-dires dont on a entendus parler », le « on-dit » invérifiable (On dit qu'untel, il boit,... On dit 30 Cf. Z. Guentchéva, Paris, 1995, p. 301; également, J.-P. Desclés et Z. Guentchéva, , Paris-X, 1996. Bien qu'en français nous ne disposons pas de mode grammatical spécifique, ce médiatif peut emprunter certaines tournures, comme dans cet exemple où l'on précise le moyen: J'ai vu de mes yeux vu le voleur s'enfuir par la fenêtre 174 © Pierre Boudon, 2004. Tous droits reserves. comme dans les Hourra!. . et c'est pas pour promener son chien. source d'information) Z : énonciataire (celui qui écoute. à l'opposé de ce qu'est la parole de l'énonciateur en Y qui doit assumer la portée de ses propos. la parole insaisissable qui fait le « fond » de la rumeur publique comme le « bruit de fond » dont parlent les physiciens à propos de l'univers. individu ou collectif) Corrélats dérivés: XY : médiatif (moyens par lesquels une information est transmise. des médisances. lieu des ragots. transposé) XZ : rumeur (paroles anonymes.). mais sur celui de la clameur. ceci n'est pas dit sur le mode de la parole (comme dans les remerciements. c'est ma voisine qui m'a dit ça.. Autre aspect également de ce ouï-dire: celui d'une amplification de la réception afin de témoigner son accord ou son désaccord. clameur approbatrice ou désapprobatrice) 175 © Pierre Boudon. irresponsable qui est à la limite d'une communication articulée (mais qui témoigne d'un mécontentement). Récapitulons ces différentes facettes par le templum suivant: (viii) Templum de la Scène de la parole Métatermes: MT+: communication publique (trois personnes minimalement) MT-: communication privée (dialogue à deux) Corrélats initiaux: X : témoignage (tiers terme en tant que sujet informateur ou objet de preuve de ce qui est dit.. Dans tous ces cas. C'est donc une parole qui échappe entièrement à la responsabilité des co-énonciateurs. direct. écrit. confuse. les sifflets. en tant que légitimation d'un statut) Y : énonciateur (celui qui parle. Il s'agit donc de sources d'information diffuses.. indices ou tiers) YZ : contrat d'échange (oral. Bref. plurielle. indirect. .). Tous droits reserves. exprimée clairement mais d'une clameur anonyme. les voeux. les applaudissements. Bis!. ou bien les Hou! Hou!.. Sortez-le!. une parole publique. bruit qui court... bref. 2004. des calomnies faciles.. il ne s'agit pas d'une parole officielle.qu'untel il sort le soir. . Tous droits reserves. nous obtenons grâce à cette définition de la Scène de la parole le contexte perlocutoire qui permet de saisir l'échange implicite sur lequel joue l'ironie. publique # com. privée preuve témoignage médiatif rumeur énonciataire énonciateur dialogue direct transposé En revenant finalement au thème de l'ironie.-: com.(viii') La schématisation sera de la forme: information MT+. 176 © Pierre Boudon. 2004. c'est pourquoi nous comprenons que celle-ci est une communication à trois personnes et non seulement à deux puisque c'est dans l'attitude du témoin que nous pouvons voir si l'ironie a réussi ou pas (retour final à notre exergue initial). CINQUIÈME PARTIE: L'« OBJET QUELCONQUE » ET SON ASPECTUALISATION 177 © Pierre Boudon. . Tous droits reserves. 2004. et cependant il est quelque chose. comme lorsqu'on parle des valeurs aspectuelles associées aux temps des verbes (dans les langues slaves. par exemple). celui d’une phénoménologie. Tous droits reserves. ni rectangle. un peu à la façon dont Gonseth (1937) parlait d'une « logique de l'objet quelconque ». 2004. . Là encore. 1 On retrouve cette notion élargie de l'aspectualité dans les travaux de B. de totalisation/détotalisation. d'une aspectualité spatiale (différents types de localisation).Oublions les choses. de la dénomination et de sa normalisation en tant que prototypie constitutive des classifications. par exemple) mais à travers celui-ci. C'est ce que nous allons appeler une aspectualisation. l'expression utilisée étant plus large que celle des propriétés spécifiquement grammaticales. Desclés. ou encore celle que nous rencontrons dans des processus organique (genèse)1.. le fait qu'il puisse être décrit comme un être ayant une consistance « mondaine » (en relation avec le discours). il nous faut partir de la conception la plus générique qui soit.. celle de l'« objet quelconque ». 178 © Pierre Boudon. non pas hors discours.. Pottier ou de J. Nous allons aborder maintenant la question de l'objet sous l'angle de ses qualifications comme objet-monde.-P. nous devons dégager des opérations cognitives qui nous permettent de définir sa nature. de même qu'un « triangle » quelconque est un triangle ni isocèle. ne considérons que les rapports Braque Dans la Deuxième et Troisième parties. Pour cela. procès. On parlera ainsi d'une aspectualité temporelle en tant que processus de déroulement (état. ce qui serait un tout autre projet (cf. nous avons abordé la question d'une détermination référentielle du point de vue de la désignation. ni équilatéral. nous voudrions constituer cet objet de discours à partir d'une minimalité générique distincte de la désignation (qui est un acte) et de la dénomination (conduisant à une description) et de la prototypicité (qui est une évaluation). événement). comme lexis ayant son propre système de référence à travers ce double niveau syntaxique et sémantique. d'une mesure) et d'une qualité (indénombrable. localisation. au lieu de hiérarchiser par simplification. d'un ordonnancement. nous enrichissons des objets en tant que formes élémentaires. totalisation) nous permettent de retrouver le sens d'une description et d'une spécification des entités que nous avons abordées. moment dialogique. 179 © Pierre Boudon.. mais d'un autre point de vue (celui d'une inter-objectivité aspectuelle et non d'une intersubjectivité énonciative). temps. espace. . se présente ainsi au départ comme le croisement d'une quantité (au sens d'un dénombrement. Cet objet. 2004. l'objet de discours en tant que « physique » (au sens où l'entendait les Grecs. des « corps » qui les animent. Nous verrons finalement que ces deux démarches peuvent se rejoindre dans une restitution épistémologique de ces « lieux de vie » que nous cherchons à décrire. Dans la Première partie. nous avons une logique. nous retrouvons le schéma (i) supra de la Deuxième partie où nous avons une grande latitude entre le niveau des schémas syntaxiques et le niveau d'une polysémie sémantique. des processus organiques) peut être aussi bien celui du langage ordinaire (système de repérage des sujets et des objets) que celui d'une poétique où l'énoncé fait monde. nous avons ébauché une notion de « lieu intersubjectif » en tant que modes d'une instanciation localisatrice des énonciateurs (cf. ces formes de processus (notions. par contre il est proche de ce qui fit le fond de la variation/réduction phénoménologique (l’epokè husserlienne (1972 [1913])). C'est pourquoi. l'autre vers une qualification aspectuelle de type spatio-temporel. C'est à partir de cette articulation minimale que nous pouvons déployer deux axes. etc. c'est-à-dire. Le mouvement proposé est finalement l’envers d'une démarche classificatoire à partir de la grande variété des données empiriques. non-ordonnable mais cependant perceptible). temps situé. mais d'autoorganisation où le montage fonctionne dans les deux sens.En cela. non pas hiérarchique (de dépendance du second par rapport au premier).. Entre ceux-ci. co-énonciation. Tous droits reserves. Au lieu d'abstraire pour obtenir des classes de plus en plus réduites. Nous abordons maintenant la question d'une aspectualité associée au temps et à l'espace référents en tant que constitutifs d'un monde dans lequel nous vivons implicitement. l'un vers une topologie des ordonnancements. le mot fait monde (comme dans la poétique de Mallarmé). nous thématisons des qualités de plus en plus concrètes.. parfois même.). par exemple “de deux coudées. “quel”. ou quel.—“être en état”. par exemple. retrouve simplement certaines des catégories fondamentales de la langue dans laquelle il pense. 74) qui structure la pensée. demi.— “où”.1. 63-74). celle d'Aristote dans ses Catégories (chapitre IV)— allant même jusqu'à les assimiler (1966. il arrive au chiffre de six catégories de prédicables (Op. ou être en posture. 66). ou combien. CATÉGORISER L'OBJET GÉNÉRIQUE Dans un article qui fit date. 2004. au marché”. et ce sera notre point de départ: Chacune des expressions n'entrant pas dans une combinaison signifie: la substance. 180 © Pierre Boudon.— “faire” par exemple “il coupe. ou être en état. ce que nous ne chercherons pas à faire. par exemple “hier.— “quand”. par exemple “au Lycée. Pour peu qu'on prête attention à l'énoncé des catégories et aux exemples qui les illustrent. ou faire. se vérifie sans longs commentaires. l'expression de « catégories ». ou où.— “combien”. il est armé”. p. “homme”. Aristote pose ainsi la totalité des prédicats que l'on peut affirmer de l'être. curieusement. il est brûlé”. bien que nous suivrons dans l'ensemble cette démarche puisque nous pensons que ces catégories font partie d'une faculté de langage (Op. cit. non encore proposée apparemment.. p. par exemple “double.V. plus grand”. cette interprétation. Or..— “relativement à quoi”. par exemple “il est coupé. Benveniste mit en parallèle les catégories de la langue grecque avec celle de sa philosophie —plus spécifiquement. puisqu'il suscita de nombreuses réactions de la part des philosophes (Vuillemin.— “subir”. de trois coudées”. il nous semble —et nous essaierons de montrer— que ces distinctions sont d'abord des catégories de langue. en général. Finalement. il est assis”. Benveniste assimile terme à terme catégories de langue et catégories de pensée. l'an passé”— “être en posture”. ou quand. il y a une homologie entre ces expressions et. raisonnant d'une manière absolue. cit. ou subir. il brûle”. est le lieu d'articulation entre ces deux manifestations (la langue. instruit”. ou relativement à quoi. par exemple “il est chaussé. p. “cheval”. “Substance”. et il vise à définir le statut logique de chacun d'eux. avec son corrélat Table des catégories en tant que déclinaison paradigmatique. et qu'en fait Aristote. par exemple “blanc. par exemple “il est couché. Derrida). Nous allons procéder différemment. . lorsque le linguiste cherche à réduire ces catégories linguistiques au minimum. Nous passons en revue successivement les dix termes. Tous droits reserves. la pensée). mouvement). nous avons des phénomènes processuels en tant que déroulement. Or ce sens comme déroulement (avec ses différentes phases) renvoie à des modes plus généraux. phénomènes fondamentaux qui tournent autour de la notion de complétude-incomplétude (cf. extensive sérialité Comment préciser un sens de parcours dans ce mini réseau de templa ? Au centre de celui-ci. successif et simultané précisent le fait que nous sonmmes en présence d'un ou de plusieurs processus en cours. Tous droits reserves. Nous allons procéder de façon similaire avec la notion d'aspectualité laquelle sera analysée globalement sous la forme de ce second mini réseau de templa: (i) Le mini réseau de templa (aspectualité) jonction disjonction dessous dessus complétude incomplétude successif simultané prospectif rétrospectif microcosme agrégation macrocosme désagrégation homogénéité hétérogénéité gr. . ce seront ceux que nous introduirons sous le titre de successivité/simultanéité en tant que définition de ce qu'est un état (stationnaire). 2004. un procès (action. accompli-inaccompli dans le vocabulaire linguistique). 181 © Pierre Boudon.Ceci nous amène à définir un nouveau mini réseau de templa. un événement (interruption). comparable à celui proposé dans la Présentation et qui nous a permis d'avoir une vision d'ensemble de la problématique développée au cours des quatre premières parties. intensive gr. d'une collection donnée d'objets. accomplissement progressif « vers un avant » et régressif « vers un arrière »). déroulement) une qualification spatiale comme la notion de milieu ou de totalisation et c'est ce que nous aurons à considérer en association étroite avec les précédents. les énoncés. d'un déroulement. se rompent par détachement. par rupture ou scission).Enfin. Elle est le lieu de mouvements incessants. 182 © Pierre Boudon. Ce que nous aborderons sous le titre 3 Ce couple de termes est emprunté à la linguistique de Guillaume (Québec. nous devons savoir également qu'elle est la nature de ces « objets ». 260). 1973. par emboîtement. il est possible de lire cette carte à travers le cheminement qu'on peut en faire. non pas l'ensemble maximal des objets auxquels le mot convient mais l'ensemble des objets auxquels momentanément le discours réfère. (ou inversement. d'un substrat. d'une totalisation. comme l'agrégation-désagrégation.. 2004. pour le linguiste. c'est-àdire. sont ainsi liés les uns aux autres et c'est pourquoi il est difficile d'analyser l'un des termes de ce mini réseau templa (i) supra sans faire appel à des considérations qui touchent aux autres. Par exemple. Tous droits reserves. Il faut donc associer à la notion de processus temporels (cf. La mer est agitée. L'extensité désigne. expriment une agitation mais on dira alors que ce substrat est un « milieu » et non une « totalité » circonscrivable au moyen d'une limite et composée .. Pour qu'il y ait mouvement directionnel. Ce sera le dispositif de l'agrégation/désagrégation. Toutefois. . distincte dans ce dernier cas de l'extension logique. Tous ces aspects: définition d'une limite. toutefois. La mer est en mouvement. il faut des objets qui soient désignables comme entités localisables. Tous ces aspects sont liés par des prérequis. par lien. fait référence à des modes d'articulation élémentaires: soit comment des unités s'assemblent par contact. Bien sûr. Tout phénomène est-il processuel? C'est ce que nous allons considérer en premier en définissant le rapport entre les notions de grandeur intensive et de grandeur extensive3. l'accomplissement. dernière étape dans cette notion de déroulement: nous introduirons sous le nom de prospectivité et de rétrospectivité le sens d'un point de vue sur ces modes d'accomplissement lesquels ont un type d'orientation vers des points d'arrivée (cf. permettant de retracer les conditions de validité des uns par rapport aux autres.. p. les conditions générales de cette notion de processus ne sont pas remplies. sous les noms d'intensité et d'extensité. à propos de la notion de substrat (définie à travers celle de grandeurs intensive et extensive). 2004. pour caractériser sa généricité. nous devons savoir si celui-ci est de nature homogène ou hétérogène. totalité) où nous retrouvons les problèmes méréologiques introduits précédemment . propres à des objets isolables les uns des autres et celles d'intensité. Tous droits reserves. Dans ces différentes propriétés d'une homogénéité-hétérogénéité nous pensons d'abord à des propriétés « mécaniques ». propres à des phénomènes non isolables (qu'on ne peut « morceler »). d'assemblage formant des entités supérieures (collection. Ainsi une aspectualité spatiale est constituée par ces phénomènes de voisinage (au sens mathématique). Zilberberg (1998) afin de caractériser le rapport entre continu et discontinu dans une sémiotique tensive. ce couple de termes recouvre également des propriétés « organiques » comme assemblage et engendrement non d'objets mais de « corps ». Une sérialité (celle de la notion de nombre. par exemple) n'est possible que dans le contexte d'une homogénéisation préalable des entités considérées (cf. Or.des modes de la jonction-disjonction en tant que principe. Ainsi ce couple permet de définir la nature d'une production comme extensité. contrairement aux objets standards (mais cependant. Enfin. en tant que rassemblement et surtout en tant que décompte. toutefois. L'hétérogénéité ne conduit pas à la collection mais au chaos (qui est une forme de milieu sans ordre linéaire) relevant de l'agrégation-désagrégation. que nous empruntons à Guillaume (voir la note (3) précédente)4. cette notion est à rapprocher de celle des « airs de famille » introduits auparavant à propos d'une identité partielle puisqu'un corps n'est jamais semblable à un autre. gardant tous la même définition). 183 © Pierre Boudon. qu'entre eux il y a mille variations qui les différencient. Fontanille et Cl. nous dirons qu'elle relève de deux types de propriétés: celles d'extensité. LES GRANDEURS INTENSIVE ET EXTENSIVE Considérons les termes de notre hypothétique objet de départ. les modes d'un rassemblement et d'une production d'objets isolables et comptables. .une uniformité de substrat et non une disparité).2. Cette opposition. V. aurait pu être également celle entre les notions de discret et de 4 Ce couple de grandeurs a été repris par J. La notion de grandeur. Cette distinction ne relève donc pas des quantificateurs discursifs mais du problème que nous voulons résoudre maintenant. représente implicitement une notion de corrélation (soit. de l'autre. on ne peut isoler le rire de son visage. 184 © Pierre Boudon. La notion de grandeur ne peut donc être un « en soi ». un air de famille. ce que nous voulons éviter puisque c'est la notion même de substrat que nous voulons clarifier au niveau des métatermes. une mise en rapport implicite à un récepteur). le rire n'est pas détachable du corps de Jean. Tous droits reserves. D'un côté. qu'il en est une émanation intensive (cf. nous avons une grandeur extensive en ce que la quantité de viande pourrait recevoir une certaine évaluation (numérique). Comparons ces exemples. mais celle-ci s'avère déjà « concrétisée » dans des substrats. nous avons les partitifs qui spécifient sans préciser une quelconque quantité. Cette problématique est proche de celle abordée dans la Troisième partie à propos des quantificateurs discursifs où l'on a également cette distinction (implicite) entre une grandeur prise dans son sens intensif et une grandeur prise dans son sens extensif. de son corps tressautant). lesquels sont beaucoup plus concrétisables en ce qu'ils seront à la base de relations de repérage. 2004. Dans le dispositif suivant. . deux niveaux de cette corrélation sont distingués: celle dont on vient de parler entre les notions d'objet (extensif) et de phénomène (intensif) et celle entre des rapports. alors que dans le second cas. Cette distinction sera celle entre métatermes et termes de base. nous avons un balayage de la classe qui relève d'une extensité puisqu'on peut faire la différence globale entre une « grande quantité » (beaucoup) et une « petite quantité » (peu). quantitatifs et qualitatifs. qu'elle soit intensive ou extensive. (ii) Jean a mangé beaucoup de viande Jean a beaucoup rigolé Il ressemble beaucoup à son frère Son courage nous a beaucoup plu Dans le premier cas.continu. une satisfaction). les deux exemples suivants sont comparables à ce dernier en ce que tous relèvent de valeurs intensives (cf. Tous droits reserves. non réductible aux choses nombrées. de cette qualité enregistrée (par couples) à une qualification comme propriété sensible (cf.. etc. aux sons. le vent. L'humidité. à propos de la notion de corrélat.. {épais et mince}. La terre. cela est vrai pour toute forme de corrélations sensibles (couleurs. cette viande est froide). sons. nous retrouvons bien sûr le leitmotiv de ce qui fit le fond d'une linguistique et d'une sémiotique contrastives.. des couleurs. qualia): La chaleur. des textures.. Le froid.. textures. A propos d'une quantité. elles n'existent qu'à travers une opposition. nous pouvons procéder de façon similaire: de la possibilité d'un dénombrement (les cailloux. Nous avons donc des corrélats qualitatifs avant même d'avoir des qualités comme telles (intitulées ici. les doigts. . on ne peut qualifier que par différence. saveurs). égalité). dont nous dirons que la considération nous ramène à une grandeur intensive. il faut un étalonnage). On peut ainsi opposer des qualités sensibles. Elles sont toutefois mesurables au moyen d'artefacts qui les plient à 185 © Pierre Boudon. le troisième terme qui ne peut être ni l'un ni l'autre. nous venons de développer une procédure qui nous amènent de la qualité au registre dans lequel celle-ci prend place. ambiance). pour mesurer. Ajoutons ainsi que la sensibilité (aux couleurs. 2004. de relever du même registre mais avec des signes inversés: {chaud et froid}. etc. La sécheresse.. on établit ainsi la notion de « nombre ». par différence. Ces qualités sont des corrélats puisque. qu'on peut mesurer des grandeurs (et. les arbres. nous dirons qu'on peut énumérer. cette viande n'est pas chaude). nous dirons par contre qu'on oppose des qualités dont le prérequis de base est d'être homogènes. Par corrélats quantitatifs. au départ. l'air.) nous pouvons passer à une échelle de dénombrement et/ou de mesure construite à partir de la propriété de nombre (succession. le sang). soit. soit. où l'entité « est le siège » d'une propriété).) est le produit d'une grandeur intensive (en tant que phénomènes) et de différents registres corrélationnels. émanations. A vs B (Cette viande est chaude. Ainsi. aux émanations.Venons-en à la définition de ces deux types de corrélats qui vont nous permettre de préciser. ou segmentées. des sons. Nous retrouvons finalement les choses comme se prêtant ou non à une énumérabilité (le caractère discret de celles-ci) et c'est par différence d'avec cette dernière propriété que nous considérons des « substances massives » qui ne peuvent être décomposées (cf. des émanations (odeurs. Par corrélats qualitatifs. et même des comportements. A vs non-A (Cette viande est chaude. {lourd et léger}.. etc.). Ces substances peuvent faire partie à nouveau de grandeurs extensives (mais indéfinies). il faut qu'il y ait un rapport comparatif dont le terme minimum est l'absence/présence d'une qualité (couleurs. une pelletée de neige. Nous avons amplement parlé des métatermes qui sont à l'origine de ces distinctions et des rapports de renversement possible entre ces deux notions de la grandeur. en tant que telle (cf. il faut donc parler de corrélats (corrélats quantitatifs et qualitatifs) puisqu'ils ne peuvent être appréhendés qu'à travers des registres. Dans tous ces cas de relations. par exemple)5. sons. multiplement données par ailleurs. Ainsi. on peut passer à. Cette présence de l'opposition privative serait donc la pointe vers XZ des rapports oppositionnels développés au poste Z. une homogénéité des termes mis en relation. nous faisons implicitement appel à la nature des termes mixtes: en XY. par exemple « degrés Celsius »). La Chaleur). Qu'est-ce qu'il fait chaud!. D'un côté. textures. Il fait presque quarante! (qui présuppose un registre de quantification. comme « milieu » distinguable d'autres (le règne minéral et le règne végétal. nous avons des corrélats qualitatifs au poste Z. qui est massivement une qualia comme dans. Pour qu'il y ait perception de ces qualités. émanations. On dira 5 À propos de la description encyclopédique de l'< oiseau >. nous avons donc des corrélats quantitatifs au poste Y. 186 © Pierre Boudon. etc. partant de la notion de « chaleur ». puis à. .une mesure (même grossière): Un tombereau de terre. En effet. Dans cette explication. et de l'autre. la massivité ne peut engendrer une discernabilité des sens. et en XZ celle des qualités sensibles (qualia) comme sensations propres à des corps mais aussi à l'« apparaître » des choses (cf. intensive et extensive. C'est par rapport à ces deux types de registres que nous situons en opposition conjointe la notion de massivité comme ce qui relève d'une substance (indécomposable). quantitatives et qualitatives. nous situerons la notion d'une énumérabilité des objets. Tous droits reserves. le principe même d'une discrimination perceptive. le fait qu'ils soient dénombrables (ce qui n'est pas le cas de toutes les substances). Quelle chaleur étouffante!. La température n'arrête pas de monter (c'est une progression dont on ne peut isoler des stades mais qu'on ressent). phénomènes) dont la principale propriété serait l'absence/présence d'une de ces qualités. 2004. une bouteille d'eau. toutefois. jusqu'à l'énoncé. d'étalonnage. notion de comparaison entre grandeurs. de proportion. qui se déduiront de ces corrélats Z : corrélats qualitatifs (la qualité ne peut apparaître que sous la forme d'un registre. lourd/léger. Tous droits reserves. oppositions binaire. opposition. sensible. donnant les couples: chaud/froid. entités et phénomènes sont constitués in nascendi. Quatrième partie) où l'on retrouve l'analogie comme transférabilité interdomaniale 187 © Pierre Boudon. les autres en tant que processus extensif (gradation référée à des registres de mesure). haut/bas. . de proportion.donc que dans ces différents cas (cf. graduables. cf. 2004. ternaire. etc. Corrélats dérivés: XY: dénombrabilité (le fait que des objets puissent être séparés. entier Y : corrélats quantitatifs (la discrétivité permet d'introduire une échelle de rapports que l'on pourra ordonner au moyen d'autres propriétés comme la succession et l'égalité). ressentie). où ainsi. décomptés) par rapport à d'autres qui restent massifs YZ: gradience/équipollence (l'association de ces deux formes corrélatives nous permet de construire des échelles de rapports complexes associant le qualitatif et le quantitatif). mais de façon différente) nous avons un parcours cinématique. Récapitulons ces différences de base sous la forme du templum: (iii) Templum de la constitution de l'objet générique Métatermes: MT+: grandeur extensive MT-: grandeur intensive Corrélats initiaux: X : massif. Nous avons là des couples de notions en deçà desquelles il n'y a rien (le néant). privation. notions de mesure. d'échelle. de similitude sous une forme attributive ou proportionnelle qui nous reconduit à l'homologie (cf. les uns en tant que processus intensif (montée en puissance. en tant qu'objet qu'analysé et objet analysant (référentiel au sens cartésien). cette qualité peut être démultipliée pour former un corps multiple (iii') La schématisation sera de la forme: MT+. des seconds. par équipollence et gradience. . Notre démarche nous amène ainsi au dédoublement de l'objet. par exemple. Des premiers. cf.-: grandeur intensive # grandeur extensive massif dénombrable corrélat quantitatif qualia (sensible) corrélat qualitatif proportionnalité V. Berrendonner 1981) ou la description des « analyses de scène » (Langacker. Jean pèse 5O kilos (qu'une structure prédicative rend mal compte en 188 © Pierre Boudon. 2004. 1991). où nous pouvons introduire une mesure (au sens large) des dimensions. de la hauteur.2. on pourra tirer des équipollences comme équivalences entre des registres distincts. dans les « échelles argumentatives » (Ducrot 1980. Dans l'énoncé. Tous droits reserves. Les échelles des uns et les registres des autres constituent des système de repérage utilisés. on pourra tirer des gradiences comme échelle de rapports. de la largeur et de la profondeur (tant de la scène elle-même. la notion de cadrage. LA PROPORTION Le dernier terme mixte YZ est très important en ce qu'il introduit de nouvelles considérations à partir des notions de rapports quantitatifs et de rapports qualitatifs. que des divers objets qui la composent).1.XZ: qualité sensible (qualia) dont la marque minimale est l'absence/présence issue des rapports d'opposition. Tous droits reserves. Gadoffre. A. le train est plus rapide que la voiture et même que l'avion (où l'on peut introduire des rapports complexes associés à la vitesse). on obtient un référentiel unique (la pesanteur. C'est de ce complexe corps-mesures que rend compte l'énoncé précédent. On peut dire que la science s'est constituée à partir de cette possibilité de transformation du qualitatif en quantitatif (et de l’intensif en extensif). Linguistique. 7 Cf. Entre Paris et Lyon. froid} on peut substituer une échelle de valeurs différentielles {très chaud.. E. soit en termes d'état.. Tous ces rapports de comparaison impliquent une homogénéité des comparés (cf. pas très froid. Paris. Sapir. L'expression de « proportionnalité » est donc fondamentale en ce qu'elle institue un nouvel ordre qui se substitue à l'apparence des choses/phénomènes. le « corps de Jean) mesurée à l'aune d'un référentiel quantitatif (cf. nous pouvons avoir une transformation de la quantité vers la qualité en introduisant un gradient entre les termes d'une opposition: au simple registre {chaud.. Elle « boucle » la structure du templum sur une notion complexe qui en redistribue les termes puisqu'elle est le lieu d'un transfert entre ces rapports quantitatifs et ces rapports qualitatifs. chaud. par exemple) pour une multiplicité d'objets distincts. troisième section. glacial !}7 . 189 © Pierre Boudon. pas très chaud. 1980-1981. Bref. léger} peut être transformé en différence de poids mais non en degrés d'intensité lumineuse qui relèvent d'un rapport {clarté.termes de complément d'attribut). avec parfois des distorsions importantes puisque tout mesurer peut déboucher sur une caricature de savoir scientifique. comme dans. elle constitue la notion d'analogie de proportion qui est au coeur de la pensée « scientifique » grecque6. Jean est plus grand que Paul (que l'on peut transformer en rapport de deux mesures particulières). comme dans. {lourd. nous avons une entité physique (cf. des astres entre eux). Paris. Perroux. soit en termes de procès. 6 Cf. . On peut obtenir ainsi une hiérarchie de rapports quantitatifs suivant la nature des objets comparés (ainsi de la pesanteur des corps vivants entre eux. ainsi. 1968. Paris est plus peuplé que Lyon. F. une échelle des poids : 50 kilogs = 100 livres). G. de différence entre types de registre). opacité}. Mariée avec la notion d'homologie de rapports intra-domaniaux et inter-domaniaux. Inversement. très froid. Lichnerowicz. froid. Cette démarche permet d'introduire le thème du comparatif. 2004. ou encore. des véhicules entre eux. au départ. Une grande partie de la philosophie grecque (celle d'inspiration pythagoricienne) tourne autour de cette opération de conversion de la quantité en qualité. un certain type de continuum (arithmétique. 83-102. 190 © Pierre Boudon. des proportions. avec son pouvoir illimité d'extrapolation (au sens strict du terme). où des registres sont rassemblés sous le signe de l'équipollence. « Métaphores. L'autre aspect de cette mise en rapport entre des corrélats quantitatifs et qualitatifs va être la constitution des similitudes (attributives. algébrique). grâce au pouvoir du nombre. 0. et donc. proportionnelles) où les registres peuvent être distincts. Ceci nous reconduit aux homologies de rapports intra-domaniaux et interdomaniaux où l'on retrouve la propriété d'analogie en tant que trope.. à leur homologation substantielle. -} où l'on retrouve bien le sens du terme médian qui neutralise les extrêmes. Holton 1981): 8 Cf. celui de la définition des intervalles). Nous obtenons ainsi une opposition à trois termes {+. d'une opposition contrastive et que l'on peut sérier selon deux sens du continuum numérique (le problème du bornage de cette série relève d'un autre problème. des rapports. Nous avons ainsi une translation de la notion de rapports proportionnels.. des moyennes proportionnelles (lesquelles sont abstraites puisqu'elles introduisent la notion de « population » d'objets). . 2004. d'une homogénéité comparative. Afin de situer ce rapport d'homologie. on passe ainsi à une mise en rapport d'hétérogénéités. 25 degrés. on peut substituer aux termes de l'échelle des degrés centigrades (10 degrés. Rappelons que ce passage à l’analogie est celui du rapport de ressemblances (comparaisons) à une ressemblance de rapports (proportionnalité). Nous venons d'établir la multiplicité des rapports de comparaison qui sont homogénéisés à travers une quantification qui exprime. Tous droits reserves. d'une quantité (où elle est établie en premier) à une qualité (registres d'opposition).). numériquement. qui est au coeur de l'opération. je citerai assez longuement un article de Molino (1979)8 qui récapitule bien une position épistémologique issue de la tradition aristotélicienne et développée actuellement dans les théories de la science (Black 1962.A la limite. On va voir au prochain chapitre comment construire une sérialité. 70 degrés. p. La notion d'échelle incorpore finalement l'opposition entre le plus et le moins relevant.. 1979. Hesse 1966. modèles et analogies dans les sciences ». (Op. Dans le premier cas. 644). 191 © Pierre Boudon. .. valable aussi bien pour les nombres rationnels que nour les grandeurs irrationnelles.. J. elle est valable. représentant les propriétés de deux êtres x et y: 9 Pour un développement récent de ces différents aspects. qui a permis à la mathématique grecque de triompher de la crise ouverte par la découverte des irrationnels. Aristote utilise deux types d'analogie.-F. que l'on appellera avec Nagel analogie substantielle et analogie formelle. la première par rapport à la deuxième et la troisième par rapport à la quatrième. 2004. cit.si et seulement si ma = nb implique mc = nd » b d > > Il est donc possible maintenant de mettre en rapport des grandeurs irrationnelles. « Analogie. Tous droits reserves. a c < < -. simulacre: Trois figures de la médiation ». Dans le deuxième cas. c'est-à-dire de la proportion. Cette théorie. On représentera la première forme d'analogie de la façon suivante. une fonction cognitive que l'on peut associer à une diversité de substances. théorie édifiée par Eudoxe et dont il est assuré qu'Aristote la connaissait. lorsque n'importe quels communs multiples de la première et de la troisième sont en même temps plus grands. p. p. l'os est à l'homme ce que l'arête est au poisson (Parties des animaux. A1(y). ou. L'analogie aristotélicienne est donc un schème de transfert. il y a identité ou ressemblance de la relation qui unit les parties entre elles au sein de plusieurs espèces: l'écaille est au poisson ce que la plume est à l'oiseau. entre la surface de cercles et la surface de carrés. égaux ou plus petits que n'importe quels communs multiples de la deuxième et de la quatrième ». Poursuivons: En biologie. tant dans le domaine sémantique que dans le domaine des sciences naturelles9. 89). et le modèle —si l'on nous permet d'employer ce mot non encore défini— de sa conception de l'analogie sont fournis par la théorie mathématique de l'analogie. (2003.Le point de départ de la réflexion d'Aristote. A1(x). p. indépendamment du domaine considéré: un rapport analogique peut être établi entre des longueurs et des surfaces. l'arête et 1'os ont en commun la nature osseuse (Seconds Analytiques. Cette validité générale est assurée par la définition 5 du livre V: « Quatre grandeurs sont dans le même rapport deux à deux. etc. 98a). Bordron. 21-34). est exposée dans le livre V d'Euclide. elle vise à construire une théorie générale des proportions. mais aussi d'utiliser l'analogie de manière purement formelle.= -. La proportion permet d'organiser le monde des grandeurs au-delà des limites du genre. modèle. il s'agit de propriétés communes possédées par les parties d'individus appartenant à des espèces différentes: l'os de la seiche. Terminons cette longue citation par. L'analogie se fonde ici sur l'identité des relations rl et r2 (. D'un côté. L'analogie repose sur la possession d'une propriété B1 commune. qu'ils participent d'une économie symbolique dans les fables. dualement interprétée: l'un constitue des dénominateurs communs entre des domaines hétérogènes (c'est ce qu'on rencontre également dans les analogies et/ou métaphores poétiques). x1. et à ce titre. . Y1.. Ces deux volets relèvent finalement de la même formule. L'analogie formelle sera représentée de la façon suivante.. les mythes).) (Op. En développant ces fonctions d'une mise en rapport. 192 © Pierre Boudon. cit. de la proportion à l'homologie— de celle de la prototypicité où nous avons la constitution d'une norme entre des êtres typiques ou atypiques.A1(x) B1(x). . des formules taxinomiques qui président aux classifications intra-domaniales... normaux ou anormaux (cf. végétale. de l'autre... les monstres dont nous avons dit qu'ils représentaient l'envers d'une taxinomie. x2. nous retrouvons les caractéristiques d'une entrée onomasiologique qui nous permet d'établir. l'emblématique médiévale) où les termes sont des syncrétismes de propriétés (cf.. On rapprochera de même cette constitution profonde de l'homologie — comme transfert de la quantité à la qualité. nous avons des propriétés qui constituent des taxinomies (animale.. etc. nous pouvons parler à ce propos de microcosmes symboliques). 2004. nous avons donc des propriétés qui permettent la formation d'univers symboliques (le totémisme étudié par les anthropologues. des formules de « mise en correspondance » inter-domaniales. Relation d'analogie B(y) C(y). représentant les parties de deux êtres appartenant à des espèces différentes entre lesquelles existent des relations r1 et r2: x1 y1 Relation r1 r2 d'analogie y2 x2 .. 89-90). l'autre constitue un même domaine d'homogénéité que l'on peut hiérarchiser selon l'Arbre de Porphyre. Tous droits reserves... minérale) où les termes sont des éléments univoques (et non polysémiques comme les précédents). d'un côté. et de l'autre. p.. Y2. S'il existe un terme commun. le cadre fourni par la proportion mathématique est contraignant et impose sa marque à l'analogie: l'équivocité “ad unum” est irréductible à la proportion à quatre termes. elle nous permet d'établir dans son prolongement d'autres propriétés dans le Réseau de templa10. sous la forme canonique de la proportion arithmétique. dans laquelle la communauté de nom a sa raison d'être « en ce qu'il y a une certaine nature. 90). Entre corrélats quantitatifs et qualitatifs. la metabasis eis allo genos. fondée sur une égalité de rapport. comme nous l'avons souligné auparavant. 1908.L'analogie et son rôle dans la métaphysique d'Aristote posent un problème plus compliqué. pour Aristote. p. Chapitre 1).. l'analogie est l'outil logique qui. exclue en principe de la science. qui représente plus qu'une expression dans un dispositif (dont on peut dériver par scission la métaphore et la métonymie). . 193 © Pierre Boudon. Mais en même temps l'analogie voit son sort lié à celui de la sémantique: qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de mot pour désigner la propriété analogique commune. Tous droits reserves. Par contre. proportionnelle) autour du poste YZ. l'homologie est à la base du mécanisme des tropes. intermédiaire entre la pure homonymie (homonymie par accident) et la synonymie. 2004. ce qu'on peut traduire par épiphore (cf. dans le second cas d'“analogia attributionis”. nous comprenons le principe d'homologie. en physique ou en métaphysique. à la fois cognitif et discursif. sont nécessairement d'irréductibles moyens termes entre univocité et équivocité. et qui sert de principe à leur dénomination commune » (Robin. C'est bien la preuve que. qui se manifeste en quelque facon en toutes leurs acceptions. nous avons une dialectique qui nous permet de produire la notion de comparaison et de similitudes (attributive. relativement à laquelle elles sont ce qu'elles sont. Par cette citation. qui. allant au-delà des genres. cit. En métaphysique comme dans l'enquête scientifique. devient un procédé légitime de connaissance. Réseau du sens II. Cinquième partie. p. celle-ci fait apparaître l'ambiguité essentielle d'un terme et d'un signifié. Les scolastiques parleront dans le premier cas d'“analogia proportionalitatis”. Mais il importe de noter qu'Aristote n'emploie jamais le terme d'analogie pour désigner ce deuxième cas d'équivocité “ad unum”. (Op. en tant que phorie. 151). permet de connaître le réel en dehors des limites imposées par la hiérarchie classificatoire des genres et des espèces (nous soulignons): grâce à l'analogie. deux cas peuvent se produire: il existe ou il n'existe pas de nom pour désigner la relation commune aux quatre termes pris deux à deux ou la propriété commune aux termes en position analogue. existe une homonymie “ad unum”. La comparaison évalue des rapports alors que la métaphore constitue par transgression catégorielle des rapports. nous avons affaire à un type spécifique de correspondance entre signifiant et signifié. parce qu'aux données ontologiques se mêlent des données linguistiques. Mais il y a deux types d'intermédiaires: à côté des homonymes selon l'analogie de proportion. entre l'équivocité et l'univocité. à l'anaphore et à la cataphore. Dans le cas de la proportion utilisée en biologie. 10 La comparaison prendra place dans des mécanismes discursifs qui l'associent. .3. possédant une borne supérieure et une borne inférieure et que l'on peut subdiviser en un certain nombre de sousintervalles (qualifiant des écarts perceptifs13). dans celle d'intervalle (de temps. d'espace). huit. nous avons un dispositif qui définira la notion d'échelle de grandeurs comme rapport global entre 11 Dans cette multiplicité substantielle. nous avons ainsi une véritable « incarnation » au sens du passage d'un ensemble de mises en rapport (métaterme négatif) à la formation d'une entité multiple (métaterme positif)11. Nous allons ainsi la compléter à l'aide de trois autres templa: le premier va porter sur la notion d'un ordonnancement des termes. par exemple. nos différentes opérations partent de cette base et c'est par transfert de ses propriétés que nous pouvons établir les notions de comparaison et de similitude. 2004. L'univers des qualia peut être ainsi envisagé comme multiplicité de qualités réunies sous le signe de l'équipollence et de l'homologie sous-jacente. opération subdivisante que l'on peut répliquer afin d'obtenir des sous-espaces. 3. alors que dans une série ordonnée nous avons une progression.. En dernier lieu. .. 194 © Pierre Boudon.Nous dirons ainsi que le principe d'équipollence entre différents registres permet de constituer une unité complexe faite d'une multiplicité de qualités réunies (couleurs. sons. 2. soit un ordre référé aux opérations de succession et d'égalité entre termes12. Tous droits reserves. quatre. 13 À propos du champ de perception sonore. textures.. V.) que l'on peut à nouveau reverser dans la notion de qualités sensibles (cf. 12 Pour une distinction entre « relations sortales » et de « relations sérielles »... Le second va porter sur la notion d'intervalle topologique ouvert et fermé. S. MODES DE LA SÉRIALITÉ Reprenons l'analyse des corrélats quantitatifs. de gradience et d'équipollence. on peut voir un certain rapport à la « priméité » de C. la série des nombres naturels (1. L'exemple typique est la gamme musicale. 4. nous avons un espace (topologique) bornée par des extrêmes à partir desquels nous pouvons définir un terme médian qui départage l'intervalle en deux moitiés. émanations. dans cette réversion. différentielle et graduable sous la forme de valences. deux. . Peirce (1978.. 19 sq)..). poste XZ) issues du poste Z qui joue là le rôle de « pivot » dans la formation de ces registres. On dira donc que nous pouvons situer l'égalité au poste X. la première les neutralise. nous pouvons reprendre ce que Blanché (1966. alors que ces relations sont inverses l'une de l'autre. En effet. formant les corrélats de base de notre continuum dans les deux sens (croissant et décroissant). dans les philosophies traditionnelles. sont « mis en miroir » les uns par rapport aux autres. p. Une gentilhommière n'est pas un château: c'est plus petit. le fait qu'ils se rangent successivement. en effet.3. Tous droits reserves. 2004. par exemple. . V. cela peut être également une quantité. Ajoutons par ailleurs que Blanché ne précise pas le type de grandeur proposée. les deux opérations situées aux postes Y et Z ont pour terme mixte la notion d'inégalité (a ≠ b). à savoir qu'entre deux nombres l'un est « plus grand » ou « plus petit » que l'autre. voire. Les opérations que nous décrivons sont ainsi plus abstraites que la simple constitution d'un continuum numérique. qu'entre eux. de ceux de « plus grand que » (a > b) et de « plus petit que » (a < b). L'ORDONNANCEMENT NUMÉRIQUE A propos du premier templum.1. nous pouvons disposer. cela peut être un ordre ordinal (positions). des dimensions spatiales. de l'autre. 63-64) a mentionné comme un exemple précis de confirmation de son hypothèse. de part et d'autre de celui-ci. on peut ordonner des nombres. nous avons une possibilité de conversion. à savoir qu'à l'aide des six termes de son hexagone logique. Nous avons ainsi affaire à trois types de grandeur qui participent de la notion générale de corrélats quantitatifs et qui permettent d'enrichir celle de corrélats qualitatifs puisqu'on sait. on peut constituer la notion de continuum numérique. des sens d'orientation. des rangs hiérarchiques 195 © Pierre Boudon. D'un côté. nous avons un concept fondamental d'égalité entre nombres (a = b). mais aussi bien. Ajoutons enfin que par rapport à l'égalité. « plus grand que » et « plus petit que » aux postes Y et Z. alors que d'un côté.des mondes (la différence qualitative entre macrocosme et microcosme) dont nous allons tirer un principe spéculaire de représentation puisque ces mondes. comme lorsque nous parlons.. En particulier. par exemple. Mathématiquement. les uns exprimant un ordre. Or cette notion d'intervalle unitaire va faire partie des considérations qui suivent sur les espaces topologiques. ainsi. « le coréen dispose de morphèmes honorifiques qui « sont diversifiés à l'extrême selon le rang du sujet et de l'interlocuteur.dans la société14. alors que dans l'autre. des termes d'adresse dans certaines langues. de l'autre. c'est grâce à la notion d'intervalle unitaire que l'on peut préciser une moyenne générale qui ne répond pas à un 14 15 À propos. Cette distinction fondamentale est ainsi réservée aux métatermes du templum. c'est par rapport à cette notion que l'on peut définir celle de superlatif par rapport à celle de comparatif puisque des extrema sont implicitement signifiés (cf. et c'est pourquoi on peut les associer aspectuellement en tant que modes d'un ordonnancement.. dans le dernier exemple. et varient suivant qu'on parle à (ou d') un supérieur. qui définissent implicitement des intervalles de grandeur (taille) que l'on doit préciser. identifiés à une borne supérieure ou inférieure): Le plus grand des types de ce groupe. De la première. le groupe peut être celui d'athlètes. c'est la différence fondamentale entre les nombres « ordinaux » et les nombres « cardinaux ». 2004. « égal à ». etc. ou bien. C'est cette différence entre types de grandeur qui explique que.. 196 © Pierre Boudon. les unes par rapport aux autres15. on fait donc intervenir implicitement des référentiels de taille (cf.. on aura une augmentation ou une diminution numériques. des critères d'échelle infra. de la seconde ou de la troisième pomme. pour les parenthèses ajoutées au texte de Benveniste).. une quantité. les autres. 1994. p. 1966. du genre: Le plus grand des deux types. . On comparera cette attribution aux relations. Tous droits reserves. de deux ou de trois pommes. 204. Le plus petit d'entre eux. les uns par rapport aux autres. dans un cas. « plus grand que ». d'adultes ordinaires ou d'enfants. etc. à (ou d') un égal ou à (ou d') un inférieur » (Benveniste. Ces rangs hiérarchiques sont ici équivalents à nos relations. D'une. le nom reste au singulier en tant que désignation des positions prises successivement par une unité. celle des humains. celle des habitations. le nom est mis au pluriel. Le plus petit des enfants. en particulier. « plus petit que ».. Soit. Le petit mec qui est passé hier soir. soit une variation continue. et Kouang Hyeun Kim. Ajoutons subsidiairement que la relation de grandeur (mesure) peut être convertie en une attribution: Le grand type qui fait plus de un mètre quatrevingts. p. 226..)... Tous droits reserves. 2004. en moyenne.individu en particulier (Les français mesurent.-: grandeur ordinale # grandeur cardinale égalité plus grand ou égal plus petit ou égal plus grand que plus petit que inégalité 197 © Pierre Boudon. . un mètre soixante treize). Rassemblons ces différentes considérations dans le dispositif: (iv) Templum d'une structure d'ordre Métatermes: MT+: grandeur cardinale (mensurations) MT-: grandeur ordinale (ordonnancement) Corrélats initiaux: X : notion d'égalité ou de position identique (a = b) Y : notion de « plus grand que » ou de succession (a > b) Z : notion de « plus petit que » ou de précession (a < b) Corrélats dérivés: XY: notion d'approximation (plus grand ou égal: a ≥ b) comme limite supérieure YZ: notion d'inégalité numérique ou de distinction positionnelle (a ≠ b) XZ: notion d'approximation (plus petit ou égal: a ≤ b) comme limite inférieure (iv') La schématisation sera de la forme: MT+. Dans 16 Cf. p. ce qui serait une contradiction logique si on prenait la personne au mot: Ou le dîner est prêt ou il n'est pas prêt! Or ce n'est pas le cas et c'est pourquoi Ducrot (1984. 2004. Le dîner est presque prêt. changement). « plus petit ou égal » qui expriment cette notion d'approximation et qui fera la différence entre la mathématique de Descartes et celle de Leibniz. comme d'une borne gauche et d'une borne droite dans un espace/temps de déroulement d'activités.2. p. « plus grand ou égal ». Des expressions comme: presque. V.. c'est la différence entre. ou encore. C'est ce qu'on appelle aspectuellement une durativité. 198 © Pierre Boudon. Il est cinq heures et Il est presque cinq heures. rupture. on parlera donc de bornes supérieure inférieure à propos d'une gamme musicale où les extrema sont indépassables. de la notion d'« approximation » comme expression graduelle tendant vers une limite supérieure (dans une progression). Y. nous changeons de dimension puisque de l'ordre arithmétique précession/succession nous passons à un ordre géométrique fait d'espaces bornés par des extrema. opposée au caractère ponctuel d'un événement (coincidence. L'INTERVALLE TOPOLOGIQUE Passons à la notion d'intervalle topologique. Linguistiquement.Nous n'avons pas parlé du statut des termes mixtes XY et XZ.. à peu près. ou tendant vers une limite inférieure (dans une régression). mentionnent cette approximation que l'on va retrouver aspectuellement dans la notion d'un procès d'accomplissement: Il a presque fini ses devoirs.. Belaval (1960. c'est ce qu'on peut appeler un espace/temps cinématique dans une scène visuelle qui associe l'ensemble d'un procès à la succession de ses états transitoires. dans une véri-conditionnalité comme lorsqu'on vous annonce. est capital en ce qu'il a joué un rôle historique dans l'avénement d'un calcul différentiel et intégral16 . 304 sq). elle a un point de départ et un point d'aboutissement. Or ce statut. c'est ici le sens profond de ces expressions. pas tout à fait. . loin d'être négligeable.3. 95-114) a parlé de « loi de discours » à propos de ce genre d'exemples où la logique est gommée par euphémisme. Tous droits reserves. c'est-à-dire. La durativité propre à une action ou à un mouvement est généralement limitée dans le temps. On peut subdiviser un intervalle en d'autres. les extrema sont alors rejetés à l'infini. 199 © Pierre Boudon. son déroulement peut avoir des phases. Considérons plus précisément la notion de bornage17. puis en quarts.le domaine cosmique. nous avons la suite des opérations: (v) Schéma de développement de la notion d'intervalle bg bd bg intervalle fermé bd intervalle ouvert bg = borne gauche bd = borne droite Subdivision de l'intervalle semi-ouvert: 17 Je dois beaucoup à J. comme point d'origine de l'opération. s'oppose ce qu'on appellera une médiété comme médiane qui partage l'intervalle en deux moitiés. c'est-à-dire. comme dans le cas des phases de la lune ou le cours du soleil pendant une année. (Desclés. 1985) et (Desclés. en particulier les articles. en huitièmes. Tous droits reserves. pris ensembles. topologiquement. 2004. elle circonscrit un espace (peu importe sa dimension métrique) qu'on peut appeler un intervalle fermé s'il s'agit d'un événement ou un intervalle ouvert s'il s'agit d'un état . on aura enfin un intervalle semi-ouvert s'il s'agit d'un procès qui a un point de départ mais qui n'a pas de point d'arrivée spécifié. . être ponctué au moyen de moments de fermeture/ouverture de cycles (un ancien suivi d'un nouveau). que l'on peut développer un espace illimité d'avant et d'après puisqu'on dispose d'une mesure intérieure. 1989) où il montre comment plusieurs phases peuvent se superposer dans un déroulement sans se confondre aspectuellement. C'est à partir de cette médiété. On retrouve tout ceci dans la forme d'une aspectualité où la langue reflète ces différences essentielles. Diagrammatiquement. Desclés à propos de cette conception de l'aspectualité spatiotemporelle basée sur l'intervalle topologique (borné et orienté).-P. ces mouvements sont illimités (à notre échelle). de plus. Ainsi aux extrema. signifiant un point de départ) et se poursuivre indéfiniment tant qu'un point d'aboutissement n'est pas signifié (borne droite fermante). un processus peut s'arrêter (borne droite fermante) sans qu'on sache précisément quand il a commencé (borne gauche ouvrante). un processus peut démarrer à un moment donné (borne gauche ouvrante. On ajoutera que la médiété centrale peut être une mesure spatiotemporelle de scansion à partir de laquelle on peut évaluer la vitesse d'un déroulement. Tous droits reserves.. Intervalle semi-ouvert avec orientation (sens de parcours d'une action Ainsi on peut avoir des intervalles semi-ouvert (vers l'avant) permettant de sérier des espaces de déroulement d'activités (ou de mouvement physique). Dans la nuit des temps.bg m bd intervalle semi-ouvert Subdivision de l'intervalle ouvert avec double direction d'orientation: m=0 le point d'origine m peut être le zéro d'une datation historique (ères): naissance du Christ. Il est allé trop vite dans son travail.. on spécifie un intervalle semi-ouvert nécessaire pour faire un travail et le sujet en a devancé le terme d'accomplissement. Inversement. La montre avance ... Ainsi. La médiété peut devenir ainsi le curseur d'un accomplissement qui part de la borne gauche pour aller vers la borne droite selon un certain rythme. par exemple l'expression. il y a alors un avant (remontant et un après (descendant). En résumé. . de Mahomet. Dans. ce qu'on appelle un point télique. la médiété —simultanément donné aux extrema dans la définition de l'intervalle— peut être subdivisée pour donner ce que Aristote 200 © Pierre Boudon. spécifie que le mouvement de la montre devance sa vitesse normale (même chose avec. La montre retarde). les civilisations se pensent généralement sur ce modèle. 2004.. double. que ces mises en scène soient naturelles (dans la notion de paysage) ou culturelles (artefacts et bâtis architecturaux). choix d'un étalon. d'une vision 18 À propos des corrélats quantitatifs. 1984. tiers.3. ce qui permet de « proportionner » des objets les uns par rapport aux autres. C'est dans le croisement de ces deux dimensions que nous pouvons saisir une dynamique de procès scandée sous forme d'états successifs à titre de phases du processus. Tous droits reserves. triple. exprimée dans une dimension horizontale (référée par exemple à des temps d'accomplissement) et dans une dimension verticale (l'intervalle des hauteurs qu'offre la gamme musicale). L'espace de l'intervalle offre donc une dynamique. Tout ceci pour dire que les rapports d'échelle conduisent à une problématique de la représentation beaucoup plus large que la sérialité ou le découpage d'espaces de déroulement. Ce système de rapports utilise des concepts numériques (progression. LES ÉCHELLES DE GRANDEUR Abordons la question des échelles de grandeur à la suite d'un ordre arithmétique et des différents types d'intervalle topologique. de cadrages implicites de ceux-ci.Ce sont des « mises en scène » d'objets et/ou de phénomènes impliquant des types de points de vue (observateur). Dans la constitution d'échelles de grandeur. etc. V. elle peut exprimer enfin un balayage de l'intervalle avec une vitesse normale de ce mouvement. . 201 © Pierre Boudon. Elle peut exprimer une norme entre deux parties. 2004.) définis à l'intérieur de « cadrages » implicites18. ce qu'on appellera le mode fréquentatif). nous avons affaire à des « analyses de scène » intégrant une multiplicité de facteurs: un rassemblement. sous la forme d'objets à proportionner.3.appelait les corrélatifs: moitié. la notion de « cadrages » est proche de ce que G. nous avons à la fois la notion de proportionnalité (puisque les rapports sont à la fois quantitatifs et qualitatifs) et de cadrages (type d'intervalle comme bornage) que nous appellerons des « mondes ». Fauconnier appelle des « espaces mentaux ». elle peut exprimer une scansion comme subdivision d'un espace mesuré par des barres de mesure (comme en musique. Paris. Cette notion se réfère principalement à celle des proportions géométriques (et de disproportions). subdivision. et cependant. coordonnables dans la notion de point de vue et de mise en scène. d'une distance d'observation par rapport à ce qui est observé.. 2004. 202 © Pierre Boudon. Nous avons affaire à un monde qui n'est pas tant l'enveloppement de formes dans d'autres que l'intégration de tous ces facteurs dissemblables. Ainsi.totalisatrice qui est le propre au point de vue.. Tous droits reserves. Les homologies caractérisent ici plutôt des classes d'« objets » mises en miroir que les objets proprement dits qui. Jean contemplait en médaillon (modèle réduit) le portrait que lui avait laissé Françoise (visage humain). soit relevant d'un mouvement général (des objets comme du sujet percevant. par exemple (Boudon. dans un énoncé tel que. par ailleurs. S'agissant d'objets. entrent dans la composition d'une scène. . d'une multiplicité de ceux-ci. Nous pouvons alors étendre cette différence (typologique) d'échelle à des « mondes » distincts où s'échangent les rapports entre proportions réelles (entre 19 C'est la problématique de nos études sur la notion de lieux. Nous n'avons donc pas affaire à des « objets » mais à des « lieux » (impliquant un rapport d'intériorité-extériorité à la manière des corps)19. 2000). etc. nous reconnaissons une telle différence (typologique) d'échelle entre une partie du corps humain (objet réel) et sa représentation (objet représenté). on peut développer schématiquement des rapports d'homologie très simple entre des types que l'échelle de grandeur reflète: (vi) rapport d'inversion entre formes d'objets poupée corps boîte lieu maquette maison jardin paysage carte territoire etc. soit de plusieurs observateurs distincts). dans la tradition platonicienne du Timée). un visage et sa peinture en médaillon. nous avons l'infini (l'infiniment petit et l'infiniment grand) comme étant sans dimension imaginable. se situe entre ces deux extrema comme moyens termes que l'on peut échelonner en niveaux de représentation. orientations) et toutes les théories du microcosme et du macrocosme ont insisté sur ce rapport spéculaire qui ordonne ces rapports comme étant symétriques et inverses (on peut comparer cette opération à celle du rapport numérique entre la progression Xn et la subdivision 1/Xn)20. il est le lieu d'inversion entre ces deux ordres de grandeurs. on parlera de microcosme et de macrocosme. de même que nous avons des rapports d'homologie entre une maison (qui est immobile) et sa maquette (que l'on peut transporter). sans ordre assignable. (2003. les constellations. il est un point de retournement et un lieu de réflexion en lui-même comme image en miroir (grandeurs. la Voie Lactée comme fond de scène céleste). Bref. Ainsi. Au-delà de ces bornes comme microcosme et macrocosme. Koyré 1962). Tous droits reserves. sans mesure commensurable.. 2004. etc. Nous introduisons ainsi des distinctions d'échelle en tant que mondes. Tout ceci constitue une simultanéité de rapports dissymétriques puisque définissant deux plages de mises en rapport à travers cette conversion qu'est le lieu de l'homme. Le premier représente une minimalité en tant que borne inférieure de la perception en-deçà de laquelle plus rien n'est perceptible (le grain de sable. celles qui sont « audessous » et celles qui sont « au-dessus » de lui. le ciron pour Pascal). ce qu'exprime cette notion dans son sens théâtral. Sur cette « scène du monde » où peuvent se déployer les mythologies. 203 © Pierre Boudon. p. le second représente une maximalité en tant que borne supérieure de la perception au-delà de laquelle l'homme ne perçoit plus rien (la voûte céleste qui « incorpore » les astres.corps) et proportions imaginaires (en tant que représentation). un organisme (Cassirer 1983. Nous pouvons mettre en place les corrélats de base (quantitatifs et 20 Ce que nous avons proposé dans un travail récent. l'homme n'est pas uniquement un échelon intermédiaire dans ce continuum. 45-56) et dont l'analyse est réintroduite dans l'exposé de ce templum. chez les Grecs. Tout l'espace compréhensible des philosophies traditionnelles issues du monde grec (par exemple. . le cosmos est un être vivant. il ne s'agit pas de choses (phénoménologiquement données) mais de lieux d'apparition comme mises en scène de celles-ci. de Cues). en tant que pluralité et minimalité (borne minimale) Z : macrocosme. dont le terme neutre. N. soit une mise en équivalence A = B entre deux séries XZ : progression (ou monde en grandeur nature) (vii') La schématisation sera de la forme: 204 © Pierre Boudon. nous établissons entre ces termes de base une sorte de chassé-croisé qui va permettre de « positionner » un certain nombre de classes d'« objets » et de « lieux » génériques (en référence à (vi) supra)): (vii) Templum des rapports d'échelle entre « mondes » Métatermes: MT+: commensurabilité MT-: incommensurabilité (la notion d'infinitude) Corrélats initiaux: X : intervalle unitaire (topologiquement définie) Y : microcosme. 2004. la notion d'intervalle unitaire. va constituer le lien « représentationnel ». en tant que globalité et maximalité (borne maximale) définissant un horizon de la vision Corrélats dérivés: XY: subdivision (ou monde en réduction) YZ : conversion en tant que coincidencia oppositorum (cf. .qualitatifs) de ces rapports d'échelle qui expriment une discontinuité entre « mondes ». microcosme (au poste Y) et macrocosme (au poste Z). Tous droits reserves. Le sens de cette confrontation réside dans la rencontre entre des termes relevant d'une série et ceux relevant de l'autre. si. qui se mesurent l'un à l'autre. .-: commensurable # incommensurable intervalle unitaire subdivision (monde réduit) progression (grandeur nature) microcosme (plural. Cette conversion exprime un accord et non une relation établie mécaniquement. dans un cas. au départ. maximal) conversion (coincidentia oppositorum) équivalence A = B atome corps germe système solaire temple corps Dans ce dispositif. C'est. par exemple. la représentation du système solaire (macrocosme) et du système atomique (microcosme) mis en équivalence dans la théorie de Bohr. nous disposons au poste X de la notion la plus élémentaire qui soit: celle d'intervalle unitaire (extensible indéfiniment). la représentation du corps humain (microcosme) et de l'édifice religieux (macrocosme) dans la 205 © Pierre Boudon.MT+. nous avons la confrontation par mises en relation de deux univers appelés. minimal) macrocosme (global. c'est pourquoi. nous avons son réciproque formé de grands intervalles. Tous droits reserves. et dans l'autre. 2004. la conversion (au poste YZ) comme lieu de mise en équivalence —que l'on peut intituler à la suite de Nicolas de Cues une coincidencia oppositorum en ce qu'elle relie le « petit » et le « grand »— représente le moment fondamental d'une équilibration de ces deux univers qui seraient sinon sans rapport. à la Renaissance. nous avons un univers formé de petits intervalles. Ces deux modes sont ceux d'une subdivision et d'une progression dont les termes peuvent être le commensurable (finitude) ou l'incommensurable (infinitude). microcosme et macrocosme. Ce fut. 4. Etc. si nous parlons d'établissement d'un accord. nous pouvons également parler d'un discord en tant qu'inversion polémique de cette relation symbolique. sur les langues slaves) ont proposé un certain nombre de caractéristiques aspectuelles (à côté de celles d'une temporalité et d'une modalité). c'est la projection d'un rapport dans l'autre qui établit. Wright avec son gratte-ciel de Chicago dans les années quarante. C'est ce qu'on appelle les représentations hors d'échelle comme dans le cas de certaines architectures fantastiques qui expriment une démesure (celles de Boullée au XVIIIème siècle. par coincidence. ce hors d'échelle peut être interprété comme écart à la norme. catalogue de l’exposition au Centre Georges Pompidou. . la compléter. Enfin. V. par exemple. Ce fut enfin la représentation du germe (microcosme) comme animalcule dans la théorie préformationniste des corps (macrocosme) au XVIIème siècle. Cf. Bien sûr. 206 © Pierre Boudon. Cartes et figures de la terre (1980). mais disons que ce n'est que récemment que les linguistes ont pris conscience du fait que ces propriétés formaient un champ théorique homogène que l'on pouvait rapporter à des propriétés logico21 La carte est ce diagramme qui représente un macrocosme tout en étant à l'échelle réduite de l'objet domestique que l'homme peut manipuler à sa guise (la corriger. One mile high) où nous retrouvons la problématique de la typicité. En ce sens. L. est relativement récent dans les analyses grammaticales puisqu'il ne date que d'une trentaine d'années22. la même que celle que nous avons entre la maquette et le bâtiment en grandeur nature ou la carte géographique et le territoire représenté21. une représentation symbolique. par exemple). 1987). Dans tous ces cas. PREMIÈRES FORMES D'ASPECTUALISATION (TEMPORALISATION) Le thème de l'aspectualité. toutes les études casuelles (portant. Tous droits reserves. voire même. c'est la base d'une science des formes au même titre que l'arithmétique et la géométrie qui raisonnent sur des figures abstraites. comme telle. de F. la linguistique de Guillaume (1970 [1929]) est certainement la première à proposer un caractère franchement aspectuel que l'on retrouve par exemple dans celle de Pottier (1974. l'emporter en voyage). 2004. monstruosité comme dans le cas des figures gigantesques (celles de Goya. 22 D'un point de vue général.conception architecturale de Francesco di Giorgio. la notion de structures d'ordre. sera consacré aux conditions générales d'un repérage où nous pouvons interdéfinir les notions d'état (Cf. les notions particulières d'état et de procès. Ainsi. la notion de l'intervalle (ouvert. Desclés et Z. une terminologie très diverse (et pas toujours cohérente entre les auteurs) est apparue au fur et à mesure des descriptions particulières (ainsi de l’usage de l’opposition perfectif/imperfectif dans la littérature anglo-saxonne). le temps est au beau. p. ce n'est que progressivement que les notions d'état.-P. va permettre une compréhension approfondie des différents mécanismes aspectuels (définition des lexies. C'est la même notion qui va permettre de fixer les dimensions d'un espace cinématique de déroulement. Jean s'habille lentement. le granit est une roche dure. à l'uniformité ou à l'homogénéité des espaces appréhendés. Guentcheva afin de rendre compte de cette agrégation d'espaces-temps particuliers. de leur côté. 2004. Par contre. Ainsi. les propriétés logico-mathématiques ne disposent pas toujours de critères spécifiques aux phénomènes décrits puisqu'elles renvoient à des notions abstraites tenant à la globalité. sous l'appellation « successif.). L'analyse aspectuelle doit donc se situer à la jointure de ces deux approches. on peut mentionner les noms de Seiler (1952). 25-50). .mathématiques (topologiques) plus profondes. dans le développement de l'aspectualité comme champ homogène. Comrie (1976) et Mourelatos (1981). Ainsi. de procès et d'événement se sont imposées clairement. Guentcheva (1990. Reprenons le mini réseau de templa (i) de cette Cinquième partie. Jean est grand. simultané ». le train arrive dans 10 minutes. empiriques et théoriques. à la fois. etc. Aussi. Tous droits reserves.) et 207 © Pierre Boudon. de procès (Cf. etc. Le premier. du côté des linguistes. leur composition prédicative et énonciative) dans le langage et c'est l'application de ces structures profondes aux phénomènes discursifs que nous tenterons d'opérer. celui-ci pouvant être décomposé en un certain nombre de phases. À propos de cette aspectualité temporelle. et c'est ce que nous tenterons d'effectuer à la suite du travail exemplaire de J. fermé) va jouer un rôle crucial dans la détermination d'un processus qui couvre. nous allons subdiviser notre problématique en trois sous-problèmes couplés (comme pour la quantification discursive). comme nous l'avons explicitée auparavant. de changement d'état. temps. de scansion. Alors que dans le premier dispositif nous avons des critères de déroulement. . qui alternent. donc. visée télique) ou vers l'arrière (regard en arrière. rétrospectif ». bien que les deux expriment une sorte de ponctualité temporelle. mais également. etc. ils entrent dans la composition d'une thématisation narrative permettant de décrire des modes d'enchaînement d'actions qui se suivent. 2004.. Le second. on peut enfin introduire un troisième terme la reprise du mouvement (dans un sens et dans l'autre). particules) ou le sens complexe des énoncés temporels (comme l'aoriste ou le parfait). aux points/moments d'un déroulement où ils sont en synchronie les uns par rapport aux autres. bref de bornage. formant une sorte d'irruption (hapax) dans un ordre projeté. sera consacré aux phases particulières d'un déroulement en tant qu'orientation intentionnelle (visée télique) exprimant un achèvement: phase inchoative (Cf. A 208 © Pierre Boudon. modes. Le train est arrivé à 3 heures. Tous droits reserves. Ce mouvement exprime donc une progression vers un but ou une régression vers une origine. Pour décrire ces processus complexes (associant. l'événement est distinct. définira plus précisement cette forme de mouvement en tant que points de vue comme étant porté vers l'avant (introduction. il faut retrouver le dispositif de l'énonciation située en tant que moment coextensif à la chaîne d'actions qui se déroulent dans le temps et par rapport à laquelle on peut avoir un regard prospectif où l'on anticipe des achèvements et un regard rétrospectif qui permet de les mettre en perspective. Tous ces aspects sont fondamentaux: non seulement pour décrire la nature des lexies (lexèmes. Le bébé est né à 5 heures du matin).d'événement (Cf. Jean écrit une lettre à sa mère). le sculpteur a fini enfin son oeuvre). Le troisième dispositif. La bombe explosa au passage du train) qui exprime une rupture non comprise dans un déroulement régulier (un programme préalablement établi). voire opposé. phase terminative et/ou résultative dans un procès de création (Cf. etc. phase d'accomplissement (Cf. nous avons des phénomènes de visée et d'atteinte du processus dont le sens est linéaire (complétude en tant qu'achèvement d'un programme ou incomplétude en tant qu'inachèvement). sous l'appellation « complétude. incomplétude ». aspects.. dans le second dispositif. Entre ces deux orientations. narration). récapitulation). sous l'appellation « prospectif. En ce sens. L'instance temporelle d'énonciation ouvre une situation dans laquelle un observateur contemple la scène (concomitance de moments) et la rapporte à un tiers indéfini: Je vois que Jean fait son jogging. —Que faites-vous en ce moment? —J'écris une lettre. nous avons un référentiel général qui exprime une situation d'ensemble stable à la manière d'un tableau iconique: Aujourd'hui. . Finalement. nous devons avoir recours à ces deux aspects complémentaires: la successivité et la simultanéité. défini par un intervalle semi-ouvert vers l'avant (si un début est posé. Au départ. par contre. PROCÈS. la fin ne peut être que postulée). une interrogation qui correspond à une action. Nous ne faisons qu'intégrer ici les propriétés topologiques introduites auparavant. une perception). V. une action déjà en cours. Ainsi. que l'on peut représenter comme état par un intervalle ouvert (départ et fin ne sont pas stipulables). nous pouvons intégrer ces trois stades dans un processus d'ensemble qui exprime un espace 209 © Pierre Boudon.4. soit dont le début a précédé la demande d'information). ÉVÈNEMENT Prenons les métatermes du premier templum: pour définir la notion de processus. Considérons l'instance énonciative située à la manière d'un index inséré dans la chaîne temporelle. 2004. Par ailleurs. par exemple. nous allons voir que cette opération repose sur une simultanéité qui prend en charge ces deux aspects concomitants (superposition de processus à la manière d'une portée musicale). parallélisme et concomitance) va nous servir à construire un mécanisme de l'insertion de l'énonciation dans la chaîne temporelle. La successivité est constitutive d'un substrat temporel (l'écoulement) alors que la simultanéité (cf. indépendamment du fait qu'elle caractérise un départ et un aboutissement de chaque action (les extrema d'un intervalle fermé).1. Jean fait son jogging. C'est à partir de ce « cadrage » abstrait que nous allons pouvoir déployer les autres caractéristiques aspectuelles. ÉTAT. Je vois ce matin que Jean fait son jogging (peut-être ne le fait-il pas chaque matin?). Tous droits reserves.la suite de Desclés-Guentcheva (1987)... par un. nous introduisons un type de procès (une action en cours. de l'autre. il fait beau. où au rapport interlocutoire se superpose une concomitance de procès (d'un côté.. Tous droits reserves. celui-ci opère un constat (flèche rétrospective de l'accompli) et projette un futur (inaccompli prospectif) qui correspondra dans un futur plus ou moins proche à la cessation de l'action de Jean (Cf. avec un sujet d'observation Sobser. Jean aura sans doute terminé son jogging : anticipation d'une récapitulation). 3 minutes. Cette « analyse de scène » est proche de ce que Langacker appelle un scanning de la situation. par rapport à un cadre stable et par rapport à une situation d'énonciation qui introduit un repère To comme origine de cette énonciation présente: (viii) Scène d'ensemble avec repérage énonciatif scène (état) jogging jogging scène (état) To = S obser inaccompli accompli Exemple: Aujourd'hui il fait beau. . ou 1 heure comme dans le reportage des manifestations sportives). peut être à elle-même un intervalle de temps dont le départ correspond au point/moment d'insertion dans l'espace cinématique et dont la borne de fermeture est indéfinie (cela peut être 10 secondes. laquelle pourrait être sectionnée en plusieurs phases correspondant à des moments d'un espace cinématique dont l'ensemble forme un parcours à la manière d'un ruban: Or la situation d'énonciation. Dans une heure. 2004. L'énonciation est 210 © Pierre Boudon. en tant que lieu et durée d'une scène qui s'ouvre à l'observateur.cinématique de déroulement d'une action. je vois que Jean fait son jogging To est le point/moment d'insertion d'une situation d'énonciation. 197) comme ensemble orienté vers des buts. alors que dans le second. Nous obtenons ainsi une chaîne d'actions qui nous permet de définir. la relation de déroulement..un processus aspectuel au même titre que les actions décrites et définira. . p. c'est le décompte à partir d'un point de départ de l'action. une isotopie de l'action (Greimas & Courtès. 1990). 2004. Elle correspond à une médiété (définissant un avant et un après sur cette action) puisqu'elle « prend en cours » (in medias res. 1979. fait d'actions qui se suivent et sans énonciation qui fixe un point/moment d'observation. Par rapport à elle-même. énoncé distinct de Jean fait son jogging depuis 10 heures du matin. le tout par référence à une stabilité d'ensemble (un tableau général) représentant le fond de scène. Comme dans une situation d'énonciation (définissant un système de repérage). la superposition d'actions n'est possible que dans une énonciation/observation qui embrasse la scène dans son ensemble). Plus exactement. Tous droits reserves. Bref. p. l'intervalle d'action possède une double visée d'orientation. c'est à partir de cette notion de succession d'actions que l'on peut introduire celle de causalité entre elles. décomposable en phases. la voix du témoin. comme dans: Je recopie la lettre pour l'envoyer dès ce soir (Guentcheva. Jean se sentait en pleine forme. où commence l'observation/relation et où l'on peut préciser la borne terminale: Cela fait au moins 10 minutes que Jean fait le tour du square en courant. Inversement. peut devenir celle de « tenants à aboutissants ». dans une trame narrative. Il faisait beau. comme dans. (ainsi. pour que l'une s'ouvre il faut que la précédente se ferme: Jean prit son maillot. l'énonciation est donc un intervalle de temps qui peut se réduire à un point/moment (sans être identique à un point). on mesure un temps d'énonciation. il décida de faire un petit jogging. 46) appelle le registre du non actualisé. pourrait-on dire narrativement) le fait d'observation.. Nous venons de proposer un espace complexe fait de plusieurs durées d'action associées à une énonciation qu'on peut rapporter à un tiers (simultanéité de rapports représentée par la superposition des processus). prospective 211 © Pierre Boudon. mit ses chaussures qu'il laça soigneusement. puisque dans le premier cas. ce que Guentcheva (1990. narrativement. Nous avons un espace cinématique fait d'une suite d'actions (intervalles semi ouverts) où.. on peut avoir un même type d'espace complexe. Elles ne participent pas d'une énonciation externe à la scène mais interne à ce projet (relevant d'une subjectivité en tant que for intérieur) et elles constituent une temporalité au même titre qu'une chaîne d'actions parcourant l'espace cinématique présent23. concomitance) Corrélats initiaux: X : notion d'événement comme singularité remarquable (datation. ces observations font appel à un autre type de templum portant sur la mémoire et l'attente. Jean se rappelle les nombreux exploits qu'il fît dans sa jeunesse. à une remémoration de ceux-ci (comme dans l’art de la Mémoire). Avant de poursuivre. projetées ou remémorées. ainsi qu'à une commémoration de ceux-ci comme dans les différents événements sociaux. définissant un Présent de situation par rapport à des événements passés comme souvenirs. de rappeler en mémoire des actions déjà entreprises. perception): intervalle semi-ouvert vers l'avant. rencontre inattendue. définissant un départ. 212 © Pierre Boudon. rupture) Y : notion d'état: intervalle ouvert. ne sont pas directement consécutives mais cependant elles font partie d'un projet intentionnel global.et rétrospective qui permettrait d'anticiper à moyen terme d'autres actions à entreprendre dans le prolongement de celle qui est présentement accomplie. rassemblons ces premières considérations: (ix) Templum d'un processus de temporalisation I (espace de repérages) Métatermes: MT+: successivité (le fait qu'il y ait un avant et un après de l'action) MT : simultanéité d'actions (parallélisme. . En enfilant son maillot. coïncidence. Jean se dit qu'il faudrait en acheter une nouvelle paire. ou au contraire. comme dans les définitions (le granit est une roche cristalline) ou exprimant une situation stable servant de référentiel à des actions: le ciel est bleu Z : notion de procès (action. 2004. et d'autre part. Tous droits reserves. En laçant ses chaussures. Ces actions. une fin potentielle et un 23 En fait. d'une part. reprise de la même action. ainsi. impliquant une terminaison normale.. décomposable en phases. être assis (état) et s'asseoir (procès). linéarité en tant que durativité d'une action ou parallélisme de plusieurs actions ensemble.. nous savons qu'un même prédicat peut avoir deux modes aspectuels. . être allongé et s'allonger. Tous droits reserves.développement qui les relie Corrélats dérivés: XY: fréquentatif (répétition d'un état et/ou événement à intervalle régulier) YZ: espace/temps cinématique d'un déploiement temporel.Nous 213 © Pierre Boudon. associant d'un côté l'état (dans la notion de moments) et de l'autre le procès (notion de parcours dans son ensemble).. définissant un système de repérage complexe (viii) supra) XZ: changement d'état (le procès en cours. bifurque et engendre un nouvel état). être couché et se coucher.-: successivité # simultanéité rupture événement fréquentatif changement d'état état procès moments espace parcours cinématique Reprenons notre description à partir de la notion d'état. 2004. on a une mutation de la situation. superposition de processus action + énonciation. une rupture d'équilibre opposée à l’état antérieur dont l'événement rend compte. (ix') La schématisation sera de la forme: datation MT+. s'oppose diamétralement au procès comme action.. Le fréquentatif peut être également une classe d'événements qui se 24 Cf. exprimant deux situations possibles. fait du même procès répété. et de l'autre. à un cours régulier entre un début et une fin. renvoit à deux aspects antithétiques: d'un côté. Ainsi. ce qui présuppose que celle-ci renvoit. et de l'autre. Un énoncé ambigü comme. apparemment. mais d'autre part.ou. alors que le fréquentatif représente un retour immuable de l'action (en ce sens.tournait. mais c'est un procès qu'on ne peut décliner temporellement (on ne peut pas dire: . Chapitre II.). 214 © Pierre Boudon.. d'une part. .. L'état fréquentatif XY est caractérisé comme un intervalle ouvert formé d'intervalles fermés identiques puisque la même action est répétée indéfiniment. nous avons donc un même prédicat pour deux acceptions très différentes. un retour incessant au même point (en termes de cycles cosmiques). il peut également renvoyer à une disposition récurrente qui exprime une identité comme dans Chaque samedi Jean va faire son bridge. 2004. l'état Y entre dans la définition d'un espace cinématique YZ à titre de fond de scène. d'un côté. tourner exprime une action comme dans Tournez à gauche puis allez tout droit. Mais prenons un énoncé comme.. il y a donc un sujet agentif ou une cause agissante24.. La terre tourne autour du soleil. Jean mange de la viande. qu'elle peut être perturbée comme on va le voir peu après. Troisième partie. il exprime un procès en cours (et qui peut être interrompu) comme dans Je vois que Jean mange de la viande. de par sa position. C'est donc un état qui représente non pas une position stative mais une scansion. Ce fréquentatif.. le même prédicat peut avoir deux acceptions opposées La corniche avance (c'est un état où le prédicat exprime une stabilité. Sous l'action qu'exprime le procès..tournera.avons donc une conversion entre une position et une action. il exprime une habitude comme dans Jean a l'habitude de manger de la viande. le fréquentatif. est radicalement distinct d'un enchaînement en tant que suite d'actions située au poste YZ). inversement. Réseau du sens II. Tous droits reserves. la description est plus proche d'une spatialité que d'une temporalité) et Jean avance lentement dans son travail (c'est un procès où le prédicat exprime un déroulement qui aura une fin). mais au contraire. l'escalier s'effondra (rupture d'un procès) Les deux voitures se heurtèrent de front (rencontre inopinée) Mon père est mort il y a juste trois ans (événement terminatif et inchoatif) En 1789. parfois. Dans le deuxième énoncé. ces événements ne sont pas inattendus. comme ceux que nous allons considérer peu après. laïques). mais par contre. Tout ceci définit finalement une absence de temps en tant qu'accomplissement d'un procès. Tous droits reserves. l'état fréquentatif est la neutralisation de toute espèce d'action ou de changement intentionnels. de grands changements eurent lieu en France (date remarquable) Dans le premier énoncé nous avons un rapport de cause à effet (donc un déroulement). nous avons une coincidence entre deux procès. celui des anniversaires.répétent identitairement dans le temps25. il se détache d'un contexte fait de durée ou d'itérativité continues (il n'est pas assimilable à un point/moment d'un espace cinématique mais « saute » hors du continuum). une exception remarquable. l'effet est de rupture du procès dissocié du processus régulier de « monter un escalier ». comme nous l'avons dit. mais. Considérons quelques exemples: (x) Quand Jean mit le pied sur la marche. C'est pourquoi. Il exprime une rupture. dans cet effet. des années). il y a beaucoup plus que ce qu'on pouvait présumer dans la cause. . c'est le cadre pour un déroulement cinématique du temps ordinaire (le rythme des saisons. 2004. comme le mentionnait Saussure. 215 © Pierre Boudon. c'est le rythme invariant des habitudes coutumières dont la visée est représentée par un On a toujours fait comme ça. le parallélisme supposé entre eux n'en faisant plus 25 Rappelons que l'« identification » (à la base de l'identitaire) ne se confond pas avec l'« identique ». Considérons la notion d'événement comme tel. il est sans cause apparente. Ainsi. le train Genève-Paris de 6h 45 est toujours le même train bien que ses wagons ne le soient sans doute pas. ils ponctuent notre vie: c'est le retour des fêtes (religieuses. la vie d'un être humain déroulée en naissance. puis trois. Inversement. par exemple). dans cette singularité (l'accident). . habitudes) comme avec les expressions: Un jour. nous avons une date remarquable qui entre dans une série discontinue de singularités historiques où l'on pourrait avoir. l'événement peut conduire à la formation d'une série qui va constituer rétrospectivement une classe homogène de moments remarquables 26 Cet exemple est dû à M. il prit un verre. Un beau jour... mort). Jean prendra sa voiture et s'en ira dans ces deux exemples. comme en 1871. puis deux. il participe d'un procès en tant que tenant et aboutissant. Par exemple26: (x') Un jour. Enfin. toutefois il s'en détache comme singularité hors d'un présent duratif. changement d'état).. L'événement doit donc être spécifiquement distingué des points/moments réguliers d'un déroulement (par exemple. la pluie se mit à tomber nous passons d'une absence à une présence par changement d'état D'un côté.. cf. Tous droits reserves.qu'un seul par rencontre. certes. Comme en 1848. comme en 1936. dans le dernier énoncé. nous avons un événement symbolique qui ferme un processus et qui en ouvre un autre (la notion de deuil... Charolles (séminaire de Desclés. l'événement est associé à une projection hors du présent comme durée (induisant un « ailleurs » de type narratif) Un jour.. 216 © Pierre Boudon. nous avons un sens interruptif brutal puisqu'on se doute que cette rencontre va transformer les deux voitures en épaves (et les passagers en blessés ou morts.. C'est ainsi le sens symbolique des inaugurations comme marques d'origine. âge mûr. 2004) pour qui « moments » et « événements » sont dissociables. Ainsi l'événement correspond à un surgissement hors de toute successivité (procès.. dans le troisième énoncé. Jean prit sa voiture et s'en alla Un jour. nous passons ainsi d'une apparition (événement) à une habitude (fréquentatif) Un jour. 2004. Ainsi dans. et nous ajouterons maintenant. .. Dans leur définition. le procès est donc assujetti à un rapport d'équilibre et de déséquilibre (ou d'évolution régulière et irrégulière). En effet. soit un cours distinct que nous appelons en XZ un changement ou une modification d'état. elle cessa subitement. certaines actions représentent des points critiques de bifurcation d'un procès (diamétralement opposés à la notion d'état stable).. La voiture s'engagea dans le virage. Comme nous l'avons suggéré.(datations comme histoire.. Le procès est donc le siège d'un déroulement cinématique. Dans. sont des lexies qui induisent une irrégularité (que l'on peut rattraper ou non). d'un changement éventuel. il s'agit de grandeurs intensives que l'on pourrait d'ailleurs quantifier au moyen d'un gradient exprimant une force. nous avons un enchaînement d'actions qui n'exprime plus. par miracle. comme temps calendaire dans les festivités. soit l'irruption d'un événement exceptionnel qui nous ramène à une situation régulière. un accomplissement régulier (qu'on aurait dans. d'une tension au sens de la tensivité dont nous avons parlée auparavant et de la phorie dans le cas des tropes . nous pouvons ainsi anticiper un terme résultatif non compris dans le programme de départ. il y a donc eu un changement dans le processus en cours que l'on peut d'ailleurs poursuivre par un. Dans tous ces cas. un changement d'état substantiel comme dans le cas des états de la matière). du procès en Z nous pouvons dériver collatéralement. nous sentons linguistiquement une différence entre une pluie normale et une pluie anormale (torrentielle). Déraper. Alors que les figures précédentes relevaient d'une extensité (notions d'intervalle. à un moment donné. soit le processus d'accomplissement régulier en YZ. or ce processus de changement peut conduire à un terme non prévu au départ. se retourner. 217 © Pierre Boudon. je commencçais à m'inquiéter. 2004. de points/moments. l'événement peut être le moment (inchoatif ou terminatif) d'un procès déviant. La pluie se mit à tomber à seaux. habitudes ancrées des individus). exprime une tension engendrée par l'attente). sortit du virage mais le chauffeur garda le contrôle de la voiture). Mais. Bref. de bifurcation). nous dirons que celles d'une tension basculent dans une intensité (ainsi le verbe s'inquiéter comme dans: Ne le voyant pas arriver. dérapa sur le bord et se retourna dans le fossé. De l'autre. d'ailleurs la notion de changement peut être autant la bifurcation d'un procès en cours qu'une modification des conditions de l'état initial (Cf. Tous droits reserves. théâtrale) en trois phases de base: l'attente. au moment de tension correspondrait le nouement (désis) et à celui de détente le dénouement (lusis). PROCESSUS TENSIF: LA NOTION DE « CRISE » Nous subdiviserons cette notion de l'intensité (psychologique. nous avons les phases intermédiaires qui les relient pour former un continuum cyclophorique: entre l'attente et le moment de crise. l'agitation extrême) et sont encadrées par une préparation. le relâchement qui représente le retour à une situation normale d'avant l'attente initiale. d'affolement) dans le comportement. (1980. Entre ces trois phases articulatrices d'une intensité. En phase de croissance de l'intensité. qui prépare ou qui anticipe un mouvement. la crise qui exprime le moment extrême de tension. celle où l'action est la plus tendue. Dupont-Roc et J. c'est le résultat heureux après le combat27. . en phase de décroissance. Lallot. nous avons des effets de détente. de peur. 291-292). ceux d'un dénouement de la crise comme signe de résolution des conflits28 et dont la phase terminale marque la cessation. nous avons la tension qui monte. préparée. La jeune femme entre dans la maison où se tient l'homme avec son couteau).2.4.V. de confrontation dans un récit entre le héros et son adversaire. Tension et détente encadrent ainsi la phase de crise (l'affrontement. 218 © Pierre Boudon. Ce schéma cyclophorique fait penser à celui de la dramaturgie dans La Poétique d'Aristote (chapitre 18) réinterprétée par R. Tous droits reserves. nous avons la détente (Cf. par exemple. nous avons donc des effets anxiogènes (de crainte. celle. La jeune femme ne s'est pas engagée dans le couloir au fond duquel se tient l'homme). C'est le calme après la tempête. Enfin. Soit le dispositif récursif: (xi) schéma du templum d'une cyclophorie tensive 27 28 À propos des intonations de la voix. 2004. p. portée à son comble et résolue (dans une forme d'amortissement). entre le moment de crise et le relâchement. le « suspense » qui tient en haleine le spectateur (Cf. l'attente d'un événement qui se précipite et d'une résolution finale où tout rentre dans l'ordre. Les métatermes de ce processus tensif sont ainsi la notion d'« hyperesthésie » comme excès de la sensibilité jusqu'à un climax et celle d'« anesthésie » comme neutralisation de celle-ci.MT+. les notions de phases de croissance et d'amortissement.3. Toutefois. Garder la tête froide. V. Alors que le premier templum de ce sous-ensemble mettait en place un repérage topologique. celui que nous allons décrire relève davantage d'une grandeur extensive (et active) plutôt qu'intensive (et passive). 2004. l'absence d'engagement dans un tel mécanisme de montée aux extrêmes (Cf. dont nous allons voir que certains termes ne sont pas sans faire penser à ce que nous venons de décrire à propos de l'intensité phorique (par exemple. Ce processus peut 219 © Pierre Boudon. soit un mouvement linéaire orienté).4. Tous droits reserves. DÉROULEMENT. rester de marbre). TERMINATIVITÉ Reprenons le fil de notre exposé en considérant maintenant le second volet de ces processus de temporalisation. INCHOATIVITÉ. Or ces deux expressions évoquent de leur côté un rapport au corps sous la forme du plaisir-déplaisir que nous pourrions développer à la suite. . Nous allons voir de quelle façon. celui-ci va concerner le processus lui-même issu de la notion d'espace cinématique en tant que moments et parcours.-: hyperesthésie # anesthésie crise suspense détente attente relâchement calme Nous avons ainsi un cycle que les termes du templum enclenchent les uns à la suite des autres et auxquels s'oppose le calme. à travers ses différentes phases.être accompli ou inaccompli. Nous suivons les remarques de Z. les linguistes oublient parfois qu'il existe un phase pré-inchoative qui serait celle de l'annonce de ce qui va être fait ou de ce qu'on va dire: Je vais vous parler des champignons hallucinogènes (le procès n'a pas encore démarré. du procès achevé que l'on peut évaluer après coup (soit. nous ne faisons que préciser le fait que ce processus est. Tous droits reserves. non seulement on ramasse les principales thèses du développement mais on ajoute un regard rétrospectif sur la signification de l'ensemble. dans le présent dispositif. en consultant le mini réseau de templa (i) qui nous guide dans cette Cinquième partie. . il faut bien distinguer un procès en cours. nous ne faisons qu'indiquer la nature d'un projet). comme bouclage. font donc partie d'une orientation télique sous-jacente dont le point de vue sera clairement établi dans le troisième templum de ce sous-ensemble aspectuel. soit complet (abouti). le second templum qui fait système avec le précédent et le suivant: 29 Cf. 30 On peut illustrer cette coincidence par l'expression. ma conférence a porté sur les effets néfastes des champignons hallucinogènes. 49-65). la notion de complétude. il existe une phase post-terminative où le procès est non seulement arrivé à son terme mais récapitulé: Finalement. D'ailleurs. 220 © Pierre Boudon. on voit que ce dispositif est à la croisée des axes entre une aspectualité temporelle et une aspectualité spatiale. Soit. Par contre. comme la conclusion rétrospective. dans cette notion d'un accomplissement entre un point de départ et un point d'arrivée. p. étant équivalente à celle d'une délimitation spatiale30. d'un procès révolu . qui exprime à la fois une complétude en tant que temporalisation et une totalité en tant que délimitation spatiale (par exemple. arrêté ou dévié). du perfectif/imperfectif. c'est cette distinction que les temps précisent comme entre l'imparfait et le passé simple en français). soit incomplet (interrompu. ne sont pas toujours très claires29. 2004. tracer un cercle). de même. Guentcheva (1991. Z. L'annonce d'un projet. Tracer une ligne. Dans une conclusion récapitulative. Guentcheva qui note que les oppositions linguistiques de l'accompli/inaccompli. . 2004. y compris —comme nous l'avons noté— la phase préliminaire à l'inchoatif qui anticipe ce qui va arriver et la phase conclusive après le terminatif qui rassemble récapitulativement les propos. Ce ne sont pas des phases « transitives » mais « réflexives » qui « encadrent » le 221 © Pierre Boudon. reprise) MT+. reprise) Y : inchoativité (départ) Z : terminativité (fin) Corrélats dérivés: XY: progression (croissance) YZ: annonce du procès (associé à l'inchoatif).(xii) Templum d'un processus de temporalisation II (accomplissement) Métatermes: MT+: complétude MT-: incomplétude Corrélats initiaux: X : accomplissement (suspension.-: complétude # incomplétude progression amortissement inchoatif terminatif annonce. récapitulation Nous décrivons ainsi extensivement chacune des phases du parcours relevant de l'espace cinématique. Tous droits reserves. récapitulation du procès (associé au terminatif) XZ: amortissement (décroissance) (xii') La schématisation sera de la forme: accomplissement (interruption. . Quelques exemples vont nous permettre d'illustrer ces types de phase en rappelant qu'ils se réfèrent toujours à des intervalles topologiques orientés: (xiii) Comme lexies. croître.. Maigrir.... il n'y a plus de 222 © Pierre Boudon. arrêter. surgir. elle exprime un point de vue qui est une mise en situation du mouvement à accomplir. mourir à petit feu .. Grossir. Commencer. expriment une phase décroissante. Le bébé est né à cinq heures (inchoativité + durativité implicite. cesser. Par opposition. cette double phase d'amorce et de récapitulation (au poste YZ) agit à la façon d'une bascule dans un sens prospectif et rétrospectif. amortissement.. nous avons. Par opposition. un Comme énoncés. partir. mourir. 2004. disparaître. expriment une phase inchoative. on dira que c'est une phase terminative + amortissement (poste XZ intégré). . Tous droits reserves.. nous avons affaire à un constat récapitulatif: Il y avait du beurre (duratif). celle-ci peut représenter un certain temps comme dans. apparaître.. sans fin assignée) Jean a enfin fini son travail (terminativité après une longue durativité implicite) Jean grandit très vite (progressif où la vitesse de croissance dépasse la norme implicite) Jean a de moins en moins de chance au jeu (décroissance qui peut aller jusqu'à une terminaison nulle) Il n'y a plus de beurre dans le frigo (énoncé bien distinct de: « Il n'y a pas de beurre.démarrer. » qui exprime une absence. en cela. s'appauvrir. expriment une phase terminative. naître. atteindre. ici.déroulement. agoniser. s'enrichir. nous avons: Terminer. décroître... expriment une phase progressive. (xiii') ou encore.... Celui-ci est partagé entre un grand cercle passant par la notion d'un accomplissement réel (être en cours. nous avons implicitement deux choses: une linéarité de développement et un sens de parcours obligatoire puisqu'on va du début à la fin du même. Mais dans cette notion de processus. bien au contraire: dans une régression. devenir. on change de sens de parcours puisqu'on « remonte » le temps au lieu de le « descendre ».beurre (cessation implicite) A pu!! (cri de victoire du bébé s'essuyant la bouche pleine de crème. Enfin. La phase de décroissance n'est pas identique à une régression. . Jean à l'intention d'écrire une lettre (annonce d'un processus) Jean commence à écrire une lettre (inchoativité) Jean est en train d'écrire une lettre (accomplissement) Jean termine une lettre (terminativité) Jean a écrit une lettre à sa grand-mère hier matin (récapitulation) Ces exemples (parmi de nombreux) montrent que l'on peut facilement repérer les divers moments d'un procès et de son observation (en référence à la notion de point de vue. En plus d'être des termes mixtes. et un petit cercle qui annonce ou récapitule les données sous la forme d'un achèvement (complétude). XY et XZ expriment des rapports d'approximation et/ou d'amortissement jusqu'à l'annulation du processus qui renvoient au templum (iviv') supra d'un ordre sériel. du templum. permettant de décrire des types de croissance ou de décroissance. 2004. infra) dans le schéma cyclophorique: début J cours J fin. la linéarité présuppose qu'il n'y a pas de choix quant au 223 © Pierre Boudon. évoluer). l'énoncé exprime un récapitulatif et non simplement un terminatif comme dans: J'ai fini!) (xiii") Comme suite d'énoncés exprimant un accomplissement général. Tous droits reserves. on cherche des origines et non à atteindre des buts (orientations opposées en termes d'intervalle). j'ai vu Jean qui faisait ses courses quotidiennes. Pour ces deux raisons. Ces deux orientations. notion d'avant/après) les différentes phases du procès et les domine comme précédemment (dans l'exemple (viii) supra) le point/moment d'énonciation l'effectuait par rapport au déroulement observé. Cependant. sont diamétralement opposées. D'un côté. Hier. la notion de processus en tant que tel doit être également dissocier en deux aspects fondamentaux: un mouvement de progression (vers un but futur) et un mouvement de régression (vers une origine supposée). . dans l'énoncé. POINT DE VUE PROSPECTIF ET POINT DE VUE RÉTROSPECTIF L'annonce d'un projet. que le mouvement lancé va se dérouler selon le programme envisagé.4. V. De l'autre.parcours à accomplir. Ces métatermes qualifient un double sens de mise en perspective (prospectif vers un avant du procès inaccompli et rétrospectif vers un arrière accompli) dans lequel nous retrouvons la description que nous avons proposée au point (viii) supra.4. les métatermes qualifient ce double sens comme visée qui articule (cf. 2004. Cette vision d'ensemble —véritable synthèse portant sur ses différentes phases—nous allons la situer maintenant au niveau des métatermes qui organisent ce troisième templum d'un système de l'aspectualité temporelle. fait donc partie d'une orientation télique du processus qui en spécifie le caractère achevé (complétude) ou inachevé (incomplétude). sans hésitation et sans déviation. Tous droits reserves. j'inscris une Scène de la Parole (rapportée à un tiers) dans un procès fréquentatif qui a implicitement une phase précédente et une phase suivante (ce qu'implique la notion de « quotidien »). comme sa conclusion récapitulative. ces moments d'incertitude. il faut un dernier templum qui puisse spécifier ce changement d'orientation. il s'agit d'une orientation quant au processus lui-même dont l'opposition entre les notions de progression vers un but et de régression vers une origine introduit un troisième 224 © Pierre Boudon. comme quête d'un terme d'accomplissement. ces déviations possibles à partir d'un programme annoncé. Il nous faut donc distinguer deux choses: le sens d'un processus et le regard (points de vue) qu'on porte sur lui. raboutés au fur et à mesure d'une évolution.. Rappelez-moi ce dont nous parlions. Cette notion de reconstitution d’un procès achevé est particulièrement sensible en littérature (par exemple. la notion de reprise comme définissant un moment d'indécision entre ces deux sens. par exemple. dont on ne peut faire l’économie des étapes (les hésitations. . 2004. puisque le premier est assujetti à un temps d'effectuation réel alors que la seconde peut correspondre à une reconstruction plus ou moins imaginaire de la part du sujet lui-même qui a accompli ce processus (a fortiori. On aura donc. Toutefois. les changements) et un procès observé puis révolu que l’on peut schématiquement récapituler. Or. permet de lier ces morceaux de procès.. etc. introduits par des annonces et/ou récapitulations successives... ou. qu'elle sera. hésite sur certaines formules. Jean est en train d'écrire une lettre et. etc. Dans un déroulement. en introduisant une discontinuité dans l'effectuation de chacune de ces phases. Je reprends donc ce que je disais à l’instant. nous avons la différence profonde entre un procès en cours de réalisation. nous complexifions le processus en suspendant certains liens.terme implicite qui serait ni l'un ni l'autre: par exemple. de Jean est en train d'écrire une lettre. que la lettre sera. nous supposons qu'un but est assigné à cette action indépendamment des péripéties de sa réalisation. La reconstruction 225 © Pierre Boudon. soit différentes formes de discontinuité dans un processus global qualifié de continu par la mise en perspective de ses différentes phases. dans l'exposé du templum (xiii-xiii') supra.. entre le poste X d’un déroulement et le poste YZ d’une annonce/récapitulation. Jean est en train d'écrire une lettre à sa soeur.. la déchire. nous associons à la notion d'accomplissement au poste X celle d'interruption. qui lui répondra peut-être. dans la rédaction des Mémoires autobiographiques). reçue par sa destinatrice. C'est. envoyée par la poste. Tous droits reserves. recommence.. nous avons ces allers et retours comme dans la conversation courante. par exemple. d'une observation extérieure). nous avons donc une continuité postulée. comme dans.. le sens de la reprise d'une action jugée insatisfaisante. Le double sens. les repentirs. Toutefois. Ou encore. Le procès n’est donc pas unidirectionnellement orienté mais bidirectionnel. rature et réécrit un passage entier. reprend une feuille. prospectif et rétrospectif en tant qu'avant/après régissant les points de vue. Entre le déroulement et cette récapitulation nous avons donc un décrochement. mécontent de lui. une différence de nature. de reprise. permet de reconstituer une cohérence d’ensemble là où il n'y avait qu'une disparité plus ou moins grandes de procès ponctuels. Cette formule elliptique (qui correspond à une suspension de l'action) n’est possible que parce qu’on peut manipuler le temps comme une fiction. Le poste X du précédent templum représente ainsi un moment d'incertitude qu’il faut compenser par d’autres procédures telles que celles d’une argumentation (en tant que glose) qui. perte) 31 Ainsi le but de l'analyse est de restituer des processus cognitifs sous-jacents qui n'apparaîssent (en surface) qu'à travers certains indices disséminés. 182) fait ainsi référence à un processus d’abduction au sens de Peirce (1978).. 226 © Pierre Boudon. soit un processus argumentatif où l’hypothétique joue un rôle aussi important que l’assertorique dans la reconstitution des enchaînements31. 2004. .est une restitution plus ou moins fidèle de ce qui a eu lieu et d’ailleurs. p. Z. Guentcheva (1991. Tous droits reserves. finalement. couplé au précédent. dans une narration. Exposons ce troisième templum. en ce qu'il constitue un approfondissement de la notion d'orientation du processus: (xiv) Templum d'un processus de temporalisation III (double sens d'orientation) Métatermes: MT+: prospectivité (visée vers l'avant) MT-: rétrospectivité (visée en retour) Corrélats initiaux: X : reprise Y : progression (sens du procès vers un but) Z : régression (sens du procès vers une origine) Corrélats dérivés: XY: faisceau de voies possibles YZ: retournement de situation XZ: suspension (défection.. on peut sauter des étapes comme dans: Trois ans se passèrent. un sens de régression vers une origine qui peut être. Cette nouvelle disposition relativise la notion de parcours en offrant une gamme de possibilités dans l'accomplissement même du projet dont l'unicité d'une progression n'est qu'un aspect. on aura. Les deux peuvent être considérer comme des quêtes (la recherche d'une fin) mais le sens ontologique qu'on peut leur prêter est radicalement différent: ainsi. cf. réflexion faite. une reprise au sens de reprendre. de refaire quelque chose (présupposant un état d'incertitude où la direction du procès vacille entre plusieurs possibilités). surtout. 227 © Pierre Boudon.(xiv') La schématisation sera de la forme: MT+. l'inversion d'un mouvement précédent. par exemple.-: prospectivité # rétrospectivité reprise faiceau de voies possibles suspension progression régression retournement de situation Nous avons ainsi trois modes d'un parcours d'accomplissement (expression générale développant le poste X du précédent templum): un sens de progression vers un but (où nous retrouvons le cas précédent) et que l'on peut différencier en plusieurs phases. elle introduit des choix qu'un sujet peut faire (cf. une remontée aux origines. Tous droits reserves. ne serait-ce que dans les termes d'atteinte: progresser vers un but est à l'opposé de régresser vers une origine. ou encore de la recherche d'un monde primitif perdu. Jean se dirige vers le village mais. ou d'une anamnèse philosophique. Ce changement d'orientation implique alors un point de retournement comme retour en arrière (vers le point de départ dont on vient) et non un accomplissement du procès vers le point d'arrivée présupposé. . comme dans le cas de la littérature autobiographique. Ainsi. ouvrant des discontinuités). 2004. retourne à la maison pour voir si Marie dort toujours. cette régression peut être considérée comme la constitution d'une mémoire personnelle. d'une certaine façon. C'est ce que nous appelons un faisceau de voies possibles permettant des choix. des marges. si la notion de progression peut être interprétée comme une « voie à suivre ». à mi-chemin entre une seule voie et une pluralité. nous ajouterons alors qu'entre ce mode du procès et la notion de reprise. s'égarer). un mode d'accomplissement n'est pas sans faire penser à une « voie » possédant une limite. Un « tracé » est à la fois une délimitation pouvant comporter un intérieur et un extérieur et une complétude temporelle avec son départ et sa fin potentielle. opposée diamétralement à la notion de progression comme acquisition. 228 © Pierre Boudon. nous pouvons situer cette suspension qui peut aller jusqu'à une dissolution du projet (un oubli. de déviation afin de contourner un obstacle ou au contraire de dériver vers des buts imprécis32. des embranchements. . Entre la reprise et la régression. Au sein de cette aspectualité spatiale. V.Terminons la description de ce dispositif par celle des termes mixtes.). un but est au futur.5. C'est à ce poste mixte que l'on peut rattacher les notions d'interruption. 2004. une perte comme dans. et dont les termes ont un caractère temporel (cf. la notion de changement d'état comme modification d'un programme. il est difficile de dissocier ce qui relève des propriétés strictement temporelles et ce qui relève des propriétés strictement spatiales: ainsi. Dans la notion de processus. de changement d'orientation. comme résultant d'un faire engagé vers un but assigné. où le risque opposé est de ne plus permettre d'engagement par indécision (la reprise glissant vers un état de suspension). DEUXIÈMES FORMES D'ASPECTUALISATION (SPATIALISATION) Revenons au mini réseau de templa (i) qui nous guide dans l'exposé de ce champ de l'aspectualité où l'entrecroisement des propriétés spatiales et temporelles est bien lisible. Perdre son chemin. c'est la notion d'un défaire (comme on parle d'une armée défaite). la recherche d'une origine est celle d'un passé. Etc. nous considérons deux points de vue complémentaires: a) celui des rapports d’articulation entre éléments où nous 32 Où l'on retrouve. de la dissolution d'un acquis. Tous droits reserves. quitte à ce que celui-ci soit repris un peu plus tard. nous pouvons situer celle d'une possibilité de voies (ainsi la reprise permet un changement de programme). etc. 1. non-contact). JONCTION. beaucoup plus complexes en ce qu’ils font intervenir des propriétés relevant de plusieurs templa associés. nous avons un phénomène complexe représenté par autant de facettes qu’on ne peut directement embrasser d’un seul coup d'oeil mais qui. selon le contact (contact. séparer ou 229 © Pierre Boudon. Là encore. Comme pour l’aspectualité temporelle précédente. de croissance sous la forne de genèse (processus distinct d’une temporalité comme mouvement et/ou déplacement). permet d’articuler plusieurs catégories en même temps selon différents points de vue. formant donc entre eux un système (comme on vient de le voir à propos des trois templa précédents) et caractérisant des rapports d’intégration (la notion intuitive de corps). nous avons une interaction entre ces différentes notions. b) celui des rapports de totalisation. nous choisissons d’entreprendre cette analyse par ses aspects les plus superficiels. de somme (la notion intuitive de collection) laquelle est distincte du simple agrégat sans ordre (dispersion). DISJONCTION Considérons le premier de ces templa définissant des rapports d’articulation. nous pouvons les distinguer selon la segmentation (continu. c) enfin. à cette présentation générale. Les deux métatermes retenus concernent les opérations de jonction (joindre. on ne peut véritablement parler de phénomène de totalisation mais d’une description des assemblages. nous ajouterons que cette dissociation en templa représente avant tout un mode d’exposition didactique. . associer. en contact ou sans contact. Tous droits reserves. à la manière du prisme décomposant la lumière.5. La formulation de ces rapports d'homogénéité/hétérogénéité bouclera notre analyse. V. assurée par les renvois multiples entre leurs termes. juxtaposer) et de disjonction (disjoindre. discontinu).dissocions des termes continus et discontinus. les rapports d’homogénéité et d’hétérogénéité de ces agrégats dans la définition d’un mode de spéciation (la notion intuitive d’espèce et de lignage comme rassemblement d'êtres similaires). comme nous le voyons dans le mini réseau de templa (i) en ce qu'ils sont associés homologiquement à ceux d'une grandeur intensive/extensive. dissocier. nous associons le cas particulier du rapport entre dessus et dessous comme type de localisation spécifique. C’est pourquoi. A ce stade. 2004. selon la fermeture (intériorité). Dans les faits. rompre (briser. situer dessous. comme exemple canonique). déconnecter (lier. (xv') La schématisation sera de la forme: associer-dissocier (segmentation) MT+. ôter. séparer). Nous considérons que ces deux volets. comportant une pluralité de manifestations. vider) Z : connecter. elles entrent dans la définition des lexies verbales ou nominales et traduisent des opérations manuelles et/ou 230 © Pierre Boudon. 2004.trier). ajouter. disjonction (articulation) Métatermes: MT+: jonction (opération d'assemblage) MT-: disjonction (opération inverse) Corrélats initiaux: X : associer. situer audessous (présence ou absence de contact avec une surface de référence) YZ: envelopper. . sont à la base du dispositif suivant: (xv) Templum d'une jonction. dénouer) Corrélats dérivés: XY: situer dessus. développer XZ: souder. nouer. retrancher. délier. casser. remplir.-: jonction # disjonction contact+ souder-rompre situer contactinclure-exclure connecter-déconnecter envelopperdévelopper Ces opérations concernent des types d’action comportant leur inverse (cf. situer au-dessus. Y : inclure. Tous droits reserves. exclure (introduire. dissocier (juxtaposer. arracher). est celle d’inclusion comme action de « mettre quelque chose dans quelque chose » (cf. mettre dessus. mettre sur. le radical mettre est synonyme de « situer » (cf. la plus simple. mettre entre. à l’intérieur de cette notion générique de connexion (différente d'une simple juxtaposition). qui reléverait d’une dissociation).. une substance liquide ou liquéfiable (qui entre alors en fusion)33. nouer. en ce que de deux choses distinctes on en fait une seule. Nous avons là des actions bien différentes les unes des autres et. apparemment. tresser. nous avons des solides. On passe ainsi par transition d’une connexion à une coupure située entre l'assemblage et le lien. Tous droits reserves. de classer des gestes d’accomplissement.. c’est dans le sens de la préposition (ou locutions associées) que réside la véritable signification du prédicat. d’un côté. il traduit une action proche de l’opération de connexion comme lier. etc. mettre dehors. les différences. mettre ensemble. On démaille un tricot. Ce sont ainsi des opérations cognitives qui permettent. coudre. On décolle un papier peint. . mettre à côté. mettre sans dessus-dessous. soit de fermeture. Prenons un verbe comme coller (enduire de colle). mettre à découvert. Le bouton s’est détaché. d’un côté. souvent (comme en anglais). de leur assigner des termes en tant que tenants et aboutissants. Considérons ainsi nos termes de base comme reflétant des opérations cognitives élémentaires.intellectuelles (opérations sur des signes graphiques. par inversion. tiennent par ailleurs à des types de substrat sur lesquels on agit: coudre un bouton est distinct de coller un timbre ou de souder au chalumeau. jouent par exemple un rôle fondamental dans la traduction de certaines de ces opérations cognitives: mettre dedans.. la psychologie génétique de Piaget classait cette opération parmi les 33 Cf. tricoter. 231 © Pierre Boudon. et de l’autre. Troisième partie. mettre avant. 2004. en ce que. Chapitre II. à propos de cette différence instrumentale entre actions associées à un agent. souples (fil) et dur (bouton)—à l’intérieur des « fibres » nous avons la différence technique entre coudre et tricoter— et de l’autre. Des prépositions associées à des radicaux. par exemple). mettre après) en tant que base neutre par rapport au jeu des prépositions qui signifient la variété des opérations qu'on peut lui adjoindre. Réseau du sens II. La connexion peut toujours. être rompue ou distordue: On arrache un bouton (distinct de. Dans l’exemple que nous venons de prendre. Plus généralement. situation: poser. classer) est une opération complexe d’association et de dissociation que nous retrouverons peu après dans les principes d’une homogénéité et d’une hétérogénéité. sélectionner. (qui ne s’emploie qu’à propos d’êtres animés en tant que milieu vivant). remplir. rassembler. mettre à la porte).plus simples dans le développement intellectuel de l’enfant). Mettre les fleurs dans un vase ou intellectuelle comme dans. 2004. on dira que l’association/dissociation présuppose la répartition en genres et espèces laquelle 232 © Pierre Boudon. chez. on aurait. insuffler. derrière ce générique. situer.. nous avons des opérations d'enfermement à l’intérieur de quelque chose. Or c’est la base d’une taxinomie où l’on retrouve associés le geste et la dénomination (la classification renvoie à une procédure de totalisation afin de constituer des classes hiérarchisées).. il faut bien voir la différence entre trois formes d’inclusion: (xvi) Exemples. Tous droits reserves. . Des prépositions et/ou locutions telles que: dans. apparier) ou de dissocier suivant le même mouvement général d’inversion. mettre.. Après la notion générique d’inclusion/exclusion en Y. expriment cette localisation de « quelque chose dans quelque chose » (présupposant la possibilité d’une inclusion... substance: vider. transvaser. enlever un chandail). enrouler. De même des verbes tels que entrer et sortir. nous avons celle d’un assemblage comme jointement en X. introduire.. trouver.. mouvement: encercler. Mettre quelqu'un dans l'embarras. Sous cet aspect.. le tri (trier. introduire et extraire. faire sortir (Inviter à entrer. réunir. puisque a contrario. mettre ensemble. il s’agit d’associer (juxtaposer.. qu'elle soit matérielle comme dans. Mais. Dans quoi veux-tu que je mette ça?). poser et ôter. charger.. faire entrer. nous avons des opérations de localisation. nous avons des opérations de transfert d'un contenant à un autre. actions que nous avons à propos de la notion de lieu d'habitation. parmi. à l’intérieur de... L’opération est accompagnée de sa duale comme inversion de sens: mettre et enlever (Mettre un chandail. Passons au dernier terme en Z: la notion de connecter/déconnecter. Phénomène de rupture d’un assemblage (l’expression figurée. c'est le sens des expressions situer sur et situer sous (que nous allons reprendre et développer dans le prochain chapitre). 2004. d’autre part. et de l’autre. nous avons implicitement la notion de continuité par rapport à celle de discrétivité (segmentation). d’un ensemble joint. c’est le renvoi a la question du principe d'idoénité. identifiante comme précédemment et totalisante peu après. nouer et dénouer (nous avons parallèlement: relier. nous avons bien une alternative (en XZ) entre une rupture et un passage dont la notion de connexion est le support. nous avons donc trois points de vue possibles sur cette question de la classification: opératoire. Au-delà de cette opération d’assemblage. recoller. une double inversion). soit le sens allant vers le terme médian XY (où la notion de surface est essentielle). comme dans brancher et débrancher un appareil. d’effeuiller une fleur. Dans une expression telle que: ça passe ou ça casse. ni poser (comme dans juxtaposer) ni inclure mais situer par rapport à une surface (en tant que repère). on peut faire suivre ces opérations de connexion. . resouder. nous avons la notion de situation en tant que repérage qui n'est. qui expriment une reprise. renouer. Comme celle-ci l’indique. Entre une association et une inclusion. seraient du même ordre) qui exprime l’envers d’une entité assemblée. comme ici. situer au-dessus et situer au-dessous où l'opération est effectuée par rapport à un plan de référence (celle-ci exprime une conjonction ou une disjonction par rapport à ce plan que l'on peut traduire en termes de contact et de 34 D’un côté.est une opération du type mentionné34. celle-ci peut être dérivée. a celle d'une totalisation. dans le sens du terme médian XZ. Comme nous l’avons mentionné. A partir de cette base d'opérations primaires. nous pouvons décrire facilement les termes mixtes comme modes de transition des unes aux autres. de brisure et d’éclatement. laissées vacantes. d’une part. Tous droits reserves. il s’agit des rapports réciproques entre lier et délier. 233 © Pierre Boudon. dépecer ou morceler. Le courant a été coupé pendant une heure) mais seulement ses extrémités. par celle entre ajouter et retrancher si l’on spécifie le fait que le continuum sous-jacent n’est pas affecté par cette opération (au contraire de l’effet de rupture comme dans. elle conduit à des opérations de coupure. Casser la baraque. vers une opération d’exfoliation comme dans l’acte de peler un légume ou un fruit. d’orientation. ou au contraire. et plus généralement. relèvent ainsi de cette opération de continuité.2. nous avons des rapports d'enveloppement et de développement en ce que. C'est un problème qui a retenu l'attention de nombreux linguistes travaillant sur les prépositions et/ou locutions spatiales. et de la seconde. Nous avons déjà évoqué le terme mixte entre une association et une connexion sous les espèces de la brisure. Nous avons là un complexe de propriétés entre les notions de situation. de lieu (passer à travers. Ainsi.5. et impliquent une notion d'accessibilité. d’un arrachement comme destruction d’un lien ou d’un liant. nous aurions le phénomène de fusion comme formation d’un corps homogène: souder/désouder. dans une dimension verticale implicite. se frayer un chemin. est situé au poste XY entre les formes de l'emboîtement (dans. entre une connexion et une inclusion. de déplier). 2004. coller/décoller. dans le templum (xv-xv') supra. comme cas particulier. Ce positionnement se caractérise ainsi par une dimension perpendiculaire au plan de référence. celui des positions situables par rapport à un plan de référence dont le point de départ. de substance. . à l'intérieur) et les formes de voisinage (juxtaposition. Tous droits reserves.non-contact). de feuilles. 35 Que nous ne pouvons que mentionner en renvoyant à nos travaux sur la notion de lieu. envelopper au sens de lier au moyen de bandelettes. sérialité). V. principalement dans le cadre des grammaires cognitives depuis les travaux de Langacker. alors que l’inclusion/exclusion conduit à des formes d’emboitement. franchir le seuil35) que seule une analyse catégorielle permet de désintriquer. Inversement. Par contre. distincte de l’emboitement et du simple voisinage. 234 © Pierre Boudon. nous aurions des formes d’étagement comme dans en haut et en bas (alors que haut et bas. Enfin. EXEMPLE PARTICULIER: LE RAPPORT DESSUS-DESSOUS Prenons. Vandeloise. ces propriétés sont associées à une inclusion-exclusion. nous ajouterons que celles d’une situation conduisent à celles d’une localisation par niveaux (ou d'un feuilletage). là-haut et là-bas expriment à la fois une direction et une localisation). nous pouvons dériver des formes de continuité (cf. de la première. des formes d'enfermement dans quelque chose. . mais de l'autre. Paris. Entre ce soutènement (appui comme soutien. La table est sous le livre) et de « franchissement » (de discontinuité surmontée). Tous droits reserves. une pile peut être une simple élévation en hauteur. une distance de voisinage plus ou moins grande. situer dessous.. Visetti. on peut introduire la notion d'un creusement comme fondement ou comme approfondissement.. une fondation dont la profondeur est variable suivant la nature du terrain (piles d'un pont. nous avons la notion d'« empilement » (ou d'étagement. un cas récent est offert par l'ouvrage de P. les trois termes de base expriment des relations de « couvrement » (comme simple adjonction). tant l'organisation des énoncés que celle des formes bâties. Mais au-delà de ce simple positionnement spatiale. c'est aussi l'occasion de montrer les rapprochements que l'on peut faire entre une analyse linguistique et une sémiotique des lieux à travers cette épistémologie fondamentale intitulée une aspectualité spatio-temporelle (qui dégage finalement un socle commun de nature cognitive). La définition d'un positionnement est ainsi opérée au moyen d'un plan de référence médian par rapport auquel les objets dont on parle sont situés en contact ou non: situer sur. situer au-dessus. ces rapports introduisent implicitement des figures de mise en relation qui vont être qualifiés de la façon qui suit: au départ. 235 © Pierre Boudon. support comme assise) et le franchissement. ou au contraire. il peut y avoir un degré miximum de résistance (cf. ce sont ainsi des opérations intellectuelles de repérage et d'effectuation servant à décrire.Talmy. . comme. ainsi.. comme. S'élever. tant à l'analyse d'une sémantique langagière qu'à celle d'une sémantique architectonique. Pour nous. Le livre est sur la table et non. Les termes mixtes qui en dérivent vont permettre d'établir les solutions de continuité entre ces opérations de base: entre un couvrement et un soutènement. dont le but est la description d'« analyse de scène »36. 2001. 2004. le sol) dont on dérive les formes 36 Bien qu'il ne se réclame pas de ce courant désigné par analyses de scène. pieux d'un immeuble). etc.. Le dispositif que nous proposons peut ainsi convenir. une pile de livres peut s'écrouler).. creuser sont ainsi dans ce rapport causal à un plan de référence implicite (cf. un sens dans la relation: on a. situer endessous.. ce qui est en jeu. situer dessus.-M. situer sous (nous avons une inversion positionnelle par rapport à ce plan). Les prépositions (comme les préverbes) marquent ainsi un contact ou non. d'un côté.. de « soutènement » (présupposant une causalité. Cadiot et Y. comme nous l'avons exprimé auparavant). d'un côté la solution est libre (on peut toujours ajouter un nouveau terme au couvrement). 236 © Pierre Boudon. suspendue au plafond (grâce au fil). comme le plan de référence). repérés l'un par rapport à l'autre. Enfin. mais aussi d'un même corps connexe mais partagé symboliquement en deux moitiés supérieure et inférieure37. Dans tous ces cas. deux dimensions en tant que métatermes sont implicites: celle d'une verticalité (qu'elle soit élévation ou profondeur) et celle d'une étendue planaire (une aire. Cette dualité ambivalente entre un dessus et un dessous montre bien également qu'il ne s'agit pas seulement de deux corps séparés. Un pont peut être fondé au moyen de piles comme il peut être suspendu au moyen de câbles. Cette histoire se situe en-dessous de la ceinture.-: élévation # aire couvrement suspension empilement appui franchissement soutènement support creusement Ce dispositif est remarquable dans la mesure où il symbolise par dualités inversives—mouvement comparable à celui d'une bascule— les différentes positions entre dessus et dessous par rapport au plan de référence. avec ou sans contact comme dans le cas suivant: 37 Cette propriété de dissociation dans une même entité permet de comprendre le sens d'un énoncé tel que. entre ce franchissement et un couvrement. (xvii) schématisation du templum: MT+. Tous droits reserves. . comme elle est. 2004. de son côté. nous introduisons la forme d'une « suspension » (dans les airs): La lampe est suspendue au-dessus de la table (elle couvre celle-ci de lumière).dessus (un étage) et les formes dessous (un sous-sol). on peut écrire également. La route passe au-dessus de la rivière (franchissement J sur) La rivière coule au-dessous du pont (franchissement J sous) Donnons maintenant une série d'exemples permettant d'illustrer les différentes situations décrites par ce dispositif (xvii).J disjonction) et. Le livre bleu est sous le livre rouge (relation réversible) Les livres sont les uns sur les autres (aire + empilement) Les rochers surplombent la mer (élévation+ + empilement) Les cailloux sont sous l'eau (aire + creusement. « la lampe est suspendue ») ou bien. La lampe est sur la table (aire + soutènement = support. « la lampe est posée ») Le tableau est sur le mur (couvrement + suspension) J le tableau est suspendu au mur La cerise est sur le gâteau (couvrement + empilement) Le livre rouge est sur le livre bleu (soit: soutènement + empilement.+ creusement) La porte donne sur la cour (aire + franchissement) Le balcon donne sur la cour (élévation + suspension) « Sous les pavés. (xvii") Exemples: La lampe est sur la table (élévation + suspension.(xvii') En utilisant les symboles du templum (xv') supra. cf. . 2004. cf. soit: couvrement + empilement). la plage » (aire + creusement) Le pont est sur l'Oise (élévation + franchissement) d'où l'expression. l'eau est considérée comme un milieu séparé entre une surface et une profondeur) L'abîme s'enfonce sous nos pas (élévation. Tous droits reserves. Le chat est sur la table (contact+ J jonction) Le chat est sous la table (contact. puisque c'est devenu une cité) L'avion arrive sur la piste (élévation + suspension) 237 © Pierre Boudon. dans les termes du présent. Auvers sur Oise (aire + franchissement. nous avons essentiellement. dans le deuxième. p. procès ou événement. 2004.. détaché de sa série temporelle. De même. Sur le coup de minuit. dans: Les chars de Leclerc sont montés sur Paris l'exemple précise davantage une orientation (un but dans une progression) que le fait de franchir une distance avec obstacle.. c'est ici que nous devons rappeler le fait que ces différentes formes de l'aspectualité prennent place dans le mini réseau de templa (i) où elles peuvent s'entrecroiser à travers le fait que nous utilisons à la base la notion d'intervalles topologiques définis en tant qu'état. 238 © Pierre Boudon. dans les expressions. soit un événement comme moment remarquable.. Sous le règne de Louis XIV. soit une périodisation (une phase historique) et non un couvrement dans le premier cas.. Tous droits reserves. dans: (xvii"') Jean a bâti sa fortune sur cette invention ce n'est pas tant le fait que cette fortune a une assise qu'elle a une cause originelle (un Passé) qui nous renvoie au processus (xiv-xiv') supra. Ainsi.L'avion roule sur la piste (aire + soutènement) Il fait moins vingt degrés sous abri (aire + couvrement) Jean dort sur le dos (soutènement = support) Jean s'appuie sur le mur (soutènement = appui) Jean a bâti sa fortune sur cette invention (soutènement = support) Jean travaille maintenant sur Paris (aire + couvrement) Jean sur-estime ses capacités (soutènement = appui+) Jean sous-estime ses capacités (soutènement = appui-) Plusieurs des exemples que nous donnons ne réfèrent pas uniquement à une disposition spatiale (comme l'ont souligné plusieurs auteurs38). 38 Notamment P. . Enfin.. Cadiot dans l'ouvrage mentionné (note 36) supra.. 23 sq. d’un mode d’émergence comme processus de croissance et de décroissance (création. D’ailleurs. Ce niveau global est semblable à celui qu’avait posé la Gestalttheorie avec la notion même de Gestalt (rapport qui ne se réduit pas à un assemblage d’éléments). Il s’agira d’établir ainsi un rapport d’homogénéité-hétérogénéité entre ensembles selon les critères d’un croisement intraspécifique (substituabilité de deux éléments). nous allons être amenés à reprendre les principales thématiques de cette théorie des formes pures avec. . c’est-à-dire. 2004. Bien sûr.3. 1991). d’une circularité constitutive de leurs différentes phases et la reconduction indéfinie de ce processus organique. en particulier. Nous avons enfin le phénomène d’une spéciation comme détermination d’une diversité des ensembles se comportant comme autant d’espèces particulières formant un milieu organique. Nous allons avoir ainsi un champ sémantique de la totalité où. Nos propositions ne sont pas sans rappeler celles d'Aristote et sa physique naïve. de somme. et de l’autre. Tous droits reserves. AGRÉGATION. DÉSAGRÉGATION Considérons maintenant des propriétés. 1997. un bord séparateur qui les isole des autres. ou encore Husserl à propos de la notion de compositions d’ensemble (Bordron. notamment dans son opuscule De la génération et de la corruption. Rosch . Thompson.V. de milieu). il y a une corrélation étroite entre ces deux aspects mais disons que ces modes de la composition doivent être analysés en tant que tels afin d’établir un classement de leur régime en relation avec la nature des éléments qu’ils composent.5. 39 Cf. p. soit la base d’une stabilité structurelle en termes de processus (bien distinct par ailleurs du simple mouvement-déplacement que nous avons considéré auparavant). d’un côté. L’espèce comme ensemble. non plus positionnelles mais de formation d'ensemble. celui d’un processus de formation en tant que genèse issue des rapports figure/fond39. 239 © Pierre Boudon. 362 sq) à propos de l’ouvrage (1993) de Varela. Notre compte rendu de recherche (Boudon. conservation) que nous aborderons après à propos de la définition des notions de vie et de mort. destruction. de compositions indépendamment de la nature des éléments qui entrent en jeu. nous avons une typologie des ensembles (notion de tout. d’une altération (déformation) ou d'un changement comme évolution potentielle. se comporte ainsi comme des « lieux » ayant une intériorité et une extériorité. elle caractérise aussi bien le résultat des processus temporels (progression. à l'opposé. Agrégation et désagrégation représentent ainsi la polarité de base entre les métatermes. Ce basculement exprime une désorganisation. la répétition est constitutive d'un cycle d'événements (fêtes calendaires. il s’agit de mettre en place une notion de totalisation. L’intégration et la série ne sont pas propres à une spatialisation. 2004. régression) que les moyens d'un repérage en termes d’états et/ou procès d’un côté. nous avons donc des entités complexes. De l’autre. comme par exemple. les membres. les organes). Tous droits reserves. comme reproduction de la totalité en elle-même (c'est ainsi le rôle de la graine ou semence. le passage sans réelle transition d'une émergence à une destruction. de suite d’événements constituant le fréquentatif de l'autre (Guentcheva 1990. celle qui permet de définir la notion de « corps » comme entité autonome. en ce qu’elles constituent des formes où tous les membres participent de l’activité générale qu’on appelle un corps (naturel. construit). À partir de ces principes. de l’autre. dans les années cinquante. p. constituant une série indéfinie d’éléments indivisibles (unités. . celle-ci pouvant résulter d'une tension interne ou d'une action externe. rites de passage). totalisatrices. 240 © Pierre Boudon. avec pour conséquence. individus). nous avons une composition sérielle caractérisant. nous devons introduire des principes dont l’un sera d'agrégation pour former des entités. D’un côté. Nous obtenons ainsi la suite des opérations: agrégation J totalisation J génération. la suite des entiers naturels qui est à la base de l’arithmétique. nous avons une désagrégation comme éclatement de ces entités constituées. 199 sq). formée d’une pluralité de parties hiérarchisées (Cf. nous avons une multiplicité ouverte. soit la destruction d'une régulation qu'opère implicitement la forme sur elle-même lorsqu'elle acquiert des qualités de totalisation (c'est ce principe de feed-back que nous avons dans toutes les formes organiques et qui est à l'origine de ce qu’on a nommé. Pour cela. une somme d’éléments juxtaposés à partir d’une règle d’ordonnancement minimal comme l'itération numérique. plante ou animal). nous avons une composition intégrative. comme nous l’avons souligné. avec son mode de rassemblement et de clôture virtuelle. nous avons un assemblage hiérarchique de ces membres. Ainsi. par exemple. par rapport à l'organisme entier.Revenons à la typologie de ces types d’ensemble. nous pouvons définir les termes du templum: d’un côté. la cybernétique). . d'un corps. aux résonances à la fois organiques et sociales. Brandt (1986 [1943].totus) exprime l’idée— à partir de totus— d'un bloc. partant de zéro et allant vers l’ensemble infiniment riche comprenant tous les nombres (le “plus que omnis” serait le transfini). le terme intermédiaire solus est simplement l'expression d'un sens complexe (cf. c'est-à-dire al-ene “tout un”. d'une part. manifesté de manière binaire et pure par la troisième série (ullus quidam). l'idée d'un passage allant de la série ouverte vers le cercle fermé (omnis est un tel cercle. d'une masse.alius . sous sa forme réalisée. chacune constituant pour l’auteur l’indice d’un type de mentalité caractéristique. Tous droits reserves. non réalisé. 2004. resté “seul” après une séparation). possible. La série intégrale (unus . soit la liberté dans la solitude (indépendance). p. 241 © Pierre Boudon. dominance). Omnis exprime pour Brøndal la réunion d'individus dans une communauté qui reconnaît la réalité indépendante de ses parties composantes. ou au contraire les expulsant. Le situs— la référence à Leibniz est explicite— est donc ici le lieu d'un bloc. Offrons le résumé qu’en donne P.omnis). La deuxième série. d'autre part. contrôlant ses éléments par l'absorption ou l'expulsion. d'une totalité absorbant les individus et les transformant en parties indiscernables. Nous comprenons mieux désormais les rapports d’imbrication existant entre la quantification discursive et l’aspectualisation spatio-temporelle. 5-6): Cette intuition localiste va guider le linguiste danois dans son analyse des quantificateurs latins. où les parties forment un tout unitaire. n’est pas sans faire penser à celle que Brøndal établissait entre les expressions totus et omnis. Il s’agit ici du prototype des noms de nombres et. le danois alene. rapports auxquels on pourrait associer l’actantialité en tant que formée par les notions d'actant individuel et d'actant collectif40. 40 Cf. imposant à ces éléments soit le renoncement à toute liberté (dépendance. et nemo en est le projet. dit Brøndal. tout en en formant un ensemble. les niant comme unités indépendantes (unus). numérique (nemo . Troisième partie..solus . l'idée d'un passage ou d'un glissement entre le possible comme tel et le réel correspondant. ou encore. des nombres eux-mêmes. A. Chapitre I. La série semble établir une suite d’ensembles positifs. dominées. Mais l'analyse brøndalienne introduit deux moments structuraux non triviaux. et une composition additive où les unités élémentaires sont rassemblés sous le chef d’une raison. “seul”— comme un bloc nié par un autre bloc. .. Réseau du sens II. potentiel). étroitement liée à la deuxième.quis . Trois séries sont dégagées. en principe.Cette opposition de base entre une composition intégrative. représente un style quantitatif plus raffiné (“témoigne d'une pensée plus nuancée”). Le rapport de cettre série numérique au situs est un peu plus difficile à saisir. soit l’extériorité d’un milieu ambiant. c’est. milieu extérieur (ambiance. 2004.. végétal et minéral. . C'est la somme de ces facteurs qui nous permet de construire une composition hétérarchique de cet univers organique. hétérogénéité des éléments). ni la somme comme multiplicité sérielle (ouverte).6. (i) en tant que règnes animal. nous avons un terme qui représente génériquement. d’une étendue d’eau comme un étang). Corps. pour la notion de corps vivant intégrant un ensemble de membres. Nous dirons qu’elle exprime un ensemble substantiel indélimité (le monde organique de la forêt.II.II. soit l’intériorité d’un corps qui rassemble une multiplicité de fonctions dont la médiation avec l'extérieur passe par des dispositifs formant les organes de la régulation entre ce corps et son milieu41. Ainsi.6. mais la notion encore floue de milieu. Tous droits reserves. Toutefois aupréalable. ni la notion de corps comme complexe de parties (fermé).Comme troisième terme des corrélats de base. complexité de parties (les 41 Comme descriptions de cette aspectualité spatiale. membres d'un ensemble ou individus isolés).II.6.a) auquel peut faire suite celui de leur association en bande (collectif) ou au contraire isolé (définissant des types de vol. le monde terrestre et le monde aquatique (cf. (iii.II. Appendice II. Enfin.a) supra. (iv. Pour les deux premiers. on ne peut additionner deux pommes et trois poires). supra.a) supra). soit les trois types de « milieux » référés à . 242 © Pierre Boudon. auquel ferait suite une description des différentes « fonctions » organiques. .6. constituent ainsi les formes de base de cette aspectualité totalisatrice dont les principes sont ceux d’une agrégation. d'une désagrégation toujours possible : (xviii) Templum d’une composition (types d’ensemble) Métatermes: MT+: principe d'agrégation MT-: principe de désagrégation Corrélats initiaux: X : notion de milieu comme agrégat indifférencié (absence de frontière. immersion) ou milieu interieur Y : composition intégrative. mais aussi. externe ou interne. somme et milieu. Ce milieu peut être dense ou diffus. nous pouvons les rattacher à . un agrégat sans forme particulière où la diversité est celle d’une hétérogénéité des espèces en interaction (alors que dans une composition additive la série de termes requiert l’homogénéité. ces corps vivants participent d'un ordre supérieur. à travers les « capacités motrices » de ces corps. écologique et organique. (v. comme il est dit plaisamment. nous pouvons nous référer à .6. nous pourrions les croiser avec les milieux écologiques que sont le monde aérien. de mélange du côté de la notion de milieu. de l’autre. individus (unité indivisible) relevant d'une collection XZ: notion de stochasticité (cf.membres. contrôle de l'extérieur) YZ: notion de partie comme telle. la totalité peut être définie comme hiérarchie ou comme dualité (notion de couplage) Z : composition additive comme somme ou série d’unités indivisibles. 2004. dans un certain ordre mais sans limite assignable Corrélats dérivés: XY: notion de rétroaction (au sens du contrôle cybernétique) associant un tout (organisme) et un milieu. à travers un . soit comme endo-régulation (définissant une économie interne). membres de relevant d'un corps. les organes corporels) dans un tout délimitable. soit comme exo-régulation (cf.-: agrégat # désagrégat milieu exorégulation mélange stochasticité rétroaction endorégulation duplication totalité parcours aléatoire somme hiérarchie moment intégratif partie membres moment énumératif individus Ce dispositif met en place la notion de « monde » en un sens quasi phénoménologique. d’un côté. Tous droits reserves. éléments en grec) en tant que forme aléatoire. de parcours aléatoire du côté de la notion de série (xviii') La schématisation sera de la forme: MT+. formule déjà proposée auparavant 243 © Pierre Boudon. une collectivité d'individus. constitutives d'un domaine compact. fermeture) et une hiérarchie des parties (qui n'est pas nécessairement fixe). un extérieur et un bord. Nous avons donc un phénomène de duplication (comme principe de couplage) de la totalité sur elle-même. un mobilier. C'est cette plénitude que Brøndal a retenue en premier. par contre. de l'information) et avec lui en tant que tout (sous la forme d'un contrôle.. Enfin. un site. que l'on peut assimiler à un être organique. Nous dirons donc que cette duplication introduit un « double ». . une atmosphère particulière.. On peut parler du « monde des livres » ou du « monde des objets quotidiens » sans également faire appel à cette forme délimitative. intérieur et extérieur. par exemple). particularisant les parties en organes distincts qui sont les filtres de ces échanges. c'est l'autonomisation de chacun de ces éléments à travers la série qu'ils forment qui devient pertinente. Le monde des objets constitue ainsi une somme (indéfinie). Q'entendons-nous par cette expression dont le sens est très général? C'est ainsi que nous pouvons parler du « monde de la lumière » qui est un milieu irradiant en ce qu'on ne peut assigner de frontière précise. nous introduisons des formes d'échange (une économie du sens. Elle implique une délimitation (finitude. c'est à la fois un corps bâti. comme partage et comme réciprocité: les parties de l'ensemble s'échangent entre elles (des substances. une gémellité (en termes d'ensembles similaires extérieurs l'un à l'autre) et une altérité en tant que figure de la 244 © Pierre Boudon. ce qui nous ramènerait aux conditions du milieu. à la fois. Par cette expression.échelonnement de ceux-ci en microcosme et macrocosme (introduisant une échelle de grandeurs et que nous associerons étroitement. une histoire. nous avons des échanges internes parallèlement à des échanges externes. 2004. La maison. si nous parlons du « monde de la maison » nous avons vraiment le sentiment d'avoir une totalité définie qui a un intérieur. non seulement entre la totalité et son milieu ambiant mais également entre les parties ells-mêmes. une dynamique du processus). ce double peut être une doublure (en termes de bord dédoublé). celle-ci n'est pas une « masse ». Tous droits reserves. mais une organisation. La totalisation constitue ainsi la forme la plus complexe de ce mode de rassemblement en mondes. . se comporter comme une série d'entités assimilables à la somme. elle a donc besoin de se « reproduire » génétiquement). 2004. livres d'histoire. ce terme mixte est toutefois ambivalent. Par contre. livres d'art. 245 © Pierre Boudon. En tant que lien entre la totalité et la somme. hormis dans le cas d'une dissection (mais. mort} (perpétuellement reconduit).. Les livres de la bibliothèque. celles-ci ne sont pas autonomisables. Considérons les termes mixtes attenants à cette notion centrale de la totalité et qui vont jouer un rôle articulatoire important. et de ce fait. Cette duplication est également une reproduction. le terme mixte est l'élément médiateur de cette opération d'extension qui formera un réseau. L'opération reduplicative serait du type: totalité J collection. nous avons deux possibilités: dans un cas. La totalité est ainsi un processus. le corps disséqué n'est plus vivant puisqu'il est désagrégé)44. on considère la somme de ces objets dont on peut constituer des séries (cf. . Tous droits reserves. peut-être ainsi re-dupliquée (cf. en tant qu'unité globale. le bouclage de ce processus étant défini comme rapport {vie. romans. en tant que phases et orientation43 . dans les parties comme membres d'un corps complet. cette complémentarité peut être celle de l'agrégation et de la désagrégation qui constituent les métatermes de ce dispositif. tel que nous l'avons défini auparavant. et même. où celleci forme une énumération d'entités complexes. par exemple. justement. Nous voyons donc la séparation qui existe au sein de ce terme mixte dissocié en individus et membres de. celle-ci. ainsi dans.. on parlera ainsi d'émergence de la forme en tant que naissance et vieillissement (comparable à la notion précédente d'amortissement). un doublage en termes de traductibilité d'une série dans une autre.complémentarité (où nous retrouvons le principe même de l'opposition42). les individus ne sont que les pièces d'une collection. À propos du principe d'une complétude/incomplétude et du suivant. à la fois. Dans la notion de partie comme sous-ensemble (en YZ). comme éparpillement de celui-ci en plusieurs morceaux. Considérons.).. la propriété de duplication de cette totalité. réïtérée) indéfiniment. 42 43 44 En particulier. comme autoenchâssement (cela peut aller jusqu'à une « mise en abîme » de la partie formant un tout) et comme régénération de l'ensemble puisque la totalité est finitude dans le temps (cf. en ce sens. C’est également le thème des disjecta membra comme destruction du corps. de l'autre. associé au hasard). Il est donc synonyme d'aléa. Cette dualité de signe est semblable à la complémentarité qui organise l'ensemble du templum. au sein même de cette totalité. les notion d'agrégation et de désagrégation (en tant que dispersion). Enfin. . la rétroaction (cybernétique) met en valeur cette propriété duplicative faisant de l'ensemble des parties un tout couplé avec son environnement et faisant de chacune de celles-ci une partenaire couplée autres. nous avons alors une sorte d'« emballement » du système. d'un côté. 246 © Pierre Boudon. Nous pouvons ainsi parler d'un 45 La situation qu'occupe ici la notion de régulation comme interface entre l'organisme et son environnement est assimilable topologiquement à la notion de bord entre une région interne et une région externe. Comme nous le voyons. Tous droits reserves. la totalité se comportant dès lors comme un « milieu interieur » ayant son propre mode de fonctionnement (cf. 2004. en tant qu'hétérogénéité de substances rassemblées (c'est le cas d'un milieu végétal comme la forêt. cet aléa est une forme non-régulière issue de la série dont le jeu. nous dirons que cet aléa est issu de la notion de milieu en tant que mélange. entre les parties (interactions internes). nous pouvons ajouter que la rétroaction comporte deux signes: négativement. la probabilité d'apparition d'un nombre ou d'une carte est l'illustration (cf. la forme même de l'événement comme tel. notion d'organisme) dissociable d'un « milieu exterieur » qui lui apporte substances et informations45. ce partage est entre ce que nous appelons ici une exo-régulation et une endo-régulation. en effet. végétaux et animaux prolifèrent d'une façon anarchique).Passons à l'autre terme mixte (en XY) qui révèle également cette complexité de la notion de totalité. celui-ci symbolise une régularité dans laquelle la fonction de contrôle permet d'annihiler les forces intempestives. entre la totalité et son milieu (interactions externes) et. d'un milieu aquatique comme un étang où minéraux. positivement par contre. nous avons un déséquilibre qui peut aller jusqu'à la rupture des forces en présence. en termes d'équilibre de cette totalité par rapport à son environnement. ce terme est diamétralement opposé à la notion de totalité organisée à travers une série de couplages (internes et externes) qui définissent son équilibre. sachant que cette expression signifie «éléments » en grec. Il nous reste un dernier terme mixte à analyser (en XZ): celui d'une stochasticité. de désordre (à la façon d'un patchwork). Les interactions sont donc. on peut parler d'« énergétisme » en tant que mode de structuration par flux. réciproquement. de la notion de somme en tant que composition sérielle (opposée diamétralement à celle de rétroaction) on peut parler de « mécanisme » en ce que les éléments sont isolables les uns des autres. Si. Sapoval . épistémologiquement. p. enfin. Bref. on pense. Ainsi. Comme le laisse entendre cette analyse. . on parle ainsi de trajectoire brownienne afin de signifier ce mode déambulatoire.parcours en ce que la distribution sérielle exprime une véritable temporalité déambulatoire46. principe et diversité de ses modes de l'apparaître? Ainsi. en ce sens. en tant qu'élaboration complexe comportant topologiquement un intérieur et un extérieur. catégoriellement. or. nous 46 Dans la théorie des fractales. par exemple. B. 1997. tous les termes de base participent d'une même forme constitutive puisqu'à travers leurs termes mixtes nous pouvons opérer des transferts de propriétés sous le signe de l'intégration et/ou de la différenciation. 247 © Pierre Boudon. les formes primaires d'un échange entre les éléments de la matière.6. En deça du processus même de composition nous avons ses causes. 81. de même. V. on peut dire de celui-ci qu'il constitue une forme d'intégration « en suspens » où les processus inter-agissent aléatoirement en tant que mélange de substances. une totalité peut proliférer sous la forme d'une somme d'entités en réseau. ce sont. Tous droits reserves. l'élément déterminant de ce templum est la notion de totalisation en ce qu'elle représente un maximum de complexité. Paris. nous pourrions dire que ce n’est qu’à ce niveau que nous retrouvons le sens phénoménologique de ce qu’est la < plante >. N'est-ce pas le sens même de la monade en tant qu'unité plurielle (multiplicité). solides. de ce qu'est l'< animal >. on peut parler à son sujet d'« organisme » — faisant de ce principe un être en devenir— . par exemple. 2004. CONCLUSION: DE L’OBJET À SA CAUSE Abordons finalement de façon plus précise la référence à une genèse des êtres. liquides. à l'atomisme démocritéen où les éléments sont autant de briques juxtaposées pour former des ensembles. ce qui le fait apparaître et. gazeux. elle devient un milieu intérieur. nous avons des types spécifiables mais en termes de processus nous obtenons des phénomènes qui les réunissent. Cf. que nous pourrions par la suite diversifier en espèces. à propos de milieu. avec ces différentes facettes d’une aspectualité spatiotemporelle. les « airs de famille »). nous venons de dégager un complexe cognitif qui joue un rôle considérable dans la constitution sémantique du discours comme représentation implicite des connaissances. il faut bien sûr se référer à ce que nous avons dit à propos d'un processus progressif et régressif. la seconde associée aux processus en tant que mouvement et/ou déplacement cinématiques et la troisième associée aux processus de totalisation dont genèse et spéciation sont les composants. Nous avons donc le processus même de passage d'une totalité à une série puisque deux êtres accouplés peuvent engendrer une multiplicité d'autres. Rappelons que nous avons trois grandes directions de cette aspectualité: une première. l'ancien et le nouveau. Prenons un exemple: (xix) De la semence naîtra un autre corps semence = partie (cf. Ainsi.avons déjà fait référence à l'ouvrage d'Aristote (1971) qui représentait une première forme d'explication de ce qu'est la « vie »47. 2004. centrale et périphérique). (xviii-xviii') supra) en tant que microcosme [(vii-vii') supra] dont est issu le corps [(xviiixviii') supra] naîtra = croisement présupposé de deux êtres distincts (mâle et femelle) [(xx-xx') infra]. à moins qu'il y ait clonage autre corps = il s'agit d'un nouveau corps. Tous droits reserves. associée à une localisation et/ou orientation (par exemple. Comme on le voit. . c'est le sens anthropologique global de ce processus: corps J semence J embryon J autre corps La procréation [(xx-xx') infra] n'est pas seulement un mécanisme d'inclusion-exclusion d'un corps issu d'un autre [(xv-xv') supra]. il y a une opération de transformation par la semence dont l'aspect. 248 © Pierre Boudon. la distinction entre régions interne et externe. entre les deux. 47 À propos de la recherche des origines de la vie. totalité organique [(xviii-xviii') supra] de nature identique à ceux qui l'ont procrée. mais distinct (cf. ce que des propriétés strictement linguistiques ne peuvent mentionner. croisement ou métamorphose. Cette pro-duction. Reprenons la notion de corps comme structure d’intégration des composants (les membres. etc.. faisant de la métaphore poétique une « organicité » et de l'organisme nouvellemet crée une métaphore « vitale ». cf. dans tous ces cas. comme on le sait. Il s'agit donc. 1962. (xxiii-xxiii') infra). théorie de la préformation ou de l'épigenèse. participant de la même espèce). Nous venons de prendre comme 48 Cf. animalcules. le corps christique). Tous droits reserves. G.la matière. . soit l'assomption des substances. de l'énigme de l'incarnation. Canguilhem et alii. il s'agissait d'un « mystère » de la génération humaine puisqu'on ne savait pas de quoi la semence était faite (pensons également à tout ce qui avait trait parallèlement à la transsubstantiation divine. 2004. 249 © Pierre Boudon. ce qui nous amène à un mode d'assimilation possible de ces deux principes. les métamorphoses animales observées sont du genre. est sans commune mesure avec celui de ses résultats. Nous avons affaire à une conjonction-disjonction produisant un changement d’état lequel peut être assimilé à une métamorphose dans les représentations traditionnelles plus qu'à une opération strictement de croisement (cf. comparé à la monstruosité. par exemple qui exprime une déviation. peut être également rapprochée du principe métaphorique. Paris. Nous avons donc un phénomène qui associe étroitement des formes naturelles et des valeurs culturelles. les organes) et de leurs fonctions qui s’étendent. en un troisième terme théologique.)48. Bref. De la chenille naîtra le papillon où sous l'hétérogénéité des formes apparentes [(xxiii-xxiii') infra] nous avons un processus de changement homogène (au sens strict. on sait à quelles spéculations intellectuelles a pu tenir ce phénomène de la procréation jusqu'à la fin du XVIIIe siècle (cf. etc. ces processus vitaux relèvent à la fois d'un processus causal et d'une typicité puisqu'on peut départager des productions qui sont régulières (typiques) de celles qui ne le sont pas (atypiques). à une « extériorité » de ce corps puisque l’< animal > ne peut être pensé sans son milieu de vie (territoire) dont il acquiert les ressources alimentaires et qu'il aménage pour sa survie. Par ailleurs. pain et vin. fabriquer. assassiner). maturité). l'individu et le collectif. De la naissance comme apparition de l’être. décliner. tuer ou se tuer —accidentellement ou non— renvoie à un événement (rupture) qui ne relève pas d’un processus mais d'une 250 © Pierre Boudon. bref. Nous avons ainsi un cycle entre naissance et mort qui gouverne le monde animé. qui portent sur un individu ou sur un collectif (anéantir. vieillir. la notion de sujet et d'objet. Ce sont des modes qui différencient radicalement le monde animé du monde inanimé (les minéraux)... ainsi. Etc. d'origine minérale. se faner.exemple le mode d'émergence (de fabrication) du corps à partir de la semence issue d’ascendants (animaux ou végétaux). peut être mélangée au monde organique dans les notion d'humus. Notre vocabulaire abonde en termes relevant de ce mécanisme cyclique: (xx) Exemples naître. adolescence.. crever. tomber malade. massacrer. se maintenir en forme. blesser. changer (au sens d’une dégradation et non d’une direction). procès et événement. il faut voir la conjonction de renvois à d’autres templa (Cf. s’anéantir). éclore (animal ou végétal). etc. etc. qui portent sur le sujet lui-même (se tuer. Tous droits reserves. d’une stabilisation puis d’une décrépitude (vieillesse). nous avons au-delà une croissance par stades successifs (enfance. il s’agit de cycles vitaux (dont la temporalité est plus ou moins longue) couplés à des cycles saisonniers et cosmiques et que nous pouvons généraliser à toutes les formes d'organisme et/ou d'éco-système vivants (même la terre. mourir.) qui se joignent pour former une acception complexe comme celle de < genre > humain. soigner. 2004. tuer. . enfanter) ou sur un artefact (produire. (toutes ces expressions relèvent d'un processus cyclique mais qui n'est pas du type (xii-xii') supra) Dans ces différentes expressions prédicatives et/ou lexicales (qui se prêtent à de nombreuses métaphores entre les différents registres). rendre à la vie. se suicider) ou sur d’autres (tuer. Le cycle de vie et de mort reprend un repérage aspectuel antérieur entre état. maintenir en vie. Nous avons ainsi des processus qui portent sur le sujet (faire un enfant. les rapports entre la nature et la culture. etc. se tuer. de terreau). construire). guérir. placé sous le signe de la « mortalité ». ce qui fait que notre templum n'imite pas la continuité {vie. Car là est le sens profond de ce templum qui dépasse le simple accomplissement de la naissance à la mort (cf. rencontrées dans toutes les langues. Deuxièmement. mort} dans sa forme physique mais la structure selon deux forces en opposition: ce qui est mortel (ce qui périt) et ce qui est immortel (comme la nature inorganique mais aussi comme les dieux) . réparation) Y : naissance (création. de l’apparition d’un être à sa disparition (grandir. au-delà de la mort physique). phénomène de bornage d’un cycle par ses extrema que nous avons déjà introduit à propos de l’aspectualité par phases (rapport entre inchoativité et terminativité). entretien. Nous obtenons un dispositif de la forme suivante: (xxi) Templum d’un processus vital Métatermes: MT+: mortalité (assujetti à la vie et à la mort) MT-: immortalité (non assujetti) Corrélats initiaux: X : conservation (maintien d’un état stable. . engendrement) Z : mort (cessation. en effet. pouvant se distribuer sur les différentes portions du templum que proposé. des ancêtres qui précédèrent les vivants actuels. ces nombreuses expressions propres à la vie. celui qui va d’une dégradation (elle est le signe d’une durée organique qui s’épuise) à une conservation comme maintien en vie d’un état stable. nous intégrons un au-delà de la disparition qui donne un sens symbolique à la vie humaine comme témoignage du passé. archéologiques. Tous droits reserves. anéantissement) 251 © Pierre Boudon. décliner). 2004. de réparation) ou au-delà de ce terme (dans la notion de « vestiges » ou de « reliques » comme témoignages historiques.intention). Celui-ci est défini par deux grands axes qui se recoupent: celui qui va de l'apparition du phénomène (au poste Y) à sa disparition (au poste Z). en deça donc de ce terme final (dans la notion de conservation. La philosophie implicite de ce processus évolutif est ainsi un perpétuel combat entre ce qui va vers une fin inéluctable et ce qui perdure « contre vents et marées ». une certaine notion de l'immortalité). il rassemble donc une multiplicité de valeurs que l’on peut échelonner suivant une évolution entre différentes phases. vieillissement ) Ainsi. de même que dans le templum précédent d'une aspectualité cyclophorique nous avions une phase excédentaire qui spécifiait une annonce et une récapitulation « en plus ». 2004. perte. ici nous avons également une phase excédentaire représentée par la notion de vestiges (cf. vieillissement (ce que les physiciens nomment l’entropie) XZ: vestiges. maturité) YZ: dégradation. ainsi le cadavre par rapport au corps. .-: mortalité # immortalité conservation vestiges genèse naissance mort dégradation (perte. comme typologie des compositions. c’est également la base d’une métaphorisation pour d’autres phénomènes rapportés à ces processus de vie et de mort (Schlanger. adolescence. l’exemple (xix) supra) à propos de la notion de procréation. On peut 252 © Pierre Boudon. C’est de cette façon que le langage rend compte de nombreux processus organiques (corps et éco-systèmes). L’aspectualité n’est plus seulement une description en surface des phénomènes mais un processus interne (Cf. ce qui dépasse le cadre d'une apparition et d'une disparition). 1971). restes. Tous droits reserves. Nos deux templa de la totalisation. la momie par rapport au cadavre) (xxi') La schématisation sera de la forme: MT+. reliques (ce qui perdure au-delà de la mort physique. et d’une genèse comme réïtération infinie d’un même processus d’émergence se combinent pour donner une aspectualité diachronique. C'est cette présence symbolique qu'exprime le templum.Corrélats dérivés: XY: genèse par stades successifs (enfance. ici. les parcours peuvent être resitués sur le mini réseau de templa (i) de cette Cinquième partie auquel il faudrait ajouter une aspectualité domaniale (interne. Tous droits reserves.). centre. externe. 2004. Les jeunes sont tentés par la 253 © Pierre Boudon.également généraliser ce mode de raisonnement à des ensembles plus larges qui ne concernent plus uniquement des formes organiques mais des individus et des milieux géographiques ou sociaux. (xviii-xviii'). (xxi-xxi') et le suivant (xxiii-xxiii'). (xxii) Voici un petit scénario que l'on peut donner en exemple des relations entre les templa précédents (xv-xv'). L'ouverture de la route a transformé le visage de la vallée accès = jonction (connexion) métaphore du corps site = microcosme changement géographique Les gens sont moins isolés qu'avan t collectif inclusion homogène Passé/Présent disjonction -> jonction Il y a plus de nuisances aussi (plus de voitures. ailleurs. là-bas. . etc. périphérie. plus de bruit) cause: voiture = bruit = extérieur) présent altération Les animaux sauvages ont fui vers les hauteurs milieu naturel régulation site géographique jonction -> disjonction (ailleurs) Des gens de la ville ont acheté des maisons dans le village exclusion hétérogène commerce altération individualisation métissage Les habitants ont quand même gardé leurs habitudes collectif conservation du passé = vestiges? Nous constituons ainsi un petit scénario (dans lequel on pourrait ajouter d'autres énoncés du genre. la problématique est semblable entre la typicité (normative) et la spéciation (génétique): ainsi. quantitative. nous sommes ramenés à des analyses introduites auparavant.). La distinction générique est par contre spécifiable en termes de différences exclusives. nous obtenons ainsi un Texte. en particulier. à la fois. uniformité? Là encore. fait de multiples sousscénarios (présupposés par l'interprétation). ce scénario exprime globalement un rapport de cause à conséquences entre des formes de milieu qui s'associent (alors qu. Malgré la différence de points de vue. Tous droits reserves. sur une différentiation spatiale et sur un processus temporel (pour faire suite à (xxi-xxi') précédent). C'est le sens même d'une relation causale qui n'est pas ici argumentative mais processuelle. ainsi. présuppose une telle « identité » (ou uniformité). tout ceci. Terminons cette analyse en retrouvant ce que nous avons appelé.. 254 © Pierre Boudon. A = B. . dans le sens que nous avons donné à ce terme . biologiquement (s'agissant 49 Ce chapitre est associé aux analyses sur la prototypicité. l'homogénéité n'est pas une uniformité mais un ensemble de variations par petites différences. Ces rapports gouvernent tant une sérialité qu'une totalisation puisque dans ces notions le fait que les éléments soient de même nature (ou non) est capital. Qu'expriment ces notions: identité. à propos de la notion d'identité par substitution. cf.ville. Toute opération. changent d'orientation dans leur mode de vie (ainsi. Nous en avons parlé en termes logiques puisque notre référence était la méréologie de Lesniewski. 2004. au départ de cette Cinquième partie. à travers la spécification des valeurs sous-jacentes qui gouvernent chaque énoncé.. association que nous avons également à propos de l'exemple sur un mode d'engendrement. nous en parlerons maintenant en termes de groupements d'individus sous la forme d'espèces et de lignées puisque les relations évoquées portent.ils étaient coupés). les rapports entre une homogénéité et une hétérogénéité homologues à ceux entre une grandeur intensive et extensive. la notion de grande ville. d'une orientation tournée vers la nature on passe à une orientation tournée vers la culture. extensive. se modifient. à celles intitulées un principe d'idonéité qui est à la base de la notion de classification49. par exemple). nous pouvons introduire une variabilité semblable aux « airs de famille » et permettant d'analyser les rapports entre espèces et sous-espèces. dûe par exemple à un milieu ambiant nocif) 255 © Pierre Boudon.de corps organiques). nous avons une disparité entre classes genériques (incompatibles) alors qu'au niveau des termes nous avons une altérité entre classes d'individus lorsque le croisement est compatible. Le croisement est donc la pierre de touche pour définir deux espèces distinctes. proposons-le dans son ensemble: (xxiii) Templum d’un processus de spéciation Métatermes: MT+: homogénéité (similitude générique. soit une altération. des animaux de race). c’est le principe de croisement qui permet de différencier deux espèces: un < chien > et un < chat > ne peuvent être croisés —et ils relèvent alors de deux classes distinctes de mammifères— alors que des < chats > de races différentes peuvent l’être. soit un changement non recherché (l'évolution est dans ce cas prohibé au nom d'une identité de la race référée à un passé mythique). notion d'origine commune) MT : hétérogénéité (disparité entre genres) Corrélats initiaux: X : altération (notion de déficience. . En anthropologie. de tare. La notion d'hétérogénéité joue ainsi à deux niveaux différents: au niveau des métatermes. Avant de passer à l’analyse des différents termes de ce dernier templum. Tous droits reserves. le critère de croisement et/ou noncroisement conditionne l’ensemble des termes de base du templum puisque tout ce qui est prohibé est. ou encore. d'une sélection drastique pour obtenir des plantes. et cela. on parlerait ainsi d'endogamie comme restriction du groupe à ses membres consanguins et d'exogamie comme échange avec d'autres groupes affins (Lévi-Strauss en a fait une règle fondamentale pour les lois de parenté). 2004. afin de conserver une identité lignagière (c’est l’un des fondements d’une aristocratie « du sang ». Dans ce cas. c’est un critère « naturel » alors que la pureté d'une race est un critère « culturel » où l'on rejette d'emblée toute forme de mélange avec autrui. lesquels engendrent un produit métissé puisque ne relevant plus directement de l’une ou de l’autre (c’est la catégorie du mélange qui prédomine alors sur celle de la pureté). -: homogène # hétérogène altération dégénérescence génération métamorphose changement mixité (homme-femme) métissage (groupe A. Tous droits reserves. soit d'une altération (monstres) (xxiii') La schématisation sera de la forme: MT+. soit résultant d'un changement (mutation).Y : génération (principe de fécondité permettant la reproduction) Z : changement (signe d'une diachronie inéluctable. 256 © Pierre Boudon. dès qu'il y a vie. il y a évolution des êtres et des milieux résultant des divers croisements) Corrélats dérivés: XY: dégénérescence (produit négatif d'une altération et d'un croisement) YZ: croisement (création d'un tiers terme à partir de deux êtres parents. mort}. contrairement au clone issu d'une seule souche. l'hétérogénéité n'est plus celle d'une disparité mais d'une altérité XZ: métamorphose propre à certaines espèces (chenillepapillon). groupe B) croisement (production d'un tiers) Nous avons implicitement la réunion de trois groupes de valeurs qui se superposent: a) le mode présent d'une production-génération rapporté au couple {naissance. 2004. b) le mode normatif de la typicité. . Si la notion de génération évoque immédiatement celle d'un engendrement biologique (en tant qu'exprimant une fécondité naturelle). elle ne s'y réduit pas cependant. changement. . comme nous l'avons dit. appliqué aux êtres (animal ou humain). en fait. Deuxième partie. aux milieux (l'agriculture. cette catégorie de la générativité peut exprimer. croisement identité spécifique (Nature) identité mimétique (Culture) 257 © Pierre Boudon. nous pouvons parler plus généralement d'un mode de production qui. l'élevage). en se rapportant à la distinction entre Nature et Culture. C'est. celle par exemple d'un lignage en tant qu'unité globale. il y a celui d'une continuité entre les générations (qu'elle soit le fait d'une reproduction biologique ou d'une tradition). contrairement au croisement qui exprime. celle de la puissance opposée à l'impuissance (en termes axiologiques). Dans ce principe. par exemple. de création aussi bien que de perpétuation et c'est en ce sens que ce terme représente un principe. celle d'une fécondité opposée à la stérilité. aux artefacts (oeuvres d'art). altération. celui-ci est inéluctable en tant que manifestation d'une temporalité traduite en termes de conservation et de dégradation. 2004.c) le mode des rapports entre un domaine de la Nature et un domaine de la Culture50 Considérons les trois termes de base: génération. Tous droits reserves. ressembler à. une discontinuité dans la dualité (une bifurcation). À propos des « airs de famille » qui constituent une part importante dans la description d'une variation identitaire. naturellement ou culturellement. 2002). dans le cas des espèces naturelles. est celui de leur reproduction. cette instabilité que la théorie de la « race » cherche à neutraliser (dans la ségrégation des groupes sociaux ou 50 Que nous avons développé dans (Boudon. à chaque fois. en effet. Passons à la notion de changement. Génération peut être synonyme de production. nous pouvons ainsi distinguer un mode de l'engendrement de celui d'une imitation. 2004. Dans ce cas. depuis les premiers plants sauvages de graminées.. jusqu'aux plus récentes manipulations génétiques dans les laboratoires). De ce fait. c'est à travers cette notion du croisement. Dans ces deux versions de la même dualité associative nous situons 51 Nous retrouvons le sens de l'opposition diamétrale entre la notion d'état et de changement d'état. La notion de changement a deux versants: l'un négatif (dans la ségrégation). il y a quelques milliers d'années. . il y a aussi bien sûr celle de rupture (possible) et nous dirons qu'elle est partagée entre une perpétuation de ce qui est (dans une variation et une sélection) et une rupture que nous situons dans le principe d'une métamorphose en XZ (cf. le croisement exprime une mixité sexuelle. l'autre positif dans la notion de « sélection » puisque dans ce cas on profite d'une évolution permanente (entre générations) pour la « canaliser » vers la recherche de produits de plus en plus raffinés (c'est le cas de la domestication des plantes et des animaux où l'on cherche à atteindre la plus grande pureté). d'un côté. celle de l'homme et de la femme qui s'accouplent pour engendrer un tiers terme qui ne sera ni l'un ni l'autre. Mais dans la notion de changement. la reproduction oscille toujours entre une identité évolutive et une altérité innovatrice. comme mise en relation de deux origines (ou souches). Avant d'aborder l'analyse du troisième terme de base (l'altération). 258 © Pierre Boudon. c'est le métissage comme mise en relation de deux groupes sociaux distincts (dont l'échange des femmes représente traditionnellement le vecteur). mutation conduisant à un changement radical). de l'autre. Les deux processus considérés correspondent exactement à une régression vers une origine (mythique) et une progression vers un but. En effet. la sélection n'est pas à proprement parler une rupture mais une inflexion que l'homme fait subir aux données naturelles (cette opération est une manipulation. en tant qu'instauration d'un nouvel état de choses51.lorsqu'une aristocratie cherche à conserver une identité d'origine mythique —soit une homogénéité absolue). que nous situons le sens de cette reproduction de l'ensemble du dispositif en tant que formant une nouvelle génération et changement diachonique inévitable. comme appariement de deux êtres (présupposant la dualité sexuelle). Tous droits reserves. considérons la question du croisement qui constitue peut-être la pierre d'angle de ce templum en ce qu'il représente l'enjeu des rapports entre une homogénéité et une hétérogénéité. d'où son redoutable pouvoir de changement des êtres et des milieux). qu'elle soit le fait d'une évolution naturelle ou d'une sélection humaine (où celle-ci est assimilée à une manipulation intentionnelle. ou. c'est le signe par excellence du surgissement d'une altérité qui s'oppose à l'opération commune de reproduction 52 Là encore. par exemple à propos de la figure du monstre jugé soit comme un hors-classe. en tant que lien (l'événement que constitue cet accouplement). l'action d'un milieu néfaste (influences nocives. en tant que perpétuation (à qui va appartenir le produit de cet accouplement?). Le croisement est ainsi une pierre de touche en ce qu'il constitue. Nous serons assez bref en disant qu'elle représente une fonction négative. par elle s'exprime. Tous droits reserves. et d'autre part. celui d'une appartenance à un groupe. si elle n'est pas intégrable à ce facteur de variation. d'une déficience. ou bien une divergence conduisant à une dégénérescence (terme en XY) exprimant la fin d'une lignée. un épuisement. en creux. constituent bien les bornes fondatrices de celle d'espèce en tant que communauté d'êtres semblables. relative quand elle peut être assimilée à une plus ou moins grande variation (qu'une sélection a le pouvoir d'éradiquer). nous avons un certain parallélisme dans la démarche entre une prototypicité et une spéciation. par rapport à une nature sousjacente qui en est le terme positif (nous retrouvons là le sens que lui donnait Aristote (1971. 99). changement. que nous situons le troisième terme de base. transmission de tares). Le croisement est ainsi le lieu de couplages dont identité et altérité sont l'enjeu: celui des sexes. soit par rapport au croisement (qui combine des êtres pour en donner d'autres). L'altération représente ainsi une anomalie. elle s'isole dans une déviance (anormalité) qui la sépare du reste de la population au titre d'être dégénéré (elle devient alors un monstre hors classe52). altération. 259 © Pierre Boudon. Il nous reste à parler de la métamorphose. celui des générations. p. . l'altération. Nos trois termes de base: génération. d'une part. ici. 2004. en tant que genre (dans le rapport homme-femme. une possibilité d'association avec d'autres groupes dont le spectre des choix peut être plus ou moins large. soit par rapport au changement (par évolution ou mutation). une connexion qui peut toujours être rompue. C'est par rapport à ce terme mixte positif en ce qu'il rassemble une complexité de rapports. l'altération est la marque d'un retranchement. par exemple).ainsi le problème de l'altérité: le rapport à l'autre (dont dépend le statut de l'étranger). soit comme une déviance extrême. Elle sera donc rejetée comme hétérogénéité absolue. 2004. Le critère de la métamorphose est bien sûr sa viabilité: l'avénement peut être une nouvelle espèce qui prend rang auprès des autres ou bien une monstruosité sans descendance. d'une aliénation au sens strict). ce clivage peut être assimilé au rapport entre un domaine de la Nature et un domaine de la Culture où la création est synonyme d'oeuvres d'art. Lorsqu'elle est interspécifique. lorsqu'elle est le fait d'une opération intraspécifique (le passage de la chenille au papillon. de l'engendrement d'une autre espèce (inédite) qui « ouvre » ainsi le cycle perpétuel de la reproduction. (xxiv) modes du croisement changement- perpétuation changement+ métamorphose (innovation) croisement l'innovation est l'apparition d'une forme inédite (apparentée à une métamorphose). le scénario (xxii) supra nous montre.. C'est pourquoi on dira que la métamorphose est. soit le résultat d'un changement discontinu (par mutation). du têtard à la grenouille. 260 © Pierre Boudon. . soit le résultat d'une altération (voire.(où l'on présuppose une identité de nature reportée du producteur au produit). Dans cette formule de transition où deux solutions s'offrent. etc. La métamorphose.) représente toujours une opération magique. Tous droits reserves. dégérescence d'anciennes formes et création de nouvelles plus ou moins acceptées). une énigme à propos de la continuité des formes naturelles qui expriment à la fois identité et altérité. que cette situation inédite entraîne une foule de conséquences que l'on peut traduire en termes d'énoncés particuliers reflétant ces changements (altération. elle est le signe d'une mutation. Nous avons affaire à une nouveauté où le croisement est signe de création53. le changement inéluctable (xxiii-poste Z) s'oppose à la 53 Cette création n'est plus une transmission perpétuelle mais l'instauration d'un nouvel ordre. sur un plan culturel. Comme nous le percevons après coup. c'est là qu'on peut réintroduire. c’est ce double étagement (en référence au dédoublement du treillis {LangageTexte}) que nous venons de parcourir dans cette dernière partie depuis la définition liminaire des objets de discours comme entité purement fictive (et c’est le sens qu’il faut lui donner dans le templum sur les grandeurs intensivesextensives où. ou encore d'une « actantialité ». ainsi. une description peut être abordée sous l'angle « aspectuel ». notamment en ce qui concerne cette notion de causalité qui peut relever. nous avons en fait une véritable intrication entre les propriétés instauratrices du langage comme cadres discursifs et leurs contenus à titre de représentation des connaissances (qu’une signification étymologique. par exemple. nous retrouvons le sens fort d’une relation analogique comme mises en rapport).conservation (xxi-poste X). enregistre de son côté à titre de dépôt historique). sous l'angle normatif d'une « protypicité ». tant de la nature des objets que des modalités intentionnelles portées sur eux. des processus temporels. nous voyons que nous avons accompli un parcours aspectuel. Rétrospectivement. où des points de vue sont assignables à la manière dont on aborde une problématique. . celui des énoncés qui caractérisent des formes d'action. à travers la notion de changement positif et de changement négatif la référence à une aspectualité processuelle (xiv-xiv') où le premier terme est associé à une progression (vers un but) et le second à une régression (vers une origine). procédant d’un point de vue externe (par 261 © Pierre Boudon. et celui des textes en termes de scénario restituant un ensemble de considérations axiologiques où nous pouvons parler de stratégies d'énonciation textuelle dans la mesure où chacun des constituants de ces scénarios font appel à plusieurs templa. laquelle peut dériver vers une vestigialité. C'est dans le montage en réseau de ces différents dispositifs que l'on peut ainsi repérer des « modes interprétatifs » correspondant à la lecture qui peut être faite de ces ensembles. mais comme on l'a suggéré également. Ces développements ont pour but la définition du soubassement cognitif des descriptions aspectuelles que l'on peut établir à plusieurs niveaux: celui de la constitution des lexies (repérables lexicologiquement et/ou grammaticalement). 2004. Tous droits reserves. après coup. voire même plusieurs instances. Tous droits reserves. L’aspectualité débouche ainsi sur la constitution de « modèles de pensée du monde ». . énoncés descriptifs porteurs de valeurs normatives. avec ses themata. mythe. épopée) où l’on retrouve les stratégies énonciatives de la fiction (ainsi du Timée de Platon qui nous fait participer à l’émergence d'un cosmos organique). fragments de texte comme description en tant qu’objets de connaissance référés à des mondes qu’ils évoquent narrativement. Cette modélisation inconsciente façonne notre regard savant indépendamment d’un investissement narratif (récit. ne sont pas sans rappeler la démarche épistémologique de G. Holton (1981). 2004. 262 © Pierre Boudon. récurrents tout au long de l’histoire occidentale. une genèse et un processus de spéciation.observation) à un point de vue interne (en tant que processus d’émergence) qui traverse le discours pour en définir les différentes strates d’investissement: lexies permettant de repérer des modes de classification. situés à la base de notre représentation du monde à titre de thèmes gnoséologiques (naïfs ou spéculatifs). Les dernières considérations portant sur une totalisation. . 179. 260...... 157......... 153..... 68......... 201... 192.. 152.. 228.. 27.. 201..... 136............. 106... 196... 160........ 33............. 191............126 acception.............. 191....... 35........ 261. 210.................. 200.. 237. 133...... 222. 148.......... 258.. 213.... 43... 248........ 255. 39. 64... 225..... 208.. 136..... 262 assertion 15. 200. 227... 199.. 63.. 242.. 149...246 allégorie... 15. 156. 161........ 219..... 128 articulation 1.. 180........... 246 airs de famille 112.... 49........ 209... 178. 196 affirmation 9...... 169....... 103.............. 48.. 182...... 239........ 228.......... 144......... 23... 198.... 234. 181.. 261 amortissement. 251 accumulation .... 151....... 224. 232...... 161.... 121..........125..... 110 auto-télique . 193................ 179.. 182..... 28.......... 244. 103.. 151 agrégat ..... 28.. 187......... 220.. 145. 223. 158........ 259 armature idéale . 190... 153. 214. 7............. 82...24.. 223..... 224.. 112....... 209.... 225 acceptabilité.............. 190...... 126 Apollinaire......... 145.......... 78...142 action 8.. 140. 134 argumentaire ................ 17.... 86...... 153............. 76.... 198.... 219............ 239.................... 169.... 30... 42......... 252 antéprédicatif.. 183..... 156.. 171 B basculement ..... 220.......... 65.. 48........... 228....... 225..... 160. 248..... 121.. 47. 45.... 262 accomplissement 67.....28 anthropologie............ 219. 161... 41........... 167.... 36 argumentation 7. 121... 116... 242... 152 associer 2................... 134. 111.. 181. 222.. 3. 47. 26. 261 admission. 193 anaphorisation ......... 207........138.... 38.... 18... 37... 223.... 219.... 84..... 175 analogie 8...... 198.............. 180. 239. 199... 117 auto-organisation ........ 88.. 49..... 154........... 141..... 157. 72. 206.... 6 auto-référence . 129....... 220...... 189..... 51... 144...... 105. 157..... 158........ 206.......... 183.. 49...217........ 159..... 259. 157.36 acte de langage .... 211... 29.. 155... 59. 46. 46.. 254.. 138. 230... 262 aspectuel ..... 241...... 145. 241 aspectualité 5. 197. 216. 222... 239....... 40...... 127.......... 25...... 129. 142........ 74.. 227...... 257 aléa ... 259 approximation........... 22... 133.... 247..... 255 antithèse 138.... 133.. 139.. 229 aspect 37. 253.. 7.... 3............................... 232... 200.... 167 beaucoup 14. 239 Bateson ... 150 altération 9........... 191... 56. 151................ 169.. 256.. 182.. 250... 34........ 225... 45. 67.. 259........ 130... 93.... 220........................ 231..... 129.. 4 Atran...... 115..... 15. 15.......... 182............. 261......................... 152............ 212. 181....... 67.... 154.. 116....... 139... ................ 229..... 215..... 133..... 154.. 21......... 226............... 228 Beauzée ........24.. 220....... 250 accompli . 140...... 55...... 214. 223........... 257... 50. 49..... 156.. 245 amplification 43. 248.... 198. 251... 65... 241 atomistique .. 165.. 240......8.... 143... 99 annonce . 57.... 217... 51 adresse13.............. 242 agrégation 2...... 148... 151.... 45..... 179..... 11 aspectualisation............ 152... 178. 261 acte de croyance ...................... 10 Aristote 80....... 16.. 59.. 75.. 116.......65. 230... 44....... 36................... 160.... 141....228..... 66.INDEX DES NOMS ET DES NOTIONS aperception . 140... 131.. 210.. 221. 98......... 86. 2004...... 159.... 45 A abduction .. 56..47......... 157.155 actantialité ....... 223 arbre de Porphyre ... 134... 136 Belaval. Tous droits reserves.. 175... 119... 55.. 207. 207.. 110...110.129. 198 263 © Pierre Boudon........ 30. 241..... 155.. 218................... 252......... 160 appariement . 183. 223... 258 appartenance .. 115.. 184....... .... 59. 170...... 194..... 187..... 96. 223........ 120.. 76.. 123......................... 130............ 132........ 195.. 141.... 254..... 139.. 116........ 205.......... 216........ 228............ 126... 11.............. 133 champ sémantique 1... 12............... 133........... 240 conservation.... 128......... 129.... 9. 255. 80... 133. 216................... 249 causalité.......... 164 Blanché....44....... 5.... 43.. 30..... 248... 91. 160........152...... 139... 213 C Cadiot ................. 215... 254 centrage ........... 187.... 107.... 81... 11 cognitivisme ...... 172....... 234...... 235.............. 138............ 129...... 118. 239......... 230...... 194 complétude ....33....... 227... 258 chiasme .Benveniste 10................ 198..... 153... 178......... 173... 24..... 22........ 237 cadrage .... 38.. 210 Boudon . 47.. 152............. 42... 33........240.. 191... 130............................ 259 conséquence..... 126. 175 comparaison 7.. 101. 198 contraire 17......... 134....... 77. 18... 54.... 159...... 223..... 110 classification 17........ 122................... 261 changement d'état 105. 134...... 208 cadre mental .... 54... 261 cause ... 224... 174.......... 36.. 12. 228........... 207.. 127. 24... 59.... 140..... 146.. 121.................... 140........... 257 catégoriel ... 225.32.... 173. 79......... 7 communication privée .... 130 classématique..... 121. 141.............132. 121..... 139... 241...... 250 colocalisation. 112..... 125........... 162....................131... 69.......... 233......... 12.. 258... 205 commentaire . 70.......141.... 70.. 30........... 152...... 205 condensation... 72... 244. 163... 158.......... 241. 122............ 8........75 Calvin ............... 193.. 206 concept.. 190.......99 catégorie 10.. 28......... 208.... 245 Comrie ... 235............ 23.................... 44.. 220. 188 Bertrand.... 44...... 148......................... 212.. 204... 118.. 49........ 258 binaire................ 12.... 35. ..... 161.. 227.. 72... 93..... 141. 172... 72... 134....... 151 causal. 58.. 173 contrôle....... Tous droits reserves........ 193... 124 collectif 61..........240 Braque .. 239 264 © Pierre Boudon. 215.......... 8........ 132. 246 conversion .... 241 binarité.... 72. 112... 217..... 25. 30...... 251.....178 Breton . 233...... 48........ 261 constitution 1. 162 Black . 190.. 161... 104... 195 Bordron .. 232...... 139......... 115.. 262 contact .. 136... 196..12........ 136. 235..129...... 200.... 116.. 12... 207..... 236 continuité 42.......... 114............... 118.............. 192.. 57.... 199.. 136. 31. 175....... 188..... 172........ 187. 70.. 228.. 191... 28. 190.. 227.......... 75......... 239.......... 29.. 165.234.. 112. 40. 159 congruence........ 128....... 257.... 128....... 17........ 49............. 121.... 157.110........ 59.... 182.... 232 connexion ...... 11. 7....... 204. 238.......... 37.... 233. 262 cognitif 12.. 112.. 52...... 113............. 242. 181.9.......143.. 234...... 55.. 211. 116............. 154............ 12 commensurable...... 12.. 129. 171....... 238 borne 119... 102....... 203........................ 196 Berlin. 136............. 67................... 175 communication publique ........... 260 contradiction ....... 261. 180. 85.. 159 Chomsky. 214.............. 3.. 231. 227.... 68. 145....... 161. 229..... 110...... 45.. 137... 116....... 229.............. 173... 214....... 122. 60....... 121... 160 connecter ....... 257 Bouveresse ............ 59........... 65...... 195 conception 12........... 122 catégorisation 1................... 240...... 60....... 93... 55.. 58........... 195.... 144.155 Brøndal...... 154.... 244 but 1... 203.. 261 cognition... 134. 232......... 138....... 27. 203................. 34.... 147............ 116..... 189. 174.................. 232................... 18............. 119...........49 Brandt... 46. 71..... 2004.... 156...5 cataphorisation .............. 111...........31................2...................... 140......... 224.. 21. 25..... 93... 233. 55..... 201....................... 153.... 112.. 146... 243. 21.. 235.......62............. 151. 123................... 202. 100........... 111.. 226.... 242 contrat fiduciaire... 11............... 258..... 248... 121 Berrendonner 30. 216..... 217............... 138.. 119............... 121.............136 bifurcation .... 156........... 55....... 72..... 139.. 238...... 61....... 190 blâme . 48................................................ 251. 211........ . 66.. 47.. 40.. 95.. 14. 28....... 212 déconnecter......... 160 couplage ........... 163..... 246 Descartes .... 176. 96....... 244. 99.... 70...... 225. 36....... 43.... 259... 260 cyclophorie .................. 56. 131.. 211.. 12... 56.. 226. 79. 2... 168.. 11........... 173. 234. 113. 57...... 108................ 140... 116... 24.... 97........... 64.... 236. 229............ 16.. 200. 43.. 32.... 8. 12......... 38........ 4 cotexte ....... 178.. 16....... 156......... 13.... 211 couvrement ......... 130. 238 crise . 45......64.. 152.. 141. 100....... 189.. 25..... 214... 86...... 198........... 226 doute2. 208.. 202. 77... 76... 126...97 corporel ............. 80. 76..... 55............. 232 disjonction ... 54........... 75... 168.. 120. 180.... 207... 165.. 167..... 21. 171. 130............ 239. 217 croisement 54..... 138. 154..... 96... 98.. 215 doxa ... 142......... 51... 35.................. 98... 11... 199...... 139. 142........ 155... 29........ 218 développer 5..... 183..... 156..... 93. 178.. 228... 248. 129. 122... 104.. 242. 55... 181. 152 Derrida....... 101..... 160..... 160..... 37.......... 97. 138............ 173.............110...... 151. 21. 71.... 184........ 218. 179............... 32.......... 143.. 15........... 129.. 169. 3........ 27. 240....... 76. 188.. ................ 106... 206. 108........... 210.. 102. 124.. 233 dialogue 9... 15....... 250.. 178....... 30.... 185 dénomination 28...... 115...... 25. 30 Dubois .... 76... 7... 105 dénombrement ........ 218..... 40... 65. 240........ 42.. 57. 151..... 81.... 4.. 63.. 229...... 162............ 171........... 251. 127 désignation 28. 48...........218 D datation . 262 définitude/indéfinitude ...... 249.. 150. 229....... 97... 67 dire/non-dire . 167..... 244.. 99. 110...... 242. 103. 160.164 déictique .... 141....... 220......164 degrés d'encouragement .74.... 54. 227............. 260 Culioli2. 138....... 202......70.. 194.... 41............... 36.............. 100....... 244 Courtès ... 221...... 171........ 145. 123.. 137... 239. 152. 199..... 31........... 15.... 67. 207.......... 13.. 127 description empirique . 165...... 106.... 259 dispositif catégoriel . 178......... 186.. 128.. 148.. 7... 69........ 50. 183.. 262 double sens 8.................... 119..... 39. 104. 41..... 45..... 147............. 122 Ducrot 7. 123.....172......... 198 duction ............. 248 dispositif 11... 94. 256.. Tous droits reserves.. 182........ 248......... 80.. 52.... 2 discoursi..... 93........99....... 49.... 100 démonstratif...... 61..... 7... 51.......... 160... 76 corps 56.. 145....... 143. 114. 245. 184. 193... 136. 256 Corblin.... 95. 2004. 27........ 131. 60... 183.. 241... 179. 179.... 237.....202..96..... 234... 43. 249... 61.. 187.. 75.. 14.... 132...... 4 Denis .... 107.... 96. 18....... 175 dictionnaire .. 167.. 243........ 117.. 249.... 12.. 123..... 124... 10 dénombrable ..... 169....... 17.. 128... 151.......... 70.10... 225..96.. 123.. 262 discrétivité .. 156......229...... 87.......... 144.... 82....... 126. 121. 174........... 138.... 235..... 100 dégénérescence............... 232........ 74.. 196 détente .... 54.......... 218. 17... 233. 218.....9.. 131 cycle .. 182....... iii... 51............. 63..64.. 45. 242... 109...... 23.......... 16....256... 232 dénotation .. 18...... 26. 213........ 229....... 236... 216.... 251.... 172........ 150.. 109.... 60...... 129 déficience .. 79.. 90........... 68................. 255.......... 129. 233......... 98.... 215 description catégorielle. 143..105. 82. 94........... 22.... 224. 49...... 123 265 © Pierre Boudon. 131 double 2... 243... 251.. 49........ 200.. 2 Desclés 11............. 44.. 46.. 137.... 179..... 230. 250..... 179... 23.. 44. 190. 143..... 43.......... 31.. 208. 52. 193.... 154.. 39... 228... 41.... 57. 262.. 132.... 134... 258 degrés de reproche.. 70... 132...200....... 73....110. 180 désagrégation. 32. 138.. 191..... 114. 99. 182.. 255 cosmos .... 11..... 201... 223...... 120.. 18.......... 224. 12.. 157........... 61...... 110... 147............... 252. 101........ 236. 171. 244. 32.... 228.. 99.... 185... 37......... 166.. 239... 259 dégradation .... 256.......... 232 déduction ...93.......... 185.. 144..... 4... 31. 88.. 182.. 49. 137.97..... 248. 149.. 16. 197. 191. 198... 244... 205.............. 188. 126..... 232 domaine notionnel . 129. 235... 39. 52...9... 128.... 183....... 31................ 224... 103... 13. 12........ 77.... 34... 151. 111.... 122 dissocier. 31..... 149..... 166.... 174... 205.dérivation.... 93....... 223. 131.. 259 définition 1......... 129... 94. 258.... 261.. . 44......... 198... 239..... 37.. 9......... 146.. 143. 10... 44. 164 émergence..... 173.. 16.. 27... 209......... 182. 145 fréquentatif ... 65.. 179............ 172. 242....... 161.... 221 espèce naturelle ..... 228.... 258 étymologie . 46. 28. 195.... 241... 235........... 198.... 2 E échange 15. 261 énoncif.. 153... 142..... 237 Frege... 74.... 86.... 166...... 219.. 107. 260 énoncé 8.....15. 75. 126............. 54......... 76.... 245.. 70.. 123. 93.. 134............... 212.............. 162............ 11. 37... 46...... 132... 214.. 184 événement 68... 117. 176...70 état 8... 39.. 138.. 201 faux .... 98...... 139. 180............ 224.. Tous droits reserves..... 21.. 50....... 138.......18.. 195.... 225... 172.... 39... 48. 162..... 104. 160.. 2004..... 160..... 68.. 150.... 244 figure de mots ........244.......... 137. 52.. 183. 141. 157..... 130. 41... 49........ 217 extérieur 76......... 133. 212.... 55.. 86....... 11... 246. 55......... 16. 188........ 175 énonciation 5. 183. 146...122 équipollence ...... 249...152 économie du sens .......... 89..... 149. 258... 259 échelle argumentative. 50.. 158... 248.. 216.... 199........... 194. 215... 228. 250.. 161.. 259 exception ..... 222..... 259 Foucault .... 171.......... 210.. 37.......... 35.............. 194. 175 énonciateur 10. 227......... 214.... 242.... 183.. 170. 247 extraction ..... 223....... 229... 146 figure de pensée.. 27... 139.................. 99.............. 247. 178.... 212...... 125....... 187. 47..... 14.. 224..... 40... 209.. 208............... 229 exempla ........ 143.. 38......... 147...... 126.. 116... 23............... 13. 163..... 51. 123. 165.... 180.. 240 frontière .............. 173........ 114....... 104 expression idiomatique .... 244...... 10.. 143...... 180 famille d'énoncés ... 168...... 143.. 56..... 15... 178... 125. 56......... 42.. 233 épochè ............120 égalité . 215.... 98... 41. 136. 202.....185...... 7..... 29... 161...... 83......... 218 Dumarsais.....136 duplication. 211. 102. 241 fermeture . 209.. 109.... 244 Edelman. 59 franchissement... 213....... 125.. 60........ 13.. 39.. 144. 43. 33.. 254 énonciataire .. 45.... 60... 242. 155.. 188. 36..... 162....... 42.... 60...... 103..... 29...... 7 formant 5........ 245 Dupont-Roc ... 190..... 58.............. 47.. 214.. 200........... 18..... 243..... 119...... 116... 34..... 156. 239... 38. 163. 198........... 93............. 255.......... 235........... 14...... 167.. 215. 174. 186............... 78... 241... 29.... 142.............. 209. 167. 206. 97... 36.......... 171....... 42......... 220..... 68.......... 189...... 181.................. ....... 238.................. 166 exclure . 262 énigme . 238. 232.............. 8...... 47... 252.. 207............. 166... 245...... 35....... 35 Fauconnier .. 213.... 147 expression syntaxique. 219.............. 95. 146.... 190..... 160 Fodor . 136.... F faculté de langage .......... 240.. 199.. 179.. 194... 163. 210. 244...........................161..... 144. 236........ 36. 80.. 194 espace cinématique 207..... 208... 178. 137.. 105...... 181.. 212.. 250.. 3 fonction judicative .. 90... 174............. 16... 211.. 212..... 127 Fontanille................. 50............... 99....... 210.. 214.. 115.... 37.. 31.......... 217... 172.. 31.. 45. 211...... 12......... 167.... 162. 251 extrêmes.. 41....... 199..... 129. 40. 147 extensité......... 94.. 43..154... 261 envelopper . 4..... 216......... 216. 217... 89......... 207.... 160... 214 exclamation. 218. 208........... 230... 30... 139.. 210..... 251... 105.. 15................ 22....... 187.. 38. 13....... 193.............. 28......16. 95....... 119............... 44.... 145.. 167... 87.... 213.... 175.... 12. 246. 173...... 149. 210... 161................ 129 extrema ... 196.. 197 éloge ... 169. 244....... 102. 119..... 224........... 156...206..139...................... 28. 200... 144.. 22............... 242..... 33... 6. 199....... 30............... 238.... 120.38.......140 Eco. 125........... 249. 255. 44......... 74.... 145 fermé.............. 174.. 161 266 © Pierre Boudon........ 35 évaluation 8... 182.... 138...... 143.. 30............... 214.. 144..... 31.. 45.... 203..... 207................ 9.......... 180........... 11......... 144. 174 fonction normative.. 131......... 57...229. 199....... 120........ 30... 42... 62... 7........ 184..... 245.... 136. 226.. 130...... 213........ 207.. 117 existentialité... 84...........218... 7.............. 172. 54.... 93.. 194.. 244 Fuchs .. 151 ensemble 1.......... 239........ 107...... 140.... 10. 181... 231.. 147. 151.... ......238 Gestalttheorie ............................. 185............... 251...... 188. 131...16......................... 219 grandeur intensive . 175.......................... 50 inclure............... 133.... 254.. 117.. 210..................... 229.... 220... 206 Guitry ..... 128........ 131.... 143.. 170 Husserl................... 233.... 259..... 41 hiérarchie 55..... 114...................................... 194 gradient......... 221 incidence................... 45... 38...... 189 Hugo ............. 96............. 225..... 128..................... 209... 8. 131.......104. 117. 167................................ 34.... 245 individu21.... 172 Grize .............. 146.......................... 113.16.. 126.. 101... 131.. 122........ 159 hypotypose......... 130....... 128............... 196.......... 149 I idéal-type ........................... 233... 41....2.118.165............ 160 G Geach............. 54.... 238 Gide .......................178... 130..... 33.... 223 inaccomplissement..... 247...... 190........ 258........ 205 incomplétude . 115.................2.......... 165... 127 génération ... 216..................152. 166 Gonseth ..109... 169......................... 207................ 206............ 154...... 240 Guillaume .. 228 hic et nunc ....... 12............................ 152 Groupe µ ...................... 167................ 238 hyperbole ...........94............ 197 inférence .... 220............4............................... 126.. 195..................... 189..... 189.. 194.152............. 132...... 16........ 252...136................ 250 individuation 62.......................... 190 hétérarchie ..................139 glose .... 225 Goethe ..........................55 hétérogène .... 2004. 111 identification 17....... 115................................... 153.............182..93 grandeur cardinale .... 181.........................138. 154 humour..... 262 Genette . 12.............. 257 identité 32...........................12. 175............... 114................................................ 165 Gestalt...... 97......... 94............ 60..... 46................... 61 implicature.182... 217 grammaire cognitive........ 183 267 © Pierre Boudon......................... 107....... 56..................... 158 Guentcheva........ 134 genèse .131 Hesse .. 37...................... 260 généricité 112.... 147.. 183...futur ...... 239.............. 112......137............... 33....... 118......197 Granger.......... 174. 4 Holton... 254 grandeur ordinale.. 191........... 232........... 155 héritage sémantique.... 29.... 4..... 262 homogène .......... 100.................... 249 inchoatif..... 133.... 70.......................1...... 181........ 3... Tous droits reserves...... 121.. 108.. 71 holistique .......... 224...... 244 H Hamon .......................................... 102. 123 induction......................... 239..... 123...124. 139 information 5............................80. 98. 214 identitaire.................. 62..... 157. 168.. 172........................ 156.. 184...182.......... 123............ 216.... 80...... 134.... 119............................... 102 incarnation . 115..... 117.................................. 211 Grice ........................................... 178 gradience ......... 255.. 117........... 207............. 119... 248........... 134. 131............... 192....... 10 Greimas ............ 257................. 259...... 38.. 141...... 118......... 124.. 183 générique-spécième ........... 93.... 228.. 233 inclusion 112............ 160............................ 193. 61............ 228...... 173............ 120..... 39. 131. 215... 219...................... 120..... 18.... 118... 144... 112... 172............. 249 homologie de rapports .. 183.......... 126...32....... 70. 71... 248 incommensurable............................. 152.... 132....... 187.. 223............ 150 inaccompli .............................................. 119...... 110.............. 56....... 114........................ 214............197 grandeur extensive...... 100.. 47..... 240................. 183... 130. 242...... 208........... ........ 249. 210...... 211................... 213....... 187.................93 généralité ............206.. 232 Imbert .................... 133.... 160. 99.. 256................... 219............ 70..... 260 idoénité . 129 inégalité .... 139..................... 231.......... 115...... 111. 187... 30............10 grammaire générative . 244 Hjelmslev. ................ 33......... 6........ 48.................... 200...................... 45.... 244.. 45... 143............... 51. 152.....9......... 205................. 169 interprétation9.. 179 intensité ....... 210....... 32......... 38...... 51 interspécifique .199.. 114..... 210.... 139..... 169 intraspécifique ... 136........199...................Koyré .. ... 36.............. 194.. 170... 214 intervalle semi-ouvert.. 179..... 110. 47...................... 36. 212 intervalle unitaire. 119......... 46..10................... 148 massif....... 28....... 217.... 145... 150 locution figée . 261 Jakobson.. 43. 145................. 54 K Kant .......... 200.... 67...... 132................. 172............. 67 Kay ............................... 2004............196. 33... 183. 27...... 206.................. 202 Kripke. 165.260 intervalle fermé... 44...... 180...... 209.... 29...... 174.. 183. 180..... 67......... 123........ 208 intervalle ouvert............. 241 lekton .... 65....... 219 intérieur 61........ 81. 157 Johnson.. 134. 24.. 55.................... 61......... 155...................... 33...... 10.... 203... 43....................... 123...... 49........ 37... 161 justesse ............ 148.....137 Kleiber. 7..... 16........ 140........... 187 matrice ... 185. 11. 121.................. 167...... 160............ 156... 109....... 161. 157. 94............. 4 ludisme . 140.... 144............. 66 litote........... 171...... 211......... 108 justification..... 215........ 199........ 126..... 63............................... 248......................... 225.... 71..64............ 205............30.... 56................ 166..... 121 Kerbrat-Orrechioni ... 10.......... 54............... 33.... 51 instance judicative . 236........5......... 189.... 204........ 31.. 149... 187......... 210 membre .................. 123.......... 151........... 176 isotopie .. 35...... 145............................... 171 M J macrocosme..... 254 interrogation 9............. 201.... 188.......... 165.. 196.. 7................. 59.. 42 légitimation... 111.... 209 interro-négatif............................... 168............ 149........... 64.... 171......... 130......... 151............................ 30. 218 Langacker ........................... 29.. 129.....133........ 10 loi de discours................... 107......... 232.................. 233....... 172.. 243 Mallarmé................. 167.. 54. 199..22 jonction.............159..... 260 ironie 13.......................... 63..199. 38......................17............. 171 méréologie ......... 31.......... 94..................... 28....... 204.....211 L Lakoff .110................ 60 lieu 12...... 229...... 188.... 105............ 142...... 42........... 163. 15..... 138.. 30. 166... 16.239..... 200........... 247 interpolation .... 76 mention ................ 8... 236 judicatif ..... 11...... 189... 39.. 223............... 122............. 67.... 125... 241.. 84....... 44........................ 205 intonation. 41........ 61 Lesniewski.... 158 insinuation ......... 156. 231...... 31. 212.......... 11..............142................. 140. 102....... 15.. 137...... 157... 139... 160... 42.. 133.... 138.......... 126.........16......................... 32 Martin 32.. 47....... 154 Lallot ..... 139...... 100....... 165...... 154........ 142.. 198.......66. 182... 145.. 173 268 © Pierre Boudon... 45................ 153. 174 instanciation 7... 182........... 41....... 209..... 138...... 70.... 228..... 203.. 175 médiété ................... 30....... 141. 225... 168... Tous droits reserves... 124...... 171 médiatif...... 33...... 41.. 46........... 170. 17..... 35.120.. 234 lapsus ................... 230. 210.. 200.............. 108........... 160.................. 203............... 234. 124......... 106.. 10.... 83.......... 254 mesure 5....... 33..... 175 Leibniz................ 32 ingrédience .. 130.... 150........................ 179 marqueurs .......... 129..139...... 259 ligne mélodique ............................. 106........... 125....... 134.... 15....... 36........48.............. 146... 254 lexicographie ... 195........... 143............... 13...... 67.... 21. 170.... 86........ 103.... 175.......154 Joly ....... 123......... 179. 143....... 52. 173... 48..... 29.... 203. 43... 139............. 120..... 160. 155.... 44... 94.. 198 Lorenz.. 39........................ . 145..1. 115 nombre 24............... 3............. 119............ 251...........33.... 121..................... 218.......259 métonymie 52... 120..... 246... 203..65 mode 5.... 22... 147... 257 modèle ....33. 160... 218 neutre ... 34....... 11. 148.................. 248 micro-univers .............. 168 mort 49...... 211.. 252.... 209.............. 63. 40.... 127... 137. 32.... 256.... 96............ 158.........248. 10.... 251.................. 105. 249..... 146..... 241...... 69 méta-énonciation .. 105.... 138. 247.. 58............... 122. 216.............. 243...... 257 mortalité..... 165......... 190......... 153..... 252... 228.. 107............ 9.... 42.. 146... 65............................... 249 métaterme 23..... 38. 55 moquerie ........ 87.. 99.. 129. 256... 247 monadologie .. 238 monade ... 39........ 39 modalité discursive................... 119........ 47............. 249... 58...... 227... 52................ 33.... 190 moment 10... 28................ 137 métalangagier .. 25... 140... 245.. 11 normal...... 253 mise en correspondance110........... 156...15................... 153................... 173.. 151 mondes possibles ............. 211. 146.... 159........ 169...... 259....... 174.... 192 mise en discours . 210......83...... 73............ 117... 163 modalité praxéologique ...... 246 nominale .... 51....... 31.. 46..... 137...... 200.... 131... 205....... 69 noologie ......... 185.............. 50.28 microcosme ..... 37... 40.. 155............ 206 moyen 1..... ..... 8. 151. 259 Milner ... 38. 156... 87..... 155..... 86.... 121... 152... 47..... 194 métissage ..... 45......... 28... 5.... 97... 162... 15....... 179. 224... 56....... 178.. 249. 250...............1 N naissance.................. 2. 257 narration... 182...... 214..... 142.. 149.. 167..... 225....... 50......... 245................ 202 modélisation . 220.. 249.......................... 86............. 251 Mourelatos.... 45............... 37. 183. 104....... 33..... 142...... 168.................... 123................ 214....... 90. 186........ 171 monstration ... 243..... 260 métanomination ............................... 124 monologue .. 52.....monde imaginaire . 156........ 35. 24... 29.. 112 noématique ....... 151... 103......6 Moignet ............. 30......... 200.. 2004. 137.... 166.........152.. 153... 203... 146........ 208...... 29... 108...... 225 négation 9.. 68.... 238. 46......... 140...... 247............. 187.. 152.. 28.. 237............ 24....... 83... 136.. 85. 16. 123..... 46. 147... 192........ 172.... 157 neutralisation ..... 158......... 145....... 207..... 233... 203..... 38..... 64 nom propre .......... 154.. 194... 50. 119... 215...... 174.... 148...... 28.... 249.. 35.......... 254....54 métalangage. 159..... 235 mutation.. 167 norme 17........... 166........ 126......... iii... 42..... 195....... 141..... 25......... 207.. 68..... 130.... 260 Montague.. 61......... 200..... 137.............. 239... 54....... 151 monde réel . 217... 244.......... 239.. 74.... 206.... 60.. 72..... 208.............. 147.. 8..... 175. 32...... 100 monstruosité .................... 254.. 158..... 206.. 98. 12.... 17........ 25.............. 158....5............. 59. 204..... 17........ 7.... 157........... 25....... 21........... 33.. 137 métamorphose ...... 32.......7............ 86. 7.. 157.3....... 181... 39..... 57. 239.. 46 milieu59. 139.. 34............... 85... 147. 99 mise en scène... 16....... 228............. 114... 140............ 41.. 36........ 200.. 143... 149.....33.... 112 niveau de subordination. 141. 23. 193 Michaux.... 35.... 256..... 205.. 112 niveau de superordination.......... 51.... 30.... 9............ 163...........12 mini réseau de templa 14.. 166... 44 métaphore 5......... 140.. 179 269 © Pierre Boudon. 165. 183......... 94... 18. 231..259 modalité de dicto .... 106...22 Molino ..... 162.. 161.... 258. 222 O objet de discours........ 199... 126......... 17..... 146.... 260 mythologie.............................. 217......... 52....... 44. 93... 244.. 206. 200........ 98...... 123... 152. 48..... 215. 258............ 230 niveau de base ..................48............... 93................. Tous droits reserves....... 167.. 161.... 58...... 242..262 modularité......... 202 mixité...... 17... 89........ 246...............21........ 145... 182.. 191.... 193.. 123...... 234..................................... 39 modalité de re ....... 27. 163... 212.... 49. 185....... ... 214.. 190. 54. 126.... 99. 14......... 226. 200. 56... 182......... 59.157 270 © Pierre Boudon...... 97...... 214 ouverture ... 227... 227..... 224..... 51... 12.. 104.. 169............ 223. 151..... 72....... 262 polysémie lexicale ........... 2004.. 223........... 37.... 220. 191 omnis . 33... 27...... 181.. Tous droits reserves.. 37 présupposé ... 140 paraphrase . 187. 11..... 199. 52.................. 39. 97.......... 228.. 108.... 41... 201..... 77..... 255. 245........ 226.. 2. 148.... 193.. 141...... 199. 39.... 119. 46.........2.............. 7.111...... 207.........157 paradigmatique ........ 224...... 27.. 241 phénoménologie . 255 pause............... 226...179........31...... 89... 27.... 72. 240 orientation 182.......... 154....... 27.... 33.... 212.............. 262 parenté ... 107.... 35...... 47. 156. 160. 129.. 35.... 63.... 212. 9...... 23... 126.....116. 249 point de vue 1.. 9...... 200........ 124 peu 2... 156............. 217....... 240..... 87.. 114. 253. 79....... 257 présent vivant . 107. 148........... 200....... 180.. 101. 54... 103.. 196.. 145............... 1.. 2.... 94..... 251...... 74.... 6... 49. 225 Perelman............. 209.....166. 228.... 81...56. 109.. 16. 219.. 232. 238...... 148.. 218. 198.. 181.......... 158 P Pacherie ... 85...... 223....... 11......................... 146. 116.... 43...... 207....... 196........... 188. 180. 186.. 66.... 123. 25.. 200.. 27... 113. 138........... 238 Pottier .. 186......12. 32............................... 198... 221........ 104..... 194........... 79. 151 Perrin .... 105....... 199.... 206 préposition .... 36............... 219. 39.... 207.... 56 posé 15..... 99. 215.. 7.... 204. 99.... 227... 32... 184..... 260 pragmatique 30. 132....... 210.. 180 paradigme .. 21... 27....... 42.... 258 ordonnancement ...... 157 paradoxe ...... 243. 173....95... 221.... 148 phrastique . 136.... 153.... 208.. 133........ 152..... 10. 217 phrase...... 128 opacité .............. 144....... 147.. 44.... 9 oxymore. 51.... 113...... 155 procès 23..... 146....... 39... 161....... 72. 46........................... 67.. 248. 219. 12...1... 150... 179....... 181. 216. 105. 175. 200.... 211............. 240 poétique 15. 95. 229..240.. 211. 161 Petitot. 165........... 178............ 214. 137 perplexité ... 236.. 199.............. 159. 212....... 254 origine 7... 9..... 230 présent 9....... 215.... 48...... 22.. 105...... 117... 7 phorie. 27. 99.......32. 110. 145........ 98... 95..... 209..... 79....... 188....... 54... 123 partie du corps .. 241 onomasiologie ..... 250........ 157.. 227..... 206. 152...... 54.............. 84... 240.... 35... 116... 178... 98.............. 223.... 137............ 202 partitif . 62. 231 Picoche .. 206... 82. 174........ 215........ 201... 69... 140................ 128......... 78....64..... 154...... 189....44...... 139. 255 particularisation ..... 94..... 111... 133 oiseau 11..... 16... 15......... 24..... 160 Pascal... 78... 98. 154.. 116...... 11..... 156.. 219.. 156.. 126.............. 199.. 115.. 45. 217............... 158................ 85... 22.. 220. 61......... 208... 78... 4.. 213.. 49............. 197... 195..... 10 prédicat ... 63. 41.. 207... 183. 147. 72... 8 parcours 2........ 61.. 82...... 220........ 244... 9. 136........ 220.... 54 Platon.. 250 processus 5......... 108. 70.... 226.............. 153...........141. 30.. 107 partonomie. 262 pluralité 10. 258.performatif.... 168.. 179.... 238.............. 51.. 45...... 58.............. 80....... 246....203 passé 15. 178.... 216...... 168 Peirce... 163... 138........ 169...... 178 occurrence ... 220.......... 206 pouvoir 30........................ 187..63.. 209..... 23.... 80......... 212.. 182.............. 13... 178..... 210.... 104.... 112..... 209...... 148...... 161..... 221.... 194......... 112. 225. 173.... 193 Prévert .. 189.......... 147....57.. 136... 208...... 230 prédicative .... 151. 224. 171..... 105.... 52. 213. 81. 102........ 50.... 209... 103... 138. 189 opposition 13... 15...... 227... 35. 103.... 166.... 5... 111............. 85. 259.. 28............ 251.... 187.. 190.. 13. 186............. 206....7.....33. 224... 59... 44..... 125. 45........... 104....... 124.. 194.......... 143.. 248 preuve ... 233................ 57 Piaget ..... 65.. 227......... 43............ 201.. 179.... ................. 261 ouvert 3..... 76............ 178. 156.... 216.. 167.. 227... 70... 127..... 225..... 178...... objet quelconque .................. 215..... 50....... 34... 84..... 120..16.. 239............... 119 palindromie.......... 185....... 44.... 187.. 144.. 246...... 140............ 245..... 69......222.... 221. 56. 243...... 211.. 40... 259 prototypie 12. 63... 161....... 110. 203. 227. 225 protolangage . 179..... 257 proportionnalité . 31...... 104..... 120....... 105. 93....... 255...... 119. 88....... 154 Robin . 175 ruption .... 147......... 247. 246. 173. 156........ 112... 220......... 222.............. 254.... 56........ 122 réseau du sens II .......... 40.. 246 renversement 82....... 240... 125... 107. 254. 59. 133.. 236.. 66....... 190... 60............ 182... 59.... 239 rumeur . 40... 1. 248.............. 203.. 193.....61.. 157. 111... 123...... 44................. 120. 154....... 235................ 124...... 148.. 261.... 193 Rosch 12........... 44.... 60... 179.... 12.208.... 133........ 155. 57..... 43.. 212... 207... 105. 157... 68....... 250.... 223.. 253. ..... 133.... 241... 11.. 43... 209. 145..... 169 Ricoeur .. 112.......... 61.. 57...... 32....... 39. 83..... 189............ 160. 202.... 215......... 45 régression 198... 59... 261 Schaeffer.... 34.......... 242. 143.... 152.... 186 S Sabah .. 178 repérage 52... 111.. 225.... 223. 234........ 258. 234......230.... 2004... 36........ 228.. 151. 18... 262 référence 8... 258 Ruwet............... 248..... 258.. 72.... 41. 233...... 124..... 84......... 115....... 67....... 30........ 231.. 208...... 111.. 252 récit. 224... 208.. 103. 173... 123. 104. 119. 49.... 121.. 102. 27................ 232........... 178........ 127..... 144... 219.. 219....... 161... 42. 76 271 © Pierre Boudon. 223. 139.. 233. 173.. 155.. 56.. 221..... 141... 254..... 94............... 254....... 109......... 108........ 109. 110...... 157. 96...... 151 savoir 9..... 238...... 48.. 225.... 136...................... 114. 169......... 214. 201 prospectif....155 radical ..... 252.... 86. 110 Sapir. 249. 246 Saussure....... 50... 31..... 57. 41.. 18 schéma corporel.... 137... 233 quelques...... 158...... 64..... 27.. 17.152.. 157........... 261............. 212... 36.. 192... 117. 157. 226.. 31......... 210......... 116...... 45........ 146. 134..... 98...... 37... 138... 40. 159.. 27. 207. 154....... 210...... 44 récapitulation........ 154.. 262 processus cognitif. 226.... 225 production 11. 182.... 54.... 16... 232 Resche-Rigon .... 112..... 75... 183.......... 58. 171. 58... 131 rupture 42...... 109. 151. 117.... 138.. 131.. 189. 224.... 201....... 214 Q qualification24....... 56..... 151............. 121..... 250..... 54...... 37... 127.111.. 163..... 110.......... 47.... 94.. 195 scénario........... 81... 114.5 prototypicité 13. 33. 35..... 125. 262 référenciation 7. 33...... 43.. 131...38. 129. 47... 103..... 15... 108. 155..... 240 représentation 1........ 223... 217.... 34.... 245.. 130.. 188. 65.. 200... 162.. 141. 227. 37...... 3 rétroaction........... 158... 55......... 225 rhétorique 8... 212... 220. 158.... 203 Riffaterre ....... 68........ 101 rythme. 114... 64... 28. 38...... 212... 210.... 258...239. 134..... 250 répétition 141............... 183.. 178..... 148.. 182.... 224. 247..... 160... 182. 65..... 28. 221. 159......... 146.... 110................ 185 quelque 10................ 146. 189 Sapoval . 122.. 155. 101. 155.. 41........... 195.. 7 rien 10.... 138... 260..... 233. 44.. 243.... 174.. 105.... 161...... 106. 229.......... 111 Récanati. 31..... 239... 154 réflexivité .... 117.. 33.... Tous droits reserves. 121................ 126. 45. 198............... 184..... 51. 67.. 116........ 121....... 226... 247 rétrospectif..... 136........................................ 143....78........ 93. 72.... 240.. 214... 208.. 54... 30...11.......... 240....... 146... 68............ 5....... 205... 103......... 87.........................208.... 30..... 226............. 110. 128........ 93...... 258 Rastier.............. 261 régulation.... 109... 223. 261 reprise 9.. 35.. 31.. 179. 96....... 141.......... 159.... 121. 29... 150..... 45..... 123...30... 225... 30.. 244... 9 R Rabelais ..... 123. 15.... 251........ 214 saussurien ... 67..... 188. 194........ 27.... 232 télique ...... 61....... 131............... 112..... 153.. 215. 127 Strawson ..... 156.... 123 Sperber . 145.. 107.. 179... 151 sens sous-entendu 15............ 240.......... 101..... 114 stochasticité ................... 37... 150........ 228.. 13.. 169 sens idiomatique .. 93. 205 subjonctif ....... 245..... 7...... 147.. 251 témoin ............... 123... 132...... 130. 33.. 70. 205... 149.. 240. 160.... 248 Shakespeare.... 231.......... 33. 171. 225.... 196..244 situation 11............ 246. 31. 164. 144........... 208... 149............ 144.. 215 site .... 231 successivité .. 82..... 136...... 246 stratification........... 97... 37... 58. 247. 119..... 226.. 254 spécimen..... 145.. 133... 216. 173. 116... 27..........161 silence.. 239.... 236. 141........ 16. 192.. 221. 149..... 104. 176. 67.... 11.. 250 schématisation 3.. 51.. 56. 108......... 253.120. 205..... 154..... 76. 234.... 160.......... 7... 12.183..... 191 Schlanger....... 204...... 106... 150 sens figuré 15........ 76. 44.. 193....... 65...... 42. 244... 239... 143.. 209.. 144........ 72....... 261 situé 9... 147. 258..... 218.. 138...... 143. 98.... 93. 150.. 150....... 101....... 130..... 103.... 161..... 187.... 169 syntagme........ 93. 114.. 15..... 217 suspension . 219... 5. 148.... 62........ 110. 220. 226.. 167...... 140............ 14.. 148 système 4..... 70. 29. 68......... 72........... 169. 261 templum 1...... 169......... 208.. 74. 237 symbole ..... 147. 220... 235. 45... 17.. 56... 4. 5....... 190.................... 153......... 151. 173.. 93... 175.. 215.. 124..... 21................. 172.......... 203.... 235....... 223.. 207. 151 sérialité ..... 158................. 170...... 81. 6..... 52. 227........ 143............. 150 synecdoque ..252 Searle. 228. 147...... 184. 95....... 254..... 37...... 2004. 200........ 225. 26. 138..... 98.... 210 templa 2... 174. 122.. 262 272 © Pierre Boudon..... 150 sens littéral 15.. 125.... 138 segmentation..... 175........ 131. 16..... 250.. 127............ 16.. 78.. 60.... 220... 17... 39...96...... 58.... 203. 144.. 38... 52. 126.. 245....... 171..................... 226.. 94.. 208........ 43.. 242.. 21.. 224.. 182. 176...... 148....... 86... 244..... 243.. 78...... 208.. 203.... 201.... 180......... 97.... 189.. 66.. 66. 246... 128............... 220.. 155 stéréotype........ 45........ 192..... 102.... 6. 147................ 83. 243....206 sémiotique 1.................140.. 207....... 242.. 183. 43 symbolique 12. 30. 165.... 40.......... 46 substance . 188.127.... 113...... 118.. 102. 47........... 40. 252....... 252... 201. 190.. 45. 113........... 217... 125.. 95..... 234.... 243... 110... 148. 12. 181............ 229... 144.... 238. 83...... 127... 150.. 57. 211....... 117. 131... 255........... 236. 163....... 186...30..40... 50........ 94..... 132.. 153... 128...........15.......... 139 suivi discursif .. 43.. 110........ 173..... 144... 3...... 145. 201. 112... 128. 236...... 2.. 165 T taxinomie . 179. 96.... 159..... 72.. 97.. 14... 93 structuralisme . 18.. 96.... 241..... 212.. 213. 220........... 212.. 99... 28.110.......... 10 subdivision..... 195.. 226..... 233 substrat........... 237 spéciation.... 205..... 234 sens euphémistique. 43.. 29... 98......... 238... 223...... 210.. 137..... 182. 215 sui-référence ............ 212 singularité 2... 102.. 113... 150. 232 Seiler .. 57.... 183. 38.. 223 témoignage ... 19. 22... 220.... 120. 144.. 211.... 46.. 71... 197.... 236. 194... 163. 44.... 236.. 130.. 50... 248.. 252..... 165.....Stein.... 142.. 51.....228................ 112.. 37. 100...... 32.. 137..... 83.. 68.. 124...... 57..... 56... 212.... 170. 159 syntagmatique. 240... 148.. 200.. 149.. 212...... 231.... 256 schème. 52....111 simultanéité2... 122.... 233. 72............ 103..... 166. 138.... 134..... 185. 125..... 254 série 10. 252 syncatégorématique . 210........ 241...... 75.. 142..... 181...... 259........... 146... 168 simulacre objectal...... 31... 146. 234 somme 32... 33..... 247 soutènement.. 146. 33... 66.......... 172.. 228...... Tous droits reserves........ 161. 45........ 138........ 251... 230. . 246...... 166... 251......... 151.. 208. 255. 25... 229. 17.. 16.... 181. 14. 137..... 246...114................... 160 suspense.. 95... 54. 28.. 12.. 7.. 211... 165. 204.. 15..... 262 spécification 13.. 149..................... 38..... 113... 95.............. 179........ ....... 208 Visetti . 39.. 262 triadicité.......... 131.......... 259 Timée ........ 5................. 244......... 75............ 100..... 228....... 17................ 179................ 108..77 themata .... 186.. 120.......... 207..................... 36.............. 221... 257.....149......262 thématisation ........... 167............ 101... 241.... 232.. 5............. ........... 81..... 59. 167.. 97.................... 147.....136............... 125... 107... 32........ 40. 208.. 124 véridiction. 250............... 139...... 36.. 168 ton polémique.......1............... 138.. 231... 213. 158........ 133 transparence......... 244. 223... 10 traits distinctifs ...... 154... 183.......... 9... 141 types de mouvement . 145.. 225.... 207......... 23......9 topologie....... 249......... 240.. 75.. 137... 239. 256.... 228........... 171 vestiges .. 40.. 245 tensivité ........... 216. 227..... 227. 239..... 28........... 102... 217 termes de base 4.............. 189... 70.... 124.... 94......... 44... 184.... 243.. 116.........166... 145... 112.. 97... 254......... 239...... 32..................... 156..........12.... 214........ 139... 44.. 262 traductibilité .......... 50... 83. 179........... 247.............. 198...................................... 255... 130.... 7.. 109. 206 V Vandeloise ....... 169... 79... 178........ 11.... 235. 244... 105...... 216. 240... 219.. 252....... 245. 134. 254....... 185 Vuillemin........ 37............... 191.. 172. 180 W Wilson . 242... 93. 252 visée télique ... 161........ 156..... 140.. 132.. 30..... 39.... 165.. 235. 2004... 218....... 171....... 241 univers de discours ......... 233............. 33.... 116..... 13....... 82.. 47........ 246...... 171..... 142. 126..... 30........... 46.. 5.. 122.. 154 universalité ...................... 8........... 247. 100......187 texte ................. 220. 100.. 199.. 132............... 160............. 211. 194... 21... 153... 182... 90........ 143. 262 totalité 2. 179 totalisation 2..... 193....... 17................ 85. 213. 104. 104. 44.... 44................ 2........ 212.... 56.... 128.. 38.. 47....166.. 234 voisinage....240..........25. 137... 13. 142......... 105.. 233.... 45... 94.. 165 Wittgenstein..... 153... 197. 49............ 93............... 240............ 133...... 4............. 3 variation eidétique .... 54.............. 46.. 210... 175.......... 260 termes mixtes 4. 162.. 136...... 262 ton ludique... 248 totus ......... 183 273 © Pierre Boudon...... 110... 70.......... 8.. 25..... 11... 108...... 18 temporalité 2........ 60...61 U un peu 9.. 228...... 55.. 15. 159...... 246.. 85..................... 203. 4 tout 4. 211 transitivité ... 109... 54. 242........ 138.. 168 ton sérieux .......... 223........... 210... 87.....166...... 200.. 50...... 120... 93. 145.. 103....... 168 topicalisation ...... 183...... 115............ 39.. 123... 239. 244 Traité ... 234 vrai 28.trame ........ 247 terminatif . 178....... 132. 178......... 13.... 222 ternaire. 10..... 140..... 129.. 41...... 43.. 142........ 180..............7. 39....136...... 41..... 31......... 247... 182...... 201.......... 220. 56............ 196.. 21.... 173....... 73..... 205.............. 127............ 178..... Tous droits reserves.. 99................ 245. 143.... 153.... 114.. 172........... 71........... 47............ 31... 229....... 145...... 76. 234 Varela .. 251..... 107..... 208 tiers terme ......... 105... 43.............. 95............ 56. 116........... 82 typicité lexicale........... 255..... 66.. 80.. 248.. 229..... 11. 17............ 133 Z Zilberberg .... 245... 40........ 131.... 90.... 167.. 262 texture animale ............ 10 treillis. 167.. 33....... 221..........215............. 258 temps 16. 55...... 25. 32.. 27.. 24...203.. 158....... 105. 31... 112 usage.... 198. 16... 206..... 1981. 2. 1996. J. Paris. Scott. 1.. Seuil. « Logique et dynamique de la cognition ». BLANCHÉ. PETITOT. 1969. 1966.-P. critique de Descartes. [2]—. pour une anthropologie de la science. Intellectica n°23. 1966 [2]—. BARTHÉLÉMY. Cornell U. Gallimard. 1970. Models and Metaphors.. Basic Color Terms: their Universality and Evolution. Paris. 1989. BARTHES. Berkeley. 1974. J. traduction Tricot. [2]—. 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