Albena_Milanova

March 29, 2018 | Author: mikawa442 | Category: Bulgaria, Byzantine Empire, Danube, Middle Ages, Urbanization


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Albena Milanova Loci memoriae: la mémoire topographique en Bulgarie byzantine (fin Xe–fin XIIe siècles). 1. La problématique.Le thème de la mémoire et de son complément indispensable – l’oubli – est actuellement omniprésent dans la recherche en sciences sociales et humaines. Au début du XXe s., le sujet a été fortement influencé par la pensée psychanalytique de Freud. Vers la fin de ce même siècle le thème a tourné vers la mémoire culturelle. En ce moment, la recherche sur la mémoire culturelle est devenue une industrie culturelle avec ses propres raisons d’être1 et l’on s’interroge beaucoup, dans ce monde de globalisation, sur les rapports entre mémoire et histoire2. Parmi les différents types de mémoire, que l’on peut citer, et les possibles interactions entre mémoire et histoire c’est la mémoire des lieux qui va nous intéresser dans le texte qui suit. En effet, le concept de la dépendance de la mémoire de la topographie est un concept antique. Il est exprimé par le ci-dit « art de la mémoire » qui trouve sa place dans le système rhétorique qui domine la culture classique. Il renaît au Moyen âge, fleurit pendant la Renaissance et son affaiblissement ne commence qu’avec l’invention de l’imprimerie et perdure jusqu’à la fin du XVIIIe s., pour revivre ensuite. Cicero explique bien ce phénomène qui consiste dans la mise en relation des images mentales de certaines choses avec certaines places de manière à ce que l’ordre des places préserve l’ordre des choses3. C’està-dire, la mémoire repose fortement sur un stable système de places et la mémoire sociale dépend de la solidité de l’association entre vie sociale et lieux. Nous allons donc essayer de démontrer qu’un des mécanismes par lesquels fut maintenu le traditionalisme si cher aux Byzantins fut leur mémoire topographique qui contribuait à préserver et à projeter dans l’éternité l’ordre consacré par Dieu et par les Anciens, ce qui était primordial pour la mentalité byzantine. L’exemple concret qui servira de base à cette étude est le réseau d’habitats en Bulgarie à l’époque de la domination byzantine aux XIe et XIIe s. avec leur géographie et leur typologie, comparées à l’héritage des périodes historiques antérieures – celle de l’époque protobyzantine (IVe–VIIe s.) et celle du Premier Etat bulgare (VIIe – début XIe s.). Par conséquent, ce texte se propose de comprendre si, après la restauration à la fin du Xe – début du XIe s. du pouvoir impérial sur des territoires balkaniques lui ayant appartenus auparavant, mais qui pendant les trois siècles du Haut Moyen Âge ont suivi un développement tout à fait différent dans le ca Connerton, P. How Modernity Forgets. Cambridge University Press, 2009, p. 1.  Cf. entre autre – Le Goff, J. History and Memory. New York, 1992. 3  Connerton, P. Op. cit., p. 4–5. 1 2 37 dre d’un Etat bulgare indépendant, Byzance conserva et s’appuya pour contrôler les nouvelles « anciennes » provinces sur le réseau protobyzantin ou bien préféra celui légué par l’époque bulgare et trouvé sur place au moment de la conquête, ou bien encore – sur les deux, et alors, dans quelles proportions. Pour répondre à cette question, il nous faudra rappeler brièvement le tableau de l’habitat à la fin de l’antiquité, puis dresser un second tableau des sites entre globalement 700 et 1000, et ensuite présenter la situation aux XIe–XIIe s. en faisant ressortir les similarités avec le premier ou le second tableau et éventuellement en expliquer les raisons. 2. L’héritage protobyzantin: un réseau d’habitats en pleine évolution. Tout comme ailleurs en Europe romanisée, la fin de l’époque antique en terres bulgares fut marquée par l’action de nouveaux facteurs et par des changements notables dans l’organisation de l’espace habité. Ces changements suivirent un rythme différent selon les régions. Au nord de la Stara planina, ils furent plus brutaux qu’ailleurs et le processus de « barbarisation » atteignit même des villes comme Bononia, Durostorum, Odessos, etc. L’archéologie confirme pour la fin du VIe – début du VIIe s. les témoignages des sources écrites et de la toponymie sur l’effondrement rapide (en 30–50 ans) du limes bas-danubien avec ses 80 fortifications et villes longeant la rive droite du fleuve sur 650 km. La zone entre le Danube et la Stara planina resta pratiquement sans défense et sans population, ce qui expliquerait la facilité avec laquelle les Bulgares d’Asparuch s’en accaparèrent en 681 et en furent la base de leur État. Au sud, un plus grand nombre de populations autochtones survécut, contribuant ainsi au maintien d’anciennes formes de vie urbaine dans plusieurs centres comme Serdica, Pautalia, Philippoupolis, Berroé, Perperikon, Mesembria, Deultum, Sozopolis, etc., qui perdurèrent jusqu’au Moy  Les transformations en Bulgarie ont été élucidées d’une manière satisfaisante à la lumière des nouveaux acquis empiriques et méthodologiques dans les récents travaux de synthèse de V. Dinčev, où l’on trouvera également les références aux publications plus anciennes, cf. Динчев, В. Поселищно развитие през късноантичната епоха (VI–VI в.) в Тракия и Дакия по археологически данни. Автореферат на дисертация. София, 1996; Същ. Полуградски неукрепени селища през римската, късноримската и ранновизантийската епохи (I-началото на VII в.) в днешните български земи. – История, 5, 3, 1996, с. 99–107; Същ. Римските вили на днешната българска територия. София, 1997; Dinčev, V. Classification of the Late Antique Cities in the Dioceses of Thracia and Dacia. – Archaeologia Bulgarica, 3, 3, 1999, p. 39–73.   Велков, В. Селото и градът в Тракия и Дакия през IV–V в. н. е. – Исторически преглед, 11, 3, 1955, с. 37–40; Velkov, V. Cities in Thrace and Dacia in Late Antiquity (Studies and Materials). Amsterdam, 19772 (éd. orig.: Sofia, 1959, en bulg.); Рашев, Р. Старобългарски укрепления по Долния Дунав (VII–XI в.). Варна, 1982, с. 15; Горюнов, Е., М. Казанский. К изучению раннесредновековых древностей Нижнего Подунавья (VI–VII вв.). – В: Славяне на Днестре и Дунае. Москва, 1983, с. 204–205; Curta, F. The Making of the Slavs. History and Archaeology of the Lower Danube Region c. 500–700. Cambridge, 2001, p. 155–189; Aтанасов, Г. Нов поглед към демографските и етнокултурни проблеми в Добруджа през средновековието. – В: Изследвания в чест на проф. Страшимир Димитров. София, 2001, с. 186–187. 38 В. Dintchev. 26. V. 53. 1987. с. – Археология. Op. Londres-New York. V. Là aussi.. 3–4. 201–282. Zur Kontinuität der antiken Städte in Bulgarien. Динчев. des vici satellites survécurent plus longtemps autour des cités. Проучванията върху етническия състав на населението на Първата българска държава. 10  Динчев. À l’intérieur de ces deux grandes régions.. Velkov. L’on note aussi une atténuation des différences entre les caractéristiques des formes urbaines et rurales. ochyromata). 5. 2005.). 5. с. Danoff. Ce rapprochement fonctionnel et structural entre la ville et le village occasionna une vraie prolifération des formes intermédiaires d’habitat. Berlin. p. pose le problème de l’approvisionnement des populations urbaines. 1965.. The Use and Abus of Urbanisme in the Danubian Provinces During the Later Roman Empire. territoire occupé alors par les Slaves. kômè ou chôrion) ou fortifiés (kastra. 1970. cf. p. II. 145–150. 13–55. София. Р. – В: Труды V-ого Международного конгресса славянской археологии (Киев. und der Übergang von der Antike zum Mittelalter in VI. cf. p. Jh. Към въпроса за заселването на прабългарите на юг от Дунав. – Etudes Balkaniques. Jh. cf. mais seuls villages importants après la fin du VIe s. On observe une disparition rapide des grands villages (vici) au nord du pays. 2б. 39. Dinčev.–X. Поселищно развитие….   La raréfaction des établissements et des monastères ruraux constatée pour le VIe s.. 39 . la mer Noire et le Danube. съч. 1. un vide démographique semble s’être instauré entre le fleuve Jantra. 211–222. L’appauvrissement des campagnes en Bulgarie ne devint un fait irréversible qu’à partir de la deuxième moitié du Ve-début du VIe s. решения. Ст. p.   Beševliev. 1998. Paris. Über einige Probleme der social-ökonomischen und ethnischen Entwicklung im II.   Рашев. qui pouvaient être ouverts (mètrokômia. 1985). Angelov. В. D.en Âge. quatre catégories de villes au développement inégal.–V. p. où les seuls villages ouverts importants restèrent ceux des « fédérés ». Класификация на късноантичните градове – аспекти. Les premiers eurent une vie limitée aussi bien dans le temps (ne dépassant qu’exceptionnellement la fin du Ve s. et en particulier les Rhodopes10. 20–22. Москва. il y eut des différences microrégionales: même quand elles survécurent. – In: The City in Late Antiquity. 18. възможности. A. 351–362. Станилов.. с. Un aperçu critique de la discussion sur la présence ou l’absence d’ancienne population romanisée en Bulgarie du Nord est donné dans: Станилов. Au sud. Les cités antiques en Mésie et en Thrace et leur sort à l’époque du Haut Moyen Âge. – In: Neue Beitrëge zur Geschichte der Alten Welt. semblent encore plus notables qu’en ville. F. 1976. B. 10 и сл. Poulter qui distingue. – Археология. sont ceux dans les montagnes. R. Ст. Le village byzantin sur le territoire de la Bulgarie contemporaine. à la différence de celles du littoral qui conservèrent plus longtemps leur population et leur culture protobyzantine. Curta. de fortes divergences régionales sont à signaler. V. opinion contestée par V.   Ce fort régionalisme a récemment été mis en évidence par A. – В: Плиска–Преслав. situation qui se reproduira aux XIe–XIIe s. Op. 1981. V. В.. Borisov. p. À partir de la fin du VIe s. 2. Idem. p. 118. с. C. pour le IVe s. cit. 30. Velkov. 2. kômopoleis. Велков. En milieu rural les destructions et les changements ethniques entre le IVe et e le VI s. Question abordée également dans: Rašev. Цит. 207–220. О генезисe раннесредновекового города. phrouria. Cit. que dans l’espace (dans les régions intérieures des Rhodopes occidentaux et centraux. – Etudes historiques. Poulter. 1966. la Stara planina.– In: Les villages dans l’Empire byzantin IVe–XVe siècle. les villes de l’intérieur de la péninsule perdirent de leur importance. с. 1992. . les sources écrites et archéologiques révèlent qu’avec l’arrivée et l’installation permanente des nouveaux peuples. 155–169. 23–70. les différences régionales se creusèrent13.. A la principale ligne de démarcation qui passait au niveau de la chaîne montagneuse du Balkan s’ajoutent des oppositions existant entre la plaine et la montagne. Curta. 212 sq.. p. figs. À partir du IXe s. с.. cf. cette situation changea et s’amorça un processus de réoccupation de sites d’époques antérieures15. également Aтанасов. 5. Към въпроса за заселването на прабългарите. présentent aussi le plus dense système de fortifications. 188. Пътна и селищна система между Източна Стара Планина и „Еркесията“ IV–XIV в. Варна. Полуградски неукрепени селища. Р. 53.. mais les nouveaux établissements des Slaves. Р. с. Ж. Ст.. О генезисe раннесредновекового города.. et attirèrent une quantité toujours croissante d’habitants11. Op. 40 . с. 7–16. La formation d’un nouvel État dans le Nord-est balkanique en 681 fut le point culminant de la transformation du peuplement. 1987.. Les villages étaient situés à peu de distance les uns des autres (de 1 à 3 km) et formaient un dense réseau: environ 100 habitats et nécropoles des VIIIe–IXe s. V. Les cités antiques en Mésie et en Thrace et leur sort à l’époque du Haut Moyen Âge. Древнеславянские поселения (селища. Д... Рашев. 15  Станилов. (Върбишки. городища и городища-крепости на територии Болгарии). 1985).. Нов поглед. 12  Рашев.– В: Плиска–Преслав. В.. La toponymie. 2–3. La forme la plus courante d’habitat durant cette période est le village nonfortifié dans les plaines. les plus faciles à franchir. с. 3. passim. Въжарова. restent malheureusement mal connues sur le terrain archéologique14.. 2003. 2б.cit. Шумен. За началото на българската средновековна култура. 14  Une mise au point de cette discussion dans: Рашев. cf. qui fut appelée à jouer un rôle tout particulier au Moyen Âge12. des Bulgares et des autres groupes ethniques semblent se former en quelque sorte en dehors du réseau préexistant. 108. p. l’intérieur et le littoral. Старобългарски укрепления. 9. 1999. – Etudes Balkaniques..et peut-être par endroits en Dacie Intérieure). Г. Момчилов. Les défilés orientaux. с. Les seconds devinrent la catégorie principale du réseau protobyzantin à partir du Ve s. 31.. Москва. dont les premières manifestations au VIIIe s.. Р. Ришки и Айтоски проход). Ils fondèrent leurs propres habitats à côté des sites antiques (exclusivement dans le nord-est du pays). Les troubles accompagnant les grandes migrations déterminent une affinité pour les sites perchés qui est liée à l’insécurité de la frontière danubienne devenue un fait irréversible au VIe s. à la différence du réseau protobyzantin local. où l’habitat fortifié sur hauteur occupait une place prépondérante. sont enregistrés à ce jour pour la seule Bulgarie du Nord-est et ce chiffre passa à 250 pour la première moitié du 11  Динчев.. F. amenant l’Empire à modifier sa stratégie de défense et imposa l’édification d’une nouvelle ligne fortifiée en profondeur le long de la Stara planina. Le réseau des sites anciens bulgares. с. 13  Beševliev. – В: Труды V-ого Международного конгресса славянской археологии (Киев. 1. 1966. Паралели: към въпроса за двореца (аула) на прабългарския кан. mais habités en permanence par des populations civiles – les gradishte. – Археология.). 1994. 126. ГИБИ. Р. à qui nous devons la majorité des mentions des auleis bulgares.1970. palais ou toute autre construction monumentale en pierres (Михайлов. 1995. с.17) était l’énigmatique catégorie des auleis – ces importants camps militaires abritant une résidence des khans érigés par leurs soins18. 3 и сл. София. L’étrangeté de cet habitat poussait les auteurs byzantins à utiliser le terme distinct d’aulè et non pas ceux de polis. 1956. София. 647–652. habitat fortifié par les soins de l’État et abritant une résidence royale (Бешевлиев. cf. К. p. – В: Плиска–Преслав.). – Сборник в чест на акад. Материали за картата на средновековната българска държава (територията на днешната Североизточна България). За аулите и пренасянето на българската столица от Плиска в Преслав. 188. 1. III. Р.Xe s. 1981. Бонев и др. 1985. Г. 14. В. 48–65. 41. Sofia. Старобългарски укрепления. Шумен. Историко-археологическое значение Абобы и ея околностей. С. cf. Хр. 14–15. Une autre forme étrangère à la tradition tardoantique qui eut une vie relativement courte elle aussi (disparaît avant le milieu du IXe s. София. 1. с. Рашев. II. Selon Vera Antonova les auleis se transformèrent ensuite en « habitats médiévaux féodaux fortifiés ». 1995. Рашев.). 1970. 10. 14. В. с.. с. с. Прабългарски епиграфски паметници. Раскопки. habitat nomade protobulgare (Тъпкова-Заимова. Ваклинов. 6. Аули и град в България през VIII–IX в. 41 . Димитър Ангелов. – Археология.. Същ. В. 1972. – Исторически преглед. – In: Actes du Ier congrès international des études balkaniques et sud-est européennes. 1. résidences du khan (Златарски. 439–450). 7. – Известия на Института за българска история. 1960. с. 1. с. Станилов.. Атанасов. les valla et les fossés perdirent progressivement de l’importance sans toutefois totalement disparaître.. 1–8). Димитров. Наименование древняго поселения. V. 282. с. с. 19  La preuve en est la reprise de la discussion entre différents chercheurs. Leur interprétation varie considérablement: camps militaries (Успенский. 137. Византийски и български крепости V–X в. Д. с. с. 409). Първоначалното българско селище и въпросът за аулите. История на българската държава през средните векове. 159 сл. 279.. Beitrag zur Frage der Eigenart der bulgarischen Aule im Licht der archäologischen Untersuchungen im Aul von Chan Omurtag bei Station zar Krum. Нов поглед. София.16 Les nouveaux venus ne réutilisèrent pas les anciennes murailles urbaines et les forteresses. mais élaborèrent un nouveau système de défense qui reposait sur des valla le long des frontières et dont le tracé fut flanqué de camps militaires exécutés tous les deux en remblai de terre. 18  Les inscriptions commémoratives de construction des auleis prouvent incontestablement l’initiative du khan (Бешевлиев. Ст. За характера на раннобългарската селищна мрежа в Североизточна България. с. Ils furent remplacés peu à peu par une architecture en pierres jointoyées au mortier de chaux. 170–177. 1937. София. – ИРАИК. С... Г. cf. 17  La dernière mention des auleis bulgares est dans une épître à l’attention de l’empereur Théophile (829–842). Селища и аули (Някои въпроси за преселението и усядането на прабългарите на Долния Дунав – VII–VIII в. Прабългарски епиграфски паметници. ГИБИ. 76–80. forteresse stratégique (Овчаров.– В: Сборник в памет на проф. с.. 103– 105. Vers la fin du IXe – début du Xe s. parle toujours de l’aulè de Krum (le khan) et non pas des auleis des Bulgares (en général). В. acropolis ou autre propre à leur culture et cette forme échappe encore à une définition unanime19. Aтанасов. D’ailleurs ce n’est peut-être pas un hasard si Théophane le Confesseur. 9–14 ). Т. 2.. Станчо Ваклинов. A l’intérieur du pays il y avait des sites fortifiés aussi en terre et fossés. Antonova. – Известия на Историческото дружество... 16  Апостолов. Ст. с. IV. с. с. 1984. kastron. 120– 140). cf. Аулите на ранносредновековна България (VII–IX в. 40. 1972. с. с. с. 34. Археологически проучвания на поселищния живот в средновековна България. Р. 103–105). Варна. 21  Le cas de Pliska est particulier.. Op.). 42 . Le reste de la liste nous mène le long de la frontière danubienne: à Durostorum (Silistra). Селища и аули. Рашев. Същ. 11–12. 1982. D’autres mettent l’accent sur le rapport entre l’aulè et la tradition nomade des Bulgares: les auleis sont interprétés comme des résidences fortifiées visitées par les khans et leur cour pour faire revivre symboliquement la transhumance saisonnière qu’ils ne pouvaient plus pratiquer dans leur nouveau cadre de vie au sud du Danube (Станилов. cf.. 175). Градове и крепости по Дунав и Черно море. d’une forte urbanisation du Premier État bulgare20. ainsi que la résidence principale du khan. Български средновековни градове и крепости. Certains auteurs ont essayé d’expliquer cette diversité comme reflétant les phases de la transformation des valla et des camps militaires en villes (Димитров... Хр. il faut éviter la tendance à voir un centre urbain dans chaque établissement fortifié ce qui laisse l’impression. 35). passim. О генезисе. 3. On a récemment proposé de voir dans les auleis la forme prise par la ville ancienne bulgare (Рашев. Г. Mesembria). La conquête byzantine survint au moment de la plus forte expansion du peuplement accompagnée d’une prospérité générale de la société bulgare et provoqua des changements notables. étant donné l’importante transformation qu’elle subit entre la fin du VIIe et le XIe s. Историческа топография на Плиска. cf. cit.. с. Le nombre des établissements que l’on pourrait qualifier de villes est faible et.. fausse.. et qu’auparavant elle n’était qu’un camp pour l’armée et les pasteurs bulgares. Avec l’expansion territoriale à partir du règne du khan Krum (802 ?–814). и по-спец... Leur incorporation au Royaume bulgare accéléra en effet leur déclin et les transforma en forteresses frontalières d’importance essentiellement militaire dans les conflits bulgarobyzantins22. 1. bien qu’affaiblis. Димитров. Р. n’avaient jamais cessé d’exister (Serdica. Я. Аулите на средновековна България. Sozopolis. 175. 171. 8.. Хр. Anhialo... А.. car à cette époque la vie urbaine y était peu florissante et alimentée en grande partie par les liens administratifs et politiques avec la capitale byzantine. В. 91). 1999.En ce qui concerne la ville médiévale bulgare – question très discutée –. с. et dont nous commençons à connaître les détails. correspond aux capitales Pliska et Veliki Preslav21. с. D’autres estiment qu’elle a acquis les caractéristiques d’une ville après avoir cessé d’être capitale à la fin du IXe s.. Mais leur rôle dans l’urbanisation de la Bulgarie ne doit pas être surestimé. с. Ст. qui eut un développement privilégié dû probablement en grande partie à sa position géographique. cf. et peut-être à l’ancienne ville de Bononia (Vidin) à l’Ouest. dans le Nord. О генезисе. 20  On parle du « nombre important de villes pendant le Haut Moyen Âge en Bulgarie » (Джингов. Philippoupolis. 1979. Автореферат на дисертация. Аул и град. София. La situation au sud de la Stara planina était tout autre. – Векове.. Димитров. Р.. с. Augusta Trajana. с... 22  Кузев. 53) ou de « plusieurs villes bulgares du Haut Moyen Âge » (Рашев. 1981. Гюзелев.. les Bulgares se retrouvèrent en possession de centres urbains antiques et protobyzantins qui. 48 сл. Аули и град в България. Certains chercheurs considèrent qu’elle avait un caractère urbain dès sa fondation.. 2006. p. Dernièrement. България и Византия в XI–XII в. II. le long de la rive danubienne et du 23  Thèse devenue axiomatique que l’on ne se lâche pas de répéter même dans des travaux récents – Борисов. impossible dans la pratique). Същ. Outre. 57–66. с. София. 273–308. Демографските промени през XI–XII век в днешните български земи (археологически свидетелства). vol. – Byzantinobulgarica. nos observations se basent sur un lot de 414 sites. 64. le plus grand nombre de nouveaux établissements se trouve dans les régions situées au sud de la Stara planina. Лишев. с. New Rochelle-New York. Г. 392). 17–194. Les régions occidentales et méridionales font preuve d’un peuplement plus stable: le nombre des sites anciens bulgares qui perdurent tout au long de la période byzantine augmente sensiblement du nord au sud. 1993. 1970. с. 1966.). София. 1960. 2. Съдбата на българския средновековен град под византийско владичество. – Българският средновековен град. Васил Гюзелев. d’autres graduels. ne peuvent en aucun cas être définis comme déclin ou ralentissement – thèse longtemps soutenue dans l’historiographie bulgare23.. Българският средновековен град. Ces changements. 8. 43 . София. Au sujet des relations féodales dans les territoires bulgares sous la domination byzantine à la fin du XIe et pendant la première moitié du XIIe siècle. София. За аграрните отношения в средновековна България (XI–XIII в. Byzantinoslavica. sans compter les publications plus anciennes comme: Цанкова–Петкова. et non seulement comme campagne militaire. G. Nos conclusions sur le peuplement peuvent être résumées de la manière suivante. changent l’opinion négative de l’influence de la domination byzantine sur le développement de la Bulagrie – cf. Studies in Honor of Speros Vryonis. – В: Сборник в чест на 70-годишнинана на акад. С. 1987. Литаврин.4.– In: To ellikon. Armeniaca. Sans prétendre d’exhaustivité (d’ailleurs. Bulgarian Culture in the Eleventh and Twelfth Centuries: Conditions of Development. Феодалното земевладение в южните и югозападни български земи под византийско владичество. Градското стопанство в земите между Дунав и Стара планина през периода на византийското владичество в българските земи (XI–XIIв. Илиева. София. с. Същ. Cankova–Petkova. 1964. Л. G. – Известия на Института за история. et de l’est à l’ouest. 65–76. La reconquête byzantine des Balkans à la fin du Xe – début du XIe s. Г. comprise dans le sens large de l’introduction d’un nouveau système. – Сборник в чест на 70-годишнината на акад. 559–577. Il y bien évidemment des chercheurs qui tendent à atténuer cette opinion négative – voir les arguments des divers partis et les références bibliographiques dans: Litavrin. nous pouvons proposer une première ébauche de mise au point de la question. des étuudes consacrées essentiellement à la ville. 1980. Leur complexité se définit par le rapport entre les éléments de continuité et de mutation qui varie selon les régions et dont le moteur principal était la géopolitique régionale et l’attitude byzantine correspondante. statistiquement suffisamment important pour offrir des données sérielles. 107–125. Les transformations des XIe–XIIe siècles. София. dans le Prébalkan. p.). parfois commencés encore dans le dernier siècle d’existence autonome de l’Etat bulgare. Б. 2006. the Balkans and Modern Greece. Malgré le nombre de problèmes concrets non-résolus encore et les nouvelles données des fouilles archéologiques qui enrichissent annuellement la documentation et qui sont susceptibles d’ébranler nos idées sur certains problèmes. Васил Гюзелев. Islamica. certains brusques. с. transforma considérablement la physionomie du peuplement en Bulgarie. с. Le danger potentiel d’invasion. 1992. où de denses forêts pleines d’animaux sauvages offraient d’excellentes conditions à la chasse25. peu d’entre ceux créés aux XIe et XIIe s. 4. Bucarest. J. 1995. le renforcement ou l’affaiblissement démographique. Dans le même temps. De cette attention dépendaient la construction et l’entretien des forteresses et des routes. propos de J. la perte et la reconquête de provinces entières étaient des faits courants dans la vie millénaire de l’Empire. Le premier fait qui introduit des éléments de divergence régionale est la proximité de la région correspondante à la capitale. 1970. où la défense frontalière de quelques villes fortes une fois percée.). 105–147. rien ne pourra plus retenir un ennemi: les Petchénègues déferlèrent entre 1047 et 1091 sans sérieux obstacles du Danube à la Thrace et la Macédoine26.littoral pontique. Cette situation était peu favorable à un peuplement stable. que la réaction devenait plus énergique24. Lefort). qui devint le Paristrion byzantin. 26  Diaconu. p. Ouzes.–M. Les fouilles archéologiques le confirment: à la fin des deux siècles de domination byzantine cette région. le développement des régions était fortement tributaire de l’initiative étatique et celle-ci était déterminée par le concept fondamental à Byzance de centre et de périphérie. p.. (éd. dans la partie orientale de laquelle s’était formé l’Etat bulgare à l’époque immédiatement antérieure et qui était le plus densément peuplé aux IXe–Xe s. Cette situation y fragilisa le dense peuplement au point qu’au milieu du XIIe s. Madrid. où elles étaient toutes les deux comprises dans les frontières du même État. comme un pays déserté. – Byzantinische Zeitschrift. Malamut. Comme dans tout État centralisé. с. l’état quasi-permanent de guerre. dans la plaine thrace subsistèrent aux XIIIe–XIVe s. Ceci détermine une évolution différente de l’habitat dans les deux grandes régions (la Bulgarie du Nord et la Bulgarie du Sud). Tableau alarmant d’une région aux larges étendues vides et sans ressources. P. Des changements 24  Poisson. Les Byzantins y étaient habitués et aucun événement n’était perçu comme dramatique tant que son effet se limitait à la périphérie. la promotion économique. L’image byzantine des Petchénègues. Bulgarie du Nord – Bulgarie du Sud: évolutions contrastées. E. Ainsi. 226. 88. si densément habitée durant le Haut Moyen Âge.1. 44 . Coumans. c’est-à-dire la capitale et son hinterland. souvent au détriment des plus éloignées. Jean Kinnamos décrit la Bulgarie du Nord. Ce n’était que lorsque les intérêts vitaux de l’Empire étaient touchés dans son centre. 25  ГИБИ. Les Petchénègues au Bas Danube. le statut de province de frontière battue par des vagues quasi-permanentes des nouveaux peuples migrants de l’Est à cette époque – Petchénègues. Frontière et peuplement dans le monde méditerranéen au Moyen Âge: actes du colloque d’Erice-Trapani tenu du 18 au 25 septembre 1988. même aux XIe et XIIe s. C’est ainsi que la proximité de Constantinople déterminait l’attention spéciale portée aux régions proches. se vit presque dépeuplée dans sa partie orientale. la Bulgarie du Nord. reçu au XIe s. VII. 337 (Discussion. Бонев и др. Атанасов. Une diminution drastique du nombre de sites se produisit dans la seconde moitié du Xe s. qui dans la littérature scientifique bulgare. Г. 27  Il est regrettable que l’absence d’informations (comme celles contenues dans: Апостолов. qu’au début du XIe s. 2).. ne changea pas radicalement cette situation et des reprises de vie sur des établissements désertés à la fin du Xe et au XIe s. la mer Noire à l’est. L’accroît timide du nombre des sites. comprise entre le Danube au nord.29 Cette tendance toucha principalement les habitats ouverts de la région (tabl. Ils peuvent être poursuivis en détail seulement pour la moitié orientale. 396–397. К. est précisé. с. Toutefois. peut signifier un arrêt de la vie tant à la fin du Xe. la crête de la Stara planina au sud et le fleuve Jantra à l’ouest27. Цит. 28  Борисов.. 29  Sont comptés uniquement les sites pour lesquels un terminus ante quem de la fin du Xe s. 1) et correspond à la guerre byzantino-russo-bulgare qui se termina par la campagne victorieuse de l’empereur Jean Tzimiskès en 971. Демографските промени през XI–XII век.. sans retenir ceux qui sont généralement datés du Premier Royaume bulgare. pour les autres régions. en Bulgarie du Nord-Est: on compte 329 sites avec un terminus ante quem de la fin du Xe s. Cette deuxième crise. (tabl. toucha davantage les habitats fortifiés. dont le nombre vers le milieu du siècle diminua plus sensiblement en comparaison avec la phase précédente (tabl. provoquée par les raids petchénègues répétitifs au sud du Danube et la réponse byzantine. étaient rarissimes.radicaux s’opérèrent au niveau du peuplement. Une deuxième phase dans la modification du réseau s’ouvrit dans la première moitié du XIe s. au XIIe s. Б. tant ouverts que fortifiés. lorsqu’on voit ces tendances s’accentuer: 38 nouveaux cas d’abandons sont à noter. datation. Ст.. La majorité des sites existant au XIIe s.. съч. il paraît que la région Nord-Ouest fut également touchée d’une manière significative par les invasions petchénègues – la vie cessa dans plusieurs habitats du Haut Moyen Âge28.) ne permette pas de préciser les étapes de l’évolution chronologique des sites à l’intérieur de la période des XIe–XIIe s. étaient des créations nouvelles ou des habitats ayant survécu à la crise du milieu du XIe s. 1). 45 . qu’au niveau de leur répartition territoriale. 77–92. les régions de prédilection étant celles le long du Danube et de la mer Noire. Средновековно селище и некропол от XII в. Le peuplement dans cette région auparavant disputée entre la Bulgarie et Byzance était beaucoup plus faible au Xe s. П. ces mutations furent plus brutales qu’ailleurs et les sites de l’intérieur de la région moins favorisés par rapport à ceux du littoral qui étaient privilégiés en raison de la facilité de la communication avec la capitale par voie maritime. Cette situation n’est pas sans rappeler la période paléobyzantine lorsque des changements notables dans le même sens survinrent dans l’organisation de l’espace habité. les habitats démontrent une nette croissance durant la période de la domination byzantine30. 1. Основные етапы в развитии системы поселений Северо-Восточной Фракии XI–XII в. с. Ceci suggère la présence d’un climat de sécurité qui aurait permit la promotion de sites non fortifiés. Й.– В: Труды V-ого Международного конгресса славянской археологии (Киев. à la fin de la période étudiée. B. une image totalement différente émerge aussi bien au niveau des proportions entre les sites ouverts et les sites fortifiés. Settlements of Northeast Thrace: 11–12 Centuries. à l’ouest du cours du fleuve Beli Lom et surtout le Prébalkan. Гатев. Identiquement aussi. Пазарджишко. au Nord de la Stara planina. 46 . 3). – Archaeologia Bulgarica. Чангова. ce qui diminua considérablement les facteurs perturbateurs. 30  Borisov. Pareil. 1972. 2. 2б. p. ces derniers étant devenus la forme d’habitat dominante. София. le milieu rural était plus touché par les destructions que les villes. 1985 (=Разкопки и проучвания. 5. Une fois la paix retrouvée. Borisov. Cette augmentation était presque deux fois plus importante en ce qui concerne les sites ouverts que les sites fortifiés (tabl. Les régions au Sud de la Stara planina connurent également une évolution. 130–139. Mais avec l’extension du territoire romain au Bas Danube et la fin des guerres bulgares. край с. XII). 2001. B. София. 1985). mais elle suivit un rythme et un sens tout à fait différents. Средновековното селище върху тракийския град Севтополис (XI–XIV в. elle se retrouva dans une situation différente: loin de toute frontière. Москва.Ainsi. Ковачево. qu’au Nord.). 1987. Tabl. nous obtiendrons une première différence notable dans le développement du réseau d’habitat des deux côtés de la montagne (tabl. bien que destructifs31. 171. 4 Les proportions entre les sites nouvellement fondés au Nord et au Sud attestent du développement beaucoup plus intensif et positif de la partie méridionale. 134. tant dans les montagnes que dans les plaines. с. Les effets des raids Petchénègues et Coumans au Sud de la Stara planina. 47 . 3 Si nous comparons ces données avec celles obtenues pour la Bulgarie du Nord. Хасково. Селища. Д. n’étaient pas catastrophiques au 31  Par ex. находки от Хасковския край. 1997. паметници. 4). ceux près de Sadievo (Шейлева. les sites de Hissara à Haskovo (Аладжов. Il est accompagné d’une répartition géographique beaucoup plus régulière. 275).Tabl. Г. Vetren. с. les habitants revenaient. 1. с. София. Dans les cas des sites plus importants et situés à des emplacements stratégiques. la sécurité que garantissait la proximité de la capitale. 2002. 32  Rappelons à cet égard le passage de Jean Kinnamos qui. с. qui. 11. Археологически проучвания в Карасура. Д. Tvardica.. 30. donnaient aux populations un sentiment de protection. Enfin. 1–11). Съдиево. с. Ailleurs. Кр. Le XIe s.28–34). Момчилов. une fois la menace passée. 1988. 1982. с.. Вачева. 34  Попов. Nikolaevo. – Археология. V. Новозагорско. Le fait révèle la profonde différence avec la situation au Nord de la Stara planina. Wendel.point de bouleverser durablement le peuplement de la région comme c’était le cas de l’autre côté de la chaîne balkanique. pusique plus facile à défendre que le grand fleuve du Danube. ce dernier servant plutôt du pont que d’obstacle devant les envahisseurs nomades. le cas des sites comme Krăn. La reprise est particulièrement remarquable dans la zone de la Stara planina. 1998. Туида-Сливен. 4. 102–14).. les dégâts des guerres byzantino-petchénègues étaient systématiquement réparés (Sliven. marque la réoccupation médiévale pour nombreux sites fortifiés protobyzantins abandonnés au moment des grandes invasions des VIe–VIIe s. 3. М. ГИБИ. Enina. p. on ne voit pratiquement pas d’habitats désertés définitivement: on reconstruisait ou continuait la vie à proximité immédiate. Dans ces régions méridionales. Бургаска област (предварително съобщение). qui serait allé jusqu’à reprocher à l’empereur le manque d’intérêt pour cette région – cf. à Sliven (Щерева. XIX. contrairement à l’époque du Premier Royaume bulgare lorsque la forme la plus courante d’habitat local était le village non-fortifié dans les plaines. 121 (=Разкопки и проучвания. кн. les possibilités et l’intérêt qu’avait le pouvoir central à réagir rapidement à toute menace extérieure. etc. lorsqu’on note dans cette même région des changements moins dramatiques et on y constate une plus forte longévité des centres urbains et des villages satellites autour des cités33. fait référence aux paroles d’un batelier. que ceux habitant le Paristrion n’avaient pas32. София. des deux fortins près de Măglij. à propos de l’invasion coumane de la région danubienne en 1148. Владимирова-Аладжова. une fois de plus. Средновековна керамика от с. 227. И. à Sredec (Балболова-Иванова. Neševa. mais sans réparer les murailles et s’installèrent à proximité sur un site sans protection (Hisarlăka de Haskovo. VII. devint la « vraie » frontière entre le monde romain et le barbaricum. Mineralni bani). Taja. Фортификационното строителство на крепостта в местността „Калето“ в град Средец. J. За приемствеността на поселищния живот в южните под- 48 . en Thrace. etc34. un trait commun au développement du réseau dans les deux régions est la préférence topographique pour les hauteurs naturellement protégées – situation qui reproduit également l’état des choses du VIe–VIIe s. 1995. Cette plus grande stabilité du réseau au sud a son antécédent également à l’époque protobyzantine. XXXVII. Д. XVIII). M. C’est par exemple. 33  Cf. – Археология. – Известия на музеите от Южна България. C’est cette plus grande sécurité qui impliquait aussi une plus grande stabilité du réseau des sites. à Karasura (Herman. supra. Крепостни и укрепителни съоръжения в Крънската средновековна област. А. Jusqu’à la fin du XIIe s. Markelli). celui-ci calqué en grande partie sur le réseau des évêchés. Par conséquent. Okorš. Ce réseau légué par l’urbanisme antique (genre Serdica.). un peu partout. Constantia. Sliven. Červen.Ainsi. ce qui donna un élan supplémentaire à l’urbanisation de la région. de pair avec la restauration du tissu urbain. Odărtzi. Skala. Les tendances notées pour les XIe et XIIe s. Messembria. l’attitude adoptive byzantine aux XIe–XIIe s. Tărnovo. Nicopolis ad Nestum. économique et culturelle des territoires reconquis. Messembria. 113–120. Les villes étaient conçues comme des éléments du patrimoine. allait. il faut noter que la période de la domination byzantine renforça la persistance d’un réseau de villes majeures.). Cette urbanisation en Bulgarie se décèle dans trois tendances principales: le renouveau des cités antiques et des centres protobyzantins d’importance variée (Varna. les Bulgares ne réutilisèrent pas les anciennes murailles urbaines et forteresses. suit un rythme accéléré. Agathopol. Пътна и селищна система. – Известия на музеите от Югоизточна България. Kjustendil. etc. Същ. ножия на Ришкия и Върбишкия проходи (VI–XIV век). passim. Serdica. Les Byzantins restaurèrent le système d’évêchés basé essentiellement sur le réseau urbain. qui pendant plus d’un siècle et demi fuyaient les cités antiques et fondaient leurs propres habitats à proximité.. Anchialo.. etc. La réappropriation du territoire suite à la restauration du pouvoir byzantin dans les Balkans à la fin du Xe–XIe s.. 6. etc. etc. devint rapidement la base de la réintégration administrative. l’accentuation des caractéristiques urbaines des bourgades fortifiées créées sous le Premier Royaume bulgare (Tzar Assen. Sozopol. les différences régionales où la principale ligne de démarcation passait au niveau de la chaîne montagneuse de la Stara planina existaient pendant les trois périodes envisagées. 4 49 . 19. Loveč.) et l’émergence de nouvelles villes castrales (Melnik. Krăn. La réurbanisation des provinces bulgares aux XIe–XIIe s. Rujno. с. Mais l’évolution n’avait pas toujours le même sens. Dans ces processus. La mémoire urbaine occupe une place de prédilection dans la mémoire topographique des Byzantins car la ville était pour eux le symbole même d’une existence civilisée. Philippoupolis. Lieux de la mémoire urbaine. Tzepina. 1998. convergeaient plus avec celles de l’époque protobyzantine en faisant preuve d’un développement bien plus positif au sud qu’au nord contrairement à l’époque du Premier Etat bulgare. Berroe.). envers l’héritage de l’Antiquité tardive est contraire à celle des Bulgares auparavant. et dont les fonctions urbaines s’étaient atténuées dans le cadre du Premier état bulgare où il servait essentiellement de têtes de pont dans les guerres byzantino-bulgares. Perperikon. Beroe. situées essentiellement dans les plaines et jalonnant les principaux axes de communication dans la péninsule. En s’installant sur le territoire romain. mais élaborèrent un nouveau système de défense qui reposait sur des principes stratégiques. économique et administrativo-militaire qui leur attribua un aspect urbain. et. exploitant ainsi l’héritage transmis par Byzance. etc.). – Известия на Народния музей – Варна. Приноси към историята на средновековните крепости по Долния Дунав. Средновековният Ветрен на Дунав. съч. Ceci entraîna une préférence pour les hauteurs naturellement protégées. il faut citer en premier les bourgades fortifiées. IV. 13–31. Новград.. Tzar Assen. repose donc à la fois sur la mémoire topographique protobyzantine et ancienne bulgare. Vojnikovo. 50 . 1988. Odărci. Пътна и селищна система. La Thrace orientale et la mer Noire: géographie ecclésiastique et prosopographie (VIIIe–XIIe siècles). Свищов и Никопол. Mais toutes ces bourgades fortifiées du Paristrion virent leur transformation typologique s’effondrer en raison de leur destruction ou abandon dans les années 1030–1050 suite aux raids petchénègues. 3 (18). plus rarement. Г.. aux XIe–XIIe s. 3–30. Цит. l’évolution interne de la société bulgare et l’expansion territoriale vers le sud et le sud-est que les Bulgares se mirent à réparer et à réutiliser les fortifications de villes et de bourgades protobyzantines. Гюзелев. Цит. 1979. с. administratif et politique. Asdracha. Атнанасов.. А. А. 25–41. firent preuve d’une remarquable capacité d’adoption non seulement du réseau urbain et semiurbain byzantin de la haute époque. 8–9. Пиргос. situées essentiellement dans le Nord-est du pays (Vetren et Popina II sur le Danube.– In: Géographie historique du monde méditerranéen.. 1996. 52. En effet. 1992. Шумен. 36  Кузев. Vălnari. Ainsi. Приноси към историята на средновековните крепости по Долния Дунав.. est à mettre en rapport avec l’affirmation définitive du kastron comme centre défensif. В. 37  Попов. Središte. tout de suite après l’établissement du pouvoir byzantin connurent une rapide croissance démographique. 1967.. с.. La dernière voie du développement urbain aux XIe–XIIe s. 1969. des créations ex nihilo de forteresses le long du Danube35. que le contact avec Byzance. ainsi 35  Кузев. с. Атанасов. съч. 2. mais surtout dans les Pré-et Sub-balkan37. Йорданов. Силистра и Хърсово. nous voyons la multiplication des reprises de cette haute époque byzantine. – Известия на Народния музей – Варна. – Исторически преглед. Гюзелев. съч. И. ce qui influencera fortement la topographie urbaine même de la période postérieure des XIIIe–XIVe s. 52–68. Skala. de la mer Noire36. 5 (20). Г. – Известия на Народния музей – Варна. А. Paris. Okorš. Rjuno. Атанасов. les Byzantins eux. topographiques et structuraux différents. Ce n’est qu’au cours des IXe et Xe s. 1994. qui reproduit des phénomènes déjà vécus à l’époque protobyzantine. 221–309. 48. Г. В. Същ. Д. parmi les sites qui. А. с. La renaissance urbaine aux XIe–XIIe s. C. 137–155. Същ.. с.. 15 (30). mais également de celui généré par la société bulgare au Xe s. Поглед към Добруджанския дунавски бряг от XI до XV в. Цит. et à l’intérieur. Стратегическата роля на крепостите по Долния Дунав IX–XII в. p. Момчилов. Кузев.. – Исторически преглед. Етнодемографски и етнокултурни процеси по Добруджанското Черноморие през Средновековието. Contrairement à cette difficulté initiale des Bulgares d’intégrer l’héritage urbain protobyzantin. Н. А. Д.que dans les Rhodopes38 et la Strandža39. 8. Дамянов. 1989. La pérennité de « l’empreinte byzantine » sur l’espace habité. Н. le nombre des créations médiévales bulgares est deux fois plus élevé que celui des sites qui existaient déjà à l’époque protobyzantine et furent ensuite repris par les Bulgares (tabl. с. И. 39  Попов. parmi les sites ouverts abandonnés dans la première moitié du XIe s. II. – Археологически открития и разкопки през 1983. 1984. с. Перперикон и околните твърдини през Средновековието. Разузнавателно обхождане и сондажи в района на град Девин. Le caractère urbain de ces peuplements castraux ne s’affirma d’une manière claire qu’à la période postérieure. Кисьов.. Коджаманова. Ceci indique la plus forte stabilité de l’ancien réseau protobyzantin par rapport à celle des nouveaux établissements d’origine médiévale. 2001. София. – Известия на Националния исторически музей.. София. Овчаров. 123–124. Et ceci même dans cette zone frontalière la plus vulnérable aux processus d’instabilité et la plus touchée par les bouleversements dramatiques causés par l’expansion russe et les mouvements nomades. 21–52.. Малко Търново. 7. Une étude statistique sur les désertions des sites aux XIe–XIIe s. Димитров.. б. 38  Балкански. 6). Крепостното строителство в Източните Родопи. Cette proportion augmente encore (1:3) pour les sites fortifiés (tabl. К. Ainsi. Смолян. с. 2. ce qui atteste de la plus forte résistance aux bouleversements politico-militaires dessiteshéritiers de l’époque protobyzantine en comparaison avec les structures récentes. 51 . 81. Б.д. Източно-родопски крепости. Странджанско-Сакарският граничен район през Средновековието. кн. 5). 79. que j’ai menée pour l’instant uniquement pour la région nord-est permet d’affirmer une fois de plus que c’est surtout les lieux habités déjà à l’époque protobyzantine qui démontraient la plus grande stabilité dans le réseau après la restauration du pouvoir byzantin au Bas Danube à la fin du Xe s. Странджа през средновековието. – В: Странджанско-сакарски сборник. 1984. Là. 52 . 7 et 8). la forme la plus vulnérable sont les villages non-fortifiés créés durant le Premier Royaume bulgare.Cette tendance est encore plus prononcé en ce qui concerne la phase chronologique suivante qui correspond à la période de « l’anarchie en Paristrion » des années 1070–1090. alors que les fortifications de l’époque protobyzantine ne furent pratiquement pas touchées (tabl. 4. 40  Михайлова. Ce n’est qu’après les 1060 avec la pression nomade que la vie s’éteignit dans plusieurs secteurs et le site ne se remit plus40. Разкопки на северната и източната стена в Плиска (1977–1978). Dans le cas de Pliska par exemple. София. 1992. le rétrécissement du territoire urbain dans les limites des villes internes. Същ. с. 146–169. au début du XIe s. le pouvoir byzantin à Pliska était stable et assurait un climat favorable à l’évolution économique de la ville. quelques éléments viennent à l’encontre de cette logique. Au moins jusqu’aux 1030. mais privée des moyens d’une véritable politique de prestige dont elle bénéficiait auparavant. Шумен. fontaines. Железарска и медникарска работилница в Плиска. 35–39. La perte de l’aspect monumental de ces zones auparavant les plus prestigieux ne signifie pas nécessairement un déclin urbain. 58–67. 1998. с. Leur situation contraste à première vue avec l’essor urbain général. Нови данни за археологическата карта на Плиска. l’épaisseur et le caractère de la couche archéologique correspondant au début de la reprise byzantine (fin du Xe – début du XIe s. – В: Приноси към българската археология. Т. au début les huttes creusées dans le sol. Същ. – Плиска–Преслав 4. Т. – МПК. 1992. Frankfurt am Main. p. Балабанов. 2. dans le cadre d’une réflexion sur les lieux et la mémoire historique. canalisation. on constate une perte progressive du respect initial envers les lieux d’où s’exerçait le pouvoir royal. la progression des cimetières qui transformèrent les anciens centres florissants en vraies « cités des morts ». 100 години археологически проучвания. Историческа топография на Плиска. Ainsi. Toutefois. 117–131. 1981. les ateliers et les boutiques ne surgirent que sur le terrain non construit le long des murs d’enceinte de Pliska alors que la citadelle gardait son aspect originel. Я. 1. 170–184. Сгради и съоръжения на запад от Тронната палата в Плиска X–XI в. 1992. Жилища покрай северната и източната стена на Плиска. il suffit de rappeler l’abandon des aménagements urbains. 1985. Sans entrer dans les détails.8. Същ. Шумен. с. Автореферат на дисертация. Димитров. témoins d’un processus d’urbanisation accélérée plus explicite que jamais. Les cas des ex-capitales Pliska et Veliki Preslav – damnatio memoriae ou pragmatisme logique. Enfin. – Плиска–Преслав 5. Същ. 21. 69–80. – Плиска-Преслав. les places et les palais. la densification de l’occupation donnent à la ville une physionomie et une importance toutes nouvelles. 1999. l’occupation par une population pauvre de l’espace jadis sacré et limité à l’entourage palatin et la haute administration. Градоустройство. 1999. Два некропола във Външния град на Плиска. Същ. София. Т. bains. il est instructif d’examiner la situation des deux capitales bulgares Pliska et Veliki Preslav – symboles topographiques par excellence de l’étatisme bulgare. с. Peut-on considérer l’évidente dégradation de leur urbanisme comme tentative du nouveau pouvoir byzantin d’effacer tout souvenir « topographique » de l’autonomie bulgare ? En effet. l’intensité de l’activité artisanale et commerciale. tels conduites d’eau.). с. les nouvelles constructions y pénétrèrent également en envahissant l’espace le plus sacré – la place palatine. – В: Първопрестолна Плиска. 5. 23–26. 53 . София. « l’invasion » de cabanes et d’ateliers artisanaux sur les rues. с. – В: Трудове на катедрите по история и богословие. lorsque commencent les raids successifs petchénègues.  – В: Плиска–Преслав. ne fut plus fonctionnel dès lors que la ville perdit son statut de capitale. 1993. Овчаров. 10. 273–283. К. Д. les destructions partielles allaient de pair avec des réparations. Йорданов. Евтимова.. sont plus rarement étudiés et font l’objet de la thèse doctorale attendue de Tonka Mihajlova. Là aussi. С. Тотев.. Верижни сгради край южната крепостна стена във Вътрешния град на Преслав. Le nouveau concept privilégia l’unification de l’espace urbain. notam41  Naturellement. cf. Le dédale de larges allées. Щерева. à Veliki Preslav. Апостолов. M. mais non pas de son poids symbolique comme le prouvent les actes des Assenides: au moment de la restauration de l’Etat bulgare deux siècles plus tard. Ваклинова. le tableau dressé rappelle la situation de l’époque protobyzantine lorsque dans la plupart des villes on constate des processus identiques. comme la chancellerie qui assurait le fonctionnement de la stratégie byzantine basée à Preslav. Дворцовият манастир в Преслав. Т. 1993. la majorité des publications traitant de l’histoire et de l’archéologie de Preslav concerne la période où le site était capitale. с. И. Т. Цит. la ville perdit indubitablement de son éclat. La publication de quelques ensembles bien fouillés sont la base de nos conclusions. Сборник с материали от Втората национална конференция на младите историци. Големият царски дворец във Велики Преслав. Разкопки на преславския дворец през 1995 г. Д. Печатите от стратегията в Преслав (971–1088). le pouvoir byzantin procéda à des modifications qui toutefois suivaient une certaine logique. с. – В: Проблеми на прабългарската история и култура. 6. Бонев. qui peuvent à tout moment être invalidées. с. 180–201. l’accès au matériel non publié et le temps consacré. – В: Държавнополитически традиции по българските земи. София. la simplification des communications et l’ajustement de quelques édifices mis au service de la nouvelle administration. tout aussi partielles. София. Т. Je voudrais tout spécialement la remercier ici pour les informations précieuses qu’elle m’a fournies. 1. 252–280. Площадът с фиалата (IX–XIV век). mais exécutées solidement en pierre et mortier. София. Некрополи южно от дворцовите сгради в Преслав. mais dans un premier temps. 1998. Ст. de cours entourées de portiques et de bâtiments luxueusement décorés qui étaient les éléments de base du centre palatin. Същ. engendré par les besoins du cérémonial royal et copiant le palais de Constantinople. – АОР през 1995. les fouilles continuant toujours. 176–178. София. 1991. 135–145. l’occupation fut même plus intense que jamais42. София. 42  Михайлова. За благоустройството на района около „Административната сграда“ в Преслав.A Veliki Preslav. – Плиска–Преслав.. С. Преславската патриаршия през X в. Н. Търново.. Шумен. Г. fut progressivement liquidé. с. Горянова. В. Е. В. Par conséquent. Михайлова. 2004. 54 . с. Т. Следстоличен Преслав в светлината на археологическите проучвания. bien que peu respectueuses du concept architectural antérieur41. L’ancien schéma. 1996. les changements furent graduels: de la fin du Xe au milieu du XIe s. Овчаров. Аладжов. Les matériaux archéologiques postérieurs au Xe s. l’instauration du pouvoir byzantin transforma profondément la physionomie du site. Царският дворец във Велики Преслав. Търново. Бонев и др. 1980. с. И. Шумен. съч. Suite à ces mesures. Dans certains secteurs. Атанасов. 1998. ils essayèrent aussitôt de s’emparer de la ville et en firent le domaine du roi « abdiqué » Pierre. 1991. l’orientation bibliographique. 87–88. La dégradation de l’aspect de Veliki Preslav s’accentua seulement avec la baisse de l’activité administrative de la stratégie de Veliki Preslav et l’instabilité du pouvoir byzantin dans la région après 1060 causée par l’instabilité régionale durant les guerres petchénègues. et aménagèrent dans cette zone de nouveaux axes de communication: deux 43  Spieser. J. – Hommes et richesses dans l’Empire byzantin. en part. 44  Бонев. Les pierres furent entassées dans de grandes fosses creusées pour l’occasion sur place. passim. 131–132. Guidés par le pragmatisme moins que par des actes de destructions symboliques. En éliminant ce bâtiment. 106. dans les nouvelles circonstances. abandonnèrent ce qui ne leur était pas nécessaire ou ce qu’ils ne pouvaient pas entretenir. Paris. I (IVe–VIIe siècles). bien avant sa prise par Tzimiskès en 971. L’évolution de la ville byzantine de l’époque paléochrétienne à l’iconoclasme. le grand bâtiment longeant le mur d’enceinte oriental fut habité au début de la période byzantine. étaient réduites à n’être que des habitats provinciaux dans un pays conquis. n’avait plus d’utilité pour le nouveau pouvoir.–M. son aspect général du siècle précédent: l’église et la phialè décorative furent intactes. les Byzantins dégagèrent l’espace face à la porte d’entrée sud qui était toujours en usage. seul le long bâtiment en enfilade qui limitait au nord la cour fut démoli d’une manière préméditée: on enleva même les pierres de l’assise supérieure de ses fondations qui affleuraient à la surface. Peut-être était-il d’ailleurs déjà partiellement en ruines après la bataille contre les Russes et sa reconstruction s’avéra inutile. On peut supposer que ce bâtiment. L’exemple de la place monumentale sud-est dans la ville intérieure de Preslav illustre bien ces conclusions.ment la perte de l’aspect monumental sans que cela équivaille un déclin urbain43. rajoutèrent des éléments à des constructions déjà existantes. et situés dans une zone frontalière frappée par les ravages nomades tout au long du XIe s. 58–64. la détérioration de la monumentalité du centre de Pliska commença dès la perte de ses fonctions de capitale en 893. съч. Ainsi. L’on procéda au nivellement du terrain. effaçant ainsi toute trace du bâtiment antérieur44.с. Les raisons de cette action ne sont pas claires. les Byzantins réutilisèrent ce qu’ils trouvèrent sur place. 1991. en dehors bien sûr des dégâts inévitables provoqués au moment de la conquête. les transformations évoquées à Pliska et Preslav semblent correspondre plutôt aux changements de statut de ces habitats qu’à un effort destructif délibéré de la part du pouvoir byzantin. p. vol. Il s’agissait donc moins d’une ardeur destructrice de la part du pouvoir byzantin que d’une attitude pragmatique suite au changement de statut de ces villes qui. Цит. de plus relativement éloignés de Constantinople. 55 . С. De même. tout comme à l’époque protobyzantine où ces mutations étaient en partie une conséquence du transfert des pouvoirs.. Elle conserva également jusqu’au milieu du XIe s. qui avait des fonctions représentatives particulières dans ce secteur de la capitale d’autrefois (héberger les ambassades et d’autres visiteurs importants). Dans ce secteur. Ce qui assura la plus forte longévité du réseau d’habitats protobyzantin par rapport au tissu du Haut Moyen Âge bulgare c’est sa meilleure adaptation aux nouvelles conditions qui se créèrent dans les Balkans après l’annexion de l’Etat bulgare. Овчаров. Д. 43–44. 53. Византия запазва и се опира на заварената раннобългарска селищна система или предпочита собственото си ранновизантийско 45  Пак там.. В този смисъл социалната памет е силно зависима от стабилността на системата от места (loci).rues furent tracées et dallées. т. Цит. като е анализирана информацията от 414 обекта. Аладжов.е селищната мрежа. които в продължение на три века се развиват в рамките на независимото българско царство. Настоящият текст има за цел да разкрие аспекти от функционирането на топографската памет във византийското общество като един от механизмите за съхраняването и увековечаването на осветения от Бога порядък в света. 135–137. върху който се базира анализът на тази тема. 56 . En conclusion. Конкретният материал. et encore aujourd’hui.. фиг. съч. Il est difficile de détecter un damnatio memoriae préméditée de la par de l’Empire par rapport aux sites du Premier royaume bulgare. dont une continuait au nord vers le centre religieux (l’ex-archevêché) dont le mur d’enclos fut alors aussi détruit45. la Bulgarie. включително местата на обитаване на дадено общество. с. че порядъкът на местата да запазва порядъка на нещата. е селищната структура (като типология и география) на територията на съвременна България в периода на византийското владичество (краят на X – краят на XII в. Н. Овчаров. même vis à vis des lieux emblèmes de l’autonomie bulgare comme les ex-capitales. Резюме Албена Миланова Loci memoriae: топографската памет във византийска България (краят на X – краят на XII век) В основата на концепцията за топографската памет стои античната идея за обвързаността на менталните образи на определени неща с определени места по такъв начин. la formation du réseau d’habitat sous la domination byzantine semble tributaire sur plusieurs points à celui que les Byzantins avaient légué à la région à la haute époque. Основната цел е да се изясни дали при възстановяването на имперската власт в края на X – началото на XI в. A la reprise de ces territoires à la fin du Xe–début du XIe s. с. върху старите ромейски територии. d’autant plus que les conditions politico-militaires pendant les deux dominations byzantines sur les terres devenues ensuite. étaient similaires. Д.). l’intégration de cet héritage topographique se fit tout naturellement. естествено защитени местности за разлика от ранното българско средновековие. друг път постепенни) промени в селищния облик на българските земи. до топографско предпочитане на високите. Родопите. в което го намира. За да се отговори на така поставения въпрос. които значително напомнят картината в Късната античност. Византийското владичество предизвиква серия от сложни (понякога противоречиви). и са противоположни на установените за времето на Първата българска държава. районите на север от Стара планина постепенно се обезлюдяват. в тези условия най-пагубни са промените за селските поселения. въпреки някои частични разрушения или напуснати селища преживява истински демографски „бум“ с впечатляващо нарастване броя на неукрепените села в равнинните местности – безспорно доказателство за относителната сигурност. някои от които се развиват в нов тип градски центрове (kastra) с по-отчетливи урбанистични характеристики през следващия период (XIII–XIV в. В много отношения констатираните тенденции са сходни с тези. се възстановяват много ранновизантийски укрепления по склоновете на Стара планина. Така към средата-края на XI в. така и през XI–XII в. Така например в резултат на продължителния номадски натиск от 30-те до 90-те години на XI в. Разрушителните процеси засягат особено Североизточна България. по-висока стабилност на селищната мрежа в южна България също има своя прецедент в ранновизантийската епоха. Също подобно на късноантичната епоха. е направен последователен преглед на селищната мрежа в трите интересуващи ни епохи. Средна гора. които познаваме от ранновизантийската епоха. или пък и върху двете и в какви пропорции. която. сега се превръща във вътрешноимперска територия. Подобна.). Също така смутните години по време на номадските нашествия водят както през IV–VI. значителни (понякога резки. които в повечето случаи са възстановени ранновизантийски укрепления – процеси.наследство. Странджа и Пирин. независимо от състоянието. която позволява интензивно насищане на селищната мрежа с нови структури. поддържащо живи античните селищни традиции. когато там се запазва по-голям процент старо романизирано население. Тази доскоро слабо населена зона. През ранното средновековие те са били изоставени от българите. 57 . от който се налагат следните най-общи изводи. На юг от Стара планина протичат противоположни процеси. като оредялото население се съсредоточава в големите укрепени градове по Дунавското и Черноморското крайбрежие и в планинските крепости. когато най-разпространената селищна форма е неукрепеното село в равнинните местности. които изграждат своята укрепителна система на съвсем различни принципи и не преизползват съществуващите византийски градове и крепости. постоянно бойно поле в продължителния българско-византийски конфликт. където в ранното средновековие е кипял най-интензивен живот и е най-плътно заселената територия на държавата. н. Цар Асен. които преди бруталното си загиване между тридесетте и петдесетте години на XI в. са ранносредновековните български градища от типа Скала. адаптирайки съществуващите предимно ранновизантийски и частично раннобългарски структури. Берое и т. Допълнителен тласък на ускорената урбанизация дава възстановяването на епископската мрежа. засилваща градския им облик. които първи получават силен тласък за икономически. 58 . Трудно е да се открие преднамерена имперска политика на damnatio memoriae по отношение на раннобългарската селищна структура. които първоначално избягват старите градски центрове на полуострова и обикновено организират своите селища на нови места. Византия проявява изключителна топографска памет по отношение на селищната система. селищната мрежа през XI–XII в. Одърци и т. се формира.). но и към раннобългарското такова.н. която се гради върху градската такава. демографски и административен възход непосредствено след византийската реконкиста.. населени места в североизточна България недвусмислено доказва по-голямата устойчивост на ранновизантийската мрежа в сравнение с раннобългарската такава вероятно поради по-добрата є пригоденост към конкретната историческа ситуация. За разлика от българите. Попина. която в редица отношения е сходна с тази през късната античност. доколкото в представите на византийците самият град е белег за цивилизовано обитаване. В обобщение. Месембрия. Филипопол. която е създала през късноантичната епоха и върху която се опира при възстановяването на своята власт на Балканите около хилядната година. През XI–XII в. дори и към старите столици – топографски символи на автономната българска държавност. В действителност сред населените места. византийците възстановяват в основни линии мрежата на големите антични градски центрове (като Сердика. под ударите на печенезите изживяват бурна типологическа трансформация. които в значителна степен са загубили своите градски функции в рамките на Първата българска държава. византийците демонстрират изключителна интегративна способност не само за градското и полуградското ранновизантийско наследство. Същевременно направената статистика на оцелелите и загинали през XI–XII в.Особено място във византийската топографска памет заема паметта за градските центрове.
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