CERHIO CNRS/UNIVERSITE RENNES 2- HAUTE BRETAGNE, UNIVERSIDAD ACADEMICA DE HUMANISMO CRISTIANOMaster 2 Histoire Spécialité Histoire Relations Internationales et Interculturelles « «C Ciit to oy ye en nn ne et té ée en nR Re ec co on ns st tr ru uc ct tiio on ne et tA Ar rt tU Ur rb ba aiin ne en nR Re es st ta au ur ra at tiio on n:: R Ru up pt tu ur re es se et tC Co on nt tiin nu uiit té és sd da an ns sl l’’E Es sp pa ac ce eP Pu ub bl liic c$ $h hiil liie en n,, 1 19 98 83 3-2 20 01 13 3» » Errazuriz con Avenida Argentina, Estación Barón Metro, Valparaíso, 2013 Crédit photographie: Inti Auteur: Clément BEGOT Directrice de Recherche: Jimena OBREGON ITURRA 2013 0 RESUME: Au moment où le phénomène « Graffiti » ou « Street Art » débarque dans les galeries d’Art, dans les vitrines des plus prestigieuses marques de mode et s’immisce jusque dans la sphère du « Politique », notre étude de cas se penche sur la relation qu’entretient le Monde des Graffeurs chiliens avec l’émergence des « Nouveaux Mouvements Sociaux » durant la période de Transition à la Démocratie. Le processus historique des Mouvements Muralistes jusqu’à l’apparition du Graffiti et du « Street Art » est analysé pour en déterminer les ruptures et les continuités dans l’engagement politique de ces nouveaux citoyens évoluant désormais en « Démocratie », passant pourtant du collectif à l’individu. La Communauté des graffeurs est examinée pour en apprécier ses divisions internes et externes avec le reste de la Société. Le Graffeur est-il est un monstre d’égocentrisme ou est-il en mesure de participer à des projets communautaires? Finalement, cette Communauté ne serait-elle pas en passe de devenir un Mouvement dans les Mouvements Sociaux? Des pistes de réflexion sur l’éducation populaire à travers le Graffiti ponctuent notre propos pour les générations futures. Mots-clés : Chili, Transition à la Démocratie, Muralisme, Graffiti, Art Urbain, Musée à Ciel Ouvert, Mouvements Sociaux, Citoyenneté, Espace Public, Education Populaire. RESUMEN: De a poco el fenómeno del « Graffiti » o « Arte Callejero » se ha ido introduciendo en galerías de Arte, dentro de vitrinas de prestigiosas marcas de modas e, incluso, se ha inmiscuido en la esfera « Política ». Este último punto, genera que nuestro estudio de caso se centre en la relación que tiene el « Mundo de los Graffiteros » y la aparición de los « Nuevos Movimientos Sociales » en Chile durante el período de la « Transición a la Democracia ». Analizar el proceso histórico y el comportamiento de los Movimientos Muralistas, hasta la aparición del « Graffiti » o « Arte Callejero », nos ayuda a determinar las rupturas y cambios en el compromiso político y comportamiento de los ciudadanos en la evolución de la Democracia chilena, pasando de lo colectivo a lo individual. Este análisis, además, nos permite apreciar las divisiones internas y externas que los graffiteros tienen con el resto de la Sociedad. Todo lo anterior trae consigo importantes interrogantes, tales como: ¿Es el Graffitero un monstruo egocéntrico o está interesado en participar dentro de proyectos comunitarios? y ¿La Comunidad graffitera, como espacio de creación, se siente parte de un Movimiento adentro de los Movimientos Sociales? A modo de conclusión, la respuesta de 1 ellas nos podría ayudar a determinar si el « Graffiti » o el « Arte Callejero » contribuyen a la educación de los ciudadanos, tanto del presente como a futuras generaciones. Palabras claves: Chile, Transición Democrática, Muralismo, Grafiti, Arte Callejero, Museo a Cielo Abierto, Movimientos Sociales, Ciudadanía, Espacio Público, Educación Popular. ABSTRACT: At a time when the « Graffiti » or « Street Art » phenomenon is reaching Art galleries, international high street brands and even the « Political » sphere, the case study of Chile during the Transition to Democracy concentrates on the relation between that which animates the Chilean Graffiti writers and the emergence of « New Social Movements ». From Muralist Movements through to the beginning of « Graffiti » and « Street Art », the History is analyzed to trace the relationship between political commitment to Democracy and the transgression from a collective to an individualist mentality. The Graffiti Community is examined in order to highlight and compare its internal and external divisions with those of Society as a whole. Is the Graffiti writer an egocentric monster or an important figure in the creation and participation of Community Projects? Could the Graffiti writer not create a Movement within Social Movements, working both with the « Street Art » community and Society as a whole? With this duality, as a conclusion, a possibility of a popular education with the urban space is proposed. Key words: Chile, Democratic Transition, Muralist, Graffiti, Street Art, Open Sky Museum, Social Movements, Citizenship, Public Space, Popular Education. 2 R EMERCIEMENTS : Je tiens à remercier particulièrement mes parents qui m’ont accompagné dans mes différents choix de vie, parfois incertains mais toujours avec ce soutien inconditionnel qui m’a permis de devenir la personne que je suis au jour d’aujourd’hui. Au-delà de toute considération financière, pourtant nécessaire à ce travail d’enquête à l’étranger, c’est à mes premiers supporters de toujours que je remets entre les mains le fruit de mon travail. Je ne néglige en rien les conseils avisés de mon frère, Artistegraffeur, Kidam parmi d’autres, méritant tout mon respect et mon admiration pour ses diverses pièces. De même, c’est avec une grande gratitude que je remercie l’Université de Rennes 2, son corps enseignant et administratif pour m‘avoir offert l’opportunité d’étudier à Santiago et m’avoir suivi tout au long de mon Master d’Histoire. Il va sans dire que la présence de ma Directrice de Mémoire, Madame Jimena Obregón Iturra, enseignante-chercheuse à l’Institut d’Etudes Politiques de Rennes, aura hautement contribué à mon échange universitaire à Santiago du Chili. La grande liberté soustraite à l’élaboration de mon objet d’enquête m’aura permis d’assouvir une passion nouvelle. Toutefois, c’est bien à travers l’œil attentif de ma Directrice de Recherche, ainsi que de son aide précieuse, que l’aboutissement de mes travaux se manifeste. Je souligne aussi la participation de l’Université Académique d’Humanisme Chrétien (UAHC) de Santiago sur ce projet d’études qui via ses enseignants et ses étudiants m’a apporté un appui considérable dans mes premiers pas au Chili. Une pensée particulière me vient pour mes « compañeros » d’Université, Alberto Lorca, Paulina Ayelen, Renato Dinamarca, Patricia Lara Ramirez et Mery Guerrero, « assistants d’un jour », ainsi qu’un message de solidarité à tous les étudiants chiliens pour qui les études universitaires demeurent un fardeau de plus sur plusieurs décennies… Courage. Pour continuer, c’est tout naturellement que je pose mon regard sur la Communauté des « pobladores » et des « Artistes-graffeurs ». Mes différentes excursions sur le terrain, telles que les « poblaciones » de la Victoria, la Legua, San Miguel, la Pincoya à Santiago ou encore le « cerro » Polanco à Valparaíso, m’ont permis d’appréhender mes interrogations d’enquête sur un tout autre plan. Car les Mouvements Sociaux naissant au Chili émanent de ceux que l’Historien Gabriel Salazar nomme avec orgueil les « Huachos », ceux dont l’Histoire a trop souvent été omise en faveur des Centres Urbains, ceux qui ont lutté clandestinement sous la Dictature pour défendre leurs droits citoyens mais avant tout humains. Leurs luttes anciennes et plus récentes, appuyées par les Brigades Muralistes en premier lieu et de nos jours suivies par la Communauté des Graffeurs, méritent d’être entendues, vues et reconnues par les nouvelles générations post-dictature. Un grand merci à ces personnes s’impliquant au jour le jour malgré le peu de reconnaissance qu’on leur octroie, pour leur travail avant tout social et humain. Une dédicace à « mon crew »: 2012K, Abusa, Agotok, Bastardilla, Bersatil, Bysi, Cekis, Charquipunk, Crems, Defos, El Grupo, El Murero, Elliot Tupac, Esec, FreeDah, Henruz, Herz, La Robot de Madera, LeDorian, Inti, Naska, Nemo, Newen, Olfer, Pecko, Piwi, Piguan, Plek, Rikis, Saile, Zeta et à l’Artiste Mono González pour les témoignages et/ou les rencontres inespérées. Un crédit spécial pour Pablo Aravena, réalisateur de documentaires, à Cristian Mendez pour ses analyses pertinentes des images, Gabriel Ferrada, présidente de « l’Agrupación Pintarte de Chillán », Roberto Hernández en charge du Musée à Ciel Ouvert de San Miguel, José en charge du Musée à Ciel Ouvert de la Pincoya ainsi que pour Sébastian Cuevas, fondateur de la Galerie « Bomb ! » et étudiant-chercheur qui m’ont profusément transmis leur passion. Enfin, un grand merci à Sarah Lecué m’ayant apporté son soutien et ayant eu la gentillesse de nourrir mes fonds photographiques avec le talent qui lui est propre ainsi qu’à Camila Agurto. Et un « gg » à Rico Siarvour pour son soutien informatique. Après cet exercice, je demeure persuadé que la Ville de Rennes, le CRIJ, les Associations à but non lucratif et les Graffeurs Rennais ont de grands jours devant eux avec la réalisation de nouveaux projets… 3 PRÉAMBULE: ¿Qué les queda A los jóvenes?1 ¿Qué les queda por probar a los jóvenes en este mundo de paciencia y asco? ¿Sólo Grafiti? ¿Rock? ¿Escepticismo? también les queda no decir amén no dejar que les maten el amor recuperar el habla y la utopía ser jóvenes sin prisa y con memoria situarse en una Historia que es la suya no convertirse en viejos prematuros ¿Qué les queda por probar a los jóvenes en este mundo de rutina y ruina? ¿Cocaína? ¿Cerveza? ¿Barras Bravas? les queda respirar / abrir los ojos descubrir las raíces del horror inventar paz así sea a ponchazos2 entenderse con la naturaleza y con la lluvia y los relámpagos y con el sentimiento y con la muerte esa loca de atar y desatar ¿Qué les queda por probar a los jóvenes en este mundo de consumo y humo? ¿Vértigo? ¿Asaltos? ¿Discotecas? también les queda discutir con dios tanto si existe como si no existe tender manos que ayudan / abrir puertas entre el corazón propio y el ajeno / sobre todo les queda hacer futuro a pesar de las ruinas del pasado y los sabios granujas del presente Que leur reste-t-il aux jeunes ? Que reste-il à essayer aux jeunes dans ce monde de patience et de dégoût ? Juste le Graffiti3 ? Le Rock ? Le scepticisme ? Il leur reste aussi de ne pas dire amen de ne pas permettre qu’ils tuent l’amour récupérer la parole et l’utopie être jeunes sans être pressés et avec mémoire se situer dans une Histoire qui est la leur ne pas se convertir en vieux prématurément Que leur reste t-il à essayer aux jeunes dans ce monde de routine et de ruines ? Cocaïne ? Bière ? Clubs de football ? il leur reste à respirer / ouvrir les yeux découvrir les racines de l’horreur inventer la paix avec obstination se connecter avec la nature et avec la pluie et les éclairs et avec les sentiments et avec la mort cette folie de s’attacher et de se détacher Que leur reste t-il à essayer aux jeunes dans ce monde de consommation et de fumée ? Le vertige ? Les assauts ? Les discothèques ? Il leur reste aussi à discuter avec Dieu comme s’il existait ou non tendre les mains / ouvrir les portes entre son propre cœur et l’Autre/ Plus que tout, il leur reste à faire le futur malgré les ruines du passé et les savoirs galopants du présent 1 2 Poème de Mario Benedetti, poète Uruguayen. Mots difficilement traduisible en français. Il fait référence au « poncho », une veste que les propriétaires terriens (« gauchos ») portaient dans le passé mais aussi à la lutte ancienne, aux « golpazos », aux coups d’états ou mobilisations au sens de luttes sociales. En quelques mots, une détermination à se mobiliser, à se révolter à travers des valeurs plus anciennes. 3 Il est à noter que l’auteur se réfère à la forme la plus brutale du mouvement Graffiti. Le « Graffiti-Vandale »: ce rejet du système et cette affirmation du « Moi » des années 1970 jusqu’à nos jours. 4 SOMMAIRE: « Citoyenneté en Reconstruction et Art Urbain en Restauration: Ruptures et Continuités dans l’Espace Public $hilien, 1983-2013 » Résumé ....................................................................................................................................... 1 Resumen ..................................................................................................................................... 1 Abstract ...................................................................................................................................... 2 Remerciements ......................................................................................................................... 3 Préambule ................................................................................................................................... 4 Sommaire ................................................................................................................................... 5 Table des Abréviations ............................................................................................................. 10 Tables des Illustrations ............................................................................................................. 11 Avant-Propos Méthodologiques et Justifications du Sujet ...................................................... 13 I] L’Ecriture de « l’Histoire du Temps Présent » ..................................................................... 13 II] Ecrire l’Histoire de « Los de Abajo » ................................................................................. 15 III] L’Archéologie Visuelle et l’Imaginaire Urbain en Question ............................................. 17 Introduction à l’Histoire du Graffiti $hilien ............................................................................. 21 A] Le Phénomène Street Art: Retentissement Mondial et Spécificités Régionales ................. 21 1) La Culture Anglo-saxonne, Pionnière en la matière ............................................................ 21 2) Processus de Régionalisation et Spécificités Culturelles ..................................................... 22 3) L’Apport Chilien dans le Monde et sur son propre Territoire ............................................. 24 B] Définitions: De « l’Expression Urbaine » à « l’Art Urbain » ............................................. 27 1) Recadrage du Sujet par éliminations.................................................................................... 27 2) Focus sur l’Affiche et la Peinture Urbaine .......................................................................... 30 3) Rayures et Graffitis chiliens................................................................................................. 31 C] « Une Démocratie à la Chilienne » .................................................................................... 35 1) La « Transition à la Démocratie » au Chili .......................................................................... 35 2) Une Citoyenneté à Reconstruire ..................................................................................... 37 5 3) La Disparition des Mouvements Sociaux? .......................................................................... 38 D] Problématique et Plan ......................................................................................................... 39 I] Processus Historico-politique de l’Art Urbain Chilien......................................................... 41 A] Les Origines profondes de l’Art Urbain Chilien ................................................................. 42 1) La Genèse: le Muralisme Mexicain ..................................................................................... 42 2) La Voie chilienne au Muralisme .......................................................................................... 45 3) L’Entrée sous Silence: Régime Autoritaire et Clandestinité ............................................... 48 B] Du Pop Art au Hop Art: une Rupture Idéologique ? ........................................................... 51 1) Des Etats Unis au Chili, le Hip Hop fait ses premiers « Steps ».......................................... 52 2) Le Graffiti Chilien fait le Mur, seconde moitié des années 1990 ........................................ 54 3) Continuités et Ruptures: le débat entre Muralistes et Graffeurs .......................................... 56 C] Le Graff-Mural ou "Street Art" ........................................................................................... 60 1) Le Muralisme chilien sans Dessein ? ................................................................................... 60 2) L’Explosion de la Bombe Graffiti dans les Régions ........................................................... 64 3) Structures d’Opportunité et Syncrétisme entre Muralisme-Graffiti ................................... 67 II] La Communauté des Graffeurs: « un équilibre entre l’Ego et l’Humilité » ........................ 71 A] Un grande Famille: l’Unité dans la Diversité ..................................................................... 73 1) La Génération Post-Dictature .............................................................................................. 73 2) Les nouvelles « Tribus Urbaines »....................................................................................... 77 3) La Question du Genre : une perle de rose dans un océan céruléen ...................................... 81 B] L’Ego: Source de Divisions ................................................................................................ 85 1) Individualisme et Déficience Structurelle ............................................................................ 85 2) Le Graffiti : Vandale ou Légal ? .......................................................................................... 88 3) Publicité, Marché de l’Art et Néolibéralisme ...................................................................... 92 C] Les Projets Communautaires: « La Poésie nous atteint Tous » .......................................... 96 1) La Région de Valparaíso : Berceau des Musées à Ciel Ouvert. .......................................... 96 2) Le Musée à Ciel Ouvert de San Miguel, Santiago. .............................................................. 99 3) La Revitalisation du « Cerro » Polanco, Valparaíso en 2012. .......................................... 102 III] Citoyenneté Non-Conventionnelle Et Nouveaux Mouvements Sociaux ......................... 105 A] L’Etat et l’Expression Urbaine: le Contrôle de l’Espace Public en jeu ............................ 107 6 1) Antécédent : La « Théorie des Fenêtres Cassées » ............................................................ 108 2) Légiférer l’Espace Public chilien ....................................................................................... 109 3) Faire front aux Nouveaux Mouvements Sociaux............................................................... 113 B] L’Avant-Garde et l’Arrière Fond des Mouvements Sociaux ............................................ 117 1) Les Répertoires d’Actions Collectives: une Palette d’instruments .................................... 117 2) Les Luttes teintées des Universités: des Occupations à la Rue.......................................... 120 3) La Théâtralité des Conflits Sociaux ................................................................................... 124 C] Etude de cas : Le Mouvement Graffiti comme Nouveau Mouvement Social .................. 127 1) Le MACA de la Pincoya: « Par la población, pour la población » ................................... 128 2) Contre le « Graffiticide »: La Défense du Patrimoine Urbain. .......................................... 132 3) Les Campagnes Muralistes et le collectif « No Votes por mi » à Maipú .......................... 136 Conclusion .............................................................................................................................. 140 A] Réponse à la Problématique .............................................................................................. 140 B] Appel à l’écriture d’un « Manifeste engagé d’Expressions Urbaines » ............................ 142 1) En faveur d’une Avant-Garde en Fer de Lance ................................................................ 142 2) Le recours à une « Violence Visuelle » Rationalisée ....................................................... 145 C] Les perspectives d’Enseignement ..................................................................................... 147 1) Vers l’Ouverture de nouveaux Champs de Recherche ...................................................... 147 2) « L’Education Interdite » ................................................................................................... 149 Bibliographies ........................................................................................................................ 152 I] Outils et Apports Méthodologiques .................................................................................... 153 II] Bibliographie Art Urbain .................................................................................................. 154 A] Ouvrages sur l’Art Urbain Chilien et Global .................................................................... 154 B] Travaux et Articles de Recherches .................................................................................... 156 C] Archives de Presse et Articles de Journaux: ..................................................................... 159 D] Revues sur l’Art Urbain Chilien ....................................................................................... 160 E] Séminaires et Conférences (par ordre chronologique) ...................................................... 161 F] Documentaires et films sur le Hip Hop et l’Art Urbain Global ......................................... 162 G] Documentaires et Reportages sur l’Art Urbain Chilien .................................................... 163 H] Programme-court télévision chilienne .............................................................................. 164 7 I] Entretiens et Témoignages (classées par ordre chrono-thématique) .................................. 164 J] Sites Web et blogs .............................................................................................................. 166 III] Bibliographie Marqueurs Théoriques : Communauté et Société, Politique et Mouvements Sociaux ................................................................................................................................... 167 A] Ouvrages ........................................................................................................................... 167 B] Articles de Revues spécialisées ......................................................................................... 169 C] Travaux de recherches ....................................................................................................... 170 D] Sondage INJUV ............................................................................................................... 170 E] Film documentaire sur l’éducation populaire .................................................................... 170 IV] Archives des Textes Législatifs (lois, décrets, ordonnances..) ........................................ 171 A] Reconnaissance du Muralisme comme Patrimoine National ............................................ 171 B] Le Muralisme reconnu comme discipline dans l’Enseignement Chilien .......................... 172 C] Création du Conseil National de la Culture et des Arts et du Fondart .............................. 172 D] Législation en rapport aux Rayures et Graffitis dans l’Espace Public .............................. 172 E] Législation récente au sujet des Campagnes Politiques et des Brigades Muralistes ......... 173 Sommaire Annexes ................................................................................................................ 174 I] Glossaire ............................................................................................................................. 176 II] Biographies fragmentaires des « Artistes Urbains » Mexicains et Chiliens ..................... 190 A] Personnages-clé du Muralisme: Du Muralisme Mexicain au Muralisme Chilien ............ 190 B] Les Artistes-Graffeurs Chiliens: Vieille Ecole et Nouvelle génération confondues ........ 194 C] Consultants et Connaisseurs du Milieu ............................................................................. 204 D] Personnages Politiques en Relation avec la Culture et l’Art Urbain ................................ 205 E] Deux Personnalités Politiques Méconnues et en Opposition ............................................ 206 III] Chronologie Hip Hop et Politique au Chili (1983-2013)................................................. 207 IV] Listes d’Entretiens (par ordre alphabétique) ................................................................... 210 Entrevista: crew Abusa ........................................................................................................... 211 Entrevista: Caracol Rúnico, a propocito del crew Agotok ..................................................... 215 Entrevista: Patricio Moreno de los Agotok ............................................................................ 217 Cuestionario escrito: Agrupación Pintarte Chillan................................................................. 223 Entrevista: Aravena, Pablo ..................................................................................................... 233 8 Entrevista: Crems ................................................................................................................... 240 Entrevista: Defos .................................................................................................................... 243 Entrevista: El Murero ............................................................................................................. 247 Entrevista: Elliot Tupac .......................................................................................................... 249 Cuestionario escrito: Esec ...................................................................................................... 250 Entrevista: Alecks Herz .......................................................................................................... 255 Interview: Ian Morgan ............................................................................................................ 258 Entrevista: Le Dorian Espacial ............................................................................................... 260 Entrevista: Nemo .................................................................................................................... 266 Entrevista: Newen .................................................................................................................. 268 Entrevista: “No Votes Por Mi”............................................................................................... 271 Charla: “Mono” González ...................................................................................................... 279 Entrevista: Naska.................................................................................................................... 284 Entrevista: Pecko .................................................................................................................... 289 Entrevista: Pepe, crew MareArte ........................................................................................... 291 Entrevista: Rikis ..................................................................................................................... 294 Entrevista: Saile...................................................................................................................... 297 V] Les lettres Ouvertes aux Municipalités ............................................................................. 299 A] Carta Abierta a la Ilustre Municipalidad de Chillan, campana Pro-Graffiti ..................... 299 B] Convocatoria abierta para todos los graffiteros de Chillan que quieran proteger sus graffitis y muros ................................................................................................................................... 301 C] Lettre ouverte envoyée à la Municipalité de Santiago (Janvier 2011), Pour la défense du Graffiti comme Patrimoine culturel ....................................................................................... 302 D] Lettre ouverte du MACA de San Miguel à la Municipalité de San Miguel .................... 304 9 TABLE DES ABRÉVIATIONS: ACAB: « All Cops Are Bastards » AHS : « Araya Homies Clan » crew ACU: Association Culturel Universitaire BC: Brigade Chacón BEM: Brigade Elmo Catalán BIPA: Brigade Internationale de Peintres Antifascistes BPN: Brigade Pablo Neruda BPM: Brigade de Peintures Murales BRM: Brigade Rolando Matus BRP: Brigade Ramona Parra BSA: Brigade Salvador Allende BV: Brigade « Venceremos » DC: parti politique Démocratie Chrétienne DVE: « Deskisiada Vida Escritora » crew FONDART: Fond National pour le Développement des Arts FPMR: Front Patriotique Manuel Rodriguez FRAP: Front d’Action populaire GAP: Groupe d’Action Politique INJUV: Institut National de la Jeunesse Chilienne. JJCC: Jeunesses Communistes LOCE : Loi Organique Constitutionnelle de l’Enseignement. MACA: «Museo A Cielo Abierto » Nous précisons la localisation des Musées à Ciel Ouvert. Exemple: le MACA de la Pincoya. MAPU: Mouvement d’Action Populaire Unitaire MDA: « Musa Del Arte » crew NCS: « Niños Con Spray » crew ODC: « Obsesión Diaria Critica » crew PPD: parti politique Parti Pour la Démocratie PS: parti politique Parti Socialiste Chilien PRSD: parti politique Parti Radical Social Démocrate PV: parti politique Parti Vert 10 TABLES DES ILLUSTRATIONS: Figure 1: Auteur inconnu, Commune de la Florida, Santiago, Décembre 2012. 20 Figure 2: Œuvre d’Art Urbaine réalisée par Thierry Noir en 2009 dans le quartier de Lastarria, Santiago Centre. Photographies prises à quelques mois d’intervalle entre Décembre 2012 et Mars 2013. 27 Figure 3: Barras Bravas de la U de Chile, photographie prise aux abords de la Commune de Conchali, Santiago, 2013. 30 Figure 4: Diagramme de Daniel Ferral expliquant l'évolution du Graffiti et du Street Art aux USA 34 Figure 5: Tableau indicatif « Satisfaction pour la Démocratie » tiré de l’enquête LatinoBarometro 2011 36 Figure 6: Artiste-Graffeur Grin, le long du Rio Mapocho, Santiago 40 Figure 7: Jorge González Camarena, fragment de murale “Presencia de América Latina”, Université de Concepción, 1965 44 Figure 8: Intervention de la Brigade Ramona Parra dans les années 1960 dans la población qui porte aujourd'hui le nom d'Angela Davis à Santiago, alors membre des Black Panthers 59 Figure 9: Murale Populaire en hommage à André Jarlan, prêtre français exécuté sous la Dictature le 4 Septembre 1984, población La Victoria, Santiago, 2011 61 Figure 10: La Brigade Ramona Parra présente au Festival "Hecho en Casa", Santiago Centre, Novembre 2012 62 Figure 11: Artiste-graffeur Ren, Concepción, Février 2013 64 Figure 12: Réalisation d'un Graff-Mural au sein de la station de Métro de Quinta Normal par Cekis, Santiago, 2011 70 Figure 13: "Equilibrio", auteur Elliot Tupac (Pérou), réalisé le long du Rio Mapocho à Santiago durant le Festival "Hecho en Casa", novembre 2012. 71 Figure 14: « Integracion », la Transition du Muralisme au Graffiti, auteurs Mono González et Seth, MACA de San Miguel 74 Figure 15: "Las Tribus Urbanas", MACA de San Miguel, auteurs : Saile, La Robot de Madera, Inti et HES. 77 Figure 16: "Presencia de América Latina", auteur José Gonzalez Camarena, Concepción, 1965 82 Figure 17: Nada Pink et Naska, quartier de Bellavista, Santiago 83 Figure 18: Bandeau publicitaire d'une grande multinationale situé sur la façade d'un édifice en plein centre de Santiago, Plaza Italia, Janvier 2013 92 Figure 19: Pochoir : « Cherche sur Facebook: Marathon écologique », Santiago, Novembre 2012 94 Figure 20: Œuvre d'Art urbain de l’Artiste Macay recouverte d'affiches quelques mois après sa réalisation, Santiago Centre, Mars 2013 95 Figure 21: Intervention de Roberto Matta, MACA de Valparaiso 97 Figure 22: Graffiti réalisé par le crew 12 Brillos au sein du MACA de Valparaíso 97 11 Figure 23: Roa, Artiste belge invité au MACA de San Miguel, Santiago 99 Figure 24: “los Prisioneros", auteurs: Peña, Gersak, Basti, Jano, Hose, Pobre Pablo et Pato Albornoz, Maca de San Miguel, Santiago 100 Figure 25: "Tala", auteurs: Agotok, MACA de San Miguel, Santiago 101 Figure 26: Ascenseur du cerro Polanco, Valparaíso 102 Figure 27: Piwi réalisant un Wildstyle, Graffestival de Polanco, Valparaíso, Novembre 2012 103 Figure 28: Artiste Graffeuse colombienne Bastardilla invitée à participer au Festival Polanco, Valparaíso, Novembre 2012 104 Figure 29: Sida, quartier de Bellavista, Santiago, Mars 2013 108 Figure 30: Nettoyage de tags et de graffitis au niveau de Santiago Centre, Décembre 2013 111 Figure 31: Portrait pochoir du ministre de l'Intérieur Hinzpeter, message : « Le crime qu’il poursuit est la liberté », Concepción. 113 Figure 32: Pochoir "Ley Hinzpeter" réalisé sur la chaussée sur le chemin de la Moneda lors des manifestations étudiantes de septembre 2012 à Santiago. 113 Figure 33: Brigade Muraliste UMLEM "Unidades Muralistas Luchador Ernesto Miraesta", Université du Chili, Santiago, Octobre 2012 121 Figure 34: Graffiti "L'éducation Gratuite Maintenant", Université du Chili, Santiago, Octobre 2012 122 Figure 35: Mono González "Saludo a la Historia", réalisée lors du Festival Hecho en Casa sur l'aile gauche du Centre Gabriela Mistral, Santiago, Novembre 2012 123 Figure 36: crew 12 Brillos, représentation de l'influence du Néolibéralisme et de l'Unité Populaire au Chili, MACA de San Miguel, Santiago, 2013 125 Figure 37: Représentation des principaux conflits sociaux au Chili, Artiste péruvien Olfer, MACA de San Miguel, Santiago, 2012 126 Figure 38: Artiste Graffeur colombien Zeta, “Derecho por la educación”, MACA de la Pincoya, Santiago, 2012 128 Figure 39: "Mouvement Ouvrier" : Hommage à Clotario Blest, Artistes graffeurs 12 Brillos, MACA de la Pincoya, Santiago, 2012 129 Figure 40: Artiste Graffeur péruvien Olfer, « Protestation Politique », MACA de la Pincoya, Santiago, 2012 130 Figure 41: Murale Politique avec le nom d'une Candidate pour les élections Municipales, población La Victoria, Décembre 2012 136 Figure 42: crew Negotropica, quartier Brasil, Santiago, 2012 139 12 AVANT-PROPOS METHODOLOGIQUES ET JUSTIFICATIONS DU SUJET I] L’ECRITURE DE « L’HISTOIRE DU TEMPS PRESENT » « Toute Histoire est Contemporaine », Benedetto Croce4 C’est à partir de cette vérité faite, et sans doute à défaire, que nous commençons les premières lignes d’une des Histoires Contemporaines Chiliennes destinée à éclaircir les nombreuses zones d’ombres de l’Histoire récente des années de Transition à la Démocratie. Une Histoire axée sur un champ bien spécifique et marquée jusqu’alors par le manque d’intérêts des recherches universitaires. Sans remettre au goût du jour le débat qui a animé « l’école des Annales » à partir des années 1920, portée par les plus grandes générations d’Historiens français tels que Marc Bloch, Lucien Febvre, Ernest Labrousse ou Fernand Braudel, nous nous voyons contraints de donner des justifications sur notre objet d’étude pouvant susciter, pour des raisons propres à chacun, l’admiration, la curiosité ou tout simplement le dédain et l’indifférence. Si l’élaboration de la nouvelle école de « l’Histoire du Temps Présent » a mis autant de temps à se mettre en place, c’est à partir de circonstances malheureuses qu’elle s’est révélée une nécessité au surlendemain de la Seconde Guerre Mondiale en France. Sa création a éveillé de nombreuses polémiques au sein de la Communauté des Historiens et ceci jusqu’à nos jours5. Mais à défaut de déplaire, elle aura eu le mérite de dévoiler les tabous et les secrets d’une génération post-apocalyptique, d’instituer un devoir de Mémoire pour que jamais plus ne se reproduisent de telles souffrances pour l’Humanité avec pour motifs l’Oubli ou l’Ignorance. Et c’est aussi par le chagrin que « l’Histoire du Temps Présent » émergea en Amérique Latine sous l’impulsion chilienne, argentine et péruvienne. En 1999, « Le Manifeste des Historiens » animé par les Historiens Sergio Grez et Gabriel Salazar, réfute l’Histoire « Officielle » écrite sous la Dictature, marquant une rupture sans précédent pour l’intérêt et la volonté d’écrire une « Histoire du Temps Présent » en Amérique Latine 6 . Alors, pourquoi ne pas aller plus loin dans cette démarche et retranscrire une Histoire condamnée à ne jamais exister dans les manuels scolaires ? Une Histoire souterraine explorant l’évolution des rues et de l’espace public en 4 5 Voir CROCE, Benedetto, Théorie et histoire de l'historiographie, (1ère édition, 1915), Dalloz, 1968 Pour animer le débat, prendre note des récents travaux de: ROUSSO, Henry , La dernière catastrophe : L'histoire, le Présent, le Contemporain , Collection NRF Essais, Gallimard, 2012 6 Pour plus d’information se rapporter au site « Historizar el Pasado Vivo » : http://www.historizarelpasadovivo.cl/es_prologo.html, consulté le 30 mars 2013 13 période post-dictature. Une Histoire si présente dans le quotidien chilien qu’elle en est devenue invisible par ses propres concitoyens. Une Histoire démontrant que la Culture contestataire n’a jamais cessé d’exister malgré le passage à un « processus démocratique ». Une Histoire Contemporaine qui n’est qu’une introduction à de nouvelles recherches postérieures, une simple ouverture à un domaine réservé pendant bien trop longtemps aux Historiens de l’Art ayant pour leur part trop souvent omis les facteurs conjoncturels et structurels des Sociétés étudiées. Car pour crever l’abcès dès sa racine, « l’Histoire du Temps Présent » ou « Histoire immédiate » est, telle que nous la concevons, une Histoire pluridisciplinaire. Ne se contentant plus d’analyser formellement des faits historiques et politiques telle que l’appréhende « l’Histoire Evènementielle ». Ne se réfugiant plus seulement dans l’analyse des faits culturels et aux imaginaires collectifs telle que « l’Histoire Culturelle et des Mentalités » nous le propose. Et certainement pas une Histoire quantitative limitée aux statistiques telle que pourrait nous le suggérer une « Histoire Economique ». Sur ce point, ce serait d’ailleurs une erreur de vouloir répertorier sous données statistiques le nombre de « graffeurs »7 existants sur le territoire ou encore le nombre de « bombes spray »8 vendues à l’année, au risque de devenir un objet de contrôle et de régulation par les autorités en place. Selon nous, l’Histoire du Temps Présent est une Histoire bien plus Magnanime que ses aînées. A travers notre étude, nous prenons le parti pris d’une Histoire que certains nommeront « Totale » mais qui pourtant ne demeurera à jamais qu’une simple première couche de peinture sur un mur à bâtir. En prenant en compte les différents champs de recherche à travers notre investigation: le processus historique et les différents Mouvements Artistiques Urbains, le Droit et la Législation de « l’Expression Urbaine » chilienne, l’apparition d’un marché de « l’Art Urbain » 9 , la Sociologie de la Communauté des graffeurs, « l’Archéologie Visuelle » de l’espace urbain ainsi que l’analyse de la « Transition à la Démocratie » accompagnée par ses « Nouveaux Mouvements Sociaux » allant de pair, et enfin un travail de linguistique dans un pays réputé pour ses nombreux « Chilénismes » 10 , nous reconnaissons ici les limites méthodologiques de cette « Histoire Immédiate et quasi-Totale». Ephémère et énigmatique autant dans le Temps que dans l’Espace. Avec le récent développement des réseaux sociaux et des diverses plates-formes communautaires de partage de données, nous nous sommes 7 8 Se reporter au Glossaire en annexes p.181 Se reporter au Glossaire en annexes p.183 9 Se reporter au Glossaire en annexes p.177 10 Dérivé du vocable chilien “chilenismo”, nous faisons référence au « dialecte » chilien ayant pour racine le castillan, mais révélant de nombreuses et délicieuses subtilités bien souvent déroutantes pour l’étranger de passage. Ce langage est utilisé de façon évidente au quotidien dans les rues et dans le Monde des graffeurs. 14 amplement alimentés de cet outil de recherche indispensable qu’est Internet, tout comme la Communauté des graffeurs s’y atèle pour échanger et s’informer de l’évolution accélérée du Graffiti dans le Monde. Bien que la « toile » se renouvelle sans cesse, et cela reste vrai aussi bien sur Internet que dans les rues, les informations récoltées offrent une compréhension plus globale du phénomène « Street Art ». Notre travail s’entête donc implicitement face aux critiques sur le plan méthodologique et nous cultivons cet espace de réflexion en espérant alimenter le débat sur la manière d’écrire l’Histoire du Temps Présent concernant l’étude de l’Art Urbain. Et c’est finalement avec une certaine pointe d’ironie et de modestie que nous regardons notre travail déjà voué à disparaître. Sujet à être repassé au « rouleau »11 à coups de nouvelles théories tel un graffiti déjà dépassé par l’usure de son temps. II] ECRIRE L’HISTOIRE DE « LOS DE ABAJO » 12 L’Histoire de « Ceux d’en Dessous », terme vaste et sans définition précise mais ô combien révélateur lorsque l’on s’aperçoit, en termes économiques, l’inégalité de fait entre les 99% de la population et la part du lion que se réserve le 1% restant13. Sur le plan humain, l’Historien Salazar se réfère sans conteste à cette masse intangible, c’est à dire aux populations vivant dans les « poblaciones »14 des grands Centres Urbains ainsi que dans les villages les plus isolés du Territoire chilien. Cette population, majoritaire en nombre, mais paradoxalement restée comme le chaînon omis de l’Histoire Chilienne. Pourtant à l’origine de la montée des contestations sous la Dictature aux côtés des étudiants, des différents syndicats de travailleurs et des « organisations » politiques contraintes à survivre dans la clandestinité, leurs témoignages méritent d’être enregistrés et gravés dans les mémoires collectives à l’heure d’aujourd’hui. Notre travail s’inscrit dans cette démarche bien qu’il s’attache à décrire un groupe social bien plus récent. En enregistrant et en retranscrivant les témoignages des graffeurs, issus pour la plupart de ces zones urbaines souvent marginalisées et représentants des 11 12 Se reporter au Glossaire en annexes p.187 Terme utilisé par: SALAZAR, Gabriel, En el Nombre del poder popular constituyente: Chile siglo XXI, 1ed, Santiago, LOM Ediciones, 2011, 98p. 13 LOPEZ, Ramón, FIGUEROA B., Eugenio, GUTIERREZ C., P ablo, “La parte del león: nuevas estimaciones de la participación de los súper ricos en el ingreso de Chile”, in Serie de Documentos de Trabajo, n°379, Facultad Economía y Negocios, departamento economía, Santiago, Marzo 2013, 31p. Voir tableau 10 p.31: En 2010, près d’un tiers (31,1%) du revenu chilien global parvient au 1% le plus riche de la population, alors que seulement un peu plus des deux tiers restants est distribué entre les 99% du reste de la population chilienne. 14 Se reporter au Glossaire en annexes p.186 15 nouvelles « tribus urbaines » post-dictature, l’objectif est de donner la parole à ceux s’exprimant à travers l’alchimie des couleurs mais dont la voix a jusqu’alors été voilée par une sombre absence 15 . Diffuser leur vision du monde et leur contribution dans l’espace collectif ainsi que dans les mentalités collectives, surligner ce Mouvement à part entière accompagnant les dynamiques sociales et stimuler ce sentiment partagé qu’une autre Société est encore possible. Une Culture Urbaine paradoxalement invisible de par sa profusion mais qui pour certains annonce déjà l’arrivée imminente d’un « 5ème pouvoir » 16 que serait le « Street Art ». De prime abord, il peut paraître hors de propos de vouloir combiner une Histoire Politique à l’Histoire du Graffiti au Chili. Car, en effet, en se basant sur nos témoignages et diverses observations de terrain, nous avons constaté que la grande majorité des graffeurs ne portent tout simplement pas dans leur cœur les institutions étatiques et, plus généralement, les Politiciens Chiliens, et cela tous bords confondus. La Politique « conventionnelle » se cloisonne bel et bien en marge de leur Monde: la majorité se déclarant indépendante et libre du Système et de la Société. Certains cultivent certes une culture du « Politique » et de l’Histoire Chilienne, mais une grande partie préfère s’adonner à leur « Art » de manière hédoniste. Le reste paraissant aussi anodin et éphémère, pour un politicien, qu’un « tag »17 posé sur un mur. Alors pour répondre à la question rhétorique et ironique de Monsieur Pablo Aravena, réalisateur de documentaires, avec qui j’ai eu le plaisir d’échanger: « Comment expliques-tu que les Artistes soient tous de gauche ?! ». Je ne crois pas que les Artistes soient de gauche ou de droite, je dirai que leur sensibilité est avant tout artistique et humaine, animée entre leur propre égo et l’envie de partager avec le urs concitoyens. Ils s’isolent du monde pour porter un regard nouveau avec bien souvent une note d’utopisme et de rêverie. Ils s’offusquent contre un système autoritaire interdisant la liberté d’expression et privilégiant le paradigme monétaire à défaut des valeurs humaines. Il s’agit avant tout d’une Culture Politique de proximité et localisée dans la rue même. Une « société de face à face » pour reprendre les mots de Sébastian Cuevas, étudiant chercheur et animateur de la galerie « Bomb! » dans les années 2000. 15 Lamentablement, une grande partie de la bibliographie existante sur le sujet est composée d’ouvrages dédiés à des registres spécifiquement photographiques sous le paradigme « Une image parle bien plus que des mots ». D’un point de vue strictement personnel, nous pensons que ce mouvement gagne à être analysé et traité afin de transmettre un savoir aux générations futures. Une transmission de savoir qui a d’ailleurs manqué entre le passage du Muralisme au Graffiti au Chili au début des années 1990. Un autre facteur important pour comprendre cette carence de publications serait de prendre en compte le coût des livres taxés au Chili, creusant une inégalité de fait pour l’accès à la Culture. 16 Propos tenu par l’étudiant chercheur CUEVAS, Felipe, « Propaganda Getting Up y Publicidad » lors du Séminaire « Graffiti & Política », organisé par le Collectif « No Votes Por Mi », Instituto de Comunicación e Imagen, Universidad de Chile, 18 Octobre 2012. 17 Se reporter au Glossaire en annexes p.188 16 Nous partageons cette mentalité et conscience du Monde et c’est avec cette même sensibilité dite de « gauche » que nous retranscrivons l’Histoire du Graffiti Chilien à partir de la réalité des rues. Mais au-delà des clivages politiques, une sensibilité fondamentalement humaine. Nous traitons de ces trottoirs, ruelles, rues, avenues, boulevards, places, bus, métros et parcs, que la majorité des citadins connaît bien pour y passer jour après jour afin de se rendre à leurs diverses activités diurnes et nocturnes. Le véritable savoir demeure dans les rues et à l’intérieur même des gens. Pour reprendre une citation de Montaigne, chère à l’Université de Rennes 2 et gravée à jamais sur ses murs, « Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies ». Notre Mémoire n’en est pas moins le reflet de notre propre expérience de terrain. III] L’ARCHEOLOGIE VISUELLE ET L’IMAGINAIRE URBAIN EN QUESTION Certains ouvrages18 amorcent subtilement leur argumentation en confrontant l’étude de l’Art Urbain comme une discipline liée à l’Archéologie. En effet, si l’on remonte à « l’Origine du Monde », celle des premiers néandertaliens et non pas celle du peintre Courbet, on s’aperçoit que l’invention du pochoir trouve son essence dans le simple geste d’avoir posé une main dans une quelconque substance à destination d’une paroi. De même, les fresques illustrant les scènes de chasse et de cueillette, peintes dans la Grotte de Lascaux par exemple, sont en quelque sorte les premières racines d’un Mouvement Artistique qui ressurgira seulement à l’Aube du XXème siècle avec le Muralisme Mexicain. Une forme de « Muralisme des Cavernes », plus connu sous le nom « d’Art Rupestre », reflétant l’Histoire et le quotidien de ces premiers hommes. Et l’analogie peut être surenchérie en Amérique Latine avec par exemples les murales de Bonampak narrant l’Histoire de la dynastie Maya au Mexique ou encore les mystérieux géoglyphes de Nazca au Pérou pouvant être vues comme l’ancêtre lointain du « Land Art »19… La différence fondamentale entre l’Archéologie traditionnelle et « l’Archéologie visuelle Contemporaine », objet de notre étude, réside dans la temporalité courte et éphémère de l’Art Urbain. En effet, avec l’Archéologie traditionnelle, les vestiges ont disparu par la modification voire la reconstruction totale du paysage due au développement des civilisations. 18 Par exemple: CAMPOS, Edwin, MELLER, Alan (textos), Santiago Stencil, editorial Cuarto Proprio, Providencia, Santiago, Chile, 1er edición 2007, 180p. Voir également OMANA, José Luis, JUAREZ, Beatriz (editores), Ejercito Comunicacional de Liberación (ECL), Mural y Luces, edición de bolsillo, Caracas Venezuela, 2011, 193p. Précisément le chapitre p.119: “ En las piedras ancestrales y en las avenidas: El grafiti como producto histórico ”. 19 Se reporter au Glossaire en annexes p.183 17 Dans ce premier cas, de grands travaux de recherche peuvent encore être mis en place pour redécouvrir ce Patrimoine enfoui à jamais. Ou alors, les vestiges ont déjà été découverts et deviennent partie intégrante du Patrimoine de l’Humanité pour lequel une politique de préservation et de restauration peut encore être lancée. En revanche, le « Muralisme »20 se distingue de par sa vulnérabilité sur certains points. Il suffit de s’apercevoir de l’état déplorable de la fresque « Historia de Chile »21 de Gregorio de la Fuente peinte dans les années 1940 à l’intérieur de l’ancienne station ferroviaire de Concepción, et pourtant déclarée Monument National en juillet 1992. De même, et paradoxalement, le Graffiti est bien plus fragile à l’usure du Temps car bien moins reconnu pour sa contribution au Patrimoine Historique. Avec la rotation perpétuelle des graffitis dans l’espace urbain, due aux autorités locales et à leurs politiques de nettoyage, aux campagnes électorales et aux brigades muralistes, à l’affichage de posters promotionnels et publicitaires, aux « rayures » 22 en général, à la Communauté des graffeurs elle-même en graffant par-dessus des graffitis dépassés ou non par l’usure de leur temps, l’Archéologie visuelle du Graffiti semble être une science bien inexacte de nos jours. Mais ainsi se présente les choses : « Si nous transposons les contextes urbains occidentaux et que nous les voyons d’un point de vue archéologique, nous pourrions traiter le graffiti dans les rues des villes tels que des pétroglyphes 23, ce qui pourrait éclairer autant sur la condition du pétroglyphe dans le passé que sur le rôle du graffiti comme élément communicationnel du présent. »24 Un registre photographique nous a donc semblé essentiel dans notre argumentation afin de ne pas perdre les images d’un passé déjà révolu. Sans grandes prétentions, à travers nos recherches, nous prétendons aspirer à une « enquête par dépaysement »25 tel un Albert Londres moderne en Terre d’Araucanie ou d’un détective sauvage perdu dans les rues de Santiago en quête de l’Avant-garde chilienne issue d’un bon roman de Roberto Bolaño. 20 21 Se reporter au Glossaire en annexes p.184 Traduction: « Histoire du Chili ». La murale est déclarée en 1992 comme patrimoine national : Decreto 265, Fecha Publicación: 14/07/1992, Fecha Promulgación: 25/05/1992, ministerio de Educación, subsecretaria de Educación, declara monumento histórico el mural del pintor Gregorio de la Fuente, pintado en la ex estación de ferrocarriles de la Serena, Vigencia: 14/07/1992. Id Norma: URL: http://www.leychile.cl/N?i=85831&f=1992-07-14&p= 22 Dérivé du vocable « rayas » en castillan. Se reporter au Glossaire en annexes p.187 23 Dessins symboliques gravés sur de la pierre. 24 TELLEZ, Silva, “Sobre el graffiti. Una ciudad Imaginada. Graffiti, expresión urbana”, Universidad Nacional de Colombia, Bogotá, 1986, 157p. Citée dans: OMANA, José Luis, JUAREZ, Beatriz (editores), op.cit., 2011, Traduction p.119 à partir de: “Si nos trasladamos a los contextos urbanos occidentales y los vemos desde un punto de vista arqueológico, podríamos tratar los grafiti en las calles de las ciudades como petroglifos, lo cual podría arrojar luces tanto sobre la condición del petroglifo en el pasado como sobre el papel del grafiti como elemento comunicacional en el presente.” 25 BEAUD, Stéphane, WEBER, Florence, Guide de l’E nquête de terrain, Produire et analyser des données ethnographiques, Collection Grands Repères, Paris, éditions la Découverte, 1997, 327 p. 18 Sur un plan théorique, fort heureusement, les travaux du pionnier colombien en la matière, Armando Silva, permettent de donner un souffle nouveau à cette discipline. Ces réflexions primordiales dans l’élaboration de notre travail nous amènent à réfléchir sur l’interprétation des images collectives et de leurs interactions avec le reste de la Société à partir du concept « d’imaginaire urbain »26. Se basant sur l’esprit d’appartenance ou non à un espace urbain et à l’identité citadine, l’auteur propose une argumentation intéressante pour notre propos. Notre enquête, faite principalement à partir de nos déplacements sur Santiago et pour une part moins importante à Valparaíso, diffère des citadins évoluant dans leurs villes respectives à travers ce paradigme bien connu d’Albert Camus « boulot-métro-dodo ». Notre statut « d’étranger », nous a donné l’avantage de développer une vision plus globale du phénomène Graffiti chilien, bien plus que les graffeurs eux-mêmes intéressés pour leur part par leur propre travail et leur vie quotidienne. Nous nous mettons toutefois en garde contre un ethnocentrisme occidental cherchant à dénaturer l’imaginaire collectif propre à la culture latino-américaine et chilienne. Quant à l’interprétation du travail des graffeurs, malgré la déficience d’un bagage culturel collectif présupposé, c’est avec une grande curiosité et un certain degré d’innocence que nous avons développé notre culture du terrain et comblé ce manque par l’expérience. Mais soyons honnête envers nous-mêmes dès à présent, une faible proportion des graffitis rencontrés, comme « objet-image », illustre une lutte ou une contestation ouverte et directe contre les autorités étatiques et le Système en lui-même. Quant au « texte », il n’en reste pas moins l’appréciation personnelle de chacun vis-à-vis du message délivré. L’engagement se situe bien plus dans l’action du Graffiti que dans son contenu. Toutefois, une minorité est en mesure de s’organiser et de se mobiliser à travers un Graffiti que nous nommerons « engagé ». Soit, « ce que le sémiologue Armando Silva appelait « focalisation » ou « point de vue citoyen », c’est à dire l’identification du sens social d’une intervention urbaine à partir de l’appréciation du passant, du récepteur, générateur déterminant du sens communicatif et symbolique de telles pratiques, bien plus que les intentions indéterminables de la fréquence anonyme27 ». La portée du message et le geste symbolique l’accompagnant semblent toutefois intangibles au niveau de leurs réceptions. Une rayure peut être bien plus efficace dans son 26 Tiré du titre de SILVA, Armando, “Imaginarios Urbanos”, editorial del Convenio Andrés Bello, Universidad Nacional de Colombia, Bogotá, 2006 27 OMANA, José Luis, JUAREZ, Beatriz (editores), op. cit., 2011, Traduction p.147 à partir de: « El semiólogo Colombiano del Grafiti « Armando Silva » llamaba « focalización » o « punto de vista ciudadano », es decir, una identificación del sentido social de una intervención urbana desde la apreciación del transeúnte, del receptor, generador determinante del sentido comunicativo y simbólico de tales prácticas, más que desde las intenciones indeterminables del frecuentemente anónimo » 19 message qu’un graffiti des plus élaborés et cela vice versa. Dépendant de facteurs trop nombreux pour pouvoir résoudre cette équation, il nous est difficile de donner des résultats irrécusables, et cela encore moins pour le long terme. Mais nous avouons ici notre parti pris pour des manifestations visuelles se voulant plus en phase avec le reste de la Société, cherchant à instaurer un dialogue par l’image et/ou le texte. En espérant que cette entrée en matière vous ait laissée pensif et critique vis-à-vis de notre travail, nous vous invitons à découvrir une introduction à l’Histoire souterraine de la « planète » Graffiti dans un Chili « en restauration » depuis la fin de la Dictature. Figure 1 Auteur inconnu, Commune de la Florida, Santiago, Décembre 2012. 20 INTRODUCTION A L’HISTOIRE DU GRAFFITI $HILIEN A] LE PHENOMENE STREET ART: RETENTISSEMENT MONDIAL ET SPECIFICITES REGIONALES « Certaines personnes veulent faire du monde un meilleur endroit. Je veux juste faire du monde un meilleur endroit à contempler. Si tu n’aimes pas ça, tu peux repeindre pardessus! » 28 « Les plus grands crimes dans le Monde ne sont pas commis par des gens bravant les règles. Ce sont les gens suivant les ordres qui jettent les bombes et massacrent les villages. Avec pour précaution de ne jamais commettre d’actes majeurs catastrophiques, il est de notre devoir solennel de ne jamais faire ce que l’on nous dit, c’est la seule façon d’être sûr. »29 Banksy 1) LA CULTURE ANGLO-SAXONNE, PIONNIERE EN LA MATIERE Introduire notre propos par deux citations empruntées à ce personnage hors du commun qu’est Banksy, doit sans doute être le pire hommage que nous puissions lui rendre. Un plaisir doublé. Victime ou prophète, Banksy personnifie pourtant à lui seul le renouveau du « Street Art » à l’orée de notre millénaire. Citoyen « actif » voire « activiste » dans ses réalisations laissées aux détours des rues de la « City », son style provocateur a été largement repris et plagié en s’exportant dans les coins les plus reculés du Monde. Ses interventions se sont diffusées à travers les médias, la télévision, la presse, le cinéma30 et sur la toile internet, avec une rapidité fulgurante tels que ses graffitis sur le mur séparant Israël de la Palestine en 2005. Symbole d’une contestation à l’échelle globale, sa renommée est avant tout due à l’émergence des nouvelles technologies et des médias, phénomène globalisé et initié par la culture dominante Anglo-Saxonne et Nord-Américaine. De l’autre côté de l’Atlantique, la campagne présidentielle opposant le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain 28 Citation tirée du livre: Banksy, Wall and Piece, publié par Century, UK, 2005, 200p, Traduction à partir de: “Some people want to make the world a better place. I just wanna make the world a better-looking place. If you don't like it, you can paint over it!” 29 Citation tirée de l’article: “Artist throws anti-Jubilee party” in BBC NEWS World edition, UK, Friday, 31 May, 2002, Traduction à partir de: "The greatest crimes in the world are not committed by people breaking the rules. It's people who follow orders that drop bombs and massacre villages. As a precaution to ever committing major acts of evil it is our solemn duty never to do what we're told, this is the only way we can be sure. " 30 Voir le film de BANKSY, Exit Through the gift shop, fiction-documentaire couleur, 87 minutes, England, 2010 21 en 2008, a montré l’engouement de la sphère politique pour le phénomène « Street Art » avec la contribution d’affiches réalisées par les soins de Shepard Fairey. Sa collection d’affiches « Hope »31 a fait le tour du monde, relayée par les médias. Le président Obama l’ayant luimême remercié pour son investissement personnel par la suite. Le créateur du fameux logo « Obey 32 » collabore, entres autres, de nos jours avec une grande marque de téléphone portable. Il en est de même pour l’influence mondiale nouvellement acquise par les jumeaux brésiliens Os Gêmeos33 en collaboration avec une grande marque de luxe parisienne. Leur exposition au devant de la vitrine « Street Art » n’est d’ailleurs pas sans rapport avec le court séjour du « Street Artist » américain Keith Haring au Brésil à la fin des années 1980. Activisme politique, marché de l’Art Urbain, l’engouement pour le « Street Art » est devenu en quelques années un phénomène global. 2) PROCESSUS DE REGIONALISATION ET SPECIFICITES CULTURELLES Cependant, comme le conçoit le documentaire « Next : a primer to the Urban Painting » 34 , cette nouvelle manifestation se définit aussi par ses spécificités culturelles régionales, nationales ou locales ainsi que par son contexte historique. En Russie, où la liberté d’expression des citoyens demeure limitée vis-à-vis du « système démocratique », c’est par le biais d’actions politisées en dehors des voies dîtes plus « conventionnelles » que la protestation fait jour. Par exemples, les performances du groupe de rock « Pussy riots » en février 2012 dans l’enceinte de la Cathédrale du Christ Saint-Sauveur de Moscou singularisent ces nouvelles formes de manifestations artistiques et citoyennes dans l’espace public. En Russie, face à la restriction de la liberté d’expression, un manifeste a été lancé aux « Street Artists » russes afin de multiplier les œuvres d’Art dans les rues. Un phénomène curieux car les œuvres sont fréquemment nettoyées à coups de rouleaux de peintures par les autorités, devenant alors à leur tour révélateur d’une censure sous sa forme « d’Art » la plus abstraite qu’il soit35. Pour finir et ne pas multiplier les exemples sur l’engagement citoyen que le phénomène propose, la vague déferlante de « Révolutions Arabes », ayant inondée le paysage politique à partir de 2008 en Tunisie et s’étant propagé dans presque tout le Monde 31 32 Traduction : « Espoir » Traduction : « Obéis ». Inspiré par le film de John Carpenter, « They Live », USA, 95 minutes, 1988. 33 Pour plus d’information sur leur vie et travaux se reporter au site : http://www.12ozprophet.com/news/throwback_thursday-12ozprophet-issue-6-feat-os_gemeos, consulté le 4 mai 2013. 34 ARAVENA, Pablo, « Next: A primer to the Urban Painting », documentaire couleur, 95 minutes, Canada, 2005. Traduction: « Suivant: une première sur la Peinture Urbaine » 35 Voir BÜRGER, Anne, CANTU, Benjamin Street Art, la rébellion éphémère, documentaire couleur, 58 minutes, France, 2009 22 Arabe, a donné ses lettre d’or au Graffiti. Un cas parmi beaucoup d’autres est celui de la Syrie 36 . Dès 2008, le Graffiti s’immisce dans les protestations populaires avec le courtmétrage « Le Graffeur » 37 . Le « Printemps » fut alors peinturluré par la floraison de contestations politiques appuyées par le soutien d’un grand nombre d’Artistes dans les rues de Damas ou de Homs. Utilisant une « calligraffiti »38 non-conformiste contre le Régime, la mort tragique en juillet 2011 de Mohammed Ratib, connu sous le pseudonyme de Nemer 39 , démontre la force de persuasion du Graffiti dans les contestations mais aussi ses spécificités culturelles avec la calligraphie empruntée à l’écriture arabe. Concernant la Région latino-américaine du Globe, elle est caractérisée par l’utilisation de couleurs primaires très vives et un certain penchant pour l’utilisation du « latex »40 dans les finitions de graffitis. Trois influences majeures déterminent le Graffiti ou « Street Art » en Amérique Latine: le Muralisme mexicain, le Muralisme chilien et le mouvement brésilien « Pixação »41 ainsi que son esthétique Graffiti à ses côtés, sur lesquels nous reviendrons plus amplement dans notre première partie. Trois Mouvements artistiques décomposés dans le Temps ayant pour caractéristique commune d’être reliés à un contexte politique et social pour le moins conséquent : la « Révolution mexicaine » des années 1910, la poussée « radicale » vue par Salvador Allende dans les années 1960 puis le passage à la Dictature jusqu’à la fin des années 1980 au Chili, les luttes syndicales de 1960 sous la Dictature brésilienne jusqu’au sentiment d’exclusion dans une ville à taille inhumaine et déshumanisée qu’incarne São Paulo dès les années 1980. Ce dernier point est, nous le verrons, intimement lié à la revitalisation du Graffiti dans les années 1990 au Chili avec les échanges en personne entre la première génération de graffeurs chiliens et la « Vieille école » 42 brésilienne. En Amérique Latine, « l’Art Urbain » est une spécificité culturelle bien présente dans l’espace public, symbolisant pour une part un espace de contestations sociales et politiques. Par exemple, cette dimension est fortement perceptible à Caracas, Venezuela43. Au-delà de cela, il s’agit ni plus ni moins d’un élément du décor incontournable dans l’espace urbain grâce à sa commodité permettant de peindre les rues en toute « semi-légalité », c'est-à-dire avec le consentement du voisinage 36 Voir l’article de MARROUCH, Rima : « La guerre des graffitis en Syrie », pour ARTE TV, France, mai 2012 http://monde-arabe.arte.tv/rima-marrouch-la-guerre-des-graffiti-en-syrie/, consulté le 03 avril 2013 De même se renseigner sur la publication de l’ouvrage de JARBOU Rana, Arabians Wall, devant être publié courant 2013. 37 A partir du titre: « The Spray Man ». 38 Contraction de calligraphie et de Graffiti. 39 Traduction: « le Tigre ». 40 Se reporter au Glossaire en annexes p.183 41 Ou « pichação ». Se reporter au Glossaire en annexes p.185 42 Se reporter au Glossaire en annexes p.189 43 Voir OMANA, José Luis, JUAREZ, Beatriz (editores), op.cit., 2011 23 bien plus qu’avec celui des autorités locales. C’est une Culture de proximité avec les habitants et un loisir exercé dans des cercles de sociabilité restreints. Une « Culture » difficilement compréhensible et envisageable en Europe ou aux Etats-Unis. L’abondance d’évènements marquant l’agenda du graffeur latino-américain, amateur ou professionnel, dévoile un attrait quasi inconcevable pour l’étranger occidental de passage. Les évènements annuels, tels que le festival « Latido Americano » de Lima au Pérou, la « Rencontre Internationale de Muralisme et d’Art Public » à Cosquin déclarée « Terre de murales » 44 en Argentine, la « Bienal de Arte Urbano » de Cochamba en Bolivie ou encore le « ConceGraff » incontournable de Concepción au Chili, ponctuent l’actualité du graffeur déjà surchargé par les évènements locaux et ses propres activités. 3) L’APPORT CHILIEN DANS LE MONDE ET SUR SON PROPRE TERRITOIRE Mais qu’en est-il de la renommée de l’Art Urbain Chilien dans le Monde 45 ? Les exemples d’exportation du style « Shileno »46 ne manquent pas. Il serait indécent de ne pas mentionner l’œuvre d’Alfredo Jaar47. Bien qu’utilisant principalement la photographie comme medium, ses interventions urbaines lui ont valu d’acquérir une renommée internationale ayant été récompensé par la « Mac Arthur Fellowship Grant » en 2000 pour son travail de grande qualité. Plus récemment, concernant le Muralisme chilien, son ambassadeur, Mono González48, co-fondateur de la Brigade muraliste « Ramona Parra »49, est invité en Amérique Latine pour exposer son sentiment et son expérience personnelle à ce propos telle qu’à l’Université de la Plata en Argentine50 début 2013. Ses interventions Outre-Atlantique telles qu’en France sont toujours très appréciées comme ce fût le cas en Mars 2013 à Fleury-lesAubrais auprès du graffeur français Seth et du pionnier du Graffiti chilien Cekis51. Ce dernier vit désormais de son Art à New York où il y expose ses œuvres dans des galeries sans 44 Voir l’article de la revue électronique Grafica Mestiza: http://graficamestiza.com/index.php?option=com_content&view=article&id=284%3Acosquin-muralismo-y-artepublico&catid=34%3Anoticias&Itemid=70&lang=es, consulté le 04 avril 2013 45 Nous recommandons au lecteur de parcourir la liste de Ii] Biographies fragmentaires des « Artistes Urbains » Mexicains et Chiliens (Début XXème-début XXIème siècle): suggestives afin de poursuivre la lecture plus sereinement en annexes pp. 190-209 46 Inspiré par le dialecte chilien pour « Chileno », signifiant tout simplement « chilien » pointant sa particularité dans notre propos. 47 Voir VALDES, Adriana (compiladora).” JAAR SCL 2006”. Editorial Actar, Santiago, 2006, 50p. 48 Se reporter à Biographies en annexes p.193 49 Se référer au Glossaire en annexes p.179 50 L’Université argentine est l’une des rares Universités enseignant la pratique du Muralisme au titre « d’Art » en Amérique Latine, et non comme simple « Art mineur » : http://www.fba.unlp.edu.ar/muralismo/lacatedra.html, consulté le 13 avril 2013 51 Se reporter à Biographies en annexes p.197 24 toutefois ne pas retourner dans les rues à l’occasion. Inti52 parcourt les continents armé de son fameux « kusillo » 53 : Etats-Unis, France, Liban, Bolivie, Pérou etc...… l’Artiste graffeuse Macay54, ayant travaillé durant plusieurs années à Londres, est revenue récemment au Chili. Siete Ocho, désormais renommé Scath, évolue à présent à Barcelone et en Europe plus généralement. Le crew Agotok, La Robot de Madera, Horate55 ont exposé dans la Galerie Carmichael de Los Angeles en 2009 pour l’exposition « Chile Estyle », etc... L’exemple le plus insolite et célèbre, malheureusement regretté de nos jours, est celui de l’escalier de Jorge Selarón à Rio de Janeiro au Brésil56. La réputation chilienne n’est plus vraiment à démontrer en ce domaine. Concernant le territoire chilien, dresser une liste de graffeurs, même suggestive, serait une tâche vaine et sans doute inappropriée. D’après nos estimations, leur nombre, incluant toutes les « disciplines Graffiti » confondues, s’élèverait à plusieurs centaines voir quelques milliers sur tout le Territoire. Il est impossible de donner une approximation chiffrée afin d’en déterminer leur poids dans la Société. Eventuellement, des statistiques chiffrées doivent être enregistrées et conservées par les forces de l’ordre mais ces informations ne comptabiliseraient qu’une infime proportion de ce groupe, et particulièrement les délits mineurs pour « Vandalisme ». Il est donc bien plus aisé d’aborder le retentissement de l’Art Urbain au Chili par d’autres sentiers. Valparaíso, déclarée capitale culturelle chilienne en 2003 par l’UNESCO pour ses infrastructures portuaires57, est devenue en quelques années la « Mecque » de tout bon graffeur cherchant à exploiter son talent dans les « cerros » 58 . Véritable havre de paix pour le « Street Art », la ville portuaire a conquis les touristes grâce au charme multicolore qu’offrent les façades des maisons bigarrées ainsi qu’à son dédale de ruelles permettant de s’y oublier avec allégresse. Tomber au gré du hasard sur un graffiti fait partie intégrante du quotidien du promeneur. Quant à la capitale politique et économique, Santiago, ses quartiers populaires et touristiques de Bellavista et de Brasil demeurent les lieux 52 53 Se reporter à Biographie en annexes p.200 Clown de carnaval d’inspiration bolivienne. 54 Se reporter à Biographies en annexes p.202 55 Se reporter à leurs Biographies en annexes p. 195, p.201, p.200 56 Voir l’article annonçant sa mort « Hallan muerto a Jorge Selarón, el Chileno que le cambio la cara a las escalinatas de Rio de Janeiro » in « El Mostrador », 10/01/2013: http://www.elmostrador.cl/noticias/mundo/2013/01/10/hallan-muerto-a-jorge-selaron-el-chileno-que-le-cambiola-cara-a-las-escalinatas-de-rio-de-janeiro/, consulté le 10 janvier 2013 57 Se reporter au rapport officiel : UNESCO, « Décisions adoptées par la 27ème session du Comité du Patrimoine Mondial », lors de la convention concernant la protection mondiale culturelle et naturelle du patrimoine, 27 ème session, Paris, 10 décembre 2003. 58 Traductions suggérées : « coteau », « versant », « petite colline ». La ville de Valparaíso s’est construite autour de son port, poussant son expansion sur les versants des collines l’environnant. De réputation, plus on monte dans les « cerros », plus le niveau de vie régresse et abrite des populations défavorisées et en marge des centres économiques. 25 d’effervescence de l’activité bohème et artistique dans les rues de la Métropole. Les acti vités culturelles ne cessent d’animer la vie nocturne de ses habitants et c’est jusque dans ses souterrains que l’Art s’y exprime telles que dans les stations de métro de Bustamante, Baquedano, la Católica, Quinta Normal etc... Finalement, un peu plus au Sud, les villes quasivoisines de Chillán et de Concepción hébergent le berceau du Muralisme Mexicain à l’intérieur des murs de ses édifices avec une reconnaissance comme Patrimoines Nationaux. Et c’est sans compter, le Festival international de Graffiti « ConceGraff » réunissant près de 300 artistes graffeurs de nos jours à Concepción. Et pourtant, malgré tout cet engouement pour « l’Art Urbain Chilien », il semblerait que le manque de connaissances et le sentiment d’aversion lorsque le mot « Graffiti » est prononcé, persistent encore vis-à-vis du reste de la Société chilienne. Le Graffiti est victime de son affluence. Victime d’une culture que l’on pourrait considérer comme « invisible » à l’œil du passant. Le témoignage de Cristian Mendez, documentaliste et consultant de notre enquête, nous éclaire sur ce point: « C’est certain, le Graffiti est abondant au Chili, c’est une expression assez populaire aussi, mais il est invisible. Enfin, c’est très rare de t’arrêter pour observer un graffiti. En général on le voit de passage, à moins que tu ne sois assis avec du temps devant toi, alors tu t’attardes sur l’œuvre et tu es capable de distinguer les détails et tu comprends ou essaies de comprendre ce que représente l’intervention de l’auteur, et là ça te trouble »59 . Paradoxalement, le fait de « trop existé » le rend discret et presque inintéressant pour ses concitoyens: « Déjà vu, déjà oublié ». Et cela concerne l’opinion publique la moins avertie et la plus méprisante. Outre cet aspect, le terme « Graffiti » ramène à cette connotation péjorative construite à partir de ses racines Nord-Américaines dans les années 1970, comme mouvement contestataire et « égocentrique » 60 . Le Graffiti reste, dans les mentalités collectives, nocif à l’espace public et désagréable selon l’opinion publique. L’exemple récent le plus flagrant de cette indifférence et mésestime pour la richesse artistique des peintures urbaines est assurément la destruction de la murale réalisée par les soins de l’Artiste Thierry Noir en 2009 dans le quartier de Lastarria, Santiago Centre61. C’est avec 59 MENDEZ, Cristian, Entretien Encuesta Graffiti Cristian Mendez: commune de Maipú, Santiago. 23/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 35 minutes, pp. 271-278, Entretien en annexes. Traduction à partir de: « Si bien es cierto el graffiti es abundante en Chile, es una expresión bastante popular también, también estai’ invisibilizada, o sea es muy raro detenerse a observar un graffiti, uno por lo general los ve de pasada, a menos que estés sentado con tiempo uno se detiene en la obra y puede ser capaz de distinguir detalles y comprender o tratar de comprender que es lo que hizo el autor entonces te provoca. » 60 Le message est mon nom : « J’existe ». 61 Voir le billet d’humeur de VERA MANRIQUEZ, Rodrigo, “Los muros de la vergüenza: la destrucción del mural de Thierry Noir en el Barrio Lastarria”, Lic. y Mg. en Teoría e Historia del Arte, Coordinador Área Teoría e Historia del Diseño, DDD-FAU, Universidad de Chile, 2013 26 l’invitation de l’ambassade d’Allemagne au Chili et du Musée des Arts Visuels, que l’Artiste français était venu immortaliser l’Histoire d’une séparation physique d’un pays dans les années 1960 en peignant ses têtes colorées mondialement reconnues aujourd’hui. A cette époque, l’Artiste avait été présent dans les rangs des plus courageux pour braver l’interdit durant la guerre froide et peindre en signe d’opposition sur le « Mur de la Honte ». Cette commémoration de l’évènement à Santiago aura duré un peu moins de 4 ans, elle sera conclue par la destruction de l’œuvre pour un projet immobilier. Ironiquement, le projet de destruction des vestiges du mur en Allemagne revient faire surface en cette année 2013 comptant donner Figure 2: Œuvre d’Art Urbaine réalisée par Thierry Noir en 2009 dans le quartier de Lastarria, Santiago Centre. Photographies prises à quelques mois d’intervalle entre Décembre 2012 et Mars 2013. une nouvelle « modernité » à la Capitale.62 Pour cela, il nous semble donc important d’apporter une pierre à l’édifice en revenant sur les définitions préalables à la compréhension de notre sujet. B] DEFINITIONS: DE « L’EXPRESSION URBAINE » A « L’ART URBAIN » 1) RECADRAGE DU SUJET PAR ELIMINATIONS Pour reprendre l’introduction de l’éditorial du magazine Graffiti All Star63: « Alors Art ou Vandalisme ? Rue ou galerie ? Graffiti ou Street Art ? Pendant que les apprentis « Maître Capello » se querellent sur des questions sémantiques, […] nous nous posons d’autres http://fauopina.uchilefau.cl/2013/03/12/los-muros-de-la-verguenza-la-destruccion-del-mural-de-thierry-noir-enel-barrio-lastarria/, consulté le 24 mars 2013 Et également l’Article du site de l’Ambassade d’Allemagne à ce sujet : http://www.santiago.diplo.de/Vertretung/santiago/es/Presse__Nachrichten/Archiv/2009__Thierry_20Noir.html, consulté le 04 avril 2013 62 Voir l’article de KROH, Liza « La seconde chute du mur de Berlin », Berlin, 19/03/2013: http://fr.myeurop.info/2013/03/19/la-seconde-chute-du-mur-de-berlin-7354, consulté le 20 mars 2013. 63 FOURNET, Eric (dir. publication), in All Star Graffiti, « Inti, Chili, l’Invasion des Kusillos » pp.32-39 par GZELEY, Nicolas, n°15, Paris, février/mars/avril 2012, p.3 27 questions. Car c’est bien la diversité et la richesse de ce Mouvement qui fait que nous l’apprécions un peu plus chaque jour, bien au-delà des étiquettes que certains veulent nous imposer. » Et c’est bien là que réside toute notre inquiétude à ce sujet: vouloir définir quelque chose d’illusoire et devant le rester pour en savourer sa nature même. Un Mouvement n’ayant aucunes raisons d’être si ce n’est le plaisir de pouvoir partager, échanger et prendre du plaisir à s’exprimer par un medium quelconque. Être vu, entendu, compris ou même demeurer incompris en affirmant sa différence, son insolence, sa passion face à la Société. Alors nous ne nous poserons pas non plus la question alambiquée de « l’Art » que nous remettons aux mains des Historiens de l’Art, experts pour identifier le « Beau » du « Laid », pour discerner « l’Art » du « Médiocre ». Nous nous éviterons d’ailleurs d’utiliser tout concept théorique ou définitions sorties tout droit d’un « fond de placard » 64 en préférant nous baser sur notre propre expérience éludant ainsi une vision trop Nord-Américanisée ou Européanisée de ce phénomène. Cependant, notre problème se pose en terme méthodologique et l’utilisation d’expressions telles que « Street Art » / « Urban Art » en anglais, « Arte Callejero »/ « Arte Urbano » en castillan, « Art de rue »/ « Art Urbain » en français, que nous avons facétieusement utilisées jusqu’alors, nous amène à réfléchir sur la nature même de l’objet d’étude que nous proposons. Le plus simple étant pour nous de procéder par élimination pour en venir au cœur de notre démonstration. La terminologie « d’Art Urbain » n’en relate pas moins le mythe de Sisyphe. Il est possible de le remplir indéfiniment grâce à l’émergence de nouvelles formes « d’Arts » dans les rues sans pour autant en prendre une forme définie et scientifique, se vidant insatiablement de ce qui le nourrit. Il pourrait se caractériser par la modification de « l’Espace Public »65 induisant un dialogue informel avec des récepteurs, rappelé par le passage journalier des citadins en interaction avec cette altération de l’espace et de son atmosphère impalpable. Mais, dans ce cas, la construction de la plus grande tour d’Amérique Latine dans un pays située sur une faille sismique, serait-elle une œuvre d’Art en soit? De même, l’obligation d’afficher ostensiblement son sentiment patriotique par le biais d’un drapeau sur sa maison lors d’une journée de commémoration de « l’Indépendance », serait-elle une forme de performance artistique? Au Chili, comme ailleurs, l’architecture de l’espace urbain est inondée de monuments à la gloire de faits héroïques dissimulés dans le paysage urbain à travers des statues, des sculptures, des édifices appartenant aux structures passées voire 64 Toutefois, si la définition manquait il est possible de se référer au Glossaire en annexes p.181 avec la définition académique proposée par : SILVA, Armando, op.cit., 2006, p.47 65 Ce concept inventé par Jürgen Habermas a été largement admis par la Communauté Scientifique pour que nous ne nous donnions pas la peine de revenir dessus. 28 dépassées pour certaines. Reflets de la construction d’une Historicité et Identité à la chilienne par le biais des Institutions, nous mettrons donc de côté ce pan de « l’Art Urbain » en nous focalisant sur l’initiative personnelle et/ou collective et non directement liée aux instances étatiques. En deuxième point, nous devons reclure un certains types de manifestations visuelles et auditives dépassant notre propos. Tout d’abord, nous ne traiterons pas des sculptures dans les rues, à notre grand regret, nous ne rendrons donc pas hommage au « Caballo »66 et à ses courbes faisant face au Musée des Beaux Arts de Santiago. Ensuite, nous ne traiterons que secondairement les marches contestataires en elles mêmes, regroupant plusieurs centaines, voire milliers de participants selon la cause défendue67. Bien que nous le voyions par la suite, ces dernières comportent une relation d’interdépendance avec notre milieu étudié, étant des moments de mobilisations à forte teneur en « expressions urbaines ». Nous isolons de même de notre enquête, les représentations musicales et visuelles de rues telle que l’immersion du « Chinchinero»68 auprès des terrasses de bars par exemple, les jongleurs et autres gymnastes postés au niveau des feux tricolores, les jeunes danseurs de musique pop-coréenne ayant pour quartier général le Centre Gabriela Mistral ainsi que les « flash mobs »69. De même à notre grand regret nous excluons le Parc National de la Bande Dessinée et son « Condorito »70 au niveau de « la Gran Avenida » de Santiago, ainsi que le phénomène de « Guérilla Jardinière » consistant à planter des fleurs ou plantes dans l’espace public inconnu jusqu’alors de notre terrain, et finalement nous éliminons de notre objet d’étude « l’Art du tricot de rue »71 nous intéressant que secondairement. 66 67 Nous faisons référence à la sculpture du « Cheval » de l’Artiste Colombien Botero. Par exemple, chaque premier mardi du mois, les cyclistes de Santiago se rassemblent sur la Place d’ Italie et entament leur circuit revendiquant la construction de pistes cyclables sécurisées et leur droit de circulation sur la chaussée. 68 Le « Chinchinero » est un joueur de tambour ou caisse ayant la particularité de le porter sur son dos. 69 Le « flash mob » est un rassemblement de personnes venues pour danser sur une musique avec une chorégraphie définie au préalable dans un espace public. Le flash mob « Por la educación » (« Pour l’éducation ») sur la musique de Thriller interprétée par les étudiants p our l’occasion est un bon exemple. 70 « Condorito » est un personnage de bande dessinée très réputé au Chili créé par le caricaturiste chilien René Ríos Boettiger plus connu sous le pseudonyme de Pepo. 71 Se reporter au Glossaire en annexes p.189 29 2) FOCUS SUR L’AFFICHE ET LA PEINTURE URBAINE Sauf oubli de notre part, il nous reste donc deux grands supports de Communication et d’interaction avec le reste de la Société dans les rues: l’Affiche et la « Peinture Urbaine »72. Nous ne pouvons pas exclure le premier champ de par son importance et sa relation historique avec le second. Tout d’abord, car l’affiche est un élément décisif dans la construction du graphisme chilien et elle possède un rôle crucial avec son exportation dans le monde, utilisée comme manifestation visuelle protestataire durant les années de Dictature jusqu’à nos jours73. Ensuite, car l’affiche électorale, publicitaire ou promotionnelle peut se retrouver en rivalité avec le Monde du Graffiti au jour d’aujourd’hui pour des raisons évidentes de « territoires urbains». De plus, au-delà de l’affiche, c’est l’utilisation des autocollants74 et des « collages » dont s’inspire une branche minime des « Street Artists » chiliens. Cependant, il s’agit bien du second champ de recherche, encore bien dense, qui nous intéresse davantage. C’est pourquoi, nous devons encore éliminer à notre grand Figure 3 Barras Bravas de la U de Chile, photographie 2013. regret à l’intérieur même de cette aire, des prise aux abords de la Commune de Conchali, Santiago, éléments ne se prêtant pas à notre contexte. Tout d’abord, il est à exclure la discipline du « Body paint »75 étant pratiquée dans un cadre privé et généralement intime. Nous mettons aussi de côté les branches se rapportant aux institutions ecclésiastiques 76 et aux « Barras 72 Terme que nous empruntons volontiers au titre du documentaire : « Next a primer to the Urban Painting », nous semblant plus adéquat dans notre démonstration. 73 Lire : VICO, Mauricio & OSSES, Mario, Un grito en la pared, Psicodelia, compromiso político y exilio en el cartel chileno, Ocho Libros Editores, Santiago, Chile, 2009, 215 p. 74 Se reporter au Glossaire en annexes p.187. Un groupe nommé « Santiago Adhesivo », créé courant 2012 a lancé une véritable campagne d’autocollants dans les rues de Santiago. 75 Traduction : « Peinture sur Corps ». Pour visualiser plus d’images du « Body Paint » : TORREJON Ignacio (dir.), in Dope Street Art Mag, Edición 02, Santiago, Octubre 2011, article « Tocko », pp. 34-39 76 Il serait à prendre en compte la reconnaissance des murales réalisées au sein de bâtiments religieux vues comme patrimoines nationaux chiliens pour certaines. « L’Art Muraliste » dans les églises et cathédrales est à envisager à partir des fresques de Michel Angelo dans la chapelle Sixtine à Rome au début du XVIème siècle. Le passé colonial au Chili a fortement influencé le Muralisme avec comme référent au Chili Pedro Subercaseaux. Par exemple, l’Eglise de Transit de la Sainte Vierge Marie contient ce type de murale, voir: Decreto 77, Fecha Publicación: 12/02/1996, Fecha Promulgación: 29/01/1996, ministerio de educación pública, declara monumento histórico iglesia del tránsito de la santísima virgen María, ubicada en alto Jahuel, comuna de Paine, Inicio Vigencia: 12/02/1996, Id Norma: 20045: URL: http://www.leychile.cl/N?i=20045&f=1996-02-12&p= 30 Bravas » 77, utilisant communément la peinture urbaine pour exprimer leur appartenance à un groupe ou à une Communauté. Ces derniers méritant des travaux de recherche et des ouvrages pour leurs cas de figure bien particulier dans la Culture latino-américaine. Pour poursuivre, nous sommes contraints de traiter la genèse de « l’Art Urbain » chilien en évoquant un Mouvement artistique, bien que lié aux institutions étatiques et caractérisé par ses peintures d’intérieur et donc non urbaines, ayant donné ses lettres d’or au style chilien: le « Muralisme Mexicain ». Nous y reviendrons dans notre première partie. De même, il est inconcevable d’écarter le « Muralisme Chilien » et ses brigades muralistes, nées dans les années 1960 lors des campagnes présidentielles, qui évoluent conjointement avec le mouvement Graffiti jusqu’à nos jours. Et finalement, nous prenons en compte « l’expression urbaine » la plus primaire qu’il soit pour transmettre un message court et immédiat à l’aide d’une bombe spray, ce que nous nommerons « rayures » par la suite pour la différencier du « tag » graffiti. Point névralgique de l’Ignorance et de l’Incompréhension du passant nonaverti et désinformé. Subtilité infime pour laquelle nous nous devons d’aller chercher une définition rangée dans notre placard, derrière nos pots de peinture: « En Archéologie le terme graffiti, ou « graphiti » en latin, se réfère à un type d’inscriptions réalisées par des auteurs anonymes sur les murs en pierre d’un édifice achevé, ajoutées postérieurement à la structure originale du monument »78. 3) RAYURES ET GRAFFITIS CHILIENS Plusieurs points retiennent donc notre attention pour notre étude. Tout d’abord, « le type d’inscriptions » pose la problématique du champ de recherches passant de « l’Expression Urbaine » à « l’Art urbain ». Il est donc utile de considérer toutes les formes de manifestations visuelles modifiant l’espace public, spécifiquement utilisant la peinture comme medium pour simplifier nos recherches. Et une explication s’impose, « rayures » et « tags graffiti » sont deux mouvements strictement distincts de par leur nature. Les rayures peuvent être des messages écrits voire des dessins à caractère politique, poétique, comique, satirique, etc...… Elles sont le fait d’individus ou de groupes sociaux79 77 Un ouvrage traitant des “Barras Bravas” que nous recommandons toutefois: RECASENS SALVO, Andres, Las Barras Bravas, Bravo y Allende editores, Santiago, 1999. 78 A partir de NAVARRETE, Rodrigo y LOPEZ, Ana María, Rayando las paredes : Grafiti e imaginario politicosimbolico en el Cuartel San Carlos, 2006 Traduction p.119 à partir de: « En arqueología el termino grafiti, o graphiti en latín, refiere a un tipo de inscripciones realizadas por autores anónimos sobre las paredes en piedra de un edificio acabado, añadidas posteriormente a la estructura original del monumento » 79 Mais demeurant pour le moins citoyen sur le territoire chilien. 31 s’adonnant de façon exclusivement illégale à « rayer » à l’aide de bombe spray ou de « posca » 80 sur différents supports et non simplement sur les murs comme le signale la définition mais aussi dans d’autres espaces publics81. Actes poétiques, actes de rébellion ou actes d’insouciances, ils sont l’expression même d’un désaccord avec les structures de pensées établies par l’Etat et/ou le système économique. Elles sont un éloge à l’expression libre et gratuite. Mais aussi, elles se définissent par un devoir conscient ou inconscient de vouloir « détériorer » ce qui demeure statique dans la Temporalité et l’Espace. Les manifestations et marches dans les rues sont les moments les plus « intenses » pour s’exprimer grâce aux rayures. Les lieux visés sont pour l’occasion les structures étatiques, les églises, les banques, les multinationales et compagnies étrangères. Certes, les rayures représentent cette frange la plus anonyme existant dans le paysage urbain, bien qu’une partie s’identifie à travers des groupes à caractère politique 82 ou poétique 83 . Leurs expansions remontent sans doute aux années 1970 avec l’influence du rock, du punk, de l’anarchisme en opposition avec le Régime et la Société proposée. Le mouvement Graffiti est une des quatre disciplines avec les « B-boys » (break danseurs), les « MC’s »84 (chanteurs de rap), les « DJs » (musiciens) de la Culture Hip hop85 née au début des années 1970 dans le Bronx, à New York, Etats-Unis. C’est un Mouvement artistique et culturel émergeant dans la Société Nord-Américaine à partir des quartiers dits « en marge » ou « défavorisés » dans les grands Centres urbains. A l’origine, le Mouvement est représenté par les minorités visibles que sont les afro-américains et les « latinos »86. Cette culture s’exporte dans le monde à partir des années 1982 avec le retentissement du premier opus conscient du Rap: « The Message » du groupe « Grandmaster Flash and the Furious Five ». Cela permettant de diffuser cette « contre-culture » jusqu’alors passée presque inaperçue. 80 81 Se reporter au Glossaire en annexes p.186 Plus d’informations sur les « rayures » dans les toilettes dans ARANCIBIA, Nicolas, No Rayes, Graffiti de baños en Santiago, Ocho Libros Editores, colección Urbe, Providencia, Santiago, Chile, 2009 82 Spécifiquement, les rayures politiques signées par un A cerclé « Ⓐ » d’Anarchisme, celles signées par le nom des clubs de football des « Barras Bravas » (supporters), ou encore les brigades poétiques signées par le groupe « Acción Poetica » par exemples. 83 Voir Action poétique dans le Glossaire en annexes p.176 84 Les « Masters of Ceremonies » ou « Maîtres de Cérémonies » en français. Désignant les rappeurs. 85 En se basant sur le témoignage d’ARAVENA, Pablo. Entretien Encuesta Graffiti Pablo Aravena: Barrió Lastarria, Santiago Centro. 22/11/2012. Document personnel audio enregistré (2 parties) et retranscrit. Français. 33 minutes, pp.233-239, Entretien en annexe 86 Traduction : « les latins » faisant référence à la communauté mexicaine ou sud américaine implantée aux Etats Unis. 32 Cependant, concernant la branche Graffiti, dès le 21 juillet 1971, un jeune « writer »87 ayant pour tag Taki183 fait parler de lui dans un article du New York Times 88 . Taki, provenant du diminutif grec de « Demetrius », son réel prénom, tandis que le nombre 183 se réfère au numéro de rue où il vivait alors. Comme il l’explique dans l’interview: « Tu ne le fais pas pour les filles; tu le fais pour toi-même. Tu ne recherches pas à être élu Président »89. S’en suit un véritable phénomène de masse du Graffiti dans les rues des grandes villes étatsuniennes90. L’objectif étant de trouver la « Fame »91 en taguant un maximum les rues, puis les métros et trains donnant une visibilité encore plus grande aux tags. La logique du « All city »92, c'est-à-dire repeindre toute la ville à coups de tags devient une obsession pour les graffeurs. Le film documentaire « Style Wars » 93 réalisé en 1983 donne un précieux témoignage sur ce point. Les « auteurs anonymes » ne le sont plus autant que notre définition le laisse transparaître. Concernant le Graffiti, l’anonymat est biaisé par le tag utilisé par la grande majorité des graffeurs (tout style confondu), nom d’emprunt qu’il est aisé d’identifier et de retrouver par la suite de nos jours. Le Graffiti se décline en quatre grands courants ou disciplines94 suivant ce schéma: Le « tag » : signature « pure », à l’origine du Mouvement Le « flop »95 : lettrage en 2D (fond et contour) Le « 3D » : lettrage avec une impression de 3D Le « WildStyle »96 ou « Style Sauvage » : synthèse des trois premiers avec l’ajout d’un personnage ou non. Le WildStyle est un graffiti sans permission, il est la « Master piece » 97 qu’un graffeur est en mesure de réaliser. 87 Le « writer », littéralement « l’écrivain » est en quelque sorte l’aïeule du graffeur. Il se spécialise dans l’écriture, c'est-à-dire le tag. 88 Archive en ligne: http://taki183.net/_pdf/taki_183_nytimes.pdf, consulté le 05 avril 2013 89 Traduction à partir de: « You don’t do it for girls; you do it for yourself. You don’t go after it to be elected President » 90 A noter que l’apparition du tag aux Etats Unis est peut-être déclarée en premier à Philadelphie selon d’autres témoignages. 91 La « gloire ». Aux Etats Unis, dans les années 1980, les racines du Graffiti s’organisent autour d’un phénomène de tags popularisant cette discipline en dehors du cercle intime des graffeurs, et faisant couler les premières lignes dans les journaux. L’exemple le plus fameux est sans conteste le graffeur Taki183, premier à faire parler de ses tags dans la presse. 92 Se reporter au Glossaire en annexes p.178: bombardement. 93 CHALFANT, Henry & SILVER, Tony, Style Wars, documentaire couleur, 69 minutes, Australia, 1983 94 En se basant sur: SEPULVEDA, Waldo, Estilo Salvaje, Primera muestra especializada de graffiti hip-hop Temucano, Aporte del Fondo de Desarrollo de las Artes y la Cultura, Ministerio de Educación, Temuco, Chile, 2003, 63p. 95 Se reporter au Glossaire en annexes p.180 96 Se reporter au Glossaire en annexes p.189 97 Traduction: “Pièce maîtresse”. Voir pièce dans le Glossaire en annexes p.185 33 Dans ses origines, le Graffiti appartient à la culture Hip Hop et ne communique pas avec le reste de la Société, si ce n’est en affirmant à cette dernière « j’existe et ici tu en as la preuve». Il s’agit, au risque de déplaire, d’un Mouvement centré autour de son propre nombril, finalement reflet de l’individualisme grandissant dans les grands Centres urbains. Mais il peut être aussi vu ainsi: « le Break Dance, la discipline Dj, le Rap et le Graffiti se sont convertis en outils de communication et artistique par lesquels ils dénoncent et affrontent: la discrimination raciale, la délinquance et le narcotrafic, l’exclusion sociale qui affligent indistinctement les « noirs » et « latinos » dans les grandes métropoles » 98 . Illégal et « Vandale »99, le mouvement contestataire Graffiti est donc le pendant de la culture Hip Hop aux Etats Unis, reflet de l’urbanisation et de l’exclusion sociale dans ses villes. Le diagramme chronologique proposé par l’historien américain de l’Art Daniel Ferral sépare le « Graffiti » du « Street Art » en se référant sans doute à un des « Street Artists » pionniers tel que Keith Haring peignant des oiseaux dans les rues de New York dès les années 1970 100 . Deux mouvements différents évoluant dans une temporalité quasi similaire. Cependant, nous pensons que ce diagramme est erroné pour notre étude de l’Art Urbain Chilien car il reflète, et cela certes avec beaucoup de détails et d’informations pertinentes, l’évolution de ces courants d’un point de vue totalement occidentalisé et non pas une réalité en Amérique Latine. Concernant Figure 4 Diagramme de Daniel Ferral expliquant l'évolution du Graffiti et du Street Art aux USA le Graffiti, nous y reviendrons donc dans notre première partie traitant du processus historique de l’Art Urbain Chilien, en proposant une grille analytique simplifiée et inspirée de ses travaux. De même, malgré l’apport conséquent de l’Historien britannique de l’Art Rodney Palmer et 98 SEPULVEDA, Waldo, ibid., 2003 Traduction p.6: « El break dance, el dj’ing, el rap y el graffiti se convierten en la s herramientas comunicacionales y artísticas con las cuales se denuncia y afronta : «delincuencia, el narcotráfico y la exclusión social que aflige indistintamente a « negros » y « latinos » en las grandes metrópolis » 99 Se Reporter au Glossaire en annexes p.182: Graffiti-Vandale. 100 Keith Haring est passé dans les années 1980 pour la biennale de São Paulo où il laissa un souvenir impérissable pour les graffeurs brésiliens. 34 de son ouvrage « Street Art Chile »101, nous prenons une certaine distanciation avec ce constat « d’une mixité résultant comme anarchique, d’art accessible »102 en proposant une grille de lecture plus « rationnelle » du phénomène en relation avec son contexte historico-politique nous semblant bien plus complexe. Le Graffiti chilien se développant principalement durant la Transition Démocratique dans les années 1990. Un bref retour sur le contexte s’impose alors en amont. C] « UNE DEMOCRATIE A LA CHILIENNE » 1) LA « TRANSITION A LA 103 DEMOCRATIE » AU CHILI A la fin de la Dictature, les partis et les mouvements qui s’opposent à Pinochet se regroupent au sein d’une alliance électorale et obtiennent une majorité de « Non » avec le plébiscite de 1988, signifiant l’entrée dans un processus démocratique et la dépolitisation progressive des structures du Régime militaire. L’expérience de la Dictature, avec à sa tête le Général Pinochet de 1973 à 1990, laisse un souvenir impérissable d’une expérience lourde de sens dans les structures et mentalités du pays. C’est le parti de centre gauche, dit de la « Concertation »104, composé de la Démocratie Chrétienne (DC), du Parti Socialiste Chilien (PS), du Parti Pour la Démocratie (PPD), du Parti Radical Social Démocrate (PRSD) et du Parti Vert (PV), qui entame cette Transition à la Démocratie. Les quatre élections présidentielles suivantes confortent ainsi la position de la Concertation: Patricio Aylwin Azocar (1990-1994), Eduardo Frei Ruiz-Taggle (1994-2000), Ricardo Lagos Escobar (20002006), Michelle Bachelet Jeira (2006-2010). Les gouvernements de Concertation, initiateurs et contributeurs à un changement de Régime vu par la Démocratie, sont en charge d’assurer ce passage délicat. L’auteur Gomez Leyton dénonce pourtant la Politique de stagnation de la Concertation durant ses années au pouvoir : « La stratégie politique de la Concertation, au terme de ses 16 années de gouvernement, a été orientée par le « changement politique et social minimum » et l’amplification du capitalisme néolibéral en profondeur dans toutes les sphères de la Société » 105 . En face, le centre droit forme la liste électorale « Alianza por 101 102 PALMER, Rodney, Street Art Chile, Corte Madea CA, Gingko Press, 2008, 144 p. PALMER, Rodney, ibid., 2008, Traduction, page intérieure de couverture, à partir de: « The resulting mixture is anarchic, accessible art » 103 D’après le titre de FALABELLA, Alejandra, “Democracia a la chilena”: Un análisis del movimiento estudiantil y su desenlace”, in Política Educativas, Docencia Nº 36, 2008 104 Traduction à partir de: « Concertación » 105 GOMEZ LEYTON, Juan Carlos. “La rebelión de las y los estudiantes secundarios en Chile. Protesta social y política en una sociedad neoliberal triunfante” in OSAL, Observatorio Social de América Latina, año VII, no. 20. CLACSO, Argentina, 2006. 35 Chile » 106 et ne gagne les élections présidentielles que vingt ans après la fin du Régime autoritaire de Pinochet, avec l’élection du Président Miguel Juan Sebastián Piñera en mars 2010 . Cependant, en se basant sur le tableau statistique LatinoBarometro 2011, on s’aperçoit que les chiliens « très satisfaits » ou « très très satisfaits » par le Système Démocratique ne représentent seulement que 32% des sondés en 2011107: Figure 5 Tableau indicatif « Satisfaction pour la Démocratie »tiré de l’enquête LatinoBarometro 2011, p.98 L’auteur Alejandra Falabella décrit cette démocratie chilienne ainsi: « Une démocratie avec des lois « trompeuses », avec un système binominal qui dénature les réelles corrélations des forces politiques et où les minorités ne sont pas représentées, avec des lois qui ne permettent pas aux dirigeants syndicaux de se présenter pour devenir parlementaires, avec des représentants politiques qui se dérobent devant ceux qu’ils doivent représenter, des médias de communication en situation de monopole se centrant sur les rixes et les boniments de la classe politique, plus de 3,4 millions de personnes qui ne votent pas et 64% de la population disant Traduction p.4 à partir de: “La estrategia política de la Concertación, a lo largo de sus 16 años de gobierno, ha estado orientada por el “cambio político y social mínimo” y la ampliación y profundización del capitalismo neoliberal en todas las esferas de la sociedad.” 106 Traduction : « Alliance Pour le Chili » 107 Documents produits par la Corporation LatinoBarometro, une organisation non-gouvernementale sans but lucratif basée à Santiago, les enquêtes réalisées sont de précieux outils qualitatifs et quantitatifs. La base de donnée, existant depuis 1995, réunit les données d’enquêtes sur près de 18 pays inscrits dans la sphère Régionale latino-américaine (à l'exception de Cuba). Les enquêtes sont consultables librement sur le site : http://www.latinobarometro.org/latino/LATContenidos.jsp, consulté le 7 avril 2013 36 être insatisfaite par la Démocratie actuelle 108 » 109 . Pour la première fois, les élections municipales de 2012 laissent la libre élection entre le droit de voter ou non sans être contraint de payer une amende dans le second cas. L’abstention s’élevant à près de 57% pour ces élections110, un record historique depuis que le processus démocratique fût lancé. La méfiance envers les institutions étatiques est une réalité pour une grande partie de la population chilienne. 2) U NE C ITOYENNETE A RECONSTRUIRE Les inquiétudes sur la condition même de la Citoyenneté sont dès lors en jeu. Durant ces trente dernières années, la lecture de la politique latino-américaine s’est axée sur trois phases primordiales: les études de sorties de Dictatures et de Transitions à la Démocratie, les analyses de la consolidation démocratique et les recherches sur les qualités de la Démocratie. La Citoyenneté en Amérique Latine passe donc par un processus de réappropriation récent depuis la chute des Régimes Dictatoriaux. Au Chili, le citoyen semble cantonné dans le rôle de producteur/consommateur jusqu’à nos jours. Tel que l’énonce l’auteur Juan González, « Nous sommes au devant d’un ordre culturel qui dévalorise ce qu’il y a en commun et qui assume l’individu et ses désirs comme quelque chose de préexistant au social et délié de celuici »111. Ce nouvel ordre social du citoyen/consommateur désolidarise les acteurs de la Société entre eux « en expropriant aux personnes les espaces réels qui soutiennent le lien associatif, et maintient des espaces illusoires et contradictoires qui finissent par isoler ses sujets » 112 . Pourtant, malgré un attrait pour des recherches sur la qualité de la Démocratie, les chercheurs latino-américanistes se sont bien plus concentrés sur la définition de « l’exercice des droits 108 109 Pour confirmer les chiffres, voir tableau LatinoBarometro 2007: Chili FALABELLA A., 2008, op.cit., Traduction p.5 à partir de: “Una democracia con leyes “de amarre”, con un sistema binominal que distorsiona las reales correlaciones de fuerzas políticas y donde no están representadas las minorías, con leyes que no permiten que dirigentes sindicales postulen como candidatos parlamentarios, con representantes políticos que soslayan a quienes deben representar, medios de comunicación monopólicos que se centran en las riñas y farándula de la clase política, una represión policial abusiva, más de 3.4 millones de personas que no votan y un 64% de la población que dice estar insatisfecha con la democracia actual .” 110 Selon l’article de WILSON, J.M., et RAMOS, N., « Municipal Marca record de abstención en elecciones » in La Tercera, Santiago, 29 Octubre 2012: http://diario.latercera.com/2012/10/29/01/contenido/pais/31-121761-9municipal-marca-record-de-abstencion-en-elecciones.shtml, consulté le 30 Octobre 2013 111 GONZÁLEZ LOPEZ, Juan, “Ciudadanía Juvenil en Chile. Los colectivos secundarios y las organizaciones de autoeducación popular”. Paulina Castro et al., Juventud y Enseñanza Media en Chile del Bicentenario Antecedentes de la revolución pingüina, OPECH, en Observatorio Chileno de Políticas Educativas, 2009, 455p. Traduction p.400 à partir de: « Estamos ante un orden cultural que desvaloriza lo común y que asume el individuo y sus deseos como algo pre-existente a lo social y desvinculado de aquello » 112 GONZÁLEZ LOPEZ, Juan, 2009, op.cit., Traduction p.400 à partir de: « expropiando a las personas de los espacios reales que sustentaban el vinculo asociativo, y manteniendo espacios ilusorios y contradictorios que terminan aislando a los sujetos », 37 politiques, le plus souvent l’acte de voter, sans prendre en compte que la mesure de la garantie des droits civils ne se résume pas à l’établissement des procédures légales et judiciaires propres à l’Etat de droit, mais passe aussi par la prise en compte de pratiques sociales qui reconduisent les discriminations de classe, genres ethniques et autres »113. Pour notre enquête, nous cherchons à démontrer une forme de participation citoyenne des graffeurs à travers cette sphère « non-conventionnelle » 114 . Dès lors, la définition des auteurs Marques-Pereira et Garibay retient particulièrement notre attention: « La Citoyenneté renvoie à la capacité des individus à peser sur l’espace public non pas simplement en émettant une opinion sur les ressources qu’ils peuvent obtenir du pouvoir politique, mais bien en posant un jugement politique sur la gestion de la cité et sur les choix de Société »115. Il s’agit donc de comprendre comment la « Communauté » des graffeurs est en mesure d’occuper l’espace public et de se mobiliser depuis le déclenchement du processus de Démocratie conjointement à la montée de la culture Graffiti au milieu des années 1990 au Chili. Une troisième constante reste alors à prendre en compte : l’apparition des « Nouveaux Mouvements Sociaux ». 3) LA DISPARITION DES MOUVEMENTS SOCIAUX? La définition d’un Mouvement Social est la suivante: « des acteurs qui se mobilisent de façon soutenue et unifiée pour contester les actions des détenteurs du pouvoir, l’analyse de la mobilisation sociale se pose en termes d’intensité de la contestation »116. Incontournable et innovant, le renouveau de l’analyse des Mouvements Sociaux par l’auteur Charles Tilly préconise donc d’analyser les conditions dans lesquelles naissent les actions collectives et comment elles se conçoivent face aux gouvernants. Au Chili, l’entrée dans l’ère de la Transition à la Démocratie au début des années 1990 est marquée par une accalmie des mouvements sociaux, tenant pour explication le consensus informel entre les gouvernements de Concertation et le reste de la Société. Mais en réalité, les luttes sociales ne disparaissent pas mais elles se renouvellent. Les années 1990, période de « consensus » et à la fois de répression, témoignent de l’émergence de nouvelles contestations plus disparates. D’autres formes de luttes sociales contre le système néolibéral chilien s’immiscent sur la scène politique auprès de luttes plus anciennes tels que les mouvements de travailleurs, des 113 114 MARQUES PEREIRA, Bérangère et GARIBAY, David, 2011, op.cit., p208 C'est-à-dire les répertoires de la citoyenneté passant en dehors du cadre légal et institutionnel, tels que des manifestations de rue ou encore le mouvement graffiti par exemples. 115 MARQUES PEREIRA, Bérangère et GARIBAY, David, La politique en Amérique Latine, Histoires, Institutions et Citoyennetés, science politique collection U, Armand Colin, Paris, 2011, p.208 116 Mc ADAM, Doug, TILLY, Charles (eds), How social movements matter, GIUGNI Marco, « From Interactions to outcomes in social movements », University of Minnester Press, 1999, p.257 38 « pobladores » 117 ou encore des étudiants. Ces nouvelles problématiques se cristallisent autour d’une volonté de justice impartiale et d’un devoir de Mémoire des répressions commises sous la Dictature, de la question des droits Mapuche et des prisonniers politiques, de l’implantation de compagnies étrangères au Sud et au Nord du Chili, de la problématique centrale de l’éducation, du droit des femmes, du mouvement des cyclistes pour leur droit et sécurité de circulation, de celle du système de Santé ou encore d’autres mouvances plus radicales refaisant ou faisant surface durant notre période. L’origine de cette revitalisation de l’Action Collective est analysée par la chercheuse Marie Christine Doran 118 à travers le mouvement pour la Justice119. Cette opposition populaire intervient pour la première fois en 1998 au moment où les poursuites contre Pinochet font écho dans l’Actualité internationale. Les mobilisations populaires sont axées autour du thème de l’impunité et font prévaloir la nécessité de transformation de la Démocratie chilienne. Selon, l’auteur Charles Tilly ayant donné naissance au concept de « Nouveaux Mouvements Sociaux », quatre facteurs caractérisent ces derniers: « Worthy », « United », « Numerous » and « Commited » (dignes de considération, uni, nombreux et engagés 120 ). Nos interrogations découlent alors de cette analyse. D] PROBLEMATIQUE ET PLAN Et, c’est en nous inspirant du titre de l’ouvrage d’Ebe Bellange : « La murale comme reflet de la réalité sociale au Chili » 121 , que nos hypothèses de recherche se formulent : Quelles sont les continuités et les ruptures ressenties dans l’Espace Public Chilien avant et durant le processus de Transition à la Démocratie? Comment les protagonistes du Mouvement Graffiti se positionnent-ils vis-à-vis des brigades muralistes et de cette Société chilienne en 117 118 Se reporter au Glossaire en annexes p.186 DORAN Marie-Christine, « Les effets politiques des luttes contre l'impunité au Chili : de la revitalisation de l'action collective à la démocratisation », in Revue internationale de politique comparée, vol.17, 2010, pp. 103126 119 Le manifeste « Pour un Chili Juste » (« Por un Chile Justo ») rassemble plusieurs acteurs de la Société Civile dans ses rangs. La grève générale nationale d’août 2003 donne une visibilité importante au Mouvement. 120 WICKHAM-CROWLEY, Timothy et ECKSTEIN, Susan, «Économie et sociologie politiques du militantisme et des répertoires, des mouvements sociaux récents en Amérique latine », in Revue internationale de politique comparée, Vol. 17, 2010, p.40 121 BELLANGE, Ebe, El mural como reflejo de la realidad social en Chile, LOM ediciones, 1995, 127p. L’ouvrage concentre son argumentation précisément sur la période antérieure à la nôtre mais avec déjà des pistes de réflexion autour de l’introduction du graffiti dans le paysage urbain au début des années 1990 dans son chapitre V « El mural bajo la nueva perspectiva politico-social en Chile » p.201 39 reconstruction ? Et finalement, l’Art Urbain ne serait-il pas en phase d’engager des formes nouvelles de citoyenneté et d’engagement dans la sphère Politique? Pour y répondre, nous nous attacherons à décrire le processus historique de l’Art Urbain Chilien en y décrivant ses ruptures et ses continuités dans l’Espace Public chilien. En revenant sur les origines de l’Art Urbain chilien, nous nous posons la question de la rupture idéologique entre les forces muralistes rattachées aux partis politiques et à la première génération de graffeurs chiliens, rattachés à leur propre culture qu’est le Hip hop. Ensuite, nous développerons les spécificités que cette « Communauté » de graffeurs possède en son sein et ses interactions avec le reste de la Société. Il s’agit d’être en mesure de comprendre ce groupe, réuni par une même Culture mais divisé par la suite avec l’évolution même de la culture Hip Hop sur le territoire chilien, jouant entre l’égo de chacun et la contribution à la Communauté et/ou à la Société. Puis, nous nous poserons la question du rôle citoyen de cette Communauté en lui accordant une importance nouvelle dans les mobilisations. Il sera donc utile de poser la Communauté comme un Mouvement à part entière, ayant ses propres répertoires d’actions individuelles et collectives pour s’identifier vis-à-vis de la Société. Mais aussi, sa capacité à pouvoir se mobiliser pour appuyer des Mouvements Sociaux anciens voire nouveaux. Figure 6 Artiste Graffeur Grin, le long du Rio Mapocho, Santiago 40 I] PROCESSUS HISTORICO-POLITIQUE DE L’ART URBAIN CHILIEN La grille de lecture présentée ci-dessous a pour but de simplifier la compréhension du lecteur pour en percevoir les enjeux que nous étayons pour la suite de notre démonstration: Muralismes 1910’s Naissance du 1920’s Muralisme Mexicain 1940’s Deux vagues d’Artistes Mexicains interviennent au 1950’s Chili 1960’s Naissance du Muralisme Chilien Graffitis Rayures Contextes Révolution Mexicaine Tremblement de Terre au Chili. Collaboration Mexique-Chili Campagnes Présidentielles au Chili Mouvement des Noirs aux USA Coup d’Etat1973. Régime autoritaire et politique néolibérale. Volonté de « dépolitiser » la Société avec les « Grémialistes » Montée des protestations contre le Régime de Pinochet dès 1983. Plébiscite de 1988. Entrée dans le processus de Transition à la Démocratie. Période de « Consensus » Revitalisation de l’action collective et des « Nouveaux Mouvements Sociaux » 41 Apparition durant les révoltes syndicales au Brésil (Racines du pixação) Chili ? 1970’s Le Muralisme Apparition de la Chilien connait son contre-culture apogée sous Allende. Hip Hop aux USA. Premiers tags Puis lutte à Philadelphie dans la clandestinité et à New York Apparition des contre-cultures anarchiques et rock pour la jeunesse au Chili. Développement des contre-cultures anarchiques, punk et rock au Chili. Campagne du « No » en 1988. Continuation comme contre- cultures. Continuation dans l’illégalité et dans les nouvelles mobilisations. 1980’s Lutte des Apparition du brigades muralistes Mouvement dans la Pixação à São clandestinité Paulo. au risque d’être fusillées. Premiers Exils pour certains. échanges entre Campagne du « No » Graffeurs en 1988. USA-Brésil 1990’s Atavisme : Lutte Fomentation du contre les injustices Graffiti au Chili Perte des repères des brigades muralistes Echanges avec et repositionnement l’Ecole de São politique Paulo 2000’s Perte de visibilité. Apparition du Pressions toujours Graff-Mural, constantes pour les l’esthétique début campagnes Graffiti+ 2010’s électorales. « Message » A] LES ORIGINES PROFONDES DE L’ART URBAIN CHILIEN 1) LA GENESE: LE MURALISME MEXICAIN « Un Art avec la Révolution comme thématique : car la vitalité d’un travailleur doit être la première chose à l’affecter. Il est nécessaire qu’il rencontre une satisfaction esthétique et le plus grand plaisir allant de pair avec l’intérêt essentiel de sa vie »122. Diego Rivera Il faut remonter près d’un siècle dans le Temps pour déceler les origines de l’Art Urbain chilien et cela dans un tout autre espace. Nous l’avons déjà mentionné, le mouvement artistique connu sous le nom de « Muralisme mexicain » est l’Alpha de l’Art Urbain chilien que nous connaissons aujourd’hui. Non pas le fruit mûri de la Démocratie mais portant pour le moins la sève de sa Révolution. Bien que le Mouvement artistique semble différé de quelques années de son contexte politique 123 , le Muralisme mexicain se définit par des thématiques sans complexes liées à sa Révolution : luttes sociales, socialisation de l’Art et refus de l’individualisme, culture « populaire » et indigène, conquête préhispanique et résistance à « l’Envahisseur ». Le nom que l’Histoire de l’Art retient comme précurseur de ce Mouvement n’est autre que l’Artiste Diego Rivera 124 bien que d’autres Artistes mexicains l’immortalisent tout aussi bien: le Docteur Atl, José Clemente Orozco, Angel Zarraga, Roberto Montenegro, David Alfaro Siqueiros125 ou encore Jorge González Camarena126. Des noms que nous sommes susceptibles de retrouver durant notre argumentation. Tout comme la génération mexicaine d’Artistes muralistes qu’il porte, Diego Rivera voyage en Europe au début du XXème siècle pour y étudier l’Avant-garde naissante auprès d’Artistes visionnaires marquant l’Histoire de l’Art: Picasso, Robert Delaunay, Amadeo Modigliani pour n’en citer que quelques uns. A son retour à Mexico, c’est avec une certaine note d’esprit qu’il amorce le 122 Citation tirée de LOZANO, Luis-Martin, CORONEL RIVERA, Juan Rafael, Diego Rivera obra mural completa, editorial Taschen, dirigido y producido por Benedikt Taschen, 2007, Koln, 672 p. Traduction p.230 à partir de: « Un arte con la revolución como tema: porque el interés principal de la vida de un trabajador debe ser lo primero que se toque. Es necesario que él encuentre una satisfacción estética y el más grande placer aparejado con el interés esencial de su vida . » 123 Selon LOZANO, Luis-Martin, CORONEL RIVERA, Juan Rafael, ibid., 2007, p.11 Il semblerait que le mouvement est fomenté dès les premières années de la décennie 1910, avant même la Révolution mexicaine. Bien que les premières murales soient apparues après cette dernière. Selon les témoignages du docteur Atl et de José Clemente Orozco. 124 Se reporter à Biographies en annexes p.190 125 Auteur du Manifeste “Como se pinta un mural”, Ediciones Taller Siqueiros, 1951. Se reporter à Biographies en annexes p.191 126 Se reporter à Biographies en annexes p.191 42 Mouvement muraliste avec sa première murale « La Creació n »127 entre 1921 et 1923 - date de son inauguration - dans l’amphithéâtre du Collège Antique de San Ildefonso, connu sous le nom d’amphithéâtre Bolivar de nos jours. S’ensuit la réalisation de nouvelles murales renversantes dans d’autres édifices institutionnels tels qu’au Palais National, au Secrétariat de l’Education Publique, au Palais des Arts, à l’Université Autonome de Chapingo marquant les « hits » de son œuvre. Sur le plan politique, la vie de Diego Rivera est fortement influencée par les idées communistes de l’époque. Ainsi, « en 1922, dès son retour à Mexico, pour la première fois il se rallie, formellement, à une association politique, le Parti Communiste Mexicain. Le parti fût fondé durant le gouvernement du Président Venustiano Carranza, à partir d’un vote majoritaire du Congrès Constitutionnel, le 25 septembre 1919 »128. Toutefois, il en est exclu à la fin de la décennie pour ses convictions personnelles et politiques. Ce premier apport démontre bien l’importance du contexte politique dans l’élaboration du Mouvement artistique. Caractérisé par son potentiel narratif et son statisme intramuros, le Mouvement s’exporte tout de même jusqu’aux portes du Chili. Une vague d’inspiration mexicaine déferle alors au Sud du Chili dans les années 1940. Celle-ci inaugure l’arrivée d’Artistes mexicains tels que David Alfaro Siqueiros et de Xavier Guerrero coopérant avec les Artistes chiliens Camilo Mori, Gregorio de la Fuente et Fernando Marco 129 dans l’école primaire de Mexico à Chillán 130 . Il s’agit des premiers « vrais » contacts entre les muralistes mexicains et la nouvelle école d’Artistes chiliens. Deux détails relèvent alors notre attention. Tout d’abord, c’est grâce au soutien de Pablo Neruda, alors Consul du Chili au Mexique, que l’arrivée de David Alfaro Siqueiros est réalisable. Ce dernier ayant connu des problèmes judiciaires dans son pays natal, il est alors contraint à l’exil. Secondement, le choix du lieu n’est pas dépourvu de signification. Cette école primaire n’est autre que l’école où le Président Radical Pedro Aguirre Cerda (1938-1941) enseigna quelques années auparavant. Les murales réalisées pour l’occasion sont à fortes teneurs politiques, celle de Siqueiros portant le nom de « Muerte al Invasor »131 à l’intérieur même de 127 128 Traduction : « la Création ». LOZANO, Luis-Martin, CORONEL RIVERA, ibid., 2007, p.11, Traduction p. 11 à partir de: « En 1922, a su regreso a México, por vez primera se afilio, formalmente, a una asociación política, el Partido Comunista Mexicano. Este partido fue fundado durante el gobierno del presidente Venustiano Carranza, a partir de una votación mayoritaria del Congreso Constitucionalista, el día 25 de septiembre de 1919. » 129 Co-auteur auprès de Osvaldo Reyes du “Manifiesto del movimiento de Integración Plástica Chilena ”, Mimeo, Santiago, 1953. Se reporter à Biographie en annexes p.192 130 Voir PALMER, Rodney, op.cit., 2008, p.8 131 Traduction : « Mort à l’Envahisseur ». Déclarée Monument Historique en 2004 : 43 la bibliothèque de l’école. Un projet pour peindre toutes les écoles du pays est lancé dans ces années, les disciples muralistes chiliens s’exécutent à propager le mouvement dans les lieux de savoirs. Certes, le projet n’aboutit pas 132 , néanmoins il porte ses fruits par la suite en mettant en place des cours d’Art plastique et historique traitant du Muralisme dans les écoles133. Cet engouement au sein même des écoles se répercute de nos jours dans les universités où de et lycées grandes chiliens murales retracent les luttes sociales actuelles, mais cette fois ce sont les étudiants eux Figure 7 : Jorge González Camarena, fragment de murale “Presencia de América Latina”, Université de Concepción, 1965 mêmes qui y peignent. La deuxième vague n’est autre qu’une solidarité ouvertement exprimée au nom du Mexique pour le Chili avec l’envoi d’Artistes muralistes pour restaurer l’édifice de l’Université de Concepción. La contribution de Jorge González Camarena à travers sa murale « Presencia de América Latina »134 en 1965 rend hommage à l’ethnicité partagée des peuples Latino-Américains. Alors finalement que traduisent ces évènements ? Tout d’abord, sur une temporalité plus longue, le Muralisme mexicain se perpétue officiellement jusqu’au milieu des années 1970. Mais en vérité la portée de ce Mouvement transcende les décennies jusqu’à nos jours. Pour ne citer que trois grands graffeurs mexicains, le trio en « S » : Smithe, Sego et Saner ont cultivé et nourri leur réflexion autour du Muralisme mexicain avec pour préoccupation de garder une identité latine, bien sûr cette fois en dehors des édifices, privilégiant les rues comme terrain de « luttes ». Pour illustrer notre propos, la murale réalisée par les soins de Decreto 331 exento, Fecha Publicación: 04/06/2004, Fecha Promulgación: 20/05/2004, ministerio de educación, declara monumento histórico los murales de la escuela México, ubicada en la comuna de Chillán, provincia de Nuble, VIII Región del Biobío, Inicio Vigencia: 04/06/2004, Id Norma: 226052 URL: http://www.leychile.cl/N?i=226052&f=2004-06-04&p= 132 Seulement trois murales sont peintes dans la « Cité des Enfants »: « Ciudad de los Niños ». 133 L’Enseignement du Muralisme est énoncé dans les programmes scolaires à partir de 1984. Voir : Decreto 3 exento, Fecha Publicación: 30/01/1984, Fecha Promulgación: 11/01/1984, Ministerio de educación pública modifica decreto supremo exenton°300, de 1981, Inicio Vigencia: 30/01/1984, Id Norma: 7280 URL: http://www.leychile.cl/N?i=7280&f=1984-01-30&p= 134 Traduction : « Présence d’Amérique Latine ». Voir Biographie en annexe p.191. 44 Saner intitulée « La Conquista »135, jouant sur les mots de la séduction et de la subordination entre l’envahisseur et l’indigène, reflète sans controverse l’apport du Muralisme mexicain pour la cause. D’un point vu contextuel et historique, les années 1940 sont marquées par la Seconde Guerre Mondiale avec l’entrée en guerre des Etats-Unis, le Mexique se ralliant aux côtés des Alliés en 1942. La position des USA n’est alors pas en mesure de se déclarer comme super puissance mondiale, ou du moins comme garant de la paix mondiale. En revanche, dans les années 1960, le contexte se durcit avec les puissances de l’Est et la Guerre Froide. Les années 1960 décrivent une période de tensions idéologiques, c’est aussi la montée du Parti Radical au Chili. Cette deuxième vague d’Artistes mexicains au Chili ne serait-elle pas une prise de position artistique et politique ? La figure de l’envahisseur demeure celle du colon européen à cet instant et toutes autres interprétations seraient sans doute fortuites. En tout état de cause, la solidarité exprimée du Mexique envers le peuple Chilien est un signal cherchant à ranimer cette identité latino-américaine, il ne reste alors plus qu’à donner une identité chilienne au propre comme au figuratif. 2) LA VOIE CHILIENNE AU MURALISME « Il m’apparaît que la chose la plus importante dans le contexte chilien actuel est que l’Artiste sorte dans la rue. Qu’il sorte dans la rue de manière humble. Parce que ce n’est pas nous qui allons mettre en place cette nouvelle idéologie: elle viendra d’en dessous »136 Roberto Matta137, une fois le Président Salvador Allende élu en 1970. La différence fondamentale entre le Muralisme Mexicain et le Muralisme Chilien se situe dans l’espace monopolisé. Tandis que le premier s’inscrit dans un huis-clos étatique sartrien, privé du grand nombre et livré à la démonstration du pouvoir en place. Le second Mouvement lui se « métamorphose » de façon bien plus kafkaïenne, dans un espace ouvert au public s’alignant toutefois en accord avec les idéologies respectives des partis politiques. Le Muralisme mexicain était un espace artistique dépendant du pouvoir car représenté en ces lieux mêmes. En optant pour la rue comme terrain de communication ou de propagande politique, le Muralisme chilien entre en dialogue avec « le peuple » si l’on se base sur les 135 Traduction : « La conquête ». Réalisée au Festival de Fleury-les-Aubrais en Mars 2013, France. Photo disponible sur: http://thecitylovesyou.com/urban/saner-nuevo-mural-en-francia/ , consulté le 3 mai 2013 136 Traduction à partir de: “A mí me parece que lo mas importante en el contexto de Chile, en el momento en que estamos, es que el artista salga a la calle. Que salga a la calle en una forma simple. Porque no somos nosotros los que vamos a hacer aparecer esta ideología nueva: va a venir de abajo” 137 Architecte, peintre, philosophe et poète chilien (1911-2002). Voir Biographie en annexes p.192 45 discours officiels de l’époque. C'est-à-dire les riverains, les passants et les citadins apercevant ces murales. Au-delà du « peuple », ce terrain est soumis à de nouvelles contraintes telles que la visibilité, l’usure du temps et à la compétition intrinsèque entre les « brigades muralistes ». Ces dernières naissent au Chili dès mai 1963, lors des campagnes présidentielles opposant le parti Démocrate Chrétien représenté par Eduardo Frei et la coalition de gauche du Front d’Action Populaire 138 impulsée par Salvador Allende, membre du parti Radical. En s’appuyant sur le registre photographique d’Ebe Bellange139, nous nous plaçons bien dans les débuts d’un mouvement difficilement perceptible par son hétérogénéité. Les brigades ou « groupes anonymes » s’entremêlent dans l’espace urbain. L’appartenance à une idéologie dépendant des partis politiques demeure incertaine, bien que certaines murales appuient leurs messages en faveur de la « lutte des classes ». Quant aux brigades muralistes, elles sont les pendants de l’idéologie de leur parti politique respectif. Elles ont pour rôle d’informer, de sensibiliser voire de mettre en place une propagande politique touchant les populations les moins averties ou désinformées dans leur vie quotidienne de la situation politique. Elles contribuent à politiser l’espace public et urbain. D’ailleurs, comme le signale Mono González, co-fondateur de la brigade Ramona Parra, à une époque où les médias de communication étaient d’accès limités, « le mur était comme une ardoise, le journal quotidien ou la télévision, il était le média du peuple »140. La fonction première des brigades est l’information accessible à tous et pour tous. Et ce n’est donc pas par hasard que, toujours selon ses propres mots, c’est « la une du journal quotidien comme modèle qui oriente l’information »141 dans les rues. Cet engagement est à ses prémices un Mouvement clandestin. La compétition entre les brigades durant cette élection présidentielle est si passionnée dans les rues qu’elle entraîne sa légalisation en 1964 avec la permission du Maire Socialiste de Viña del Mar, sympathisant des partisans d’Allende142. Cette bataille politique se déracinant dans les rues, connue sous le nom de « Bataille de l’Avenue d’Espagne »143 à Valparaíso, est principalement alimentée par une propagande textuelle 144 . Mais l’image, comme objet de communication à des fins 138 139 FRAP: “Frente de Acción Popular”: Front d’Action Populaire. BELLANGE, Ebe, op.cit., 1995, pp. 45-54 140 RIVADENEIRA, Piedad (Dir. Art), Cartel Chileno 1963-1973, Ediciones B, Santiago de Chile, 2004, 111p. Traduction p.7 à partir de: « En una época en que los medios de comunicación eran de limitado acceso « el muro era como la pizarra, el diario o la televisión, era el medio de comunicación del pueblo» ». 141 RIVADENEIRA, Piedad (Dir. Art), ibid., 2004, 111p. Traduction p. 7 à partir de: « el titular del diario como pauta que orienta la información ». 142 PALMER, Rodney, op.cit., 2008, p.8 143 PALMER, Rodney, ibid., 2008, p.8 144 CASTILLO ESPINOZA, Eduardo, Puño y Letra, Movimiento social y comunicación grafica en Chile, Ocho Libros editores, (3ème édition), colección patrimonio histórico y memoria visual, Chili, 2010: Voir le témoignage de Daniel Bahamondes, membre des jeunesses communistes de Valparaíso, p.77 46 politiques, s’immisce dans le paysage urbain avec l’utilisation de murales à grande ampleur telle que le long du Rio Mapocho à Santiago en 1964. Avec toute cette ébullition, il paraît presque dérisoire de commenter l’engagement citoyen des membres des brigades muralistes pour l’idéologie de leur parti politique. Ces brigades ne se concentrent pas uniquement autour du parti Démocrate Chrétien, la brigade Hernan Mery, ou celle du Parti Communiste, la Brigade Ramona Parra. En fait, il existe par extension au phénomène, de nouvelles brigades qui apparaissent dans le paysage politique : la Brigade Inti Peredo du nom d’un militant socialiste (1937-1969), la Brigade Roberto Matus du « Front Nationaliste Patrie et Liberté » jaillissant avant l’arrivée du Régime Autoritaire, la Brigade Elmo Catalán 145 du Parti Socialiste créée après 1970. La prolifération de brigades muralistes vit son apogée, du moins pour celles de « gauche », au moment de l’élection de Salvador Allende en 1970. Avec l’appui du gouvernement, la participation du « peuple » à peindre la lutte socialiste dans les rues est vivement encouragée 146 . Dans ce contexte, le perfectionnement esthétique contribue au message adressé par le gouvernement. Finalement, le Mouvement artistique naissant devient dépendant de l’idéologie du pouvoir en place encore une fois, mais cette fois dans l’espace urbain. Cette « liberté » est influencée par plusieurs facteurs couvant depuis déjà plusieurs années : l’influence de la Révolution Cubaine en 1959 et de l’imagerie de l’Affiche 147, la montée du « Pop Art » 148 avec la sérigraphie aux Etats Unis et en Europe, l’industrie du disque ainsi que ses pochettes d’album et, hypothétiquement, à travers les manifestations étudiantes en 1969 tourmentant le contexte politique français. Ces paramètres élucident l’effervescence de cette période courte mais intense en terme de diffusion de l’Art Urbain chilien. La naissance du Muralisme chilien prend un tout autre tournant lorsque pour la première fois la BRP décide de peindre un « personnage » appuyant le texte peu après l’élection du Président en 1970149. Un an après, il est à noter la contribution de Roberto Matta, auprès de la BRP réalisant une fresque de 24 mètres de large et de 5 mètres de haut intitulée « El gol del pueblo chileno150 » en commémoration du premier anniversaire de l’élection de Salvador Allende. Les brigades fonctionnent sur une base collective où chacun trouve son rôle. 145 146 Se reporter au Glossaire en annexes p.178 Le gouvernement Allende va jusqu’à offrir des « vacances » à des familles de Santiago pour aller peindre des murales le long de la côté, dans la région de Valparaíso. 147 Plus de détails : RIVADENEIRA, Piedad (Dir. Art), op.cit., 2004 Ou: VICO, Mauricio & OSSES, Mario, op.cit., 2009 148 Selon : PALMER, Rodney, op.cit., 2008, p.11 Selon: RIVADENEIRA, Piedad (Dir. Art), ibid., 2004, p.5 L’influence da la pochette de la chanson “Yellow Submarine” des Beatles a inspirée le design de la BRP. Les pochettes d’albums de la « Nueva Canción Chilena » avec pour premier groupe Quilapayun témoignent de ce constat d’évidence. 149 Selon CASTILLO ESPINOZA, Eduardo, op.cit., 2010, p.112 150 Traduction : « le but du peuple Chilien » 47 Elles projettent un message tout aussi « collectif », voire démagogique s’adressant au « peuple ». Le fil conducteur est donc du collectif au collectif. Et c’est ainsi que leurs influences se répandent sur tout le Territoire chilien151. Cependant, sans reprendre le concept « d’Histoire décadente »152, il faut reconnaître que l’arrivée au pouvoir du Général Pinochet en 1973 porte à défaut le mouvement Muraliste chilien. Litote anecdotique s’étendant sur près de dix-sept années. 3) L’ENTREE SOUS SILENCE : REGIME AUTORITAIRE ET CLANDESTINITE Le coup d’Etat du 11 septembre 1973 modifie considérablement la donne vis-à-vis de l’Art Urbain, et sur bien d’autres points d’ailleurs, limitant et même interdisant la participation politique des partis d’idéologies socialiste et marxiste principalement: en pleine période de Guerre Froide, la liberté d’expression chilienne est sous stricte contrôle de l’appareil étatique. Dans ces conditions difficiles pour les opposants au Régime, une diète drastique coupe l’appétit des manifestations visuelles citadines. Deux options s’offrent aux « partis politiques » antagonistes au nouveau pouvoir, mais aussi au citoyen chilien lui-même: la lutte dans la clandestinité ou l’exil (forcé ou volontaire). Un choix complexe pour les membres des brigades muralistes dans la mesure où être interpellé en train de peindre ou de placarder des affiches de propagande signifie l’exécution sommaire. Tout comme les partis politiques opposants, les brigades muralistes sont démantelées. Cependant, elles ne disparaissent pas totalement du paysage urbain malgré les risques que cela comporte. Cette minorité subreptice se donne les moyens pour se rendre visible aux yeux des passants. Les conditions de survie amènent à repenser l’activité même des muralistes en regard à l’efficacité et la vitesse d’agissement. Rappelons-le, un couvre-feu est instauré limitant considérablement les déplacements nocturnes. Ainsi, les brigades muralistes totalement désarticulées se recomposent en cellules clandestines avec pour objectif de clamer la liberté d’expression du peuple Chilien. Comme l’explique l’auteur Eduardo Castillo 153 pour le cas de la BRP, les publications clandestines se décomposent en plusieurs étapes : « la machine à écrire, de forme 151 PALMER, Rodney, ibid., 2008, p.11. L’Historien de l’Art Rodney Palmer comptabilise près de 120 BRP présentent sur tout le Territoire chilien en 1970, 152 Théorisé par l'Historien britannique Edward Gibbon sous le titre « Decline and Fall of the Roman Empire », publié entre 1776-1788. 153 CASTILLO ESPINOZA, Eduardo, op.cit., 2010, Traduction p.138 à partir de: “escritos a máquina, de forma similar a las cadenas populares; impresos en mimeógrafo; impresos en Multilith. La reproducción vía fotocopiadora, entonces en temprano uso, estuvo lejana dado su costo inicial con la relación al mimeógrafo, además de un alto riesgo determinado por la escasez de dichas maquinas y el depender de terceros para la impresión de propaganda prohibida” 48 similaire aux chaînes de montages populaires ; les imprimés en miméographie154 ; imprimés en Multilith155. La reproduction via les photocopieurs, alors d’usage récent, le coût initial était bien plus coûteux vis-à-vis de la miméographie, en plus d’un risque soutenu au vue des déficiences de ces machines et de la dépendance d’un tiers pour l’impression de propagande interdite ». Les premières réactivations du processus de conquête de l’espace urbain sont donc le fait de prospectus et d’affiches distribuées ou plutôt déposées dans des endroits stratégiques de transit. En aparté, un détail retient notre attention, cette utilisation de la miméographie se servant de la technique du pochoir permettant l’impression plus rapide. C’est un élément que nous rencontrons en parallèle avec l’apparition des Mouvements « undergrounds » de la jeunesse citadine avec le rock, le punk et conjointement les cultures anarchiques utilisant le « Stencil »156 comme medium. Ces groupes sociaux distincts dans leur identité culturelle voire idéologique évoluent parallèlement et sans relations poussées avec les brigades muralistes. Selon Francisco Fabrega 157 , « Nous sortions peindre plus que tout par divertissement et satisfaction personnelle. C’était une façon de nous faire entendre et d’être vus à travers l’obscurantisme prépondérant. Là, où rien ne se passait. Ce qui arrivait, venait des organisations politiques clandestines (Jeunesses Communistes, le Front Patriotique Manuel Rodriguez, le MAPU Lautaro158, l’Association Culturel Universitaire, etc...) auxquelles nous ne participions pas et dont on se foutait. Nous croyions au pouvoir de laisser une marque sur les murs, qui ne soit ni une consigne pour ou contre… Qu’elle soit la base iconographique de quelque chose de nouveau. Nous étions plus proches des « Sex Pistols » que du « Canto Nuevo »159. Tout se qui se concoctait depuis la fin des années 1970, nous paraissait bien plus intéressant que les lamentations et l’auto-flagellation d’avant Dictature, ennuyantes, violentes et célèbres pour ses décérébrés… ». Le témoignage démontre ainsi l’isolement de ces contrecultures naissantes sur la période mais aussi sa distanciation avec la culture Hip Hop chilienne 154 155 Le miméographe est un duplicateur à pochoir. Petite machine à écrire. 156 Se reporter au Glossaire en annexes p.187 157 CAMPOS, Edwin, MELLER, Alan (textos), op.cit., 2007, Traduction p.15 à partir de: « Salíamos a pintar más que nada por entretención y satisfacción personal. Era una manera de hacernos oír y ver a través del oscurantismo imperante. Donde no pasaba nada. Lo que pasaba era a través de organizaciones políticas clandestinas (JJCC, FPMR, Lautaro, ACU, etc...) de las que no participábamos y no estábamos ni ahí. Creíamos en el poder de dejar una marca en los muros, que no fuera la consigna pro o contra… Y que si fuera la base iconográfica de algo nuevo. Estábamos más cerca de Sex Pistols que del Canto Nuevo. Todo lo que se cocinaba desde fines de los setenta, nos parecía mucho más interesante que el lamento y el autoflagelamiento ante una dictadura fome, violenta y dirigida y celebrada por descerebrados… » 158 Section la plus radicale du Mouvement d’Action Populaire Unitaire, ayant recours à l’action vio lente contre le Régime. 159 Mouvement musical suivant la « Nueva Canción Chilena » s’inspirant du folklore chilien. 49 dans les années 1980 de par son identité musicale. En 1983, le groupe « CADA » installe au niveau du Rio Mapocho un énorme tissu qui disait « NO+ » avec un pistolet pointé vers le spectateur. Le premier groupe de stencil chilien n’était pas d’inspiration Hip Hop, mais plutôt punk160. Malgré des interventions ponctuelles et chirurgicales en plein Centre-ville de Santiago, de groupes autonomes ou des brigades muralistes, le mouvement contestataire « artistique » est un phénomène provenant des périphéries, là où le contrôle étatique est plus difficile à instaurer. La porosité de la censure politique dans ces zones en marge laisse des espaces de « liberté » plus amples pour les brigades muralistes. C’est bien ce que démontre l’auteur Eduardo Castillo161 avec la réactivation des brigades, en particulier la BEC et la BRP, dans ces zones sur la décennie 1980. Sur ce point, une collection de photographies vient d’être mise en ligne à travers le site de l’Université d’Harvard 162 et nous nous permettons de suggérer celui-ci pour toutes informations visuelles durant cette période. Cette recompilation de murales entre 1983 et 1990 est un outil précieux démontrant la continuité ou du moins la résurgence des brigades muralistes sur la « seconde période » de la Dictature, c'est-à-dire, au moment où les contestations sociales se restructurent autour des étudiants, des travailleurs, des syndicats et des organisations politiques163. Finalement, nous l’énoncions en début d’argumentation, l’exil « choisi » par une partie des opposants au Régime n’est pas un facteur à omettre dans l’élaboration contestataire et plastique de l’Art Urbain Chilien. La contribution des exilés politiques à travers la sensibilisation et la dénonciation au niveau mondial du Régime autoritaire permet de donner une nouvelle impulsion dans l’imagerie et l’imaginaire collectif chilien. Au-delà de la profusion d’affiches et de posters créés en solidarité pour la défense des droits des citoyens 160 Voir : CAMPOS, Edwin, MELLER, Alan (textos), ibid., 2007, p.15 « Colectivo Acciones de Arte », Premier groupe stenciliste chilien avéré évoluant entre les années 1979-1985. Composé de l’écrivain Daimela Eltit, du poète Raul Zurita, des Artistes visuels Lotty Rosenfeld et Juan Castillo ainsi que du sociologue Fernando Balcells. Voir aussi l’étude de cas de CANDIA GAJA, Paulina & RODRIGUEZ ESPINOLA, Amanda, Graffiti como manifestación de disidencia en América Latina, Cultura, identidad y diversidad en América Latina, Universidad Iberoamericana, México, 2011, pp.11-14 161 CASTILLO ESPINOZA, Eduardo, op.cit., 2010, Voir les chapitres “El regreso al entorno urbano”, “Brigada Elmo Catalán: secunda época” et “Brigada Ramona Parra: secunda época ”, pp. 146-155 162 Un travail d’Andrés Romero Spethman : http://hcl.harvard.edu/collections/digital_collections/chile_murals.cfm, consulté le 17 avril 2013 163 De même, nous recommandons pour cette période le travail de recherche de : MORALES YEVENES, Pedro, « Todos los Colores contra el Gris: experiencias muralistas bajo la hegemonía militar. Espacios ganados y en tránsito hacia el nuevo orden democrático (1983-1992) », Profesora Guía: NICHOLLS LOPEANDIA, Tesis para Optar al Grado de Licenciado en Historia, Escuela de Historia, Mención Estudios Culturales, Universidad Académica de Humanismo Cristiano, Nancy, Santiago, 2011, 145p. 50 Chiliens et dénonçant les abus du Régime164, les brigades muralistes chiliennes s’exportent en Europe. Ainsi dès 1974, les exilés opposants au Régime se regroupent dans des structures similaires dans leur pays d’accueil. D’une certaine façon se créent des « Communautés Transnationales » dans ces pays, préservant une nostalgie mélancolique des années Allende et se souciant des proches délaissés dans leur pays natal. Ces groupes forment des relais intermédiaires entre la population vivant au Chili et leur pays d’accueil. Bien mieux informés, ils se révèlent d’autant plus des moyens de pression au niveau de la scène internationale pour dénoncer les crimes et répressions commis durant cette période. En France apparaissent les Brigades de Peintures Murales, la Brigade Pablo Neruda165, la Brigade « Venceremos », en Allemagne les Brigades Salvador Allende et beaucoup d’autres brigades encore dans les autres pays européens… Leur poids, porté par une génération d’Artistes chiliens de renoms tels que Guillermo Nuñez, José Garcia, José Balmes mais aussi avec le soutien de groupes musicaux tels que Quilapayun, Inti Illimani ou encore Isabel Parra, est conséquent car il se révèle le parfait instrument d’information et de diffusion à l’échelle globale. La création de Musées « ambulants » de la Solidarité à Salvador Allende, réactivée dès 1975 à l’étranger166, donne une couleur à la « résistance ». Finalement, en 1991, à l’issue de la Dictature le Musée de la Solidarité Salvador Allende expose au sein même du Musée de Bellas Artes à Santiago167, mettant fin à cette période douloureuse et préparant le retour d’une partie des exilés Chiliens dans leur pays. Un retour d’exil qui n’est sans doute pas innocent dans l’importation de nouvelles informations sur le phénomène Hip hop au Chili avec les bagages culturels occidentaux atterrissant dans un pays à réinventer politiquement mais aussi culturellement. B] DU POP ART AU HOP ART: UNE RUPTURE IDEOLOGIQUE ? Déterminer l’apparition exacte de la culture Hip Hop sur le Territoire chilien reste du domaine de l’hypothétique et du mystère aussi bien pour les chercheurs que les graffeurs euxmêmes jusqu’à nos jours. Une enquête approfondie avec des témoignages et des sources 164 VICO, Mauricio & OSSES, Mario, op.cit., 2009, pp.180-209. Pour cela s‘en remettre au Chapitre 3 “ El cartel del exilio, un grito en la pared ” Il ne faudrait cependant pas minimiser l’apport du Cinéma, de la Littérature, de la Photographie, du Théâtre et de la Musique dans la construction protestataire en exil. 165 Existant aussi en Hollande, en Italie, Espagne. 166 En France, le Musée est ouvert au public en 1977 durant le Festival International du Théâtre de Nancy. 167 Voir AGUIRRE Estela, CHAMORRO, Sonia, “L” Memoria grafica del Exilio Chileno 1973 -1989, edición ocho libros editores, Santiago, 2009, pp. 124-129 Une exposition avec pour exposants Lautaro Labbé et Guillermo Nuñez refait surface le 21 avril 2013 au Musée de la Solidarité Salvador Allende revenant sur l’Art sous la Dictature. 51 visuelles (vidéo et photographies), que nous n’avons pas la prétention de réaliser pour cette période, serait d’un grand secours afin de comprendre le passage de la fin de la Dictature aux balbutiements du processus démocratique168. Pour faciliter notre démonstration, nous posons alors comme bornes chronologiques : 1986-1998169. En tentant de faire corréler nos sources et témoignages avec la temporalité des évènements, nous nous nourrissons bien plus d’interrogations que de conclusions définitives. D’où notre questionnement: « Du « Pop Art » au « Hop Art » : une rupture idéologique ? ». 1) DES ETATS UNIS AU CHILI, LE HIP HOP FAIT SES PREMIERS « STEPS »170 Au Chili, il existe peu de sources sur ces premières années d’assimilation de la Culture Hip Hop étatsunienne pourtant déployée aux quatre coins du monde à travers son rayonnement culturel dans les années 1980. Le premier documentaire sur la culture Hip Hop, reconnu par le grand public et plus précisément par les « Hiphoperos »171 au Chili, est réalisé en 1986 par un groupe de journalistes pour la revue Analasis172. Le titre « Estrellas de la esquina, Break Dance Chile », « Les étoiles du coin de rue, Break Dance Chili » en français, s’intéresse de plus près aux break danseurs chiliens. Cependant, il se soucie aussi des autres disciplines du Hip Hop avec le rap, le beat box, le graffiti et même le style vestimentaire avec des explications sur les « sneakers » et les lacets173. Le reportage-documentaire commence ainsi avec la parole d’un « Hiphopero »: « L’origine vient de la répression des latinos aux Etats-Unis […] il possède la force, il détient le Mouvement, il a l’énergie des noirs »174 en 168 Cela dit l’ouvrage de YUTRONIC, José & PINTO, Francisco, El Libro del Graffiti Chileno, Parpedés Editores, Santiago de Chile, 2005, 199p. apporte de précieuses informations sur les débuts du Graffiti au Chili. 169 Nous expliquons notre choix dans le développement de cette partie. 170 Sous-entendu « pas » de danses. 171 Les personnes baignées par la Culture Hip Hop au Chili. 172 MORENO, Rodrigo, Colectivo Teleanálisis (Prod.), Estrellas en la esquina (Break Dance Chile) documentaire couleur pour la revue Análisis, durée 26 minutes, Chili, 1986 La revue télévisuelle était en charge de tourner des images de la réalité sociale du pays, des manifestations, grèves, marches sous la Dictature. Cela en toute illégalité. Le documentaire a pour mérite de rendre compte du mouvement Hip Hop dans sa globalité, en alimentant la bande sonore de tubes de rap américains contemporains aux faits. Le documentaire refait surface dans les années 1994 au Chili. Nous recommandons ce site web pour visionner le document et s’informer plus en détails sur les origines du Hip Hop Chiliennes: http://chileviejaescuela.blogspot.com , consulté le 18 avril 2013 Selon YUTRONIC, José & PINTO, Francisco, op.cit., 2005, p.11 : Il est fort probable que la culture Hip Hop fût déjà présente au Chili quelques années auparavant. Comme le signale l’influence des films Nord Américains « Breaking » et « Beat Street » dès les années 1983 ayant pu être visionné sur le territoire chilien. 173 Pour plus d’informations sur la culture « sneakers », nous recommandons le documentaire: De LONGEVILLE, Thibault et LEONE, Lisa, Sneakers le culte des baskets, documentaire couleur, France, 1h03, 2005 174 Traduction à partir de: « El origen viene de la represión de los latinos en los Estados Unidos […] tiene fuerza, tiene movimiento, tiene energía de los negros ». 52 parlant du break dance. La phrase en elle-même n’est pas anodine et surprend par la compréhension même du mouvement Hip Hop étatsunien importé au début des années 1980 au Chili. C’est avec un certain sentiment de solidarité envers les minorités « latinos » et noirs aux Etats Unis qu’il exprime précisément ce Mouvement naissant en marge de la Société, porté par les exclus du Système Capitaliste, responsable de la montée de l’individualisme contemporain. Si l’émergence de la Culture Hip Hop au Chili fût envisageable, c’est sans doute grâce au sentiment d’identité partagée d’une ségrégation sociale des Centres vis-à-vis des périphéries dans les villes. Au Chili, le critère racial n’est pas mis en avant, la ségrégation se justifiant bien plus sur une grille socio-économique. Ceux que l’Historien Gabriel Salazar dénomme alors comme les « huachos »175, les gens vivant en marge des villes, défavorisés socialement et économiquement. Le documentaire suit ces jeunes issus non pas des « banlieues » ou « ghettos » de Santiago mais plus des « poblaciones », culturellement parlant. Comme l’explique un jeune, se rendant dans le Centre-ville pour danser du break dance avec ses comparses, lui, vient de la Renca mais d’autres groupes viennent de San Miguel, la Granja, Maipú 176…, des secteurs isolés du Centre-ville de la Capitale. Les travaux de Sébastian Cuevas, proposant une cartographie de 50 lieux différents de Santiago où apparaissent le mouvement Hip Hop et Graffiti, présentés lors d’une conférence pendant le Festival « Hecho en Casa » en novembre 2012177, permettent de comprendre la dynamique du Mouvement allant des périphéries vers le Centre. Les points de rendez-vous du Hip Hop se concentrent alors dans les places centrales de Santiago (Avenue Portugal avec Ahumada, place Bombero Ossa et le Paseo San Augustin) pour partager une Culture quasi méconnue de tous. Durant les années 1980, l’accès à l’information est fortement restreint par le contexte politique ainsi que par l’absence d’outils de communication tels que nous les connaissons aujourd’hui. De ce fait, les prémices sont notables de par la transposition d’une Culture venant des Etats Unis, calquant cette dernière tout en devant la fantasmer avec les moyens disponibles de l’époque. Le Graffiti passe alors en arrière plan de la Culture Hip Hop chilienne dans ses premiers temps, apprenant les bases du tag et son évolution avec le « flop ». 175 176 Se reporter au Glossaire en annexes p.183 Selon YUTRONIC, José & PINTO, Francisco, ibid., 2005, p.21. Le Mouvement s’étend aussi dans les “poblaciones” de la Florida, Cerro Navia, principaux foyers du Hip Hop. 177 Conférence “la Ciudad como soporte expresivo”, organisée par le Festival Hecho en Casa, ARAVENA, Pablo y CUEVAS, Sebastián (Galería Bomb!), Centre Culturel Gabriel Mistral, Santiago, 23 Novembre 2012. Enregistrement audio personnel. 53 Tandis qu’à la sortie de la Dictature, les pionniers du rap chilien 178 tels que « Panteras Negras » au côté de la « Pozze Latina »179, éclatent au grand jour avec l’industrie du disque, le Graffiti reste bien plus marginalisé n’ayant pas été relayé par les images vidéo ou les musées. Ces premiers groupes de rap parlent de la marginalisation dans les « poblaciones », ils se font les porte-paroles des « éloignés du centre » 180. Seulement, il s’agit d’une contreculture encore très marginalisée et minoritaire ne jouant pas de rôle décisif sur l’échiquier politique durant la Dictature, ni même pendant les premiers temps de la Concertation. Phénomène intéressant lorsque sur le plan politique, ces années témoignent des premières contestations ouvertes contre le Régime en 1983, puis de la constitution d’un « Accord National » entre les partis politiques et le Régime vers 1985 préparant au processus de Transition politique. Finalement, cette absence de revendications politiques du Mouvement Hip Hop est due à son apprentissage et à son temps nécessaire de maturation. Contestataires certes, mais influents pas encore: Le Hip Hop et le Graffiti ne font alors que leurs premiers pas dans l’espace urbain. 2) LE GRAFFITI CHILIEN FAIT LE MUR, SECONDE MOITIE DES ANNEES 1990 En se fondant sur les témoignages laissés par la première génération de graffeurs chiliens, du moins celle qui formera la « Vieille école », et selon le livre du Graffiti Chilien181, on s’aperçoit que les dates des premiers graffitis, respectif à chacun, apparaissent au milieu-fin des années 1990 (Aislap, Alme, Cub2, Derick, Fisek, Grin, Hasco, HES, Saile, Siete Ocho, Zesak182), sauf exception faite de Cekis en 1992. Et ce n’est sans doute pas un hasard si ce dernier demeure « Le » référent du graffiti chilien183 de nos jours pour ce qu’il a apporté au Mouvement avec la création de la boutique Hip Hop « Otra Vida »184 en 1998, lieu de connaissance et de partage de la Culture Hip Hop ouvert à tous durant un temps. Alors 178 Selon GARCES, Mario, DELANO, Poli, GONZÁLEZ, Valentina, QUINTANA, Katia, BADE, Gabriela, Nosotros los Chilenos, n°5, “El mundo de las poblaciones”, LOM ediciones, Santiago, 2004, p.66 Kiruza serait officiellement le premier groupe de rap au Chili. Il intègre le rappeur Pedro Foncea, futur vocaliste du groupe Panteras Negras de la « población» Huamachuco, quelques années plus tard. 179 Selon GARCES, Mario, DELANO, Poli, GONZÁLEZ, Valentina, QUINTANA, Katia, BADE, Gabriela, ibid., Santiago, 2004, p.66 En 1990, la naissance du groupe se compose de trois fils chiliens qui vivaient à l’étranger, deux desquels sont fils d’exilés. 180 Titre de l’album des Panteras Negras en 1991 : « Lejos del Centro » 181 YUTRONIC, José & PINTO, Francisco, op.cit., 2005. 182 Rajoutons Agotok, Elodio, Exelik, Horate, Nebs Pereira, Simpson, Vazco dans cette liste non exhaustive. 183 Voir: YUTRONIC, José & PINTO, Francisco, ibid., 2005, p.18 Faisant parti du crew « Niños Con Spray » (NCS), « Enfants avec Spray ». D’autres crews existent sur cette période : “Bola Ocha”, “Los Araya Homies Clan”, “Obsesión Diaria Critica” (ODC), “Deskisiada Vida Escritora” (DVE) 184 Traduction : « une Autre Vie ». Se reporter au Glossaire en annexes p.185 54 quels sont les facteurs ayant permis cette remarquable ascension du Graffiti dans le paysage urbain de Santiago? Comme nous le signalions à travers la création de la boutique « Otra Vida », un marché du Graffiti s’ouvre sur le Territoire chilien sous entendant la Culture Hip Hop comme une culture « rentable », une clientèle spécifique s’y intéressant 185. Ce facteur économique n’est pas à négliger dans la mesure où dès les années 1990, tout comme le groupe de rap américain « Run Dmc » traite de son addiction pour la marque de baskets Adidas en 1986186, la marque Reebok finance les graffeurs du « crew » 187 Rick et Cool Style 188 pour la réalisation d’un graffiti publicitaire d’inspiration Nord-Américaine à Santiago. Premiers contacts avec les bombes aérosols ou « spray » spécifique à la Culture Graffiti. Le marché alimente aussi l’industrie du rap chilien avec l’intervention de graffiti dans les clips mêmes tel que le titre « Comunicando » en 1999 cherchant à donner une valeur communicative au Graffiti 189 . Alors que la Culture Hip Hop s’identifiait par ses racines Nord-Américaines comme contestataire d’un système, elle devient de même au Chili un nouveau marché destiné à la jeunesse. Deuxième facteur à prendre en considération, le rayonnement culturel de la Culture Hip Hop grâce aux nouvelles technologies et à « l’ouverture » des frontières permettant les échanges. Tout d’abord, les chaînes de télévision commencent à diffuser des programmes traitant de la Culture Hip Hop tels que « Extra Jóvenes » ou « Sábado Gigante »190 durant ces années. Mais, à cet instant, l’information circule principalement par le « bouche à oreille ». Un des facteurs conjoncturels donnant une nouvelle dynamique passe dans un premier temps par les séjours au Brésil d’une minorité de graffeurs chiliens au début des années 1990 191. Les graffeurs brésiliens possèdent comme léger avantage d’avoir été plus vite informés de l’émergence de la Culture Hip Hop grâce entre autre au passage de l’artiste Barry Mc Gee, venant de San Francisco, voyageant à São Paulo en 1993. De plus, l’influence du « pixação » donne déjà des pistes d’identité propre au Graffiti Brésilien. Ensuite l’arrivée de graffeurs 185 186 Particulièrement une partie de la jeunesse. Single « My Adidas ». 187 Se reporter au Glossaire en annexes p.180 188 Voir : YUTRONIC, José & PINTO, Francisco, ibid., 2005, p.18 189 Vidéo clip: http://www.youtube.com/watch?v=KvgzNp9o_oQ, consulté le 19 avril 2013 190 Voir ORTIZ RUIZ, Felipe Andrés, “Del muro al Pizarrón, una mirada al graffiti chileno ”, thèse pour opter au titre de dessinateur graphique, dirigée par VICO SANCHEZ, Felipe, escuela de diseño, facultad de arquitectura y urbanismo, Universidad de Chile, Santiago de Chile, 2009, p.13 191 FIGUEROS IRRARAZABAL, Gricelda, Sueños enlatados: El graffiti Hip hop en Santiago de Chile, Editorial Cuarto Proprio, Santiago, 2006, pp. 214-217 De même, selon la chronologie, en 1991, des graffeurs brésiliens sont invités au Chili pour une rencontre de Hip Hop à Los Morros. 55 brésiliens sur le Territoire chilien tels que Binho ou Os Gêmeos 192 crée une vague d’enthousiasme avec l’apport de nouvelles techniques Graffiti. Le graffeur chilien Exelik nous conte cette venue inopinée: « En plus de cela, cette année vinrent Os Gêmeos et j’étais impatient. Je suis allé les voir peindre et j’en suis resté abasourdi. Je m’inspirai énormément d’eux et à partir de là ça a commencé à fomenter »193. Cet évènement se déroule en 1997 sous le nom de Festival Métropolitain de Hip Hop. Quelques années auparavant, les premières rencontres nationales de Hip Hop ont un retentissement sans précédent en passant par la station Mapocho, lieux de foisonnement de cette Culture comme l’explique le graffeur chilien Nebs Pereira : « En 1995, la scène du Hip Hop au Chili était en train de prendre une ampleur, c’était un Mouvement qui chaque fois s’imprégnait de plus en plus dans l’esprit de chacun. Le lieu crucial était la station Mapocho, où se réunissaient tous les rappeurs de Santiago pour partager leur passion du rap. Les Mc’s, les B-boys, les graffeurs, remplissaient tout et retournaient les murs avec énergie »194. Le Graffiti s’émancipe dans l’espace urbain chilien pour la première fois, « rivalisant » désormais avec les brigades muralistes. 3) CONTINUITES ET RUPTURES: LE DEBAT ENTRE MURALISTES ET GRAFFEURS 195 Notre dernier point résulte d’un débat animant les recherches entre la cohésion des Mouvements muralistes avec celui des graffeurs dans l’espace urbain durant ces années. Peuton parler d’une transmission de savoir, d’une continuité idéologique et artistique ou d’une « fracture » temporelle ? Parallèlement, il est intéressant de comprendre la dynamique de « distanciation » des brigades muralistes dans l’espace urbain. Nous avançons comme hypothèse une perte de repères de ces dernières durant la période s’étendant entre la fin de la Dictature et le début des années 2000. En effet, la bataille du « No » en 1988, se donnant pour objectif la sortie du 192 193 YUTRONIC, José & PINTO, Francisco, ibid., 2005, p.21 Témoignage du graffeur chilien Exelik, in TORREJON Ignacio (Dir.), op.cit., edición 2, 2011, Traduction p.14 à partir de: “Además ese año vinieron a Chile Os Gêmeos y yo estaba pendejo. Los fui a ver pintar y quede loco. Me influencia caleta de ellos y de ahí salió un poco lo de los caracoles… m ira el Nebs Pereira de lo que se acuerda.” 194 Interview de Nebs Pereira in TORREJON Ignacio (Dir.), in Dope Street Art Mag, Edición 01, Santiago, Enero 2011, Traduction p.6 à partir de: “El 1995 la escena del Hip Hop en Chile estaba tomando fuerza, era un movimiento que cada vez se impregnaba mas en el alma de las personas. El escenario clave era la estación Mapocho, donde se reunían todos los raperos de Santiago a compartir el amor por el rap. Mc’s, b -boys, graffiteros llenaban todo y hacían retumbar las paredes del lugar con energía.” 195 Afin d’alimenter le débat, nous recommandons de visionner le témoignage de Cekis: Conférence magistrale de Cekis, organisée au Centre Culturel Matucana 100, Santiago 05 Juillet 2011, Vidéo partagée par Todoelcolor, « Live Cekis en M100 » : http://www.livestream.com/todoelcolor/video?clipId=pla_ab617e6c-8cc8-40a3-aafe-ef6951e90d96, consulté le 26 décembre 2012 56 Régime Autoritaire et sa proposition de Référendum, marque un nouvel apogée des brigades muralistes opposées à la figure du Général Pinochet. Le rôle joué par leur campagne d’information et de sensibilisation jusque dans les « poblaciones » des grands centres urbains, encourageant à voter « Non » à la perpétuation du Régime, n’est pas à négliger. Avec 55, 99% de « Non », cette campagne se révèle un succès pour les partisans d’une Transition à la Démocratie. La « propagande » urbaine s’étend alors unie contre une figure par la force des mots et des images avec la création de la Coordination Métropolitaine d’Ateliers de Brigades Muralistes196. Et cette lutte demeure le fil « rouge » des brigades sur la décennie. Le dessein, cherchant à faire payer les injustices et massacres perpétrées durant la Dictature, est personnifié par le Général Pinochet. Une chimère ne trouvant pas écho, malgré son arrestation à Londres en 1998 pour « Génocide, Terrorisme et Tortures », puisqu’il est libéré en l’an 2000 pour raison de santé et finalement meurt en 2006 sans qu’aucunes procédures judiciaires n’aient eu le temps d’aboutir. Les thématiques abordées autour de la justice sociale et politique, de la libération des prisonniers politiques, des massacres et des répressions, inondent les murs des villes et des « poblaciones », principales victimes du Régime. Un travail de Mémoire et de Commémoration d’une importance essentielle dans la construction du processus à la Démocratie, mais cependant rattaché à des problématiques passées, n’intéressant alors que secondairement les nouvelles générations et plus particulièrement celle des premiers graffeurs construisant leur identité dans ces années 1990 197 . Ce désaveu du Muralisme Chilien existe encore jusqu’à nos jours tel que l’annonce l’Artiste-graffeur Esec: « Quand au Muralisme, c’est quelque chose qui au Chili fût une expression qui a eu des répercussions à l’époque du coup d’Etat militaire, mais sincèrement je n’aime pas l’Histoire d’époques passées, parce que c’est clair que nous n’apprenons rien du passé comme Société, déjà que le présent est le reflet de cette mauvaise assimilation.198 » Cela démontrant selon nous une rupture générationnelle évidente. Le point central mis en cause est le « Message » adressé à la Société, marquant l’incompréhension et le fossé idéologique entre Muralistes et Graffeurs. Un exemple parmi 196 197 BELLANGE, Ebe, op.cit., 1995, p.166 CASTILLO ESPINOZA, op.cit., 2010, p.157 : Selon l’auteur, la montée des “Barras Bravas”, les clubs de football et de supporters dès les années 1987 -1988, a aussi contribué aux désengagements des jeunes dans la sphère politique avec la germination de la Culture Hip Hop. 198 ESEC TAPIA, Entretien Encuesta Graffiti ESEC, Tocopilla. 01/11/2012. Espagnol. Questionnaire remis par courrier électronique, en annexes pp. 250-254, Entretien en annexes Traduction à partir de: « En cuanto al muralismo es algo que en Chile fue una expresión que tuvo resonancia en la época del golpe militar, pero sinceramente no me gusta la historia de épocas pasadas, porque está claro que no se aprendió nada del pasado como sociedad, ya que el presente él es reflejo de esa mala asimilación. » 57 d’autres, en 1989, la création d’une nouvelle brigade affiliée au parti communiste, la Brigade Chacón199, rend compte du phénomène. La BC, créée par Daniel Bahamondes, est une brigade se spécialisant dans la reconstitution de messages de presse chilienne, pour en résumer des idées plus limpides et parfois infantilisées. Utilisant le texte, à l’aide de « papelógrafo »200, la brigade colle des messages à caractère politique en relation avec l’Actualité. L’utilisation de l’humour, de l’ironie, des doubles sens, d’un langage jeune et informel rapproche cette brigade de la jeunesse chilienne. La brigade utilise les mots et les phrases pour exprimer une idéologie se voulant collective, du moins à destination du « peuple ». Tandis que les graffeurs utilisent une signature, un tag, dont le message s’exprime ainsi : « J’existe, voici mon Nom ». Message purement individuel marquant sa présence mais en ignorant son destinataire. La base du tag puis du personnage ajouté par la suite demeure l’expression certes non plus seulement d’un individu mais celle d’une Culture en marge et ne cherchant pas à exprimer un dialogue construit avec le reste de la Société. Dans ses débuts, le mouvement Graffiti se revendique pour lui-même et tient ses distances avec les brigades muralistes. Mais attention, d’un autre point de vue les brigades muralistes ne donnent aucuns signes de relevance au Mouvement Graffiti. Le « Message » leur paraissant creux, d’autant plus que la Culture Hip Hop est une culture importée des Etats Unis. Cet aspect renvoie à un rejet pour des raisons évidentes des brigades muralistes idéologiquement de « gauche » pour l’essentiel et alimentant leurs discours d’antiaméricanisme. Le dialogue entre Muralistes et Graffeurs demeure ainsi quasiinexistant dans les rues. Néanmoins, il ne faudrait pas minimiser ces contacts et influences. Les deux groupes sociaux appliquent des techniques similaires, se nourrissant les uns des autres. Tout d’abord, le vocabulaire diffère certes mais la ligne de démarcation entre « brigades » et « crews » fait pour les deux cas référence à une équipe. Le premier terme ramène à une équipe d’affinité politique et idéologique, tandis que le second renvoie à un cercle d’amitié. Mais chacun dans le groupe trouve sa fonction dans la réalisation d’une « pièce » 201 et la compétition entre brigades ou entre crews sont des éléments de permanence jusqu’à nos jours. Le deuxième point ramène à certaines revendications. Par exemple, la défense des populations en marge ou exclues de la société et des Centres. Lorsque la brigade Ramona Parra peint une murale en solidarité vis-à-vis du Mouvement Noir aux Etats Unis et des « Black Panthers », il s’agit ni plus ni moins des racines revendiquées et partagées par le Mouvement Graffiti au Chili. 199 200 Se reporter au Glossaire en annexes p.178 Se reporter au Glossaire en annexes p.185 201 Se reporter au Glossaire en annexes p.185 58 Figure 8 Intervention de la Brigade Ramona Parra dans les années 1960 dans la población qui porte aujourd'hui le nom d'Angela Davis à Santiago, alors membre des Black Panthers Ensuite, la question de la visibilité des graffitis ou des murales. Dans les années 1960, Mono González explique ainsi la stratégie adoptée pour être vu : « Nous avons commencé à étudier les lieux; pour ainsi dire le secteur automobile chilien était très restreint et les locomotions collectives avaient une grande importance. Il y avait l’entreprise de Transports Collectifs de l’Etat, avec ses bus Mitsubishi, et le travailleur, les gens se déplaçaient bien plus en bus. Nous sommes restés à un endroit pour un temps déterminé où passait une certaine quantité de bus, nous avons calculé, pour ainsi dire, cent cinquante personnes en vingt minutes »202. Dans la Culture Graffiti, les bus, les wagons de métro et les trains aussi sont des éléments incontournables pour être reconnus dans le milieu203. L’innovation majeure ayant été de graffer à même les bus204, wagons et trains205. Il n’empêche que cette visibilité par tous reste un élément moteur des deux Mouvements. Finalement, la typographie des « Lettres » ou « Lettrage » qu’une grande partie des graffeurs s’attache à perfectionner avec leurs tags est à mettre en parallèle avec l’utilisation des noms de candidats lors des campagnes électorales. Anecdote intéressante lorsqu’on s’aperçoit qu’en 1999, le candidat à la présidentielle Ricardo 202 RIVADENEIRA, Piedad (Dir. Art), op.cit., 2004, Traduction p.7 à partir de: « Comenzamos a estudiar los lugares; por aquel entonces el parque automotor chileno era muy reducido y la locomoción colectiva tenía una tremenda importancia. Estaba la Empresa de Transportes Colectivos del Estado, con sus buses Mitsubishi, y el trabajador, la gente, se trasladaba mucho en micro. Nos quedábamos en un lugar por un tiempo determinado en el que pasaba cierta cantidad de micros, calculábamos, por así decirlo, ciento cincuenta personas en veinte minutos. » 203 Selon YUTRONIC, José & PINTO, Francisco, op.cit., 2005, p.18 : Le premier crew à intervenir sur un train au niveau « d’Estación Central » n’est autre que « 2X1 » en 1996. 204 CORDOBA MANZOR, Manuel, Micros el final del Recorrido, Junta Editorial de las Comunas Unidas, aporte del Consejo Nacional del Libro y la Lectura, Santiago de Chile, 2006, 160p. Avant l’année 2006, il existait d’autres types de bus que de nos jours. En parcourant cet ouvrage, il est possible de rencontrer des graffitis et stencils intégrant le bus comme support de Communication. 205 De nos jours, la pratique continue à faire écho chez les plus jeunes : Voir, l’article de NAVIA SOTO, Paolo « Grafiteros arriesgan sus vidas rayando trenes en movimiento » in La Estrella de Valparaíso, 18 avril 2013 : http://www.estrellavalpo.cl/impresa/2013/04/18/full/2/, consulté le 18 avril 2013 59 Lagos demande à ses brigades de se servir de stencils pour donner une couleur plus jeune à son vote206. Le pochoir étant une discipline utilisée par des groupes dits « anarchiques » ou des citoyens lambda mais aussi par une minorité de graffeurs207. Ce dernier exemple démontre bien le croisement s’opérant entre Muralistes et Graffeurs et même les adeptes des Rayures ! Cependant, nous parlions de rupture idéologique, mais nous le verrons les brigades muralistes profitent de la reconstruction de la Société chilienne avec l’apparition de nouvelles problématiques sociales pour se renouveler, tandis que la sphère Graffiti procède à une réalimentation de son répertoire pour devenir un Mouvement plus « engagé » vis-à-vis du reste de la Société. Et nous pensons que ces différences entre les deux groupes se réduisent encore avec le temps à travers l’apparition du « Graff-mural » ou « Street Art » dans les années 2000- début 2010. C] LE GRAFF-MURAL OU STREET ART 1) LE MURALISME CHILIEN SANS DESSEIN ? Il serait prématuré d’annoncer le deuil du Muralisme Chilien dans l’espace public. Tout d’abord, car nous l’annoncions, celui-ci ne se concentre non plus seulement sur les luttes « anciennes » et la dénonciation des sévices perpétrés sous la Dictature mais le Mouvement Muraliste se repense, tout comme les partis politiques se repositionnent, vis-à-vis de l’évolution du Régime Démocratique. Nous assistons alors à une scission plus radicale du Muralisme Chilien sous deux formes bien distinctes : Muralisme Populaire et Muralisme Politique208. Tandis que la chercheuse Marie Christine Doran fixe la revitalisation de l’action collective en 1998 à travers le Mouvement « Pour un Chili Juste »209, cela se traduisant aussi par la réalisation de murales, il faut en fait remonter aux années 1993-1994 avec la volonté de coordonner l’Art Populaire Collectif Autonome210. L’objectif affirmé de ce collectif est de conserver la Mémoire Historique du Muralisme comme Expression Sociale. L’activité naissante, qui prend forme et force au milieu des années 1990, est une initiative indépendante des structures institutionnelles, c'est-à-dire des partis politiques. Les thématiques abordées 206 207 Voir CAMPOS, Edwin, MELLER, Alan (textos), op.cit., 2007, p.15 Voir Biographies “Stencil Inc.” en annexes p.204 208 Bien que ces deux courants existent déjà avant l’arrivée de la Dictature. La rupture nous semble avérée car elle se conçoit à travers le Processus de Transition à la Démocratie. 209 DORAN Marie-Christine, op.cit., 2010, Traduction à partir de: « Por un Chile Justo » 210 BELLANGE, Ebe, op.cit., 1995, pp. 260-346. Voir le chapitre “Coordinar de Arte Popular Colectivo Autónomo ” et son registre photographique: 60 relatent l’Histoire de ces zones en marge principalement les spécificités de chaque « población » et de leur position face à l’appareil étatique. Un phénomène nouveau apparaît avec le boom de groupes muralistes populaires s’intéressant désormais à des problématiques touchant à l’évolution même de la Société chilienne: « Le caractère de ces groupes varie. Il y a des brigades sociopolitiques, écologiques, de défense de la santé, contre l’addiction aux drogues, etc...… Entre autres, nous nommons : la Brigade « Norma Vergara », le groupe d’Action Social « Brigada Carlos « Daniel Chapa », Lorca », Vargas », « Brigada « Brigada « Brigada Muralista los KTT », Muralista Trole », « Brigada Las Compañías», l’Association d’Art et Culture « Chasquis », la brigade « Arte Colectivo Autónomo», le groupe « Trash punk » de San Joaquín, le groupe « Sub Figure 9: Murale Populaire en hommage à André Jarlan, prêtre français exécuté sous la Dictature le 4 Septembre 1984, población La Victoria, Santiago, 2011 Urbano », etc... »211. Un fait captivant, selon notre lecture des évènements, car il traduit sur un premier plan le déplacement des thématiques peintes dans les rues avec de nouvelles préoccupations sociales et politiques: la santé, l’écologie, l’égalité des sexes, le caractère indigène de la population chilienne, l’éducation. Conjointement aux luttes sociales plus « anciennes » telles que les conditions et le droit au travail, la réparation des crimes commis sous la Dictature, les dénonciations de prisonniers politiques, l’anti-américanisme et la « nostalgie » du Socialisme des années 1970. Des éléments que nous analyserons sous l’angle du Graffiti dans notre troisième axe. Mais surtout, il s’agit d’une perte de légitimité et de repères des partis politiques sous la Concertation, cette dernière ayant pour objectif d’entamer le processus de Transition à la Démocratie à travers un « Consensus » social et la limitation des mobilisations. Des ruptures 211 BELLANGE, Ebe, ibid., 1995 : Traduction p.261 à partir de: “El carácter de estos grupos varía. Hay brigadas socio-políticas, ecológicas, de protección de la salud, contra la drogadicción, etc... Entre algunas de ellas nombramos: brigada “Norma Vergara”, Grupo Acción Social “Daniel Vargas”, “Brigada Muralista los KTT”, “Brigada Chapa”, “Brigada Carlos Lorca”, “Brigada Muralista Trole, “Brigada Las Compañías”, Agrupación de Arte y Cultura “Chasquis”, brigada “Arte Colectivo Autónomo”, grupo “Trash Punk” de San Joaquín, grupo “Sub -urbano”, etc...” 61 se traduisant par la désarticulation voire la dissolution des brigades muralistes rattachées à leur parti politique. Les brigades politiques les plus « importantes » en termes de visibilité et de contestation durant la période de Dictature, ne parviennent pas à garder une légitimité dans l’espace urbain. Tout d’abord, la Brigade Elmo Catalán, brigade rattachée au Parti Socialiste, disparaît de l’espace urbain dès 1993212. Cette dernière ayant pourtant tenté d’incorporer des éléments graphiques provenant du Graffiti et de la Bande Dessinée entre 1988 et 1990. C’est ainsi que « la réédition de la Brigade Elmo Catalán reconnaît comme facteur important du changement généré, en plus de l’usure souffert par l’iconographie provenant des années 1970 et de son insuffisance antérieure à cette nouvelle conjoncture, le délitement organique vis-àvis de ces groupes prédécesseurs » 213. En d’autres mots, la BEC n’est alors pas en mesure de se renouveler et de poursuivre ses activités de propagande politique en tant que brigade muraliste, dû à l’essoufflement de son répertoire d’action, et cela malgré des tentatives pour rallier la nouvelle génération. C’est de même que Mono González se retire du Parti Communiste afin de poursuivre indépendamment son travail artistique au début des années 2000. Non pas sans avoir tenté de réactiver l’enthousiasme avec la nouvelle génération communiste à travers leur intervention en 2001 l’unique Brigade 214 pour restaurer de la Parra murale Ramona réalisée dans les années 1970 n’ayant pas été effacée sous le Régime militaire. C’est avant tout pour des convictions personnelles que l’Artisan-travailleur se retire du PC chilien. Cependant, on peut en voir les limites de la BRP comme outil politique dans la rue. De nos jours, 212 213 Figure 10: La Brigade Ramona Parra au Festival Hecho en casa, Santiago, en Novembre 2012 PALMER, Rodney, op.cit., 2008, p.13 CASTILLO ESPINOZA, Eduardo, op.cit., 2010, Traduction p.150 à partir de: “La reedición de la Brigada Elmo Catalán reconoce como importante factor del cambio generado – además del desgaste sufrido por la iconografía proveniente de las años setenta y la insuficiencia de esta ante una coyuntura distinta-, a la mencionada desvinculación orgánica respeto de sus grupos predecesores”. 214 De la Jeunesse Communiste (JJCC) 62 réunissant près d’une cinquantaine de membres sur Santiago, jeunes et anciennes générations confondues, la BRP demeure présente dans l’espace urbain de par son rôle avant tout Historique. Sa présence au Festival « Hecho en Casa » en novembre 2012 à Santiago a été fortement valorisée avec la composition d’une murale sur l’aile droite du centre Gabriela Mistral. La dénonciation s’opère sur les quatre grandes luttes sociales « actuelles »: l’éducation, le sort des mineurs, la situation des pêcheurs et la répression politique des indigènes. La représentation de l’Etat par une pelleteuse dévorant ces quatre derniers (hors cadre, sur la droite de la fresque). Un discours répété depuis maintenant près de 20 ans par le Parti mais n’ayant aucunement fait évoluer, sauf en surface, les attentes sociales. Finalement, le cas de la Brigade Chacón est tout aussi révélateur de ce phénomène de lassitude exprimé de nos jours par l’abstention215 et l’indifférence envers les partis politiques au Chili. Cette dernière traverse les années 1990 jusqu’à nos jours, bien qu’elle se détache du Parti Communiste en 2007 216 . Révélateur de cette anhélation des brigades muralistes politiques, la BC reconstruit son discours à travers non plus le dessin, mais le texte en reprenant le procédé du « papelógrafo » à son compte 217 avec pour objectif avéré à ses débuts : « le scénario prédominant de la lutte idéologique est un des instruments les plus subtils et efficaces de domination du système »218. Dans les années 2000, la BC opère une volonté de convaincre la jeunesse chilienne telle que durant les premières manifestations massives pour l’éducation en 2006: « L’actuelle Constitution… ne passe aucun test démocratique », « Maintenant les livres ne nous sont pas interdits par un Ministre ! Mais par les prix ! », « Les profs sont réalistes… et ne demandent pas l’impossible » ou encore « Jeune ! Use ton imagination pour lutter pour tes idées »219. Seulement, leur influence directe dans les rues est questionnable. Le texte suffisant-il à déjouer la force des images220… ? 215 Rappelons que le vote s’analyse désormais bien plus comme un droit qu’un devoir depuis les dernières élections municipales de 2012, n’étant plus soumi s à des amendes en cas de refus de participation. 216 A noter le décès de son fondateur Daniel Bahamondes en 2001. 217 D’autres groupes muralistes l’utilisent aussi tel que le Groupe d’Action Populaire (GAP) par exemple. 218 Selon la Déclaration de principes de la Brigade Chacón p.1, tirée de CASTILLO ESPINOZA, Eduardo, op.cit., Chili, 2010, Traduction p.159 à partir de : ”el escenario predominante de la lucha ideológica y uno de los instrumentos más sutiles y eficaces de dominación del sistema” 219 Voir dans les annexes de SANDOVAL, Alejandra, Palabras escritas en un muro. El caso de la brigada Chacón, , Santiago de Chile, ediciones sur, 2001: Traduction à partir de: « La actual Constitución... no pasa ningún test democrático », « ¡Ahora los libros no los prohíbe un ministro! ¡Sino los precios! », « ¡Los profes son realistas… y no piden lo imposible », « ¡Joven! Usa la imaginación para luchar por tus ideas ». 220 Nous renvoyons à l’article de: JOUBERT, ANGEL, Valérie, “Image... Miroir des mots. Les peintures murales à Santiago du Chili”, in Texte et Image dans les Mondes hispaniques et hispano-américains, C.I.R.E.M.I.A., Presses universitaires François Rabelais, Tours, 2007, 20p. 63 Finalement, là où le Muralisme politique prend sa force, et nous le verrons dans notre dernier axe, c’est au niveau des campagnes électorales et des appels aux manifestations. Il délaisse donc l’image au profit du Muralisme populaire dans les « poblaciones », mais il favorise avant tout, par son épuisement, l’expansion du Mouvement Graffiti dans les rues. 2) L’EXPLOSION DE LA BOMBE GRAFFITI DANS LES REGIONS 221 Les années 2000 jusqu’à nos jours sont marquées par l’avancée de la Culture Hip Hop à l’intérieure même des rues des grandes villes du Chili. Tandis que notre propos s’attachait jusqu’alors à mettre en avant la naissance du phénomène dans la Capitale Chilienne ainsi que dans une certaine mesure sa voisine Valparaíso, il faut désormais compter sur une extension de cette Culture jusqu’au Nord et au Sud du pays222. Comme support médiatique, nous évoquions les premiers programmes de télévision dans les années 1990. Mais au début des années 2000, la Culture Graffiti Figure 11: Artiste graffeur Ren, Concepción, Février 2013 se dote pour la première fois au Chili d’une revue spécialisée « No Gratos »223 réalisée et vendue dans la boutique « Otra Vida » de Santiago. Les boutiques Graffiti par la suite avec « Daking Graffstore », « La Saga », « Pos 420 », « Kultura HipHop », à travers les grandes marques de bombes spray telles que « Montana » ou « Ironlak », propulsent la pratique Graffiti à grande échelle sur le Territoire chilien. A Valparaíso, la boutique « Da King » réunit une grande Communauté de graffeurs intéressés pour échanger et s’informer sur l’évolution des techniques graffiti par exemple. De nos jours, il est même possible de se faire 221 C’est avec un certain regret que nous constatons le manque de travaux de recherche à ce sujet. Il serait pertinent d’analyser l’expansion du Graffiti en dehors de Santiago et de Valparaíso pour en déceler les continuités mais aussi ses spécificités régionales et locales. Nous nous inspirons ainsi de nos déplacements au Nord du pays principalement et tentons de croiser les témoignages pour en faire ressortir ces caractéristiques. 222 Selon FIGUEROS IRRARAZABAL, op.cit., pp. 214-217 L’expansion du Graffiti au Chili est datée à partir des années 2002. 223 4 éditions sont publiées entre les années 2000 et 2006. 64 livrer des bombes spray jusqu’à Punta Arena, où cela dit la pratique du Graffiti demeure un sport extrême de haut niveau avec le froid polaire du grand Sud comme l’ explique le graffeur Newen de passage à Punta Arena pour une activité Graffiti: « Les conditions pour réaliser cette intervention étaient très compliquées, de la pluie en intermittence, le froid, et beaucoup de vent. Bien que nous ayons réussi à terminer, très satisfaits des interventions réalisées, ce type d’activités est tout à fait différent de celles réalisées à Santiago. Le climat au Sud possède un caractère super fort, il n’est pas propice pour réaliser ce type d’activité s, mais si tu as les bonnes énergies ou ondes, tout fonctionne toujours bien.224 ». Cependant, il faut bien mitiger ce constat, comme l’explique le graffeur Ysek, né à Chillán et ayant évolué à Osorno225 : « A Osorno, il y a peu de personnes à peindre, il y a peu de murs et il pleut la majeure partie de l’année. Peindre à Osorno est difficile: les matériels ne parviennent pas aussi bien qu’à Santiago et il y a peu d’évènements dans le Sud, car il y a peu de gens à y peindre, c’est difficile d’organiser quelque chose ». En remontant vers Temuco226, le Graffiti est teinté par une touche « native » et rurale, typique du mode de vie indigène de la Région. L’exemple le plus abouti étant le crew Alapinta dont nous parle Pablo Aravena: « Ça, c’est un crew qui a 4 ou 5 ans, un des membres est Mapuche. Eux, vraiment, traitent la réalité du Sud. C’est un travail plus « Muraliste ». Ils touchent au sujet des Mapuches, des Autochtones. Leur réalité ne s’est pas développée comme ici. Avec des fermiers, des charrettes remplies de foin. D’une certaine façon, c’est plus agricole, c’est plus « village » mais c’est tout de même un langage très léché, très poli. Ils ont un langage très sophistiqué. Alors c’est ça, la juxtaposition du sujet « villageois », avec une technique et une représentation très moderne. »227 A noter la première rencontre nationale de Graffiti à Temuco en avril 2013 sous le nom de « Trawün »228. Tout au Nord, les conditions sont quasi similaires. Mise à part des conditions 224 NEWEN, Entretien Encuesta Graffiti NEWEN, Santiago, Chili. 31/03/2013. Espagnol. Questionnaire remis par courrier électronique. Voir en annexes, Entretien pp.268-270 Traduction à partir de: « Las condiciones para realizar esa intervención eran muy adversas, lluvia intermitente, frío, y mucho viento. Aún así, logramos terminar muy satisfechos las intervenciones realizadas, claramente muy diferente a realizar esta actividad en Santiago. El clima del sur tiene un carácter súper fuerte, no es muy propicio para realizar este tipo de actividades, pero si estas con las buenas energías, todo marcha siempre bien. » 225 TORREJON Ignacio (Dir.), op.cit., Edición 01, 2011, témoignage Ysek, pp.14-19 Traduction p. 16 à partir de: « En Osorno son pocos los que pintan, hay pocos muros y llueve la mayor parte del año. Pintar en Osorno es difícil: los materiales no llegan a menos que se hagan encargos a Santiago y se hacen pocos eventos en el Sur, como es poca la gente que pinta es difícil organizar algo ». 226 A noter, une enquête de terrain proposant une lecture marxisante, que nous ne partageons pas, entre les murales/graffiti et la lutte des classes est envisagée à Temuco à travers le travail de recherche de : VIVERO, Luis, Murales y Graffiti: expresiones simbólicas de la lucha de clases, Universidad Autónoma de Manizales, Ánfora, 2012, pp. 71-87 227 Voir en annexes le témoignage d’ARAVENA, Pablo, 22/11/2012, op.cit., pp.233-239, Entretien : 228 Signifiant « Rencontre » ou « Réunion » pour discuter d’affaires pertinentes en Mapudungún (langue Mapuche). 65 climatiques plus avantageuses, la Culture Graffiti demeure encore limitée vis-à-vis des grands Centres Urbains Chiliens, exprimée par le graffeur Crems, originaire du Nord : « Peut-être qu’ici (Valparaíso) c’est bien plus massif qu’à Iquique, tu piges. A Iquique, tu peux aussi voir des tags, des throw up229, des graffitis, des flops, un tas de choses. A Iquique de même, ça se voit mais avec beaucoup moins d’intensité. Enfin, ce n’est pas courant de voir des gens qui peignent constamment par là-bas. Aussi à Iquique, il y a quelques communes comme Alto Auspicio, qui est une commune à 25 minutes d’Iquique, où il y a des personnes qui graffent mais nous, nous ne sommes pas très impliqués pour ça, ils sont à part, c’est pareil qu’entre Valparaíso-Viña del Mar.230 » Cette nouvelle réalité du paysage urbain ou rural passe par l’intrusion virtuelle de la sphère internet dans les foyers donnant une toute nouvelle ampleur au phénomène Graffiti pour la nouvelle génération. Cette génération « Y », évoluant avec les nouvelles technologies, se nourrit et s’informe autour de la Culture Hip Hop au-delà des grands Centres que représentent alors Santiago et Valparaíso. Par exemple, le témoignage d’Esec de Tocopilla, dans la Région Antofagasta (Nord du pays), nous éclaire sur cette diffusion à échelle nationale: « Ce que je peux affirmer quant au style et à l’influence dans mon processus créatif a été le graffeur Alme de Santiago avec son surréalisme, je suis en train de parler de beaucoup d’années auparavant, mais qui me plaisait bien »231. Sa connaissance du milieu Graffiti et du Graffeur Alme de la première génération de graffeurs chiliens démontre bien la diffusion du Graffiti au-delà des grands centres urbains. Pour finir, dans certaines régions du Chili, le Graffiti s’organise sous forme d’association, c’est le cas de l’Association Pintarte de Chillán. Cette structure rassemblant près de 40 graffeurs et 60 adhérents au total a pour avantage d’évoluer dans un environnement restreint qu’est la commune de Chillán avec seulement 170000 habitants. Ce caractère donne la possibilité de créer un réseau agencé de graffeurs avec pour objectif de faire connaître la pratique Graffiti vis-à-vis du reste de la Société. Les collectifs les plus actifs sont le Hola 229 230 Se reporter au Glossaire en annexes p.180 CREMS (crew “Te Crey”), Témoignage Encuesta Graffiti CREM’S, Cerro Polanco, Valparaíso. 04/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 10 minutes. En annexes, Entretien pp.240-242 Traduction à partir de: “Em… quizás igual acá es mucho mas masivo que en Iquique, cachay, en Iquique igual, puedes ver también como acá hay tag, throw ups, graffitis, flops un montón de cosas, en Iquique igual se ven pero con mucho menos intensidad o sea no es habitual ver gente que este constantemente pintando allá, igual en Iquique hay unas comunas por ser Alto Auspicio que es como una comuna que esta a veinticinco minutos de Iquique que igual hay gente que pinta pero nosotros no estamos muy involucrados en eso, igual son aparte, es como acá decir Valpo-Viña.” 231 Voir en annexes Entretien Encuesta Graffiti ESEC, op.cit., 01/11/2012, pp.250-254, Entretien, Traduction à partir de: “Lo que sí puedo afirmar en cuanto estilo e influencia hacia mi proceso creativo o estilo ha sido el graffitero Alme de Santiago con su surrealismo, estoy hablando de muchos años atrás, pero que me gustaba en ese entonces.” 66 crew, le NAIS crew et le Seoas Crea crew232. Nous ne pouvons omettre le Festival Concegraff de Concepción en rapport avec la régionalisation du Graffiti chilien. Créé en 2006 et réunissant une vingtaine de graffeurs à ses débuts, le Festival organisé par Francisco Moreno, ou de son tag Fakir, est devenu en quelques années le lieu de rendez vous central des graffeurs de tout le pays pour s’y exprimer233. L’organisateur ne se souvient pas exactement d’où lui parvient cette Culture Graffiti dans un entretien lui étant accordé en 2012: « Tout à fait d’accord, le Graffiti vient du Hip Hop, logiquement: Graffiti et Hip Hop, le coloriage avec les lettres et les signes, essentiellement. Et je l’ai appris à travers le Hip Hop, les vidéos de rap et les revues étrangères de Graffiti dont je ne me rappelle plus le pourquoi du comment »234 . Cependant, il admet bien le recours à des revues étrangères, signifiant soit l’apport d’internet ou soit l’échange personnel avec d’autres graffeurs. La venue de graffeurs provenant de Valparaíso et de Santiago à Concepción pour le Festival contribue à ce chassé-croisé d’informations que les graffeurs utilisent pour se documenter. Comme la plupart des évènements Graffiti naissant dans les années 2000, le recours à un tiers pour financer le matériel et la communication passe par l’Etat, pour le Festival de Concepción une bourse Fondart235 est attribuée. L’Etat, malgré une contradiction présumée, devient le nouvel interlocuteur avec les graffeurs et le mécène du Mouvement Graffiti sur le Territoire. Un dernier point que nous cherchons à éclaircir afin de conclure notre premier axe de recherche. 3) STRUCTURES D’OPPORTUNITE ET SYNCRETISME ENTRE MURALISME -GRAFFITI Les panneaux de rues indiquant fièrement la direction des grands Héros de l’Histoire Chilienne tels que l’avenue Bernardo O’higgins, l’avenue Vicuña Mackenna, la rue du Général Bulnes, la rue Diego Portales, ou encore le parc Bustamante à Santiago, structurent et organisent l’environnement interne des villes. Et c’est peut-être ainsi que le Graffiti 232 Voir: FERRADA, Gabriela, présidente Agrupación Pintarte de Chillán, Entretien Encuesta Graffiti Agrupación Pintarte Chillán, Chili. 09/01/2013. Espagnol. Questionnaire remis par courrier électronique, pp.223232, Entretien 233 Article de CHARPENTIER, Denisse, tiré du journal Biobio, 23 février 2012 : http://cultura.biobiochile.cl/notas/2012/02/23/concegraff-encuentro-internacional-de-graffiti-busca-reunir-a-masde-200-artistas-en-el-bio-bio.shtml, consulté le 23 avril 2013 234 FLORES FUENTES, Manuel Jesús, “Graffiti, Expresión Cultural”, Monografía: Pedagogía en historia y geografía, profesor BENEDETTI REIMAN, Laura, Universidad de Concepción, Facultad de humanidades y Arte, Departamento de historia, Concepción, 2012, 16p. Traduction p.9 à partir de: “Completamente cierto, el graffiti llega con el hip-hop, lógicamente: Graffiti y hip hop, el colorido con letras y signos, mayoritariamente. Y lo conocí dentro de la cultura hip hop, en videos de rap y por revistas de graffiti extranjeras a las que aún no sé porqué y como tuve acceso .” 235 Se reporter au Glossaire en annexes p.180 67 s’interpose dans ce paysage en laissant les signatures d’anonymes citoyens méritant tout autant d’être reconnus par l’Etat 236 . C’est d’une certaine façon faire prévaloir la reconnaissance de son existence et de ses droits en tant qu’individu. Mais, il existe bien une incohérence entre la Culture Hip Hop se voulant antisystème, marginalisée, illégale et la participation de l’Etat finançant une partie de ses activités évènementielles: la majorité des graffitis urbains demeurant des actes illégaux aux yeux de l’Etat. Alors, comment comprendre cette contribution cherchant à promouvoir le Graffiti malgré tout ? Et finalement, quels sont les facteurs conjoncturels impulsant le Mouvement Graffiti-Mural237 considéré de nos jours comme Culture quasi intégrante à la Culture Chilienne ? Tout d’abord, « l’institutionnalisation » et la « démocratisation » de la Culture Chilienne sont des phénomènes récents, nés du processus de Transition à la Démocratie à la fin des années 1990 et plus fermement dans les années 2000238. Il est vrai que ce sujet reste un sujet tabou ou du moins très peu abordé en contradiction par exemple avec le Mouvement étudiant luttant contre la marchandisation de l’Education sur la même période. Néanmoins, il serait injuste de ne pas reconnaître les modifications apportées par les différents gouvernements de la Concertation sur cette période au sujet de la prise en compte de la Culture et de l’Art Urbain comme volonté étatique. Une des dates clés, que nous retenons pour notre propos, se situe en 1997, lorsqu’un poste de Chef de la Division de la Culture au sein du Ministère de l’Enseignement (avril 1997- août 2003) est créé. La charge est remise entre les mains de l’illustre Claudio Di Girolamo239 venant d’acquérir la double nationalité italo-chilienne cette même année. Cette date coïncide étrangement avec le premier Festival Métropolitain de Hip Hop à Santiago. Nous ne sommes cependant pas en mesure de prouver l’aide financière du Ministère de l’Enseignement sur cette même année. Cependant, en 2003 naît le Conseil National de la Culture et des Arts avec pour Ministres de la Culture se succédant : José David Weinstein Cayuela (août 2003- mars 2006), Paulina Urrutia (mars 2006- mars 2010) et Luciano Cruz-Coke Carvallo (mars 2010 jusqu’à nos jours). Cette même année le FONDART est créé240. 236 Pour certains graffeurs, l’architecture des villes et son orientation se configure à trav ers des repères non plus de noms de rues mais par la présence de graffitis dissimulés sur des secteurs spécifiques ou dans les quartiers. 237 Se reporter au Glossaire en annexes p.182 238 Voir les travaux de recherches de BADIOLA HERRESMAN, Ian et TAPIA DEL VILLAR, Sebastián, “La nueva Institucionalidad cultural de Chile y su impacto en la sociedad civil” , tesis para optar al grado de Licenciado en comunicación social, profesor guía FAUNDEZ, Cristian Antoine, Universidad Diego Portales, Facultad de comunicación, Escuela de Periodismo, Santiago Chile, 2003, 186p. 239 Voir en annexe Biographie en annexes p.205 240 Selon la Ley 19891, Fecha Publicación: 23/08/2003, Fecha Promulgación: 31/07/2003 Ministerio de educación crea el consejo nacional de la cultura y las artes y el fondo nacional de desarrollo cultural y las artes, Inicio Vigencia: 23/08/2003, Id Norma: 213895 68 En 2003, la rencontre de Maipú , commune à l’Ouest de Santiago, rassemble entre 30 et 35 graffeurs venant de Villa el Abrazo, Ciudad Satélite et de Los Héroes de Maipú et parvient à réunir entre 800 et 1000 personnes. Dans l’ouvrage de Parpedés, « El libro del Graffiti Chileno », l’auteur décrit ainsi la situation : « Après avoir cherché à postuler et eu quelques inconvénients pour les coûts du projet, ils furent appuyés finalement par la commune de Maipú pour peindre une énorme production qu’ils terminèrent en seulement deux week-ends. » 241 Ce témoignage révèle les possibilités de recourir dès 2003 à des initiatives de soutien aux projets artistiques et culturels avec le Fondart ou auprès des Municipalités. La plupart des évènements Graffiti et Hip Hop par la suite trouvent leurs échos dans l’apport financier de l’Etat. C’est ainsi qu’à Santiago naissent des initiatives financées et autorisées par l’Etat tels que le Festival Hip Hop « Planeta Rock »242 en 2008243, les MACA de San Miguel ou de la Pincoya 244, le Festival « Hecho en Casa » en Novembre 2012 ou encore le « Graffestival » de Valparaíso en Novembre 2012. En Région, le premier festival « Estación Graffiti » à Tocopilla a lieu pour sa part en 2008. Au-delà de l’apport financier de l’Etat ou des Communes, cela contribue à légaliser un Mouvement jusqu’alors en rivalité avec les structures fonctionnelles de l’Etat. De plus, le Mouvement Graffiti et la Culture Hip Hop se consolident et deviennent des Mouvements conscients de leur poids dans la Société. L’aide de l’Etat contribue à accroître le potentiel artistique du Graffiti, lui donnant la faculté de devenir un Art Urbain. Cet « Art » que certains aujourd’hui appellent « Street Art » et qu’une partie des graffeurs chiliens dénomment « Graff-Mural » pour le recours à la technique Graffiti et le sens donné à la réalisation d’une pièce. Ainsi, la conjoncture présente des « structures d’opportunités culturelles » 245 pour le Mouvement Hip Hop et sa discipline Graffiti. Les questions que nous nous posons, et pour lesquelles nous n’avons pas de réponses satisfaisantes, se formulent ainsi : « Le gouvernement de la Concertation était-il en mesure de freiner cette contre-culture Graffiti au vu de son poids grandissant dans les rues ? Ou ne URL: http://www.leychile.cl/N?i=213895&f=2003-08-23&p= 241 Voir YUTRONIC, José & PINTO, Francisco, op.cit., 2005, Traduction p.145 à partir de: « Luego de postular al Fondart y de tener algunos inconvenientes por los altos costos, fueron apoyados finalmente por la municipalidad de Maipú para pintar una enorme producción que les demoro dos fines de semana ejecutar. […] El tema central fue la evolución del arte. » 242 De façon anecdotique, les premiers pas du Rap et Hip Hop passe souvent par l’intermédiaire du « Rock », plus conformiste pour viser un plus large public. Rappelons que la première radio de France diffusant du Rap s’appelle « Skyrock ». 243 TORREJON Ignacio (Dir.), op.cit., Edición 01, 2011, pp.20-25, voir article “Red de Hip Hop Activista” 244 Se reporter au Glossaire en annexes p.185 : Musée à Ciel Ouvert. 245 Nous le mettons en relief avec le concept de « Structures d’Opportunités Politiques » analysé par : TILLY, Charles, Contentious Performances, Cambridge, Cambridge University Press, 2008 69 serait-elle pas une stratégie politique et culturelle pour contrôler ce Mouvement en lui donnant un caractère légal justifiant ainsi l’illégalité de la branche majoritaire qu’est le « GraffitiVandale » ? » Bien qu’encourageant au développement artistique du Graffiti, dans tous les cas, cette opportunité saisie ne règle pas le problème du « Graffiti Vandale » pour une raison pratique qu’exprime très bien le crew Agotok, et concordant avec le parcours de la plupart des graffeurs contemporains: « Je me rappellerai toujours que j’ai commencé en faisant du Graffiti, ça me plaisait de faire un tag, aussi après j’aimais bien la bombe graffiti pour l’utiliser et en faire des personnages. » 246 Ce crew connu et reconnu pour ces graff-murales de grande qualité artistique dans les rues de Santiago Sud, explique bien le processus personnel de chaque graffeur passant du tag, au flop puis à des « œuvres plus élaborées ». Le Graffiti-Mural, minoritaire en nombre, n’existerait pas sans le Graffiti-Vandale avec ses tags 247 . Finalement, l’atavisme à du Santiago, Muralisme Populaire appuyé par le Mouvement Graffiti permet à ce dernier d’entrer à nouveau au « Panthéon » des Arts Urbains chiliens, tout comme son prédécesseur le Muralisme Chilien248. Et cela dans les souterrains de Figure 12: Réalisation d'un Graff-Mural au sein de la station de Métro de Quinta Normal par Cekis, Santiago, 2011 Santiago avec l’intervention en 2011 de Cekis dans la station de Métro de Quinta Normal. La consécration du Graff-Mural séduit les autorités étatiques, le reconnaissant alors comme « Art » à part entière au Chili. Les Artistes ne sortant plus seulement des universités mais maintenant des rues mêmes. 246 AGOTOK (Moreno-Villa), Entretien Encuesta Graffiti AGOTOK: Maison familiale, Santiago Sud. 23/12/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 30 minutes, voir en annexes pp.217222, Entretien Traduction à partir de: « yo siempre recordé que empecé haciendo graffiti, a mi me gustaba hacer los tag, también después me gusto el espray utilizarlo para hacer figuras » 247 Cela dit il se peut que le Graffiti-Vandale soit un Graffiti-Mural si l’on cherche à pousser plus loin la réflexion. 248 La station de métro Bustamante comporte une énorme murale de Mono González réalisée en 2008. 70 Après avoir analysé les continuités et les ruptures de l’Art Urbain Chilien sur près d’un centenaire, il est maintenant temps de passer à une autre échelle de lecture en se focalisant au plus près de cette « Communauté » de graffeurs. II] LA COMMUNAUTE DES GRAFFEURS: « UN EQUILIBRE ENTRE 249 L’EGO ET L’HUMILITE » Figure 13: "Equilibrio", auteur Elliot Tupac (Pérou), réalisé le long du Rio Mapocho à Santiago durant le Festival "Hecho en Casa", novembre 2012. « Ton propre jeu avait commencé par ennui, ce n’était pas en vérité une protestation contre l’état des choses dans la ville, le couvre-feu, l’interdiction menaçante de coller des affiches ou écrire sur les murs. Simplement ça te divertissait de faire des dessins avec des craies de couleurs (ça ne te plaisait pas le terme « graffiti », tellement « critique d’art ») et parfois aller les voir, avec un peu de chance, et assister à la venue du camion municipal et aux insultes inutiles des employés alors qu’ils effaçaient les dessins. »250 Extrait de la nouvelle « Graffiti », de Julio Cortázar, 1983 249 Expression tirée du témoignage d’Esec Tapia: ESEC, op.cit., 01/11/2012, en annexes pp.250-254, Entretien Traduction à partir de: “un equilibrio entre el ego y la humildad”. 250 CORTAZAR, Julio, nouvelle “Graffiti”, 1983, Traduction à partir de: “Tu propio juego había empezado por aburrimiento, no era en verdad una protesta contra el estado de cosas en la ciudad, el toque de queda, la prohibición amenazante de pegar carteles o escribir en los muros. Simplemente te divertía hacer dibujos con tizas de colores (no te gustaba el término graffiti, tan de crítico de arte) y de cuando en cuando venir a verlos y hasta con un poco de suerte asistir a la llegada del camión municipal y a los insultos inútiles de los empleados mientras borraban los dibujos.” 71 Nos protagonistes ne vivent pas la même histoire d’amour interdite sous la Dictature Argentine que nous conte l’écrivain Julio Cortázar dans sa nouvelle « Graffiti ». Ils évoluent néanmoins à travers ce jeu d’interactions entre la « Communauté » intrinsèque des graffeurs et à travers leur relation avec les pouvoirs publics et le reste de la « Société », énonçant parfaitement ces « liaisons dangereuses » entretenues ou non par nos personnages. Dans cette partie, nous nous donnons comme objectif de donner la parole aux membres hétéroclites de cette « Communauté » en nous basant sur nos témoignages récoltés au fil de l’enquête, reflets de leur quotidien, ainsi que de photographies prises sur le terrain, miroir de leur vie. Mais avant de poursuivre notre démonstration, nous convenons de définir ce que nous entendons par les notions de « Communauté » et de « Société » farouchement utilisées jusqu’à présent. Nous posons comme marqueur référent la définition de Tönnies 251 confrontant ces dernières. Il ne s’agit non pas d’une « Communauté » fondée sur le sang252 tel qu’il l’annonce: « La théorie de la Communauté vient de l’unité parfaite de la volonté humaine considérée comme état primitif ou naturel […] La racine principale de ces relations étant le lien de la vie végétative dû à la naissance.253 » En revanche, nous partageons pour concept l’importance du lieu de vie, car rappelons-le les Cultures Hip Hop et Graffiti proviennent avant tout des périphéries pour l’essentiel. Des « poblaciones » impliquant la cohabitation et les structures de solidarité et d’amitié que sont avant tout les « crews » pour les graffeurs. Cette amitié permet ainsi la « participation en commun » d’une activité, pour notre cas la discipline Graffiti. Notre Communauté fonctionne donc en majorité sur un modèle purement organique à l’intérieur même d’une Communauté au sens plus large que serait celle des « pobladores » appartenant respectivement à leur « población ». Mais il ne s’agit pas d’un fonctionnement mécanique telle que la notion de « Société » nous renvoie: « La théorie de la Société constitue un cercle d’hommes qui, tout comme dans la Communauté, coexistent pacifiquement, mais ne sont pas essentiellement unis sinon essentiellement séparés »254 et cela est principalement dû à la marchandisation de la Société. Malgré tout, utiliser cette notion de « Communauté » 251 TÖNNIES, Ferdinand, Comunidad y sociedad [1887], trad. de J. Rovira Armengol, Losada, Buenos Aires, 1947 252 Bien que la parenté n’est pas toujours innocente dans le processus artistique : Le grand-père d’Inti, Victor Castro était lui-même peintre, Saile s’est initié au Graffiti avec son frère Siete Ocho et l’exemple le plus connu demeure les Os Gêmeos, signifiant « Jumeaux » en portugais, l’étant de fait. Le vocable « famille » pour désigner un groupe de graffeurs est très souvent usité dans ce milieu. 253 Tönnies, Ferdinand, ibid., 1947, Traduction p.26 à partir de: “La teoría de la comunidad parte de la unidad perfecta de la voluntad humana considerándola estado primitivo o natural (…) La raíz general de estas relaciones es el nexo de la vida vegetativa debido al nacimiento.” 254 TÖNNIES, Ferdinand, ibid., 1947, Traduction à partir de: “La teoría de la sociedad constituye un círculo de hombres que, como en la comunidad, conviven pacíficamente, pero no están esencialmente unidos sino esencialmente separados” 72 demeure un abus de langage car il serait trop simple de considérer notre Communauté de Graffeurs rivale de la Société. Nous l’avons déjà vu le Mouvement Graffiti s’organise aussi grâce au processus de Transition à la Démocratie et à celui d’institutionnalisation et de démocratisation de la Culture au Chili, il ne s’oppose donc pas fondamentalement à la Société. Aussi, le sentiment d’appartenance à une même Communauté de graffeurs est mitigé selon l’interlocuteur: Tous ne se revendiquent pas d’une même « famille ». Alors, pour appuyer notre argumentation, nous décomposerons notre axe en trois parties. La première s’attache à démontrer les éléments faisant de la Communauté des graffeurs une Communauté à part entière, unie par des modes de vie partagés. Puis, nous révélerons les tensions et les débats internes. Pour finalement terminer par une étude de cas sur trois projets communautaires distincts de par leur nature et objectifs, une nouvelle occasion de constater que notre Communauté n’est pas aussi hermétique à la Société. A] UN GRANDE FAMILLE: L’UNITE DANS LA DIVERSITE Avant de porter des observations sur cette entité, nous proposons de synthétiser les grands traits communs et les spécificités de cette dernière en nous basant sur notre palette de témoignages amassés au cours de notre enquête de terrain 255. Il nous semble que ce premier travail demeure critique mais pour le moins représentatif de l’ensemble du groupe social des graffeurs. 1) LA GENERATION POST -DICTATURE Tout d’abord, nous avons affaire à une classe d’âge que l’on pourrait décrire comme la génération post-dictature, nos sondés fluctuant entre la vingtaine et une trentaine déjà bien avancée256. Ce qui apparaît comme rationnel étant donné la naissance du Hip Hop au Chili à dater au début des années 1980 mais confortant sa popularité au milieu des années 1990 pour la discipline Graffiti. Il s’agit donc d’une Communauté « jeune » et récente ayant vécue la majeure partie de sa vie sous le processus de Transition à la Démocratie. Cette notion de « jeunesse », qui finalement se rapporte à celle du « Street Art », décrite selon Pierre Bourdieu comme « un concept qui attrape tout, c’est-à-dire rien », nous permet tout de même de pointer 255 Au total, 20 témoignages de graffeurs de différents milieux, secteurs, styles et âges. 3 témoignages consultatifs. Nous nous posons les questions du genre et de la territorialisation par la suite. Nous avons préféré réaliser une enquête qualitative plutôt que quantitative, nous paraissant plus pertinente sur le fond que la forme. 256 Concernant l’Association Pintarte de Chillán, si l’on en croit le témoignage de FERRADA, Gabriela, op.cit., 09/01/2013, en annexes pp.223-232, Entretien, Traduction à partir: « Las edades fluctúan entre los 15 y 30 años de edad. » 73 sa première particularité quant à la Société chilienne. Une donnée importante si l’on en croît l’auteur Aguilera, confrontant la Culture Politique avec la Politique des cult ures jeunes : « les jeunes, majoritairement, partagent une critique profonde des modes d’organisation de la Société, des formes traditionnelles de participation dans le champ de la Société civile, appelés partis politiques, syndicats, fédérations, et proposent une redéfinition des relations politiques et des mécanismes institutionnels qui les régulent. »257, confirmant ainsi notre objet d’étude. Selon notre enquête, et en prenant en compte les spécificités du système d’Enseignement chilien, il s’avère qu’une grande partie poursuit son cursus universitaire conjointement à un travail. Les carrières universitaires et emplois privilégiés sont pour la plupart en relation avec le domaine de l’Art et de l’illustration: étudiant en architecture et architecte (Esec, Sébastian Cuevas), étudiant en Animation Digitale (Nemo), illustrateur graphique et publicitaire (Crems, Naska), professeur d’Arts Visuels (Newen, Henruz). Une faible partie parvient à vivre ou survivre de leur Art comme Artistes indépendants pour certains issus d’études d’Arts plastiques (Herz, Le Dorian, Pecko, Saile, Inti, Cekis, etc...). Certains trouvent refuge dans la catégorie sociale des ouvriers (Agotok, El Murero). Une autre partie se consacre à un travail social en relation de près ou de loin avec le Graffiti et le secteur public (Thorn, Figure 14 : « Integracion », la Transition du Muralisme au Graffiti, auteurs Mono González et Seth, MACA de San Miguel Bysi, Pepe). Un cas spécifique à noter, celui de Defos: médecin ayant trouvé le Graffiti pour thérapie. On s’aperçoit donc que les études et carrières politiques sont mises de côté. Selon un 257 AGUILERA RUIZ, Oscar, “Cultura política y política de las culturas juveniles”, in Utopía y Praxis Latinoamericana, volumen 15, n°50, Universidad del Zulia, Maracaibo, Venezuela, 2010, pp. 91-102 Traduction p.94 à partir de: “Los jóvenes, mayoritariamente, comparten una crítica profunda a los modos de organización de la sociedad, a las tradicionales formas de participación en el campo de la sociedad civil, llámese partidos políticos, sindicatos, federaciones, y proponen una redefinición de las relaciones políticas y los mecanismos institucionales que las regulan.” 74 sondage de l’INJUV258 effectué en 2012 auprès de 952 jeunes âgés entre 18 et 29 ans, 54% des jeunes ne s’identifient pas à un parti politique en particulier. Majoritairement, nos graffeurs ne revendiquent aucunes « couleurs » politiques définies et ne cherchent pas à s’investir activement dans la Politique « conventionnelle ». Selon nos témoignages, aucun graffeur ne mentionne son appartenance à un syndicat ou à un parti politique si ce n’est de façons anecdotiques : « Libre-penseur » pour Newen, « Mystique et de la « Pachamama » » pour Naska et « Sans accords ni intérêts, seulement avec ceux qui veulent un Meilleur Monde » pour Esec. Vouloir classer les graffeurs dans la catégorie des « libres-penseurs humanistes rattachés à la Terre et à l’Esprit des Anciens » serait donc une erreur d’appréciation lourde de sens. Non, politiquement, les graffeurs sont hors des sentiers battus et n’ont aucune prétention à être identifiés dans cette sphère du « Politique ». Cependant, comme l’annonce l’auteur Aguilera, « il émerge un discours et une pratique jeune qui prête bien plus attention aux significations que tiennent leurs actions, aux valeurs qu’ils véhiculent avec leur quotidien et qui donne forme au « Politique », qui n’est autre qu’une des formes d’organisations et des modes de relation sociale qui s’établissent entre les sujets. On observe ainsi un « retour du politique », une récupération de ces dimensions sociales qui aident à construire une Société plus inclusive et des modèles plus réciproques de cohabitation entre les sujets qui font partie d’une Communauté. »259 Et c’est en tant que citoyens sur le territoire chilien, soudés par la pratique commune du Graffiti, que la Communauté des graffeurs exprime ses idées et/ou ses convictions politiques, à commencer par l’acte même de graffer dans les rues. D’une certaine façon, c’est à travers ce paradoxe que la voix de la Communauté raisonne: « La Politique en soit non. On s’est toujours éloigné de la Politique. Quand on va peindre un mur, on dit à la propriétaire que l’on ne va rien peindre de politique mais on a déjà notre idée. Un idéal déjà politisé si on l’exprime bien sur un mur. Parce que, bien que l’on n’appartienne à aucun parti politique, on est en train de transmettre une idée de comportement d’une Société à partir de notre vision qui serait notre idéal. De la manière dont on souhaiterait être gouverné ou de comment nous, nous nous gouvernons les 258 Instituto Nacional de la Juventud, disposición y actitudes hacia el sistema de representación política, Sondeo de Opinión Pública, Agosto 2012, Voir p.48, camembert “Orientación política”. 259 AGUILERA RUIZ, Oscar, op.cit., 2010, Traduction à partir de: “Emerge un discurso y una práctica juvenil que le presta mucha atención a los significados que tienen sus acciones, a los valores que ellos vinculan con su cotid ianeidad y que da forma a “la política”, que no es otra cosa que unas formas de organización y modos de relación social que se establecen entre los sujetos. Se observa así un retorno de lo político, una recuperación de aquellas dimensiones sociales que ayudan a construir una sociedad más inclusiva y modelos más recíprocos de convivencia entre los sujetos que forman parte de una comunidad.” 75 murs. Chacun est un mini-président, un mini-maire, je suis un législateur et je suis un minijuge »260 selon le témoignage du crew Agotok. Paradoxalement et d’un point de vue extérieur, point de vue que nous partageons en partie, la réception des graffitis et des graff-murales peut-être vue comme une réponse contre un Système oppressif ou une Société dictatoriale. Le réalisateur de documentaire Pablo Aravena, connaisseur du milieu, nous donne alors son opinion personnelle sur le « Street Art » : « Je dirai que c’est un cri de liberté, que c’est une expression libre dans une Société où tout est contrôlé, où tout est étiqueté, où tout est manipulé par les gouvernements, par les forces de l’ordre, alors c’est une expression libre dans un milieu d’hyper -Capitalisme. Et je crois que ça c’est sa force. C’est une voix sans médiateur, sans permission. C’est le problème de l’espace. Pourquoi dois-je regarder des publicités de grandes marques dans l’espace public et ne pas voir de graffitis ? L’espace public appartient à tout le monde. Et même si tu suis les règles, si tu achètes les marques qui paient pour cet espace, qui elles ont le droit légalement à avoir cet espace, pour finir on paie tous les taxes pour la route, pour l’espace public, pour les parcs! C’est une expression naturelle, rebelle et contestataire contre le triomphe du Capitalisme. Maintenant, il n’y a pas vraiment d’autres alternatives, c’est seulement le Capitalisme, exceptés Cuba, la Corée du Nord et quelques pays comme ça… Même les Chinois sont devenus capitalistes ! Alors c’est des idées de consommations, avoir une carte de crédit… Et tout ça, c’est un cri contre ça. C’est humain, ça crée des communautés…261 ». Une interprétation libre de ce Mouvement artistique ne demeurant cependant qu’une interprétation personnelle, dévoilant avant tout des convictions politiques présupposées. En vérité, une grande partie de ce Mouvement, selon ses auteurs, ne possède en aucun cas une implication ou des revendications politiques propres. Une Communauté que l’on pourrait décrire comme « dépolitisée » dans le processus de Transition à la Démocratie et laissant la libre élection dans la réception de son « image-objet » par ses récepteurs. Ce manque d’intérêt pour la Politique nous apparaissant similaire finalement à cette classe d’âge s’abstenant considérablement de voter durant les campagnes électorales 262. C’est ainsi que 260 Voir en annexes: AGOTOK, op.cit., 23/12/2012, pp.217-222, Entretien Traduction à partir de: “la política al final uno no, siempre se quiere alejarse de la política, uno cuando va a pintar un muro le deci’ a la señora que no va a pintar nada político pero tú ya teniendo una idea, un ideal ya lo politizai’ si lo expresai’ bien en un muro porque, aunque no pertenezcai’ a n ingún partido político, estay dando una idea de un comportamiento de una sociedad de tu idea de cómo vei’ la vida cual sería el ideal tuyo de cómo quieres que te gobiernen o tu mismo de cómo estay gobernando las murallas, uno mismo es un mini presidente, un mini alcalde, soy un mini legislador y soy un mini juez.” 261 Voir le témoignage d’ARAVENA, Pablo, 22/11/2012, op.cit., en annexes pp.233-239, Entretien 262 Selon Instituto Nacional de la Juventud, op.cit., Agosto 2012, Voir p.49 camembert “Intención de Votar”: En août 2012, avant les élections municipales, 45% des jeunes déclarent qu’ils n’iront pas voter, 17% « peut-être » et 5% ne se prononcent pas. 76 « dans ce contexte émerge la nécessaire relation entre styles jeunes et participation politique, c’est sous la forme de performance que les jeunes (hommes et femmes) vont découvrir à partir d’une pratique concrète (musicale ou culturelle), articulant expérience et construction de subjectivité, ses propres significations et actions de participation263 » selon l’auteur Aguilera. Leurs activités dans les rues et leurs Cultures identitaires sont alors ce qui définit le mieux cette Communauté. 2) LES NOUVELLES « TRIBUS URBAINES » « Pour cette fois, ils264 nous ont invité à nous réunir en tant que crew Santiago Under265. Cette fois, Inti était de passage et en amont, il s’agissait un peu de justifier les Cultures Urbaines, qui fût le thème proposé, et il s’agissait de mettre en lumière chaque personnage de styles différents, depuis mon personnage qui avait le style le plus urbain, celui d’Inti qui était plus folklorique et à côté celui de « Simon »266 qui était un peu plus cosmique dans sa ligne, plus trivial. C’était comme le mélange de ces trois, ensembles mais enclavés à une ligne propre […] Je pense qu’il y a un mélange parce que nous y avons Figure 15: "Las Tribus Urbanas", MACA de San Miguel, auteurs : Saile, La Robot de Madera, Inti et HES. 263 mis du Graffiti, avec l’idée d’intégrer également le lettrage d’HES ».267 AGUILERA RUIZ, Oscar, op.cit., 2010, Traduction p.96 à partir de: “En este contexto emerge la necesaria relación entre estilos juveniles y participación política, en que de modo performativo los jóvenes (hombres y mujeres) van descubriendo a partir de una práctica concreta (musical o cultural), articulando experiencia y construcción de subjetividad, sus propios significados y acciones de participación.” 264 Sous entendu par les personnes en charge du Musée à Ciel Ouvert de San Miguel: Roberto Hernandez, David Villarroel et le Directeur Artistique Mono González. 265 Au total, le crew est composé par : Aislap, Inti, Fisek, Saile, Myre (français), LRM (La Robot de Madera), et Hesoe (ou HES). Il existe depuis le début des années 2000. 266 Signature ou tag: La Robot de Madera. En biographie p.201 267 Voir en annexes: SAILE, Témoignage Encuesta Graffiti SAILE: Commune Pedro Aguirre Cerda, Santiago. 21/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 5 minutes, Entretien pp.297-299 Traduction à partir de: “esa vez nos invitaron a todos juntos como “Santiago Under” como el crew cachay… esa vez Inti estaba aquí de pasada y de primera era un poco demostrar como las culturas urbanas que era el tema que nos propusieron y era como cada uno demostrar unos personajes de distintos estilos, cachay, era como desde mi personaje que era el estilo más urbano hasta el personaje que era del Inti que era como mas folclórico cachay y del lado del “Simón”267 que era un poco más, mas espacial en su línea más trivial. Y era como la mezcla de esas tres, juntos pero como tan como están enfocados a una línea tampoco […] yo creo que igual es una mezcla, porque también metimos graffiti, en el sentido de que igual metimos las letras del HES.” 77 Selon l’auteur Michel Maffesoli, « Les Tribus Urbaines sont l’expression d’une perte de sens à laquelle nous soustrait la modernité, mais aussi elles constituent la manifestation d’une dissidence culturelle ou une résistance au devant d’une Société désenchantée par la globalisation du processus de rationalisation, la massification et l’inertie, qui caractérisent la vie dans les cités hypertrophiées de la fin du millénaire, où tout paraît se jouer en fonction du succès personnel et du consumérisme aliénant. 268 » Cette dissidence culturelle au Chili, comparable à l’émergence de la Culture Hip Hop dans les Grands Centres urbains états-uniens dans les années 1970 ou encore à la naissance du mouvement « pixação » à São Paulo dans les années 1980, se manifeste par le désenchantement d’une partie de la jeunesse trouvant asile grâce à la Culture Hip Hop269. Cette Culture joue un rôle prépondérant dans le parcours de chaque graffeur étudié. Peindre les rues des villes devient leur propre thérapie soignant alors le collapsus de cette Société désenchantée. Au-delà du groupe social des graffeurs, l’expérience Graffiti peut alors cicatriser les plaies laissées par la Société. Le crew Abusa, ayant travaillé avec des populations défavorisées et en marge, nous le démontre : « ça génère une super bonne connexion et aux gens ça leur plaît parce que ça les libère, tu piges ? Il y a ainsi des alcooliques qui peignent et que nous avons connus. Ils peuvent être toute la journée saouls à peindre et ils t’expliquent : « ce n’est pas que je peins et que j’oublie tout. Je me sens juste si bien. » et ils se concentrent sur cela et ne boivent pas quand ils peignent. En plus ça les libères parce ça peut être une thérapie aussi sous cette forme.270 » Pour la plupart des graffeurs, le Graffiti donne des espaces nouveaux pour s’affirmer et exister dans les rues de cette Société globalisée et déshumanisée des grands Centres urbains, sans risquer l’exclusion par de quelconques critères socio-économiques: « le Graffiti est un intégrateur social par excellence, c’est une cachette pour ceux qui veulent s’exprimer, mais qu’il n’y ait pas d’école de Graffiti le rend plus intéressant, parce que ceux qui réellement sont dans les rues, sont les 268 MAFFESOLI, Michel, El Tiempo de las Tribus: el ocaso del individualismo en las sociedades posmodernas, siglo XXI editores, primera edición en español, 2004, Traduction à partir de: “Las Tribus Urbanas son la expresión de una pérdida de sentido a la cual nos arroja la modernidad, pero también constituyen la manifestación de una disidencia cultural o una resistencia ante una sociedad desencantada por la globalización del proceso de racionalización, la masificación y la inercia, que caracterizan la vida en las urbes hipertrofiadas de fin de milenio, donde todo parece correr en función del éxito personal y el consumismo alienante”. 269 Les cultures identitaires de la jeunesse chiliennes ne se cantonnent pas seulement dans cette Culture Hip hop, nous l’employons simplement pour appuyer notre démonstration. A côté de cela, il existe une multitude de sous ou contre-cultures jeune telles que les « Barras Bravas », les « punks », les « anarchistes », etc... 270 Voir en annexes: ABUSA, Témoignage Encuesta Graffiti Los Abusa, Cerro Polanco, Valparaíso. 04/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 14 minutes, Entretien pp.211-215 Traduction à partir de: “genera una conexión súper bonita y a la gente le gusta porque los libera ¿cachay? Hay así borrachos que pintan que hemos conocido, y ellos pueden estar todo el día borracho y pueden pintar y dicen, no es que yo pinto y se me olvida todo, me siento tan bien y se concentran en eso y no toman cuando están pintando, entonces también los libera cachay porque puede ser una terapia también esa forma.” 78 personnes qui en vérité veulent signifier quelque chose et non représenter quelque chose ni quelqu’un, seulement leur monde et leur vérité. Au final une Société complète est représentée »271 selon le graffeur Esec. Finalement, la praxis donne vie à un phénomène de rejet et/ou d‘acceptation de cette Société imaginée, où chacun est en droit de s’exprimer à sa propre échelle. Au bas de cette échelle se situe l’appartenance identitaire locale, lieu des premiers pas dans les rues. En effet, c’est tout d’abord, aux alentours des lieux de naissance et/ou de vie que les graffeurs débutent avec pour premiers contacts le tag généralement. Une identité locale que nous rencontrons par secteurs : Agotok et Aislap au Sud de Santiago, Herz à Maipú, Piguan et Azucar dans le quartier Brasil, Naska dans le quartier de Bellavista, Saile dans la commune de Pedro Aguirre Cerda pour ce qu’il en est de Santiago, Charquipunk, La Robot de Madera et Inti dans certains quartiers de Valparaíso, etc... Cette identité n’est cependant pas toujours revendiquée selon l’interlocuteur. Elle dépend aussi du sentiment d’appartenance à un lieu variant souvent selon son Historicité. Il est donc certain que la « población » en tant qu’espace communautaire offre une sensibilité nouvelle, les graffeurs cherchant à représenter leur interdépendance au milieu et aux personnes auxquelles ils s’identifient. Pecko, Artiste-graffeur vivant au Nord de Santiago, nous parle ainsi de la « población » de la Pincoya, commune de Huechuraba : « Nous avons commencé à armer le schéma en accord à notre Histoire… De symboles basés sur notre Culture Populaire, et comment tout cela nous était parvenu depuis nos anciens, nos parents et nos grands parents, depuis notre propre culture « poblacionelle ». Imagine-toi que beaucoup d’entre nous sommes nés durant les prises de terrain, nous sommes nés dans des lieux précaire et c’est depuis là-bas que nous allons de l’avant à dire ce que l’on pense vraiment, à faire vomir notre forme de peinture. C’est ainsi que nous narrons notre Histoire. » 272 Isolée au Nord de Santiago, la « población » est née dans les années 1960 des prises sauvages de terrains. Cette forme d’accaparation de propriétés alors privées était très courante durant ces années, sans doute 271 Voir en annexes : ESEC, op.cit., 01/11/2012, pp.250-254, Entretien Traduction à partir de: “El graffiti es integrador social por excelencia, es un cobijador para los que quieren expresarse, pero al no haber escuela de graffiti lo hace más interesante, porque los que realmente están en las calles son las personas que de verdad algo quieren decir y no representan a nada ni nadie, solo su mundo y su verdad, por ende una sociedad completa está representada.” 272 PECKO, Témoignage Encuesta Graffiti PECKO, Rio Mapocho, Santiago Centro. 22/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 6 minutes, Entretien en annexes pp.289-290 Traduction à partir de: “comenzamos a armar el esquema de acuerdo a nuestra historia… de simbolismos en base a nuestra cultura popular, y como nos llegó eso desde nuestros viejos, nuestros padres y abuelos, desde nuestra misma cultura poblacional, piensa tu que muchos de nosotros nacimos en tomas de terrenos, nacimos en lugares precarios como se dice y desde ahí salimos pa delante a tirar el rollo, a vomitarlo, nuestra forma de tirar la pintura. Es la forma en que nosotros narramos nuestra Historia.” 79 inconcevables au jour d’aujourd’hui. Il poursuit: « La Pincoya pour nous c’est un des endroits les plus importants, c’est un des ghettos, une des favelas que possède Santiago, où sont nos codes. Là-bas, il y a ce que nous tirons réellement d’en dehors avec nos peintures. Là-bas, rien ne se maquille, absolument rien. Là-bas, c’est l’agressivité, la romance, la violence, la poésie, la ferveur, la chaleur humaine, c’est la Pobla. » 273 Pour autant, cette identité territoriale revendiquée surpasse le cadre même de la « población » et du concept « d’EtatsNations » en s’inscrivant dans un phénomène plus global de régionalisation de l’aire LatinoAméricaine. Pepe, en charge du MACA de la Pincoya 274, s’exprime à ce sujet: « Nous, notre « población », savons qu’il existe de nombreuses « Pincoyas » et beaucoup de « poblaciones » comme la Pincoya, pas seulement à Santiago, mais aussi dans d’autres pays latino-américains et nous vivons les mêmes problématiques sociales, les mêmes politiques qui se sont implémentées, les mêmes politiques néolibérales en relation avec le changement de structure de la Société. C’est en lien avec la récupération des espaces, c’est en lien avec le fait de se reconnaître comme citoyens latino-américains plus que tout avec nos frères argentins, avec nos frères péruviens, avec nos frères colombiens, etc... Et construire ainsi de nos mains, un espace qui nous rend heureux. » 275 L’imaginaire collectif nous renvoie donc à cette identité socio-économique intégrée dans un espace transnational qu’est la Région d’Amérique Latine, mais s’intègre aussi dans un monde homogénéisé avec des valeurs universelles de nos jours, comme le prétend Esec: « Je crois que la globalisation a laissé derrière la distinction de style entre régions ou cités et en même temps a été influente pour beaucoup d’Artistes Urbains à leurs débuts et que certains ont évolué leur style mais avec pour matière première l’influence globalisée. » 276 Une hypothèse qui pourrait confirmer les recherches de la 273 Voir en annexes, le témoignage de PECKO, ibid., 22/11/2012, Entretien pp.289-290 Traduction à partir de: “la Pincoya pa nosotros es uno de los lugares más importantes, es uno de los ghettos, es una de las favelas que tiene acá Santiago se podría decir donde están nuestros códigos. ahí está lo que realmente nosotros tiramos pa afuera en nuestras pinturas ahí no se maquilla absolutamente nada ahí está la agresividad, el romance, la violencia, está la poesía, el fervor, está el calor humano, esta la pobla.” 274 Musée à Ciel Ouvert sur lequel nous revenons dans notre troisième partie pour son caractère « engagé ». 275 Voir en annexes, le témoignage de PEPE, Témoignage Encuesta Graffiti PEPE, Museo A Cielo Abierto la Pincoya, commune de Huechuraba, Santiago. 11/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 10 minutes, pp.255-258, Entretien pp.291-293 Traduction à partir de: “Nosotros, nuestra población, sabemos que existen muchas Pincoyas y muchas poblaciones como la Pincoya, no solo en Santiago, sino que, en otros países latinoamericanos y que estamos viviendo por así decirlo, las mismas problemáticas sociales, los mismos, las mismas políticas que se han implementado, las mismas políticas neoliberales, tiene que ver con el cambio en la estructura de la sociedad, tiene que ver con recuperar los espacios, tiene que ver con reconocernos nosotros como ciudadanos latinoamericanos más que nada con nuestros hermanos argentinos, con nuestros hermanos peruanos, con nuestros hermanos colombianos, etcétera y construir de la mano, un espacio que nos haga más feliz.” 276 Voir en annexes : ESEC, op.cit., 01/11/2012, pp.250-254, Entretien Traduction à partir de: “Creo que la globalización dejo atrás la distinción de estilo entre regiones o ciudades, y al mismo tiempo ha sido de influencia para muchos de los artistas urbanos en sus comienzos y que algunos han ido evolucionando el estilo pero con la materia prima de una influencia globalizada. ” 80 sociologue Saskia Sassen, spécialiste des phénomènes d’urbanisation à l’échelle globale et récemment récompensée aux Prix des Princes des Asturies de Sciences Sociales en mai 2013277. Un monde globalisé et universalisé s’identifiant par des caractéristiques communes partagées par les hommes, et n’excluant pas les femmes pour autant. 3) LA QUESTION DU GENRE : UNE PERLE DE ROSE DANS UN OCEAN CERULEEN Il nous apparaît essentiel de traiter cette question du genre dans la Communauté Graffiti pour plusieurs raisons. Tout d’abord, bien que numériquement inférieures dans le groupe social, les graffeuses apportent de nouvelles sensibilités et images à cette discipline trop souvent jusqu’à nos jours considérée comme un milieu d’hommes: dangereux, brutal et illégal. Des stéréotypes menant la vie dure au mouvement Graffiti cherchant à en tracer une figure misogyne et sexiste. Néanmoins, nous ne désirons pas différencier les femmes du reste du groupe ni exalter leur contribution au Mouvement Artistique afin de les mettre sur un piédestal, simplement justifier leur présence et la place qui leur revient de droit. Ensuite, il s’agit de combattre encore une fois les stéréotypes latents dans une aire géographique latinoaméricaine réputée pour ses Sociétés à caractères patriarcal et machiste. Car l’imperfectibilité devant l’égalité des sexes, face à la loi, face au travail et au sein même du noyau familial, est une caractéristique commune aux Sociétés contemporaines dans lesquelles nous vivons et le chemin demeure encore semé d’obstacles avant de parvenir à destination. Et c’est dans ces conditions que commencent à naître en Amérique Latine des évènements Graffiti, non pas fondamentalement féministes mais féminins, tel qu’au Festival « Nosotras estamos en la calle »278 à Lima (Pérou) depuis maintenant l’année 2008. Des évènements soulignant avant tout l’identité universelle du Graffiti. Concernant son Art « Mère », le Muralisme, l’iconographie abonde de figures féminines rendant compte de la place majeure des femmes dans l’imaginaire collectif chilien. Figures de la Liberté, de la Victoire, de la Résistance et de la Démocratie, sa « Présence d’Amérique Latine » témoigne du rôle prépondérant joué par les femmes avant et pendant la période de Dictature. Selon la chercheuse Valérie Joubert, « le Muralisme exalte l’image des 277 Voir l’article : “La socióloga Saskia Sassen, Principe de Asturias de las Ciencias Sociales 2013 ”, in El País, Madrid, 15 de mayo 2013: http://sociedad.elpais.com/sociedad/2013/05/15/actualidad/1368603007_629790.html, consulté le 15 mai 2013. 278 Voir l’article : « 5to Festival « Nosotras estamos en la calle » 2013, Lima-Perú », in Revue électronique Xfem, 13 mars 2013, http://www.xfem.cl/5to-festival-nosotras-estamos-en-la-calle-2013-lima-peru/, consulté le 14 mars 2013 Traduction : « Nous (en tant que femmes) peignons dans les rues » 81 femmes, rendant hommage à sa force créatrice aussi bien qu’à sa combativité »279. Mais ce n’est pas seulement à travers les œuvres que le combat se matérialise, en fait « plusieurs formations exploitent les thèmes féminins, comme la Brigade Laura Allende, aux côtés d’autres structures militantes comme Guacolda, le Comité des Mères de Prisonniers Politiques, ou le CODEM (Comité de défense des droits de la Femme). En 1989, le groupe « Peulla » constitué par cinquante et une femmes de quartiers modestes, peint une murale à Viña del Mar. » 280 Elles se révèlent ainsi les actrices de leur combat, avant tout axé sur la reconnaissance des Figure 16: "Presencia de América Latina", auteur José González Camarena, Concepción, 1965 crimes perpétrés sous la Dictature et la nostalgie du Socialisme sous l’Unité Populaire tel que l’Association féminine « Rompiendos silencios » « s’opposant à un silence complice de la violence » 281 . Un point relevant notre attention car il semblerait encore une fois qu’il démontre une rupture générationnelle et idéologique avec l’apparition du Graffiti « féminin », où les thématiques abordées se déplacent considérablement des revendications anciennes pour laisser de nouveaux espaces de liberté dans les rues. Le premier crew féminin naît en 1995 sous le nom de « Musa Del Arte »282 (MDA) avec les graffeuses Bisy, Tweety et Bopsy283 reprenant les codes de la Culture Hip Hop et 279 JOUBERT, ANGEL, Valérie, “Mujeres y murales contra la Dictatura en Santiago de Chile”, in Femmes, écritures et enfermement en Amérique latine, coll. MPI, série Amériques, AMERIBER, Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, Presses Universitaires de Bordeaux, 2012, Traduction à partir de: “El muralismo exalta la imagen de las mujeres, rindiendo homenaje a su fuerza creadora tanto como a su combatividad.” 280 JOUBERT, ANGEL, Valérie, ibid., 2012, Traduction à partir de: “Varias formaciones explotan temas femeninos, como la Brigada Laura Allende, al lado de otras estructuras militantes como Guacolda, el Comité de Madres de Presos Políticos, o Codem (Comité de Defensa de los derechos de la Mujer). En 1989, el grupo Peulla, constituido por cincuenta y una mujeres de los barrios humildes, pinta un mural en Viña del Mar.” 281 JOUBERT, ANGEL, Valérie, ibid., 2012, Traduction à partir de: “Oponiéndose a un silencio cómplice de la violencia, el nombre de la agrupación femenina "Rompiendo silencios" suele aparecer con el símbolo genético correspondiente, reforzado por la palabra "Mujer". “Rompiendo silencios: “Rompant les silences”. 282 Traduction: “Muses de l’Art”. 82 Graffiti. Peu d’informations existent alors sur leur arrivée dans le paysage urbain, mais il est certain que la Graffeuse Bisy, sœur du pionnier Cekis, donne une impulsion nouvelle dans la pratique Graffiti ouvrant la voie à une nouvelle génération de femmes graffeuses. Par la suite, elle intègre un nouveau crew au côté de Naska: « un groupe constitué seulement de femmes, appelé « Crazis » 284 comme folles en anglais, mais prononcé à la chilienne « Cracisse », lequel n’existe plus, mais l’amitié est restée. 285 » Naska nous confirme quant à elle, avec une pointe d’humour, son intégration dans la Communauté des graffeurs : « Discriminée non… Au contraire, être l’unique femme d’un groupe (à cette époque), me permettait d’avoir plus de privilèges, et pour le seul fait de peindre (rire) !286 » Finalement, la question du genre Figure 17: Nada Pink et Naska, Quartier Bellavista, Santiago dans le Graffiti est sans doute maladroite comme nous l’explique le duo Abusa, composé de deux jeunes femmes: « le Graffiti n’a pas de sexe. Il n’est ni pour les hommes ni pour les femmes. Les couleurs ne sont ni des hommes ni des femmes. En fait, le Graffiti est Graffiti. On tend à penser qu’il est plus des hommes parce qu’ils sont majoritaires dans ce qu’ils font mais nous plantons le Graffiti comme quelque chose d’Universel. Ce n’est pas parce que nous sommes des femmes que nous allons le faire d’une autre forme, ou parce qu’ils sont des hommes que ce sera d’une autre façon », sa comparse poursuit : « Nous le voyons comme une forme transversale et nous aimons aussi rompre avec ces schémas de ce qui est d’Homme. Que le rose est pour la femme, que le céleste est pour l’homme… »287 De 283 284 Selon FIGUEROS IRRARAZABAL, op.cit., 2006 Les Artistes-graffeuses composant le crew: Naska, Bisy, Shape, Eney, Cines, Adri et Dana. 285 Voir en annexes : NASKA, équipe organisatrice Polanco Festival, Entretien Encuesta Graffiti NASKA, Cerro Polanco, Valparaíso. 04/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 19 minutes, pp.251-255, Entretien pp.284-288 Traduction à partir de: “un grupo conformado solamente de mujeres, llamado “CRAZIS”, como locas en inglés, pero pronunciado “a lo chileno: “Craciss” el cual en la actualidad no existe, pero si queda esa amistad.” 286 Voir en annexes : NASKA, ibid., 04/11/2012, pp.284-288, Entretien, Traduction à partir de: “Discriminada no, al contrario el ser la única mujer de grupo (en ese tiempo), me permitía tener más privilegios, y por el solo hecho de pintar, jajaja…” 287 Voir en annexes : Los Abusa, op.cit., 04/11/2012, Entretien pp.211-214 Traduction à partir de : Wendy: “no, o sea yo siento que nosotras nos hemos planteado súper claramente que el graffiti no tiene genero no es de hombre ni de mujer, los colores no son ni de hombres ni de mujer, o sea el graffiti es el graffiti, se 83 nos jours, les Artiste-graffeuses ou « Street Artists » chiliennes ont gagné leurs noms et réputations telles que Bysi, Naska, Abusa, Dana Pink, Macay, Están Pintando288. Non pas en tant que femmes ou féministes, mais bien en tant qu’Artistes à part entière. La mort prématurée de la graffeuse ACB en 2006 rend compte de ce phénomène 289 . Un vibrant hommage, à travers les graffitis d’Artistes-Graffeurs tels qu’Aislap, Saile ou encore Fisek, témoigne de l’affection portée pour la graffeuse et pour son travail. En reprenant le tag ACB présent sur certaines pièces des graffeurs, sa présence se perpétue dans le temps et dans l’espace public 290 . Mentionnons aussi que l’élection de la première Présidente de la République Chilienne en 2006, Michelle Bachelet, et son combat pour l’égalité des sexes aura peut-être contribué à une évolution des mentalités dans la Société et dans le milieu artistique, mais ce sont des suppositions à n’esquisser qu’avec de délicats pinceaux. De nouveaux travaux de recherche seraient fortement appréciés sur ce point afin de démontrer ou non la véracité de nos hypothèses. Cependant tout ne demeure pas aussi rose que nous le prétendions jusqu’à présent au sein de la Communauté des Graffeurs, il est maintenant temps d’examiner de plus près les conflits internes et les divergences d’opinion au sein de ce même groupe. tiende a pensar que es más de lo hombres porque son mayoría en lo que ellos hace pero nosotras nos planteamos el grafiti como algo universal o sea no porque seamos mujeres lo vamos a ser de otra forma, o por que sean hombres de otra. Anís: “O sea es innato igual que tu rescatis’ cosas de lo que tú sabes de lo que eres porque es algo innato, es esencial, pero no por eso creemos que esta segmentado cachay, apararte también lo vemos como una forma transversal y nos gusta también romper esos esquemas de que esto es de hombre, que el rosado es de mujer, que el celeste es de hombre…” 288 Voir les Biographies de Bisy p.197 et d’Abusa en annexes p.194 289 Voir PALMER, Rodney, Arte Callejero en Chile (versión actualizada), Ocho Libros Editores, Santiago, 2011, p.48 290 Un travail de recherches quant aux représentations de la Mort et des commémorations des défunts offrirait une nouvelle dimension à ce nouveau champ de recherches. La Mort comme objet d’étude de l’Art Urbain est un domaine peu étudié mais néanmoins très riche en termes d’Archéologie Visuelle. Le s icônes populaires (Violeta Parra, Victor Jara, Ernesto Che Guevara, Salvador Allende, etc...) et les icônes locales sous la Dictature (les prêtres, les figures de martyrs réprimées, les prisonniers politiques, etc...) sont des éléments récurrents dans l’espace public chilien de nos jours. Notre exemple, qui n’est pas isolé, démontre une nouvelle forme de culte pour des icônes cette fois-ci « anonymes ». Une évolution dans l’espace public décrivant une extension de l’utilisation des « animitas » (petites sépultures dressés dans les rues du Chili en hommage aux défunts ayant résidés dans les quartiers. Généralement des enfants victimes d’accidents de la route.). Le Graffiti comme espace de commémoration offre de nouvelles perspectives pour les jeunes générations. 84 B] L’EGO: SOURCE DE DIVISIONS Bien que l’auteur Maffesoli nous mette en garde contre cette notion « d’individualisme » comme objet méthodologique: « il y aura à revenir régulièrement sur le problème de l’individualisme, quand bien même vu de l’extérieur, parce qu’il obnubile, de manière plus ou moins pertinente, toute la réflexion contemporaine. Tel quel, ou sous une forme dérivée quand l’on parle de narcissisme, se retrouvant au centre de nombreux livres, articles et thèses qui l’abordent depuis un point de vue psychologique, naturellement, mais aussi depuis un point de vue historique, sociologique ou politique. C’est, d’une certaine façon, un pas obligé pour qui prétend contribuer à la construction d’un savoir issu de la modernité. Ceci n’est pas, dans l’absolu, inutile 291 ». Nous nous voyons tout de même contraints d’insister dans notre démarche au regard d’une réponse concise reçue par l’un de nos enquêtés et ayant suscitée notre attention. A la question : « Pour finir, pour toi, à quoi sert l’Art Urbain ? », Nemo nous répond : « A l’égo des peintres. »292 Alors, ce ne serait pas porter préjudice au Mouvement Graffiti de signaler cette caractéristique commune à une grande majorité des graffeurs, démontrant sans complexe l’individualisation de cette pratique. Nous nous tentons donc à donner des éléments de réponse quant à cet individualisme latent. Sur certains points, reflet de nos Sociétés actuelles. 1) INDIVIDUALISME ET DEFICIENCE STRUCTURELLE Bien sûr, nous ne reviendrons plus sur la pratique du tag, affirmation même du « Je » dans le Graffiti, sur lequel il nous semble avoir été suffisamment précis jusqu’alors. En revanche, en avançant dans la praxis Graffiti, de nouveaux éléments alimentent le propos appelant à la liberté individuelle de chacun. Une liberté partiellement retrouvée sous la Démocratie, tel que nous le présente LeDorian : « En peu de mots, « je fais ce que je veux », et je transmets mon message avec ces moyens, avec peu de ressources, avec ces images, avec ces concepts et c’est ce que j’aime : la liberté de peindre dans la rue »293, mais aussi au désir 291 MAFFESOLI, Michel, op.cit., 2004, Traduction p. 35 à partir de: “habrá que volver regularmente sobre el problema del individualismo, aun cuando sólo fuera porque obnubila, de manera más o menos pertinente, toda la reflexión contemporánea. Como tal, o bajo una forma derivada cuando se habla de narcisismo, se halla en el centro de numerosos libros, artículos y tesis que lo abordan desde un punto de vista psicológico, naturalmente, pero también desde un punto de vista histórico, sociológico o político. Es, en cierto modo, un paso obligado para quien pretende contribuir a la construcción de un saber sobre la modernidad. Esto no es, en absoluto, inútil.” 292 Voir en annexes: NEMO (assistant Mono González), Entretien Encuesta Graffiti NEMO, San Bernardo, Santiago. 24/03/2013. Espagnol. Questionnaire remis par courrier électronique, Entretien, pp.266-267 Traduction à partir de: “¿Por fin, para ti, a que sirve el Arte Callejero?” “Al ego de los pintores.” 293 Voir en annexes: LE DORIAN, Entretien Encuesta Graffiti LE DORIAN, atelier, Santiago Centro. 08/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 27 minutes, pp.260-265, Entretien, 85 de réaliser un autoportrait rigoureux de soi-même et du reste de la Société imaginée: « La peinture doit représenter qui tu es, pour cela je crois que la finition de la murale c’est ça. Et si elle te représente, tu représentes aussi ta famille, ton quartier et au final tu représentes294 » selon les Agotoks. Ces deux dimensions, nourries de l’individualité, délivrent comme paradoxe la nécessité de réclamer son unicité dans le monde du Graffiti, milieu où le plagiat devient un crime de lèse-majesté. Avouer au grand jour ses références artistiques ou ses fonds d’inspiration devient alors une tâche bien délicate pour les Artistes-graffeurs se risquant à une forme de parjure au sein de la Communauté. Cette crainte ou gêne occasionnée se traduit pour beaucoup de graffeurs sous cette forme: « Non, en vérité, je n’aime pas regarder beaucoup de peintures, je ne cherche pas de fond d’inspiration, mais j’essaie tout le contraire. De marcher dans une direction distincte, de ne pas copier. J’essaie bien que je crois qu’également c’est difficile de le faire, mais j’essaie dans la mesure du possible… De ne pas être si semblable au reste, mais évidemment c’est quelque chose d’inconscient, on ne se rend pas tout de suite compte.295 » se souciant Defos ou encore « dans le Graffiti, je crois que j’ai commencé à voir des revues, j’ai commencé à voir des gens d’autres endroits, mais je ne sais pas s’ils font partie de mes références, je crois que je les retiens ni plus ni moins comme aide visuelle.296 » déclarant Crems. Cette volonté de se distinguer de la masse des graffeurs et de se déclarer unique dans la Communauté n’est pourtant pas un paradigme immuable. En effet, le paradigme se décristallise sous l’effet en partie du crew et d’un « besoin naturel » à échanger et à se rétro-alimenter auprès des autres graffeurs. Le duo Abusa travaillant en équipe nous conte son expérience : « En fait, je crois que le Graffiti est une preuve de constance, si tu n’es pas constant, tu ne vas pas parvenir à grand-chose. Cela devrait être avec constance, patience, travail d’équipe. Par exemple, quand tu travailles dans un crew, Traduction à partir de: “« en pocas palabras, yo hago lo que quiero, y transmito mi mensaje con estos medios, con estos recursos, con estas imágenes, con estos conceptos y eso es lo que me gusta, como la libertad, de pintar en la calle.” 294 Voir en annexes: AGOTOK, op.cit., 23/12/2012, Entretien, pp.217-222 Traduction à partir de: “La pintura tiene que representar quien eres tú, por eso creo que el fin del mural es eso y si te representa… tu estas representando también a tu familia, a tu barrio y al final representa.” 295 Voir en annexes, DEFOS, Témoignage Encuesta Graffiti DEFOS, Museo a cielo abierto la Pincoya, commune de Huechuraba, Santiago. 11/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 15 minutes, Entretien, pp.245-246 Traduction à partir de: “No en realidad me gusta mirar harta pintura pero, no lo busco como fuente de inspiración, trato de todo lo contrario po’ de, de caminar en una dirección distinta, no copiar, trato; aunque yo creo que igual es difícil hacerlo, pero trato en la medida de lo posible no… no ser tan similar al resto, pero obviamente eso, es algo inconsciente uno de repente no se da cuenta.” 296 Voir en annexes: CREMS, op.cit., 04/11/2012, Entretien, pp.240-244 Traduction à partir de: “En el graffiti yo creo que empecé a ver así como revistas, como que empecé a conocer gente de otros lugares, pero no sé si los tenga de referencia yo creo que los tengo como más que nada como una ayuda visual.” 86 tu communiques, tu apprends à voir d’autres formes différentes.297 » Tandis que pour Crems, la participation dans des évènements Graffiti, tel qu’au « Graffestival » de Valparaíso en novembre 2012 signifie une opportunité pour apprendre et s’enrichir de nouvelles techniques Graffiti : « Comme ça, pour connaître les gens, connaître d’autres types de style de vie et connaître des techniques. Interagir: je crois que c’est le plus important qui aide bien plus que d’être le meilleur. Etre meilleur ou être à un niveau plus élevé, ce n’est pas partager et profiter. » 298 Les crews, malgré les individualités, sont sans doute l’échelon supérieur contribuant à donner une dimension collective au Graffiti : « A l’intérieur de cette grande masse, surgit aussi des sous-groupes qui dans ce cas sont les crews, qui se caractérisent par le fait de se rassembler pour peindre. Généralement, ils partagent des styles et des pensées similaires et aussi partagent avec d’autres crews pour peindre, partager, échanger des idées, etc...299 » selon Naska. L’égo et la rétro-alimentation sont les caractéristiques définissant au mieux ce Monde, nourris par la soif de devenir quelqu’un d’unique dans une Société où l’individualisme est devenu une constante présente principalement dans les grands Centres Urbains. D’ailleurs, cette individualisation porte sans doute à défaut la Communauté des graffeurs, et les isole les uns des autres. Mis à part les évènements Graffiti ponctuels marquant l’agenda du graffeur ainsi que les crews, il n’existe pas de structures collectives permettant aux graffeurs de rendre leur Mouvement cohérent. Newen nous donne son sentiment à ce propos : « Il y a beaucoup d’endroits très beaux qui pourraient être investis avec des œuvres de grande qualité. C’est certain que s’il existait une meilleure organisation de la part des peintres, s’il existait une meilleure reconnaissance et plus d’espaces pour le travail que nous réalisons… Peut-être que cela aiderait beaucoup s’il existait un espace physique, bien administré, avec des gens qui se dédient à créer dans la rue et présentant avant tout l’intérêt de cette matière, présentant le matériel des plus transcendants Artistes du Chili et de l’étranger. »300 L’idée serait donc de 297 Voir en annexes: Los Abusa, op.cit., 04/11/2012, Entretien, pp.211-214 Traduction à partir de: “O sea yo creo que el graffiti es una prueba de constancia, si tu no eri’ constante , no, no vai’ a lograr mucho como que tiene que ver con eso, constancia, paciencia, trabajar en equipo, por ejemplo cuando trabajai’ en un crew, comunicarte, aprender a ver formas diferentes” 298 Voir en annexes: CREMS, ibid., 04/11/2012, Entretien, pp.240-244 Traduction à partir de: “como eso de conocer gente, conocer otros tipos de estilos de vida y conocer técnicas interactuar, creo que eso es como lo más importante que rescato más que como eso de ser mejor, y ser mejor que este o yo estoy a mejor nivel que este, no es una cosa de compartir y disfrutar.” 299 Voir en annexes : NASKA, op.cit., 04/11/2012, pp.251-255, Entretien, pp.284-288 Traduction à partir de: “Y bueno dentro de esta gran masa, también surgen “subgrupos”, por así decirlo, que en este caso son las “crews”, que se caracterizan por juntarse a pintar y generalmente a compartir estilos y pensamientos similares y quienes también comparten con otros “crews” para pintar, compartir, cambiar ideas, etc...” 300 Voir en annexes: NEWEN, op.cit., 31/03/2013, Entretien, pp.268-270 87 coordonner et organiser leur Mouvement afin de légitimer leur présence dans l’es pace public. En parallèle, l’Association Pintarte de Chillán donne un bon exemple de ce que pourrait être ce Mouvement structuré et conscient de sa force en tant que citoyens. Malgré tout, selon le témoignage de la présidente de l’Association, Gabriel Ferrada: « Beaucoup de ces valeurs sont difficiles à travailler avec les jeunes plus âgés qui sont plus individualistes, mais pour les mineurs, c’est plus facile. C’est pour cela qu’ils sont ceux qui participent le plus à toutes les convocations au fil de l’année. 301 » La différence se construit donc entre les générations mêmes de graffeurs et le dialogue demeure compliqué à mettre en place. D’autant plus, que la ville de Chillán offre un territoire limité permettant une meilleure organisation qu’au niveau métropolitain. 2) LE GRAFFITI : VANDALE OU LEGAL ? De nos jours, il existe deux grands courants majeurs au sein du Monde Graffiti au Chili. L’Artiste-graffeur LeDorian nous explique cette division: « Je pense qu’il y a deux types de Graffitis. Le Graffiti Artistique qui cherche à provoquer avec un apport culturel et social et transmettre des pensées à destination des personnes, remettant un Art de qualité et gratuit pour tous au niveau de la voie publique. Aussi, il y a le Graffiti ou le « Bombing »302 comme ils l’appellent, qui tend vers quelque chose d’autre. Comme corrompre, comm e une protestation plus brutale se maintenant dans la clandestinité et ce sont des choses différentes. A l’intérieur même du milieu des graffeurs, il y a un choc sur ce point parce que certains pensent que le Graffiti c’est faire des tags et des lettrages et d’autres pensent que le Graffiti a déjà dépassé ce stade et est maintenant quelque chose de beaucoup plus ample, qui a quelque chose de plus à délivrer et à apporter à la Société.303 » Plusieurs explications peuvent être Traduction à partir de: “Hay muchos lugares muy bellos para ser intervenidos con obras de gran calidad, seguro que si existiera una mayor organización de parte de los pintores existiría un mayor reconocimiento y más espacios para el trabajo que realizamos… Quizás también ayudaría mucho el que existiera un espacio físico, bien administrado, con gente que se dedique a crear en la calle y presente ante todos los interesados en esta materia, material de los más trascendentes artistas de chile y el extranjero.” 301 Voir en annexes, le témoignage de FERRADA, Gabriela, op.cit., 09/01/2013, Entretien, pp.223-232, Traduction à partir de: “Muchos de estos valores son difíciles trabajarlos con jóvenes más grandes que son más individualistas, pero en los menores, es más fácil, por lo mismo, son quienes más participan en todas las convocatorias que se llaman durante el año.” 302 Se reporter au Glossaire en annexes p.178: Bombardeo, bombardement. 303 Voir en annexes, LE DORIAN, op.cit., 08/11/2012, Entretien , pp.260-265, Traduction à partir de : “yo pienso que hay dos tipos de graffitis, que esta como el graffiti artístico, que busca como provocar un aporte como cultural y social y de transmitir pensamientos hacia las personas, entregando como arte de calidad y gratuito en la vía pública para todos y también está el graffiti o el bombín 303 que le llaman, que es como algo que va hacia mas a algo mas como de corromper, como de una protesta más bruta, de mantenerse en la clandestinidad y son cosas muy diferentes, incluso a dentro del mismo medio de los grafiteros hay choques en ese sentido porque algunos piensan que el graffiti es realmente es hacer tag y hacer letra y otros 88 avancées pour comprendre cette dichotomie. Tout d’abord, nous l’avons vu, la première fracture s’opère durant la décennie des années 1990 avec l’entrée dans le processus de Transition à la Démocratie. De nouveaux espaces dans les rues s’offrent à la Culture Hip Hop et sur cette période, l’apprentissage du Graffiti se nourrit de l’importation du Mouvement états-unien, fondamentalement illégal. Les échanges avec l’école de São Paulo et les premiers festivals Hip Hop contribuent à l’émergence d’une nouvelle forme de Graffiti, plus élaboré, plus « Artistique ». A la fin des années 1990 et au début des années 2000, le Graffiti, fruit du récent processus d’institutionnalisation de la Culture chilienne prend un nouveau tournant avec cette première génération de graffeurs arrivée à maturation. Beaucoup tendent à évoluer vers des formes plus artistiques avec pour volonté une reconnaissance de leurs parcours personnels respectifs tel que l’Artiste-graffeur Cekis, pionnier en la matière. Aussi, le nouvel engouement pour le phénomène global « Street Art » durant ces années 2000 et sans doute sa marchandisation attirent de nouveaux acteurs issus des Lycées et des Universités d’Art. Ces derniers, passant des bancs d’amphithéâtre à ceux des rues, se donnent pour objectif de pratiquer leur « Art » librement dans l’espace public. Pour autant, le Graffiti Vandale ne disparaît pas mais au contraire il reste, en termes de visibilité, bien plus présent que son homologue artistique. Aussi, il n’est pas rare de voir des tags vandales d’Artistes-graffeurs dans les rues, retrouvant alors le goût et l’adrénaline des premiers temps du Graffiti. Les deux courants ne sont pas, en ce qui concerne la Communauté des graffeurs, fondamentalement en opposition selon Le Dorian: « de même c’est super respectable ceux qui font du « bombing », ils suivent les véritables origines du Graffiti. Du coup, nous ne pouvons pas juger ça car nous nous exclurions de quelque chose dont nous nous sentons partie en réalité.304 » La coexistence de ces deux mondes s’autorégule sous la forme d’un code éthique officieux basé sur la compétitivité et le respect entre graffeurs, valeurs proclamées dans la Culture Hip Hop depuis ses racines. Les Agotoks, Artiste-graffeurs au Sud de Santiago, s’expriment à ce sujet : « Dans cette compétition sont tous les codes qui ne disparaissent pas. Sur un mur, « ils » font quelques petits flops, après vient un autre et il fait un flop plus grand et en repasse deux, après les deux premiers reviennent et graffent par-dessus un encore plus grand et c’est ainsi qu’évolue le mur. Il se remplit et au final quand le mur n’est plus mur, quand tout est déjà saturé et qu’on n’y voit plus rien, tu dis: « pardon, pardon !» et tu te le piensan que el graffiti ya paso esa etapa y ahora es algo mucho más amplio que tienen muchas cosas más que entregar y que aportar hacia la sociedad.” 304 Voir en annexes, LE DORIAN, ibid., 08/11/2012, Entretien, pp.260-265 Traduction à partir de: “igual es súper respetable por que los que hacen bombing como que siguen los verdadero orígenes del graffiti cachai’ entonces es como que nosotros no podemos juzgar eso porque, estaríamos como excluyéndonos de algo, de lo que nos sentimos parte po’ en realidad.” 89 peins en entier et tu laisses un message, tu réalises un travail comme ça (pouce levé) ! Les gamins plus petits à qui tu viens de repasser leurs graffitis, ils savent que s’ils veulent repasser par-dessus cela doit être fait à la même portée et ça doit rester encore meilleur que moi. C’est comme ça la loi, si tu ne peux pas le faire alors tu t’en vas.305 » Toutefois, il serait idyllique de penser que ce code éthique fonctionne et régule toujours l’espace urbain entre graffeurs. Les rivalités de « territoires » ou d’égos engrangent parfois des controverses avec la pratique du « toy » 306 consistant à « rayer » ou repasser entièrement un graffiti sans consentement préalable de l’auteur du graffiti. Encore une fois, l’Artiste-graffeur LeDorian nous donne son sentiment: «Tu es en train d’intervenir sur un espace, le passant ou les personnes de passage dans la rue, ils te le rayent ou font autre chose. Ils interviennent sur le support que tu viens d’intervenir. Alors ça provoque un jeu dans ce milieu sociologique. 307 » Ces types d’interventions sont particulièrement assumés par des courants du Graffiti Vandale plus radicaux, sans pour autant se revendiquer anarchistes, mais sous l’égide de cette idéologie : « Ni Dieux, ni Maîtres ». Toutefois, le Graffiti Vandale peut tout aussi bien évoluer vers une forme d’expression artistique, dénonçant et dégradant un Système ou une Société vécus comme totalitaires et répressifs en termes de liberté individuelle. Des cas spécifiques au Monde des graffeurs et Artistes-graffeurs faisant partie de leurs quotidiens. Généralement, la discrimination ou l’exclusion n’intervient pas au sein de cette Communauté mais bien plus avec le reste de la Société comme le sous-entend le graffeur Esec: « il n’existe pas de ligne entre légal ou illégal, il existe seulement le respect et le non respect pour la propriété privé et les gens qui circulent dans la rue.308 » Le premier degré d’acceptation ou de rejet du phénomène Graffiti, et finalement de semi légalité et de légitimité au Chili, s’établit au niveau du voisinage : « il n’y a aucun problème à venir et peindre un mur 305 Voir en annexes: AGOTOK, op.cit., 23/12/2012, Entretien, pp.217-222 Traduction à partir de: “Y en esa competencia están todos los códigos que no se van. A una muralla y le hacen unos flop chicos, después… viene otro y le hace un flop más grande y tapa dos, después esos dos van y lo tapan encima y si ahí va el muro, va armándose y al final el muro cuando ya es un muro ya lo dejan todo rallado y no se ve nada tu deci´ permiso, permiso (imita sonido) y se lo pintai’ entero y le haci’ un mensaje, le haci un trabajo pero así (símbolo con la mano) y los cabros más chicos que tú los tapaste, saben que si quieren, si te tienen… si te van a tapar tiene que hacerlo del mismo porte y tiene que quedarles mejor que a mí, ese es la ley, si no podi’ hacerla entonces vai’.” 306 Se reporter au Glossaire en annexes p.188 307 Voir en annexes : LE DORIAN, op.cit., 08/11/2012, Entretien, pp.260-265, Traduction à partir de: “tu estay interviniendo a espacios, el transeúnte o las personas que va pasando por la calle, te lo rallan o le hace alguna cosas y también están interviniendo lo que tu interviniste, entonces te provoca un juego así como medio sociológico.” 308 Voir en annexes: ESEC, op.cit., 01/11/2012, Entretien, pp.250-254, Traduction à partir de: “Por lo tanto no existe esa línea entre lo legal e ilegal, solo existe el respeto y no respeto por la propiedad privada y la gente que circula por la calle.” 90 à condition d’avoir la permission du propriétaire du mur 309 » selon l’Artiste Graffeur LeDorian. L’approbation du voisinage constitue une différence notoire entre le Graffiti Vandale et le Graffiti Artistique, supposant une plus grande considération pour le deuxième courant de la part des riverains. Ainsi le Graffiti Vandale sans permissions est-il simplement le fait de sa Culture Graffiti ou en est-il aussi le rejet consensuel du reste de la population de nos jours? Sa différenciation ou son exclusion, revendiquée ou non, en fait aussi bien sa force que son point faible. Destiné à rester le paria de la Société dans laquelle il évolue, son approbation par cette dernière signifierait en réalité son déclin. Tandis que le Graffiti Artistique jouit de sa réputation, le Graffiti Vandale doit faire face à la répression par les autorités et la législation: « ça dépend de ce que tu peins parce que par exemple si tu peins quelque chose de laid ou de rapide, en réalité tu es en train de salir le lieu. Evidemment tu vas avoir des problèmes avec la loi par exemple. Mais si tu y vas et que tu commences à montrer que tu fais un travail élaboré, tu n’auras aucun problème310 » constate LeDorian. Alors, un jeu avec les forces de l’ordre naît dans les rues pour les graffeurs vandales cherchant cette illégalité, cette adrénaline de la nuit, allant pour certains provoquer indirectement les forces de l’ordre avec l’utilisation d’insultes « subliminales » telle que les graffitis ACAB311 signifiant « All Cops are Basterds ». Cela dit peu répandus au Chili. Pour cela, les rayures offrent des arguments bien plus concis. Graffeurs et « Carabineros » 312 nourrissent leur lutte dans les rues. Pour autant, le dialogue avec les forces de l’ordre n’est pas fermé. A Chillán, en 2012, une initiative313 de l’Association Pintarte a permis la participation de plus de 40 graffeurs dans les locaux de l’ex-commissariat, le tout sous l’œil attentif des carabiniers en charge de l’évènement. Tandis qu’aucun graffeur n’a été « fiché », les graffeurs ont pu prendre des numéros de téléphone en cas de problèmes avec les carabiniers. Une initiative ayant certes contribué au dialogue entre ces acteurs mais encore une fois limité en dehors des Grands Centres chiliens. D’autant plus que des groupes de « bombing » poursuivent encore leurs activités dans cette ville comme le Seos Crea crew. 309 Voir en annexes : LE DORIAN, ibid., 08/11/2012, Entretien, pp.260-265, Traduction à partir de: “No hay ningún problema con llegar y pintar un muro mientras tu tengas permiso del dueño del muro.” 310 Voir en annexes : LE DORIAN, ibid., 08/11/2012, Entretien, pp.260-265, Traduction à partir de: “depende de es lo que tu estas pintando porque por ejemplo si estas pintando algo feo, algo rápido, en realidad estas ensuciando el lugar, obviamente vas a tener problemas, con la ley por ejemplo, pero si tu vas y empiezas a mostrar que estás haciendo un trabajo elaborado no vas a tener ningún problema.” 311 Se reporter au Glossaire en annexes p.176 312 Carabiniers, c'est-à-dire l’équivalent des gendarmes en France. 313 Voir en annexes, le témoignage de FERRADA, Gabriela, op.cit., 09/01/2013, Entretien, pp.223-232, 91 D’autres « ennemis » du Mouvement Graffiti alimentent bien sûr cette « guerre » de l’espace public: les brigades politiques muralistes (sur lesquelles nous revenons en dernier axe) et le monde publicitaire. Question touchant de près les graffeurs aujourd’hui devant faire face à un choix de vie libre à chacun. 3) PUBLICITE, MARCHE DE L ’ART ET NEOLIBERALISME La question de la participation des graffeurs en collaboration avec les différents secteurs économiques ainsi que celle annonçant une lutte contre ces derniers face à la publicité accumulée dans l’espace public alimentent un débat houleux au sein même de la Communauté des graffeurs. Questions ayant encore ressurgi lors du Séminaire “Graffiti & Política” 314 en octobre 2012 pour se conclure sur des perspectives encore ouvertes. Finalement, ces questions font partie des problématiques posées par chacun des graffeurs et comme l’exprime justement Pablo Aravena, réalisateur de documentaire sur la « peinture urbaine » : « Je crois que le Marketing a compliqué le langage du Graffiti.315 » Plutôt que de prendre des positions trop tranchées, nous laisserons donc encore une fois libre cours aux témoignages de nos enquêtés en essayant d’apporter des éléments nouveaux pour appuyer notre argumentation. Véritable laboratoire du néolibéralisme inspiré par l’école des « Chicago Boys » de Milton Friedman durant les années 1970-1980, le Chili connaît une croissance économique importante en Amérique Latine jusqu’à nos jours. Pays le plus compétitif, avec le Brésil dans cette aire géographique, les années de Transition à la Démocratie ont consolidé cette économie néolibérale en renforçant son emprise sur beaucoup de secteurs de la Société: Figure 18: Bandeau publicitaire d'une grande multinationale situé sur la façade d'un édifice en plein centre de Santiago, Plaza Italia, Janvier 2013 Enseignement, Santé et soins, Système carcéral, système de cotisations privatisation privées du pour cuivre les et « retraites », 314 Séminaire “Graffiti & Política” organisé par MENDEZ, Cristian (collectif “No Votes Por Mi”), Instituto de Comunicación e Imagen, Universidad de Chile, 18 Octubre 2012. 315 Voir le témoignage en annexes d’ARAVENA, Pablo, 22/11/2012, op.cit., Entretien, pp.233-239, 92 implantations de compagnies privées au Nord et au Sud du pays. Ce retour des « Chicago boys » 316 a indirectement redéfini l’espace public en octroyant des espaces de publicités prolixes pour le citoyen-consommateur. Très vite, les grandes multi nationales ont pris en compte l’émergence des Cultures Urbaines et jeunes afin de développer de nouveaux marchés et cela se traduisant aussi dans l’espace urbain comme le prétend Esec: « L’Art Urbain détient le pouvoir d’influencer, d’affecter la conscience, que se soit de manière agréable ou gênante, et c’est ce qu’a compris la publicité en utilisant la rue avec ses propagandes.317 » Rappelons que dès l’année 1994 au Chili, la marque Reebok lance une campagn e publicitaire avec l’intervention de graffeurs pour représenter cette dernière. Les marques de bombes spray ainsi que les boutiques spécialisées dans le Graffiti utilisent bien sûr aussi ces interventions afin de promouvoir leurs produits en faisant appel aux Artistes-graffeurs les plus talentueux. Mais le marché économique s’étend au-delà des simples marchés associés aux cultures urbaines. Récemment, en avril 2012, la marque Nestlé lance un concours 318 cherchant à trouver « l’Artiste de rue » représentatif de la barre chocolatée « Super 8 ». Le Graffiti « Artistique » est privilégié au Graffiti Vandale encore une fois par les grandes marques publicitaires mais aussi par les enseignes locales des magasins de quartier. En effet, certains commerçants locaux font appel au travail « d’Artiste-graffeur » pour intervenir sur les devantures des magasins. Ils déjouent alors les interventions vandales, à condition bien sûr que les graffeurs se tiennent au code éthique institué entre les graffeurs. Certains graffeurs parviennent donc à trouver leur compte dans l’ouverture du marché « Street Art » au Chili passant aussi bien du Graffiti Vandale au Graffiti Artistique: « jusqu’à ces choses qui quand ça me dit de travailler avec les marques. Parce qu’au final ce sont des défis aussi : pouvoir faire des choses différentes, ne pas toujours faire la même chose, faire plus de choses. 319 » selon l’Artiste graffeur Saile. La professionnalisation pour une partie des graffeurs est bien souvent en lien avec le travail publicitaire ou illustratif telle que pour Naska: « Ces derniers temps je me dédie beaucoup plus à cela, à côté j’ai mon travail “plus stable” dans la Publicité ce que 316 Selon GAUDICHAUD, Franck, « Tremblement de terre politique au Chili -le retour des Chicago Boys », in Recherches Internationales : Amérique Latine la Pause ?, n°87, 2008-2009, pp.113-124 317 Voir en annexes : ESEC, op.cit., 01/11/2012, Entretien, pp.250-254, Traduction à partir de: “El arte urbano tiene el poder de influenciar, de afectar la conciencia, ya sea de manera agradable o incomoda, y es lo que entendió la publicidad al utilizar la calle con sus propagandas.” 318 Voir l’annonce faîte dans le journal La Nacion le 12 avril 2012, http://www.lanacion.cl/super-8-busca-al-mejor-de-los-mejores-artistas-callejeros/noticias/2012-0412/115954.html, consulté le 3 septembre 2012. 319 Voir en annexes : SAILE, op.cit., 21/11/2012, Entretien, pp.297-298, Traduction à partir de: “hasta estas cosas cuando me toca trabajar con marcas, porque al final son como retos también poder hacer cosas diferentes no siempre hacer lo mismo como de poder yo hacer más cosas de poder hacer mucho mas.” 93 j’étudie, parallèlement à cela, j’essaie de faire un peu de tout. 320 » Tandis que les métiers de peintre d’intérieur ou de peintre du bâtiment existaient auparavant, nous assistons donc à une professionnalisation de la discipline Graffiti. Au sein d’espaces urbains surpeuplés, les attentes sociales préfigurent une nécessité de revitalisation de ces espaces grisés. Le recours à nos « peintres d’extérieur » offre des perspectives viables à nos Sociétés malgré une dépendance soumise aux contraintes des marchés pour certains. En effet, la publicité dans l’espace public se révèle pour beaucoup encore une pollution visuelle affectant bien plus l’espace public que le Graffiti en lui-même. L’utilisation des stencils pour cela offre des nombreuses opportunités communicationnelles à ce titre. Ainsi de nombreuses associations, promoteurs d’évènements et de sites web s’en nourrissent abondamment. Les pochoirs permettant la diffusion standardisée à plus grande échelle qu’un graffiti réalisé à la Figure 19: Pochoir : « Cherche sur Facebook: Marathon écologique », Santiago, Novembre 2012 « pièce ». Pour ne citer que quelques exemples observés dans les rues de Santiago : « Amor de Papa », « Otra Pellicula de Amor », « Maraton Ecologica », etc... Quant à l’ancien groupe de stenciliste Heroestencil, il se donnait alors pour objectif de combattre cette contamination en jouant sur les imaginaires collectifs dans la ville: « L’intérêt principal d’Heroestencil et du travail qui a été fait, était d’intervenir directement dans l’espace public, avec des images de grande taille, en lien avec l’environnement. Transmettre un message direct, une sorte d’anti-publicité, des nouvelles images dans la ville mais avec un sens esthétique différent… Des messages inespérés qui génèrent une rupture dans la routine des habitants de la ville.321 » La propagande publicitaire, au-delà de contaminer les imaginaires urbains, est en partie responsable de la détérioration du Mouvement Graffiti en lui-même avec tout type d’affiches promotionnelles comme s’offusque le crew Agotok: « Les seuls qui peuvent te faire chier sur un mur c’est ceux avec les affiches. Les affiches peuvent te détruire ton truc et au final, je ne sais pas… à qui tu vas mettre la faute si les mecs des affiches sont des mecs fantômes ?! Et qu’ils sont peut être les mêmes mecs qui collent les affiches. Du 320 Voir en annexes: NASKA, op.cit., 04/11/2012, Entretien, pp.284-288, Traduction à partir de: “Ahora este último tiempo me dedico más de lleno a eso, a pesar de que igual tengo mi trabajo “más estable” en Publicidad que es lo que estudie, paralelamente a esto trato de hacer de todo un poco.” 321 Voir en annexes: NEWEN, op.cit., 31/03/2013, Entretien, pp.268-270 Traduction à partir de: “El interés principal de heroestencil y del trabajo que se realizo, era intervenir el espacio público de forma directa, con imágenes de gran tamaño, relacionadas con el entorno. Transmitir un mensaje directo, una especie de anti-publicidad, nuevas imágenes en la ciudad pero con un sentido estético diferente…. Mensajes inesperados que generaran un quiebre en la rutina de los habitantes de la ciudad.” 94 coup, on a rencontré les mecs des affiches. Mais le mieux c’est de les avoir à la cool plutôt qu’à la mauvaise, c’est une guerre perdue d’avance. »322 Et en effet, en regardant le résultat quelques mois plus tard de l’œuvre urbaine réalisée par l’Artiste chilienne Macay durant le festival « Hecho en Casa » en Novembre 2012, la prise en compte de l’Art Urbain face à la demande d’évènements promotionnels ou publicitaires semble bel et bien un combat perdu d’avance. Une initiative originale à relever est l’intervention de l’Artiste Graffeur Hasco reprenant les codes de la publicité en se servant du support de l’affiche. Ses affichages ne deviennent non plus seulement des messages limités par des objectifs commerciaux mais des instruments d’émancipation artistiques et culturels. Ses astronautes collés au coin des rues ne reflètent que des petits pas pour la lutte dans l’espace public, mais de grandes avancés pour la libération des rêves et des imaginaires collectifs. Quant à la question d’un marché de l’Art Urbain, malgré le nouvel attrait Européen et Nord-Américain pour ces « Street Artists » et aussi malgré la qualité Figure 20: Œuvre d'Art urbain de l’Artiste Macay recouverte d'affiches quelques mois après sa réalisation, Santiago Centre, Mars 2013 des Artistes urbains chiliens aujourd’hui de renommée internationale, il semblerait que les possibilités de marché de l’Art Urbain au Chili restent confinées à une élite urbaine artistique. Le graffeur Defos dresse ce constat: « C’est quelque chose qui rémunère peu. J’entends que peu de personnes sont payées pour le pratiquer. La plupart du temps, tu le fais parce que ça te plaît, bien plus que pour le profit économique, ainsi c’est juste pour l’amour de la peinture. 323 ». L’ouverture de la Galerie « Bomb » par Sébastian Cuevas entre 2006 et 2008 fût une expérience éphémère et sans bénéfice, finalement à l’image du « Street Art » que défendent certains Artistes graffeurs : « le fait que ton travail soit exposé devant tout le monde, de manière gratuite et un travail de 322 Voir en annexes: AGOTOK, op.cit., 23/12/2012, Entretien, pp.217-222, Traduction à partir de: “Lo único que te puede cagar un muro son los de los afiches, los afiches pueden taparte la huea’ y tu al final no se… a quien vai’ a culpar si los hueones’ del los afiches son hueones fantasmas, y son hueones que quizás el mismo hueon que anda poniendo el afiche. De pronto hemos encontrao’ los hueones del afiche, pero es mejor tenerlos a la wena’ que a la mala, esa es una guerra perdía’.” 323 Voir en annexes: DEFOS, op.cit., 11/11/2012, Entretien, pp.245-246 Traduction à partir de: “es algo que a pocos se lo pagan, me entendí a pocas personas les pagan por hacerlo, la mayoría de las veces tu lo haci’ porque te gusta, más que por el beneficio económico que pueda tener eso, entonces es como eso, el amor a la pintura.” 95 bonne qualité pour lequel tu n’as pas à payer d’entrée dans un musée pour le voir. 324 » Cependant, s’inspirant de tour touristique « Street Art » tel le « Graffiti Mundo » de Buenos Aires, de nouveaux « investisseurs » venus de l’étranger y voient encore un marché à exploiter. C’est le cas du « Stgo Urban Tur » créé courant 2013 pour les touristes et étrangers de passage à Santiago325. Faisant payer la visite, le Tour s’articule aujourd’hui à l’intérieur même de l’un de nos projets communautaires. C] LES PROJETS COMMUNAUTAIRES: « LA POESIE NOUS ATTEINT TOUS » 326 Au moment où ressurgissent des projets communautaires liés à l’Art Urbain, vus par le boom des Musées à Ciel Ouvert en Amérique Latine327, il nous faut prendre en compte les spécificités de ces derniers au Chili et en déterminer l’engagement de notre Communauté de graffeurs contribuant à revitaliser des espaces en marge et délaissés par les autorités publiques. Les interventions artistiques dans ces espaces amènent bien souvent des problématiques liées à la territorialisation, à l’identité locale et à la démocratisation de l’Art Urbain comme outil de sociabilité. 1) LA REGION DE VALPARAI SO : BERCEAU DES MUSEES A CIEL OUVERT. Déclarée Capitale Culturelle chilienne en 2003, il s’avère que la ville portuaire de Valparaí so possède un héritage culturel et artistique diffus depuis bien plus longtemps qu’il n’y paraît. En effet, on admet communément la naissance du premier MACA chilien en 1969 dans un contexte politique alors très animé avec les élections présidentielles de 1970. L’initiative est lancée par l’architecte et peintre Francisco Mendez Labbe auprès d’autres peintres reconnus et auprès de ses étudiants. Conjointement avec la permission de l’Université Católica et de la Municipalité de Valparaíso, les peintres et apprentis peintres réalisent près de 324 Voir en annexes : LE DORIAN, op.cit., 08/11/2012, Entretien, pp.260-265 Traduction à partir de: “lo que me gusta, como la libertad, de pintar en la calle cachai’, de que tu trabajo, está expuesto a todo el mundo, de manera gratuita y un trabajo d e buena calidad pal’ cual no teni’ que pagar entrada a un museo para poder ver.” 325 Voir notre interview en annexes: MORGAN, Ian, responsable URBN STGO TUR, Entretien Encuesta Graffiti Urbn Stgo Tur, Parque Forestal, Santiago Centro. 17/03/2013. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Anglais. 10 minutes, Entretien, pp.258-259 326 Selon les mots du poète chilien Nicanor Parra : « La poesia alcanza para todos » 327 Concernant le Mexique, voir l’article de STURNIOLO Leandro, « Por sus murales, Godoy Cruz será un Museo a cielo abierto », in Los Andes, 18/11/2012, http://www.losandes.com.ar/notas/2012/11/18/murales-godoy-cruz-sera-museo-cielo-abierto-680567.asp, consulté le 18 novembre 2012 96 60 murales dans la cité pour le plus grand plaisir des riverains 328 . Ce premier projet universitaire donne alors un soutien d’envergure au Mouvement muraliste chilien et aux sympathisants accessoirement de l’Unité Populaire. L’enjeu est finalement plus politique que social : « Cet Art à cette époque devient un média politique publicitaire dans notre pays, il prétend se convertir en « standard de l’homme et du peuple » se manifestant en faveur de la candidature présidentielle du militant socialiste Salvador Allende.329 » Cependant, l’idée, prisonnière des murs dressés par le Régime militaire, est à nouveau libérée en 1991 avec un nouvel élan des peintres exilés jusqu’alors. Encore une fois avec l’impulsion de l’Université Católica de Valparaíso et du même peintre Francisco Mendez Labbe concentrant alors ses travaux dans le « cerro » de Bellavista à Valparaíso. De nombreux Artistes de renom participent au projet jusqu’en 1994 tels que Nemesio Antúnez, Figure 21: Intervention de Roberto Matta au sein du MACA de Valparaíso. Rodolfo Opazo, Guillermo Nuñez, Roberto Matta, Rosa Bru, Mario Carreño, José Balmes ou encore Mario Toral 330 . Le projet porte donc finalement ses fruits sur le court terme en alimentant un nouvel imaginaire collectif pour les populations vivant dans ce quartier. Cependant, 20 ans après sa naissance, le MACA de Valparaí so a été rattrapé par l’usure de son temps et par l’apparition de tags et de graffitis. La dégradation du Musée est souvent dénoncée à cause de cette intrusion du Mouvement Graffiti dans ce lieu unique comme récemment dans un reportage de la télévision chilienne331. Cependant, Figure 22: Graffiti réalisé par le crew 12 Brillos au sein du MACA de Valparaíso 328 la conception du projet s’est réalisée sans prendre en Selon SOTO VERAGUA, Jorge (Dir.), Museo A Cielo Abierto en San Miguel, édité par Centro Cultural Mixart, Santiago, 2012, p.14 329 Voir BRAGASSI H., Juan, “El Muralismo en Chile: Una Experiencia Histórica para el Chile del Bicentenario”, Memoria Chilena Artículos para el Bicentenario, 2010, 19 p. Traduction p.9 à partir de: “Este arte pasa en esa época a ser un medio político publicitario en nuestro país, uno que pretendió convertirse en el "estandarte del hombre y del pueblo" que se manifestó a favor de la candidatura presidencial del militante Socialista Salvador Allende.” 330 Selon PALMER, Rodney, op.cit., 2008, p.13 331 Reportage: « Valparaíso : Patrimonio del Rayado », Chile visión, 12 de mayo de 2013 http://www.chilevision.cl/home/content/view/458978/81/, consulté le 13 mai 2013 97 considération l’émergence de la Culture Graffiti, née dans les rues et non dans les Universités du pays. Ainsi remettre en cause la présence des graffeurs aujourd’hui dans le Musée démontre la vulnérabilité et les tensions existantes entre le Mouvement Graffiti et l’Art institutionnel universitaire. Elle reflète avant tout cette rupture générationnelle annonçant le passage du Muralisme au Graffiti comme une transition manquée dans les années 1990. Et finalement cette culpabilité devrait aussi être assumée par les défenseurs du Muralisme et par la Municipalité au vu de l’état déplorable des murales nécessitant des restaurations bien plus dues à l’usure du temps qu’à la présence des graffitis. De plus, le projet ne fût pas créé pour la Communauté y vivant à long terme, mais pour devenir la vitrine de l’Avant-garde artistique chilienne durant ces années. Un autre projet académique voit le jour à Viña del Mar, ville voisine de Valparaíso, en 1994 inspiré du Musée « Tony-Garnier » à Lyon 332 . L’idée du Musée Urbain de Gómez Carreño, proposée par Max Bastidas et opérée par les soins de l’Artiste et professeur Victor Maturana, s’aligne sur certains points au MACA de Valparaíso. Comptant près de 18000 habitants, le secteur voit croître plusieurs murales grâce à l’aide du groupe de peintres français « Tête Dor » dans un premier temps puis en collaboration avec les étudiants de l’Université de Bellas Artes de Viñ a del Mar et d’Artistes locaux (Victor Maturana, Claudio Vidal et Freddy Zeballos). Un projet réunissant aussi bien des Artistes que des organisations de voisins et des « pobladores », des étudiants universitaires (par la suite de la Faculté d’Art de la Playa Ancha), et des lycéens en Arts graphiques du Lycée « José Francisco Vergara », avec pour résultat un Centre de Formation et de Développement Culturel Gómez Carreño333 situé au sein du lycée Polytechnique « José Francisco Vergara E. » Un projet s’étant finalement révélé viable car axé sur l’aspect social et communautaire mais ayant connu des difficultés techniques avec les restaurations des premières murales. Nous n’avons cependant pas d‘informations à fournir afin de savoir si la dégradation des murales est aussi liée à l’intrusion de tags et de graffitis sur le projet. Dans tous les cas, ces projets « communautaires » naissent avec l’apport du Muralisme et des institutions liées à l’Enseignement. Deux éléments en rupture avec le mouvement Graffiti trouvant ses racines dans les rues mais ayant pour point commun la marginalité des milieux expérimentés. Et il faut attendre l’année 2009 avant de revoir naître un projet communautaire chilien prenant en compte le Graffiti comme support artistique et social. 332 333 Voir BRAGASSI H., Juan, op.cit., 2010, pp. 14-18 "Centro de Formación y Desarrollo Cultural de Gómez Carreño" 98 2) LE MUSEE A CIEL OUVERT DE SAN MIGUEL, SANTIAGO. Le projet de MACA de San Miguel est le projet communautaire de plus grande ampleur lancé au Chili, et peut-être en Amérique Latine et dans le Monde, impulsé par les habitants d’un même quartier. Né de l’initiative de Roberto Hernández (agent immobilier à l’époque et responsable du Centre Culturel Mixart aujourd’hui) et de David Villarroel (DJ et producteur musical), tous deux provenant de cette même « población », le projet prend vie à partir de l’année 2009 grâce au soutien de la Municipalité de San Miguel et d’une organisation non-gouvernementale334, puis grâce au financement de bourses FONDART à partir de l’année 2010 (environ 73 millions de pesos chiliens investis). De nos jours, ce joyau de l’Art Urbain rassemble sur un même territoire près de 35 graffiti-murales d’Artistes Urbains locaux, nationaux et internationaux: muralistes, Figure 23: Roa, Artiste belge invité au MACA de San Miguel, Santiago graffeurs et « Street Artists » confondus. Au total, plus de 2500 m² de superficie ont été colorés dans ce quartier. En charge de la direction artistique, ce n’est ni plus ni moins l’Artiste indépendant Mono González qui prête main forte au projet. Chaque intervention artistique est réalisée sur une façade d’immeuble située au croisement de l’avenue Départementale avec la rue Tristan Matta et cela avec le consentement préalable des habitants vivant dans l’édifice. Une anecdote atteste d’ailleurs de l’importance de l’opinion des personnes vivant dans ces immeubles. Il faudra s’y prendre à trois reprises pour convaincre les locataires d’un troisième édifice pour que l’on donne la permission de peindre au « Street Artist » belge ROA, internationalement reconnu pour ses peintures en noir et blanc représentant des animaux mutilés, et alors de passage pour quelques jours à Santiago. En 2010, le projet de MACA compte dans ces rangs 12 organisations communautaires adhérentes : l’Association des Voisins, deux Centres des Mères, un Centre culturel, un Centre de Personnes âgées, une Paroisse, un Club de « marelle », un Club Social, un Club des Amies, et deux Clubs de sports. Cette présence communautaire dépasse ce simple cadre puisque la participation pour peindre 334 Organisation Muraliste: « Nodo Ciudadano ». 99 certaines murales et des ateliers de peinture/graffiti sont mis en place pour encourager ce communautarisme et le sentiment de contribuer à l’espace de vie en commun. C’est bien ce que reconnaît l’Artiste Graffeur Newen, ayant lui-même participé activement au projet sur certains graffiti-murales et ayant réalisé des ateliers auprès des « pobladores » pour l’occasion : « Le projet de Musée à Ciel Ouvert de San Miguel est un travail d’activation et d’intégration social, un travail collectif autour des Arts, se focalisant spécifiquement sur la peinture urbaine et le Muralisme.335 » Cette prise en compte de l’identité locale du quartier manquait jusqu’alors en comparaison des « poblaciones » de La Victoria et de la Legua, emblématiques pour leurs foyers de résistance face au Régime militaire entre 1973 et 1990. Des « poblaciones » voisines et faisant partie de la même commune de San Miguel. Les 19 premières murales se centrent sur les thématiques du Bicentenaire chilien et de l’identité locale. La première murale réalisée représente l’ouverture du MACA en compagnie des trois frères du groupe de rock « Los Prisioneros » 336 originaire de ce même quartier. Un groupe très influent dans les mentalités collectives chiliennes pour leur engagement contestataire à partir des années 1980. D’autres fresques proposent une nouvelle lecture de cette identité locale intégrée dans une identité nationale et régionale. Ainsi, le Musée redonne une Histoire au quartier faisant jusqu’alors quelque peu défaut Figure 24: “los Prisioneros", auteurs: Peñ a, Gersak, Basti, Jano, Hose, Pobre Pablo et Pato Albornoz, Maca de San Miguel, Santiago tel que nous l’explique l’Artiste-graffeur Saile, intervenu à plusieurs reprises dans le MACA: « Je crois que ce lieu a été bien récupéré parce que beaucoup de murs sont situés le long de cette avenue, ils se voient toujours. Avant personne ne leur accordait d’importance, ils étaient toujours mal peints, toujours détériorés, et dans cet 335 Voir en annexes, NEWEN, op.cit., 31/03/2013, Entretien, pp.268-270 Traduction à partir de: “El Proyecto del Museo a Cielo Abierto en San Miguel es un trabajo de activación e integración social, un trabajo colectivo en torno a las artes, enfatizando específicamente en la pintura urbana y el muralismo. “ 336 Traduction: Les Prisonniers. 100 espace c’est également une « población » qui a son Histoire.337 » A l’origine, la « población » se nomme « Población Miguel Munizaga Mossino » et naît à partir de l’année 1960. Constituée principalement par la classe ouvrière travaillant pour la manufacture de produits de cuivre MADECO et MADEMSA, le Musée rend hommage à cette classe en proposant des murales marquant leur lutte. Avec près de 7000 habitants dans ces édifices et dans les maisons alentours338, l’aspect communautaire rend compte de la proximité des populations avec pour point de rencontre les « ferias » ou marchés hebdomadaires du mardi et du dimanche au centre même des édifices. La place des enfants et des femmes en font les acteurs locaux principaux représentés à travers les murales. En plus de servir la cause des « pobladores » locaux, le MACA donne des espaces de reconnaissance et de visibilité aux Artistes-graffeurs, ce qui jusqu’alors demeurait parfois obsolète. Selon Agotok : « Le Musée à Ciel Ouvert est un apport aux futures générations, pour les peintres actuels. Je crois que c’est un peu de mode, que le temps nous le dira et qu’au final ce qui reste c’est la peinture et le reste s’en va, les modes s’en vont et les peintures et murales restent. Je crois que c’est positif, je crois que c’est un apport pour la Communauté plus que tout, parce que les gens qui vont en profiter sont ceux qui vivent dans ces blocs, et maintenant il faut garder un œil dessus. Je crois que la thématique est importante ici au Chili. Ainsi, nous pensions comme cela et nous sommes allés peindre par amour de la peinture plus que tout et parce qu’il y avait peut-être des gens qui allaient être satisfaits de voir notre travail. On a pris un mur compliqué avec une caravane-snack en dessous, on ne pouvait pas peindre très bien, mais la mission était de laisser une peinture quelle qu’elle Figure 25: "Tala", auteurs: Agotok, MACA de San Miguel, Santiago 337 soit. 339 » L’originalité du projet parvient à réunir des Artistes-graffeurs nationaux et internationaux et impose Voir en annexes: SAILE, op.cit., 21/11/2012, Entretien, pp. 297-298 Traduction à partir de: “yo vivo cerca igual de San Miguel, creo que ese lugar ha sido un, de buena forma bien recuperado porque son muchos muros que están hacia una buena avenida, siempre se veían eh… nadie les tomaba importancia, siempre estaban mal pintados, siempre estaban deteriorados, y ese entorno igual es una población que tiene igual su Historia.” 338 SOTO VERAGUA, Jorge (Dir.), op.cit., 2012, p.25 339 Voir en annexes: AGOTOK, op.cit., 23/12/2012, Entretien, pp.217-222 Traduction à partir de: “Los museos a cielo abierto es un aporte para las futuras generac iones, para los pintores actuales. Creo que es un poco de moda, que el tiempo lo dirá y al final lo que queda es la pintura y todos los 101 le respect de la Communauté des graffeurs dans sa globalité. Aucuns graffiti-murales n’a été détérioré par la branche vandale du Graffiti ou des rayures jusqu’à ce jour. Un projet communautaire prometteur pour les années à venir, sachant qu’il reste encore 6 blocs d’immeubles vierges de peintures, et qui sera bientôt en mesure de devenir un lieu touristique viable et incontournable à Santiago. Au vu de la dernière lettre ouverte à l’Illustre Municipalité de San Miguel340, la reconnaissance du Musée ne devrait pas tarder à intégrer le Patrimoine local voire National pour la suite… 3) LA REVITALISATION DU « CERRO » POLANCO, VALPARAI SO EN 2012. Notre dernier projet communautaire n’est pas en soit un Musée à Ciel Ouvert mais il rentre plutôt dans la catégorie des évènements Graffiti s’inscrivant dans une temporalité plus courte. Suite à la Réalisation de l’évènement « Graffiti Porteñ o » à Valparaíso organisé en 2010 par les soins des Artistes graffeur Inti et d’Hesoes, le « Graffestival, premier festival Graffiti Latino-Américain » ayant eu lieu dans le « cerro » Polanco à Valparaíso entre le 2 et 4 novembre 2012, justifie sa présence dans notre développement pour sa prise en compte des populations y Figure 26 : Ascenseur du cerro Polanco, Valparaíso vivant. Selon Naska, graffeuse et faisant partie intégrante de l’équipe organisatrice : « Une des caractéristiques qui a retenu notre attention était qu’à la différence d’autres types d’évènements Graffiti qui furent jusqu’alors réalisés, c’est que l’architecture du lieu permettait de générer un ci rcuit, un parcours, dû aux superficies à peindre qui furent distinctes avec des textures disparates ce qui fût un défi pour les Artistes. Ce qui en fait quelque chose de différent et d’unique dans l’Histoire des évènements en relation avec le Graffiti, toujours habitué à peindre un mur lisse, grand et qui n’a pas beaucoup de fenêtre, de portes, etc... Et généralement, un peintre au côté d’un autre, genre « Rencontre de Peinture », c’est pour cela que cet évènement nous voulions otros restos se van, las modas se van y las pinturas y los murales quedan. Creo que está bien, creo que es un aporte para la comunidad más que nada, porque la gente más beneficiada va a ser el que vive en esos block, y ahora hay que tener ojo. Creo que la temática es impórtate acá en Chile. Así que pensamos de esa forma y fuimos y lo pintamos, por amor a la pintura más que nada y porque quizás ahí había gente que iba a estar contenta al ver una trabajo de nosotros, nos toco un muro difícil, con un carro de completos abajo, no pudimos pintar bien, pero la misión era dejar una pintura ahí como fuera.” 340 Voir en annexes : Lettre ouverte du responsable du MACA de San Miguel à la Municipalité de San Miguel, p.304 102 l’appeler Festival. » Cette originalité se répercute dans la structure même du lieu et de sa Communauté. Un travail en amont, effectué par une anthropologue sur près d‘une année, s’interroge sur l’Histoire, le quotidien et l’identité des « pobladores » vivant dans ce quartier réputé pour son fort taux de criminalité sous quelques aspects (vols, drogues, etc...). Au terme de l’enquête, un document en version pdf341 est envoyé aux « pobladores » ainsi qu’aux Artistesgraffeurs invités pour l’occasion. Dans ce document, l’historicité du lieu permet d’appréhender les problématiques présentes du milieu étudié. Le « cerro » tient son nom de Begnino Polanco, dirigeant du port de Valparaíso entre 1817 et 1827. Au cours du XIXe siècle, malgré son accessibilité restreinte, le « cerro » offrait un lieu particulièrement chaleureux aux habitants du port avec des représentations théâtrales de troupes étrangères et locales. Résultat de la montée du taux de natalité, la construction de l’ascenseur en 1915 demeure sans doute le monument le plus emblématique du quartier, caractéristique quasi unique à Valparaíso qui compte bien plus de funiculaires que d’ascenseurs de nos jours. Autre lieu abordé durant cette enquête, la place de l’école 77 construite aussi sous l’impulsion des nouvelles naissances à cette époque. Finalement, les « pobladores » et enfants contemporains proposent comme autres thématiques à aborder les clubs de football (spécialement les Santiago Wanders : équipe locale), la fête du Printemps, l’église… Des thématiques rendant compte de la réalité historique et sociale respectées avec plus ou moins de rigueur selon les Artistes-graffeurs invités restant avant tout libre dans leur intervention342. Financée par un projet FONDART régional, l’initiative lancée par la travailleuse sociale et graffeuse Bysi rassemble plus d’une centaine de graffeurs venus des quatre coins d’Amérique Latine et de toute la longueur du pays. Le graffiti-mural ou « artistique » domine le paysage et les interventions, l’objectif étant de revitaliser touristiquement le quartier et de lutter contre les stéréotypes touchant ce lieu. Cependant, certains graffeurs profitent de l’occasion pour exercer leur talent et pratiquer des interventions plus Hip Hop Figure 27: Piwi réalisant un Wildstyle, Graffestival de Polanco, Valparaíso, Novembre 2012 341 342 Disponible sous demande. Beaucoup d’interventions artistiques reflètent bien plus la Ville de Valparaíso dans l’imaginaire urbain que le « cerro » en lui-même. Une prolifération de chats et de poissons alimentent ainsi l’imaginaire des graffeurs par rapport à la ville portuaire, un « Monde du Silence » en images. 103 avec des Wildstyles ou Lettrages de grande qualité. L’acceptation du Mouvement Graffiti dans sa globalité permet donc de rendre cohérent l’intervention des graffeurs réunis pour la revitalisation de l’espace public dans le « cerro » et la prise en considération des populations y vivant tel que le présente le crew Abusa : « Cela génère l’interaction et la communication avec les gens parce que quelqu’un peut être dans un lieu en train de peindre et les gens passent, ils s’approchent pour discuter, ils te disent ce qu’ils voient, l’énergie ou ce qu’ils croient que nous exprimons à travers le Graffiti. Du coup, ça crée un espace de communication avec les gens. C’est différent de peindre un tableau dans ta maison qu’être dans la rue, l’interaction est vraiment bonne. 343 » Finalement, ces différents projets communautaires nous démontrent que notre Communauté n’est pas si isolée et individualiste comme le laisserait entendre une vision trop excentrée des réalités sociales de nos graffeurs. Lorsque les interventions artistiques coordonnées agissent dans des milieux dits en marge de la Société mais aussi qu’elles intègrent l’évolution de l’Art Urbain avec sa composante Graffiti, la réussite des projets est garantie aussi bien pour les « pobladores » que pour les Artistes-graffeurs. Les conséquences dans l’espace public amènent de nouvelles appréciations du « public », permettant sur le long terme le développement d’activités touristiques bénéfiques aussi bien aux quartiers visés qu’à la réputation des villes mêmes. L’apport du monde universitaire n’est pas en soit un facteur déterminant dans la réussite des projets. Si l’élan académique se concentre essentiellement sur les performances artistiques et l’Avant-garde, alors le projet se révèle déficient dans le temps (cas du Musée à Ciel Ouvert de Valparaíso en 1991). En revanche, si l’apport académique s’étend à d’autres disciplines (sociologie et anthropologie des milieux étudiés par exemple), les Figure 28: Artiste Graffeuse colombienne Bastardilla invitée à participer au Festival de Polanco, Valparaíso, Novembre 2012 résultats dévoilent un meilleur impact pour les populations visées (cas du Graffestival de Valparaíso en 2012). Cependant, pour ce dernier cas, les conclusions sont encore 343 Voir en annexes: Los Abusa, op.cit., 04/11/2012, Entretien, pp.211-214 Traduction à partir de: “A parte que genera la interacción y la comunicación con la gente porque uno puede estar en un lugar pintando y la gente pasa, se acerca a conversa, se acerca a decir lo que ellos están viendo, lo que es la energía o lo que ellos creen que estamos expresando acá en el graffiti, entonces, se crea un espacio de comunicación con la gente, es diferente pintar en tu casa un cuadro que estar en la calle pintando, la interacción con la gente es súper buena.” 104 limitées quant à l’usure du temps. Ces Musées à Ciel Ouvert sont des projets alternatifs au circuit classique de l’Art ayant pour mérite de se rendre accessibles à tous, contrairement aux Galeries d’Art élitistes. Pour autant, malgré ses divisions organiques et mécaniques, le Mouvement Graffiti est-il en mesure de devenir un acteur pouvant mobiliser et appuyer des revendications plus engagées pour défendre les intérêts de cette Communauté ou d’autres Acteurs Sociaux en lutte ? C’est la question que nous nous posons dans notre ultime partie en analysant les dynamiques et les forces d’opposition à ce « Nouveau Mouvement Social ». III] CITOYENNETE NON-CONVENTIONNELLE ET NOUVEAUX MOUVEMENTS SOCIAUX « Peindre pour récupérer cet espace public est donc un acte politique, c’est un contre pouvoir donnant au peuple une vision du monde et des choses qui nous entourent un éclairage différent, offrant une plus large ouverture d’esprit. Car si Inti croit qu’un monde meilleur est possible, il tente tout ce qui est en son pouvoir pour le changer, l’améliorer, à l’instar de cette peinture « brigadiste. »344 » Jusqu’à présent, notre démonstration s’attachait à justifier la cohésion et les dissensions entre les différentes formes d’expressions urbaines chiliennes (Muralismes, Graffitis et Rayures principalement) ainsi qu’aux différents sentiers empruntés par notre Communauté de graffeurs à travers leurs points de convergences et de divergences. Au-delà de l’individualisme contestataire propre aux racines du Mouvement Graffiti Nord-Américain, leurs engagements citoyens rendent compte d’une volonté d’intégration dans des projets communautaires. Cependant, ces engagements politiques se situent bien plus au dehors des institutions et sont fondamentalement désorganisés. Ces nouveaux acteurs sociaux peinent encore à trouver des espaces de liberté pour s’y exprimer. Cette déficience structurelle et sa frange « vandale » n’offrent pas une conscience d’appartenance à un groupe social mobilisé, réfutant alors pour une part le marché et l’intégration dans cette Société. Sur ce point, plutôt que de mettre en avant les « théories de la convergence »345 où l’action collective est analysée 344 345 FROGER, Thierry, Inti, Color, Carnaval y Resistencia, critères éditions, France, avril 2013, p.3 TURNER, Ralph H, KILLIAN, Lewis M, Collective Behavior, Englewood’s Cliffs, New Jersey, Prentice -Hall, 1972, p.19 105 « sous le prisme de la violence », nous nous engageons à défendre la rationalité des acteurs contribuant à toutes formes d’expressions « revendicatives » dans l’espace public, avec la peinture pour medium. Issues de l’école de Chicago, ces théories considérant que « le comportement violent est, comme tout autre, un comportement appris qui sera tendanciellement exclu ou favorablement accueilli suivant les cultures et les sous-cultures »346 pourraient faire référence au Graffiti Vandale ainsi qu’aux rayures et nuire à leurs libertés d’expression. Pour notre part, nous considérons que les tags ainsi que les rayures, malgré leurs caractères disruptifs dans l’espace urbain, peuvent se traduire précisément de manières discursives dans des espaces stratégiques de visibilité et de communication. Certes, dans les représentations mentales, ces peintures protestataires attestent de cette violence visuelle. Et c’est sans doute à cause du rôle des médias347 et du jeu des politiciens que ces irruptions urbaines surmédiatisées et stigmatisées agissent de manière négative vis-à-vis de l’opinion publique. Cependant, il nous paraît intéressant de concevoir la violence visuelle au-delà de ces représentations. En vérité, la force de persuasion des peintures portées par certains Artistes-graffeurs peut influer de manière tout aussi significative, engageant alors à une « dimension affective des mouvements sociaux » 348 . Une forme de citoyenneté contribuant à lutter contre des mouvements sociaux possédant « un caractère si routinier et un tel degré d’acceptation qu’ils sont devenus partie intégrante du système politique349 » selon les auteurs Meyer et Tarrow. En se faufilant dans l’espace public, les graffeurs et Artistes-graffeurs donnent de nouveaux espaces de réflexion et de mobilisation vis-à-vis de la Société. Ce « nouvel » engagement, par rapport aux « anciennes » brigades muralistes politiques et populaires, se traduit par un nouveau schéma de pensée. Un schéma où désormais, l’individu se met au service du collectif. Malgré le nombre restreint de graffeurs et d’Artistes-graffeurs « engagés » 350 dans 346 BANDURA, Albert, Aggression: a social learning analysis, Englewood Cliffs, London, Prentice-Hall, 1973, p.157 347 La connivence entre les grands groups de presse et les partis politiques de droite libérale est importante au Chili. Les deux grands journaux quotidiens, le Mercurio et la Tercera, appartiennent à des groupes financiers très puissants liés au Marché libéral. Ce n’est donc pas pour rien que certains auteurs appuient leur démonstration jugeant l’Art urbain comme un 5ème pouvoir politique, situé derrière les médias de communication « traditionnels ». 348 SOMMIER, Isabelle, « Les états affectifs ou la dimension affective des mouvements sociaux », FILLIEULE Olivier (dir.), Penser les mouvements sociaux, conflits sociaux et contestations dans les sociétés contemporaines, Paris, la Découverte, 2010, pp.185-202 349 MEYER, David, TARROW, Sidney, , “A movement society : contentious politics for a new century” , in The social Movement Society Boulder, New York, Rowman &Littlefield publication, 1998, p.4 350 Le Graffiti « engagé » est souvent assimilé par défaut au Graffiti d’inspirations européennes en référence a ux manifestations étudiantes de mai 1968 en France. Pour le cas chilien, nous nous efforcerons de garder le terme de graffiti « engagé » plutôt que d’inspirations européennes. Ce dernier nous semblant hors de propos au vue de l’Histoire de l’Art Urbain chilien. Les Muralismes mexicain et chilien jouent sans doute un rôle dans ce 106 les luttes sociales à travers leurs peintures, nous pensons que cette nouvelle participation citoyenne alimente « l’espace des mouvements sociaux » qui est « un univers de pratique et de sens relativement autonome à l’intérieur du Monde social et au sein duquel les mobilisations sont unies par des relations d’interdépendances 351». En composant le décor des mobilisations sociales et des marches protestataires, les interventions de peintures urbaines offrent une nouvelle théâtralité aux conflits sociaux. C’est pourquoi, dans cette dernière partie, nous réfléchissons sur leurs capacités à investir des espaces politisés ou jusqu’alors vierges en termes de revendications politiques. Des espaces publics qui témoignent d’une volonté de contrôle par l’Etat et d’une volonté d’autonomie pour les manifestants. Le contrôle étatique de l’espace public, l’iconographie des mouvements sociaux et des exemples de mobilisations sociales propres au mouvement Graffiti guident nos réflexions sur ce terrain. A] L’ETAT ET L’EXPRESSION URBAINE: LE CONTROLE DE L’ESPACE PUBLIC EN JEU Dans cette partie, nous reprenons là où nous avions laissés nos interrogations au sujet du rôle de l’Etat et des Municipalités dans la construction d’un dialogue avec le Mouvement Graffiti et plus largement avec l’expression urbaine. Jusqu’à présent, nous argumentions en faveur du rôle de mécène de l’Etat favorisant le rassemblement des graffeurs dans des espaces choisis et avec des temporalités bien définies par le biais du financement d’évènements Hip Hop et Graffiti. Le processus de reconnaissance du Graffiti comme « Art » est encore à ses prémices bien que des efforts de l’Etat valorisent d’ores et déjà son apport positif en tant qu’Art urbain sur certains points. Cette légitimation se porte principalement en faveur de la branche « artistique » ou du « graff-mural » déconsidérant alors son ascendance: le Graffiti d’inspiration Nord-Américaine. Pour cela, le Graffiti Vandale est bien plus réprimé par les autorités publiques. Mais comme le présente l’Artiste-graffeur Defos: « Au fond, l’illégalité naît d’une personne qui la pratique dans un contexte qui te l’interdit. »352 Il nous semble donc pertinent de percevoir cette construction de la législation de l’espace public au Chili afin processus d’engagement citoyen. De plus, les références à la Révolution Cubaine ne sont pas à isoler dans cette aire géographique. 351 MATHIEU, Lilian, L’espace des mouvements sociaux, Bellecombe-en-Bauges, Édition du Croquant, 2007, p.133 352 Voir en annexes: DEFOS, op.cit., 11/11/2012, Entretien, pp.245-246 Traduction à partir de: “en el fondo la ilegalidad nace de una persona que lo hace en un contexto que te lo prohíbe.” 107 d’appréhender les « structures d’opportunités politiques 353 » permettant l’ouverture d’expressions artistiques dans un contexte politique agité par de nouvelles mobilisations sociales. Ce double-jeu misant sur un joker « évènements urbains » et contrant d’un revers la liberté d’expression urbaine mérite d’être mis sur le tapis. L’analyse de cette législation nous apparaît fondée bien plus sur des aspects théoriques que fonctionnels, le terrain contrastant significativement avec les différents textes de lois traitant l’espace public. 1) ANTECEDENT : LA « THEORIE DES FENETRES CASSEES »354 Cette théorie, écrite en mars 1982 par les enseignants chercheurs James Wilson et Georges Kelling provenant tous deux des bancs de l’Université de Harvard aux Etats Unis, a nourri par la suite de nombreuses études sociologiques confirmant leurs hypothèses sur le terrain. La démonstration s’attache à prouver qu’un phénomène de criminalisation des milieux étudiés apparaît lorsque ces derniers commencent à être des espaces laissés à l’abandon. En bref, lorsqu’une fenêtre ou plusieurs fenêtres sont brisées et laissées telles quelles durant plusieurs jours, alors s’accumulent de nouveaux problèmes sociaux dans le milieu: apparition de déchets, de rayures et de graffitis, trafics de drogues, création de bandes organisées, Figure 29 : Sida, quartier de Bellavista, Santiago, Mars 2013 augmentation de la violence dans le voisinage et finalement implantations de secteurs mafieux dans le quartier. Un effet papillon propagé tel un virus dans les veines et les artères des villes. Schématisée pour le compte des autorités publiques et des forces de l’ordre, l’étude préconise donc de guérir ce mal dès ces premiers signes. En remplaçant les fenêtres brisées au plus tôt, la pandémie est soignée de manière préventive et la respectabilité du milieu est préservée et sécurisée. L’élaboration de la théorie inaugure en un sens les politiques de nettoyage de l’espace public aux Etats Unis vis 353 Le concept de « Structure d’Opportunité Politique » a été défini par TILLY, Charles, op.cit., 2008. 6 facteurs principaux permettent d’éluder la viabilité des Nouveaux Mouvements Sociaux : 1) la multiplicité des centres de pouvoirs indépendants au sein du régime considéré, 2) l’ouverture à de nouveaux acteurs, 3) l’instabilité des alignements politiques, 4) la disponibilité d’alliés influents pour les contestataires, 5) la propension du régime à faciliter ou à réprimer l’expression collective de revendications, 6) des changements décisifs à l’intérieur des 5 points précédents. 354 WILSON, James Q. and KELLING, Georges L., “The police and neighborhood safety: broken windows”, in The Atlantic magazine, march 1982 108 à-vis d’un Mouvement Graffiti prenant une ampleur allant crescendo dans les années 1970 et 1980. Cette politique de prévention de la criminalité se donne pour objectif le contrôle des espaces publics marginalisés et elle influence lourdement les politiques appliquées par d’autres gouvernements à travers le Monde afin de parer à cette contamination. Une théorie qui pourrait encore trouver ses fondements si l’on en croit le témoignage du graffeur chilien Crems: « En réalité, moi, comme quelques amis, nous peignons légal comme illégal, nous peignons des fois les nuits, nous sortons dans des lieux, je ne sais pas, des propriétés, des banques, des affiches ou des cabines téléphoniques, ou des lieux pauvres abandonnés. C’est ce genre de lieux qui nous plaisent quand c’est illégal et quand on a plus de matériel, on fait des pièces plus élaborées là bas avec la permission au cas où, avec une idée antérieure des fois plantée avant de peindre mais aussi nous improvisons beaucoup plus ce que nous faisons. 355 » Les lieux visés par la branche illégale du Mouvement Graffiti peuvent être des espaces de pouvoir mais sont bien plus des espaces en marge ou abandonnés de la Société. Cependant, pour le cas du Chili, nous reposons cette problématique visant à contrôler ou à donner une certaine permissivité à l’expression urbaine par les différentes structures étatiques. En effet, la construction de la législation de l’espace public chilien est en contradiction mais aussi en continuité avec ses structures anciennes. 2) LEGIFERER L’ESPACE PUBLIC CHILIEN Au Chili, la « théorie des fenêtres brisées » s’est appliquée dans des circonstances différentes avec l’entrée dans le processus à la Démocratie. Avant ce processus, bien sûr, l’espace public est confiné tel un espace clandestin où l’expression urbaine est censurée et durement réprimée. Selon nos recherches à partir du site de la bibliothèque du Congrès National laissant libre accès à la législation chilienne 356 , ce qui est frappant dans ces premières années de Transition sont les efforts exécutés afin de réguler la propagande politique dans l’espace urbain bien plus que les inquiétudes en rapport avec le Mouvement Graffiti. Par exemple, dans le décret promulgué en décembre 1989 par la Municipalité de Conchali (Commune au Nord de Santiago), l’article n°16 interdit: « les « rayures », le collage 355 Voir en annexes : CREMS, op.cit., 04/11/2012, Entretien, pp.240-244 Traduction partir de: “En realidad yo como algunos amigos de aquí, si pintamos, como ilegal como legal, pintamos a veces por las noches, salimos a lugares, no se propiedades, como no se los bancos, cortinas, carteles o teléfonos públicos, o no sé, peladeros lugares abandonados como esos lugares nos gusta ir a pintar cuando es ilegal y cuando tenemos más materiales hacemos piezas más elaboradas ahí quizás ya es con un permiso de por sí, con una idea a veces también planteada anteriormente… pos… antes de pintarlo y o como también muchas veces improvisamos lo que hacemos.” 356 Site web: www.leychile.cl, consulté entre le 6 janvier et le 14 janvier 2013. 109 de pamphlets, la diffusion de ceux-ci, ainsi que toute propagande qui soit entendue ou vue de loin et qui altère l’ordre public et incite à des grèves et offense les autorités du gouvernement.357 » Ceci confirmant les hypothèses d’un consensus recherché par l’Etat afin de calmer les tensions sociales et préserver une Démocratie durement acquise. En réalité, la modification de la législation chilienne en rapport avec l’espace public et l’utilisation de peintures demeure durant les années 1990 quasi-inexistante358, se basant sur des textes de lois antérieurs nés sous la Dictature. Et ce n’est qu’en 1998 que la Municipalité de Santiago promulgue une nouvelle Ordonnance au sujet des « normes sur la propreté de la Commune » visant à interdire: « rayure, dessin ou peinture textuelle, signes, légendes, images, affiches ou autocollants de toute nature sur le mobilier urbain, sièges, poubelles, monuments, murs des façades d’édifices ou maisons particulières de la Commune et autres, sans l’autorisation du propriétaire, au niveau des ponts, trottoirs, statues, ou tout bien national d’usage public, autant dans les rues, les passages et les galeries particulières d’utilisation publique. 359 » Tout d’abord, il est à noter la permissivité de la loi laissant un rôle aux propriétaires des murs. Mais, cela n’est qu’au prix de leur responsabilité personnelle. Car, en cas d’infraction, ils sont en charge de nettoyer leurs murs privés et de payer une amende. Ensuite, la « théorie des fenêtres cassées » semble s’étendre au-delà des espaces en marge avec la défense des biens et édifices nationaux et des propriétés privées. Le contrôle de tout type d’espace public devient la priorité des autorités à la fin de la décennie. Un moment qui concorde parfaitement avec la montée des Nouveaux Mouvements Sociaux et avec le sacre du Mouvement Graffiti au Chili comme contre-culture artistique dominante. A cet instant, le terme de « graffiti » n’est alors pas employé dans l’énoncé de l’Ordonnance. La législation chilienne se conçoit dans le flou juridique, les juges devant faire preuve de jurisprudence selon les cas de figure. 357 Decreto n°575 EXENTO, Fecha Publicación: 23/01/1990, Fecha Promulgación: 20/12/1989, municipalidad de Conchali, dicta ordenanza comunal sobre derechos municipales por permisos, concesiones y servicios, Inicio Vigencia: 23/01/1990, Id Norma: 95111, Articulo: 16 URL: http://www.leychile.cl/N?i=95111&f=1990-01-23&p= Traduction à partir de: “El rayado, pegado de panfletos, lanzamiento de éstos, como igualmente toda propaganda que sea oída y vista desde lejos que alteren el orden público e inciten a paros y ofenda a las autoridades de Gobierno.” 358 Mise à part pour la légalisation des interventions muralistes politiques. Point sur lequel nous revenons dans notre dernière partie afin de l’opposer au Mouvement Graffiti. 359 Ordenanza 77, Fecha Publicación: 04/08/1998, Fecha Promulgación: 23/07/1998, municipalidad de Santiago, dicta normas sobre aseo en la comuna, Inicio Vigencia: 04/08/1998, Id Norma: 122640 Articulos: 42, 43 URL: http://www.leychile.cl/N?i=122640&f=1998-08-04&p= Traduction à partir de: “Prohíbese el rayado, dibujo o pintura de escritos, signos, leyendas, imágenes, afiches o pegatinas de cualquiera naturaleza en el mobiliario urbano, escaños, papeleros, monumentos, en los muros de fachadas de edificios o casas habitaciones particulares de la comuna y otros, sin autorización del propietario, en puentes, pavimentos, estatuas, o cualquier bien nacional de uso público, como asimismo en calles, pasajes y galerías particulares de uso público.” 110 Selon le témoignage du graffeur Alme, un des premiers décrets appelant à interdire les graffitis, qu’ils soient autorisés ou non, apparaît en 1999 avec la Municipalité de Nuñoa: « Nuñoa se vît nettoyée de murales mais en aucun cas de rayures ou de tags. La Municipalité assura que le Graffiti agressait l’inconscient des personnes, les laissant dans un état animique négatif. Différentes voix dirent que si la Municipalité voyait cet effet négatif avec le Graffiti elle devrait aussi le voir à travers la publicité qui inonde les rues sous tous types de formats et de techniques. Mais bien sûr, les graffeurs savent que la publicité paie les droits municipaux et contre cela, ils ne peuvent lutter. 360 » Le décret délimite clairement les zones d’influence dans l’espace public entre Graffiti et Monde Publicitaire. Les graffeurs se retrouvant impuissant en droits face au Monopole des grandes entreprises publicitaire Figure 30 : Nettoyage de tags et de graffitis au niveau de Santiago Centre, Décembre 2013 finançant dans leur l’espace campagne public. les L’inégalité de droits se fonde sur les ressources financières renflouant caisses des Municipalités. Cependant, malgré une politique de nettoyage des graffitis, les rayures et les tags ne désemplissent pas du paysage urbain. Le contrôle de l’espace public est vulnérable non pas vis-à-vis de la branche « artistique » mais face à l’engagement du monde vandale. Face aux nettoyages intensifs des rues, le recours au vandalisme est une solution acceptée par la Communauté des Graffeurs afin de conserver des espaces revendiqués par l’Etat et le Marché. Dépendant avant tout du processus de décentralisation accordant un pouvoir plus important aux Municipalités, deux cas spécifiques dans notre lecture de la législation voient le jour dans les Municipalités d’Iquique et d’Arica, au Nord du pays. En 2005 à Iquique, une Ordonnance reprenant les points abordés par celle de Santiago en 1998 ajoute une clause condamnant « les rayures, graffitis et le reste des figures […] qui possèdent une connotation politique comme par exemple le prénom et le nom de quelconque candidat à une élection 360 YUTRONIC, José & PINTO, Francisco, op.cit., 2005, Traduction p.24 à partir de: “Nuñoa se ve limpio de murales pero en ningún caso de los rayados de Chapas o Tags. La Municipalidad planteaba que el Graffiti agredía el inconsciente de las personas, dejándolas con un estado anímico negativo. Salen voces diversas diciendo que así como la Municipalidad veía este efecto negativo en el Graffiti también debería verlo entonces en la publicidad que inunda las calles en todo tipo de formatos y técnicas. Pero claro, los escritores saben que la publicidad paga derechos municipales y contra eso no pueden luchar.” 111 populaire qui sera sanctionné […] pouvant doubler les amendes et ordonner jusqu’à la clôture de la campagne du candidat correspondant en cas de nouvelle incidence. 361 » Un exemple confirmant tout d’abord l’attrait des politiques pour le Graffiti comme outil de propagande. Mais, ici, le citoyen lambda et le graffeur sont interdits d’exprimer leurs convictions politiques pour un candidat en particulier sous peine d’amende (délit classé dans la catégorie grave). En tant qu’individu, la liberté d’appartenance et d’expression politique est enclavée à l’espace privé. Un phénomène qui explique l’investissement des acteurs étudiés en marge de la sphère du « Politique ». Cependant, une certaine permissivité des forces de l’ordre laisse des espaces d’expression dans la ville jusqu’à nos jours selon le témoignage du graffeur Crems y vivant: « A Iquique, je ne sais pas si les gens là bas sont plus conscients au sujet du Graffiti, mais il se passe que les carabiniers ne t’embêtent pas tant que cela pour le fait de peindre. Des fois ils te voient en train de « rayer » et ils ne te disent rien, ou c’est possible qu’ils ne s‘en rendent pas compte ou qu’un graffiti passe inaperçu mais en vérité le Graffiti n’est pas si régularisé par là-bas, c’est très tranquille, il n’y a pas beaucoup d’arrestations, nous espérons qu’ils poursuivent ainsi… 362 » Il ne faudrait donc pas accorder tant d’importance à l’instauration du décret. Quant à la ville d’Arica, une définition intéress ante est proposée: « s’entend par graffitis, toute expression satyrique, sociale, culturelle et/ou politique écrite généralement sur les murs ou parois d’une propriété publique ou privé, réalisée au moyen de spray, broche, pinceau et peintures, ou au moyen de quelconque autre élément de caractéristiques similaires. 363 » Le décret promulgué en juin 2007 polarise son 361 Ordenanza 392, Fecha Publicación: 21/10/2005, Fecha Promulgación: 04/07/2005, municipalidad de Iquique, aprueba ordenanza de aseo, Inicio Vigencia: 04/12/2009, Id Norma: 243165, Ultima Modificación: 04/DIC/2009 Ordenanza 441, Articulo: 38 bis URL: http://www.leychile.cl/N?i=243165&f=2009-12-04&p= Traduction à partir de: “Artículo 40 bis: Los rayados, graffitis y demás figuras que determina el artículo 38 bis de la presente ordenanza y que tengan una connotación política como por ejemplo el nombre o apellido de algún candidato a elección popular será sancionado de acuerdo a lo establecido en el artículo 40 ter pudiendo aumentarse las multas al doble y ordenar hasta la clausura del comando del candidato correspondiente en caso de reincidencia.” 362 Voir en annexes : CREMS, op.cit., 04/11/2012. Entretien, pp.240-244 Traduction à partir de: “En Iquique pasa que no se si la gente está allá mas concientizada con el asunto del graffiti, pero pasa que allá los carabineros no te molestan mucho por el asunto de pintar, de hecho a veces te ven hasta rayando y no te dicen nada, o capaz que no se den cuenta o uno pasa desapercibido pero, pasa que no esta tan regularizado el graffiti allá, esta como bien light, no hacen mucho atao’, esperemos que sigan así.” 363 Decreto n°1756, Fecha Publicación: 14/06/2007, Fecha Promulgación: 23/04/2007, municipalidad de Arica, aprueba ordenanza sobre el rayado de muros y fachadas, exteriores de los inmuebles particulares, municipales o, fiscales (Graffitis) y su regulación, Inicio Vigencia: 14/06/2007, Id Norma: 261711 Articulos: de 1 à 14 URL: http://www.leychile.cl/N?i=261711&f=2007-06-14&p= Traduction à partir de: Para los efectos de la presente Ordenanza, se entiende por graffitis, toda expresión satírica, social, cultural y/o política escrita generalmente sobre muros o paredes de la propiedad pública y privada, realizadas mediante cualquier tipo de spray, brocha, pincel y pinturas, o mediante cualquier otro elemento de similares características. 112 discours essentiellement sur la pratique Graffiti avec une certaine connaissance du milieu et des acteurs visés. La Commune propose une prise en charge des activités Graffiti sous couvert d’un éducateur enseignant des valeurs civiques aux jeunes initiés. Nous ignorons les facteurs ayant contribué à ces évènements dans la ville d’Arica en 2007, mais ce décret illustre la législation la plus répressive en terme de liberté d’expression dans l’espace public sur le territoire chilien concernant le Graffiti. Un contrôle de l’espace public que les autorités en place étendent au vue de la revitalisation des manifestations durant ces années 2000. 3) FAIRE FRONT AUX NOUVEAUX MOUVEMENTS SOCIAUX Sur ces dernières années, la volonté de renforcement du contrôle de l’espace public au Chili est sans conteste associée à la montée de grandes mobilisations à échelle nationale364. Ces évènements ont amené à revoir la législation de ces espaces mettant aussi bien en danger la liberté de manifester ainsi que la pérennité des expressions urbaines en tant que supports contestataires. Deux grands projets de lois sont entrés en négociation depuis l’arrivée de la droite néolibérale et de l’élection du Président Sébastian Piñera en 2010 afin de rétablir une mise sous tutelle des débordements citadins. Les Centres politiques du pays, c'est-à-dire les villes de Santiago et de Valparaíso365, sont les premiers visés par ces mesures bien que la Région de Temuco, lieu de revendications des terres et des droits indigènes Mapuche, ait été Figure 32 : Portrait pochoir du ministre Figure 31 : Pochoir "Ley Hinzpeter" réalisé sur la chaussée sur de l'Intérieur Hinzpeter, message : « Le le chemin de la Moneda lors des manifestations étudiantes de crime qu’il poursuit est la liberté », septembre 2012 à Santiago. Concepción. 364 Nous pensons notamment aux mobilisations lycéennes de l’année 2006 ayant provoqué de nombreux troubles dans l’espace public des grands Centres Urbains chiliens. Pour plus d’informations voir : GUTIERREZ PORTILLO, et CAVIEDES REYES, Revolución Pingüina. La primera gran movilización del siglo XXI en Chile, Santiago: Ayún, 2006 365 Le palais présidentiel de la Moneda est situé à Santiago. Tandis que le Congrès National du Chili a été décentralisé à Valparaíso durant la période de Dictature. Une stratégie ayant d’ailleurs permis de contenir et de diviser les espaces de mobilisations contre le Régime à cette époque (jusqu’à nos jours). 113 fortement inquiétée par ces mesures366. Le « projet de renforcement de la Défense de l’Ordre Public », déposé le 4 Octobre 2011, « établit le désordre public comme délit instaurant une condamnation mineure de degré moyen (allant de 541 jours à 3 ans d’enfermement). Ceci inclut les occupations « express », la paralysie des services publics, l’interruption des transports, les attaques contre les carabiniers, les détériorations de propriétés publiques et privées, etc...367 » selon l’article 269. Mieux connue comme « Loi Hinzpeter », tenant son nom du Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique Rodrigo Javier Hinzpeter Kirberg (2010-2012), l’initiative a bien plus encouragé d’une part à de nouvelles manifestations sociales illégales mais aussi à l’apparition de nouvelles rayures et de pochoirs opposés au projet. La deuxième initiative de loi concerne plus spécifiquement la Municipalité de Valparaíso se concentrant sur les « problèmes » liés au Graffiti. Déjà, un décret promulgué en 2010 délimitait considérablement la Culture Urbaine sous l’égide de la Municipalité interdisant « l’usage de Peintures ou tous autres éléments similaires pour les rayures ou Peintures graffiti […], qu’ils soient à des fins publicitaires ou de diffusion artistique sans passer par l’intermédiaire des autorisations municipales correspondantes 368 ». La ville de Valparaíso est un cas particulier dans le Monde. En l’espace de quelques années elle est devenue une des Capitales mondiales du « Street Art ». C’est pourquoi, malgré les interdictions, rien ne semble pouvoir empêcher le phénomène de croître dans les ruelles et ses « cerros ». Une nouvelle initiative369, lancée par le Député du parti « Rénovation Nationale » Joaquim Godoy370, cherche à désamorcer les rayures et le Mouvement Graffiti en interdisant la vente des bombes spray aux mineurs. La manœuvre est subtilement amenée au devant de la scène politique au côté des médias en jouant sur l’opinion publique. Les arguments 366 Dans l’espace urbain, les rayures et les stencils sont des instruments de communication largement utilisés par les manifestants en faveur de la cause Mapuche. 367 Traduction à partir de: “Establece el desorden público como delito aplicando presidio menor en su grado medio (541 días a 3 años). Esto incluye tomas express, paralización de servicios públicos, interrupción del tránsito, causar daños a carabineros, causar daños en propiedad pública o pri vada, etc...” 368 Decreto n°546, Fecha Publicación: 22/04/2010, Fecha Promulgación: 23/03/2010, municipalidad de Valparaíso, modifica ordenanza local de aseo y ornato, Inicio Vigencia: 22/04/2010, Id Norma: 1012617 Articulos: 13 j) URL: http://www.leychile.cl/N?i=1012617&f=2010-04-22&p= Traduction à partir de: “se prohíbe el uso de pinturas u otros elementos similares para el rayado o pintado de graffiti en los lugares señalados en el inciso anterior, sea con fines de publicidad o difusión artística sin mediar las autorizaciones municipales correspondientes.” 369 Legislatura: 359 fecha de ingreso: Martes 10 de Mayo de 2011, Estado: primer trámite constitucional. Numero de boletín: 7625-25, establece sanciones quienes vendan o suministren recipientes de pintura aerosol a menores de dieciocho años y dispone medidas para su almacenamiento y expendio, materia: pintura aerosol, menores, iniciativa: moción, cámara de origen: cámara de diputados Articules: 1à 4 http://www.camara.cl/PLEY/PLEY_DETALLE.ASPX?PRMID=8022&PRMBOLETIN=7625-25, consulté le 11 janvier 2013 370 Voir Biographie en annexes p.206 114 infantilisent les acteurs en leur ôtant leurs rationalités et s’appuient sur la salubrité, paramètre indispensable au bon fonctionnement des espaces de vie dans les villes. Au lieu d’entamer un dialogue social avec ces acteurs et trouver de nouvelles solutions, la Municipalité a pris parti pour une politique ferme envers toutes « détériorations » ou « pollution visuelle » vues par les rayures et le Graffiti. Concernant le Graffiti, et plus précisément les tags et le Graffiti Vandale qui sont directement touchés par ces propositions de loi, nous ne revenons pas sur l’importance des débuts d’Artistes Graffeurs contemporains s’étant majoritairement initiés à cette petite délinquance dans leur jeunesse. A long terme, l’application stricte de ces lois pourrait entraver une nouvelle rupture pour l’Art Urbain chilien bien que la créativité des graffeurs ne manque pas en ce domaine selon le réalisateur Pablo Aravena: « s’ils n’ont pas de spray, ils vont travailler avec le latex371, s’ils n’ont pas de latex, ils vont travailler avec de l’eau… avec du sable, avec des couleurs… ça c’est le style chilien, c’est de travailler avec les moyens qu’il y a et finalement avec peu de moyens. Je crois que cette caractéristique est une des forces du mouvement chilien, c’est improviser et de créer avec rien. 372 » Cette interdiction de vente de bombes spray ne résout qu’en surface et à court terme la transparence des espaces d’expression artistique. En revanche, nous pensons qu’à ce propos le Graffiti n’est qu’un prétexte secondaire pour en vérité déjouer la prolifération de rayures à caractère revendicatif dans l’espace public. Selon nous, les rayures sont des supports très riches à analyser afin d’appréhender les problématiques et les attentes sociales au sein d’une Société. Sur ce point, il serait d’ailleurs pertinent de proposer des perspectives de recherche quant à l’Archéologie visuelle des rayures, en quelque sorte reflets du mal-être de nos Sociétés. Au Chili, les aspects linguistiques, les typographies, les récurrences et les secteurs privilégiés démontrent la rationalité des acteurs concernés. Une grande partie des rayures apparaissent pendant et après les marches protestataires, des moments contribuant à l’effervescence de l’expression urbaine. Les marches se profilent au niveau des grandes places et grands Centres urbains (à Santiago : de Plaza Italie en direction du palais présidentiel de la Moneda). Ce sont donc les lieux de pouvoirs politiques qui sont les principales victimes des rayures. A la liste, il faut ajouter les banques et les grandes multinationales (puissances économiques), les commissariats, les établissements scolaires, les bus et les vitrines de magasin. Les responsables de ces rayures participent au cortège des manifestants et se distinguent dans les rangs des fauteurs de trouble, 371 372 Peinture acrylique Témoignage d’ARAVENA, Pablo, 22/11/2012, op.cit., Entretien, pp.233-239 115 appelés les « encapuchés »373 au Chili. Il s’agit d’un groupe difficilement identifiable malgré un nouvel attrait de la recherche pour les problématiques traitant des « violences politiques ». Leurs messages se caractérisent par leur fugacité et par leur concision. Les traits sont généralement très fluides et approximatifs dû à l’adrénaline et à la vitesse de réalisation. Contrairement à des idées reçues, les fautes d’orthographe, la contraction des mots et l’utilisation d’abréviation ne sont pas essentiellement des lacunes liées au système éducatif. Il s’agit d’un langage urbain comportant des codes issus des rues mêmes. Par exemple, le recours à des mots dérivés de l’anglais (ou américain) sont une manière d’interpeler les passants vis-à-vis de l’influence néfaste, pour ce cas, des Etats Unis sur le territoire chilien. Finalement, les rayures demeurent les dernières traces visibles des mobilisations après le déploiement des forces de l’ordre dispersant la foule mobilisée. Elles dévoilent avant tout un refus de dialogues avec les structures étatiques. Pour autant, elles traduisent des espaces d’expressions urbaines se justifiant face à une violence politique visant à homogénéiser et à dépolitiser les tensions sociales. Dans une certaine mesure, nous pensons que plus la propension de rayures est élevée dans un pays, plus les structures étatiques recourent à de nouvelles lois afin de réduire la liberté d’expression dans l’espace urbain. C’est d’ailleurs ce que sous-entend le doctorant en Histoire de l’Art Fernando Figueroa lors d’un entretien accordé: « Le développement d’une Démocratie ne se reflète pas à travers l’amplification de son appareil législatif et de contrôle, mais ceci est bien plus le symptôme de sa disgrâce; ses citoyens obtiennent une meilleure autonomie avec un plein développement, grâce à leur éducation sociale comme citoyens adultes, coopératifs, conscients de leur entité collective et de leur personnalité individuelle, informés des mécanismes culturels et des structures organisatrices de leur Société, les participants sont actifs au sein de celle-ci et responsables d’eux-mêmes et du reste.374 » Fort heureusement, l’Art Urbain, plus difficile à légiférer de par la bienveillance de l’opinion publique, donne une touche d’espoir en appuyant les dynamiques sociales. 373 374 Traduction à partir de: « Encapuchados » Voir l’article de LLADO, Albert, “La lucha antigrafiti es un pretexto para aumentar el control del espacio público”, in revista de Letras, Espagne, 30 juin 2012 : Http://www.revistadeletras.net/fernando-figueroa-la-lucha-antigrafiti-es-un-pretexto-para-aumentar-el-controldel-espacio-publico/, consulté le 28 mai 2013. Traduction à partir de: “El desarrollo de una democracia no se refleja en la ampliación de su aparato legislativo y controlador, más bien eso es un síntoma de su fracaso; sino en que sus ciudadanos alcancen una mayor autonomía con su pleno desarrollo, gracias a su educación social como ciudadanos adultos, cooperativos, conscientes de su entidad colectiva y de su personalidad individual, conocedores de los mecanismos culturales y estructuras organizativas de su sociedad, participantes activos en ella y responsables ante ellos y los demás.” 116 B] L’AVANT-GARDE ET L’ARRIERE FOND DES MOUVEMENTS SOCIAUX 1) LES REPERTOIRES D ’ACTIONS COLLECTIVES: UNE PALETTE D ’INSTRUMENTS En Amérique Latine, les renversements des Régimes autoritaires entrainent néanmoins le renforcement des politiques néolibérales pour la plupart des nouveaux gouvernements « démocratiques ». Ces politiques ont provoqué « la concentration des revenus, la paupérisation des masses et le vacillement des Démocraties »375. C’est donc sans étonnement que ces stratégies néolibérales ramènent au devant de la scène politique de nouvelles contestations dans les rues et la réorganisation d’actions collectives revendicatives. La Culture protestataire en Amérique Latine est un phénomène ancré sur des formes anciennes de mobilisations mais fait aussi preuve aujourd’hui d’innovations en appuyant les nouveaux mouvements sociaux. Un inventaire des répertoires de contestations existe allant « des concerts de « cacerolazos »376, d’usage des réseaux internet, des marches vers les Capitales, des campements sur les places publiques, d’émeutes et mises à sac de magasins, de barrages de routes… » 377 par exemple. Dès lors, la définition que nous retenons des répertoires d’actions est exprimée ainsi: « le répertoire désigne l’ensemble des moyens et des pratiques que les acteurs connaissent, ont à leur disposition, et sont capables de mettre en œuvre pour contester les autorités et organiser la mobilisation. » 378 Selon nous, l’Art Urbain comme répertoire d’action collective suggère un potentiel substantiel. Au Chili, cette situation a amené les différents acteurs sociaux à repenser leurs stratégies de Communication afin d’éveiller l’opinion publique. Les principaux mouvements sociaux sont la lutte des travailleurs (mineurs et pêcheurs en ligne de mire), la reconnaissance des crimes perpétrés sous la Dictature et la libération des prisonniers politiques, la reconnaissance des droits et des terres indigènes, le mouvement universitaire manifestant pour une éducation gratuite et de qualité, le mouvement des « pobladores » œuvrant pour une meilleure équité et justice sociale, la lutte pour l’égalité des sexes en faveur de la parité et de salaires égaux, des revendications pour un système de Santé rationalisé et public (coût des soins et question du droit d’avortement entre autres), un système de cotisations plus juste pour les « retraites », et enfin des contestations d’ordre écologique et économique (contre 375 SEOANE, José (compilador), Movimientos sociales y conflicto en América Latina, Clacso, Buenos Aires, 2003, 184 p. 376 Casseroles. En Argentine durant la période de Dictature, les gens frappaient sur des casseroles en signe de contestation au pouvoir. 377 GOIRAND, Camille, « Mobilisations et répertoires d'action collective en Amérique latine », in Revue internationale de politique comparée, vol.17, 2010, p.8 378 GOIRAND, Camille, 2010, ibid., p.17 117 l’installation de barrages dans le Sud du Chili, contre l’establishment de l’industrie Monsanto ainsi que dans une moindre mesure les demandes de pistes cyclables dans les grands villes chiliennes). Ces revendications soumises à une faible médiatisation des médias officiels (chaînes de télévision et grands quotidiens nationaux) ne trouvent pas d’échos satisfaisants pour les acteurs mobilisés. En effet, la criminalisation des Mouvements Sociaux est souvent mise au premier plan au détriment des problématiques de fond soulevées par ces derniers. Face à ce dialogue de sourd avec l’Etat, les différents acteurs sociaux, incluant une partie de la jeunesse chilienne, ont dû renouveler leurs stratégies avec bien souvent une grande créativité: « C’est ici qu’entrent en scène les productions culturelles (médias de communication, les labels indépendants de musique, les ateliers artistiques, etc...) en relation avec les processus politiques. Ainsi, comme la télévision qui a été le point culminant de la médiatisation politique, les acteurs de la jeunesse ont commencé à développer des stratégies et des médias de communication qui servent leurs objectifs politiques et culturels, tout en assumant que ces pratiques de communication de la jeunesse devraient constituer une voix alternative, « reflétant ce qui est mal ajusté ou laissé de côté par les politiques sociales, culturelles et économiques » et « critique vis-à-vis des processus réformistes et renforçant ces initiatives qui sont valorisées ». C'est-à-dire, favorisant des pratiques qui contribuent à une démocratie plus participative. 379 » Les discours revendicatifs déjà bien rôdés nécessitaient alors des actions concrètes à appliquer sur le terrain. Nous pensons que la richesse de l’Art Urbain donne une nouvelle dimension affective aux différents Mouvements Sociaux, pouvant devenir à plus grande échelle un nouveau média de stratégies communicationnelles. Tel que le présente la chercheuse Camille Goirand: « Ces différents moyens d’action composent un répertoire, un peu dans le sens où on l’entend dans le théâtre et la musique, mais qui ressemble plus à celui de la commedia dell’arte ou du jazz qu’à celui d’un ensemble classique. On en connaît plus ou moins bien les règles, qu’on adapte au but poursuivi »380. En plus des rayures et des graffitis vandales « engagés » s’assimilant déjà à des formes d’actions collectives utilisant la « violence visuelle », le Graffiti ou l’Art Urbain au sens large peut se 379 AGUILERA RUIZ, Oscar, op.cit., 2010, Traduction à partir de: “Es aquí donde entran en escena las producciones culturales (medios de comunicación, sellos discográficos autónomos, talleres artísticos, etc...) en su relación con los procesos políticos. Así como la televisión ha sido el punto culmine de la mediatización política, los propios actores juveniles ha comenzado a desarrollar estrategias y medios de comunicación que sirvan a los propósitos de sus objetivos políticos y culturales, en tanto se asume que estas prácticas de comunicación juvenil debieran constituirse en una voz alternativa, “reflejando lo que está mal enfocado o dejado de lado por las políticas sociales, culturales y económicas” y “siendo un sujeto critico de los procesos que se llevan adelante y fortaleciendo aquellas iniciativas que son valorables”. Es decir, promoviendo prácticas que hagan más participativa la democracia.” 380 GOIRAND, Camille, 2010, op.cit., p.17, expression empruntée à TILLY C., La France conteste de 1600 à nos jours, Paris, Fayard, 1986, p. 541 (Italique dans le texte original). 118 révéler un outil précieux en illustrant les tensions sociales actuelles. Le rayonnement du Graffiti dans les années 2000 au Chili permet la spécialisation de nouvelles pratiques Graffiti, inspirées au cœur même de la Culture Hip Hop (les tags, les lettrages, les personnages, les flops, les wildstyles, etc...) ou empruntées à d’autres sphères d’influences et de techniques (influences de l’Art précolombien et africain, l’héritage du Muralisme chilien ou mexicain, le Pop Art et la sérigraphie, l’utilisation d’autocollants, de pochoirs, le body-paint, etc...). Cette palette d’instruments protestataires pourrait aisément être appliquée comm e toile de fond des Mouvements Sociaux. D’autant plus que les réseaux sociaux et internet recèlent de nombreuses plates-formes d’échange d’informations à ce sujet. L’expérience interactive née en 2006 avec la « Révolution des pingouins », ce mouvement amorcé par les lycéens chiliens, donne déjà lieu à l’utilisation des « fotologos »381 comme espaces virtuels d’organisation et de cohésion du mouvement lycéen. Cette utilisation de la toile internet contribue de nos jours à l’élaboration d’un « Graffiti 2.0 », plus interactif avec les acteurs mobilisés. Les photos de graffitis prises sont automatiquement relayées sur internet à travers les réseaux sociaux et permettent de diffuser les informations quant à l’évolution du mouvement Graffiti et de la Société. Cet outil est en phase de donner des éléments indicatifs reflétant la réalité sociale d’un pays au niveau global. En parallèle, déjà appuyé par l’émergence de groupes de rap « conscients » sur cette dernière décennie tels que « Conspirazion », « Subverso », la rappeuse Anita Tijoux, « Legua York », « Portavoz », « Guerillero Okulto » pour n’en citer que quelques uns, une mouvance du Graffiti donne déjà les premiers signes d’une contestation soutenant ce « mécontentement général ». Cependant, l’absence d’un « Manifeste »382 porte encore préjudice à cet élan. En appelant l’Avant-garde des Artistes-graffeurs chiliens ou latino-américains à s’aventurer vers un Art Urbain « engagé », non plus lié aux partis politiques comme le Muralisme le laissait entendre mais pour une démocratisation de l’expression urbaine, le Mouvement pourrait étendre son caractère universel et alimenter des espaces de mobilisations collectives dans les rues. Un coup de plume qui pourrait à nouveau jaillir du monde universitaire concerné de près depuis quelques années par les dérives des politiques néolibérales et ayant participé à 381 A ce sujet, voir les travaux de: COSTA CORNEJO, Paola, “El rol de los fotologos en el movimiento estudiantil chileno de mayo 2006”, Université de Poitiers, 2008 Les “fotologos” sont des blogs alimentés de photos et de témoignages lors des manifestations d’avril à juin 2006. Ces plates-formes développent des espaces de communication interactifs entre les lycéens afin de faciliter les différents Mouvements et prises de décisions entre les lycées alors en grève et en occupations. 382 Nous faisons allusion au manifeste nommé « Manifiesto de Integración Plástica » écrit en 1952 au Chili conjointement par les soins de Fernando Marco, Diego Rivera et Osvaldo Reyes, amenant à repenser le Muralisme Chilien. Voir en conclusion la traduction. 119 l’immersion de « l’Art » passant des occupations des lieux de savoir à son ingérence dans l’espace public. 2) LES LUTTES TEINTEES DES UNIVERSITES: DES OCCUPATIONS A LA RUE Si nous évoquions la dichotomie existante entre le Monde universitaire et celui du Graffiti dans les années 1990383 au Chili, le nouvel attrait des étudiants et des graffeurs portés par la vague « Street Art » dans les années 2000 ainsi que le renouveau des mobilisations de rue défendant la cause étudiante, ont sans doute contribué à colorer les discours revendicatifs dans l’espace public. Il nous semble pertinent de faire ce rapprochement entre étudiants et graffeurs, interdépendants de cette même classe d’âge qu’est la « jeunesse ». Nous l’avons déjà observé sur les périodes d’avant et pendant la Dictature, le rôle des protestations étudiantes a été teinté par des images symboliques alimentant une lutte progressiste clamant une plus forte équité dans ses rangs384. Depuis toujours, les Universités du pays ont servi de lieux d’expérimentation avec l’apprentissage des luttes sociales et l’élaboration de nouvelles stratégies communicationnelles pour se faire entendre. Les revendications étudiantes ne cessent pas durant cette période post-dictature et les Universités redeviennent des lieux de foisonnement en ce qui concerne l’expression artistique. Comme le souligne l’article de Juan Bragassi, on ne peut omettre la fermentation de l’Art présent au sein des Universités sur cette période: « il faut aussi mentionner les murales faites à l’époque des mobilisations universitaires entre les années 1992 et 1998, qui furent réalisées dans quelques Facultés des Universités Publiques de la 5ème Région, et qui actuellement se retrouvent en majorité effacées. 385 » Beaucoup d’Universités, grâce à l’investissement de certains professeurs et d’étudiants en Arts plastiques, se voient ainsi repeintes entièrement à l’intérieur des bâtiments mais aussi sur les parois extérieures. A côté de cela, des projets universitaires contribuent à faire sortir l’expression artistique hors de ces murs. Mais il s’agit avant tout de 383 Visible avec le premier projet communautaire de Valparaíso dédaignant la montée du phénomène Graffiti dans l’espace urbain. 384 Nous pouvons remonter jusqu’au discours du Président Pedro Aguirre Cerda le 21 mai 1939 pour illustrer ces revendications: « Pour que l’enseignement puisse accomplir sa mission sociale, il est nécessaire qu’il soit: gratuit, unique, obligatoire et laïque. Gratuit, afin que tous les enfants puissent en bénéficier (…) sans autres restrictions que ceux dérivant de leur propre nature ; unique, au sens où toutes les classes chiliennes unifient leur pensée et leur action à travers les mêmes salles de classe ; obligatoire, car c’est le devoir de l’Etat de donner à tous les membres de la Société le minimum de préparation requis pour la vie civique et sociale dans la Communauté; laïque, avec l’objectif de garantir la liberté de conscience et faire en sorte que rien ne perturbe l’esprit de l’enfant durant sa période de formation ». 385 BRAGASSI H., Juan, “El Muralismo en Chile: Una Experiencia Histórica para el Chile del Bicentenario” , Memoria Chilena Artículos para el Bicentenario, 2010, p.8 Traduction à partir de: “también es necesario mencionar los murales hechos en épocas de movilizaciones estudiantiles universitarias entre 1992 y 1998, los que fueron realizados en algunas de las Facultades de las Universidades Estatales de la quinta región, y que actualmente se encuentran en su mayoría borrados.” 120 projets expérimentaux isolés et écartant l’apport du Graffiti comme moyen d’expression artistique aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des Universités. Pourtant, les espaces de mobilisations entrouverts doivent beaucoup à l’intrusion du Graffiti. Ouvrant les portes à des expressions urbaines certes plus « agressives » et « anarchiques » dans les premiers temps, le Graffiti est une preuve unanime que la porosité de la législation au Chili permet à nouveau de récupérer ces espaces perdus depuis la Dictature. Par la suite, les portes des lycées et des universités s’ouvrent au Monde du Graffiti. Les années 2000 témoignent d’un réinvestissement dans les différents lieux de l’Enseignement et dans l’espace public avec les occupations de lycées/universités et les manifestations dans les rues 386 . A ce phénomène, il faut adjoindre un processus de repolitisation des structures organiques et mécaniques vues à travers la création de comités d’élèves et la reconstitution Figure 33 : Brigade Muraliste UMLEM "Unidades Muralistas Luchador Ernesto Miraesta", Université du Chili, Santiago, Octobre 2012 des syndicats Leur lycéens et étudiants. militantisme est réaffirmé et les étudiants déploient de nouvelles formes de protestations. Leur implication est visible à différentes échelles. Au niveau national, cette visibilité croît considérablement entre les mois d’avril à juin 2006 avec des manifestations massives parcourant le pays. Mis au devant de la scène médiatique et reclassés au premier chef de l’agenda politique du gouvernement Bachelet, les lycéens, et de façon secondaire les étudiants, entrent par la grande porte dans le phénomène d’institutionnalisation démocratique. L’héritage de la Dictature et la continuité de la politique des gouvernements de 386 Selon les travaux de PONCE JURADO, Pedro Miguel, « Mobilisation sociale et militantisme institutionnel : le mouvement étudiant chilien de 2006 », Master Politique Comparée- Spécialité Amérique latine, Mémoire de recherche dirigé par COMBES Hélène, Institut d'Etudes Politiques de Paris, Ecole Doctorale de Sciences Po, 2009, 145 p. La réorganisation des étudiants sur le plan du militantisme institutionnel est un long processus. On note cependant une première mobilisation en avril 2001, le mouvement du « Mochilazo » (« mochillas » signifiant sac à dos) manifestant contre l’augmentation des prix des transports publics. C’est un mouvement de faible ampleur à Santiago qui ne dure qu’une dizaine de jours. Pourtant, il invite le mouvement lycéen à prendre un nouveau tournant. 121 Concertation est remis en cause387, les inégalités et l’absence de qualité dans l’Enseignement sont rapportées. En 2011, le mouvement étudiant relance l’assaut et dénonce la politique de stagnation appliquée par le nouveau gouvernement de droite. Au niveau local, les groupes d’intérêt commun et d’affinité contribuent à faire naître une multiplicité d’actions collectives. Au-delà du politique, c’est tout un microcosme d’acteurs de la Société civile qui produit une identité collective homogène propre à cette classe d’âge mais aussi à la fois hétérogène par les moyens d’actions mis à contribution. La production de savoir culturel et artistique à travers les occupations et les manifestations est conséquente. Selon Figure 34 : Graffiti "L'éducation Gratuite Maintenant", Université du Chili, Santiago, Octobre 2012 l’auteur Aguilera, un des objectifs alors affirmés est de « produire et gérer la culture : il s’agit d’espaces de rencontre et de diffusion d’activités véhiculées par l’animation artistico-culturelle, comme moyen d’informations sous forme de concours et de rencontres artistiques. » 388 Revitalisées par les mobilisations, les « jeunes » brigades muralistes adhérant à divers partis politiques, syndicats ou groupuscules font des lycées et des Universités leurs bastions. C’est ainsi que ces lieux ne désemplissent pas de murales à caractère politique et revendicatif. De même, des courants que nous nommerons « anarchiques », au sens Politique du terme, s’accaparent les murs extérieurs en utilisant les rayures et les stencils comme supports contestataires. Quant au mouvement Graffiti, lui aussi s’immisce dans ces lieux et se t einte parfois de couleurs politiques. On observe donc une disparité d’expressions urbaines bien plus importantes qu’auparavant en interaction avec ce que nous retrouvons aujourd’hui dans les rues. Le dernier évènement en date illustrant notre propos est l’intervention joignant différents collectifs muralistes et de graffeurs pour « la Journée en faveur de l’Unité dans la Lutte »389 ayant eu lieu à la Faculté de Philosophie et d’Humanisme de l’Université du Chili en juin 387 La LOCE: « Loi Organique Constitutionnelle de l’Enseignement », promulguée le 10 mars 1990, est sur ce point fortement critiquée. 388 AGUILERA RUIZ, Oscar, 2008, ibid. Traduction p.67: “Producir y gestionar cultura: Se trata de espacios de encuentro y difusión de las actividades vinculadas con la actividad artístico-cultural, así como informaciones sobre fondos concursables y encuentros artísticos.” 389 Traduction à partir de: “Jornada por la Unidad en la Lucha” 122 2013. Cependant, les rayures « engagées » gagnent bien plus en efficacité dans l’espace public lors des manifestations, confortées par leur facilité et leur rapidité d’exécution contrairement au Muralisme politique et au Graffiti « engagé » demandant plus de temps et d’organisation. Ces questions commencent à faire débat au niveau académique tel que ce fût le cas lors du séminaire « Graffiti & Política » 390 dans cette même Université du Chili, organisé par l’Institut de Communication et d’Images. Lamentablement, les disciplines Muraliste et Graffiti reconnues comme Art Majeur dans l’Enseignement n’existent pas, limitant cette prise de conscience d’un potentiel artistique mais aussi d’un engagement citoyen que ces matières offriraient. Ces dernières souffrent encore de leurs réputations d’Art mineur bien qu’une faible quantité d’acteurs se battent pour défendre aujourd’hui ces Arts Urbains. Le professeur de l’Université Arcis, Mono González perpétue avec éclat cette tradition muraliste en tenant compte toutefois de l’émergence du mouvement Graffiti. Fortement impliqué dans les luttes sociales en quête de justice et d’égalité, son œuvre d’Art Urbaine « Saludo a la Historia » appelle à se tourner aussi bien vers le passé que vers l’avenir des générations futures391 . C’est ce que nous explique Newen, présent pour donner un coup de main au Maître sur cette murale en Novembre 2012: « En plus de cela, la murale tenait déjà une grande valeur, c’est ici que la BRP a peint son premier mur. Le lieu est un point ponctuel pour les marches et les protestations, Figure 35: Mono González "Saludo a la Historia", réalisée lors du Festival Hecho en Casa sur l'aile gauche du Centre Gabriela Mistral, Santiago, Novembre 2012 du fait de son emplacement le long de l’Alameda. De plus, le dessin nous invite à saluer, et comme un « non », l’autre main nous empoigne et nous invite à lutter. Un Salut à l’Histoire vers où notre regard se porte. 392 » Une murale saluant les marches futures en direction du palais présidentiel. De même, quelques 390 Séminaire “Graffiti & Política”, organisé par MENDEZ, Cristian (collectif “No Votes Por Mi”), Instituto de Comunicación e Imagen, Universidad de Chile, 18 Octubre 2012. 391 Voir son témoignage laissé au cours du Festival Hecho en Casa en Novembre 2012 en annexes pp.279-283, Conférence 392 Voir en annexes: NEWEN, op.cit., 31/03/2013, Entretien, pp.268-270 Traduction à partir de: “Además de que la muralla en sí ya tenía gran valor, pues fue el primer mur o donde pintó la BRP. El lugar es un punto ocasional de marchas y protestas, por estar al lado de la Alameda. Además, 123 Artistes graffeurs poursuivent cette quête de reconnaissance universitaire de l’Art Urbain à travers le mouvement Graffiti. Le professeur d’Art Visuel et Artiste Graffeur Henruz , ainsi que ses compagnons de travail, démontrent bien dans leurs travaux de recherche 393 le potentiel pédagogique alloué au Graffiti. Un potentiel pouvant aussi réalimenter la politisation de l’Art Urbain moderne en jouant sur les imaginaires collectifs. 3) LA THEATRALITE DES CONFLITS SOCIAUX Un des problèmes méthodologiques auquel nous soumet cette enquête de terrain repose sur l’interprétation de l’image en tant qu’objet. Tandis que nous prenons le parti pris de graffitis artistiques « engagés » socialement et/ou politiquement, seul l’Artiste-graffeur est en mesure d’exprimer et de définir la sensibilité qu’il a cherché à transmettre à travers son travail. En effet, l’analyse de ce type de graffitis est soit limitée à l’Artiste lui -même ou alors à son degré de réception par un panel représentatif. Chaque Artiste-graffeur possède sa propre sensibilité inspirée en général de son expérience personnelle à travers son propre Monde et sa propre Réalité. A notre sens, ce qui définit au mieux l’Artiste-Graffeur est l’esthétisme de ses œuvres urbaines (technique et style spécifiques) ainsi que le(s) message(s) laissant une libre interprétation à son récepteur. Nous nous interdisons de juger le travail de ces Artistesgraffeurs sur le plan esthétique394. Cependant en rassemblant la composition des différentes pièces de chacun, il est possible d’en dégager des thématiques et des personnages récurrents. Nous nous risquons donc à proposer des pistes de lecture de ces graffitis afin d’appuyer notre démonstration. Selon nous, certains crews et certaines pièces proposent des éléments pertinents quant à la lecture des conflits sociaux. Rappelons-le, peu de graffeurs possèdent cette conscience sociale et politique dans leur travail, mais il semblerait qu’une Avant-garde d’Artistes Urbains se détache du lot ayant pris conscience des enjeux futurs liés aux attentes sociales. Pour cela, nous nous permettons d’exposer le sentiment de l’Artiste Urbain Newen exprimant selon nous cette prise de conscience: « Selon moi, c’est ne pas oublier que le temps de lutte est aujourd’hui ; que notre Histoire possède des piliers fermes en rapport à la lutte pour une Société plus juste, nous sommes ceux qui doivent manifester ces inquiétudes pour que les injustices ne continuent el diseño que nos invita a saludar, y como no, la otra mano se nos empuña y nos invita a luchar. Un Saludo a la Historia por donde se le mire.” 393 BORBORAN BRAVO, Lorena Belen, HENRIQUEZ RUZ, TOLEDO MOYA, Bastian Alfonso, HENRIQUEZ RUZ, Felipe Andres, “Arte Urbano : Del Colectivo al Trabajo de taller”, Memoria para optar al titulo de Profesor de Artes Visuales, Profesor Guia: ESPINOZA SALINA, Ramon, U.M.C.E, Santiago, 2010 394 Domaine des Historiens de l’Art. 124 plus, pour obtenir une vie plus prospère. Pour qu’il existe une harmonie, nous avons besoin d’exiger nos droits individuels et collectifs. C’est un coup visuel à destination de ceux qui oppressent les voix criantes et exigent la liberté. 395 » Parmi ces Artistes conscients, nous pouvons lister de manière simplement suggestive quelques noms et quelques thématiques se rapportant aux nouveaux et anciens Mouvements Sociaux. L’Artiste Cekis se nourrit des thématiques de l’Immigration et de l’Enfance, lui-même concerné par cette problématique ayant émigré aux USA depuis quelques années. Inti quant à lui joue sur les thématiques de l’identité latino américaine, de la Résistance et du Carnaval. Saile graffe depuis de nombreuses années des personnages urbains avec un léger penchant pour le cyclisme et la culture skate. Defos s’inspire de problématique liées à son quotidien en tant que médecin et dépeint parfois l’anatomie des corps. Le crew Pintarte de Temuco illustre la culture Mapuche à merveille. Le crew Agotok immortalise le folklore chilien avec ses icônes populaires. De nombreux Artistes s’inspirent aussi d’éléments associés à la nature et à l’environnement comme Charquipunk et ses oiseaux, le crew Abusa et les valeurs de la mystique « Pachamama ». Le crew 12 Brillos touche un peu à tout mais bien souvent se concentre sur les mobilisations actuelles, etc… Figure 36 : crew 12 Brillos, représentation de l'influence du Néolibéralisme et de l'Unité Populaire au Chili, MACA de San Miguel, Santiago, 2013 Beaucoup d’entre eux donc, consciemment ou non, peignent une réalité sociale propre au Chili avec en arrière fond ces Nouveaux Mouvements Sociaux émergeants sur l’Agora publique. L’imaginaire collectif des citadins est donc appelé à réfléchir sur ces problèmes, les œuvres devenant des intermédiaires entre le « peuple » et la sphère « Politique ». Cette interprétation est limitée et demeure contestable. Par exemple, 395 Voir en annexes: NEWEN, op.cit., 31/03/2013, Entretien, pp.268-270 Traduction à partir de: “Es para mí, el NO olvidar, que los tiempos de lucha son ahora, que nuestra historia tiene pilares firmes con respecto a la lucha de una sociedad más justa, que somos nosotros quienes debemos manifestar nuestras inquietudes para que no continúen las injusticias, para que tengamos buena vida, para que exista armonía, necesitamos exigir nuestros derechos como individuales y colectivos. Es un golpe visual a quienes tratan de oprimir la voz de quienes gritan y exigen libertad.” 125 comme l’explique l’Artiste Graffeur Esec peignant des yeux et visages couverts rappelant étrangement les « encapuchés » fauteurs de trouble lors des marches étudiantes : « en relation avec mes graffitis et l’action de recouvrir leurs visages, ils sont toujours associées à la censure, et rien de plus que cela. Je n’ai jamais cherché à représenter un acte rebelle ou anonyme, ou quelque chose de similaire aux préjudices accordés aux « encapuchés ». 396 » Notre analyse faisant l’amalgame entre le Graffiti comme objet image et Mouvements Sociaux dépend donc avant tout de l’interprétation de l’Artiste et du récepteur lui-même. Une donnée difficilement abordable qualitativement ou quantitativement. Cependant, en admettant nos hypothèses, l’accumulation de Graffitis engagés à caractère universel dans l’espace public serait en mesure de modifier les mentalités collectives avec pour fer de lance la préservation de l’expression libre et de la libre opinion. Une forme de propagande, qui contrairement à la publicité ou aux brigades politiques, laisserait des espaces de réflexion bien plus que de soumission à un ordre établi. Un raisonnement décrypté par Cristian Mendez, organisateur du séminaire « Graffiti& Política » : « Il y a des endroits où les gens ne peuvent ou n’ont pas le temps et la motivation pour lire un manuscrit politique qui pourtant peut être un manifeste de seulement dix pages, mais qui peut être aussi égal à une image que nous lisons seulement en une seconde. Dans ce cas, on peut parler de « cinquième pouvoir » parce qu’avec la Figure 37 : Représentation des principaux conflits sociaux au Chili, Artiste péruvien Olfer, MACA de San Miguel, Santiago, 2012 culture visuelle contemporaine, l’image n’existe pas. C’est un système d’interconnexion, c’est à dire une image est en lien avec une autre, et encore avec une autre et c’est à partir de ce jeu d’association d’images que je construis ma propre image. Alors, dans la mesure où il y a un édifice comportant une peinture, un autre avec une autre, un autre avec une autre, chacun 396 Voir en annexes le témoignage d’ESEC, op.cit., 01/11/2012, Entretien, pp.250-254 Traduction à partir de: “En relación a mis graffiti y la acción de encapucharse, siempre está vinculado a la censura, y nada más que eso. Nunca he tratado de representar un acto de rebeldía o anonimato, o algo similar a los prejuicios que están relacionados con los encapuchados.” 126 construit sa propre image (mentale) qui finalement va devenir une nouvelle politisation du citoyen en partant de cette situation de mécontentement.397 » Le graffeur, en tant que citoyen conscient des problématiques sociales, pourrait donc devenir un intermédiaire en soutien aux luttes actuelles. Mais cette réalité n’est encore valable au Chili que sur un plan théoriq ue avec des exemples limités à l’Avant-garde de l’Art Urbain. Si cette minorité au service du collectif a déjà pris conscience de l’importance de l’Art Urbain comme expression appelant à la réflexion sur les dynamiques sociales, des cas singuliers au Mouvement Graffiti démontrent d’ores et déjà des possibilités d’organisation et de luttes défendant cette expression urbaine sur le Territoire chilien. C] ETUDE DE CAS : LE MOUVEMENT GRAFFITI COMME NOUVEAU MOUVEMENT SOCIAL Malgré un milieu d’interconnaissance prometteur entre nos interprètes se dévouant corps et âme pour que l’Art Urbain et l’Expression Urbaine deviennent légitimes ainsi que l’essor de nouveaux évènements urbains, les initiatives privées ou publiques défendant cette pratique sont encore rares au Chili. Cependant, depuis quelques années, elles commencent à voir le jour à cause de circonstances bien souvent liées au contexte politique. Nous observons donc sur le Territoire chilien des moments précis où la défense du Graffiti est invoquée. Elle s’apparente d’une certaine manière à un Mouvement Social propre à lui-même. Pour illustrer notre propos, nous proposons divers types d’interventions isolées faisant appel à des mécanismes et des formes de contestations différentes avec le Graffiti pour point d’appui. D’un côté, certains acteurs proposent la voix du réformisme en collaborant avec les institutions étatiques pour faire prévaloir leurs droits. Les structures entrent alors dans un processus d’institutionnalisation en préservant toutefois l’intégrité de leurs démarches. D’un autre côté, certains acteurs préfèrent rester dans l’illégalité et ont recours à ce que l’on 397 Voir en annexes le témoignage de MENDEZ, Cristian, 23/11/2012, op.cit., Entretien, pp.271-278 Traduction à partir de: “hay lugares en donde la gente no puede o no tiene tiempo no está motivada para leer un texto manuscrito político que puede ser un manifiesto de diez páginas que puede ser lo mismo que una imagen que leemos en solo un segundo, entonces en se sentido el “Quinto Poder” porque en la cultura visual contemporánea la imagen no es, es un sistema de relaciones, es decir, esta imagen está relacionada con otra, y con otra y a partir de este juego de relaciones de la imagen yo construyo mi propia imagen. Entonces en la medida en que hay un edificio en que esta con una pintura, otro con otra, otro con otra a lo mejor entre varias se construye, cada uno construye su propia imagen que finalmente va a ser la politización del ciudadano nuevamente a partir de una situación de descontento” 127 pourrait appeler une forme de « désobéissance civile »398 contre l’hégémonie de l’Etat quant à ses prises de décisions concernant l’espace public. 1) LE MACA DE LA PINCOYA: « PAR LA POBLACIÓN , POUR LA POBLACIÓN » Le MACA de la Pincoya est un projet lancé à partir de l’année 2011 et financé en partie grâce à un fond INJUV 399 et à l’autogestion. Similaire aux différents projets communautaires que nous avons déjà rencontré jusqu’alors dans notre démonstration, le MACA de la Pincoya est une initiative fortement ancrée sur le communautarisme. Mais, contrairement à ce que prétend réaliser le MACA de San Miguel, la spécificité du MACA de la Pincoya s’articule autour de thématiques touchant à la sphère du « Politique ». Bien plus engagé dans ces activités et bien plus organisé que les brigades muralistes populaires existantes dans la « población » de La Victoria par exemple, nous pensons que le MACA de la Pincoya mérite d’être analysé sous l’angle de l’engagement citoyen. Isolé au Nord de Santiago, dans la commune de Huechuraba, la « población » n’est toutefois pas exempte d’une Histoire riche en mobilisations et en protestations. Cette Historicité est un facteur alimentant les personnes en charge du Musée aujourd’hui. Figure 38 : Artiste Graffeur colombien Zeta, “Derecho por la educación”, MACA de la Pincoya, Santiago, 2012 Pecko, graffeur-muraliste intervenant dans le Musée, soulève l’importance des premiers « pobladores » ayant pris le chemin des rues 398 Le concept de « désobéissance civile » est théorisé par l’américain Henry Thoreau en 1849 dans son essai « Resistance to Civil Governement » et renommé dans son édition posthume « Civil Disobedience » en 1866. En refusant de payer l’impôt, l’auteur fût emprisonné le temps d’un jour. Son geste « symbolique », contre la pratique de l’esclavagisme au Sud des Etats Unis et contre la guerre menée au Mexique, cherchait à démontrer l’irrationalité et l’inutilité des Gouvernants à prendre des décisions pour ces concitoyens. Dans son essai, le citoyen est considéré comme un individu à même de choisir ce qu’il estime juste pour la Société et à se rebeller contre les mesures illégitimes prises par les Gouvernants. L’auteur appelle alors à des formes pacifiques de protestation pouvant infléchir sur l’autorité publique. Le renouveau du concept est réapparu depuis peu dans le domaine de la recherche académique. Avancer ce concept pour notre étude est, et nous le concevons, sur certains aspects infondés. Toutefois, nous pensons que le recours au Graffiti comme moyen de pression pacifique ainsi que la défense d’une cause plus large qui serait la « Liberté d’expression dans l’Espace Public » face à l’Etat justifient notre propos. Voir également: DE LA FUENTE, Victor Hugo (dir.), “Pacifismo, resistencia y desobediencia civil, ¿Hasta donde obedecer la ley? Legalidad vs Legitimidad”, in Selección de artículos de Le Monde Diplomatique, editorial aun creemos en los sueños, 2006 399 Institut National de la Jeunesse Chilienne. Le projet du MACA postule pour ce fonds et remporte une bourse permettant de financer ses activités. 128 avec pour outils de protestation la peinture et les rouleaux sous la Dictature: « Avant, nous voyions des murales dans nos « poblaciones », mais elles étaient plus clandestines, c’était très dur de savoir qui de nos frères peignaient les murales à cause du contexte historique. Comment je peux t’expliquer… à cause des répressions, ils tuaient beaucoup de gens, des frères. Ici même au Chili, les gens étaient tués et torturés, des penseurs, des gens qui croyaient au bien social et c’est pour cela que nous sommes nés à la base dans la clandestinité.400 » Sous la Dictature, la « población » est un foyer de rébellion contre le Régime en place. Ici, peutêtre plus qu’ailleurs, les brigades muralistes populaires et politiques ont sans doute joué un rôle plus important que dans le Centre. Les martyrs d’autrefois, fusillés et tués devant leur mur, proposent une iconographie patente pour les nouvelles générations. Ainsi, la rupture générationnelle que nous avancions entre les Brigades Muralistes et les Crews de Graffeurs est sans doute moins étanche que nous le laissions entendre. Dans ces zones extirpées à du Centre, une où l’appartenance même Communauté et où les répressions de parents proches sont des constantes, l’héritage laissé par ces martyrs muralistes encourage les graffeurs à glorifier leur présence Le l’Histoire de dans la « población ». Figure 39: "Mouvement Ouvrier" : Hommage à Clotario Blest, Artistes graffeurs 12 Brillos, MACA de la Pincoya, Santiago, 2012 projet cette communautaire se focalise donc sur la Mémoire et population comme Pecko nous le confie: « C’est cela que la Pincoya est en train de faire, c’est une fenêtre avec un air différent, avec des couleurs qui retracent les passages historiques de notre propre Histoire, notre Bible illustrée dans la « población » mais avec une conscience politique active, avec une conscience sociale active, avec une conscience qui a un reflet social, un reflet solidaire avec nos frères et un reflet qui va de l’avant montrant ce qui réellement doit être débattu, nous ne maquillons rien ici avec la peinture, nous n’embellissons pas non plus ce qui l’est déjà, nous ne peignons 400 Voir en annexes, PECKO, op.cit., 22/11/2012, Entretien, pp.289-290 Traduction à partir de: “Mira antiguamente nosotros veíamos murales, en nuestras poblaciones, pero eran más clandestinos, era muy difícil saber quiénes eran los hermanos que estaban haciendo los murales, por el mismo contexto histórico… como se podría decir… por la misma represión, mataban a mucha gente, hermanos, acá en chile se mato y torturo a mucha gente, pensadores, mucha gente que creía en un bien social y es por eso que nosotros también nacimos en base a la clandestinidad.” 129 pas non plus des pamphlets sur ce qui existe déjà. Nous voulons quelque chose de distinct, quelque chose au bénéfice des personnes qui vivent dans la « población », c’est pour cela que nous allons de l’avant, notre Histoire, la douleur, la chaleur, la fraternité et la rébellion avec poésie.401 » Pour cela, Pepe en charge du projet, aux côtés de l’Artiste Graffeur Plek, s’engage à ce que les intervenants prennent en compte l’Historicité du lieu. Des directives qui se veulent en accord avec les préoccupations sociales des habitants de la « población » : « Nous ne voulons pas que nos murales soient réalisées « librement », nous voulons mettre une problématique sur la table, nous voulons débattre et en ce moment les thématiques en négociation sont le droit à l’éducation de qualité, le droit à un toit et à un logement car beaucoup n’ont pas de maison et vivent au crochet de parents proches dans ces zones de Santiago, aussi, le droit à un traitement juste s’assimilant au respect et à la valorisation des droits de l’Homme.402 » Une liberté certes soustraite cherchant à à l’Artiste-graffeur produire une mais Culture Politique dans ses rues. Pour autant, les murales n’incitent pas à rejoindre des partis politiques mais bien plus à prendre conscience des problématiques actuelles et à en débattre. Pecko nous dévoile ces thématiques et l’intérêt du MACA : « A la Pincoya en ce moment, nous sommes en train de relater l’Histoire Figure 40 Artiste Graffeur péruvien Olfer, « Protestation Politique », MACA de la Pincoya, Santiago, 2012 de cette « población ». Nous avons une 401 Voir en annexes, PECKO, ibid., 22/11/2012, Entretien, pp.289-290 Traduction à partir de: “Y eso es lo que está haciendo la Pincoya, es una ventana, con un respirar distinto, con colores que comunican los pasajes históricos de nuestra propia historia, nuestra biblia ilustrada en la pobla pero con una conciencia política activa, con una conciencia social activa, con una conciencia que tiene un reflejo social, un reflejo solidario con el hermano y un reflejo que tira pa fuera lo que realmente es lo que se tiene que hablar, no estamos maquillando aquí con la pintura, ni tampoco estamos embelleciendo lo que ya está, tampoco tiramos el royo panfletario con lo que ya está, nosotros queremos algo distinto algo realmente a beneficio de las personas que viven en la población, eso es lo que tiramos pa afuera, nuestra historia, el dolor, el calor, la hermandad y la rebeldía con poesía.” 402 Voir en annexes, PEPE, op.cit., 11/11/2012, pp.255-258, Entretien, pp.291-293 Traduction à partir de: “nosotros no queremos que nuestros murales sean estilo libre, nosotros queremos poner un tema sobre la mesa, que queremos discutir y ese tema a discutir en ese momento es el derecho a una educación de calidad, es el derecho a techo, el derecho a una vivienda que también hay mucha gente que no tiene casa y viven de allegado en estas zonas de Santiago, también el derecho a un trato justo, o sea tiene que ver con el respeto y la valoración de los derechos humanos.” 130 murale illustrant Don Clotario Blest403, la Marmite Commune, l’Amérique Latine, les droits de l’Enfance, les manifestants, etc... Maintenant, il y a un mur que notre frère péruvien Olfer vient de faire. La murale parle de la protestation et de Jésus prêchant contre ceux pour lesquels nous nous offusquons aujourd’hui404. Il s’agit d’un miroir, une histoire qui se répète, c’est la même Histoire que nous écrivons aujourd’hui et on dirait que rien n’a changé. Depuis l’année 0 lorsqu’apparut cet individu avec ses paraboles, avec son nom Jésus venant d’ailleurs. Aujourd’hui, le graffeur est confronté à cela et beaucoup de frères se dédient à montrer les injustices dans ce Monde et ce à quoi nous pourrions atteindre.405 » Le Musée contribue à l’imaginaire collectif que ses habitants se font de leur « población ». En un sens, bien plus que de s’assimiler à une couleur politique, le Musée offre des espaces de réflexion : « Certains disent que les révolutions ou les changements de conscience dans les Sociétés se font tout d’abord par les murs. Les murs sont ceux qui parlent et content la vraie Histoire. La télévision occulte pour beaucoup la réalité406. Alors lorsque certains prennent les transports publics et voient une murale ou un message qui dit « Président voleur », « Piñera va te faire… » ou « Piñera etc... », quelqu’un s’exprime ou bien la Citoyenneté exprime des opinions de ce système qui chaque fois te sensibilisent encore plus. Notre Musée d’une certaine façon veut joindre cela et lui donner un potentiel. Permettre aux gens de se rendre compte qu’il existe des personnes qui elles aussi comprennent ces choses là tout comme eux.407 » Mais alors n’existe-t-il pas une contradiction entre le fait d’encourager des espaces de mobilisations et le financement de l’Etat pour ce projet ? 403 Dirigeant syndicaliste chilien, fondateur de l’Association Nationale des Employés fiscaux (ANEF), de la Centrale Unique des Travailleurs (CUT) et du Mouvement de la gauche Révolutionnaire (MIR). 404 La thématique a été élaborée auprès des « Pobladores » vivant dans la maison où la murale a été peinte. Elle ne reflète en aucun cas les croyances religieuses de l’Artiste graffeur. L’accent se pose bien plus sur le rôle de l’individu face aux autorités usant de la force comme moyen de répression. 405 Voir en annexes, PECKO, op.cit.., 22/11/2012, Entretien, pp.289-290 Traduction à partir de: “En la Pincoya en este minuto estamos relatando lo que es la historia de la población. Tenemos un mural de Don Clotario Blest405, la olla común, Latinoamérica, los derechos del niño, los frentistas, ahora hay un muro que se tiro un hermanito de Perú el “Olfer”, que habla sobre la protesta y Jesús tirando el rollo contra quienes nosotros hoy tiramos el rollo, es un espejo, es una historia que se repite, es lo mismo que estamos haciendo nosotros hoy en día, y parece que esto no, cambia cachay desde el año cero que vino el flaco a tirar el mensaje, con su nombre Jesús pa’ fuera, hoy en día el graffitero está en la misma y muchos hermanos mostrándole al mundo lo injusto que puede llegar a ser.” 406 La Télévision joue un rôle fondamental dans les foyers vivant en marge des Centres. Seule distraction et moyen de s’informer et de communiquer selon : GARCES, Mario, DELANO, Poli, GONZÁLEZ, Valentina, QUINTANA, Katia, BADE, Gabriela, Nosotros los Chilenos: El mundo de las Poblaciones, n°5, LOM ediciones, Santiago, 2004, 92 p. 407 Voir en annexes, PEPE, op.cit., 11/11/2012, pp.255-258, Entretien, pp.291-293 Traduction à partir de: “algunos dicen que las revoluciones o los cambios de conciencias en las sociedades, primero se dan en las murallas, las murallas son las que hablan y cuentan la historia real. La televisión oculta mucha realidad, en cambio cuando uno va en la micro, y ve un mural o ve un mensaje que dice “presidente ladrón”, “Piñera chúpalo”, o “Piñera…” etcétera (risas), uno expresa o la ciudadanía ex presa sus sentimientos en este sistema, que cada vez te como mas. Entonces nuestro museo en cierta medida quiere juntar eso y 131 Selon Pepe, « cela fait partie de la Démocratie, tout le monde est libre de donner son opinion. Si tu reçois des fonds du gouvernement ou de l’Etat pour notre cas, ils ne sont pas du gouvernement ou de l’Etat, puisque tu fais partie de l’Etat et tu peux transmettre un message qui contient une rancœur contre le système, bien que l’Etat soit le représentant de ce système ou du moins son garant. C’est légal, complètement valide, car nous vivons dans une Société qui se suppose démocratique.408 » Habilement, le MACA de la Pincoya joue sur cette faille en proposant un argument légal de pressions sociales basé sur la liberté d’opinion et d’expression dans l’espace public. Le dialogue prend vie avec l’Etat en collaboration mais en soulignant toutefois les attentes sociales. D’ailleurs, les activités du MACA ne se confondent pas seulement au sein même du Musée mais sa collaboration prend forme avec d’autres acteurs mobilisés en dehors de la « población ». C’était le cas avec l’intervention d’Artistes Graffeurs, pour la réalisation d’une Murale en Hommage à Victor Jara 409 , ainsi que leurs interventions dans et à l’extérieur des locaux de l’AFDD410. Le projet encore à ses débuts témoigne d’un grand potentiel en termes de mobilisations. Mais, un des nouveaux enjeux pour le Mouvement Graffiti se fixe sur la reconnaissance de cette discipline comme Art Urbain légitime. 2) CONTRE LE « GRAFFITICIDE »411: LA DEFENSE DU PATRIMOINE URBAIN. Dans ses travaux de recherche, le chercheur Pino Castillo pointe la vulnérabilité du Mouvement Graffiti à être reconnu comme Patrimoine Culturel malgré sa capacité à éveiller les imaginaires et les consciences collectives: « Pour le cas du Graffiti, on peut observer, et cela vaut pour la branche artistique, une caractéristique fondamentale dépendante à la création même : sa vie éphémère. Le facteur principal en ce sens est défini par les caractéristiques du support où sont réalisés les graffitis et par sa présence et importance à l’intérieur de la Cité. potenciarlo. Hacer que la gente cuando vea un mural se dé cuenta de que existen personas que también entienden las cosas como ellos.” 408 Voir en annexes, PEPE, ibid., 11/11/2012, pp.291-293, Entretien, Traduction à partir de: “es parte de la democracia, o sea todos somos libres de opinar, si tu recibes fondos del gobierno o del estado en este caso, no es del gobierno es del estado 408, tu eres parte del estado también y si tu trasmites un mensaje que quizás tenga un cierto rencor contra el sistema, donde el estado es representante de ese sistema o el que garantiza ese sistema, es legal, completamente valido porque vivimos en una sociedad que se supone democrática.” 409 Organisée par la Brigade Chacón et Mono González le 2 et 3 mars 2013 à San Joaquin 410 “Agrupación de Familiares Detenidos Desaparecidos”, Maison de la Mémoire Sola Sierra au niveau du quartier Brasil, Santiago, en mars 2013. 411 Terme dérivé du vocable Chilien « Graffiticidio » dénonçant les massacres des campagnes de nettoyage quant aux graffitis peints sur les murs. En faisant une analogie, le graffiticide est l’égal de l’autodafé pour les livres. 132 412 » Toujours selon l’auteur, 5 éléments caractérisent cette vulnérabilité : le collage d’affiches, les murales réalisées par les brigades muralistes politiques durant les campagnes électorales, les projets d’urbanisation et de reconstruction modelant les murs des villes, les Municipalités ou autres organisations en charge des campagnes de « nettoyage » et l’initiative du voisinage visant à nettoyer leurs propres murs des graffitis. Face à la monopolisation de l ’espace urbain par les autorités publiques 413 , des acteurs ayant recours à des lettres ouvertes aux Municipalités tentent pour le moins d’allonger la pérennité des graffitis sur les murs en défendant cette Culture Artistique. L’Association Pintarte de Chillán414 est à ce sens exemplaire. Créé juridiquement en juillet 2009 à la suite d’un différent avec la Municipalité voulant alors « nettoyer » toutes expressions urbaines salissant les murs de la ville, un groupe d’amateurs et de passionnés par le Graffiti s’organise et se forme pour contrer l’initiative de la Municipalité. Une lettre ouverte lui est alors adressée : « C’est avec stupeur que nous avons été témoins à travers la presse écrite de Chillán de la manière dont parle le siège municipal d’une « Campagne de Nettoyage Local », incluant dans ces actions qui salissent l’esthétique locale les Graffitis, en assumant, selon son point de vue, ceci comme une « manifestation délictueuse », adjoint aux murales de clubs de sports, de marques délictueuses, de consignes politiques ou de rayures incompréhensibles ; démontrant une méconnaissance et une grande insensibilité en respect à une manifestation artistique locale, nationale et mondiale, comme le sont les Graffitis.415 » C’est ainsi, qu’en rassemblant les graffeurs locaux et en avisant les médias de leur Mouvement, le dialogue s’ouvre quelques mois plus tard avec la Municipalité afin de proposer un plan de sauvegarde des graffitis dans la ville avec un registre pour témoin. La 412 PINO CASTILLO, Manuel Salvador, “Pinto, luego Existo”, Importancia del Graffiti en Santiago como rescate del patrimonio cultural, profesor guía: LEPE MUNOZ, Juan Carlos, memoria para optar al título de diseñador grafico, facultad de arquitectura y de urbanismo, escuela de desino, Universidad de Chile, Santiago, 2010, Traduction p.37 à partir de: “En el caso del graffiti, se puede observar, en tanto manifestación artística, una característica fundamental y que es ajena a la creación misma: su vida efímera. El factor principal en este sentido está definido por las características del soporte en donde se realizan los graffitis y por su presencia e importancia dentro de la ciudad.” 413 Développement d’un système législatif contraignant pour les graffeurs et campagnes de nettoyage des murs lancées par les Municipalités. Toutes interventions de peintures urbaines qu’elles soient à caractère politique, commercial, religieux ou sans fondements est placée sous la tutelle des Municipalités ou de l’Etat selon la loi. 414 Voir en annexes, FERRADA, Gabriela, op.cit., 09/01/2013, pp.223-232, Entretien, 415 Voir en annexes p.299: “Carta abierta a la ilustre municipalidad de Chillán, campana pro -graffiti”: Traduction à partir de: “Con estupor hemos sido testigos a través de la prensa escrita Chillánense, como desde el ámbito municipal hablan de una “Campaña de Limpieza Local”, incluyendo dentro de estas acciones que ensucian la estética local a los Graffitis, asumiendo, desde su punto de vista, éste como una “manifestación delictiva”, junto a murales de barras deportivas, marcas delictivas, consignas políticas o rayados incomprensibles; demostrando un desconocimiento y una gran insensibilidad respecto a una manifestación artística local, nacional y mundial, como lo son los Graffitis.” 133 convocation de l’Association destinée aux graffeurs responsabilise les pouvoirs publics et assume la Culture Graffiti comme partie intégrante du Patrimoine Culturel : « On prétend416 qu’avec le Cadastre de Graffiti, qui commencera ce jeudi 13 août jusqu’au Dimanche 6 septembre [2009], réussir à obtenir un registre de tous les graffitis de Chillán légalisés sous toutes ses formes (murs prêtés par les propriétaires ou graffitis propres dans des espaces abandonnés), pour bientôt obtenir de la part de la Municipalité de Chillán et d’autres entités publiques un certificat de légalisation de ceux-ci et avec cet objectif, nous pourrions défendre nos graffitis et murs, au cas où quelqu’un les efface avec de la propagande politique ou autres choses, en appliquant des sanctions aux responsables. 417 » Une initiative portant ses fruits depuis avec le respect quasi unanime de la population et l’élaboration de droits d’auteur pour les graffeurs. L’Association Pintarte démontre son investissement en faveur de la Communauté des Graffeurs mais aussi de ses concitoyens. Son objectif majeur est « « la diffusion et l’enseignement du Graffiti à la Communauté de Chillán », et c’est à travers cet objectif qu’il s’est fixé différents projets, lesquels ont rassemblé et convoqué la majeure partie des Artistes-graffeurs à Chillán, avec des initiatives culturelles et d’inclusion à la Communauté de Chillán, la communauté populaire (voisins, gens) et la communauté institutionnelle (organismes publics ou privés). 418 » Une expérience quasi inédite et encourageante pour le Mouvement Graffiti sur le territoire chilien. Une expérience qui se réitère quelques années plus tard à Santiago avec moins de succès toutefois. En 2011, un projet artistique intitulé “Museo de la Luz” 419 , de l’Artiste Catalina Rojas et en collaboration avec la Municipalité de Santiago entraîne une campagne de nettoyage des murs longeant le Rio Mapocho. L’initiative cherchant à projeter de nuit des images sur les murs du Rio Mapocho nécessite de repeindre les murales et graffitis peints jusqu’alors. Rappelons que le Rio Mapocho comme emplacement stratégique et 416 417 Sous entendu l’Association Pintarte de Chillán. Voir en annexes p.301, “convocatoria abierta para todos los graffiteros de chillan que quieran proteger sus graffitis y muros.” Traduction à partir de: “Se pretende con el Catastro de Graffitis que empezará desde este Jueves 1 3 de Agosto, hasta el Domingo 6 de Septiembre, lograr obtener un registro de todos los graffitis de Chillán legalizados de alguna forma (muros prestados por sus dueños, o graffitis propios en espacios abandonados), para luego obtener por parte de la Municipalidad de Chillán y otras entidades públicas un certificado de legalización de estos y con ese papel, podamos hacer defensa de nuestros graffitis y muros, por si alguien los tapa con propaganda política u otras cosas, aplicando sanciones a quienes los pas en a llevar.” 418 Voir en annexes, FERRADA, Gabriela, op.cit., 09/01/2013, pp.223-232, Entretien, Traduction à partir de: “con un objetivo de “difusión y educación del Graffiti a la comunidad de Chillán”, y es en ese objetivo es por donde se comenzaron a concretar diferentes proyectos, en los cuales se une y convoca a la mayor parte de los artistas del graffiti en Chillán, con iniciativas culturales y de inclusión a la comunidad de Chillán, la comunidad popular (vecinos, gente común) y la comunidad institucional (organismos públicos o privados).” 419 Traduction : Musée de la Lumière 134 communicationnel a toujours été utilisé par les brigades muralistes depuis les années 1960. Les Artistes-graffeurs et graffeurs y avaient trouvé à leur tour un espace d’expressions urbaines propice pour exprimer leur talent420. En ne prenant pas en compte la Communauté des graffeurs, la Municipalité reçoit sur le champ une lettre ouverte lui étant adressée en janvier 2011 : « Tout ceci, nous le considérons comme un véritable assassinat culturel, appuyé pour des raisons administratives et se réjouissant de la vulnérabilité de ces œuvres, elle agit sous une éthique déjà exercée aux pires moments de notre Histoire Culturelle, quand étaient supprimées et pénalisées tout type d’expression. Les concernés ne sont pas exclusivem ent les Artistes mais notre ville, ses habitants, la Culture, notre imaginaire –image pays- et tout ce que nous rêvons pour un Santiago disparate et développé culturellement. 421 » Signée et appuyée par des personnes reconnues dans le milieu de la Culture Hip Hop et du Graffiti, la lettre ne trouve finalement pas d’échos et le projet de « Musée de la Lumière » prend vie. Cependant, ce projet se révèle être un échec puisque certains graffeurs vandales poursuivent leurs activités le long du Rio où sont encore projetées les images. Cette superposition d’images virtuelles projetées sur les graffitis vandales annule tout effet recherché. Une expérience similaire apparaît quelques mois après le nettoyage de graff-murales réalisés au cours du Festival Hecho en Casa en Novembre 2012. Un graffeur « anonyme » signe son passage d’un graffiti représentant une verge démesurée avec pour message : « s’ils effacent notre Art, nous te rendons ton dû 422 ». Une provocation visible par tous ayant sans doute suscité le malaise des autorités publiques… Des actions légales ou illégales donc, luttant pour que le Graffiti soit reconnu comme Art Urbain et s’offusquant contre le « graffiticide » appliqué en partie par les Municipalités. A côté de cela, à Santiago encore, un collectif se spécialise contre les brigades muralistes lors des campagnes électorales. 420 421 Tels que Piguan, Saile, Aislap, Agotok, etc... Voir en annexes p.302, lettre ouverte envoyée à la Municipalité de Santiago (janvier 2011), pour la défense du graffiti comme patrimoine culturel, Traduction à partir de: “Esto lo consideramos un verdadero asesinato cultural, ya que respaldado en razones administrativas y aprovechándose de la vulnerabilidad de estas obras, actuó bajo la ética empleada en los peores momentos de nuestra historia cultural, donde eran suprimidas y castigadas todo tipo de expresiones. Los afectados no son exclusivamente los artistas, sino nuestra ciudad, sus habitantes, la cultura, nuestro imaginario -imagen país- y todos los que soñamos con un Santiago diverso y desarrollado culturalmente.” 422 Pour des raisons propres, nous ne publions pas la photographie. Traduction à partir de : « Si nos borran nuestro Arte, te damo tu parte » 135 3) LES CAMPAGNES MURALISTES ET LE COLLECTIF 423 « NO VOTES POR MI » A MAIPU, SANTIAGO En octobre 2012, pour la première fois au Chili depuis le processus de Transition à la Démocratie, les électeurs sont libres de ne pas aller voter dans les urnes sans craindre une amende. Près de 60% s’abstiennent pour ces élections municipales. L’intérêt des brigades muralistes liées à leurs partis politiques se dévouant à peindre les Noms de leurs candidats respectifs dans l’espace public est donc questionnable. Depuis les années 1960, nous l’avons vu les brigades muralistes fleurissaient sur tout le Territoire chilien lors des campagnes présidentielles. Leur entrée sous la Dictature avait porté un coup à leurs capacités d’intervention, devant alors se cacher dans l’ombre de la clandestinité. L’ouverture des espaces politiques retrouvés sous la Démocratie à partir des années 1990 propulse à nouveau le rôle de ces brigades politiques dans les rues. Depuis, leurs interventions au moment des diverses campagnes électorales sont strictement légalisées. Il leurs est permis de peindre les noms Figure 41 Murale Politique avec le nom d'une Candidate pour les élections Municipales, población La Victoria, Décembre 2012 des candidats avec qu’elles toutefois soutiennent l’autorisation préalable du propriétaire du mur sollicité. Selon une circulaire fixée en 2012 424 , les brigades muralistes politiques sont censées démarrer leur propagande seulement un mois avant la date des élections et nettoyer les murs réquisitionnés au maximum 3 mois après le résultat de quelconques élections politiques. Toutefois, les mesures juridiques ne sont pas toujours prises en compte et les brigades politiques provoquent le mécontentement d’une partie de la population. 423 424 Traduction: « Ne votes pas pour moi » Voir: Circular 39, Fecha Publicación: 19/10/2012, Fecha Promulgación: 28/09/2012, Ministerio del Interior y seguridad pública; subsecretaria del Interior, disposiciones del Ministerio y seguridad pública para el resguardo del orden público en las elecciones municipales a realizarse el 28 de Octubre de 2012, Inicio Vigencia: 19/10/2012, Id Norma: 1044953 URL: http://www.leychile.cl/N?i=1044953&f=2012-10-19&p= 136 Le collectif « No Votes por mi » formé pour l’occasion dans la commune de Maipú à Santiago profite de l’opportunité offerte par la nouvelle législation sur le vote pour encourager à ne pas voter pour les candidats ne respectant pas l’espace public. Les premières incriminées sont les brigades muralistes politiques placardant des affiches ou repassant les graffitis (ou non) par des peintures appelant à voter en faveur de tel ou tel candidat politique. Ayant pris soin de s’entretenir avec le Professeur d’Université Carlos Ossa durant leur campagne antimuraliste, le Collectif invoque « l’écologie visuelle » de l’espace public face à la pauvreté visuelle offerte par les brigades : « quand le Politique à travers ses campagnes prétend poser son nom dans toute la ville, ce qu’il est en train de faire ce n’est pas favoriser la construction de quelconque image, parce que cette image est exactement la même que celle qui a été posée par un autre candidat… Finalement cette prétention à générer des symboles politiques est annulée parce qu’il n’y a pas la possibilité de construire des images, parce qu’il existe simplement une monoculture visuelle avec une seule proposition visuelle. Ainsi, ce n’est pas possible de construire un quelconque symbole, une quelconque signification à partir de cette monopolisation de l’espace public.425 » En effet, les brigades politiques perdent en légitimité face aux graffitis qui eux, esthétiquement gagnent en complexité et en sens. Le discours des brigades se cantonne à utiliser une typographie quasi neutre avec une à deux couleurs. Le message est « Voter pour Untel » n’alimentant en aucun cas le programme politique du candidat en question. D’où, cette initiative du Collectif « No Votes por Mi » appelant à ne pas voter pour les candidats en question en repassant cette propagande avec les mêmes techniques mais avec cet énoncé : « Ne Votes pas pour Moi ». Herz, Artiste-graffeur vivant à Maipú et collaborateur de l’idée avec ses amis, ajoute comme argument le gâchis en termes financiers que coûte ces campagnes électorales aux partis politiques et à la Municipalité : « ceci généra cette anti-campagne pour que les gens se rendent compte et dénoncent ce qui était perdu avec ces campagnes politiques, qui gâchaient beaucoup d’argent en peignant les murs, effaçant tout ce qui passait sur leurs passages et notre anti-campagne fût appuyée de manière positive, parce que c’était quelque chose d’inédit.426 » 425 Voir en annexes, MENDEZ, Cristian, 23/11/2012, op.cit., Entretien, pp.271-278, Traduction à partir de: “cuando el político a través de sus campañas pretende colocar su nombre por toda la ciudad de lo que está haciendo no es favorecer la construcción de ninguna imagen, porque esa imagen es la misma que ha estado en otro lado con otro nombre,… Entonces finalmente esa pretensión de generar símbolos, políticos queda anulada, porque no hay posibilidad de construir imágenes, porque hay un monocultivo visual, hay una sola propuesta visual. Entonces no es posible construir ningún símbolo, ningún significado, a partir de esa monopolización del espacio público.” 426 Voir en annexes, HERZ, Alecks, Témoignage Encuesta Graffiti Alecks Herz: commune de Maipú, Santiago. 23/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 14 minutes, Entretien, pp.255-257, Traduction à partir de: “eso genero que se creara esa campaña para que la gente se diera cuenta y valorizara lo que se está perdiendo por esas campañas, que gastaban mucho dinero pintando muros, borrando todo lo que 137 L’expérience de « bullying » 427 , c'est-à-dire d’intimidation face aux brigades politiques, est fortement limitée en terme de résultat. Finalement, seul un mur graffiti faisant face à un monument national est sauvegardé des assauts brigadistes. Toutefois, la volonté de sensibiliser la Communauté des Graffeurs à Santiago avec l’organisation d’un Séminaire « Graffiti&Política » à l’Université du Chili en octobre 2012 ainsi que la diffusion de vidéos sur internet et la création d’une plate-forme promet de nouveaux enjeux à relever pour les élections présidentielles en 2014. Une loi428 fixe déjà les prérogatives accordées aux brigades politiques… pillaban a su paso y la campaña contra que borraran murales las personas apoyaron de manera positiva, porque es algo que no se había hecho nunca.” 427 Voir le Glossaire en annexes p.177 : “adbusting” 428 Ley 20640,Fecha Publicación: 06/12/2012, Fecha Promulgación: 29/11/2012, Ministerio secretaria general de la presidencia establece el sistema de elecciones primarias para la nominación de candidatos a presidente de la Republica, Parlamentarios y Alcaldes, Inicio Vigencia: 06/12/2012, Id Norma: 1046533URL: http://www.leychile.cl/N?i=1046533&f=2012-12-06&p= 138 Face à la constitution d’une législation dévorante sur l’espace public, il existe donc des possibilités grandissantes pour notre Communauté de Graffeurs. Qu’elle soutienne et souligne les préoccupations actuelles de ses concitoyens ou qu’elle protège ses propres intérêts avec la volonté de produire une Culture Graffiti au rang de Patrimoine artistique urbain, nos acteurs comptent bien revendiqués leurs présences dans l’Espace Public. Par les voix de l’institutionnalisation ou de la désobéissance civile, le Mouvement Graffiti gagne en ampleur et pourrait à terme devenir garant de la liberté d’expression dans les rues chiliennes. Son pouvoir de persuasion sur les mentalités collectives est encore difficilement palpable mais lorsque l’on voit sa prétention à grappiller du terrain dans les rues, on peut se demander jusqu’à quel point son envergure s’étendra. Vestiges d’un mécontentement généralisé, le Mouvement pourrait donner de nouveaux horizons à la politisation des espaces publics avec des fenêtres s’ouvrant à la liberté artistique et d’opinion, mais cette fois indépendante des partis politiques... Figure 42crew Negotropica, quartier Brasil, Santiago, 2012 139 CONCLUSION A] REPONSE A LA PROBLEMATIQUE Comme nous le précisions dans notre prologue, notre travail ne peut établir de conclusions définitives concernant l’évolution de l’Art Urbain Chilien durant cette récente période de Transition à la Démocratie. Cependant à présent, il nous reste tout de même à répondre à notre problématique de départ touchant aux continuités et aux ruptures dans l’espace public durant la période de Transition à la Démocratie au Chili. Nous l’avons vu, la complexité de l’expression urbaine dans les différents espaces publics limite la pertinence de nos analyses. Pour faciliter la compréhension dans notre argumentation, nous nous sommes cantonnés à trois grands courants principaux d’expressions citadines429: le Muralisme, le Graffiti et les Rayures. Mais en réalité, plusieurs sous-groupes composent chacun de ces courants. Le Muralisme peut être d’inspiration mexicaine ou chilienne, politique ou populaire, légal ou clandestin, ou encore peut fusionner avec la branche Graffiti tel que le « Graff-Mural » le conçoit. De son côté, le Graffiti peut être d’inspiration Nord-Américaine ou « Européenne »430, Vandale ou Artistique, illégal ou légal, anti-publicitaire ou « Post-graffiti »431, abstrait ou photo-réaliste, issu du Pop Art ou d’autres courants artistiques, avoir recours aux affiches, aux autocollants, aux pochoirs ou encore d’autres mediums, pratiqué en privé avec le body-paint, improvisé ou réfléchi, etc… Quant aux rayures, elles sont des expressions si primaires que les messages peuvent renvoyer à une infinité de finalités rationnelles ou irrationnelles. Une évolution que nous soulignons est la réappropriation des rayures afin de délivrer des messages poétiques et littéraires sur les murs. Cette richesse indéfinissable et insatiable développe des espaces de dialogue avec le reste de la Société. Un langage visuel prend forme dans l’Agora des villes et il grave de façon éphémère ses témoignages. Reflet d’un désenchantement et d’un mécontentement d’une réalité sociale souvent vécue comme de plus en plus dure à supporter pour beaucoup, l’expression urbaine ne cesse d’alimenter les imaginaires urbains et les consciences collectives. Ses scriptes contemporains annotent jour après jour les dysfonctionnements et les injustices paupérisant et divisant de plus en plus la Société chilienne. Ce n’est d’ailleurs pas 429 430 Sans toutefois en évincer l’influence de l’Affiche. Influence du Mouvement étudiant de mai 1968 en France. Bien que nous rejetons partiellement cette influence au Chili, possédant son propre héritage. 431 Le terme désigne communément l’introduction du Graffiti dans les galeries d’Art avec l’apparition d’un Marché de l’Art. 140 un hasard si notre Communauté de Graffeurs se retrouve au centre de tensions sociales dans l’espace urbain en prenant des positions souvent bien tranchées face ou aux côtés de divers acteurs composant la Société. Ces différentes dichotomies et ces fusions se traduisent principalement entre: les Graffeurs et les Brigades Muralistes, les Graffeurs Vandales et les Artistes Graffeurs, les Graffeurs eux-mêmes à cause de rivalités personnelles, les Graffeurs et les Graffeuses, les Graffeurs et les acteurs des Mobilisations Sociales, les Graffeurs et l’Etat ou les Municipalités, les Graffeurs et le Marché de l’Art, les Graffeurs et les Universitaires, les Graffeurs des Centres et des Régions, les Graffeurs hédonistes ou ceux engagés socialement et politiquement, les Graffeurs individualistes ou en crew voire « communautaristes », les Graffeurs et les Voisinages, les Graffeurs fidèles à la Culture Hip Hop ou inspirés par d’autres identités culturelles. Cette complexité et cette interdépendance entre tous ces acteurs démontrent bien que de nombreux espaces de dialogues leur sont ouverts. Qu’ils le veuillent ou non, leur marginalisation et leur isolement d’antan contraste significativement avec le rôle que leur octroie la Société chilienne d’aujourd’hui. Cette intégration sociale a été gagnée grâce à la profusion d’évènements artistiques et urbains, la diffusion de nouvelles revues et l’apparition d’internet dans les foyers, l’établissement de nouvelles boutiques spécialisées vendant les bombes spray et d’autres accessoires, la bienveillance d’une partie des voisinages et de l’opinion publique, la création d’ateliers graffiti et de nouveaux projets sociaux intégrant le Graffiti, la reconnaissance du « Street Art » au niveau mondial et le nouvel intérêt porté par les galeries d’Art. Toutefois, le Mouvement est en danger et pourrait voir, du jour au lendemain, son poids disparaître face à l’élaboration d’une législation réfractaire et conservatrice concernant l’espace public ainsi que la stigmatisation appliquée par les grands médias nationaux. C’est donc tout naturellement que le Mouvement Artistique se range aux côtés des manifestants revendiquant une plus grande justice sociale et une plus grande liberté d’expression. Ses propres intérêts sont en jeux et déjà de nouveaux groupes commencent à s’organiser et à se mobiliser devant les autorités publiques afin de sauvegarder la viabilité de ce Mouvement promoteur d’une démocr atisation du Système chilien lui-même. Le processus de Transition à la Démocratie passe ainsi à travers la restauration de l’Art Urbain. En mettant en relief leurs cohésions et leurs incohérences dans l’espace public, nous ne survolons cependant qu’en partie les problèmes liés à la pérennité et à l’existence même des Rayures, Graffitis et Murales populaires au Chili. En ouverture, nous proposons donc des solutions donnant des chances de survie à ce « Nouveau Mouvement Social » qui n’en est qu’à ses balbutiements. 141 B] APPEL A L’ECRITURE D’UN « MANIFESTE ENGAGE D’EXPRESSIONS URBAINES » 1) EN FAVEUR D ’UNE AVANT-GARDE EN FER DE LANCE Il y a maintenant 60 ans, l’Avant-garde des Artistes Plastiques Chiliens signait un « Manifeste du Mouvement d’Intégration Plastique Chilienne 432 ». L’objectif recherché comptait reconnaître la spécificité et la richesse de l’Art Chilien dans le Monde. Ce texte fondateur du Mouvement Artistique Chilien est parvenu à unir d’une seule voix l’expression artistique chilienne et à rendre cohérent le message adressé à la Société chilienne et aux peuples latino-américains. Nous proposons donc une traduction française pouvant inspirer les « Street Artists » francophones et intéresser nos lecteurs: « Manifeste du Mouvement d’Intégration Plastique Chilienne » Le Chili, jusqu’à présent a été nourri de façon permanente par ce qui vient d’Europe, dans le domaine des Arts Plastiques. Quelques Artistes, en particulier ceux qui s’en accommodent, se sont vantés de cette même influence « civilisante ». En vérité au Chili, il existe aussi d’autres Artistes, qui malgré le fait de ne pas méconnaître ce qui se cultive sous d’autres latitudes (bien plus loin que le seul continent américain), ne peuvent en aucun cas accepter, du moins à notre époque, la dépendance à laquelle sont soumis notre Culture et l’Art, spécifiquement la plastique nationale en rapport avec l’Europe. D’après leur point de vue, ces Artistes considèrent en premier lieu que notre pays ainsi que le reste des Nations du continent latino-américain depuis longtemps se trouvent prêts à produire un Art et une Culture propre, qui nous représenteraient véritablement. La preuve de ce potentiel créateur existe dans le passé, et aussi au présent, bien qu’il soit clair que des courants artistiques plus cosmopolites qu’universels ont, par disgrâce, dominé jusqu’à présent les fonctions déterministes de l’Art National. Les Artistes qui reconnaissent cette force créatrice de notre peuple ne souhaitent pas, évidement, l’ultime râle européen, parisien, pour pouvoir créer. Sans conteste, cela ne signifie 432 FERNANDO, Marcos et REYES, Osvaldo, “Manifiesto del Movimiento de Integracion Plástica Chilena”, Mimeo, Santiago, 1953. Le Manifeste est retranscrit dans l’ouvrage de: CASTILLO ESPINOZA, Eduardo, Pu ño y Letra, Movimiento social y comunicación grafica en Chile, Ocho libros editores, (3ème édition), Collection Patrimoine Historique et Mémoire visuelle, Chili, 2010, pp. 62-63. 142 pas le désaveu d’un véritable apport à la Culture et à l’Art que l’Europe ou Paris ont pu avoir délivré. D’autre part, les phénomènes socio-économiques qui se produisent dans notre Amérique Latine, sont impulsés par tous les pays du continent en direction d’un sentier objectif de sauvegarde de leurs intérêts, immédiats et médiats. Tous les peuples sont chaque fois plus intéressés par une Union Latino-Américaine, pas seulement en faveur d’une satisfaction de nécessités primaires, mais aussi dans une unité plus profonde, comme est l’unité créatrice dans l’Art et la Culture, résultante d’une mutuelle compréhension, comme produit d’une lutte soutenue, contre les forces négatives et rétrogrades qui nient ou ignorent, ce que réellement signifie une Amérique Unie, dans toutes ses projections de vie. Cette Unité, dans la création artistique et culturelle, née depuis la base même du peuple latino-américain, dans toute sa profuse expérience et potentialité, ne doit pas seulement servir à exprimer ses apports respectifs, universellement, mais elle se doit de satisfaire les nécessités de ce même peuple d’Amérique. Ainsi, tous les Artistes plastiques : peintres, sculpteurs, architectes, céramistes, graveurs, dessinateurs, etc…, doivent s’unir dans notre pays afin de développer un travail conjoint et coordonné qui devra refléter dans le domaine de l’Art Plastique National, cette impulsion que le peuple apporte à la création artistique nationale et continentale. De cette façon, à travers cette proposition d’Intégration Plastique et Artistique en général, ils pourraient concevoir des œuvres cohérentes et véritables qui surpasseraient les limites étroites dans lesquelles actuellement se développent quelques secteurs plastiques antisociaux, absents de notre réalité et fidèles interprètes de ce qui est réactionnaire et caduque. Aussi, cette même unité d’action se doit de servir pour lutter en faveur d’une véritable justice économique et sociale qui bénéficierait à cette arrière-garde du secteur social créateur de Culture et d’Art. Nous appelons alors tous les artistes chiliens, spécifiquement les jeunes, a rejoindre les files du Mouvement d’Intégration Plastique, avec l’objectif fondamental de lutter pour les bases programmatiques suivantes : 1. L’impulsion depuis la conformation d’un Art Plastique National, aussi bien dans son processus créateur même que dans ses aspects d’investigation, de formation et de diffusion artistique. 143 2. Que la création artistique naisse depuis la base du peuple même, avec laquelle l’Artiste doit être en contact permanent avec les éléments du peuple travailleur ; de la même façon, avec les peuples d’Amérique Latine. 3. Stimuler la formation de nouvelles valeurs artistiques qui illustrent cette nouvelle réalité sociale. 4. La stimulation de l’Art Populaire constitue la force primaire créatrice des peuples. 5. Pour qu’une expression plastique latino américaine, dans ce qu’elle a d’universel, nous incarne et nous représente avec les forces vitales de nos peuples. 6. Pour la rétro-alimentation constante des Artistes latino-américains, avec pour proposition de resserrer les liens, et de créer les conditions nécessaires pour la connaissance et la juste valorisation de la création artistique continentale. 7. Lutter contre les secteurs artistiques rétrogrades et cosmopolites, qui jusqu’à maintenant ont maintenu un Art et l’Artiste Plastique National en marge de notre peuple. 8. Ce Mouvement d’Intégration Plastique luttera pour les intérêts et les revendications immédiates des Artistes Plastiques du Chili. Ont signé ce document : Fernando Marcos, peintre-muraliste ; Maria Fuentealba, sculpteuse ; Osvaldo Reyes, peintre-muraliste ; Rosa Abarca, peintre ; Hardy Wistuba, peintre ; Ximena Cristi, peintre ; Enrique Rufatt, architecte ; Fernando Bustos, architecte ; Luis Oviedo, dessinateur-graveur ; Luis Guzman, sculpteur-céramiste ; Flor Orrego, peintre ; Daco Maturana, dessinateur-graveur ; Heriberto Alfaro, sculpteur ; M. Espinoza, graveur ; Margot Guerra, peintre ; Tenyson Soto, peintre ; Edmundo Montecinos Rozas, sculpteur ; Hector Pino, peintre ; Leticia Quintanilla, peintre ; Arturo Gallardo, sculpteur ; Tito González, peintre ; Ricardo Bindis, peintre ; N. Neira, peintre ; Edith Soriano, peintre ; José Maria Palacios, affichiste ; et suivent d’autres signatures de sculpteurs, architectes, graveurs, peintres. Secrétariat : Avenue Bernardo O’higgins n°264 (Maison de la Culture) De nos jours, malgré une panoplie d’Artistes Graffeurs Chiliens et Latino-Américains parcourant le pays et voyageant à travers le Monde, nous réalisons qu’il n’existe ni d’organisation structurelle et fonctionnelle influente ni de texte fondateur du Mouvement Graffiti définissant quelconques objectifs portés par ces « Maestros » contemporains de 144 l’Imaginaire et de l’Illusion Visuelle. Connus et reconnus aussi bien dans le milieu des graffeurs qu’au niveau du grand public, les nouveaux Artistes Urbains chiliens font l’unanimité et devraient à ce titre porter la responsabilité d’un Mouvement croissant jour après jour. Un regard bienveillant envers leurs frères anonymes qui sondent les rues chiliennes et latino-américaines en toute illégalité au devant des risques que cela comporte. En respectant les libertés individuelles et l’esthétisme propre à chacun, en surpassant un patriotisme basé sur un concept « d’Etat- Nation » déjà rétrograde, nous appelons les Artistes Urbains à concevoir un nouveau Manifeste éthique s’engageant à dénoncer et réparer les injustices passées, à appuyer les préoccupations et revendications sociales présentes des peuples et à bercer le futur de nos générations d’espérance et d’imaginaire utopique. C’est en se réunissant et en criant encore une fois d’une seule voix que la base des peuples pourra être entendue. Ce Manifeste devra comporter les signatures de cette Avant-garde mais devra aussi intégrer tout citoyen s’investissant à titre personnel ou collectif dans l’espace public. Il ne devra pas se cantonner au monde universitaire mais au contraire il devra rendre à la rue ce qui lui appartient. Alors, l’utilité sociale à travers l’Art Urbain prendra un nouveau tournant ayant déjà éliminé de son parcours l’élitisme artistique en offrant des œuvres de qualité à tous dans la rue. « Egalitaire », « fraternel » et « libre » sont les valeurs qui annonceront la Démocratisation de l’Art Urbain et l’émancipation des peuples vers de nouveaux horizons. 2) LE RECOURS A UNE « VIOLENCE VISUELLE » RATIONALISEE Notre étude a jusqu’alors tenté d’expliquer et de défendre tant bien que mal la rationalité des acteurs s’adonnant à la « violence visuelle » comme pratique contestataire légitime dans l’espace public chilien. En supposant qu’une Société ne puisse pas être un Monde tout en couleur où l’Utopie règne sous un arc-en-ciel, le Graffiti Vandale et les rayures par extension font partie des répertoires d’actions collectives justifiés depuis les périodes les plus sombres de l’Histoire Chilienne jusqu’à nos jours. D’autant plus qu’en charpentant cette masse insatisfaite et désenchantée, ces acteurs représentent les piliers indispensables à l’émancipation d’un Mouvement en marche dans l’espace public. Leur nombre et leur anonymat procure une validité quant à leur puissance d’impact dans les rues. Toutefois, leur degré de rationalité reste encore à perfectionner. Le Graffiti Vandale, seul héritier fidèle à son ascendance Nord Américaine des années 1970, possède à travers son Histoire des éléments inestimables pouvant nourrir cette rancœur envers un Système injuste et imparfait. La logique du « All City », c'est-à-dire de repeindre au 145 maximum les murs de la ville par des tags, des flops ou wildstyles, est à ce sens exemplaire. Elle pourrait gagner et engranger plus de terrains dans les rues contraignant l’Etat à admettre et à coopérer davantage avec les graffeurs vandales. Cependant, l’Etat pourrait tout aussi bien adopter des stratégies bien plus répressives envers eux et appliquer des campagnes de nettoyage bien plus intensives. Cette logique porterait atteinte selon nous à l’expression urbaine et envenimerait une situation déjà bien fragile. En vérité, la véritable bataille est celle de l’opinion publique. En se basant sur les origines du Mouvement Graffiti aux USA, cette Culture se voulait protestataire face à un Système négligeant des populations discriminées et marginalisées. Il serait donc intéressant de ne pas viser ces mêmes espaces où le Système sévit mais bien de recentrer les actions au niveau des lieux de pouvoirs politiques et économiques. Des lieux certes plus protégés mais où les graffitis vandales prendraient un sens nouveau. En respectant les populations « défavorisées », c’est peut-être le soutien favorable de ces dernières que le Mouvement gagnerait. Aussi concernant le tag et le lettrage, beaucoup de progrès reste à entrevoir. Certains graffeurs et crews vandales chiliens ont déjà compris tels que Splif433, 2012K434 ou Sida, que la signature prend une autre dimension lorsqu’elle ne désigne plus simplement un nom ou un code limité à la Culture Hip Hop mais lorsqu’elle est compréhensible par le reste de la Société. De plus, les couleurs et la forme des lettres influencent pour beaucoup sur l’interprétation du message par le récepteur. Ce sont d’ailleurs les codes qu’utilise l’Artiste Péruvien Elliot Tupac avec ses « Graffitis Chicha »435. Le rajout d’un personnage ou d’une image illustre bien sûr ce message mais peut aussi lui donner une tonalité plus vague. Plus qu’une signature personnelle, un mot attire donc bien plus l’attention des passants que ce soit positivement ou négativement. Si l’on conçoit le Graffiti comme une expression urbaine engagée, les graffeurs vandales pourraient éclaircir des doutes et des préoccupations sociales en multipliant des mots tirés d’un champ lexical revendicatif. Des actions ponctuelles et localisées de grande envergure pourraient contrer les débordements des pouvoirs publics et le monde publicitaire dans les rues. Les campagnes de détournements de publicités ou de « bullying » contre les campagnes électorales pourraient se ranger derrière ce principe de « désobéissance civile » dès lors légitime, à condition de pouvoir défendre et de définir ses convictions et ses moyens d’actions. Pour les rayures politiques, le problème est quelque peu différent. Le message existe et les espaces visibles de protestations sont relativement bien ciblés (banques, multinationales, 433 434 Signifiant “joint” en anglais. Le crew 2012K se rapporte à l’annonce de la fin du monde en 2012. Le K désigne le Chaos. 435 Terme désignant la particularité du Graffiti au Pérou, inspiré des affiches promotionnelles de concerts et autres évènements. 146 lycées, universités, commissariats, vitrines de magasins, transports publics et édifices appartenant à l’Etat) bien qu’un grand nombre dépasse ce cadre. Les moments des marches et protestations dans les rues servent idéalement à optimiser ces expressions à caractère politique. Encore une fois et tout comme le Graffiti Vandale, l’opinion publique n’adhère qu’en minorité à ce type d’interventions. Son adhésion n’est d’ailleurs pas l’effet escompté et cela aussi bien pour les personnes rayant que pour une partie des graffeurs vandales : un des objectifs affirmés est de provoquer et de faire une démonstration de force dans l’espace public. Toutefois, nous pensons que l’évolution des rayures, utilisant l’humour ou la poésie dans le but de transmettre des messages politiques, est d’autant plus relayée sur les réseaux sociaux par la suite et que cette accumulation de messages développe une conscience critique et satyrique vis-à-vis des politiques appliquées par l’Etat. En ce sens, les rayures ne doivent en aucun cas ne pas être prises au sérieux, reflétant selon nous l’état actuel d’un système démocratique ou autoritaire. En ce qui concerne les dégradations et détériorations volontaires portant un coup au bien social commun, l’éducation et la confiance en ses citoyens devraient réguler ces pics de « violence visuelle ». C] LES PERSPECTIVES D’ENSEIGNEMENT 1) VERS L’OUVERTURE DE NOUVEAUX CHAMPS DE RECHERCHE Le premier enjeu à relever doit bien sûr venir des étudiants et des professeurs en Arts Plastiques et Visuels Chiliens. Déjà que le Muralisme peine à se hisser au rang d’Art Majeur dans l’enseignement chilien, la pratique du Graffiti comme discipline à part entière devra faire face à de nouveaux défis si toutefois ces protagonistes estiment judicieux sa relevance Esthétique et ses aspects Artistiques. L’Artiste indépendant, le Maître Mono González, est selon nous une des pièces maîtresses pouvant faire basculer la donne. Son parcours extraordinaire transcendant tous les grands moments de l’Histoire de l’Art Urbain Chilien et son incroyable combat mené en faveur de l’Expression Libre Urbaine ont déjà conquis les jeunes générations d’Artistes Graffeurs chiliens et permis de tempérer cette rupture générationnelle entre le Muralisme et le Graffiti. La nouvelle génération d’Artistes Urbains devra aussi compter sur les travaux contemporains d’Historiens de l’Art voulant porter ou non la nouvelle Avant-garde que propose le Mouvement. Mais selon nous, les travaux de recherche doivent s’ouvrir à de nouveaux horizons concernant cet Art Urbain en arborescence. 147 Tel que nous le présentons, notre objet d’étude est un champ de recherche relativement novateur et comportant de nombreuses failles méthodologiques à résoudre par les générations futures d’étudiants-chercheurs. Introduites par la petite porte dans les amphithéâtres des Universités aux Etats Unis grâce aux travaux de Craig Castleman 436 et appuyées par les images d’Henry Chalfant437 en 1982, les recherches nourrissaient jusqu’alors un domaine que se réservaient les Historiens de l’Art. De nos jours, le poids et l’influence du travail de l’Historien de l’Art Rodney Palmer 438 sont déterminants dans la compréhension du phénomène Graffiti au Chili. Un travail réalisé par un britannique démontrant encore une fois la mainmise anglo-saxonne au sujet du « Street Art ». Sa future publication touchant cette fois à l’émergence du « Street Art » dans l’aire géographique du Cône Sud (Chili, Argentine, Paraguay et Uruguay) devrait une nouvelle fois dévoiler les nombreux mystères que nous réserve l’Art Urbain Sud Américain. Modestement, notre travail marque un des premiers pas français sur le territoire de l’Art Urbain contemporain au Chili. En jouant sur la transversalité des champs de disciplines, avec pour échelles d’analyses principales: l’Histoire, la Sociologie et les Sciences Politiques, notre tentative empirique est soumise à des contraintes tangibles mais elle essaie toutefois de rendre compte de cette richesse présente dans les rues chiliennes. Un simple préambule qui, nous l’espérons, permettra un passage de blouse à des chercheurs chiliens plus à même de comprendre leur propre Histoire en confrontant leurs propres imaginaires urbains. Nous insistons sur l’importance d’effectuer un travail de recherche à partir du Terrain et ne se fondant pas simplement sur la Théorie. En effet, une grande partie des acteurs concernés évoluent et s’émancipent tout d’abord à travers leurs interventions de rue. Ils font bien souvent preuve d’improvisation et ils s’imprègnent des ambiances proposées par les espaces rencontrés. Peu d’entre eux anticipent les difficultés des lieux d’interventions et se questionnent quant à la profondeur du message qu’ils veulent diffuser. Il est donc nécessaire que l’étudiant-chercheur comprenne que les graffeurs s’investissent dans l’espace public bien plus souvent par hédonisme que par soucis d’un jugement éthique ou moral sur la Société. Les problématiques artistiques, culturelles, économiques, sociales ou politiques arrivent en second plan dans cette démarche. Cela dit, cette mise au second plan n’évince en rien la rationalité des acteurs étudiés. L’étudiant-chercheur doit donc procéder sur le même modèle en se déplaçant d’abord sur le terrain et en récoltant les témoignages et informations 436 437 CASTLEMAN, Craig, Getting Up: Subway Graffiti in New York, MIT Press, 1982, 191p. Voir le documentaire: CHALFANT, Henry & SILVER, Tony, Style Wars, documentaire couleur, 69 minutes, Australia, 1983 438 PALMER, Rodney, Arte Callejero en Chile (versión actualizada), Ocho Libros Editores, Santiago, 2011 148 utiles à ses questionnements. Puis, vient le temps de l’analyse avec un recul nécessaire quant au milieu étudié. Le rapport de causalité est à ce sens justifié. Un des objectifs fixés dans ce Mémoire n’est pas d’établir des conclusions définitives quant à la pratique du Graffiti dans l’espace public. Au contraire, en nous servant des concepts de « rupture » et de « continuité », nous cherchons à faire éclore de nouvelles interrogations : la Transition entre le Muralisme et le Graffiti au Chili, la géographie du Graffiti à plusieurs échelles (poblacion/centre-ville, Régions/Centres, Chili/Amérique Latine/Monde), Les Spécificités du Graffiti « Indigène » au Sud, l’Individualisme et le Communautarisme, la Communauté et la Société, la question du Genre et les représentations de la Femme, le Marché de l’Art et la pollution commerciale, les Cultures « Underground » (Hip Hop, Rock et Punk), la Typographie des rayures, les représentations de la Mort et des Martyrs, le « Graffiti 2.0 », les rivalités ou les connivences avec l’Etat, le rapport entre Presse et Graffiti, les Nouveaux Mouvements Sociaux et leur Théâtralité, la Violence Visuelle et l’Ecologie Visuelle, la Propagande Politique, les Répertoires d’Action Collective, la Désobéissance Civile face au processus de Légalisation, l’Education en Marge et le Graffiti comme thérapie sociale. Tous ces champs demandent à être réinvestis avec une rigueur scientifique qui nous a parfois nous-mêmes échappée, obnubilé par notre propre problématique. Nous encourageons donc à vérifier nos hypothèses quant à ses thématiques et à enrichir la connaissance de nos espaces publics, lieux de transgression et de soumission où chacun de nous prétend avoir le droit de s’exprimer et de manifester librement. Ces différents travaux devraient permettre de ranimer le tissu social avec le soutien universitaire dans des espaces marginalisés, réduisant ainsi cette fracture sociale entre les Universités et les rues. 2) « L’EDUCATION INTERDITE » 439 Au moment où les manifestations étudiantes ne cessent de remplir les rues chiliennes, nous pensons sincèrement que le système éducatif chilien doit sortir de ses structures traditionnelles et encourager des expériences d’éducation à l’extérieur de ses édifices. Au Chili, le système éducatif n’est autre qu’un héritage laissé par la Dictature avec la LOCE (Loi Organique Constitutionnelle de l’Enseignement) mise en place à partir de l’année 1980. Aujourd’hui encore, l’administration de l’Enseignement est répartie en trois secteurs dépendants largement des niveaux socio-économiques propres à chacun. Il s’agit des 439 Tiré du nom du film documentaire indépendant Argentin « La Educación Prohibida » : DOIN, German (réal.) et VAUTISTA, Juan (dir. Artistique), La educación prohibida, documentaire, couleur 145 minutes, Eulam Producciones, Argentine, 2012 149 établissements municipaux, des établissements privés subventionnés et des établissements privés. Ce système privilégie les inégalités d’accessibilité à l’Enseignement et il contribue à un phénomène de reproduction sociale ou « d’habitus » vu par le sociologue Pierre Bourdieu. C’est pourquoi, afin de combler les déficiences de l’Etat en terme d’éducation de ses concitoyens, des expériences originales d’éducation populaire 440 se multiplient dans les espaces laissés en marge des Centres et trop souvent abandonnés à cause d’une stigmatisation de ces milieux jugés comme « criminels ». Nous saluons au passage le projet d’école populaire lancé il y a peu dans la « poblacion » de la Legua et son directeur Jaime. Cette dernière, rattrapée par l’extension de la Capitale et aujourd’hui à proximité du Centre-ville, est une des « poblaciones » les plus emblématiques du nouvel élan insufflé par le mouvement Hip Hop dans les années 1990. Le groupe de rap Legua York et le rappeur « Lulo441 » y sont pour beaucoup dans l’ouverture d’une prise de conscience collective cherchant à bouleverser l’ordre social établi. Des recherches théoriques442 et des expériences de terrain démontrent d’ores et déjà l’efficacité de l’Enseignement de la Culture Graffiti dans ces espaces en marge. Pour notre part, nous nous engageons à donner des pistes de réflexion confortant cette expérience d’Art Urbain dans ces milieux isolés socialement et économiquement. Une pratique urbaine et sociale ayant pour avantage de faire sortir les personnes de leur quotidien et contribuant à l’épanouissement personnel de chacun. Ces points forts sont : La création d’évènements « Graffiti » contribue à réduire la violence et la criminalité en occupant la « jeunesse » à travers des activités artistiques et ludiques. Ces évènements contribuent aussi à donner une image plus positive et colorée à ces quartiers défavorisés. Les poblaciones sont pour la plupart encore préservées de toutes intrusions publicitaires, car isolées économiquement. C’est un avantage laissant la place à un autre média de communication sur les murs et les enseignes des maisons tels que le Graffiti ou les Murales. 440 Les MACA de San Miguel et de la Pincoya ainsi que l’ Association Pintarte de Chillán organisent souvent des activités artistiques auprès des jeunes. De plus, à titre individuel ou collectif, de nombreux Artistes Graffeurs et Graffeurs travaillent bénévolement pour des ateliers artistiques auprès de populations marginalisées, c’est le cas de Newen ou du crew Abusa par exemples. 441 Voir Biographies en annexes p.206 442 Lire les travaux de FERRADA ACUNA, Gabriela, “Acción Socioeducativa del Hip-Hop” Experiencias y Propuestas de Participación Social” , thèse pour prétendre au titre professionel de travailleur social, directrice JELDRES, Alejandra Martínez, Universidad del Biobío, Facultad de Educación y Humanidades Departamento de Ciencias Sociales, Escuela de Trabajo Social, Chillán, Chile, 2009, 226 p. 150 - L’esprit communautaire est renforcé avec un dialogue intergénérationnel consolidé vu à travers les autorisations préalables des propriétaires des murs. Au-delà de l’identité locale, l’Art Urbain s’intègre dans un cadre plus large : national, régional voire global. - Le coût est relativement bas grâce à l’utilisation de peintures acryliques facilitant ainsi le bon fonctionnement d’ateliers sur le long terme. L’Art Urbain est ouvert à tous : de l’Artiste au non-initié. L’apprentissage peut être fait de façon autodidacte sans compétences théoriques requises dans son absolu. La fréquence de la pratique est le seul facteur déterminant l’esthétisme et la qualité du travail final. A noter, que les enfants sont mis dans un milieu autonome autour de différentes classes d’âges. Il peut s’agir d’un travail en groupe ou individuel. - L’Art Urbain se définit par la libre pensée et fait appel à l’imagination. Il contribue alors à l’épanouissement et à l’accomplissement personnel du sujet. Il est néanmoins soumis à la critique de son « public », c’est alors un moment pour apprendre de ses erreurs et se perfectionner. - Les thématiques abordées peuvent être en relation aux Sciences Humaines et Sociales : Histoire, Littérature, Poésie, Philosophie, Musique, etc... ou elles peuvent se rapporter aux Sciences plus Dures : Biologie, Physique, Chimie, etc... De plus, la réalisation d’une murale ou d’un graffiti pose des problèmes d’ordre mathématique : géométrie de l’espace, dimension, proportionnalité, etc...… Au-delà, l’Art Urbain contribue au développement d’une conscience civique et politique. Un des fondements de l’éducation populaire est de donner la possibilité d’apprendre plusieurs disciplines à travers des ateliers et outils méthodologiques. En ce sens, l’Art Urbain répond à ces prérogatives. Ce dernier point nous apparaît comme fondamental pour ne pas à nouveau manquer cette transmission de savoirs qui a tant fait défaut entre les brigades muralistes et les graffeurs au début des années 1990 au Chili… 151 BIBLIOGRAPHIES: Justifications et commentaires préalables : Notre bibliographie se décompose en quatre champs de recherches spécifiques : Notre première bibliographie met en lumière la méthodologie appliquée tout au long de notre Master enrichissant nos réflexions sur la manière d’écrire notre Mémoire. Elle s’appuie sur de précieux ouvrages touchant à l’enquête de terrain, la lecture de l’image, l’imaginaire urbain, les terminologies de l’Art Urbain ainsi que les problématiques liées à l’écriture de l’Histoire Présente. Notre second objet de recherches, sans doute le plus riche en termes de sources, se concentre sur l’Art Urbain Chilien. L’état de la Recherche Académique étant à ce jour encore très limitée concernant l’évolution du Graffiti vis-à-vis de celle du Muralisme ainsi que la faible propension d’ouvrages traitant le sujet, nous ont amené à étendre nos recherches audelà des champs « conventionnels ». Deux ouvrages cependant demeurent incontournables : celui de Rodney Palmer « Arte Callejero Chile » et celui de Parpedés « El libro del Graffiti Chileno ». Ainsi, nos travaux s’organisent en grande partie à partir d’observations effectuées sur le terrain à travers des témoignages et des photographies contemporaines aux évènements des années 2012-2013. De plus, nous nous appuyons sur des supports médiatiques tels que des revues sur papier et/ou électroniques, des archives et articles de presse relatant des faits récents, des films-documentaires s’organisant autour du « Street Art » global et régional, un programme-court télévisuel chilien, des séminaires ou conférences et enfin des sites web, essentiels de nos jours à la compréhension du nouvel intérêt suscité pour le Graffiti. Ces différentes sources ont toutes pour particularité d’avoir développé un intérêt très récent pour le monde du Graffiti et de l’Art Urbain plus généralement. L’objectif lors de cette seconde année de Master fût alors de compenser notre déficience d’informations vis-à-vis de notre terrain. Il était alors indispensable de comprendre et être en mesure d’analyser la richesse du terrain en se nourrissant pleinement de notre présence physique auprès des acteurs étudiés sur un laps de temps très, voire, trop court. Fort heureusement, notre première année nous avait d’ores et déjà permis de centrer nos problématiques en définissant la Transition à la Démocratie, la Citoyenneté, les Nouveaux Mouvements Sociaux, la Désobéissance Civile, les jeunesses chiliennes ou encore les répertoires d’action collective. Notre troisième champ ayant donc déjà été alimenté par ces recherches préliminaires, il ne nous suffisait plus qu’à confronter nos hypothèses de départ avec notre nouveau terrain afin de conceptualiser l’Art Urbain face à l’évolution de la Société 152 chilienne des années 1990 jusqu’à nos jours. Nous regrettons toutefois de ne pas avoir eu le temps nécessaire pour réalimenter de manière plus pertinente notre propos dû en partie au délai de remise de mémoire et à l’impossibilité de consulter certains ouvrages à notre retour en France. Cependant, et cela d’un point de vue strictement personnel, nous assumons avoir préféré mettre en avant l’expérience pratique plutôt que la théorie, notre sujet ne nous cantonnant pas à l’atmosphère si délicieuse des bibliothèques mais bien plus à l’odeur nonchalante des bombes aérosols. La théorie possédant certes l’avantage du recul, mais ayant pour défaut de souvent contraster significativement avec le terrain et la réalité sociale. Finalement, notre dernière partie bibliographique fait état de la législation chilienne concernant l’ « Art de Rue » chilien, un point peu pertinent en réalité sur le terrain mais elle démontre cependant ce contraste entre discours officiels et discours de la rue posant aujourd’hui problèmes dans la compréhension du Mouvement Graffiti par les autorités publiques. 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En présence de: El Museo a Cielo Abierto de La Pincoya: “La Lucha del Pueblo” Centro Cultural de Mentes: “Graffiti sobre espacios públicos que enriquecen monumentos públicos” 161 CUEVAS, Felipe: “Propaganda, publicidad y getting up” OSSA, Carlos: “Ecología Visual en las campanas electorales” Conférence: “Formas de Gestión y Producción en Arte Publico”, organisée par le Festival Hecho en Casa, Arturo Torres y Mono González, Centro Arte Alameda, Santiago, 22 Noviembre 2012. Enregistrement audio personnel. Conférence: “la Ciudad como soporte expresivo”, organisée par le Festival Hecho en Casa, ARAVENA, Pablo y CUEVAS, Sebastián (Galería Bomb!), Centre Culturel Gabriela Mistral, Santiago, 23 Novembre 2012. Enregistrement audio personnel. Conférence “Museo a Cielo Abierto de San Miguel”, organisée par le Musée Benjamin Vicuña Mackenna, intervenants : HERNANDEZ B. Roberto (coordinateur du projet) et VILLAROEL F., David (président du Centro Cultural Mixart), Musée Benjamin Vicuña Mackenna, Santiago, 26 avril 2013, Enregistrement audio personnel. F] DOCUMENTAIRES ET FILMS SUR LE HIP HOP ET L’ART URBAIN GLOBAL: ARAVENA, Pablo, Next: A primer to the Urban painting, documentaire couleur, 95 BANKSY, Exit Through the gift shop, fiction-documentaire couleur, 87 minutes, BÜRGER, Anne, CANTU, Benjamin Street Art, la rébellion éphémère, documentaire CERVERA, Pascual, Mi Firma en las Paredes, série de fiction-documentaires couleurs CHALFANT, Henry & SILVER, Tony, Style Wars, documentaire couleur, 69 minutes, De LONGEVILLE, Thibault et LEONE, Lisa, Sneakers le culte des baskets, GARNIER, Sidonie, LE GALL, François & THIBORD, Jeanne, Mis en forme par minutes, Canada, 2005 England, 2010 couleur, 58 minutes, France, 2009 diffusés par la TVE-2 dans l’émission "Crónicas Urbanas", 50 minutes, Espagne, 1990 Australia, 1983 documentaire couleur, 1h03, France, 2005 MIGNOLINI, Greg et GANDOUR, Adrian, Défense d’afficher, Ce que le Street Art raconte du monde, web documentaire couleur, France, 2012 : http://www.francetv.fr/defense-d-afficher/ consulté le 05 janvier 2012 REISS, John, Bomb it: The Global Graffiti Documentary, documentaire couleur, 94 minutes, USA, 2007 162 ROLON, Rosana, Graffiti : Agite antes de ver, court documentaire couleur, 15 minutes, ROSE, Aaron, Beautiful Losers, documentaire couleur, 89 minutes, USA, 2008 STAPLETON, Alex, Outside In: The Story of Art in the Streets, documentaire couleur, TOUSSAINT, Fernando, Pinto Con Lata, documentaire couleur, 95 minutes, THOUW, Daniel, Alter Ego : A Worldwide Documentary about Graffiti Writing, VECCHIONE, Marc Aurèle, Writers: 1983-2003, 20 ans de graffiti à Paris, WAINER, Joao & OLIVEIRA, Roberto T., Pixo, documentaire couleur, 61 minutes, ZEVS, Inside Outside Streetart, documentaire couleur, 58 minutes, France, 2005 Argentina, 2009 30 minutes, USA, 2011 Venezuela, 2011 documentaire couleur, 62 minutes, Germany, 2008 documentaire couleur, 93 minutes, France, 2003 Brésil, 2009 G] DOCUMENTAIRES ET REPORTAGES SUR L’ART URBAIN CHILIEN: ARAVENA, Pablo, Chile Estyle, trailer documentaire couleur, 10 minutes, Chili, 2010 LEJEUNE, Lucie, BIRON, Clément, Faisons le Mur, web documentaire, France, 2010 MORENO, Rodrigo, Colectivo Teleanálisis (Prod.), Estrellas en la esquina (Break Prisma episodio 05 - La década del 70, Entrevistados: Mauricio VICO, Rodrigo (sortie prévue 2014) http://www.faisonslemur.com/, visionné le 6 janvier 2013 Dance Chile) documentaire couleur pour la revue Análisis, durée 26 minutes, Chili, 1986 WALKER y Vicente LARREA, Portafolio: Grieta GARBO, Músico invitado: Fakuta, Una producción Carburadores.tv y Tvn.cl, Chili, 26 minutes, Chili, 2010 http://vimeo.com/channels/prisma, visionné le 4 janvier 2013 Prisma episodio 12 - Street Art, Entrevistados: Raverlab, Galería Bomb y Mono GONZÁLEZ, Portafolio: Carburadores Músico invitado: Dadalú, Una producción Carburadores.tv y Tvn.cl, 29 minutes, Chili, 2010 http://vimeo.com/channels/prisma, visionné le 4 janvier 2013 SERRANO, Sebastián, No Somos Vándalos, proyecto UDP facultad de arquitectura, arte y diseño, profesor ALVAREZ, Pedro, documentaire couleur, 83 minutes, Chile, 2009 163 VALLUET, Yannick (réal.), « Julien Seth Malland au Chili », diffusé sur Canal+, émission les Nouveaux Explorateurs, reportage couleur, 55 minutes, Bonne Pioche Télévision (prod.), France, 2011 H] PROGRAMME-COURT TELEVISION CHILIENNE: LE-BERT, Catalina et LUNA, Miguel (réalisation), “Habla la Muralla”, EmolTV, Chili, 2013: http://www.emol.com/videos/programas/index.asp, consulté le 20 mars 2013: "Habla la muralla", un nuevo programa de EmolTV, 02/01/2013 La cultura latinoamericana plasmada en la muralla, 07/01/2013 Los trazos perfectos de Zewok, 14/01/2013 La joven promesa del mundo del graffiti, 21/01/2013 La intervención callejera como soporte de mensajes, 26/01/2013 La madurez artística plasmada en las calles, 04/02/2013 La técnica del realismo en obras gráficas y pictóricas, 11/02/2013 Muros porteños llenos de vida, color y alegría, 18/02/2013 La mezcla de ideas y estilos distintos cuando se pinta en dúo, 25/02/2013 La importancia de dejar una huella a través de la pintura, 04/03/2013 Figuras simétricas y en perspectivas ilustran la ciudad, 11/03/2013 El graffitero chileno que conquista el extranjero, 19/03/2013 I] ENTRETIENS THEMATIQUE): ET TEMOIGNAGES (CLASSEES PAR ORDRE CHRONO- GRAFFESTIVAL, Cerro Polanco, Valparaíso: EL MURERO, Témoignage Encuesta Graffiti EL MURERO, Cerro Polanco, Valparaíso. 03/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 8 minutes. RIKIS, Témoignage Encuesta Graffiti RIKIS, Cerro Polanco, Valparaíso. 03/11/2012. ABUSA, Témoignage Encuesta Graffiti Los Abusa, Cerro Polanco, Valparaíso. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 6 minutes 04/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 14 minutes. 164 CARACOL RUNICO, Témoignage Encuesta Graffiti CARACOL RUNICO, Cerro Polanco, Valparaíso. 04/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 5 minutes. CREMS (crew “Te Crey”), Témoignage Encuesta Graffiti CREM’S, Cerro Polanco, Valparaíso. 04/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 10 minutes NASKA, équipe organisatrice Polanco Festival, Entretien Encuesta Graffiti NASKA, Cerro Polanco, Valparaíso. 04/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 19 minutes. Musée à Ciel Ouvert de la Pincoya, commune de Huechuraba, Santiago: DEFOS, Témoignage Encuesta Graffiti DEFOS, Museo a cielo abierto la Pincoya, commune de Huechuraba, Santiago. 11/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 15 minutes. PEPE, Témoignage Encuesta Graffiti PEPE, Museo a cielo abierto la Pincoya, commune de Huechuraba, Santiago. 11/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 10 minutes. PECKO, Témoignage Encuesta Graffiti PECKO, Rio Mapocho, Santiago Centro. Concejal actual de la Pincoya, Entretien Encuesta Graffiti Concejal Pincoya, commune 22/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 6 minutes. de Huechuraba, Santiago. 02/01/2013. Document personnel audio enregistré (4 parties avec traduction anglaise) non retranscrit. Espagnol. 89 minutes. Festival HECHO EN CASA, Santiago Centro: SAILE, Témoignage Encuesta Graffiti SAILE: Maison familiale, Commune Pedro Aguirre Cerda, Santiago. 21/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 5 minutes. ARAVENA, Pablo. Entretien Encuesta Graffiti Pablo Aravena: Barrió Lastaria, Santiago Centro. 22/11/2012. Document personnel audio enregistré (2 parties) et retranscrit. Français. 33 minutes. ELLIOT TUPAC, Témoignage Encuesta Graffiti Elliot Tupac : Rio Mapocho, Santiago Centro. 22/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 1,26 minute. 165 Campagne No Votes por Mi, Commune de Maipú, Santiago: HERZ, Alecks, Témoignage Encuesta Graffiti Alecks Herz: commune de Maipú, Santiago. 23/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 14 minutes. MENDEZ, Cristian, Entretien Encuesta Graffiti Cristian Mendez: commune de Maipú, Santiago. 23/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 35 minutes. Entretiens en dehors d’évènements particuliers: ESEC TAPIA, Entretien Encuesta Graffiti ESEC, Tocopilla. 01/11/2012. Espagnol. LE DORIAN, Entretien Encuesta Graffiti LE DORIAN, atelier, Santiago Centro. AGOTOK (Moreno-Villa), Entretien Encuesta Graffiti AGOTOK: Maison familiale, Questionnaire remis par courrier électronique. 08/11/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 27 minutes. Santiago Sud. 23/12/2012. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Espagnol. 30 minutes. FERRADA, Gabriela, présidente Agrupación Pintarte de Chillán, Entretien Encuesta Graffiti Agrupación Pintarte Chillán, Chili. 09/01/2013. Espagnol. Questionnaire remis par courrier électronique. MORGAN, Ian, responsable URBN STGO TUR, Entretien Encuesta Graffiti Urbn Stgo Tur, Parque Forestal, Santiago Centro. 17/03/2013. Document personnel audio enregistré et retranscrit. Anglais. 10 minutes. NEMO (assistant Mono González), Entretien Encuesta Graffiti NEMO, San Bernardo, NEWEN, Entretien Encuesta Graffiti NEWEN, Santiago, Chili. 31/03/2013. Espagnol. Santiago. 24/03/2013. Espagnol. Questionnaire remis par courrier électronique. Questionnaire remis par courrier électronique. 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D] SONDAGE INJUV : Instituto Nacional de la Juventud, disposición y actitudes hacia el sistema de representación política, Sondeo de Opinión Pública, Agosto 2012 E] FILM DOCUMENTAIRE SUR L’EDUCATION POPULAIRE: DOIN, German (réal.) et VAUTISTA, Juan (dir. Artistique), La educación prohibida, documentaire, couleur 145 minutes, Eulam Producciones, Argentine, 2012 170 IV] ARCHIVES DES TEXTES LEGISLATIFS (LOI, DECRETS, ORDONNANCES..): Les textes de loi ont été répertoriés à partir du site www.leychile.cl entre le 6 janvier et le 14 janvier 2013, l’Etat Chilien affichant une volonté de transparence sur sa législation. Les décrets et ordonnances font partie intégrantes de la législation sur la décentralisation du pouvoir de l’Etat vers les provinces et communes. La législation sur le Graffiti ou les « Rayures » diffère donc selon la temporalité et l’espace du Territoire chilien. A noter que pour des raisons que nous ignorons, toutes les villes et provinces ne semblent pas traiter la législation sur l’expression urbaine de la même manière dans leurs textes de loi. Les textes de loi concernant « l’Art Urbain » étant pour la plupart peu précis en la matière encore jusqu’à nos jours. Une version pdf est disponible sous demande prenant en compte la totalité des textes de lois répertoriés par nos soins et traitant de l’expression urbaine. Ces données sont ouvertes à tout citoyen chilien intéressé par ses droits et devoirs sur le Territoire chilien: A] RECONNAISSANCE DU MURALISME COMME PATRIMOINE NATIONAL: Decreto 265, Fecha Publicación: 14/07/1992, Fecha Promulgación: 25/05/1992, ministerio de Educación, subsecretaria de Educación, declara monumento histórico el mural del pintor Gregorio de la Fuente, pintado en la ex estación de ferrocarriles de la Serena, Vigencia: 14/07/1992. Id Norma: URL: http://www.leychile.cl/N?i=85831&f=1992-07-14&p= Decreto 77, Fecha Publicación: 12/02/1996, Fecha Promulgación: 29/01/1996, ministerio de educación pública, declara monumento histórico iglesia del tránsito de la santísima virgen María, ubicada en alto Jahuel, comuna de Paine, Inicio Vigencia: 12/02/1996, Id Norma: 20045: URL: http://www.leychile.cl/N?i=20045&f=1996-02-12&p= Decreto 331 exento, Fecha Publicación: 04/06/2004, Fecha Promulgación: 20/05/2004, ministerio de educación, declara monumento histórico los murales de la escuela México, ubicada en la comuna de Chillán, provincia de Nuble, VIII Región del Biobío, Inicio Vigencia: 04/06/2004, Id Norma: 226052 URL: http://www.leychile.cl/N?i=226052&f=2004-06-04&p= 171 B] LE MURALISME RECONNU COMME DISCIPLINE DANS L’ENSEIGNEMENT CHILIEN: Decreto 3 exento, Fecha Publicación: 30/01/1984, Fecha Promulgación: 11/01/1984, Ministerio de educación pública modifica decreto supremo exento n°300, de 1981, Inicio Vigencia: 30/01/1984, Id Norma: 7280 URL: http://www.leychile.cl/N?i=7280&f=1984-01-30&p= C] CREATION DU CONSEIL NATIONAL DE LA CULTURE ET DES ARTS ET DU FONDART: Ley 19891, Fecha Publicación: 23/08/2003, Fecha Promulgación: 31/07/2003 Ministerio de educación, crea el consejo nacional de la cultura y las artes y el fondo nacional de desarrollo cultural y las artes, Inicio Vigencia: 23/08/2003, Id Norma: 213895 URL: http://www.leychile.cl/N?i=213895&f=2003-08-23&p= D] LEGISLATION EN RAPPORT AUX RAYURES ET GRAFFITIS DANS L’ESPACE PUBLIC: Decreto n°575 EXENTO, Fecha Publicación: 23/01/1990, Fecha Promulgación: 20/12/1989, municipalidad de Conchali, dicta ordenanza comunal sobre derechos municipales por permisos, concesiones y servicios, Inicio Vigencia: 23/01/1990, Id Norma: 95111, Articulo: 16 URL: http://www.leychile.cl/N?i=95111&f=1990-01-23&p= Ordenanza 77, Fecha Publicación: 04/08/1998, Fecha Promulgación: 23/07/1998, municipalidad de Santiago, dicta normas sobre aseo en la comuna, Inicio Vigencia: 04/08/1998, Id Norma: 122640 Articulos: 42, 43 URL: http://www.leychile.cl/N?i=122640&f=1998-08-04&p Ordenanza 392, Fecha Publicación: 21/10/2005, Fecha Promulgación: 04/07/2005, municipalidad de Iquique, aprueba ordenanza de aseo, Inicio Vigencia: 04/12/2009, Id Norma: 243165, Ultima Modificación: 04/DIC/2009 Ordenanza 441, Articulo: 38 bis URL: http://www.leychile.cl/N?i=243165&f=2009-12-04&p= Decreto n°1756, Fecha Publicación: 14/06/2007, Fecha Promulgación: 23/04/2007, municipalidad de Arica, aprueba ordenanza sobre el rayado de muros y fachadas, 172 exteriores de los inmuebles particulares, municipales o, fiscales (Graffitis) y su regulación, Inicio Vigencia: 14/06/2007, Id Norma: 261711 Articulos: de 1 à 14 URL: http://www.leychile.cl/N?i=261711&f=2007-06-14&p= Decreto n°546, Fecha Publicación: 22/04/2010, Fecha Promulgación: 23/03/2010, municipalidad de Valparaíso, modifica ordenanza local de aseo y ornato, Inicio Vigencia: 22/04/2010, Id Norma: 1012617 Articulos: 13 j) URL: http://www.leychile.cl/N?i=1012617&f=2010-04-22&p= Legislatura: 359 fecha de ingreso: Martes 10 de Mayo de 2011, Estado: primer trámite constitucional. Numero de boletín: 7625-25, establece sanciones quienes vendan o suministren recipientes de pintura aerosol a menores de dieciocho años y dispone medidas para su almacenamiento y expendio, materia: pintura aerosol, menores, iniciativa: moción, cámara de origen: cámara de diputados Articules: 1à 4 URL:http://www.camara.cl/PLEY/PLEY_DETALLE.ASPX?PRMID=8022&PRMBO LETIN=7625-25, consulté le 11 janvier 2013 E] LEGISLATION RECENTE AU SUJET DES CAMPAGNES POLITIQUES ET DES BRIGADES MURALISTES : Circular 39, Fecha Publicación: 19/10/2012, Fecha Promulgación: 28/09/2012, Ministerio del Interior y seguridad pública; subsecretaria del Interior, disposiciones del Ministerio y seguridad pública para el resguardo del orden público en las elecciones municipales a realizarse el 28 de Octubre de 2012, Inicio Vigencia: 19/10/2012, Id Norma: 1044953 URL: http://www.leychile.cl/N?i=1044953&f=2012-10-19&p= Ley 20640,Fecha Publicación: 06/12/2012, Fecha Promulgación: 29/11/2012, Ministerio secretaria general de la presidencia establece el sistema de elecciones primarias para la nominación de candidatos a presidente de la Republica, Parlamentarios y Alcaldes, Inicio Vigencia: 06/12/2012, Id Norma: 1046533 URL: http://www.leychile.cl/N?i=1046533&f=2012-12-06&p= 173 SOMMAIRE ANNEXES Sommaire Annexes ................................................................................................................ 174 I] Glossaire ............................................................................................................................. 176 II] Biographies fragmentaires des « Artistes Urbains » Mexicains et Chiliens ..................... 190 A] Personnages-clé du Muralisme : Du Muralisme Mexicain au Muralisme Chilien ........... 190 B] Les Artistes-Graffeurs chiliens, Vieille Ecole et Nouvelle génération confondues ........ 194 C] Consultants et connaisseurs du milieu .............................................................................. 204 D] Personnages politiques en relation avec la Culture et l’Art Urbain .................................. 205 E] Deux personnalités politiques méconnues et en opposition ............................................. 206 III] Chronologie Hip Hop et Politique au Chili (1983-2013)................................................. 207 IV] Listes d’entretiens ............................................................................................................ 210 Entrevista: crew “Abusa” ....................................................................................................... 211 Entrevista: “Caracol Rúnico”, crew Agotok .......................................................................... 215 Entrevista: Patricio Moreno de los “Agotok” ........................................................................ 217 Cuestionario escrito por: Agrupación Pintarte Chillan .......................................................... 223 Entrevista: Aravena, Pablo ..................................................................................................... 233 Entrevista: “Crems”................................................................................................................ 240 Entrevista: “Defos” ................................................................................................................ 243 Entrevista: “El Murero” ......................................................................................................... 247 Entrevista: Elliot Tupac .......................................................................................................... 249 Cuestionario escrito enviado: “Esec” ..................................................................................... 250 Entrevista: Alecks “Herz” ...................................................................................................... 255 Interview: Ian Morgan ............................................................................................................ 258 Entrevista: “Le Dorian Espacial” ........................................................................................... 260 Entrevista: Nemo .................................................................................................................... 266 Entrevista: Newen .................................................................................................................. 268 Entrevista: “No Votes Por Mi” Cristian Méndez ................................................................... 271 Charla: “Mono” González ...................................................................................................... 279 Entrevista: Naska.................................................................................................................... 284 174 Entrevista: Pecko .................................................................................................................... 289 Entrevista: Pepe, “MareArte” ................................................................................................. 291 Entrevista: “Rikis”.................................................................................................................. 294 Entrevista: “Saile” ................................................................................................................. 297 V] Les Lettres Ouvertes aux Municipalités............................................................................ 299 A] Carta Abierta A La Ilustre Municipalidad de Chillan Campana Pro-Graffiti ................... 299 B] Convocatoria abierta para todos los graffiteros de Chillan que quieran proteger sus graffitis y muros ................................................................................................................................... 301 C] Lettre ouverte envoyée à la Municipalité de Santiago (Janvier 2011), Pour la défense du Graffiti comme Patrimoine culturel : ..................................................................................... 302 D] Lettre ouverte du responsable du MACA de San Miguel à la Municipalité de San Miguel : ................................................................................................................................................ 304 175 I] GLOSSAIRE ACAB : « All Cops Are Bastards », « Tous les Flics Sont des Bâtards ». Terme usité par certains graffeurs pour exprimer leur haine envers les forces de l’ordre et l’autorité en général. L’utilisation des abréviations permet de n’être compris que par le monde des graffeurs et des forces de l’ordre, ignorant le reste de la population. C’est un langage universel qui s’inscrit dans la rivalité directe entre graffeurs/forces de l’ordre. L’avantage étant d’éviter des problèmes de justice pour avoir insulté directement les forces de l’ordre. Au Chili, l’utilisation est presque inexistante au profit de « rayures » telle que « Pacos Culiaos », signifiant « Enculés de Flics ». A noter qu’une loi interdisant les insultes envers les forces de l’ordre est en vigueur depuis 2008 condamnant à une peine de prison entre 61 et 563 jours et à une amende de 108 549 pesos Chilien (environ 140 €) selon l’initiative du Bulletin n°5969. Un renforcement de la loi a été mis en œuvre par le Ministre de l’Intérieur Chadwick en Mars 2013443. Acción poética/Action poétique : Groupe(s) apolitique(s) et autonome(s) cherchant à communiquer avec la Société à travers des messages courts et empruntés à une forme de poésie. « Phénomène de mode » au Chili ou phénomène ayant plus de portée à long terme, l’Action Poétique adresse un message personnel à chacun dans la rue, néanmoins destiné à tous. Il offre la possibilité de s’interroger sur des réflexions plus philosophiques et humaines, mais peut demeurer en confrontation avec l’espace Graffiti cherchant à « dérober » son inspiration ou simplement s’accaparer « son terrain de jeux» par sa facilité d’écriture et son peu « d’investissement illustratif ». Dans une certaine mesure, les actions poétiques seraient la frange des rayures gagnant l’opinion publique. 443 Voir article la Tercera: http://www.latercera.com/noticia/nacional/2013/03/680-514243-9-interior-detalla-proyecto-que-criminalizainsultos-a-carabineros.shtml, consulté le 18/03/2013 176 Adbusting/ détournement publicitaire: « L’adbusting » est une forme de contestation face à l’extension du marché publicitaire contaminant l’espace public des villes et Centres Urbains. Aux Etats-Unis, ce « cassage de pub » naît à San Francisco durant la décennie des années 1970 avec le Billboard Liberation Front (Front de libération des panneaux d’affichage). Au Canada, l’association Adbusters diffuse cette pratique à l’échelle mondiale à travers la création de campagnes nommées « Journées sans achat » ou « Semaine sans télé » L’ouvrage de Naomi Klein « No logo » 445 444 . inspire cette « Culture Jamming » (détournement culturel ou résistance culturelle). Les « Street Artists » transformant ou détournant les messages publicitaires dans l’espace public à des fins artistiques et contestataires du consumérisme latent dans nos Sociétés. Au Chili, la publicité urbaine est une réalité quotidienne. Cependant, nous n’avons pas noté de détournements publicitaires malgré nos déplacements à Santiago. En revanche, en dehors du sentier publicitaire, la campagne de « bullying » ou « intimidation » effectué par le collectif « No Votes Por Mí » à Maipú admet une toute autre réalité, celle de la confrontation entre les brigades muralistes lors des campagnes électorales et les graffitis peints sur les murs ou affiches électorales. Art Urbain, Arte Urbano ou Street Art: Définition posant encore bien des problèmes actuellement pour les chercheurs et théoriciens. « L’Art Urbain », « Street Art » en anglais, ou « Arte Callejero » en castillan, se rapporte à tous types d’interventions volontairement exprimées en faveur d’une modification de l’espace public citadin. Il se définit particulièrement par une intervention courte et éphémère, propose une réflexion sur la Société ou les modes de vie s’y apparentant. Il est en interaction avec le milieu où il se produit, existant avant tout de par sa réception. Bien qu’il se définisse par son caractère urbain, il est possible de s’en inspirer dans les milieux ruraux comme qu’on peut le voir avec la pratique du « Land Art ». Il est un éloge à la libre expression urbaine. 444 Voir CARLSSON, Benke, HOP LOUIE, (trad. de l’anglais VIL A, Êve), Le Manuel du Street Art, matériel et techniques, Edition Groupe Eyrolles (ed.frç), Paris, 2011, p.29 445 KLEIN, Naomi, No Logo. El poder de las marcas, traducción de JOCKL PAIDOS, Alejandro, Barcelona, 2001. 177 Bombardeo/bombardement : Issu de la culture Hip Hop, le Bombardement se base en partie sur la logique du « All city » visant à repeindre la moindre parcelle de l’espace urbain par des tags, flop, throw up, wildstyle etc.… C'est-à-dire, agir de manière illégale et dans le but de poser un maximum de tags/graffitis dans la ville. Généralement, pratiqué de nuit avec l’adrénaline de la vitesse et de l’illégalité, le bombardement est un sport extrême dans la discipline Graffiti. Deux bons exemples sont le crew 2012K ou de façon individuelle Splif pour l’année 2012 au Chili. Brigade Chacón446: Du nom d’un ouvrier militant communiste (1896-1941) et député de Valparaíso en 1941. Fondée en 1989 à l’intérieur du Parti Communiste et rompant avec la structure en 2007, elle perpétue la tradition muraliste. Elle se spécialise dans la reconstruction de messages de presse chilienne, pour en résumer des idées plus limpides et parfois infantilisées. Utilisant le texte, à l’aide de « papelógrafo », la brigade colle des messages à caractère fortement politique en relation avec l’Actualité. L’utilisation de l’humour, de l’ironie, des doubles sens, d’un langage jeune et informel rapproche cette brigade de la jeunesse chilienne. D’autant plus que certains messages laissés sur les murs se réfèrent directement à cette classe d’âge : « La actual Constitución ... no pasa ningún test democrático », « ¡Ahora los libros no los prohibe un ministro ! ¡Sino los precios! », « Los profes son realistas… y no piden lo imposible », ou encore « ¡Joven! Usa la imaginación para luchar por tus ideas » 447 . C’est pourtant avec perplexité que nous n’avons pas eu l’occasion de la rencontrer durant nos pérégrinations entre août 2012 et juin 2013. Brigade Elmo Catalán448 : Héritière de la brigade socialiste Pedro Lenin Valenzuela, et tiré du nom du journaliste chilien qui rejoint l’armée des « guérilleros » de Che Guevara en Bolivie, tué en juin 1970. Face à l’omniprésence des Brigades Ramona Parra, alliées du Parti Communiste, le Comité Central 446 Voir: SANDOVAL, Alejandra, Palabras escritas en un muro: el caso de la Brigada Chacón, Santiago de Chile, ediciones sur, 2001, 84 p. 447 Voir dans les annexes de SANDOVAL, Alejandra, ibid., 2001 448 Voir CASTILLO ESPINOZA, Eduardo, op.cit., 2010, pp.87-91 et pp.146-151 178 de la Jeunesse Socialiste reconnaît organiquement ses groupes de propagande : la brigade Elmo Catalán en juillet 1970. Pour la campagne présidentielle de 1970, la Brigade compte près de 100 personnes dans ses rangs et se spécialise dans des interventions au Centre de la Capitale, elle réalise une grande murale de 120 mètres de long, installée au coin de rue Teatinos avec Huerfanos. Sa contribution au Muralisme Chilien se conçoit principalement sur l’élaboration d’une typographie propre et reconnaissable par tous et différenciée de la BRP. Avec le coup d’Etat du 11 septembre 1973, la brigade passe dans la clandestinité. Elle ressurgit en 1983 aux côtés des lycéens et étudiants organisés autour de la Fédération d’Etudiants du Secondaire de Santiago (FESES). Entre 1988 et 1990, avec la campagne du « No », la BEC tente de faire la transition avec l’époque précédente en y ajoutant de nouveaux éléments graphiques tels que le Graffiti et la Bande Dessinée. La brigade s’éteint finalement en 2003. Brigade Ramona Parra449: Créée par les communistes Daniel Bahamondes et Mono González en 1969, et nommée ainsi en référence à Ramona Parra, jeune militante communiste assassinée Place Bulnes en 1946 durant une manifestation de soutien aux travailleurs, suivie d’une répression policière. En 1970, près de 120 BRP sont présentes sur tout le territoire chilien dont 50 dans la Capitale. Une vingtaine de membres compose chacune d’entre elles, mêlant étudiants, artisans, travailleurs et « pobladores ». Elles jouent un rôle fondamental dans la diffusion du discours de l’Unité Populaire dont le candidat n’est autre que le futur président Salvador Allende en 1970. Sous son gouvernement, l’art visuel devient l’expérience de tous en autorisant le muralisme dans les rues chiliennes. Avec le coup d’état, les brigades muralistes se démantèlent en grande partie. Dans les années 1980, la BRP est renouvelée, malgré le risque de répression sous la Dictature, à Villa Francia. En 1988, la campagne du « No » est alimentée par les brigades opposantes au Régime. Bien qu’ayant perdu l’artisan Mono González dans ses rangs au début des années 2000, la brigade politique reste un soutien important au Parti Communiste comme par exemple lors du Festival « Hecho en Casa », premier festival d’interventions urbaines, en Novembre 2012 où la brigade peint une nouvelle 449 Voir CASTILLO ESPINOZA, Eduardo, ibid., 2010, pp.78-80 et 151-155 179 murale reflétant les 4 conflits sociaux majeurs au Chili et ses différents acteurs: Etudiant, Ouvrier, Pêcheur, Mapuche: tous dévorés par la machine étatique. Caps: Embouts pour les bombes spray. Le degré d’ouverture des embouts varie selon les caps permettant de propulser un jet de peinture de manière plus précise avec le « Super Skinny » jusqu’au « Fatcap » bien plus large et diffus. Crew/ collectif: Cellule de base, dépassant alors l’individu, fonctionnant sur un cercle d’amitié. Le crew est la somme des individualités où chaque graffeur contribue à donner sa propre touche en accord avec le reste de son groupe dans la réalisation d’une « pièce ». Au-delà du cercle d’affinité, le crew est souvent considéré comme une deuxième famille. Il est possible d’appartenir à plusieurs crews durant une même temporalité et de poursuivre ses activités graffiti solitairement. Généralement, le nom du crew est composé de lettres servant ainsi d’abréviations telles que le Cpd Crew (Carpe Diem), QM (Qué Miras) pour exemples. Il s’agit alors du tag représentant le groupe. FONDART: Fonds National pour le Développement des Arts. Créé en 1993 avec la mise en vigueur de la loi n°19891, le Fondart a pour objectifs de financer des projets et initiatives artistiques et culturelles sous la forme de concours publics convoqués par le Ministère de l’Education. Depuis sa création, près de 2931 projets ont été financés pour un montant atteignant près de 10000 millions de pesos chiliens450. Flop/ Throw up: Lettrage tenant compte d’une évolution vis-à-vis du tag en donnant un volume sous forme de bulle à ce dernier. L’utilisation de deux couleurs minimum (une pour le contour, l’autre pour le contenu) est requise. N’étant pas considéré comme « pièce » véritablement, il est visible sur des supports moyens tels que des murs de moyenne 450 Voir site officiel: http://www.fondosdecultura.gob.cl/fondos/fondart/, consulté le 28 mars 2013. 180 dimension, des stores métalliques ou camions dans les centres urbains. Réalisé principalement de nuit et exécuté avec une très grande vitesse. Graffiti: Mouvement artistique émanant de la Culture Hip Hop aux Etats-Unis dans les années 1970. Bien que la popularité du tag devienne un phénomène révélé au grand jour par l’article du New York Times le 21 juillet 1971, narrant le cas de Taki183, le mouvement existait antérieurement et dans d’autres villes des Etats Unis telle qu’à Philadelphie. Pour une définition académique et méthodologique : “Notre étude et processus logique est parvenu à la conclusion suivante : pour qu’une inscription urbaine puisse être appelée graffiti, elle doit être accompagnée par sept valeurs agissant de manière conjointe: Marginalité ; anonymat, spontanéité ; mise en scène ; précarité ; rapidité et fugacité. Les trois premières sont pré-opérantes, c'est-à-dire, qu’elles existent antérieurement à l’inscription même, pour laquelle il n’y avait alors pas de graffiti précédent à l’ensemble de ces trois conditions.”451 Graffeur: Dénomination d’une personne pratiquant la discipline Graffiti. De nos jours, le graffeur n’appartient plus seulement à la Culture Hip Hop, il peut être appelé « graffeur » pour la simple utilisation de bombes spray ou de techniques liées au Graffiti. Avec la fusion entre Graffiti et Muralisme, il est possible d’employer le terme de « Graffeur-Muraliste ». On parle « d’Artiste-graffeur » lorsque la renommée dans le milieu ou au niveau du grand public le permet. « L’Artiste-graffeur » vit par définition de son « Art », ce qui n’est pas le cas d’une grande majorité de graffeurs s’adonnant à la pratique par simple divertissement ou se révoltant contre la marchandisation de la Culture Graffiti. 451 Définition tirée de: SILVA Armando, op.cit., 2006, p.47 181 Graffiti-Mural/ Hop Art: Il est la jonction entre deux courants artistiques: le Graffiti et le Muralisme principalement en Amérique Latine. Le Graffiti-Mural utilise pour une part les codes et les techniques de la pratique Graffiti mais dans un même temps donne une sensibilité nouvelle, un message plus ouvert à la Société tel que l’entend le Muralisme. Cependant, le Graff-Mural s’entend bien plus par son aspect artistique que politique ou social. On peut parler de Hop Art pour appuyer le passage du mouvement Pop Art au mouvement Graffiti, ou encore de « Street Art » mais cela donne une connotation plus occidentalisée de ce processus. Graffiti-Vandale: Le mouvement se caractérise par son aspect illégal et fugace directement dérivé de l’essence du mouvement Graffiti Nord-Américain des années 1970. La pratique évolue du tag, au flop, au throw up, au 3D puis au Wildstyle. Ce serait une erreur de renier son importance, car il demeure l’origine même du Graffiti et sans lui le « Graff-mural » au Chili (caractère légal du Graffiti) n’aurait sans doute pas vu le jour. Il demeure d’ailleurs la pratique prépondérante dans l’espace public jusqu’à nos jours. Gringismo: Utilisation de mots ou d’expressions tirées de la langue anglosaxonne et plus spécifiquement des Etats-Unis faisant une fusion avec le dialecte chilien. L’influence et la présence NordAméricaine, vécues par certains comme invasives, ont laissé un apport fleurissant dans la langue chilienne telle que l’utilisation du mot « bullying » pour exemple. Utilisée de façon détournée dans les rayures ou graffitis, le « gringismo » appuie ce rejet du capitalisme et du néolibéralisme agressif des grandes multinationales et de l’intrusion de politiques nordaméricaines sur le territoire chilien. 182 Huachos: Terme à connotation péjorative se rapportant à dénigrer la catégorie sociale la plus vulnérable économiquement et délaissée par le système éducatif. L’Historien Gabriel Salazar reprend ce terme dans son ouvrage « En el Nombre del poder popular constituyente: Chile siglo XXI » afin d’en prendre le contre-pied et redonner une fierté à ces populations souffrant jusqu’alors du peu d’intérêt pour leur sort. Il convient alors de narrer une Histoire de ceux qui en ont été évincés sous la Dictature. Land Art: C’est le côté rural du « Street Art ». Principalement exercé dans les champs ou sur les versants de collines ou montagnes, le « Land Art » se sert avant tout de l’espace que lui propose le monde rural donnant ainsi lieu à de grandes réalisations visibles de loin sur terre ou du ciel avec des vues panoramiques. Les éléments de la nature, arbres et pierres sont généralement les outils que s’approprie « l’Artiste ». Lata/ spray bomb ou bombe aérosol: Inventée dans les années 1920, sa création n’était en aucun cas destinée à alimenter l’expression artistique. Il s’agit d’une bombe de peinture caractéristique du Mouvement Graffiti mais aussi utilisée lors des manifestations sociales comme les rayures. Une gamme de couleurs importante est vendue en magasin. La bombe spray possède comme avantage d’être moins encombrante que le pot de peinture et son utilisation permet une meilleure fugacité et rapidité. En revanche, elle demande une certaine pratique pour en avoir la maîtrise et en apprécier tout son potentiel. Latex: Il s’agit tout simplement de la peinture acrylique ayant pour avantage de ne pas être tro p coûteuse face aux bombes spray vendues dans les boutiques spécialisées. Le latex est généralement utilisé dans le Graffiti pour réaliser les arrières plans des « pièces » mais certains l’utilisent tout aussi bien pour la « pièce » Graffiti elle-même. La qualité d’une peinture murale se définissant par son esthétique « lisse » et par son support également « lisse ». En castillan : « un muro estucado ». 183 Libro negro: Livre ou carnet de croquis qu’une grande partie des graffeurs utilise, anticipant ainsi leur intervention sur les murs. L’élaboration d’un tag peut tout aussi bien nourrir ce processus. Mosaïque: L’utilisation d’une mosaïque consiste à utiliser des bouts de carrelage ou de miroirs, préalablement découpés, pour en construire une image, une forme ou un dessin qui sera alors collé sur un support par le biais du béton. L’exemple chilien le plus célèbre est sans doute l’escalier de Jorge Selarón à Rio, mais certains graffeurs sont susceptibles de l’utiliser tel que le crew Abusa dans certaines de leurs réalisations. Procédé peu répandu dans l’Art Urbain car il nécessite du temps pour son élaboration et bien souvent l’autorisation préalable des voisins ou propriétaires des murs. Muralisme: Mouvement artistique naissant au Mexique au début des années 1920 avec l’Artiste Diego Rivera comme chef de file du Mouvement. Le Muralisme mexicain s’étend jusque dans les années 1970 officiellement et consiste à narrer, à l’aide de la peinture murale, l’Histoire d’une Nation ou d’un Peuple à l’intérieur d’édifices appartenant à l’Etat. Ce type de Muralisme s’exporte dans les années 1940 au Chili pour finalement prendre une toute autre dimension, passant des édifices aux rues dans les années 1960. Le Muralisme chilien quant à lui garde cet aspect idéologique et politique à travers la constitution de brigades muralistes chargées de propager la propagande de leur parti politique respectif. Sous le gouvernement d’Unité Populaire, entre 1970 et 1973, le Muralisme Chilien vit sa période d’apogée avec au-delà du texte, un nouvel attrait pour une peinture plus illustrative. Contraint à la clandestinité sous la dictature, les brigades muralistes se démantèlent dans un premier temps avant de ressurgir dans l’espace urbain au début des années 1980 en signe de contestation du Régime militaire. La campagne du « No » les propulse une nouvelle fois au devant de la scène, mais finalement à partir des années 1990 et 2000, elles perdent leur légitimité face à un phénomène de méfiance des citoyens chiliens envers les partis politiques. Ainsi, renaît le Muralisme populaire au Chili dans les années 1990, autonome vis-à-vis des partis politiques et garant des « pobladores » qu’il cherche à représenter. Avec l’arrivée du 184 Graffiti et d’une nouvelle génération post-dictature s’opère la fusion entre le Muralisme populaire et le Graffiti dans les années 2000-2010. Museo A Cielo Abierto/ Musée à Ciel Ouvert : Le concept de Musée à Ciel Ouvert est inauguré, pour le cas du Chili, à Valparaíso dans les années 1960 avec l’intervention de professeurs d’Art Plastique et d’étudiants. Il ressurgit dans cette même ville dans les années 1990 avec l’intervention d’Artistes de renommée. L’idée est réalimentée à partir de mars 2009 avec la création du Musée de San Miguel. Le dernier exemple en date est celui de La Pincoya en 2011 bien que d’autres projets soient en cours d’élaboration. L’intention étant de faire reconnaître l’Art Urbain comme un Art à part entière, accessible à tous et pour tous. Un outil pouvant servir à la revitalisation d’une identité et d’un territoire marginalisé. “Otra Vida”/ “Autre Vie”: Première boutique de Graffiti créée conjointement par les graffeurs Cekis et Grin à Santiago en 1998. Lieu de rassemblement des premières générations de graffeurs partageant la Culture Hip Hop et s’informant sur les nouvelles techniques de Graffiti provenant de l’étranger. La boutique compte sa première revue nommée « No Gratos » dédiée essentiellement au Graffiti à partir de l’année 2000. 4 éditions feront jour jusqu’en 2006. La boutique s’éteint en 2003. Papelógrafo: Type de collage, s’apparentant au stickers, mais uniquement pour laisser apparaître un message écrit le plus souvent politisé et affilié à une idéologie de groupe ou parti politique. La brigade muraliste GAP est un bon exemple. Pièce : Réalisation de graffiti élaboré sur un mur. Elle est en quelque sorte l’égal d’un tableau concernant la peinture plus « traditionnelle ». Pixação: Mouvement artistique brésilien né dans les années 1980 à São Paulo, inspiré par les logotypes des groupes de rock Iron Maiden ou Kiss, eux-mêmes inspirés par les cultures scandinaves. Le Pixação, bien plus qu’une pratique Graffiti, c’est un sport extrême consistant à graffer ses 185 lettres de « gangs » sur les façades d’immeubles en les escaladant au péril de sa vie. Le mouvement ne trouve pas d’écho au Chili, mise à part ce cas isolé observé à Maipú qui pourrait en être inspiré. Población/ ghettos/favelas/banlieue: Quartiers marginaux, en général en périphérie des Grands Centres Urbains spécifiques à la Société chilienne. Structurellement, les villes chiliennes se décomposent en strates sociales : la « población » (quartier défavorisé économiquement et socialement), le « barrio » (quartier des « classes moyennes » ou milieu avantagé économiquement) et la « villa » (quartier riche économiquement). Cependant, ces indications restent à mettre entre guillemets. Pour exemple, la Villa Francia est en quartier fortement défavorisé économiquement et socialement à Santiago. De plus, il est à noter que les « poblaciones » de Santiago ne se concentrent pas seulement en périphéries lointaines du Centre. Dans la Commune de las Condes, réputée pour être économiquement et socialement avantagée, il existe des quartiers plus précaires. Ensuite, dû aux « prises de terrain » ou « tomas de terrenos » dans les années 1960-1970, des « poblaciones » telle que la Legua par exemple se retrouvent aujourd’hui à quelques minutes du Centre Ville de Santiago du fait de l’expansion de la Capitale durant les dernières décennies. Quant à Valparaíso, elle s’est construite autour de son port, poussant son expansion sur les versants des collines l’environnant. De réputation, plus on monte dans les « cerros », plus le niveau de vie régresse et abrite des populations défavorisées et en marge des centres économiques. Pobladores : Habitants des « poblaciones », c'est-à-dire la grande majorité des populations vivant dans les centres urbains. Rappelons que malgré son rôle de puissance économique avec le Brésil en Amérique Latine, le Chili est un des pays les plus inégalitaires dans cette région du globe. Posca: Marqueur contenant une quantité de peinture restreinte servant principalement à poser son tag rapidement et discrètement sur tout type de supports (principalement les arrêts de bus et les panneaux de signalisation). Les mines et 186 les couleurs de posca varient en fonction de l’effet recherché passant du très fin au gras. L’encre sèche rapidement. L’Artiste Jean Michel Basquiat est une référence dans ce domaine. Rayas : Ce que nous nommons rayures, inspiré directement du vocable chilien. Il s’agit de tous types de messages écrits ou peints à l’aide d’une bombe spray ou de peinture sur les murs mais n’appartenant pas à la Culture Hip Hop ou Graffiti ellesmêmes. Les rayures apparaissent principalement lors des mobilisations sociales dans les rues ou alors elles sont des cas isolés et individuels. Elles contiennent des messages à caractère politique, poétique, satyrique, comique ou finalement trivial. Leur portée est difficilement compréhensible et analysable, et c’est sans doute leur irrationalité ou leur conscience volontaire de détérioration qui en font les bêtes noirs des autorités publiques. Rodillo/rouleau ou broches: Matériel utilisé par les graffeurs pour peindre le fond de leur « pièce » ou pour mettre en place les finitions. L’ajout d’un long manche peut permettre d’atteindre des parcelles de murs inaccessibles situées en hauteur. Stencil/pochoir: Il s’agit d’images et de mots peints à l’aide de bombe spray utilisant comme supports une feuille cartonnée, du carton, une planche en bois, des radiographies. « Ce sont des réalisations autonomes se fondant dans le paysage urbain et ses alentours. Ils utilisent le même procédé que le collage de morceaux d’un seul tenant, utilisant une voix propre ou d’autrui, ils tentent d’ébaucher la complexité plurielle d’un phénomène et de ses particularités locales. »452 Stickers/ Adhesivo / autocollant: La pratique de l’autocollant comme Art Urbain est peu répandue au Chili. Cependant, il existe un groupe récemment formé, nommé « Santiago Adhesivo » cherchant à redonner une valeur 452 Voir définition CAMPOS, Edwin, MELLER, op.cit., 2007, p. 7 187 à cette pratique. L’idée étant de s’approprier un espace urbain (panneaux, murs, poubelles, vitrines…) et de composer une image ou une forme colorée de plusieurs autocollants. Quant au « Sticker », il est utilisé à plus grand format par une partie des « Street Artists », issu de la pratique de l’affiche. Un bon exemple, la graffeuse Macay allie le Graffiti et le Sticker pour la composition de certaines de ses pièces. Tag/Firma/Signature: Essence même de la culture Graffiti, le tag est le nom de rue porté par le graffeur, sa deuxième naissance. Il indique sa présence de façon informelle dans l’espace urbain, justifiant sa place ou son rejet dans la Société. Le premier tag que l’Histoire retient est celui de Taki183 en 1971 dans le Bronx, New York. Toy: Marque volontaire, voire involontaire, d’irrespect envers un graffiti ou un graffeur consistant à peindre par-dessus le graffiti en question. En temps normal, un code éthique officieux permets de réguler les conflits soit en demandant l’autorisation préalable au graffeur pour repeindre par-dessus son graffiti soit en graffant une pièce reconnue comme « supérieure » à l’ancienne. Le mouvement Graffiti s’imaginant comme une compétition entre graffeurs, basée sur le respect. Cela dit, il vaut parfois mieux tout simplement chercher un autre mur « vierge » de graffiti. Le toy est une pratique plus répandue lorsque se met en place une « guerre de territoires » entre des « gangs ». Exemple à deux mois d’intervalle dans le quartier Brasil à Santiago: 188 Tricot de rue: Initié par Magda Sayeg à Houston453, le tricot de rue est une pratique peu répandue dans l’Art Urbain, il consiste à tricoter sur mesure dans l’espace public en se servant de supports tels que les lampadaires, les panneaux de signalisations, les poubelles, etc. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer des réalisations de ce type à Santiago au niveau de « Plaza de Armas » et c’est pourquoi nous le mentionnons. “Vieja escuela”/”Old School”/ la Vieille Ecole: Pour le cas du Chili, la « Vieille Ecole », c'est-à-dire les précurseurs ou pionniers du mouvement Graffiti apparaissent au milieu des années 1980. Au milieu des années 1990, un nouvel élan propulse la culture Graffiti à un autre niveau, on peut parler d’une nouvelle génération bien qu’elle demeure une nouvelle fois pionnière en la matière. La différence avec la « nouvelle génération » se situe donc sans doute plus au début des années 2000 avec la fusion du Graffiti et du Muralisme. WildStyle/ estilo salvaje: Issu de la Culture Hip Hop, le Wildstyle se caractérise par sa difficulté de lecture par le non-initié. Le style annonce un dynamisme nouveau avec un lettrage entremêlé et l’apparition de flèches et de pointes. Un personnage peut éventuellement agrémenter le lettrage. 453 CARLSSON, Benke, HOP LOUIE, op.cit., 2011, p.120 189 II] BIOGRAPHIES FRAGMENTAIRES DES « ARTISTES URBAINS » MEXICAINS ET CHILIENS (DEBUT XXEME-DEBUT XXIEME SIECLE): La liste présentée ci-dessous n’est pas exhaustive et ne saurait décrire la totalité des personnages clés pour l’Histoire de l’Art Urbain Chilien. Nous nous appuyons principalement sur l’ouvrage de Rodney Palmer et celui de Parpedés pour combler nos lacunes sur la première période du Graffiti Chilien dans les années 1990 jusqu’à nos jours. Le reste étant inspiré de notre expérience personnelle et de nos témoignages retranscrits: A] PERSONNAGES-CLE DU MURALISME : DU MURALISME MEXICAIN (CLASSEMENT PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE): Diego Rivera454 (1886-1957): AU MURALISME CHILIEN Après un voyage en Europe auprès de Picasso, Robert Delaunay et Amadeo Modigliani, il retourne à Mexico en 1921, après la Révolution Mexicaine de 1914, pour réaliser d’extraordinaires murales qui bientôt le font connaître dans le Monde entier. Auprès d’autres Artistes contemporains, il reste dans l’Histoire, le fondateur d’un nouveau mouvement artistique : le Muralisme mexicain. Ce dernier se définit par la réalisation de fresques à connotations politiques et sociales dans des édifices et institutions étatiques. Le Muralisme mexicain est un muralisme assimilé aux lieux, un muralisme statique et survivant dans le Temps. Il développe des thèmes de profonds contenus esthétiques, politiques et sociaux, en relation avec les guerres mondiales, les luttes de la classe des travailleurs et les revendications des indigènes dans la culture mexicaine. Membre actif du Parti Communiste, Rivera fût plus qu’un simple sympathisant de la gauche et on ne doit pas minimiser son investissement pour les idées communistes, spécialement dans les années 1920, bien qu’il en fut exclu à la fin de ces années. Son œuvre est liée à la narration de son peuple à travers ses murales. Il se marie avec l’Artiste Frida Khalo en 1929. Les pics de sa création sont présents au Palais National, au Secrétariat d e l’éducation Publique, au Palais des Arts, à l’Université Autonome de Chapingo. Sa première murale « La Creación » est réalisée entre Novembre 1921 et Mars 1923 dans le Collège Antique 455 de San Ildefonso, Mexique. 454 455 Voir LOZANO, Luis-Martin, CORONEL RIVERA, op.cit., 2007, Maintenant appelé Amphithéâtre Bolivar de l’Ecole Nationale Préparatoire 190 David Alfaro Siqueiros (1886-1974): Peintre et militant mexicain, il est considéré comme un des pères fondateurs du Muralisme Mexicain au côté de Diego Rivera et de José Clemente Orozco. Forcé de quitter le pays pour ses différents avec la justice mexicaine, il s’exile à Los Angeles, Montevideo et Buenos Aires456 entre 1932 et 1934, puis à New York en 1936. Finalement c’est à Chillán (Chili) qu’il s’exile grâce au soutien du poète Pablo Neruda alors Consul du Chili au Mexique. Entre 1941 et 1943, il réalise auprès de son compatriote Xavier Guerrero ainsi que d’autres artistes chiliens tels que Camilo Mori, Gregorio de la Fuente 457 et Fernando Marco, une murale saisissante « Muerte al Invasor »458 sur l’Histoire du Chili à l’intérieur des murs de l’école primaire mexicaine de Chillán459. Jorge González Camarena (1908-1980): Artiste muraliste mexicain. Sa première murale « Alegoría de Zimapán » fût peinte en 1939 à Hidalgo au Mexique. Mais, l’intérêt de ce personnage réside dans la réalisation de sa murale « Presencia de América Latina »460 en 1965 suite aux conséquences tragiques de 1960461 à Concepción. La murale exalte les valeurs culturelles et ethniques partagées par les différents peuples d’Amérique latine. Un texte de Pablo Neruda alimente la fresque « Y no hay belleza como esta belleza, de América extendida en sus infiernos, en sus cerros de piedra y poderlo, en sus ríos atávicos y eternos…». 456 Voir le Manifeste intitulé “un llamamiento a los plásticos argentino” (« un appel aux plasticiens argentins ») écrit en juin 1933 et publié par le journal Critica. Pour toutes informations sur le travail de Siqueiros, consulter les recherches d’Alicia Azuela de la Cueva « Militancia política y labor artística de David Alfaro Siqueiros : de Olvera Street a Rio de la Plata » in Estudios de Historia Moderna y Contemporánea de México/, n.35, enerojunio 2008, pp.109-144 457 Ayant peint de même la première murale fi nancée par l’Etat pour l’Etat à Concepción en 1943 relatant la répression Mapuche avec l’arrivée des colons hispaniques au Chili. Murale malheureusement délabrée par l’usure du Temps aujourd’hui. 458 Traduction « Mort à l’envahisseur » se référant à la colonisation hispanique. 459 Où Pedro Aguirre Cerda, président chilien de 1938 à 1941, fût lui-même professeur. 460 Voir publication de FERNANDEZ VILCHES Antonio (director de la Pinacoteca), Pinacoteca de la Universidad de Concepción, breve selección de Obras, Universidad de Concepción, 16p. 461 La ville a été dévastée par le tremblement de terre quelques années auparavant. Manifestation de solidarité du Gouvernement Mexicain envers les peuples habitant le Sud Chilien. 191 Fernando Marco462 (Valparaíso 1919- ): Peintre muraliste Chilien, élève et assistant de Diego Rivera et d’Alfredo Siqueiros ainsi que de Laureano Guevara, il est à l’origine avec d’autres Artistes chiliens dans les années 1940 du premier élan muraliste chilien d’inspiration mexicaine cherchant à peindre l’Histoire Chilienne sur les murs des édifices scolaires du Chili. Un projet qui se concrétise dans les années 1940 et 1950 par seulement trois nouvelles murales incluant la « Ciudad del Niño »463 où il peint en 1947 un hommage à Gabriela Mistral, récent prix Nobel de Littérature. Revenu au Chili en 1952, son manifeste conjointement écrit par les soins de Diego Rivera et d’Osvaldo Reyes, « Manifiesto de Integración Plástica »464 amène à repenser le Muralisme Chilien. Accessoirement, il est le professeur d’Art Plastique de Mono González dans sa jeunesse465. Roberto Matta (Santiago, 1911- 2002, Italie): Artiste peintre, philosophe, architecte et poète chilien. Il est considéré comme l’ultime peintre surréaliste. Son influence au Chili n’est pas à négliger en terme « d’Art Urbain ». En effet, c’est au côté de la Brigade Ramona Parra en 1971, que Roberto Matta réalise une fresque de 24 mètres de large et de 5 mètres de haut intitulée « El gol del pueblo chileno 466 » en commémoration au premier anniversaire de l’élection de Salvador Allende. Elle fût restaurée par la Corporation Culturelle de la Granja, commune de Santiago en 2007 467 . Mais il est aussi possible de rencontrer d’autres murales de Roberto Matta en plein Centre Ville de Santiago comme par exemple dans le quartier de Lastarria. Inutile de préciser que son influence à été précieuse pour les mouvements artistiques chiliens contemporains. 462 Voir sa bibliographie plus complète : http://www.artistasplasticoschilenos.cl/biografia.aspx?itmid=1269, consulté le 1 avril 2013 463 Traduction : « Cité de l’enfant » 464 Traduction : « Manifeste d’Intégration plastique » 465 CASTILLO ESPINOZA, Eduardo, op.cit., 2010, p.81 466 Traduction : « le but du peuple chilien » 467 Pour plus d’informations, voir : BELLANGE, Ebe, op.cit., 1995, p.293 192 Mono González468, Artisan-peintre Indépendant et Intemporel (naissance 1947) : Fils de père ouvrier et de mère paysanne, il obtient son titre universitaire de dessin théâtral à l’Université du Chili. Artiste contemporain chilien sans aucun doute le plus important de l’Histoire récente de l’Art Urbain chilien de par son parcours extraordinaire. Co-fondateur de la Brigade Ramona Parra, il a alors permis de diffuser l’idéologie du Parti Communiste à travers ses illustrations murales dans les campagnes pro-Allende dès 1964. Après le coup d’état militaire de 1973, son travail demeura en partie dans la clandestinité pour continuer à informer la population citadine sur la situation réelle du pays. Dans les années 2000, il se détache du Parti Communiste pour continuer à travailler son art de façon indépendante. Il est le directeur artistique du Musée à Ciel Ouvert de San Miguel, en charge de la création et de la collaboration d’autres Artistes sur le projet. Son investissement dépasse cette charge puisqu’il se conçoit d’ailleurs bien plus comme un « artisan social » selon ses propres mots. Durant les premières réalisations de murales dans le Musée, c’est avant tout avec la collaboration et l’accord des populations y vivant que les travaux ont pu émerger. Son apport pour le Muralisme Chilien est fondamentalement inspiré par les premières vagues d’Artistes mexicains et chiliens amenant le muralisme des édifices à la rue. Inaugurée en septembre 2008, il réalise la décoration intérieure de la station de métro Bustamante de Santiago, muralisme « statique » et donc emprunté au muralisme mexicain mais avec la touche « Ramona Parra » qu’il a insufflé jusqu’à nos jours. A même d’arrêter son travail pour observer avec curiosité les agissements de chiens errants autour de lui, c’est avec un regard avant tout humain qu’il perçoit sa relation avec le reste du monde. Sa murale « Saludo a la Historia » réalisée en vis-à-vis du Centre Gabriela Mistral pour le festival « Hecho en Casa » (ce mur était jusqu’alors enrichi d’une peinture d’éléphant opérée par ses propres soins en 2003) est un regard porté sur le passé contestataire des années de Dictature, un hommage à Victor Jara. Mais c’est aussi un appui futur pour les protestations passant par l’Avenue O’higgins en plein centre de Santiago. Pour cette fresque, l’Artiste visuel a joint l’esthétique muraliste au graffiti à l’aide d’un compresseur de peinture. Professeur d’Art visuel à l’université ARCIS et doté d’un grand esprit de pédagogie, c’est autour d’un cours magistral de rue qu’il a pris le temps d’expliquer son travail avec ses collaborateurs d’un jour, 468 Voir son blog pour plus d’information: http://monoGonzález.blogspot.com/, consulté le 01 avril 2013 193 jeunes Artistes graffeurs venus l’aider pour la réalisation de la murale. La préservation de son lien avec les nouvelles générations de graffeurs contribue à une transmission de savoir ayant pu manquer entre le passage du Muralisme au Graffiti au début des années 1990. Le 3 Mars 2012, il participe à la création d’une nouvelle murale, située dans la Commune de San Joaquí n, auprès d’autres Artistes graffeurs tels que Agotok lors de la « Journée de la Murale pour la Mémoire ». Son génie et son engagement quotidien se consacre exclusivement à l’Art Urbain, un éloge à la liberté d’expression. Une bibliographie de sa vie, nourrie par son savoir personnel, serait un apport essentiel pour les générations ayant vécues sous la Dictature mais aussi pour celles connaissant un processus démocratique en stagnation depuis déjà plus de vingt ans. B] LES ARTISTES-GRAFFEURS CONFONDUES (CLASSEMENT PAR 2012k: CHILIENS , ORDRE VIEILLE ECOLE ALPHABETIQUE, LISTE ET NOUVELLE GENERATION SUGGESTIVE ET LIMITEE): Crew indénombrable et anonyme ayant marqué l’année 2012 par la grande diffusion de graffitis vandales « 2012K » dans toute la Métropole. Le « K » signifiant « Kaos » ou « Chaos » en français rapportant directement à l’agitation qui a parcouru l’actualité mondiale avec l’annonce de la fin du monde par le calendrier Inca. Le « Chaos » s’étant littéralement répandu dans les rues de Santiago et sur les stores de magasins durant cette période. L’idée a cessé d’exister en passant à l’année 2013. Abusa: Crew composé de deux jeunes femmes principalement, Wendy et Anis, mais pouvant être accompagnées par la touche personnelle de Nicole sur certaines murales. Leurs réalisations se rapportent à la spiritualité féminine et aux valeurs de la « Pachamama » (de la Terre, en pensant à la relation des indigènes avec celle-ci). Un visage féminin et une coccinelle sont les éléments récurrents dans leurs travaux. Une spécificité à noter, l’insertion de miroirs et de mosaïques dans certaines de leurs réalisations. Leur participation au Festival Polanco en Novembre 2012 ainsi qu’au MACA de San Miguel début 2013 a démontré le talent et le respect accordé vis-à-vis de 194 l’originalité féminine dans le monde du Graffiti ayant déjà pu être aperçu dans les environs de la Victoria ou à San Bernardo (Santiago). Agotok (Moreno-Villa): Fils de parents ouvriers réprimés ou exilés sous la Dictature. Composé du duo Patricio Moreno et de Santiago Villa, ils commencèrent à répandre leurs tags dès 1996 au Sud de Santiago. C’est à partir de l’année 2002 que le duo s’initie pour la première fois au Graff-Mural, changeant alors leurs lignes de conduite et de traits esthétiques. Agotok est avant tout une famille sachant compter sur la participation d’autres graffeurs lorsque nécessaire comme ce fût le cas au festival Polanco Graffestival en Novembre 2012. Ayant commencé par tagger les murs de Santiago Sud avec leur « blaze », comme la plupart des Artistes graffeurs de cette époque, ils reconsidèrent leur travail au début des années 2000 pour peindre des personnages qu’ils rencontrent dans leur quotidien. Issus des quartiers Sud de Santiago et ouvriers de profession, ils n’oublient pas leur racine, c’est pourquoi ils préservent une profonde conscience de leur identité et une méfiance vis-à-vis du marché de l’Art. Le chemin parcouru vers l’Indépendance et la Liberté dans leur travail porte le fruit de leurs efforts et leur permet aujourd’hui de publier un livre469 sur leur travail avec un label indépendant « Potoco Discos » et ainsi promouvoir de longues années derrière eux à peindre le quotidien, l’identité et la conscience d’appartenir à une communauté. Leur inspiration souvent mystique peut impressionner d’autant plus que le format Agotok, c’est un format peint en géant sur les murs de la ville. Ils ont participé pour l’occasion à une murale dans le Musée à Ciel Ouvert de San Miguel, assisté au festival Polanco Graffestival en Novembre 2012 et peint auprès de Mono González, qui leur accorde une certaine sensibilité artistique dans leur travail, lors de la « Journée de la Murale pour la Mémoire » en Mars 2013. Leur talent a été reconnu dans diverses publications telles que Mural Art en 2010 et Otro Mundo : Latin American Street Art. Agrupación Pintarte de Chillán: Organisme présidé par la pochoiriste Gabriel Ferrada ou Thorn, comptant près de 40 graffeurs dans ses rangs dont le lettriste Berzatil, collaborant avec les institutions étatiques et soutenant 469 AGOTOK (Moreno Villa), « Graffiti y Muralismo from Santiago du Chili », label indépendant “Potoco Discos”, Santiago, 2012 195 des ateliers et évènements Graffiti sur la commune de Chillán. Créée en 2009, à la suite d’un incident avec les autorités locales, l’association a pris un poids important dans la défense du patrimoine Graffiti travaillant depuis en relation avec différents organismes étatiques et les autorités locales. Exemple rare et précieux d’une coopération avec les autorités locales, la Commune de Chillán permet par sa proximité entre ses habitants de créer ce lien social entre population et communauté graffeur paraissant difficilement envisageable dans des communes plus importantes du territoire chilien. Elle demeure cependant un premier pas significatif quant à la possibilité d’organisation et de mobilisation de cette communauté pour la préservation du patrimoine urbain. Aislap: Nés du duo Ais et Slap il y a de cela une dizaine d’années, les Aislaps appartiennent au secteur Sud de Santiago, il suffit de passer dans les environs de la Cisterna pour s’en rendre compte. Ils ont peints conjointement avec les Agotoks durant un temps dans les années 1990. Par la suite, ils sont parvenus à imposer le respect de la communauté graffeur par la profusion de tags et de personnages qu’ils ont parsemés à travers toute la ville de Santiago. Leur poids sur la scène graffiti chilienne est sans conteste, devenu un des symboles de la culture « Underground » de Santiago. En 2011, un projet de projection d’images nocturnes sur le rio Mapocho, au niveau du pont de Bellavista, les aura mis au centre de la polémique révélant le peu de considérations qu’apporte l’Etat Chilien pour le Graffiti. En effet, leur Graffiti menacé parmi d’autres tels que ceux de Piguan ou de Saile a amené les graffeurs à écrire une lettre ouverte à la Municipalité de Santiago Centre 470 pour annuler le projet, cela avec le soutien d’Artistes tels qu’Anita Tijoux, rappeuse chilienne de renommée internationale, ou encore Pablo Aravena, réalisateur de documentaire à l’échelle mondiale. Finalement, le projet n’a pas été annulé et les graffitis ont été effacés. Au jour d’aujourd’hui, chaque nuit, des projections d’images illuminent un mur recouvert de graffitis vandales. Annulant toutes réelles interactions avec les riverains et le spectacle. 470 Voir en Annexe : Lettre ouverte à la Municipalité de Santiago. 196 Alapinta: Crew de Temuco formé à la fin de la décennie 2000, incluant un membre Mapuche dans ses rangs, faisant depuis peu parler de lui par ses influences directement liées à la culture Mapuche et rurale. Leurs graffitis-murales évoquent un autre mode de vie, bien particulier au sud Chili. Une murale est présentée au MACA de San Miguel. Bisy: Intégrante du premier crew « Musa Del Arte » (MDA) en 1995 composé uniquement de femmes auprès des graffeuses Tweety et Bopsy. Par la suite, elle fût membre du crew CRAZIS au côté d’autres graffeuses telle que son amie Naska, le crew ayant aujourd’hui disparu. Travailleuse sociale, Artiste graffeuse, et sœur de l’Artiste Cekis, elle est à l’origine même du Graffestival Polanco début novembre 2012 financé par un projet Fondart régional. Habituée du terrain social, une enquête est lancée courant 2011 auprès de la population du Cerro Polanco pour comprendre les attentes et besoins de ces personnes et permettre par la suite de revitaliser le quartier à travers le Graffiti. Sa capacité à pouvoir rassembler les plus grands noms du Graffiti chiliens et latino-américains, avec son équipe, démontre son influence dans le milieu et le respect porté par la communauté Graffiti. Cekis/Zekis: « Le » référent selon les témoignages de graffeurs expérimentés et connaisseurs de l’Histoire du Graffiti Chilien. Commençant au début des années 1990 dans le crew « Niños Con Spray » puis DVE. Son apport à la diffusion de la culture Hip Hop est fondamental pour comprendre l’influence du Graffiti dans ses débuts avec sa boutique aujourd’hui disparue « Otra Vida » en 1998. Son enfance à regarder les brigades muralistes intervenir dans les rues et sa rencontre avec les brésiliens Os Gêmeos au milieu des années 1990 ont sans aucun doute insufflé une nouvelle ère dans son travail471. Exilé depuis le début des années 2000 à New York pour poursuivre son travail d’Artiste indépendant, ses 471 Conclusion tirée à partir de la Conférence magistrale, organisée au Centre Culturel Matucana 100, Santiago 05 Juillet 2011. Vidéo partagée par Todoelcolor, « Live Cekis en M100 » : http://www.livestream.com/todoelcolor/video?clipId=pla_ab617e6c-8cc8-40a3-aafe-ef6951e90d96, consulté le 26 décembre 2012 197 thématiques touchent tout d’abord aux problématiques d’Immigration. En 2011, il réalise un Graff-Mural dans la station de Métro Quinta Normal à Santiago, annonçant la reconnaissance par l’Etat de l’avènement du Graffiti comme « Art Urbain ». Il continue de nourrir l’admiration des nouvelles générations et son passage sur le territoire chilien est un évènement à lui seul comme pour sa venue en Novembre 2012 pour le Graffestival Polanco. Charquipunk: DJ et Artiste-graffeur vivant aux alentours de la Capitale culturelle chilienne: Valparaíso. Etant passé des chats aux oiseaux, à 37 ans, Charquipunk a pris son envol depuis longtemps déjà (1994). Au-delà de Valparaíso, ses contributions sont à relever au niveau du MACA de San Miguel mais aussi lors du Festival Hecho en Casa, le long du Rio Mapocho aux côtés de La Robot de Madera et de l’Artiste péruvien Elliott Tupac. Il était dernièrement présent à la Biennale d’Art Urbain à Cochabamba en Bolivie en 2013. Elodio: « El Odio » ou « la Haine » est un graffeur ayant été visible durant un temps sur Concepción, mais qui a décidé de voyager au Brésil et en Uruguay pour perfectionner son Art. Il emprunte les contours noirs caractéristiques de la BRP avec un style proche des bandes dessinées dans les personnages qu’il illustre. Ses thématiques, du moins pour certaines d’entre elles, se traduisent par une forte volonté d’immiscer des problématiques politiques dans ses graffitis tel que le « Memoria: Donde Están ? 472 » en référence aux disparus sous la Dictature et il demeure fortement engagé dans son travail quotidien. Récemment, en 2012, il a exposé ses toiles à Paris avec une collection de personnages plus délurés les uns que les autres. Esec: Artiste graffeur chilien et étudiant en architecture, localisé au Nord dans la Région d’Antofagasta, Tocopilla. Son style de graffiti est emprunté au photoréalisme, inspiré par le graffeur surréaliste Alme, il y a de ça plusieurs années. Ses yeux graffés sur les murs retiennent l’attention du simple riverain afin de produire l’introspection nécessaire à chacun. 472 Traduction : « Mémoire : Où sont-ils ? » 198 Fisek: Artiste graffeur de la Vieille Ecole ayant contribué à l’émergence de la scène Hip Hop au milieu des années 1990. Il rejoint ensuite les crews SUR et CEC (Cómo Explicarte Crew, avec Alme). En 1998, il lance auprès d’HES une page web à propos de leur crew StgoUnder. Son travail est devenu plus figuratif et son séjour au Brésil au début des années 2000 lui a permis de perfectionner ses graffitis. Fidèle à l’influence Graffiti bien plus qu’à la montée du phénomène « Street Art », il demeure l’esprit même de l’origine et des racines Graffiti. Il marque le territoire de Santiago et de Valparaíso par ses graffitis fléchés et son lettrage FISEK. Grin: Incontournable lorsque l’on parle de la première génération de graffeurs. Il a su gagner le respect de la nouvelle génération pour l’apport et la transmission de savoir dont il est à l’origine auprès de Cekis avec la création de la boutique graffiti « Otra Vida ». En traversant le pont, en face de l’avenue Condell, pour se rendre à Bellavista, sa belle plagiste le long du Rio Mapocho feuillette son « book » depuis déjà plusieurs années… Son apport fera sans doute couler de nouvelles lignes d’encre pour la compréhension du phénomène. Henruz : Appartenant au crew HeroEstencil avant sa disparition, Artiste graffeur évoluant à la croisée des chemins sur Santiago, son talent s’inspirant sans doute du travail de Mono González avec des contours noirs bien marqués et l’intérieur de ses personnages noyé sous des coulures de peinture toujours colorées. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il était présent lors du Festival « Hecho en Casa » pour appuyer le maître Mono dans la réalisation de sa murale « Saludo a la Historia » en novembre 2012. Son séjour récent, début 2013, en Uruguay lui a permis de transmettre un savoir-faire chilien et de revenir avec de nouveaux projets pour la suite au Chili et ailleurs. 199 Herz : A l’origine du projet « No Votes por Mí »473 en 2012, avec le soutien de Cristián Mendez et du Centre Culturel De Mentes de Maipú, au moment des campagnes électorales pour les Municipalités de Santiago, son engagement pour préserver le patrimoine culturel urbain a lancé une « anti-campagne » contre les brigades muralistes effaçant les graffitis, spécifiquement sur la Commune de Maipú. Avec ses collègues, il a su mobiliser une partie de la communauté graffeur en sensibilisant à ces nouvelles problématiques grâce notamment à une conférence donnée à l’Université Católica en Octobre 2012 intitulée « Graffiti & Política »474 . Au-delà de ses convictions personnelles, c’est un Artiste-graffeur peignant les murs de Maipú avec un style peu répandu: le photoréalisme. Horate : Représentant de la « Vieille Ecole » Chilienne, présent dès 1991 avec son crew « Chavos de la ‘8 » aux côtés de Frost et Daniel. Il a travaillé à São Paulo au début des années 2000 avec divers artistes brésiliens et chiliens où ses contacts répétés ont sans doute nourri son travail. Par la suite, sa réputation s’est exportée jusqu’aux Etats Unis lors de l’expositi on « Chile Estyle » dans la galerie Carmichael à Los Angeles et il possède déjà tout le respect de ses camarades graffeurs pour son apport au Graffiti. Inti: Issu d’une génération d’Artistes chiliens avec pour grand-père Victor Castro, il commence ses premiers graffiti à l’âge de 13 ans dans les rues de Valparaíso. Aujourd’hui encore, membre du Stgo Under, il migre entre Viña del Mar et Saint-Etienne au gré des saisons. Son « kusillo », clown de carnaval d’origine bolivienne, a fait le tour du Monde avec une fresque 473 474 Traduction: “Ne Votes pas pour Moi” Séminaire “Graffiti & Política”, organisé par “No Votes Por Mi”, Instituto de Comunicación e Imagen, Universidad de Chile, 18 Octobre 2012. 200 murale monumentale de 47 mètres de hauteur à Paris475 « Notre Utopie est leur Future »476 ou encore avec une murale à Beyrouth (Liban) en 2012 pour le projet « White Wall », il participe à l’exposition « Chile Estyle » dans la galerie Carmichael à Los Angeles avec une démonstration « en live » au côté de Cekis. Finalement remarqué par sa participation au festival Péruvien Latido Américano en mars 2013 de Lima, son travail n’est plus vraiment à présenter, un livre intitulé « Inti: Color, Carnaval y Resistencia » retrace dès à présent son parcours 477 . A noter sa participation au MACA de San Miguel et ses nombreuses interventions sur Valparaíso. La Robot de Madera: Artiste chilien et membre du crew Stgo Under, il a gagné sa place et son style en évoluant dans les villes de Valparaíso et de Santiago et commence à exporter son travail à travers l’Amérique Latine. Sa participation au sein du Musée à Ciel Ouvert de San Miguel ainsi que sa collaboration lors du Festival « Hecho en Casa » le long du Rio Mapocho lui donne une nouvelle visibilité pour son public. Un artiste cosmique à suivre pour la suite… Le Dorian: Artiste chilien et Designer. Il évolue entre son atelier dans le Centre et les rues de Santiago s’inspirant d’un style préhispanique, c’est pourtant ainsi qu’il crée la panique et anime les rues de Santiago. Ses personnages mystérieux, en couleurs et dressés de noirs, sont pour le moins atypiques, ressemblant à des petits monstres joyeux se cachant dans chaque coin de rues. Ses participations dans divers évènements artistiques « Undergrounds » tels qu’à la rencontre de « Street Art de Lujan » (province de Buenos Aires) en février 2012, au Festival « MysteryLand » en Décembre 2012 ou au Festival de musique « Lollapalooza » en 2013 lui assurent une reconnaissance vis-à-vis de son public. Il est en mesure aussi de prouver son talent sur tout autre type de support tel que des vans, des planches de surf, etc.… 475 476 477 VOIR ARTICLE IN EL MERCURIO DEL OLIMPO », 12/03/13 - ACTIVIDAD CULTURAL : « INTI CASTRO: ARTE CALLEJERO , ARTE QUE BAJÓ Traduction à partir de : « Our Utopia is their future » FROGER, Thierry, Inti: Color, Carnaval y Resistencia, critères éditions, France, avril 2013, 72p. 201 Macay: Artiste chilienne ayant séjourné à Londres pendant de nombreuses années, elle est revenue depuis peu sur le territoire chilien. Elle était présente pour le Festival « Hecho en Casa » sur l’aile droite du GAM. Un travail ayant malheureusement disparu depuis au profit de Graffitis vandales en février 2013. Il est possible de voir son travail sur d’autre spot de Santiago tel que dans le quartier Bellavista par exemple. Ces réalisations s’inspirent directement de son expérience vécue en Angleterre et en Europe, avec un goût prononcé pour le Pop Art et les icônes populaires ayant marqué l’Histoire des années 1950 à travers des collages hybrides et des paysages naturels en arrière plan. Negotropica: Composée de deux Artistes-graffeurs, la Negotropica marque les esprits par son style directement inspiré de la Brigade Ramona Parra (suivant les contours noirs bien marqués de leurs personnages) mais aussi par l’inspiration des « comics » ou bandes dessinées. Leur travail se voit plus particulièrement du côté de Barrio Brasil à Santiago avec une certaine poésie dans leur peinture. Ils ont eu l’occasion de partager l’affiche d’une conférence auprès de Mono González courant 2012. Pepe : Auprès du graffeur Plek, il est l’initiateur du projet de Musée à Ciel Ouvert de la Pincoya en 2011. Vivant dans la « población » et œuvrant pour la restauration des murales historiques présentes dans le secteur, il est parvenu avec son équipe à redonner une Histoire à la « población » naissant d’une « prise de terrain » ou « toma de terreno » dans les années 1960. C’est d’ailleurs en collaborant avec la conseillère municipale actuelle, présente depuis les premiers temps dans « población », que son travail donne une identité et une appartenance d’autant plus forte à un lieu chargé d’Histoire, fortement réprimé sous la Dictature. Les murales actuellement présentes content aussi bien cette Histoire passée qu’un espoir pour les générations présentes et futures. Sans vouloir cacher des prises d’opinions politiques 202 engagées, son travail social s’entend comme un travail réalisé « pour la Pobla, à la Pobla ». Des ateliers de graffiti pour les jeunes y sont réalisés fréquemment avec parfois le soutien d’Artistes dépassant les frontières tels que Olfer ou El Decertor (Péruviens). Néanmoins, les interventions artistiques du Musée et des graffeurs y appartenant ne se cantonnent pas simplement à ce territoire. C’est ainsi que des coups de pouce ponctuels du Musée sont proposés pour la restauration d’édifices tels qu’à l’AFFD (Agrupación de Familiares de Detenidos Desaparecidos), la commémoration des 40 ans de la mort Victor Jara ou dans la « población » de Quinta Bella avec une murale pour la « Non-violence » en avril 2013. Piguan: Artiste graffeur faisant la couverture de l’ouvrage de l’Historien Rodney Palmer « Street Art Chile »478, il fait partie du crew TDV (Taller de Volantines 479 ). Ses réalisations inondent le paysage urbain et cela plus particulièrement dans les quartiers Brasil où il réside, et de Bellavista. Il a marqué les esprits par sa murale dédiée à sa fille Amanda le long du Rio Mapocho lors du Festival « Hecho en Casa » en Novembre 2012. Saile: Membre du collectif StgoUnder, mais s’investissant aussi dans d’autres collectifs tels que Qué miras?480, ou Adep, il fait parti de cette nouvelle génération post-dictature et la représente amplement en peignant le quotidien des « nouvelles Tribus Urbaines » et ses cultures « Undergrounds ». Une nouvelle murale orne le Musée à Ciel Ouvert de San Miguel depuis début 2013, une nouvelle cycliste qui n’est pas sa première dans son tableau de graffitis481. 478 479 PALMER, Rodney, Street Art Chile, Corte Madea CA, Gingko Press, 2008, 144 p. Traduction : « Atelier de cerf-volant ». Note : l’utilisation du cerf-volant est un véritable sport populaire chilien se pratiquant dans les villes. Généralement, les cerfs-volants sont décorés par l’emblème des équipes de football locales ou du drapeau chilien. L’objectif étant de couper le fil des autres cerfs -volants de par la vitesse de croisement aidé par des bris de verre soigneusement placés sur le fil. La loi interdit cet usage s’étant révélé dangereux lors d’accidents domestiques avec des enfants ou encore des motards. 480 Traduction : « Qu’est-ce que tu regardes ? ». Il forme le crew au côté de son frère Siete Ocho ou Scath. 481 Déjà Saile a peint d’autres cyclistes tels que dans la commune de Pedro Aguirre Cerda avec le blaze « Que Miras ? ». 203 Stencil Inc.: Vainqueur du dernier concours Facebook en mars 2013, réalisé par « Chile Stencil »482. Son pochoir représentant le Mahatma Gandhi en quatre couches de peintures distinctes avec une citation de ce dernier: « Vis comme si tu allais mourir demain. Apprends comme si tu allais vivre pour toujours »483 est visible près du Mall Place Ouest, dans la commune de Cerillos, Santiago début 2013 Vazco/Basco: Un des pionniers du « Street Art » Chilien ayant été source d’inspiration pour de nombreux Artistes après lui, certains ayant été soumis à des critiques de plagiat vis-à-vis de ses travaux. Ses personnages aux têtes démesurées, tatouées et marquées par des points, sont, d’une certaine façon, inquiétants de par leur expression. Il est en collaboration avec Sébastian Cuevas, étudiant chercheur et animateur de la « Galerie Bomb ! » dans les années 2000, pour la réalisation d’un ouvrage traitant de l’émergence du Graffiti chilien respectivement au parcours de l’Artiste graffeur Vasco/Bazco. C] CONSULTANTS ET CONNAISSEURS DU MILIEU : Pablo Aravena: Réalisateur chilien de documentaires, conservateur d’exposition d’Art Urbain, de programmes de cinéma liés à l’Art Urbain. Né en 1973, il a passé les premières années de son enfance à Bellavista pour ensuite émigrer au Canada avec ses parents. Il y poursuit des études de cinéma pour finalement réaliser son documentaire « Next : A primer to the Urban Painting » pour lequel il voyage dans le Monde entier pour récolter des images du nouveau phénomène « Street Art », phénomène à l’échelle globale mais démontrant des spécificités nationales ou régionales jusqu’alors peu connues. Il est le porteur de l’exposition « Chile Estyle » à Los Angeles dans la galerie Carmichael en 2009 où Cekis et Inti font une démonstration de leur talent à même les murs de la galerie. Les toiles des Artistes Agotok, Horate et La Robot de Madera y sont aussi exposées. Son film documentaire « Chile Estyle » est attendu avec impatience par la communauté graffeur en 2014. 482 483 Voir, https://www.facebook.com/chile.stencil?fref=ts, consulté le 28 mars 2013 Traduction à partir de: « Vive como si fueras a morir mañana. Aprende como si fueras a vivir siempre » 204 Sébastian Cuevas: « Graffeur » et colleur d’affiches sous le pseudonyme d’Hasco, étudiant chercheur travaillant sur le mouvement Graffiti émergeant au Chili dans les années 1990. Son travail met en lien les différentes influences dans un premier temps entre l’Artiste Twist de San Francisco et les jumeaux Brésiliens Os Gêmeos pour ensuite établir la connexion avec la scène émergente chilienne à travers Cekis et Vazco pour exemples. Sa carte, présentée lors d’une conférence durant le Festival « Hecho en Casa », au sujet de la diffusion du phénomène est pertinente pour comprendre l’expansion dans la Capitale puis à travers le pays. Il est de même à l’origine de la Galerie « Bomb! » qui a réuni plusieurs expositions en live entre 2006 et 2008. Sa collaboration avec l’Artiste Vazco est en cours pour l’écriture d’un ouvrage. Cristian Mendez : Professeur de biologie et documentaliste, ayant étudié pendant près de cinq années le documentaire cinéma, il est le porteur de la campagne « No Votes Por Mi » à Maipú auprès du graffeur Herz. En sensibilisant à travers ses vidéos à l’incohérence actuelle des campagnes muralistes politiques dans ce secteur face au Graffiti, avec la réalisation d’un entretien du professeur universitaire Carlos Ossa, en organisant un Séminaire intitulé « Graffiti & Política » en octobre 2012 au sein de l’Université du Chili, il se donne pour objectif de défendre la cause du Graffiti comme patrimoine culturel. D] PERSONNAGES POLITIQUES EN RELATION AVEC LA 484 CULTURE ET L ’ART URBAIN: Claudio Di Girolamo (1929- ): Scénographe, directeur de théâtre, réalisateur et acteur dans ses films, architecte, publicitaire, professeur, peintre muraliste italien né à Rome. Fuyant la deuxième guerre mondiale, il arrive à l’âge de 19 ans avec son père, peintre de profession, et sa famille. Concernant l’art muraliste, d’inspiration catholique, il consacre son travail aux d’Etat 485 églises et aux édifices , seul ou avec sa famille. Il obtient la double nationalité italo-chilienne en 1997, cela 484 Plus d’informations sur: http://www.artistasplasticoschilenos.cl/biografia.aspx?itmid=836, consulté le 01 avril 2013 485 Voir : http://www.espartako.cl/wiki/index.php?title=Claudio_di_Gir%C3%B3lamo#Algunos_murales, consulté le 01 avril 2013 205 lui permettant d’accéder au nouveau poste créé de Chef de la Division de la Culture au sein du Ministère de l’Enseignement (avril 1997- août 2003). Les Ministres de la Culture depuis la création du Conseil National de la Culture et des Arts (2003): José David Weinstein Cayuela (6 août 2003- 11 mars 2006) Paulina Urrutia (11 mars 2006-11 mars 2010) Luciano Cruz-Coke Carvallo (11 mars 2010- ): E] COMPLEMENTS EN OPPOSITION : BIBLIOGRAPHIQUES, DEUX PERSONNALITES POLITIQUES MECONNUES ET Député Joaquin Godoy (RN)486 (1979- ) : Du haut de ses 34 ans, Joaquin Godoy est un député appartenant au parti politique « Rénovation Nationale ». Député de Valparaíso de 2006 à 2010, il a été réélu pour un nouveau mandat parlementaire. La polémique lancée par son initiative de projet de loi 487 interdisant la vente de bombes spray aux mineurs dans la région de Valparaí so a éveillé l’œil attentif de la communauté graffeur. Appuyé par le Maire de Valparaíso, le projet démontre une totale incompréhension du phénomène « Graffiti » chilien488. Gustavo “Lulo” Arias (Parti Communiste): Educateur populaire, membre du collectif rap « Legua York »489, récent conseiller municipal de la Legua en 2012. Son rôle et son influence dans l’élaboration d’un Hip Hop conscient dans ses textes à travers le groupe de rap « Legua York » formé en 1997 est un premier échelon dans l’organisation et la mobilisation d’un mouvement dépassant les clivages. Cependant, c’est avec une certaine incompréhension qu’il regarde le passage du Muralisme Chilien au Graffiti, du collectif à l’égo. Son engagement auprès de la communauté comme éducateur auxiliaire en collaboration sur des projets alternatifs telle que l’école populaire de la Legua lui ont sans doute valu les faveurs des votes pour accéder à la place de conseiller Municipal représentant la Legua, « población » au sud de Santiago dans la commune de San Joaquín, en décembre 2012. 486 Information directement tirée de son blog : http://joaquingodoydiputado.blogspot.com/p/biografia.html, consulté le 01 avril 2013 487 Bulletín N°7625-25 488 Voir l’article de journal « el Martutino » 08/03/2013 : http://www.elmartutino.cl/noticia/politica/alcalde-de-Valparaíso-y-diputado-godoy-se-unen-en-proyecto-paracombatir-graffitis, consulté le 20 mars 2013 489 Lire: GARCES, Mario, DELANO, Poli, GONZÁLEZ, Valentina, QUINTANA, Katia, BADE, Gabriela, op.cit., 2004, 92p. 206 III] CHRONOLOGIE HIP HOP490 ET POLITIQUE AU CHILI (1983-2013): Graffiti Apparition du programme « Sábado 1983 1984 Gigante » à la Télévision avec l’intervention de Break Danseurs étatsuniens au Chili. Début officiel de la Culture Hip Hop 1985 au Chili avec comme point de rencontre Bombero Ossa (Santiago Centre). 1987 1988 Premiers groupes de Rap et premiers tags avec Cool Style, Chapulin, Robocop ou Vampiro. Début d’un plan de négociations entre les partis politiques et le Régime pour une sortie démocratique : c’est « l’Accord National » Campagne du « No », favorisant l’entrée dans le processus à la Transition Démocratique Après 17 ans de Dictature, 1990 Baisse du mouvement Hip Hop (toujours selon Figueros Irrarazabal) première élection présidentielle: Patricio Aylwin Azocar (1990-1994) Entrée dans une politique de « consensus » social Premiers crews de graffeurs : NCS, DMS, AHS, los Chavos de la ‘8 1991 Première rencontre de Hip Hop avec la participation de graffeurs brésiliens Exposition du Musée de la Solidarité Salvador Allende à Santiago La murale de Gregorio de la Fuente dans 1992 l’ancienne station ferroviaire de Concepción est déclarée comme Patrimoine National Voyage de Barry Mc Gee 1993 à São Paulo Premier Graffiti en 3D réalisé par le crew Deskisiada Vida Escritora Dissolution de la brigade Elmo Catalán, intégrante au Parti Socialiste Création de la Brigade Chacón, intégrante au Parti Communiste Chilien Montée des contestations contre le Régime Militaire du Général Pinochet Politique et Muralisme 490 S’inspirant directement jusqu’à l’année 2004 de: FIGUEROS IRRARAZABAL, Gricelda, op.cit., 2006, pp. 214-217 207 Le documentaire « Estrella de la 1994 Esquina » se diffuse à grande échelle Premier Graffiti chilien réalisé pour une marque: Reebok La station Mapocho devient le point 1995 central de rencontre du Hip Hop. Apparition du premier crew féminin « Musa Del Arte » Festival Métropolitain de Hip Hop avec la participation d’Os Gêmeos. 1997 Création du groupe engagé de Rap « Legua York » de la población La Legua (dont « Lulo » devient conseiller municipal en 2012) Création de la boutique Graffiti « Otra Vida » Le vidéo clip « Comunicando » du 1999 groupe Pantera Negra donne une valeur communicative au Graffiti Extension du Graffiti sur tout le territoire chilien grâce à la réalisation d’évènements locaux Création d’une branche muraliste populaire avec “Arte Popular Colectivo Autónomo” Election Président : Eduardo Frei RuizTaggle Création d’un poste de Chef de la Division de la Culture au sein du Ministère de l’Enseignement (avril 1997août 2003) remis entre les mains de Claudio Di Girolamo. Arrestation de Pinochet à Londres pour « Génocide, Terrorisme et Tortures » Revitalisation de l’action collective avec le mouvement « Por Un Chile Justo » Utilisation du stencil par les brigades muralistes du candidat à la Présidentielle Ricardo Lagos élu en 2000 Décès de Daniel Bahamondes, fondateur de la Brigade Chacón. Restauration de l’unique murale de la BRP n’ayant pas été effacé sous la dictature Création du Conseil National de la Culture et des Arts avec pour Ministre de la Culture : José David Weinstein Cayuela (août 2003- mars 2006) Valparaíso devient la Capitale Culturelle Mort de Pinochet 1998 2001 2002 La rencontre de Graffiti à Maipú 2003 rassemble entre 30 et 35 graffeurs et parvient à réunir entre 800 et 1000 personnes. 2006 Premier Concegraff à Concepción 208 Ouverture de la première Galerie d’Art Urbain « Bomb ! » (fermant en 2008) Premières protestations massives du mouvement des lycéens « Pinguïnos » Election Président : Michelle Bachelet Jeira (2006-2010) La brigade Chacón se désolidarise du parti 2007 2008 Premier Festival « Estación Graffiti » à Tocopilla, Région d’Antofagasta Festival Planeta Rock à Santiago Projet de Musée à Ciel Ouvert à San Miguel Naissance de l’Association Pintarte à Chillán Exposition « Chile Estyle » dans la galerie Carmichael de Los Angeles Réalisation de l’évènement « Graffiti Porteño » à Valparaíso Projet de Musée à Ciel Ouvert à la Pincoya Consécration du Graff-Mural: communiste chilien. Restauration de la murale « El gol del Pueblo » de Roberto Matta dans la commune de San Joaquin. Réalisation d’une murale de Thierry Noir dans le quartier de Lastarria, symbole de la Chute du Mur de Berlin 2009 2010 Election du Président Miguel Juan Sebastián Piñera 2011 Cekis peint dans la station de Métro Quinta Normal Lettre ouverte contre le nettoyage des graffitis sur le Rio Mapocho. Revitalisation du cerro Deuxième vague de protestations étudiantes dans les rues Elections pour les Municipalités et grandes opérations de propagandes muralistes dans les « poblaciones » de Santiago 2012 Polanco à Valparaíso Festival « Hecho en Casa » à Santiago Participation de Cekis et de Mono González au festival de Fleury-les- 2013 Aubrais, France 1ère rencontre Nationale de Graffiti à Temuco sous le nom de « Trawün » Initiative de loi contre la vente de bombes spray aux mineurs à Valparaíso 209 IV] (PAR ORDRE ALPHABETIQUE) LISTES D’ENTRETIENS La série d’entretiens et de témoignages collectée491 sur le terrain représente un premier travail d’enquête de terrain sur le plan Académique. A notre grand regret et pour ne pas inonder nos annexes, nous n’avons gardé que nos entretiens les plus travaillés demeurant tout de même significativement représentatifs et illustratifs de notre propos. Par commodité, nous avons fait le choix de ne pas intervenir directement dans la traduction des interviews avec toutefois des notes de bas de page pour faciliter la compréhension du lecteur. Cependant, les citations utilisées au sein du Mémoire sont traduites en français afin de faciliter la lecture. La série d’entretiens proposée comporte ainsi des limites et des lacunes notables sur les choix établis durant nos différents déplacements. Malgré l’aide précieuse de l’ouvrage de Stéphane Beaud « Guide de l’enquête de terrain » ainsi que de l’ouvrage de Laurent Gervereau « Voir, comprendre, analyser les images », nous admettons ici les limites et les avantages de notre enquête de terrain: Avantages: diversité des milieux interrogés : graffeurs reconnus et amateurs, Institutions et organisateurs d’évènements publics, cinéaste et fondateur de galerie d’Art Urbain, conseillère municipale et guide touristique d’Art Urbain. soucis de la question de la représentativité et du genre : place des femmes dans le Graffiti, différences intrinsèques au sein de l’Art Urbain (graffiti, muralisme, stencils, graffmural, lettrages, personnages,…), plusieurs « générations » de graffeurs chiliens représentées. diversité géographique: diverses communes de Santiago incluant Maipú, Huechuraba, Santiago Centro, San Bernardo, Pedro Aguirre Cerda, San Miguel, la Granja, San Joaquín, La Cisterna. Cerro Polanco à Valparaíso, Iquique, Antofagasta (Tocopilla), Chillán et Puente Colmo en Concón (V région). Langues: espagnol (22), français (1) et anglais (1) Limites: Lieux des interviews: pour la plupart dans les évènements, sous entendant une disponibilité aléatoire et courte des interviewés. Durée des interviews: soucis de retranscription et de disponibilité Manque de représentativité sur certains secteurs de la société: rôle des « Barras Bravas », rôle de la Religion (chrétienne particulièrement), ainsi qu’absence d’interviews de brigades politiques muralistes. Ajoutons qu’une vingtaine de témoignages ne sauraient donner tous les éléments nécessaires pour comprendre le Mouvement Graffiti, né et évoluant à travers les individualités propres à chacun. Limites géographiques: nous déplorons l’absence du Sud chilien, en particulier de Temuco pouvant apporter une autre vision du Graffiti pour leurs conditions particulièrement éloignées des Centres que sont Valparaíso et Santiago. Langues : problème des questions diffuses et généralistes ainsi que de l’interprétation du sens des questions. Reflétant parfois l’apprentissage de la langue mais aussi les premiers pas dans la compréhension de la sphère Graffiti Chilienne (ou éventuellement des détournements de questions). 491 Au total, 20 témoignages de graffeurs de différents milieux, secteurs, styles, âges. 3 témoignages externes consultatifs. Nous avons préféré réaliser une enquête qualitative plutôt que quantitative, nous paraissant plus pertinente sur le fond que la forme. 210 ENTREVISTA AL CREW “ABUSA” Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: cerro Polanco, Valparaíso Fecha: 04 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre : Anis et Wendy Crew : ABUSA Ciudad : Santiago Presentación: Anís: - Yo soy Anís, soy de Santiago, Wendy, “wen” es su tag su firma, también de Santiago, somos una dupla femenina, nuestro nombre como dupla es “Abusa”. ¿Qué están haciendo aquí en el “Polanco”? Anís: - Estamos tratando de pintar así, la idea un poco era así reflejar el mar, como el espíritu del mar, también desde el lado femenino, como nosotras somos mujeres, también verlo desde ese punto de vista como una mujer que sea la diosa del mar o un espíritu del mar entrecomillas que sea como mas bondadoso, como la madre tierra también, siempre como mujer es como madre. Wendy: - La idea también es como rescatar la esencia de las cosas, o de lo que tenemos como cotidiano, por ejemplo el Polanco es un lugar que está influenciado por el mar, eh… tiene a su alrededor mar, entonces es como esa energía también funcional alrededor con la gente, con los pobladores, con la gente que vive acá, entonces esa es como la intención del muro. ¿Conocían a la gente de los cerros antes de venir aquí? Wendy: - No, no mucho habíamos venido a pintar una vez antes Anís: - A si… igual lo ubicábamos Wendy: - Una vez pintamos antes acá Anís: - Si igual lo ubicábamos, habíamos conocido el ascensor anterior también, que era mucho menos moderno que el de ahora ¿lo viste? no, bueno no tiene mucha gracia ahora porque es como en verdad muy así como un ascensor como de hotel, pero la idea antes era un poco mas rustico, podías, era como mas rustico. ¿Hicieron algunos contactos con la gente de aquí, para conocer cuál era el interés de ellos? Anís: Igual la gente ha sido súper buena con nosotros, como súper receptiva, en el sentido de que le ha gustado lo que estamos pintando, le ha llamado la atención y eso igual es confortante para nosotras porque es como la intención inicial de cuando nosotras pintamos que al final el graffiti, nosotras lo hacemos pero cuando lo hacemos se despega de nosotros, o 211 sea pasa a ser parte de la calle y al final es de la calle y no de nosotras como autoras, ni de nadie. Wendy: A parte que genera la interacción y la comunicación con la gente porque uno puede estar en un lugar pintando y la gente pasa, se acerca a conversa, se acerca a decir lo que ellos están viendo, lo que es la energía o lo que ellos creen que estamos expresando acá en el graffiti, entonces, se crea un espacio de comunicación con la gente, es diferente pintar en tu casa un cuadro que estar en la calle pintando, la interacción con la gente es súper buena. Dentro del medio del graffiti, ¿sienten que hay una discriminación por el tema de género, de ser mujer? Wendy: No, o sea yo siento que nosotras nos hemos planteado súper claramente que el graffiti no tiene genero no es de hombre ni de mujer, los colores no son ni de hombres ni de mujer, o sea el graffiti es el graffiti, se tiende a pensar que es más de lo hombres porque son mayoría en lo que ellos hace pero nosotras nos planteamos el grafiti como algo universal o sea no porque seamos mujeres lo vamos a ser de otra forma, o por que sean hombres de otra Anís: O sea es innato igual que tu rescatis’ cosas de lo que tú sabes de lo que eres porque es algo innato, es esencial, pero no por eso creemos que esta segmentado cachay, apararte también lo vemos como una forma transversal y nos gusta también romper esos esquemas de que esto es de hombre, que el rosado es de mujer, que el celeste es de hombre… Wendy: O que las mujeres pintan muros chiquititos Anís: Claro, como que también hay respeto por esas conciencias que son un poco eh… generacionales o mundiales, que es cuando te enseñan cuando chico y que al final no te lleva a nada, solo encasillarte en cosas no mas po’, entonces nosotras creemos que hay libertad todo el rato. Wendy: Somos iguales, o sea claro tenemos diferencias biologías quizás pero podemos llegar a hacer las mismas cosas ¿Con los otros grafiteros no hay ningún problema? Anís: No, no tenemos problemas, porque en verdad… Wendy: con nadie, ni con grafiteros, ni con grafiteras (risas) Anís: Claro, no como que tratamos de mantenernos siempre al margen, con las personas siempre tratar de tener buena onda igual cuando pintamos o sea trasmitir energía buena desde lo que estamos expresando hasta llegar al resultado final y con la gente igual tratamos de tener buena onda, porque al final los vai’ a ver siempre, siempre estay viendo los t rabajos de los demás, entonces igual es como una retroalimentación que no se, la discordia como que no nos gusta mucho en verdad. Wendy: La idea es poder… o sea compartimos algo que nos gusta mucho yo siento que con cualquier persona que pinte, compartí’ algo que te gusta hacer, entonces ya hay algo en común. ¿Que aprenden día tras día en la calle, que valores pueden rescatar del graffiti? Wendy: O sea yo creo que el graffiti es una prueba de constancia, si tu no eri’ constante, no, no vai’ a lograr mucho como que tiene que ver con eso, constancia, paciencia, trabajar en equipo, por ejemplo cuando trabajai’ en un crew, comunicarte, aprender a ver formas diferentes, porque cuando tú te parai’ a pintar un muro, observai’, te deteni’ un momento y lograi’ observar cómo funciona la gente, entonces eso te da un mayor conocimiento de un espacio, de un lugar, eso un poco. Anís: Igual es como un desafío constante, o sea el grafiti para mí es como algo que vai aprendiendo todos los días, desde que tu vei’ tu primer muro, onda lo encontrai’ feo y así como asqueroso, ente comillas porque al final no sabi’, eso está pintado al principio, pero es 212 como que tu primer en cuanto con el espray con el muro con tu interacción en la calle y de ahí vai viendo como tu evolución, entonces igual es como un constancia permanente todo el rato y también así es un desafío porque como que el graffiti avanza muy rápido, entonces y también con están en la calle es tan visible que siempre te enterai’ lo que está pasando y también eso hace que uno se autoimponga evolucionar porque no se po’, nosotras de repente nos hemos encontrado con murales que también tiene así como no se po’ iconos que nosotras ocupamos, o algunas cosas de no se po’ libros también, de la historia. ¿Cuáles son sus fuentes de inspiración? Anís: Mas o menos ahora está siendo como la cosmovisión un poco como oriental, ¿cachay? Que trabaja más con el espíritu, eso es como un poco nuestra fuente de inspiración porque como em… Wendy: la conexión con los elementos también, Anís: Claro con el universo Wendy: Las aguas el mar , el cielo, el fuego, no se es como poder también concentrar desde las cosas más elementales como sacarnos un poco todo esto que tenemos como de vida, de consumir, que es volver un poco a la… Anís: esencia Wendy: Esencia Anís: Al despojo, al desapego Wendy: Entonces tratamos un poco de que se produzcan un cómo, que sea una invitación a sentir algo por ejemplo, o sea que tu mirai’ los muros y no se po’ te de tranquilidad, te de alegría, ¿cachay? Pero ahora estamos en eso, hace un poco tiempo porque antes como que pintábamos algunas cosas, como que ahora hemos ido, como afinando en lo que queremos ir trasmitiendo. ¿Piensas que el graffiti puede generar un cambio político y social? Anís: Si po, obvio, bueno nosotras trabajamos como haciendo talleres, proyectos también, hemos trabajado con niños, en diferentes temáticas, un poco prevención, prevención de violencia… Wendy: Genero Anís: Claro, o sea igual creemos siempre en eso., nosotras nos conocimos bien pintando, después empezamos a conocernos más como personas y encontramos eso, esa cosas en común que era como una inquietud social que era como de poder crear, que el graffiti también se convierte en una herramienta que nosotros, era lo que nosotros también mas manejábamos en conjunto y poder ayudar de alguna manera a la gente. Wendy: A parte porque sentimos que nos hace bien, o sea si nos hace bien a nosotros también le puede hacer bien a otra persona cachay, entonces es como compartir un poco eso de que tenemos esta forma de comunicarnos con nosotros mismos, de comunicarnos con los demás, un poco poner la disposición también, y creemos caleta en la educación en base a poder combinarla con el graffiti. O sea no se po’ Anís: Con el arte en si en verdad, porque igual creemos en las capacidades de las personas y también es como un poco salir del esquema de escuela, colegio, de universidad que es un poco mas cuadrado y de repente no, no apunta a los sentido de las personas, entonces pa nosotros el arte igual es como cuando tu vai desarrollando mas tus capacidades, te cambia la visión, hay gente que entiende mucho más rápido con la visión, con el oído otros no sé leer igual entonces como que trabajar a través del arte, nos ha proyectado a entender a otras personas a ver porque usan ciertos colores, entonces igual es una herramienta súper potente de comunicación y de ayuda social en todos los sentidos, o sea con… nosotras hemos experimentado con niños de poblaciones, así como muy, muy vulnerables, a mujeres grandes 213 y es una experiencia así que uno se sorprende, porque como que todos vuelven a la infancia como los niños que ya están ahí Wendy: Todos se sienten libres Anís: Claro a la libertad realmente eso porque como que sienten que pueden expresar y tú los podi’ ir conociendo mejor porque te escribieron una carta, cachay es como un poco mas de intimidad pero está expuesto cachay entonces, no sé’, genera una conexión súper bonita y a la gente le gusta porque los libera ¿cachay? Hay así borrachos que pintan que hemos conocido, y ellos pueden estar todo el día borracho y pueden pintar y dicen, no es que yo ponto y se me olvida todo, me siento tan bien y se concentran en eso y no toman cuando están pintando, entonces también los libera cachay porque puede ser una terapia también esa forma. Wendy: Aparte que si tú te vai por ejemplo a lo que es las grandes marcas y todo eso ellos ocupan los mismo elementos por ejemplo que el grafiti ponen publicidad te pone publicidad, te obligan a verla y siento que el graffiti también puede ser un poco la respuesta a eso también o sea oye acá esta mi mensaje que lo vea la gente, que yo creo que es algo diferente a todo esto que yo veo compra, que use esta auto, que hable de esta forma, están invadiendo visualmente en todos lados entonces el graffiti también es una respuesta a eso, a mi visión cachay nosotras tenemos una visión y la mostramos a la gente que sea libre en la calle que la gente la pueda ver ¿Es como un quinto poder? Wendy: (risas) No sé, pero que la gente logre ver eso también, cachay que no solo vean lo que quieran que veamos entonces es como en ese aspecto yo creo que también genera ese aprendizaje después tu ya no teni’ la dimensión de cuanta gente puede verlo, puede sentir las cosas que tu plasmaste o no en un mural cachay o sea se desprende y queda ahí como una herramienta que puede ser borrada el mismo día o que puede trascender mas en el tiempo. 214 ENTREVISTA AL “CARACOL RÚNICO”, CREW AGOTOK Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: cerro Polanco, Valparaíso fecha: 3 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre : Erico Apodo: El Caracol Ciudad : Santiago Nombre del colectivo y fecha de creación: Agotok Presentación Agotok pinta en Santiago Sur, ahora estamos en Valparaíso pintando, desplazando el graffiti tradicional ortodoxo en una pintura mural gigante, plasmar gigantes muros, donde la muralla sirve de soporte para leer cierto mensaje y ese mensaje siempre es educativo, poético, de combate también no es simplemente que la muralla sea estéticamente bonita si no que profundamente potente con un mensaje. ¿Piensas que el grafiti puede generar un cambio social y político? Claro hoy día el graffiti con el mural se confunde, el graffiti es mucho veces autorreferencial ya que, son los tag o las chapas o los nombres, Agotok pinta el mural individual, no hay un nombre sino que simplemente el personaje que se pinta en este caso, pero antiguamente el periódico era la muralla, eran los pilares, si nos remitimos a gracia por ejemplo la columna de Trajano, el emperador Trajano informaba a la sociedad lo que pasaba a través de esos grandes pilares entonces el mural en eso tiene esa similitud, informativa. ¿Cuáles son tus fuentes de inspiración? El folklor, la fuente de inspiración de Agotok es el folklor chileno, la Violeta Parra, el Víctor Jara, desde ahí sale el imaginario Agotok, desde ahí sale por ejemplo, el perfil de la persona, o sale, ciertos colores, ciertos matices de colores muy referentes a lo latinoamericano a la Brigada Ramona Parra que es como un referente del mural chileno latinoamericano. Y a propósito de los artistas urbanos ¿Piensas que hay como una comunidad o “Agotok” es más bien un grupo de amistad? Agotok tiene afinidad con varios pintores de la misma generación, la generación de finales de los noventa (90’) y mediados de los noventa o sea hay un fuerte referente hay varios pintores no voy a nombrar pintores ahora acá pero hay muchos referentes y eso se ve a veces en la colaboración hay mucha colaboración, por ejemplo lo que hace Agotok hoy día, con “Potocos Discos” que es animar videos clip, de música rap chilena, entonces ya el es multidisciplinario porque tienes mural, pintura, tienes animación, fotografía, video, tienes música, rap, tiene vida entonces es un espiral que no se agota. ¿Qué significa Agotok? ¿Tiene un sentido? Hasta que se muera “Agotok” yo creo que se va a saber el significado real. ¿Cuáles han sido los valores que te ha dejado la experiencia del graffiti junto con los Agotok? 215 El respeto por el paisaje, respetar intervenir con creatividad un lugar puede ser un lugar muy difícil como una casa llena de ventanas que no te da mucho espacio pa pintar pero se interviene todo entonces se aprende como a movilizar la mínima energía, para un resultado optimo máximo, desde ahí con pocos recursos se puede logar Agotok pinta brocha y también con espray, con pintura oleo látex esa es la técnica ahí está la técnica. Piensas que hay como una crítica con respecto a la propaganda política Si; exacto hace poco, bueno 2012 ahora las elecciones, los políticos se empeñan en desplazar grandes recursos, para algo que es súper poco, que es mínimo, que quizás no va a influir en el voto de las personas, entonces queda eso de la contaminación visual, como dice el profesor Carlos Ossa, es la ecología, ¿conoces a Carlos Ossa? Si, la estatización de la ciudad… La ecología visual de la ciudad492, maestro Carlos Ossa, entonces también es un referente para nosotros, en esa defensa de lo que es el entorno porque no queremos que nos pongan publicidad grandes letreros no queremos que nos pongan el nombre de un candidato queremos color, queremos una estética que tenga profundidad, que de un mensaje, los niños son los que enganchan mas con los murales ven los murales y ellos los leen mejor que un adulto, por que el adulto muchas veces pierde la capacidad de imaginación, de asombro, el color el niño engancha con el color se mete en el paisaje. Agotok Moreno Villa!!! 492 Mini Documental realizado por el Colectivo « No Votes por Mi » al año 2012, entrevista de Carlos Ossa: http://www.youtube.com/watch?v=ft04vLbXdUk, consultado el 8 de Octubre 216 ENTREVISTA A PATRICIO MORENO DE LOS “AGOTOK” Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: San Joaquín, Santiago fecha: 23 de Diciembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre : Patricio Apellido : Villa Apodo: AGOTOK Santiago Moreno Nivel de experiencia Ciudad : Santiago Sur, Profesión : obreros como grafiteros (años) : San Joaquín 15 Introducción Nosotros pintamos hace 15 años. ¿De dónde viene “Agotok”? “Agotok”, viene de la chapa nuestra, viene del tag. Santiago 493 firmaba Agocinco, Agofive, cinco que fue el 5 de agosto que llego a Chile, cuando llegaron de Suiza y yo firmaba T. O. C. que eran las siglas, T-O-C. Fueron los nombres de grafiteros del colegio que inventábamos nuestras chapas, era necesario inventar un tag para poder ingresar a hacer hiphop, hacer rap y a decir yo soy rapero y escucho rap y rayo… Escribo mi nombre, de ahí uno busco sus nombre y al final quedamos como que él era el Agocinco y yo era el TOC. Después formamos una crew donde participaron dos amigos más. Después llegaba gente y se iba… Al final, un verano quedamos solos en la crew. Quedo el Santiago y yo que éramos los que partimos al final. La primera vez que unimos nuestros nombres como “Agotok”, donde se formo fue como el año 2000 donde hicimos un mural en Santa Rosa. Santa Rosa antes no estaba pintada, era una avenida gris, triste. Nosotros siempre andábamos por Santa Rosa, llenando de tag, haciendo su flop pero muy pobre. Como en el 2000-2001 generamos un mural grande en Departamental. No sé como lo generamos, pero hicimos un boceto, trabajamos varios días, y generamos un mural donde salían estas típicas caras: como del policía, de la justicia, del narcotraficante, adornaban un paisaje que era como el regreso a casa y nosotros veíamos mal. En ese tiempo, analizando ese mural, nosotros como que veíamos… Llegando la zona sur era como volver a encontrarse con la policía corrupta, con la gente que es esos tiempo estaba lo que era la pasta base, estaba la drogadicción… ¿Hay una diferencia entre el centro de Santiago y el Sur Santiago? Era entrar al ghetto. Era entrar a los barrios marginales, barrios como La Legua, como La Bandera, como La Pintana,… Nosotros vivíamos al principio de la entrada, éramos la boca de entrada de los barrios marginales. Entonces, nosotros representamos en nuestro mural, era volver a casa, y encontrarse con una realidad. Pero lo hicimos, las caras con formas de caricaturas y humor negro. Utilizábamos porque creo que nosotros, al final la pintura te representa los que soy tu. Nosotros siempre tenemos un humor bien negro, pa’ ver las cosas y al final eso se representa en tu mural. Es una trasmisión, la pintura siempre tiene que representar a quien está pintando, no puede ser que yo pinte pájaros celestes y ande aplastando los ¡pájaros! Y los pinte negro. La pintura tiene que representar quien eres tú, por eso creo que el fin del mural es eso y si te representa… tu estas representando también a tu familia, a tu barrio y al final representa. Eso es lo que queremos representar. 493 Santiago Villa y Patricio Moreno son los miembros fundadores del crew “Agotok”. 217 Empezaste con el tag en los años 90 ¿cierto?... Ahora hay una nueva legislación494 que impide la venta de espray para los menores ¿qué piensas de eso? ¿Acá en Chile ya no les venden espray a los menores? Hay una nueva legislación que van a aprobar los políticos… Yo creo que es una tontera esa huea’ porque en Brasil cuando empezamos a pintar, ya! No les vendían espray a los niños. Me acuerdo que, hace harto tiempo, esta ese tema en los barrios, una ferretería de barrio, yo creo que esos problemas de legislación siempre ocurren, en lugares céntricos, mas como grandes tiendas, multitiendas y cosas así. Pero en una ferretería de barrio, en una farmacia de barrio, tu vai’ y encontrai’ lo que querai’ y no te piden receta, y no te preguntan pa que lo queri’, pa na’. Si ello piensan que van a detener el graffiti en base a prohibir la venta a los menores, es una tontera, mas encima hoy día el graffiti ha evolucionado para todos los que traemos. Ya una escuela, te dai’ cuenta que la escuela va quedando atrás con estos grandes chorreadores que hacen tag, con los rallados, con los raspaos’, con los ácidos, con todo podi’ hoy día marcar. Podi’ marcar lo que querai’. No hay un límite, va en tu imaginación, entonces, las formas que nosotros ganamos, mantenemos un respeto pa’ las nuevas generaciones de escritores de graffiti, por que ahora es algo vivo. Cada día nace alguien, cada día muere un grafiteros, nacen cinco y… está vivo, la planta vive. La forma de mantener el respeto es pintar, la única forma que ellos te respeten es que mantengai’ tu pintura en la calle; y la mantengai’ con choreza, con actitud, aunque en una muralla perdía vai´ y la tomai’ entera y no le pedi’ permiso a nadie y le mostrai’ a los cabros chicos que tu soy viejo, o sea que teni’ experiencia, que teni’ actitud, que teni’ choreza y la haci’! y ahí manteni’ a todos a raya. Lo mismo que hacen los Aislaps495. Los únicos que han seguido unas escuela son los Aislaps y los Agotok que son la escuela de la zona sur, yo creo que mas escuela son el Saile y la gente de los QM son de la Panamericana pa’alla’, son otros sectores, son de la Victoria496. Nosotros somos de la Bandera, de la Pintana, de San Ramón, esos son dos barrios distintos. “Aislap” viven a cuanto… a diez cuadras de acá, la escuela es l a misma, la vía de expresión es Santa Rosa, la opinión pintamos hace diez años… Mantienen ellos la escuela, saben ellos como es el respeto, por eso que las peleas también po’ y que todos decían que en algún momento íbamos a pelear’ y claro po’ al final terminamos peleando en una guerra de muros… al fin y al cabo, nosotros si nos fuimos por la guerra de hacer… ¿La guerra es interior o algún otro enemigo? No, no, no es una competencia, al final el graffiti siempre ha sido competitivo, el graffiti es competencia, mantiene eso de decir. “¡vi la muralla blanca! Oh… ¡oye hicieron un muro nuevo, no lo han pintado!”, no está estucado, está el ladrillo… nadie lo ha pintado, la competencia es quien pinta primero. Y en esa competencia están todos los códigos que no se van. A una muralla y le hacen unos flop chicos, después… viene otro y le hace un flop más grande y tapa dos, después esos dos van y lo tapan encima y si ahí va el muro, va armándose y al final el muro cuando ya es un muro ya lo dejan todo rallado y no se ve nada tu deci´ permiso, permiso (imita sonido) y se lo pintai’ entero y le haci’ un mensaje, le haci un trabajo pero así (símbolo con la mano) y los cabros más chicos que tú los tapaste, saben que si quieren, si te tienen… si te van a tapar tiene que hacerlo del mismo porte y tiene que quedarles mejor que a mí, ese es la ley, si no podi’ hacerla entonces vai’. Aquí en el barrio sur 494 El proyecto de ley del diputado Joaquín Godoy (UDI) tiene que ser debatido en la Cámara de Diputados en Marzo 2013, solo por la ciudad de Valparaíso. 495 Otro crew de Santiago Sur, unos de los primeros grafiteros a pintar harto por la ciudad en los años 1990 hasta hoy día. 496 La Poblacion de la Victoria queda adentro de la Comuna Pedro Aguirre Cerda. 218 no ocurre eso, no ocurre eso de que si tu haci’ un buena pieza, un buen mural te lo borre, no. No ocurre eso porque ya se sabe que el muro es de los cabros, ya esta ganao’ el muro y todos ya dicen olvidémonos de ese muro, ocupemos otro. Lo único que te puede cagar un muro son los de los afiches, los afiches pueden taparte la huea’ y tu al final no se… a quien vai’ a culpar si los hueones’ del los afiches son hueones fantasmas, y son hueones que quizás el mismo hueon que anda poniendo el afiche. De pronto hemos encontrao’ los hueones del afiche, pero es mejor tenerlos a la wena’ que a la mala, esa es una guerra perdía’. Los “Agotok” son muy conscientes, muy comprometidos ¿De qué manera trabajan ustedes el ámbito político y social? Yo creo que… bueno, la parte política, la política al final uno no, siempre se quiere alejarse de la política, uno cuando va a pintar un muro le deci’ a la señora que no va a pintar nada político pero tú ya teniendo una idea, un ideal ya lo politizai’ si lo, si lo, expresai’ bien en un muro porque, aunque no pertenezcai’ a ningún partido político, estay dando una idea de un comportamiento de una sociedad de tu idea de cómo vei’ la vida cual sería el ideal tuyo de cómo quieres que te gobiernen o tu mismo de cómo estay gobernando las murallas, uno mismo es un mini presidente, un mini alcalde, soy un mini legislador y soy un mini juez, en algún monto deci’ ya… este hueon me rallo le tirai’ un graffiti pa! y vai’ y lo tapai’ y cobrai’ justicia y vai’ y deci’ a veces cuando estai’ pintando y queri’ respetar algo… vai’ y lo incluí’ en tu obra… entonces estai’ siendo fraterno, también estay demostrando un compañerismo… nosotros nunca nos hemos metido en política en ese sentido… nuestros murales nunca han querido ser políticos, pero cuando vai’ creciendo… y… vai’ creciendo como persona y tu pensamiento, hay leído libros, no sé, te hay topao’ con libros que te han cambiado, no sepo’… libros que hablan de la pobreza en el 1900 de las matanzas de obreros del salitre por sacar la industria y mataron a los mineros todo porque un gobierno no fue capaz de solucionar, de integrar los obreros te dai’ cuenta que te sentí identificado con tu pasado, que tu pasado tiene sangre, donde no hay ningún hueon que sea capaz de decir, oye yo recuerdo la matanza… sabi’ que yo no me olvido que mataron a Víctor Jara… yo no me olvido que… que nadie le dio una oportunidad a Violeta Parra… que Violeta Parra fue censurada… Ustedes hicieron un mural de la Violeta Parra, ¿Por qué esa elección? De ahí nace po’! Nace porque es una batalla contra la cultura basura. Nace porque hay gente como uno que piensa igual que uno y que puede ser tu vecino y no podi’ decirle vecino. Ustedes que opina, no está esa conexión por que hoy día te meten una televisión y te meten toda la basura. Al final lo que hacen es que la gente se aísla, entonces el mural de cierta forma la batalla, es unificar, es volver… Todos’ vamos a salir a la calle, aunque el hueon, sea el hueon psicópata, el tipo que quiere incendiar micros, el ladrón, el cura todos van a salir a la calle, y todos en la calle, tú en la calle teni´ que decirle, mire: “Yo voy hacer este paisaje, este paisaje no es pa mí, yo no lo estoy haciendo en mi patio, lo estoy haciendo afuera, afuera para que tus hijos, tus niños, tu familia lo vean y lo compartan y sea tuyo”. Entonces, lo haci’, volví’ al folclor, lo volví’ folclórico y porque, estay creando cultura, el folclor no es una huea’ muerta el folclor es lo que tu vai’ construyendo a través de lo que tu adquiriste, tu ADN, en tu pasado, lo tomai’, lo juntai’ y lo pavimentai’, entonces con el folclor viene gente, vienen las raíces de Santiago del sur de Chile, del norte de Chile que son ricos en mitos, en pueblos oprimidos, gente que llego a vivir a la periferia, no son los mismos que la gente en general. Traemos folclor ya sea en la poesía, la forma de pensar, de ver el humor, el humor sureño, el humor norteño, la crítica. Los temas de los Agotok son en relación a la cultura, a la identidad, a la memoria también, con ello el contacto con la gente es muy importante, ¿Por qué es así? 219 Tu, a veces pensai’ que te las sabi’, que sabes y conoci’ a un vecino y trae información que te enriquece. Al final? yo creo que eso es po'. Lo que uno busca es unificarse uno mismo es enriquecerse y a veces uno mismo ni siquiera conoce el entorno en que estai’, ni siquiera somos capaces de ver que tu vecino era el poeta… El poeta que ha publicado tres libros, no lo conociai’ y es tu vecino. Entonces de pronto uno pintando en la calle, años nosotros, pintando, conociendo gente que yo no quiero decir, porque yo siempre recordé que empecé haciendo graffiti, a mi me gustaba hacer los tag, también después me gusto el espray utilizarlo para hacer figuras en el sentido que después, no hagamos na’ una letra, hagamos… No sé un zapato, un zapato grande que le salgan los dedos pa fuera, o sea empezamos a evolucionar nuestra pintura a partir de que veíamos figuras, iconografías y después te dai’ cuenta que podiai’ se pesao’, pesao’ en el sentido de que podía darle más sentido a esas figuras, pero yo creo que va en la identificación, la pintura de nosotros, cuando años atrás empezó a cambiar, fue cuando empezaste a darte cuenta de los vecinos tuyos. Por ejemplo los curaos 497, la gente alcohólica, un curao’ que le dicen acá. Existe las ferias, existe el carretón, existen que te venden una chicha 498 corta de trescientos pesos, ese es el folclor. Al curao’ le dicen el “chapulín”, el “patas cortas”, entonces son nombres que al final son divertidos, pero a la vez representan una realidad. Me acuerdo que tenemos unos murales antiguos, unos dibujos, el finao’ “chapulín”, un curao’ que murió por la casa y al final le dibujamos una cara y me acordaba de él y le trataba de hacer una iconografía que fuera divertida y después la pintábamos y le poníamos el finao’ chapulín. Así nacieron los Agotok haciendo ese rescate de barrio, de casa de muy cerca tuyo, de personajes, así nace como personaje que nadie le hace ni un mural ni nadie que quizás le interesaba. Aparte que era el viejo que lo mandabai’ a comprar… o te barría afuera por cien pesos, así nació nuestra pintura. Empezó a cambiar, empezó a mutar, me imagino que de esa forma. Ahora están trabajando en un nuevo libro, ¿puedes hablarme de eso?, ¿Cuáles son sus motivaciones? ¿Cuál es la importancia de este libro? Es un trabajo recopilatorio, el libro nace un par de años atrás. El libro es importante porque nosotros hemos creado una independencia que al final es buena. Pero también te aísla, el ser independencia. O sea, independiente, es alejarse de los patrones, de los dueños de fundo donde podi’ andar ganando oportunidad y nosotros haber salido a pintar afuera del país o estar pintando para alguna marca de ropa, o un el auspicio de una marca de pintura, o lo que tu querai’ lo que sea, la independencia es todo lo contrario, te aísla y teni’ que tu mover para generar tu universo y salir a flote. El libro es el premio a la independencia. Nosotros trabajamos en un colectivo que es “Potoco disco”, es un sello discográfico, que alberga ocho o diez artista que tiene el mismo pensamiento que uno. Pero son músicos, nosotros somos pintores, artistas visuales en este caso y le hemos generado una gran cantidad de imágenes al sello discográfico, como caratulas de discos, como logos, logotipos. El arte en general apoyo como la dirección de arte de otros, y al final todo nace por admiración, porque los músicos, admiran nuestro trabajo y nosotros al final admiramos su música, entonces se retribuye y así nacen los colectivos, nace el colectivo “Potoco disco”. Pa’ 2012, antes del fin del mundo (risas) se decide a en una decisión que quedamos todos plop, generar el libro, un libro como un catalogo. Vengai’ tú por decirte y digas, tu viste ese trabajo de los Agotok, los Agotok no los vas a encontrar en ningún lado, porque los Agotok son difícil de encontrar, los Agotok si los queri’ conocer teni’ que ir a la zona sur de Santiago, lo Agotok si queri’ conocer sus murales, hay trabajos en internet pero el trabajo de los Agotok es en vivo. El tamaño, tu no lo vai’ a ver nunca, lo vai’ a apreciar bien si no lo vei’ en vivo y vei’ donde esta ubicao’, donde la gente que vive de esos murales…. 497 498 borrachos Alcohol de frutas (con uvas, manzana, miel, maqui o luma según la región de Chile) 220 Una de sus características es que son grandes… Eso es lo que te impacta del trabajo, entonces como te va a acostar, llegar a generar una muestra, más que un libro recopilatorio, porque nos e genero un libro recopilatorio de quince años de mural en Chile, sino que lo que se hizo fue un catalogo del 2010 al 2012, de algunos murales, de los que seguían vivos y uno que otro mural que ya estaba muerto y se trabajo con un diseñador, un fotógrafo, los recursos fueron del sello discográfico y nosotros trabajamos lo que es orientación para donde queremos llevar el libro, y salió el libro, era posible mil copias y la idea es eso que a nosotros nos sirva el libro pa que se conozca el trabajo, que se conozca y ver que tan especial es po’ porque nosotros queremos nuestro trabajo, así como uno quiere a un hijo… Pero dar a conocer que a la gente que le gusta el trabajo le llegue algo, y diga ya este es el trabajo de los “Agotok” y ahora lo puedo ver, verlo tranquilo y lo puedo entender. Generalmente el público de nosotros es el que pasa por nosotros y waaaa!!! (Imita ruido de micro) y de pronto frena, la micro para en los semáforos y nosotros siempre estamos cerca de semáforos para que podai’ ver el mural y en general nuestro público generalmente es la zona sur, la gente de la zona sur conoce nuestros murales, más que la gente del centro y que otro tipo de graffitis Se dice que los “Agotok” son la continuación de los murales de la brigada “Ramona Parra” ¿Existe alguna relación entre los “Agotok” y la brigada Ramona Parra? Difícil… Mira la relación entre la brigada y los “Agotok”, la conexión existe muy poca, porque nosotros generamos un trabajo independiente. Conocimos hace dos año’ al “Mono González”, uno de los fundadores de la brigada y el nos sorprende hablándonos de nuestro trabajo. Sino que al revés, que nosotros hubiéramos hablao’ del trabajo de la brigada, como que ellos hubieran sido, de cierta forma mentores y que ellos nos hayan inspirados, cosa que no fue así. El trabajo de la brigada se conoce en todo Chile porque pintaron pa antes del setenta y tres, post setenta y tres. Pero cuando nosotros teníamos catorce años y que ya éramos adolescentes y ya queríamos hacer algo, teni’ toda la inquietud de explotar, habían muy pocos murales y lo que había que empezó a aparecer fue el graffiti, el tag más que nada y el tag no tenía na’ que ver con la Brigada, era algo independiente. Fue un renacer del arte, a pesar de todo lo que Chile le debería agradecer al graffiti, la gente que tenia conexión con el arte, con pintar, con la pintura lo agarraron, lo agarro el graffiti y como Chile ya tenía una tradición muralista lo explotaron, hay gente que se quedo pegada haciendo graffitis de New York y gente que evoluciono, a la verdadera evolución. Me imagino yo que si el mural en estos casos nosotros evolucionamos eso es lo que nos dice el Mono, que nosotros perfectamente podríamos estar haciendo graffiti y cosas no muy legibles pa’ el común de la gente, pero evolucionamos en algo, en la selva evolucionaste tu forma que tenía que ser, y tu forma que tenía que ser era el mural. El mural más tradicional que no es un mural de forma geométrica. Claro una relación que puede haber entre nuestro trabajo y la brigada, me imagino, debe ser poco la geometría, una geometría universal. También como delineamos nuestros trabajos con línea negra y gruesa, que representa una forma, una estructura que no se, si yo pinto una manzana y le pongo una delineada de una plagada por fuera es una manzana y nadie la va a sacar de ahí, aunque tenga forma de plátano, es una idea súper clara tu al trazarla, con un borde grueso y línea cerrada. Es una idea y es una ideología bien cerra’, quizás eso es lo que nos identifica con la brigada y bueno toda la tradición de pintar con látex y rodillo brocha, pero más relación no le veo. 221 Los “Agotok” pintaron en el museo abierto de San Miguel; esta misma iniciativa se realizo en la zona norte de Santiago499, ¿Qué piensas de esto, de los museos a cielos abiertos? Los museos a cielo abierto es un aporte para las futuras generaciones, para los pintores actuales. Creo que es un poco de moda, que el tiempo lo dirá y al final lo que queda es la pintura y todos los otros restos se van, las modas se van y las pinturas y los murales quedan. Creo que está bien, creo que es un aporte para la comunidad más que nada, porque la gente más beneficiada va a ser el que vive en esos block, y ahora hay que tener ojo. Creo que la temática es impórtate acá en Chile. A sí que pensamos de esa forma y fuimos y lo pintamos, por amor a la pintura más que nada y porque quizás ahí había gente que iba a estar contenta al ver una trabajo de nosotros, nos toco un muro difícil, con un carro de completos abajo, no pudimos pintar bien, pero la misión era dejar una pintura ahí como fuera. 499 Museo a cielo Abierto de la Pincoya, Huechuraba, Santiago Norte 222 CUESTIONARIO ESCRITO POR: AGRUPACIÓN PINTARTE CHILLAN Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: Chillan fecha: Diciembre 2012 I] Presentación del Organismo Nombre : Gabriela Apellido : Ferrada Seudónimo: Mi tag en muros que pinto con estencil es “THORN” Edad : 27 años Ciudad : Chillán Función en el organismo: Presidenta Agrupación Pintarte de Chillán. Nombre del Organismo y fecha de creación: Agrupación Pintarte, desde el 8 de Julio del 2009. Solo si eres estudiante : Carrera : Magister en Nivel de estudios : Tesista Estudios Culturales (ARCIS) Nivel de experiencia en Campo de acciones (país(es), ciudad(es), barrio(s), calle(s)): relación al arte urbano Chillán, Chile. (años): 10 años aproximados. Estilos artísticos y artistas urbanos favoritos: Estilo artístico Stencil, referencia artística Andy Warhol, Basquiat y Keith Haring. Sitio web/Flickr/pagina Facebook / otros medios: http://areyouconnectedwithyourself.org (mi página) http://www.facebook.com/Agrupacion.Pintarte (Facebook Agrupación Pintarte) ¿Hace cuánto tiempo que el organismo existe? ¿Puedes explicarme los origines y las razones por las cuáles fue creado? ¿Notaste una evolución (o cambio) de su organismo y su manera de intervenir en las calles desde su creación? La Agrupación Pintarte se conformó en Julio del año 2009, como una necesidad urgente que había entre los grafiteros locales, por defender los espacios, ante un inminente aviso desde el Municipio de Chillán, que había emitido una ordenanza para borrar todos los graffitis de Chillán. Desde el mes de Marzo del 2009 se comenzó a gestar la Agrupación, con ideas y aportes de diferentes grafiteros locales, quienes a través de reuniones comenzaron a dar ideas para frenar esta problemática, y producto de eso, se emitió documentación respectiva de la defensa de los graffitis, documentación que fue enviada tanto al Alcalde de Chillán, como a medios de prensa, para mostrar la opinión de los diferentes grafiteros respecto a esta problemática. Gracias a ello y a la ayuda de la Oficina Municipal de la Juventud de Chillán, para el mes de Julio se estableció la Agrupación con una Personalidad Jurídica, organización que nos permitió darnos a conocer en la comunidad, comenzar a realizar proyectos y lo principal, defender el graffiti local, de el inminente problema del borrado y el daño que las campañas políticas podían realizar tapando muros emblemáticos durante el periodo de elecciones. Una vez conseguidos varios logros, como fue establecer el derecho de autor de las obras, lo que significa que nadie podía tapar un graffiti sin que eso acarreara problemas legales a quienes dañen, pagando daños a los diferentes autores, respaldados por un abogado; la Agrupación Pintarte se estableció primero que todo como un equipo multidisciplinario, en donde muchos jóvenes, con diferentes profesiones, aportaban para darle forma a la Agrupación, definiendo la visión y la misión de la Agrupación, la cual debía trascender con el 223 tiempo. Es por este motivo que la Agrupación se formó con un objetivo de “difusión y educación del Graffiti a la comunidad de Chillán”, y es en ese objetivo es por donde se comenzaron a concretar diferentes proyectos, en los cuales se une y convoca a la mayor parte de los artistas del graffiti en Chillán, con iniciativas culturales y de inclusión a la comunidad de Chillán, la comunidad popular (vecinos, gente común) y la comunidad institucional (organismos públicos o privados). Hoy en día se puede ver la evolución que ha tenido la Agrupación, la cual ha ido rotando año a año con diferentes grupos de jóvenes unidos en la Directiva o en el equipo de Monitores, en las metas que se establecen para ejecutar a través de proyectos (ya no se solicita solamente pinturas en ellos, sino también equipamiento para nuestra difusión audiovisual) y en la cercanía que tenemos con la comunidad, para establecer la Agrupación Pintarte un mecanismo de inclusión y acercamiento a la comunidad al arte, no cerrando las puertas a nadie a la hora de realizar los proyectos y derribando barreras que los prejuicios, no solo de la gente, sino también de los jóvenes, tienen, respecto a otras instituciones, con el fin de tener una buena comunicación, apoyo y herramientas que nos sirvan para poder difundir de la mejor manera el arte graffiti en la ciudad. Producto de ello nos hemos llevado muchas críticas, pero somos un equipo de más de 60 jóvenes, más de 40 de ellos grafiteros, que han confiado en la Agrupación y que han estado siempre dispuestos a colaborar en las iniciativas que se gesten, tanto dentro, como fuera de Chillán. ¿En qué se caracteriza la ciudad de Chillán con respecto al arte urbano? ¿Existe un estilo específico diferente de lo que existe en Santiago o Valparaíso? ¿Quiénes son los artistas urbanos más reconocidos dentro de su región? Chillán es una ciudad pequeña de 170.000 aproximados, por lo mismo, no son muchos grafiteros los que hay en comparación a Santiago o Valparaíso, tampoco son muchos los espacios, varios de ellos quedaron inhabilitados después del terremoto del 27 de febrero del 2010. Chillán es una ciudad muy variada en estilo de graffiti, no hay un estilo predeterminado, lo que sí, la mayoría se inclina por el wildstyle o realismo, que son las dos tendencias más marcadas en lo que es graffiti, aún así, el estilo de dichos graffitis en Chillán es más similar a lo que se puede apreciar en el sur de Chile, que lo que se puede ver en Santiago, en cuanto a forma, colores y estilo. Hay grafiteros que se dedican a un estilo en particular, separándose de la tendencia grupal y no teniendo tampoco “competencia” en ello, esos detalles le dan a Chillán una identidad especial, más sabiendo que muchos de los grafiteros no se quedan sólo en un estilo particular a través del tiempo, sino también, van evolucionando su estilo a través del tiempo. En Chillán hay 3 crews más representativas de lo que es el graffiti: está Hola Crew (Jim, Rhize, M.u.M., Mokas, Seven), que son alrededor de 5 o 6 integrantes, con un estilo diferente cada uno, pero que al momento de realizar sus piezas las unen en un todo armónico, ellos son los que más salen a pintar fuera de Chillán y conocidos nacionalmente. También está Nais Crew (Cyrus, Adrian, Sein, Sirek), que son 4 integrantes, con un estilo de graffiti en particular, de los cuales se rescata el realismo y el 3-d como las tendencias predominantes, que le dan el toque especial, esta crew está de a poco posicionándose en una de las más importantes a nivel nacional, compartiendo con grafiteros de Chile, que tienen estilo similar a ellos, para la creación de sus piezas. Y por último está SEOS CREA (Donek, Drope, Bersatyl y otros), que es más que crew, una especie de grupo-familia, que comparten no sólo graffiti, sino también realización de otras actividades, en donde comparten con muchos más jóvenes (más abiertos), ellos tienen una fuerte influencia wildstyle, la cual es su sello personal, y son parte de los principales bombarderos en Chillán. 224 Hay grafiteros en particular, que no tienen grupo pero son un fuerte precedente en la zona, como lo es HIS, quien realiza íconos llamativos, que están repartidos por toda la ciudad de Chillán. ¿Cuál es la naturaleza del organismo: político, religioso, social, deportivo o colectivo independiente? ¿Cuáles son sus objetivos principales como organismo hoy día? La Agrupación Pintarte es una organización comunitaria, juvenil y cultural, sin fines de lucro. No somos independientes, ya que a la hora de gestionar nuestras actividades dependemos de organismos públicos o privados, como también, de la autogestión grupal. Nuestros objetivos son: Abrir la instancia y la cercanía de jóvenes artistas del Graffiti y Street Art, a diferentes espacios públicos, para la representación artística de lo mismo, de una forma respetuosa y convocando a la manifestación cultural y social. Dicha instancia debe formarse como una apertura tanto de lo Institucional como lo Juvenil, para poder así hacer un buen uso de dichos espacios, sin pasar a llevar, ni menoscabar, la propiedad pública como privada. Educar a la ciudadanía y a los diferentes actores sociales de la Provincia de Ñuble, sobre la manifestación artística y social del Graffiti; sobre cuál es su origen como proyección; sobre el escenario representativo local, los integrantes de dicho movimiento, y el aporte artístico que se está entregando a la ciudad. Esta educación social se realizará bajo el lineamiento de Difusión, como de actividades socioculturales que se crearan en conjunto con otras Instituciones, como de forma autónoma. Expandir las barreras del arte y de las manifestaciones artísticas juveniles de la Provincia, ligadas al Graffiti y al Street Art. Llevar las actividades mencionadas a diferentes escenarios públicos como privados, y lograr así tener una mayor cercanía de la población, y en especial de los niños y jóvenes, a esta representación social y artística. Transmitir a través de la manifestación artística del Graffiti, mensajes referentes a temáticas contingentes y actuales, que tienen que ver con la realidad social del país, como del sector juvenil. Utilizar el Graffiti como un medio de comunicación alternativo y consecuente con la población. Generar una instancia de participación activa y de comunicación con diferentes actores sociales y públicos de la Comuna de Chillán, para lograr un respeto al espacio que está siendo utilizado legalmente por los grafiteros hoy en día, y no se pase a llevar el trabajo realizado, como los derechos de autor de las obras que estén presentes hoy en día. En sus actividades, ¿el organismo trabaja con otros actores sociales relacionados (gobierno, partidos políticos, iglesia, carabineros, pobladores, junta de vecinos, club deportista)? ¿Puede usted explicar las razones por las cuales incentivaron a la organización en participar en el proceso de pintar la ex comisaria de Chillán? ¿Porque y de qué manera se coordinan y colaboran? La Agrupación Pintarte está abierta a trabajar en conjunto con toda organización pública o privada, con o sin fines de lucro, que de oportunidad al graffiti a los grafiteros educar y difundir el arte, en beneficio a la comunidad de Chillán. El único organismo con el cual no hay ninguna relación ni apoyo son partidos políticos sea de la tendencia que sean en la ciudad de Chillán, ya que la política de cada participante es particular, se respeta y no se generaliza en el todo grupal. 225 La Agrupación Pintarte de Chillán ha trabajado en iniciativas con: La Municipalidad de Chillán, la Municipalidad de Chillán Viejo, la Biblioteca Municipal de Chillán, la Oficina Municipal de la Juventud (OMAJ), Previene-SENDA, Oficina Protección de Derechos de Infancia (OPD), Juntas de Vecinos de la ciudad de Chillán, Organizaciones Juveniles sin Fines de Lucro (Skaters, músicos, talleres infantiles, etc.), Escuelas y Colegios de Chillán, Universidad de Concepción, Universidad del Bío Bío, Carabineros de Chile, amistades en comunas aledañas (Quirihue, Pinto, Concepción, Los Ángeles, Bulnes) y próximamente con la Municipalidad de El Carmen, a través del proyecto Graffoteca El Carmen. Para pintar en la Ex Comisaría, la cual fue una invitación incentivada por un niño fanático de la Agrupación, quien es hijo del Sargento Jaque, se llevó a cabo una reunión para saber los pormenores de esta invitación y fijar las limitantes, la Directiva apoyó esta iniciativa y se llevaron a cabo reuniones con el Sargento Jaque (encargado de la Oficina de Menores y Familia), para llevar a cabo esta actividad, la cual sirvió para dar a conocer nuestra Agrupación con Carabineros y llevar un trato de respeto entre ambas partes y así frenar muchas de las problemáticas que están ligadas a la práctica del graffiti en espacios públicos. La actividad se realizó en dos días, aportes de Carabineros hubieron mucho (materiales y colaciones), nadie le faltó el respeto a nadie, los grafiteros participantes (más de 40) quedaron conformes, se rescató material y los Carabineros no ‘paquearon’ a nadie, es decir, no quedaron con el registro de ninguno de los participantes y también, a la hora de pintar, los grafiteros tienen teléfonos de contacto, por si tienen problemas con Carabineros. Gracias a esto, los grafiteros hoy en día pueden pintar con más libertad en las calles de Chillán, sin tener la necesidad de tener problemáticas con Carabineros, los cuales, al contrario, ayudan muchas veces para que se pueda generar dichos espacios que antes hacían falta. ¿Cuántos miembros pertenecen y participan en el organismo como muralistas, grafiteros o debutantes jóvenes? ¿Cuáles son las condiciones para ser parte del organismo, necesitan cualquier experiencia o motivos? ¿Cuáles son los valores morales, cívicos o ciudadanos que aprenden los jóvenes a través del grafiti? La Agrupación Pintarte tiene alrededor de 60 integrantes, de los cuales más de 40 son grafiteros. La Agrupación reúne a jóvenes que recién están partiendo en el graffiti, grafiteros consagrados y jóvenes interesados en colaborar con la Agrupación a través de otras competencias (fotos, diseño, etc.). No hay muralistas en la Agrupación Pintarte. Las edades fluctúan entre los 15 y 30 años de edad. Para ser parte de la Agrupación Pintarte se debe pasar por un periodo de prueba de 3 a 4 meses, participando en toda convocatoria o reunión que se haga, para que el resto de los integrantes tenga conocimiento de los participantes, ya que lo principal es el conocimiento y la comunicación. No importa si son grafiteros o no. Una vez que pasan el periodo de prueba y demuestran compromiso con la Agrupación, se procede a la inscripción formal en el Libro de Socios y se comienzan a invitar personalmente a toda convocatoria que se realiza desde la Agrupación Pintarte. Como política de trabajo no se puede sacar a nadie de la Agrupación, pero sí, por actitudes que perjudican al resto, se toma la decisión grupal de omitir la invitación a ciertas personas, a cierto tipo de convocatorias a lo largo del año. Dentro de los valores que se intenta transmitir a lo largo del tiempo en la Agrupación Pintarte, está el valor del trabajo en equipo, la lealtad, la comunicación, el respeto, la tolerancia y por sobre todo la perseverancia en los proyectos e iniciativas que se intentan trabajar a lo largo del año. Muchos de estos valores son difíciles trabajarlos con jóvenes más grandes que son más individualistas, pero en los menores, es más fácil, por lo mismo, son quienes más participan en todas las convocatorias que se llaman durante el año. 226 ¿Cuál es su opinión sobre las políticas públicas culturales concernientes a la ayuda para desarrollar el arte urbano? ¿Te parecen suficientes, eficaces y útiles? ¿Por qué decidir de crear un libro sobre el graffiti en Chillán, cuáles son las temáticas que serán tratadas? Bajo mi percepción, las políticas públicas culturales en Chile son elitistas y muy conservadoras aún, hay una gran batalla que emprender para demostrar que las actividades que surgen de lo público, pueden y tienen la misma seriedad que las más tradicionales, pero es complicado dar a conocer eso si mucho de quienes tienen que emprender esa batalla (grafiteros, por ejemplo), no están ni ahí con educarse en materia de proyectos y gestión cultural, y más que nihilistas, se quedan muchas veces sumidos en la ignorancia esperando que terceros vengan a dar las cosas en bandeja, sin sacrificarse lo suficiente para que las iniciativas lleguen. Parte de esta responsabilidad, bajo mi percepción, recae más en los grafiteros, ya que son ellos quienes deben dar a conocer estrategias serias y responsables, para que las políticas públicas sean más inclusivas y abiertas a la comunidad. Hoy en día las políticas públicas culturales en Chile benefician siempre a un mismo estándar y son muy centralizadas, poco cae o concierne en lo que ocurre en materia de cultura, a las regiones del país, todo se concentra en Santiago o Valparaíso, omitiendo el norte y sur del país. Por este punto de vista sí, creo que las políticas son suficientes, pero no son eficaces y no prestan la utilidad que debiese darse, ya que surgen como materia de lucro, por parte de muchos gestores culturales, que como beneficio a la comunidad, que necesita arte y cultura en sus espacios públicos. Por este motivo, gran parte de los recursos con los cuales la Agrupación Pintarte trabaja, recaen del Municipio de Chillán, quien ha estado siempre abierto a nuestras peticiones, colaborando con lo que se puede y ayudando con las diferentes necesidades que no solamente tenemos nosotros, sino los jóvenes de toda la comuna. El proyecto del Libro de Graffiti de Chillán es uno de los proyectos con los cuales queremos partir de alguna manera el año 2013, y tratará de rescatar lo que ha sido la historia del graffiti en nuestra localidad, los principales exponentes y su evolución, a partir de una investigación fotográfica y archivo de prensa que hemos establecido en equipo. Estamos esperando ver si resulta por el Fondo del Libro 2013, sino, buscaremos otras fuentes de financiamiento. Creemos que con dicho libro podremos llegar a espacios donde aún hay desconocimiento de esta práctica artística y dejar una buena fuente, para todas las personas que se interesan por esto y necesitan material para aprender más sobre este arte en la ciudad de Chillán. II] El arte urbano como herramienta del cambio ¿Según el experiencia del organismo, podemos hablar de una comunidad de artistas urbanos /grafiteros? ¿Piensas que existe una consciencia de pertenecer a un grupo y a una cultura específica? ¿Cuáles son las características inherentes a sus modos de vida que les reúnen como grupo identificable? ¿Cuáles son las diferencias que les separan? Sí, en la Agrupación Pintarte se ha gestado como una comunidad-familia entre muchos quienes participamos, no solo compartimos instancias que tienen que ver con el graffiti, sino también convivencias entre amigos, compartir ayuda entre las familias, ayudarse cuando se necesita, esos elementos le dan forma al espíritu colaborativo que hay dentro de la Agrupación, pero siempre está presente que si se ha generado esta dinámica es porque Chillán es una ciudad pequeña y tarde o temprano nos conocemos todos, siempre hay un amigo, compañero o familiar que es amigo de otra persona y así se generan las amistades. La consciencia de pertenecer a un grupo se da en algunos casos eso sí, cabe mencionar que muchos grafiteros son individualistas y piensan por ellos o su crew y se olvidan a veces del resto, a la hora de distribuir los proyectos o iniciativas, tratan de pensar primero en ellos y 227 luego en el resto, esto dificulta muchas veces las cosas y la comunicación sobre todo. Puede haber mucha buena onda, pero al momento de asumir el rol, de ser parte de una organización comunitaria, se olvidan muchas veces de sus responsabilidades. La cultura de trabajo en equipo se forma, pero tienen que haber muchas experiencias que se unan para que así pueda darse dentro de la dinámica grupal. Dentro de las características que nos reúnen, como también las diferencias que nos separan, está el elemento del conocimiento, muchos de los integrantes (más de la mitad) nos conocemos desde mucho tiempo antes de conformar la Agrupación, por lo mismo, ya nos conocíamos en nuestra forma de trabajar y en los ideales que perseguimos, no somos personas que dentro de la Agrupación nos conocimos, muchos compartimos en nuestra adolescencia y ahora adultos, podemos tener una cercanía familiar que permite de que se logren nuestras metas. Los integrantes nuevos asumen dicha dinámica y en poco tiempo, forman parte de esta forma de trabajo, compartiendo también sus intereses y asumiendo responsabilidades. Del mismo conocimiento que hay entre todos, se genera la problemática de que se pasa a llevar mucho la confianza, se tratan de pasar de listos o simplemente creen que otros pueden asumir las tareas, las dejan de lado por la confianza que hay con quienes están dirigiendo las actividades. Esta falta de compromiso es el principal elemento que muchas veces hace que se generen conflicto y se tengan problemas interpersonales con los integrantes de la Agrupación. ¿Piensas que el medio del arte urbano/grafiti es un medio desde al margen de la sociedad? ¿Según tú, el grafiti es una manera voluntaria de marginarse en un grupo, colectivo o en una comunidad o al contrario se emparienta como una forma de ciudadanía activa que tiene como objetivo la integración en la sociedad? No, no creo que el graffiti sea un medio situado desde el margen a la sociedad. El graffiti está en el núcleo mismo y centro de la sociedad, es una forma primitiva de comunicación que está presente en el todo social. Que un fragmento de la sociedad lo marginalice es otro tema. Que algunos representantes del movimiento se sientan marginados es otro tema. Yo al menos no lo considero así, creo que el graffiti tiene un sitial importante en la sociedad y que se debe resinificar y empoderar de una buena vez, y para eso quienes lo practican, como quienes lo difunden, deben asumir dicho rol y pelear por el puesto social que se debe, cualitativa y cuantitativamente. No creo que la mayor parte de los grafiteros sean unos marginado o que busquen marginarse, que se asuma muchas veces una conducta asocial, antisocial o nihilista es sólo un síntoma, pero en la praxis el graffiti no lo es, que se trate como algo marginado solo responde, a mi parecer, como una ignorancia por parte de los cultores como de la sociedad en su conjunto. El graffiti como tal es una herramienta eficaz de comunicación de la ciudadanía activa, a través de artistas críticos, ya sea con la estética, con su lucha personal, o con un ideal más político-social y a veces subversivo. Es una forma clara de exponer y legitimarse en el espacio simbólico y eternizarse a en el tiempo y esos elementos no son marginales, de serlo, no permitirían hoy en día situar al graffiti como una práctica que va en ascenso y día a día rompiendo más barreras en las políticas del arte. Así lo entiendo yo y así lo entiende la Agrupación, por lo mismo situamos nuestra práctica al servicio de la comunidad, en espacios públicos de gran convocatoria y con un buen contenido visual para todo espectador. ¿Cómo organismo, qué tipos de relaciones piensas que los grafiteros mantienen con las fuerzas del orden en sus vidas cotidianas? ¿Y al inverso, cómo las fuerzas del orden contemplan las actividades legales y también ilegales de los grafiteros? El organismo tiene un rol de intermedio entre esos dos actores sociales en sus actividades? 228 Como organismo es difícil llegar a un consenso en esa temática. Porque responde a lo que se entiende particularmente como “fuerza de orden”. Para algunos puede ser una fuerza de orden carabineros, como puede ser el municipio o la misma Agrupación con sus directrices de las aperturas y limites. Por eso, creo que puedo explicar cómo se convive con ello, pero dentro de la política de trabajo de la Agrupación y no desde la práctica misma de los grafiteros con el espacio público o privado en la ciudad de Chillán. Para la Agrupación Pintarte, cualquier intervención que se haga, sea en el espacio que sea, debe estar aprobada por la mayoría de los integrantes de la Agrupación. Alguna actividad en particular que se haga para desprestigiar, insultar u otro tipo a terceros, sea por la causa que sea, no corre dentro de las prácticas permitidas bajo nombre de la Agrupación, es decir, si alguien desea realizar algo así, está en toda su libertad, pero no debe citar bajo ningún parámetro a la Agrupación Pintarte y eso corre a los bombarderos y grafiteros en su conjunto. En Chillán intentamos demostrarnos como un organismo serio y responsable, además de transparente, por lo cual a la hora de realizar una actividad de gran convocatoria pedimos todos los permisos correspondientes y avisamos a la comunidad que nos vengan a visitar para conocernos. No hemos tenido mayores problemáticas con ello, al contrario, sólo refuerzos positivos. Las “fuerzas del orden” son para nosotros, elementos que necesitan educarse respecto al graffiti, por lo cual, nuestra misión es entregarle información clara sobre qué hacemos y cómo lo hacemos, y con o sin su autorización ponemos en práctica nuestras actividades, por ese motivo, terminan siempre dando la autorización, porque saben que no son algo potente para detenernos. La Agrupación Pintarte, para efectos de prensa es un rol intermediario, pero en la práctica misma, cada uno es juez de su propio accionar artístico y sólo se responde bajo nombre de la Agrupación, aquellas actividades que demanden un trabajo más colectivo y hayan muchos de nosotros involucrados, de otra manera no, porque se respeta la individualidad de los grafiteros, como de sus crews en particular. Por el momento, no ha habido mayores problemáticas que las típicas de chicos que detienen rayando, pero eso sucede en todos lados, haya o no alguna agrupación de grafiteros presente. ¿Piensas que es una parte del rol de un organismo dedicado al arte de desarrollar una consciencia religiosa, social o política? ¿Piensas que el arte urbano podría servir de soporte para enterarse de valores, principios y permitir implicarse políticamente o socialmente en la comunidad o la sociedad? ¿Por qué? Sí, creo que un organismo como el nuestro puede desarrollar algún tipo de consciencia en particular, sea de contenido religioso, social o político. Creo que es una labor que se demanda a través del tiempo y tiene toda su legitimación social alzarla, porque es un mecanismo social válido para poder canalizar las ideas e inquietudes en alguna materia en particular. Ahora, como postura de la Agrupación Pintarte, sólo se ha asumido un rol de desarrollo social y cultural, ya que si algo nos unió fue la tolerancia y el respeto a las libertades individuales de las personas, es decir, dentro de la agrupación hay personas con pensamiento religioso y político diferente, no se van a homogeneizar dichos pensamientos, al contrario, se van a entregar herramientas para que cada uno pueda exponer su punto de vista de forma particular, sin llegar a un todo particular que sea el único pensamiento de la Agrupación, lo cual a mi parecer, pasaría a llevar el pensamiento de cada uno de los participantes. Los elementos que nos unen es el desarrollo social y cultural del graffiti, es nuestra línea delimitadora y no vamos a salir de ello, a diferencia de otras agrupaciones de 229 graffiti que conocemos en Chile, en donde tienen solo un discurso y manifiesto, marginando a quienes piensan diferente. El arte urbano en su conjunto, no solamente el graffiti, es un soporte valido para entregar estos valores, pero creemos que homogeneizar un tipo de pensamiento (político o religioso), pasa a llevar las libertades de expresión y pensamiento de los individuos y eso es algo que al menos nosotros combatimos, porque sabemos que todos somos diferentes y debemos aprender de nuestras diferencias. Muchas veces algunas personas han tratado de que llevemos una bandera de lucha en particular, como se puede ver en varias agrupaciones de grafiteros en Santiago, pero esa forma no es nuestro actuar y no lo va hacer, ya que no somos una crew ni una secta, somos un organismo y un organismo debe tener partes diferentes para la comprensión total de su cerebro. Si a través de nuestra forma heterogénea de trabajo y de manifiesto, podemos generar valores que sirvan para los grafiteros en su desarrollo personal o social, sería muy bueno, pero si no es así también, ya que respetamos cada una de las partes y pensamientos de nuestros compañeros y por sobre todo, de la comunidad en general. ¿El arte urbano te parece un motor que podría llamar a un cambio social y político o un medio de comunicación alternativo para acompañar las movilizaciones sociales? Por ejemplo, ¿qué piensas de las luchas actuales de los años 2000 en relación al mundo del arte urbano? ¿Cuáles son las luchas recientes sociales y políticas que inspiran y comprometen a los grafiteros/artistas urbanos (identidad, derechos humanos, estudiantes, trabajadores, nativos, ecología, derechos de la mujer, etc.)? El arte urbano lo contempla todo, de acuerdo a quien lo emplee en su desarrollo activo en sociedad. Puede ser un motor de cambio social, político, personal o espiritual, como también, un mecanismo de comunicación alternativo, que rompe el esquema vanguardista moderno, por imponerse como un simbolismo esencial en el escenario postmoderno, ya sea en las movilizaciones sociales, cambios sociales, la misma globalización de las comunicaciones, cultura, sociedad y hasta economía. El arte es la manifestación de la presencia humana más pura que ha existido desde siempre y si se ubica en la urbe, desde lo popular, cobra fuerza, porque se ubica en un espacio de reunión, de convocatoria, y de expectación para todo quien se pose sobre él, como actor o como espectador. Hoy en día el arte urbano de todo el mundo se está posicionando como un elemento esencial en las políticas del arte y es una materia que no se puede negar, desde finales de siglo XX tomando fuerza y estando en la cúspide de todas las manifestaciones artísticas tradicionales, quienes necesitan hoy en día reforzarse desde la comunidad, bajo la dinámica del intercambio simbólico y estético. Y desde ahí muchos artistas promueven que es en el arte urbano donde se puede movilizar las principales demandas que se incurre la sociedad, o el espíritu humano universal. En Chile, por lo que he podido apreciar, hay una fuerte incursión en las raíces culturales e indígenas dentro del repertorio de los artistas urbanos, murales y/o grafiteros, son unas temáticas recurrentes y que han ganado su sitial dentro de estas expresiones, para dar cuenta a la sociedad ese lazo estrecho que tenemos con nuestro origen, he de ahí el tema de identidad, que creo que es lo que marca y separa el arte urbano chileno al del extranjero. De ahí se suman temas que tienen estrecha relación como es el tema de la ecología, reivindicación de derechos humanos y respeto a los sentimientos y valores humanos, que se contrastan en muchas de las composiciones; son elementos que hablan por sí solos y se pueden interpretar de muchas maneras. Lo importante es que se valida la expresión de estos a través del arte urbano y la comunidad se identifica con ellos, el medio y el fin por lo tanto, son equivalentes y uno no se da sin que el otro esté presente. 230 Por último, suponiendo que el arte urbano sea un medio de comunicación alternativo, ¿cuál es su impacto y cuál es el efecto que tiene sobre las poblaciones? ¿Hay un apoyo y estímulos de la población o al contrario una incomprensión, incluso desprecio? Chile es un país con una cultura muralista bien marcada desde antes de la Dictadura. Ocupar espacios públicos para pintar diferentes temáticas o consignas es algo que está dentro de la cultura popular y fue un elemento legitimado fuertemente por los 70’, ya sea por la influencia muralista de países extranjeros como México, o la influencia del arte popular y masivo que se venía dando desde los 60’ en Estados Unidos y Europa. La gente sabe de esto, y por lo mismo no es extraño para la gente mayor ver hoy en día jóvenes expresarse a través del graffiti, lo que sí genera extrañeza es el mensaje y el contenido estético, que no tiene mucho que ver con lo que se veía hace años atrás. El impacto social es ambivalente, hay gente que no considera el graffiti y lo ignora, como hay gente que apoya y sirve de canal facilitador muchas veces de esta expresión. En las poblaciones es un fenómeno que atrae mucho a los jóvenes, quienes a veces sin muchos recursos se las ingenian para poder pintar, sin una técnica particular, pero por el sólo interés de hacerlo. Hay otros que asumen esto como moda pasajera y no están más de 2 o 3 años incursionando en el graffiti, sólo como para llamar la atención en el grupo de pares. La mayor parte de la gente hoy en día está abriendo las puertas al arte, la gente mayor sobre todo y no hay un rechazo explícito a esta manifestación, sólo un desconocimiento de esta práctica, la cual lleva muchas veces a la estigmatización y al prejuicio, que ha sido alimentado por muchos años por la prensa y los medios de comunicación, que vandalizan esta práctica, demonizándola muchas veces, cuando no es necesario. Muchas veces los problemas que surgen con las otras personas, por la práctica del graffiti suceden por esto de la criminalización que imponen los medios de comunicación, como la falta de respeto de muchos de los grafiteros por no respetar el patrimonio histórico y cultural del país. En Chillán, la comunidad día a día está aprendiendo más del graffiti, cediendo espacios y aportando con el arte, lo cual es una de las misiones que tenemos dentro de la Agrupación y creemos que debemos seguir fomentando, para el desarrollo artístico de cada uno de los grafiteros y el desarrollo artístico y cultural de la ciudad, y en eso tenemos muchos apoyos, no nos podemos quejar. Como grafitera, pintas harto iconos populares con grandes esténcils de inspiración de Andy Warhol. ¿Puedes explicarme el pasaje del “Pop Art” al, lo que algunos llaman, “Hop Art”? Bueno, a pesar que he visto en demasía el concepto “Hop Art” o “Art Hop” a mí no me queda aún claro del todo a que se refiere y creo que esa es la esencia, la actitud de crear algo que no tiene necesariamente tener un por qué. Muchos grafiteros hoy en día hablan de que el alma del graffiti “es que sea ilegal y vaya en contra del sistema”, pero si tú buscas información de los primeros niños que andaban haciendo tags en los metros en EEUU, te vas a dar cuenta que ellos no rayaban ni porque era ilegal ni porque estaban en contra del sistema, más bien, para ellos era un juego, una forma de entretención y de comunicación competitiva de un sector a otro. Chile es un país que como bien has visto, tiene una fuerte influencia muralista en lo que es pintura callejera o que toma el espacio público como soporte. La gente está asumida en que un mensaje en una muralla debe transmitir algo o debe intentar cambiar algo, tomar consciencia y engrupan en ello a que todo ser que se manifieste de esa forma, es porque DEBE tratar de transmitir algo, comunicar algo. Y eso es por lo cual yo creo un contra discurso. 231 Yo no creo que haya la necesidad de transmitir algo o de comunicar algo, en mí práctica artística (que no es lo mismo que el manifiesto de acción que tienen varios grafiteros de la Agrupación que piensan todo lo contrario a mi o diferente). Yo no me considero grafitera, me considero una simple artista visual que trata de mezclar el arte con algo de teoría pos vanguardista no implicando ni dogmas, ni sentido político ni ideológico en lo que pinto. Tomo como referencia íconos e incrustados que a mí me comunican algo, que a mí me transmiten algo o que a mí me divierten. Puede sonar personalista, pero yo lo llamo objetivista (puedes buscar lo que es eso leyendo a Ayn Rand). Si los expongo es porque esas figuras a mi me convencieron que yo debía llevarlas a cabo porque a mí me significaron algo. Por ende, cuando me preguntan si yo trato de transmitir algo con lo que yo pinto, yo digo que no, puesto que el aura de lo que yo pinté lo extinguí al momento de pintarlo, de llevarlo a cabo, finalicé la acción. No intento transmitir nada porque acabé yo con la transmisión que dicha imagen, icono, etc., que me transmitía a mí. Y esa es una de las cuantas esencias del Pop Art, especialmente el que se ubica ahora, en este plano postmoderno, en donde llevamos a cabo algo que ya esta ultra consumido, sólo lo sacas de donde estaba y lo expones en donde nunca pensó que llegase a estar. Sólo estar acabando con la idea, modificándola, haciéndola original siendo que nunca lo fue. Es difícil explicarlo, pero no sólo expongo a Warhol y a los de la factory cuando pinto, tan sólo fue algo del momento lo que viste, que tenía planificado en Septiembre, después de haber estudiado mucho en un ramo a Warhol quería finalizar todo ello pintándolo. Ahora estoy asumida en algunas modelos de los años 60’, las quiero pintar porque exhiben una belleza (no sólo física, sino en su ropa), que ya está perdida, que ya simplemente pasa desapercibida y se toma como anticuada. A mí me gusta, me vuelve loca, y por lo mismo acabar con todo ello exhibiéndolas en diferentes formatos, luego me aburriré y seguiré pintando a gente que a mí me gusta, amigos o amigas que quiera resaltar por atributos que a mí me llaman la atención como el pelo, los ojos o los labios. No intento que la gente le dé una explicación o una interpretación o vean el trasfondo, porque ya no está. El aura se extinguió en el momento en que la saqué de donde tenía que estar, esto es un arte, lo es, como el graffiti, pero es un arte conectado con uno mismo, es el artista quien ahora es quien tiene que asumir ser su primer espectador, ya que ese rol estaba relegado a terceros, es hora que el artista sea el primero que lo ocupe, quien lo disfrute, quien acabe con su interpretación. 232 ENTREVISTA A ARAVENA, PABLO Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: Santiago Centro fecha: 26 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre : Pablo Apellido : Aravena Ciudad : Montréal Profession : réalisateur de documentaires, conservateur d’exposition d’Art Urbain, de programmes de cinéma liés a l’Art Urbain Présentation: Pablo Aravena, je vais essayer de te présenter en quelques mots… Tu es né quelques jours après le coup d’état de 1973, tu as donc passé ton enfance a Bellavista… Jusqu'à 12 ans. Par la suite tu as immigré au Canada où tu as fait tes études de cinéma pendant près de 4 ans… Oui. Aujourd’hui tu es réalisateur de films, Et conservateur d’exposition d’Art Urbain, de programmes de cinéma liés a l’Art Urbain aussi. Les films500 que tu as traité, je pense en particulier à « Next : a primer to the Urban Painting » parlent du Street Art, c’est un milieu qui était plutôt « Underground501 » il y a de çà quelques années, et qui a fait un boom, qui est devenu plus « Mainstream502 » aujourd’hui, est ce que tu peux m’expliquer les raisons qui t’ont poussé à t’intéresser au Street Art en général? Je crois que c’est parce j’ai grandi avec la culture Hip Hop. Alors le graffiti çà fait parti des quatre arts qui sont liés aux Hip Hop, les 4 branches : Mc’s, Dj’s, B-boys et Graffiti. Alors, moi j’ai toujours été lié au côté musical, côté DJs, côté B-boys, la dance, la musique. On peut dire que le Hip-hop c’est comme un art populaire, un art total car çà inclus toutes les formes d’arts. Quand je suis sorti de la faculté de Cinéma, j’ai été inspiré par le film « Scratch »503, qui a traité le sujet du « turntablism », l’art de manipuler le disque/vinyle pour faire des sons, pour créer de la musique. Et çà m’a donné l’idée de faire un film aussi sérieux sur le Graffiti car je trouvais qu’il n’y avait pas de films sur le Graffiti. Du moins, en termes de long métrage-documentaires exposés lors des Festivals. Aussi, en 1997-1998, j’ai fait la connaissance d’un collectif à Montréal qui s’appelle Heavyweight crew. Et eux étaient des artistes qui venaient du Graffiti, qui commençaient une boîte de design, d’images visuelles et aussi ils peignaient sur « canvas », des toiles/tableaux en se servant du Graff’. Alors çà m’a ouvert les lieux en regardant leurs œuvres sur toiles. Wahou, çà c’est de l’art ! Et avant çà, pour moi, le Graffiti c’était un peu toujours en arrière fond504 des clips de Hip Hop, sur les flyers pour les fêtes ou pour les évènements de Hip Hop. C’était toujours là, mais je n’avais 500 501 Documentaires Souterrains, méconnus du grand public 502 Pour le grand public 503 Réalisé par PRAY, Doug, Scratch, film couleur, 92 minutes, USA, 2001. 504 Background 233 pas vraiment regardé, je ne savais pas beaucoup à ce sujet. Et avec eux, je me suis fait embrigader un petit peu dans la scène Hip Hop, dans la scène Graffiti. Dans leur studio, il y avait beaucoup d’informations et de bouquins, ou simplement en parlant avec eux, j’ai appris beaucoup. Aussi, ils faisaient des performances de « Live Painting » 505 avec des DJs qui venaient à Montréal pendant le festival de Jazz. L’idée c’était de créer une toile pendant la soirée en s’inspirant de l’atmosphère des gens, de la musique que le Dj mettait aussi. Ils venaient avec une composition préparée mais c’était toujours avec un aspect improvisé, un aspect de performance car c’était en live, à côté du Dj sur la scène. Et moi j’ai commencé à filmer ce qu’ils faisaient parce que je trouvais çà cool et à l’origine, l’idée de faire « Next », c’était un film sur la « Heavyweight ». Petit à petit, plus j’en apprenais, je me suis rendu compte qu’il y avait un mouvement d’Art qui était en train de se développer depuis 30 ans déjà. Et j’ai eut l’idée, car je connaissais déjà le Hip Hop depuis l’âge de douze ans ici au Chili, alors j’ai eut l’idée de rechercher à montrer comment le Graffiti avait voyagé des Etats Unis, de New York jusqu’aux autres pays, en Europe, en Asie, en Amérique Latine… Et comment cette culture, ce style visuel a été assimilé par différentes cultures et comment eux avaient adopté çà. Alors c’est comme çà que « Next » était né. Aussi, à travers mes recherches, je me suis rendu compte qu’il y a avait eut un grand changement en 1998, beaucoup d’artistes venant du graffiti « classique », avec les formes de lettres, la signature, la base de l’art, il y avait comme une volonté de changer cela, d’aller plus loin que ce qui existait déjà. Par exemple, des gens qui poussait la forme vers le figuratif, les logos, les personnages, l’architecture sur différents supports. Alors, l’idée de « Next » était de faire un film qui montrait comment la culture Graffiti avait voyagée, comment elle s’était adaptée dans différentes réalités, et aussi, comment des artistes poussaient cette forme de l’avantgarde du Graffiti. Alors, c’était çà le film au final. Çà m’a pris 5 ans pour le faire et j’ai tourné dans 10 pays, comme 15 ou 18 villes. L’idée c’était de donner comme les meilleurs, une sélection « all stars » au niveau mondial des artistes qui étaient un peu comme l’avant-garde de cette mouvance. Justement dans ce film « Next », qui est sorti en 2005, tu traites le Street Art au niveau des Etats Unis, de l’Europe, du Japon, du Brésil… Est-ce tu peux mettre çà en relation avec le style Latino-Américain ? Le seul pays dont je peux parler, c’est le Brésil. Et là, dans mes recherches, en ces temps-ci il n’y avait pas beaucoup d’informations, sur ce qu’il se passait dans le reste des pays latino-américains. Le Brésil avait déjà un peu de bouquins, non pas des bouquins, mais des choses dans les magasins, sur internet... Car la scène de Sã o Paulo était très forte, niveau Hip hop et Graffiti. Il y avait un grand bouleversement avec les Etats-Unis un peu plus tôt, avec Twist qui était venu à São Paulo en 1992506, si je me souviens bien. Twist était un personnage très important dans le développement du Graffiti. Il vient de San Francisco. Et lui, c’est un des graffeurs qui a mis le « Personnage » en avant de la scène et à créer un langage personnel. Evidemment, il venait des « lettres », des « tags » et tout çà, mais il a commencé à créer des personnages qui venait un peu de son quartier « Mission » 507 à San Francisco, c’est ainsi que le quartier s’appelle. Lui, peignait des clochards qu’il voyait dans son quartier. A partir de là, il a commencé un développement figuratif. Il a voyagé a São Paulo en 1992, et de là, il a rencontré Os Gêmeos, qui eux sont deux jumeaux qui sont très reconnus au niveau mondial à propos du Graffiti et qui ont eut beaucoup d’influence ici au Chili après, dans les années 1996. Après eux-mêmes avoir été influencés par Twist, il y avait déjà eut cet échange entre 505 506 Peinture en live, en direct D’après nos recherches, Twist arrive au Brésil en 1993. 507 Quartier populaire hispanique de San Francisco devant son nom à la première Mission Espagnole fondée en 1791. 234 les Etats Unis et São Paulo et je crois que Twist a amené des choses mais il a aussi pris des choses de São Paulo: la technique, le « latex »508 qui est un facteur très important dans le mouvement latino-américain car c’est un matériel pas cher, que tu peux trouver n’importe où même dans les poubelles. Alors, c’était un matériel qui permettait à beaucoup d’artistes de travailler et le spray509 c’était comme secondaire, car c’était cher, ce n’était pas très bon et il n’y avait pas les « caps »510 pour réaliser les différents types de tracé. De plus, ce qui m’intéressait du Brésil c’était le « Pixação »511, qui est comme une forme de lettrage, presque un sport extrême aussi, c’est comme une protestation social graphique, et un sport extrême car il grimpe les bâtiments très haut et mettent le nom de leur gang dessus. Et c’est quelque chose qui a énormément influencé le style de S ão Paulo car les lettrages sont très droits, issus un peu de l’influence des logotypes comme Kiss ou Iron Maiden, ces logotypes venaient des runes scandinaves, les runes des Vikings. C’était un peu comme un font latino-américain de lettrages, comme le « Wildstyle » 512 de New York, le Pixação est à São Paulo, au Brésil, et aussi je crois que çà a influencé en dehors du Brésil, partout sur le continent latino-américain. J’ai choisi le Brésil car c’était un gros centre, qui était déjà développé et qui avait déjà une dizaine d’artistes reconnus en dehors du Brésil, qui avaient voyagés. Là, c’était ma première expérience avec le style latino-américain. L’élément que je trouvais très intéressant aussi, c’était de parier avec très peu de moyens et d’improviser avec ce qu’il y avait à portée de main, pour travailler, pour créer. Ils mélangeaient l’école américaine mais aussi ils y rajoutaient beaucoup la tradition brésilienne comme la littérature de Cordel, de Sfeto, juste des sujets brésiliens. Ils ont vraiment mis leur culture dans le Graffiti, ils ont transformé le Graffiti américain pour quelque chose de très brésilien. C’est çà qui m’a étonné quand j’ai vu çà car il y avait une fierté de faire le travail à la brésilienne ; Et comme je suis latino-américain, je me suis senti identifié avec çà parce qu’ici, toujours, il y a une identité forte mais on est toujours un peu …abî, nan pas abîmés, un peu… avec beaucoup d’informations de l’extérieure, beaucoup d’importation de la culture américaine ou européenne. C’est toujours une lutte entre la culture dominante, américaine et la culture locale. Alors qu’eux513, ils ont préservé leur culture, j’ai trouvé çà très fort et c’est pour çà que leur scène était si forte, dans le travail et le contenu, c’est pour çà qu’ils ont eut un impact à l’extérieure parce que je crois que les Européens, les Américains sentaient quelque chose d’authentique, quelque chose de différent et quelque chose qui ne leur ressemblait pas. Alors c’était comme : « Wahou, okay, il existe quelque chose d’autre que nous!», parce que des fois en Europe ou en Amérique du Nord, il y a toujours une vision très Euro-centrique ou Américano-centrique du Monde, et du Graffiti, de la culture Hip Hop; Ils se sont rendus compte qu’il y avait un autre pôle. La force dans le style brésilien ou latino-américain, c’est qu’il existe des gros problèmes sociaux encore, il y a de grosses différences de classes, de grosses désillusions de revenus, alors je crois que ces problèmes sociaux donnent une force et une voix très forte au Graffiti ici. Je crois que çà donne une force, bien plus qu’en Europe ou en Amérique du Nord parce que, bien sûr, il y a des problèmes dans les banlieues, des immigrés qui ne sont pas intégrés, tout çà... Mais je dirai que le niveau de pauvreté ici, çà donne un pouvoir, une force, un besoin mille fois plus fort. Et des fois, comme l’Histoire en Europe, où c’était déjà le cas il y a 20 ans, 30 ans, ils sont arrivés à une étape où la forme était primaire. Bien sûr, qu’il existe des gens mettant le contenu et la forme, mais je trouvais que c’était bien plus esthétique que social. Aussi, du fait, qu’il s’agisse de sociétés plus riches, 508 509 Peinture acrylique. Voir glossaire. Les bombes de peintures en spray, aérosol. Voir glossaire. 510 Embouts pour les bombes spray. Voir glossaire. 511 Ou pichação 512 Voir glossaire. 513 En parlant des brésiliens 235 obtenir un mur, peindre dans la rue, çà signifie autre chose. Mais ici, peindre un mur c’est beaucoup plus facile, car les voisins sont plus ouverts dans les quartiers défavorisés. A São Paulo, c’est une ville très très grise, des bâtiments partout, alors quand on met des couleurs çà fait quelque chose d’important, quelque chose de très beau. Tu viens de réaliser une introduction, un « trailer » intitulé « Chile Estyle », qui sera ton prochain documentaire à venir. Dans ce documentaire, tu vas aborder trois personnages principaux. Est-ce que tu peux nous en parler ? Je veux que la colonne vertébrale du film soit un peu comme trois personnages qui représentent les 3 périodes qui pour moi sont importantes dans l’Histoire du Muralisme et du Graffiti chilien. Premièrement, c’est Fernando Marcos. Lui a fait son apprentissage avec Diego Rivera, puis lorsqu’il est retourné au Chili, il a travaillé avec Siquei ros sur la murale de Chillan : « Muerte al Invasor »514. Aussi, il a essayé de créer une course au muralisme dans la faculté de l’Université du Chili. Mais, il a échoué car la faculté fût contre ses idées... De plus, il possède un lien direct avec le deuxième personnage qui est Mono Gonzalez, le directeur artistique de la Brigade Ramona Parra, un des créateurs du style de la BRP, mais aussi un scénographe, il travaille dans le cinéma, dans le théâtre. Lui-même a pris des cours avec Fernando Marcos. Il a créé le style Ramona Parra et il continue activement maintenant et partage ses connaissances avec les jeunes. Il fait un travail communautaire tout le temps quand il réalise une murale. Troisièmement, c’est Cekis/Zekis, qui lui est un peu comme le Père du Graffiti au Chili. Lui a amené des informations, il avait un magasin 515 où il a amené des caps, des revues, des vidéos. Parce qu’il y avait un manque d’informations ici et en termes de technique aussi. Il a été le pilier fondateur du graffiti chilien et maintenant il est à New York, suivant sa carrière d’artiste visuel à Brooklyn. Aujourd’hui, on a sur la scène internationale, des artistes chiliens, tels que Inti, Vazco, Charquipunk, est-ce que tu as un quatrième personnage qui pourrait se greffer aujourd’hui ? Cekis! Oui car même de New York, il est là ! Il est en train de travailler un peu dans la Mecque du Graffiti, il connaît tout le monde, tous les vieux graffeurs. Aussi, qui voyage un peu maintenant c’est la Robot de Madera, un autre jeune qui s’appelle Gonz alo Painters, il est allé en Colombie, Saile aussi a été en Europe, Aislaps, ils sont allé à Kosmopolite (Bagnolet, Paris) en 2007 si je me souviens bien, 2008 avec le « Mac Crew ». Alors çà commence l’exportation du style Chilien, bien sûr. Mais c’est avant tout en Europe, je dirai. J’ai fait moimême une exposition à Los Angeles en 2009, qui s’appelle « Chile Estyle » à la galerie Carmichael. Là, j’ai emmené des toiles de cinq artistes chiliens516 de Agotok, Cekis, Inti, la Robot de Madera, …, qui d’autre !? Ah ! Horate ! De la vieille école. Pour cette exposition, Cekis et Inti sont venus à la galerie pour faire une installation avant l’ouverture de l’exposition. Ils ont créés une murale dans la galerie avec deux personnages et des projections avec des « data show projectors », avec des patrons et des symboles latino-américains. On va parler un peu de politique, tu sais qu’ici, il y a une longue tradition avec les campagnes électorales… Oui. Quel est ton sentiment aujourd’hui sur ces campagnes ? 514 Les murales réalisées dans « l’école du Mexique » à Chillan ont été peintes au début des années 1940, après que le tremblement de terre dévastateur de 1939 est laissé en ruine une grande partie de la ville et tué plusieurs dizaine de milliers de personnes. La gestion des murales furent laissée entre les mains de Pablo Neruda, David Alfaro Siqueiros y Xavier Guerrero. Selon les Archives du Conseil des Monuments. 515 Le magasin « Otra vida » 516 Voir biographies fragmentaires. 236 Je crois que c’est un langage qui vient du Muralisme et qui vient du Graffiti avec les nouvelles techniques, ils mettent des choses qui pourraient être des pièces517 de Graffiti. Mais je crois que c’est une partie naturelle de la vie ici, les murs sont plus « libres ». Alors, il y a toujours une guerre entre les graffeurs qui prennent le mur et après çà va dans les campagnes politiques, les muralistes qui travaillent pour les candidats qui font leur boulot. Çà c’est un petit peu ce qui représente les générations qui sont accoutumées à regarder les lettrages fait à la main, les murales, les graffitis. Çà c’est une partie intégrante du paysage chilien. Et c’est un peu drôle que les brigades ou les groupes qui font les murales politiques des campagnes pour les candidats travaillent avec des techniques qu’ils ont appris ou copié des graffeurs. Ils ont amélioré leur typographie, leur dessin, elles sont faites pour être vues en mouvement et de loin. Alors, il y a un travail intéressant et c’est deux-trois couleurs tout au plus. Au niveau de l’aspect illégal du graffiti au Chili, on a aussi un boom avec les collectifs, les crews comme « 2012K », « Tips », « Adeps », la plupart des artistes chiliens aujourd’hui ont commencé par des tags. Est-ce que tu peux nous en parler ? Je crois qu’au Chili, c’est très confus, venant du style New Yorkais de signer ton nom, de développer ton nom, la signature. Après çà, de faire une pièce avec contours, après çà une pièce plus élaborée et peut-être finalement une pièce avec des lettres et des personnages. Çà c’est une des caractéristiques du Graffiti chilien, c’est la pure orthodoxie newyorkaise influencée aussi par São Paulo qui avoue une influence directe de Twist, de San Francisco. Et aussi, il y a une influence directe des exilés qui sont retournés au pays à la fin de la dictature. Les fils d’exilés ayant vécu en Europe ou aux Usa ont appris la culture Graffiti et ont importé cela directement. Il y a eut un échange fort. Je crois que dans le subconscient, il y a beaucoup de dettes envers les muralistes, en termes de la taille, des sujets même des techniques, le travail avec le latex, le matériel pas cher, le matériel précaire. Tu es au courant que dans les jours à venir, ou plutôt dans les semaines à venir 518, il y a une loi « anti-graffiti » pour les jeunes qui va être votée. Pour les moins de 18 ans. Est-ce que tu crois que cela va valoriser le graffiti chilien ou au contraire ? Je crois que c’est une loi stupide parce qu’ils peignent beaucoup plus avec le latex, alors c’est juste inutile qu’ils ne laissent pas les jeunes acheter. Je crois que c’est une idée rétrograde de la Droite pour essayer de contrôler le Graffiti. Mais çà ne va pas fonctionner, c’est quelqu’un519 qui ne comprend pas la culture. Il ne comprend pas que s’ils n’ont pas de spray, ils vont travailler avec le latex, s’ils n’ont pas de latex, ils vont travailler avec de l’eau… avec du sable, avec des couleurs… çà c’est le style chilien, c’est de travailler avec les moyens qu’il y a et finalement avec peu de moyens. Je crois que cette caractéristique est une des forces du mouvement chilien, c’est improviser et de créer avec rien. Au niveau social, il a comme un boom des Musées à Ciel Ouvert, d’autres évènements qui sont en train de se jouer… Qu’est ce que tu penses que cela représen te pour les graffeurs, pour les artistes mais aussi pour les populations qui vivent dans ces quartiers ? Je crois que lentement çà commence à s’ouvrir, je crois que c’est une génération qui rentre dans la trentaine, qui commence à avoir un poste, un boulot, qui commence à avoir un public. Aussi, je crois que c’est un travail social que certains graffeurs font, comme par 517 518 Voir glossaire La proposition de passage de la loi est prévue en Mars 2012, valable seulement pour la Région de Valparaiso. 519 Le député Joaquin Godoy (Rénovation Nationale) est l’initiateur de la proposition de loi. 237 exemple au Festival Polanco520. Je crois que bien sûr çà va changer un peu la perception du Graffiti, la sémiotique pour ainsi dire. Çà améliore la perception du voisinage qui est considéré comme « dangereux ». Je crois que c’est un travail social très fort et je crois que les voisins s’intéressent, qu’ils demandent que leurs maisons soient peintes. C’est quelque chose de très chilien. Bien sûr, çà se passe bien plus dans les quartiers ouvriers ou de « classe travailleur » mais le mouvement vient de là, ce sont leurs fils. Alors, c’est un échange naturel, ce sont ces quartiers qui ont besoin de cette couche de peinture, de cette couleur, de ce changement et çà aussi contribue beaucoup pour la communauté parce que maintenant dans le monde où nous vivons, on devient plus mécanique, on devient endetté par les cartes de crédit, pour çà le Graffiti amène aux gens une communauté naturelle, un échange entre les différentes générations et un don des jeunes pour les propriétaires et pour les plus vieux. Est-ce que, dans le titre de ton film « Next : a primer to the Urban Painting », c’est ce à quoi tu pensais à travers « Urban painting » ? Pourquoi ce choix finalement? Parce que je ne voulais pas appeler çà « Graffiti », parce que « Graffiti » a une connotation négative. Si tu regardes dans le dictionnaire, « graffiti » c’est une marque sur le mur, ce n’est pas une calligraphie, ce n’est pas un dessin, ce n’est pas un Art ou une œuvre d’Art. Alors, je voulais changer la sémiotique avec le titre, la perception de mon film et aussi mon but c’était de mettre en évidence que ce mouvement d’Art important, je dirai que c’est le mouvement d’Art du tournant de ce siècle, et que aussi çà rentre dans les galeries, çà commence à s’embourgeoiser. Çà c’est un processus naturel de la culture populaire qui rentre dans la « haute culture ». Je crois que le Graffiti a déjà fait çà depuis trente ans et maintenant c’est le boom économique. Il y a beaucoup d’artistes qui vendent des toiles, qui font des shows, qui font des pubs, qui font des bouteilles pour des compagnies de liqueur… Alors il y a une demande, je crois que le Marketing a compliqué le langage du Graffiti, c’est le langage pour attirer et pour rassembler les jeunes au niveau mondial. C’est très « hard » maintenant, c’est la culture avant-gardiste et qui entre dans le « Mainstream ». Est-ce que tu peux me parler de Santiago et de Valparaiso, qui sont un peu les centres d’attraction culturel, économique et politique, mais y a -t-il d’autres formes de Graffiti dans les autres régions du Chili ? Le Graffiti s’est répandu partout au Chili. Au Nord, au Sud, en Patagonie, dans le Désert. Avec internet, il y a beaucoup d’informations maintenant, des échanges entres les artistes qui sont dans la région centrale. Il y a aussi des développements propres dans le Nord ou dans le Sud, qui comme ils sont en régions, ils essaient de représenter leur réalité. C’est différent à Santiago ou à Valparaiso, le Chili a toujours été très centralisé. Avec la puissance économique, avec internet, l’information, je crois que les régions ont beaucoup changé, elles se sont beaucoup développées, il ne s’agit plus de petits villages maintenant. Quand tu as accès à l’information, peu importe où tu habites pour recréer ce que tu perçois, tes influences et essayer de représenter où tu habites et çà, çà fait partie du Graffiti. Est-ce que tu as vu des villes qui ont un caractère spécifique, en dehors de Santiago et de Valparaiso, dans d’autres régions ? Deux exemples forts seraient : -« Alapinta », qui est basé à Villarrica, Temuco. Çà, c’est un crew qui a 4 ou 5 ans, un des membres est Mapuche. Eux, vraiment, traitent la réalité du Sud. C’est un travail plus « Muraliste ». Ils touchent au sujet des Mapuches, des Autochtones. Leur réalité ne s’est pas 520 Le Polanco Graffestival, a eu lieu entre le 2 et le 4 Novembre 2012 dans le cerro Polanco, Valparaiso. Il s’agit d’un projet de revitalisation du quartier grâce à l’intervention d’une centaine d’artistes et graffeurs sur les murs des maisons. 238 développée comme ici. Avec des fermiers, des charrettes remplies de foin. D’une certaine façon, c’est plus agricole, c’est plus « village » mais c’est tout de même un langage très léché, très poli. Ils ont un langage très sophistiqué. Alors c’est çà, la juxtaposition du sujet « villageois », avec une technique et une représentation très moderne. - Et au Nord, je sais qu’il y a des mecs à Tocopilla. « Esec », si je me souviens bien de son nom. Qui travaille beaucoup avec le Photoréalisme. Alors çà, c’est un autre développement. Peut être a-t-il développé çà car il voulait être différent ? Mais c’est un développement très typique du Nord, et c’est un village avec les mineurs, très classe ouvrière. C’est naturel que cela ressorte dans ce type d’environnement. Une dernière question, et c’est une question au sens ouvert, finalement le Street Art, le rôle du Street Art, c’est quoi ? Je dirai que c’est un cri de liberté, que c’est une expression libre dans une société où tout est contrôlé, où tout est étiqueté, tout est manipulé par les gouvernements, par les forces de l’ordre, alors c’est une expression libre dans un milieu d’hyper-Capitalisme. Et je crois que çà c’est sa force, c’est une voix sans médiateur, sans permission. C’est le problème de l’espace. Pourquoi dois-je regarder des publicités de grandes marques dans l’espace publique et ne pas voir de graffitis ? L’espace publique appartient à tout le monde et si tu suis les règles, si tu achètes les marques qui paient pour cet espace, qui ont le droit légalement à avoir cet espace… Mais à la fin on paie tous avec les taxes pour la route, pour l’espace publique, pour les parcs ! C’est une expression naturelle, rebelle et contestataire contre le triomphe du Capitalisme. Maintenant, il n’y a pas vraiment d’autre alternative, c’est seulement le capitalisme, exceptés Cuba, la Corée du Nord et quelques pays comme çà… Même les Chinois sont devenus capitalistes ! Alors c’est des idées de consommations, avoir une carte de crédit… Et tout çà, c’est un cri contre çà, c’est humain, çà crée des communautés… 239 ENTREVISTA A “CREMS” Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: cerro Polanco, Valparaíso fecha: 4 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Apodo: Ciudad : Iquique Profesion : diseñador grafico CREMS: Edad : Crew: Te Crey Crew, 25 2008 Afiliación política, sindical o asociativa: Nada Solo si eres Carrera : diseño grafico Nivel de estudios: superior estudiante : Nivel de Terrenos privilegiados (país(es), ciudad(es), barrio(s), calle(s)): experiencia Chile, Iquique, Iquique entero, mucha caminata y alto dominio en el como grafitero barrio. (años) : 11 años Sitio http://www.facebook.com/pages/CREMS/488257827885606?ref=notif& web/Flickr/pagi notif_t=page_new_likes na Facebook / otros medios: http://www.flickr.com/photos/cremoso/ Introducción Bueno soy “Crems”, de la ciudad de Iquique del norte de Chile, pertenezco a la crew, “Te Crey Crew”, está conformado por siete personas las cuales estamos pintando acá en Valparaíso, haciendo un muro referente al cerro Polanco, esto igual viene de antes, a nosotros nos mandaban información, nosotros no conocíamos el cerro Polanco, por vía PDF521, Word mostrándonos sobre la historia del puerto y del cerro Polanco para así tener una mejor mirada del lugar. ¿Y el estilo graffitero? El estilo nuestro… ¿Es distinto Iquique a Valpo’522? Em… quizás igual acá es mucho mas masivo que en Iquique, cachay, en Iquique igual, puedes ver también como acá hay tag, throw ups, graffitis, flops un montón de cosas, en Iquique igual se ven pero con mucho menos intensidad o sea no es habitual ver gente que este constantemente pintando allá, igual en Iquique hay unas comunas por ser Alto Auspicio que es como una comuna que esta a veinticinco minutos de Iquique que igual hay gente que pinta pero nosotros no estamos muy involucrados en eso, igual son aparte, es como acá decir Valpo-Viña. Hay estilos similares quizás en el sentido de que se pintan igual graffitis como flop como tag, lo mismo pero acá mucho mas masivo. ¿Haces una diferencia entre el tag y el grafiti, el lado legal y el ilegal? En realidad yo como algunos amigos de aquí, si pintamos, como ilegal como legal, 521 522 Le document est disponible sous demande. Valparaíso 240 pintamos a veces por las noches, salimos a lugares, no se propiedades, como no se los bancos, cortinas, carteles o teléfonos públicos, o no sé, peladeros lugares abandonados como esos lugares nos gusta ir a pintar cuando es ilegal y cuando tenemos más materiales hacemos piezas mas elaboradas ahí quizás ya es con un permiso de por sí, con una idea a veces también planteada anteriormente… pos… antes de pintarlo y o como también muchas veces improvisamos lo que hacemos. ¿Y no tiene conflictos con los carabineros? En Iquique pasa que no se si la gente está allá mas concientizada con el asunto del graffiti, pero pasa que allá los carabineros no te molestan mucho por el asunto de pintar, de hecho a veces te ven hasta rayando y no te dicen nada, o capaz que no se den cuenta o uno pasa desapercibido pero, pasa que no esta tan regularizado el graffiti allá, esta como bien light523, no hacen mucho atao’, esperemos que sigan así. Y a propósito de las políticas públicas de cultura Allá en Iquique Si… Así si hemos participado de eventos culturales, cosas así Piensas que hay un apoyo? Quizás mira hace poquito antes de venir acá participamos de un proyecto del consejo de la cultura y paso que nos propusieron darnos unos espray nos compraron como cien lucas524 en espray y nos pagaron unas monedas pocas y pintamos así pal día, pintamos un panel y … de cierta forma como que dé hay, son más que nada como evento, tres eventos al años que hace el municipio pero no es una cosa que estay así como tres meses haciendo una rotativa cachay, no es algo tan fuerte en realidad es como mucho mas dejado, no como este tipo de cosas como el encuentro que alberga, gente de otros países y todo, pero yo creo que de apoco si se puede gestionar más cosas y se pueden proponer obviamente se puede hacer algo mejor, algo mas movido, como que nosotros nos movemos personalmente como en la nuestro. Y día tras día, ¿qué te enseña el graffiti, como valores cívicos? Como experiencia y la forma de vida, yo creo que, la forma y la parte del compartir con otra persona, yo creo que eso es lo que te llena y satisface, no se po’ por ejemplo yo no te conocía antes de esto cachay, como eso de conocer gente, conocer otros tipos de estilos de vida y conocer técnicas interactuar, creo que eso es como lo más importante que rescato más que como eso de ser mejor, y ser mejor que este o yo estoy a mejor nivel que este, no es una cosa de compartir y disfrutar, de hecho yo en mí trabajo cumplí un año, y ya pedí vacaciones pa venir al Polanco y justo calzo que era en esta fecha. ¿Y piensas que hay un impacto positivo y negativo? Obvio siempre van a ver cosas buenas y malas pero uno siempre trata de rescatar lo bueno de las cosas. ¿Que te dice la gente? Puta hemos recibido puras felicitaciones en realidad, y ha sido yo creo igual encuentro exitoso como que igual, se dio a parte en una semana en que había feriado pero lo bueno que enseñara a otras personas como nosotros de otras ciudades y como otras personas de otros lados pueden hacer este tipo de cosas también, cosas que se hacen también como en 523 524 Soft, piola, suave 100 000 pesos chilenos. 241 Concepción como en Santiago pero en otros lugares, sería mucho mejor, porque igual se centraliza mucho, como Capital igual cachay, como que esta así Santiago, después viene Concepción, después Valpo’ cachay que son esas las ciudades que tratan de darle relevancia y no como a las otras que están por ahí como Arica, Iquique, Copiapó.… Pero lo bueno que nos invitaron y igual creyeron en nosotros también po’, creyeron y supieron que igual hacíamos algo bueno. Y apropósito de las influencias, cuales son las personas que te influyen en tu trabajo Mi entorno, creo que son mis amigos, mi novia, mi familia, mis amigos, como compañeros de la infancia del curso del colegio creo que va ahí, igual hartas veces he estado solo y pintando solo de hecho antes de nosotros como crew somos del 2008 que estamos como crew así como formalizado pero de antes pintaba solo y no tenia como el apoyo de más gente po’ yo pintaba solo y prefería no meterme con el resto. ¿Y conoces algunos artistas urbanos conocidos? Si, si, haber sipo siempre como que logramos hacer un nexo como antes de pintar algo siempre tratamos no se po si vamos a viajar como un mes o dos semanas antes de viajar al lugar tratamos de hacernos algunos contactos cachay buscamos a alguien y vemos quien puede ser la personas, no se po’ podamos interactuar allá po’, en Santiago… como Santiago, como en Valpo. Y tus referencias Mis referencias ¿cómo artísticas tu deci’? e… tengo yo creo que es que yo igual a parte soy diseñador grafico igual tengo harta referencia a la parte del diseño igual de cierta forma como que me de hecho la mayoría somos diseñadores gráficos como que igual a mi por ser me ayudo harto conocer otro tipo de técnicas, antes de estudiar diseño yo no conocía mucho de técnicas, no leía libros, solo dibujaba lo que veía lo de la calles, porque igual era bien callejero, andaba harto en las calles y era como más que nada como eso como los animales en la calle, los perros, los gatos, no se las letras cachay del Microsoft Word cachay que mirabai’ y copiabai’ pero… y en el graffiti yo creo que empecé a ver así como revistas, como que empecé a conocer gente de otros lugares, pero no sé si los tenga de referencia yo creo que los tengo como más que nada como una ayuda visual. ¿Piensas que hay como una comunidad de artistas urbanos o es como que hay diferentes estilos, que no se confunden? No yo creo que en Chile, igual hay una cierta variedad de personajes del graffiti que hacen referencia a originalidad, y se diferencian harto de otros lugares como dé Argentina, Brasil, Perú y varios países amigos, se puede hablar positivamente en ese caso. ¿Y tu como te sientes? ¿Perteneces a un grupo específico? No creo que no pertenezco a ningún tipo de grupo, solo al grupo de amigos que comparto día a día, no necesitamos nada más que compartir y disfrutar de la vida que nos toco jugar . 242 ENTREVISTA A “DEFOS” Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: La Pincoya, Huechuraba, Santiago fecha: 11 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Apodo: Defos Ciudad : Santiago Norte Profesion : Doctor Sitio web/Flickr/pagina Facebook / otros medios: www.flickr.com/defosfenix Introducción Bueno yo soy “Defos” mi estilo no sé cómo definirlo porque en realidad, todos los días trato de buscar cosas nuevas, cuesta quedarme con una sola forma de pintar, me gusta experimentar harto y bueno yo vivo acá en Santiago, toda mi vida y me he influenciado harto por todo lo que es la pintura sudamericana, Brasil, Chile, generalmente. ¿Hace cuanto años te inicias en el graffiti y porque? Empecé hace quince años más o menos, empecé pintando, primero empecé rayando, empecé rayando por juntarme con amigos. La verdad es que era bien introvertido entonces mi forma de aportar a mi grupo de amigos era registrar el nombre de nuestro grupo en la murallas, en ese tiempo nos juntábamos con varios amigos que nos juntaba el hip hop y escuchábamos harta música, algunos cantaban y yo, mi función era como poner el nombre del grupo. ¿Viste como ha evolucionado el graffiti en tus diez años de trayectoria? Si, si, después de que vi mi primer graffiti, acá en Santiago hecho por pintado por grafiteros acá, los primeros que habían acá en Chile, me di cuenta que era mucho más grande de los que yo pensaba que cuando vi mi primer graffiti me dieron ganas de aprender de saber más me junte con un amigo que se transformó en mi maestro en ese tiempo que fue “Seizer” que ahora vive en Alemania, y… bueno el ahora está haciendo música, está haciendo otras cosas, pero me, me dejo un poquito, esa amistad, me dejo varias herramientas con las cuales empecé a pintar y… ahí después fue conocer gente, conocí muchos otros pintores y ahí en el fondo en la calle la cuestión es así, conocí distintas personas y con eso va creciendo. ¿Tienes otras fuentes de inspiración, artistas reconocidos por ejemplo? No en realidad me gusta mirar harta pintura pero, no lo busco como fuente de inspiración, trato de todo lo contrario po’ de, de caminar en una dirección distinta, no copiar, trato; aunque yo creo que igual es difícil hacerlo, pero trato en la medida de lo posible no… no ser tan similar al resto, pero obviamente eso, es algo inconsciente uno de repente no se da cuenta y va naciendo algo que si bien en la comparación en los colores en la forma de alguna forma se relaciona con lo que están haciendo otros pintores en la misma época. ¿Y te sientes parte de una comunidad de artistas como grafiteros o piensas que eres independiente del grupo? O sea siento, cierto me identifico en el estilo de vida de muchos pintores, de repente sale, muy sacrificado en Chile dedicarse a esto y comparto con ellos eso po’ como el diario 243 vivir, de repente tener que buscar formas de hacer lo que te gusta, y mucho de ellos se dedican a eso como un trabajo, yo he tratado de buscar otras alternativas para que el graffiti sea para mí una válvula de escape, sea mi, mi reencuentro conmigo mismo y también de alguna otra forma compartir con otras personas que tiene otras vivencias, pero que igualmente le es difícil llegar a esa instancia de dedicarse de estar pintando, que implica varios sacrificios, y eso se valora, se valora el amor a la pintura a la expresión visual. ¿Puedes describir un poco más el estilo de vida de un graffitero hoy en día? Si mira a lo mejor, es difícil verlo porque cuando estay pintando cierto, de repente hay cosas que los demás no ven que de repente es tema por ejemplo estay pintando una muralla alta y teni’ que ocupar andamios y teni’ que conseguirte eh… no se po’ las pinturas, o te faltan cosas para poder hacer lo que queri’, de repente conseguirte los muros, de repente la plata para poder comprarte las pinturas, eh… también no se buscar lo que tu queri’ proyectar, eh… la técnica de repente te, te frustra cuando no podi’ lograr lo que queri’, y… d e repente estay hartos días pintando para lograr el objetivo y eso a veces también te cansa un poco, pero a la larga también te motiva, a mi por lo menos te motiva a pelear por mis sueños, por lo menos es de cada día ser mejor en lo que estás haciendo, de cada días aprender más cosas y es algo que a pocos se lo pagan, me entendí a pocas personas les pagan por hacerlo, la mayoría de las veces tu lo haci’ porque te gusta, más que por el beneficio económico que pueda tener eso, entonces es como eso, el amor a la pintura. ¿Y cuáles son las temáticas que has pintado? Mira a mi igual me gusta usar harto el simbolismo para expresar lo que pienso, muchas veces nadie me entiende (risas), pero… pero la idea es esa, o sea seguir, seguir trabajando la idea por medio de las figuras, que sean agradables a la vista pero que a la ves entreguen un mensaje que a lo mejor no está evidenciado claramente en el muro pero que si a ti te deja tranquilo, quizás otras personas puedan entenderlo, en el caso mío que le gente piense un poco también , no entregarle todo en bandeja. Bueno, ahora estas trabajando como doctor además de ser graffitero. A través de algunos de tus graffitis podemos ver la anatomía de personajes, me refiero a tu mural en el cerro Polanco por ejemplo. ¿Tu trabajo influencia lo que pintas en los muros? ¿Como doctor, puedes darme tu opinión sobre el sistema de salud en Chile? Sí, mi trabajo influencia lo que pinto, como a cualquier otro pintor influencia lo que vive. Sobre el sistema de salud, en mi opinión es un sistema injusto, que permite una salud de calidad y con un trato digno solo a los pocos que pueden pagarlo o los que tienen la paciencia e insistencia de acudir al sistema público y tiene la suerte de ser atendidos a tiempo. No es un sistema que busque el bienestar de la gente, en general busca el enriquecimiento de los mismos de siempre. Para ti ¿cuál es el rol fundamental del graffiti, el rol que cumple para la comunidad, para la población o para la sociedad en general? Yo creo que el graffiti tiene varias cosas o sea yo creo que, es una especie de terapia social, es una especie de invadir espacios, sin que le gente a veces está de acuerdo, o sea, de repente tu estai’ en la calle y vei’ un mural y no podi’ evitar verlo, entonces creo que a pesar de, de, que parezca un poco así como impositivo es una forma de invadir las conciencias, de que le gente vea otras realidades, de que la gente observe lo que piensa otra persona, de repente vea otras situaciones que no, no, las ve en su diario vivir y que por medio del mural tu abres una ventana a otros mundos que personas no conocen , entonces creo que en el fondo es una alimentación, es como una terapia pa’ la gente, de sacarla de su entorno habitual de su 244 rutina y que de repente se encuentre con una obra que les puede quizás abrir un poquito los sentidos, que reproduzca sensaciones que le produzca incluso rechazo de repente, no que sea algo que pase inadvertido si no que provoques sensaciones. ¿Entonces el graffiti puede generar un cambio social y político también en la sociedad? Yo creo que si, en la medida de que la gente cada vez vaya educándose, o sea el graffiti es una forma de educación y yo creo que en la medida en que la gente vaya entendiendo el lenguaje, que vaya entendiendo a los que hacemos el graffiti, que es lo que pensamos creo que si es un lenguaje que cada vez va entrando mas y como cualquier lenguaje en la medida que tu logri’ entenderlo, vai’ a poder adquirir los pensamientos de otros entonces, es como no sé si yo voy a un país en que no hablo el idioma no voy a entender nada, no voy a aprender nada, si logro aprender el idioma voy a entenderlos a las personas donde estoy viviendo y quizás logre crecer como persona, entonces yo pienso que lo mismo, que el graffiti que es un lenguaje que mientras más la gente vaya asimilándolo, mientras más la gente vaya viéndolo, mientras más la gente vaya pensándolo, vaya analizándolo va a ir entendiendo otras cosas que de repente es más difícil decirlo con palabras, son cosas que la gente debe quedar en su inconsciente, yo creo que la pintura por la relación que tiene con los sueños, con el inconsciente puede atacar en un sentido que no es tan evidente pero que si tiene un poder, un poder de influir en las mentes y yo creo que el graffiti si tiene ese poder. ¿Y tú que aprendiste del graffiti?, ¿hay algunos valores cívicos ciudadanos que rescates? Si mira, en torno a ese tema quizás lo más importante es que más que el graffiti son los grafiteros, lo que tu aprendí de la gente que de repente, es más que una obra lo que estay’ haciendo cuando compartis’ con otros grafiteros, cuando comparti’ con otros grafiteros comparti’ con personas que comparten en el mismo lenguaje o en un lenguaje muy similar, entonces se aprende mucho a la hora de repente trabajar en conjunto con estas personas, o de repente intercambiar ideas te hace crecer como persona te hace sacarte prejuicios, eh, yo he aprendido mucho a entender a otras personas por medio de la pintura y aprender que existen distintas formas de vida, no solo la mía y no solo la que me enseñan no son la que te aparece en la escuela, es tan diverso, ahora por ejemplo estamos compartiendo con amigos de otros países de Sudamérica, contigo mismo que eres de otro país, el graffiti hace eso, tiene esa magia de trasmitir, de interactuar con otras personas con un lenguaje que es común y que traspasa las fronteras. Del trabajo realizado en la población la Pincoya, ¿puedes hablarme de tu elección?, ¿por qué decidiste hacerlo ahí? A bueno a mí personalmente me interesaba venir porque, yo vivo acá cerca entonces nunca he pintado nada acá en la Pincoya y… tengo parte de mi familia que vive acá entonces en el caso mío personal, me interesaba pintar acá porque viví una parte de mi infancia en la Pincoya y aparte yo creo que el arte tiene que llegar a las masas que no la conocen la gente que tiene más recursos puede acceder a la pintura, yendo a una galería o quizás por información o quizás por interés, en cambio la gente de acá no la conoce tanto y creo que es importante que el graffiti invada estos lugares. ¿Y cuáles son las impresiones de tu familia? Inicialmente mi familia no me apoyaba mucho pero después de terminar mi carrera que estudie yo ya no me pueden pedir nada porque ya cumplí digamos con mi , con las típicas obligaciones que en el fondo te imponen la sociedad, entonces yo siento que en el fondo ya compre mi libertad y yo siento que ya estoy viejo y como se llama, ya formado, y siento que hecho todo lo que tengo que hacer y mi familia me apoya y lo encuentra bonito, pero no 245 puedo decir que me apoyaron desde el principio pa pintar, primero me obligaron a tener una carrera. El espíritu del graffiti tiene relación con la ilegalidad, sin embargo hoy ya es un proyecto legal525, ¿Qué piensas de eso? Em… bueno yo creo que como cualquier cosas que está creciendo mucha y como cualquier persona que en el fondo la ilegalidad nace de una persona que lo hace, en un contexto que te lo prohíbe, mira cuando yo empecé a pintar a rallar lo hacíamos en forma oculta, tratar de que no nos vieran y se disfrutaban de alguna forma la emoción de eso de estar haciendo, algo prohibido, pero con el tiempo me di cuenta que se disfruta también cuando la gente valora lo que haci’ y la verdad es que cambio un poquito mi visión y ahora por lo menos yo trato de no, de no hacer cosas que a otras personas les molestas porque la libertad de uno, es un cliché pero, termina cuando empieza la de la otra persona, pero la verdad es que trato de hacer algo que a todos le agrade, o que por lo menos sea algo que a la persona que se lo estoy haciendo le agrade, y que bueno que este en un marco de respeto, entonces, por lo menos ahora de la parte ilegalidad lo viví cuando era más joven y na’ po’ se disfruto se paso bien como cualquier cosas ilegal, como tomarse un copete en la calle, como no pagar el Transantiago que son cosas que no son correctas pero que de repente se hacen y bueno la vida no es perfecta y nosotros tampoco. 525 Hablando del proyecto de Museo a cielo abierto de la Pincoya en relación con el fondo del INJUV (Instituto Nacional de la Juventud) 246 ENTREVISTA A “EL MURERO” Realizó la entrevista: Clemente Bégot Lugar: cerro Polanco, Valparaíso fecha: 04 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre : Exon Apellido : Ahumada Apodo: El Murero Ciudad: Puente Colmo Profesión :obrero de la construcción Introducción Yo soy Murero, me llamo Exón Ahumada vivo en concón en un sector campesino que se llama Puente Colmo y eso es en Con-Con, periferia de la Quinta región, de Viña del Mar. Yo empecé en el graffiti tratando de salir de la casa, escapando un poco de la realidad de la trivialidad de la población, mal visto lo que yo hacía pero igual lo hacía, pintaba letras grafitis como se empieza yo creo que cualquiera empieza bombas cosas así y después me empecé a meter más a gastar más plata y hacer cosas más elaboradas y también con contenido que siempre trato de retratar paisajes de origen humilde de la gente de origen humilde que es donde yo pertenezco, yo soy obrero de la construcción y pinte eso como dos años y después llego a vivir cerca del barrio un amigo el Ecmor, ahora vive en quinteros cerca también de viña del mar y empezamos a pintar mas masivamente, hemos ido a Santiago a poblaciones periférica a la Legua con el “Lulo” 526, educador de la Legua, hemos estado con el Mono González de la Brigada Ramona Parra y ahora tenemos proyectado seguir en esto y tratar de entregar un mensaje. ¿Un mensaje político o social? Social más que nada, porque político en Chile, si te metí’ en la política te das cuenta de que te puedes quedar solamente en los ideales porque acá estamos y no ha cambiado en nada, nosotros hemos cambiado, nosotros mismos, bueno al menos yo de donde yo vengo trato de cambiar de donde yo vengo, e, son los ghettos, las poblaciones. ¿Qué valores cívicos o ciudadano has aprendido del graffiti? Si, si yo encuentro que, que es como la gente te valora, es porque la gente muchas veces no sabe de lo que se trata , comprende al ver lo que uno está haciendo, comprende que esto es algo valorable, es algo que trata de hermosear y de expresar libertad, libertad de expresión… ¿Puedes poner algunas palabras como valores del espíritu del graffiti? Si… yo… bueno… coloco siempre cuando pinto escribo texto, ahora tu me decí’ si puedo definir en pocas palabras el graffiti, punto uno es mi vida, y punto dos queda mucho por dar. ¿Qué piensas sobre el impacto directo que provoca en la gente? Yo creo que se está produciendo algo, se está produciendo un cambio en la manera de pensar, la gente en Chile antes se vivía temerosa, temerosa de las cosas nuevas, yo creo que en eso afecto y contribuyo bastante el golpe militar que hubo en Chile, cualquier cosas nueva 526 Concejal actual de la Legua (pobla de Santiago), miembro del partido comunista. Ver biografías. 247 era algo extraño algo raro y por lo tanto como no le gustaban las cosas nuevas a la gente era algo malo, ahora ya se está viendo que le gente ha cambiado esa manera de pensar ha abierto mas la mente la gente, tuvimos la grata, la grata sorpresa que un vecino de acá el que presto la casa para que pintara Zeta527, se rajo con un asado’ cachay la gente que pasa de repente te regala fruta, agua, limpia donde tu estay trabajando pa que trabaja y’ cómodo, y todo eso uno lo toma como un cambio de mentalidad, yo diría una madurez mental del chilenos de valorar las cosas positivas que hace la gente sin fines de lucro. ¿Piensas que el graffiti tiene una idea de memoria y de identidad? Si yo creo que aquí la identidad en Chile fue, un poco cortada con lo que fue el golpe militar, la libertad de expresión fue un poco cortada con lo que fue el golpe militar, y en su tiempo lo que fue la Ramona Parra ligada a las juventudes comunistas quebró un poco ese esa inercia que había de expresarse y hoy en día chile está volviendo como es como una flor que se marchito y está volviendo a florecer, en cuanto a lo cultural y a lo social. ¿Tienes algunas influencias o inspiraciones, algunos artistas reconocidos? Si, fuertes, si yo tengo influencias fuertes, en un principio me influenciaba mucho por, por Cekis y bueno todo lo que, hoy día tenemos con mi amigo, el privilegio de pintar prácticamente con todos los referentes que tenemos nosotros Cekis, el mismo Zeta, y tantos otros que podríamos nombrar Charquipunk, H.A. y hay un montón que si se me queda en el tintero… ¿Sientes que hay como una comunidad de artistas especifica del graffiti o es más abierto a todos? Yo creo que si en cierto modo hay una corriente una cultura especifica personas que siempre pintan juntos pero como siempre van saliendo nuevas generaciones, de hecho a mi no me conoce nadie, a mí y a mi amigo no nos conoce nadie aquí en Chile pero estamos aquí pintando y yo creo que así como nosotros surgimos de la nada, o estamos surgiendo de la nada, porque estamos en el camino, pueden venir cabros mas a futuro y a los mejor uno mismo ser referente pa’ ellos y después más adelante podemos hasta pintar juntos por ahí. ¿Por qué participas del festival, que piensas del festival? Yo encuentro que el festival es como una, pa mí es como un modo de contactarnos con otros pintores, para hacer esto más fluido, como yo tengo poca gestión , tengo poca, e como se dice, poco ingreso, eh… aquí me podría servir para que me auspiciara y para poder hacer esto más seguido… 527 Graffitero columbiano presente durante el Polanco Graffestival. 248 ENTREVISTA A ELLIOT TUPAC Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: Rio Mapocho, Santiago centro fecha: 22 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Elliot Tupac Peru Testimonio de un artista-graffitero Peruano durante el “Festival Hecho en Casa”: Hola soy Elliot Tupac y vengo del Perú, mi trabajo tiene que ver mucho con el tema del desarrollo tipográfico y leterin y aplicado en distintos soportes, he empezado haciendo carteles serigrafía popular y luego he pasado a intervenir los muros a escala de tamaño grande, y lo que hago con mi trabajo básicamente es, un poco es insinuar o de sugerir algo con alguna frase en la gente para poder generar ciertos cambios, lo importante de todo es que la percepción de la gente ha sido siempre satisfactoria y a mí me gusta digamos que esa generación del “feedback”528 que hay con el publico espectador sea de manera más constante porque a veces una palabra sugiere muchas cosas y la gente lo interpreta de muchos formas incluso yo creo que también pudiera servir como un instrumento educativo, porque al generar digamos estas interrogantes y todo esto creo que se pudiera aplicar tranquilamente en las poblaciones, en los lugares digamos más alejados, o sea definitivamente es un trabajo que desarrollo tanto como ahora en un lugar especifico de la capital como también lo puedo hacer digamos en la periferia entonces está claro que el trabajo del espacio público tiene que ser escuchado, tiene que ser como emotivo. 528 Feedback est un terme anglais signifiant le « retour d’information », le ressenti de ses créations par le public. 249 CUESTIONARIO ESCRITO ENVIADO A “ESEC” Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: Tocopilla, Antofagasta fecha: Noviembre 2012 Presentación Nombre :Francisco Edad : 27 años Apellido :Tapia Ciudad : Tocopilla Seudónimo: ESEC Profesión : Graffitero y estudiante de Arquitectura Afiliación política, sindical o asociativa: Solo, sin acuerdos ni interés, solo con los que quieran mejorar el Mundo. Solo si eres estudiante : Carrera : Arquitectura Nivel de estudios: sexto año, último semestre, proyecto de titulo. Nivel de experiencia Terrenos privilegiados (país(es), ciudad(es), barrio(s), calle(s)): como artista urbano todos (años) : 12 años Estilo artístico propio: experimental, pero siempre integrando el realismo en las obras o en proceso de lograr un realismo. Sitio web/Flickr/pagina Facebook / otros medios: http://www.flickr.com/esec_esec/ www.esecgraffiti.tk ¿Cuál es tu visión personal sobre la evolución del arte urbano a través de las 3 últimas décadas? Puedes mencionar y poner de relieve las grandes corrientes artísticas urbanas, los pintores urbanos que contribuyeron a la notoriedad del arte urbano y que los que hoy día son considerados como referencias en Chile, por fin los iconos populares de América Latina y de Chile las más difundidas, sirviendo de fuentes de inspiración según tú. Ha sido tan acelerada la evolución del graffiti como lo es la tecnología, el cual la técnica, diseño e ingeniería han influido bastante es su posicionamiento y aceptación en el mundo del arte tradicional, al lograr que el aerosol se convierta en una herramienta al servicio de la creación y no solamente vinculada al vandalismo (tag, bombín, estencil, etc.) o al mundo del hip hop. El arte urbano tiene el poder que cualquier medio de comunicación puede lograr, pero la diferencia que la calle es un espacio público donde el transeúnte vive a diario y la interacción es constante se quiera o no. Hoy podemos al hablar del graffiti art, denominación que la evolución ha permitido, pero sigue siendo parte del mundo del graffiti en su origen, donde el soporte sigue siendo la calle pero con una línea estética y más experimental que las típicas temáticas vinculadas al hip hop en el pasado, son pocos los grafiteros que siguen incorporando elementos del Hip hop en el arte urbano, es una cuestión generacional, siendo una acción totalmente contemporánea del arte urbano. 3) ¿Cuál distinción haces entre muralismo, grafiti, rayas (tags)? ¿Cuál connotación política y/o social puedes asociar con estos tres términos? ¿De cuál movimiento te parece pertenecer? ¿Según tu, cuál es el más eficaz para expresar una idea? 250 Primero que nada, el graffiti y el tag están íntimamente relacionados, son parte del mismo mundo, el tag está inmerso en el ADN del graffiti. en cuanto al muralismo es algo que en chile fue una expresión que tuvo resonancia en la época del golpe militar, pero sinceramente no me gusta la historia de épocas pasadas, porque está claro que no se aprendió nada del pasado como sociedad, ya que el presente él es reflejo de esa mala asimilación. Si hablamos de eficacia, creo que cualquier expresión urbana posee gran potencial de influencia, solo depende de la intención del artista de lo que quiere transmitir, ya que la calle impone y no deja opción de elegir que mirar, es algo que está implícito en las ciudades. El graffiti es mi forma de expresión, una expresión libre, donde la calle hace posible hablar de graffiti. Sin calle no hay graffiti, y de ahí soy yo. 4) ¿Todavía a partir de estos 3 términos, piensas que cada uno de estos se asocian a una época particular específica o éstos todavía coexisten juntos todavía hoy días? ¿Entonces, piensas que hay un conflicto entre generaciones así como de territorios o te parece que hay como una consciencia de pertenecer a un grupo con valores y cultura comunes? Como dije anteriormente, cualquier expresión urbana posee el potencial de manera equivalente, solo depende del artista, o sea de su estilo y técnica como herramientas de expresión y la calle como el soporte de su arte. 5) ¿Según tu opinión, los organismos como los talleres de pintura y los colectivos grafiteros independientes podrían ser en rivalidad? También qué te parece de las murales políticas por las elecciones? ¿Acaso la participación en acontecimientos públicos o campañas políticas, organizado por organización asociativas y políticas, te parecen legítima y de acuerdo con el espíritu del arte urbano? Cualquier medio que sirva para difundir el arte es positivo, más interesante es que existan personas enseñando el arte del graffiti, solo se necesita ganas y más ganas para pintar, y para hacerlo en la calle un poco mas de ganas que las normales. La propaganda política, es solo propaganda, una publicidad, aunque hay veces que se convierte en arte la publicidad, pero no es el caso de la política, es algo netamente temporal. El graffiti a diferencia que es efímero y constante, pero que con el tiempo cada vez es más permanente cuando es un graffiti maduro y con sentido. 6) ¿Cual importancia atribuya al rol del futbol, precisamente de las Barras Bravas que rayan o pintan en las calles? ¿Son en rivalidad entre ellos en los territorios, también piensas que son en rivalidad con los otros grupos o organización dedicado al arte urbano? La territorialidad vinculada al futbol, es de gente ignorante y comúnmente son casi pandilleros, es un refugio de la delincuencia y un pretexto para tener un control y limites de dominio con los rayados y símbolos o dibujos referentes a un equipo. No hay un objetivo detrás de todo eso. Menos hay arte. 7) ¿Cual importancia atribuya al rol de la religión y a la importancia de los organismos religiosos dedicados al arte urbano hoy día? Lo que he visto en las calles son solo mensajes para atraer adeptos basados en propagandas de miedo, con la cara de Jesús y algunas frases que inducen a temer. Pero es solo publicidad. 8) ¿Cuál es el rol y el valor que concedes al arte urbano en general hoy días? ¿Y tú, como grafitero, cual rol das a tus propios grafitis? ¿Según tú, el grafiti es una manera voluntaria de marginarse en un grupo cerrado o al contrario se emparienta como una 251 forma de ciudadanía participativa con objetivo de integración a un grupo más largo, a una comunidad, a la sociedad? El arte urbano tiene el poder de influenciar, de afectar la conciencia, ya sea de manera agradable o incomoda, y es lo que entendió la publicidad al utilizar la calle con sus propagandas. Este arte posee la cualidad de estar libre de teoría o análisis previos, como lo es el arte tradicional, es un arte público al cual todos tiene acceso sea cual sea la herramienta que se utilice para pintar y forma de pensar. Es un arte que alberga la diversidad de pensamientos que una sociedad puede reproducir. Por lo tanto el arte urbano es participativo desde el punto de vista que está hecho por gente común y corriente que no tuvo estudios de arte ni mucho menos una formación de esa realidad. Solamente existe la necesidad de expresarse y ya está. Personalmente mis graffiti poseen una carga existencial, o sea de un cuestionamiento de la persona, más que demandas o protestas, solo lograr dar el empujón para abrir la conciencia y detenerse a pensar o simplemente aportar al espacio público, siendo empático con el transeúnte, tratando que se sienta identificado y yo al mismo tiempo satisfecho con lo realizado, un equilibrio entre el ego y la humildad. 9) ¿Como graffitero, cuál relación mantiene con las fuerzas del orden en tu vida cotidiana? ¿Y a la inversa, cómo las fuerzas del orden contemplan las actividades legales y/o ilegales de los grafiteros? Que sabes de la legislación sobre el arte urbano en Chile? Donde pones la frontera entre legal e ilegal? Los prejuicios son parte de la ignorancia, donde la tolerancia de aceptar nuevas generaciones y formas de expresión como lo es el graffiti está incluida en nuestra sociedad chilena, una sociedad sintética que se solo sabe consumir y por ende crear no está en nuestro ADN. Por lo tanto el valor hacia el artista es muy pobre. Donde las fuerzas del orden solo son el reflejo de una sociedad ignorante que no sabe o no entiende que existen procesos lentos de evolución que van camino hacia la perfección. La necesidad de expresarse es latente en todo el mundo, pero en Chile no existen espacios ni cultura artística, donde el graffiti en su forma más primitiva se ve como una salida rápida para expresarse y a la vez visto como vandalismo al ser una expresión anónima y de daño público como es el tag o flop, pero si se presta atención al comportamiento humano, es tan simple con implementar y multiplicar espacios para la cultura y arte en el país como parte de la idiosincrasia. Así de simple. Entre lo legal y lo ilegal se mueve el graffiti, es una evolución desde lo ilegal a lo legal, desde lo primitivo a lo maduro del graffiti. El que tiene la necesidad real de crear lo hace en lo más próximo, la calle, es una experimentación constante, que estética y temáticamente van creciendo con el tiempo del artista. Cada vez hay más fundamento, razones y objetivos. Por lo tanto no existe esa línea entre lo legal e ilegal, solo existe el respeto y no respeto por la propiedad privada y la gente que circula por la calle. 10) ¿Qué piensas de las políticas públicas culturales concerniendo los ánimos y la ayuda para desarrollar el arte urbano? Te parecen eficaces y útiles? Tiene un ejemplo de acontecimiento de política pública en relación con el grafiti? No existe. El arte urbano lo conocen los artistas urbanos. Y por decir otra cosa, son un obstáculo para los artistas, donde quieren convertir a un artista en gestionado de proyector o administrativo, cero apoyo al artista en general. 11) ¿Piensas que el grafiti podría servir de soporte para enterarse de valores, principios y permitir implicarse políticamente o socialmente en la comunidad o la sociedad? Explícame lo que te aporta el grafiti día tras día. 252 Insisto el graffiti es el reflejo de la sociedad, diversidad de pensamientos, por lo tanto cada graffiti es un mundo que carece de valores, principios, criterios, etc. y al mismo tiempo está lleno de realidad y verdad. El graffiti es integrador social por excelencia, es un cobijador para los que quieren expresarse, pero al no haber escuela de graffiti lo hace más interesante, porque los que realmente están en las calles son las personas que de verdad algo quieren decir y no representan a nada ni nadie, solo su mundo y su verdad, por ende una sociedad completa está representada. 12) ¿El arte urbano es para ti un motor que podría llamar un cambio social y político o un medio de comunicación alternativo para acompañar las movilizaciones sociales? ¿Por ejemplo, que piensas de las luchas actuales de los años 2000 en relación al mundo del arte urbano? ¿Según tu experiencia de vida y tu opinión personal, cuales son las luchas recientes sociales y políticas que podría inspirarte y comprometerte por el futuro? Hablar de social es hablar de mucha gente, si no existe una reflexión personal y una educación verdadera, seguirán existiendo personas influenciables al por mayor como lo es hoy en día, de todos los que salen a protestar o a demandar solo el 1% sabe por qué lo hace. Por lo tanto, orientar el graffiti hacia una responsabilidad social sería erróneo, es parte de la sociedad y la tarea de rol social hay que dejárselo a los que tienen convicciones sociales bien claras, una postura y un mensaje informado y solido de lo que sucede socialmente. Creo que el tema de la educación en Chile es lo más delicado, porque es el tema que define el estancamiento y la posición como sociedad consumista, o la proyección de un país autosuficiente y desarrollado. 13) ¿Suponiendo que el arte urbano sea un medio de comunicación alternativo, cual es su impacto y cual eficacidad piensas que tiene sobre la población? ¿Hay un apoyo y estímulos de la población o al contrario una incomprensión, incluso un desprecio? El graffiti es una cuestión generacional, y más aun en Chile donde cuesta que la mente evolucione de manera rápida por falta de educación, mas los acontecimientos políticos históricos que dejaron lleno de temores al país, una generación reprimida que poco a poco se extingue. Podríamos decir que los grafiteros que hoy en día están vigentes, es reconocer la pasión y el valor que han tenido al ir contra la corriente en épocas de transiciones generacionales y que los prejuicios poco a importando por no decir nada, y por ser los encargados de cambiar la mentalidad de mucha gente al aceptar esta expresión como un arte libre y democrático. 14) A propósito del arte urbano, cuales son las especificidades y estilos específicos de tu ciudad? ¿Te parece diferente del arte urbano santiaguino? Creo que la globalización dejo atrás la distinción de estilo entre regiones o ciudades, y al mismo tiempo ha sido de influencia para muchos de los artistas urbanos en sus comienzos y que algunos han ido evolucionando el estilo pero con la materia prima de una influencia globalizada. Lo que sí puedo afirmar en cuanto estilo e influencia hacia mi proceso creativo o estilo ha sido el grafitero ALME de Santiago con su surrealismo, estoy hablando de muchos años atrás, pero que me gustaba en ese entonces. Yo ahora practico el camino hacia el realismo que muy pocos lo adoptan al estilo en la calle, creo que es porque requiere mucha más paciencia y dedicación, no es algo tan intuitivo. Mi ciudad de origen Tocopilla y la región de Antofagasta, mas posee una influencia heredada de la globalización más que de la capital. 253 15) Por fin, pintas muchas caras y ojos, llamando mi atención con el caso de los encapuchados, ¿Cómo estudiante y ciudadano, que piensas de las movilizaciones actuales en Chile? La acción de encapucharse es una acción de libre elección, no veo nada malo en eso cuando detrás de todo encapuchado hay una causa justa. De lo que estoy en desacuerdo es de los desmanes, aunque a veces son necesarios para generar presión cuando la política no hace nada por un país mejor. Las movilizaciones tienen esa presión que justamente un gobierno no quiere vivir para no tener que trabajar y pensar en cómo solucionar lo que nunca pensaron en entregar. En relación a mis graffiti y la acción de encapucharse, siempre está vinculado a la censura, y nada más que eso. Nunca he tratado de representar un acto de rebeldía o anonimato, o algo similar a los prejuicios que están relacionados con los encapuchados. 254 ENTREVISTA A ALECKS “HERZ” Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: Maipú, Santiago fecha: 23 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre : Alexis Apellido : M. Apodo: HERZ Edad : 25 Ciudad : Santiago Profesion : Artista Plastico Afiliación política, sindical o asociativa: Ninguna Solo si eres estudiante : Nivel de experiencia como graffitero (años) : 13 años Sitio web: Carrera : Ilustracion Nivel de estudios : universidad Terrenos privilegiados (país(es), ciudad(es), barrio(s), calle(s)): Maipú WWW.HERZ1.CL Introducción Mi nombre es Alex, y mi apodo es “Herz”, soy de Maipú, pinto habitualmente en mi comuna, salgo poco a otras comunas por tema de tiempo, me dedico a todo lo que es ilustración, es pintura, ahora estoy de lleno en la pintura con dibujos, haciendo exposiciones, cosas así. Puedes hablarme un poco de tu trabajo… Claro mi trabajo es realista o figurativo más que nada, me gusta pintar mucho cosas improvisadas, usando el realismos basado de referencias fotográficas, y también me gusta mesclar eso con la abstracción… que la pintura fluya en el momento, sentir esa liberta de expresarte, jugar con los colores, con el entorno, dialogar con las personas… ¿Y porque lo haces?, ¿Cuál es la finalidad de tu trabajo? La finalidad es de expresar cosas de adentro de mi, de niño que era bueno para dibujar, pero después ya con el tiempo, la experiencia de vida te da cosas que tienes que saber sacar eso de ti, eso que está adentro en el alma...y entregar a las demás personas cosas que de repente uno no lo puede decir hablando, pero en la pintura uno se desahoga y dice lo que piensa y lo que siente, más que nada por eso pinto. Se puede decir que es mi terapia. ¿Piensas que hay un modo de vida, un estilo de vida especial en los grafiteros? Si, cada día es distinto al otro, a veces me levanto dibujando… pintando unas telas o a veces no hago nada, pero siempre pensando en eso, de pintar algo, como en una tela, un dibujo, un papel o en un muro, trato de siempre estar activo haciendo eso, lo que me gusta… y hacer que cada día sea distinto al otro. ¿Te sientes parte de una comunidad de artistas urbanos? Sí, soy de una generación joven en el graffiti. Por ahora ¿Puedes hablarme un poco de la campaña “No Votes Por Mi”, como uno de los iniciadores de la anti-campaña electoral? 255 Claro, esa idea se dio tanto por, un grupo de amigos que estamos en desacuerdo que borraran murales, tanto como los míos o de mis amigos, en periodo electoral, porque no se, la perdida de dinero que se hace cuando te borran algo, el sentimiento que uno tiene al pintar algo, eso genero que se creara esa campaña para que la gente se diera cuenta y valorizara lo que se está perdiendo por esas campañas, que gastaban mucho dinero pintando muros, borrando todo lo que pillaban a su paso y la campaña contra que borraran murales las personas apoyaron de manera positiva, porque es algo que no se había hecho nunca. ¿Podríamos decir que el arte urbano forma parte de una tradición histórica, a propósito de la campaña electoral que realizo Allende? Claro ahí empezó todo el movimiento muralista, con las campañas de allende que involucro a muchas personas, pero eso no lo veo como netamente graffiti a mi parecer (opinión personal) ¿El problema pasa porque las campañas electorales no son artísticas, o es por la contaminación del espacio visual y solo eso? Eso; porque claro como tu mencionas’ lo de Allende era algo que lo hacían las propias personas como una unión ya cinco, seis personas y todos colocaban un granito de arena para hacerse un mural, con imágenes y colores, en cambio en una propaganda política actual es usar un color y ponen su nombre, y listo, no hay un trastorno social entremedio, investigando sobre el tema a los vecinos del sector que es pintado con propaganda política si le gusta lo que hacen los políticos, y a nadie le gusta y sobre todo cuando borran un mural, la gente se da cuenta , que a ellos también los pasan a llevar cuando ponen su nombre en todas las paredes de manera rápida , tapando murales que a ellos les gusta y ven todos los días… ¿Y porque algunas personas aceptan los murales como políticos, es decir solo con el nombre del candidato en su propia casa? Debe ser conocido o familiar, pero las personas que no conocen al candidato, nunca en su vida les pasara su muro, te lo doi firmado. ¿Puedes hablarme un poco de la anti-campaña, grafitera “No Votes Por Mi”? “No Votes Por Mi” empezó con unos videos dando a conocer lo que era todo lo que borran los políticos a los grafiteros ¿Y concretamente en la calle que hacen? Empezamos a intervenir muros usando la misma técnica que ocupan ellos, con un solo color para rellenar y un color para trazary el fondo, escribiendo en el muro “No Votes Por Mí”, después salió un video y lo mostramos. Después las mismas personas de otras comunas y otras ciudades empezaron a hacer lo mismo con rallados o interviniendo los mismos afiches de los políticos cuando salían sonriendo, haciéndoles caras de payasos(jajajaj) , después todo el mundo grafiteros se sentía identificado por eso de la campaña “No Votes Por Mi” y se paso la voz de ella…. ¿Y funciono bien en las otras comunas de Santiago? Si… si todos están en lo mismo, en la misma lucha al final, solamente no se había hecho algo en contra de eso, todo estaban de acuerdo en que gastan mucho dinero en las campañas y que esos dineros se podrían invertir en otras cosas más productivas... ¿Pero tiene ejemplos que quieren hacer, lo mismo? A no!, no, pero, las comunas o sea enviaron fotos a Facebook sobre los que 256 hacían también intervenciones, también a través de los videos que mostramos en la web, entonces ellos igual se inspiraron como se podría decir, se animaron a hacer algo también en contra de esa cosa, de la misma campaña ¿Y la anti campaña fue durante cuantas semanas? Duro todo el periodo electoral, como tres meses, en esos meses empezaron los videos a mostrarse y la gente también empezó a conocer la anti campaña, hasta que se genero un seminario529 también sobre el tema, las universidades también hicieron un análisis del problema social que se genera en las campañas electorales. Y hoy día, hace tres semanas de la campaña y la municipalidad ya no deja que se pinten murales de políticos… Ellos tienen un tiempo límite para pintar sus nombres en la comuna, pero en el momento que estuvieron autorizado taparon muchos murales de graffiti muy buenos… Yo sé que hay una plaza con un monumento nacional, en donde quisieron hacer un graffiti, ¿Puedes hablarme más acerca de eso? Si, ese monumento nacional fue intervenido, gracias a que dieron los permisos correspondiente, primera vez que se intervenía un monumento nacional en Chile, pero en Momento de elecciones fue tapado por el municipio… 529 Séminaire “Graffiti & Política”, organisé par MENDEZ, Cristian (collectif “No Votes Por Mi”), Instituto de Comunicación e Imagen, Universidad de Chile, 18 Octubre 2012. 257 INTERVIEW WITH IAN MORGAN By: Clement Begot Place: Parque Forestal, Santiago Centro Date: 17th of March 2013 Fill in informations you do like to share for this interview (optional): Firstname : Ian Family name: Morgan City : Santiago Work : in charge Urbn Stgo Tur Can you introduce yourself? Well, what are you doing here? Hello, my name is Ian. Myself and my friend Dan set up Urban Santiago because we like Art. What am I doing here? It’s a very good question (laugh)… I was travelling in South America and I gotta forward Santiago for New Year Eve’s and I have been here for the last three months organizing Graffiti and Art Tours and I set up an exhibition. Since how long are you interested by Street Art? I’ve always liked Art, I’ve always made Art. You are an artist too… Depends what’s the definition what an “Artist” is… but I make… I make Art (laugh). Handsome description, hum… I’ve always been interested in Street Art, it’s kind of… I’ve travelled to many parts of the World and every country has something to offer with stencils or large murals. You know there is… everywhere is unique, it’s unique taste on streets and each artist has a different ability to produce an amazing work. In London, there are amazing pieces of Street Art too… Oh yeah! I mean London has probably some of the best. I emphasize, actually I am from London (laugh)! But London has the best EVERYTHING (laugh)! Yeah, I mean obviously Bansky. You know his work is now sold for half of million pounds, for million pounds. He has a lot of work across London. But there is also, many, many artists in London who are unrecognized but they still produce amazing, amazing works. Now, tell me about the Urbn Stgo Tour? Oh yeah, our Tour Company… It came across an area in San Miguel, South Santiago. When did you decide to realize this? Where does the idea come from? Well, I’ve been to Buenos Aires where there is a Graffiti MundoTour. It’s a company own by some English guys. I did the Tour and then I’ve never thought anything more of it… until I go to Santiago. I saw an opportunity to organize Tours for Graffiti. So, we did a bit a research. In Bellavista, there is a lot of Art, you walk the streets and you’ll see. So, we find an area in San Miguel, the Open Air Museum. That has, well, 31 murals, each one 4 stages/floor high about 15 meters wide. And I want to create the World largest Open Air Museum… The World largest Open Air Museum and put it toward together just seems a good idea with the time. So, we have done our first Tour about… maybe in January, we made our first one, I think, I don’t remember through I haven’t been a bit in a blur (laugh)… Yeah, we’ve had some very successful Tours; everyone had enjoyed it that really thought the Art was amazing. You know an area when you go with the tourists, most of tourists don’t even know where San Miguel is. It is kind of a poor area but it is not a dangerous area, we’ve never felt in danger. 258 It’s a family area, there is the market every Thursday and Sunday and that’s really amazing work. And what do you know about the Open Sky Museum project? Do you know the guy in charge of? Yeah, yeah, David. Well there are a few guys in charge of. David Villaroel is the project manager he is the guy that we first met when we started going down there. There is Mono Gonzalez who’s the Art director, he is in charge of, you know, work actually going on with the walls. We’ve never met him. But we’ve been in contact with David. Hopefully, we are starting to do English lessons for the children .Which is a project to help them, we need to contact children as well and parents to know about it. We know quite of few, we are starting to contact artists now as well, which is a quite good step in step in the right direction for any more information about the Art there. Do the Artists know about this Tour guide? Not all of them in that moment. But we met Payo several days ago. He knows about it now, he is really interested. When people hear we charge 4000 pesos, most of people automatically assume than that money is far to go into our found. The 4000 pesos we ask for the Tour goes back to the Community. It‘s gonna going back into buying stuffs as the English lesson, crayons, paper, books, pens. It’s gonna go in to buy new aerosols, new paints to touch up what’s had being done. To help about scaffolding, so the artist can climb and do the high work. All this money is going back to the Open Air Museum? We have to take a small percentage because we are paying for flyers, we pay for posters, pay for advertising materials, we print off every couple of months like 50-60 posters with good quality of photos. Then we take to the hostel and we put up, that help to promote. But yes, the majority of the money is going back, will be going back to the community, yeah… What do you know about this place about “La Victoria’s” ghetto (Poblacion)? It’s quite important part within the Santiago City, it was very militarized area back in the 1970’s. A lot of Graffiti that you see down there is based around fighting, confliction with the police, and you know, the riots. It’s a lot more political, the “Art” there than in San Miguel, in the Open Air Museum which is more “Art”, more kind of abstract. You know it’s a very different form of “Art”. But it’s still a nice place to visit! Do you have some plans for future? New Tours? Yeah, yeah, yeah, we have actually a lot of plans in the pipeline. We want to start a gallery and studio Tour. Obviously there are a lot of galleries, where people can see the finish work, there are a lot of studios. One of our friends has a gallery just over here… And it’s not just a gallery, it’s a studio with ten different artists doing anything from making fashion to making TV ads. We want to take people to go and see the actual work inside of the studio. You go and you see the artist making whatever the piece of work is at the moment. I really wish I wanna do… be involved in the Urban Festival “Hecho en Casa”. We started to spoke with them this week and we gonna purpose, all together, how we can have an area or if we can do something, possibly in San Miguel with a Festival, bands and music, we hope to get “Los Prisioneros”530, this is just an idea… The Festival is in September so we kind of have to 530 “Los Prisioneros » is a famous Chilean rock’n’ roll band born in the 1980’s. In the Open Air Museum, the first mural painted represents the band in the San Miguel neighborhood, where members belong. 259 move a bit quickly now. Yeah, we have a lot of ideas in the pipeline. Every week, we have a new idea. The next project we have with the Urban Santiago is “Arte Accesible” in English “Affordable Art”531. Our first exhibition will be on the 25th of April. ENTREVISTA A “LE DORIAN ESPACIAL” Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: Santiago Centro fecha: 8 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre : Diego Apodo: Le Dorian Ciudad : Pedro Aguirre Cerda, Santiago Profesion : diseñador y pintor Presentación Bueno yo me llamo Diego, soy diseñador y pintor, o sea con estudios, he estudiado pintura en la academia y cosas así y también estudie diseño, o sea en realidad una carrera que es como dirección de arte, me intereso estudiar esa carrera porque sentía que me podía desenvolver en muchas cosas del arte. ¿Hace cuantos años? Estudie… cuatro años, esa carrera. Y bueno principalmente y últimamente también me he dedicado al tema del arte urbano, del Street art y más que nada siento que esa…, de todas las cosas que hago es en donde mejor me siento, pero donde también, es donde menos gano, o sea como sustentabilidad me refiero, en tanto económicamente, por qué no, no he recibido ingresos… al pintar en la calle y también no recibo materiales po’ entonces igual eso también es como complicado a la hora de desarrollarlo porque todo, todo tema como plástico necesita… de recursos pa’ poder realizarse po’ cachai’. O sea no es como en la danza, la danza por ejemplo, necesitai’ solo tu cuerpo, o en el teatro o un par de objetos que quizás hasta con una piedra podi’ montar algo, en cambio con… la gente que se dedica a la pintura necesita tener materiales, necesita, tener bastidores, pinturas, pa’ poder realizar ese tipo de cosas po’ entonces cuando… una…. Una manera de, de hacer arte no te hace tener ingresos, se hace más complicado… desarrollarlo y poder mantenerlo a través del tiempo y sobre todo, el tema del graffiti que se da generalmente en personas jóvenes, que no tienen mucha responsabilidad, que están estudiando pero no sepo’ a medida que van creciendo, van cambiando de repente los intereses o, se hacen padres entonces cambian las responsabilidades, entonces se hace poco más complejo y generalmente muchas de las personas lo va como dejando. ¿Cuándo empezaste a pintar en la calle? Yo empecé a pintar en la calle como hace diez, doce años atrás, más o menos, pero no como lo hago, de la manera, ahora po’, en ese tiempo no tenía, como ningún concepto 531 More details here : https://www.facebook.com/events/171504066334497/ 260 grafico solamente lo que sabía era lo que veía en la calle, en alguna revista porque en ese tiempo, el graffiti no estaba muy masificado, como lo es ahora po’ el tema del internet, no habían muchas páginas, entonces… como nosotros acá en Chile t enemos cultura de mural, más que nada, las influencias que tuve fueron las cosas que iba viendo en la calle o en alguna universidad o en algún lugar que tuviera como un peso político… que involucrara este tema de manifestaciones cachai’, yo vivo en una comuna súper popular que se llama Pedro Aguirre Cerda, entonces en esa comuna, fue una comuna muy afectada en el tema, pal’ golpe de estado, y en ese tiempo… existían brigadas muralistas que, como que protestaban mediante muros. ¿Cómo se llamaba? La “Brigada Ramona Parra”. Y ellos tiene muchos murales de esos cerca en los alrededores de mi barrio entonces, muchas veces, me los encontraba… y me deba cuenta que existía una manera de comunicar mediante imágenes súper entretenidas po’, y como que ahí me empecé a interesar. Después como que conocí la pintura, empecé a estudiar un poco, estudie en un colegio artístico. ¿Ahora cueles son tus fuentes de inspiración? Más que nada son cosas personales hueón, cosas que se te van ocurriendo en el momento… o… cosas que, que te llaman la atención, son como cosas más personales en realidad o sea lo que me gusta del graffiti, que a través de la evolución que ha tenido en el tiempo, se ha ido yendo hacia un lugar más transversal cachai’, no es solamente político, como muchas personas que hacen graffitis es algo como más personal y eso es lo bueno como que, yo puedo pintar y hacer lo que quiera, lo que se me ocurra y… y… y eso, en pocas palabras, yo hago lo que quiero, y transmito mi mensaje con estos medios, con estos recursos, con estas imágenes, con estos conceptos y eso es lo que me gusta, como la libertad, de pintar en la calle cachai’, de que tu trabajo, está expuesto a todo el mundo, de manera gratuita y un trabajo de buena calidad pal’ cual no teni’ que pagar entrada a un museo para poder ver cachai’ o sea el tema del graffiti o del arte urbano, al estar en la calle está expuesto a muchas cosas, así como tu estay interviniendo a espacios, el transeúnte o las personas que va pasando por la calle, te lo rallan o le hace alguna cosas y también están interviniendo lo que tu interviniste, entonces te provoca un juego así como medio sociológico como… esos es súper interesante. ¿Haces la diferencia entre muralismo, tag, graffiti? Si es que, quizás las personas que se dedican a esto, lo practican y no lo diferencian mucho o sea yo, así como voy puedo pintar algo rápido mas express, también puedo pintar algo más elaborado que me tome varias horas de trabajo, como también puedo pescar mi plumón y hacer mi firma, pero, en lo personal a mi no me gusta mucho el tema del tag, lo hacía más cuando era chico, cuando estaba empezando y como que en realidad empecé a tomarle conciencia, de que este tipo de cosas son, súper importantes en.. en la sociedad entonces, por qué un rallado, provoca como un remesón en las personas o sea imagínate tu teni’ un muro blanco y un día, de la noche a la mañana amanece rallado tu le vai’ a provocar algo a esa persona cachai’, le vai’ a provoca un descontento pero, qué pasa si es alguien que tiene tus mismos intereses, que tiene tus mismo gustos, va a decir ¡oh bacán! Rallo el mismo muro blanco que yo también quise rallar en algún momento, pero siento que, que pintando cosas más elaboradas y con más contenido podi’ provocar un mayor revuelo, en las persona s cachai’, entonces, eso es lo interesante del graffiti, desde mi punto de vista, como entregar mensajes con una visión personal, que sea como hacia todo el mundo y la diferencia que hago por ejemplo entre graffiti y mural que como nosotros tenemos una cultura de muralismo en 261 Chile y como empezó, siempre se ha enfocado el tema del mural, principalmente hacia el lado político, o sea el mural político, el mural que… quiere transgredir las cosas que están pasando, como una manera de protestar en contra de las injusticias que se están viviendo en el país en este momento por ejemplo, pero también hay murales que son más ligados hacia temas más artísticos que buscan, expresar como sentimientos, en vez de una protesta. Pero el graffiti es mezcla de muchas cosas, es como una mezcla de todo, los grafiteros pueden hacer algo político, tanto como personal, espiritual, da lo mismo lo que sea, o sea, eso va en cada persona, lo que quiera pintar y los que destacan mas, generalmente son lo que tiene un estilo más definido, mas pulido y que… más que nada llaman la atención por el tema del color… o la ¡forma! muchas veces tu podi’ ver graffitis que son más abstractos, pero lo que te provoca a ti, te llama la atención y hace como que sea más… no sé, hacia tu gusto. ¿Piensas que el arte urbano en general, puede provocar un cambio social y político? Si… o sea yo creo que, que ya lo está haciendo, o sea por ejemplo… muchos de los niños, se están interesando en el tema del arte urbano, porque es una manera súper entretenida de hacer cosas po’, de estar pintando de, de, de mancharte de esa conexión que provocai’ con la gente cuando tu estay pintando, entonces, entonces no se si los intereses de antes de los niños como jugar a la pelota o andar en skate hoy son pintar po’ y pint ar hoy es una manera súper bonita de entregar cosas po’ y que los cabros chicos se estén… como ligando a estas cosas cada día más quiere decir que se está creciendo culturalmente, entonces eso igual es súper importante porque la cultura juega un rol importante en la sociedad porque, eso hace que las personas cambien su chip y empiecen a ver cosas que antes no veían po’ o también escribir un poco de historia, a través de los muros, entonces creo que si se está provocando un cambio importante en lo que está pasando por que más que nada las personas están cambiando al manera de pensar, de vivir, de comportamiento, de intereses y creo que el graffiti es una manifestación que en este país hace veinte o treinta años atrás no se podría hacer porque nosotros vivimos en una represión súper grande, una represión importante hacia la cultura sobre todo, no solamente hacia el tema plástico, si no que músicos, o grandes artistas acá en Chile tuvieron problemas porque sus mensajes supuestamente como que corrompían la moral y la tranquilidad de la sociedad. Acá en Chile siempre… durante esa época se privo a grandes artistas de entregar esos mensajes po’ o por decirte un ejemplo, Víctor Jara, Pablo Neruda, eh... No se po’ ellos son ejemplos claros de esa no libertad de expresión que existía en ese momento po’, entonces ahora… han cambiado las cosas ahora es más libertad y de repente esa opresión en las nuevas generaciones, ha provocado que se haga con mucha más fuerza hoy en día. Por ejemplo, me hablas de la época de la dictadura cuando fue prohibido pintar en la calle, de cantar canciones políticas, ¿pero ahora donde pones la legalidad y la ilegalidad del arte urbano? ¿Si conoces la ley, la respetas? O sea… acá no hay ningún problema con llegar y pintar un muro mientras tu t engas permiso del dueño del muro para pintar no hay problema con hacerlo, pero muchas veces hay lugares abandonados que… estar ahí a la intemperie no más po’, es cosa de llegar y pintarlo no mas, pero también depende de es lo que tu estas pintando porque por ejemplo si estas pintando algo feo, algo rápido, en realidad estas ensuciando el lugar, obviamente vas a tener problemas, con la ley por ejemplo, pero si tu vas y empiezas a mostrar que estás haciendo un trabajo elaborado no vas a tener ningún problema o sea igual la cultura ha cambiado en ese sentido y sobre todo, con lo… bueno primero que todo, acá en Chile no hay ninguna ley que prohíba hacer graffitis532, o sea, si tu… a ti te sorprenden haciendo rallado y cosas así te van a 532 De verdad existe una legislación sobre el tema pero solo no está muy clara. 262 tomar detenido por daños a la propiedad probada, pero no hay ninguna ley que… que como que atente o prohíba o persiga este tipo de cosas po’ entonces y te ven que lo que tú haces lo estás haciendo de una manera seria y estas realmente provocando un aporte, no hay ningún problema o sea, la gente ya tiene una cultura de que, esto es un trabajo bonito entonces muchas veces tu estas pintando en las calle y pasan personas que te ofrecen los muros de sus casas para pintarlos po’, entonces…. Más que nada, va en los intereses de cada uno, hay mucha gente, bueno en lo personal yo pienso que hay dos tipos de graffitis, que esta como el graffiti artístico, que busca como provocar un aporte como cultural y social y de transmitir pensamientos hacia las personas, entregando como arte de calidad y gratuito en la vía pública para todos y también está el graffiti o el bombín533 que le llaman, que es como algo que va hacia mas a algo mas como de corromper, como de una protesta más bruta, de mantenerse en la clandestinidad y son cosas muy diferentes, incluso a dentro del mismo medio de los grafiteros hay choques en ese sentido porque algunos piensan que el graffiti es realmente es hacer tag y hacer letra y otros piensan que el graffiti ya paso esa etapa y ahora es algo mucho más amplio que tienen muchas cosas más que entregar y que aportar hacia la sociedad. ¿Existe una comunidad de artistas urbanos, o como has dicho, las diferencias de cada uno crean conflictos internos que los separan? O sea esos conflictos siempre van a… a existir por que van en los intereses de cada persona o sea esto es tan libre que cada uno puede hacerse su propia manera de ver las cosas o de entregar las cosas, o sea yo conozco gente que, se dedica solamente al tema del tag y de las letras rápidas y de pintar las micros… y de pintar no sepo’ recintos privados, y también conozco gente que se dedica solamente a pintar cosas más serias po’ igual el tema del graffiti involucra que cada grafiteros como creador ponga su firma y esa firma uno la quiere dejar en todos lados más que nada pa’ decir “yo estoy” aquí cachai’, y estoy aquí en este momento y estoy haciendo esto porque quiero demostrar que estoy presente, que existo cachai’ entonces… más que nada, esas es como la diferencia que te puedo decir entre como graffiti vandálico y graffiti artístico, más que nada es cosa de salir a la calle y ver la diferencia ver un graffiti más elaborado y un rallado pero igual es súper respetable por que los que hacen bombín como que siguen los verdadero orígenes del graffiti cachai’ entonces es como que nosotros no podemos juzgar eso porque, estaríamos como excluyéndonos de algo, de lo que nos sentimos parte po’ en realidad más que anda es eso… ¿Qué opinas de los organismos que intentan utilizar el graffiti en talleres de pinturas, también los partidos políticos o las instituciones religiosas? Igual hoy… o sea… los últimos años como que el graffiti ha ido tomando un camino súper fuerte, por qué estar solamente en las calles ahora no se tu puedes ir a un museo y ver una exposición sobre Street Art, puedes ver la publicidad que se está ocupando, eh… en no sé, en instituciones culturales por ejemplo en bibliotecas, en centros culturales, en conciertos, en muchas cosas puedes encontrar el tema del graffiti porque está muy de moda, o sea provoca mucho interés en las personas y por eso mismo como que ahora hay más posibilidades para los grafiteros de repente poder eh… vivir de eso o sea no de una manera muy ostentosa pero las personas que se dedican a esto pueden estar generando proyectos, contestemente pa’ poder vivir de eso, y también como que, por ejemplo las municipalidades ocupan el tema de talleres de graffitis pa’ como ocuparlo como terapia hacia jóvenes en riesgo social para que ello empiecen a ver otras cosas y empiecen a ver otras realidades y a mí me toco realizar eso hace un par de meses atrás que fui a una población en Puente Alto, y con un grupo de niños en riesgo social, se hicieron varias clases donde yo les enseñe técnicas y cosas así y termino en 533 Bombardeo. Ver el glosario. 263 pintar un mural po’ y eso como que demuestra que también se pude utilizar para generar como otros intereses en los jóvenes que no sea meterse en la droga solamente cachai’ y por ese lado encuentro que está provocando como… un cambio en muchas cosas o sea se está ocupando en la publicidad, en el tema de la cultura, en el tema de los talleres entonces eso quiere decir que está provocando como algo importante en las personas entonces, eh yo creo que por ese lado es algo bueno, es algo que le sirve a las personas ya sea para votar eso que tienen dentro o pa ayudar a alguien a salir de donde esta o pa generar fuentes de ingreso o simplemente pa pintar po’. ¿Y piensas de las grandes empresas que utilizan sus marcas en relación al graffiti? Es que o sea yo no tengo problema, o sea ahí es donde entra la discusión de los grafiteros así como de bombín y los grafiteros como mas hacia el lado artístico y los grafiteros de bombín como que tratan de mantener el tema del arte urbano como fue en sus inicios po’ de una manera de protesta de mantenerlo en la clandestinidad, o sea, supuestamente esa es como el real concepto del graffiti pero los que se dedican a temas de graffitis artístico lo ven más que nada por un tema de que podi’ obtener recursos sobre eso cachai’ podi… ganar dinero, podi’ mantenerte, podi’ tener materiales, eh… podi’… hacer más visible tu trabajo para que te sigan llamando hacer más cosas, entonces por ese lado yo encuentro que igual está bien porque yo también lo hago o sea a mí también me llaman para hacer trabajos de publicidad y cosas así y me sirven para poder seguir pintando en la calle, pa poder no se pagar el arriendo del taller, entonces a mi me ayuda en cierta manera y me da lo mismo si me dices que estoy vendiendo algo que en realidad nació en la calle, de manera clandestina, porque igual en cuanto que son una teoría ya pasada o sea aquí en Chile llevamos como veinte años de graffiti y en sus inicios puede que haya sido así pero las cosa van cambiando, las personas van evolucionando y el tema del de estas expresiones es súper libre entonces cada uno puede hacer lo que quiera y da lo mismo en realidad lo que piensen los demás o sea uno tiene que pintar por que a uno le gusta y si le salen oportunidad… eh, hay que aprovecharlas no mas po’, más que nada eso. ¿Qué aprendes del graffiti como valores cívicos, ciudadanos?, ¿Que aprendes día tras día del graffiti? Mira, a mí el graffiti me ha ayudado a crecer como persona y a darme cuenta que en la calle hay un mundo inmenso por descubrir, cuando uno está pintando en la calle las personas te hablan, se acercan y tener ese contacto con la gente de que te agradecen lo que estay haciendo porque sienten que estay entregando algo positivo y que estay aportando, de cierta manera que la cultura del país crezca es como cargo que en realidad no tiene precio o sea la satisfacción de pintar y lo que la gente te entrega en la calle cuando estas pintando… hace que ganar dinero por el graffiti te importe nada o sea, es una terapia súper buena para olvidar tus problemas, pa’ mantenerte estable mentalmente por qué no ayuda a mejorarte como persona a cada día ser mejor en esto y eso si nosotros lo aplicamos en todo tipo de cosas, nos hace ser mejor como personas cachai’ y aparte el tema de que a veces no hay muchas posibilidades, hace que esto te guste más porque… sentí que las cosas o el esfuerzo que estay haciendo en algún momento van a valer la pena y a medida que va pasando el tiempo o las personas que se han dedicado hace mucho mas años a esto, se han dado cuenta que las oportunidades se van dando a veces un poco lentas pero hay que ser esforzado y seguir adelante no mas po’ y más que nada hoy en día como se están dando las cosas, es súper satisfactorio que te empiecen a llamar pa hacer trabajos oh… para hacer distintas cosas con el tema del graffiti que no solo sea pintar en la calle porque eso significa que lo que tú estás haciendo, en conjunto con un grupo indeterminado de personas sirve de algo y que está creciendo cada vez mas ahora a las cosas se están dando de mejor manera hay más posibilidades de poder pintar y eso hace que 264 uno siga dándole cada vez más pa poder lograr los objetivos que se proponen po’, entonces por ese lado encuentro que esas cosas hacen que uno no lo deje de hacer que cada ves esti’ dándole, dándole sin parar y sin importar el momento el presente, o sea en ese presente podi’ estar pintando algo con dos colores y gracias a eso dos colores que hiciste provocaste algo en las personas y gracias a ese trabajo te van a llamar pa pintar algún lugar con muchas pinturas y vai’ a estar bien o sea yo creo que va en el esfuerzo que hace uno en esto es el mismo esfuerzo que hacen todas las personas en sus trabajos o sea un trabajo como cualquier otro, es difícil y hay que ser perseverante, no mas, nada más que eso. 265 ENTREVISTA A NEMO Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: San Bernardo, Santiago fecha: 21 de Marzo 2013 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre :Bastián Apellido : Escárate Apodo: Nemo. Edad : 23 Solo si eres estudiante : Nivel de experiencia como grafitero (años) : 3 Sitio web/Flickr/pagina Facebook / otros medios: Ciudad : San Bernardo Profesión : Estudiante Carrera : Animación digital Nivel de estudios : Egreso Terrenos privilegiados (país(es), ciudad(es), barrio(s), calle(s)): Sector sur de Santiago. Latropa12.tumblr.com Presentación: ¿Cuales tu nombre y/o apodo, edad? Que estudias? ¿Hace cuanto tiempo que pintas en las calles? ¿Cuáles son las razones que te motivaron a empezar, lo que llamamos hoy día, el “Arte Callejero”? El apodo de mis padres es Bastián, y el mío por ahora, Nemo. Estudio animación digital en una universidad de la cual no quiero acordarme. Pinto hace unos tres años. Pinté en la calle porque quería encontrarme experiencias que no obtendría pintando en mi hogar. Una novia por ejemplo. Hasta el día de hoy no he conseguido nada. Hoy día, eres estudiante en Animación y asistente del artista independiente “Mono González”, co-fundador de la Brigada Ramona Parra. ¿Estas haciendo un trabajo de animación con la estética de su estilo, puedes hablarme de tu proyecto? La animación es la excusa para dar a conocer sobre todo en las nuevas generaciones, embobadas por las luces y colores de la nueva publicidad, de los millones de videos en youtube, esta gráfica que nos perteneció como país, y que fue excelentemente olvidada gracias a la nula labor de memoria de universidades y del país entero. En noviembre 2012, por el Festival “HECHO EN CASA” ayudaste a pintar un mural con otros jóvenes al lado del artista independiente “Mono González”. Para ti, ¿Como te parece eso personaje quien tuvo un camino de vida extraordinario en la Historia Chilena del Arte Urbano? ¿Qué piensas de su compromiso hoy día con los jóvenes grafiteros? El Mono González es probablemente la única persona verdadera que conozco. Le daría vida eterna. Que dejara de pintar, aprendiera otro oficio, y allí lo veríamos luchando nuevamente. Es una suerte que haya decidido quedarse con la pintura, y desde allí haya iniciado una batalla que se remonta a los tiempos de dictadura chilena, y de eso ya se ha escrito. Su compromiso es único, y su nivel de coherencia consigo mismo y con su obra, es 266 exagerado. Tenemos un gran aliado en el arte urbano, y confío entre más personas lo conozcan, más se podría decir con menos pintura. ¿Que te evoca el mismo mural “Saludo a la Historia” que queda en un espacio muy visible534 en tiempo de protestas? Ese mural es importante en cuánto se conoce el contexto sobre el cuál fue pintado. Desde estar ubicado al lado del ahora Centro Cultural Gabriela Mistral, una especie de “Mall del Arte” que en el pasado fue la sede del gobierno de la dictadura, y más atrás todavía, fue construido en el gobierno de Salvador Allende. Además de que la muralla en sí ya tenía gran valor, pues fue el primer muro donde pintó la BRP. El lugar es un punto ocasional de marchas y protestas, por estar al lado de la Alameda. Además, el diseño que nos invita a saludar, y como no, la otra mano se nos empuña y nos invita a luchar. Un Saludo a la Historia por donde se le mire. A veces, pintas también adentro del crew “Agotok” para ayudarlos. ¿Qué opinas sobre sus murales que representan el patrimonio y la realidad social del país? Algunos de los murales tienen una energía muy dura en el espacio, representando la Muerte por ejemplo. ¿Piensas que el artista callejero tiene una libertad total en su trabajo frente a la gente, a su público? Libertad total. Frente a la gente. Frente al mundo. Frente a uno mismo. En ellos todo es verídico, su lenguaje es vernáculo. Es el de Violeta Parra, el de Víctor Jara, Gabriela Mistral. Se siente, se dice. Es Chile en tanto no desean crear esa etiqueta. Mientras pinten lo que les gusta, estarán pintando además, las calles con tierra, los viajes en micro mirando a la cordillera, los niños jugando a la ronda, los perros que descansan mirando el sol, y los que yacen en la carretera. El mendigo que duerme al costado del camino con una caja de cartón. Es juego y muerte. Mientras se sigan pintando a ellos mismos, podremos además ver todo lo que está desde su cabeza hacía fuera. En el paisaje urbano, en las calles de Santiago, hay poco espacio de memoria sobre les crímenes y la realidad social del país en tiempo de dictadura535. ¿Empezaste a dibujar bocetos (y quizás pintar) sobre eso. Como explicas el poco interés de las nuevas generaciones por el pasado reciente chileno? El poco interés responde a la manera en que estamos educados. Se nos ha criado como y para ser unos ahueonaos. Y se está logrando a la perfección. Y si por si acaso quieres salir de aquel círculo de ahueonamiento total, bastará que se encienda una televisión por error, para que tu cerebro condicionado a tanta estupidez detenga inmediatamente su trabajo, y se encandile con los brillantes colorcitos de la televisión. No podemos preguntarles a nuestros padres, que vivieron el máximo invento de la fábrica de la estupidez, la dictadura. Nuestros profesores enseñan lo que esa máquina creó como sistema educacional. Nuestros políticos conservan las leyes que se inventaron en dictadura. Sinceramente, no entiendo porque no estoy yo también, disfrutando de esta maravillosa y colorida dictadura. Hoy día, estas buscando con el “Caracol Rúnico” un taller de pintura por el centro de Santiago. Tienen nuevas ideas y proyectos para el futuro del Arte Callejero? 534 Al lado del centro Gabriel Mistral, metro Católica. La Avenida O’Higgins o “Alameda” es la avenida principal en Santiago por todas las protestas desde Plaza Italia hasta la Moneda. 535 Aun en las poblaciones, las referencias callejeras hablan mucho del tema de las luchas populares 267 No creo que haya que buscarle un futuro al Arte Callejero. Este fue y seguirá siendo con y sin nosotros. Creo que el futuro que hay que encontrar es el de salir de toda esta estupidez que nos apabulla. Y si el espray y la muralla, continúan siendo un modo de expresión rápido y a la mano, creo que lo seguiremos haciendo por un tiempo. Lo que más me interesa en estos momentos, es encontrar la manera de exterminar todos los vehículos motorizados de la ciudad. Creo que resuelto eso, podría seguir pintando. ¿Por fin, para ti, a que sirve el Arte Callejero? Al ego de los pintores. ENTREVISTA A NEWEN Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: Santiago fecha: 21 de Marzo 2013 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre :Bastian Apellido : Toledo Moya Apodo: Newen Alfonso Edad : 26 años Ciudad : Santiago Profesión : Profesor de Artes Visuales Afiliación política, sindical o asociativa: Libre pensador Nombre del colectivo y fecha de creación: Heroestencil 2007 a 2010 y Lamano, Murales indígenas latinoamericanos 2010 a 2012. Actualmente Trabajo solo. Nivel de experiencia Terrenos privilegiados (país(es), ciudad(es), barrio(s), calle(s)): como grafitero (años) : Chile: Santiago, Puerto Williams, Pisagua, Antofagasta, Valle 8 años aprox. En del Elqui, Villarica. constante trabajo. Bolivia: Oruro, La Paz, El alto, Copacabana. Perú: Arequipa, cusco, Lima, Trujillo. Ecuador: Quito, Puyo, Baños, Otavalo, valle del Chota. Colombia: Cali, Bogotá. Sitio web/Flickr/pagina Lamanohermano.blogspot.com Facebook / otros www.flickr.com/piojoradioactivo medios: Presentación: Cuales tu nombre y/o apodo, edad? Que estudias? Hace cuanto tiempo que pintas en las calles? Cuáles son las razones que te motivaron a empezar, lo que llamamos hoy día, el “Arte Callejero”? Mi apodo es Newen, antes, piojoradioactivo colectivo (heroestencil), 26 años de edad, estudié pedagogía en Aretes visuales, pinto hace aproximadamente unos 8 años de forma continua, aunque las motivaciones de intervenir el espacio público son desde hace más de 10 años atrás. Mi primer encuentro fue con el graffiti, en la enseñanza media, posteriormente en 268 la universidad, comencé a hacer estencil, luego me vincule al muralismo y hoy realizo una mezcla de técnicas en el muro, algo así como muralismografiteado. Fuiste uno de los miembros del crew “Heroestencil”536 hace algunos anos... El crew fue reconocido por su especialización con los esténcils callejeros, puedes explicarme el interés del esténcil como material callejero? El interés principal de heroestencil y del trabajo que se realizo, era intervenir el espacio público de forma directa, con imágenes de gran tamaño, relacionadas con el entorno. Transmitir un mensaje directo, una especie de anti publicidad, nuevas imágenes en la ciudad pero con un sentido estético diferente…. Mensajes inesperados que generaran un quiebre en la rutina de los habitantes de la ciudad. El crew participo en varios eventos de Arte Urbano como por ejemplo el lanzamiento de la Galería Bomb537. Hoy día, desapareció la Galería y el Crew Heroestencil se acabo también por varias razones. Piensas que en Chile, no hay un espacio suficiente para reconocer el Arte Callejero Chileno al nivel Nacional y Mundial? El espacio existe y está de sobra para el arte callejero. Hay muchos lugares muy bellos para ser intervenidos con obras de gran calidad, seguro que si existiera una mayor organización de parte de los pintores existiría un mayor reconocimiento y más espacios para el trabajo que realizamos. Quizás también ayudaría mucho el que existiera un espacio físico, bien administrado, con gente que se dedique a crear en la calle y presente ante todos los interesados en esta materia, material de los más trascendentes artistas de chile y el extranjero. Por lo tanto, seguiste a pintar con tus compañeros en otros proyectos como en el Museo a Cielo Abierto de San Miguel. Puedes explicarme la finalidad del proyecto? Y también el papel que diste a la educación popular a través de talleres de pintura con los pobladores por allá? El Proyecto del Museo a Cielo abierto en San Miguel es un trabajo de activación e integración social, un trabajo colectivo en torno a las artes, enfatizando específicamente en la pintura urbana y el muralismo. Fue un trabajo bastante largo, junto a la ONG nodo ciudadano, en la que yo trabajaba, comenzamos a idear y sistematizar la información para hacer el plan de ejecución del proyecto siguiendo las ideas medulares nacidas en la conversación de dos pobladores de la villa san miguel, David Villaroel y Roberto Hernández, con ellos fue presentado el proyecto ante el Fondart y con la participación especial de Alejando Mono González, se logró adjudicar el proyecto. Posterior a eso, comenzó toda la ejecución del proyecto, lo que implicaba el trabajo con los pobladores y agrupaciones vecinales de la población, en talleres que los insertaran en el trabajo colectivo por medio de la grafica popular (muralismo, graffiti, esténcil, serigrafía), y así comprendieran de mejor forma lo que se buscaba realizar con el proyecto. Importante era resaltar los valores perdidos en la población, la comunión, el respeto, la alegría, el compartir, reconocerse, generar nuevos lazos y también recuperar los espacios en común poco utilizados hasta entonces. Posterior a este periodo de inserción en el trabajo y en el proyecto mismo, comenzamos con la realización de los murales, la coordinación de los equipos ejecutores, los 536 537 Presentado en PALMER, Rodney, Street Art Chile, Corte Madea CA, Gingko Press, 2008, p.135 Galería creada por la iniciativa de Sebastián Cuevas 269 materiales, los andamios etc., un gran trabajo realizado por al menos un año. Que me llena de satisfacción y alegría al recordarlo. Muchos recuerdos y lindos lazos afectivos con los vecinos de la pobla. En noviembre 2012 por el Festival “Hecho en Casa” ayudaste a pintar un mural con otros jóvenes al lado del artista independiente “Mono González”, co-fundador de la brigada Ramona Parra en su tiempo. Para ti, como te parece eso personaje quien tiene un camino de vida extraordinario en la Historia Chilena del Arte Urbano. Que piensas de su compromiso hoy día con los jóvenes grafiteros? Personalmente he trabajado con el Mono, hace más de 4 años en diferentes actividades. Desde que lo conocí, para mí ha sido de mucho respeto y admiración por todo el trabajo que ha realizado a lo largo de su vida, una fuente creativa y de sabiduría extraordinaria. Es quien siempre está dispuesto a entregar y dar lo mejor de él, sobre todo en cuestiones que tiene que ver con las Artes Visuales en general, es un gran Maestro. Según lo que he podido entender de él, es que nos ve como los que debemos continuar y reafirmar el camino que él, junto a otros ha recorrido, para poder profesionalizar y que de una vez por todas reconozcan el trabajo artístico realizado en los espacios no formales del arte actual en chile. Creo que el apoyo que el entrega a todos nosotros, es fundamental para que el trabajo artístico urbano se reconozca como una expresión artística de gran nivel y de proyección internacional. Que te evoca el mismo mural “Saludo a la Historia” que queda en un espacio muy visible538 en tiempo de protestas? Es para mí, el NO olvidar, que los tiempos de lucha son ahora, que nuestra historia tiene pilares firmes con respecto a la lucha de una sociedad más justa, que somos nosotros quienes debemos manifestar nuestras inquietudes para que no continúen las injusticias, para que tengamos buena vida, para que exista armonía, necesitamos exigir nuestros derechos como individuales y colectivos. Es un golpe visual a quienes tratan de oprimir la voz de quienes gritan y exigen libertad. Hoy día vives en un pueblo al lado de Santiago, como es el paisaje urbano por allá? Hay otros tipos de Graffiti y preocupaciones? El pueblo se llama Lo Herrera, está cerca de Buin, pertenece a la comuna de San Bernardo. Poco a poco el pueblo comienza a ser absorbido por la ciudad, muchas parcelas que antes estaban llenas de árboles frutales hoy se han transformado en condominios cerrados para gente que tiene harto dinero y puede acceder a comprar casas de ese tipo. La droga, como la pasta base o la coca, también ya es un problema, está inserta en la población y mucha gente la consume, niños y adultos, un problema de difícil solución y que nadie se hace cargo. En Lo herrera, existen pocos graffitis y rallados, Muchos de los que existen los he realizado yo y la otra gran parte los han realizado niños que asistieron a un taller gratuito que hice a fines del 2011. Hoy tienen una agrupación llamada SGH (Somos Gente Huasa) y ellos se dedican a intervenir los espacios. Hoy, una de mis preocupaciones es como activar espacios donde se trabaje por el arte y la cultura, ya que aquí no existe ningún tipo de trabajo cultural. El proceso es lento, pero estoy seguro que lindas cosas aparecerán en el camino. 538 Al lado del centro Gabriel Mistral, metro Católica. La Avenida O’Higgins o “Alameda” es la avenida principal en Santiago por todas las protestas desde Plaza Italia hasta la Moneda. 270 Fuiste en Puerto Williams (Punta Arenas) donde pintaste sobre un barco. Las condiciones, los materiales y el estilo son diferentes de Santiago allá? Fui como parte de una comitiva cultural impulsada por el consejo de la cultura, Responsable del Área gráfica junto a mi amigo Ale (con quien luego de esa experiencia formamos la agrupación “la mano”, de la que hoy ya no participo), la idea era durante 10 días hacer talleres de diferentes manifestaciones artísticas, mosaico, música, pintura, video, etc., Y en ese proceso entregar una obra final como producto del trabajo colectivo y regalo a la comunidad. Las condiciones para realizar esa intervención eran muy adversas, lluvia intermitente, frío, y mucho viento. Aún así, logramos terminar muy satisfechos las intervenciones realizadas, claramente muy diferente a realizar esta actividad en Santiago. El clima del sur tiene un carácter súper fuerte, no es muy propicio para realizar este tipo de actividades, pero si estas con las buenas energías todo marcha siempre bien. Por fin, para ti, a que sirve el Arte Callejero? Para mí el Arte callejero sirve como denuncia, información, contra información, genera quiebres, plantea dudas, permite que las personas vean abiertamente obras de gran calidad, acerca el arte a las personas, les recuerda quienes somos, muestra nuestras raíces y también lo que hemos olvidado, El arte Callejero, es democrático, Proporciona información, educa, es directo, es verdadero, es mágico, es una entrega desinteresada, es amor. Saludos hermano, que sea un lindo camino. Gracias por apreciar nuestro trabajo. ENTREVISTA A “NO VOTES POR MI” CRISTIAN MÉNDEZ Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: Maipú, Santiago fecha: 23 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre : Cristian Apellido : Mendez Ciudad : Maipú, Santiago Profesion : biologo, Nombre del colectivo: No Votes por mi documentalista A modo de presentación ¿puedes decirnos tu nombre, a que te dedicas y fundamentalmente cuál es tu rol dentro del Arte Callejero y como te iniciaste en este arte? Bueno mi nombre es Cristian Méndez, soy biólogo y también documentalista, bueno yo los últimos cinco años llevo estudiando cine documental, en distintos tipos de instituciones, y mi relación con el arte urbano, con el graffiti, es muy reciente, es decir cuando 271 tuve la oportunidad de conocer el incidente que ocurrió acá en la plaza España 539, muy cerca de acá un monumento nacional en donde habían graffitis que representaban las batallas de la independencia en Chile, e… cuando conozco el caso de que esos graffitis fueron borrados para poder después ser usados para fines políticos, es cuando llego finalmente al graffiti, a través de ese incidente540, a través de ese hecho que a mí me motivo a realizar el primer video sobre la denuncia a este acto, a este atetado en el fondo contra un colectivo que reunió recursos hizo un montón de gestiones para poder obtener este espacio público y pintar sobre él y luego por fines electorales, puntuales van y los borran!, entonces cuando hicimos ese primer video logramos que ese muro quedara intacto. ¿Eso pasa en Maipú o en Santiago en general? En general, en Santiago en general, a ver en las comunas que son como periféricas, ya las comunas que están como Maipú, Quinta Normal… no… eh… Pudahuel, me imagino que Puente Alto, todo el cordón periférico, creo que pasa mucho eso, entonces, pero acá… en la particularidad que era sobre un monumento nacional entonces lo que nosotros logramos es que ese muro quedara intacto, o sea lo borraron pero no pudieron poder ningún nombre de ningún político, entonces a partir de ahí llega mi como relación con el graffiti aunque también ha sido como tangencial, es decir la relación que he tenido con el graffiti es decir por ejemplo porque encontré una vez a el mismo Charquipunk541 y de quien, conozco su obra desde hace mucho tiempo, de hecho hemos conversado en la casa de un amigo, yo fui a su casa y el estaba ahí y su obra como es bien reconocida de hecho aparece en un libro también sobre graffiti, de “Rod Palmer” Street Art en Chile542. Claro, y bueno también trabajo con un amigo pintando graffitis y murales en Valparaíso y en distintos lugares, esa era mi relación como un espectador que… no distingue entre categorías del graffiti y que… no se po’ aborrece los tag, por que los considero como o los consideraba como una expresión no artística, pero a medida que fui conociendo a partir de este hecho y profundizando en la materia esas divisiones como que se borran o sea hay gente que plantea que un tag puede ser una obra de arte incluso, entonces fue como redescubrir las paredes de la ciudad, un proceso de redescubrimiento porque si bien es cierto el graffiti es abundante en Chile, es una expresión bastante popular también, también estai’ invisibilizada, o sea es muy raro detenerse a observar un graffiti, uno por lo general los ve de pasada, a menos que estés sentado con tiempo uno se detiene en la obra y puede ser capaz de distinguir detalles y comprender o tratar de comprender que es lo que hizo el autor entonces te provoca, pero por lo general el graffiti o todas las expresiones son las paredes de la ciudad pasan desapercibidas, entonces hay un fenómeno de invisibilizacion o sea son públicos pero, no se ven, pese a que están ahí, entonces eso es como que fue el primer descubrimiento. Luego a partir de la campaña ya empecé a profundizar un poco más en el conocimiento del graffiti, pero básicamente es, es… a partir de un hecho puntual yo llego al graffiti. ¿Puedes hablarme de la idea de “No Votes Por Mi”? “No Votes Por Mí”… a ver a partir de ese hecho, nosotros estamos en el titulo del video, habíamos terminado el primer video de denuncia pero no sabíamos que nombre colocar entonces ha “Herz” que es el graffitero que pinto en esos momentos, se le ocurrió No Votes Por Mí, entonces como ahora estoy estudiando en la Universidad Católica campañas educativas, diseño de campañas como la arquitectura es una campaña intente aplicar lo que estaba aprendiendo con este incidente inventamos la campaña No Votes Por Mí. Que era de 539 540 Comuna de Maipú, Santiago Hace 4 o 5 años atrás. 541 Ver en mis biografías 542 PALMER, Rodney, Street Art Chile, Corte Madea CA, Gingko Press, 2008, 144 p 272 denuncia contra los políticos y los candidatos que en ese tiempo estaban borrando graffitis, se denuncia con nombre y apellido a través de su Facebook a través de nuestro Facebook subiendo nuestros videos, surge la campaña, “No Votes Por Mí”. ¿En qué consiste? La campaña consistía, básicamente, en denunciar aquellos políticos que estaban rallando sobre graffitis. ¿Y cómo los denunciaban? A través de videos, nosotros contactábamos al autor, principalmente, el centro Cultural “De Mentes” con David Calderón y Alex Herz, ellos son como el núcleo de la denuncia por que a este grupo que es de Maipú le han borrado varios graffitis entonces en principio partió como denuncia a los políticos que rallan los graffitis y una especie de combate a través de las redes sociales, entonces, eso partió como la campaña, “No Votes Por Mí”, que luego se transformo en una especie de campaña de valoración del arte urbano, de instalar la discusión acerca de que se entiende por arte hoy por hoy, en un tiempo en que se dice que el arte está muerto en donde ya el arte no existe o sea no hay arte supuestamente el fin del arte lo plantea Arthur Danto543, y en ese contexto de no saber qué es lo que es el arte proponer esto también puede ser y al mismo tiempo si esto es arte que no es arte a partir de ahí surge la campaña de valoración, más que combate ahora surge de valoración del Arte Urbano, es decir dar a conocer ciertas obras o ciertos autores, o movimientos para que la gente que pueda ver los videos o que la audiencia a la que llega la campaña que son los jóvenes de Maipú, ellos puedan también valorar las distintas expresiones del graffiti y el mismo tiempo el llamado a no votar por quien escribe sobre uno. En Chillan hay una iniciativa hace algunos años, que busca hacer del Arte Urbano, patrimonio cultural, de esta forma es imposible pintar las paredes con nombres de partidos políticos, ¿cuál es tu opinión respecto de este tipo de rallados “electorales”? Si en el fondo, la finalidad porque claro tendría que ir un poco más allá y entrando en el terreno político la idea también es cuestionar el marketing político, la manera tradicional de hacer propaganda política, en un contexto que es diferente, porque hasta hace una elección pasada, el voto no era voluntario, era obligatorio544, o sea yo tenía que ir obligatoriamente asistir a la sala de votación y manifestar mi voluntad, ¿cierto?, mi preferencia política, entonces en ese contexto se explican las campañas tradicionales, en donde plagan la ciudad con el nombre, porque uno está obligado a ir, para que uno por lo menos recuerde a uno supuestamente y vote por el que esta mas, el que más recuerde, pero en tiempos como cambia la ley y ahora el voto es voluntario, entonces también tiene que cambiar la forma de hacer propaganda política, entonces también nosotros, lo que estamos también tratado de hacer es cuestionar, la forma tradicional de hacer propaganda política y decir que rayar las paredes, con el nombre, no tiene sentido, no tiene sentido desplegar tanta visualidad por la ciudad porque la gente esta desencantada, finalmente por la democracia, entonces por más que gastes diez millones de dólares, en una campaña política, solo va a ir a votar y como se demostró el que esta metió en el cuento político, pero la ciudadanía en su grueso no le interesa participar de la política. Pareciera ser que el graffiti o el muralismo ha sido usado históricamente en Chile como una tradición por ciertos candidatos en sus campañas electorales, así lo utilizo Salvador 543 544 Filosofo y crítico de arte americano Las elecciones de las Municipalidades en las comunas de Santiago de 2012 fueron por la primera vez establecidas sin el voto obligatorio. 273 Allende como también Eduardo Frei, ¿Qué opinas de estos fines que también ocupa este arte urbano? Claro o sea en ese tiempo las campañas políticas, en ese tiempo había como una especie de espíritu que no distinguía entre la política del arte y al mismo tiempo, la política tenía su coherencia en el arte atreves de estos muralistas, es decir había un espíritu que atravesaba y unía la política y el arte a través de la construcción de símbolos ciudadanos, que daban cuenta de esta vía chilena al socialismo, es decir esta revolución a la chilena ¿cierto?, Chile ingreso al socialismo a través del voto, y ahí cobra relevancia todo este movimiento de la Brigada Ramona Parra y un montón de manifestaciones artísticas que en el fondo era coherente con la política, si no había esta separación entre propaganda política con arte y la que conocemos hoy día, entonces proviene de la dictadura. Entonces viene de la dictadura, y acá no solamente con esa expresión porque además… por que por ejemplo también en ese tiempo, no solamente estaba el graffiti, había un fuerte movimiento del videoclip en Chile, el videoclip también tomaba el discurso político y los artistas usaban la estética del videoclip, para promover también esta revolución chilena hacia el socialismo, o sea en el fondo en ese tiempo histórico de Chile, el arte estaba politizado totalmente y estatizado para un fin que era promover una cultura de izquierda, una cultura socialista, pero viene la dictadura y hay un quiebre total en este país, y ese quiebre todavía perdura. He leído que en los años 90’, 98’, 99 hay un político que reutilizo eso como campaña electoral en los muros, Frei545… Puede ser, pero aun así, ese intento ya es un intento desfasado porque ya la ciudadanía, ya el pueblo, ya tenía… ya se había separado, es decir se había separado el espíritu que mantenía unida la política y el arte, es decir la concertación misma también como la concertación por la democracia estaba también altamente cuestionada, siempre estuvo cuestionada porque la dictadura aquí fue tranzada, fue negociada el fin de la dictadura, pero permaneció la misma estructura constitucional de la dictadura ahora en democracia, entonces claro, un intento como ese, es un intento nostálgico, por pretender instalar con el arte, aquello que alguna vez estuvo, pero que hoy día en nuevo contexto ya no funciona, porque la gente ya no va a reconocer, tampoco su propia manifestación política, su propia espíritu político en esa obra no, simplemente la va a reconocer como un producto más que intenta convencernos pero no evoca y no construye símbolos ni significados, eso se a cabo, o sea puede que haya usado una serie de graffitis y que haya plagado la ciudad sin embargo la ciudadanía ya se separo de eso, o sea ya no se siente parte de, si no que viene desde otro, tratando de convencerlo a través de manifestaciones que en su tiempo fueran útiles, en su tiempo fueron funcionales porque la gente estaba impregnada del espíritu político, entonces hoy día que la gente no tiene esa vocación social, o pública o política, ese tipo de acciones no significa nada. En tu opinión actualmente ¿Cuáles son las brigadas que se abanderan con un partido político, más agresivas en el espacio público? En este momento está “Chacón”, “Chacón” que coloca estas pegatinas, estos mensajes políticos, escriturales, textos que son pegados en las paredes, pero por otro lado hay otra tendencia que no tiene que ver básicamente con ni con el graffiti, ni con papelógrafo, si no que tiene que ver con los afiches, tiene que ver con el diseño, como el diseño también se está politizando en este país a través, a partir de movimientos que son "under"546, es decir que no 545 Erreur à rectifiée: le candidat en question était Ricardo Lagos. En 1999, la campagne présidentielle de Ricardo Lagos utilisa le Stencil avec une main gauche avec pour légende « Jovenes con Lagos », anticipant le renouveau du Stencil au Chili. Selon CAMPOS, Edwin, MELLER, Alan (textos), Santiago Stencil, editorial Cuarto Proprio, Providencia, Santiago, Chile, 1er edición 2007, p. 15 546 Subterráneo/ Underground 274 están reconocidos, pero ellos no ganan cierta tradición para ser reconocidos como movimiento pero hay una serie de tendencias en Chile donde el diseño está siendo usado para fines políticos y se está resinificando nuevamente desde la estructura del diseño, los elementos del diseño ahora están como componiendo el discurso político alternativo, más que el componente artístico y es ahí donde nuevamente se junta todo, las herramientas del diseño las transforma y las resinificó, les doy un componente artístico y con ello pretendo instalar un mensaje político que en el fondo es como usar la formula de la publicidad, pero son movimientos que no, que son bien, bien, anónimos por lo demás, porque… porque son disruptivos, son, en el sentido, van en contra de la institucionalidad, por lo tanto, por lo general son anónimos este tipo de movimientos, y es muy difícil conocer quiénes son, por ahí nosotros invitamos a un par de chicos pero no quisieron participar del seminario, porque tampoco quieren ellos exponerse a la luz pública. De hecho me preguntaron varias veces que quienes éramos, que cual es nuestra intención, cual era la estructura del seminario, quienes iban a hablar entonces una especie de interrogatorio previo a que nos digieran después de eso, no mejor no, entonces, en ese sentido son como movimientos, diversos, son distintas personas, distintos grupos pero como que todos como que esta, pero lo que yo veo que hay una estética del diseño que está siendo trasladada como al formato del afiche y este con contenido político y este se ocupa también, la subastan como la ocupan, el afiche para un concierto de una banda que se llena con la estética, esa misma estética del afiche pero politizado, pero por falta de recursos no están masiva tampoco y que actúa a partir de motivaciones puntuales especificas, por este tema hacemos una intervención, y luego se acabo el tema y se acabo ese movimiento, es decir no sé, no tiene una forma todavía política potente, pero está en desarrollo usando el diseño Durante el seminario se hablo de “Quinto Poder”, de “guerrilla urbana” y también de “ecología visual”, ¿Puedes explicarnos esos conceptos? A ver ya, bueno el primero que nombraste fue “Quinto Poder”, a ver… “Quinto Poder” es un diario electrónico, este diario electrónico… Claro “Quinto Poder” como el arte urbano, a ver, claro, porque sería “Quinto Poder” como arte urbano por que en el fondo hoy día se está luchando por la construcción de símbolos nuevamente, o sea, símbolos que dan cuenta de la ausencia de todo símbolo, es decir, todo significado, todo símbolo en el fondo se está resinificando, hay un proceso de resignificación en ese sentido y claro el arte urbano podríamos entenderlo como un “Quinto Poder” en la medida que ocupa espacios visuales comunes para trasmitir un mensaje que va mas allá de un nombre o va mas allá de una, como una , expresión de un artista, si no que pretende también instalar temáticas en la ciudadanía, a partir de esta visualidad, entonces, ahí aparecen por ejemplo los chicos de la Pincoya 547, que efectivamente están tratando de hacer, retomar la tradición desde la década del 60´, con estas brigadas antiguas usar esa misma estética, pero en un contexto contemporáneo, en donde… en el fondo recogen los mismos pesares de la ciudadanía, las mismas aspiraciones de la ciudadanía, en las mismas quejas de la ciudadanía expresada en un mural, en lugares que son periféricos de Santiago, entonces desde ese punto de vista es una lucha por los símbolos y como construimos significados a partir de ellos en este nuevo contexto, que parece que no es muy distinto a la década del 60’ y por eso que se hace, a lo mejor en ese tipo de contexto, en ese tipo de sociedades, de lugares donde el ingreso per cápita no llega son lugares donde las tasas de crecimiento no llega, son lugares donde el empleo tampoco llega el arte urbano, recoge esa sensibilidad y la manifiesta a través de murales en edificios, entonces… y eso cobra sentido la ciudadanía a ellos le hace sentido ese tipo de manifestaciones y eso también contribuye a que se politice un territorio entonces como el arte urbano también contribuye a 547 Museo a Cielo Abierto de la Pincoya 275 través los de los símbolos y de los significados a la politización de un territorio y en ese sentido un “Quinto Poder”, porque, porque no hablamos de, hablamos de una imagen que se lee en un par de segundos, sin embargo en un par de segundos me queda dando vueltas toda la tarde, entonces claro hay lugares en donde la gente no puede o no tiene tiempo no está motivada para leer un texto manuscrito político que puede ser un manifiesto de diez páginas que puede ser lo mismo que una imagen que leemos en solo un segundo, entonces en se sentido el “Quinto Poder” porque en la cultura visual contemporánea la imagen no es, es un sistema de relaciones, es decir, esta imagen está relacionada con otra, y con otra y a partir de este juego de relaciones de la imagen yo construyo mi propia imagen, entonces en la medida en que hay un edificio en que esta con una pintura, otro con otro, otro con otra a lo mejor entre varias se construye, cada uno construye su propia imagen que finalmente va a ser la politización del ciudadano nuevamente a partir de una situación de descontento, una situación de abandono, una situación, en el fondo de precariedad… y ahí es donde entra, ese tema. Ahora el… la ecología visual de la ciudad es la que hablaba un docente en la Universidad de Chile 548 , dice relación con este juego de imágenes que plagan la ciudad y como en la variación encontramos una especie de ecología visual y esa ecología nos puede hablar del estado de los símbolos de un país, o sea la situación, la condición actual de la simbología de una… de un territorio, entonces ahí donde nuevamente entra la política en sus tiempos de elecciones que en el fondo busca monopolizar, así como un monocultivo visual es decir una, un solo tipo de… de… imágenes es la que predomina, entonces claro, la políti ca lo que hace en el fondo es hacer como un monocultivo, se usa un puro nombre aunque sean distintos nombres pero las mismas técnicas, el mismo, molde, el… y plagan la ciudad y ya sabemos que los monocultivos dañan una ecología, no hay territorio ecológico, es decir, al no haber variedad no existe la posibilidad de, de que surjan estas nuevas imágenes en nuestro cerebro, porque en el fondo nosotros construimos las imágenes a partir de lo que vemos nosotros construimos finalmente la imagen, entonces la imagen no está ahí… la imagen no es… no es él, la pared pintada, la imagen es lo que surge después de que yo veo esa pared pintada y la relaciono con otra imagen, entonces ahí recién surge la imagen, entonces cuando el político a través de sus campañas pretende colocar su nombre por toda la ciudad de lo que está haciendo es, no favorecer la construcción de ninguna imagen, porque esa imagen es la misma que ha estado en otro lado con otro nombre, y es la misma que está en otro lado con otro nombre… entonces finalmente esa pretensión de generar símbolos, políticos queda anulada, porque no hay posibilidad de construir imágenes, porque hay un monocultivo visual, hay una sola propuesta visual, entonces no es posible construir ningún símbolo, ningún significado, a partir de esa monopolización del espacio público. ¿Son pobres las campañas electorales en cuanto a lo que logran con el rallado de muros?, ¿Podemos decir que el mensaje que ellos entregan se hace profundo en la ciudadanía? No hay un mensaje profundo, porque el mensaje de la democracia ya no tiene sentido, lo vimos la última elección549, la ciudad quedo plagada de rostros de nombres, y la ciudadanía en su mayoría no fue a votar… como, como… y ahí tampoco el graffiti va a… a… cobrarle sentido a las personas para qué se… por ejemplo se politicen o asistan a votar, es decir aquel político hoy día, tal cual el 99’ como Frei, que nombraste, que pretendió hacer una campaña con murales tampoco sería exitosa porque ya la política no es, no está correlacionada con un sentir de la ciudadanía habría que volver a reactivar el sentir de la ciudadanía para que esta se vuelque hacia las paredes ya la resinifique, pero desde la política usando la estética del 548 549 Carlos Ossa En referencia con las elecciones municipales con un tasa de 59,6% de abstención según la Tercera, fuentes: Sentel, Octubre 2012. 276 graffiti, pretender convencer a un ciudadano no lo va a lograr tampoco, o sea un político que use el graffiti hoy día es lo mismo que use su nombre, porque en el fondo lo que representa el es lo que está dañado, que es la misma democracia, que es la misma intencionalidad que no... Que no le da espacio a la ciudadanía ya lo vimos el año pasado con los movimientos estudiantiles, lo estamos viendo con el tema de la ley de época hoy día, entonces claro la clase política, busca en el fondo… no, no busca, es un instrumento de la clase económica, que solo pretende aumentar los crecimiento a costa del medio ambiente, a costa de la ciudadanía finalmente, entonces esa clase política que en el fondo es un títere de la clase económica, por más que busque con el arte convencer o reinstalar un espíritu, no lo va a lograr por que en el fondo ellos buscan su propio interés, partidario, minorista, exclusivo, entonces por más que contraten a un gran grafiteros que le paguen millones para que deje la ciudad hermosa proponiendo el espíritu, ¿qué espíritu va a proponer?, un espíritu de… de… que tendría que pintar ese grafiteros, tendría que pintar la explotación de los recursos naturales, tendría que pintar la explotación del ser humano en temas laborales, tendría que representar la explotación del ser humano que no puede vivir libremente, y a quien va a convencer esa representación, porque eso es lo que representa ese político, entonces no… no… ¿Son los grafiteros hoy día comprometidos políticamente550? O sea es otra política, o el problema es de los políticos y de las marcas que financian a los grafiteros con fines más políticos o… o sea claro, efectivamente, el graffiti igual es político, o sea no… todo graffiti igual es político, porque hace parte de un espacio… hace uso de un espacio público, para un discurso también público, o sea por más que p inte… es un discurso político, en definitiva o hay que negarlo, pero que responde a, a la ciudadanía, que responde a su propia experiencia, pero que no busca politizar tampoco, en términos clásicos, no busca movilizar a las masas para que asistan a las urnas, busca más que nada dar cuenta de otra sensibilidad po’ que no tiene que ver con la política tradicional si no que tiene que ver con un discurso político en términos estéticos simbólicos, o sea un discurso que tiene que ver con mi descontento, con mi, con mi cuestionamiento, con el desarrollo a lo mejor de mi conciencia pero que no tiene que ver con una política tradicional, en ese sentido el graffiti podría dar cuenta del estado de una ciudadanía pero sin pretender movilizarla. Hemos hablado de la política pero en mi opinión hay una explosión de iniciativas más sociales como los Museos a Cielos Abierto en San Miguel, en la Pincoya, ¿qué piensas de eso, cual es la finalidad de hacer el arte urbano, en periferias, en poblaciones?, ¿A qué y a quien le va a servir eso? Buena pregunta, yo creo que eh… es una muestra de la reconstrucción simbólica de un territorio, es una pretensión de reconstruir simbólicamente un territorio, un territorio que no tiene una tradición simbólica, e instalar una especie de célula visual que en el tiempo va a tener su propio devenir, va a tener su propia devolución y también esta pregunta tendría que ser respondida en unos veinte años más, si es que estos movimientos, estos museos tiene consistencia en el tiempo, y si tienen su propia dinámica que fluye, ahí podríamos responderla, pero hoy yo creo que es volver a instalar esos gérmenes visuales que podrían evolucionar hacia una politización del territorio, pero hoy día son esos intentos, de instalar una visualidad, una cultura visual en un territorio que está aislado, que está en el fondo olvidado, entonces, son intentos, los museos de cielo abierto, son intentos por un lado de estetizar un territorio que no tiene… que visualmente no tiene… es pobre primero que todo, cierto con estos edificios que son… parecen cementerios o estos edificios que la, la gente vive hacinada, es claro darle una visualidad pero al mismo tiempo es comenzar a reconstruir los 550 Hablando de un compromiso afuera del sistema político. 277 símbolos de un territorio, pero si eso se resuelve en el tiempo, o sea un territorio resinifica la imagen posible. Me hablaste al inicio de la entrevista, de la invisibilidad del arte, ejemplo de ello es que hay pocos seminarios que hablan del muralismo, del graffiti. Hace dos años aproximadamente se ha hecho una conferencia en la Universidad, la última se realizo en la Universidad de Chile con el seminario “Graffiti & Política”, pero no hay tanto activismo en este sentido y es paradójico, porque en las ciudades y comunas de Chile nos encontramos con muchos murales y graffitis en las calles. ¿Cómo se explica que haya un arte urbano súper rico, pero al mismo tiempo nadie habla de eso? Porque claro, o sea lo que hablamos, de partida cuando uno habla de arte urbano, el graffiti, es un concepto reciente también, o sea la misma Academia, la misma Universidad, los mismos Centros de Estudios, no… no… no sé, no prestan ojos o miradas hacia esta tendencia, este movimiento porque, porque sigue siendo, sigue estando under, sigue siendo algo que no está reconocido por la oficialidad de la Academia, cachai?, no está reconocido por la oficialidad entonces el intento del Seminario Graffiti & Política lo que buscaba es dar ese reconocimiento por un lado del graffiti y ver el cuestionamiento de las prácticas políticas, o sea lo que queremos hacer con el seminario de Graffiti & Política por un lado era eh… contribuir el símbolo de que la Universidad de Chile, una de las dos universidades más importantes de Chile, recoge esta, manifestaciones y les da un espacio, la Academia cierto y la Oficialidad discursiva acoge a un movimiento que no tenia padres académicos, por decirlo de algún modo, que era un huérfano de la Academia, entonces con este intento, nosotros lo que estamos buscando es el darle ese estatus también, ese estatus discursivo, ese estatus de observación sistemática de un fenómeno, para que cobre también una relevancia, entonces claro, son intentos que están surgiendo ahora, porque el año pasado también hubo otro seminario de graffiti pero no de política, claro son aislado pero yo creo que en un momento dado van a, el mismo festival de arte Hecho en Casa 551 , yo creo que este festival va a transformar también va a ser un detonante para que finalmente la academia y la institucionalidad tanto estatal como académica, es decir el Estado y la Universidad ponga de frentón una mirada y elabore una hipótesis de lo que estamos hablando y si efectivamente construyen símbolos o no construyen símbolos, si efectivamente es arte o no es arte, pero son intentos para academizar entre comillas un fenómeno social y darle ese estatus también intelectual que esta como ausente. 551 El Festival “Hecho en Casa, 1er Festival de Intervención Urbana”, fue una muestra al aire libre de dos semanas (del 16 al 25 de Noviembre) en Santiago Centro con las intervenciones de varios artistas latino americanos. (Entrevista realizada en tiempo de Festival.) 278 CHARLA ALEJANDRO “MONO” GONZÁLEZ Realizó la charla: 1° festival de intervención urbana Hecho en Casa Documento personal audio grabado y escrito: Clément Bégot Lugar y fecha: 3 de Noviembre 2012 Mono González: - … por lo menos tengo, es que… hay una cultura o una función que se le da al espacio público que lo da el sistema. Y de alguna manera ese sistema tiene que ver hoy día por ejemplo o tenía que ver con lo que tú decías del edificio Diego Portales que le dio la funcionalidad, digamos de la dictadura, y que hoy día por ejemplo nosotros estamos pintando un mural y le estamos dándole un connotación o dándole una nueva funcionalidad, o sea me explico que de alguna manera hay un espacio determinado, que determinada, tanto el sistema le da determinada funcionalidad y las personas que no están con este sistema le dan otra determinada funcionalidad, es la función que cumple el espacio público, para mí el espacio público es un taller abierto, en que donde los jóvenes especialmente hoy día los muralistas y los grafiteros, ellos los intervienen y los ocupan, en la medida en que también contestan, es como la contra cultura, digamos o dan respuesta a la visión que tienen del sistema, de hecho por ejemplo y yo estoy, estamos con el equipo de muchachos pintando un mural en este lugar552 y este lugar tiene una connotación muy importante, la connotación muy importante es que el seis de septiembre de 1970 le pinte y trace en un muro que es muy largo de acá, el primer mural. El primer mural lo mataron me acuerdo que sale elegido líder el cuatro de septiembre y el seis de septiembre y todo Santiago, todo Chile estaba peleado, entonces sale elegido líder de líder, el seis de septiembre, venimo’ a pelear una consigna, no pensábamos en el mural y de repente como era trazador de letras etcétera, de la brigada y también estudiaba artes y era pintor, me invitan y los muchachos dicen por qué no pintamos imágenes y ahí es cuando la palabra se empieza a transformar en imágenes, o sea, entonces yo le explico eso y ahí le estamos dándole una funcionalidad a ese soporte de ese espacio público, incluso de hecho lo importante es que nosotros estando lejos digamos de los lugares que, se estaban gestando en otras partes del mundo digamos 68’, 69’ en Nueva York la ocupación del espacio público, los muchachos andaban haciendo los graffitis o andaban empezando a rayar, nosotros sin tener esa información, empezamos a hacerlo, lo importante de eso fue, es que no lo hicimos anónimamente, o sea me refiero al sentido en que si bien éramos un colectivo, me refiero en el sentido de que estaban todos periodistas extranjeros preocupados de la elección de Allende del 4 de septiembre y aparecieron en este lugar y las primeras portadas a nivel mundial de las imágenes que nosotros empezamos a pintar aparecieron en el extranjero, estamos hablando de los diarios de los titulares de los diarios y no tanto en Chile, o sea muchas veces nosotros no nos vemos a nosotros mismos y las cosas pasan o se repiten desde afuera hacia adentro, ahora explico eso porque, porque ahora en estos momentos estamos volviendo en particular, 552 Ndla: Centro Gabriel Mistral por el festival Hecho en Casa 279 entonces estamos haciendo lo que yo quería era ahora no vengo tan preparado como venias tu, pero me refiero yo en el sentido, de que por ejemplo ya hay un espacio en que nosotros queremos darle una función, y esa función, se produce porque somos ciudadanos y porque de alguna manera también es el espacio en que queremos producir el debate y meterle nuestra comunicación y queremos decir nuestras cosas, por lo tanto como las podemos hacer o como, como las elegimos para hacer, entonces en ese soporte están las imágenes, ahora dentro de eso han pasado muchas cosas, han pasado muchas cosas, ahora por ejemplo un ejemplo, estuvimos en unas charlas en el edificio Diego Portales, o Gabriela Mistral, después, para hablar sobre la cultura y estábamos con Valdés arriba del escenario y de repente el nos dijo que nos fijáramos en las manillas de las puertas, en la época de Allende, el edificio que nos junta, un escultor hizo una mano empuñada en la manilla de las puertas y estaba hacia arriba, ahora es muy importante decir esto, porque cuando estábamos conversando y Valdés me dijo que nos fijáramos que las manillas en la dictadura las habían puesto hacia abajo. O sea, en el fondo, lo que quiero decir con eso, es que hay ciertas sutilezas, que nosotros no nos damos cuenta, pero de una manera la historia está contada muchas veces por los vencedores y no por los vencidos. Entonces por lo tanto de alguna manera, en ese momento, esa escultura o esa manilla de puerta que en el gobierno de Allende era hacia arriba, hoy día estaba, o en ese momento estaba hacia abajo. Nosotros fuimos con un atornillador e hicimos el cambio, en un blog que yo tengo, lo cuento cierto, ahí y a los dos días nos andaban buscando como pa poder restituir lo que era, o sea en el fondo la dictadura, todavía seguía presente con pequeñas simbologías como esas, ahora les explico eso porque, por que una de las formas, en que uno le puede dar contenido al espacio en que uno… o contestar o intervenir, es que lo que estamos haciendo hoy día es un mural, en donde hay una mano abierta hacia arriba con la que yo saludo, como tener una mano empuñada tiene que ver con la izquierda, en el sentido de sentar una presencia, en el lugar de la historia que este espacio tiene, o sea en principio entonces nosotros le estamos dando un contenido, distinto y una función que es la que nosotros queremos, o sea si bien hemos sido como los vencidos, de alguna manera también tenemos una presencia de estar vivos y de haber sobrevivido, pero dentro de eso también con arte y con creatividad, ahora les explico eso porque, porque eso es la sensación de contenido, pero también, las cosas continúan, pero de las cosas que continúan, yo soy director de arte del museo a cielo abierto de San Miguel, si ustedes quieren los invito vayan a verlo en Departamental al llegar a Ochagavia y hay una población, en donde en ese lugar existe el único mural de la Brigada Ramona Parra del año 72’ y que fue restaurado en el 2002 en el corazón de la población, pero alrededor de esa población y dentro de esa población se origino, un proyecto muy interesante y yo lo que quiero decirle eh… a lo que viene o sea como seguimos caminando para delante, con respecto digamos a ocupar el espacio público. Y surge un centro cultural, en la población, en la base de la población, que quiere intervenir su población con murales, pero no saben a quién recurrir y que eventualmente recurrieron a un primer proyecto donde no encontraron financiamiento y les fue muy mal y dentro de su frustración etcétera vuelven a levantar y se arma otro proyecto, el proyecto era, un financiamiento Bicentenario para hacer diez murales dentro de la población en donde unas personas hicieron la gestión y presentaron que nos fue muy mal o sea, muy bien por que conseguimos las platas, pero muy mal en el manejo de las platas, ahora yo les explico esto porque, porque de alguna manera dentro de todas estas cosas siempre hay experiencias, siempre vamos descubriendo y encontrando caminos y dentro del camino hoy día logramos sobreponernos a todas esas cosas y el museo abierto de San Miguel, en primer lugar, estamos completando veinticinco y vamos a llegar finales de este mes a treinta, yo les explico esto en el sentido de que como desde la base de la población se pueden hacer una autogestión, pero además siendo asesorado, con una visión, o con una experiencia, de oras personas desde fuera, de quienes de afuera, todos los muchachos que han pintado, por lo menos en Santa 280 Rosa o los más importantes en Valparaíso, en Santiago, están presentes en esos lugares, ahora es muy importante en qué sentido, en que también ha sido como una casa de acogida de los grafiteros y muralistas que pintan en las calles porque, porque el espacio de la calle es algo efímero, pero aparte de ser algo efímero y de dialogo permanente también, eh… es necesario dejar como instalado, o dejado ahí una especie de muestrario de todos estos acontecimientos, o sea, en ese sentido también es, es como hacer historia, es muy importante eso, ahora yo vuelvo a otra cosa a este muro de acá, ahí un elefante, es verdad, eso lo pinte yo en el 2002 con una amiga en la Ramona Parra, cuando existía todavía, hoy día existen muchos otros sub colectivos etcétera, etcétera, y dentro de eso quisimos de alguna manera también volver a pintar en ese lugar y dejar como la constancia, de hecho dejamos arriba, en la parte de arriba eh… la firma de esa época, pero hoy día estamos haciendo algo distinto que tiene que ver con lo que evoluciono en el tiempo, a lo que voy, que en la calle hay un dialogo permanente y una evolución, la ciudad crece, también se abre y se desarma, nosotros tenemos un problema en Chile que es muy fuerte, que hay cosas que a veces tiene como cuarenta, cincuenta años de antigüedad son como viejas y por lo tanto muchas veces las destruimos nos las rescatamos no las recuperamos, ahora eso es súper importante decirlo, es que la forma del museo abierto de San Miguel, por ejemplo es una población de escuela de obreros de Malleco y que muchos de ellos ya van en una tercera generación y es muy importante decirlo en el sentido del como esa población ha ido cambiando con el arte con la intervención urbana es muy importante esto decirlo, por ejemplo hoy día existe una invitación para una réplica de esa misma instancia en Brasil, en la cual incluso el museo abierto va a ir allá e instalarse con su presencia y a lo mejor con un mural con los muralistas que han pintado en este museo, o sea ya empiezan haber intercambios o replicas de ese fenómeno, ahora para no alargarme mucho, esa es una cosa, y la segunda cosa es importante que por lo general, nosotros o por lo menos yo cuando trabajo, trabajo, en dos y no en un proyecto, si no que en un A-B-C porque siempre en Chile sucede que van cayéndose los proyectos porque, no hay financiamiento, porque depende de un Fondart, porque depende de otras cosas y muchas veces no encontramos los auspicios y la plata. Ahora a mí es importante considerar que las platas de las formas en que llegan sean de la manera lo más independiente posible y no nos obligue a nosotros a tener que hacer determinadas cosas o condicionarnos en las platas, en ese sentido nosotros, y yo creo que eso es una de las cosas que yo admiro de los muralistas y de los grafiteros urbanos, el mantener esa independencia con respecto a esas cosas que ellos hacen o dicen, o sea eso es súper importante. Lo segundo es que la calle debe siempre ser considerado como el taller abierto, significa que los muchachos ahí, hay un problema de intercambio de aprendizaje unos con otros, y es bien importante una cosa, o sea cuando uno conquista un muro es importante invitar a otros a participar de ese muro porque así se van intercambiando los espacios, y se van interrelacionando y van aprendiendo unos de otros de los que están más jóvenes como de los que están más viejos y más maduros, ahora en ese sentido siempre, hay una red de tejidos que se va a producir en los muralistas y grafiteros que cada día yo lo voy descubriendo mas, porque, porque como soy más viejo y como trabajo con los jóvenes es una imagen de lo de hoy día, entonces por lo tanto eso es lo importante, a lo que voy, es que eso dio pie a un proyecto, que fue muy interesante que se hizo en Valparaíso que se llamo “Pint ar un techo en la población Lo Herrera en el Cerro Cordillera”, pero es una instancia en pintando este techo a que hoy día estamos organizando las finales techeras, esperamos a que parta este próximo año, de los cuales ya estamos involucrando una serie de instituciones y de cerros por que la topografía de Valparaíso se presta a mirar desde arriba hacia abajo los techos que podemos pintar, ahora es muy importante, porque, porque eso también nos está llevando a tener relaciones por ejemplo, con una fundación en Paris, o sea, haciéndolo abierto ayuda a fomentar el turismo en Valparaíso, hacer trabajo de cultura, pero además hacer la protección y a trabajar y a… arreglar, impermeabilizar los techos, pero además pintando, entonces, por lo 281 tanto le estamos dando un nuevo soporte a ese espacio, ahora ese espacio también, tiene otra connotación muy importante, hay relaciones con Génova, con Nápoles, con lugares que tienen una iconografía especial para hacer esos techos, o sea las cosas siempre se van haciendo interrelacionadas unas con otras, ahora yo les digo esto porque para mí es muy importante, en qué sentido, esto de lo que ustedes organizaron con respecto de lo hecho en casa, con respecto digamos a la ocupación del espacio urbano, no pensando de donde puedan venir o originarse los movimientos, los comentarios, ha permitido de alguna manera cercana en distintos puntos de la ciudad el ocupar el espacio público, nosotros debemos ocupar el espacio público, el espacio público es nuestro, o sea incluso yo creo que por ejemplo, y es muy interesante lo que ha sucedido cuando vienen las marchas de los estudiantes yo siempre me voy después de la marcha sacando fotos de toda la intervención, de los papeles, de los carteles, papelitos que han pegado los muchachos con lo que dicen, lo que hacen y como lo hacen y de hecho me toco dar una charla por ejemplo en Bélgica, en la cual por ejemplo mostré puras imágenes que tenían que ver no de la marcha si no que con lo que la marcha iba dejando en el camino, o la huella que el ser humano va dejando en el camino, entonces por lo tanto es muy importante una cosa, que los graffitis, los murales, los tag, todas las intervenciones urbanas, son parte de las expresiones humanas desde la más mínima hasta la más grande, por ejemplo yo admiro mucho a muchas brigadas o colectivos el “Isla”, “Inti”, etcétera, “Charquipunk”, etcétera, me explico en qué sentido, en que ha ido de alguna manera ganándose los espacios, se han ido ganando espacios, incluso en contra de la… de lo… delincuencial, vandalismo, mediante graffiti, etcétera, o sea los muchachos siempre tienen un o se ponen en contra o sea siempre tiene todo en contra, ahora lo importante de eso es que así y todo, ellos logran levantarse y hacer cosas, hoy día a nivel internacional el muralismo y el graffiti de Chile, está muy bien considerado, de hecho por ejemplo este año yo he viajado harto y he estado en Costa Rica, España, Buenos Aires y lo muchachos vienen llegando unos de Colombia, otros vienen de Mendoza, otros de Brasil, otros están pintando en Europa, entonces se dan cuenta, muchas veces nosotros no nos damos cuenta, la gente que tenemos alrededor, el valor de estos jóvenes que hay, ahora por eso es muy importante decirlo ahora, viene esto del museo abierto de San Miguel, de diez murales que teníamos proyectados estamos llegando de veinticinco a treinta, en la pintada techera, estamos involucrando al municipio, concejo de la cultura, turismo, eh… marcas de pintura, etcétera. O sea en el fondo eso es más bien ver pintar Valparaíso con diez murales o con diez techos es cada dos años, si a la ciudad como le cambia la cara, o sea eso es lo importante ahora, van a haber y van a seguir habiendo nuevos soportes, y van haber y van a seguir habiendo nuevas cosas, o sea más técnica… yo les digo eso porque, porque en primer lugar, yo estoy invitado, por lo menos aparecía acá y salió en la portada… en el cartel de afiche la regata de […ilegible…] en la época de 1972 en el museo de arte contemporáneo en donde yo hice el diseño de ese primer cartel y era al ancho de la brocha y no existían los rodillos, pintoras, ninguna de esas cosas y hoy día aquí estamos con los muchachos pintando con compresor, con generador o sea ene se sentido incluso somos suficientes, en qué sentido, en que a ustedes por ejemplo no les hemos pedido nada entonces nosotros llegamos con nuestro generador, estamos con nuestras pintoras, con nuestro compresor, con nuestras cosas, o sea en algún, o sea en el fondo de alguna manera también han ido adquiriendo también nuevas tecnologías, dentro de las nuevas tecnologías, de lo que empezamos a hablar de la brocha, h odia estamos haciéndolo de esta manera, ahora es muy importante otra cosa, que tiene que ver con la estética, con el aporte de la estética que nosotros tenemos, la información que nosotros recibimos o estamos siempre recibiendo o bombardeándonos en la ciudad. Nosotros en Chile vivimos en una ciudad muy fuerte de consumo, muy fuerte, o sea pantallas led, propaganda, publicidad incitándonos al consumo, y los muchachos de la calle, los muchachos grafiteros, están dando su opinión, y están haciendo cosas distintas. Yo soy como 282 de esa cosa de la cultura marginal, periférica, esa cultura que no está en el centro, pero ojo con una cosa, pero si están en el centro contestatario al sistema. [Pregunta libre]: Al respecto de eso te quería preguntar ¿Cuál es la opinión que ustedes tienen sobre el hecho de que el discurso privado del artista por ejemplo, del colectivo artístico se manifieste en espacio público y con las repercusiones que ello conlleva y como está contra cultura, las distintas contraculturas que comenzaron a partir de esto, van teniendo aceptación y se van transformando en sales y mambo, o sea por ejemplo nosotros hoy día haciendo este festival de artes urbanas estamos de cierta forma cambiando la semiótica, tal vez de que puede tener por ejemplo un mural de graffiti que antes era considerado un acto de delincuencia de transgresión, pero en cierta forma se va como, con el paso del tiempo la gente lo va aceptando y lo va entendiendo como un aporte estético a la ciudad, eso ustedes lo, sugerencia, lo pueden ver como algo que aporta a esto o que por otra parte le disminuye la fuerza? - A ver a mi me preocupa una cosa, una de las cosas, hace poco estaba leyendo un libro, y me dejo un poco impresionado una cosa, decía, Hernán Cortez, le ofreció una determinada paga, a los soldados, que iban a recibir digamos, después de… … etcétera y no la recibieron y de hecho los soldados en la noche le rallaban un muro, y de hecho el tuvo que hacer un mando, con respecto digamos, a frenar esa historia. O sea siembre ha habido una transgresión con respecto digamos un descontento con respecto a las cosas o una manifestación, o sea si uno va a Pompeya y en Pompeya encuentras que hay, hay marta y hechas marta incluso erótica, en lugares… cosas que hoy muchas veces lo vemos a los dueños o sea siempre el ser humano lo ha hecho, o sea pero llega un momento dado en que hay unas formas de sociedades, de controladoras, estamos hablando de medios de comunicación, estamos hablando de la televisión, etcétera, etcétera, en que de alguna manera cuando algo transgrede o trata de comunicar algo contrario, es de alguna manera frenado, censurado, controlado o buscar de poder taparlo, o… hay dos formas una como a nosotros en el golpe, la dictadura, que es matando y dos, es neutralizando y neutralizando, significa que la marca equis, que cuesta tanto, te asombra y eso de alguna manera puede el muchacho grafiteros, muralista, etcétera, etcétera, puede ganar, a lo mejor en hacer determinadas obras o autofinanciarse pero en el fondo la efectividad contestataria, o originaria que eso tenía, de alguna manera también se termina teniendo poco efecto, un solo hecho y que me perdonen las agencias de publicidad, pero de hecho me han llamado como dos o tres veces para poder hacer imágenes de las brigadas tipo estilo BRP, por ejemplo una era Tapsín, una agencia de publicidad que hacía “Tapsín”, “Tapsín Up”, “Tapsín Noche”, “Tapsín Día” y yo fui a la agencia y le explique lo mismo, que le estoy explicando a ustedes, que tiene que ver con respecto, digamos a el origen y la razón de lo que se hacía en la calle y como yo podía, o ellos con lo que querían habían a neutralizar el efecto y de hecho me pareció curioso, que haya habido un cartel grande que vi y que le saque foto y que estaba ahí en donde dice la roja de todos y aparece al estilo la camiseta roja, al estilo con una marca reconocida. Hay imágenes que empiezan a ser tan fuertes, empiezan a hacer patrimonio nuestro que de alguna manera la sociedad de consumo siempre, las toman y las aprovechan en el sentido, porque tiene un segmento de consumo y el segmento de consumo que usan los jóvenes es interesante, para zapatillas, para las marcas para todo ese tipo de cosas, o sea también es un segmento muy susceptible, porque, por que los jóvenes están en desarrollo, etcétera, hay mucho joven que vienen de estratos sociales, digamos poblacionales, etcétera y hay otros que si vienen de la inversa, por ejemplo en Valparaíso hay algunos muralistas, o grafiteros que estudiaron arte, etcétera y que después encuentran su aporte interesante en la calle y lo otro que se han creado y que yo encuentro extraordinario en solo pintar en la calle y han ido adquiriendo oficio en la 283 calle, entonces por lo tanto también hay que advertirle en ese sentido, o sea a sonde llega, lo que conversábamos denante por ejemplo, un muchacho de la brigada que pinta ahora está en Paris, está en una galería y antes con mucho color, etcétera, etcétera, de repente uno lo ve y le dice que te pasa y está pintando un mural con rosado, y es porque la línea editorial, la línea que lo vende y lo comercializa y el tiene que vivir, el problema es como uno se entrega, me entiende, para poder sobrevivir, y ahí es cuando viene el asunto de la autogestión, la consecuencia y el mantenerse en vida digamos, seguir haciendo lo que uno va haciendo, ese es un ejemplo importante para conversar o un tema para conversar con los jóvenes, me entiendes. ENTREVISTA A NASKA Realizó la entrevista: Clemente Bégot Lugar y fecha: Valparaíso, Cerro Polanco Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre : Carmen Gloria Apellido : Medina Castro Apodo: Naska Edad : 26 años Ciudad : Santiago Profesión : Publicista Afiliación política, sindical o asociativa: Mistica, Pachamámica Nombre del colectivo y fecha de creación: En el presente no pertenezco a ni un colectivo, conformé uno por varios años, con 5 mujeres más. Nivel de experiencia como Terrenos privilegiados (país(es), ciudad(es), barrio(s), grafitero (años) : calle(s): Es harto tiempo, comencé Generalmente lo hago en el centro de Santiago, ya que es el desde el 2000 lugar donde vivo. Los alrededores del barrio Bellavista, es ahí donde se encuentra mi casa y ya mucha gente quiere que le pinte sus fachadas, me encanta el barrio y por esta razón me cuesta también salir de el. Sitio web/Flickr/pagina Flickr: http://www.flickr.com/photos/naskagallery/ Facebook / otros medios: Blogspot: http://www.naskagallery.blogspot.com/ Introducción: Mi nombre es Carmen Medina o “Naska", la verdad ya casi toda la gente me llama así. Yo me inicie en el graffiti hace ya bastante años, lo que pasa es que, bueno comencé como todos, dibujando harto, sin atreverme a pintar de inmediato, hasta que un día, no faltó el amigo que me dijo pero como no haci’ esos dibujos que están bacanes en el muro, y en ese tiempo la verdad es que estaba ese miedo también, a que no te quedara como querías y el hecho de no saber ninguna técnica, te jugaba un poco en contra, ya que ponía ese obstáculo y eso hacía que te costara un poco más el punto de partida, hasta que lo haces y te encuentras con experiencias de todo tipo en camino, tanto buenas como malas, pero es así como se va aprendiendo. Personalmente, en mi caso creo que donde soy un poco perfeccionista no aceptaba que las cosas no me quedaran como yo quería sobretodo porque no sabía ni una técnica. Una vez hice hartas cosas que después las termine borrando casi todas por qué no me gustaban, pero 284 yo me sentía bien así, daba lo mismo si las borraba después de haber gastado toda una tarde, de alguna u otra forma eso fue parte de mi aprendizaje. Recuerdo que en ese tiempo estaba en el colegio, entonces la plata que tenia tampoco era para gastármela toda en pintura, porque no tenía ningún ingreso extra, por lo tanto tampoco era algo tan consecuente en la práctica, pero si era algo que cada vez me gustaba más. Ahora este último tiempo me dedico más de lleno a eso, a pesar de que igual tengo mi trabajo “más estable” en Publicidad que es lo que estudie, paralelamente a esto trato de hacer de todo un poco. ¿Te sentiste discriminada? No…discriminada no, al contrario el ser la única mujer de grupo (en ese tiempo), me permitía tener más privilegios, y por el solo hecho de pintar, jajaja… ¿Y cuál es tu rol en el festival? Mi rol en el festival, fue como una bolita de nieve, comenzó con algunos aportes e ideas y no me di ni cuenta cuando el exceso de trabajo sobrepasó casi todos mis límites. Principalmente comencé aportando en la formulación de proyecto y por el hecho de ser Publicista propuse enfocarme en la parte de Difusión y Medios de Comunicación, pero finalmente termine haciéndome cargo de muchas cosas más (al igual que otros compañeros de equipo), considerando todo el trabajo que este proyecto implicó, como por ejemplo con lo que tiene que ver con todo el tema de coordinación también, junto a Isidora Rivas 553 , la Responsable del proyecto con quien complementamos muy bien en el trabajo y también somos súper amigas. Con quien también fuimos compañeras por largos años de Crew, un grupo conformado solamente de mujeres, llamado “CRAZIS”, como locas en inglés, pero pronunciado “a lo chileno: Crazis” el cual en la actualidad no existe, pero si queda esa amistad. Bueno, con respecto al proyecto ella me fue ayudando en algunas cosas y yo en otras y así nos fuimos involucrando harto las dos, y… bueno también aparte hay cinco personas más que conforman este equipo full-time y aparte de eso personas que estaban trabajando parttime, como el fotógrafo, el audiovisual, periodista, voluntarios, etc. de esta manera conformamos un equipo de 30 personas. Esa es la organización, pero como grafitera, ¿cuáles son tus fuentes de inspiración para pintar en la calle, si tienes alguna referencia en el medio? Fuentes de inspiración…mmm miro poco, en relación a lo que hacen los demás grafiteros, admiro mucho sus trabajos sí, pero trato de que esos no sean fuente de mi inspiración, ya que inconscientemente uno tiende a replicar, cosa que no es difícil hoy en día ya que está todo hecho y hay mucha información dando vuelta, considerando eso trato de inspirarme viendo libros, imágenes, revistas que tengan que ver con el dibujo y la pintura en general. Y a propósito del proyecto Polanco festival, ¿Cual fue la idea de crear un festival latinoamericano en Valparaíso, cuando empezó a forjarse el proyecto en las mentes y en las calles concretamente? Si bien partió como un sueño, de a poco lo fuimos materializando. Isidora conocía bastante el Cerro Polanco por que había hecho su tesis de trabajadora social allí, hace un par de años, por lo tanto ya tenía el conocimiento previo, lo cual fue un gran determinante a la hora de encontrar el lugar indicado para el evento. 553 Grafitera « Bisy », organizadora del Polanco Festival y hermana del grafitero chileno Cekis/Zekis. 285 Una de las características que nos llamó la atención a diferencia otro tipo de eventos de graffiti que se han realizado, es que la arquitectura del lugar permitía generar un circuito, un recorrido, el hecho que todas las superficies a pintar fueran distintas con texturas variadas hacía que esto también fuera un desafío para los artistas, lo que lo hacía diferente y único en la historia de los eventos relacionados con el graffiti, ya que siempre se acostumbra pintar un muro liso, grande y que no tenga mucha ventana, puerta, etc. Y generalmente un pintor al lado del otro, tipo “encuentro de pintura”, es por eso que a este evento le quisimos llamar Festival. ¿Y había como una encuesta sobre la población para saber? Dentro del equipo contábamos con una Antropóloga, entonces cuando realizamos las primeras visitas al lugar, poco a poco fuimos presentándoles el proyecto a la comunidad y contándoles todos los beneficios que este les podía traer. Mary, la Antropóloga, se hizo cargo de todo el rescate de información y levantamiento, de las características de lugar, las cuales fueron transmitidas tanto a la comunidad como a los participantes, a los artistas en este caso. Al principio hubo un poco de miedo por parte de los vecinos ya que lo que les proponíamos crearía un cambio radical en su entorno, pero poco a poco fueron entendiendo el proyecto, con un resultado muy positivo de acuerdo a lo que ellos mismos comentan. ¿Y cuáles son las temáticas del cerro Polanco? Como te decía la Antropóloga hizo un levantamiento de información, prácticamente hizo un puerta a puerta con cada uno de los vecinos, conversó con ellos, les pregunto sobre la historia del Cerro y realizó una recolección de información en cuanto a lo que gente les gustaría ver reflejado en los muros, la cual posteriormente también fue enviada a los artistas, como fuente de inspiración. ¿Puedes hablar sobre la historia, la cultura? La información que manejo del Cerro es más bien información general, por el hecho de que esto fue algo que vio netamente Mary. A grandes rasgos, te podría contar que Cerro Polanco es un lugar con alta vulnerabilidad social, un lugar de estrato socioeconómico bajo y con altos índices, de drogadicción y delincuencia. Eso por el lado un poco más negativo, pero también tiene una atracción “turística”, la cual según mi opinión no ha sido completamente explotada y ese es su famoso Ascensor color mostaza, el cual coincidentemente fue reparado pocos meses antes de llevar a cabo nuestro proyecto, lo que fue un punto a favor ya que evidentemente se potencio con el evento. ¿Cuál es la naturaleza del proyecto, es una iniciativa privada o hay otros participantes integrados, como el gobierno, un apoyo? El principal financiador y patrocinador es el Gobierno porque es un proyecto adjudicado mediante un fondo concursable llamado Fondart. Este es un Fondart Regional y a eso nosotros le sumamos aportes tanto propios como de terceros (empresas, instituciones, privados), que no fue menor. Lo que nos permitió llevar a cabo este sueño. ¿Y piensas que hay como un apoyo suficiente de las políticas culturales públicas? ¿Suficiente? creo que siempre se puede más… ¿son eficaces? Creo que si presentas un proyecto que no va a ser un beneficio propio solamente, si no que va a ser un beneficio para la sociedad sí, te apoyan. O sea acá nos podemos dar cuenta, nosotros también teníamos nuestras dudas al principio, de saber si apoyarían o no una iniciativa de este tipo y finalmente fue así, por que principalmente se trataba de beneficiar a una comunidad completa. 286 ¿Al fin cuales son los objetivos y la finalidad del proyecto? Es resinificar el patrimonio histórico de Valparaíso, ya que el Cerro Polanco es un cerro que si bien tiene un patrimonio de la humanidad que es el ascensor que es muy lindo, llamativo y algunos turistas lo conocen por eso, porque tampoco todos conocen el Cerro Polanco, no es lo mismo que decir Cerro Alegre, Cerro Concepción, etc.… que son cerros muchos más conocidos y turísticos, que decir Cerro Polanco entonces la idea era darle un poco mas de vida y transformarlo en un lugar mucho mas turístico y cultural donde el que quisiera venir a visitarlo lo hiciera por sus murales y que en definitiva este sea beneficioso para la gente que vive acá también. La otra parte de la investigación es mas alrededor del Graffiti Festival es considerar el graffiti como una herramienta de transformación social igual… sí, ¿que piensas de los valores que día tras día puedes aprender del graffiti, que aprendiste del graffiti como valores cívicos, ciudadanos? ¿Tú te refieres en mi experiencia? Si, la idea es que la mayoría de los grafiteros me dicen que es compartir con la gente. Ok, si por eso te preguntaba ya que en este caso principalmente es compartir con la gente, tanto con personas que no pintan, pero si están interesadas en saber de tu trabajo, como también con personas del ambiente, con las cuales puedes compartir conocimientos, técnicas experiencias, etc. Y, ¿Piensas que hay como una comunidad de artistas que se sienten como pertenecer a un grupo especifico o es más libre, es como tener un grupo de amistad o solo eso hay una cultura propia del graffiti? ¿Podríamos hablar de una comunidad de artistas grafiteros, existe una conciencia de pertenencia a un grupo o una conciencia especifica y cuáles son las características del grupo? Eh… no sé si te entendí bien la pregunta pero creo que es ¿cómo? [Persona externa]: Lo que te está diciendo es como que si existe una comunidad o son los artistas que tienen un sentido de pertenencia al arte del graffiti ¿Pero onda así que pertenecen a un grupo específico? [Persona externa]: O como que existe una comunidad o solamente hay un sujeto que dice no yo pinto y me siento identificado con el graffiti o realmente es como un movimiento, una comunidad Eh…yo creo que es un movimiento fuerte, de hecho como que entre todos se conocen aunque nunca hayas hablado con la persona en vivo y eso surge ya que es un movimiento donde todos estamos viendo trabajos del otro y quizás no nos conocemos personalmente, pero vamos reconociendo el trabajo del otro a través de los muros. Y bueno dentro de esta gran masa, también surgen “subgrupos”, por así decirlo, que en este caso son las “crews”, que se caracterizan por juntarse a pintar y generalmente a compartir estilos y pensamientos similares y quienes también comparten con otros “crews” para pintar, compartir, cambiar ideas, etc. ¿Y al fin piensas que el graffiti es un medio al margen de la sociedad o es un medio que intenta de o es un grupo que intenta de integrar a la sociedad directamente? Esto es mi opinión y hablaré desde lo que yo pienso y de mi trabajo, en ese sentido, no lo veo para nada al margen de la sociedad, creo que va depender también harto del estilo y pensamiento que tenga cada uno. 287 Ahora teniendo una opinión generalizada en cuanto al graffiti y la sociedad, creo que cada vez más las personas lo están aceptando, porque se están haciendo cosas diferentes e interesantes, con contenido e identidad y eso se transmite, mucho de esto está más ligado al muralismo, el cual últimamente se ha visto muy de la mano con el graffiti y eso ha sido sin duda algo muy positivo para el movimiento (según mi humilde opinión). Si me preguntas que opino acerca de eso, me parece perfecto, ya que ayuda a que el graffiti de abra puertas, sea bien mirado, reconocido. ¿Piensas que el graffiti podrá servir a un cambio social y político de la sociedad? Mmm…el graffiti siempre será un medio de expresión muy potente, frente a eso creo que siempre habrá algo que decir a través de él, en toda clase de índole, no solo política. Considerando esto creo que si pueden haber cambios sociales y uno de ellos es que la sociedad cada vez más está más llana al movimiento a diferencia de años atrás donde no había mucha cultura con respecto a esto. Va a cambiar la población que vive directamente acá en el cerro… Sí, creo que habrá un cambio, un quiebre en su diario vivir, si bien se ha visto un poco invadido su espacio, ellos son los más contentos con el cambio, es lo que ellos mismos nos han comentado. Están felices. ¿Es un impacto positivo? Si es un impacto positivo. 288 ENTREVISTA A PECKO Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: Rio Mapocho, Santiago Centro fecha: 22 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (solo lo que te conviene): Nombre : Cristian Apellido : Lagos Cid Apodo: Pecko. Edad : 27 Ciudad : Santiago Profesion : Muralista. Nombre del colectivo y fecha de creación: Carpe Diem. Año 2003 se fundó en el liceo Dario Salas Junto a mis compañeros de curso. Solo si eres estudiante : Nivel de experiencia como grafitero (años): De los 8 años de edad. Flickr: Carrera :Licenciado en artes Nivel de estudios : superiores. visuales Terrenos privilegiados (país(es), ciudad(es), barrio(s), calle(s)): Chile, Santiago específicamente el sector norte. http://www.flickr.com/photos/pecoespermio/ Introducción Bueno el sector donde yo vivo, es el sector norte de Santiago, conocido antiguamente como “la Chimba”, al otro lado del rio, así se le decía yo soy de Conchalí específicamente la calle Independencia con Dorsal, y el sector que yo pinto es ese, la calle Independencia, el Cortijo, Vespucio, panamericana el sector norte, salí al centro, Mapocho, Patronato, Recoleta, Bellavista, etcétera, etcétera, lo que es el sector norte, la Pincoyastyla 554 !, ahora estamos haciendo el museo a cielo abierto, como que por ahí va nuestro fuerte, por ahí va nuestra fuerza… ¿Y tú nombre? Mi nombre es Cristián y mi tag es “Pecko” de la Carpe Diem crew significa amigo en “rapanui”, la sigla cpd significa carpe diem. Ese soy yo y represento el RAP y GRAFF de la norte. Ahora estamos haciendo un taller de graffiti se llama “Detona La Bomba” y nos juntamos todos los sábados a pintar las calles de Santiago. ¿Puedes hablarme acerca del museo a cielo abierto de la Pincoya? Bueno el museo a cielo abierto estamos participando ahí con los chiquillos con “Pepe” con “Plek” que fue uno de los ganadores y creadores de este proyecto, yo fui uno de los que realizo el mural de los derechos del niño junto con “Sofrenia”, “Nass” “pepe” y “Odexs” y estuvimos ahí empapándonos de toda la cultura, del calor y el fervor que tiene la Pincoya, la Pincoya pa nosotros es uno de los lugares más importantes, es uno de los ghettos es una de las favelas que tiene acá Santiago se podría decir donde están nuestros códigos, ahí está lo que realmente nosotros tiramos pa afuera en nuestras pinturas ahí no se maquilla absolutamente nada ahí está la agresividad, el romance, la violencia, está la poesía, el fervor, está el calor humano, esta la Pobla’, ahí mismo, el salvaje decibel y el Víctor Jara, Bob Marley sonando 554 Estilo de la Pincoya. 289 siempre, de ahí somos nosotros, tanto de Conchalí, Recoleta, Cortijo, Santa Ines, la Palmilla, la Pincoya etc. un solo corazón. Yo fui también a la Pincoya y lo que vi es que, los murales tienen una simbología muy política… Bueno comenzamos a armar el esquema de acuerdo a nuestra historia… de simbolismos en base a nuestra cultura popular, y como nos llegó eso desde nuestros viejos, nuestros padres y abuelos, desde nuestra misma cultura poblacional, piensa tu que muchos de nosotros nacimos en tomas de terrenos, nacimos en lugares precarios como se dice y desde ahí salimos pa delante a tirar el rollo, a vomitarlo, nuestra forma de tirar la pintura. Es la forma en que nosotros narramos nuestra historia. En la Pincoya en este minuto estamos relatando lo que es la historia de la población. Tenemos un mural de Don Clotario Blest555, la olla común, Latinoamérica, los derechos del niño, los frentistas, ahora hay un muro que se tiro un hermanito de Perú el “Olfer”, que habla sobre la protesta y Jesús tirando el rollo contra quienes nosotros hoy tiramos el rollo, es un espejo, es una historia que se repite, es lo mismo que estamos haciendo nosotros hoy en día, y parece que esto no, cambia cachay desde el año cero que vino el flaco a tirar el mensaje, con su nombre Jesús pa’ fuera, hoy en día el grafitero está en la misma y muchos hermanos mostrándole al mundo lo injusto que puede llegar a ser, cachay. Y eso es lo que está haciendo la Pincoya, es una ventana, con un respirar distinto, con colores que comunican los pasajes históricos de nuestra propia historia, nuestra biblia ilustrada en la pobla pero con una conciencia política activa, con una conciencia social activa, con una conciencia que tiene un reflejo social, un reflejo solidario con el hermano y un reflejo que tira pa fuera lo que realmente es lo que se tiene que hablar, no estamos maquillando aquí con la pintura, ni tampoco estamos embelleciendo lo que ya está, tampoco tiramos el royo panfletario con lo que ya está, nosotros queremos algo distinto algo realmente a beneficio de las personas que viven en la población, eso es lo que tiramos pa afuera, nuestra historia, el dolor, el calor, la hermandad y la rebeldía con poesía. El grafiti o el muralismo, el arte urbano en general, tiene como una sensibilidad un poco más social para hablar de la población, ¿Como lo ves tú? Mira antiguamente nosotros veíamos murales, en nuestras poblaciones, pero eran más clandestinos, era muy difícil saber quiénes eran los hermanos que estaban haciendo los murales, por el mismo contexto histórico… como se podría decir… por la misma represión, mataban a mucha gente, hermanos, acá en chile se mato y torturo a mucha gente, pensadores, mucha gente que creía en un bien social y es por eso que nosotros también nacimos en base a la clandestinidad, nuestros nombres de batalla siempre estuvieron resonando primero antes que el personaje, muchos te podían conocer pero no sabían que eras tú el que estaba haciendo eso en la calle, por lo mismo, porque nacimos en familias que fueron atormentadas por un golpe de estado, atormentadas por torturas por acoso por policías, de agentes clandestinos que llegaban y eran capaces de hacer lo que quisieran contigo, nosotros nacimos y crecimos con esas historias, donde en la mesa, la familia, se cuidaba mucho los códigos, nosotros crecimos en eso y hoy en día podemos tirar el rollo pa afuera porque ya nos conocimos y somos muchos los que tenemos el mismo dolor y crecimos con eso y que ya no queremos más mentiras en realidad, queremos lanzar nuestra verdad, quizás algunos se nos fueron ya pero hay otros que están todavía y nosotros que crecimos con eso. Tenemos el compromiso y es por eso el mural, yo creo que hoy en día las cosas van bien con el graffiti/mural tiene esa connotación en la masa y genera un respirar distinto. 555 Dirigente sindical chileno, fundador de diversas organizaciones, incluyendo la Agrupación Nacional de Empleados Fiscales (ANEF), la Central Única de Trabajadores (CUT) y el Movimiento de Izquierda Revolucionaria (MIR). Muerto en 1990. 290 ¿Piensas que es como un trabajo de identidad y memoria? Todo el rato hermano, todo el rato, lo que nosotros estamos haciendo es prácticamente una biografía de nosotros mismos tanto como seres humanos como población en sí. Puedes hablarme de la educación popular en relación al muralismo, ¿qué te inspira eso? Mira en relación a la educación popular es uno de nuestros pilares fundamentales, nosotros nos queremos descolgar un poco de la educación tradicional, algo muy similar a lo que hicieron nuestros hermanos de Argentina con el proyecto documental de la “Educación Prohibida” 556 , no sé si has visto el documental? Si. Bueno los hermanos de argentina, estuvieron acá hace tiempo atrás, se fueron pal’ cajón, hubo un foro y de ellos nosotros hemos aprendido mucho viendo sus documentales, practicando su visión y creando un nueva ventana de aprendizaje. Nosotros haciendo nuestras propias practicas, creemos que la retroalimentación ella es fundamental para poder desarrollar nuestro propio lenguaje, nosotros estamos chatos de estar leyendo y aprendiendo de las historias ficticias que nos metieron desde pendejos, nosotros queremos aprender desde la práctica y desde nuestra propia historia que se nos han negado y a eso mismo nosotros le damos más fuerza pa salir adelante y tirar nuestro mensaje con más fuerza. Hoy día eres muy comprometido en varios acontecimientos (talleres educativos, Graffiti Festivales, el Cpd crew y también eventos por varias causas), ¿cuales son las temas sociales que te llaman lo más la atención y que se reflejan en tus pinturas? ¿Y porque lo pintas? Pinto por la necesidad de respirar distinto, por crear un cambio en mí y desde mi pal mundo entero. Las acciones que realizamos con mi grupo las hacemos con cariño y respeto a todas y todos los pasajeros de este tren. No nos gusta limitarnos a nada ni limitar a nadie, en este lugar todos tienen voz y pueden contribuir con su andar. ENTREVISTA A PEPE, “MAREARTE” Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: La Pincoya, Huechuraba, Santiago fecha: 11 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Nombre : Jose Apodo: Pepe Ciudad : Huechuraba, Santiago Profesión : organizador y iniciador en carga del Museo Nombre del colectivo y fecha de de la Pincoya creación: Marearte Nivel de experiencia Terrenos privilegiados (país(es), ciudad(es), barrio(s), calle(s)): como grafitero (años) : Jorge Inostroza # 5931, Poblacion Pablo Neruda, Huechuraba, Santiago, Chile Sitio web/Flickr/pagina www.museoacieloabierto.tk Facebook : https://www.facebook.com/museoacieloabierto.enlapincoya 556 Documental independiente realizado en Agosto 2012 a través de varias experiencias educativas y testimonios, investigando en 8 países, sobre las posibilidades futuras de la Educación Popular frente a la Educación “Tradicional”. 291 Presentación Mi nombre es José, vivo en la población de la Pincoya desde niño, tenemos un grupo, una “crew” que se llama “MareArte y lleva un cierto tiempo restaurando murales en la población, murales históricos que ya son parte de la identidad de la población y también hemos hecho algunas, algunos murales nuevos en sedes y organizaciones sociales, más que nada para embellecer ciertos espacios y que se transformen en lugares de encuentro, o vuelvan a ser lugares de encuentro. Porque la participación social últimamente ha sido muy bien, más bien baja, entonces como que se ha tratado de, ha habido mucho individualismo, por un montón de razones sociológicas y queremos en cierta forma cooperar y trabajar juntos para, que se generen mayores redes sociales y para que le gente vuelva a participar y a tener la confianza en sus vecinos y en su entorno. ¿Podría ser considerado esto último como la finalidad del proyecto? Este proyecto se llama “Museo a Cielo Abierto en la Pincoya”, y busca rescatar la memoria histórica y reconocernos como vecinos y respetarnos también, por así decirlo porque nuestros murales quieren no crear conciencia pero si, recordar a nuestra población, como un ente importante en la construcción de lo que conocemos… de la construcción de sociedad. Actualmente en América Latina hay muchos grafiteros que tratan en sus trabajos el tema de la identidad ¿Qué opinas de eso? Y claro nosotros, nuestra población sabemos que existen muchas Pincoyas y muchas poblaciones como la Pincoya, no solo en Santiago, sino que, en otros países latinoamericanos y que estamos viviendo por así decirlo, las mismas problemáticas sociales, los mismos, las mismas políticas que se han implementado, las mismas políticas neoliberales, tiene que ver con el cambio en la estructura de la sociedad, tiene que ver con recuperar los espacios, tiene que ver con reconocernos nosotros como ciudadanos latinoamericanos más que nada con nuestros hermanos argentinos, con nuestros hermanos peruanos, con nuestros hermanos colombianos, etcétera y construir de la mano, un espacio que nos haga más feliz po’ al final es eso. ¿Podríamos pensar que el proyecto “Museo a Cielo Abierto en la Pincoya” busca representar más una ciudadanía latinoamericana, que a una ciudadanía chilena? Eh… no, no, no hay una dualidad ahí, es más que nada un tema en común, por así decirlo, nuestros murales, que por ejemplo hay un mural del movimiento obrero en Chile, que lo hizo “Doce Brillos”, y si tú te das cuenta el movimiento obrero latinoamericano tiene una historia muy similar, pero “Doce Brillos”, hicieron un mural del movimiento obrero en Chile, y así; por ejemplo hay otro mural que tiene que ver con Latinoamérica, entonces cuando lo ve una persona se… se reconoce en ese mural, la población, todos nosotros, los habitantes de la población nos reconocemos en ese mural. Entonces un hermano argentino viene y se reconoce en el mural, y se genera la unión, por así decirlo, se genera el sentido de… de fraternidad que nos une y que nos hace mas encima, hablamos la misma lengua, podemos entendernos, podemos compartir, nos reímos de los mismos chistes, la… el humor de ellos es súper similar al nuestro, entonces existe un reconocimientos de nosotros como identidad latinoamericana. ¿Cómo ves tú otras iniciativas de murales, como el “Museo Abierto de San Miguel” o el proyecto de “revitalización del Cerro Polanco” en Valparaíso, del cual tu también fuiste parte, con respecto a vuestro trabajo desarrollado en la Pincoya? Si ahí se rescata, todo lo que tenga que ver con la participación ciudadana y lo que tiene que ver con la participación social y la organización, es rescatable o sea, tenemos que 292 recuperar nuestro espacio, son lugares de encuentro y si existe un festival de graffiti en el Cerro Polanco, bienvenido súper bien y será un lugar para que nosotros nos mostremos y les mostremos así al resto de la sociedad que también existe un museo de cielo abierto en la Pincoya, pero que tiene otro fin, tiene quizás una cercanía mas con lo popular, tiene más que nada con el sentir de la sociedad chilena y sus problemas. Porque igual yo se que en el cerro Polanco, eh… la temática era el puerto, pero por así decirlo, era estilo libre también, nosotros no queremos que nuestros murales sean estilo libre, nosotros queremos poner un tema sobre la mesa, que queremos discutir y ese tema a discutir en ese momento es el derecho a una educación de calidad, es el derecho a techo, el derecho a una vivienda que también hay mucha gente que no tiene casa y viven de allegado en estas zonas de Santiago, también el derecho a un trato justo, o sea tiene que ver con el respeto y la valoración de los derechos humanos, eso es en realidad y también en cierta medida, fomentar la buena onda que se , por que construir pintar un mural tiene que ver con un trabajo colectivo, tiene que ver con una sintonía, tiene que ver con una cooperación, y eso en la sociedad que nosotros vivimos hoy día se ha perdido, tenemos una sociedad altamente individualista y competitiva, o sea que queremos cambiar eso. ¿Crees que el Graffiti y el mural son una herramienta para un posible cambio políticosocial? A ver… cambiar… podemos decir que… algunos dicen, por así decirlo, que las revoluciones o los cambios de conciencias en las sociedades, primero se dan en las murallas, las murallas son las que hablan y cuentan la historia real, la televisión, por así decirlo, oculta mucha realidad, en cambio cuando uno va en la micro, y ve un mural o ve un mensaje que dice “presidente ladrón” , “Piñera chúpalo”, o “Piñera…” etcétera (risas), uno expresa o la ciudadanía expresa sus sentimientos en este sistema, que cada vez te como mas, entonces nuestro museo en cierta medida quiere juntar eso y potenciarlo y hacer que la gente cuando vea un mural se dé cuenta de que existen personas que también entienden las cosas como ellos. Sabemos que el proyecto a cielo abierto de la Pincoya es una iniciativa gubernamental, enmarcada dentro de una legalidad, sin embargo también hemos hablado del graffiti/mural como un espacio opiniones reales, que muchas veces son contrarias al gobierno/sistema, ¿Cómo se inserta vuestro trabajo en esta dinámica? O sea eso es parte de la democracia, o sea todos somos libres de opinar, si tu recibes fondos del gobierno o del estado en este caso, no es del gobierno es del estado557, tu eres parte del estado también y si tu trasmites un mensaje que quizás tenga un cierto rencor contra el sistema, donde el estado, por así decirlo, es representante de ese sistema o el que garantiza ese sistema, es legal, completamente valido porque vivimos en una sociedad que se supone democrática, entonces, esta instancia es la que nosotros tenemos, la plataforma para poder expresarnos y si no nos expresamos no tiene sentido porque si nos digieran no podemos hacer esto, mejor no lo hacemos, lo hacemos sin plata del estado, la autoestimamos nosotros, pero tiene que ver con el… a demás que la plata del proyecto que nosotros ganamos y la plata del estado en sí, es plata nuestra, somos chilenos y postulamos y ganamos el proyecto o sea no es una… un vicio, no hay un acto de corrupción, o sea, es legal, es licito, muy licito y yo lo pienso… yo pienso que es mas valorable aun, por que expresa el sentimiento de una sociedad que necesita, necesita ser escuchada. 557 Financiamiento CON el INJUV, Instituto Nacional de la Juventud Chilena 293 A propósito de la ley, ¿Sientes que es más difícil pintar hoy un mural, que hace diez años atrás?, ¿Hay más abertura para disponer de las paredes o por el contrario, mayor represión para pintar un mural? Depende de que quieras tu pintar, por ejemplo, pintar murales por lo general siempre pintar un mural es licito, porque tu ya tienes el permiso de la muralla o de la persona que te va a prestar la muralla, pero por así decirlo, la diferencia con el graffiti, el graffiti, por así decirlo, es un acto de resistencia máxima, porque lo haces sin permiso y es transgresor por el simple hecho de rallar una muralla sin permiso, eso hace la diferencia entre el graffiti y el mural, entonces, nuestro… nuestro arte, por así decirlo, nuestro trabajo esta de la mano del mural, el graffiti/mural con permiso, entonces es mas licito aún po’. ¿En relación con las movilizaciones/reivindicaciones actuales y más antiguas, piensas que el papel del Museo de la Pincoya es reflejar la realidad social de la Pobla/País/Continente o proponer otras alternativas al sistema? La idea de pintar murales, siempre será en una línea que busca alterar el espacio público, generar la discusión, mostrar los problemas que nos afectan a todos y también mostrar las cosas que nos hacen felices. Cuando hacemos un mural, la gente se pregunta cosas que son importantes, que muchas veces por su propia rutina, no pude visualizar. Muchos vivimos en un estado de conciencia de dominación, por lo tanto, cuando un mural busca reflejar un tema, la gente hace suyo el tema y también lo protege. Porque es parte de su ser y cuando sabemos cuáles son los problemas, podemos buscar la solución y generar empoderamiento. Cambiar una sociedad es un proceso lento, pero cuando la sintonía cambia, eso se transmite y se comprende el mensaje en toda la sociedad. ENTREVISTA A “RIKIS” Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: cerro Polanco, Valparaíso fecha: 4 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Ricardo Días Santander Apodo: Rikis Ciudad : Coquimbo Introducción Bueno mi nombre es Ricardo Días Santander soy de la ciudad de Coquimbo en el norte de Chile. ¿Y hace cuantos años que pintas? Desde los once años ya hace 9 casi 10 años pintando ¿Qué has aprendido del graffiti? Bueno el graffiti me ha enseñado mucho, compartir, el día a día y disfrutar el día a día y ver que todos los días es una creatividad, ver que puedes imaginarte y hacer tu propio 294 mundo y a la vez vivirlo, compartir digamos como que me ha enseñado mucho, mucho, mucho. ¿Y haces parte de algún crew, grupo? Si tengo una crew que soy yo con dos amigos mas que se llama “Excolor” que la iniciamos en el 2003 y ahí nos hemos mantenido pintando y acá ahora hace poco terminamos el mural en el Polanco festival ellos se tuvieron que ir por cosas de tiempo pero nos entendemos los estilos igual tenemos la técnica como parecido, vamos compartiendo todo ese tipo de cosas. ¿Y sientes que perteneces a un grupo específico, a una cultura distinta? Yo creo que el graffiti es súper abierto igual, el graffiti cuando tu lo pintas en la calle ya esta, para que lo vean, para quien lo quiera ver y para mí eso es como, no es como algo tan cerrado me entiendes o sea lo puede ver desde la persona que está en la calle, hasta la persona equis no se lo encuentro que todos lo pueden ver y que eso es súper entretenido con el grafiti porque tu vas haciendo un cambio de la vida cotidiana de la gente, porque toda la gente está con ese camino derecho de irse del trabajo a la casa, del trabajado a la casa, y uno esta como dándole mucho mas vida, digamos al barrio a los rincones de las ciudades a tanta pared gris que hay y eso yo creo que hace que el graffiti sea mucho más abierto o sea todos quieren aprender, la gente se , le trae más ideas, le alegra el día con los colores, ven el proceso y encuentro que con ese sentido de cosas la gente va como abriendo mas la cabeza y eso es como que en realidad uno entrega me entiendes ¿Piensas que el graffiti puede servir para un cambio social? Si todo el tiempo cambio social y político se puede porque… hay en día por ejemplo uno comienza con el tag, todo ese tipo de cosas en el graffiti yo comencé así cuando chico pero con el tiempo vai’ como dándole un significado a tu trabajo, en qué sentido, estay viendo como las cosas que van ocurriendo y intentas de repente meter algo de eso, y en contra de, a favor de y encuentro que so es como muy grato o sea siempre tiene un contenido. ¿Y piensas que el tag es una manera de expresarse o de crear opinión? Si el tag para mi es una manera de escribir tu nombre o ya sea ¿Es más político que el grafiti? ¿O no? No, no, en el graffiti tu puedes escribir lo que tú quieras puede ser un poema, puede ser una tipografía de un tu nombre, o sea es totalmente libre, eso es lo que tiene mucho el graffiti, que uno puede expresarse en lo que uno quiere o sea si yo estoy mal hago lo que quiero sentirme mal y si yo estoy feliz hago lo que quiero en la calle, me entendí es una libertad que tiene el grafiti que cualquiera se puede expresar en la calle con tal que te den el permiso de lo que uno quiere hacer y esa es la libertad es lo mejor y está abierto todo el día, todo el tiempo y quien lo quiere, como te decía el que lo quiere lo ve y el que no quiere ya esta, ahí queda. ¿Piensas que hay un impacto positivo? Sí, hay un impacto positivo, para mí siempre ha sido positivo a la gente le cambias totalmente él, el sentir de la gente y también a uno porque de repente pintai’ tantos barrios que después viene siendo como las paredes vienen siendo tuyas porque después vas ahí cotidianamente y deci’ uy! este es mío, pinte acá, pinte allá, me entiendes. 295 En los barrios más pobres, con más dificultades sociales ¿Es positivo aprender y enseñar de este arte? Exactamente es muy efectivo porque los chicos hoy en día son los que más se abren la cabeza y cuando ven colores ven dibujos y yo por ejemplo cuando chico, siempre veía eso en, en los chicos de barrios más marginales de querer siempre como de abrir la cabeza y eso creo que demuestra otra, otra, otra calidad como de vida o de creer expresarse o de moverse me entiendes. ¿Y tienes algunos contactos con la gente de aquí, el cerro? Si, si acá ¿Te preguntan qué haces? Si acá la gente, es como todo, cuando uno está pintando la gente se acerca te preguntan. Tiene un interés… Exactamente la persona que se acerca se acerca, el que no se acerca, no se acerca, en realidad, cuando yo pinto estoy tan encerrado en mi onda que le que quiere es acerca y el que no, me entiendes o sea yo pinto porque a mí me gusta porque a mí me cambia la vida y es lo que yo hacho toda la vida, sin pintar en la calle es como fome entiendes. 296 ENTREVISTA A “SAILE” Realizó la entrevista: Clément Bégot Lugar: Pedro Aguire Cerda, Santiago fecha: 23 de Noviembre 2012 Escribir en el cuadro las informaciones que usted quiere compartir por la encuesta (opcional): Apodo: Saile Ciudad : Pedro Aguirre Cerda, Santiago Introducción Yo soy “Saile”, pinto del 96’, 97’ cachay, en esa oportunidad pudimos trabajar en el cielo abierto, yo vivo cerca igual de San Miguel, creo que ese lugar ha sido un, de buena forma bien recuperado porque son muchos muros que están hacia una buena avenida, siempre se veían eh… nadie les tomaba importancia siempre, estaban mal pintados, siempre estaban deteriorados, y ese entorno igual es una población que tiene igual su Historia. ¿Qué piensas de la finalidad y utilidad del museo a cielo abierto de San Miguel y con ello, como se inserta tu trabajo en él? A ver claro como finalidad es haber recuperado el museo, el espacio que era tan importante de la buena, del lugar que esta de la buena, es un buen spot lo ve ciento de gente haber recuperado es, pa nosotros igual es importante a parte yo soy más del lao de la Panamericana, tratamos de rescatar el lado de el segundo Panamericana para que un poco lo vieran y esa vez nos invitaron a todos juntos como “Santiago Under” como el crew cachay… esa vez Inti estaba aquí de pasada y de primera era un poco demostrar como las culturas urbanas que era el tema que nos propusieron y era como cada uno demostrar un personajes de distintos estilos, cachay, era como desde mi personaje que era el estilo más urbano hasta el personaje que era del Inti que era como mas folclórico cachay y del lado del “Simón”558 que era un poco más, mas espacial en su línea más trivial. Y era como la mezcla de esas tres, juntos pero como tan como están enfocados a una línea tampoco. En los murales podemos ver una mezcla del muralismo y graffiti, ¿piensas que es la evolución del estilo chileno? Eh… yo creo que igual es una mezcla, porque también metimos graffiti, en el sentido de que igual metimos las letras del “HES”, o sea hay unas letras que era como un poco mezclar esto de lo que como está haciendo harto, lo de la geometría, los círculos, las líneas entrecruzadas, como que era eso, un poco la línea como se estaba haciendo más chilena, sudamericana cachay. ¿Piensas seguir avanzando en iniciativas más sociales? Si yo creo que siempre trato de buscar cosas distintas igual po’, igual las cosas, cuando son cosas más sociales es cuando, va también según el muro también po’ cuando son mas porque la gente lo va a ver harto y es como de mi parte para el pueblo es como de ir tratando de aplicar la línea más social cachay, que también son cosas actuales que han ido cambiando que también me hace hacer cosas diferentes que también trata de buscar cosas nuevas, no seguir… y no repetirse con las mismas líneas que eso también ayuda un poco a 558 Cf. : La Robot de Madera 297 evolucionar mi línea de dibujo que es como buscar estas cosas que están pasando desde cosas sociales o hasta estas cosas cuando me toca trabajar con marcas, porque al final son como retos también poder hacer cosas diferentes no siempre hacer lo mismo como de poder yo hacer más cosas de poder hacer mucho mas. 298 V] LES LETTRES OUVERTES AUX MUNICIPALITES A] CARTA ABIERTA A LA ILUSTRE MUNICIPALIDAD DE CHILLÁN 559 CAMPAÑA PRO-GRAFFITI Sr. Alcalde. Sra. Jefe de Gabinete Alcaldía. Presentes: Con estupor hemos sido testigos a través de la prensa escrita Chillánense, como desde el ámbito municipal hablan de una “Campaña de Limpieza Local”, incluyendo dentro de estas acciones que ensucian la estética local a los Graffitis, asumiendo, desde su punto de vista, éste como una “manifestación delictiva”, junto a murales de barras deportivas, marcas delictivas, consignas políticas o rayados incomprensibles; demostrando un desconocimiento y una gran insensibilidad respecto a una manifestación artística local, nacional y mundial, como lo son los Graffitis. Los “Graffitis” son piezas conceptuales, de índole artística más compleja, que transmiten y llevan mensajes significativos, en este caso, del movimiento cultural Hip-Hop de Chillán, mensajes que no pueden ser expresados ni en palabras, ni en música, solo en imágenes, y que lo realizan personas especializadas en esta temática, asumiendo compromiso con nuestro movimiento. Resaltamos que estos artistas intentan realizar sus obras con la autorización de los dueños de las murallas ocupadas o en su defecto en espacios públicos abandonados, mostrando un real interés y una completa autogestión para realizar este medio de expresión visual. Como jóvenes testigos, educados respecto al tema, nos sentimos representados y representantes del Graffiti local, y como participantes del Movimiento Cultural Hip-Hop, nos sentimos pasados a llevar, intimidados y estigmatizados, con estas “medidas” que representan una total supresión de nuestro arte y medio de expresión, el cual artísticamente es valorado por quienes nos ceden estos escasos espacios, a pesar de ser una forma de expresión que se da en todo el mundo, pero que en nuestra ciudad aún no es fomentado, para el crecimiento artístico de nuestros jóvenes y su ciudad. Nosotros no estamos en contra de que hermoseen nuestra ciudad con acciones de limpieza general, como borrar rayados incomprensibles, o murallas sucias con carteles y otros; pero esperamos, de parte de ustedes, una educación respecto al tema, y asuman la expresión Graffiti, no como cualquier rayado que se encuentra en la calle, sino más bien como una expresión que hace crecer a la sociedad. 559 Lettre ouverte à l’illustre Municipalité de Chillán (mars 2009). 299 Es por ello que esperamos no se pase a llevar el trabajo artístico de muchos jóvenes quienes desde hace alrededor de 10 años han estado entregando este arte para la ciudad, no en grandes proporciones, pero si trabajando día a día en piezas más complejas y con un sentido de representatividad local y social. Ya son muchas las personas que participan o quieren ser parte del circuito del Graffiti, pero necesitan tener un respaldo sólido, ya que día a día somos testigos de cómo la gente que, con una buena orientación sobre alguna manifestación en particular, puede accionar socialmente con empatía y a la vez ser facilitadores de este medio particular de expresión, el cual brinda a los jóvenes una formación artística compleja, sin menoscabar el trabajo de artistas que se mueven dentro de la formalidad en Chillán, quienes también aportan a la cultura de nuestra ciudad. Dando ya a conocer nuestro punto de vista, y con ansias de poder concretar una instancia FORMAL Y PERMANENTE de dialogo con nuestro Municipio, es que les solicitamos una reunión, cuando ustedes lo estimen conveniente, con los jóvenes como principales actores sociales de la cuidad presentes en las diferentes ramas de las artes y la cultura. Creemos que hay temas y acuerdos que se pueden llevar a cabo en beneficio de todas las personas de nuestra ciudad. Estamos en conocimiento que es imprescindible que el nuevo Municipio se posicione como la instancia más importante e influyente en lo que ha dialogo y construcción de conocimiento cultural se refiere, ya que las juventudes de la ciudad de Chillán han estado por mucho tiempo esperando estas medidas. Queremos facilitar una conversación abierta, de tolerancia y de todo aquello que desencadene acciones creativas que ustedes saben bien, nos llevarán a formarnos ética y socialmente como verdaderos Chillanenses. Como jóvenes, estudiantes y profesionales, representantes del Movimiento Cultural Hip-Hop y del Graffiti, tenemos ideas, sueños, propuestas y sabemos cómo llevarlas a cabo, por ello es de especial importancia poder establecer esta instancia y así darnos a entender entre nosotros. Generando este canal de comunicación no necesitaremos estar desde el silencio postergando nuestro potencial creativo, nuestra humanidad. Sin otro particular, y esperando una respuesta, atentamente simpatizantes movimiento Hip-Hop Chillán. Gabriela Ferrada A.- Trabajadora Social, Egresada de la UBB. Carla Gutiérrez B. – Estudiante de Ing. En Administración de Empresas. Cristian Zabala G.- Estudiante de Enfermería. Nuestro mail es:
[email protected] (Gabriela Ferrada) Copias: Oficina de Partes Archivo Hip-Hop 300 B] CONVOCATORIA ABIERTA PARA TODOS LOS GRAFFITEROS DE CHILLÁN QUE QUIERAN PROTEGER SUS GRAFFITIS Y MUROS OBJETIVOS: Respondiendo a los Objetivos de nuestra Campaña Pro-Graffiti y en vista a las próximas Campañas Electorales que se vienen en esta mitad de año, hacemos una Convocatoria Abierta a todos los graffiteros de Chillán que quieran participar en el Catastro de Graffitis y Legalización de estos, para que ni una Campaña pase por encima de ellos y así defender nuestro patrimonio del graffiti Chillanejo. Esta iniciativa está respaldada por la Oficina de Asuntos Juveniles, de la I. Municipalidad de Chillán. FUNDAMENTACION: Se pretende con el Catastro de Graffitis que empezará desde este Jueves 13 de Agosto, hasta el Domingo 6 de Septiembre, lograr obtener un registro de todos los graffitis de Chillán legalizados de alguna forma (muros prestados por sus dueños, o graffitis propios en espacios abandonados), para luego obtener por parte de la Municipalidad de Chillán y otras entidades públicas un certificado de legalización de estos y con ese papel, podamos hacer defensa de nuestros graffitis y muros, por si alguien los tapa con propaganda política u otras cosas, aplicando sanciones a quienes los pasen a llevar. CONVOCATORIA: Si tienes graffitis en Chillán, seas tú de Chillán o de alguna otra parte de Chile, necesitamos que elabores en un documento Word un catastro de tus graffitis que incluya: - Tag (no es necesario tu nombre completo o identificación). - Alguna referencia de tu arte (no es necesario). - Direcciones en donde están ubicados tus graffitis. - Fotos de tus graffitis. - Tu mail. Este documento Word lo envías dentro del plazo de 13 de Agosto hasta el 6 de Septiembre al mail de la Agrupación:
[email protected] Reiteramos que esta convocatoria es abierta, sea o no para graffiteros o gente que practica Stencil o Street art que estén o no estén dentro de la Agrupación PintArte. PROYECCION: Una vez tengamos el Catastro de Graffitis, como Agrupación procederemos a Legalizar dichos antecedentes, juntando firmas de la gente que resida en dichas direcciones si da el caso, y así poder elaborar un Certificado de Defensa de los Graffitis, el cual estará firmado por algunas autoridades, y así con ese papel en mano de quienes lo soliciten, poder tener un respaldo legal que defienda los graffitis de posibles intervenciones y daños a ellos, que se produzcan en el año. ¡ESPERAMOS LA COLABORACION DE TODOS! 301 C] LETTRE OUVERTE ENVOYEE A LA MUNICIPALITE DE LA DEFENSE DU GRAFFITI COMME PATRIMOINE CULTUREL SANTIAGO (JANVIER 2011), POUR : ASESINATO CULTURAL_ BORR-ARTE Municipalidad de Santiago borra murales en la rivera del río Mapocho. El día Martes 4 de enero sorpresivamente comenzaron a borrarse todos los murales realizados en la rivera del río Mapocho ubicados en la comuna de Santiago. Repentinamente fueron cubiertos con pintura gris el trabajo realizado por los destacados artistas, Aislap, Piguan, Grin, Saile los que con sus propios medios habían invertido tiempo y recursos en estas destacadas obras de considerables dimensiones reconocidas internacionalmente, que contribuían sustancialmente al imaginario colectivo y patrimonio de nuestra ciudad. La acción se vincula directamente con la realización del proyecto Museo de la Luz, de la artista Catalina Rojas a inaugurar el día 18 de enero, cuyo objetivo es realizar proyecciones audiovisuales sobre la rivera del río Mapocho, por lo cual comenzó un proyecto de reordenamiento y limpieza de la rivera del río impulsado por la Municipalidad de Santiago y Bienes Nacionales, cuya primera acción fue borrar los murales realizados, eliminando de esta manera forma un trozo de historia de nuestra ciudad. La decisión anterior de eliminar completamente los murales evidencia una torpeza, desconocimiento y reflejo de una política cultural sesgada proveniente por parte de las autoridades que apunta al detrimento de nuevas expresiones en la ciudad. Esto es injustificado más aun cuando los murales fueron realizados por destacados artistas cuya influencia a su corta edad se ha consolidado en exposiciones internacionales, publicaciones y filmes entorno a la pintura urbana. Estos jóvenes artistas representan en el exterior la nueva cultura emergente de vanguardia, los próximos Matta, Dittborn y Jaar de nuestro país, que deberíamos apoyar y respaldar, ya que estos con sus talentos y medios han impulsado el reconocimiento de Santiago como una capital del graffiti y la pintura urbana, otorgándole interés cultural y turístico. Lo lamentable es lo injustificado de la acción, ya que perfectamente para la realización del proyecto nocturno podría haber compartido espacio con los murales. 302 Esto lo consideramos un verdadero asesinato cultural, ya que respaldado en razones administrativas y aprovechándose de la vulnerabilidad de estas obras, actuó bajo la ética empleada en los peores momentos de nuestra historia cultural, donde eran suprimidas y castigadas todo tipo de expresiones. Los afectados no son exclusivamente los artistas, sino nuestra ciudad, sus habitantes, la cultura, nuestro imaginario -imagen país- y todos los que soñamos con un Santiago diverso y desarrollado culturalmente. Sebastián Cuevas Vergara (a.k.a Hasco) arquitecto, fundador galería BOMB la primera galería de graffiti y Street art en Chile. Pablo Aravena, cineasta, curador, chileno-canadiense, productor-realizador “NEXT: A Primer on Urban Painting” primer documental mundial de pintura urbana, curador exposición “Chile Estyle” Carmichael Gallery, Los Angeles, California. Agradecemos el apoyo y la firma de esta carta por los destacados amigos residentes en Chile y el extranjero: Anita Tijoux, artista, ex integrante de “Makiza”, actualmente nominada a Grammy Latino. Joaquín Mora, Cineasta de la Escuela de Cine de Chile. Director del film Weekend y Productor del documental "Pank, orígenes del Punk en Chile". Chandra Morrison, investigadora pintura urbana en Chile, desarrolla su doctorado en el Centro de Estudios Latinoamericanos, Universidad de Cambridge, Inglaterra. Said Dokins. Artista visual e investigador de arte en espacio público en México. Jacqueline Millner, Investigadora de Arte, University of Sydney, Australia. Pablo Navarrete, urbanista, Msc London School of Economics, Londres. Annabel Aguirre cineasta (www.afterpinochet.co.uk) y psicoterapeuta trabajando en el servicio de salud mental en Cornualles Inglaterra. 303 D] LETTRE OUVERTE DE SAN MIGUEL : DU RESPONSABLE DU MACA DE SAN MIGUEL A LA MUNICIPALITE San Miguel, Abril 29 del 2013 Señor CONCEJAL DAVID NAVARRO C. I MUNICIPALIDAD DE SAN MIGUEL PRESENTE De nuestra consideración: Por medio de la presente y primero que nada, nos es muy grato saludar a Ud. y felicitarlo por formar parte del nuevo Concejo Municipal para el periodo 2013 a 2016, en la confianza que su trabajo dé los frutos esperados y la comuna de San Miguel continúe en su senda de progreso. Mixart como Centro Cultural ha trabajado los últimos 3 años junto a la comunidad de la villa San Miguel desarrollando el proyecto muralista participativo más grande de Chile llamado “Museo a Cielo Abierto en San Miguel” el cuál por los excelentes resultados obtenidos es reconocido en el país e internacionalmente por su alto impacto mediático y por el consenso que genera al ser considerado y evaluado de forma positiva por todos los medios y la comunidad, transformándose en un ejemplo de reactivación de una comunidad a través del arte y generando un sentido de pertenencia y orgullo que ya trascendió de la villa y se amplió a toda la Comuna. Los resultados obtenidos confirman la capacidad de Mixart para administrar eficientemente recursos entregados por el Consejo de la Cultura y las Artes –Fondart- por un monto de MM$73 con informes de avances y rendiciones financieras durante todo el proceso, logrando en base a nuestro apasionamiento y redes de apoyo mejorar sustancialmente el proyecto logrando con los mismos recursos triplicar la cantidad de murales oficiales (de 10 a 35 a la fecha) y congregando en las 2 actividades musicales realizadas a casi 10.000 personas que disfrutaron gratuitamente de Artistas de la calidad de Chico Trujillo y Manuel García. Para mayores antecedentes lo invitamos a visitar las páginas de mixart.cl y museoacieloabiertoensanmiguel.cl donde encontrará además los enlaces de apariciones del Museo en todos los diarios de circulación nacional, revistas, reportajes en Televisión abierta y TV cable, más publicaciones en blog y sitios web todas destacando el aporte y beneficio generados por esta iniciativa generada por la comunidad. Por lo anterior podemos afirmar con propiedad que San Miguel cuenta en la actualidad con el Museo al Aire Libre más destacado de Chile, lo que entendemos debiera ser motivo de orgullo también para nuestro Gobierno Local, sumado al hecho que fue gestionado por sus propios habitantes a través de una “simple” organización funcional comprometida con su 304 entorno y dispuesta a luchar por mejorar la calidad de vida de los vecinos, y que según la encuesta local realizada por la Junta de Vecinos (500 personas) refleja que 8 de cada 10 vecinos consideran al Museo como el principal motivo de orgullo para los residentes. Para la realización del proyecto es necesario mencionar, reconocer y agradecer la participación del Municipio durante estos 3 años de trabajo en los siguientes elementos: 1. Patrocinio del proyecto por parte de la Alcaldía y su Corporación Municipal. 2. Permisos para desarrollar actividades musicales en la vía pública 3. Instalación en el año 2011 de 13 luminarias (aportadas por Mixart) y pago del consumo eléctrico. 4. Inicio de trabajos de mejoramiento en las áreas verdes de Avda. Departamental. A corto plazo y según lo informado por la dirección de Medio Ambiente en Diciembre del 2012, se complementarán los trabajos de mejoramiento en Departamental con más áreas verdes y luminarias peatonales, en base a un diseño más elaborado y con recursos del Fondo Regional. En relación al aporte del Concejo Municipal en estos años, presentamos como Centro Cultural 2 proyectos para subvenciones con los siguientes resultados: El primero -2011- equipamiento y desarrollo de una radio comunitaria, proyecto rechazado por causas desconocidas. El segundo -2012- equipamiento para una mejor difusión del Museo por medios audiovisuales y equipos de amplificación para actividades en la vía pública el cuál fue aprobado pero financiando sólo en un 25% ($500.000) del total solicitado. Como podrá apreciar hemos tratado de presentar de la forma más ordenada, simple y objetiva lo realizado a la fecha y sus repercusiones, incluyendo los apoyos municipales recibidos para de este modo contextualizar la petición de nuestra agrupación que desea ver convertida a la villa San Miguel en un verdadero ícono turístico-Cultural único en el país y para lo cual planteamos lo siguiente: 1. Por razones prácticas para presentación de futuros proyectos, consideramos justo y necesario que nuestro Centro Cultural Mixart y el “Museo a Cielo Abierto en San Miguel” sean reconocidos oficialmente por La Alcaldía y el H. Concejo Municipal por su aporte al mejoramiento y desarrollo de la villa San Miguel y en especial por los beneficios generados a toda la comuna. 2. Ser considerados en una Comisión mixta a cargo de diseñar una agenda que potencie y fortalezca al Museo en aspectos de suma importancia tales como su preservación en el tiempo, adecuada difusión, obras complementarias, asesoría jurídica, instalación de señaléticas, apoyo para futuras presentaciones a subvenciones, generación de talleres culturales, prestar asesoría y otorgar patrocinios para nuevos proyectos,. 3. Patrocinar la obtención de un Terreno en comodato para nuestra sede social 4. Posicionar el Museo a nivel comunal a través de la red municipal. 305 5. Y en general todo aquello que permita transformar a la villa en un ejemplo integral de reactivación comunitaria a través del arte y la participación ciudadana. Todo esto será posible si contamos con el apoyo eficiente de nuestro gobierno local y el honorable Concejo Municipal, lo cual será reconocido y valorado generosamente ante la comunidad y los medios. Queremos invitar a los representantes de diversos partidos políticos elegidos democráticamente por los habitantes de la comuna, a colaborar activamente con nuestro proyecto teniendo en consideración que el Centro Cultural Mixart es una organización comunitaria sin fines de lucro y que está orientada al mejoramiento y reactivación de nuestro barrio a través del arte y con resultados que demuestran claramente el éxito de la iniciativa. Si Uds. nos apoyan con la debida fuerza y voluntad, en los próximos 2 años seremos definitivamente el orgullo de los 6.000 residentes de la villa, de toda la comuna de San Miguel y lo más importante un ejemplo para todo el País, demostraremos que independiente de nuestras ideas personales que si estamos unidos todo es posible y estaremos construyendo un Chile mejor para nuestros hijos, será nuestro legado. Se despide cordialmente y en espera de sus gratas noticias, Centro Cultural Mixart Roberto Hernández B. Encargado del Museo 306 «« L’ALICANTE »» EN Surplombant L’Aconcagua, L’Alicante contemple Les frontières. Imaginaire création des hommes obtus, Le rêve Bolivarien ne rime déjà plus à rien. Allégorie d’un Chili déchiré entre deux Sociétés L’Animal fabuleux peine encore à se soulever. Combien encore de mineurs paieront de leurs vies Au prix de leurs libertés et de leurs droits ensevelis? Combien de pêcheurs prétendront encore à cette mer Vengeresse au risque d’être submergés par leurs frères? Combien de natifs loueront encore CETTE Terre et ce savoir Avant de rejoindre leurs mythes et d’enterrer leur espoir? Combien d’étudiants s’ACQUITTERONT encore d’une Culture Par soif d’égalité et de gratuité face aux immatures? Combien de martyrs périront encore d’un Système Autoritaire et Néolibéral? Ignoble rapace avide de pouvoir et d’argent jusqu’aux zones marginales Avec Ce FARDEAU COMME plumage malhabile et inélégant Se dessine un rouleau de protestations grondant Depuis le désert jusqu’aux premières glaces Sans craindre que son ramage ne s’efface L’Alicante se nourrit de cette richesse Dans la douleur et l’allégresse. Cultive-moi, Envole-toi VERS DE Nouvelles Voies. CROIS EN NOUS ET Éclos EN EUx 43: Commande personnelle auprès de l'Artiste Urbain Henruz 307